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les, si toutefois on leur laisse le commandement.
Je
leur oppose le meilleur analyste américain des choses militaire dans
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ront, ou les Anglais, ou les Danois peut-être. Et
je
ne connais pas un seul physicien qui n’ait nié expressément, et en to
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suadés que « le secret ne peut être gardé ». D’où
je
déduis que la proportion des Américains raisonnables (j’entends capab
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is que la proportion des Américains raisonnables (
j’
entends capables de rapprocher deux idées et d’en tirer une conclusion
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de 35 %. Est-ce peu ou beaucoup pour un peuple ?
Je
n’en jugerais qu’après un essai en Europe. Il est clair que l’opinion
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s pas, envoie deux ou trois bombes sur New York. (
Je
prends l’exemple le plus invraisemblable, pour qu’on n’aille pas y vo
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us invraisemblable, pour qu’on n’aille pas y voir
je
ne sais quelle allusion à des circonstances trop réelles.) L’Amérique
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elle a cessé de nous frapper. Une apathie étrange
me
semble s’établir dans les masses comme chez ceux qui les mènent. Les
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dépôt sacré ». Le monde n’a pas de gouvernement.
Je
ne suis pas sûr que les nations en aient. Et nous restons, les bras b
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ive est entre ces deux sens du verbe. Et soudain,
je
me demande pourquoi ces trois messieurs paraissent impuissants à décr
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est entre ces deux sens du verbe. Et soudain, je
me
demande pourquoi ces trois messieurs paraissent impuissants à décréte
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bles ? Et qu’ils usurpent le nom de gouvernants ?
J’
essaie de me mettre à leur place. Staline voudrait la paix, car sa Rus
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’ils usurpent le nom de gouvernants ? J’essaie de
me
mettre à leur place. Staline voudrait la paix, car sa Russie blessée
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ir de trouver cela normal, — ou ne trouve rien. ⁂
J’
essaie encore de les comprendre, avant de les traiter de ce qu’ils ont
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pratiquement, ils n’ont pas le temps. Pourquoi ?
J’
en vois une raison simple. Parce qu’ils gouvernent leur nation, et que
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Ainsi d’Attlee et de Staline, bien que ce dernier
me
paraisse plus habile dans le grand art de prendre son temps. ⁂ Je les
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habile dans le grand art de prendre son temps. ⁂
Je
les plains. Cependant, s’ils s’obstinent, je serai forcé de les trait
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s. ⁂ Je les plains. Cependant, s’ils s’obstinent,
je
serai forcé de les traiter d’usurpateurs. L’incompétence des commanda
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ue de leur patrie, et parfois par les tribunaux ?
Je
demande à mes amis américains : — Imaginez-vous ce pays conduit non p
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trie, et parfois par les tribunaux ? Je demande à
mes
amis américains : — Imaginez-vous ce pays conduit non par un cabinet
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ante-huit États de l’Union ? — Ce serait absurde,
me
disent-ils. — Eh quoi, c’est pourtant ce que nous offre, à quelques n
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Tous démocrates (22 mai 1946)c
Je
fus hier soir visiter un ami qui aime à se dire « un anarchiste catho
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qui aime à se dire « un anarchiste catholique ». (
Je
le crois seul de son parti.) Il avait l’air un peu nerveux. Voici not
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l’air un peu nerveux. Voici notre conversation :
Moi
. — Contre qui écrivez-vous aujourd’hui ? Lui. — Je fais le plan d’un
25
. — Contre qui écrivez-vous aujourd’hui ? Lui. —
Je
fais le plan d’une trilogie sur les trois grands régimes politiques d
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les trois grands régimes politiques de ce siècle.
Je
vais les caractériser par leurs armes ou leurs méthodes favorites. Le
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tion ! (Il prononça ces mots d’un ton rageur, qui
me
fit éclater de rire.) Moi. — Quel beau programme ! Avouez que nous s
28
ts d’un ton rageur, qui me fit éclater de rire.)
Moi
. — Quel beau programme ! Avouez que nous sortons enfin des petitesses
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périeure au soviétisme et à l’hitlérisme. Lui. —
Je
vous entends ! J’entends le diable ! D’ailleurs, on n’entend guère qu
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isme et à l’hitlérisme. Lui. — Je vous entends !
J’
entends le diable ! D’ailleurs, on n’entend guère que lui dans ce sièc
31
d guère que lui dans ce siècle trois fois maudit.
Je
ne vois plus d’espoir sérieux nulle part. La faillite morale est univ
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z les individus comme sur le plan international.
Moi
. — Pas d’accord ! Je distingue un espoir. Des trois régimes dont vous
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sur le plan international. Moi. — Pas d’accord !
Je
distingue un espoir. Des trois régimes dont vous parlez, l’un est écr
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gnole, que nous appellerons secondaires. Et voici
mon
espoir, dans cette situation : c’est qu’au lieu de défendre la Démocr
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ien. Ou bien c’est un mensonge et une hypocrisie.
Je
vais vous en donner un exemple. Les Soviets, qui se disent démocrates
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par les Soviets et par les socialistes anglais.
Moi
. — Voilà le problème embrouillé à souhait, et je vous vois sourire di
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Moi. — Voilà le problème embrouillé à souhait, et
je
vous vois sourire diaboliquement, à votre tour. Mais nous sommes peut
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ontradictoires, et parfois les plus tyranniques.
Moi
. — Je l’avoue. La liberté est certainement le problème numéro un de n
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ctoires, et parfois les plus tyranniques. Moi. —
Je
l’avoue. La liberté est certainement le problème numéro un de notre t
40
ar la presse sur les préparatifs de l’expérience,
j’
en retiens deux. 1° Une mission de savants américains formée de quator
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sur lequel nos savants se perdent en conjectures,
j’
en tire une conclusion définitive, quoique préalable. Pour la première
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, au sens le plus scientifique de ce terme. Quand
je
vous disais que la guerre est morte, la guerre des militaires, la vra
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morte, la guerre des militaires, la vraie ! Quand
je
vous disais que ses règles sacrées sont toutes violées sans exception
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sans exception par l’usage de la bombe atomique…
J’
avoue que je n’avais pas pensé à l’uniforme et au respect que nous lui
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ion par l’usage de la bombe atomique… J’avoue que
je
n’avais pas pensé à l’uniforme et au respect que nous lui devions nag
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Les savants, eux, ne l’ont pas raté. Ce n’est pas
ma
faute, c’est fait. Et c’en est fait, — même si l’on renonce à l’expér
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. Au contraire, toute la résistance est venue, si
je
puis dire, du côté opposé. C’est la Ligue protectrice des animaux d’u
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um (24 mai 1946)e Un dernier mot. (Et dire que
j’
allais l’oublier !) La Bombe n’est pas dangereuse du tout. — Êtes-vou
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Faut-il penser que vous vous moquiez du monde ? —
J’
étais sérieux. Je prenais au sérieux les événements qui nous menacent
50
e vous vous moquiez du monde ? — J’étais sérieux.
Je
prenais au sérieux les événements qui nous menacent à bout portant. L
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ien encore, quoi qu’en pensent quelques généraux.
Je
parlais de la fin du monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun d
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e commencer. À plus forte raison pour la Bombe… —
Je
ne trouve pas la raison bien forte, en vérité. Hitler n’a pas eu reco
53
u à l’employer. Le cas de la Bombe est différent.
Je
vous répète qu’elle supprimera la possibilité de riposter, c’est-à-di
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c’est lui seul qui se prépare à l’employer. Quand
je
vois qu’on nomme des comités pour la retenir ! Comme si elle était to
55
lus sensationnel du siècle. — Un progrès ? — Oui,
j’
appelle ainsi tout ce qui nous rapproche des vraies questions, et nous
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», disait devant le Sénat le général Marshall. «
Je
vous abandonne volontiers l’infanterie, déclarait en substance l’amir
57
seuls à connaître. Et c’est leur point de vue qui
m’
importe. Les problèmes que nous pose la bombe restent intacts, autant
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à les dictatures réglaient les comptes. « Lorsque
j’
entends parler d’esprit, je désarme mon revolver », disait un officier
59
les comptes. « Lorsque j’entends parler d’esprit,
je
désarme mon revolver », disait un officier nazi. Les staliniens faisa
60
. « Lorsque j’entends parler d’esprit, je désarme
mon
revolver », disait un officier nazi. Les staliniens faisaient de même
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le sens que nous donnons à ce mot d’engagement. ⁂
Je
l’ai dit ailleurs : un gant qui se retourne ne devient pas pour si pe
62
e, pleine de partis pris, et même politique ! 2.
Je
fais exception pour deux ou trois d’entre eux, tels que Bernanos et S
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aix » (26 décembre 1947)j k Denis de Rougemont
me
reçoit dans l’agréable maison qu’il occupe à la sortie du village de
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désormais et pour toujours, prénommé Voltaire. Il
me
semble que mon hôte n’est pas fâché d’habiter sous cette ombre. Il y
65
our toujours, prénommé Voltaire. Il me semble que
mon
hôte n’est pas fâché d’habiter sous cette ombre. Il y a quelque chose
66
l’utilisent. Ce sont eux qu’il faut contrôler ».
Je
pense à cela tandis que notre entretien prend, comme de lui-même, le
67
e entretien prend, comme de lui-même, le tour que
je
désirais lui imprimer. » C’est l’homme qui fait son destin, me dit av
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ui imprimer. » C’est l’homme qui fait son destin,
me
dit avec force de Rougemont. C’est lui et lui seul qui déchaîne les f
69
er sombrer avec vous dans le désespoir. Comment ?
Je
vais d’abord vous confier une chose : je ne crois pas aux « blocs ».
70
omment ? Je vais d’abord vous confier une chose :
je
ne crois pas aux « blocs ». C’est une invention des propagandes. Ils
71
e plan passionnel, définiraient une affirmation ?
J’
en suis convaincu. La tâche française — encore une fois, de l’« intell
72
ue l’affirmation française, si elle éclate, comme
je
le souhaite, trouve immédiatement son champ d’action. Je n’en vois qu
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ouhaite, trouve immédiatement son champ d’action.
Je
n’en vois qu’un mais il est immense et à sa portée : l’Europe. C’est
74
r cette unité dans la diversité et c’est pourquoi
je
suis résolument fédéraliste. Il est évident que le rôle de la France
75
mais dont nous devons profiter. Quant aux Russes,
je
suis convaincu qu’ils n’ont qu’à y gagner. Mais s’ils persistent dans
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visa de qui que ce soit pour nous décider à agir.
Je
crois que l’Europe se fera, envers et contre tout et tous. Vous voyez
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ra, envers et contre tout et tous. Vous voyez que
ma
réponse est optimiste. Dites bien cependant que je reste fidèle à ma
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a réponse est optimiste. Dites bien cependant que
je
reste fidèle à ma formule du « pessimisme actif ». Je ne me fais aucu
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miste. Dites bien cependant que je reste fidèle à
ma
formule du « pessimisme actif ». Je ne me fais aucune illusion. Il n’
80
este fidèle à ma formule du « pessimisme actif ».
Je
ne me fais aucune illusion. Il n’y aura jamais d’âge d’or. Je demande
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idèle à ma formule du « pessimisme actif ». Je ne
me
fais aucune illusion. Il n’y aura jamais d’âge d’or. Je demande simpl
82
s aucune illusion. Il n’y aura jamais d’âge d’or.
Je
demande simplement un monde où les vrais problèmes soient discutés et
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unir vos États dans un plus grand péril ? Vous
me
direz… Vous me direz que l’Europe est plus grande que la Suisse ;
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s un plus grand péril ? Vous me direz… Vous
me
direz que l’Europe est plus grande que la Suisse ; qu’il fallut une b
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té partielle devant les leçons de l’Histoire, que
j’
ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les
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en principe, mais pratique. C’est assez pour que
j’
ose vous supplier d’y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie
87
re obstacle, c’est eux-mêmes. Ils nous disent : «
Je
veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’Opin
88
’est eux-mêmes. Ils nous disent : « Je veux bien,
je
ne suis pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’Opinion, par exemp
89
s, et les sceptiques, alors, pourront bien dire :
j’
avais raison, voyez l’obstacle ! Ils l’auront eux-mêmes suscité. L’œil
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ans le secret des urnes. L’opinion d’aujourd’hui,
je
la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si vous ne faites
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plus de mal que de bien à notre cause à tous. On
me
dira que si l’on se contente d’affirmer des principes sans les mettre
92
erait un acte enfin, quelque chose de concret. Et
je
me garde de sous-estimer la puissance des philatélistes. Mais si Stra
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it un acte enfin, quelque chose de concret. Et je
me
garde de sous-estimer la puissance des philatélistes. Mais si Strasbo
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déçus, et Staline très content. Voici l’acte que
je
vous propose, au nom de l’opinion qui ne parle pas encore. Messieurs
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le autre méthode ne saurait provoquer. Si vous
me
dites… La condition à la fois nécessaire et suffisante d’une telle
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re. Qu’un but concret soit assigné à ses travaux.
Je
n’en vois pour ma part qu’un seul : discuter et voter un projet bien
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devant vous, le rire des hommes d’acier. Si vous
me
dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déclarer clairement
98
es d’acier. Si vous me dites que c’est prématuré,
je
vous supplierai de déclarer clairement à quel moment, et sous quelles
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onditions, cela cessera d’être prématuré. Si vous
me
dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’on vous laisse du temps
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joli, mais qu’il faut qu’on vous laisse du temps,
je
vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe il y en a peu.
101
de Staline. Car en Europe il y en a peu. Si vous
me
dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’air de le penser d
102
vous me dites enfin que c’est plus difficile que
je
n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si
103
lus difficile que je n’ai l’air de le penser dans
ma
candeur naïve, je vous demanderai si quelque chose au monde est plus
104
je n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve,
je
vous demanderai si quelque chose au monde est plus difficile à concev
105
ssieurs les députés, faut-il vous dire encore que
je
ne suis rien qu’une voix presque désespérée, et sans autre pouvoir qu
106
ions qui se taisent mais qui ont peur ? Pardonnez
mes
violences et mes impertinences : comprenez l’anxiété qui les dicte. J
107
nt mais qui ont peur ? Pardonnez mes violences et
mes
impertinences : comprenez l’anxiété qui les dicte. Je ne vous écrirai
108
mpertinences : comprenez l’anxiété qui les dicte.
Je
ne vous écrirais pas si je ne savais très bien qu’une partie d’entre
109
anxiété qui les dicte. Je ne vous écrirais pas si
je
ne savais très bien qu’une partie d’entre vous m’approuve et qu’une a
110
je ne savais très bien qu’une partie d’entre vous
m’
approuve et qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement de passion,
111
tre ne dit pas non. Dans un mouvement de passion,
je
m’écriais l’autre jour : si vous ne voulez rien faire, allez-vous-en
112
ne dit pas non. Dans un mouvement de passion, je
m’
écriais l’autre jour : si vous ne voulez rien faire, allez-vous-en ! M
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s-en ! Mais beaucoup d’entre vous veulent agir et
je
les supplie maintenant, au nom de l’Europe, de rester au contraire, d
114
i se révèlent contraires au salut de l’ensemble ?
Je
veux avoir parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous propose une aut
115
essus des États. Messieurs les députés européens,
je
vous salue d’un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples au