1
t, les généraux et quelques vulgarisateurs en mal
d’
idées ont trouvé deux moyens d’esquiver la question posée par la bombe
2
garisateurs en mal d’idées ont trouvé deux moyens
d’
esquiver la question posée par la bombe atomique. Ils essaient d’encha
3
uestion posée par la bombe atomique. Ils essaient
d’
enchaîner le monstre avec des agrafes de dossiers : « C’est un secret
4
essaient d’enchaîner le monstre avec des agrafes
de
dossiers : « C’est un secret que nous gardons, c’est un dépôt sacré »
5
’est un dépôt sacré », disent-ils. Et sans l’avis
d’
aucun savant autorisé, ils parlent de défenses possibles, si toutefois
6
sans l’avis d’aucun savant autorisé, ils parlent
de
défenses possibles, si toutefois on leur laisse le commandement. Je l
7
é dans le New York Times : le seul et vrai secret
de
la bombe atomique réside dans la puissance industrielle de l’Amérique
8
be atomique réside dans la puissance industrielle
de
l’Amérique. C’est assez dire qu’il n’est que temporaire. Quant au sec
9
l n’est que temporaire. Quant au secret technique
de
la détonation, dans quelques mois les Russes l’auront, ou les Anglais
10
tes ou le Sénat, l’existence actuelle ou possible
de
la moindre défense effective contre un raid atomique par surprise. ⁂
11
d atomique par surprise. ⁂ Voici cependant l’état
de
l’opinion américaine, avertie par sa presse de tous ces faits. M. Geo
12
at de l’opinion américaine, avertie par sa presse
de
tous ces faits. M. George Gallup vient d’établir que 71 % des citoyen
13
presse de tous ces faits. M. George Gallup vient
d’
établir que 71 % des citoyens de son pays « refusent de livrer le cont
14
orge Gallup vient d’établir que 71 % des citoyens
de
son pays « refusent de livrer le contrôle de la bombe aux Nations uni
15
blir que 71 % des citoyens de son pays « refusent
de
livrer le contrôle de la bombe aux Nations unies », cependant que la
16
yens de son pays « refusent de livrer le contrôle
de
la bombe aux Nations unies », cependant que la même enquête révèle qu
17
t persuadés que « le secret ne peut être gardé ».
D’
où je déduis que la proportion des Américains raisonnables (j’entends
18
n des Américains raisonnables (j’entends capables
de
rapprocher deux idées et d’en tirer une conclusion logique) est au pl
19
s (j’entends capables de rapprocher deux idées et
d’
en tirer une conclusion logique) est au plus de 35 %. Est-ce peu ou be
20
et d’en tirer une conclusion logique) est au plus
de
35 %. Est-ce peu ou beaucoup pour un peuple ? Je n’en jugerais qu’apr
21
les savants sérieux ne partagent point. On parle
de
radars omniscients et de rayons qui feraient sauter la bombe tôt aprè
22
artagent point. On parle de radars omniscients et
de
rayons qui feraient sauter la bombe tôt après son départ, chez l’adve
23
procédés, leur mise en œuvre supposerait un état
de
mobilisation permanente qui, sous prétexte d’éviter la guerre, tuerai
24
tat de mobilisation permanente qui, sous prétexte
d’
éviter la guerre, tuerait la paix. Une partie de la population serait
25
e d’éviter la guerre, tuerait la paix. Une partie
de
la population serait employée à surveiller le ciel, l’autre partie à
26
t nous sommes sans défense, mais encore le secret
de
la bombe sera demain celui de Polichinelle, et enfin si quelqu’un nou
27
is encore le secret de la bombe sera demain celui
de
Polichinelle, et enfin si quelqu’un nous attaque, nous ne saurons pas
28
pays, disons la Suisse, manufacture une douzaine
de
bombes. Ce n’est pas une question d’argent comme on le croit (les gro
29
une douzaine de bombes. Ce n’est pas une question
d’
argent comme on le croit (les grosses dépenses ont été faites par l’Am
30
ites par l’Amérique pendant les recherches), mais
d’
ingéniosité et d’équipement technique, et vous savez que la Suisse pos
31
ue pendant les recherches), mais d’ingéniosité et
d’
équipement technique, et vous savez que la Suisse possède tout cela. E
32
tout cela. En fait, c’est à l’École polytechnique
de
Zurich que sont nés les travaux d’Einstein. Supposez maintenant que c
33
polytechnique de Zurich que sont nés les travaux
d’
Einstein. Supposez maintenant que ce petit pays, pour se tirer d’un ma
34
posez maintenant que ce petit pays, pour se tirer
d’
un mauvais pas, envoie deux ou trois bombes sur New York. (Je prends l
35
st trop tard pour échanger des notes et des coups
de
chapeau haut de forme. Voilà Moscou et Kiev en ruines dans les trois
36
nt-Louis, et détruisent Londres par simple mesure
de
précaution. Et ainsi de suite : dans le langage technique, cela s’app
37
Londres par simple mesure de précaution. Et ainsi
de
suite : dans le langage technique, cela s’appelle chain reaction. En
38
l’expression est devenue si vraie qu’elle a cessé
de
nous frapper. Une apathie étrange me semble s’établir dans les masses
39
veille sur son « dépôt sacré ». Le monde n’a pas
de
gouvernement. Je ne suis pas sûr que les nations en aient. Et nous re
40
restons, les bras ballants… a. Rougemont Denis
de
, « Ni secret ni défense », Combat, Paris, 19–20 mai 1946, p. 1.
41
ux qu’on nomme les trois Grands. Ils se composent
d’
un loup déguisé en mouton et de deux moutons vêtus de leur vraie peau.
42
. Ils se composent d’un loup déguisé en mouton et
de
deux moutons vêtus de leur vraie peau. C’est donc au nom du Petit Pèr
43
n loup déguisé en mouton et de deux moutons vêtus
de
leur vraie peau. C’est donc au nom du Petit Père, et du Brave Garçon,
44
donc au nom du Petit Père, et du Brave Garçon, et
de
l’Esprit bourgeois que la Bombe doit être administrée. Notez que, si
45
eurs paraissent impuissants à décréter les moyens
d’
une paix pourtant facile à concevoir : donner la Bombe au gouvernement
46
asses contemporaines : que les chefs responsables
de
notre sort sont en réalité irresponsables ? Et qu’ils usurpent le nom
47
éalité irresponsables ? Et qu’ils usurpent le nom
de
gouvernants ? J’essaie de me mettre à leur place. Staline voudrait la
48
qu’ils usurpent le nom de gouvernants ? J’essaie
de
me mettre à leur place. Staline voudrait la paix, car sa Russie bless
49
re reconstruite, mais il ne renonce pas aux plans
de
Pierre le Grand. Attlee voudrait la paix, car l’Empire blessé est en
50
apital d’abord, et à la peur (elle-même créatrice
de
conflits) d’un conflit avec la Russie. Sans doute sont-ils tous les t
51
d, et à la peur (elle-même créatrice de conflits)
d’
un conflit avec la Russie. Sans doute sont-ils tous les trois convainc
52
ui domine en fait leur politique, c’est la vision
de
la guerre, non pas celle de la paix. Ils agissent donc comme des irre
53
ique, c’est la vision de la guerre, non pas celle
de
la paix. Ils agissent donc comme des irresponsables, provoquant ce qu
54
nt ce qu’ils veulent éviter. Et le public a l’air
de
trouver cela normal, — ou ne trouve rien. ⁂ J’essaie encore de les co
55
la normal, — ou ne trouve rien. ⁂ J’essaie encore
de
les comprendre, avant de les traiter de ce qu’ils ont l’air d’être, q
56
ie encore de les comprendre, avant de les traiter
de
ce qu’ils ont l’air d’être, quand on voit ce qu’ils vont faire ou lai
57
ndre, avant de les traiter de ce qu’ils ont l’air
d’
être, quand on voit ce qu’ils vont faire ou laisser faire de nos vies.
58
and on voit ce qu’ils vont faire ou laisser faire
de
nos vies. Irresponsables moins par incapacité — ils suffiraient aux t
59
Devant le monde à unifier, ils paraissent frappés
d’
un vertige. Ils ne voient rien. Cette absence de pensée est plus dange
60
s d’un vertige. Ils ne voient rien. Cette absence
de
pensée est plus dangereuse que n’importe quelle pensée fausse. Mais c
61
r nation, et que c’est assez ou même trop pour un
homme
, tandis que le problème est mondial. La Bombe est un cas internationa
62
: or, ces messieurs sont absorbés par la défense
d’
intérêts locaux dits nationaux, trente visites par jour, des inaugurat
63
er les nations, la première condition requise est
de
n’être pas le chef d’une grande nation. Mais qui l’a dit, jusqu’à ce
64
mière condition requise est de n’être pas le chef
d’
une grande nation. Mais qui l’a dit, jusqu’à ce jour ? Chacun sait que
65
dit, jusqu’à ce jour ? Chacun sait que l’arbitre
d’
un match n’est jamais le capitaine d’une des équipes. Qui l’a rappelé
66
ue l’arbitre d’un match n’est jamais le capitaine
d’
une des équipes. Qui l’a rappelé au sujet des trois Grands ? Chacun sa
67
lui, et le voici chargé du monde en plus ! Ainsi
d’
Attlee et de Staline, bien que ce dernier me paraisse plus habile dans
68
voici chargé du monde en plus ! Ainsi d’Attlee et
de
Staline, bien que ce dernier me paraisse plus habile dans le grand ar
69
dernier me paraisse plus habile dans le grand art
de
prendre son temps. ⁂ Je les plains. Cependant, s’ils s’obstinent, je
70
ins. Cependant, s’ils s’obstinent, je serai forcé
de
les traiter d’usurpateurs. L’incompétence des commandants en chef n’e
71
s’ils s’obstinent, je serai forcé de les traiter
d’
usurpateurs. L’incompétence des commandants en chef n’est-elle pas jug
72
-elle pas jugée criminelle par l’opinion publique
de
leur patrie, et parfois par les tribunaux ? Je demande à mes amis amé
73
ques nuances près, le plan des Nations unies. Vos
États
n’ont fait un pays qu’en unissant leurs peuples, et non leurs chefs,
74
au, sorti du peuple… Mais si l’on touche à l’idée
de
nation, voilà tous les visages qui se ferment, et les esprits en état
75
Allons-nous continuer ce jeu jusqu’à l’explosion
de
la Terre ? Allons-nous confier le destin de la planète à trois hommes
76
osion de la Terre ? Allons-nous confier le destin
de
la planète à trois hommes surchargés, débordés, qui n’ont pas une min
77
lons-nous confier le destin de la planète à trois
hommes
surchargés, débordés, qui n’ont pas une minute pour réfléchir, et qui
78
pour réfléchir, et qui représentent les intérêts
de
leur nation, alors que c’est précisément aux dépens de ces intérêts q
79
s que l’humanité pourra s’unir ? La fonction même
de
ces chefs d’État les disqualifie, en principe, pour l’entreprise dont
80
ls ne voient rien, c’est évident, car les visions
de
l’avenir naissent d’un loisir intense. Or, ils ont à recevoir des dép
81
est évident, car les visions de l’avenir naissent
d’
un loisir intense. Or, ils ont à recevoir des députés… Seule, une cour
82
s députés… Seule, une cour internationale, formée
d’
hommes désignés par la voie populaire, et qui n’auraient pas d’autre a
83
députés… Seule, une cour internationale, formée d’
hommes
désignés par la voie populaire, et qui n’auraient pas d’autre affaire
84
gnés par la voie populaire, et qui n’auraient pas
d’
autre affaire que de considérer la Planète, puis de traiter de haut av
85
ulaire, et qui n’auraient pas d’autre affaire que
de
considérer la Planète, puis de traiter de haut avec les chefs d’État…
86
’autre affaire que de considérer la Planète, puis
de
traiter de haut avec les chefs d’État… Peut-être l’expérience de Biki
87
ire que de considérer la Planète, puis de traiter
de
haut avec les chefs d’État… Peut-être l’expérience de Bikini va-t-ell
88
aut avec les chefs d’État… Peut-être l’expérience
de
Bikini va-t-elle donner le choc nécessaire pour alerter enfin une opi
89
erter enfin une opinion mondiale ? Avant ce début
de
juillet, puissent les trois Grands ne pas perdre la boule ! Car le fa
90
la boule ! Car le fait est qu’il n’y en a qu’une
de
boule, comme disait à peu près le regretté Willkie, et qu’une erreur
91
rendre folle à tout jamais. b. Rougemont Denis
de
, « Paralysie des hommes d’État », Combat, Paris, 21 mai 1946, p. 1.
92
e « un anarchiste catholique ». (Je le crois seul
de
son parti.) Il avait l’air un peu nerveux. Voici notre conversation :
93
crivez-vous aujourd’hui ? Lui. — Je fais le plan
d’
une trilogie sur les trois grands régimes politiques de ce siècle. Je
94
trilogie sur les trois grands régimes politiques
de
ce siècle. Je vais les caractériser par leurs armes ou leurs méthodes
95
liquidation, évaporation ! (Il prononça ces mots
d’
un ton rageur, qui me fit éclater de rire.) Moi. — Quel beau programm
96
me ! Avouez que nous sortons enfin des petitesses
de
l’ère bourgeoise, succédant aux ténèbres du Moyen Âge. Car ces trois
97
rnes correspondent à trois conceptions grandioses
de
la vie. La crémation, c’est la purification par le feu ! La liquidati
98
n atomique, eh bien, n’est-ce pas le symbole même
de
l’idéalisme : tout monte et s’épanouit vers le ciel ! Notez que, dans
99
dans ce siècle trois fois maudit. Je ne vois plus
d’
espoir sérieux nulle part. La faillite morale est universelle, chez le
100
démocrates, dans le monde entier, exception faite
de
deux pays de langue espagnole, que nous appellerons secondaires. Et v
101
ans le monde entier, exception faite de deux pays
de
langue espagnole, que nous appellerons secondaires. Et voici mon espo
102
ouvoir, entre nous, discuter le contenu véritable
de
la démocratie, sans passer aussitôt pour des fascistes. Lui. — Autan
103
lus vieille démocratie du monde, et la traitaient
de
« fasciste », parce qu’elle répugne, entre autres, à la nationalisati
104
. Peut-être a-t-elle tort, mais on n’a pas manqué
de
répondre que cette mesure est précisément celle qui fut prise en prem
105
ément celle qui fut prise en premier lieu par les
États
fascistes, aussi bien que par les Soviets et par les socialistes angl
106
e tous sont devenus « démocrates », dans le monde
de
1946, nous pouvons parler d’autre chose. Nous pouvons porter notre ef
107
tes », dans le monde de 1946, nous pouvons parler
d’
autre chose. Nous pouvons porter notre effort, désormais, non plus sur
108
notre effort, désormais, non plus sur la défense
d’
un mot, d’un terme vague que personne n’attaque, mais sur la définitio
109
ort, désormais, non plus sur la défense d’un mot,
d’
un terme vague que personne n’attaque, mais sur la définition d’une ré
110
ue que personne n’attaque, mais sur la définition
d’
une réalité que ce terme symbolise et parfois dissimule : qu’est-ce qu
111
amènera bientôt à nous demander : qu’est-ce que l’
homme
? C’est le vrai débat. Si nous le reconnaissons, nous aurons fait un
112
ne signifiera rien du tout. Ou bien elle servira
d’
excuse et de prétexte cousu de fil blanc ou de fil rouge aux politique
113
ra rien du tout. Ou bien elle servira d’excuse et
de
prétexte cousu de fil blanc ou de fil rouge aux politiques les plus c
114
u bien elle servira d’excuse et de prétexte cousu
de
fil blanc ou de fil rouge aux politiques les plus contradictoires, et
115
ira d’excuse et de prétexte cousu de fil blanc ou
de
fil rouge aux politiques les plus contradictoires, et parfois les plu
116
La liberté est certainement le problème numéro un
de
notre temps : car les problèmes se posent quand les choses s’en vont…
117
quand les choses s’en vont… c. Rougemont Denis
de
, « Tous démocrates », Combat, Paris, 22 mai 1946, p. 1.
118
annoncer une expérience sensationnelle : au mois
de
mai ou de juillet, une ou deux bombes seraient jetées sur une flotte
119
une expérience sensationnelle : au mois de mai ou
de
juillet, une ou deux bombes seraient jetées sur une flotte de cent bâ
120
une ou deux bombes seraient jetées sur une flotte
de
cent bâtiments de guerre réunie dans la baie de Bikini, Pacifique. Pa
121
seraient jetées sur une flotte de cent bâtiments
de
guerre réunie dans la baie de Bikini, Pacifique. Parmi tous les détai
122
détails publiés par la presse sur les préparatifs
de
l’expérience, j’en retiens deux. 1° Une mission de savants américains
123
e l’expérience, j’en retiens deux. 1° Une mission
de
savants américains formée de quatorze biologistes, botanistes et océa
124
deux. 1° Une mission de savants américains formée
de
quatorze biologistes, botanistes et océanographes, et de deux commerç
125
orze biologistes, botanistes et océanographes, et
de
deux commerçants en poissons (mieux payés que les savants, dit-on) vi
126
on) vient de partir pour l’île de Bikini. L’objet
de
la mission est d’établir un relevé complet de tous les êtres vivants
127
r pour l’île de Bikini. L’objet de la mission est
d’
établir un relevé complet de tous les êtres vivants sur l’île. C’est u
128
jet de la mission est d’établir un relevé complet
de
tous les êtres vivants sur l’île. C’est une mission fort analogue que
129
x seront filmés. 2° Au jour J, les cent bâtiments
de
la flotte de guerre réunis dans la baie de Bikini pour subir l’épreuv
130
és. 2° Au jour J, les cent bâtiments de la flotte
de
guerre réunis dans la baie de Bikini pour subir l’épreuve atomique au
131
s. Mais ces équipages seront entièrement composés
d’
animaux. Deux-cents chèvres, deux-cents cochons et quatre-mille rats s
132
cochons et quatre-mille rats seront à leur poste
de
combat, sur les tourelles, dans les chambres de machines et sur les p
133
e de combat, sur les tourelles, dans les chambres
de
machines et sur les ponts. Et ceci encore nous ramène, irrésistibleme
134
ncore nous ramène, irrésistiblement, à la légende
de
l’arche de Noé. Une précision supplémentaire, à propos des cochons :
135
ramène, irrésistiblement, à la légende de l’arche
de
Noé. Une précision supplémentaire, à propos des cochons : l’on a rema
136
ue la peau des cochons est fort semblable à celle
de
l’homme. La sensibilité de l’une peut renseigner sur celle de l’autre
137
peau des cochons est fort semblable à celle de l’
homme
. La sensibilité de l’une peut renseigner sur celle de l’autre. Aussi
138
fort semblable à celle de l’homme. La sensibilité
de
l’une peut renseigner sur celle de l’autre. Aussi bien nos marins ou
139
La sensibilité de l’une peut renseigner sur celle
de
l’autre. Aussi bien nos marins ou capitaines cochons seront-ils revêt
140
ines cochons seront-ils revêtus, pour l’occasion,
d’
uniformes réguliers de la marine, imprégnés d’une substance capable d’
141
s revêtus, pour l’occasion, d’uniformes réguliers
de
la marine, imprégnés d’une substance capable d’absorber les rayons ga
142
on, d’uniformes réguliers de la marine, imprégnés
d’
une substance capable d’absorber les rayons gamma. Ceux-ci, comme vous
143
s de la marine, imprégnés d’une substance capable
d’
absorber les rayons gamma. Ceux-ci, comme vous le savez, sont réputés
144
feu, et savent mourir. Quel que soit le résultat
de
l’opération, sur lequel nos savants se perdent en conjectures, j’en t
145
rté par des cochons, au sens le plus scientifique
de
ce terme. Quand je vous disais que la guerre est morte, la guerre des
146
es sont toutes violées sans exception par l’usage
de
la bombe atomique… J’avoue que je n’avais pas pensé à l’uniforme et a
147
c la flotte sacrifiée à Bikini, c’est le prestige
de
l’uniforme, symboliquement, qui va sombrer. Il vaut la peine de remar
148
symboliquement, qui va sombrer. Il vaut la peine
de
remarquer, enfin, que pas une voix ne s’est élevée, du côté des ferve
149
as une voix ne s’est élevée, du côté des fervents
de
l’Armée, pour protester contre une profanation si littéralement éclat
150
té opposé. C’est la Ligue protectrice des animaux
d’
un des États de l’Est de l’Amérique qui a pris l’initiative d’un mouve
151
ts de l’Est de l’Amérique qui a pris l’initiative
d’
un mouvement d’opinion contre les essais projetés. Cette Ligue demande
152
l’Amérique qui a pris l’initiative d’un mouvement
d’
opinion contre les essais projetés. Cette Ligue demande qu’au lieu de
153
Cette Ligue demande qu’au lieu de sacrifier tant
d’
innocentes victimes, et dans une posture si ridicule, on place sur les
154
qui se seront déclarés en faveur de l’expérience
de
Bikini. d. Rougemont Denis de, « Les cochons en uniforme ou le nou
155
de l’expérience de Bikini. d. Rougemont Denis
de
, « Les cochons en uniforme ou le nouveau Déluge », Combat, Paris, 23
156
n’est pas dangereuse du tout. — Êtes-vous fou ?
De
quoi donc parliez-vous dans vos articles précédents ? Faut-il penser
157
quoi qu’en pensent quelques généraux. Je parlais
de
la fin du monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’e
158
er ! C’est là sans doute votre manière paradoxale
d’
avouer que vous exagériez. Savez-vous que beaucoup l’ont pensé, sans v
159
ous le dire ? Il est bien naturel que l’événement
d’
Hiroshima nous ait jetés pour quelque temps dans un état d’esprit d’Ap
160
it jetés pour quelque temps dans un état d’esprit
d’
Apocalypse. Mais dix mois ont passé, et rien ne se passe. Dieu soit lo
161
t, vous rappelez-vous ? Dans toutes les capitales
d’
Europe, on voyait en 1939 les civils se promener avec leur boîte à mas
162
que personne, même pas Hitler, n’a eu le courage
de
commencer. À plus forte raison pour la Bombe… — Je ne trouve pas la r
163
dité subite l’ait arrêté, ou quelque amour tardif
de
notre humanité ? Simplement, il a fait son calcul. Les Alliés pouvaie
164
Alliés pouvaient riposter, et la valeur militaire
de
cette arme était loin de compenser, même à ses yeux, le risque moral
165
risque moral qu’il eût couru à l’employer. Le cas
de
la Bombe est différent. Je vous répète qu’elle supprimera la possibil
166
Je vous répète qu’elle supprimera la possibilité
de
riposter, c’est-à-dire jouera militairement le rôle d’une bataille dé
167
poster, c’est-à-dire jouera militairement le rôle
d’
une bataille décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l’agresse
168
ille décisive. Elle supprimera donc les scrupules
de
l’agresseur éventuel. Car nos scrupules naissent, en général, d’une r
169
éventuel. Car nos scrupules naissent, en général,
d’
une rapide évaluation des conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes, de
170
tion des conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes,
de
nos actes. Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punit
171
euses, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’emploi
de
la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition à redouter. Il est don
172
Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas
de
punition à redouter. Il est donc clair qu’on l’emploiera, au risque d
173
ux. ⁂ Ce qui est dangereux, horriblement, c’est l’
homme
. C’est lui qui a fait la Bombe, et c’est lui seul qui se prépare à l’
174
enir ! Comme si elle était tombée du ciel, animée
de
mauvaises intentions ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle de la
175
e du ciel, animée de mauvaises intentions ! C’est
d’
un comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que l’on discute à longu
176
ntions ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle
de
la Bombe, que l’on discute à longueur de colonne, dans toute la press
177
contrôle de la Bombe, que l’on discute à longueur
de
colonne, dans toute la presse, est la plus belle absurdité de l’Histo
178
dans toute la presse, est la plus belle absurdité
de
l’Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’on parle ? Contrôler cet ob
179
elle absurdité de l’Histoire. Comprenez-vous bien
de
quoi l’on parle ? Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout d’
180
Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout
d’
un coup l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser l
181
oup l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher
d’
aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, ell
182
e chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases
de
Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est cla
183
te dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas
d’
histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. — Ah ! ça
184
’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle
de
l’homme. — Ah ! ça, c’est une autre question. — C’est la question de
185
oires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’
homme
. — Ah ! ça, c’est une autre question. — C’est la question de l’Autre.
186
ça, c’est une autre question. — C’est la question
de
l’Autre. C’est la seule. On ne peut plus l’éviter depuis que la Bombe
187
nous oblige à y faire face. e. Rougemont Denis
de
, « Post-scriptum », Combat, Paris, 24 mai 1946, p. 1.
188
cochons. Peut-être les prières dites en l’église
de
Carliste, en Angleterre, « pour les animaux sacrifiés » et « pour all
189
n’ont-elles point été sans effet. Ce qu’on sait,
de
source officielle, c’est que l’amiral Blandy se déclare satisfait. «
190
rances. Nous comptons en tirer des renseignements
d’
une valeur inestimable. » On ne saurait mieux dire, étant un amiral. O
191
e des amiraux du monde entier, qui est, en somme,
de
rester des amiraux. Et sa valeur ne saurait être exagérée, encore qu’
192
l’on connaît le budget prévu pour le Département
de
la Marine américaine. Depuis des mois, de nombreux organes de la gran
193
rtement de la Marine américaine. Depuis des mois,
de
nombreux organes de la grande presse américaine mettaient en garde le
194
américaine. Depuis des mois, de nombreux organes
de
la grande presse américaine mettaient en garde leurs lecteurs contre
195
nt en garde leurs lecteurs contre les expériences
de
Bikini. Tout cela n’était, nous disaient-ils, qu’un complot pseudo-sc
196
et porte-avions. Le grand danger, le vrai danger
de
l’expérience, c’était qu’elle ratât, conformément aux prévisions des
197
ette campagne ait été orchestrée par les services
de
l’Armée de Terre, pendant le débat qui opposait cette dernière à la M
198
ne ait été orchestrée par les services de l’Armée
de
Terre, pendant le débat qui opposait cette dernière à la Marine, sur
199
rieux se sont tous rangés du côté des adversaires
de
l’expérience. Trois jours avant le lancement de la bombe, on annonçai
200
s de l’expérience. Trois jours avant le lancement
de
la bombe, on annonçait la démission du fameux Dr Oppenheimer, qui fut
201
le ouvrière des expériences du Nouveau-Mexique et
de
l’ensemble du « Projet Manhattan ». Le Dr Oppenheimer n’a rien voulu
202
hattan ». Le Dr Oppenheimer n’a rien voulu savoir
de
cette futile grillade de cochons vifs, organisée par les services pub
203
er n’a rien voulu savoir de cette futile grillade
de
cochons vifs, organisée par les services publicitaires de la Marine.
204
ns vifs, organisée par les services publicitaires
de
la Marine. Qu’on se rappelle, à ce sujet, les déclarations faites à l
205
ier. « La bombe ne fait que décupler l’importance
de
l’armée de terre », disait devant le Sénat le général Marshall. « Je
206
ombe ne fait que décupler l’importance de l’armée
de
terre », disait devant le Sénat le général Marshall. « Je vous abando
207
it. Sur quoi le général Arnold, après des phrases
de
condoléances sur les fantassins et les marins, suggérait que l’aviati
208
dire des catastrophes continentales, pour le jour
de
la grande expérience d’une explosion atomique sous-marine. Ils jugent
209
ntinentales, pour le jour de la grande expérience
d’
une explosion atomique sous-marine. Ils jugent la bombe du type Nagasa
210
la bombe restent intacts, autant que les palmiers
de
Bikini. Et si les amiraux sont rassurés, conformément à tous les plan
211
ils ont tirés, l’humanité en général n’a pas lieu
de
se réjouir trop bruyamment de la survie des deux-cents cochons en uni
212
énéral n’a pas lieu de se réjouir trop bruyamment
de
la survie des deux-cents cochons en uniformes. Les habitants d’Hirosh
213
es deux-cents cochons en uniformes. Les habitants
d’
Hiroshima n’ont pas tenu le coup tout à fait aussi bien, comme le révè
214
iciels publiés la semaine dernière. Les habitants
de
Londres, de New York, de Leningrad et de Paris ne seront point protég
215
és la semaine dernière. Les habitants de Londres,
de
New York, de Leningrad et de Paris ne seront point protégés aussi mét
216
dernière. Les habitants de Londres, de New York,
de
Leningrad et de Paris ne seront point protégés aussi méthodiquement q
217
abitants de Londres, de New York, de Leningrad et
de
Paris ne seront point protégés aussi méthodiquement que le budget de
218
point protégés aussi méthodiquement que le budget
de
la Marine américaine. Et le faux soulagement produit par le grand « f
219
le faux soulagement produit par le grand « four »
de
Bikini ne peut qu’augmenter le danger. La seule défense contre la bom
220
la bombe reste le gouvernement mondial, seul armé
de
la bombe pour assurer la police parmi les États. Et le seul moyen d’a
221
armé de la bombe pour assurer la police parmi les
États
. Et le seul moyen d’accélérer l’instauration d’un tel gouvernement —
222
surer la police parmi les États. Et le seul moyen
d’
accélérer l’instauration d’un tel gouvernement — qui pourrait être l’O
223
tats. Et le seul moyen d’accélérer l’instauration
d’
un tel gouvernement — qui pourrait être l’ONU si elle existait autreme
224
e l’ONU si elle existait autrement que sous forme
d’
initiales — c’est d’augmenter parmi les peuples le sentiment de leur i
225
tait autrement que sous forme d’initiales — c’est
d’
augmenter parmi les peuples le sentiment de leur interdépendance. Quan
226
c’est d’augmenter parmi les peuples le sentiment
de
leur interdépendance. Quand nous aurons compris que toute guerre, auj
227
à lui-même », les premières bases psychologiques
d’
une paix réelle seront posées. f. Rougemont Denis de, « Bikini bluf
228
paix réelle seront posées. f. Rougemont Denis
de
, « Bikini bluff », Combat, Paris, 2 juillet 1946, p. 1 et 3. g. Text
229
Chose étrange, le 6 février 1934 fut une date
de
l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des moutons enragés. F
230
e inaugura le temps des moutons enragés. Fatigués
de
leur innocence, voyant que l’herbe se faisait rare sous leurs pieds e
231
it rare sous leurs pieds et qu’ils n’avaient plus
de
berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution encore lointaine, ils
232
s et qu’ils n’avaient plus de berger, aux éclairs
de
chaleur d’une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le
233
n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur
d’
une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier par
234
nu, à gauche ou à droite, et depuis lors y bêlent
d’
une voix aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes
235
x aigre et anxieuse, tout en signant une quantité
de
manifestes. Ils ont signé pour le négus et contre lui ; pour le chef
236
s deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés,
d’
une croix, d’une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de ré
237
des quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix,
d’
une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’
238
, les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille et
d’
un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’un
239
e faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins
de
réticences ; d’un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’e
240
un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ;
d’
un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte c
241
vec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu,
d’
un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte commis dans le mo
242
vivre en marge de tous les conflits et refusaient
d’
être considérés comme des citoyens responsables, ils étaient au moins
243
étaient au moins en accord avec l’esprit général
de
l’époque : intelligence d’un côté, action de l’autre, et surtout ne m
244
avec l’esprit général de l’époque : intelligence
d’
un côté, action de l’autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires
245
éral de l’époque : intelligence d’un côté, action
de
l’autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires d’une culture don
246
autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires
d’
une culture dont l’ambition suprême était de se « distinguer » des con
247
aires d’une culture dont l’ambition suprême était
de
se « distinguer » des contingences, ils étaient au moins purs dans le
248
ent au moins purs dans leur erreur. Les modalités
de
leur retrait ne contredisaient nullement les postulats fondamentaux d
249
ntredisaient nullement les postulats fondamentaux
de
leur métaphysique inconsciente. Et leur style traduisait fidèlement l
250
. Et leur style traduisait fidèlement les nuances
d’
une pensée détachée, irresponsable par définition. Il n’y a pas que du
251
héritées du libéralisme conduisaient à ce régime
de
faillite qu’on nomme l’État totalitaire. Nous avons constaté que rien
252
onduisaient à ce régime de faillite qu’on nomme l’
État
totalitaire. Nous avons constaté que rien, ni la pensée, ni l’acte in
253
lité gratuit. Que tout se paye. Que notre liberté
de
penser n’importe quoi, sans tenir compte de l’époque, était une illus
254
berté de penser n’importe quoi, sans tenir compte
de
l’époque, était une illusion entretenue par l’apparente paix sociale,
255
l’esprit ne laissaient même plus une possibilité
de
concordat. Déjà les dictatures réglaient les comptes. « Lorsque j’ent
256
réglaient les comptes. « Lorsque j’entends parler
d’
esprit, je désarme mon revolver », disait un officier nazi. Les stalin
257
s faisaient de même en présence du libéralisme et
de
la culture « désintéressée ». C’est alors qu’on lança parmi nous le m
258
qu’on lança parmi nous le mot d’ordre : « Défense
de
la culture ». Toute la confusion vient de là. Car la culture qu’on n
259
on vient de là. Car la culture qu’on nous propose
de
défendre, c’est elle, précisément, qui est responsable de la brutalit
260
dre, c’est elle, précisément, qui est responsable
de
la brutalité totalitaire. On nous propose donc de défendre une maladi
261
de la brutalité totalitaire. On nous propose donc
de
défendre une maladie contre la mort, à quoi elle mène nécessairement.
262
aire une santé. Au lieu de nous proposer une cure
de
désintoxication énergique. Au lieu de rechercher les moyens de penser
263
ation énergique. Au lieu de rechercher les moyens
de
penser dans le réel et l’actuel, et de surmonter enfin ce vice qu’est
264
les moyens de penser dans le réel et l’actuel, et
de
surmonter enfin ce vice qu’est la distinction libérale entre la pensé
265
action. Au lieu de préciser, par exemple, le sens
de
ce mot d’engagement dont tout le monde abuse aujourd’hui. ⁂ Pour qu’u
266
lieu de préciser, par exemple, le sens de ce mot
d’
engagement dont tout le monde abuse aujourd’hui. ⁂ Pour qu’une pensée
267
le ignore ou répudie la loi interne : la tactique
d’
un parti par exemple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et
268
pas dans l’utilisation accidentelle et partisane
d’
une pensée que réside son engagement. C’est, au contraire, dans sa dém
269
ier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté
de
le transformer, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’est pa
270
ans sa volonté de le transformer, donc finalement
de
le dominer. S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est p
271
pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer
de
l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas
272
plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage
d’
une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas du tout deveni
273
’est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui
d’
une tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’une doc
274
e politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave
d’
une doctrine, mais au contraire, c’est se libérer et assumer les risqu
275
ontraire, c’est se libérer et assumer les risques
de
sa liberté. Il peut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’
276
risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal
de
soutenir que l’engagement d’une pensée suppose sa libération. En véri
277
ut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement
d’
une pensée suppose sa libération. En vérité, c’est le libéralisme qui
278
t être qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas
de
pires ennemis que les libéraux ; sinon en intention, du moins en fait
279
bien à définir le sens que nous donnons à ce mot
d’
engagement. ⁂ Je l’ai dit ailleurs : un gant qui se retourne ne devien
280
gissante. Un libéral qui se soumet aux directives
d’
un parti ne devient pas pour si peu un penseur engagé. Et il ne faudra
281
ces trahisons insignes ridiculisent toute espèce
d’
engagement. Une pensée qui, par sa nature et son mouvement originel, e
282
nsable du seul fait qu’elle se met « au service »
d’
une doctrine de lutte politique. Faire la révolution, cela demande un
283
fait qu’elle se met « au service » d’une doctrine
de
lutte politique. Faire la révolution, cela demande un effort un peu p
284
ion, cela demande un effort un peu plus grand, et
d’
une autre nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire
285
u plus grand, et d’une autre nature, que l’effort
de
signer un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On r
286
re nature, que l’effort de signer un manifeste ou
de
s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler de tels
287
gner un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs
d’
une ligue. On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien
288
s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit
de
rappeler de tels truismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle
289
dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler
de
tels truismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle de l’intelli
290
uismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle
de
l’intelligentsia française. Précisons donc encore : la première tâche
291
tellectuels qui ont compris le péril totalitaire (
de
droite ou de gauche) ce n’est pas « d’adhérer » à quelque antifascism
292
ui ont compris le péril totalitaire (de droite ou
de
gauche) ce n’est pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’
293
talitaire (de droite ou de gauche) ce n’est pas «
d’
adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme de pen
294
st pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais
de
s’attaquer à la forme de pensée d’où vont nécessairement sortir le fa
295
elque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme
de
pensée d’où vont nécessairement sortir le fascisme et le stalinisme.
296
fascisme, mais de s’attaquer à la forme de pensée
d’
où vont nécessairement sortir le fascisme et le stalinisme. Et c’est l
297
ibérale. Voyez donc comme nos libéraux se mettent
d’
eux-mêmes en rangs et marquent le pas dès qu’une menace se précise con
298
es ! Le réflexe du libéral devant le péril, c’est
de
faire un fascisme. Fût-ce même pour se défendre du fascisme. Et peut-
299
me. Et peut-être surtout dans ce cas ! La panique
de
« l’union sacrée » qui vient de souffler sur notre élite en est l’ahu
300
t l’ahurissant exemple. Du moins a-t-elle eu cela
de
bon : les écrivains qui ont décidé tout récemment de renoncer à l’usa
301
bon : les écrivains qui ont décidé tout récemment
de
renoncer à l’usage de leur pensée devant la menace hitlérienne (voir
302
i ont décidé tout récemment de renoncer à l’usage
de
leur pensée devant la menace hitlérienne (voir le manifeste de Ce Soi
303
e devant la menace hitlérienne (voir le manifeste
de
Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux
304
Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient
de
vrais libéraux, irresponsables nés2, égarés pour un temps dans les vo
305
nsables nés2, égarés pour un temps dans les voies
de
« l’engagement » politique, et faisant amende honorable. Ils étaient
306
faisant amende honorable. Ils étaient en rupture
de
bercail. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre, les moutons se son
307
e des philosophes libéraux — fût partiale, pleine
de
partis pris, et même politique ! 2. Je fais exception pour deux ou t
308
dance qui est significative. h. Rougemont Denis
de
, « Les intellectuels sont-ils responsables ? », Combat, Paris, 5 juil
309
. 1. i. Précédé du chapeau suivant : « La notion
de
l’“engagement” politique connaît depuis quelques mois une extrême fav
310
ur dans les milieux intellectuels et littéraires.
De
fait, si cette volonté d’engagement s’exprime souvent par des attitud
311
ectuels et littéraires. De fait, si cette volonté
d’
engagement s’exprime souvent par des attitudes assez confuses, il est
312
. Aussi avons-nous pensé qu’il serait intéressant
de
demander à un certain nombre d’écrivains leur opinion sur un problème
313
erait intéressant de demander à un certain nombre
d’
écrivains leur opinion sur un problème qui met en cause, non seulement
314
eur rôle dans la société, mais aussi leur manière
de
s’exprimer. Denis de Rougemont, qui fut un des premiers à soutenir l’
315
envoie l’article suivant, dont il est intéressant
de
souligner qu’il fut écrit et publié dans une revue en 1938, sous le t
316
ié dans une revue en 1938, sous le titre : « Trop
d’
irresponsables s’engagent ».
317
« La tâche française c’est
d’
inventer la paix » (26 décembre 1947)j k Denis de Rougemont me reço
318
réable maison qu’il occupe à la sortie du village
de
Ferney, désormais et pour toujours, prénommé Voltaire. Il me semble q
319
ltaire. Il me semble que mon hôte n’est pas fâché
d’
habiter sous cette ombre. Il y a quelque chose de voltairien chez lui
320
d’habiter sous cette ombre. Il y a quelque chose
de
voltairien chez lui : cette aisance dans l’épigramme, ce ton persifle
321
l Barth, venu conquérir Paris voici une quinzaine
d’
années et que des ouvrages brillants et profonds comme Penser avec le
322
irent bien vite au premier rang, est le contraire
d’
un amuseur. Pendant la guerre, il a mené le bon combat à l’émission «
323
e, il a mené le bon combat à l’émission « La voix
de
l’Amérique », tandis que ses livres et en particulier son Journal d’A
324
ndis que ses livres et en particulier son Journal
d’
Allemagne, étaient mis au pilon par les nazis. Mais, bientôt après, éc
325
les nazis. Mais, bientôt après, éclatait la bombe
d’
Hiroshima et de Rougemont écrivait aussitôt ses étincelantes Lettres
326
pas dangereuse, disait-il en substance, mais les
hommes
qui l’utilisent. Ce sont eux qu’il faut contrôler ». Je pense à cela
327
se à cela tandis que notre entretien prend, comme
de
lui-même, le tour que je désirais lui imprimer. » C’est l’homme qui f
328
, le tour que je désirais lui imprimer. » C’est l’
homme
qui fait son destin, me dit avec force de Rougemont. C’est lui et lui
329
qui aboutissent à la bombe ou à la paix. Il n’y a
de
fatalité que lorsque l’homme démissionne. Et c’est ce qui est grave e
330
ou à la paix. Il n’y a de fatalité que lorsque l’
homme
démissionne. Et c’est ce qui est grave en ce moment : on a l’impressi
331
la France ne fait rien et se perd dans une sorte
d’
amer byzantinisme. Dans ces conditions, êtes-vous tenté de regarder ai
332
yzantinisme. Dans ces conditions, êtes-vous tenté
de
regarder ailleurs ? La France « en attente » Ne vous y trompez p
333
Le monde entier, comme nous-mêmes, attend encore
de
la France une initiative de salut. Sans doute, cette initiative ne sa
334
-mêmes, attend encore de la France une initiative
de
salut. Sans doute, cette initiative ne saurait être politique : la Fr
335
être politique : la France n’est plus à la taille
de
ces géants qui s’affrontent. Elle est pauvre aussi et le monde actuel
336
n parti communiste. Elle donne ainsi l’impression
d’
être sous une double dépendance. Ce n’est donc pas de ses dirigeants q
337
tre sous une double dépendance. Ce n’est donc pas
de
ses dirigeants que nous attendons quoi que ce soit. Mais l’initiative
338
. Cette initiative-là, on la perd dès qu’on cesse
de
la prendre. Ce rôle est donc vacant, et seule la France pourra le ten
339
sé. Mais la France est « en attente ». En attente
de
quoi ? Du conflit qui « devient » fatal si on ne fait que l’attendre.
340
Mais ne pensez-vous pas alors que la vocation
de
la France est clairement circonscrite par la situation dans laquelle
341
convaincu. La tâche française — encore une fois,
de
l’« intelligence » française — c’est dans ces circonstances historiqu
342
constances historiques que nous venons de dire, «
d’
inventer » la paix. Si elle ne le fait pas, personne ne le fera à sa p
343
ait comme si elle n’avait rien fait. Il n’y a pas
d’
autarcie de la paix. « Penser français » comme le voulait Barrès, c’es
344
i elle n’avait rien fait. Il n’y a pas d’autarcie
de
la paix. « Penser français » comme le voulait Barrès, c’est non seule
345
me je le souhaite, trouve immédiatement son champ
d’
action. Je n’en vois qu’un mais il est immense et à sa portée : l’Euro
346
garçons, nous sommes aussi forts et aussi riches
de
possibilités qu’aucun des « colosses » du monde. Mais il faut que nou
347
me actif » Cette Europe unie, sous l’impulsion
d’
une nation, n’est-ce pas le rêve de Napoléon ou de Hitler ? Bien enten
348
us l’impulsion d’une nation, n’est-ce pas le rêve
de
Napoléon ou de Hitler ? Bien entendu. Aussi n’est-il pas question « d
349
d’une nation, n’est-ce pas le rêve de Napoléon ou
de
Hitler ? Bien entendu. Aussi n’est-il pas question « d’unifier » l’Eu
350
ler ? Bien entendu. Aussi n’est-il pas question «
d’
unifier » l’Europe mais de « l’unir ». Seul, le fédéralisme est capabl
351
n’est-il pas question « d’unifier » l’Europe mais
de
« l’unir ». Seul, le fédéralisme est capable de réaliser cette unité
352
s de « l’unir ». Seul, le fédéralisme est capable
de
réaliser cette unité dans la diversité et c’est pourquoi je suis réso
353
ésolument fédéraliste. Il est évident que le rôle
de
la France ne sera pas celui d’un conquérant. Le voudrait-elle qu’elle
354
vident que le rôle de la France ne sera pas celui
d’
un conquérant. Le voudrait-elle qu’elle n’en a pas les moyens. Ce n’es
355
pas les moyens. Ce n’est pas une « francisation »
de
l’Europe qu’il s’agit de réaliser, mais que la France devienne et soi
356
pas une « francisation » de l’Europe qu’il s’agit
de
réaliser, mais que la France devienne et soit la conscience d’une Eur
357
mais que la France devienne et soit la conscience
d’
une Europe à naître. Voyez ce qui se passe en Suisse : nous autres rom
358
autres romands, nous y sommes dans la proportion
d’
un tiers contre deux tiers, et pourtant notre minorité y est particuli
359
fédéraliste. Le fédéralisme n’est pas un système
de
la quantité, mais de la qualité. Et croyez-vous cette Europe possible
360
ralisme n’est pas un système de la quantité, mais
de
la qualité. Et croyez-vous cette Europe possible ? Parfaitement. Les
361
ricains ne demandent pas mieux : pour des raisons
d’
intérêt, sans doute, mais dont nous devons profiter. Quant aux Russes,
362
ttitude ombrageuse, eh bien ! nous nous passerons
de
leur consentement. C’est bien dommage, mais nous n’allons quand même
363
ais nous n’allons quand même pas attendre le visa
de
qui que ce soit pour nous décider à agir. Je crois que l’Europe se fe
364
Je ne me fais aucune illusion. Il n’y aura jamais
d’
âge d’or. Je demande simplement un monde où les vrais problèmes soient
365
me fais aucune illusion. Il n’y aura jamais d’âge
d’
or. Je demande simplement un monde où les vrais problèmes soient discu
366
où l’on puisse « vivre ». j. Rougemont Denis
de
, « [Entretien] La tâche française c’est d’inventer la paix », Combat,
367
Denis de, « [Entretien] La tâche française c’est
d’
inventer la paix », Combat, Paris, 26 décembre 1947, p. 1-2. k. Propo
368
nace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée
de
barrières qui empêchent ses biens de circuler, mais qui ne sauraient
369
e, encombrée de barrières qui empêchent ses biens
de
circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désuni
370
éger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun
de
nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
371
s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
de
son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
372
à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun
de
nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
373
oblèmes que lui pose l’économie moderne. À défaut
d’
une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera d
374
n à l’unification forcée, soit par l’intervention
d’
un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heu
375
tion d’un empire du dehors, soit par l’usurpation
d’
un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui so
376
surpation d’un parti du dedans. L’heure est venue
d’
entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble,
377
le, demain, nous pouvons édifier avec les peuples
d’
outre-mer associés à nos destinées, la plus grande formation politique
378
on politique et le plus vaste ensemble économique
de
notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant r
379
u monde n’aura connu un si puissant rassemblement
d’
hommes libres. Jamais la guerre, la peur, et la misère n’auront été mi
380
monde n’aura connu un si puissant rassemblement d’
hommes
libres. Jamais la guerre, la peur, et la misère n’auront été mises en
381
grand péril et cette grande espérance la vocation
de
l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leu
382
ation de l’Europe se définit clairement. Elle est
d’
unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité,
383
ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui
de
la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles
384
ns les conditions du xxe siècle, qui sont celles
de
la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche, la voie
385
herche, la voie des libertés organisées. Elle est
de
ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustrati
386
rtés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs
d’
invention pour la défense et pour l’illustration des droits et des dev
387
et pour l’illustration des droits et des devoirs
de
la personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélités, l’Europe de
388
eux du monde le grand témoin. La conquête suprême
de
l’Europe s’appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans
389
conquête suprême de l’Europe s’appelle la dignité
de
l’homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final
390
ête suprême de l’Europe s’appelle la dignité de l’
homme
, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notr
391
force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final
de
notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour
392
mais aussi pour en élargir le bénéfice à tous les
hommes
, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union l’Europ
393
éfice à tous les hommes, que nous voulons l’union
de
notre continent. Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de
394
Sur cette union l’Europe joue son destin et celui
de
la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rasse
395
assemblés pour donner une voix à tous les peuples
de
ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les
396
dans toute son étendue à la libre circulation des
hommes
, des idées et des biens. 2° Nous voulons une Charte des droits de l’h
397
des droits de l’homme, garantissant les libertés
de
pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une
398
de l’homme, garantissant les libertés de pensée,
de
réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition
399
arantissant les libertés de pensée, de réunion et
d’
expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition politique. 3°
400
nion et d’expression, ainsi que le libre exercice
d’
une opposition politique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable
401
ne opposition politique. 3° Nous voulons une Cour
de
justice capable d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit r
402
ique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable
d’
appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte.
403
ropéenne, où soient représentées les forces vives
de
toutes nos nations. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’ap
404
s vives de toutes nos nations. 5° Et nous prenons
de
bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
405
ons. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement
d’
appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos pa
406
nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer
de
tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans
407
dans nos milieux professionnels et syndicaux, les
hommes
et les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, s
408
t les gouvernements qui travaillent à cette œuvre
de
salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, po
409
ent à cette œuvre de salut public, suprême chance
de
la paix et gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qu
410
e salut public, suprême chance de la paix et gage
d’
un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront. l.
411
et celles qui la suivront. l. Rougemont Denis
de
, « Message aux Européens », Combat, Paris, 14 mai 1948, p. 1. m. Pré
412
ant au nom de tous les congressistes, à la séance
de
clôture du congrès de La Haye. Il donne la note la plus juste sur l’a
413
congressistes, à la séance de clôture du congrès
de
La Haye. Il donne la note la plus juste sur l’atmosphère de ses débat
414
. Il donne la note la plus juste sur l’atmosphère
de
ses débats et résume clairement ses volontés. Nous pensons qu’il ne l
415
Messieurs, n’oubliez pas l’exemple
de
la Suisse (3 octobre 1950)n o Messieurs les députés européens, Vou
416
pour faire l’Europe, et nous pour faire semblant
de
la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas
417
’avoir vue et s’en va répétant qu’il a fallu plus
de
cinq-cents ans pour sceller son union fédérale. Tout le monde se trom
418
récit exact. Neuf mois pour fédérer vingt-cinq
États
souverains Au début de 1848, la Confédération n’était qu’un pacte
419
r fédérer vingt-cinq États souverains Au début
de
1848, la Confédération n’était qu’un pacte d’alliance entre vingt-cin
420
but de 1848, la Confédération n’était qu’un pacte
d’
alliance entre vingt-cinq États absolument souverains. Point de citoye
421
n n’était qu’un pacte d’alliance entre vingt-cinq
États
absolument souverains. Point de citoyenneté suisse, point de liberté
422
tre vingt-cinq États absolument souverains. Point
de
citoyenneté suisse, point de liberté d’établissement ou d’échange com
423
nt souverains. Point de citoyenneté suisse, point
de
liberté d’établissement ou d’échange commercial entre cantons, point
424
ns. Point de citoyenneté suisse, point de liberté
d’
établissement ou d’échange commercial entre cantons, point de représen
425
nneté suisse, point de liberté d’établissement ou
d’
échange commercial entre cantons, point de représentation des peuples.
426
ment ou d’échange commercial entre cantons, point
de
représentation des peuples. Un seul organe commun, la Diète, sorte de
427
s peuples. Un seul organe commun, la Diète, sorte
de
Comité des ministres, composé de plénipotentiaires agissant au nom de
428
la Diète, sorte de Comité des ministres, composé
de
plénipotentiaires agissant au nom des États et prenant leurs rares dé
429
composé de plénipotentiaires agissant au nom des
États
et prenant leurs rares décisions à la majorité des trois-quarts. Prat
430
ant l’étranger et même devant la guerre entre les
États
membres. Niera-t-on que ce fût là, trait pour trait, un état comparab
431
là, trait pour trait, un état comparable à celui
de
notre Europe, sauf pour le péril extérieur, qui n’était rien au regar
432
au regard de celui que nous courons ? Une partie
de
l’opinion réclamait une autorité fédérale, dotée de pouvoirs limités
433
l’opinion réclamait une autorité fédérale, dotée
de
pouvoirs limités mais réels. Rien d’autre, en vérité, ne pouvait assu
434
érale, dotée de pouvoirs limités mais réels. Rien
d’
autre, en vérité, ne pouvait assurer l’indépendance du pays. Mais la D
435
ssurer l’indépendance du pays. Mais la Diète, les
États
et leurs experts voyaient dans le mot « souveraineté » la réponse déc
436
tine rétorquait, chiffres en main, que la liberté
d’
échanges ne manquerait pas de causer quelques dommages locaux. C’était
437
main, que la liberté d’échanges ne manquerait pas
de
causer quelques dommages locaux. C’était répondre aux utopistes qui p
438
x. C’était répondre aux utopistes qui proposaient
d’
éteindre l’incendie, que l’eau peut abîmer les meubles. Il y eut une g
439
impuissance du pacte. Il y eut un long branle-bas
de
sociétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la fav
440
u pacte. Il y eut un long branle-bas de sociétés,
de
mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette
441
ut un long branle-bas de sociétés, de mouvements,
de
projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un p
442
ranle-bas de sociétés, de mouvements, de projets,
de
discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe
443
ciétés, de mouvements, de projets, de discours et
de
vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs
444
, de projets, de discours et de vœux. À la faveur
de
cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs enthousiastes fit ad
445
. À la faveur de cette agitation, un petit groupe
de
jeunes chefs enthousiastes fit adopter par la Diète le principe d’une
446
nthousiastes fit adopter par la Diète le principe
d’
une révision profonde du pacte. En 1847, notons-le, rien ne semblait «
447
année suivante. Le 17 février 1848, la Commission
de
révision — nommée par la Diète dans son sein et au-dehors — se réunit
448
rs — se réunit pour la première fois. Elle décide
de
siéger à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle termine se
449
ux, dont elle soumet les résultats aux vingt-cinq
États
souverains. Le 15 mai, la Diète est saisie du projet, qu’elle adopte
450
rojet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendant le mois
d’
août le peuple vote dans les cantons. Le 12 septembre, la Diète procla
451
stitution est acceptée par près de deux tiers des
États
et plus de deux tiers des citoyens votants. Le 16 novembre, le premie
452
acceptée par près de deux tiers des États et plus
de
deux tiers des citoyens votants. Le 16 novembre, le premier Conseil f
453
députés, neuf mois avaient suffi pour fédérer 25
États
souverains. Pensez-vous que l’Histoire vous en laisse un peu plus, po
454
istoire vous en laisse un peu plus, pour unir vos
États
dans un plus grand péril ? Vous me direz… Vous me direz que l’E
455
temporaines. Mais il n’est pas exact que l’Europe
d’
aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alors : vous êtes venus d
456
rope d’aujourd’hui soit plus grande que la Suisse
d’
alors : vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou mêm
457
: vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou
de
Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a
458
s de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou même
d’
Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour a
459
asbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara — en moins
de
temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou de
460
s qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller
de
Genève ou des Grisons à Berne. Pour la guerre entre vos pays, les deu
461
fisent. Vos nations vivent ensemble depuis autant
de
siècles, et souvent davantage, que nos cantons. Leurs sorts ne sont p
462
ez l’Europe dans l’ensemble du monde. Vos cordons
de
douanes ne sont pas plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l
463
économies ne sont pas plus disparates que celles
de
Zurich, par exemple, et de ses petits voisins paysans. Les sombres pr
464
disparates que celles de Zurich, par exemple, et
de
ses petits voisins paysans. Les sombres prévisions des réalistes quan
465
sombres prévisions des réalistes quant aux effets
d’
une union « trop rapide » remplissaient nos journaux, il y a cent-troi
466
le non plus qui ne reparaisse dans la bouche même
de
ceux qui affirment que nos réalités sont tellement différentes… Certe
467
paraison n’est pas raison, mais quand les raisons
de
ne rien faire restent les mêmes quoi qu’il arrive, c’est qu’elles tra
468
ive, c’est qu’elles traduisent une certaine forme
d’
esprit, une cécité partielle devant les leçons de l’Histoire, que j’ai
469
d’esprit, une cécité partielle devant les leçons
de
l’Histoire, que j’ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politi
470
le devant les leçons de l’Histoire, que j’ai plus
d’
une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés, n
471
leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’une raison
de
nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés, n’oubliez pas
472
ratique. C’est assez pour que j’ose vous supplier
d’
y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie en neuf mois. Il va
473
Suisse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine
de
s’arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’on peut aller tr
474
s n’auriez pas, Staline le prend : c’est le temps
de
méditer avant d’agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été,
475
taline le prend : c’est le temps de méditer avant
d’
agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été, soyez bien sûrs
476
méditer avant d’agir. Mais celui que vous risquez
de
perdre, cet été, soyez bien sûrs qu’il le retrouvera : c’est le temps
477
ez bien sûrs qu’il le retrouvera : c’est le temps
de
modifier non pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’Armée
478
de modifier non pas des paragraphes, mais l’ordre
de
bataille de l’Armée rouge. n. Rougemont Denis de, « Messieurs, n’
479
non pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille
de
l’Armée rouge. n. Rougemont Denis de, « Messieurs, n’oubliez pas
480
bataille de l’Armée rouge. n. Rougemont Denis
de
, « Messieurs, n’oubliez pas l’exemple de la Suisse », Combat, Paris,
481
nt Denis de, « Messieurs, n’oubliez pas l’exemple
de
la Suisse », Combat, Paris, 3 octobre 1950, p. 6. o. Présenté par la
482
ivante : « Nous publions deux importants extraits
de
cinq lettres que notre ami Denis de Rougemont écrivit à l’intention d
483
ntion des députés réunis à Strasbourg. La session
d’
été de l’Assemblée européenne est terminée. Mais ces lettres d’avertis
484
des députés réunis à Strasbourg. La session d’été
de
l’Assemblée européenne est terminée. Mais ces lettres d’avertissement
485
semblée européenne est terminée. Mais ces lettres
d’
avertissement demeurent. Et il y a un redoutable abîme entre les propo
486
il y a un redoutable abîme entre les propositions
de
Denis de Rougemont et les résultats des travaux de Strasbourg. On tro
487
e Denis de Rougemont et les résultats des travaux
de
Strasbourg. On trouvera ici, demain, le second extrait de ces lettres
488
bourg. On trouvera ici, demain, le second extrait
de
ces lettres. »
489
e, ou protestante, ou française, ou allemande, ou
de
gauche, ou de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit
490
nte, ou française, ou allemande, ou de gauche, ou
de
droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle
491
elle soit, pour qu’elle dure, dans ses diversités
de
tous les ordres, que l’on ne peut préserver que par l’union et que l’
492
t que l’unification tuerait. Mais sans sacrifices
d’
amour-propre, sans replis stratégiques d’intérêts légitimes, sans comp
493
crifices d’amour-propre, sans replis stratégiques
d’
intérêts légitimes, sans compromis, elle ne sera pas. C’est clair. V
494
itaux. Quant à ceux qui n’ont point cette passion
de
l’Europe, ceux dont le regard s’attarde aux obstacles à l’union, perd
495
regard s’attarde aux obstacles à l’union, perdant
de
vue sa nécessité, il nous reste à leur faire comprendre que le pire o
496
ls se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé
d’
écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craintes, démasquent
497
leurs arrière-pensées, dénoncent leur parti pris
de
scepticisme. Les deux tiers des Européens se déclarent pour l’union,
498
les obstacles insurmontables. Il y a deux sortes
d’
opinions : celle que l’on invoque, et la vraie. L’une qui sert d’alibi
499
lle que l’on invoque, et la vraie. L’une qui sert
d’
alibi aux démagogues, et l’autre qui les laisse tomber ; l’une qui fai
500
pu parler que dans le secret des urnes. L’opinion
d’
aujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si
501
r pudiquement, chaque année, qu’il reste désireux
d’
envisager l’étude de quelques mesures préalables tendant à renforcer l
502
e année, qu’il reste désireux d’envisager l’étude
de
quelques mesures préalables tendant à renforcer le sentiment d’une So
503
sures préalables tendant à renforcer le sentiment
d’
une Solidarité qui ne saurait nuire à « l’achèvement d’une union plus
504
Solidarité qui ne saurait nuire à « l’achèvement
d’
une union plus intime entre ses membres ». Les manchettes des journaux
505
membres ». Les manchettes des journaux parleront
d’
un « pas important vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne p
506
ent s’associer à ces engagements téméraires avant
d’
avoir pris le temps d’étudier leur contenu et de s’être assurés qu’en
507
ngagements téméraires avant d’avoir pris le temps
d’
étudier leur contenu et de s’être assurés qu’en tous les cas cela ne p
508
t d’avoir pris le temps d’étudier leur contenu et
de
s’être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolumen
509
des principes, a fait jusqu’ici pratiquement plus
de
mal que de bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se conte
510
es, a fait jusqu’ici pratiquement plus de mal que
de
bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se contente d’affir
511
cause à tous. On me dira que si l’on se contente
d’
affirmer des principes sans les mettre en pratique, cela ne fait de ma
512
incipes sans les mettre en pratique, cela ne fait
de
mal à personne. Mais cela en fait aux principes. Or une Europe qui se
513
européen, ce serait un acte enfin, quelque chose
de
concret. Et je me garde de sous-estimer la puissance des philatéliste
514
e enfin, quelque chose de concret. Et je me garde
de
sous-estimer la puissance des philatélistes. Mais si Strasbourg accou
515
ce des philatélistes. Mais si Strasbourg accouche
d’
un timbre-poste, nous serons un peu déçus, et Staline très content. Vo
516
les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas
de
vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délég
517
es simplement délégués pour consultation. Décidez
de
vous faire élire. Un raisonnement très simple appuie cette suggestion
518
rmer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et
de
la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n’in
519
s une propagande massive. Personne n’a les moyens
de
la financer. La seule solution concevable, c’est une campagne élector
520
, c’est une campagne électorale organisée par les
États
, en vue de nommer leurs députés au premier Parlement de l’Europe. Les
521
vue de nommer leurs députés au premier Parlement
de
l’Europe. Les partis présenteront les candidats. Et les mouvements fé
522
les mouvements fédéralistes aussi. Et les groupes
d’
intérêts professionnels, syndicats patronaux et ouvriers. Il en résult
523
. Il en résultera dans nos provinces une campagne
d’
agitation, d’émulation, de polémique européenne, que nulle autre métho
524
tera dans nos provinces une campagne d’agitation,
d’
émulation, de polémique européenne, que nulle autre méthode ne saurait
525
provinces une campagne d’agitation, d’émulation,
de
polémique européenne, que nulle autre méthode ne saurait provoquer.
526
La condition à la fois nécessaire et suffisante
d’
une telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’elle comporte
527
essaire et suffisante d’une telle campagne, c’est
de
faire sentir aux peuples qu’elle comporte un enjeu, et que leur sort
528
un seul : discuter et voter un projet bien précis
de
Constitution fédérale de l’Europe. Si vous acceptez cela, vous aurez
529
er un projet bien précis de Constitution fédérale
de
l’Europe. Si vous acceptez cela, vous aurez avec vous l’opinion vraie
530
s l’opinion vraie dans sa majorité, les militants
de
l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si
531
a majorité, les militants de l’Europe, la logique
de
l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vou
532
de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil
de
notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière v
533
e et l’indifférence ; et devant vous, le rire des
hommes
d’acier. Si vous me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de
534
indifférence ; et devant vous, le rire des hommes
d’
acier. Si vous me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déc
535
me dites que c’est prématuré, je vous supplierai
de
déclarer clairement à quel moment, et sous quelles conditions, cela c
536
moment, et sous quelles conditions, cela cessera
d’
être prématuré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’il faut
537
ut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai
de
l’obtenir de Staline. Car en Europe il y en a peu. Si vous me dites e
538
laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir
de
Staline. Car en Europe il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’es
539
enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’air
de
le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si quelque chose
540
ue le maintien du statu quo, que la vie, la durée
de
notre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous savez : un r
541
la ruine à bref délai, les trois-cents divisions
de
l’armée rouge. D’une part, on peut penser qu’au point où nous en somm
542
oix presque désespérée, et sans autre pouvoir que
de
vous adjurer de la part des millions qui se taisent mais qui ont peur
543
et qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement
de
passion, je m’écriais l’autre jour : si vous ne voulez rien faire, al
544
et je les supplie maintenant, au nom de l’Europe,
de
rester au contraire, de ne point se séparer avant d’avoir dressé, pou
545
nant, au nom de l’Europe, de rester au contraire,
de
ne point se séparer avant d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe
546
rester au contraire, de ne point se séparer avant
d’
avoir dressé, pour notre espoir, un signe ! Des raisons de vivre !
547
ssé, pour notre espoir, un signe ! Des raisons
de
vivre ! Vous n’êtes pas encore l’espoir des peuples libres, ni des
548
l’espoir des peuples libres, ni des peuples muets
de
l’Est européen. Mais vous pouvez le devenir et sonner le ralliement.
549
re. Personne ne veut mourir, que pour des raisons
de
vivre. Mozart n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas un
550
qui résoudra le problème du chômage, mais l’union
de
nos sacrifices. Qui peut nous l’imposer ? Qui peut faire reculer les
551
ois légitimes qui se révèlent contraires au salut
de
l’ensemble ? Je veux avoir parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous
552
que l’Autorité fédérale, souveraine au-dessus des
États
. Messieurs les députés européens, je vous salue d’un vœu qui voudrait
553
s. Messieurs les députés européens, je vous salue
d’
un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l
554
je vous salue d’un vœu qui voudrait résumer celui
de
tous nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d
555
ait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes
de
l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’espérance : méritez votre nom,
556
nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé
d’
angoisse et d’espérance : méritez votre nom, faites-vous élire et fédé
557
ux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et
d’
espérance : méritez votre nom, faites-vous élire et fédérez l’Europe p
558
y, 30 juillet-6 août 1950. p. Rougemont Denis
de
, « Messieurs, on vous attend encore au pied du mur ! », Combat, Paris
559
Combat, Paris, 4 octobre 1950, p. 6. q. Présenté
de
cette note : « Nous publions aujourd’hui le deuxième extrait des cinq
560
éens que Denis de Rougemont écrivit à l’occasion
de
la session de Strasbourg. »
561
s de Rougemont écrivit à l’occasion de la session
de
Strasbourg. »