1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 comme en Russie). Ensuite il a donné une réponse à l’exigence religieuse des peuples, déçue par les Églises chrétiennes.
2 eul exemple mais significatif. En Italie, de 1920 à 1922, le parti socialiste était le plus important : 35 % des électeur
3 s groupes montés sur des camions mettaient le feu à la bourse du travail, extorquaient la démission du maire socialiste o
4 is, banquiers et dirigeants de trusts. C’est donc à une complicité quasi universelle que le fascisme a dû de s’emparer de
5 osa aux bandes armées des chemises noires. Ce fut à Sarzana, en juillet 1921. 500 fascistes avaient débarqué à la gare de
6 , en juillet 1921. 500 fascistes avaient débarqué à la gare de cette petite ville. Ils s’y heurtèrent à 8 gendarmes et 3
7 la gare de cette petite ville. Ils s’y heurtèrent à 8 gendarmes et 3 soldats, qui pour une fois s’avisèrent de résister.
8 st symbolique, comme le prouve le rapport que fit à son sujet le chef fasciste de l’expédition. Il écrit en effet à la Ce
9 chef fasciste de l’expédition. Il écrit en effet à la Centrale du Parti : « L’expédition de Sarzana n’est qu’un épisode
10 cisme aurait trouvé des gens devant lui, disposés à tenir bon… » Rien n’est plus vrai : le totalitarisme ne saurait triom
11 litarisme ne saurait triompher « de gens disposés à tenir bon » selon l’expression de l’Italien. Or qu’est-ce qu’un homme
12 ion de l’Italien. Or qu’est-ce qu’un homme décidé à tenir bon ? C’est un homme qui a conscience de ses raisons de vivre.
13 l’autorité morale. Les fascistes ont été arrêtés à Sarzana, mais ils l’ont emporté partout ailleurs, parce qu’ils représ
14 talitarisme a triomphé parce qu’il fut le premier à donner une réponse très grossière, mais enfin une réponse, à l’appel
15 e réponse très grossière, mais enfin une réponse, à l’appel religieux du peuple. C’est parce que les fascistes avaient un
16 omme chrétiens. ⁂ L’exemple de la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autre part, il se trouve
17 rétiens. ⁂ L’exemple de la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autre part, il se trouve que sa
18 » L’instinct ancestral de l’homme, c’est de parer à la violence par une violence du même ordre. Cette solution est la plu
19 coup la plus fréquente et la plus populaire. J’ai à cœur cependant de montrer son danger pour nous Suisses. Et je voudrai
20 rer son danger pour nous Suisses. Et je voudrais, à titre personnel évidemment, présenter quelques remarques sur la quest
21 thèse que seule la force matérielle peut résister à une menace totalitaire. La conséquence qui en découle immédiatement,
22 jamais eu l’idée de proposer qu’on donne la peste à toute la nation. Or c’est à peu près cela qu’on nous propose : faire
23 de Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette à l’eau. Autre danger : si l’on accepte de jouer le jeu des armements,
24 veut se maintenir à peu près au niveau du voisin, à perdre la mesure de ce qu’il peut dépenser sans s’affaiblir. Les arme
25 ns défense : c’est trop lourd pour moi. » Exemple à retenir, pour un petit pays comme le nôtre. Mais supposez que cette q
26 otalitaire : ou bien la démocratie ne réussit pas à faire bloc à la manière fasciste, et alors elle est battue dans la « 
27 ou bien la démocratie ne réussit pas à faire bloc à la manière fasciste, et alors elle est battue dans la « guerre totale
28 « guerre totale » ; ou bien la démocratie réussit à faire bloc, mais alors la guerre est moralement perdue avant d’être l
29 e nationale. Or je crois que l’erreur qui aboutit à ce dilemme est la plus grave que nous puissions commettre en tant que
30 lle menace l’existence même de notre État. Réagir à la menace totalitaire sur le plan de la défense armée, et tout subord
31 le plan de la défense armée, et tout subordonner à cela, c’est introduire chez nous le cheval de Troie. La guerre totale
32 parée. Or ce processus est radicalement contraire à la tradition fédérale, tradition qui est la seule raison d’être de no
33 vile en temps de paix, cela équivaut pratiquement à faire du nationalisme. Et il est aisé de voir que le nationalisme, en
34 ys a succombé, ce n’est point tant qu’il ait cédé à la menace militaire, d’ailleurs réelle ; c’est surtout, c’est essenti
35 itale pour la Suisse ! Un État qui ne croit plus à sa valeur spirituelle, ou ne prouve plus qu’il y croit, puisqu’il se
36 ou ne prouve plus qu’il y croit, puisqu’il se met à copier le voisin, un tel État ne peut pas compter sur l’aide d’autrui
37 vertu de nos intérêts matériels, certes légitimes à nos yeux, mais dont nos grands voisins n’ont pas de raisons de tenir
38 e. Je crois que le seul moyen sérieux de résister à l’emprise totalitaire sur le plan de la lutte directe, c’est d’invent
39 défi, de déjouer ce calcul, et de ne pas opposer à la violence une violence du même ordre, mais forcément plus faible, o
40 ans le jiu-jitsu : elle fait perdre son équilibre à l’assaillant. Elle lui fait perdre le soutien que lui donnerait l’opp
41 e soutien que lui donnerait l’opposition violente à laquelle il s’attend. Il se trouve comme précipité dans un nouveau mo
42 sur la base d’un accord fondamental : la croyance à la validité de la violence. Si tout d’un coup l’un des lutteurs suppr
43 s au contraire une forme de lutte nouvelle. C’est à cette sorte de jiu-jitsu moral que nous devrions nous exercer. Si l’o
44 e, je traduirai la même idée en d’autres termes : à la brutalité, le chrétien n’oppose pas la brutalité, mais la violence
45 pas sur la repentance, qui est une violence faite à notre orgueil. Reconnaissons, Églises et fidèles, que si la pseudo-re
46 nifiquement montré Nicolas Berdiaev. Ce n’est pas à la méchanceté supposée d’un Hitler ou d’un Staline que nous devons at
47 ous devons attribuer tout le mal, mais aussi bien à la carence des chrétiens. Ceci dit, il nous faut agir. Or agir, ce n’
48 er, d’un jeune nazi, une lettre significative, et à certains égards, fort émouvante. La raison profonde d’un mouvement c
49 vait-il — est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose. Nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été
50 pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité. Le christianisme, probabl
51 ire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple allemand, nous voulons croire à son immortalité,
52 a mission du peuple allemand, nous voulons croire à son immortalité, […] et peut-être réussirons-nous à y croire. Ne sen
53 son immortalité, […] et peut-être réussirons-nous à y croire. Ne sentez-vous pas une angoisse dans ce peut-être ? Et dan
54 ns ce peut-être ? Et dans cette volonté de croire à n’importe quoi et à tout prix, fût-ce à quelque chose d’aussi peu cro
55 dans cette volonté de croire à n’importe quoi et à tout prix, fût-ce à quelque chose d’aussi peu croyable que l’immortal
56 de croire à n’importe quoi et à tout prix, fût-ce à quelque chose d’aussi peu croyable que l’immortalité d’un peuple ?… O
57 u contraire la compassion, bien qu’elle l’appelle à son insu. Il faut savoir la deviner sous les rodomontades officielles
58 vois les trois dictateurs qui font les gros yeux à l’Europe, se proclament tous les trois infaillibles, je ne crois pas
59 assez l’impertinence. Il imagine un certain oncle à lui, qu’il appelle l’abbé Bazin. « Cet abbé mourut, nous dit-il, pers
60 très mauvais gré et lui en fit de vifs reproches à ses derniers moments. Mon oncle en fut affligé, et pour mourir en pai
61 le en fut affligé, et pour mourir en paix, il dit à l’archevêque d’Astracan : « Allez, ne vous attristez pas. Ne voyez-vo
62 une réponse suffisante. La seule réponse décisive à cette immense question religieuse des peuples, d’où sont issus les tr
63 totalitaire la vérité totale, qui n’appartient qu’ à Dieu. C’est dans la mesure où nous ordonnerons nos vies à cette vérit
64 C’est dans la mesure où nous ordonnerons nos vies à cette vérité-là, à elle d’abord, que nous pourrons prétendre apporter
65 e où nous ordonnerons nos vies à cette vérité-là, à elle d’abord, que nous pourrons prétendre apporter une réponse qui sa
66 rsonnes libres et responsables. Libres pour obéir à ce qu’elles ont accepté pour vocation, et responsables de cette vocat
67 protège. Je ne vous appellerai pas, en terminant, à une croisade antifasciste ou antimarxiste, mais à une tâche construct
68 à une croisade antifasciste ou antimarxiste, mais à une tâche constructive, qui se situe d’une manière très précise dans
69 me, de divinisation de l’homme, nous ont conduits à une dissolution presque totale de la société. Nous ne sommes plus qu’
70 ire. 1. Conclusions d’une conférence prononcée à Genève au mois de mai 1938, sous les auspices de Zofingue et de l’Ass
71 e établi ». C’est bien touchant. Voici ce que dit à leur sujet la revue fasciste Gerarchia, dirigée par le propre neveu d
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
72 re retenu de son histoire que l’image d’un ermite à longue barbe qui rétablit la paix civile entre les vieux Confédérés,
73 e j’entrevis la réalité historique du personnage. À tel point que je n’hésitai pas à en faire le sujet d’un drame, qui se
74 e du personnage. À tel point que je n’hésitai pas à en faire le sujet d’un drame, qui sera représenté à Zurich en septemb
75 en faire le sujet d’un drame, qui sera représenté à Zurich en septembre, et pour lequel Arthur Honegger a composé une imp
76 anecdote personnelle. Il m’est apparu, en effet, à mesure que j’avançais dans mon travail, que la figure de Nicolas de F
77 t-on le comprendre, hors de son temps ? Il naquit à l’époque du concile de Constance, et mourut à la fin du xve siècle.
78 uit à l’époque du concile de Constance, et mourut à la fin du xve siècle. Son existence coïncide donc exactement avec la
79 catholicité. Au pape d’Avignon, au pape de Rome, à l’antipape qu’on avait tenté de leur opposer — et tous les trois s’ex
80 une nourriture le vendredi, et peu à peu s’exerce à jeûner également d’autres jours. Sa piété précoce et frappante paraît
81 la prêtrise ou pour les ordres. Mais non, parvenu à l’âge d’homme, il s’engage dans les bandes armées qui guerroyaient al
82 ar ses collègues, au cours d’un procès, le décide à déposer sa charge et à se retirer dans sa famille. C’est le deuxième
83 urs d’un procès, le décide à déposer sa charge et à se retirer dans sa famille. C’est le deuxième temps de cette espèce d
84 ’un contact plus direct, plus confiant avec Dieu… À cinquante ans, il n’y résiste plus : sa vocation profonde triomphe de
85 , abandonnés au souffle de l’Esprit. Il fait part à sa femme de cette terrible décision, et elle l’accepte au terme d’une
86 tout ordre monastique, hors du clergé constitué. À une heure de chez lui, dans la gorge du Ranft, il se construit une ce
87 les Suisses qu’on a coutume de s’adresser d’abord à lui lorsqu’il faut négocier un traité. C’est ainsi que le solitaire c
88 e complotent de les précipiter. Il voit trop bien à quels dangers leur victoire même les exposera : s’ils font la guerre
89 ntes à propos du partage. Les choses s’enveniment à tel point qu’en l’année 1486, quinze assemblées de la Diète des canto
90 rlaient nos manuels. Une dernière Diète se réunit à Stans. Tout accord se révèle impossible, et les députés se séparent s
91 re de Nicolas, l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses retraites successives. Pendant la nuit, le curé de St
92 s, l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses retraites successives. Pendant la nuit, le curé de Stans monte au
93 ttestent les documents les plus formels, c’est qu’ à l’aube, le curé redescendu à Stans parvint à réunir les députés, et l
94 us formels, c’est qu’à l’aube, le curé redescendu à Stans parvint à réunir les députés, et leur transmit dans une séance
95 t qu’à l’aube, le curé redescendu à Stans parvint à réunir les députés, et leur transmit dans une séance secrète les cons
96 l’autorité de Nicolas sur ses compatriotes suffit à calmer les esprits et à permettre une délibération assez sérieuse pou
97 r ses compatriotes suffit à calmer les esprits et à permettre une délibération assez sérieuse pour que des concessions mu
98 rt de la fédération, on le devait par-dessus tout à l’action de l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule c
99 tout à l’action de l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule chose que tout le monde sache de Nicolas, est
100 eule qu’il n’ait pas faite : sa venue en personne à la Diète, et le discours qu’il y aurait prononcé !) La piété du Fr
101 e Claus Ce résumé d’une existence peut suffire à nous étonner, peut-être même à nous faire partager cette espèce de vé
102 tence peut suffire à nous étonner, peut-être même à nous faire partager cette espèce de vénération que lui vouèrent les h
103 e frère Claus ». Nous en sommes forcément réduits à des approches tâtonnantes. Pour ma part, je tenterai de distinguer da
104 ur de nos jours : la dévotion au Saint-Sacrement, à la Vierge et aux saints, l’ascétisme, les visions, les pratiques de p
105 Beaucoup de documents indiscutables nous obligent à prendre au sérieux cet aspect proprement « catholique » de la religio
106 ne cessent de l’assiéger, comment ne point songer à la piété du jeune Luther, et à ce drame de Wittemberg dont la Réforme
107 nt ne point songer à la piété du jeune Luther, et à ce drame de Wittemberg dont la Réforme devait sortir ? Rappelez-vous
108 leur enlève la gloire de se justifier… J’imposais à mon corps plus d’efforts qu’il n’en pouvait fournir sans danger pour
109 uoi les critiques catholiques modernes reprochent à Luther d’avoir « manqué de discrétion » dans ses pratiques. Mais ce r
110 ituelle des inquiétudes que nourrit Nicolas jusqu’ à sa cinquantième année ? Toutes proportions gardées, il me paraît lici
111 ès-venants. On serait tenté de chercher ailleurs, à un niveau plus apparent, les manifestations de la tendance pré-réform
112 ergé des protestations autrement violentes. Quant à la volonté de vivre en dehors des cadres de l’Église, volonté que Nic
113 lation3, je pense qu’il faut la rattacher surtout à une troisième tendance, la plus importante à mes yeux, celle de la my
114 tout à une troisième tendance, la plus importante à mes yeux, celle de la mystique germanique. Nous savons que par sa mèr
115 ines. Cependant, il serait très abusif de ramener à une forme larvée de protestantisme cette piété d’un type tout à fait
116 rvée de protestantisme cette piété d’un type tout à fait original, proprement germanique, ou plus précisément encore, sou
117 des sectes mystiques qui foisonnèrent en Occident à partir du xiie siècle et du mouvement cathare. Plusieurs de ses prin
118 de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-moi à moi-même et donne-moi tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile d
119 , arrache-moi à moi-même et donne-moi tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile de caractériser en quelques mots cett
120 e, et surtout l’honnêteté. C’est sans aucun doute à cette dernière qualité que nous devons de pouvoir redécouvrir aujourd
121 , de Vadian, de Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à revendiquer l’exemple de Nicolas de Flue à l’appui de leur œuvre de r
122 jouir en elles-mêmes, mais attestent néanmoins qu’ à cette époque, la conscience populaire n’hésitait pas à ranger Nicolas
123 te époque, la conscience populaire n’hésitait pas à ranger Nicolas du côté de la Réforme). Il n’est peut-être pas sans in
124 , Matthias Flacius Illyricus, professeur d’hébreu à Wittenberg, et parfois nommé le père de l’histoire des églises protes
125 es en garde répétées contre le service mercenaire à l’étranger. Et comme Johannes Faber tentait de lui opposer une parole
126 s ancienne, celle des Apôtres, et se sont refusés à faire commerce de leur religion. De 1526 à 1574, nous trouvons de nom
127 efusés à faire commerce de leur religion. De 1526 à 1574, nous trouvons de nombreuses mentions du Frère Claus dans les se
128 ns et traités de Bullinger (successeur de Zwingli à Zurich) ; de Vadian (Joachim von Watt, réformateur de Saint-Gall et g
129 consacrés par le souvenir du Frère Claus ». Quant à la petite prière que je citais plus haut (Gebetlein), elle avait été
130 t en substance le texte, vous en appelez toujours à cet ermite dont la doctrine se résume à ceci : « Man solle auff unsse
131 toujours à cet ermite dont la doctrine se résume à ceci : « Man solle auff unsserm myst bleiben » (Que chacun reste sur
132 toutes les maisons du Tyrol les livres favorables à la Réforme, afin de les brûler ; dans la liste de ceux qui furent dét
133 importante de cette série est celle que fit jouer à Bâle, en 1550, le protestant Valentin Boltz. Elle était intitulée Der
134 rsonnifiés prenaient la parole tour à tour, comme à la Diète (Uri se contentant parfois de sonner sa fameuse corne !), et
135 ’est qu’en 1586 que les catholiques se décidèrent à aborder eux aussi ce magnifique sujet. Le jésuite Jakob Gretser fit j
136 nifique sujet. Le jésuite Jakob Gretser fit jouer à Lucerne, cette année-là, une Comoedia de vita Nicolai Underwaldii Ere
137 la Parole. Mais à partir de 1536, les catholiques à leur tour utilisent cette image et la transforment (non sans supprime
138 ucunement la prétention d’annexer Nicolas de Flue à je ne sais quel « parti de la Réforme » ! Elles ne visent qu’à faire
139 quel « parti de la Réforme » ! Elles ne visent qu’ à faire mieux connaître une grande figure que trop de protestants ignor
140 n religieux. Nicolas pauvre et se privant de pain à l’époque même où les Suisses sont tentés par les richesses étrangères
141 xtérieurement unie, — voilà bien l’homme que tous à leur manière peuvent saluer comme l’ancêtre commun, et j’ajouterais :
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
142 e qu’une gifle ne vaut rien pour la guerre. Grâce à Dieu, nous sommes encore neutres, et nous avons encore le droit de ne
143 nous avons encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. Notre premier devoir est, aujou
144 u mal, c’est-à-dire l’adversaire, est devant eux, à l’extérieur. Or, notre civilisation, sous l’influence du christianism
145 ous comme les petits enfants qui battent la table à laquelle ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant de noircir l
146 us en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à nos yeux, elle existe en nous aussi, et elle pourrait fort bien s’y d
147 sharmonies et impuissance de l’esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en plus frappé par ces de
148 vec l’argent gagné, un prix considérable, destiné à récompenser ceux qui travaillèrent pour la paix. Mais l’état de notre
149 tous les progrès de notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produit ? Vous vous êtes tous posé ce
150 défaut de sagesse générale qui se trouve ici mis à nu. Un autre fait, dans ce même ordre. Le but des inventions techniqu
151 torturé par la pensée que votre argent contribue à prolonger un massacre ? — Nullement, répondit-il. Car tout ce que j’a
152 lonnes de chiffres, dont la balance est favorable à ma maison. — L’exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le ce
153 efois, je le certifie exact. De plus, il illustre à merveille le vice fondamental de notre société et aussi de notre cult
154 viens de vous parler aurait eu beaucoup de peine à concevoir qu’il y avait disharmonie, contradiction, entre son comité
155 t, nous mélangeons de moins en moins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensée sur la conduite générale des
156 e société, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de l’action, aux capitaines de l’industrie ou
157 avec les lois de l’action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où ce manque n’est même plus ressenti comme u
158 ressenti comme un scandale, je la vois condamnée à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la guerre sera toujour
159 lin passe, en un demi-siècle, de 25 000 habitants à 4 millions. Dans ces villes, se sont entassées des masses humaines in
160 nces lointaines, dont les économistes se sont mis à étudier les mœurs étranges, qui paraissaient aussi mystérieuses que c
161 par une mutation brusque, dans la proportion de 1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet essor fulgurant de l’
162 vont produire ces capitaux énormes qu’on accumule à tout hasard. On ne sait pas du tout comment vont réagir ces masses hu
163 ama de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nou
164 nous disons : les intellectuels auraient dû faire à ce moment-là un formidable effort de mise en ordre : ils auraient dû
165 e ! Mais si ces mêmes pouvoirs étaient abandonnés à l’anarchie, s’ils se développaient chacun de son côté sans tenir comp
166 le désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont
167 cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité d
168 t : notre pensée, à partir d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensée réside dans son déta
169 es deux solitaires, personne ne sut ou n’osa voir à quoi devait conduire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le
170 voir à quoi devait conduire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le développement de l’industrie a produit évidem
171 a aussi produit beaucoup de canons et de masques à gaz. Il a produit beaucoup de confort, mais il a également produit la
172 ion et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Quand la culture ne domine plus l’action, c
173 ction qui ne sait plus où elle va ! Et la société à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’
174 ù elle va ! Et la société à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se tr
175 la cité grecque, par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était
176 , c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui à une extraordinaire décadence du langage, en tous pays. Au cours des s
177 eur ni malentendu. Les lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi
178 nt exactement définis. Ce qui est grave, c’est qu’ à ces vingt-neuf sens, nous en avons ajouté d’autres sur lesquels plus
179 s la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : tout le monde l’invoque,
180 ividualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents
181 éir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents au prix de dures privations ; dans un deuxièm
182 eulement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples r
183 it, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié hum
184 ns des mots, la propagande brutale s’en chargera. À la place des grands lieux communs chargés de sens traditionnel, nous
185 de l’ancien… Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice au pays des Merveilles (qui est un de mes livres
186 fort qui définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive à une pareille
187 aprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive à une pareille décadence des lieux communs, la culture est à l’agonie.
188 eille décadence des lieux communs, la culture est à l’agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politique devient pra
189 une commune mesure restaurée et vivante. Et c’est à cet appel qu’ont répondu les chefs des grands mouvements collectivist
190 génie, s’il faut leur en reconnaître, a consisté à deviner — avant les intellectuels ! — la vraie nature de l’angoisse d
191  » C’était un coup de génie, si le génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients désirs d’une nation. Mais on p
192 coup de génie, si le génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients désirs d’une nation. Mais on peut avoir du
193 paraissent avoir commise : ils ont voulu imposer à l’ensemble des principes qui étaient partiels. La discipline d’État,
194 s des réalités partielles. Si la loi qu’on impose à tous est calculée seulement pour certains types, soit physiques, soit
195 ’appel des peuples reste insatisfait. Il continue à nous poser la plus sérieuse question humaine. Et s’il n’est pas encor
196 d, là aussi, cet appel exigera une réponse. Reste à savoir si nous saurons la lui donner, si nous saurons utiliser le dél
197 s saurons utiliser le délai qui nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vraies causes du mal, et non seu
198 ais surtout pour les essayer sur nous d’abord. À la recherche de l’homme réel … Sur quel principe pourrions-nous re
199 pourrions-nous rebâtir un monde qui soit vraiment à hauteur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit soien
200 de et pourtant libérale ? Il nous faut rapprendre à penser, à penser dans le train de l’action, oui, à penser avec les ma
201 tant libérale ? Il nous faut rapprendre à penser, à penser dans le train de l’action, oui, à penser avec les mains. Il no
202 penser, à penser dans le train de l’action, oui, à penser avec les mains. Il nous faut voir que tout dépend en premier l
203 e notre état d’esprit. S’il change, tout commence à changer. S’il ne change pas, toutes les réformes matérielles sont inu
204 de résistance aux courants d’opinion, aux modes, à la publicité des grandes firmes et des grands partis politiques. À ce
205 s grandes firmes et des grands partis politiques. À ce moment se produit fatalement ce que j’appellerai un sentiment de v
206 ’angoisse diffuse, d’où naît le besoin d’un coude à coude où l’individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent.
207 retrouve des contraintes qui le rassurent. Appel à une communauté : c’est le secret de toute révolution. Alors, d’un cou
208 d’un coup de balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Eu
209 e. Toute l’histoire de l’Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’autre. À l’anarchie individuali
210 être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme ro
211 ée à ces grands balancements d’un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme romain. Au co
212 semble par l’exercice d’une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout rebâtir. Cep
213 est justement cet homme-là qui a le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car supposez qu’un ho
214 et homme-là qui a le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car supposez qu’un homme se sente un
215 guste Comte, et Marx, l’idée que l’Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’homme ne peut rien. Conception très lugu
216 Or cette idée de lois fatales avait été empruntée à la science, et transportée abusivement dans les domaines plus humains
217 s permis de concevoir une observation impartiale, à combien plus forte raison pourrons-nous dénoncer l’illusion des histo
218 a de loi, répétons-le, que là où l’homme renonce à se manifester selon sa vocation particulière. Si j’insiste sur cet ax
219 érance. L’effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’ à l’ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses d
220 diévale, par les Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles véritablement communes, ordonnées
221 s Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles véritablement communes, ordonnées à une même foi,
222 tion des règles véritablement communes, ordonnées à une même foi, à un même évangile, à une même espérance. Ainsi encore,
223 véritablement communes, ordonnées à une même foi, à un même évangile, à une même espérance. Ainsi encore, au temps de la
224 es, ordonnées à une même foi, à un même évangile, à une même espérance. Ainsi encore, au temps de la Réformation, l’Insti
225 rice sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire à l’essor du capitalisme et aux transformations sociales qu’il provoqua
226 il provoquait. Comme la culture elles ont renoncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est là le secret du triomphe des
227 it. Comme la culture elles ont renoncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est là le secret du triomphe des grands mou
228 a culture elles ont renoncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est là le secret du triomphe des grands mouvements col
229 is qu’il fallait répondre mieux que ces doctrines à la question posée par l’angoisse des foules. D’où les encycliques soc
230 aient pas demeurer en arrière. Presque tout reste à faire, c’est certain. Mais l’important, c’est qu’enfin les Églises re
231 mesures. Bien d’autres groupes, je le sais, sont à l’œuvre, Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement des groupes person
232 . C’est dans cette volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et moralement, que je vois l
233 ide et pourtant libérale : c’est tout le problème à résoudre. La solution fédéraliste Par quelle voie ? Je n’aime p
234 r de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’ à l’acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la b
235 s pour un. Et me voici conduit, comme malgré moi, à des conclusions politiques — oserais-je dire patriotiques ? — ou plut
236 ques — oserais-je dire patriotiques ? — ou plutôt à des conclusions qui par la plus extraordinaire des rencontres, se tro
237 apable de fonder la paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les fait
238 ui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est cela que nous avo
239 e tragique évidence. Et c’est cela que nous avons à défendre : la réalité fédéraliste en politique et dans tous les domai
240 Cette œuvre n’est pas utopique. Car je me refuse à nommer utopie le seul espoir qui nous soit accordé. Encore faut-il qu
241 erreur profonde quant aux pouvoirs de l’homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos forces un
242 res n’aboutissent pas mécaniquement et fatalement à des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce se
243 ment, une vraie paix sera toujours plus difficile à vivre et à gagner que cette guerre où tout s’abaisse et s’obscurcit.
244 raie paix sera toujours plus difficile à vivre et à gagner que cette guerre où tout s’abaisse et s’obscurcit. Mais qu’ell
245 Mais nous qui avons encore su conserver une cité à la mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons
246 gnés, ne perdons pas notre délai de grâce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le
247 âce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humai
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
248 de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à l’heure que nous vivons, ce sont des pessimistes réfléchis, maîtres d
249 croire au diable, et ne sait pas le reconnaître. À l’origine de notre aveuglement, il y a incrédulité. Si Dieu existait,
250 t en train de payer le prix d’un siècle d’abandon à l’optimisme du Progrès. Pendant un siècle, elle fit la sourde oreille
251 ndu, quand certains lui posaient cette question : à quoi tend le progrès matériel ? Question stupide et irritante, n’est-
252 augmentation du confort. Il refuse de se demander à quoi servira cet argent ou si le confort matériel favorise un bien sp
253 i le confort matériel favorise un bien spirituel. À la première de ces questions, il n’oserait pas répondre en toute fran
254 il n’oserait pas répondre en toute franchise ; et à la seconde, il pressent bien qu’on ne pourrait que répondre non. D’où
255 s grands hommes du dernier siècle furent unanimes à prévoir le destin qui maintenant nous surprend. Nous avons eu bien as
256 e » de leur temps, et dans la prédiction des maux à venir — ceux qui fondent sur nous aujourd’hui. Quoi de commun entre u
257 cessairement sur l’Occident, si celui-ci persiste à ne prendre au sérieux que les valeurs de bourse et la « prosperity ».
258 erribles simplificateurs », qui viendront imposer à l’Europe d’impitoyables dictatures militaires au nom de la liberté et
259 à condamnés, de la manière la plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre confort et nos progrès aux nécessit
260 mes de nations, nous voici contraints brutalement à des sacrifices mille fois pires, inévitables et stériles. Le plus étr
261 fraction minime aurait suffi, en d’autres temps, à supprimer toutes les questions sociales. Et cela non pas seulement en
262 social, mais sur le plan des relations de peuple à peuple. Tout ce que nous jugions impossible quand il s’agissait du vi
263 un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pourquoi donc voulez-vous que nous ayons l’amour, et la paix
264 s sommes payés et nous payons selon notre justice à nous. C’est aujourd’hui qu’on en mesure l’aune. Ces vérités élémentai
265 ertains diront encore qu’elles sont inopportunes, à l’heure où nous cherchons des raisons d’espérer ! Mais nul espoir n’e
266 ité de rebâtir. Mais on n’accorde un concordat qu’ à celui qui se déclare en faillite. L’aveu suppose un sens des valeurs
267 des chiffres, des quantités et des vitesses. Avis à la génération sportive, aux réalistes qui l’engendrèrent, aux libérau
268 . Avis aux Suisses. Les Suisses ont quelque chose à faire, quelque chose de précis, que je veux dire à temps. Ils sont en
269 faire, quelque chose de précis, que je veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart de la guerre, et peut-être y restero
270 précis, que je veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart de la guerre, et peut-être y resteront-ils. Ils ont encore ce
271 était logique, inévitable, et qu’il n’y a plus qu’ à en tirer les conclusions5. Mais nous ne sommes pas neutres pour rien,
272 ements : tout cela ne sera que ruines et détritus à déblayer, même si les grandes démocraties ont la victoire. Non pas le
273 rnel, il y a l’amour et l’espérance de l’éternel. À quoi se raccrocher, que faire encore ? Quelle était l’assurance d’éte
274 uelle était l’assurance d’éternité qui permettait à Athanase de dire : c’est un petit nuage, il passera ? La grandeur de
275 utalité démesurée des choses, nous sommes réduits à ne plus espérer qu’au nom de l’unique nécessaire : « L’amour parfait
276 la Neue Schweizer Rundschau, qui nous a autorisé à reproduire cet article paru dans son numéro de juin 1940. L’auteur —
277 rateurs — se voit contraint par les circonstances à ne pas signer ces pages. »
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
278 e ne sera pas une conférence bien bâtie, je tiens à vous le dire tout de suite, mais une simple introduction, un plan de
279 mple introduction, un plan de travail, une invite à la discussion. Je vous ferai part de certaines critiques et de certai
280 e la révolution européenne, la Suisse est réduite à elle-même. Elle n’a plus d’autre garantie humaine que son armée, plus
281 ans la situation extrême que je viens de décrire, à supposer que la Suisse soit envahie, pourrions-nous penser à l’Église
282 que la Suisse soit envahie, pourrions-nous penser à l’Église comme à notre Gothard spirituel ? L’existence permanente — m
283 t envahie, pourrions-nous penser à l’Église comme à notre Gothard spirituel ? L’existence permanente — même secrète — et
284 e de nos Églises aux catacombes suffiraient-elles à ranimer notre espérance, notre amour et notre foi, comme le canon loi
285 les de familles ! Les épîtres de Paul suffiraient à dissiper cette illusion. Il n’en reste pas moins que ces premières Ég
286 nt, et je me pose cette question : sont-ils prêts à mettre en commun autre chose que la pièce de monnaie qu’ils viennent
287 , avec l’air de ne pas y toucher ? Sont-ils prêts à « partager » autre chose que des impressions générales sur le temps e
288 Mais je me demande seulement si elles sont prêtes à envisager certains actes de solidarité pratique ; si elles acceptent,
289 en théorie, de faire quelque chose dans ce sens, à supposer que les circonstances l’exigent un jour prochain. Je me dema
290 ux autres membres de l’Église qu’ils ne sont liés à leur parti, ou à leur classe, ou à leurs intérêts professionnels. Je
291 de l’Église qu’ils ne sont liés à leur parti, ou à leur classe, ou à leurs intérêts professionnels. Je me demande ce qui
292 s ne sont liés à leur parti, ou à leur classe, ou à leurs intérêts professionnels. Je me demande ce qui compte à leurs ye
293 érêts professionnels. Je me demande ce qui compte à leurs yeux, ce qui compte avant tout et pratiquement — songeant au jo
294 n « esprit de corps » devrait pouvoir s’appliquer à l’Église plus qu’à nulle autre communauté au monde, puisque l’Église
295  » devrait pouvoir s’appliquer à l’Église plus qu’ à nulle autre communauté au monde, puisque l’Église est rassemblée par
296 is reconnue et confessée, ne perdons pas de temps à nous lamenter ou à critiquer vainement. Mettons-nous au travail pour
297 essée, ne perdons pas de temps à nous lamenter ou à critiquer vainement. Mettons-nous au travail pour essayer de refaire,
298 a fois indispensables et pratiquement réalisables à bref délai, j’entends à la faveur du choc des événements récents et a
299 pratiquement réalisables à bref délai, j’entends à la faveur du choc des événements récents et avant les crises plus gra
300 pent ou réveillent en elles le sens missionnaire, à l’intérieur du pays ; 3° qu’elles aient le courage d’être franchement
301 s traditions de famille et des donateurs attachés à leurs souvenirs. L’Église n’est pas à nous, n’est pas notre œuvre, et
302 rs attachés à leurs souvenirs. L’Église n’est pas à nous, n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne sont pas nos affaires
303 vice unique et suffisant que l’Église doit rendre à la Suisse, c’est de rester ou de devenir une vraie Église, une Église
304 . 2° Le service que l’État suisse doit en retour, à l’Église, c’est de la laisser être une vraie Église de Dieu et non pa
305 e tolérance et d’amour du prochain. Mais je tiens à redire ici ce que je disais cet hiver à Tavannes : Nous ne devons pa
306 je tiens à redire ici ce que je disais cet hiver à Tavannes : Nous ne devons pas être chrétiens parce que nous sommes S
307 s d’abord. Gardons-nous du Schweizerchristentum ! À ces Schweizer Christen dont je viens de parler j’opposerai cette décl
308 c’est que nos Églises redeviennent missionnaires à l’intérieur du pays, dans toutes les couches de notre peuple suisse.
309 re peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent à l’évolution sociale du xixe siècle, nos Églises sont devenues des mi
310 puis plus d’un siècle : elle ne s’y sent pas tout à fait chez elle ; elle n’y reconnaît pas son langage. Il y a là certai
311 tribuns politiques le privilège de savoir parler à la foule, de savoir la toucher par des paroles directes. Vous me dire
312 isposition des esprits. C’est aussi notre affaire à nous laïques. Nous n’aimons pas à être dérangés dans nos petites habi
313 i notre affaire à nous laïques. Nous n’aimons pas à être dérangés dans nos petites habitudes du dimanche matin, et il arr
314 a Parole de l’Église n’est pas réservée seulement à nos « milieux ecclésiastiques », mais à tous les hommes d’où qu’ils v
315 seulement à nos « milieux ecclésiastiques », mais à tous les hommes d’où qu’ils viennent, qui ont faim et soif de vérité,
316 éoccupent donc davantage d’être vraiment ouvertes à tous ! C’est une question de foi et de maintien, de tact humain, de c
317 t. C’est une requête que je présente comme laïque à nos pasteurs, avec l’espoir que les laïques de cet auditoire l’appuie
318 atiquement dans leurs paroisses. Je voudrais dire à nos pasteurs : soyez simples dans vos sermons, soyez plus simplement
319 plus simplement bibliques ! Ne vous fatiguez pas à faire une conférence, avec des idées personnelles. Notre époque ne de
320 t toujours les plus actuelles, et qui sont seules à la hauteur de la situation présente. Ce ne sont jamais nos idées pers
321 samedi soir… Encore faut-il que les paroissiens, à leur tour, acceptent que leur pasteur soit « simplement biblique », e
322 convaincants, ajouterai-je, quand nous cherchons à faire au lieu d’un sermon simple, des conférences intéressantes ou pa
323 s ne sommes pas convaincants quand nous cherchons à discuter, à prévenir des objections que la plupart des auditeurs n’au
324 pas convaincants quand nous cherchons à discuter, à prévenir des objections que la plupart des auditeurs n’auraient pas e
325 e attend des directions positives. Elle est prête à croire, et elle demande à la prédication de parler à sa foi, non à so
326 sitives. Elle est prête à croire, et elle demande à la prédication de parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquill
327 roire, et elle demande à la prédication de parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquille et familière assurance de
328 demande à la prédication de parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquille et familière assurance de la foi. Car l
329 rtout pas ! On lui demande simplement d’appliquer à telle ou telle situation les paroles éternelles de l’Évangile et des
330 rophètes : par exemple, pour exhorter les fidèles à renoncer à leurs préjugés de partis, ou à leurs intérêts de classe ;
331 par exemple, pour exhorter les fidèles à renoncer à leurs préjugés de partis, ou à leurs intérêts de classe ; ou pour mon
332 fidèles à renoncer à leurs préjugés de partis, ou à leurs intérêts de classe ; ou pour montrer à notre peuple sa mission
333 , ou à leurs intérêts de classe ; ou pour montrer à notre peuple sa mission positive dans l’Europe d’aujourd’hui. Toutes
334 uvent et doivent être dites du haut de la chaire, à condition, je le répète et j’y insiste, qu’il ne s’agisse jamais des
335 asse ; ou le langage d’une quelconque philosophie à la mode ou déjà démodée ; ou le langage personnel de Monsieur X, past
336 simplement le langage de la Bible, qui appartient à tous, qui est frappant pour tous, et dans lequel tous peuvent communi
337 on d’une vraie communauté, je la définissais tout à l’heure comme suit : que nos Églises aient le courage d’être franchem
338 années en France, et je me suis fortement attaché à la liturgie des Églises réformées de ce pays. J’entends ici par litur
339 oute espèce de liturgie sérieuse dans nos cultes, à quelques rares exceptions près10. Et ce n’est pas seulement le défaut
340 estent les essais tentés ici ou là, pour remédier à cette absence. Nous avons bien, de temps à autre, des cultes que nous
341 médier à cette absence. Nous avons bien, de temps à autre, des cultes que nous appelons « liturgiques » et qui consistent
342 ment les définir autrement… ce seul fait démontre à l’évidence que nous ignorons le sens et la portée de la liturgie véri
343 on reste imprécise… Voici un détail significatif, à mes yeux, de ce même défaut de sens liturgique : lorsqu’il arrive qu’
344 e reste debout). VII. Alléluia (chant spontané). ( À la fin du culte, après l’Oraison dominicale, chant spontané d’une str
345 grâce accordée, et enfin le témoignage de la foi. À mon sens, cette liturgie est une des plus belles, dans sa simplicité,
346 nse que nos Églises suisses devraient se préparer à l’adopter, telle qu’elle est. Il y a d’abord une raison générale. L’É
347 eurs insignes, leurs saluts rituels. J’ai assisté à des cérémonies hitlériennes qui étaient déjà de véritables liturgies
348 des chefs totalitaires doit nous rendre attentifs à certains de nos défauts, afin que nous puissions les corriger à temps
349 nos défauts, afin que nous puissions les corriger à temps. Un peuple complètement privé de toute manifestation de ce genr
350 tion, parce qu’elles répondront tant bien que mal à un désir, à un besoin normal, trop longtemps déçu. Mon second argumen
351 qu’elles répondront tant bien que mal à un désir, à un besoin normal, trop longtemps déçu. Mon second argument en faveur
352 stantisme, ou qui est incroyante. Vous réussissez à l’amener, un beau dimanche, au culte d’une de nos paroisses suisses.
353 bablement, dépaysée, comme je vous le disais tout à l’heure, par le ton du pasteur et le maintien un peu compassé de l’au
354 n d’avoir surpris une réunion d’initiés, habitués à un certain langage, dont personne ne lui aura donné la clef. Il en ir
355 oin de participer, par le chant ou la récitation, à ce témoignage collectif, dans la communauté de mes frères, connus ou
356 nfin, ma troisième raison se rapporte étroitement à mon sujet, aux relations entre l’Église et la Suisse, ou pour être co
357 affadi. Je n’oserais pas suggérer que nous tenons à rester démocrates et sans façon jusque dans nos relations avec le Tou
358 ourtant nommé Monarque, Seigneur et Roi des rois, à toutes les pages de notre Bible. Le fait est que nous manquons d’un c
359 tain respect religieux, de même que nous passons, à l’étranger, pour être un peu trop familiers et manquer du sens des di
360 s a permis de lui parler tout simplement, d’homme à homme »… Je reste persuadé, pour ma part, que nous devons plutôt par
361 ur ma part, que nous devons plutôt parler d’homme à Dieu, et que nous ferions bien de nous pénétrer de cette vérité fonda
362 me d’y conformer notre maintien. Sans aller jusqu’ à imiter les génuflexions multipliées des orthodoxes russes, qui se pro
363 s des orthodoxes russes, qui se prosternent jusqu’ à toucher le sol de leur front, pourquoi refuserions-nous de nous ageno
364 ris ? Aurions-nous trop de dignité pour consentir à cette marque publique d’humiliation ? Nous chantons dans un chant pat
365 les Églises ont toujours attaché de l’importance à ces choses-là, et je pense qu’elles avaient de bonnes raisons de le f
366 ir sur ce sujet, je vous demanderai de vous poser à vous-même cette seule question : alors que les orthodoxes, les anglic
367 remarquez-le, est un obstacle assez considérable à notre rapprochement avec d’autres Églises dans le mouvement œcuméniqu
368 s Églises dans le mouvement œcuménique. (Je pense à l’Église anglicane, qui attache à la liturgie une importance sans ces
369 ique. (Je pense à l’Église anglicane, qui attache à la liturgie une importance sans cesse croissante.) Et pourtant, les É
370 t pourtant, les Églises de Suisse devraient avoir à cœur ce rapprochement, plus qu’aucune autre Église au monde. Nos trad
371 alistes devraient nous préparer tout spécialement à cette mission de compréhension d’autrui, de rapprochement, de mutuell
372 ement œcuménique. ⁂ Je me bornerai, en terminant, à vous rappeler les quelques thèses — critiques et suggestions — que je
373 a fois nécessaires et possibles : revenir d’abord à une compréhension moins superficielle de la nature de nos Églises, qu
374 rès sérieusement le problème de la liturgie, tant à nos bons théologiens qu’aux laïques, généralement ignorants de cette
375 ts de cette question, ou retenus par des préjugés à son égard. Je me suis borné à soulever devant vous quelques problèmes
376 us par des préjugés à son égard. Je me suis borné à soulever devant vous quelques problèmes urgents et tout pratiques, — 
377 malice des temps nous invite au travail plutôt qu’ à l’éloquence. 6. Manifeste de la Ligue du Gothard, juillet 1940.
378 es tels que les prestations financières de l’État à l’Église, qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante » veux d
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
379 itique de la Suisse (février 1941)i j Nul pays à ma connaissance, n’a été plus souvent expliqué à lui-même et au monde
380 à ma connaissance, n’a été plus souvent expliqué à lui-même et au monde que la Suisse. C’est qu’il en a besoin plus que
381 ès vivante d’une autre espèce d’union, sans cesse à recréer. Or l’inertie des masses et l’à-peu-près intellectuel s’oppos
382 t l’à-peu-près intellectuel s’opposent sans cesse à cette reprise de conscience. D’où la nécessité d’une vigilante autocr
383 ’union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdu
384 rne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne qui pourra ! Cette c
385 nfusion verbale, symbolique de tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlem
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
386 essaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autori
387 les Russes n’y croient pas plus qu’ils ne croient à nos libertés, et vraiment, ce n’est pas beaucoup dire. Il serait donc
388 rce qu’on craint que cette discussion n’aboutisse à des conclusions gênantes et n’oblige à des prises de position. On n’a
389 ’aboutisse à des conclusions gênantes et n’oblige à des prises de position. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la p
390 privilège exorbitant ? Pour commencer de répondre à cette question, je me contenterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’hi
391 ention du conflit. Si la Suisse avait pris parti, à ce moment-là, elle se fût déchirée en deux : une partie tenant pour l
392 issances fascistes, la Suisse ne dut son salut qu’ à une chance extraordinaire, aidée par une armée solide et un terrain r
393 me pendant la guerre de Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Eu
394 e Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Européens à d’autres Européens
395 à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Européens à d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’est donc plus question
396 des Européens à d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de mainten
397 pporte-t-elle, ou non, une contribution effective à la défense commune de l’Europe ? II Avant tout essai de réponse
398 êche personne de dormir. Mais tout le monde pense à deux dangers communs : l’un idéologique et militaire, à l’Est ; l’aut
399 dangers communs : l’un idéologique et militaire, à l’Est ; l’autre économique et social, parmi nous. Pour y faire face,
400 que réservée de la Suisse contribue sérieusement à promouvoir l’union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant de se ri
401 -on dire que la Suisse, en refusant de se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe ? Certes, no
402 en refusant de se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe ? Certes, nous avons fini par adhére
403 ons fini par adhérer avec d’infinies précautions, à quelques entreprises internationales, telles que l’OECE et l’Union de
404 dives et réticentes comme autant de contributions à l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de soutenir que la
405 ir que la neutralité représente un apport positif à la fédération du continent, c’est-à-dire à ses vrais intérêts. Mais s
406 ositif à la fédération du continent, c’est-à-dire à ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis de la défense de l’Europe
407 la situation est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg de créer une armée européenne. M. Pleven a fait voter un p
408 par la Chambre française. Et déjà, l’on commence à regarder de travers cette petite Suisse qui prétend rester neutre qua
409 prétend rester neutre quand tout le monde réarme à grands cris. Mais attention : les cris ne sont pas des armes ! La vér
410 statut de neutralité est une contribution réelle à la défense du continent, on ne saurait vraiment en dire autant de not
411 presque négative à l’égard de l’union nécessaire. À la question qu’on me pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon de
412 de quoi la Suisse devrait éventuellement renoncer à sa neutralité. Je réponds pour ma part que cela ne pourrait être qu’a
413 ns précises. Il faut que notre opinion soit prête à y répondre. Il ne faut pas que notre gouvernement se trouve placé dev
414 i me paraît vitale pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour l’orienter, un seul principe de jugement politique. Le
415 nt que la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan militaire — il faut la maint
416 intenir. Si au contraire elle devient un prétexte à freiner l’union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle es
417 ient un prétexte à freiner l’union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit même de so
418 à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit même de son statut, et elle peut donc demain devenir une tra
419 non pas comme un privilège qu’il n’y aurait plus à mériter. Elle est relative à l’Europe. Et ceux qui, par erreur ou par
420 u’il n’y aurait plus à mériter. Elle est relative à l’Europe. Et ceux qui, par erreur ou par malice, veulent aujourd’hui
421 ie et l’URSS par exemple — ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre statut légal, et l’esprit même de
422 al, que personne encore n’a touché, tout au moins à ma connaissance. k. Rougemont Denis de, « Europe unie et neutrali
423 lient. Il semble que les obstacles qui s’opposent à une fédération européenne se font plus difficiles et plus nombreux. L
424 ous avons rédigé un questionnaire qui sera envoyé à quelques-uns de ceux que le problème préoccupe et nous ouvrons ainsi
425 e devrait-elle adopter en face de l’Europe unie ? À supposer qu’une fédération européenne se réalisât prochainement, dans
426 tralité helvétique serait-elle un obstacle majeur à notre entrée dans ladite fédération ? Une conception trop restrictive
427 ment la tâche de conciliation qui serait conforme à son génie ? — En faveur du maintien, de l’assouplissement ou de l’aba
428 ertains arguments comme particulièrement décisifs à l’heure où nous sommes ? » Comme le précise une note finale, ce texte
429 e finale, ce texte est issu « des chroniques lues à Radio-Genève les 30 octobre et 6 novembre 1950, dans le cadre de l’ém
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
430 Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)m n Je regrette que M. Lasserre ait s
431 ette que M. Lasserre ait simplifié ma thèse jusqu’ à la déformer, et qu’il ait apporté à sa réfutation moins de scrupule q
432 a thèse jusqu’à la déformer, et qu’il ait apporté à sa réfutation moins de scrupule que d’humeur. J’avais pourtant pris s
433  » que la Suisse devrait subordonner sa politique à « l’intérêt des principaux États de l’Europe » ? J’ai dit seulement q
434 ent que si la Suisse un jour décidait de renoncer à sa neutralité, ce ne pourrait être qu’au profit de l’Europe entière e
435 tais une discussion sur la neutralité présente et à venir de la Suisse, les circonstances ayant changé depuis dix ans. De
436 le répète mon censeur, ce qui fausse ses calculs à la base. Finalement, quelle est la position de M. Lasserre sur le fon
437 de Lausanne. m. Rougemont Denis de, « Réplique à M. Lasserre », Les Cahiers protestants, Lausanne, mars–avril 1951, p.
438 a réponse de David Lasserre publiée comme réponse à l’enquête des Cahiers sur « La Suisse et l’Europe ». o. Voir la prem
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
439 incipe même de la dogmatique paraissait difficile à justifier, mais non pas les principes du devoir moral, considérés com
440 ienne) et de l’ethnologie comparée (de Lévy-Bruhl à Lévi-Strauss) ? Théoriquement et théologiquement, nous savons à quoi
441 ) ? Théoriquement et théologiquement, nous savons à quoi nous en sommes et à quels dogmes nous croyons. Mais au plan de l
442 logiquement, nous savons à quoi nous en sommes et à quels dogmes nous croyons. Mais au plan de la morale, nous vivons dan
443 nnonciateur d’une situation de nouveau comparable à celle du siècle passé, mais radicalisée. D’une part, ce que l’on nomm
444 u lieu de sermons contre « l’impureté », on donne à nos adolescents des leçons d’initiation sexuelle ; au lieu de menaces
445 chniquement avancés, vers une société qui serait, à la limite, sans surprises ni drames, sans vrais débats (j’entends : s
446 e croissante des mœurs que nos vieux sages auront à déplorer, mais au contraire l’universelle et rigoureuse réglementatio
447 porter sur elles un jugement global. Je me borne à relever ceci : à supposer que demain, ce soit un collège formé de gén
448 un jugement global. Je me borne à relever ceci : à supposer que demain, ce soit un collège formé de généticiens, de psyc
449 problème, on le fait sans barguigner, sans avoir à résoudre de conflits intérieurs dramatiques, on ne parle pas de « sac
450 des proches. La plupart de ceux qui ont réfléchi à ces perspectives, du côté chrétien, me semblent enclins à considérer
451 rspectives, du côté chrétien, me semblent enclins à considérer comme un malheur, voire une catastrophe, cette probabilité
452 es et leurs clergés n’auraient en somme plus rien à dire aux hommes, aux femmes et aux enfants quant à leur existence quo
453 nce, et sans doute de l’État, s’en voyant chargés à la satisfaction des masses (pour ne pas dire : au soulagement général
454 r le terme général de morale, me paraît comporter à presque tous les égards, plus d’avantages que d’inconvénients, tant p
455 t « morale chrétienne », au lieu de se cramponner à un magistère tombé en désuétude, les Églises ne feraient-elles pas mi
456 n plus ; et que les excès que l’on peut reprocher à certaines modes scientifiques (certains dogmatismes freudiens, par ex
457 estants, depuis la fin du xviiie siècle et jusqu’ à pas si longtemps que cela, en Suisse romande, si j’en crois mes souve
458 e Rome, dans la lancée de Vatican II) se décident à rendre à César, c’est-à-dire au « siècle », le soin de la réglementat
459 ans la lancée de Vatican II) se décident à rendre à César, c’est-à-dire au « siècle », le soin de la réglementation et de
460 ciété, elles pourront se consacrer d’autant mieux à leur mission proprement spirituelle, qui est à mon sens : de rappeler
461 ux à leur mission proprement spirituelle, qui est à mon sens : de rappeler à l’homme son but final, sa destination ultime
462 ent spirituelle, qui est à mon sens : de rappeler à l’homme son but final, sa destination ultime, sa vocation. Car les rè
463 , par nature et destination, et dans ce sens sont à César, mais la vocation de la personne est à Dieu, vient de Dieu et c
464 sont à César, mais la vocation de la personne est à Dieu, vient de Dieu et conduit à Lui, ce qu’aucune morale ne pourra j
465 la personne est à Dieu, vient de Dieu et conduit à Lui, ce qu’aucune morale ne pourra jamais faire, même si on la baptis
466 onnantes acrobaties théologiques. Je disais tout à l’heure que laisser le soin de la « morale » à César, c’est-à-dire au
467 ut à l’heure que laisser le soin de la « morale » à César, c’est-à-dire aux sciences séculières plus ou moins socialisées
468 s plus ou moins socialisées, me paraît avantageux à presque tous les égards. Je dois m’expliquer maintenant sur ce presqu
469 rts avec la Nature), suffisamment ajustée, enfin, à la productivité du travail, et même, qui sait ? à la « créativité des
470 à la productivité du travail, et même, qui sait ? à la « créativité des loisirs » (dans les rapports avec l’économie) : o
471 cis d’informations constamment vérifiées et mises à jour, toute question trouvant sa réponse quasi instantanée par la con
472 ateur, les recours ultimes pouvant être présentés à la « Machine » avec un grand M que nous supposerons directrice ou cor
473 rre et après ma mort ; la question de ma relation à la transcendance. Elle demeure sans réponse, non point par accident,
474 d’un traitement logique, et ne pouvant aboutir qu’ à une série infinie de zéros à la sortie des circuits. Dans cette socié
475 e pouvant aboutir qu’à une série infinie de zéros à la sortie des circuits. Dans cette société que je suppose en parfait
476 x intérieures », naguère tenues pour « divines », à des structures ou pulsions de l’instinct) — comment valoriser encore
477 it individu-collectivité se trouve ici radicalisé à la limite. Mais alors le rôle de l’Église apparaît subitement précisé
478 s le rôle de l’Église apparaît subitement précisé à l’extrême par toute cette négativité. Alors qu’aux origines de l’Euro
479 justement trop parfait, pour l’exposer sans cesse à la question des fins dernières, métaphysiques et spirituelles. Elle e
480 Elle est là pour défendre le droit de la personne à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est une de croire que le but
481 ndre le droit de la personne à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est une de croire que le but de l’homme transcende
482 onditionnement et tout asservissement automatique à des fins purement sociales, fussent-elles déterminées par la plus sûr
483 déterminées par la plus sûre des sciences. Quant à celui qui veut devenir chrétien, devra-t-il s’exiler moralement de ce
484 essentiel. Ce ne sera pas une attitude de révolté à gilet rouge, mais le droit qu’on demande et qu’on prend de poser touj
485 provisoire, mon chemin que j’invente, que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas
486 on chemin que j’invente, que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ainsi
487 e verset du psalmiste : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier »… Je résume mon diagnostic, q
488 ent sur la situation que je viens de caractériser à grands traits, j’avais écrit dès 1945 — l’été d’Hiroshima — un manusc
489 jouts indispensables), des objections très graves à mes propres thèses, des raisons de désespérer de mon entreprise, et d
490 s) de penser au contraire qu’elle peut contribuer à débrouiller un peu nos problèmes éthiques, en vue de l’avenir. Dans s
491 harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et tirais auss
492 d’ordres assénés qu’il me semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans la découverte d’une maladre
493 ouffle, visais d’un œil, reposant l’arme de temps à autre pour respirer et calmer ma nervosité, et lorsque enfin je me cr
494 rêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-des
495 reurs. On négligeait les autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret de mes erreu
496 enir compte des préceptes reçus. Je ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon l’espoir de me réhab
497 mais enfin dans la cible. « Voulez-vous apprendre à tirer ? » Il me regarda, et voyant dans mes yeux une bonne volonté en
498 ent en trois mots : pensez au noir. Ne pensez pas à votre main, ni à ce que fait l’index qui a pris le cran d’arrêt. Lais
499  : pensez au noir. Ne pensez pas à votre main, ni à ce que fait l’index qui a pris le cran d’arrêt. Laissez-vous simpleme
500 us simplement hypnotiser par ce petit disque noir à trois-cents mètres qui danse sur la ligne de mire. Quand vous serez a
501 es plus lointaines et aux implications, décisives à mon sens, du conseil en trois mots de ce jeune officier — « pensez au
502 mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à nous, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La considération
503 et de la méditation sur cet art. Il s’agit du tir à l’arc. Le tireur zen doit arriver à s’identifier au but (à la cible),
504 s’agit du tir à l’arc. Le tireur zen doit arriver à s’identifier au but (à la cible), à avoir ce but en soi, de telle sor
505 Le tireur zen doit arriver à s’identifier au but ( à la cible), à avoir ce but en soi, de telle sorte qu’il arrive un jour
506 doit arriver à s’identifier au but (à la cible), à avoir ce but en soi, de telle sorte qu’il arrive un jour à mettre une
507 e but en soi, de telle sorte qu’il arrive un jour à mettre une flèche dans le noir les yeux fermés, et une deuxième dans
508 et une deuxième dans la tige même de la première. À ce moment, l’initiation a réussi). Partant de cette expérience, et de
509 ns la suite du livre une distinction fondamentale à opérer dans l’analyse et l’évaluation des conduites humaines. Je pos
510 e ses membres. Cela va des règles du jeu d’échecs à la prohibition de l’inceste chez les tribus sauvages, des rituels lit
511 iques aux lois fiscales, des techniques destinées à assurer le bonheur dans le mariage, jusqu’au code des feux verts et r
512 églant la circulation. Dans cet ensemble, on peut à première vue distinguer d’une part ce qui relève expressément de l’ar
513 donnée pour telle, et d’autre part ce qui répond à des nécessités naturelles et pratiques. Mais une analyse même rapide
514 ature a fait semblables physiquement. Je me borne à mentionner ici le principe de cette analyse, parce qu’il autorise que
515 oubliant qu’elles sont réellement indispensables à toute vie sociale, c’est-à-dire à toute vie humaine. Les règles du je
516 indispensables à toute vie sociale, c’est-à-dire à toute vie humaine. Les règles du jeu d’échecs sont des conventions, c
517 eu ne signifie nullement qu’il faille les prendre à la légère, ni qu’on montre beaucoup d’intelligence en trichant avec e
518 t du jeu, puisque cet intérêt tient aux règles et à rien d’autre. S’il est admis que les normes de la morale sont des règ
519 disqualification (qui correspond au bannissement, à la prison à vie ou à la peine de mort). Mais si la morale est considé
520 tion (qui correspond au bannissement, à la prison à vie ou à la peine de mort). Mais si la morale est considérée comme un
521 correspond au bannissement, à la prison à vie ou à la peine de mort). Mais si la morale est considérée comme un système
522 ou néfastes, et il est important de les soumettre à une critique systématique et scientifique. Ce qui rend cette tâche si
523 est bien un code, mais rudimentaire et lacunaire, à l’usage de propriétaires du type patriarcal, et qui met notamment sur
524 tion dans la cité. De là l’obligation de recourir à d’autres sources, — presque toutes venant d’autres religions. De là a
525 confusion inévitable que j’ai dite, l’attribution à la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la so
526 i dite, l’attribution à la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la société juge indispensable à s
527 oses de tout ce que la société juge indispensable à son bien : tantôt l’esclavage et tantôt la liberté, tantôt le droit d
528 on argument : 1. j’estime qu’il y a tout avantage à considérer les préceptes et codes de la morale comme les règles du je
529 — et facilite d’ailleurs — une stricte obéissance à ces règles, comme il va de soi dans tous les jeux et sports d’équipe 
530 ces préceptes et recettes, et la prétention tout à fait abusive à les fonder dans la nature des choses ou la loi naturel
531 et recettes, et la prétention tout à fait abusive à les fonder dans la nature des choses ou la loi naturelle, à les assim
532 er dans la nature des choses ou la loi naturelle, à les assimiler aux « voies de la providence » ou à la « volonté de Die
533 à les assimiler aux « voies de la providence » ou à la « volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j’introduis ici une re
534 oups bas, etc.). La notion de péché n’apparaît qu’ à partir du moment où se trouve posée la question de nos fins dernières
535 la question de nos fins dernières. Elle est liée à la vocation. ⁂ On pourrait définir une sorte de vocation générale du
536 ler, c’est la vocation particulière qui s’adresse à un individu et fait de lui une personne distincte et unique. Obéir à
537 it de lui une personne distincte et unique. Obéir à ma vocation, c’est suivre le chemin qui va me conduire à la source de
538 cation, c’est suivre le chemin qui va me conduire à la source de l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherche à entendr
539 de l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherche à entendre, à capter de nouveau, pour qu’il me guide dans l’inconnu, co
540 ue j’ai cru percevoir, que je cherche à entendre, à capter de nouveau, pour qu’il me guide dans l’inconnu, comme ces avio
541 ppel, et n’existe que si je m’y engage, répondant à l’appel sans penser à rien d’autre. Il n’est pas jalonné, comme les g
542 si je m’y engage, répondant à l’appel sans penser à rien d’autre. Il n’est pas jalonné, comme les grandes voies publiques
543 peine discernable pour ma foi seule, va permettre à mes voisins soucieux de mon sort de mettre en doute ou de nier son ex
544 ont pas faites pour cela. Seul pourrait me relier à mon but le sentier de ma vocation, qui est au sens littéral improbabl
545 ’a jamais vu. N’ayant d’autres moyens de répondre à son appel, de le rejoindre, que ceux que me suggère, inexplicablement
546 mesure où j’y crois, et où j’arrive par instants à oublier tout ce qui me fait douter du But et de l’appel et du chemin,
547 et de l’appel et du chemin, quand je m’abandonne à l’élan, à l’attrait advienne que pourra, comme dans un saut… Dans ces
548 ppel et du chemin, quand je m’abandonne à l’élan, à l’attrait advienne que pourra, comme dans un saut… Dans ces moments,
549 il les a faits et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde des règ
550 est clair que le péché en général est de faillir à l’amour, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduir
551 r, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à un pur sentiment ou désir, alors qu’il est action. Mais dans le monde
552 é particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’y croire sans preuve
553 , me détourne d’agir ma vocation. Et je découvre, à ce propos, que le mot désignant le péché en hébreu signifie littérale
554 dessus de la ligne normale », ou : « ce qui tombe à côté ». Voilà qui correspond, n’est-ce pas, d’une manière assez frapp
555 ond, n’est-ce pas, d’une manière assez frappante, à mes images initiales du tireur au fusil ou à l’arc. ⁂ Je ne voudrais
556 nte, à mes images initiales du tireur au fusil ou à l’arc. ⁂ Je ne voudrais pas terminer cet exposé… téméraire, beaucoup
557 les principales objections que je suis le premier à formuler contre mes thèses — et que j’examinerai sans pitié dans mon
558 ons, de doutes et de reproches hélas bien faciles à prévoir. Le psychologue me dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous s
559 ’est-à-dire aujourd’hui et en fait aux savants et à l’État, vous risquez de laisser s’établir une société totalitaire. Et
560 ous privez le monde des aides de la Révélation. —  À quoi je réponds que le risque est très grand, je l’avoue, mais que le
561 a conduite morale de nos peuples n’ont pas réussi à empêcher ni même à retarder sérieusement un seul des mouvements total
562 e nos peuples n’ont pas réussi à empêcher ni même à retarder sérieusement un seul des mouvements totalitaires du xxe siè
563 portes toutes grandes au subjectivisme intégral, à l’illuminisme, au quiétisme, et simplement à tous les malades dont la
564 ral, à l’illuminisme, au quiétisme, et simplement à tous les malades dont la psychose prend la forme d’une mission qu’ils
565 e d’une mission qu’ils affirment reçue de Dieu. —  À quoi je pense qu’on doit répondre par une vigilance redoublée dans l’
566 n, prenant acte de ce que je ne crois pas du tout à une morale révélée, ni directement ni au travers des tours de passe-p
567 s gens comme moi. Je lui dirai : faites attention à l’Écriture, qui est, selon vos meilleurs docteurs, le critère externe
568 -dessus. » Or chercher le Royaume, c’est chercher à saisir et à comprendre le message ou l’appel qui nous en vient. Ce n’
569 r chercher le Royaume, c’est chercher à saisir et à comprendre le message ou l’appel qui nous en vient. Ce n’est pas appl
570 ingue de la communauté, d’une action qui le relie à cette communauté et qui l’insère dans ses réalités concrètes. Aux dé
571 rageux qui m’accuseraient de proposer une éthique à l’usage exclusif d’une petite élite spirituelle, d’un groupe d’élus,
572 ilhard de Chardin : chaque homme n’est pas appelé à faire de grandes choses, c’est vrai, mais, par sa solidarité avec une
573 r sa solidarité avec une grandeur qui le dépasse, à faire grandement la moindre des choses, ce qu’il doit faire lui seul.
574 hoses, ce qu’il doit faire lui seul. (Et d’abord, à se faire lui-même, ajouterais-je.) Aux fidèles enfin, à tout homme qu
575 aire lui-même, ajouterais-je.) Aux fidèles enfin, à tout homme qui me demanderait : « Comment savoir ? Comment déceler ma
576 créé par sa fin. Car c’est l’Esprit qui nous meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de la prière en nous répondent s
577 xprimables » de la prière en nous répondent seuls à la réalité de l’indicible ; or toute vocation est d’abord indicible,
578 , donc pas deux chemins pareils allant d’un homme à Dieu. Mais je pressens que les objections les plus gênantes qu’on pou
579 que et leur vocation générale consisteront plutôt à poser des questions qu’à tenter d’imposer des réponses ; à poser avan
580 rale consisteront plutôt à poser des questions qu’ à tenter d’imposer des réponses ; à poser avant tout, en temps et hors
581 es questions qu’à tenter d’imposer des réponses ; à poser avant tout, en temps et hors de temps, la Question, celle du Se
582 « Ce texte est celui d’une conférence, prononcée à Neuchâtel en septembre 1966, devant la Société pastorale suisse, qui
583 storale suisse, qui nous a obligeamment autorisés à la publier. »