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lus libre de mœurs. L’Amérique ne se définit pas.
Elle
ne s’explique pas dans l’ensemble. Elle se sent. L’Amérique, c’est d’
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init pas. Elle ne s’explique pas dans l’ensemble.
Elle
se sent. L’Amérique, c’est d’abord un sentiment. J’avais, avant d’y v
3
u tant de films et lu tant de romans américains :
ils
donnaient, je le sais aujourd’hui, des images vraies de la vie d’ici,
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s pas l’Amérique dans ces photos et ces livres où
elle
est. Et quand j’y ai débarqué, je n’ai rien reconnu de ce qu’une douz
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fiancé qui s’embarque pour une guerre lointaine :
elle
pleure un peu ou pas du tout, agite la main, s’en va d’un pas étrange
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ée croyant son mari tué en Chine. On le retrouve.
Elle
déclare aux reporters : « Jim est simplement épatant, mais c’est Joe
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ds, je vais me séparer de Jim, et je suis sûre qu’
il
comprendra très bien… » Un mois plus tard. Jim et Joe boivent ensembl
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Joe boivent ensemble à la santé du couple réuni.
Ils
aiment tout ce qui passe, fait sensation, va plus loin et se perd on
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le rêve du bonheur d’un autre… Tout est possible.
Il
y en a pour tout le monde. La jalousie n’est pas américaine. Comment
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res, matériellement ou moralement. Dès l’enfance,
il
s’arrange pour ménager du jeu dans sa conduite, dans ses relations, d
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, pour tout dire, moins vu qu’en Europe. Parce qu’
ils
sont moins conscients de leur vie et d’autrui, ils me tolèrent davant
12
ls sont moins conscients de leur vie et d’autrui,
ils
me tolèrent davantage. Ce n’est pas qu’ils m’ignorent ou le feignent,
13
utrui, ils me tolèrent davantage. Ce n’est pas qu’
ils
m’ignorent ou le feignent, mais ils m’acceptent avant tout sans exame
14
n’est pas qu’ils m’ignorent ou le feignent, mais
ils
m’acceptent avant tout sans examen. Si je leur parais bizarre par mon
15
e par mon costume, par ma conduite ou mon accent,
ils
n’ont pas l’air d’en faire un cas, de se croire obligés de prendre po
16
l entreprenant. Cette nuance me paraît capitale :
elle
suffit à changer l’atmosphère. L’avouerai-je ? Aux premiers contacts,
17
je les trouvais tous un peu crazy les gens d’ici.
Ils
entraient et sortaient sans saluer, sans dire pourquoi ils étaient ve
18
ient et sortaient sans saluer, sans dire pourquoi
ils
étaient venus ; ils se versaient à boire, et, les pieds sur une chais
19
ns saluer, sans dire pourquoi ils étaient venus ;
ils
se versaient à boire, et, les pieds sur une chaise, me posaient avec
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aine : le formalisme, une passion du décor dès qu’
il
s’agit de manifestations publiques. Ceci compense cela, sans doute, p
21
t aux États-Unis, même depuis dix ou vingt ans, s’
il
veut devenir Américain, doit se soumettre au rite suivant : il lui fa
22
ir Américain, doit se soumettre au rite suivant :
il
lui faut tout d’abord quitter le pays — un petit voyage au Canada ou
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qu’une portée symbolique et rituelle. Autrement,
elle
ne sert à rien. Mais personne ne paraît s’en étonner, tant est puissa
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événements, plus qu’aux incidents de la semaine.
Il
me semble assez important, pour faire comprendre à des Français certa
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terbugs évoque, par moments, le vaudou, et, quand
ils
se mettent à crier, on les croirait au bord du délire collectif. Mais
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arent un peu. Personne ne parle. Suit un tango où
ils
se glissent joue à joue, avec n’importe qui, comme sans se voir, dans
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le vide. Peu ou point de plaisanteries échangées.
Ils
sont ici pour rêver, pour danser. Ils rêvent dans toutes les salles d
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échangées. Ils sont ici pour rêver, pour danser.
Ils
rêvent dans toutes les salles de cinéma. Ils marchent dans la rue en
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ser. Ils rêvent dans toutes les salles de cinéma.
Ils
marchent dans la rue en chantonnant leurs mélodies toujours si triste
30
mais avec un sourire de rêve heureux. Je crois qu’
ils
sont bien moins conscients que nous. À quoi rêvent-ils ? À la vie lar
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ont bien moins conscients que nous. À quoi rêvent-
ils
? À la vie large, toujours plus large devant eux, à la richesse et à
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arge devant eux, à la richesse et à la liberté qu’
elle
leur donnerait, croient-ils. À une aisance qui va venir. C’est là tou
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e et à la liberté qu’elle leur donnerait, croient-
ils
. À une aisance qui va venir. C’est là tout le secret de ce que l’on n
34
n rêve. Non seulement les limites le gênent, mais
il
ne veut pas même admettre qu’elles existent, sinon pour être dépassée
35
s le gênent, mais il ne veut pas même admettre qu’
elles
existent, sinon pour être dépassées. C’est contraire à sa tradition.
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du Potomac par le rêve d’un pays sans limites, et
il
l’était vraiment pour ceux qui triomphaient des famines, des moustiqu
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, des moustiques, des dysenteries et des Indiens.
Ils
avaient fui les étroitesses religieuses et politiques de l’Europe. Il
38
troitesses religieuses et politiques de l’Europe.
Ils
se trouvaient tout seuls devant leur chance. Tout dépendait de leur c
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nt. Mais c’était une limite atteinte. Qu’allaient-
ils
faire des énergies mises en œuvre pour la conquête ? Ils se tournèren
40
re des énergies mises en œuvre pour la conquête ?
Ils
se tournèrent vers l’industrie. Ce fut leur nouvelle « frontière », l
41
on pays du fond du Pacifique ou de l’Europe, dont
il
n’a guère connu que les ruines et les amertumes, rêve simplement de s
42
s et les amertumes, rêve simplement de son foyer.
Il
voit sa maison blanche, sa femme et le drugstore du coin. Huit à neuf
43
. Huit à neuf fois sur dix, vis-à-vis des pays qu’
il
vient de libérer au péril de sa vie, il garde une espèce de rancœur.
44
s pays qu’il vient de libérer au péril de sa vie,
il
garde une espèce de rancœur. Je ne pense pas que le mot soit trop for
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ont trouvés mêlés au grand malheur des peuples qu’
ils
aimaient de loin. Ils ont été courageux devant l’ennemi, mais non pas
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rand malheur des peuples qu’ils aimaient de loin.
Ils
ont été courageux devant l’ennemi, mais non pas devant la misère de l
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emi, mais non pas devant la misère de leurs amis.
Ils
rentrent en disant que la France est sale et en désordre, que tout y
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t que les WC sont au milieu des places publiques.
Ils
demandent qu’on ne leur parle plus des indigènes européens, ces agité
49
s tricheurs. C’est ainsi, et je ne juge personne.
Il
faut verser ces injustices flagrantes, ces vérités mal à propos au co
50
bés par la vie quotidienne d’ici quelques années.
Ils
finiront bien par penser comme leur femme, leur patron, leurs concurr
51
des pionniers qui luttaient sur la « frontière ».
Il
pressent qu’il a fait son plein ou qu’il est bien près de le faire da
52
ui luttaient sur la « frontière ». Il pressent qu’
il
a fait son plein ou qu’il est bien près de le faire dans les limites
53
tière ». Il pressent qu’il a fait son plein ou qu’
il
est bien près de le faire dans les limites de son pays, « d’une côte
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ites de son pays, « d’une côte à l’autre », comme
il
dit. Et ce pressentiment l’inquiète profondément. Or c’est bien cette
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s étrangères de Roosevelt, avait prévue. Et c’est
elle
qu’il avait tenté de prévenir, non sans succès, en particulier par sa
56
ères de Roosevelt, avait prévue. Et c’est elle qu’
il
avait tenté de prévenir, non sans succès, en particulier par sa polit
57
yant rejoint les frontières mêmes des États-Unis,
il
faut donc en sortir et deux voies sont possibles : répandre les produ
58
r ma part, que Hollywood n’y trouvera rien, ou si
elle
y trouve un germe, le nettoiera. Car Hollywood n’est plus qu’une mach
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ttoiera. Car Hollywood n’est plus qu’une machine.
Elle
transforme en argent tout ce qu’elle a envie de toucher, et c’est pou
60
une machine. Elle transforme en argent tout ce qu’
elle
a envie de toucher, et c’est pourquoi son avidité même à se renouvele
61
uveler stérilise instantanément les nouveautés qu’
il
semblerait facile d’y introduire, à première vue. Cette technique tro
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s neutralisant l’originalité les uns des autres :
elle
suppose une telle application au détail matériel, au cadre, au son, à
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l’éclairage, aux cravates et au faux-vrai luxe :
elle
doit tenir compte de tant d’exigences personnelles des stars, collect
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le préjugés hérités de trente ans de triomphe, qu’
il
n’est pas de génie assez coriace pour survivre à pareille torture au
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s. Le rythme est cahotant, trop coupé, mais quand
il
s’établit sur une ou deux séquences, comme il entraîne ! Je rentre ap
66
and il s’établit sur une ou deux séquences, comme
il
entraîne ! Je rentre après cela dans une salle de Broadway : tout y m
67
’accepte pas que Hedy Lamarr soit mal habillée si
elle
joue une pauvresse, qu’Ingrid Bergman ressemble à la Suédoise qu’elle
68
sse, qu’Ingrid Bergman ressemble à la Suédoise qu’
elle
est, plutôt qu’à une star comme les autres. N’insistons pas : la déca
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voir que cela vaut le dérangement. Je me déplace.
Elle
entre sur ses talons plats, avec son chapeau de feutre gris souris re
70
’eusse préféré ne la voir jamais, mais j’avoue qu’
elle
est très jolie, malgré la minceur de ses lèvres. Un peu plus tard, c’
71
plus tard, un pas rapide dans l’escalier : c’est
elle
encore, en robe courte de soie grise, et déjà nous choquons nos petit
72
u’on fait parfois des souverains en voyage. Comme
elle
est gaie ! J’ai passé une demi-heure à causer avec elle, sur un sofa,
73
st gaie ! J’ai passé une demi-heure à causer avec
elle
, sur un sofa, et plus tard nous avons soupé, assis par terre, dans un
74
: je ne trouve rien à me remémorer de ses propos.
Elle
a le génie de ne rien dire qui la rende plus réelle qu’une image. Ne
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à la fantaisie de toutes les imaginations. Comme
elle
est belle et comme elle est absente ! Quelle élégance dans l’irréalit
76
s les imaginations. Comme elle est belle et comme
elle
est absente ! Quelle élégance dans l’irréalité ! Comme elle est gaie
77
bsente ! Quelle élégance dans l’irréalité ! Comme
elle
est gaie pour un fantôme… ⁂ Revenons à nos moutons de Hollywood. Je n
78
uns des moyens d’expression radicalement neufs qu’
il
permet : c’est Walt Disney. Les autres en sont encore à photographier
79
les rythmes habituels de notre vie. C’est dire qu’
ils
oublient ou refusent de prendre avantage des possibilités uniques du
80
e entièrement partagée par les publics d’enfants,
ils
évoluent dans un univers de machines féroces, d’explosions, de flamme
81
erre, nous donnèrent seuls la sensation du Blitz.
Ils
sont de notre temps d’une manière plus profonde que leur auteur, sans
82
auteur, sans doute, n’eût osé le soupçonner. Car
il
n’est pas intelligent, s’il est génial. Disney, quand il se trompe, n
83
sé le soupçonner. Car il n’est pas intelligent, s’
il
est génial. Disney, quand il se trompe, n’y va pas de main morte. Je
84
t pas intelligent, s’il est génial. Disney, quand
il
se trompe, n’y va pas de main morte. Je pense surtout à Fantasia, ess
85
utôt déprimés par la représentation de la veille.
Il
entre avec sa femme. Il a l’air d’un bon garçon bien correct et bien
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résentation de la veille. Il entre avec sa femme.
Il
a l’air d’un bon garçon bien correct et bien banal. On essaie de parl
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nsky — deux des principales victimes de son film.
Il
coupe court d’un ton neutre : « Mrs Walt Disney n’aime pas la musique
88
sique. » Un froid, et chacun pense : Que ne l’a-t-
elle
empêché de s’en occuper ! Son mauvais goût me paraît irrémédiable, ét
89
, n’est qu’une suite de cartes de bons vœux comme
il
s’en envoie des millions à chaque Noël en Amérique.) Mais il a le sec
90
oie des millions à chaque Noël en Amérique.) Mais
il
a le secret de ce rythme endiablé, cette ingéniosité foisonnante, fol
91
ions géniales de Disney remontent à la période où
il
travaillait seul, à l’aventure, avec des moyens peu coûteux. Les prod
92
ommes fabuleuses. Pour que ces sommes rapportent,
il
faut le plus grand public possible. Pour satisfaire ce plus grand pub
93
c possible. Pour satisfaire ce plus grand public,
il
faut se garder d’innover ou de faire plus vrai que la convention du j
94
rand public déteste autant que vous la nouveauté.
Il
a aimé Disney. Et qui sait s’il ne va point préférer les films europé
95
ous la nouveauté. Il a aimé Disney. Et qui sait s’
il
ne va point préférer les films européens, dès qu’il pourra les voir ?
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ne va point préférer les films européens, dès qu’
il
pourra les voir ? Tous les signes sont là. Dépêchez-vous ! Mais peut-
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signes sont là. Dépêchez-vous ! Mais peut-être qu’
il
est trop tard : et qu’ils s’en doutent. L’importance des studios de N
98
vous ! Mais peut-être qu’il est trop tard : et qu’
ils
s’en doutent. L’importance des studios de New York s’accroît sans ces
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bandits, et des sujets de scénarios historiques.
Il
se peut que Hollywood, après sa mort, devienne une merveilleuse « idé
100
écran sous la forme du chef-d’œuvre que, vivante,
elle
n’a fait que rêver. c. Rougemont Denis de, « Hollywood n’a plus d’
101
uter le monde. Les trois Grands, à Moscou, seront-
ils
plus adroits dans ce même jeu ? On ne le croirait pas à les voir. Cur
102
on, c’est Miss Hepburn ! » — « C’est moi ! », dit-
elle
en lui pinçant la joue, et la vendeuse nous planta là. Il neigeait su
103
i pinçant la joue, et la vendeuse nous planta là.
Il
neigeait sur la Cinquième Avenue, sur les paquets enrubannés, sur les
104
, transporté avec toutes ses racines d’un parc où
il
sera replanté dès janvier, n’ayant coûté que cent dollars de location
105
de rivaliser dans la dépense en fin d’année, est-
elle
comme chez les primitifs la manière de conjurer le sort ? Plus que di
106
encore très bien compris les traditions, parce qu’
elle
les respecte un peu trop… Times Square, tous ses feux allumés, semble
107
aériens. Déjà la télévision en couleurs prouve qu’
elle
ne le cède en rien à la photographie pour « le brillant et la précisi
108
e, bonne volonté de Dieu envers les hommes ». Est-
il
besoin de la bombe, et des grèves, et de la famine européenne, et de
109
de bonne volonté ? La plupart sont involontaires.
Ils
ne font que subir leur condition. À Times Square, dans une foule comp
110
araissait meilleure que celle de France, parce qu’
elle
donnait plus de nouvelles du monde, et d’une manière plus objective,
111
ribue par erreur à l’autruche. Je suis certain qu’
il
avait tort, comme la suite l’a prouvé d’ailleurs. Le directeur de Car
112
d’ailleurs. Le directeur de Carrefour admettra-t-
il
que je récidive, à propos cette fois-ci de l’exemple américain ? Ex
113
de points de vue contradictoires, et je précise :
ils
l’admettent justement à l’occasion des débats les plus graves et les
114
rites respectifs des personnes en présence ? Et s’
il
s’agit d’une grève de vastes dimensions, comme celle qui vient d’inte
115
ournal. Ceci me paraît très important. En France,
il
arrive trop souvent que le débat réel reste mal défini, les positions
116
ayant pas été déclarées dans les termes exacts où
elles
s’arrêtent. Ce que l’on trouve dans son journal, c’est un débat à pro
117
la presse — au sujet d’un problème qui, semble-t-
il
, importe moins en soi que ce qu’en disent les partis. Ainsi l’on peut
118
. Et je savais que quel que fût le problème posé,
ils
resteraient attachés « indéfectiblement », comme des moules, à leurs
119
la dénonciation personnelle ou le scandale. Quand
ils
s’y lancent, ils n’y vont pas de main morte. Mais leur objectif princ
120
ersonnelle ou le scandale. Quand ils s’y lancent,
ils
n’y vont pas de main morte. Mais leur objectif principal, ou si l’on
121
. Le grand reporter français cherche à expliquer,
il
tend à l’essai. Le correspondant américain cherche à faire voir, il t
122
Le correspondant américain cherche à faire voir,
il
tend au roman. Sa gloire et son statut social éclipsent bien souvent
123
passe, n’eût pas trouvé de meilleur expédient : s’
ils
demandent des nouvelles, contez-leur une histoire. « S’ils n’ont pas
124
dent des nouvelles, contez-leur une histoire. « S’
ils
n’ont pas de pain, qu’ils mangent des brioches ! » Le siècle est en r
125
-leur une histoire. « S’ils n’ont pas de pain, qu’
ils
mangent des brioches ! » Le siècle est en révolution, l’Europe en rui
126
formé, je ne mettrai pas en doute l’utilité. Mais
elle
ne possède pas d’organes d’information dignes du nom. Sur quoi peut b
127
quoi peut bien régner ce ministère ? J’imagine qu’
il
a pris à tâche de créer un nouvel esprit, un nouveau sens des devoirs
128
s termes à la moyenne ou même au pire de l’autre.
Il
resterait à opposer la tenue littéraire, mettons du Figaro à la vul
129
la vulgarité totale du Journal and American. Mais
il
est difficile d’être à la fois juste et utile, en temps de crise. Et
130
u’un agent d’assurances du Connecticut affirme qu’
elle
jouit d’un gouvernement pratiquement idéal, le Contrôleur général des
131
dière. » Ce fonctionnaire sait à peu près de quoi
il
parle, — et je dis à peu près pour dire comme lui. Car son travail co
132
me lui. Car son travail consiste, nous explique-t-
il
, à maintenir les agences de l’État dans les limites de leurs prérogat
133
prérogatives et de leur budget particulier, mais
il
avoue que c’est une tâche impossible. Dans le domaine des transports,
134
comités successifs pour étudier cette situation.
Il
est concevable qu’un dixième comité ait pour objet d’examiner l’activ
135
mploi ou des anciens ministres de n’importe quoi.
Il
sera plutôt un homme d’affaires dans la quarantaine, le vice-présiden
136
et voyons ce que le coming man va nous sortir. S’
il
réussit, sa gloire sera grande pendant plusieurs semaines au moins, à
137
moins, à condition que la presse l’ait adopté. S’
il
rate, il sera vidé sans autres formes qu’une lettre personnelle du pr
138
condition que la presse l’ait adopté. S’il rate,
il
sera vidé sans autres formes qu’une lettre personnelle du président,
139
formes qu’une lettre personnelle du président, qu’
il
pourra lire le jour même dans le journal : « Mon cher Bill, au moment
140
ohérente. (Pour un esprit infiniment intelligent,
il
n’y aurait jamais de désordre, mais seulement des complexités.) Le fa
141
n. Mais ce n’est pas beaucoup dire, de nos jours.
Il
choisit ses ministres et ses tsars. Mais il doit tenir compte, pour c
142
ours. Il choisit ses ministres et ses tsars. Mais
il
doit tenir compte, pour ce choix, de l’équilibre des républicains, de
143
es trois chefs des syndicats les plus puissants ;
il
doit tenir compte des pressure groups de Washington ; des agences et
144
épendants des ministères ; de la Finance (bien qu’
elle
perde du terrain) ; enfin de l’opinion publique, car nous sommes en d
145
inion publique, car nous sommes en démocratie, et
il
faut bien que cela se marque quelque part… et en quelque manière. Les
146
nombreuses (quelques milliers) ; si provisoires (
elles
durent de trois ans à trois mois) ; et de statut si variable (allant
147
e non régulier à celui d’expédient de crise) ; qu’
il
n’y a pas homme au monde qui ait le temps ou les moyens intellectuels
148
intellectuels de s’y retrouver : à peine y serait-
il
parvenu que le tableau changerait en quelques jours. D’où la gabegie
149
artements fédéraux qui se font la guerre, sans qu’
il
existe un seul centre capable de dresser l’inventaire de ce domaine g
150
ossède pas d’école de fonctionnaires spécialisés.
Elle
ne produit pas plus d’inspecteurs des Finances que de ronds-de-cuir d
151
ite, tous ces fonctionnaires d’occasion savent qu’
ils
peuvent être aisément révoqués, et l’acceptent non moins aisément, en
152
l’acceptent non moins aisément, en principe, car
ils
ont par ailleurs une profession qu’ils pourront reprendre au premier
153
ncipe, car ils ont par ailleurs une profession qu’
ils
pourront reprendre au premier jour. J’ai fait partie de la troupe et
154
ord un général, puis un commentateur de la radio.
Il
avait sous ses ordres des écrivains, des journalistes, des banquiers,
155
vous prenez, au lieu de l’OWI, le NWLB ou l’OPA,
il
suffira de transposer écrivains en ingénieurs, journalistes en busine
156
tionnaires ? La société entière se transformera-t-
elle
en un cauchemar de statistiques, de directives, de formulaires, de fi
157
son temps à rédiger de longs rapports prouvant qu’
elle
est indispensable. Ici et là, quelques énergumènes s’aviseront de tra
158
épondra oui. L’expérience lui répondra non. Car s’
il
n’y avait plus de grands bureaux dans une démocratie, quelques hommes
159
bles… Facilement désignés à la vindicte publique,
ils
n’auraient plus de choix qu’entre la démission et la tyrannie déclaré
160
ine inefficace et le Scylla du pouvoir personnel,
ils
choisissent le naufrage commun dans le détroit des Délais ou la mer d
161
L’Amérique est-
elle
nationaliste ? (29 août 1946)h Vont-ils devenir nationalistes à la
162
e est-elle nationaliste ? (29 août 1946)h Vont-
ils
devenir nationalistes à la manière des Européens ? C’est, à mon sens,
163
ublique, chez eux, en tient la place. Se pourrait-
il
qu’un jour prochain, cette opinion publique, reine des États-Unis, de
164
înt nationaliste à notre image européenne ? Et qu’
elle
décidât d’imposer au monde entier la loi yankee ? Il faudrait tout d’
165
décidât d’imposer au monde entier la loi yankee ?
Il
faudrait tout d’abord que l’Amérique se formât une conscience nationa
166
formât une conscience nationale. Le phénomène est-
il
probable ? Et s’il l’est, devons-nous le redouter ? Je répondrai que
167
ce nationale. Le phénomène est-il probable ? Et s’
il
l’est, devons-nous le redouter ? Je répondrai que le phénomène est no
168
lir sous nos yeux. Pourtant, je reste persuadé qu’
il
ne comporte rien de redoutable. Une nation prend conscience d’elle-mê
169
e. Une nation prend conscience d’elle-même lorsqu’
elle
atteint ses limites naturelles et qu’elle se heurte à des voisins org
170
lorsqu’elle atteint ses limites naturelles et qu’
elle
se heurte à des voisins organisés. Or c’est le cas de l’Amérique, vir
171
, comme pour mieux marquer le coup ; et, de plus,
elle
l’a gagnée avec une arme qu’elle se trouve seule à posséder pour le m
172
p ; et, de plus, elle l’a gagnée avec une arme qu’
elle
se trouve seule à posséder pour le moment. Voilà bien des raisons de
173
e. La terre entière aurait de quoi trembler. Mais
il
ne s’agit pas d’une nation comme les autres. Je voudrais, pour vous l
174
ion, une certaine conduite, une certaine opinion,
il
a coutume de dire, depuis quelques années, pour marquer sa réprobatio
175
essairement ascendants vers une vie meilleure. Et
il
ne s’agit pas d’une déclaration d’anti quelque chose, mais au contrai
176
d’une communion planétaire dans la même liberté.
Ils
ont envie d’ouvrir le monde à leur jeunesse, non pas de refermer sur
177
unesse, non pas de refermer sur lui leurs serres.
Ils
ont envie de nous faire bénéficier de leur style de vie, de leur way
178
vie, de leur way of life, parce qu’ainsi, croient-
ils
, tout le monde (et eux compris, bien entendu) se sentira plus en sécu
179
r là que cette dernière n’est plus très saine, qu’
elle
« sent » déjà. Il est grand temps qu’on la mette dans la glace. De mê
180
ère n’est plus très saine, qu’elle « sent » déjà.
Il
est grand temps qu’on la mette dans la glace. De même, le commerce am
181
des États-Unis nous a fait moins de mal, semble-t-
il
, que « l’intelligence » inhumaine de certains chefs européens qui pro
182
heter, et secundo, une fois l’automobile achetée,
il
ne dépendait que de lui d’aller à pied quand cela lui chantait. Mais
183
Mais je m’avise ici d’une contradiction étrange.
Il
semble bien que ce sont les mêmes personnes qui vitupèrent l’impérial
184
’Amérique envoie, on parle d’impérialisme ; quand
elle
n’envoie pas, on parle d’égoïsme et d’hypocrisie puritaine. Et il arr
185
on parle d’égoïsme et d’hypocrisie puritaine. Et
il
arrive même trop souvent que l’on parle des deux à la fois. Je voudra
186
’être là et, pour comble, de n’être pas là. Quand
elle
fait une crise d’isolationnisme, on l’accuse de myopie, d’inertie, d’
187
n mondiale et d’orgueil inqualifiable. Mais quand
elle
fait une crise d’idéalisme et qu’elle intervient dans les affaires d’
188
Mais quand elle fait une crise d’idéalisme et qu’
elle
intervient dans les affaires d’Europe, comme en 1917 et en 1943, on l
189
1917 et en 1943, on l’accuse de se mêler de ce qu’
elle
ne peut comprendre. Ce qu’on voudrait, en somme, c’est que les Améric
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es choses vont très mal — par notre faute — et qu’
ils
vident les lieux en vitesse, comme des intrus et sans remerciements,
191
e, comme des intrus et sans remerciements, dès qu’
ils
nous ont tirés d’affaire. « Eh quoi ! deux ans pour débarquer ! » (C’
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quoi ! trois mois déjà que nous sommes libérés et
ils
infestent encore nos bars ! » ⁂ Autre exemple de cette même contradic
193
olitique d’occupation américaine en Allemagne : «
Ils
sont trop doux, ils sont naïfs, ils ne comprennent rien aux problèmes
194
n américaine en Allemagne : « Ils sont trop doux,
ils
sont naïfs, ils ne comprennent rien aux problèmes de l’Europe, de quo
195
Allemagne : « Ils sont trop doux, ils sont naïfs,
ils
ne comprennent rien aux problèmes de l’Europe, de quoi se mêlent-ils
196
rien aux problèmes de l’Europe, de quoi se mêlent-
ils
? » Intimidés, conscients d’avoir fait quelques gaffes à la Patton, l
197
e de s’en aller. Mais aussitôt : « Ah ! bien sûr,
ils
vont nous laisser seuls avec toute la charge de l’occupation sur les
198
pas le flanc à des critiques de ce genre parce qu’
ils
ne publient rien, interdisent les reportages, agissent en conquérants
199
es mesures proposées ou soutenues par son pays. —
Ils
sont bien maladroits, disait-il en souriant, car à force de nous cont
200
par son pays. — Ils sont bien maladroits, disait-
il
en souriant, car à force de nous contrecarrer, ils vont nous obliger
201
il en souriant, car à force de nous contrecarrer,
ils
vont nous obliger à faire enfin de la politique étrangère dont nous n
202
tique américaine hésite parfois. D’autant plus qu’
il
existe bel et bien aux États-Unis des fractions isolationnistes et de
203
e nom. h. Rougemont Denis de, « L’Amérique est-
elle
nationaliste ? », Carrefour, Paris, 26 août 1946, p. 1.
204
e la production mécanique relève de l’imitation —
il
est clair qu’il ne peut exister d’art dirigé, pas plus qu’on ne peut
205
mécanique relève de l’imitation — il est clair qu’
il
ne peut exister d’art dirigé, pas plus qu’on ne peut prévoir l’imprév
206
a production de cartes postales en couleur. Ce qu’
ils
appellent diriger l’art, c’est d’une part exercer une censure (mais l
207
occupe d’être immédiatement accessible au peuple,
il
faut qu’il se maintienne au niveau de la presse du savoir et de la ra
208
re immédiatement accessible au peuple, il faut qu’
il
se maintienne au niveau de la presse du savoir et de la radio (libres
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du savoir et de la radio (libres ou dirigées) et
il
cessera d’être un artiste. Sinon, il se voit contraint d’inventer son
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dirigées) et il cessera d’être un artiste. Sinon,
il
se voit contraint d’inventer son langage, sa rhétorique, ses sujets,
211
iste individualiste, et c’est trop pour un homme.
Il
s’agit pour nous, au xxe , d’appeler et de créer des « communautés »
212
emet en question toute notre culture, et derrière
elle
toute la structure sociale et la politique de l’époque. Je ne vois pa
213
n artiste pourrait s’en désintéresser, ni comment
il
pourrait ne point s’efforcer de modifier les structures existantes et
214
hysique au temps du romantisme allemand. En fait,
il
ne s’agit pas d’idéologies, mais de tactiques, pas de styles mais de
215
s trois questions suivantes : « 1. L’artiste peut-
il
s’exprimer dans les limites d’un art dirigé ? 2. Estimez-vous que l’a
216
t accessible au plus grand nombre ? 3. L’art peut-
il
être au service d’une idéologie ? »
217
se de discuter le sujet. En Europe, au contraire,
il
m’apparaît que l’idée d’un gouvernement mondial se heurte au sceptici
218
is demandé l’avis des peuples, et pourquoi furent-
ils
jamais prêts ? L’étaient-ils pour le christianisme ? Pour la terreur
219
, et pourquoi furent-ils jamais prêts ? L’étaient-
ils
pour le christianisme ? Pour la terreur ? Pour le capitalisme ? Pour
220
Pour le capitalisme ? Pour la bombe atomique ? S’
ils
avaient été prêts pour l’une de ces grandes causes ou grandes actions
221
r l’une de ces grandes causes ou grandes actions,
il
n’y aurait pas eu de martyrs, ni de tyrans, ni d’adversaires de la Ré
222
général. L’argument est au moins léger. De plus,
il
est inexact dans le cas particulier. Vous dites que les peuples ne so
223
riez : le projet paraît juste et nécessaire, donc
il
faut que les peuples se préparent à le réaliser. Passons aux objectio
224
er, avant de le rejeter, le projet qu’on propose.
Elles
se ramènent à deux types d’argument : le gouvernement mondial serait
225
e gouvernement mondial serait impuissant, ou bien
il
serait trop puissant. À l’appui de la thèse de l’impuissance, on cite
226
s des nations et aux dépens de leur souveraineté.
Il
naîtrait de l’abandon même, par les nations, de leurs prérogatives de
227
’est aussitôt opposé au projet, pour la raison qu’
il
comportait « une atteinte aux souverainetés nationales ». Et les Amér
228
Américains ont répondu que c’était bien là ce qu’
ils
voulaient. Cet incident résume tout le problème. D’une part, il perme
229
Cet incident résume tout le problème. D’une part,
il
permet d’observer le processus de la naissance d’un pouvoir mondial.
230
la naissance d’un pouvoir mondial. D’autre part,
il
révèle la vraie nature des forces qui s’y opposent : le nationalisme
231
gouvernement mondial renversent leurs batteries.
Ils
remarquaient tout à l’heure avec raison qu’une ligue de gouvernants e
232
ent en même temps les chefs des États en conflit.
Ils
déclarent maintenant qu’un pouvoir mondial indépendant de ces gouvern
233
humain l’idéologie la plus répandue au moment où
il
se formerait. (Ce serait aujourd’hui, probablement, un dirigisme miti
234
qui en résulterait probablement. Pour y répondre,
il
s’agirait de considérer de plus près les modes d’élection du gouverne
235
ture d’une idéologie majoritaire. Si au contraire
ils
étaient désignés par les peuples et secondés par un Parlement mondial
236
t mondial serait alors de type démocratique. (Car
il
apparaît de plus en plus clairement que la clé des quatre libertés es
237
itaires.) Quant aux fonctions du pouvoir mondial,
elles
seraient définies par la nécessité même qui nous fait souhaiter qu’il
238
par la nécessité même qui nous fait souhaiter qu’
il
existe : la nécessité urgente d’empêcher la guerre, c’est-à-dire de l
239
rre, pratiquement, précipite les conflits plus qu’
elle
ne les retarde.) Et si la guerre éclate — militaire ou non —, il en r
240
de.) Et si la guerre éclate — militaire ou non —,
il
en résultera l’hégémonie mondiale du vainqueur, c’est-à-dire de l’Uso
241
ie capitaliste. Merleau-Ponty a raison de dire qu’
il
« faudrait faire appel à la démocratie américaine » et de se taire pr
242
ison de défendre la liberté de penser, mais quand
elle
dit « qu’on peut toujours trouver les circonstances qui amènent à déc
243
arer que telle ou telle liberté est dangereuse »,
elle
s’appuie sans doute sur l’exemple soviétique, incontestable, mais qui
244
écessairement contre le gaullisme en puissance, s’
il
vaut à plein contre le communisme en exercice. l. Rougemont Denis
245
ces de notre ingratitude anticipée. » C’est ce qu’
il
me semble entendre un peu partout depuis que je suis rentré dans ce v
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depuis que je suis rentré dans ce vieux monde. Or
il
ne s’agit pas d’une attitude nouvelle, ou qui serait le seul fait des
247
uer en Algérie !) ; il y a trente ans que, lorsqu’
ils
arrivent enfin, lorsqu’ils nous sauvent, nous leur disons : « De quoi
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trente ans que, lorsqu’ils arrivent enfin, lorsqu’
ils
nous sauvent, nous leur disons : « De quoi vous mêlez-vous ? » Bref,
249
sombres motifs égoïstes, non pas seulement quand
ils
s’isolent, mais surtout et précisément quand ils nous offrent leur ap
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ils s’isolent, mais surtout et précisément quand
ils
nous offrent leur appui ! J’entends dire couramment : « C’est entendu
251
ui ! J’entends dire couramment : « C’est entendu,
ils
nous fournissent du blé et de l’argent pour l’acheter, mais croyez-vo
252
que ce soit par pure philanthropie ? Soyez sûr qu’
ils
y trouvent leur intérêt ! » Que voudrait-on qu’ils y trouvent d’autre
253
ls y trouvent leur intérêt ! » Que voudrait-on qu’
ils
y trouvent d’autre ? L’intérêt de l’Amérique, c’est que l’Europe vive
254
e et ne tombe pas aux mains des Russes ; c’est qu’
elle
soit forte et donc unique, puisque les autres comptent sur sa faibles
255
et ne leur donnent pas. On va plus loin encore, s’
il
est possible. À croire la propagande des staliniens, c’est nous qui s
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sauverions l’Amérique de la ruine en acceptant qu’
elle
nous avance une vingtaine de milliards de dollars ! C’est l’Amérique,
257
’Amérique, dit-on, qui a besoin de l’Europe ! Car
elle
est à la veille d’une crise épouvantable, Staline l’a dit ; elle ne s
258
eille d’une crise épouvantable, Staline l’a dit ;
elle
ne sait plus où vendre ses produits, la pauvre, et tente de prolonger
259
a solidité de l’argument stalinien ! Par bonheur,
elles
n’y suffiront pas. Le plan Marshall se fonde sur nos besoins concrets
260
t pas en cause, pour le seul honneur de l’Europe,
il
serait temps que nous prenions un peu de tenue. Si nous étions francs
261
la vraie menace contre l’indépendance européenne,
elle
ne vient pas de l’Amérique, mais de nous-mêmes. La vraie, ce n’est pa
262
er, c’est dans l’union fédérative du continent qu’
elle
trouvera sa seule garantie. Nous serons guéris de notre mauvaise cons