1 1946, Combat, articles (1946–1950). Ni secret ni défense (19-20 mai 1946)
1 Ni secret ni défense ( 19-20 mai 1946)a Les hommes d’État, les généraux et quelques vulgarisate
2 Ni secret ni défense (19-20 mai 1946 )a Les hommes d’État, les généraux et quelques vulgarisateurs en ma
3 t, les généraux et quelques vulgarisateurs en mal d’ idées ont trouvé deux moyens d’esquiver la question posée par la bombe
4 quelques vulgarisateurs en mal d’idées ont trouvé deux moyens d’esquiver la question posée par la bombe atomique. Ils essaie
5 garisateurs en mal d’idées ont trouvé deux moyens d’ esquiver la question posée par la bombe atomique. Ils essaient d’encha
6 uestion posée par la bombe atomique. Ils essaient d’ enchaîner le monstre avec des agrafes de dossiers : « C’est un secret
7 essaient d’enchaîner le monstre avec des agrafes de dossiers : « C’est un secret que nous gardons, c’est un dépôt sacré »
8 ’est un dépôt sacré », disent-ils. Et sans l’avis d’ aucun savant autorisé, ils parlent de défenses possibles, si toutefois
9 sans l’avis d’aucun savant autorisé, ils parlent de défenses possibles, si toutefois on leur laisse le commandement. Je l
10 é dans le New York Times : le seul et vrai secret de la bombe atomique réside dans la puissance industrielle de l’Amérique
11 be atomique réside dans la puissance industrielle de l’Amérique. C’est assez dire qu’il n’est que temporaire. Quant au sec
12 l n’est que temporaire. Quant au secret technique de la détonation, dans quelques mois les Russes l’auront, ou les Anglais
13 tes ou le Sénat, l’existence actuelle ou possible de la moindre défense effective contre un raid atomique par surprise. ⁂
14 d atomique par surprise. ⁂ Voici cependant l’état de l’opinion américaine, avertie par sa presse de tous ces faits. M. Geo
15 at de l’opinion américaine, avertie par sa presse de tous ces faits. M. George Gallup vient d’établir que 71 % des citoyen
16 presse de tous ces faits. M. George Gallup vient d’ établir que 71 % des citoyens de son pays « refusent de livrer le cont
17 s ces faits. M. George Gallup vient d’établir que 71  % des citoyens de son pays « refusent de livrer le contrôle de la bom
18 orge Gallup vient d’établir que 71 % des citoyens de son pays « refusent de livrer le contrôle de la bombe aux Nations uni
19 blir que 71 % des citoyens de son pays « refusent de livrer le contrôle de la bombe aux Nations unies », cependant que la
20 yens de son pays « refusent de livrer le contrôle de la bombe aux Nations unies », cependant que la même enquête révèle qu
21 unies », cependant que la même enquête révèle que 65  % sont persuadés que « le secret ne peut être gardé ». D’où je déduis
22 t persuadés que « le secret ne peut être gardé ». D’ où je déduis que la proportion des Américains raisonnables (j’entends
23 n des Américains raisonnables (j’entends capables de rapprocher deux idées et d’en tirer une conclusion logique) est au pl
24 ns raisonnables (j’entends capables de rapprocher deux idées et d’en tirer une conclusion logique) est au plus de 35 %. Est-
25 s (j’entends capables de rapprocher deux idées et d’ en tirer une conclusion logique) est au plus de 35 %. Est-ce peu ou be
26 et d’en tirer une conclusion logique) est au plus de 35 %. Est-ce peu ou beaucoup pour un peuple ? Je n’en jugerais qu’apr
27 d’en tirer une conclusion logique) est au plus de 35  %. Est-ce peu ou beaucoup pour un peuple ? Je n’en jugerais qu’après
28 les savants sérieux ne partagent point. On parle de radars omniscients et de rayons qui feraient sauter la bombe tôt aprè
29 artagent point. On parle de radars omniscients et de rayons qui feraient sauter la bombe tôt après son départ, chez l’adve
30 procédés, leur mise en œuvre supposerait un état de mobilisation permanente qui, sous prétexte d’éviter la guerre, tuerai
31 tat de mobilisation permanente qui, sous prétexte d’ éviter la guerre, tuerait la paix. Une partie de la population serait
32 e d’éviter la guerre, tuerait la paix. Une partie de la population serait employée à surveiller le ciel, l’autre partie à
33 t nous sommes sans défense, mais encore le secret de la bombe sera demain celui de Polichinelle, et enfin si quelqu’un nou
34 is encore le secret de la bombe sera demain celui de Polichinelle, et enfin si quelqu’un nous attaque, nous ne saurons pas
35 pays, disons la Suisse, manufacture une douzaine de bombes. Ce n’est pas une question d’argent comme on le croit (les gro
36 une douzaine de bombes. Ce n’est pas une question d’ argent comme on le croit (les grosses dépenses ont été faites par l’Am
37 ites par l’Amérique pendant les recherches), mais d’ ingéniosité et d’équipement technique, et vous savez que la Suisse pos
38 ue pendant les recherches), mais d’ingéniosité et d’ équipement technique, et vous savez que la Suisse possède tout cela. E
39 tout cela. En fait, c’est à l’École polytechnique de Zurich que sont nés les travaux d’Einstein. Supposez maintenant que c
40 polytechnique de Zurich que sont nés les travaux d’ Einstein. Supposez maintenant que ce petit pays, pour se tirer d’un ma
41 posez maintenant que ce petit pays, pour se tirer d’ un mauvais pas, envoie deux ou trois bombes sur New York. (Je prends l
42 etit pays, pour se tirer d’un mauvais pas, envoie deux ou trois bombes sur New York. (Je prends l’exemple le plus invraisemb
43 s, pour se tirer d’un mauvais pas, envoie deux ou trois bombes sur New York. (Je prends l’exemple le plus invraisemblable, po
44 st trop tard pour échanger des notes et des coups de chapeau haut de forme. Voilà Moscou et Kiev en ruines dans les trois
45 de forme. Voilà Moscou et Kiev en ruines dans les trois heures. Les Russes ripostent sur Détroit et Saint-Louis, et détruisen
46 nt-Louis, et détruisent Londres par simple mesure de précaution. Et ainsi de suite : dans le langage technique, cela s’app
47 Londres par simple mesure de précaution. Et ainsi de suite : dans le langage technique, cela s’appelle chain reaction. En
48 gage technique, cela s’appelle chain reaction. En vingt-quatre heures, l’Occident a vécu. Un éclair tombant du ciel bleu, — l’expres
49 l’expression est devenue si vraie qu’elle a cessé de nous frapper. Une apathie étrange me semble s’établir dans les masses
50 ns les masses comme chez ceux qui les mènent. Les trois Grands sont presque d’accord pour renouveler leurs petites discussion
51 veille sur son « dépôt sacré ». Le monde n’a pas de gouvernement. Je ne suis pas sûr que les nations en aient. Et nous re
52 restons, les bras ballants… a. Rougemont Denis de , « Ni secret ni défense », Combat, Paris, 19–20 mai 1946, p. 1.
53 enis de, « Ni secret ni défense », Combat, Paris, 19 –20 mai 1946, p. 1.
54 s de, « Ni secret ni défense », Combat, Paris, 19– 20 mai 1946, p. 1.
55  Ni secret ni défense », Combat, Paris, 19–20 mai 1946, p. 1.
2 1946, Combat, articles (1946–1950). Paralysie des hommes d’État (21 mai 1946)
56 Paralysie des hommes d’État ( 21 mai 1946)b Notre monde du milieu du xxe siècle est gouverné par c
57 Paralysie des hommes d’État (21 mai 1946 )b Notre monde du milieu du xxe siècle est gouverné par ceux qu’on
58 xxe siècle est gouverné par ceux qu’on nomme les trois Grands. Ils se composent d’un loup déguisé en mouton et de deux mouto
59 ux qu’on nomme les trois Grands. Ils se composent d’ un loup déguisé en mouton et de deux moutons vêtus de leur vraie peau.
60 . Ils se composent d’un loup déguisé en mouton et de deux moutons vêtus de leur vraie peau. C’est donc au nom du Petit Pèr
61 ls se composent d’un loup déguisé en mouton et de deux moutons vêtus de leur vraie peau. C’est donc au nom du Petit Père, et
62 n loup déguisé en mouton et de deux moutons vêtus de leur vraie peau. C’est donc au nom du Petit Père, et du Brave Garçon,
63 donc au nom du Petit Père, et du Brave Garçon, et de l’Esprit bourgeois que la Bombe doit être administrée. Notez que, si
64 a nous l’administrer. L’alternative est entre ces deux sens du verbe. Et soudain, je me demande pourquoi ces trois messieurs
65 du verbe. Et soudain, je me demande pourquoi ces trois messieurs paraissent impuissants à décréter les moyens d’une paix pou
66 eurs paraissent impuissants à décréter les moyens d’ une paix pourtant facile à concevoir : donner la Bombe au gouvernement
67 asses contemporaines : que les chefs responsables de notre sort sont en réalité irresponsables ? Et qu’ils usurpent le nom
68 éalité irresponsables ? Et qu’ils usurpent le nom de gouvernants ? J’essaie de me mettre à leur place. Staline voudrait la
69 qu’ils usurpent le nom de gouvernants ? J’essaie de me mettre à leur place. Staline voudrait la paix, car sa Russie bless
70 re reconstruite, mais il ne renonce pas aux plans de Pierre le Grand. Attlee voudrait la paix, car l’Empire blessé est en
71 apital d’abord, et à la peur (elle-même créatrice de conflits) d’un conflit avec la Russie. Sans doute sont-ils tous les t
72 d, et à la peur (elle-même créatrice de conflits) d’ un conflit avec la Russie. Sans doute sont-ils tous les trois convainc
73 flit avec la Russie. Sans doute sont-ils tous les trois convaincus qu’ils aiment la paix en général, et pour elle-même, et qu
74 ui domine en fait leur politique, c’est la vision de la guerre, non pas celle de la paix. Ils agissent donc comme des irre
75 ique, c’est la vision de la guerre, non pas celle de la paix. Ils agissent donc comme des irresponsables, provoquant ce qu
76 nt ce qu’ils veulent éviter. Et le public a l’air de trouver cela normal, — ou ne trouve rien. ⁂ J’essaie encore de les co
77 la normal, — ou ne trouve rien. ⁂ J’essaie encore de les comprendre, avant de les traiter de ce qu’ils ont l’air d’être, q
78 ie encore de les comprendre, avant de les traiter de ce qu’ils ont l’air d’être, quand on voit ce qu’ils vont faire ou lai
79 ndre, avant de les traiter de ce qu’ils ont l’air d’ être, quand on voit ce qu’ils vont faire ou laisser faire de nos vies.
80 and on voit ce qu’ils vont faire ou laisser faire de nos vies. Irresponsables moins par incapacité — ils suffiraient aux t
81 Devant le monde à unifier, ils paraissent frappés d’ un vertige. Ils ne voient rien. Cette absence de pensée est plus dange
82 s d’un vertige. Ils ne voient rien. Cette absence de pensée est plus dangereuse que n’importe quelle pensée fausse. Mais c
83  : or, ces messieurs sont absorbés par la défense d’ intérêts locaux dits nationaux, trente visites par jour, des inaugurat
84 par la défense d’intérêts locaux dits nationaux, trente visites par jour, des inaugurations, des banquets et des nominations.
85 er les nations, la première condition requise est de n’être pas le chef d’une grande nation. Mais qui l’a dit, jusqu’à ce
86 mière condition requise est de n’être pas le chef d’ une grande nation. Mais qui l’a dit, jusqu’à ce jour ? Chacun sait que
87 dit, jusqu’à ce jour ? Chacun sait que l’arbitre d’ un match n’est jamais le capitaine d’une des équipes. Qui l’a rappelé
88 ue l’arbitre d’un match n’est jamais le capitaine d’ une des équipes. Qui l’a rappelé au sujet des trois Grands ? Chacun sa
89 e d’une des équipes. Qui l’a rappelé au sujet des trois Grands ? Chacun sait que, pour arbitrer la lutte entre les continents
90 lui, et le voici chargé du monde en plus ! Ainsi d’ Attlee et de Staline, bien que ce dernier me paraisse plus habile dans
91 voici chargé du monde en plus ! Ainsi d’Attlee et de Staline, bien que ce dernier me paraisse plus habile dans le grand ar
92 dernier me paraisse plus habile dans le grand art de prendre son temps. ⁂ Je les plains. Cependant, s’ils s’obstinent, je
93 ins. Cependant, s’ils s’obstinent, je serai forcé de les traiter d’usurpateurs. L’incompétence des commandants en chef n’e
94 s’ils s’obstinent, je serai forcé de les traiter d’ usurpateurs. L’incompétence des commandants en chef n’est-elle pas jug
95 -elle pas jugée criminelle par l’opinion publique de leur patrie, et parfois par les tribunaux ? Je demande à mes amis amé
96 un cabinet fédéral, mais par les gouverneurs des quarante-huit États de l’Union ? — Ce serait absurde, me disent-ils. — Eh quoi, c’e
97 au, sorti du peuple… Mais si l’on touche à l’idée de nation, voilà tous les visages qui se ferment, et les esprits en état
98 Allons-nous continuer ce jeu jusqu’à l’explosion de la Terre ? Allons-nous confier le destin de la planète à trois hommes
99 osion de la Terre ? Allons-nous confier le destin de la planète à trois hommes surchargés, débordés, qui n’ont pas une min
100 e ? Allons-nous confier le destin de la planète à trois hommes surchargés, débordés, qui n’ont pas une minute pour réfléchir,
101 pour réfléchir, et qui représentent les intérêts de leur nation, alors que c’est précisément aux dépens de ces intérêts q
102 s que l’humanité pourra s’unir ? La fonction même de ces chefs d’État les disqualifie, en principe, pour l’entreprise dont
103 ls ne voient rien, c’est évident, car les visions de l’avenir naissent d’un loisir intense. Or, ils ont à recevoir des dép
104 est évident, car les visions de l’avenir naissent d’ un loisir intense. Or, ils ont à recevoir des députés… Seule, une cour
105 s députés… Seule, une cour internationale, formée d’ hommes désignés par la voie populaire, et qui n’auraient pas d’autre a
106 gnés par la voie populaire, et qui n’auraient pas d’ autre affaire que de considérer la Planète, puis de traiter de haut av
107 ulaire, et qui n’auraient pas d’autre affaire que de considérer la Planète, puis de traiter de haut avec les chefs d’État…
108 ’autre affaire que de considérer la Planète, puis de traiter de haut avec les chefs d’État… Peut-être l’expérience de Biki
109 ire que de considérer la Planète, puis de traiter de haut avec les chefs d’État… Peut-être l’expérience de Bikini va-t-ell
110 aut avec les chefs d’État… Peut-être l’expérience de Bikini va-t-elle donner le choc nécessaire pour alerter enfin une opi
111 erter enfin une opinion mondiale ? Avant ce début de juillet, puissent les trois Grands ne pas perdre la boule ! Car le fa
112 ondiale ? Avant ce début de juillet, puissent les trois Grands ne pas perdre la boule ! Car le fait est qu’il n’y en a qu’une
113 la boule ! Car le fait est qu’il n’y en a qu’une de boule, comme disait à peu près le regretté Willkie, et qu’une erreur
114 rendre folle à tout jamais. b. Rougemont Denis de , « Paralysie des hommes d’État », Combat, Paris, 21 mai 1946, p. 1.
115 , « Paralysie des hommes d’État », Combat, Paris, 21 mai 1946, p. 1.
116 alysie des hommes d’État », Combat, Paris, 21 mai 1946, p. 1.
3 1946, Combat, articles (1946–1950). Tous démocrates (22 mai 1946)
117 Tous démocrates ( 22 mai 1946)c Je fus hier soir visiter un ami qui aime à se dire « un
118 Tous démocrates (22 mai 1946 )c Je fus hier soir visiter un ami qui aime à se dire « un anarchis
119 e « un anarchiste catholique ». (Je le crois seul de son parti.) Il avait l’air un peu nerveux. Voici notre conversation :
120 crivez-vous aujourd’hui ? Lui. — Je fais le plan d’ une trilogie sur les trois grands régimes politiques de ce siècle. Je
121  ? Lui. — Je fais le plan d’une trilogie sur les trois grands régimes politiques de ce siècle. Je vais les caractériser par
122 trilogie sur les trois grands régimes politiques de ce siècle. Je vais les caractériser par leurs armes ou leurs méthodes
123 liquidation, évaporation ! (Il prononça ces mots d’ un ton rageur, qui me fit éclater de rire.) Moi. — Quel beau programm
124 me ! Avouez que nous sortons enfin des petitesses de l’ère bourgeoise, succédant aux ténèbres du Moyen Âge. Car ces trois
125 ise, succédant aux ténèbres du Moyen Âge. Car ces trois armes bien modernes correspondent à trois conceptions grandioses de l
126 Car ces trois armes bien modernes correspondent à trois conceptions grandioses de la vie. La crémation, c’est la purification
127 rnes correspondent à trois conceptions grandioses de la vie. La crémation, c’est la purification par le feu ! La liquidati
128 n atomique, eh bien, n’est-ce pas le symbole même de l’idéalisme : tout monte et s’épanouit vers le ciel ! Notez que, dans
129 illeurs, on n’entend guère que lui dans ce siècle trois fois maudit. Je ne vois plus d’espoir sérieux nulle part. La faillite
130 dans ce siècle trois fois maudit. Je ne vois plus d’ espoir sérieux nulle part. La faillite morale est universelle, chez le
131 Moi. — Pas d’accord ! Je distingue un espoir. Des trois régimes dont vous parlez, l’un est écrasé. Les deux qui restent, et q
132 is régimes dont vous parlez, l’un est écrasé. Les deux qui restent, et qui se partagent le monde, se déclarent formellement
133 démocrates, dans le monde entier, exception faite de deux pays de langue espagnole, que nous appellerons secondaires. Et v
134 ocrates, dans le monde entier, exception faite de deux pays de langue espagnole, que nous appellerons secondaires. Et voici
135 ans le monde entier, exception faite de deux pays de langue espagnole, que nous appellerons secondaires. Et voici mon espo
136 ouvoir, entre nous, discuter le contenu véritable de la démocratie, sans passer aussitôt pour des fascistes. Lui. — Autan
137 lus vieille démocratie du monde, et la traitaient de « fasciste », parce qu’elle répugne, entre autres, à la nationalisati
138 . Peut-être a-t-elle tort, mais on n’a pas manqué de répondre que cette mesure est précisément celle qui fut prise en prem
139 e tous sont devenus « démocrates », dans le monde de 1946, nous pouvons parler d’autre chose. Nous pouvons porter notre ef
140 ous sont devenus « démocrates », dans le monde de 1946, nous pouvons parler d’autre chose. Nous pouvons porter notre effort,
141 tes », dans le monde de 1946, nous pouvons parler d’ autre chose. Nous pouvons porter notre effort, désormais, non plus sur
142 notre effort, désormais, non plus sur la défense d’ un mot, d’un terme vague que personne n’attaque, mais sur la définitio
143 ort, désormais, non plus sur la défense d’un mot, d’ un terme vague que personne n’attaque, mais sur la définition d’une ré
144 ue que personne n’attaque, mais sur la définition d’ une réalité que ce terme symbolise et parfois dissimule : qu’est-ce qu
145 ’auront pas abordé ouvertement et sincèrement ces deux questions fondamentales, l’étiquette « démocratie » ne signifiera rie
146 ne signifiera rien du tout. Ou bien elle servira d’ excuse et de prétexte cousu de fil blanc ou de fil rouge aux politique
147 ra rien du tout. Ou bien elle servira d’excuse et de prétexte cousu de fil blanc ou de fil rouge aux politiques les plus c
148 u bien elle servira d’excuse et de prétexte cousu de fil blanc ou de fil rouge aux politiques les plus contradictoires, et
149 ira d’excuse et de prétexte cousu de fil blanc ou de fil rouge aux politiques les plus contradictoires, et parfois les plu
150 La liberté est certainement le problème numéro un de notre temps : car les problèmes se posent quand les choses s’en vont…
151 quand les choses s’en vont… c. Rougemont Denis de , « Tous démocrates », Combat, Paris, 22 mai 1946, p. 1.
152 ont Denis de, « Tous démocrates », Combat, Paris, 22 mai 1946, p. 1.
153 is de, « Tous démocrates », Combat, Paris, 22 mai 1946, p. 1.
4 1946, Combat, articles (1946–1950). Les cochons en uniforme ou le nouveau Déluge (23 mai 1946)
154 Les cochons en uniforme ou le nouveau Déluge ( 23 mai 1946)d Pendant l’hiver 1945-1946, le gouvernement américain fi
155 cochons en uniforme ou le nouveau Déluge (23 mai 1946 )d Pendant l’hiver 1945-1946, le gouvernement américain fit annonce
156 nouveau Déluge (23 mai 1946)d Pendant l’hiver 1945-1946, le gouvernement américain fit annoncer une expérience sensationnelle 
157 annoncer une expérience sensationnelle : au mois de mai ou de juillet, une ou deux bombes seraient jetées sur une flotte
158 une expérience sensationnelle : au mois de mai ou de juillet, une ou deux bombes seraient jetées sur une flotte de cent bâ
159 ationnelle : au mois de mai ou de juillet, une ou deux bombes seraient jetées sur une flotte de cent bâtiments de guerre réu
160 une ou deux bombes seraient jetées sur une flotte de cent bâtiments de guerre réunie dans la baie de Bikini, Pacifique. Pa
161 ou deux bombes seraient jetées sur une flotte de cent bâtiments de guerre réunie dans la baie de Bikini, Pacifique. Parmi t
162 seraient jetées sur une flotte de cent bâtiments de guerre réunie dans la baie de Bikini, Pacifique. Parmi tous les détai
163 détails publiés par la presse sur les préparatifs de l’expérience, j’en retiens deux. 1° Une mission de savants américains
164 sur les préparatifs de l’expérience, j’en retiens deux . 1° Une mission de savants américains formée de quatorze biologistes,
165 s préparatifs de l’expérience, j’en retiens deux. Une mission de savants américains formée de quatorze biologistes, bot
166 e l’expérience, j’en retiens deux. 1° Une mission de savants américains formée de quatorze biologistes, botanistes et océa
167 deux. 1° Une mission de savants américains formée de quatorze biologistes, botanistes et océanographes, et de deux commerç
168 x. 1° Une mission de savants américains formée de quatorze biologistes, botanistes et océanographes, et de deux commerçants en p
169 orze biologistes, botanistes et océanographes, et de deux commerçants en poissons (mieux payés que les savants, dit-on) vi
170 e biologistes, botanistes et océanographes, et de deux commerçants en poissons (mieux payés que les savants, dit-on) vient d
171 on) vient de partir pour l’île de Bikini. L’objet de la mission est d’établir un relevé complet de tous les êtres vivants
172 r pour l’île de Bikini. L’objet de la mission est d’ établir un relevé complet de tous les êtres vivants sur l’île. C’est u
173 jet de la mission est d’établir un relevé complet de tous les êtres vivants sur l’île. C’est une mission fort analogue que
174 Déluge. Cette fois-ci, les travaux seront filmés. Au jour J, les cent bâtiments de la flotte de guerre réunis dans la b
175 -ci, les travaux seront filmés. 2° Au jour J, les cent bâtiments de la flotte de guerre réunis dans la baie de Bikini pour s
176 x seront filmés. 2° Au jour J, les cent bâtiments de la flotte de guerre réunis dans la baie de Bikini pour subir l’épreuv
177 és. 2° Au jour J, les cent bâtiments de la flotte de guerre réunis dans la baie de Bikini pour subir l’épreuve atomique au
178 s. Mais ces équipages seront entièrement composés d’ animaux. Deux-cents chèvres, deux-cents cochons et quatre-mille rats s
179 cochons et quatre-mille rats seront à leur poste de combat, sur les tourelles, dans les chambres de machines et sur les p
180 e de combat, sur les tourelles, dans les chambres de machines et sur les ponts. Et ceci encore nous ramène, irrésistibleme
181 ncore nous ramène, irrésistiblement, à la légende de l’arche de Noé. Une précision supplémentaire, à propos des cochons :
182 ramène, irrésistiblement, à la légende de l’arche de Noé. Une précision supplémentaire, à propos des cochons : l’on a rema
183 ue la peau des cochons est fort semblable à celle de l’homme. La sensibilité de l’une peut renseigner sur celle de l’autre
184 fort semblable à celle de l’homme. La sensibilité de l’une peut renseigner sur celle de l’autre. Aussi bien nos marins ou
185 La sensibilité de l’une peut renseigner sur celle de l’autre. Aussi bien nos marins ou capitaines cochons seront-ils revêt
186 ines cochons seront-ils revêtus, pour l’occasion, d’ uniformes réguliers de la marine, imprégnés d’une substance capable d’
187 s revêtus, pour l’occasion, d’uniformes réguliers de la marine, imprégnés d’une substance capable d’absorber les rayons ga
188 on, d’uniformes réguliers de la marine, imprégnés d’ une substance capable d’absorber les rayons gamma. Ceux-ci, comme vous
189 s de la marine, imprégnés d’une substance capable d’ absorber les rayons gamma. Ceux-ci, comme vous le savez, sont réputés
190 feu, et savent mourir. Quel que soit le résultat de l’opération, sur lequel nos savants se perdent en conjectures, j’en t
191 rté par des cochons, au sens le plus scientifique de ce terme. Quand je vous disais que la guerre est morte, la guerre des
192 es sont toutes violées sans exception par l’usage de la bombe atomique… J’avoue que je n’avais pas pensé à l’uniforme et a
193 c la flotte sacrifiée à Bikini, c’est le prestige de l’uniforme, symboliquement, qui va sombrer. Il vaut la peine de remar
194 symboliquement, qui va sombrer. Il vaut la peine de remarquer, enfin, que pas une voix ne s’est élevée, du côté des ferve
195 as une voix ne s’est élevée, du côté des fervents de l’Armée, pour protester contre une profanation si littéralement éclat
196 té opposé. C’est la Ligue protectrice des animaux d’ un des États de l’Est de l’Amérique qui a pris l’initiative d’un mouve
197 ts de l’Est de l’Amérique qui a pris l’initiative d’ un mouvement d’opinion contre les essais projetés. Cette Ligue demande
198 l’Amérique qui a pris l’initiative d’un mouvement d’ opinion contre les essais projetés. Cette Ligue demande qu’au lieu de
199 Cette Ligue demande qu’au lieu de sacrifier tant d’ innocentes victimes, et dans une posture si ridicule, on place sur les
200 qui se seront déclarés en faveur de l’expérience de Bikini. d. Rougemont Denis de, « Les cochons en uniforme ou le nou
201 de l’expérience de Bikini. d. Rougemont Denis de , « Les cochons en uniforme ou le nouveau Déluge », Combat, Paris, 23
202 n uniforme ou le nouveau Déluge », Combat, Paris, 23 mai 1946, p. 1.
203 rme ou le nouveau Déluge », Combat, Paris, 23 mai 1946, p. 1.
5 1946, Combat, articles (1946–1950). Post-scriptum (24 mai 1946)
204 Post-scriptum ( 24 mai 1946)e Un dernier mot. (Et dire que j’allais l’oublier !) La B
205 Post-scriptum (24 mai 1946 )e Un dernier mot. (Et dire que j’allais l’oublier !) La Bombe n’es
206 n’est pas dangereuse du tout. — Êtes-vous fou ? De quoi donc parliez-vous dans vos articles précédents ? Faut-il penser
207 quoi qu’en pensent quelques généraux. Je parlais de la fin du monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’e
208 er ! C’est là sans doute votre manière paradoxale d’ avouer que vous exagériez. Savez-vous que beaucoup l’ont pensé, sans v
209 ous le dire ? Il est bien naturel que l’événement d’ Hiroshima nous ait jetés pour quelque temps dans un état d’esprit d’Ap
210 it jetés pour quelque temps dans un état d’esprit d’ Apocalypse. Mais dix mois ont passé, et rien ne se passe. Dieu soit lo
211 ue temps dans un état d’esprit d’Apocalypse. Mais dix mois ont passé, et rien ne se passe. Dieu soit loué, nous avons repri
212 t, vous rappelez-vous ? Dans toutes les capitales d’ Europe, on voyait en 1939 les civils se promener avec leur boîte à mas
213 Dans toutes les capitales d’Europe, on voyait en 1939 les civils se promener avec leur boîte à masque en bandoulière. Eh bi
214 que personne, même pas Hitler, n’a eu le courage de commencer. À plus forte raison pour la Bombe… — Je ne trouve pas la r
215 dité subite l’ait arrêté, ou quelque amour tardif de notre humanité ? Simplement, il a fait son calcul. Les Alliés pouvaie
216 Alliés pouvaient riposter, et la valeur militaire de cette arme était loin de compenser, même à ses yeux, le risque moral
217 risque moral qu’il eût couru à l’employer. Le cas de la Bombe est différent. Je vous répète qu’elle supprimera la possibil
218 Je vous répète qu’elle supprimera la possibilité de riposter, c’est-à-dire jouera militairement le rôle d’une bataille dé
219 poster, c’est-à-dire jouera militairement le rôle d’ une bataille décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l’agresse
220 ille décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l’agresseur éventuel. Car nos scrupules naissent, en général, d’une r
221 éventuel. Car nos scrupules naissent, en général, d’ une rapide évaluation des conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes, de
222 tion des conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punit
223 euses, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition à redouter. Il est don
224 Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition à redouter. Il est donc clair qu’on l’emploiera, au risque d
225 enir ! Comme si elle était tombée du ciel, animée de mauvaises intentions ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle de la
226 e du ciel, animée de mauvaises intentions ! C’est d’ un comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que l’on discute à longu
227 ntions ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que l’on discute à longueur de colonne, dans toute la press
228 contrôle de la Bombe, que l’on discute à longueur de colonne, dans toute la presse, est la plus belle absurdité de l’Histo
229 dans toute la presse, est la plus belle absurdité de l’Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’on parle ? Contrôler cet ob
230 elle absurdité de l’Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’on parle ? Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout d’
231 Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout d’ un coup l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser l
232 oup l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’ aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, ell
233 e chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est cla
234 te dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’ histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. — Ah ! ça
235 ’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. — Ah ! ça, c’est une autre question. — C’est la question de
236 ça, c’est une autre question. — C’est la question de l’Autre. C’est la seule. On ne peut plus l’éviter depuis que la Bombe
237 nous oblige à y faire face. e. Rougemont Denis de , « Post-scriptum », Combat, Paris, 24 mai 1946, p. 1.
238 emont Denis de, « Post-scriptum », Combat, Paris, 24 mai 1946, p. 1.
239 enis de, « Post-scriptum », Combat, Paris, 24 mai 1946, p. 1.
6 1946, Combat, articles (1946–1950). Bikini bluff (2 juillet 1946)
240 Bikini bluff ( 2 juillet 1946)f g À l’heure qu’il est, on ne sait rien des cochons.
241 Bikini bluff (2 juillet 1946 )f g À l’heure qu’il est, on ne sait rien des cochons. Peut-être le
242 cochons. Peut-être les prières dites en l’église de Carliste, en Angleterre, « pour les animaux sacrifiés » et « pour all
243 n’ont-elles point été sans effet. Ce qu’on sait, de source officielle, c’est que l’amiral Blandy se déclare satisfait. « 
244 rances. Nous comptons en tirer des renseignements d’ une valeur inestimable. » On ne saurait mieux dire, étant un amiral. O
245 e des amiraux du monde entier, qui est, en somme, de rester des amiraux. Et sa valeur ne saurait être exagérée, encore qu’
246 l’on connaît le budget prévu pour le Département de la Marine américaine. Depuis des mois, de nombreux organes de la gran
247 rtement de la Marine américaine. Depuis des mois, de nombreux organes de la grande presse américaine mettaient en garde le
248 américaine. Depuis des mois, de nombreux organes de la grande presse américaine mettaient en garde leurs lecteurs contre
249 nt en garde leurs lecteurs contre les expériences de Bikini. Tout cela n’était, nous disaient-ils, qu’un complot pseudo-sc
250 et porte-avions. Le grand danger, le vrai danger de l’expérience, c’était qu’elle ratât, conformément aux prévisions des
251 ette campagne ait été orchestrée par les services de l’Armée de Terre, pendant le débat qui opposait cette dernière à la M
252 ne ait été orchestrée par les services de l’Armée de Terre, pendant le débat qui opposait cette dernière à la Marine, sur
253 rieux se sont tous rangés du côté des adversaires de l’expérience. Trois jours avant le lancement de la bombe, on annonçai
254 s rangés du côté des adversaires de l’expérience. Trois jours avant le lancement de la bombe, on annonçait la démission du fa
255 s de l’expérience. Trois jours avant le lancement de la bombe, on annonçait la démission du fameux Dr Oppenheimer, qui fut
256 le ouvrière des expériences du Nouveau-Mexique et de l’ensemble du « Projet Manhattan ». Le Dr Oppenheimer n’a rien voulu
257 hattan ». Le Dr Oppenheimer n’a rien voulu savoir de cette futile grillade de cochons vifs, organisée par les services pub
258 er n’a rien voulu savoir de cette futile grillade de cochons vifs, organisée par les services publicitaires de la Marine.
259 ns vifs, organisée par les services publicitaires de la Marine. Qu’on se rappelle, à ce sujet, les déclarations faites à l
260 ujet, les déclarations faites à la presse par les trois plus grands chefs des forces armées américaines, au cours de l’hiver
261 ier. « La bombe ne fait que décupler l’importance de l’armée de terre », disait devant le Sénat le général Marshall. « Je
262 ombe ne fait que décupler l’importance de l’armée de terre », disait devant le Sénat le général Marshall. « Je vous abando
263 it. Sur quoi le général Arnold, après des phrases de condoléances sur les fantassins et les marins, suggérait que l’aviati
264 gagner la première manche, dans ce grand match à trois équipes. Mais sans doute ne l’a-t-elle gagnée qu’aux yeux de l’opinio
265 dire des catastrophes continentales, pour le jour de la grande expérience d’une explosion atomique sous-marine. Ils jugent
266 ntinentales, pour le jour de la grande expérience d’ une explosion atomique sous-marine. Ils jugent la bombe du type Nagasa
267 — celle qui fut lancée dimanche soir — démodée et mille fois surpassée par les récents modèles, qu’ils sont seuls à connaître
268 la bombe restent intacts, autant que les palmiers de Bikini. Et si les amiraux sont rassurés, conformément à tous les plan
269 ils ont tirés, l’humanité en général n’a pas lieu de se réjouir trop bruyamment de la survie des deux-cents cochons en uni
270 énéral n’a pas lieu de se réjouir trop bruyamment de la survie des deux-cents cochons en uniformes. Les habitants d’Hirosh
271 es deux-cents cochons en uniformes. Les habitants d’ Hiroshima n’ont pas tenu le coup tout à fait aussi bien, comme le révè
272 iciels publiés la semaine dernière. Les habitants de Londres, de New York, de Leningrad et de Paris ne seront point protég
273 és la semaine dernière. Les habitants de Londres, de New York, de Leningrad et de Paris ne seront point protégés aussi mét
274 dernière. Les habitants de Londres, de New York, de Leningrad et de Paris ne seront point protégés aussi méthodiquement q
275 abitants de Londres, de New York, de Leningrad et de Paris ne seront point protégés aussi méthodiquement que le budget de
276 point protégés aussi méthodiquement que le budget de la Marine américaine. Et le faux soulagement produit par le grand « f
277 le faux soulagement produit par le grand « four » de Bikini ne peut qu’augmenter le danger. La seule défense contre la bom
278 la bombe reste le gouvernement mondial, seul armé de la bombe pour assurer la police parmi les États. Et le seul moyen d’a
279 surer la police parmi les États. Et le seul moyen d’ accélérer l’instauration d’un tel gouvernement — qui pourrait être l’O
280 tats. Et le seul moyen d’accélérer l’instauration d’ un tel gouvernement — qui pourrait être l’ONU si elle existait autreme
281 e l’ONU si elle existait autrement que sous forme d’ initiales — c’est d’augmenter parmi les peuples le sentiment de leur i
282 tait autrement que sous forme d’initiales — c’est d’ augmenter parmi les peuples le sentiment de leur interdépendance. Quan
283 c’est d’augmenter parmi les peuples le sentiment de leur interdépendance. Quand nous aurons compris que toute guerre, auj
284  à lui-même », les premières bases psychologiques d’ une paix réelle seront posées. f. Rougemont Denis de, « Bikini bluf
285 paix réelle seront posées. f. Rougemont Denis de , « Bikini bluff », Combat, Paris, 2 juillet 1946, p. 1 et 3. g. Text
286 gemont Denis de, « Bikini bluff », Combat, Paris, 2 juillet 1946, p. 1 et 3. g. Texte corrigé en deux endroits, selon l’
287 is de, « Bikini bluff », Combat, Paris, 2 juillet 1946, p. 1 et 3. g. Texte corrigé en deux endroits, selon l’erratum publié
288 i bluff », Combat, Paris, 2 juillet 1946, p. 1 et 3. g. Texte corrigé en deux endroits, selon l’erratum publié dans la li
289 , 2 juillet 1946, p. 1 et 3. g. Texte corrigé en deux endroits, selon l’erratum publié dans la livraison du lendemain, p. 1
7 1946, Combat, articles (1946–1950). Les intellectuels sont-ils responsables ? (5 juillet 1946)
290 Les intellectuels sont-ils responsables ? ( 5 juillet 1946)h i Chose étrange, le 6 février 1934 fut une date de
291 intellectuels sont-ils responsables ? (5 juillet 1946 )h i Chose étrange, le 6 février 1934 fut une date de l’histoire li
292 sables ? (5 juillet 1946)h i Chose étrange, le 6 février 1934 fut une date de l’histoire littéraire : elle inaugura le
293 5 juillet 1946)h i Chose étrange, le 6 février 1934 fut une date de l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des mo
294 Chose étrange, le 6 février 1934 fut une date de l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des moutons enragés. F
295 e inaugura le temps des moutons enragés. Fatigués de leur innocence, voyant que l’herbe se faisait rare sous leurs pieds e
296 it rare sous leurs pieds et qu’ils n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution encore lointaine, ils
297 s et qu’ils n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le
298 n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’ une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier par
299 nu, à gauche ou à droite, et depuis lors y bêlent d’ une voix aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes
300 x aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes. Ils ont signé pour le négus et contre lui ; pour le chef
301 ntre le Japon, à propos du tsar, à M. Bénès ; des deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix, d’une faucill
302 propos du tsar, à M. Bénès ; des deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille et d’un marteau,
303 s deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés, d’ une croix, d’une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de ré
304 des quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix, d’ une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’
305 , les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille et d’ un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’un
306 e faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’e
307 un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’ un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte c
308 vec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’ un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte commis dans le mo
309 il n’est pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été vertement dénoncé pas des « intellectuels » frança
310 vivre en marge de tous les conflits et refusaient d’ être considérés comme des citoyens responsables, ils étaient au moins
311 étaient au moins en accord avec l’esprit général de l’époque : intelligence d’un côté, action de l’autre, et surtout ne m
312 avec l’esprit général de l’époque : intelligence d’ un côté, action de l’autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires
313 éral de l’époque : intelligence d’un côté, action de l’autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires d’une culture don
314 autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires d’ une culture dont l’ambition suprême était de se « distinguer » des con
315 aires d’une culture dont l’ambition suprême était de se « distinguer » des contingences, ils étaient au moins purs dans le
316 ent au moins purs dans leur erreur. Les modalités de leur retrait ne contredisaient nullement les postulats fondamentaux d
317 ntredisaient nullement les postulats fondamentaux de leur métaphysique inconsciente. Et leur style traduisait fidèlement l
318 . Et leur style traduisait fidèlement les nuances d’ une pensée détachée, irresponsable par définition. Il n’y a pas que du
319 héritées du libéralisme conduisaient à ce régime de faillite qu’on nomme l’État totalitaire. Nous avons constaté que rien
320 lité gratuit. Que tout se paye. Que notre liberté de penser n’importe quoi, sans tenir compte de l’époque, était une illus
321 berté de penser n’importe quoi, sans tenir compte de l’époque, était une illusion entretenue par l’apparente paix sociale,
322 l’esprit ne laissaient même plus une possibilité de concordat. Déjà les dictatures réglaient les comptes. « Lorsque j’ent
323 réglaient les comptes. « Lorsque j’entends parler d’ esprit, je désarme mon revolver », disait un officier nazi. Les stalin
324 s faisaient de même en présence du libéralisme et de la culture « désintéressée ». C’est alors qu’on lança parmi nous le m
325 qu’on lança parmi nous le mot d’ordre : « Défense de la culture ». Toute la confusion vient de là. Car la culture qu’on n
326 on vient de là. Car la culture qu’on nous propose de défendre, c’est elle, précisément, qui est responsable de la brutalit
327 dre, c’est elle, précisément, qui est responsable de la brutalité totalitaire. On nous propose donc de défendre une maladi
328 de la brutalité totalitaire. On nous propose donc de défendre une maladie contre la mort, à quoi elle mène nécessairement.
329 aire une santé. Au lieu de nous proposer une cure de désintoxication énergique. Au lieu de rechercher les moyens de penser
330 ation énergique. Au lieu de rechercher les moyens de penser dans le réel et l’actuel, et de surmonter enfin ce vice qu’est
331 les moyens de penser dans le réel et l’actuel, et de surmonter enfin ce vice qu’est la distinction libérale entre la pensé
332 action. Au lieu de préciser, par exemple, le sens de ce mot d’engagement dont tout le monde abuse aujourd’hui. ⁂ Pour qu’u
333 lieu de préciser, par exemple, le sens de ce mot d’ engagement dont tout le monde abuse aujourd’hui. ⁂ Pour qu’une pensée
334 le ignore ou répudie la loi interne : la tactique d’ un parti par exemple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et
335 pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’ une pensée que réside son engagement. C’est, au contraire, dans sa dém
336 ier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté de le transformer, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’est pa
337 ans sa volonté de le transformer, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est p
338 pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas
339 plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’ une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas du tout deveni
340 ’est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’ une tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’une doc
341 e politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’ une doctrine, mais au contraire, c’est se libérer et assumer les risqu
342 ontraire, c’est se libérer et assumer les risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’
343 risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’une pensée suppose sa libération. En véri
344 ut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’ une pensée suppose sa libération. En vérité, c’est le libéralisme qui
345 t être qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les libéraux ; sinon en intention, du moins en fait
346 bien à définir le sens que nous donnons à ce mot d’ engagement. ⁂ Je l’ai dit ailleurs : un gant qui se retourne ne devien
347 gissante. Un libéral qui se soumet aux directives d’ un parti ne devient pas pour si peu un penseur engagé. Et il ne faudra
348 ces trahisons insignes ridiculisent toute espèce d’ engagement. Une pensée qui, par sa nature et son mouvement originel, e
349 nsable du seul fait qu’elle se met « au service » d’ une doctrine de lutte politique. Faire la révolution, cela demande un
350 fait qu’elle se met « au service » d’une doctrine de lutte politique. Faire la révolution, cela demande un effort un peu p
351 ion, cela demande un effort un peu plus grand, et d’ une autre nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire
352 u plus grand, et d’une autre nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On r
353 re nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler de tels
354 gner un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’ une ligue. On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien
355 s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle
356 dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle de l’intelli
357 uismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle de l’intelligentsia française. Précisons donc encore : la première tâche
358 tellectuels qui ont compris le péril totalitaire ( de droite ou de gauche) ce n’est pas « d’adhérer » à quelque antifascism
359 ui ont compris le péril totalitaire (de droite ou de gauche) ce n’est pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’
360 talitaire (de droite ou de gauche) ce n’est pas «  d’ adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme de pen
361 st pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme de pensée d’où vont nécessairement sortir le fa
362 elque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme de pensée d’où vont nécessairement sortir le fascisme et le stalinisme.
363 fascisme, mais de s’attaquer à la forme de pensée d’ où vont nécessairement sortir le fascisme et le stalinisme. Et c’est l
364 ibérale. Voyez donc comme nos libéraux se mettent d’ eux-mêmes en rangs et marquent le pas dès qu’une menace se précise con
365 es ! Le réflexe du libéral devant le péril, c’est de faire un fascisme. Fût-ce même pour se défendre du fascisme. Et peut-
366 me. Et peut-être surtout dans ce cas ! La panique de « l’union sacrée » qui vient de souffler sur notre élite en est l’ahu
367 t l’ahurissant exemple. Du moins a-t-elle eu cela de bon : les écrivains qui ont décidé tout récemment de renoncer à l’usa
368 bon : les écrivains qui ont décidé tout récemment de renoncer à l’usage de leur pensée devant la menace hitlérienne (voir
369 i ont décidé tout récemment de renoncer à l’usage de leur pensée devant la menace hitlérienne (voir le manifeste de Ce Soi
370 e devant la menace hitlérienne (voir le manifeste de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux
371 Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux, irresponsables nés2, égarés pour un temps dans les vo
372 nsables nés2, égarés pour un temps dans les voies de « l’engagement » politique, et faisant amende honorable. Ils étaient
373 faisant amende honorable. Ils étaient en rupture de bercail. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre, les moutons se son
374 ire des vraies luttes et des vrais engagements. 1. Baudelaire voulait que la critique des poètes — qu’il opposait à cell
375 e des philosophes libéraux — fût partiale, pleine de partis pris, et même politique ! 2. Je fais exception pour deux ou t
376 iale, pleine de partis pris, et même politique ! 2. Je fais exception pour deux ou trois d’entre eux, tels que Bernanos e
377 s, et même politique ! 2. Je fais exception pour deux ou trois d’entre eux, tels que Bernanos et Schlumberger, dont la bonn
378 me politique ! 2. Je fais exception pour deux ou trois d’entre eux, tels que Bernanos et Schlumberger, dont la bonne foi a é
379 dance qui est significative. h. Rougemont Denis de , « Les intellectuels sont-ils responsables ? », Combat, Paris, 5 juil
380 ectuels sont-ils responsables ? », Combat, Paris, 5 juillet 1946, p. 1. i. Précédé du chapeau suivant : « La notion de l
381 nt-ils responsables ? », Combat, Paris, 5 juillet 1946, p. 1. i. Précédé du chapeau suivant : « La notion de l’“engagement”
382 . 1. i. Précédé du chapeau suivant : « La notion de l’“engagement” politique connaît depuis quelques mois une extrême fav
383 ur dans les milieux intellectuels et littéraires. De fait, si cette volonté d’engagement s’exprime souvent par des attitud
384 ectuels et littéraires. De fait, si cette volonté d’ engagement s’exprime souvent par des attitudes assez confuses, il est
385 . Aussi avons-nous pensé qu’il serait intéressant de demander à un certain nombre d’écrivains leur opinion sur un problème
386 erait intéressant de demander à un certain nombre d’ écrivains leur opinion sur un problème qui met en cause, non seulement
387 eur rôle dans la société, mais aussi leur manière de s’exprimer. Denis de Rougemont, qui fut un des premiers à soutenir l’
388 dans son essai Penser avec les mains (publié en 1936 ), nous envoie l’article suivant, dont il est intéressant de souligner
389 envoie l’article suivant, dont il est intéressant de souligner qu’il fut écrit et publié dans une revue en 1938, sous le t
390 igner qu’il fut écrit et publié dans une revue en 1938, sous le titre : « Trop d’irresponsables s’engagent ».
391 ié dans une revue en 1938, sous le titre : « Trop d’ irresponsables s’engagent ».
8 1947, Combat, articles (1946–1950). « La tâche française c’est d’inventer la paix » (26 décembre 1947)
392 « La tâche française c’est d’ inventer la paix » (26 décembre 1947)j k Denis de Rougemont me reço
393 « La tâche française c’est d’inventer la paix » ( 26 décembre 1947)j k Denis de Rougemont me reçoit dans l’agréable mai
394 française c’est d’inventer la paix » (26 décembre 1947 )j k Denis de Rougemont me reçoit dans l’agréable maison qu’il occu
395 réable maison qu’il occupe à la sortie du village de Ferney, désormais et pour toujours, prénommé Voltaire. Il me semble q
396 ltaire. Il me semble que mon hôte n’est pas fâché d’ habiter sous cette ombre. Il y a quelque chose de voltairien chez lui 
397 d’habiter sous cette ombre. Il y a quelque chose de voltairien chez lui : cette aisance dans l’épigramme, ce ton persifle
398 l Barth, venu conquérir Paris voici une quinzaine d’ années et que des ouvrages brillants et profonds comme Penser avec le
399 irent bien vite au premier rang, est le contraire d’ un amuseur. Pendant la guerre, il a mené le bon combat à l’émission « 
400 e, il a mené le bon combat à l’émission « La voix de l’Amérique », tandis que ses livres et en particulier son Journal d’A
401 ndis que ses livres et en particulier son Journal d’ Allemagne, étaient mis au pilon par les nazis. Mais, bientôt après, éc
402 les nazis. Mais, bientôt après, éclatait la bombe d’ Hiroshima et de Rougemont écrivait aussitôt ses étincelantes Lettres
403 se à cela tandis que notre entretien prend, comme de lui-même, le tour que je désirais lui imprimer. » C’est l’homme qui f
404 qui aboutissent à la bombe ou à la paix. Il n’y a de fatalité que lorsque l’homme démissionne. Et c’est ce qui est grave e
405 la France ne fait rien et se perd dans une sorte d’ amer byzantinisme. Dans ces conditions, êtes-vous tenté de regarder ai
406 yzantinisme. Dans ces conditions, êtes-vous tenté de regarder ailleurs ? La France « en attente » Ne vous y trompez p
407 Le monde entier, comme nous-mêmes, attend encore de la France une initiative de salut. Sans doute, cette initiative ne sa
408 -mêmes, attend encore de la France une initiative de salut. Sans doute, cette initiative ne saurait être politique : la Fr
409 être politique : la France n’est plus à la taille de ces géants qui s’affrontent. Elle est pauvre aussi et le monde actuel
410 n parti communiste. Elle donne ainsi l’impression d’ être sous une double dépendance. Ce n’est donc pas de ses dirigeants q
411 tre sous une double dépendance. Ce n’est donc pas de ses dirigeants que nous attendons quoi que ce soit. Mais l’initiative
412 . Cette initiative-là, on la perd dès qu’on cesse de la prendre. Ce rôle est donc vacant, et seule la France pourra le ten
413 sé. Mais la France est « en attente ». En attente de quoi ? Du conflit qui « devient » fatal si on ne fait que l’attendre.
414 Mais ne pensez-vous pas alors que la vocation de la France est clairement circonscrite par la situation dans laquelle
415 convaincu. La tâche française — encore une fois, de l’« intelligence » française — c’est dans ces circonstances historiqu
416 constances historiques que nous venons de dire, «  d’ inventer » la paix. Si elle ne le fait pas, personne ne le fera à sa p
417 ait comme si elle n’avait rien fait. Il n’y a pas d’ autarcie de la paix. « Penser français » comme le voulait Barrès, c’es
418 i elle n’avait rien fait. Il n’y a pas d’autarcie de la paix. « Penser français » comme le voulait Barrès, c’est non seule
419 me je le souhaite, trouve immédiatement son champ d’ action. Je n’en vois qu’un mais il est immense et à sa portée : l’Euro
420 garçons, nous sommes aussi forts et aussi riches de possibilités qu’aucun des « colosses » du monde. Mais il faut que nou
421 me actif » Cette Europe unie, sous l’impulsion d’ une nation, n’est-ce pas le rêve de Napoléon ou de Hitler ? Bien enten
422 us l’impulsion d’une nation, n’est-ce pas le rêve de Napoléon ou de Hitler ? Bien entendu. Aussi n’est-il pas question « d
423 d’une nation, n’est-ce pas le rêve de Napoléon ou de Hitler ? Bien entendu. Aussi n’est-il pas question « d’unifier » l’Eu
424 ler ? Bien entendu. Aussi n’est-il pas question «  d’ unifier » l’Europe mais de « l’unir ». Seul, le fédéralisme est capabl
425 n’est-il pas question « d’unifier » l’Europe mais de « l’unir ». Seul, le fédéralisme est capable de réaliser cette unité
426 s de « l’unir ». Seul, le fédéralisme est capable de réaliser cette unité dans la diversité et c’est pourquoi je suis réso
427 ésolument fédéraliste. Il est évident que le rôle de la France ne sera pas celui d’un conquérant. Le voudrait-elle qu’elle
428 vident que le rôle de la France ne sera pas celui d’ un conquérant. Le voudrait-elle qu’elle n’en a pas les moyens. Ce n’es
429 pas les moyens. Ce n’est pas une « francisation » de l’Europe qu’il s’agit de réaliser, mais que la France devienne et soi
430 pas une « francisation » de l’Europe qu’il s’agit de réaliser, mais que la France devienne et soit la conscience d’une Eur
431 mais que la France devienne et soit la conscience d’ une Europe à naître. Voyez ce qui se passe en Suisse : nous autres rom
432 autres romands, nous y sommes dans la proportion d’ un tiers contre deux tiers, et pourtant notre minorité y est particuli
433 ous y sommes dans la proportion d’un tiers contre deux tiers, et pourtant notre minorité y est particulièrement active. C’es
434 fédéraliste. Le fédéralisme n’est pas un système de la quantité, mais de la qualité. Et croyez-vous cette Europe possible
435 ralisme n’est pas un système de la quantité, mais de la qualité. Et croyez-vous cette Europe possible ? Parfaitement. Les
436 ricains ne demandent pas mieux : pour des raisons d’ intérêt, sans doute, mais dont nous devons profiter. Quant aux Russes,
437 ttitude ombrageuse, eh bien ! nous nous passerons de leur consentement. C’est bien dommage, mais nous n’allons quand même
438 ais nous n’allons quand même pas attendre le visa de qui que ce soit pour nous décider à agir. Je crois que l’Europe se fe
439 Je ne me fais aucune illusion. Il n’y aura jamais d’ âge d’or. Je demande simplement un monde où les vrais problèmes soient
440 me fais aucune illusion. Il n’y aura jamais d’âge d’ or. Je demande simplement un monde où les vrais problèmes soient discu
441 où l’on puisse « vivre ». j. Rougemont Denis de , « [Entretien] La tâche française c’est d’inventer la paix », Combat,
442 Denis de, « [Entretien] La tâche française c’est d’ inventer la paix », Combat, Paris, 26 décembre 1947, p. 1-2. k. Propo
443 nçaise c’est d’inventer la paix », Combat, Paris, 26 décembre 1947, p. 1-2. k. Propos recueillis par Bernard Voyenne.
444 d’inventer la paix », Combat, Paris, 26 décembre 1947, p. 1-2. k. Propos recueillis par Bernard Voyenne.
9 1948, Combat, articles (1946–1950). Message aux Européens (14 mai 1948)
445 Message aux Européens ( 14 mai 1948)l m L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plu
446 Message aux Européens (14 mai 1948 )l m L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave m
447 nace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée de barrières qui empêchent ses biens de circuler, mais qui ne sauraient
448 e, encombrée de barrières qui empêchent ses biens de circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désuni
449 éger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
450 s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
451 à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
452 oblèmes que lui pose l’économie moderne. À défaut d’ une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera d
453 n à l’unification forcée, soit par l’intervention d’ un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heu
454 tion d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’ un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui so
455 surpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’ entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble,
456 le, demain, nous pouvons édifier avec les peuples d’ outre-mer associés à nos destinées, la plus grande formation politique
457 on politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant r
458 u monde n’aura connu un si puissant rassemblement d’ hommes libres. Jamais la guerre, la peur, et la misère n’auront été mi
459 grand péril et cette grande espérance la vocation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leu
460 ation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’ unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité,
461 ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles
462 ns les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche, la voie
463 herche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustrati
464 rtés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’ invention pour la défense et pour l’illustration des droits et des dev
465 et pour l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélités, l’Europe de
466 eux du monde le grand témoin. La conquête suprême de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans
467 conquête suprême de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final
468 force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour
469 éfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de
470 Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rasse
471 assemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les
472 ons solennellement notre commune volonté dans les cinq articles suivants, qui résument les résolutions adoptées par notre Co
473 ment les résolutions adoptées par notre Congrès : Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libr
474 e circulation des hommes, des idées et des biens. Nous voulons une Charte des droits de l’homme, garantissant les liber
475 des droits de l’homme, garantissant les libertés de pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une
476 de l’homme, garantissant les libertés de pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition
477 arantissant les libertés de pensée, de réunion et d’ expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition politique. 3°
478 nion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’ une opposition politique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable
479 que le libre exercice d’une opposition politique. Nous voulons une Cour de justice capable d’appliquer les sanctions né
480 ne opposition politique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit r
481 ique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable d’ appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte.
482 ns nécessaires pour que soit respectée la Charte. ) Nous voulons une Assemblée européenne, où soient représentées les fo
483 ropéenne, où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’ap
484 résentées les forces vives de toutes nos nations. Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos effor
485 s vives de toutes nos nations. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
486 ons. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’ appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos pa
487 nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans
488 t les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, po
489 ent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qu
490 e salut public, suprême chance de la paix et gage d’ un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront. l.
491 et celles qui la suivront. l. Rougemont Denis de , « Message aux Européens », Combat, Paris, 14 mai 1948, p. 1. m. Pré
492 nis de, « Message aux Européens », Combat, Paris, 14 mai 1948, p. 1. m. Précédé du chapeau suivant : « Ce texte a été lu
493 « Message aux Européens », Combat, Paris, 14 mai 1948, p. 1. m. Précédé du chapeau suivant : « Ce texte a été lu par son au
494 ant au nom de tous les congressistes, à la séance de clôture du congrès de La Haye. Il donne la note la plus juste sur l’a
495 congressistes, à la séance de clôture du congrès de La Haye. Il donne la note la plus juste sur l’atmosphère de ses débat
496 . Il donne la note la plus juste sur l’atmosphère de ses débats et résume clairement ses volontés. Nous pensons qu’il ne l
10 1950, Combat, articles (1946–1950). Messieurs, n’oubliez pas l’exemple de la Suisse (3 octobre 1950)
497 Messieurs, n’oubliez pas l’exemple de la Suisse (3 octobre 1950)n o Messieurs les députés européens, Vou
498 Messieurs, n’oubliez pas l’exemple de la Suisse ( 3 octobre 1950)n o Messieurs les députés européens, Vous êtes ici po
499 , n’oubliez pas l’exemple de la Suisse (3 octobre 1950 )n o Messieurs les députés européens, Vous êtes ici pour faire l’Eu
500 pour faire l’Europe, et nous pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas
501 ’avoir vue et s’en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son union fédérale. Tout le monde se trom
502 ion fédérale. Tout le monde se trompe. Il a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Neuf mois pour fédérer vingt-cinq Ét
503 Il a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Neuf mois pour fédérer vingt-cinq États souverains Au début de 1848, la
504 En voici le récit exact. Neuf mois pour fédérer vingt-cinq États souverains Au début de 1848, la Confédération n’était qu’un
505 r fédérer vingt-cinq États souverains Au début de 1848, la Confédération n’était qu’un pacte d’alliance entre vingt-cin
506 édérer vingt-cinq États souverains Au début de 1848, la Confédération n’était qu’un pacte d’alliance entre vingt-cinq État
507 but de 1848, la Confédération n’était qu’un pacte d’ alliance entre vingt-cinq États absolument souverains. Point de citoye
508 onfédération n’était qu’un pacte d’alliance entre vingt-cinq États absolument souverains. Point de citoyenneté suisse, point de li
509 tre vingt-cinq États absolument souverains. Point de citoyenneté suisse, point de liberté d’établissement ou d’échange com
510 nt souverains. Point de citoyenneté suisse, point de liberté d’établissement ou d’échange commercial entre cantons, point
511 ns. Point de citoyenneté suisse, point de liberté d’ établissement ou d’échange commercial entre cantons, point de représen
512 nneté suisse, point de liberté d’établissement ou d’ échange commercial entre cantons, point de représentation des peuples.
513 ment ou d’échange commercial entre cantons, point de représentation des peuples. Un seul organe commun, la Diète, sorte de
514 s peuples. Un seul organe commun, la Diète, sorte de Comité des ministres, composé de plénipotentiaires agissant au nom de
515 la Diète, sorte de Comité des ministres, composé de plénipotentiaires agissant au nom des États et prenant leurs rares dé
516 là, trait pour trait, un état comparable à celui de notre Europe, sauf pour le péril extérieur, qui n’était rien au regar
517 au regard de celui que nous courons ? Une partie de l’opinion réclamait une autorité fédérale, dotée de pouvoirs limités
518 l’opinion réclamait une autorité fédérale, dotée de pouvoirs limités mais réels. Rien d’autre, en vérité, ne pouvait assu
519 érale, dotée de pouvoirs limités mais réels. Rien d’ autre, en vérité, ne pouvait assurer l’indépendance du pays. Mais la D
520 tine rétorquait, chiffres en main, que la liberté d’ échanges ne manquerait pas de causer quelques dommages locaux. C’était
521 main, que la liberté d’échanges ne manquerait pas de causer quelques dommages locaux. C’était répondre aux utopistes qui p
522 x. C’était répondre aux utopistes qui proposaient d’ éteindre l’incendie, que l’eau peut abîmer les meubles. Il y eut une g
523 impuissance du pacte. Il y eut un long branle-bas de sociétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la fav
524 u pacte. Il y eut un long branle-bas de sociétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette
525 ut un long branle-bas de sociétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un p
526 ranle-bas de sociétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe
527 ciétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs
528 , de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs enthousiastes fit ad
529 . À la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs enthousiastes fit adopter par la Diète le principe d’une
530 nthousiastes fit adopter par la Diète le principe d’ une révision profonde du pacte. En 1847, notons-le, rien ne semblait «
531 le principe d’une révision profonde du pacte. En 1847, notons-le, rien ne semblait « praticable » aux yeux des réalistes. (N
532 e » aux yeux des réalistes. (Nous en sommes là en 1950. ) La décision survint l’année suivante. Le 17 février 1848, la Commiss
533 n 1950.) La décision survint l’année suivante. Le 17 février 1848, la Commission de révision — nommée par la Diète dans so
534 décision survint l’année suivante. Le 17 février 1848, la Commission de révision — nommée par la Diète dans son sein et au-d
535 année suivante. Le 17 février 1848, la Commission de révision — nommée par la Diète dans son sein et au-dehors — se réunit
536 rs — se réunit pour la première fois. Elle décide de siéger à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle termine se
537 première fois. Elle décide de siéger à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle termine ses travaux, dont elle sou
538 e de siéger à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle termine ses travaux, dont elle soumet les résultats aux v
539 e ses travaux, dont elle soumet les résultats aux vingt-cinq États souverains. Le 15 mai, la Diète est saisie du projet, qu’elle a
540 les résultats aux vingt-cinq États souverains. Le 15 mai, la Diète est saisie du projet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendan
541 la Diète est saisie du projet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendant le mois d’août le peuple vote dans les cantons. Le 12 s
542 rojet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendant le mois d’ août le peuple vote dans les cantons. Le 12 septembre, la Diète procla
543 e mois d’août le peuple vote dans les cantons. Le 12 septembre, la Diète proclame que la Constitution est acceptée par prè
544 lame que la Constitution est acceptée par près de deux tiers des États et plus de deux tiers des citoyens votants. Le 16 nov
545 acceptée par près de deux tiers des États et plus de deux tiers des citoyens votants. Le 16 novembre, le premier Conseil f
546 eptée par près de deux tiers des États et plus de deux tiers des citoyens votants. Le 16 novembre, le premier Conseil fédéra
547 ts et plus de deux tiers des citoyens votants. Le 16 novembre, le premier Conseil fédéral, organe exécutif, entre en fonct
548 s fléchi durant un siècle. Messieurs les députés, neuf mois avaient suffi pour fédérer 25 États souverains. Pensez-vous que
549 les députés, neuf mois avaient suffi pour fédérer 25 États souverains. Pensez-vous que l’Histoire vous en laisse un peu pl
550 temporaines. Mais il n’est pas exact que l’Europe d’ aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alors : vous êtes venus d
551 rope d’aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’ alors : vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou mêm
552  : vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a
553 s de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou même d’ Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour a
554 asbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou de
555 ra — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou des Grisons à Berne. Pour la guerre entr
556 s qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou des Grisons à Berne. Pour la guerre entre vos pays, les deu
557 isons à Berne. Pour la guerre entre vos pays, les deux dont vous sortez suffisent. Vos nations vivent ensemble depuis autant
558 fisent. Vos nations vivent ensemble depuis autant de siècles, et souvent davantage, que nos cantons. Leurs sorts ne sont p
559 ez l’Europe dans l’ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne sont pas plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l
560 économies ne sont pas plus disparates que celles de Zurich, par exemple, et de ses petits voisins paysans. Les sombres pr
561 disparates que celles de Zurich, par exemple, et de ses petits voisins paysans. Les sombres prévisions des réalistes quan
562 sombres prévisions des réalistes quant aux effets d’ une union « trop rapide » remplissaient nos journaux, il y a cent-troi
563 le non plus qui ne reparaisse dans la bouche même de ceux qui affirment que nos réalités sont tellement différentes… Certe
564 paraison n’est pas raison, mais quand les raisons de ne rien faire restent les mêmes quoi qu’il arrive, c’est qu’elles tra
565 ive, c’est qu’elles traduisent une certaine forme d’ esprit, une cécité partielle devant les leçons de l’Histoire, que j’ai
566 d’esprit, une cécité partielle devant les leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politi
567 le devant les leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’ une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés, n
568 leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés, n’oubliez pas
569 ratique. C’est assez pour que j’ose vous supplier d’ y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie en neuf mois. Il va
570 fléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux se per
571 Suisse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’on peut aller tr
572 s n’auriez pas, Staline le prend : c’est le temps de méditer avant d’agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été,
573 taline le prend : c’est le temps de méditer avant d’ agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été, soyez bien sûrs
574 méditer avant d’agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été, soyez bien sûrs qu’il le retrouvera : c’est le temps
575 ez bien sûrs qu’il le retrouvera : c’est le temps de modifier non pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’Armée
576 de modifier non pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’Armée rouge. n. Rougemont Denis de, « Messieurs, n’
577 non pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’Armée rouge. n. Rougemont Denis de, « Messieurs, n’oubliez pas
578 bataille de l’Armée rouge. n. Rougemont Denis de , « Messieurs, n’oubliez pas l’exemple de la Suisse », Combat, Paris,
579 nt Denis de, « Messieurs, n’oubliez pas l’exemple de la Suisse », Combat, Paris, 3 octobre 1950, p. 6. o. Présenté par la
580 liez pas l’exemple de la Suisse », Combat, Paris, 3 octobre 1950, p. 6. o. Présenté par la notice suivante : « Nous publ
581 ’exemple de la Suisse », Combat, Paris, 3 octobre 1950, p. 6. o. Présenté par la notice suivante : « Nous publions deux impo
582 Présenté par la notice suivante : « Nous publions deux importants extraits de cinq lettres que notre ami Denis de Rougemont
583 ivante : « Nous publions deux importants extraits de cinq lettres que notre ami Denis de Rougemont écrivit à l’intention d
584 nte : « Nous publions deux importants extraits de cinq lettres que notre ami Denis de Rougemont écrivit à l’intention des dé
585 ntion des députés réunis à Strasbourg. La session d’ été de l’Assemblée européenne est terminée. Mais ces lettres d’avertis
586 des députés réunis à Strasbourg. La session d’été de l’Assemblée européenne est terminée. Mais ces lettres d’avertissement
587 semblée européenne est terminée. Mais ces lettres d’ avertissement demeurent. Et il y a un redoutable abîme entre les propo
588 il y a un redoutable abîme entre les propositions de Denis de Rougemont et les résultats des travaux de Strasbourg. On tro
589 e Denis de Rougemont et les résultats des travaux de Strasbourg. On trouvera ici, demain, le second extrait de ces lettres
590 bourg. On trouvera ici, demain, le second extrait de ces lettres. »
11 1950, Combat, articles (1946–1950). Messieurs, on vous attend encore au pied du mur ! (4 octobre 1950)
591 essieurs, on vous attend encore au pied du mur ! ( 4 octobre 1950)p q Ceux qui disent que « l’Europe sera socialiste ou
592 on vous attend encore au pied du mur ! (4 octobre 1950 )p q Ceux qui disent que « l’Europe sera socialiste ou ne sera pas 
593 e, ou protestante, ou française, ou allemande, ou de gauche, ou de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit
594 nte, ou française, ou allemande, ou de gauche, ou de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle
595 elle soit, pour qu’elle dure, dans ses diversités de tous les ordres, que l’on ne peut préserver que par l’union et que l’
596 t que l’unification tuerait. Mais sans sacrifices d’ amour-propre, sans replis stratégiques d’intérêts légitimes, sans comp
597 crifices d’amour-propre, sans replis stratégiques d’ intérêts légitimes, sans compromis, elle ne sera pas. C’est clair. V
598 itaux. Quant à ceux qui n’ont point cette passion de l’Europe, ceux dont le regard s’attarde aux obstacles à l’union, perd
599 regard s’attarde aux obstacles à l’union, perdant de vue sa nécessité, il nous reste à leur faire comprendre que le pire o
600 ls se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’ écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craintes, démasquent
601 leurs arrière-pensées, dénoncent leur parti pris de scepticisme. Les deux tiers des Européens se déclarent pour l’union,
602 es, dénoncent leur parti pris de scepticisme. Les deux tiers des Européens se déclarent pour l’union, lorsqu’on les interrog
603 eptique crée les obstacles insurmontables. Il y a deux sortes d’opinions : celle que l’on invoque, et la vraie. L’une qui se
604 les obstacles insurmontables. Il y a deux sortes d’ opinions : celle que l’on invoque, et la vraie. L’une qui sert d’alibi
605 lle que l’on invoque, et la vraie. L’une qui sert d’ alibi aux démagogues, et l’autre qui les laisse tomber ; l’une qui fai
606 pu parler que dans le secret des urnes. L’opinion d’ aujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si
607 r pudiquement, chaque année, qu’il reste désireux d’ envisager l’étude de quelques mesures préalables tendant à renforcer l
608 e année, qu’il reste désireux d’envisager l’étude de quelques mesures préalables tendant à renforcer le sentiment d’une So
609 sures préalables tendant à renforcer le sentiment d’ une Solidarité qui ne saurait nuire à « l’achèvement d’une union plus
610 Solidarité qui ne saurait nuire à « l’achèvement d’ une union plus intime entre ses membres ». Les manchettes des journaux
611 membres ». Les manchettes des journaux parleront d’ un « pas important vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne p
612 ent s’associer à ces engagements téméraires avant d’ avoir pris le temps d’étudier leur contenu et de s’être assurés qu’en
613 ngagements téméraires avant d’avoir pris le temps d’ étudier leur contenu et de s’être assurés qu’en tous les cas cela ne p
614 t d’avoir pris le temps d’étudier leur contenu et de s’être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolumen
615 des principes, a fait jusqu’ici pratiquement plus de mal que de bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se conte
616 es, a fait jusqu’ici pratiquement plus de mal que de bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se contente d’affir
617 cause à tous. On me dira que si l’on se contente d’ affirmer des principes sans les mettre en pratique, cela ne fait de ma
618 incipes sans les mettre en pratique, cela ne fait de mal à personne. Mais cela en fait aux principes. Or une Europe qui se
619 européen, ce serait un acte enfin, quelque chose de concret. Et je me garde de sous-estimer la puissance des philatéliste
620 e enfin, quelque chose de concret. Et je me garde de sous-estimer la puissance des philatélistes. Mais si Strasbourg accou
621 ce des philatélistes. Mais si Strasbourg accouche d’ un timbre-poste, nous serons un peu déçus, et Staline très content. Vo
622 les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délég
623 es simplement délégués pour consultation. Décidez de vous faire élire. Un raisonnement très simple appuie cette suggestion
624 rmer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n’in
625 s une propagande massive. Personne n’a les moyens de la financer. La seule solution concevable, c’est une campagne élector
626 vue de nommer leurs députés au premier Parlement de l’Europe. Les partis présenteront les candidats. Et les mouvements fé
627 les mouvements fédéralistes aussi. Et les groupes d’ intérêts professionnels, syndicats patronaux et ouvriers. Il en résult
628 . Il en résultera dans nos provinces une campagne d’ agitation, d’émulation, de polémique européenne, que nulle autre métho
629 tera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’ émulation, de polémique européenne, que nulle autre méthode ne saurait
630 provinces une campagne d’agitation, d’émulation, de polémique européenne, que nulle autre méthode ne saurait provoquer.
631 La condition à la fois nécessaire et suffisante d’ une telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’elle comporte
632 essaire et suffisante d’une telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’elle comporte un enjeu, et que leur sort
633 un seul : discuter et voter un projet bien précis de Constitution fédérale de l’Europe. Si vous acceptez cela, vous aurez
634 er un projet bien précis de Constitution fédérale de l’Europe. Si vous acceptez cela, vous aurez avec vous l’opinion vraie
635 s l’opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si
636 a majorité, les militants de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vou
637 de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière v
638 indifférence ; et devant vous, le rire des hommes d’ acier. Si vous me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déc
639 me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déclarer clairement à quel moment, et sous quelles conditions, cela c
640 moment, et sous quelles conditions, cela cessera d’ être prématuré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’il faut
641 ut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe il y en a peu. Si vous me dites e
642 laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’es
643 enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si quelque chose
644 ue le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous savez : un r
645 la ruine à bref délai, les trois-cents divisions de l’armée rouge. D’une part, on peut penser qu’au point où nous en somm
646 oix presque désespérée, et sans autre pouvoir que de vous adjurer de la part des millions qui se taisent mais qui ont peur
647 autre pouvoir que de vous adjurer de la part des millions qui se taisent mais qui ont peur ? Pardonnez mes violences et mes imp
648 et qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement de passion, je m’écriais l’autre jour : si vous ne voulez rien faire, al
649 et je les supplie maintenant, au nom de l’Europe, de rester au contraire, de ne point se séparer avant d’avoir dressé, pou
650 nant, au nom de l’Europe, de rester au contraire, de ne point se séparer avant d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe
651 rester au contraire, de ne point se séparer avant d’ avoir dressé, pour notre espoir, un signe ! Des raisons de vivre !
652 ssé, pour notre espoir, un signe ! Des raisons de vivre ! Vous n’êtes pas encore l’espoir des peuples libres, ni des
653 l’espoir des peuples libres, ni des peuples muets de l’Est européen. Mais vous pouvez le devenir et sonner le ralliement.
654 re. Personne ne veut mourir, que pour des raisons de vivre. Mozart n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas un
655 qui résoudra le problème du chômage, mais l’union de nos sacrifices. Qui peut nous l’imposer ? Qui peut faire reculer les
656 ois légitimes qui se révèlent contraires au salut de l’ensemble ? Je veux avoir parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous
657 s. Messieurs les députés européens, je vous salue d’ un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l
658 je vous salue d’un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d
659 ait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’espérance : méritez votre nom,
660 nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’ angoisse et d’espérance : méritez votre nom, faites-vous élire et fédé
661 ux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’ espérance : méritez votre nom, faites-vous élire et fédérez l’Europe p
662 rez l’Europe pendant qu’il en est temps. Ferney, 30 juillet-6 août 1950. p. Rougemont Denis de, « Messieurs, on vous
663 nt qu’il en est temps. Ferney, 30 juillet-6 août 1950. p. Rougemont Denis de, « Messieurs, on vous attend encore au pied
664 y, 30 juillet-6 août 1950. p. Rougemont Denis de , « Messieurs, on vous attend encore au pied du mur ! », Combat, Paris
665 attend encore au pied du mur ! », Combat, Paris, 4 octobre 1950, p. 6. q. Présenté de cette note : « Nous publions aujo
666 core au pied du mur ! », Combat, Paris, 4 octobre 1950, p. 6. q. Présenté de cette note : « Nous publions aujourd’hui le deu
667 Combat, Paris, 4 octobre 1950, p. 6. q. Présenté de cette note : « Nous publions aujourd’hui le deuxième extrait des cinq
668 Nous publions aujourd’hui le deuxième extrait des cinq Lettres aux députés européens que Denis de Rougemont écrivit à l’oc
669 éens que Denis de Rougemont écrivit à l’occasion de la session de Strasbourg. »
670 s de Rougemont écrivit à l’occasion de la session de Strasbourg. »