1 1946, Combat, articles (1946–1950). Ni secret ni défense (19-20 mai 1946)
1 s d’État, les généraux et quelques vulgarisateurs en mal d’idées ont trouvé deux moyens d’esquiver la question posée par l
2 un seul physicien qui n’ait nié expressément, et en toute occasion publique, devant les journalistes ou le Sénat, l’exist
3 (j’entends capables de rapprocher deux idées et d’ en tirer une conclusion logique) est au plus de 35 %. Est-ce peu ou beau
4 5 %. Est-ce peu ou beaucoup pour un peuple ? Je n’ en jugerais qu’après un essai en Europe. Il est clair que l’opinion publ
5 ur un peuple ? Je n’en jugerais qu’après un essai en Europe. Il est clair que l’opinion publique est égarée par sa foi dan
6 e, et vous savez que la Suisse possède tout cela. En fait, c’est à l’École polytechnique de Zurich que sont nés les travau
7 ps de chapeau haut de forme. Voilà Moscou et Kiev en ruines dans les trois heures. Les Russes ripostent sur Détroit et Sai
8 langage technique, cela s’appelle chain reaction. En vingt-quatre heures, l’Occident a vécu. Un éclair tombant du ciel ble
9 gouvernement. Je ne suis pas sûr que les nations en aient. Et nous restons, les bras ballants… a. Rougemont Denis de,
2 1946, Combat, articles (1946–1950). Paralysie des hommes d’État (21 mai 1946)
10 trois Grands. Ils se composent d’un loup déguisé en mouton et de deux moutons vêtus de leur vraie peau. C’est donc au nom
11 erre : pourtant, ils s’y préparent. Ce qui domine en fait leur politique, c’est la vision de la guerre, non pas celle de l
12 ratiquement, ils n’ont pas le temps. Pourquoi ? J’ en vois une raison simple. Parce qu’ils gouvernent leur nation, et que c
13 t ceux du Nord en présence des républicains, tout en gardant un œil sur la gauche naissante, le Sénat, le Congrès, les fon
14 trop grande pour lui, et le voici chargé du monde en plus ! Ainsi d’Attlee et de Staline, bien que ce dernier me paraisse
15 ter d’usurpateurs. L’incompétence des commandants en chef n’est-elle pas jugée criminelle par l’opinion publique de leur p
16 es Nations unies. Vos États n’ont fait un pays qu’ en unissant leurs peuples, et non leurs chefs, qui se sont effacés devan
17 à tous les visages qui se ferment, et les esprits en état de siège. Sommes-nous fous ? Allons-nous continuer ce jeu jusqu’
18 onction même de ces chefs d’État les disqualifie, en principe, pour l’entreprise dont ils se chargent, et les porte à la s
19 e pas perdre la boule ! Car le fait est qu’il n’y en a qu’une de boule, comme disait à peu près le regretté Willkie, et qu
3 1946, Combat, articles (1946–1950). Tous démocrates (22 mai 1946)
20 ion : c’est qu’au lieu de défendre la Démocratie, en bloc, et comme une étiquette, contre ses adversaires déclarés, nous a
21 c’est un mensonge et une hypocrisie. Je vais vous en donner un exemple. Les Soviets, qui se disent démocrates, dénonçaient
22  : car les problèmes se posent quand les choses s’ en vont… c. Rougemont Denis de, « Tous démocrates », Combat, Paris, 2
4 1946, Combat, articles (1946–1950). Les cochons en uniforme ou le nouveau Déluge (23 mai 1946)
23 Les cochons en uniforme ou le nouveau Déluge (23 mai 1946)d Pendant l’hiver 1945-
24 la presse sur les préparatifs de l’expérience, j’ en retiens deux. 1° Une mission de savants américains formée de quatorze
25 tanistes et océanographes, et de deux commerçants en poissons (mieux payés que les savants, dit-on) vient de partir pour l
26 de l’opération, sur lequel nos savants se perdent en conjectures, j’en tire une conclusion définitive, quoique préalable.
27 r lequel nos savants se perdent en conjectures, j’ en tire une conclusion définitive, quoique préalable. Pour la première,
28 e Bikini. d. Rougemont Denis de, « Les cochons en uniforme ou le nouveau Déluge », Combat, Paris, 23 mai 1946, p. 1.
5 1946, Combat, articles (1946–1950). Post-scriptum (24 mai 1946)
29 exemple. Mais cela ne serait rien encore, quoi qu’ en pensent quelques généraux. Je parlais de la fin du monde… — Et mainte
30 s ? Dans toutes les capitales d’Europe, on voyait en 1939 les civils se promener avec leur boîte à masque en bandoulière.
31 9 les civils se promener avec leur boîte à masque en bandoulière. Eh bien, la guerre des gaz n’a pas eu lieu, parce que to
32 des gaz n’a pas eu lieu, parce que tout le monde en avait une peur bleue, et que personne, même pas Hitler, n’a eu le cou
6 1946, Combat, articles (1946–1950). Bikini bluff (2 juillet 1946)
33 ait rien des cochons. Peut-être les prières dites en l’église de Carliste, en Angleterre, « pour les animaux sacrifiés » e
34 t-être les prières dites en l’église de Carliste, en Angleterre, « pour les animaux sacrifiés » et « pour alléger leurs so
35 a répondu à toutes nos espérances. Nous comptons en tirer des renseignements d’une valeur inestimable. » On ne saurait mi
36 vous abandonne volontiers l’infanterie, déclarait en substance l’amiral King, mais la marine saura prouver sa résistance e
37 op bruyamment de la survie des deux-cents cochons en uniformes. Les habitants d’Hiroshima n’ont pas tenu le coup tout à fa
38 ris, 2 juillet 1946, p. 1 et 3. g. Texte corrigé en deux endroits, selon l’erratum publié dans la livraison du lendemain,
7 1946, Combat, articles (1946–1950). Les intellectuels sont-ils responsables ? (5 juillet 1946)
39 lors y bêlent d’une voix aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes. Ils ont signé pour le négus et co
40 « intellectuels » français. Mais si le monde ne s’ en porte pas mieux, l’intelligence n’y gagne guère. ⁂ Tant que les écriv
41 e des citoyens responsables, ils étaient au moins en accord avec l’esprit général de l’époque : intelligence d’un côté, ac
42 onsable par définition. Il n’y a pas que du mal à en dire : cela nous a valu quelques œuvres durables, mineures sans doute
43 de le dominer. S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est p
44 n’a pas de pires ennemis que les libéraux ; sinon en intention, du moins en fait. Les penseurs les plus violemment libres
45 s que les libéraux ; sinon en intention, du moins en fait. Les penseurs les plus violemment libres du xixe siècle, un Nie
46 ez donc comme nos libéraux se mettent d’eux-mêmes en rangs et marquent le pas dès qu’une menace se précise contre les libe
47 on sacrée » qui vient de souffler sur notre élite en est l’ahurissant exemple. Du moins a-t-elle eu cela de bon : les écri
48 rienne (voir le manifeste de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux, irresponsables nés2, é
49 litique, et faisant amende honorable. Ils étaient en rupture de bercail. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre, les mou
50 d’écrivains leur opinion sur un problème qui met en cause, non seulement leur responsabilité et leur rôle dans la société
51 nt dans son essai Penser avec les mains (publié en 1936), nous envoie l’article suivant, dont il est intéressant de soul
52 ouligner qu’il fut écrit et publié dans une revue en 1938, sous le titre : « Trop d’irresponsables s’engagent ».
8 1947, Combat, articles (1946–1950). « La tâche française c’est d’inventer la paix » (26 décembre 1947)
53 arme. « La bombe n’est pas dangereuse, disait-il en substance, mais les hommes qui l’utilisent. Ce sont eux qu’il faut co
54 ue l’homme démissionne. Et c’est ce qui est grave en ce moment : on a l’impression que personne n’est décidé à arrêter la
55 s-vous tenté de regarder ailleurs ? La France «  en attente » Ne vous y trompez pas. Le monde entier, comme nous-mêmes
56 elle l’a tenu dans le passé. Mais la France est «  en attente ». En attente de quoi ? Du conflit qui « devient » fatal si o
57 dans le passé. Mais la France est « en attente ». En attente de quoi ? Du conflit qui « devient » fatal si on ne fait que
58 du crédit. Voilà bien le cercle vicieux et l’on n’ en sortira qu’en sautant à pieds joints par-dessus la ligne du mensonge.
59 là bien le cercle vicieux et l’on n’en sortira qu’ en sautant à pieds joints par-dessus la ligne du mensonge. Inventer l
60 plan passionnel, définiraient une affirmation ? J’ en suis convaincu. La tâche française — encore une fois, de l’« intellig
61 te, trouve immédiatement son champ d’action. Je n’ en vois qu’un mais il est immense et à sa portée : l’Europe. C’est seule
62 agir sur les USA ou l’URSS. Il est temps que nous en prenions conscience : nous ne sommes pas des petits garçons, nous som
63 celui d’un conquérant. Le voudrait-elle qu’elle n’ en a pas les moyens. Ce n’est pas une « francisation » de l’Europe qu’il
64 ence d’une Europe à naître. Voyez ce qui se passe en Suisse : nous autres romands, nous y sommes dans la proportion d’un t
9 1948, Combat, articles (1946–1950). Message aux Européens (14 mai 1948)
65 guerre, la peur, et la misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce grand péril et cett
66 our sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en élargir le bénéfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de no
67 d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professio
10 1950, Combat, articles (1946–1950). Messieurs, n’oubliez pas l’exemple de la Suisse (3 octobre 1950)
68 s la Suisse. Tout le monde croit l’avoir vue et s’ en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son uni
69 e. Tout le monde se trompe. Il a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Neuf mois pour fédérer vingt-cinq États souve
70 ières douanières. La routine rétorquait, chiffres en main, que la liberté d’échanges ne manquerait pas de causer quelques
71 ète le principe d’une révision profonde du pacte. En 1847, notons-le, rien ne semblait « praticable » aux yeux des réalist
72 lait « praticable » aux yeux des réalistes. (Nous en sommes là en 1950.) La décision survint l’année suivante. Le 17 févri
73 able » aux yeux des réalistes. (Nous en sommes là en 1950.) La décision survint l’année suivante. Le 17 février 1848, la C
74 e premier Conseil fédéral, organe exécutif, entre en fonction. Le drapeau suisse est arboré à côté des drapeaux des canton
75 États souverains. Pensez-vous que l’Histoire vous en laisse un peu plus, pour unir vos États dans un plus grand péril ?
76 olm à Strasbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Gen
77 ome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’ en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou des Grisons à Berne
78 saient nos journaux, il y a cent-trois ans : il n’ en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non plus q
79 lution fédéraliste n’est pas seulement praticable en principe, mais pratique. C’est assez pour que j’ose vous supplier d’y
80 réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux s
11 1950, Combat, articles (1946–1950). Messieurs, on vous attend encore au pied du mur ! (4 octobre 1950)
81 arent pour l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’ en fallut pas plus pour fédérer la Suisse. Mais l’opinion veut qu’on l’e
82 ps d’étudier leur contenu et de s’être assurés qu’ en tous les cas cela ne peut les conduire absolument à rien. Soyons fran
83 contente d’affirmer des principes sans les mettre en pratique, cela ne fait de mal à personne. Mais cela en fait aux princ
84 atique, cela ne fait de mal à personne. Mais cela en fait aux principes. Or une Europe qui se moque des principes vaut bea
85 ofessionnels, syndicats patronaux et ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’émulation, d
86 u’un but concret soit assigné à ses travaux. Je n’ en vois pour ma part qu’un seul : discuter et voter un projet bien préci
87 , je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile
88 serai de l’obtenir de Staline. Car en Europe il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’
89 e. D’une part, on peut penser qu’au point où nous en sommes, il n’y a presque plus rien à perdre. Que risquez-vous à tente
90 e jour : si vous ne voulez rien faire, allez-vous- en  ! Mais beaucoup d’entre vous veulent agir et je les supplie maintenan
91 t mourir, que pour des raisons de vivre. Mozart n’ en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas une secte politique,
92 ites-vous élire et fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Ferney, 30 juillet-6 août 1950. p. Rougemont Denis de