1 1945, Carrefour, articles (1945–1947). L’Amérique de la vie quotidienne (19 octobre 1945)
1 L’Amérique de la vie quotidienne (19 octobre 1945)a Cinq ans déjà, et chaque mat
2 L’Amérique de la vie quotidienne ( 19 octobre 1945)a Cinq ans déjà, et chaque matin je m’étonne encore d
3 L’Amérique de la vie quotidienne (19 octobre 1945 )a Cinq ans déjà, et chaque matin je m’étonne encore de me réveille
4 rique de la vie quotidienne (19 octobre 1945)a Cinq ans déjà, et chaque matin je m’étonne encore de me réveiller en Améri
5 Cinq ans déjà, et chaque matin je m’étonne encore de me réveiller en Amérique. J’ai vécu en Suisse, en Autriche, en Italie
6 Europe. C’est ici l’Amérique, et je n’ai pas fini de m’en ébahir. Ce Nouveau Monde m’apparaît à chaque pas sinon neuf, du
7 r. Ce Nouveau Monde m’apparaît à chaque pas sinon neuf , du moins différent de ce que mes réflexes attendaient. Des amis déba
8 araît à chaque pas sinon neuf, du moins différent de ce que mes réflexes attendaient. Des amis débarquant de France me dis
9 que mes réflexes attendaient. Des amis débarquant de France me disent : Alors, qu’en pensez-vous ? De l’Amérique ? Tout ce
10 de France me disent : Alors, qu’en pensez-vous ? De l’Amérique ? Tout ce que je vais vous dire, tout ce que l’on peut en
11 stes, et finalement interrogé sur ses impressions d’ architecte, répondit, m’assure-t-on : « Les maisons sont trop basses. 
12 rop basses. » Et c’était vrai, car la plupart ont trois étages. Ainsi du reste : ce pays si religieux n’a guère le sens du sp
13 iste et plus sans façon qu’en Europe : plus avide de nouveauté et plus respectueusement conservateur ; plus réaliste et pl
14 et plus gaspilleur ; plus puritain et plus libre de mœurs. L’Amérique ne se définit pas. Elle ne s’explique pas dans l’en
15 rique, c’est d’abord un sentiment. J’avais, avant d’ y venir, vu tant de films et lu tant de romans américains : ils donnai
16 naient, je le sais aujourd’hui, des images vraies de la vie d’ici, surtout dans leurs passages les moins frappants, les pl
17 t. Et quand j’y ai débarqué, je n’ai rien reconnu de ce qu’une douzaine d’ouvrages européens, tous fort exacts dans leurs
18 arqué, je n’ai rien reconnu de ce qu’une douzaine d’ ouvrages européens, tous fort exacts dans leurs informations, de Tocqu
19 opéens, tous fort exacts dans leurs informations, de Tocqueville à André Siegfried, m’en avaient appris à l’avance. C’étai
20 e-ciel et Broadway, les grandes plaines couvertes d’ usines, les villages aux maisons de bois blanc sur des pelouses bien p
21 ines couvertes d’usines, les villages aux maisons de bois blanc sur des pelouses bien peignées, le drapeau de la boîte aux
22 blanc sur des pelouses bien peignées, le drapeau de la boîte aux lettres… et c’était tout à fait autre chose — une autre
23 tinent dont je tiens pour possible et même facile de parler fort correctement sans y être jamais allé : la plupart des lie
24 les enthousiasmes à la Jules Romains ; mais rien de tout cela n’empêchera le voyageur, debout sur le pont du bateau qui r
25 e pont du bateau qui remonte lentement les passes de l’Hudson vers Manhattan, d’être saisi par l’émotion d’une nouveauté q
26 lentement les passes de l’Hudson vers Manhattan, d’ être saisi par l’émotion d’une nouveauté qui, dans mon cas, après cinq
27 Hudson vers Manhattan, d’être saisi par l’émotion d’ une nouveauté qui, dans mon cas, après cinq ans, reste nouvelle. Du se
28 ’émotion d’une nouveauté qui, dans mon cas, après cinq ans, reste nouvelle. Du sentimentalisme à l’épopée, l’Amérique de la
29 uvelle. Du sentimentalisme à l’épopée, l’Amérique de la vie quotidienne, comme celle du mythe politique et planétaire, est
30 ure un peu ou pas du tout, agite la main, s’en va d’ un pas étrangement souple avec un sourire parfait, un pas où l’on pres
31 sourire gentiment courageux — vous allez croire à de l’insouciance — vers une party… « J’espère que tu t’amuses, que tu as
32 oe que j’aimais, je l’attends, je vais me séparer de Jim, et je suis sûre qu’il comprendra très bien… » Un mois plus tard.
33 s un autre rêve naissant, dans le rêve du bonheur d’ un autre… Tout est possible. Il y en a pour tout le monde. La jalousie
34 éricaine. Comment décrire ces légers déplacements d’ accent vers le sérieux ou vers l’humour cocasse qui créent dans l’ense
35 ensemble une allure, une atmosphère si différente de l’Europe ? Cela tient à des riens ; mais de ces riens multipliés dans
36 rente de l’Europe ? Cela tient à des riens ; mais de ces riens multipliés dans la vie quotidienne, naît une aisance généra
37 une aisance générale. L’Américain ne supporte pas d’ être gêné aux entournures, matériellement ou moralement. Dès l’enfance
38 ns ses relations, dans ses vêtements. Un peu plus d’ ampleur aux épaules, de larges plis sur le devant des costumes d’homme
39 ses vêtements. Un peu plus d’ampleur aux épaules, de larges plis sur le devant des costumes d’hommes : un peu plus de soup
40 paules, de larges plis sur le devant des costumes d’ hommes : un peu plus de souplesse aux chevilles des jeunes femmes ; un
41 sur le devant des costumes d’hommes : un peu plus de souplesse aux chevilles des jeunes femmes ; un peu plus de sourires s
42 sse aux chevilles des jeunes femmes ; un peu plus de sourires sans raison échangés avec les passants, les voisins d’autobu
43 ns raison échangés avec les passants, les voisins d’ autobus ou de train… Et je me sens moins jugé, moins jaugé, pour tout
44 angés avec les passants, les voisins d’autobus ou de train… Et je me sens moins jugé, moins jaugé, pour tout dire, moins v
45 qu’en Europe. Parce qu’ils sont moins conscients de leur vie et d’autrui, ils me tolèrent davantage. Ce n’est pas qu’ils
46 Parce qu’ils sont moins conscients de leur vie et d’ autrui, ils me tolèrent davantage. Ce n’est pas qu’ils m’ignorent ou l
47 ar ma conduite ou mon accent, ils n’ont pas l’air d’ en faire un cas, de se croire obligés de prendre position ou d’essayer
48 on accent, ils n’ont pas l’air d’en faire un cas, de se croire obligés de prendre position ou d’essayer de m’influencer pa
49 pas l’air d’en faire un cas, de se croire obligés de prendre position ou d’essayer de m’influencer par quelques remarques
50 cas, de se croire obligés de prendre position ou d’ essayer de m’influencer par quelques remarques ironiques pour m’accord
51 e croire obligés de prendre position ou d’essayer de m’influencer par quelques remarques ironiques pour m’accorder à leurs
52 e continent américain on en voit chaque jour tant d’ exemples. Tant d’espèces de gens, et de gens sans espèce ; tant de ra
53 ain on en voit chaque jour tant d’exemples. Tant d’ espèces de gens, et de gens sans espèce ; tant de races et de mélanges
54 voit chaque jour tant d’exemples. Tant d’espèces de gens, et de gens sans espèce ; tant de races et de mélanges de races 
55 jour tant d’exemples. Tant d’espèces de gens, et de gens sans espèce ; tant de races et de mélanges de races ; tant de fo
56 e gens, et de gens sans espèce ; tant de races et de mélanges de races ; tant de fous qui réussissent ou qui amusent ; et
57 e gens sans espèce ; tant de races et de mélanges de races ; tant de fous qui réussissent ou qui amusent ; et aussi tant d
58 us qui réussissent ou qui amusent ; et aussi tant d’ efforts gaspillés pour se faire remarquer, pour être différent, car ic
59 es, me racontaient leur vie sans le moindre souci de se faire bien ou mal juger, m’appelaient par mon prénom au bout de ci
60 mal juger, m’appelaient par mon prénom au bout de cinq minutes et sortaient tout d’un coup avec un signe de la main, so long
61 prénom au bout de cinq minutes et sortaient tout d’ un coup avec un signe de la main, so long ! un bye bye ! négligent… Je
62 minutes et sortaient tout d’un coup avec un signe de la main, so long ! un bye bye ! négligent… Je m’étais à peine habitué
63 é, non sans plaisir, à cette suppression générale de nos cérémonies, précautions oratoires, méfiances paysannes ou réserve
64 aines, que je découvrais un aspect tout contraire de la coutume américaine : le formalisme, une passion du décor dès qu’il
65 formalisme, une passion du décor dès qu’il s’agit de manifestations publiques. Ceci compense cela, sans doute, par une méc
66 une mécanique inconsciente. On n’en finirait pas d’ énumérer les exemples courants et voyants de leur goût baroque des fêt
67 t pas d’énumérer les exemples courants et voyants de leur goût baroque des fêtes et de leur respect de la mise en scène so
68 ants et voyants de leur goût baroque des fêtes et de leur respect de la mise en scène solennelle. Je me borne à citer dans
69 de leur goût baroque des fêtes et de leur respect de la mise en scène solennelle. Je me borne à citer dans des domaines hé
70 processions, jusque dans les églises protestantes de la campagne ; les garçons d’ascenseur galonnés comme des généraux d’o
71 églises protestantes de la campagne ; les garçons d’ ascenseur galonnés comme des généraux d’opérette ; le culte méticuleux
72 s garçons d’ascenseur galonnés comme des généraux d’ opérette ; le culte méticuleux de la bannière étoilée inculqué chaque
73 mme des généraux d’opérette ; le culte méticuleux de la bannière étoilée inculqué chaque matin aux enfants des écoles ; la
74 la multiplication des jours fériés ; les cortèges de carnaval, avec fanfares, avant les grands matchs de football ; les cé
75 carnaval, avec fanfares, avant les grands matchs de football ; les cérémonies d’ouverture et de clôture des universités ;
76 nt les grands matchs de football ; les cérémonies d’ ouverture et de clôture des universités ; et « l’Inauguration » des pr
77 atchs de football ; les cérémonies d’ouverture et de clôture des universités ; et « l’Inauguration » des présidents… Qu’il
78 on » des présidents… Qu’il y ait là quelque chose de typiquement américain, j’en vois la preuve dans les formalités d’une
79 méricain, j’en vois la preuve dans les formalités d’ une nature pour le moins particulière qui précèdent obligatoirement l’
80 particulière qui précèdent obligatoirement l’acte de naturalisation. Je les crois sans exemple dans l’histoire, et sans éq
81 Un étranger résidant aux États-Unis, même depuis dix ou vingt ans, s’il veut devenir Américain, doit se soumettre au rite
82 anger résidant aux États-Unis, même depuis dix ou vingt ans, s’il veut devenir Américain, doit se soumettre au rite suivant :
83 tit voyage au Canada ou au Mexique — pour rentrer deux ou trois jours plus tard en qualité formelle et déclarée de candidat
84 ge au Canada ou au Mexique — pour rentrer deux ou trois jours plus tard en qualité formelle et déclarée de candidat à la cito
85 s jours plus tard en qualité formelle et déclarée de candidat à la citoyenneté. Cette opération, fort coûteuse si on habit
86 Cette opération, fort coûteuse si on habite loin d’ une frontière, n’a de toute évidence qu’une portée symbolique et ritue
87 t coûteuse si on habite loin d’une frontière, n’a de toute évidence qu’une portée symbolique et rituelle. Autrement, elle
88 a simplicité, comme on voudra, dans les relations de la vie privée. Giraudoux a écrit quelque part que l’Amérique n’est pa
89 n acte public qui s’accompagne tout naturellement d’ opérations conventionnelles et d’un cérémonial d’initiation, calculé d
90 ut naturellement d’opérations conventionnelles et d’ un cérémonial d’initiation, calculé de manière à inspirer le respect d
91 d’opérations conventionnelles et d’un cérémonial d’ initiation, calculé de manière à inspirer le respect de l’institution
92 tiation, calculé de manière à inspirer le respect de l’institution et de l’orgueil d’y appartenir. Mais aussitôt que vous
93 manière à inspirer le respect de l’institution et de l’orgueil d’y appartenir. Mais aussitôt que vous serez un membre régu
94 pirer le respect de l’institution et de l’orgueil d’ y appartenir. Mais aussitôt que vous serez un membre régulier, vous au
95 vous aurez tous les droits, on ne s’occupera plus de vous et vous vivrez à votre guise dans toute l’enceinte démesurée du
96 inte démesurée du club. ⁂ Je ne vous ai pas parlé d’ actualités brûlantes, dans cette préface à quelques articles sur l’Amé
97 crois aux signes plus qu’aux faits ; aux courants de sensibilité plus qu’aux chiffres et aux statistiques ; à ce qui prépa
98 r lentement les événements, plus qu’aux incidents de la semaine. Il me semble assez important, pour faire comprendre à des
99 e à des Français certaines démarches surprenantes de la diplomatie américaine, de parler tout d’abord et surtout de ce qu’
100 marches surprenantes de la diplomatie américaine, de parler tout d’abord et surtout de ce qu’on ne dit pas dans les dépêch
101 tie américaine, de parler tout d’abord et surtout de ce qu’on ne dit pas dans les dépêches, de ce qui n’est pas matière d’
102 surtout de ce qu’on ne dit pas dans les dépêches, de ce qui n’est pas matière d’enquête et de reportages, de ces nuances d
103 as dans les dépêches, de ce qui n’est pas matière d’ enquête et de reportages, de ces nuances de sentiments ou de coutumes
104 épêches, de ce qui n’est pas matière d’enquête et de reportages, de ces nuances de sentiments ou de coutumes qui qualifien
105 qui n’est pas matière d’enquête et de reportages, de ces nuances de sentiments ou de coutumes qui qualifient la vie et la
106 atière d’enquête et de reportages, de ces nuances de sentiments ou de coutumes qui qualifient la vie et la vision d’un peu
107 et de reportages, de ces nuances de sentiments ou de coutumes qui qualifient la vie et la vision d’un peuple, et qui par l
108 ou de coutumes qui qualifient la vie et la vision d’ un peuple, et qui par là vont peut-être expliquer l’histoire du siècle
109 iècle, notre histoire réelle. Car celle-ci dépend de deux peuples — l’autre est le russe — dont toutes les réactions intim
110 le, notre histoire réelle. Car celle-ci dépend de deux peuples — l’autre est le russe — dont toutes les réactions intimes et
111 sse — dont toutes les réactions intimes et sautes d’ humeur vont affecter notre sort matériel, aussi directement que naguèr
112 atériel, aussi directement que naguère les crises d’ un certain névropathe. a. Rougemont Denis de, « L’Amérique de la vi
113 es d’un certain névropathe. a. Rougemont Denis de , « L’Amérique de la vie quotidienne », Carrefour, Paris, 19 octobre 1
114 évropathe. a. Rougemont Denis de, « L’Amérique de la vie quotidienne », Carrefour, Paris, 19 octobre 1945, p. 1 et 5.
115 érique de la vie quotidienne », Carrefour, Paris, 19 octobre 1945, p. 1 et 5.
116 a vie quotidienne », Carrefour, Paris, 19 octobre 1945, p. 1 et 5.
117 nne », Carrefour, Paris, 19 octobre 1945, p. 1 et 5.
2 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Le rêve américain (9 novembre 1945)
118 Le rêve américain ( 9 novembre 1945)b L’Amérique n’est pas un pays de rêve quand on y vi
119 Le rêve américain (9 novembre 1945 )b L’Amérique n’est pas un pays de rêve quand on y vit, mais c’est
120 9 novembre 1945)b L’Amérique n’est pas un pays de rêve quand on y vit, mais c’est un pays de rêveurs. Je vais parfois l
121 n pays de rêve quand on y vit, mais c’est un pays de rêveurs. Je vais parfois les regarder dans les grandes salles populai
122 s les regarder dans les grandes salles populaires de Broadway, où des centaines de jeunes filles en jupes très courtes se
123 les grandes salles populaires de Broadway, où des centaines de jeunes filles en jupes très courtes se livrent à la danse appelée
124 s salles populaires de Broadway, où des centaines de jeunes filles en jupes très courtes se livrent à la danse appelée jit
125 danse appelée jitterbugs autour de petits marins, de soldats presque imberbes, de garçons qui n’ont pas encore l’âge milit
126 ur de petits marins, de soldats presque imberbes, de garçons qui n’ont pas encore l’âge militaire. La frénésie rythmique d
127 à la piste, regardent dans le vide. Peu ou point de plaisanteries échangées. Ils sont ici pour rêver, pour danser. Ils rê
128 r, pour danser. Ils rêvent dans toutes les salles de cinéma. Ils marchent dans la rue en chantonnant leurs mélodies toujou
129 élodies toujours si tristes, mais avec un sourire de rêve heureux. Je crois qu’ils sont bien moins conscients que nous. À
130 une aisance qui va venir. C’est là tout le secret de ce que l’on nomme leur optimisme. L’Américain ne croit pas aux limite
131 as aux limites. Une limite, c’est toujours la fin d’ un rêve. Non seulement les limites le gênent, mais il ne veut pas même
132 dition. Ses ancêtres ont été amenés sur les rives de l’Hudson et du Potomac par le rêve d’un pays sans limites, et il l’ét
133 r les rives de l’Hudson et du Potomac par le rêve d’ un pays sans limites, et il l’était vraiment pour ceux qui triomphaien
134 ent fui les étroitesses religieuses et politiques de l’Europe. Ils se trouvaient tout seuls devant leur chance. Tout dépen
135 ent tout seuls devant leur chance. Tout dépendait de leur courage, de leur esprit d’entreprise et de leur foi. Cette situa
136 vant leur chance. Tout dépendait de leur courage, de leur esprit d’entreprise et de leur foi. Cette situation, dépassée pa
137 e. Tout dépendait de leur courage, de leur esprit d’ entreprise et de leur foi. Cette situation, dépassée par les faits, do
138 t de leur courage, de leur esprit d’entreprise et de leur foi. Cette situation, dépassée par les faits, domine encore l’in
139 ine encore l’inconscient collectif des Américains d’ aujourd’hui. Et leur grand rêve, leur american dream, prolonge vers l’
140 tion. Leurs ancêtres appelaient frontier la ligne de démarcation, sans cesse mouvante, entre les terres colonisées et les
141 es colonisées et les prairies sauvages parcourues d’ Indiens indomptés. Pendant des siècles, tout l’effort des pionniers a
142 Jusqu’à ce qu’enfin, au xixe siècle, les colons de la Nouvelle-Angleterre aient pu tendre la main à ceux des côtés de la
143 gleterre aient pu tendre la main à ceux des côtés de la Californie. C’était une grande victoire sur la géographie démesuré
144 elle « frontière », leur nouveau front, dirait-on de nos jours. Et ce fut l’ère des fortunes, et des cités, et des usines
145 et des usines colossales, puis des gratte-ciel à cent étages. « Le ciel est la limite », disait alors leur dicton favori. L
146 ait été durement conquise. Le ciel fut conquis en trente ans. Encore une limite atteinte. Et les voici, vers ce milieu du xxe
147 resque à l’étroit entre les rives du Pacifique et de l’Atlantique, mais encore débordants d’énergies qui soudain ne trouve
148 ifique et de l’Atlantique, mais encore débordants d’ énergies qui soudain ne trouvent plus d’issues prochaines, hésitent… P
149 ébordants d’énergies qui soudain ne trouvent plus d’ issues prochaines, hésitent… Pourtant, c’est bien le même rêve qui les
150 jours plus large. Le soldat qu’un ancien paquebot de luxe ramène vers son pays du fond du Pacifique ou de l’Europe, dont i
151 luxe ramène vers son pays du fond du Pacifique ou de l’Europe, dont il n’a guère connu que les ruines et les amertumes, rê
152 que les ruines et les amertumes, rêve simplement de son foyer. Il voit sa maison blanche, sa femme et le drugstore du coi
153 maison blanche, sa femme et le drugstore du coin. Huit à neuf fois sur dix, vis-à-vis des pays qu’il vient de libérer au pér
154 mme et le drugstore du coin. Huit à neuf fois sur dix , vis-à-vis des pays qu’il vient de libérer au péril de sa vie, il gar
155 is-à-vis des pays qu’il vient de libérer au péril de sa vie, il garde une espèce de rancœur. Je ne pense pas que le mot so
156 e libérer au péril de sa vie, il garde une espèce de rancœur. Je ne pense pas que le mot soit trop fort. Je parle de la ma
157 ne pense pas que le mot soit trop fort. Je parle de la majorité. Je connais beaucoup d’exceptions. Mais si les vétérans d
158 ort. Je parle de la majorité. Je connais beaucoup d’ exceptions. Mais si les vétérans de cette guerre dominaient les procha
159 nnais beaucoup d’exceptions. Mais si les vétérans de cette guerre dominaient les prochaines élections, il y aurait huit à
160 dominaient les prochaines élections, il y aurait huit à neuf chances sur dix que l’Amérique retourne à l’isolationnisme. Ri
161 ient les prochaines élections, il y aurait huit à neuf chances sur dix que l’Amérique retourne à l’isolationnisme. Rien de t
162 es élections, il y aurait huit à neuf chances sur dix que l’Amérique retourne à l’isolationnisme. Rien de tel pour blesser
163 que l’Amérique retourne à l’isolationnisme. Rien de tel pour blesser l’amour entre deux peuples que de les mélanger dans
164 tionnisme. Rien de tel pour blesser l’amour entre deux peuples que de les mélanger dans leurs épreuves. Les jeunes Américain
165 e tel pour blesser l’amour entre deux peuples que de les mélanger dans leurs épreuves. Les jeunes Américains se sont trouv
166 êlés au grand malheur des peuples qu’ils aimaient de loin. Ils ont été courageux devant l’ennemi, mais non pas devant la m
167 ux devant l’ennemi, mais non pas devant la misère de leurs amis. Ils rentrent en disant que la France est sale et en désor
168 ités mal à propos au compte des profits et pertes d’ une guerre moderne, à l’échelle planétaire. Mais il y a le rêve des ci
169 qu’il est bien près de le faire dans les limites de son pays, « d’une côte à l’autre », comme il dit. Et ce pressentiment
170 près de le faire dans les limites de son pays, «  d’ une côte à l’autre », comme il dit. Et ce pressentiment l’inquiète pro
171 Cordell Hull, le ministre des Affaires étrangères de Roosevelt, avait prévue. Et c’est elle qu’il avait tenté de prévenir,
172 lt, avait prévue. Et c’est elle qu’il avait tenté de prévenir, non sans succès, en particulier par sa politique de bon voi
173 non sans succès, en particulier par sa politique de bon voisinage avec l’Amérique latine. Cette politique comportait deux
174 vec l’Amérique latine. Cette politique comportait deux branches, curieusement juxtaposées dans le nom même de l’agence qui l
175 anches, curieusement juxtaposées dans le nom même de l’agence qui l’administrait et qui s’intitulait : Office de coordinat
176 e qui l’administrait et qui s’intitulait : Office de coordination des relations commerciales et culturelles interaméricain
177 intrigué et choqué. Aujourd’hui, je me l’explique de la manière suivante : le rêve américain évoque une vie sans cesse plu
178 s mêmes des États-Unis, il faut donc en sortir et deux voies sont possibles : répandre les produits américains sur tous les
179 mps, répandre dans tous les pays du monde l’idéal de la démocratie américaine, c’est-à-dire multiplier les échanges cultur
180 sont étroitement liées, car seule une atmosphère de démocratie mondiale peut créer les conditions nécessaires au libre-éc
181 échange paraît propre à favoriser l’établissement de la démocratie dans les pays où les difficultés et les injustices écon
182 hain la rentrée massive des vétérans, doit cesser de s’isoler et doit littéralement sortir d’elle-même par une nécessité p
183 t cesser de s’isoler et doit littéralement sortir d’ elle-même par une nécessité profonde : le rêve américain l’exige. Nous
184 ain l’exige. Nous voici bien loin de nos danseurs de Broadway ! Peut-être, mais tout cela va dans le même sens, illustre u
185 , n’est-ce pas tout simplement une grande poussée d’ impérialisme américain ? Vos rêveurs nous paraissent terriblement prat
186 terriblement pratiques et parfaitement conscients de leurs intérêts… Voilà qui est vrai, en apparence du moins. J’essaiera
187 qui est vrai, en apparence du moins. J’essaierai d’ exposer, dans un prochain article, les motifs qui m’ont convaincu que
188 e l’expansion américaine n’est pas du tout à base d’ impérialisme au sens européen du mot. Je pense que nous avons un peu p
189 opéen du mot. Je pense que nous avons un peu plus de raisons de nous en réjouir que de nous en méfier. b. Rougemont Den
190 t. Je pense que nous avons un peu plus de raisons de nous en réjouir que de nous en méfier. b. Rougemont Denis de, « Le
191 ons un peu plus de raisons de nous en réjouir que de nous en méfier. b. Rougemont Denis de, « Le rêve américain », Carr
192 ouir que de nous en méfier. b. Rougemont Denis de , « Le rêve américain », Carrefour, Paris, 9 novembre 1945, p. 3.
193 enis de, « Le rêve américain », Carrefour, Paris, 9 novembre 1945, p. 3.
194 Le rêve américain », Carrefour, Paris, 9 novembre 1945, p. 3.
3 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Hollywood n’a plus d’idées (13 décembre 1945)
195 Hollywood n’a plus d’ idées (13 décembre 1945)c Toujours plus impeccables du point de vue
196 Hollywood n’a plus d’idées ( 13 décembre 1945)c Toujours plus impeccables du point de vue techniqu
197 Hollywood n’a plus d’idées (13 décembre 1945 )c Toujours plus impeccables du point de vue technique et toujours
198 éotypées, voilà les films américains au lendemain de la guerre. Les critiques, les échos de presse, et même les spectateur
199 lendemain de la guerre. Les critiques, les échos de presse, et même les spectateurs, sont unanimes : Hollywood est à cour
200 pectateurs, sont unanimes : Hollywood est à court d’ inventions. Hollywood achète n’importe quoi, un roman non terminé, un
201 ète n’importe quoi, un roman non terminé, un bout de conversation, l’esquisse d’une histoire, un « four » de Broadway, sur
202 non terminé, un bout de conversation, l’esquisse d’ une histoire, un « four » de Broadway, sur le soupçon qu’on pourrait y
203 versation, l’esquisse d’une histoire, un « four » de Broadway, sur le soupçon qu’on pourrait y trouver « une idée ». Je so
204 Elle transforme en argent tout ce qu’elle a envie de toucher, et c’est pourquoi son avidité même à se renouveler stérilise
205 antanément les nouveautés qu’il semblerait facile d’ y introduire, à première vue. Cette technique trop parfaite n’est obte
206 te n’est obtenue qu’au prix de telles dépenses et d’ une telle quantité de spécialistes neutralisant l’originalité les uns
207 u prix de telles dépenses et d’une telle quantité de spécialistes neutralisant l’originalité les uns des autres : elle sup
208 tes et au faux-vrai luxe : elle doit tenir compte de tant d’exigences personnelles des stars, collectives et supposées du
209 u faux-vrai luxe : elle doit tenir compte de tant d’ exigences personnelles des stars, collectives et supposées du public,
210 osées du public, tatillonnes et insanes du Comité de moralité, et de mille préjugés hérités de trente ans de triomphe, qu’
211 tatillonnes et insanes du Comité de moralité, et de mille préjugés hérités de trente ans de triomphe, qu’il n’est pas de
212 tillonnes et insanes du Comité de moralité, et de mille préjugés hérités de trente ans de triomphe, qu’il n’est pas de génie
213 Comité de moralité, et de mille préjugés hérités de trente ans de triomphe, qu’il n’est pas de génie assez coriace pour s
214 mité de moralité, et de mille préjugés hérités de trente ans de triomphe, qu’il n’est pas de génie assez coriace pour survivre
215 alité, et de mille préjugés hérités de trente ans de triomphe, qu’il n’est pas de génie assez coriace pour survivre à pare
216 érités de trente ans de triomphe, qu’il n’est pas de génie assez coriace pour survivre à pareille torture au ralenti, même
217 pareille torture au ralenti, même avec une prime d’ un million, resplendissant au terme de l’épreuve. Le moindre film euro
218 ille torture au ralenti, même avec une prime d’un million , resplendissant au terme de l’épreuve. Le moindre film européen d’ava
219 c une prime d’un million, resplendissant au terme de l’épreuve. Le moindre film européen d’avant la guerre, projeté dans u
220 t au terme de l’épreuve. Le moindre film européen d’ avant la guerre, projeté dans une petite salle de rétrospective, à New
221 d’avant la guerre, projeté dans une petite salle de rétrospective, à New York, me semble en comparaison fait de bric et d
222 ective, à New York, me semble en comparaison fait de bric et de broc et de ficelles partout visibles, mais touchant aux la
223 ew York, me semble en comparaison fait de bric et de broc et de ficelles partout visibles, mais touchant aux larmes, spiri
224 semble en comparaison fait de bric et de broc et de ficelles partout visibles, mais touchant aux larmes, spirituel jusque
225 pirituel jusque dans l’émotion, et tout crépitant d’ inventions étonnantes. Le rythme est cahotant, trop coupé, mais quand
226 t, trop coupé, mais quand il s’établit sur une ou deux séquences, comme il entraîne ! Je rentre après cela dans une salle de
227 il entraîne ! Je rentre après cela dans une salle de Broadway : tout y marche et ronronne comme un moteur de luxe, tout es
228 adway : tout y marche et ronronne comme un moteur de luxe, tout est faux, tout le monde est beau, jamais on ne voit percer
229 e nue du réel. Jamais un choc, pour tant de coups de poing, de coups de feu et de coups de théâtre. C’est que le public, m
230 éel. Jamais un choc, pour tant de coups de poing, de coups de feu et de coups de théâtre. C’est que le public, me disent l
231 , pour tant de coups de poing, de coups de feu et de coups de théâtre. C’est que le public, me disent les producers, n’acc
232 nt de coups de poing, de coups de feu et de coups de théâtre. C’est que le public, me disent les producers, n’accepte pas
233 comme les autres. N’insistons pas : la décadence de Hollywood n’a pas de raisons mystérieuses ou accidentelles. Ses cause
234 insistons pas : la décadence de Hollywood n’a pas de raisons mystérieuses ou accidentelles. Ses causes sont évidentes et i
235 ccès, et non pas d’autres. Pour mes cadets, d’ici dix ans, Hollywood ne sera plus qu’une légende : comme l’est déjà Greta G
236 e légende : comme l’est déjà Greta Garbo, symbole d’ un âge. Ô Garbo de notre jeunesse, volupté du regard. Reine des neiges
237 l’est déjà Greta Garbo, symbole d’un âge. Ô Garbo de notre jeunesse, volupté du regard. Reine des neiges, Dame des rêves d
238 lupté du regard. Reine des neiges, Dame des rêves de l’adolescence, femme la plus célèbre du monde, idée de la Femme régna
239 adolescence, femme la plus célèbre du monde, idée de la Femme régnant sur des millions de nuits, mythe évasif, que n’êtes-
240 élèbre du monde, idée de la Femme régnant sur des millions de nuits, mythe évasif, que n’êtes-vous disparue comme un songe au ma
241 monde, idée de la Femme régnant sur des millions de nuits, mythe évasif, que n’êtes-vous disparue comme un songe au matin
242 onge au matin ? Dans ce petit restaurant français de la 56e rue, à l’ouest, un jour de l’autre hiver, le garçon vint me di
243 u matin ? Dans ce petit restaurant français de la 56e rue, à l’ouest, un jour de l’autre hiver, le garçon vint me dire à l’
244 aurant français de la 56e rue, à l’ouest, un jour de l’autre hiver, le garçon vint me dire à l’oreille : — Pouvez-vous céd
245 Pouvez-vous céder votre table, nous avons besoin d’ une table de deux dans cinq minutes ? Merci. Vous allez voir que cela
246 céder votre table, nous avons besoin d’une table de deux dans cinq minutes ? Merci. Vous allez voir que cela vaut le déra
247 der votre table, nous avons besoin d’une table de deux dans cinq minutes ? Merci. Vous allez voir que cela vaut le dérangeme
248 table, nous avons besoin d’une table de deux dans cinq minutes ? Merci. Vous allez voir que cela vaut le dérangement. Je me
249 Elle entre sur ses talons plats, avec son chapeau de feutre gris souris relevé de côté, et le profil du rêve. J’eusse préf
250 ts, avec son chapeau de feutre gris souris relevé de côté, et le profil du rêve. J’eusse préféré ne la voir jamais, mais j
251 j’avoue qu’elle est très jolie, malgré la minceur de ses lèvres. Un peu plus tard, c’est une party de Pâques russe chez un
252 de ses lèvres. Un peu plus tard, c’est une party de Pâques russe chez une amie. « Venez très tôt, vous aurez une surprise
253 od, le dramaturge et l’un des conseillers intimes de Roosevelt. Mais une minute plus tard, un pas rapide dans l’escalier :
254 ns l’escalier : c’est elle encore, en robe courte de soie grise, et déjà nous choquons nos petits verres de vodka. On l’a
255 ie grise, et déjà nous choquons nos petits verres de vodka. On l’a présentée comme « Miss G… » (prononcez Djie), ainsi qu’
256 ns une foule, mais dos à dos, et voici l’étonnant de l’histoire : je ne trouve rien à me remémorer de ses propos. Elle a l
257 de l’histoire : je ne trouve rien à me remémorer de ses propos. Elle a le génie de ne rien dire qui la rende plus réelle
258 ien à me remémorer de ses propos. Elle a le génie de ne rien dire qui la rende plus réelle qu’une image. Ne serait-ce pas
259 t-ce pas là son secret ? Se prêter à la fantaisie de toutes les imaginations. Comme elle est belle et comme elle est absen
260 st gaie pour un fantôme… ⁂ Revenons à nos moutons de Hollywood. Je ne vois qu’un homme en Amérique, qui ait su tirer du ci
261 ui ait su tirer du cinéma quelques-uns des moyens d’ expression radicalement neufs qu’il permet : c’est Walt Disney. Les au
262 es jardins comme nous pouvons en voir sans l’aide d’ une caméra, et sur les rythmes habituels de notre vie. C’est dire qu’i
263 l’aide d’une caméra, et sur les rythmes habituels de notre vie. C’est dire qu’ils oublient ou refusent de prendre avantage
264 notre vie. C’est dire qu’ils oublient ou refusent de prendre avantage des possibilités uniques du cinéma. L’analyse du mou
265 les déformations expressives, les superpositions d’ images ou de corps par transparence, la synchronisation des gestes et
266 tions expressives, les superpositions d’images ou de corps par transparence, la synchronisation des gestes et de la musiqu
267 ar transparence, la synchronisation des gestes et de la musique, vingt autres procédés moins faciles à définir, en deux mo
268 , la synchronisation des gestes et de la musique, vingt autres procédés moins faciles à définir, en deux mots : voilà le doma
269 vingt autres procédés moins faciles à définir, en deux mots : voilà le domaine que Disney seul a le courage d’explorer aujou
270 s : voilà le domaine que Disney seul a le courage d’ explorer aujourd’hui. Mickey et Donald le Canard font partie de la lég
271 jourd’hui. Mickey et Donald le Canard font partie de la légende de ce siècle. Je les vois s’agiter sur l’écran comme des l
272 key et Donald le Canard font partie de la légende de ce siècle. Je les vois s’agiter sur l’écran comme des ludions qui nou
273 nous rendraient visibles les mouvements délirants de l’Inconscient moderne. Battus comme plâtre, et toujours Tartarins, cu
274 comme les figures du rêve, passant en une seconde de l’aplanissement physique à la mégalomanie, extravagants, sentimentaux
275 mégalomanie, extravagants, sentimentaux entourés de monstres sadiques, souvent sadiques eux-mêmes et avec quelle joie ent
276 quelle joie entièrement partagée par les publics d’ enfants, ils évoluent dans un univers de machines féroces, d’explosion
277 s publics d’enfants, ils évoluent dans un univers de machines féroces, d’explosions, de flammes instantanées et de bruits
278 ils évoluent dans un univers de machines féroces, d’ explosions, de flammes instantanées et de bruits déchirants qui, bien
279 ans un univers de machines féroces, d’explosions, de flammes instantanées et de bruits déchirants qui, bien avant la derni
280 féroces, d’explosions, de flammes instantanées et de bruits déchirants qui, bien avant la dernière guerre, nous donnèrent
281 s donnèrent seuls la sensation du Blitz. Ils sont de notre temps d’une manière plus profonde que leur auteur, sans doute,
282 ls la sensation du Blitz. Ils sont de notre temps d’ une manière plus profonde que leur auteur, sans doute, n’eût osé le so
283 st génial. Disney, quand il se trompe, n’y va pas de main morte. Je pense surtout à Fantasia, essai d’illustration mouvant
284 de main morte. Je pense surtout à Fantasia, essai d’ illustration mouvante de quelques symphonies sérieuses (non plus silly
285 surtout à Fantasia, essai d’illustration mouvante de quelques symphonies sérieuses (non plus silly) entrecoupées de vues e
286 ymphonies sérieuses (non plus silly) entrecoupées de vues en gros plan sur la chevelure blanche, les mains précieuses ou l
287 les mains précieuses ou la nuque rose et violacée de Stokowsky. Par malchance, c’est au lendemain de la première de Fantas
288 e de Stokowsky. Par malchance, c’est au lendemain de la première de Fantasia à Buenos Aires que j’ai rencontré Walt Disney
289 Par malchance, c’est au lendemain de la première de Fantasia à Buenos Aires que j’ai rencontré Walt Disney. Nous l’attend
290 ria Ocampo, plutôt déprimés par la représentation de la veille. Il entre avec sa femme. Il a l’air d’un bon garçon bien co
291 de la veille. Il entre avec sa femme. Il a l’air d’ un bon garçon bien correct et bien banal. On essaie de parler musique,
292 bon garçon bien correct et bien banal. On essaie de parler musique, Mozart et Stravinsky — deux des principales victimes
293 essaie de parler musique, Mozart et Stravinsky — deux des principales victimes de son film. Il coupe court d’un ton neutre 
294 art et Stravinsky — deux des principales victimes de son film. Il coupe court d’un ton neutre : « Mrs Walt Disney n’aime p
295 principales victimes de son film. Il coupe court d’ un ton neutre : « Mrs Walt Disney n’aime pas la musique classique. » U
296 roid, et chacun pense : Que ne l’a-t-elle empêché de s’en occuper ! Son mauvais goût me paraît irrémédiable, étant celui d
297 mauvais goût me paraît irrémédiable, étant celui de l’Américain moyen en matière d’art et surtout de peinture. (La fin de
298 able, étant celui de l’Américain moyen en matière d’ art et surtout de peinture. (La fin de Fantasia, sur l’Ave Maria de Sc
299 de l’Américain moyen en matière d’art et surtout de peinture. (La fin de Fantasia, sur l’Ave Maria de Schubert, n’est qu’
300 en matière d’art et surtout de peinture. (La fin de Fantasia, sur l’Ave Maria de Schubert, n’est qu’une suite de cartes d
301 , sur l’Ave Maria de Schubert, n’est qu’une suite de cartes de bons vœux comme il s’en envoie des millions à chaque Noël e
302 e Maria de Schubert, n’est qu’une suite de cartes de bons vœux comme il s’en envoie des millions à chaque Noël en Amérique
303 e de cartes de bons vœux comme il s’en envoie des millions à chaque Noël en Amérique.) Mais il a le secret de ce rythme endiablé
304 s à chaque Noël en Amérique.) Mais il a le secret de ce rythme endiablé, cette ingéniosité foisonnante, follement gaspillé
305 , et cette maîtrise impitoyable dans l’agencement d’ une suite de catastrophes qui laissent le spectateur soulagé et heureu
306 aîtrise impitoyable dans l’agencement d’une suite de catastrophes qui laissent le spectateur soulagé et heureux, parce que
307 un bon quart d’heure, avec l’assentiment du rire de la foule. ⁂ Les créations géniales de Disney remontent à la période o
308 ent du rire de la foule. ⁂ Les créations géniales de Disney remontent à la période où il travaillait seul, à l’aventure, a
309 nture, avec des moyens peu coûteux. Les producers de Hollywood travaillent aujourd’hui avec des milliers d’employés, dans
310 ers de Hollywood travaillent aujourd’hui avec des milliers d’employés, dans le cadre d’une routine technique stupidement respect
311 llywood travaillent aujourd’hui avec des milliers d’ employés, dans le cadre d’une routine technique stupidement respectée
312 d’hui avec des milliers d’employés, dans le cadre d’ une routine technique stupidement respectée par tous les nouveaux venu
313 atisfaire ce plus grand public, il faut se garder d’ innover ou de faire plus vrai que la convention du jour. Les milliers
314 plus grand public, il faut se garder d’innover ou de faire plus vrai que la convention du jour. Les milliers d’employés dé
315 de faire plus vrai que la convention du jour. Les milliers d’employés déjà cités se livrent donc à une chasse impitoyable à la s
316 plus vrai que la convention du jour. Les milliers d’ employés déjà cités se livrent donc à une chasse impitoyable à la situ
317 a tuer. En même temps, les producers se plaignent de ce que les auteurs n’aient plus d’idées… Je vais leur donner gratis l
318 s se plaignent de ce que les auteurs n’aient plus d’ idées… Je vais leur donner gratis le moyen d’en sortir, et mon idée ti
319 plus d’idées… Je vais leur donner gratis le moyen d’ en sortir, et mon idée tient en trois mots : — Messieurs, sabrez vos b
320 gratis le moyen d’en sortir, et mon idée tient en trois mots : — Messieurs, sabrez vos budgets ! Essayez de faire pour une fo
321 mots : — Messieurs, sabrez vos budgets ! Essayez de faire pour une fois : « le film le meilleur marché du monde », au lie
322 et qu’ils s’en doutent. L’importance des studios de New York s’accroît sans cesse. On parle d’un nouveau centre de produc
323 tudios de New York s’accroît sans cesse. On parle d’ un nouveau centre de production qui se créerait bientôt du côté de Mia
324 ’accroît sans cesse. On parle d’un nouveau centre de production qui se créerait bientôt du côté de Miami. Les barrières co
325 ui qu’un asile délabré aux bandits, et des sujets de scénarios historiques. Il se peut que Hollywood, après sa mort, devie
326 , après sa mort, devienne une merveilleuse « idée de film », et renaisse à l’écran sous la forme du chef-d’œuvre que, viva
327 e, elle n’a fait que rêver. c. Rougemont Denis de , « Hollywood n’a plus d’idées », Carrefour, Paris, 13 décembre 1945,
328 r. c. Rougemont Denis de, « Hollywood n’a plus d’ idées », Carrefour, Paris, 13 décembre 1945, p. 7.
329 « Hollywood n’a plus d’idées », Carrefour, Paris, 13 décembre 1945, p. 7.
330 n’a plus d’idées », Carrefour, Paris, 13 décembre 1945, p. 7.
4 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Les enfants américains réclament des bombes atomiques (20 décembre 1945)
331 nfants américains réclament des bombes atomiques ( 20 décembre 1945)d Noël ! La ruée vers les magasins s’est déclenchée
332 cains réclament des bombes atomiques (20 décembre 1945 )d Noël ! La ruée vers les magasins s’est déclenchée depuis le 1er
333 ruée vers les magasins s’est déclenchée depuis le 1er décembre dans toute l’Amérique, inaugurant officiellement la saison d
334 e l’Amérique, inaugurant officiellement la saison de Noël. Nous sommes le 13 et les rayons de jouets sont déjà presque vid
335 officiellement la saison de Noël. Nous sommes le 13 et les rayons de jouets sont déjà presque vides à New York. La conver
336 a saison de Noël. Nous sommes le 13 et les rayons de jouets sont déjà presque vides à New York. La conversion des tanks et
337 es tanks et des forteresses volantes en pacotille de nursery exige plus qu’un instant de foi et d’abandon… Cet an de grâce
338 en pacotille de nursery exige plus qu’un instant de foi et d’abandon… Cet an de grâce rationné 1945 se termine en pleine
339 lle de nursery exige plus qu’un instant de foi et d’ abandon… Cet an de grâce rationné 1945 se termine en pleine équivoque 
340 ge plus qu’un instant de foi et d’abandon… Cet an de grâce rationné 1945 se termine en pleine équivoque : est-ce la paix d
341 ant de foi et d’abandon… Cet an de grâce rationné 1945 se termine en pleine équivoque : est-ce la paix déjà ? La guerre enco
342 e la paix déjà ? La guerre encore ? Interférences de disette et de luxe, d’appétits ranimés et d’amertumes durables. Et No
343  ? La guerre encore ? Interférences de disette et de luxe, d’appétits ranimés et d’amertumes durables. Et Noël va tomber a
344 rre encore ? Interférences de disette et de luxe, d’ appétits ranimés et d’amertumes durables. Et Noël va tomber au milieu
345 nces de disette et de luxe, d’appétits ranimés et d’ amertumes durables. Et Noël va tomber au milieu de l’an I d’une ère de
346 mes durables. Et Noël va tomber au milieu de l’an I d’une ère de paix fondée sur la plus grande menace de toute l’Histoir
347 s durables. Et Noël va tomber au milieu de l’an I d’ une ère de paix fondée sur la plus grande menace de toute l’Histoire.
348 . Et Noël va tomber au milieu de l’an I d’une ère de paix fondée sur la plus grande menace de toute l’Histoire. Les enfant
349 ’une ère de paix fondée sur la plus grande menace de toute l’Histoire. Les enfants, comme les gouvernements, demandent pou
350 dent pour leur Noël des petites bombes atomiques. Trois d’entre eux, à Brooklyn, viennent d’être blessés sérieusement en joua
351 tomiques. Trois d’entre eux, à Brooklyn, viennent d’ être blessés sérieusement en jouant à faire sauter le monde. Les trois
352 rieusement en jouant à faire sauter le monde. Les trois Grands, à Moscou, seront-ils plus adroits dans ce même jeu ? On ne le
353 voir. Curieux trio : un loup déguisé en mouton et deux moutons vêtus de leur vraie peau. Mais rien n’empêche le Waldorf Asto
354 : un loup déguisé en mouton et deux moutons vêtus de leur vraie peau. Mais rien n’empêche le Waldorf Astoria d’annoncer qu
355 raie peau. Mais rien n’empêche le Waldorf Astoria d’ annoncer que sa nuit de Nouvel An « promet d’être la plus grande nuit
356 empêche le Waldorf Astoria d’annoncer que sa nuit de Nouvel An « promet d’être la plus grande nuit de l’histoire de l’hôte
357 oria d’annoncer que sa nuit de Nouvel An « promet d’ être la plus grande nuit de l’histoire de l’hôtel — à partir de vingt
358 de Nouvel An « promet d’être la plus grande nuit de l’histoire de l’hôtel — à partir de vingt dollars ». Hier chez Schwar
359 « promet d’être la plus grande nuit de l’histoire de l’hôtel — à partir de vingt dollars ». Hier chez Schwartz, le grand m
360 rande nuit de l’histoire de l’hôtel — à partir de vingt dollars ». Hier chez Schwartz, le grand magasin de jouets de la Cinqu
361 t dollars ». Hier chez Schwartz, le grand magasin de jouets de la Cinquième Avenue : « Auriez-vous, dis-je d’un ton suave,
362 ». Hier chez Schwartz, le grand magasin de jouets de la Cinquième Avenue : « Auriez-vous, dis-je d’un ton suave, quelque c
363 ts de la Cinquième Avenue : « Auriez-vous, dis-je d’ un ton suave, quelque chose qui ressemble à un modèle de bombe atomiqu
364 on suave, quelque chose qui ressemble à un modèle de bombe atomique pour les enfants ? » La vendeuse ouvrit la bouche, pui
365 he, puis écarquilla les yeux : devant nous venait d’ apparaître une jeune femme au visage anguleux et couvert de taches de
366 tre une jeune femme au visage anguleux et couvert de taches de rousseur, la tête serrée dans un foulard de soie rose feu.
367 une femme au visage anguleux et couvert de taches de rousseur, la tête serrée dans un foulard de soie rose feu. — « Papa,
368 aches de rousseur, la tête serrée dans un foulard de soie rose feu. — « Papa, me dit mon petit garçon, c’est Miss Hepburn 
369 efeller Plaza, transporté avec toutes ses racines d’ un parc où il sera replanté dès janvier, n’ayant coûté que cent dollar
370 ù il sera replanté dès janvier, n’ayant coûté que cent dollars de location à M. John D. Rockefeller, car tout se sait. Des h
371 lanté dès janvier, n’ayant coûté que cent dollars de location à M. John D. Rockefeller, car tout se sait. Des haut-parleur
372 haut-parleurs répandaient sans relâche des hymnes de Noël transformés en jazz hot par les klaxons d’interminables embarras
373 s de Noël transformés en jazz hot par les klaxons d’ interminables embarras de trafic. Aux vitrines triomphait le rêve amér
374 jazz hot par les klaxons d’interminables embarras de trafic. Aux vitrines triomphait le rêve américain, le clinquant, l’ir
375 clinquant, l’irréel, le rose et le doré, le rêve d’ enfance et d’innocence universelle, bercé de musiques nostalgiques. No
376 ’irréel, le rose et le doré, le rêve d’enfance et d’ innocence universelle, bercé de musiques nostalgiques. Noël ici devien
377 rêve d’enfance et d’innocence universelle, bercé de musiques nostalgiques. Noël ici devient la fête du bébé Cadum des réc
378 nt la fête du bébé Cadum des réclames et non plus de cet enfant vrai qui naquit tant bien que mal dans la paille, sous le
379 tant bien que mal dans la paille, sous le souffle d’ un bœuf malodorant. Plus que dix jours pour acquérir dans cette aimabl
380 e, sous le souffle d’un bœuf malodorant. Plus que dix jours pour acquérir dans cette aimable bousculade la bonne conscience
381 bonne conscience que représente une table chargée de cadeaux enveloppés de papiers brillants, verts, rouge, argent et mord
382 eprésente une table chargée de cadeaux enveloppés de papiers brillants, verts, rouge, argent et mordorés. Pourquoi ces éch
383 anges éperdus ? Est-ce un souvenir du seul cadeau de paix jamais fait à l’humanité ? ou bien cette fièvre de rivaliser dan
384 x jamais fait à l’humanité ? ou bien cette fièvre de rivaliser dans la dépense en fin d’année, est-elle comme chez les pri
385 cette fièvre de rivaliser dans la dépense en fin d’ année, est-elle comme chez les primitifs la manière de conjurer le sor
386 née, est-elle comme chez les primitifs la manière de conjurer le sort ? Plus que dix jours pour s’assurer une bonne place
387 imitifs la manière de conjurer le sort ? Plus que dix jours pour s’assurer une bonne place dans le monde des familles, un d
388 ent pas à une cellule sociale, formeront la foule de Times Square. Le coudoiement universel leur tiendra lieu d’intimité…
389 quare. Le coudoiement universel leur tiendra lieu d’ intimité… Pour moi, j’irai comme chaque année à la messe de minuit des
390 é… Pour moi, j’irai comme chaque année à la messe de minuit des protestants, dans la plus grande église gothique du monde,
391 us grande église gothique du monde, la cathédrale de Saint-Jean-de-Dieu, siège de l’évêque anglican de New York. Dix mille
392 monde, la cathédrale de Saint-Jean-de-Dieu, siège de l’évêque anglican de New York. Dix mille personnes y chanteront des h
393 de Saint-Jean-de-Dieu, siège de l’évêque anglican de New York. Dix mille personnes y chanteront des hymnes avant la proces
394 -de-Dieu, siège de l’évêque anglican de New York. Dix mille personnes y chanteront des hymnes avant la procession du chœur
395 Dieu, siège de l’évêque anglican de New York. Dix mille personnes y chanteront des hymnes avant la procession du chœur et du
396 ant la procession du chœur et du clergé, précédés de porteurs de torches à la Burne Jones. Et comme chaque année, j’entend
397 ssion du chœur et du clergé, précédés de porteurs de torches à la Burne Jones. Et comme chaque année, j’entendrai le Credo
398 ones. Et comme chaque année, j’entendrai le Credo de Gretchaninoff et le motet de Prætorius, Une rose est née… et je me di
399 j’entendrai le Credo de Gretchaninoff et le motet de Prætorius, Une rose est née… et je me dirai que l’Amérique n’a pas en
400 uare, tous ses feux allumés, semblera célébrer un V Day, une nouvelle victoire sur le temps, comme si ce n’était pas lui
401 ui gagne à tous les coups. Qu’apportera cette fin d’ année ? Un dernier speech de La Guardia à la radio, révélant une derni
402 u’apportera cette fin d’année ? Un dernier speech de La Guardia à la radio, révélant une dernière recette aux ménagères po
403 autant qu’honnête, le gros petit homme à la face de clown, Fiorello, la Fleurette, comme le peuple l’a baptisé, saisissan
404 a pour la dernière fois l’orchestre ou la fanfare d’ un grand meeting. Sur le coup de minuit, le 31 décembre, nous perdrons
405 tre ou la fanfare d’un grand meeting. Sur le coup de minuit, le 31 décembre, nous perdrons le meilleur maire de New York.
406 are d’un grand meeting. Sur le coup de minuit, le 31 décembre, nous perdrons le meilleur maire de New York. Et Roosevelt n
407 , le 31 décembre, nous perdrons le meilleur maire de New York. Et Roosevelt n’est pas remplacé… Et toutes les utopies prév
408 n vente la « bicyclette du ciel », un petit avion de mille dollars. Déjà les banques de Buffalo ouvrent des guichets extér
409 ente la « bicyclette du ciel », un petit avion de mille dollars. Déjà les banques de Buffalo ouvrent des guichets extérieurs
410 un petit avion de mille dollars. Déjà les banques de Buffalo ouvrent des guichets extérieurs où l’on peut déposer de l’arg
411 rent des guichets extérieurs où l’on peut déposer de l’argent sans descendre de sa voiture. Déjà les biches et les daims s
412 s où l’on peut déposer de l’argent sans descendre de sa voiture. Déjà les biches et les daims sont amenés dans la forêt de
413 les biches et les daims sont amenés dans la forêt de chasse au moyen de taxis aériens. Déjà la télévision en couleurs prou
414 t et la précision du détail », qualités préférées de l’Américain. Déjà l’on nous annonce de Hollywood un superfilm sur la
415 préférées de l’Américain. Déjà l’on nous annonce de Hollywood un superfilm sur la bombe atomique, où le love interest ne
416 au sujet de cette invention « qui signifie la fin de l’humanité ou l’aube d’un âge d’or » à votre choix. Déjà, le syndicat
417 ion « qui signifie la fin de l’humanité ou l’aube d’ un âge d’or » à votre choix. Déjà, le syndicat des ouvriers de l’indus
418 signifie la fin de l’humanité ou l’aube d’un âge d’ or » à votre choix. Déjà, le syndicat des ouvriers de l’industrie auto
419 r » à votre choix. Déjà, le syndicat des ouvriers de l’industrie automobile offre à Ford un contrat collectif qui le protè
420 gulières, car la force et l’initiative ont changé de camp et les vainqueurs se montrent généreux. Et déjà les pasteurs et
421 s et les prêtres se préparent à parler du message de Noël « aux hommes de bonne volonté », répétant sans scrupules avec M.
422 réparent à parler du message de Noël « aux hommes de bonne volonté », répétant sans scrupules avec M. Romains une grave er
423 t sans scrupules avec M. Romains une grave erreur de traduction car l’Évangile, dans le texte original, dit simplement : «
424 t simplement : « Paix sur la terre, bonne volonté de Dieu envers les hommes ». Est-il besoin de la bombe, et des grèves, e
425 olonté de Dieu envers les hommes ». Est-il besoin de la bombe, et des grèves, et de la famine européenne, et de la guerre
426 s ». Est-il besoin de la bombe, et des grèves, et de la famine européenne, et de la guerre endémique dans tout l’Orient, e
427 be, et des grèves, et de la famine européenne, et de la guerre endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et de la pe
428 et de la guerre endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et de la peur réciproques qui président aux rapports des
429 ndémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et de la peur réciproques qui président aux rapports des nations, et de l’a
430 roques qui président aux rapports des nations, et de l’antisémitisme, et de l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme, po
431 x rapports des nations, et de l’antisémitisme, et de l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme, pour que nous comprenions
432 et de l’antisémitisme, et de l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme, pour que nous comprenions que les hommes ont fort
433 s la rumeur assourdissante des petites trompettes de foire et des crécelles, GI Joe, le combattant moyen, se dira : « Well
434 tait donc pour tout cela… » d. Rougemont Denis de , « Les enfants américains réclament des bombes atomiques », Carrefour
435 clament des bombes atomiques », Carrefour, Paris, 20 décembre 1945, p. 4.
436 bombes atomiques », Carrefour, Paris, 20 décembre 1945, p. 4.
5 1946, Carrefour, articles (1945–1947). Deux presses, deux méthodes : l’Américain expose, le Français explique (4 avril 1946)
437 Deux presses, deux méthodes : l’Américain expose, le Français explique (4
438 Deux presses, deux méthodes : l’Américain expose, le Français explique (4 avril 1946)e f
439 hodes : l’Américain expose, le Français explique ( 4 avril 1946)e f Peu de temps avant la guerre, un grand journal du s
440 l’Américain expose, le Français explique (4 avril 1946 )e f Peu de temps avant la guerre, un grand journal du soir, qui di
441 a guerre, un grand journal du soir, qui disposait d’ un poste de radio, m’interviewa au sujet du petit livre que je venais
442 n grand journal du soir, qui disposait d’un poste de radio, m’interviewa au sujet du petit livre que je venais de publier
443 sse hitlérienne me paraissait meilleure que celle de France, parce qu’elle donnait plus de nouvelles du monde, et d’une ma
444 e que celle de France, parce qu’elle donnait plus de nouvelles du monde, et d’une manière plus objective, du fait même que
445 ce qu’elle donnait plus de nouvelles du monde, et d’ une manière plus objective, du fait même que ses partis pris étaient c
446 cteur du journal en question censura cette partie de l’interview, en vertu de la politique qu’on attribue par erreur à l’a
447 omme la suite l’a prouvé d’ailleurs. Le directeur de Carrefour admettra-t-il que je récidive, à propos cette fois-ci de l’
448 ttra-t-il que je récidive, à propos cette fois-ci de l’exemple américain ? Exposé de points de vue contradictoires Le
449 s cette fois-ci de l’exemple américain ? Exposé de points de vue contradictoires Les grands journaux américains admet
450 américains admettent dans leurs colonnes l’exposé de points de vue contradictoires, et je précise : ils l’admettent justem
451 sionnés, tels que ceux que provoquent une période de grèves, le renvoi bruyant d’un ministre, ou même d’une élection prési
452 ovoquent une période de grèves, le renvoi bruyant d’ un ministre, ou même d’une élection présidentielle. Dans quel autre pa
453 grèves, le renvoi bruyant d’un ministre, ou même d’ une élection présidentielle. Dans quel autre pays de notre monde du xx
454 une élection présidentielle. Dans quel autre pays de notre monde du xxe siècle verrait-on un journal de l’importance du N
455 notre monde du xxe siècle verrait-on un journal de l’importance du New York Times donner une page entière au discours de
456 ew York Times donner une page entière au discours de son candidat, et une page entière, en regard, au discours de son adve
457 idat, et une page entière, en regard, au discours de son adversaire ? Cependant que l’éditorial commente en termes mesurés
458 ectifs des personnes en présence ? Et s’il s’agit d’ une grève de vastes dimensions, comme celle qui vient d’interrompre pe
459 ersonnes en présence ? Et s’il s’agit d’une grève de vastes dimensions, comme celle qui vient d’interrompre pendant plusie
460 grève de vastes dimensions, comme celle qui vient d’ interrompre pendant plusieurs mois la production de la General Motors,
461 ’interrompre pendant plusieurs mois la production de la General Motors, vous trouverez tous les jours les points de vue af
462 jours les points de vue affrontés du patronat et de l’union syndicale, dont les déclarations officielles seront citées in
463 ions officielles seront citées in extenso. Pas de polémique contre un autre journal Ainsi la controverse réelle est
464 st un débat à propos d’un débat. C’est un torrent de jugements contradictoires, mais trop exactement prévus — sous la rubr
465 s trop exactement prévus — sous la rubrique revue de la presse — au sujet d’un problème qui, semble-t-il, importe moins en
466 — sous la rubrique revue de la presse — au sujet d’ un problème qui, semble-t-il, importe moins en soi que ce qu’en disent
467 i l’on peut « causer » à l’infini, mais sans trop de chances de se former une opinion plausible ou réaliste. Tartempion pe
468 « causer » à l’infini, mais sans trop de chances de se former une opinion plausible ou réaliste. Tartempion pense ceci, D
469 mpion me ressasse que Durand n’est qu’un radical. De quoi donc parlait-on ? Qu’allons-nous faire ? Ce n’est pas que les jo
470 scandale. Quand ils s’y lancent, ils n’y vont pas de main morte. Mais leur objectif principal, ou si l’on veut, leur arme
471 e, reste l’information toute nue, ou presque. Sur trente-deux pages de leur édition quotidienne, le Times ou le Tribune consacrent
472 tion toute nue, ou presque. Sur trente-deux pages de leur édition quotidienne, le Times ou le Tribune consacrent à peu prè
473 nne, le Times ou le Tribune consacrent à peu près deux tiers de page à leurs éditoriaux, dont la moitié traite de ce qui se
474 es ou le Tribune consacrent à peu près deux tiers de page à leurs éditoriaux, dont la moitié traite de ce qui se passe dan
475 de page à leurs éditoriaux, dont la moitié traite de ce qui se passe dans tel pays de l’Amérique du Sud ou de l’Europe. Le
476 la moitié traite de ce qui se passe dans tel pays de l’Amérique du Sud ou de l’Europe. Le reste du journal se compose de d
477 ui se passe dans tel pays de l’Amérique du Sud ou de l’Europe. Le reste du journal se compose de dépêches d’agences, récri
478 ud ou de l’Europe. Le reste du journal se compose de dépêches d’agences, récrites et délayées sous forme d’articles signés
479 urope. Le reste du journal se compose de dépêches d’ agences, récrites et délayées sous forme d’articles signés, et d’artic
480 pêches d’agences, récrites et délayées sous forme d’ articles signés, et d’articles de correspondants spéciaux publiés sous
481 ites et délayées sous forme d’articles signés, et d’ articles de correspondants spéciaux publiés sous forme de longues dépê
482 ayées sous forme d’articles signés, et d’articles de correspondants spéciaux publiés sous forme de longues dépêches ; de c
483 spéciaux publiés sous forme de longues dépêches ; de commentaires ou « colonnes syndiquées » (qui paraissent le même jour
484 es syndiquées » (qui paraissent le même jour dans vingt autres journaux) ; et des rubriques régulières : sports, religion, fi
485 nce, jardin, etc. Mais le fait est qu’une dépêche de Paris, par un correspondant américain, qui occupe chaque matin une ou
486 pondant américain, qui occupe chaque matin une ou deux colonnes de son journal, en apprend davantage sur ce qui se passe en
487 ain, qui occupe chaque matin une ou deux colonnes de son journal, en apprend davantage sur ce qui se passe en France que l
488 tage sur ce qui se passe en France que la lecture de dix journaux français. Tous les Français, qui viennent ici, en tomben
489 e sur ce qui se passe en France que la lecture de dix journaux français. Tous les Français, qui viennent ici, en tombent d’
490 viennent ici, en tombent d’accord. New York a neuf journaux, Paris en a… Le correspondant-américain-à-l’étranger est
491 omanciers. Ce qui pose chaque jour aux rédacteurs d’ un journal américain, en plus des problèmes d’un grand quotidien, le p
492 urs d’un journal américain, en plus des problèmes d’ un grand quotidien, le problème d’une volumineuse revue de vulgarisati
493 s des problèmes d’un grand quotidien, le problème d’ une volumineuse revue de vulgarisation. Ce qui suppose un état-major e
494 nd quotidien, le problème d’une volumineuse revue de vulgarisation. Ce qui suppose un état-major et un personnel gigantesq
495 gigantesques, spécialisés à l’infini ; des pages de publicité aussi chères qu’abondantes ; ou un propriétaire aux dollars
496 multiplication des journaux. New York, pour sept millions d’habitants, ne possède que neuf grands journaux ; Paris en publie se
497 cation des journaux. New York, pour sept millions d’ habitants, ne possède que neuf grands journaux ; Paris en publie sept
498 k, pour sept millions d’habitants, ne possède que neuf grands journaux ; Paris en publie sept fois plus, qui, d’ailleurs, ti
499 publie sept fois plus, qui, d’ailleurs, tirés sur deux pages, feraient, réunis en une seule liasse, tout juste un numéro du
500 se, tout juste un numéro du Times, pour le volume de mots imprimés. Deux pages pour la religion, pas de roman-feuilleto
501 éro du Times, pour le volume de mots imprimés. Deux pages pour la religion, pas de roman-feuilleton Trois remarques au
502 ots imprimés. Deux pages pour la religion, pas de roman-feuilleton Trois remarques au sujet des rubriques régulières
503 ages pour la religion, pas de roman-feuilleton Trois remarques au sujet des rubriques régulières. Celle des sports, contra
504 ement à ce que l’on attendrait, ne tient pas plus de place que dans la presse française. Par contre, celle de la religion,
505 e que dans la presse française. Par contre, celle de la religion, qui n’existe aucunement en France, occupe souvent deux p
506 qui n’existe aucunement en France, occupe souvent deux pages entières. Enfin, vous ne trouverez pas dans les journaux améric
507 les journaux américains cet héritage inexcusable de la presse du siècle dernier, que nous appelons le roman-feuilleton, e
508 illeton, et que je vois encore, en pleine période de disette de papier, encombrer le tiers de la seconde et dernière page
509 que je vois encore, en pleine période de disette de papier, encombrer le tiers de la seconde et dernière page de plusieur
510 période de disette de papier, encombrer le tiers de la seconde et dernière page de plusieurs journaux parisiens. Le cense
511 encombrer le tiers de la seconde et dernière page de plusieurs journaux parisiens. Le censeur astucieux, possédé par l’idé
512 risiens. Le censeur astucieux, possédé par l’idée d’ empêcher le peuple de savoir ce qui se passe, n’eût pas trouvé de meil
513 stucieux, possédé par l’idée d’empêcher le peuple de savoir ce qui se passe, n’eût pas trouvé de meilleur expédient : s’il
514 euple de savoir ce qui se passe, n’eût pas trouvé de meilleur expédient : s’ils demandent des nouvelles, contez-leur une h
515 lles, contez-leur une histoire. « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent des brioches ! » Le siècle est en révolution, l’
516 en crise pour dire le moins, c’est bien le moment de lire Paul de Kock… Des moyens d’information dignes de ce nom La
517 ien le moment de lire Paul de Kock… Des moyens d’ information dignes de ce nom La France possède, depuis la guerre, u
518 Paul de Kock… Des moyens d’information dignes de ce nom La France possède, depuis la guerre, un ministère de l’Info
519 La France possède, depuis la guerre, un ministère de l’Information, dont jusqu’à plus ample informé, je ne mettrai pas en
520 pas en doute l’utilité. Mais elle ne possède pas d’ organes d’information dignes du nom. Sur quoi peut bien régner ce mini
521 ute l’utilité. Mais elle ne possède pas d’organes d’ information dignes du nom. Sur quoi peut bien régner ce ministère ? J’
522 ner ce ministère ? J’imagine qu’il a pris à tâche de créer un nouvel esprit, un nouveau sens des devoirs civiques de la pr
523 uvel esprit, un nouveau sens des devoirs civiques de la presse, une école de reportage, un journal type… et surtout des ca
524 sens des devoirs civiques de la presse, une école de reportage, un journal type… et surtout des campagnes d’information. J
525 ortage, un journal type… et surtout des campagnes d’ information. Je me permettrais, dans ce cas, de lui suggérer le modèle
526 es d’information. Je me permettrais, dans ce cas, de lui suggérer le modèle du Christian Science Monitor, du New York Time
527 vant ce qui précède. J’ai préféré ne point parler de la « presse Hearst » et des journaux de McCormick, qui règnent sur le
528 nt parler de la « presse Hearst » et des journaux de McCormick, qui règnent sur le Middle West, et dont les tares les plus
529 dont les tares les plus connues sont la brutalité de langage, la haine posthume de Roosevelt, l’isolationnisme impénitent,
530 s sont la brutalité de langage, la haine posthume de Roosevelt, l’isolationnisme impénitent, le racisme et le préjugé anti
531 gé antieuropéen. Toutes les comparaisons du genre de celles que je viens d’esquisser courent le risque d’opposer le meille
532 les comparaisons du genre de celles que je viens d’ esquisser courent le risque d’opposer le meilleur d’un des termes à la
533 celles que je viens d’esquisser courent le risque d’ opposer le meilleur d’un des termes à la moyenne ou même au pire de l’
534 esquisser courent le risque d’opposer le meilleur d’ un des termes à la moyenne ou même au pire de l’autre. Il resterait à
535 leur d’un des termes à la moyenne ou même au pire de l’autre. Il resterait à opposer la tenue littéraire, mettons du Figa
536 le du Journal and American. Mais il est difficile d’ être à la fois juste et utile, en temps de crise. Et j’ai voulu courir
537 fficile d’être à la fois juste et utile, en temps de crise. Et j’ai voulu courir au plus pressé. e. Rougemont Denis de
538 ulu courir au plus pressé. e. Rougemont Denis de , « Deux presses, deux méthodes : l’Américain expose, le Français expl
539 urir au plus pressé. e. Rougemont Denis de, «  Deux presses, deux méthodes : l’Américain expose, le Français explique »,
540 ressé. e. Rougemont Denis de, « Deux presses, deux méthodes : l’Américain expose, le Français explique », Carrefour, Par
541 expose, le Français explique », Carrefour, Paris, 4 avril 1946, p. 1. f. Texte précédé de la note suivante : « La volont
542 le Français explique », Carrefour, Paris, 4 avril 1946, p. 1. f. Texte précédé de la note suivante : « La volonté objective
543 our, Paris, 4 avril 1946, p. 1. f. Texte précédé de la note suivante : « La volonté objective de Carrefour se manifeste,
544 cédé de la note suivante : « La volonté objective de Carrefour se manifeste, une fois de plus, en facilitant à un de nos c
545 e manifeste, une fois de plus, en facilitant à un de nos compatriotes qui vit à l’étranger, la possibilité de s’exprimer l
546 compatriotes qui vit à l’étranger, la possibilité de s’exprimer librement sur l’un des problèmes les plus brûlants de l’he
547 ibrement sur l’un des problèmes les plus brûlants de l’heure : celui de la mission de la presse. »
548 es problèmes les plus brûlants de l’heure : celui de la mission de la presse. »
549 es plus brûlants de l’heure : celui de la mission de la presse. »
6 1946, Carrefour, articles (1945–1947). Une bureaucratie sans ronds-de-cuir (23 mai 1946)
550 Une bureaucratie sans ronds-de-cuir ( 23 mai 1946)g Dans le même numéro de magazine où l’on peut lire sous
551 Une bureaucratie sans ronds-de-cuir (23 mai 1946 )g Dans le même numéro de magazine où l’on peut lire sous la plume
552 nds-de-cuir (23 mai 1946)g Dans le même numéro de magazine où l’on peut lire sous la plume d’un fermier du Middlewest q
553 uméro de magazine où l’on peut lire sous la plume d’ un fermier du Middlewest que l’Amérique est le seul pays décent au mon
554 est le seul pays décent au monde, et qu’un agent d’ assurances du Connecticut affirme qu’elle jouit d’un gouvernement prat
555 d’assurances du Connecticut affirme qu’elle jouit d’ un gouvernement pratiquement idéal, le Contrôleur général des États-Un
556 idéal, le Contrôleur général des États-Unis écrit de son côté : « Notre gouvernement est une vaste pétaudière. » Ce foncti
557 te pétaudière. » Ce fonctionnaire sait à peu près de quoi il parle, — et je dis à peu près pour dire comme lui. Car son tr
558 iste, nous explique-t-il, à maintenir les agences de l’État dans les limites de leurs prérogatives et de leur budget parti
559 maintenir les agences de l’État dans les limites de leurs prérogatives et de leur budget particulier, mais il avoue que c
560 l’État dans les limites de leurs prérogatives et de leur budget particulier, mais il avoue que c’est une tâche impossible
561 ble. Dans le domaine des transports, par exemple, soixante-quinze bureaux différents donnent des ordres, recrutent des employés, font d
562 des statistiques, et se battent entre eux. Depuis douze ans, les chambres ont nommé neuf comités successifs pour étudier cett
563 tre eux. Depuis douze ans, les chambres ont nommé neuf comités successifs pour étudier cette situation. Il est concevable qu
564 st concevable qu’un dixième comité ait pour objet d’ examiner l’activité des neuf premiers. On nommera un Board national, c
565 e comité ait pour objet d’examiner l’activité des neuf premiers. On nommera un Board national, chargé de coordonner comités
566 uf premiers. On nommera un Board national, chargé de coordonner comités et agences, et baptisé de quelques initiales pour
567 argé de coordonner comités et agences, et baptisé de quelques initiales pour initiés. Après quoi le Sénat fera comparaître
568 itiés. Après quoi le Sénat fera comparaître, pour de longues séances d’enquêtes, les responsables de ce board. Et ainsi de
569 e Sénat fera comparaître, pour de longues séances d’ enquêtes, les responsables de ce board. Et ainsi de suite, jusqu’à ce
570 r de longues séances d’enquêtes, les responsables de ce board. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que le président, ayant reçu
571 ’enquêtes, les responsables de ce board. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que le président, ayant reçu cent-mille lettres de
572 e que le président, ayant reçu cent-mille lettres de protestation, décide que les transports doivent transporter, avant mê
573 ue les transports doivent transporter, avant même de faire vivre leurs bureaux, et nomme un tsar qui supervise le tout, av
574 politiciens sans emploi ou des anciens ministres de n’importe quoi. Il sera plutôt un homme d’affaires dans la quarantain
575 d’affaires dans la quarantaine, le vice-président d’ une chaîne de Prisunics, le directeur technique d’un trust industriel,
576 ns la quarantaine, le vice-président d’une chaîne de Prisunics, le directeur technique d’un trust industriel, le secrétair
577 d’une chaîne de Prisunics, le directeur technique d’ un trust industriel, le secrétaire d’un des grands syndicats, ou bien
578 ur technique d’un trust industriel, le secrétaire d’ un des grands syndicats, ou bien un professeur d’économie. On lui fera
579 d’un des grands syndicats, ou bien un professeur d’ économie. On lui fera beaucoup de publicité. Les journaux donneront le
580 p de publicité. Les journaux donneront le chiffre de ses revenus anciens et celui de son nouveau salaire. Et puis en avant
581 neront le chiffre de ses revenus anciens et celui de son nouveau salaire. Et puis en avant, et voyons ce que le coming man
582 ournal : « Mon cher Bill, au moment de me séparer de vous, je tiens à vous remercier pour les services (adjectif variable)
583 s m’obligent, etc. Mais je serai toujours heureux de pouvoir compter sur vous en cas de besoin. » Dans l’un et l’autre cas
584 ujours heureux de pouvoir compter sur vous en cas de besoin. » Dans l’un et l’autre cas, succès ou échec, ce tsar reprendr
585 on ancienne profession, avec ou sans augmentation de salaire et de rang. Et c’est ainsi que dans le désordre éperdument or
586 ofession, avec ou sans augmentation de salaire et de rang. Et c’est ainsi que dans le désordre éperdument organisé, la bur
587 ne à l’esprit. J’ai dit désordre, parce que c’est de ce nom que l’on désigne ordinairement une situation dont notre esprit
588 prit infiniment intelligent, il n’y aurait jamais de désordre, mais seulement des complexités.) Le fait est que je n’imagi
589 exités.) Le fait est que je n’imagine pas un seul de mes contemporains qui soit capable d’embrasser dans une seule vue les
590 pas un seul de mes contemporains qui soit capable d’ embrasser dans une seule vue les rouages du gouvernement des États-Uni
591 la jungle administrative… Le président a plus de pouvoir qu’un roi, dit-on. Mais ce n’est pas beaucoup dire, de nos jo
592 ’un roi, dit-on. Mais ce n’est pas beaucoup dire, de nos jours. Il choisit ses ministres et ses tsars. Mais il doit tenir
593 tsars. Mais il doit tenir compte, pour ce choix, de l’équilibre des républicains, des démocrates du Sud, et du Travail, r
594 ocrates du Sud, et du Travail, représenté par les trois chefs des syndicats les plus puissants ; il doit tenir compte des pre
595 ssants ; il doit tenir compte des pressure groups de Washington ; des agences et bureaux d’État indépendants des ministère
596 ure groups de Washington ; des agences et bureaux d’ État indépendants des ministères ; de la Finance (bien qu’elle perde d
597 s et bureaux d’État indépendants des ministères ; de la Finance (bien qu’elle perde du terrain) ; enfin de l’opinion publi
598 a Finance (bien qu’elle perde du terrain) ; enfin de l’opinion publique, car nous sommes en démocratie, et il faut bien qu
599 quelque part… et en quelque manière. Les agences d’ État à initiales sont si nombreuses (quelques milliers) ; si provisoir
600 s d’État à initiales sont si nombreuses (quelques milliers ) ; si provisoires (elles durent de trois ans à trois mois) ; et de st
601 quelques milliers) ; si provisoires (elles durent de trois ans à trois mois) ; et de statut si variable (allant du rang de
602 lques milliers) ; si provisoires (elles durent de trois ans à trois mois) ; et de statut si variable (allant du rang de minis
603 rs) ; si provisoires (elles durent de trois ans à trois mois) ; et de statut si variable (allant du rang de ministère non rég
604 res (elles durent de trois ans à trois mois) ; et de statut si variable (allant du rang de ministère non régulier à celui
605 mois) ; et de statut si variable (allant du rang de ministère non régulier à celui d’expédient de crise) ; qu’il n’y a pa
606 (allant du rang de ministère non régulier à celui d’ expédient de crise) ; qu’il n’y a pas homme au monde qui ait le temps
607 ang de ministère non régulier à celui d’expédient de crise) ; qu’il n’y a pas homme au monde qui ait le temps ou les moyen
608 onde qui ait le temps ou les moyens intellectuels de s’y retrouver : à peine y serait-il parvenu que le tableau changerait
609 venu que le tableau changerait en quelques jours. D’ où la gabegie littéralement indescriptible dont le Contrôleur général
610 indescriptible dont le Contrôleur général essaie de donner une idée dans le bref article que je citais : Prenez le probl
611 devant un comité du Sénat, la question fut posée de savoir si quelqu’un au monde connaissait réellement le nombre des age
612 ts. Depuis lors, on a chargé une agence nationale de coordonner les travaux. Mais son administrateur déclare aujourd’hui q
613 déral ont été néanmoins mis en œuvre par au moins quinze agences différentes ». Le même article m’apprend qu’un cinquième du
614 toire est propriété du gouvernement, c’est-à-dire de trente-quatre agences et d’une douzaine de départements fédéraux qui
615 re est propriété du gouvernement, c’est-à-dire de trente-quatre agences et d’une douzaine de départements fédéraux qui se font la gue
616 rnement, c’est-à-dire de trente-quatre agences et d’ une douzaine de départements fédéraux qui se font la guerre, sans qu’i
617 à-dire de trente-quatre agences et d’une douzaine de départements fédéraux qui se font la guerre, sans qu’il existe un seu
618 guerre, sans qu’il existe un seul centre capable de dresser l’inventaire de ce domaine gigantesque… Or, malgré tout, la m
619 te un seul centre capable de dresser l’inventaire de ce domaine gigantesque… Or, malgré tout, la machine tourne. Les raiso
620 … Or, malgré tout, la machine tourne. Les raisons de ce succès pratique me demeurent en partie mystérieuses, mais quelques
621 es, mais quelques-unes sont formulables. … pas de fonctionnaires Tout d’abord, l’Amérique ne possède pas d’école de
622 naires Tout d’abord, l’Amérique ne possède pas d’ école de fonctionnaires spécialisés. Elle ne produit pas plus d’inspec
623 Tout d’abord, l’Amérique ne possède pas d’école de fonctionnaires spécialisés. Elle ne produit pas plus d’inspecteurs de
624 ctionnaires spécialisés. Elle ne produit pas plus d’ inspecteurs des Finances que de ronds-de-cuir de père en fils. Le pers
625 e produit pas plus d’inspecteurs des Finances que de ronds-de-cuir de père en fils. Le personnel des bureaux gouvernementa
626 s d’inspecteurs des Finances que de ronds-de-cuir de père en fils. Le personnel des bureaux gouvernementaux est sans cesse
627 ouvelé, au physique comme au figuré. Peu ou point de fonctionnaires de carrière, aigris et stéréotypés. Peu ou point d’esp
628 e comme au figuré. Peu ou point de fonctionnaires de carrière, aigris et stéréotypés. Peu ou point d’esprit de corps, de t
629 de carrière, aigris et stéréotypés. Peu ou point d’ esprit de corps, de traditions administratives, et d’institutions « vé
630 ère, aigris et stéréotypés. Peu ou point d’esprit de corps, de traditions administratives, et d’institutions « vénérables 
631 s et stéréotypés. Peu ou point d’esprit de corps, de traditions administratives, et d’institutions « vénérables », formali
632 sprit de corps, de traditions administratives, et d’ institutions « vénérables », formalistes et inefficaces. Ensuite, tous
633 et inefficaces. Ensuite, tous ces fonctionnaires d’ occasion savent qu’ils peuvent être aisément révoqués, et l’acceptent
634 rront reprendre au premier jour. J’ai fait partie de la troupe et parle en connaissance de cause. L’Office d’information d
635 roupe et parle en connaissance de cause. L’Office d’ information de guerre (OWI) qui tenait le rang d’un ministère, et où j
636 en connaissance de cause. L’Office d’information de guerre (OWI) qui tenait le rang d’un ministère, et où j’ai travaillé
637 d’information de guerre (OWI) qui tenait le rang d’ un ministère, et où j’ai travaillé pendant près de deux ans, ne compta
638 n ministère, et où j’ai travaillé pendant près de deux ans, ne comptait qu’une infime minorité de fonctionnaires de métier.
639 s de deux ans, ne comptait qu’une infime minorité de fonctionnaires de métier. Le chef en fut d’abord un général, puis un
640 comptait qu’une infime minorité de fonctionnaires de métier. Le chef en fut d’abord un général, puis un commentateur de la
641 f en fut d’abord un général, puis un commentateur de la radio. Il avait sous ses ordres des écrivains, des journalistes, d
642 s, des étudiants, des professeurs et des acteurs. Trente mille en tout. Presque tous, aujourd’hui, sont retournés à leurs occu
643 étudiants, des professeurs et des acteurs. Trente mille en tout. Presque tous, aujourd’hui, sont retournés à leurs occupation
644 z, au lieu de l’OWI, le NWLB ou l’OPA, il suffira de transposer écrivains en ingénieurs, journalistes en businessmen, ciné
645 . Tout cela change l’air des bureaux, et l’esprit d’ une bureaucratie, pour ceux qui en sont comme pour les visiteurs. L
646 r les visiteurs. La mer des paperasses rempart de la liberté ? Mais je me pose tout de même la question de l’avenir
647 rté ? Mais je me pose tout de même la question de l’avenir des démocraties, livrées à la fatalité incontrôlable des age
648 té entière se transformera-t-elle en un cauchemar de statistiques, de directives, de formulaires, de fiches, de doubles bi
649 nsformera-t-elle en un cauchemar de statistiques, de directives, de formulaires, de fiches, de doubles bien classés, et de
650 e en un cauchemar de statistiques, de directives, de formulaires, de fiches, de doubles bien classés, et de coups de tampo
651 r de statistiques, de directives, de formulaires, de fiches, de doubles bien classés, et de coups de tampon sur des notes
652 tiques, de directives, de formulaires, de fiches, de doubles bien classés, et de coups de tampon sur des notes de service 
653 rmulaires, de fiches, de doubles bien classés, et de coups de tampon sur des notes de service ? C’est fort possible. Perso
654 , de fiches, de doubles bien classés, et de coups de tampon sur des notes de service ? C’est fort possible. Personne au mo
655 bien classés, et de coups de tampon sur des notes de service ? C’est fort possible. Personne au monde n’y comprendra plus
656 ssera son temps à faire enquête sur les activités de l’autre moitié, qui elle-même consacrera le plus clair de son temps à
657 re moitié, qui elle-même consacrera le plus clair de son temps à rédiger de longs rapports prouvant qu’elle est indispensa
658 e consacrera le plus clair de son temps à rédiger de longs rapports prouvant qu’elle est indispensable. Ici et là, quelque
659 able. Ici et là, quelques énergumènes s’aviseront de travailler. Et cela suffira bien : car c’est, en fait, par très peu d
660 a suffira bien : car c’est, en fait, par très peu d’ hommes que les choses marchent. Alors un être d’exception, comme vous
661 u d’hommes que les choses marchent. Alors un être d’ exception, comme vous ou moi, se demandera dans un accès de courage in
662 on, comme vous ou moi, se demandera dans un accès de courage intellectuel ou de désespoir balayant tout scrupule, si l’on
663 emandera dans un accès de courage intellectuel ou de désespoir balayant tout scrupule, si l’on ne pourrait pas faire sans
664 ne pourrait pas faire sans nul dommage l’économie de la machine entière ? La raison lui répondra oui. L’expérience lui rép
665 érience lui répondra non. Car s’il n’y avait plus de grands bureaux dans une démocratie, quelques hommes deviendraient res
666 ignés à la vindicte publique, ils n’auraient plus de choix qu’entre la démission et la tyrannie déclarée. Les bureaux à l’
667 nts cette tragédie. Évitant à la fois le Charybde de la routine inefficace et le Scylla du pouvoir personnel, ils choisiss
668 it des Délais ou la mer des paperasses, aux frais de l’État qui payera l’assurance. Et c’est la sagesse politique, au sièc
669 u siècle du collectivisme. g. Rougemont Denis de , « Une bureaucratie sans ronds-de-cuir », Carrefour, Paris, 23 mai 19
670 eaucratie sans ronds-de-cuir », Carrefour, Paris, 23 mai 1946, p. 3.
671 ie sans ronds-de-cuir », Carrefour, Paris, 23 mai 1946, p. 3.
7 1946, Carrefour, articles (1945–1947). L’Amérique est-elle nationaliste ? (29 août 1946)
672 L’Amérique est-elle nationaliste ? ( 29 août 1946)h Vont-ils devenir nationalistes à la manière des Europé
673 L’Amérique est-elle nationaliste ? (29 août 1946 )h Vont-ils devenir nationalistes à la manière des Européens ? C’es
674 mon sens, toute la question. Lorsque nous parlons d’ impérialisme, en Europe, nous pensons à une volonté de dominer affirmé
675 périalisme, en Europe, nous pensons à une volonté de dominer affirmée par un chef au nom de sa nation : les Allemands sous
676 Italiens sous Mussolini. Les Américains n’ont pas de chefs de cette espèce. Mais l’opinion publique, chez eux, en tient la
677 sous Mussolini. Les Américains n’ont pas de chefs de cette espèce. Mais l’opinion publique, chez eux, en tient la place. S
678 ste à notre image européenne ? Et qu’elle décidât d’ imposer au monde entier la loi yankee ? Il faudrait tout d’abord que l
679 ourtant, je reste persuadé qu’il ne comporte rien de redoutable. Une nation prend conscience d’elle-même lorsqu’elle attei
680 e rien de redoutable. Une nation prend conscience d’ elle-même lorsqu’elle atteint ses limites naturelles et qu’elle se heu
681 e heurte à des voisins organisés. Or c’est le cas de l’Amérique, virtuellement, depuis que sa mouvante frontier a rejoint
682 ses frontières naturelles, aux environs du début de ce siècle. Ces frontières se trouvaient être deux océans au-delà desq
683 t de ce siècle. Ces frontières se trouvaient être deux océans au-delà desquels régnaient le Japon et l’Europe ; et deux terr
684 delà desquels régnaient le Japon et l’Europe ; et deux territoires géographiquement américains, mais historiquement étranger
685 la production américaine et l’idéal démocratique d’ un Roosevelt. L’Amérique atteignant ses limites se voit donc subitemen
686 à posséder pour le moment. Voilà bien des raisons de prendre conscience de soi, en tant que nation, avec tout ce que cela
687 ent. Voilà bien des raisons de prendre conscience de soi, en tant que nation, avec tout ce que cela comporte d’orgueil et
688 n tant que nation, avec tout ce que cela comporte d’ orgueil et de volonté de régenter le monde, puisqu’on est au surplus v
689 tion, avec tout ce que cela comporte d’orgueil et de volonté de régenter le monde, puisqu’on est au surplus victorieux et
690 tout ce que cela comporte d’orgueil et de volonté de régenter le monde, puisqu’on est au surplus victorieux et tout-puissa
691 un grand pays européen ait remporté des triomphes de cet ordre. La terre entière aurait de quoi trembler. Mais il ne s’agi
692 s triomphes de cet ordre. La terre entière aurait de quoi trembler. Mais il ne s’agit pas d’une nation comme les autres. J
693 re aurait de quoi trembler. Mais il ne s’agit pas d’ une nation comme les autres. Je voudrais, pour vous le faire sentir, p
694 e sentir, prendre un exemple au langage quotidien de l’Amérique. Lorsqu’un citoyen des États-Unis désapprouve une certaine
695 aine conduite, une certaine opinion, il a coutume de dire, depuis quelques années, pour marquer sa réprobation aussi forte
696 te opinion ou cette action ne va pas dans le sens de l’idéal commun vers quoi tendent les Américains, et qui les fait deve
697 dants vers une vie meilleure. Et il ne s’agit pas d’ une déclaration d’anti quelque chose, mais au contraire d’une exhortat
698 meilleure. Et il ne s’agit pas d’une déclaration d’ anti quelque chose, mais au contraire d’une exhortation et d’un rappel
699 claration d’anti quelque chose, mais au contraire d’ une exhortation et d’un rappel qu’on adresse à soi-même autant qu’aux
700 que chose, mais au contraire d’une exhortation et d’ un rappel qu’on adresse à soi-même autant qu’aux autres, afin que chac
701 u’aux autres, afin que chacun devienne plus digne de ce que tous attendent de ce pays, plus digne du mythe, du rêve améric
702 acun devienne plus digne de ce que tous attendent de ce pays, plus digne du mythe, du rêve américain. Voilà donc un nation
703 ez Rosenberg dans le sang et le sol. Ce qu’il y a de répugnant dans le nationalisme européen, c’est que l’on y sent une vo
704 lisme européen, c’est que l’on y sent une volonté de resserrement, une soif d’imposer au voisin ses propres limitations tr
705 l’on y sent une volonté de resserrement, une soif d’ imposer au voisin ses propres limitations traditionnelles et de lui fa
706 voisin ses propres limitations traditionnelles et de lui faire subir la loi d’un village qui n’est pas le sien. Au contrai
707 ions traditionnelles et de lui faire subir la loi d’ un village qui n’est pas le sien. Au contraire, ce qu’il y a de rassur
708 qui n’est pas le sien. Au contraire, ce qu’il y a de rassurant dans le nationalisme américain, c’est qu’on y sent une volo
709 nalisme américain, c’est qu’on y sent une volonté d’ élargissement, une soif de proposer au voisin les moyens de libération
710 u’on y sent une volonté d’élargissement, une soif de proposer au voisin les moyens de libération qu’on vient de découvrir
711 sement, une soif de proposer au voisin les moyens de libération qu’on vient de découvrir pour son compte et qui seront bie
712 in vient se confondre, pratiquement, avec le rêve d’ une communion planétaire dans la même liberté. Ils ont envie d’ouvrir
713 on planétaire dans la même liberté. Ils ont envie d’ ouvrir le monde à leur jeunesse, non pas de refermer sur lui leurs ser
714 envie d’ouvrir le monde à leur jeunesse, non pas de refermer sur lui leurs serres. Ils ont envie de nous faire bénéficier
715 s de refermer sur lui leurs serres. Ils ont envie de nous faire bénéficier de leur style de vie, de leur way of life, parc
716 rs serres. Ils ont envie de nous faire bénéficier de leur style de vie, de leur way of life, parce qu’ainsi, croient-ils,
717 ont envie de nous faire bénéficier de leur style de vie, de leur way of life, parce qu’ainsi, croient-ils, tout le monde
718 ie de nous faire bénéficier de leur style de vie, de leur way of life, parce qu’ainsi, croient-ils, tout le monde (et eux
719 ricain va nous submerger et détruire nos coutumes d’ économie paysanne ; on achètera nos âmes avec des frigidaires ; la sot
720 frigidaires, ce sera notre faute et non pas celle de l’industrie américaine qui aura mis dans un coin de nos cuisines ces
721 l’industrie américaine qui aura mis dans un coin de nos cuisines ces appareils où tout respire l’innocence et ronronne l’
722 se humanitaire » des États-Unis nous a fait moins de mal, semble-t-il, que « l’intelligence » inhumaine de certains chefs
723 al, semble-t-il, que « l’intelligence » inhumaine de certains chefs européens qui professaient le machiavélisme. De même e
724 ce ne sera pas la faute de la quantité, mais bien de l’abaissement de notre qualité. En résumé, ce que l’on nomme en Europ
725 faute de la quantité, mais bien de l’abaissement de notre qualité. En résumé, ce que l’on nomme en Europe « l’américanism
726 eux dire par là que si un homme devient l’esclave de son automobile, le blâme en retombe sur l’homme et non sur la machine
727 ne fois l’automobile achetée, il ne dépendait que de lui d’aller à pied quand cela lui chantait. Mais je m’avise ici d’une
728 l’automobile achetée, il ne dépendait que de lui d’ aller à pied quand cela lui chantait. Mais je m’avise ici d’une contra
729 pied quand cela lui chantait. Mais je m’avise ici d’ une contradiction étrange. Il semble bien que ce sont les mêmes person
730 ersonnes qui vitupèrent l’impérialisme commercial de l’Amérique, d’une part, et qui se plaignent de ce que l’Amérique ne l
731 al de l’Amérique, d’une part, et qui se plaignent de ce que l’Amérique ne leur vende pas assez de blé, d’autre part. Quand
732 nent de ce que l’Amérique ne leur vende pas assez de blé, d’autre part. Quand l’Amérique envoie, on parle d’impérialisme ;
733 , d’autre part. Quand l’Amérique envoie, on parle d’ impérialisme ; quand elle n’envoie pas, on parle d’égoïsme et d’hypocr
734 ’impérialisme ; quand elle n’envoie pas, on parle d’ égoïsme et d’hypocrisie puritaine. Et il arrive même trop souvent que
735  ; quand elle n’envoie pas, on parle d’égoïsme et d’ hypocrisie puritaine. Et il arrive même trop souvent que l’on parle de
736 Et il arrive même trop souvent que l’on parle des deux à la fois. Je voudrais insister sur ce point. Ceux qui se méfient de
737 udrais insister sur ce point. Ceux qui se méfient de l’Amérique, en Europe, l’accusent à la fois d’être là et, pour comble
738 nt de l’Amérique, en Europe, l’accusent à la fois d’ être là et, pour comble, de n’être pas là. Quand elle fait une crise d
739 , l’accusent à la fois d’être là et, pour comble, de n’être pas là. Quand elle fait une crise d’isolationnisme, on l’accus
740 mble, de n’être pas là. Quand elle fait une crise d’ isolationnisme, on l’accuse de myopie, d’inertie, d’incompréhension de
741 elle fait une crise d’isolationnisme, on l’accuse de myopie, d’inertie, d’incompréhension de la situation mondiale et d’or
742 ne crise d’isolationnisme, on l’accuse de myopie, d’ inertie, d’incompréhension de la situation mondiale et d’orgueil inqua
743 isolationnisme, on l’accuse de myopie, d’inertie, d’ incompréhension de la situation mondiale et d’orgueil inqualifiable. M
744 l’accuse de myopie, d’inertie, d’incompréhension de la situation mondiale et d’orgueil inqualifiable. Mais quand elle fai
745 ie, d’incompréhension de la situation mondiale et d’ orgueil inqualifiable. Mais quand elle fait une crise d’idéalisme et q
746 eil inqualifiable. Mais quand elle fait une crise d’ idéalisme et qu’elle intervient dans les affaires d’Europe, comme en 1
747 idéalisme et qu’elle intervient dans les affaires d’ Europe, comme en 1917 et en 1943, on l’accuse de se mêler de ce qu’ell
748 e intervient dans les affaires d’Europe, comme en 1917 et en 1943, on l’accuse de se mêler de ce qu’elle ne peut comprendre.
749 t dans les affaires d’Europe, comme en 1917 et en 1943, on l’accuse de se mêler de ce qu’elle ne peut comprendre. Ce qu’on vo
750 s d’Europe, comme en 1917 et en 1943, on l’accuse de se mêler de ce qu’elle ne peut comprendre. Ce qu’on voudrait, en somm
751 comme en 1917 et en 1943, on l’accuse de se mêler de ce qu’elle ne peut comprendre. Ce qu’on voudrait, en somme, c’est que
752 et sans remerciements, dès qu’ils nous ont tirés d’ affaire. « Eh quoi ! deux ans pour débarquer ! » (C’est-à-dire pour cr
753 dès qu’ils nous ont tirés d’affaire. « Eh quoi ! deux ans pour débarquer ! » (C’est-à-dire pour créer de toutes pièces une
754 x ans pour débarquer ! » (C’est-à-dire pour créer de toutes pièces une armée de 10 millions d’hommes.) « Eh quoi ! trois m
755 ’est-à-dire pour créer de toutes pièces une armée de 10 millions d’hommes.) « Eh quoi ! trois mois déjà que nous sommes li
756 t-à-dire pour créer de toutes pièces une armée de 10 millions d’hommes.) « Eh quoi ! trois mois déjà que nous sommes libér
757 -dire pour créer de toutes pièces une armée de 10 millions d’hommes.) « Eh quoi ! trois mois déjà que nous sommes libérés et ils
758 r créer de toutes pièces une armée de 10 millions d’ hommes.) « Eh quoi ! trois mois déjà que nous sommes libérés et ils in
759 s une armée de 10 millions d’hommes.) « Eh quoi ! trois mois déjà que nous sommes libérés et ils infestent encore nos bars ! 
760 ils infestent encore nos bars ! » ⁂ Autre exemple de cette même contradiction dans les jugements européens sur l’Amérique.
761 . On n’a pas épargné les critiques à la politique d’ occupation américaine en Allemagne : « Ils sont trop doux, ils sont na
762 sont naïfs, ils ne comprennent rien aux problèmes de l’Europe, de quoi se mêlent-ils ? » Intimidés, conscients d’avoir fai
763 ls ne comprennent rien aux problèmes de l’Europe, de quoi se mêlent-ils ? » Intimidés, conscients d’avoir fait quelques ga
764 , de quoi se mêlent-ils ? » Intimidés, conscients d’ avoir fait quelques gaffes à la Patton, les Américains donnent des sig
765 es à la Patton, les Américains donnent des signes de leur envie de s’en aller. Mais aussitôt : « Ah ! bien sûr, ils vont n
766 , les Américains donnent des signes de leur envie de s’en aller. Mais aussitôt : « Ah ! bien sûr, ils vont nous laisser se
767 ils vont nous laisser seuls avec toute la charge de l’occupation sur les bras ! » Remarquons que les Russes ne prêtent pa
768 es Russes ne prêtent pas le flanc à des critiques de ce genre parce qu’ils ne publient rien, interdisent les reportages, a
769 endais l’autre jour un diplomate américain parler de l’attitude hostile des Soviétiques à l’égard de toutes les mesures pr
770 contrecarrer, ils vont nous obliger à faire enfin de la politique étrangère dont nous n’avions naguère ni le goût ni le be
771 soin… ⁂ Prise entre ces reproches contradictoires d’ isolationnisme et d’impérialisme, la politique américaine hésite parfo
772 ces reproches contradictoires d’isolationnisme et d’ impérialisme, la politique américaine hésite parfois. D’autant plus qu
773 rialisme, la politique américaine hésite parfois. D’ autant plus qu’il existe bel et bien aux États-Unis des fractions isol
774 me dans certains cas — par un paradoxe symétrique de celui que je relevais tout à l’heure. Cette timidité de la politique
775 ui que je relevais tout à l’heure. Cette timidité de la politique américaine me paraît beaucoup plus dangereuse pour l’Eur
776 l’Europe que cet impérialisme qu’on redoute pour de mauvaises raisons ou parce qu’on l’assimile à des tendances européenn
777 l’assimile à des tendances européennes qui n’ont de commun avec lui que le nom. h. Rougemont Denis de, « L’Amérique es
778 commun avec lui que le nom. h. Rougemont Denis de , « L’Amérique est-elle nationaliste ? », Carrefour, Paris, 26 août 19
779 ique est-elle nationaliste ? », Carrefour, Paris, 26 août 1946, p. 1.
780 -elle nationaliste ? », Carrefour, Paris, 26 août 1946, p. 1.
8 1947, Carrefour, articles (1945–1947). L’art dirigé [Réponse à une enquête] (23 janvier 1947)
781 L’art dirigé [Réponse à une enquête] ( 23 janvier 1947)i j 1° Si l’on nomme Art ce qui relève de la création
782 L’art dirigé [Réponse à une enquête] (23 janvier 1947 )i j 1° Si l’on nomme Art ce qui relève de la création — tandis que
783 é [Réponse à une enquête] (23 janvier 1947)i j Si l’on nomme Art ce qui relève de la création — tandis que la produc
784 er 1947)i j 1° Si l’on nomme Art ce qui relève de la création — tandis que la production mécanique relève de l’imitatio
785 ation — tandis que la production mécanique relève de l’imitation — il est clair qu’il ne peut exister d’art dirigé, pas pl
786 l’imitation — il est clair qu’il ne peut exister d’ art dirigé, pas plus qu’on ne peut prévoir l’imprévisible. Ce que les
787 st pas l’art, mais la propagande et la production de cartes postales en couleur. Ce qu’ils appellent diriger l’art, c’est
788 er les artistes inscrits au parti. Or les lettres de cachet, les mesures de police, le favoritisme éhonté, la calomnie, la
789 s au parti. Or les lettres de cachet, les mesures de police, le favoritisme éhonté, la calomnie, la terreur, n’ont rien à
790 n, Édouard Detaille peut s’exprimer, Picasso non. Si l’artiste aujourd’hui se préoccupe d’être immédiatement accessible
791 sso non. 2° Si l’artiste aujourd’hui se préoccupe d’ être immédiatement accessible au peuple, il faut qu’il se maintienne a
792 se maintienne au niveau de la presse du savoir et de la radio (libres ou dirigées) et il cessera d’être un artiste. Sinon,
793 et de la radio (libres ou dirigées) et il cessera d’ être un artiste. Sinon, il se voit contraint d’inventer son langage, s
794 ra d’être un artiste. Sinon, il se voit contraint d’ inventer son langage, sa rhétorique, ses sujets, et peu à peu son publ
795 ic : c’est l’ambition romantique, c’est le destin de l’artiste individualiste, et c’est trop pour un homme. Il s’agit pour
796 trop pour un homme. Il s’agit pour nous, au xxe , d’ appeler et de créer des « communautés » véritables, au sein desquelles
797 homme. Il s’agit pour nous, au xxe , d’appeler et de créer des « communautés » véritables, au sein desquelles le langage r
798 e elle toute la structure sociale et la politique de l’époque. Je ne vois pas comment un artiste pourrait s’en désintéress
799 esser, ni comment il pourrait ne point s’efforcer de modifier les structures existantes et d’en inventer de nouvelles, soi
800 efforcer de modifier les structures existantes et d’ en inventer de nouvelles, soit par son art, soit en tant que citoyen.
801 difier les structures existantes et d’en inventer de nouvelles, soit par son art, soit en tant que citoyen. 3° Tout art im
802 lles, soit par son art, soit en tant que citoyen. Tout art implique une « idéologie » ou pour mieux dire exprime une th
803 eux en le sachant. Mais les idéologies politiques d’ aujourd’hui sont aussi stériles pour l’artiste que fureur féconde la t
804 du romantisme allemand. En fait, il ne s’agit pas d’ idéologies, mais de tactiques, pas de styles mais de trucs, pas de ser
805 and. En fait, il ne s’agit pas d’idéologies, mais de tactiques, pas de styles mais de trucs, pas de service mais de servil
806 e s’agit pas d’idéologies, mais de tactiques, pas de styles mais de trucs, pas de service mais de servilité. i. Rougemo
807 idéologies, mais de tactiques, pas de styles mais de trucs, pas de service mais de servilité. i. Rougemont Denis de, « 
808 is de tactiques, pas de styles mais de trucs, pas de service mais de servilité. i. Rougemont Denis de, « [Réponse à une
809 pas de styles mais de trucs, pas de service mais de servilité. i. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] L’art
810 service mais de servilité. i. Rougemont Denis de , « [Réponse à une enquête] L’art dirigé », Carrefour, Paris, 23 janvi
811 à une enquête] L’art dirigé », Carrefour, Paris, 23 janvier 1947, p. 6. j. L’enquête, se rapportant aux controverses sur
812 ête] L’art dirigé », Carrefour, Paris, 23 janvier 1947, p. 6. j. L’enquête, se rapportant aux controverses sur la liberté de
813 te, se rapportant aux controverses sur la liberté de l’art (ou son absence) en URSS, comportait les trois questions suivan
814 de l’art (ou son absence) en URSS, comportait les trois questions suivantes : « 1. L’artiste peut-il s’exprimer dans les limi
815 RSS, comportait les trois questions suivantes : «  1.  L’artiste peut-il s’exprimer dans les limites d’un art dirigé ? 2. Es
816  1. L’artiste peut-il s’exprimer dans les limites d’ un art dirigé ? 2. Estimez-vous que l’artiste doive se préoccuper d’êt
817 -il s’exprimer dans les limites d’un art dirigé ? 2. Estimez-vous que l’artiste doive se préoccuper d’être immédiatement a
818 2. Estimez-vous que l’artiste doive se préoccuper d’ être immédiatement accessible au plus grand nombre ? 3. L’art peut-il
819 e immédiatement accessible au plus grand nombre ? 3. L’art peut-il être au service d’une idéologie ? »
820 s grand nombre ? 3. L’art peut-il être au service d’ une idéologie ? »
9 1947, Carrefour, articles (1945–1947). Fédération ou dictature mondiale ? (9 avril 1947)
821 Fédération ou dictature mondiale ? ( 9 avril 1947)k Six associations d’étudiants américains préconisant u
822 Fédération ou dictature mondiale ? (9 avril 1947 )k Six associations d’étudiants américains préconisant un gouvernem
823 ration ou dictature mondiale ? (9 avril 1947)k Six associations d’étudiants américains préconisant un gouvernement mondi
824 re mondiale ? (9 avril 1947)k Six associations d’ étudiants américains préconisant un gouvernement mondial viennent de f
825 ld Federalist Movement ». Cette ligue compte déjà 18  000 membres actifs et plus de 70 000 sympathisants. Plusieurs savants
826 Federalist Movement ». Cette ligue compte déjà 18  000 membres actifs et plus de 70 000 sympathisants. Plusieurs savants, ch
827 e ligue compte déjà 18 000 membres actifs et plus de 70 000 sympathisants. Plusieurs savants, chroniqueurs influents de la
828 igue compte déjà 18 000 membres actifs et plus de 70  000 sympathisants. Plusieurs savants, chroniqueurs influents de la ra
829 e compte déjà 18 000 membres actifs et plus de 70  000 sympathisants. Plusieurs savants, chroniqueurs influents de la radio,
830 isants. Plusieurs savants, chroniqueurs influents de la radio, magistrats et écrivains réputés, font partie de son comité.
831 dio, magistrats et écrivains réputés, font partie de son comité. La presse américaine en a beaucoup parlé et ne cesse de d
832 presse américaine en a beaucoup parlé et ne cesse de discuter le sujet. En Europe, au contraire, il m’apparaît que l’idée
833 En Europe, au contraire, il m’apparaît que l’idée d’ un gouvernement mondial se heurte au scepticisme général, et même, pou
834 i oppose couramment. Je trouve d’abord un réflexe de fatigue et de méfiance facilement explicable : on voudrait écarter l’
835 mment. Je trouve d’abord un réflexe de fatigue et de méfiance facilement explicable : on voudrait écarter l’idée en la qua
836 ble : on voudrait écarter l’idée en la qualifiant d’ « utopie ». Bornons-nous à remarquer que cet argument a contre lui tou
837 er que cet argument a contre lui toute l’histoire de l’humanité, qui est l’histoire des utopies réalisées. Tout ce qui a c
838 nisme et l’aviation, le marxisme et l’utilisation de l’électricité, la découverte de l’Amérique et la transmission instant
839 et l’utilisation de l’électricité, la découverte de l’Amérique et la transmission instantanée de la parole d’un continent
840 erte de l’Amérique et la transmission instantanée de la parole d’un continent à l’autre. Traiter une idée en utopie, c’est
841 rique et la transmission instantanée de la parole d’ un continent à l’autre. Traiter une idée en utopie, c’est en fait décl
842 en fait déclarer « qu’on est contre », en évitant d’ avouer ses raisons ou de démasquer ses préjugés. Ensuite on dit que « 
843 est contre », en évitant d’avouer ses raisons ou de démasquer ses préjugés. Ensuite on dit que « l’humanité n’est pas prê
844 prête pour un gouvernement mondial ». La timidité d’ esprit que cet argument trahit touche à la mauvaise foi. S’est-on jama
845 uche à la mauvaise foi. S’est-on jamais préoccupé de savoir si les peuples étaient prêts pour la guerre, par exemple, et p
846 érie ? Ce qui est vrai, c’est qu’on les y prépare de force, quand on a décidé de faire la guerre. Mais pour quelle grande
847 t qu’on les y prépare de force, quand on a décidé de faire la guerre. Mais pour quelle grande entreprise de l’histoire a-t
848 ire la guerre. Mais pour quelle grande entreprise de l’histoire a-t-on jamais demandé l’avis des peuples, et pourquoi fure
849 mbe atomique ? S’ils avaient été prêts pour l’une de ces grandes causes ou grandes actions, il n’y aurait pas eu de martyr
850 s causes ou grandes actions, il n’y aurait pas eu de martyrs, ni de tyrans, ni d’adversaires de la Révolution, ni de socia
851 ndes actions, il n’y aurait pas eu de martyrs, ni de tyrans, ni d’adversaires de la Révolution, ni de socialisme, ni d’His
852 il n’y aurait pas eu de martyrs, ni de tyrans, ni d’ adversaires de la Révolution, ni de socialisme, ni d’Histoire en génér
853 pas eu de martyrs, ni de tyrans, ni d’adversaires de la Révolution, ni de socialisme, ni d’Histoire en général. L’argument
854 de tyrans, ni d’adversaires de la Révolution, ni de socialisme, ni d’Histoire en général. L’argument est au moins léger.
855 dversaires de la Révolution, ni de socialisme, ni d’ Histoire en général. L’argument est au moins léger. De plus, il est in
856 e les peuples ne sont pas prêts à accepter l’idée d’ un gouvernement mondial, mais qu’en savez-vous ? Le seul peuple « sond
857 sondé » à ce sujet, celui des États-Unis, a donné 67  % de réponses favorables à cette idée. Avouez plutôt que vous, person
858  » à ce sujet, celui des États-Unis, a donné 67 % de réponses favorables à cette idée. Avouez plutôt que vous, personnelle
859 e réaliser. Passons aux objections plus réalistes d’ une réflexion qui accepte au moins d’imaginer, avant de le rejeter, le
860 us réalistes d’une réflexion qui accepte au moins d’ imaginer, avant de le rejeter, le projet qu’on propose. Elles se ramèn
861 ter, le projet qu’on propose. Elles se ramènent à deux types d’argument : le gouvernement mondial serait impuissant, ou bien
862 jet qu’on propose. Elles se ramènent à deux types d’ argument : le gouvernement mondial serait impuissant, ou bien il serai
863 en il serait trop puissant. À l’appui de la thèse de l’impuissance, on cite bien entendu l’échec de la Société des Nations
864 se de l’impuissance, on cite bien entendu l’échec de la Société des Nations, et l’on rappelle qu’à chaque conflit sérieux
865 x les nations se sont divisées suivant les lignes de force de la politique ancienne ; les unes sont simplement sorties de
866 ions se sont divisées suivant les lignes de force de la politique ancienne ; les unes sont simplement sorties de la Ligue
867 tique ancienne ; les unes sont simplement sorties de la Ligue qui les condamnait, les autres ont réagi bien moins en tant
868 s autres ont réagi bien moins en tant que membres de la Ligue qu’au nom de leurs intérêts individuels et de leurs alliance
869 Ligue qu’au nom de leurs intérêts individuels et de leurs alliances particulières. Cet argument porte à coup sûr contre l
870 on signale avait une cause précise dans le statut de la SDN, lequel sauvegardait avec soin la souveraineté absolue des nat
871 eté absolue des nations, source et condition même de toutes les guerres modernes. Cette faiblesse taxe identiquement l’ONU
872 our cette raison que beaucoup éprouvent l’urgence d’ un gouvernement mondial. Ce dernier, pour être effectif, capable de p
873 mondial. Ce dernier, pour être effectif, capable de prévenir ou de tuer les guerres, devrait être établi au-dessus des na
874 rnier, pour être effectif, capable de prévenir ou de tuer les guerres, devrait être établi au-dessus des nations et aux dé
875 s et aux dépens de leur souveraineté. Il naîtrait de l’abandon même, par les nations, de leurs prérogatives de droit divin
876 . Il naîtrait de l’abandon même, par les nations, de leurs prérogatives de droit divin. Qu’on ne dise pas que c’est une pu
877 ndon même, par les nations, de leurs prérogatives de droit divin. Qu’on ne dise pas que c’est une pure rêverie. Tout récem
878 sens. Le plan américain pour prendre le contrôle de la bombe atomique prévoit en effet un comité supranational chargé d’i
879 e prévoit en effet un comité supranational chargé d’ inspecter dans tous les pays les usines et les laboratoires, et qui se
880 oires, et qui serait seul dépositaire des secrets de fabrication actuellement détenus par les États-Unis. Or M. Gromyko,
881 tenus par les États-Unis. Or M. Gromyko, délégué de l’URSS s’est aussitôt opposé au projet, pour la raison qu’il comporta
882 nt résume tout le problème. D’une part, il permet d’ observer le processus de la naissance d’un pouvoir mondial. D’autre pa
883 me. D’une part, il permet d’observer le processus de la naissance d’un pouvoir mondial. D’autre part, il révèle la vraie n
884 il permet d’observer le processus de la naissance d’ un pouvoir mondial. D’autre part, il révèle la vraie nature des forces
885 arquaient tout à l’heure avec raison qu’une ligue de gouvernants est par définition incapable d’empêcher la guerre, puisqu
886 ligue de gouvernants est par définition incapable d’ empêcher la guerre, puisque dans un conflit éventuel les arbitres sera
887 rent maintenant qu’un pouvoir mondial indépendant de ces gouvernants, né de l’abandon partiel des souverainetés nationales
888 ouvoir mondial indépendant de ces gouvernants, né de l’abandon partiel des souverainetés nationales, et armé de la bombe a
889 don partiel des souverainetés nationales, et armé de la bombe atomique, serait au contraire trop puissant. Et, en effet, o
890 et, on peut redouter qu’un tel pouvoir soit tenté d’ imposer à tout le genre humain l’idéologie la plus répandue au moment
891 eposant sur une conception naïvement matérialiste de l’homme.) Ainsi la paix mondiale ne serait établie qu’au prix d’une s
892 nsi la paix mondiale ne serait établie qu’au prix d’ une sorte de paralysie de l’histoire, et d’un appauvrissement peut-êtr
893 mondiale ne serait établie qu’au prix d’une sorte de paralysie de l’histoire, et d’un appauvrissement peut-être irréparabl
894 erait établie qu’au prix d’une sorte de paralysie de l’histoire, et d’un appauvrissement peut-être irréparable des perspec
895 u prix d’une sorte de paralysie de l’histoire, et d’ un appauvrissement peut-être irréparable des perspectives de l’aventur
896 vrissement peut-être irréparable des perspectives de l’aventure humaine. Cette dernière objection me paraît seule sérieuse
897 me insoluble, celle-ci le suppose résolu et tente d’ évaluer la situation qui en résulterait probablement. Pour y répondre,
898 erait probablement. Pour y répondre, il s’agirait de considérer de plus près les modes d’élection du gouvernement mondial
899 il s’agirait de considérer de plus près les modes d’ élection du gouvernement mondial et les limites de son pouvoir. En eff
900 d’élection du gouvernement mondial et les limites de son pouvoir. En effet, si les membres de l’exécutif mondial étaient d
901 limites de son pouvoir. En effet, si les membres de l’exécutif mondial étaient désignés par les gouvernements nationaux,
902 nationaux, on retomberait soit dans l’impuissance d’ une ligue des nations, soit dans la dictature d’une idéologie majorita
903 e d’une ligue des nations, soit dans la dictature d’ une idéologie majoritaire. Si au contraire ils étaient désignés par le
904 secondés par un Parlement mondial, la possibilité d’ une opposition non seulement respectée mais organique serait sauvegard
905 sauvegardée. Le gouvernement mondial serait alors de type démocratique. (Car il apparaît de plus en plus clairement que la
906 pparaît de plus en plus clairement que la clé des quatre libertés est dans la liberté d’opposition, et que celle-ci suffit à d
907 ue la clé des quatre libertés est dans la liberté d’ opposition, et que celle-ci suffit à distinguer la démocratie de ses c
908 et que celle-ci suffit à distinguer la démocratie de ses contrefaçons totalitaires.) Quant aux fonctions du pouvoir mondia
909 ait souhaiter qu’il existe : la nécessité urgente d’ empêcher la guerre, c’est-à-dire de limiter les souverainetés national
910 essité urgente d’empêcher la guerre, c’est-à-dire de limiter les souverainetés nationales et de distribuer plus équitablem
911 à-dire de limiter les souverainetés nationales et de distribuer plus équitablement les richesses de la planète. Guerre, au
912 et de distribuer plus équitablement les richesses de la planète. Guerre, autarcie, inégalité économique, les trois phénomè
913 nète. Guerre, autarcie, inégalité économique, les trois phénomènes sont liés. Tant que subsistera le régime des États-nations
914 ns absolument souverains, nous aurons des menaces de guerre : et réciproquement, tant qu’il y aura des menaces de guerre,
915 et réciproquement, tant qu’il y aura des menaces de guerre, les États tendront à l’autarcie, les frontières closes, et le
916 dis que la famine régnera dans un autre. Je n’ai d’ autre ambition, ici, que d’attirer l’attention, d’une part sur la faib
917 ans un autre. Je n’ai d’autre ambition, ici, que d’ attirer l’attention, d’une part sur la faiblesse des objections préala
918 tions préalables qu’on oppose couramment à l’idée d’ une fédération mondiale, d’autre part sur l’urgence de discuter les vr
919 e fédération mondiale, d’autre part sur l’urgence de discuter les vrais problèmes qui se posent à son sujet. Car quelles q
920 partie imprévisibles qui en résulteraient (comme de toute institution humaine), le fait est que cette fédération paraît a
921 tient et se mêle inextricablement, la persistance d’ États-nations souverains dans le carcan de leurs frontières est un dan
922 istance d’États-nations souverains dans le carcan de leurs frontières est un dangereux anachronisme. Si nous sommes incapa
923 dangereux anachronisme. Si nous sommes incapables de briser cette féodalité et d’adapter nos structures politiques aux réa
924 us sommes incapables de briser cette féodalité et d’ adapter nos structures politiques aux réalités du xxe siècle, qui son
925 on ne voit pas ce qui pourrait empêcher la guerre d’ éclater. (La peur de la guerre, pratiquement, précipite les conflits p
926 i pourrait empêcher la guerre d’éclater. (La peur de la guerre, pratiquement, précipite les conflits plus qu’elle ne les r
927 a l’hégémonie mondiale du vainqueur, c’est-à-dire de l’Usonie ou de la Soviétie. Dans ce cas, nous aurons une dictature do
928 ondiale du vainqueur, c’est-à-dire de l’Usonie ou de la Soviétie. Dans ce cas, nous aurons une dictature dont le Führer ne
929 nation. Alors, mais dans les ruines radioactives de notre civilisation, la Résistance mondiale s’organisera, comme une ég
930 e mondiale s’organisera, comme une église secrète de la liberté. L’utopie ou la tragédie, tel est le dilemme que nous offr
931 ne peuvent plus être désormais qu’aux dimensions de la planète. k. Rougemont Denis de, « Fédération ou dictature mondi
932 x dimensions de la planète. k. Rougemont Denis de , « Fédération ou dictature mondiale ? », Carrefour, Paris, 9 avril 19
933 tion ou dictature mondiale ? », Carrefour, Paris, 9 avril 1947, p. 1 et 3.
934 dictature mondiale ? », Carrefour, Paris, 9 avril 1947, p. 1 et 3.
935 iale ? », Carrefour, Paris, 9 avril 1947, p. 1 et 3.
10 1947, Carrefour, articles (1945–1947). « Jean-Paul Sartre vous parle… et ce qu’en pensent… » (29 octobre 1947)
936 n-Paul Sartre vous parle… et ce qu’en pensent… » ( 29 octobre 1947)l m Émission plus ambiguë en fait qu’en intention, si
937 re vous parle… et ce qu’en pensent… » (29 octobre 1947 )l m Émission plus ambiguë en fait qu’en intention, si l’on néglige
938 fait qu’en intention, si l’on néglige le sophisme de la moustache, qui en disqualifie toute la fin. (Hitler portait la mou
939 portent en sont un autre… ça va.) Sartre a raison de dire que la guerre n’est pas fatale, mais en fait l’argument porte su
940 la démocratie capitaliste. Merleau-Ponty a raison de dire qu’il « faudrait faire appel à la démocratie américaine » et de
941 drait faire appel à la démocratie américaine » et de se taire prudemment sur tout appel à la « démocratie » russe. S. de B
942 la « démocratie » russe. S. de Beauvoir a raison de défendre la liberté de penser, mais quand elle dit « qu’on peut toujo
943 e. S. de Beauvoir a raison de défendre la liberté de penser, mais quand elle dit « qu’on peut toujours trouver les circons
944 le communisme en exercice. l. Rougemont Denis de , « [Réponse à une enquête] Jean-Paul Sartre vous parle… et ce qu’en p
945 parle… et ce qu’en pensent… », Carrefour, Paris, 29 octobre 1947, p. 7. m. Réponse à une enquête réalisée après une prem
946 ce qu’en pensent… », Carrefour, Paris, 29 octobre 1947, p. 7. m. Réponse à une enquête réalisée après une première émission
947 première émission des Temps modernes diffusée le 27 octobre 1947.
948 mission des Temps modernes diffusée le 27 octobre 1947.
11 1947, Carrefour, articles (1945–1947). La France est assez grande pour n’être pas ingrate (26 novembre 1947)
949 France est assez grande pour n’être pas ingrate ( 26 novembre 1947)n La honte de l’Europe, ce n’est pas sa misère, ni l
950 assez grande pour n’être pas ingrate (26 novembre 1947 )n La honte de l’Europe, ce n’est pas sa misère, ni l’aide nécessai
951 ’être pas ingrate (26 novembre 1947)n La honte de l’Europe, ce n’est pas sa misère, ni l’aide nécessaire de l’Amérique,
952 ope, ce n’est pas sa misère, ni l’aide nécessaire de l’Amérique, mais la manière dont nous sollicitons cette aide et la vi
953 yez, messieurs, et veuillez agréer les assurances de notre ingratitude anticipée. » C’est ce qu’il me semble entendre un p
954 s rentré dans ce vieux monde. Or il ne s’agit pas d’ une attitude nouvelle, ou qui serait le seul fait des communistes : il
955 qui serait le seul fait des communistes : il y a trente ans que l’Europe, la bourgeoisie d’Europe, se conduit mal à l’égard d
956  : il y a trente ans que l’Europe, la bourgeoisie d’ Europe, se conduit mal à l’égard des États-Unis. Je ne parle pas des d
957 des discours officiels, mais des conversations et de beaucoup d’articles, de jugements que nous portons chaque jour sur le
958 officiels, mais des conversations et de beaucoup d’ articles, de jugements que nous portons chaque jour sur les Américains
959 mais des conversations et de beaucoup d’articles, de jugements que nous portons chaque jour sur les Américains et leur act
960 ue jour sur les Américains et leur action. Il y a trente ans que nous les abreuvons de récriminations et de dédains, de demand
961 action. Il y a trente ans que nous les abreuvons de récriminations et de dédains, de demandes d’emprunts et de refus de r
962 e ans que nous les abreuvons de récriminations et de dédains, de demandes d’emprunts et de refus de rembourser, de recours
963 us les abreuvons de récriminations et de dédains, de demandes d’emprunts et de refus de rembourser, de recours à leurs cap
964 vons de récriminations et de dédains, de demandes d’ emprunts et de refus de rembourser, de recours à leurs capitaux et de
965 inations et de dédains, de demandes d’emprunts et de refus de rembourser, de recours à leurs capitaux et de dénonciations
966 et de dédains, de demandes d’emprunts et de refus de rembourser, de recours à leurs capitaux et de dénonciations de leur c
967 de demandes d’emprunts et de refus de rembourser, de recours à leurs capitaux et de dénonciations de leur capitalisme. Il
968 fus de rembourser, de recours à leurs capitaux et de dénonciations de leur capitalisme. Il y a trente ans que nous les app
969 , de recours à leurs capitaux et de dénonciations de leur capitalisme. Il y a trente ans que nous les appelons au secours
970 x et de dénonciations de leur capitalisme. Il y a trente ans que nous les appelons au secours quand l’Europe est à feu et à sa
971 ng (par notre faute, si je ne me trompe) : il y a trente ans que nous nous plaignons de leur lenteur à répondre à nos SOS (eh
972 ompe) : il y a trente ans que nous nous plaignons de leur lenteur à répondre à nos SOS (eh quoi ! onze mois pour créer de
973 s de leur lenteur à répondre à nos SOS (eh quoi ! onze mois pour créer de toutes pièces l’armée de notre libération et pour
974 épondre à nos SOS (eh quoi ! onze mois pour créer de toutes pièces l’armée de notre libération et pour la débarquer en Alg
975 i ! onze mois pour créer de toutes pièces l’armée de notre libération et pour la débarquer en Algérie !) ; il y a trente a
976 ation et pour la débarquer en Algérie !) ; il y a trente ans que, lorsqu’ils arrivent enfin, lorsqu’ils nous sauvent, nous leu
977 in, lorsqu’ils nous sauvent, nous leur disons : «  De quoi vous mêlez-vous ? » Bref, trente ans que nous voyons dans leurs
978 leur disons : « De quoi vous mêlez-vous ? » Bref, trente ans que nous voyons dans leurs réponses à nos appels désespérés autan
979 ans leurs réponses à nos appels désespérés autant de preuves de leur impérialisme. On va plus loin. On accuse les Américai
980 éponses à nos appels désespérés autant de preuves de leur impérialisme. On va plus loin. On accuse les Américains de sombr
981 alisme. On va plus loin. On accuse les Américains de sombres motifs égoïstes, non pas seulement quand ils s’isolent, mais
982 : « C’est entendu, ils nous fournissent du blé et de l’argent pour l’acheter, mais croyez-vous que ce soit par pure philan
983 eur intérêt ! » Que voudrait-on qu’ils y trouvent d’ autre ? L’intérêt de l’Amérique, c’est que l’Europe vive et ne tombe p
984 voudrait-on qu’ils y trouvent d’autre ? L’intérêt de l’Amérique, c’est que l’Europe vive et ne tombe pas aux mains des Rus
985 nt sur sa faiblesse. Mais au lieu de se féliciter d’ une aussi bienheureuse coïncidence, on a l’air d’en vouloir à ces Yank
986 d’une aussi bienheureuse coïncidence, on a l’air d’ en vouloir à ces Yankees de n’être pas de purs imbéciles, de ne pas do
987 oïncidence, on a l’air d’en vouloir à ces Yankees de n’être pas de purs imbéciles, de ne pas donner comme ça, pour le plai
988 a l’air d’en vouloir à ces Yankees de n’être pas de purs imbéciles, de ne pas donner comme ça, pour le plaisir, n’importe
989 ir à ces Yankees de n’être pas de purs imbéciles, de ne pas donner comme ça, pour le plaisir, n’importe comment et à n’imp
990 comment et à n’importe qui… On leur fait un grief d’ avoir une politique, un crime d’être en mesure de l’appliquer, un ridi
991 eur fait un grief d’avoir une politique, un crime d’ être en mesure de l’appliquer, un ridicule d’avoir réalisé sans phrase
992 d’avoir une politique, un crime d’être en mesure de l’appliquer, un ridicule d’avoir réalisé sans phrases ce que les Russ
993 rime d’être en mesure de l’appliquer, un ridicule d’ avoir réalisé sans phrases ce que les Russes promettent aux masses et
994 staliniens, c’est nous qui sauverions l’Amérique de la ruine en acceptant qu’elle nous avance une vingtaine de milliards
995 ne en acceptant qu’elle nous avance une vingtaine de milliards de dollars ! C’est l’Amérique, dit-on, qui a besoin de l’Eu
996 en acceptant qu’elle nous avance une vingtaine de milliards de dollars ! C’est l’Amérique, dit-on, qui a besoin de l’Europe ! Car
997 nt qu’elle nous avance une vingtaine de milliards de dollars ! C’est l’Amérique, dit-on, qui a besoin de l’Europe ! Car el
998 dollars ! C’est l’Amérique, dit-on, qui a besoin de l’Europe ! Car elle est à la veille d’une crise épouvantable, Staline
999 i a besoin de l’Europe ! Car elle est à la veille d’ une crise épouvantable, Staline l’a dit ; elle ne sait plus où vendre
1000 plus où vendre ses produits, la pauvre, et tente de prolonger l’agonie de son système en s’ouvrant des marchés européens…
1001 oduits, la pauvre, et tente de prolonger l’agonie de son système en s’ouvrant des marchés européens… Rien de plus stupéfi
1002 péens… Rien de plus stupéfiant que la popularité de ce théâtre pour illettrés. Raymond Aron, après vingt autres, le rappe
1003 de ce théâtre pour illettrés. Raymond Aron, après vingt autres, le rappelait récemment dans Le Figaro  : « À son plus haut n
1004 eau, l’exportation (américaine) ne représente pas 10  % du produit national brut. » Quand on déduit de ce 10 % les parts qu
1005 10 % du produit national brut. » Quand on déduit de ce 10 % les parts qui reviennent à l’Amérique latine, à l’Asie et à l
1006 du produit national brut. » Quand on déduit de ce 10  % les parts qui reviennent à l’Amérique latine, à l’Asie et à la Russ
1007 oit ce qui reste pour l’Europe — pour la solidité de l’argument stalinien ! Par bonheur, elles n’y suffiront pas. Le plan
1008 t nos humeurs et préjugés. On ne nous demande pas de dire merci. Mais justement, puisque l’opportunisme n’est pas en cause
1009 rtunisme n’est pas en cause, pour le seul honneur de l’Europe, il serait temps que nous prenions un peu de tenue. Si nous
1010 européenne, elle ne vient pas de l’Amérique, mais de nous-mêmes. La vraie, ce n’est pas que M. Clayton morigène les expert
1011 que M. Clayton morigène les experts du Comité des Seize , mais que ceux-ci se mettent dans le cas de mériter pareil rappel à l
1012 es Seize, mais que ceux-ci se mettent dans le cas de mériter pareil rappel à l’ordre. L’indépendance économique des nation
1013 à l’ordre. L’indépendance économique des nations de l’Europe est une fiction. Tout le monde le sait, n’en parlons plus. Q
1014 le trouvera sa seule garantie. Nous serons guéris de notre mauvaise conscience quand nous aurons admis que la tâche concrè
1015 aurons admis que la tâche concrète, ce n’est pas de défendre l’Europe, mais de la faire. n. Rougemont Denis de, « La F
1016 concrète, ce n’est pas de défendre l’Europe, mais de la faire. n. Rougemont Denis de, « La France est assez grande pour
1017 l’Europe, mais de la faire. n. Rougemont Denis de , « La France est assez grande pour n’être pas ingrate », Carrefour, P
1018 ande pour n’être pas ingrate », Carrefour, Paris, 26 novembre 1947, p. 1 et 5.
1019 être pas ingrate », Carrefour, Paris, 26 novembre 1947, p. 1 et 5.
1020 te », Carrefour, Paris, 26 novembre 1947, p. 1 et 5.