1 1945, Carrefour, articles (1945–1947). L’Amérique de la vie quotidienne (19 octobre 1945)
1 sent : Alors, qu’en pensez-vous ? De l’Amérique ? Tout ce que je vais vous dire, tout ce que l’on peut en dire en général se
2  ? De l’Amérique ? Tout ce que je vais vous dire, tout ce que l’on peut en dire en général sera vrai selon les temps et les
3 énéral sera vrai selon les temps et les lieux, et tout sera contradictoire et rien ne sera suffisant. New York a les plus ha
4 s, le drapeau de la boîte aux lettres… et c’était tout à fait autre chose — une autre civilisation. L’Amérique est un contin
5 s enthousiasmes à la Jules Romains ; mais rien de tout cela n’empêchera le voyageur, debout sur le pont du bateau qui remont
6 mmense glissement à travers le temps et l’espace. Tout glisse et passe ici, vers l’oubli, vers la vie. La jeune Américaine q
7 e guerre lointaine : elle pleure un peu ou pas du tout , agite la main, s’en va d’un pas étrangement souple avec un sourire p
8 t ensemble à la santé du couple réuni. Ils aiment tout ce qui passe, fait sensation, va plus loin et se perd on ne sait où,
9 êve naissant, dans le rêve du bonheur d’un autre… Tout est possible. Il y en a pour tout le monde. La jalousie n’est pas amé
10 norent ou le feignent, mais ils m’acceptent avant tout sans examen. Si je leur parais bizarre par mon costume, par ma condui
11 r mon prénom au bout de cinq minutes et sortaient tout d’un coup avec un signe de la main, so long ! un bye bye ! négligent…
12 u réserves mondaines, que je découvrais un aspect tout contraire de la coutume américaine : le formalisme, une passion du dé
13 , doit se soumettre au rite suivant : il lui faut tout d’abord quitter le pays — un petit voyage au Canada ou au Mexique — p
14 oûteuse si on habite loin d’une frontière, n’a de toute évidence qu’une portée symbolique et rituelle. Autrement, elle ne ser
15 peuple qui, par ailleurs, a poussé plus loin que tout autre le sans-gêne ou la simplicité, comme on voudra, dans les relati
16 dans le club est un acte public qui s’accompagne tout naturellement d’opérations conventionnelles et d’un cérémonial d’init
17 ra plus de vous et vous vivrez à votre guise dans toute l’enceinte démesurée du club. ⁂ Je ne vous ai pas parlé d’actualités
18 rprenantes de la diplomatie américaine, de parler tout d’abord et surtout de ce qu’on ne dit pas dans les dépêches, de ce qu
19 end de deux peuples — l’autre est le russe — dont toutes les réactions intimes et sautes d’humeur vont affecter notre sort mat
2 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Le rêve américain (9 novembre 1945)
20 ord du délire collectif. Mais la danse prend fin, tout s’apaise. Les couples se séparent un peu. Personne ne parle. Suit un
21 sont ici pour rêver, pour danser. Ils rêvent dans toutes les salles de cinéma. Ils marchent dans la rue en chantonnant leurs m
22 croient-ils. À une aisance qui va venir. C’est là tout le secret de ce que l’on nomme leur optimisme. L’Américain ne croit p
23 uses et politiques de l’Europe. Ils se trouvaient tout seuls devant leur chance. Tout dépendait de leur courage, de leur esp
24 Ils se trouvaient tout seuls devant leur chance. Tout dépendait de leur courage, de leur esprit d’entreprise et de leur foi
25 courues d’Indiens indomptés. Pendant des siècles, tout l’effort des pionniers a consisté à repousser cette frontière toujour
26 disant que la France est sale et en désordre, que tout y est cher pour eux et que les WC sont au milieu des places publiques
27 oin de nos danseurs de Broadway ! Peut-être, mais tout cela va dans le même sens, illustre un même mouvement profond et géné
28 r. Mais ce qui va venir, direz-vous, n’est-ce pas tout simplement une grande poussée d’impérialisme américain ? Vos rêveurs
29 convaincu que l’expansion américaine n’est pas du tout à base d’impérialisme au sens européen du mot. Je pense que nous avon
3 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Hollywood n’a plus d’idées (13 décembre 1945)
30 st plus qu’une machine. Elle transforme en argent tout ce qu’elle a envie de toucher, et c’est pourquoi son avidité même à s
31 t aux larmes, spirituel jusque dans l’émotion, et tout crépitant d’inventions étonnantes. Le rythme est cahotant, trop coupé
32 Je rentre après cela dans une salle de Broadway : tout y marche et ronronne comme un moteur de luxe, tout est faux, tout le
33 out y marche et ronronne comme un moteur de luxe, tout est faux, tout le monde est beau, jamais on ne voit percer la trame n
34 e pas là son secret ? Se prêter à la fantaisie de toutes les imaginations. Comme elle est belle et comme elle est absente ! Qu
35 du monde », au lieu de rivaliser dans la dépense. Tout changera, comme par enchantement ! Vous verrez les idées affluer. Qua
4 1945, Carrefour, articles (1945–1947). Les enfants américains réclament des bombes atomiques (20 décembre 1945)
36 sins s’est déclenchée depuis le 1er décembre dans toute l’Amérique, inaugurant officiellement la saison de Noël. Nous sommes
37 e ère de paix fondée sur la plus grande menace de toute l’Histoire. Les enfants, comme les gouvernements, demandent pour leur
38 bre immense du Rockefeller Plaza, transporté avec toutes ses racines d’un parc où il sera replanté dès janvier, n’ayant coûté
39 dollars de location à M. John D. Rockefeller, car tout se sait. Des haut-parleurs répandaient sans relâche des hymnes de Noë
40 de New York. Et Roosevelt n’est pas remplacé… Et toutes les utopies prévues par l’avant-guerre entreront dans la voie des réa
41 famine européenne, et de la guerre endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et de la peur réciproques qui président a
5 1946, Carrefour, articles (1945–1947). Deux presses, deux méthodes : l’Américain expose, le Français explique (4 avril 1946)
42 ’on veut, leur arme favorite, reste l’information toute nue, ou presque. Sur trente-deux pages de leur édition quotidienne, l
43 deux pages, feraient, réunis en une seule liasse, tout juste un numéro du Times, pour le volume de mots imprimés. Deux pa
44 mpénitent, le racisme et le préjugé antieuropéen. Toutes les comparaisons du genre de celles que je viens d’esquisser courent
6 1946, Carrefour, articles (1945–1947). Une bureaucratie sans ronds-de-cuir (23 mai 1946)
45 leurs bureaux, et nomme un tsar qui supervise le tout , avec pouvoirs dictatoriaux. Le « tsar » est un « businessman »
46 s sont formulables. … pas de fonctionnaires Tout d’abord, l’Amérique ne possède pas d’école de fonctionnaires spéciali
47 , des professeurs et des acteurs. Trente mille en tout . Presque tous, aujourd’hui, sont retournés à leurs occupations habitu
48 et acteurs en experts du travail ou du commerce. Tout cela change l’air des bureaux, et l’esprit d’une bureaucratie, pour c
49 de courage intellectuel ou de désespoir balayant tout scrupule, si l’on ne pourrait pas faire sans nul dommage l’économie d
7 1946, Carrefour, articles (1945–1947). L’Amérique est-elle nationaliste ? (29 août 1946)
50 s à la manière des Européens ? C’est, à mon sens, toute la question. Lorsque nous parlons d’impérialisme, en Europe, nous pen
51 poser au monde entier la loi yankee ? Il faudrait tout d’abord que l’Amérique se formât une conscience nationale. Le phénomè
52 le Canada britannique et français. Couronnant le tout , voici que le monde germanique vient déclarer la guerre aux États-Uni
53 endre conscience de soi, en tant que nation, avec tout ce que cela comporte d’orgueil et de volonté de régenter le monde, pu
54 ecte que la quantité ; le dollar sera roi, etc. » Toutes ces méfiances sont sans fondements, toutes ces accusations injustes,
55 etc. » Toutes ces méfiances sont sans fondements, toutes ces accusations injustes, à mon avis. Si nous vendons nos âmes contre
56 mis dans un coin de nos cuisines ces appareils où tout respire l’innocence et ronronne l’hygiène. Ceux qui voient dans le fr
57 ns pour débarquer ! » (C’est-à-dire pour créer de toutes pièces une armée de 10 millions d’hommes.) « Eh quoi ! trois mois déj
58 « Ah ! bien sûr, ils vont nous laisser seuls avec toute la charge de l’occupation sur les bras ! » Remarquons que les Russes
59 e l’attitude hostile des Soviétiques à l’égard de toutes les mesures proposées ou soutenues par son pays. — Ils sont bien mala
60 r un paradoxe symétrique de celui que je relevais tout à l’heure. Cette timidité de la politique américaine me paraît beauco
8 1947, Carrefour, articles (1945–1947). L’art dirigé [Réponse à une enquête] (23 janvier 1947)
61 terreur, n’ont rien à voir avec l’esthétique, ont tout à voir avec le fascisme. Dans les limites du réalisme préconisé par M
62 s, le progrès un but. Mais cela remet en question toute notre culture, et derrière elle toute la structure sociale et la poli
63 en question toute notre culture, et derrière elle toute la structure sociale et la politique de l’époque. Je ne vois pas comm
64 s, soit par son art, soit en tant que citoyen. 3° Tout art implique une « idéologie » ou pour mieux dire exprime une théolog
9 1947, Carrefour, articles (1945–1947). Fédération ou dictature mondiale ? (9 avril 1947)
65 ns-nous à remarquer que cet argument a contre lui toute l’histoire de l’humanité, qui est l’histoire des utopies réalisées. T
66 manité, qui est l’histoire des utopies réalisées. Tout ce qui a compté, tout ce qui a marqué, tout ce dont nous vivons prati
67 oire des utopies réalisées. Tout ce qui a compté, tout ce qui a marqué, tout ce dont nous vivons pratiquement aujourd’hui, t
68 sées. Tout ce qui a compté, tout ce qui a marqué, tout ce dont nous vivons pratiquement aujourd’hui, tout fut d’abord une ut
69 out ce dont nous vivons pratiquement aujourd’hui, tout fut d’abord une utopie : le christianisme et l’aviation, le marxisme
70 absolue des nations, source et condition même de toutes les guerres modernes. Cette faiblesse taxe identiquement l’ONU, et c’
71 in. Qu’on ne dise pas que c’est une pure rêverie. Tout récemment, nous avons enregistré la première impulsion organique dans
72 bien là ce qu’ils voulaient. Cet incident résume tout le problème. D’une part, il permet d’observer le processus de la nais
73 dial renversent leurs batteries. Ils remarquaient tout à l’heure avec raison qu’une ligue de gouvernants est par définition
74 redouter qu’un tel pouvoir soit tenté d’imposer à tout le genre humain l’idéologie la plus répandue au moment où il se forme
75 rtie imprévisibles qui en résulteraient (comme de toute institution humaine), le fait est que cette fédération paraît aujourd
76 es occidentales, entraînant celle des idéologies, tout se tient et se mêle inextricablement, la persistance d’États-nations
10 1947, Carrefour, articles (1945–1947). « Jean-Paul Sartre vous parle… et ce qu’en pensent… » (29 octobre 1947)
77 e le sophisme de la moustache, qui en disqualifie toute la fin. (Hitler portait la moustache. Tous les hommes qui la portent
78 cratie américaine » et de se taire prudemment sur tout appel à la « démocratie » russe. S. de Beauvoir a raison de défendre
11 1947, Carrefour, articles (1945–1947). La France est assez grande pour n’être pas ingrate (26 novembre 1947)
79 ndre à nos SOS (eh quoi ! onze mois pour créer de toutes pièces l’armée de notre libération et pour la débarquer en Algérie !)