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non sans plaisir, à cette suppression générale de
nos
cérémonies, précautions oratoires, méfiances paysannes ou réserves mo
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là vont peut-être expliquer l’histoire du siècle,
notre
histoire réelle. Car celle-ci dépend de deux peuples — l’autre est le
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éactions intimes et sautes d’humeur vont affecter
notre
sort matériel, aussi directement que naguère les crises d’un certain
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x. Je crois qu’ils sont bien moins conscients que
nous
. À quoi rêvent-ils ? À la vie large, toujours plus large devant eux,
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e « frontière », leur nouveau front, dirait-on de
nos
jours. Et ce fut l’ère des fortunes, et des cités, et des usines colo
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e nécessité profonde : le rêve américain l’exige.
Nous
voici bien loin de nos danseurs de Broadway ! Peut-être, mais tout ce
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e rêve américain l’exige. Nous voici bien loin de
nos
danseurs de Broadway ! Peut-être, mais tout cela va dans le même sens
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de poussée d’impérialisme américain ? Vos rêveurs
nous
paraissent terriblement pratiques et parfaitement conscients de leurs
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mpérialisme au sens européen du mot. Je pense que
nous
avons un peu plus de raisons de nous en réjouir que de nous en méfier
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Je pense que nous avons un peu plus de raisons de
nous
en réjouir que de nous en méfier. b. Rougemont Denis de, « Le rêve
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un peu plus de raisons de nous en réjouir que de
nous
en méfier. b. Rougemont Denis de, « Le rêve américain », Carrefour
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st déjà Greta Garbo, symbole d’un âge. Ô Garbo de
notre
jeunesse, volupté du regard. Reine des neiges, Dame des rêves de l’ad
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re à l’oreille : — Pouvez-vous céder votre table,
nous
avons besoin d’une table de deux dans cinq minutes ? Merci. Vous alle
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lle encore, en robe courte de soie grise, et déjà
nous
choquons nos petits verres de vodka. On l’a présentée comme « Miss G…
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robe courte de soie grise, et déjà nous choquons
nos
petits verres de vodka. On l’a présentée comme « Miss G… » (prononcez
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ure à causer avec elle, sur un sofa, et plus tard
nous
avons soupé, assis par terre, dans une foule, mais dos à dos, et voic
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Comme elle est gaie pour un fantôme… ⁂ Revenons à
nos
moutons de Hollywood. Je ne vois qu’un homme en Amérique, qui ait su
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des drames, des ameublements ou des jardins comme
nous
pouvons en voir sans l’aide d’une caméra, et sur les rythmes habituel
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ide d’une caméra, et sur les rythmes habituels de
notre
vie. C’est dire qu’ils oublient ou refusent de prendre avantage des p
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s vois s’agiter sur l’écran comme des ludions qui
nous
rendraient visibles les mouvements délirants de l’Inconscient moderne
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ts déchirants qui, bien avant la dernière guerre,
nous
donnèrent seuls la sensation du Blitz. Ils sont de notre temps d’une
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onnèrent seuls la sensation du Blitz. Ils sont de
notre
temps d’une manière plus profonde que leur auteur, sans doute, n’eût
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ia à Buenos Aires que j’ai rencontré Walt Disney.
Nous
l’attendions à déjeuner chez Victoria Ocampo, plutôt déprimés par la
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que, inaugurant officiellement la saison de Noël.
Nous
sommes le 13 et les rayons de jouets sont déjà presque vides à New Yo
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vrit la bouche, puis écarquilla les yeux : devant
nous
venait d’apparaître une jeune femme au visage anguleux et couvert de
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, dit-elle en lui pinçant la joue, et la vendeuse
nous
planta là. Il neigeait sur la Cinquième Avenue, sur les paquets enrub
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d meeting. Sur le coup de minuit, le 31 décembre,
nous
perdrons le meilleur maire de New York. Et Roosevelt n’est pas rempla
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l », qualités préférées de l’Américain. Déjà l’on
nous
annonce de Hollywood un superfilm sur la bombe atomique, où le love i
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ntisoviétisme, et de l’antiaméricanisme, pour que
nous
comprenions que les hommes ont fort peu de bonne volonté ? La plupart
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élection présidentielle. Dans quel autre pays de
notre
monde du xxe siècle verrait-on un journal de l’importance du New Yor
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u’un radical. De quoi donc parlait-on ? Qu’allons-
nous
faire ? Ce n’est pas que les journaux américains craignent la discuss
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e inexcusable de la presse du siècle dernier, que
nous
appelons le roman-feuilleton, et que je vois encore, en pleine périod
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anifeste, une fois de plus, en facilitant à un de
nos
compatriotes qui vit à l’étranger, la possibilité de s’exprimer libre
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leur général des États-Unis écrit de son côté : «
Notre
gouvernement est une vaste pétaudière. » Ce fonctionnaire sait à peu
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ès pour dire comme lui. Car son travail consiste,
nous
explique-t-il, à maintenir les agences de l’État dans les limites de
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puis en avant, et voyons ce que le coming man va
nous
sortir. S’il réussit, sa gloire sera grande pendant plusieurs semaine
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que l’on désigne ordinairement une situation dont
notre
esprit n’arrive pas à se former une image claire et cohérente. (Pour
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roi, dit-on. Mais ce n’est pas beaucoup dire, de
nos
jours. Il choisit ses ministres et ses tsars. Mais il doit tenir comp
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de du terrain) ; enfin de l’opinion publique, car
nous
sommes en démocratie, et il faut bien que cela se marque quelque part
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à la fatalité incontrôlable des agences. Finirons-
nous
tous fonctionnaires ? La société entière se transformera-t-elle en un
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s ? C’est, à mon sens, toute la question. Lorsque
nous
parlons d’impérialisme, en Europe, nous pensons à une volonté de domi
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. Lorsque nous parlons d’impérialisme, en Europe,
nous
pensons à une volonté de dominer affirmée par un chef au nom de sa na
43
ique, reine des États-Unis, devînt nationaliste à
notre
image européenne ? Et qu’elle décidât d’imposer au monde entier la lo
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phénomène est-il probable ? Et s’il l’est, devons-
nous
le redouter ? Je répondrai que le phénomène est non seulement probabl
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ement probable, mais en train de s’accomplir sous
nos
yeux. Pourtant, je reste persuadé qu’il ne comporte rien de redoutabl
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e refermer sur lui leurs serres. Ils ont envie de
nous
faire bénéficier de leur style de vie, de leur way of life, parce qu’
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vient de le voir aux Philippines. J’entends d’ici
nos
méfiants à moustaches et à col dur : « Le commerce américain va nous
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staches et à col dur : « Le commerce américain va
nous
submerger et détruire nos coutumes d’économie paysanne ; on achètera
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commerce américain va nous submerger et détruire
nos
coutumes d’économie paysanne ; on achètera nos âmes avec des frigidai
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re nos coutumes d’économie paysanne ; on achètera
nos
âmes avec des frigidaires ; la sottise humanitaire enlisera nos élans
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des frigidaires ; la sottise humanitaire enlisera
nos
élans spirituels ; nous serons noyés par une civilisation qui ne resp
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ttise humanitaire enlisera nos élans spirituels ;
nous
serons noyés par une civilisation qui ne respecte que la quantité ; l
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, toutes ces accusations injustes, à mon avis. Si
nous
vendons nos âmes contre des frigidaires, ce sera notre faute et non p
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accusations injustes, à mon avis. Si nous vendons
nos
âmes contre des frigidaires, ce sera notre faute et non pas celle de
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vendons nos âmes contre des frigidaires, ce sera
notre
faute et non pas celle de l’industrie américaine qui aura mis dans un
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industrie américaine qui aura mis dans un coin de
nos
cuisines ces appareils où tout respire l’innocence et ronronne l’hygi
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la glace. De même, le commerce américain ne peut
nous
submerger qu’au moyen de produits que nous aurons bien voulu acheter
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e peut nous submerger qu’au moyen de produits que
nous
aurons bien voulu acheter ; et si son rythme plus rapide met en péril
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encore, la « sottise humanitaire » des États-Unis
nous
a fait moins de mal, semble-t-il, que « l’intelligence » inhumaine de
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professaient le machiavélisme. De même enfin, si
nous
sommes un jour noyés par la quantité, ce ne sera pas la faute de la q
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ute de la quantité, mais bien de l’abaissement de
notre
qualité. En résumé, ce que l’on nomme en Europe « l’américanisme » n’
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nterviennent quand les choses vont très mal — par
notre
faute — et qu’ils vident les lieux en vitesse, comme des intrus et sa
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omme des intrus et sans remerciements, dès qu’ils
nous
ont tirés d’affaire. « Eh quoi ! deux ans pour débarquer ! » (C’est-à
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llions d’hommes.) « Eh quoi ! trois mois déjà que
nous
sommes libérés et ils infestent encore nos bars ! » ⁂ Autre exemple d
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à que nous sommes libérés et ils infestent encore
nos
bars ! » ⁂ Autre exemple de cette même contradiction dans les jugemen
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aller. Mais aussitôt : « Ah ! bien sûr, ils vont
nous
laisser seuls avec toute la charge de l’occupation sur les bras ! » R
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maladroits, disait-il en souriant, car à force de
nous
contrecarrer, ils vont nous obliger à faire enfin de la politique étr
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riant, car à force de nous contrecarrer, ils vont
nous
obliger à faire enfin de la politique étrangère dont nous n’avions na
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iger à faire enfin de la politique étrangère dont
nous
n’avions naguère ni le goût ni le besoin… ⁂ Prise entre ces reproches
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iste, et c’est trop pour un homme. Il s’agit pour
nous
, au xxe , d’appeler et de créer des « communautés » véritables, au se
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progrès un but. Mais cela remet en question toute
notre
culture, et derrière elle toute la structure sociale et la politique
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ter l’idée en la qualifiant d’« utopie ». Bornons-
nous
à remarquer que cet argument a contre lui toute l’histoire de l’human
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qui a compté, tout ce qui a marqué, tout ce dont
nous
vivons pratiquement aujourd’hui, tout fut d’abord une utopie : le chr
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e pas que c’est une pure rêverie. Tout récemment,
nous
avons enregistré la première impulsion organique dans ce sens. Le pla
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elles seraient définies par la nécessité même qui
nous
fait souhaiter qu’il existe : la nécessité urgente d’empêcher la guer
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e régime des États-nations absolument souverains,
nous
aurons des menaces de guerre : et réciproquement, tant qu’il y aura d
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eurs frontières est un dangereux anachronisme. Si
nous
sommes incapables de briser cette féodalité et d’adapter nos structur
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incapables de briser cette féodalité et d’adapter
nos
structures politiques aux réalités du xxe siècle, qui sont d’ores et
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-dire de l’Usonie ou de la Soviétie. Dans ce cas,
nous
aurons une dictature dont le Führer ne sera pas un homme mais une nat
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tion. Alors, mais dans les ruines radioactives de
notre
civilisation, la Résistance mondiale s’organisera, comme une église s
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. L’utopie ou la tragédie, tel est le dilemme que
nous
offre le siècle. En nous refusant à l’une, nous décidons pour l’autre
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, tel est le dilemme que nous offre le siècle. En
nous
refusant à l’une, nous décidons pour l’autre. Ce qui est certain, c’e
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e nous offre le siècle. En nous refusant à l’une,
nous
décidons pour l’autre. Ce qui est certain, c’est que l’une et l’autre
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de nécessaire de l’Amérique, mais la manière dont
nous
sollicitons cette aide et la vilipendons du même mouvement. « Payez,
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, messieurs, et veuillez agréer les assurances de
notre
ingratitude anticipée. » C’est ce qu’il me semble entendre un peu par
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tions et de beaucoup d’articles, de jugements que
nous
portons chaque jour sur les Américains et leur action. Il y a trente
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Américains et leur action. Il y a trente ans que
nous
les abreuvons de récriminations et de dédains, de demandes d’emprunts
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ations de leur capitalisme. Il y a trente ans que
nous
les appelons au secours quand l’Europe est à feu et à sang (par notre
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u secours quand l’Europe est à feu et à sang (par
notre
faute, si je ne me trompe) : il y a trente ans que nous nous plaignon
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aute, si je ne me trompe) : il y a trente ans que
nous
nous plaignons de leur lenteur à répondre à nos SOS (eh quoi ! onze m
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si je ne me trompe) : il y a trente ans que nous
nous
plaignons de leur lenteur à répondre à nos SOS (eh quoi ! onze mois p
92
nous nous plaignons de leur lenteur à répondre à
nos
SOS (eh quoi ! onze mois pour créer de toutes pièces l’armée de notre
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onze mois pour créer de toutes pièces l’armée de
notre
libération et pour la débarquer en Algérie !) ; il y a trente ans que
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te ans que, lorsqu’ils arrivent enfin, lorsqu’ils
nous
sauvent, nous leur disons : « De quoi vous mêlez-vous ? » Bref, trent
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rsqu’ils arrivent enfin, lorsqu’ils nous sauvent,
nous
leur disons : « De quoi vous mêlez-vous ? » Bref, trente ans que nous
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De quoi vous mêlez-vous ? » Bref, trente ans que
nous
voyons dans leurs réponses à nos appels désespérés autant de preuves
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trente ans que nous voyons dans leurs réponses à
nos
appels désespérés autant de preuves de leur impérialisme. On va plus
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s’isolent, mais surtout et précisément quand ils
nous
offrent leur appui ! J’entends dire couramment : « C’est entendu, ils
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J’entends dire couramment : « C’est entendu, ils
nous
fournissent du blé et de l’argent pour l’acheter, mais croyez-vous qu
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ble. À croire la propagande des staliniens, c’est
nous
qui sauverions l’Amérique de la ruine en acceptant qu’elle nous avanc
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rions l’Amérique de la ruine en acceptant qu’elle
nous
avance une vingtaine de milliards de dollars ! C’est l’Amérique, dit-
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n’y suffiront pas. Le plan Marshall se fonde sur
nos
besoins concrets, négligeant nos humeurs et préjugés. On ne nous dema
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all se fonde sur nos besoins concrets, négligeant
nos
humeurs et préjugés. On ne nous demande pas de dire merci. Mais juste
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ncrets, négligeant nos humeurs et préjugés. On ne
nous
demande pas de dire merci. Mais justement, puisque l’opportunisme n’e
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le seul honneur de l’Europe, il serait temps que
nous
prenions un peu de tenue. Si nous étions francs, nous dirions : la vr
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erait temps que nous prenions un peu de tenue. Si
nous
étions francs, nous dirions : la vraie menace contre l’indépendance e
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prenions un peu de tenue. Si nous étions francs,
nous
dirions : la vraie menace contre l’indépendance européenne, elle ne v
108
s. Quant à l’indépendance morale et politique que
nous
devons affirmer ou regagner, c’est dans l’union fédérative du contine
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du continent qu’elle trouvera sa seule garantie.
Nous
serons guéris de notre mauvaise conscience quand nous aurons admis qu
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trouvera sa seule garantie. Nous serons guéris de
notre
mauvaise conscience quand nous aurons admis que la tâche concrète, ce
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serons guéris de notre mauvaise conscience quand
nous
aurons admis que la tâche concrète, ce n’est pas de défendre l’Europe