1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 mps 1978)a Le terme d’engagement de l’écrivain s’ est trouvé mondialement associé au nom de J.-P. Sartre après la Deuxiè
2 vre publié à Paris, Politique de la personne 1, s’ ouvre par un chapitre intitulé « L’Engagement politique », dont je rep
3 rtu politique à ce siècle débile et fiévreux ? On se demande alors de quoi je me mêle. Je réponds que je voudrais bien n’a
4 e colère, et par ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de répondre activement aux empiètements dans son domaine
5 ’on a nommé le désordre établi. Si « privée » que se veuille en effet la pensée, si petite qu’elle se fasse au réduit inté
6 se veuille en effet la pensée, si petite qu’elle se fasse au réduit intérieur, l’État moderne a su trouver les moyens de
7 ment, qu’on laisse aux prisonniers — ou bien elle s’ engage dans un conflit concret, — et découvre bientôt qu’il est social
8 quer des adversaires plus nobles. Est-ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est-c
9 r à changer cela qu’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité
10 , dégoûtée, déserte le Forum, c’est la bêtise qui s’ occupe des affaires publiques et tout finit en dictature : plus questi
11 tel qu’il lui est offert, elle court le risque de s’ y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politique de l’autruche. L’iss
12 fois, la doctrine marxiste, en dehors de laquelle s’ est constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère pri
13 forme l’un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques appuis occasionnels ; et certains object
14 onnels ; et certains objectifs sont communs… Déjà s’ affirme dans l’attitude de tous ces groupes un acte de présence à la m
15 t unique, fût-il provisoire. Le chapitre suivant s’ intitule : « Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage ». J’y mont
16 intitule : « Ridicule et impuissance du clerc qui s’ engage ». J’y montrais que la pensée bourgeoise et universitaire tout
17 a pensée bourgeoise et universitaire tout entière s’ était mise à l’école de Montaigne : « Les autres forment l’homme, je l
18 s.) Le peuple veut des programmes pratiques, mais se contente, en fait, du verbalisme électoral. Les intellectuels prétend
19 uels prétendent « entrer dans l’action », et cela se traduit par de généreux manifestes, des formules vagues, à peine sono
20 publique, n’engagent à rien, personnellement. Il se peut que cela tranquillise des consciences faiblement troublées ; il
21 uillise des consciences faiblement troublées ; il se peut que cela dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est
22 é sous conditions. Le clerc bourgeois, chez nous, se croit encore tranquille. On ne le laissera plus tranquille bien longt
23 ivistes nés de la maladie de la personne. Puis il s’ agit de retrouver une définition concrète de la personne. Enfin de la
24 c’est une politique dont le principe de cohérence s’ appelle responsabilité de la personne humaine. C’est une politique don
25 odule universel des institutions. Cette politique s’ oppose au gigantisme américain, soviétique et capitaliste ; elle s’opp
26 tisme américain, soviétique et capitaliste ; elle s’ oppose à l’émiettement social de la démocratie individualiste ; elle s
27 ent social de la démocratie individualiste ; elle s’ oppose à l’exploitation de l’homme par ses créations, par l’État et pa
28 te création, philosophique ou littéraire, loin de se réduire — comme elle le fera chez Sartre, en 1948 — au service incond
29 bératrice. Et c’est une tâche révolutionnaire qui s’ impose à la France actuelle : non pas seulement pour le salut de l’Occ
30 ou le devienne. […] Seule, détient le pouvoir de s’ incarner, l’idée qui crée un risque dans ma vie. Ce risque atteste l’e
31 at, ne sera jamais que servitude pour le penseur, s’ il sait que la violence de sa pensée fonde la seule autorité valable.
32 er de penser est immédiat à l’acte de penser, qui se forge ses fatalités et qui se crée ses propres risques et périls, si
33 acte de penser, qui se forge ses fatalités et qui se crée ses propres risques et périls, si libéral que prétende être le r
34 oins qu’ordonnatrice. […] De même que la personne se distingue de la masse, mais aussi de l’individu, le style d’une pensé
35 aussi de l’individu, le style d’une pensée active se distinguera par une double opposition : d’une part il opposera au con
36 pposera à l’évasion dans l’abstrait la volonté de s’ ordonner à un but, et d’y soumettre ses moyens. Un style soumis à la r
37 que l’on sait. Un style né de la seule passion de s’ engager. Que chaque phrase indique la volonté d’atteindre un but, dont
38 , et le désigne par son allure même. Que le style s’ ordonne à sa fin et non plus à de bons modèles. Et qu’il rappelle à la
39 que joyeuse de la personne en acte. Que celui qui s’ engage dans leur lecture éprouve de tout son être la présence d’une ré
40 e ce qui pourrait désespérer l’espèce d’homme qui se hâte », écrivait Nietzsche. Nous dirions : Ne rien écrire d’autre que
41 ements personnalistes, l’engagement devenu slogan se verra récupéré par les partis et par leurs intellectuels embrigadés.
42 s. Fatigués de leur innocence, voyant que l’herbe se faisait rare sous leurs pieds et qu’ils n’avaient plus de berger, aux
43 de chaleur d’une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier parc venu, à gauche ou à droite, et depuis
44 s « intellectuels » français. Mais si le monde ne s’ en porte pas mieux, l’intelligence n’y gagne guère. […] Pour qu’une pe
45 elligence n’y gagne guère. […] Pour qu’une pensée s’ engage dans le réel, il ne faut pas et il ne saurait suffire qu’elle s
46 , il ne faut pas et il ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalités dont elle ignore ou répudie la loi interne :
47 de la transformer, donc finalement de le dominer. S’ engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » s
48 finalement de le dominer. S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorité.
49 esclave d’une doctrine, mais au contraire, c’est se libérer et assumer les risques de sa liberté. Il peut sembler parado
50 ntenant tout est rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés, et la situation s’éclaircit. Voici venir le temps des v
51 dre, les moutons se sont apaisés, et la situation s’ éclaircit. Voici venir le temps des vrais dangers, c’est-à-dire des vr
52 mocraties de l’Ouest. Une idéologie de style nazi se retourne, — car tout arrive — contre l’Allemagne fédérale, au bénéfic
53 ponsable, actif et engagé ». Les trois épithètes s’ éclairent réciproquement. Elles impliquent en outre une quatrième épit
54 1978, p. 17-25. b. Indiquer de quel colloque il s’ agit. c. Rougemont en rend compte dans ce même numéro de Cadmos, p. 7
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
55 ropéenne5. « Qu’est-ce que l’antieuropéanisme ? » se demande l’auteur, lorsqu’il tente à la fin de son essai d’en récapitu
56 t et du militant qui consiste à prendre appui, en se définissant par rapport à l’Europe, sur les civilisations d’autres co
57 ons d’autres continents ». Par où l’on voit qu’il s’ agit d’une attitude spécifiquement européenne, et si peu étrangère ou
58 L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le
59 ù il doute qu’il le soit, et prétend au contraire s’ identifier soit avec l’homme universel qu’il imagine, soit avec l’une
60 tre invitant à « tirer à vue » sur l’Européen qui se présenterait en Afrique. On me pardonnera d’apprécier spécialement la
61 e université américaine avant de revenir à Genève s’ intégrer à l’équipe qui a mené, depuis près de trente ans, le Centre e
62 s qui ne laissent pas le sens critique du lecteur s’ endormir une seconde ; soit par la surprise de citations souvent stupé
63 tées, discutées plus avant. Voilà qui mériterait, se dit-on, d’au moins tripler ce mince volume, et surtout de lui donner
64 atiques, et pour tout dire d’un mot dont l’auteur se méfie : plus « engagées ». Là-dessus, je me propose de revenir. Mais
65 ne limitation, contestation, ou qualification, va s’ opposer le pessimisme d’un Jacob Burckhardt, d’un Nietzsche et d’un Sp
66 périr. » « Nous autres tard venus de l’humanité » s’ exclame J. Burckhardt au moment même — relève l’auteur — « où Verlaine
67 es au sujet de l’Europe et de son avenir, va-t-il se nourrir aux mêmes sources dont les colonialistes puis les grands capi
68 s » de Kandinsky, Franz Marc et Matisse ». À quoi s’ ajoute bientôt l’engouement pour l’art enfantin : « Les chances de ren
69 la tradition dans laquelle, par cet acte même il s’ insère ? Peut-être n’est-il rien au monde de plus difficile à rejeter
70 nt-garde : dans les arts et dans la politique, il s’ agit de tendances inconciliables. En tant qu’elles se veulent politiqu
71 git de tendances inconciliables. En tant qu’elles se veulent politiques, les avant-gardes du xxe siècle prônent l’art soc
72 stinction fondamentale entre les deux Europes qui se partagent la tradition historique commune à tous les peuples de ce co
73 ythe du « bon sauvage » que l’Europe « réaliste » se plaît à ridiculiser et que l’Europe des États absolutistes puis des É
74 ence anarchiste des Hurons », voire de l’idée que se fit l’Antiquité du peuple des Scythes, connu (nous disent Boas et Lov
75 es messianismes religieux ou laïques par lesquels se justifiaient les volontés de domination. » Voilà qui est clair, mais
76 dans les conclusions de son essai, André Reszler se livre à la malice de citer au sujet du colonialisme tant décrié par l
77 ’Europe doit survivre en tant que civilisation et s’ acquitter des dettes qu’elle a contractées envers le monde dans sa ten
78 énigme qu’elle lui a posée et qu’elle ne cesse de se poser à elle-même. » Le monde, en effet, « se détourne de l’Europe to
79 de se poser à elle-même. » Le monde, en effet, «  se détourne de l’Europe tout en reprenant ses idées et ses créations. Il
80 ends : au service de la vocation mondiale qu’elle s’ est donnée dès la Renaissance. Le sort du monde et la propre survie de
81 ation des citoyens à leurs propres destins. Il ne s’ agit plus désormais, de projeter dans l’espace lointain ni dans le tem
82 tique d’un bon sauvage ou d’un homme régénéré. Il s’ agit pour l’Europe de proposer au Monde et d’illustrer d’une manière c
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
83 ntôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’ il n’y a plus d’Europe, on ne voit pas très bien comment pourront enco
84 on ne voit pas très bien comment pourront encore s’ épanouir les personnes, puisqu’on sera tombé, probablement, dans un sy
85 qui en déduisit le premier la mort de l’homme. Il s’ agissait, on le voit, d’une théorie plus littéraire que philosophique
86 tuée, qu’elle a propagées au monde entier, et qui se retournent aujourd’hui contre elle. On l’a dit hier : la nouvelle de
87 u sein desquelles — ajoute Michel Foucault — elle se perdra rapidement comme ce pli dans une nappe ou l’empreinte d’un vis
88 preinte d’un visage dans le sable d’un rivage… va s’ effacer. » Le dessein bien affirmé est de dissoudre l’illusion de l’ho
89 analyses de Foucault et de Lévi-Strauss. L’homme s’ y voit toujours défini par ce qu’il n’est pas, par ce qui le réduit et
90 mme ». Pour Athanase et les Pères de Nicée, il ne s’ agissait pas d’un doublet, mais d’une unité. Le doublet est une créati
91 itution à la science moderne, c’est l’inverse qui se vérifie historiquement. Le dogme de l’Incarnation est en effet à l’or
92 ière a été reconnue par Dieu, lui-même, puisqu’il s’ est incarné en elle. Descartes (évidemment pour cette raison) : « Celu
93 du ça qui va sans dire parce qu’il n’osera jamais s’ avouer et qu’il compte sur notre lâcheté pour l’en dispenser. Le dang
94 es, et qui décident de ne rien faire parce que ça se débrouillera et n’est pas leur affaire. Ce qui est dangereux, c’est q
95 r de leur éventuelle culpabilité. Car l’Europe ne se fera pas toute seule, ne sera jamais faite par le ça, mais uniquement
96 renouveau de l’homme et de l’Europe conjointement se déduisent presque inévitablement de ces propositions. Le civisme c’es
97 semblable pour qui l’on puisse agir. La personne se dissout dans les grandes dimensions, celles des villes millionnaires
98 hristianisme (ce qui n’est pas le cas), mais pour s’ il est commandé par Staline, par Mao ou simplement par Berlinguer. f.
99 78, p. 100-105. g. Préciser de quel colloque il s’ agit.
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
100 ts de douane entre les neuf pays du Marché commun s’ est effectuée le 1er juillet 1977, dans l’inattention générale. C’étai
101 agonise » — « L’Europe à la dérive » — « L’Europe se meurt » — « L’Europe c’est fini ». Sur les activités des Neuf : « L’E
102 out entière, ce qui est très loin d’être évident. S’ il s’agit de l’Europe des États plus ou moins « unis » ou « confédérés
103 ntière, ce qui est très loin d’être évident. S’il s’ agit de l’Europe des États plus ou moins « unis » ou « confédérés », d
104 ont de rien céder de leur souveraineté nationale. S’ agirait-il enfin de l’Europe réelle, celle des Européens vivants, de l
105 ment de ceux des neuf pays dont les gouvernements se sont associés à Bruxelles en vue d’harmoniser leurs politiques indust
106 6 novembre. Mais au fond, la grande question que se posent les états-majors des partis est la suivante : l’élection à l’a
107 , c’est du concret, du solide, du familier, et on s’ y sent à l’aise10. Voyez plutôt. Il y a eu à Lille une « opération so
108 ’Europe, on en a parlé ». Mais c’est à croire que s’ il n’y avait pas de querelle entre Rocard et Mitterrand, entre ces deu
109 les partis. Qui va traiter des vrais problèmes ? S’ avance alors M. Michel Debré. III. Sur un « livre infâme » Depui
110 l, mais « avec des bottes de sept lieues ! »12 Il s’ agissait alors, pour lui gaulliste, d’une Europe des États, c’est vrai
111 ratistes ! »14 (Mot qu’il exècre au point d’aller se faire élire en l’île de la Réunion !) Et il ajoute : « Un des grands
112 re, ici visé, ni ailleurs. Notre coléreux étourdi s’ est visiblement trompé de titre.) Conclusion : « Le livre infâme de Ro
113 que M. Debré n’a pas cité le titre du livre qu’il se borne à désigner comme mon « dernier livre ». Pour qui s’en étonnerai
114 à désigner comme mon « dernier livre ». Pour qui s’ en étonnerait, voici l’explication. Les Jeunes du RPR, donc de son par
115 t : c’est un blasphémateur qu’il dénonçait, et il s’ y voyait contraint par sa religion. Toute riposte est futile en pareil
116 de rechercher par quelle logique interne un homme s’ estime justifié d’en venir à de telles extrémités (fussent-elles seule
117 s pour le moment, mais il n’y a pas d’illusions à se faire sur leur traduction en décrets, le cas échéant : taxer un livre
118 end « que depuis des années l’état-major égyptien s’ employait à mieux connaître les racines de la civilisation hébraïque,
119 e religion simple, les vertus sont naïves : elles se réduisent en somme à l’unité et à l’indivisibilité de la République f
120 t fermée et sans dépendance de quiconque. Si elle s’ ouvre, c’est pour rayonner, manifester et imposer sa place naturelle d
121 es péchés sont légion, comme prévu. Si le premier se nomme supranationalité (voir plus haut), le nom du deuxième ne peut m
122 V. « Défaire la France » ? En ce point, l’on se demande pourquoi la France seule deviendrait la victime d’une Europe
123 , Provence, Corse, Alsace, Lorraine et Flandres — se retourne naturellement en haine contre l’Europe fédérée, dont on fein
124 l’Occitanie, la Provence, etc., Debré et ses amis s’ imaginent, c’est normal, que l’Europe va faire de même de leur nation.
125 ais du xixe siècle) n’a pas la moindre chance de se reproduire à l’échelle européenne : l’idée même en paraît plus grotes
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
126 , n’ont fait qu’interpréter le monde, alors qu’il s’ agit désormais de le transformer ? Marx, auteur de cette thèse, n’a tr
127 ayés par le gouvernement russe. En ce point, l’on s’ aperçoit que l’écologie n’est pas jugée sur son mérite, mais sur les v
128 présenter ces brochures. Mais si l’un ou l’autre s’ avisait de présenter aussi une brochure critique pour le nucléaire, la
129 le biologiste Ernst Haeckel en 1882, au moment où se développent à la fois l’agression industrielle contre la Nature et l’
130 contre la société coutumière. C’est le moment où s’ instituent dans nos pays les écoles primaires obligatoires et universe
131 ce, nous considérons ici le souci écologique, qui s’ est manifesté avec force au lendemain d’Hiroshima et s’est constitué e
132 manifesté avec force au lendemain d’Hiroshima et s’ est constitué en mouvement de plus en plus nettement politique après l
133 usieurs gouvernements. Il est normal que ce souci se soit manifesté d’abord en Europe, première partie du monde à s’être d
134 sté d’abord en Europe, première partie du monde à s’ être développée industriellement, donc à avoir subi l’agression mécani
135 naturels et les communautés humaines. L’Agression s’ est produite d’abord en Europe, au xixe siècle puis aux USA. Elle s’é
136 ord en Europe, au xixe siècle puis aux USA. Elle s’ étend à toutes les parties de la Terre où la civilisation européenne a
137 leur sort à celui de la croissance industrielle — se sont vus contraints de créer des ministères de l’Environnement (signe
138 ) Mais en même temps que l’agression industrielle se formait en Europe l’État-nation, l’une aidant l’autre. L’exercice de
139 tion industrielle, d’essence cartésienne, a voulu se développer sur une tabula rasa — qu’elle a créée au besoin — d’où ses
140 l’enfant est une tabula rasa ou maison vide qu’il s’ agit de « meubler » de certitudes simples, abstraites, géométriques, a
141 ques. La réaction contre l’agression industrielle s’ appelle Écologie. La réaction contre l’agression stato-nationale s’app
142 e. La réaction contre l’agression stato-nationale s’ appelle région. Voilà un premier lien fondamental entre les deux réali
143 de forêts, que la conscience régionaliste alertée s’ organise et entre en action. Voilà donc le premier temps : l’exigence
144 uelles résistances de la capitale et de sa police se heurtent les tentatives de prises de responsabilités régionales. 4.
145 e Hollande, chaque pays pollue souverainement, et s’ assure que ce sera toujours moins que les trois autres additionnés… Mê
146 e les trois autres additionnés… Même jeu quand il s’ agit des mers et des océans menacés, des changements de climat, du pil
147 non renouvelables. Tout État-nation, par nature, s’ oppose identiquement à ce qui le dépasse tant par en haut que par en b
148 nt par en haut que par en bas, c’est-à-dire qu’il s’ oppose à presque tout ce qui existe ou voudrait exister indépendamment
149 petites pour permettre à la voix d’un citoyen de s’ y faire entendre et qu’on puisse lui répondre. 6. Il s’agit donc, si
150 ire entendre et qu’on puisse lui répondre. 6. Il s’ agit donc, si l’on veut arriver à des solutions écologiques, à restaur
151 fédéral ne doit pas le faire. Dans le même sens se prononcent aujourd’hui la plupart des sociologues et politologues eur
152 our la première élection du Parlement européen. — S’ il est vrai que la cause européenne, qui semblait endormie ou qu’on cr
153 e, qui semblait endormie ou qu’on croyait perdue, s’ est réveillée par l’intervention imprévue des régionalistes et des éco
154 imprévue des régionalistes et des écologistes ; — s’ il est vrai que ni la région ne se fera sans l’Europe fédérée, ni cell
155 écologistes ; — s’il est vrai que ni la région ne se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-ci sans des régions à sa base ;
156 dérée, ni celle-ci sans des régions à sa base ; — s’ il est vrai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent être résolu
157 ucune de ces trois virtualités exigeantes ne peut se réaliser seule ; c’est que l’avenir de chacune d’elle est celui des d
158 1979, p. 5-12. j. Préciser de quel colloque il s’ agit.
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
159 urope unie : Nous risquons de voir sous nos yeux s’ accomplir l’irrémédiable, c’est-à-dire la fusion de la France dans une
160 En sera-t-il de même quand de nouvelles adhésions se présenteront ? C’est à voir. Mais il deviendra de moins en moins prob
161 moins en moins probable que la Communauté puisse s’ offrir le luxe, de plus en plus ruineux, de traduire tous ses document
162 actuel, par lequel tout national pourra toujours se faire traduire tout dans sa propre langue. L’option pour trois langue
163 itable. Que l’anglais, le français et l’allemand s’ imposeront alors, qui pourrait le nier ? Il serait sage de s’en tenir
164 t alors, qui pourrait le nier ? Il serait sage de s’ en tenir là, non pas à cause de la valeur intrinsèque (littéraire, par
165 que les fonctionnaires de la Communauté puissent s’ exprimer couramment dans l’une de ces trois langues et comprendre l’un
166 age par de Gaulle du terme fédération en 1953. Il se fera de plus en plus rare, cédant la place à « confédération ». Mais
167 déclare à l’Assemblée nationale, en 1959, « qu’il s’ est toujours montré partisan d’élections européennes ». En revanche, e
168 gereuse ». En 1961, il déclare à la Chambre qu’il s’ honore d’avoir été l’un des membres du groupe de travail F. Dehousse «
169 e pseudonyme de résistance de Michel Debré. À qui se fier ? IV. De Gaulle et les régions S’il est un sujet sur leque
170 qui se fier ? IV. De Gaulle et les régions S’ il est un sujet sur lequel les gaullistes d’aujourd’hui se réclament a
171 un sujet sur lequel les gaullistes d’aujourd’hui se réclament avec passion de leur fidélité à la pensée du Général, c’est
172 é Cadmos 28 , et les deux volumes collectifs qui s’ y sont ajoutés, de 1963 à 1979. La thèse des gaullistes durs sur la ré
173 ’Étranger » destiné à « défaire » la France. Mais s’ agissait-il bien de la doctrine du Général ? Celle-ci est exposée pour
174 tionale. Et ces régions, précisait-il, devaient «  s’ ouvrir » à leurs voisines, au-delà des frontières de l’État : le Nord
175 e. Mais, en même temps, n’aurait-il pas choisi de se faire renvoyer par les Français à la rédaction de ses mémoires sur la
176 el Tristan, il n’aime jamais autant que lorsqu’il s’ en voit séparé ? (D’où sa secrète, mais active connivence avec les tra
177 traverses du destin qui « impose » aux amants de se quitter une fois de plus. Mais c’est lui qui a tout machiné, en posan
178 était de mettre la régionalisation en place et de se retirer ensuite. (p. 18) Le 23 avril 1969, quatre jours avant le vot
179 pas, avant longtemps, de vraies régions et qui va se vautrer dans la médiocrité ». (p. 115) Les véritables héritiers de la
180 qu’en 1969, la plupart des régionalistes français s’ opposèrent au projet gaullien, jugé par eux insuffisant. Mais ce qui é
181 uvertement le dernier Grand Dessein du Général en se rangeant au parti jacobin, antifédéraliste et antieuropéen. V. Éta
182 nomique, sociale et politique de la RFA. L’Italie s’ est dotée, en 1946, après la chute du fascisme, d’une Constitution qui
183 L’organisation de 21 « régions de développement » s’ en est suivie, chacune groupant de trois à huit départements. Plusieur
184 ois à huit départements. Plusieurs de ces régions se posent la question de leur taille : elles la voudraient « européenne 
185 problèmes majeurs du Royaume-Uni, et l’évolution se prononce dans l’ensemble — avec des à-coups importants — comme l’ont
186 pagnole », mais déclare à l’art. 137 que « l’État se compose de communes, de provinces et des communautés autonomes qui se
187 ire d’une communauté humaine : « Cette communauté se caractérise par une homogénéité d’ordre historique ou culturel, géogr
188 ant elle. 4. Le principe de l’autonomie régionale s’ applique à tous les domaines essentiels à la vie et au développement d
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
189 enaissance et de la Réforme. Création culturelle s’ il en fût, unité composée contre toute vraisemblance, irréductible à t
190 C’est un appel à l’empereur Henri VII, qui vient se faire sacrer à Rome, pour restaurer l’unité des esprits dans la diver
191 ifler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’il s’ est fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume… ne reco
192 comme envers la papauté. C’est la partie qui veut se faire passer pour le tout. C’est l’utopie naissante de la souverainet
193 échirée par les ongles de la cupidité ». Et Dante s’ écrie : Ô genre humain, de quelles luttes et querelles, de quels nauf
194 la conception et l’approche du phénomène européen s’ explique à l’évidence par le fait dominant du xve siècle : la chute d
195 eilleuses diversités et sa passion de la liberté, se poursuit jusqu’au xixe siècle romantique des Novalis d’abord (Die Ch
196 est dans la généalogie des philosophes qu’on voit s’ annoncer au xviiie siècle le type de l’intellectuel au sens actuel du
197 de l’intellectuel au sens actuel du terme : cela se passe entre Leibniz et Kant — Leibniz, auteur d’un projet d’Académie
198 jet de paix perpétuelle (1795), texte fédéraliste s’ il en fut, dans lequel il démontre que les « tendances antisociales de
199 rce de guerres ». La possibilité de réaliser (il s’ agit de réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’étendr
200 ité objective) cette idée de fédération, qui doit s’ étendre progressivement à tous les États et les conduire à la paix per
201 États et les conduire à la paix perpétuelle, peut se concevoir. […] Aux yeux de la raison, il n’y a pas, pour des États en
202 ividus, à leur liberté sauvage (anarchique), pour s’ accommoder de la contrainte publique des lois et former ainsi un « Éta
203 as gentium) » croissant sans cesse librement, qui s’ étendrait à la fin à tous les peuples de la terre. Pour Hegel, une gé
204 l’Asie est le commencement ». Elle est le lieu où se couche le soleil physique « et où se lève le soleil intérieur de la c
205 t le lieu où se couche le soleil physique « et où se lève le soleil intérieur de la conscience de soi » (Leçons de philoso
206 moyenne 27 ans, et la TV n’existe pas — auxquels se joindront généreusement parmi les aînés Jacques Maritain et Nicolas B
207 ur original qu’il soit, pour efficace qu’il aille se révéler à travers la Résistance de neuf pays35, le mouvement personna
208 os peuples. À Genève, au début de septembre 1946, se produit quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis treize ans : non se
209 , Campagnolo36, Jean Wahl et Jean Starobinski. Il s’ agit de la première confrontation des intellectuels et de l’Europe à s
210 l. Mais pour quelles suites ? Peu de participants se sont engagés. Je les compte sur les doigts d’une main : 5 ou 6 sur 36
211 l’Unesco). Mais à part les cinq « engagés », qui se retrouveront dans les futurs congrès européens, le reste se perd, non
212 eront dans les futurs congrès européens, le reste se perd, non dans le silence, hélas… Il en ira tout autrement du congrès
213 fédéraliste de Montreux, un an plus tard. Où vont se retrouver, après six ans de guerre et de résistance, nombre de « non-
214 de Montreux va naître le Congrès de l’Europe qui se tient au début de mai 1948 à La Haye, sous la présidence d’honneur de
215 la Conférence européenne de la culture. Ici tout se précise à l’évidence : par « culture », les Européens et les européis
216 cun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus profond pour réalis
217 de la fédération européenne ne sont pas ceux qui se prévalent de la supériorité culturelle de l’Europe ; mais, au contrai
218 ommandent qu’on « tire à vue » sur eux dès qu’ils se présentent en Afrique, mais bien plutôt ceux qui proposent, avec Barb
219 débuts du xive siècle et surtout au xve siècle se multiplient les cartes dites portulans, qui délimitent le continent p
220 haute. » 34. Pour les auteurs de thèses — elles se multiplient sur cette période — indiquons les numéros 5, 15 et 36 de
221 Europe sans la France », « Notre Europe ». À quoi s’ ajoutent chroniques et articles dans la plupart des numéros ordinaires
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
222 base sur laquelle l’union de l’Europe peut encore s’ édifier et doit l’être. Elle s’est constituée au cours des siècles par
223 Europe peut encore s’édifier et doit l’être. Elle s’ est constituée au cours des siècles par la composition sans préméditat
224 d les collèges de guildes et les écoles d’évêchés s’ organiseront en universités, à Bologne dès 1100, à Paris dès 1200, à V
225 t reçu par charte impériale ou royale le droit de se gouverner eux-mêmes sur un territoire donné. Par analogie, le terme v
226 ur un territoire donné. Par analogie, le terme va s’ appliquer à toute communauté civile ou religieuse autogérée. Ainsi des
227 ble des collèges parisiens « croient déjà pouvoir se contenter du simple mot universitas pour les désigner »40. Soulignons
228 sic et non, la dialectique des scolastiques. Ils se réunissent dans des salles exiguës, déménagent de quartier, voire émi
229 ec les magistrats entrent en crise. Les étudiants se répartissent en « nations » (nationes) c’est-à-dire en groupes désign
230 e à treize ans pour le grade de docteur. (Et l’on se plaint aujourd’hui de l’allongement des études !) Les règlements, les
231 t à ce moment pleine et entière. L’Europe, qui ne s’ appelle encore que la chrétienté, n’a jamais été plus européenne. I
232 ic et non, étant bien entendu que ces oppositions se situent à l’intérieur même de l’Université, et ne cessent de renaître
233 ancher le débat… La grande époque du Moyen Âge ne se caractérise nullement par l’esprit d’orthodoxie politico-policière qu
234 rcs d’intervenir dans les luttes politiques et de s’ attirer pour ce faire les faveurs du Prince, quel qu’il soit, lequel e
235 rits par les maîtres de la capitale. L’Université se ravale à la fonction d’un monopole d’État43. Le 21 mars 1810, l’emper
236 un monopole d’État43. Le 21 mars 1810, l’empereur s’ adresse au Conseil d’État : Si mes espérances se réalisent, je veux t
237 s’adresse au Conseil d’État : Si mes espérances se réalisent, je veux trouver dans ce corps même une garantie contre les
238 théories dangereuses des esprits qui cherchent à se singulariser, et qui, de période en période, renouvellent ces vaines
239 ait abusivement d’« universités », alors qu’il ne s’ agit en fait que de Facultés au sens qu’a gardé le terme dans le reste
240 es petites communautés et des grands moyens, tout se résume dans la formule de l’Europe des régions fédérées. V. La tou
241 rêveries, et de les comparer, peut-être, à ce qui s’ est fait par la suite à Florence, sous le nom d’Université européenne.
242 cifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique sur tous les continents de la planète
243 vec une anxiété mêlée d’arrogance, tandis qu’elle s’ interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait dans son histoire. Qu
244 is… Comment baptiser l’entreprise ? Elle pourrait se réclamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont rêvé l’Acadé
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
245 un être spirituel et pas seulement un animal. Il s’ agit d’un des traits spécifiques de l’humain, selon les grandes religi
246 ue l’ange utilisait » (selon les traductions). Il s’ agit donc d’une cité idéale, transcendante, mais qui touche à l’Histoi
247 ante, mais qui touche à l’Histoire, la termine et s’ y substitue. 4. Le passage, le glissement de la Nouvelle Jérusalem po
248 velle Jérusalem, anticipant ainsi sur ce qui doit se révéler et avoir lieu le temps venu, in illo tempore. Thomas More sai
249 histoire, de « ce qui vient » sans fin à « ce qui s’ établit », s’institue, sécrète son architecture, comment résisterait-i
250 « ce qui vient » sans fin à « ce qui s’établit », s’ institue, sécrète son architecture, comment résisterait-il au glisseme
251 conversion à la Révolution ? Après Thomas More va s’ élargir de siècle en siècle la sécularisation, la profanisation du non
252 ées et de nos territoires étatiques. Tout cela va se produire dans l’époque même où se développent les sciences physiques
253 s. Tout cela va se produire dans l’époque même où se développent les sciences physiques et la technique, et à partir des m
254 ométrique, analytique, catalogique, a-systémique, s’ établissant à la faveur d’une « suspension du jugement » dans l’ordre
255 ctions en chaîne de désintégration du vivant : il s’ agit alors d’une hétérorégulation, que j’ai nommée ailleurs pédagogie
256 libertés provinciales, sous le prétexte qu’elles s’ appelaient « privilèges » ; de tuer tout civisme qui puisse s’opposer
257 « privilèges » ; de tuer tout civisme qui puisse s’ opposer aux décrets de la capitale. Dans le géométrisme de ce plan, on
258 e en cette fin du xviiie siècle.46 Tout cela va se concrétiser, dramatiquement, se précipiter au sens chimique, lorsque
259 .46 Tout cela va se concrétiser, dramatiquement, se précipiter au sens chimique, lorsque le 20 avril 1792 la Convention d
260 seule capitale et des seuls intérêts du parti qui s’ est emparé des leviers de commande sur l’ensemble du territoire défini
261 mais région signifie différence. « Une région ne se délimite pas, elle se reconnaît », disait vers la fin du siècle passé
262 différence. « Une région ne se délimite pas, elle se reconnaît », disait vers la fin du siècle passé le grand géographe fr
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
263 une seule, la vingt et unième, paraissait pouvoir s’ appliquer à l’expression d’« esprit européen ». Dans les exemples invo
264 ps ». L’esprit européen, me semble-t-il, pourrait se définir assez bien, dans l’œuvre de Mme de Staël, comme le contraire
265 randes distances l’un de l’autre ; mais quand ils se rencontrent un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’est pas
266 uand ils se rencontrent un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’est pas telle religion, telle opinion, tel genre
267 uit, les mystères du monde ténébreux ; tantôt ils s’ élèvent au sommet du Chimboraço, pour découvrir au point le plus élevé
268 être reprise, du côté de Genève comme on pouvait s’ y attendre, et je forme ici le vœu qu’elle se réalise, sous le patrona
269 vait s’y attendre, et je forme ici le vœu qu’elle se réalise, sous le patronage de celle qui en eût été l’inspiratrice et
270 actuels — sur l’unité dans la diversité. « Ce qui s’ oppose coopère — dit Héraclite — et de ce qui diverge procède la plus
271 unir dans le respect et la force du divers, qu’il s’ agisse de sagesse ou de science, de religion et c’est l’œcuménisme, ou
272 nt le message. Écoutons-là ! Les nations doivent se servir de guides les unes aux autres, et toutes auraient tort de se p
273 s les unes aux autres, et toutes auraient tort de se priver des lumières qu’elles peuvent mutuellement se prêter. Il y a q
274 priver des lumières qu’elles peuvent mutuellement se prêter. Il y a quelque chose de très singulier dans la différence d’u
275 lque supérieur qu’il soit, ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit de celui qui vit sur un autre s
276 que. Mais comment surmonter l’antinomie Nord-Sud, s’ il est vrai qu’elle plonge des racines aussi profondes dans notre hist
277 paient l’esprit des hommes énergiques. Ce mélange s’ est fait lentement sans doute. La providence éternelle prodigue les si
278 ent de ses desseins, et notre existence passagère s’ en irrite et s’en étonne : mais enfin les vainqueurs et les vaincus on
279 eins, et notre existence passagère s’en irrite et s’ en étonne : mais enfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n’êt
280 cœur humain ; ce sont des puissances morales qui se développent dans les nations parce qu’elles existent dans chaque homm
281 existent dans chaque homme. Et plus loin : Il se peut qu’un jour un cri d’union s’élève et que l’universalité des chré
282 lus loin : Il se peut qu’un jour un cri d’union s’ élève et que l’universalité des chrétiens aspire à professer la même r
283 mmes qui ont un cœur et qui lui obéissent doivent se respecter mutuellement.51 Nous voici renvoyés au respect absolu de
284 subordonné aux pensées plus hautes dont la vertu se compose. Et elle a des mots très durs contre le phénomène de la nati
285 , au sens politique du terme, qui est en train de se former sous ses yeux et que nous appelons aujourd’hui l’État-nation :
286 ommes, écrit-elle, « quand cette réunion, dis-je, s’ appelle une nation, tout lui serait permis pour se faire du bien ? Le
287 s’appelle une nation, tout lui serait permis pour se faire du bien ? Le mot de nation serait alors synonyme de celui de lé
288 tion serait alors synonyme de celui de légion que s’ attribue le démon dans l’Évangile52 ». À cette affirmation de la prima
289 r la morale à l’intérêt national » et plus l’État se gardera de faire participer les citoyens aux affaires de sa politique
290 r les citoyens aux affaires de sa politique. D’où se déduisent les éléments d’une politique qu’on sent inspirée de Roussea
291 ompter ses passions, le système des gouvernements se simplifierait tellement qu’on pourrait alors adopter comme praticable
292 nir. Sa liberté est toujours en avant. Tout cela se lit ou se relit en filigrane dans De l’Allemagne, et les quelques phr
293 berté est toujours en avant. Tout cela se lit ou se relit en filigrane dans De l’Allemagne, et les quelques phrases un pe
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
294 longtemps le nom de l’Europe, une culture commune se constitue au cours des siècles, à partir de sources au moins diverses
295 ption n’est pas un processus à sens unique : elle se constitue dans un chassé-croisé du sujet et de l’objet. Ce que je per
296 éformation, que sur ce fond religieux commun vont se détacher et s’affronter les églises humaines au sein de l’Église du C
297 sur ce fond religieux commun vont se détacher et s’ affronter les églises humaines au sein de l’Église du Christ, et par e
298 re l’Église catholique de Rome. L’affrontement va se produire d’ailleurs non sur le terrain du dogme, comme on s’y attenda
299 d’ailleurs non sur le terrain du dogme, comme on s’ y attendait, mais sur celui de l’organisation de l’Europe, ce qui est
300 ebrad (1420-1471), pauvre gentilhomme tchèque qui s’ est battu avec l’armée des hussites, est élu roi de Bohême en 1457 — l
301 tienté, gloire de l’univers, comment tout honneur s’ est-il retiré de toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est
302 inat à Halle). L’idéal directeur de toute l’œuvre s’ exprime dans ce titre du chap. II de la Panpaedie : « Qu’il est nécess
303 sans doute celle de la nature formatrice qui, en se reflétant dans l’esprit humain grâce au parallélisme de l’homme et de
304 jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême et se réfugie en Pologne, où les frères moraves ont plusieurs centres. Il r
305 philosophiques, théologiques, scientifiques), et se décide finalement à aller plutôt en Suède entreprendre la réforme des
306 ant que Frère morave, aux yeux des luthériens. Il se retire en Prusse-Orientale, puis pour un temps en Transylvanie. Retou
307 iothèque et beaucoup de ses manuscrits. Enfin, il s’ établit en Hollande où il finira ses jours, et où sera publiée après s
308 Comenius, entre 1881 et 1957. On ne saurait donc se plaindre de ce que Comenius ait été méconnu ou mal « perçu » dans nos
309 de l’Europe des peuples — celle des gouvernements se bornant à le bannir d’un pays à l’autre du continent. Il nous faut bi
310 ase date de 1833. Mickiewicz exilé par les Russes s’ était réfugié en Saxe, mais un décret royal invite les proscrits polon
311 s un décret royal invite les proscrits polonais à s’ en aller. Il part pour Paris en 1832. C’est là qu’il écrira le Livre d
312 C’est là qu’il écrira le Livre des Pèlerins, qui s’ adresse en partie à la France. Je cite : Lorsque la Liberté siégera
313 ur qui elle tombera, elle l’écrasera et celui qui se heurtera contre elle, il tombera et ne se relèvera point. Et du grand
314 lui qui se heurtera contre elle, il tombera et ne se relèvera point. Et du grand édifice politique européen il ne restera
315 de 1848, intitulé Silence de l’Europe : L’Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas conquis sa
316 continues à combattre… Liberté, que ton regard s’ abaisse sur nous, Reconnais-nous ! Reconnais ton peuple ! Alors qu
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
317 éconise B.-H. Lévy dans L’Idéologie française. Il s’ est si bien gardé de l’appliquer qu’il m’oblige à le faire aux dépens
318 oindre proposition ni de doctrine ni d’action. Il s’ agit uniquement, pour l’auteur, de dénoncer comme fascistes et nazis b
319 ncer comme fascistes et nazis bien moins ceux qui s’ avouèrent tels et l’affichèrent, que ceux qui furent vilipendés, conda
320 e ses résurgences toujours possibles. À ce danger s’ ajoute celui de la stérilité d’un effort de « dénonciation » qui, au l
321 irs, rouges ou bruns : il n’en dit mot et cela ne se sent même pas dans le ton de son discours, arbitraire et tranchant, e
322 ent de me procurer la photocopie de l’article. Il s’ agit de deux pages de réponse à une enquête sur la jeunesse française
323 lus loin que le problème de la jeunesse française se posait en termes historiques bien définis : c’était celui de « la des
324 le second une déclaration d’amour aux nazis60. Il se garde, bien sûr, de rappeler que tout le contexte condamne sans appel
325 tien et le désordre établi ». Mounier et Maritain s’ y exprimaient comme catholiques, André Philip et moi comme protestants
326 ’est la jeune droite qui, avec Bardèche ou Drieu, s’ engage à « marcher avec n’importe quel type qui foutra ce régime par t
327 ce régime par terre ». Le jeu des falsifications s’ élève ici à la préciosité et vaut d’être suivi de très près, car il ex
328 é exotique qui ne vaut ni que l’on meure ni qu’on se mobilise pour elle — pauvre “mesure morte” impossible à “ressusciter”
329 1936, mais cité dans sa réédition de 1972. Qu’on se reporte à la page indiquée 140. Je viens de parler longuement de la «
330 , qu’elle sera la mesure de l’homme en tant qu’il se possède dans ses relations actives avec ses prochains. C’est à nous q
331 te vise, plus spécifiquement, l’individualisme ». S’ il m’avait lu, il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était
332 ue dans la distinction entre individu et personne se fonde la notion chrétienne de l’homme telle que l’ont élaborée les gr
333 s compris les causes du phénomène hitlérien qu’il se permet de nous traiter de pronazis. Citations VIII, IX, X et XI
334 où l’on n’a pas compris que « seule a le droit de se vouloir totalitaire la vérité qui est totale, qui rend compte de tout
335 es prétendent justifier ces crimes. Un auteur qui se révèle incapable de saisir la distinction entre la sommation (au doub
336 chemises ouvertes, donc nazis ; non seulement ils se veulent plus totalitaires que les fascistes et les staliniens, mais e
337 i me traite à tout hasard de fasciste et de nazi, se garde bien de citer un seul de mes ouvrages intégralement antifascist
338 besoin de présenter l’auteur dans ce pays, la RAF s’ en est chargée pendant la guerre », disait le professeur van Aasbeck i
339 ls méprisaient plus que personne ? Mais surtout : s’ il est vrai, comme l’écrit noir sur blanc Raymond Aron, que nos idées
340 a « catastrophe nationale » de juin 1940, comment se peut-il que nous ne l’ayions pas su ? Mounier passant ouvertement à l
341 n de lecteurs et de téléspectateurs qui croiront ( s’ ils ne m’ont jamais lu) ce qu’écrit Lévy confirmé par Aron, et notamme
342 l’avènement de Pétain : « Pêle-mêle les discours s’ entrecroisent, se chevauchent, se répondent. Là, ceux de droite, tenus
343 étain : « Pêle-mêle les discours s’entrecroisent, se chevauchent, se répondent. Là, ceux de droite, tenus par leurs sombre
344 êle les discours s’entrecroisent, se chevauchent, se répondent. Là, ceux de droite, tenus par leurs sombres thuriféraires,
345 » Au cas où ce professeur, et quelques autres qui se sont mis dans le même cas, auraient à répondre de ces calomnies devan
346 evant les tribunaux, ils n’auraient de chances de s’ en tirer qu’en plaidant l’irresponsabilité au moment où ils écrivaient
347 oleur, en Chine.) À la page 32 de son livre, Lévy s’ indigne de ce qu’Emmanuel Mounier lui-même, le « chrétien », l’« homm
348 e à Esprit , janvier 1934, p. 533.) Mais si l’on se reporte au texte de Mounier, on lit ceci : On ne combat pas l’explo
349 un aveu (« il en convient lui-même ») alors qu’il s’ agit d’une constatation ; puis, qu’il remplace « le monde entier » par
350 ’à la France revient l’initiative. » Si la France se décide à être elle-même, alors tout peut changer, « le dynamisme, la
351 cité) : « Quant aux jeunes français et allemands, s’ ils dépouillent les idées reçues, s’ils consentent à être eux-mêmes, j
352 et allemands, s’ils dépouillent les idées reçues, s’ ils consentent à être eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ils se comprennen
353 sentent à être eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ils se comprennent et se réconcilient dans une fraternité joyeuse. » Ces phr
354 -mêmes, je suis bien sûr qu’ils se comprennent et se réconcilient dans une fraternité joyeuse. » Ces phrases sont signées
355 … Le problème de l’union franco-allemande ne peut se poser sainement qu’à partir de la Révolution […] La jeunesse européen
356 érables un front unique de combat, que les jeunes se montreront réellement capables de servir leur pays. […] Nous luttons
357 Lors d’une rencontre en Suisse (il avait réussi à se faire nommer dans la dernière délégation allemande à la SDN) il me mo
358 éroïque sursaut de Bataille et de ses amis » — il s’ agit de Roger Caillois et de Michel Leiris — les purs et durs du Collè
359 nêteté régnait alors dans le milieu intellectuel. S’ il était nécessaire de prouver que le « fascisme » de L’Ordre nouveau
360 dans mes textes, pas plus ailleurs qu’ici. Qu’on se reporte à mon Journal d’Allemagne , repris dans Journal d’une époqu
361 ondamner simplement l’incivisme de l’individu qui se referme sur son égoïsme, sur son refus de toute solidarité effective
362 Perrault, L’Orchestre rouge, Paris, 1967. 66. Il s’ agit d’un « Air du mois » intitulé « Une page d’histoire » (en réalité
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
363 riel nationes, dès Tertullien, au iie siècle, va s’ appliquer aux nations en général, aux « gentils », aux païens plus spé
364 universités où l’enseignement et les discussions se font en latin, les communautés d’étudiants étrangers regroupés tout n
365  réunies » (comme on dit) à la France. Mais il ne s’ agit plus que d’ornements. En effet, dès la seconde moitié du xiie si
366 onde moitié du xiie siècle, une double évolution se dessine. Le latin, tant parlé qu’écrit, devient de plus en plus la la
367 res, cependant que les dialectes locaux tendent à se constituer en langues régionales. Par-delà les dialectes parlés, des
368 . Par-delà les dialectes parlés, des convergences s’ opèrent au profit de quelques-unes : langue d’oïl des pays du Nord de
369 intermédiaires68 ; moyen anglais dont le domaine s’ étend en Angleterre, où l’on use aussi du normand et des vieux langage
370 allemand, moyen et haut allemand autour desquels se réalise la cristallisation ; castillan et catalan ; toscan et padouan
371 littératures en langues vulgaires apparaissent et se développent69. 2. Des royaumes aux États, par la Souveraineté L
372 l’imperium romanum, et son roi franc avait tenu à se faire sacrer par le pape de Rome : mais son rêve n’a duré que quatorz
373 rze ans. En 792 déjà, dans les Libri Karolini, il s’ était fait appeler « roi des Gaules, de la Germanie, de l’Italie et de
374 ans son traité De Monarchia, qui date de 1308, il s’ écrie : « Ô genre humain de quelles luttes et querelles, de quels nauf
375 t que « c’est au xviie siècle que l’État moderne se constitue ». Mais sur quelles bases, et selon quelles définitions ? J
376 rogrès technique » (p. 60 de op. cit.). À cela ne se bornent pas leurs bienfaits : « Dialectes et genres de vie fort diver
377 e fort divers viennent aussi [par le recrutement] se confronter puis se fondre dans une uniformisation sans cesse plus mar
378 ent aussi [par le recrutement] se confronter puis se fondre dans une uniformisation sans cesse plus marquée de l’armée. Ce
379 sion : 1757. C’est que « l’État, malheureusement, s’ écrit mieux encore dans l’Europe classique au pluriel qu’au singulier 
380 e, l’aristocratie et la démocratie : la monarchie s’ appelle quand un seul a la souveraineté et que le reste du peuple n’y
381  sentiment de la justice » qui oblige le prince à s’ acquitter en conscience devant Dieu des devoirs de sa charge. La puiss
382 les textes du temps. Le siècle de Louis le Grand, s’ il fait peu de cas du peuple n’en célèbre que mieux les nations — qui
383 u peuple. Le lien originel entre guerre et nation se retrouve même chez les auteurs les plus modérés de l’époque : « Une n
384 nce républicaine, et dont l’empereur Napoléon Ier se servit pour désigner après ses victoires la nation française. » Nous
385 tout au nom de la Nation. La souveraineté royale se manifestait vers l’extérieur : elle consistait à ne reconnaître « auc
386 ieur sur ses terres », ni empire ni papauté. Elle se double, en 1793, d’une souveraineté une et indivisible qui se manifes
387 n 1793, d’une souveraineté une et indivisible qui se manifeste cette fois vers l’intérieur : elle consiste dès lors à ne r
388 e l’État. […] L’État administratif centralisateur s’ affirme donc contre l’État diffus : barons, lords, grands feudataires,
389 arons, lords, grands feudataires, boïards, […] en s’ appuyant sur un groupe de service, qui est un groupe de techniciens. L
390 de la Révolution (1796). Mais le général Foy, qui se battit à Jemappes, glorifie cette identification de la nation et de l
391 France d’abord, a mis près de soixante-dix ans à se faire accepter par l’Europe entière. Alignement des intelligences pa
392 es élites traditionnelles et libérales, finit par s’ imposer à tous les États de l’Europe à peu près simultanément dans les
393 er temps, le potentiel belliqueux ainsi dégagé va se dépenser en Afrique noire, en Éthiopie, au Maroc et au Proche-Orient
394 che-Orient où Français, Britanniques et Allemands s’ affrontent avec des peuples mal armés, mais aussi et surtout entre eux
395 corps autant qu’infrastructure industrielle — il se produit une recrudescence « inexplicable » de délinquance juvénile, d
396 uveraineté sans limites verra la guerre elle-même se retourner contre l’homme et, selon les plus grandes probabilités, l’é
397 ssent sans relâche les gouvernants de tout ce qui se passe, ou seulement se prépare, dans les esprits, dans les usines, da
398 gouvernants de tout ce qui se passe, ou seulement se prépare, dans les esprits, dans les usines, dans les mers, sous la te
399 cette somme insensée de pouvoirs dont le citoyen s’ est laissé dessaisir par égoïsme, par peur des risques ou gain de paix
400 ns sa mort… Les signes du déclin de l’État-nation se sont multipliés à la mesure de ses pires excès. Du temps de la montée
401 ns et pour résoudre les problèmes spécifiques qui s’ y posent. L’argument est devenu le pont aux ânes de toute critique féd
402 prétendent monopoliser. Ils sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petite ou moyenne force de fra
403 ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands,
404 ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. À l’occasion des premières « Élections eu
405 our mieux affirmer leur souveraineté, refusent de se fédérer à l’Ouest, ou qui, n’ayant qu’une souveraineté surveillée, ne
406 l’Est, force est de constater que les Européens, s’ ils s’en tiennent aux seules forces nationales, ne sont capables d’ass
407 , force est de constater que les Européens, s’ils s’ en tiennent aux seules forces nationales, ne sont capables d’assurer,
408 légués en énergie sans menacer l’environnement et s’ opposer par la police à l’exercice des droits démocratiques ; — ni pré
409 te contre la famine et sa passion de copier et de s’ approprier les causes mêmes de notre crise ; — ni assurer l’approvisio
410 sont irréversibles et donc mortels. L’Europe doit s’ unir pour survivre. Elle doit survivre pour que l’humanité ne soit pas
411 . Où la Souveraineté nationale devient absolue et s’ annule J’ai rappelé le transfert de la Souveraineté du Roi médiéva
412 ple devenu souverain, il est contradictoire qu’il se lie lui-même. » (p. 234) Survient l’âge classique : « Louis XIV dans
413 possibles en fait. Certes « rien n’existe qui ne se manifeste ». Mais une existence négative, et très active en tant que
414 sse revendiquer la souveraineté absolue, laquelle s’ oppose par sa définition et sa nature à toute espèce de pacte ou d’all
415 qui devaient donner naissance à l’ONU — mais cela s’ applique mieux encore aux initiatives d’union européenne qui allaient
416 rent chacun à sa manière risquent de provoquer en s’ aggravant des prises de conscience inquiétantes. Certains modèles de d
417 tudes, de devises, et subitement de finalités qui s’ organisent en un système alternatif. On voudrait esquisser ici, en pre
418 lective) Libertés (personnelles) État fort, qui s’ impose à la nation État service-public, bien toléré comme tel Ordre
419 inclus, en passant au sud de Grenoble, le sommet se situant au nord de Besançon. Étaient englobées la Franche-Comté, la S
420 armée de Paoli, battue par les Français, avant de se rallier aux vainqueurs. 74. L’essentiel de ce chapitre est repris de
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
421 e. Cette unanimité des passions partisanes qui ne s’ obtient que dans les grands périls pour la patrie, n’implique aucun ac
422 rope, bien au contraire, puisque le vrai problème se réduit à savoir si l’Europe — quel que soit son régime — unitaire ou
423 eil (UDF) déclare à propos de Chirac (RPR) : « Il se fout de l’Europe ! » Cependant que Lionel Jospin estime « qu’à l’Euro
424 card d’Estaing, ni M. Barre, ni même M. Chirac ne s’ engagent vraiment derrière Mme Veil », Jacques Chirac réplique le lend
425 Chirac réplique le lendemain que la droite doit «  se défoncer » pour que la liste de Simone Veil fasse la plus grande majo
426 journaliste. Justement, personne n’en parlait. Il s’ agissait de savoir si la gauche ou la droite étaient plus ou moins coh
427  ; pas un mot sur les sacrifices qu’aucun pays ne s’ est dit prêt à consentir à l’œuvre, pourtant déclarée si « désirable »
428 oyaume-Uni (Le Monde, 23 mai 1984). Mrs. Thatcher s’ est félicitée d’avoir pu « arracher », à ses partenaires des Dix, des
429 as été capable de décrocher un seul penny ». Elle se propose de « bloquer l’accroissement des ressources de la Communauté
430 r aux électeurs des grands partis une occasion de se compter82. Plus spécialement ici, c’est le problème du Parti socialis
431 aliste, parti du président du Conseil, M. Craxi : s’ il y a gain marqué pour le PSI, cela signifiera un coup d’arrêt aux co
432 ds, dans la préparation des élections du 17 juin, s’ identifient objectivement, qu’ils le veuillent ou non, avec des prises
433 é fédérale du continent. C’est donc en RFA que va se jouer le sort prochain du projet Europe. II. Les jeunes mouvement
434 ts à l’élection du 17 juin. Mais ce que l’on voit se définir avec la plus grande netteté, c’est la communauté de leurs vue
435 ositions pour l’union de l’Europe, et cela qu’ils se disent de gauche ou de droite, ou qu’ils soient simplement considérés
436 e tels. Quelques exemples. Les jeunes giscardiens s’ annoncent comme « amoureux fous de l’Europe de la liberté » et appelle
437 sans dire que « la revendication européenne devra s’ accompagner à terme d’une revendication régionaliste : une partie de l
438 ration « au sein de laquelle l’idée européenne ne se heurte pas trop à l’idée nationale, qu’elle transcende sans peine »,
439 r est notre affaire . « Jeunes giscardiens » : on se croirait à droite. « Les Verts » : voilà qui évoque plutôt la gauche
440 pas inspirées par des intérêts nationaux ». Elle se déclare « pour une France fédérale dans une Europe fédérée ». Elle af
441 nsables, et que c’est dans ce type de société que se situe l’indispensable point d’équilibre entre la liberté et l’autorit
442 e pouvoir ». De nombreux mouvements régionalistes se proposent de former des listes. Ainsi Europe 2000 (régions Bretagne),
443 au pays » ; — le droit pour tous les citoyens de s’ exprimer clairement sur les problèmes qui les concernent directement,
444 u de quelques milliers de membres seulement, mais s’ ajoutant à des mouvements qui comptent déjà des députés dans leur parl
445 e les États membres et leurs représentants, après s’ être arrogé, au mépris des traités qui les lient, des pouvoirs exécuti
446 ue les plus hauts représentants des États membres s’ abaissent à des querelles subalternes économiques ou financières hors
447 er 1984, Sa Majesté la reine Béatrix des Pays-Bas s’ est adressée aux députés européens. La reine a insisté sur l’idée que
448 qu’elle reste à définir — voilà ce que ne peuvent se permettre d’envisager nos États-nations, parvenus non sans peine à ce
449 e une reine incontestable a su, en cette matière, se montrer généreuse, intelligente, et véritablement européenne. 82.
450 tés au PE « peut donner à la gauche l’occasion de s’ appuyer mieux et plus sur les forces qui l’ont portée au pouvoir ». L’
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
451 ulturel dont il était question allait commencer à s’ organiser en novembre à Budapest et se tiendrait en 1985. J’ai appris
452 commencer à s’organiser en novembre à Budapest et se tiendrait en 1985. J’ai appris qu’il était la suite de la Conférence
453 e, qui a déjà eu lieu, puis ce Forum culturel. Il s’ agit, si j’ai bien compris, d’une réunion intergouvernementale, formée
454 téral », mais il n’était pas sûr que cela pouvait se dire. D’autres ont suggéré « une conversation ». Quant à moi, j’ai eu
455 ndise. Il y aura certes ce côté-là dans ce qui va se passer à Budapest. Et puis, foire vient aussi de feria, jour férié, e
456 apparence, et peut donner lieu à une discussion. S’ ils étaient d’accord, il n’y aurait pas de colloques. Mais, en fait, c
457 s. Dans l’Empire byzantin, dites-vous, l’individu se dissolvait dans la société, alors que toute l’idée de grandeur exprim
458 mée dans l’idéologie, la littérature et l’art, ne s’ appliquait qu’à l’État, à l’empereur et à l’Église. Le parallélisme es
459 urope va très loin, d’autant plus loin qu’elle ne s’ est pas faite du tout pour des raisons géographiques, encore moins eth
460 orité de l’Asie centrale, mais pas de Byzance, il s’ agit donc d’une transmission purement culturelle comme on dit aujourd’
461 édiaire de l’Église orthodoxe. Je me suis demandé s’ il n’y aurait pas là un premier sujet —je vous en trouverai d’autres —
462 ualité extrêmement dense, dirais-je, et puis tout s’ est détendu quand notre président a pris la parole pour dire que les p
463 a littérature terrienne, comme celle de Ramuz qui s’ est fait une langue qu’il voulait absolument purifiée de toute idéolog
464 us avons touché peut-être le nœud du problème qui se posait à ce colloque. Il y avait quelque chose de nodal, de central,
465 mpression qu’autour de cette table, quelque chose se nouait, qui pouvait, en même temps, peut-être apporter le secret pour
466 lème en parlant des réactions du tiers-monde, car s’ il est urgent de définir la culture commune des Européens, c’est pour
467 ait d’une manière endémique, et puis, ensuite, on s’ est aperçu que cela détruisait des équilibres écologiques millénaires,
468 ulture européenne et les différentes cultures qui se partagent le monde. Nous l’avons essayé il y a quelques années, au CE
469 Ce sont les deux grandes sources qui sont venues s’ ajouter pour compliquer formidablement le jeu, pendant tout le Moyen Â
470 ut faire des fédérations, c’est à cela qu’il faut se rapporter. Et puis, ensuite, l’influence du monde arabe à travers l’E
471 y ne fait pas la moindre allusion. Je ne sais pas s’ il a jamais lu Dostoïevski, j’en doute parfois. La source slave, à par
472 du xxe siècle. Ce qu’on peut dire sur l’Europe, s’ il faut définir d’un mot sa culture, c’est que c’est une culture qui a
473 e-cinq définitions de la culture européenne. Cela s’ était passé très vite, vous le voyez, et il n’y a aucune raison de s’a
474 vite, vous le voyez, et il n’y a aucune raison de s’ arrêter. Un autre a dit que tout ce qui était définition de la culture
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
475 Assemblée consultative du Conseil de l’Europe. Il s’ agit du n° 3 de 1984 consacré au 35e anniversaire du Conseil de l’Euro
476 est de saisir et de créer toutes opportunités de se rapprocher d’un grand but politique — dans notre cas, l’union de l’Eu
477 . Les responsables politiques, hommes de pouvoir, s’ ils échouent, se retirent purement et simplement — ou restent au pouvo
478 es politiques, hommes de pouvoir, s’ils échouent, se retirent purement et simplement — ou restent au pouvoir quitte à chan
479 ration du premier Congrès de l’Europe, qui allait se tenir à La Haye du 8 au 12 mai 1948. Congrès dont François Mitterrand
480 ement organisé le congrès85. La séance de clôture se termina par la lecture d’un Message aux Européens . J’avais obtenu d
481 t cette grande espérance, la vocation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai géni
482 le grand témoin. La conquête suprême de l’Europe s’ appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans la liberté.
483 ée européenne demandée par le congrès de La Haye, s’ ouvrit le 10 août 1949 à Strasbourg. Faute d’un siège propre qui ne de
484 e devait être inauguré que l’année suivante, elle se tint à l’Université, sous la présidence rassurante d’Édouard Herriot.
485 scalier de l’université qui conduit à la salle où se tient l’assemblée, le premier rencontré se trouve être Coudenhove-Kal
486 légué grec : « Je salue en vous celui dont l’idée se réalise ici ! » (Ce qui est légèrement excessif : je ne suis de loin
487 préconisé « l’idée », laquelle est encore loin de se réaliser…) En fait, il ne va rien se passer à cette première session,
488 core loin de se réaliser…) En fait, il ne va rien se passer à cette première session, que des échanges de congratulations
489 et donc dignes du titre — mon siège est fait : il s’ agit de modifier essentiellement la formule même de l’Assemblée, et d’
490 es, et dans l’ordre où j’en pris connaissance. Il s’ agit de mes Lettres aux députés européens et de la réception qui leu
491 te de Daniel Villey ; du Conseil de vigilance qui se tint à l’Orangerie, face au Palais de l’Europe, sur l’initiative d’un
492 listes — et d’abord mes amis de l’UEF — pouvaient se former alors du Conseil de l’Europe. Messieurs les députés européens
493 ngs de perles du genre de Festina lente, Paris ne s’ est pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence
494 la sagesse des peuples : Petit à petit, Paris ne s’ est pas fait, mais par deux ou trois décisions, dont celle du baron Ha
495 serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’ en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de ren
496 u’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les sonda
497 de Strasbourg ». Je ne sais pas encore de quoi il s’ agit, mais des députés m’avertissent en passant « qu’il se fera très p
498 mais des députés m’avertissent en passant « qu’il se fera très probablement » et que « Paul Reynaud en est ». À la fin du
499 hilip m’expose enfin l’affaire en dix minutes. Il s’ agit d’un projet conçu par Daniel Villey, jeune professeur à la Facult
500 uropéen, par lequel les « délégués à Strasbourg » s’ engageraient à rester en session jusqu’à ce qu’une Constitution fédéra
501 onstances actuelles l’Europe n’est pas capable de se donner une voix dans le concert international, si elle s’enlise dans
502 r une voix dans le concert international, si elle s’ enlise dans cette division qui l’empêche aujourd’hui de peser efficace
503 t arrêter le monde sur la pente fatale où déjà il s’ est engagé ? Si les délégués des peuples européens réunis à Strasbourg
504 n impuissance, et par le défaitisme fataliste qui s’ empare de ses populations. Il faut que les délégués à Strasbourg rompe
505 ici, il est permis d’attendre un acte de courage, s’ ils sentent que l’opinion publique les approuvera et les soutiendra […
506 it lignes rédigeons le Serment. Dadelsen vient de s’ en aller à 3 h 15, et j’écris dans mon journal : « Le document peut-êt
507 coup de discours enthousiastes, et l’on finit par se mettre d’accord, lors de la dernière séance à laquelle j’assistai, po
508 mieux qu’à une coalition contre Staline, dont ils s’ imaginaient d’ailleurs que « l’aide américaine » les dispenserait de p
509 e nous comprenons mal devant les catastrophes qui s’ approchent — c’est nous les jeunes qui les paierons demain, peut-être
510 , vous le savez aussi bien que nous : l’Europe ne se fera pas dans le délai très court qui nous est encore imparti. C’est
511 que les délégués conscients des dangers immédiats se proclament les représentants de la nation européenne et qu’ils exigen
512 des membres de l’Assemblée Charbon-Acier auxquels se voyaient adjoints d’abord sept membres choisis au sein de l’Assemblée
513 ° 1 du Courrier fédéral 92 daté d’avril 1953 : S’ il fallait à tout prix expliquer le projet selon le vocabulaire ancien
514 utile à ce propos de rappeler que la Suisse, qui se présente à nous avec toutes les apparences d’une nation et d’une fédé
515 les apparences d’une nation et d’une fédération, se nomme elle-même en toute propriété de terme une « Confédération ». C’
516 bien traîner les choses que le projet tout entier se verra finalement condamné par le rejet de la CED, qu’il était censé «
517 ait enfin les fédéralistes, mais en même temps il s’ en allait. Pour tous ceux qui avaient mis leur espoir dans l’avenir du
518 litiques au sens large, le Conseil de l’Europe va se vouer à plusieurs tâches peut-être moins spectaculaires (en termes de
519 comme celui, tout récent, de Venise, et celui qui se prépare pour l’automne à Rome. Il y a là des réactions de compensatio
520 ns de compensation bien compréhensibles, mais qui se justifient difficilement, s’agissant d’un groupement d’États-nations
521 éhensibles, mais qui se justifient difficilement, s’ agissant d’un groupement d’États-nations qui ne représente, par ses st
522 ge, incluant celui des droits de l’homme. Mais là s’ arrête la comparaison avec l’éveil récent du souci culturel au sein de
523 ien que le double fait que le Conseil de l’Europe s’ attache surtout à la défense des libertés politiques et qu’il représen
524 rétablir avec vigilance la primauté des fins que se donne une société, et la conformité de ces fins proclamée avec des mo
525 ulture des valeurs qui méritent que les Européens s’ unissent pour les défendre et les illustrer : ce fut la table ronde de
526 s du Palais Aldobrandini, et la séance de clôture se tint au Capitole. Pendant une semaine, devant une vingtaine d’hommes
527 travaux de Rome. D’une manière significative, ils se divisèrent en un groupe civilisation, rapporteur le philosophe Gabrie
528 ice et rectrice, elle n’est rien qui mérite qu’on s’ en soucie. Si le CDCC limite ses ambitions à refaire l’Unesco à l’éche
529 à l’échelle de l’Europe, inutile d’en parler ici. S’ il entend n’affirmer que des généralités acceptables par des ministres
530 ion européenne sur les objectifs culturels 96. Il s’ agissait, à l’origine, de proposer une Charte européenne de la culture
531 lité de nos sociétés est de permettre à chacun de s’ épanouir dans la liberté et l’attachement solidaire aux droits de l’ho
532 ivil et militaire, que l’action des gouvernements s’ efforce sans relâche de soustraire au débat public, au contrôle démocr
533 me Conférence des pouvoirs locaux et régionaux va se tenir en octobre à Borken (RFA) et permettra de faire le point des pr
534 es années, et de l’évolution très prometteuse qui se dessine dans l’invention de relations socioéconomiques et culturelles
535 on qu’au niveau de la région : le citoyen ne peut se sentir libre, et être libre en vérité, que là seulement où il est en
536 our, nul n’est tenu pour responsable de ses actes s’ il ne les a pas commis librement : le bon soldat n’est pas tenu pour a
537 olitique, le Conseil de l’Europe, sans contredit, s’ est placé au tout premier rang des constructeurs d’une Europe fédérale
538 e qui est urgent, et qui commande le reste : — il s’ agit d’unifier les actions parallèles du CE et de la CEE, — et de les
539 offre la meilleure base pour une entente rapide : s’ inspirant de la Constitution fédérale de la Suisse (1848), il préconis
540 l’opinion publique. Ces six associations devaient se donner une organisation faîtière, au lendemain du congrès de La Haye,
541 décrire l’atmosphère de ces journées qui allaient se révéler journées des dupes, hélas. 89. Il deviendra notre collaborat
542 vît que du feu, les séances de l’Assemblée ad hoc se tenant à Strasbourg, au Palais de l’Europe, et le jeu des ministres d
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
543 rès passionnantes — je voyais de petites cellules se former, monter, et cela faisait finalement une longue plante qui pous
544 à laquelle j’étais plus étroitement attaché, qui s’ appelait L’Ordre nouveau , rien de commun évidemment avec le mouvemen
545 c’est-à-dire par des corps de fonctionnaires qui se sont emparés de l’ensemble des activités de la nation, privant les ho
546 e est libre dans la mesure où il est responsable. S’ il ne peut pas être responsable de son rôle dans la vie civique, il n’
547 de voir la guerre des nations, des États-nations, se préparer ; les totalitaires, qu’ils soient de gauche ou de droite, le
548 trente-neuf, a éclaté. Et là tout notre mouvement s’ est dissout puisque nous étions de différentes nationalités. Je fus to
549 at-major, dans la section « Armée et foyer », qui s’ occupait des liaisons entre l’armée et la population et aussi du moral
550 eure où Paris exsangue voile sa face de nuages et se tait. » Je me dis : « Bon c’est un peu sentimental », sans penser une
551 coup d’aucune loi militaire, qu’il ne voulait pas s’ occuper de la chose. Le général Guisan m’a donné alors une punition pe
552 Arthur Honegger, on a été trop content de pouvoir se débarrasser de ma personne : j’étais devenu gênant en Suisse, on m’a
553 réquente alors le groupe des surréalistes exilés, se lie d’amitié avec André Breton, Marcel Duchamp, Max Ernst et Matta et
554 rope à Genève, dans une nouvelle organisation qui s’ appelait « Rencontres internationales de Genève », et m’offrait de pas
555 els dangers est-il exposé ? Notre mouvement, qui s’ appelait « mouvement personnaliste », a porté toute sa réflexion sur l
556 doit l’être. Or c’est exactement le contraire qui se passe aujourd’hui. Vous me demandez quels dangers existent pour l’hom
557 erches. Je trouvais cela très bien, mais quand on s’ est mis à les appliquer sans aucune mesure, sans aucune finalité, sans
558 voir un manuscrit d’un jeune colonel français. Il s’ agit d’un livre qui s’appelle La France et son armée. » L’auteur s’app
559 jeune colonel français. Il s’agit d’un livre qui s’ appelle La France et son armée. » L’auteur s’appelait le colonel de Ga
560 qui s’appelle La France et son armée. » L’auteur s’ appelait le colonel de Gaulle. Alors j’ai répondu par une lettre un pe
561 s à tort nommée « société de masse » : l’individu s’ y dilue, il est difficile d’en comprendre les mécanismes, d’y faire se
562 ance de cause. À quelle condition l’homme peut-il se sentir véritablement citoyen ? Comment l’homme peut-il réaliser dans
563 oche une Europe basée sur des communautés réelles s’ unissant peu à peu, librement. C’est à elles de choisir avec qui elles
564 . C’est à elles de choisir avec qui elles veulent s’ unir, se fédérer, se confédérer, comme les Suisses l’ont fait de tout
565 à elles de choisir avec qui elles veulent s’unir, se fédérer, se confédérer, comme les Suisses l’ont fait de tout temps. N
566 hoisir avec qui elles veulent s’unir, se fédérer, se confédérer, comme les Suisses l’ont fait de tout temps. Non pour crée
567 ne ou de la région, là où la voix d’un homme peut se faire entendre. Donc il nous faut recréer cela, et puis ensuite fédér
568 r l’obsession de fabriquer des armes qui pourront se vendre extrêmement cher, comme vous voyez de nombreux pays le faire c
569 aniser la Conférence européenne de la culture qui se tient à Lausanne en 1949. En découle la création du Centre européen d
570 a première idée de ce qui est devenu le CERN, qui s’ est fait depuis lors tout autour de l’endroit où j’habite. Je suis ent
571 N construit maintenant, qui a 27 km de long. Cela s’ est appelé le Centre européen de recherches nucléaires, par analogie a
572 nsemble des Européens. C’est un trésor commun qui s’ est fait en deux-mille ans, et c’est de cela que nous devons vivre mai
573 uite, uniquement parce que ça va rapporter. On ne se doute pas qu’on est en train de détruire ainsi la société. Alors il y
574 éricains sont très contents comme ça, ne vont pas s’ envoyer de bombes atomiques l’un sur l’autre. Cela arrange très bien l
575 , cela leur permet de dominer le tiers-monde. Ils s’ entendent, je crois, dans le fond très bien, beaucoup mieux qu’on ne l
576 ut être mangé à la sauce des États-nations, on ne s’ unira jamais. Regardez les difficultés actuelles dans le Marché commun
577 méricains 230, total 490 millions. Les Européens, s’ ils s’unissent tous, non seulement ceux de l’Ouest, mais ceux de l’Est
578 ins 230, total 490 millions. Les Européens, s’ils s’ unissent tous, non seulement ceux de l’Ouest, mais ceux de l’Est, Russ
579 l’Europe est écrasée entre les deux Grands. Elle se sent écrasée parce qu’elle n’est pas unie. Donc la première chose à f
580 utopique de penser que les pays de l’Est peuvent s’ unir à l’Europe ? Ils ne demandent que ça. J’en ai des preuves quasi q
581 si j’ai l’espoir que cette fédération européenne se réalisera. J’en ai à certains égards. Je ne veux pas dire que je suis
582 eut dire que je ne crois pas que les utopies vont se réaliser comme ça, sans nous. Si on veut que les choses avancent dans
583 nt, l’air de penser : il y a des fantaisistes qui s’ occupent de choses comme la culture. Eh bien, on lui attribue cette ph
584 ien, on lui attribue cette phrase, je ne sais pas s’ il l’a écrite, mais elle a été souvent citée ces derniers mois : « Si
585 écologistes, il y a de cela quinze, vingt ans. On se moquait beaucoup de nous. On nous appelait les « écolos », ce qui rim
586 nous croire, et aujourd’hui c’est une réalité qui s’ impose dans le monde entier. On nous parle de la manière de se nourrir
587 s le monde entier. On nous parle de la manière de se nourrir, de la manière d’attaquer ou de ne pas attaquer la nature, et
588 seule phrase : il y a deux grandes finalités qui se partagent l’humanité et qui fonctionnent dans tout homme, la puissanc
589 t et la liberté de l’autre. Dans les deux cas, il s’ agit d’un pouvoir. La puissance, écoutez bien cela, car toute ma pensé
590 puissance, écoutez bien cela, car toute ma pensée s’ y résume, la puissance, c’est le pouvoir qu’on veut prendre sur autrui
591 -dessus. J’ai formulé les grands buts que doivent se fixer à peu près en même temps, simultanément, les personnes et la so
592 à quelques kilomètres de Genève, que l’interview s’ est déroulé. Ce document apparaît aujourd’hui comme un testament spiri