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nglais, ou les Danois peut-être. Et je ne connais
pas
un seul physicien qui n’ait nié expressément, et en toute occasion pu
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enfin si quelqu’un nous attaque, nous ne saurons
pas
qui a tiré. Supposez qu’un petit pays, disons la Suisse, manufacture
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sse, manufacture une douzaine de bombes. Ce n’est
pas
une question d’argent comme on le croit (les grosses dépenses ont été
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ant que ce petit pays, pour se tirer d’un mauvais
pas
, envoie deux ou trois bombes sur New York. (Je prends l’exemple le pl
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emple le plus invraisemblable, pour qu’on n’aille
pas
y voir je ne sais quelle allusion à des circonstances trop réelles.)
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circonstances trop réelles.) L’Amérique ne doute
pas
un instant que les projectiles ne viennent de Russie. Il est trop tar
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s et veille sur son « dépôt sacré ». Le monde n’a
pas
de gouvernement. Je ne suis pas sûr que les nations en aient. Et nous
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é ». Le monde n’a pas de gouvernement. Je ne suis
pas
sûr que les nations en aient. Et nous restons, les bras ballants… a
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oit être administrée. Notez que, si elle ne l’est
pas
, quelqu’un va nous l’administrer. L’alternative est entre ces deux se
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oit d’abord être reconstruite, mais il ne renonce
pas
aux plans de Pierre le Grand. Attlee voudrait la paix, car l’Empire b
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pleine expérience socialiste, mais il ne renonce
pas
à faire tuer les indigènes qui se révoltent à Java contre un impérial
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rouveraient leur espace vital, mais il ne renonce
pas
aux barrières douanières, à la défense du capital d’abord, et à la pe
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leur politique, c’est la vision de la guerre, non
pas
celle de la paix. Ils agissent donc comme des irresponsables, provoqu
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-ils penser ? Simplement, pratiquement, ils n’ont
pas
le temps. Pourquoi ? J’en vois une raison simple. Parce qu’ils gouver
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ions, la première condition requise est de n’être
pas
le chef d’une grande nation. Mais qui l’a dit, jusqu’à ce jour ? Chac
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L’incompétence des commandants en chef n’est-elle
pas
jugée criminelle par l’opinion publique de leur patrie, et parfois pa
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te à trois hommes surchargés, débordés, qui n’ont
pas
une minute pour réfléchir, et qui représentent les intérêts de leur n
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désignés par la voie populaire, et qui n’auraient
pas
d’autre affaire que de considérer la Planète, puis de traiter de haut
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ce début de juillet, puissent les trois Grands ne
pas
perdre la boule ! Car le fait est qu’il n’y en a qu’une de boule, com
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Quant à l’évaporation atomique, eh bien, n’est-ce
pas
le symbole même de l’idéalisme : tout monte et s’épanouit vers le cie
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ndividus comme sur le plan international. Moi. —
Pas
d’accord ! Je distingue un espoir. Des trois régimes dont vous parlez
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des banques. Peut-être a-t-elle tort, mais on n’a
pas
manqué de répondre que cette mesure est précisément celle qui fut pri
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emps que vos hommes d’État démocratiques n’auront
pas
abordé ouvertement et sincèrement ces deux questions fondamentales, l
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sage de la bombe atomique… J’avoue que je n’avais
pas
pensé à l’uniforme et au respect que nous lui devions naguère. Les sa
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s lui devions naguère. Les savants, eux, ne l’ont
pas
raté. Ce n’est pas ma faute, c’est fait. Et c’en est fait, — même si
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re. Les savants, eux, ne l’ont pas raté. Ce n’est
pas
ma faute, c’est fait. Et c’en est fait, — même si l’on renonce à l’ex
27
ombrer. Il vaut la peine de remarquer, enfin, que
pas
une voix ne s’est élevée, du côté des fervents de l’Armée, pour prote
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(Et dire que j’allais l’oublier !) La Bombe n’est
pas
dangereuse du tout. — Êtes-vous fou ? De quoi donc parliez-vous dans
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ue en bandoulière. Eh bien, la guerre des gaz n’a
pas
eu lieu, parce que tout le monde en avait une peur bleue, et que pers
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de en avait une peur bleue, et que personne, même
pas
Hitler, n’a eu le courage de commencer. À plus forte raison pour la B
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À plus forte raison pour la Bombe… — Je ne trouve
pas
la raison bien forte, en vérité. Hitler n’a pas eu recours aux gaz, c
32
e pas la raison bien forte, en vérité. Hitler n’a
pas
eu recours aux gaz, c’est entendu. Mais pensez-vous qu’une timidité s
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es. Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a
pas
de punition à redouter. Il est donc clair qu’on l’emploiera, au risqu
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re. — Alors, pourquoi dites-vous : la Bombe n’est
pas
dangereuse ? — Pour une raison très simple. La Bombe est un objet. Le
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coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc
pas
d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. — Ah !
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ons en uniformes. Les habitants d’Hiroshima n’ont
pas
tenu le coup tout à fait aussi bien, comme le révèlent les rapports o
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connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est
pas
un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été vertem
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epuis quatre ans, qui n’ait été vertement dénoncé
pas
des « intellectuels » français. Mais si le monde ne s’en porte pas mi
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ctuels » français. Mais si le monde ne s’en porte
pas
mieux, l’intelligence n’y gagne guère. ⁂ Tant que les écrivains metta
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détachée, irresponsable par définition. Il n’y a
pas
que du mal à en dire : cela nous a valu quelques œuvres durables, min
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r qu’une pensée s’engage dans le réel, il ne faut
pas
ni ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalités dont elle ig
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ne : la tactique d’un parti par exemple. Ce n’est
pas
dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée que réside
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onc finalement de le dominer. S’engager, ce n’est
pas
se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorit
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ger, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est
pas
« prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas faire payer sa prose
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pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est
pas
faire payer sa prose par Ce Soir plutôt que par l’Intransigeant. Ce n
46
Ce Soir plutôt que par l’Intransigeant. Ce n’est
pas
signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’une mo
47
. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est
pas
passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce
48
e mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est
pas
du tout devenir esclave d’une doctrine, mais au contraire, c’est se l
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peut être qu’un esclavage. La liberté réelle n’a
pas
de pires ennemis que les libéraux ; sinon en intention, du moins en f
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dit ailleurs : un gant qui se retourne ne devient
pas
pour si peu une main vivante et agissante. Un libéral qui se soumet a
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ui se soumet aux directives d’un parti ne devient
pas
pour si peu un penseur engagé. Et il ne faudrait pas que ces trahison
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pour si peu un penseur engagé. Et il ne faudrait
pas
que ces trahisons insignes ridiculisent toute espèce d’engagement. Un
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originel, est libérale, irresponsable, ne devient
pas
libératrice et responsable du seul fait qu’elle se met « au service »
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ril totalitaire (de droite ou de gauche) ce n’est
pas
« d’adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme d
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ux se mettent d’eux-mêmes en rangs et marquent le
pas
dès qu’une menace se précise contre les libertés françaises ! Le réfl
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rénommé Voltaire. Il me semble que mon hôte n’est
pas
fâché d’habiter sous cette ombre. Il y a quelque chose de voltairien
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re du jour par la nouvelle arme. « La bombe n’est
pas
dangereuse, disait-il en substance, mais les hommes qui l’utilisent.
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? La France « en attente » Ne vous y trompez
pas
. Le monde entier, comme nous-mêmes, attend encore de la France une in
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d’être sous une double dépendance. Ce n’est donc
pas
de ses dirigeants que nous attendons quoi que ce soit. Mais l’initiat
60
lle ? Si on peut dire qu’actuellement elle ne l’a
pas
davantage que l’initiative politique, il faut ajouter aussitôt que pe
61
galement à chacun des « blocs » mais elle ne sait
pas
à quoi elle se donnera. Il faut, précisément, reprend Denis de Rougem
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vais d’abord vous confier une chose : je ne crois
pas
aux « blocs ». C’est une invention des propagandes. Ils n’existent qu
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songe. Inventer la paix Mais ne pensez-vous
pas
alors que la vocation de la France est clairement circonscrite par la
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e trouve, et que ses refus mêmes, s’ils n’étaient
pas
exploités sur le plan passionnel, définiraient une affirmation ? J’en
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dire, « d’inventer » la paix. Si elle ne le fait
pas
, personne ne le fera à sa place. Mais si elle l’inventait pour elle s
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serait comme si elle n’avait rien fait. Il n’y a
pas
d’autarcie de la paix. « Penser français » comme le voulait Barrès, c
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que nous en prenions conscience : nous ne sommes
pas
des petits garçons, nous sommes aussi forts et aussi riches de possib
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ope unie, sous l’impulsion d’une nation, n’est-ce
pas
le rêve de Napoléon ou de Hitler ? Bien entendu. Aussi n’est-il pas q
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oléon ou de Hitler ? Bien entendu. Aussi n’est-il
pas
question « d’unifier » l’Europe mais de « l’unir ». Seul, le fédérali
70
. Il est évident que le rôle de la France ne sera
pas
celui d’un conquérant. Le voudrait-elle qu’elle n’en a pas les moyens
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d’un conquérant. Le voudrait-elle qu’elle n’en a
pas
les moyens. Ce n’est pas une « francisation » de l’Europe qu’il s’agi
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rait-elle qu’elle n’en a pas les moyens. Ce n’est
pas
une « francisation » de l’Europe qu’il s’agit de réaliser, mais que l
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sommes un pays fédéraliste. Le fédéralisme n’est
pas
un système de la quantité, mais de la qualité. Et croyez-vous cette E
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sible ? Parfaitement. Les Américains ne demandent
pas
mieux : pour des raisons d’intérêt, sans doute, mais dont nous devons
75
C’est bien dommage, mais nous n’allons quand même
pas
attendre le visa de qui que ce soit pour nous décider à agir. Je croi
76
ment ses volontés. Nous pensons qu’il ne laissera
pas
nos lecteurs indifférents. »
77
Messieurs, n’oubliez
pas
l’exemple de la Suisse (3 octobre 1950)n o Messieurs les députés e
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l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie
pas
grand-chose. Comment fédérer des nations qui se croient encore souver
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en main, que la liberté d’échanges ne manquerait
pas
de causer quelques dommages locaux. C’était répondre aux utopistes qu
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L’essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’a
pas
fléchi durant un siècle. Messieurs les députés, neuf mois avaient suf
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des grandes nations contemporaines. Mais il n’est
pas
exact que l’Europe d’aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alo
82
t davantage, que nos cantons. Leurs sorts ne sont
pas
moins liés, si vous regardez l’Europe dans l’ensemble du monde. Vos c
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ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne sont
pas
plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l’étaient les nôtres.
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ne l’étaient les nôtres. Et vos économies ne sont
pas
plus disparates que celles de Zurich, par exemple, et de ses petits v
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nos journaux, il y a cent-trois ans : il n’en est
pas
une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non plus qui ne re
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n’en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais
pas
une seule non plus qui ne reparaisse dans la bouche même de ceux qui
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tellement différentes… Certes, comparaison n’est
pas
raison, mais quand les raisons de ne rien faire restent les mêmes quo
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nisme politique. Messieurs les députés, n’oubliez
pas
la Suisse : elle existe en dépit de tous les arguments qu’on oppose a
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nous démontrer que la solution fédéraliste n’est
pas
seulement praticable en principe, mais pratique. C’est assez pour que
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ait beaucoup à l’affaire. Celui que vous n’auriez
pas
, Staline le prend : c’est le temps de méditer avant d’agir. Mais celu
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il le retrouvera : c’est le temps de modifier non
pas
des paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’Armée rouge. n. Ro
92
n. Rougemont Denis de, « Messieurs, n’oubliez
pas
l’exemple de la Suisse », Combat, Paris, 3 octobre 1950, p. 6. o. Pr
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disent que « l’Europe sera socialiste ou ne sera
pas
» savent très bien qu’à ce prix elle ne sera pas. Voilà l’ennemi, et
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pas » savent très bien qu’à ce prix elle ne sera
pas
. Voilà l’ennemi, et non point Vychinski. Et cela vaut pour tous ceux
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llemande, ou de gauche, ou de droite — ou ne sera
pas
. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle dure, dans ses diversit
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’intérêts légitimes, sans compromis, elle ne sera
pas
. C’est clair. Vous ignorez l’opinion vraie Seuls ceux qui veulen
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mes. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis
pas
contre, mais voyez ces difficultés ! L’Opinion, par exemple, n’est pa
98
z ces difficultés ! L’Opinion, par exemple, n’est
pas
mûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle ». C’est qu’i
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l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’en fallut
pas
plus pour fédérer la Suisse. Mais l’opinion veut qu’on l’entraîne. «
100
ux qui marchent », dit Péguy. Elle ne vous suivra
pas
si vous êtes daltoniens, et les sceptiques, alors, pourront bien dire
101
je la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera
pas
, si vous ne faites presque rien. Elle laissera parler les sceptiques
102
s ». Les manchettes des journaux parleront d’un «
pas
important vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne peuvent s
103
je vous propose, au nom de l’opinion qui ne parle
pas
encore. Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas de
104
eurs les députés, vous le savez bien, vous n’êtes
pas
de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement dé
105
t très simple appuie cette suggestion. On ne fera
pas
l’Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et d
106
rrait constituer notre fédération. On n’informera
pas
les peuples sans une propagande massive. Personne n’a les moyens de l
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le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez
pas
, vous ne trouverez derrière vous que le vide et l’indifférence ; et d
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enez l’anxiété qui les dicte. Je ne vous écrirais
pas
si je ne savais très bien qu’une partie d’entre vous m’approuve et qu
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ie d’entre vous m’approuve et qu’une autre ne dit
pas
non. Dans un mouvement de passion, je m’écriais l’autre jour : si vou
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signe ! Des raisons de vivre ! Vous n’êtes
pas
encore l’espoir des peuples libres, ni des peuples muets de l’Est eur
111
t à votre sage audace. Car si l’Europe unie n’est
pas
un grand espoir renaissant dans le cœur des masses, aucune armée du m
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n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est
pas
une secte politique, une doctrine partisane ou une autre, qui résoudr