1 1946, Combat, articles (1946–1950). Ni secret ni défense (19-20 mai 1946)
1 mais d’ingéniosité et d’équipement technique, et vous savez que la Suisse possède tout cela. En fait, c’est à l’École polyt
2 1946, Combat, articles (1946–1950). Paralysie des hommes d’État (21 mai 1946)
2 x ? Je demande à mes amis américains : — Imaginez- vous ce pays conduit non par un cabinet fédéral, mais par les gouverneurs
3 quelques nuances près, le plan des Nations unies. Vos États n’ont fait un pays qu’en unissant leurs peuples, et non leurs c
3 1946, Combat, articles (1946–1950). Tous démocrates (22 mai 1946)
4 i notre conversation : Moi. — Contre qui écrivez- vous aujourd’hui ? Lui. — Je fais le plan d’une trilogie sur les trois gr
5 ieure au soviétisme et à l’hitlérisme. Lui. — Je vous entends ! J’entends le diable ! D’ailleurs, on n’entend guère que lui
6  ! Je distingue un espoir. Des trois régimes dont vous parlez, l’un est écrasé. Les deux qui restent, et qui se partagent le
7 sitôt pour des fascistes. Lui. — Autant dire que votre mot démocratie a perdu tout son pouvoir ! Une étiquette qui s’appliqu
8 bien c’est un mensonge et une hypocrisie. Je vais vous en donner un exemple. Les Soviets, qui se disent démocrates, dénonçai
9 . — Voilà le problème embrouillé à souhait, et je vous vois sourire diaboliquement, à votre tour. Mais nous sommes peut-être
10 ouhait, et je vous vois sourire diaboliquement, à votre tour. Mais nous sommes peut-être d’accord, en réalité. Puisque tous s
11 ettre… Lui. — Mais avouez qu’aussi longtemps que vos hommes d’État démocratiques n’auront pas abordé ouvertement et sincèr
4 1946, Combat, articles (1946–1950). Les cochons en uniforme ou le nouveau Déluge (23 mai 1946)
12 pable d’absorber les rayons gamma. Ceux-ci, comme vous le savez, sont réputés mortels. On verra bien comment ces cochons-là
13 u sens le plus scientifique de ce terme. Quand je vous disais que la guerre est morte, la guerre des militaires, la vraie !
14 te, la guerre des militaires, la vraie ! Quand je vous disais que ses règles sacrées sont toutes violées sans exception par
5 1946, Combat, articles (1946–1950). Post-scriptum (24 mai 1946)
15 !) La Bombe n’est pas dangereuse du tout. — Êtes- vous fou ? De quoi donc parliez-vous dans vos articles précédents ? Faut-i
16 du tout. — Êtes-vous fou ? De quoi donc parliez- vous dans vos articles précédents ? Faut-il penser que vous vous moquiez d
17 — Êtes-vous fou ? De quoi donc parliez-vous dans vos articles précédents ? Faut-il penser que vous vous moquiez du monde ?
18 dans vos articles précédents ? Faut-il penser que vous vous moquiez du monde ? — J’étais sérieux. Je prenais au sérieux les
19 vos articles précédents ? Faut-il penser que vous vous moquiez du monde ? — J’étais sérieux. Je prenais au sérieux les événe
20 x. Je parlais de la fin du monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’est là sans doute votre manière paradox
21 s nous dites : aucun danger ! C’est là sans doute votre manière paradoxale d’avouer que vous exagériez. Savez-vous que beauco
22 sans doute votre manière paradoxale d’avouer que vous exagériez. Savez-vous que beaucoup l’ont pensé, sans vous le dire ? I
23 ère paradoxale d’avouer que vous exagériez. Savez- vous que beaucoup l’ont pensé, sans vous le dire ? Il est bien naturel que
24 gériez. Savez-vous que beaucoup l’ont pensé, sans vous le dire ? Il est bien naturel que l’événement d’Hiroshima nous ait je
25 : la guerre des gaz. Tout le monde s’y préparait, vous rappelez-vous ? Dans toutes les capitales d’Europe, on voyait en 1939
26 s gaz. Tout le monde s’y préparait, vous rappelez- vous  ? Dans toutes les capitales d’Europe, on voyait en 1939 les civils se
27 as eu recours aux gaz, c’est entendu. Mais pensez- vous qu’une timidité subite l’ait arrêté, ou quelque amour tardif de notre
28 l’employer. Le cas de la Bombe est différent. Je vous répète qu’elle supprimera la possibilité de riposter, c’est-à-dire jo
29 de faire sauter la Terre. — Alors, pourquoi dites- vous  : la Bombe n’est pas dangereuse ? — Pour une raison très simple. La B
30 la plus belle absurdité de l’Histoire. Comprenez- vous bien de quoi l’on parle ? Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si
6 1946, Combat, articles (1946–1950). Bikini bluff (2 juillet 1946)
31 disait devant le Sénat le général Marshall. « Je vous abandonne volontiers l’infanterie, déclarait en substance l’amiral Ki
7 1947, Combat, articles (1946–1950). « La tâche française c’est d’inventer la paix » (26 décembre 1947)
32 te d’amer byzantinisme. Dans ces conditions, êtes- vous tenté de regarder ailleurs ? La France « en attente » Ne vous y
33 arder ailleurs ? La France « en attente » Ne vous y trompez pas. Le monde entier, comme nous-mêmes, attend encore de la
34 , sous peine de voir le monde entier sombrer avec vous dans le désespoir. Comment ? Je vais d’abord vous confier une chose :
35 vous dans le désespoir. Comment ? Je vais d’abord vous confier une chose : je ne crois pas aux « blocs ». C’est une inventio
36 u mensonge. Inventer la paix Mais ne pensez- vous pas alors que la vocation de la France est clairement circonscrite pa
37 ème de la quantité, mais de la qualité. Et croyez- vous cette Europe possible ? Parfaitement. Les Américains ne demandent pas
38 l’Europe se fera, envers et contre tout et tous. Vous voyez que ma réponse est optimiste. Dites bien cependant que je reste
8 1950, Combat, articles (1946–1950). Messieurs, n’oubliez pas l’exemple de la Suisse (3 octobre 1950)
39 obre 1950)n o Messieurs les députés européens, Vous êtes ici pour faire l’Europe, et nous pour faire semblant de la faire
40 nt suffi pour fédérer 25 États souverains. Pensez- vous que l’Histoire vous en laisse un peu plus, pour unir vos États dans u
41 r 25 États souverains. Pensez-vous que l’Histoire vous en laisse un peu plus, pour unir vos États dans un plus grand péril ?
42 l’Histoire vous en laisse un peu plus, pour unir vos États dans un plus grand péril ? Vous me direz… Vous me direz q
43 pour unir vos États dans un plus grand péril ? Vous me direz… Vous me direz que l’Europe est plus grande que la Suisse
44 s dans un plus grand péril ? Vous me direz… Vous me direz que l’Europe est plus grande que la Suisse ; qu’il fallut un
45 ourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alors : vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara —
46 nève ou des Grisons à Berne. Pour la guerre entre vos pays, les deux dont vous sortez suffisent. Vos nations vivent ensembl
47 rne. Pour la guerre entre vos pays, les deux dont vous sortez suffisent. Vos nations vivent ensemble depuis autant de siècle
48 re vos pays, les deux dont vous sortez suffisent. Vos nations vivent ensemble depuis autant de siècles, et souvent davantag
49 s cantons. Leurs sorts ne sont pas moins liés, si vous regardez l’Europe dans l’ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne
50 vous regardez l’Europe dans l’ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne sont pas plus nombreux, ni moins strangulatoire
51 strangulatoires, que ne l’étaient les nôtres. Et vos économies ne sont pas plus disparates que celles de Zurich, par exemp
52 incipe, mais pratique. C’est assez pour que j’ose vous supplier d’y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie en neuf
53 Car le temps fait beaucoup à l’affaire. Celui que vous n’auriez pas, Staline le prend : c’est le temps de méditer avant d’ag
54 le temps de méditer avant d’agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été, soyez bien sûrs qu’il le retrouvera : c’e
9 1950, Combat, articles (1946–1950). Messieurs, on vous attend encore au pied du mur ! (4 octobre 1950)
55 Messieurs, on vous attend encore au pied du mur ! (4 octobre 1950)p q Ceux qui disent
56 nde, ou de gauche, ou de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle dure, dans ses diversités de
57 sans compromis, elle ne sera pas. C’est clair. Vous ignorez l’opinion vraie Seuls ceux qui veulent passionnément le bu
58 « On suit ceux qui marchent », dit Péguy. Elle ne vous suivra pas si vous êtes daltoniens, et les sceptiques, alors, pourron
59 marchent », dit Péguy. Elle ne vous suivra pas si vous êtes daltoniens, et les sceptiques, alors, pourront bien dire : j’ava
60 ens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si vous ne faites presque rien. Elle laissera parler les sceptiques parler « 
61 çus, et Staline très content. Voici l’acte que je vous propose, au nom de l’opinion qui ne parle pas encore. Messieurs les d
62 n qui ne parle pas encore. Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont é
63 ncore. Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes si
64 pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délégués pour consultation. Décidez de vous faire éli
65 simplement délégués pour consultation. Décidez de vous faire élire. Un raisonnement très simple appuie cette suggestion. On
66 e nulle autre méthode ne saurait provoquer. Si vous me dites… La condition à la fois nécessaire et suffisante d’une te
67 n précis de Constitution fédérale de l’Europe. Si vous acceptez cela, vous aurez avec vous l’opinion vraie dans sa majorité,
68 tion fédérale de l’Europe. Si vous acceptez cela, vous aurez avec vous l’opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’
69 l’Europe. Si vous acceptez cela, vous aurez avec vous l’opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’Europe, la logiq
70 e de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière vous que le vide et l’indi
71 éveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière vous que le vide et l’indifférence ; et devant
72 i vous n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière vous que le vide et l’indifférence ; et devant vous, le rire des hommes d’
73 re vous que le vide et l’indifférence ; et devant vous , le rire des hommes d’acier. Si vous me dites que c’est prématuré, je
74  ; et devant vous, le rire des hommes d’acier. Si vous me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déclarer claireme
75 d’acier. Si vous me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déclarer clairement à quel moment, et sous quelles cond
76 les conditions, cela cessera d’être prématuré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’on vous laisse du te
77 dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en E
78 i, mais qu’il faut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe il y en a peu. Si v
79 tenir de Staline. Car en Europe il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’air de le pense
80 n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si quelque chose au monde est plus difficile à concevoir q
81 tre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous savez : un régime social déficient, le chômage étendu, la ruine à bre
82 il n’y a presque plus rien à perdre. Que risquez- vous à tenter l’impossible ? D’autre part, il est sûr qu’il y aurait tout
83 uer la dernière chance européenne. Voilà le pari. Vous êtes acculés à l’audace. Donnez-nous la Constitution ! Messieurs les
84 la Constitution ! Messieurs les députés, faut-il vous dire encore que je ne suis rien qu’une voix presque désespérée, et sa
85 presque désespérée, et sans autre pouvoir que de vous adjurer de la part des millions qui se taisent mais qui ont peur ? Pa
86 nences : comprenez l’anxiété qui les dicte. Je ne vous écrirais pas si je ne savais très bien qu’une partie d’entre vous m’a
87 s si je ne savais très bien qu’une partie d’entre vous m’approuve et qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement de passi
88 vement de passion, je m’écriais l’autre jour : si vous ne voulez rien faire, allez-vous-en ! Mais beaucoup d’entre vous veul
89 rien faire, allez-vous-en ! Mais beaucoup d’entre vous veulent agir et je les supplie maintenant, au nom de l’Europe, de res
90 e espoir, un signe ! Des raisons de vivre ! Vous n’êtes pas encore l’espoir des peuples libres, ni des peuples muets d
91 res, ni des peuples muets de l’Est européen. Mais vous pouvez le devenir et sonner le ralliement. Tout tient à cela, tout ti
92 er le ralliement. Tout tient à cela, tout tient à votre sage audace. Car si l’Europe unie n’est pas un grand espoir renaissan
93 us des États. Messieurs les députés européens, je vous salue d’un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux éco
94 , un vœu mêlé d’angoisse et d’espérance : méritez votre nom, faites-vous élire et fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps
95 goisse et d’espérance : méritez votre nom, faites- vous élire et fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Ferney, 30 jui
96 1950. p. Rougemont Denis de, « Messieurs, on vous attend encore au pied du mur ! », Combat, Paris, 4 octobre 1950, p. 6