1 1945, Carrefour, articles (1945–1947). L’Amérique de la vie quotidienne (19 octobre 1945)
1 bliais que le pays n’était pas le mien. C’était l’ Europe . C’est ici l’Amérique, et je n’ai pas fini de m’en ébahir. Ce Nouveau
2 r à tour plus formaliste et plus sans façon qu’en Europe  : plus avide de nouveauté et plus respectueusement conservateur ; plu
3 ’ai rien reconnu de ce qu’une douzaine d’ouvrages européens , tous fort exacts dans leurs informations, de Tocqueville à André Sie
4 ble une allure, une atmosphère si différente de l’ Europe  ? Cela tient à des riens ; mais de ces riens multipliés dans la vie q
5 jugé, moins jaugé, pour tout dire, moins vu qu’en Europe . Parce qu’ils sont moins conscients de leur vie et d’autrui, ils me t
2 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Le rêve américain (9 novembre 1945)
6 ui les étroitesses religieuses et politiques de l’ Europe . Ils se trouvaient tout seuls devant leur chance. Tout dépendait de l
7 ramène vers son pays du fond du Pacifique ou de l’ Europe , dont il n’a guère connu que les ruines et les amertumes, rêve simple
8 demandent qu’on ne leur parle plus des indigènes européens , ces agités, ces nerveux, ces tricheurs. C’est ainsi, et je ne juge p
9 mme le pays où ce qui va venir émeut autant qu’en Europe le souvenir. Mais ce qui va venir, direz-vous, n’est-ce pas tout simp
10 e n’est pas du tout à base d’impérialisme au sens européen du mot. Je pense que nous avons un peu plus de raisons de nous en réj
3 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Hollywood n’a plus d’idées (13 décembre 1945)
11 lendissant au terme de l’épreuve. Le moindre film européen d’avant la guerre, projeté dans une petite salle de rétrospective, à
12 . Et qui sait s’il ne va point préférer les films européens , dès qu’il pourra les voir ? Tous les signes sont là. Dépêchez-vous !
4 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Les enfants américains réclament des bombes atomiques (20 décembre 1945)
13 esoin de la bombe, et des grèves, et de la famine européenne , et de la guerre endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et d
5 1946, Carrefour, articles (1945–1947). Deux presses, deux méthodes : l’Américain expose, le Français explique (4 avril 1946)
14 passe dans tel pays de l’Amérique du Sud ou de l’ Europe . Le reste du journal se compose de dépêches d’agences, récrites et dé
15 t des brioches ! » Le siècle est en révolution, l’ Europe en ruine, la France en crise pour dire le moins, c’est bien le moment
6 1946, Carrefour, articles (1945–1947). L’Amérique est-elle nationaliste ? (29 août 1946)
16 Vont-ils devenir nationalistes à la manière des Européens  ? C’est, à mon sens, toute la question. Lorsque nous parlons d’impéri
17 question. Lorsque nous parlons d’impérialisme, en Europe , nous pensons à une volonté de dominer affirmée par un chef au nom de
18 des États-Unis, devînt nationaliste à notre image européenne  ? Et qu’elle décidât d’imposer au monde entier la loi yankee ? Il fau
19 x océans au-delà desquels régnaient le Japon et l’ Europe  ; et deux territoires géographiquement américains, mais historiquemen
20 ssants du premier coup. Imaginez qu’un grand pays européen ait remporté des triomphes de cet ordre. La terre entière aurait de q
21 ionalisme, direz-vous. Oui, mais pas à la manière européenne . La phrase veut dire : cette opinion ou cette action ne va pas dans l
22 l. Ce qu’il y a de répugnant dans le nationalisme européen , c’est que l’on y sent une volonté de resserrement, une soif d’impose
23 n n’insiste pas quand on ne l’aime pas — comme en Europe — ou simplement quand on peut faire sans lui, comme on vient de le vo
24 ue « l’intelligence » inhumaine de certains chefs européens qui professaient le machiavélisme. De même enfin, si nous sommes un j
25 de notre qualité. En résumé, ce que l’on nomme en Europe « l’américanisme » n’est pas un danger américain, mais européen. Je v
26 méricanisme » n’est pas un danger américain, mais européen . Je veux dire par là que si un homme devient l’esclave de son automob
27 r ce point. Ceux qui se méfient de l’Amérique, en Europe , l’accusent à la fois d’être là et, pour comble, de n’être pas là. Qu
28 éalisme et qu’elle intervient dans les affaires d’ Europe , comme en 1917 et en 1943, on l’accuse de se mêler de ce qu’elle ne p
29 le de cette même contradiction dans les jugements européens sur l’Amérique. On n’a pas épargné les critiques à la politique d’occ
30 naïfs, ils ne comprennent rien aux problèmes de l’ Europe , de quoi se mêlent-ils ? » Intimidés, conscients d’avoir fait quelque
31 ricaine me paraît beaucoup plus dangereuse pour l’ Europe que cet impérialisme qu’on redoute pour de mauvaises raisons ou parce
32 raisons ou parce qu’on l’assimile à des tendances européennes qui n’ont de commun avec lui que le nom. h. Rougemont Denis de, « 
7 1947, Carrefour, articles (1945–1947). Fédération ou dictature mondiale ? (9 avril 1947)
33 aucoup parlé et ne cesse de discuter le sujet. En Europe , au contraire, il m’apparaît que l’idée d’un gouvernement mondial se
8 1947, Carrefour, articles (1945–1947). La France est assez grande pour n’être pas ingrate (26 novembre 1947)
34 pas ingrate (26 novembre 1947)n La honte de l’ Europe , ce n’est pas sa misère, ni l’aide nécessaire de l’Amérique, mais la
35 ul fait des communistes : il y a trente ans que l’ Europe , la bourgeoisie d’Europe, se conduit mal à l’égard des États-Unis. Je
36 il y a trente ans que l’Europe, la bourgeoisie d’ Europe , se conduit mal à l’égard des États-Unis. Je ne parle pas des discour
37 ente ans que nous les appelons au secours quand l’ Europe est à feu et à sang (par notre faute, si je ne me trompe) : il y a tr
38 nt d’autre ? L’intérêt de l’Amérique, c’est que l’ Europe vive et ne tombe pas aux mains des Russes ; c’est qu’elle soit forte
39 ars ! C’est l’Amérique, dit-on, qui a besoin de l’ Europe  ! Car elle est à la veille d’une crise épouvantable, Staline l’a dit 
40 l’agonie de son système en s’ouvrant des marchés européens … Rien de plus stupéfiant que la popularité de ce théâtre pour illett
41 ’Asie et à la Russie, on voit ce qui reste pour l’ Europe — pour la solidité de l’argument stalinien ! Par bonheur, elles n’y s
42 sme n’est pas en cause, pour le seul honneur de l’ Europe , il serait temps que nous prenions un peu de tenue. Si nous étions fr
43 s dirions : la vraie menace contre l’indépendance européenne , elle ne vient pas de l’Amérique, mais de nous-mêmes. La vraie, ce n’
44 ordre. L’indépendance économique des nations de l’ Europe est une fiction. Tout le monde le sait, n’en parlons plus. Quant à l’
45 que la tâche concrète, ce n’est pas de défendre l’ Europe , mais de la faire. n. Rougemont Denis de, « La France est assez gr