1
tein. Supposez maintenant que ce petit pays, pour
se
tirer d’un mauvais pas, envoie deux ou trois bombes sur New York. (Je
2
ainsi de suite : dans le langage technique, cela
s’
appelle chain reaction. En vingt-quatre heures, l’Occident a vécu. Un
3
sé de nous frapper. Une apathie étrange me semble
s’
établir dans les masses comme chez ceux qui les mènent. Les trois Gran
4
uverné par ceux qu’on nomme les trois Grands. Ils
se
composent d’un loup déguisé en mouton et de deux moutons vêtus de leu
5
il ne renonce pas à faire tuer les indigènes qui
se
révoltent à Java contre un impérialisme démodé. Truman voudrait la pa
6
me, et qu’ils détestent la guerre : pourtant, ils
s’
y préparent. Ce qui domine en fait leur politique, c’est la vision de
7
de prendre son temps. ⁂ Je les plains. Cependant,
s’
ils s’obstinent, je serai forcé de les traiter d’usurpateurs. L’incomp
8
ndre son temps. ⁂ Je les plains. Cependant, s’ils
s’
obstinent, je serai forcé de les traiter d’usurpateurs. L’incompétence
9
n unissant leurs peuples, et non leurs chefs, qui
se
sont effacés devant un pouvoir nouveau, sorti du peuple… Mais si l’on
10
he à l’idée de nation, voilà tous les visages qui
se
ferment, et les esprits en état de siège. Sommes-nous fous ? Allons-n
11
aux dépens de ces intérêts que l’humanité pourra
s’
unir ? La fonction même de ces chefs d’État les disqualifie, en princi
12
qualifie, en principe, pour l’entreprise dont ils
se
chargent, et les porte à la saboter. Leur métier même les rend inapte
13
6)c Je fus hier soir visiter un ami qui aime à
se
dire « un anarchiste catholique ». (Je le crois seul de son parti.) I
14
leurs armes ou leurs méthodes favorites. Le livre
s’
intitulera donc Crémation, liquidation, évaporation ! (Il prononça ces
15
as le symbole même de l’idéalisme : tout monte et
s’
épanouit vers le ciel ! Notez que, dans ce système, la démocratie para
16
ez, l’un est écrasé. Les deux qui restent, et qui
se
partagent le monde, se déclarent formellement démocrates. Donc, nous
17
s deux qui restent, et qui se partagent le monde,
se
déclarent formellement démocrates. Donc, nous voilà tous démocrates,
18
atie a perdu tout son pouvoir ! Une étiquette qui
s’
applique à tous les partis et à toutes les nations du globe ne signifi
19
vais vous en donner un exemple. Les Soviets, qui
se
disent démocrates, dénonçaient naguère encore la Suisse, qui est la p
20
lème numéro un de notre temps : car les problèmes
se
posent quand les choses s’en vont… c. Rougemont Denis de, « Tous d
21
ps : car les problèmes se posent quand les choses
s’
en vont… c. Rougemont Denis de, « Tous démocrates », Combat, Paris,
22
tés mortels. On verra bien comment ces cochons-là
se
comportent sous le feu, et savent mourir. Quel que soit le résultat
23
e résultat de l’opération, sur lequel nos savants
se
perdent en conjectures, j’en tire une conclusion définitive, quoique
24
la peine de remarquer, enfin, que pas une voix ne
s’
est élevée, du côté des fervents de l’Armée, pour protester contre une
25
es navires les membres du Congrès et du Sénat qui
se
seront déclarés en faveur de l’expérience de Bikini. d. Rougemont
26
d’Apocalypse. Mais dix mois ont passé, et rien ne
se
passe. Dieu soit loué, nous avons repris nos sens. Certains pressente
27
ins pressentent déjà que la bombe est en train de
se
dégonfler, pour ainsi dire. Après tout, nous devions le prévoir, car
28
u un précédent : la guerre des gaz. Tout le monde
s’
y préparait, vous rappelez-vous ? Dans toutes les capitales d’Europe,
29
capitales d’Europe, on voyait en 1939 les civils
se
promener avec leur boîte à masque en bandoulière. Eh bien, la guerre
30
st lui qui a fait la Bombe, et c’est lui seul qui
se
prépare à l’employer. Quand je vois qu’on nomme des comités pour la r
31
objet inerte ? C’est comme si tout d’un coup l’on
se
jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases de Chi
32
tranquille, elle ne fera rien, c’est clair. Elle
se
tiendra bien coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’h
33
, de source officielle, c’est que l’amiral Blandy
se
déclare satisfait. « L’expérience, déclare-t-il, a répondu à toutes n
34
e qu’elle soit aisément « estimable » : elle peut
se
chiffrer assez exactement, si l’on connaît le budget prévu pour le Dé
35
ples quant aux risques institués par la bombe. Il
se
peut que cette campagne ait été orchestrée par les services de l’Armé
36
nt unique. Il est certain que les savants sérieux
se
sont tous rangés du côté des adversaires de l’expérience. Trois jours
37
ar les services publicitaires de la Marine. Qu’on
se
rappelle, à ce sujet, les déclarations faites à la presse par les tro
38
ont tirés, l’humanité en général n’a pas lieu de
se
réjouir trop bruyamment de la survie des deux-cents cochons en unifor
39
ait être qu’une guerre civile que le genre humain
se
fait « à lui-même », les premières bases psychologiques d’une paix ré
40
s. Fatigués de leur innocence, voyant que l’herbe
se
faisait rare sous leurs pieds et qu’ils n’avaient plus de berger, aux
41
de chaleur d’une révolution encore lointaine, ils
se
sont jetés dans le premier parc venu, à gauche ou à droite, et depuis
42
s « intellectuels » français. Mais si le monde ne
s’
en porte pas mieux, l’intelligence n’y gagne guère. ⁂ Tant que les écr
43
es d’une culture dont l’ambition suprême était de
se
« distinguer » des contingences, ils étaient au moins purs dans leur
44
te individuel, n’est en réalité gratuit. Que tout
se
paye. Que notre liberté de penser n’importe quoi, sans tenir compte d
45
le monde abuse aujourd’hui. ⁂ Pour qu’une pensée
s’
engage dans le réel, il ne faut pas ni ne saurait suffire qu’elle se s
46
éel, il ne faut pas ni ne saurait suffire qu’elle
se
soumette à des réalités dont elle ignore ou répudie la loi interne :
47
de le transformer, donc finalement de le dominer.
S’
engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » s
48
finalement de le dominer. S’engager, ce n’est pas
se
mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorité.
49
esclave d’une doctrine, mais au contraire, c’est
se
libérer et assumer les risques de sa liberté. Il peut sembler paradox
50
’engagement. ⁂ Je l’ai dit ailleurs : un gant qui
se
retourne ne devient pas pour si peu une main vivante et agissante. Un
51
peu une main vivante et agissante. Un libéral qui
se
soumet aux directives d’un parti ne devient pas pour si peu un penseu
52
s libératrice et responsable du seul fait qu’elle
se
met « au service » d’une doctrine de lutte politique. Faire la révolu
53
nature, que l’effort de signer un manifeste ou de
s’
inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler de tels tru
54
pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais de
s’
attaquer à la forme de pensée d’où vont nécessairement sortir le fasci
55
la pensée libérale. Voyez donc comme nos libéraux
se
mettent d’eux-mêmes en rangs et marquent le pas dès qu’une menace se
56
mes en rangs et marquent le pas dès qu’une menace
se
précise contre les libertés françaises ! Le réflexe du libéral devant
57
ril, c’est de faire un fascisme. Fût-ce même pour
se
défendre du fascisme. Et peut-être surtout dans ce cas ! La panique d
58
tenant, tout est rentré dans l’ordre, les moutons
se
sont apaisés, et la situation s’éclaircit. Voici venir le temps des v
59
dre, les moutons se sont apaisés, et la situation
s’
éclaircit. Voici venir le temps des vrais dangers, c’est-à-dire des vr
60
ttéraires. De fait, si cette volonté d’engagement
s’
exprime souvent par des attitudes assez confuses, il est vrai néanmoin
61
rôle dans la société, mais aussi leur manière de
s’
exprimer. Denis de Rougemont, qui fut un des premiers à soutenir l’eng
62
en 1938, sous le titre : « Trop d’irresponsables
s’
engagent ».
63
leur et cette parfaite élégance du style. Mais là
se
borne la ressemblance. Ce jeune disciple du théologien protestant Kar
64
tatons avec stupeur que la France ne fait rien et
se
perd dans une sorte d’amer byzantinisme. Dans ces conditions, êtes-vo
65
a France n’est plus à la taille de ces géants qui
s’
affrontent. Elle est pauvre aussi et le monde actuel est sans pitié po
66
alysée, neutralisée par une double négation. Elle
se
refuse également à chacun des « blocs » mais elle ne sait pas à quoi
67
n des « blocs » mais elle ne sait pas à quoi elle
se
donnera. Il faut, précisément, reprend Denis de Rougemont, que cette
68
laquelle elle se trouve, et que ses refus mêmes,
s’
ils n’étaient pas exploités sur le plan passionnel, définiraient une a
69
n’est pas une « francisation » de l’Europe qu’il
s’
agit de réaliser, mais que la France devienne et soit la conscience d’
70
la conscience d’une Europe à naître. Voyez ce qui
se
passe en Suisse : nous autres romands, nous y sommes dans la proporti
71
e suis convaincu qu’ils n’ont qu’à y gagner. Mais
s’
ils persistent dans leur attitude ombrageuse, eh bien ! nous nous pass
72
t pour nous décider à agir. Je crois que l’Europe
se
fera, envers et contre tout et tous. Vous voyez que ma réponse est op
73
sible, résolus, où les tensions fécondes puissent
s’
exercer enfin librement. Un monde où l’on puisse « vivre ». j. Rou
74
et cette grande espérance la vocation de l’Europe
se
définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai génie
75
le grand témoin. La conquête suprême de l’Europe
s’
appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans la liberté.
76
pas grand-chose. Comment fédérer des nations qui
se
croient encore souveraines ? Voyons l’Histoire. Les Suisses ont réuss
77
ons la Suisse. Tout le monde croit l’avoir vue et
s’
en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son u
78
ns pour sceller son union fédérale. Tout le monde
se
trompe. Il a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Neuf mois po
79
nommée par la Diète dans son sein et au-dehors —
se
réunit pour la première fois. Elle décide de siéger à huis clos cinq
80
aucune des ruines prévues et dûment calculées ne
se
produisirent. L’essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’a pas fl
81
a cent-trois ans : il n’en est pas une seule qui
se
soit vérifiée, mais pas une seule non plus qui ne reparaisse dans la
82
upplier d’y réfléchir quelques minutes. La Suisse
s’
est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, p
83
isse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de
s’
arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’on peut aller très
84
la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux
se
persuader qu’on peut aller très vite. Car le temps fait beaucoup à l’
85
ie Seuls ceux qui veulent passionnément le but
se
résoudront aux compromis vitaux. Quant à ceux qui n’ont point cette p
86
nt cette passion de l’Europe, ceux dont le regard
s’
attarde aux obstacles à l’union, perdant de vue sa nécessité, il nous
87
u’on ne peut rien faire sans elle ». C’est qu’ils
se
prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les sonda
88
pris de scepticisme. Les deux tiers des Européens
se
déclarent pour l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’en fallut pas p
89
nion ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne peuvent
s’
associer à ces engagements téméraires avant d’avoir pris le temps d’ét
90
’avoir pris le temps d’étudier leur contenu et de
s’
être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolument à
91
bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on
se
contente d’affirmer des principes sans les mettre en pratique, cela n
92
ais cela en fait aux principes. Or une Europe qui
se
moque des principes vaut beaucoup moins qu’une Amérique qui les profe
93
r que de vous adjurer de la part des millions qui
se
taisent mais qui ont peur ? Pardonnez mes violences et mes impertinen
94
de l’Europe, de rester au contraire, de ne point
se
séparer avant d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe ! Des ra
95
r les intérêts puissants et parfois légitimes qui
se
révèlent contraires au salut de l’ensemble ? Je veux avoir parlé pour