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fini de m’en ébahir. Ce Nouveau Monde m’apparaît
à
chaque pas sinon neuf, du moins différent de ce que mes réflexes atte
2
rt exacts dans leurs informations, de Tocqueville
à
André Siegfried, m’en avaient appris à l’avance. C’était cela, les gr
3
ocqueville à André Siegfried, m’en avaient appris
à
l’avance. C’était cela, les gratte-ciel et Broadway, les grandes plai
4
drapeau de la boîte aux lettres… et c’était tout
à
fait autre chose — une autre civilisation. L’Amérique est un continen
5
allé : la plupart des lieux communs qui circulent
à
son sujet sont justifiés, de même que les critiques à la Duhamel et l
6
n sujet sont justifiés, de même que les critiques
à
la Duhamel et les enthousiasmes à la Jules Romains ; mais rien de tou
7
e les critiques à la Duhamel et les enthousiasmes
à
la Jules Romains ; mais rien de tout cela n’empêchera le voyageur, de
8
près cinq ans, reste nouvelle. Du sentimentalisme
à
l’épopée, l’Amérique de la vie quotidienne, comme celle du mythe poli
9
n sourire gentiment courageux — vous allez croire
à
de l’insouciance — vers une party… « J’espère que tu t’amuses, que tu
10
écrit l’ami du fond du Pacifique. Je pense aussi
à
celle qui s’était remariée croyant son mari tué en Chine. On le retro
11
» Un mois plus tard. Jim et Joe boivent ensemble
à
la santé du couple réuni. Ils aiment tout ce qui passe, fait sensatio
12
atmosphère si différente de l’Europe ? Cela tient
à
des riens ; mais de ces riens multipliés dans la vie quotidienne, naî
13
par quelques remarques ironiques pour m’accorder
à
leurs manières. Il y a tant de bizarreries dans le monde, et dans ce
14
dépréciatif, bien au contraire, qu’on l’applique
à
un film, à un chapeau, ou même à un industriel entreprenant. Cette nu
15
f, bien au contraire, qu’on l’applique à un film,
à
un chapeau, ou même à un industriel entreprenant. Cette nuance me par
16
qu’on l’applique à un film, à un chapeau, ou même
à
un industriel entreprenant. Cette nuance me paraît capitale : elle su
17
nt. Cette nuance me paraît capitale : elle suffit
à
changer l’atmosphère. L’avouerai-je ? Aux premiers contacts, dans la
18
ouerai-je ? Aux premiers contacts, dans la rue ou
à
la maison, je les trouvais tous un peu crazy les gens d’ici. Ils entr
19
ire pourquoi ils étaient venus ; ils se versaient
à
boire, et, les pieds sur une chaise, me posaient avec naturel des que
20
nt… Je m’étais à peine habitué, non sans plaisir,
à
cette suppression générale de nos cérémonies, précautions oratoires,
21
spect de la mise en scène solennelle. Je me borne
à
citer dans des domaines hétéroclites à souhait : le déploiement des c
22
e me borne à citer dans des domaines hétéroclites
à
souhait : le déploiement des costumes sacerdotaux, des drapeaux, des
23
tard en qualité formelle et déclarée de candidat
à
la citoyenneté. Cette opération, fort coûteuse si on habite loin d’un
24
e symbolique et rituelle. Autrement, elle ne sert
à
rien. Mais personne ne paraît s’en étonner, tant est puissant le sens
25
its, on ne s’occupera plus de vous et vous vivrez
à
votre guise dans toute l’enceinte démesurée du club. ⁂ Je ne vous ai
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parlé d’actualités brûlantes, dans cette préface
à
quelques articles sur l’Amérique. C’est que je crois aux signes plus
27
bilité plus qu’aux chiffres et aux statistiques ;
à
ce qui prépare et fait mûrir lentement les événements, plus qu’aux in
28
me semble assez important, pour faire comprendre
à
des Français certaines démarches surprenantes de la diplomatie améric
29
de jeunes filles en jupes très courtes se livrent
à
la danse appelée jitterbugs autour de petits marins, de soldats presq
30
par moments, le vaudou, et, quand ils se mettent
à
crier, on les croirait au bord du délire collectif. Mais la danse pre
31
e ne parle. Suit un tango où ils se glissent joue
à
joue, avec n’importe qui, comme sans se voir, dans une demi-obscurité
32
s seuls, assis sur des banquettes tournant le dos
à
la piste, regardent dans le vide. Peu ou point de plaisanteries échan
33
crois qu’ils sont bien moins conscients que nous.
À
quoi rêvent-ils ? À la vie large, toujours plus large devant eux, à l
34
en moins conscients que nous. À quoi rêvent-ils ?
À
la vie large, toujours plus large devant eux, à la richesse et à la l
35
? À la vie large, toujours plus large devant eux,
à
la richesse et à la liberté qu’elle leur donnerait, croient-ils. À un
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toujours plus large devant eux, à la richesse et
à
la liberté qu’elle leur donnerait, croient-ils. À une aisance qui va
37
à la liberté qu’elle leur donnerait, croient-ils.
À
une aisance qui va venir. C’est là tout le secret de ce que l’on nomm
38
stent, sinon pour être dépassées. C’est contraire
à
sa tradition. Ses ancêtres ont été amenés sur les rives de l’Hudson e
39
s siècles, tout l’effort des pionniers a consisté
à
repousser cette frontière toujours plus loin vers l’ouest. Jusqu’à ce
40
frontière toujours plus loin vers l’ouest. Jusqu’
à
ce qu’enfin, au xixe siècle, les colons de la Nouvelle-Angleterre ai
41
de la Nouvelle-Angleterre aient pu tendre la main
à
ceux des côtés de la Californie. C’était une grande victoire sur la g
42
s, et des usines colossales, puis des gratte-ciel
à
cent étages. « Le ciel est la limite », disait alors leur dicton favo
43
les voici, vers ce milieu du xxe siècle, presque
à
l’étroit entre les rives du Pacifique et de l’Atlantique, mais encore
44
naient les prochaines élections, il y aurait huit
à
neuf chances sur dix que l’Amérique retourne à l’isolationnisme. Rien
45
it à neuf chances sur dix que l’Amérique retourne
à
l’isolationnisme. Rien de tel pour blesser l’amour entre deux peuples
46
verser ces injustices flagrantes, ces vérités mal
à
propos au compte des profits et pertes d’une guerre moderne, à l’éche
47
ompte des profits et pertes d’une guerre moderne,
à
l’échelle planétaire. Mais il y a le rêve des civils. Et c’est lui qu
48
faire dans les limites de son pays, « d’une côte
à
l’autre », comme il dit. Et ce pressentiment l’inquiète profondément.
49
ange, et en retour ce libre-échange paraît propre
à
favoriser l’établissement de la démocratie dans les pays où les diffi
50
incu que l’expansion américaine n’est pas du tout
à
base d’impérialisme au sens européen du mot. Je pense que nous avons
51
me les spectateurs, sont unanimes : Hollywood est
à
court d’inventions. Hollywood achète n’importe quoi, un roman non ter
52
ie de toucher, et c’est pourquoi son avidité même
à
se renouveler stérilise instantanément les nouveautés qu’il semblerai
53
ouveautés qu’il semblerait facile d’y introduire,
à
première vue. Cette technique trop parfaite n’est obtenue qu’au prix
54
application au détail matériel, au cadre, au son,
à
l’éclairage, aux cravates et au faux-vrai luxe : elle doit tenir comp
55
il n’est pas de génie assez coriace pour survivre
à
pareille torture au ralenti, même avec une prime d’un million, resple
56
, projeté dans une petite salle de rétrospective,
à
New York, me semble en comparaison fait de bric et de broc et de fice
57
e joue une pauvresse, qu’Ingrid Bergman ressemble
à
la Suédoise qu’elle est, plutôt qu’à une star comme les autres. N’ins
58
an ressemble à la Suédoise qu’elle est, plutôt qu’
à
une star comme les autres. N’insistons pas : la décadence de Hollywoo
59
Dans ce petit restaurant français de la 56e rue,
à
l’ouest, un jour de l’autre hiver, le garçon vint me dire à l’oreille
60
un jour de l’autre hiver, le garçon vint me dire
à
l’oreille : — Pouvez-vous céder votre table, nous avons besoin d’une
61
. Comme elle est gaie ! J’ai passé une demi-heure
à
causer avec elle, sur un sofa, et plus tard nous avons soupé, assis p
62
soupé, assis par terre, dans une foule, mais dos
à
dos, et voici l’étonnant de l’histoire : je ne trouve rien à me remém
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oici l’étonnant de l’histoire : je ne trouve rien
à
me remémorer de ses propos. Elle a le génie de ne rien dire qui la re
64
image. Ne serait-ce pas là son secret ? Se prêter
à
la fantaisie de toutes les imaginations. Comme elle est belle et comm
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! Comme elle est gaie pour un fantôme… ⁂ Revenons
à
nos moutons de Hollywood. Je ne vois qu’un homme en Amérique, qui ait
66
et : c’est Walt Disney. Les autres en sont encore
à
photographier des comédies, des drames, des ameublements ou des jardi
67
e la musique, vingt autres procédés moins faciles
à
définir, en deux mots : voilà le domaine que Disney seul a le courage
68
assant en une seconde de l’aplanissement physique
à
la mégalomanie, extravagants, sentimentaux entourés de monstres sadiq
69
rompe, n’y va pas de main morte. Je pense surtout
à
Fantasia, essai d’illustration mouvante de quelques symphonies sérieu
70
ce, c’est au lendemain de la première de Fantasia
à
Buenos Aires que j’ai rencontré Walt Disney. Nous l’attendions à déje
71
que j’ai rencontré Walt Disney. Nous l’attendions
à
déjeuner chez Victoria Ocampo, plutôt déprimés par la représentation
72
es de bons vœux comme il s’en envoie des millions
à
chaque Noël en Amérique.) Mais il a le secret de ce rythme endiablé,
73
ule. ⁂ Les créations géniales de Disney remontent
à
la période où il travaillait seul, à l’aventure, avec des moyens peu
74
ey remontent à la période où il travaillait seul,
à
l’aventure, avec des moyens peu coûteux. Les producers de Hollywood t
75
es milliers d’employés déjà cités se livrent donc
à
une chasse impitoyable à la situation neuve ou vraie, pour la tuer. E
76
jà cités se livrent donc à une chasse impitoyable
à
la situation neuve ou vraie, pour la tuer. En même temps, les produce
77
Miami. Les barrières commerciales qui s’opposent
à
l’entrée des films russes, anglais et français, cèderont au jour… Et
78
alors Hollywood déserté, une ghost town pareille
à
ces villes éphémères que fit surgir dans le Colorado la ruée vers l’o
79
ne une merveilleuse « idée de film », et renaisse
à
l’écran sous la forme du chef-d’œuvre que, vivante, elle n’a fait que
80
3 et les rayons de jouets sont déjà presque vides
à
New York. La conversion des tanks et des forteresses volantes en paco
81
des petites bombes atomiques. Trois d’entre eux,
à
Brooklyn, viennent d’être blessés sérieusement en jouant à faire saut
82
n, viennent d’être blessés sérieusement en jouant
à
faire sauter le monde. Les trois Grands, à Moscou, seront-ils plus ad
83
jouant à faire sauter le monde. Les trois Grands,
à
Moscou, seront-ils plus adroits dans ce même jeu ? On ne le croirait
84
adroits dans ce même jeu ? On ne le croirait pas
à
les voir. Curieux trio : un loup déguisé en mouton et deux moutons vê
85
is-je d’un ton suave, quelque chose qui ressemble
à
un modèle de bombe atomique pour les enfants ? » La vendeuse ouvrit l
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nvier, n’ayant coûté que cent dollars de location
à
M. John D. Rockefeller, car tout se sait. Des haut-parleurs répandaie
87
ce un souvenir du seul cadeau de paix jamais fait
à
l’humanité ? ou bien cette fièvre de rivaliser dans la dépense en fin
88
bonne place dans le monde des familles, un droit
à
la chaleur des groupes. Et ceux qui seront laissés dehors, ceux qui n
89
ront laissés dehors, ceux qui n’appartiennent pas
à
une cellule sociale, formeront la foule de Times Square. Le coudoieme
90
u d’intimité… Pour moi, j’irai comme chaque année
à
la messe de minuit des protestants, dans la plus grande église gothiq
91
œur et du clergé, précédés de porteurs de torches
à
la Burne Jones. Et comme chaque année, j’entendrai le Credo de Gretch
92
r le temps, comme si ce n’était pas lui qui gagne
à
tous les coups. Qu’apportera cette fin d’année ? Un dernier speech de
93
tte fin d’année ? Un dernier speech de La Guardia
à
la radio, révélant une dernière recette aux ménagères pour cuire la d
94
icien rusé autant qu’honnête, le gros petit homme
à
la face de clown, Fiorello, la Fleurette, comme le peuple l’a baptisé
95
ion en couleurs prouve qu’elle ne le cède en rien
à
la photographie pour « le brillant et la précision du détail », quali
96
ndant que déjà le New Yorker se moque des clichés
à
la mode au sujet de cette invention « qui signifie la fin de l’humani
97
ie la fin de l’humanité ou l’aube d’un âge d’or »
à
votre choix. Déjà, le syndicat des ouvriers de l’industrie automobile
98
icat des ouvriers de l’industrie automobile offre
à
Ford un contrat collectif qui le protègera contre les grèves irréguli
99
Et déjà les pasteurs et les prêtres se préparent
à
parler du message de Noël « aux hommes de bonne volonté », répétant s
100
olontaires. Ils ne font que subir leur condition.
À
Times Square, dans une foule compacte et lente, dans la rumeur assour
101
n vertu de la politique qu’on attribue par erreur
à
l’autruche. Je suis certain qu’il avait tort, comme la suite l’a prou
102
cteur de Carrefour admettra-t-il que je récidive,
à
propos cette fois-ci de l’exemple américain ? Exposé de points de v
103
toires, et je précise : ils l’admettent justement
à
l’occasion des débats les plus graves et les plus passionnés, tels qu
104
Ainsi la controverse réelle est exposée, pièces
à
l’appui, devant le lecteur. Mais ce que vous ne verrez jamais, dans c
105
’en disent les partis. Ainsi l’on peut « causer »
à
l’infini, mais sans trop de chances de se former une opinion plausibl
106
attachés « indéfectiblement », comme des moules,
à
leurs vieux principes. Mais le problème subsiste et je voudrais qu’on
107
Tribune consacrent à peu près deux tiers de page
à
leurs éditoriaux, dont la moitié traite de ce qui se passe dans tel p
108
bien définie. Le grand reporter français cherche
à
expliquer, il tend à l’essai. Le correspondant américain cherche à fa
109
nd reporter français cherche à expliquer, il tend
à
l’essai. Le correspondant américain cherche à faire voir, il tend au
110
end à l’essai. Le correspondant américain cherche
à
faire voir, il tend au roman. Sa gloire et son statut social éclipsen
111
t-major et un personnel gigantesques, spécialisés
à
l’infini ; des pages de publicité aussi chères qu’abondantes ; ou un
112
e aux dollars inépuisables. Ce qui s’oppose enfin
à
la multiplication des journaux. New York, pour sept millions d’habita
113
guerre, un ministère de l’Information, dont jusqu’
à
plus ample informé, je ne mettrai pas en doute l’utilité. Mais elle n
114
bien régner ce ministère ? J’imagine qu’il a pris
à
tâche de créer un nouvel esprit, un nouveau sens des devoirs civiques
115
t le risque d’opposer le meilleur d’un des termes
à
la moyenne ou même au pire de l’autre. Il resterait à opposer la tenu
116
moyenne ou même au pire de l’autre. Il resterait
à
opposer la tenue littéraire, mettons du Figaro à la vulgarité total
117
opposer la tenue littéraire, mettons du Figaro
à
la vulgarité totale du Journal and American. Mais il est difficile d’
118
our se manifeste, une fois de plus, en facilitant
à
un de nos compatriotes qui vit à l’étranger, la possibilité de s’expr
119
s, en facilitant à un de nos compatriotes qui vit
à
l’étranger, la possibilité de s’exprimer librement sur l’un des probl
120
ui. Car son travail consiste, nous explique-t-il,
à
maintenir les agences de l’État dans les limites de leurs prérogative
121
esponsables de ce board. Et ainsi de suite, jusqu’
à
ce que le président, ayant reçu cent-mille lettres de protestation, d
122
sera grande pendant plusieurs semaines au moins,
à
condition que la presse l’ait adopté. S’il rate, il sera vidé sans au
123
r Bill, au moment de me séparer de vous, je tiens
à
vous remercier pour les services (adjectif variable) que vous avez re
124
services (adjectif variable) que vous avez rendus
à
l’administration. Les circonstances m’obligent, etc. Mais je serai to
125
Japon n’est que le premier exemple qui me vienne
à
l’esprit. J’ai dit désordre, parce que c’est de ce nom que l’on désig
126
ment une situation dont notre esprit n’arrive pas
à
se former une image claire et cohérente. (Pour un esprit infiniment i
127
e part… et en quelque manière. Les agences d’État
à
initiales sont si nombreuses (quelques milliers) ; si provisoires (el
128
iers) ; si provisoires (elles durent de trois ans
à
trois mois) ; et de statut si variable (allant du rang de ministère n
129
ariable (allant du rang de ministère non régulier
à
celui d’expédient de crise) ; qu’il n’y a pas homme au monde qui ait
130
n tout. Presque tous, aujourd’hui, sont retournés
à
leurs occupations habituelles. Cet exemple est courant, et c’est pour
131
la question de l’avenir des démocraties, livrées
à
la fatalité incontrôlable des agences. Finirons-nous tous fonctionnai
132
us rien. Une moitié des bureaux passera son temps
à
faire enquête sur les activités de l’autre moitié, qui elle-même cons
133
i elle-même consacrera le plus clair de son temps
à
rédiger de longs rapports prouvant qu’elle est indispensable. Ici et
134
s deviendraient responsables… Facilement désignés
à
la vindicte publique, ils n’auraient plus de choix qu’entre la démiss
135
la démission et la tyrannie déclarée. Les bureaux
à
l’américaine semblent avoir été créés pour épargner aux gouvernants c
136
nationalistes à la manière des Européens ? C’est,
à
mon sens, toute la question. Lorsque nous parlons d’impérialisme, en
137
s parlons d’impérialisme, en Europe, nous pensons
à
une volonté de dominer affirmée par un chef au nom de sa nation : les
138
blique, reine des États-Unis, devînt nationaliste
à
notre image européenne ? Et qu’elle décidât d’imposer au monde entier
139
teint ses limites naturelles et qu’elle se heurte
à
des voisins organisés. Or c’est le cas de l’Amérique, virtuellement,
140
l’a gagnée avec une arme qu’elle se trouve seule
à
posséder pour le moment. Voilà bien des raisons de prendre conscience
141
ricain. » Nationalisme, direz-vous. Oui, mais pas
à
la manière européenne. La phrase veut dire : cette opinion ou cette a
142
eurs origines. On ne se réfère pas au passé, mais
à
l’avenir. On n’invoque pas la tradition, mais l’utopie. On pense moin
143
re d’une exhortation et d’un rappel qu’on adresse
à
soi-même autant qu’aux autres, afin que chacun devienne plus digne de
144
ompte et qui seront bien plus efficaces appliqués
à
l’échelle mondiale. Ici, l’impérialisme américain vient se confondre,
145
la même liberté. Ils ont envie d’ouvrir le monde
à
leur jeunesse, non pas de refermer sur lui leurs serres. Ils ont envi
146
bien entendu) se sentira plus en sécurité et plus
à
l’aise. Je pense aux Russes. Je vous laisse comparer. Chacun ses goût
147
us laisse comparer. Chacun ses goûts. Je me borne
à
marquer une différence capitale : l’Américain n’insiste pas quand on
148
oir aux Philippines. J’entends d’ici nos méfiants
à
moustaches et à col dur : « Le commerce américain va nous submerger e
149
nes. J’entends d’ici nos méfiants à moustaches et
à
col dur : « Le commerce américain va nous submerger et détruire nos c
150
sans fondements, toutes ces accusations injustes,
à
mon avis. Si nous vendons nos âmes contre des frigidaires, ce sera no
151
on sur la machine. Car primo, on ne l’a pas forcé
à
l’acheter, et secundo, une fois l’automobile achetée, il ne dépendait
152
obile achetée, il ne dépendait que de lui d’aller
à
pied quand cela lui chantait. Mais je m’avise ici d’une contradiction
153
sur l’Amérique. On n’a pas épargné les critiques
à
la politique d’occupation américaine en Allemagne : « Ils sont trop d
154
ntimidés, conscients d’avoir fait quelques gaffes
à
la Patton, les Américains donnent des signes de leur envie de s’en al
155
Remarquons que les Russes ne prêtent pas le flanc
à
des critiques de ce genre parce qu’ils ne publient rien, interdisent
156
portes dès que se produit la moindre divergence.
À
ce propos, j’entendais l’autre jour un diplomate américain parler de
157
force de nous contrecarrer, ils vont nous obliger
à
faire enfin de la politique étrangère dont nous n’avions naguère ni l
158
paradoxe symétrique de celui que je relevais tout
à
l’heure. Cette timidité de la politique américaine me paraît beaucoup
159
ur de mauvaises raisons ou parce qu’on l’assimile
à
des tendances européennes qui n’ont de commun avec lui que le nom.
160
L’art dirigé [Réponse
à
une enquête] (23 janvier 1947)i j 1° Si l’on nomme Art ce qui relè
161
e servilité. i. Rougemont Denis de, « [Réponse
à
une enquête] L’art dirigé », Carrefour, Paris, 23 janvier 1947, p. 6.
162
’idée en la qualifiant d’« utopie ». Bornons-nous
à
remarquer que cet argument a contre lui toute l’histoire de l’humanit
163
nsmission instantanée de la parole d’un continent
à
l’autre. Traiter une idée en utopie, c’est en fait déclarer « qu’on e
164
timidité d’esprit que cet argument trahit touche
à
la mauvaise foi. S’est-on jamais préoccupé de savoir si les peuples é
165
ier. Vous dites que les peuples ne sont pas prêts
à
accepter l’idée d’un gouvernement mondial, mais qu’en savez-vous ? Le
166
mais qu’en savez-vous ? Le seul peuple « sondé »
à
ce sujet, celui des États-Unis, a donné 67 % de réponses favorables à
167
s États-Unis, a donné 67 % de réponses favorables
à
cette idée. Avouez plutôt que vous, personnellement, n’y êtes pas prê
168
ssaire, donc il faut que les peuples se préparent
à
le réaliser. Passons aux objections plus réalistes d’une réflexion qu
169
jeter, le projet qu’on propose. Elles se ramènent
à
deux types d’argument : le gouvernement mondial serait impuissant, ou
170
ec de la Société des Nations, et l’on rappelle qu’
à
chaque conflit sérieux les nations se sont divisées suivant les ligne
171
renversent leurs batteries. Ils remarquaient tout
à
l’heure avec raison qu’une ligue de gouvernants est par définition in
172
t redouter qu’un tel pouvoir soit tenté d’imposer
à
tout le genre humain l’idéologie la plus répandue au moment où il se
173
ante, car tandis que les précédentes se bornaient
à
déclarer le problème insoluble, celle-ci le suppose résolu et tente d
174
s la liberté d’opposition, et que celle-ci suffit
à
distinguer la démocratie de ses contrefaçons totalitaires.) Quant aux
175
y aura des menaces de guerre, les États tendront
à
l’autarcie, les frontières closes, et le blé, le riz, le café pourrir
176
des objections préalables qu’on oppose couramment
à
l’idée d’une fédération mondiale, d’autre part sur l’urgence de discu
177
nce de discuter les vrais problèmes qui se posent
à
son sujet. Car quelles que soient les difficultés que rencontre son é
178
ilemme que nous offre le siècle. En nous refusant
à
l’une, nous décidons pour l’autre. Ce qui est certain, c’est que l’un
179
nty a raison de dire qu’il « faudrait faire appel
à
la démocratie américaine » et de se taire prudemment sur tout appel à
180
icaine » et de se taire prudemment sur tout appel
à
la « démocratie » russe. S. de Beauvoir a raison de défendre la liber
181
ut toujours trouver les circonstances qui amènent
à
déclarer que telle ou telle liberté est dangereuse », elle s’appuie s
182
ement contre le gaullisme en puissance, s’il vaut
à
plein contre le communisme en exercice. l. Rougemont Denis de, « [
183
en exercice. l. Rougemont Denis de, « [Réponse
à
une enquête] Jean-Paul Sartre vous parle… et ce qu’en pensent… », Car
184
refour, Paris, 29 octobre 1947, p. 7. m. Réponse
à
une enquête réalisée après une première émission des Temps modernes d
185
d’emprunts et de refus de rembourser, de recours
à
leurs capitaux et de dénonciations de leur capitalisme. Il y a trente
186
e nous les appelons au secours quand l’Europe est
à
feu et à sang (par notre faute, si je ne me trompe) : il y a trente a
187
s appelons au secours quand l’Europe est à feu et
à
sang (par notre faute, si je ne me trompe) : il y a trente ans que no
188
rente ans que nous nous plaignons de leur lenteur
à
répondre à nos SOS (eh quoi ! onze mois pour créer de toutes pièces l
189
ue nous nous plaignons de leur lenteur à répondre
à
nos SOS (eh quoi ! onze mois pour créer de toutes pièces l’armée de n
190
f, trente ans que nous voyons dans leurs réponses
à
nos appels désespérés autant de preuves de leur impérialisme. On va p
191
bienheureuse coïncidence, on a l’air d’en vouloir
à
ces Yankees de n’être pas de purs imbéciles, de ne pas donner comme ç
192
r comme ça, pour le plaisir, n’importe comment et
à
n’importe qui… On leur fait un grief d’avoir une politique, un crime
193
t pas. On va plus loin encore, s’il est possible.
À
croire la propagande des staliniens, c’est nous qui sauverions l’Amér
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, dit-on, qui a besoin de l’Europe ! Car elle est
à
la veille d’une crise épouvantable, Staline l’a dit ; elle ne sait pl
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tres, le rappelait récemment dans Le Figaro : «
À
son plus haut niveau, l’exportation (américaine) ne représente pas 10
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and on déduit de ce 10 % les parts qui reviennent
à
l’Amérique latine, à l’Asie et à la Russie, on voit ce qui reste pour
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0 % les parts qui reviennent à l’Amérique latine,
à
l’Asie et à la Russie, on voit ce qui reste pour l’Europe — pour la s
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s qui reviennent à l’Amérique latine, à l’Asie et
à
la Russie, on voit ce qui reste pour l’Europe — pour la solidité de l
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i se mettent dans le cas de mériter pareil rappel
à
l’ordre. L’indépendance économique des nations de l’Europe est une fi
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. Tout le monde le sait, n’en parlons plus. Quant
à
l’indépendance morale et politique que nous devons affirmer ou regagn