1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 e Paris, apparaît le mouvement personnaliste avec ses deux revues principales, Esprit et L’Ordre nouveau . Mon premier l
2 ligé de répondre activement aux empiètements dans son domaine de ce qu’on a nommé le désordre établi. Si « privée » que se
3 elle avait cru voir autre chose, pouvoir choisir ses résistances, et provoquer des adversaires plus nobles. Est-ce que tou
4 des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte de sa chambre, on est presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui est
5 n intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon g
6 hambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que l’on écrit contribue en quelq
7 ponsable. Mais si l’intelligence, passant outre à son dégoût, accepte le combat tel qu’il lui est offert, elle court le ris
8 e s’est constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques appui
9 ment l’homme, je le récite », croyant ainsi tirer son épingle du jeu. Et c’est ainsi que la séparation de la doctrine et d
10 pour l’intellectuel une possibilité de sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’avons
11 de sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espè
12 e ; elle s’oppose à l’exploitation de l’homme par ses créations, par l’État et par les bavards radiodiffusés. Elle refuse l
13 t-à-dire la présence du réel. Il rend à ma pensée sa gravité, son poids, sa raison d’être. Il me rappelle que la pensée en
14 présence du réel. Il rend à ma pensée sa gravité, son poids, sa raison d’être. Il me rappelle que la pensée en tant que tel
15 réel. Il rend à ma pensée sa gravité, son poids, sa raison d’être. Il me rappelle que la pensée en tant que telle n’est j
16 ensée en tant que telle n’est jamais séparable de sa création qui la sanctionne au double sens du mot. Les clercs défenden
17 ude pour le penseur, s’il sait que la violence de sa pensée fonde la seule autorité valable. La liberté de penser n’est ré
18 ser est immédiat à l’acte de penser, qui se forge ses fatalités et qui se crée ses propres risques et périls, si libéral qu
19 penser, qui se forge ses fatalités et qui se crée ses propres risques et périls, si libéral que prétende être le régime. « 
20 produit elle-même la provision de force qui cause sa perte », dit Kierkegaard. Penser avec les mains ne peut être en tout
21 volonté de s’ordonner à un but, et d’y soumettre ses moyens. Un style soumis à la rudesse nouvelle, non pas aux prudences
22 chaque phrase implique ce but, et le désigne par son allure même. Que le style s’ordonne à sa fin et non plus à de bons mo
23 gne par son allure même. Que le style s’ordonne à sa fin et non plus à de bons modèles. Et qu’il rappelle à la situation,
24 ui qui s’engage dans leur lecture éprouve de tout son être la présence d’une réalité éthique immédiate à chaque progrès du
25 d’une ardente volonté d’expliquer et de justifier son intuition, rien qu’elle, dégagée de toute allusion impure ; Kierkegaa
26 point précis où soudain la joie cesse de soutenir son grand lyrisme ; Rimbaud enfin, celui de la Saison, étreignant la « ré
27 pour le chef bien-aimé, Père des peuples, et pour ses innocentes victimes, vipères lubriques ; pour Franco et contre Franco
28 accidentelle et partisane d’une pensée que réside son engagement. C’est au contraire, dans sa démarche intime, dans son éla
29 e réside son engagement. C’est au contraire, dans sa démarche intime, dans son élan premier, dans sa prise sur le réel et
30 C’est au contraire, dans sa démarche intime, dans son élan premier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté de la tran
31 s sa démarche intime, dans son élan premier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté de la transformer, donc finaleme
32 n élan premier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté de la transformer, donc finalement de le dominer. S’engager,
33 as se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est
34 e en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer
35 raire, c’est se libérer et assumer les risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’un
36 de soutenir que l’engagement d’une pensée suppose sa libération. En vérité, c’est le libéralisme qui a répandu l’idée que
37 nous assure que la littérature soit immortelle ; sa chance aujourd’hui, son unique chance, c’est la chance de l’Europe.
38 térature soit immortelle ; sa chance aujourd’hui, son unique chance, c’est la chance de l’Europe. Sa conception de l’engag
39 son unique chance, c’est la chance de l’Europe. Sa conception de l’engagement l’amène à signer, en 1977, des manifestes
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
40 se demande l’auteur, lorsqu’il tente à la fin de son essai d’en récapituler les données. C’est tout d’abord « l’attitude d
41 u’aux diatribes exaspérées d’un Franz Fanon et de son préfacier Jean-Paul Sartre invitant à « tirer à vue » sur l’Européen
42 n les prétentions puériles de la civilisation par son innocence et ses vertus simples ». Nous tenons enfin le Suisse au-des
43 puériles de la civilisation par son innocence et ses vertus simples ». Nous tenons enfin le Suisse au-dessus de tout soupç
44 in extremis de la révolution de 1956, qui a fait ses études en Suisse et professé dans une grande université américaine av
45 e pessimisme des sages au sujet de l’Europe et de son avenir, va-t-il se nourrir aux mêmes sources dont les colonialistes p
46 nalement de rejet de l’Europe ou tout au moins de sa culture. Mais ne serait-ce pas aussi, et peut-être surtout, un renouv
47 tout, un renouveau de l’aventure occidentale dans son avidité de tout « comprendre », tout explorer, tout intégrer ? Plus m
48 précédé (Malraux), contre les modèles admirés de sa jeunesse, contre la tradition dans laquelle, par cet acte même il s’i
49 oire celui qui entend faire passer le prestige de son État-nation avant toute vérité générale ou personnelle aussitôt réput
50 de l’irresponsabilité congénitale du personnage. Ses insultes contre la Patrie et la France ne sont certes pas plus antieu
51 par les cathares et les alchimistes. Sans compter sa passion pour la peinture qui, à l’en croire, était exclusivement euro
52 idée ou l’occasion d’ouvrir, pour ne rien dire de sa capacité de les comprendre. Mais il serait vain de chercher si pareil
53 és qui subsistent dans la polémique sur l’Europe, sa spécificité culturelle et la possibilité de son union politique, résu
54 e, sa spécificité culturelle et la possibilité de son union politique, résultent toutes ou presque — y compris dans ce livr
55 e, « décentralisée et fédérative », qui prendrait ses modèles, plutôt que « du pouvoir centralisé de la France absolutiste 
56 « pour la Voie communautaire qu’il poursuit dans sa recherche du bonheur ». Toute leur vie sociale est « fondée sur une b
57 te Europe fille des cités grecques, bien plus que ses désirs projetés sur les Barbares, que je veux opposer au schéma de l’
58 ope — André Reszler est peut-être trop bref, mais ses formulations denses et nettes sont de nature à couper court à tous le
59 ou du présent. Je hais l’impérialisme sous toutes ses formes et je me méfie fondamentalement des messianismes religieux ou
60 sé, et maintenu fermement dans les conclusions de son essai, André Reszler se livre à la malice de citer au sujet du coloni
61 que, et cela nous réjouit… Il est de l’intérêt de son propre développement que dans le futur (le Mexique) passe sous la tut
62 dettes qu’elle a contractées envers le monde dans sa tentative de l’unifier sous sa conduite, elle doit bien mieux résoudr
63 vers le monde dans sa tentative de l’unifier sous sa conduite, elle doit bien mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée
64 ffet, « se détourne de l’Europe tout en reprenant ses idées et ses créations. Il emprunte sa philosophie de l’efficacité et
65 tourne de l’Europe tout en reprenant ses idées et ses créations. Il emprunte sa philosophie de l’efficacité et sa folie cen
66 reprenant ses idées et ses créations. Il emprunte sa philosophie de l’efficacité et sa folie centralisatrice. Il édifie de
67 ns. Il emprunte sa philosophie de l’efficacité et sa folie centralisatrice. Il édifie des États puissants et jacobins qui
68 coloniales ». Bien plus, le tiers-monde reprend à son compte le modèle « d’une économie industrielle incapable de maîtriser
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
69 ue et plus sérieux, que Lévi-Strauss exprime dans sa Pensée sauvage : celui « de réintégrer la culture dans la nature » et
70 llusion de l’homme personnel, de l’homme sujet de son langage et de sa pensée, donc de son action et de son destin, et fina
71 personnel, de l’homme sujet de son langage et de sa pensée, donc de son action et de son destin, et finalement : de sa re
72 mme sujet de son langage et de sa pensée, donc de son action et de son destin, et finalement : de sa responsabilité. Du seu
73 langage et de sa pensée, donc de son action et de son destin, et finalement : de sa responsabilité. Du seul fait qu’on aura
74 e son action et de son destin, et finalement : de sa responsabilité. Du seul fait qu’on aura « traqué dans ses derniers re
75 onsabilité. Du seul fait qu’on aura « traqué dans ses derniers retranchements l’illusion de sa liberté » (Lévi-Strauss), il
76 ué dans ses derniers retranchements l’illusion de sa liberté » (Lévi-Strauss), il sera rendu à l’innocence, car on ne cond
77 r qu’il n’était pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le crime, mais quelque chose qui le dominait. Ce qui
78 duit et enfin le dissout, dissolvant du même coup son moi, sa fonction de sujet responsable. II Derrière ces motivati
79 nfin le dissout, dissolvant du même coup son moi, sa fonction de sujet responsable. II Derrière ces motivations de r
80 ogique du terme, mais bien du christianisme et de son anthropologie, c’est-à-dire du modèle de la personne. À l’anthropolog
81 à soi-même », réorienté et recréé par l’appel de sa vocation (c’est le même mot). Un but nouveau le distingue du troupeau
82 le distingue du troupeau mais aussitôt le relie à ses prochains, car l’unicité même de sa vocation ne peut être assumée, ag
83 t le relie à ses prochains, car l’unicité même de sa vocation ne peut être assumée, agie, réalisée, que dans la réalité d’
84 comique), puis avait été transféré au citoyen, à son rôle dans la cité. Ils décidèrent que Dieu était une seule essence ma
85 ais rappeler maintenant que Michel Foucault, dans son livre Les Mots et les Choses, explique que l’homme au sens moderne ne
86 server aussi que, bien loin que la personne doive sa constitution à la science moderne, c’est l’inverse qui se vérifie his
87 at qu’obtient Foucault au terme (c’est à voir) de ses recherches sur l’archéologie du savoir. Vous l’avouerai-je ? Je ferai
88 ent de ces propositions. Le civisme c’est prendre ses responsabilités ; c’est agir en homme libre dans la société, cesser d
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
89 Jean Monnet, inspirateur de l’Europe économique, son premier objectif pleinement atteint. Faut-il en conclure que « L’Euro
90 c’est « L’Europe des Neuf », qu’on l’appelle par son nom : la Communauté économique européenne, ou Marché commun. Et qu’on
91 alors de montrer sérieusement soit les raisons de son échec relatif, soit en quoi et pourquoi l’institution aurait fait fai
92 qu’à l’espèce de délire obsidional que traduisent ses dernières déclarations publiques contre toute forme d’union de l’Euro
93 chel Debré, que lorsqu’il révèle ou plutôt trahit sa vraie nature de « complot contre la France ». M. Debré est fermement
94 l’ancien Premier ministre.) M. Debré poursuit : «  Son dernier livre est dédicacé (sic) à tous les peuples qu’écrase le colo
95 , voici l’explication. Les Jeunes du RPR, donc de son parti, avaient adopté mon titre15 comme slogan pendant la dernière ca
96 r qu’il dénonçait, et il s’y voyait contraint par sa religion. Toute riposte est futile en pareil cas. Il devient en revan
97 précis de la Terreur exercée par l’État jacobin, ses dignitaires et sa police). Devant tout adversaire politique, idéologi
98 ur exercée par l’État jacobin, ses dignitaires et sa police). Devant tout adversaire politique, idéologique, militaire, do
99 universelle de la nation une et indivisible. Dans sa dernière Lettre mensuelle, il concède que l’avenir du Monde en l’an 2
100 ouvre, c’est pour rayonner, manifester et imposer sa place naturelle dans le Monde, qui est la première, de Gaulle l’a dit
101 même de mémoire historique (via l’École) à toutes ses nationalités, au mépris déclaré de leurs identités. Les héritiers de
102 e terme) puisse faire à la nation française, dans son ensemble synthétique actuel, autre chose que ce qu’elle fit elle-même
103 ctuel, autre chose que ce qu’elle fit elle-même à ses provinces, dès 1789. La culpabilité niée et refoulée des jacobins, de
104 retagne, l’Occitanie, la Provence, etc., Debré et ses amis s’imaginent, c’est normal, que l’Europe va faire de même de leur
105 retagne, — du moins tant que la France a respecté ses engagements sacrés. Or c’est à ce traité d’union que correspondrait a
106 s : « L’Avenir est votre affaire », pour annoncer son colloque « d’expérimentateurs sociaux », autour d’Ivan Illich. 16. C
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
107 thèse, n’a transformé le monde qu’à la mesure de ses moyens de philosophe, c’est-à-dire en l’interprétant. 1. Un rite veu
108 ’on s’aperçoit que l’écologie n’est pas jugée sur son mérite, mais sur les visées politiques qu’elle est censée traduire to
109 existante », aux yeux des politiciens de gauche, sa fin principale paraît être « d’enlever des voix au parti socialiste »
110 un peu de recul pour considérer le phénomène dans son ensemble, c’est très simple : l’Écologie est une réaction de défense
111 de rejet) contre la civilisation industrielle et ses agressions de plus en plus brutales contre la Nature et contre l’homm
112 ne tabula rasa — qu’elle a créée au besoin — d’où ses liens de complicité essentielle avec la désertification résultant, su
113 n sait à quelles résistances de la capitale et de sa police se heurtent les tentatives de prises de responsabilités région
114 qui existe ou voudrait exister indépendamment de son contrôle. Critique classique adressée dès les années 1930 de ce siècl
115 grand (à l’échelle des régions) pour jouer encore son rôle d’État — d’animateur, d’arbitre, de protecteur. L’État-nation es
116 montré le contraire, d’une manière décisive, dans son célèbre ouvrage Small is beautiful. 7. Les relations d’interaction s
117 l’Europe fédérée, ni celle-ci sans des régions à sa base ; — s’il est vrai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
118 es Neuf, qui nous donne à la fois par certains de ses politiciens, les pires exemples de délire nationaliste (gaullistes et
119 liste (gaullistes et communistes à l’envi) et par son peuple, les raisons les plus raisonnables de faire confiance à l’aven
120 : « Dans la CEE, votre pays risque-t-il de perdre sa culture et son originalité ? » B DK D F IRL I L NL G
121 E, votre pays risque-t-il de perdre sa culture et son originalité ? » B DK D F IRL I L NL GB CE oui 24 5
122 tes les deux étant îles de surcroît), de « perdre son identité dans une union européenne ». L’argument ne vaut strictement
123 e luxe, de plus en plus ruineux, de traduire tous ses documents obligatoirement en un nombre croissant de langues. Où, d’ai
124 ional pourra toujours se faire traduire tout dans sa propre langue. L’option pour trois langues, dites « principales », de
125 s. III. Du vain travail de citer de Gaulle et ses saints À propos de l’Europe, de la souveraineté nationale, et de l
126 eurs centaines de ceux que cite Edmond Jouve dans ses deux énormes volumes sur Le Général de Gaulle et la construction de l
127 ssemblée au suffrage universel », mais il réitère ses conseils de prudence, en termes curieux à rappeler aujourd’hui : Il
128 s les discours, propos et textes du Général et de ses proches touchant les problèmes de l’Europe, de 1940 à 1960, le terme
129 ? Celle-ci est exposée pour la première fois dans son principe et dans ses développements immédiats lors du discours tenu p
130 e pour la première fois dans son principe et dans ses développements immédiats lors du discours tenu par le Général à la Fo
131 plus tard, au printemps de 1969, contre l’avis de ses conseillers, de Gaulle lance la campagne pour le référendum sur les r
132 qu’il a choisi de livrer la bataille décisive de son règne. Mais, en même temps, n’aurait-il pas choisi de se faire renvoy
133 faire renvoyer par les Français à la rédaction de ses mémoires sur la France, cette « Princesse de légendes », cette Iseut
134 ais autant que lorsqu’il s’en voit séparé ? (D’où sa secrète, mais active connivence avec les traverses du destin qui « im
135 nnoncée dès 1961, puis développée au lendemain de sa mort, en 197030, le problème des régions offrait au Général un point
136 ons. Il gagnait sur tous les tableaux, en perdant son référendum. Cette hypothèse trouve dans le livre de Jean Mauriac, Mor
137 eure en heure, les propos spontanés du Général et ses confidences (à l’Histoire ?) au cours de la semaine précédant le réfé
138 ns, fixé au 27 avril 1969, puis aux lendemains de son retour définitif à Colombey. Citons ce petit livre, dont on comprend
139 (p. 19) Le 24 avril, au général Lalande, chef de son état-major particulier, il confie : Même si j’échoue je serai gagnan
140 au référendum, et la retraite à Colombey. Devant ses anciens collaborateurs, le Général manifestait quelquefois une certai
141 ne certaine satisfaction : celle d’avoir « réussi son départ ». Il disait par exemple : « J’ai pris la bonne sortie devant
142 ier à déclarer que la formule de développement de son pays n’était plus la centralisation, mais la région. L’organisation d
143 s régions anglaises ». Ce qui situe le problème à son niveau réel : celui de la communauté civique plus qu’ethnique. L’évol
144 tion adoptée en 1978 reconnaît non seulement dans son article 2 « le droit à l’autonomie des nationalités et des régions qu
145 par la communauté elle-même, qui donne à celle-ci sa personnalité et le désir d’exister et d’être considérée comme une uni
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
146 e de l’Empire romain, par exemple, mais plutôt de sa nostalgie et d’une prise de conscience diffuse et très tardive de sa
147 ne prise de conscience diffuse et très tardive de sa chute. Il n’est pas né, non plus, de quelque convergence miraculeuse
148 al an sous l’égide de l’Église d’Occident et dans ses hiérarchies romaines, puis évangélisées par des ordres irlandais, ita
149 dans le même temps qu’il s’est fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume… ne reconnaissant aucun supérieur
150 est fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume… ne reconnaissant aucun supérieur sur ses terres », c’est-à-d
151 son royaume… ne reconnaissant aucun supérieur sur ses terres », c’est-à-dire récusant toute allégeance envers l’Empire comm
152 comme le domaine de la chrétienté (christianitas) son nom légendaire et païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale, il l
153 nitas) son nom légendaire et païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale, il le décrit comme un ensemble humain et histo
154 globe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. Et de nouveau, c’est un grand clerc, mieux, un homme de
155 roles créatrices du sentiment de communauté. Dans son traité Sur la chute de Constantinople et la guerre contre les Turcs,
156 tués. La tradition des poètes chantant l’Europe, ses merveilleuses diversités et sa passion de la liberté, se poursuit jus
157 hantant l’Europe, ses merveilleuses diversités et sa passion de la liberté, se poursuit jusqu’au xixe siècle romantique d
158 s plus grands poètes, Saint-John Perse, qui, sous son nom d’Alexis Léger, écrira le Memorandum sur l’organisation d’un régi
159 aux Peuples. (C’est la doctrine rousseauiste dans sa pureté.) Le projet de fédération européenne est défini avec une grand
160 stitué sous Philippe le Bel et qui allait prendre sa forme la plus radicale lors de la substitution de l’État au Roi en 17
161 ain d’ailleurs, car déjà l’État nationaliste, par ses écoles, ses casernes et ses journaux est en bon train de conditionner
162 rs, car déjà l’État nationaliste, par ses écoles, ses casernes et ses journaux est en bon train de conditionner les esprits
163 tat nationaliste, par ses écoles, ses casernes et ses journaux est en bon train de conditionner les esprits, les corps, et
164 ès et d’Annunzio) écrivent tous sur l’Europe, sur ses origines culturelles, sur sa mission dans le monde, sur le dilemme où
165 s sur l’Europe, sur ses origines culturelles, sur sa mission dans le monde, sur le dilemme où elle est prise entre sa voca
166 le monde, sur le dilemme où elle est prise entre sa vocation fédéraliste d’union pour les diversités à sauvegarder et la
167 — tous auteurs d’essais majestueux sur l’Europe, son génie spécifique et ses névroses matérialistes, sa vocation universal
168 majestueux sur l’Europe, son génie spécifique et ses névroses matérialistes, sa vocation universaliste et ses délires nati
169 n génie spécifique et ses névroses matérialistes, sa vocation universaliste et ses délires nationalistes ; et surtout, sur
170 roses matérialistes, sa vocation universaliste et ses délires nationalistes ; et surtout, sur l’Europe comme patrie des hom
171 naturellement européenne, ni mieux consciente de ses raisons de l’être, qu’à la veille de l’agression totalitaire : son im
172 être, qu’à la veille de l’agression totalitaire : son impuissance à orienter ou seulement à influencer si peu que ce soit l
173 er la commission culturelle du congrès, à côté de ses deux autres commissions, la politique et l’économique. J’ai demandé q
174 e le seul problème sérieux du siècle est celui de son aménagement. Et que l’Europe seule peut en offrir le modèle, si d’abo
175 939-1945 ne surnage plus que la NRF qui a perdu son aura d’avant-garde. Quelques revues, dans les années 1950 et 1960, re
176 x. Rien n’est moins à la mode que l’Europe, sinon son union fédérale, dans les milieux intellectuels français en cette fin
177 dites portulans, qui délimitent le continent par ses ports. Pie II, lui, décrira l’intérieur du continent. 33. « Marché c
178 ommun » est déjà proposé par Nietzsche dans un de ses Fragments posthumes. Voir aussi Par-delà le bien et le mal, par. 256 
179 nce-t-il, la Société européenne de culture, qui a son siège à Venise. 37. D’abord paru en entier dans Politique étrangère,
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
180 us célèbre de l’Université de Paris, compte parmi ses maîtres, de 1245 à 1303, Albert le Grand d’abord, qui arrive de Souab
181 Grand d’abord, qui arrive de Souabe accompagné de son élève préféré, Thomas d’Aquin, un jeune prince napolitain qui est le
182 ne. II. De l’autonomie à l’étatisation Avec ses septs arts libéraux, le trivium (grammaire, rhétorique et dialectique
183 de les séparer les arts et les sciences, et avec ses facultés dites supérieures, la théologie, le droit et la médecine, l’
184 decine, l’université médiévale « correspond, dans son exigence même, à l’idée d’un studium generale, d’une totalisation des
185 citer Georges Gusdorf, professeur à Strasbourg et son petit livre admirable, L’Université en question 42 dont je déduis que
186 décorer, récupérer, embrigader en la personne de ses auteurs toute espèce de recherche authentique, possiblement critique
187 al d’établissement. À ce jeu, l’Université perdra son immédiateté papale ou impériale selon les pays ; perdra ses privilège
188 ateté papale ou impériale selon les pays ; perdra ses privilèges extraterritoriaux ; perdra ses conditions d’universalité,
189 perdra ses privilèges extraterritoriaux ; perdra ses conditions d’universalité, et formera de plus en plus des magistrats,
190 rt. Condition générale d’admission : avoir prouvé son excellence dans une branche au moins du savoir, ou de la vie professi
191 bsolument donner une conférence, le soir, c’est à ses risques et périls : toute déclaration publique est obligatoirement su
192 rroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait dans son histoire. Quant aux relations entre un tel centre de synthèse et les
193 ologie, ainsi Descartes dès 1625, puis Leibniz et son Arts Combinatoria. Mais cet Institut de synthèse ne serait-il pas idé
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
194 endiant du Ciel et l’éternel errant. La Terre est sa demeure, le Ciel son toit. — bouddhisme : selon l’un des fondateurs d
195 ’éternel errant. La Terre est sa demeure, le Ciel son toit. — bouddhisme : selon l’un des fondateurs de cette doctrine en C
196 lle Jérusalem est à la fin des temps, bien plus : sa venue marque la fin des temps, elle est dans « ce qui vient » de l’au
197 , et radicale. Pourtant, elle touche l’Histoire à sa fin, elle apparaît donc situable non dans l’Histoire, mais par rappor
198 r rapport à l’Histoire. Cette cité a des mesures ( ses remparts) indiquées avec précision, évoquant le monde physique ; mais
199 il sait aussi que l’Oraison dominicale dit, dans sa seconde demande : « Que Ton règne vienne ! », donc arrive, donc ait l
200 s fin à « ce qui s’établit », s’institue, sécrète son architecture, comment résisterait-il au glissement surtout — symbole
201 non-lieu transcendant et de la cité spirituelle, son transfert de plus en plus abusif, dans le temps de l’Histoire et dans
202 alité. La technique en effet n’est régulée ni par sa fonction ni par ses finalités génériques ou spirituelles. On dirait q
203 en effet n’est régulée ni par sa fonction ni par ses finalités génériques ou spirituelles. On dirait qu’elle résulte du rê
204 et de dépendances naturelles. Elle ne bute contre ses limites qu’au moment où l’action de l’homme sur les écosystèmes dont
205 d’un appareil administratif sur un territoire et sa population, l’encadrement géométrique et le quadrillage policier d’un
206 en plus malaisément, voir la révolte des régions, ses succès en Espagne, Italie, Belgique, Grande-Bretagne, ses échecs path
207 ès en Espagne, Italie, Belgique, Grande-Bretagne, ses échecs pathétiques en Corse et en Bretagne. Je constate qu’il nous mè
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
208 ie, en 1966, consacrait au deuxième centenaire de son auteur. « L’esprit européen », ce fut le titre des premières Rencontr
209 contraire de tous ces esprits-là. Tout au long de ses deux grands livres, De la Littérature et De l’Allemagne, elle le décr
210 main… Si chaque nation moderne en était réduite à ses propres trésors, elle serait toujours pauvre ?49 La complémentarité
211 nelle prodigue les siècles à l’accomplissement de ses desseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne : m
212 ique du terme, qui est en train de se former sous ses yeux et que nous appelons aujourd’hui l’État-nation : Quand une réuni
213 ence encore plus neuve, et qui prend de nos jours sa plus brûlante actualité : c’est dans la préface De l’Allemagne qu’ell
214 de faire participer les citoyens aux affaires de sa politique. D’où se déduisent les éléments d’une politique qu’on sent
215 « si l’homme parvenait individuellement à dompter ses passions, le système des gouvernements se simplifierait tellement qu’
216 ue, social ou politique, autrement qu’à partir de sa fin anticipée, imaginée, ou révélée aux yeux de l’esprit. L’homme n’e
217 omme n’entreprend jamais qu’à partir de l’avenir. Sa liberté est toujours en avant. Tout cela se lit ou se relit en filig
218 quoi Napoléon fit saisir et détruire le livre dès sa publication en 1810. Mais combien faut-il regretter qu’à l’ouvrage su
219 lle, non la morale, qui imposerait à la politique ses prétendus « impératifs catégoriques » avec les succès que l’on sait :
220 éenne, ne saurait être que l’homme lui-même, dans sa liberté responsable. L’homme européen, tel que l’ont fait au cours de
221 européen, tel que l’ont fait au cours des siècles ses religions, ses lois et sa culture, le sens grec de la mesure, mais au
222 ue l’ont fait au cours des siècles ses religions, ses lois et sa culture, le sens grec de la mesure, mais aussi de l’aventu
223 t au cours des siècles ses religions, ses lois et sa culture, le sens grec de la mesure, mais aussi de l’aventure, le sens
224 uel elle consacre les trois derniers chapitres de son chef-d’œuvre, et dont elle dit qu’il est de tous les sentiments celui
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
225 urope telle que l’ont vue, perçue et définie dans son ensemble les philosophes, les géographes, les politiques et les poète
226 hypre, c’est sans doute la religion chrétienne et son empreinte même sur les incroyants. Mais la religion chrétienne n’est
227 forme que ne le sont l’islam ou le bouddhisme, et ses variétés rendent compte des variétés de l’être européen, selon qu’il
228 t dédié. Podiebrad compte bien faire participer à son traité les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourg
229 chèque : Amos Comenius. Ce plan toutefois n’est à ses yeux qu’une partie de la tâche beaucoup plus vaste qu’exposent sa Did
230 artie de la tâche beaucoup plus vaste qu’exposent sa Didactica magna ou Grande Didactique, et son traité de la « Panpaedie
231 osent sa Didactica magna ou Grande Didactique, et son traité de la « Panpaedie » (resté inédit de son vivant et dont le man
232 t son traité de la « Panpaedie » (resté inédit de son vivant et dont le manuscrit a été retrouvé à la veille de la dernière
233 lélisme de l’homme et de la nature, entraîne, par son ordre même, le processus éducatif. C’est l’ordre des choses qui const
234 n ordre actif et l’éducateur ne saurait accomplir sa tâche qu’en demeurant un instrument aux mains de la nature. L’éducati
235 est une société d’éducation, idée qui ne trouvera son expression positive qu’au cours du xixe siècle, mais que Comenius a
236 . À quel point ce génie multiforme fut Européen, sa vie le fait bien savoir, vie des plus agitées. Comenius perd ses pare
237 bien savoir, vie des plus agitées. Comenius perd ses parents très jeune et son éducation sera négligée : il ne peut commen
238 agitées. Comenius perd ses parents très jeune et son éducation sera négligée : il ne peut commencer des études latines qu’
239 la guerre de Trente Ans, marque aussi le début de ses malheurs et pérégrinations : il perd sa femme et ses jeunes enfants,
240 début de ses malheurs et pérégrinations : il perd sa femme et ses jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême et se réfu
241 malheurs et pérégrinations : il perd sa femme et ses jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême et se réfugie en Pologn
242 asion suédoise le chassera, et au passage brûlera sa bibliothèque et beaucoup de ses manuscrits. Enfin, il s’établit en Ho
243 au passage brûlera sa bibliothèque et beaucoup de ses manuscrits. Enfin, il s’établit en Hollande où il finira ses jours, e
244 its. Enfin, il s’établit en Hollande où il finira ses jours, et où sera publiée après sa mort une première grande édition d
245 où il finira ses jours, et où sera publiée après sa mort une première grande édition de ses œuvres. Dans la bibliographie
246 liée après sa mort une première grande édition de ses œuvres. Dans la bibliographie de l’Unesco, je vois que la Didactica M
247 France et mort en Grèce, Mickiewicz a lutté toute sa vie pour la libération de sa patrie, et n’a cessé d’appeler à son aid
248 iewicz a lutté toute sa vie pour la libération de sa patrie, et n’a cessé d’appeler à son aide l’Europe des peuples — cell
249 libération de sa patrie, et n’a cessé d’appeler à son aide l’Europe des peuples — celle des gouvernements se bornant à le b
250 berté, Mickiewicz n’entend pas — sauf à la fin de sa vie — libération sociale ou liberté civique en général, mais libérati
251 evendications précises — dangereusement plus ! De son œuvre considérable, poétique et politique indissolublement, je ne cit
252 t Petőfi fut tué en combattant. Voici le début de son poème de 1848, intitulé Silence de l’Europe : L’Europe se tait… Ho
253 cette Europe silencieuse Et qui n’a pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t’ont abandonné Ô Magyar ! Toi seu
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
254 appliquer qu’il m’oblige à le faire aux dépens de son libelle. Je ne discuterai pas le fond de l’ouvrage : il n’y en a guèr
255 -H. Lévy le problème du fascisme en général et de ses résurgences toujours possibles. À ce danger s’ajoute celui de la stér
256 it mot et cela ne se sent même pas dans le ton de son discours, arbitraire et tranchant, et pas un instant libéral. D’aille
257 lit au Livre de Job58. Douze citations Dans son Idéologie française M. Bernard-Henri Lévy me prend à partie nommément
258 transcrites ne sont pas de moi ; et deux sont de son invention. Voici les textes (les mots qui me sont attribués par l’aut
259 à Nuremberg par la grâce du jeune nazi (« fier de son corps vigoureux » et « appuyé sur sa race ») et comparez l’émoi de De
260 (« fier de son corps vigoureux » et « appuyé sur sa race ») et comparez l’émoi de Denis de Rougemont devant ces « jeuness
261 ntre un vieux sénateur radical décoré et un jeune SA , le dialogue me semblait difficile. C’était exact. Un ami vient de me
262 D. R.) sur les protestants. Citons Lévy, p. 19 de son travail. C’est la vieille droite, bien sûr, qui fustige avec ardeur
263 rlementaire » et dont la « critique » est, malgré ses « troubles origines », un « acquis définitif du personnalisme7) » ; e
264 o d’ Esprit , l’auteur éprouve le besoin d’étayer son invention, d’où le renvoi à la note 7, où l’on peut lire : Le texte
265 ser avec les mains , paru en 1936, mais cité dans sa réédition de 1972. Qu’on se reporte à la page indiquée 140. Je viens
266 a mesure de l’homme en tant qu’il se possède dans ses relations actives avec ses prochains. C’est à nous qu’il incombe aujo
267 qu’il se possède dans ses relations actives avec ses prochains. C’est à nous qu’il incombe aujourd’hui d’opérer cette synt
268 ussière des individus que l’État totalitaire fait son ciment ».) Ignore-t-il tout, enfin, de ce qui a été écrit, de Tocquev
269 bien : « qui rend compte du tout de l’homme et de ses fins les plus lointaines°. — les mots « révolutions avortées » qu’il
270 qu’un jeune homme aussi passionnément motivé dans sa dénonciation d’ennemis qui n’ont cessé d’être les nôtres depuis bien
271 i n’ont cessé d’être les nôtres depuis bien avant sa naissance, montre une carence, non moins pathétique, de scrupules int
272 on moins pathétique, de scrupules intellectuels ! Sa rage d’assimiler les personnalistes à leurs adversaires de toujours,
273 ascination par les nazis, est-elle révélatrice de ses propres complexes ? Ce disciple fervent d’Althusser, ce partisan décl
274 e partisan déclaré de Mao, a-t-il jamais expliqué son trajet du totalitarisme marxiste et du national-socialisme chinois au
275 teur, il est intéressant de relever non seulement ses citations fausses, mal interprétées ou truquées, mais ses silences. I
276 tions fausses, mal interprétées ou truquées, mais ses silences. Ignorance ou mauvaise foi — toujours cette cruelle incertit
277 sur et contre Hitler. Vraiment, Lévy choisit mal ses nazis. C’est qu’en somme il ignore à peu près tout de la vraie nature
278 prétendu « socialisme national » d’Hitler, et de ses profondes analogies avec le jacobinisme, premier modèle bien français
279 février 1981, Raymond Aron lui-même n’avait donné son aval à ces calomnies. Il écrit en effet : Les idéologies des années
280 pourtant de dénoncer dans les premières pages de son article. Il a choisi de n’accorder créance à B.-H. Lévy que sur le po
281 créance à B.-H. Lévy que sur le point central de son pamphlet : la dénonciation du personnalisme en tant que « communautai
282 Hiv’ et l’antisémitisme, l’État central, exerçant son commandement « de haut en bas » selon Pétain !) dans ces cénacles d’i
283 e d’Uriage, puis faisant la grève de la faim dans sa cellule ; Robert Aron emprisonné comme Juif à Mérignac, puis caché da
284 créer une école de pensée tous les deux ans, ou à son défaut une mode, ou au moins un scandale « intellectuel », des dizain
285 s best-sellers. L’Express qui avalise et amplifie ses calomnies, a tiré ce numéro à 649 950 exemplaires. Avec les articles
286 t aussi une recette de succès : déjà B.-H. Lévy a ses imitateurs. Je n’en donnerai qu’un seul exemple, faute de place. Car
287 du domestique voleur, en Chine.) À la page 32 de son livre, Lévy s’indigne de ce qu’Emmanuel Mounier lui-même, le « chrét
288 ttaques dont il a été l’objet, pour mieux prendre sa défense. La présence de Mounier parmi les « idéologues » du fascisme
289 it trop peu. L’article de 1934 où Mounier avoue «  sa fascination » pour les « valeurs » du nazisme naissant [allait]… bien
290 de la jeunesse allemande, mais il a oublié, dans sa hâte, quatre textes qui me paraissent bien plus indiscutables et préc
291 s ». À cette « nécessité » la France doit opposer sa mission spécifique, qui est d’offrir au monde un modèle d’ordre : « C
292 nde un modèle d’ordre : « Chacun, sans renoncer à ses espérances, doit contribuer à mettre de l’ordre chez soi, — parce qu’
293 s nôtres — surtout isolés de leur contexte, selon sa méthode habituelle. Et sur la présence de Maurice Clavel à Uriage. Il
294 ouge. Les nazis l’ont décapité à la hache, lui et sa femme, pendant la guerre65. Je citerai quelques phrases de sa « Lettr
295 ndant la guerre65. Je citerai quelques phrases de sa « Lettre ouverte » qui montrent aussi durement que possible que la « 
296 ves pour la défaite finale d’Hitler. Il était par sa mère le petit-fils de Bismarck. Post-scriptum III B.-H. Lévy e
297 Bismarck. Post-scriptum III B.-H. Lévy et ses suiveurs opposent aux personnalistes d’ Esprit et de L’Ordre nouvea
298 « l’ultime, l’héroïque sursaut de Bataille et de ses amis » — il s’agit de Roger Caillois et de Michel Leiris — les purs e
299 Gallimard 1968) p. 308 : dans un dialogue avec un SA qui suit mes cours, je lui reproche « cette manie de porter des botte
300 e la personne a été inventée par Mounier et que «  son succès ne survécut pas à son auteur ». L’Express, 13 février 1981. 6
301 par Mounier et que « son succès ne survécut pas à son auteur ». L’Express, 13 février 1981. 62. Cf mon essai « Les jacobin
302 ment l’incivisme de l’individu qui se referme sur son égoïsme, sur son refus de toute solidarité effective avec le prochain
303 de l’individu qui se referme sur son égoïsme, sur son refus de toute solidarité effective avec le prochain et la communauté
304 cession purement diplomatique n’eût pas compté à ses yeux. La religion dont il était le fondateur voulait le sacrifice san
305 it le fondateur voulait le sacrifice sanglant (ou son symbole), le viol de la victime… » ( loc. cit. ) q. Rougemont Denis
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
306 avait tenté de renouveler l’imperium romanum, et son roi franc avait tenu à se faire sacrer par le pape de Rome : mais son
307 tenu à se faire sacrer par le pape de Rome : mais son rêve n’a duré que quatorze ans. En 792 déjà, dans les Libri Karolini,
308 ) à restaurer la dignité impériale : il fonde, en sa qualité de roi de Germanie et d’Italie, ce qui va devenir sous ses de
309 i de Germanie et d’Italie, ce qui va devenir sous ses descendants le Saint-Empire romain de nation germanique. La lutte ent
310 proclamer que le roi de France est « empereur en son royaume » et qu’« il ne reconnaît aucun supérieur sur ses terres » :
311 ume » et qu’« il ne reconnaît aucun supérieur sur ses terres » : ce rejet de la suprématie de l’empereur et de celle du pap
312 sterné de cette profonde révolution païenne. Dans son traité De Monarchia, qui date de 1308, il s’écrie : « Ô genre humain
313 en général du sentiment d’une menace qui pèse sur son objet. La Souveraineté nationale va tirer son caractère absolu, invio
314 sur son objet. La Souveraineté nationale va tirer son caractère absolu, inviolable, inaliénable et pour tout dire : sacré,
315 re (querelle des Investitures, par exemple). Dans son grand ouvrage sur la Civilisation de l’âge classique (Arthaud, Paris,
316 mées. « Entre 1600 et 1760, l’État classique voit ses moyens accrus dans une proportion variable de 200, 500, 1000 %. De là
317 s États. » (p. 68) « Or, que serait l’Europe sans ses nations ? » (p. 69) Et voilà justifiées par le bien des États les gue
318 du souverain, seule « source de toute autorité ». Ses droits ne sont que « privilèges » et révocables à tout instant par le
319 jesté d’opposer le droit romain à l’ordonnance de son prince », écrit Bodin, dans l’esprit des légistes de Philippe le Bel,
320 issance ou souveraineté peut, selon Jean Bodin et ses disciples (jusqu’à nous !), résider dans trois Estats (et trois seule
321 e, égoïsme d’un corps élitaire ? Bodin répond par sa doctrine de la justice et du « sentiment de la justice » qui oblige l
322 cquitter en conscience devant Dieu des devoirs de sa charge. La puissance absolue du prince — roi, peuple ou groupe privil
323 ui ne sont que citoyens », écrit Montesquieu dans ses Considérations sur les Romains. Et voici qui résume tout cela dans Li
324 pereur Napoléon Ier se servit pour désigner après ses victoires la nation française. » Nous rejoignons le sens donné au mot
325 eu après (avril 1793), la Convention désigne dans son sein un Comité de salut public chargé d’un pouvoir exécutif de dictat
326 création d’un Directoire de 12 membres — lequel à son tour sera remplacé en 1799 par un Consulat de 3 membres dont le Premi
327 e devant les corps législatifs, va concentrer sur sa personne tous les pouvoirs, — et cela fait, il sera élu empereur, en
328 consistait à ne reconnaître « aucun supérieur sur ses terres », ni empire ni papauté. Elle se double, en 1793, d’une souver
329 te dès lors à ne reconnaître aucune autonomie sur son territoire : ni provinces, ni régions, ni communes. b) Louis XIV, le
330 eudataires du royaume, et faisait travailler pour son compte exclusif un groupe de grands commis — dont Colbert est resté l
331 droit divin ou tout chef d’entreprise parlant de ses bureaux, de ses grands secrétaires, ou même de son conseil. Dès 1793,
332 tout chef d’entreprise parlant de ses bureaux, de ses grands secrétaires, ou même de son conseil. Dès 1793, l’État souverai
333 es bureaux, de ses grands secrétaires, ou même de son conseil. Dès 1793, l’État souverain (Comité provisoire, Comité de sal
334 s monarchies et des cinq républiques qui ont tenu son rôle en France jusqu’à nos jours), cet État pourrait dire, non sans i
335 unu (op. cit., p. 57) : « L’État classique exerce son pouvoir au profit du groupe qui est l’État. Bien savoir qui est l’Éta
336 erts » sont en fait des achats faits par l’État à son profit éventuel, avec l’argent des contribuables, ceux qui constituen
337 é à chaud… L’État est tout… Il est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, dans tous ses mouvements
338 st tout… Il est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, dans tous ses mouvements », écrit Edmund Bu
339 litaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, dans tous ses mouvements », écrit Edmund Burke, ennemi de la
340 ipe, dans ses maximes, dans son esprit, dans tous ses mouvements », écrit Edmund Burke, ennemi de la Révolution (1796). Mai
341 rie. L’État trouvera les moyens de la soumettre à ses intérêts, par le jeu des tarifs douaniers, des impôts, des réquisitio
342 demi : a) L’État-nation est lié à la guerre dans sa genèse et en chacune de ses étapes, en direction de la formule finale
343 t lié à la guerre dans sa genèse et en chacune de ses étapes, en direction de la formule finale, qui sera l’État totalitair
344 , condition de la puissance militaire. Laquelle à son tour appelle et favorise le développement de la technique et des rech
345 se accrue du citoyen. Napoléon l’avait prévue dès son accession au pouvoir : il entendait tout mettre en uniforme, élèves d
346 suprême de la sacralisation de l’État-nation dans sa souveraineté sans limites verra la guerre elle-même se retourner cont
347 lculable, dès lors que pour la première fois dans son histoire, l’Homme dispose des moyens qu’il faut. Les probabilités d’u
348 tion, qui en est le moteur, dépend lui-même, dans sa genèse et son évolution, de contingences historiques, bien loin qu’il
349 est le moteur, dépend lui-même, dans sa genèse et son évolution, de contingences historiques, bien loin qu’il soit l’accomp
350 donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dans sa mort… Les signes du déclin de l’État-nation se sont multipliés à la m
351 e l’État-nation se sont multipliés à la mesure de ses pires excès. Du temps de la montée de Hitler au pouvoir et du règne i
352 ment personnaliste, L’Ordre nouveau 75 résumait sa critique de l’État-nation — terme d’ailleurs lancé par lui — dans la
353 bres d’une communauté, et assurer l’efficacité de sa participation dans les affaires du monde […]. Parce qu’ils sont trop
354 est censé normalement assurer et qui représentent sa raison d’être. Dans leur état actuel de division, nos « souverainetés
355 océanes ; — ni venir en aide au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et sa passion de copier et de s’approprier les
356 au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et sa passion de copier et de s’approprier les causes mêmes de notre crise 
357 re pour que l’humanité ne soit pas entraînée dans sa perte.76 9. Où la Souveraineté nationale devient absolue et s’an
358 ne remarque capitale de Bertrand de Jouvenel dans son traité De la Souveraineté (Paris, 1955). « C’est une erreur de croire
359 d’autre changement concernant la Souveraineté que son déplacement. Elle a surtout vu la construction de cette Souveraineté
360 es, 1609). Le prince souverain doit être fidèle à sa mission divine : « Il n’est libre ni quant à la fin qu’il poursuit, n
361 autant que celles de Dieu. Enfin, il est lié par ses devoirs envers le peuple qui obéit. « Trois ordres de lois, dont tout
362  234) Survient l’âge classique : « Louis XIV dans sa majesté n’est qu’un révolutionnaire qui a réussi : un premier Napoléo
363 ar des règles ; désormais il formule les règles à sa guise… » (p. 237) Jean Bodin l’avait déjà décrété dans sa Respublique
364 … » (p. 237) Jean Bodin l’avait déjà décrété dans sa Respublique (1576) : la souveraineté du prince consiste dans son pouv
365 (1576) : la souveraineté du prince consiste dans son pouvoir « de poser et de casser les loys ». On touche à la souveraine
366 lus d’existence opérationnelle démontrable hormis sa faculté de bloquer les issues souhaitables et possibles en fait. Cert
367 er la souveraineté absolue, laquelle s’oppose par sa définition et sa nature à toute espèce de pacte ou d’alliance de bonn
368 é absolue, laquelle s’oppose par sa définition et sa nature à toute espèce de pacte ou d’alliance de bonne foi, qui limite
369 alliance de bonne foi, qui limiterait l’absolu de sa Souveraineté. Prétendre que l’on veut l’Europe des nations, l’Europe
370 la solidarité jurée sur l’intérêt particulier et ses fluctuations ? 11. L’idolâtrie de la Souveraineté nationale dénonc
371 Dans le résumé magistral de ce qui fut l’œuvre de sa vie, A Study of History 80, le plus grand philosophe de l’Histoire, e
372 rer que notre problème occidental actuel trouvera sa solution — pour autant qu’on puisse en trouver une — dans quelque par
373 ement, et les crises mêmes qu’ils gèrent chacun à sa manière risquent de provoquer en s’aggravant des prises de conscience
374 iqués par chacun des systèmes comme conditions de son bon fonctionnement, mais favorisés en retour par ce même fonctionneme
375 st notre affaire , paru en 1977. 75. Le titre de sa revue qui parut de 1933 à la guerre, avait été créé par le socialiste
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
376 parce que le nationalisme y chante à livre ouvert ses thèmes sacrés, l’absolu de sa primauté sur toute autre vertu cardinal
377 nte à livre ouvert ses thèmes sacrés, l’absolu de sa primauté sur toute autre vertu cardinale. Raymond Barre traduisait fi
378 cardinale. Raymond Barre traduisait fidèlement, à sa coutume, le sentiment moyen de ses compatriotes, lorsqu’au début de f
379 t fidèlement, à sa coutume, le sentiment moyen de ses compatriotes, lorsqu’au début de février de cette année, interrogé su
380 0 % ? — La gauche peut-elle combler une partie de son retard ? » Problèmes, on le voit, dont l’importance n’est pas plus ca
381 me se réduit à savoir si l’Europe — quel que soit son régime — unitaire ou fédéraliste — sera « le rempart de notre société
382 t relatif. Interrogée par le journal La Croix sur ses alliés dans la liste des droites, Simone Veil (UDF) déclare à propos
383 e chacun de nos pays ait des chances de surmonter sa crise nationale, l’union seule peut les y aider. Pas un mot n’a été p
384 ncé sur la nécessité et l’urgence de l’union, sur son contenu ni sur sa forme politique. « Puisqu’on parle de l’Europe… »,
385 é et l’urgence de l’union, sur son contenu ni sur sa forme politique. « Puisqu’on parle de l’Europe… », disait un journali
386 un mot sur l’urgence de l’union ; pas un mot sur sa forme : fédération ou amicale des misanthropes ; pas un mot sur les s
387 à l’œuvre, pourtant déclarée si « désirable » par ses politiciens chevronnés. 2. Le cas de la Grande-Bretagne « La pr
388 atcher s’est félicitée d’avoir pu « arracher », à ses partenaires des Dix, des ristournes budgétaires pour un total de 2 mi
389 la Communauté si la Grande-Bretagne ne reçoit pas sa ristourne pour 1983 ». Et elle exige le maintien du veto au Conseil d
390 utonome des Européens qui se trouve ici posé dans son urgence dramatique83. Faut-il aller vers un rétablissement de la ple
391 en tant qu’État-nation chargé désormais d’assurer sa propre défense, mais sous le parapluie américain — ou bien la RFA pou
392 e américain — ou bien la RFA pourra-t-elle saisir sa chance de passer directement de son régime actuel de provisoire dimin
393 -t-elle saisir sa chance de passer directement de son régime actuel de provisoire diminutio capitis à un régime de particip
394 ce est due au refus de l’alliance d’accueillir en son sein des communistes, alors que les écologistes ouest-allemands souha
395 sme et liberté (AFSL) qui insiste sur le fait que ses propositions sont « par nature et par définition, de caractère europé
396 Europe 2000 (régions Bretagne), qui annonce ainsi son programme : NOUS VOULONS : — la construction des États-Unis d’Europ
397 français, le 6 avril 1984, a confirmé et justifié sa déclaration récente : « L’Europe a tout ce qu’il faut pour être une s
398 ion du Parlement européen, elle publie en tête de son numéro du 17 février 1984, le bref communiqué suivant : la reine Béa
399 veraineté qu’européenne Le jeudi 16 février 1984, Sa Majesté la reine Béatrix des Pays-Bas s’est adressée aux députés euro
400 e au xviiie siècle, la démocratie sociale a fait son apparition au xixe siècle. Et si la démocratie européenne doit voir
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
401 ordre : le thème du Forum culturel de Budapest et sa préparation, qui a occupé la première journée. Deuxième thème, la sém
402 est celui qui crie le plus fort qui vend le mieux sa marchandise. Il y aura certes ce côté-là dans ce qui va se passer à B
403 eut dire sur l’Europe, s’il faut définir d’un mot sa culture, c’est que c’est une culture qui accepte un nombre non limité
404 entrale du monde, mais celle qui doit donner, par ses diversités mêmes et par sa nécessité d’intégration personnelle, des m
405 qui doit donner, par ses diversités mêmes et par sa nécessité d’intégration personnelle, des mesures communes pour l’ense
406 giques, et donc économiques aussi. Conformément à ses mesures fondamentales, cette culture commune devrait nous imposer des
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
407 , le secrétaire général du Conseil de l’Europe et son secrétaire général adjoint, le président et vice-président de l’Assem
408 exercé aucune charge publique. En soulignant dans son introduction au numéro ce que l’auteur n’avait pas hésité à qualifier
409 ope est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée de barrières qui empêchent ses biens
410 . Appauvrie, encombrée de barrières qui empêchent ses biens de circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Euro
411 t plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieus
412 e peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes
413 l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans
414 voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustration des droit
415 voirs de la personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélités, l’Europe demeure aux yeux du monde le grand témoin. La c
416 e de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte
417 e notre continent. Sur cette union, l’Europe joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nou
418 . Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées et des biens. 2.
419 ante d’Édouard Herriot. Toute l’Europe suspendait son jugement. Déjà pourtant une déception perçait et très vite prévalut d
420 ienne je corrigeais les traductions françaises de sa revue Paneuropa. J’ai rencontré peu d’hommes aussi directs que Couden
421 pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence est mère de sûreté, chi va piano va sano, wait and see,
422 coup de crayon par Napoléon III. — L’oiseau bâtit son nid en un jour, toutes affaires cessantes. — On peut tout faire en de
423 suggestion. On ne fera pas l’Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et de la parade puissante que p
424 e chose à faire. Qu’un but concret soit assigné à ses travaux. Je n’en vois pour ma part qu’un seul : discuter et voter un
425 endemain matin, téléphone à Villey, qui m’apporte son texte, dont voici le passage essentiel : Nous ne le redirons jamais
426 Europe aujourd’hui paralysée par le sentiment de son impuissance, et par le défaitisme fataliste qui s’empare de ses popul
427 e, et par le défaitisme fataliste qui s’empare de ses populations. Il faut que les délégués à Strasbourg rompent avec leur
428 ue de France nous subventionne. À 23 h, Villey et sa femme au Café de France jusqu’à 1 h a.m. Vendredi 25 août : « À 10 h,
429 ité du professeur Mouskhély. Il m’avait averti de son projet dès fin août. Il me demande aujourd’hui de rédiger le texte du
430 ace. Vous connaissez mieux que nous la politique, ses possibilités, ses servitudes. Nous sommes ici pour proclamer des néce
431 ez mieux que nous la politique, ses possibilités, ses servitudes. Nous sommes ici pour proclamer des nécessités et un but.
432 l’art. 38 du traité instituant la CED… Elle tint sa première session cinq jours plus tard et nomma une commission constit
433 rojet de traité. Cette commission devait terminer ses travaux le 26 février 1953, ce qu’elle fit ponctuellement. Comment ca
434 oir central93, strictement délimité, qui ne tient sa légitimité que de ses 22 mandants et qui n’est proprement qu’un « exé
435 ement délimité, qui ne tient sa légitimité que de ses 22 mandants et qui n’est proprement qu’un « exécutif » comparable à c
436 inetés nationales — qui avaient pris soin de lier son sort à celui de la CED, comme on vient de le rappeler — devait à son
437 la CED, comme on vient de le rappeler — devait à son origine d’être orientée dès le départ vers ce qui allait devenir dès
438 t de l’Assemblée consultative du CE, avait repris sa charge de ministre des Affaires étrangères de Belgique. De son discou
439 ministre des Affaires étrangères de Belgique. De son discours d’adieu à l’Assemblée de Strasbourg, retenons cette phrase é
440 faute d’avoir résolu le vrai problème : celui de ses finalités politiques au sens large, le Conseil de l’Europe va se voue
441 groupement d’États-nations qui ne représente, par ses statuts et sa vocation spécifique, que les seuls intérêts économiques
442 ats-nations qui ne représente, par ses statuts et sa vocation spécifique, que les seuls intérêts économiques, et cela dans
443 soin de repenser le problème européen à partir de ses données de base, celles qui permettent d’embrasser l’unité millénaire
444 pes qui ont formé d’un même mouvement l’Europe et sa culture commune. Il est vrai que les préoccupations culturelles du CE
445 rel au sein de la CEE après les échecs subis dans son domaine propre, qui est l’économique. Car on sent bien que le double
446 be commencer soit pris ici dans toute la force de son sens d’initiation, d’instauration, de mise en marche ; et que le conc
447 aires de la Résistance en Allemagne nazie et dans ses camps, le Dr Einar Löfstedt, recteur de l’Université de Lund, Robert
448 sur le Conseil de l’Europe, publié récemment par son secrétariat, je reste stupéfait de lire p. 47 la phrase suivante : L
449 n qui mérite qu’on s’en soucie. Si le CDCC limite ses ambitions à refaire l’Unesco à l’échelle de l’Europe, inutile d’en pa
450 n document juridique qui engage très sérieusement ses signataires. Un séminaire, réuni au Centre culturel de Delphes, en ex
451 dée d’une Charte (pourtant proposée par elle dans sa session de 1978) et décidait … d’élaborer une Déclaration européenne
452 vers — trois problèmes majeurs de la culture dans ses rapports avec l’Europe de l’Histoire et avec la construction à venir
453 de l’Histoire et avec la construction à venir de son Union. On nous apprend d’abord que pour les ministres il n’y a pas un
454 s activement poussé par le secrétariat au CE, vit ses efforts officiellement reconnus par l’adjonction du terme « régionaux
455 de la participation civique, notamment, ne trouve sa solution qu’au niveau de la région : le citoyen ne peut se sentir lib
456 me, en retour, nul n’est tenu pour responsable de ses actes s’il ne les a pas commis librement : le bon soldat n’est pas te
457 ncer, à parler de l’union sans la faire et à dire son urgence tout en la renvoyant à quelque session ultérieure. Je lis pas
458 e lis pas mal d’études sur la CEE de Bruxelles et ses problèmes. Je suis de près les activités culturelles et régionalistes
459 rock (rapporteur général) me cite trois fois dans son discours : « D. de R. dans les Lettres pathétiques qu’il nous adres
460 les textes des Rapports soumis à la Conférence et sa Déclaration finale dans le numéro d’été 1972 du Bulletin du Centre e
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
461 ais longuement, d’après ce qu’il m’indiquait dans ses livres, je les mettais au fond d’une éprouvette, et avec une stupéfac
462 vant), que je me suis mis à écrire un article sur son livre. Je l’ai envoyé à une revue, la seule revue que je connaissais,
463 l vu. Je n’ai plus fait que ça depuis lors. Après ses études universitaires en lettres et philosophie, Denis de Rougemont e
464 responsable. S’il ne peut pas être responsable de son rôle dans la vie civique, il n’est pas libre. De même qu’en justice,
465 n était : « À cette heure où Paris exsangue voile sa face de nuages et se tait. » Je me dis : « Bon c’est un peu sentiment
466 pelait « mouvement personnaliste », a porté toute sa réflexion sur l’homme, but de la société, et non pas l’inverse, comme
467 berté, en tant que sujet maître de soi, de perdre sa liberté parce que, dans ce monde immense des États-nations, il perd s
468 dans ce monde immense des États-nations, il perd sa responsabilité. Il ne peut plus être un citoyen libre et responsable.
469 nde crise du monde moderne qui peut le conduire à son anéantissement. Car vous savez, c’est une chose qui est connue mainte
470 la femme et la femme pour le bien de l’homme par ses actions quotidiennes, toute sa manière de vivre. Tandis que l’amour-p
471 en de l’homme par ses actions quotidiennes, toute sa manière de vivre. Tandis que l’amour-passion, comme le mot l’indique,
472 . Il s’agit d’un livre qui s’appelle La France et son armée. » L’auteur s’appelait le colonel de Gaulle. Alors j’ai répondu
473 fficile d’en comprendre les mécanismes, d’y faire ses choix en toute connaissance de cause. À quelle condition l’homme peut
474 ns centralisés, sous la direction de l’État et de ses fonctionnaires. Nous sommes faits pour vivre dans notre commune, dans
475 De tout ce qui concerne les problèmes du lac, de sa santé, de sa protection (problèmes que ces régions ont en commun depu
476 ui concerne les problèmes du lac, de sa santé, de sa protection (problèmes que ces régions ont en commun depuis des siècle
477 caines, mais pour pouvoir vivre ensemble et faire son métier d’homme. Voilà la base de ce que je peux appeler la révolution
478 tion européenne. Ce fut là le premier résultat de sa vision d’une Europe nouvelle. Une de nos premières activités issues d
479 eaucoup cité une phrase de Jean Monnet, peu avant sa mort. Jean Monnet était l’exemple type de ceux qui voulaient baser l’
480 à la catastrophe ? Ou voulons-nous la liberté et ses risques ? x. Rougemont Denis de, « [Entretien] Denis de Rougemont
481 t mort à Genève le vendredi 6 décembre 1985, dans sa quatre-vingtième année. L’interview que nous vous présentons a été ré