1
La
vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)a L’esprit
2
La vraie défense contre
l’
esprit totalitaire (juillet 1938)a L’esprit totalitaire est pour no
3
se contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)a
L’
esprit totalitaire est pour nous une menace1. De récents événements l’
4
L’esprit totalitaire est pour nous une menace1.
De
récents événements l’auront fait voir aux plus naïfs. Mais il n’est p
5
est pour nous une menace1. De récents événements
l’
auront fait voir aux plus naïfs. Mais il n’est pas seulement une menac
6
coup plus grave, une tentation. Il flatte au cœur
de
notre angoisse morale et matérielle le désir lâche d’un « ordre » imp
7
te au cœur de notre angoisse morale et matérielle
le
désir lâche d’un « ordre » imposé par la force, d’une « mise au pas »
8
otre angoisse morale et matérielle le désir lâche
d’
un « ordre » imposé par la force, d’une « mise au pas » brutale qui no
9
térielle le désir lâche d’un « ordre » imposé par
la
force, d’une « mise au pas » brutale qui nous dispense de nous sentir
10
e désir lâche d’un « ordre » imposé par la force,
d’
une « mise au pas » brutale qui nous dispense de nous sentir les respo
11
, d’une « mise au pas » brutale qui nous dispense
de
nous sentir les responsables de la cité et de l’État. D’autre part, i
12
au pas » brutale qui nous dispense de nous sentir
les
responsables de la cité et de l’État. D’autre part, il nous tente par
13
qui nous dispense de nous sentir les responsables
de
la cité et de l’État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’u
14
nous dispense de nous sentir les responsables de
la
cité et de l’État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’une
15
nse de nous sentir les responsables de la cité et
de
l’État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’une communauté
16
de nous sentir les responsables de la cité et de
l’
État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’une communauté res
17
ité et de l’État. D’autre part, il nous tente par
la
promesse d’une communauté restaurée, d’un coude-à-coude physique, d’u
18
État. D’autre part, il nous tente par la promesse
d’
une communauté restaurée, d’un coude-à-coude physique, d’une grande ca
19
tente par la promesse d’une communauté restaurée,
d’
un coude-à-coude physique, d’une grande camaraderie. Et ce sont là les
20
ommunauté restaurée, d’un coude-à-coude physique,
d’
une grande camaraderie. Et ce sont là les vraies raisons de sa puissan
21
physique, d’une grande camaraderie. Et ce sont là
les
vraies raisons de sa puissance. C’est sur ce terrain-là — non sur des
22
nde camaraderie. Et ce sont là les vraies raisons
de
sa puissance. C’est sur ce terrain-là — non sur des champs de bataill
23
nce. C’est sur ce terrain-là — non sur des champs
de
bataille hypothétiques — que nous devons organiser nos résistances. ⁂
24
es — que nous devons organiser nos résistances. ⁂
Le
totalitarisme a triomphé surtout pour deux raisons, me semble-t-il :
25
ux raisons, me semble-t-il : D’abord il a utilisé
le
défaut de civisme qui résultait de la destruction de toute commune me
26
, me semble-t-il : D’abord il a utilisé le défaut
de
civisme qui résultait de la destruction de toute commune mesure dans
27
d il a utilisé le défaut de civisme qui résultait
de
la destruction de toute commune mesure dans la cité (ou d’un défaut t
28
l a utilisé le défaut de civisme qui résultait de
la
destruction de toute commune mesure dans la cité (ou d’un défaut tota
29
défaut de civisme qui résultait de la destruction
de
toute commune mesure dans la cité (ou d’un défaut total d’éducation,
30
it de la destruction de toute commune mesure dans
la
cité (ou d’un défaut total d’éducation, comme en Russie). Ensuite il
31
truction de toute commune mesure dans la cité (ou
d’
un défaut total d’éducation, comme en Russie). Ensuite il a donné une
32
commune mesure dans la cité (ou d’un défaut total
d’
éducation, comme en Russie). Ensuite il a donné une réponse à l’exigen
33
omme en Russie). Ensuite il a donné une réponse à
l’
exigence religieuse des peuples, déçue par les Églises chrétiennes. Dé
34
se à l’exigence religieuse des peuples, déçue par
les
Églises chrétiennes. Défaut de civisme : j’en donnerai un seul exempl
35
euples, déçue par les Églises chrétiennes. Défaut
de
civisme : j’en donnerai un seul exemple mais significatif. En Italie,
36
rai un seul exemple mais significatif. En Italie,
de
1920 à 1922, le parti socialiste était le plus important : 35 % des é
37
ple mais significatif. En Italie, de 1920 à 1922,
le
parti socialiste était le plus important : 35 % des électeurs. Les fa
38
Italie, de 1920 à 1922, le parti socialiste était
le
plus important : 35 % des électeurs. Les fascistes n’étaient qu’une t
39
ste était le plus important : 35 % des électeurs.
Les
fascistes n’étaient qu’une très petite minorité. Comment s’imposèrent
40
s petite minorité. Comment s’imposèrent-ils ? Par
la
terreur. Ils arrivaient dans un village, par petits groupes montés su
41
r petits groupes montés sur des camions mettaient
le
feu à la bourse du travail, extorquaient la démission du maire social
42
groupes montés sur des camions mettaient le feu à
la
bourse du travail, extorquaient la démission du maire socialiste ou l
43
aient le feu à la bourse du travail, extorquaient
la
démission du maire socialiste ou le tuaient, puis rentraient sans êtr
44
extorquaient la démission du maire socialiste ou
le
tuaient, puis rentraient sans être inquiétés. Et cela, des centaines
45
aient sans être inquiétés. Et cela, des centaines
de
fois. Comment ces crimes ont-ils pu se produire ? C’est que la police
46
ent ces crimes ont-ils pu se produire ? C’est que
la
police protégeait les fascistes contre les moindres réactions du peup
47
s pu se produire ? C’est que la police protégeait
les
fascistes contre les moindres réactions du peuple — réactions aussitô
48
est que la police protégeait les fascistes contre
les
moindres réactions du peuple — réactions aussitôt qualifiées « d’odie
49
tions du peuple — réactions aussitôt qualifiées «
d’
odieuses provocations marxistes ». Si le fascisme s’est imposé, c’est
50
lifiées « d’odieuses provocations marxistes ». Si
le
fascisme s’est imposé, c’est donc d’abord grâce à la protection de la
51
fascisme s’est imposé, c’est donc d’abord grâce à
la
protection de la police. Mais cela supposait la complicité des minist
52
imposé, c’est donc d’abord grâce à la protection
de
la police. Mais cela supposait la complicité des ministères libéraux
53
posé, c’est donc d’abord grâce à la protection de
la
police. Mais cela supposait la complicité des ministères libéraux qui
54
à la protection de la police. Mais cela supposait
la
complicité des ministères libéraux qui dirigeaient cette police. Pour
55
ne rien dire, naturellement, des grands bailleurs
de
fonds bourgeois, banquiers et dirigeants de trusts. C’est donc à une
56
leurs de fonds bourgeois, banquiers et dirigeants
de
trusts. C’est donc à une complicité quasi universelle que le fascisme
57
C’est donc à une complicité quasi universelle que
le
fascisme a dû de s’emparer de l’État. Un peu de civisme l’eût arrêté.
58
complicité quasi universelle que le fascisme a dû
de
s’emparer de l’État. Un peu de civisme l’eût arrêté. Sa force n’a été
59
asi universelle que le fascisme a dû de s’emparer
de
l’État. Un peu de civisme l’eût arrêté. Sa force n’a été faite que de
60
universelle que le fascisme a dû de s’emparer de
l’
État. Un peu de civisme l’eût arrêté. Sa force n’a été faite que de lâ
61
me a dû de s’emparer de l’État. Un peu de civisme
l’
eût arrêté. Sa force n’a été faite que de lâchetés accumulées, et de c
62
civisme l’eût arrêté. Sa force n’a été faite que
de
lâchetés accumulées, et de calculs dits « réalistes » d’une bourgeois
63
orce n’a été faite que de lâchetés accumulées, et
de
calculs dits « réalistes » d’une bourgeoisie qui s’en repent peut-êtr
64
etés accumulées, et de calculs dits « réalistes »
d’
une bourgeoisie qui s’en repent peut-être aujourd’hui…2 Ne croyez pas
65
pas que ce soit là une vue partiale et partisane
de
l’histoire : c’est la version très officielle des historiens fasciste
66
s que ce soit là une vue partiale et partisane de
l’
histoire : c’est la version très officielle des historiens fascistes e
67
e vue partiale et partisane de l’histoire : c’est
la
version très officielle des historiens fascistes eux-mêmes. Une seule
68
s eux-mêmes. Une seule fois, nous apprennent-ils,
la
police s’opposa aux bandes armées des chemises noires. Ce fut à Sarza
69
en juillet 1921. 500 fascistes avaient débarqué à
la
gare de cette petite ville. Ils s’y heurtèrent à 8 gendarmes et 3 sol
70
et 1921. 500 fascistes avaient débarqué à la gare
de
cette petite ville. Ils s’y heurtèrent à 8 gendarmes et 3 soldats, qu
71
armes et 3 soldats, qui pour une fois s’avisèrent
de
résister. Au premier coup de feu, la petite armée des chemises noires
72
s’avisèrent de résister. Au premier coup de feu,
la
petite armée des chemises noires s’enfuit dans les campagnes. Cet épi
73
la petite armée des chemises noires s’enfuit dans
les
campagnes. Cet épisode est symbolique, comme le prouve le rapport que
74
les campagnes. Cet épisode est symbolique, comme
le
prouve le rapport que fit à son sujet le chef fasciste de l’expéditio
75
gnes. Cet épisode est symbolique, comme le prouve
le
rapport que fit à son sujet le chef fasciste de l’expédition. Il écri
76
e, comme le prouve le rapport que fit à son sujet
le
chef fasciste de l’expédition. Il écrit en effet à la Centrale du Par
77
e le rapport que fit à son sujet le chef fasciste
de
l’expédition. Il écrit en effet à la Centrale du Parti : « L’expéditi
78
e rapport que fit à son sujet le chef fasciste de
l’
expédition. Il écrit en effet à la Centrale du Parti : « L’expédition
79
hef fasciste de l’expédition. Il écrit en effet à
la
Centrale du Parti : « L’expédition de Sarzana n’est qu’un épisode nor
80
ion. Il écrit en effet à la Centrale du Parti : «
L’
expédition de Sarzana n’est qu’un épisode normal : il devait survenir
81
en effet à la Centrale du Parti : « L’expédition
de
Sarzana n’est qu’un épisode normal : il devait survenir dès que le fa
82
qu’un épisode normal : il devait survenir dès que
le
fascisme aurait trouvé des gens devant lui, disposés à tenir bon… » R
83
i, disposés à tenir bon… » Rien n’est plus vrai :
le
totalitarisme ne saurait triompher « de gens disposés à tenir bon » s
84
us vrai : le totalitarisme ne saurait triompher «
de
gens disposés à tenir bon » selon l’expression de l’Italien. Or qu’es
85
triompher « de gens disposés à tenir bon » selon
l’
expression de l’Italien. Or qu’est-ce qu’un homme décidé à tenir bon ?
86
de gens disposés à tenir bon » selon l’expression
de
l’Italien. Or qu’est-ce qu’un homme décidé à tenir bon ? C’est un hom
87
gens disposés à tenir bon » selon l’expression de
l’
Italien. Or qu’est-ce qu’un homme décidé à tenir bon ? C’est un homme
88
idé à tenir bon ? C’est un homme qui a conscience
de
ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’homme le mieux armé, mais celui
89
? C’est un homme qui a conscience de ses raisons
de
vivre. Ce n’est pas l’homme le mieux armé, mais celui dont le moral e
90
conscience de ses raisons de vivre. Ce n’est pas
l’
homme le mieux armé, mais celui dont le moral est le plus solide. Quan
91
nce de ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’homme
le
mieux armé, mais celui dont le moral est le plus solide. Quand on lit
92
n’est pas l’homme le mieux armé, mais celui dont
le
moral est le plus solide. Quand on lit les travaux historiques les pl
93
homme le mieux armé, mais celui dont le moral est
le
plus solide. Quand on lit les travaux historiques les plus sérieux su
94
ui dont le moral est le plus solide. Quand on lit
les
travaux historiques les plus sérieux sur la naissance des trois grand
95
plus solide. Quand on lit les travaux historiques
les
plus sérieux sur la naissance des trois grandes dictatures, on consta
96
lit les travaux historiques les plus sérieux sur
la
naissance des trois grandes dictatures, on constate l’existence d’une
97
issance des trois grandes dictatures, on constate
l’
existence d’une sorte de loi historique : le totalitarisme n’est fort
98
trois grandes dictatures, on constate l’existence
d’
une sorte de loi historique : le totalitarisme n’est fort que dans la
99
s dictatures, on constate l’existence d’une sorte
de
loi historique : le totalitarisme n’est fort que dans la mesure où le
100
state l’existence d’une sorte de loi historique :
le
totalitarisme n’est fort que dans la mesure où le civisme est faible
101
historique : le totalitarisme n’est fort que dans
la
mesure où le civisme est faible ; il est fort des lâchetés individuel
102
le totalitarisme n’est fort que dans la mesure où
le
civisme est faible ; il est fort des lâchetés individuelles, répercut
103
fort des lâchetés individuelles, répercutées dans
le
pouvoir établi ; et demain, s’il triomphe chez nous, sa puissance ne
104
s’il triomphe chez nous, sa puissance ne sera que
la
somme exacte de nos lâchetés particulières. L’exemple de Sarzana nous
105
ez nous, sa puissance ne sera que la somme exacte
de
nos lâchetés particulières. L’exemple de Sarzana nous le prouve forte
106
ue la somme exacte de nos lâchetés particulières.
L’
exemple de Sarzana nous le prouve fortement : ce n’est pas le nombre e
107
e exacte de nos lâchetés particulières. L’exemple
de
Sarzana nous le prouve fortement : ce n’est pas le nombre et l’armeme
108
lâchetés particulières. L’exemple de Sarzana nous
le
prouve fortement : ce n’est pas le nombre et l’armement qui ont triom
109
e Sarzana nous le prouve fortement : ce n’est pas
le
nombre et l’armement qui ont triomphé ce jour-là, mais la bonne consc
110
s le prouve fortement : ce n’est pas le nombre et
l’
armement qui ont triomphé ce jour-là, mais la bonne conscience civique
111
e et l’armement qui ont triomphé ce jour-là, mais
la
bonne conscience civique. Or une telle bonne conscience ne saurait ex
112
ne conscience ne saurait exister que là où existe
l’
autorité morale. Les fascistes ont été arrêtés à Sarzana, mais ils l’o
113
urait exister que là où existe l’autorité morale.
Les
fascistes ont été arrêtés à Sarzana, mais ils l’ont emporté partout a
114
Les fascistes ont été arrêtés à Sarzana, mais ils
l’
ont emporté partout ailleurs, parce qu’ils représentaient une espéranc
115
une espérance. Je rejoins ici ma seconde thèse :
le
totalitarisme a triomphé parce qu’il fut le premier à donner une répo
116
réponse très grossière, mais enfin une réponse, à
l’
appel religieux du peuple. C’est parce que les fascistes avaient une m
117
e, à l’appel religieux du peuple. C’est parce que
les
fascistes avaient une mystique, tandis que les autres n’en avaient pl
118
ue les fascistes avaient une mystique, tandis que
les
autres n’en avaient plus, que les fascistes n’ont pas rencontré de ré
119
que, tandis que les autres n’en avaient plus, que
les
fascistes n’ont pas rencontré de résistance sérieuse. De ces deux cau
120
aient plus, que les fascistes n’ont pas rencontré
de
résistance sérieuse. De ces deux causes du succès totalitaire, déduis
121
istes n’ont pas rencontré de résistance sérieuse.
De
ces deux causes du succès totalitaire, déduisons maintenant nos princ
122
s totalitaire, déduisons maintenant nos principes
de
conduite : 1° Il nous faut restaurer l’esprit de résistance civique.
123
principes de conduite : 1° Il nous faut restaurer
l’
esprit de résistance civique. Et cela suppose que nous reprenions cons
124
de conduite : 1° Il nous faut restaurer l’esprit
de
résistance civique. Et cela suppose que nous reprenions conscience de
125
e. Et cela suppose que nous reprenions conscience
de
nos raisons de vivre dans la communauté, et des devoirs qu’impliquent
126
ose que nous reprenions conscience de nos raisons
de
vivre dans la communauté, et des devoirs qu’impliquent nos libertés a
127
eprenions conscience de nos raisons de vivre dans
la
communauté, et des devoirs qu’impliquent nos libertés actuelles. Je l
128
devoirs qu’impliquent nos libertés actuelles. Je
le
répète : la puissance du totalitarisme ne sera jamais que la somme ex
129
impliquent nos libertés actuelles. Je le répète :
la
puissance du totalitarisme ne sera jamais que la somme exacte de nos
130
la puissance du totalitarisme ne sera jamais que
la
somme exacte de nos lâchetés individuelles, c’est-à-dire de nos égoïs
131
totalitarisme ne sera jamais que la somme exacte
de
nos lâchetés individuelles, c’est-à-dire de nos égoïsmes. 2° Il nous
132
xacte de nos lâchetés individuelles, c’est-à-dire
de
nos égoïsmes. 2° Il nous faut refaire une commune mesure vivante. Si
133
ut refaire une commune mesure vivante. Si nous ne
la
faisons pas, d’autres s’en chargeront, l’appel existe, et c’est le pr
134
nous ne la faisons pas, d’autres s’en chargeront,
l’
appel existe, et c’est le premier qui saura lui répondre qui vaincra.
135
ra. Soyons donc les premiers chez nous, répondons
d’
une manière plus humaine que les totalitaires, plus vraie aussi, et pl
136
ez nous, répondons d’une manière plus humaine que
les
totalitaires, plus vraie aussi, et plus réellement totale. Mais c’est
137
tale. Mais c’est là une question religieuse, nous
l’
avons vu, et seule une religion plus vraie que leurs mystiques saura n
138
lus vraie que leurs mystiques saura nous indiquer
les
vraies fins de la lutte. Conscience civique et conscience religieuse.
139
urs mystiques saura nous indiquer les vraies fins
de
la lutte. Conscience civique et conscience religieuse. J’illustrerai
140
mystiques saura nous indiquer les vraies fins de
la
lutte. Conscience civique et conscience religieuse. J’illustrerai le
141
le second, par notre situation comme chrétiens. ⁂
L’
exemple de la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie,
142
par notre situation comme chrétiens. ⁂ L’exemple
de
la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autr
143
r notre situation comme chrétiens. ⁂ L’exemple de
la
Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autre p
144
part, il se trouve que sa tradition politique est
la
plus proche du personnalisme. C’est donc à propos de la Suisse que je
145
s proche du personnalisme. C’est donc à propos de
la
Suisse que je pourrai le mieux faire saisir la portée immédiate de ce
146
. C’est donc à propos de la Suisse que je pourrai
le
mieux faire saisir la portée immédiate de ce que j’entends quand je p
147
de la Suisse que je pourrai le mieux faire saisir
la
portée immédiate de ce que j’entends quand je parle de conscience civ
148
pourrai le mieux faire saisir la portée immédiate
de
ce que j’entends quand je parle de conscience civique. Lorsque l’Alle
149
rtée immédiate de ce que j’entends quand je parle
de
conscience civique. Lorsque l’Allemagne totalitaire envahit l’Autrich
150
nds quand je parle de conscience civique. Lorsque
l’
Allemagne totalitaire envahit l’Autriche, nous fûmes saisis d’une ango
151
civique. Lorsque l’Allemagne totalitaire envahit
l’
Autriche, nous fûmes saisis d’une angoisse soudaine : pour la première
152
totalitaire envahit l’Autriche, nous fûmes saisis
d’
une angoisse soudaine : pour la première fois, depuis des siècles, nou
153
remière fois, depuis des siècles, nous concevions
la
possibilité, même théorique, d’un démembrement de notre État. La prem
154
, nous concevions la possibilité, même théorique,
d’
un démembrement de notre État. La première réaction de notre opinion f
155
la possibilité, même théorique, d’un démembrement
de
notre État. La première réaction de notre opinion fut aussi la plus n
156
démembrement de notre État. La première réaction
de
notre opinion fut aussi la plus naturelle et la plus instinctive : «
157
. La première réaction de notre opinion fut aussi
la
plus naturelle et la plus instinctive : « Au signal du danger, armons
158
n de notre opinion fut aussi la plus naturelle et
la
plus instinctive : « Au signal du danger, armons-nous ! » L’instinct
159
tinctive : « Au signal du danger, armons-nous ! »
L’
instinct ancestral de l’homme, c’est de parer à la violence par une vi
160
l du danger, armons-nous ! » L’instinct ancestral
de
l’homme, c’est de parer à la violence par une violence du même ordre.
161
u danger, armons-nous ! » L’instinct ancestral de
l’
homme, c’est de parer à la violence par une violence du même ordre. Ce
162
s-nous ! » L’instinct ancestral de l’homme, c’est
de
parer à la violence par une violence du même ordre. Cette solution es
163
L’instinct ancestral de l’homme, c’est de parer à
la
violence par une violence du même ordre. Cette solution est la plus n
164
ar une violence du même ordre. Cette solution est
la
plus naturelle parce qu’elle n’est en somme qu’un réflexe. Elle ne su
165
somme qu’un réflexe. Elle ne suppose aucun effort
de
l’esprit, aucune espèce d’imagination. Et c’est aussi pourquoi elle e
166
me qu’un réflexe. Elle ne suppose aucun effort de
l’
esprit, aucune espèce d’imagination. Et c’est aussi pourquoi elle est
167
e suppose aucun effort de l’esprit, aucune espèce
d’
imagination. Et c’est aussi pourquoi elle est de beaucoup la plus fréq
168
e d’imagination. Et c’est aussi pourquoi elle est
de
beaucoup la plus fréquente et la plus populaire. J’ai à cœur cependan
169
ion. Et c’est aussi pourquoi elle est de beaucoup
la
plus fréquente et la plus populaire. J’ai à cœur cependant de montrer
170
ourquoi elle est de beaucoup la plus fréquente et
la
plus populaire. J’ai à cœur cependant de montrer son danger pour nous
171
uente et la plus populaire. J’ai à cœur cependant
de
montrer son danger pour nous Suisses. Et je voudrais, à titre personn
172
nnel évidemment, présenter quelques remarques sur
la
question des armements. J’y vois le piège le plus dangereux que nous
173
remarques sur la question des armements. J’y vois
le
piège le plus dangereux que nous tendent les totalitaires. Plaçons-no
174
sur la question des armements. J’y vois le piège
le
plus dangereux que nous tendent les totalitaires. Plaçons-nous tout d
175
vois le piège le plus dangereux que nous tendent
les
totalitaires. Plaçons-nous tout d’abord dans l’hypothèse que seule la
176
les totalitaires. Plaçons-nous tout d’abord dans
l’
hypothèse que seule la force matérielle peut résister à une menace tot
177
çons-nous tout d’abord dans l’hypothèse que seule
la
force matérielle peut résister à une menace totalitaire. La conséquen
178
atérielle peut résister à une menace totalitaire.
La
conséquence qui en découle immédiatement, c’est qu’il faut nous armer
179
armer jusqu’aux dents. Mais sommes-nous sûrs que
le
réarmement massif profite aux nations pacifiques ? Sommes-nous même s
180
ous même sûrs qu’il soit un avantage certain pour
les
nations qui glorifient la guerre ? La vraie raison de la course aux a
181
avantage certain pour les nations qui glorifient
la
guerre ? La vraie raison de la course aux armements, c’est l’incapaci
182
rtain pour les nations qui glorifient la guerre ?
La
vraie raison de la course aux armements, c’est l’incapacité où se tro
183
ations qui glorifient la guerre ? La vraie raison
de
la course aux armements, c’est l’incapacité où se trouvent les États,
184
ons qui glorifient la guerre ? La vraie raison de
la
course aux armements, c’est l’incapacité où se trouvent les États, ca
185
La vraie raison de la course aux armements, c’est
l’
incapacité où se trouvent les États, capitalistes ou soviétique d’aill
186
aux armements, c’est l’incapacité où se trouvent
les
États, capitalistes ou soviétique d’ailleurs, d’occuper leurs chômeur
187
les États, capitalistes ou soviétique d’ailleurs,
d’
occuper leurs chômeurs autrement qu’en leur faisant fabriquer des obus
188
er des obus. Beaucoup de personnes prétendent que
le
désarmement créerait un chômage effrayant. Raisonnement bien curieux,
189
chômage effrayant. Raisonnement bien curieux, si
l’
on y réfléchit. Quand il y a trop de médecins dans un pays, et donc ch
190
n curieux, si l’on y réfléchit. Quand il y a trop
de
médecins dans un pays, et donc chômage dans la profession médicale, p
191
op de médecins dans un pays, et donc chômage dans
la
profession médicale, personne n’a jamais eu l’idée de proposer qu’on
192
ns la profession médicale, personne n’a jamais eu
l’
idée de proposer qu’on donne la peste à toute la nation. Or c’est à pe
193
rofession médicale, personne n’a jamais eu l’idée
de
proposer qu’on donne la peste à toute la nation. Or c’est à peu près
194
onne n’a jamais eu l’idée de proposer qu’on donne
la
peste à toute la nation. Or c’est à peu près cela qu’on nous propose
195
u l’idée de proposer qu’on donne la peste à toute
la
nation. Or c’est à peu près cela qu’on nous propose : faire vivre le
196
à peu près cela qu’on nous propose : faire vivre
le
peuple avec ce qui doit le faire mourir. C’est la politique de Gribou
197
propose : faire vivre le peuple avec ce qui doit
le
faire mourir. C’est la politique de Gribouille : pour éviter la pluie
198
le peuple avec ce qui doit le faire mourir. C’est
la
politique de Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette à l’eau.
199
c ce qui doit le faire mourir. C’est la politique
de
Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette à l’eau. Autre danger
200
r. C’est la politique de Gribouille : pour éviter
la
pluie, on se jette à l’eau. Autre danger : si l’on accepte de jouer
201
Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette à
l’
eau. Autre danger : si l’on accepte de jouer le jeu des armements, l’
202
la pluie, on se jette à l’eau. Autre danger : si
l’
on accepte de jouer le jeu des armements, l’effrénée concurrence condu
203
se jette à l’eau. Autre danger : si l’on accepte
de
jouer le jeu des armements, l’effrénée concurrence conduit l’État qui
204
à l’eau. Autre danger : si l’on accepte de jouer
le
jeu des armements, l’effrénée concurrence conduit l’État qui veut se
205
: si l’on accepte de jouer le jeu des armements,
l’
effrénée concurrence conduit l’État qui veut se maintenir à peu près a
206
jeu des armements, l’effrénée concurrence conduit
l’
État qui veut se maintenir à peu près au niveau du voisin, à perdre la
207
aintenir à peu près au niveau du voisin, à perdre
la
mesure de ce qu’il peut dépenser sans s’affaiblir. Les armements devi
208
peu près au niveau du voisin, à perdre la mesure
de
ce qu’il peut dépenser sans s’affaiblir. Les armements deviennent tro
209
esure de ce qu’il peut dépenser sans s’affaiblir.
Les
armements deviennent trop lourds pour lui : ils le gêneront bientôt p
210
s armements deviennent trop lourds pour lui : ils
le
gêneront bientôt plus qu’ils ne le protégeront. Un officier français
211
pour lui : ils le gêneront bientôt plus qu’ils ne
le
protégeront. Un officier français résumait l’autre jour ce processus
212
supposez que cette question soit résolue au mieux
de
nos possibilités de vie normale. Il s’agira maintenant d’utiliser les
213
uestion soit résolue au mieux de nos possibilités
de
vie normale. Il s’agira maintenant d’utiliser les armes. Nul n’ignore
214
ossibilités de vie normale. Il s’agira maintenant
d’
utiliser les armes. Nul n’ignore que la guerre moderne est devenue la
215
de vie normale. Il s’agira maintenant d’utiliser
les
armes. Nul n’ignore que la guerre moderne est devenue la guerre total
216
maintenant d’utiliser les armes. Nul n’ignore que
la
guerre moderne est devenue la guerre totale. C’est dire qu’il n’y a p
217
s. Nul n’ignore que la guerre moderne est devenue
la
guerre totale. C’est dire qu’il n’y a plus de distinction entre civil
218
nue la guerre totale. C’est dire qu’il n’y a plus
de
distinction entre civils et militaires, selon la doctrine officielle
219
de distinction entre civils et militaires, selon
la
doctrine officielle dite de la nation armée. Mussolini l’a très bien
220
et militaires, selon la doctrine officielle dite
de
la nation armée. Mussolini l’a très bien dit : « La discipline milita
221
militaires, selon la doctrine officielle dite de
la
nation armée. Mussolini l’a très bien dit : « La discipline militaire
222
ine officielle dite de la nation armée. Mussolini
l’
a très bien dit : « La discipline militaire implique la discipline pol
223
la nation armée. Mussolini l’a très bien dit : «
La
discipline militaire implique la discipline politique ». Qu’est-ce qu
224
rès bien dit : « La discipline militaire implique
la
discipline politique ». Qu’est-ce que cela signifie pratiquement ? Ce
225
uement ? Cela signifie que pour faire bloc contre
le
fascisme, sur le plan où il veut nous mettre, les démocraties seront
226
le fascisme, sur le plan où il veut nous mettre,
les
démocraties seront contraintes d’adopter peu à peu un régime politiqu
227
t nous mettre, les démocraties seront contraintes
d’
adopter peu à peu un régime politique qui les transformera automatique
228
intes d’adopter peu à peu un régime politique qui
les
transformera automatiquement en puissances totalitaires. Avec cette d
229
aires. Avec cette différence que n’ayant pas vécu
la
révolution religieuse que représente le fascisme, elles auront moins
230
pas vécu la révolution religieuse que représente
le
fascisme, elles auront moins de dynamisme. Ainsi, sous prétexte de vi
231
se que représente le fascisme, elles auront moins
de
dynamisme. Ainsi, sous prétexte de vivre, elles perdront leurs raison
232
s prétexte de vivre, elles perdront leurs raisons
de
vivre. Voici donc le dilemme que nous pose ce mimétisme totalitaire :
233
elles perdront leurs raisons de vivre. Voici donc
le
dilemme que nous pose ce mimétisme totalitaire : ou bien la démocrati
234
que nous pose ce mimétisme totalitaire : ou bien
la
démocratie ne réussit pas à faire bloc à la manière fasciste, et alor
235
bien la démocratie ne réussit pas à faire bloc à
la
manière fasciste, et alors elle est battue dans la « guerre totale »
236
a manière fasciste, et alors elle est battue dans
la
« guerre totale » ; ou bien la démocratie réussit à faire bloc, mais
237
le est battue dans la « guerre totale » ; ou bien
la
démocratie réussit à faire bloc, mais alors la guerre est moralement
238
en la démocratie réussit à faire bloc, mais alors
la
guerre est moralement perdue avant d’être livrée, puisque la concepti
239
mais alors la guerre est moralement perdue avant
d’
être livrée, puisque la conception totalitaire s’est déjà installée ch
240
st moralement perdue avant d’être livrée, puisque
la
conception totalitaire s’est déjà installée chez nous, sous prétexte
241
us prétexte de défense nationale. Or je crois que
l’
erreur qui aboutit à ce dilemme est la plus grave que nous puissions c
242
e crois que l’erreur qui aboutit à ce dilemme est
la
plus grave que nous puissions commettre en tant que Suisses, car elle
243
ns commettre en tant que Suisses, car elle menace
l’
existence même de notre État. Réagir à la menace totalitaire sur le pl
244
ant que Suisses, car elle menace l’existence même
de
notre État. Réagir à la menace totalitaire sur le plan de la défense
245
e menace l’existence même de notre État. Réagir à
la
menace totalitaire sur le plan de la défense armée, et tout subordonn
246
État. Réagir à la menace totalitaire sur le plan
de
la défense armée, et tout subordonner à cela, c’est introduire chez n
247
at. Réagir à la menace totalitaire sur le plan de
la
défense armée, et tout subordonner à cela, c’est introduire chez nous
248
ut subordonner à cela, c’est introduire chez nous
le
cheval de Troie. La guerre totale en effet suppose l’unification tota
249
nner à cela, c’est introduire chez nous le cheval
de
Troie. La guerre totale en effet suppose l’unification totalitaire d’
250
a, c’est introduire chez nous le cheval de Troie.
La
guerre totale en effet suppose l’unification totalitaire d’un pays. O
251
heval de Troie. La guerre totale en effet suppose
l’
unification totalitaire d’un pays. Ou sinon, c’est qu’elle est très ma
252
totale en effet suppose l’unification totalitaire
d’
un pays. Ou sinon, c’est qu’elle est très mal préparée. Or ce processu
253
rée. Or ce processus est radicalement contraire à
la
tradition fédérale, tradition qui est la seule raison d’être de notre
254
traire à la tradition fédérale, tradition qui est
la
seule raison d’être de notre État. Se placer sur le plan de la guerre
255
ition fédérale, tradition qui est la seule raison
d’
être de notre État. Se placer sur le plan de la guerre totale et de sa
256
édérale, tradition qui est la seule raison d’être
de
notre État. Se placer sur le plan de la guerre totale et de sa prépar
257
aison d’être de notre État. Se placer sur le plan
de
la guerre totale et de sa préparation civile en temps de paix, cela é
258
on d’être de notre État. Se placer sur le plan de
la
guerre totale et de sa préparation civile en temps de paix, cela équi
259
tat. Se placer sur le plan de la guerre totale et
de
sa préparation civile en temps de paix, cela équivaut pratiquement à
260
uerre totale et de sa préparation civile en temps
de
paix, cela équivaut pratiquement à faire du nationalisme. Et il est a
261
tiquement à faire du nationalisme. Et il est aisé
de
voir que le nationalisme, en Suisse, signifierait bientôt le partage
262
faire du nationalisme. Et il est aisé de voir que
le
nationalisme, en Suisse, signifierait bientôt le partage de notre Éta
263
le nationalisme, en Suisse, signifierait bientôt
le
partage de notre État en trois nations. Ce serait la négation la plus
264
lisme, en Suisse, signifierait bientôt le partage
de
notre État en trois nations. Ce serait la négation la plus radicale d
265
partage de notre État en trois nations. Ce serait
la
négation la plus radicale des bases mêmes de la Confédération. Souven
266
otre État en trois nations. Ce serait la négation
la
plus radicale des bases mêmes de la Confédération. Souvenons-nous du
267
rait la négation la plus radicale des bases mêmes
de
la Confédération. Souvenons-nous du sort de l’Autriche ! Si ce pays a
268
t la négation la plus radicale des bases mêmes de
la
Confédération. Souvenons-nous du sort de l’Autriche ! Si ce pays a su
269
mêmes de la Confédération. Souvenons-nous du sort
de
l’Autriche ! Si ce pays a succombé, ce n’est point tant qu’il ait céd
270
es de la Confédération. Souvenons-nous du sort de
l’
Autriche ! Si ce pays a succombé, ce n’est point tant qu’il ait cédé à
271
a succombé, ce n’est point tant qu’il ait cédé à
la
menace militaire, d’ailleurs réelle ; c’est surtout, c’est essentiell
272
urtout, c’est essentiellement parce qu’il doutait
de
sa valeur propre et autonome, parce qu’il doutait de sa vocation, de
273
sa valeur propre et autonome, parce qu’il doutait
de
sa vocation, de sa raison d’être comme État ; parce qu’il était miné
274
et autonome, parce qu’il doutait de sa vocation,
de
sa raison d’être comme État ; parce qu’il était miné par une intime t
275
parce qu’il doutait de sa vocation, de sa raison
d’
être comme État ; parce qu’il était miné par une intime tentation de s
276
; parce qu’il était miné par une intime tentation
de
suicide totalitaire. Leçon capitale pour la Suisse ! Un État qui ne
277
ation de suicide totalitaire. Leçon capitale pour
la
Suisse ! Un État qui ne croit plus à sa valeur spirituelle, ou ne pr
278
uve plus qu’il y croit, puisqu’il se met à copier
le
voisin, un tel État ne peut pas compter sur l’aide d’autrui. Nous ne
279
er le voisin, un tel État ne peut pas compter sur
l’
aide d’autrui. Nous ne pouvons compter sur cette aide que dans la mesu
280
oisin, un tel État ne peut pas compter sur l’aide
d’
autrui. Nous ne pouvons compter sur cette aide que dans la mesure où n
281
. Nous ne pouvons compter sur cette aide que dans
la
mesure où nous sommes pour l’Europe quelque chose dont elle a besoin
282
cette aide que dans la mesure où nous sommes pour
l’
Europe quelque chose dont elle a besoin ; cette chose unique, irrempla
283
, mais qui est au contraire fédéral. Un État dont
les
bases historiques et la tradition ancestrale sont la négation même du
284
re fédéral. Un État dont les bases historiques et
la
tradition ancestrale sont la négation même du totalitarisme. Un État
285
bases historiques et la tradition ancestrale sont
la
négation même du totalitarisme. Un État qui représente et qui incarne
286
alitarisme. Un État qui représente et qui incarne
le
seul avenir possible d’une Europe pacifique. Si nous restons cela, si
287
représente et qui incarne le seul avenir possible
d’
une Europe pacifique. Si nous restons cela, si nous prenons conscience
288
s cela, si nous prenons conscience tout à nouveau
de
la grandeur d’une pareille vocation, on nous laissera tranquilles, pa
289
ela, si nous prenons conscience tout à nouveau de
la
grandeur d’une pareille vocation, on nous laissera tranquilles, parce
290
prenons conscience tout à nouveau de la grandeur
d’
une pareille vocation, on nous laissera tranquilles, parce qu’on saura
291
là-bas que nous ne sommes pas assimilables. Voilà
la
résistance civique et toute civile dont je vous parlais, et voilà la
292
ue et toute civile dont je vous parlais, et voilà
la
conscience de notre force véritable. Si nous avons le droit et le dev
293
vile dont je vous parlais, et voilà la conscience
de
notre force véritable. Si nous avons le droit et le devoir de rester
294
onscience de notre force véritable. Si nous avons
le
droit et le devoir de rester neutres, ce n’est pas comme on le dit tr
295
notre force véritable. Si nous avons le droit et
le
devoir de rester neutres, ce n’est pas comme on le dit trop souvent e
296
ce véritable. Si nous avons le droit et le devoir
de
rester neutres, ce n’est pas comme on le dit trop souvent en vertu de
297
e devoir de rester neutres, ce n’est pas comme on
le
dit trop souvent en vertu de nos intérêts matériels, certes légitimes
298
nos yeux, mais dont nos grands voisins n’ont pas
de
raisons de tenir le moindre compte. Si nous avons le droit d’être neu
299
mais dont nos grands voisins n’ont pas de raisons
de
tenir le moindre compte. Si nous avons le droit d’être neutres, ce n’
300
nos grands voisins n’ont pas de raisons de tenir
le
moindre compte. Si nous avons le droit d’être neutres, ce n’est pas e
301
raisons de tenir le moindre compte. Si nous avons
le
droit d’être neutres, ce n’est pas en vertu d’un privilège divin, mai
302
e tenir le moindre compte. Si nous avons le droit
d’
être neutres, ce n’est pas en vertu d’un privilège divin, mais d’une m
303
ce n’est pas en vertu d’un privilège divin, mais
d’
une mission bien définie dont nous sommes responsables devant l’Europe
304
bien définie dont nous sommes responsables devant
l’
Europe. ⁂ Et alors, va-t-on dire, vous êtes contre l’armée ? Je serais
305
urope. ⁂ Et alors, va-t-on dire, vous êtes contre
l’
armée ? Je serais contre elle si je croyais que dès maintenant nous so
306
ntenant nous sommes assez forts moralement devant
l’
Europe, pour pouvoir nous passer d’une armée. Ce n’est pas le cas. Mai
307
alement devant l’Europe, pour pouvoir nous passer
d’
une armée. Ce n’est pas le cas. Mais il n’en reste pas moins que notre
308
our pouvoir nous passer d’une armée. Ce n’est pas
le
cas. Mais il n’en reste pas moins que notre tâche est de tout mettre
309
Mais il n’en reste pas moins que notre tâche est
de
tout mettre en œuvre pour échapper au cercle de la guerre totale. Je
310
t de tout mettre en œuvre pour échapper au cercle
de
la guerre totale. Je crois que le seul moyen sérieux de résister à l’
311
e tout mettre en œuvre pour échapper au cercle de
la
guerre totale. Je crois que le seul moyen sérieux de résister à l’emp
312
apper au cercle de la guerre totale. Je crois que
le
seul moyen sérieux de résister à l’emprise totalitaire sur le plan de
313
guerre totale. Je crois que le seul moyen sérieux
de
résister à l’emprise totalitaire sur le plan de la lutte directe, c’e
314
Je crois que le seul moyen sérieux de résister à
l’
emprise totalitaire sur le plan de la lutte directe, c’est d’inventer
315
x de résister à l’emprise totalitaire sur le plan
de
la lutte directe, c’est d’inventer des formes de défense non militair
316
e résister à l’emprise totalitaire sur le plan de
la
lutte directe, c’est d’inventer des formes de défense non militaires,
317
otalitaire sur le plan de la lutte directe, c’est
d’
inventer des formes de défense non militaires, donc non totalitaires.
318
de la lutte directe, c’est d’inventer des formes
de
défense non militaires, donc non totalitaires. Je ne dis pas que je l
319
ires, donc non totalitaires. Je ne dis pas que je
les
ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La force des
320
Je ne dis pas que je les ai trouvées. Je dis que
le
salut serait de les trouver. La force des totalitaires c’est d’entraî
321
ue je les ai trouvées. Je dis que le salut serait
de
les trouver. La force des totalitaires c’est d’entraîner les démocrat
322
je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de
les
trouver. La force des totalitaires c’est d’entraîner les démocrates s
323
uvées. Je dis que le salut serait de les trouver.
La
force des totalitaires c’est d’entraîner les démocrates sur un terrai
324
t de les trouver. La force des totalitaires c’est
d’
entraîner les démocrates sur un terrain où ils se renient eux-mêmes. I
325
uver. La force des totalitaires c’est d’entraîner
les
démocrates sur un terrain où ils se renient eux-mêmes. Il est donc vi
326
se renient eux-mêmes. Il est donc vital pour nous
de
refuser ce défi, de déjouer ce calcul, et de ne pas opposer à la viol
327
. Il est donc vital pour nous de refuser ce défi,
de
déjouer ce calcul, et de ne pas opposer à la violence une violence du
328
nous de refuser ce défi, de déjouer ce calcul, et
de
ne pas opposer à la violence une violence du même ordre, mais forcéme
329
éfi, de déjouer ce calcul, et de ne pas opposer à
la
violence une violence du même ordre, mais forcément plus faible, où l
330
nce du même ordre, mais forcément plus faible, où
les
totalitaires puiseraient tout simplement une énergie renouvelée. Essa
331
tout simplement une énergie renouvelée. Essayons
d’
inventer autre chose. Ne jouons pas le jeu. Imitons les paysans du Mor
332
e. Essayons d’inventer autre chose. Ne jouons pas
le
jeu. Imitons les paysans du Morgarten : ils n’avaient pas d’armures n
333
venter autre chose. Ne jouons pas le jeu. Imitons
les
paysans du Morgarten : ils n’avaient pas d’armures ni de lances : ils
334
tons les paysans du Morgarten : ils n’avaient pas
d’
armures ni de lances : ils trichèrent donc au jeu où l’adversaire deva
335
ans du Morgarten : ils n’avaient pas d’armures ni
de
lances : ils trichèrent donc au jeu où l’adversaire devait gagner, et
336
ures ni de lances : ils trichèrent donc au jeu où
l’
adversaire devait gagner, et se défendirent avec leurs moyens propres
337
ndirent avec leurs moyens propres : des quartiers
de
roche. Je ne veux pas dire, évidemment, que nous devions nous défendr
338
us défendre aujourd’hui encore avec des quartiers
de
roche ; je veux dire que la force du faible, c’est de refuser le jeu
339
re avec des quartiers de roche ; je veux dire que
la
force du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et de le déconcerte
340
oche ; je veux dire que la force du faible, c’est
de
refuser le jeu du fort, et de le déconcerter par ce refus. Je lis dan
341
eux dire que la force du faible, c’est de refuser
le
jeu du fort, et de le déconcerter par ce refus. Je lis dans un ouvrag
342
ce du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et
de
le déconcerter par ce refus. Je lis dans un ouvrage anglais quelques
343
du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et de
le
déconcerter par ce refus. Je lis dans un ouvrage anglais quelques phr
344
pourraient orienter nos recherches à cet égard :
La
non-violence de la victime, écrit l’auteur, agit comme le manque d’op
345
ter nos recherches à cet égard : La non-violence
de
la victime, écrit l’auteur, agit comme le manque d’opposition physiqu
346
nos recherches à cet égard : La non-violence de
la
victime, écrit l’auteur, agit comme le manque d’opposition physique d
347
cet égard : La non-violence de la victime, écrit
l’
auteur, agit comme le manque d’opposition physique dans le jiu-jitsu :
348
iolence de la victime, écrit l’auteur, agit comme
le
manque d’opposition physique dans le jiu-jitsu : elle fait perdre son
349
la victime, écrit l’auteur, agit comme le manque
d’
opposition physique dans le jiu-jitsu : elle fait perdre son équilibre
350
, agit comme le manque d’opposition physique dans
le
jiu-jitsu : elle fait perdre son équilibre à l’assaillant. Elle lui f
351
s le jiu-jitsu : elle fait perdre son équilibre à
l’
assaillant. Elle lui fait perdre le soutien que lui donnerait l’opposi
352
on équilibre à l’assaillant. Elle lui fait perdre
le
soutien que lui donnerait l’opposition violente à laquelle il s’atten
353
Elle lui fait perdre le soutien que lui donnerait
l’
opposition violente à laquelle il s’attend. Il se trouve comme précipi
354
l se trouve comme précipité dans un nouveau monde
de
valeurs, où il ne sait comment agir, et il y perd son assurance. Repr
355
vergence absolue ; en réalité, ils se battent sur
la
base d’un accord fondamental : la croyance à la validité de la violen
356
absolue ; en réalité, ils se battent sur la base
d’
un accord fondamental : la croyance à la validité de la violence. Si t
357
se battent sur la base d’un accord fondamental :
la
croyance à la validité de la violence. Si tout d’un coup l’un des lut
358
r la base d’un accord fondamental : la croyance à
la
validité de la violence. Si tout d’un coup l’un des lutteurs supprime
359
un accord fondamental : la croyance à la validité
de
la violence. Si tout d’un coup l’un des lutteurs supprime cet accord
360
accord fondamental : la croyance à la validité de
la
violence. Si tout d’un coup l’un des lutteurs supprime cet accord fon
361
la croyance à la validité de la violence. Si tout
d’
un coup l’un des lutteurs supprime cet accord fondamental et prouve pa
362
ndamental et prouve par ses actes qu’il abandonne
la
méthode de lutte ancestrale, il n’est pas étonnant que l’autre soit d
363
t prouve par ses actes qu’il abandonne la méthode
de
lutte ancestrale, il n’est pas étonnant que l’autre soit déconcerté,
364
rce que ses instincts animaux ne lui dictent plus
de
conduite immédiate. Il vacille devant l’inconnu… Pour ma part, je ne
365
ent plus de conduite immédiate. Il vacille devant
l’
inconnu… Pour ma part, je ne suis pas adversaire de la violence en so
366
inconnu… Pour ma part, je ne suis pas adversaire
de
la violence en soi, mais bien de cette forme mécanique qu’elle revêt
367
onnu… Pour ma part, je ne suis pas adversaire de
la
violence en soi, mais bien de cette forme mécanique qu’elle revêt dan
368
s pas adversaire de la violence en soi, mais bien
de
cette forme mécanique qu’elle revêt dans la guerre moderne. Aussi bie
369
bien de cette forme mécanique qu’elle revêt dans
la
guerre moderne. Aussi bien, la page que je viens de citer ne propose-
370
qu’elle revêt dans la guerre moderne. Aussi bien,
la
page que je viens de citer ne propose-t-elle pas la non-résistance, m
371
page que je viens de citer ne propose-t-elle pas
la
non-résistance, mais au contraire une forme de lutte nouvelle. C’est
372
as la non-résistance, mais au contraire une forme
de
lutte nouvelle. C’est à cette sorte de jiu-jitsu moral que nous devri
373
une forme de lutte nouvelle. C’est à cette sorte
de
jiu-jitsu moral que nous devrions nous exercer. Si l’on y déployait l
374
iu-jitsu moral que nous devrions nous exercer. Si
l’
on y déployait le quart de l’énergie et de l’esprit de sacrifice qu’on
375
e nous devrions nous exercer. Si l’on y déployait
le
quart de l’énergie et de l’esprit de sacrifice qu’on met ordinairemen
376
vrions nous exercer. Si l’on y déployait le quart
de
l’énergie et de l’esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans le
377
ons nous exercer. Si l’on y déployait le quart de
l’
énergie et de l’esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans le mé
378
cer. Si l’on y déployait le quart de l’énergie et
de
l’esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans le métier des arme
379
. Si l’on y déployait le quart de l’énergie et de
l’
esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans le métier des armes,
380
y déployait le quart de l’énergie et de l’esprit
de
sacrifice qu’on met ordinairement dans le métier des armes, il est ce
381
’esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans
le
métier des armes, il est certain qu’on obtiendrait des résultats cons
382
ersaire du stalinisme et du fascisme ; je ne vous
le
dis pas seulement comme Suisse, convaincu de la mission fédéraliste d
383
vous le dis pas seulement comme Suisse, convaincu
de
la mission fédéraliste de son pays ; je vous le dis aussi comme chrét
384
s le dis pas seulement comme Suisse, convaincu de
la
mission fédéraliste de son pays ; je vous le dis aussi comme chrétien
385
comme Suisse, convaincu de la mission fédéraliste
de
son pays ; je vous le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’a
386
u de la mission fédéraliste de son pays ; je vous
le
dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’agresseur violent, c’es
387
ys ; je vous le dis aussi comme chrétien. Refuser
le
jeu de l’agresseur violent, c’est le premier devoir du chrétien. Déco
388
vous le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu
de
l’agresseur violent, c’est le premier devoir du chrétien. Déconcerter
389
us le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de
l’
agresseur violent, c’est le premier devoir du chrétien. Déconcerter le
390
c’est le premier devoir du chrétien. Déconcerter
le
mal en lui opposant le bien, c’est toute la tactique des apôtres. Et
391
r du chrétien. Déconcerter le mal en lui opposant
le
bien, c’est toute la tactique des apôtres. Et pour qu’on n’aille pas
392
erter le mal en lui opposant le bien, c’est toute
la
tactique des apôtres. Et pour qu’on n’aille pas penser que je préconi
393
mission ou quel défaitisme utopique, je traduirai
la
même idée en d’autres termes : à la brutalité, le chrétien n’oppose p
394
je traduirai la même idée en d’autres termes : à
la
brutalité, le chrétien n’oppose pas la brutalité, mais la violence sp
395
la même idée en d’autres termes : à la brutalité,
le
chrétien n’oppose pas la brutalité, mais la violence spirituelle, qui
396
termes : à la brutalité, le chrétien n’oppose pas
la
brutalité, mais la violence spirituelle, qui est la véritable charité
397
lité, le chrétien n’oppose pas la brutalité, mais
la
violence spirituelle, qui est la véritable charité. Violence contre n
398
brutalité, mais la violence spirituelle, qui est
la
véritable charité. Violence contre nous-mêmes d’abord. Aucune doctrin
399
peut être chrétienne si elle ne se fonde pas sur
la
repentance, qui est une violence faite à notre orgueil. Reconnaissons
400
rgueil. Reconnaissons, Églises et fidèles, que si
la
pseudo-religion totalitaire triomphe aujourd’hui en Europe, c’est que
401
ujourd’hui en Europe, c’est que nous avons laissé
les
peuples sans commune mesure spirituelle. Nous avons tous trahi le gra
402
commune mesure spirituelle. Nous avons tous trahi
le
grand devoir communautaire de l’Église, parce que nous avons transfor
403
us avons tous trahi le grand devoir communautaire
de
l’Église, parce que nous avons transformé le christianisme en quelque
404
avons tous trahi le grand devoir communautaire de
l’
Église, parce que nous avons transformé le christianisme en quelque ch
405
aire de l’Église, parce que nous avons transformé
le
christianisme en quelque chose de rassurant, de distingué, de commode
406
vons transformé le christianisme en quelque chose
de
rassurant, de distingué, de commode et même de bourgeois. Alors les p
407
é le christianisme en quelque chose de rassurant,
de
distingué, de commode et même de bourgeois. Alors les païens russes e
408
isme en quelque chose de rassurant, de distingué,
de
commode et même de bourgeois. Alors les païens russes et les païens r
409
se de rassurant, de distingué, de commode et même
de
bourgeois. Alors les païens russes et les païens racistes ont fait ce
410
distingué, de commode et même de bourgeois. Alors
les
païens russes et les païens racistes ont fait ce que nous refusions d
411
et même de bourgeois. Alors les païens russes et
les
païens racistes ont fait ce que nous refusions de faire. Ils l’ont fa
412
es païens racistes ont fait ce que nous refusions
de
faire. Ils l’ont fait mal, et contre nous. Ils représentent notre châ
413
stes ont fait ce que nous refusions de faire. Ils
l’
ont fait mal, et contre nous. Ils représentent notre châtiment, comme
414
tre nous. Ils représentent notre châtiment, comme
l’
a magnifiquement montré Nicolas Berdiaev. Ce n’est pas à la méchanceté
415
fiquement montré Nicolas Berdiaev. Ce n’est pas à
la
méchanceté supposée d’un Hitler ou d’un Staline que nous devons attri
416
s Berdiaev. Ce n’est pas à la méchanceté supposée
d’
un Hitler ou d’un Staline que nous devons attribuer tout le mal, mais
417
n’est pas à la méchanceté supposée d’un Hitler ou
d’
un Staline que nous devons attribuer tout le mal, mais aussi bien à la
418
er ou d’un Staline que nous devons attribuer tout
le
mal, mais aussi bien à la carence des chrétiens. Ceci dit, il nous fa
419
s devons attribuer tout le mal, mais aussi bien à
la
carence des chrétiens. Ceci dit, il nous faut agir. Or agir, ce n’est
420
r. Je ne veux, sous aucun prétexte pieux, exciter
de
la haine contre ceux qui adorent l’idole totalitaire. Je veux démasqu
421
Je ne veux, sous aucun prétexte pieux, exciter de
la
haine contre ceux qui adorent l’idole totalitaire. Je veux démasquer
422
ieux, exciter de la haine contre ceux qui adorent
l’
idole totalitaire. Je veux démasquer cette idole, et les raisons profo
423
le totalitaire. Je veux démasquer cette idole, et
les
raisons profondes du culte qu’on lui rend. Or je distingue dans ces r
424
n lui rend. Or je distingue dans ces raisons plus
d’
angoisse que de méchanceté. J’ai reçu cet hiver, d’un jeune nazi, une
425
je distingue dans ces raisons plus d’angoisse que
de
méchanceté. J’ai reçu cet hiver, d’un jeune nazi, une lettre signific
426
’angoisse que de méchanceté. J’ai reçu cet hiver,
d’
un jeune nazi, une lettre significative, et à certains égards, fort ém
427
ificative, et à certains égards, fort émouvante.
La
raison profonde d’un mouvement comme le nôtre — m’écrivait-il — est i
428
tains égards, fort émouvante. La raison profonde
d’
un mouvement comme le nôtre — m’écrivait-il — est irrationnelle. Nous
429
nts à celui qui nous apportait cette possibilité.
Le
christianisme, probablement par la faute de ses ministres, ne satisfa
430
e possibilité. Le christianisme, probablement par
la
faute de ses ministres, ne satisfaisait plus depuis bien longtemps au
431
satisfaisait plus depuis bien longtemps au besoin
de
croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du
432
it plus depuis bien longtemps au besoin de croire
de
la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple all
433
plus depuis bien longtemps au besoin de croire de
la
majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple allema
434
e de la majorité du peuple. Nous voulons croire à
la
mission du peuple allemand, nous voulons croire à son immortalité, […
435
ngoisse dans ce peut-être ? Et dans cette volonté
de
croire à n’importe quoi et à tout prix, fût-ce à quelque chose d’auss
436
porte quoi et à tout prix, fût-ce à quelque chose
d’
aussi peu croyable que l’immortalité d’un peuple ?… Or l’angoisse n’ap
437
, fût-ce à quelque chose d’aussi peu croyable que
l’
immortalité d’un peuple ?… Or l’angoisse n’appelle pas la haine, mais
438
lque chose d’aussi peu croyable que l’immortalité
d’
un peuple ?… Or l’angoisse n’appelle pas la haine, mais au contraire l
439
peu croyable que l’immortalité d’un peuple ?… Or
l’
angoisse n’appelle pas la haine, mais au contraire la compassion, bien
440
talité d’un peuple ?… Or l’angoisse n’appelle pas
la
haine, mais au contraire la compassion, bien qu’elle l’appelle à son
441
ngoisse n’appelle pas la haine, mais au contraire
la
compassion, bien qu’elle l’appelle à son insu. Il faut savoir la devi
442
ne, mais au contraire la compassion, bien qu’elle
l’
appelle à son insu. Il faut savoir la deviner sous les rodomontades of
443
bien qu’elle l’appelle à son insu. Il faut savoir
la
deviner sous les rodomontades officielles et sous les vantardises eff
444
ppelle à son insu. Il faut savoir la deviner sous
les
rodomontades officielles et sous les vantardises effrénées de la prop
445
deviner sous les rodomontades officielles et sous
les
vantardises effrénées de la propagande totalitaire. Tout cela n’expri
446
des officielles et sous les vantardises effrénées
de
la propagande totalitaire. Tout cela n’exprime qu’un sentiment d’infé
447
officielles et sous les vantardises effrénées de
la
propagande totalitaire. Tout cela n’exprime qu’un sentiment d’infério
448
totalitaire. Tout cela n’exprime qu’un sentiment
d’
infériorité collective, un manque de foi réelle qui se déguise en défi
449
’un sentiment d’infériorité collective, un manque
de
foi réelle qui se déguise en défi, par désespoir. Mais là encore, je
450
i, par désespoir. Mais là encore, je ne parle pas
d’
une compassion sentimentale. Je parle d’une attitude virile et décidée
451
parle pas d’une compassion sentimentale. Je parle
d’
une attitude virile et décidée, d’une volonté de libérer ces peuples e
452
ntale. Je parle d’une attitude virile et décidée,
d’
une volonté de libérer ces peuples en leur donnant l’exemple, dans nos
453
e d’une attitude virile et décidée, d’une volonté
de
libérer ces peuples en leur donnant l’exemple, dans nos pays, d’une m
454
ne volonté de libérer ces peuples en leur donnant
l’
exemple, dans nos pays, d’une meilleure solution de leur problème. Con
455
peuples en leur donnant l’exemple, dans nos pays,
d’
une meilleure solution de leur problème. Contre les excès agaçants de
456
’exemple, dans nos pays, d’une meilleure solution
de
leur problème. Contre les excès agaçants de la propagande soviétique
457
d’une meilleure solution de leur problème. Contre
les
excès agaçants de la propagande soviétique et fasciste, toute espèce
458
ution de leur problème. Contre les excès agaçants
de
la propagande soviétique et fasciste, toute espèce de tolérance polie
459
on de leur problème. Contre les excès agaçants de
la
propagande soviétique et fasciste, toute espèce de tolérance polie se
460
a propagande soviétique et fasciste, toute espèce
de
tolérance polie serait déjà une complicité. Ce n’est pas ainsi que je
461
une complicité. Ce n’est pas ainsi que je conçois
la
charité. Quand les Romains adoraient leur empereur, les chrétiens ne
462
n’est pas ainsi que je conçois la charité. Quand
les
Romains adoraient leur empereur, les chrétiens ne craignaient pas de
463
arité. Quand les Romains adoraient leur empereur,
les
chrétiens ne craignaient pas de passer pour athées : ils refusaient l
464
t leur empereur, les chrétiens ne craignaient pas
de
passer pour athées : ils refusaient le culte de l’idole et s’en moqua
465
naient pas de passer pour athées : ils refusaient
le
culte de l’idole et s’en moquaient. Nous aussi nous devons rire des i
466
s de passer pour athées : ils refusaient le culte
de
l’idole et s’en moquaient. Nous aussi nous devons rire des idoles col
467
e passer pour athées : ils refusaient le culte de
l’
idole et s’en moquaient. Nous aussi nous devons rire des idoles coloss
468
idoles colossales qu’on nous vante. Quand je vois
les
trois dictateurs qui font les gros yeux à l’Europe, se proclament tou
469
ante. Quand je vois les trois dictateurs qui font
les
gros yeux à l’Europe, se proclament tous les trois infaillibles, je n
470
ois les trois dictateurs qui font les gros yeux à
l’
Europe, se proclament tous les trois infaillibles, je ne crois pas man
471
font les gros yeux à l’Europe, se proclament tous
les
trois infaillibles, je ne crois pas manquer au devoir de charité en j
472
s infaillibles, je ne crois pas manquer au devoir
de
charité en jugeant parfaitement grotesque leur impossible prétention.
473
impossible prétention. Au fanatisme, il convient
d’
opposer une certaine douceur amusée. Voltaire nous conte là-dessus une
474
us conte là-dessus une anecdote dont j’aime assez
l’
impertinence. Il imagine un certain oncle à lui, qu’il appelle l’abbé
475
Il imagine un certain oncle à lui, qu’il appelle
l’
abbé Bazin. « Cet abbé mourut, nous dit-il, persuadé que tous les sava
476
« Cet abbé mourut, nous dit-il, persuadé que tous
les
savants peuvent se tromper et reconnaissant que l’Église romaine est
477
s savants peuvent se tromper et reconnaissant que
l’
Église romaine est infaillible. L’Église grecque lui en sut très mauva
478
connaissant que l’Église romaine est infaillible.
L’
Église grecque lui en sut très mauvais gré et lui en fit de vifs repro
479
grecque lui en sut très mauvais gré et lui en fit
de
vifs reproches à ses derniers moments. Mon oncle en fut affligé, et p
480
en fut affligé, et pour mourir en paix, il dit à
l’
archevêque d’Astracan : « Allez, ne vous attristez pas. Ne voyez-vous
481
gé, et pour mourir en paix, il dit à l’archevêque
d’
Astracan : « Allez, ne vous attristez pas. Ne voyez-vous pas que je vo
482
e vous crois infaillible vous aussi ? » Toutefois
le
scepticisme n’est pas toujours, hélas, une réponse suffisante. La seu
483
’est pas toujours, hélas, une réponse suffisante.
La
seule réponse décisive à cette immense question religieuse des peuple
484
à cette immense question religieuse des peuples,
d’
où sont issus les trois mouvements totalitaires, c’est la réponse vrai
485
question religieuse des peuples, d’où sont issus
les
trois mouvements totalitaires, c’est la réponse vraiment totale de no
486
nt issus les trois mouvements totalitaires, c’est
la
réponse vraiment totale de notre foi. La foi chrétienne, pour les mys
487
ts totalitaires, c’est la réponse vraiment totale
de
notre foi. La foi chrétienne, pour les mystiques idolâtres, c’est un
488
s, c’est la réponse vraiment totale de notre foi.
La
foi chrétienne, pour les mystiques idolâtres, c’est un adversaire plu
489
ment totale de notre foi. La foi chrétienne, pour
les
mystiques idolâtres, c’est un adversaire plus sérieux que les canons
490
s idolâtres, c’est un adversaire plus sérieux que
les
canons et que les railleries. C’est le seul adversaire irréductible,
491
un adversaire plus sérieux que les canons et que
les
railleries. C’est le seul adversaire irréductible, — et pourtant char
492
rieux que les canons et que les railleries. C’est
le
seul adversaire irréductible, — et pourtant charitable. Car nous ne c
493
s doctrines au nom desquelles on veut réglementer
le
tout de l’homme, quand il s’agit en vérité des solutions et des doctr
494
nes au nom desquelles on veut réglementer le tout
de
l’homme, quand il s’agit en vérité des solutions et des doctrines d’u
495
au nom desquelles on veut réglementer le tout de
l’
homme, quand il s’agit en vérité des solutions et des doctrines d’un s
496
l s’agit en vérité des solutions et des doctrines
d’
un seul parti, d’une seule tendance, et la plus animale de l’homme. Se
497
é des solutions et des doctrines d’un seul parti,
d’
une seule tendance, et la plus animale de l’homme. Seule a le droit d’
498
ctrines d’un seul parti, d’une seule tendance, et
la
plus animale de l’homme. Seule a le droit d’être totalitaire la vérit
499
l parti, d’une seule tendance, et la plus animale
de
l’homme. Seule a le droit d’être totalitaire la vérité totale, qui n’
500
arti, d’une seule tendance, et la plus animale de
l’
homme. Seule a le droit d’être totalitaire la vérité totale, qui n’app
501
tendance, et la plus animale de l’homme. Seule a
le
droit d’être totalitaire la vérité totale, qui n’appartient qu’à Dieu
502
, et la plus animale de l’homme. Seule a le droit
d’
être totalitaire la vérité totale, qui n’appartient qu’à Dieu. C’est d
503
e de l’homme. Seule a le droit d’être totalitaire
la
vérité totale, qui n’appartient qu’à Dieu. C’est dans la mesure où no
504
té totale, qui n’appartient qu’à Dieu. C’est dans
la
mesure où nous ordonnerons nos vies à cette vérité-là, à elle d’abord
505
sse aux vrais besoins du citoyen ou du soldat, ou
de
l’ouvrier, ou de l’aryen blond. C’est par cette seule mesure que nous
506
aux vrais besoins du citoyen ou du soldat, ou de
l’
ouvrier, ou de l’aryen blond. C’est par cette seule mesure que nous po
507
oins du citoyen ou du soldat, ou de l’ouvrier, ou
de
l’aryen blond. C’est par cette seule mesure que nous pourrons devenir
508
s du citoyen ou du soldat, ou de l’ouvrier, ou de
l’
aryen blond. C’est par cette seule mesure que nous pourrons devenir de
509
’elles ont accepté pour vocation, et responsables
de
cette vocation devant la cité qui les protège. Je ne vous appellerai
510
ocation, et responsables de cette vocation devant
la
cité qui les protège. Je ne vous appellerai pas, en terminant, à une
511
responsables de cette vocation devant la cité qui
les
protège. Je ne vous appellerai pas, en terminant, à une croisade anti
512
iste, mais à une tâche constructive, qui se situe
d’
une manière très précise dans le mouvement de l’Histoire occidentale.
513
ive, qui se situe d’une manière très précise dans
le
mouvement de l’Histoire occidentale. Trois siècles d’individualisme,
514
itue d’une manière très précise dans le mouvement
de
l’Histoire occidentale. Trois siècles d’individualisme, de divinisati
515
e d’une manière très précise dans le mouvement de
l’
Histoire occidentale. Trois siècles d’individualisme, de divinisation
516
ouvement de l’Histoire occidentale. Trois siècles
d’
individualisme, de divinisation de l’homme, nous ont conduits à une di
517
oire occidentale. Trois siècles d’individualisme,
de
divinisation de l’homme, nous ont conduits à une dissolution presque
518
. Trois siècles d’individualisme, de divinisation
de
l’homme, nous ont conduits à une dissolution presque totale de la soc
519
rois siècles d’individualisme, de divinisation de
l’
homme, nous ont conduits à une dissolution presque totale de la sociét
520
ous ont conduits à une dissolution presque totale
de
la société. Nous ne sommes plus qu’une poussière de petits individus,
521
ont conduits à une dissolution presque totale de
la
société. Nous ne sommes plus qu’une poussière de petits individus, im
522
la société. Nous ne sommes plus qu’une poussière
de
petits individus, impuissants, isolés, anxieux. Allons-nous retomber
523
tomber dans une folie inverse, encore plus grave,
la
religion collectiviste ? Le péril est immense. Mais notre chance deva
524
e, encore plus grave, la religion collectiviste ?
Le
péril est immense. Mais notre chance devant l’Histoire ne l’est pas m
525
? Le péril est immense. Mais notre chance devant
l’
Histoire ne l’est pas moins. Il dépend en partie de nous que nous trou
526
t immense. Mais notre chance devant l’Histoire ne
l’
est pas moins. Il dépend en partie de nous que nous trouvions la solut
527
’Histoire ne l’est pas moins. Il dépend en partie
de
nous que nous trouvions la solution de l’éternel problème individu-co
528
s. Il dépend en partie de nous que nous trouvions
la
solution de l’éternel problème individu-communauté. Il dépend en part
529
en partie de nous que nous trouvions la solution
de
l’éternel problème individu-communauté. Il dépend en partie de nous d
530
partie de nous que nous trouvions la solution de
l’
éternel problème individu-communauté. Il dépend en partie de nous de r
531
problème individu-communauté. Il dépend en partie
de
nous de refaire une société vivable, une commune mesure vivante sur l
532
individu-communauté. Il dépend en partie de nous
de
refaire une société vivable, une commune mesure vivante sur le fondem
533
e société vivable, une commune mesure vivante sur
le
fondement de la personne, c’est-à-dire de l’individu à la fois libre
534
able, une commune mesure vivante sur le fondement
de
la personne, c’est-à-dire de l’individu à la fois libre et engagé, au
535
e, une commune mesure vivante sur le fondement de
la
personne, c’est-à-dire de l’individu à la fois libre et engagé, auton
536
nte sur le fondement de la personne, c’est-à-dire
de
l’individu à la fois libre et engagé, autonome et pourtant solidaire.
537
sur le fondement de la personne, c’est-à-dire de
l’
individu à la fois libre et engagé, autonome et pourtant solidaire. Ce
538
tonome et pourtant solidaire. Celui que j’appelle
l’
homme total. Je ne sais si nous réussirons, mais nous aurons du moins
539
nous réussirons, mais nous aurons du moins sauvé
l’
honneur de cette génération anxieuse. Et pour tout dire, je ne suis pa
540
sirons, mais nous aurons du moins sauvé l’honneur
de
cette génération anxieuse. Et pour tout dire, je ne suis pas sans esp
541
e. Et pour tout dire, je ne suis pas sans espoir.
Les
faux dieux ne font pas de miracles. Je ne me lasserai jamais de le ré
542
suis pas sans espoir. Les faux dieux ne font pas
de
miracles. Je ne me lasserai jamais de le répéter — c’est mon delenda
543
ne font pas de miracles. Je ne me lasserai jamais
de
le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là où l’homme veut être tot
544
font pas de miracles. Je ne me lasserai jamais de
le
répéter — c’est mon delenda Carthago : Là où l’homme veut être total,
545
e le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là où
l’
homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire. 1. Conclu
546
delenda Carthago : Là où l’homme veut être total,
l’
État ne sera jamais totalitaire. 1. Conclusions d’une conférence pr
547
tat ne sera jamais totalitaire. 1. Conclusions
d’
une conférence prononcée à Genève au mois de mai 1938, sous les auspic
548
sions d’une conférence prononcée à Genève au mois
de
mai 1938, sous les auspices de Zofingue et de l’Association chrétienn
549
ence prononcée à Genève au mois de mai 1938, sous
les
auspices de Zofingue et de l’Association chrétienne d’étudiants. Le t
550
e à Genève au mois de mai 1938, sous les auspices
de
Zofingue et de l’Association chrétienne d’étudiants. Le thème général
551
ois de mai 1938, sous les auspices de Zofingue et
de
l’Association chrétienne d’étudiants. Le thème général était celui-ci
552
de mai 1938, sous les auspices de Zofingue et de
l’
Association chrétienne d’étudiants. Le thème général était celui-ci :
553
spices de Zofingue et de l’Association chrétienne
d’
étudiants. Le thème général était celui-ci : les trois mouvements « to
554
ingue et de l’Association chrétienne d’étudiants.
Le
thème général était celui-ci : les trois mouvements « totalitaires »
555
ne d’étudiants. Le thème général était celui-ci :
les
trois mouvements « totalitaires » qui nous menacent — communisme, hit
556
ont pour but véritable — et souvent inconscient —
de
remplacer le christianisme défaillant par le culte social de l’État e
557
véritable — et souvent inconscient — de remplacer
le
christianisme défaillant par le culte social de l’État et de son prin
558
nt — de remplacer le christianisme défaillant par
le
culte social de l’État et de son principe « sacral » : Prolétariat, R
559
r le christianisme défaillant par le culte social
de
l’État et de son principe « sacral » : Prolétariat, Race, Empire. 2.
560
e christianisme défaillant par le culte social de
l’
État et de son principe « sacral » : Prolétariat, Race, Empire. 2. Qu
561
nisme défaillant par le culte social de l’État et
de
son principe « sacral » : Prolétariat, Race, Empire. 2. Quelques bou
562
Empire. 2. Quelques bourgeois veulent voir dans
le
fascisme le « rempart de l’ordre établi ». C’est bien touchant. Voici
563
Quelques bourgeois veulent voir dans le fascisme
le
« rempart de l’ordre établi ». C’est bien touchant. Voici ce que dit
564
rgeois veulent voir dans le fascisme le « rempart
de
l’ordre établi ». C’est bien touchant. Voici ce que dit à leur sujet
565
ois veulent voir dans le fascisme le « rempart de
l’
ordre établi ». C’est bien touchant. Voici ce que dit à leur sujet la
566
’est bien touchant. Voici ce que dit à leur sujet
la
revue fasciste Gerarchia, dirigée par le propre neveu du Duce : « Ces
567
ur sujet la revue fasciste Gerarchia, dirigée par
le
propre neveu du Duce : « Ces braves gens devront se convaincre, et no
568
« Ces braves gens devront se convaincre, et nous
les
convaincrons bientôt, que la charge du problème social est désormais
569
convaincre, et nous les convaincrons bientôt, que
la
charge du problème social est désormais sur nos épaules, et qu’ils fe
570
désormais sur nos épaules, et qu’ils feront mieux
d’
avoir peur de nous que du communisme. » a. Rougemont Denis de, « La
571
nos épaules, et qu’ils feront mieux d’avoir peur
de
nous que du communisme. » a. Rougemont Denis de, « La vraie défense
572
de nous que du communisme. » a. Rougemont Denis
de
, « La vraie défense contre l’esprit totalitaire », Les Cahiers protes
573
s que du communisme. » a. Rougemont Denis de, «
La
vraie défense contre l’esprit totalitaire », Les Cahiers protestants,
574
a. Rougemont Denis de, « La vraie défense contre
l’
esprit totalitaire », Les Cahiers protestants, Lausanne, juillet 1938,
575
« La vraie défense contre l’esprit totalitaire »,
Les
Cahiers protestants, Lausanne, juillet 1938, p. 411-425.
576
Nicolas de Flue et
la
Réforme (août 1939)b Pour la très grande majorité des Suisses d’au
577
icolas de Flue et la Réforme (août 1939)b Pour
la
très grande majorité des Suisses d’aujourd’hui, surtout dans les cant
578
939)b Pour la très grande majorité des Suisses
d’
aujourd’hui, surtout dans les cantons protestants, Nicolas de Flue est
579
majorité des Suisses d’aujourd’hui, surtout dans
les
cantons protestants, Nicolas de Flue est une figure quasi mythique, é
580
t un souvenir scolaire. Nous n’avons guère retenu
de
son histoire que l’image d’un ermite à longue barbe qui rétablit la p
581
re. Nous n’avons guère retenu de son histoire que
l’
image d’un ermite à longue barbe qui rétablit la paix civile entre les
582
n’avons guère retenu de son histoire que l’image
d’
un ermite à longue barbe qui rétablit la paix civile entre les vieux C
583
e l’image d’un ermite à longue barbe qui rétablit
la
paix civile entre les vieux Confédérés, en prononçant devant la Diète
584
à longue barbe qui rétablit la paix civile entre
les
vieux Confédérés, en prononçant devant la Diète de Stans un discours
585
entre les vieux Confédérés, en prononçant devant
la
Diète de Stans un discours plein d’élévation. Comment prendre vraimen
586
s vieux Confédérés, en prononçant devant la Diète
de
Stans un discours plein d’élévation. Comment prendre vraiment au séri
587
onçant devant la Diète de Stans un discours plein
d’
élévation. Comment prendre vraiment au sérieux un drame qui se dénoue
588
drame qui se dénoue si facilement, un héros dont
l’
activité se résume dans ses « bonnes paroles » ? Les catholiques, par
589
’activité se résume dans ses « bonnes paroles » ?
Les
catholiques, par contre, cultivent avec amour le souvenir du solitair
590
Les catholiques, par contre, cultivent avec amour
le
souvenir du solitaire du Ranft, que Rome a dès longtemps béatifié, et
591
Ranft, que Rome a dès longtemps béatifié, et que
la
vénération du peuple, surtout dans les petits cantons, a déjà mis au
592
fié, et que la vénération du peuple, surtout dans
les
petits cantons, a déjà mis au rang des saints (bien que la canonisati
593
cantons, a déjà mis au rang des saints (bien que
la
canonisation se fasse attendre). Mais là, c’est l’autre aspect de la
594
se fasse attendre). Mais là, c’est l’autre aspect
de
la vie du « Frère Claus » qui est exalté : on parle surtout de ses mi
595
fasse attendre). Mais là, c’est l’autre aspect de
la
vie du « Frère Claus » qui est exalté : on parle surtout de ses mirac
596
« Frère Claus » qui est exalté : on parle surtout
de
ses miracles, de son ascèse, de ses visions, et même parfois des prop
597
ui est exalté : on parle surtout de ses miracles,
de
son ascèse, de ses visions, et même parfois des prophéties qu’on lui
598
on parle surtout de ses miracles, de son ascèse,
de
ses visions, et même parfois des prophéties qu’on lui attribue sur la
599
ême parfois des prophéties qu’on lui attribue sur
la
Réforme et ses « innovations ». Une suite de hasards m’ayant mis entr
600
sur la Réforme et ses « innovations ». Une suite
de
hasards m’ayant mis entre les mains, au cours de l’été dernier, quelq
601
vations ». Une suite de hasards m’ayant mis entre
les
mains, au cours de l’été dernier, quelques écrits populaires sur le B
602
hasards m’ayant mis entre les mains, au cours de
l’
été dernier, quelques écrits populaires sur le Bienheureux, ce ne fut
603
de l’été dernier, quelques écrits populaires sur
le
Bienheureux, ce ne fut pas sans émerveillement que j’entrevis la réal
604
ce ne fut pas sans émerveillement que j’entrevis
la
réalité historique du personnage. À tel point que je n’hésitai pas à
605
nage. À tel point que je n’hésitai pas à en faire
le
sujet d’un drame, qui sera représenté à Zurich en septembre, et pour
606
el point que je n’hésitai pas à en faire le sujet
d’
un drame, qui sera représenté à Zurich en septembre, et pour lequel Ar
607
egger a composé une importante partition chorale.
Le
choix de ce sujet n’a pas été sans surprendre certains de mes amis pr
608
omposé une importante partition chorale. Le choix
de
ce sujet n’a pas été sans surprendre certains de mes amis protestants
609
de ce sujet n’a pas été sans surprendre certains
de
mes amis protestants, et — pour d’autres raisons sans doute — certain
610
oute — certains catholiques qui ont bien voulu me
le
faire sentir. Il m’a semblé que je devais aux uns et aux autres une b
611
aux uns et aux autres une brève explication, dont
l’
intérêt, je l’espère, débordera cette anecdote personnelle. Il m’est a
612
autres une brève explication, dont l’intérêt, je
l’
espère, débordera cette anecdote personnelle. Il m’est apparu, en effe
613
et, à mesure que j’avançais dans mon travail, que
la
figure de Nicolas de Flue pouvait revêtir pour les Suisses d’aujourd’
614
re que j’avançais dans mon travail, que la figure
de
Nicolas de Flue pouvait revêtir pour les Suisses d’aujourd’hui, et po
615
la figure de Nicolas de Flue pouvait revêtir pour
les
Suisses d’aujourd’hui, et pour les protestants précisément, une signi
616
Nicolas de Flue pouvait revêtir pour les Suisses
d’
aujourd’hui, et pour les protestants précisément, une signification pe
617
t revêtir pour les Suisses d’aujourd’hui, et pour
les
protestants précisément, une signification peut-être toute nouvelle.
618
nt, une signification peut-être toute nouvelle.
La
vie de Nicolas Quel fut cet homme, en vérité ? Et peut-on le compr
619
signification peut-être toute nouvelle. La vie
de
Nicolas Quel fut cet homme, en vérité ? Et peut-on le comprendre,
620
las Quel fut cet homme, en vérité ? Et peut-on
le
comprendre, hors de son temps ? Il naquit à l’époque du concile de Co
621
on le comprendre, hors de son temps ? Il naquit à
l’
époque du concile de Constance, et mourut à la fin du xve siècle. Son
622
rs de son temps ? Il naquit à l’époque du concile
de
Constance, et mourut à la fin du xve siècle. Son existence coïncide
623
t à l’époque du concile de Constance, et mourut à
la
fin du xve siècle. Son existence coïncide donc exactement avec la de
624
coïncide donc exactement avec la dernière période
d’
unité de l’Église occidentale. Le concile de Constance venait de mettr
625
donc exactement avec la dernière période d’unité
de
l’Église occidentale. Le concile de Constance venait de mettre fin au
626
nc exactement avec la dernière période d’unité de
l’
Église occidentale. Le concile de Constance venait de mettre fin au Gr
627
dernière période d’unité de l’Église occidentale.
Le
concile de Constance venait de mettre fin au Grand Schisme de la cath
628
riode d’unité de l’Église occidentale. Le concile
de
Constance venait de mettre fin au Grand Schisme de la catholicité. Au
629
e Constance venait de mettre fin au Grand Schisme
de
la catholicité. Au pape d’Avignon, au pape de Rome, à l’antipape qu’o
630
onstance venait de mettre fin au Grand Schisme de
la
catholicité. Au pape d’Avignon, au pape de Rome, à l’antipape qu’on a
631
e fin au Grand Schisme de la catholicité. Au pape
d’
Avignon, au pape de Rome, à l’antipape qu’on avait tenté de leur oppos
632
sme de la catholicité. Au pape d’Avignon, au pape
de
Rome, à l’antipape qu’on avait tenté de leur opposer — et tous les tr
633
atholicité. Au pape d’Avignon, au pape de Rome, à
l’
antipape qu’on avait tenté de leur opposer — et tous les trois s’excom
634
, au pape de Rome, à l’antipape qu’on avait tenté
de
leur opposer — et tous les trois s’excommuniaient réciproquement, ain
635
ipape qu’on avait tenté de leur opposer — et tous
les
trois s’excommuniaient réciproquement, ainsi que leurs fidèles, en so
636
ment, ainsi que leurs fidèles, en sorte que toute
la
chrétienté se vit alors frappée d’anathème ! — le concile avait subst
637
orte que toute la chrétienté se vit alors frappée
d’
anathème ! — le concile avait substitué un pontife unique et romain. O
638
la chrétienté se vit alors frappée d’anathème ! —
le
concile avait substitué un pontife unique et romain. On avait condamn
639
damné Jean Huss, le premier qui eût osé proclamer
la
nécessité d’une réforme. On l’avait fait monter sur le bûcher au mépr
640
ss, le premier qui eût osé proclamer la nécessité
d’
une réforme. On l’avait fait monter sur le bûcher au mépris de la paro
641
eût osé proclamer la nécessité d’une réforme. On
l’
avait fait monter sur le bûcher au mépris de la parole donnée. Il semb
642
cessité d’une réforme. On l’avait fait monter sur
le
bûcher au mépris de la parole donnée. Il semblait que la chrétienté s
643
e. On l’avait fait monter sur le bûcher au mépris
de
la parole donnée. Il semblait que la chrétienté se regroupait, non sa
644
On l’avait fait monter sur le bûcher au mépris de
la
parole donnée. Il semblait que la chrétienté se regroupait, non sans
645
er au mépris de la parole donnée. Il semblait que
la
chrétienté se regroupait, non sans résignation, autour du siège de Sa
646
regroupait, non sans résignation, autour du siège
de
Saint-Pierre raffermi dans sa Primauté. Mais une discipline extérieur
647
une discipline extérieure ne pouvait pas tromper
les
âmes. Et la vie même de Nicolas de Flue nous en donne une preuve édif
648
ne extérieure ne pouvait pas tromper les âmes. Et
la
vie même de Nicolas de Flue nous en donne une preuve édifiante. Dès s
649
e ne pouvait pas tromper les âmes. Et la vie même
de
Nicolas de Flue nous en donne une preuve édifiante. Dès son enfance,
650
donne une preuve édifiante. Dès son enfance, nous
le
voyons s’astreindre aux « œuvres » de la religion qui est alors celle
651
fance, nous le voyons s’astreindre aux « œuvres »
de
la religion qui est alors celle de tous — mais avec une conscience bi
652
ce, nous le voyons s’astreindre aux « œuvres » de
la
religion qui est alors celle de tous — mais avec une conscience bizar
653
aux « œuvres » de la religion qui est alors celle
de
tous — mais avec une conscience bizarrement scrupuleuse. Il ne prend
654
rement scrupuleuse. Il ne prend aucune nourriture
le
vendredi, et peu à peu s’exerce à jeûner également d’autres jours. Sa
655
utres jours. Sa piété précoce et frappante paraît
le
désigner pour la prêtrise ou pour les ordres. Mais non, parvenu à l’â
656
iété précoce et frappante paraît le désigner pour
la
prêtrise ou pour les ordres. Mais non, parvenu à l’âge d’homme, il s’
657
pante paraît le désigner pour la prêtrise ou pour
les
ordres. Mais non, parvenu à l’âge d’homme, il s’engage dans les bande
658
prêtrise ou pour les ordres. Mais non, parvenu à
l’
âge d’homme, il s’engage dans les bandes armées qui guerroyaient alors
659
ise ou pour les ordres. Mais non, parvenu à l’âge
d’
homme, il s’engage dans les bandes armées qui guerroyaient alors contr
660
is non, parvenu à l’âge d’homme, il s’engage dans
les
bandes armées qui guerroyaient alors contre les seigneurs autrichiens
661
s les bandes armées qui guerroyaient alors contre
les
seigneurs autrichiens, et devient bientôt Rottmeister, c’est-à-dire q
662
hose comme capitaine. Puis, sans doute écœuré par
la
brutalité et l’inutilité croissante des expéditions auxquelles on lui
663
aine. Puis, sans doute écœuré par la brutalité et
l’
inutilité croissante des expéditions auxquelles on lui fait prendre pa
664
il se retire dans son canton natal pour y exercer
les
fonctions patriarcales de juge de paix, tout en cultivant son domaine
665
n natal pour y exercer les fonctions patriarcales
de
juge de paix, tout en cultivant son domaine. Un beau jour, certaine i
666
ice flagrante commise par ses collègues, au cours
d’
un procès, le décide à déposer sa charge et à se retirer dans sa famil
667
commise par ses collègues, au cours d’un procès,
le
décide à déposer sa charge et à se retirer dans sa famille. C’est le
668
retirer dans sa famille. C’est le deuxième temps
de
cette espèce de retraite concentrique — vers lui-même — qui est la fo
669
famille. C’est le deuxième temps de cette espèce
de
retraite concentrique — vers lui-même — qui est la forme de sa destin
670
e retraite concentrique — vers lui-même — qui est
la
forme de sa destinée. Notons que ce capitaine, puis ce juge, puis ce
671
e concentrique — vers lui-même — qui est la forme
de
sa destinée. Notons que ce capitaine, puis ce juge, puis ce père de f
672
tons que ce capitaine, puis ce juge, puis ce père
de
famille — il aura dix enfants — n’est pas un type exceptionnel parmi
673
ix enfants — n’est pas un type exceptionnel parmi
les
vieux confédérés, sinon par la rigueur inusitée de sa conscience. C’e
674
xceptionnel parmi les vieux confédérés, sinon par
la
rigueur inusitée de sa conscience. C’est un citoyen de bon sens et de
675
s vieux confédérés, sinon par la rigueur inusitée
de
sa conscience. C’est un citoyen de bon sens et de bon conseil, un sol
676
gueur inusitée de sa conscience. C’est un citoyen
de
bon sens et de bon conseil, un solide paysan, les deux pieds sur la t
677
de sa conscience. C’est un citoyen de bon sens et
de
bon conseil, un solide paysan, les deux pieds sur la terre, et non pa
678
de bon sens et de bon conseil, un solide paysan,
les
deux pieds sur la terre, et non pas un sectaire ou un illuminé auquel
679
bon conseil, un solide paysan, les deux pieds sur
la
terre, et non pas un sectaire ou un illuminé auquel des ouvrages pieu
680
lluminé auquel des ouvrages pieux auraient tourné
la
tête. (Il ne sait ni lire ni écrire.) Mais sous cet extérieur équilib
681
re.) Mais sous cet extérieur équilibré, et malgré
l’
apaisement que devraient lui donner les pratiques d’une extrême dévoti
682
, et malgré l’apaisement que devraient lui donner
les
pratiques d’une extrême dévotion, ses proches ont bien senti le drame
683
apaisement que devraient lui donner les pratiques
d’
une extrême dévotion, ses proches ont bien senti le drame intime, long
684
’une extrême dévotion, ses proches ont bien senti
le
drame intime, longuement couvé et mûri. Sans doute a-t-il eu des visi
685
des visions, peut-être a-t-il manqué sa vocation
de
prêtre, — déçu par les exemples qu’il avait sous les yeux. Peut-être
686
e a-t-il manqué sa vocation de prêtre, — déçu par
les
exemples qu’il avait sous les yeux. Peut-être aussi rêve-t-il comme t
687
prêtre, — déçu par les exemples qu’il avait sous
les
yeux. Peut-être aussi rêve-t-il comme tout son siècle, et sans le sav
688
re aussi rêve-t-il comme tout son siècle, et sans
le
savoir, d’une piété plus intérieure, d’un contact plus direct, plus c
689
ve-t-il comme tout son siècle, et sans le savoir,
d’
une piété plus intérieure, d’un contact plus direct, plus confiant ave
690
, et sans le savoir, d’une piété plus intérieure,
d’
un contact plus direct, plus confiant avec Dieu… À cinquante ans, il n
691
n’y résiste plus : sa vocation profonde triomphe
de
tous ses doutes, et même de ses devoirs et attachements humains. Quel
692
ion profonde triomphe de tous ses doutes, et même
de
ses devoirs et attachements humains. Quelle vocation ? Celle des « fr
693
Celle des « frères mendiants » qui s’en vont sur
les
routes, au hasard, abandonnés au souffle de l’Esprit. Il fait part à
694
sur les routes, au hasard, abandonnés au souffle
de
l’Esprit. Il fait part à sa femme de cette terrible décision, et elle
695
r les routes, au hasard, abandonnés au souffle de
l’
Esprit. Il fait part à sa femme de cette terrible décision, et elle l’
696
s au souffle de l’Esprit. Il fait part à sa femme
de
cette terrible décision, et elle l’accepte au terme d’une lutte héroï
697
rt à sa femme de cette terrible décision, et elle
l’
accepte au terme d’une lutte héroïque avec elle-même. Alors commence l
698
tte terrible décision, et elle l’accepte au terme
d’
une lutte héroïque avec elle-même. Alors commence la vie de solitude e
699
une lutte héroïque avec elle-même. Alors commence
la
vie de solitude et d’oraison que toute l’évolution intérieure de Nico
700
te héroïque avec elle-même. Alors commence la vie
de
solitude et d’oraison que toute l’évolution intérieure de Nicolas sem
701
c elle-même. Alors commence la vie de solitude et
d’
oraison que toute l’évolution intérieure de Nicolas semblait appeler c
702
ommence la vie de solitude et d’oraison que toute
l’
évolution intérieure de Nicolas semblait appeler comme une fin obscure
703
ude et d’oraison que toute l’évolution intérieure
de
Nicolas semblait appeler comme une fin obscure et pourtant obsédante.
704
une fin obscure et pourtant obsédante. Vie libre
d’
un laïque chrétien, hors de tout ordre monastique, hors du clergé cons
705
monastique, hors du clergé constitué. À une heure
de
chez lui, dans la gorge du Ranft, il se construit une cellule, auprès
706
u clergé constitué. À une heure de chez lui, dans
la
gorge du Ranft, il se construit une cellule, auprès d’une minuscule c
707
rge du Ranft, il se construit une cellule, auprès
d’
une minuscule chapelle. Et le miracle, préparé dès son enfance, se réa
708
une cellule, auprès d’une minuscule chapelle. Et
le
miracle, préparé dès son enfance, se réalise : Nicolas s’aperçoit sou
709
: Nicolas s’aperçoit soudain qu’il peut se passer
de
manger ! Une fois par semaine il s’en va communier dans un des villag
710
e sa nourriture. Car n’est-il pas écrit, comme il
le
répétera souvent : « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de to
711
st-il pas écrit, comme il le répétera souvent : «
L’
homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de l
712
mme il le répétera souvent : « L’homme ne vit pas
de
pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de mon Pèr
713
nt : « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais
de
toute parole qui sort de la bouche de mon Père »… Ni les espions plac
714
de pain seulement, mais de toute parole qui sort
de
la bouche de mon Père »… Ni les espions placés autour de l’ermitage p
715
pain seulement, mais de toute parole qui sort de
la
bouche de mon Père »… Ni les espions placés autour de l’ermitage par
716
ement, mais de toute parole qui sort de la bouche
de
mon Père »… Ni les espions placés autour de l’ermitage par des autori
717
te parole qui sort de la bouche de mon Père »… Ni
les
espions placés autour de l’ermitage par des autorités fort soupçonneu
718
he de mon Père »… Ni les espions placés autour de
l’
ermitage par des autorités fort soupçonneuses, ni les envoyés de l’évê
719
ermitage par des autorités fort soupçonneuses, ni
les
envoyés de l’évêque n’ont jamais pu prendre en défaut le « Frère Clau
720
des autorités fort soupçonneuses, ni les envoyés
de
l’évêque n’ont jamais pu prendre en défaut le « Frère Claus » — ainsi
721
s autorités fort soupçonneuses, ni les envoyés de
l’
évêque n’ont jamais pu prendre en défaut le « Frère Claus » — ainsi qu
722
yés de l’évêque n’ont jamais pu prendre en défaut
le
« Frère Claus » — ainsi qu’on l’appelle désormais. Et sa légende se r
723
rendre en défaut le « Frère Claus » — ainsi qu’on
l’
appelle désormais. Et sa légende se répand, en Suisse d’abord, puis bi
724
en Suisse d’abord, puis bien au-delà. Peu à peu,
les
pèlerins deviennent plus fréquents, qui montent au Ranft pour voir l’
725
nt plus fréquents, qui montent au Ranft pour voir
l’
ermite fameux. Les uns poussés par la curiosité, les autres par le gra
726
, qui montent au Ranft pour voir l’ermite fameux.
Les
uns poussés par la curiosité, les autres par le grand désir de recevo
727
ft pour voir l’ermite fameux. Les uns poussés par
la
curiosité, les autres par le grand désir de recevoir une parole simpl
728
’ermite fameux. Les uns poussés par la curiosité,
les
autres par le grand désir de recevoir une parole simple et forte, un
729
Les uns poussés par la curiosité, les autres par
le
grand désir de recevoir une parole simple et forte, un conseil, une r
730
s par la curiosité, les autres par le grand désir
de
recevoir une parole simple et forte, un conseil, une révélation. (Bea
731
onseil, une révélation. (Beaucoup nous ont laissé
la
relation de leur visite : unanimes dans l’admiration devant cet « hom
732
révélation. (Beaucoup nous ont laissé la relation
de
leur visite : unanimes dans l’admiration devant cet « homme de Dieu »
733
laissé la relation de leur visite : unanimes dans
l’
admiration devant cet « homme de Dieu » fruste et biblique.) Il n’est
734
e : unanimes dans l’admiration devant cet « homme
de
Dieu » fruste et biblique.) Il n’est pas jusqu’aux princes des contré
735
lèguent auprès du Frère Claus des envoyés chargés
d’
obtenir son appui : car son conseil est si puissant parmi les Suisses
736
son appui : car son conseil est si puissant parmi
les
Suisses qu’on a coutume de s’adresser d’abord à lui lorsqu’il faut né
737
est si puissant parmi les Suisses qu’on a coutume
de
s’adresser d’abord à lui lorsqu’il faut négocier un traité. C’est ain
738
orsqu’il faut négocier un traité. C’est ainsi que
le
solitaire conseille aux Suisses de se montrer prudents dans l’affaire
739
’est ainsi que le solitaire conseille aux Suisses
de
se montrer prudents dans l’affaire de Bourgogne, où l’Autriche et la
740
conseille aux Suisses de se montrer prudents dans
l’
affaire de Bourgogne, où l’Autriche et la France complotent de les pré
741
aux Suisses de se montrer prudents dans l’affaire
de
Bourgogne, où l’Autriche et la France complotent de les précipiter. I
742
montrer prudents dans l’affaire de Bourgogne, où
l’
Autriche et la France complotent de les précipiter. Il voit trop bien
743
nts dans l’affaire de Bourgogne, où l’Autriche et
la
France complotent de les précipiter. Il voit trop bien à quels danger
744
Bourgogne, où l’Autriche et la France complotent
de
les précipiter. Il voit trop bien à quels dangers leur victoire même
745
urgogne, où l’Autriche et la France complotent de
les
précipiter. Il voit trop bien à quels dangers leur victoire même les
746
voit trop bien à quels dangers leur victoire même
les
exposera : s’ils font la guerre pour s’enrichir, et s’ils apprennent
747
gers leur victoire même les exposera : s’ils font
la
guerre pour s’enrichir, et s’ils apprennent le prix de l’or, c’en ser
748
nt la guerre pour s’enrichir, et s’ils apprennent
le
prix de l’or, c’en sera fait de leur union patriarcale. Mais la tenta
749
erre pour s’enrichir, et s’ils apprennent le prix
de
l’or, c’en sera fait de leur union patriarcale. Mais la tentation est
750
e pour s’enrichir, et s’ils apprennent le prix de
l’
or, c’en sera fait de leur union patriarcale. Mais la tentation est tr
751
s’ils apprennent le prix de l’or, c’en sera fait
de
leur union patriarcale. Mais la tentation est trop forte. Les Suisses
752
r, c’en sera fait de leur union patriarcale. Mais
la
tentation est trop forte. Les Suisses passent outre aux avis de l’erm
753
on patriarcale. Mais la tentation est trop forte.
Les
Suisses passent outre aux avis de l’ermite, et toutes ses prédictions
754
st trop forte. Les Suisses passent outre aux avis
de
l’ermite, et toutes ses prédictions se réalisent : victoires, pillage
755
trop forte. Les Suisses passent outre aux avis de
l’
ermite, et toutes ses prédictions se réalisent : victoires, pillage, f
756
édictions se réalisent : victoires, pillage, flot
d’
or, et disputes sanglantes à propos du partage. Les choses s’envenimen
757
d’or, et disputes sanglantes à propos du partage.
Les
choses s’enveniment à tel point qu’en l’année 1486, quinze assemblées
758
artage. Les choses s’enveniment à tel point qu’en
l’
année 1486, quinze assemblées de la Diète des cantons n’ont pas suffi
759
à tel point qu’en l’année 1486, quinze assemblées
de
la Diète des cantons n’ont pas suffi pour rétablir l’union. C’est alo
760
el point qu’en l’année 1486, quinze assemblées de
la
Diète des cantons n’ont pas suffi pour rétablir l’union. C’est alors
761
a Diète des cantons n’ont pas suffi pour rétablir
l’
union. C’est alors que se placent les événements dont nous parlaient n
762
pour rétablir l’union. C’est alors que se placent
les
événements dont nous parlaient nos manuels. Une dernière Diète se réu
763
nit à Stans. Tout accord se révèle impossible, et
les
députés se séparent sur une menace de guerre civile entre cités et pe
764
ssible, et les députés se séparent sur une menace
de
guerre civile entre cités et petits cantons. Mais voici l’heure de Ni
765
civile entre cités et petits cantons. Mais voici
l’
heure de Nicolas, l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses
766
entre cités et petits cantons. Mais voici l’heure
de
Nicolas, l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses retrait
767
et petits cantons. Mais voici l’heure de Nicolas,
l’
heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses retraites successiv
768
à sa vie et à ses retraites successives. Pendant
la
nuit, le curé de Stans monte au Ranft, et il adjure le solitaire de t
769
et à ses retraites successives. Pendant la nuit,
le
curé de Stans monte au Ranft, et il adjure le solitaire de tenter un
770
s retraites successives. Pendant la nuit, le curé
de
Stans monte au Ranft, et il adjure le solitaire de tenter un dernier
771
it, le curé de Stans monte au Ranft, et il adjure
le
solitaire de tenter un dernier effort. On ne sait pas — on ne saura j
772
e Stans monte au Ranft, et il adjure le solitaire
de
tenter un dernier effort. On ne sait pas — on ne saura jamais — de qu
773
ier effort. On ne sait pas — on ne saura jamais —
de
quel message Nicolas l’a chargé. Ce que l’on sait, par ce qu’attesten
774
as — on ne saura jamais — de quel message Nicolas
l’
a chargé. Ce que l’on sait, par ce qu’attestent les documents les plus
775
mais — de quel message Nicolas l’a chargé. Ce que
l’
on sait, par ce qu’attestent les documents les plus formels, c’est qu’
776
l’a chargé. Ce que l’on sait, par ce qu’attestent
les
documents les plus formels, c’est qu’à l’aube, le curé redescendu à S
777
que l’on sait, par ce qu’attestent les documents
les
plus formels, c’est qu’à l’aube, le curé redescendu à Stans parvint à
778
estent les documents les plus formels, c’est qu’à
l’
aube, le curé redescendu à Stans parvint à réunir les députés, et leur
779
es documents les plus formels, c’est qu’à l’aube,
le
curé redescendu à Stans parvint à réunir les députés, et leur transmi
780
aube, le curé redescendu à Stans parvint à réunir
les
députés, et leur transmit dans une séance secrète les conseils de Nic
781
députés, et leur transmit dans une séance secrète
les
conseils de Nicolas. Miracle ? Ou résultat d’une combinaison particul
782
eur transmit dans une séance secrète les conseils
de
Nicolas. Miracle ? Ou résultat d’une combinaison particulièrement « p
783
te les conseils de Nicolas. Miracle ? Ou résultat
d’
une combinaison particulièrement « politique » dont l’ermite eût donné
784
e combinaison particulièrement « politique » dont
l’
ermite eût donné l’idée ? Il me paraît probable que l’autorité de Nico
785
culièrement « politique » dont l’ermite eût donné
l’
idée ? Il me paraît probable que l’autorité de Nicolas sur ses compatr
786
mite eût donné l’idée ? Il me paraît probable que
l’
autorité de Nicolas sur ses compatriotes suffit à calmer les esprits e
787
nné l’idée ? Il me paraît probable que l’autorité
de
Nicolas sur ses compatriotes suffit à calmer les esprits et à permett
788
é de Nicolas sur ses compatriotes suffit à calmer
les
esprits et à permettre une délibération assez sérieuse pour que des c
789
utuelles parussent possibles. Quoi qu’il en soit,
la
Diète proclama que si la paix avait été sauvée, et avec elle le sort
790
les. Quoi qu’il en soit, la Diète proclama que si
la
paix avait été sauvée, et avec elle le sort de la fédération, on le d
791
ama que si la paix avait été sauvée, et avec elle
le
sort de la fédération, on le devait par-dessus tout à l’action de l’e
792
si la paix avait été sauvée, et avec elle le sort
de
la fédération, on le devait par-dessus tout à l’action de l’ermite du
793
la paix avait été sauvée, et avec elle le sort de
la
fédération, on le devait par-dessus tout à l’action de l’ermite du Ra
794
sauvée, et avec elle le sort de la fédération, on
le
devait par-dessus tout à l’action de l’ermite du Ranft. (Remarquons à
795
de la fédération, on le devait par-dessus tout à
l’
action de l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule chos
796
dération, on le devait par-dessus tout à l’action
de
l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule chose que tou
797
ation, on le devait par-dessus tout à l’action de
l’
ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule chose que tout l
798
de l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que
la
seule chose que tout le monde sache de Nicolas, est en réalité la seu
799
propos que la seule chose que tout le monde sache
de
Nicolas, est en réalité la seule qu’il n’ait pas faite : sa venue en
800
ue tout le monde sache de Nicolas, est en réalité
la
seule qu’il n’ait pas faite : sa venue en personne à la Diète, et le
801
le qu’il n’ait pas faite : sa venue en personne à
la
Diète, et le discours qu’il y aurait prononcé !) La piété du Frère
802
t pas faite : sa venue en personne à la Diète, et
le
discours qu’il y aurait prononcé !) La piété du Frère Claus Ce
803
ète, et le discours qu’il y aurait prononcé !)
La
piété du Frère Claus Ce résumé d’une existence peut suffire à nous
804
ononcé !) La piété du Frère Claus Ce résumé
d’
une existence peut suffire à nous étonner, peut-être même à nous faire
805
peut-être même à nous faire partager cette espèce
de
vénération que lui vouèrent les hommes du xve siècle. Mais on peut c
806
tager cette espèce de vénération que lui vouèrent
les
hommes du xve siècle. Mais on peut craindre aussi que l’essentiel de
807
s du xve siècle. Mais on peut craindre aussi que
l’
essentiel de la personne nous échappe, si nous nous limitons au savoir
808
ècle. Mais on peut craindre aussi que l’essentiel
de
la personne nous échappe, si nous nous limitons au savoir historique.
809
e. Mais on peut craindre aussi que l’essentiel de
la
personne nous échappe, si nous nous limitons au savoir historique. J’
810
storique. J’entends qu’il est très difficile, sur
les
documents qui nous restent, de nous faire une idée, et mieux : un sen
811
ès difficile, sur les documents qui nous restent,
de
nous faire une idée, et mieux : un sentiment, de la foi du « pieux ho
812
de nous faire une idée, et mieux : un sentiment,
de
la foi du « pieux homme frère Claus ». Nous en sommes forcément rédui
813
nous faire une idée, et mieux : un sentiment, de
la
foi du « pieux homme frère Claus ». Nous en sommes forcément réduits
814
approches tâtonnantes. Pour ma part, je tenterai
de
distinguer dans la vie religieuse de Nicolas trois tendances ou trois
815
tes. Pour ma part, je tenterai de distinguer dans
la
vie religieuse de Nicolas trois tendances ou trois courants qui perme
816
je tenterai de distinguer dans la vie religieuse
de
Nicolas trois tendances ou trois courants qui permettront peut-être d
817
ances ou trois courants qui permettront peut-être
de
mieux situer cet homme par rapport à son temps tout d’abord, mais aus
818
tout d’abord, mais aussi par rapport à notre foi.
La
tendance la plus apparente est celle que les catholiques mettent surt
819
, mais aussi par rapport à notre foi. La tendance
la
plus apparente est celle que les catholiques mettent surtout en valeu
820
foi. La tendance la plus apparente est celle que
les
catholiques mettent surtout en valeur de nos jours : la dévotion au S
821
lle que les catholiques mettent surtout en valeur
de
nos jours : la dévotion au Saint-Sacrement, à la Vierge et aux saints
822
holiques mettent surtout en valeur de nos jours :
la
dévotion au Saint-Sacrement, à la Vierge et aux saints, l’ascétisme,
823
de nos jours : la dévotion au Saint-Sacrement, à
la
Vierge et aux saints, l’ascétisme, les visions, les pratiques de piét
824
on au Saint-Sacrement, à la Vierge et aux saints,
l’
ascétisme, les visions, les pratiques de piété. Beaucoup de documents
825
acrement, à la Vierge et aux saints, l’ascétisme,
les
visions, les pratiques de piété. Beaucoup de documents indiscutables
826
a Vierge et aux saints, l’ascétisme, les visions,
les
pratiques de piété. Beaucoup de documents indiscutables nous obligent
827
x saints, l’ascétisme, les visions, les pratiques
de
piété. Beaucoup de documents indiscutables nous obligent à prendre au
828
e au sérieux cet aspect proprement « catholique »
de
la religion du Bienheureux. Toutefois, je ne puis me persuader qu’il
829
u sérieux cet aspect proprement « catholique » de
la
religion du Bienheureux. Toutefois, je ne puis me persuader qu’il ait
830
e persuader qu’il ait été décisif dans sa vie. Si
l’
on considère d’une part la sainteté des œuvres qu’il pratique et d’aut
831
décisif dans sa vie. Si l’on considère d’une part
la
sainteté des œuvres qu’il pratique et d’autre part les troubles de co
832
ainteté des œuvres qu’il pratique et d’autre part
les
troubles de conscience qui ne cessent de l’assiéger, comment ne point
833
uvres qu’il pratique et d’autre part les troubles
de
conscience qui ne cessent de l’assiéger, comment ne point songer à la
834
re part les troubles de conscience qui ne cessent
de
l’assiéger, comment ne point songer à la piété du jeune Luther, et à
835
part les troubles de conscience qui ne cessent de
l’
assiéger, comment ne point songer à la piété du jeune Luther, et à ce
836
cessent de l’assiéger, comment ne point songer à
la
piété du jeune Luther, et à ce drame de Wittemberg dont la Réforme de
837
songer à la piété du jeune Luther, et à ce drame
de
Wittemberg dont la Réforme devait sortir ? Rappelez-vous le moine aug
838
du jeune Luther, et à ce drame de Wittemberg dont
la
Réforme devait sortir ? Rappelez-vous le moine augustin qui multiplia
839
erg dont la Réforme devait sortir ? Rappelez-vous
le
moine augustin qui multipliait, lui aussi, les pratiques les plus scr
840
ous le moine augustin qui multipliait, lui aussi,
les
pratiques les plus scrupuleuses : comme Nicolas, il espérait, de tout
841
ugustin qui multipliait, lui aussi, les pratiques
les
plus scrupuleuses : comme Nicolas, il espérait, de toute son âme, s’a
842
s plus scrupuleuses : comme Nicolas, il espérait,
de
toute son âme, s’acquérir la sainteté par les voies qu’ordonnait l’Ég
843
icolas, il espérait, de toute son âme, s’acquérir
la
sainteté par les voies qu’ordonnait l’Église ; mais loin d’y trouver
844
ait, de toute son âme, s’acquérir la sainteté par
les
voies qu’ordonnait l’Église ; mais loin d’y trouver l’apaisement, il
845
s’acquérir la sainteté par les voies qu’ordonnait
l’
Église ; mais loin d’y trouver l’apaisement, il sentait croître en lui
846
é par les voies qu’ordonnait l’Église ; mais loin
d’
y trouver l’apaisement, il sentait croître en lui l’inquiétude du salu
847
ies qu’ordonnait l’Église ; mais loin d’y trouver
l’
apaisement, il sentait croître en lui l’inquiétude du salut. J’ai été
848
y trouver l’apaisement, il sentait croître en lui
l’
inquiétude du salut. J’ai été attaché avec zèle aux lois papistes aut
849
aux lois papistes autant que n’importe qui, et je
les
ai défendues avec grand sérieux comme saintes et nécessaires au salut
850
comme saintes et nécessaires au salut. Avec tout
le
soin dont j’étais capable, je me suis efforcé de les observer par le
851
le soin dont j’étais capable, je me suis efforcé
de
les observer par le jeûne, les veilles, les oraisons et autres exerci
852
soin dont j’étais capable, je me suis efforcé de
les
observer par le jeûne, les veilles, les oraisons et autres exercices,
853
s capable, je me suis efforcé de les observer par
le
jeûne, les veilles, les oraisons et autres exercices, en macérant mon
854
je me suis efforcé de les observer par le jeûne,
les
veilles, les oraisons et autres exercices, en macérant mon corps plus
855
fforcé de les observer par le jeûne, les veilles,
les
oraisons et autres exercices, en macérant mon corps plus que tous ceu
856
ourd’hui me persécutent, parce que je leur enlève
la
gloire de se justifier… J’imposais à mon corps plus d’efforts qu’il n
857
e persécutent, parce que je leur enlève la gloire
de
se justifier… J’imposais à mon corps plus d’efforts qu’il n’en pouvai
858
oire de se justifier… J’imposais à mon corps plus
d’
efforts qu’il n’en pouvait fournir sans danger pour la santé… Tout ce
859
forts qu’il n’en pouvait fournir sans danger pour
la
santé… Tout ce que je faisais, je le faisais en toute simplicité, par
860
danger pour la santé… Tout ce que je faisais, je
le
faisais en toute simplicité, par pur zèle et pour la gloire de Dieu.
861
faisais en toute simplicité, par pur zèle et pour
la
gloire de Dieu. Toute ma vie n’était que jeûnes, veilles, oraisons, s
862
toute simplicité, par pur zèle et pour la gloire
de
Dieu. Toute ma vie n’était que jeûnes, veilles, oraisons, sueurs… E
863
t il pourrait se rendre Dieu favorable. Sur quoi
les
critiques catholiques modernes reprochent à Luther d’avoir « manqué d
864
ritiques catholiques modernes reprochent à Luther
d’
avoir « manqué de discrétion » dans ses pratiques. Mais ce reproche n’
865
ues modernes reprochent à Luther d’avoir « manqué
de
discrétion » dans ses pratiques. Mais ce reproche n’atteindrait-il pa
866
as davantage un Nicolas de Flue, jeûnant plus que
de
raison dès son enfance, et au-delà de toute « discrétion » imaginable
867
nt plus que de raison dès son enfance, et au-delà
de
toute « discrétion » imaginable pendant ses vingt dernières années ?
868
ne puis qu’esquisser, nous mettrait-il en mesure
de
deviner la raison spirituelle des inquiétudes que nourrit Nicolas jus
869
’esquisser, nous mettrait-il en mesure de deviner
la
raison spirituelle des inquiétudes que nourrit Nicolas jusqu’à sa cin
870
? Toutes proportions gardées, il me paraît licite
de
voir dans le cas du paysan, illettré et simple fidèle, une sorte de p
871
ortions gardées, il me paraît licite de voir dans
le
cas du paysan, illettré et simple fidèle, une sorte de préfiguration
872
s du paysan, illettré et simple fidèle, une sorte
de
préfiguration du drame qui se jouera un peu plus tard dans la conscie
873
tion du drame qui se jouera un peu plus tard dans
la
conscience infiniment plus avertie et plus « théologique » du Docteur
874
Docteur augustin. Ce serait ainsi par son aspect
le
plus catholique que nous pourrions précisément saisir, dans la piété
875
lique que nous pourrions précisément saisir, dans
la
piété de Nicolas, les éléments sinon « protestants » du moins pré-réf
876
nous pourrions précisément saisir, dans la piété
de
Nicolas, les éléments sinon « protestants » du moins pré-réformés qui
877
ons précisément saisir, dans la piété de Nicolas,
les
éléments sinon « protestants » du moins pré-réformés qui, nous le ver
878
n « protestants » du moins pré-réformés qui, nous
le
verrons plus loin, furent si nettement perçus par ses après-venants.
879
ent perçus par ses après-venants. On serait tenté
de
chercher ailleurs, à un niveau plus apparent, les manifestations de l
880
de chercher ailleurs, à un niveau plus apparent,
les
manifestations de la tendance pré-réformée chez l’ermite. Les auteurs
881
rs, à un niveau plus apparent, les manifestations
de
la tendance pré-réformée chez l’ermite. Les auteurs catholiques eux-m
882
à un niveau plus apparent, les manifestations de
la
tendance pré-réformée chez l’ermite. Les auteurs catholiques eux-même
883
s manifestations de la tendance pré-réformée chez
l’
ermite. Les auteurs catholiques eux-mêmes indiquent en passant qu’il s
884
ations de la tendance pré-réformée chez l’ermite.
Les
auteurs catholiques eux-mêmes indiquent en passant qu’il se montrait
885
n passant qu’il se montrait des plus sévères pour
les
abus et les trahisons du clergé de son siècle. On cite les répliques
886
’il se montrait des plus sévères pour les abus et
les
trahisons du clergé de son siècle. On cite les répliques assez dures
887
sévères pour les abus et les trahisons du clergé
de
son siècle. On cite les répliques assez dures dont il gratifia plus d
888
et les trahisons du clergé de son siècle. On cite
les
répliques assez dures dont il gratifia plus d’un évêque ou supérieur
889
e les répliques assez dures dont il gratifia plus
d’
un évêque ou supérieur de couvent venu le voir par curiosité. Mais cet
890
es dont il gratifia plus d’un évêque ou supérieur
de
couvent venu le voir par curiosité. Mais cet anticléricalisme et ce d
891
fia plus d’un évêque ou supérieur de couvent venu
le
voir par curiosité. Mais cet anticléricalisme et ce désir de réformer
892
curiosité. Mais cet anticléricalisme et ce désir
de
réformer les mœurs ecclésiastiques sont choses si courantes au Moyen
893
Mais cet anticléricalisme et ce désir de réformer
les
mœurs ecclésiastiques sont choses si courantes au Moyen Âge qu’il ser
894
si courantes au Moyen Âge qu’il serait imprudent
d’
y chercher un trait spécifique de la spiritualité de Nicolas. Un Franç
895
serait imprudent d’y chercher un trait spécifique
de
la spiritualité de Nicolas. Un François d’Assise, une Catherine de Si
896
ait imprudent d’y chercher un trait spécifique de
la
spiritualité de Nicolas. Un François d’Assise, une Catherine de Sienn
897
y chercher un trait spécifique de la spiritualité
de
Nicolas. Un François d’Assise, une Catherine de Sienne, un Gerson, un
898
aient avant Jean Huss, avant Wiclef, élevé contre
la
corruption de Rome et du clergé des protestations autrement violentes
899
an Huss, avant Wiclef, élevé contre la corruption
de
Rome et du clergé des protestations autrement violentes. Quant à la v
900
gé des protestations autrement violentes. Quant à
la
volonté de vivre en dehors des cadres de l’Église, volonté que Nicola
901
estations autrement violentes. Quant à la volonté
de
vivre en dehors des cadres de l’Église, volonté que Nicolas a toujour
902
Quant à la volonté de vivre en dehors des cadres
de
l’Église, volonté que Nicolas a toujours affirmée, non seulement en r
903
ant à la volonté de vivre en dehors des cadres de
l’
Église, volonté que Nicolas a toujours affirmée, non seulement en refu
904
as a toujours affirmée, non seulement en refusant
de
devenir prêtre, mais surtout en cherchant son salut dans une solitude
905
ut dans une solitude érémitique d’ailleurs pleine
d’
activité autant que de contemplation3, je pense qu’il faut la rattache
906
rémitique d’ailleurs pleine d’activité autant que
de
contemplation3, je pense qu’il faut la rattacher surtout à une troisi
907
autant que de contemplation3, je pense qu’il faut
la
rattacher surtout à une troisième tendance, la plus importante à mes
908
ut la rattacher surtout à une troisième tendance,
la
plus importante à mes yeux, celle de la mystique germanique. Nous sav
909
me tendance, la plus importante à mes yeux, celle
de
la mystique germanique. Nous savons que par sa mère et par certains a
910
tendance, la plus importante à mes yeux, celle de
la
mystique germanique. Nous savons que par sa mère et par certains amis
911
Nous savons que par sa mère et par certains amis
de
celle-ci, tel le curé Matthias Hattinger, le jeune Nicolas avait subi
912
par sa mère et par certains amis de celle-ci, tel
le
curé Matthias Hattinger, le jeune Nicolas avait subi l’influence très
913
amis de celle-ci, tel le curé Matthias Hattinger,
le
jeune Nicolas avait subi l’influence très profonde du mouvement des «
914
é Matthias Hattinger, le jeune Nicolas avait subi
l’
influence très profonde du mouvement des « Amis de Dieu ». Initié en A
915
l’influence très profonde du mouvement des « Amis
de
Dieu ». Initié en Alsace par le marchand Rulman Merswin, au xive siè
916
vement des « Amis de Dieu ». Initié en Alsace par
le
marchand Rulman Merswin, au xive siècle, ce mouvement plus ou moins
917
mouvement plus ou moins hérétique n’est pas sans
d’
intimes relations avec les doctrines mystiques de Suso et de Tauler, e
918
hérétique n’est pas sans d’intimes relations avec
les
doctrines mystiques de Suso et de Tauler, et par eux, de Maître Eckha
919
d’intimes relations avec les doctrines mystiques
de
Suso et de Tauler, et par eux, de Maître Eckhart. On sait que Luther,
920
relations avec les doctrines mystiques de Suso et
de
Tauler, et par eux, de Maître Eckhart. On sait que Luther, de son côt
921
rines mystiques de Suso et de Tauler, et par eux,
de
Maître Eckhart. On sait que Luther, de son côté, fut assez fortement
922
t par eux, de Maître Eckhart. On sait que Luther,
de
son côté, fut assez fortement influencé par ces mêmes doctrines. Cepe
923
mêmes doctrines. Cependant, il serait très abusif
de
ramener à une forme larvée de protestantisme cette piété d’un type to
924
serait très abusif de ramener à une forme larvée
de
protestantisme cette piété d’un type tout à fait original, proprement
925
à une forme larvée de protestantisme cette piété
d’
un type tout à fait original, proprement germanique, ou plus préciséme
926
, au sens moderne, et qui se rapprocherait plutôt
de
celle des sectes mystiques qui foisonnèrent en Occident à partir du x
927
u xiie siècle et du mouvement cathare. Plusieurs
de
ses principaux représentants vécurent en Suisse allemande du xiiie a
928
et Nicolas de Flue ne saurait s’expliquer — dans
la
mesure où l’on peut l’expliquer — si l’on ne tenait pas compte de cet
929
e Flue ne saurait s’expliquer — dans la mesure où
l’
on peut l’expliquer — si l’on ne tenait pas compte de cet environnemen
930
saurait s’expliquer — dans la mesure où l’on peut
l’
expliquer — si l’on ne tenait pas compte de cet environnement spiritue
931
er — dans la mesure où l’on peut l’expliquer — si
l’
on ne tenait pas compte de cet environnement spirituel, et des contact
932
n peut l’expliquer — si l’on ne tenait pas compte
de
cet environnement spirituel, et des contacts qu’il dut avoir avec cer
933
t des contacts qu’il dut avoir avec certains Amis
de
Dieu. Lorsqu’il quitta sa femme et ses enfants, son idée n’était-ell
934
a femme et ses enfants, son idée n’était-elle pas
de
se rendre en Alsace, pour y rejoindre des communautés d’Amis de Dieu
935
endre en Alsace, pour y rejoindre des communautés
d’
Amis de Dieu dont Hattinger lui avait parlé ? Et la première visite qu
936
n Alsace, pour y rejoindre des communautés d’Amis
de
Dieu dont Hattinger lui avait parlé ? Et la première visite qu’il reç
937
reçut au Ranft ne fut-elle pas précisément celle
d’
un pèlerin « ami de Dieu », peut-être délégué par le mouvement ? Les p
938
fut-elle pas précisément celle d’un pèlerin « ami
de
Dieu », peut-être délégué par le mouvement ? Les plus récents histori
939
un pèlerin « ami de Dieu », peut-être délégué par
le
mouvement ? Les plus récents historiens l’ont admis, après de nombreu
940
i de Dieu », peut-être délégué par le mouvement ?
Les
plus récents historiens l’ont admis, après de nombreux tâtonnements.
941
ué par le mouvement ? Les plus récents historiens
l’
ont admis, après de nombreux tâtonnements. D’autre part, la fameuse «
942
? Les plus récents historiens l’ont admis, après
de
nombreux tâtonnements. D’autre part, la fameuse « petite prière » de
943
is, après de nombreux tâtonnements. D’autre part,
la
fameuse « petite prière » de Nicolas (das Gebetlein) popularisée par
944
ments. D’autre part, la fameuse « petite prière »
de
Nicolas (das Gebetlein) popularisée par la littérature hagiographique
945
ière » de Nicolas (das Gebetlein) popularisée par
la
littérature hagiographique est en réalité la paraphrase d’un texte du
946
par la littérature hagiographique est en réalité
la
paraphrase d’un texte du mystique Heinrich Suso : Mon Seigneur et mo
947
ature hagiographique est en réalité la paraphrase
d’
un texte du mystique Heinrich Suso : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de
948
ue Heinrich Suso : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte
de
moi tout ce qui m’éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-
949
eur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne
de
toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche
950
r et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche
de
toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-moi à moi-même et donne-moi
951
moi tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile
de
caractériser en quelques mots cette « piété germanique », de forme pr
952
iser en quelques mots cette « piété germanique »,
de
forme proprement mystique. Qu’il suffise d’indiquer qu’elle représent
953
ue », de forme proprement mystique. Qu’il suffise
d’
indiquer qu’elle représentait, face à l’Église établie, une aspiration
954
l suffise d’indiquer qu’elle représentait, face à
l’
Église établie, une aspiration vers la vie religieuse intime et person
955
ait, face à l’Église établie, une aspiration vers
la
vie religieuse intime et personnelle, par-dessous les pratiques ou ma
956
vie religieuse intime et personnelle, par-dessous
les
pratiques ou malgré elles, une intériorisation de la foi, mais aussi
957
es pratiques ou malgré elles, une intériorisation
de
la foi, mais aussi une volonté de communion et presque de communisme
958
pratiques ou malgré elles, une intériorisation de
la
foi, mais aussi une volonté de communion et presque de communisme spi
959
intériorisation de la foi, mais aussi une volonté
de
communion et presque de communisme spirituel et matériel ; bref, une
960
i, mais aussi une volonté de communion et presque
de
communisme spirituel et matériel ; bref, une certaine déviation « spi
961
; bref, une certaine déviation « spiritualiste »
de
la foi, mais compensée par un salutaire redressement du sens moral et
962
bref, une certaine déviation « spiritualiste » de
la
foi, mais compensée par un salutaire redressement du sens moral et co
963
aire redressement du sens moral et communautaire.
Le
réalisme très paysan et très helvétique de Nicolas le préserva des ex
964
taire. Le réalisme très paysan et très helvétique
de
Nicolas le préserva des excès de la secte — c’est ainsi qu’il ne romp
965
éalisme très paysan et très helvétique de Nicolas
le
préserva des excès de la secte — c’est ainsi qu’il ne rompit jamais a
966
très helvétique de Nicolas le préserva des excès
de
la secte — c’est ainsi qu’il ne rompit jamais avec l’Église, tout en
967
ès helvétique de Nicolas le préserva des excès de
la
secte — c’est ainsi qu’il ne rompit jamais avec l’Église, tout en gar
968
a secte — c’est ainsi qu’il ne rompit jamais avec
l’
Église, tout en gardant ses distances — mais d’autre part, il est indé
969
que ses propos et son action relèvent directement
de
cette espèce de réaction intérieure au formalisme romain, qu’ont repr
970
t son action relèvent directement de cette espèce
de
réaction intérieure au formalisme romain, qu’ont représenté les Amis
971
ntérieure au formalisme romain, qu’ont représenté
les
Amis de Dieu. Et l’on conçoit que ce mouvement, rectifié et rendu plu
972
au formalisme romain, qu’ont représenté les Amis
de
Dieu. Et l’on conçoit que ce mouvement, rectifié et rendu plus sobre
973
me romain, qu’ont représenté les Amis de Dieu. Et
l’
on conçoit que ce mouvement, rectifié et rendu plus sobre par la conna
974
ue ce mouvement, rectifié et rendu plus sobre par
la
connaissance directe des Écritures, ait pu déboucher, quelque cinquan
975
boucher, quelque cinquante années plus tard, dans
la
Réforme luthérienne et zwinglienne. (Tout de même que le mouvement as
976
rme luthérienne et zwinglienne. (Tout de même que
le
mouvement assez voisin des Vaudois, ou Pauvres de Lyon, se confondit
977
le mouvement assez voisin des Vaudois, ou Pauvres
de
Lyon, se confondit sans nulle difficulté avec le calvinisme.) Nico
978
de Lyon, se confondit sans nulle difficulté avec
le
calvinisme.) Nicolas de Flue et les réformés La contre-épreuve
979
iculté avec le calvinisme.) Nicolas de Flue et
les
réformés La contre-épreuve de ces diverses hypothèses m’a été four
980
alvinisme.) Nicolas de Flue et les réformés
La
contre-épreuve de ces diverses hypothèses m’a été fournie d’une maniè
981
olas de Flue et les réformés La contre-épreuve
de
ces diverses hypothèses m’a été fournie d’une manière très convaincan
982
preuve de ces diverses hypothèses m’a été fournie
d’
une manière très convaincante par la lecture des deux grands recueils
983
a été fournie d’une manière très convaincante par
la
lecture des deux grands recueils de documents sur Nicolas que publiai
984
vaincante par la lecture des deux grands recueils
de
documents sur Nicolas que publiait, au lendemain de la guerre, Robert
985
documents sur Nicolas que publiait, au lendemain
de
la guerre, Robert Dürrer, historien du canton d’Unterwald. C’est une
986
cuments sur Nicolas que publiait, au lendemain de
la
guerre, Robert Dürrer, historien du canton d’Unterwald. C’est une vér
987
de la guerre, Robert Dürrer, historien du canton
d’
Unterwald. C’est une véritable somme critique de tout ce que la tradit
988
n d’Unterwald. C’est une véritable somme critique
de
tout ce que la tradition nous a livré concernant le pacificateur de l
989
C’est une véritable somme critique de tout ce que
la
tradition nous a livré concernant le pacificateur de la Suisse. On ne
990
tout ce que la tradition nous a livré concernant
le
pacificateur de la Suisse. On ne saurait en louer assez la science, e
991
tradition nous a livré concernant le pacificateur
de
la Suisse. On ne saurait en louer assez la science, et surtout l’honn
992
dition nous a livré concernant le pacificateur de
la
Suisse. On ne saurait en louer assez la science, et surtout l’honnête
993
cateur de la Suisse. On ne saurait en louer assez
la
science, et surtout l’honnêteté. C’est sans aucun doute à cette derni
994
ne saurait en louer assez la science, et surtout
l’
honnêteté. C’est sans aucun doute à cette dernière qualité que nous de
995
un doute à cette dernière qualité que nous devons
de
pouvoir redécouvrir aujourd’hui, malgré certain accaparement de Nicol
996
écouvrir aujourd’hui, malgré certain accaparement
de
Nicolas de Flue par l’Église romaine, la signification qu’il eut, en
997
algré certain accaparement de Nicolas de Flue par
l’
Église romaine, la signification qu’il eut, en fait, pour les première
998
parement de Nicolas de Flue par l’Église romaine,
la
signification qu’il eut, en fait, pour les premières générations de l
999
u’il eut, en fait, pour les premières générations
de
la Réforme. Ce n’est pas sans un joyeux étonnement que je suis tombé,
1000
l eut, en fait, pour les premières générations de
la
Réforme. Ce n’est pas sans un joyeux étonnement que je suis tombé, da
1001
tonnement que je suis tombé, dans Dürrer, à peine
les
gros volumes ouverts, sur une abondance de citations de Luther, de Zw
1002
peine les gros volumes ouverts, sur une abondance
de
citations de Luther, de Zwingli, de Vadian, de Bullinger, d’Œcolampad
1003
s volumes ouverts, sur une abondance de citations
de
Luther, de Zwingli, de Vadian, de Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à
1004
uverts, sur une abondance de citations de Luther,
de
Zwingli, de Vadian, de Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à revendique
1005
une abondance de citations de Luther, de Zwingli,
de
Vadian, de Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à revendiquer l’exemple
1006
ce de citations de Luther, de Zwingli, de Vadian,
de
Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à revendiquer l’exemple de Nicolas
1007
s de Luther, de Zwingli, de Vadian, de Bullinger,
d’
Œcolampade, unanimes à revendiquer l’exemple de Nicolas de Flue à l’ap
1008
e Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à revendiquer
l’
exemple de Nicolas de Flue à l’appui de leur œuvre de réforme de l’Égl
1009
r, d’Œcolampade, unanimes à revendiquer l’exemple
de
Nicolas de Flue à l’appui de leur œuvre de réforme de l’Église. Et ce
1010
xemple de Nicolas de Flue à l’appui de leur œuvre
de
réforme de l’Église. Et ce n’est pas sans un léger mouvement de triom
1011
icolas de Flue à l’appui de leur œuvre de réforme
de
l’Église. Et ce n’est pas sans un léger mouvement de triomphe, je l’a
1012
las de Flue à l’appui de leur œuvre de réforme de
l’
Église. Et ce n’est pas sans un léger mouvement de triomphe, je l’avou
1013
l’Église. Et ce n’est pas sans un léger mouvement
de
triomphe, je l’avoue, que j’ai trouvé ce fait, très généralement igno
1014
n’est pas sans un léger mouvement de triomphe, je
l’
avoue, que j’ai trouvé ce fait, très généralement ignoré : les premier
1015
es drames protestants, composés par des disciples
de
Zwingli, voire dans des intentions de polémique antiromaine (lesquell
1016
s disciples de Zwingli, voire dans des intentions
de
polémique antiromaine (lesquelles d’ailleurs sont loin de nous réjoui
1017
êmes, mais attestent néanmoins qu’à cette époque,
la
conscience populaire n’hésitait pas à ranger Nicolas du côté de la Ré
1018
ulaire n’hésitait pas à ranger Nicolas du côté de
la
Réforme). Il n’est peut-être pas sans intérêt de donner ici un aperçu
1019
la Réforme). Il n’est peut-être pas sans intérêt
de
donner ici un aperçu rapide de cette littérature réformée sur Nicolas
1020
e pas sans intérêt de donner ici un aperçu rapide
de
cette littérature réformée sur Nicolas. Je la diviserai en trois rubr
1021
ide de cette littérature réformée sur Nicolas. Je
la
diviserai en trois rubriques. 1. Chroniques. — La première en date e
1022
. 1. Chroniques. — La première en date est celle
de
Heinrich Glarean, écrite en latin, et commentée par Myconius, Lucerno
1023
et commentée par Myconius, Lucernois réformé, sur
la
demande de Zwingli et de Vadian. C’est encore un ami de Vadian, Herma
1024
e par Myconius, Lucernois réformé, sur la demande
de
Zwingli et de Vadian. C’est encore un ami de Vadian, Hermann Miles (o
1025
, Lucernois réformé, sur la demande de Zwingli et
de
Vadian. C’est encore un ami de Vadian, Hermann Miles (ou Ritter) de S
1026
ande de Zwingli et de Vadian. C’est encore un ami
de
Vadian, Hermann Miles (ou Ritter) de Saint-Gall, qui mentionne le Frè
1027
ncore un ami de Vadian, Hermann Miles (ou Ritter)
de
Saint-Gall, qui mentionne le Frère Claus avec de grands éloges dans u
1028
nn Miles (ou Ritter) de Saint-Gall, qui mentionne
le
Frère Claus avec de grands éloges dans un ouvrage daté de 1522. (Nous
1029
de Saint-Gall, qui mentionne le Frère Claus avec
de
grands éloges dans un ouvrage daté de 1522. (Nous sommes donc aux tou
1030
Claus avec de grands éloges dans un ouvrage daté
de
1522. (Nous sommes donc aux tout premiers jours de la Réforme.) En 15
1031
e 1522. (Nous sommes donc aux tout premiers jours
de
la Réforme.) En 1529, un protestant bernois, Valerius Anshelm, nous d
1032
522. (Nous sommes donc aux tout premiers jours de
la
Réforme.) En 1529, un protestant bernois, Valerius Anshelm, nous donn
1033
elm, nous donne la première biographie importante
de
Nicolas, sur le ton le plus enthousiaste. Il est suivi en 1546 par St
1034
la première biographie importante de Nicolas, sur
le
ton le plus enthousiaste. Il est suivi en 1546 par Stumpff, protestan
1035
ière biographie importante de Nicolas, sur le ton
le
plus enthousiaste. Il est suivi en 1546 par Stumpff, protestant zuric
1036
. En 1556, Matthias Flacius Illyricus, professeur
d’
hébreu à Wittenberg, et parfois nommé le père de l’histoire des église
1037
rofesseur d’hébreu à Wittenberg, et parfois nommé
le
père de l’histoire des églises protestantes, mentionne longuement Nic
1038
r d’hébreu à Wittenberg, et parfois nommé le père
de
l’histoire des églises protestantes, mentionne longuement Nicolas dan
1039
’hébreu à Wittenberg, et parfois nommé le père de
l’
histoire des églises protestantes, mentionne longuement Nicolas dans s
1040
longuement Nicolas dans son Catalogue des témoins
de
la foi qui se sont dressés avant Martin Luther, par la parole et par
1041
guement Nicolas dans son Catalogue des témoins de
la
foi qui se sont dressés avant Martin Luther, par la parole et par l’é
1042
foi qui se sont dressés avant Martin Luther, par
la
parole et par l’écrit, contre le pape et ses erreurs. 2. Sermons et
1043
dressés avant Martin Luther, par la parole et par
l’
écrit, contre le pape et ses erreurs. 2. Sermons et pamphlets des réf
1044
rtin Luther, par la parole et par l’écrit, contre
le
pape et ses erreurs. 2. Sermons et pamphlets des réformateurs. — En
1045
ts des réformateurs. — En 1523 déjà, Zwingli cite
l’
exemple du Frère Claus dans un sermon sur le Bon berger et les mauvais
1046
cite l’exemple du Frère Claus dans un sermon sur
le
Bon berger et les mauvais bergers. Puis en 1524, il rappelle les cons
1047
u Frère Claus dans un sermon sur le Bon berger et
les
mauvais bergers. Puis en 1524, il rappelle les conseils politiques de
1048
et les mauvais bergers. Puis en 1524, il rappelle
les
conseils politiques de l’ermite, ses mises en garde répétées contre l
1049
Puis en 1524, il rappelle les conseils politiques
de
l’ermite, ses mises en garde répétées contre le service mercenaire à
1050
s en 1524, il rappelle les conseils politiques de
l’
ermite, ses mises en garde répétées contre le service mercenaire à l’é
1051
s de l’ermite, ses mises en garde répétées contre
le
service mercenaire à l’étranger. Et comme Johannes Faber tentait de l
1052
en garde répétées contre le service mercenaire à
l’
étranger. Et comme Johannes Faber tentait de lui opposer une parole de
1053
ire à l’étranger. Et comme Johannes Faber tentait
de
lui opposer une parole de Nicolas conjurant les Suisses de garder la
1054
Johannes Faber tentait de lui opposer une parole
de
Nicolas conjurant les Suisses de garder la foi de leurs pères, Zwingl
1055
it de lui opposer une parole de Nicolas conjurant
les
Suisses de garder la foi de leurs pères, Zwingli réplique que les réf
1056
poser une parole de Nicolas conjurant les Suisses
de
garder la foi de leurs pères, Zwingli réplique que les réformés sont
1057
parole de Nicolas conjurant les Suisses de garder
la
foi de leurs pères, Zwingli réplique que les réformés sont les vérita
1058
de Nicolas conjurant les Suisses de garder la foi
de
leurs pères, Zwingli réplique que les réformés sont les véritables di
1059
arder la foi de leurs pères, Zwingli réplique que
les
réformés sont les véritables disciples du solitaire, puisqu’ils ont g
1060
urs pères, Zwingli réplique que les réformés sont
les
véritables disciples du solitaire, puisqu’ils ont gardé la foi la plu
1061
bles disciples du solitaire, puisqu’ils ont gardé
la
foi la plus ancienne, celle des Apôtres, et se sont refusés à faire c
1062
sciples du solitaire, puisqu’ils ont gardé la foi
la
plus ancienne, celle des Apôtres, et se sont refusés à faire commerce
1063
des Apôtres, et se sont refusés à faire commerce
de
leur religion. De 1526 à 1574, nous trouvons de nombreuses mentions d
1064
e sont refusés à faire commerce de leur religion.
De
1526 à 1574, nous trouvons de nombreuses mentions du Frère Claus dans
1065
e de leur religion. De 1526 à 1574, nous trouvons
de
nombreuses mentions du Frère Claus dans les sermons et traités de Bul
1066
ouvons de nombreuses mentions du Frère Claus dans
les
sermons et traités de Bullinger (successeur de Zwingli à Zurich) ; de
1067
ntions du Frère Claus dans les sermons et traités
de
Bullinger (successeur de Zwingli à Zurich) ; de Vadian (Joachim von W
1068
s les sermons et traités de Bullinger (successeur
de
Zwingli à Zurich) ; de Vadian (Joachim von Watt, réformateur de Saint
1069
s de Bullinger (successeur de Zwingli à Zurich) ;
de
Vadian (Joachim von Watt, réformateur de Saint-Gall et grand humanist
1070
urich) ; de Vadian (Joachim von Watt, réformateur
de
Saint-Gall et grand humaniste) ; d’Œcolampade (réformateur de Bâle) ;
1071
, réformateur de Saint-Gall et grand humaniste) ;
d’
Œcolampade (réformateur de Bâle) ; d’Ulrich Campell, pasteur de Coire.
1072
l et grand humaniste) ; d’Œcolampade (réformateur
de
Bâle) ; d’Ulrich Campell, pasteur de Coire. Ajoutons qu’en 1585, une
1073
humaniste) ; d’Œcolampade (réformateur de Bâle) ;
d’
Ulrich Campell, pasteur de Coire. Ajoutons qu’en 1585, une délégation
1074
(réformateur de Bâle) ; d’Ulrich Campell, pasteur
de
Coire. Ajoutons qu’en 1585, une délégation des cantons réformés se re
1075
éformés se rendit en pèlerinage au Ranft et « sur
les
lieux consacrés par le souvenir du Frère Claus ». Quant à la petite p
1076
erinage au Ranft et « sur les lieux consacrés par
le
souvenir du Frère Claus ». Quant à la petite prière que je citais plu
1077
nsacrés par le souvenir du Frère Claus ». Quant à
la
petite prière que je citais plus haut (Gebetlein), elle avait été con
1078
de se voir reprise — et d’ailleurs modifiée — par
les
catholiques, à partir de 1569. 3. Satires et drames. — La première m
1079
569. 3. Satires et drames. — La première mention
de
Nicolas dans une satire catholique date de 1522. Chose curieuse, elle
1080
ention de Nicolas dans une satire catholique date
de
1522. Chose curieuse, elle est extrêmement défavorable au Bienheureux
1081
extrêmement défavorable au Bienheureux. On y sent
l’
agacement de l’auteur à voir le nom et les conseils du Frère sans cess
1082
défavorable au Bienheureux. On y sent l’agacement
de
l’auteur à voir le nom et les conseils du Frère sans cesse revendiqué
1083
avorable au Bienheureux. On y sent l’agacement de
l’
auteur à voir le nom et les conseils du Frère sans cesse revendiqués p
1084
heureux. On y sent l’agacement de l’auteur à voir
le
nom et les conseils du Frère sans cesse revendiqués par les protestan
1085
n y sent l’agacement de l’auteur à voir le nom et
les
conseils du Frère sans cesse revendiqués par les protestants au cours
1086
les conseils du Frère sans cesse revendiqués par
les
protestants au cours des disputes concernant la politique et le régim
1087
les protestants au cours des disputes concernant
la
politique et le régime des pensions. — Vous autres réformés, dit en s
1088
au cours des disputes concernant la politique et
le
régime des pensions. — Vous autres réformés, dit en substance le text
1089
ensions. — Vous autres réformés, dit en substance
le
texte, vous en appelez toujours à cet ermite dont la doctrine se résu
1090
texte, vous en appelez toujours à cet ermite dont
la
doctrine se résume à ceci : « Man solle auff unsserm myst bleiben » (
1091
chacun reste sur son fumier !). Vous feriez mieux
de
le croire et de ne point innover, etc. Par contre, un Narrenspiel zwi
1092
cun reste sur son fumier !). Vous feriez mieux de
le
croire et de ne point innover, etc. Par contre, un Narrenspiel zwingl
1093
son fumier !). Vous feriez mieux de le croire et
de
ne point innover, etc. Par contre, un Narrenspiel zwinglien de 1526 e
1094
nnover, etc. Par contre, un Narrenspiel zwinglien
de
1526 et une satire intitulée Etter Heini, de Jakob Ruf (1538), exploi
1095
lien de 1526 et une satire intitulée Etter Heini,
de
Jakob Ruf (1538), exploitent, avec beaucoup de verve et quelque gross
1096
t, avec beaucoup de verve et quelque grossièreté,
les
fameux conseils de Nicolas, qui se trouvent condamner toute la politi
1097
verve et quelque grossièreté, les fameux conseils
de
Nicolas, qui se trouvent condamner toute la politique des cantons cat
1098
seils de Nicolas, qui se trouvent condamner toute
la
politique des cantons catholiques. On sait d’autre part que l’archidu
1099
des cantons catholiques. On sait d’autre part que
l’
archiduc Ferdinand II d’Autriche fit rechercher en 1570 dans toutes le
1100
II d’Autriche fit rechercher en 1570 dans toutes
les
maisons du Tyrol les livres favorables à la Réforme, afin de les brûl
1101
chercher en 1570 dans toutes les maisons du Tyrol
les
livres favorables à la Réforme, afin de les brûler ; dans la liste de
1102
utes les maisons du Tyrol les livres favorables à
la
Réforme, afin de les brûler ; dans la liste de ceux qui furent détrui
1103
Tyrol les livres favorables à la Réforme, afin de
les
brûler ; dans la liste de ceux qui furent détruits figure un Jeu de F
1104
avorables à la Réforme, afin de les brûler ; dans
la
liste de ceux qui furent détruits figure un Jeu de Frère Claus et de
1105
à la Réforme, afin de les brûler ; dans la liste
de
ceux qui furent détruits figure un Jeu de Frère Claus et de Frère Tel
1106
a liste de ceux qui furent détruits figure un Jeu
de
Frère Claus et de Frère Tell ! Mais la pièce la plus importante de ce
1107
i furent détruits figure un Jeu de Frère Claus et
de
Frère Tell ! Mais la pièce la plus importante de cette série est cell
1108
ure un Jeu de Frère Claus et de Frère Tell ! Mais
la
pièce la plus importante de cette série est celle que fit jouer à Bâl
1109
u de Frère Claus et de Frère Tell ! Mais la pièce
la
plus importante de cette série est celle que fit jouer à Bâle, en 155
1110
de Frère Tell ! Mais la pièce la plus importante
de
cette série est celle que fit jouer à Bâle, en 1550, le protestant Va
1111
te série est celle que fit jouer à Bâle, en 1550,
le
protestant Valentin Boltz. Elle était intitulée Der Weltspiegel (Le M
1112
ntin Boltz. Elle était intitulée Der Weltspiegel (
Le
Miroir du Monde) et tout y gravitait autour du Frère Claus, figure ce
1113
utour du Frère Claus, figure centrale symbolisant
l’
idée confédérale créatrice de la Suisse. Les cantons personnifiés pren
1114
centrale symbolisant l’idée confédérale créatrice
de
la Suisse. Les cantons personnifiés prenaient la parole tour à tour,
1115
trale symbolisant l’idée confédérale créatrice de
la
Suisse. Les cantons personnifiés prenaient la parole tour à tour, com
1116
lisant l’idée confédérale créatrice de la Suisse.
Les
cantons personnifiés prenaient la parole tour à tour, comme à la Dièt
1117
de la Suisse. Les cantons personnifiés prenaient
la
parole tour à tour, comme à la Diète (Uri se contentant parfois de so
1118
onnifiés prenaient la parole tour à tour, comme à
la
Diète (Uri se contentant parfois de sonner sa fameuse corne !), et Mo
1119
tour, comme à la Diète (Uri se contentant parfois
de
sonner sa fameuse corne !), et Moïse ou Élie intervenaient dans les d
1120
use corne !), et Moïse ou Élie intervenaient dans
les
débats le plus naturellement du monde. Il y avait, selon Dürrer, 149
1121
), et Moïse ou Élie intervenaient dans les débats
le
plus naturellement du monde. Il y avait, selon Dürrer, 149 rôles parl
1122
Il y avait, selon Dürrer, 149 rôles parlants, et
la
représentation demanda « deux jours pleins ». Ce n’est qu’en 1586 que
1123
da « deux jours pleins ». Ce n’est qu’en 1586 que
les
catholiques se décidèrent à aborder eux aussi ce magnifique sujet. Le
1124
cidèrent à aborder eux aussi ce magnifique sujet.
Le
jésuite Jakob Gretser fit jouer à Lucerne, cette année-là, une Comoed
1125
fit jouer à Lucerne, cette année-là, une Comoedia
de
vita Nicolai Underwaldii Eremitæ Helvetii, écrite en latin et représe
1126
érêt dramatique ni sans verve, mais on est frappé
de
constater une fois de plus que seule la piété d’allure monacale du Fr
1127
st frappé de constater une fois de plus que seule
la
piété d’allure monacale du Frère Claus y est mise en valeur, tandis q
1128
de constater une fois de plus que seule la piété
d’
allure monacale du Frère Claus y est mise en valeur, tandis que son rô
1129
politique n’est même pas mentionné. (Cela gênait
l’
Église, remarque Dürrer.) Il y aurait lieu de citer enfin le libelle d
1130
nait l’Église, remarque Dürrer.) Il y aurait lieu
de
citer enfin le libelle de Luther sur la « vision des épées », que Nic
1131
remarque Dürrer.) Il y aurait lieu de citer enfin
le
libelle de Luther sur la « vision des épées », que Nicolas avait fait
1132
rrer.) Il y aurait lieu de citer enfin le libelle
de
Luther sur la « vision des épées », que Nicolas avait fait peindre au
1133
rait lieu de citer enfin le libelle de Luther sur
la
« vision des épées », que Nicolas avait fait peindre au mur de sa cel
1134
es épées », que Nicolas avait fait peindre au mur
de
sa cellule. Luther l’interprétait comme une prophétie contre le pape,
1135
s avait fait peindre au mur de sa cellule. Luther
l’
interprétait comme une prophétie contre le pape, dont la tête, dans l’
1136
Luther l’interprétait comme une prophétie contre
le
pape, dont la tête, dans l’image traditionnelle, est environnée de tr
1137
rprétait comme une prophétie contre le pape, dont
la
tête, dans l’image traditionnelle, est environnée de trois glaives, l
1138
une prophétie contre le pape, dont la tête, dans
l’
image traditionnelle, est environnée de trois glaives, l’un d’eux appu
1139
tête, dans l’image traditionnelle, est environnée
de
trois glaives, l’un d’eux appuyé contre ses lèvres comme pour l’empêc
1140
itionnelle, est environnée de trois glaives, l’un
d’
eux appuyé contre ses lèvres comme pour l’empêcher de dire la Parole.
1141
s, l’un d’eux appuyé contre ses lèvres comme pour
l’
empêcher de dire la Parole. Mais à partir de 1536, les catholiques à l
1142
ux appuyé contre ses lèvres comme pour l’empêcher
de
dire la Parole. Mais à partir de 1536, les catholiques à leur tour ut
1143
é contre ses lèvres comme pour l’empêcher de dire
la
Parole. Mais à partir de 1536, les catholiques à leur tour utilisent
1144
mpêcher de dire la Parole. Mais à partir de 1536,
les
catholiques à leur tour utilisent cette image et la transforment (non
1145
catholiques à leur tour utilisent cette image et
la
transforment (non sans supprimer la tiare papale) en une vision de la
1146
ette image et la transforment (non sans supprimer
la
tiare papale) en une vision de la Trinité. Les historiens ne sont guè
1147
non sans supprimer la tiare papale) en une vision
de
la Trinité. Les historiens ne sont guère d’accord, et je n’ai pas qua
1148
sans supprimer la tiare papale) en une vision de
la
Trinité. Les historiens ne sont guère d’accord, et je n’ai pas qualit
1149
mer la tiare papale) en une vision de la Trinité.
Les
historiens ne sont guère d’accord, et je n’ai pas qualité pour tranch
1150
es quelques notes, bien entendu, n’ont aucunement
la
prétention d’annexer Nicolas de Flue à je ne sais quel « parti de la
1151
tes, bien entendu, n’ont aucunement la prétention
d’
annexer Nicolas de Flue à je ne sais quel « parti de la Réforme » ! El
1152
annexer Nicolas de Flue à je ne sais quel « parti
de
la Réforme » ! Elles ne visent qu’à faire mieux connaître une grande
1153
exer Nicolas de Flue à je ne sais quel « parti de
la
Réforme » ! Elles ne visent qu’à faire mieux connaître une grande fig
1154
faire mieux connaître une grande figure que trop
de
protestants ignorent, et qu’ils ignorent le plus souvent du simple fa
1155
trop de protestants ignorent, et qu’ils ignorent
le
plus souvent du simple fait que les catholiques l’exaltent. Tel est l
1156
u’ils ignorent le plus souvent du simple fait que
les
catholiques l’exaltent. Tel est l’esprit de parti, même parmi les chr
1157
e plus souvent du simple fait que les catholiques
l’
exaltent. Tel est l’esprit de parti, même parmi les chrétiens ! Que de
1158
mple fait que les catholiques l’exaltent. Tel est
l’
esprit de parti, même parmi les chrétiens ! Que de richesses les réfor
1159
que les catholiques l’exaltent. Tel est l’esprit
de
parti, même parmi les chrétiens ! Que de richesses les réformés n’ont
1160
l’exaltent. Tel est l’esprit de parti, même parmi
les
chrétiens ! Que de richesses les réformés n’ont-ils pas laissé perdre
1161
l’esprit de parti, même parmi les chrétiens ! Que
de
richesses les réformés n’ont-ils pas laissé perdre de la sorte, et n’
1162
arti, même parmi les chrétiens ! Que de richesses
les
réformés n’ont-ils pas laissé perdre de la sorte, et n’ont-ils pas la
1163
ichesses les réformés n’ont-ils pas laissé perdre
de
la sorte, et n’ont-ils pas laissé dénaturer ! Mon désir n’est nulleme
1164
esses les réformés n’ont-ils pas laissé perdre de
la
sorte, et n’ont-ils pas laissé dénaturer ! Mon désir n’est nullement
1165
pas laissé dénaturer ! Mon désir n’est nullement
d’
enlever le Frère Claus aux catholiques — il ne peut leur faire que du
1166
é dénaturer ! Mon désir n’est nullement d’enlever
le
Frère Claus aux catholiques — il ne peut leur faire que du bien — mai
1167
liques — il ne peut leur faire que du bien — mais
de
le rendre aussi aux protestants, comme une part de leur héritage. Dan
1168
ues — il ne peut leur faire que du bien — mais de
le
rendre aussi aux protestants, comme une part de leur héritage. Dans u
1169
e le rendre aussi aux protestants, comme une part
de
leur héritage. Dans une période où le sens fédéral paraît renaître pa
1170
me une part de leur héritage. Dans une période où
le
sens fédéral paraît renaître parmi nous, il m’a semblé que la vie du
1171
ral paraît renaître parmi nous, il m’a semblé que
la
vie du Frère Claus prenait une valeur de symbole, et non seulement po
1172
mblé que la vie du Frère Claus prenait une valeur
de
symbole, et non seulement pour l’ordre politique, mais aussi sur le p
1173
nait une valeur de symbole, et non seulement pour
l’
ordre politique, mais aussi sur le plan religieux. Nicolas pauvre et s
1174
r le plan religieux. Nicolas pauvre et se privant
de
pain à l’époque même où les Suisses sont tentés par les richesses étr
1175
religieux. Nicolas pauvre et se privant de pain à
l’
époque même où les Suisses sont tentés par les richesses étrangères ;
1176
s pauvre et se privant de pain à l’époque même où
les
Suisses sont tentés par les richesses étrangères ; Nicolas pacifiant
1177
in à l’époque même où les Suisses sont tentés par
les
richesses étrangères ; Nicolas pacifiant les cantons en rappelant aux
1178
par les richesses étrangères ; Nicolas pacifiant
les
cantons en rappelant aux « régionalistes » que notre État est d’abord
1179
cependant qu’il rappelle aux « centralistes » que
le
bien de tous suppose le bien de chacun ; Nicolas témoin de la foi dan
1180
t qu’il rappelle aux « centralistes » que le bien
de
tous suppose le bien de chacun ; Nicolas témoin de la foi dans une ép
1181
aux « centralistes » que le bien de tous suppose
le
bien de chacun ; Nicolas témoin de la foi dans une époque où toute la
1182
entralistes » que le bien de tous suppose le bien
de
chacun ; Nicolas témoin de la foi dans une époque où toute la chrétie
1183
e tous suppose le bien de chacun ; Nicolas témoin
de
la foi dans une époque où toute la chrétienté était encore extérieure
1184
ous suppose le bien de chacun ; Nicolas témoin de
la
foi dans une époque où toute la chrétienté était encore extérieuremen
1185
Nicolas témoin de la foi dans une époque où toute
la
chrétienté était encore extérieurement unie, — voilà bien l’homme que
1186
té était encore extérieurement unie, — voilà bien
l’
homme que tous à leur manière peuvent saluer comme l’ancêtre commun, e
1187
omme que tous à leur manière peuvent saluer comme
l’
ancêtre commun, et j’ajouterais : comme le parrain de cette « défense
1188
r comme l’ancêtre commun, et j’ajouterais : comme
le
parrain de cette « défense spirituelle du pays » que nous devons appr
1189
ncêtre commun, et j’ajouterais : comme le parrain
de
cette « défense spirituelle du pays » que nous devons approuver comme
1190
3. Ce trait sera relevé et souligné plus tard par
les
réformateurs, en particulier par Vadian. b. Rougemont Denis de, « N
1191
, en particulier par Vadian. b. Rougemont Denis
de
, « Nicolas de Flue et la Réforme », Les Cahiers protestants, Lausanne
1192
an. b. Rougemont Denis de, « Nicolas de Flue et
la
Réforme », Les Cahiers protestants, Lausanne, 1939, p. 263-279.
1193
mont Denis de, « Nicolas de Flue et la Réforme »,
Les
Cahiers protestants, Lausanne, 1939, p. 263-279.
1194
La
bataille de la culture (janvier-février 1940)c d Le fait même que
1195
La bataille
de
la culture (janvier-février 1940)c d Le fait même que nous éprouvi
1196
La bataille de
la
culture (janvier-février 1940)c d Le fait même que nous éprouvions
1197
taille de la culture (janvier-février 1940)c d
Le
fait même que nous éprouvions tous un doute sur l’opportunité d’une c
1198
e fait même que nous éprouvions tous un doute sur
l’
opportunité d’une conférence en temps de guerre, ce fait est significa
1199
e nous éprouvions tous un doute sur l’opportunité
d’
une conférence en temps de guerre, ce fait est significatif. Il prouve
1200
doute sur l’opportunité d’une conférence en temps
de
guerre, ce fait est significatif. Il prouve que nous tenons la cultur
1201
fait est significatif. Il prouve que nous tenons
la
culture pour quelque chose d’un peu moins sérieux que l’action, ou qu
1202
uve que nous tenons la culture pour quelque chose
d’
un peu moins sérieux que l’action, ou que la guerre, par exemple, ou s
1203
ure pour quelque chose d’un peu moins sérieux que
l’
action, ou que la guerre, par exemple, ou simplement que la défense na
1204
chose d’un peu moins sérieux que l’action, ou que
la
guerre, par exemple, ou simplement que la défense nationale. Or je vo
1205
ou que la guerre, par exemple, ou simplement que
la
défense nationale. Or je vois là le signe très certain d’une crise, —
1206
implement que la défense nationale. Or je vois là
le
signe très certain d’une crise, — et d’une crise qui met en question
1207
se nationale. Or je vois là le signe très certain
d’
une crise, — et d’une crise qui met en question les fondements mêmes d
1208
e vois là le signe très certain d’une crise, — et
d’
une crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Oc
1209
d’une crise, — et d’une crise qui met en question
les
fondements mêmes de la culture en Occident. Je voudrais vous montrer
1210
ne crise qui met en question les fondements mêmes
de
la culture en Occident. Je voudrais vous montrer ce soir que cette cr
1211
crise qui met en question les fondements mêmes de
la
culture en Occident. Je voudrais vous montrer ce soir que cette crise
1212
uences pratiques ; qu’elle est l’une des origines
de
la présente guerre ; et que cette guerre n’est, en fin de compte, mal
1213
ces pratiques ; qu’elle est l’une des origines de
la
présente guerre ; et que cette guerre n’est, en fin de compte, malgré
1214
s ses prétextes matériels, qu’un épisode tragique
d’
une bataille bien plus vaste, la millénaire bataille de la culture.
1215
épisode tragique d’une bataille bien plus vaste,
la
millénaire bataille de la culture. L’adversaire est en nous Mais
1216
bataille bien plus vaste, la millénaire bataille
de
la culture. L’adversaire est en nous Mais d’abord, essayons d’éc
1217
taille bien plus vaste, la millénaire bataille de
la
culture. L’adversaire est en nous Mais d’abord, essayons d’écart
1218
us vaste, la millénaire bataille de la culture.
L’
adversaire est en nous Mais d’abord, essayons d’écarter un malenten
1219
’adversaire est en nous Mais d’abord, essayons
d’
écarter un malentendu menaçant. La bataille dont je vais vous parler n
1220
abord, essayons d’écarter un malentendu menaçant.
La
bataille dont je vais vous parler n’est pas une bataille politique. L
1221
ais vous parler n’est pas une bataille politique.
Les
adversaires ne sont nullement les actuels belligérants, et il n’est p
1222
ille politique. Les adversaires ne sont nullement
les
actuels belligérants, et il n’est pas question, ici, de confondre l’u
1223
uels belligérants, et il n’est pas question, ici,
de
confondre l’un des partis avec la cause de la culture, l’autre étant
1224
question, ici, de confondre l’un des partis avec
la
cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce gen
1225
, ici, de confondre l’un des partis avec la cause
de
la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’oppo
1226
ci, de confondre l’un des partis avec la cause de
la
culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’opposit
1227
partis avec la cause de la culture, l’autre étant
le
parti de l’anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l
1228
ec la cause de la culture, l’autre étant le parti
de
l’anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’avoue, e
1229
la cause de la culture, l’autre étant le parti de
l’
anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’avoue, et a
1230
’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre
d’
opposition est très tentant, je l’avoue, et aujourd’hui plus que jamai
1231
lture. Ce genre d’opposition est très tentant, je
l’
avoue, et aujourd’hui plus que jamais. C’est malgré tout un procédé de
1232
hui plus que jamais. C’est malgré tout un procédé
de
propagande de guerre. Un fameux général autrichien disait un jour : T
1233
amais. C’est malgré tout un procédé de propagande
de
guerre. Un fameux général autrichien disait un jour : Tout ce qui n’e
1234
t pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour
la
guerre. Grâce à Dieu, nous sommes encore neutres, et nous avons encor
1235
nous sommes encore neutres, et nous avons encore
le
droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. N
1236
mes encore neutres, et nous avons encore le droit
de
ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. Notre prem
1237
encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre
de
simplifications brutales. Notre premier devoir est, aujourd’hui, de d
1238
brutales. Notre premier devoir est, aujourd’hui,
de
défendre l’intelligence contre un certain primitivisme qui se réveill
1239
otre premier devoir est, aujourd’hui, de défendre
l’
intelligence contre un certain primitivisme qui se réveille toujours e
1240
in primitivisme qui se réveille toujours en temps
de
guerre. Les primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauva
1241
isme qui se réveille toujours en temps de guerre.
Les
primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauvaises qui les
1242
le toujours en temps de guerre. Les primitifs ont
l’
habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils
1243
en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude
de
personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malade
1244
rre. Les primitifs ont l’habitude de personnifier
les
forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malades, ils pensent qu
1245
habitude de personnifier les forces mauvaises qui
les
menacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un obj
1246
nacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est
la
faute d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rôde
1247
’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute
d’
un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rôde autour de
1248
nsent que c’est la faute d’un objet maléfique, ou
d’
un sorcier, ou d’un esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, l
1249
a faute d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou
d’
un esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, la cause du mal, c
1250
esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours,
la
cause du mal, c’est-à-dire l’adversaire, est devant eux, à l’extérieu
1251
r maison. Toujours, la cause du mal, c’est-à-dire
l’
adversaire, est devant eux, à l’extérieur. Or, notre civilisation, sou
1252
mal, c’est-à-dire l’adversaire, est devant eux, à
l’
extérieur. Or, notre civilisation, sous l’influence du christianisme,
1253
eux, à l’extérieur. Or, notre civilisation, sous
l’
influence du christianisme, s’est efforcée de nous faire comprendre qu
1254
sous l’influence du christianisme, s’est efforcée
de
nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheurs est presque
1255
isme, s’est efforcée de nous faire comprendre que
la
vraie cause de nos malheurs est presque toujours en nous-mêmes. Il fa
1256
orcée de nous faire comprendre que la vraie cause
de
nos malheurs est presque toujours en nous-mêmes. Il faut reconnaître,
1257
réussi. Nous persistons tous, plus ou moins, dans
la
manie des primitifs : nous rendons responsables de nos maux — les aut
1258
a manie des primitifs : nous rendons responsables
de
nos maux — les autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti,
1259
imitifs : nous rendons responsables de nos maux —
les
autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux d’une autr
1260
responsables de nos maux — les autres, uniquement
les
autres, ceux d’un autre parti, ceux d’une autre nation… Nous faisons
1261
os maux — les autres, uniquement les autres, ceux
d’
un autre parti, ceux d’une autre nation… Nous faisons tous comme les p
1262
niquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux
d’
une autre nation… Nous faisons tous comme les petits enfants qui batte
1263
ceux d’une autre nation… Nous faisons tous comme
les
petits enfants qui battent la table à laquelle ils se sont heurtés. I
1264
faisons tous comme les petits enfants qui battent
la
table à laquelle ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant de n
1265
e ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant
de
noircir le voisin pour mieux se blanchir soi-même. Mais en réalité, n
1266
nt heurtés. Il est facile et rassurant de noircir
le
voisin pour mieux se blanchir soi-même. Mais en réalité, nos adversai
1267
nos adversaires ne diffèrent pas essentiellement
de
nous. Tout homme porte en soi les microbes de toutes les maladies ima
1268
essentiellement de nous. Tout homme porte en soi
les
microbes de toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous m
1269
ent de nous. Tout homme porte en soi les microbes
de
toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menace, il ne
1270
s. Tout homme porte en soi les microbes de toutes
les
maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menace, il ne serait nul
1271
qui nous menace, il ne serait nullement suffisant
de
l’anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à
1272
nous menace, il ne serait nullement suffisant de
l’
anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à no
1273
uffisant de l’anéantir pour nous en délivrer. Car
la
tendance qu’il personnifie à nos yeux, elle existe en nous aussi, et
1274
e pourrait fort bien s’y développer un jour. Pour
la
combattre sérieusement, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agi
1275
t, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit
de
l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître. Disharmonies et impu
1276
pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit de
l’
attaquer, et avant tout, de la reconnaître. Disharmonies et impuiss
1277
n nous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout,
de
la reconnaître. Disharmonies et impuissance de l’esprit Songean
1278
ous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de
la
reconnaître. Disharmonies et impuissance de l’esprit Songeant à
1279
de la reconnaître. Disharmonies et impuissance
de
l’esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en
1280
la reconnaître. Disharmonies et impuissance de
l’
esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en pl
1281
its : d’une part, une étonnante disharmonie entre
les
divers ordres de nos activités, — d’autre part, une angoissante impui
1282
une étonnante disharmonie entre les divers ordres
de
nos activités, — d’autre part, une angoissante impuissance de l’espri
1283
ités, — d’autre part, une angoissante impuissance
de
l’esprit devant ce monde. Tel grand chimiste scandinave invente, dans
1284
s, — d’autre part, une angoissante impuissance de
l’
esprit devant ce monde. Tel grand chimiste scandinave invente, dans so
1285
corps nouveau, un puissant explosif, grâce auquel
l’
industrie pourra faire un grand pas. Il fonde d’autre part, avec l’arg
1286
a faire un grand pas. Il fonde d’autre part, avec
l’
argent gagné, un prix considérable, destiné à récompenser ceux qui tra
1287
destiné à récompenser ceux qui travaillèrent pour
la
paix. Mais l’état de notre culture est tel que l’invention sera utili
1288
mpenser ceux qui travaillèrent pour la paix. Mais
l’
état de notre culture est tel que l’invention sera utilisée pour détru
1289
ceux qui travaillèrent pour la paix. Mais l’état
de
notre culture est tel que l’invention sera utilisée pour détruire cet
1290
la paix. Mais l’état de notre culture est tel que
l’
invention sera utilisée pour détruire cette paix, précisément, que le
1291
ilisée pour détruire cette paix, précisément, que
le
prix devait couronner. Et le chimiste pacifique verra retomber sur sa
1292
ix, précisément, que le prix devait couronner. Et
le
chimiste pacifique verra retomber sur sa tête, sous la forme d’une bo
1293
imiste pacifique verra retomber sur sa tête, sous
la
forme d’une bombe de 1000 kg son invention humanitaire. Par quelle fa
1294
cifique verra retomber sur sa tête, sous la forme
d’
une bombe de 1000 kg son invention humanitaire. Par quelle fatalité ma
1295
a retomber sur sa tête, sous la forme d’une bombe
de
1000 kg son invention humanitaire. Par quelle fatalité mauvaise tous
1296
on humanitaire. Par quelle fatalité mauvaise tous
les
progrès de notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qu
1297
re. Par quelle fatalité mauvaise tous les progrès
de
notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produ
1298
rogrès de notre science contribuent-ils à ravager
la
civilisation qui les produit ? Vous vous êtes tous posé cette questio
1299
nce contribuent-ils à ravager la civilisation qui
les
produit ? Vous vous êtes tous posé cette question-là. Mais il ne suff
1300
ous posé cette question-là. Mais il ne suffit pas
de
se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie u
1301
sé cette question-là. Mais il ne suffit pas de se
la
poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie une si
1302
. Mais il ne suffit pas de se la poser et ensuite
de
se lamenter. Il faut voir ce que signifie une si cruelle disharmonie,
1303
xiste des remèdes. Car il ne serait pas suffisant
de
n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la cu
1304
. Car il ne serait pas suffisant de n’accuser que
la
méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la culture moderne, et
1305
de n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est
l’
esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale q
1306
ue la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même
de
la culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve i
1307
la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de
la
culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve ici
1308
’esprit même de la culture moderne, et son défaut
de
sagesse générale qui se trouve ici mis à nu. Un autre fait, dans ce m
1309
ici mis à nu. Un autre fait, dans ce même ordre.
Le
but des inventions techniques est double : il est d’une part d’économ
1310
entions techniques est double : il est d’une part
d’
économiser du travail d’hommes par les machines, et donc de créer du l
1311
ouble : il est d’une part d’économiser du travail
d’
hommes par les machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’
1312
t d’une part d’économiser du travail d’hommes par
les
machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever le nive
1313
ser du travail d’hommes par les machines, et donc
de
créer du loisir ; d’autre part, d’élever le niveau général du confort
1314
hines, et donc de créer du loisir ; d’autre part,
d’
élever le niveau général du confort. Or chacun sait que les résultats
1315
donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever
le
niveau général du confort. Or chacun sait que les résultats pratiques
1316
le niveau général du confort. Or chacun sait que
les
résultats pratiques du machinisme ne sont pas d’augmenter les loisirs
1317
les résultats pratiques du machinisme ne sont pas
d’
augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au lieu
1318
s pratiques du machinisme ne sont pas d’augmenter
les
loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le
1319
me ne sont pas d’augmenter les loisirs, mais bien
d’
augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’indu
1320
as d’augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter
le
chômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’industrie a créé
1321
en d’augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever
le
niveau général, l’industrie a créé d’immenses masses misérables, déra
1322
hômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général,
l’
industrie a créé d’immenses masses misérables, déracinées et démoralis
1323
eu d’élever le niveau général, l’industrie a créé
d’
immenses masses misérables, déracinées et démoralisées. Enfin je vous
1324
n cas individuel assez typique. Un grand banquier
de
Paris, membre d’un comité de bienfaisance, fut interrogé un jour, dev
1325
assez typique. Un grand banquier de Paris, membre
d’
un comité de bienfaisance, fut interrogé un jour, devant moi, par un d
1326
e. Un grand banquier de Paris, membre d’un comité
de
bienfaisance, fut interrogé un jour, devant moi, par un de ses collèg
1327
isance, fut interrogé un jour, devant moi, par un
de
ses collègues. Était-il vrai, lui demandait-on, que sa banque finançâ
1328
il vrai, lui demandait-on, que sa banque finançât
la
guerre des Japonais contre Shanghai ? Il répondit que c’était vrai. —
1329
t vrai. — Mais alors, n’êtes-vous pas torturé par
la
pensée que votre argent contribue à prolonger un massacre ? — Nulleme
1330
ar tout ce que j’ai à voir, ce sont deux colonnes
de
chiffres, dont la balance est favorable à ma maison. — L’exemple peut
1331
i à voir, ce sont deux colonnes de chiffres, dont
la
balance est favorable à ma maison. — L’exemple peut paraître caricatu
1332
res, dont la balance est favorable à ma maison. —
L’
exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le certifie exact. De
1333
’exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je
le
certifie exact. De plus, il illustre à merveille le vice fondamental
1334
certifie exact. De plus, il illustre à merveille
le
vice fondamental de notre société et aussi de notre culture : c’est u
1335
plus, il illustre à merveille le vice fondamental
de
notre société et aussi de notre culture : c’est une absence totale de
1336
lle le vice fondamental de notre société et aussi
de
notre culture : c’est une absence totale de vue d’ensemble. Ce qui no
1337
aussi de notre culture : c’est une absence totale
de
vue d’ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand princip
1338
e notre culture : c’est une absence totale de vue
d’
ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand principe d’uni
1339
i nous manque absolument, c’est un grand principe
d’
unité entre notre pensée et nos actions. Cette absence d’un principe d
1340
entre notre pensée et nos actions. Cette absence
d’
un principe d’unité est si totale qu’on ne la ressent même plus comme
1341
ensée et nos actions. Cette absence d’un principe
d’
unité est si totale qu’on ne la ressent même plus comme un scandale. E
1342
ence d’un principe d’unité est si totale qu’on ne
la
ressent même plus comme un scandale. Elle est devenue toute naturelle
1343
me un scandale. Elle est devenue toute naturelle.
Le
banquier dont je viens de vous parler aurait eu beaucoup de peine à c
1344
vait disharmonie, contradiction, entre son comité
de
bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois.
1345
contradiction, entre son comité de bienfaisance,
les
intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces act
1346
n, entre son comité de bienfaisance, les intérêts
de
sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui p
1347
té de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et
le
massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui paraissait, en som
1348
de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune
de
ces activités lui paraissait, en somme, justifiable en elle-même, pou
1349
qui s’indignait, il aurait simplement répondu que
les
affaires sont les affaires. On ne peut pas additionner des chiffres e
1350
l aurait simplement répondu que les affaires sont
les
affaires. On ne peut pas additionner des chiffres et des sentiments.
1351
t pas tout mélanger… Et en effet, nous mélangeons
de
moins en moins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensé
1352
ns de moins en moins notre pensée à notre action.
L’
impuissance de la pensée sur la conduite générale des affaires, tel es
1353
moins notre pensée à notre action. L’impuissance
de
la pensée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fon
1354
ins notre pensée à notre action. L’impuissance de
la
pensée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fondam
1355
ée à notre action. L’impuissance de la pensée sur
la
conduite générale des affaires, tel est le dogme fondamental de la me
1356
ée sur la conduite générale des affaires, tel est
le
dogme fondamental de la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’
1357
nérale des affaires, tel est le dogme fondamental
de
la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’est une croyance spon
1358
ale des affaires, tel est le dogme fondamental de
la
mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’est une croyance spontan
1359
nombreux, si quotidiens, qu’on finit par ne plus
les
voir. Il est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n
1360
s les voir. Il est admis, dans notre société, que
les
hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de l’action,
1361
Il est admis, dans notre société, que les hommes
de
la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de l’action, aux capit
1362
est admis, dans notre société, que les hommes de
la
pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de l’action, aux capitain
1363
té, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire
d’
utile aux hommes de l’action, aux capitaines de l’industrie ou de la g
1364
de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes
de
l’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a
1365
la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de
l’
action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a ét
1366
re d’utile aux hommes de l’action, aux capitaines
de
l’industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la cultu
1367
d’utile aux hommes de l’action, aux capitaines de
l’
industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture
1368
mes de l’action, aux capitaines de l’industrie ou
de
la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, en
1369
de l’action, aux capitaines de l’industrie ou de
la
guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, entre
1370
n, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre.
Le
divorce a été prononcé entre la culture et l’action, entre le cerveau
1371
ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre
la
culture et l’action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce
1372
re. Le divorce a été prononcé entre la culture et
l’
action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont
1373
été prononcé entre la culture et l’action, entre
le
cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le
1374
entre la culture et l’action, entre le cerveau et
la
main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif,
1375
culture et l’action, entre le cerveau et la main.
Les
résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif, sans dout
1376
ction, entre le cerveau et la main. Les résultats
de
ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif, sans doute, est celui-
1377
n. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais
le
plus décisif, sans doute, est celui-ci : la culture apparaît aujourd’
1378
Mais le plus décisif, sans doute, est celui-ci :
la
culture apparaît aujourd’hui comme une activité de luxe, et l’action
1379
a culture apparaît aujourd’hui comme une activité
de
luxe, et l’action seule est tenue pour sérieuse. En voici la preuve.
1380
paraît aujourd’hui comme une activité de luxe, et
l’
action seule est tenue pour sérieuse. En voici la preuve. Quand la sit
1381
l’action seule est tenue pour sérieuse. En voici
la
preuve. Quand la situation devient grave, comme en cas de guerre par
1382
st tenue pour sérieuse. En voici la preuve. Quand
la
situation devient grave, comme en cas de guerre par exemple, tout le
1383
e. Quand la situation devient grave, comme en cas
de
guerre par exemple, tout le monde trouve parfaitement naturel que la
1384
le, tout le monde trouve parfaitement naturel que
la
pensée abdique sa liberté et se soumette aux besoins de l’action, du
1385
sée abdique sa liberté et se soumette aux besoins
de
l’action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le mon
1386
abdique sa liberté et se soumette aux besoins de
l’
action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le monde
1387
soumette aux besoins de l’action, du haut en bas
de
l’échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement natur
1388
umette aux besoins de l’action, du haut en bas de
l’
échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement naturel
1389
besoins de l’action, du haut en bas de l’échelle
de
nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement naturel de cesser
1390
ations. Tout le monde trouve parfaitement naturel
de
cesser d’acheter des livres : c’est la première économie que l’on fer
1391
ut le monde trouve parfaitement naturel de cesser
d’
acheter des livres : c’est la première économie que l’on fera. De même
1392
heter des livres : c’est la première économie que
l’
on fera. De même qu’en temps de restrictions alimentaires on trouve to
1393
mière économie que l’on fera. De même qu’en temps
de
restrictions alimentaires on trouve tout naturel de se priver d’abord
1394
restrictions alimentaires on trouve tout naturel
de
se priver d’abord de dessert. Oui, la culture est devenue pour nous q
1395
aires on trouve tout naturel de se priver d’abord
de
dessert. Oui, la culture est devenue pour nous quelque chose comme un
1396
out naturel de se priver d’abord de dessert. Oui,
la
culture est devenue pour nous quelque chose comme une friandise. Elle
1397
. Elle n’est plus un pain quotidien. Quand on dit
de
quelqu’un : c’est un intellectuel ! cela signifie : c’est un monsieur
1398
eur très compliqué qui ne vaut rien pour conduire
la
cité, pour gagner de l’argent, pour faire des choses sérieuses… Et ce
1399
i ne vaut rien pour conduire la cité, pour gagner
de
l’argent, pour faire des choses sérieuses… Et cependant, une société
1400
e vaut rien pour conduire la cité, pour gagner de
l’
argent, pour faire des choses sérieuses… Et cependant, une société où
1401
es choses sérieuses… Et cependant, une société où
les
valeurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’acti
1402
rieuses… Et cependant, une société où les valeurs
de
la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une soc
1403
uses… Et cependant, une société où les valeurs de
la
pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une sociét
1404
aleurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec
les
lois de l’action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où
1405
la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois
de
l’action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où ce manq
1406
pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de
l’
action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où ce manque
1407
is de l’action, une société qui manque à ce point
d’
harmonie, et où ce manque n’est même plus ressenti comme un scandale,
1408
ue n’est même plus ressenti comme un scandale, je
la
vois condamnée à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la gu
1409
n scandale, je la vois condamnée à glisser, comme
la
nôtre, dans un désordre dont la guerre sera toujours le seul aboutiss
1410
à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont
la
guerre sera toujours le seul aboutissement. L’esprit de Ponce Pila
1411
re, dans un désordre dont la guerre sera toujours
le
seul aboutissement. L’esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui es
1412
la guerre sera toujours le seul aboutissement.
L’
esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorc
1413
sera toujours le seul aboutissement. L’esprit
de
Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorce entre l
1414
e Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable
de
ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous
1415
is alors, qui est responsable de ce divorce entre
la
main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de
1416
ui est responsable de ce divorce entre la main et
le
cerveau ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir d’où
1417
u ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons
de
voir d’où il vient. Le phénomène le plus remarquable des débuts du xi
1418
voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir
d’
où il vient. Le phénomène le plus remarquable des débuts du xixe sièc
1419
il nous a menés. Essayons de voir d’où il vient.
Le
phénomène le plus remarquable des débuts du xixe siècle a été, en ef
1420
nés. Essayons de voir d’où il vient. Le phénomène
le
plus remarquable des débuts du xixe siècle a été, en effet, et dans
1421
uts du xixe siècle a été, en effet, et dans tous
les
domaines, l’agrandissement très brusque des possibilités humaines. L’
1422
iècle a été, en effet, et dans tous les domaines,
l’
agrandissement très brusque des possibilités humaines. L’invention des
1423
dissement très brusque des possibilités humaines.
L’
invention des machines a brusquement accru nos possibilités d’action s
1424
des machines a brusquement accru nos possibilités
d’
action sur la matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brus
1425
a brusquement accru nos possibilités d’action sur
la
matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brusque création
1426
t accru nos possibilités d’action sur la matière.
L’
industrie et le commerce ont provoqué la brusque création de villes én
1427
sibilités d’action sur la matière. L’industrie et
le
commerce ont provoqué la brusque création de villes énormes, dix ou c
1428
matière. L’industrie et le commerce ont provoqué
la
brusque création de villes énormes, dix ou cent fois plus grandes que
1429
e et le commerce ont provoqué la brusque création
de
villes énormes, dix ou cent fois plus grandes que celles qu’on connai
1430
uparavant. Ainsi Berlin passe, en un demi-siècle,
de
25 000 habitants à 4 millions. Dans ces villes, se sont entassées des
1431
des masses humaines informes et démesurées, là où
l’
on ne connaissait auparavant que des groupements organisés autour de p
1432
upements organisés autour de petites entreprises.
Les
richesses, elles aussi, se sont tant agrandies qu’elles ont échappé a
1433
s chiffres abstraits, puissances lointaines, dont
les
économistes se sont mis à étudier les mœurs étranges, qui paraissaien
1434
aines, dont les économistes se sont mis à étudier
les
mœurs étranges, qui paraissaient aussi mystérieuses que celles des mo
1435
stérieuses que celles des monstres antédiluviens.
La
population de l’Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses o
1436
celles des monstres antédiluviens. La population
de
l’Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplé
1437
lles des monstres antédiluviens. La population de
l’
Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplées,
1438
e, et enfin tous ces éléments réunis ont provoqué
la
création d’armées considérables, agrandissant le phénomène de la guer
1439
tous ces éléments réunis ont provoqué la création
d’
armées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquem
1440
la création d’armées considérables, agrandissant
le
phénomène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation ent
1441
d’armées considérables, agrandissant le phénomène
de
la guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici d
1442
rmées considérables, agrandissant le phénomène de
la
guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici donc
1443
nomène de la guerre, brusquement, aux proportions
de
la nation entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoi
1444
ène de la guerre, brusquement, aux proportions de
la
nation entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs
1445
tions de la nation entière. Voici donc, dans tous
les
domaines, que nos pouvoirs d’agir matériellement grandissent, par une
1446
ci donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs
d’
agir matériellement grandissent, par une mutation brusque, dans la pro
1447
ement grandissent, par une mutation brusque, dans
la
proportion de 1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet ess
1448
ent, par une mutation brusque, dans la proportion
de
1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet essor fulgurant d
1449
sque, dans la proportion de 1 à 100. Que va faire
la
pensée, en présence de cet essor fulgurant de l’action ? Et que va fa
1450
ire la pensée, en présence de cet essor fulgurant
de
l’action ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devi
1451
la pensée, en présence de cet essor fulgurant de
l’
action ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devienn
1452
cet essor fulgurant de l’action ? Et que va faire
la
culture ? Il semble que la société devienne trop gigantesque pour êtr
1453
tion ? Et que va faire la culture ? Il semble que
la
société devienne trop gigantesque pour être dominée d’un seul regard.
1454
ciété devienne trop gigantesque pour être dominée
d’
un seul regard. Une seule intelligence ne peut plus en comprendre et e
1455
igence ne peut plus en comprendre et en maîtriser
les
rouages. On ne sait pas du tout ce que vont produire ces capitaux éno
1456
nt vont réagir ces masses humaines déracinées par
l’
industrie, et qui déjà menacent et souffrent. Tout cela échappe aux vu
1457
menacent et souffrent. Tout cela échappe aux vues
de
l’esprit rationaliste. Le panorama de la société devient confus. Plus
1458
acent et souffrent. Tout cela échappe aux vues de
l’
esprit rationaliste. Le panorama de la société devient confus. Plus ri
1459
t cela échappe aux vues de l’esprit rationaliste.
Le
panorama de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de
1460
pe aux vues de l’esprit rationaliste. Le panorama
de
la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme ind
1461
aux vues de l’esprit rationaliste. Le panorama de
la
société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme indivi
1462
a de la société devient confus. Plus rien n’est à
la
mesure de l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous n
1463
ciété devient confus. Plus rien n’est à la mesure
de
l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons
1464
té devient confus. Plus rien n’est à la mesure de
l’
homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons :
1465
and nous regardons en arrière, nous nous disons :
les
intellectuels auraient dû faire à ce moment-là un formidable effort d
1466
ient dû faire à ce moment-là un formidable effort
de
mise en ordre : ils auraient dû être saisis tout à la fois d’angoisse
1467
rdre : ils auraient dû être saisis tout à la fois
d’
angoisse et d’enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur de tels p
1468
aient dû être saisis tout à la fois d’angoisse et
d’
enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie
1469
d’enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur
de
tels pouvoirs de vie et de mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs a
1470
evant ce monde démesuré, porteur de tels pouvoirs
de
vie et de mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs avaient été coordo
1471
onde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie et
de
mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs avaient été coordonnés, orie
1472
tés par une vue générale, par une notion générale
de
l’homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie
1473
par une vue générale, par une notion générale de
l’
homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie !
1474
e, par une notion générale de l’homme et des buts
de
sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie ! Mais si ces mêmes po
1475
! Mais si ces mêmes pouvoirs étaient abandonnés à
l’
anarchie, s’ils se développaient chacun de son côté sans tenir compte
1476
onnés à l’anarchie, s’ils se développaient chacun
de
son côté sans tenir compte d’aucune harmonie ni d’aucune mesure humai
1477
éveloppaient chacun de son côté sans tenir compte
d’
aucune harmonie ni d’aucune mesure humaine, ils ne pouvaient créer qu’
1478
e son côté sans tenir compte d’aucune harmonie ni
d’
aucune mesure humaine, ils ne pouvaient créer qu’une vie fausse, une v
1479
fausse, une vie mauvaise, antihumaine. C’eût été
le
rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils a
1480
uvaise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes
de
la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chanc
1481
ise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes de
la
pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance e
1482
ne. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que
d’
avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance et un devoir vi
1483
été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir
les
hommes d’action. Ils avaient là une chance et un devoir vital. Or, il
1484
des hommes de la pensée que d’avertir les hommes
d’
action. Ils avaient là une chance et un devoir vital. Or, ils ont perd
1485
Or, ils ont perdu cette chance. Ils n’ont pas vu
le
danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons d
1486
ance. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur
de
le prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi de
1487
e. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur de
le
prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi de la
1488
e prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir
le
grand ennemi de la culture ; c’est chez les philosophes et les penseu
1489
est ici que nous allons découvrir le grand ennemi
de
la culture ; c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d
1490
ici que nous allons découvrir le grand ennemi de
la
culture ; c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’ab
1491
ouvrir le grand ennemi de la culture ; c’est chez
les
philosophes et les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le n
1492
emi de la culture ; c’est chez les philosophes et
les
penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit
1493
les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je
le
nommerai : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démissio
1494
u’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai :
l’
esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit.
1495
t d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit
de
démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’
1496
festé. Et je le nommerai : l’esprit de démission,
de
non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’
1497
: l’esprit de démission, de non-intervention, ou
la
démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le scep
1498
e démission, de non-intervention, ou la démission
de
l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se
1499
émission, de non-intervention, ou la démission de
l’
esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lav
1500
-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est
l’
esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et l
1501
ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même
d’
un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les chos
1502
l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate,
le
sceptique qui se lave les mains et laisse les choses suivre leur cour
1503
même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave
les
mains et laisse les choses suivre leur cours fatal. En présence des m
1504
ate, le sceptique qui se lave les mains et laisse
les
choses suivre leur cours fatal. En présence des machines, des capitau
1505
rmes questions que posaient ces énormes pouvoirs,
les
penseurs et les philosophes du dernier siècle, dans leur ensemble, n’
1506
ue posaient ces énormes pouvoirs, les penseurs et
les
philosophes du dernier siècle, dans leur ensemble, n’ont répondu que
1507
siècle, dans leur ensemble, n’ont répondu que par
la
fuite, et par ce qu’ils appelaient le désintéressement de la pensée.
1508
ndu que par la fuite, et par ce qu’ils appelaient
le
désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de dire
1509
, et par ce qu’ils appelaient le désintéressement
de
la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de
1510
t par ce qu’ils appelaient le désintéressement de
la
pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de la
1511
ment de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission
de
directeurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre
1512
t renoncé à leur mission de directeurs spirituels
de
la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujou
1513
enoncé à leur mission de directeurs spirituels de
la
cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujourd’
1514
n sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir
d’
aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensé
1515
d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit :
la
dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dan
1516
ui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité
de
la pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désin
1517
renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de
la
pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désintér
1518
dignité de la pensée réside dans son détachement
de
toute action, dans son désintéressement scientifique. Ils n’ont pas d
1519
s n’ont pas dit : nous ne voulons plus rien faire
d’
utile, mais ils ont dit : on ne peut plus rien faire, car l’histoire e
1520
ais ils ont dit : on ne peut plus rien faire, car
l’
histoire et l’économie sont régies par des lois inflexibles. Et surtou
1521
t : on ne peut plus rien faire, car l’histoire et
l’
économie sont régies par des lois inflexibles. Et surtout, au développ
1522
angoissant des faits, ils ont opposé des milliers
de
pages de rhétorique sur le Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-l
1523
t des faits, ils ont opposé des milliers de pages
de
rhétorique sur le Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-là ! Car e
1524
nt opposé des milliers de pages de rhétorique sur
le
Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-là ! Car en somme elle justi
1525
elle-là ! Car en somme elle justifie tout, endort
l’
esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiét
1526
r en somme elle justifie tout, endort l’esprit et
le
dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiéter des effet
1527
lle justifie tout, endort l’esprit et le dispense
de
toute intervention active. Pourquoi s’inquiéter des effets futurs de
1528
on active. Pourquoi s’inquiéter des effets futurs
de
ces capitaux accumulés ou du sort de ces masses humaines rassemblées
1529
ffets futurs de ces capitaux accumulés ou du sort
de
ces masses humaines rassemblées ? Primo : notre esprit est trop disti
1530
ué et délicat pour agir sur ces faits ; secundo :
le
Progrès automatique arrangera tout. C’est lui qui, désormais, va remp
1531
gera tout. C’est lui qui, désormais, va remplacer
la
bienveillante Providence. La religion est l’opium du peuple, disait M
1532
ormais, va remplacer la bienveillante Providence.
La
religion est l’opium du peuple, disait Marx. Je lui réponds que sa cr
1533
acer la bienveillante Providence. La religion est
l’
opium du peuple, disait Marx. Je lui réponds que sa croyance au Progrè
1534
rx. Je lui réponds que sa croyance au Progrès est
l’
opium de la culture. S’il fallait résumer rapidement les caractères gé
1535
ui réponds que sa croyance au Progrès est l’opium
de
la culture. S’il fallait résumer rapidement les caractères généraux p
1536
réponds que sa croyance au Progrès est l’opium de
la
culture. S’il fallait résumer rapidement les caractères généraux par
1537
um de la culture. S’il fallait résumer rapidement
les
caractères généraux par lesquels se trahit la démission de l’esprit,
1538
nt les caractères généraux par lesquels se trahit
la
démission de l’esprit, je dirais : goût des automatismes, croyance au
1539
ères généraux par lesquels se trahit la démission
de
l’esprit, je dirais : goût des automatismes, croyance aux fatalités d
1540
s généraux par lesquels se trahit la démission de
l’
esprit, je dirais : goût des automatismes, croyance aux fatalités de l
1541
s : goût des automatismes, croyance aux fatalités
de
l’Histoire et de l’Économie, manie des organisations trop vastes et u
1542
goût des automatismes, croyance aux fatalités de
l’
Histoire et de l’Économie, manie des organisations trop vastes et unif
1543
matismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et
de
l’Économie, manie des organisations trop vastes et uniformes, optimis
1544
ismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et de
l’
Économie, manie des organisations trop vastes et uniformes, optimisme
1545
formes, optimisme trop confortable, enfin, manque
d’
imagination. Or la plupart de ces choses ont paru magnifiques et série
1546
e Kierkegaard et Nietzsche pour protester du fond
de
leur solitude. Kierkegaard qui osa écrire ce blasphème contre les pré
1547
e. Kierkegaard qui osa écrire ce blasphème contre
les
préjugés du siècle : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la
1548
re ce blasphème contre les préjugés du siècle : «
Le
plus grand adversaire de l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne
1549
s préjugés du siècle : « Le plus grand adversaire
de
l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le chr
1550
réjugés du siècle : « Le plus grand adversaire de
l’
esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christ
1551
e : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est
la
presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christianisme dans un
1552
st la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher
le
christianisme dans un monde où règne la presse. » Et Nietzsche, de so
1553
s prêcher le christianisme dans un monde où règne
la
presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’organiser e
1554
dans un monde où règne la presse. » Et Nietzsche,
de
son côté, dénonçait la manie d’organiser et de centraliser en écrivan
1555
la presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait
la
manie d’organiser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plu
1556
. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie
d’
organiser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plus froid p
1557
e, de son côté, dénonçait la manie d’organiser et
de
centraliser en écrivant : « L’État est le plus froid parmi les monstr
1558
nie d’organiser et de centraliser en écrivant : «
L’
État est le plus froid parmi les monstres froids. » Mais à part ces de
1559
iser et de centraliser en écrivant : « L’État est
le
plus froid parmi les monstres froids. » Mais à part ces deux solitair
1560
er en écrivant : « L’État est le plus froid parmi
les
monstres froids. » Mais à part ces deux solitaires, personne ne sut o
1561
sonne ne sut ou n’osa voir à quoi devait conduire
le
Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le développement de l’indus
1562
uire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal.
Le
développement de l’industrie a produit évidemment beaucoup d’automobi
1563
abandonné à son mouvement fatal. Le développement
de
l’industrie a produit évidemment beaucoup d’automobiles, de téléphone
1564
ndonné à son mouvement fatal. Le développement de
l’
industrie a produit évidemment beaucoup d’automobiles, de téléphones e
1565
ment de l’industrie a produit évidemment beaucoup
d’
automobiles, de téléphones et de frigidaires, mais il a aussi produit
1566
trie a produit évidemment beaucoup d’automobiles,
de
téléphones et de frigidaires, mais il a aussi produit beaucoup de can
1567
idemment beaucoup d’automobiles, de téléphones et
de
frigidaires, mais il a aussi produit beaucoup de canons et de masques
1568
es, mais il a aussi produit beaucoup de canons et
de
masques à gaz. Il a produit beaucoup de confort, mais il a également
1569
beaucoup de confort, mais il a également produit
la
lutte des classes et le chômage, et la grande ville, cette catastroph
1570
is il a également produit la lutte des classes et
le
chômage, et la grande ville, cette catastrophe humaine, l’un des désa
1571
nt produit la lutte des classes et le chômage, et
la
grande ville, cette catastrophe humaine, l’un des désastres moraux de
1572
te catastrophe humaine, l’un des désastres moraux
de
l’Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d
1573
catastrophe humaine, l’un des désastres moraux de
l’
Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d’un
1574
désastres moraux de l’Histoire. Tout cela, faute
d’
harmonie et de mesure humaine, faute d’un grand principe directeur, sp
1575
aux de l’Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et
de
mesure humaine, faute d’un grand principe directeur, spirituel ou cul
1576
ela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute
d’
un grand principe directeur, spirituel ou culturel. Tout cela parce qu
1577
el ou culturel. Tout cela parce qu’on pensait que
le
Progrès était sain, juste et infaillible, et que la seule tâche série
1578
Progrès était sain, juste et infaillible, et que
la
seule tâche sérieuse était de gagner de l’argent en attendant que les
1579
infaillible, et que la seule tâche sérieuse était
de
gagner de l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mê
1580
e, et que la seule tâche sérieuse était de gagner
de
l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, e
1581
et que la seule tâche sérieuse était de gagner de
l’
argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, en r
1582
euse était de gagner de l’argent en attendant que
les
choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, en réalité, rien ne s’est arran
1583
l’argent en attendant que les choses s’arrangent
d’
elles-mêmes. Or, en réalité, rien ne s’est arrangé. Et voici où nous
1584
en ne s’est arrangé. Et voici où nous rejoignons
le
temps présent. Dans une cité où la culture n’a plus en fait l’initiat
1585
ous rejoignons le temps présent. Dans une cité où
la
culture n’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de la product
1586
ent. Dans une cité où la culture n’a plus en fait
l’
initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui impo
1587
la culture n’a plus en fait l’initiative, ce sont
les
lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à
1588
e n’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois
de
la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre p
1589
’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de
la
production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pens
1590
’initiative, ce sont les lois de la production et
de
la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Q
1591
itiative, ce sont les lois de la production et de
la
guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Quan
1592
eurs nécessités à notre pensée impuissante. Quand
la
culture ne domine plus l’action, c’est l’action qui domine la culture
1593
nsée impuissante. Quand la culture ne domine plus
l’
action, c’est l’action qui domine la culture, mais une action qui ne s
1594
. Quand la culture ne domine plus l’action, c’est
l’
action qui domine la culture, mais une action qui ne sait plus où elle
1595
e domine plus l’action, c’est l’action qui domine
la
culture, mais une action qui ne sait plus où elle va ! Et la société
1596
mais une action qui ne sait plus où elle va ! Et
la
société à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sé
1597
été à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que
la
pensée se sépare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns
1598
rde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare
de
l’action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun,
1599
pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de
l’
action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dan
1600
défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action,
les
hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dans sa spécia
1601
épare de l’action, les hommes se trouvent séparés
les
uns des autres. Chacun, dans sa spécialité, suit des voies totalement
1602
cées par des principes contradictoires et privées
de
commune mesure. Décadence de la communauté Je préciserai ce que
1603
toires et privées de commune mesure. Décadence
de
la communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure
1604
res et privées de commune mesure. Décadence de
la
communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure d’
1605
communauté Je préciserai ce que j’appelle ici
la
commune mesure d’une civilisation : c’est le principe qui doit harmon
1606
préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure
d’
une civilisation : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les ac
1607
ici la commune mesure d’une civilisation : c’est
le
principe qui doit harmoniser toutes les activités d’une société donné
1608
on : c’est le principe qui doit harmoniser toutes
les
activités d’une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple, to
1609
principe qui doit harmoniser toutes les activités
d’
une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple, tout était rapp
1610
r toutes les activités d’une société donnée. Dans
la
cité grecque, par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’indiv
1611
cité grecque, par exemple, tout était rapporté à
la
mesure de l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était ré
1612
que, par exemple, tout était rapporté à la mesure
de
l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le
1613
, par exemple, tout était rapporté à la mesure de
l’
individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le dr
1614
porté à la mesure de l’individu raisonnable. Dans
l’
Empire romain, tout était réglé par le droit d’État. Chez les Juifs, c
1615
nable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par
le
droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait t
1616
ns l’Empire romain, tout était réglé par le droit
d’
État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’ex
1617
omain, tout était réglé par le droit d’État. Chez
les
Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans s
1618
églé par le droit d’État. Chez les Juifs, c’était
la
Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux
1619
r le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi
de
Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux détails
1620
uifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute
l’
existence dans ses plus minutieux détails. Au Moyen Âge, la théologie.
1621
ce dans ses plus minutieux détails. Au Moyen Âge,
la
théologie. Dans toutes ces civilisations, l’action obéissait spontané
1622
Âge, la théologie. Dans toutes ces civilisations,
l’
action obéissait spontanément aux mêmes lois que la pensée. Mais aujou
1623
’action obéissait spontanément aux mêmes lois que
la
pensée. Mais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et la théolog
1624
ux mêmes lois que la pensée. Mais aujourd’hui que
la
Loi des Juifs, le droit et la théologie sont méprisés ou ignorés, mai
1625
la pensée. Mais aujourd’hui que la Loi des Juifs,
le
droit et la théologie sont méprisés ou ignorés, maintenant que tout,
1626
ais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et
la
théologie sont méprisés ou ignorés, maintenant que tout, dans le mond
1627
nt méprisés ou ignorés, maintenant que tout, dans
le
monde, échappe aux prises de l’esprit humain, il ne reste qu’un seul
1628
enant que tout, dans le monde, échappe aux prises
de
l’esprit humain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la vale
1629
nt que tout, dans le monde, échappe aux prises de
l’
esprit humain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur
1630
ain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer
la
valeur de nos actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent
1631
reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur
de
nos actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent, c’est la
1632
ncipe pour mesurer la valeur de nos actes : c’est
l’
Argent. Et quand il n’y a plus d’argent, c’est la misère. Et quand la
1633
os actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus
d’
argent, c’est la misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’e
1634
l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent, c’est
la
misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’est l’État-provid
1635
il n’y a plus d’argent, c’est la misère. Et quand
la
misère est trop grande, alors c’est l’État-providence qui se charge d
1636
. Et quand la misère est trop grande, alors c’est
l’
État-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est
1637
ande, alors c’est l’État-providence qui se charge
de
tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des
1638
t-providence qui se charge de tout mettre au pas.
Le
malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des principes qui ne valen
1639
arge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que
l’
Argent et l’État sont des principes qui ne valent rien dans le domaine
1640
mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et
l’
État sont des principes qui ne valent rien dans le domaine de l’esprit
1641
l’État sont des principes qui ne valent rien dans
le
domaine de l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt r
1642
des principes qui ne valent rien dans le domaine
de
l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement,
1643
s principes qui ne valent rien dans le domaine de
l’
esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement, s’a
1644
nt rien dans le domaine de l’esprit. Et dès lors,
la
culture en chômage se corrompt rapidement, s’asservit. Je vous en don
1645
servit. Je vous en donnerai un exemple que chacun
de
vous peut vérifier quotidiennement. Le fondement et le symbole de tou
1646
que chacun de vous peut vérifier quotidiennement.
Le
fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous a
1647
us peut vérifier quotidiennement. Le fondement et
le
symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd
1648
ifier quotidiennement. Le fondement et le symbole
de
toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui à une
1649
e fondement et le symbole de toute culture, c’est
le
langage. Or nous assistons aujourd’hui à une extraordinaire décadence
1650
e, en tous pays. Au cours des siècles précédents,
les
hommes d’une même société s’entendaient sur le sens de certains mots
1651
pays. Au cours des siècles précédents, les hommes
d’
une même société s’entendaient sur le sens de certains mots fondamenta
1652
, les hommes d’une même société s’entendaient sur
le
sens de certains mots fondamentaux que j’appellerai les lieux communs
1653
mmes d’une même société s’entendaient sur le sens
de
certains mots fondamentaux que j’appellerai les lieux communs. C’étai
1654
ns de certains mots fondamentaux que j’appellerai
les
lieux communs. C’était sur la base de ces mots définis une fois pour
1655
x que j’appellerai les lieux communs. C’était sur
la
base de ces mots définis une fois pour toutes que les échanges d’idée
1656
appellerai les lieux communs. C’était sur la base
de
ces mots définis une fois pour toutes que les échanges d’idées pouvai
1657
base de ces mots définis une fois pour toutes que
les
échanges d’idées pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les
1658
ots définis une fois pour toutes que les échanges
d’
idées pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les lieux commu
1659
pouvaient se produire sans erreur ni malentendu.
Les
lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècl
1660
r ni malentendu. Les lieux communs étaient donc à
la
base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi no
1661
entendu. Les lieux communs étaient donc à la base
de
toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi nous ? Pre
1662
Les lieux communs étaient donc à la base de toute
la
vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi nous ? Prenons troi
1663
ils devenus parmi nous ? Prenons trois mots parmi
les
plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : espr
1664
Prenons trois mots parmi les plus fréquents dans
les
discours et les écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je
1665
ots parmi les plus fréquents dans les discours et
les
écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le
1666
es plus fréquents dans les discours et les écrits
de
notre époque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le mot espri
1667
poque : esprit, liberté et ordre. Je constate que
le
mot esprit a déjà vingt-neuf sens différents dans le dictionnaire de
1668
mot esprit a déjà vingt-neuf sens différents dans
le
dictionnaire de Littré. Mais cela n’est pas un mal, car ces sens, jus
1669
à vingt-neuf sens différents dans le dictionnaire
de
Littré. Mais cela n’est pas un mal, car ces sens, justement, sont exa
1670
personne ne s’entend. Tout le monde veut défendre
l’
esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pou
1671
veut défendre l’esprit, mais pour certains, c’est
le
Saint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine
1672
esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit
de
la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine ou l’ensemble de
1673
rit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de
la
théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine ou l’ensemble de la
1674
aint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est
la
raison humaine ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit s
1675
ologie, pour d’autres, c’est la raison humaine ou
l’
ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des
1676
r d’autres, c’est la raison humaine ou l’ensemble
de
la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des délicats,
1677
’autres, c’est la raison humaine ou l’ensemble de
la
culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des délicats, et
1678
maine ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci,
l’
esprit signifiera le luxe des délicats, et pour cet autre, l’activité
1679
de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera
le
luxe des délicats, et pour cet autre, l’activité révolutionnaire des
1680
gnifiera le luxe des délicats, et pour cet autre,
l’
activité révolutionnaire des créateurs. Si j’affirme que mon but est d
1681
naire des créateurs. Si j’affirme que mon but est
de
sauver l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrèt
1682
créateurs. Si j’affirme que mon but est de sauver
l’
esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je
1683
Si j’affirme que mon but est de sauver l’esprit,
le
marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je m’évade da
1684
r l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige
la
vie concrète, que je m’évade dans le spiritualisme, alors que je ne v
1685
e je néglige la vie concrète, que je m’évade dans
le
spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’esprit que dans l
1686
évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois
de
salut pour l’esprit que dans la présence effective de la pensée et de
1687
spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour
l’
esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à tout
1688
rs que je ne vois de salut pour l’esprit que dans
la
présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de
1689
alut pour l’esprit que dans la présence effective
de
la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté :
1690
t pour l’esprit que dans la présence effective de
la
pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : to
1691
it que dans la présence effective de la pensée et
de
la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : tout le monde l
1692
que dans la présence effective de la pensée et de
la
foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : tout le monde l’in
1693
ence effective de la pensée et de la foi à toutes
les
misères de ce monde. La liberté : tout le monde l’invoque, n’est-ce p
1694
ve de la pensée et de la foi à toutes les misères
de
ce monde. La liberté : tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais p
1695
ée et de la foi à toutes les misères de ce monde.
La
liberté : tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais pour l’économi
1696
s misères de ce monde. La liberté : tout le monde
l’
invoque, n’est-ce pas ? Mais pour l’économiste libéral, cela signifie
1697
tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais pour
l’
économiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le
1698
s ? Mais pour l’économiste libéral, cela signifie
le
droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’indiv
1699
pour l’économiste libéral, cela signifie le droit
de
ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste
1700
nomiste libéral, cela signifie le droit de ruiner
le
voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisa
1701
l, cela signifie le droit de ruiner le voisin par
le
jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le
1702
signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu
de
la concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le refus
1703
gnifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de
la
concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le refus d’o
1704
ner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour
l’
individualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à l’État ; dans t
1705
ence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera
le
refus d’obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer
1706
ur l’individualiste anarchisant, ce sera le refus
d’
obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’au
1707
idualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à
l’
État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents au
1708
e sera le refus d’obéir à l’État ; dans tel pays,
la
liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents au prix de dures privation
1709
prix de dures privations ; dans un deuxième pays,
la
liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’annexer un voisin
1710
ns ; dans un deuxième pays, la liberté signifiera
le
droit pour le plus fort de s’annexer un voisin faible ; dans un trois
1711
euxième pays, la liberté signifiera le droit pour
le
plus fort de s’annexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la
1712
la liberté signifiera le droit pour le plus fort
de
s’annexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la liberté sera
1713
nnexer un voisin faible ; dans un troisième pays,
la
liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce qu
1714
n troisième pays, la liberté sera tout simplement
la
permission de dire à haute voix ce que l’on pense. Et quand ces trois
1715
ys, la liberté sera tout simplement la permission
de
dire à haute voix ce que l’on pense. Et quand ces trois pays se feron
1716
plement la permission de dire à haute voix ce que
l’
on pense. Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils la feront t
1717
que l’on pense. Et quand ces trois pays se feront
la
guerre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin sig
1718
Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils
la
feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt
1719
se feront la guerre, ils la feront tous au nom de
la
liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt le statu quo social, si a
1720
erre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et
l’
ordre enfin signifiera tantôt le statu quo social, si absurde qu’il so
1721
de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt
le
statu quo social, si absurde qu’il soit, tantôt l’établissement d’une
1722
e statu quo social, si absurde qu’il soit, tantôt
l’
établissement d’une hiérarchie nouvelle au prix d’une révolution, tant
1723
al, si absurde qu’il soit, tantôt l’établissement
d’
une hiérarchie nouvelle au prix d’une révolution, tantôt la suppressio
1724
l’établissement d’une hiérarchie nouvelle au prix
d’
une révolution, tantôt la suppression physique de tous ceux qui critiq
1725
rarchie nouvelle au prix d’une révolution, tantôt
la
suppression physique de tous ceux qui critiquent le désordre établi,
1726
d’une révolution, tantôt la suppression physique
de
tous ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt le fait qu’on n’a
1727
suppression physique de tous ceux qui critiquent
le
désordre établi, tantôt le fait qu’on n’assassine plus dans la rue ma
1728
us ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt
le
fait qu’on n’assassine plus dans la rue mais seulement dans les priso
1729
tabli, tantôt le fait qu’on n’assassine plus dans
la
rue mais seulement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire
1730
n’assassine plus dans la rue mais seulement dans
les
prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principa
1731
plus dans la rue mais seulement dans les prisons
d’
État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principales de la m
1732
lement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à
le
dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples rési
1733
site pas à le dire : l’une des causes principales
de
la mésentente des peuples réside dans ce désordre du langage, et dans
1734
e pas à le dire : l’une des causes principales de
la
mésentente des peuples réside dans ce désordre du langage, et dans l’
1735
uples réside dans ce désordre du langage, et dans
l’
absence de toute autorité morale capable d’y porter remède. Car qui pe
1736
de dans ce désordre du langage, et dans l’absence
de
toute autorité morale capable d’y porter remède. Car qui peut fixer a
1737
t dans l’absence de toute autorité morale capable
d’
y porter remède. Car qui peut fixer aujourd’hui le véritable sens des
1738
d’y porter remède. Car qui peut fixer aujourd’hui
le
véritable sens des mots ? En d’autres temps, c’étaient l’Église et la
1739
able sens des mots ? En d’autres temps, c’étaient
l’
Église et la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écriva
1740
s mots ? En d’autres temps, c’étaient l’Église et
la
théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écrivains. Mais qu
1741
la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent
les
écrivains. Mais que peuvent-ils dans notre monde démesuré ? Un Valéry
1742
léry, un Gide ou un Claudel ont quelques milliers
de
lecteurs, tandis que la presse du soir et la radio atteignent chaque
1743
del ont quelques milliers de lecteurs, tandis que
la
presse du soir et la radio atteignent chaque jour des millions d’homm
1744
iers de lecteurs, tandis que la presse du soir et
la
radio atteignent chaque jour des millions d’hommes, et c’est tout un
1745
r et la radio atteignent chaque jour des millions
d’
hommes, et c’est tout un domaine du langage que l’écrivain ne contrôle
1746
d’hommes, et c’est tout un domaine du langage que
l’
écrivain ne contrôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas. Ainsi se c
1747
ne forme pas, n’atteint même pas. Ainsi se créent
d’
énormes zones d’échanges verbaux incontrôlés. Et plus on y échange de
1748
atteint même pas. Ainsi se créent d’énormes zones
d’
échanges verbaux incontrôlés. Et plus on y échange de mots, plus ils p
1749
changes verbaux incontrôlés. Et plus on y échange
de
mots, plus ils perdent leur force et leur sens, et leur délicatesse d
1750
dent leur force et leur sens, et leur délicatesse
d’
appel. Alors les écrivains, qui n’ont pas d’autres armes que les mots,
1751
et leur sens, et leur délicatesse d’appel. Alors
les
écrivains, qui n’ont pas d’autres armes que les mots, se voient privé
1752
s les écrivains, qui n’ont pas d’autres armes que
les
mots, se voient privés de tout moyen d’agir. Leurs conseils, leurs ap
1753
pas d’autres armes que les mots, se voient privés
de
tout moyen d’agir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les
1754
rmes que les mots, se voient privés de tout moyen
d’
agir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les hommes échange
1755
ir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus.
Les
hommes échangent des paroles en plus grand nombre que jamais, et ne s
1756
jamais, et ne se disent rien qui compte. Or quand
la
parole se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un
1757
quand la parole se détruit, quand elle n’est plus
le
don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son ê
1758
omme fait à un homme, et qui engage quelque chose
de
son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de
1759
e, et qui engage quelque chose de son être, c’est
l’
amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté.
1760
son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit,
le
fondement même de toute communauté. Alors paraît le règne de la force
1761
’amitié humaine qui se détruit, le fondement même
de
toute communauté. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle autori
1762
fondement même de toute communauté. Alors paraît
le
règne de la force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le se
1763
t même de toute communauté. Alors paraît le règne
de
la force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le sens des mo
1764
ême de toute communauté. Alors paraît le règne de
la
force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le sens des mots,
1765
rce ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer
le
sens des mots, la propagande brutale s’en chargera. À la place des gr
1766
orité spirituelle ne peut fixer le sens des mots,
la
propagande brutale s’en chargera. À la place des grands lieux communs
1767
des mots, la propagande brutale s’en chargera. À
la
place des grands lieux communs chargés de sens traditionnel, nous aur
1768
gera. À la place des grands lieux communs chargés
de
sens traditionnel, nous aurons des slogans, des mots d’ordre simplist
1769
rons des slogans, des mots d’ordre simplistes. Et
l’
on pourra changer le sens des mots sept fois par an, selon les besoins
1770
s mots d’ordre simplistes. Et l’on pourra changer
le
sens des mots sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est
1771
changer le sens des mots sept fois par an, selon
les
besoins de la cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre d’une
1772
sens des mots sept fois par an, selon les besoins
de
la cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre d’une grande pui
1773
s des mots sept fois par an, selon les besoins de
la
cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre d’une grande puissa
1774
soins de la cause. C’est ainsi que tout récemment
le
ministre d’une grande puissance, le camarade Molotov, déclarait que l
1775
cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre
d’
une grande puissance, le camarade Molotov, déclarait que le mot d’agre
1776
out récemment le ministre d’une grande puissance,
le
camarade Molotov, déclarait que le mot d’agression avait changé de se
1777
nde puissance, le camarade Molotov, déclarait que
le
mot d’agression avait changé de sens depuis ce printemps, « les événe
1778
ssance, le camarade Molotov, déclarait que le mot
d’
agression avait changé de sens depuis ce printemps, « les événements l
1779
ov, déclarait que le mot d’agression avait changé
de
sens depuis ce printemps, « les événements lui ayant donné un contenu
1780
ssion avait changé de sens depuis ce printemps, «
les
événements lui ayant donné un contenu historique nouveau », exactemen
1781
contenu historique nouveau », exactement inverse
de
l’ancien… Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice a
1782
ntenu historique nouveau », exactement inverse de
l’
ancien… Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice au p
1783
Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue
d’
Alice au pays des Merveilles (qui est un de mes livres préférés), dial
1784
alogue d’Alice au pays des Merveilles (qui est un
de
mes livres préférés), dialogue dont voici trois répliques : « Quand j
1785
e dont voici trois répliques : « Quand je me sers
d’
un mot, dit Humpty Dumpty d’un ton méprisant, il signifie exactement c
1786
: « Quand je me sers d’un mot, dit Humpty Dumpty
d’
un ton méprisant, il signifie exactement ce que je veux qu’il signifie
1787
e que je veux qu’il signifie… ni plus ni moins. —
La
question est de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes
1788
’il signifie… ni plus ni moins. — La question est
de
savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes mots signifient
1789
st de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que
les
mêmes mots signifient des choses différentes ? — La question est de s
1790
mêmes mots signifient des choses différentes ? —
La
question est de savoir, dit Humpty Dumpty, qui est le plus fort… et c
1791
ifient des choses différentes ? — La question est
de
savoir, dit Humpty Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout. » Nou
1792
uestion est de savoir, dit Humpty Dumpty, qui est
le
plus fort… et c’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est le p
1793
’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est
le
plus fort qui définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice.
1794
es exactement là : c’est le plus fort qui définit
le
sens des mots et qui l’impose à son caprice. Eh ! bien, je dis que lo
1795
le plus fort qui définit le sens des mots et qui
l’
impose à son caprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive à une
1796
rrive à une pareille décadence des lieux communs,
la
culture est à l’agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politiq
1797
lle décadence des lieux communs, la culture est à
l’
agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politique devient pratiq
1798
s, la culture est à l’agonie. Mais en même temps,
la
vie sociale et politique devient pratiquement impossible. Les masses
1799
ale et politique devient pratiquement impossible.
Les
masses le sentent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les tro
1800
tique devient pratiquement impossible. Les masses
le
sentent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les trop grands p
1801
impossible. Les masses le sentent aussi bien que
les
chefs, obscurément, dans les trop grands pays. C’est une angoisse inf
1802
ntent aussi bien que les chefs, obscurément, dans
les
trop grands pays. C’est une angoisse informulée, mais dont les signes
1803
ds pays. C’est une angoisse informulée, mais dont
les
signes sont partout. L’appel au dictateur Or maintenant, de cet
1804
informulée, mais dont les signes sont partout.
L’
appel au dictateur Or maintenant, de cette angoisse monte un appel,
1805
artout. L’appel au dictateur Or maintenant,
de
cette angoisse monte un appel, le formidable et inconscient appel des
1806
Or maintenant, de cette angoisse monte un appel,
le
formidable et inconscient appel des masses vers une communauté humain
1807
maine rénovée dans son esprit et dans ses signes,
l’
appel de toute l’Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaur
1808
novée dans son esprit et dans ses signes, l’appel
de
toute l’Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vi
1809
s son esprit et dans ses signes, l’appel de toute
l’
Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vivante. Et
1810
e et vivante. Et c’est à cet appel qu’ont répondu
les
chefs des grands mouvements collectivistes. Tout leur génie, s’il fau
1811
leur en reconnaître, a consisté à deviner — avant
les
intellectuels ! — la vraie nature de l’angoisse des foules, pour lui
1812
consisté à deviner — avant les intellectuels ! —
la
vraie nature de l’angoisse des foules, pour lui donner une réponse à
1813
ner — avant les intellectuels ! — la vraie nature
de
l’angoisse des foules, pour lui donner une réponse à la fois frappant
1814
— avant les intellectuels ! — la vraie nature de
l’
angoisse des foules, pour lui donner une réponse à la fois frappante e
1815
dit. C’est bien simple. Nous allons proclamer que
l’
intérêt de l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule rè
1816
bien simple. Nous allons proclamer que l’intérêt
de
l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de tou
1817
en simple. Nous allons proclamer que l’intérêt de
l’
État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute
1818
que l’intérêt de l’État dont nous sommes devenus
les
maîtres est la seule règle de toute activité, culturelle, politique,
1819
e l’État dont nous sommes devenus les maîtres est
la
seule règle de toute activité, culturelle, politique, ou même religie
1820
ous sommes devenus les maîtres est la seule règle
de
toute activité, culturelle, politique, ou même religieuse. » C’était
1821
politique, ou même religieuse. » C’était un coup
de
génie, si le génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients
1822
u même religieuse. » C’était un coup de génie, si
le
génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients désirs d’une
1823
nie, si le génie consiste à deviner et à prévenir
les
inconscients désirs d’une nation. Mais on peut avoir du génie et fair
1824
e à deviner et à prévenir les inconscients désirs
d’
une nation. Mais on peut avoir du génie et faire de grosses fautes de
1825
’une nation. Mais on peut avoir du génie et faire
de
grosses fautes de calcul. Surtout quand on est très pressé. Or il est
1826
on peut avoir du génie et faire de grosses fautes
de
calcul. Surtout quand on est très pressé. Or il est certain que ces c
1827
es chefs étaient horriblement pressés, à cause de
la
misère que subissaient leurs peuples. Et voici la faute de calcul qu’
1828
la misère que subissaient leurs peuples. Et voici
la
faute de calcul qu’ils me paraissent avoir commise : ils ont voulu im
1829
araissent avoir commise : ils ont voulu imposer à
l’
ensemble des principes qui étaient partiels. La discipline d’État, ou
1830
à l’ensemble des principes qui étaient partiels.
La
discipline d’État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réali
1831
des principes qui étaient partiels. La discipline
d’
État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réalités. Mais des
1832
es qui étaient partiels. La discipline d’État, ou
le
sang, ou la classe, ce sont certes des réalités. Mais des réalités pa
1833
nt partiels. La discipline d’État, ou le sang, ou
la
classe, ce sont certes des réalités. Mais des réalités partielles. Si
1834
es des réalités. Mais des réalités partielles. Si
la
loi qu’on impose à tous est calculée seulement pour certains types, s
1835
une odieuse tyrannie pour tous ceux qui débordent
le
cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment humains. L’app
1836
i débordent le cadre, c’est autant dire pour tous
les
hommes vraiment humains. L’appel des peuples reste insatisfait. Il co
1837
utant dire pour tous les hommes vraiment humains.
L’
appel des peuples reste insatisfait. Il continue à nous poser la plus
1838
uples reste insatisfait. Il continue à nous poser
la
plus sérieuse question humaine. Et s’il n’est pas encore aussi tragiq
1839
re aussi tragique dans des pays moins menacés par
la
misère, comme par exemple nos petits États neutres, ne nous faisons p
1840
ple nos petits États neutres, ne nous faisons pas
d’
illusions : tôt ou tard, là aussi, cet appel exigera une réponse. Rest
1841
igera une réponse. Reste à savoir si nous saurons
la
lui donner, si nous saurons utiliser le délai qui nous est accordé, à
1842
s saurons la lui donner, si nous saurons utiliser
le
délai qui nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vr
1843
ns utiliser le délai qui nous est accordé, à nous
les
neutres, pour découvrir les vraies causes du mal, et non seulement po
1844
s est accordé, à nous les neutres, pour découvrir
les
vraies causes du mal, et non seulement pour décrire ses remèdes, mais
1845
ement pour décrire ses remèdes, mais surtout pour
les
essayer sur nous d’abord. À la recherche de l’homme réel … Sur
1846
s surtout pour les essayer sur nous d’abord. À
la
recherche de l’homme réel … Sur quel principe pourrions-nous rebât
1847
r les essayer sur nous d’abord. À la recherche
de
l’homme réel … Sur quel principe pourrions-nous rebâtir un monde q
1848
es essayer sur nous d’abord. À la recherche de
l’
homme réel … Sur quel principe pourrions-nous rebâtir un monde qui
1849
nous rebâtir un monde qui soit vraiment à hauteur
d’
homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit soient de nouvea
1850
qui soit vraiment à hauteur d’homme ? Un monde où
la
pensée, la culture et l’esprit soient de nouveau capables d’agir ? Et
1851
aiment à hauteur d’homme ? Un monde où la pensée,
la
culture et l’esprit soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est
1852
ur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et
l’
esprit soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est l’attitude de
1853
la culture et l’esprit soient de nouveau capables
d’
agir ? Et quelle est l’attitude de pensée qui peut nous orienter dès à
1854
soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est
l’
attitude de pensée qui peut nous orienter dès à présent vers une commu
1855
ouveau capables d’agir ? Et quelle est l’attitude
de
pensée qui peut nous orienter dès à présent vers une communauté solid
1856
? Il nous faut rapprendre à penser, à penser dans
le
train de l’action, oui, à penser avec les mains. Il nous faut voir qu
1857
faut rapprendre à penser, à penser dans le train
de
l’action, oui, à penser avec les mains. Il nous faut voir que tout dé
1858
ut rapprendre à penser, à penser dans le train de
l’
action, oui, à penser avec les mains. Il nous faut voir que tout dépen
1859
Il nous faut voir que tout dépend en premier lieu
de
notre état d’esprit. S’il change, tout commence à changer. S’il ne ch
1860
ut commence à changer. S’il ne change pas, toutes
les
réformes matérielles sont inutiles et tournent au malheur. Car le mal
1861
rielles sont inutiles et tournent au malheur. Car
le
mal qui est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est
1862
s et tournent au malheur. Car le mal qui est dans
l’
action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Et
1863
ui est dans l’action n’a pas d’autres racines que
le
mal qui est dans la pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens
1864
n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans
la
pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens ou intellectuels, t
1865
e : politiciens ou intellectuels, tous ont oublié
l’
homme dans leurs calculs, ou bien se sont trompés sur sa nature. Ils o
1866
bien se sont trompés sur sa nature. Ils ont perdu
de
vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et c’est pourq
1867
s ont perdu de vue sa définition même. Leur point
de
départ est faux, et c’est pourquoi leurs efforts, même les plus sincè
1868
t est faux, et c’est pourquoi leurs efforts, même
les
plus sincères, aboutissent au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a
1869
s, même les plus sincères, aboutissent au malheur
de
l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des inte
1870
même les plus sincères, aboutissent au malheur de
l’
homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des intelle
1871
au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a perdu
la
mesure, le seul devoir des intellectuels — et j’ajouterai : leur seul
1872
de l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure,
le
seul devoir des intellectuels — et j’ajouterai : leur seul pouvoir —
1873
— et j’ajouterai : leur seul pouvoir — c’est donc
de
rechercher l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’homme ne t
1874
ai : leur seul pouvoir — c’est donc de rechercher
l’
homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa plein
1875
voir — c’est donc de rechercher l’homme perdu. Or
l’
histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa pleine réalité et sa me
1876
her l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que
l’
homme ne trouve sa pleine réalité et sa mesure qu’au sein d’un groupe
1877
i trop vaste ni trop étroit. Il n’est pas bon que
l’
homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule. Le
1878
l’homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que
l’
homme soit foule. Le monde rationaliste et libéral supposait que l’hum
1879
il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule.
Le
monde rationaliste et libéral supposait que l’humanité n’était qu’un
1880
e. Le monde rationaliste et libéral supposait que
l’
humanité n’était qu’un assemblage d’individus, d’hommes qui avaient su
1881
supposait que l’humanité n’était qu’un assemblage
d’
individus, d’hommes qui avaient surtout des droits légaux, et très peu
1882
l’humanité n’était qu’un assemblage d’individus,
d’
hommes qui avaient surtout des droits légaux, et très peu de devoirs n
1883
s droits légaux, et très peu de devoirs naturels.
L’
individu rationaliste, c’était un homme in abstracto, privé d’attaches
1884
ationaliste, c’était un homme in abstracto, privé
d’
attaches avec le sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré
1885
tait un homme in abstracto, privé d’attaches avec
le
sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré des servitudes
1886
homme in abstracto, privé d’attaches avec le sol,
la
patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré des servitudes et des t
1887
racto, privé d’attaches avec le sol, la patrie et
l’
hérédité. C’était un homme libéré des servitudes et des tabous de la t
1888
tait un homme libéré des servitudes et des tabous
de
la tribu, mais en même temps privé de relations concrètes. Or la comm
1889
t un homme libéré des servitudes et des tabous de
la
tribu, mais en même temps privé de relations concrètes. Or la communa
1890
des tabous de la tribu, mais en même temps privé
de
relations concrètes. Or la communauté des hommes se fonde d’abord sur
1891
is en même temps privé de relations concrètes. Or
la
communauté des hommes se fonde d’abord sur des relations charnelles e
1892
relations charnelles et concrètes. C’est pourquoi
l’
individualisme qui les néglige est une doctrine antisociale. Elle a po
1893
et concrètes. C’est pourquoi l’individualisme qui
les
néglige est une doctrine antisociale. Elle a pour effet mécanique de
1894
doctrine antisociale. Elle a pour effet mécanique
de
dissocier toute communauté naturelle. Et alors se produit le phénomèn
1895
r toute communauté naturelle. Et alors se produit
le
phénomène auquel nous avons assisté depuis une trentaine d’années. L’
1896
ne auquel nous avons assisté depuis une trentaine
d’
années. L’homme isolé, dans un monde trop vaste, ne se sent plus porté
1897
nous avons assisté depuis une trentaine d’années.
L’
homme isolé, dans un monde trop vaste, ne se sent plus porté au sein d
1898
pe. Déraciné, il flotte, il erre, il n’offre plus
de
résistance aux courants d’opinion, aux modes, à la publicité des gran
1899
erre, il n’offre plus de résistance aux courants
d’
opinion, aux modes, à la publicité des grandes firmes et des grands pa
1900
e résistance aux courants d’opinion, aux modes, à
la
publicité des grandes firmes et des grands partis politiques. À ce mo
1901
oduit fatalement ce que j’appellerai un sentiment
de
vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse, d’où naît le besoin
1902
erai un sentiment de vide social. C’est une sorte
d’
angoisse diffuse, d’où naît le besoin d’un coude à coude où l’individu
1903
vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse,
d’
où naît le besoin d’un coude à coude où l’individu isolé retrouve des
1904
al. C’est une sorte d’angoisse diffuse, d’où naît
le
besoin d’un coude à coude où l’individu isolé retrouve des contrainte
1905
une sorte d’angoisse diffuse, d’où naît le besoin
d’
un coude à coude où l’individu isolé retrouve des contraintes qui le r
1906
iffuse, d’où naît le besoin d’un coude à coude où
l’
individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent. Appel à une
1907
où l’individu isolé retrouve des contraintes qui
le
rassurent. Appel à une communauté : c’est le secret de toute révoluti
1908
qui le rassurent. Appel à une communauté : c’est
le
secret de toute révolution. Alors, d’un coup de balancier, nous nous
1909
ssurent. Appel à une communauté : c’est le secret
de
toute révolution. Alors, d’un coup de balancier, nous nous trouvons p
1910
uté : c’est le secret de toute révolution. Alors,
d’
un coup de balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui es
1911
t le secret de toute révolution. Alors, d’un coup
de
balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est le pôle
1912
nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est
le
pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Europe peut être ramenée à
1913
’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute
l’
histoire de l’Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un
1914
, qui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire
de
l’Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’au
1915
ui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de
l’
Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’autre
1916
urope peut être ramenée à ces grands balancements
d’
un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’ét
1917
à ces grands balancements d’un pôle à l’autre. À
l’
anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme romain. Au colle
1918
d’un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste
de
la Grèce répond l’étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen Â
1919
un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de
la
Grèce répond l’étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen Âge
1920
e. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond
l’
étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen Âge répond la révolt
1921
main. Au collectivisme sacral du Moyen Âge répond
la
révolte individualiste de la Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle os
1922
ral du Moyen Âge répond la révolte individualiste
de
la Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier : l
1923
du Moyen Âge répond la révolte individualiste de
la
Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier : le v
1924
aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier :
le
vide social créé par l’individualisme du siècle passé appelle une pui
1925
scillation du balancier : le vide social créé par
l’
individualisme du siècle passé appelle une puissante réaction collecti
1926
ssante réaction collective. Sortirons-nous jamais
de
cette dialectique, dont les phases et les renversements menacent aujo
1927
Sortirons-nous jamais de cette dialectique, dont
les
phases et les renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’Europe
1928
s jamais de cette dialectique, dont les phases et
les
renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’Europe ? Il s’agit de
1929
phases et les renversements menacent aujourd’hui
d’
anéantir l’Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que
1930
les renversements menacent aujourd’hui d’anéantir
l’
Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posen
1931
acent aujourd’hui d’anéantir l’Europe ? Il s’agit
de
résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les relations de l’
1932
d’anéantir l’Europe ? Il s’agit de résoudre enfin
l’
éternel problème que nous posent les relations de l’individu et de la
1933
résoudre enfin l’éternel problème que nous posent
les
relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que
1934
l’éternel problème que nous posent les relations
de
l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concr
1935
éternel problème que nous posent les relations de
l’
individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret
1936
me que nous posent les relations de l’individu et
de
la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le R
1937
que nous posent les relations de l’individu et de
la
collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robi
1938
ns de l’individu et de la collectivité. Il s’agit
de
voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni
1939
vidu et de la collectivité. Il s’agit de voir que
l’
homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme nu
1940
. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas
le
Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme numéro d’un rang, mais qu’il
1941
de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson
d’
une île déserte, ni l’anonyme numéro d’un rang, mais qu’il est à la fo
1942
ncret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni
l’
anonyme numéro d’un rang, mais qu’il est à la fois un être unique et u
1943
e Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme numéro
d’
un rang, mais qu’il est à la fois un être unique et un être qui a des
1944
upe, être un homme libre et pourtant relié, c’est
l’
idéal de l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie !
1945
e un homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal
de
l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce p
1946
n homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal de
l’
homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce prob
1947
e a été résolu, cet idéal réalisé, au ier siècle
de
notre ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien pri
1948
t idéal réalisé, au ier siècle de notre ère, par
les
communautés de l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme
1949
au ier siècle de notre ère, par les communautés
de
l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de
1950
ier siècle de notre ère, par les communautés de
l’
Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa
1951
e ère, par les communautés de l’Église primitive.
Le
chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa conversion, se trou
1952
e. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait
de
sa conversion, se trouve chargé d’une vocation particulière qui le di
1953
e qui, du fait de sa conversion, se trouve chargé
d’
une vocation particulière qui le distingue de tous ses voisins ; mais
1954
se trouve chargé d’une vocation particulière qui
le
distingue de tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation uni
1955
argé d’une vocation particulière qui le distingue
de
tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation unique le met en
1956
oisins ; mais d’autre part, cette vocation unique
le
met en relation avec des frères et l’introduit dans une communauté no
1957
tion unique le met en relation avec des frères et
l’
introduit dans une communauté nouvelle. Voilà l’homme que j’appelle un
1958
t l’introduit dans une communauté nouvelle. Voilà
l’
homme que j’appelle une personne : il est à la fois libre et engagé, e
1959
bre et engagé, et il est libéré par cela même qui
l’
engage envers son prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien, je
1960
je veux dire par sa vocation. Eh bien, je dis que
les
maux dont nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne.
1961
dont nous souffrons sont avant tout des maladies
de
la personne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocatio
1962
nt nous souffrons sont avant tout des maladies de
la
personne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation e
1963
ont avant tout des maladies de la personne. Quand
l’
homme oublie qu’il est responsable de sa vocation envers ses prochains
1964
sonne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable
de
sa vocation envers ses prochains, il devient individualiste. Et quand
1965
ualiste. Et quand il oublie qu’il est responsable
de
sa vocation envers lui-même, il devient collectiviste. L’homme comple
1966
cation envers lui-même, il devient collectiviste.
L’
homme complet et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre d’être
1967
et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre
d’
être soi-même vis-à-vis de l’ensemble, et engagé vis-à-vis de cet ense
1968
sait à la fois libre d’être soi-même vis-à-vis de
l’
ensemble, et engagé vis-à-vis de cet ensemble par l’exercice d’une voc
1969
ensemble, et engagé vis-à-vis de cet ensemble par
l’
exercice d’une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet h
1970
t engagé vis-à-vis de cet ensemble par l’exercice
d’
une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel q
1971
de cet ensemble par l’exercice d’une vocation qui
le
relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout rebâ
1972
ons montré que c’est justement cet homme-là qui a
le
plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car s
1973
ré que c’est justement cet homme-là qui a le plus
de
peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car supposez
1974
le plus de peine à subsister ou à se former dans
le
monde moderne. Car supposez qu’un homme se sente une vocation et déci
1975
posez qu’un homme se sente une vocation et décide
de
la réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que l’histoire et la
1976
ez qu’un homme se sente une vocation et décide de
la
réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que l’histoire et la so
1977
réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que
l’
histoire et la sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-il se
1978
e trouve en présence d’un monde que l’histoire et
la
sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-il seul, contre ces
1979
onde que l’histoire et la sociologie ont encombré
de
lois fatales. Que peut-il seul, contre ces lois ? Il faut donc, s’il
1980
bit une discipline qui ne s’accommode pas du tout
de
sa vocation personnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la cul
1981
as du tout de sa vocation personnelle. Voici donc
le
dilemme où nous placent la culture actuelle et le monde actuel : ou b
1982
ersonnelle. Voici donc le dilemme où nous placent
la
culture actuelle et le monde actuel : ou bien tu veux rester toi-même
1983
le dilemme où nous placent la culture actuelle et
le
monde actuel : ou bien tu veux rester toi-même, mais alors tu ne pour
1984
en tu veux faire quelque chose, mais alors, cesse
d’
être toi-même ! Comment sortir de ce cercle vicieux ? Par un changemen
1985
ais alors, cesse d’être toi-même ! Comment sortir
de
ce cercle vicieux ? Par un changement d’état d’esprit aussi bien chez
1986
t sortir de ce cercle vicieux ? Par un changement
d’
état d’esprit aussi bien chez les intellectuels créateurs que chez les
1987
Par un changement d’état d’esprit aussi bien chez
les
intellectuels créateurs que chez les amateurs de vraie culture, les l
1988
si bien chez les intellectuels créateurs que chez
les
amateurs de vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est
1989
les intellectuels créateurs que chez les amateurs
de
vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce chang
1990
créateurs que chez les amateurs de vraie culture,
les
lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’espr
1991
chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs,
le
public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’esprit que sortir
1992
lture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est
de
ce changement d’état d’esprit que sortira la possibilité de repenser
1993
rs, le public cultivé. Car c’est de ce changement
d’
état d’esprit que sortira la possibilité de repenser une société. R
1994
’est de ce changement d’état d’esprit que sortira
la
possibilité de repenser une société. Raisons d’espérer : la cultur
1995
gement d’état d’esprit que sortira la possibilité
de
repenser une société. Raisons d’espérer : la culture et les groupe
1996
a possibilité de repenser une société. Raisons
d’
espérer : la culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintena
1997
é de repenser une société. Raisons d’espérer :
la
culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les rais
1998
une société. Raisons d’espérer : la culture et
les
groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai d’
1999
les groupes Je voudrais vous dire, maintenant,
les
raisons que j’ai d’espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vo
2000
drais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai
d’
espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vous énumérer les prem
2001
vous énumérer les premiers succès remportés, dans
la
bataille de la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fa
2002
r les premiers succès remportés, dans la bataille
de
la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce
2003
es premiers succès remportés, dans la bataille de
la
culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce qui
2004
rtés, dans la bataille de la culture moderne, par
l’
esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellec
2005
de la culture moderne, par l’esprit créateur sur
l’
esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le
2006
réateur sur l’esprit fataliste. Ce qui paralysait
les
intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les destins de la ci
2007
Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient
le
besoin d’agir sur les destins de la cité, c’était, depuis Hegel, Augu
2008
alysait les intellectuels qui sentaient le besoin
d’
agir sur les destins de la cité, c’était, depuis Hegel, Auguste Comte,
2009
intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur
les
destins de la cité, c’était, depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’
2010
ls qui sentaient le besoin d’agir sur les destins
de
la cité, c’était, depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que l’
2011
qui sentaient le besoin d’agir sur les destins de
la
cité, c’était, depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que l’His
2012
é, c’était, depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx,
l’
idée que l’Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’homme ne peut
2013
depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que
l’
Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’homme ne peut rien. Conc
2014
que l’Histoire obéit à des lois contre lesquelles
l’
homme ne peut rien. Conception très lugubre, mais commode, car elle ju
2015
n très lugubre, mais commode, car elle justifiait
l’
inaction ou la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois
2016
, mais commode, car elle justifiait l’inaction ou
la
retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois fatales avait
2017
ar elle justifiait l’inaction ou la retraite dans
les
bibliothèques. Or cette idée de lois fatales avait été empruntée à la
2018
la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée
de
lois fatales avait été empruntée à la science, et transportée abusive
2019
cette idée de lois fatales avait été empruntée à
la
science, et transportée abusivement dans les domaines plus humains de
2020
tée à la science, et transportée abusivement dans
les
domaines plus humains de l’histoire, de la sociologie, et même de la
2021
portée abusivement dans les domaines plus humains
de
l’histoire, de la sociologie, et même de la psychologie. Et voici que
2022
tée abusivement dans les domaines plus humains de
l’
histoire, de la sociologie, et même de la psychologie. Et voici que ce
2023
ent dans les domaines plus humains de l’histoire,
de
la sociologie, et même de la psychologie. Et voici que cette idée par
2024
dans les domaines plus humains de l’histoire, de
la
sociologie, et même de la psychologie. Et voici que cette idée paraly
2025
humains de l’histoire, de la sociologie, et même
de
la psychologie. Et voici que cette idée paralysante est en train de s
2026
mains de l’histoire, de la sociologie, et même de
la
psychologie. Et voici que cette idée paralysante est en train de subi
2027
bir certains coups décisifs : ce sont précisément
les
hommes de science qui, les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reco
2028
s coups décisifs : ce sont précisément les hommes
de
science qui, les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reconnu, depui
2029
les hommes de science qui, les premiers, cessent
d’
y croire. Ils ont reconnu, depuis quelques années, que la notion de lo
2030
ire. Ils ont reconnu, depuis quelques années, que
la
notion de lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l
2031
nt reconnu, depuis quelques années, que la notion
de
lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l’homme, n’
2032
es années, que la notion de lois tout objectives,
de
lois absolument indépendantes de l’homme, n’était qu’une illusion rat
2033
tout objectives, de lois absolument indépendantes
de
l’homme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de ra
2034
t objectives, de lois absolument indépendantes de
l’
homme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de rappe
2035
it qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise
de
rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : elle a prouv
2036
on rationaliste. Qu’il me suffise de rappeler ici
les
découvertes de la physique des quanta : elle a prouvé que l’observati
2037
Qu’il me suffise de rappeler ici les découvertes
de
la physique des quanta : elle a prouvé que l’observation microscopiqu
2038
’il me suffise de rappeler ici les découvertes de
la
physique des quanta : elle a prouvé que l’observation microscopique m
2039
tes de la physique des quanta : elle a prouvé que
l’
observation microscopique modifie en réalité les phénomènes que l’on o
2040
ue l’observation microscopique modifie en réalité
les
phénomènes que l’on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui q
2041
croscopique modifie en réalité les phénomènes que
l’
on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lo
2042
ie en réalité les phénomènes que l’on observe. Et
les
savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lois scientifiques n
2043
serve. Et les savants nous disent aujourd’hui que
les
fameuses lois scientifiques ne sont en fait que de commodes conventio
2044
s fameuses lois scientifiques ne sont en fait que
de
commodes conventions, dépendant des systèmes de mesures inventés par
2045
e de commodes conventions, dépendant des systèmes
de
mesures inventés par l’esprit humain. Or si la science elle-même vien
2046
s, dépendant des systèmes de mesures inventés par
l’
esprit humain. Or si la science elle-même vient nous dire que même dan
2047
es de mesures inventés par l’esprit humain. Or si
la
science elle-même vient nous dire que même dans l’ordre matériel, il
2048
a science elle-même vient nous dire que même dans
l’
ordre matériel, il n’est plus permis de concevoir une observation impa
2049
même dans l’ordre matériel, il n’est plus permis
de
concevoir une observation impartiale, à combien plus forte raison pou
2050
combien plus forte raison pourrons-nous dénoncer
l’
illusion des historiens et sociologues qui prétendaient décrire object
2051
ociologues qui prétendaient décrire objectivement
les
lois rigides de notre société. En vérité, il n’est de lois fatales q
2052
étendaient décrire objectivement les lois rigides
de
notre société. En vérité, il n’est de lois fatales que là où l’espri
2053
is rigides de notre société. En vérité, il n’est
de
lois fatales que là où l’esprit démissionne. Toute action créatrice d
2054
é. En vérité, il n’est de lois fatales que là où
l’
esprit démissionne. Toute action créatrice de l’homme normal inflige u
2055
à où l’esprit démissionne. Toute action créatrice
de
l’homme normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statist
2056
ù l’esprit démissionne. Toute action créatrice de
l’
homme normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statistiqu
2057
normal inflige un démenti aux lois et fait mentir
les
statistiques. Ainsi les lois de la publicité ne sont exactes que dans
2058
i aux lois et fait mentir les statistiques. Ainsi
les
lois de la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’
2059
s et fait mentir les statistiques. Ainsi les lois
de
la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’est qu’u
2060
t fait mentir les statistiques. Ainsi les lois de
la
publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’est qu’un m
2061
les lois de la publicité ne sont exactes que dans
la
mesure où l’homme n’est qu’un mouton ; elles sont fausses et inexista
2062
a publicité ne sont exactes que dans la mesure où
l’
homme n’est qu’un mouton ; elles sont fausses et inexistantes dès qu’u
2063
qu’un homme redevient conscient des vrais besoins
de
sa personne. Il n’y a de loi, répétons-le, que là où l’homme renonce
2064
scient des vrais besoins de sa personne. Il n’y a
de
loi, répétons-le, que là où l’homme renonce à se manifester selon sa
2065
besoins de sa personne. Il n’y a de loi, répétons-
le
, que là où l’homme renonce à se manifester selon sa vocation particul
2066
personne. Il n’y a de loi, répétons-le, que là où
l’
homme renonce à se manifester selon sa vocation particulière. Si j’ins
2067
c’est qu’il est particulièrement libérateur pour
la
pensée et la culture en général, dans notre époque totalitaire. Nul n
2068
est particulièrement libérateur pour la pensée et
la
culture en général, dans notre époque totalitaire. Nul n’ignore, en e
2069
e époque totalitaire. Nul n’ignore, en effet, que
les
États totalitaires justifient les rigueurs de leur régime au nom de l
2070
, en effet, que les États totalitaires justifient
les
rigueurs de leur régime au nom de lois économiques, ou historiques, o
2071
ue les États totalitaires justifient les rigueurs
de
leur régime au nom de lois économiques, ou historiques, ou biologique
2072
nnent vraies, qu’en vertu d’une immense démission
de
l’esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fa
2073
nt vraies, qu’en vertu d’une immense démission de
l’
esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fait
2074
d’une immense démission de l’esprit civique dans
les
trop grands pays. Elles ne traduisent en fait qu’un immense affaissem
2075
qu’un immense affaissement du sens personnel dans
les
parties de l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solu
2076
e affaissement du sens personnel dans les parties
de
l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions total
2077
ffaissement du sens personnel dans les parties de
l’
humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions totalita
2078
parties de l’humanité contemporaine exténuées par
la
misère. Les solutions totalitaires, malgré leurs manifestations bruta
2079
l’humanité contemporaine exténuées par la misère.
Les
solutions totalitaires, malgré leurs manifestations brutales et le to
2080
litaires, malgré leurs manifestations brutales et
le
ton sur lequel on les prône, ne sont en fait que des solutions de par
2081
s manifestations brutales et le ton sur lequel on
les
prône, ne sont en fait que des solutions de paresse intellectuelle, d
2082
l on les prône, ne sont en fait que des solutions
de
paresse intellectuelle, des solutions de misère, fardées de rhétoriqu
2083
olutions de paresse intellectuelle, des solutions
de
misère, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces
2084
intellectuelle, des solutions de misère, fardées
de
rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces simplifications vi
2085
utions de misère, fardées de rhétorique héroïque.
Le
seul moyen de prévenir ces simplifications violentes qui jouent la co
2086
re, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen
de
prévenir ces simplifications violentes qui jouent la comédie de l’éne
2087
prévenir ces simplifications violentes qui jouent
la
comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normal
2088
s simplifications violentes qui jouent la comédie
de
l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple
2089
implifications violentes qui jouent la comédie de
l’
énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple. O
2090
olentes qui jouent la comédie de l’énergie, c’est
de
développer soi-même une énergie normale et souple. Or nous savons mai
2091
ore et de nouveau possible. Notre culture libérée
de
la superstition des lois fatales peut envisager de nouveau d’influenc
2092
et de nouveau possible. Notre culture libérée de
la
superstition des lois fatales peut envisager de nouveau d’influencer
2093
tition des lois fatales peut envisager de nouveau
d’
influencer le monde réel, ramené en droit, — sinon déjà en fait — aux
2094
is fatales peut envisager de nouveau d’influencer
le
monde réel, ramené en droit, — sinon déjà en fait — aux proportions d
2095
en droit, — sinon déjà en fait — aux proportions
de
l’esprit humain et de ses prises. Mais quelles seront alors les direc
2096
droit, — sinon déjà en fait — aux proportions de
l’
esprit humain et de ses prises. Mais quelles seront alors les directiv
2097
à en fait — aux proportions de l’esprit humain et
de
ses prises. Mais quelles seront alors les directives de cette action
2098
umain et de ses prises. Mais quelles seront alors
les
directives de cette action redevenue possible ? Je ne voudrais pas, i
2099
prises. Mais quelles seront alors les directives
de
cette action redevenue possible ? Je ne voudrais pas, ici, partir dan
2100
e possible ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans
l’
utopie. Je ne pense pas que les principes fondamentaux d’une société p
2101
s, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas que
les
principes fondamentaux d’une société plus harmonieuse puissent être f
2102
e. Je ne pense pas que les principes fondamentaux
d’
une société plus harmonieuse puissent être formulés dès maintenant com
2103
t être formulés dès maintenant comme un programme
de
parti politique. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de l’ense
2104
tique. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager
de
l’ensemble de mille efforts orientés par une même espérance. L’effort
2105
ue. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de
l’
ensemble de mille efforts orientés par une même espérance. L’effort de
2106
vent mûrir, et lentement se dégager de l’ensemble
de
mille efforts orientés par une même espérance. L’effort des Églises,
2107
de mille efforts orientés par une même espérance.
L’
effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme, les É
2108
ance. L’effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’à
l’
ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de l
2109
ses, tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme,
les
Églises ont été les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cit
2110
usqu’à l’ère du rationalisme, les Églises ont été
les
grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La théologie médi
2111
sme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses
de
lieux communs pour la cité. La théologie médiévale, par les Sommes de
2112
té les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour
la
cité. La théologie médiévale, par les Sommes de Thomas d’Aquin, fixai
2113
andes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité.
La
théologie médiévale, par les Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pe
2114
communs pour la cité. La théologie médiévale, par
les
Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles
2115
r la cité. La théologie médiévale, par les Sommes
de
Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles véritable
2116
évale, par les Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à
la
pensée et à l’action des règles véritablement communes, ordonnées à u
2117
Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à
l’
action des règles véritablement communes, ordonnées à une même foi, à
2118
, à une même espérance. Ainsi encore, au temps de
la
Réformation, l’Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’épo
2119
érance. Ainsi encore, au temps de la Réformation,
l’
Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne les
2120
temps de la Réformation, l’Institution chrétienne
de
Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne les Églises ont paru, elles a
2121
’Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans
l’
époque moderne les Églises ont paru, elles aussi, se détourner de tout
2122
tienne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne
les
Églises ont paru, elles aussi, se détourner de toute action régulatri
2123
e les Églises ont paru, elles aussi, se détourner
de
toute action régulatrice sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire
2124
ssi, se détourner de toute action régulatrice sur
la
cité. Elles ont assisté sans mot dire à l’essor du capitalisme et aux
2125
ce sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire à
l’
essor du capitalisme et aux transformations sociales qu’il provoquait.
2126
transformations sociales qu’il provoquait. Comme
la
culture elles ont renoncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est
2127
ncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est là
le
secret du triomphe des grands mouvements collectivistes. Si le marxis
2128
triomphe des grands mouvements collectivistes. Si
le
marxisme, par exemple, a fasciné les masses ouvrières, c’est parce qu
2129
ctivistes. Si le marxisme, par exemple, a fasciné
les
masses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de la mission social
2130
masses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé
de
la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berd
2131
sses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de
la
mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiae
2132
gé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes
les
Églises. Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtime
2133
aient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiaev
l’
a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’un christianisme devenu
2134
outes les Églises. Nicolas Berdiaev l’a bien vu :
le
bolchévisme fut le châtiment d’un christianisme devenu passif devant
2135
Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut
le
châtiment d’un christianisme devenu passif devant le monde. Or il me
2136
aev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment
d’
un christianisme devenu passif devant le monde. Or il me semble que, l
2137
châtiment d’un christianisme devenu passif devant
le
monde. Or il me semble que, là encore, un réveil soulève les Églises.
2138
Or il me semble que, là encore, un réveil soulève
les
Églises. Elles ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doc
2139
Églises. Elles ont compris qu’il ne suffisait pas
de
dénoncer les doctrines païennes mais qu’il fallait répondre mieux que
2140
es ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer
les
doctrines païennes mais qu’il fallait répondre mieux que ces doctrine
2141
qu’il fallait répondre mieux que ces doctrines à
la
question posée par l’angoisse des foules. D’où les encycliques social
2142
e mieux que ces doctrines à la question posée par
l’
angoisse des foules. D’où les encycliques sociales données par les deu
2143
es à la question posée par l’angoisse des foules.
D’
où les encycliques sociales données par les deux derniers papes. Et le
2144
la question posée par l’angoisse des foules. D’où
les
encycliques sociales données par les deux derniers papes. Et les cong
2145
foules. D’où les encycliques sociales données par
les
deux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et d’Oxford ont mont
2146
sociales données par les deux derniers papes. Et
les
congrès de Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’
2147
nnées par les deux derniers papes. Et les congrès
de
Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient
2148
ux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et
d’
Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient pas demeurer en
2149
s congrès de Stockholm et d’Oxford ont montré que
les
autres Églises n’entendaient pas demeurer en arrière. Presque tout re
2150
. Presque tout reste à faire, c’est certain. Mais
l’
important, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle de directio
2151
, c’est certain. Mais l’important, c’est qu’enfin
les
Églises retrouvent leur rôle de direction dans tous les ordres de la
2152
, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle
de
direction dans tous les ordres de la pensée et de l’action. J’ai insi
2153
lises retrouvent leur rôle de direction dans tous
les
ordres de la pensée et de l’action. J’ai insisté sur le rôle des Égli
2154
uvent leur rôle de direction dans tous les ordres
de
la pensée et de l’action. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce
2155
nt leur rôle de direction dans tous les ordres de
la
pensée et de l’action. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’
2156
de direction dans tous les ordres de la pensée et
de
l’action. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le
2157
direction dans tous les ordres de la pensée et de
l’
action. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le ty
2158
res de la pensée et de l’action. J’ai insisté sur
le
rôle des Églises parce qu’elles sont le type même des groupes au sein
2159
sisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont
le
type même des groupes au sein desquels la culture d’Occident a toujou
2160
es sont le type même des groupes au sein desquels
la
culture d’Occident a toujours trouvé ses mesures. Bien d’autres group
2161
type même des groupes au sein desquels la culture
d’
Occident a toujours trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes, je le s
2162
urs trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes, je
le
sais, sont à l’œuvre, Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement des g
2163
esures. Bien d’autres groupes, je le sais, sont à
l’
œuvre, Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement des groupes personnal
2164
je le sais, sont à l’œuvre, Mouvement des groupes
d’
Oxford, mouvement des groupes personnalistes, répandus en France et en
2165
et vingt autres mouvements analogues, tous animés
de
cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, to
2166
s mouvements analogues, tous animés de cet esprit
d’
équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en prévenan
2167
de cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir
de
l’individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est d
2168
cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de
l’
individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est dans
2169
ous guérir de l’individualisme, tout en prévenant
la
maladie collectiviste. C’est dans cette volonté de recréer des groupe
2170
a maladie collectiviste. C’est dans cette volonté
de
recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et mor
2171
C’est dans cette volonté de recréer des groupes à
la
mesure de la personne, matériellement et moralement, que je vois la c
2172
cette volonté de recréer des groupes à la mesure
de
la personne, matériellement et moralement, que je vois la commune mes
2173
tte volonté de recréer des groupes à la mesure de
la
personne, matériellement et moralement, que je vois la commune mesure
2174
rsonne, matériellement et moralement, que je vois
la
commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pou
2175
ment et moralement, que je vois la commune mesure
de
la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c
2176
t et moralement, que je vois la commune mesure de
la
cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c’es
2177
ir. Cité solide et pourtant libérale : c’est tout
le
problème à résoudre. La solution fédéraliste Par quelle voie ?
2178
libérale : c’est tout le problème à résoudre.
La
solution fédéraliste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup la t
2179
liste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup
la
tolérance, vertu qui naît en somme d’un scepticisme, car elle suppose
2180
as beaucoup la tolérance, vertu qui naît en somme
d’
un scepticisme, car elle suppose que la pensée de l’autre, qu’on tolèr
2181
t en somme d’un scepticisme, car elle suppose que
la
pensée de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je
2182
d’un scepticisme, car elle suppose que la pensée
de
l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je n’aime pa
2183
de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans
les
actes. Je n’aime pas non plus l’intolérance qui veut tout uniformiser
2184
era jamais dans les actes. Je n’aime pas non plus
l’
intolérance qui veut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’e
2185
i veut tout uniformiser, et qui est donc une mort
de
l’esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualist
2186
eut tout uniformiser, et qui est donc une mort de
l’
esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes.
2187
niformiser, et qui est donc une mort de l’esprit.
La
tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes. L’intolér
2188
est donc une mort de l’esprit. La tolérance était
la
pâle vertu des libéraux individualistes. L’intolérance est la sombre
2189
était la pâle vertu des libéraux individualistes.
L’
intolérance est la sombre vertu des partisans collectivistes. De leur
2190
u des libéraux individualistes. L’intolérance est
la
sombre vertu des partisans collectivistes. De leur lutte est sortie l
2191
est la sombre vertu des partisans collectivistes.
De
leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauv
2192
artisans collectivistes. De leur lutte est sortie
la
guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauvaise position du problème
2193
llectivistes. De leur lutte est sortie la guerre.
Le
seul moyen de dépasser cette mauvaise position du problème, c’est de
2194
De leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen
de
dépasser cette mauvaise position du problème, c’est de prévoir pour l
2195
passer cette mauvaise position du problème, c’est
de
prévoir pour la cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédé
2196
vaise position du problème, c’est de prévoir pour
la
cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme, en effe
2197
ion du problème, c’est de prévoir pour la cité et
la
culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme, en effet, suppose
2198
la cité et la culture une structure fédéraliste.
Le
fédéralisme, en effet, suppose des petits groupes et non des masses,
2199
upe qu’une vocation peut s’exercer. D’autre part,
le
fédéralisme suppose des groupes diversifiés, et par là même il offre
2200
groupes diversifiés, et par là même il offre tous
les
avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients :
2201
ifiés, et par là même il offre tous les avantages
de
la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients : car chacun da
2202
és, et par là même il offre tous les avantages de
la
tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients : car chacun dans
2203
mais non pas ses inconvénients : car chacun dans
le
groupe où il est né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner le
2204
: car chacun dans le groupe où il est né, ou dans
le
groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur de soi-même, aller au
2205
né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner
le
meilleur de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui
2206
le groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur
de
soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sér
2207
ut donner le meilleur de soi-même, aller au terme
de
sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et u
2208
de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à
l’
acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base
2209
, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui
la
rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base de la dive
2210
end sérieuse. Refaire un monde et une culture sur
la
base de la diversité des personnes et des vocations, — c’est aujourd’
2211
euse. Refaire un monde et une culture sur la base
de
la diversité des personnes et des vocations, — c’est aujourd’hui le s
2212
e. Refaire un monde et une culture sur la base de
la
diversité des personnes et des vocations, — c’est aujourd’hui le seul
2213
s personnes et des vocations, — c’est aujourd’hui
le
seul moyen de préparer une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce qu
2214
des vocations, — c’est aujourd’hui le seul moyen
de
préparer une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce que la guerre ac
2215
r une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce que
la
guerre actuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démis
2216
ès tout, qu’est-ce que la guerre actuelle ? C’est
la
rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est l
2217
ctuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et
de
la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralist
2218
elle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de
la
démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes
2219
la rançon fatale du gigantisme et de la démission
de
la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’espri
2220
rançon fatale du gigantisme et de la démission de
la
culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d
2221
igantisme et de la démission de la culture. C’est
la
faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d’uniformisation. O
2222
e. C’est la faillite des systèmes centralistes et
de
l’esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est
2223
C’est la faillite des systèmes centralistes et de
l’
esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est ju
2224
faillite des systèmes centralistes et de l’esprit
d’
uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est justement l
2225
centralistes et de l’esprit d’uniformisation. Or
le
contraire exact de cet esprit, c’est justement l’esprit fédéraliste,
2226
l’esprit d’uniformisation. Or le contraire exact
de
cet esprit, c’est justement l’esprit fédéraliste, avec sa devise para
2227
le contraire exact de cet esprit, c’est justement
l’
esprit fédéraliste, avec sa devise paradoxale : Un pour tous, tous pou
2228
riotiques ? — ou plutôt à des conclusions qui par
la
plus extraordinaire des rencontres, se trouvent être également valabl
2229
également valables pour ceux qui veulent défendre
la
culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses. La guerre actuelle
2230
culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses.
La
guerre actuelle manifeste avant tout la faillite retentissante des sy
2231
Suisses. La guerre actuelle manifeste avant tout
la
faillite retentissante des systèmes centralisateurs et gigantesques.
2232
s systèmes centralisateurs et gigantesques. C’est
la
guerre la plus antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous l
2233
centralisateurs et gigantesques. C’est la guerre
la
plus antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous la pire men
2234
gigantesques. C’est la guerre la plus antisuisse
de
toute l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même t
2235
ques. C’est la guerre la plus antisuisse de toute
l’
histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la
2236
isuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous
la
pire menace. Mais en même temps, la plus belle promesse ! Maintenant,
2237
onc pour nous la pire menace. Mais en même temps,
la
plus belle promesse ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par l
2238
même temps, la plus belle promesse ! Maintenant,
la
preuve est faite, attestée par le sang, que la solution suisse et féd
2239
e ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par
le
sang, que la solution suisse et fédérale est seule capable de fonder
2240
t, la preuve est faite, attestée par le sang, que
la
solution suisse et fédérale est seule capable de fonder la paix, puis
2241
la solution suisse et fédérale est seule capable
de
fonder la paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas not
2242
on suisse et fédérale est seule capable de fonder
la
paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil
2243
able de fonder la paix, puisque l’autre aboutit à
la
guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits q
2244
outit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui
l’
imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une
2245
Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont
les
faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence.
2246
l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à
le
reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est cela que nous avons
2247
idence. Et c’est cela que nous avons à défendre :
la
réalité fédéraliste en politique et dans tous les domaines de la cult
2248
la réalité fédéraliste en politique et dans tous
les
domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul
2249
édéraliste en politique et dans tous les domaines
de
la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet
2250
raliste en politique et dans tous les domaines de
la
culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet ave
2251
olitique et dans tous les domaines de la culture,
le
seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’
2252
s domaines de la culture, le seul avenir possible
de
l’Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent
2253
omaines de la culture, le seul avenir possible de
l’
Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. I
2254
la culture, le seul avenir possible de l’Europe.
Le
seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s’agi
2255
oit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s’agit pas
de
grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait,
2256
éjà, un présent. Il ne s’agit pas de grands mots,
de
lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes
2257
t. Il ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou
d’
idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, au service
2258
grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit
de
voir qu’en fait, si nous sommes là, au service du pays, ce n’est pas
2259
’est pas pour défendre des fromages, des conseils
d’
administration, notre confort et nos hôtels. (D’autres — on sait qui —
2260
, peut-être mieux !) Ce n’est pas non plus, comme
le
disait fort bien Karl Barth, pour protéger nos « lacs d’azur » et nos
2261
it fort bien Karl Barth, pour protéger nos « lacs
d’
azur » et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la propagand
2262
» et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre
de
la propagande se chargerait très volontiers de ce travail de Heimatsc
2263
t nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de
la
propagande se chargerait très volontiers de ce travail de Heimatschut
2264
re de la propagande se chargerait très volontiers
de
ce travail de Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter l
2265
gande se chargerait très volontiers de ce travail
de
Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter la mission dont
2266
atschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter
la
mission dont nous sommes responsables, depuis des siècles, devant l’E
2267
s sommes responsables, depuis des siècles, devant
l’
Europe. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder
2268
des siècles, devant l’Europe. Nous sommes chargés
de
la défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa san
2269
siècles, devant l’Europe. Nous sommes chargés de
la
défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa santé,
2270
s sommes chargés de la défendre contre elle-même,
de
garder son trésor, d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si n
2271
défendre contre elle-même, de garder son trésor,
d’
affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahissons cette m
2272
me, de garder son trésor, d’affirmer sa santé, et
de
sauver son avenir. Si nous trahissons cette mission, si nous n’en pre
2273
sérieuses pour notre indépendance. Mais pourquoi
la
trahirions-nous ? Toute notre tradition civique et culturelle nous a
2274
ivique et culturelle nous a dressés pour ce genre
de
mission. On parle un peu partout de fédérer l’Europe. Cela ne se fera
2275
pour ce genre de mission. On parle un peu partout
de
fédérer l’Europe. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les
2276
re de mission. On parle un peu partout de fédérer
l’
Europe. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les quelques s
2277
. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant
les
quelques semaines fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans l
2278
ni même pendant les quelques semaines fiévreuses
d’
un congrès de la paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se
2279
ant les quelques semaines fiévreuses d’un congrès
de
la paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se fera que si d
2280
les quelques semaines fiévreuses d’un congrès de
la
paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se fera que si des
2281
fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans
l’
épuisement général. Cela ne se fera que si des hommes solides, informé
2282
re entreprennent, dès maintenant, un gros travail
de
déblaiement, d’études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne p
2283
, dès maintenant, un gros travail de déblaiement,
d’
études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne peuvent guère exi
2284
n gros travail de déblaiement, d’études précises,
de
calculs réalistes. Ces hommes ne peuvent guère exister et travailler
2285
s ne peuvent guère exister et travailler que dans
les
pays neutres. Et chez nous tout d’abord, puisqu’il s’agit en somme d’
2286
chez nous tout d’abord, puisqu’il s’agit en somme
d’
utiliser notre expérience, et de tirer des leçons non pas seulement de
2287
l s’agit en somme d’utiliser notre expérience, et
de
tirer des leçons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses éc
2288
érience, et de tirer des leçons non pas seulement
de
ses succès mais aussi de ses échecs, que nous connaissons mieux que p
2289
leçons non pas seulement de ses succès mais aussi
de
ses échecs, que nous connaissons mieux que personne. Tout mon espoir
2290
out mon espoir est qu’il se forme ici des équipes
de
fédérateurs, d’hommes qui comprennent enfin que l’heure est venue pou
2291
st qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs,
d’
hommes qui comprennent enfin que l’heure est venue pour nous autres Su
2292
e fédérateurs, d’hommes qui comprennent enfin que
l’
heure est venue pour nous autres Suisses, de voir grand, de voir aux p
2293
n que l’heure est venue pour nous autres Suisses,
de
voir grand, de voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gard
2294
st venue pour nous autres Suisses, de voir grand,
de
voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure d
2295
s Suisses, de voir grand, de voir aux proportions
de
l’Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mes
2296
uisses, de voir grand, de voir aux proportions de
l’
Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure
2297
proportions de l’Europe moderne, tout en gardant
la
mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la comm
2298
ns de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure
de
notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Ce
2299
rne, tout en gardant la mesure de notre histoire,
la
mesure de l’individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas
2300
en gardant la mesure de notre histoire, la mesure
de
l’individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique.
2301
gardant la mesure de notre histoire, la mesure de
l’
individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique. Ca
2302
tre histoire, la mesure de l’individu engagé dans
la
communauté. Cette œuvre n’est pas utopique. Car je me refuse à nommer
2303
st pas utopique. Car je me refuse à nommer utopie
le
seul espoir qui nous soit accordé. Encore faut-il que cet espoir soit
2304
peuple, et qu’il ne se laisse pas décourager par
les
sceptiques professionnels, par tous les paresseux d’esprit qui se pré
2305
rager par les sceptiques professionnels, par tous
les
paresseux d’esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et j
2306
sceptiques professionnels, par tous les paresseux
d’
esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et je termine là-
2307
se pas sur une erreur profonde quant aux pouvoirs
de
l’homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes
2308
pas sur une erreur profonde quant aux pouvoirs de
l’
homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos
2309
t à ses fins terrestres. En appelant et préparant
de
toutes nos forces une Europe fédéralisée, nous ne demanderons pas un
2310
rons simplement un monde humain. Non pas un monde
d’
utopie où toutes les luttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde
2311
monde humain. Non pas un monde d’utopie où toutes
les
luttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde où les luttes nécess
2312
ttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde où
les
luttes nécessaires n’aboutissent pas mécaniquement et fatalement à de
2313
ement et fatalement à des catastrophes cosmiques.
La
vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre
2314
t fatalement à des catastrophes cosmiques. La vie
de
la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’espr
2315
atalement à des catastrophes cosmiques. La vie de
la
cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit
2316
des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et
de
la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit de lourdeur
2317
s catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de
la
culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit de lourdeur, c
2318
la culture, ce sera toujours une bataille. Entre
l’
esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création,
2319
re, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit
de
lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte
2320
l’esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et
les
forces de création, la lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura
2321
e lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces
de
création, la lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché
2322
omme disait Nietzsche, et les forces de création,
la
lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché sur la terre.
2323
toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché sur
la
terre. Non, l’heure n’est pas au facile optimisme, dans une Europe to
2324
te, tant qu’il y aura du péché sur la terre. Non,
l’
heure n’est pas au facile optimisme, dans une Europe tout obscurcie pa
2325
ile optimisme, dans une Europe tout obscurcie par
la
menace des avions. L’heure est plutôt venue de répéter la question du
2326
e Europe tout obscurcie par la menace des avions.
L’
heure est plutôt venue de répéter la question du prophète Isaïe : « Se
2327
e des avions. L’heure est plutôt venue de répéter
la
question du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? »
2328
tion du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu
de
la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient, et la nuit au
2329
n du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de
la
nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient, et la nuit aussi
2330
e Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? »
La
sentinelle a répondu : « Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix
2331
dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : «
Le
matin vient, et la nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne
2332
» La sentinelle a répondu : « Le matin vient, et
la
nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne peut pas être une
2333
répondu : « Le matin vient, et la nuit aussi ! »
La
paix que nous devons invoquer ne peut pas être une simple absence de
2334
vons invoquer ne peut pas être une simple absence
de
guerre. Spirituellement, une vraie paix sera toujours plus difficile
2335
et s’obscurcit. Mais qu’elle nous donne au moins
la
possibilité de rendre un sens aux conflits éternels, — un sens, et s’
2336
. Mais qu’elle nous donne au moins la possibilité
de
rendre un sens aux conflits éternels, — un sens, et s’il se peut, une
2337
sens, et s’il se peut, une fécondité… Pendant que
les
autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde hu
2338
peut, une fécondité… Pendant que les autres font
la
guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous
2339
dant que les autres font la guerre, ils n’ont pas
le
temps de préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su cons
2340
les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps
de
préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su conserver une
2341
ais nous qui avons encore su conserver une cité à
la
mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pa
2342
ui avons encore su conserver une cité à la mesure
de
la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre dé
2343
avons encore su conserver une cité à la mesure de
la
personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai
2344
ommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai
de
grâce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager
2345
e perdons pas notre délai de grâce : c’est à nous
de
gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai co
2346
pas notre délai de grâce : c’est à nous de gagner
la
vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui n
2347
’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous
d’
engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humains. Tout
2348
vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion
le
vrai combat qui nous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète de
2349
ous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète
de
génie, Arthur Rimbaud, l’a dit d’un seul trait prophétique : « Le com
2350
ut cela, un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud,
l’
a dit d’un seul trait prophétique : « Le combat spirituel est aussi br
2351
un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud, l’a dit
d’
un seul trait prophétique : « Le combat spirituel est aussi brutal que
2352
Rimbaud, l’a dit d’un seul trait prophétique : «
Le
combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes, mais la v
2353
ique : « Le combat spirituel est aussi brutal que
la
bataille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Die
2354
combat spirituel est aussi brutal que la bataille
d’
hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. »
2355
l est aussi brutal que la bataille d’hommes, mais
la
vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont
2356
i brutal que la bataille d’hommes, mais la vision
de
la justice est le plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis de,
2357
rutal que la bataille d’hommes, mais la vision de
la
justice est le plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis de, « L
2358
taille d’hommes, mais la vision de la justice est
le
plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis de, « La bataille de l
2359
mmes, mais la vision de la justice est le plaisir
de
Dieu seul. » c. Rougemont Denis de, « La bataille de la culture »
2360
le plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis
de
, « La bataille de la culture », Les Cahiers protestants, Lausanne, ja
2361
isir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis de, «
La
bataille de la culture », Les Cahiers protestants, Lausanne, janvier–
2362
seul. » c. Rougemont Denis de, « La bataille
de
la culture », Les Cahiers protestants, Lausanne, janvier–février 1940
2363
ul. » c. Rougemont Denis de, « La bataille de
la
culture », Les Cahiers protestants, Lausanne, janvier–février 1940, p
2364
ougemont Denis de, « La bataille de la culture »,
Les
Cahiers protestants, Lausanne, janvier–février 1940, p. 9-36. d. Une
2365
se : « Conférence prononcée au Rathaus de Zurich,
le
15 janvier 1940. — Le manque de place nous a contraint d’abréger. »
2366
oncée au Rathaus de Zurich, le 15 janvier 1940. —
Le
manque de place nous a contraint d’abréger. »
2367
athaus de Zurich, le 15 janvier 1940. — Le manque
de
place nous a contraint d’abréger. »
2368
nvier 1940. — Le manque de place nous a contraint
d’
abréger. »
2369
L’
heure sévère (juin 1940)e f Il est des pessimistes par tempérament.
2370
tempérament. Leurs propos ne renseignent pas sur
l’
état des faits dans le monde, mais seulement sur l’état de leurs nerfs
2371
opos ne renseignent pas sur l’état des faits dans
le
monde, mais seulement sur l’état de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’
2372
’état des faits dans le monde, mais seulement sur
l’
état de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à l’heure que no
2373
es faits dans le monde, mais seulement sur l’état
de
leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à l’heure que nous vivo
2374
e leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à
l’
heure que nous vivons, ce sont des pessimistes réfléchis, maîtres d’eu
2375
ivons, ce sont des pessimistes réfléchis, maîtres
d’
eux-mêmes et objectifs. Je dirai plus : ce qu’il nous faut, ce sont de
2376
hommes qui pensent et qui agissent conformément à
la
maxime du Taciturne : « Pas n’est besoin d’espérer pour entreprendre,
2377
ent à la maxime du Taciturne : « Pas n’est besoin
d’
espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Or cette e
2378
Pas n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni
de
réussir pour persévérer. » Or cette espèce est rare en Suisse, comme
2379
cette espèce est rare en Suisse, comme dans tous
les
petits pays où l’ère bourgeoise, ère du « confort moderne » et de l’a
2380
are en Suisse, comme dans tous les petits pays où
l’
ère bourgeoise, ère du « confort moderne » et de l’absence d’imaginati
2381
ù l’ère bourgeoise, ère du « confort moderne » et
de
l’absence d’imagination, prolonge encore une existence brutalement co
2382
’ère bourgeoise, ère du « confort moderne » et de
l’
absence d’imagination, prolonge encore une existence brutalement conda
2383
eoise, ère du « confort moderne » et de l’absence
d’
imagination, prolonge encore une existence brutalement condamnée par c
2384
cette guerre. Nous avons trop longtemps vécu dans
l’
atmosphère rassurante créée par le matérialisme modéré du dernier sièc
2385
temps vécu dans l’atmosphère rassurante créée par
le
matérialisme modéré du dernier siècle. Nous ne savons plus prendre au
2386
nous dépasse », tant par en haut que par en bas.
La
croyance au Progrès nous a mis des œillères. Et quand soudain la rout
2387
Progrès nous a mis des œillères. Et quand soudain
la
route normale se trouve barrée ou coupée par un précipice, nous voici
2388
cipice, nous voici piteusement indignés. Pourtant
le
précipice était prévu. Mais encore fallait-il y croire. Or le matéria
2389
était prévu. Mais encore fallait-il y croire. Or
le
matérialisme modéré dans lequel nous étions installés nous mettait ho
2390
ns lequel nous étions installés nous mettait hors
d’
état d’imaginer à la fois le sublime et le pire. « Trop beau pour être
2391
el nous étions installés nous mettait hors d’état
d’
imaginer à la fois le sublime et le pire. « Trop beau pour être vrai »
2392
lés nous mettait hors d’état d’imaginer à la fois
le
sublime et le pire. « Trop beau pour être vrai », c’était un de nos p
2393
it hors d’état d’imaginer à la fois le sublime et
le
pire. « Trop beau pour être vrai », c’était un de nos proverbes. Et l
2394
le pire. « Trop beau pour être vrai », c’était un
de
nos proverbes. Et lorsqu’on nous avertissait de certains dangers form
2395
n de nos proverbes. Et lorsqu’on nous avertissait
de
certains dangers formidables qui menaçaient l’existence même de l’hér
2396
it de certains dangers formidables qui menaçaient
l’
existence même de l’héritage européen, nous répondions : « C’est trop
2397
ngers formidables qui menaçaient l’existence même
de
l’héritage européen, nous répondions : « C’est trop affreux pour être
2398
rs formidables qui menaçaient l’existence même de
l’
héritage européen, nous répondions : « C’est trop affreux pour être vr
2399
« réalistes ». Nous étions simplement incapables
d’
imaginer quelque chose d’excessif par rapport à nos sécurités. Cette i
2400
ns simplement incapables d’imaginer quelque chose
d’
excessif par rapport à nos sécurités. Cette inconscience j’en dirai la
2401
rt à nos sécurités. Cette inconscience j’en dirai
la
cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire au
2402
ait pas non plus croire au diable, et ne sait pas
le
reconnaître. À l’origine de notre aveuglement, il y a incrédulité. Si
2403
roire au diable, et ne sait pas le reconnaître. À
l’
origine de notre aveuglement, il y a incrédulité. Si Dieu existait, pl
2404
iable, et ne sait pas le reconnaître. À l’origine
de
notre aveuglement, il y a incrédulité. Si Dieu existait, pleurons-nou
2405
ous aime. Si nous avions su croire en lui pendant
le
temps de sa patience, nous aurions eu « des yeux pour voir », et pour
2406
Si nous avions su croire en lui pendant le temps
de
sa patience, nous aurions eu « des yeux pour voir », et pour connaîtr
2407
ions eu « des yeux pour voir », et pour connaître
les
démons. Voici venu le temps de la colère, le temps des plaies d’Égypt
2408
voir », et pour connaître les démons. Voici venu
le
temps de la colère, le temps des plaies d’Égypte, où les cœurs s’endu
2409
et pour connaître les démons. Voici venu le temps
de
la colère, le temps des plaies d’Égypte, où les cœurs s’endurcissent.
2410
pour connaître les démons. Voici venu le temps de
la
colère, le temps des plaies d’Égypte, où les cœurs s’endurcissent. Vo
2411
tre les démons. Voici venu le temps de la colère,
le
temps des plaies d’Égypte, où les cœurs s’endurcissent. Voici venue l
2412
i venu le temps de la colère, le temps des plaies
d’
Égypte, où les cœurs s’endurcissent. Voici venue l’heure sévère. Ouvro
2413
ps de la colère, le temps des plaies d’Égypte, où
les
cœurs s’endurcissent. Voici venue l’heure sévère. Ouvrons les yeux et
2414
’Égypte, où les cœurs s’endurcissent. Voici venue
l’
heure sévère. Ouvrons les yeux et apprenons ce qu’il en est de notre c
2415
endurcissent. Voici venue l’heure sévère. Ouvrons
les
yeux et apprenons ce qu’il en est de notre châtiment. ⁂ L’Europe est
2416
re. Ouvrons les yeux et apprenons ce qu’il en est
de
notre châtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer le prix d’un siècle
2417
t apprenons ce qu’il en est de notre châtiment. ⁂
L’
Europe est en train de payer le prix d’un siècle d’abandon à l’optimis
2418
notre châtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer
le
prix d’un siècle d’abandon à l’optimisme du Progrès. Pendant un siècl
2419
âtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer le prix
d’
un siècle d’abandon à l’optimisme du Progrès. Pendant un siècle, elle
2420
’Europe est en train de payer le prix d’un siècle
d’
abandon à l’optimisme du Progrès. Pendant un siècle, elle fit la sourd
2421
en train de payer le prix d’un siècle d’abandon à
l’
optimisme du Progrès. Pendant un siècle, elle fit la sourde oreille, a
2422
optimisme du Progrès. Pendant un siècle, elle fit
la
sourde oreille, avec un petit air entendu, quand certains lui posaien
2423
ertains lui posaient cette question : à quoi tend
le
progrès matériel ? Question stupide et irritante, n’est-ce pas, aux y
2424
t irritante, n’est-ce pas, aux yeux de qui refuse
d’
envisager la vie comme une totalité orientée par l’esprit. L’esprit pr
2425
n’est-ce pas, aux yeux de qui refuse d’envisager
la
vie comme une totalité orientée par l’esprit. L’esprit prévoit le mal
2426
’envisager la vie comme une totalité orientée par
l’
esprit. L’esprit prévoit le mal et tient compte du péché. Il sait que
2427
la vie comme une totalité orientée par l’esprit.
L’
esprit prévoit le mal et tient compte du péché. Il sait que les invent
2428
totalité orientée par l’esprit. L’esprit prévoit
le
mal et tient compte du péché. Il sait que les inventions humaines peu
2429
voit le mal et tient compte du péché. Il sait que
les
inventions humaines peuvent être employées contre l’homme ; que l’avi
2430
inventions humaines peuvent être employées contre
l’
homme ; que l’aviation n’a nullement transformé les conditions de notr
2431
aines peuvent être employées contre l’homme ; que
l’
aviation n’a nullement transformé les conditions de notre bonheur, mai
2432
l’homme ; que l’aviation n’a nullement transformé
les
conditions de notre bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais
2433
’aviation n’a nullement transformé les conditions
de
notre bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais l’optimisme du
2434
les conditions de notre bonheur, mais bien celles
de
notre malheur. Mais l’optimisme du matérialiste modéré ne veut prévoi
2435
bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais
l’
optimisme du matérialiste modéré ne veut prévoir que le profit d’argen
2436
imisme du matérialiste modéré ne veut prévoir que
le
profit d’argent et l’augmentation du confort. Il refuse de se demande
2437
matérialiste modéré ne veut prévoir que le profit
d’
argent et l’augmentation du confort. Il refuse de se demander à quoi s
2438
modéré ne veut prévoir que le profit d’argent et
l’
augmentation du confort. Il refuse de se demander à quoi servira cet a
2439
d’argent et l’augmentation du confort. Il refuse
de
se demander à quoi servira cet argent ou si le confort matériel favor
2440
se de se demander à quoi servira cet argent ou si
le
confort matériel favorise un bien spirituel. À la première de ces que
2441
atériel favorise un bien spirituel. À la première
de
ces questions, il n’oserait pas répondre en toute franchise ; et à la
2442
pressent bien qu’on ne pourrait que répondre non.
D’
où sa myopie et son imprévision systématique des maux prochains. J’écr
2443
ématique des maux prochains. J’écris ceci pendant
la
bataille de France. Est-il trop tard pour répéter ces vérités élément
2444
maux prochains. J’écris ceci pendant la bataille
de
France. Est-il trop tard pour répéter ces vérités élémentaires, que l
2445
p tard pour répéter ces vérités élémentaires, que
le
sérieux des gouvernants, des hommes d’affaires, des penseurs officiel
2446
aires, que le sérieux des gouvernants, des hommes
d’
affaires, des penseurs officiels et des bourgeois moyens, a refusé pen
2447
t des bourgeois moyens, a refusé pendant cent ans
d’
envisager ? Pourtant, les plus grands hommes du dernier siècle furent
2448
a refusé pendant cent ans d’envisager ? Pourtant,
les
plus grands hommes du dernier siècle furent unanimes à prévoir le des
2449
ommes du dernier siècle furent unanimes à prévoir
le
destin qui maintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez de prop
2450
aintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez
de
prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir que les avertissements
2451
vons eu bien assez de prophètes. Nous n’avons pas
le
droit de gémir que les avertissements nous ont manqué. Le dossier de
2452
ien assez de prophètes. Nous n’avons pas le droit
de
gémir que les avertissements nous ont manqué. Le dossier de ces avert
2453
prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir que
les
avertissements nous ont manqué. Le dossier de ces avertissements est
2454
de gémir que les avertissements nous ont manqué.
Le
dossier de ces avertissements est écrasant pour la conscience europée
2455
ue les avertissements nous ont manqué. Le dossier
de
ces avertissements est écrasant pour la conscience européenne : vous
2456
e dossier de ces avertissements est écrasant pour
la
conscience européenne : vous y trouverez les plus grands noms de la p
2457
pour la conscience européenne : vous y trouverez
les
plus grands noms de la pensée, qui furent aussi les plus cyniquement
2458
uropéenne : vous y trouverez les plus grands noms
de
la pensée, qui furent aussi les plus cyniquement méconnus. Vous y tro
2459
péenne : vous y trouverez les plus grands noms de
la
pensée, qui furent aussi les plus cyniquement méconnus. Vous y trouve
2460
s plus grands noms de la pensée, qui furent aussi
les
plus cyniquement méconnus. Vous y trouverez les témoignages convergen
2461
i les plus cyniquement méconnus. Vous y trouverez
les
témoignages convergents des esprits les plus opposés, unanimes dans l
2462
trouverez les témoignages convergents des esprits
les
plus opposés, unanimes dans la critique du « réalisme » de leur temps
2463
gents des esprits les plus opposés, unanimes dans
la
critique du « réalisme » de leur temps, et dans la prédiction des mau
2464
pposés, unanimes dans la critique du « réalisme »
de
leur temps, et dans la prédiction des maux à venir — ceux qui fondent
2465
a critique du « réalisme » de leur temps, et dans
la
prédiction des maux à venir — ceux qui fondent sur nous aujourd’hui.
2466
nir — ceux qui fondent sur nous aujourd’hui. Quoi
de
commun entre un Burckhardt, un Kierkegaard, un Vinet ou un Nietzsche
2467
et ou un Nietzsche ? Rien, sinon leur mépris pour
les
idoles bourgeoises, et leur vision précise du châtiment qui s’abattra
2468
ise du châtiment qui s’abattra nécessairement sur
l’
Occident, si celui-ci persiste à ne prendre au sérieux que les valeurs
2469
si celui-ci persiste à ne prendre au sérieux que
les
valeurs de bourse et la « prosperity ». Kierkegaard nous décrit le rè
2470
persiste à ne prendre au sérieux que les valeurs
de
bourse et la « prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne de la m
2471
e prendre au sérieux que les valeurs de bourse et
la
« prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne de la masse comme ce
2472
rse et la « prosperity ». Kierkegaard nous décrit
le
règne de la masse comme celui des lâchetés individuelles additionnées
2473
« prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne
de
la masse comme celui des lâchetés individuelles additionnées, créant
2474
prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne de
la
masse comme celui des lâchetés individuelles additionnées, créant un
2475
x dictatures collectivistes. Nietzsche ricane que
le
monde moderne est en train d’adopter « une morale de commerçants », e
2476
monde moderne est en train d’adopter « une morale
de
commerçants », et qu’il sera vaincu par des ascètes féroces. Vinet pr
2477
vaincu par des ascètes féroces. Vinet prévoit que
les
libertés sociales, si nul effort spirituel ne les oriente, aboutiront
2478
les libertés sociales, si nul effort spirituel ne
les
oriente, aboutiront au despotisme de l’État. Et contre tout l’« écono
2479
pirituel ne les oriente, aboutiront au despotisme
de
l’État. Et contre tout l’« économisme » de son temps, il ose écrire :
2480
ituel ne les oriente, aboutiront au despotisme de
l’
État. Et contre tout l’« économisme » de son temps, il ose écrire : «
2481
boutiront au despotisme de l’État. Et contre tout
l’
« économisme » de son temps, il ose écrire : « Si quelque chose aujour
2482
otisme de l’État. Et contre tout l’« économisme »
de
son temps, il ose écrire : « Si quelque chose aujourd’hui menace la l
2483
se écrire : « Si quelque chose aujourd’hui menace
la
liberté, ce n’est pas comme jadis la superstition, […] c’est la préoc
2484
d’hui menace la liberté, ce n’est pas comme jadis
la
superstition, […] c’est la préoccupation, la passion du bien-être mat
2485
n’est pas comme jadis la superstition, […] c’est
la
préoccupation, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’en douto
2486
adis la superstition, […] c’est la préoccupation,
la
passion du bien-être matériel. Sa pente, n’en doutons pas, est du côt
2487
ériel. Sa pente, n’en doutons pas, est du côté de
la
tyrannie. » Et qu’il suffise enfin d’une allusion aux prophéties de B
2488
du côté de la tyrannie. » Et qu’il suffise enfin
d’
une allusion aux prophéties de Burckhardt sur les « terribles simplifi
2489
qu’il suffise enfin d’une allusion aux prophéties
de
Burckhardt sur les « terribles simplificateurs », qui viendront impos
2490
n d’une allusion aux prophéties de Burckhardt sur
les
« terribles simplificateurs », qui viendront imposer à l’Europe d’imp
2491
ribles simplificateurs », qui viendront imposer à
l’
Europe d’impitoyables dictatures militaires au nom de la liberté et du
2492
mplificateurs », qui viendront imposer à l’Europe
d’
impitoyables dictatures militaires au nom de la liberté et du bonheur
2493
pe d’impitoyables dictatures militaires au nom de
la
liberté et du bonheur des masses. Cette unanimité d’esprits partout a
2494
liberté et du bonheur des masses. Cette unanimité
d’
esprits partout ailleurs irréductiblement divers, je répète qu’elle es
2495
xcuses. Nous avons été avertis. Nous avons refusé
d’
écouter. Et maintenant il faut payer. Non point parce que l’injustice
2496
Et maintenant il faut payer. Non point parce que
l’
injustice triomphe, non point parce que Dieu n’existe pas, mais au con
2497
dans son châtiment. Il faut payer. Nous adorions
l’
idole de la prospérité, et l’idole du confort, et l’idole du progrès —
2498
n châtiment. Il faut payer. Nous adorions l’idole
de
la prospérité, et l’idole du confort, et l’idole du progrès — ce prog
2499
hâtiment. Il faut payer. Nous adorions l’idole de
la
prospérité, et l’idole du confort, et l’idole du progrès — ce progrès
2500
payer. Nous adorions l’idole de la prospérité, et
l’
idole du confort, et l’idole du progrès — ce progrès qui ne sait rien
2501
idole de la prospérité, et l’idole du confort, et
l’
idole du progrès — ce progrès qui ne sait rien que répéter comme une h
2502
« sauver » nos vies mêmes, nous voilà condamnés,
de
la manière la plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre
2503
sauver » nos vies mêmes, nous voilà condamnés, de
la
manière la plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre co
2504
s vies mêmes, nous voilà condamnés, de la manière
la
plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre confort et no
2505
confort et nos progrès aux nécessités impérieuses
de
la défense nationale. Pour avoir refusé les sacrifices qu’eût entraîn
2506
fort et nos progrès aux nécessités impérieuses de
la
défense nationale. Pour avoir refusé les sacrifices qu’eût entraînés
2507
ieuses de la défense nationale. Pour avoir refusé
les
sacrifices qu’eût entraînés un règlement plus juste des relations soc
2508
ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes
de
nations, nous voici contraints brutalement à des sacrifices mille foi
2509
ifices mille fois pires, inévitables et stériles.
Le
plus étrange est que ces sacrifices se révèlent parfaitement « possib
2510
lent parfaitement « possibles ». Dès qu’il s’agit
de
sauver notre peau, dès qu’il s’agit de défense nationale, nous accept
2511
’il s’agit de sauver notre peau, dès qu’il s’agit
de
défense nationale, nous acceptons des mesures qui, hier encore, passa
2512
ables et impraticables aux yeux des « réalistes »
de
l’économie : prélèvement sur le capital ou caisse de compensation, —
2513
es et impraticables aux yeux des « réalistes » de
l’
économie : prélèvement sur le capital ou caisse de compensation, — et
2514
des « réalistes » de l’économie : prélèvement sur
le
capital ou caisse de compensation, — et je ne prends là que de petits
2515
l’économie : prélèvement sur le capital ou caisse
de
compensation, — et je ne prends là que de petits exemples…4 Nous avo
2516
caisse de compensation, — et je ne prends là que
de
petits exemples…4 Nous avons critiqué sans merci comme des « utopies
2517
vingt fois moins coûteuses que celles qu’entraîne
la
guerre actuelle. Nous acceptons avec une belle discipline des « effor
2518
rait suffi, en d’autres temps, à supprimer toutes
les
questions sociales. Et cela non pas seulement en Suisse, mais dans to
2519
cela non pas seulement en Suisse, mais dans tous
les
pays de l’Europe ; non seulement sur le plan social, mais sur le plan
2520
pas seulement en Suisse, mais dans tous les pays
de
l’Europe ; non seulement sur le plan social, mais sur le plan des rel
2521
s seulement en Suisse, mais dans tous les pays de
l’
Europe ; non seulement sur le plan social, mais sur le plan des relati
2522
ur le plan social, mais sur le plan des relations
de
peuple à peuple. Tout ce que nous jugions impossible quand il s’agiss
2523
ons impossible quand il s’agissait du vivre, nous
le
trouvons parfaitement possible quand il s’agit du mieux mourir ou du
2524
agit du mieux mourir ou du mieux tuer. Eh bien si
la
peur et la guerre sont seules capables d’obtenir de nous un dépasseme
2525
ux mourir ou du mieux tuer. Eh bien si la peur et
la
guerre sont seules capables d’obtenir de nous un dépassement de nos é
2526
bien si la peur et la guerre sont seules capables
d’
obtenir de nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’
2527
peur et la guerre sont seules capables d’obtenir
de
nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pou
2528
seules capables d’obtenir de nous un dépassement
de
nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pourquoi donc voulez-vous
2529
dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à
l’
amour, pourquoi donc voulez-vous que nous ayons l’amour, et la paix et
2530
l’amour, pourquoi donc voulez-vous que nous ayons
l’
amour, et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. No
2531
rquoi donc voulez-vous que nous ayons l’amour, et
la
paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. Nous avons ce
2532
voulez-vous que nous ayons l’amour, et la paix et
la
sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. Nous avons ce que mériton
2533
s l’amour, et la paix et la sécurité ? Nous avons
la
peur et la guerre. Nous avons ce que méritons. Nous sommes payés et n
2534
et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et
la
guerre. Nous avons ce que méritons. Nous sommes payés et nous payons
2535
justice à nous. C’est aujourd’hui qu’on en mesure
l’
aune. Ces vérités élémentaires sont dures. Elles ne sont pas originale
2536
tains diront encore qu’elles sont inopportunes, à
l’
heure où nous cherchons des raisons d’espérer ! Mais nul espoir n’est
2537
portunes, à l’heure où nous cherchons des raisons
d’
espérer ! Mais nul espoir n’est plus possible, sachons-le, si nous ref
2538
er ! Mais nul espoir n’est plus possible, sachons-
le
, si nous refusons maintenant encore d’envisager les causes du désastr
2539
e, sachons-le, si nous refusons maintenant encore
d’
envisager les causes du désastre. Envisager, c’est regarder en plein v
2540
e, si nous refusons maintenant encore d’envisager
les
causes du désastre. Envisager, c’est regarder en plein visage. Notre
2541
ger, c’est regarder en plein visage. Notre salut,
le
seul et le dernier possible — quelle que soit l’issue de la guerre —
2542
le seul et le dernier possible — quelle que soit
l’
issue de la guerre — dépend de notre capacité d’accepter des vérités d
2543
et le dernier possible — quelle que soit l’issue
de
la guerre — dépend de notre capacité d’accepter des vérités dures. Ca
2544
le dernier possible — quelle que soit l’issue de
la
guerre — dépend de notre capacité d’accepter des vérités dures. Car t
2545
e — quelle que soit l’issue de la guerre — dépend
de
notre capacité d’accepter des vérités dures. Car tout le mal est venu
2546
t l’issue de la guerre — dépend de notre capacité
d’
accepter des vérités dures. Car tout le mal est venu de les avoir refu
2547
e capacité d’accepter des vérités dures. Car tout
le
mal est venu de les avoir refusées, avant qu’elles montrent leurs eff
2548
er des vérités dures. Car tout le mal est venu de
les
avoir refusées, avant qu’elles montrent leurs effets aux yeux de tous
2549
culpa » des pacifistes, qui n’ont pas su imaginer
le
mal parce qu’ils croyaient au bien fait de main d’homme. « Mea culpa
2550
aginer le mal parce qu’ils croyaient au bien fait
de
main d’homme. « Mea culpa » des militaristes, qui n’ont pas su imagin
2551
e mal parce qu’ils croyaient au bien fait de main
d’
homme. « Mea culpa » des militaristes, qui n’ont pas su imaginer un au
2552
stes, qui n’ont pas su imaginer un autre bien que
la
défense toute matérielle d’un ordre de choses vicié dans son principe
2553
ner un autre bien que la défense toute matérielle
d’
un ordre de choses vicié dans son principe ; ou la conquête, mais qui
2554
e bien que la défense toute matérielle d’un ordre
de
choses vicié dans son principe ; ou la conquête, mais qui tue ce qu’e
2555
d’un ordre de choses vicié dans son principe ; ou
la
conquête, mais qui tue ce qu’elle conquiert. « Mea culpa » des gens d
2556
tue ce qu’elle conquiert. « Mea culpa » des gens
de
droite, qui croyaient pouvoir conserver des privilèges hérités, tout
2557
ut en admirant et soutenant des chefs brutaux qui
les
bernaient pour mieux les détrousser au bout du compte. « Mea culpa »
2558
nt des chefs brutaux qui les bernaient pour mieux
les
détrousser au bout du compte. « Mea culpa » des gens de gauche, dont
2559
rousser au bout du compte. « Mea culpa » des gens
de
gauche, dont le programme de bonheur obligatoire était le même — avec
2560
du compte. « Mea culpa » des gens de gauche, dont
le
programme de bonheur obligatoire était le même — avec moins de franch
2561
Mea culpa » des gens de gauche, dont le programme
de
bonheur obligatoire était le même — avec moins de franchise — que cel
2562
e, dont le programme de bonheur obligatoire était
le
même — avec moins de franchise — que celui de l’ennemi fasciste contr
2563
de bonheur obligatoire était le même — avec moins
de
franchise — que celui de l’ennemi fasciste contre lequel ils excitaie
2564
ait le même — avec moins de franchise — que celui
de
l’ennemi fasciste contre lequel ils excitaient les masses. « Mea culp
2565
le même — avec moins de franchise — que celui de
l’
ennemi fasciste contre lequel ils excitaient les masses. « Mea culpa »
2566
de l’ennemi fasciste contre lequel ils excitaient
les
masses. « Mea culpa » des Suisses, qui voulaient profiter des avantag
2567
des Suisses, qui voulaient profiter des avantages
de
la folie moderne, et qui se plaignent aujourd’hui de devoir payer leu
2568
Suisses, qui voulaient profiter des avantages de
la
folie moderne, et qui se plaignent aujourd’hui de devoir payer leur p
2569
la folie moderne, et qui se plaignent aujourd’hui
de
devoir payer leur part minime dans la banqueroute européenne. « Mea c
2570
aujourd’hui de devoir payer leur part minime dans
la
banqueroute européenne. « Mea culpa » des clairvoyants, qui dénoncère
2571
. « Mea culpa » des clairvoyants, qui dénoncèrent
le
mal dans leurs écrits, mais qui se tinrent apparemment pour satisfait
2572
, mais qui se tinrent apparemment pour satisfaits
de
leur succès de librairie : « mea culpa ». Mais quelles fautes avaient
2573
inrent apparemment pour satisfaits de leur succès
de
librairie : « mea culpa ». Mais quelles fautes avaient donc commises
2574
quelles fautes avaient donc commises ces millions
de
femmes et d’enfants en fuite sur les routes de France ? Nous n’avons
2575
s avaient donc commises ces millions de femmes et
d’
enfants en fuite sur les routes de France ? Nous n’avons plus qu’un se
2576
ces millions de femmes et d’enfants en fuite sur
les
routes de France ? Nous n’avons plus qu’un seul espoir — quelle que s
2577
ns de femmes et d’enfants en fuite sur les routes
de
France ? Nous n’avons plus qu’un seul espoir — quelle que soit l’issu
2578
n’avons plus qu’un seul espoir — quelle que soit
l’
issue de la guerre : obtenir pour l’Europe un statut sursitaire, une e
2579
plus qu’un seul espoir — quelle que soit l’issue
de
la guerre : obtenir pour l’Europe un statut sursitaire, une espèce de
2580
us qu’un seul espoir — quelle que soit l’issue de
la
guerre : obtenir pour l’Europe un statut sursitaire, une espèce de co
2581
elle que soit l’issue de la guerre : obtenir pour
l’
Europe un statut sursitaire, une espèce de concordat qui nous laissera
2582
ir pour l’Europe un statut sursitaire, une espèce
de
concordat qui nous laisserait la possibilité de rebâtir. Mais on n’ac
2583
aire, une espèce de concordat qui nous laisserait
la
possibilité de rebâtir. Mais on n’accorde un concordat qu’à celui qui
2584
e de concordat qui nous laisserait la possibilité
de
rebâtir. Mais on n’accorde un concordat qu’à celui qui se déclare en
2585
concordat qu’à celui qui se déclare en faillite.
L’
aveu suppose un sens des valeurs spirituelles aussi précis que notre s
2586
s chiffres, des quantités et des vitesses. Avis à
la
génération sportive, aux réalistes qui l’engendrèrent, aux libéraux q
2587
Avis à la génération sportive, aux réalistes qui
l’
engendrèrent, aux libéraux qui ne peuvent en croire leurs yeux. Avis a
2588
e peuvent en croire leurs yeux. Avis aux Suisses.
Les
Suisses ont quelque chose à faire, quelque chose de précis, que je ve
2589
Suisses ont quelque chose à faire, quelque chose
de
précis, que je veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart de la gue
2590
écis, que je veux dire à temps. Ils sont encore à
l’
écart de la guerre, et peut-être y resteront-ils. Ils ont encore ce br
2591
e je veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart
de
la guerre, et peut-être y resteront-ils. Ils ont encore ce bref délai
2592
e veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart de
la
guerre, et peut-être y resteront-ils. Ils ont encore ce bref délai de
2593
tre y resteront-ils. Ils ont encore ce bref délai
de
grâce dont je parlais aux Hollandais, en novembre de l’an dernier — e
2594
grâce dont je parlais aux Hollandais, en novembre
de
l’an dernier — et c’est fini —, dont je parlais aux Suisses en janvie
2595
ce dont je parlais aux Hollandais, en novembre de
l’
an dernier — et c’est fini —, dont je parlais aux Suisses en janvier d
2596
st fini —, dont je parlais aux Suisses en janvier
de
cette année, et cela fait déjà cinq mois passés. Ce délai nous permet
2597
fait déjà cinq mois passés. Ce délai nous permet
de
comprendre, d’avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la
2598
mois passés. Ce délai nous permet de comprendre,
d’
avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la vérité que les
2599
rmet de comprendre, d’avouer nos fautes et celles
de
notre monde, de dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus l
2600
re, d’avouer nos fautes et celles de notre monde,
de
dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de rec
2601
ouer nos fautes et celles de notre monde, de dire
la
vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaître
2602
s et celles de notre monde, de dire la vérité que
les
peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaître, dans le fraca
2603
re la vérité que les peuples en guerre n’ont plus
le
pouvoir de reconnaître, dans le fracas des chars, sous les bombardeme
2604
é que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir
de
reconnaître, dans le fracas des chars, sous les bombardements, quand
2605
guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaître, dans
le
fracas des chars, sous les bombardements, quand on ne sait même plus
2606
ir de reconnaître, dans le fracas des chars, sous
les
bombardements, quand on ne sait même plus qui a été tué. Un peuple en
2607
n guerre sauve son moral en se dopant, en forçant
l’
illusion ; un peuple neutre, en avouant le réel. Avouer ses fautes est
2608
forçant l’illusion ; un peuple neutre, en avouant
le
réel. Avouer ses fautes est une libération dont l’homme sort toujours
2609
e réel. Avouer ses fautes est une libération dont
l’
homme sort toujours retrempé. Avouer les fautes de ceux qu’on aime et
2610
ation dont l’homme sort toujours retrempé. Avouer
les
fautes de ceux qu’on aime et dont on attend la victoire comme la perm
2611
l’homme sort toujours retrempé. Avouer les fautes
de
ceux qu’on aime et dont on attend la victoire comme la permission de
2612
r les fautes de ceux qu’on aime et dont on attend
la
victoire comme la permission de revivre, c’est une épreuve encore, on
2613
ux qu’on aime et dont on attend la victoire comme
la
permission de revivre, c’est une épreuve encore, on ose à peine le di
2614
et dont on attend la victoire comme la permission
de
revivre, c’est une épreuve encore, on ose à peine le dire, une épreuv
2615
revivre, c’est une épreuve encore, on ose à peine
le
dire, une épreuve dérisoire, bonne pour des spectateurs… Pourtant, si
2616
ourtant, si nous en triomphons, elle nous donnera
la
force de préparer l’avenir. Il est dur de reconnaître ces fautes, par
2617
si nous en triomphons, elle nous donnera la force
de
préparer l’avenir. Il est dur de reconnaître ces fautes, parce que no
2618
riomphons, elle nous donnera la force de préparer
l’
avenir. Il est dur de reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes
2619
donnera la force de préparer l’avenir. Il est dur
de
reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes les complices, et qu
2620
reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes
les
complices, et que nous aimons les fautifs. Il est dur de les avouer,
2621
nous en sommes les complices, et que nous aimons
les
fautifs. Il est dur de les avouer, parce que les fautes contraires de
2622
lices, et que nous aimons les fautifs. Il est dur
de
les avouer, parce que les fautes contraires des autres, en face, nous
2623
es, et que nous aimons les fautifs. Il est dur de
les
avouer, parce que les fautes contraires des autres, en face, nous par
2624
les fautifs. Il est dur de les avouer, parce que
les
fautes contraires des autres, en face, nous paraissent bien plus effr
2625
tout de même, ou à cause de cela même. Il est dur
de
reconnaître que ce châtiment, qui nous atteint aussi, est mérité ; et
2626
ue, inévitable, et qu’il n’y a plus qu’à en tirer
les
conclusions5. Mais nous ne sommes pas neutres pour rien, pour le conf
2627
. Mais nous ne sommes pas neutres pour rien, pour
le
confort. Nous ne sommes pas neutres comme on est rentier. Nous sommes
2628
mme on est rentier. Nous sommes neutres en vue de
l’
avenir. C’est là notre mission spéciale, notre responsabilité devant l
2629
tre mission spéciale, notre responsabilité devant
l’
Europe. Et cela suppose un dur effort contre nos goûts, nos sympathies
2630
sympathies et nos passions. Je ne sais pas ce que
l’
avenir vaudra, mais je sais que s’il vaut quelque chose, ce sera grâce
2631
sais que s’il vaut quelque chose, ce sera grâce à
l’
action personnelle des hommes qui auront su répudier les illusions fla
2632
ion personnelle des hommes qui auront su répudier
les
illusions flatteuses de l’ère bourgeoise. Car ceux-là seuls sauront a
2633
s qui auront su répudier les illusions flatteuses
de
l’ère bourgeoise. Car ceux-là seuls sauront alors ce qui mérite d’êtr
2634
ui auront su répudier les illusions flatteuses de
l’
ère bourgeoise. Car ceux-là seuls sauront alors ce qui mérite d’être s
2635
se. Car ceux-là seuls sauront alors ce qui mérite
d’
être sauvé ou recréé. Non pas le droit et la justice dont se réclamaie
2636
ors ce qui mérite d’être sauvé ou recréé. Non pas
le
droit et la justice dont se réclamaient nos égoïsmes et celui des gou
2637
érite d’être sauvé ou recréé. Non pas le droit et
la
justice dont se réclamaient nos égoïsmes et celui des gouvernements :
2638
e sera que ruines et détritus à déblayer, même si
les
grandes démocraties ont la victoire. Non pas le bonheur fait de laiss
2639
s à déblayer, même si les grandes démocraties ont
la
victoire. Non pas le bonheur fait de laisser-aller et d’insouciance d
2640
les grandes démocraties ont la victoire. Non pas
le
bonheur fait de laisser-aller et d’insouciance du prochain, car nous
2641
ocraties ont la victoire. Non pas le bonheur fait
de
laisser-aller et d’insouciance du prochain, car nous le payons mainte
2642
oire. Non pas le bonheur fait de laisser-aller et
d’
insouciance du prochain, car nous le payons maintenant, une fois pour
2643
sser-aller et d’insouciance du prochain, car nous
le
payons maintenant, une fois pour toutes. Ce qui comptera, ce qui vaud
2644
toutes. Ce qui comptera, ce qui vaudra toujours,
l’
Écriture nous l’apprend lorsqu’elle dit : « Le ciel et la terre passer
2645
comptera, ce qui vaudra toujours, l’Écriture nous
l’
apprend lorsqu’elle dit : « Le ciel et la terre passeront, mais ma Par
2646
rs, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’elle dit : «
Le
ciel et la terre passeront, mais ma Parole ne passera point. » Voilà
2647
ure nous l’apprend lorsqu’elle dit : « Le ciel et
la
terre passeront, mais ma Parole ne passera point. » Voilà la base et
2648
sseront, mais ma Parole ne passera point. » Voilà
la
base et le point fixe que nulle puissance humaine ne saurait ébranler
2649
is ma Parole ne passera point. » Voilà la base et
le
point fixe que nulle puissance humaine ne saurait ébranler, quand tou
2650
puissance humaine ne saurait ébranler, quand tout
le
reste, ciel et terre, idéaux et réalités, est pulvérisé par les bombe
2651
l et terre, idéaux et réalités, est pulvérisé par
les
bombes. Au plus fort de la persécution entreprise par Julien l’Aposta
2652
lités, est pulvérisé par les bombes. Au plus fort
de
la persécution entreprise par Julien l’Apostat contre la chrétienté n
2653
és, est pulvérisé par les bombes. Au plus fort de
la
persécution entreprise par Julien l’Apostat contre la chrétienté nais
2654
ersécution entreprise par Julien l’Apostat contre
la
chrétienté naissante, quand tout, comme aujourd’hui semblait perdu, A
2655
c’est un petit nuage, il passera. Ce n’était pas
de
l’optimisme. Athanase prévoyait qu’avec le « petit nuage » passerait
2656
est un petit nuage, il passera. Ce n’était pas de
l’
optimisme. Athanase prévoyait qu’avec le « petit nuage » passerait aus
2657
it pas de l’optimisme. Athanase prévoyait qu’avec
le
« petit nuage » passerait aussi, probablement, sa vie et celle de tan
2658
» passerait aussi, probablement, sa vie et celle
de
tant de frères. Mais au-delà de l’optimisme humain toujours bafoué, a
2659
, sa vie et celle de tant de frères. Mais au-delà
de
l’optimisme humain toujours bafoué, au-delà du pessimisme lâche, il y
2660
a vie et celle de tant de frères. Mais au-delà de
l’
optimisme humain toujours bafoué, au-delà du pessimisme lâche, il y a
2661
jours bafoué, au-delà du pessimisme lâche, il y a
la
foi dans l’éternel, il y a l’amour et l’espérance de l’éternel. À quo
2662
, au-delà du pessimisme lâche, il y a la foi dans
l’
éternel, il y a l’amour et l’espérance de l’éternel. À quoi se raccroc
2663
misme lâche, il y a la foi dans l’éternel, il y a
l’
amour et l’espérance de l’éternel. À quoi se raccrocher, que faire enc
2664
, il y a la foi dans l’éternel, il y a l’amour et
l’
espérance de l’éternel. À quoi se raccrocher, que faire encore ? Quell
2665
foi dans l’éternel, il y a l’amour et l’espérance
de
l’éternel. À quoi se raccrocher, que faire encore ? Quelle était l’as
2666
dans l’éternel, il y a l’amour et l’espérance de
l’
éternel. À quoi se raccrocher, que faire encore ? Quelle était l’assur
2667
oi se raccrocher, que faire encore ? Quelle était
l’
assurance d’éternité qui permettait à Athanase de dire : c’est un peti
2668
cher, que faire encore ? Quelle était l’assurance
d’
éternité qui permettait à Athanase de dire : c’est un petit nuage, il
2669
l’assurance d’éternité qui permettait à Athanase
de
dire : c’est un petit nuage, il passera ? La grandeur de cette heure
2670
nase de dire : c’est un petit nuage, il passera ?
La
grandeur de cette heure sévère, c’est que par la force des choses, pa
2671
: c’est un petit nuage, il passera ? La grandeur
de
cette heure sévère, c’est que par la force des choses, par la brutali
2672
La grandeur de cette heure sévère, c’est que par
la
force des choses, par la brutalité démesurée des choses, nous sommes
2673
re sévère, c’est que par la force des choses, par
la
brutalité démesurée des choses, nous sommes réduits à ne plus espérer
2674
ous sommes réduits à ne plus espérer qu’au nom de
l’
unique nécessaire : « L’amour parfait bannit la crainte. » Quoi qu’il
2675
plus espérer qu’au nom de l’unique nécessaire : «
L’
amour parfait bannit la crainte. » Quoi qu’il arrive. 4. Le budget a
2676
de l’unique nécessaire : « L’amour parfait bannit
la
crainte. » Quoi qu’il arrive. 4. Le budget annuel de la « défense s
2677
fait bannit la crainte. » Quoi qu’il arrive. 4.
Le
budget annuel de la « défense spirituelle » de la Suisse représente à
2678
ainte. » Quoi qu’il arrive. 4. Le budget annuel
de
la « défense spirituelle » de la Suisse représente à peu près le prix
2679
te. » Quoi qu’il arrive. 4. Le budget annuel de
la
« défense spirituelle » de la Suisse représente à peu près le prix de
2680
4. Le budget annuel de la « défense spirituelle »
de
la Suisse représente à peu près le prix de deux chars d’assaut. On tr
2681
Le budget annuel de la « défense spirituelle » de
la
Suisse représente à peu près le prix de deux chars d’assaut. On trouv
2682
spirituelle » de la Suisse représente à peu près
le
prix de deux chars d’assaut. On trouvera de l’argent pour 40 chars, m
2683
elle » de la Suisse représente à peu près le prix
de
deux chars d’assaut. On trouvera de l’argent pour 40 chars, mais si j
2684
uisse représente à peu près le prix de deux chars
d’
assaut. On trouvera de l’argent pour 40 chars, mais si je demande qu’o
2685
près le prix de deux chars d’assaut. On trouvera
de
l’argent pour 40 chars, mais si je demande qu’on double un budget cul
2686
ès le prix de deux chars d’assaut. On trouvera de
l’
argent pour 40 chars, mais si je demande qu’on double un budget cultur
2687
udget culturel, on me répondra que je veux ruiner
le
pays. 5. Comme le fait Paul Reynaud devant le Sénat à l’instant où j
2688
me répondra que je veux ruiner le pays. 5. Comme
le
fait Paul Reynaud devant le Sénat à l’instant où j’écris ceci. e. R
2689
er le pays. 5. Comme le fait Paul Reynaud devant
le
Sénat à l’instant où j’écris ceci. e. Rougemont Denis de, « L’heure
2690
à l’instant où j’écris ceci. e. Rougemont Denis
de
, « L’heure sévère », Les Cahiers protestants, Lausanne, juin 1940, p.
2691
stant où j’écris ceci. e. Rougemont Denis de, «
L’
heure sévère », Les Cahiers protestants, Lausanne, juin 1940, p. 193-2
2692
eci. e. Rougemont Denis de, « L’heure sévère »,
Les
Cahiers protestants, Lausanne, juin 1940, p. 193-202. f. Une note pr
2693
202. f. Une note précise : « Nous remercions ici
la
Neue Schweizer Rundschau, qui nous a autorisé à reproduire cet articl
2694
isé à reproduire cet article paru dans son numéro
de
juin 1940. L’auteur — qui est un de nos collaborateurs — se voit cont
2695
re cet article paru dans son numéro de juin 1940.
L’
auteur — qui est un de nos collaborateurs — se voit contraint par les
2696
ns son numéro de juin 1940. L’auteur — qui est un
de
nos collaborateurs — se voit contraint par les circonstances à ne pas
2697
un de nos collaborateurs — se voit contraint par
les
circonstances à ne pas signer ces pages. »
2698
L’
Église et la Suisse (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin de l’É
2699
L’Église et
la
Suisse (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin de l’Église visibl
2700
uisse (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin
de
l’Église visible et non pas de l’Église en général. Je vous parlerai
2701
se (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin de
l’
Église visible et non pas de l’Église en général. Je vous parlerai des
2702
parlerai ce matin de l’Église visible et non pas
de
l’Église en général. Je vous parlerai des Églises telles que nous les
2703
rlerai ce matin de l’Église visible et non pas de
l’
Église en général. Je vous parlerai des Églises telles que nous les vo
2704
ral. Je vous parlerai des Églises telles que nous
les
voyons en Suisse ; et de la Suisse, telle que nous la voyons en ce mo
2705
Églises telles que nous les voyons en Suisse ; et
de
la Suisse, telle que nous la voyons en ce mois de juillet de 1940. Ce
2706
ises telles que nous les voyons en Suisse ; et de
la
Suisse, telle que nous la voyons en ce mois de juillet de 1940. Ce ne
2707
oyons en Suisse ; et de la Suisse, telle que nous
la
voyons en ce mois de juillet de 1940. Ce ne sera pas une conférence b
2708
de la Suisse, telle que nous la voyons en ce mois
de
juillet de 1940. Ce ne sera pas une conférence bien bâtie, je tiens à
2709
e, telle que nous la voyons en ce mois de juillet
de
1940. Ce ne sera pas une conférence bien bâtie, je tiens à vous le di
2710
ra pas une conférence bien bâtie, je tiens à vous
le
dire tout de suite, mais une simple introduction, un plan de travail,
2711
t de suite, mais une simple introduction, un plan
de
travail, une invite à la discussion. Je vous ferai part de certaines
2712
le introduction, un plan de travail, une invite à
la
discussion. Je vous ferai part de certaines critiques et de certaines
2713
l, une invite à la discussion. Je vous ferai part
de
certaines critiques et de certaines suggestions, critiques peut-être
2714
ion. Je vous ferai part de certaines critiques et
de
certaines suggestions, critiques peut-être dures, mais qu’il est temp
2715
, critiques peut-être dures, mais qu’il est temps
de
formuler pour préparer la voie d’un renouveau, ou les moyens d’une ré
2716
s, mais qu’il est temps de formuler pour préparer
la
voie d’un renouveau, ou les moyens d’une résistance efficace. Et d’ab
2717
qu’il est temps de formuler pour préparer la voie
d’
un renouveau, ou les moyens d’une résistance efficace. Et d’abord, une
2718
formuler pour préparer la voie d’un renouveau, ou
les
moyens d’une résistance efficace. Et d’abord, une parole de confiance
2719
ur préparer la voie d’un renouveau, ou les moyens
d’
une résistance efficace. Et d’abord, une parole de confiance. Tout cra
2720
d’une résistance efficace. Et d’abord, une parole
de
confiance. Tout craque autour de nous, mais ce n’est pas une raison d
2721
aque autour de nous, mais ce n’est pas une raison
de
se lamenter ou de se décourager, bien au contraire. C’est une grande
2722
s, mais ce n’est pas une raison de se lamenter ou
de
se décourager, bien au contraire. C’est une grande occasion de travai
2723
ger, bien au contraire. C’est une grande occasion
de
travailler. Voyons d’abord la situation de notre pays. « Au cœur de
2724
une grande occasion de travailler. Voyons d’abord
la
situation de notre pays. « Au cœur de la révolution européenne, la S
2725
casion de travailler. Voyons d’abord la situation
de
notre pays. « Au cœur de la révolution européenne, la Suisse est réd
2726
ns d’abord la situation de notre pays. « Au cœur
de
la révolution européenne, la Suisse est réduite à elle-même. Elle n’a
2727
d’abord la situation de notre pays. « Au cœur de
la
révolution européenne, la Suisse est réduite à elle-même. Elle n’a pl
2728
tre pays. « Au cœur de la révolution européenne,
la
Suisse est réduite à elle-même. Elle n’a plus d’autre garantie humain
2729
la Suisse est réduite à elle-même. Elle n’a plus
d’
autre garantie humaine que son armée, plus d’autre allié que son terra
2730
plus d’autre garantie humaine que son armée, plus
d’
autre allié que son terrain, plus d’autre espoir que son travail. Cont
2731
n armée, plus d’autre allié que son terrain, plus
d’
autre espoir que son travail. Contrairement à ce que beaucoup croient,
2732
pas nouvelle dans notre histoire. Elle fut celle
de
nos grandes victoires et de nos grands renouvellements.6 » Aujourd’hu
2733
toire. Elle fut celle de nos grandes victoires et
de
nos grands renouvellements.6 » Aujourd’hui, comme aux heures héroïque
2734
ments.6 » Aujourd’hui, comme aux heures héroïques
de
l’ancienne Confédération, sachons voir et saisir notre chance et les
2735
ts.6 » Aujourd’hui, comme aux heures héroïques de
l’
ancienne Confédération, sachons voir et saisir notre chance et les cha
2736
édération, sachons voir et saisir notre chance et
les
chances nouvelles de l’Esprit ! Quand toutes les positions morales et
2737
r et saisir notre chance et les chances nouvelles
de
l’Esprit ! Quand toutes les positions morales et matérielles sont ébr
2738
t saisir notre chance et les chances nouvelles de
l’
Esprit ! Quand toutes les positions morales et matérielles sont ébranl
2739
les chances nouvelles de l’Esprit ! Quand toutes
les
positions morales et matérielles sont ébranlées, comme elles le sont
2740
orales et matérielles sont ébranlées, comme elles
le
sont depuis quelques semaines, alors sonne une heure favorable pour l
2741
es semaines, alors sonne une heure favorable pour
les
examens de conscience, pour les réformes, et dans le cas présent, pou
2742
alors sonne une heure favorable pour les examens
de
conscience, pour les réformes, et dans le cas présent, pour une nouve
2743
re favorable pour les examens de conscience, pour
les
réformes, et dans le cas présent, pour une nouvelle Réformation commu
2744
examens de conscience, pour les réformes, et dans
le
cas présent, pour une nouvelle Réformation communautaire. Car c’est b
2745
ouvelle Réformation communautaire. Car c’est bien
de
cela qu’il s’agit : fonder à nouveau la cité, pour qu’elle résiste et
2746
’est bien de cela qu’il s’agit : fonder à nouveau
la
cité, pour qu’elle résiste et qu’elle rayonne encore, quoi qu’il arri
2747
le rayonne encore, quoi qu’il arrive, oui même si
le
pire arrive. Au cœur physique de notre Confédération se dresse le mas
2748
ive, oui même si le pire arrive. Au cœur physique
de
notre Confédération se dresse le massif du Gothard, mystérieux et ine
2749
Au cœur physique de notre Confédération se dresse
le
massif du Gothard, mystérieux et inexpugnable. Bastion naturel de la
2750
hard, mystérieux et inexpugnable. Bastion naturel
de
la Suisse, cœur de l’Europe et rendez-vous des races, le Gothard est
2751
d, mystérieux et inexpugnable. Bastion naturel de
la
Suisse, cœur de l’Europe et rendez-vous des races, le Gothard est le
2752
inexpugnable. Bastion naturel de la Suisse, cœur
de
l’Europe et rendez-vous des races, le Gothard est le grand symbole de
2753
expugnable. Bastion naturel de la Suisse, cœur de
l’
Europe et rendez-vous des races, le Gothard est le grand symbole de no
2754
uisse, cœur de l’Europe et rendez-vous des races,
le
Gothard est le grand symbole de notre mission politique et de notre s
2755
l’Europe et rendez-vous des races, le Gothard est
le
grand symbole de notre mission politique et de notre sécurité. Et s’i
2756
z-vous des races, le Gothard est le grand symbole
de
notre mission politique et de notre sécurité. Et s’il fallait qu’un j
2757
st le grand symbole de notre mission politique et
de
notre sécurité. Et s’il fallait qu’un jour la Suisse fût envahie, j’i
2758
et de notre sécurité. Et s’il fallait qu’un jour
la
Suisse fût envahie, j’imagine qu’elle pourrait garder pendant des moi
2759
n’atteignent ni chars ni avions, dans cet Alcazar
de
l’Europe, quelques dizaines de milliers d’hommes tiennent encore, mon
2760
tteignent ni chars ni avions, dans cet Alcazar de
l’
Europe, quelques dizaines de milliers d’hommes tiennent encore, montan
2761
, dans cet Alcazar de l’Europe, quelques dizaines
de
milliers d’hommes tiennent encore, montant la garde aux derniers somm
2762
lcazar de l’Europe, quelques dizaines de milliers
d’
hommes tiennent encore, montant la garde aux derniers sommets libres,
2763
nes de milliers d’hommes tiennent encore, montant
la
garde aux derniers sommets libres, autour du trésor de la Suisse. Oui
2764
rde aux derniers sommets libres, autour du trésor
de
la Suisse. Oui, nous serions courbés, mais le grondement lointain des
2765
aux derniers sommets libres, autour du trésor de
la
Suisse. Oui, nous serions courbés, mais le grondement lointain des ca
2766
sor de la Suisse. Oui, nous serions courbés, mais
le
grondement lointain des canons du Gothard nous dirait d’espérer. Main
2767
dement lointain des canons du Gothard nous dirait
d’
espérer. Maintenant, je poserai cette question : dans la situation ext
2768
rer. Maintenant, je poserai cette question : dans
la
situation extrême que je viens de décrire, à supposer que la Suisse s
2769
n extrême que je viens de décrire, à supposer que
la
Suisse soit envahie, pourrions-nous penser à l’Église comme à notre G
2770
e la Suisse soit envahie, pourrions-nous penser à
l’
Église comme à notre Gothard spirituel ? L’existence permanente — même
2771
nser à l’Église comme à notre Gothard spirituel ?
L’
existence permanente — même secrète — et la parole de nos Églises aux
2772
tuel ? L’existence permanente — même secrète — et
la
parole de nos Églises aux catacombes suffiraient-elles à ranimer notr
2773
xistence permanente — même secrète — et la parole
de
nos Églises aux catacombes suffiraient-elles à ranimer notre espéranc
2774
notre espérance, notre amour et notre foi, comme
le
canon lointain ranimerait nos courages ? Nos Églises trouveraient-ell
2775
ait nos courages ? Nos Églises trouveraient-elles
le
moyen de subsister et de s’organiser par l’initiative des laïques, co
2776
ourages ? Nos Églises trouveraient-elles le moyen
de
subsister et de s’organiser par l’initiative des laïques, comme elles
2777
lises trouveraient-elles le moyen de subsister et
de
s’organiser par l’initiative des laïques, comme elles l’ont fait dans
2778
elles le moyen de subsister et de s’organiser par
l’
initiative des laïques, comme elles l’ont fait dans un pays voisin ? J
2779
ganiser par l’initiative des laïques, comme elles
l’
ont fait dans un pays voisin ? Je n’oserais pas répondre ce matin. Ni
2780
ésespéré qu’on voit ce qui était vraiment solide.
L’
Église de Suisse est-elle vraiment solide ? Saura-t-elle résister comm
2781
qu’on voit ce qui était vraiment solide. L’Église
de
Suisse est-elle vraiment solide ? Saura-t-elle résister comme un roc
2782
? Encore une fois, je ne puis pas répondre. Dieu
le
sait, et l’événement seul fera la preuve de notre force ou de nos fai
2783
e fois, je ne puis pas répondre. Dieu le sait, et
l’
événement seul fera la preuve de notre force ou de nos faiblesses. En
2784
répondre. Dieu le sait, et l’événement seul fera
la
preuve de notre force ou de nos faiblesses. En attendant, mettons-nou
2785
Dieu le sait, et l’événement seul fera la preuve
de
notre force ou de nos faiblesses. En attendant, mettons-nous au trava
2786
l’événement seul fera la preuve de notre force ou
de
nos faiblesses. En attendant, mettons-nous au travail pour qu’au jour
2787
ossible. Inspectons avec soin nos défenses, ayons
le
courage de dire franchement : ici ou là, nous sommes encore faibles.
2788
spectons avec soin nos défenses, ayons le courage
de
dire franchement : ici ou là, nous sommes encore faibles. C’est ici e
2789
faibles. C’est ici et c’est là, qu’il faut porter
l’
effort. Aujourd’hui ou jamais, notre Église a besoin d’une rigoureuse
2790
ort. Aujourd’hui ou jamais, notre Église a besoin
d’
une rigoureuse critique, d’une critique utile et positive, qui prépare
2791
notre Église a besoin d’une rigoureuse critique,
d’
une critique utile et positive, qui prépare et qui définisse les recon
2792
e utile et positive, qui prépare et qui définisse
les
reconstructions nécessaires. ⁂ La grande faiblesse de notre Église vi
2793
qui définisse les reconstructions nécessaires. ⁂
La
grande faiblesse de notre Église visible, de nos diverses Églises sui
2794
econstructions nécessaires. ⁂ La grande faiblesse
de
notre Église visible, de nos diverses Églises suisses, c’est qu’elles
2795
s. ⁂ La grande faiblesse de notre Église visible,
de
nos diverses Églises suisses, c’est qu’elles ont cessé d’être ou n’on
2796
iverses Églises suisses, c’est qu’elles ont cessé
d’
être ou n’ont jamais été de véritables communautés. Voilà le fait qui
2797
est qu’elles ont cessé d’être ou n’ont jamais été
de
véritables communautés. Voilà le fait qui me paraît le plus grave, ét
2798
n’ont jamais été de véritables communautés. Voilà
le
fait qui me paraît le plus grave, étant donné les événements actuels
2799
ritables communautés. Voilà le fait qui me paraît
le
plus grave, étant donné les événements actuels et ceux que nous devon
2800
le fait qui me paraît le plus grave, étant donné
les
événements actuels et ceux que nous devons prévoir. Une Église devrai
2801
que nous devons prévoir. Une Église devrait être
le
type même de la communauté vivante. Posons tout de suite un repère :
2802
ons prévoir. Une Église devrait être le type même
de
la communauté vivante. Posons tout de suite un repère : les paroisses
2803
prévoir. Une Église devrait être le type même de
la
communauté vivante. Posons tout de suite un repère : les paroisses de
2804
munauté vivante. Posons tout de suite un repère :
les
paroisses de l’Église primitive étaient de vraies communautés. On y m
2805
e. Posons tout de suite un repère : les paroisses
de
l’Église primitive étaient de vraies communautés. On y mettait tout e
2806
Posons tout de suite un repère : les paroisses de
l’
Église primitive étaient de vraies communautés. On y mettait tout en c
2807
ère : les paroisses de l’Église primitive étaient
de
vraies communautés. On y mettait tout en commun, même les richesses,
2808
es communautés. On y mettait tout en commun, même
les
richesses, et cela paraissait naturel, parce que le but et le fondeme
2809
richesses, et cela paraissait naturel, parce que
le
but et le fondement spirituel d’une paroisse étaient alors plus impor
2810
, et cela paraissait naturel, parce que le but et
le
fondement spirituel d’une paroisse étaient alors plus importants que
2811
turel, parce que le but et le fondement spirituel
d’
une paroisse étaient alors plus importants que tout. La ferveur de la
2812
paroisse étaient alors plus importants que tout.
La
ferveur de la foi nouvelle liait les esprits et les cœurs avec une te
2813
taient alors plus importants que tout. La ferveur
de
la foi nouvelle liait les esprits et les cœurs avec une telle puissan
2814
ent alors plus importants que tout. La ferveur de
la
foi nouvelle liait les esprits et les cœurs avec une telle puissance
2815
nts que tout. La ferveur de la foi nouvelle liait
les
esprits et les cœurs avec une telle puissance que les sacrifices maté
2816
a ferveur de la foi nouvelle liait les esprits et
les
cœurs avec une telle puissance que les sacrifices matériels devenaien
2817
esprits et les cœurs avec une telle puissance que
les
sacrifices matériels devenaient simplement des services d’amitié, de
2818
ices matériels devenaient simplement des services
d’
amitié, de ces services qui vont de soi entre les membres d’une famill
2819
iels devenaient simplement des services d’amitié,
de
ces services qui vont de soi entre les membres d’une famille. Et je n
2820
s d’amitié, de ces services qui vont de soi entre
les
membres d’une famille. Et je ne parle même pas du « partage » spiritu
2821
de ces services qui vont de soi entre les membres
d’
une famille. Et je ne parle même pas du « partage » spirituel, qui dev
2822
ême pas du « partage » spirituel, qui devait être
le
pain quotidien de ces communautés souvent persécutées. Certes, il ne
2823
ge » spirituel, qui devait être le pain quotidien
de
ces communautés souvent persécutées. Certes, il ne faudrait pas s’ima
2824
ers chrétiens étaient toujours des saints, et que
les
familles qu’ils formaient ne connaissaient jamais de querelles de fam
2825
familles qu’ils formaient ne connaissaient jamais
de
querelles de familles ! Les épîtres de Paul suffiraient à dissiper ce
2826
ls formaient ne connaissaient jamais de querelles
de
familles ! Les épîtres de Paul suffiraient à dissiper cette illusion.
2827
e connaissaient jamais de querelles de familles !
Les
épîtres de Paul suffiraient à dissiper cette illusion. Il n’en reste
2828
ent jamais de querelles de familles ! Les épîtres
de
Paul suffiraient à dissiper cette illusion. Il n’en reste pas moins q
2829
ins que ces premières Églises ont surmonté toutes
les
persécutions grâce à la cohésion de leurs paroisses, grâce à l’esprit
2830
ises ont surmonté toutes les persécutions grâce à
la
cohésion de leurs paroisses, grâce à l’esprit communautaire qui les s
2831
monté toutes les persécutions grâce à la cohésion
de
leurs paroisses, grâce à l’esprit communautaire qui les soutenait. Pe
2832
s grâce à la cohésion de leurs paroisses, grâce à
l’
esprit communautaire qui les soutenait. Pendant la décadence de l’Empi
2833
urs paroisses, grâce à l’esprit communautaire qui
les
soutenait. Pendant la décadence de l’Empire romain, ces paroisses ont
2834
l’esprit communautaire qui les soutenait. Pendant
la
décadence de l’Empire romain, ces paroisses ont constitué les cellule
2835
unautaire qui les soutenait. Pendant la décadence
de
l’Empire romain, ces paroisses ont constitué les cellules de base d’u
2836
utaire qui les soutenait. Pendant la décadence de
l’
Empire romain, ces paroisses ont constitué les cellules de base d’une
2837
e de l’Empire romain, ces paroisses ont constitué
les
cellules de base d’une nouvelle société7, les noyaux des cités future
2838
romain, ces paroisses ont constitué les cellules
de
base d’une nouvelle société7, les noyaux des cités futures, les refug
2839
ces paroisses ont constitué les cellules de base
d’
une nouvelle société7, les noyaux des cités futures, les refuges de la
2840
tué les cellules de base d’une nouvelle société7,
les
noyaux des cités futures, les refuges de la vraie liberté. Nos parois
2841
nouvelle société7, les noyaux des cités futures,
les
refuges de la vraie liberté. Nos paroisses actuelles, nos paroisses d
2842
ciété7, les noyaux des cités futures, les refuges
de
la vraie liberté. Nos paroisses actuelles, nos paroisses de Suisse, s
2843
té7, les noyaux des cités futures, les refuges de
la
vraie liberté. Nos paroisses actuelles, nos paroisses de Suisse, sera
2844
e liberté. Nos paroisses actuelles, nos paroisses
de
Suisse, seraient-elles capables de jouer pareil rôle, de nos jours ?
2845
nos paroisses de Suisse, seraient-elles capables
de
jouer pareil rôle, de nos jours ? Souvent, en sortant d’un de nos cul
2846
se, seraient-elles capables de jouer pareil rôle,
de
nos jours ? Souvent, en sortant d’un de nos cultes, je regarde les ge
2847
r pareil rôle, de nos jours ? Souvent, en sortant
d’
un de nos cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose
2848
eil rôle, de nos jours ? Souvent, en sortant d’un
de
nos cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose cett
2849
ouvent, en sortant d’un de nos cultes, je regarde
les
gens qui se dispersent, et je me pose cette question : sont-ils prêts
2850
sont-ils prêts à mettre en commun autre chose que
la
pièce de monnaie qu’ils viennent de déposer dans le « sachet », avec
2851
prêts à mettre en commun autre chose que la pièce
de
monnaie qu’ils viennent de déposer dans le « sachet », avec l’air de
2852
pièce de monnaie qu’ils viennent de déposer dans
le
« sachet », avec l’air de ne pas y toucher ? Sont-ils prêts à « parta
2853
’ils viennent de déposer dans le « sachet », avec
l’
air de ne pas y toucher ? Sont-ils prêts à « partager » autre chose qu
2854
iennent de déposer dans le « sachet », avec l’air
de
ne pas y toucher ? Sont-ils prêts à « partager » autre chose que des
2855
r » autre chose que des impressions générales sur
le
temps et les tristes événements ? Sont-ils vraiment des frères — et d
2856
ose que des impressions générales sur le temps et
les
tristes événements ? Sont-ils vraiment des frères — et des frères dan
2857
Sont-ils vraiment des frères — et des frères dans
l’
Église ? Oh ! je ne demande pas que nos paroisses décrètent du jour au
2858
que nos paroisses décrètent du jour au lendemain
le
partage de tous les biens et décident d’établir un régime communiste,
2859
roisses décrètent du jour au lendemain le partage
de
tous les biens et décident d’établir un régime communiste, au sens li
2860
décrètent du jour au lendemain le partage de tous
les
biens et décident d’établir un régime communiste, au sens littéral de
2861
endemain le partage de tous les biens et décident
d’
établir un régime communiste, au sens littéral de ce mot. Mais je me d
2862
d’établir un régime communiste, au sens littéral
de
ce mot. Mais je me demande seulement si elles sont prêtes à envisager
2863
t si elles sont prêtes à envisager certains actes
de
solidarité pratique ; si elles acceptent, au moins en théorie, de fai
2864
atique ; si elles acceptent, au moins en théorie,
de
faire quelque chose dans ce sens, à supposer que les circonstances l’
2865
faire quelque chose dans ce sens, à supposer que
les
circonstances l’exigent un jour prochain. Je me demande si les fidèle
2866
se dans ce sens, à supposer que les circonstances
l’
exigent un jour prochain. Je me demande si les fidèles de nos cultes s
2867
nces l’exigent un jour prochain. Je me demande si
les
fidèles de nos cultes se sentent plus fortement liés aux autres membr
2868
nt un jour prochain. Je me demande si les fidèles
de
nos cultes se sentent plus fortement liés aux autres membres de l’Égl
2869
se sentent plus fortement liés aux autres membres
de
l’Église qu’ils ne sont liés à leur parti, ou à leur classe, ou à leu
2870
sentent plus fortement liés aux autres membres de
l’
Église qu’ils ne sont liés à leur parti, ou à leur classe, ou à leurs
2871
ent — songeant au jour où il faudra choisir entre
l’
Église et nos sécurités. Je vois bien que nos Églises constituent des
2872
nombreux, qu’il y a parmi leurs membres beaucoup
d’
individus vraiment croyants, capables de faire pour leur part des acte
2873
beaucoup d’individus vraiment croyants, capables
de
faire pour leur part des actes quotidiens de charité chrétienne. Mais
2874
bles de faire pour leur part des actes quotidiens
de
charité chrétienne. Mais une administration, des auditoires et un cer
2875
ministration, des auditoires et un certain nombre
d’
individualités chrétiennes, agissant pour leur compte — plus qu’au nom
2876
es, agissant pour leur compte — plus qu’au nom de
l’
Église — cela ne fait pas encore une vraie communauté. Des actes isolé
2877
, si beaux soient-ils, cela ne fait pas un esprit
de
corps, — et l’expression « esprit de corps » devrait pouvoir s’appliq
2878
nt-ils, cela ne fait pas un esprit de corps, — et
l’
expression « esprit de corps » devrait pouvoir s’appliquer à l’Église
2879
as un esprit de corps, — et l’expression « esprit
de
corps » devrait pouvoir s’appliquer à l’Église plus qu’à nulle autre
2880
« esprit de corps » devrait pouvoir s’appliquer à
l’
Église plus qu’à nulle autre communauté au monde, puisque l’Église est
2881
lus qu’à nulle autre communauté au monde, puisque
l’
Église est rassemblée par l’Esprit saint, et puisqu’elle est le Corps
2882
uté au monde, puisque l’Église est rassemblée par
l’
Esprit saint, et puisqu’elle est le Corps même du Seigneur. Ceci dit,
2883
rassemblée par l’Esprit saint, et puisqu’elle est
le
Corps même du Seigneur. Ceci dit, et notre faiblesse une fois reconnu
2884
se une fois reconnue et confessée, ne perdons pas
de
temps à nous lamenter ou à critiquer vainement. Mettons-nous au trava
2885
r vainement. Mettons-nous au travail pour essayer
de
refaire, avec ce dont nous disposons, quelque chose de plus solide, d
2886
s’organiser. Je ne puis pas vous énumérer toutes
les
conditions nécessaires pour que nos paroisses redeviennent des commun
2887
ent des communautés véritables. Mais il est trois
de
ces conditions, entre vingt autres8, qui me paraissent à la fois indi
2888
ratiquement réalisables à bref délai, j’entends à
la
faveur du choc des événements récents et avant les crises plus graves
2889
la faveur du choc des événements récents et avant
les
crises plus graves qui se préparent. Pour que nos Églises retrouvent
2890
qui se préparent. Pour que nos Églises retrouvent
le
sens et la vertu communautaire, il faut : 1° qu’elles reprennent cons
2891
arent. Pour que nos Églises retrouvent le sens et
la
vertu communautaire, il faut : 1° qu’elles reprennent conscience de l
2892
aire, il faut : 1° qu’elles reprennent conscience
de
la nature éternelle et du but transcendant de l’Église ; 2° qu’elles
2893
e, il faut : 1° qu’elles reprennent conscience de
la
nature éternelle et du but transcendant de l’Église ; 2° qu’elles dév
2894
nce de la nature éternelle et du but transcendant
de
l’Église ; 2° qu’elles développent ou réveillent en elles le sens mis
2895
de la nature éternelle et du but transcendant de
l’
Église ; 2° qu’elles développent ou réveillent en elles le sens missio
2896
; 2° qu’elles développent ou réveillent en elles
le
sens missionnaire, à l’intérieur du pays ; 3° qu’elles aient le coura
2897
nt ou réveillent en elles le sens missionnaire, à
l’
intérieur du pays ; 3° qu’elles aient le courage d’être franchement de
2898
nnaire, à l’intérieur du pays ; 3° qu’elles aient
le
courage d’être franchement des Églises visibles, organisées, douées d
2899
’intérieur du pays ; 3° qu’elles aient le courage
d’
être franchement des Églises visibles, organisées, douées d’une discip
2900
nchement des Églises visibles, organisées, douées
d’
une discipline et de formes cultuelles fixes. I Le premier de ces
2901
visibles, organisées, douées d’une discipline et
de
formes cultuelles fixes. I Le premier de ces trois points est av
2902
et de formes cultuelles fixes. I Le premier
de
ces trois points est avant tout théologique. Je n’insisterai donc pas
2903
eurs beaucoup plus qualifiés que moi pour définir
l’
essence et le but de l’Église. Je me contenterai de quelques remarques
2904
plus qualifiés que moi pour définir l’essence et
le
but de l’Église. Je me contenterai de quelques remarques sur les rapp
2905
ualifiés que moi pour définir l’essence et le but
de
l’Église. Je me contenterai de quelques remarques sur les rapports de
2906
ifiés que moi pour définir l’essence et le but de
l’
Église. Je me contenterai de quelques remarques sur les rapports de l’
2907
’essence et le but de l’Église. Je me contenterai
de
quelques remarques sur les rapports de l’Église et de la Suisse, en t
2908
lise. Je me contenterai de quelques remarques sur
les
rapports de l’Église et de la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci :
2909
ontenterai de quelques remarques sur les rapports
de
l’Église et de la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Églis
2910
enterai de quelques remarques sur les rapports de
l’
Église et de la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Église s
2911
uelques remarques sur les rapports de l’Église et
de
la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Église suisse doit ê
2912
ques remarques sur les rapports de l’Église et de
la
Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Église suisse doit être
2913
Église suisse doit être, ou redevenir une Église
de
Dieu, et non pas la société des braves gens. Par exemple, on ne doit
2914
être, ou redevenir une Église de Dieu, et non pas
la
société des braves gens. Par exemple, on ne doit plus discuter de son
2915
raves gens. Par exemple, on ne doit plus discuter
de
son administration et de ses rapports avec l’État comme s’il s’agissa
2916
on ne doit plus discuter de son administration et
de
ses rapports avec l’État comme s’il s’agissait d’un parti ou d’une fo
2917
ter de son administration et de ses rapports avec
l’
État comme s’il s’agissait d’un parti ou d’une fondation de bienfaisan
2918
de ses rapports avec l’État comme s’il s’agissait
d’
un parti ou d’une fondation de bienfaisance avec des traditions de fam
2919
s avec l’État comme s’il s’agissait d’un parti ou
d’
une fondation de bienfaisance avec des traditions de famille et des do
2920
mme s’il s’agissait d’un parti ou d’une fondation
de
bienfaisance avec des traditions de famille et des donateurs attachés
2921
une fondation de bienfaisance avec des traditions
de
famille et des donateurs attachés à leurs souvenirs. L’Église n’est p
2922
ille et des donateurs attachés à leurs souvenirs.
L’
Église n’est pas à nous, n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne son
2923
s affaires ne sont pas nos affaires d’abord, mais
les
affaires du Royaume de Dieu. Il me paraît profondément indécent que c
2924
os affaires d’abord, mais les affaires du Royaume
de
Dieu. Il me paraît profondément indécent que ces affaires soient déba
2925
onseils, par des hommes qui parfois ignorent tout
de
la réalité de l’Église, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de
2926
eils, par des hommes qui parfois ignorent tout de
la
réalité de l’Église, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’
2927
es hommes qui parfois ignorent tout de la réalité
de
l’Église, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’Église et d
2928
hommes qui parfois ignorent tout de la réalité de
l’
Église, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’Église et de l
2929
éalité de l’Église, corps du Christ. Ensuite, sur
les
rapports de l’Église et de l’État, je vous proposerai deux formules :
2930
glise, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports
de
l’Église et de l’État, je vous proposerai deux formules : 1° Le servi
2931
se, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de
l’
Église et de l’État, je vous proposerai deux formules : 1° Le service
2932
Christ. Ensuite, sur les rapports de l’Église et
de
l’État, je vous proposerai deux formules : 1° Le service unique et su
2933
rist. Ensuite, sur les rapports de l’Église et de
l’
État, je vous proposerai deux formules : 1° Le service unique et suffi
2934
de l’État, je vous proposerai deux formules : 1°
Le
service unique et suffisant que l’Église doit rendre à la Suisse, c’e
2935
formules : 1° Le service unique et suffisant que
l’
Église doit rendre à la Suisse, c’est de rester ou de devenir une vrai
2936
ce unique et suffisant que l’Église doit rendre à
la
Suisse, c’est de rester ou de devenir une vraie Église, une Église de
2937
isant que l’Église doit rendre à la Suisse, c’est
de
rester ou de devenir une vraie Église, une Église de Dieu et non pas
2938
glise doit rendre à la Suisse, c’est de rester ou
de
devenir une vraie Église, une Église de Dieu et non pas une Église pa
2939
rester ou de devenir une vraie Église, une Église
de
Dieu et non pas une Église patriotique ou une puissance d’ordre polit
2940
t non pas une Église patriotique ou une puissance
d’
ordre politique. 2° Le service que l’État suisse doit en retour, à l’É
2941
atriotique ou une puissance d’ordre politique. 2°
Le
service que l’État suisse doit en retour, à l’Église, c’est de la lai
2942
ne puissance d’ordre politique. 2° Le service que
l’
État suisse doit en retour, à l’Église, c’est de la laisser être une v
2943
2° Le service que l’État suisse doit en retour, à
l’
Église, c’est de la laisser être une vraie Église de Dieu et non pas u
2944
e l’État suisse doit en retour, à l’Église, c’est
de
la laisser être une vraie Église de Dieu et non pas une Église de l’É
2945
’État suisse doit en retour, à l’Église, c’est de
la
laisser être une vraie Église de Dieu et non pas une Église de l’État
2946
Église, c’est de la laisser être une vraie Église
de
Dieu et non pas une Église de l’État suisse. Il est bien vrai que not
2947
re une vraie Église de Dieu et non pas une Église
de
l’État suisse. Il est bien vrai que notre État fédéral ne saurait se
2948
une vraie Église de Dieu et non pas une Église de
l’
État suisse. Il est bien vrai que notre État fédéral ne saurait se fon
2949
fonder concrètement que sur des bases chrétiennes
de
tolérance et d’amour du prochain. Mais je tiens à redire ici ce que j
2950
ent que sur des bases chrétiennes de tolérance et
d’
amour du prochain. Mais je tiens à redire ici ce que je disais cet hiv
2951
ce que nous sommes Suisses, mais nous devons être
de
bons Suisses parce que nous sommes chrétiens d’abord. Gardons-nous du
2952
parler j’opposerai cette déclaration prophétique
d’
un homme dont la pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre
2953
rai cette déclaration prophétique d’un homme dont
la
pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre Vinet. « Veuille
2954
en voulez pas pour vous, mais seulement pour tout
le
monde, faites-nous la grâce de n’en point vouloir ». Car « la société
2955
s, mais seulement pour tout le monde, faites-nous
la
grâce de n’en point vouloir ». Car « la société qui veut m’ôter ma re
2956
eulement pour tout le monde, faites-nous la grâce
de
n’en point vouloir ». Car « la société qui veut m’ôter ma religion, m
2957
ites-nous la grâce de n’en point vouloir ». Car «
la
société qui veut m’ôter ma religion, m’effraie bien moins que celle q
2958
umé, la première condition indispensable pour que
l’
Église devienne une vraie communauté, c’est que l’Église soit indépend
2959
l’Église devienne une vraie communauté, c’est que
l’
Église soit indépendante de l’État, je veux dire par là : constituée f
2960
communauté, c’est que l’Église soit indépendante
de
l’État, je veux dire par là : constituée face à l’État comme une auto
2961
mmunauté, c’est que l’Église soit indépendante de
l’
État, je veux dire par là : constituée face à l’État comme une autorit
2962
e l’État, je veux dire par là : constituée face à
l’
État comme une autorité souveraine 9. Alors, si l’État change, l’Églis
2963
l’État comme une autorité souveraine 9. Alors, si
l’
État change, l’Église ne changera pas. Et si l’État devient païen, l’É
2964
e autorité souveraine 9. Alors, si l’État change,
l’
Église ne changera pas. Et si l’État devient païen, l’Église pourra re
2965
si l’État change, l’Église ne changera pas. Et si
l’
État devient païen, l’Église pourra rester le lieu où les justes rappo
2966
lise ne changera pas. Et si l’État devient païen,
l’
Église pourra rester le lieu où les justes rapports entre les hommes s
2967
t si l’État devient païen, l’Église pourra rester
le
lieu où les justes rapports entre les hommes sont ordonnés par la Par
2968
devient païen, l’Église pourra rester le lieu où
les
justes rapports entre les hommes sont ordonnés par la Parole et par l
2969
ourra rester le lieu où les justes rapports entre
les
hommes sont ordonnés par la Parole et par l’Esprit. Si l’on se remémo
2970
ustes rapports entre les hommes sont ordonnés par
la
Parole et par l’Esprit. Si l’on se remémore les événements qui ont am
2971
tre les hommes sont ordonnés par la Parole et par
l’
Esprit. Si l’on se remémore les événements qui ont amené la création d
2972
s sont ordonnés par la Parole et par l’Esprit. Si
l’
on se remémore les événements qui ont amené la création de l’Église co
2973
ar la Parole et par l’Esprit. Si l’on se remémore
les
événements qui ont amené la création de l’Église confessionnelle en A
2974
Si l’on se remémore les événements qui ont amené
la
création de l’Église confessionnelle en Allemagne, on comprendra ce q
2975
remémore les événements qui ont amené la création
de
l’Église confessionnelle en Allemagne, on comprendra ce que je veux d
2976
émore les événements qui ont amené la création de
l’
Église confessionnelle en Allemagne, on comprendra ce que je veux dire
2977
agne, on comprendra ce que je veux dire, — et que
le
problème est urgent ! II La seconde condition, c’est que nos Ég
2978
’est que nos Églises redeviennent missionnaires à
l’
intérieur du pays, dans toutes les couches de notre peuple suisse. Pou
2979
missionnaires à l’intérieur du pays, dans toutes
les
couches de notre peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent à l’é
2980
es à l’intérieur du pays, dans toutes les couches
de
notre peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent à l’évolution so
2981
peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent à
l’
évolution sociale du xixe siècle, nos Églises sont devenues des milie
2982
des villes, et dans beaucoup de villages. Même si
de
nombreuses familles d’ouvriers en font encore partie, c’est un fait q
2983
ucoup de villages. Même si de nombreuses familles
d’
ouvriers en font encore partie, c’est un fait que le ton des sermons,
2984
ouvriers en font encore partie, c’est un fait que
le
ton des sermons, le maintien des auditeurs et l’atmosphère en général
2985
ore partie, c’est un fait que le ton des sermons,
le
maintien des auditeurs et l’atmosphère en général y sont bien plus bo
2986
le ton des sermons, le maintien des auditeurs et
l’
atmosphère en général y sont bien plus bourgeois que populaires. C’est
2987
ue populaires. C’est sans doute l’une des raisons
de
la désaffection de la classe ouvrière vis-à-vis de l’Église depuis pl
2988
populaires. C’est sans doute l’une des raisons de
la
désaffection de la classe ouvrière vis-à-vis de l’Église depuis plus
2989
t sans doute l’une des raisons de la désaffection
de
la classe ouvrière vis-à-vis de l’Église depuis plus d’un siècle : el
2990
ans doute l’une des raisons de la désaffection de
la
classe ouvrière vis-à-vis de l’Église depuis plus d’un siècle : elle
2991
a désaffection de la classe ouvrière vis-à-vis de
l’
Église depuis plus d’un siècle : elle ne s’y sent pas tout à fait chez
2992
classe ouvrière vis-à-vis de l’Église depuis plus
d’
un siècle : elle ne s’y sent pas tout à fait chez elle ; elle n’y reco
2993
son langage. Il y a là certainement quelque chose
d’
anormal. L’Église n’aurait jamais dû prendre le ton et l’accent d’un m
2994
. Il y a là certainement quelque chose d’anormal.
L’
Église n’aurait jamais dû prendre le ton et l’accent d’un milieu socia
2995
se d’anormal. L’Église n’aurait jamais dû prendre
le
ton et l’accent d’un milieu social plutôt que d’un autre. Elle devrai
2996
al. L’Église n’aurait jamais dû prendre le ton et
l’
accent d’un milieu social plutôt que d’un autre. Elle devrait aujourd’
2997
ise n’aurait jamais dû prendre le ton et l’accent
d’
un milieu social plutôt que d’un autre. Elle devrait aujourd’hui aband
2998
le ton et l’accent d’un milieu social plutôt que
d’
un autre. Elle devrait aujourd’hui abandonner résolument cette espèce
2999
it aujourd’hui abandonner résolument cette espèce
d’
éloquence conventionnelle qu’on appelle le ton de la chaire et qui pro
3000
espèce d’éloquence conventionnelle qu’on appelle
le
ton de la chaire et qui produit sur l’auditeur occasionnel de nos ser
3001
d’éloquence conventionnelle qu’on appelle le ton
de
la chaire et qui produit sur l’auditeur occasionnel de nos sermons un
3002
éloquence conventionnelle qu’on appelle le ton de
la
chaire et qui produit sur l’auditeur occasionnel de nos sermons une i
3003
on appelle le ton de la chaire et qui produit sur
l’
auditeur occasionnel de nos sermons une impression fâcheuse de démodé,
3004
chaire et qui produit sur l’auditeur occasionnel
de
nos sermons une impression fâcheuse de démodé, d’inactuel, d’irréalis
3005
ccasionnel de nos sermons une impression fâcheuse
de
démodé, d’inactuel, d’irréaliste. Il n’y a vraiment aucune raison val
3006
de nos sermons une impression fâcheuse de démodé,
d’
inactuel, d’irréaliste. Il n’y a vraiment aucune raison valable pour q
3007
ns une impression fâcheuse de démodé, d’inactuel,
d’
irréaliste. Il n’y a vraiment aucune raison valable pour que notre pré
3008
ation chrétienne abandonne aux tribuns politiques
le
privilège de savoir parler à la foule, de savoir la toucher par des p
3009
nne abandonne aux tribuns politiques le privilège
de
savoir parler à la foule, de savoir la toucher par des paroles direct
3010
ribuns politiques le privilège de savoir parler à
la
foule, de savoir la toucher par des paroles directes. Vous me direz p
3011
itiques le privilège de savoir parler à la foule,
de
savoir la toucher par des paroles directes. Vous me direz peut-être q
3012
privilège de savoir parler à la foule, de savoir
la
toucher par des paroles directes. Vous me direz peut-être que cette q
3013
asteurs. Je n’en suis pas sûr. C’est une question
d’
atmosphère spirituelle, de disposition des esprits. C’est aussi notre
3014
sûr. C’est une question d’atmosphère spirituelle,
de
disposition des esprits. C’est aussi notre affaire à nous laïques. No
3015
nous soyons choqués quand un pasteur ne garde pas
le
ton convenu, le ton convenable. Nous oublions trop facilement que la
3016
ués quand un pasteur ne garde pas le ton convenu,
le
ton convenable. Nous oublions trop facilement que la Parole de l’Égli
3017
ton convenable. Nous oublions trop facilement que
la
Parole de l’Église n’est pas réservée seulement à nos « milieux ecclé
3018
able. Nous oublions trop facilement que la Parole
de
l’Église n’est pas réservée seulement à nos « milieux ecclésiastiques
3019
e. Nous oublions trop facilement que la Parole de
l’
Église n’est pas réservée seulement à nos « milieux ecclésiastiques »,
3020
nt à nos « milieux ecclésiastiques », mais à tous
les
hommes d’où qu’ils viennent, qui ont faim et soif de vérité, sans le
3021
milieux ecclésiastiques », mais à tous les hommes
d’
où qu’ils viennent, qui ont faim et soif de vérité, sans le savoir le
3022
hommes d’où qu’ils viennent, qui ont faim et soif
de
vérité, sans le savoir le plus souvent. Il est grand temps que nous f
3023
ls viennent, qui ont faim et soif de vérité, sans
le
savoir le plus souvent. Il est grand temps que nous fassions en sorte
3024
t, qui ont faim et soif de vérité, sans le savoir
le
plus souvent. Il est grand temps que nous fassions en sorte que tous
3025
issent écouter et puissent entendre sans éprouver
le
sentiment de s’être égarés dans un milieu où ils sont déplacés. Que n
3026
r et puissent entendre sans éprouver le sentiment
de
s’être égarés dans un milieu où ils sont déplacés. Que nos Églises se
3027
és. Que nos Églises se préoccupent donc davantage
d’
être vraiment ouvertes à tous ! C’est une question de foi et de mainti
3028
tre vraiment ouvertes à tous ! C’est une question
de
foi et de maintien, de tact humain, de charité. C’est aussi, et c’est
3029
nt ouvertes à tous ! C’est une question de foi et
de
maintien, de tact humain, de charité. C’est aussi, et c’est avant tou
3030
tous ! C’est une question de foi et de maintien,
de
tact humain, de charité. C’est aussi, et c’est avant tout, une questi
3031
e question de foi et de maintien, de tact humain,
de
charité. C’est aussi, et c’est avant tout, une question de zèle missi
3032
é. C’est aussi, et c’est avant tout, une question
de
zèle missionnaire, d’amour des âmes. Si nous avons ce zèle et ce souc
3033
st avant tout, une question de zèle missionnaire,
d’
amour des âmes. Si nous avons ce zèle et ce souci, l’atmosphère un peu
3034
mour des âmes. Si nous avons ce zèle et ce souci,
l’
atmosphère un peu renfermée de certaines de nos paroisses se dissipera
3035
e zèle et ce souci, l’atmosphère un peu renfermée
de
certaines de nos paroisses se dissipera d’elle-même, se fera plus acc
3036
souci, l’atmosphère un peu renfermée de certaines
de
nos paroisses se dissipera d’elle-même, se fera plus accueillante. L’
3037
fermée de certaines de nos paroisses se dissipera
d’
elle-même, se fera plus accueillante. L’étranger qui entrera dans nos
3038
dissipera d’elle-même, se fera plus accueillante.
L’
étranger qui entrera dans nos temples ne se sentira plus perdu chez le
3039
ra dans nos temples ne se sentira plus perdu chez
les
braves gens, mais accueilli dans une maison de Dieu. Ce que je voudra
3040
z les braves gens, mais accueilli dans une maison
de
Dieu. Ce que je voudrais dire encore sur ce sujet est peut-être un pe
3041
que je présente comme laïque à nos pasteurs, avec
l’
espoir que les laïques de cet auditoire l’appuieront pratiquement dans
3042
te comme laïque à nos pasteurs, avec l’espoir que
les
laïques de cet auditoire l’appuieront pratiquement dans leurs paroiss
3043
que à nos pasteurs, avec l’espoir que les laïques
de
cet auditoire l’appuieront pratiquement dans leurs paroisses. Je voud
3044
s, avec l’espoir que les laïques de cet auditoire
l’
appuieront pratiquement dans leurs paroisses. Je voudrais dire à nos p
3045
moins originales. Elle demande des vérités sûres,
les
vérités de la Bible, qui sont toujours les plus actuelles, et qui son
3046
ales. Elle demande des vérités sûres, les vérités
de
la Bible, qui sont toujours les plus actuelles, et qui sont seules à
3047
s. Elle demande des vérités sûres, les vérités de
la
Bible, qui sont toujours les plus actuelles, et qui sont seules à la
3048
sûres, les vérités de la Bible, qui sont toujours
les
plus actuelles, et qui sont seules à la hauteur de la situation prése
3049
toujours les plus actuelles, et qui sont seules à
la
hauteur de la situation présente. Ce ne sont jamais nos idées personn
3050
s plus actuelles, et qui sont seules à la hauteur
de
la situation présente. Ce ne sont jamais nos idées personnelles, nos
3051
lus actuelles, et qui sont seules à la hauteur de
la
situation présente. Ce ne sont jamais nos idées personnelles, nos com
3052
il y a quelques semaines, une parole qui m’a fait
de
l’impression. C’était dans un sermon, et le pasteur disait : « Laisso
3053
y a quelques semaines, une parole qui m’a fait de
l’
impression. C’était dans un sermon, et le pasteur disait : « Laissons
3054
fait de l’impression. C’était dans un sermon, et
le
pasteur disait : « Laissons parler la Bible seule, car nous, nous ne
3055
sermon, et le pasteur disait : « Laissons parler
la
Bible seule, car nous, nous ne sommes pas convaincants. » Parole prof
3056
Parole profonde, parole qui devrait libérer plus
d’
un pasteur de ses soucis, et résoudre en partie le problème du samedi
3057
nde, parole qui devrait libérer plus d’un pasteur
de
ses soucis, et résoudre en partie le problème du samedi soir… Encore
3058
d’un pasteur de ses soucis, et résoudre en partie
le
problème du samedi soir… Encore faut-il que les paroissiens, à leur t
3059
ie le problème du samedi soir… Encore faut-il que
les
paroissiens, à leur tour, acceptent que leur pasteur soit « simplemen
3060
simple ! Jamais il ne pourra se rapprocher assez
de
la simplicité des paroles de la Bible. « Nous ne sommes pas convainca
3061
mple ! Jamais il ne pourra se rapprocher assez de
la
simplicité des paroles de la Bible. « Nous ne sommes pas convaincants
3062
se rapprocher assez de la simplicité des paroles
de
la Bible. « Nous ne sommes pas convaincants », disait le pasteur que
3063
rapprocher assez de la simplicité des paroles de
la
Bible. « Nous ne sommes pas convaincants », disait le pasteur que je
3064
ible. « Nous ne sommes pas convaincants », disait
le
pasteur que je viens de citer. Nous ne sommes pas convaincants, ajout
3065
ns que la plupart des auditeurs n’auraient pas eu
l’
idée de faire. Comme laïque, je ne demande pas qu’on me persuade de cr
3066
la plupart des auditeurs n’auraient pas eu l’idée
de
faire. Comme laïque, je ne demande pas qu’on me persuade de croire, m
3067
Comme laïque, je ne demande pas qu’on me persuade
de
croire, mais simplement qu’on nourrisse ma foi. J’attends qu’on me pa
3068
me parle avec une calme autorité, et non pas que
l’
on prenne au sérieux mes doutes éventuels. Notre génération n’est pas
3069
entuels. Notre génération n’est pas si tourmentée
de
doutes. Elle n’a guère la manie de discuter. Elle attend des directio
3070
n’est pas si tourmentée de doutes. Elle n’a guère
la
manie de discuter. Elle attend des directions positives. Elle est prê
3071
si tourmentée de doutes. Elle n’a guère la manie
de
discuter. Elle attend des directions positives. Elle est prête à croi
3072
tives. Elle est prête à croire, et elle demande à
la
prédication de parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquille e
3073
prête à croire, et elle demande à la prédication
de
parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquille et familière ass
3074
ication de parler à sa foi, non à son doute, avec
la
tranquille et familière assurance de la foi. Car la conviction seule
3075
doute, avec la tranquille et familière assurance
de
la foi. Car la conviction seule est convaincante. Tout ceci ne veut p
3076
ute, avec la tranquille et familière assurance de
la
foi. Car la conviction seule est convaincante. Tout ceci ne veut pas
3077
tranquille et familière assurance de la foi. Car
la
conviction seule est convaincante. Tout ceci ne veut pas dire d’aille
3078
ut pas dire d’ailleurs que notre Église n’ait pas
le
droit d’aborder l’actualité sociale ou politique. Pour être missionna
3079
re d’ailleurs que notre Église n’ait pas le droit
d’
aborder l’actualité sociale ou politique. Pour être missionnaire, l’Ég
3080
urs que notre Église n’ait pas le droit d’aborder
l’
actualité sociale ou politique. Pour être missionnaire, l’Église doit
3081
ité sociale ou politique. Pour être missionnaire,
l’
Église doit d’abord être convaincue de la valeur et de la nouveauté pe
3082
ssionnaire, l’Église doit d’abord être convaincue
de
la valeur et de la nouveauté perpétuelle d’un message purement bibliq
3083
onnaire, l’Église doit d’abord être convaincue de
la
valeur et de la nouveauté perpétuelle d’un message purement biblique.
3084
lise doit d’abord être convaincue de la valeur et
de
la nouveauté perpétuelle d’un message purement biblique. C’est le pre
3085
e doit d’abord être convaincue de la valeur et de
la
nouveauté perpétuelle d’un message purement biblique. C’est le premie
3086
incue de la valeur et de la nouveauté perpétuelle
d’
un message purement biblique. C’est le premier point. Mais cela étant
3087
e premier point. Mais cela étant acquis, pourquoi
l’
Église se priverait-elle de souligner l’actualité de son enseignement
3088
étant acquis, pourquoi l’Église se priverait-elle
de
souligner l’actualité de son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-ell
3089
pourquoi l’Église se priverait-elle de souligner
l’
actualité de son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-elle pas de poli
3090
Église se priverait-elle de souligner l’actualité
de
son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-elle pas de politique, si el
3091
son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-elle pas
de
politique, si elle le fait sur la seule base de la Bible ? On ne lui
3092
rquoi ne parlerait-elle pas de politique, si elle
le
fait sur la seule base de la Bible ? On ne lui demande pas une théori
3093
lerait-elle pas de politique, si elle le fait sur
la
seule base de la Bible ? On ne lui demande pas une théorie originale,
3094
s de politique, si elle le fait sur la seule base
de
la Bible ? On ne lui demande pas une théorie originale, surtout pas !
3095
e politique, si elle le fait sur la seule base de
la
Bible ? On ne lui demande pas une théorie originale, surtout pas ! On
3096
riginale, surtout pas ! On lui demande simplement
d’
appliquer à telle ou telle situation les paroles éternelles de l’Évang
3097
simplement d’appliquer à telle ou telle situation
les
paroles éternelles de l’Évangile et des prophètes : par exemple, pour
3098
à telle ou telle situation les paroles éternelles
de
l’Évangile et des prophètes : par exemple, pour exhorter les fidèles
3099
elle ou telle situation les paroles éternelles de
l’
Évangile et des prophètes : par exemple, pour exhorter les fidèles à r
3100
ile et des prophètes : par exemple, pour exhorter
les
fidèles à renoncer à leurs préjugés de partis, ou à leurs intérêts de
3101
exhorter les fidèles à renoncer à leurs préjugés
de
partis, ou à leurs intérêts de classe ; ou pour montrer à notre peupl
3102
r à leurs préjugés de partis, ou à leurs intérêts
de
classe ; ou pour montrer à notre peuple sa mission positive dans l’Eu
3103
r montrer à notre peuple sa mission positive dans
l’
Europe d’aujourd’hui. Toutes ces choses peuvent et doivent être dites
3104
à notre peuple sa mission positive dans l’Europe
d’
aujourd’hui. Toutes ces choses peuvent et doivent être dites du haut d
3105
ces choses peuvent et doivent être dites du haut
de
la chaire, à condition, je le répète et j’y insiste, qu’il ne s’agiss
3106
s choses peuvent et doivent être dites du haut de
la
chaire, à condition, je le répète et j’y insiste, qu’il ne s’agisse j
3107
être dites du haut de la chaire, à condition, je
le
répète et j’y insiste, qu’il ne s’agisse jamais des idées personnelle
3108
gisse jamais des idées personnelles du pasteur ou
de
quelque écrivain qu’il cite, mais du seul et unique point de vue de l
3109
n qu’il cite, mais du seul et unique point de vue
de
la Bible. En résumé, la deuxième condition indispensable pour que l’É
3110
u’il cite, mais du seul et unique point de vue de
la
Bible. En résumé, la deuxième condition indispensable pour que l’Égli
3111
umé, la deuxième condition indispensable pour que
l’
Église reste ou devienne une vraie communauté, c’est que l’Église ne p
3112
reste ou devienne une vraie communauté, c’est que
l’
Église ne parle pas le langage d’un seul groupe social, ou d’une seule
3113
vraie communauté, c’est que l’Église ne parle pas
le
langage d’un seul groupe social, ou d’une seule classe ; ou le langag
3114
nauté, c’est que l’Église ne parle pas le langage
d’
un seul groupe social, ou d’une seule classe ; ou le langage d’une que
3115
parle pas le langage d’un seul groupe social, ou
d’
une seule classe ; ou le langage d’une quelconque philosophie à la mod
3116
un seul groupe social, ou d’une seule classe ; ou
le
langage d’une quelconque philosophie à la mode ou déjà démodée ; ou l
3117
upe social, ou d’une seule classe ; ou le langage
d’
une quelconque philosophie à la mode ou déjà démodée ; ou le langage p
3118
se ; ou le langage d’une quelconque philosophie à
la
mode ou déjà démodée ; ou le langage personnel de Monsieur X, pasteur
3119
conque philosophie à la mode ou déjà démodée ; ou
le
langage personnel de Monsieur X, pasteur ou même théologien célèbre,
3120
la mode ou déjà démodée ; ou le langage personnel
de
Monsieur X, pasteur ou même théologien célèbre, — mais qu’elle parle
3121
re, — mais qu’elle parle uniquement et simplement
le
langage de la Bible, qui appartient à tous, qui est frappant pour tou
3122
qu’elle parle uniquement et simplement le langage
de
la Bible, qui appartient à tous, qui est frappant pour tous, et dans
3123
elle parle uniquement et simplement le langage de
la
Bible, qui appartient à tous, qui est frappant pour tous, et dans leq
3124
uvent communier. III La troisième condition
d’
une vraie communauté, je la définissais tout à l’heure comme suit : qu
3125
La troisième condition d’une vraie communauté, je
la
définissais tout à l’heure comme suit : que nos Églises aient le cour
3126
d’une vraie communauté, je la définissais tout à
l’
heure comme suit : que nos Églises aient le courage d’être franchement
3127
tout à l’heure comme suit : que nos Églises aient
le
courage d’être franchement des Églises visibles — solidement organisé
3128
ure comme suit : que nos Églises aient le courage
d’
être franchement des Églises visibles — solidement organisées, — douée
3129
glises visibles — solidement organisées, — douées
d’
une discipline et de formes de culte fixes. Je ne soulèverai pas ici l
3130
lidement organisées, — douées d’une discipline et
de
formes de culte fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème de l’épis
3131
rganisées, — douées d’une discipline et de formes
de
culte fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème de l’épiscopat, enc
3132
e formes de culte fixes. Je ne soulèverai pas ici
le
problème de l’épiscopat, encore que je sois persuadé qu’il se posera
3133
culte fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème
de
l’épiscopat, encore que je sois persuadé qu’il se posera pour nous au
3134
te fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème de
l’
épiscopat, encore que je sois persuadé qu’il se posera pour nous aussi
3135
ne parlerai pas non plus du rôle des laïques dans
la
paroisse, qui pourrait être développé encore, afin de décharger le pa
3136
pourrait être développé encore, afin de décharger
le
pasteur d’un lourd travail de bienfaisance. Je me bornerai au seul pr
3137
re développé encore, afin de décharger le pasteur
d’
un lourd travail de bienfaisance. Je me bornerai au seul problème des
3138
, afin de décharger le pasteur d’un lourd travail
de
bienfaisance. Je me bornerai au seul problème des formes du culte, au
3139
au seul problème des formes du culte, au problème
de
la liturgie protestante. C’est un laïque qui parle ici, je le répète.
3140
seul problème des formes du culte, au problème de
la
liturgie protestante. C’est un laïque qui parle ici, je le répète. Ce
3141
ie protestante. C’est un laïque qui parle ici, je
le
répète. Ce n’est pas un docteur de l’Église ! Les théologiens élèvero
3142
le répète. Ce n’est pas un docteur de l’Église !
Les
théologiens élèveront peut-être de fortes objections contre ce que je
3143
de l’Église ! Les théologiens élèveront peut-être
de
fortes objections contre ce que je vais dire. Je suis prêt à les écou
3144
ctions contre ce que je vais dire. Je suis prêt à
les
écouter avec déférence. Mais je cherchais depuis longtemps l’occasion
3145
vec déférence. Mais je cherchais depuis longtemps
l’
occasion de formuler certaines propositions qui trouveront aujourd’hui
3146
ce. Mais je cherchais depuis longtemps l’occasion
de
formuler certaines propositions qui trouveront aujourd’hui, peut-être
3147
opositions qui trouveront aujourd’hui, peut-être,
de
l’écho. J’ai passé plusieurs années en France, et je me suis fortemen
3148
sitions qui trouveront aujourd’hui, peut-être, de
l’
écho. J’ai passé plusieurs années en France, et je me suis fortement a
3149
nées en France, et je me suis fortement attaché à
la
liturgie des Églises réformées de ce pays. J’entends ici par liturgie
3150
ement attaché à la liturgie des Églises réformées
de
ce pays. J’entends ici par liturgie : la partie du culte qui n’est pa
3151
éformées de ce pays. J’entends ici par liturgie :
la
partie du culte qui n’est pas le sermon, les lectures, prières et cha
3152
i par liturgie : la partie du culte qui n’est pas
le
sermon, les lectures, prières et chants réglés et réguliers. Depuis m
3153
gie : la partie du culte qui n’est pas le sermon,
les
lectures, prières et chants réglés et réguliers. Depuis mon retour en
3154
uis mon retour en Suisse j’éprouve avec intensité
l’
absence de toute espèce de liturgie sérieuse dans nos cultes, à quelqu
3155
tour en Suisse j’éprouve avec intensité l’absence
de
toute espèce de liturgie sérieuse dans nos cultes, à quelques rares e
3156
’éprouve avec intensité l’absence de toute espèce
de
liturgie sérieuse dans nos cultes, à quelques rares exceptions près10
3157
ares exceptions près10. Et ce n’est pas seulement
le
défaut de liturgie qui me choque, mais le manque de sens liturgique q
3158
tions près10. Et ce n’est pas seulement le défaut
de
liturgie qui me choque, mais le manque de sens liturgique que manifes
3159
ulement le défaut de liturgie qui me choque, mais
le
manque de sens liturgique que manifestent les essais tentés ici ou là
3160
défaut de liturgie qui me choque, mais le manque
de
sens liturgique que manifestent les essais tentés ici ou là, pour rem
3161
mais le manque de sens liturgique que manifestent
les
essais tentés ici ou là, pour remédier à cette absence. Nous avons bi
3162
, pour remédier à cette absence. Nous avons bien,
de
temps à autre, des cultes que nous appelons « liturgiques » et qui co
3163
n lectures bibliques ou littéraires, entrecoupées
de
chants et de jeux d’orgue. Eh bien, le seul fait de qualifier de « li
3164
bliques ou littéraires, entrecoupées de chants et
de
jeux d’orgue. Eh bien, le seul fait de qualifier de « liturgiques » c
3165
ou littéraires, entrecoupées de chants et de jeux
d’
orgue. Eh bien, le seul fait de qualifier de « liturgiques » ces manif
3166
trecoupées de chants et de jeux d’orgue. Eh bien,
le
seul fait de qualifier de « liturgiques » ces manifestations — peut-ê
3167
chants et de jeux d’orgue. Eh bien, le seul fait
de
qualifier de « liturgiques » ces manifestations — peut-être parce qu’
3168
jeux d’orgue. Eh bien, le seul fait de qualifier
de
« liturgiques » ces manifestations — peut-être parce qu’on ne saurait
3169
ns — peut-être parce qu’on ne saurait pas comment
les
définir autrement… ce seul fait démontre à l’évidence que nous ignoro
3170
nt les définir autrement… ce seul fait démontre à
l’
évidence que nous ignorons le sens et la portée de la liturgie véritab
3171
seul fait démontre à l’évidence que nous ignorons
le
sens et la portée de la liturgie véritable. Celle-ci suppose des form
3172
émontre à l’évidence que nous ignorons le sens et
la
portée de la liturgie véritable. Celle-ci suppose des formes fixes et
3173
l’évidence que nous ignorons le sens et la portée
de
la liturgie véritable. Celle-ci suppose des formes fixes et invariabl
3174
vidence que nous ignorons le sens et la portée de
la
liturgie véritable. Celle-ci suppose des formes fixes et invariables,
3175
suppose des formes fixes et invariables, connues
de
tous, et auxquelles tout l’auditoire participe d’une manière à la foi
3176
invariables, connues de tous, et auxquelles tout
l’
auditoire participe d’une manière à la fois spontanée et réglée d’avan
3177
de tous, et auxquelles tout l’auditoire participe
d’
une manière à la fois spontanée et réglée d’avance. Or nos cultes soi-
3178
icipe d’une manière à la fois spontanée et réglée
d’
avance. Or nos cultes soi-disant liturgiques sont exactement le contra
3179
nos cultes soi-disant liturgiques sont exactement
le
contraire : ils sont composés selon les goûts et les idées du pasteur
3180
exactement le contraire : ils sont composés selon
les
goûts et les idées du pasteur ; ils ne se déroulent pas d’après un pl
3181
contraire : ils sont composés selon les goûts et
les
idées du pasteur ; ils ne se déroulent pas d’après un plan traditionn
3182
oulent pas d’après un plan traditionnel et chargé
de
sens dogmatique, mais font se succéder, dans un ordre plus ou moins a
3183
ire, des textes souvent inconnus, et des morceaux
de
musique dont la signification reste imprécise… Voici un détail signif
3184
souvent inconnus, et des morceaux de musique dont
la
signification reste imprécise… Voici un détail significatif, à mes ye
3185
récise… Voici un détail significatif, à mes yeux,
de
ce même défaut de sens liturgique : lorsqu’il arrive qu’on lise, au d
3186
étail significatif, à mes yeux, de ce même défaut
de
sens liturgique : lorsqu’il arrive qu’on lise, au début d’un de nos c
3187
iturgique : lorsqu’il arrive qu’on lise, au début
d’
un de nos cultes, une prière liturgique isolée, comme la confession de
3188
ique : lorsqu’il arrive qu’on lise, au début d’un
de
nos cultes, une prière liturgique isolée, comme la confession des péc
3189
e nos cultes, une prière liturgique isolée, comme
la
confession des péchés, certains pasteurs paraissent craindre la monot
3190
des péchés, certains pasteurs paraissent craindre
la
monotonie de ce vieux texte, et croient bien faire en y apportant que
3191
ertains pasteurs paraissent craindre la monotonie
de
ce vieux texte, et croient bien faire en y apportant quelques variant
3192
apportant quelques variantes personnelles, au gré
de
leur théologie ou de leur conception du style. Or justement, la valeu
3193
riantes personnelles, au gré de leur théologie ou
de
leur conception du style. Or justement, la valeur liturgique d’un tex
3194
gie ou de leur conception du style. Or justement,
la
valeur liturgique d’un texte réside dans son invariabilité. C’est grâ
3195
tion du style. Or justement, la valeur liturgique
d’
un texte réside dans son invariabilité. C’est grâce à cette invariabil
3196
ariabilité. C’est grâce à cette invariabilité que
le
fidèle peut vraiment suivre le texte, dire en lui-même ses paroles, r
3197
invariabilité que le fidèle peut vraiment suivre
le
texte, dire en lui-même ses paroles, redécouvrir chaque fois leur sen
3198
au. C’est grâce à cette invariabilité, enfin, que
la
liturgie crée dans l’auditoire un sentiment de communion, ou de commu
3199
e invariabilité, enfin, que la liturgie crée dans
l’
auditoire un sentiment de communion, ou de communauté spirituelle. Une
3200
ue la liturgie crée dans l’auditoire un sentiment
de
communion, ou de communauté spirituelle. Une vraie liturgie doit être
3201
ée dans l’auditoire un sentiment de communion, ou
de
communauté spirituelle. Une vraie liturgie doit être invariable ; de
3202
e invariable ; de plus, elle doit être prévue par
les
auditeurs, et pleinement significative en chacune de ses parties. Ell
3203
auditeurs, et pleinement significative en chacune
de
ses parties. Elle doit former un ensemble, un tout cohérent et indivi
3204
nsemble, un tout cohérent et indivisible. Prenons
l’
exemple de la liturgie des Églises réformées de France. Je vais vous l
3205
n tout cohérent et indivisible. Prenons l’exemple
de
la liturgie des Églises réformées de France. Je vais vous la décrire
3206
out cohérent et indivisible. Prenons l’exemple de
la
liturgie des Églises réformées de France. Je vais vous la décrire dan
3207
ns l’exemple de la liturgie des Églises réformées
de
France. Je vais vous la décrire dans ses principaux traits. I. Invoca
3208
gie des Églises réformées de France. Je vais vous
la
décrire dans ses principaux traits. I. Invocation (l’assemblée debout
3209
écrire dans ses principaux traits. I. Invocation (
l’
assemblée debout). Psaume. II. La Loi ou son sommaire (l’assemblée ass
3210
. I. Invocation (l’assemblée debout). Psaume. II.
La
Loi ou son sommaire (l’assemblée assise) (après la lecture, chant spo
3211
blée debout). Psaume. II. La Loi ou son sommaire (
l’
assemblée assise) (après la lecture, chant spontané : « Mon Dieu, ta l
3212
a Loi ou son sommaire (l’assemblée assise) (après
la
lecture, chant spontané : « Mon Dieu, ta loi est sainte… mais si tu c
3213
ster devant toi ! »). III. Confession des péchés (
l’
assemblée s’agenouille). IV. Kyrie (un petit chœur ou l’assemblée chan
3214
mblée s’agenouille). IV. Kyrie (un petit chœur ou
l’
assemblée chante : « Seigneur, aie pitié de nous ! Christ, aie pitié d
3215
œur ou l’assemblée chante : « Seigneur, aie pitié
de
nous ! Christ, aie pitié de nous !… »). V. Promesses de grâce et abso
3216
« Seigneur, aie pitié de nous ! Christ, aie pitié
de
nous !… »). V. Promesses de grâce et absolution collective (l’assembl
3217
s ! Christ, aie pitié de nous !… »). V. Promesses
de
grâce et absolution collective (l’assemblée debout chante : « Ô qu’he
3218
. V. Promesses de grâce et absolution collective (
l’
assemblée debout chante : « Ô qu’heureux est celui dont la transgressi
3219
lée debout chante : « Ô qu’heureux est celui dont
la
transgression est remise… Mon âme, bénis l’Éternel… »). VI. Credo (le
3220
dont la transgression est remise… Mon âme, bénis
l’
Éternel… »). VI. Credo (lecture du Symbole des apôtres. L’assemblée re
3221
l… »). VI. Credo (lecture du Symbole des apôtres.
L’
assemblée reste debout). VII. Alléluia (chant spontané). (À la fin du
3222
reste debout). VII. Alléluia (chant spontané). (À
la
fin du culte, après l’Oraison dominicale, chant spontané d’une stroph
3223
éluia (chant spontané). (À la fin du culte, après
l’
Oraison dominicale, chant spontané d’une strophe du Te Deum : « Gloire
3224
culte, après l’Oraison dominicale, chant spontané
d’
une strophe du Te Deum : « Gloire soit au Saint-Esprit… » Puis bénédic
3225
e collectif non seulement des dogmes fondamentaux
de
la foi réformée, mais aussi du drame chrétien dans son déroulement bi
3226
ollectif non seulement des dogmes fondamentaux de
la
foi réformée, mais aussi du drame chrétien dans son déroulement bibli
3227
du drame chrétien dans son déroulement biblique :
la
Loi d’abord, qui nous condamne, puis la conscience, le péché, la repe
3228
iblique : la Loi d’abord, qui nous condamne, puis
la
conscience, le péché, la repentance, la grâce accordée, et enfin le t
3229
i d’abord, qui nous condamne, puis la conscience,
le
péché, la repentance, la grâce accordée, et enfin le témoignage de la
3230
qui nous condamne, puis la conscience, le péché,
la
repentance, la grâce accordée, et enfin le témoignage de la foi. À mo
3231
mne, puis la conscience, le péché, la repentance,
la
grâce accordée, et enfin le témoignage de la foi. À mon sens, cette l
3232
péché, la repentance, la grâce accordée, et enfin
le
témoignage de la foi. À mon sens, cette liturgie est une des plus bel
3233
ntance, la grâce accordée, et enfin le témoignage
de
la foi. À mon sens, cette liturgie est une des plus belles, dans sa s
3234
nce, la grâce accordée, et enfin le témoignage de
la
foi. À mon sens, cette liturgie est une des plus belles, dans sa simp
3235
es, dans sa simplicité, et des plus justes aussi,
de
toutes celles qu’utilisent les différentes confessions chrétiennes. J
3236
plus justes aussi, de toutes celles qu’utilisent
les
différentes confessions chrétiennes. Je voudrais vous dire maintenant
3237
e que nos Églises suisses devraient se préparer à
l’
adopter, telle qu’elle est. Il y a d’abord une raison générale. L’Égli
3238
qu’elle est. Il y a d’abord une raison générale.
L’
Église visible est aussi une société humaine. Comme toute société huma
3239
maine. Comme toute société humaine, elle a besoin
de
signes extérieurs et de symboles collectifs qui manifestent publiquem
3240
té humaine, elle a besoin de signes extérieurs et
de
symboles collectifs qui manifestent publiquement sa cohésion spiritue
3241
on ne peut pas négliger sans risques graves. Tous
les
fondateurs de régimes savent que pour créer une communauté nouvelle,
3242
négliger sans risques graves. Tous les fondateurs
de
régimes savent que pour créer une communauté nouvelle, il faut créer
3243
le, il faut créer des signes et des rites : voyez
les
régimes totalitaires, communistes ou fascistes, avec leurs fêtes, leu
3244
té à des cérémonies hitlériennes qui étaient déjà
de
véritables liturgies païennes. Ces abus manifestes ne doivent pas nou
3245
bus manifestes ne doivent pas nous faire négliger
le
bon usage, l’usage chrétien d’une liturgie chrétienne. La science con
3246
ne doivent pas nous faire négliger le bon usage,
l’
usage chrétien d’une liturgie chrétienne. La science consommée des che
3247
ous faire négliger le bon usage, l’usage chrétien
d’
une liturgie chrétienne. La science consommée des chefs totalitaires d
3248
sage, l’usage chrétien d’une liturgie chrétienne.
La
science consommée des chefs totalitaires doit nous rendre attentifs à
3249
otalitaires doit nous rendre attentifs à certains
de
nos défauts, afin que nous puissions les corriger à temps. Un peuple
3250
certains de nos défauts, afin que nous puissions
les
corriger à temps. Un peuple complètement privé de toute manifestation
3251
es corriger à temps. Un peuple complètement privé
de
toute manifestation de ce genre risque d’être une proie facile pour l
3252
peuple complètement privé de toute manifestation
de
ce genre risque d’être une proie facile pour les caricatures de litur
3253
t privé de toute manifestation de ce genre risque
d’
être une proie facile pour les caricatures de liturgie que les païens
3254
n de ce genre risque d’être une proie facile pour
les
caricatures de liturgie que les païens viendront lui offrir un jour,
3255
sque d’être une proie facile pour les caricatures
de
liturgie que les païens viendront lui offrir un jour, et qui seront a
3256
proie facile pour les caricatures de liturgie que
les
païens viendront lui offrir un jour, et qui seront alors une tentatio
3257
longtemps déçu. Mon second argument en faveur de
la
liturgie est plus spécifiquement chrétien. Je dirais même qu’il est d
3258
spécifiquement chrétien. Je dirais même qu’il est
d’
ordre sermonnaire. Je m’explique. Imaginez une personne qui n’a jamais
3259
xplique. Imaginez une personne qui n’a jamais mis
les
pieds dans un de nos temples, qui ne sait rien du protestantisme, ou
3260
une personne qui n’a jamais mis les pieds dans un
de
nos temples, qui ne sait rien du protestantisme, ou qui est incroyant
3261
antisme, ou qui est incroyante. Vous réussissez à
l’
amener, un beau dimanche, au culte d’une de nos paroisses suisses. Ell
3262
réussissez à l’amener, un beau dimanche, au culte
d’
une de nos paroisses suisses. Elle sera d’abord, probablement, dépaysé
3263
ssez à l’amener, un beau dimanche, au culte d’une
de
nos paroisses suisses. Elle sera d’abord, probablement, dépaysée, com
3264
ra d’abord, probablement, dépaysée, comme je vous
le
disais tout à l’heure, par le ton du pasteur et le maintien un peu co
3265
blement, dépaysée, comme je vous le disais tout à
l’
heure, par le ton du pasteur et le maintien un peu compassé de l’audit
3266
ysée, comme je vous le disais tout à l’heure, par
le
ton du pasteur et le maintien un peu compassé de l’auditoire. Mais ce
3267
e disais tout à l’heure, par le ton du pasteur et
le
maintien un peu compassé de l’auditoire. Mais cela n’est rien encore
3268
le ton du pasteur et le maintien un peu compassé
de
l’auditoire. Mais cela n’est rien encore : si elle est de bonne volon
3269
ton du pasteur et le maintien un peu compassé de
l’
auditoire. Mais cela n’est rien encore : si elle est de bonne volonté
3270
itoire. Mais cela n’est rien encore : si elle est
de
bonne volonté et avide de vérité, elle ne se laissera pas arrêter par
3271
en encore : si elle est de bonne volonté et avide
de
vérité, elle ne se laissera pas arrêter par ces détails. Ce qui est p
3272
par ces détails. Ce qui est plus grave, c’est que
le
sermon, s’il n’est pas exceptionnellement bon, risque bien de la lais
3273
’il n’est pas exceptionnellement bon, risque bien
de
la laisser sur sa faim. En sortant de là, elle ne saura pas exactemen
3274
n’est pas exceptionnellement bon, risque bien de
la
laisser sur sa faim. En sortant de là, elle ne saura pas exactement c
3275
risque bien de la laisser sur sa faim. En sortant
de
là, elle ne saura pas exactement ce que nous croyons, elle pourra s’i
3276
ement ce que nous croyons, elle pourra s’imaginer
les
choses les plus fausses. Ou bien encore, elle aura l’impression d’avo
3277
e nous croyons, elle pourra s’imaginer les choses
les
plus fausses. Ou bien encore, elle aura l’impression d’avoir surpris
3278
hoses les plus fausses. Ou bien encore, elle aura
l’
impression d’avoir surpris une réunion d’initiés, habitués à un certai
3279
s fausses. Ou bien encore, elle aura l’impression
d’
avoir surpris une réunion d’initiés, habitués à un certain langage, do
3280
lle aura l’impression d’avoir surpris une réunion
d’
initiés, habitués à un certain langage, dont personne ne lui aura donn
3281
certain langage, dont personne ne lui aura donné
la
clef. Il en ira tout autrement, si le culte débute par la liturgie qu
3282
aura donné la clef. Il en ira tout autrement, si
le
culte débute par la liturgie que je viens de vous résumer. Cette litu
3283
Il en ira tout autrement, si le culte débute par
la
liturgie que je viens de vous résumer. Cette liturgie, en effet, décr
3284
n effet, décrit d’abord dans une langue frappante
les
différents moments du drame du salut. Elle crée le cadre et l’atmosph
3285
s différents moments du drame du salut. Elle crée
le
cadre et l’atmosphère spirituelle, elle introduit le sermon du pasteu
3286
moments du drame du salut. Elle crée le cadre et
l’
atmosphère spirituelle, elle introduit le sermon du pasteur, elle le s
3287
cadre et l’atmosphère spirituelle, elle introduit
le
sermon du pasteur, elle le situe dans l’ensemble de nos dogmes, et el
3288
tuelle, elle introduit le sermon du pasteur, elle
le
situe dans l’ensemble de nos dogmes, et elle rappelle notre Credo. Br
3289
ntroduit le sermon du pasteur, elle le situe dans
l’
ensemble de nos dogmes, et elle rappelle notre Credo. Bref, quand le s
3290
sermon du pasteur, elle le situe dans l’ensemble
de
nos dogmes, et elle rappelle notre Credo. Bref, quand le sermon comme
3291
dogmes, et elle rappelle notre Credo. Bref, quand
le
sermon commence, tout le monde, et même un étranger, peut savoir de q
3292
, tout le monde, et même un étranger, peut savoir
de
quoi il s’agit. J’avoue que pour ma part, et je ne pense pas être le
3293
J’avoue que pour ma part, et je ne pense pas être
le
seul de mon espèce, j’éprouve le besoin d’entendre répéter chaque dim
3294
que pour ma part, et je ne pense pas être le seul
de
mon espèce, j’éprouve le besoin d’entendre répéter chaque dimanche le
3295
e pense pas être le seul de mon espèce, j’éprouve
le
besoin d’entendre répéter chaque dimanche les grandes vérités de la f
3296
s être le seul de mon espèce, j’éprouve le besoin
d’
entendre répéter chaque dimanche les grandes vérités de la foi, j’épro
3297
ouve le besoin d’entendre répéter chaque dimanche
les
grandes vérités de la foi, j’éprouve le besoin de participer, par le
3298
endre répéter chaque dimanche les grandes vérités
de
la foi, j’éprouve le besoin de participer, par le chant ou la récitat
3299
re répéter chaque dimanche les grandes vérités de
la
foi, j’éprouve le besoin de participer, par le chant ou la récitation
3300
dimanche les grandes vérités de la foi, j’éprouve
le
besoin de participer, par le chant ou la récitation, à ce témoignage
3301
es grandes vérités de la foi, j’éprouve le besoin
de
participer, par le chant ou la récitation, à ce témoignage collectif,
3302
de la foi, j’éprouve le besoin de participer, par
le
chant ou la récitation, à ce témoignage collectif, dans la communauté
3303
’éprouve le besoin de participer, par le chant ou
la
récitation, à ce témoignage collectif, dans la communauté de mes frèr
3304
ou la récitation, à ce témoignage collectif, dans
la
communauté de mes frères, connus ou inconnus. Après cela, même si le
3305
on, à ce témoignage collectif, dans la communauté
de
mes frères, connus ou inconnus. Après cela, même si le sermon n’est p
3306
s frères, connus ou inconnus. Après cela, même si
le
sermon n’est pas des meilleurs, j’ai tout de même le sentiment d’avoi
3307
sermon n’est pas des meilleurs, j’ai tout de même
le
sentiment d’avoir approuvé mon Église, et d’en avoir reçu le message
3308
pas des meilleurs, j’ai tout de même le sentiment
d’
avoir approuvé mon Église, et d’en avoir reçu le message essentiel. En
3309
même le sentiment d’avoir approuvé mon Église, et
d’
en avoir reçu le message essentiel. Enfin, ma troisième raison se rapp
3310
t d’avoir approuvé mon Église, et d’en avoir reçu
le
message essentiel. Enfin, ma troisième raison se rapporte étroitement
3311
orte étroitement à mon sujet, aux relations entre
l’
Église et la Suisse, ou pour être concret : aux relations entre nos Ég
3312
ment à mon sujet, aux relations entre l’Église et
la
Suisse, ou pour être concret : aux relations entre nos Églises et nou
3313
oncret : aux relations entre nos Églises et nous,
les
Suisses. Le peuple suisse, en général, n’a pas un sens des formes trè
3314
relations entre nos Églises et nous, les Suisses.
Le
peuple suisse, en général, n’a pas un sens des formes très raffiné. J
3315
désobligeante, et qui vous surprendra peut-être :
le
peuple suisse souffre d’un défaut qu’il me faut bien nommer le sans-g
3316
s surprendra peut-être : le peuple suisse souffre
d’
un défaut qu’il me faut bien nommer le sans-gêne spirituel. Je ne sais
3317
sse souffre d’un défaut qu’il me faut bien nommer
le
sans-gêne spirituel. Je ne sais pas si cela provient du fait qu’on pa
3318
nous, et qu’il subsiste dans nos Églises pas mal
de
traces d’un piétisme affadi. Je n’oserais pas suggérer que nous tenon
3319
qu’il subsiste dans nos Églises pas mal de traces
d’
un piétisme affadi. Je n’oserais pas suggérer que nous tenons à rester
3320
ates et sans façon jusque dans nos relations avec
le
Tout-Puissant, qui est pourtant nommé Monarque, Seigneur et Roi des r
3321
ommé Monarque, Seigneur et Roi des rois, à toutes
les
pages de notre Bible. Le fait est que nous manquons d’un certain resp
3322
que, Seigneur et Roi des rois, à toutes les pages
de
notre Bible. Le fait est que nous manquons d’un certain respect relig
3323
Roi des rois, à toutes les pages de notre Bible.
Le
fait est que nous manquons d’un certain respect religieux, de même qu
3324
ges de notre Bible. Le fait est que nous manquons
d’
un certain respect religieux, de même que nous passons, à l’étranger,
3325
in respect religieux, de même que nous passons, à
l’
étranger, pour être un peu trop familiers et manquer du sens des dista
3326
d’illustration, une anecdote qui frise peut-être
la
caricature. J’ai entendu, de mes oreilles, un jeune pasteur remercier
3327
qui frise peut-être la caricature. J’ai entendu,
de
mes oreilles, un jeune pasteur remercier Dieu, du haut de la chaire,
3328
reilles, un jeune pasteur remercier Dieu, du haut
de
la chaire, de ce que Dieu « nous a permis de lui parler tout simpleme
3329
lles, un jeune pasteur remercier Dieu, du haut de
la
chaire, de ce que Dieu « nous a permis de lui parler tout simplement,
3330
une pasteur remercier Dieu, du haut de la chaire,
de
ce que Dieu « nous a permis de lui parler tout simplement, d’homme à
3331
haut de la chaire, de ce que Dieu « nous a permis
de
lui parler tout simplement, d’homme à homme »… Je reste persuadé, po
3332
eu « nous a permis de lui parler tout simplement,
d’
homme à homme »… Je reste persuadé, pour ma part, que nous devons plu
3333
uadé, pour ma part, que nous devons plutôt parler
d’
homme à Dieu, et que nous ferions bien de nous pénétrer de cette vérit
3334
t parler d’homme à Dieu, et que nous ferions bien
de
nous pénétrer de cette vérité fondamentale et même d’y conformer notr
3335
à Dieu, et que nous ferions bien de nous pénétrer
de
cette vérité fondamentale et même d’y conformer notre maintien. Sans
3336
ous pénétrer de cette vérité fondamentale et même
d’
y conformer notre maintien. Sans aller jusqu’à imiter les génuflexions
3337
nformer notre maintien. Sans aller jusqu’à imiter
les
génuflexions multipliées des orthodoxes russes, qui se prosternent ju
3338
odoxes russes, qui se prosternent jusqu’à toucher
le
sol de leur front, pourquoi refuserions-nous de nous agenouiller pour
3339
russes, qui se prosternent jusqu’à toucher le sol
de
leur front, pourquoi refuserions-nous de nous agenouiller pour la pri
3340
r le sol de leur front, pourquoi refuserions-nous
de
nous agenouiller pour la prière publique, ou pendant la lecture de la
3341
ourquoi refuserions-nous de nous agenouiller pour
la
prière publique, ou pendant la lecture de la confession des péchés, p
3342
s agenouiller pour la prière publique, ou pendant
la
lecture de la confession des péchés, par exemple, comme cela se fait
3343
er pour la prière publique, ou pendant la lecture
de
la confession des péchés, par exemple, comme cela se fait dans les Ég
3344
pour la prière publique, ou pendant la lecture de
la
confession des péchés, par exemple, comme cela se fait dans les Églis
3345
des péchés, par exemple, comme cela se fait dans
les
Églises réformées de Paris ? Aurions-nous trop de dignité pour consen
3346
le, comme cela se fait dans les Églises réformées
de
Paris ? Aurions-nous trop de dignité pour consentir à cette marque pu
3347
es Églises réformées de Paris ? Aurions-nous trop
de
dignité pour consentir à cette marque publique d’humiliation ? Nous c
3348
de dignité pour consentir à cette marque publique
d’
humiliation ? Nous chantons dans un chant patriotique : « Devant Dieu
3349
ant patriotique : « Devant Dieu seul, fléchissons
le
genou. » Mais pratiquement, nous restons assis, bourgeoisement et con
3350
assis… Ne pensez pas, surtout, que ces questions
d’
attitude soient futiles, ou trahissent je ne sais quelle déviation cat
3351
nt je ne sais quelle déviation catholique. Toutes
les
Églises ont toujours attaché de l’importance à ces choses-là, et je p
3352
tholique. Toutes les Églises ont toujours attaché
de
l’importance à ces choses-là, et je pense qu’elles avaient de bonnes
3353
lique. Toutes les Églises ont toujours attaché de
l’
importance à ces choses-là, et je pense qu’elles avaient de bonnes rai
3354
nce à ces choses-là, et je pense qu’elles avaient
de
bonnes raisons de le faire. Elles savaient qu’une certaine participat
3355
à, et je pense qu’elles avaient de bonnes raisons
de
le faire. Elles savaient qu’une certaine participation personnelle, p
3356
et je pense qu’elles avaient de bonnes raisons de
le
faire. Elles savaient qu’une certaine participation personnelle, phys
3357
Ce sont des gestes qui manifestent, visiblement,
la
communauté de la foi, de l’humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce
3358
estes qui manifestent, visiblement, la communauté
de
la foi, de l’humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce sont des geste
3359
es qui manifestent, visiblement, la communauté de
la
foi, de l’humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce sont des gestes,
3360
anifestent, visiblement, la communauté de la foi,
de
l’humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce sont des gestes, enfin, q
3361
festent, visiblement, la communauté de la foi, de
l’
humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce sont des gestes, enfin, qui
3362
nt, la communauté de la foi, de l’humiliation, ou
de
la joie chrétienne. Ce sont des gestes, enfin, qui favorisent l’oubli
3363
la communauté de la foi, de l’humiliation, ou de
la
joie chrétienne. Ce sont des gestes, enfin, qui favorisent l’oubli de
3364
tienne. Ce sont des gestes, enfin, qui favorisent
l’
oubli de soi et qui libèrent des fausses pudeurs. Pour en finir sur ce
3365
Ce sont des gestes, enfin, qui favorisent l’oubli
de
soi et qui libèrent des fausses pudeurs. Pour en finir sur ce sujet,
3366
s. Pour en finir sur ce sujet, je vous demanderai
de
vous poser à vous-même cette seule question : alors que les orthodoxe
3367
oser à vous-même cette seule question : alors que
les
orthodoxes, les anglicans, les catholiques, les luthériens et les cal
3368
cette seule question : alors que les orthodoxes,
les
anglicans, les catholiques, les luthériens et les calvinistes françai
3369
estion : alors que les orthodoxes, les anglicans,
les
catholiques, les luthériens et les calvinistes français jugent nécess
3370
e les orthodoxes, les anglicans, les catholiques,
les
luthériens et les calvinistes français jugent nécessaire et bon d’avo
3371
les anglicans, les catholiques, les luthériens et
les
calvinistes français jugent nécessaire et bon d’avoir une liturgie, c
3372
les calvinistes français jugent nécessaire et bon
d’
avoir une liturgie, comment se fait-il que nos Églises suisses soient
3373
comment se fait-il que nos Églises suisses soient
les
seules sur le continent qui croient pouvoir s’en passer, sans dommage
3374
-il que nos Églises suisses soient les seules sur
le
continent qui croient pouvoir s’en passer, sans dommage ? L’absence d
3375
t qui croient pouvoir s’en passer, sans dommage ?
L’
absence de liturgie, remarquez-le, est un obstacle assez considérable
3376
ent pouvoir s’en passer, sans dommage ? L’absence
de
liturgie, remarquez-le, est un obstacle assez considérable à notre ra
3377
, sans dommage ? L’absence de liturgie, remarquez-
le
, est un obstacle assez considérable à notre rapprochement avec d’autr
3378
à notre rapprochement avec d’autres Églises dans
le
mouvement œcuménique. (Je pense à l’Église anglicane, qui attache à l
3379
Églises dans le mouvement œcuménique. (Je pense à
l’
Église anglicane, qui attache à la liturgie une importance sans cesse
3380
ue. (Je pense à l’Église anglicane, qui attache à
la
liturgie une importance sans cesse croissante.) Et pourtant, les Égli
3381
e importance sans cesse croissante.) Et pourtant,
les
Églises de Suisse devraient avoir à cœur ce rapprochement, plus qu’au
3382
sans cesse croissante.) Et pourtant, les Églises
de
Suisse devraient avoir à cœur ce rapprochement, plus qu’aucune autre
3383
t nous préparer tout spécialement à cette mission
de
compréhension d’autrui, de rapprochement, de mutuelle instruction, qu
3384
out spécialement à cette mission de compréhension
d’
autrui, de rapprochement, de mutuelle instruction, qui est la mission
3385
lement à cette mission de compréhension d’autrui,
de
rapprochement, de mutuelle instruction, qui est la mission du jeune m
3386
sion de compréhension d’autrui, de rapprochement,
de
mutuelle instruction, qui est la mission du jeune mouvement œcuméniqu
3387
e rapprochement, de mutuelle instruction, qui est
la
mission du jeune mouvement œcuménique. ⁂ Je me bornerai, en terminant
3388
. ⁂ Je me bornerai, en terminant, à vous rappeler
les
quelques thèses — critiques et suggestions — que je viens d’esquisser
3389
thèses — critiques et suggestions — que je viens
d’
esquisser devant vous. Je vous ai indiqué tout d’abord que la situatio
3390
devant vous. Je vous ai indiqué tout d’abord que
la
situation actuelle exige de nos Églises un grand effort vers la commu
3391
iqué tout d’abord que la situation actuelle exige
de
nos Églises un grand effort vers la communauté vivante. Ce sera peut-
3392
ctuelle exige de nos Églises un grand effort vers
la
communauté vivante. Ce sera peut-être une question de vie ou de mort,
3393
ommunauté vivante. Ce sera peut-être une question
de
vie ou de mort, dans le monde qui se prépare. Je vous ai suggéré troi
3394
vivante. Ce sera peut-être une question de vie ou
de
mort, dans le monde qui se prépare. Je vous ai suggéré trois directio
3395
ra peut-être une question de vie ou de mort, dans
le
monde qui se prépare. Je vous ai suggéré trois directions d’effort à
3396
i se prépare. Je vous ai suggéré trois directions
d’
effort à la fois nécessaires et possibles : revenir d’abord à une comp
3397
r d’abord à une compréhension moins superficielle
de
la nature de nos Églises, qui sont les membres du Corps de Christ, et
3398
’abord à une compréhension moins superficielle de
la
nature de nos Églises, qui sont les membres du Corps de Christ, et no
3399
ne compréhension moins superficielle de la nature
de
nos Églises, qui sont les membres du Corps de Christ, et non pas des
3400
perficielle de la nature de nos Églises, qui sont
les
membres du Corps de Christ, et non pas des associations comme les aut
3401
ure de nos Églises, qui sont les membres du Corps
de
Christ, et non pas des associations comme les autres. Avoir ensuite l
3402
orps de Christ, et non pas des associations comme
les
autres. Avoir ensuite le souci de « désembourgeoiser » notre atmosphè
3403
des associations comme les autres. Avoir ensuite
le
souci de « désembourgeoiser » notre atmosphère, notre ton, nos manièr
3404
ciations comme les autres. Avoir ensuite le souci
de
« désembourgeoiser » notre atmosphère, notre ton, nos manières de prê
3405
oiser » notre atmosphère, notre ton, nos manières
de
prêcher ou d’écouter, afin de rendre possible une action missionnaire
3406
atmosphère, notre ton, nos manières de prêcher ou
d’
écouter, afin de rendre possible une action missionnaire dans toutes l
3407
ndre possible une action missionnaire dans toutes
les
couches de notre peuple. Poser enfin très sérieusement le problème de
3408
e une action missionnaire dans toutes les couches
de
notre peuple. Poser enfin très sérieusement le problème de la liturgi
3409
es de notre peuple. Poser enfin très sérieusement
le
problème de la liturgie, tant à nos bons théologiens qu’aux laïques,
3410
peuple. Poser enfin très sérieusement le problème
de
la liturgie, tant à nos bons théologiens qu’aux laïques, généralement
3411
ple. Poser enfin très sérieusement le problème de
la
liturgie, tant à nos bons théologiens qu’aux laïques, généralement ig
3412
héologiens qu’aux laïques, généralement ignorants
de
cette question, ou retenus par des préjugés à son égard. Je me suis b
3413
èmes urgents et tout pratiques, — considérant que
la
malice des temps nous invite au travail plutôt qu’à l’éloquence. 6
3414
lice des temps nous invite au travail plutôt qu’à
l’
éloquence. 6. Manifeste de la Ligue du Gothard, juillet 1940. 7.
3415
travail plutôt qu’à l’éloquence. 6. Manifeste
de
la Ligue du Gothard, juillet 1940. 7. On sait que l’organisation des
3416
vail plutôt qu’à l’éloquence. 6. Manifeste de
la
Ligue du Gothard, juillet 1940. 7. On sait que l’organisation des pr
3417
a Ligue du Gothard, juillet 1940. 7. On sait que
l’
organisation des premières Églises était telle que les évêques reprire
3418
rganisation des premières Églises était telle que
les
évêques reprirent peu à peu pour leur compte les charges des gouverne
3419
les évêques reprirent peu à peu pour leur compte
les
charges des gouverneurs de provinces ou comes, lors de la décadence d
3420
peu pour leur compte les charges des gouverneurs
de
provinces ou comes, lors de la décadence des ive et ve siècles. 8.
3421
es des gouverneurs de provinces ou comes, lors de
la
décadence des ive et ve siècles. 8. Parmi ces autres conditions do
3422
héologique (elle est en plein essor) ; confession
de
foi (on en parle beaucoup) ; doctrine des sacrements… 9. Je n’entend
3423
s prendre position ici sur des problèmes tels que
les
prestations financières de l’État à l’Église, qui sont pour le moins
3424
es problèmes tels que les prestations financières
de
l’État à l’Église, qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante
3425
problèmes tels que les prestations financières de
l’
État à l’Église, qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante »
3426
tels que les prestations financières de l’État à
l’
Église, qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante » veux dire
3427
s financières de l’État à l’Église, qui sont pour
le
moins secondaires. « Indépendante » veux dire : libre de se gouverner
3428
s secondaires. « Indépendante » veux dire : libre
de
se gouverner elle-même, comme lorsqu’on parle de « l’indépendance » d
3429
de se gouverner elle-même, comme lorsqu’on parle
de
« l’indépendance » de la Suisse. 10. Canton de Genève. g. Rougemon
3430
e gouverner elle-même, comme lorsqu’on parle de «
l’
indépendance » de la Suisse. 10. Canton de Genève. g. Rougemont Den
3431
même, comme lorsqu’on parle de « l’indépendance »
de
la Suisse. 10. Canton de Genève. g. Rougemont Denis de, « L’Église
3432
e, comme lorsqu’on parle de « l’indépendance » de
la
Suisse. 10. Canton de Genève. g. Rougemont Denis de, « L’Église et
3433
e de « l’indépendance » de la Suisse. 10. Canton
de
Genève. g. Rougemont Denis de, « L’Église et la Suisse », Les Cahie
3434
isse. 10. Canton de Genève. g. Rougemont Denis
de
, « L’Église et la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, août 1
3435
10. Canton de Genève. g. Rougemont Denis de, «
L’
Église et la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, août 1940, p
3436
de Genève. g. Rougemont Denis de, « L’Église et
la
Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, août 1940, p. 321-342.
3437
. Rougemont Denis de, « L’Église et la Suisse »,
Les
Cahiers protestants, Lausanne, août 1940, p. 321-342. h. Une note de
3438
ts, Lausanne, août 1940, p. 321-342. h. Une note
de
la rédaction précise : « Deuxième conférence du Camp aîné de Vaumarcu
3439
Lausanne, août 1940, p. 321-342. h. Une note de
la
rédaction précise : « Deuxième conférence du Camp aîné de Vaumarcus.
3440
tion précise : « Deuxième conférence du Camp aîné
de
Vaumarcus. Les suivantes : L’Église et l’Europe, l’Église et le Royau
3441
« Deuxième conférence du Camp aîné de Vaumarcus.
Les
suivantes : L’Église et l’Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’É
3442
érence du Camp aîné de Vaumarcus. Les suivantes :
L’
Église et l’Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est no
3443
mp aîné de Vaumarcus. Les suivantes : L’Église et
l’
Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous, paraîtro
3444
Vaumarcus. Les suivantes : L’Église et l’Europe,
l’
Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous, paraîtront success
3445
Les suivantes : L’Église et l’Europe, l’Église et
le
Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous, paraîtront successivement au c
3446
es : L’Église et l’Europe, l’Église et le Royaume
de
Dieu, l’Église, c’est nous, paraîtront successivement au cours des pr
3447
lise et l’Europe, l’Église et le Royaume de Dieu,
l’
Église, c’est nous, paraîtront successivement au cours des prochains f
3448
Autocritique
de
la Suisse (février 1941)i j Nul pays à ma connaissance, n’a été pl
3449
Autocritique de
la
Suisse (février 1941)i j Nul pays à ma connaissance, n’a été plus
3450
plus souvent expliqué à lui-même et au monde que
la
Suisse. C’est qu’il en a besoin plus que nul autre. Sa devise est un
3451
principe toute doctrine unitaire et suppose donc
la
connaissance très vivante d’une autre espèce d’union, sans cesse à re
3452
aire et suppose donc la connaissance très vivante
d’
une autre espèce d’union, sans cesse à recréer. Or l’inertie des masse
3453
c la connaissance très vivante d’une autre espèce
d’
union, sans cesse à recréer. Or l’inertie des masses et l’à-peu-près i
3454
ne autre espèce d’union, sans cesse à recréer. Or
l’
inertie des masses et l’à-peu-près intellectuel s’opposent sans cesse
3455
sans cesse à recréer. Or l’inertie des masses et
l’
à-peu-près intellectuel s’opposent sans cesse à cette reprise de consc
3456
ntellectuel s’opposent sans cesse à cette reprise
de
conscience. D’où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on n
3457
pposent sans cesse à cette reprise de conscience.
D’
où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déch
3458
nt sans cesse à cette reprise de conscience. D’où
la
nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déchoir o
3459
à cette reprise de conscience. D’où la nécessité
d’
une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déchoir ou se laisser
3460
’où la nécessité d’une vigilante autocritique, si
l’
on ne veut pas déchoir ou se laisser dissoudre, si l’on veut durer et
3461
n ne veut pas déchoir ou se laisser dissoudre, si
l’
on veut durer et surtout, si l’on prétend se donner en exemple. Clar
3462
sser dissoudre, si l’on veut durer et surtout, si
l’
on prétend se donner en exemple. Clarifions notre langage ! — Puisqu
3463
n exemple. Clarifions notre langage ! — Puisque
le
fédéralisme est une forme politique qui suppose l’équilibre vivant en
3464
e fédéralisme est une forme politique qui suppose
l’
équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses devoirs enve
3465
me politique qui suppose l’équilibre vivant entre
les
droits de chaque région et ses devoirs envers l’ensemble, il n’est pa
3466
e qui suppose l’équilibre vivant entre les droits
de
chaque région et ses devoirs envers l’ensemble, il n’est pas absurde
3467
les droits de chaque région et ses devoirs envers
l’
ensemble, il n’est pas absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui
3468
s devoirs envers l’ensemble, il n’est pas absurde
de
nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’autre programme que la défe
3469
bsurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a
d’
autre programme que la défense des intérêts locaux contre le centre. C
3470
éraliste » un parti qui n’a d’autre programme que
la
défense des intérêts locaux contre le centre. Ceux qui se disent, che
3471
ogramme que la défense des intérêts locaux contre
le
centre. Ceux qui se disent, chez nous, « fédéralistes » ne sont souve
3472
, chez nous, « fédéralistes » ne sont souvent, je
le
crains, que des nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la né
3473
s nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur
la
nécessité de l’union centrale auraient peut-être plus de droits à rev
3474
es cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité
de
l’union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le n
3475
cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité de
l’
union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le nom
3476
ssité de l’union centrale auraient peut-être plus
de
droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologiq
3477
e auraient peut-être plus de droits à revendiquer
le
nom de fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdus = traité, ser
3478
ent peut-être plus de droits à revendiquer le nom
de
fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdus = traité, serment, u
3479
régionalistes, nomment « fédéral » ce qui procède
de
Berne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout
3480
qui pourra ! Cette confusion verbale, symbolique
de
tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques
3481
usion verbale, symbolique de tant d’autres, est à
la
base de la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlement
3482
rbale, symbolique de tant d’autres, est à la base
de
la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlementaires.
3483
conomiques, parlementaires. i. Rougemont Denis
de
, « Autocritique de la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, fé
3484
ntaires. i. Rougemont Denis de, « Autocritique
de
la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, février 1941, p. 127-
3485
ires. i. Rougemont Denis de, « Autocritique de
la
Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, février 1941, p. 127-128
3486
ougemont Denis de, « Autocritique de la Suisse »,
Les
Cahiers protestants, Lausanne, février 1941, p. 127-128. j. Une note
3487
r 1941, p. 127-128. j. Une note précise : « Tiré
de
Mission ou démission de la Suisse . »
3488
ne note précise : « Tiré de Mission ou démission
de
la Suisse . »
3489
note précise : « Tiré de Mission ou démission de
la
Suisse . »
3490
I Comment allons-nous justifier, aux yeux de
l’
Europe qui essaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart
3491
s-nous justifier, aux yeux de l’Europe qui essaie
de
se fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart ou de bénéficier d’u
3492
e l’Europe qui essaie de se fédérer, cette raison
de
nous tenir à l’écart ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, q
3493
ssaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à
l’
écart ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités
3494
fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart ou
de
bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos jou
3495
e raison de nous tenir à l’écart ou de bénéficier
d’
un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se la
3496
e nos autorités et nos journaux ne se lassent pas
d’
invoquer — comme si cela allait de soi — chaque fois qu’on nous propos
3497
la allait de soi — chaque fois qu’on nous propose
d’
entrer dans une forme quelconque d’union européenne ? Le fait est que
3498
n nous propose d’entrer dans une forme quelconque
d’
union européenne ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de
3499
er dans une forme quelconque d’union européenne ?
Le
fait est que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre
3500
d’union européenne ? Le fait est que nos voisins
d’
Europe comprennent de moins en moins notre neutralité. Le fait est que
3501
Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent
de
moins en moins notre neutralité. Le fait est que les Américains ne la
3502
e comprennent de moins en moins notre neutralité.
Le
fait est que les Américains ne la comprennent absolument pas, et que
3503
moins en moins notre neutralité. Le fait est que
les
Américains ne la comprennent absolument pas, et que les Russes n’y cr
3504
tre neutralité. Le fait est que les Américains ne
la
comprennent absolument pas, et que les Russes n’y croient pas plus qu
3505
éricains ne la comprennent absolument pas, et que
les
Russes n’y croient pas plus qu’ils ne croient à nos libertés, et vrai
3506
dire. Il serait donc temps qu’en Suisse au moins,
l’
on essaie de comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce stat
3507
ait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essaie
de
comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce statut spécial,
3508
au moins, l’on essaie de comprendre un peu mieux
les
raisons véritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas d’une loi
3509
de comprendre un peu mieux les raisons véritables
de
ce statut spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la natur
3510
ritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas
d’
une loi éternelle de la nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un
3511
t spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle
de
la nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Hel
3512
pécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de
la
nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvèt
3513
résulte pas d’une loi éternelle de la nature, ni
d’
un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, qui
3514
loi éternelle de la nature, ni d’un commandement
de
Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, qui n’est pas tombé du
3515
e de la nature, ni d’un commandement de Moïse, ni
d’
un droit divin des Helvètes, bref, qui n’est pas tombé du ciel et qui
3516
n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout
de
soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de
3517
qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé
de
l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes, la neutral
3518
ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de
l’
avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes, la neutralité
3519
publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes,
la
neutralité suisse est devenue un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On
3520
lité suisse est devenue un tabou, aussi sacré que
l’
égoïsme. On refuse de la discuter, parce qu’on craint que cette discus
3521
ue un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On refuse
de
la discuter, parce qu’on craint que cette discussion n’aboutisse à de
3522
un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On refuse de
la
discuter, parce qu’on craint que cette discussion n’aboutisse à des c
3523
des conclusions gênantes et n’oblige à des prises
de
position. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la paix chez soi e
3524
osition. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est
la
paix chez soi et tant pis pour les voisins. Ce qu’on veut, c’est fair
3525
’on veut, c’est la paix chez soi et tant pis pour
les
voisins. Ce qu’on veut, c’est faire du commerce avec tout le monde, s
3526
ttre avec personne, tout en échappant au reproche
d’
égoïsme par des œuvres philanthropiques. Il faut bien le reconnaître,
3527
sme par des œuvres philanthropiques. Il faut bien
le
reconnaître, ce repliement intéressé, qui tient parfois du raisonneme
3528
ment intéressé, qui tient parfois du raisonnement
de
l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfaitement réussi jus
3529
t intéressé, qui tient parfois du raisonnement de
l’
autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfaitement réussi jusqu’
3530
parfois du raisonnement de l’autruche, et parfois
d’
une sagesse rusée, a parfaitement réussi jusqu’ici, matériellement par
3531
rlant. Quant aux effets moraux, sur notre peuple,
de
ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vra
3532
t aux effets moraux, sur notre peuple, de ce tour
de
force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vraiment notre
3533
les. Et si vraiment notre neutralité n’était rien
d’
autre que ce que le Suisse moyen semble croire aujourd’hui, il ne faud
3534
notre neutralité n’était rien d’autre que ce que
le
Suisse moyen semble croire aujourd’hui, il ne faudrait pas s’étonner
3535
pas s’étonner qu’elle impatiente de plus en plus
le
reste du monde. Comment les Suisses, si jalousement ennemis de privil
3536
tiente de plus en plus le reste du monde. Comment
les
Suisses, si jalousement ennemis de privilèges dans leur pays, peuvent
3537
onde. Comment les Suisses, si jalousement ennemis
de
privilèges dans leur pays, peuvent-ils prétendre avoir en bloc ce pri
3538
en bloc ce privilège exorbitant ? Pour commencer
de
répondre à cette question, je me contenterai ce soir d’un rapide aper
3539
ondre à cette question, je me contenterai ce soir
d’
un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne
3540
je me contenterai ce soir d’un rapide aperçu sur
l’
histoire de notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien
3541
enterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire
de
notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de l
3542
é, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue
de
la plupart de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre Éta
3543
art de nos contemporains. Aux origines lointaines
de
notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représ
3544
ns. Aux origines lointaines de notre État, il y a
le
Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représentants des trois comm
3545
rigines lointaines de notre État, il y a le Pacte
de
1291. Ce pacte fut juré par les représentants des trois communautés d
3546
t, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par
les
représentants des trois communautés des Waldstätten, qui étaient en s
3547
mme des corporations ou coopératives forestières.
Le
pacte avait pour but de maintenir les libertés impériales acquises pa
3548
coopératives forestières. Le pacte avait pour but
de
maintenir les libertés impériales acquises par ces communautés. Et ce
3549
forestières. Le pacte avait pour but de maintenir
les
libertés impériales acquises par ces communautés. Et ces privilèges a
3550
autés. Et ces privilèges avaient été accordés par
l’
empereur afin que le passage du Gothard fût gardé libre pour tout le S
3551
èges avaient été accordés par l’empereur afin que
le
passage du Gothard fût gardé libre pour tout le Saint-Empire. Ainsi d
3552
e le passage du Gothard fût gardé libre pour tout
le
Saint-Empire. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau de la Suisse
3553
libre pour tout le Saint-Empire. Ainsi donc, dès
le
début, ce premier noyau de la Suisse a reçu un statut spécial dans l’
3554
mpire. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau
de
la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière
3555
re. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau de
la
Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière, a
3556
noyau de la Suisse a reçu un statut spécial dans
l’
intérêt de l’Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La pre
3557
la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt
de
l’Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La première idée
3558
Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de
l’
Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La première idée d’
3559
moins autant que pour lui-même. La première idée
d’
une neutralité négative des Confédérés apparaît vers 1648, lorsque la
3560
gative des Confédérés apparaît vers 1648, lorsque
la
Suisse se sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérienc
3561
s apparaît vers 1648, lorsque la Suisse se sépare
de
l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Tr
3562
pparaît vers 1648, lorsque la Suisse se sépare de
l’
Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trent
3563
1648, lorsque la Suisse se sépare de l’Empire par
le
traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montr
3564
que la Suisse se sépare de l’Empire par le traité
de
Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les
3565
e sépare de l’Empire par le traité de Westphalie.
L’
expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuv
3566
’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience
de
la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester un
3567
pire par le traité de Westphalie. L’expérience de
la
guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester unis
3568
e traité de Westphalie. L’expérience de la guerre
de
Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester unis que s’ils
3569
xpérience de la guerre de Trente Ans a montré que
les
cantons ne peuvent rester unis que s’ils s’abstiennent de prendre par
3570
ns ne peuvent rester unis que s’ils s’abstiennent
de
prendre part aux guerres entre rois catholiques et protestants — puis
3571
estants — puisqu’ils sont eux-mêmes divisés entre
les
deux confessions. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité de la Su
3572
es deux confessions. Mais ce n’est qu’en 1815 que
la
neutralité de la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les Puissa
3573
sions. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité
de
la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les Puissances et déclar
3574
ns. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité de
la
Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les Puissances et déclarée
3575
é de la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par
les
Puissances et déclarée perpétuelle. En même temps, elle prend un aspe
3576
lle prend un aspect positif. On sait en effet que
le
traité de Vienne dit en tous termes que « la neutralité et l’inviolab
3577
un aspect positif. On sait en effet que le traité
de
Vienne dit en tous termes que « la neutralité et l’inviolabilité de l
3578
que le traité de Vienne dit en tous termes que «
la
neutralité et l’inviolabilité de la Suisse […] sont dans les vrais in
3579
Vienne dit en tous termes que « la neutralité et
l’
inviolabilité de la Suisse […] sont dans les vrais intérêts de l’Europ
3580
ous termes que « la neutralité et l’inviolabilité
de
la Suisse […] sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En
3581
termes que « la neutralité et l’inviolabilité de
la
Suisse […] sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 191
3582
ité et l’inviolabilité de la Suisse […] sont dans
les
vrais intérêts de l’Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mé
3583
ité de la Suisse […] sont dans les vrais intérêts
de
l’Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’intérêt pr
3584
de la Suisse […] sont dans les vrais intérêts de
l’
Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’intérêt propr
3585
e entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange
d’
intérêt propre et d’intérêt européen dans notre abstention du conflit.
3586
, on retrouve ce même mélange d’intérêt propre et
d’
intérêt européen dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avait
3587
rêt européen dans notre abstention du conflit. Si
la
Suisse avait pris parti, à ce moment-là, elle se fût déchirée en deux
3588
se fût déchirée en deux : une partie tenant pour
la
France, l’autre pour l’Allemagne. Il était évident que notre neutrali
3589
: une partie tenant pour la France, l’autre pour
l’
Allemagne. Il était évident que notre neutralité dépendait donc, au dé
3590
ent que notre neutralité dépendait donc, au début
de
ce siècle, du fameux « équilibre européen ». Mais déjà en 1939, la q
3591
ameux « équilibre européen ». Mais déjà en 1939,
la
question se posa différemment. L’équilibre étant rompu au profit des
3592
s déjà en 1939, la question se posa différemment.
L’
équilibre étant rompu au profit des puissances fascistes, la Suisse ne
3593
e étant rompu au profit des puissances fascistes,
la
Suisse ne dut son salut qu’à une chance extraordinaire, aidée par une
3594
dées. Qu’en est-il aujourd’hui ? Tout est changé.
Les
conflits qui menacent d’éclater n’opposeront plus les catholiques aux
3595
’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent
d’
éclater n’opposeront plus les catholiques aux protestants, comme penda
3596
conflits qui menacent d’éclater n’opposeront plus
les
catholiques aux protestants, comme pendant la guerre de Trente Ans ;
3597
us les catholiques aux protestants, comme pendant
la
guerre de Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’
3598
holiques aux protestants, comme pendant la guerre
de
Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, co
3599
tants, comme pendant la guerre de Trente Ans ; ni
la
France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni mê
3600
pendant la guerre de Trente Ans ; ni la France à
l’
Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Europ
3601
re de Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou
l’
Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Européens à d’autres
3602
Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à
l’
Italie, comme en 1914 ; ni même des Européens à d’autres Européens com
3603
ni même des Européens à d’autres Européens comme
de
1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de
3604
de 1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour
la
Suisse d’essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le j
3605
1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse
d’
essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des pui
3606
n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer
de
maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des puissances vo
3607
r de maintenir sa place centrale et réservée dans
le
jeu des puissances voisines. Il n’y a plus d’équilibre européen. Il y
3608
ans le jeu des puissances voisines. Il n’y a plus
d’
équilibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaie de survivre et
3609
sines. Il n’y a plus d’équilibre européen. Il y a
l’
Europe entière qui essaie de survivre et de s’unir contre un danger co
3610
ibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaie
de
survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans
3611
Il y a l’Europe entière qui essaie de survivre et
de
s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si
3612
ir contre un danger commun. Nous sommes tous dans
le
même sac, si j’ose dire. La seule question réelle qui se pose désorma
3613
Nous sommes tous dans le même sac, si j’ose dire.
La
seule question réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si la ne
3614
eule question réelle qui se pose désormais, c’est
de
savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais int
3615
réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si
la
neutralité de notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Eu
3616
pose désormais, c’est de savoir si la neutralité
de
notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière »
3617
si la neutralité de notre pays est encore « dans
les
vrais intérêts de l’Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une con
3618
e notre pays est encore « dans les vrais intérêts
de
l’Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une contribution effectiv
3619
otre pays est encore « dans les vrais intérêts de
l’
Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une contribution effective à
3620
orte-t-elle, ou non, une contribution effective à
la
défense commune de l’Europe ? II Avant tout essai de réponse, o
3621
, une contribution effective à la défense commune
de
l’Europe ? II Avant tout essai de réponse, on fera bien de se d
3622
ne contribution effective à la défense commune de
l’
Europe ? II Avant tout essai de réponse, on fera bien de se dema
3623
e commune de l’Europe ? II Avant tout essai
de
réponse, on fera bien de se demander d’abord : Quels sont, en somme,
3624
II Avant tout essai de réponse, on fera bien
de
se demander d’abord : Quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’E
3625
en de se demander d’abord : Quels sont, en somme,
les
vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui q
3626
’abord : Quels sont, en somme, les vrais intérêts
de
l’Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a cent-cinq
3627
ord : Quels sont, en somme, les vrais intérêts de
l’
Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a cent-cinquan
3628
les vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont-ils
les
mêmes aujourd’hui qu’il y a cent-cinquante ans, ou même qu’il y a dix
3629
-cinquante ans, ou même qu’il y a dix ans ? Je ne
le
pense pas. Ce que les auteurs des traités de 1815 entendaient par l’i
3630
me qu’il y a dix ans ? Je ne le pense pas. Ce que
les
auteurs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’
3631
e ne le pense pas. Ce que les auteurs des traités
de
1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré
3632
e les auteurs des traités de 1815 entendaient par
l’
intérêt de l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pa
3633
urs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt
de
l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leur
3634
des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de
l’
Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leurs r
3635
r l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré
de
concorde entre nos pays et leurs régimes, concorde qui ne semblait po
3636
orde qui ne semblait pouvoir être assurée que par
l’
équilibre entre les grandes puissances du continent. Il s’agit aujourd
3637
it pouvoir être assurée que par l’équilibre entre
les
grandes puissances du continent. Il s’agit aujourd’hui d’autre chose.
3638
es puissances du continent. Il s’agit aujourd’hui
d’
autre chose. L’idée d’une guerre prochaine entre pays européens n’empê
3639
u continent. Il s’agit aujourd’hui d’autre chose.
L’
idée d’une guerre prochaine entre pays européens n’empêche personne de
3640
nent. Il s’agit aujourd’hui d’autre chose. L’idée
d’
une guerre prochaine entre pays européens n’empêche personne de dormir
3641
prochaine entre pays européens n’empêche personne
de
dormir. Mais tout le monde pense à deux dangers communs : l’un idéolo
3642
angers communs : l’un idéologique et militaire, à
l’
Est ; l’autre économique et social, parmi nous. Pour y faire face, per
3643
, personne n’a proposé une meilleure solution que
l’
union. « Les vrais intérêts de l’Europe entière », c’est donc tout sim
3644
n’a proposé une meilleure solution que l’union. «
Les
vrais intérêts de l’Europe entière », c’est donc tout simplement que
3645
lleure solution que l’union. « Les vrais intérêts
de
l’Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne
3646
ure solution que l’union. « Les vrais intérêts de
l’
Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne ent
3647
’Europe entière », c’est donc tout simplement que
l’
Europe devienne entière, qu’elle mette en commun toutes ses forces pou
3648
et pour assurer sa défense. Or, peut-on dire que
l’
attitude plus que réservée de la Suisse contribue sérieusement à promo
3649
Or, peut-on dire que l’attitude plus que réservée
de
la Suisse contribue sérieusement à promouvoir l’union ? Peut-on dire
3650
peut-on dire que l’attitude plus que réservée de
la
Suisse contribue sérieusement à promouvoir l’union ? Peut-on dire que
3651
de la Suisse contribue sérieusement à promouvoir
l’
union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant de se risquer à Strasb
3652
ieusement à promouvoir l’union ? Peut-on dire que
la
Suisse, en refusant de se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer
3653
l’union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant
de
se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe
3654
de se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer
le
Conseil de l’Europe ? Certes, nous avons fini par adhérer avec d’infi
3655
Europe ? Certes, nous avons fini par adhérer avec
d’
infinies précautions, à quelques entreprises internationales, telles q
3656
quelques entreprises internationales, telles que
l’
OECE et l’Union des paiements. Mais c’était en réalité parce que nous
3657
entreprises internationales, telles que l’OECE et
l’
Union des paiements. Mais c’était en réalité parce que nous ne pouvion
3658
s plus faire autrement. Ce n’était pas pour hâter
l’
union, mais par intérêt bien compris. Il serait donc un peu excessif d
3659
érêt bien compris. Il serait donc un peu excessif
de
citer nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributi
3660
nos adhésions tardives et réticentes comme autant
de
contributions à l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de
3661
ves et réticentes comme autant de contributions à
l’
unité. Sur ce plan général, il semble difficile de soutenir que la neu
3662
l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile
de
soutenir que la neutralité représente un apport positif à la fédérati
3663
plan général, il semble difficile de soutenir que
la
neutralité représente un apport positif à la fédération du continent,
3664
que la neutralité représente un apport positif à
la
fédération du continent, c’est-à-dire à ses vrais intérêts. Mais sur
3665
ire à ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis
de
la défense de l’Europe, la situation est différente. M. Churchill a p
3666
à ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis de
la
défense de l’Europe, la situation est différente. M. Churchill a parl
3667
ntérêts. Mais sur le plan précis de la défense de
l’
Europe, la situation est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg
3668
ais sur le plan précis de la défense de l’Europe,
la
situation est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg de créer
3669
est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg
de
créer une armée européenne. M. Pleven a fait voter un projet similair
3670
e. M. Pleven a fait voter un projet similaire par
la
Chambre française. Et déjà, l’on commence à regarder de travers cette
3671
ojet similaire par la Chambre française. Et déjà,
l’
on commence à regarder de travers cette petite Suisse qui prétend rest
3672
mbre française. Et déjà, l’on commence à regarder
de
travers cette petite Suisse qui prétend rester neutre quand tout le m
3673
t le monde réarme à grands cris. Mais attention :
les
cris ne sont pas des armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre es
3674
Mais attention : les cris ne sont pas des armes !
La
vérité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’Europe qui soit
3675
cris ne sont pas des armes ! La vérité, c’est que
la
Suisse neutre est le seul pays d’Europe qui soit matériellement et mo
3676
armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre est
le
seul pays d’Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se dé
3677
rité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays
d’
Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas
3678
iellement et moralement prêt à se défendre en cas
d’
attaque, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée sui
3679
e en cas d’attaque, demain. Je sais très bien que
la
seule mention de l’armée suisse a le don de provoquer des sourires lé
3680
e, demain. Je sais très bien que la seule mention
de
l’armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironique
3681
demain. Je sais très bien que la seule mention de
l’
armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironiques o
3682
rès bien que la seule mention de l’armée suisse a
le
don de provoquer des sourires légèrement ironiques ou incrédules chez
3683
n que la seule mention de l’armée suisse a le don
de
provoquer des sourires légèrement ironiques ou incrédules chez certai
3684
légèrement ironiques ou incrédules chez certains
de
nos voisins. Qu’ils comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons,
3685
mptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons, je
le
crains, plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Europe
3686
plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin
de
l’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal mai
3687
s qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de
l’
Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal mais é
3688
oin de l’Europe qui soit sérieusement défendu, et
le
fait est, paradoxal mais évident, que ce petit coin, c’est la Suisse
3689
paradoxal mais évident, que ce petit coin, c’est
la
Suisse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera d’exister, il ser
3690
que ce petit coin, c’est la Suisse neutre. Quand
l’
armée de l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la que
3691
petit coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée
de
l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’
3692
it coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée de
l’
Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’un
3693
isse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera
d’
exister, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unif
3694
e de l’Europe commencera d’exister, il sera temps
d’
aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, la rép
3695
ope commencera d’exister, il sera temps d’aborder
la
question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, la réponse que j
3696
ra d’exister, il sera temps d’aborder la question
d’
un plan de défense unifié. Vous le voyez, la réponse que j’essaie de t
3697
er, il sera temps d’aborder la question d’un plan
de
défense unifié. Vous le voyez, la réponse que j’essaie de trouver n’e
3698
der la question d’un plan de défense unifié. Vous
le
voyez, la réponse que j’essaie de trouver n’est pas simple. Si l’effo
3699
stion d’un plan de défense unifié. Vous le voyez,
la
réponse que j’essaie de trouver n’est pas simple. Si l’effort militai
3700
se unifié. Vous le voyez, la réponse que j’essaie
de
trouver n’est pas simple. Si l’effort militaire considérable que nous
3701
onse que j’essaie de trouver n’est pas simple. Si
l’
effort militaire considérable que nous impose notre statut de neutrali
3702
litaire considérable que nous impose notre statut
de
neutralité est une contribution réelle à la défense du continent, on
3703
tatut de neutralité est une contribution réelle à
la
défense du continent, on ne saurait vraiment en dire autant de notre
3704
continent, on ne saurait vraiment en dire autant
de
notre attitude méfiante et presque négative à l’égard de l’union néce
3705
ttitude méfiante et presque négative à l’égard de
l’
union nécessaire. À la question qu’on me pose de tous côtés : Êtes-vou
3706
esque négative à l’égard de l’union nécessaire. À
la
question qu’on me pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon de no
3707
e l’union nécessaire. À la question qu’on me pose
de
tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? je ne pui
3708
tion qu’on me pose de tous côtés : Êtes-vous pour
l’
abandon de notre neutralité ? je ne puis donc répondre oui ou non. Le
3709
me pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon
de
notre neutralité ? je ne puis donc répondre oui ou non. Le problème n
3710
neutralité ? je ne puis donc répondre oui ou non.
Le
problème ne peut pas être posé, encore moins résolu, dans l’abstrait.
3711
ne peut pas être posé, encore moins résolu, dans
l’
abstrait. Ce qu’il faut savoir tout d’abord, c’est pour quelle raison
3712
raison grande et forte, c’est en somme au profit
de
quoi la Suisse devrait éventuellement renoncer à sa neutralité. Je ré
3713
grande et forte, c’est en somme au profit de quoi
la
Suisse devrait éventuellement renoncer à sa neutralité. Je réponds po
3714
ur ma part que cela ne pourrait être qu’au profit
de
l’Europe entière, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de
3715
ma part que cela ne pourrait être qu’au profit de
l’
Europe entière, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de ce
3716
rofit de l’Europe entière, c’est-à-dire au profit
de
son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-il que cette union p
3717
c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et
de
cela seul. Encore faut-il que cette union prenne forme, et qu’en son
3718
ées. Cela viendra, n’en doutez pas ! Demain, soit
les
États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soi
3719
en doutez pas ! Demain, soit les États-Unis, soit
le
Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soit encore une menace
3720
États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort
de
son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tou
3721
s’il sort de son impasse, soit encore une menace
de
guerre contre le continent tout entier, nous poseront ces questions p
3722
impasse, soit encore une menace de guerre contre
le
continent tout entier, nous poseront ces questions précises. Il faut
3723
evant des options graves qu’il lui sera difficile
de
trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pa
3724
ifficile de trancher, ne sachant pas ce que pense
le
peuple suisse. Il ne faut pas que l’histoire nous surprenne, endormis
3725
ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pas que
l’
histoire nous surprenne, endormis dans la fausse sécurité d’une tradit
3726
pas que l’histoire nous surprenne, endormis dans
la
fausse sécurité d’une tradition qui a peut-être fait son temps, endor
3727
nous surprenne, endormis dans la fausse sécurité
d’
une tradition qui a peut-être fait son temps, endormis derrière la neu
3728
qui a peut-être fait son temps, endormis derrière
la
neutralité, comme la France en 1940 derrière la ligne Maginot, comme
3729
son temps, endormis derrière la neutralité, comme
la
France en 1940 derrière la ligne Maginot, comme l’Amérique l’été dern
3730
e la neutralité, comme la France en 1940 derrière
la
ligne Maginot, comme l’Amérique l’été dernier derrière sa Bombe. Je
3731
a France en 1940 derrière la ligne Maginot, comme
l’
Amérique l’été dernier derrière sa Bombe. Je voulais introduire, ce s
3732
1940 derrière la ligne Maginot, comme l’Amérique
l’
été dernier derrière sa Bombe. Je voulais introduire, ce soir, une di
3733
ulais introduire, ce soir, une discussion qui, je
l’
espère, deviendra générale, et qui me paraît vitale pour notre avenir.
3734
e pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour
l’
orienter, un seul principe de jugement politique. Le voici : Tant que
3735
rne à proposer, pour l’orienter, un seul principe
de
jugement politique. Le voici : Tant que la neutralité de la Suisse se
3736
orienter, un seul principe de jugement politique.
Le
voici : Tant que la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’Europ
3737
incipe de jugement politique. Le voici : Tant que
la
neutralité de la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hu
3738
ment politique. Le voici : Tant que la neutralité
de
la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan
3739
t politique. Le voici : Tant que la neutralité de
la
Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan mil
3740
que la neutralité de la Suisse se révèle utile à
l’
Europe — comme aujourd’hui sur le plan militaire — il faut la mainteni
3741
comme aujourd’hui sur le plan militaire — il faut
la
maintenir. Si au contraire elle devient un prétexte à freiner l’union
3742
i au contraire elle devient un prétexte à freiner
l’
union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire
3743
traire elle devient un prétexte à freiner l’union
de
l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esp
3744
ire elle devient un prétexte à freiner l’union de
l’
Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit
3745
ne pas y prendre notre part, elle est contraire à
l’
esprit même de son statut, et elle peut donc demain devenir une trahis
3746
re notre part, elle est contraire à l’esprit même
de
son statut, et elle peut donc demain devenir une trahison. Car je le
3747
lle peut donc demain devenir une trahison. Car je
le
répète : notre neutralité a été reconnue par les puissances « dans l’
3748
e le répète : notre neutralité a été reconnue par
les
puissances « dans l’intérêt de l’Europe entière », et non pas comme u
3749
utralité a été reconnue par les puissances « dans
l’
intérêt de l’Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y
3750
été reconnue par les puissances « dans l’intérêt
de
l’Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait pl
3751
é reconnue par les puissances « dans l’intérêt de
l’
Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait plus
3752
il n’y aurait plus à mériter. Elle est relative à
l’
Europe. Et ceux qui, par erreur ou par malice, veulent aujourd’hui la
3753
ui, par erreur ou par malice, veulent aujourd’hui
la
transformer en neutralité absolue, précisons : en neutralité entre l’
3754
utralité absolue, précisons : en neutralité entre
l’
Europe et les ennemis de l’Europe — entre l’Europe unie et l’URSS par
3755
olue, précisons : en neutralité entre l’Europe et
les
ennemis de l’Europe — entre l’Europe unie et l’URSS par exemple — ceu
3756
ons : en neutralité entre l’Europe et les ennemis
de
l’Europe — entre l’Europe unie et l’URSS par exemple — ceux-là sont i
3757
: en neutralité entre l’Europe et les ennemis de
l’
Europe — entre l’Europe unie et l’URSS par exemple — ceux-là sont infi
3758
entre l’Europe et les ennemis de l’Europe — entre
l’
Europe unie et l’URSS par exemple — ceux-là sont infidèles à notre tra
3759
les ennemis de l’Europe — entre l’Europe unie et
l’
URSS par exemple — ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils viole
3760
tre tradition. Ils violent notre statut légal, et
l’
esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point
3761
Ils violent notre statut légal, et l’esprit même
de
nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que
3762
l’esprit même de nos institutions. Je me promets
de
revenir sur ce point capital, que personne encore n’a touché, tout au
3763
u moins à ma connaissance. k. Rougemont Denis
de
, « Europe unie et neutralité suisse », Les Cahiers protestants, Lausa
3764
t Denis de, « Europe unie et neutralité suisse »,
Les
Cahiers protestants, Lausanne, novembre–décembre 1950, p. 309-316. l
3765
, novembre–décembre 1950, p. 309-316. l. Précédé
de
la note suivante : « L’Europe est en danger. Les efforts pour unir l’
3766
ovembre–décembre 1950, p. 309-316. l. Précédé de
la
note suivante : « L’Europe est en danger. Les efforts pour unir l’Eur
3767
, p. 309-316. l. Précédé de la note suivante : «
L’
Europe est en danger. Les efforts pour unir l’Europe se multiplient. I
3768
é de la note suivante : « L’Europe est en danger.
Les
efforts pour unir l’Europe se multiplient. Il semble que les obstacle
3769
: « L’Europe est en danger. Les efforts pour unir
l’
Europe se multiplient. Il semble que les obstacles qui s’opposent à un
3770
pour unir l’Europe se multiplient. Il semble que
les
obstacles qui s’opposent à une fédération européenne se font plus dif
3771
opéenne se font plus difficiles et plus nombreux.
Les
Suisses doivent d’abord connaître objectivement la question. Nous avo
3772
s Suisses doivent d’abord connaître objectivement
la
question. Nous avons rédigé un questionnaire qui sera envoyé à quelqu
3773
é un questionnaire qui sera envoyé à quelques-uns
de
ceux que le problème préoccupe et nous ouvrons ainsi une rubrique où
3774
nnaire qui sera envoyé à quelques-uns de ceux que
le
problème préoccupe et nous ouvrons ainsi une rubrique où paraîtront,
3775
où paraîtront, au cours des prochains fascicules,
les
réponses reçues. Voici le questionnaire. Il est suivi d’une première
3776
prochains fascicules, les réponses reçues. Voici
le
questionnaire. Il est suivi d’une première réponse de M. Denis de Rou
3777
nses reçues. Voici le questionnaire. Il est suivi
d’
une première réponse de M. Denis de Rougemont aux questions IV et V :
3778
uestionnaire. Il est suivi d’une première réponse
de
M. Denis de Rougemont aux questions IV et V : […] — Quelle attitude,
3779
ions IV et V : […] — Quelle attitude, selon vous,
la
Suisse devrait-elle adopter en face de l’Europe unie ? À supposer qu’
3780
n vous, la Suisse devrait-elle adopter en face de
l’
Europe unie ? À supposer qu’une fédération européenne se réalisât proc
3781
nne se réalisât prochainement, dans quelle mesure
la
neutralité helvétique serait-elle un obstacle majeur à notre entrée d
3782
dite fédération ? Une conception trop restrictive
de
cette neutralité n’empêche-t-elle pas notre pays d’assumer actuelleme
3783
cette neutralité n’empêche-t-elle pas notre pays
d’
assumer actuellement la tâche de conciliation qui serait conforme à so
3784
êche-t-elle pas notre pays d’assumer actuellement
la
tâche de conciliation qui serait conforme à son génie ? — En faveur d
3785
le pas notre pays d’assumer actuellement la tâche
de
conciliation qui serait conforme à son génie ? — En faveur du maintie
3786
t conforme à son génie ? — En faveur du maintien,
de
l’assouplissement ou de l’abandon de cette neutralité, tenez-vous cer
3787
onforme à son génie ? — En faveur du maintien, de
l’
assouplissement ou de l’abandon de cette neutralité, tenez-vous certai
3788
— En faveur du maintien, de l’assouplissement ou
de
l’abandon de cette neutralité, tenez-vous certains arguments comme pa
3789
En faveur du maintien, de l’assouplissement ou de
l’
abandon de cette neutralité, tenez-vous certains arguments comme parti
3790
du maintien, de l’assouplissement ou de l’abandon
de
cette neutralité, tenez-vous certains arguments comme particulièremen
3791
tains arguments comme particulièrement décisifs à
l’
heure où nous sommes ? » Comme le précise une note finale, ce texte es
3792
ement décisifs à l’heure où nous sommes ? » Comme
le
précise une note finale, ce texte est issu « des chroniques lues à Ra
3793
xte est issu « des chroniques lues à Radio-Genève
les
30 octobre et 6 novembre 1950, dans le cadre de l’émission ‟Destins d
3794
io-Genève les 30 octobre et 6 novembre 1950, dans
le
cadre de l’émission ‟Destins du monde : Demain l’Europe !” ».
3795
les 30 octobre et 6 novembre 1950, dans le cadre
de
l’émission ‟Destins du monde : Demain l’Europe !” ».
3796
s 30 octobre et 6 novembre 1950, dans le cadre de
l’
émission ‟Destins du monde : Demain l’Europe !” ».
3797
le cadre de l’émission ‟Destins du monde : Demain
l’
Europe !” ».
3798
te que M. Lasserre ait simplifié ma thèse jusqu’à
la
déformer, et qu’il ait apporté à sa réfutation moins de scrupule que
3799
ormer, et qu’il ait apporté à sa réfutation moins
de
scrupule que d’humeur. J’avais pourtant pris soin de souligner la com
3800
ait apporté à sa réfutation moins de scrupule que
d’
humeur. J’avais pourtant pris soin de souligner la complexité du probl
3801
scrupule que d’humeur. J’avais pourtant pris soin
de
souligner la complexité du problème. Je parlais de « ce mélange d’int
3802
d’humeur. J’avais pourtant pris soin de souligner
la
complexité du problème. Je parlais de « ce mélange d’intérêt propre e
3803
e souligner la complexité du problème. Je parlais
de
« ce mélange d’intérêt propre et d’intérêt européen » qui a toujours
3804
omplexité du problème. Je parlais de « ce mélange
d’
intérêt propre et d’intérêt européen » qui a toujours caractérisé notr
3805
e. Je parlais de « ce mélange d’intérêt propre et
d’
intérêt européen » qui a toujours caractérisé notre neutralité et qui
3806
ui a toujours caractérisé notre neutralité et qui
l’
a pratiquement permise. M. Lasserre veut croire que je n’ai considéré
3807
M. Lasserre veut croire que je n’ai considéré que
l’
intérêt européen : c’est sa « grave erreur liminaire ». J’ai naturelle
3808
eur liminaire ». J’ai naturellement insisté sur «
l’
intérêt de l’Europe entière » parce que c’était par ce biais-là que je
3809
ire ». J’ai naturellement insisté sur « l’intérêt
de
l’Europe entière » parce que c’était par ce biais-là que je pouvais a
3810
». J’ai naturellement insisté sur « l’intérêt de
l’
Europe entière » parce que c’était par ce biais-là que je pouvais abor
3811
ue c’était par ce biais-là que je pouvais aborder
le
problème suisse, dans le cadre général de ma chronique intitulée « De
3812
à que je pouvais aborder le problème suisse, dans
le
cadre général de ma chronique intitulée « Demain l’Europe ». Je n’ai
3813
aborder le problème suisse, dans le cadre général
de
ma chronique intitulée « Demain l’Europe ». Je n’ai nullement nié ou
3814
cadre général de ma chronique intitulée « Demain
l’
Europe ». Je n’ai nullement nié ou méconnu l’intérêt propre de la Suis
3815
main l’Europe ». Je n’ai nullement nié ou méconnu
l’
intérêt propre de la Suisse. Il serait toutefois bien léger de penser,
3816
Je n’ai nullement nié ou méconnu l’intérêt propre
de
la Suisse. Il serait toutefois bien léger de penser, ou de laisser cr
3817
n’ai nullement nié ou méconnu l’intérêt propre de
la
Suisse. Il serait toutefois bien léger de penser, ou de laisser croir
3818
opre de la Suisse. Il serait toutefois bien léger
de
penser, ou de laisser croire, que ce propre intérêt soit seul en caus
3819
sse. Il serait toutefois bien léger de penser, ou
de
laisser croire, que ce propre intérêt soit seul en cause dans le jeu
3820
re, que ce propre intérêt soit seul en cause dans
le
jeu des forces politiques de notre temps ! Où donc ai-je soutenu « sa
3821
t seul en cause dans le jeu des forces politiques
de
notre temps ! Où donc ai-je soutenu « sans réserve » que la Suisse de
3822
emps ! Où donc ai-je soutenu « sans réserve » que
la
Suisse devrait subordonner sa politique à « l’intérêt des principaux
3823
ue la Suisse devrait subordonner sa politique à «
l’
intérêt des principaux États de l’Europe » ? J’ai dit seulement que si
3824
x États de l’Europe » ? J’ai dit seulement que si
la
Suisse un jour décidait de renoncer à sa neutralité, ce ne pourrait ê
3825
i dit seulement que si la Suisse un jour décidait
de
renoncer à sa neutralité, ce ne pourrait être qu’au profit de l’Europ
3826
à sa neutralité, ce ne pourrait être qu’au profit
de
l’Europe entière et de son union fédérale ; et j’ai ajouté : « Encore
3827
a neutralité, ce ne pourrait être qu’au profit de
l’
Europe entière et de son union fédérale ; et j’ai ajouté : « Encore fa
3828
pourrait être qu’au profit de l’Europe entière et
de
son union fédérale ; et j’ai ajouté : « Encore faut-il que cette unio
3829
ale. Au surplus, je souhaitais une discussion sur
la
neutralité présente et à venir de la Suisse, les circonstances ayant
3830
scussion sur la neutralité présente et à venir de
la
Suisse, les circonstances ayant changé depuis dix ans. Demander qu’on
3831
r la neutralité présente et à venir de la Suisse,
les
circonstances ayant changé depuis dix ans. Demander qu’on discute un
3832
un tabou.) Je m’étonne davantage qu’un professeur
d’
histoire puisse paraître assimiler la Russie de 1815 et l’URSS de Stal
3833
n professeur d’histoire puisse paraître assimiler
la
Russie de 1815 et l’URSS de Staline, lorsqu’il s’agit de leurs relati
3834
ur d’histoire puisse paraître assimiler la Russie
de
1815 et l’URSS de Staline, lorsqu’il s’agit de leurs relations avec l
3835
re puisse paraître assimiler la Russie de 1815 et
l’
URSS de Staline, lorsqu’il s’agit de leurs relations avec l’Europe ; q
3836
ie de 1815 et l’URSS de Staline, lorsqu’il s’agit
de
leurs relations avec l’Europe ; qu’il tienne l’URSS — malgré elle ! —
3837
Staline, lorsqu’il s’agit de leurs relations avec
l’
Europe ; qu’il tienne l’URSS — malgré elle ! — pour une puissance euro
3838
t de leurs relations avec l’Europe ; qu’il tienne
l’
URSS — malgré elle ! — pour une puissance européenne ; qu’il fasse éta
3839
européenne ; qu’il fasse état, très sérieusement,
de
ce que l’OECE « reste ouverte » aux pays de l’Est ; et qu’enfin tous
3840
; qu’il fasse état, très sérieusement, de ce que
l’
OECE « reste ouverte » aux pays de l’Est ; et qu’enfin tous les chiffr
3841
ment, de ce que l’OECE « reste ouverte » aux pays
de
l’Est ; et qu’enfin tous les chiffres et proportions qu’il cite vers
3842
t, de ce que l’OECE « reste ouverte » aux pays de
l’
Est ; et qu’enfin tous les chiffres et proportions qu’il cite vers la
3843
te ouverte » aux pays de l’Est ; et qu’enfin tous
les
chiffres et proportions qu’il cite vers la fin de son article soient
3844
tous les chiffres et proportions qu’il cite vers
la
fin de son article soient erronés, — ceci pour deux motifs, l’un d’in
3845
es chiffres et proportions qu’il cite vers la fin
de
son article soient erronés, — ceci pour deux motifs, l’un d’interprét
3846
cle soient erronés, — ceci pour deux motifs, l’un
d’
interprétation, l’autre de fait. Tout d’abord, il est clair que je n’a
3847
pour deux motifs, l’un d’interprétation, l’autre
de
fait. Tout d’abord, il est clair que je n’ai pas pu « confondre systé
3848
que je n’ai pas pu « confondre systématiquement »
le
Conseil de l’Europe avec la fédération du continent : le premier n’ét
3849
re systématiquement » le Conseil de l’Europe avec
la
fédération du continent : le premier n’étant, comme chacun sait, qu’u
3850
effort encore hésitant vers la seconde. Ensuite :
le
Conseil de l’Europe comprend quinze États, et non dix comme le répète
3851
l’Europe comprend quinze États, et non dix comme
le
répète mon censeur, ce qui fausse ses calculs à la base. Finalement,
3852
e répète mon censeur, ce qui fausse ses calculs à
la
base. Finalement, quelle est la position de M. Lasserre sur le fond d
3853
sse ses calculs à la base. Finalement, quelle est
la
position de M. Lasserre sur le fond du problème, tel qu’il est défini
3854
uls à la base. Finalement, quelle est la position
de
M. Lasserre sur le fond du problème, tel qu’il est défini par les poi
3855
lement, quelle est la position de M. Lasserre sur
le
fond du problème, tel qu’il est défini par les points IV et V de votr
3856
sur le fond du problème, tel qu’il est défini par
les
points IV et V de votre questionnaire ?o On voit que mes thèses l’irr
3857
lème, tel qu’il est défini par les points IV et V
de
votre questionnaire ?o On voit que mes thèses l’irritent. Et puis apr
3858
de votre questionnaire ?o On voit que mes thèses
l’
irritent. Et puis après ? Tenter de me réfuter ne supprime pas le prob
3859
que mes thèses l’irritent. Et puis après ? Tenter
de
me réfuter ne supprime pas le problème du rôle actuel et futur de la
3860
puis après ? Tenter de me réfuter ne supprime pas
le
problème du rôle actuel et futur de la Suisse dans la construction de
3861
supprime pas le problème du rôle actuel et futur
de
la Suisse dans la construction de l’Europe. C’est sur ce point qu’il
3862
pprime pas le problème du rôle actuel et futur de
la
Suisse dans la construction de l’Europe. C’est sur ce point qu’il eût
3863
roblème du rôle actuel et futur de la Suisse dans
la
construction de l’Europe. C’est sur ce point qu’il eût été intéressan
3864
actuel et futur de la Suisse dans la construction
de
l’Europe. C’est sur ce point qu’il eût été intéressant d’entendre l’h
3865
uel et futur de la Suisse dans la construction de
l’
Europe. C’est sur ce point qu’il eût été intéressant d’entendre l’hist
3866
ope. C’est sur ce point qu’il eût été intéressant
d’
entendre l’historien respecté de Lausanne. m. Rougemont Denis de, «
3867
sur ce point qu’il eût été intéressant d’entendre
l’
historien respecté de Lausanne. m. Rougemont Denis de, « Réplique à
3868
t été intéressant d’entendre l’historien respecté
de
Lausanne. m. Rougemont Denis de, « Réplique à M. Lasserre », Les C
3869
orien respecté de Lausanne. m. Rougemont Denis
de
, « Réplique à M. Lasserre », Les Cahiers protestants, Lausanne, mars–
3870
Rougemont Denis de, « Réplique à M. Lasserre »,
Les
Cahiers protestants, Lausanne, mars–avril 1951, p. 117-118. n. À pro
3871
nne, mars–avril 1951, p. 117-118. n. À propos de
la
réponse de David Lasserre publiée comme réponse à l’enquête des Cahie
3872
vril 1951, p. 117-118. n. À propos de la réponse
de
David Lasserre publiée comme réponse à l’enquête des Cahiers sur « La
3873
réponse de David Lasserre publiée comme réponse à
l’
enquête des Cahiers sur « La Suisse et l’Europe ». o. Voir la premièr
3874
bliée comme réponse à l’enquête des Cahiers sur «
La
Suisse et l’Europe ». o. Voir la première note du texte « Europe uni
3875
éponse à l’enquête des Cahiers sur « La Suisse et
l’
Europe ». o. Voir la première note du texte « Europe unie et neutrali
3876
Pour une morale
de
la vocation (1968)p q On a parfois décrit la situation présente du
3877
Pour une morale de
la
vocation (1968)p q On a parfois décrit la situation présente du ch
3878
e de la vocation (1968)p q On a parfois décrit
la
situation présente du christianisme (protestant surtout) comme l’inve
3879
sente du christianisme (protestant surtout) comme
l’
inverse de celle du xixe siècle. Alors, dit-on, c’était la théologie
3880
hristianisme (protestant surtout) comme l’inverse
de
celle du xixe siècle. Alors, dit-on, c’était la théologie qui faisai
3881
de celle du xixe siècle. Alors, dit-on, c’était
la
théologie qui faisait question, la morale était évidente. Le principe
3882
it-on, c’était la théologie qui faisait question,
la
morale était évidente. Le principe même de la dogmatique paraissait d
3883
e qui faisait question, la morale était évidente.
Le
principe même de la dogmatique paraissait difficile à justifier, mais
3884
stion, la morale était évidente. Le principe même
de
la dogmatique paraissait difficile à justifier, mais non pas les prin
3885
on, la morale était évidente. Le principe même de
la
dogmatique paraissait difficile à justifier, mais non pas les princip
3886
ue paraissait difficile à justifier, mais non pas
les
principes du devoir moral, considérés comme révélés, invariables déso
3887
ésormais et au surplus indispensables au maintien
de
l’ordre social. Aujourd’hui, poursuit-on, la théologie a été solideme
3888
rmais et au surplus indispensables au maintien de
l’
ordre social. Aujourd’hui, poursuit-on, la théologie a été solidement
3889
tien de l’ordre social. Aujourd’hui, poursuit-on,
la
théologie a été solidement reconstruite sur les bases de la dogmatiqu
3890
n, la théologie a été solidement reconstruite sur
les
bases de la dogmatique des Pères et des réformateurs ou de Thomas d’A
3891
logie a été solidement reconstruite sur les bases
de
la dogmatique des Pères et des réformateurs ou de Thomas d’Aquin. Ses
3892
ie a été solidement reconstruite sur les bases de
la
dogmatique des Pères et des réformateurs ou de Thomas d’Aquin. Ses pr
3893
de la dogmatique des Pères et des réformateurs ou
de
Thomas d’Aquin. Ses problèmes centraux peuvent être tenus pour résolu
3894
sives, en tout cas, sont nettement définies. Mais
la
morale ! Ce serait peu de dire qu’elle est en crise : on ne sait même
3895
elle peut ou doit dire encore, et au nom de quoi.
Le
« moralisme de grand-papa » est encore plus mal vu chez les théologie
3896
it dire encore, et au nom de quoi. Le « moralisme
de
grand-papa » est encore plus mal vu chez les théologiens rigoureux qu
3897
lisme de grand-papa » est encore plus mal vu chez
les
théologiens rigoureux que chez les jeunes gens en colère. De cette mo
3898
us mal vu chez les théologiens rigoureux que chez
les
jeunes gens en colère. De cette morale que l’on disait chrétienne et
3899
ens rigoureux que chez les jeunes gens en colère.
De
cette morale que l’on disait chrétienne et qui se confondait, du moin
3900
ez les jeunes gens en colère. De cette morale que
l’
on disait chrétienne et qui se confondait, du moins par ses tabous, av
3901
qui se confondait, du moins par ses tabous, avec
la
morale victorienne et plus généralement bourgeoise-occidentale, que r
3902
ment bourgeoise-occidentale, que reste-t-il après
la
triple attaque convergente de la sociologie (surtout marxiste), de la
3903
ue reste-t-il après la triple attaque convergente
de
la sociologie (surtout marxiste), de la psychologie (surtout freudien
3904
reste-t-il après la triple attaque convergente de
la
sociologie (surtout marxiste), de la psychologie (surtout freudienne)
3905
convergente de la sociologie (surtout marxiste),
de
la psychologie (surtout freudienne) et de l’ethnologie comparée (de L
3906
nvergente de la sociologie (surtout marxiste), de
la
psychologie (surtout freudienne) et de l’ethnologie comparée (de Lévy
3907
xiste), de la psychologie (surtout freudienne) et
de
l’ethnologie comparée (de Lévy-Bruhl à Lévi-Strauss) ? Théoriquement
3908
te), de la psychologie (surtout freudienne) et de
l’
ethnologie comparée (de Lévy-Bruhl à Lévi-Strauss) ? Théoriquement et
3909
(surtout freudienne) et de l’ethnologie comparée (
de
Lévy-Bruhl à Lévi-Strauss) ? Théoriquement et théologiquement, nous s
3910
mmes et à quels dogmes nous croyons. Mais au plan
de
la morale, nous vivons dans la plus incroyable confusion de systèmes
3911
s et à quels dogmes nous croyons. Mais au plan de
la
morale, nous vivons dans la plus incroyable confusion de systèmes hét
3912
yons. Mais au plan de la morale, nous vivons dans
la
plus incroyable confusion de systèmes hétéroclites, d’époques, de sty
3913
le, nous vivons dans la plus incroyable confusion
de
systèmes hétéroclites, d’époques, de styles, de visées différentes ;
3914
us incroyable confusion de systèmes hétéroclites,
d’
époques, de styles, de visées différentes ; nous pataugeons dans l’imp
3915
le confusion de systèmes hétéroclites, d’époques,
de
styles, de visées différentes ; nous pataugeons dans l’impur, dans l’
3916
n de systèmes hétéroclites, d’époques, de styles,
de
visées différentes ; nous pataugeons dans l’impur, dans l’hybride, da
3917
les, de visées différentes ; nous pataugeons dans
l’
impur, dans l’hybride, dans les alluvions, les dépôts sédimentés des â
3918
différentes ; nous pataugeons dans l’impur, dans
l’
hybride, dans les alluvions, les dépôts sédimentés des âges, des cultu
3919
ous pataugeons dans l’impur, dans l’hybride, dans
les
alluvions, les dépôts sédimentés des âges, des cultures, des religion
3920
dans l’impur, dans l’hybride, dans les alluvions,
les
dépôts sédimentés des âges, des cultures, des religions, des préjugés
3921
des religions, des préjugés sociaux et nationaux,
de
l’obscurantisme et du rationalisme, du piétisme et de l’existentialis
3922
religions, des préjugés sociaux et nationaux, de
l’
obscurantisme et du rationalisme, du piétisme et de l’existentialisme,
3923
’obscurantisme et du rationalisme, du piétisme et
de
l’existentialisme, etc. Y a-t-il encore une morale chrétienne ? Osera
3924
scurantisme et du rationalisme, du piétisme et de
l’
existentialisme, etc. Y a-t-il encore une morale chrétienne ? Osera-t-
3925
encore une morale chrétienne ? Osera-t-on encore
la
prêcher ? Théologie solide, morale problématique ; est-ce bien la réa
3926
ologie solide, morale problématique ; est-ce bien
la
réalité de notre temps ? Oui sans doute, si nous bornons l’enquête au
3927
de, morale problématique ; est-ce bien la réalité
de
notre temps ? Oui sans doute, si nous bornons l’enquête aux élites de
3928
de notre temps ? Oui sans doute, si nous bornons
l’
enquête aux élites de nos églises en Europe. Mais dans le reste du mon
3929
sans doute, si nous bornons l’enquête aux élites
de
nos églises en Europe. Mais dans le reste du monde, déjà — et ce sera
3930
te aux élites de nos églises en Europe. Mais dans
le
reste du monde, déjà — et ce sera vrai pour nous aussi bientôt —, je
3931
héma, comme un nouveau renversement, annonciateur
d’
une situation de nouveau comparable à celle du siècle passé, mais radi
3932
iècle passé, mais radicalisée. D’une part, ce que
l’
on nomme aux États-Unis et en Grande-Bretagne la « théologie de la mor
3933
e l’on nomme aux États-Unis et en Grande-Bretagne
la
« théologie de la mort de Dieu » (ses échos remplissent depuis un an
3934
x États-Unis et en Grande-Bretagne la « théologie
de
la mort de Dieu » (ses échos remplissent depuis un an la presse intel
3935
tats-Unis et en Grande-Bretagne la « théologie de
la
mort de Dieu » (ses échos remplissent depuis un an la presse intellec
3936
s et en Grande-Bretagne la « théologie de la mort
de
Dieu » (ses échos remplissent depuis un an la presse intellectuelle a
3937
ort de Dieu » (ses échos remplissent depuis un an
la
presse intellectuelle anglo-saxonne, en attendant de se répandre dans
3938
presse intellectuelle anglo-saxonne, en attendant
de
se répandre dans nos pays), cette théologie-là bouleverse le fondemen
3939
dre dans nos pays), cette théologie-là bouleverse
le
fondement commun de toutes nos orthodoxies, qu’elles soient d’emprein
3940
cette théologie-là bouleverse le fondement commun
de
toutes nos orthodoxies, qu’elles soient d’empreinte barthienne ou tho
3941
commun de toutes nos orthodoxies, qu’elles soient
d’
empreinte barthienne ou thomiste, et les notions mêmes d’orthodoxie et
3942
les soient d’empreinte barthienne ou thomiste, et
les
notions mêmes d’orthodoxie et de révélation ; néanmoins, cette école
3943
inte barthienne ou thomiste, et les notions mêmes
d’
orthodoxie et de révélation ; néanmoins, cette école (ou ce mouvement)
3944
ou thomiste, et les notions mêmes d’orthodoxie et
de
révélation ; néanmoins, cette école (ou ce mouvement) veut conserver
3945
ins, cette école (ou ce mouvement) veut conserver
l’
amour du Christ, c’est-à-dire la forme d’existence personnelle et soci
3946
t) veut conserver l’amour du Christ, c’est-à-dire
la
forme d’existence personnelle et sociale la plus conforme aux évangil
3947
onserver l’amour du Christ, c’est-à-dire la forme
d’
existence personnelle et sociale la plus conforme aux évangiles, l’ins
3948
-dire la forme d’existence personnelle et sociale
la
plus conforme aux évangiles, l’inspiration évangélique d’une éthique.
3949
nnelle et sociale la plus conforme aux évangiles,
l’
inspiration évangélique d’une éthique. D’autre part, les prétentions
3950
conforme aux évangiles, l’inspiration évangélique
d’
une éthique. D’autre part, les prétentions de la science occidentale
3951
iration évangélique d’une éthique. D’autre part,
les
prétentions de la science occidentale deviennent universelles, pour n
3952
que d’une éthique. D’autre part, les prétentions
de
la science occidentale deviennent universelles, pour ne pas dire tota
3953
d’une éthique. D’autre part, les prétentions de
la
science occidentale deviennent universelles, pour ne pas dire totalit
3954
ue depuis peu — se mettent en devoir et en mesure
de
remplacer les préceptes et coutumes de la morale traditionnelle, dite
3955
— se mettent en devoir et en mesure de remplacer
les
préceptes et coutumes de la morale traditionnelle, dite « chrétienne
3956
en mesure de remplacer les préceptes et coutumes
de
la morale traditionnelle, dite « chrétienne », et sont déjà en bon tr
3957
mesure de remplacer les préceptes et coutumes de
la
morale traditionnelle, dite « chrétienne », et sont déjà en bon train
3958
e, dite « chrétienne », et sont déjà en bon train
d’
y parvenir dans plusieurs domaines importants. Au lieu de sermons cont
3959
domaines importants. Au lieu de sermons contre «
l’
impureté », on donne à nos adolescents des leçons d’initiation sexuell
3960
impureté », on donne à nos adolescents des leçons
d’
initiation sexuelle ; au lieu de menaces d’aller en enfer et d’exorcis
3961
leçons d’initiation sexuelle ; au lieu de menaces
d’
aller en enfer et d’exorcismes, on prescrit une psychanalyse, certains
3962
sexuelle ; au lieu de menaces d’aller en enfer et
d’
exorcismes, on prescrit une psychanalyse, certains médicaments, ou div
3963
nalyse, certains médicaments, ou divers processus
d’
adaptation, d’ajustement social, voire politique, selon les pays. Rece
3964
ns médicaments, ou divers processus d’adaptation,
d’
ajustement social, voire politique, selon les pays. Recettes, régimes,
3965
tion, d’ajustement social, voire politique, selon
les
pays. Recettes, régimes, remèdes, relaxation, action sur l’équilibre
3966
ecettes, régimes, remèdes, relaxation, action sur
l’
équilibre hormonal, conditionnement des réflexes devant la machine, le
3967
bre hormonal, conditionnement des réflexes devant
la
machine, les feux rouges, le chef de l’État, les rythmes de la consom
3968
, conditionnement des réflexes devant la machine,
les
feux rouges, le chef de l’État, les rythmes de la consommation ou de
3969
des réflexes devant la machine, les feux rouges,
le
chef de l’État, les rythmes de la consommation ou de la productivité
3970
t la machine, les feux rouges, le chef de l’État,
les
rythmes de la consommation ou de la productivité — c’est cela qui fon
3971
, les feux rouges, le chef de l’État, les rythmes
de
la consommation ou de la productivité — c’est cela qui fonctionne auj
3972
es feux rouges, le chef de l’État, les rythmes de
la
consommation ou de la productivité — c’est cela qui fonctionne aujour
3973
chef de l’État, les rythmes de la consommation ou
de
la productivité — c’est cela qui fonctionne aujourd’hui, de mieux en
3974
f de l’État, les rythmes de la consommation ou de
la
productivité — c’est cela qui fonctionne aujourd’hui, de mieux en mie
3975
uctivité — c’est cela qui fonctionne aujourd’hui,
de
mieux en mieux, qui persuade, qui agit, et qui contraint. En regard d
3976
i agit, et qui contraint. En regard de ce progrès
de
la Science sur tous les fronts, moralisme et immoralisme, vertus et v
3977
git, et qui contraint. En regard de ce progrès de
la
Science sur tous les fronts, moralisme et immoralisme, vertus et vice
3978
t. En regard de ce progrès de la Science sur tous
les
fronts, moralisme et immoralisme, vertus et vices apparaissent égalem
3979
odés. Ce qui est sérieux, ce qui intéresse, c’est
le
mode d’emploi de notre univers actuel et le rendement des procédés et
3980
qui est sérieux, ce qui intéresse, c’est le mode
d’
emploi de notre univers actuel et le rendement des procédés et des con
3981
sérieux, ce qui intéresse, c’est le mode d’emploi
de
notre univers actuel et le rendement des procédés et des conduites, —
3982
c’est le mode d’emploi de notre univers actuel et
le
rendement des procédés et des conduites, — qu’il s’agisse de s’assure
3983
t des procédés et des conduites, — qu’il s’agisse
de
s’assurer contre l’imprévu ou au contraire de mieux courir son risque
3984
s conduites, — qu’il s’agisse de s’assurer contre
l’
imprévu ou au contraire de mieux courir son risque personnel, de guéri
3985
u contraire de mieux courir son risque personnel,
de
guérir, ou d’améliorer son statut social, ses possibilités de travail
3986
mieux courir son risque personnel, de guérir, ou
d’
améliorer son statut social, ses possibilités de travail et de loisirs
3987
u d’améliorer son statut social, ses possibilités
de
travail et de loisirs, donc aussi sa culture et sa liberté. Nous tend
3988
son statut social, ses possibilités de travail et
de
loisirs, donc aussi sa culture et sa liberté. Nous tendons de la sort
3989
donc aussi sa culture et sa liberté. Nous tendons
de
la sorte, dans les pays techniquement avancés, vers une société qui s
3990
c aussi sa culture et sa liberté. Nous tendons de
la
sorte, dans les pays techniquement avancés, vers une société qui sera
3991
ure et sa liberté. Nous tendons de la sorte, dans
les
pays techniquement avancés, vers une société qui serait, à la limite,
3992
niquement avancés, vers une société qui serait, à
la
limite, sans surprises ni drames, sans vrais débats (j’entends : sans
3993
; disciplinée, normalisée et préconditionnée dès
le
secret de la cellule, dès le programme chromosomique, immunisée et ps
3994
inée, normalisée et préconditionnée dès le secret
de
la cellule, dès le programme chromosomique, immunisée et psychanalysé
3995
e, normalisée et préconditionnée dès le secret de
la
cellule, dès le programme chromosomique, immunisée et psychanalysée,
3996
préconditionnée dès le secret de la cellule, dès
le
programme chromosomique, immunisée et psychanalysée, chaque homme éta
3997
évisé, testé et remis au point à l’aide de pièces
de
rechange, comme une voiture. Pour la première fois dans l’Histoire de
3998
ge, comme une voiture. Pour la première fois dans
l’
Histoire de nos civilisations, ce n’est pas l’anarchie croissante des
3999
ne voiture. Pour la première fois dans l’Histoire
de
nos civilisations, ce n’est pas l’anarchie croissante des mœurs que n
4000
ans l’Histoire de nos civilisations, ce n’est pas
l’
anarchie croissante des mœurs que nos vieux sages auront à déplorer, m
4001
vieux sages auront à déplorer, mais au contraire
l’
universelle et rigoureuse réglementation de nos conduites par les ordi
4002
traire l’universelle et rigoureuse réglementation
de
nos conduites par les ordinateurs électroniques. (On les verra peut-ê
4003
et rigoureuse réglementation de nos conduites par
les
ordinateurs électroniques. (On les verra peut-être alors, ces sages,
4004
conduites par les ordinateurs électroniques. (On
les
verra peut-être alors, ces sages, se lamenter sur la fuite du bon vie
4005
verra peut-être alors, ces sages, se lamenter sur
la
fuite du bon vieux temps qu’auront été les siècles de luttes passionn
4006
ter sur la fuite du bon vieux temps qu’auront été
les
siècles de luttes passionnantes entre le « péché » et la « grâce », c
4007
uite du bon vieux temps qu’auront été les siècles
de
luttes passionnantes entre le « péché » et la « grâce », c’est-à-dire
4008
ont été les siècles de luttes passionnantes entre
le
« péché » et la « grâce », c’est-à-dire entre les tentations de la «
4009
les de luttes passionnantes entre le « péché » et
la
« grâce », c’est-à-dire entre les tentations de la « chair » et les r
4010
le « péché » et la « grâce », c’est-à-dire entre
les
tentations de la « chair » et les refus déchirants d’y céder — sujet
4011
t la « grâce », c’est-à-dire entre les tentations
de
la « chair » et les refus déchirants d’y céder — sujet privilégié et
4012
a « grâce », c’est-à-dire entre les tentations de
la
« chair » et les refus déchirants d’y céder — sujet privilégié et pre
4013
st-à-dire entre les tentations de la « chair » et
les
refus déchirants d’y céder — sujet privilégié et presque unique des r
4014
entations de la « chair » et les refus déchirants
d’
y céder — sujet privilégié et presque unique des romans de François Ma
4015
r — sujet privilégié et presque unique des romans
de
François Mauriac, par exemple.) Les conséquences de cette situation —
4016
que des romans de François Mauriac, par exemple.)
Les
conséquences de cette situation — qu’il faut imaginer réalisées dans
4017
François Mauriac, par exemple.) Les conséquences
de
cette situation — qu’il faut imaginer réalisées dans un avenir pas tr
4018
ociété) sont trop nombreuses et diverses pour que
l’
on puisse porter sur elles un jugement global. Je me borne à relever c
4019
: à supposer que demain, ce soit un collège formé
de
généticiens, de psychologues, de démographes et d’économistes ou de p
4020
demain, ce soit un collège formé de généticiens,
de
psychologues, de démographes et d’économistes ou de politologues qui
4021
un collège formé de généticiens, de psychologues,
de
démographes et d’économistes ou de politologues qui décide de certain
4022
e généticiens, de psychologues, de démographes et
d’
économistes ou de politologues qui décide de certaines conduites sexue
4023
psychologues, de démographes et d’économistes ou
de
politologues qui décide de certaines conduites sexuelles (comme la co
4024
es et d’économistes ou de politologues qui décide
de
certaines conduites sexuelles (comme la contraception) dans une socié
4025
ui décide de certaines conduites sexuelles (comme
la
contraception) dans une société donnée, et non plus l’Église par ses
4026
ntraception) dans une société donnée, et non plus
l’
Église par ses décrets généraux et par l’intervention personnelle du p
4027
non plus l’Église par ses décrets généraux et par
l’
intervention personnelle du prêtre ou du pasteur — alors les crises de
4028
ntion personnelle du prêtre ou du pasteur — alors
les
crises de conscience, les débats intérieurs ou conjugaux, les remords
4029
nnelle du prêtre ou du pasteur — alors les crises
de
conscience, les débats intérieurs ou conjugaux, les remords lancinant
4030
e ou du pasteur — alors les crises de conscience,
les
débats intérieurs ou conjugaux, les remords lancinants, les tentation
4031
e conscience, les débats intérieurs ou conjugaux,
les
remords lancinants, les tentations obsédantes, les décisions farouche
4032
intérieurs ou conjugaux, les remords lancinants,
les
tentations obsédantes, les décisions farouches, tout ce pathos tradit
4033
es remords lancinants, les tentations obsédantes,
les
décisions farouches, tout ce pathos traditionnel de l’existence moral
4034
décisions farouches, tout ce pathos traditionnel
de
l’existence morale va s’évaporer ! Exécuter une prescription médicale
4035
cisions farouches, tout ce pathos traditionnel de
l’
existence morale va s’évaporer ! Exécuter une prescription médicale, m
4036
cuter une prescription médicale, même s’il s’agit
d’
une intervention douloureuse comme peut l’être une extraction dentaire
4037
s’agit d’une intervention douloureuse comme peut
l’
être une extraction dentaire, ou d’une privation pénible comme de cess
4038
use comme peut l’être une extraction dentaire, ou
d’
une privation pénible comme de cesser de fumer, cela ne pose pas de pr
4039
action dentaire, ou d’une privation pénible comme
de
cesser de fumer, cela ne pose pas de problème, on le fait sans bargui
4040
taire, ou d’une privation pénible comme de cesser
de
fumer, cela ne pose pas de problème, on le fait sans barguigner, sans
4041
énible comme de cesser de fumer, cela ne pose pas
de
problème, on le fait sans barguigner, sans avoir à résoudre de confli
4042
cesser de fumer, cela ne pose pas de problème, on
le
fait sans barguigner, sans avoir à résoudre de conflits intérieurs dr
4043
on le fait sans barguigner, sans avoir à résoudre
de
conflits intérieurs dramatiques, on ne parle pas de « sacrifices » pl
4044
conflits intérieurs dramatiques, on ne parle pas
de
« sacrifices » plus ou moins « joyeusement consentis », de « tortures
4045
ifices » plus ou moins « joyeusement consentis »,
de
« tortures morales », de « tentation surmontée », etc. Sans délai, sa
4046
joyeusement consentis », de « tortures morales »,
de
« tentation surmontée », etc. Sans délai, sans débat, sans le moindre
4047
on surmontée », etc. Sans délai, sans débat, sans
le
moindre doute, on fait ce qu’a ordonné le médecin, au lieu de se déba
4048
t, sans le moindre doute, on fait ce qu’a ordonné
le
médecin, au lieu de se débattre interminablement avec la voix de sa c
4049
cin, au lieu de se débattre interminablement avec
la
voix de sa conscience, les conseils du prêtre, ou simplement l’opinio
4050
lieu de se débattre interminablement avec la voix
de
sa conscience, les conseils du prêtre, ou simplement l’opinion des pr
4051
e interminablement avec la voix de sa conscience,
les
conseils du prêtre, ou simplement l’opinion des proches. La plupart d
4052
conscience, les conseils du prêtre, ou simplement
l’
opinion des proches. La plupart de ceux qui ont réfléchi à ces perspec
4053
malheur, voire une catastrophe, cette probabilité
d’
une sécularisation croissante des normes de nos conduites, sociales d’
4054
bilité d’une sécularisation croissante des normes
de
nos conduites, sociales d’abord, individuelles finalement. Pense-t-on
4055
ividuelles finalement. Pense-t-on, peut-être, que
la
morale tomberait alors dans de très mauvaises mains, serait en quelqu
4056
on, peut-être, que la morale tomberait alors dans
de
très mauvaises mains, serait en quelque sorte livrée au « monde » ? C
4057
mble effrayer beaucoup de ces observateurs, c’est
l’
idée que s’il devait en aller ainsi demain, les Églises et leurs clerg
4058
est l’idée que s’il devait en aller ainsi demain,
les
Églises et leurs clergés n’auraient en somme plus rien à dire aux hom
4059
x enfants quant à leur existence quotidienne dans
la
cité et dans la famille. Des spécialistes, revêtus de l’autorité inco
4060
à leur existence quotidienne dans la cité et dans
la
famille. Des spécialistes, revêtus de l’autorité incontestée de la Sc
4061
ité et dans la famille. Des spécialistes, revêtus
de
l’autorité incontestée de la Science, et sans doute de l’État, s’en v
4062
et dans la famille. Des spécialistes, revêtus de
l’
autorité incontestée de la Science, et sans doute de l’État, s’en voya
4063
s spécialistes, revêtus de l’autorité incontestée
de
la Science, et sans doute de l’État, s’en voyant chargés à la satisfa
4064
pécialistes, revêtus de l’autorité incontestée de
la
Science, et sans doute de l’État, s’en voyant chargés à la satisfacti
4065
autorité incontestée de la Science, et sans doute
de
l’État, s’en voyant chargés à la satisfaction des masses (pour ne pas
4066
orité incontestée de la Science, et sans doute de
l’
État, s’en voyant chargés à la satisfaction des masses (pour ne pas di
4067
e, et sans doute de l’État, s’en voyant chargés à
la
satisfaction des masses (pour ne pas dire : au soulagement général).
4068
s craintes pour justifiées quant aux faits, je ne
les
partage nullement quant à l’appréciation de ces faits. La prise en ch
4069
nt aux faits, je ne les partage nullement quant à
l’
appréciation de ces faits. La prise en charge progressive par la Scien
4070
e ne les partage nullement quant à l’appréciation
de
ces faits. La prise en charge progressive par la Science socialisée d
4071
ge nullement quant à l’appréciation de ces faits.
La
prise en charge progressive par la Science socialisée de l’ensemble d
4072
de ces faits. La prise en charge progressive par
la
Science socialisée de l’ensemble des règles, prescriptions et conseil
4073
e en charge progressive par la Science socialisée
de
l’ensemble des règles, prescriptions et conseils intéressant les cond
4074
n charge progressive par la Science socialisée de
l’
ensemble des règles, prescriptions et conseils intéressant les conduit
4075
des règles, prescriptions et conseils intéressant
les
conduites humaines et naguère désignées par le terme général de moral
4076
t les conduites humaines et naguère désignées par
le
terme général de morale, me paraît comporter à presque tous les égard
4077
umaines et naguère désignées par le terme général
de
morale, me paraît comporter à presque tous les égards, plus d’avantag
4078
ral de morale, me paraît comporter à presque tous
les
égards, plus d’avantages que d’inconvénients, tant pour la Société qu
4079
paraît comporter à presque tous les égards, plus
d’
avantages que d’inconvénients, tant pour la Société que pour l’Église
4080
r à presque tous les égards, plus d’avantages que
d’
inconvénients, tant pour la Société que pour l’Église elle-même. Au li
4081
, plus d’avantages que d’inconvénients, tant pour
la
Société que pour l’Église elle-même. Au lieu de livrer une longue bat
4082
ue d’inconvénients, tant pour la Société que pour
l’
Église elle-même. Au lieu de livrer une longue bataille en retraite po
4083
ivrer une longue bataille en retraite pour tenter
de
sauver ce qui pourrait l’être de ce qu’on appelait « morale chrétienn
4084
en retraite pour tenter de sauver ce qui pourrait
l’
être de ce qu’on appelait « morale chrétienne », au lieu de se crampon
4085
aite pour tenter de sauver ce qui pourrait l’être
de
ce qu’on appelait « morale chrétienne », au lieu de se cramponner à u
4086
se cramponner à un magistère tombé en désuétude,
les
Églises ne feraient-elles pas mieux d’admettre que la compétence des
4087
ésuétude, les Églises ne feraient-elles pas mieux
d’
admettre que la compétence des savants et des praticiens en matière de
4088
glises ne feraient-elles pas mieux d’admettre que
la
compétence des savants et des praticiens en matière de psychologie, d
4089
ants et des praticiens en matière de psychologie,
d’
hygiène mentale, de démographie, de mécanismes sociaux ou économiques,
4090
ens en matière de psychologie, d’hygiène mentale,
de
démographie, de mécanismes sociaux ou économiques, de prévention de l
4091
e psychologie, d’hygiène mentale, de démographie,
de
mécanismes sociaux ou économiques, de prévention de la criminalité et
4092
émographie, de mécanismes sociaux ou économiques,
de
prévention de la criminalité et des maladies dites « sociales », etc.
4093
mécanismes sociaux ou économiques, de prévention
de
la criminalité et des maladies dites « sociales », etc. — que cette c
4094
canismes sociaux ou économiques, de prévention de
la
criminalité et des maladies dites « sociales », etc. — que cette comp
4095
», etc. — que cette compétence dépasse largement
la
leur, et de plus en plus ; et que les excès que l’on peut reprocher à
4096
se largement la leur, et de plus en plus ; et que
les
excès que l’on peut reprocher à certaines modes scientifiques (certai
4097
a leur, et de plus en plus ; et que les excès que
l’
on peut reprocher à certaines modes scientifiques (certains dogmatisme
4098
nocivité aux théories imbéciles et navrantes sur
la
sexualité (comme celle du trop fameux Dr Tissot) qui ont joué le rôle
4099
omme celle du trop fameux Dr Tissot) qui ont joué
le
rôle que l’on sait dans la prédication, la cure d’âme et la littératu
4100
u trop fameux Dr Tissot) qui ont joué le rôle que
l’
on sait dans la prédication, la cure d’âme et la littérature morale de
4101
r Tissot) qui ont joué le rôle que l’on sait dans
la
prédication, la cure d’âme et la littérature morale des pays protesta
4102
t joué le rôle que l’on sait dans la prédication,
la
cure d’âme et la littérature morale des pays protestants, depuis la f
4103
e rôle que l’on sait dans la prédication, la cure
d’
âme et la littérature morale des pays protestants, depuis la fin du xv
4104
e l’on sait dans la prédication, la cure d’âme et
la
littérature morale des pays protestants, depuis la fin du xviiie siè
4105
a littérature morale des pays protestants, depuis
la
fin du xviiie siècle et jusqu’à pas si longtemps que cela, en Suisse
4106
a, en Suisse romande, si j’en crois mes souvenirs
de
jeunesse. Si les Églises (et pas seulement celle de Rome, dans la lan
4107
ande, si j’en crois mes souvenirs de jeunesse. Si
les
Églises (et pas seulement celle de Rome, dans la lancée de Vatican II
4108
jeunesse. Si les Églises (et pas seulement celle
de
Rome, dans la lancée de Vatican II) se décident à rendre à César, c’e
4109
les Églises (et pas seulement celle de Rome, dans
la
lancée de Vatican II) se décident à rendre à César, c’est-à-dire au «
4110
s (et pas seulement celle de Rome, dans la lancée
de
Vatican II) se décident à rendre à César, c’est-à-dire au « siècle »,
4111
ent à rendre à César, c’est-à-dire au « siècle »,
le
soin de la réglementation et de la régulation de la conduite quotidie
4112
ndre à César, c’est-à-dire au « siècle », le soin
de
la réglementation et de la régulation de la conduite quotidienne des
4113
e à César, c’est-à-dire au « siècle », le soin de
la
réglementation et de la régulation de la conduite quotidienne des mem
4114
re au « siècle », le soin de la réglementation et
de
la régulation de la conduite quotidienne des membres d’une société, e
4115
au « siècle », le soin de la réglementation et de
la
régulation de la conduite quotidienne des membres d’une société, elle
4116
le soin de la réglementation et de la régulation
de
la conduite quotidienne des membres d’une société, elles pourront se
4117
soin de la réglementation et de la régulation de
la
conduite quotidienne des membres d’une société, elles pourront se con
4118
régulation de la conduite quotidienne des membres
d’
une société, elles pourront se consacrer d’autant mieux à leur mission
4119
embres d’une société, elles pourront se consacrer
d’
autant mieux à leur mission proprement spirituelle, qui est à mon sens
4120
sion proprement spirituelle, qui est à mon sens :
de
rappeler à l’homme son but final, sa destination ultime, sa vocation.
4121
t spirituelle, qui est à mon sens : de rappeler à
l’
homme son but final, sa destination ultime, sa vocation. Car les règle
4122
ut final, sa destination ultime, sa vocation. Car
les
règles et les moyens de la vie sociale sont séculiers, par nature et
4123
estination ultime, sa vocation. Car les règles et
les
moyens de la vie sociale sont séculiers, par nature et destination, e
4124
ultime, sa vocation. Car les règles et les moyens
de
la vie sociale sont séculiers, par nature et destination, et dans ce
4125
ime, sa vocation. Car les règles et les moyens de
la
vie sociale sont séculiers, par nature et destination, et dans ce sen
4126
t destination, et dans ce sens sont à César, mais
la
vocation de la personne est à Dieu, vient de Dieu et conduit à Lui, c
4127
n, et dans ce sens sont à César, mais la vocation
de
la personne est à Dieu, vient de Dieu et conduit à Lui, ce qu’aucune
4128
et dans ce sens sont à César, mais la vocation de
la
personne est à Dieu, vient de Dieu et conduit à Lui, ce qu’aucune mor
4129
’aucune morale ne pourra jamais faire, même si on
la
baptise « chrétienne » en toute naïveté, même si on la déclare « révé
4130
ptise « chrétienne » en toute naïveté, même si on
la
déclare « révélée », voire « éternelle » contre toute évidence histor
4131
nantes acrobaties théologiques. Je disais tout à
l’
heure que laisser le soin de la « morale » à César, c’est-à-dire aux s
4132
éologiques. Je disais tout à l’heure que laisser
le
soin de la « morale » à César, c’est-à-dire aux sciences séculières p
4133
es. Je disais tout à l’heure que laisser le soin
de
la « morale » à César, c’est-à-dire aux sciences séculières plus ou m
4134
Je disais tout à l’heure que laisser le soin de
la
« morale » à César, c’est-à-dire aux sciences séculières plus ou moin
4135
socialisées, me paraît avantageux à presque tous
les
égards. Je dois m’expliquer maintenant sur ce presque, car il est cap
4136
l est capital. Supposez, dans x années, une forme
d’
existence humaine suffisamment adaptée aux fonctions sociales (dans le
4137
suffisamment adaptée aux fonctions sociales (dans
les
rapports avec l’État et avec le milieu), suffisamment docile aux pres
4138
ée aux fonctions sociales (dans les rapports avec
l’
État et avec le milieu), suffisamment docile aux prescriptions ou régi
4139
s sociales (dans les rapports avec l’État et avec
le
milieu), suffisamment docile aux prescriptions ou régimes psychosomat
4140
x prescriptions ou régimes psychosomatiques (dans
les
rapports avec le corps) et aux indications écologiques (dans les rapp
4141
régimes psychosomatiques (dans les rapports avec
le
corps) et aux indications écologiques (dans les rapports avec la Natu
4142
ec le corps) et aux indications écologiques (dans
les
rapports avec la Nature), suffisamment ajustée, enfin, à la productiv
4143
x indications écologiques (dans les rapports avec
la
Nature), suffisamment ajustée, enfin, à la productivité du travail, e
4144
s avec la Nature), suffisamment ajustée, enfin, à
la
productivité du travail, et même, qui sait ? à la « créativité des lo
4145
la productivité du travail, et même, qui sait ? à
la
« créativité des loisirs » (dans les rapports avec l’économie) : on n
4146
qui sait ? à la « créativité des loisirs » (dans
les
rapports avec l’économie) : on ne voit pas très bien, dans ces condit
4147
créativité des loisirs » (dans les rapports avec
l’
économie) : on ne voit pas très bien, dans ces conditions, où, quand e
4148
serait encore nécessaire, voire simplement utile.
Le
genre humain, ou tout au moins la société envisagée, serait alors mis
4149
mplement utile. Le genre humain, ou tout au moins
la
société envisagée, serait alors mise en état de pilotage automatique,
4150
s la société envisagée, serait alors mise en état
de
pilotage automatique, comme disent les aviateurs et les cybernéticien
4151
ise en état de pilotage automatique, comme disent
les
aviateurs et les cybernéticiens. L’ensemble purement empirique et tra
4152
lotage automatique, comme disent les aviateurs et
les
cybernéticiens. L’ensemble purement empirique et traditionnel, plein
4153
comme disent les aviateurs et les cybernéticiens.
L’
ensemble purement empirique et traditionnel, plein de contradictions i
4154
nsemble purement empirique et traditionnel, plein
de
contradictions intenables, que forment les préceptes du Décalogue et
4155
, plein de contradictions intenables, que forment
les
préceptes du Décalogue et des sédimentations millénaires de nos coutu
4156
es du Décalogue et des sédimentations millénaires
de
nos coutumes serait avantageusement remplacé par un jeu complexe et p
4157
ageusement remplacé par un jeu complexe et précis
d’
informations constamment vérifiées et mises à jour, toute question tro
4158
uestion trouvant sa réponse quasi instantanée par
la
consultation d’un ordinateur, les recours ultimes pouvant être présen
4159
sa réponse quasi instantanée par la consultation
d’
un ordinateur, les recours ultimes pouvant être présentés à la « Machi
4160
instantanée par la consultation d’un ordinateur,
les
recours ultimes pouvant être présentés à la « Machine » avec un grand
4161
eur, les recours ultimes pouvant être présentés à
la
« Machine » avec un grand M que nous supposerons directrice ou correc
4162
M que nous supposerons directrice ou correctrice
de
tous les « cerveaux automatiques » d’une nation, ou d’un continent, o
4163
ous supposerons directrice ou correctrice de tous
les
« cerveaux automatiques » d’une nation, ou d’un continent, ou d’une c
4164
correctrice de tous les « cerveaux automatiques »
d’
une nation, ou d’un continent, ou d’une culture. Une question et une s
4165
us les « cerveaux automatiques » d’une nation, ou
d’
un continent, ou d’une culture. Une question et une seule demeure alor
4166
utomatiques » d’une nation, ou d’un continent, ou
d’
une culture. Une question et une seule demeure alors sans réponse : la
4167
uestion et une seule demeure alors sans réponse :
la
question du sens de ma vie sur cette terre et après ma mort ; la ques
4168
demeure alors sans réponse : la question du sens
de
ma vie sur cette terre et après ma mort ; la question de ma relation
4169
sens de ma vie sur cette terre et après ma mort ;
la
question de ma relation à la transcendance. Elle demeure sans réponse
4170
ie sur cette terre et après ma mort ; la question
de
ma relation à la transcendance. Elle demeure sans réponse, non point
4171
e et après ma mort ; la question de ma relation à
la
transcendance. Elle demeure sans réponse, non point par accident, mai
4172
ponse, non point par accident, mais par nécessité
de
méthode. Car la grande Machine directrice la déclare sans objet, mal
4173
par accident, mais par nécessité de méthode. Car
la
grande Machine directrice la déclare sans objet, mal posée, fausse qu
4174
sité de méthode. Car la grande Machine directrice
la
déclare sans objet, mal posée, fausse question par excellence, nulle
4175
se question par excellence, nulle et vide quant à
l’
information, non susceptible d’un traitement logique, et ne pouvant ab
4176
le et vide quant à l’information, non susceptible
d’
un traitement logique, et ne pouvant aboutir qu’à une série infinie de
4177
que, et ne pouvant aboutir qu’à une série infinie
de
zéros à la sortie des circuits. Dans cette société que je suppose en
4178
pouvant aboutir qu’à une série infinie de zéros à
la
sortie des circuits. Dans cette société que je suppose en parfait ord
4179
ans cette société que je suppose en parfait ordre
de
marche, il devient à peu près impossible, parce qu’impensable dans le
4180
t à peu près impossible, parce qu’impensable dans
les
termes admis et inexprimable par les codes en vigueur, de justifier e
4181
ensable dans les termes admis et inexprimable par
les
codes en vigueur, de justifier encore la singularité, la vocation d’u
4182
s admis et inexprimable par les codes en vigueur,
de
justifier encore la singularité, la vocation d’une personne unique. S
4183
ble par les codes en vigueur, de justifier encore
la
singularité, la vocation d’une personne unique. Si les ordinateurs di
4184
s en vigueur, de justifier encore la singularité,
la
vocation d’une personne unique. Si les ordinateurs disent les règles
4185
, de justifier encore la singularité, la vocation
d’
une personne unique. Si les ordinateurs disent les règles et les norme
4186
ingularité, la vocation d’une personne unique. Si
les
ordinateurs disent les règles et les normes, et si ces règles et ces
4187
d’une personne unique. Si les ordinateurs disent
les
règles et les normes, et si ces règles et ces normes sont toutes, par
4188
e unique. Si les ordinateurs disent les règles et
les
normes, et si ces règles et ces normes sont toutes, par définition, g
4189
isantes, uniformes ou uniformisantes, réductrices
de
l’imprévu, du non conforme, de l’original et du « libre » (alors que
4190
ntes, uniformes ou uniformisantes, réductrices de
l’
imprévu, du non conforme, de l’original et du « libre » (alors que d’a
4191
antes, réductrices de l’imprévu, du non conforme,
de
l’original et du « libre » (alors que d’autre part ces notions d’orig
4192
es, réductrices de l’imprévu, du non conforme, de
l’
original et du « libre » (alors que d’autre part ces notions d’origina
4193
du « libre » (alors que d’autre part ces notions
d’
originalité de vocation, etc., ont déjà été minées par la psychologie
4194
(alors que d’autre part ces notions d’originalité
de
vocation, etc., ont déjà été minées par la psychologie de l’inconscie
4195
nalité de vocation, etc., ont déjà été minées par
la
psychologie de l’inconscient réduisant les « voix intérieures », nagu
4196
ion, etc., ont déjà été minées par la psychologie
de
l’inconscient réduisant les « voix intérieures », naguère tenues pour
4197
, etc., ont déjà été minées par la psychologie de
l’
inconscient réduisant les « voix intérieures », naguère tenues pour «
4198
ées par la psychologie de l’inconscient réduisant
les
« voix intérieures », naguère tenues pour « divines », à des structur
4199
es pour « divines », à des structures ou pulsions
de
l’instinct) — comment valoriser encore la personne ? Le vieux conflit
4200
pour « divines », à des structures ou pulsions de
l’
instinct) — comment valoriser encore la personne ? Le vieux conflit in
4201
ulsions de l’instinct) — comment valoriser encore
la
personne ? Le vieux conflit individu-collectivité se trouve ici radic
4202
nstinct) — comment valoriser encore la personne ?
Le
vieux conflit individu-collectivité se trouve ici radicalisé à la lim
4203
individu-collectivité se trouve ici radicalisé à
la
limite. Mais alors le rôle de l’Église apparaît subitement précisé à
4204
se trouve ici radicalisé à la limite. Mais alors
le
rôle de l’Église apparaît subitement précisé à l’extrême par toute ce
4205
ve ici radicalisé à la limite. Mais alors le rôle
de
l’Église apparaît subitement précisé à l’extrême par toute cette néga
4206
ici radicalisé à la limite. Mais alors le rôle de
l’
Église apparaît subitement précisé à l’extrême par toute cette négativ
4207
le rôle de l’Église apparaît subitement précisé à
l’
extrême par toute cette négativité. Alors qu’aux origines de l’Europe
4208
par toute cette négativité. Alors qu’aux origines
de
l’Europe et au Moyen Âge encore, l’Église formait les mœurs, édictait
4209
toute cette négativité. Alors qu’aux origines de
l’
Europe et au Moyen Âge encore, l’Église formait les mœurs, édictait le
4210
’aux origines de l’Europe et au Moyen Âge encore,
l’
Église formait les mœurs, édictait les canons de la morale, éduquait l
4211
l’Europe et au Moyen Âge encore, l’Église formait
les
mœurs, édictait les canons de la morale, éduquait l’homme pour les y
4212
Âge encore, l’Église formait les mœurs, édictait
les
canons de la morale, éduquait l’homme pour les y ajuster, tandis que
4213
, l’Église formait les mœurs, édictait les canons
de
la morale, éduquait l’homme pour les y ajuster, tandis que les cherch
4214
’Église formait les mœurs, édictait les canons de
la
morale, éduquait l’homme pour les y ajuster, tandis que les chercheur
4215
mœurs, édictait les canons de la morale, éduquait
l’
homme pour les y ajuster, tandis que les chercheurs libres, les héréti
4216
it les canons de la morale, éduquait l’homme pour
les
y ajuster, tandis que les chercheurs libres, les hérétiques et les ma
4217
, éduquait l’homme pour les y ajuster, tandis que
les
chercheurs libres, les hérétiques et les mauvaises têtes mettaient en
4218
les y ajuster, tandis que les chercheurs libres,
les
hérétiques et les mauvaises têtes mettaient en doute ces jugements —
4219
ndis que les chercheurs libres, les hérétiques et
les
mauvaises têtes mettaient en doute ces jugements — désormais la situa
4220
êtes mettaient en doute ces jugements — désormais
la
situation est inversée : l’Église n’est plus là pour prescrire aux ho
4221
jugements — désormais la situation est inversée :
l’
Église n’est plus là pour prescrire aux hommes leur mode de vie, d’aut
4222
tre en question cet ajustement trop parfait, pour
l’
exposer sans cesse à la question des fins dernières, métaphysiques et
4223
stement trop parfait, pour l’exposer sans cesse à
la
question des fins dernières, métaphysiques et spirituelles. Elle est
4224
siques et spirituelles. Elle est là pour défendre
le
droit de la personne à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est un
4225
spirituelles. Elle est là pour défendre le droit
de
la personne à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est une de croi
4226
irituelles. Elle est là pour défendre le droit de
la
personne à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est une de croire
4227
pour défendre le droit de la personne à différer,
le
droit à l’hérésie, si c’en est une de croire que le but de l’homme tr
4228
re le droit de la personne à différer, le droit à
l’
hérésie, si c’en est une de croire que le but de l’homme transcende to
4229
à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est une
de
croire que le but de l’homme transcende tout conditionnement et tout
4230
droit à l’hérésie, si c’en est une de croire que
le
but de l’homme transcende tout conditionnement et tout asservissement
4231
à l’hérésie, si c’en est une de croire que le but
de
l’homme transcende tout conditionnement et tout asservissement automa
4232
’hérésie, si c’en est une de croire que le but de
l’
homme transcende tout conditionnement et tout asservissement automatiq
4233
purement sociales, fussent-elles déterminées par
la
plus sûre des sciences. Quant à celui qui veut devenir chrétien, devr
4234
devenir chrétien, devra-t-il s’exiler moralement
de
cette société trop bien ajustée, se désadapter exprès, ou saboter la
4235
op bien ajustée, se désadapter exprès, ou saboter
la
Machine directrice, ou simplement faire la grève de la « créativité d
4236
aboter la Machine directrice, ou simplement faire
la
grève de la « créativité des loisirs » ? Ces gestes et attitudes roma
4237
Machine directrice, ou simplement faire la grève
de
la « créativité des loisirs » ? Ces gestes et attitudes romantiques s
4238
chine directrice, ou simplement faire la grève de
la
« créativité des loisirs » ? Ces gestes et attitudes romantiques sera
4239
inateur qui indiquerait aussitôt comment corriger
le
fonctionnement aberrant de cet individu. Je le vois plutôt, ce candid
4240
sitôt comment corriger le fonctionnement aberrant
de
cet individu. Je le vois plutôt, ce candidat chrétien, comme celui qu
4241
er le fonctionnement aberrant de cet individu. Je
le
vois plutôt, ce candidat chrétien, comme celui qui, tout en accomplis
4242
e celui qui, tout en accomplissant judicieusement
la
Loi prescrite, ne pourra s’empêcher de se poser la Question, celle qu
4243
cieusement la Loi prescrite, ne pourra s’empêcher
de
se poser la Question, celle qui est réputée nulle et vide. Chrétien e
4244
a Loi prescrite, ne pourra s’empêcher de se poser
la
Question, celle qui est réputée nulle et vide. Chrétien en cela qu’il
4245
de. Chrétien en cela qu’il cherchera ce sens dans
les
voies de l’amour, qui implique l’existence des autres, plutôt que dan
4246
en en cela qu’il cherchera ce sens dans les voies
de
l’amour, qui implique l’existence des autres, plutôt que dans l’avent
4247
en cela qu’il cherchera ce sens dans les voies de
l’
amour, qui implique l’existence des autres, plutôt que dans l’aventure
4248
a ce sens dans les voies de l’amour, qui implique
l’
existence des autres, plutôt que dans l’aventure solitaire du mysticis
4249
implique l’existence des autres, plutôt que dans
l’
aventure solitaire du mysticisme, ou de la connaissance au sens hindou
4250
t que dans l’aventure solitaire du mysticisme, ou
de
la connaissance au sens hindou. Amour et recherche du sens seront à l
4251
ue dans l’aventure solitaire du mysticisme, ou de
la
connaissance au sens hindou. Amour et recherche du sens seront à la f
4252
ndou. Amour et recherche du sens seront à la fois
le
contenu et les conditions de ce qu’il nommera sa « liberté ». Cela se
4253
recherche du sens seront à la fois le contenu et
les
conditions de ce qu’il nommera sa « liberté ». Cela sera vu et ressen
4254
ens seront à la fois le contenu et les conditions
de
ce qu’il nommera sa « liberté ». Cela sera vu et ressenti comme un re
4255
iberté ». Cela sera vu et ressenti comme un refus
de
la « solution définitive et universelle » proposée par la Science et
4256
rté ». Cela sera vu et ressenti comme un refus de
la
« solution définitive et universelle » proposée par la Science et imp
4257
solution définitive et universelle » proposée par
la
Science et imposée par la Machine. Cet acte d’hérésie objective, de r
4258
verselle » proposée par la Science et imposée par
la
Machine. Cet acte d’hérésie objective, de résistance, ne se manifeste
4259
ar la Science et imposée par la Machine. Cet acte
d’
hérésie objective, de résistance, ne se manifestera pas nécessairement
4260
sée par la Machine. Cet acte d’hérésie objective,
de
résistance, ne se manifestera pas nécessairement sous une forme agres
4261
e forme agressive et violente. Il sera simplement
le
témoignage permanent (et qui pourra rester souriant d’ailleurs) d’une
4262
manent (et qui pourra rester souriant d’ailleurs)
d’
une non-satisfaction dernière, d’un non-contentement essentiel. Ce ne
4263
iant d’ailleurs) d’une non-satisfaction dernière,
d’
un non-contentement essentiel. Ce ne sera pas une attitude de révolté
4264
ntentement essentiel. Ce ne sera pas une attitude
de
révolté à gilet rouge, mais le droit qu’on demande et qu’on prend de
4265
a pas une attitude de révolté à gilet rouge, mais
le
droit qu’on demande et qu’on prend de poser toujours et encore une qu
4266
rouge, mais le droit qu’on demande et qu’on prend
de
poser toujours et encore une question au-delà de toute réponse et de
4267
de poser toujours et encore une question au-delà
de
toute réponse et de toute permission d’interroger. Ce droit de demand
4268
t encore une question au-delà de toute réponse et
de
toute permission d’interroger. Ce droit de demander que ma vie ait un
4269
n au-delà de toute réponse et de toute permission
d’
interroger. Ce droit de demander que ma vie ait un sens, même si je ne
4270
nse et de toute permission d’interroger. Ce droit
de
demander que ma vie ait un sens, même si je ne trouve ou ne reçois ja
4271
un sens, même si je ne trouve ou ne reçois jamais
de
réponse certaine, cette demande, cette recherche en elle-même est mon
4272
j’invente, que je crée à chaque pas à tâtons dans
le
noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ainsi que je compren
4273
re que sous mes pas. C’est ainsi que je comprends
le
verset du psalmiste : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumi
4274
sume mon diagnostic, qui est aussi un pronostic :
l’
Église peut-être (je n’en suis pas sûr), mais en tout cas les hommes q
4275
eut-être (je n’en suis pas sûr), mais en tout cas
les
hommes qui « croient », au sens chrétien du mot, vont entrer en dissi
4276
entrer en dissidence dynamique et créatrice, dans
le
monde trop bien moralisé que nous préparent avec tant de zèle, de com
4277
en moralisé que nous préparent avec tant de zèle,
de
compétence, d’astuce technique les savants, les gouvernements et les
4278
nous préparent avec tant de zèle, de compétence,
d’
astuce technique les savants, les gouvernements et les nécessités touj
4279
c tant de zèle, de compétence, d’astuce technique
les
savants, les gouvernements et les nécessités toujours croissantes de
4280
e, de compétence, d’astuce technique les savants,
les
gouvernements et les nécessités toujours croissantes de la production
4281
stuce technique les savants, les gouvernements et
les
nécessités toujours croissantes de la production pour une humanité qu
4282
vernements et les nécessités toujours croissantes
de
la production pour une humanité qui double tous les quarante ans. ⁂ A
4283
nements et les nécessités toujours croissantes de
la
production pour une humanité qui double tous les quarante ans. ⁂ Anti
4284
e la production pour une humanité qui double tous
les
quarante ans. ⁂ Anticipant assez largement sur la situation que je vi
4285
es quarante ans. ⁂ Anticipant assez largement sur
la
situation que je viens de caractériser à grands traits, j’avais écrit
4286
tériser à grands traits, j’avais écrit dès 1945 —
l’
été d’Hiroshima — un manuscrit de quelque deux-cents pages intitulé L
4287
r à grands traits, j’avais écrit dès 1945 — l’été
d’
Hiroshima — un manuscrit de quelque deux-cents pages intitulé La Mora
4288
écrit dès 1945 — l’été d’Hiroshima — un manuscrit
de
quelque deux-cents pages intitulé La Morale du But , que je n’ai pas
4289
n manuscrit de quelque deux-cents pages intitulé
La
Morale du But , que je n’ai pas encore publié, fort heureusement. En
4290
sement. En effet, depuis vingt ans, je n’ai cessé
d’
accumuler des notes (en vue d’ajouts indispensables), des objections t
4291
ans, je n’ai cessé d’accumuler des notes (en vue
d’
ajouts indispensables), des objections très graves à mes propres thèse
4292
ons très graves à mes propres thèses, des raisons
de
désespérer de mon entreprise, et d’autres raisons (pour l’instant lég
4293
s à mes propres thèses, des raisons de désespérer
de
mon entreprise, et d’autres raisons (pour l’instant légèrement majori
4294
érer de mon entreprise, et d’autres raisons (pour
l’
instant légèrement majoritaires) de penser au contraire qu’elle peut c
4295
raisons (pour l’instant légèrement majoritaires)
de
penser au contraire qu’elle peut contribuer à débrouiller un peu nos
4296
rouiller un peu nos problèmes éthiques, en vue de
l’
avenir. Dans son état primitif, mon ouvrage s’ouvre par le bref récit
4297
. Dans son état primitif, mon ouvrage s’ouvre par
le
bref récit d’une modeste expérience, pour moi très importante, que j’
4298
t primitif, mon ouvrage s’ouvre par le bref récit
d’
une modeste expérience, pour moi très importante, que j’ai faite au se
4299
s inédites, et que je ne compte pas modifier dans
la
version finale du livre. Elles sont intitulées : « De la Visée » :
4300
ersion finale du livre. Elles sont intitulées : «
De
la Visée » : J’ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditio
4301
ion finale du livre. Elles sont intitulées : « De
la
Visée » : J’ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionne
4302
sont intitulées : « De la Visée » : J’ai appris
le
tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fournissait au mon
4303
ays qui, traditionnellement, fournissait au monde
les
champions de cet art ; et comme j’étais alors une jeune recrue animée
4304
tionnellement, fournissait au monde les champions
de
cet art ; et comme j’étais alors une jeune recrue animée d’un extrême
4305
; et comme j’étais alors une jeune recrue animée
d’
un extrême désir d’être promu au grade de lieutenant, et d’acquérir de
4306
alors une jeune recrue animée d’un extrême désir
d’
être promu au grade de lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus t
4307
e animée d’un extrême désir d’être promu au grade
de
lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire t
4308
ême désir d’être promu au grade de lieutenant, et
d’
acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents
4309
’être promu au grade de lieutenant, et d’acquérir
de
la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants,
4310
re promu au grade de lieutenant, et d’acquérir de
la
sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je
4311
lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt
le
droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de tout
4312
t, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit
de
faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes fo
4313
r de la sorte au plus tôt le droit de faire taire
les
sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tire
4314
re taire les sergents harcelants, je m’appliquais
de
toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonn
4315
e toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais
les
conseils d’ordonnance, et tirais aussi mal que possible. Car je me tr
4316
forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils
d’
ordonnance, et tirais aussi mal que possible. Car je me trouvais embar
4317
i mal que possible. Car je me trouvais embarrassé
de
tant de recettes et d’ordres assénés qu’il me semblait, d’un exercice
4318
je me trouvais embarrassé de tant de recettes et
d’
ordres assénés qu’il me semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fai
4319
e recettes et d’ordres assénés qu’il me semblait,
d’
un exercice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans la découverte
4320
e semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fait
de
progrès que dans la découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée.
4321
rcice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans
la
découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce
4322
e, n’avoir fait de progrès que dans la découverte
d’
une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’on me pr
4323
esse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que
l’
on me prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec
4324
je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin
le
cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme
4325
is faire aux autres. Je prenais avec soin le cran
d’
arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme de temps
4326
oin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais
d’
un œil, reposant l’arme de temps à autre pour respirer et calmer ma ne
4327
, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant
l’
arme de temps à autre pour respirer et calmer ma nervosité, et lorsque
4328
ais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme
de
temps à autre pour respirer et calmer ma nervosité, et lorsque enfin
4329
vosité, et lorsque enfin je me croyais prêt selon
la
méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allai
4330
la méthode des sergents, je me décidais à lâcher
le
coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la
4331
âcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans
le
parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du gran
4332
lait régulièrement dans le parapet, au-dessous de
la
cible. Cependant la date approchait du grand concours que l’on nommai
4333
ans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant
la
date approchait du grand concours que l’on nommait « tir au galon ».
4334
ependant la date approchait du grand concours que
l’
on nommait « tir au galon ». Dans chaque unité, on poussait l’entraîne
4335
« tir au galon ». Dans chaque unité, on poussait
l’
entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me
4336
entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait
les
autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-
4337
égligeait les autres, et je me résolus à profiter
de
ce répit pour trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moy
4338
à profiter de ce répit pour trouver par moi-même
le
secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir co
4339
r de ce répit pour trouver par moi-même le secret
de
mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des p
4340
trouver par moi-même le secret de mes erreurs et
le
moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je
4341
par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen
de
les corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je ne tarda
4342
moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de
les
corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je ne tardai pa
4343
ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant
l’
honneur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L
4344
marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon
l’
espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux
4345
quelques points, sauvant l’honneur sinon l’espoir
de
me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant
4346
ouceur froide, au moment même où je me félicitais
d’
avoir encore marqué un point, loin du noir, mais enfin dans la cible.
4347
re marqué un point, loin du noir, mais enfin dans
la
cible. « Voulez-vous apprendre à tirer ? » Il me regarda, et voyant d
4348
lonté en détresse : « C’est très simple et toute
la
méthode tient en trois mots : pensez au noir. Ne pensez pas à votre m
4349
oir. Ne pensez pas à votre main, ni à ce que fait
l’
index qui a pris le cran d’arrêt. Laissez-vous simplement hypnotiser p
4350
à votre main, ni à ce que fait l’index qui a pris
le
cran d’arrêt. Laissez-vous simplement hypnotiser par ce petit disque
4351
main, ni à ce que fait l’index qui a pris le cran
d’
arrêt. Laissez-vous simplement hypnotiser par ce petit disque noir à t
4352
it disque noir à trois-cents mètres qui danse sur
la
ligne de mire. Quand vous serez assez concentré, sans que vous l’ayez
4353
noir à trois-cents mètres qui danse sur la ligne
de
mire. Quand vous serez assez concentré, sans que vous l’ayez voulu, l
4354
. Quand vous serez assez concentré, sans que vous
l’
ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oublie
4355
erez assez concentré, sans que vous l’ayez voulu,
le
coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et
4356
s que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous
le
répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous allez es
4357
rtira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez
le
reste. Et maintenant vous allez essayer. Vous avez le noir ?… Vous ne
4358
este. Et maintenant vous allez essayer. Vous avez
le
noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien.
4359
ayer. Vous avez le noir ?… Vous ne voyez plus que
le
noir ?… » Je n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’ar
4360
z plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien.
Le
disque noir dansait, puis s’arrêtait, dansait de nouveau, s’embuait.
4361
rêtait, dansait de nouveau, s’embuait. J’essayais
de
le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis
4362
ait, dansait de nouveau, s’embuait. J’essayais de
le
rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que
4363
s’embuait. J’essayais de le rejoindre du regard,
de
l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons
4364
embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de
l’
aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. S
4365
essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer,
de
le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il m
4366
ayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de
le
fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me p
4367
t plus large, plus proche, bien mat, et immobile…
La
détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douil
4368
me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter
la
douille et rechargeai machinalement. Et quand je levai les yeux, un p
4369
le et rechargeai machinalement. Et quand je levai
les
yeux, un petit disque blanc d’où pendait un mince fanion rouge surgit
4370
Et quand je levai les yeux, un petit disque blanc
d’
où pendait un mince fanion rouge surgit du bas de la cible, hésita une
4371
d’où pendait un mince fanion rouge surgit du bas
de
la cible, hésita une seconde, et marqua le centre du noir. Trois jour
4372
où pendait un mince fanion rouge surgit du bas de
la
cible, hésita une seconde, et marqua le centre du noir. Trois jours p
4373
du bas de la cible, hésita une seconde, et marqua
le
centre du noir. Trois jours plus tard, au scandale du sergent, je gag
4374
urs plus tard, au scandale du sergent, je gagnais
le
fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et l’arborais
4375
je gagnais le fameux galon, insigne des champions
de
l’école de tir, et l’arborais sur la manche droite de ma tunique. Qua
4376
gagnais le fameux galon, insigne des champions de
l’
école de tir, et l’arborais sur la manche droite de ma tunique. Quant
4377
le fameux galon, insigne des champions de l’école
de
tir, et l’arborais sur la manche droite de ma tunique. Quant aux cons
4378
alon, insigne des champions de l’école de tir, et
l’
arborais sur la manche droite de ma tunique. Quant aux conséquences pl
4379
es champions de l’école de tir, et l’arborais sur
la
manche droite de ma tunique. Quant aux conséquences plus lointaines e
4380
’école de tir, et l’arborais sur la manche droite
de
ma tunique. Quant aux conséquences plus lointaines et aux implication
4381
s, décisives à mon sens, du conseil en trois mots
de
ce jeune officier — « pensez au noir » —, elles ne devaient m’apparaî
4382
au but avait, en un instant, posé et vérifié pour
le
reste de mes jours, sous une forme ultracondensée, la juste relation
4383
ait, en un instant, posé et vérifié pour le reste
de
mes jours, sous une forme ultracondensée, la juste relation des moyen
4384
este de mes jours, sous une forme ultracondensée,
la
juste relation des moyens et des fins. Je n’en tirai d’abord que des
4385
mais dont je pressentais en toute confiance, que
la
vie où j’allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de
4386
confiance, que la vie où j’allais rentrer saurait
les
illustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je
4387
entrer saurait les illustrer dans maints domaines
de
ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement,
4388
illustrer dans maints domaines de ma conduite ou
de
ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la
4389
ts domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je
les
consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en f
4390
les consigne ici, fort brièvement, réservant pour
la
suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’em
4391
gne ici, fort brièvement, réservant pour la suite
le
soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1.
4392
fort brièvement, réservant pour la suite le soin
d’
en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1. La consi
4393
nt, réservant pour la suite le soin d’en formuler
les
fondements théoriques et le mode d’emploi. 1. La considération minuti
4394
e soin d’en formuler les fondements théoriques et
le
mode d’emploi. 1. La considération minutieuse des moyens, la stricte
4395
’en formuler les fondements théoriques et le mode
d’
emploi. 1. La considération minutieuse des moyens, la stricte applicat
4396
les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1.
La
considération minutieuse des moyens, la stricte application d’une mét
4397
mploi. 1. La considération minutieuse des moyens,
la
stricte application d’une méthode réglant l’ordre et l’usage de ces m
4398
ion minutieuse des moyens, la stricte application
d’
une méthode réglant l’ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’un
4399
ens, la stricte application d’une méthode réglant
l’
ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée,
4400
icte application d’une méthode réglant l’ordre et
l’
usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissanc
4401
lication d’une méthode réglant l’ordre et l’usage
de
ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissance aux pr
4402
méthode réglant l’ordre et l’usage de ces moyens,
la
maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissance aux préceptes légaux
4403
ant l’ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise
d’
une technique éprouvée, l’obéissance aux préceptes légaux et coutumier
4404
ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée,
l’
obéissance aux préceptes légaux et coutumiers, ne suffisent pas pour a
4405
ux et coutumiers, ne suffisent pas pour atteindre
le
but, et peuvent être nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent
4406
atteindre le but, et peuvent être nuisibles dans
la
mesure exacte où ils absorbent l’attention, la détournent du but, ou
4407
nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent
l’
attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2. L’appel du but
4408
ns la mesure exacte où ils absorbent l’attention,
la
détournent du but, ou le font oublier. 2. L’appel du but doit nous re
4409
s absorbent l’attention, la détournent du but, ou
le
font oublier. 2. L’appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir.
4410
ion, la détournent du but, ou le font oublier. 2.
L’
appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’a
4411
joindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord
la
force vient à nous, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La
4412
ut que d’abord la force vient à nous, déclenchant
le
mouvement inverse, par attrait. La considération envoûtante du but di
4413
s, déclenchant le mouvement inverse, par attrait.
La
considération envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre
4414
t. La considération envoûtante du but dicte ainsi
les
moyens de l’atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune métho
4415
dération envoûtante du but dicte ainsi les moyens
de
l’atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune méthode ou aucu
4416
ation envoûtante du but dicte ainsi les moyens de
l’
atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune méthode ou aucun p
4417
e du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre et
les
oriente plus strictement qu’aucune méthode ou aucun précepte reçu. 3.
4418
reçu. 3. Toute action efficace commence donc par
la
fin. Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4. La fin seule ju
4419
par la fin. Avant toute chose, il faut considérer
la
fin. 4. La fin seule justifie les moyens, dans la mesure où elle est
4420
Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4.
La
fin seule justifie les moyens, dans la mesure où elle est juste, et o
4421
faut considérer la fin. 4. La fin seule justifie
les
moyens, dans la mesure où elle est juste, et où ils sont vraiment dic
4422
la fin. 4. La fin seule justifie les moyens, dans
la
mesure où elle est juste, et où ils sont vraiment dictés par elle. (L
4423
juste, et où ils sont vraiment dictés par elle. (
Le
fait que l’on invoque ce proverbe pour couvrir des tricheries évident
4424
ù ils sont vraiment dictés par elle. (Le fait que
l’
on invoque ce proverbe pour couvrir des tricheries évidentes ne lui en
4425
rinsèque vérité.) (Plus tard, j’ai découvert que
la
secte bouddhiste du zen fait grand usage du Tir et de la méditation s
4426
ecte bouddhiste du zen fait grand usage du Tir et
de
la méditation sur cet art. Il s’agit du tir à l’arc. Le tireur zen do
4427
e bouddhiste du zen fait grand usage du Tir et de
la
méditation sur cet art. Il s’agit du tir à l’arc. Le tireur zen doit
4428
de la méditation sur cet art. Il s’agit du tir à
l’
arc. Le tireur zen doit arriver à s’identifier au but (à la cible), à
4429
méditation sur cet art. Il s’agit du tir à l’arc.
Le
tireur zen doit arriver à s’identifier au but (à la cible), à avoir c
4430
tireur zen doit arriver à s’identifier au but (à
la
cible), à avoir ce but en soi, de telle sorte qu’il arrive un jour à
4431
ifier au but (à la cible), à avoir ce but en soi,
de
telle sorte qu’il arrive un jour à mettre une flèche dans le noir les
4432
rte qu’il arrive un jour à mettre une flèche dans
le
noir les yeux fermés, et une deuxième dans la tige même de la premièr
4433
l arrive un jour à mettre une flèche dans le noir
les
yeux fermés, et une deuxième dans la tige même de la première. À ce m
4434
ans le noir les yeux fermés, et une deuxième dans
la
tige même de la première. À ce moment, l’initiation a réussi). Partan
4435
es yeux fermés, et une deuxième dans la tige même
de
la première. À ce moment, l’initiation a réussi). Partant de cette ex
4436
me dans la tige même de la première. À ce moment,
l’
initiation a réussi). Partant de cette expérience, et des maximes que
4437
ère. À ce moment, l’initiation a réussi). Partant
de
cette expérience, et des maximes que j’en déduis, je propose dans la
4438
, et des maximes que j’en déduis, je propose dans
la
suite du livre une distinction fondamentale à opérer dans l’analyse e
4439
livre une distinction fondamentale à opérer dans
l’
analyse et l’évaluation des conduites humaines. Je pose d’un côté ce
4440
stinction fondamentale à opérer dans l’analyse et
l’
évaluation des conduites humaines. Je pose d’un côté ce que j’appelle
4441
et l’évaluation des conduites humaines. Je pose
d’
un côté ce que j’appelle les Règles du Jeu, l’ensemble des moyens de v
4442
tes humaines. Je pose d’un côté ce que j’appelle
les
Règles du Jeu, l’ensemble des moyens de vivre. Et je pose de l’autre
4443
ose d’un côté ce que j’appelle les Règles du Jeu,
l’
ensemble des moyens de vivre. Et je pose de l’autre côté la Vocation,
4444
’appelle les Règles du Jeu, l’ensemble des moyens
de
vivre. Et je pose de l’autre côté la Vocation, le Sérieux final, le B
4445
u Jeu, l’ensemble des moyens de vivre. Et je pose
de
l’autre côté la Vocation, le Sérieux final, le But ultime de notre vi
4446
e des moyens de vivre. Et je pose de l’autre côté
la
Vocation, le Sérieux final, le But ultime de notre vie personnelle. L
4447
de vivre. Et je pose de l’autre côté la Vocation,
le
Sérieux final, le But ultime de notre vie personnelle. Les Règles du
4448
se de l’autre côté la Vocation, le Sérieux final,
le
But ultime de notre vie personnelle. Les Règles du Jeu comprennent, d
4449
côté la Vocation, le Sérieux final, le But ultime
de
notre vie personnelle. Les Règles du Jeu comprennent, dans ma définit
4450
ux final, le But ultime de notre vie personnelle.
Les
Règles du Jeu comprennent, dans ma définition, l’ensemble des méthode
4451
es Règles du Jeu comprennent, dans ma définition,
l’
ensemble des méthodes et des rites, des codes et conventions de toute
4452
s méthodes et des rites, des codes et conventions
de
toute espèce qu’une société se donne pour guider les conduites de ses
4453
toute espèce qu’une société se donne pour guider
les
conduites de ses membres. Cela va des règles du jeu d’échecs à la pro
4454
qu’une société se donne pour guider les conduites
de
ses membres. Cela va des règles du jeu d’échecs à la prohibition de l
4455
nduites de ses membres. Cela va des règles du jeu
d’
échecs à la prohibition de l’inceste chez les tribus sauvages, des rit
4456
ses membres. Cela va des règles du jeu d’échecs à
la
prohibition de l’inceste chez les tribus sauvages, des rituels liturg
4457
la va des règles du jeu d’échecs à la prohibition
de
l’inceste chez les tribus sauvages, des rituels liturgiques aux lois
4458
va des règles du jeu d’échecs à la prohibition de
l’
inceste chez les tribus sauvages, des rituels liturgiques aux lois fis
4459
u jeu d’échecs à la prohibition de l’inceste chez
les
tribus sauvages, des rituels liturgiques aux lois fiscales, des techn
4460
lois fiscales, des techniques destinées à assurer
le
bonheur dans le mariage, jusqu’au code des feux verts et rouges régla
4461
es techniques destinées à assurer le bonheur dans
le
mariage, jusqu’au code des feux verts et rouges réglant la circulatio
4462
e, jusqu’au code des feux verts et rouges réglant
la
circulation. Dans cet ensemble, on peut à première vue distinguer d’u
4463
distinguer d’une part ce qui relève expressément
de
l’artifice et de la convention donnée pour telle, et d’autre part ce
4464
stinguer d’une part ce qui relève expressément de
l’
artifice et de la convention donnée pour telle, et d’autre part ce qui
4465
part ce qui relève expressément de l’artifice et
de
la convention donnée pour telle, et d’autre part ce qui répond à des
4466
rt ce qui relève expressément de l’artifice et de
la
convention donnée pour telle, et d’autre part ce qui répond à des néc
4467
ologiques profondes, correspondant aux archétypes
de
l’inconscient collectif selon Jung, notamment, et c’est pourquoi il e
4468
giques profondes, correspondant aux archétypes de
l’
inconscient collectif selon Jung, notamment, et c’est pourquoi il est
4469
notamment, et c’est pourquoi il est si difficile
de
les modifier ; en revanche, quantité de préceptes moraux que tel peup
4470
tamment, et c’est pourquoi il est si difficile de
les
modifier ; en revanche, quantité de préceptes moraux que tel peuple t
4471
difficile de les modifier ; en revanche, quantité
de
préceptes moraux que tel peuple tient pour la traduction directe des
4472
ité de préceptes moraux que tel peuple tient pour
la
traduction directe des réalités fondamentales de la Nature ont pour o
4473
la traduction directe des réalités fondamentales
de
la Nature ont pour origine des nécessités commerciales, par exemple,
4474
traduction directe des réalités fondamentales de
la
Nature ont pour origine des nécessités commerciales, par exemple, et
4475
mple, et d’ailleurs varient du tout au tout selon
les
conditions sociales, économiques, climatériques ou religieuses, de pe
4476
iales, économiques, climatériques ou religieuses,
de
peuples que la Nature a fait semblables physiquement. Je me borne à m
4477
ues, climatériques ou religieuses, de peuples que
la
Nature a fait semblables physiquement. Je me borne à mentionner ici l
4478
lables physiquement. Je me borne à mentionner ici
le
principe de cette analyse, parce qu’il autorise quelques conclusions
4479
quement. Je me borne à mentionner ici le principe
de
cette analyse, parce qu’il autorise quelques conclusions intéressante
4480
artir de Rousseau et du romantisme, on a dit trop
de
mal des conventions, en ce sens qu’on en a dit seulement du mal, oubl
4481
te vie sociale, c’est-à-dire à toute vie humaine.
Les
règles du jeu d’échecs sont des conventions, c’est clair, mais elles
4482
est-à-dire à toute vie humaine. Les règles du jeu
d’
échecs sont des conventions, c’est clair, mais elles font tout l’intér
4483
es conventions, c’est clair, mais elles font tout
l’
intérêt de cette activité. En effet, déplacer un bout de bois d’un car
4484
ions, c’est clair, mais elles font tout l’intérêt
de
cette activité. En effet, déplacer un bout de bois d’un carré blanc s
4485
rêt de cette activité. En effet, déplacer un bout
de
bois d’un carré blanc sur un carré noir est le type même du geste ins
4486
ette activité. En effet, déplacer un bout de bois
d’
un carré blanc sur un carré noir est le type même du geste insignifian
4487
ut de bois d’un carré blanc sur un carré noir est
le
type même du geste insignifiant en soi ; mais ce même petit déplaceme
4488
même petit déplacement devient un acte sur lequel
les
meilleurs cerveaux peuvent se concentrer avec passion pendant une heu
4489
avec passion pendant une heure, car il est chargé
de
sens par les règles du jeu. Quant aux feux verts et aux feux rouges,
4490
pendant une heure, car il est chargé de sens par
les
règles du jeu. Quant aux feux verts et aux feux rouges, ils sont conv
4491
s sont conventionnels aussi, mais sans eux, c’est
l’
embouteillage. Ceux donc qui, depuis deux siècles, reprennent inlassab
4492
i, depuis deux siècles, reprennent inlassablement
l’
attaque contre nos morales religieuses ou profanes sous prétexte qu’el
4493
es ou profanes sous prétexte qu’elles ne sont que
de
« simples conventions », se trompent doublement : car premièrement, o
4494
blement : car premièrement, on peut démontrer que
les
règles et préceptes de toutes les morales humaines sont conventionnel
4495
nt, on peut démontrer que les règles et préceptes
de
toutes les morales humaines sont conventionnels, et non pas « naturel
4496
t démontrer que les règles et préceptes de toutes
les
morales humaines sont conventionnels, et non pas « naturels », sont d
4497
deuxièmement, il n’y a rien de plus important que
les
conventions dans une culture, une civilisation, dans les relations en
4498
ventions dans une culture, une civilisation, dans
les
relations entre les hommes, ou même entre deux êtres, si frustes qu’i
4499
lture, une civilisation, dans les relations entre
les
hommes, ou même entre deux êtres, si frustes qu’ils soient. Reconnaît
4500
êtres, si frustes qu’ils soient. Reconnaître que
les
normes et prescriptions morales sont des conventions ne signifie donc
4501
éprisables ou vaines, bien au contraire. De plus,
l’
assimilation des normes et prescriptions morales aux règles d’un jeu n
4502
on des normes et prescriptions morales aux règles
d’
un jeu ne signifie nullement qu’il faille les prendre à la légère, ni
4503
ègles d’un jeu ne signifie nullement qu’il faille
les
prendre à la légère, ni qu’on montre beaucoup d’intelligence en trich
4504
ne signifie nullement qu’il faille les prendre à
la
légère, ni qu’on montre beaucoup d’intelligence en trichant avec elle
4505
les prendre à la légère, ni qu’on montre beaucoup
d’
intelligence en trichant avec elles : aux échecs, par exemple, la moin
4506
en trichant avec elles : aux échecs, par exemple,
la
moindre tricherie détruit tout l’intérêt du jeu, puisque cet intérêt
4507
s, par exemple, la moindre tricherie détruit tout
l’
intérêt du jeu, puisque cet intérêt tient aux règles et à rien d’autre
4508
u, puisque cet intérêt tient aux règles et à rien
d’
autre. S’il est admis que les normes de la morale sont des règles d’un
4509
aux règles et à rien d’autre. S’il est admis que
les
normes de la morale sont des règles d’un jeu, toute espèce de laxisme
4510
et à rien d’autre. S’il est admis que les normes
de
la morale sont des règles d’un jeu, toute espèce de laxisme est exclu
4511
à rien d’autre. S’il est admis que les normes de
la
morale sont des règles d’un jeu, toute espèce de laxisme est exclu, t
4512
admis que les normes de la morale sont des règles
d’
un jeu, toute espèce de laxisme est exclu, toute faute doit être exact
4513
la morale sont des règles d’un jeu, toute espèce
de
laxisme est exclu, toute faute doit être exactement pénalisée, par un
4514
aute doit être exactement pénalisée, par un recul
de
pions, une perte de points, une pièce soufflée, un coup franc contre
4515
ement pénalisée, par un recul de pions, une perte
de
points, une pièce soufflée, un coup franc contre le camp fautif (qui
4516
points, une pièce soufflée, un coup franc contre
le
camp fautif (qui sont diverses formes d’amende), voire par la disqual
4517
c contre le camp fautif (qui sont diverses formes
d’
amende), voire par la disqualification (qui correspond au bannissement
4518
if (qui sont diverses formes d’amende), voire par
la
disqualification (qui correspond au bannissement, à la prison à vie o
4519
squalification (qui correspond au bannissement, à
la
prison à vie ou à la peine de mort). Mais si la morale est considérée
4520
orrespond au bannissement, à la prison à vie ou à
la
peine de mort). Mais si la morale est considérée comme un système de
4521
au bannissement, à la prison à vie ou à la peine
de
mort). Mais si la morale est considérée comme un système de normes co
4522
à la prison à vie ou à la peine de mort). Mais si
la
morale est considérée comme un système de normes conventionnelles ado
4523
Mais si la morale est considérée comme un système
de
normes conventionnelles adoptées par une société, et que l’on convien
4524
conventionnelles adoptées par une société, et que
l’
on conviendra donc d’observer rigoureusement, comme on le fait des règ
4525
tées par une société, et que l’on conviendra donc
d’
observer rigoureusement, comme on le fait des règles d’un jeu, il faut
4526
nviendra donc d’observer rigoureusement, comme on
le
fait des règles d’un jeu, il faut souligner aussitôt que ces conventi
4527
erver rigoureusement, comme on le fait des règles
d’
un jeu, il faut souligner aussitôt que ces conventions ne sauraient êt
4528
re arbitraires. (Beaucoup de gens s’imaginent que
les
deux termes « convention » et « arbitraire » sont à peu près synonyme
4529
t impraticables, ni évidemment néfastes soit pour
l’
intégrité de l’individu, soit pour la santé et l’équilibre d’une commu
4530
les, ni évidemment néfastes soit pour l’intégrité
de
l’individu, soit pour la santé et l’équilibre d’une communauté. Or en
4531
, ni évidemment néfastes soit pour l’intégrité de
l’
individu, soit pour la santé et l’équilibre d’une communauté. Or en fa
4532
es soit pour l’intégrité de l’individu, soit pour
la
santé et l’équilibre d’une communauté. Or en fait notre société occid
4533
l’intégrité de l’individu, soit pour la santé et
l’
équilibre d’une communauté. Or en fait notre société occidentale chris
4534
de l’individu, soit pour la santé et l’équilibre
d’
une communauté. Or en fait notre société occidentale christianisée est
4535
iété occidentale christianisée est tout encombrée
de
règles contradictoires entre elles, ou impraticables, ou néfastes, et
4536
u impraticables, ou néfastes, et il est important
de
les soumettre à une critique systématique et scientifique. Ce qui ren
4537
mpraticables, ou néfastes, et il est important de
les
soumettre à une critique systématique et scientifique. Ce qui rend ce
4538
ficile et ingrate, dans la plupart des cas, c’est
la
confusion déplorable (de laquelle nos Églises sont largement responsa
4539
a plupart des cas, c’est la confusion déplorable (
de
laquelle nos Églises sont largement responsables) qui fait que l’on a
4540
Églises sont largement responsables) qui fait que
l’
on a peu à peu sacralisé au cours des âges et finalement considéré com
4541
es âges et finalement considéré comme des vérités
de
foi, révélées et indiscutables, des coutumes qui nous venaient d’un p
4542
et indiscutables, des coutumes qui nous venaient
d’
un peu partout, aux hasards de l’histoire, et qui avaient été les conv
4543
s qui nous venaient d’un peu partout, aux hasards
de
l’histoire, et qui avaient été les conventions utiles d’autres sociét
4544
ui nous venaient d’un peu partout, aux hasards de
l’
histoire, et qui avaient été les conventions utiles d’autres sociétés,
4545
ut, aux hasards de l’histoire, et qui avaient été
les
conventions utiles d’autres sociétés, notamment la cité grecque, l’Em
4546
s conventions utiles d’autres sociétés, notamment
la
cité grecque, l’Empire romain, la Sippe germanique, ou les interdits
4547
les d’autres sociétés, notamment la cité grecque,
l’
Empire romain, la Sippe germanique, ou les interdits et devoirs sacrés
4548
étés, notamment la cité grecque, l’Empire romain,
la
Sippe germanique, ou les interdits et devoirs sacrés d’autres religio
4549
grecque, l’Empire romain, la Sippe germanique, ou
les
interdits et devoirs sacrés d’autres religions, notamment celles du P
4550
tes gnostiques, puis des Celtes, et des Germains.
Le
christianisme, étant la seule grande religion qui n’ait pas institué
4551
Celtes, et des Germains. Le christianisme, étant
la
seule grande religion qui n’ait pas institué de morale codifiée, deva
4552
t la seule grande religion qui n’ait pas institué
de
morale codifiée, devait fournir un terrain de choix pour cette confus
4553
tué de morale codifiée, devait fournir un terrain
de
choix pour cette confusion : il ne disposait que de la loi mosaïque e
4554
choix pour cette confusion : il ne disposait que
de
la loi mosaïque et de son sommaire, le commandement sur l’amour de Di
4555
oix pour cette confusion : il ne disposait que de
la
loi mosaïque et de son sommaire, le commandement sur l’amour de Dieu
4556
usion : il ne disposait que de la loi mosaïque et
de
son sommaire, le commandement sur l’amour de Dieu et du prochain comm
4557
posait que de la loi mosaïque et de son sommaire,
le
commandement sur l’amour de Dieu et du prochain comme de soi-même. Or
4558
mosaïque et de son sommaire, le commandement sur
l’
amour de Dieu et du prochain comme de soi-même. Or l’amour est une att
4559
e et de son sommaire, le commandement sur l’amour
de
Dieu et du prochain comme de soi-même. Or l’amour est une attitude fo
4560
andement sur l’amour de Dieu et du prochain comme
de
soi-même. Or l’amour est une attitude fondamentale, de valeur univers
4561
mour de Dieu et du prochain comme de soi-même. Or
l’
amour est une attitude fondamentale, de valeur universelle et instigat
4562
i-même. Or l’amour est une attitude fondamentale,
de
valeur universelle et instigatrice d’action, certes ; c’est l’inspira
4563
ndamentale, de valeur universelle et instigatrice
d’
action, certes ; c’est l’inspiration morale au degré suprême ; mais ce
4564
verselle et instigatrice d’action, certes ; c’est
l’
inspiration morale au degré suprême ; mais ce n’est pas un code, une l
4565
; mais ce n’est pas un code, une loi, un recueil
de
règles, et c’est même ce qui devrait permettre de se passer de code,
4566
de règles, et c’est même ce qui devrait permettre
de
se passer de code, de lois, de règles… « Ama et fac quod vis » est sa
4567
c’est même ce qui devrait permettre de se passer
de
code, de lois, de règles… « Ama et fac quod vis » est sans doute le s
4568
me ce qui devrait permettre de se passer de code,
de
lois, de règles… « Ama et fac quod vis » est sans doute le summum de
4569
devrait permettre de se passer de code, de lois,
de
règles… « Ama et fac quod vis » est sans doute le summum de la morale
4570
de règles… « Ama et fac quod vis » est sans doute
le
summum de la morale mais c’est aussi sa négation. Quant au Décalogue,
4571
« Ama et fac quod vis » est sans doute le summum
de
la morale mais c’est aussi sa négation. Quant au Décalogue, c’est bie
4572
Ama et fac quod vis » est sans doute le summum de
la
morale mais c’est aussi sa négation. Quant au Décalogue, c’est bien u
4573
t bien un code, mais rudimentaire et lacunaire, à
l’
usage de propriétaires du type patriarcal, et qui met notamment sur le
4574
n code, mais rudimentaire et lacunaire, à l’usage
de
propriétaires du type patriarcal, et qui met notamment sur le même pl
4575
ires du type patriarcal, et qui met notamment sur
le
même plan d’objets (dont il faut préserver la possession) esclaves, f
4576
patriarcal, et qui met notamment sur le même plan
d’
objets (dont il faut préserver la possession) esclaves, femmes et béta
4577
sur le même plan d’objets (dont il faut préserver
la
possession) esclaves, femmes et bétail : on ne pouvait en tirer honnê
4578
et civique, ni une morale sexuelle, ni un système
de
valeurs, ni une méthode pour bien conduire la pensée et l’action dans
4579
ème de valeurs, ni une méthode pour bien conduire
la
pensée et l’action dans la cité. De là l’obligation de recourir à d’a
4580
s, ni une méthode pour bien conduire la pensée et
l’
action dans la cité. De là l’obligation de recourir à d’autres sources
4581
ode pour bien conduire la pensée et l’action dans
la
cité. De là l’obligation de recourir à d’autres sources, — presque to
4582
bien conduire la pensée et l’action dans la cité.
De
là l’obligation de recourir à d’autres sources, — presque toutes vena
4583
onduire la pensée et l’action dans la cité. De là
l’
obligation de recourir à d’autres sources, — presque toutes venant d’a
4584
nsée et l’action dans la cité. De là l’obligation
de
recourir à d’autres sources, — presque toutes venant d’autres religio
4585
rces, — presque toutes venant d’autres religions.
De
là aussi la confusion inévitable que j’ai dite, l’attribution à la «
4586
que toutes venant d’autres religions. De là aussi
la
confusion inévitable que j’ai dite, l’attribution à la « volonté de D
4587
e là aussi la confusion inévitable que j’ai dite,
l’
attribution à la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout
4588
nfusion inévitable que j’ai dite, l’attribution à
la
« volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la socié
4589
table que j’ai dite, l’attribution à la « volonté
de
Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la société juge indis
4590
dite, l’attribution à la « volonté de Dieu » ou à
la
Nature des choses de tout ce que la société juge indispensable à son
4591
la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses
de
tout ce que la société juge indispensable à son bien : tantôt l’escla
4592
e Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que
la
société juge indispensable à son bien : tantôt l’esclavage et tantôt
4593
la société juge indispensable à son bien : tantôt
l’
esclavage et tantôt la liberté, tantôt le droit divin des rois, tantôt
4594
ensable à son bien : tantôt l’esclavage et tantôt
la
liberté, tantôt le droit divin des rois, tantôt les droits civiques e
4595
: tantôt l’esclavage et tantôt la liberté, tantôt
le
droit divin des rois, tantôt les droits civiques et populaires, tantô
4596
a liberté, tantôt le droit divin des rois, tantôt
les
droits civiques et populaires, tantôt le clergé des différentes confe
4597
tantôt les droits civiques et populaires, tantôt
le
clergé des différentes confessions répétant devant les fidèles réunis
4598
lergé des différentes confessions répétant devant
les
fidèles réunis « Tu ne tueras point », tantôt le même clergé bénissan
4599
les fidèles réunis « Tu ne tueras point », tantôt
le
même clergé bénissant des canons et priant pour le succès de telle éq
4600
e même clergé bénissant des canons et priant pour
le
succès de telle équipe nationale de tueurs sur telle autre. Je ne rap
4601
rgé bénissant des canons et priant pour le succès
de
telle équipe nationale de tueurs sur telle autre. Je ne rappelle pas
4602
t priant pour le succès de telle équipe nationale
de
tueurs sur telle autre. Je ne rappelle pas ces choses par masochisme
4603
le pas ces choses par masochisme ou par une sorte
de
démagogie, mais il faut bien le reconnaître : ces scandales trop conn
4604
ou par une sorte de démagogie, mais il faut bien
le
reconnaître : ces scandales trop connus tiennent au fait que les Égli
4605
: ces scandales trop connus tiennent au fait que
les
Églises ont cru devoir édicter la morale de leur siècle, généralement
4606
nt au fait que les Églises ont cru devoir édicter
la
morale de leur siècle, généralement au nom des intérêts (traduits en
4607
que les Églises ont cru devoir édicter la morale
de
leur siècle, généralement au nom des intérêts (traduits en vertus) de
4608
ralement au nom des intérêts (traduits en vertus)
de
la société du siècle précédent, confondue par la masse des fidèles av
4609
ement au nom des intérêts (traduits en vertus) de
la
société du siècle précédent, confondue par la masse des fidèles avec
4610
de la société du siècle précédent, confondue par
la
masse des fidèles avec la tradition chrétienne. Je résume cette parti
4611
récédent, confondue par la masse des fidèles avec
la
tradition chrétienne. Je résume cette partie de mon argument : 1. j’e
4612
c la tradition chrétienne. Je résume cette partie
de
mon argument : 1. j’estime qu’il y a tout avantage à considérer les p
4613
1. j’estime qu’il y a tout avantage à considérer
les
préceptes et codes de la morale comme les règles du jeu d’une société
4614
tout avantage à considérer les préceptes et codes
de
la morale comme les règles du jeu d’une société ; 2. ceci implique —
4615
t avantage à considérer les préceptes et codes de
la
morale comme les règles du jeu d’une société ; 2. ceci implique — et
4616
sidérer les préceptes et codes de la morale comme
les
règles du jeu d’une société ; 2. ceci implique — et facilite d’ailleu
4617
tes et codes de la morale comme les règles du jeu
d’
une société ; 2. ceci implique — et facilite d’ailleurs — une stricte
4618
ssance à ces règles, comme il va de soi dans tous
les
jeux et sports d’équipe ; 3. ceci exclut, du même mouvement, la sacra
4619
, comme il va de soi dans tous les jeux et sports
d’
équipe ; 3. ceci exclut, du même mouvement, la sacralisation de ces pr
4620
rts d’équipe ; 3. ceci exclut, du même mouvement,
la
sacralisation de ces préceptes et recettes, et la prétention tout à f
4621
ceci exclut, du même mouvement, la sacralisation
de
ces préceptes et recettes, et la prétention tout à fait abusive à les
4622
la sacralisation de ces préceptes et recettes, et
la
prétention tout à fait abusive à les fonder dans la nature des choses
4623
recettes, et la prétention tout à fait abusive à
les
fonder dans la nature des choses ou la loi naturelle, à les assimiler
4624
prétention tout à fait abusive à les fonder dans
la
nature des choses ou la loi naturelle, à les assimiler aux « voies de
4625
abusive à les fonder dans la nature des choses ou
la
loi naturelle, à les assimiler aux « voies de la providence » ou à la
4626
dans la nature des choses ou la loi naturelle, à
les
assimiler aux « voies de la providence » ou à la « volonté de Dieu lu
4627
ou la loi naturelle, à les assimiler aux « voies
de
la providence » ou à la « volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j
4628
la loi naturelle, à les assimiler aux « voies de
la
providence » ou à la « volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j’in
4629
les assimiler aux « voies de la providence » ou à
la
« volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j’introduis ici une remar
4630
aux « voies de la providence » ou à la « volonté
de
Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j’introduis ici une remarque nouvelle,
4631
i résulte logiquement des trois premiers points :
l’
observation des règles ou au contraire les infractions commises par un
4632
points : l’observation des règles ou au contraire
les
infractions commises par un joueur n’entraînent pas de jugement sur s
4633
fractions commises par un joueur n’entraînent pas
de
jugement sur sa valeur en tant que personne. Il est entendu que si l’
4634
aleur en tant que personne. Il est entendu que si
l’
on fait une faute, si on touche la balle avec la main au football par
4635
entendu que si l’on fait une faute, si on touche
la
balle avec la main au football par exemple, on doit être pénalisé ou
4636
i l’on fait une faute, si on touche la balle avec
la
main au football par exemple, on doit être pénalisé ou même disqualif
4637
n doit être pénalisé ou même disqualifié, mais si
l’
on suit les règles normalement, on n’est pas pour autant bon ou mauvai
4638
e pénalisé ou même disqualifié, mais si l’on suit
les
règles normalement, on n’est pas pour autant bon ou mauvais : simplem
4639
u mauvais : simplement on joue bien ou mal. Point
de
« péché » dans le monde des règles du jeu, mais seulement des erreurs
4640
ment on joue bien ou mal. Point de « péché » dans
le
monde des règles du jeu, mais seulement des erreurs, maladresses, fau
4641
, mais seulement des erreurs, maladresses, fautes
de
calcul, déficiences physiques ou psychiques, un style défectueux, ou
4642
n style défectueux, ou une mauvaise tenue (manque
de
fair play ou d’objectivité, coups bas, etc.). La notion de péché n’ap
4643
ux, ou une mauvaise tenue (manque de fair play ou
d’
objectivité, coups bas, etc.). La notion de péché n’apparaît qu’à part
4644
de fair play ou d’objectivité, coups bas, etc.).
La
notion de péché n’apparaît qu’à partir du moment où se trouve posée l
4645
lay ou d’objectivité, coups bas, etc.). La notion
de
péché n’apparaît qu’à partir du moment où se trouve posée la question
4646
à partir du moment où se trouve posée la question
de
nos fins dernières. Elle est liée à la vocation. ⁂ On pourrait défini
4647
a question de nos fins dernières. Elle est liée à
la
vocation. ⁂ On pourrait définir une sorte de vocation générale du gen
4648
ée à la vocation. ⁂ On pourrait définir une sorte
de
vocation générale du genre humain, de vocation de tout homme en tant
4649
r une sorte de vocation générale du genre humain,
de
vocation de tout homme en tant qu’homme, et qui serait, selon l’Évang
4650
de vocation générale du genre humain, de vocation
de
tout homme en tant qu’homme, et qui serait, selon l’Évangile, l’appel
4651
tout homme en tant qu’homme, et qui serait, selon
l’
Évangile, l’appel et la puissance de l’amour. À travers l’action dans
4652
n tant qu’homme, et qui serait, selon l’Évangile,
l’
appel et la puissance de l’amour. À travers l’action dans la communaut
4653
omme, et qui serait, selon l’Évangile, l’appel et
la
puissance de l’amour. À travers l’action dans la communauté, c’est-à-
4654
serait, selon l’Évangile, l’appel et la puissance
de
l’amour. À travers l’action dans la communauté, c’est-à-dire à traver
4655
ait, selon l’Évangile, l’appel et la puissance de
l’
amour. À travers l’action dans la communauté, c’est-à-dire à travers l
4656
le, l’appel et la puissance de l’amour. À travers
l’
action dans la communauté, c’est-à-dire à travers le prochain, l’amour
4657
la puissance de l’amour. À travers l’action dans
la
communauté, c’est-à-dire à travers le prochain, l’amour au sens chrét
4658
action dans la communauté, c’est-à-dire à travers
le
prochain, l’amour au sens chrétien est l’orientation de tout être, et
4659
a communauté, c’est-à-dire à travers le prochain,
l’
amour au sens chrétien est l’orientation de tout être, et de tout mon
4660
travers le prochain, l’amour au sens chrétien est
l’
orientation de tout être, et de tout mon être vers Dieu, source et suj
4661
chain, l’amour au sens chrétien est l’orientation
de
tout être, et de tout mon être vers Dieu, source et sujet de tout amo
4662
sens chrétien est l’orientation de tout être, et
de
tout mon être vers Dieu, source et sujet de tout amour. Mais la vocat
4663
e, et de tout mon être vers Dieu, source et sujet
de
tout amour. Mais la vocation dont je voudrais vous parler, c’est la v
4664
re vers Dieu, source et sujet de tout amour. Mais
la
vocation dont je voudrais vous parler, c’est la vocation particulière
4665
s la vocation dont je voudrais vous parler, c’est
la
vocation particulière qui s’adresse à un individu et fait de lui une
4666
particulière qui s’adresse à un individu et fait
de
lui une personne distincte et unique. Obéir à ma vocation, c’est suiv
4667
ncte et unique. Obéir à ma vocation, c’est suivre
le
chemin qui va me conduire à la source de l’appel que j’ai cru percevo
4668
tion, c’est suivre le chemin qui va me conduire à
la
source de l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherche à entendre,
4669
t suivre le chemin qui va me conduire à la source
de
l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherche à entendre, à capter d
4670
uivre le chemin qui va me conduire à la source de
l’
appel que j’ai cru percevoir, que je cherche à entendre, à capter de n
4671
re, à capter de nouveau, pour qu’il me guide dans
l’
inconnu, comme ces avions qui dans la nuit suivent la route créée par
4672
e guide dans l’inconnu, comme ces avions qui dans
la
nuit suivent la route créée par un faisceau sonore. Mais ce chemin sa
4673
nconnu, comme ces avions qui dans la nuit suivent
la
route créée par un faisceau sonore. Mais ce chemin sans précédent, —
4674
. Mais ce chemin sans précédent, — puisqu’il part
de
moi seul pour me conduire là où convergent tous les chemins de l’espr
4675
e moi seul pour me conduire là où convergent tous
les
chemins de l’esprit, — oui, tous convergent et se rejoindront en Dieu
4676
our me conduire là où convergent tous les chemins
de
l’esprit, — oui, tous convergent et se rejoindront en Dieu, mais il y
4677
me conduire là où convergent tous les chemins de
l’
esprit, — oui, tous convergent et se rejoindront en Dieu, mais il y a
4678
y a un chemin par homme ! — comment savoir si je
le
découvre ou si je l’invente en le suivant ? Il n’est créé que par l’a
4679
mme ! — comment savoir si je le découvre ou si je
l’
invente en le suivant ? Il n’est créé que par l’appel, et n’existe que
4680
nt savoir si je le découvre ou si je l’invente en
le
suivant ? Il n’est créé que par l’appel, et n’existe que si je m’y en
4681
e l’invente en le suivant ? Il n’est créé que par
l’
appel, et n’existe que si je m’y engage, répondant à l’appel sans pens
4682
el, et n’existe que si je m’y engage, répondant à
l’
appel sans penser à rien d’autre. Il n’est pas jalonné, comme les gran
4683
’y engage, répondant à l’appel sans penser à rien
d’
autre. Il n’est pas jalonné, comme les grandes voies publiques, de sig
4684
enser à rien d’autre. Il n’est pas jalonné, comme
les
grandes voies publiques, de signes bien lisibles pour n’importe qui,
4685
t pas jalonné, comme les grandes voies publiques,
de
signes bien lisibles pour n’importe qui, puisque personne encore n’a
4686
our n’importe qui, puisque personne encore n’a pu
le
suivre, puisqu’il n’existe qu’à partir de moi, et pour moi seul ! Cet
4687
r moi seul ! Cette unicité et singularité absolue
de
mon sentier personnel, qui le rend à peine discernable pour ma foi se
4688
singularité absolue de mon sentier personnel, qui
le
rend à peine discernable pour ma foi seule, va permettre à mes voisin
4689
ma foi seule, va permettre à mes voisins soucieux
de
mon sort de mettre en doute ou de nier son existence — sauf s’ils ont
4690
, va permettre à mes voisins soucieux de mon sort
de
mettre en doute ou de nier son existence — sauf s’ils ont fait, eux a
4691
oisins soucieux de mon sort de mettre en doute ou
de
nier son existence — sauf s’ils ont fait, eux aussi, l’expérience de
4692
r son existence — sauf s’ils ont fait, eux aussi,
l’
expérience de cet appel invraisemblable — et ils vont me conseiller «
4693
ce — sauf s’ils ont fait, eux aussi, l’expérience
de
cet appel invraisemblable — et ils vont me conseiller « pour mon bien
4694
le — et ils vont me conseiller « pour mon bien »,
de
m’en tenir aux chemins communs, bien fréquentés, bien surveillés par
4695
ins communs, bien fréquentés, bien surveillés par
la
police, là où règne le Code de la route, qui est aussi fait pour moi,
4696
entés, bien surveillés par la police, là où règne
le
Code de la route, qui est aussi fait pour moi, ajouteront-ils, sévère
4697
ien surveillés par la police, là où règne le Code
de
la route, qui est aussi fait pour moi, ajouteront-ils, sévères. Oui,
4698
surveillés par la police, là où règne le Code de
la
route, qui est aussi fait pour moi, ajouteront-ils, sévères. Oui, bie
4699
n sûr, mais ces voies publiques, faites pour tout
le
monde et personne en particulier, elles me mèneront sans doute aussi
4700
ites pour cela. Seul pourrait me relier à mon but
le
sentier de ma vocation, qui est au sens littéral improbable. Les gran
4701
ela. Seul pourrait me relier à mon but le sentier
de
ma vocation, qui est au sens littéral improbable. Les grandes voies p
4702
ma vocation, qui est au sens littéral improbable.
Les
grandes voies publiques, bien que réglées par la Loi, ne me servent d
4703
Les grandes voies publiques, bien que réglées par
la
Loi, ne me servent de rien pour « faire mon salut » comme disait la p
4704
iques, bien que réglées par la Loi, ne me servent
de
rien pour « faire mon salut » comme disait la piété classique. Il me
4705
ent de rien pour « faire mon salut » comme disait
la
piété classique. Il me faut me risquer dans un monde spirituel qui es
4706
onde spirituel qui est peut-être une illusion, ou
le
néant. Il me faut affronter l’invraisemblable (dont parlait Kierkegaa
4707
e une illusion, ou le néant. Il me faut affronter
l’
invraisemblable (dont parlait Kierkegaard), un risque absolument sans
4708
institué pour moi seul. Et dans tout cela je n’ai
d’
autre soutien que ma croyance par éclairs, ma « foi » dans l’existence
4709
tien que ma croyance par éclairs, ma « foi » dans
l’
existence de ce But qu’on ne peut voir et que personne n’a jamais vu.
4710
croyance par éclairs, ma « foi » dans l’existence
de
ce But qu’on ne peut voir et que personne n’a jamais vu. N’ayant d’au
4711
e personne n’a jamais vu. N’ayant d’autres moyens
de
répondre à son appel, de le rejoindre, que ceux que me suggère, inexp
4712
N’ayant d’autres moyens de répondre à son appel,
de
le rejoindre, que ceux que me suggère, inexplicablement, ma foi en lu
4713
ayant d’autres moyens de répondre à son appel, de
le
rejoindre, que ceux que me suggère, inexplicablement, ma foi en lui.
4714
gère, inexplicablement, ma foi en lui. C’est donc
le
But qui me communique les seuls moyens d’aller vers lui, dans la seul
4715
a foi en lui. C’est donc le But qui me communique
les
seuls moyens d’aller vers lui, dans la seule mesure où j’y crois, et
4716
st donc le But qui me communique les seuls moyens
d’
aller vers lui, dans la seule mesure où j’y crois, et où j’arrive par
4717
ommunique les seuls moyens d’aller vers lui, dans
la
seule mesure où j’y crois, et où j’arrive par instants à oublier tout
4718
ts à oublier tout ce qui me fait douter du But et
de
l’appel et du chemin, quand je m’abandonne à l’élan, à l’attrait advi
4719
à oublier tout ce qui me fait douter du But et de
l’
appel et du chemin, quand je m’abandonne à l’élan, à l’attrait advienn
4720
t de l’appel et du chemin, quand je m’abandonne à
l’
élan, à l’attrait advienne que pourra, comme dans un saut… Dans ces mo
4721
el et du chemin, quand je m’abandonne à l’élan, à
l’
attrait advienne que pourra, comme dans un saut… Dans ces moments, le
4722
que pourra, comme dans un saut… Dans ces moments,
le
But a dicté ses moyens. Il ne les a pas seulement justifiés, il les a
4723
ans ces moments, le But a dicté ses moyens. Il ne
les
a pas seulement justifiés, il les a faits et me les a donnés. Je disa
4724
s moyens. Il ne les a pas seulement justifiés, il
les
a faits et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de
4725
s a pas seulement justifiés, il les a faits et me
les
a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa
4726
les a faits et me les a donnés. Je disais tout à
l’
heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde des règles
4727
et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que
la
notion de péché n’a pas sa place dans le monde des règles du jeu, mai
4728
a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion
de
péché n’a pas sa place dans le monde des règles du jeu, mais prend so
4729
eure que la notion de péché n’a pas sa place dans
le
monde des règles du jeu, mais prend son sens dans le monde de la voca
4730
monde des règles du jeu, mais prend son sens dans
le
monde de la vocation. Voici comment je crois qu’il faut l’entendre. P
4731
règles du jeu, mais prend son sens dans le monde
de
la vocation. Voici comment je crois qu’il faut l’entendre. Par rappor
4732
gles du jeu, mais prend son sens dans le monde de
la
vocation. Voici comment je crois qu’il faut l’entendre. Par rapport à
4733
de la vocation. Voici comment je crois qu’il faut
l’
entendre. Par rapport à la vocation humaine et générale de l’amour (so
4734
ent je crois qu’il faut l’entendre. Par rapport à
la
vocation humaine et générale de l’amour (sommaire de toute la Loi), i
4735
re. Par rapport à la vocation humaine et générale
de
l’amour (sommaire de toute la Loi), il est clair que le péché en géné
4736
Par rapport à la vocation humaine et générale de
l’
amour (sommaire de toute la Loi), il est clair que le péché en général
4737
vocation humaine et générale de l’amour (sommaire
de
toute la Loi), il est clair que le péché en général est de faillir à
4738
humaine et générale de l’amour (sommaire de toute
la
Loi), il est clair que le péché en général est de faillir à l’amour,
4739
mour (sommaire de toute la Loi), il est clair que
le
péché en général est de faillir à l’amour, de le blesser, ou de le dé
4740
la Loi), il est clair que le péché en général est
de
faillir à l’amour, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de
4741
st clair que le péché en général est de faillir à
l’
amour, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à
4742
que le péché en général est de faillir à l’amour,
de
le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à un pur s
4743
le péché en général est de faillir à l’amour, de
le
blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à un pur sent
4744
néral est de faillir à l’amour, de le blesser, ou
de
le dénaturer — par exemple de le réduire à un pur sentiment ou désir,
4745
al est de faillir à l’amour, de le blesser, ou de
le
dénaturer — par exemple de le réduire à un pur sentiment ou désir, al
4746
, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple
de
le réduire à un pur sentiment ou désir, alors qu’il est action. Mais
4747
e le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de
le
réduire à un pur sentiment ou désir, alors qu’il est action. Mais dan
4748
iment ou désir, alors qu’il est action. Mais dans
le
monde de la vocation, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche d
4749
désir, alors qu’il est action. Mais dans le monde
de
la vocation, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche de répondr
4750
ir, alors qu’il est action. Mais dans le monde de
la
vocation, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre à
4751
on, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche
de
répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’y croire s
4752
particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre à
l’
appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’y croire sans preuve don
4753
e répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est
le
refus d’y croire sans preuve dont je puisse faire état « objectivemen
4754
e à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus
d’
y croire sans preuve dont je puisse faire état « objectivement ». Mon
4755
se faire état « objectivement ». Mon péché, c’est
de
me mettre par ma conduite, par ma pensée, ou par quelque attitude int
4756
quelque attitude intime, en travers du chemin que
l’
Appel, dans la nuit, crée ou jalonne pour moi seul. Mon péché, c’est c
4757
de intime, en travers du chemin que l’Appel, dans
la
nuit, crée ou jalonne pour moi seul. Mon péché, c’est ce qui obscurci
4758
, c’est ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre
de
vue le but, m’en fait douter quand il est invisible, bref, me détourn
4759
ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de vue
le
but, m’en fait douter quand il est invisible, bref, me détourne d’agi
4760
douter quand il est invisible, bref, me détourne
d’
agir ma vocation. Et je découvre, à ce propos, que le mot désignant le
4761
gir ma vocation. Et je découvre, à ce propos, que
le
mot désignant le péché en hébreu signifie littéralement « ce qui manq
4762
Et je découvre, à ce propos, que le mot désignant
le
péché en hébreu signifie littéralement « ce qui manque le but » ; et
4763
en hébreu signifie littéralement « ce qui manque
le
but » ; et en grec : « ce qui passe au-dessus de la ligne normale »,
4764
le but » ; et en grec : « ce qui passe au-dessus
de
la ligne normale », ou : « ce qui tombe à côté ». Voilà qui correspon
4765
but » ; et en grec : « ce qui passe au-dessus de
la
ligne normale », ou : « ce qui tombe à côté ». Voilà qui correspond,
4766
mbe à côté ». Voilà qui correspond, n’est-ce pas,
d’
une manière assez frappante, à mes images initiales du tireur au fusil
4767
e, à mes images initiales du tireur au fusil ou à
l’
arc. ⁂ Je ne voudrais pas terminer cet exposé… téméraire, beaucoup tro
4768
qu’il prétend remuer, sans avoir indiqué au moins
les
principales objections que je suis le premier à formuler contre mes t
4769
é dans mon livre — mais j’aimerais indiquer aussi
l’
esprit des réponses que l’on pourrait tenter d’y faire. La dichotomie
4770
aimerais indiquer aussi l’esprit des réponses que
l’
on pourrait tenter d’y faire. La dichotomie proposée entre les règles
4771
si l’esprit des réponses que l’on pourrait tenter
d’
y faire. La dichotomie proposée entre les règles du jeu d’une part, et
4772
des réponses que l’on pourrait tenter d’y faire.
La
dichotomie proposée entre les règles du jeu d’une part, et la vocatio
4773
it tenter d’y faire. La dichotomie proposée entre
les
règles du jeu d’une part, et la vocation d’autre part ; entre la régu
4774
e proposée entre les règles du jeu d’une part, et
la
vocation d’autre part ; entre la régulation scientifique et séculière
4775
u d’une part, et la vocation d’autre part ; entre
la
régulation scientifique et séculière des moyens d’une part, et la foi
4776
ientifique et séculière des moyens d’une part, et
la
foi aux fins transcendantes d’autre part, cette distinction fondament
4777
tique — il est évident qu’elle provoque une série
de
questions, de doutes et de reproches hélas bien faciles à prévoir. Le
4778
évident qu’elle provoque une série de questions,
de
doutes et de reproches hélas bien faciles à prévoir. Le psychologue m
4779
lle provoque une série de questions, de doutes et
de
reproches hélas bien faciles à prévoir. Le psychologue me dira (et il
4780
tes et de reproches hélas bien faciles à prévoir.
Le
psychologue me dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous sûr que l’app
4781
faciles à prévoir. Le psychologue me dira (et il
le
dit en moi) : — Êtes-vous sûr que l’appel que vous croyez venu du Tra
4782
dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous sûr que
l’
appel que vous croyez venu du Transcendant n’est pas tout simplement l
4783
ez venu du Transcendant n’est pas tout simplement
l’
expression symbolique d’une pulsion de l’inconscient ? — Eh bien non,
4784
n’est pas tout simplement l’expression symbolique
d’
une pulsion de l’inconscient ? — Eh bien non, je n’en suis jamais sûr
4785
simplement l’expression symbolique d’une pulsion
de
l’inconscient ? — Eh bien non, je n’en suis jamais sûr ! La foi sans
4786
mplement l’expression symbolique d’une pulsion de
l’
inconscient ? — Eh bien non, je n’en suis jamais sûr ! La foi sans le
4787
scient ? — Eh bien non, je n’en suis jamais sûr !
La
foi sans le doute n’est pas la foi, ont répété bien avant moi Luther
4788
h bien non, je n’en suis jamais sûr ! La foi sans
le
doute n’est pas la foi, ont répété bien avant moi Luther et Kierkegaa
4789
suis jamais sûr ! La foi sans le doute n’est pas
la
foi, ont répété bien avant moi Luther et Kierkegaard. Un théologien d
4790
ther et Kierkegaard. Un théologien dira (et je me
le
dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité d’établir le code m
4791
dira (et je me le dis aussi) : Si vous abandonnez
la
responsabilité d’établir le code moral au « monde », c’est-à-dire auj
4792
dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité
d’
établir le code moral au « monde », c’est-à-dire aujourd’hui et en fai
4793
: Si vous abandonnez la responsabilité d’établir
le
code moral au « monde », c’est-à-dire aujourd’hui et en fait aux sava
4794
st-à-dire aujourd’hui et en fait aux savants et à
l’
État, vous risquez de laisser s’établir une société totalitaire. Et vo
4795
et en fait aux savants et à l’État, vous risquez
de
laisser s’établir une société totalitaire. Et vous privez le monde de
4796
s’établir une société totalitaire. Et vous privez
le
monde des aides de la Révélation. — À quoi je réponds que le risque e
4797
té totalitaire. Et vous privez le monde des aides
de
la Révélation. — À quoi je réponds que le risque est très grand, je l
4798
totalitaire. Et vous privez le monde des aides de
la
Révélation. — À quoi je réponds que le risque est très grand, je l’av
4799
s aides de la Révélation. — À quoi je réponds que
le
risque est très grand, je l’avoue, mais que les Églises qui croyaient
4800
quoi je réponds que le risque est très grand, je
l’
avoue, mais que les Églises qui croyaient dur comme fer que leur missi
4801
ue le risque est très grand, je l’avoue, mais que
les
Églises qui croyaient dur comme fer que leur mission était de régler
4802
ui croyaient dur comme fer que leur mission était
de
régler la conduite morale de nos peuples n’ont pas réussi à empêcher
4803
nt dur comme fer que leur mission était de régler
la
conduite morale de nos peuples n’ont pas réussi à empêcher ni même à
4804
e leur mission était de régler la conduite morale
de
nos peuples n’ont pas réussi à empêcher ni même à retarder sérieuseme
4805
uvements totalitaires du xxe siècle. Et quand je
les
vois patauger dans des domaines aussi vitaux que ceux de la contracep
4806
patauger dans des domaines aussi vitaux que ceux
de
la contraception ou de la guerre, je me demande de quoi elles privera
4807
tauger dans des domaines aussi vitaux que ceux de
la
contraception ou de la guerre, je me demande de quoi elles priveraien
4808
ines aussi vitaux que ceux de la contraception ou
de
la guerre, je me demande de quoi elles priveraient le monde si elles
4809
s aussi vitaux que ceux de la contraception ou de
la
guerre, je me demande de quoi elles priveraient le monde si elles ces
4810
e la contraception ou de la guerre, je me demande
de
quoi elles priveraient le monde si elles cessaient de lui prodiguer d
4811
a guerre, je me demande de quoi elles priveraient
le
monde si elles cessaient de lui prodiguer des conseils ou des ordres
4812
uoi elles priveraient le monde si elles cessaient
de
lui prodiguer des conseils ou des ordres au moins aussi contradictoir
4813
moins aussi contradictoires que ceux qu’édictent
les
États, les Sciences, leurs branches spécialisées, et les écoles qui l
4814
i contradictoires que ceux qu’édictent les États,
les
Sciences, leurs branches spécialisées, et les écoles qui les divisent
4815
ts, les Sciences, leurs branches spécialisées, et
les
écoles qui les divisent. Un autre théologien me reprochera (et je ne
4816
s, leurs branches spécialisées, et les écoles qui
les
divisent. Un autre théologien me reprochera (et je ne suis pas du tou
4817
ra (et je ne suis pas du tout sûr qu’il ait tort)
d’
ouvrir les portes toutes grandes au subjectivisme intégral, à l’illumi
4818
ne suis pas du tout sûr qu’il ait tort) d’ouvrir
les
portes toutes grandes au subjectivisme intégral, à l’illuminisme, au
4819
ortes toutes grandes au subjectivisme intégral, à
l’
illuminisme, au quiétisme, et simplement à tous les malades dont la ps
4820
l’illuminisme, au quiétisme, et simplement à tous
les
malades dont la psychose prend la forme d’une mission qu’ils affirmen
4821
quiétisme, et simplement à tous les malades dont
la
psychose prend la forme d’une mission qu’ils affirment reçue de Dieu.
4822
plement à tous les malades dont la psychose prend
la
forme d’une mission qu’ils affirment reçue de Dieu. — À quoi je pense
4823
tous les malades dont la psychose prend la forme
d’
une mission qu’ils affirment reçue de Dieu. — À quoi je pense qu’on do
4824
end la forme d’une mission qu’ils affirment reçue
de
Dieu. — À quoi je pense qu’on doit répondre par une vigilance redoubl
4825
on doit répondre par une vigilance redoublée dans
l’
examen des marques ou des « notes » de l’authenticité d’une vocation,
4826
oublée dans l’examen des marques ou des « notes »
de
l’authenticité d’une vocation, selon l’expérience des Pères, des réfo
4827
lée dans l’examen des marques ou des « notes » de
l’
authenticité d’une vocation, selon l’expérience des Pères, des réforma
4828
en des marques ou des « notes » de l’authenticité
d’
une vocation, selon l’expérience des Pères, des réformateurs, et aussi
4829
« notes » de l’authenticité d’une vocation, selon
l’
expérience des Pères, des réformateurs, et aussi des meilleurs psychol
4830
réformateurs, et aussi des meilleurs psychologues
de
ce temps, qui peuvent au moins déceler les fausses vocations… Mais le
4831
ologues de ce temps, qui peuvent au moins déceler
les
fausses vocations… Mais les risques subsistent, je ne les minimise pa
4832
vent au moins déceler les fausses vocations… Mais
les
risques subsistent, je ne les minimise pas : ce sont les risques de l
4833
ses vocations… Mais les risques subsistent, je ne
les
minimise pas : ce sont les risques de la Foi et de la confiance dans
4834
ques subsistent, je ne les minimise pas : ce sont
les
risques de la Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit. Je soulign
4835
ent, je ne les minimise pas : ce sont les risques
de
la Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement
4836
, je ne les minimise pas : ce sont les risques de
la
Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement qu
4837
s minimise pas : ce sont les risques de la Foi et
de
la confiance dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement que les risq
4838
inimise pas : ce sont les risques de la Foi et de
la
confiance dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement que les risques
4839
ont les risques de la Foi et de la confiance dans
le
Saint-Esprit. Je souligne seulement que les risques inverses, nés de
4840
e dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement que
les
risques inverses, nés de l’exigence exclusive de ce que l’on nomme «
4841
souligne seulement que les risques inverses, nés
de
l’exigence exclusive de ce que l’on nomme « objectivité scientifique
4842
uligne seulement que les risques inverses, nés de
l’
exigence exclusive de ce que l’on nomme « objectivité scientifique »,
4843
les risques inverses, nés de l’exigence exclusive
de
ce que l’on nomme « objectivité scientifique », et qui évacue de la r
4844
s inverses, nés de l’exigence exclusive de ce que
l’
on nomme « objectivité scientifique », et qui évacue de la réalité tou
4845
nomme « objectivité scientifique », et qui évacue
de
la réalité tout ce qui ne peut être enregistré par la mémoire d’une m
4846
me « objectivité scientifique », et qui évacue de
la
réalité tout ce qui ne peut être enregistré par la mémoire d’une mach
4847
a réalité tout ce qui ne peut être enregistré par
la
mémoire d’une machine électronique, que cet objectivisme-là est au mo
4848
out ce qui ne peut être enregistré par la mémoire
d’
une machine électronique, que cet objectivisme-là est au moins aussi o
4849
t objectivisme-là est au moins aussi onéreux pour
l’
équilibre humain que l’anarchie spiritualiste. Toute vie spirituelle a
4850
u moins aussi onéreux pour l’équilibre humain que
l’
anarchie spiritualiste. Toute vie spirituelle authentique ne s’est-ell
4851
uthentique ne s’est-elle pas toujours jouée entre
les
deux extrêmes du désert et du déluge, du doute aride et de l’émotivit
4852
xtrêmes du désert et du déluge, du doute aride et
de
l’émotivité prompte aux larmes, du positivisme et de l’illuminisme ?
4853
êmes du désert et du déluge, du doute aride et de
l’
émotivité prompte aux larmes, du positivisme et de l’illuminisme ? Un
4854
l’émotivité prompte aux larmes, du positivisme et
de
l’illuminisme ? Un troisième théologien, prenant acte de ce que je ne
4855
motivité prompte aux larmes, du positivisme et de
l’
illuminisme ? Un troisième théologien, prenant acte de ce que je ne cr
4856
luminisme ? Un troisième théologien, prenant acte
de
ce que je ne crois pas du tout à une morale révélée, ni directement n
4857
e révélée, ni directement ni au travers des tours
de
passe-passe théologiques, regrettera peut-être au secret de son cœur,
4858
asse théologiques, regrettera peut-être au secret
de
son cœur, l’époque où l’on pouvait brûler des gens comme moi. Je lui
4859
ques, regrettera peut-être au secret de son cœur,
l’
époque où l’on pouvait brûler des gens comme moi. Je lui dirai : faite
4860
tera peut-être au secret de son cœur, l’époque où
l’
on pouvait brûler des gens comme moi. Je lui dirai : faites attention
4861
gens comme moi. Je lui dirai : faites attention à
l’
Écriture, qui est, selon vos meilleurs docteurs, le critère externe de
4862
’Écriture, qui est, selon vos meilleurs docteurs,
le
critère externe de la Révélation ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord
4863
selon vos meilleurs docteurs, le critère externe
de
la Révélation ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu
4864
lon vos meilleurs docteurs, le critère externe de
la
Révélation ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, e
4865
a Révélation ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord
le
Royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par-dessus. » Or cherche
4866
n ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord le Royaume
de
Dieu, et le reste vous sera donné par-dessus. » Or chercher le Royaum
4867
ceci : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, et
le
reste vous sera donné par-dessus. » Or chercher le Royaume, c’est che
4868
e reste vous sera donné par-dessus. » Or chercher
le
Royaume, c’est chercher à saisir et à comprendre le message ou l’appe
4869
Royaume, c’est chercher à saisir et à comprendre
le
message ou l’appel qui nous en vient. Ce n’est pas appliquer une règl
4870
t chercher à saisir et à comprendre le message ou
l’
appel qui nous en vient. Ce n’est pas appliquer une règle connue, la m
4871
n vient. Ce n’est pas appliquer une règle connue,
la
même pour tous, en tous les temps, et révélée une fois pour toutes. L
4872
quer une règle connue, la même pour tous, en tous
les
temps, et révélée une fois pour toutes. L’Évangile ne dit pas : « Voi
4873
tous les temps, et révélée une fois pour toutes.
L’
Évangile ne dit pas : « Voici le code, obéissez. » Il dit : « Cherchez
4874
fois pour toutes. L’Évangile ne dit pas : « Voici
le
code, obéissez. » Il dit : « Cherchez, et osez croire l’invraisemblab
4875
, obéissez. » Il dit : « Cherchez, et osez croire
l’
invraisemblable. Et c’est ainsi que vous trouverez aussi, chemin faisa
4876
ai moi. » Au sociologue, alors, qui me reprochera
de
verser dans un individualisme anarchisant, je répondrai qu’il a bien
4877
narchisant, je répondrai qu’il a bien mal compris
la
définition de la personne : l’homme chargé par la vocation même qui l
4878
répondrai qu’il a bien mal compris la définition
de
la personne : l’homme chargé par la vocation même qui le distingue de
4879
pondrai qu’il a bien mal compris la définition de
la
personne : l’homme chargé par la vocation même qui le distingue de la
4880
a bien mal compris la définition de la personne :
l’
homme chargé par la vocation même qui le distingue de la communauté, d
4881
la définition de la personne : l’homme chargé par
la
vocation même qui le distingue de la communauté, d’une action qui le
4882
ersonne : l’homme chargé par la vocation même qui
le
distingue de la communauté, d’une action qui le relie à cette communa
4883
omme chargé par la vocation même qui le distingue
de
la communauté, d’une action qui le relie à cette communauté et qui l’
4884
e chargé par la vocation même qui le distingue de
la
communauté, d’une action qui le relie à cette communauté et qui l’ins
4885
vocation même qui le distingue de la communauté,
d’
une action qui le relie à cette communauté et qui l’insère dans ses ré
4886
i le distingue de la communauté, d’une action qui
le
relie à cette communauté et qui l’insère dans ses réalités concrètes.
4887
une action qui le relie à cette communauté et qui
l’
insère dans ses réalités concrètes. Aux démocrates ombrageux qui m’ac
4888
tes. Aux démocrates ombrageux qui m’accuseraient
de
proposer une éthique à l’usage exclusif d’une petite élite spirituell
4889
geux qui m’accuseraient de proposer une éthique à
l’
usage exclusif d’une petite élite spirituelle, d’un groupe d’élus, je
4890
raient de proposer une éthique à l’usage exclusif
d’
une petite élite spirituelle, d’un groupe d’élus, je rappellerais les
4891
l’usage exclusif d’une petite élite spirituelle,
d’
un groupe d’élus, je rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de l
4892
lusif d’une petite élite spirituelle, d’un groupe
d’
élus, je rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de la Terre et s
4893
spirituelle, d’un groupe d’élus, je rappellerais
les
paroles de Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur. Mais j’ajoutera
4894
, d’un groupe d’élus, je rappellerais les paroles
de
Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur. Mais j’ajouterais, paraphr
4895
d’élus, je rappellerais les paroles de Jésus sur
le
sel de la Terre et sa saveur. Mais j’ajouterais, paraphrasant Teilhar
4896
, je rappellerais les paroles de Jésus sur le sel
de
la Terre et sa saveur. Mais j’ajouterais, paraphrasant Teilhard de Ch
4897
e rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de
la
Terre et sa saveur. Mais j’ajouterais, paraphrasant Teilhard de Chard
4898
e Chardin : chaque homme n’est pas appelé à faire
de
grandes choses, c’est vrai, mais, par sa solidarité avec une grandeur
4899
ai, mais, par sa solidarité avec une grandeur qui
le
dépasse, à faire grandement la moindre des choses, ce qu’il doit fair
4900
c une grandeur qui le dépasse, à faire grandement
la
moindre des choses, ce qu’il doit faire lui seul. (Et d’abord, à se f
4901
? Comment déceler ma vocation, puisque selon vous
le
But d’où elle m’est adressée reste invisible, inouï, incalculable, et
4902
nt déceler ma vocation, puisque selon vous le But
d’
où elle m’est adressée reste invisible, inouï, incalculable, et c’est
4903
devrait nous guider… » — je voudrais dire ici que
la
prière est le seul moyen que l’Évangile propose pour accorder au Tran
4904
uider… » — je voudrais dire ici que la prière est
le
seul moyen que l’Évangile propose pour accorder au Transcendant notre
4905
rais dire ici que la prière est le seul moyen que
l’
Évangile propose pour accorder au Transcendant notre être intime, notr
4906
, ici encore, dicté et créé par sa fin. Car c’est
l’
Esprit qui nous meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de la priè
4907
sa fin. Car c’est l’Esprit qui nous meut à prier.
Les
« soupirs inexprimables » de la prière en nous répondent seuls à la r
4908
nous meut à prier. Les « soupirs inexprimables »
de
la prière en nous répondent seuls à la réalité de l’indicible ; or to
4909
us meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de
la
prière en nous répondent seuls à la réalité de l’indicible ; or toute
4910
rimables » de la prière en nous répondent seuls à
la
réalité de l’indicible ; or toute vocation est d’abord indicible, par
4911
de la prière en nous répondent seuls à la réalité
de
l’indicible ; or toute vocation est d’abord indicible, parce qu’elle
4912
la prière en nous répondent seuls à la réalité de
l’
indicible ; or toute vocation est d’abord indicible, parce qu’elle n’a
4913
indicible, parce qu’elle n’a pas et ne peut avoir
de
précédent, parce qu’il n’y a pas deux hommes pareils, donc pas deux c
4914
mes pareils, donc pas deux chemins pareils allant
d’
un homme à Dieu. Mais je pressens que les objections les plus gênantes
4915
ls allant d’un homme à Dieu. Mais je pressens que
les
objections les plus gênantes qu’on pourra me faire seront celles que
4916
homme à Dieu. Mais je pressens que les objections
les
plus gênantes qu’on pourra me faire seront celles que je n’ai pas pré
4917
e faire seront celles que je n’ai pas prévues… Je
les
attends de votre part et vous en dis d’avance ma gratitude. Ma recher
4918
nt celles que je n’ai pas prévues… Je les attends
de
votre part et vous en dis d’avance ma gratitude. Ma recherche est enc
4919
vues… Je les attends de votre part et vous en dis
d’
avance ma gratitude. Ma recherche est encore bien loin des conclusions
4920
être, mais dont je doute qu’aucun chrétien puisse
les
donner. Les « païens » et l’Antiquité vivaient dans la certitude éthi
4921
ont je doute qu’aucun chrétien puisse les donner.
Les
« païens » et l’Antiquité vivaient dans la certitude éthique — règles
4922
cun chrétien puisse les donner. Les « païens » et
l’
Antiquité vivaient dans la certitude éthique — règles et rites invaria
4923
nner. Les « païens » et l’Antiquité vivaient dans
la
certitude éthique — règles et rites invariables, jamais mis en questi
4924
les et rites invariables, jamais mis en question.
Les
scientifiques, demain, vivront eux aussi dans la certitude quant à la
4925
Les scientifiques, demain, vivront eux aussi dans
la
certitude quant à la conduite humaine — statistiques, médications, ré
4926
main, vivront eux aussi dans la certitude quant à
la
conduite humaine — statistiques, médications, régimes sociaux ou psyc
4927
es et impératives. Quant aux laïques et au clergé
de
l’Église chrétienne, je pense que leur rôle spécifique et leur vocati
4928
et impératives. Quant aux laïques et au clergé de
l’
Église chrétienne, je pense que leur rôle spécifique et leur vocation
4929
isteront plutôt à poser des questions qu’à tenter
d’
imposer des réponses ; à poser avant tout, en temps et hors de temps,
4930
; à poser avant tout, en temps et hors de temps,
la
Question, celle du Sens, celle du But. C’est tout ce que, pour ma par
4931
us faire entendre ce matin. p. Rougemont Denis
de
, « Pour une morale de la vocation », Les Cahiers protestants, Lausann
4932
atin. p. Rougemont Denis de, « Pour une morale
de
la vocation », Les Cahiers protestants, Lausanne, 1968, p. 5-29. q.
4933
n. p. Rougemont Denis de, « Pour une morale de
la
vocation », Les Cahiers protestants, Lausanne, 1968, p. 5-29. q. Une
4934
ont Denis de, « Pour une morale de la vocation »,
Les
Cahiers protestants, Lausanne, 1968, p. 5-29. q. Une note de la réda
4935
rotestants, Lausanne, 1968, p. 5-29. q. Une note
de
la rédaction précise : « Ce texte est celui d’une conférence, prononc
4936
estants, Lausanne, 1968, p. 5-29. q. Une note de
la
rédaction précise : « Ce texte est celui d’une conférence, prononcée
4937
te de la rédaction précise : « Ce texte est celui
d’
une conférence, prononcée à Neuchâtel en septembre 1966, devant la Soc
4938
, prononcée à Neuchâtel en septembre 1966, devant
la
Société pastorale suisse, qui nous a obligeamment autorisés à la publ
4939
orale suisse, qui nous a obligeamment autorisés à
la
publier. »