1
comme en Russie). Ensuite il a donné une réponse
à
l’exigence religieuse des peuples, déçue par les Églises chrétiennes.
2
eul exemple mais significatif. En Italie, de 1920
à
1922, le parti socialiste était le plus important : 35 % des électeur
3
s groupes montés sur des camions mettaient le feu
à
la bourse du travail, extorquaient la démission du maire socialiste o
4
is, banquiers et dirigeants de trusts. C’est donc
à
une complicité quasi universelle que le fascisme a dû de s’emparer de
5
osa aux bandes armées des chemises noires. Ce fut
à
Sarzana, en juillet 1921. 500 fascistes avaient débarqué à la gare de
6
, en juillet 1921. 500 fascistes avaient débarqué
à
la gare de cette petite ville. Ils s’y heurtèrent à 8 gendarmes et 3
7
la gare de cette petite ville. Ils s’y heurtèrent
à
8 gendarmes et 3 soldats, qui pour une fois s’avisèrent de résister.
8
st symbolique, comme le prouve le rapport que fit
à
son sujet le chef fasciste de l’expédition. Il écrit en effet à la Ce
9
chef fasciste de l’expédition. Il écrit en effet
à
la Centrale du Parti : « L’expédition de Sarzana n’est qu’un épisode
10
cisme aurait trouvé des gens devant lui, disposés
à
tenir bon… » Rien n’est plus vrai : le totalitarisme ne saurait triom
11
litarisme ne saurait triompher « de gens disposés
à
tenir bon » selon l’expression de l’Italien. Or qu’est-ce qu’un homme
12
ion de l’Italien. Or qu’est-ce qu’un homme décidé
à
tenir bon ? C’est un homme qui a conscience de ses raisons de vivre.
13
l’autorité morale. Les fascistes ont été arrêtés
à
Sarzana, mais ils l’ont emporté partout ailleurs, parce qu’ils représ
14
talitarisme a triomphé parce qu’il fut le premier
à
donner une réponse très grossière, mais enfin une réponse, à l’appel
15
e réponse très grossière, mais enfin une réponse,
à
l’appel religieux du peuple. C’est parce que les fascistes avaient un
16
omme chrétiens. ⁂ L’exemple de la Suisse me tient
à
cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autre part, il se trouve
17
rétiens. ⁂ L’exemple de la Suisse me tient à cœur
à
double titre : c’est ma patrie, et d’autre part, il se trouve que sa
18
» L’instinct ancestral de l’homme, c’est de parer
à
la violence par une violence du même ordre. Cette solution est la plu
19
coup la plus fréquente et la plus populaire. J’ai
à
cœur cependant de montrer son danger pour nous Suisses. Et je voudrai
20
rer son danger pour nous Suisses. Et je voudrais,
à
titre personnel évidemment, présenter quelques remarques sur la quest
21
thèse que seule la force matérielle peut résister
à
une menace totalitaire. La conséquence qui en découle immédiatement,
22
jamais eu l’idée de proposer qu’on donne la peste
à
toute la nation. Or c’est à peu près cela qu’on nous propose : faire
23
de Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette
à
l’eau. Autre danger : si l’on accepte de jouer le jeu des armements,
24
veut se maintenir à peu près au niveau du voisin,
à
perdre la mesure de ce qu’il peut dépenser sans s’affaiblir. Les arme
25
ns défense : c’est trop lourd pour moi. » Exemple
à
retenir, pour un petit pays comme le nôtre. Mais supposez que cette q
26
otalitaire : ou bien la démocratie ne réussit pas
à
faire bloc à la manière fasciste, et alors elle est battue dans la «
27
ou bien la démocratie ne réussit pas à faire bloc
à
la manière fasciste, et alors elle est battue dans la « guerre totale
28
« guerre totale » ; ou bien la démocratie réussit
à
faire bloc, mais alors la guerre est moralement perdue avant d’être l
29
e nationale. Or je crois que l’erreur qui aboutit
à
ce dilemme est la plus grave que nous puissions commettre en tant que
30
lle menace l’existence même de notre État. Réagir
à
la menace totalitaire sur le plan de la défense armée, et tout subord
31
le plan de la défense armée, et tout subordonner
à
cela, c’est introduire chez nous le cheval de Troie. La guerre totale
32
parée. Or ce processus est radicalement contraire
à
la tradition fédérale, tradition qui est la seule raison d’être de no
33
vile en temps de paix, cela équivaut pratiquement
à
faire du nationalisme. Et il est aisé de voir que le nationalisme, en
34
ys a succombé, ce n’est point tant qu’il ait cédé
à
la menace militaire, d’ailleurs réelle ; c’est surtout, c’est essenti
35
itale pour la Suisse ! Un État qui ne croit plus
à
sa valeur spirituelle, ou ne prouve plus qu’il y croit, puisqu’il se
36
ou ne prouve plus qu’il y croit, puisqu’il se met
à
copier le voisin, un tel État ne peut pas compter sur l’aide d’autrui
37
vertu de nos intérêts matériels, certes légitimes
à
nos yeux, mais dont nos grands voisins n’ont pas de raisons de tenir
38
e. Je crois que le seul moyen sérieux de résister
à
l’emprise totalitaire sur le plan de la lutte directe, c’est d’invent
39
défi, de déjouer ce calcul, et de ne pas opposer
à
la violence une violence du même ordre, mais forcément plus faible, o
40
ans le jiu-jitsu : elle fait perdre son équilibre
à
l’assaillant. Elle lui fait perdre le soutien que lui donnerait l’opp
41
e soutien que lui donnerait l’opposition violente
à
laquelle il s’attend. Il se trouve comme précipité dans un nouveau mo
42
il s’attend. Il se trouve comme précipité dans un
nouveau
monde de valeurs, où il ne sait comment agir, et il y perd son assura
43
sur la base d’un accord fondamental : la croyance
à
la validité de la violence. Si tout d’un coup l’un des lutteurs suppr
44
s au contraire une forme de lutte nouvelle. C’est
à
cette sorte de jiu-jitsu moral que nous devrions nous exercer. Si l’o
45
e, je traduirai la même idée en d’autres termes :
à
la brutalité, le chrétien n’oppose pas la brutalité, mais la violence
46
pas sur la repentance, qui est une violence faite
à
notre orgueil. Reconnaissons, Églises et fidèles, que si la pseudo-re
47
nifiquement montré Nicolas Berdiaev. Ce n’est pas
à
la méchanceté supposée d’un Hitler ou d’un Staline que nous devons at
48
ous devons attribuer tout le mal, mais aussi bien
à
la carence des chrétiens. Ceci dit, il nous faut agir. Or agir, ce n’
49
er, d’un jeune nazi, une lettre significative, et
à
certains égards, fort émouvante. La raison profonde d’un mouvement c
50
vait-il — est irrationnelle. Nous voulions croire
à
quelque chose. Nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été
51
pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants
à
celui qui nous apportait cette possibilité. Le christianisme, probabl
52
ire de la majorité du peuple. Nous voulons croire
à
la mission du peuple allemand, nous voulons croire à son immortalité,
53
a mission du peuple allemand, nous voulons croire
à
son immortalité, […] et peut-être réussirons-nous à y croire. Ne sen
54
son immortalité, […] et peut-être réussirons-nous
à
y croire. Ne sentez-vous pas une angoisse dans ce peut-être ? Et dan
55
ns ce peut-être ? Et dans cette volonté de croire
à
n’importe quoi et à tout prix, fût-ce à quelque chose d’aussi peu cro
56
dans cette volonté de croire à n’importe quoi et
à
tout prix, fût-ce à quelque chose d’aussi peu croyable que l’immortal
57
de croire à n’importe quoi et à tout prix, fût-ce
à
quelque chose d’aussi peu croyable que l’immortalité d’un peuple ?… O
58
u contraire la compassion, bien qu’elle l’appelle
à
son insu. Il faut savoir la deviner sous les rodomontades officielles
59
vois les trois dictateurs qui font les gros yeux
à
l’Europe, se proclament tous les trois infaillibles, je ne crois pas
60
assez l’impertinence. Il imagine un certain oncle
à
lui, qu’il appelle l’abbé Bazin. « Cet abbé mourut, nous dit-il, pers
61
très mauvais gré et lui en fit de vifs reproches
à
ses derniers moments. Mon oncle en fut affligé, et pour mourir en pai
62
le en fut affligé, et pour mourir en paix, il dit
à
l’archevêque d’Astracan : « Allez, ne vous attristez pas. Ne voyez-vo
63
une réponse suffisante. La seule réponse décisive
à
cette immense question religieuse des peuples, d’où sont issus les tr
64
totalitaire la vérité totale, qui n’appartient qu’
à
Dieu. C’est dans la mesure où nous ordonnerons nos vies à cette vérit
65
C’est dans la mesure où nous ordonnerons nos vies
à
cette vérité-là, à elle d’abord, que nous pourrons prétendre apporter
66
e où nous ordonnerons nos vies à cette vérité-là,
à
elle d’abord, que nous pourrons prétendre apporter une réponse qui sa
67
rsonnes libres et responsables. Libres pour obéir
à
ce qu’elles ont accepté pour vocation, et responsables de cette vocat
68
protège. Je ne vous appellerai pas, en terminant,
à
une croisade antifasciste ou antimarxiste, mais à une tâche construct
69
à une croisade antifasciste ou antimarxiste, mais
à
une tâche constructive, qui se situe d’une manière très précise dans
70
me, de divinisation de l’homme, nous ont conduits
à
une dissolution presque totale de la société. Nous ne sommes plus qu’
71
ire. 1. Conclusions d’une conférence prononcée
à
Genève au mois de mai 1938, sous les auspices de Zofingue et de l’Ass
72
sme et fascisme — sont en réalité trois religions
nouvelles
, qui sous divers prétextes politiques, apparemment contradictoires, o
73
e établi ». C’est bien touchant. Voici ce que dit
à
leur sujet la revue fasciste Gerarchia, dirigée par le propre neveu d
74
re retenu de son histoire que l’image d’un ermite
à
longue barbe qui rétablit la paix civile entre les vieux Confédérés,
75
e j’entrevis la réalité historique du personnage.
À
tel point que je n’hésitai pas à en faire le sujet d’un drame, qui se
76
e du personnage. À tel point que je n’hésitai pas
à
en faire le sujet d’un drame, qui sera représenté à Zurich en septemb
77
en faire le sujet d’un drame, qui sera représenté
à
Zurich en septembre, et pour lequel Arthur Honegger a composé une imp
78
anecdote personnelle. Il m’est apparu, en effet,
à
mesure que j’avançais dans mon travail, que la figure de Nicolas de F
79
t-on le comprendre, hors de son temps ? Il naquit
à
l’époque du concile de Constance, et mourut à la fin du xve siècle.
80
uit à l’époque du concile de Constance, et mourut
à
la fin du xve siècle. Son existence coïncide donc exactement avec la
81
catholicité. Au pape d’Avignon, au pape de Rome,
à
l’antipape qu’on avait tenté de leur opposer — et tous les trois s’ex
82
une nourriture le vendredi, et peu à peu s’exerce
à
jeûner également d’autres jours. Sa piété précoce et frappante paraît
83
la prêtrise ou pour les ordres. Mais non, parvenu
à
l’âge d’homme, il s’engage dans les bandes armées qui guerroyaient al
84
ar ses collègues, au cours d’un procès, le décide
à
déposer sa charge et à se retirer dans sa famille. C’est le deuxième
85
urs d’un procès, le décide à déposer sa charge et
à
se retirer dans sa famille. C’est le deuxième temps de cette espèce d
86
’un contact plus direct, plus confiant avec Dieu…
À
cinquante ans, il n’y résiste plus : sa vocation profonde triomphe de
87
, abandonnés au souffle de l’Esprit. Il fait part
à
sa femme de cette terrible décision, et elle l’accepte au terme d’une
88
tout ordre monastique, hors du clergé constitué.
À
une heure de chez lui, dans la gorge du Ranft, il se construit une ce
89
les Suisses qu’on a coutume de s’adresser d’abord
à
lui lorsqu’il faut négocier un traité. C’est ainsi que le solitaire c
90
e complotent de les précipiter. Il voit trop bien
à
quels dangers leur victoire même les exposera : s’ils font la guerre
91
ntes à propos du partage. Les choses s’enveniment
à
tel point qu’en l’année 1486, quinze assemblées de la Diète des canto
92
rlaient nos manuels. Une dernière Diète se réunit
à
Stans. Tout accord se révèle impossible, et les députés se séparent s
93
re de Nicolas, l’heure qui donnera son plein sens
à
sa vie et à ses retraites successives. Pendant la nuit, le curé de St
94
s, l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et
à
ses retraites successives. Pendant la nuit, le curé de Stans monte au
95
ttestent les documents les plus formels, c’est qu’
à
l’aube, le curé redescendu à Stans parvint à réunir les députés, et l
96
us formels, c’est qu’à l’aube, le curé redescendu
à
Stans parvint à réunir les députés, et leur transmit dans une séance
97
t qu’à l’aube, le curé redescendu à Stans parvint
à
réunir les députés, et leur transmit dans une séance secrète les cons
98
l’autorité de Nicolas sur ses compatriotes suffit
à
calmer les esprits et à permettre une délibération assez sérieuse pou
99
r ses compatriotes suffit à calmer les esprits et
à
permettre une délibération assez sérieuse pour que des concessions mu
100
rt de la fédération, on le devait par-dessus tout
à
l’action de l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule c
101
tout à l’action de l’ermite du Ranft. (Remarquons
à
ce propos que la seule chose que tout le monde sache de Nicolas, est
102
eule qu’il n’ait pas faite : sa venue en personne
à
la Diète, et le discours qu’il y aurait prononcé !) La piété du Fr
103
e Claus Ce résumé d’une existence peut suffire
à
nous étonner, peut-être même à nous faire partager cette espèce de vé
104
tence peut suffire à nous étonner, peut-être même
à
nous faire partager cette espèce de vénération que lui vouèrent les h
105
e frère Claus ». Nous en sommes forcément réduits
à
des approches tâtonnantes. Pour ma part, je tenterai de distinguer da
106
ur de nos jours : la dévotion au Saint-Sacrement,
à
la Vierge et aux saints, l’ascétisme, les visions, les pratiques de p
107
Beaucoup de documents indiscutables nous obligent
à
prendre au sérieux cet aspect proprement « catholique » de la religio
108
ne cessent de l’assiéger, comment ne point songer
à
la piété du jeune Luther, et à ce drame de Wittemberg dont la Réforme
109
nt ne point songer à la piété du jeune Luther, et
à
ce drame de Wittemberg dont la Réforme devait sortir ? Rappelez-vous
110
leur enlève la gloire de se justifier… J’imposais
à
mon corps plus d’efforts qu’il n’en pouvait fournir sans danger pour
111
uoi les critiques catholiques modernes reprochent
à
Luther d’avoir « manqué de discrétion » dans ses pratiques. Mais ce r
112
ituelle des inquiétudes que nourrit Nicolas jusqu’
à
sa cinquantième année ? Toutes proportions gardées, il me paraît lici
113
ès-venants. On serait tenté de chercher ailleurs,
à
un niveau plus apparent, les manifestations de la tendance pré-réform
114
ergé des protestations autrement violentes. Quant
à
la volonté de vivre en dehors des cadres de l’Église, volonté que Nic
115
lation3, je pense qu’il faut la rattacher surtout
à
une troisième tendance, la plus importante à mes yeux, celle de la my
116
tout à une troisième tendance, la plus importante
à
mes yeux, celle de la mystique germanique. Nous savons que par sa mèr
117
ines. Cependant, il serait très abusif de ramener
à
une forme larvée de protestantisme cette piété d’un type tout à fait
118
rvée de protestantisme cette piété d’un type tout
à
fait original, proprement germanique, ou plus précisément encore, sou
119
des sectes mystiques qui foisonnèrent en Occident
à
partir du xiie siècle et du mouvement cathare. Plusieurs de ses prin
120
de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-moi
à
moi-même et donne-moi tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile d
121
, arrache-moi à moi-même et donne-moi tout entier
à
toi seul ! Il n’est pas facile de caractériser en quelques mots cett
122
e, et surtout l’honnêteté. C’est sans aucun doute
à
cette dernière qualité que nous devons de pouvoir redécouvrir aujourd
123
, de Vadian, de Bullinger, d’Œcolampade, unanimes
à
revendiquer l’exemple de Nicolas de Flue à l’appui de leur œuvre de r
124
jouir en elles-mêmes, mais attestent néanmoins qu’
à
cette époque, la conscience populaire n’hésitait pas à ranger Nicolas
125
te époque, la conscience populaire n’hésitait pas
à
ranger Nicolas du côté de la Réforme). Il n’est peut-être pas sans in
126
, Matthias Flacius Illyricus, professeur d’hébreu
à
Wittenberg, et parfois nommé le père de l’histoire des églises protes
127
es en garde répétées contre le service mercenaire
à
l’étranger. Et comme Johannes Faber tentait de lui opposer une parole
128
s ancienne, celle des Apôtres, et se sont refusés
à
faire commerce de leur religion. De 1526 à 1574, nous trouvons de nom
129
efusés à faire commerce de leur religion. De 1526
à
1574, nous trouvons de nombreuses mentions du Frère Claus dans les se
130
ns et traités de Bullinger (successeur de Zwingli
à
Zurich) ; de Vadian (Joachim von Watt, réformateur de Saint-Gall et g
131
consacrés par le souvenir du Frère Claus ». Quant
à
la petite prière que je citais plus haut (Gebetlein), elle avait été
132
t en substance le texte, vous en appelez toujours
à
cet ermite dont la doctrine se résume à ceci : « Man solle auff unsse
133
toujours à cet ermite dont la doctrine se résume
à
ceci : « Man solle auff unsserm myst bleiben » (Que chacun reste sur
134
toutes les maisons du Tyrol les livres favorables
à
la Réforme, afin de les brûler ; dans la liste de ceux qui furent dét
135
importante de cette série est celle que fit jouer
à
Bâle, en 1550, le protestant Valentin Boltz. Elle était intitulée Der
136
rsonnifiés prenaient la parole tour à tour, comme
à
la Diète (Uri se contentant parfois de sonner sa fameuse corne !), et
137
’est qu’en 1586 que les catholiques se décidèrent
à
aborder eux aussi ce magnifique sujet. Le jésuite Jakob Gretser fit j
138
nifique sujet. Le jésuite Jakob Gretser fit jouer
à
Lucerne, cette année-là, une Comoedia de vita Nicolai Underwaldii Ere
139
la Parole. Mais à partir de 1536, les catholiques
à
leur tour utilisent cette image et la transforment (non sans supprime
140
ucunement la prétention d’annexer Nicolas de Flue
à
je ne sais quel « parti de la Réforme » ! Elles ne visent qu’à faire
141
quel « parti de la Réforme » ! Elles ne visent qu’
à
faire mieux connaître une grande figure que trop de protestants ignor
142
n religieux. Nicolas pauvre et se privant de pain
à
l’époque même où les Suisses sont tentés par les richesses étrangères
143
xtérieurement unie, — voilà bien l’homme que tous
à
leur manière peuvent saluer comme l’ancêtre commun, et j’ajouterais :
144
e qu’une gifle ne vaut rien pour la guerre. Grâce
à
Dieu, nous sommes encore neutres, et nous avons encore le droit de ne
145
nous avons encore le droit de ne pas nous livrer
à
ce genre de simplifications brutales. Notre premier devoir est, aujou
146
u mal, c’est-à-dire l’adversaire, est devant eux,
à
l’extérieur. Or, notre civilisation, sous l’influence du christianism
147
ous comme les petits enfants qui battent la table
à
laquelle ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant de noircir l
148
us en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie
à
nos yeux, elle existe en nous aussi, et elle pourrait fort bien s’y d
149
sharmonies et impuissance de l’esprit Songeant
à
notre civilisation moderne, je suis de plus en plus frappé par ces de
150
candinave invente, dans son laboratoire, un corps
nouveau
, un puissant explosif, grâce auquel l’industrie pourra faire un grand
151
vec l’argent gagné, un prix considérable, destiné
à
récompenser ceux qui travaillèrent pour la paix. Mais l’état de notre
152
tous les progrès de notre science contribuent-ils
à
ravager la civilisation qui les produit ? Vous vous êtes tous posé ce
153
défaut de sagesse générale qui se trouve ici mis
à
nu. Un autre fait, dans ce même ordre. Le but des inventions techniqu
154
torturé par la pensée que votre argent contribue
à
prolonger un massacre ? — Nullement, répondit-il. Car tout ce que j’a
155
lonnes de chiffres, dont la balance est favorable
à
ma maison. — L’exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le ce
156
efois, je le certifie exact. De plus, il illustre
à
merveille le vice fondamental de notre société et aussi de notre cult
157
viens de vous parler aurait eu beaucoup de peine
à
concevoir qu’il y avait disharmonie, contradiction, entre son comité
158
t, nous mélangeons de moins en moins notre pensée
à
notre action. L’impuissance de la pensée sur la conduite générale des
159
e société, que les hommes de la pensée n’ont rien
à
dire d’utile aux hommes de l’action, aux capitaines de l’industrie ou
160
avec les lois de l’action, une société qui manque
à
ce point d’harmonie, et où ce manque n’est même plus ressenti comme u
161
ressenti comme un scandale, je la vois condamnée
à
glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la guerre sera toujour
162
lin passe, en un demi-siècle, de 25 000 habitants
à
4 millions. Dans ces villes, se sont entassées des masses humaines in
163
nces lointaines, dont les économistes se sont mis
à
étudier les mœurs étranges, qui paraissaient aussi mystérieuses que c
164
par une mutation brusque, dans la proportion de 1
à
100. Que va faire la pensée, en présence de cet essor fulgurant de l’
165
vont produire ces capitaux énormes qu’on accumule
à
tout hasard. On ne sait pas du tout comment vont réagir ces masses hu
166
ama de la société devient confus. Plus rien n’est
à
la mesure de l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nou
167
nous disons : les intellectuels auraient dû faire
à
ce moment-là un formidable effort de mise en ordre : ils auraient dû
168
e ! Mais si ces mêmes pouvoirs étaient abandonnés
à
l’anarchie, s’ils se développaient chacun de son côté sans tenir comp
169
le désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé
à
leur mission de directeurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont
170
cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée,
à
partir d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité d
171
t : notre pensée, à partir d’aujourd’hui, renonce
à
agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensée réside dans son déta
172
es deux solitaires, personne ne sut ou n’osa voir
à
quoi devait conduire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le
173
voir à quoi devait conduire le Progrès, abandonné
à
son mouvement fatal. Le développement de l’industrie a produit évidem
174
a aussi produit beaucoup de canons et de masques
à
gaz. Il a produit beaucoup de confort, mais il a également produit la
175
ion et de la guerre qui imposent leurs nécessités
à
notre pensée impuissante. Quand la culture ne domine plus l’action, c
176
ction qui ne sait plus où elle va ! Et la société
à
son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’
177
ù elle va ! Et la société à son tour ne tarde pas
à
se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se tr
178
la cité grecque, par exemple, tout était rapporté
à
la mesure de l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était
179
, c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui
à
une extraordinaire décadence du langage, en tous pays. Au cours des s
180
eur ni malentendu. Les lieux communs étaient donc
à
la base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi
181
nt exactement définis. Ce qui est grave, c’est qu’
à
ces vingt-neuf sens, nous en avons ajouté d’autres sur lesquels plus
182
s la présence effective de la pensée et de la foi
à
toutes les misères de ce monde. La liberté : tout le monde l’invoque,
183
ividualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir
à
l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents
184
éir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste
à
s’armer jusqu’aux dents au prix de dures privations ; dans un deuxièm
185
eulement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas
à
le dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples r
186
it, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait
à
un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié hum
187
ns des mots, la propagande brutale s’en chargera.
À
la place des grands lieux communs chargés de sens traditionnel, nous
188
événements lui ayant donné un contenu historique
nouveau
», exactement inverse de l’ancien… Cela me fit songer irrésistiblemen
189
de l’ancien… Cela me fit songer irrésistiblement
à
un dialogue d’Alice au pays des Merveilles (qui est un de mes livres
190
fort qui définit le sens des mots et qui l’impose
à
son caprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive à une pareille
191
aprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive
à
une pareille décadence des lieux communs, la culture est à l’agonie.
192
eille décadence des lieux communs, la culture est
à
l’agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politique devient pra
193
une commune mesure restaurée et vivante. Et c’est
à
cet appel qu’ont répondu les chefs des grands mouvements collectivist
194
génie, s’il faut leur en reconnaître, a consisté
à
deviner — avant les intellectuels ! — la vraie nature de l’angoisse d
195
» C’était un coup de génie, si le génie consiste
à
deviner et à prévenir les inconscients désirs d’une nation. Mais on p
196
coup de génie, si le génie consiste à deviner et
à
prévenir les inconscients désirs d’une nation. Mais on peut avoir du
197
paraissent avoir commise : ils ont voulu imposer
à
l’ensemble des principes qui étaient partiels. La discipline d’État,
198
s des réalités partielles. Si la loi qu’on impose
à
tous est calculée seulement pour certains types, soit physiques, soit
199
’appel des peuples reste insatisfait. Il continue
à
nous poser la plus sérieuse question humaine. Et s’il n’est pas encor
200
d, là aussi, cet appel exigera une réponse. Reste
à
savoir si nous saurons la lui donner, si nous saurons utiliser le dél
201
s saurons utiliser le délai qui nous est accordé,
à
nous les neutres, pour découvrir les vraies causes du mal, et non seu
202
ais surtout pour les essayer sur nous d’abord.
À
la recherche de l’homme réel … Sur quel principe pourrions-nous re
203
pourrions-nous rebâtir un monde qui soit vraiment
à
hauteur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit soien
204
de et pourtant libérale ? Il nous faut rapprendre
à
penser, à penser dans le train de l’action, oui, à penser avec les ma
205
tant libérale ? Il nous faut rapprendre à penser,
à
penser dans le train de l’action, oui, à penser avec les mains. Il no
206
penser, à penser dans le train de l’action, oui,
à
penser avec les mains. Il nous faut voir que tout dépend en premier l
207
e notre état d’esprit. S’il change, tout commence
à
changer. S’il ne change pas, toutes les réformes matérielles sont inu
208
de résistance aux courants d’opinion, aux modes,
à
la publicité des grandes firmes et des grands partis politiques. À ce
209
s grandes firmes et des grands partis politiques.
À
ce moment se produit fatalement ce que j’appellerai un sentiment de v
210
’angoisse diffuse, d’où naît le besoin d’un coude
à
coude où l’individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent.
211
retrouve des contraintes qui le rassurent. Appel
à
une communauté : c’est le secret de toute révolution. Alors, d’un cou
212
d’un coup de balancier, nous nous trouvons portés
à
l’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Eu
213
e. Toute l’histoire de l’Europe peut être ramenée
à
ces grands balancements d’un pôle à l’autre. À l’anarchie individuali
214
être ramenée à ces grands balancements d’un pôle
à
l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme ro
215
ée à ces grands balancements d’un pôle à l’autre.
À
l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme romain. Au co
216
semble par l’exercice d’une vocation qui le relie
à
ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout rebâtir. Cep
217
est justement cet homme-là qui a le plus de peine
à
subsister ou à se former dans le monde moderne. Car supposez qu’un ho
218
et homme-là qui a le plus de peine à subsister ou
à
se former dans le monde moderne. Car supposez qu’un homme se sente un
219
guste Comte, et Marx, l’idée que l’Histoire obéit
à
des lois contre lesquelles l’homme ne peut rien. Conception très lugu
220
Or cette idée de lois fatales avait été empruntée
à
la science, et transportée abusivement dans les domaines plus humains
221
s permis de concevoir une observation impartiale,
à
combien plus forte raison pourrons-nous dénoncer l’illusion des histo
222
a de loi, répétons-le, que là où l’homme renonce
à
se manifester selon sa vocation particulière. Si j’insiste sur cet ax
223
érance. L’effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’
à
l’ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses d
224
diévale, par les Sommes de Thomas d’Aquin, fixait
à
la pensée et à l’action des règles véritablement communes, ordonnées
225
s Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et
à
l’action des règles véritablement communes, ordonnées à une même foi,
226
tion des règles véritablement communes, ordonnées
à
une même foi, à un même évangile, à une même espérance. Ainsi encore,
227
véritablement communes, ordonnées à une même foi,
à
un même évangile, à une même espérance. Ainsi encore, au temps de la
228
es, ordonnées à une même foi, à un même évangile,
à
une même espérance. Ainsi encore, au temps de la Réformation, l’Insti
229
rice sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire
à
l’essor du capitalisme et aux transformations sociales qu’il provoqua
230
il provoquait. Comme la culture elles ont renoncé
à
diriger, à avertir, à orienter. Et c’est là le secret du triomphe des
231
it. Comme la culture elles ont renoncé à diriger,
à
avertir, à orienter. Et c’est là le secret du triomphe des grands mou
232
a culture elles ont renoncé à diriger, à avertir,
à
orienter. Et c’est là le secret du triomphe des grands mouvements col
233
is qu’il fallait répondre mieux que ces doctrines
à
la question posée par l’angoisse des foules. D’où les encycliques soc
234
aient pas demeurer en arrière. Presque tout reste
à
faire, c’est certain. Mais l’important, c’est qu’enfin les Églises re
235
mesures. Bien d’autres groupes, je le sais, sont
à
l’œuvre, Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement des groupes person
236
. C’est dans cette volonté de recréer des groupes
à
la mesure de la personne, matériellement et moralement, que je vois l
237
ide et pourtant libérale : c’est tout le problème
à
résoudre. La solution fédéraliste Par quelle voie ? Je n’aime p
238
r de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’
à
l’acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la b
239
s pour un. Et me voici conduit, comme malgré moi,
à
des conclusions politiques — oserais-je dire patriotiques ? — ou plut
240
ques — oserais-je dire patriotiques ? — ou plutôt
à
des conclusions qui par la plus extraordinaire des rencontres, se tro
241
apable de fonder la paix, puisque l’autre aboutit
à
la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les fait
242
ui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent
à
le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est cela que nous avo
243
e tragique évidence. Et c’est cela que nous avons
à
défendre : la réalité fédéraliste en politique et dans tous les domai
244
Cette œuvre n’est pas utopique. Car je me refuse
à
nommer utopie le seul espoir qui nous soit accordé. Encore faut-il qu
245
erreur profonde quant aux pouvoirs de l’homme et
à
ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos forces un
246
res n’aboutissent pas mécaniquement et fatalement
à
des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce se
247
ment, une vraie paix sera toujours plus difficile
à
vivre et à gagner que cette guerre où tout s’abaisse et s’obscurcit.
248
raie paix sera toujours plus difficile à vivre et
à
gagner que cette guerre où tout s’abaisse et s’obscurcit. Mais qu’ell
249
Mais nous qui avons encore su conserver une cité
à
la mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons
250
gnés, ne perdons pas notre délai de grâce : c’est
à
nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le
251
âce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est
à
nous d’engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humai
252
de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut
à
l’heure que nous vivons, ce sont des pessimistes réfléchis, maîtres d
253
croire au diable, et ne sait pas le reconnaître.
À
l’origine de notre aveuglement, il y a incrédulité. Si Dieu existait,
254
t en train de payer le prix d’un siècle d’abandon
à
l’optimisme du Progrès. Pendant un siècle, elle fit la sourde oreille
255
ndu, quand certains lui posaient cette question :
à
quoi tend le progrès matériel ? Question stupide et irritante, n’est-
256
augmentation du confort. Il refuse de se demander
à
quoi servira cet argent ou si le confort matériel favorise un bien sp
257
i le confort matériel favorise un bien spirituel.
À
la première de ces questions, il n’oserait pas répondre en toute fran
258
il n’oserait pas répondre en toute franchise ; et
à
la seconde, il pressent bien qu’on ne pourrait que répondre non. D’où
259
s grands hommes du dernier siècle furent unanimes
à
prévoir le destin qui maintenant nous surprend. Nous avons eu bien as
260
e » de leur temps, et dans la prédiction des maux
à
venir — ceux qui fondent sur nous aujourd’hui. Quoi de commun entre u
261
cessairement sur l’Occident, si celui-ci persiste
à
ne prendre au sérieux que les valeurs de bourse et la « prosperity ».
262
erribles simplificateurs », qui viendront imposer
à
l’Europe d’impitoyables dictatures militaires au nom de la liberté et
263
à condamnés, de la manière la plus tragi-comique,
à
sacrifier notre prospérité, notre confort et nos progrès aux nécessit
264
mes de nations, nous voici contraints brutalement
à
des sacrifices mille fois pires, inévitables et stériles. Le plus étr
265
fraction minime aurait suffi, en d’autres temps,
à
supprimer toutes les questions sociales. Et cela non pas seulement en
266
social, mais sur le plan des relations de peuple
à
peuple. Tout ce que nous jugions impossible quand il s’agissait du vi
267
un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions
à
l’amour, pourquoi donc voulez-vous que nous ayons l’amour, et la paix
268
s sommes payés et nous payons selon notre justice
à
nous. C’est aujourd’hui qu’on en mesure l’aune. Ces vérités élémentai
269
ertains diront encore qu’elles sont inopportunes,
à
l’heure où nous cherchons des raisons d’espérer ! Mais nul espoir n’e
270
ité de rebâtir. Mais on n’accorde un concordat qu’
à
celui qui se déclare en faillite. L’aveu suppose un sens des valeurs
271
des chiffres, des quantités et des vitesses. Avis
à
la génération sportive, aux réalistes qui l’engendrèrent, aux libérau
272
. Avis aux Suisses. Les Suisses ont quelque chose
à
faire, quelque chose de précis, que je veux dire à temps. Ils sont en
273
faire, quelque chose de précis, que je veux dire
à
temps. Ils sont encore à l’écart de la guerre, et peut-être y restero
274
précis, que je veux dire à temps. Ils sont encore
à
l’écart de la guerre, et peut-être y resteront-ils. Ils ont encore ce
275
était logique, inévitable, et qu’il n’y a plus qu’
à
en tirer les conclusions5. Mais nous ne sommes pas neutres pour rien,
276
ements : tout cela ne sera que ruines et détritus
à
déblayer, même si les grandes démocraties ont la victoire. Non pas le
277
rnel, il y a l’amour et l’espérance de l’éternel.
À
quoi se raccrocher, que faire encore ? Quelle était l’assurance d’éte
278
uelle était l’assurance d’éternité qui permettait
à
Athanase de dire : c’est un petit nuage, il passera ? La grandeur de
279
utalité démesurée des choses, nous sommes réduits
à
ne plus espérer qu’au nom de l’unique nécessaire : « L’amour parfait
280
la Neue Schweizer Rundschau, qui nous a autorisé
à
reproduire cet article paru dans son numéro de juin 1940. L’auteur —
281
rateurs — se voit contraint par les circonstances
à
ne pas signer ces pages. »
282
e ne sera pas une conférence bien bâtie, je tiens
à
vous le dire tout de suite, mais une simple introduction, un plan de
283
mple introduction, un plan de travail, une invite
à
la discussion. Je vous ferai part de certaines critiques et de certai
284
e la révolution européenne, la Suisse est réduite
à
elle-même. Elle n’a plus d’autre garantie humaine que son armée, plus
285
achons voir et saisir notre chance et les chances
nouvelles
de l’Esprit ! Quand toutes les positions morales et matérielles sont
286
ans la situation extrême que je viens de décrire,
à
supposer que la Suisse soit envahie, pourrions-nous penser à l’Église
287
que la Suisse soit envahie, pourrions-nous penser
à
l’Église comme à notre Gothard spirituel ? L’existence permanente — m
288
t envahie, pourrions-nous penser à l’Église comme
à
notre Gothard spirituel ? L’existence permanente — même secrète — et
289
e de nos Églises aux catacombes suffiraient-elles
à
ranimer notre espérance, notre amour et notre foi, comme le canon loi
290
les de familles ! Les épîtres de Paul suffiraient
à
dissiper cette illusion. Il n’en reste pas moins que ces premières Ég
291
nt, et je me pose cette question : sont-ils prêts
à
mettre en commun autre chose que la pièce de monnaie qu’ils viennent
292
, avec l’air de ne pas y toucher ? Sont-ils prêts
à
« partager » autre chose que des impressions générales sur le temps e
293
Mais je me demande seulement si elles sont prêtes
à
envisager certains actes de solidarité pratique ; si elles acceptent,
294
en théorie, de faire quelque chose dans ce sens,
à
supposer que les circonstances l’exigent un jour prochain. Je me dema
295
ux autres membres de l’Église qu’ils ne sont liés
à
leur parti, ou à leur classe, ou à leurs intérêts professionnels. Je
296
de l’Église qu’ils ne sont liés à leur parti, ou
à
leur classe, ou à leurs intérêts professionnels. Je me demande ce qui
297
s ne sont liés à leur parti, ou à leur classe, ou
à
leurs intérêts professionnels. Je me demande ce qui compte à leurs ye
298
érêts professionnels. Je me demande ce qui compte
à
leurs yeux, ce qui compte avant tout et pratiquement — songeant au jo
299
n « esprit de corps » devrait pouvoir s’appliquer
à
l’Église plus qu’à nulle autre communauté au monde, puisque l’Église
300
» devrait pouvoir s’appliquer à l’Église plus qu’
à
nulle autre communauté au monde, puisque l’Église est rassemblée par
301
is reconnue et confessée, ne perdons pas de temps
à
nous lamenter ou à critiquer vainement. Mettons-nous au travail pour
302
essée, ne perdons pas de temps à nous lamenter ou
à
critiquer vainement. Mettons-nous au travail pour essayer de refaire,
303
a fois indispensables et pratiquement réalisables
à
bref délai, j’entends à la faveur du choc des événements récents et a
304
pratiquement réalisables à bref délai, j’entends
à
la faveur du choc des événements récents et avant les crises plus gra
305
pent ou réveillent en elles le sens missionnaire,
à
l’intérieur du pays ; 3° qu’elles aient le courage d’être franchement
306
s traditions de famille et des donateurs attachés
à
leurs souvenirs. L’Église n’est pas à nous, n’est pas notre œuvre, et
307
rs attachés à leurs souvenirs. L’Église n’est pas
à
nous, n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne sont pas nos affaires
308
vice unique et suffisant que l’Église doit rendre
à
la Suisse, c’est de rester ou de devenir une vraie Église, une Église
309
. 2° Le service que l’État suisse doit en retour,
à
l’Église, c’est de la laisser être une vraie Église de Dieu et non pa
310
e tolérance et d’amour du prochain. Mais je tiens
à
redire ici ce que je disais cet hiver à Tavannes : Nous ne devons pa
311
je tiens à redire ici ce que je disais cet hiver
à
Tavannes : Nous ne devons pas être chrétiens parce que nous sommes S
312
s d’abord. Gardons-nous du Schweizerchristentum !
À
ces Schweizer Christen dont je viens de parler j’opposerai cette décl
313
c’est que nos Églises redeviennent missionnaires
à
l’intérieur du pays, dans toutes les couches de notre peuple suisse.
314
re peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent
à
l’évolution sociale du xixe siècle, nos Églises sont devenues des mi
315
puis plus d’un siècle : elle ne s’y sent pas tout
à
fait chez elle ; elle n’y reconnaît pas son langage. Il y a là certai
316
tribuns politiques le privilège de savoir parler
à
la foule, de savoir la toucher par des paroles directes. Vous me dire
317
isposition des esprits. C’est aussi notre affaire
à
nous laïques. Nous n’aimons pas à être dérangés dans nos petites habi
318
i notre affaire à nous laïques. Nous n’aimons pas
à
être dérangés dans nos petites habitudes du dimanche matin, et il arr
319
a Parole de l’Église n’est pas réservée seulement
à
nos « milieux ecclésiastiques », mais à tous les hommes d’où qu’ils v
320
seulement à nos « milieux ecclésiastiques », mais
à
tous les hommes d’où qu’ils viennent, qui ont faim et soif de vérité,
321
éoccupent donc davantage d’être vraiment ouvertes
à
tous ! C’est une question de foi et de maintien, de tact humain, de c
322
t. C’est une requête que je présente comme laïque
à
nos pasteurs, avec l’espoir que les laïques de cet auditoire l’appuie
323
atiquement dans leurs paroisses. Je voudrais dire
à
nos pasteurs : soyez simples dans vos sermons, soyez plus simplement
324
plus simplement bibliques ! Ne vous fatiguez pas
à
faire une conférence, avec des idées personnelles. Notre époque ne de
325
t toujours les plus actuelles, et qui sont seules
à
la hauteur de la situation présente. Ce ne sont jamais nos idées pers
326
samedi soir… Encore faut-il que les paroissiens,
à
leur tour, acceptent que leur pasteur soit « simplement biblique », e
327
convaincants, ajouterai-je, quand nous cherchons
à
faire au lieu d’un sermon simple, des conférences intéressantes ou pa
328
s ne sommes pas convaincants quand nous cherchons
à
discuter, à prévenir des objections que la plupart des auditeurs n’au
329
pas convaincants quand nous cherchons à discuter,
à
prévenir des objections que la plupart des auditeurs n’auraient pas e
330
e attend des directions positives. Elle est prête
à
croire, et elle demande à la prédication de parler à sa foi, non à so
331
sitives. Elle est prête à croire, et elle demande
à
la prédication de parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquill
332
roire, et elle demande à la prédication de parler
à
sa foi, non à son doute, avec la tranquille et familière assurance de
333
demande à la prédication de parler à sa foi, non
à
son doute, avec la tranquille et familière assurance de la foi. Car l
334
rtout pas ! On lui demande simplement d’appliquer
à
telle ou telle situation les paroles éternelles de l’Évangile et des
335
rophètes : par exemple, pour exhorter les fidèles
à
renoncer à leurs préjugés de partis, ou à leurs intérêts de classe ;
336
par exemple, pour exhorter les fidèles à renoncer
à
leurs préjugés de partis, ou à leurs intérêts de classe ; ou pour mon
337
fidèles à renoncer à leurs préjugés de partis, ou
à
leurs intérêts de classe ; ou pour montrer à notre peuple sa mission
338
, ou à leurs intérêts de classe ; ou pour montrer
à
notre peuple sa mission positive dans l’Europe d’aujourd’hui. Toutes
339
uvent et doivent être dites du haut de la chaire,
à
condition, je le répète et j’y insiste, qu’il ne s’agisse jamais des
340
asse ; ou le langage d’une quelconque philosophie
à
la mode ou déjà démodée ; ou le langage personnel de Monsieur X, past
341
simplement le langage de la Bible, qui appartient
à
tous, qui est frappant pour tous, et dans lequel tous peuvent communi
342
on d’une vraie communauté, je la définissais tout
à
l’heure comme suit : que nos Églises aient le courage d’être franchem
343
années en France, et je me suis fortement attaché
à
la liturgie des Églises réformées de ce pays. J’entends ici par litur
344
oute espèce de liturgie sérieuse dans nos cultes,
à
quelques rares exceptions près10. Et ce n’est pas seulement le défaut
345
estent les essais tentés ici ou là, pour remédier
à
cette absence. Nous avons bien, de temps à autre, des cultes que nous
346
médier à cette absence. Nous avons bien, de temps
à
autre, des cultes que nous appelons « liturgiques » et qui consistent
347
ment les définir autrement… ce seul fait démontre
à
l’évidence que nous ignorons le sens et la portée de la liturgie véri
348
on reste imprécise… Voici un détail significatif,
à
mes yeux, de ce même défaut de sens liturgique : lorsqu’il arrive qu’
349
roles, redécouvrir chaque fois leur sens toujours
nouveau
. C’est grâce à cette invariabilité, enfin, que la liturgie crée dans
350
e reste debout). VII. Alléluia (chant spontané). (
À
la fin du culte, après l’Oraison dominicale, chant spontané d’une str
351
grâce accordée, et enfin le témoignage de la foi.
À
mon sens, cette liturgie est une des plus belles, dans sa simplicité,
352
nse que nos Églises suisses devraient se préparer
à
l’adopter, telle qu’elle est. Il y a d’abord une raison générale. L’É
353
eurs insignes, leurs saluts rituels. J’ai assisté
à
des cérémonies hitlériennes qui étaient déjà de véritables liturgies
354
des chefs totalitaires doit nous rendre attentifs
à
certains de nos défauts, afin que nous puissions les corriger à temps
355
nos défauts, afin que nous puissions les corriger
à
temps. Un peuple complètement privé de toute manifestation de ce genr
356
tion, parce qu’elles répondront tant bien que mal
à
un désir, à un besoin normal, trop longtemps déçu. Mon second argumen
357
qu’elles répondront tant bien que mal à un désir,
à
un besoin normal, trop longtemps déçu. Mon second argument en faveur
358
stantisme, ou qui est incroyante. Vous réussissez
à
l’amener, un beau dimanche, au culte d’une de nos paroisses suisses.
359
bablement, dépaysée, comme je vous le disais tout
à
l’heure, par le ton du pasteur et le maintien un peu compassé de l’au
360
n d’avoir surpris une réunion d’initiés, habitués
à
un certain langage, dont personne ne lui aura donné la clef. Il en ir
361
oin de participer, par le chant ou la récitation,
à
ce témoignage collectif, dans la communauté de mes frères, connus ou
362
nfin, ma troisième raison se rapporte étroitement
à
mon sujet, aux relations entre l’Église et la Suisse, ou pour être co
363
affadi. Je n’oserais pas suggérer que nous tenons
à
rester démocrates et sans façon jusque dans nos relations avec le Tou
364
ourtant nommé Monarque, Seigneur et Roi des rois,
à
toutes les pages de notre Bible. Le fait est que nous manquons d’un c
365
tain respect religieux, de même que nous passons,
à
l’étranger, pour être un peu trop familiers et manquer du sens des di
366
s a permis de lui parler tout simplement, d’homme
à
homme »… Je reste persuadé, pour ma part, que nous devons plutôt par
367
ur ma part, que nous devons plutôt parler d’homme
à
Dieu, et que nous ferions bien de nous pénétrer de cette vérité fonda
368
me d’y conformer notre maintien. Sans aller jusqu’
à
imiter les génuflexions multipliées des orthodoxes russes, qui se pro
369
s des orthodoxes russes, qui se prosternent jusqu’
à
toucher le sol de leur front, pourquoi refuserions-nous de nous ageno
370
ris ? Aurions-nous trop de dignité pour consentir
à
cette marque publique d’humiliation ? Nous chantons dans un chant pat
371
les Églises ont toujours attaché de l’importance
à
ces choses-là, et je pense qu’elles avaient de bonnes raisons de le f
372
ir sur ce sujet, je vous demanderai de vous poser
à
vous-même cette seule question : alors que les orthodoxes, les anglic
373
remarquez-le, est un obstacle assez considérable
à
notre rapprochement avec d’autres Églises dans le mouvement œcuméniqu
374
s Églises dans le mouvement œcuménique. (Je pense
à
l’Église anglicane, qui attache à la liturgie une importance sans ces
375
ique. (Je pense à l’Église anglicane, qui attache
à
la liturgie une importance sans cesse croissante.) Et pourtant, les É
376
t pourtant, les Églises de Suisse devraient avoir
à
cœur ce rapprochement, plus qu’aucune autre Église au monde. Nos trad
377
alistes devraient nous préparer tout spécialement
à
cette mission de compréhension d’autrui, de rapprochement, de mutuell
378
ement œcuménique. ⁂ Je me bornerai, en terminant,
à
vous rappeler les quelques thèses — critiques et suggestions — que je
379
a fois nécessaires et possibles : revenir d’abord
à
une compréhension moins superficielle de la nature de nos Églises, qu
380
rès sérieusement le problème de la liturgie, tant
à
nos bons théologiens qu’aux laïques, généralement ignorants de cette
381
ts de cette question, ou retenus par des préjugés
à
son égard. Je me suis borné à soulever devant vous quelques problèmes
382
us par des préjugés à son égard. Je me suis borné
à
soulever devant vous quelques problèmes urgents et tout pratiques, —
383
malice des temps nous invite au travail plutôt qu’
à
l’éloquence. 6. Manifeste de la Ligue du Gothard, juillet 1940.
384
es tels que les prestations financières de l’État
à
l’Église, qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante » veux d
385
itique de la Suisse (février 1941)i j Nul pays
à
ma connaissance, n’a été plus souvent expliqué à lui-même et au monde
386
à ma connaissance, n’a été plus souvent expliqué
à
lui-même et au monde que la Suisse. C’est qu’il en a besoin plus que
387
ès vivante d’une autre espèce d’union, sans cesse
à
recréer. Or l’inertie des masses et l’à-peu-près intellectuel s’oppos
388
t l’à-peu-près intellectuel s’opposent sans cesse
à
cette reprise de conscience. D’où la nécessité d’une vigilante autocr
389
’union centrale auraient peut-être plus de droits
à
revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdu
390
rne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume
à
combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne qui pourra ! Cette c
391
nfusion verbale, symbolique de tant d’autres, est
à
la base de la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlem
392
essaie de se fédérer, cette raison de nous tenir
à
l’écart ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autori
393
les Russes n’y croient pas plus qu’ils ne croient
à
nos libertés, et vraiment, ce n’est pas beaucoup dire. Il serait donc
394
rce qu’on craint que cette discussion n’aboutisse
à
des conclusions gênantes et n’oblige à des prises de position. On n’a
395
’aboutisse à des conclusions gênantes et n’oblige
à
des prises de position. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la p
396
privilège exorbitant ? Pour commencer de répondre
à
cette question, je me contenterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’hi
397
ention du conflit. Si la Suisse avait pris parti,
à
ce moment-là, elle se fût déchirée en deux : une partie tenant pour l
398
issances fascistes, la Suisse ne dut son salut qu’
à
une chance extraordinaire, aidée par une armée solide et un terrain r
399
me pendant la guerre de Trente Ans ; ni la France
à
l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Eu
400
e Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche
à
l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Européens à d’autres Européens
401
à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Européens
à
d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’est donc plus question
402
des Européens à d’autres Européens comme de 1939
à
1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de mainten
403
pporte-t-elle, ou non, une contribution effective
à
la défense commune de l’Europe ? II Avant tout essai de réponse
404
êche personne de dormir. Mais tout le monde pense
à
deux dangers communs : l’un idéologique et militaire, à l’Est ; l’aut
405
dangers communs : l’un idéologique et militaire,
à
l’Est ; l’autre économique et social, parmi nous. Pour y faire face,
406
que réservée de la Suisse contribue sérieusement
à
promouvoir l’union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant de se ri
407
-on dire que la Suisse, en refusant de se risquer
à
Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe ? Certes, no
408
en refusant de se risquer à Strasbourg, contribue
à
renforcer le Conseil de l’Europe ? Certes, nous avons fini par adhére
409
ons fini par adhérer avec d’infinies précautions,
à
quelques entreprises internationales, telles que l’OECE et l’Union de
410
dives et réticentes comme autant de contributions
à
l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de soutenir que la
411
ir que la neutralité représente un apport positif
à
la fédération du continent, c’est-à-dire à ses vrais intérêts. Mais s
412
ositif à la fédération du continent, c’est-à-dire
à
ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis de la défense de l’Europe
413
la situation est différente. M. Churchill a parlé
à
Strasbourg de créer une armée européenne. M. Pleven a fait voter un p
414
par la Chambre française. Et déjà, l’on commence
à
regarder de travers cette petite Suisse qui prétend rester neutre qua
415
prétend rester neutre quand tout le monde réarme
à
grands cris. Mais attention : les cris ne sont pas des armes ! La vér
416
statut de neutralité est une contribution réelle
à
la défense du continent, on ne saurait vraiment en dire autant de not
417
presque négative à l’égard de l’union nécessaire.
À
la question qu’on me pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon de
418
de quoi la Suisse devrait éventuellement renoncer
à
sa neutralité. Je réponds pour ma part que cela ne pourrait être qu’a
419
ns précises. Il faut que notre opinion soit prête
à
y répondre. Il ne faut pas que notre gouvernement se trouve placé dev
420
i me paraît vitale pour notre avenir. Je me borne
à
proposer, pour l’orienter, un seul principe de jugement politique. Le
421
nt que la neutralité de la Suisse se révèle utile
à
l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan militaire — il faut la maint
422
intenir. Si au contraire elle devient un prétexte
à
freiner l’union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle es
423
ient un prétexte à freiner l’union de l’Europe et
à
ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit même de so
424
à ne pas y prendre notre part, elle est contraire
à
l’esprit même de son statut, et elle peut donc demain devenir une tra
425
non pas comme un privilège qu’il n’y aurait plus
à
mériter. Elle est relative à l’Europe. Et ceux qui, par erreur ou par
426
u’il n’y aurait plus à mériter. Elle est relative
à
l’Europe. Et ceux qui, par erreur ou par malice, veulent aujourd’hui
427
ie et l’URSS par exemple — ceux-là sont infidèles
à
notre tradition. Ils violent notre statut légal, et l’esprit même de
428
al, que personne encore n’a touché, tout au moins
à
ma connaissance. k. Rougemont Denis de, « Europe unie et neutrali
429
lient. Il semble que les obstacles qui s’opposent
à
une fédération européenne se font plus difficiles et plus nombreux. L
430
ous avons rédigé un questionnaire qui sera envoyé
à
quelques-uns de ceux que le problème préoccupe et nous ouvrons ainsi
431
e devrait-elle adopter en face de l’Europe unie ?
À
supposer qu’une fédération européenne se réalisât prochainement, dans
432
tralité helvétique serait-elle un obstacle majeur
à
notre entrée dans ladite fédération ? Une conception trop restrictive
433
ment la tâche de conciliation qui serait conforme
à
son génie ? — En faveur du maintien, de l’assouplissement ou de l’aba
434
ertains arguments comme particulièrement décisifs
à
l’heure où nous sommes ? » Comme le précise une note finale, ce texte
435
e finale, ce texte est issu « des chroniques lues
à
Radio-Genève les 30 octobre et 6 novembre 1950, dans le cadre de l’ém
436
Réplique
à
M. Lasserre (mars-avril 1951)m n Je regrette que M. Lasserre ait s
437
ette que M. Lasserre ait simplifié ma thèse jusqu’
à
la déformer, et qu’il ait apporté à sa réfutation moins de scrupule q
438
a thèse jusqu’à la déformer, et qu’il ait apporté
à
sa réfutation moins de scrupule que d’humeur. J’avais pourtant pris s
439
» que la Suisse devrait subordonner sa politique
à
« l’intérêt des principaux États de l’Europe » ? J’ai dit seulement q
440
ent que si la Suisse un jour décidait de renoncer
à
sa neutralité, ce ne pourrait être qu’au profit de l’Europe entière e
441
tais une discussion sur la neutralité présente et
à
venir de la Suisse, les circonstances ayant changé depuis dix ans. De
442
le répète mon censeur, ce qui fausse ses calculs
à
la base. Finalement, quelle est la position de M. Lasserre sur le fon
443
de Lausanne. m. Rougemont Denis de, « Réplique
à
M. Lasserre », Les Cahiers protestants, Lausanne, mars–avril 1951, p.
444
a réponse de David Lasserre publiée comme réponse
à
l’enquête des Cahiers sur « La Suisse et l’Europe ». o. Voir la prem
445
incipe même de la dogmatique paraissait difficile
à
justifier, mais non pas les principes du devoir moral, considérés com
446
ienne) et de l’ethnologie comparée (de Lévy-Bruhl
à
Lévi-Strauss) ? Théoriquement et théologiquement, nous savons à quoi
447
) ? Théoriquement et théologiquement, nous savons
à
quoi nous en sommes et à quels dogmes nous croyons. Mais au plan de l
448
logiquement, nous savons à quoi nous en sommes et
à
quels dogmes nous croyons. Mais au plan de la morale, nous vivons dan
449
e vois se dessiner un tout autre schéma, comme un
nouveau
renversement, annonciateur d’une situation de nouveau comparable à ce
450
nnonciateur d’une situation de nouveau comparable
à
celle du siècle passé, mais radicalisée. D’une part, ce que l’on nomm
451
u lieu de sermons contre « l’impureté », on donne
à
nos adolescents des leçons d’initiation sexuelle ; au lieu de menaces
452
chniquement avancés, vers une société qui serait,
à
la limite, sans surprises ni drames, sans vrais débats (j’entends : s
453
e croissante des mœurs que nos vieux sages auront
à
déplorer, mais au contraire l’universelle et rigoureuse réglementatio
454
porter sur elles un jugement global. Je me borne
à
relever ceci : à supposer que demain, ce soit un collège formé de gén
455
un jugement global. Je me borne à relever ceci :
à
supposer que demain, ce soit un collège formé de généticiens, de psyc
456
problème, on le fait sans barguigner, sans avoir
à
résoudre de conflits intérieurs dramatiques, on ne parle pas de « sac
457
des proches. La plupart de ceux qui ont réfléchi
à
ces perspectives, du côté chrétien, me semblent enclins à considérer
458
rspectives, du côté chrétien, me semblent enclins
à
considérer comme un malheur, voire une catastrophe, cette probabilité
459
es et leurs clergés n’auraient en somme plus rien
à
dire aux hommes, aux femmes et aux enfants quant à leur existence quo
460
nce, et sans doute de l’État, s’en voyant chargés
à
la satisfaction des masses (pour ne pas dire : au soulagement général
461
r le terme général de morale, me paraît comporter
à
presque tous les égards, plus d’avantages que d’inconvénients, tant p
462
t « morale chrétienne », au lieu de se cramponner
à
un magistère tombé en désuétude, les Églises ne feraient-elles pas mi
463
n plus ; et que les excès que l’on peut reprocher
à
certaines modes scientifiques (certains dogmatismes freudiens, par ex
464
estants, depuis la fin du xviiie siècle et jusqu’
à
pas si longtemps que cela, en Suisse romande, si j’en crois mes souve
465
e Rome, dans la lancée de Vatican II) se décident
à
rendre à César, c’est-à-dire au « siècle », le soin de la réglementat
466
ans la lancée de Vatican II) se décident à rendre
à
César, c’est-à-dire au « siècle », le soin de la réglementation et de
467
ciété, elles pourront se consacrer d’autant mieux
à
leur mission proprement spirituelle, qui est à mon sens : de rappeler
468
ux à leur mission proprement spirituelle, qui est
à
mon sens : de rappeler à l’homme son but final, sa destination ultime
469
ent spirituelle, qui est à mon sens : de rappeler
à
l’homme son but final, sa destination ultime, sa vocation. Car les rè
470
, par nature et destination, et dans ce sens sont
à
César, mais la vocation de la personne est à Dieu, vient de Dieu et c
471
sont à César, mais la vocation de la personne est
à
Dieu, vient de Dieu et conduit à Lui, ce qu’aucune morale ne pourra j
472
la personne est à Dieu, vient de Dieu et conduit
à
Lui, ce qu’aucune morale ne pourra jamais faire, même si on la baptis
473
onnantes acrobaties théologiques. Je disais tout
à
l’heure que laisser le soin de la « morale » à César, c’est-à-dire au
474
ut à l’heure que laisser le soin de la « morale »
à
César, c’est-à-dire aux sciences séculières plus ou moins socialisées
475
s plus ou moins socialisées, me paraît avantageux
à
presque tous les égards. Je dois m’expliquer maintenant sur ce presqu
476
rts avec la Nature), suffisamment ajustée, enfin,
à
la productivité du travail, et même, qui sait ? à la « créativité des
477
à la productivité du travail, et même, qui sait ?
à
la « créativité des loisirs » (dans les rapports avec l’économie) : o
478
cis d’informations constamment vérifiées et mises
à
jour, toute question trouvant sa réponse quasi instantanée par la con
479
ateur, les recours ultimes pouvant être présentés
à
la « Machine » avec un grand M que nous supposerons directrice ou cor
480
rre et après ma mort ; la question de ma relation
à
la transcendance. Elle demeure sans réponse, non point par accident,
481
d’un traitement logique, et ne pouvant aboutir qu’
à
une série infinie de zéros à la sortie des circuits. Dans cette socié
482
e pouvant aboutir qu’à une série infinie de zéros
à
la sortie des circuits. Dans cette société que je suppose en parfait
483
x intérieures », naguère tenues pour « divines »,
à
des structures ou pulsions de l’instinct) — comment valoriser encore
484
it individu-collectivité se trouve ici radicalisé
à
la limite. Mais alors le rôle de l’Église apparaît subitement précisé
485
s le rôle de l’Église apparaît subitement précisé
à
l’extrême par toute cette négativité. Alors qu’aux origines de l’Euro
486
justement trop parfait, pour l’exposer sans cesse
à
la question des fins dernières, métaphysiques et spirituelles. Elle e
487
Elle est là pour défendre le droit de la personne
à
différer, le droit à l’hérésie, si c’en est une de croire que le but
488
ndre le droit de la personne à différer, le droit
à
l’hérésie, si c’en est une de croire que le but de l’homme transcende
489
onditionnement et tout asservissement automatique
à
des fins purement sociales, fussent-elles déterminées par la plus sûr
490
déterminées par la plus sûre des sciences. Quant
à
celui qui veut devenir chrétien, devra-t-il s’exiler moralement de ce
491
essentiel. Ce ne sera pas une attitude de révolté
à
gilet rouge, mais le droit qu’on demande et qu’on prend de poser touj
492
provisoire, mon chemin que j’invente, que je crée
à
chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas
493
on chemin que j’invente, que je crée à chaque pas
à
tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ainsi
494
e verset du psalmiste : « Ta parole est une lampe
à
mes pieds, une lumière sur mon sentier »… Je résume mon diagnostic, q
495
ent sur la situation que je viens de caractériser
à
grands traits, j’avais écrit dès 1945 — l’été d’Hiroshima — un manusc
496
jouts indispensables), des objections très graves
à
mes propres thèses, des raisons de désespérer de mon entreprise, et d
497
s) de penser au contraire qu’elle peut contribuer
à
débrouiller un peu nos problèmes éthiques, en vue de l’avenir. Dans s
498
harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces
à
bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et tirais auss
499
d’ordres assénés qu’il me semblait, d’un exercice
à
l’autre, n’avoir fait de progrès que dans la découverte d’une maladre
500
ouffle, visais d’un œil, reposant l’arme de temps
à
autre pour respirer et calmer ma nervosité, et lorsque enfin je me cr
501
rêt selon la méthode des sergents, je me décidais
à
lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-des
502
reurs. On négligeait les autres, et je me résolus
à
profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret de mes erreu
503
enir compte des préceptes reçus. Je ne tardai pas
à
marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon l’espoir de me réhab
504
mais enfin dans la cible. « Voulez-vous apprendre
à
tirer ? » Il me regarda, et voyant dans mes yeux une bonne volonté en
505
ent en trois mots : pensez au noir. Ne pensez pas
à
votre main, ni à ce que fait l’index qui a pris le cran d’arrêt. Lais
506
: pensez au noir. Ne pensez pas à votre main, ni
à
ce que fait l’index qui a pris le cran d’arrêt. Laissez-vous simpleme
507
us simplement hypnotiser par ce petit disque noir
à
trois-cents mètres qui danse sur la ligne de mire. Quand vous serez a
508
es plus lointaines et aux implications, décisives
à
mon sens, du conseil en trois mots de ce jeune officier — « pensez au
509
mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient
à
nous, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La considération
510
et de la méditation sur cet art. Il s’agit du tir
à
l’arc. Le tireur zen doit arriver à s’identifier au but (à la cible),
511
s’agit du tir à l’arc. Le tireur zen doit arriver
à
s’identifier au but (à la cible), à avoir ce but en soi, de telle sor
512
Le tireur zen doit arriver à s’identifier au but (
à
la cible), à avoir ce but en soi, de telle sorte qu’il arrive un jour
513
doit arriver à s’identifier au but (à la cible),
à
avoir ce but en soi, de telle sorte qu’il arrive un jour à mettre une
514
e but en soi, de telle sorte qu’il arrive un jour
à
mettre une flèche dans le noir les yeux fermés, et une deuxième dans
515
et une deuxième dans la tige même de la première.
À
ce moment, l’initiation a réussi). Partant de cette expérience, et de
516
ns la suite du livre une distinction fondamentale
à
opérer dans l’analyse et l’évaluation des conduites humaines. Je pos
517
e ses membres. Cela va des règles du jeu d’échecs
à
la prohibition de l’inceste chez les tribus sauvages, des rituels lit
518
iques aux lois fiscales, des techniques destinées
à
assurer le bonheur dans le mariage, jusqu’au code des feux verts et r
519
églant la circulation. Dans cet ensemble, on peut
à
première vue distinguer d’une part ce qui relève expressément de l’ar
520
donnée pour telle, et d’autre part ce qui répond
à
des nécessités naturelles et pratiques. Mais une analyse même rapide
521
ature a fait semblables physiquement. Je me borne
à
mentionner ici le principe de cette analyse, parce qu’il autorise que
522
oubliant qu’elles sont réellement indispensables
à
toute vie sociale, c’est-à-dire à toute vie humaine. Les règles du je
523
indispensables à toute vie sociale, c’est-à-dire
à
toute vie humaine. Les règles du jeu d’échecs sont des conventions, c
524
eu ne signifie nullement qu’il faille les prendre
à
la légère, ni qu’on montre beaucoup d’intelligence en trichant avec e
525
t du jeu, puisque cet intérêt tient aux règles et
à
rien d’autre. S’il est admis que les normes de la morale sont des règ
526
disqualification (qui correspond au bannissement,
à
la prison à vie ou à la peine de mort). Mais si la morale est considé
527
tion (qui correspond au bannissement, à la prison
à
vie ou à la peine de mort). Mais si la morale est considérée comme un
528
correspond au bannissement, à la prison à vie ou
à
la peine de mort). Mais si la morale est considérée comme un système
529
ou néfastes, et il est important de les soumettre
à
une critique systématique et scientifique. Ce qui rend cette tâche si
530
est bien un code, mais rudimentaire et lacunaire,
à
l’usage de propriétaires du type patriarcal, et qui met notamment sur
531
tion dans la cité. De là l’obligation de recourir
à
d’autres sources, — presque toutes venant d’autres religions. De là a
532
confusion inévitable que j’ai dite, l’attribution
à
la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la so
533
i dite, l’attribution à la « volonté de Dieu » ou
à
la Nature des choses de tout ce que la société juge indispensable à s
534
oses de tout ce que la société juge indispensable
à
son bien : tantôt l’esclavage et tantôt la liberté, tantôt le droit d
535
on argument : 1. j’estime qu’il y a tout avantage
à
considérer les préceptes et codes de la morale comme les règles du je
536
— et facilite d’ailleurs — une stricte obéissance
à
ces règles, comme il va de soi dans tous les jeux et sports d’équipe
537
ces préceptes et recettes, et la prétention tout
à
fait abusive à les fonder dans la nature des choses ou la loi naturel
538
et recettes, et la prétention tout à fait abusive
à
les fonder dans la nature des choses ou la loi naturelle, à les assim
539
er dans la nature des choses ou la loi naturelle,
à
les assimiler aux « voies de la providence » ou à la « volonté de Die
540
à les assimiler aux « voies de la providence » ou
à
la « volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j’introduis ici une re
541
oups bas, etc.). La notion de péché n’apparaît qu’
à
partir du moment où se trouve posée la question de nos fins dernières
542
la question de nos fins dernières. Elle est liée
à
la vocation. ⁂ On pourrait définir une sorte de vocation générale du
543
ler, c’est la vocation particulière qui s’adresse
à
un individu et fait de lui une personne distincte et unique. Obéir à
544
it de lui une personne distincte et unique. Obéir
à
ma vocation, c’est suivre le chemin qui va me conduire à la source de
545
cation, c’est suivre le chemin qui va me conduire
à
la source de l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherche à entendr
546
de l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherche
à
entendre, à capter de nouveau, pour qu’il me guide dans l’inconnu, co
547
ue j’ai cru percevoir, que je cherche à entendre,
à
capter de nouveau, pour qu’il me guide dans l’inconnu, comme ces avio
548
ppel, et n’existe que si je m’y engage, répondant
à
l’appel sans penser à rien d’autre. Il n’est pas jalonné, comme les g
549
si je m’y engage, répondant à l’appel sans penser
à
rien d’autre. Il n’est pas jalonné, comme les grandes voies publiques
550
peine discernable pour ma foi seule, va permettre
à
mes voisins soucieux de mon sort de mettre en doute ou de nier son ex
551
ont pas faites pour cela. Seul pourrait me relier
à
mon but le sentier de ma vocation, qui est au sens littéral improbabl
552
’a jamais vu. N’ayant d’autres moyens de répondre
à
son appel, de le rejoindre, que ceux que me suggère, inexplicablement
553
mesure où j’y crois, et où j’arrive par instants
à
oublier tout ce qui me fait douter du But et de l’appel et du chemin,
554
et de l’appel et du chemin, quand je m’abandonne
à
l’élan, à l’attrait advienne que pourra, comme dans un saut… Dans ces
555
ppel et du chemin, quand je m’abandonne à l’élan,
à
l’attrait advienne que pourra, comme dans un saut… Dans ces moments,
556
il les a faits et me les a donnés. Je disais tout
à
l’heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde des règ
557
est clair que le péché en général est de faillir
à
l’amour, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduir
558
r, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire
à
un pur sentiment ou désir, alors qu’il est action. Mais dans le monde
559
é particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre
à
l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’y croire sans preuve
560
, me détourne d’agir ma vocation. Et je découvre,
à
ce propos, que le mot désignant le péché en hébreu signifie littérale
561
dessus de la ligne normale », ou : « ce qui tombe
à
côté ». Voilà qui correspond, n’est-ce pas, d’une manière assez frapp
562
ond, n’est-ce pas, d’une manière assez frappante,
à
mes images initiales du tireur au fusil ou à l’arc. ⁂ Je ne voudrais
563
nte, à mes images initiales du tireur au fusil ou
à
l’arc. ⁂ Je ne voudrais pas terminer cet exposé… téméraire, beaucoup
564
les principales objections que je suis le premier
à
formuler contre mes thèses — et que j’examinerai sans pitié dans mon
565
ons, de doutes et de reproches hélas bien faciles
à
prévoir. Le psychologue me dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous s
566
’est-à-dire aujourd’hui et en fait aux savants et
à
l’État, vous risquez de laisser s’établir une société totalitaire. Et
567
ous privez le monde des aides de la Révélation. —
À
quoi je réponds que le risque est très grand, je l’avoue, mais que le
568
a conduite morale de nos peuples n’ont pas réussi
à
empêcher ni même à retarder sérieusement un seul des mouvements total
569
e nos peuples n’ont pas réussi à empêcher ni même
à
retarder sérieusement un seul des mouvements totalitaires du xxe siè
570
portes toutes grandes au subjectivisme intégral,
à
l’illuminisme, au quiétisme, et simplement à tous les malades dont la
571
ral, à l’illuminisme, au quiétisme, et simplement
à
tous les malades dont la psychose prend la forme d’une mission qu’ils
572
e d’une mission qu’ils affirment reçue de Dieu. —
À
quoi je pense qu’on doit répondre par une vigilance redoublée dans l’
573
n, prenant acte de ce que je ne crois pas du tout
à
une morale révélée, ni directement ni au travers des tours de passe-p
574
s gens comme moi. Je lui dirai : faites attention
à
l’Écriture, qui est, selon vos meilleurs docteurs, le critère externe
575
-dessus. » Or chercher le Royaume, c’est chercher
à
saisir et à comprendre le message ou l’appel qui nous en vient. Ce n’
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r chercher le Royaume, c’est chercher à saisir et
à
comprendre le message ou l’appel qui nous en vient. Ce n’est pas appl
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ingue de la communauté, d’une action qui le relie
à
cette communauté et qui l’insère dans ses réalités concrètes. Aux dé
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rageux qui m’accuseraient de proposer une éthique
à
l’usage exclusif d’une petite élite spirituelle, d’un groupe d’élus,
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ilhard de Chardin : chaque homme n’est pas appelé
à
faire de grandes choses, c’est vrai, mais, par sa solidarité avec une
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r sa solidarité avec une grandeur qui le dépasse,
à
faire grandement la moindre des choses, ce qu’il doit faire lui seul.
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hoses, ce qu’il doit faire lui seul. (Et d’abord,
à
se faire lui-même, ajouterais-je.) Aux fidèles enfin, à tout homme qu
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aire lui-même, ajouterais-je.) Aux fidèles enfin,
à
tout homme qui me demanderait : « Comment savoir ? Comment déceler ma
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créé par sa fin. Car c’est l’Esprit qui nous meut
à
prier. Les « soupirs inexprimables » de la prière en nous répondent s
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xprimables » de la prière en nous répondent seuls
à
la réalité de l’indicible ; or toute vocation est d’abord indicible,
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, donc pas deux chemins pareils allant d’un homme
à
Dieu. Mais je pressens que les objections les plus gênantes qu’on pou
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que et leur vocation générale consisteront plutôt
à
poser des questions qu’à tenter d’imposer des réponses ; à poser avan
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rale consisteront plutôt à poser des questions qu’
à
tenter d’imposer des réponses ; à poser avant tout, en temps et hors
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es questions qu’à tenter d’imposer des réponses ;
à
poser avant tout, en temps et hors de temps, la Question, celle du Se
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« Ce texte est celui d’une conférence, prononcée
à
Neuchâtel en septembre 1966, devant la Société pastorale suisse, qui
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storale suisse, qui nous a obligeamment autorisés
à
la publier. »