1 1945, Carrefour, articles (1945–1947). L’Amérique de la vie quotidienne (19 octobre 1945)
1 e, en Allemagne et en France : quelques mois et j’ étais acclimaté. J’oubliais que le pays n’était pas le mien. C’était l’Euro
2 is et j’étais acclimaté. J’oubliais que le pays n’ était pas le mien. C’était l’Europe. C’est ici l’Amérique, et je n’ai pas f
3 us dire, tout ce que l’on peut en dire en général sera vrai selon les temps et les lieux, et tout sera contradictoire et rie
4 l sera vrai selon les temps et les lieux, et tout sera contradictoire et rien ne sera suffisant. New York a les plus hauts g
5 les lieux, et tout sera contradictoire et rien ne sera suffisant. New York a les plus hauts gratte-ciel du monde, c’est vrai
6 chitecte, répondit, m’assure-t-on : « Les maisons sont trop basses. » Et c’était vrai, car la plupart ont trois étages. Ains
7 i religieux n’a guère le sens du spirituel ; on y est tour à tour plus formaliste et plus sans façon qu’en Europe : plus av
8 l’Amérique dans ces photos et ces livres où elle est . Et quand j’y ai débarqué, je n’ai rien reconnu de ce qu’une douzaine
9 autre chose — une autre civilisation. L’Amérique est un continent dont je tiens pour possible et même facile de parler for
10 civilisation. L’Amérique est un continent dont je tiens pour possible et même facile de parler fort correctement sans y être
11 et même facile de parler fort correctement sans y être jamais allé : la plupart des lieux communs qui circulent à son sujet
12 upart des lieux communs qui circulent à son sujet sont justifiés, de même que les critiques à la Duhamel et les enthousiasme
13 entement les passes de l’Hudson vers Manhattan, d’ être saisi par l’émotion d’une nouveauté qui, dans mon cas, après cinq ans
14 ne, comme celle du mythe politique et planétaire, est un immense glissement à travers le temps et l’espace. Tout glisse et
15 u fond du Pacifique. Je pense aussi à celle qui s’ était remariée croyant son mari tué en Chine. On le retrouve. Elle déclare
16 n le retrouve. Elle déclare aux reporters : « Jim est simplement épatant, mais c’est Joe que j’aimais, je l’attends, je vai
17 s, je l’attends, je vais me séparer de Jim, et je suis sûre qu’il comprendra très bien… » Un mois plus tard. Jim et Joe boiv
18 aissant, dans le rêve du bonheur d’un autre… Tout est possible. Il y en a pour tout le monde. La jalousie n’est pas américa
19 ible. Il y en a pour tout le monde. La jalousie n’ est pas américaine. Comment décrire ces légers déplacements d’accent vers
20 , une atmosphère si différente de l’Europe ? Cela tient à des riens ; mais de ces riens multipliés dans la vie quotidienne, n
21 e aisance générale. L’Américain ne supporte pas d’ être gêné aux entournures, matériellement ou moralement. Dès l’enfance, il
22 ur tout dire, moins vu qu’en Europe. Parce qu’ils sont moins conscients de leur vie et d’autrui, ils me tolèrent davantage.
23 vie et d’autrui, ils me tolèrent davantage. Ce n’ est pas qu’ils m’ignorent ou le feignent, mais ils m’acceptent avant tout
24 d’efforts gaspillés pour se faire remarquer, pour être différent, car ici différent veut dire original ; et crazy, qui veut
25 inal ; et crazy, qui veut dire toqué, loufoque, n’ est pas un adjectif dépréciatif, bien au contraire, qu’on l’applique à un
26 et sortaient sans saluer, sans dire pourquoi ils étaient venus ; ils se versaient à boire, et, les pieds sur une chaise, me po
27 e la main, so long ! un bye bye ! négligent… Je m’ étais à peine habitué, non sans plaisir, à cette suppression générale de no
28 rien. Mais personne ne paraît s’en étonner, tant est puissant le sens des conventions publiques dans ce peuple qui, par ai
29 . Giraudoux a écrit quelque part que l’Amérique n’ est pas une nation comme les autres, mais un club. Cette remarque expliqu
30 oxe qu’on vient de relever. L’entrée dans le club est un acte public qui s’accompagne tout naturellement d’opérations conve
31 l’orgueil d’y appartenir. Mais aussitôt que vous serez un membre régulier, vous aurez tous les droits, on ne s’occupera plus
32 e qu’on ne dit pas dans les dépêches, de ce qui n’ est pas matière d’enquête et de reportages, de ces nuances de sentiments
33 le. Car celle-ci dépend de deux peuples — l’autre est le russe — dont toutes les réactions intimes et sautes d’humeur vont
2 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Le rêve américain (9 novembre 1945)
34 rêve américain (9 novembre 1945)b L’Amérique n’ est pas un pays de rêve quand on y vit, mais c’est un pays de rêveurs. Je
35 ide. Peu ou point de plaisanteries échangées. Ils sont ici pour rêver, pour danser. Ils rêvent dans toutes les salles de cin
36 avec un sourire de rêve heureux. Je crois qu’ils sont bien moins conscients que nous. À quoi rêvent-ils ? À la vie large, t
37 t pas même admettre qu’elles existent, sinon pour être dépassées. C’est contraire à sa tradition. Ses ancêtres ont été amené
38 C’est contraire à sa tradition. Ses ancêtres ont été amenés sur les rives de l’Hudson et du Potomac par le rêve d’un pays
39 tomac par le rêve d’un pays sans limites, et il l’ était vraiment pour ceux qui triomphaient des famines, des moustiques, des
40 conquête ? Ils se tournèrent vers l’industrie. Ce fut leur nouvelle « frontière », leur nouveau front, dirait-on de nos jou
41 leur nouveau front, dirait-on de nos jours. Et ce fut l’ère des fortunes, et des cités, et des usines colossales, puis des
42 es, puis des gratte-ciel à cent étages. « Le ciel est la limite », disait alors leur dicton favori. La terre avait été dure
43 , disait alors leur dicton favori. La terre avait été durement conquise. Le ciel fut conquis en trente ans. Encore une limi
44 ri. La terre avait été durement conquise. Le ciel fut conquis en trente ans. Encore une limite atteinte. Et les voici, vers
45 une espèce de rancœur. Je ne pense pas que le mot soit trop fort. Je parle de la majorité. Je connais beaucoup d’exceptions.
46 ger dans leurs épreuves. Les jeunes Américains se sont trouvés mêlés au grand malheur des peuples qu’ils aimaient de loin. I
47 heur des peuples qu’ils aimaient de loin. Ils ont été courageux devant l’ennemi, mais non pas devant la misère de leurs ami
48 leurs amis. Ils rentrent en disant que la France est sale et en désordre, que tout y est cher pour eux et que les WC sont
49 que la France est sale et en désordre, que tout y est cher pour eux et que les WC sont au milieu des places publiques. Ils
50 ordre, que tout y est cher pour eux et que les WC sont au milieu des places publiques. Ils demandent qu’on ne leur parle plu
51 lui qui va dominer, nécessairement. Les vétérans seront absorbés par la vie quotidienne d’ici quelques années. Ils finiront b
52 , leurs concurrents… L’homme d’affaires américain est le petit-fils des pionniers qui luttaient sur la « frontière ». Il pr
53 re ». Il pressent qu’il a fait son plein ou qu’il est bien près de le faire dans les limites de son pays, « d’une côte à l’
54 États-Unis, il faut donc en sortir et deux voies sont possibles : répandre les produits américains sur tous les marchés du
55 multiplier les échanges culturels. Ces ambitions sont étroitement liées, car seule une atmosphère de démocratie mondiale pe
56 le souvenir. Mais ce qui va venir, direz-vous, n’ est -ce pas tout simplement une grande poussée d’impérialisme américain ?
57 faitement conscients de leurs intérêts… Voilà qui est vrai, en apparence du moins. J’essaierai d’exposer, dans un prochain
58 qui m’ont convaincu que l’expansion américaine n’ est pas du tout à base d’impérialisme au sens européen du mot. Je pense q
3 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Hollywood n’a plus d’idées (13 décembre 1945)
59 es, les échos de presse, et même les spectateurs, sont unanimes : Hollywood est à court d’inventions. Hollywood achète n’imp
60 t même les spectateurs, sont unanimes : Hollywood est à court d’inventions. Hollywood achète n’importe quoi, un roman non t
61 y trouve un germe, le nettoiera. Car Hollywood n’ est plus qu’une machine. Elle transforme en argent tout ce qu’elle a envi
62 , à première vue. Cette technique trop parfaite n’ est obtenue qu’au prix de telles dépenses et d’une telle quantité de spéc
63 éjugés hérités de trente ans de triomphe, qu’il n’ est pas de génie assez coriace pour survivre à pareille torture au ralent
64 tout crépitant d’inventions étonnantes. Le rythme est cahotant, trop coupé, mais quand il s’établit sur une ou deux séquenc
65 marche et ronronne comme un moteur de luxe, tout est faux, tout le monde est beau, jamais on ne voit percer la trame nue d
66 e un moteur de luxe, tout est faux, tout le monde est beau, jamais on ne voit percer la trame nue du réel. Jamais un choc,
67 sent les producers, n’accepte pas que Hedy Lamarr soit mal habillée si elle joue une pauvresse, qu’Ingrid Bergman ressemble
68 qu’Ingrid Bergman ressemble à la Suédoise qu’elle est , plutôt qu’à une star comme les autres. N’insistons pas : la décadenc
69 raisons mystérieuses ou accidentelles. Ses causes sont évidentes et inéluctables : ce sont celles-là mêmes qui firent son su
70 s. Ses causes sont évidentes et inéluctables : ce sont celles-là mêmes qui firent son succès, et non pas d’autres. Pour mes
71 res. Pour mes cadets, d’ici dix ans, Hollywood ne sera plus qu’une légende : comme l’est déjà Greta Garbo, symbole d’un âge.
72 , Hollywood ne sera plus qu’une légende : comme l’ est déjà Greta Garbo, symbole d’un âge. Ô Garbo de notre jeunesse, volupt
73 nt sur des millions de nuits, mythe évasif, que n’ êtes -vous disparue comme un songe au matin ? Dans ce petit restaurant fran
74 e préféré ne la voir jamais, mais j’avoue qu’elle est très jolie, malgré la minceur de ses lèvres. Un peu plus tard, c’est
75 fait parfois des souverains en voyage. Comme elle est gaie ! J’ai passé une demi-heure à causer avec elle, sur un sofa, et
76 en dire qui la rende plus réelle qu’une image. Ne serait -ce pas là son secret ? Se prêter à la fantaisie de toutes les imagina
77 fantaisie de toutes les imaginations. Comme elle est belle et comme elle est absente ! Quelle élégance dans l’irréalité !
78 imaginations. Comme elle est belle et comme elle est absente ! Quelle élégance dans l’irréalité ! Comme elle est gaie pour
79 e ! Quelle élégance dans l’irréalité ! Comme elle est gaie pour un fantôme… ⁂ Revenons à nos moutons de Hollywood. Je ne vo
80 s qu’il permet : c’est Walt Disney. Les autres en sont encore à photographier des comédies, des drames, des ameublements ou
81 , nous donnèrent seuls la sensation du Blitz. Ils sont de notre temps d’une manière plus profonde que leur auteur, sans dout
82 ur, sans doute, n’eût osé le soupçonner. Car il n’ est pas intelligent, s’il est génial. Disney, quand il se trompe, n’y va
83 le soupçonner. Car il n’est pas intelligent, s’il est génial. Disney, quand il se trompe, n’y va pas de main morte. Je pens
84 ccuper ! Son mauvais goût me paraît irrémédiable, étant celui de l’Américain moyen en matière d’art et surtout de peinture. (
85 a fin de Fantasia, sur l’Ave Maria de Schubert, n’ est qu’une suite de cartes de bons vœux comme il s’en envoie des millions
86 tée par tous les nouveaux venus, et qui exige des sommes fabuleuses. Pour que ces sommes rapportent, il faut le plus grand pub
87 et qui exige des sommes fabuleuses. Pour que ces sommes rapportent, il faut le plus grand public possible. Pour satisfaire ce
88 r donner gratis le moyen d’en sortir, et mon idée tient en trois mots : — Messieurs, sabrez vos budgets ! Essayez de faire po
89 fluer. Quant au public… Eh bien ! pendant que j’y suis , un bon conseil : ne croyez pas que le grand public déteste autant qu
90 éens, dès qu’il pourra les voir ? Tous les signes sont là. Dépêchez-vous ! Mais peut-être qu’il est trop tard : et qu’ils s’
91 nes sont là. Dépêchez-vous ! Mais peut-être qu’il est trop tard : et qu’ils s’en doutent. L’importance des studios de New Y
4 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Les enfants américains réclament des bombes atomiques (20 décembre 1945)
92 mbre 1945)d Noël ! La ruée vers les magasins s’ est déclenchée depuis le 1er décembre dans toute l’Amérique, inaugurant o
93 inaugurant officiellement la saison de Noël. Nous sommes le 13 et les rayons de jouets sont déjà presque vides à New York. La
94 e Noël. Nous sommes le 13 et les rayons de jouets sont déjà presque vides à New York. La conversion des tanks et des fortere
95 ce rationné 1945 se termine en pleine équivoque : est -ce la paix déjà ? La guerre encore ? Interférences de disette et de l
96 miques. Trois d’entre eux, à Brooklyn, viennent d’ être blessés sérieusement en jouant à faire sauter le monde. Les trois Gra
97 aire sauter le monde. Les trois Grands, à Moscou, seront -ils plus adroits dans ce même jeu ? On ne le croirait pas à les voir.
98 ia d’annoncer que sa nuit de Nouvel An « promet d’ être la plus grande nuit de l’histoire de l’hôtel — à partir de vingt doll
99 ransporté avec toutes ses racines d’un parc où il sera replanté dès janvier, n’ayant coûté que cent dollars de location à M.
100 gent et mordorés. Pourquoi ces échanges éperdus ? Est -ce un souvenir du seul cadeau de paix jamais fait à l’humanité ? ou b
101 èvre de rivaliser dans la dépense en fin d’année, est -elle comme chez les primitifs la manière de conjurer le sort ? Plus q
102 s, un droit à la chaleur des groupes. Et ceux qui seront laissés dehors, ceux qui n’appartiennent pas à une cellule sociale, f
103 le de Times Square. Le coudoiement universel leur tiendra lieu d’intimité… Pour moi, j’irai comme chaque année à la messe de mi
104 Gretchaninoff et le motet de Prætorius, Une rose est née… et je me dirai que l’Amérique n’a pas encore très bien compris l
105 une nouvelle victoire sur le temps, comme si ce n’ était pas lui qui gagne à tous les coups. Qu’apportera cette fin d’année ?
106 ons le meilleur maire de New York. Et Roosevelt n’ est pas remplacé… Et toutes les utopies prévues par l’avant-guerre entrer
107 endre de sa voiture. Déjà les biches et les daims sont amenés dans la forêt de chasse au moyen de taxis aériens. Déjà la tél
108 terre, bonne volonté de Dieu envers les hommes ». Est -il besoin de la bombe, et des grèves, et de la famine européenne, et
109 hommes ont fort peu de bonne volonté ? La plupart sont involontaires. Ils ne font que subir leur condition. À Times Square,
5 1946, Carrefour, articles (1945–1947). Deux presses, deux méthodes : l’Américain expose, le Français explique (4 avril 1946)
110 plus objective, du fait même que ses partis pris étaient connus et déclarés. Le directeur du journal en question censura cette
111 itique qu’on attribue par erreur à l’autruche. Je suis certain qu’il avait tort, comme la suite l’a prouvé d’ailleurs. Le di
112 nion syndicale, dont les déclarations officielles seront citées in extenso. Pas de polémique contre un autre journal Ain
113 e un autre journal Ainsi la controverse réelle est exposée, pièces à l’appui, devant le lecteur. Mais ce que vous ne ver
114 les positions des parties en présence n’ayant pas été déclarées dans les termes exacts où elles s’arrêtent. Ce que l’on tro
115 empion pense ceci, Durand déclare cela, mais l’un est radical et l’autre communiste, je le savais bien, parbleu ! comme dir
116 eu ! comme dirait Gide. Et je savais que quel que fût le problème posé, ils resteraient attachés « indéfectiblement », comm
117 lieu de quoi Tartempion me ressasse que Durand n’ est qu’un radical. De quoi donc parlait-on ? Qu’allons-nous faire ? Ce n’
118 uoi donc parlait-on ? Qu’allons-nous faire ? Ce n’ est pas que les journaux américains craignent la discussion violente, la
119 héâtre, correspondance, jardin, etc. Mais le fait est qu’une dépêche de Paris, par un correspondant américain, qui occupe c
120 en a… Le correspondant-américain-à-l’étranger est une espèce humaine bien définie. Le grand reporter français cherche à
121 ports, contrairement à ce que l’on attendrait, ne tient pas plus de place que dans la presse française. Par contre, celle de
122 e pain, qu’ils mangent des brioches ! » Le siècle est en révolution, l’Europe en ruine, la France en crise pour dire le moi
123 nitor, du New York Times ou du Herald Tribune. Ce sont ces grands journaux que j’avais dans l’esprit en écrivant ce qui préc
124 e Middle West, et dont les tares les plus connues sont la brutalité de langage, la haine posthume de Roosevelt, l’isolationn
125 vulgarité totale du Journal and American. Mais il est difficile d’être à la fois juste et utile, en temps de crise. Et j’ai
126 du Journal and American. Mais il est difficile d’ être à la fois juste et utile, en temps de crise. Et j’ai voulu courir au
6 1946, Carrefour, articles (1945–1947). Une bureaucratie sans ronds-de-cuir (23 mai 1946)
127 a plume d’un fermier du Middlewest que l’Amérique est le seul pays décent au monde, et qu’un agent d’assurances du Connecti
128 ats-Unis écrit de son côté : « Notre gouvernement est une vaste pétaudière. » Ce fonctionnaire sait à peu près de quoi il p
129 mités successifs pour étudier cette situation. Il est concevable qu’un dixième comité ait pour objet d’examiner l’activité
130 e tout, avec pouvoirs dictatoriaux. Le « tsar » est un « businessman » Ce tsar ne sera pas choisi parmi la troupe des
131 Le « tsar » est un « businessman » Ce tsar ne sera pas choisi parmi la troupe des politiciens sans emploi ou des anciens
132 oi ou des anciens ministres de n’importe quoi. Il sera plutôt un homme d’affaires dans la quarantaine, le vice-président d’u
133 oming man va nous sortir. S’il réussit, sa gloire sera grande pendant plusieurs semaines au moins, à condition que la presse
134 ndition que la presse l’ait adopté. S’il rate, il sera vidé sans autres formes qu’une lettre personnelle du président, qu’il
135 on cher Bill, au moment de me séparer de vous, je tiens à vous remercier pour les services (adjectif variable) que vous avez
136 ation. Les circonstances m’obligent, etc. Mais je serai toujours heureux de pouvoir compter sur vous en cas de besoin. » Dans
137 tats dont la victoire sur les nazis et le Japon n’ est que le premier exemple qui me vienne à l’esprit. J’ai dit désordre, p
138 ésordre, mais seulement des complexités.) Le fait est que je n’imagine pas un seul de mes contemporains qui soit capable d’
139 je n’imagine pas un seul de mes contemporains qui soit capable d’embrasser dans une seule vue les rouages du gouvernement de
140 nt a plus de pouvoir qu’un roi, dit-on. Mais ce n’ est pas beaucoup dire, de nos jours. Il choisit ses ministres et ses tsar
141 terrain) ; enfin de l’opinion publique, car nous sommes en démocratie, et il faut bien que cela se marque quelque part… et en
142 n quelque manière. Les agences d’État à initiales sont si nombreuses (quelques milliers) ; si provisoires (elles durent de t
143 moyens intellectuels de s’y retrouver : à peine y serait -il parvenu que le tableau changerait en quelques jours. D’où la gabeg
144 es années, devant un comité du Sénat, la question fut posée de savoir si quelqu’un au monde connaissait réellement le nombr
145 projets financés par le gouvernement fédéral ont été néanmoins mis en œuvre par au moins quinze agences différentes ». Le
146 e article m’apprend qu’un cinquième du territoire est propriété du gouvernement, c’est-à-dire de trente-quatre agences et d
147 eurent en partie mystérieuses, mais quelques-unes sont formulables. … pas de fonctionnaires Tout d’abord, l’Amérique n
148 en fils. Le personnel des bureaux gouvernementaux est sans cesse ventilé et renouvelé, au physique comme au figuré. Peu ou
149 s fonctionnaires d’occasion savent qu’ils peuvent être aisément révoqués, et l’acceptent non moins aisément, en principe, ca
150 cause. L’Office d’information de guerre (OWI) qui tenait le rang d’un ministère, et où j’ai travaillé pendant près de deux ans
151 minorité de fonctionnaires de métier. Le chef en fut d’abord un général, puis un commentateur de la radio. Il avait sous s
152 Trente mille en tout. Presque tous, aujourd’hui, sont retournés à leurs occupations habituelles. Cet exemple est courant, e
153 rnés à leurs occupations habituelles. Cet exemple est courant, et c’est pourquoi je le donne. Si vous prenez, au lieu de l’
154 et l’esprit d’une bureaucratie, pour ceux qui en sont comme pour les visiteurs. La mer des paperasses rempart de la libe
155 emps à rédiger de longs rapports prouvant qu’elle est indispensable. Ici et là, quelques énergumènes s’aviseront de travail
156 ès peu d’hommes que les choses marchent. Alors un être d’exception, comme vous ou moi, se demandera dans un accès de courage
157 clarée. Les bureaux à l’américaine semblent avoir été créés pour épargner aux gouvernants cette tragédie. Évitant à la fois
7 1946, Carrefour, articles (1945–1947). L’Amérique est-elle nationaliste ? (29 août 1946)
158 L’Amérique est -elle nationaliste ? (29 août 1946)h Vont-ils devenir nationalistes
159 tte espèce. Mais l’opinion publique, chez eux, en tient la place. Se pourrait-il qu’un jour prochain, cette opinion publique,
160 se formât une conscience nationale. Le phénomène est -il probable ? Et s’il l’est, devons-nous le redouter ? Je répondrai q
161 tionale. Le phénomène est-il probable ? Et s’il l’ est , devons-nous le redouter ? Je répondrai que le phénomène est non seul
162 -nous le redouter ? Je répondrai que le phénomène est non seulement probable, mais en train de s’accomplir sous nos yeux. P
163 début de ce siècle. Ces frontières se trouvaient être deux océans au-delà desquels régnaient le Japon et l’Europe ; et deux
164 eil et de volonté de régenter le monde, puisqu’on est au surplus victorieux et tout-puissants du premier coup. Imaginez qu’
165 fortement que possible : It’s unamerican, « ce n’ est pas américain. » Nationalisme, direz-vous. Oui, mais pas à la manière
166 les fait devenir vraiment Américains, quelles que soient , par ailleurs, leurs origines. On ne se réfère pas au passé, mais à l
167 un nationalisme « ouvert » et pour qui la nation est en avant dans un élan, un rêve, une liberté future. Non pas comme che
168 s et de lui faire subir la loi d’un village qui n’ est pas le sien. Au contraire, ce qu’il y a de rassurant dans le national
169 n qu’on vient de découvrir pour son compte et qui seront bien plus efficaces appliqués à l’échelle mondiale. Ici, l’impérialis
170 humanitaire enlisera nos élans spirituels ; nous serons noyés par une civilisation qui ne respecte que la quantité ; le dolla
171 ation qui ne respecte que la quantité ; le dollar sera roi, etc. » Toutes ces méfiances sont sans fondements, toutes ces acc
172 ; le dollar sera roi, etc. » Toutes ces méfiances sont sans fondements, toutes ces accusations injustes, à mon avis. Si nous
173 nous vendons nos âmes contre des frigidaires, ce sera notre faute et non pas celle de l’industrie américaine qui aura mis d
174 ation semblent avouer par là que cette dernière n’ est plus très saine, qu’elle « sent » déjà. Il est grand temps qu’on la m
175 n’est plus très saine, qu’elle « sent » déjà. Il est grand temps qu’on la mette dans la glace. De même, le commerce améric
176 rapide met en péril certaines coutumes avares, ce sera tant mieux. De même encore, la « sottise humanitaire » des États-Unis
177 essaient le machiavélisme. De même enfin, si nous sommes un jour noyés par la quantité, ce ne sera pas la faute de la quantité
178 nous sommes un jour noyés par la quantité, ce ne sera pas la faute de la quantité, mais bien de l’abaissement de notre qual
179 ce que l’on nomme en Europe « l’américanisme » n’ est pas un danger américain, mais européen. Je veux dire par là que si un
180 ’une contradiction étrange. Il semble bien que ce sont les mêmes personnes qui vitupèrent l’impérialisme commercial de l’Amé
181 de l’Amérique, en Europe, l’accusent à la fois d’ être là et, pour comble, de n’être pas là. Quand elle fait une crise d’iso
182 ccusent à la fois d’être là et, pour comble, de n’ être pas là. Quand elle fait une crise d’isolationnisme, on l’accuse de my
183 s d’hommes.) « Eh quoi ! trois mois déjà que nous sommes libérés et ils infestent encore nos bars ! » ⁂ Autre exemple de cette
184 ique d’occupation américaine en Allemagne : « Ils sont trop doux, ils sont naïfs, ils ne comprennent rien aux problèmes de l
185 éricaine en Allemagne : « Ils sont trop doux, ils sont naïfs, ils ne comprennent rien aux problèmes de l’Europe, de quoi se
186 esures proposées ou soutenues par son pays. — Ils sont bien maladroits, disait-il en souriant, car à force de nous contrecar
187 ue le nom. h. Rougemont Denis de, « L’Amérique est -elle nationaliste ? », Carrefour, Paris, 26 août 1946, p. 1.
8 1947, Carrefour, articles (1945–1947). L’art dirigé [Réponse à une enquête] (23 janvier 1947)
188 a production mécanique relève de l’imitation — il est clair qu’il ne peut exister d’art dirigé, pas plus qu’on ne peut prév
189 visible. Ce que les communistes veulent diriger n’ est pas l’art, mais la propagande et la production de cartes postales en
190 o non. 2° Si l’artiste aujourd’hui se préoccupe d’ être immédiatement accessible au peuple, il faut qu’il se maintienne au ni
191 de la radio (libres ou dirigées) et il cessera d’ être un artiste. Sinon, il se voit contraint d’inventer son langage, sa rh
192 uctures existantes et d’en inventer de nouvelles, soit par son art, soit en tant que citoyen. 3° Tout art implique une « idé
193 et d’en inventer de nouvelles, soit par son art, soit en tant que citoyen. 3° Tout art implique une « idéologie » ou pour m
194 ant. Mais les idéologies politiques d’aujourd’hui sont aussi stériles pour l’artiste que fureur féconde la théologie au Moye
195 Estimez-vous que l’artiste doive se préoccuper d’ être immédiatement accessible au plus grand nombre ? 3. L’art peut-il être
196 ccessible au plus grand nombre ? 3. L’art peut-il être au service d’une idéologie ? »
9 1947, Carrefour, articles (1945–1947). Fédération ou dictature mondiale ? (9 avril 1947)
197 a contre lui toute l’histoire de l’humanité, qui est l’histoire des utopies réalisées. Tout ce qui a compté, tout ce qui a
198 e dont nous vivons pratiquement aujourd’hui, tout fut d’abord une utopie : le christianisme et l’aviation, le marxisme et l
199 ne idée en utopie, c’est en fait déclarer « qu’on est contre », en évitant d’avouer ses raisons ou de démasquer ses préjugé
200 r ses préjugés. Ensuite on dit que « l’humanité n’ est pas prête pour un gouvernement mondial ». La timidité d’esprit que ce
201 e cet argument trahit touche à la mauvaise foi. S’ est -on jamais préoccupé de savoir si les peuples étaient prêts pour la gu
202 ’est-on jamais préoccupé de savoir si les peuples étaient prêts pour la guerre, par exemple, et pour la mort en grande série ?
203 exemple, et pour la mort en grande série ? Ce qui est vrai, c’est qu’on les y prépare de force, quand on a décidé de faire
204 on jamais demandé l’avis des peuples, et pourquoi furent -ils jamais prêts ? L’étaient-ils pour le christianisme ? Pour la terr
205 peuples, et pourquoi furent-ils jamais prêts ? L’ étaient -ils pour le christianisme ? Pour la terreur ? Pour le capitalisme ? P
206 italisme ? Pour la bombe atomique ? S’ils avaient été prêts pour l’une de ces grandes causes ou grandes actions, il n’y aur
207 socialisme, ni d’Histoire en général. L’argument est au moins léger. De plus, il est inexact dans le cas particulier. Vous
208 néral. L’argument est au moins léger. De plus, il est inexact dans le cas particulier. Vous dites que les peuples ne sont p
209 le cas particulier. Vous dites que les peuples ne sont pas prêts à accepter l’idée d’un gouvernement mondial, mais qu’en sav
210 dée. Avouez plutôt que vous, personnellement, n’y êtes pas prêt, que vous personnellement y êtes hostile. Car autrement, au
211 nt, n’y êtes pas prêt, que vous personnellement y êtes hostile. Car autrement, au lieu de dire : les peuples ne sont pas prê
212 . Car autrement, au lieu de dire : les peuples ne sont pas prêts, donc le projet ne vaut rien, vous diriez : le projet paraî
213 à deux types d’argument : le gouvernement mondial serait impuissant, ou bien il serait trop puissant. À l’appui de la thèse de
214 ouvernement mondial serait impuissant, ou bien il serait trop puissant. À l’appui de la thèse de l’impuissance, on cite bien e
215 ppelle qu’à chaque conflit sérieux les nations se sont divisées suivant les lignes de force de la politique ancienne ; les u
216 gnes de force de la politique ancienne ; les unes sont simplement sorties de la Ligue qui les condamnait, les autres ont réa
217 ence d’un gouvernement mondial. Ce dernier, pour être effectif, capable de prévenir ou de tuer les guerres, devrait être ét
218 pable de prévenir ou de tuer les guerres, devrait être établi au-dessus des nations et aux dépens de leur souveraineté. Il n
219 s les pays les usines et les laboratoires, et qui serait seul dépositaire des secrets de fabrication actuellement détenus par
220 s États-Unis. Or M. Gromyko, délégué de l’URSS s’ est aussitôt opposé au projet, pour la raison qu’il comportait « une atte
221 à l’heure avec raison qu’une ligue de gouvernants est par définition incapable d’empêcher la guerre, puisque dans un confli
222 re, puisque dans un conflit éventuel les arbitres seraient en même temps les chefs des États en conflit. Ils déclarent maintenan
223 ainetés nationales, et armé de la bombe atomique, serait au contraire trop puissant. Et, en effet, on peut redouter qu’un tel
224 Et, en effet, on peut redouter qu’un tel pouvoir soit tenté d’imposer à tout le genre humain l’idéologie la plus répandue a
225 a plus répandue au moment où il se formerait. (Ce serait aujourd’hui, probablement, un dirigisme mitigé, plus ou moins scienti
226 térialiste de l’homme.) Ainsi la paix mondiale ne serait établie qu’au prix d’une sorte de paralysie de l’histoire, et d’un ap
227 r. En effet, si les membres de l’exécutif mondial étaient désignés par les gouvernements nationaux, on retomberait soit dans l’
228 s par les gouvernements nationaux, on retomberait soit dans l’impuissance d’une ligue des nations, soit dans la dictature d’
229 soit dans l’impuissance d’une ligue des nations, soit dans la dictature d’une idéologie majoritaire. Si au contraire ils ét
230 d’une idéologie majoritaire. Si au contraire ils étaient désignés par les peuples et secondés par un Parlement mondial, la pos
231 opposition non seulement respectée mais organique serait sauvegardée. Le gouvernement mondial serait alors de type démocratiqu
232 nique serait sauvegardée. Le gouvernement mondial serait alors de type démocratique. (Car il apparaît de plus en plus claireme
233 en plus clairement que la clé des quatre libertés est dans la liberté d’opposition, et que celle-ci suffit à distinguer la
234 s.) Quant aux fonctions du pouvoir mondial, elles seraient définies par la nécessité même qui nous fait souhaiter qu’il existe :
235 arcie, inégalité économique, les trois phénomènes sont liés. Tant que subsistera le régime des États-nations absolument souv
236 blèmes qui se posent à son sujet. Car quelles que soient les difficultés que rencontre son établissement et les dangers en par
237 ent (comme de toute institution humaine), le fait est que cette fédération paraît aujourd’hui le seul remède contre la guer
238 entales, entraînant celle des idéologies, tout se tient et se mêle inextricablement, la persistance d’États-nations souverain
239 ons souverains dans le carcan de leurs frontières est un dangereux anachronisme. Si nous sommes incapables de briser cette
240 frontières est un dangereux anachronisme. Si nous sommes incapables de briser cette féodalité et d’adapter nos structures poli
241 tures politiques aux réalités du xxe siècle, qui sont d’ores et déjà internationales, on ne voit pas ce qui pourrait empêch
242 cas, nous aurons une dictature dont le Führer ne sera pas un homme mais une nation. Alors, mais dans les ruines radioactive
243 crète de la liberté. L’utopie ou la tragédie, tel est le dilemme que nous offre le siècle. En nous refusant à l’une, nous d
244 usant à l’une, nous décidons pour l’autre. Ce qui est certain, c’est que l’une et l’autre ne peuvent plus être désormais qu
245 rtain, c’est que l’une et l’autre ne peuvent plus être désormais qu’aux dimensions de la planète. k. Rougemont Denis de,
10 1947, Carrefour, articles (1945–1947). « Jean-Paul Sartre vous parle… et ce qu’en pensent… » (29 octobre 1947)
246 t la moustache. Tous les hommes qui la portent en sont un autre… ça va.) Sartre a raison de dire que la guerre n’est pas fat
247 … ça va.) Sartre a raison de dire que la guerre n’ est pas fatale, mais en fait l’argument porte surtout contre la théorie s
248 qui amènent à déclarer que telle ou telle liberté est dangereuse », elle s’appuie sans doute sur l’exemple soviétique, inco
11 1947, Carrefour, articles (1945–1947). La France est assez grande pour n’être pas ingrate (26 novembre 1947)
249 La France est assez grande pour n’être pas ingrate (26 novembre 1947)n La honte
250 La France est assez grande pour n’ être pas ingrate (26 novembre 1947)n La honte de l’Europe, ce n’est pas
251 (26 novembre 1947)n La honte de l’Europe, ce n’ est pas sa misère, ni l’aide nécessaire de l’Amérique, mais la manière do
252 l me semble entendre un peu partout depuis que je suis rentré dans ce vieux monde. Or il ne s’agit pas d’une attitude nouvel
253 il ne s’agit pas d’une attitude nouvelle, ou qui serait le seul fait des communistes : il y a trente ans que l’Europe, la bou
254 s que nous les appelons au secours quand l’Europe est à feu et à sang (par notre faute, si je ne me trompe) : il y a trente
255 l’argent pour l’acheter, mais croyez-vous que ce soit par pure philanthropie ? Soyez sûr qu’ils y trouvent leur intérêt ! »
256 croyez-vous que ce soit par pure philanthropie ? Soyez sûr qu’ils y trouvent leur intérêt ! » Que voudrait-on qu’ils y trouv
257 ne tombe pas aux mains des Russes ; c’est qu’elle soit forte et donc unique, puisque les autres comptent sur sa faiblesse. M
258 dence, on a l’air d’en vouloir à ces Yankees de n’ être pas de purs imbéciles, de ne pas donner comme ça, pour le plaisir, n’
259 r fait un grief d’avoir une politique, un crime d’ être en mesure de l’appliquer, un ridicule d’avoir réalisé sans phrases ce
260 ne leur donnent pas. On va plus loin encore, s’il est possible. À croire la propagande des staliniens, c’est nous qui sauve
261 ique, dit-on, qui a besoin de l’Europe ! Car elle est à la veille d’une crise épouvantable, Staline l’a dit ; elle ne sait
262 e merci. Mais justement, puisque l’opportunisme n’ est pas en cause, pour le seul honneur de l’Europe, il serait temps que n
263 as en cause, pour le seul honneur de l’Europe, il serait temps que nous prenions un peu de tenue. Si nous étions francs, nous
264 temps que nous prenions un peu de tenue. Si nous étions francs, nous dirions : la vraie menace contre l’indépendance européen
265 de l’Amérique, mais de nous-mêmes. La vraie, ce n’ est pas que M. Clayton morigène les experts du Comité des Seize, mais que
266 L’indépendance économique des nations de l’Europe est une fiction. Tout le monde le sait, n’en parlons plus. Quant à l’indé
267 ontinent qu’elle trouvera sa seule garantie. Nous serons guéris de notre mauvaise conscience quand nous aurons admis que la tâ
268 and nous aurons admis que la tâche concrète, ce n’ est pas de défendre l’Europe, mais de la faire. n. Rougemont Denis de,
269 e la faire. n. Rougemont Denis de, « La France est assez grande pour n’être pas ingrate », Carrefour, Paris, 26 novembre
270 ont Denis de, « La France est assez grande pour n’ être pas ingrate », Carrefour, Paris, 26 novembre 1947, p. 1 et 5.