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rai. Mais Le Corbusier, promené pendant une heure
dans
la ville par des journalistes, et finalement interrogé sur ses impres
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; plus réaliste et plus idéaliste ; plus efficace
dans
la rationalisation et plus gaspilleur ; plus puritain et plus libre d
3
mérique ne se définit pas. Elle ne s’explique pas
dans
l’ensemble. Elle se sent. L’Amérique, c’est d’abord un sentiment. J’a
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d’hui, des images vraies de la vie d’ici, surtout
dans
leurs passages les moins frappants, les plus quelconques. Mais je ne
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lus quelconques. Mais je ne voyais pas l’Amérique
dans
ces photos et ces livres où elle est. Et quand j’y ai débarqué, je n’
6
e douzaine d’ouvrages européens, tous fort exacts
dans
leurs informations, de Tocqueville à André Siegfried, m’en avaient ap
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, d’être saisi par l’émotion d’une nouveauté qui,
dans
mon cas, après cinq ans, reste nouvelle. Du sentimentalisme à l’épopé
8
sensation, va plus loin et se perd on ne sait où,
dans
un autre rêve naissant, dans le rêve du bonheur d’un autre… Tout est
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perd on ne sait où, dans un autre rêve naissant,
dans
le rêve du bonheur d’un autre… Tout est possible. Il y en a pour tout
10
rs le sérieux ou vers l’humour cocasse qui créent
dans
l’ensemble une allure, une atmosphère si différente de l’Europe ? Cel
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tient à des riens ; mais de ces riens multipliés
dans
la vie quotidienne, naît une aisance générale. L’Américain ne support
12
. Dès l’enfance, il s’arrange pour ménager du jeu
dans
sa conduite, dans ses relations, dans ses vêtements. Un peu plus d’am
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l s’arrange pour ménager du jeu dans sa conduite,
dans
ses relations, dans ses vêtements. Un peu plus d’ampleur aux épaules,
14
ager du jeu dans sa conduite, dans ses relations,
dans
ses vêtements. Un peu plus d’ampleur aux épaules, de larges plis sur
15
rder à leurs manières. Il y a tant de bizarreries
dans
le monde, et dans ce continent américain on en voit chaque jour tant
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res. Il y a tant de bizarreries dans le monde, et
dans
ce continent américain on en voit chaque jour tant d’exemples. Tant
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tmosphère. L’avouerai-je ? Aux premiers contacts,
dans
la rue ou à la maison, je les trouvais tous un peu crazy les gens d’i
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la mise en scène solennelle. Je me borne à citer
dans
des domaines hétéroclites à souhait : le déploiement des costumes sac
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x, des chœurs en robes et des processions, jusque
dans
les églises protestantes de la campagne ; les garçons d’ascenseur gal
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ose de typiquement américain, j’en vois la preuve
dans
les formalités d’une nature pour le moins particulière qui précèdent
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acte de naturalisation. Je les crois sans exemple
dans
l’histoire, et sans équivalent dans nul autre pays. Un étranger résid
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sans exemple dans l’histoire, et sans équivalent
dans
nul autre pays. Un étranger résidant aux États-Unis, même depuis dix
23
nt est puissant le sens des conventions publiques
dans
ce peuple qui, par ailleurs, a poussé plus loin que tout autre le san
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e le sans-gêne ou la simplicité, comme on voudra,
dans
les relations de la vie privée. Giraudoux a écrit quelque part que l’
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ier, le paradoxe qu’on vient de relever. L’entrée
dans
le club est un acte public qui s’accompagne tout naturellement d’opér
26
ccupera plus de vous et vous vivrez à votre guise
dans
toute l’enceinte démesurée du club. ⁂ Je ne vous ai pas parlé d’actua
27
⁂ Je ne vous ai pas parlé d’actualités brûlantes,
dans
cette préface à quelques articles sur l’Amérique. C’est que je crois
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er tout d’abord et surtout de ce qu’on ne dit pas
dans
les dépêches, de ce qui n’est pas matière d’enquête et de reportages,
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un pays de rêveurs. Je vais parfois les regarder
dans
les grandes salles populaires de Broadway, où des centaines de jeunes
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e à joue, avec n’importe qui, comme sans se voir,
dans
une demi-obscurité rougeâtre. Des garçons seuls, assis sur des banque
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banquettes tournant le dos à la piste, regardent
dans
le vide. Peu ou point de plaisanteries échangées. Ils sont ici pour r
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Ils sont ici pour rêver, pour danser. Ils rêvent
dans
toutes les salles de cinéma. Ils marchent dans la rue en chantonnant
33
nt dans toutes les salles de cinéma. Ils marchent
dans
la rue en chantonnant leurs mélodies toujours si tristes, mais avec u
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er l’amour entre deux peuples que de les mélanger
dans
leurs épreuves. Les jeunes Américains se sont trouvés mêlés au grand
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fait son plein ou qu’il est bien près de le faire
dans
les limites de son pays, « d’une côte à l’autre », comme il dit. Et c
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omportait deux branches, curieusement juxtaposées
dans
le nom même de l’agence qui l’administrait et qui s’intitulait : Offi
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échanges commerciaux, et, en même temps, répandre
dans
tous les pays du monde l’idéal de la démocratie américaine, c’est-à-d
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opre à favoriser l’établissement de la démocratie
dans
les pays où les difficultés et les injustices économiques donnent aux
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nseurs de Broadway ! Peut-être, mais tout cela va
dans
le même sens, illustre un même mouvement profond et général vers la v
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ai, en apparence du moins. J’essaierai d’exposer,
dans
un prochain article, les motifs qui m’ont convaincu que l’expansion a
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es uns aux autres et de plus en plus fades jusque
dans
leurs brutalités stéréotypées, voilà les films américains au lendemai
42
moindre film européen d’avant la guerre, projeté
dans
une petite salle de rétrospective, à New York, me semble en comparais
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ibles, mais touchant aux larmes, spirituel jusque
dans
l’émotion, et tout crépitant d’inventions étonnantes. Le rythme est c
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quences, comme il entraîne ! Je rentre après cela
dans
une salle de Broadway : tout y marche et ronronne comme un moteur de
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ue n’êtes-vous disparue comme un songe au matin ?
Dans
ce petit restaurant français de la 56e rue, à l’ouest, un jour de l’a
46
otre table, nous avons besoin d’une table de deux
dans
cinq minutes ? Merci. Vous allez voir que cela vaut le dérangement. J
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osevelt. Mais une minute plus tard, un pas rapide
dans
l’escalier : c’est elle encore, en robe courte de soie grise, et déjà
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, et plus tard nous avons soupé, assis par terre,
dans
une foule, mais dos à dos, et voici l’étonnant de l’histoire : je ne
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belle et comme elle est absente ! Quelle élégance
dans
l’irréalité ! Comme elle est gaie pour un fantôme… ⁂ Revenons à nos m
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partagée par les publics d’enfants, ils évoluent
dans
un univers de machines féroces, d’explosions, de flammes instantanées
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ollement gaspillée, et cette maîtrise impitoyable
dans
l’agencement d’une suite de catastrophes qui laissent le spectateur s
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aillent aujourd’hui avec des milliers d’employés,
dans
le cadre d’une routine technique stupidement respectée par tous les n
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meilleur marché du monde », au lieu de rivaliser
dans
la dépense. Tout changera, comme par enchantement ! Vous verrez les i
54
wn pareille à ces villes éphémères que fit surgir
dans
le Colorado la ruée vers l’or, et qui n’offrent plus aujourd’hui qu’u
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magasins s’est déclenchée depuis le 1er décembre
dans
toute l’Amérique, inaugurant officiellement la saison de Noël. Nous s
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s trois Grands, à Moscou, seront-ils plus adroits
dans
ce même jeu ? On ne le croirait pas à les voir. Curieux trio : un lou
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et couvert de taches de rousseur, la tête serrée
dans
un foulard de soie rose feu. — « Papa, me dit mon petit garçon, c’est
58
s de cet enfant vrai qui naquit tant bien que mal
dans
la paille, sous le souffle d’un bœuf malodorant. Plus que dix jours p
59
bœuf malodorant. Plus que dix jours pour acquérir
dans
cette aimable bousculade la bonne conscience que représente une table
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à l’humanité ? ou bien cette fièvre de rivaliser
dans
la dépense en fin d’année, est-elle comme chez les primitifs la maniè
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Plus que dix jours pour s’assurer une bonne place
dans
le monde des familles, un droit à la chaleur des groupes. Et ceux qui
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haque année à la messe de minuit des protestants,
dans
la plus grande église gothique du monde, la cathédrale de Saint-Jean-
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les utopies prévues par l’avant-guerre entreront
dans
la voie des réalisations. Déjà l’on met en vente la « bicyclette du c
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voiture. Déjà les biches et les daims sont amenés
dans
la forêt de chasse au moyen de taxis aériens. Déjà la télévision en c
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ns une grave erreur de traduction car l’Évangile,
dans
le texte original, dit simplement : « Paix sur la terre, bonne volont
66
e la famine européenne, et de la guerre endémique
dans
tout l’Orient, et de la méfiance et de la peur réciproques qui présid
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ne font que subir leur condition. À Times Square,
dans
une foule compacte et lente, dans la rumeur assourdissante des petite
68
À Times Square, dans une foule compacte et lente,
dans
la rumeur assourdissante des petites trompettes de foire et des créce
69
oires Les grands journaux américains admettent
dans
leurs colonnes l’exposé de points de vue contradictoires, et je préci
70
ministre, ou même d’une élection présidentielle.
Dans
quel autre pays de notre monde du xxe siècle verrait-on un journal d
71
nt le lecteur. Mais ce que vous ne verrez jamais,
dans
ce même journal, c’est une polémique contre un autre journal. Ceci me
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des parties en présence n’ayant pas été déclarées
dans
les termes exacts où elles s’arrêtent. Ce que l’on trouve dans son jo
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es exacts où elles s’arrêtent. Ce que l’on trouve
dans
son journal, c’est un débat à propos d’un débat. C’est un torrent de
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toriaux, dont la moitié traite de ce qui se passe
dans
tel pays de l’Amérique du Sud ou de l’Europe. Le reste du journal se
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olonnes syndiquées » (qui paraissent le même jour
dans
vingt autres journaux) ; et des rubriques régulières : sports, religi
76
e l’on attendrait, ne tient pas plus de place que
dans
la presse française. Par contre, celle de la religion, qui n’existe a
77
deux pages entières. Enfin, vous ne trouverez pas
dans
les journaux américains cet héritage inexcusable de la presse du sièc
78
t des campagnes d’information. Je me permettrais,
dans
ce cas, de lui suggérer le modèle du Christian Science Monitor, du Ne
79
Tribune. Ce sont ces grands journaux que j’avais
dans
l’esprit en écrivant ce qui précède. J’ai préféré ne point parler de
80
bureaucratie sans ronds-de-cuir (23 mai 1946)g
Dans
le même numéro de magazine où l’on peut lire sous la plume d’un fermi
81
explique-t-il, à maintenir les agences de l’État
dans
les limites de leurs prérogatives et de leur budget particulier, mais
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er, mais il avoue que c’est une tâche impossible.
Dans
le domaine des transports, par exemple, soixante-quinze bureaux diffé
83
’importe quoi. Il sera plutôt un homme d’affaires
dans
la quarantaine, le vice-président d’une chaîne de Prisunics, le direc
84
elle du président, qu’il pourra lire le jour même
dans
le journal : « Mon cher Bill, au moment de me séparer de vous, je tie
85
x de pouvoir compter sur vous en cas de besoin. »
Dans
l’un et l’autre cas, succès ou échec, ce tsar reprendra son ancienne
86
ntation de salaire et de rang. Et c’est ainsi que
dans
le désordre éperdument organisé, la bureaucratie la plus coûteuse du
87
ucratie la plus coûteuse du monde finit par jouer
dans
l’ensemble, et obtient certains résultats dont la victoire sur les na
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de mes contemporains qui soit capable d’embrasser
dans
une seule vue les rouages du gouvernement des États-Unis d’Amérique.
89
ges du gouvernement des États-Unis d’Amérique.
Dans
la jungle administrative… Le président a plus de pouvoir qu’un roi
90
t le Contrôleur général essaie de donner une idée
dans
le bref article que je citais : Prenez le problème du logement. Il y
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être d’exception, comme vous ou moi, se demandera
dans
un accès de courage intellectuel ou de désespoir balayant tout scrupu
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ra non. Car s’il n’y avait plus de grands bureaux
dans
une démocratie, quelques hommes deviendraient responsables… Facilemen
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oir personnel, ils choisissent le naufrage commun
dans
le détroit des Délais ou la mer des paperasses, aux frais de l’État q
94
ut dire : cette opinion ou cette action ne va pas
dans
le sens de l’idéal commun vers quoi tendent les Américains, et qui le
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sme « ouvert » et pour qui la nation est en avant
dans
un élan, un rêve, une liberté future. Non pas comme chez Maurras dans
96
e, une liberté future. Non pas comme chez Maurras
dans
le passé, comme chez Barrès dans la terre et les morts, ou comme chez
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mme chez Maurras dans le passé, comme chez Barrès
dans
la terre et les morts, ou comme chez Rosenberg dans le sang et le sol
98
ns la terre et les morts, ou comme chez Rosenberg
dans
le sang et le sol. Ce qu’il y a de répugnant dans le nationalisme eur
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dans le sang et le sol. Ce qu’il y a de répugnant
dans
le nationalisme européen, c’est que l’on y sent une volonté de resser
100
le sien. Au contraire, ce qu’il y a de rassurant
dans
le nationalisme américain, c’est qu’on y sent une volonté d’élargisse
101
iquement, avec le rêve d’une communion planétaire
dans
la même liberté. Ils ont envie d’ouvrir le monde à leur jeunesse, non
102
pas celle de l’industrie américaine qui aura mis
dans
un coin de nos cuisines ces appareils où tout respire l’innocence et
103
’innocence et ronronne l’hygiène. Ceux qui voient
dans
le frigidaire une menace pour leur civilisation semblent avouer par l
104
« sent » déjà. Il est grand temps qu’on la mette
dans
la glace. De même, le commerce américain ne peut nous submerger qu’au
105
fait une crise d’idéalisme et qu’elle intervient
dans
les affaires d’Europe, comme en 1917 et en 1943, on l’accuse de se mê
106
s ! » ⁂ Autre exemple de cette même contradiction
dans
les jugements européens sur l’Amérique. On n’a pas épargné les critiq
107
s plus bruyantes qu’efficaces, se confondent même
dans
certains cas — par un paradoxe symétrique de celui que je relevais to
108
c l’esthétique, ont tout à voir avec le fascisme.
Dans
les limites du réalisme préconisé par M. Aragon, Édouard Detaille peu
109
ons suivantes : « 1. L’artiste peut-il s’exprimer
dans
les limites d’un art dirigé ? 2. Estimez-vous que l’artiste doive se
110
ument est au moins léger. De plus, il est inexact
dans
le cas particulier. Vous dites que les peuples ne sont pas prêts à ac
111
a faiblesse qu’on signale avait une cause précise
dans
le statut de la SDN, lequel sauvegardait avec soin la souveraineté ab
112
avons enregistré la première impulsion organique
dans
ce sens. Le plan américain pour prendre le contrôle de la bombe atomi
113
effet un comité supranational chargé d’inspecter
dans
tous les pays les usines et les laboratoires, et qui serait seul dépo
114
éfinition incapable d’empêcher la guerre, puisque
dans
un conflit éventuel les arbitres seraient en même temps les chefs des
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les gouvernements nationaux, on retomberait soit
dans
l’impuissance d’une ligue des nations, soit dans la dictature d’une i
116
dans l’impuissance d’une ligue des nations, soit
dans
la dictature d’une idéologie majoritaire. Si au contraire ils étaient
117
lus clairement que la clé des quatre libertés est
dans
la liberté d’opposition, et que celle-ci suffit à distinguer la démoc
118
ont, les pommes de terre pourriront par montagnes
dans
un pays, tandis que la famine régnera dans un autre. Je n’ai d’autre
119
tagnes dans un pays, tandis que la famine régnera
dans
un autre. Je n’ai d’autre ambition, ici, que d’attirer l’attention,
120
raît aujourd’hui le seul remède contre la guerre.
Dans
un monde où, grâce à la diffusion des techniques occidentales, entraî
121
lement, la persistance d’États-nations souverains
dans
le carcan de leurs frontières est un dangereux anachronisme. Si nous
122
ueur, c’est-à-dire de l’Usonie ou de la Soviétie.
Dans
ce cas, nous aurons une dictature dont le Führer ne sera pas un homme
123
ne sera pas un homme mais une nation. Alors, mais
dans
les ruines radioactives de notre civilisation, la Résistance mondiale
124
entendre un peu partout depuis que je suis rentré
dans
ce vieux monde. Or il ne s’agit pas d’une attitude nouvelle, ou qui s
125
s mêlez-vous ? » Bref, trente ans que nous voyons
dans
leurs réponses à nos appels désespérés autant de preuves de leur impé
126
Aron, après vingt autres, le rappelait récemment
dans
Le Figaro : « À son plus haut niveau, l’exportation (américaine) ne
127
du Comité des Seize, mais que ceux-ci se mettent
dans
le cas de mériter pareil rappel à l’ordre. L’indépendance économique
128
tique que nous devons affirmer ou regagner, c’est
dans
l’union fédérative du continent qu’elle trouvera sa seule garantie. N