1
tomique. Ils essaient d’enchaîner le monstre avec
des
agrafes de dossiers : « C’est un secret que nous gardons, c’est un dé
2
le monstre avec des agrafes de dossiers : « C’est
un
secret que nous gardons, c’est un dépôt sacré », disent-ils. Et sans
3
siers : « C’est un secret que nous gardons, c’est
un
dépôt sacré », disent-ils. Et sans l’avis d’aucun savant autorisé, il
4
nt. Je leur oppose le meilleur analyste américain
des
choses militaire dans cette guerre, et le corps unanime des savants.
5
militaire dans cette guerre, et le corps unanime
des
savants. M. Hanson W. Baldwin l’a fort bien expliqué dans le New York
6
is, ou les Danois peut-être. Et je ne connais pas
un
seul physicien qui n’ait nié expressément, et en toute occasion publi
7
u possible de la moindre défense effective contre
un
raid atomique par surprise. ⁂ Voici cependant l’état de l’opinion amé
8
faits. M. George Gallup vient d’établir que 71 %
des
citoyens de son pays « refusent de livrer le contrôle de la bombe aux
9
ut être gardé ». D’où je déduis que la proportion
des
Américains raisonnables (j’entends capables de rapprocher deux idées
10
s capables de rapprocher deux idées et d’en tirer
une
conclusion logique) est au plus de 35 %. Est-ce peu ou beaucoup pour
11
est au plus de 35 %. Est-ce peu ou beaucoup pour
un
peuple ? Je n’en jugerais qu’après un essai en Europe. Il est clair q
12
aucoup pour un peuple ? Je n’en jugerais qu’après
un
essai en Europe. Il est clair que l’opinion publique est égarée par s
13
rait ces procédés, leur mise en œuvre supposerait
un
état de mobilisation permanente qui, sous prétexte d’éviter la guerre
14
ous prétexte d’éviter la guerre, tuerait la paix.
Une
partie de la population serait employée à surveiller le ciel, l’autre
15
aque, nous ne saurons pas qui a tiré. Supposez qu’
un
petit pays, disons la Suisse, manufacture une douzaine de bombes. Ce
16
z qu’un petit pays, disons la Suisse, manufacture
une
douzaine de bombes. Ce n’est pas une question d’argent comme on le cr
17
manufacture une douzaine de bombes. Ce n’est pas
une
question d’argent comme on le croit (les grosses dépenses ont été fai
18
sez maintenant que ce petit pays, pour se tirer d’
un
mauvais pas, envoie deux ou trois bombes sur New York. (Je prends l’e
19
n n’aille pas y voir je ne sais quelle allusion à
des
circonstances trop réelles.) L’Amérique ne doute pas un instant que l
20
constances trop réelles.) L’Amérique ne doute pas
un
instant que les projectiles ne viennent de Russie. Il est trop tard p
21
iennent de Russie. Il est trop tard pour échanger
des
notes et des coups de chapeau haut de forme. Voilà Moscou et Kiev en
22
ssie. Il est trop tard pour échanger des notes et
des
coups de chapeau haut de forme. Voilà Moscou et Kiev en ruines dans l
23
ction. En vingt-quatre heures, l’Occident a vécu.
Un
éclair tombant du ciel bleu, — l’expression est devenue si vraie qu’e
24
devenue si vraie qu’elle a cessé de nous frapper.
Une
apathie étrange me semble s’établir dans les masses comme chez ceux q
25
Paralysie
des
hommes d’État (21 mai 1946)b Notre monde du milieu du xxe siècle
26
qu’on nomme les trois Grands. Ils se composent d’
un
loup déguisé en mouton et de deux moutons vêtus de leur vraie peau. C
27
rs paraissent impuissants à décréter les moyens d’
une
paix pourtant facile à concevoir : donner la Bombe au gouvernement mo
28
tuer les indigènes qui se révoltent à Java contre
un
impérialisme démodé. Truman voudrait la paix, car le commerce et l’in
29
et à la peur (elle-même créatrice de conflits) d’
un
conflit avec la Russie. Sans doute sont-ils tous les trois convaincus
30
non pas celle de la paix. Ils agissent donc comme
des
irresponsables, provoquant ce qu’ils veulent éviter. Et le public a l
31
vant le monde à unifier, ils paraissent frappés d’
un
vertige. Ils ne voient rien. Cette absence de pensée est plus dangere
32
ent, ils n’ont pas le temps. Pourquoi ? J’en vois
une
raison simple. Parce qu’ils gouvernent leur nation, et que c’est asse
33
leur nation, et que c’est assez ou même trop pour
un
homme, tandis que le problème est mondial. La Bombe est un cas intern
34
tandis que le problème est mondial. La Bombe est
un
cas international, qui ne peut être résolu qu’à une échelle planétair
35
n cas international, qui ne peut être résolu qu’à
une
échelle planétaire : or, ces messieurs sont absorbés par la défense d
36
s locaux dits nationaux, trente visites par jour,
des
inaugurations, des banquets et des nominations. Il est clair que, pou
37
naux, trente visites par jour, des inaugurations,
des
banquets et des nominations. Il est clair que, pour gouverner les nat
38
ites par jour, des inaugurations, des banquets et
des
nominations. Il est clair que, pour gouverner les nations, la premièr
39
ère condition requise est de n’être pas le chef d’
une
grande nation. Mais qui l’a dit, jusqu’à ce jour ? Chacun sait que l’
40
it, jusqu’à ce jour ? Chacun sait que l’arbitre d’
un
match n’est jamais le capitaine d’une des équipes. Qui l’a rappelé au
41
l’arbitre d’un match n’est jamais le capitaine d’
une
des équipes. Qui l’a rappelé au sujet des trois Grands ? Chacun sait
42
rbitre d’un match n’est jamais le capitaine d’une
des
équipes. Qui l’a rappelé au sujet des trois Grands ? Chacun sait que,
43
taine d’une des équipes. Qui l’a rappelé au sujet
des
trois Grands ? Chacun sait que, pour arbitrer la lutte entre les cont
44
entre les continents, il faut d’autres talents et
un
autre savoir que pour équilibrer les démocrates du Sud et ceux du Nor
45
ord en présence des républicains, tout en gardant
un
œil sur la gauche naissante, le Sénat, le Congrès, les fonctionnaires
46
orcé de les traiter d’usurpateurs. L’incompétence
des
commandants en chef n’est-elle pas jugée criminelle par l’opinion pub
47
ricains : — Imaginez-vous ce pays conduit non par
un
cabinet fédéral, mais par les gouverneurs des quarante-huit États de
48
par un cabinet fédéral, mais par les gouverneurs
des
quarante-huit États de l’Union ? — Ce serait absurde, me disent-ils.
49
que nous offre, à quelques nuances près, le plan
des
Nations unies. Vos États n’ont fait un pays qu’en unissant leurs peup
50
, le plan des Nations unies. Vos États n’ont fait
un
pays qu’en unissant leurs peuples, et non leurs chefs, qui se sont ef
51
s, et non leurs chefs, qui se sont effacés devant
un
pouvoir nouveau, sorti du peuple… Mais si l’on touche à l’idée de nat
52
trois hommes surchargés, débordés, qui n’ont pas
une
minute pour réfléchir, et qui représentent les intérêts de leur natio
53
t évident, car les visions de l’avenir naissent d’
un
loisir intense. Or, ils ont à recevoir des députés… Seule, une cour i
54
ssent d’un loisir intense. Or, ils ont à recevoir
des
députés… Seule, une cour internationale, formée d’hommes désignés par
55
tense. Or, ils ont à recevoir des députés… Seule,
une
cour internationale, formée d’hommes désignés par la voie populaire,
56
elle donner le choc nécessaire pour alerter enfin
une
opinion mondiale ? Avant ce début de juillet, puissent les trois Gran
57
rdre la boule ! Car le fait est qu’il n’y en a qu’
une
de boule, comme disait à peu près le regretté Willkie, et qu’une erre
58
omme disait à peu près le regretté Willkie, et qu’
une
erreur unique, désormais, pourrait la rendre folle à tout jamais. b
59
out jamais. b. Rougemont Denis de, « Paralysie
des
hommes d’État », Combat, Paris, 21 mai 1946, p. 1.
60
crates (22 mai 1946)c Je fus hier soir visiter
un
ami qui aime à se dire « un anarchiste catholique ». (Je le crois seu
61
fus hier soir visiter un ami qui aime à se dire «
un
anarchiste catholique ». (Je le crois seul de son parti.) Il avait l’
62
. (Je le crois seul de son parti.) Il avait l’air
un
peu nerveux. Voici notre conversation : Moi. — Contre qui écrivez-vo
63
ivez-vous aujourd’hui ? Lui. — Je fais le plan d’
une
trilogie sur les trois grands régimes politiques de ce siècle. Je vai
64
iquidation, évaporation ! (Il prononça ces mots d’
un
ton rageur, qui me fit éclater de rire.) Moi. — Quel beau programme
65
el beau programme ! Avouez que nous sortons enfin
des
petitesses de l’ère bourgeoise, succédant aux ténèbres du Moyen Âge.
66
nternational. Moi. — Pas d’accord ! Je distingue
un
espoir. Des trois régimes dont vous parlez, l’un est écrasé. Les deux
67
l. Moi. — Pas d’accord ! Je distingue un espoir.
Des
trois régimes dont vous parlez, l’un est écrasé. Les deux qui restent
68
lieu de défendre la Démocratie, en bloc, et comme
une
étiquette, contre ses adversaires déclarés, nous allions enfin pouvoi
69
table de la démocratie, sans passer aussitôt pour
des
fascistes. Lui. — Autant dire que votre mot démocratie a perdu tout
70
e votre mot démocratie a perdu tout son pouvoir !
Une
étiquette qui s’applique à tous les partis et à toutes les nations du
71
ons du globe ne signifie plus rien. Ou bien c’est
un
mensonge et une hypocrisie. Je vais vous en donner un exemple. Les So
72
signifie plus rien. Ou bien c’est un mensonge et
une
hypocrisie. Je vais vous en donner un exemple. Les Soviets, qui se di
73
ensonge et une hypocrisie. Je vais vous en donner
un
exemple. Les Soviets, qui se disent démocrates, dénonçaient naguère e
74
’elle répugne, entre autres, à la nationalisation
des
banques. Peut-être a-t-elle tort, mais on n’a pas manqué de répondre
75
otre effort, désormais, non plus sur la défense d’
un
mot, d’un terme vague que personne n’attaque, mais sur la définition
76
t, désormais, non plus sur la défense d’un mot, d’
un
terme vague que personne n’attaque, mais sur la définition d’une réal
77
que personne n’attaque, mais sur la définition d’
une
réalité que ce terme symbolise et parfois dissimule : qu’est-ce que l
78
débat. Si nous le reconnaissons, nous aurons fait
un
grand progrès, le seul peut-être que la guerre pouvait permettre… Lu
79
e. La liberté est certainement le problème numéro
un
de notre temps : car les problèmes se posent quand les choses s’en vo
80
1945-1946, le gouvernement américain fit annoncer
une
expérience sensationnelle : au mois de mai ou de juillet, une ou deux
81
ce sensationnelle : au mois de mai ou de juillet,
une
ou deux bombes seraient jetées sur une flotte de cent bâtiments de gu
82
e juillet, une ou deux bombes seraient jetées sur
une
flotte de cent bâtiments de guerre réunie dans la baie de Bikini, Pac
83
réparatifs de l’expérience, j’en retiens deux. 1°
Une
mission de savants américains formée de quatorze biologistes, botanis
84
le de Bikini. L’objet de la mission est d’établir
un
relevé complet de tous les êtres vivants sur l’île. C’est une mission
85
omplet de tous les êtres vivants sur l’île. C’est
une
mission fort analogue que Noé reçut du Seigneur peu de temps avant le
86
irrésistiblement, à la légende de l’arche de Noé.
Une
précision supplémentaire, à propos des cochons : l’on a remarqué que
87
propos des cochons : l’on a remarqué que la peau
des
cochons est fort semblable à celle de l’homme. La sensibilité de l’un
88
, d’uniformes réguliers de la marine, imprégnés d’
une
substance capable d’absorber les rayons gamma. Ceux-ci, comme vous le
89
nos savants se perdent en conjectures, j’en tire
une
conclusion définitive, quoique préalable. Pour la première, fois dans
90
, fois dans l’Histoire, l’uniforme sera porté par
des
cochons, au sens le plus scientifique de ce terme. Quand je vous disa
91
je vous disais que la guerre est morte, la guerre
des
militaires, la vraie ! Quand je vous disais que ses règles sacrées so
92
er. Il vaut la peine de remarquer, enfin, que pas
une
voix ne s’est élevée, du côté des fervents de l’Armée, pour protester
93
enfin, que pas une voix ne s’est élevée, du côté
des
fervents de l’Armée, pour protester contre une profanation si littéra
94
té des fervents de l’Armée, pour protester contre
une
profanation si littéralement éclatante. Au contraire, toute la résist
95
dire, du côté opposé. C’est la Ligue protectrice
des
animaux d’un des États de l’Est de l’Amérique qui a pris l’initiative
96
opposé. C’est la Ligue protectrice des animaux d’
un
des États de l’Est de l’Amérique qui a pris l’initiative d’un mouveme
97
posé. C’est la Ligue protectrice des animaux d’un
des
États de l’Est de l’Amérique qui a pris l’initiative d’un mouvement d
98
de l’Est de l’Amérique qui a pris l’initiative d’
un
mouvement d’opinion contre les essais projetés. Cette Ligue demande q
99
de sacrifier tant d’innocentes victimes, et dans
une
posture si ridicule, on place sur les navires les membres du Congrès
100
Post-scriptum (24 mai 1946)e
Un
dernier mot. (Et dire que j’allais l’oublier !) La Bombe n’est pas da
101
énements qui nous menacent à bout portant. La fin
des
armées, par exemple. Mais cela ne serait rien encore, quoi qu’en pens
102
’Hiroshima nous ait jetés pour quelque temps dans
un
état d’esprit d’Apocalypse. Mais dix mois ont passé, et rien ne se pa
103
out, nous devions le prévoir, car nous avons vécu
un
précédent : la guerre des gaz. Tout le monde s’y préparait, vous rapp
104
oir, car nous avons vécu un précédent : la guerre
des
gaz. Tout le monde s’y préparait, vous rappelez-vous ? Dans toutes le
105
boîte à masque en bandoulière. Eh bien, la guerre
des
gaz n’a pas eu lieu, parce que tout le monde en avait une peur bleue,
106
n’a pas eu lieu, parce que tout le monde en avait
une
peur bleue, et que personne, même pas Hitler, n’a eu le courage de co
107
cours aux gaz, c’est entendu. Mais pensez-vous qu’
une
timidité subite l’ait arrêté, ou quelque amour tardif de notre humani
108
ster, c’est-à-dire jouera militairement le rôle d’
une
bataille décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l’agresseur
109
entuel. Car nos scrupules naissent, en général, d’
une
rapide évaluation des conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes, de nos
110
les naissent, en général, d’une rapide évaluation
des
conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’emploi de
111
tes-vous : la Bombe n’est pas dangereuse ? — Pour
une
raison très simple. La Bombe est un objet. Les objets ne sont jamais
112
use ? — Pour une raison très simple. La Bombe est
un
objet. Les objets ne sont jamais dangereux. ⁂ Ce qui est dangereux, h
113
e prépare à l’employer. Quand je vois qu’on nomme
des
comités pour la retenir ! Comme si elle était tombée du ciel, animée
114
du ciel, animée de mauvaises intentions ! C’est d’
un
comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que l’on discute à longueu
115
ontrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout d’
un
coup l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser les
116
C’est comme si tout d’un coup l’on se jetait sur
une
chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases de Chine. Si on laiss
117
e donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est
un
contrôle de l’homme. — Ah ! ça, c’est une autre question. — C’est la
118
t, c’est un contrôle de l’homme. — Ah ! ça, c’est
une
autre question. — C’est la question de l’Autre. C’est la seule. On ne
119
bien le progrès le plus sensationnel du siècle. —
Un
progrès ? — Oui, j’appelle ainsi tout ce qui nous rapproche des vraie
120
— Oui, j’appelle ainsi tout ce qui nous rapproche
des
vraies questions, et nous oblige à y faire face. e. Rougemont Deni
121
1946)f g À l’heure qu’il est, on ne sait rien
des
cochons. Peut-être les prières dites en l’église de Carliste, en Angl
122
u à toutes nos espérances. Nous comptons en tirer
des
renseignements d’une valeur inestimable. » On ne saurait mieux dire,
123
nces. Nous comptons en tirer des renseignements d’
une
valeur inestimable. » On ne saurait mieux dire, étant un amiral. Oui,
124
ur inestimable. » On ne saurait mieux dire, étant
un
amiral. Oui, l’expérience a répondu à l’espérance des amiraux du mond
125
amiral. Oui, l’expérience a répondu à l’espérance
des
amiraux du monde entier, qui est, en somme, de rester des amiraux. Et
126
aux du monde entier, qui est, en somme, de rester
des
amiraux. Et sa valeur ne saurait être exagérée, encore qu’elle soit a
127
ur le Département de la Marine américaine. Depuis
des
mois, de nombreux organes de la grande presse américaine mettaient en
128
Bikini. Tout cela n’était, nous disaient-ils, qu’
un
complot pseudo-scientifique pour démontrer la valeur éternelle des cu
129
o-scientifique pour démontrer la valeur éternelle
des
cuirassés et porte-avions. Le grand danger, le vrai danger de l’expér
130
’était qu’elle ratât, conformément aux prévisions
des
amiraux, et qu’elle rassurât faussement les peuples quant aux risques
131
e les savants sérieux se sont tous rangés du côté
des
adversaires de l’expérience. Trois jours avant le lancement de la bom
132
enheimer, qui fut le chef et la cheville ouvrière
des
expériences du Nouveau-Mexique et de l’ensemble du « Projet Manhattan
133
aites à la presse par les trois plus grands chefs
des
forces armées américaines, au cours de l’hiver dernier. « La bombe ne
134
à qui est fait. Sur quoi le général Arnold, après
des
phrases de condoléances sur les fantassins et les marins, suggérait q
135
avants. Or, les savants persistent à nous prédire
des
catastrophes continentales, pour le jour de la grande expérience d’un
136
inentales, pour le jour de la grande expérience d’
une
explosion atomique sous-marine. Ils jugent la bombe du type Nagasaki
137
s lieu de se réjouir trop bruyamment de la survie
des
deux-cents cochons en uniformes. Les habitants d’Hiroshima n’ont pas
138
ts. Et le seul moyen d’accélérer l’instauration d’
un
tel gouvernement — qui pourrait être l’ONU si elle existait autrement
139
avec toutes nos complicités et ne saurait être qu’
une
guerre civile que le genre humain se fait « à lui-même », les premièr
140
lui-même », les premières bases psychologiques d’
une
paix réelle seront posées. f. Rougemont Denis de, « Bikini bluff »
141
1946)h i Chose étrange, le 6 février 1934 fut
une
date de l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des moutons en
142
de l’histoire littéraire : elle inaugura le temps
des
moutons enragés. Fatigués de leur innocence, voyant que l’herbe se fa
143
’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’
une
révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier parc v
144
, à gauche ou à droite, et depuis lors y bêlent d’
une
voix aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes. I
145
ent d’une voix aigre et anxieuse, tout en signant
une
quantité de manifestes. Ils ont signé pour le négus et contre lui ; p
146
égus et contre lui ; pour le chef bien-aimé, Père
des
peuples, et pour ses innocentes victimes, vipères lubriques ; pour Fr
147
, contre le Japon, à propos du tsar, à M. Bénès ;
des
deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix, d’une fa
148
n, à propos du tsar, à M. Bénès ; des deux mains,
des
quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille et d’un m
149
deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés, d’
une
croix, d’une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de rétic
150
es quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix, d’
une
faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un
151
les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille et d’
un
marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’un n
152
marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’
un
nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte com
153
c plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’
un
nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte commis dans le mond
154
u, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas
un
acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été vertement
155
s quatre ans, qui n’ait été vertement dénoncé pas
des
« intellectuels » français. Mais si le monde ne s’en porte pas mieux,
156
es conflits et refusaient d’être considérés comme
des
citoyens responsables, ils étaient au moins en accord avec l’esprit g
157
vec l’esprit général de l’époque : intelligence d’
un
côté, action de l’autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires d
158
tre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires d’
une
culture dont l’ambition suprême était de se « distinguer » des contin
159
ont l’ambition suprême était de se « distinguer »
des
contingences, ils étaient au moins purs dans leur erreur. Les modalit
160
Et leur style traduisait fidèlement les nuances d’
une
pensée détachée, irresponsable par définition. Il n’y a pas que du ma
161
mporte quoi, sans tenir compte de l’époque, était
une
illusion entretenue par l’apparente paix sociale, mais que l’échéance
162
contractées par l’esprit ne laissaient même plus
une
possibilité de concordat. Déjà les dictatures réglaient les comptes.
163
arler d’esprit, je désarme mon revolver », disait
un
officier nazi. Les staliniens faisaient de même en présence du libéra
164
ité totalitaire. On nous propose donc de défendre
une
maladie contre la mort, à quoi elle mène nécessairement. Au lieu de n
165
elle mène nécessairement. Au lieu de nous refaire
une
santé. Au lieu de nous proposer une cure de désintoxication énergique
166
nous refaire une santé. Au lieu de nous proposer
une
cure de désintoxication énergique. Au lieu de rechercher les moyens d
167
t dont tout le monde abuse aujourd’hui. ⁂ Pour qu’
une
pensée s’engage dans le réel, il ne faut pas ni ne saurait suffire qu
168
t pas ni ne saurait suffire qu’elle se soumette à
des
réalités dont elle ignore ou répudie la loi interne : la tactique d’u
169
ignore ou répudie la loi interne : la tactique d’
un
parti par exemple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et pa
170
as dans l’utilisation accidentelle et partisane d’
une
pensée que réside son engagement. C’est, au contraire, dans sa démarc
171
utôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’
une
mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir e
172
st pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’
une
tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’une doctri
173
politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’
une
doctrine, mais au contraire, c’est se libérer et assumer les risques
174
sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’
une
pensée suppose sa libération. En vérité, c’est le libéralisme qui a r
175
a répandu l’idée que l’engagement ne peut être qu’
un
esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les libérau
176
seurs les plus violemment libres du xixe siècle,
un
Nietzsche, un Kierkegaard, un Baudelaire1, ont été les plus violemmen
177
violemment libres du xixe siècle, un Nietzsche,
un
Kierkegaard, un Baudelaire1, ont été les plus violemment engagés dans
178
es du xixe siècle, un Nietzsche, un Kierkegaard,
un
Baudelaire1, ont été les plus violemment engagés dans la réalité. Et
179
s à ce mot d’engagement. ⁂ Je l’ai dit ailleurs :
un
gant qui se retourne ne devient pas pour si peu une main vivante et a
180
n gant qui se retourne ne devient pas pour si peu
une
main vivante et agissante. Un libéral qui se soumet aux directives d’
181
nt pas pour si peu une main vivante et agissante.
Un
libéral qui se soumet aux directives d’un parti ne devient pas pour s
182
ssante. Un libéral qui se soumet aux directives d’
un
parti ne devient pas pour si peu un penseur engagé. Et il ne faudrait
183
directives d’un parti ne devient pas pour si peu
un
penseur engagé. Et il ne faudrait pas que ces trahisons insignes ridi
184
insignes ridiculisent toute espèce d’engagement.
Une
pensée qui, par sa nature et son mouvement originel, est libérale, ir
185
able du seul fait qu’elle se met « au service » d’
une
doctrine de lutte politique. Faire la révolution, cela demande un eff
186
utte politique. Faire la révolution, cela demande
un
effort un peu plus grand, et d’une autre nature, que l’effort de sign
187
ique. Faire la révolution, cela demande un effort
un
peu plus grand, et d’une autre nature, que l’effort de signer un mani
188
n, cela demande un effort un peu plus grand, et d’
une
autre nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire da
189
nd, et d’une autre nature, que l’effort de signer
un
manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit de r
190
er un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’
une
ligue. On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien for
191
nçaise. Précisons donc encore : la première tâche
des
intellectuels qui ont compris le péril totalitaire (de droite ou de g
192
nt d’eux-mêmes en rangs et marquent le pas dès qu’
une
menace se précise contre les libertés françaises ! Le réflexe du libé
193
éflexe du libéral devant le péril, c’est de faire
un
fascisme. Fût-ce même pour se défendre du fascisme. Et peut-être surt
194
vrais libéraux, irresponsables nés2, égarés pour
un
temps dans les voies de « l’engagement » politique, et faisant amende
195
et la situation s’éclaircit. Voici venir le temps
des
vrais dangers, c’est-à-dire des vraies luttes et des vrais engagement
196
ci venir le temps des vrais dangers, c’est-à-dire
des
vraies luttes et des vrais engagements. 1. Baudelaire voulait que l
197
vrais dangers, c’est-à-dire des vraies luttes et
des
vrais engagements. 1. Baudelaire voulait que la critique des poètes
198
agements. 1. Baudelaire voulait que la critique
des
poètes — qu’il opposait à celle des philosophes libéraux — fût partia
199
e la critique des poètes — qu’il opposait à celle
des
philosophes libéraux — fût partiale, pleine de partis pris, et même p
200
ngagement” politique connaît depuis quelques mois
une
extrême faveur dans les milieux intellectuels et littéraires. De fait
201
cette volonté d’engagement s’exprime souvent par
des
attitudes assez confuses, il est vrai néanmoins que les impératifs pa
202
nous pensé qu’il serait intéressant de demander à
un
certain nombre d’écrivains leur opinion sur un problème qui met en ca
203
à un certain nombre d’écrivains leur opinion sur
un
problème qui met en cause, non seulement leur responsabilité et leur
204
anière de s’exprimer. Denis de Rougemont, qui fut
un
des premiers à soutenir l’engagement intellectuel, notamment dans son
205
ère de s’exprimer. Denis de Rougemont, qui fut un
des
premiers à soutenir l’engagement intellectuel, notamment dans son ess
206
ssant de souligner qu’il fut écrit et publié dans
une
revue en 1938, sous le titre : « Trop d’irresponsables s’engagent ».
207
protestant Karl Barth, venu conquérir Paris voici
une
quinzaine d’années et que des ouvrages brillants et profonds comme P
208
nquérir Paris voici une quinzaine d’années et que
des
ouvrages brillants et profonds comme Penser avec les mains et L’Am
209
ent bien vite au premier rang, est le contraire d’
un
amuseur. Pendant la guerre, il a mené le bon combat à l’émission « La
210
tupeur que la France ne fait rien et se perd dans
une
sorte d’amer byzantinisme. Dans ces conditions, êtes-vous tenté de re
211
ier, comme nous-mêmes, attend encore de la France
une
initiative de salut. Sans doute, cette initiative ne saurait être pol
212
t sans pitié pour les pauvres. La France a besoin
des
États-Unis pour sa subsistance et elle est entravée dans ses démarche
213
uniste. Elle donne ainsi l’impression d’être sous
une
double dépendance. Ce n’est donc pas de ses dirigeants que nous atten
214
ce française est comme paralysée, neutralisée par
une
double négation. Elle se refuse également à chacun des « blocs » mais
215
ouble négation. Elle se refuse également à chacun
des
« blocs » mais elle ne sait pas à quoi elle se donnera. Il faut, préc
216
de Rougemont, que cette double négation devienne
une
affirmation, sous peine de voir le monde entier sombrer avec vous dan
217
désespoir. Comment ? Je vais d’abord vous confier
une
chose : je ne crois pas aux « blocs ». C’est une invention des propag
218
une chose : je ne crois pas aux « blocs ». C’est
une
invention des propagandes. Ils n’existent que dans la mesure où on ve
219
e ne crois pas aux « blocs ». C’est une invention
des
propagandes. Ils n’existent que dans la mesure où on veut bien leur a
220
as exploités sur le plan passionnel, définiraient
une
affirmation ? J’en suis convaincu. La tâche française — encore une fo
221
is » comme le voulait Barrès, c’est non seulement
une
faute de méthode mais aussi une faute de français. Il faut donc que l
222
est non seulement une faute de méthode mais aussi
une
faute de français. Il faut donc que l’affirmation française, si elle
223
immédiatement son champ d’action. Je n’en vois qu’
un
mais il est immense et à sa portée : l’Europe. C’est seulement par l’
224
nous en prenions conscience : nous ne sommes pas
des
petits garçons, nous sommes aussi forts et aussi riches de possibilit
225
si forts et aussi riches de possibilités qu’aucun
des
« colosses » du monde. Mais il faut que nous existions et que nous sa
226
actif » Cette Europe unie, sous l’impulsion d’
une
nation, n’est-ce pas le rêve de Napoléon ou de Hitler ? Bien entendu.
227
dent que le rôle de la France ne sera pas celui d’
un
conquérant. Le voudrait-elle qu’elle n’en a pas les moyens. Ce n’est
228
-elle qu’elle n’en a pas les moyens. Ce n’est pas
une
« francisation » de l’Europe qu’il s’agit de réaliser, mais que la Fr
229
is que la France devienne et soit la conscience d’
une
Europe à naître. Voyez ce qui se passe en Suisse : nous autres romand
230
utres romands, nous y sommes dans la proportion d’
un
tiers contre deux tiers, et pourtant notre minorité y est particulièr
231
st particulièrement active. C’est que nous sommes
un
pays fédéraliste. Le fédéralisme n’est pas un système de la quantité,
232
mes un pays fédéraliste. Le fédéralisme n’est pas
un
système de la quantité, mais de la qualité. Et croyez-vous cette Euro
233
ent. Les Américains ne demandent pas mieux : pour
des
raisons d’intérêt, sans doute, mais dont nous devons profiter. Quant
234
n’y aura jamais d’âge d’or. Je demande simplement
un
monde où les vrais problèmes soient discutés et, si possible, résolus
235
ions fécondes puissent s’exercer enfin librement.
Un
monde où l’on puisse « vivre ». j. Rougemont Denis de, « [Entreti
236
fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à
une
défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résou
237
lèmes que lui pose l’économie moderne. À défaut d’
une
union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera dema
238
à l’unification forcée, soit par l’intervention d’
un
empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure
239
on d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’
un
parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui soit
240
parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre
une
action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous po
241
re temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu
un
si puissant rassemblement d’hommes libres. Jamais la guerre, la peur,
242
eur, et la misère n’auront été mises en échec par
un
plus formidable adversaire. Entre ce grand péril et cette grande espé
243
d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche, la voie
des
libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pou
244
’invention pour la défense et pour l’illustration
des
droits et des devoirs de la personne humaine, dont, malgré toutes ses
245
r la défense et pour l’illustration des droits et
des
devoirs de la personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélités,
246
tous que nous, Européens, rassemblés pour donner
une
voix à tous les peuples de ce continent, déclarons solennellement not
247
ions adoptées par notre Congrès : 1° Nous voulons
une
Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des
248
due dans toute son étendue à la libre circulation
des
hommes, des idées et des biens. 2° Nous voulons une Charte des droits
249
te son étendue à la libre circulation des hommes,
des
idées et des biens. 2° Nous voulons une Charte des droits de l’homme,
250
e à la libre circulation des hommes, des idées et
des
biens. 2° Nous voulons une Charte des droits de l’homme, garantissant
251
s hommes, des idées et des biens. 2° Nous voulons
une
Charte des droits de l’homme, garantissant les libertés de pensée, de
252
es idées et des biens. 2° Nous voulons une Charte
des
droits de l’homme, garantissant les libertés de pensée, de réunion et
253
on et d’expression, ainsi que le libre exercice d’
une
opposition politique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable d’a
254
rcice d’une opposition politique. 3° Nous voulons
une
Cour de justice capable d’appliquer les sanctions nécessaires pour qu
255
ur que soit respectée la Charte. 4°) Nous voulons
une
Assemblée européenne, où soient représentées les forces vives de tout
256
salut public, suprême chance de la paix et gage d’
un
grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront. l.
257
bien ne signifie pas grand-chose. Comment fédérer
des
nations qui se croient encore souveraines ? Voyons l’Histoire. Les Su
258
Au début de 1848, la Confédération n’était qu’
un
pacte d’alliance entre vingt-cinq États absolument souverains. Point
259
commercial entre cantons, point de représentation
des
peuples. Un seul organe commun, la Diète, sorte de Comité des ministr
260
tre cantons, point de représentation des peuples.
Un
seul organe commun, la Diète, sorte de Comité des ministres, composé
261
Un seul organe commun, la Diète, sorte de Comité
des
ministres, composé de plénipotentiaires agissant au nom des États et
262
res, composé de plénipotentiaires agissant au nom
des
États et prenant leurs rares décisions à la majorité des trois-quarts
263
ts et prenant leurs rares décisions à la majorité
des
trois-quarts. Pratiquement : le « veto » paralysant un corps consulta
264
ois-quarts. Pratiquement : le « veto » paralysant
un
corps consultatif aux compétences douteuses et jalousement restreinte
265
bres. Niera-t-on que ce fût là, trait pour trait,
un
état comparable à celui de notre Europe, sauf pour le péril extérieur
266
’était rien au regard de celui que nous courons ?
Une
partie de l’opinion réclamait une autorité fédérale, dotée de pouvoir
267
nous courons ? Une partie de l’opinion réclamait
une
autorité fédérale, dotée de pouvoirs limités mais réels. Rien d’autre
268
ndie, que l’eau peut abîmer les meubles. Il y eut
une
guerre civile entre cantons, qui fit voir l’impuissance du pacte. Il
269
ns, qui fit voir l’impuissance du pacte. Il y eut
un
long branle-bas de sociétés, de mouvements, de projets, de discours e
270
cours et de vœux. À la faveur de cette agitation,
un
petit groupe de jeunes chefs enthousiastes fit adopter par la Diète l
271
housiastes fit adopter par la Diète le principe d’
une
révision profonde du pacte. En 1847, notons-le, rien ne semblait « pr
272
tons-le, rien ne semblait « praticable » aux yeux
des
réalistes. (Nous en sommes là en 1950.) La décision survint l’année s
273
Constitution est acceptée par près de deux tiers
des
États et plus de deux tiers des citoyens votants. Le 16 novembre, le
274
rès de deux tiers des États et plus de deux tiers
des
citoyens votants. Le 16 novembre, le premier Conseil fédéral, organe
275
en fonction. Le drapeau suisse est arboré à côté
des
drapeaux des cantons. Aucun des troubles graves, aucune des ruines pr
276
Le drapeau suisse est arboré à côté des drapeaux
des
cantons. Aucun des troubles graves, aucune des ruines prévues et dûme
277
est arboré à côté des drapeaux des cantons. Aucun
des
troubles graves, aucune des ruines prévues et dûment calculées ne se
278
ux des cantons. Aucun des troubles graves, aucune
des
ruines prévues et dûment calculées ne se produisirent. L’essor que pr
279
la Suisse, dès cet instant, n’a pas fléchi durant
un
siècle. Messieurs les députés, neuf mois avaient suffi pour fédérer 2
280
erains. Pensez-vous que l’Histoire vous en laisse
un
peu plus, pour unir vos États dans un plus grand péril ? Vous me d
281
s en laisse un peu plus, pour unir vos États dans
un
plus grand péril ? Vous me direz… Vous me direz que l’Europe es
282
rope est plus grande que la Suisse ; qu’il fallut
une
bonne guerre pour briser le tabou des souverainetés cantonales absolu
283
u’il fallut une bonne guerre pour briser le tabou
des
souverainetés cantonales absolues ; que les cantons suisses vivaient
284
que les cantons suisses vivaient ensemble depuis
des
siècles ; que les problèmes économiques sont plus complexes ; et qu’o
285
nse, nos modestes sagesses et les folies sublimes
des
grandes nations contemporaines. Mais il n’est pas exact que l’Europe
286
fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou
des
Grisons à Berne. Pour la guerre entre vos pays, les deux dont vous so
287
es petits voisins paysans. Les sombres prévisions
des
réalistes quant aux effets d’une union « trop rapide » remplissaient
288
mbres prévisions des réalistes quant aux effets d’
une
union « trop rapide » remplissaient nos journaux, il y a cent-trois a
289
journaux, il y a cent-trois ans : il n’en est pas
une
seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non plus qui ne repara
290
est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas
une
seule non plus qui ne reparaisse dans la bouche même de ceux qui affi
291
êmes quoi qu’il arrive, c’est qu’elles traduisent
une
certaine forme d’esprit, une cécité partielle devant les leçons de l’
292
qu’elles traduisent une certaine forme d’esprit,
une
cécité partielle devant les leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’une
293
devant les leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’
une
raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés, n’ou
294
e retrouvera : c’est le temps de modifier non pas
des
paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’Armée rouge. n. Rougem
295
otre ami Denis de Rougemont écrivit à l’intention
des
députés réunis à Strasbourg. La session d’été de l’Assemblée européen
296
ces lettres d’avertissement demeurent. Et il y a
un
redoutable abîme entre les propositions de Denis de Rougemont et les
297
opositions de Denis de Rougemont et les résultats
des
travaux de Strasbourg. On trouvera ici, demain, le second extrait de
298
nt leur parti pris de scepticisme. Les deux tiers
des
Européens se déclarent pour l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’en
299
et l’autre qui les laisse tomber ; l’une qui fait
des
discours, l’autre qui vote. La première est exactement ce que la pres
300
n sûr, mais elle n’a pu parler que dans le secret
des
urnes. L’opinion d’aujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe. Mais elle
301
le laissera parler les sceptiques parler « au nom
des
masses » dans l’indifférence générale. Elle laissera le Conseil de l’
302
res préalables tendant à renforcer le sentiment d’
une
Solidarité qui ne saurait nuire à « l’achèvement d’une union plus int
303
olidarité qui ne saurait nuire à « l’achèvement d’
une
union plus intime entre ses membres ». Les manchettes des journaux pa
304
n plus intime entre ses membres ». Les manchettes
des
journaux parleront d’un « pas important vers l’union ». Et les Anglai
305
embres ». Les manchettes des journaux parleront d’
un
« pas important vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne peu
306
de l’Europe, solidement retranché dans le domaine
des
principes, a fait jusqu’ici pratiquement plus de mal que de bien à no
307
us. On me dira que si l’on se contente d’affirmer
des
principes sans les mettre en pratique, cela ne fait de mal à personne
308
l à personne. Mais cela en fait aux principes. Or
une
Europe qui se moque des principes vaut beaucoup moins qu’une Amérique
309
en fait aux principes. Or une Europe qui se moque
des
principes vaut beaucoup moins qu’une Amérique qui les professe, et ne
310
qui se moque des principes vaut beaucoup moins qu’
une
Amérique qui les professe, et ne vaut rien en face des Russes qui les
311
rien en face des Russes qui les assènent. Il faut
des
actes, dit-on. La phrase est vague. Les actes sont parfois plus vains
312
s sont parfois plus vains que les paroles. Lancer
un
timbre européen, ce serait un acte enfin, quelque chose de concret. E
313
les paroles. Lancer un timbre européen, ce serait
un
acte enfin, quelque chose de concret. Et je me garde de sous-estimer
314
cret. Et je me garde de sous-estimer la puissance
des
philatélistes. Mais si Strasbourg accouche d’un timbre-poste, nous se
315
des philatélistes. Mais si Strasbourg accouche d’
un
timbre-poste, nous serons un peu déçus, et Staline très content. Voic
316
trasbourg accouche d’un timbre-poste, nous serons
un
peu déçus, et Staline très content. Voici l’acte que je vous propose,
317
s pour consultation. Décidez de vous faire élire.
Un
raisonnement très simple appuie cette suggestion. On ne fera pas l’Eu
318
e fédération. On n’informera pas les peuples sans
une
propagande massive. Personne n’a les moyens de la financer. La seule
319
la financer. La seule solution concevable, c’est
une
campagne électorale organisée par les États, en vue de nommer leurs d
320
x et ouvriers. Il en résultera dans nos provinces
une
campagne d’agitation, d’émulation, de polémique européenne, que nulle
321
La condition à la fois nécessaire et suffisante d’
une
telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’elle comporte un
322
’est de faire sentir aux peuples qu’elle comporte
un
enjeu, et que leur sort peut changer, matériellement aussi, selon l’i
323
peut changer, matériellement aussi, selon l’issue
des
élections. En d’autres termes, il faut que le Parlement issu des élec
324
En d’autres termes, il faut que le Parlement issu
des
élections ait quelque chose à faire. Qu’un but concret soit assigné à
325
issu des élections ait quelque chose à faire. Qu’
un
but concret soit assigné à ses travaux. Je n’en vois pour ma part qu’
326
signé à ses travaux. Je n’en vois pour ma part qu’
un
seul : discuter et voter un projet bien précis de Constitution fédéra
327
vois pour ma part qu’un seul : discuter et voter
un
projet bien précis de Constitution fédérale de l’Europe. Si vous acce
328
vide et l’indifférence ; et devant vous, le rire
des
hommes d’acier. Si vous me dites que c’est prématuré, je vous supplie
329
visée, devant toutes les menaces que vous savez :
un
régime social déficient, le chômage étendu, la ruine à bref délai, le
330
, faut-il vous dire encore que je ne suis rien qu’
une
voix presque désespérée, et sans autre pouvoir que de vous adjurer de
331
ne vous écrirais pas si je ne savais très bien qu’
une
partie d’entre vous m’approuve et qu’une autre ne dit pas non. Dans u
332
bien qu’une partie d’entre vous m’approuve et qu’
une
autre ne dit pas non. Dans un mouvement de passion, je m’écriais l’au
333
s m’approuve et qu’une autre ne dit pas non. Dans
un
mouvement de passion, je m’écriais l’autre jour : si vous ne voulez r
334
séparer avant d’avoir dressé, pour notre espoir,
un
signe ! Des raisons de vivre ! Vous n’êtes pas encore l’espoir
335
d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe !
Des
raisons de vivre ! Vous n’êtes pas encore l’espoir des peuples lib
336
ons de vivre ! Vous n’êtes pas encore l’espoir
des
peuples libres, ni des peuples muets de l’Est européen. Mais vous pou
337
n’êtes pas encore l’espoir des peuples libres, ni
des
peuples muets de l’Est européen. Mais vous pouvez le devenir et sonne
338
votre sage audace. Car si l’Europe unie n’est pas
un
grand espoir renaissant dans le cœur des masses, aucune armée du mond
339
n’est pas un grand espoir renaissant dans le cœur
des
masses, aucune armée du monde ne pourra la défendre. Personne ne veut
340
ra la défendre. Personne ne veut mourir, que pour
des
raisons de vivre. Mozart n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n
341
e pour des raisons de vivre. Mozart n’en est plus
une
pour les chômeurs. Et ce n’est pas une secte politique, une doctrine
342
n est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas
une
secte politique, une doctrine partisane ou une autre, qui résoudra le
343
es chômeurs. Et ce n’est pas une secte politique,
une
doctrine partisane ou une autre, qui résoudra le problème du chômage,
344
as une secte politique, une doctrine partisane ou
une
autre, qui résoudra le problème du chômage, mais l’union de nos sacri
345
arlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous propose
une
autre solution que l’Autorité fédérale, souveraine au-dessus des État
346
ion que l’Autorité fédérale, souveraine au-dessus
des
États. Messieurs les députés européens, je vous salue d’un vœu qui vo
347
Messieurs les députés européens, je vous salue d’
un
vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l’a
348
elui de tous nos peuples aux écoutes de l’avenir,
un
vœu mêlé d’angoisse et d’espérance : méritez votre nom, faites-vous é
349
: « Nous publions aujourd’hui le deuxième extrait
des
cinq Lettres aux députés européens que Denis de Rougemont écrivit à