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quotidienne (19 octobre 1945)a Cinq ans déjà,
et
chaque matin je m’étonne encore de me réveiller en Amérique. J’ai véc
2
u en Suisse, en Autriche, en Italie, en Allemagne
et
en France : quelques mois et j’étais acclimaté. J’oubliais que le pay
3
Italie, en Allemagne et en France : quelques mois
et
j’étais acclimaté. J’oubliais que le pays n’était pas le mien. C’étai
4
le mien. C’était l’Europe. C’est ici l’Amérique,
et
je n’ai pas fini de m’en ébahir. Ce Nouveau Monde m’apparaît à chaque
5
peut en dire en général sera vrai selon les temps
et
les lieux, et tout sera contradictoire et rien ne sera suffisant. New
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n général sera vrai selon les temps et les lieux,
et
tout sera contradictoire et rien ne sera suffisant. New York a les pl
7
s temps et les lieux, et tout sera contradictoire
et
rien ne sera suffisant. New York a les plus hauts gratte-ciel du mond
8
ant une heure dans la ville par des journalistes,
et
finalement interrogé sur ses impressions d’architecte, répondit, m’as
9
m’assure-t-on : « Les maisons sont trop basses. »
Et
c’était vrai, car la plupart ont trois étages. Ainsi du reste : ce pa
10
spirituel ; on y est tour à tour plus formaliste
et
plus sans façon qu’en Europe : plus avide de nouveauté et plus respec
11
sans façon qu’en Europe : plus avide de nouveauté
et
plus respectueusement conservateur ; plus réaliste et plus idéaliste
12
lus respectueusement conservateur ; plus réaliste
et
plus idéaliste ; plus efficace dans la rationalisation et plus gaspil
13
idéaliste ; plus efficace dans la rationalisation
et
plus gaspilleur ; plus puritain et plus libre de mœurs. L’Amérique ne
14
ationalisation et plus gaspilleur ; plus puritain
et
plus libre de mœurs. L’Amérique ne se définit pas. Elle ne s’explique
15
iment. J’avais, avant d’y venir, vu tant de films
et
lu tant de romans américains : ils donnaient, je le sais aujourd’hui,
16
Mais je ne voyais pas l’Amérique dans ces photos
et
ces livres où elle est. Et quand j’y ai débarqué, je n’ai rien reconn
17
érique dans ces photos et ces livres où elle est.
Et
quand j’y ai débarqué, je n’ai rien reconnu de ce qu’une douzaine d’o
18
appris à l’avance. C’était cela, les gratte-ciel
et
Broadway, les grandes plaines couvertes d’usines, les villages aux ma
19
ien peignées, le drapeau de la boîte aux lettres…
et
c’était tout à fait autre chose — une autre civilisation. L’Amérique
20
ique est un continent dont je tiens pour possible
et
même facile de parler fort correctement sans y être jamais allé : la
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justifiés, de même que les critiques à la Duhamel
et
les enthousiasmes à la Jules Romains ; mais rien de tout cela n’empêc
22
a vie quotidienne, comme celle du mythe politique
et
planétaire, est un immense glissement à travers le temps et l’espace.
23
ire, est un immense glissement à travers le temps
et
l’espace. Tout glisse et passe ici, vers l’oubli, vers la vie. La jeu
24
ement à travers le temps et l’espace. Tout glisse
et
passe ici, vers l’oubli, vers la vie. La jeune Américaine quitte son
25
’aimais, je l’attends, je vais me séparer de Jim,
et
je suis sûre qu’il comprendra très bien… » Un mois plus tard. Jim et
26
il comprendra très bien… » Un mois plus tard. Jim
et
Joe boivent ensemble à la santé du couple réuni. Ils aiment tout ce q
27
t tout ce qui passe, fait sensation, va plus loin
et
se perd on ne sait où, dans un autre rêve naissant, dans le rêve du b
28
les passants, les voisins d’autobus ou de train…
Et
je me sens moins jugé, moins jaugé, pour tout dire, moins vu qu’en Eu
29
e. Parce qu’ils sont moins conscients de leur vie
et
d’autrui, ils me tolèrent davantage. Ce n’est pas qu’ils m’ignorent o
30
nières. Il y a tant de bizarreries dans le monde,
et
dans ce continent américain on en voit chaque jour tant d’exemples.
31
ue jour tant d’exemples. Tant d’espèces de gens,
et
de gens sans espèce ; tant de races et de mélanges de races ; tant de
32
s de gens, et de gens sans espèce ; tant de races
et
de mélanges de races ; tant de fous qui réussissent ou qui amusent ;
33
s ; tant de fous qui réussissent ou qui amusent ;
et
aussi tant d’efforts gaspillés pour se faire remarquer, pour être dif
34
différent, car ici différent veut dire original ;
et
crazy, qui veut dire toqué, loufoque, n’est pas un adjectif dépréciat
35
s tous un peu crazy les gens d’ici. Ils entraient
et
sortaient sans saluer, sans dire pourquoi ils étaient venus ; ils se
36
uoi ils étaient venus ; ils se versaient à boire,
et
, les pieds sur une chaise, me posaient avec naturel des questions fol
37
appelaient par mon prénom au bout de cinq minutes
et
sortaient tout d’un coup avec un signe de la main, so long ! un bye b
38
’en finirait pas d’énumérer les exemples courants
et
voyants de leur goût baroque des fêtes et de leur respect de la mise
39
ourants et voyants de leur goût baroque des fêtes
et
de leur respect de la mise en scène solennelle. Je me borne à citer d
40
es sacerdotaux, des drapeaux, des chœurs en robes
et
des processions, jusque dans les églises protestantes de la campagne
41
s matchs de football ; les cérémonies d’ouverture
et
de clôture des universités ; et « l’Inauguration » des présidents… Qu
42
onies d’ouverture et de clôture des universités ;
et
« l’Inauguration » des présidents… Qu’il y ait là quelque chose de ty
43
ation. Je les crois sans exemple dans l’histoire,
et
sans équivalent dans nul autre pays. Un étranger résidant aux États-U
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deux ou trois jours plus tard en qualité formelle
et
déclarée de candidat à la citoyenneté. Cette opération, fort coûteuse
45
e, n’a de toute évidence qu’une portée symbolique
et
rituelle. Autrement, elle ne sert à rien. Mais personne ne paraît s’e
46
un club. Cette remarque explique bien des choses,
et
, en particulier, le paradoxe qu’on vient de relever. L’entrée dans le
47
tout naturellement d’opérations conventionnelles
et
d’un cérémonial d’initiation, calculé de manière à inspirer le respec
48
de manière à inspirer le respect de l’institution
et
de l’orgueil d’y appartenir. Mais aussitôt que vous serez un membre r
49
ez tous les droits, on ne s’occupera plus de vous
et
vous vivrez à votre guise dans toute l’enceinte démesurée du club. ⁂
50
aux courants de sensibilité plus qu’aux chiffres
et
aux statistiques ; à ce qui prépare et fait mûrir lentement les événe
51
x chiffres et aux statistiques ; à ce qui prépare
et
fait mûrir lentement les événements, plus qu’aux incidents de la sema
52
la diplomatie américaine, de parler tout d’abord
et
surtout de ce qu’on ne dit pas dans les dépêches, de ce qui n’est pas
53
s dépêches, de ce qui n’est pas matière d’enquête
et
de reportages, de ces nuances de sentiments ou de coutumes qui qualif
54
e sentiments ou de coutumes qui qualifient la vie
et
la vision d’un peuple, et qui par là vont peut-être expliquer l’histo
55
s qui qualifient la vie et la vision d’un peuple,
et
qui par là vont peut-être expliquer l’histoire du siècle, notre histo
56
est le russe — dont toutes les réactions intimes
et
sautes d’humeur vont affecter notre sort matériel, aussi directement
57
dienne », Carrefour, Paris, 19 octobre 1945, p. 1
et
5.
58
ue des jitterbugs évoque, par moments, le vaudou,
et
, quand ils se mettent à crier, on les croirait au bord du délire coll
59
ge, toujours plus large devant eux, à la richesse
et
à la liberté qu’elle leur donnerait, croient-ils. À une aisance qui v
60
ancêtres ont été amenés sur les rives de l’Hudson
et
du Potomac par le rêve d’un pays sans limites, et il l’était vraiment
61
et du Potomac par le rêve d’un pays sans limites,
et
il l’était vraiment pour ceux qui triomphaient des famines, des moust
62
ient des famines, des moustiques, des dysenteries
et
des Indiens. Ils avaient fui les étroitesses religieuses et politique
63
iens. Ils avaient fui les étroitesses religieuses
et
politiques de l’Europe. Ils se trouvaient tout seuls devant leur chan
64
dait de leur courage, de leur esprit d’entreprise
et
de leur foi. Cette situation, dépassée par les faits, domine encore l
65
conscient collectif des Américains d’aujourd’hui.
Et
leur grand rêve, leur american dream, prolonge vers l’avenir cette tr
66
sans cesse mouvante, entre les terres colonisées
et
les prairies sauvages parcourues d’Indiens indomptés. Pendant des siè
67
re », leur nouveau front, dirait-on de nos jours.
Et
ce fut l’ère des fortunes, et des cités, et des usines colossales, pu
68
it-on de nos jours. Et ce fut l’ère des fortunes,
et
des cités, et des usines colossales, puis des gratte-ciel à cent étag
69
ours. Et ce fut l’ère des fortunes, et des cités,
et
des usines colossales, puis des gratte-ciel à cent étages. « Le ciel
70
onquis en trente ans. Encore une limite atteinte.
Et
les voici, vers ce milieu du xxe siècle, presque à l’étroit entre le
71
, presque à l’étroit entre les rives du Pacifique
et
de l’Atlantique, mais encore débordants d’énergies qui soudain ne tro
72
urtant, c’est bien le même rêve qui les tourmente
et
les anime : aller plus loin, vers une vie toujours plus large. Le sol
73
l’Europe, dont il n’a guère connu que les ruines
et
les amertumes, rêve simplement de son foyer. Il voit sa maison blanch
74
de son foyer. Il voit sa maison blanche, sa femme
et
le drugstore du coin. Huit à neuf fois sur dix, vis-à-vis des pays qu
75
is. Ils rentrent en disant que la France est sale
et
en désordre, que tout y est cher pour eux et que les WC sont au milie
76
sale et en désordre, que tout y est cher pour eux
et
que les WC sont au milieu des places publiques. Ils demandent qu’on n
77
agités, ces nerveux, ces tricheurs. C’est ainsi,
et
je ne juge personne. Il faut verser ces injustices flagrantes, ces vé
78
s, ces vérités mal à propos au compte des profits
et
pertes d’une guerre moderne, à l’échelle planétaire. Mais il y a le r
79
helle planétaire. Mais il y a le rêve des civils.
Et
c’est lui qui va dominer, nécessairement. Les vétérans seront absorbé
80
son pays, « d’une côte à l’autre », comme il dit.
Et
ce pressentiment l’inquiète profondément. Or c’est bien cette situati
81
s Affaires étrangères de Roosevelt, avait prévue.
Et
c’est elle qu’il avait tenté de prévenir, non sans succès, en particu
82
s dans le nom même de l’agence qui l’administrait
et
qui s’intitulait : Office de coordination des relations commerciales
83
Office de coordination des relations commerciales
et
culturelles interaméricaines. Cette dénomination m’a longtemps intrig
84
caines. Cette dénomination m’a longtemps intrigué
et
choqué. Aujourd’hui, je me l’explique de la manière suivante : le rêv
85
ve américain évoque une vie sans cesse plus large
et
libre. Mais la « frontière » ayant rejoint les frontières mêmes des É
86
ères mêmes des États-Unis, il faut donc en sortir
et
deux voies sont possibles : répandre les produits américains sur tous
87
c’est-à-dire multiplier les échanges commerciaux,
et
, en même temps, répandre dans tous les pays du monde l’idéal de la dé
88
réer les conditions nécessaires au libre-échange,
et
en retour ce libre-échange paraît propre à favoriser l’établissement
89
de la démocratie dans les pays où les difficultés
et
les injustices économiques donnent aux dictateurs leurs prétextes les
90
ux dictateurs leurs prétextes les plus frappants.
Et
voilà pourquoi l’Amérique, malgré le choc en retour inévitable que pr
91
rée massive des vétérans, doit cesser de s’isoler
et
doit littéralement sortir d’elle-même par une nécessité profonde : le
92
le même sens, illustre un même mouvement profond
et
général vers la vie libre, vers l’avenir. On pourrait définir l’Améri
93
os rêveurs nous paraissent terriblement pratiques
et
parfaitement conscients de leurs intérêts… Voilà qui est vrai, en app
94
ujours plus impeccables du point de vue technique
et
toujours plus coûteux, de plus en plus semblables les uns aux autres
95
ux, de plus en plus semblables les uns aux autres
et
de plus en plus fades jusque dans leurs brutalités stéréotypées, voil
96
de la guerre. Les critiques, les échos de presse,
et
même les spectateurs, sont unanimes : Hollywood est à court d’inventi
97
rme en argent tout ce qu’elle a envie de toucher,
et
c’est pourquoi son avidité même à se renouveler stérilise instantaném
98
faite n’est obtenue qu’au prix de telles dépenses
et
d’une telle quantité de spécialistes neutralisant l’originalité les u
99
el, au cadre, au son, à l’éclairage, aux cravates
et
au faux-vrai luxe : elle doit tenir compte de tant d’exigences person
100
t d’exigences personnelles des stars, collectives
et
supposées du public, tatillonnes et insanes du Comité de moralité, et
101
, collectives et supposées du public, tatillonnes
et
insanes du Comité de moralité, et de mille préjugés hérités de trente
102
ic, tatillonnes et insanes du Comité de moralité,
et
de mille préjugés hérités de trente ans de triomphe, qu’il n’est pas
103
à New York, me semble en comparaison fait de bric
et
de broc et de ficelles partout visibles, mais touchant aux larmes, sp
104
me semble en comparaison fait de bric et de broc
et
de ficelles partout visibles, mais touchant aux larmes, spirituel jus
105
hant aux larmes, spirituel jusque dans l’émotion,
et
tout crépitant d’inventions étonnantes. Le rythme est cahotant, trop
106
s cela dans une salle de Broadway : tout y marche
et
ronronne comme un moteur de luxe, tout est faux, tout le monde est be
107
hoc, pour tant de coups de poing, de coups de feu
et
de coups de théâtre. C’est que le public, me disent les producers, n’
108
euses ou accidentelles. Ses causes sont évidentes
et
inéluctables : ce sont celles-là mêmes qui firent son succès, et non
109
: ce sont celles-là mêmes qui firent son succès,
et
non pas d’autres. Pour mes cadets, d’ici dix ans, Hollywood ne sera p
110
son chapeau de feutre gris souris relevé de côté,
et
le profil du rêve. J’eusse préféré ne la voir jamais, mais j’avoue qu
111
tôt, vous aurez une surprise. » J’arrive très tôt
et
ne trouve qu’un géant, Robert Sherwood, le dramaturge et l’un des con
112
rouve qu’un géant, Robert Sherwood, le dramaturge
et
l’un des conseillers intimes de Roosevelt. Mais une minute plus tard,
113
c’est elle encore, en robe courte de soie grise,
et
déjà nous choquons nos petits verres de vodka. On l’a présentée comme
114
é une demi-heure à causer avec elle, sur un sofa,
et
plus tard nous avons soupé, assis par terre, dans une foule, mais dos
115
assis par terre, dans une foule, mais dos à dos,
et
voici l’étonnant de l’histoire : je ne trouve rien à me remémorer de
116
de toutes les imaginations. Comme elle est belle
et
comme elle est absente ! Quelle élégance dans l’irréalité ! Comme ell
117
me nous pouvons en voir sans l’aide d’une caméra,
et
sur les rythmes habituels de notre vie. C’est dire qu’ils oublient ou
118
tesse ou la lenteur folle, les objets qui montent
et
volent au lieu de tomber, les déformations expressives, les superposi
119
s par transparence, la synchronisation des gestes
et
de la musique, vingt autres procédés moins faciles à définir, en deux
120
seul a le courage d’explorer aujourd’hui. Mickey
et
Donald le Canard font partie de la légende de ce siècle. Je les vois
121
ts de l’Inconscient moderne. Battus comme plâtre,
et
toujours Tartarins, cupides ou entravés comme les figures du rêve, pa
122
de monstres sadiques, souvent sadiques eux-mêmes
et
avec quelle joie entièrement partagée par les publics d’enfants, ils
123
es féroces, d’explosions, de flammes instantanées
et
de bruits déchirants qui, bien avant la dernière guerre, nous donnère
124
re blanche, les mains précieuses ou la nuque rose
et
violacée de Stokowsky. Par malchance, c’est au lendemain de la premiè
125
sa femme. Il a l’air d’un bon garçon bien correct
et
bien banal. On essaie de parler musique, Mozart et Stravinsky — deux
126
t bien banal. On essaie de parler musique, Mozart
et
Stravinsky — deux des principales victimes de son film. Il coupe cour
127
sney n’aime pas la musique classique. » Un froid,
et
chacun pense : Que ne l’a-t-elle empêché de s’en occuper ! Son mauvai
128
étant celui de l’Américain moyen en matière d’art
et
surtout de peinture. (La fin de Fantasia, sur l’Ave Maria de Schubert
129
tte ingéniosité foisonnante, follement gaspillée,
et
cette maîtrise impitoyable dans l’agencement d’une suite de catastrop
130
e catastrophes qui laissent le spectateur soulagé
et
heureux, parce que son inconscient a pu se déchaîner devant lui, bien
131
tupidement respectée par tous les nouveaux venus,
et
qui exige des sommes fabuleuses. Pour que ces sommes rapportent, il f
132
Je vais leur donner gratis le moyen d’en sortir,
et
mon idée tient en trois mots : — Messieurs, sabrez vos budgets ! Essa
133
e autant que vous la nouveauté. Il a aimé Disney.
Et
qui sait s’il ne va point préférer les films européens, dès qu’il pou
134
êchez-vous ! Mais peut-être qu’il est trop tard :
et
qu’ils s’en doutent. L’importance des studios de New York s’accroît s
135
i s’opposent à l’entrée des films russes, anglais
et
français, cèderont au jour… Et j’imagine alors Hollywood déserté, une
136
ms russes, anglais et français, cèderont au jour…
Et
j’imagine alors Hollywood déserté, une ghost town pareille à ces vill
137
ue fit surgir dans le Colorado la ruée vers l’or,
et
qui n’offrent plus aujourd’hui qu’un asile délabré aux bandits, et de
138
plus aujourd’hui qu’un asile délabré aux bandits,
et
des sujets de scénarios historiques. Il se peut que Hollywood, après
139
mort, devienne une merveilleuse « idée de film »,
et
renaisse à l’écran sous la forme du chef-d’œuvre que, vivante, elle n
140
ficiellement la saison de Noël. Nous sommes le 13
et
les rayons de jouets sont déjà presque vides à New York. La conversio
141
presque vides à New York. La conversion des tanks
et
des forteresses volantes en pacotille de nursery exige plus qu’un ins
142
otille de nursery exige plus qu’un instant de foi
et
d’abandon… Cet an de grâce rationné 1945 se termine en pleine équivoq
143
éjà ? La guerre encore ? Interférences de disette
et
de luxe, d’appétits ranimés et d’amertumes durables. Et Noël va tombe
144
érences de disette et de luxe, d’appétits ranimés
et
d’amertumes durables. Et Noël va tomber au milieu de l’an I d’une ère
145
luxe, d’appétits ranimés et d’amertumes durables.
Et
Noël va tomber au milieu de l’an I d’une ère de paix fondée sur la pl
146
es voir. Curieux trio : un loup déguisé en mouton
et
deux moutons vêtus de leur vraie peau. Mais rien n’empêche le Waldorf
147
t d’apparaître une jeune femme au visage anguleux
et
couvert de taches de rousseur, la tête serrée dans un foulard de soie
148
« C’est moi ! », dit-elle en lui pinçant la joue,
et
la vendeuse nous planta là. Il neigeait sur la Cinquième Avenue, sur
149
e rêve américain, le clinquant, l’irréel, le rose
et
le doré, le rêve d’enfance et d’innocence universelle, bercé de musiq
150
, l’irréel, le rose et le doré, le rêve d’enfance
et
d’innocence universelle, bercé de musiques nostalgiques. Noël ici dev
151
ël ici devient la fête du bébé Cadum des réclames
et
non plus de cet enfant vrai qui naquit tant bien que mal dans la pail
152
loppés de papiers brillants, verts, rouge, argent
et
mordorés. Pourquoi ces échanges éperdus ? Est-ce un souvenir du seul
153
des familles, un droit à la chaleur des groupes.
Et
ceux qui seront laissés dehors, ceux qui n’appartiennent pas à une ce
154
hanteront des hymnes avant la procession du chœur
et
du clergé, précédés de porteurs de torches à la Burne Jones. Et comme
155
précédés de porteurs de torches à la Burne Jones.
Et
comme chaque année, j’entendrai le Credo de Gretchaninoff et le motet
156
aque année, j’entendrai le Credo de Gretchaninoff
et
le motet de Prætorius, Une rose est née… et je me dirai que l’Amériqu
157
inoff et le motet de Prætorius, Une rose est née…
et
je me dirai que l’Amérique n’a pas encore très bien compris les tradi
158
bre, nous perdrons le meilleur maire de New York.
Et
Roosevelt n’est pas remplacé… Et toutes les utopies prévues par l’ava
159
ire de New York. Et Roosevelt n’est pas remplacé…
Et
toutes les utopies prévues par l’avant-guerre entreront dans la voie
160
ent sans descendre de sa voiture. Déjà les biches
et
les daims sont amenés dans la forêt de chasse au moyen de taxis aérie
161
cède en rien à la photographie pour « le brillant
et
la précision du détail », qualités préférées de l’Américain. Déjà l’o
162
gera contre les grèves irrégulières, car la force
et
l’initiative ont changé de camp et les vainqueurs se montrent généreu
163
, car la force et l’initiative ont changé de camp
et
les vainqueurs se montrent généreux. Et déjà les pasteurs et les prêt
164
é de camp et les vainqueurs se montrent généreux.
Et
déjà les pasteurs et les prêtres se préparent à parler du message de
165
queurs se montrent généreux. Et déjà les pasteurs
et
les prêtres se préparent à parler du message de Noël « aux hommes de
166
u envers les hommes ». Est-il besoin de la bombe,
et
des grèves, et de la famine européenne, et de la guerre endémique dan
167
mmes ». Est-il besoin de la bombe, et des grèves,
et
de la famine européenne, et de la guerre endémique dans tout l’Orient
168
bombe, et des grèves, et de la famine européenne,
et
de la guerre endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et de la
169
ne, et de la guerre endémique dans tout l’Orient,
et
de la méfiance et de la peur réciproques qui président aux rapports d
170
e endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance
et
de la peur réciproques qui président aux rapports des nations, et de
171
ciproques qui président aux rapports des nations,
et
de l’antisémitisme, et de l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme,
172
aux rapports des nations, et de l’antisémitisme,
et
de l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme, pour que nous compreni
173
s, et de l’antisémitisme, et de l’antisoviétisme,
et
de l’antiaméricanisme, pour que nous comprenions que les hommes ont f
174
ondition. À Times Square, dans une foule compacte
et
lente, dans la rumeur assourdissante des petites trompettes de foire
175
ur assourdissante des petites trompettes de foire
et
des crécelles, GI Joe, le combattant moyen, se dira : « Well, c’était
176
parce qu’elle donnait plus de nouvelles du monde,
et
d’une manière plus objective, du fait même que ses partis pris étaien
177
, du fait même que ses partis pris étaient connus
et
déclarés. Le directeur du journal en question censura cette partie de
178
lonnes l’exposé de points de vue contradictoires,
et
je précise : ils l’admettent justement à l’occasion des débats les pl
179
justement à l’occasion des débats les plus graves
et
les plus passionnés, tels que ceux que provoquent une période de grèv
180
ner une page entière au discours de son candidat,
et
une page entière, en regard, au discours de son adversaire ? Cependan
181
es mérites respectifs des personnes en présence ?
Et
s’il s’agit d’une grève de vastes dimensions, comme celle qui vient d
182
les jours les points de vue affrontés du patronat
et
de l’union syndicale, dont les déclarations officielles seront citées
183
ceci, Durand déclare cela, mais l’un est radical
et
l’autre communiste, je le savais bien, parbleu ! comme dirait Gide. E
184
, je le savais bien, parbleu ! comme dirait Gide.
Et
je savais que quel que fût le problème posé, ils resteraient attachés
185
leurs vieux principes. Mais le problème subsiste
et
je voudrais qu’on me dise comment le résoudre pratiquement. Au lieu d
186
ournal se compose de dépêches d’agences, récrites
et
délayées sous forme d’articles signés, et d’articles de correspondant
187
écrites et délayées sous forme d’articles signés,
et
d’articles de correspondants spéciaux publiés sous forme de longues d
188
issent le même jour dans vingt autres journaux) ;
et
des rubriques régulières : sports, religion, finance, livres, théâtre
189
cherche à faire voir, il tend au roman. Sa gloire
et
son statut social éclipsent bien souvent ceux des grands romanciers.
190
ue de vulgarisation. Ce qui suppose un état-major
et
un personnel gigantesques, spécialisés à l’infini ; des pages de publ
191
e dernier, que nous appelons le roman-feuilleton,
et
que je vois encore, en pleine période de disette de papier, encombrer
192
sette de papier, encombrer le tiers de la seconde
et
dernière page de plusieurs journaux parisiens. Le censeur astucieux,
193
presse, une école de reportage, un journal type…
et
surtout des campagnes d’information. Je me permettrais, dans ce cas,
194
i préféré ne point parler de la « presse Hearst »
et
des journaux de McCormick, qui règnent sur le Middle West, et dont le
195
aux de McCormick, qui règnent sur le Middle West,
et
dont les tares les plus connues sont la brutalité de langage, la hain
196
oosevelt, l’isolationnisme impénitent, le racisme
et
le préjugé antieuropéen. Toutes les comparaisons du genre de celles q
197
can. Mais il est difficile d’être à la fois juste
et
utile, en temps de crise. Et j’ai voulu courir au plus pressé. e.
198
être à la fois juste et utile, en temps de crise.
Et
j’ai voulu courir au plus pressé. e. Rougemont Denis de, « Deux p
199
que l’Amérique est le seul pays décent au monde,
et
qu’un agent d’assurances du Connecticut affirme qu’elle jouit d’un go
200
fonctionnaire sait à peu près de quoi il parle, —
et
je dis à peu près pour dire comme lui. Car son travail consiste, nous
201
de l’État dans les limites de leurs prérogatives
et
de leur budget particulier, mais il avoue que c’est une tâche impossi
202
s, recrutent des employés, font des statistiques,
et
se battent entre eux. Depuis douze ans, les chambres ont nommé neuf c
203
a un Board national, chargé de coordonner comités
et
agences, et baptisé de quelques initiales pour initiés. Après quoi le
204
ational, chargé de coordonner comités et agences,
et
baptisé de quelques initiales pour initiés. Après quoi le Sénat fera
205
séances d’enquêtes, les responsables de ce board.
Et
ainsi de suite, jusqu’à ce que le président, ayant reçu cent-mille le
206
sporter, avant même de faire vivre leurs bureaux,
et
nomme un tsar qui supervise le tout, avec pouvoirs dictatoriaux. Le
207
rnaux donneront le chiffre de ses revenus anciens
et
celui de son nouveau salaire. Et puis en avant, et voyons ce que le c
208
revenus anciens et celui de son nouveau salaire.
Et
puis en avant, et voyons ce que le coming man va nous sortir. S’il ré
209
t celui de son nouveau salaire. Et puis en avant,
et
voyons ce que le coming man va nous sortir. S’il réussit, sa gloire s
210
ir compter sur vous en cas de besoin. » Dans l’un
et
l’autre cas, succès ou échec, ce tsar reprendra son ancienne professi
211
profession, avec ou sans augmentation de salaire
et
de rang. Et c’est ainsi que dans le désordre éperdument organisé, la
212
avec ou sans augmentation de salaire et de rang.
Et
c’est ainsi que dans le désordre éperdument organisé, la bureaucratie
213
oûteuse du monde finit par jouer dans l’ensemble,
et
obtient certains résultats dont la victoire sur les nazis et le Japon
214
certains résultats dont la victoire sur les nazis
et
le Japon n’est que le premier exemple qui me vienne à l’esprit. J’ai
215
esprit n’arrive pas à se former une image claire
et
cohérente. (Pour un esprit infiniment intelligent, il n’y aurait jama
216
coup dire, de nos jours. Il choisit ses ministres
et
ses tsars. Mais il doit tenir compte, pour ce choix, de l’équilibre d
217
quilibre des républicains, des démocrates du Sud,
et
du Travail, représenté par les trois chefs des syndicats les plus pui
218
e des pressure groups de Washington ; des agences
et
bureaux d’État indépendants des ministères ; de la Finance (bien qu’e
219
’opinion publique, car nous sommes en démocratie,
et
il faut bien que cela se marque quelque part… et en quelque manière.
220
et il faut bien que cela se marque quelque part…
et
en quelque manière. Les agences d’État à initiales sont si nombreuses
221
soires (elles durent de trois ans à trois mois) ;
et
de statut si variable (allant du rang de ministère non régulier à cel
222
uvernement, c’est-à-dire de trente-quatre agences
et
d’une douzaine de départements fédéraux qui se font la guerre, sans q
223
es bureaux gouvernementaux est sans cesse ventilé
et
renouvelé, au physique comme au figuré. Peu ou point de fonctionnaire
224
eu ou point de fonctionnaires de carrière, aigris
et
stéréotypés. Peu ou point d’esprit de corps, de traditions administra
225
d’esprit de corps, de traditions administratives,
et
d’institutions « vénérables », formalistes et inefficaces. Ensuite, t
226
es, et d’institutions « vénérables », formalistes
et
inefficaces. Ensuite, tous ces fonctionnaires d’occasion savent qu’il
227
ion savent qu’ils peuvent être aisément révoqués,
et
l’acceptent non moins aisément, en principe, car ils ont par ailleurs
228
re au premier jour. J’ai fait partie de la troupe
et
parle en connaissance de cause. L’Office d’information de guerre (OWI
229
e guerre (OWI) qui tenait le rang d’un ministère,
et
où j’ai travaillé pendant près de deux ans, ne comptait qu’une infime
230
tes, des dactylos, des étudiants, des professeurs
et
des acteurs. Trente mille en tout. Presque tous, aujourd’hui, sont re
231
occupations habituelles. Cet exemple est courant,
et
c’est pourquoi je le donne. Si vous prenez, au lieu de l’OWI, le NWLB
232
ngénieurs, journalistes en businessmen, cinéastes
et
acteurs en experts du travail ou du commerce. Tout cela change l’air
233
du commerce. Tout cela change l’air des bureaux,
et
l’esprit d’une bureaucratie, pour ceux qui en sont comme pour les vis
234
formulaires, de fiches, de doubles bien classés,
et
de coups de tampon sur des notes de service ? C’est fort possible. Pe
235
rapports prouvant qu’elle est indispensable. Ici
et
là, quelques énergumènes s’aviseront de travailler. Et cela suffira b
236
, quelques énergumènes s’aviseront de travailler.
Et
cela suffira bien : car c’est, en fait, par très peu d’hommes que les
237
ls n’auraient plus de choix qu’entre la démission
et
la tyrannie déclarée. Les bureaux à l’américaine semblent avoir été c
238
nt à la fois le Charybde de la routine inefficace
et
le Scylla du pouvoir personnel, ils choisissent le naufrage commun da
239
sses, aux frais de l’État qui payera l’assurance.
Et
c’est la sagesse politique, au siècle du collectivisme. g. Rougem
240
llemands sous Hitler, les Français sous Louis XIV
et
sous Napoléon, les Italiens sous Mussolini. Les Américains n’ont pas
241
s, devînt nationaliste à notre image européenne ?
Et
qu’elle décidât d’imposer au monde entier la loi yankee ? Il faudrait
242
science nationale. Le phénomène est-il probable ?
Et
s’il l’est, devons-nous le redouter ? Je répondrai que le phénomène e
243
e-même lorsqu’elle atteint ses limites naturelles
et
qu’elle se heurte à des voisins organisés. Or c’est le cas de l’Améri
244
e deux océans au-delà desquels régnaient le Japon
et
l’Europe ; et deux territoires géographiquement américains, mais hist
245
au-delà desquels régnaient le Japon et l’Europe ;
et
deux territoires géographiquement américains, mais historiquement étr
246
yankee : le Mexique latin, le Canada britannique
et
français. Couronnant le tout, voici que le monde germanique vient déc
247
oncurrence déclarée avec la production américaine
et
l’idéal démocratique d’un Roosevelt. L’Amérique atteignant ses limite
248
non plus avec sa nature, ses déserts, ses émigrés
et
ses Indiens, mais avec le monde entier organisé en groupes solides ;
249
aré la guerre, comme pour mieux marquer le coup ;
et
, de plus, elle l’a gagnée avec une arme qu’elle se trouve seule à pos
250
nation, avec tout ce que cela comporte d’orgueil
et
de volonté de régenter le monde, puisqu’on est au surplus victorieux
251
ter le monde, puisqu’on est au surplus victorieux
et
tout-puissants du premier coup. Imaginez qu’un grand pays européen ai
252
l’idéal commun vers quoi tendent les Américains,
et
qui les fait devenir vraiment Américains, quelles que soient, par ail
253
nécessairement ascendants vers une vie meilleure.
Et
il ne s’agit pas d’une déclaration d’anti quelque chose, mais au cont
254
uelque chose, mais au contraire d’une exhortation
et
d’un rappel qu’on adresse à soi-même autant qu’aux autres, afin que c
255
américain. Voilà donc un nationalisme « ouvert »
et
pour qui la nation est en avant dans un élan, un rêve, une liberté fu
256
as dans le passé, comme chez Barrès dans la terre
et
les morts, ou comme chez Rosenberg dans le sang et le sol. Ce qu’il y
257
t les morts, ou comme chez Rosenberg dans le sang
et
le sol. Ce qu’il y a de répugnant dans le nationalisme européen, c’es
258
au voisin ses propres limitations traditionnelles
et
de lui faire subir la loi d’un village qui n’est pas le sien. Au cont
259
bération qu’on vient de découvrir pour son compte
et
qui seront bien plus efficaces appliqués à l’échelle mondiale. Ici, l
260
life, parce qu’ainsi, croient-ils, tout le monde (
et
eux compris, bien entendu) se sentira plus en sécurité et plus à l’ai
261
ompris, bien entendu) se sentira plus en sécurité
et
plus à l’aise. Je pense aux Russes. Je vous laisse comparer. Chacun s
262
ppines. J’entends d’ici nos méfiants à moustaches
et
à col dur : « Le commerce américain va nous submerger et détruire nos
263
l dur : « Le commerce américain va nous submerger
et
détruire nos coutumes d’économie paysanne ; on achètera nos âmes avec
264
âmes contre des frigidaires, ce sera notre faute
et
non pas celle de l’industrie américaine qui aura mis dans un coin de
265
uisines ces appareils où tout respire l’innocence
et
ronronne l’hygiène. Ceux qui voient dans le frigidaire une menace pou
266
de produits que nous aurons bien voulu acheter ;
et
si son rythme plus rapide met en péril certaines coutumes avares, ce
267
e son automobile, le blâme en retombe sur l’homme
et
non sur la machine. Car primo, on ne l’a pas forcé à l’acheter, et se
268
hine. Car primo, on ne l’a pas forcé à l’acheter,
et
secundo, une fois l’automobile achetée, il ne dépendait que de lui d’
269
mpérialisme commercial de l’Amérique, d’une part,
et
qui se plaignent de ce que l’Amérique ne leur vende pas assez de blé,
270
sme ; quand elle n’envoie pas, on parle d’égoïsme
et
d’hypocrisie puritaine. Et il arrive même trop souvent que l’on parle
271
as, on parle d’égoïsme et d’hypocrisie puritaine.
Et
il arrive même trop souvent que l’on parle des deux à la fois. Je vou
272
érique, en Europe, l’accusent à la fois d’être là
et
, pour comble, de n’être pas là. Quand elle fait une crise d’isolation
273
ertie, d’incompréhension de la situation mondiale
et
d’orgueil inqualifiable. Mais quand elle fait une crise d’idéalisme e
274
iable. Mais quand elle fait une crise d’idéalisme
et
qu’elle intervient dans les affaires d’Europe, comme en 1917 et en 19
275
ervient dans les affaires d’Europe, comme en 1917
et
en 1943, on l’accuse de se mêler de ce qu’elle ne peut comprendre. Ce
276
uand les choses vont très mal — par notre faute —
et
qu’ils vident les lieux en vitesse, comme des intrus et sans remercie
277
ils vident les lieux en vitesse, comme des intrus
et
sans remerciements, dès qu’ils nous ont tirés d’affaire. « Eh quoi !
278
Eh quoi ! trois mois déjà que nous sommes libérés
et
ils infestent encore nos bars ! » ⁂ Autre exemple de cette même contr
279
terdisent les reportages, agissent en conquérants
et
claquent les portes dès que se produit la moindre divergence. À ce pr
280
re ces reproches contradictoires d’isolationnisme
et
d’impérialisme, la politique américaine hésite parfois. D’autant plus
281
ne hésite parfois. D’autant plus qu’il existe bel
et
bien aux États-Unis des fractions isolationnistes et des fractions im
282
bien aux États-Unis des fractions isolationnistes
et
des fractions impérialistes et que ces minorités, d’ailleurs plus bru
283
ns isolationnistes et des fractions impérialistes
et
que ces minorités, d’ailleurs plus bruyantes qu’efficaces, se confond
284
ulent diriger n’est pas l’art, mais la propagande
et
la production de cartes postales en couleur. Ce qu’ils appellent diri
285
’a jamais prétendu « diriger » la correspondance)
et
d’autre part favoriser les artistes inscrits au parti. Or les lettres
286
il se maintienne au niveau de la presse du savoir
et
de la radio (libres ou dirigées) et il cessera d’être un artiste. Sin
287
sse du savoir et de la radio (libres ou dirigées)
et
il cessera d’être un artiste. Sinon, il se voit contraint d’inventer
288
’inventer son langage, sa rhétorique, ses sujets,
et
peu à peu son public : c’est l’ambition romantique, c’est le destin d
289
que, c’est le destin de l’artiste individualiste,
et
c’est trop pour un homme. Il s’agit pour nous, au xxe , d’appeler et
290
un homme. Il s’agit pour nous, au xxe , d’appeler
et
de créer des « communautés » véritables, au sein desquelles le langag
291
Mais cela remet en question toute notre culture,
et
derrière elle toute la structure sociale et la politique de l’époque.
292
ture, et derrière elle toute la structure sociale
et
la politique de l’époque. Je ne vois pas comment un artiste pourrait
293
s’efforcer de modifier les structures existantes
et
d’en inventer de nouvelles, soit par son art, soit en tant que citoye
294
ologie » ou pour mieux dire exprime une théologie
et
une métaphysique, qu’on le veuille et le sache, ou non. Je pense que
295
e théologie et une métaphysique, qu’on le veuille
et
le sache, ou non. Je pense que cela va mieux en le sachant. Mais les
296
». Cette ligue compte déjà 18 000 membres actifs
et
plus de 70 000 sympathisants. Plusieurs savants, chroniqueurs influen
297
s, chroniqueurs influents de la radio, magistrats
et
écrivains réputés, font partie de son comité. La presse américaine en
298
comité. La presse américaine en a beaucoup parlé
et
ne cesse de discuter le sujet. En Europe, au contraire, il m’apparaît
299
rnement mondial se heurte au scepticisme général,
et
même, pour peu que l’on insiste, provoque une curieuse impatience. Ex
300
uramment. Je trouve d’abord un réflexe de fatigue
et
de méfiance facilement explicable : on voudrait écarter l’idée en la
301
i, tout fut d’abord une utopie : le christianisme
et
l’aviation, le marxisme et l’utilisation de l’électricité, la découve
302
pie : le christianisme et l’aviation, le marxisme
et
l’utilisation de l’électricité, la découverte de l’Amérique et la tra
303
ion de l’électricité, la découverte de l’Amérique
et
la transmission instantanée de la parole d’un continent à l’autre. Tr
304
euples étaient prêts pour la guerre, par exemple,
et
pour la mort en grande série ? Ce qui est vrai, c’est qu’on les y pré
305
istoire a-t-on jamais demandé l’avis des peuples,
et
pourquoi furent-ils jamais prêts ? L’étaient-ils pour le christianism
306
e vaut rien, vous diriez : le projet paraît juste
et
nécessaire, donc il faut que les peuples se préparent à le réaliser.
307
e bien entendu l’échec de la Société des Nations,
et
l’on rappelle qu’à chaque conflit sérieux les nations se sont divisée
308
la Ligue qu’au nom de leurs intérêts individuels
et
de leurs alliances particulières. Cet argument porte à coup sûr contr
309
soin la souveraineté absolue des nations, source
et
condition même de toutes les guerres modernes. Cette faiblesse taxe i
310
dernes. Cette faiblesse taxe identiquement l’ONU,
et
c’est précisément pour cette raison que beaucoup éprouvent l’urgence
311
uerres, devrait être établi au-dessus des nations
et
aux dépens de leur souveraineté. Il naîtrait de l’abandon même, par l
312
chargé d’inspecter dans tous les pays les usines
et
les laboratoires, et qui serait seul dépositaire des secrets de fabri
313
ans tous les pays les usines et les laboratoires,
et
qui serait seul dépositaire des secrets de fabrication actuellement d
314
it « une atteinte aux souverainetés nationales ».
Et
les Américains ont répondu que c’était bien là ce qu’ils voulaient. C
315
ure des forces qui s’y opposent : le nationalisme
et
l’esprit totalitaire. Sur quoi les adversaires du gouvernement mondia
316
e l’abandon partiel des souverainetés nationales,
et
armé de la bombe atomique, serait au contraire trop puissant. Et, en
317
ombe atomique, serait au contraire trop puissant.
Et
, en effet, on peut redouter qu’un tel pouvoir soit tenté d’imposer à
318
un dirigisme mitigé, plus ou moins scientifique,
et
reposant sur une conception naïvement matérialiste de l’homme.) Ainsi
319
u’au prix d’une sorte de paralysie de l’histoire,
et
d’un appauvrissement peut-être irréparable des perspectives de l’aven
320
le problème insoluble, celle-ci le suppose résolu
et
tente d’évaluer la situation qui en résulterait probablement. Pour y
321
près les modes d’élection du gouvernement mondial
et
les limites de son pouvoir. En effet, si les membres de l’exécutif mo
322
au contraire ils étaient désignés par les peuples
et
secondés par un Parlement mondial, la possibilité d’une opposition no
323
quatre libertés est dans la liberté d’opposition,
et
que celle-ci suffit à distinguer la démocratie de ses contrefaçons to
324
st-à-dire de limiter les souverainetés nationales
et
de distribuer plus équitablement les richesses de la planète. Guerre,
325
t souverains, nous aurons des menaces de guerre :
et
réciproquement, tant qu’il y aura des menaces de guerre, les États te
326
ats tendront à l’autarcie, les frontières closes,
et
le blé, le riz, le café pourriront, les pommes de terre pourriront pa
327
t les difficultés que rencontre son établissement
et
les dangers en partie imprévisibles qui en résulteraient (comme de to
328
s, entraînant celle des idéologies, tout se tient
et
se mêle inextricablement, la persistance d’États-nations souverains d
329
nous sommes incapables de briser cette féodalité
et
d’adapter nos structures politiques aux réalités du xxe siècle, qui
330
cipite les conflits plus qu’elle ne les retarde.)
Et
si la guerre éclate — militaire ou non —, il en résultera l’hégémonie
331
pour l’autre. Ce qui est certain, c’est que l’une
et
l’autre ne peuvent plus être désormais qu’aux dimensions de la planèt
332
ondiale ? », Carrefour, Paris, 9 avril 1947, p. 1
et
3.
333
« Jean-Paul Sartre vous parle…
et
ce qu’en pensent… » (29 octobre 1947)l m Émission plus ambiguë en
334
rie soviétique, laquelle prévoit un conflit fatal
et
violent entre la dictature marxiste et la démocratie capitaliste. Mer
335
flit fatal et violent entre la dictature marxiste
et
la démocratie capitaliste. Merleau-Ponty a raison de dire qu’il « fau
336
faudrait faire appel à la démocratie américaine »
et
de se taire prudemment sur tout appel à la « démocratie » russe. S. d
337
ponse à une enquête] Jean-Paul Sartre vous parle…
et
ce qu’en pensent… », Carrefour, Paris, 29 octobre 1947, p. 7. m. Rép
338
mais la manière dont nous sollicitons cette aide
et
la vilipendons du même mouvement. « Payez, messieurs, et veuillez agr
339
ilipendons du même mouvement. « Payez, messieurs,
et
veuillez agréer les assurances de notre ingratitude anticipée. » C’es
340
as des discours officiels, mais des conversations
et
de beaucoup d’articles, de jugements que nous portons chaque jour sur
341
s que nous portons chaque jour sur les Américains
et
leur action. Il y a trente ans que nous les abreuvons de récriminatio
342
ente ans que nous les abreuvons de récriminations
et
de dédains, de demandes d’emprunts et de refus de rembourser, de reco
343
riminations et de dédains, de demandes d’emprunts
et
de refus de rembourser, de recours à leurs capitaux et de dénonciatio
344
refus de rembourser, de recours à leurs capitaux
et
de dénonciations de leur capitalisme. Il y a trente ans que nous les
345
les appelons au secours quand l’Europe est à feu
et
à sang (par notre faute, si je ne me trompe) : il y a trente ans que
346
réer de toutes pièces l’armée de notre libération
et
pour la débarquer en Algérie !) ; il y a trente ans que, lorsqu’ils a
347
n pas seulement quand ils s’isolent, mais surtout
et
précisément quand ils nous offrent leur appui ! J’entends dire couram
348
nt : « C’est entendu, ils nous fournissent du blé
et
de l’argent pour l’acheter, mais croyez-vous que ce soit par pure phi
349
L’intérêt de l’Amérique, c’est que l’Europe vive
et
ne tombe pas aux mains des Russes ; c’est qu’elle soit forte et donc
350
s aux mains des Russes ; c’est qu’elle soit forte
et
donc unique, puisque les autres comptent sur sa faiblesse. Mais au li
351
nner comme ça, pour le plaisir, n’importe comment
et
à n’importe qui… On leur fait un grief d’avoir une politique, un crim
352
s phrases ce que les Russes promettent aux masses
et
ne leur donnent pas. On va plus loin encore, s’il est possible. À cro
353
e ne sait plus où vendre ses produits, la pauvre,
et
tente de prolonger l’agonie de son système en s’ouvrant des marchés e
354
arts qui reviennent à l’Amérique latine, à l’Asie
et
à la Russie, on voit ce qui reste pour l’Europe — pour la solidité de
355
sur nos besoins concrets, négligeant nos humeurs
et
préjugés. On ne nous demande pas de dire merci. Mais justement, puisq
356
n’en parlons plus. Quant à l’indépendance morale
et
politique que nous devons affirmer ou regagner, c’est dans l’union fé
357
grate », Carrefour, Paris, 26 novembre 1947, p. 1
et
5.