1 1945, Carrefour, articles (1945–1947). L’Amérique de la vie quotidienne (19 octobre 1945)
1 sation. L’Amérique est un continent dont je tiens pour possible et même facile de parler fort correctement sans y être jamai
2 jeune Américaine quitte son fiancé qui s’embarque pour une guerre lointaine : elle pleure un peu ou pas du tout, agite la ma
3 lement ou moralement. Dès l’enfance, il s’arrange pour ménager du jeu dans sa conduite, dans ses relations, dans ses vêtemen
4 de m’influencer par quelques remarques ironiques pour m’accorder à leurs manières. Il y a tant de bizarreries dans le monde
5 u qui amusent ; et aussi tant d’efforts gaspillés pour se faire remarquer, pour être différent, car ici différent veut dire
6 tant d’efforts gaspillés pour se faire remarquer, pour être différent, car ici différent veut dire original ; et crazy, qui
7 n vois la preuve dans les formalités d’une nature pour le moins particulière qui précèdent obligatoirement l’acte de natural
8 pays — un petit voyage au Canada ou au Mexique — pour rentrer deux ou trois jours plus tard en qualité formelle et déclarée
9 ents de la semaine. Il me semble assez important, pour faire comprendre à des Français certaines démarches surprenantes de l
2 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Le rêve américain (9 novembre 1945)
10 ou point de plaisanteries échangées. Ils sont ici pour rêver, pour danser. Ils rêvent dans toutes les salles de cinéma. Ils
11 plaisanteries échangées. Ils sont ici pour rêver, pour danser. Ils rêvent dans toutes les salles de cinéma. Ils marchent dan
12 e veut pas même admettre qu’elles existent, sinon pour être dépassées. C’est contraire à sa tradition. Ses ancêtres ont été
13 ve d’un pays sans limites, et il l’était vraiment pour ceux qui triomphaient des famines, des moustiques, des dysenteries et
14 Qu’allaient-ils faire des énergies mises en œuvre pour la conquête ? Ils se tournèrent vers l’industrie. Ce fut leur nouvell
15 Amérique retourne à l’isolationnisme. Rien de tel pour blesser l’amour entre deux peuples que de les mélanger dans leurs épr
16 ance est sale et en désordre, que tout y est cher pour eux et que les WC sont au milieu des places publiques. Ils demandent
3 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Hollywood n’a plus d’idées (13 décembre 1945)
17 triomphe, qu’il n’est pas de génie assez coriace pour survivre à pareille torture au ralenti, même avec une prime d’un mill
18 voit percer la trame nue du réel. Jamais un choc, pour tant de coups de poing, de coups de feu et de coups de théâtre. C’est
19 mêmes qui firent son succès, et non pas d’autres. Pour mes cadets, d’ici dix ans, Hollywood ne sera plus qu’une légende : co
20 e élégance dans l’irréalité ! Comme elle est gaie pour un fantôme… ⁂ Revenons à nos moutons de Hollywood. Je ne vois qu’un h
21 apportent, il faut le plus grand public possible. Pour satisfaire ce plus grand public, il faut se garder d’innover ou de fa
22 chasse impitoyable à la situation neuve ou vraie, pour la tuer. En même temps, les producers se plaignent de ce que les aute
4 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Les enfants américains réclament des bombes atomiques (20 décembre 1945)
23 . Les enfants, comme les gouvernements, demandent pour leur Noël des petites bombes atomiques. Trois d’entre eux, à Brooklyn
24 chose qui ressemble à un modèle de bombe atomique pour les enfants ? » La vendeuse ouvrit la bouche, puis écarquilla les yeu
25 souffle d’un bœuf malodorant. Plus que dix jours pour acquérir dans cette aimable bousculade la bonne conscience que représ
26 manière de conjurer le sort ? Plus que dix jours pour s’assurer une bonne place dans le monde des familles, un droit à la c
27 udoiement universel leur tiendra lieu d’intimité… Pour moi, j’irai comme chaque année à la messe de minuit des protestants,
28 adio, révélant une dernière recette aux ménagères pour cuire la dinde ; le politicien rusé autant qu’honnête, le gros petit
29 aisissant la baguette des mains du chef, dirigera pour la dernière fois l’orchestre ou la fanfare d’un grand meeting. Sur le
30 ouve qu’elle ne le cède en rien à la photographie pour « le brillant et la précision du détail », qualités préférées de l’Am
5 1946, Carrefour, articles (1945–1947). Deux presses, deux méthodes : l’Américain expose, le Français explique (4 avril 1946)
31 enfin à la multiplication des journaux. New York, pour sept millions d’habitants, ne possède que neuf grands journaux ; Pari
32 une seule liasse, tout juste un numéro du Times, pour le volume de mots imprimés. Deux pages pour la religion, pas de ro
33 s, pour le volume de mots imprimés. Deux pages pour la religion, pas de roman-feuilleton Trois remarques au sujet des
34 révolution, l’Europe en ruine, la France en crise pour dire le moins, c’est bien le moment de lire Paul de Kock… Des moye
6 1946, Carrefour, articles (1945–1947). Une bureaucratie sans ronds-de-cuir (23 mai 1946)
35 peu près de quoi il parle, — et je dis à peu près pour dire comme lui. Car son travail consiste, nous explique-t-il, à maint
36 s, les chambres ont nommé neuf comités successifs pour étudier cette situation. Il est concevable qu’un dixième comité ait p
37 ation. Il est concevable qu’un dixième comité ait pour objet d’examiner l’activité des neuf premiers. On nommera un Board na
38 ités et agences, et baptisé de quelques initiales pour initiés. Après quoi le Sénat fera comparaître, pour de longues séance
39 ur initiés. Après quoi le Sénat fera comparaître, pour de longues séances d’enquêtes, les responsables de ce board. Et ainsi
40 de me séparer de vous, je tiens à vous remercier pour les services (adjectif variable) que vous avez rendus à l’administrat
41 e pas à se former une image claire et cohérente. ( Pour un esprit infiniment intelligent, il n’y aurait jamais de désordre, m
42 inistres et ses tsars. Mais il doit tenir compte, pour ce choix, de l’équilibre des républicains, des démocrates du Sud, et
43 ’air des bureaux, et l’esprit d’une bureaucratie, pour ceux qui en sont comme pour les visiteurs. La mer des paperasses r
44 t d’une bureaucratie, pour ceux qui en sont comme pour les visiteurs. La mer des paperasses rempart de la liberté ? Ma
45 s bureaux à l’américaine semblent avoir été créés pour épargner aux gouvernants cette tragédie. Évitant à la fois le Charybd
7 1946, Carrefour, articles (1945–1947). L’Amérique est-elle nationaliste ? (29 août 1946)
46 ides ; de plus, on lui a déclaré la guerre, comme pour mieux marquer le coup ; et, de plus, elle l’a gagnée avec une arme qu
47 avec une arme qu’elle se trouve seule à posséder pour le moment. Voilà bien des raisons de prendre conscience de soi, en ta
48 t pas d’une nation comme les autres. Je voudrais, pour vous le faire sentir, prendre un exemple au langage quotidien de l’Am
49 on, il a coutume de dire, depuis quelques années, pour marquer sa réprobation aussi fortement que possible : It’s unamerican
50 éricain. Voilà donc un nationalisme « ouvert » et pour qui la nation est en avant dans un élan, un rêve, une liberté future.
51 les moyens de libération qu’on vient de découvrir pour son compte et qui seront bien plus efficaces appliqués à l’échelle mo
52 ne. Ceux qui voient dans le frigidaire une menace pour leur civilisation semblent avouer par là que cette dernière n’est plu
53 ue, en Europe, l’accusent à la fois d’être là et, pour comble, de n’être pas là. Quand elle fait une crise d’isolationnisme,
54 ls nous ont tirés d’affaire. « Eh quoi ! deux ans pour débarquer ! » (C’est-à-dire pour créer de toutes pièces une armée de
55 quoi ! deux ans pour débarquer ! » (C’est-à-dire pour créer de toutes pièces une armée de 10 millions d’hommes.) « Eh quoi 
56 que américaine me paraît beaucoup plus dangereuse pour l’Europe que cet impérialisme qu’on redoute pour de mauvaises raisons
57 pour l’Europe que cet impérialisme qu’on redoute pour de mauvaises raisons ou parce qu’on l’assimile à des tendances europé
8 1947, Carrefour, articles (1945–1947). L’art dirigé [Réponse à une enquête] (23 janvier 1947)
58 destin de l’artiste individualiste, et c’est trop pour un homme. Il s’agit pour nous, au xxe , d’appeler et de créer des « c
59 idualiste, et c’est trop pour un homme. Il s’agit pour nous, au xxe , d’appeler et de créer des « communautés » véritables,
60 itoyen. 3° Tout art implique une « idéologie » ou pour mieux dire exprime une théologie et une métaphysique, qu’on le veuill
61 gies politiques d’aujourd’hui sont aussi stériles pour l’artiste que fureur féconde la théologie au Moyen Âge, la métaphysiq
9 1947, Carrefour, articles (1945–1947). Fédération ou dictature mondiale ? (9 avril 1947)
62 ant un gouvernement mondial viennent de fusionner pour constituer le « World Federalist Movement ». Cette ligue compte déjà
63 ondial se heurte au scepticisme général, et même, pour peu que l’on insiste, provoque une curieuse impatience. Examinons les
64 . Ensuite on dit que « l’humanité n’est pas prête pour un gouvernement mondial ». La timidité d’esprit que cet argument trah
65 préoccupé de savoir si les peuples étaient prêts pour la guerre, par exemple, et pour la mort en grande série ? Ce qui est
66 les étaient prêts pour la guerre, par exemple, et pour la mort en grande série ? Ce qui est vrai, c’est qu’on les y prépare
67 force, quand on a décidé de faire la guerre. Mais pour quelle grande entreprise de l’histoire a-t-on jamais demandé l’avis d
68 pourquoi furent-ils jamais prêts ? L’étaient-ils pour le christianisme ? Pour la terreur ? Pour le capitalisme ? Pour la bo
69 ais prêts ? L’étaient-ils pour le christianisme ? Pour la terreur ? Pour le capitalisme ? Pour la bombe atomique ? S’ils ava
70 ent-ils pour le christianisme ? Pour la terreur ? Pour le capitalisme ? Pour la bombe atomique ? S’ils avaient été prêts pou
71 ianisme ? Pour la terreur ? Pour le capitalisme ? Pour la bombe atomique ? S’ils avaient été prêts pour l’une de ces grandes
72 Pour la bombe atomique ? S’ils avaient été prêts pour l’une de ces grandes causes ou grandes actions, il n’y aurait pas eu
73 se taxe identiquement l’ONU, et c’est précisément pour cette raison que beaucoup éprouvent l’urgence d’un gouvernement mondi
74 l’urgence d’un gouvernement mondial. Ce dernier, pour être effectif, capable de prévenir ou de tuer les guerres, devrait êt
75 pulsion organique dans ce sens. Le plan américain pour prendre le contrôle de la bombe atomique prévoit en effet un comité s
76 élégué de l’URSS s’est aussitôt opposé au projet, pour la raison qu’il comportait « une atteinte aux souverainetés nationale
77 uer la situation qui en résulterait probablement. Pour y répondre, il s’agirait de considérer de plus près les modes d’élect
78 e siècle. En nous refusant à l’une, nous décidons pour l’autre. Ce qui est certain, c’est que l’une et l’autre ne peuvent pl
10 1947, Carrefour, articles (1945–1947). La France est assez grande pour n’être pas ingrate (26 novembre 1947)
79 La France est assez grande pour n’être pas ingrate (26 novembre 1947)n La honte de l’Europe, ce n’
80 lenteur à répondre à nos SOS (eh quoi ! onze mois pour créer de toutes pièces l’armée de notre libération et pour la débarqu
81 r de toutes pièces l’armée de notre libération et pour la débarquer en Algérie !) ; il y a trente ans que, lorsqu’ils arrive
82 tendu, ils nous fournissent du blé et de l’argent pour l’acheter, mais croyez-vous que ce soit par pure philanthropie ? Soye
83 pas de purs imbéciles, de ne pas donner comme ça, pour le plaisir, n’importe comment et à n’importe qui… On leur fait un gri
84 e plus stupéfiant que la popularité de ce théâtre pour illettrés. Raymond Aron, après vingt autres, le rappelait récemment d
85 ne, à l’Asie et à la Russie, on voit ce qui reste pour l’Europe — pour la solidité de l’argument stalinien ! Par bonheur, el
86 à la Russie, on voit ce qui reste pour l’Europe — pour la solidité de l’argument stalinien ! Par bonheur, elles n’y suffiron
87 ement, puisque l’opportunisme n’est pas en cause, pour le seul honneur de l’Europe, il serait temps que nous prenions un peu
88 Rougemont Denis de, « La France est assez grande pour n’être pas ingrate », Carrefour, Paris, 26 novembre 1947, p. 1 et 5.