1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 l’exigence religieuse des peuples, déçue par les Églises chrétiennes. Défaut de civisme : j’en donnerai un seul exemple mais s
2 ne violence faite à notre orgueil. Reconnaissons, Églises et fidèles, que si la pseudo-religion totalitaire triomphe aujourd’hu
3 ons tous trahi le grand devoir communautaire de l’ Église , parce que nous avons transformé le christianisme en quelque chose de
4 savants peuvent se tromper et reconnaissant que l’ Église romaine est infaillible. L’Église grecque lui en sut très mauvais gré
5 nnaissant que l’Église romaine est infaillible. L’ Église grecque lui en sut très mauvais gré et lui en fit de vifs reproches à
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
6 exactement avec la dernière période d’unité de l’ Église occidentale. Le concile de Constance venait de mettre fin au Grand Sc
7 acquérir la sainteté par les voies qu’ordonnait l’ Église  ; mais loin d’y trouver l’apaisement, il sentait croître en lui l’inq
8 t à la volonté de vivre en dehors des cadres de l’ Église , volonté que Nicolas a toujours affirmée, non seulement en refusant d
9 suffise d’indiquer qu’elle représentait, face à l’ Église établie, une aspiration vers la vie religieuse intime et personnelle,
10 secte — c’est ainsi qu’il ne rompit jamais avec l’ Église , tout en gardant ses distances — mais d’autre part, il est indéniable
11 gré certain accaparement de Nicolas de Flue par l’ Église romaine, la signification qu’il eut, en fait, pour les premières géné
12 s de Flue à l’appui de leur œuvre de réforme de l’ Église . Et ce n’est pas sans un léger mouvement de triomphe, je l’avoue, que
13 nberg, et parfois nommé le père de l’histoire des églises protestantes, mentionne longuement Nicolas dans son Catalogue des tém
14 olitique n’est même pas mentionné. (Cela gênait l’ Église , remarque Dürrer.) Il y aurait lieu de citer enfin le libelle de Luth
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
15 le sens des mots ? En d’autres temps, c’étaient l’ Église et la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écrivains. M
16 er siècle de notre ère, par les communautés de l’ Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa conve
17 rts orientés par une même espérance. L’effort des Églises , tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme, les Églises ont été les
18 tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La th
19 ne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne les Églises ont paru, elles aussi, se détourner de toute action régulatrice sur l
20 e la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises . Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’un
21 l me semble que, là encore, un réveil soulève les Églises . Elles ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doctrines p
22 e Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient pas demeurer en arrière. Presque tout reste à faire, c’
23 est certain. Mais l’important, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle de direction dans tous les ordres de la pensée e
24 nsée et de l’action. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le type même des groupes au sein desquels la cult
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
25 L’ Église et la Suisse (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin de l’Église
26 (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin de l’ Église visible et non pas de l’Église en général. Je vous parlerai des Églis
27 erai ce matin de l’Église visible et non pas de l’ Église en général. Je vous parlerai des Églises telles que nous les voyons e
28 pas de l’Église en général. Je vous parlerai des Églises telles que nous les voyons en Suisse ; et de la Suisse, telle que nou
29 la Suisse soit envahie, pourrions-nous penser à l’ Église comme à notre Gothard spirituel ? L’existence permanente — même secrè
30 e permanente — même secrète — et la parole de nos Églises aux catacombes suffiraient-elles à ranimer notre espérance, notre amo
31 e le canon lointain ranimerait nos courages ? Nos Églises trouveraient-elles le moyen de subsister et de s’organiser par l’init
32 espéré qu’on voit ce qui était vraiment solide. L’ Église de Suisse est-elle vraiment solide ? Saura-t-elle résister comme un r
33 aut porter l’effort. Aujourd’hui ou jamais, notre Église a besoin d’une rigoureuse critique, d’une critique utile et positive,
34 tions nécessaires. ⁂ La grande faiblesse de notre Église visible, de nos diverses Églises suisses, c’est qu’elles ont cessé d’
35 aiblesse de notre Église visible, de nos diverses Églises suisses, c’est qu’elles ont cessé d’être ou n’ont jamais été de vérit
36 ents actuels et ceux que nous devons prévoir. Une Église devrait être le type même de la communauté vivante. Posons tout de su
37 sons tout de suite un repère : les paroisses de l’ Église primitive étaient de vraies communautés. On y mettait tout en commun,
38 lusion. Il n’en reste pas moins que ces premières Églises ont surmonté toutes les persécutions grâce à la cohésion de leurs par
39 nt-ils vraiment des frères — et des frères dans l’ Église  ? Oh ! je ne demande pas que nos paroisses décrètent du jour au lende
40 ntent plus fortement liés aux autres membres de l’ Église qu’ils ne sont liés à leur parti, ou à leur classe, ou à leurs intérê
41 t — songeant au jour où il faudra choisir entre l’ Église et nos sécurités. Je vois bien que nos Églises constituent des unité
42 l’Église et nos sécurités. Je vois bien que nos Églises constituent des unités administratives, qu’elles réunissent régulière
43 , agissant pour leur compte — plus qu’au nom de l’ Église — cela ne fait pas encore une vraie communauté. Des actes isolés, si
44 esprit de corps » devrait pouvoir s’appliquer à l’ Église plus qu’à nulle autre communauté au monde, puisque l’Église est rasse
45 s qu’à nulle autre communauté au monde, puisque l’ Église est rassemblée par l’Esprit saint, et puisqu’elle est le Corps même d
46 crises plus graves qui se préparent. Pour que nos Églises retrouvent le sens et la vertu communautaire, il faut : 1° qu’elles r
47 e la nature éternelle et du but transcendant de l’ Église  ; 2° qu’elles développent ou réveillent en elles le sens missionnaire
48 qu’elles aient le courage d’être franchement des Églises visibles, organisées, douées d’une discipline et de formes cultuelles
49 iés que moi pour définir l’essence et le but de l’ Église . Je me contenterai de quelques remarques sur les rapports de l’Église
50 terai de quelques remarques sur les rapports de l’ Église et de la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Église suisse
51 la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Église suisse doit être, ou redevenir une Église de Dieu, et non pas la soci
52 : notre Église suisse doit être, ou redevenir une Église de Dieu, et non pas la société des braves gens. Par exemple, on ne do
53 le et des donateurs attachés à leurs souvenirs. L’ Église n’est pas à nous, n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne sont pas
54 mmes qui parfois ignorent tout de la réalité de l’ Église , corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’Église et de l’État,
55 , corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’ Église et de l’État, je vous proposerai deux formules : 1° Le service unique
56 ormules : 1° Le service unique et suffisant que l’ Église doit rendre à la Suisse, c’est de rester ou de devenir une vraie Égli
57 a Suisse, c’est de rester ou de devenir une vraie Église , une Église de Dieu et non pas une Église patriotique ou une puissanc
58 est de rester ou de devenir une vraie Église, une Église de Dieu et non pas une Église patriotique ou une puissance d’ordre po
59 e vraie Église, une Église de Dieu et non pas une Église patriotique ou une puissance d’ordre politique. 2° Le service que l’É
60 Le service que l’État suisse doit en retour, à l’ Église , c’est de la laisser être une vraie Église de Dieu et non pas une Égl
61 r, à l’Église, c’est de la laisser être une vraie Église de Dieu et non pas une Église de l’État suisse. Il est bien vrai que
62 sser être une vraie Église de Dieu et non pas une Église de l’État suisse. Il est bien vrai que notre État fédéral ne saurait
63 é, la première condition indispensable pour que l’ Église devienne une vraie communauté, c’est que l’Église soit indépendante d
64 Église devienne une vraie communauté, c’est que l’ Église soit indépendante de l’État, je veux dire par là : constituée face à
65 autorité souveraine 9. Alors, si l’État change, l’ Église ne changera pas. Et si l’État devient païen, l’Église pourra rester l
66 se ne changera pas. Et si l’État devient païen, l’ Église pourra rester le lieu où les justes rapports entre les hommes sont or
67 ore les événements qui ont amené la création de l’ Église confessionnelle en Allemagne, on comprendra ce que je veux dire, — et
68 nt ! II La seconde condition, c’est que nos Églises redeviennent missionnaires à l’intérieur du pays, dans toutes les cou
69 ennent à l’évolution sociale du xixe siècle, nos Églises sont devenues des milieux bourgeois, dans la plupart des villes, et d
70 désaffection de la classe ouvrière vis-à-vis de l’ Église depuis plus d’un siècle : elle ne s’y sent pas tout à fait chez elle 
71 Il y a là certainement quelque chose d’anormal. L’ Église n’aurait jamais dû prendre le ton et l’accent d’un milieu social plut
72 Nous oublions trop facilement que la Parole de l’ Église n’est pas réservée seulement à nos « milieux ecclésiastiques », mais
73 arés dans un milieu où ils sont déplacés. Que nos Églises se préoccupent donc davantage d’être vraiment ouvertes à tous ! C’est
74 . Tout ceci ne veut pas dire d’ailleurs que notre Église n’ait pas le droit d’aborder l’actualité sociale ou politique. Pour ê
75 é sociale ou politique. Pour être missionnaire, l’ Église doit d’abord être convaincue de la valeur et de la nouveauté perpétue
76 premier point. Mais cela étant acquis, pourquoi l’ Église se priverait-elle de souligner l’actualité de son enseignement ? Pour
77 é, la deuxième condition indispensable pour que l’ Église reste ou devienne une vraie communauté, c’est que l’Église ne parle p
78 ste ou devienne une vraie communauté, c’est que l’ Église ne parle pas le langage d’un seul groupe social, ou d’une seule class
79 a définissais tout à l’heure comme suit : que nos Églises aient le courage d’être franchement des Églises visibles — solidement
80 s Églises aient le courage d’être franchement des Églises visibles — solidement organisées, — douées d’une discipline et de for
81 et je me suis fortement attaché à la liturgie des Églises réformées de ce pays. J’entends ici par liturgie : la partie du culte
82 indivisible. Prenons l’exemple de la liturgie des Églises réformées de France. Je vais vous la décrire dans ses principaux trai
83 maintenant pour quelles raisons je pense que nos Églises suisses devraient se préparer à l’adopter, telle qu’elle est. Il y a
84 u’elle est. Il y a d’abord une raison générale. L’ Église visible est aussi une société humaine. Comme toute société humaine, e
85 ai tout de même le sentiment d’avoir approuvé mon Église , et d’en avoir reçu le message essentiel. Enfin, ma troisième raison
86 te étroitement à mon sujet, aux relations entre l’ Église et la Suisse, ou pour être concret : aux relations entre nos Églises
87 e, ou pour être concret : aux relations entre nos Églises et nous, les Suisses. Le peuple suisse, en général, n’a pas un sens d
88 u Bon Dieu, chez nous, et qu’il subsiste dans nos Églises pas mal de traces d’un piétisme affadi. Je n’oserais pas suggérer que
89 péchés, par exemple, comme cela se fait dans les Églises réformées de Paris ? Aurions-nous trop de dignité pour consentir à ce
90 e ne sais quelle déviation catholique. Toutes les Églises ont toujours attaché de l’importance à ces choses-là, et je pense qu’
91 d’avoir une liturgie, comment se fait-il que nos Églises suisses soient les seules sur le continent qui croient pouvoir s’en p
92 considérable à notre rapprochement avec d’autres Églises dans le mouvement œcuménique. (Je pense à l’Église anglicane, qui att
93 lises dans le mouvement œcuménique. (Je pense à l’ Église anglicane, qui attache à la liturgie une importance sans cesse croiss
94 portance sans cesse croissante.) Et pourtant, les Églises de Suisse devraient avoir à cœur ce rapprochement, plus qu’aucune aut
95 oir à cœur ce rapprochement, plus qu’aucune autre Église au monde. Nos traditions fédéralistes devraient nous préparer tout sp
96 ut d’abord que la situation actuelle exige de nos Églises un grand effort vers la communauté vivante. Ce sera peut-être une que
97 réhension moins superficielle de la nature de nos Églises , qui sont les membres du Corps de Christ, et non pas des associations
98 940. 7. On sait que l’organisation des premières Églises était telle que les évêques reprirent peu à peu pour leur compte les
99 els que les prestations financières de l’État à l’ Église , qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante » veux dire : lib
100 0. Canton de Genève. g. Rougemont Denis de, « L’ Église et la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, août 1940, p. 321-
101 ence du Camp aîné de Vaumarcus. Les suivantes : L’ Église et l’Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous, pa
102 aumarcus. Les suivantes : L’Église et l’Europe, l’ Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous, paraîtront successivemen
103 se et l’Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’ Église , c’est nous, paraîtront successivement au cours des prochains fascicu
5 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
104 oute, si nous bornons l’enquête aux élites de nos églises en Europe. Mais dans le reste du monde, déjà — et ce sera vrai pour n
105 raception) dans une société donnée, et non plus l’ Église par ses décrets généraux et par l’intervention personnelle du prêtre
106 l’idée que s’il devait en aller ainsi demain, les Églises et leurs clergés n’auraient en somme plus rien à dire aux hommes, aux
107 d’inconvénients, tant pour la Société que pour l’ Église elle-même. Au lieu de livrer une longue bataille en retraite pour ten
108 cramponner à un magistère tombé en désuétude, les Églises ne feraient-elles pas mieux d’admettre que la compétence des savants
109 , si j’en crois mes souvenirs de jeunesse. Si les Églises (et pas seulement celle de Rome, dans la lancée de Vatican II) se déc
110 i radicalisé à la limite. Mais alors le rôle de l’ Église apparaît subitement précisé à l’extrême par toute cette négativité. A
111 ux origines de l’Europe et au Moyen Âge encore, l’ Église formait les mœurs, édictait les canons de la morale, éduquait l’homme
112 gements — désormais la situation est inversée : l’ Église n’est plus là pour prescrire aux hommes leur mode de vie, d’autres s’
113 me mon diagnostic, qui est aussi un pronostic : l’ Église peut-être (je n’en suis pas sûr), mais en tout cas les hommes qui « c
114 s, c’est la confusion déplorable (de laquelle nos Églises sont largement responsables) qui fait que l’on a peu à peu sacralisé
115 es scandales trop connus tiennent au fait que les Églises ont cru devoir édicter la morale de leur siècle, généralement au nom
116 e risque est très grand, je l’avoue, mais que les Églises qui croyaient dur comme fer que leur mission était de régler la condu
117 impératives. Quant aux laïques et au clergé de l’ Église chrétienne, je pense que leur rôle spécifique et leur vocation généra