1
-20 mai 1946)a Les hommes d’État, les généraux
et
quelques vulgarisateurs en mal d’idées ont trouvé deux moyens d’esqui
2
nous gardons, c’est un dépôt sacré », disent-ils.
Et
sans l’avis d’aucun savant autorisé, ils parlent de défenses possible
3
américain des choses militaire dans cette guerre,
et
le corps unanime des savants. M. Hanson W. Baldwin l’a fort bien expl
4
rt bien expliqué dans le New York Times : le seul
et
vrai secret de la bombe atomique réside dans la puissance industriell
5
’auront, ou les Anglais, ou les Danois peut-être.
Et
je ne connais pas un seul physicien qui n’ait nié expressément, et en
6
pas un seul physicien qui n’ait nié expressément,
et
en toute occasion publique, devant les journalistes ou le Sénat, l’ex
7
bles (j’entends capables de rapprocher deux idées
et
d’en tirer une conclusion logique) est au plus de 35 %. Est-ce peu ou
8
e partagent point. On parle de radars omniscients
et
de rayons qui feraient sauter la bombe tôt après son départ, chez l’a
9
ciel, l’autre partie à fabriquer les instruments
et
à payer les impôts nécessaires. Par crainte de mourir, plus personne
10
et de la bombe sera demain celui de Polichinelle,
et
enfin si quelqu’un nous attaque, nous ne saurons pas qui a tiré. Supp
11
rique pendant les recherches), mais d’ingéniosité
et
d’équipement technique, et vous savez que la Suisse possède tout cela
12
s), mais d’ingéniosité et d’équipement technique,
et
vous savez que la Suisse possède tout cela. En fait, c’est à l’École
13
Russie. Il est trop tard pour échanger des notes
et
des coups de chapeau haut de forme. Voilà Moscou et Kiev en ruines da
14
des coups de chapeau haut de forme. Voilà Moscou
et
Kiev en ruines dans les trois heures. Les Russes ripostent sur Détroi
15
es trois heures. Les Russes ripostent sur Détroit
et
Saint-Louis, et détruisent Londres par simple mesure de précaution. E
16
Les Russes ripostent sur Détroit et Saint-Louis,
et
détruisent Londres par simple mesure de précaution. Et ainsi de suite
17
truisent Londres par simple mesure de précaution.
Et
ainsi de suite : dans le langage technique, cela s’appelle chain reac
18
etites discussions. M. Truman ajuste ses lunettes
et
veille sur son « dépôt sacré ». Le monde n’a pas de gouvernement. Je
19
ent. Je ne suis pas sûr que les nations en aient.
Et
nous restons, les bras ballants… a. Rougemont Denis de, « Ni secre
20
nds. Ils se composent d’un loup déguisé en mouton
et
de deux moutons vêtus de leur vraie peau. C’est donc au nom du Petit
21
leur vraie peau. C’est donc au nom du Petit Père,
et
du Brave Garçon, et de l’Esprit bourgeois que la Bombe doit être admi
22
st donc au nom du Petit Père, et du Brave Garçon,
et
de l’Esprit bourgeois que la Bombe doit être administrée. Notez que,
23
. L’alternative est entre ces deux sens du verbe.
Et
soudain, je me demande pourquoi ces trois messieurs paraissent impuis
24
mbe au gouvernement mondial, supprimer les armées
et
ouvrir les frontières. Qui ne partage cette impression, avec les mass
25
es de notre sort sont en réalité irresponsables ?
Et
qu’ils usurpent le nom de gouvernants ? J’essaie de me mettre à leur
26
démodé. Truman voudrait la paix, car le commerce
et
l’industrie américains y trouveraient leur espace vital, mais il ne r
27
ères douanières, à la défense du capital d’abord,
et
à la peur (elle-même créatrice de conflits) d’un conflit avec la Russ
28
rois convaincus qu’ils aiment la paix en général,
et
pour elle-même, et qu’ils détestent la guerre : pourtant, ils s’y pré
29
ils aiment la paix en général, et pour elle-même,
et
qu’ils détestent la guerre : pourtant, ils s’y préparent. Ce qui domi
30
esponsables, provoquant ce qu’ils veulent éviter.
Et
le public a l’air de trouver cela normal, — ou ne trouve rien. ⁂ J’es
31
ison simple. Parce qu’ils gouvernent leur nation,
et
que c’est assez ou même trop pour un homme, tandis que le problème es
32
visites par jour, des inaugurations, des banquets
et
des nominations. Il est clair que, pour gouverner les nations, la pre
33
te entre les continents, il faut d’autres talents
et
un autre savoir que pour équilibrer les démocrates du Sud et ceux du
34
savoir que pour équilibrer les démocrates du Sud
et
ceux du Nord en présence des républicains, tout en gardant un œil sur
35
issante, le Sénat, le Congrès, les fonctionnaires
et
la presse. Mais qui l’a dit au sujet de Truman ? L’Amérique est trop
36
de Truman ? L’Amérique est trop grande pour lui,
et
le voici chargé du monde en plus ! Ainsi d’Attlee et de Staline, bien
37
le voici chargé du monde en plus ! Ainsi d’Attlee
et
de Staline, bien que ce dernier me paraisse plus habile dans le grand
38
criminelle par l’opinion publique de leur patrie,
et
parfois par les tribunaux ? Je demande à mes amis américains : — Imag
39
n’ont fait un pays qu’en unissant leurs peuples,
et
non leurs chefs, qui se sont effacés devant un pouvoir nouveau, sorti
40
de nation, voilà tous les visages qui se ferment,
et
les esprits en état de siège. Sommes-nous fous ? Allons-nous continue
41
ébordés, qui n’ont pas une minute pour réfléchir,
et
qui représentent les intérêts de leur nation, alors que c’est précisé
42
principe, pour l’entreprise dont ils se chargent,
et
les porte à la saboter. Leur métier même les rend inaptes à voir ce q
43
, formée d’hommes désignés par la voie populaire,
et
qui n’auraient pas d’autre affaire que de considérer la Planète, puis
44
ule, comme disait à peu près le regretté Willkie,
et
qu’une erreur unique, désormais, pourrait la rendre folle à tout jama
45
liquidation, c’est la vie même, toujours fluente
et
circulante, le sang, les sèves ! Quant à l’évaporation atomique, eh b
46
e pas le symbole même de l’idéalisme : tout monte
et
s’épanouit vers le ciel ! Notez que, dans ce système, la démocratie p
47
me, la démocratie paraît supérieure au soviétisme
et
à l’hitlérisme. Lui. — Je vous entends ! J’entends le diable ! D’ail
48
us parlez, l’un est écrasé. Les deux qui restent,
et
qui se partagent le monde, se déclarent formellement démocrates. Donc
49
ngue espagnole, que nous appellerons secondaires.
Et
voici mon espoir, dans cette situation : c’est qu’au lieu de défendre
50
st qu’au lieu de défendre la Démocratie, en bloc,
et
comme une étiquette, contre ses adversaires déclarés, nous allions en
51
! Une étiquette qui s’applique à tous les partis
et
à toutes les nations du globe ne signifie plus rien. Ou bien c’est un
52
ne signifie plus rien. Ou bien c’est un mensonge
et
une hypocrisie. Je vais vous en donner un exemple. Les Soviets, qui s
53
sse, qui est la plus vieille démocratie du monde,
et
la traitaient de « fasciste », parce qu’elle répugne, entre autres, à
54
s États fascistes, aussi bien que par les Soviets
et
par les socialistes anglais. Moi. — Voilà le problème embrouillé à s
55
. Moi. — Voilà le problème embrouillé à souhait,
et
je vous vois sourire diaboliquement, à votre tour. Mais nous sommes p
56
a définition d’une réalité que ce terme symbolise
et
parfois dissimule : qu’est-ce que la liberté ? Et cela nous amènera b
57
et parfois dissimule : qu’est-ce que la liberté ?
Et
cela nous amènera bientôt à nous demander : qu’est-ce que l’homme ? C
58
tat démocratiques n’auront pas abordé ouvertement
et
sincèrement ces deux questions fondamentales, l’étiquette « démocrati
59
fiera rien du tout. Ou bien elle servira d’excuse
et
de prétexte cousu de fil blanc ou de fil rouge aux politiques les plu
60
il rouge aux politiques les plus contradictoires,
et
parfois les plus tyranniques. Moi. — Je l’avoue. La liberté est cert
61
icains formée de quatorze biologistes, botanistes
et
océanographes, et de deux commerçants en poissons (mieux payés que le
62
uatorze biologistes, botanistes et océanographes,
et
de deux commerçants en poissons (mieux payés que les savants, dit-on)
63
d’animaux. Deux-cents chèvres, deux-cents cochons
et
quatre-mille rats seront à leur poste de combat, sur les tourelles, d
64
sur les tourelles, dans les chambres de machines
et
sur les ponts. Et ceci encore nous ramène, irrésistiblement, à la lég
65
, dans les chambres de machines et sur les ponts.
Et
ceci encore nous ramène, irrésistiblement, à la légende de l’arche de
66
comment ces cochons-là se comportent sous le feu,
et
savent mourir. Quel que soit le résultat de l’opération, sur lequel
67
ue… J’avoue que je n’avais pas pensé à l’uniforme
et
au respect que nous lui devions naguère. Les savants, eux, ne l’ont p
68
’ont pas raté. Ce n’est pas ma faute, c’est fait.
Et
c’en est fait, — même si l’on renonce à l’expérience. Avec la flotte
69
’au lieu de sacrifier tant d’innocentes victimes,
et
dans une posture si ridicule, on place sur les navires les membres du
70
, on place sur les navires les membres du Congrès
et
du Sénat qui se seront déclarés en faveur de l’expérience de Bikini.
71
Post-scriptum (24 mai 1946)e Un dernier mot. (
Et
dire que j’allais l’oublier !) La Bombe n’est pas dangereuse du tout.
72
elques généraux. Je parlais de la fin du monde… —
Et
maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’est là sans doute votre
73
t d’esprit d’Apocalypse. Mais dix mois ont passé,
et
rien ne se passe. Dieu soit loué, nous avons repris nos sens. Certain
74
parce que tout le monde en avait une peur bleue,
et
que personne, même pas Hitler, n’a eu le courage de commencer. À plus
75
a fait son calcul. Les Alliés pouvaient riposter,
et
la valeur militaire de cette arme était loin de compenser, même à ses
76
nt, c’est l’homme. C’est lui qui a fait la Bombe,
et
c’est lui seul qui se prépare à l’employer. Quand je vois qu’on nomme
77
eut plus l’éviter depuis que la Bombe nous menace
et
nous tente à la foi. Et voilà bien le progrès le plus sensationnel du
78
que la Bombe nous menace et nous tente à la foi.
Et
voilà bien le progrès le plus sensationnel du siècle. — Un progrès ?
79
tout ce qui nous rapproche des vraies questions,
et
nous oblige à y faire face. e. Rougemont Denis de, « Post-scriptum
80
te, en Angleterre, « pour les animaux sacrifiés »
et
« pour alléger leurs souffrances » n’ont-elles point été sans effet.
81
entier, qui est, en somme, de rester des amiraux.
Et
sa valeur ne saurait être exagérée, encore qu’elle soit aisément « es
82
pour démontrer la valeur éternelle des cuirassés
et
porte-avions. Le grand danger, le vrai danger de l’expérience, c’étai
83
e ratât, conformément aux prévisions des amiraux,
et
qu’elle rassurât faussement les peuples quant aux risques institués p
84
mission du fameux Dr Oppenheimer, qui fut le chef
et
la cheville ouvrière des expériences du Nouveau-Mexique et de l’ensem
85
ville ouvrière des expériences du Nouveau-Mexique
et
de l’ensemble du « Projet Manhattan ». Le Dr Oppenheimer n’a rien vou
86
King, mais la marine saura prouver sa résistance
et
sa nécessité ». Voilà qui est fait. Sur quoi le général Arnold, après
87
ès des phrases de condoléances sur les fantassins
et
les marins, suggérait que l’aviation seule restait indispensable, pui
88
ki — celle qui fut lancée dimanche soir — démodée
et
mille fois surpassée par les récents modèles, qu’ils sont seuls à con
89
s récents modèles, qu’ils sont seuls à connaître.
Et
c’est leur point de vue qui m’importe. Les problèmes que nous pose la
90
stent intacts, autant que les palmiers de Bikini.
Et
si les amiraux sont rassurés, conformément à tous les plans qu’ils on
91
s habitants de Londres, de New York, de Leningrad
et
de Paris ne seront point protégés aussi méthodiquement que le budget
92
odiquement que le budget de la Marine américaine.
Et
le faux soulagement produit par le grand « four » de Bikini ne peut q
93
la bombe pour assurer la police parmi les États.
Et
le seul moyen d’accélérer l’instauration d’un tel gouvernement — qui
94
ui, n’est possible qu’avec toutes nos complicités
et
ne saurait être qu’une guerre civile que le genre humain se fait « à
95
kini bluff », Combat, Paris, 2 juillet 1946, p. 1
et
3. g. Texte corrigé en deux endroits, selon l’erratum publié dans la
96
yant que l’herbe se faisait rare sous leurs pieds
et
qu’ils n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolut
97
dans le premier parc venu, à gauche ou à droite,
et
depuis lors y bêlent d’une voix aigre et anxieuse, tout en signant un
98
droite, et depuis lors y bêlent d’une voix aigre
et
anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes. Ils ont signé p
99
antité de manifestes. Ils ont signé pour le négus
et
contre lui ; pour le chef bien-aimé, Père des peuples, et pour ses in
100
e lui ; pour le chef bien-aimé, Père des peuples,
et
pour ses innocentes victimes, vipères lubriques ; pour Franco et cont
101
ocentes victimes, vipères lubriques ; pour Franco
et
contre Franco ; contre Dollfuss et pour Schuschnigg ; pour Thaelmann,
102
; pour Franco et contre Franco ; contre Dollfuss
et
pour Schuschnigg ; pour Thaelmann, contre le Japon, à propos du tsar,
103
tes, les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille
et
d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d
104
t leur soin à vivre en marge de tous les conflits
et
refusaient d’être considérés comme des citoyens responsables, ils éta
105
oque : intelligence d’un côté, action de l’autre,
et
surtout ne mélangeons rien. Tributaires d’une culture dont l’ambition
106
s fondamentaux de leur métaphysique inconsciente.
Et
leur style traduisait fidèlement les nuances d’une pensée détachée, i
107
res durables, mineures sans doute, mais délicates
et
ingénieuses. Cependant, les temps ont changé. La crise nous a fait vo
108
l’échéance ne pouvait être indéfiniment repoussée
et
que les dettes contractées par l’esprit ne laissaient même plus une p
109
iens faisaient de même en présence du libéralisme
et
de la culture « désintéressée ». C’est alors qu’on lança parmi nous l
110
u de rechercher les moyens de penser dans le réel
et
l’actuel, et de surmonter enfin ce vice qu’est la distinction libéral
111
er les moyens de penser dans le réel et l’actuel,
et
de surmonter enfin ce vice qu’est la distinction libérale entre la pe
112
ce qu’est la distinction libérale entre la pensée
et
l’action. Au lieu de préciser, par exemple, le sens de ce mot d’engag
113
ple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle
et
partisane d’une pensée que réside son engagement. C’est, au contraire
114
dans son élan premier, dans sa prise sur le réel
et
dans sa volonté de le transformer, donc finalement de le dominer. S’e
115
une doctrine, mais au contraire, c’est se libérer
et
assumer les risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal de soute
116
été les plus violemment engagés dans la réalité.
Et
cela suffirait bien à définir le sens que nous donnons à ce mot d’eng
117
ourne ne devient pas pour si peu une main vivante
et
agissante. Un libéral qui se soumet aux directives d’un parti ne devi
118
rti ne devient pas pour si peu un penseur engagé.
Et
il ne faudrait pas que ces trahisons insignes ridiculisent toute espè
119
spèce d’engagement. Une pensée qui, par sa nature
et
son mouvement originel, est libérale, irresponsable, ne devient pas l
120
bérale, irresponsable, ne devient pas libératrice
et
responsable du seul fait qu’elle se met « au service » d’une doctrine
121
lution, cela demande un effort un peu plus grand,
et
d’une autre nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscr
122
ensée d’où vont nécessairement sortir le fascisme
et
le stalinisme. Et c’est la pensée libérale. Voyez donc comme nos libé
123
cessairement sortir le fascisme et le stalinisme.
Et
c’est la pensée libérale. Voyez donc comme nos libéraux se mettent d’
124
omme nos libéraux se mettent d’eux-mêmes en rangs
et
marquent le pas dès qu’une menace se précise contre les libertés fran
125
scisme. Fût-ce même pour se défendre du fascisme.
Et
peut-être surtout dans ce cas ! La panique de « l’union sacrée » qui
126
mps dans les voies de « l’engagement » politique,
et
faisant amende honorable. Ils étaient en rupture de bercail. Maintena
127
rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés,
et
la situation s’éclaircit. Voici venir le temps des vrais dangers, c’e
128
des vrais dangers, c’est-à-dire des vraies luttes
et
des vrais engagements. 1. Baudelaire voulait que la critique des po
129
s libéraux — fût partiale, pleine de partis pris,
et
même politique ! 2. Je fais exception pour deux ou trois d’entre eux
130
pour deux ou trois d’entre eux, tels que Bernanos
et
Schlumberger, dont la bonne foi a été surprise, — comme on dit. Peu i
131
une extrême faveur dans les milieux intellectuels
et
littéraires. De fait, si cette volonté d’engagement s’exprime souvent
132
i met en cause, non seulement leur responsabilité
et
leur rôle dans la société, mais aussi leur manière de s’exprimer. Den
133
t il est intéressant de souligner qu’il fut écrit
et
publié dans une revue en 1938, sous le titre : « Trop d’irresponsable
134
ccupe à la sortie du village de Ferney, désormais
et
pour toujours, prénommé Voltaire. Il me semble que mon hôte n’est pas
135
cette aisance dans l’épigramme, ce ton persifleur
et
cette parfaite élégance du style. Mais là se borne la ressemblance. C
136
venu conquérir Paris voici une quinzaine d’années
et
que des ouvrages brillants et profonds comme Penser avec les mains
137
quinzaine d’années et que des ouvrages brillants
et
profonds comme Penser avec les mains et L’Amour et l’Occident mir
138
illants et profonds comme Penser avec les mains
et
L’Amour et l’Occident mirent bien vite au premier rang, est le cont
139
rofonds comme Penser avec les mains et L’Amour
et
l’Occident mirent bien vite au premier rang, est le contraire d’un a
140
« La voix de l’Amérique », tandis que ses livres
et
en particulier son Journal d’Allemagne, étaient mis au pilon par les
141
ais, bientôt après, éclatait la bombe d’Hiroshima
et
de Rougemont écrivait aussitôt ses étincelantes Lettres sur la bombe
142
destin, me dit avec force de Rougemont. C’est lui
et
lui seul qui déchaîne les forces qui aboutissent à la bombe ou à la p
143
’y a de fatalité que lorsque l’homme démissionne.
Et
c’est ce qui est grave en ce moment : on a l’impression que personne
144
mands, nous avons les yeux tournés vers la France
et
nous constatons avec stupeur que la France ne fait rien et se perd da
145
onstatons avec stupeur que la France ne fait rien
et
se perd dans une sorte d’amer byzantinisme. Dans ces conditions, êtes
146
es géants qui s’affrontent. Elle est pauvre aussi
et
le monde actuel est sans pitié pour les pauvres. La France a besoin d
147
rance a besoin des États-Unis pour sa subsistance
et
elle est entravée dans ses démarches par la Russie, c’est-à-dire par
148
’on cesse de la prendre. Ce rôle est donc vacant,
et
seule la France pourra le tenir comme elle l’a tenu dans le passé. Ma
149
accorder du crédit. Voilà bien le cercle vicieux
et
l’on n’en sortira qu’en sautant à pieds joints par-dessus la ligne du
150
te par la situation dans laquelle elle se trouve,
et
que ses refus mêmes, s’ils n’étaient pas exploités sur le plan passio
151
d’action. Je n’en vois qu’un mais il est immense
et
à sa portée : l’Europe. C’est seulement par l’Europe que nous pourron
152
s pas des petits garçons, nous sommes aussi forts
et
aussi riches de possibilités qu’aucun des « colosses » du monde. Mais
153
osses » du monde. Mais il faut que nous existions
et
que nous sachions que nous existons. « Pessimisme actif » Cette
154
capable de réaliser cette unité dans la diversité
et
c’est pourquoi je suis résolument fédéraliste. Il est évident que le
155
l s’agit de réaliser, mais que la France devienne
et
soit la conscience d’une Europe à naître. Voyez ce qui se passe en Su
156
dans la proportion d’un tiers contre deux tiers,
et
pourtant notre minorité y est particulièrement active. C’est que nous
157
as un système de la quantité, mais de la qualité.
Et
croyez-vous cette Europe possible ? Parfaitement. Les Américains ne d
158
der à agir. Je crois que l’Europe se fera, envers
et
contre tout et tous. Vous voyez que ma réponse est optimiste. Dites b
159
crois que l’Europe se fera, envers et contre tout
et
tous. Vous voyez que ma réponse est optimiste. Dites bien cependant q
160
t un monde où les vrais problèmes soient discutés
et
, si possible, résolus, où les tensions fécondes puissent s’exercer en
161
m L’Europe est menacée, l’Europe est divisée,
et
la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée de
162
nos destinées, la plus grande formation politique
et
le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire d
163
ement d’hommes libres. Jamais la guerre, la peur,
et
la misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversai
164
plus formidable adversaire. Entre ce grand péril
et
cette grande espérance la vocation de l’Europe se définit clairement.
165
n leur vrai génie, qui est celui de la diversité,
et
dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté,
166
ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense
et
pour l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine,
167
pour la défense et pour l’illustration des droits
et
des devoirs de la personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélit
168
rême de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme,
et
sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lu
169
ntinent. Sur cette union l’Europe joue son destin
et
celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Europée
170
ndue à la libre circulation des hommes, des idées
et
des biens. 2° Nous voulons une Charte des droits de l’homme, garantis
171
, garantissant les libertés de pensée, de réunion
et
d’expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition politique.
172
entées les forces vives de toutes nos nations. 5°
Et
nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts,
173
nt d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
et
en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux profes
174
dans nos églises, dans nos milieux professionnels
et
syndicaux, les hommes et les gouvernements qui travaillent à cette œu
175
s milieux professionnels et syndicaux, les hommes
et
les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, supr
176
œuvre de salut public, suprême chance de la paix
et
gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivro
177
et gage d’un grand avenir, pour cette génération
et
celles qui la suivront. l. Rougemont Denis de, « Message aux Europ
178
note la plus juste sur l’atmosphère de ses débats
et
résume clairement ses volontés. Nous pensons qu’il ne laissera pas no
179
tés européens, Vous êtes ici pour faire l’Europe,
et
nous pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la fédé
180
voyons la Suisse. Tout le monde croit l’avoir vue
et
s’en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller so
181
sé de plénipotentiaires agissant au nom des États
et
prenant leurs rares décisions à la majorité des trois-quarts. Pratiqu
182
nt un corps consultatif aux compétences douteuses
et
jalousement restreintes, les barrières douanières multipliées à l’int
183
es à l’extérieur, l’impuissance devant l’étranger
et
même devant la guerre entre les États membres. Niera-t-on que ce fût
184
l’indépendance du pays. Mais la Diète, les États
et
leurs experts voyaient dans le mot « souveraineté » la réponse décisi
185
sociétés, de mouvements, de projets, de discours
et
de vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes ch
186
n de révision — nommée par la Diète dans son sein
et
au-dehors — se réunit pour la première fois. Elle décide de siéger à
187
ion est acceptée par près de deux tiers des États
et
plus de deux tiers des citoyens votants. Le 16 novembre, le premier C
188
un des troubles graves, aucune des ruines prévues
et
dûment calculées ne se produisirent. L’essor que prit la Suisse, dès
189
e les problèmes économiques sont plus complexes ;
et
qu’on ne peut comparer, sans offense, nos modestes sagesses et les fo
190
eut comparer, sans offense, nos modestes sagesses
et
les folies sublimes des grandes nations contemporaines. Mais il n’est
191
nations vivent ensemble depuis autant de siècles,
et
souvent davantage, que nos cantons. Leurs sorts ne sont pas moins lié
192
ins strangulatoires, que ne l’étaient les nôtres.
Et
vos économies ne sont pas plus disparates que celles de Zurich, par e
193
lus disparates que celles de Zurich, par exemple,
et
de ses petits voisins paysans. Les sombres prévisions des réalistes q
194
inée. Mais ces lettres d’avertissement demeurent.
Et
il y a un redoutable abîme entre les propositions de Denis de Rougemo
195
bîme entre les propositions de Denis de Rougemont
et
les résultats des travaux de Strasbourg. On trouvera ici, demain, le
196
en qu’à ce prix elle ne sera pas. Voilà l’ennemi,
et
non point Vychinski. Et cela vaut pour tous ceux qui pourraient décla
197
sera pas. Voilà l’ennemi, et non point Vychinski.
Et
cela vaut pour tous ceux qui pourraient déclarer que l’Europe sera to
198
rdres, que l’on ne peut préserver que par l’union
et
que l’unification tuerait. Mais sans sacrifices d’amour-propre, sans
199
icultés ! L’Opinion, par exemple, n’est pas mûre,
et
chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle ». C’est qu’ils se pre
200
Elle ne vous suivra pas si vous êtes daltoniens,
et
les sceptiques, alors, pourront bien dire : j’avais raison, voyez l’o
201
deux sortes d’opinions : celle que l’on invoque,
et
la vraie. L’une qui sert d’alibi aux démagogues, et l’autre qui les l
202
la vraie. L’une qui sert d’alibi aux démagogues,
et
l’autre qui les laisse tomber ; l’une qui fait des discours, l’autre
203
vote. La première est exactement ce que la presse
et
la radio déclarent qu’elle est. Presse et radio voudraient que Dewey
204
presse et la radio déclarent qu’elle est. Presse
et
radio voudraient que Dewey soit élu : on dit alors qu’il a pour lui t
205
ux parleront d’un « pas important vers l’union ».
Et
les Anglais jugeront qu’ils ne peuvent s’associer à ces engagements t
206
vant d’avoir pris le temps d’étudier leur contenu
et
de s’être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolu
207
beaucoup moins qu’une Amérique qui les professe,
et
ne vaut rien en face des Russes qui les assènent. Il faut des actes,
208
e serait un acte enfin, quelque chose de concret.
Et
je me garde de sous-estimer la puissance des philatélistes. Mais si S
209
uche d’un timbre-poste, nous serons un peu déçus,
et
Staline très content. Voici l’acte que je vous propose, au nom de l’o
210
es pas de vrais députés, car les vrais sont élus,
et
vous êtes simplement délégués pour consultation. Décidez de vous fair
211
n ne fera pas l’Europe sans informer ses peuples,
et
du danger qu’ils courent, et de la parade puissante que pourrait cons
212
nformer ses peuples, et du danger qu’ils courent,
et
de la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n
213
l’Europe. Les partis présenteront les candidats.
Et
les mouvements fédéralistes aussi. Et les groupes d’intérêts professi
214
candidats. Et les mouvements fédéralistes aussi.
Et
les groupes d’intérêts professionnels, syndicats patronaux et ouvrier
215
es d’intérêts professionnels, syndicats patronaux
et
ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation
216
us me dites… La condition à la fois nécessaire
et
suffisante d’une telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu
217
ire sentir aux peuples qu’elle comporte un enjeu,
et
que leur sort peut changer, matériellement aussi, selon l’issue des é
218
. Je n’en vois pour ma part qu’un seul : discuter
et
voter un projet bien précis de Constitution fédérale de l’Europe. Si
219
pas, vous ne trouverez derrière vous que le vide
et
l’indifférence ; et devant vous, le rire des hommes d’acier. Si vous
220
rez derrière vous que le vide et l’indifférence ;
et
devant vous, le rire des hommes d’acier. Si vous me dites que c’est p
221
supplierai de déclarer clairement à quel moment,
et
sous quelles conditions, cela cessera d’être prématuré. Si vous me di
222
e je ne suis rien qu’une voix presque désespérée,
et
sans autre pouvoir que de vous adjurer de la part des millions qui se
223
isent mais qui ont peur ? Pardonnez mes violences
et
mes impertinences : comprenez l’anxiété qui les dicte. Je ne vous écr
224
s très bien qu’une partie d’entre vous m’approuve
et
qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement de passion, je m’écria
225
vous-en ! Mais beaucoup d’entre vous veulent agir
et
je les supplie maintenant, au nom de l’Europe, de rester au contraire
226
ts de l’Est européen. Mais vous pouvez le devenir
et
sonner le ralliement. Tout tient à cela, tout tient à votre sage auda
227
ivre. Mozart n’en est plus une pour les chômeurs.
Et
ce n’est pas une secte politique, une doctrine partisane ou une autre
228
r ? Qui peut faire reculer les intérêts puissants
et
parfois légitimes qui se révèlent contraires au salut de l’ensemble ?
229
s aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse
et
d’espérance : méritez votre nom, faites-vous élire et fédérez l’Europ
230
’espérance : méritez votre nom, faites-vous élire
et
fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Ferney, 30 juillet-6 ao