1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)a L’esprit
2 La vraie défense contre l’ esprit totalitaire (juillet 1938)a L’esprit totalitaire est pour no
3 se contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)a L’ esprit totalitaire est pour nous une menace1. De récents événements l’
4 L’esprit totalitaire est pour nous une menace1. De récents événements l’auront fait voir aux plus naïfs. Mais il n’est p
5 est pour nous une menace1. De récents événements l’ auront fait voir aux plus naïfs. Mais il n’est pas seulement une menac
6 coup plus grave, une tentation. Il flatte au cœur de notre angoisse morale et matérielle le désir lâche d’un « ordre » imp
7 te au cœur de notre angoisse morale et matérielle le désir lâche d’un « ordre » imposé par la force, d’une « mise au pas »
8 otre angoisse morale et matérielle le désir lâche d’ un « ordre » imposé par la force, d’une « mise au pas » brutale qui no
9 térielle le désir lâche d’un « ordre » imposé par la force, d’une « mise au pas » brutale qui nous dispense de nous sentir
10 e désir lâche d’un « ordre » imposé par la force, d’ une « mise au pas » brutale qui nous dispense de nous sentir les respo
11 , d’une « mise au pas » brutale qui nous dispense de nous sentir les responsables de la cité et de l’État. D’autre part, i
12 au pas » brutale qui nous dispense de nous sentir les responsables de la cité et de l’État. D’autre part, il nous tente par
13 qui nous dispense de nous sentir les responsables de la cité et de l’État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’u
14 nous dispense de nous sentir les responsables de la cité et de l’État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’une
15 nse de nous sentir les responsables de la cité et de l’État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’une communauté
16 de nous sentir les responsables de la cité et de l’ État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’une communauté res
17 ité et de l’État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’une communauté restaurée, d’un coude-à-coude physique, d’u
18 État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’ une communauté restaurée, d’un coude-à-coude physique, d’une grande ca
19 tente par la promesse d’une communauté restaurée, d’ un coude-à-coude physique, d’une grande camaraderie. Et ce sont là les
20 ommunauté restaurée, d’un coude-à-coude physique, d’ une grande camaraderie. Et ce sont là les vraies raisons de sa puissan
21 physique, d’une grande camaraderie. Et ce sont là les vraies raisons de sa puissance. C’est sur ce terrain-là — non sur des
22 nde camaraderie. Et ce sont là les vraies raisons de sa puissance. C’est sur ce terrain-là — non sur des champs de bataill
23 nce. C’est sur ce terrain-là — non sur des champs de bataille hypothétiques — que nous devons organiser nos résistances. ⁂
24 es — que nous devons organiser nos résistances. ⁂ Le totalitarisme a triomphé surtout pour deux raisons, me semble-t-il :
25 ux raisons, me semble-t-il : D’abord il a utilisé le défaut de civisme qui résultait de la destruction de toute commune me
26 , me semble-t-il : D’abord il a utilisé le défaut de civisme qui résultait de la destruction de toute commune mesure dans
27 d il a utilisé le défaut de civisme qui résultait de la destruction de toute commune mesure dans la cité (ou d’un défaut t
28 l a utilisé le défaut de civisme qui résultait de la destruction de toute commune mesure dans la cité (ou d’un défaut tota
29 défaut de civisme qui résultait de la destruction de toute commune mesure dans la cité (ou d’un défaut total d’éducation,
30 it de la destruction de toute commune mesure dans la cité (ou d’un défaut total d’éducation, comme en Russie). Ensuite il
31 truction de toute commune mesure dans la cité (ou d’ un défaut total d’éducation, comme en Russie). Ensuite il a donné une
32 commune mesure dans la cité (ou d’un défaut total d’ éducation, comme en Russie). Ensuite il a donné une réponse à l’exigen
33 omme en Russie). Ensuite il a donné une réponse à l’ exigence religieuse des peuples, déçue par les Églises chrétiennes. Dé
34 se à l’exigence religieuse des peuples, déçue par les Églises chrétiennes. Défaut de civisme : j’en donnerai un seul exempl
35 euples, déçue par les Églises chrétiennes. Défaut de civisme : j’en donnerai un seul exemple mais significatif. En Italie,
36 rai un seul exemple mais significatif. En Italie, de 1920 à 1922, le parti socialiste était le plus important : 35 % des é
37 ple mais significatif. En Italie, de 1920 à 1922, le parti socialiste était le plus important : 35 % des électeurs. Les fa
38 Italie, de 1920 à 1922, le parti socialiste était le plus important : 35 % des électeurs. Les fascistes n’étaient qu’une t
39 ste était le plus important : 35 % des électeurs. Les fascistes n’étaient qu’une très petite minorité. Comment s’imposèrent
40 s petite minorité. Comment s’imposèrent-ils ? Par la terreur. Ils arrivaient dans un village, par petits groupes montés su
41 r petits groupes montés sur des camions mettaient le feu à la bourse du travail, extorquaient la démission du maire social
42 groupes montés sur des camions mettaient le feu à la bourse du travail, extorquaient la démission du maire socialiste ou l
43 aient le feu à la bourse du travail, extorquaient la démission du maire socialiste ou le tuaient, puis rentraient sans êtr
44 extorquaient la démission du maire socialiste ou le tuaient, puis rentraient sans être inquiétés. Et cela, des centaines
45 aient sans être inquiétés. Et cela, des centaines de fois. Comment ces crimes ont-ils pu se produire ? C’est que la police
46 ent ces crimes ont-ils pu se produire ? C’est que la police protégeait les fascistes contre les moindres réactions du peup
47 s pu se produire ? C’est que la police protégeait les fascistes contre les moindres réactions du peuple — réactions aussitô
48 est que la police protégeait les fascistes contre les moindres réactions du peuple — réactions aussitôt qualifiées « d’odie
49 tions du peuple — réactions aussitôt qualifiées «  d’ odieuses provocations marxistes ». Si le fascisme s’est imposé, c’est
50 lifiées « d’odieuses provocations marxistes ». Si le fascisme s’est imposé, c’est donc d’abord grâce à la protection de la
51 fascisme s’est imposé, c’est donc d’abord grâce à la protection de la police. Mais cela supposait la complicité des minist
52 imposé, c’est donc d’abord grâce à la protection de la police. Mais cela supposait la complicité des ministères libéraux
53 posé, c’est donc d’abord grâce à la protection de la police. Mais cela supposait la complicité des ministères libéraux qui
54 à la protection de la police. Mais cela supposait la complicité des ministères libéraux qui dirigeaient cette police. Pour
55 ne rien dire, naturellement, des grands bailleurs de fonds bourgeois, banquiers et dirigeants de trusts. C’est donc à une
56 leurs de fonds bourgeois, banquiers et dirigeants de trusts. C’est donc à une complicité quasi universelle que le fascisme
57 C’est donc à une complicité quasi universelle que le fascisme a dû de s’emparer de l’État. Un peu de civisme l’eût arrêté.
58 complicité quasi universelle que le fascisme a dû de s’emparer de l’État. Un peu de civisme l’eût arrêté. Sa force n’a été
59 asi universelle que le fascisme a dû de s’emparer de l’État. Un peu de civisme l’eût arrêté. Sa force n’a été faite que de
60 universelle que le fascisme a dû de s’emparer de l’ État. Un peu de civisme l’eût arrêté. Sa force n’a été faite que de lâ
61 me a dû de s’emparer de l’État. Un peu de civisme l’ eût arrêté. Sa force n’a été faite que de lâchetés accumulées, et de c
62 civisme l’eût arrêté. Sa force n’a été faite que de lâchetés accumulées, et de calculs dits « réalistes » d’une bourgeois
63 orce n’a été faite que de lâchetés accumulées, et de calculs dits « réalistes » d’une bourgeoisie qui s’en repent peut-êtr
64 etés accumulées, et de calculs dits « réalistes » d’ une bourgeoisie qui s’en repent peut-être aujourd’hui…2 Ne croyez pas
65 pas que ce soit là une vue partiale et partisane de l’histoire : c’est la version très officielle des historiens fasciste
66 s que ce soit là une vue partiale et partisane de l’ histoire : c’est la version très officielle des historiens fascistes e
67 e vue partiale et partisane de l’histoire : c’est la version très officielle des historiens fascistes eux-mêmes. Une seule
68 s eux-mêmes. Une seule fois, nous apprennent-ils, la police s’opposa aux bandes armées des chemises noires. Ce fut à Sarza
69 en juillet 1921. 500 fascistes avaient débarqué à la gare de cette petite ville. Ils s’y heurtèrent à 8 gendarmes et 3 sol
70 et 1921. 500 fascistes avaient débarqué à la gare de cette petite ville. Ils s’y heurtèrent à 8 gendarmes et 3 soldats, qu
71 armes et 3 soldats, qui pour une fois s’avisèrent de résister. Au premier coup de feu, la petite armée des chemises noires
72 s’avisèrent de résister. Au premier coup de feu, la petite armée des chemises noires s’enfuit dans les campagnes. Cet épi
73 la petite armée des chemises noires s’enfuit dans les campagnes. Cet épisode est symbolique, comme le prouve le rapport que
74 les campagnes. Cet épisode est symbolique, comme le prouve le rapport que fit à son sujet le chef fasciste de l’expéditio
75 gnes. Cet épisode est symbolique, comme le prouve le rapport que fit à son sujet le chef fasciste de l’expédition. Il écri
76 e, comme le prouve le rapport que fit à son sujet le chef fasciste de l’expédition. Il écrit en effet à la Centrale du Par
77 e le rapport que fit à son sujet le chef fasciste de l’expédition. Il écrit en effet à la Centrale du Parti : « L’expéditi
78 e rapport que fit à son sujet le chef fasciste de l’ expédition. Il écrit en effet à la Centrale du Parti : « L’expédition
79 hef fasciste de l’expédition. Il écrit en effet à la Centrale du Parti : « L’expédition de Sarzana n’est qu’un épisode nor
80 ion. Il écrit en effet à la Centrale du Parti : «  L’ expédition de Sarzana n’est qu’un épisode normal : il devait survenir
81 en effet à la Centrale du Parti : « L’expédition de Sarzana n’est qu’un épisode normal : il devait survenir dès que le fa
82 qu’un épisode normal : il devait survenir dès que le fascisme aurait trouvé des gens devant lui, disposés à tenir bon… » R
83 i, disposés à tenir bon… » Rien n’est plus vrai : le totalitarisme ne saurait triompher « de gens disposés à tenir bon » s
84 us vrai : le totalitarisme ne saurait triompher «  de gens disposés à tenir bon » selon l’expression de l’Italien. Or qu’es
85 triompher « de gens disposés à tenir bon » selon l’ expression de l’Italien. Or qu’est-ce qu’un homme décidé à tenir bon ?
86 de gens disposés à tenir bon » selon l’expression de l’Italien. Or qu’est-ce qu’un homme décidé à tenir bon ? C’est un hom
87 gens disposés à tenir bon » selon l’expression de l’ Italien. Or qu’est-ce qu’un homme décidé à tenir bon ? C’est un homme
88 idé à tenir bon ? C’est un homme qui a conscience de ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’homme le mieux armé, mais celui
89  ? C’est un homme qui a conscience de ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’homme le mieux armé, mais celui dont le moral e
90 conscience de ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’ homme le mieux armé, mais celui dont le moral est le plus solide. Quan
91 nce de ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’homme le mieux armé, mais celui dont le moral est le plus solide. Quand on lit
92 n’est pas l’homme le mieux armé, mais celui dont le moral est le plus solide. Quand on lit les travaux historiques les pl
93 homme le mieux armé, mais celui dont le moral est le plus solide. Quand on lit les travaux historiques les plus sérieux su
94 ui dont le moral est le plus solide. Quand on lit les travaux historiques les plus sérieux sur la naissance des trois grand
95 plus solide. Quand on lit les travaux historiques les plus sérieux sur la naissance des trois grandes dictatures, on consta
96 lit les travaux historiques les plus sérieux sur la naissance des trois grandes dictatures, on constate l’existence d’une
97 issance des trois grandes dictatures, on constate l’ existence d’une sorte de loi historique : le totalitarisme n’est fort
98 trois grandes dictatures, on constate l’existence d’ une sorte de loi historique : le totalitarisme n’est fort que dans la
99 s dictatures, on constate l’existence d’une sorte de loi historique : le totalitarisme n’est fort que dans la mesure où le
100 state l’existence d’une sorte de loi historique : le totalitarisme n’est fort que dans la mesure où le civisme est faible 
101 historique : le totalitarisme n’est fort que dans la mesure où le civisme est faible ; il est fort des lâchetés individuel
102 le totalitarisme n’est fort que dans la mesure où le civisme est faible ; il est fort des lâchetés individuelles, répercut
103 fort des lâchetés individuelles, répercutées dans le pouvoir établi ; et demain, s’il triomphe chez nous, sa puissance ne
104 s’il triomphe chez nous, sa puissance ne sera que la somme exacte de nos lâchetés particulières. L’exemple de Sarzana nous
105 ez nous, sa puissance ne sera que la somme exacte de nos lâchetés particulières. L’exemple de Sarzana nous le prouve forte
106 ue la somme exacte de nos lâchetés particulières. L’ exemple de Sarzana nous le prouve fortement : ce n’est pas le nombre e
107 e exacte de nos lâchetés particulières. L’exemple de Sarzana nous le prouve fortement : ce n’est pas le nombre et l’armeme
108 lâchetés particulières. L’exemple de Sarzana nous le prouve fortement : ce n’est pas le nombre et l’armement qui ont triom
109 e Sarzana nous le prouve fortement : ce n’est pas le nombre et l’armement qui ont triomphé ce jour-là, mais la bonne consc
110 s le prouve fortement : ce n’est pas le nombre et l’ armement qui ont triomphé ce jour-là, mais la bonne conscience civique
111 e et l’armement qui ont triomphé ce jour-là, mais la bonne conscience civique. Or une telle bonne conscience ne saurait ex
112 ne conscience ne saurait exister que là où existe l’ autorité morale. Les fascistes ont été arrêtés à Sarzana, mais ils l’o
113 urait exister que là où existe l’autorité morale. Les fascistes ont été arrêtés à Sarzana, mais ils l’ont emporté partout a
114 Les fascistes ont été arrêtés à Sarzana, mais ils l’ ont emporté partout ailleurs, parce qu’ils représentaient une espéranc
115 une espérance. Je rejoins ici ma seconde thèse : le totalitarisme a triomphé parce qu’il fut le premier à donner une répo
116 réponse très grossière, mais enfin une réponse, à l’ appel religieux du peuple. C’est parce que les fascistes avaient une m
117 e, à l’appel religieux du peuple. C’est parce que les fascistes avaient une mystique, tandis que les autres n’en avaient pl
118 ue les fascistes avaient une mystique, tandis que les autres n’en avaient plus, que les fascistes n’ont pas rencontré de ré
119 que, tandis que les autres n’en avaient plus, que les fascistes n’ont pas rencontré de résistance sérieuse. De ces deux cau
120 aient plus, que les fascistes n’ont pas rencontré de résistance sérieuse. De ces deux causes du succès totalitaire, déduis
121 istes n’ont pas rencontré de résistance sérieuse. De ces deux causes du succès totalitaire, déduisons maintenant nos princ
122 s totalitaire, déduisons maintenant nos principes de conduite : 1° Il nous faut restaurer l’esprit de résistance civique.
123 principes de conduite : 1° Il nous faut restaurer l’ esprit de résistance civique. Et cela suppose que nous reprenions cons
124 de conduite : 1° Il nous faut restaurer l’esprit de résistance civique. Et cela suppose que nous reprenions conscience de
125 e. Et cela suppose que nous reprenions conscience de nos raisons de vivre dans la communauté, et des devoirs qu’impliquent
126 ose que nous reprenions conscience de nos raisons de vivre dans la communauté, et des devoirs qu’impliquent nos libertés a
127 eprenions conscience de nos raisons de vivre dans la communauté, et des devoirs qu’impliquent nos libertés actuelles. Je l
128 devoirs qu’impliquent nos libertés actuelles. Je le répète : la puissance du totalitarisme ne sera jamais que la somme ex
129 impliquent nos libertés actuelles. Je le répète : la puissance du totalitarisme ne sera jamais que la somme exacte de nos
130 la puissance du totalitarisme ne sera jamais que la somme exacte de nos lâchetés individuelles, c’est-à-dire de nos égoïs
131 totalitarisme ne sera jamais que la somme exacte de nos lâchetés individuelles, c’est-à-dire de nos égoïsmes. 2° Il nous
132 xacte de nos lâchetés individuelles, c’est-à-dire de nos égoïsmes. 2° Il nous faut refaire une commune mesure vivante. Si
133 ut refaire une commune mesure vivante. Si nous ne la faisons pas, d’autres s’en chargeront, l’appel existe, et c’est le pr
134 nous ne la faisons pas, d’autres s’en chargeront, l’ appel existe, et c’est le premier qui saura lui répondre qui vaincra.
135 ra. Soyons donc les premiers chez nous, répondons d’ une manière plus humaine que les totalitaires, plus vraie aussi, et pl
136 ez nous, répondons d’une manière plus humaine que les totalitaires, plus vraie aussi, et plus réellement totale. Mais c’est
137 tale. Mais c’est là une question religieuse, nous l’ avons vu, et seule une religion plus vraie que leurs mystiques saura n
138 lus vraie que leurs mystiques saura nous indiquer les vraies fins de la lutte. Conscience civique et conscience religieuse.
139 urs mystiques saura nous indiquer les vraies fins de la lutte. Conscience civique et conscience religieuse. J’illustrerai
140 mystiques saura nous indiquer les vraies fins de la lutte. Conscience civique et conscience religieuse. J’illustrerai le
141 le second, par notre situation comme chrétiens. ⁂ L’ exemple de la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie,
142 par notre situation comme chrétiens. ⁂ L’exemple de la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autr
143 r notre situation comme chrétiens. ⁂ L’exemple de la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autre p
144 part, il se trouve que sa tradition politique est la plus proche du personnalisme. C’est donc à propos de la Suisse que je
145 s proche du personnalisme. C’est donc à propos de la Suisse que je pourrai le mieux faire saisir la portée immédiate de ce
146 . C’est donc à propos de la Suisse que je pourrai le mieux faire saisir la portée immédiate de ce que j’entends quand je p
147 de la Suisse que je pourrai le mieux faire saisir la portée immédiate de ce que j’entends quand je parle de conscience civ
148 pourrai le mieux faire saisir la portée immédiate de ce que j’entends quand je parle de conscience civique. Lorsque l’Alle
149 rtée immédiate de ce que j’entends quand je parle de conscience civique. Lorsque l’Allemagne totalitaire envahit l’Autrich
150 nds quand je parle de conscience civique. Lorsque l’ Allemagne totalitaire envahit l’Autriche, nous fûmes saisis d’une ango
151 civique. Lorsque l’Allemagne totalitaire envahit l’ Autriche, nous fûmes saisis d’une angoisse soudaine : pour la première
152 totalitaire envahit l’Autriche, nous fûmes saisis d’ une angoisse soudaine : pour la première fois, depuis des siècles, nou
153 remière fois, depuis des siècles, nous concevions la possibilité, même théorique, d’un démembrement de notre État. La prem
154 , nous concevions la possibilité, même théorique, d’ un démembrement de notre État. La première réaction de notre opinion f
155 la possibilité, même théorique, d’un démembrement de notre État. La première réaction de notre opinion fut aussi la plus n
156 démembrement de notre État. La première réaction de notre opinion fut aussi la plus naturelle et la plus instinctive : « 
157 . La première réaction de notre opinion fut aussi la plus naturelle et la plus instinctive : « Au signal du danger, armons
158 n de notre opinion fut aussi la plus naturelle et la plus instinctive : « Au signal du danger, armons-nous ! » L’instinct
159 tinctive : « Au signal du danger, armons-nous ! » L’ instinct ancestral de l’homme, c’est de parer à la violence par une vi
160 l du danger, armons-nous ! » L’instinct ancestral de l’homme, c’est de parer à la violence par une violence du même ordre.
161 u danger, armons-nous ! » L’instinct ancestral de l’ homme, c’est de parer à la violence par une violence du même ordre. Ce
162 s-nous ! » L’instinct ancestral de l’homme, c’est de parer à la violence par une violence du même ordre. Cette solution es
163 L’instinct ancestral de l’homme, c’est de parer à la violence par une violence du même ordre. Cette solution est la plus n
164 ar une violence du même ordre. Cette solution est la plus naturelle parce qu’elle n’est en somme qu’un réflexe. Elle ne su
165 somme qu’un réflexe. Elle ne suppose aucun effort de l’esprit, aucune espèce d’imagination. Et c’est aussi pourquoi elle e
166 me qu’un réflexe. Elle ne suppose aucun effort de l’ esprit, aucune espèce d’imagination. Et c’est aussi pourquoi elle est
167 e suppose aucun effort de l’esprit, aucune espèce d’ imagination. Et c’est aussi pourquoi elle est de beaucoup la plus fréq
168 e d’imagination. Et c’est aussi pourquoi elle est de beaucoup la plus fréquente et la plus populaire. J’ai à cœur cependan
169 ion. Et c’est aussi pourquoi elle est de beaucoup la plus fréquente et la plus populaire. J’ai à cœur cependant de montrer
170 ourquoi elle est de beaucoup la plus fréquente et la plus populaire. J’ai à cœur cependant de montrer son danger pour nous
171 uente et la plus populaire. J’ai à cœur cependant de montrer son danger pour nous Suisses. Et je voudrais, à titre personn
172 nnel évidemment, présenter quelques remarques sur la question des armements. J’y vois le piège le plus dangereux que nous
173 remarques sur la question des armements. J’y vois le piège le plus dangereux que nous tendent les totalitaires. Plaçons-no
174 sur la question des armements. J’y vois le piège le plus dangereux que nous tendent les totalitaires. Plaçons-nous tout d
175 vois le piège le plus dangereux que nous tendent les totalitaires. Plaçons-nous tout d’abord dans l’hypothèse que seule la
176 les totalitaires. Plaçons-nous tout d’abord dans l’ hypothèse que seule la force matérielle peut résister à une menace tot
177 çons-nous tout d’abord dans l’hypothèse que seule la force matérielle peut résister à une menace totalitaire. La conséquen
178 atérielle peut résister à une menace totalitaire. La conséquence qui en découle immédiatement, c’est qu’il faut nous armer
179 armer jusqu’aux dents. Mais sommes-nous sûrs que le réarmement massif profite aux nations pacifiques ? Sommes-nous même s
180 ous même sûrs qu’il soit un avantage certain pour les nations qui glorifient la guerre ? La vraie raison de la course aux a
181 avantage certain pour les nations qui glorifient la guerre ? La vraie raison de la course aux armements, c’est l’incapaci
182 rtain pour les nations qui glorifient la guerre ? La vraie raison de la course aux armements, c’est l’incapacité où se tro
183 ations qui glorifient la guerre ? La vraie raison de la course aux armements, c’est l’incapacité où se trouvent les États,
184 ons qui glorifient la guerre ? La vraie raison de la course aux armements, c’est l’incapacité où se trouvent les États, ca
185 La vraie raison de la course aux armements, c’est l’ incapacité où se trouvent les États, capitalistes ou soviétique d’aill
186 aux armements, c’est l’incapacité où se trouvent les États, capitalistes ou soviétique d’ailleurs, d’occuper leurs chômeur
187 les États, capitalistes ou soviétique d’ailleurs, d’ occuper leurs chômeurs autrement qu’en leur faisant fabriquer des obus
188 er des obus. Beaucoup de personnes prétendent que le désarmement créerait un chômage effrayant. Raisonnement bien curieux,
189 chômage effrayant. Raisonnement bien curieux, si l’ on y réfléchit. Quand il y a trop de médecins dans un pays, et donc ch
190 n curieux, si l’on y réfléchit. Quand il y a trop de médecins dans un pays, et donc chômage dans la profession médicale, p
191 op de médecins dans un pays, et donc chômage dans la profession médicale, personne n’a jamais eu l’idée de proposer qu’on
192 ns la profession médicale, personne n’a jamais eu l’ idée de proposer qu’on donne la peste à toute la nation. Or c’est à pe
193 rofession médicale, personne n’a jamais eu l’idée de proposer qu’on donne la peste à toute la nation. Or c’est à peu près
194 onne n’a jamais eu l’idée de proposer qu’on donne la peste à toute la nation. Or c’est à peu près cela qu’on nous propose 
195 u l’idée de proposer qu’on donne la peste à toute la nation. Or c’est à peu près cela qu’on nous propose : faire vivre le
196 à peu près cela qu’on nous propose : faire vivre le peuple avec ce qui doit le faire mourir. C’est la politique de Gribou
197 propose : faire vivre le peuple avec ce qui doit le faire mourir. C’est la politique de Gribouille : pour éviter la pluie
198 le peuple avec ce qui doit le faire mourir. C’est la politique de Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette à l’eau.
199 c ce qui doit le faire mourir. C’est la politique de Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette à l’eau. Autre danger
200 r. C’est la politique de Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette à l’eau. Autre danger : si l’on accepte de jouer
201 Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette à l’ eau. Autre danger : si l’on accepte de jouer le jeu des armements, l’
202 la pluie, on se jette à l’eau. Autre danger : si l’ on accepte de jouer le jeu des armements, l’effrénée concurrence condu
203 se jette à l’eau. Autre danger : si l’on accepte de jouer le jeu des armements, l’effrénée concurrence conduit l’État qui
204 à l’eau. Autre danger : si l’on accepte de jouer le jeu des armements, l’effrénée concurrence conduit l’État qui veut se
205  : si l’on accepte de jouer le jeu des armements, l’ effrénée concurrence conduit l’État qui veut se maintenir à peu près a
206 jeu des armements, l’effrénée concurrence conduit l’ État qui veut se maintenir à peu près au niveau du voisin, à perdre la
207 aintenir à peu près au niveau du voisin, à perdre la mesure de ce qu’il peut dépenser sans s’affaiblir. Les armements devi
208 peu près au niveau du voisin, à perdre la mesure de ce qu’il peut dépenser sans s’affaiblir. Les armements deviennent tro
209 esure de ce qu’il peut dépenser sans s’affaiblir. Les armements deviennent trop lourds pour lui : ils le gêneront bientôt p
210 s armements deviennent trop lourds pour lui : ils le gêneront bientôt plus qu’ils ne le protégeront. Un officier français
211 pour lui : ils le gêneront bientôt plus qu’ils ne le protégeront. Un officier français résumait l’autre jour ce processus
212 supposez que cette question soit résolue au mieux de nos possibilités de vie normale. Il s’agira maintenant d’utiliser les
213 uestion soit résolue au mieux de nos possibilités de vie normale. Il s’agira maintenant d’utiliser les armes. Nul n’ignore
214 ossibilités de vie normale. Il s’agira maintenant d’ utiliser les armes. Nul n’ignore que la guerre moderne est devenue la
215 de vie normale. Il s’agira maintenant d’utiliser les armes. Nul n’ignore que la guerre moderne est devenue la guerre total
216 maintenant d’utiliser les armes. Nul n’ignore que la guerre moderne est devenue la guerre totale. C’est dire qu’il n’y a p
217 s. Nul n’ignore que la guerre moderne est devenue la guerre totale. C’est dire qu’il n’y a plus de distinction entre civil
218 nue la guerre totale. C’est dire qu’il n’y a plus de distinction entre civils et militaires, selon la doctrine officielle
219 de distinction entre civils et militaires, selon la doctrine officielle dite de la nation armée. Mussolini l’a très bien
220 et militaires, selon la doctrine officielle dite de la nation armée. Mussolini l’a très bien dit : « La discipline milita
221 militaires, selon la doctrine officielle dite de la nation armée. Mussolini l’a très bien dit : « La discipline militaire
222 ine officielle dite de la nation armée. Mussolini l’ a très bien dit : « La discipline militaire implique la discipline pol
223 la nation armée. Mussolini l’a très bien dit : «  La discipline militaire implique la discipline politique ». Qu’est-ce qu
224 rès bien dit : « La discipline militaire implique la discipline politique ». Qu’est-ce que cela signifie pratiquement ? Ce
225 uement ? Cela signifie que pour faire bloc contre le fascisme, sur le plan où il veut nous mettre, les démocraties seront
226 le fascisme, sur le plan où il veut nous mettre, les démocraties seront contraintes d’adopter peu à peu un régime politiqu
227 t nous mettre, les démocraties seront contraintes d’ adopter peu à peu un régime politique qui les transformera automatique
228 intes d’adopter peu à peu un régime politique qui les transformera automatiquement en puissances totalitaires. Avec cette d
229 aires. Avec cette différence que n’ayant pas vécu la révolution religieuse que représente le fascisme, elles auront moins
230 pas vécu la révolution religieuse que représente le fascisme, elles auront moins de dynamisme. Ainsi, sous prétexte de vi
231 se que représente le fascisme, elles auront moins de dynamisme. Ainsi, sous prétexte de vivre, elles perdront leurs raison
232 s prétexte de vivre, elles perdront leurs raisons de vivre. Voici donc le dilemme que nous pose ce mimétisme totalitaire :
233 elles perdront leurs raisons de vivre. Voici donc le dilemme que nous pose ce mimétisme totalitaire : ou bien la démocrati
234 que nous pose ce mimétisme totalitaire : ou bien la démocratie ne réussit pas à faire bloc à la manière fasciste, et alor
235 bien la démocratie ne réussit pas à faire bloc à la manière fasciste, et alors elle est battue dans la « guerre totale » 
236 a manière fasciste, et alors elle est battue dans la « guerre totale » ; ou bien la démocratie réussit à faire bloc, mais
237 le est battue dans la « guerre totale » ; ou bien la démocratie réussit à faire bloc, mais alors la guerre est moralement
238 en la démocratie réussit à faire bloc, mais alors la guerre est moralement perdue avant d’être livrée, puisque la concepti
239 mais alors la guerre est moralement perdue avant d’ être livrée, puisque la conception totalitaire s’est déjà installée ch
240 st moralement perdue avant d’être livrée, puisque la conception totalitaire s’est déjà installée chez nous, sous prétexte
241 us prétexte de défense nationale. Or je crois que l’ erreur qui aboutit à ce dilemme est la plus grave que nous puissions c
242 e crois que l’erreur qui aboutit à ce dilemme est la plus grave que nous puissions commettre en tant que Suisses, car elle
243 ns commettre en tant que Suisses, car elle menace l’ existence même de notre État. Réagir à la menace totalitaire sur le pl
244 ant que Suisses, car elle menace l’existence même de notre État. Réagir à la menace totalitaire sur le plan de la défense
245 e menace l’existence même de notre État. Réagir à la menace totalitaire sur le plan de la défense armée, et tout subordonn
246 État. Réagir à la menace totalitaire sur le plan de la défense armée, et tout subordonner à cela, c’est introduire chez n
247 at. Réagir à la menace totalitaire sur le plan de la défense armée, et tout subordonner à cela, c’est introduire chez nous
248 ut subordonner à cela, c’est introduire chez nous le cheval de Troie. La guerre totale en effet suppose l’unification tota
249 nner à cela, c’est introduire chez nous le cheval de Troie. La guerre totale en effet suppose l’unification totalitaire d’
250 a, c’est introduire chez nous le cheval de Troie. La guerre totale en effet suppose l’unification totalitaire d’un pays. O
251 heval de Troie. La guerre totale en effet suppose l’ unification totalitaire d’un pays. Ou sinon, c’est qu’elle est très ma
252 totale en effet suppose l’unification totalitaire d’ un pays. Ou sinon, c’est qu’elle est très mal préparée. Or ce processu
253 rée. Or ce processus est radicalement contraire à la tradition fédérale, tradition qui est la seule raison d’être de notre
254 traire à la tradition fédérale, tradition qui est la seule raison d’être de notre État. Se placer sur le plan de la guerre
255 ition fédérale, tradition qui est la seule raison d’ être de notre État. Se placer sur le plan de la guerre totale et de sa
256 édérale, tradition qui est la seule raison d’être de notre État. Se placer sur le plan de la guerre totale et de sa prépar
257 aison d’être de notre État. Se placer sur le plan de la guerre totale et de sa préparation civile en temps de paix, cela é
258 on d’être de notre État. Se placer sur le plan de la guerre totale et de sa préparation civile en temps de paix, cela équi
259 tat. Se placer sur le plan de la guerre totale et de sa préparation civile en temps de paix, cela équivaut pratiquement à
260 uerre totale et de sa préparation civile en temps de paix, cela équivaut pratiquement à faire du nationalisme. Et il est a
261 tiquement à faire du nationalisme. Et il est aisé de voir que le nationalisme, en Suisse, signifierait bientôt le partage
262 faire du nationalisme. Et il est aisé de voir que le nationalisme, en Suisse, signifierait bientôt le partage de notre Éta
263 le nationalisme, en Suisse, signifierait bientôt le partage de notre État en trois nations. Ce serait la négation la plus
264 lisme, en Suisse, signifierait bientôt le partage de notre État en trois nations. Ce serait la négation la plus radicale d
265 partage de notre État en trois nations. Ce serait la négation la plus radicale des bases mêmes de la Confédération. Souven
266 otre État en trois nations. Ce serait la négation la plus radicale des bases mêmes de la Confédération. Souvenons-nous du
267 rait la négation la plus radicale des bases mêmes de la Confédération. Souvenons-nous du sort de l’Autriche ! Si ce pays a
268 t la négation la plus radicale des bases mêmes de la Confédération. Souvenons-nous du sort de l’Autriche ! Si ce pays a su
269 mêmes de la Confédération. Souvenons-nous du sort de l’Autriche ! Si ce pays a succombé, ce n’est point tant qu’il ait céd
270 es de la Confédération. Souvenons-nous du sort de l’ Autriche ! Si ce pays a succombé, ce n’est point tant qu’il ait cédé à
271 a succombé, ce n’est point tant qu’il ait cédé à la menace militaire, d’ailleurs réelle ; c’est surtout, c’est essentiell
272 urtout, c’est essentiellement parce qu’il doutait de sa valeur propre et autonome, parce qu’il doutait de sa vocation, de
273 sa valeur propre et autonome, parce qu’il doutait de sa vocation, de sa raison d’être comme État ; parce qu’il était miné
274 et autonome, parce qu’il doutait de sa vocation, de sa raison d’être comme État ; parce qu’il était miné par une intime t
275 parce qu’il doutait de sa vocation, de sa raison d’ être comme État ; parce qu’il était miné par une intime tentation de s
276 ; parce qu’il était miné par une intime tentation de suicide totalitaire. Leçon capitale pour la Suisse ! Un État qui ne
277 ation de suicide totalitaire. Leçon capitale pour la Suisse ! Un État qui ne croit plus à sa valeur spirituelle, ou ne pr
278 uve plus qu’il y croit, puisqu’il se met à copier le voisin, un tel État ne peut pas compter sur l’aide d’autrui. Nous ne
279 er le voisin, un tel État ne peut pas compter sur l’ aide d’autrui. Nous ne pouvons compter sur cette aide que dans la mesu
280 oisin, un tel État ne peut pas compter sur l’aide d’ autrui. Nous ne pouvons compter sur cette aide que dans la mesure où n
281 . Nous ne pouvons compter sur cette aide que dans la mesure où nous sommes pour l’Europe quelque chose dont elle a besoin 
282 cette aide que dans la mesure où nous sommes pour l’ Europe quelque chose dont elle a besoin ; cette chose unique, irrempla
283 , mais qui est au contraire fédéral. Un État dont les bases historiques et la tradition ancestrale sont la négation même du
284 re fédéral. Un État dont les bases historiques et la tradition ancestrale sont la négation même du totalitarisme. Un État
285 bases historiques et la tradition ancestrale sont la négation même du totalitarisme. Un État qui représente et qui incarne
286 alitarisme. Un État qui représente et qui incarne le seul avenir possible d’une Europe pacifique. Si nous restons cela, si
287 représente et qui incarne le seul avenir possible d’ une Europe pacifique. Si nous restons cela, si nous prenons conscience
288 s cela, si nous prenons conscience tout à nouveau de la grandeur d’une pareille vocation, on nous laissera tranquilles, pa
289 ela, si nous prenons conscience tout à nouveau de la grandeur d’une pareille vocation, on nous laissera tranquilles, parce
290 prenons conscience tout à nouveau de la grandeur d’ une pareille vocation, on nous laissera tranquilles, parce qu’on saura
291 là-bas que nous ne sommes pas assimilables. Voilà la résistance civique et toute civile dont je vous parlais, et voilà la
292 ue et toute civile dont je vous parlais, et voilà la conscience de notre force véritable. Si nous avons le droit et le dev
293 vile dont je vous parlais, et voilà la conscience de notre force véritable. Si nous avons le droit et le devoir de rester
294 onscience de notre force véritable. Si nous avons le droit et le devoir de rester neutres, ce n’est pas comme on le dit tr
295 notre force véritable. Si nous avons le droit et le devoir de rester neutres, ce n’est pas comme on le dit trop souvent e
296 ce véritable. Si nous avons le droit et le devoir de rester neutres, ce n’est pas comme on le dit trop souvent en vertu de
297 e devoir de rester neutres, ce n’est pas comme on le dit trop souvent en vertu de nos intérêts matériels, certes légitimes
298 nos yeux, mais dont nos grands voisins n’ont pas de raisons de tenir le moindre compte. Si nous avons le droit d’être neu
299 mais dont nos grands voisins n’ont pas de raisons de tenir le moindre compte. Si nous avons le droit d’être neutres, ce n’
300 nos grands voisins n’ont pas de raisons de tenir le moindre compte. Si nous avons le droit d’être neutres, ce n’est pas e
301 raisons de tenir le moindre compte. Si nous avons le droit d’être neutres, ce n’est pas en vertu d’un privilège divin, mai
302 e tenir le moindre compte. Si nous avons le droit d’ être neutres, ce n’est pas en vertu d’un privilège divin, mais d’une m
303 ce n’est pas en vertu d’un privilège divin, mais d’ une mission bien définie dont nous sommes responsables devant l’Europe
304 bien définie dont nous sommes responsables devant l’ Europe. ⁂ Et alors, va-t-on dire, vous êtes contre l’armée ? Je serais
305 urope. ⁂ Et alors, va-t-on dire, vous êtes contre l’ armée ? Je serais contre elle si je croyais que dès maintenant nous so
306 ntenant nous sommes assez forts moralement devant l’ Europe, pour pouvoir nous passer d’une armée. Ce n’est pas le cas. Mai
307 alement devant l’Europe, pour pouvoir nous passer d’ une armée. Ce n’est pas le cas. Mais il n’en reste pas moins que notre
308 our pouvoir nous passer d’une armée. Ce n’est pas le cas. Mais il n’en reste pas moins que notre tâche est de tout mettre
309 Mais il n’en reste pas moins que notre tâche est de tout mettre en œuvre pour échapper au cercle de la guerre totale. Je
310 t de tout mettre en œuvre pour échapper au cercle de la guerre totale. Je crois que le seul moyen sérieux de résister à l’
311 e tout mettre en œuvre pour échapper au cercle de la guerre totale. Je crois que le seul moyen sérieux de résister à l’emp
312 apper au cercle de la guerre totale. Je crois que le seul moyen sérieux de résister à l’emprise totalitaire sur le plan de
313 guerre totale. Je crois que le seul moyen sérieux de résister à l’emprise totalitaire sur le plan de la lutte directe, c’e
314 Je crois que le seul moyen sérieux de résister à l’ emprise totalitaire sur le plan de la lutte directe, c’est d’inventer
315 x de résister à l’emprise totalitaire sur le plan de la lutte directe, c’est d’inventer des formes de défense non militair
316 e résister à l’emprise totalitaire sur le plan de la lutte directe, c’est d’inventer des formes de défense non militaires,
317 otalitaire sur le plan de la lutte directe, c’est d’ inventer des formes de défense non militaires, donc non totalitaires.
318 de la lutte directe, c’est d’inventer des formes de défense non militaires, donc non totalitaires. Je ne dis pas que je l
319 ires, donc non totalitaires. Je ne dis pas que je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La force des
320 Je ne dis pas que je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La force des totalitaires c’est d’entraî
321 ue je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La force des totalitaires c’est d’entraîner les démocrat
322 je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La force des totalitaires c’est d’entraîner les démocrates s
323 uvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La force des totalitaires c’est d’entraîner les démocrates sur un terrai
324 t de les trouver. La force des totalitaires c’est d’ entraîner les démocrates sur un terrain où ils se renient eux-mêmes. I
325 uver. La force des totalitaires c’est d’entraîner les démocrates sur un terrain où ils se renient eux-mêmes. Il est donc vi
326 se renient eux-mêmes. Il est donc vital pour nous de refuser ce défi, de déjouer ce calcul, et de ne pas opposer à la viol
327 . Il est donc vital pour nous de refuser ce défi, de déjouer ce calcul, et de ne pas opposer à la violence une violence du
328 nous de refuser ce défi, de déjouer ce calcul, et de ne pas opposer à la violence une violence du même ordre, mais forcéme
329 éfi, de déjouer ce calcul, et de ne pas opposer à la violence une violence du même ordre, mais forcément plus faible, où l
330 nce du même ordre, mais forcément plus faible, où les totalitaires puiseraient tout simplement une énergie renouvelée. Essa
331 tout simplement une énergie renouvelée. Essayons d’ inventer autre chose. Ne jouons pas le jeu. Imitons les paysans du Mor
332 e. Essayons d’inventer autre chose. Ne jouons pas le jeu. Imitons les paysans du Morgarten : ils n’avaient pas d’armures n
333 venter autre chose. Ne jouons pas le jeu. Imitons les paysans du Morgarten : ils n’avaient pas d’armures ni de lances : ils
334 tons les paysans du Morgarten : ils n’avaient pas d’ armures ni de lances : ils trichèrent donc au jeu où l’adversaire deva
335 ans du Morgarten : ils n’avaient pas d’armures ni de lances : ils trichèrent donc au jeu où l’adversaire devait gagner, et
336 ures ni de lances : ils trichèrent donc au jeu où l’ adversaire devait gagner, et se défendirent avec leurs moyens propres 
337 ndirent avec leurs moyens propres : des quartiers de roche. Je ne veux pas dire, évidemment, que nous devions nous défendr
338 us défendre aujourd’hui encore avec des quartiers de roche ; je veux dire que la force du faible, c’est de refuser le jeu
339 re avec des quartiers de roche ; je veux dire que la force du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et de le déconcerte
340 oche ; je veux dire que la force du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et de le déconcerter par ce refus. Je lis dan
341 eux dire que la force du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et de le déconcerter par ce refus. Je lis dans un ouvrag
342 ce du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et de le déconcerter par ce refus. Je lis dans un ouvrage anglais quelques
343 du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et de le déconcerter par ce refus. Je lis dans un ouvrage anglais quelques phr
344 pourraient orienter nos recherches à cet égard : La non-violence de la victime, écrit l’auteur, agit comme le manque d’op
345 ter nos recherches à cet égard : La non-violence de la victime, écrit l’auteur, agit comme le manque d’opposition physiqu
346 nos recherches à cet égard : La non-violence de la victime, écrit l’auteur, agit comme le manque d’opposition physique d
347 cet égard : La non-violence de la victime, écrit l’ auteur, agit comme le manque d’opposition physique dans le jiu-jitsu :
348 iolence de la victime, écrit l’auteur, agit comme le manque d’opposition physique dans le jiu-jitsu : elle fait perdre son
349 la victime, écrit l’auteur, agit comme le manque d’ opposition physique dans le jiu-jitsu : elle fait perdre son équilibre
350 , agit comme le manque d’opposition physique dans le jiu-jitsu : elle fait perdre son équilibre à l’assaillant. Elle lui f
351 s le jiu-jitsu : elle fait perdre son équilibre à l’ assaillant. Elle lui fait perdre le soutien que lui donnerait l’opposi
352 on équilibre à l’assaillant. Elle lui fait perdre le soutien que lui donnerait l’opposition violente à laquelle il s’atten
353 Elle lui fait perdre le soutien que lui donnerait l’ opposition violente à laquelle il s’attend. Il se trouve comme précipi
354 l se trouve comme précipité dans un nouveau monde de valeurs, où il ne sait comment agir, et il y perd son assurance. Repr
355 vergence absolue ; en réalité, ils se battent sur la base d’un accord fondamental : la croyance à la validité de la violen
356 absolue ; en réalité, ils se battent sur la base d’ un accord fondamental : la croyance à la validité de la violence. Si t
357 se battent sur la base d’un accord fondamental : la croyance à la validité de la violence. Si tout d’un coup l’un des lut
358 r la base d’un accord fondamental : la croyance à la validité de la violence. Si tout d’un coup l’un des lutteurs supprime
359 un accord fondamental : la croyance à la validité de la violence. Si tout d’un coup l’un des lutteurs supprime cet accord
360 accord fondamental : la croyance à la validité de la violence. Si tout d’un coup l’un des lutteurs supprime cet accord fon
361 la croyance à la validité de la violence. Si tout d’ un coup l’un des lutteurs supprime cet accord fondamental et prouve pa
362 ndamental et prouve par ses actes qu’il abandonne la méthode de lutte ancestrale, il n’est pas étonnant que l’autre soit d
363 t prouve par ses actes qu’il abandonne la méthode de lutte ancestrale, il n’est pas étonnant que l’autre soit déconcerté,
364 rce que ses instincts animaux ne lui dictent plus de conduite immédiate. Il vacille devant l’inconnu… Pour ma part, je ne
365 ent plus de conduite immédiate. Il vacille devant l’ inconnu… Pour ma part, je ne suis pas adversaire de la violence en so
366 inconnu… Pour ma part, je ne suis pas adversaire de la violence en soi, mais bien de cette forme mécanique qu’elle revêt
367 onnu… Pour ma part, je ne suis pas adversaire de la violence en soi, mais bien de cette forme mécanique qu’elle revêt dan
368 s pas adversaire de la violence en soi, mais bien de cette forme mécanique qu’elle revêt dans la guerre moderne. Aussi bie
369 bien de cette forme mécanique qu’elle revêt dans la guerre moderne. Aussi bien, la page que je viens de citer ne propose-
370 qu’elle revêt dans la guerre moderne. Aussi bien, la page que je viens de citer ne propose-t-elle pas la non-résistance, m
371 page que je viens de citer ne propose-t-elle pas la non-résistance, mais au contraire une forme de lutte nouvelle. C’est
372 as la non-résistance, mais au contraire une forme de lutte nouvelle. C’est à cette sorte de jiu-jitsu moral que nous devri
373 une forme de lutte nouvelle. C’est à cette sorte de jiu-jitsu moral que nous devrions nous exercer. Si l’on y déployait l
374 iu-jitsu moral que nous devrions nous exercer. Si l’ on y déployait le quart de l’énergie et de l’esprit de sacrifice qu’on
375 e nous devrions nous exercer. Si l’on y déployait le quart de l’énergie et de l’esprit de sacrifice qu’on met ordinairemen
376 vrions nous exercer. Si l’on y déployait le quart de l’énergie et de l’esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans le
377 ons nous exercer. Si l’on y déployait le quart de l’ énergie et de l’esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans le mé
378 cer. Si l’on y déployait le quart de l’énergie et de l’esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans le métier des arme
379 . Si l’on y déployait le quart de l’énergie et de l’ esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans le métier des armes,
380 y déployait le quart de l’énergie et de l’esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans le métier des armes, il est ce
381 ’esprit de sacrifice qu’on met ordinairement dans le métier des armes, il est certain qu’on obtiendrait des résultats cons
382 ersaire du stalinisme et du fascisme ; je ne vous le dis pas seulement comme Suisse, convaincu de la mission fédéraliste d
383 vous le dis pas seulement comme Suisse, convaincu de la mission fédéraliste de son pays ; je vous le dis aussi comme chrét
384 s le dis pas seulement comme Suisse, convaincu de la mission fédéraliste de son pays ; je vous le dis aussi comme chrétien
385 comme Suisse, convaincu de la mission fédéraliste de son pays ; je vous le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’a
386 u de la mission fédéraliste de son pays ; je vous le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’agresseur violent, c’es
387 ys ; je vous le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’agresseur violent, c’est le premier devoir du chrétien. Déco
388 vous le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’agresseur violent, c’est le premier devoir du chrétien. Déconcerter
389 us le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’ agresseur violent, c’est le premier devoir du chrétien. Déconcerter le
390 c’est le premier devoir du chrétien. Déconcerter le mal en lui opposant le bien, c’est toute la tactique des apôtres. Et
391 r du chrétien. Déconcerter le mal en lui opposant le bien, c’est toute la tactique des apôtres. Et pour qu’on n’aille pas
392 erter le mal en lui opposant le bien, c’est toute la tactique des apôtres. Et pour qu’on n’aille pas penser que je préconi
393 mission ou quel défaitisme utopique, je traduirai la même idée en d’autres termes : à la brutalité, le chrétien n’oppose p
394 je traduirai la même idée en d’autres termes : à la brutalité, le chrétien n’oppose pas la brutalité, mais la violence sp
395 la même idée en d’autres termes : à la brutalité, le chrétien n’oppose pas la brutalité, mais la violence spirituelle, qui
396 termes : à la brutalité, le chrétien n’oppose pas la brutalité, mais la violence spirituelle, qui est la véritable charité
397 lité, le chrétien n’oppose pas la brutalité, mais la violence spirituelle, qui est la véritable charité. Violence contre n
398 brutalité, mais la violence spirituelle, qui est la véritable charité. Violence contre nous-mêmes d’abord. Aucune doctrin
399 peut être chrétienne si elle ne se fonde pas sur la repentance, qui est une violence faite à notre orgueil. Reconnaissons
400 rgueil. Reconnaissons, Églises et fidèles, que si la pseudo-religion totalitaire triomphe aujourd’hui en Europe, c’est que
401 ujourd’hui en Europe, c’est que nous avons laissé les peuples sans commune mesure spirituelle. Nous avons tous trahi le gra
402 commune mesure spirituelle. Nous avons tous trahi le grand devoir communautaire de l’Église, parce que nous avons transfor
403 us avons tous trahi le grand devoir communautaire de l’Église, parce que nous avons transformé le christianisme en quelque
404 avons tous trahi le grand devoir communautaire de l’ Église, parce que nous avons transformé le christianisme en quelque ch
405 aire de l’Église, parce que nous avons transformé le christianisme en quelque chose de rassurant, de distingué, de commode
406 vons transformé le christianisme en quelque chose de rassurant, de distingué, de commode et même de bourgeois. Alors les p
407 é le christianisme en quelque chose de rassurant, de distingué, de commode et même de bourgeois. Alors les païens russes e
408 isme en quelque chose de rassurant, de distingué, de commode et même de bourgeois. Alors les païens russes et les païens r
409 se de rassurant, de distingué, de commode et même de bourgeois. Alors les païens russes et les païens racistes ont fait ce
410 distingué, de commode et même de bourgeois. Alors les païens russes et les païens racistes ont fait ce que nous refusions d
411 et même de bourgeois. Alors les païens russes et les païens racistes ont fait ce que nous refusions de faire. Ils l’ont fa
412 es païens racistes ont fait ce que nous refusions de faire. Ils l’ont fait mal, et contre nous. Ils représentent notre châ
413 stes ont fait ce que nous refusions de faire. Ils l’ ont fait mal, et contre nous. Ils représentent notre châtiment, comme
414 tre nous. Ils représentent notre châtiment, comme l’ a magnifiquement montré Nicolas Berdiaev. Ce n’est pas à la méchanceté
415 fiquement montré Nicolas Berdiaev. Ce n’est pas à la méchanceté supposée d’un Hitler ou d’un Staline que nous devons attri
416 s Berdiaev. Ce n’est pas à la méchanceté supposée d’ un Hitler ou d’un Staline que nous devons attribuer tout le mal, mais
417 n’est pas à la méchanceté supposée d’un Hitler ou d’ un Staline que nous devons attribuer tout le mal, mais aussi bien à la
418 er ou d’un Staline que nous devons attribuer tout le mal, mais aussi bien à la carence des chrétiens. Ceci dit, il nous fa
419 s devons attribuer tout le mal, mais aussi bien à la carence des chrétiens. Ceci dit, il nous faut agir. Or agir, ce n’est
420 r. Je ne veux, sous aucun prétexte pieux, exciter de la haine contre ceux qui adorent l’idole totalitaire. Je veux démasqu
421 Je ne veux, sous aucun prétexte pieux, exciter de la haine contre ceux qui adorent l’idole totalitaire. Je veux démasquer
422 ieux, exciter de la haine contre ceux qui adorent l’ idole totalitaire. Je veux démasquer cette idole, et les raisons profo
423 le totalitaire. Je veux démasquer cette idole, et les raisons profondes du culte qu’on lui rend. Or je distingue dans ces r
424 n lui rend. Or je distingue dans ces raisons plus d’ angoisse que de méchanceté. J’ai reçu cet hiver, d’un jeune nazi, une
425 je distingue dans ces raisons plus d’angoisse que de méchanceté. J’ai reçu cet hiver, d’un jeune nazi, une lettre signific
426 ’angoisse que de méchanceté. J’ai reçu cet hiver, d’ un jeune nazi, une lettre significative, et à certains égards, fort ém
427 ificative, et à certains égards, fort émouvante. La raison profonde d’un mouvement comme le nôtre — m’écrivait-il — est i
428 tains égards, fort émouvante. La raison profonde d’ un mouvement comme le nôtre — m’écrivait-il — est irrationnelle. Nous
429 nts à celui qui nous apportait cette possibilité. Le christianisme, probablement par la faute de ses ministres, ne satisfa
430 e possibilité. Le christianisme, probablement par la faute de ses ministres, ne satisfaisait plus depuis bien longtemps au
431 satisfaisait plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du
432 it plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple all
433 plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple allema
434 e de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple allemand, nous voulons croire à son immortalité, […
435 ngoisse dans ce peut-être ? Et dans cette volonté de croire à n’importe quoi et à tout prix, fût-ce à quelque chose d’auss
436 porte quoi et à tout prix, fût-ce à quelque chose d’ aussi peu croyable que l’immortalité d’un peuple ?… Or l’angoisse n’ap
437 , fût-ce à quelque chose d’aussi peu croyable que l’ immortalité d’un peuple ?… Or l’angoisse n’appelle pas la haine, mais
438 lque chose d’aussi peu croyable que l’immortalité d’ un peuple ?… Or l’angoisse n’appelle pas la haine, mais au contraire l
439 peu croyable que l’immortalité d’un peuple ?… Or l’ angoisse n’appelle pas la haine, mais au contraire la compassion, bien
440 talité d’un peuple ?… Or l’angoisse n’appelle pas la haine, mais au contraire la compassion, bien qu’elle l’appelle à son
441 ngoisse n’appelle pas la haine, mais au contraire la compassion, bien qu’elle l’appelle à son insu. Il faut savoir la devi
442 ne, mais au contraire la compassion, bien qu’elle l’ appelle à son insu. Il faut savoir la deviner sous les rodomontades of
443 bien qu’elle l’appelle à son insu. Il faut savoir la deviner sous les rodomontades officielles et sous les vantardises eff
444 ppelle à son insu. Il faut savoir la deviner sous les rodomontades officielles et sous les vantardises effrénées de la prop
445 deviner sous les rodomontades officielles et sous les vantardises effrénées de la propagande totalitaire. Tout cela n’expri
446 des officielles et sous les vantardises effrénées de la propagande totalitaire. Tout cela n’exprime qu’un sentiment d’infé
447 officielles et sous les vantardises effrénées de la propagande totalitaire. Tout cela n’exprime qu’un sentiment d’infério
448 totalitaire. Tout cela n’exprime qu’un sentiment d’ infériorité collective, un manque de foi réelle qui se déguise en défi
449 ’un sentiment d’infériorité collective, un manque de foi réelle qui se déguise en défi, par désespoir. Mais là encore, je
450 i, par désespoir. Mais là encore, je ne parle pas d’ une compassion sentimentale. Je parle d’une attitude virile et décidée
451 parle pas d’une compassion sentimentale. Je parle d’ une attitude virile et décidée, d’une volonté de libérer ces peuples e
452 ntale. Je parle d’une attitude virile et décidée, d’ une volonté de libérer ces peuples en leur donnant l’exemple, dans nos
453 e d’une attitude virile et décidée, d’une volonté de libérer ces peuples en leur donnant l’exemple, dans nos pays, d’une m
454 ne volonté de libérer ces peuples en leur donnant l’ exemple, dans nos pays, d’une meilleure solution de leur problème. Con
455 peuples en leur donnant l’exemple, dans nos pays, d’ une meilleure solution de leur problème. Contre les excès agaçants de
456 ’exemple, dans nos pays, d’une meilleure solution de leur problème. Contre les excès agaçants de la propagande soviétique
457 d’une meilleure solution de leur problème. Contre les excès agaçants de la propagande soviétique et fasciste, toute espèce
458 ution de leur problème. Contre les excès agaçants de la propagande soviétique et fasciste, toute espèce de tolérance polie
459 on de leur problème. Contre les excès agaçants de la propagande soviétique et fasciste, toute espèce de tolérance polie se
460 a propagande soviétique et fasciste, toute espèce de tolérance polie serait déjà une complicité. Ce n’est pas ainsi que je
461 une complicité. Ce n’est pas ainsi que je conçois la charité. Quand les Romains adoraient leur empereur, les chrétiens ne
462 n’est pas ainsi que je conçois la charité. Quand les Romains adoraient leur empereur, les chrétiens ne craignaient pas de
463 arité. Quand les Romains adoraient leur empereur, les chrétiens ne craignaient pas de passer pour athées : ils refusaient l
464 t leur empereur, les chrétiens ne craignaient pas de passer pour athées : ils refusaient le culte de l’idole et s’en moqua
465 naient pas de passer pour athées : ils refusaient le culte de l’idole et s’en moquaient. Nous aussi nous devons rire des i
466 s de passer pour athées : ils refusaient le culte de l’idole et s’en moquaient. Nous aussi nous devons rire des idoles col
467 e passer pour athées : ils refusaient le culte de l’ idole et s’en moquaient. Nous aussi nous devons rire des idoles coloss
468 idoles colossales qu’on nous vante. Quand je vois les trois dictateurs qui font les gros yeux à l’Europe, se proclament tou
469 ante. Quand je vois les trois dictateurs qui font les gros yeux à l’Europe, se proclament tous les trois infaillibles, je n
470 ois les trois dictateurs qui font les gros yeux à l’ Europe, se proclament tous les trois infaillibles, je ne crois pas man
471 font les gros yeux à l’Europe, se proclament tous les trois infaillibles, je ne crois pas manquer au devoir de charité en j
472 s infaillibles, je ne crois pas manquer au devoir de charité en jugeant parfaitement grotesque leur impossible prétention.
473 impossible prétention. Au fanatisme, il convient d’ opposer une certaine douceur amusée. Voltaire nous conte là-dessus une
474 us conte là-dessus une anecdote dont j’aime assez l’ impertinence. Il imagine un certain oncle à lui, qu’il appelle l’abbé
475 Il imagine un certain oncle à lui, qu’il appelle l’ abbé Bazin. « Cet abbé mourut, nous dit-il, persuadé que tous les sava
476 « Cet abbé mourut, nous dit-il, persuadé que tous les savants peuvent se tromper et reconnaissant que l’Église romaine est
477 s savants peuvent se tromper et reconnaissant que l’ Église romaine est infaillible. L’Église grecque lui en sut très mauva
478 connaissant que l’Église romaine est infaillible. L’ Église grecque lui en sut très mauvais gré et lui en fit de vifs repro
479 grecque lui en sut très mauvais gré et lui en fit de vifs reproches à ses derniers moments. Mon oncle en fut affligé, et p
480 en fut affligé, et pour mourir en paix, il dit à l’ archevêque d’Astracan : « Allez, ne vous attristez pas. Ne voyez-vous
481 gé, et pour mourir en paix, il dit à l’archevêque d’ Astracan : « Allez, ne vous attristez pas. Ne voyez-vous pas que je vo
482 e vous crois infaillible vous aussi ? » Toutefois le scepticisme n’est pas toujours, hélas, une réponse suffisante. La seu
483 ’est pas toujours, hélas, une réponse suffisante. La seule réponse décisive à cette immense question religieuse des peuple
484 à cette immense question religieuse des peuples, d’ où sont issus les trois mouvements totalitaires, c’est la réponse vrai
485 question religieuse des peuples, d’où sont issus les trois mouvements totalitaires, c’est la réponse vraiment totale de no
486 nt issus les trois mouvements totalitaires, c’est la réponse vraiment totale de notre foi. La foi chrétienne, pour les mys
487 ts totalitaires, c’est la réponse vraiment totale de notre foi. La foi chrétienne, pour les mystiques idolâtres, c’est un
488 s, c’est la réponse vraiment totale de notre foi. La foi chrétienne, pour les mystiques idolâtres, c’est un adversaire plu
489 ment totale de notre foi. La foi chrétienne, pour les mystiques idolâtres, c’est un adversaire plus sérieux que les canons
490 s idolâtres, c’est un adversaire plus sérieux que les canons et que les railleries. C’est le seul adversaire irréductible,
491 un adversaire plus sérieux que les canons et que les railleries. C’est le seul adversaire irréductible, — et pourtant char
492 rieux que les canons et que les railleries. C’est le seul adversaire irréductible, — et pourtant charitable. Car nous ne c
493 s doctrines au nom desquelles on veut réglementer le tout de l’homme, quand il s’agit en vérité des solutions et des doctr
494 nes au nom desquelles on veut réglementer le tout de l’homme, quand il s’agit en vérité des solutions et des doctrines d’u
495 au nom desquelles on veut réglementer le tout de l’ homme, quand il s’agit en vérité des solutions et des doctrines d’un s
496 l s’agit en vérité des solutions et des doctrines d’ un seul parti, d’une seule tendance, et la plus animale de l’homme. Se
497 é des solutions et des doctrines d’un seul parti, d’ une seule tendance, et la plus animale de l’homme. Seule a le droit d’
498 ctrines d’un seul parti, d’une seule tendance, et la plus animale de l’homme. Seule a le droit d’être totalitaire la vérit
499 l parti, d’une seule tendance, et la plus animale de l’homme. Seule a le droit d’être totalitaire la vérité totale, qui n’
500 arti, d’une seule tendance, et la plus animale de l’ homme. Seule a le droit d’être totalitaire la vérité totale, qui n’app
501 tendance, et la plus animale de l’homme. Seule a le droit d’être totalitaire la vérité totale, qui n’appartient qu’à Dieu
502 , et la plus animale de l’homme. Seule a le droit d’ être totalitaire la vérité totale, qui n’appartient qu’à Dieu. C’est d
503 e de l’homme. Seule a le droit d’être totalitaire la vérité totale, qui n’appartient qu’à Dieu. C’est dans la mesure où no
504 té totale, qui n’appartient qu’à Dieu. C’est dans la mesure où nous ordonnerons nos vies à cette vérité-là, à elle d’abord
505 sse aux vrais besoins du citoyen ou du soldat, ou de l’ouvrier, ou de l’aryen blond. C’est par cette seule mesure que nous
506 aux vrais besoins du citoyen ou du soldat, ou de l’ ouvrier, ou de l’aryen blond. C’est par cette seule mesure que nous po
507 oins du citoyen ou du soldat, ou de l’ouvrier, ou de l’aryen blond. C’est par cette seule mesure que nous pourrons devenir
508 s du citoyen ou du soldat, ou de l’ouvrier, ou de l’ aryen blond. C’est par cette seule mesure que nous pourrons devenir de
509 ’elles ont accepté pour vocation, et responsables de cette vocation devant la cité qui les protège. Je ne vous appellerai
510 ocation, et responsables de cette vocation devant la cité qui les protège. Je ne vous appellerai pas, en terminant, à une
511 responsables de cette vocation devant la cité qui les protège. Je ne vous appellerai pas, en terminant, à une croisade anti
512 iste, mais à une tâche constructive, qui se situe d’ une manière très précise dans le mouvement de l’Histoire occidentale.
513 ive, qui se situe d’une manière très précise dans le mouvement de l’Histoire occidentale. Trois siècles d’individualisme,
514 itue d’une manière très précise dans le mouvement de l’Histoire occidentale. Trois siècles d’individualisme, de divinisati
515 e d’une manière très précise dans le mouvement de l’ Histoire occidentale. Trois siècles d’individualisme, de divinisation
516 ouvement de l’Histoire occidentale. Trois siècles d’ individualisme, de divinisation de l’homme, nous ont conduits à une di
517 oire occidentale. Trois siècles d’individualisme, de divinisation de l’homme, nous ont conduits à une dissolution presque
518 . Trois siècles d’individualisme, de divinisation de l’homme, nous ont conduits à une dissolution presque totale de la soc
519 rois siècles d’individualisme, de divinisation de l’ homme, nous ont conduits à une dissolution presque totale de la sociét
520 ous ont conduits à une dissolution presque totale de la société. Nous ne sommes plus qu’une poussière de petits individus,
521 ont conduits à une dissolution presque totale de la société. Nous ne sommes plus qu’une poussière de petits individus, im
522 la société. Nous ne sommes plus qu’une poussière de petits individus, impuissants, isolés, anxieux. Allons-nous retomber
523 tomber dans une folie inverse, encore plus grave, la religion collectiviste ? Le péril est immense. Mais notre chance deva
524 e, encore plus grave, la religion collectiviste ? Le péril est immense. Mais notre chance devant l’Histoire ne l’est pas m
525  ? Le péril est immense. Mais notre chance devant l’ Histoire ne l’est pas moins. Il dépend en partie de nous que nous trou
526 t immense. Mais notre chance devant l’Histoire ne l’ est pas moins. Il dépend en partie de nous que nous trouvions la solut
527 ’Histoire ne l’est pas moins. Il dépend en partie de nous que nous trouvions la solution de l’éternel problème individu-co
528 s. Il dépend en partie de nous que nous trouvions la solution de l’éternel problème individu-communauté. Il dépend en part
529 en partie de nous que nous trouvions la solution de l’éternel problème individu-communauté. Il dépend en partie de nous d
530 partie de nous que nous trouvions la solution de l’ éternel problème individu-communauté. Il dépend en partie de nous de r
531 problème individu-communauté. Il dépend en partie de nous de refaire une société vivable, une commune mesure vivante sur l
532 individu-communauté. Il dépend en partie de nous de refaire une société vivable, une commune mesure vivante sur le fondem
533 e société vivable, une commune mesure vivante sur le fondement de la personne, c’est-à-dire de l’individu à la fois libre
534 able, une commune mesure vivante sur le fondement de la personne, c’est-à-dire de l’individu à la fois libre et engagé, au
535 e, une commune mesure vivante sur le fondement de la personne, c’est-à-dire de l’individu à la fois libre et engagé, auton
536 nte sur le fondement de la personne, c’est-à-dire de l’individu à la fois libre et engagé, autonome et pourtant solidaire.
537 sur le fondement de la personne, c’est-à-dire de l’ individu à la fois libre et engagé, autonome et pourtant solidaire. Ce
538 tonome et pourtant solidaire. Celui que j’appelle l’ homme total. Je ne sais si nous réussirons, mais nous aurons du moins
539 nous réussirons, mais nous aurons du moins sauvé l’ honneur de cette génération anxieuse. Et pour tout dire, je ne suis pa
540 sirons, mais nous aurons du moins sauvé l’honneur de cette génération anxieuse. Et pour tout dire, je ne suis pas sans esp
541 e. Et pour tout dire, je ne suis pas sans espoir. Les faux dieux ne font pas de miracles. Je ne me lasserai jamais de le ré
542 suis pas sans espoir. Les faux dieux ne font pas de miracles. Je ne me lasserai jamais de le répéter — c’est mon delenda
543 ne font pas de miracles. Je ne me lasserai jamais de le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là où l’homme veut être tot
544 font pas de miracles. Je ne me lasserai jamais de le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là où l’homme veut être total,
545 e le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là où l’ homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire. 1. Conclu
546 delenda Carthago : Là où l’homme veut être total, l’ État ne sera jamais totalitaire. 1. Conclusions d’une conférence pr
547 tat ne sera jamais totalitaire. 1. Conclusions d’ une conférence prononcée à Genève au mois de mai 1938, sous les auspic
548 sions d’une conférence prononcée à Genève au mois de mai 1938, sous les auspices de Zofingue et de l’Association chrétienn
549 ence prononcée à Genève au mois de mai 1938, sous les auspices de Zofingue et de l’Association chrétienne d’étudiants. Le t
550 e à Genève au mois de mai 1938, sous les auspices de Zofingue et de l’Association chrétienne d’étudiants. Le thème général
551 ois de mai 1938, sous les auspices de Zofingue et de l’Association chrétienne d’étudiants. Le thème général était celui-ci
552 de mai 1938, sous les auspices de Zofingue et de l’ Association chrétienne d’étudiants. Le thème général était celui-ci :
553 spices de Zofingue et de l’Association chrétienne d’ étudiants. Le thème général était celui-ci : les trois mouvements « to
554 ingue et de l’Association chrétienne d’étudiants. Le thème général était celui-ci : les trois mouvements « totalitaires »
555 ne d’étudiants. Le thème général était celui-ci : les trois mouvements « totalitaires » qui nous menacent — communisme, hit
556 ont pour but véritable — et souvent inconscient — de remplacer le christianisme défaillant par le culte social de l’État e
557 véritable — et souvent inconscient — de remplacer le christianisme défaillant par le culte social de l’État et de son prin
558 nt — de remplacer le christianisme défaillant par le culte social de l’État et de son principe « sacral » : Prolétariat, R
559 r le christianisme défaillant par le culte social de l’État et de son principe « sacral » : Prolétariat, Race, Empire. 2.
560 e christianisme défaillant par le culte social de l’ État et de son principe « sacral » : Prolétariat, Race, Empire. 2. Qu
561 nisme défaillant par le culte social de l’État et de son principe « sacral » : Prolétariat, Race, Empire. 2. Quelques bou
562 Empire. 2. Quelques bourgeois veulent voir dans le fascisme le « rempart de l’ordre établi ». C’est bien touchant. Voici
563 Quelques bourgeois veulent voir dans le fascisme le « rempart de l’ordre établi ». C’est bien touchant. Voici ce que dit
564 rgeois veulent voir dans le fascisme le « rempart de l’ordre établi ». C’est bien touchant. Voici ce que dit à leur sujet
565 ois veulent voir dans le fascisme le « rempart de l’ ordre établi ». C’est bien touchant. Voici ce que dit à leur sujet la
566 ’est bien touchant. Voici ce que dit à leur sujet la revue fasciste Gerarchia, dirigée par le propre neveu du Duce : « Ces
567 ur sujet la revue fasciste Gerarchia, dirigée par le propre neveu du Duce : « Ces braves gens devront se convaincre, et no
568 « Ces braves gens devront se convaincre, et nous les convaincrons bientôt, que la charge du problème social est désormais
569 convaincre, et nous les convaincrons bientôt, que la charge du problème social est désormais sur nos épaules, et qu’ils fe
570 désormais sur nos épaules, et qu’ils feront mieux d’ avoir peur de nous que du communisme. » a. Rougemont Denis de, « La
571 nos épaules, et qu’ils feront mieux d’avoir peur de nous que du communisme. » a. Rougemont Denis de, « La vraie défense
572 de nous que du communisme. » a. Rougemont Denis de , « La vraie défense contre l’esprit totalitaire », Les Cahiers protes
573 s que du communisme. » a. Rougemont Denis de, «  La vraie défense contre l’esprit totalitaire », Les Cahiers protestants,
574 a. Rougemont Denis de, « La vraie défense contre l’ esprit totalitaire », Les Cahiers protestants, Lausanne, juillet 1938,
575 « La vraie défense contre l’esprit totalitaire », Les Cahiers protestants, Lausanne, juillet 1938, p. 411-425.
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
576 Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)b Pour la très grande majorité des Suisses d’au
577 icolas de Flue et la Réforme (août 1939)b Pour la très grande majorité des Suisses d’aujourd’hui, surtout dans les cant
578 939)b Pour la très grande majorité des Suisses d’ aujourd’hui, surtout dans les cantons protestants, Nicolas de Flue est
579 majorité des Suisses d’aujourd’hui, surtout dans les cantons protestants, Nicolas de Flue est une figure quasi mythique, é
580 t un souvenir scolaire. Nous n’avons guère retenu de son histoire que l’image d’un ermite à longue barbe qui rétablit la p
581 re. Nous n’avons guère retenu de son histoire que l’ image d’un ermite à longue barbe qui rétablit la paix civile entre les
582 n’avons guère retenu de son histoire que l’image d’ un ermite à longue barbe qui rétablit la paix civile entre les vieux C
583 e l’image d’un ermite à longue barbe qui rétablit la paix civile entre les vieux Confédérés, en prononçant devant la Diète
584 à longue barbe qui rétablit la paix civile entre les vieux Confédérés, en prononçant devant la Diète de Stans un discours
585 entre les vieux Confédérés, en prononçant devant la Diète de Stans un discours plein d’élévation. Comment prendre vraimen
586 s vieux Confédérés, en prononçant devant la Diète de Stans un discours plein d’élévation. Comment prendre vraiment au séri
587 onçant devant la Diète de Stans un discours plein d’ élévation. Comment prendre vraiment au sérieux un drame qui se dénoue
588 drame qui se dénoue si facilement, un héros dont l’ activité se résume dans ses « bonnes paroles » ? Les catholiques, par
589 ’activité se résume dans ses « bonnes paroles » ? Les catholiques, par contre, cultivent avec amour le souvenir du solitair
590 Les catholiques, par contre, cultivent avec amour le souvenir du solitaire du Ranft, que Rome a dès longtemps béatifié, et
591 Ranft, que Rome a dès longtemps béatifié, et que la vénération du peuple, surtout dans les petits cantons, a déjà mis au
592 fié, et que la vénération du peuple, surtout dans les petits cantons, a déjà mis au rang des saints (bien que la canonisati
593 cantons, a déjà mis au rang des saints (bien que la canonisation se fasse attendre). Mais là, c’est l’autre aspect de la
594 se fasse attendre). Mais là, c’est l’autre aspect de la vie du « Frère Claus » qui est exalté : on parle surtout de ses mi
595 fasse attendre). Mais là, c’est l’autre aspect de la vie du « Frère Claus » qui est exalté : on parle surtout de ses mirac
596 « Frère Claus » qui est exalté : on parle surtout de ses miracles, de son ascèse, de ses visions, et même parfois des prop
597 ui est exalté : on parle surtout de ses miracles, de son ascèse, de ses visions, et même parfois des prophéties qu’on lui
598 on parle surtout de ses miracles, de son ascèse, de ses visions, et même parfois des prophéties qu’on lui attribue sur la
599 ême parfois des prophéties qu’on lui attribue sur la Réforme et ses « innovations ». Une suite de hasards m’ayant mis entr
600 sur la Réforme et ses « innovations ». Une suite de hasards m’ayant mis entre les mains, au cours de l’été dernier, quelq
601 vations ». Une suite de hasards m’ayant mis entre les mains, au cours de l’été dernier, quelques écrits populaires sur le B
602 hasards m’ayant mis entre les mains, au cours de l’ été dernier, quelques écrits populaires sur le Bienheureux, ce ne fut
603 de l’été dernier, quelques écrits populaires sur le Bienheureux, ce ne fut pas sans émerveillement que j’entrevis la réal
604 ce ne fut pas sans émerveillement que j’entrevis la réalité historique du personnage. À tel point que je n’hésitai pas à
605 nage. À tel point que je n’hésitai pas à en faire le sujet d’un drame, qui sera représenté à Zurich en septembre, et pour
606 el point que je n’hésitai pas à en faire le sujet d’ un drame, qui sera représenté à Zurich en septembre, et pour lequel Ar
607 egger a composé une importante partition chorale. Le choix de ce sujet n’a pas été sans surprendre certains de mes amis pr
608 omposé une importante partition chorale. Le choix de ce sujet n’a pas été sans surprendre certains de mes amis protestants
609 de ce sujet n’a pas été sans surprendre certains de mes amis protestants, et — pour d’autres raisons sans doute — certain
610 oute — certains catholiques qui ont bien voulu me le faire sentir. Il m’a semblé que je devais aux uns et aux autres une b
611 aux uns et aux autres une brève explication, dont l’ intérêt, je l’espère, débordera cette anecdote personnelle. Il m’est a
612 autres une brève explication, dont l’intérêt, je l’ espère, débordera cette anecdote personnelle. Il m’est apparu, en effe
613 et, à mesure que j’avançais dans mon travail, que la figure de Nicolas de Flue pouvait revêtir pour les Suisses d’aujourd’
614 re que j’avançais dans mon travail, que la figure de Nicolas de Flue pouvait revêtir pour les Suisses d’aujourd’hui, et po
615 la figure de Nicolas de Flue pouvait revêtir pour les Suisses d’aujourd’hui, et pour les protestants précisément, une signi
616 Nicolas de Flue pouvait revêtir pour les Suisses d’ aujourd’hui, et pour les protestants précisément, une signification pe
617 t revêtir pour les Suisses d’aujourd’hui, et pour les protestants précisément, une signification peut-être toute nouvelle.
618 nt, une signification peut-être toute nouvelle. La vie de Nicolas Quel fut cet homme, en vérité ? Et peut-on le compr
619 signification peut-être toute nouvelle. La vie de Nicolas Quel fut cet homme, en vérité ? Et peut-on le comprendre,
620 las Quel fut cet homme, en vérité ? Et peut-on le comprendre, hors de son temps ? Il naquit à l’époque du concile de Co
621 on le comprendre, hors de son temps ? Il naquit à l’ époque du concile de Constance, et mourut à la fin du xve siècle. Son
622 rs de son temps ? Il naquit à l’époque du concile de Constance, et mourut à la fin du xve siècle. Son existence coïncide
623 t à l’époque du concile de Constance, et mourut à la fin du xve siècle. Son existence coïncide donc exactement avec la de
624 coïncide donc exactement avec la dernière période d’ unité de l’Église occidentale. Le concile de Constance venait de mettr
625 donc exactement avec la dernière période d’unité de l’Église occidentale. Le concile de Constance venait de mettre fin au
626 nc exactement avec la dernière période d’unité de l’ Église occidentale. Le concile de Constance venait de mettre fin au Gr
627 dernière période d’unité de l’Église occidentale. Le concile de Constance venait de mettre fin au Grand Schisme de la cath
628 riode d’unité de l’Église occidentale. Le concile de Constance venait de mettre fin au Grand Schisme de la catholicité. Au
629 e Constance venait de mettre fin au Grand Schisme de la catholicité. Au pape d’Avignon, au pape de Rome, à l’antipape qu’o
630 onstance venait de mettre fin au Grand Schisme de la catholicité. Au pape d’Avignon, au pape de Rome, à l’antipape qu’on a
631 e fin au Grand Schisme de la catholicité. Au pape d’ Avignon, au pape de Rome, à l’antipape qu’on avait tenté de leur oppos
632 sme de la catholicité. Au pape d’Avignon, au pape de Rome, à l’antipape qu’on avait tenté de leur opposer — et tous les tr
633 atholicité. Au pape d’Avignon, au pape de Rome, à l’ antipape qu’on avait tenté de leur opposer — et tous les trois s’excom
634 , au pape de Rome, à l’antipape qu’on avait tenté de leur opposer — et tous les trois s’excommuniaient réciproquement, ain
635 ipape qu’on avait tenté de leur opposer — et tous les trois s’excommuniaient réciproquement, ainsi que leurs fidèles, en so
636 ment, ainsi que leurs fidèles, en sorte que toute la chrétienté se vit alors frappée d’anathème ! — le concile avait subst
637 orte que toute la chrétienté se vit alors frappée d’ anathème ! — le concile avait substitué un pontife unique et romain. O
638 la chrétienté se vit alors frappée d’anathème ! —  le concile avait substitué un pontife unique et romain. On avait condamn
639 damné Jean Huss, le premier qui eût osé proclamer la nécessité d’une réforme. On l’avait fait monter sur le bûcher au mépr
640 ss, le premier qui eût osé proclamer la nécessité d’ une réforme. On l’avait fait monter sur le bûcher au mépris de la paro
641 eût osé proclamer la nécessité d’une réforme. On l’ avait fait monter sur le bûcher au mépris de la parole donnée. Il semb
642 cessité d’une réforme. On l’avait fait monter sur le bûcher au mépris de la parole donnée. Il semblait que la chrétienté s
643 e. On l’avait fait monter sur le bûcher au mépris de la parole donnée. Il semblait que la chrétienté se regroupait, non sa
644 On l’avait fait monter sur le bûcher au mépris de la parole donnée. Il semblait que la chrétienté se regroupait, non sans
645 er au mépris de la parole donnée. Il semblait que la chrétienté se regroupait, non sans résignation, autour du siège de Sa
646 regroupait, non sans résignation, autour du siège de Saint-Pierre raffermi dans sa Primauté. Mais une discipline extérieur
647 une discipline extérieure ne pouvait pas tromper les âmes. Et la vie même de Nicolas de Flue nous en donne une preuve édif
648 ne extérieure ne pouvait pas tromper les âmes. Et la vie même de Nicolas de Flue nous en donne une preuve édifiante. Dès s
649 e ne pouvait pas tromper les âmes. Et la vie même de Nicolas de Flue nous en donne une preuve édifiante. Dès son enfance,
650 donne une preuve édifiante. Dès son enfance, nous le voyons s’astreindre aux « œuvres » de la religion qui est alors celle
651 fance, nous le voyons s’astreindre aux « œuvres » de la religion qui est alors celle de tous — mais avec une conscience bi
652 ce, nous le voyons s’astreindre aux « œuvres » de la religion qui est alors celle de tous — mais avec une conscience bizar
653 aux « œuvres » de la religion qui est alors celle de tous — mais avec une conscience bizarrement scrupuleuse. Il ne prend
654 rement scrupuleuse. Il ne prend aucune nourriture le vendredi, et peu à peu s’exerce à jeûner également d’autres jours. Sa
655 utres jours. Sa piété précoce et frappante paraît le désigner pour la prêtrise ou pour les ordres. Mais non, parvenu à l’â
656 iété précoce et frappante paraît le désigner pour la prêtrise ou pour les ordres. Mais non, parvenu à l’âge d’homme, il s’
657 pante paraît le désigner pour la prêtrise ou pour les ordres. Mais non, parvenu à l’âge d’homme, il s’engage dans les bande
658 prêtrise ou pour les ordres. Mais non, parvenu à l’ âge d’homme, il s’engage dans les bandes armées qui guerroyaient alors
659 ise ou pour les ordres. Mais non, parvenu à l’âge d’ homme, il s’engage dans les bandes armées qui guerroyaient alors contr
660 is non, parvenu à l’âge d’homme, il s’engage dans les bandes armées qui guerroyaient alors contre les seigneurs autrichiens
661 s les bandes armées qui guerroyaient alors contre les seigneurs autrichiens, et devient bientôt Rottmeister, c’est-à-dire q
662 hose comme capitaine. Puis, sans doute écœuré par la brutalité et l’inutilité croissante des expéditions auxquelles on lui
663 aine. Puis, sans doute écœuré par la brutalité et l’ inutilité croissante des expéditions auxquelles on lui fait prendre pa
664 il se retire dans son canton natal pour y exercer les fonctions patriarcales de juge de paix, tout en cultivant son domaine
665 n natal pour y exercer les fonctions patriarcales de juge de paix, tout en cultivant son domaine. Un beau jour, certaine i
666 ice flagrante commise par ses collègues, au cours d’ un procès, le décide à déposer sa charge et à se retirer dans sa famil
667 commise par ses collègues, au cours d’un procès, le décide à déposer sa charge et à se retirer dans sa famille. C’est le
668 retirer dans sa famille. C’est le deuxième temps de cette espèce de retraite concentrique — vers lui-même — qui est la fo
669 famille. C’est le deuxième temps de cette espèce de retraite concentrique — vers lui-même — qui est la forme de sa destin
670 e retraite concentrique — vers lui-même — qui est la forme de sa destinée. Notons que ce capitaine, puis ce juge, puis ce
671 e concentrique — vers lui-même — qui est la forme de sa destinée. Notons que ce capitaine, puis ce juge, puis ce père de f
672 tons que ce capitaine, puis ce juge, puis ce père de famille — il aura dix enfants — n’est pas un type exceptionnel parmi
673 ix enfants — n’est pas un type exceptionnel parmi les vieux confédérés, sinon par la rigueur inusitée de sa conscience. C’e
674 xceptionnel parmi les vieux confédérés, sinon par la rigueur inusitée de sa conscience. C’est un citoyen de bon sens et de
675 s vieux confédérés, sinon par la rigueur inusitée de sa conscience. C’est un citoyen de bon sens et de bon conseil, un sol
676 gueur inusitée de sa conscience. C’est un citoyen de bon sens et de bon conseil, un solide paysan, les deux pieds sur la t
677 de sa conscience. C’est un citoyen de bon sens et de bon conseil, un solide paysan, les deux pieds sur la terre, et non pa
678 de bon sens et de bon conseil, un solide paysan, les deux pieds sur la terre, et non pas un sectaire ou un illuminé auquel
679 bon conseil, un solide paysan, les deux pieds sur la terre, et non pas un sectaire ou un illuminé auquel des ouvrages pieu
680 lluminé auquel des ouvrages pieux auraient tourné la tête. (Il ne sait ni lire ni écrire.) Mais sous cet extérieur équilib
681 re.) Mais sous cet extérieur équilibré, et malgré l’ apaisement que devraient lui donner les pratiques d’une extrême dévoti
682 , et malgré l’apaisement que devraient lui donner les pratiques d’une extrême dévotion, ses proches ont bien senti le drame
683 apaisement que devraient lui donner les pratiques d’ une extrême dévotion, ses proches ont bien senti le drame intime, long
684 ’une extrême dévotion, ses proches ont bien senti le drame intime, longuement couvé et mûri. Sans doute a-t-il eu des visi
685 des visions, peut-être a-t-il manqué sa vocation de prêtre, — déçu par les exemples qu’il avait sous les yeux. Peut-être
686 e a-t-il manqué sa vocation de prêtre, — déçu par les exemples qu’il avait sous les yeux. Peut-être aussi rêve-t-il comme t
687 prêtre, — déçu par les exemples qu’il avait sous les yeux. Peut-être aussi rêve-t-il comme tout son siècle, et sans le sav
688 re aussi rêve-t-il comme tout son siècle, et sans le savoir, d’une piété plus intérieure, d’un contact plus direct, plus c
689 ve-t-il comme tout son siècle, et sans le savoir, d’ une piété plus intérieure, d’un contact plus direct, plus confiant ave
690 , et sans le savoir, d’une piété plus intérieure, d’ un contact plus direct, plus confiant avec Dieu… À cinquante ans, il n
691 n’y résiste plus : sa vocation profonde triomphe de tous ses doutes, et même de ses devoirs et attachements humains. Quel
692 ion profonde triomphe de tous ses doutes, et même de ses devoirs et attachements humains. Quelle vocation ? Celle des « fr
693 Celle des « frères mendiants » qui s’en vont sur les routes, au hasard, abandonnés au souffle de l’Esprit. Il fait part à
694 sur les routes, au hasard, abandonnés au souffle de l’Esprit. Il fait part à sa femme de cette terrible décision, et elle
695 r les routes, au hasard, abandonnés au souffle de l’ Esprit. Il fait part à sa femme de cette terrible décision, et elle l’
696 s au souffle de l’Esprit. Il fait part à sa femme de cette terrible décision, et elle l’accepte au terme d’une lutte héroï
697 rt à sa femme de cette terrible décision, et elle l’ accepte au terme d’une lutte héroïque avec elle-même. Alors commence l
698 tte terrible décision, et elle l’accepte au terme d’ une lutte héroïque avec elle-même. Alors commence la vie de solitude e
699 une lutte héroïque avec elle-même. Alors commence la vie de solitude et d’oraison que toute l’évolution intérieure de Nico
700 te héroïque avec elle-même. Alors commence la vie de solitude et d’oraison que toute l’évolution intérieure de Nicolas sem
701 c elle-même. Alors commence la vie de solitude et d’ oraison que toute l’évolution intérieure de Nicolas semblait appeler c
702 ommence la vie de solitude et d’oraison que toute l’ évolution intérieure de Nicolas semblait appeler comme une fin obscure
703 ude et d’oraison que toute l’évolution intérieure de Nicolas semblait appeler comme une fin obscure et pourtant obsédante.
704 une fin obscure et pourtant obsédante. Vie libre d’ un laïque chrétien, hors de tout ordre monastique, hors du clergé cons
705 monastique, hors du clergé constitué. À une heure de chez lui, dans la gorge du Ranft, il se construit une cellule, auprès
706 u clergé constitué. À une heure de chez lui, dans la gorge du Ranft, il se construit une cellule, auprès d’une minuscule c
707 rge du Ranft, il se construit une cellule, auprès d’ une minuscule chapelle. Et le miracle, préparé dès son enfance, se réa
708 une cellule, auprès d’une minuscule chapelle. Et le miracle, préparé dès son enfance, se réalise : Nicolas s’aperçoit sou
709 : Nicolas s’aperçoit soudain qu’il peut se passer de manger ! Une fois par semaine il s’en va communier dans un des villag
710 e sa nourriture. Car n’est-il pas écrit, comme il le répétera souvent : « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de to
711 st-il pas écrit, comme il le répétera souvent : «  L’ homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de l
712 mme il le répétera souvent : « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de mon Pèr
713 nt : « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de mon Père »… Ni les espions plac
714 de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de mon Père »… Ni les espions placés autour de l’ermitage p
715 pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de mon Père »… Ni les espions placés autour de l’ermitage par
716 ement, mais de toute parole qui sort de la bouche de mon Père »… Ni les espions placés autour de l’ermitage par des autori
717 te parole qui sort de la bouche de mon Père »… Ni les espions placés autour de l’ermitage par des autorités fort soupçonneu
718 he de mon Père »… Ni les espions placés autour de l’ ermitage par des autorités fort soupçonneuses, ni les envoyés de l’évê
719 ermitage par des autorités fort soupçonneuses, ni les envoyés de l’évêque n’ont jamais pu prendre en défaut le « Frère Clau
720 des autorités fort soupçonneuses, ni les envoyés de l’évêque n’ont jamais pu prendre en défaut le « Frère Claus » — ainsi
721 s autorités fort soupçonneuses, ni les envoyés de l’ évêque n’ont jamais pu prendre en défaut le « Frère Claus » — ainsi qu
722 yés de l’évêque n’ont jamais pu prendre en défaut le « Frère Claus » — ainsi qu’on l’appelle désormais. Et sa légende se r
723 rendre en défaut le « Frère Claus » — ainsi qu’on l’ appelle désormais. Et sa légende se répand, en Suisse d’abord, puis bi
724 en Suisse d’abord, puis bien au-delà. Peu à peu, les pèlerins deviennent plus fréquents, qui montent au Ranft pour voir l’
725 nt plus fréquents, qui montent au Ranft pour voir l’ ermite fameux. Les uns poussés par la curiosité, les autres par le gra
726 , qui montent au Ranft pour voir l’ermite fameux. Les uns poussés par la curiosité, les autres par le grand désir de recevo
727 ft pour voir l’ermite fameux. Les uns poussés par la curiosité, les autres par le grand désir de recevoir une parole simpl
728 ’ermite fameux. Les uns poussés par la curiosité, les autres par le grand désir de recevoir une parole simple et forte, un
729 Les uns poussés par la curiosité, les autres par le grand désir de recevoir une parole simple et forte, un conseil, une r
730 s par la curiosité, les autres par le grand désir de recevoir une parole simple et forte, un conseil, une révélation. (Bea
731 onseil, une révélation. (Beaucoup nous ont laissé la relation de leur visite : unanimes dans l’admiration devant cet « hom
732 révélation. (Beaucoup nous ont laissé la relation de leur visite : unanimes dans l’admiration devant cet « homme de Dieu »
733 laissé la relation de leur visite : unanimes dans l’ admiration devant cet « homme de Dieu » fruste et biblique.) Il n’est
734 e : unanimes dans l’admiration devant cet « homme de Dieu » fruste et biblique.) Il n’est pas jusqu’aux princes des contré
735 lèguent auprès du Frère Claus des envoyés chargés d’ obtenir son appui : car son conseil est si puissant parmi les Suisses
736 son appui : car son conseil est si puissant parmi les Suisses qu’on a coutume de s’adresser d’abord à lui lorsqu’il faut né
737 est si puissant parmi les Suisses qu’on a coutume de s’adresser d’abord à lui lorsqu’il faut négocier un traité. C’est ain
738 orsqu’il faut négocier un traité. C’est ainsi que le solitaire conseille aux Suisses de se montrer prudents dans l’affaire
739 ’est ainsi que le solitaire conseille aux Suisses de se montrer prudents dans l’affaire de Bourgogne, où l’Autriche et la
740 conseille aux Suisses de se montrer prudents dans l’ affaire de Bourgogne, où l’Autriche et la France complotent de les pré
741 aux Suisses de se montrer prudents dans l’affaire de Bourgogne, où l’Autriche et la France complotent de les précipiter. I
742 montrer prudents dans l’affaire de Bourgogne, où l’ Autriche et la France complotent de les précipiter. Il voit trop bien
743 nts dans l’affaire de Bourgogne, où l’Autriche et la France complotent de les précipiter. Il voit trop bien à quels danger
744 Bourgogne, où l’Autriche et la France complotent de les précipiter. Il voit trop bien à quels dangers leur victoire même
745 urgogne, où l’Autriche et la France complotent de les précipiter. Il voit trop bien à quels dangers leur victoire même les
746 voit trop bien à quels dangers leur victoire même les exposera : s’ils font la guerre pour s’enrichir, et s’ils apprennent
747 gers leur victoire même les exposera : s’ils font la guerre pour s’enrichir, et s’ils apprennent le prix de l’or, c’en ser
748 nt la guerre pour s’enrichir, et s’ils apprennent le prix de l’or, c’en sera fait de leur union patriarcale. Mais la tenta
749 erre pour s’enrichir, et s’ils apprennent le prix de l’or, c’en sera fait de leur union patriarcale. Mais la tentation est
750 e pour s’enrichir, et s’ils apprennent le prix de l’ or, c’en sera fait de leur union patriarcale. Mais la tentation est tr
751 s’ils apprennent le prix de l’or, c’en sera fait de leur union patriarcale. Mais la tentation est trop forte. Les Suisses
752 r, c’en sera fait de leur union patriarcale. Mais la tentation est trop forte. Les Suisses passent outre aux avis de l’erm
753 on patriarcale. Mais la tentation est trop forte. Les Suisses passent outre aux avis de l’ermite, et toutes ses prédictions
754 st trop forte. Les Suisses passent outre aux avis de l’ermite, et toutes ses prédictions se réalisent : victoires, pillage
755 trop forte. Les Suisses passent outre aux avis de l’ ermite, et toutes ses prédictions se réalisent : victoires, pillage, f
756 édictions se réalisent : victoires, pillage, flot d’ or, et disputes sanglantes à propos du partage. Les choses s’envenimen
757 d’or, et disputes sanglantes à propos du partage. Les choses s’enveniment à tel point qu’en l’année 1486, quinze assemblées
758 artage. Les choses s’enveniment à tel point qu’en l’ année 1486, quinze assemblées de la Diète des cantons n’ont pas suffi
759 à tel point qu’en l’année 1486, quinze assemblées de la Diète des cantons n’ont pas suffi pour rétablir l’union. C’est alo
760 el point qu’en l’année 1486, quinze assemblées de la Diète des cantons n’ont pas suffi pour rétablir l’union. C’est alors
761 a Diète des cantons n’ont pas suffi pour rétablir l’ union. C’est alors que se placent les événements dont nous parlaient n
762 pour rétablir l’union. C’est alors que se placent les événements dont nous parlaient nos manuels. Une dernière Diète se réu
763 nit à Stans. Tout accord se révèle impossible, et les députés se séparent sur une menace de guerre civile entre cités et pe
764 ssible, et les députés se séparent sur une menace de guerre civile entre cités et petits cantons. Mais voici l’heure de Ni
765 civile entre cités et petits cantons. Mais voici l’ heure de Nicolas, l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses
766 entre cités et petits cantons. Mais voici l’heure de Nicolas, l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses retrait
767 et petits cantons. Mais voici l’heure de Nicolas, l’ heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses retraites successiv
768 à sa vie et à ses retraites successives. Pendant la nuit, le curé de Stans monte au Ranft, et il adjure le solitaire de t
769 et à ses retraites successives. Pendant la nuit, le curé de Stans monte au Ranft, et il adjure le solitaire de tenter un
770 s retraites successives. Pendant la nuit, le curé de Stans monte au Ranft, et il adjure le solitaire de tenter un dernier
771 it, le curé de Stans monte au Ranft, et il adjure le solitaire de tenter un dernier effort. On ne sait pas — on ne saura j
772 e Stans monte au Ranft, et il adjure le solitaire de tenter un dernier effort. On ne sait pas — on ne saura jamais — de qu
773 ier effort. On ne sait pas — on ne saura jamais — de quel message Nicolas l’a chargé. Ce que l’on sait, par ce qu’attesten
774 as — on ne saura jamais — de quel message Nicolas l’ a chargé. Ce que l’on sait, par ce qu’attestent les documents les plus
775 mais — de quel message Nicolas l’a chargé. Ce que l’ on sait, par ce qu’attestent les documents les plus formels, c’est qu’
776 l’a chargé. Ce que l’on sait, par ce qu’attestent les documents les plus formels, c’est qu’à l’aube, le curé redescendu à S
777 que l’on sait, par ce qu’attestent les documents les plus formels, c’est qu’à l’aube, le curé redescendu à Stans parvint à
778 estent les documents les plus formels, c’est qu’à l’ aube, le curé redescendu à Stans parvint à réunir les députés, et leur
779 es documents les plus formels, c’est qu’à l’aube, le curé redescendu à Stans parvint à réunir les députés, et leur transmi
780 aube, le curé redescendu à Stans parvint à réunir les députés, et leur transmit dans une séance secrète les conseils de Nic
781 députés, et leur transmit dans une séance secrète les conseils de Nicolas. Miracle ? Ou résultat d’une combinaison particul
782 eur transmit dans une séance secrète les conseils de Nicolas. Miracle ? Ou résultat d’une combinaison particulièrement « p
783 te les conseils de Nicolas. Miracle ? Ou résultat d’ une combinaison particulièrement « politique » dont l’ermite eût donné
784 e combinaison particulièrement « politique » dont l’ ermite eût donné l’idée ? Il me paraît probable que l’autorité de Nico
785 culièrement « politique » dont l’ermite eût donné l’ idée ? Il me paraît probable que l’autorité de Nicolas sur ses compatr
786 mite eût donné l’idée ? Il me paraît probable que l’ autorité de Nicolas sur ses compatriotes suffit à calmer les esprits e
787 nné l’idée ? Il me paraît probable que l’autorité de Nicolas sur ses compatriotes suffit à calmer les esprits et à permett
788 é de Nicolas sur ses compatriotes suffit à calmer les esprits et à permettre une délibération assez sérieuse pour que des c
789 utuelles parussent possibles. Quoi qu’il en soit, la Diète proclama que si la paix avait été sauvée, et avec elle le sort
790 les. Quoi qu’il en soit, la Diète proclama que si la paix avait été sauvée, et avec elle le sort de la fédération, on le d
791 ama que si la paix avait été sauvée, et avec elle le sort de la fédération, on le devait par-dessus tout à l’action de l’e
792 si la paix avait été sauvée, et avec elle le sort de la fédération, on le devait par-dessus tout à l’action de l’ermite du
793 la paix avait été sauvée, et avec elle le sort de la fédération, on le devait par-dessus tout à l’action de l’ermite du Ra
794 sauvée, et avec elle le sort de la fédération, on le devait par-dessus tout à l’action de l’ermite du Ranft. (Remarquons à
795 de la fédération, on le devait par-dessus tout à l’ action de l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule chos
796 dération, on le devait par-dessus tout à l’action de l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule chose que tou
797 ation, on le devait par-dessus tout à l’action de l’ ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule chose que tout l
798 de l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule chose que tout le monde sache de Nicolas, est en réalité la seu
799 propos que la seule chose que tout le monde sache de Nicolas, est en réalité la seule qu’il n’ait pas faite : sa venue en
800 ue tout le monde sache de Nicolas, est en réalité la seule qu’il n’ait pas faite : sa venue en personne à la Diète, et le
801 le qu’il n’ait pas faite : sa venue en personne à la Diète, et le discours qu’il y aurait prononcé !) La piété du Frère
802 t pas faite : sa venue en personne à la Diète, et le discours qu’il y aurait prononcé !) La piété du Frère Claus Ce
803 ète, et le discours qu’il y aurait prononcé !) La piété du Frère Claus Ce résumé d’une existence peut suffire à nous
804 ononcé !) La piété du Frère Claus Ce résumé d’ une existence peut suffire à nous étonner, peut-être même à nous faire
805 peut-être même à nous faire partager cette espèce de vénération que lui vouèrent les hommes du xve siècle. Mais on peut c
806 tager cette espèce de vénération que lui vouèrent les hommes du xve siècle. Mais on peut craindre aussi que l’essentiel de
807 s du xve siècle. Mais on peut craindre aussi que l’ essentiel de la personne nous échappe, si nous nous limitons au savoir
808 ècle. Mais on peut craindre aussi que l’essentiel de la personne nous échappe, si nous nous limitons au savoir historique.
809 e. Mais on peut craindre aussi que l’essentiel de la personne nous échappe, si nous nous limitons au savoir historique. J’
810 storique. J’entends qu’il est très difficile, sur les documents qui nous restent, de nous faire une idée, et mieux : un sen
811 ès difficile, sur les documents qui nous restent, de nous faire une idée, et mieux : un sentiment, de la foi du « pieux ho
812 de nous faire une idée, et mieux : un sentiment, de la foi du « pieux homme frère Claus ». Nous en sommes forcément rédui
813 nous faire une idée, et mieux : un sentiment, de la foi du « pieux homme frère Claus ». Nous en sommes forcément réduits
814 approches tâtonnantes. Pour ma part, je tenterai de distinguer dans la vie religieuse de Nicolas trois tendances ou trois
815 tes. Pour ma part, je tenterai de distinguer dans la vie religieuse de Nicolas trois tendances ou trois courants qui perme
816 je tenterai de distinguer dans la vie religieuse de Nicolas trois tendances ou trois courants qui permettront peut-être d
817 ances ou trois courants qui permettront peut-être de mieux situer cet homme par rapport à son temps tout d’abord, mais aus
818 tout d’abord, mais aussi par rapport à notre foi. La tendance la plus apparente est celle que les catholiques mettent surt
819 , mais aussi par rapport à notre foi. La tendance la plus apparente est celle que les catholiques mettent surtout en valeu
820 foi. La tendance la plus apparente est celle que les catholiques mettent surtout en valeur de nos jours : la dévotion au S
821 lle que les catholiques mettent surtout en valeur de nos jours : la dévotion au Saint-Sacrement, à la Vierge et aux saints
822 holiques mettent surtout en valeur de nos jours : la dévotion au Saint-Sacrement, à la Vierge et aux saints, l’ascétisme,
823 de nos jours : la dévotion au Saint-Sacrement, à la Vierge et aux saints, l’ascétisme, les visions, les pratiques de piét
824 on au Saint-Sacrement, à la Vierge et aux saints, l’ ascétisme, les visions, les pratiques de piété. Beaucoup de documents
825 acrement, à la Vierge et aux saints, l’ascétisme, les visions, les pratiques de piété. Beaucoup de documents indiscutables
826 a Vierge et aux saints, l’ascétisme, les visions, les pratiques de piété. Beaucoup de documents indiscutables nous obligent
827 x saints, l’ascétisme, les visions, les pratiques de piété. Beaucoup de documents indiscutables nous obligent à prendre au
828 e au sérieux cet aspect proprement « catholique » de la religion du Bienheureux. Toutefois, je ne puis me persuader qu’il
829 u sérieux cet aspect proprement « catholique » de la religion du Bienheureux. Toutefois, je ne puis me persuader qu’il ait
830 e persuader qu’il ait été décisif dans sa vie. Si l’ on considère d’une part la sainteté des œuvres qu’il pratique et d’aut
831 décisif dans sa vie. Si l’on considère d’une part la sainteté des œuvres qu’il pratique et d’autre part les troubles de co
832 ainteté des œuvres qu’il pratique et d’autre part les troubles de conscience qui ne cessent de l’assiéger, comment ne point
833 uvres qu’il pratique et d’autre part les troubles de conscience qui ne cessent de l’assiéger, comment ne point songer à la
834 re part les troubles de conscience qui ne cessent de l’assiéger, comment ne point songer à la piété du jeune Luther, et à
835 part les troubles de conscience qui ne cessent de l’ assiéger, comment ne point songer à la piété du jeune Luther, et à ce
836 cessent de l’assiéger, comment ne point songer à la piété du jeune Luther, et à ce drame de Wittemberg dont la Réforme de
837 songer à la piété du jeune Luther, et à ce drame de Wittemberg dont la Réforme devait sortir ? Rappelez-vous le moine aug
838 du jeune Luther, et à ce drame de Wittemberg dont la Réforme devait sortir ? Rappelez-vous le moine augustin qui multiplia
839 erg dont la Réforme devait sortir ? Rappelez-vous le moine augustin qui multipliait, lui aussi, les pratiques les plus scr
840 ous le moine augustin qui multipliait, lui aussi, les pratiques les plus scrupuleuses : comme Nicolas, il espérait, de tout
841 ugustin qui multipliait, lui aussi, les pratiques les plus scrupuleuses : comme Nicolas, il espérait, de toute son âme, s’a
842 s plus scrupuleuses : comme Nicolas, il espérait, de toute son âme, s’acquérir la sainteté par les voies qu’ordonnait l’Ég
843 icolas, il espérait, de toute son âme, s’acquérir la sainteté par les voies qu’ordonnait l’Église ; mais loin d’y trouver
844 ait, de toute son âme, s’acquérir la sainteté par les voies qu’ordonnait l’Église ; mais loin d’y trouver l’apaisement, il
845 s’acquérir la sainteté par les voies qu’ordonnait l’ Église ; mais loin d’y trouver l’apaisement, il sentait croître en lui
846 é par les voies qu’ordonnait l’Église ; mais loin d’ y trouver l’apaisement, il sentait croître en lui l’inquiétude du salu
847 ies qu’ordonnait l’Église ; mais loin d’y trouver l’ apaisement, il sentait croître en lui l’inquiétude du salut. J’ai été
848 y trouver l’apaisement, il sentait croître en lui l’ inquiétude du salut. J’ai été attaché avec zèle aux lois papistes aut
849 aux lois papistes autant que n’importe qui, et je les ai défendues avec grand sérieux comme saintes et nécessaires au salut
850 comme saintes et nécessaires au salut. Avec tout le soin dont j’étais capable, je me suis efforcé de les observer par le
851 le soin dont j’étais capable, je me suis efforcé de les observer par le jeûne, les veilles, les oraisons et autres exerci
852 soin dont j’étais capable, je me suis efforcé de les observer par le jeûne, les veilles, les oraisons et autres exercices,
853 s capable, je me suis efforcé de les observer par le jeûne, les veilles, les oraisons et autres exercices, en macérant mon
854 je me suis efforcé de les observer par le jeûne, les veilles, les oraisons et autres exercices, en macérant mon corps plus
855 fforcé de les observer par le jeûne, les veilles, les oraisons et autres exercices, en macérant mon corps plus que tous ceu
856 ourd’hui me persécutent, parce que je leur enlève la gloire de se justifier… J’imposais à mon corps plus d’efforts qu’il n
857 e persécutent, parce que je leur enlève la gloire de se justifier… J’imposais à mon corps plus d’efforts qu’il n’en pouvai
858 oire de se justifier… J’imposais à mon corps plus d’ efforts qu’il n’en pouvait fournir sans danger pour la santé… Tout ce
859 forts qu’il n’en pouvait fournir sans danger pour la santé… Tout ce que je faisais, je le faisais en toute simplicité, par
860 danger pour la santé… Tout ce que je faisais, je le faisais en toute simplicité, par pur zèle et pour la gloire de Dieu.
861 faisais en toute simplicité, par pur zèle et pour la gloire de Dieu. Toute ma vie n’était que jeûnes, veilles, oraisons, s
862 toute simplicité, par pur zèle et pour la gloire de Dieu. Toute ma vie n’était que jeûnes, veilles, oraisons, sueurs…  E
863 t il pourrait se rendre Dieu favorable. Sur quoi les critiques catholiques modernes reprochent à Luther d’avoir « manqué d
864 ritiques catholiques modernes reprochent à Luther d’ avoir « manqué de discrétion » dans ses pratiques. Mais ce reproche n’
865 ues modernes reprochent à Luther d’avoir « manqué de discrétion » dans ses pratiques. Mais ce reproche n’atteindrait-il pa
866 as davantage un Nicolas de Flue, jeûnant plus que de raison dès son enfance, et au-delà de toute « discrétion » imaginable
867 nt plus que de raison dès son enfance, et au-delà de toute « discrétion » imaginable pendant ses vingt dernières années ?
868 ne puis qu’esquisser, nous mettrait-il en mesure de deviner la raison spirituelle des inquiétudes que nourrit Nicolas jus
869 ’esquisser, nous mettrait-il en mesure de deviner la raison spirituelle des inquiétudes que nourrit Nicolas jusqu’à sa cin
870 ? Toutes proportions gardées, il me paraît licite de voir dans le cas du paysan, illettré et simple fidèle, une sorte de p
871 ortions gardées, il me paraît licite de voir dans le cas du paysan, illettré et simple fidèle, une sorte de préfiguration
872 s du paysan, illettré et simple fidèle, une sorte de préfiguration du drame qui se jouera un peu plus tard dans la conscie
873 tion du drame qui se jouera un peu plus tard dans la conscience infiniment plus avertie et plus « théologique » du Docteur
874 Docteur augustin. Ce serait ainsi par son aspect le plus catholique que nous pourrions précisément saisir, dans la piété
875 lique que nous pourrions précisément saisir, dans la piété de Nicolas, les éléments sinon « protestants » du moins pré-réf
876 nous pourrions précisément saisir, dans la piété de Nicolas, les éléments sinon « protestants » du moins pré-réformés qui
877 ons précisément saisir, dans la piété de Nicolas, les éléments sinon « protestants » du moins pré-réformés qui, nous le ver
878 n « protestants » du moins pré-réformés qui, nous le verrons plus loin, furent si nettement perçus par ses après-venants.
879 ent perçus par ses après-venants. On serait tenté de chercher ailleurs, à un niveau plus apparent, les manifestations de l
880 de chercher ailleurs, à un niveau plus apparent, les manifestations de la tendance pré-réformée chez l’ermite. Les auteurs
881 rs, à un niveau plus apparent, les manifestations de la tendance pré-réformée chez l’ermite. Les auteurs catholiques eux-m
882 à un niveau plus apparent, les manifestations de la tendance pré-réformée chez l’ermite. Les auteurs catholiques eux-même
883 s manifestations de la tendance pré-réformée chez l’ ermite. Les auteurs catholiques eux-mêmes indiquent en passant qu’il s
884 ations de la tendance pré-réformée chez l’ermite. Les auteurs catholiques eux-mêmes indiquent en passant qu’il se montrait
885 n passant qu’il se montrait des plus sévères pour les abus et les trahisons du clergé de son siècle. On cite les répliques
886 ’il se montrait des plus sévères pour les abus et les trahisons du clergé de son siècle. On cite les répliques assez dures
887 sévères pour les abus et les trahisons du clergé de son siècle. On cite les répliques assez dures dont il gratifia plus d
888 et les trahisons du clergé de son siècle. On cite les répliques assez dures dont il gratifia plus d’un évêque ou supérieur
889 e les répliques assez dures dont il gratifia plus d’ un évêque ou supérieur de couvent venu le voir par curiosité. Mais cet
890 es dont il gratifia plus d’un évêque ou supérieur de couvent venu le voir par curiosité. Mais cet anticléricalisme et ce d
891 fia plus d’un évêque ou supérieur de couvent venu le voir par curiosité. Mais cet anticléricalisme et ce désir de réformer
892 curiosité. Mais cet anticléricalisme et ce désir de réformer les mœurs ecclésiastiques sont choses si courantes au Moyen
893 Mais cet anticléricalisme et ce désir de réformer les mœurs ecclésiastiques sont choses si courantes au Moyen Âge qu’il ser
894 si courantes au Moyen Âge qu’il serait imprudent d’ y chercher un trait spécifique de la spiritualité de Nicolas. Un Franç
895 serait imprudent d’y chercher un trait spécifique de la spiritualité de Nicolas. Un François d’Assise, une Catherine de Si
896 ait imprudent d’y chercher un trait spécifique de la spiritualité de Nicolas. Un François d’Assise, une Catherine de Sienn
897 y chercher un trait spécifique de la spiritualité de Nicolas. Un François d’Assise, une Catherine de Sienne, un Gerson, un
898 aient avant Jean Huss, avant Wiclef, élevé contre la corruption de Rome et du clergé des protestations autrement violentes
899 an Huss, avant Wiclef, élevé contre la corruption de Rome et du clergé des protestations autrement violentes. Quant à la v
900 gé des protestations autrement violentes. Quant à la volonté de vivre en dehors des cadres de l’Église, volonté que Nicola
901 estations autrement violentes. Quant à la volonté de vivre en dehors des cadres de l’Église, volonté que Nicolas a toujour
902 Quant à la volonté de vivre en dehors des cadres de l’Église, volonté que Nicolas a toujours affirmée, non seulement en r
903 ant à la volonté de vivre en dehors des cadres de l’ Église, volonté que Nicolas a toujours affirmée, non seulement en refu
904 as a toujours affirmée, non seulement en refusant de devenir prêtre, mais surtout en cherchant son salut dans une solitude
905 ut dans une solitude érémitique d’ailleurs pleine d’ activité autant que de contemplation3, je pense qu’il faut la rattache
906 rémitique d’ailleurs pleine d’activité autant que de contemplation3, je pense qu’il faut la rattacher surtout à une troisi
907 autant que de contemplation3, je pense qu’il faut la rattacher surtout à une troisième tendance, la plus importante à mes
908 ut la rattacher surtout à une troisième tendance, la plus importante à mes yeux, celle de la mystique germanique. Nous sav
909 me tendance, la plus importante à mes yeux, celle de la mystique germanique. Nous savons que par sa mère et par certains a
910 tendance, la plus importante à mes yeux, celle de la mystique germanique. Nous savons que par sa mère et par certains amis
911 Nous savons que par sa mère et par certains amis de celle-ci, tel le curé Matthias Hattinger, le jeune Nicolas avait subi
912 par sa mère et par certains amis de celle-ci, tel le curé Matthias Hattinger, le jeune Nicolas avait subi l’influence très
913 amis de celle-ci, tel le curé Matthias Hattinger, le jeune Nicolas avait subi l’influence très profonde du mouvement des «
914 é Matthias Hattinger, le jeune Nicolas avait subi l’ influence très profonde du mouvement des « Amis de Dieu ». Initié en A
915 l’influence très profonde du mouvement des « Amis de Dieu ». Initié en Alsace par le marchand Rulman Merswin, au xive siè
916 vement des « Amis de Dieu ». Initié en Alsace par le marchand Rulman Merswin, au xive siècle, ce mouvement plus ou moins
917 mouvement plus ou moins hérétique n’est pas sans d’ intimes relations avec les doctrines mystiques de Suso et de Tauler, e
918 hérétique n’est pas sans d’intimes relations avec les doctrines mystiques de Suso et de Tauler, et par eux, de Maître Eckha
919 d’intimes relations avec les doctrines mystiques de Suso et de Tauler, et par eux, de Maître Eckhart. On sait que Luther,
920 relations avec les doctrines mystiques de Suso et de Tauler, et par eux, de Maître Eckhart. On sait que Luther, de son côt
921 rines mystiques de Suso et de Tauler, et par eux, de Maître Eckhart. On sait que Luther, de son côté, fut assez fortement
922 t par eux, de Maître Eckhart. On sait que Luther, de son côté, fut assez fortement influencé par ces mêmes doctrines. Cepe
923 mêmes doctrines. Cependant, il serait très abusif de ramener à une forme larvée de protestantisme cette piété d’un type to
924 serait très abusif de ramener à une forme larvée de protestantisme cette piété d’un type tout à fait original, proprement
925 à une forme larvée de protestantisme cette piété d’ un type tout à fait original, proprement germanique, ou plus préciséme
926 , au sens moderne, et qui se rapprocherait plutôt de celle des sectes mystiques qui foisonnèrent en Occident à partir du x
927 u xiie siècle et du mouvement cathare. Plusieurs de ses principaux représentants vécurent en Suisse allemande du xiiie a
928 et Nicolas de Flue ne saurait s’expliquer — dans la mesure où l’on peut l’expliquer — si l’on ne tenait pas compte de cet
929 e Flue ne saurait s’expliquer — dans la mesure où l’ on peut l’expliquer — si l’on ne tenait pas compte de cet environnemen
930 saurait s’expliquer — dans la mesure où l’on peut l’ expliquer — si l’on ne tenait pas compte de cet environnement spiritue
931 er — dans la mesure où l’on peut l’expliquer — si l’ on ne tenait pas compte de cet environnement spirituel, et des contact
932 n peut l’expliquer — si l’on ne tenait pas compte de cet environnement spirituel, et des contacts qu’il dut avoir avec cer
933 t des contacts qu’il dut avoir avec certains Amis de Dieu. Lorsqu’il quitta sa femme et ses enfants, son idée n’était-ell
934 a femme et ses enfants, son idée n’était-elle pas de se rendre en Alsace, pour y rejoindre des communautés d’Amis de Dieu
935 endre en Alsace, pour y rejoindre des communautés d’ Amis de Dieu dont Hattinger lui avait parlé ? Et la première visite qu
936 n Alsace, pour y rejoindre des communautés d’Amis de Dieu dont Hattinger lui avait parlé ? Et la première visite qu’il reç
937 reçut au Ranft ne fut-elle pas précisément celle d’ un pèlerin « ami de Dieu », peut-être délégué par le mouvement ? Les p
938 fut-elle pas précisément celle d’un pèlerin « ami de Dieu », peut-être délégué par le mouvement ? Les plus récents histori
939 un pèlerin « ami de Dieu », peut-être délégué par le mouvement ? Les plus récents historiens l’ont admis, après de nombreu
940 i de Dieu », peut-être délégué par le mouvement ? Les plus récents historiens l’ont admis, après de nombreux tâtonnements.
941 ué par le mouvement ? Les plus récents historiens l’ ont admis, après de nombreux tâtonnements. D’autre part, la fameuse « 
942  ? Les plus récents historiens l’ont admis, après de nombreux tâtonnements. D’autre part, la fameuse « petite prière » de
943 is, après de nombreux tâtonnements. D’autre part, la fameuse « petite prière » de Nicolas (das Gebetlein) popularisée par
944 ments. D’autre part, la fameuse « petite prière » de Nicolas (das Gebetlein) popularisée par la littérature hagiographique
945 ière » de Nicolas (das Gebetlein) popularisée par la littérature hagiographique est en réalité la paraphrase d’un texte du
946 par la littérature hagiographique est en réalité la paraphrase d’un texte du mystique Heinrich Suso : Mon Seigneur et mo
947 ature hagiographique est en réalité la paraphrase d’ un texte du mystique Heinrich Suso : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de
948 ue Heinrich Suso : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-
949 eur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche
950 r et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-moi à moi-même et donne-moi
951 moi tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile de caractériser en quelques mots cette « piété germanique », de forme pr
952 iser en quelques mots cette « piété germanique », de forme proprement mystique. Qu’il suffise d’indiquer qu’elle représent
953 ue », de forme proprement mystique. Qu’il suffise d’ indiquer qu’elle représentait, face à l’Église établie, une aspiration
954 l suffise d’indiquer qu’elle représentait, face à l’ Église établie, une aspiration vers la vie religieuse intime et person
955 ait, face à l’Église établie, une aspiration vers la vie religieuse intime et personnelle, par-dessous les pratiques ou ma
956 vie religieuse intime et personnelle, par-dessous les pratiques ou malgré elles, une intériorisation de la foi, mais aussi
957 es pratiques ou malgré elles, une intériorisation de la foi, mais aussi une volonté de communion et presque de communisme
958 pratiques ou malgré elles, une intériorisation de la foi, mais aussi une volonté de communion et presque de communisme spi
959 intériorisation de la foi, mais aussi une volonté de communion et presque de communisme spirituel et matériel ; bref, une
960 i, mais aussi une volonté de communion et presque de communisme spirituel et matériel ; bref, une certaine déviation « spi
961  ; bref, une certaine déviation « spiritualiste » de la foi, mais compensée par un salutaire redressement du sens moral et
962 bref, une certaine déviation « spiritualiste » de la foi, mais compensée par un salutaire redressement du sens moral et co
963 aire redressement du sens moral et communautaire. Le réalisme très paysan et très helvétique de Nicolas le préserva des ex
964 taire. Le réalisme très paysan et très helvétique de Nicolas le préserva des excès de la secte — c’est ainsi qu’il ne romp
965 éalisme très paysan et très helvétique de Nicolas le préserva des excès de la secte — c’est ainsi qu’il ne rompit jamais a
966 très helvétique de Nicolas le préserva des excès de la secte — c’est ainsi qu’il ne rompit jamais avec l’Église, tout en
967 ès helvétique de Nicolas le préserva des excès de la secte — c’est ainsi qu’il ne rompit jamais avec l’Église, tout en gar
968 a secte — c’est ainsi qu’il ne rompit jamais avec l’ Église, tout en gardant ses distances — mais d’autre part, il est indé
969 que ses propos et son action relèvent directement de cette espèce de réaction intérieure au formalisme romain, qu’ont repr
970 t son action relèvent directement de cette espèce de réaction intérieure au formalisme romain, qu’ont représenté les Amis
971 ntérieure au formalisme romain, qu’ont représenté les Amis de Dieu. Et l’on conçoit que ce mouvement, rectifié et rendu plu
972 au formalisme romain, qu’ont représenté les Amis de Dieu. Et l’on conçoit que ce mouvement, rectifié et rendu plus sobre
973 me romain, qu’ont représenté les Amis de Dieu. Et l’ on conçoit que ce mouvement, rectifié et rendu plus sobre par la conna
974 ue ce mouvement, rectifié et rendu plus sobre par la connaissance directe des Écritures, ait pu déboucher, quelque cinquan
975 boucher, quelque cinquante années plus tard, dans la Réforme luthérienne et zwinglienne. (Tout de même que le mouvement as
976 rme luthérienne et zwinglienne. (Tout de même que le mouvement assez voisin des Vaudois, ou Pauvres de Lyon, se confondit
977 le mouvement assez voisin des Vaudois, ou Pauvres de Lyon, se confondit sans nulle difficulté avec le calvinisme.) Nico
978 de Lyon, se confondit sans nulle difficulté avec le calvinisme.) Nicolas de Flue et les réformés La contre-épreuve
979 iculté avec le calvinisme.) Nicolas de Flue et les réformés La contre-épreuve de ces diverses hypothèses m’a été four
980 alvinisme.) Nicolas de Flue et les réformés La contre-épreuve de ces diverses hypothèses m’a été fournie d’une maniè
981 olas de Flue et les réformés La contre-épreuve de ces diverses hypothèses m’a été fournie d’une manière très convaincan
982 preuve de ces diverses hypothèses m’a été fournie d’ une manière très convaincante par la lecture des deux grands recueils
983 a été fournie d’une manière très convaincante par la lecture des deux grands recueils de documents sur Nicolas que publiai
984 vaincante par la lecture des deux grands recueils de documents sur Nicolas que publiait, au lendemain de la guerre, Robert
985 documents sur Nicolas que publiait, au lendemain de la guerre, Robert Dürrer, historien du canton d’Unterwald. C’est une
986 cuments sur Nicolas que publiait, au lendemain de la guerre, Robert Dürrer, historien du canton d’Unterwald. C’est une vér
987 de la guerre, Robert Dürrer, historien du canton d’ Unterwald. C’est une véritable somme critique de tout ce que la tradit
988 n d’Unterwald. C’est une véritable somme critique de tout ce que la tradition nous a livré concernant le pacificateur de l
989 C’est une véritable somme critique de tout ce que la tradition nous a livré concernant le pacificateur de la Suisse. On ne
990 tout ce que la tradition nous a livré concernant le pacificateur de la Suisse. On ne saurait en louer assez la science, e
991 tradition nous a livré concernant le pacificateur de la Suisse. On ne saurait en louer assez la science, et surtout l’honn
992 dition nous a livré concernant le pacificateur de la Suisse. On ne saurait en louer assez la science, et surtout l’honnête
993 cateur de la Suisse. On ne saurait en louer assez la science, et surtout l’honnêteté. C’est sans aucun doute à cette derni
994 ne saurait en louer assez la science, et surtout l’ honnêteté. C’est sans aucun doute à cette dernière qualité que nous de
995 un doute à cette dernière qualité que nous devons de pouvoir redécouvrir aujourd’hui, malgré certain accaparement de Nicol
996 écouvrir aujourd’hui, malgré certain accaparement de Nicolas de Flue par l’Église romaine, la signification qu’il eut, en
997 algré certain accaparement de Nicolas de Flue par l’ Église romaine, la signification qu’il eut, en fait, pour les première
998 parement de Nicolas de Flue par l’Église romaine, la signification qu’il eut, en fait, pour les premières générations de l
999 u’il eut, en fait, pour les premières générations de la Réforme. Ce n’est pas sans un joyeux étonnement que je suis tombé,
1000 l eut, en fait, pour les premières générations de la Réforme. Ce n’est pas sans un joyeux étonnement que je suis tombé, da
1001 tonnement que je suis tombé, dans Dürrer, à peine les gros volumes ouverts, sur une abondance de citations de Luther, de Zw
1002 peine les gros volumes ouverts, sur une abondance de citations de Luther, de Zwingli, de Vadian, de Bullinger, d’Œcolampad
1003 s volumes ouverts, sur une abondance de citations de Luther, de Zwingli, de Vadian, de Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à
1004 uverts, sur une abondance de citations de Luther, de Zwingli, de Vadian, de Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à revendique
1005 une abondance de citations de Luther, de Zwingli, de Vadian, de Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à revendiquer l’exemple
1006 ce de citations de Luther, de Zwingli, de Vadian, de Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à revendiquer l’exemple de Nicolas
1007 s de Luther, de Zwingli, de Vadian, de Bullinger, d’ Œcolampade, unanimes à revendiquer l’exemple de Nicolas de Flue à l’ap
1008 e Bullinger, d’Œcolampade, unanimes à revendiquer l’ exemple de Nicolas de Flue à l’appui de leur œuvre de réforme de l’Égl
1009 r, d’Œcolampade, unanimes à revendiquer l’exemple de Nicolas de Flue à l’appui de leur œuvre de réforme de l’Église. Et ce
1010 xemple de Nicolas de Flue à l’appui de leur œuvre de réforme de l’Église. Et ce n’est pas sans un léger mouvement de triom
1011 icolas de Flue à l’appui de leur œuvre de réforme de l’Église. Et ce n’est pas sans un léger mouvement de triomphe, je l’a
1012 las de Flue à l’appui de leur œuvre de réforme de l’ Église. Et ce n’est pas sans un léger mouvement de triomphe, je l’avou
1013 l’Église. Et ce n’est pas sans un léger mouvement de triomphe, je l’avoue, que j’ai trouvé ce fait, très généralement igno
1014 n’est pas sans un léger mouvement de triomphe, je l’ avoue, que j’ai trouvé ce fait, très généralement ignoré : les premier
1015 es drames protestants, composés par des disciples de Zwingli, voire dans des intentions de polémique antiromaine (lesquell
1016 s disciples de Zwingli, voire dans des intentions de polémique antiromaine (lesquelles d’ailleurs sont loin de nous réjoui
1017 êmes, mais attestent néanmoins qu’à cette époque, la conscience populaire n’hésitait pas à ranger Nicolas du côté de la Ré
1018 ulaire n’hésitait pas à ranger Nicolas du côté de la Réforme). Il n’est peut-être pas sans intérêt de donner ici un aperçu
1019 la Réforme). Il n’est peut-être pas sans intérêt de donner ici un aperçu rapide de cette littérature réformée sur Nicolas
1020 e pas sans intérêt de donner ici un aperçu rapide de cette littérature réformée sur Nicolas. Je la diviserai en trois rubr
1021 ide de cette littérature réformée sur Nicolas. Je la diviserai en trois rubriques. 1. Chroniques. — La première en date e
1022 . 1. Chroniques. — La première en date est celle de Heinrich Glarean, écrite en latin, et commentée par Myconius, Lucerno
1023 et commentée par Myconius, Lucernois réformé, sur la demande de Zwingli et de Vadian. C’est encore un ami de Vadian, Herma
1024 e par Myconius, Lucernois réformé, sur la demande de Zwingli et de Vadian. C’est encore un ami de Vadian, Hermann Miles (o
1025 , Lucernois réformé, sur la demande de Zwingli et de Vadian. C’est encore un ami de Vadian, Hermann Miles (ou Ritter) de S
1026 ande de Zwingli et de Vadian. C’est encore un ami de Vadian, Hermann Miles (ou Ritter) de Saint-Gall, qui mentionne le Frè
1027 ncore un ami de Vadian, Hermann Miles (ou Ritter) de Saint-Gall, qui mentionne le Frère Claus avec de grands éloges dans u
1028 nn Miles (ou Ritter) de Saint-Gall, qui mentionne le Frère Claus avec de grands éloges dans un ouvrage daté de 1522. (Nous
1029 de Saint-Gall, qui mentionne le Frère Claus avec de grands éloges dans un ouvrage daté de 1522. (Nous sommes donc aux tou
1030 Claus avec de grands éloges dans un ouvrage daté de 1522. (Nous sommes donc aux tout premiers jours de la Réforme.) En 15
1031 e 1522. (Nous sommes donc aux tout premiers jours de la Réforme.) En 1529, un protestant bernois, Valerius Anshelm, nous d
1032 522. (Nous sommes donc aux tout premiers jours de la Réforme.) En 1529, un protestant bernois, Valerius Anshelm, nous donn
1033 elm, nous donne la première biographie importante de Nicolas, sur le ton le plus enthousiaste. Il est suivi en 1546 par St
1034 la première biographie importante de Nicolas, sur le ton le plus enthousiaste. Il est suivi en 1546 par Stumpff, protestan
1035 ière biographie importante de Nicolas, sur le ton le plus enthousiaste. Il est suivi en 1546 par Stumpff, protestant zuric
1036 . En 1556, Matthias Flacius Illyricus, professeur d’ hébreu à Wittenberg, et parfois nommé le père de l’histoire des église
1037 rofesseur d’hébreu à Wittenberg, et parfois nommé le père de l’histoire des églises protestantes, mentionne longuement Nic
1038 r d’hébreu à Wittenberg, et parfois nommé le père de l’histoire des églises protestantes, mentionne longuement Nicolas dan
1039 ’hébreu à Wittenberg, et parfois nommé le père de l’ histoire des églises protestantes, mentionne longuement Nicolas dans s
1040 longuement Nicolas dans son Catalogue des témoins de la foi qui se sont dressés avant Martin Luther, par la parole et par
1041 guement Nicolas dans son Catalogue des témoins de la foi qui se sont dressés avant Martin Luther, par la parole et par l’é
1042 foi qui se sont dressés avant Martin Luther, par la parole et par l’écrit, contre le pape et ses erreurs. 2. Sermons et
1043 dressés avant Martin Luther, par la parole et par l’ écrit, contre le pape et ses erreurs. 2. Sermons et pamphlets des réf
1044 rtin Luther, par la parole et par l’écrit, contre le pape et ses erreurs. 2. Sermons et pamphlets des réformateurs. — En
1045 ts des réformateurs. — En 1523 déjà, Zwingli cite l’ exemple du Frère Claus dans un sermon sur le Bon berger et les mauvais
1046 cite l’exemple du Frère Claus dans un sermon sur le Bon berger et les mauvais bergers. Puis en 1524, il rappelle les cons
1047 u Frère Claus dans un sermon sur le Bon berger et les mauvais bergers. Puis en 1524, il rappelle les conseils politiques de
1048 et les mauvais bergers. Puis en 1524, il rappelle les conseils politiques de l’ermite, ses mises en garde répétées contre l
1049 Puis en 1524, il rappelle les conseils politiques de l’ermite, ses mises en garde répétées contre le service mercenaire à
1050 s en 1524, il rappelle les conseils politiques de l’ ermite, ses mises en garde répétées contre le service mercenaire à l’é
1051 s de l’ermite, ses mises en garde répétées contre le service mercenaire à l’étranger. Et comme Johannes Faber tentait de l
1052 en garde répétées contre le service mercenaire à l’ étranger. Et comme Johannes Faber tentait de lui opposer une parole de
1053 ire à l’étranger. Et comme Johannes Faber tentait de lui opposer une parole de Nicolas conjurant les Suisses de garder la
1054 Johannes Faber tentait de lui opposer une parole de Nicolas conjurant les Suisses de garder la foi de leurs pères, Zwingl
1055 it de lui opposer une parole de Nicolas conjurant les Suisses de garder la foi de leurs pères, Zwingli réplique que les réf
1056 poser une parole de Nicolas conjurant les Suisses de garder la foi de leurs pères, Zwingli réplique que les réformés sont
1057 parole de Nicolas conjurant les Suisses de garder la foi de leurs pères, Zwingli réplique que les réformés sont les vérita
1058 de Nicolas conjurant les Suisses de garder la foi de leurs pères, Zwingli réplique que les réformés sont les véritables di
1059 arder la foi de leurs pères, Zwingli réplique que les réformés sont les véritables disciples du solitaire, puisqu’ils ont g
1060 urs pères, Zwingli réplique que les réformés sont les véritables disciples du solitaire, puisqu’ils ont gardé la foi la plu
1061 bles disciples du solitaire, puisqu’ils ont gardé la foi la plus ancienne, celle des Apôtres, et se sont refusés à faire c
1062 sciples du solitaire, puisqu’ils ont gardé la foi la plus ancienne, celle des Apôtres, et se sont refusés à faire commerce
1063 des Apôtres, et se sont refusés à faire commerce de leur religion. De 1526 à 1574, nous trouvons de nombreuses mentions d
1064 e sont refusés à faire commerce de leur religion. De 1526 à 1574, nous trouvons de nombreuses mentions du Frère Claus dans
1065 e de leur religion. De 1526 à 1574, nous trouvons de nombreuses mentions du Frère Claus dans les sermons et traités de Bul
1066 ouvons de nombreuses mentions du Frère Claus dans les sermons et traités de Bullinger (successeur de Zwingli à Zurich) ; de
1067 ntions du Frère Claus dans les sermons et traités de Bullinger (successeur de Zwingli à Zurich) ; de Vadian (Joachim von W
1068 s les sermons et traités de Bullinger (successeur de Zwingli à Zurich) ; de Vadian (Joachim von Watt, réformateur de Saint
1069 s de Bullinger (successeur de Zwingli à Zurich) ; de Vadian (Joachim von Watt, réformateur de Saint-Gall et grand humanist
1070 urich) ; de Vadian (Joachim von Watt, réformateur de Saint-Gall et grand humaniste) ; d’Œcolampade (réformateur de Bâle) ;
1071 , réformateur de Saint-Gall et grand humaniste) ; d’ Œcolampade (réformateur de Bâle) ; d’Ulrich Campell, pasteur de Coire.
1072 l et grand humaniste) ; d’Œcolampade (réformateur de Bâle) ; d’Ulrich Campell, pasteur de Coire. Ajoutons qu’en 1585, une
1073 humaniste) ; d’Œcolampade (réformateur de Bâle) ; d’ Ulrich Campell, pasteur de Coire. Ajoutons qu’en 1585, une délégation
1074 (réformateur de Bâle) ; d’Ulrich Campell, pasteur de Coire. Ajoutons qu’en 1585, une délégation des cantons réformés se re
1075 éformés se rendit en pèlerinage au Ranft et « sur les lieux consacrés par le souvenir du Frère Claus ». Quant à la petite p
1076 erinage au Ranft et « sur les lieux consacrés par le souvenir du Frère Claus ». Quant à la petite prière que je citais plu
1077 nsacrés par le souvenir du Frère Claus ». Quant à la petite prière que je citais plus haut (Gebetlein), elle avait été con
1078 de se voir reprise — et d’ailleurs modifiée — par les catholiques, à partir de 1569. 3. Satires et drames. — La première m
1079 569. 3. Satires et drames. — La première mention de Nicolas dans une satire catholique date de 1522. Chose curieuse, elle
1080 ention de Nicolas dans une satire catholique date de 1522. Chose curieuse, elle est extrêmement défavorable au Bienheureux
1081 extrêmement défavorable au Bienheureux. On y sent l’ agacement de l’auteur à voir le nom et les conseils du Frère sans cess
1082 défavorable au Bienheureux. On y sent l’agacement de l’auteur à voir le nom et les conseils du Frère sans cesse revendiqué
1083 avorable au Bienheureux. On y sent l’agacement de l’ auteur à voir le nom et les conseils du Frère sans cesse revendiqués p
1084 heureux. On y sent l’agacement de l’auteur à voir le nom et les conseils du Frère sans cesse revendiqués par les protestan
1085 n y sent l’agacement de l’auteur à voir le nom et les conseils du Frère sans cesse revendiqués par les protestants au cours
1086 les conseils du Frère sans cesse revendiqués par les protestants au cours des disputes concernant la politique et le régim
1087 les protestants au cours des disputes concernant la politique et le régime des pensions. — Vous autres réformés, dit en s
1088 au cours des disputes concernant la politique et le régime des pensions. — Vous autres réformés, dit en substance le text
1089 ensions. — Vous autres réformés, dit en substance le texte, vous en appelez toujours à cet ermite dont la doctrine se résu
1090 texte, vous en appelez toujours à cet ermite dont la doctrine se résume à ceci : « Man solle auff unsserm myst bleiben » (
1091 chacun reste sur son fumier !). Vous feriez mieux de le croire et de ne point innover, etc. Par contre, un Narrenspiel zwi
1092 cun reste sur son fumier !). Vous feriez mieux de le croire et de ne point innover, etc. Par contre, un Narrenspiel zwingl
1093 son fumier !). Vous feriez mieux de le croire et de ne point innover, etc. Par contre, un Narrenspiel zwinglien de 1526 e
1094 nnover, etc. Par contre, un Narrenspiel zwinglien de 1526 et une satire intitulée Etter Heini, de Jakob Ruf (1538), exploi
1095 lien de 1526 et une satire intitulée Etter Heini, de Jakob Ruf (1538), exploitent, avec beaucoup de verve et quelque gross
1096 t, avec beaucoup de verve et quelque grossièreté, les fameux conseils de Nicolas, qui se trouvent condamner toute la politi
1097 verve et quelque grossièreté, les fameux conseils de Nicolas, qui se trouvent condamner toute la politique des cantons cat
1098 seils de Nicolas, qui se trouvent condamner toute la politique des cantons catholiques. On sait d’autre part que l’archidu
1099 des cantons catholiques. On sait d’autre part que l’ archiduc Ferdinand II d’Autriche fit rechercher en 1570 dans toutes le
1100 II d’Autriche fit rechercher en 1570 dans toutes les maisons du Tyrol les livres favorables à la Réforme, afin de les brûl
1101 chercher en 1570 dans toutes les maisons du Tyrol les livres favorables à la Réforme, afin de les brûler ; dans la liste de
1102 utes les maisons du Tyrol les livres favorables à la Réforme, afin de les brûler ; dans la liste de ceux qui furent détrui
1103 Tyrol les livres favorables à la Réforme, afin de les brûler ; dans la liste de ceux qui furent détruits figure un Jeu de F
1104 avorables à la Réforme, afin de les brûler ; dans la liste de ceux qui furent détruits figure un Jeu de Frère Claus et de
1105 à la Réforme, afin de les brûler ; dans la liste de ceux qui furent détruits figure un Jeu de Frère Claus et de Frère Tel
1106 a liste de ceux qui furent détruits figure un Jeu de Frère Claus et de Frère Tell ! Mais la pièce la plus importante de ce
1107 i furent détruits figure un Jeu de Frère Claus et de Frère Tell ! Mais la pièce la plus importante de cette série est cell
1108 ure un Jeu de Frère Claus et de Frère Tell ! Mais la pièce la plus importante de cette série est celle que fit jouer à Bâl
1109 u de Frère Claus et de Frère Tell ! Mais la pièce la plus importante de cette série est celle que fit jouer à Bâle, en 155
1110 de Frère Tell ! Mais la pièce la plus importante de cette série est celle que fit jouer à Bâle, en 1550, le protestant Va
1111 te série est celle que fit jouer à Bâle, en 1550, le protestant Valentin Boltz. Elle était intitulée Der Weltspiegel (Le M
1112 ntin Boltz. Elle était intitulée Der Weltspiegel ( Le Miroir du Monde) et tout y gravitait autour du Frère Claus, figure ce
1113 utour du Frère Claus, figure centrale symbolisant l’ idée confédérale créatrice de la Suisse. Les cantons personnifiés pren
1114 centrale symbolisant l’idée confédérale créatrice de la Suisse. Les cantons personnifiés prenaient la parole tour à tour,
1115 trale symbolisant l’idée confédérale créatrice de la Suisse. Les cantons personnifiés prenaient la parole tour à tour, com
1116 lisant l’idée confédérale créatrice de la Suisse. Les cantons personnifiés prenaient la parole tour à tour, comme à la Dièt
1117 de la Suisse. Les cantons personnifiés prenaient la parole tour à tour, comme à la Diète (Uri se contentant parfois de so
1118 onnifiés prenaient la parole tour à tour, comme à la Diète (Uri se contentant parfois de sonner sa fameuse corne !), et Mo
1119 tour, comme à la Diète (Uri se contentant parfois de sonner sa fameuse corne !), et Moïse ou Élie intervenaient dans les d
1120 use corne !), et Moïse ou Élie intervenaient dans les débats le plus naturellement du monde. Il y avait, selon Dürrer, 149
1121 ), et Moïse ou Élie intervenaient dans les débats le plus naturellement du monde. Il y avait, selon Dürrer, 149 rôles parl
1122 Il y avait, selon Dürrer, 149 rôles parlants, et la représentation demanda « deux jours pleins ». Ce n’est qu’en 1586 que
1123 da « deux jours pleins ». Ce n’est qu’en 1586 que les catholiques se décidèrent à aborder eux aussi ce magnifique sujet. Le
1124 cidèrent à aborder eux aussi ce magnifique sujet. Le jésuite Jakob Gretser fit jouer à Lucerne, cette année-là, une Comoed
1125 fit jouer à Lucerne, cette année-là, une Comoedia de vita Nicolai Underwaldii Eremitæ Helvetii, écrite en latin et représe
1126 érêt dramatique ni sans verve, mais on est frappé de constater une fois de plus que seule la piété d’allure monacale du Fr
1127 st frappé de constater une fois de plus que seule la piété d’allure monacale du Frère Claus y est mise en valeur, tandis q
1128 de constater une fois de plus que seule la piété d’ allure monacale du Frère Claus y est mise en valeur, tandis que son rô
1129 politique n’est même pas mentionné. (Cela gênait l’ Église, remarque Dürrer.) Il y aurait lieu de citer enfin le libelle d
1130 nait l’Église, remarque Dürrer.) Il y aurait lieu de citer enfin le libelle de Luther sur la « vision des épées », que Nic
1131 remarque Dürrer.) Il y aurait lieu de citer enfin le libelle de Luther sur la « vision des épées », que Nicolas avait fait
1132 rrer.) Il y aurait lieu de citer enfin le libelle de Luther sur la « vision des épées », que Nicolas avait fait peindre au
1133 rait lieu de citer enfin le libelle de Luther sur la « vision des épées », que Nicolas avait fait peindre au mur de sa cel
1134 es épées », que Nicolas avait fait peindre au mur de sa cellule. Luther l’interprétait comme une prophétie contre le pape,
1135 s avait fait peindre au mur de sa cellule. Luther l’ interprétait comme une prophétie contre le pape, dont la tête, dans l’
1136 Luther l’interprétait comme une prophétie contre le pape, dont la tête, dans l’image traditionnelle, est environnée de tr
1137 rprétait comme une prophétie contre le pape, dont la tête, dans l’image traditionnelle, est environnée de trois glaives, l
1138 une prophétie contre le pape, dont la tête, dans l’ image traditionnelle, est environnée de trois glaives, l’un d’eux appu
1139 tête, dans l’image traditionnelle, est environnée de trois glaives, l’un d’eux appuyé contre ses lèvres comme pour l’empêc
1140 itionnelle, est environnée de trois glaives, l’un d’ eux appuyé contre ses lèvres comme pour l’empêcher de dire la Parole.
1141 s, l’un d’eux appuyé contre ses lèvres comme pour l’ empêcher de dire la Parole. Mais à partir de 1536, les catholiques à l
1142 ux appuyé contre ses lèvres comme pour l’empêcher de dire la Parole. Mais à partir de 1536, les catholiques à leur tour ut
1143 é contre ses lèvres comme pour l’empêcher de dire la Parole. Mais à partir de 1536, les catholiques à leur tour utilisent
1144 mpêcher de dire la Parole. Mais à partir de 1536, les catholiques à leur tour utilisent cette image et la transforment (non
1145 catholiques à leur tour utilisent cette image et la transforment (non sans supprimer la tiare papale) en une vision de la
1146 ette image et la transforment (non sans supprimer la tiare papale) en une vision de la Trinité. Les historiens ne sont guè
1147 non sans supprimer la tiare papale) en une vision de la Trinité. Les historiens ne sont guère d’accord, et je n’ai pas qua
1148 sans supprimer la tiare papale) en une vision de la Trinité. Les historiens ne sont guère d’accord, et je n’ai pas qualit
1149 mer la tiare papale) en une vision de la Trinité. Les historiens ne sont guère d’accord, et je n’ai pas qualité pour tranch
1150 es quelques notes, bien entendu, n’ont aucunement la prétention d’annexer Nicolas de Flue à je ne sais quel « parti de la
1151 tes, bien entendu, n’ont aucunement la prétention d’ annexer Nicolas de Flue à je ne sais quel « parti de la Réforme » ! El
1152 annexer Nicolas de Flue à je ne sais quel « parti de la Réforme » ! Elles ne visent qu’à faire mieux connaître une grande
1153 exer Nicolas de Flue à je ne sais quel « parti de la Réforme » ! Elles ne visent qu’à faire mieux connaître une grande fig
1154 faire mieux connaître une grande figure que trop de protestants ignorent, et qu’ils ignorent le plus souvent du simple fa
1155 trop de protestants ignorent, et qu’ils ignorent le plus souvent du simple fait que les catholiques l’exaltent. Tel est l
1156 u’ils ignorent le plus souvent du simple fait que les catholiques l’exaltent. Tel est l’esprit de parti, même parmi les chr
1157 e plus souvent du simple fait que les catholiques l’ exaltent. Tel est l’esprit de parti, même parmi les chrétiens ! Que de
1158 mple fait que les catholiques l’exaltent. Tel est l’ esprit de parti, même parmi les chrétiens ! Que de richesses les réfor
1159 que les catholiques l’exaltent. Tel est l’esprit de parti, même parmi les chrétiens ! Que de richesses les réformés n’ont
1160 l’exaltent. Tel est l’esprit de parti, même parmi les chrétiens ! Que de richesses les réformés n’ont-ils pas laissé perdre
1161 l’esprit de parti, même parmi les chrétiens ! Que de richesses les réformés n’ont-ils pas laissé perdre de la sorte, et n’
1162 arti, même parmi les chrétiens ! Que de richesses les réformés n’ont-ils pas laissé perdre de la sorte, et n’ont-ils pas la
1163 ichesses les réformés n’ont-ils pas laissé perdre de la sorte, et n’ont-ils pas laissé dénaturer ! Mon désir n’est nulleme
1164 esses les réformés n’ont-ils pas laissé perdre de la sorte, et n’ont-ils pas laissé dénaturer ! Mon désir n’est nullement
1165 pas laissé dénaturer ! Mon désir n’est nullement d’ enlever le Frère Claus aux catholiques — il ne peut leur faire que du
1166 é dénaturer ! Mon désir n’est nullement d’enlever le Frère Claus aux catholiques — il ne peut leur faire que du bien — mai
1167 liques — il ne peut leur faire que du bien — mais de le rendre aussi aux protestants, comme une part de leur héritage. Dan
1168 ues — il ne peut leur faire que du bien — mais de le rendre aussi aux protestants, comme une part de leur héritage. Dans u
1169 e le rendre aussi aux protestants, comme une part de leur héritage. Dans une période où le sens fédéral paraît renaître pa
1170 me une part de leur héritage. Dans une période où le sens fédéral paraît renaître parmi nous, il m’a semblé que la vie du
1171 ral paraît renaître parmi nous, il m’a semblé que la vie du Frère Claus prenait une valeur de symbole, et non seulement po
1172 mblé que la vie du Frère Claus prenait une valeur de symbole, et non seulement pour l’ordre politique, mais aussi sur le p
1173 nait une valeur de symbole, et non seulement pour l’ ordre politique, mais aussi sur le plan religieux. Nicolas pauvre et s
1174 r le plan religieux. Nicolas pauvre et se privant de pain à l’époque même où les Suisses sont tentés par les richesses étr
1175 religieux. Nicolas pauvre et se privant de pain à l’ époque même où les Suisses sont tentés par les richesses étrangères ;
1176 s pauvre et se privant de pain à l’époque même où les Suisses sont tentés par les richesses étrangères ; Nicolas pacifiant
1177 in à l’époque même où les Suisses sont tentés par les richesses étrangères ; Nicolas pacifiant les cantons en rappelant aux
1178 par les richesses étrangères ; Nicolas pacifiant les cantons en rappelant aux « régionalistes » que notre État est d’abord
1179 cependant qu’il rappelle aux « centralistes » que le bien de tous suppose le bien de chacun ; Nicolas témoin de la foi dan
1180 t qu’il rappelle aux « centralistes » que le bien de tous suppose le bien de chacun ; Nicolas témoin de la foi dans une ép
1181 aux « centralistes » que le bien de tous suppose le bien de chacun ; Nicolas témoin de la foi dans une époque où toute la
1182 entralistes » que le bien de tous suppose le bien de chacun ; Nicolas témoin de la foi dans une époque où toute la chrétie
1183 e tous suppose le bien de chacun ; Nicolas témoin de la foi dans une époque où toute la chrétienté était encore extérieure
1184 ous suppose le bien de chacun ; Nicolas témoin de la foi dans une époque où toute la chrétienté était encore extérieuremen
1185 Nicolas témoin de la foi dans une époque où toute la chrétienté était encore extérieurement unie, — voilà bien l’homme que
1186 té était encore extérieurement unie, — voilà bien l’ homme que tous à leur manière peuvent saluer comme l’ancêtre commun, e
1187 omme que tous à leur manière peuvent saluer comme l’ ancêtre commun, et j’ajouterais : comme le parrain de cette « défense
1188 r comme l’ancêtre commun, et j’ajouterais : comme le parrain de cette « défense spirituelle du pays » que nous devons appr
1189 ncêtre commun, et j’ajouterais : comme le parrain de cette « défense spirituelle du pays » que nous devons approuver comme
1190 3. Ce trait sera relevé et souligné plus tard par les réformateurs, en particulier par Vadian. b. Rougemont Denis de, « N
1191 , en particulier par Vadian. b. Rougemont Denis de , « Nicolas de Flue et la Réforme », Les Cahiers protestants, Lausanne
1192 an. b. Rougemont Denis de, « Nicolas de Flue et la Réforme », Les Cahiers protestants, Lausanne, 1939, p. 263-279.
1193 mont Denis de, « Nicolas de Flue et la Réforme », Les Cahiers protestants, Lausanne, 1939, p. 263-279.
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
1194 La bataille de la culture (janvier-février 1940)c d Le fait même que
1195 La bataille de la culture (janvier-février 1940)c d Le fait même que nous éprouvi
1196 La bataille de la culture (janvier-février 1940)c d Le fait même que nous éprouvions
1197 taille de la culture (janvier-février 1940)c d Le fait même que nous éprouvions tous un doute sur l’opportunité d’une c
1198 e fait même que nous éprouvions tous un doute sur l’ opportunité d’une conférence en temps de guerre, ce fait est significa
1199 e nous éprouvions tous un doute sur l’opportunité d’ une conférence en temps de guerre, ce fait est significatif. Il prouve
1200 doute sur l’opportunité d’une conférence en temps de guerre, ce fait est significatif. Il prouve que nous tenons la cultur
1201 fait est significatif. Il prouve que nous tenons la culture pour quelque chose d’un peu moins sérieux que l’action, ou qu
1202 uve que nous tenons la culture pour quelque chose d’ un peu moins sérieux que l’action, ou que la guerre, par exemple, ou s
1203 ure pour quelque chose d’un peu moins sérieux que l’ action, ou que la guerre, par exemple, ou simplement que la défense na
1204 chose d’un peu moins sérieux que l’action, ou que la guerre, par exemple, ou simplement que la défense nationale. Or je vo
1205 ou que la guerre, par exemple, ou simplement que la défense nationale. Or je vois là le signe très certain d’une crise, —
1206 implement que la défense nationale. Or je vois là le signe très certain d’une crise, — et d’une crise qui met en question
1207 se nationale. Or je vois là le signe très certain d’ une crise, — et d’une crise qui met en question les fondements mêmes d
1208 e vois là le signe très certain d’une crise, — et d’ une crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Oc
1209 d’une crise, — et d’une crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Occident. Je voudrais vous montrer
1210 ne crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Occident. Je voudrais vous montrer ce soir que cette cr
1211 crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Occident. Je voudrais vous montrer ce soir que cette crise
1212 uences pratiques ; qu’elle est l’une des origines de la présente guerre ; et que cette guerre n’est, en fin de compte, mal
1213 ces pratiques ; qu’elle est l’une des origines de la présente guerre ; et que cette guerre n’est, en fin de compte, malgré
1214 s ses prétextes matériels, qu’un épisode tragique d’ une bataille bien plus vaste, la millénaire bataille de la culture.
1215 épisode tragique d’une bataille bien plus vaste, la millénaire bataille de la culture. L’adversaire est en nous Mais
1216 bataille bien plus vaste, la millénaire bataille de la culture. L’adversaire est en nous Mais d’abord, essayons d’éc
1217 taille bien plus vaste, la millénaire bataille de la culture. L’adversaire est en nous Mais d’abord, essayons d’écart
1218 us vaste, la millénaire bataille de la culture. L’ adversaire est en nous Mais d’abord, essayons d’écarter un malenten
1219 ’adversaire est en nous Mais d’abord, essayons d’ écarter un malentendu menaçant. La bataille dont je vais vous parler n
1220 abord, essayons d’écarter un malentendu menaçant. La bataille dont je vais vous parler n’est pas une bataille politique. L
1221 ais vous parler n’est pas une bataille politique. Les adversaires ne sont nullement les actuels belligérants, et il n’est p
1222 ille politique. Les adversaires ne sont nullement les actuels belligérants, et il n’est pas question, ici, de confondre l’u
1223 uels belligérants, et il n’est pas question, ici, de confondre l’un des partis avec la cause de la culture, l’autre étant
1224 question, ici, de confondre l’un des partis avec la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce gen
1225 , ici, de confondre l’un des partis avec la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’oppo
1226 ci, de confondre l’un des partis avec la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’opposit
1227 partis avec la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l
1228 ec la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’avoue, e
1229 la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’ anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’avoue, et a
1230 ’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’ opposition est très tentant, je l’avoue, et aujourd’hui plus que jamai
1231 lture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’ avoue, et aujourd’hui plus que jamais. C’est malgré tout un procédé de
1232 hui plus que jamais. C’est malgré tout un procédé de propagande de guerre. Un fameux général autrichien disait un jour : T
1233 amais. C’est malgré tout un procédé de propagande de guerre. Un fameux général autrichien disait un jour : Tout ce qui n’e
1234 t pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour la guerre. Grâce à Dieu, nous sommes encore neutres, et nous avons encor
1235 nous sommes encore neutres, et nous avons encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. N
1236 mes encore neutres, et nous avons encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. Notre prem
1237 encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. Notre premier devoir est, aujourd’hui, de d
1238 brutales. Notre premier devoir est, aujourd’hui, de défendre l’intelligence contre un certain primitivisme qui se réveill
1239 otre premier devoir est, aujourd’hui, de défendre l’ intelligence contre un certain primitivisme qui se réveille toujours e
1240 in primitivisme qui se réveille toujours en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauva
1241 isme qui se réveille toujours en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauvaises qui les
1242 le toujours en temps de guerre. Les primitifs ont l’ habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils
1243 en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malade
1244 rre. Les primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malades, ils pensent qu
1245 habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un obj
1246 nacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rôde
1247 ’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’ un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rôde autour de
1248 nsent que c’est la faute d’un objet maléfique, ou d’ un sorcier, ou d’un esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, l
1249 a faute d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’ un esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, la cause du mal, c
1250 esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, la cause du mal, c’est-à-dire l’adversaire, est devant eux, à l’extérieu
1251 r maison. Toujours, la cause du mal, c’est-à-dire l’ adversaire, est devant eux, à l’extérieur. Or, notre civilisation, sou
1252 mal, c’est-à-dire l’adversaire, est devant eux, à l’ extérieur. Or, notre civilisation, sous l’influence du christianisme,
1253 eux, à l’extérieur. Or, notre civilisation, sous l’ influence du christianisme, s’est efforcée de nous faire comprendre qu
1254 sous l’influence du christianisme, s’est efforcée de nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheurs est presque
1255 isme, s’est efforcée de nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheurs est presque toujours en nous-mêmes. Il fa
1256 orcée de nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheurs est presque toujours en nous-mêmes. Il faut reconnaître,
1257 réussi. Nous persistons tous, plus ou moins, dans la manie des primitifs : nous rendons responsables de nos maux — les aut
1258 a manie des primitifs : nous rendons responsables de nos maux — les autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti,
1259 imitifs : nous rendons responsables de nos maux — les autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux d’une autr
1260 responsables de nos maux — les autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux d’une autre nation… Nous faisons
1261 os maux — les autres, uniquement les autres, ceux d’ un autre parti, ceux d’une autre nation… Nous faisons tous comme les p
1262 niquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux d’ une autre nation… Nous faisons tous comme les petits enfants qui batte
1263 ceux d’une autre nation… Nous faisons tous comme les petits enfants qui battent la table à laquelle ils se sont heurtés. I
1264 faisons tous comme les petits enfants qui battent la table à laquelle ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant de n
1265 e ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant de noircir le voisin pour mieux se blanchir soi-même. Mais en réalité, n
1266 nt heurtés. Il est facile et rassurant de noircir le voisin pour mieux se blanchir soi-même. Mais en réalité, nos adversai
1267 nos adversaires ne diffèrent pas essentiellement de nous. Tout homme porte en soi les microbes de toutes les maladies ima
1268 essentiellement de nous. Tout homme porte en soi les microbes de toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous m
1269 ent de nous. Tout homme porte en soi les microbes de toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menace, il ne
1270 s. Tout homme porte en soi les microbes de toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menace, il ne serait nul
1271 qui nous menace, il ne serait nullement suffisant de l’anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à
1272 nous menace, il ne serait nullement suffisant de l’ anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à no
1273 uffisant de l’anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à nos yeux, elle existe en nous aussi, et
1274 e pourrait fort bien s’y développer un jour. Pour la combattre sérieusement, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agi
1275 t, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître. Disharmonies et impu
1276 pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit de l’ attaquer, et avant tout, de la reconnaître. Disharmonies et impuiss
1277 n nous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître. Disharmonies et impuissance de l’esprit Songean
1278 ous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître. Disharmonies et impuissance de l’esprit Songeant à
1279 de la reconnaître. Disharmonies et impuissance de l’esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en
1280 la reconnaître. Disharmonies et impuissance de l’ esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en pl
1281 its : d’une part, une étonnante disharmonie entre les divers ordres de nos activités, — d’autre part, une angoissante impui
1282 une étonnante disharmonie entre les divers ordres de nos activités, — d’autre part, une angoissante impuissance de l’espri
1283 ités, — d’autre part, une angoissante impuissance de l’esprit devant ce monde. Tel grand chimiste scandinave invente, dans
1284 s, — d’autre part, une angoissante impuissance de l’ esprit devant ce monde. Tel grand chimiste scandinave invente, dans so
1285 corps nouveau, un puissant explosif, grâce auquel l’ industrie pourra faire un grand pas. Il fonde d’autre part, avec l’arg
1286 a faire un grand pas. Il fonde d’autre part, avec l’ argent gagné, un prix considérable, destiné à récompenser ceux qui tra
1287 destiné à récompenser ceux qui travaillèrent pour la paix. Mais l’état de notre culture est tel que l’invention sera utili
1288 mpenser ceux qui travaillèrent pour la paix. Mais l’ état de notre culture est tel que l’invention sera utilisée pour détru
1289 ceux qui travaillèrent pour la paix. Mais l’état de notre culture est tel que l’invention sera utilisée pour détruire cet
1290 la paix. Mais l’état de notre culture est tel que l’ invention sera utilisée pour détruire cette paix, précisément, que le
1291 ilisée pour détruire cette paix, précisément, que le prix devait couronner. Et le chimiste pacifique verra retomber sur sa
1292 ix, précisément, que le prix devait couronner. Et le chimiste pacifique verra retomber sur sa tête, sous la forme d’une bo
1293 imiste pacifique verra retomber sur sa tête, sous la forme d’une bombe de 1000 kg son invention humanitaire. Par quelle fa
1294 cifique verra retomber sur sa tête, sous la forme d’ une bombe de 1000 kg son invention humanitaire. Par quelle fatalité ma
1295 a retomber sur sa tête, sous la forme d’une bombe de 1000 kg son invention humanitaire. Par quelle fatalité mauvaise tous
1296 on humanitaire. Par quelle fatalité mauvaise tous les progrès de notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qu
1297 re. Par quelle fatalité mauvaise tous les progrès de notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produ
1298 rogrès de notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produit ? Vous vous êtes tous posé cette questio
1299 nce contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produit ? Vous vous êtes tous posé cette question-là. Mais il ne suff
1300 ous posé cette question-là. Mais il ne suffit pas de se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie u
1301 sé cette question-là. Mais il ne suffit pas de se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie une si
1302 . Mais il ne suffit pas de se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie une si cruelle disharmonie,
1303 xiste des remèdes. Car il ne serait pas suffisant de n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la cu
1304 . Car il ne serait pas suffisant de n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la culture moderne, et
1305 de n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’ esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale q
1306 ue la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve i
1307 la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve ici
1308 ’esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve ici mis à nu. Un autre fait, dans ce m
1309 ici mis à nu. Un autre fait, dans ce même ordre. Le but des inventions techniques est double : il est d’une part d’économ
1310 entions techniques est double : il est d’une part d’ économiser du travail d’hommes par les machines, et donc de créer du l
1311 ouble : il est d’une part d’économiser du travail d’ hommes par les machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’
1312 t d’une part d’économiser du travail d’hommes par les machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever le nive
1313 ser du travail d’hommes par les machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever le niveau général du confort
1314 hines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’ élever le niveau général du confort. Or chacun sait que les résultats
1315 donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever le niveau général du confort. Or chacun sait que les résultats pratiques
1316 le niveau général du confort. Or chacun sait que les résultats pratiques du machinisme ne sont pas d’augmenter les loisirs
1317 les résultats pratiques du machinisme ne sont pas d’ augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au lieu
1318 s pratiques du machinisme ne sont pas d’augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le
1319 me ne sont pas d’augmenter les loisirs, mais bien d’ augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’indu
1320 as d’augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’industrie a créé
1321 en d’augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’industrie a créé d’immenses masses misérables, déra
1322 hômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’ industrie a créé d’immenses masses misérables, déracinées et démoralis
1323 eu d’élever le niveau général, l’industrie a créé d’ immenses masses misérables, déracinées et démoralisées. Enfin je vous
1324 n cas individuel assez typique. Un grand banquier de Paris, membre d’un comité de bienfaisance, fut interrogé un jour, dev
1325 assez typique. Un grand banquier de Paris, membre d’ un comité de bienfaisance, fut interrogé un jour, devant moi, par un d
1326 e. Un grand banquier de Paris, membre d’un comité de bienfaisance, fut interrogé un jour, devant moi, par un de ses collèg
1327 isance, fut interrogé un jour, devant moi, par un de ses collègues. Était-il vrai, lui demandait-on, que sa banque finançâ
1328 il vrai, lui demandait-on, que sa banque finançât la guerre des Japonais contre Shanghai ? Il répondit que c’était vrai. —
1329 t vrai. — Mais alors, n’êtes-vous pas torturé par la pensée que votre argent contribue à prolonger un massacre ? — Nulleme
1330 ar tout ce que j’ai à voir, ce sont deux colonnes de chiffres, dont la balance est favorable à ma maison. — L’exemple peut
1331 i à voir, ce sont deux colonnes de chiffres, dont la balance est favorable à ma maison. — L’exemple peut paraître caricatu
1332 res, dont la balance est favorable à ma maison. —  L’ exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le certifie exact. De
1333 ’exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le certifie exact. De plus, il illustre à merveille le vice fondamental
1334 certifie exact. De plus, il illustre à merveille le vice fondamental de notre société et aussi de notre culture : c’est u
1335 plus, il illustre à merveille le vice fondamental de notre société et aussi de notre culture : c’est une absence totale de
1336 lle le vice fondamental de notre société et aussi de notre culture : c’est une absence totale de vue d’ensemble. Ce qui no
1337 aussi de notre culture : c’est une absence totale de vue d’ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand princip
1338 e notre culture : c’est une absence totale de vue d’ ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand principe d’uni
1339 i nous manque absolument, c’est un grand principe d’ unité entre notre pensée et nos actions. Cette absence d’un principe d
1340 entre notre pensée et nos actions. Cette absence d’ un principe d’unité est si totale qu’on ne la ressent même plus comme
1341 ensée et nos actions. Cette absence d’un principe d’ unité est si totale qu’on ne la ressent même plus comme un scandale. E
1342 ence d’un principe d’unité est si totale qu’on ne la ressent même plus comme un scandale. Elle est devenue toute naturelle
1343 me un scandale. Elle est devenue toute naturelle. Le banquier dont je viens de vous parler aurait eu beaucoup de peine à c
1344 vait disharmonie, contradiction, entre son comité de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois.
1345 contradiction, entre son comité de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces act
1346 n, entre son comité de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui p
1347 té de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui paraissait, en som
1348 de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui paraissait, en somme, justifiable en elle-même, pou
1349 qui s’indignait, il aurait simplement répondu que les affaires sont les affaires. On ne peut pas additionner des chiffres e
1350 l aurait simplement répondu que les affaires sont les affaires. On ne peut pas additionner des chiffres et des sentiments.
1351 t pas tout mélanger… Et en effet, nous mélangeons de moins en moins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensé
1352 ns de moins en moins notre pensée à notre action. L’ impuissance de la pensée sur la conduite générale des affaires, tel es
1353 moins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fon
1354 ins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fondam
1355 ée à notre action. L’impuissance de la pensée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fondamental de la me
1356 ée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fondamental de la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’
1357 nérale des affaires, tel est le dogme fondamental de la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’est une croyance spon
1358 ale des affaires, tel est le dogme fondamental de la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’est une croyance spontan
1359 nombreux, si quotidiens, qu’on finit par ne plus les voir. Il est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n
1360 s les voir. Il est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de l’action,
1361 Il est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de l’action, aux capit
1362 est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de l’action, aux capitain
1363 té, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’ utile aux hommes de l’action, aux capitaines de l’industrie ou de la g
1364 de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de l’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a
1365 la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de l’ action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a ét
1366 re d’utile aux hommes de l’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la cultu
1367 d’utile aux hommes de l’action, aux capitaines de l’ industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture
1368 mes de l’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, en
1369 de l’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, entre
1370 n, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, entre le cerveau
1371 ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce
1372 re. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’ action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont
1373 été prononcé entre la culture et l’action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le
1374 entre la culture et l’action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif,
1375 culture et l’action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif, sans dout
1376 ction, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif, sans doute, est celui-
1377 n. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif, sans doute, est celui-ci : la culture apparaît aujourd’
1378 Mais le plus décisif, sans doute, est celui-ci : la culture apparaît aujourd’hui comme une activité de luxe, et l’action
1379 a culture apparaît aujourd’hui comme une activité de luxe, et l’action seule est tenue pour sérieuse. En voici la preuve.
1380 paraît aujourd’hui comme une activité de luxe, et l’ action seule est tenue pour sérieuse. En voici la preuve. Quand la sit
1381 l’action seule est tenue pour sérieuse. En voici la preuve. Quand la situation devient grave, comme en cas de guerre par
1382 st tenue pour sérieuse. En voici la preuve. Quand la situation devient grave, comme en cas de guerre par exemple, tout le
1383 e. Quand la situation devient grave, comme en cas de guerre par exemple, tout le monde trouve parfaitement naturel que la
1384 le, tout le monde trouve parfaitement naturel que la pensée abdique sa liberté et se soumette aux besoins de l’action, du
1385 sée abdique sa liberté et se soumette aux besoins de l’action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le mon
1386 abdique sa liberté et se soumette aux besoins de l’ action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le monde
1387 soumette aux besoins de l’action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement natur
1388 umette aux besoins de l’action, du haut en bas de l’ échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement naturel
1389 besoins de l’action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement naturel de cesser
1390 ations. Tout le monde trouve parfaitement naturel de cesser d’acheter des livres : c’est la première économie que l’on fer
1391 ut le monde trouve parfaitement naturel de cesser d’ acheter des livres : c’est la première économie que l’on fera. De même
1392 heter des livres : c’est la première économie que l’ on fera. De même qu’en temps de restrictions alimentaires on trouve to
1393 mière économie que l’on fera. De même qu’en temps de restrictions alimentaires on trouve tout naturel de se priver d’abord
1394 restrictions alimentaires on trouve tout naturel de se priver d’abord de dessert. Oui, la culture est devenue pour nous q
1395 aires on trouve tout naturel de se priver d’abord de dessert. Oui, la culture est devenue pour nous quelque chose comme un
1396 out naturel de se priver d’abord de dessert. Oui, la culture est devenue pour nous quelque chose comme une friandise. Elle
1397 . Elle n’est plus un pain quotidien. Quand on dit de quelqu’un : c’est un intellectuel ! cela signifie : c’est un monsieur
1398 eur très compliqué qui ne vaut rien pour conduire la cité, pour gagner de l’argent, pour faire des choses sérieuses… Et ce
1399 i ne vaut rien pour conduire la cité, pour gagner de l’argent, pour faire des choses sérieuses… Et cependant, une société
1400 e vaut rien pour conduire la cité, pour gagner de l’ argent, pour faire des choses sérieuses… Et cependant, une société où
1401 es choses sérieuses… Et cependant, une société où les valeurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’acti
1402 rieuses… Et cependant, une société où les valeurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une soc
1403 uses… Et cependant, une société où les valeurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une sociét
1404 aleurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où
1405 la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où ce manq
1406 pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’ action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où ce manque
1407 is de l’action, une société qui manque à ce point d’ harmonie, et où ce manque n’est même plus ressenti comme un scandale,
1408 ue n’est même plus ressenti comme un scandale, je la vois condamnée à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la gu
1409 n scandale, je la vois condamnée à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la guerre sera toujours le seul aboutiss
1410 à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la guerre sera toujours le seul aboutissement. L’esprit de Ponce Pila
1411 re, dans un désordre dont la guerre sera toujours le seul aboutissement. L’esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui es
1412 la guerre sera toujours le seul aboutissement. L’ esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorc
1413 sera toujours le seul aboutissement. L’esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorce entre l
1414 e Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous
1415 is alors, qui est responsable de ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de
1416 ui est responsable de ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir d’où
1417 u ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir d’où il vient. Le phénomène le plus remarquable des débuts du xi
1418 voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir d’ où il vient. Le phénomène le plus remarquable des débuts du xixe sièc
1419 il nous a menés. Essayons de voir d’où il vient. Le phénomène le plus remarquable des débuts du xixe siècle a été, en ef
1420 nés. Essayons de voir d’où il vient. Le phénomène le plus remarquable des débuts du xixe siècle a été, en effet, et dans
1421 uts du xixe siècle a été, en effet, et dans tous les domaines, l’agrandissement très brusque des possibilités humaines. L’
1422 iècle a été, en effet, et dans tous les domaines, l’ agrandissement très brusque des possibilités humaines. L’invention des
1423 dissement très brusque des possibilités humaines. L’ invention des machines a brusquement accru nos possibilités d’action s
1424 des machines a brusquement accru nos possibilités d’ action sur la matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brus
1425 a brusquement accru nos possibilités d’action sur la matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brusque création
1426 t accru nos possibilités d’action sur la matière. L’ industrie et le commerce ont provoqué la brusque création de villes én
1427 sibilités d’action sur la matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brusque création de villes énormes, dix ou c
1428 matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brusque création de villes énormes, dix ou cent fois plus grandes que
1429 e et le commerce ont provoqué la brusque création de villes énormes, dix ou cent fois plus grandes que celles qu’on connai
1430 uparavant. Ainsi Berlin passe, en un demi-siècle, de 25 000 habitants à 4 millions. Dans ces villes, se sont entassées des
1431 des masses humaines informes et démesurées, là où l’ on ne connaissait auparavant que des groupements organisés autour de p
1432 upements organisés autour de petites entreprises. Les richesses, elles aussi, se sont tant agrandies qu’elles ont échappé a
1433 s chiffres abstraits, puissances lointaines, dont les économistes se sont mis à étudier les mœurs étranges, qui paraissaien
1434 aines, dont les économistes se sont mis à étudier les mœurs étranges, qui paraissaient aussi mystérieuses que celles des mo
1435 stérieuses que celles des monstres antédiluviens. La population de l’Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses o
1436 celles des monstres antédiluviens. La population de l’Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplé
1437 lles des monstres antédiluviens. La population de l’ Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplées,
1438 e, et enfin tous ces éléments réunis ont provoqué la création d’armées considérables, agrandissant le phénomène de la guer
1439 tous ces éléments réunis ont provoqué la création d’ armées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquem
1440 la création d’armées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation ent
1441 d’armées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici d
1442 rmées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici donc
1443 nomène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoi
1444 ène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs
1445 tions de la nation entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs d’agir matériellement grandissent, par une
1446 ci donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs d’ agir matériellement grandissent, par une mutation brusque, dans la pro
1447 ement grandissent, par une mutation brusque, dans la proportion de 1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet ess
1448 ent, par une mutation brusque, dans la proportion de 1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet essor fulgurant d
1449 sque, dans la proportion de 1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet essor fulgurant de l’action ? Et que va fa
1450 ire la pensée, en présence de cet essor fulgurant de l’action ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devi
1451 la pensée, en présence de cet essor fulgurant de l’ action ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devienn
1452 cet essor fulgurant de l’action ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devienne trop gigantesque pour êtr
1453 tion ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devienne trop gigantesque pour être dominée d’un seul regard.
1454 ciété devienne trop gigantesque pour être dominée d’ un seul regard. Une seule intelligence ne peut plus en comprendre et e
1455 igence ne peut plus en comprendre et en maîtriser les rouages. On ne sait pas du tout ce que vont produire ces capitaux éno
1456 nt vont réagir ces masses humaines déracinées par l’ industrie, et qui déjà menacent et souffrent. Tout cela échappe aux vu
1457 menacent et souffrent. Tout cela échappe aux vues de l’esprit rationaliste. Le panorama de la société devient confus. Plus
1458 acent et souffrent. Tout cela échappe aux vues de l’ esprit rationaliste. Le panorama de la société devient confus. Plus ri
1459 t cela échappe aux vues de l’esprit rationaliste. Le panorama de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de
1460 pe aux vues de l’esprit rationaliste. Le panorama de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme ind
1461 aux vues de l’esprit rationaliste. Le panorama de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme indivi
1462 a de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous n
1463 ciété devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons
1464 té devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’ homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons :
1465 and nous regardons en arrière, nous nous disons : les intellectuels auraient dû faire à ce moment-là un formidable effort d
1466 ient dû faire à ce moment-là un formidable effort de mise en ordre : ils auraient dû être saisis tout à la fois d’angoisse
1467 rdre : ils auraient dû être saisis tout à la fois d’ angoisse et d’enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur de tels p
1468 aient dû être saisis tout à la fois d’angoisse et d’ enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie
1469 d’enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie et de mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs a
1470 evant ce monde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie et de mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs avaient été coordo
1471 onde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie et de mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs avaient été coordonnés, orie
1472 tés par une vue générale, par une notion générale de l’homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie
1473 par une vue générale, par une notion générale de l’ homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie !
1474 e, par une notion générale de l’homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie ! Mais si ces mêmes po
1475 ! Mais si ces mêmes pouvoirs étaient abandonnés à l’ anarchie, s’ils se développaient chacun de son côté sans tenir compte
1476 onnés à l’anarchie, s’ils se développaient chacun de son côté sans tenir compte d’aucune harmonie ni d’aucune mesure humai
1477 éveloppaient chacun de son côté sans tenir compte d’ aucune harmonie ni d’aucune mesure humaine, ils ne pouvaient créer qu’
1478 e son côté sans tenir compte d’aucune harmonie ni d’ aucune mesure humaine, ils ne pouvaient créer qu’une vie fausse, une v
1479 fausse, une vie mauvaise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils a
1480 uvaise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chanc
1481 ise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance e
1482 ne. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que d’ avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance et un devoir vi
1483 été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance et un devoir vital. Or, il
1484 des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’ action. Ils avaient là une chance et un devoir vital. Or, ils ont perd
1485 Or, ils ont perdu cette chance. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons d
1486 ance. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi de
1487 e. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi de la
1488 e prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi de la culture ; c’est chez les philosophes et les penseu
1489 est ici que nous allons découvrir le grand ennemi de la culture ; c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d
1490 ici que nous allons découvrir le grand ennemi de la culture ; c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’ab
1491 ouvrir le grand ennemi de la culture ; c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le n
1492 emi de la culture ; c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit
1493 les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démissio
1494 u’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’ esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit.
1495 t d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’
1496 festé. Et je le nommerai : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’
1497  : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le scep
1498 e démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se
1499 émission, de non-intervention, ou la démission de l’ esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lav
1500 -intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’ esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et l
1501 ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’ un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les chos
1502 l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les choses suivre leur cour
1503 même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les choses suivre leur cours fatal. En présence des m
1504 ate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les choses suivre leur cours fatal. En présence des machines, des capitau
1505 rmes questions que posaient ces énormes pouvoirs, les penseurs et les philosophes du dernier siècle, dans leur ensemble, n’
1506 ue posaient ces énormes pouvoirs, les penseurs et les philosophes du dernier siècle, dans leur ensemble, n’ont répondu que
1507 siècle, dans leur ensemble, n’ont répondu que par la fuite, et par ce qu’ils appelaient le désintéressement de la pensée.
1508 ndu que par la fuite, et par ce qu’ils appelaient le désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de dire
1509 , et par ce qu’ils appelaient le désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de
1510 t par ce qu’ils appelaient le désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de la
1511 ment de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre
1512 t renoncé à leur mission de directeurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujou
1513 enoncé à leur mission de directeurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujourd’
1514 n sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’ aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensé
1515 d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dan
1516 ui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désin
1517 renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désintér
1518 dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désintéressement scientifique. Ils n’ont pas d
1519 s n’ont pas dit : nous ne voulons plus rien faire d’ utile, mais ils ont dit : on ne peut plus rien faire, car l’histoire e
1520 ais ils ont dit : on ne peut plus rien faire, car l’ histoire et l’économie sont régies par des lois inflexibles. Et surtou
1521 t : on ne peut plus rien faire, car l’histoire et l’ économie sont régies par des lois inflexibles. Et surtout, au développ
1522 angoissant des faits, ils ont opposé des milliers de pages de rhétorique sur le Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-l
1523 t des faits, ils ont opposé des milliers de pages de rhétorique sur le Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-là ! Car e
1524 nt opposé des milliers de pages de rhétorique sur le Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-là ! Car en somme elle justi
1525 elle-là ! Car en somme elle justifie tout, endort l’ esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiét
1526 r en somme elle justifie tout, endort l’esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiéter des effet
1527 lle justifie tout, endort l’esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiéter des effets futurs de
1528 on active. Pourquoi s’inquiéter des effets futurs de ces capitaux accumulés ou du sort de ces masses humaines rassemblées 
1529 ffets futurs de ces capitaux accumulés ou du sort de ces masses humaines rassemblées ? Primo : notre esprit est trop disti
1530 ué et délicat pour agir sur ces faits ; secundo : le Progrès automatique arrangera tout. C’est lui qui, désormais, va remp
1531 gera tout. C’est lui qui, désormais, va remplacer la bienveillante Providence. La religion est l’opium du peuple, disait M
1532 ormais, va remplacer la bienveillante Providence. La religion est l’opium du peuple, disait Marx. Je lui réponds que sa cr
1533 acer la bienveillante Providence. La religion est l’ opium du peuple, disait Marx. Je lui réponds que sa croyance au Progrè
1534 rx. Je lui réponds que sa croyance au Progrès est l’ opium de la culture. S’il fallait résumer rapidement les caractères gé
1535 ui réponds que sa croyance au Progrès est l’opium de la culture. S’il fallait résumer rapidement les caractères généraux p
1536 réponds que sa croyance au Progrès est l’opium de la culture. S’il fallait résumer rapidement les caractères généraux par
1537 um de la culture. S’il fallait résumer rapidement les caractères généraux par lesquels se trahit la démission de l’esprit,
1538 nt les caractères généraux par lesquels se trahit la démission de l’esprit, je dirais : goût des automatismes, croyance au
1539 ères généraux par lesquels se trahit la démission de l’esprit, je dirais : goût des automatismes, croyance aux fatalités d
1540 s généraux par lesquels se trahit la démission de l’ esprit, je dirais : goût des automatismes, croyance aux fatalités de l
1541 s : goût des automatismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et de l’Économie, manie des organisations trop vastes et u
1542 goût des automatismes, croyance aux fatalités de l’ Histoire et de l’Économie, manie des organisations trop vastes et unif
1543 matismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et de l’Économie, manie des organisations trop vastes et uniformes, optimis
1544 ismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et de l’ Économie, manie des organisations trop vastes et uniformes, optimisme
1545 formes, optimisme trop confortable, enfin, manque d’ imagination. Or la plupart de ces choses ont paru magnifiques et série
1546 e Kierkegaard et Nietzsche pour protester du fond de leur solitude. Kierkegaard qui osa écrire ce blasphème contre les pré
1547 e. Kierkegaard qui osa écrire ce blasphème contre les préjugés du siècle : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la
1548 re ce blasphème contre les préjugés du siècle : «  Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne
1549 s préjugés du siècle : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le chr
1550 réjugés du siècle : « Le plus grand adversaire de l’ esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christ
1551 e : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christianisme dans un
1552 st la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christianisme dans un monde où règne la presse. » Et Nietzsche, de so
1553 s prêcher le christianisme dans un monde où règne la presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’organiser e
1554 dans un monde où règne la presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’organiser et de centraliser en écrivan
1555 la presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’organiser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plu
1556 . » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’ organiser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plus froid p
1557 e, de son côté, dénonçait la manie d’organiser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plus froid parmi les monstr
1558 nie d’organiser et de centraliser en écrivant : «  L’ État est le plus froid parmi les monstres froids. » Mais à part ces de
1559 iser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plus froid parmi les monstres froids. » Mais à part ces deux solitair
1560 er en écrivant : « L’État est le plus froid parmi les monstres froids. » Mais à part ces deux solitaires, personne ne sut o
1561 sonne ne sut ou n’osa voir à quoi devait conduire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le développement de l’indus
1562 uire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le développement de l’industrie a produit évidemment beaucoup d’automobi
1563 abandonné à son mouvement fatal. Le développement de l’industrie a produit évidemment beaucoup d’automobiles, de téléphone
1564 ndonné à son mouvement fatal. Le développement de l’ industrie a produit évidemment beaucoup d’automobiles, de téléphones e
1565 ment de l’industrie a produit évidemment beaucoup d’ automobiles, de téléphones et de frigidaires, mais il a aussi produit
1566 trie a produit évidemment beaucoup d’automobiles, de téléphones et de frigidaires, mais il a aussi produit beaucoup de can
1567 idemment beaucoup d’automobiles, de téléphones et de frigidaires, mais il a aussi produit beaucoup de canons et de masques
1568 es, mais il a aussi produit beaucoup de canons et de masques à gaz. Il a produit beaucoup de confort, mais il a également
1569 beaucoup de confort, mais il a également produit la lutte des classes et le chômage, et la grande ville, cette catastroph
1570 is il a également produit la lutte des classes et le chômage, et la grande ville, cette catastrophe humaine, l’un des désa
1571 nt produit la lutte des classes et le chômage, et la grande ville, cette catastrophe humaine, l’un des désastres moraux de
1572 te catastrophe humaine, l’un des désastres moraux de l’Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d
1573 catastrophe humaine, l’un des désastres moraux de l’ Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d’un
1574 désastres moraux de l’Histoire. Tout cela, faute d’ harmonie et de mesure humaine, faute d’un grand principe directeur, sp
1575 aux de l’Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d’un grand principe directeur, spirituel ou cul
1576 ela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d’ un grand principe directeur, spirituel ou culturel. Tout cela parce qu
1577 el ou culturel. Tout cela parce qu’on pensait que le Progrès était sain, juste et infaillible, et que la seule tâche série
1578 Progrès était sain, juste et infaillible, et que la seule tâche sérieuse était de gagner de l’argent en attendant que les
1579 infaillible, et que la seule tâche sérieuse était de gagner de l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mê
1580 e, et que la seule tâche sérieuse était de gagner de l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, e
1581 et que la seule tâche sérieuse était de gagner de l’ argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, en r
1582 euse était de gagner de l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, en réalité, rien ne s’est arran
1583 l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’ elles-mêmes. Or, en réalité, rien ne s’est arrangé. Et voici où nous
1584 en ne s’est arrangé. Et voici où nous rejoignons le temps présent. Dans une cité où la culture n’a plus en fait l’initiat
1585 ous rejoignons le temps présent. Dans une cité où la culture n’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de la product
1586 ent. Dans une cité où la culture n’a plus en fait l’ initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui impo
1587 la culture n’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à
1588 e n’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre p
1589 ’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pens
1590 ’initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Q
1591 itiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Quan
1592 eurs nécessités à notre pensée impuissante. Quand la culture ne domine plus l’action, c’est l’action qui domine la culture
1593 nsée impuissante. Quand la culture ne domine plus l’ action, c’est l’action qui domine la culture, mais une action qui ne s
1594 . Quand la culture ne domine plus l’action, c’est l’ action qui domine la culture, mais une action qui ne sait plus où elle
1595 e domine plus l’action, c’est l’action qui domine la culture, mais une action qui ne sait plus où elle va ! Et la société
1596 mais une action qui ne sait plus où elle va ! Et la société à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sé
1597 été à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns
1598 rde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun,
1599 pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’ action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dan
1600 défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dans sa spécia
1601 épare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dans sa spécialité, suit des voies totalement
1602 cées par des principes contradictoires et privées de commune mesure. Décadence de la communauté Je préciserai ce que
1603 toires et privées de commune mesure. Décadence de la communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure
1604 res et privées de commune mesure. Décadence de la communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure d’
1605 communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure d’une civilisation : c’est le principe qui doit harmon
1606 préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure d’ une civilisation : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les ac
1607 ici la commune mesure d’une civilisation : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les activités d’une société donné
1608 on : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les activités d’une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple, to
1609 principe qui doit harmoniser toutes les activités d’ une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple, tout était rapp
1610 r toutes les activités d’une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’indiv
1611 cité grecque, par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était ré
1612 que, par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le
1613 , par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’ individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le dr
1614 porté à la mesure de l’individu raisonnable. Dans l’ Empire romain, tout était réglé par le droit d’État. Chez les Juifs, c
1615 nable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait t
1616 ns l’Empire romain, tout était réglé par le droit d’ État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’ex
1617 omain, tout était réglé par le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans s
1618 églé par le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux
1619 r le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux détails
1620 uifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’ existence dans ses plus minutieux détails. Au Moyen Âge, la théologie.
1621 ce dans ses plus minutieux détails. Au Moyen Âge, la théologie. Dans toutes ces civilisations, l’action obéissait spontané
1622 Âge, la théologie. Dans toutes ces civilisations, l’ action obéissait spontanément aux mêmes lois que la pensée. Mais aujou
1623 ’action obéissait spontanément aux mêmes lois que la pensée. Mais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et la théolog
1624 ux mêmes lois que la pensée. Mais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et la théologie sont méprisés ou ignorés, mai
1625 la pensée. Mais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et la théologie sont méprisés ou ignorés, maintenant que tout,
1626 ais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et la théologie sont méprisés ou ignorés, maintenant que tout, dans le mond
1627 nt méprisés ou ignorés, maintenant que tout, dans le monde, échappe aux prises de l’esprit humain, il ne reste qu’un seul
1628 enant que tout, dans le monde, échappe aux prises de l’esprit humain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la vale
1629 nt que tout, dans le monde, échappe aux prises de l’ esprit humain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur
1630 ain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur de nos actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent
1631 reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur de nos actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent, c’est la
1632 ncipe pour mesurer la valeur de nos actes : c’est l’ Argent. Et quand il n’y a plus d’argent, c’est la misère. Et quand la
1633 os actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’ argent, c’est la misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’e
1634 l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent, c’est la misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’est l’État-provid
1635 il n’y a plus d’argent, c’est la misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’est l’État-providence qui se charge d
1636 . Et quand la misère est trop grande, alors c’est l’ État-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est
1637 ande, alors c’est l’État-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des
1638 t-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des principes qui ne valen
1639 arge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’ Argent et l’État sont des principes qui ne valent rien dans le domaine
1640 mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’ État sont des principes qui ne valent rien dans le domaine de l’esprit
1641 l’État sont des principes qui ne valent rien dans le domaine de l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt r
1642 des principes qui ne valent rien dans le domaine de l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement,
1643 s principes qui ne valent rien dans le domaine de l’ esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement, s’a
1644 nt rien dans le domaine de l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement, s’asservit. Je vous en don
1645 servit. Je vous en donnerai un exemple que chacun de vous peut vérifier quotidiennement. Le fondement et le symbole de tou
1646 que chacun de vous peut vérifier quotidiennement. Le fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous a
1647 us peut vérifier quotidiennement. Le fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd
1648 ifier quotidiennement. Le fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui à une
1649 e fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui à une extraordinaire décadence
1650 e, en tous pays. Au cours des siècles précédents, les hommes d’une même société s’entendaient sur le sens de certains mots
1651 pays. Au cours des siècles précédents, les hommes d’ une même société s’entendaient sur le sens de certains mots fondamenta
1652 , les hommes d’une même société s’entendaient sur le sens de certains mots fondamentaux que j’appellerai les lieux communs
1653 mmes d’une même société s’entendaient sur le sens de certains mots fondamentaux que j’appellerai les lieux communs. C’étai
1654 ns de certains mots fondamentaux que j’appellerai les lieux communs. C’était sur la base de ces mots définis une fois pour
1655 x que j’appellerai les lieux communs. C’était sur la base de ces mots définis une fois pour toutes que les échanges d’idée
1656 appellerai les lieux communs. C’était sur la base de ces mots définis une fois pour toutes que les échanges d’idées pouvai
1657 base de ces mots définis une fois pour toutes que les échanges d’idées pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les
1658 ots définis une fois pour toutes que les échanges d’ idées pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les lieux commu
1659 pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècl
1660 r ni malentendu. Les lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi no
1661 entendu. Les lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi nous ? Pre
1662 Les lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi nous ? Prenons troi
1663 ils devenus parmi nous ? Prenons trois mots parmi les plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : espr
1664 Prenons trois mots parmi les plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je
1665 ots parmi les plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le
1666 es plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le mot espri
1667 poque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le mot esprit a déjà vingt-neuf sens différents dans le dictionnaire de
1668 mot esprit a déjà vingt-neuf sens différents dans le dictionnaire de Littré. Mais cela n’est pas un mal, car ces sens, jus
1669 à vingt-neuf sens différents dans le dictionnaire de Littré. Mais cela n’est pas un mal, car ces sens, justement, sont exa
1670 personne ne s’entend. Tout le monde veut défendre l’ esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pou
1671 veut défendre l’esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine
1672 esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine ou l’ensemble de
1673 rit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine ou l’ensemble de la
1674 aint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit s
1675 ologie, pour d’autres, c’est la raison humaine ou l’ ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des
1676 r d’autres, c’est la raison humaine ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des délicats,
1677 ’autres, c’est la raison humaine ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des délicats, et
1678 maine ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’ esprit signifiera le luxe des délicats, et pour cet autre, l’activité
1679 de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des délicats, et pour cet autre, l’activité révolutionnaire des
1680 gnifiera le luxe des délicats, et pour cet autre, l’ activité révolutionnaire des créateurs. Si j’affirme que mon but est d
1681 naire des créateurs. Si j’affirme que mon but est de sauver l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrèt
1682 créateurs. Si j’affirme que mon but est de sauver l’ esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je
1683 Si j’affirme que mon but est de sauver l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je m’évade da
1684 r l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je m’évade dans le spiritualisme, alors que je ne v
1685 e je néglige la vie concrète, que je m’évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’esprit que dans l
1686 évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’esprit que dans la présence effective de la pensée et de
1687 spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’ esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à tout
1688 rs que je ne vois de salut pour l’esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de
1689 alut pour l’esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté :
1690 t pour l’esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : to
1691 it que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : tout le monde l
1692 que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : tout le monde l’in
1693 ence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : tout le monde l’invoque, n’est-ce p
1694 ve de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais p
1695 ée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais pour l’économi
1696 s misères de ce monde. La liberté : tout le monde l’ invoque, n’est-ce pas ? Mais pour l’économiste libéral, cela signifie
1697 tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais pour l’ économiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le
1698 s ? Mais pour l’économiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’indiv
1699 pour l’économiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste
1700 nomiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisa
1701 l, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le
1702 signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le refus
1703 gnifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le refus d’o
1704 ner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’ individualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à l’État ; dans t
1705 ence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer
1706 ur l’individualiste anarchisant, ce sera le refus d’ obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’au
1707 idualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à l’ État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents au
1708 e sera le refus d’obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents au prix de dures privation
1709 prix de dures privations ; dans un deuxième pays, la liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’annexer un voisin
1710 ns ; dans un deuxième pays, la liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’annexer un voisin faible ; dans un trois
1711 euxième pays, la liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’annexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la
1712 la liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’annexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la liberté sera
1713 nnexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce qu
1714 n troisième pays, la liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce que l’on pense. Et quand ces trois
1715 ys, la liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce que l’on pense. Et quand ces trois pays se feron
1716 plement la permission de dire à haute voix ce que l’ on pense. Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils la feront t
1717 que l’on pense. Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin sig
1718 Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt
1719 se feront la guerre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt le statu quo social, si a
1720 erre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ ordre enfin signifiera tantôt le statu quo social, si absurde qu’il so
1721 de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt le statu quo social, si absurde qu’il soit, tantôt l’établissement d’une
1722 e statu quo social, si absurde qu’il soit, tantôt l’ établissement d’une hiérarchie nouvelle au prix d’une révolution, tant
1723 al, si absurde qu’il soit, tantôt l’établissement d’ une hiérarchie nouvelle au prix d’une révolution, tantôt la suppressio
1724 l’établissement d’une hiérarchie nouvelle au prix d’ une révolution, tantôt la suppression physique de tous ceux qui critiq
1725 rarchie nouvelle au prix d’une révolution, tantôt la suppression physique de tous ceux qui critiquent le désordre établi,
1726 d’une révolution, tantôt la suppression physique de tous ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt le fait qu’on n’a
1727 suppression physique de tous ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt le fait qu’on n’assassine plus dans la rue ma
1728 us ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt le fait qu’on n’assassine plus dans la rue mais seulement dans les priso
1729 tabli, tantôt le fait qu’on n’assassine plus dans la rue mais seulement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire
1730 n’assassine plus dans la rue mais seulement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principa
1731 plus dans la rue mais seulement dans les prisons d’ État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principales de la m
1732 lement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples rési
1733 site pas à le dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples réside dans ce désordre du langage, et dans
1734 e pas à le dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples réside dans ce désordre du langage, et dans l’
1735 uples réside dans ce désordre du langage, et dans l’ absence de toute autorité morale capable d’y porter remède. Car qui pe
1736 de dans ce désordre du langage, et dans l’absence de toute autorité morale capable d’y porter remède. Car qui peut fixer a
1737 t dans l’absence de toute autorité morale capable d’ y porter remède. Car qui peut fixer aujourd’hui le véritable sens des
1738 d’y porter remède. Car qui peut fixer aujourd’hui le véritable sens des mots ? En d’autres temps, c’étaient l’Église et la
1739 able sens des mots ? En d’autres temps, c’étaient l’ Église et la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écriva
1740 s mots ? En d’autres temps, c’étaient l’Église et la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écrivains. Mais qu
1741 la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écrivains. Mais que peuvent-ils dans notre monde démesuré ? Un Valéry
1742 léry, un Gide ou un Claudel ont quelques milliers de lecteurs, tandis que la presse du soir et la radio atteignent chaque
1743 del ont quelques milliers de lecteurs, tandis que la presse du soir et la radio atteignent chaque jour des millions d’homm
1744 iers de lecteurs, tandis que la presse du soir et la radio atteignent chaque jour des millions d’hommes, et c’est tout un
1745 r et la radio atteignent chaque jour des millions d’ hommes, et c’est tout un domaine du langage que l’écrivain ne contrôle
1746 d’hommes, et c’est tout un domaine du langage que l’ écrivain ne contrôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas. Ainsi se c
1747 ne forme pas, n’atteint même pas. Ainsi se créent d’ énormes zones d’échanges verbaux incontrôlés. Et plus on y échange de
1748 atteint même pas. Ainsi se créent d’énormes zones d’ échanges verbaux incontrôlés. Et plus on y échange de mots, plus ils p
1749 changes verbaux incontrôlés. Et plus on y échange de mots, plus ils perdent leur force et leur sens, et leur délicatesse d
1750 dent leur force et leur sens, et leur délicatesse d’ appel. Alors les écrivains, qui n’ont pas d’autres armes que les mots,
1751 et leur sens, et leur délicatesse d’appel. Alors les écrivains, qui n’ont pas d’autres armes que les mots, se voient privé
1752 s les écrivains, qui n’ont pas d’autres armes que les mots, se voient privés de tout moyen d’agir. Leurs conseils, leurs ap
1753 pas d’autres armes que les mots, se voient privés de tout moyen d’agir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les
1754 rmes que les mots, se voient privés de tout moyen d’ agir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les hommes échange
1755 ir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les hommes échangent des paroles en plus grand nombre que jamais, et ne s
1756 jamais, et ne se disent rien qui compte. Or quand la parole se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un
1757 quand la parole se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son ê
1758 omme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de
1759 e, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’ amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté.
1760 son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté. Alors paraît le règne de la force
1761 ’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle autori
1762 fondement même de toute communauté. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le se
1763 t même de toute communauté. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le sens des mo
1764 ême de toute communauté. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le sens des mots,
1765 rce ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le sens des mots, la propagande brutale s’en chargera. À la place des gr
1766 orité spirituelle ne peut fixer le sens des mots, la propagande brutale s’en chargera. À la place des grands lieux communs
1767 des mots, la propagande brutale s’en chargera. À la place des grands lieux communs chargés de sens traditionnel, nous aur
1768 gera. À la place des grands lieux communs chargés de sens traditionnel, nous aurons des slogans, des mots d’ordre simplist
1769 rons des slogans, des mots d’ordre simplistes. Et l’ on pourra changer le sens des mots sept fois par an, selon les besoins
1770 s mots d’ordre simplistes. Et l’on pourra changer le sens des mots sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est
1771 changer le sens des mots sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre d’une
1772 sens des mots sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre d’une grande pui
1773 s des mots sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre d’une grande puissa
1774 soins de la cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre d’une grande puissance, le camarade Molotov, déclarait que l
1775 cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre d’ une grande puissance, le camarade Molotov, déclarait que le mot d’agre
1776 out récemment le ministre d’une grande puissance, le camarade Molotov, déclarait que le mot d’agression avait changé de se
1777 nde puissance, le camarade Molotov, déclarait que le mot d’agression avait changé de sens depuis ce printemps, « les événe
1778 ssance, le camarade Molotov, déclarait que le mot d’ agression avait changé de sens depuis ce printemps, « les événements l
1779 ov, déclarait que le mot d’agression avait changé de sens depuis ce printemps, « les événements lui ayant donné un contenu
1780 ssion avait changé de sens depuis ce printemps, «  les événements lui ayant donné un contenu historique nouveau », exactemen
1781 contenu historique nouveau », exactement inverse de l’ancien… Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice a
1782 ntenu historique nouveau », exactement inverse de l’ ancien… Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice au p
1783 Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’ Alice au pays des Merveilles (qui est un de mes livres préférés), dial
1784 alogue d’Alice au pays des Merveilles (qui est un de mes livres préférés), dialogue dont voici trois répliques : « Quand j
1785 e dont voici trois répliques : « Quand je me sers d’ un mot, dit Humpty Dumpty d’un ton méprisant, il signifie exactement c
1786  : « Quand je me sers d’un mot, dit Humpty Dumpty d’ un ton méprisant, il signifie exactement ce que je veux qu’il signifie
1787 e que je veux qu’il signifie… ni plus ni moins. —  La question est de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes
1788 ’il signifie… ni plus ni moins. — La question est de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes mots signifient
1789 st de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes mots signifient des choses différentes ? — La question est de s
1790 mêmes mots signifient des choses différentes ? —  La question est de savoir, dit Humpty Dumpty, qui est le plus fort… et c
1791 ifient des choses différentes ? — La question est de savoir, dit Humpty Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout. » Nou
1792 uestion est de savoir, dit Humpty Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est le p
1793 ’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est le plus fort qui définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice.
1794 es exactement là : c’est le plus fort qui définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice. Eh ! bien, je dis que lo
1795 le plus fort qui définit le sens des mots et qui l’ impose à son caprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive à une
1796 rrive à une pareille décadence des lieux communs, la culture est à l’agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politiq
1797 lle décadence des lieux communs, la culture est à l’ agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politique devient pratiq
1798 s, la culture est à l’agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politique devient pratiquement impossible. Les masses
1799 ale et politique devient pratiquement impossible. Les masses le sentent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les tro
1800 tique devient pratiquement impossible. Les masses le sentent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les trop grands p
1801 impossible. Les masses le sentent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les trop grands pays. C’est une angoisse inf
1802 ntent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les trop grands pays. C’est une angoisse informulée, mais dont les signes
1803 ds pays. C’est une angoisse informulée, mais dont les signes sont partout. L’appel au dictateur Or maintenant, de cet
1804 informulée, mais dont les signes sont partout. L’ appel au dictateur Or maintenant, de cette angoisse monte un appel,
1805 artout. L’appel au dictateur Or maintenant, de cette angoisse monte un appel, le formidable et inconscient appel des
1806 Or maintenant, de cette angoisse monte un appel, le formidable et inconscient appel des masses vers une communauté humain
1807 maine rénovée dans son esprit et dans ses signes, l’ appel de toute l’Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaur
1808 novée dans son esprit et dans ses signes, l’appel de toute l’Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vi
1809 s son esprit et dans ses signes, l’appel de toute l’ Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vivante. Et
1810 e et vivante. Et c’est à cet appel qu’ont répondu les chefs des grands mouvements collectivistes. Tout leur génie, s’il fau
1811 leur en reconnaître, a consisté à deviner — avant les intellectuels ! — la vraie nature de l’angoisse des foules, pour lui
1812 consisté à deviner — avant les intellectuels ! —  la vraie nature de l’angoisse des foules, pour lui donner une réponse à
1813 ner — avant les intellectuels ! — la vraie nature de l’angoisse des foules, pour lui donner une réponse à la fois frappant
1814 — avant les intellectuels ! — la vraie nature de l’ angoisse des foules, pour lui donner une réponse à la fois frappante e
1815 dit. C’est bien simple. Nous allons proclamer que l’ intérêt de l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule rè
1816 bien simple. Nous allons proclamer que l’intérêt de l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de tou
1817 en simple. Nous allons proclamer que l’intérêt de l’ État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute
1818 que l’intérêt de l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute activité, culturelle, politique,
1819 e l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute activité, culturelle, politique, ou même religie
1820 ous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute activité, culturelle, politique, ou même religieuse. » C’était
1821 politique, ou même religieuse. » C’était un coup de génie, si le génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients
1822 u même religieuse. » C’était un coup de génie, si le génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients désirs d’une
1823 nie, si le génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients désirs d’une nation. Mais on peut avoir du génie et fair
1824 e à deviner et à prévenir les inconscients désirs d’ une nation. Mais on peut avoir du génie et faire de grosses fautes de
1825 ’une nation. Mais on peut avoir du génie et faire de grosses fautes de calcul. Surtout quand on est très pressé. Or il est
1826 on peut avoir du génie et faire de grosses fautes de calcul. Surtout quand on est très pressé. Or il est certain que ces c
1827 es chefs étaient horriblement pressés, à cause de la misère que subissaient leurs peuples. Et voici la faute de calcul qu’
1828 la misère que subissaient leurs peuples. Et voici la faute de calcul qu’ils me paraissent avoir commise : ils ont voulu im
1829 araissent avoir commise : ils ont voulu imposer à l’ ensemble des principes qui étaient partiels. La discipline d’État, ou
1830 à l’ensemble des principes qui étaient partiels. La discipline d’État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réali
1831 des principes qui étaient partiels. La discipline d’ État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réalités. Mais des
1832 es qui étaient partiels. La discipline d’État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réalités. Mais des réalités pa
1833 nt partiels. La discipline d’État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réalités. Mais des réalités partielles. Si
1834 es des réalités. Mais des réalités partielles. Si la loi qu’on impose à tous est calculée seulement pour certains types, s
1835 une odieuse tyrannie pour tous ceux qui débordent le cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment humains. L’app
1836 i débordent le cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment humains. L’appel des peuples reste insatisfait. Il co
1837 utant dire pour tous les hommes vraiment humains. L’ appel des peuples reste insatisfait. Il continue à nous poser la plus
1838 uples reste insatisfait. Il continue à nous poser la plus sérieuse question humaine. Et s’il n’est pas encore aussi tragiq
1839 re aussi tragique dans des pays moins menacés par la misère, comme par exemple nos petits États neutres, ne nous faisons p
1840 ple nos petits États neutres, ne nous faisons pas d’ illusions : tôt ou tard, là aussi, cet appel exigera une réponse. Rest
1841 igera une réponse. Reste à savoir si nous saurons la lui donner, si nous saurons utiliser le délai qui nous est accordé, à
1842 s saurons la lui donner, si nous saurons utiliser le délai qui nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vr
1843 ns utiliser le délai qui nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vraies causes du mal, et non seulement po
1844 s est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vraies causes du mal, et non seulement pour décrire ses remèdes, mais
1845 ement pour décrire ses remèdes, mais surtout pour les essayer sur nous d’abord. À la recherche de l’homme réel … Sur
1846 s surtout pour les essayer sur nous d’abord. À la recherche de l’homme réel … Sur quel principe pourrions-nous rebât
1847 r les essayer sur nous d’abord. À la recherche de l’homme réel … Sur quel principe pourrions-nous rebâtir un monde q
1848 es essayer sur nous d’abord. À la recherche de l’ homme réel … Sur quel principe pourrions-nous rebâtir un monde qui
1849 nous rebâtir un monde qui soit vraiment à hauteur d’ homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit soient de nouvea
1850 qui soit vraiment à hauteur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit soient de nouveau capables d’agir ? Et
1851 aiment à hauteur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est
1852 ur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’ esprit soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est l’attitude de
1853 la culture et l’esprit soient de nouveau capables d’ agir ? Et quelle est l’attitude de pensée qui peut nous orienter dès à
1854 soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est l’ attitude de pensée qui peut nous orienter dès à présent vers une commu
1855 ouveau capables d’agir ? Et quelle est l’attitude de pensée qui peut nous orienter dès à présent vers une communauté solid
1856 ? Il nous faut rapprendre à penser, à penser dans le train de l’action, oui, à penser avec les mains. Il nous faut voir qu
1857 faut rapprendre à penser, à penser dans le train de l’action, oui, à penser avec les mains. Il nous faut voir que tout dé
1858 ut rapprendre à penser, à penser dans le train de l’ action, oui, à penser avec les mains. Il nous faut voir que tout dépen
1859 Il nous faut voir que tout dépend en premier lieu de notre état d’esprit. S’il change, tout commence à changer. S’il ne ch
1860 ut commence à changer. S’il ne change pas, toutes les réformes matérielles sont inutiles et tournent au malheur. Car le mal
1861 rielles sont inutiles et tournent au malheur. Car le mal qui est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est
1862 s et tournent au malheur. Car le mal qui est dans l’ action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Et
1863 ui est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens
1864 n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens ou intellectuels, t
1865 e : politiciens ou intellectuels, tous ont oublié l’ homme dans leurs calculs, ou bien se sont trompés sur sa nature. Ils o
1866 bien se sont trompés sur sa nature. Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et c’est pourq
1867 s ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et c’est pourquoi leurs efforts, même les plus sincè
1868 t est faux, et c’est pourquoi leurs efforts, même les plus sincères, aboutissent au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a
1869 s, même les plus sincères, aboutissent au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des inte
1870 même les plus sincères, aboutissent au malheur de l’ homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des intelle
1871 au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des intellectuels — et j’ajouterai : leur seul
1872 de l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des intellectuels — et j’ajouterai : leur seul pouvoir —
1873 — et j’ajouterai : leur seul pouvoir — c’est donc de rechercher l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’homme ne t
1874 ai : leur seul pouvoir — c’est donc de rechercher l’ homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa plein
1875 voir — c’est donc de rechercher l’homme perdu. Or l’ histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa pleine réalité et sa me
1876 her l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’ homme ne trouve sa pleine réalité et sa mesure qu’au sein d’un groupe
1877 i trop vaste ni trop étroit. Il n’est pas bon que l’ homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule. Le
1878 l’homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l’ homme soit foule. Le monde rationaliste et libéral supposait que l’hum
1879 il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule. Le monde rationaliste et libéral supposait que l’humanité n’était qu’un
1880 e. Le monde rationaliste et libéral supposait que l’ humanité n’était qu’un assemblage d’individus, d’hommes qui avaient su
1881 supposait que l’humanité n’était qu’un assemblage d’ individus, d’hommes qui avaient surtout des droits légaux, et très peu
1882 l’humanité n’était qu’un assemblage d’individus, d’ hommes qui avaient surtout des droits légaux, et très peu de devoirs n
1883 s droits légaux, et très peu de devoirs naturels. L’ individu rationaliste, c’était un homme in abstracto, privé d’attaches
1884 ationaliste, c’était un homme in abstracto, privé d’ attaches avec le sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré
1885 tait un homme in abstracto, privé d’attaches avec le sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré des servitudes
1886 homme in abstracto, privé d’attaches avec le sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré des servitudes et des t
1887 racto, privé d’attaches avec le sol, la patrie et l’ hérédité. C’était un homme libéré des servitudes et des tabous de la t
1888 tait un homme libéré des servitudes et des tabous de la tribu, mais en même temps privé de relations concrètes. Or la comm
1889 t un homme libéré des servitudes et des tabous de la tribu, mais en même temps privé de relations concrètes. Or la communa
1890 des tabous de la tribu, mais en même temps privé de relations concrètes. Or la communauté des hommes se fonde d’abord sur
1891 is en même temps privé de relations concrètes. Or la communauté des hommes se fonde d’abord sur des relations charnelles e
1892 relations charnelles et concrètes. C’est pourquoi l’ individualisme qui les néglige est une doctrine antisociale. Elle a po
1893 et concrètes. C’est pourquoi l’individualisme qui les néglige est une doctrine antisociale. Elle a pour effet mécanique de
1894 doctrine antisociale. Elle a pour effet mécanique de dissocier toute communauté naturelle. Et alors se produit le phénomèn
1895 r toute communauté naturelle. Et alors se produit le phénomène auquel nous avons assisté depuis une trentaine d’années. L’
1896 ne auquel nous avons assisté depuis une trentaine d’ années. L’homme isolé, dans un monde trop vaste, ne se sent plus porté
1897 nous avons assisté depuis une trentaine d’années. L’ homme isolé, dans un monde trop vaste, ne se sent plus porté au sein d
1898 pe. Déraciné, il flotte, il erre, il n’offre plus de résistance aux courants d’opinion, aux modes, à la publicité des gran
1899 erre, il n’offre plus de résistance aux courants d’ opinion, aux modes, à la publicité des grandes firmes et des grands pa
1900 e résistance aux courants d’opinion, aux modes, à la publicité des grandes firmes et des grands partis politiques. À ce mo
1901 oduit fatalement ce que j’appellerai un sentiment de vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse, d’où naît le besoin
1902 erai un sentiment de vide social. C’est une sorte d’ angoisse diffuse, d’où naît le besoin d’un coude à coude où l’individu
1903 vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse, d’ où naît le besoin d’un coude à coude où l’individu isolé retrouve des
1904 al. C’est une sorte d’angoisse diffuse, d’où naît le besoin d’un coude à coude où l’individu isolé retrouve des contrainte
1905 une sorte d’angoisse diffuse, d’où naît le besoin d’ un coude à coude où l’individu isolé retrouve des contraintes qui le r
1906 iffuse, d’où naît le besoin d’un coude à coude où l’ individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent. Appel à une
1907 où l’individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent. Appel à une communauté : c’est le secret de toute révoluti
1908 qui le rassurent. Appel à une communauté : c’est le secret de toute révolution. Alors, d’un coup de balancier, nous nous
1909 ssurent. Appel à une communauté : c’est le secret de toute révolution. Alors, d’un coup de balancier, nous nous trouvons p
1910 uté : c’est le secret de toute révolution. Alors, d’ un coup de balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui es
1911 t le secret de toute révolution. Alors, d’un coup de balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est le pôle
1912 nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Europe peut être ramenée à
1913 ’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute l’ histoire de l’Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un
1914 , qui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’au
1915 ui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’ Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’autre
1916 urope peut être ramenée à ces grands balancements d’ un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’ét
1917 à ces grands balancements d’un pôle à l’autre. À l’ anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme romain. Au colle
1918 d’un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen Â
1919 un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen Âge
1920 e. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’ étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen Âge répond la révolt
1921 main. Au collectivisme sacral du Moyen Âge répond la révolte individualiste de la Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle os
1922 ral du Moyen Âge répond la révolte individualiste de la Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier : l
1923 du Moyen Âge répond la révolte individualiste de la Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier : le v
1924 aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier : le vide social créé par l’individualisme du siècle passé appelle une pui
1925 scillation du balancier : le vide social créé par l’ individualisme du siècle passé appelle une puissante réaction collecti
1926 ssante réaction collective. Sortirons-nous jamais de cette dialectique, dont les phases et les renversements menacent aujo
1927 Sortirons-nous jamais de cette dialectique, dont les phases et les renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’Europe 
1928 s jamais de cette dialectique, dont les phases et les renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’Europe ? Il s’agit de
1929 phases et les renversements menacent aujourd’hui d’ anéantir l’Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que
1930 les renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’ Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posen
1931 acent aujourd’hui d’anéantir l’Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les relations de l’
1932 d’anéantir l’Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’ éternel problème que nous posent les relations de l’individu et de la
1933 résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que
1934 l’éternel problème que nous posent les relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concr
1935 éternel problème que nous posent les relations de l’ individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret
1936 me que nous posent les relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le R
1937 que nous posent les relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robi
1938 ns de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni
1939 vidu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’ homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme nu
1940 . Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme numéro d’un rang, mais qu’il
1941 de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’ une île déserte, ni l’anonyme numéro d’un rang, mais qu’il est à la fo
1942 ncret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni l’ anonyme numéro d’un rang, mais qu’il est à la fois un être unique et u
1943 e Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme numéro d’ un rang, mais qu’il est à la fois un être unique et un être qui a des
1944 upe, être un homme libre et pourtant relié, c’est l’ idéal de l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie !
1945 e un homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal de l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce p
1946 n homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal de l’ homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce prob
1947 e a été résolu, cet idéal réalisé, au ier siècle de notre ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien pri
1948 t idéal réalisé, au ier siècle de notre ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme
1949 au ier siècle de notre ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de
1950 ier siècle de notre ère, par les communautés de l’ Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa
1951 e ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa conversion, se trou
1952 e. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa conversion, se trouve chargé d’une vocation particulière qui le di
1953 e qui, du fait de sa conversion, se trouve chargé d’ une vocation particulière qui le distingue de tous ses voisins ; mais
1954 se trouve chargé d’une vocation particulière qui le distingue de tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation uni
1955 argé d’une vocation particulière qui le distingue de tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation unique le met en
1956 oisins ; mais d’autre part, cette vocation unique le met en relation avec des frères et l’introduit dans une communauté no
1957 tion unique le met en relation avec des frères et l’ introduit dans une communauté nouvelle. Voilà l’homme que j’appelle un
1958 t l’introduit dans une communauté nouvelle. Voilà l’ homme que j’appelle une personne : il est à la fois libre et engagé, e
1959 bre et engagé, et il est libéré par cela même qui l’ engage envers son prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien, je
1960 je veux dire par sa vocation. Eh bien, je dis que les maux dont nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne.
1961 dont nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocatio
1962 nt nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation e
1963 ont avant tout des maladies de la personne. Quand l’ homme oublie qu’il est responsable de sa vocation envers ses prochains
1964 sonne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation envers ses prochains, il devient individualiste. Et quand
1965 ualiste. Et quand il oublie qu’il est responsable de sa vocation envers lui-même, il devient collectiviste. L’homme comple
1966 cation envers lui-même, il devient collectiviste. L’ homme complet et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre d’être
1967 et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre d’ être soi-même vis-à-vis de l’ensemble, et engagé vis-à-vis de cet ense
1968 sait à la fois libre d’être soi-même vis-à-vis de l’ ensemble, et engagé vis-à-vis de cet ensemble par l’exercice d’une voc
1969 ensemble, et engagé vis-à-vis de cet ensemble par l’ exercice d’une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet h
1970 t engagé vis-à-vis de cet ensemble par l’exercice d’ une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel q
1971 de cet ensemble par l’exercice d’une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout rebâ
1972 ons montré que c’est justement cet homme-là qui a le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car s
1973 ré que c’est justement cet homme-là qui a le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car supposez
1974 le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car supposez qu’un homme se sente une vocation et déci
1975 posez qu’un homme se sente une vocation et décide de la réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que l’histoire et la
1976 ez qu’un homme se sente une vocation et décide de la réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que l’histoire et la so
1977 réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que l’ histoire et la sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-il se
1978 e trouve en présence d’un monde que l’histoire et la sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-il seul, contre ces
1979 onde que l’histoire et la sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-il seul, contre ces lois ? Il faut donc, s’il
1980 bit une discipline qui ne s’accommode pas du tout de sa vocation personnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la cul
1981 as du tout de sa vocation personnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la culture actuelle et le monde actuel : ou b
1982 ersonnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la culture actuelle et le monde actuel : ou bien tu veux rester toi-même
1983 le dilemme où nous placent la culture actuelle et le monde actuel : ou bien tu veux rester toi-même, mais alors tu ne pour
1984 en tu veux faire quelque chose, mais alors, cesse d’ être toi-même ! Comment sortir de ce cercle vicieux ? Par un changemen
1985 ais alors, cesse d’être toi-même ! Comment sortir de ce cercle vicieux ? Par un changement d’état d’esprit aussi bien chez
1986 t sortir de ce cercle vicieux ? Par un changement d’ état d’esprit aussi bien chez les intellectuels créateurs que chez les
1987 Par un changement d’état d’esprit aussi bien chez les intellectuels créateurs que chez les amateurs de vraie culture, les l
1988 si bien chez les intellectuels créateurs que chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est
1989 les intellectuels créateurs que chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce chang
1990 créateurs que chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’espr
1991 chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’esprit que sortir
1992 lture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’esprit que sortira la possibilité de repenser
1993 rs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’ état d’esprit que sortira la possibilité de repenser une société. R
1994 ’est de ce changement d’état d’esprit que sortira la possibilité de repenser une société. Raisons d’espérer : la cultur
1995 gement d’état d’esprit que sortira la possibilité de repenser une société. Raisons d’espérer : la culture et les groupe
1996 a possibilité de repenser une société. Raisons d’ espérer : la culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintena
1997 é de repenser une société. Raisons d’espérer : la culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les rais
1998 une société. Raisons d’espérer : la culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai d’
1999 les groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai d’espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vo
2000 drais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai d’ espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vous énumérer les prem
2001 vous énumérer les premiers succès remportés, dans la bataille de la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fa
2002 r les premiers succès remportés, dans la bataille de la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce
2003 es premiers succès remportés, dans la bataille de la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce qui
2004 rtés, dans la bataille de la culture moderne, par l’ esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellec
2005 de la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’ esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le
2006 réateur sur l’esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les destins de la ci
2007 Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les destins de la cité, c’était, depuis Hegel, Augu
2008 alysait les intellectuels qui sentaient le besoin d’ agir sur les destins de la cité, c’était, depuis Hegel, Auguste Comte,
2009 intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les destins de la cité, c’était, depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’
2010 ls qui sentaient le besoin d’agir sur les destins de la cité, c’était, depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que l’
2011 qui sentaient le besoin d’agir sur les destins de la cité, c’était, depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que l’His
2012 é, c’était, depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’ idée que l’Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’homme ne peut
2013 depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que l’ Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’homme ne peut rien. Conc
2014 que l’Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’ homme ne peut rien. Conception très lugubre, mais commode, car elle ju
2015 n très lugubre, mais commode, car elle justifiait l’ inaction ou la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois
2016 , mais commode, car elle justifiait l’inaction ou la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois fatales avait
2017 ar elle justifiait l’inaction ou la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois fatales avait été empruntée à la
2018 la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois fatales avait été empruntée à la science, et transportée abusive
2019 cette idée de lois fatales avait été empruntée à la science, et transportée abusivement dans les domaines plus humains de
2020 tée à la science, et transportée abusivement dans les domaines plus humains de l’histoire, de la sociologie, et même de la
2021 portée abusivement dans les domaines plus humains de l’histoire, de la sociologie, et même de la psychologie. Et voici que
2022 tée abusivement dans les domaines plus humains de l’ histoire, de la sociologie, et même de la psychologie. Et voici que ce
2023 ent dans les domaines plus humains de l’histoire, de la sociologie, et même de la psychologie. Et voici que cette idée par
2024 dans les domaines plus humains de l’histoire, de la sociologie, et même de la psychologie. Et voici que cette idée paraly
2025 humains de l’histoire, de la sociologie, et même de la psychologie. Et voici que cette idée paralysante est en train de s
2026 mains de l’histoire, de la sociologie, et même de la psychologie. Et voici que cette idée paralysante est en train de subi
2027 bir certains coups décisifs : ce sont précisément les hommes de science qui, les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reco
2028 s coups décisifs : ce sont précisément les hommes de science qui, les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reconnu, depui
2029 les hommes de science qui, les premiers, cessent d’ y croire. Ils ont reconnu, depuis quelques années, que la notion de lo
2030 ire. Ils ont reconnu, depuis quelques années, que la notion de lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l
2031 nt reconnu, depuis quelques années, que la notion de lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l’homme, n’
2032 es années, que la notion de lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l’homme, n’était qu’une illusion rat
2033 tout objectives, de lois absolument indépendantes de l’homme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de ra
2034 t objectives, de lois absolument indépendantes de l’ homme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de rappe
2035 it qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : elle a prouv
2036 on rationaliste. Qu’il me suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : elle a prouvé que l’observati
2037 Qu’il me suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : elle a prouvé que l’observation microscopiqu
2038 ’il me suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : elle a prouvé que l’observation microscopique m
2039 tes de la physique des quanta : elle a prouvé que l’ observation microscopique modifie en réalité les phénomènes que l’on o
2040 ue l’observation microscopique modifie en réalité les phénomènes que l’on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui q
2041 croscopique modifie en réalité les phénomènes que l’ on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lo
2042 ie en réalité les phénomènes que l’on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lois scientifiques n
2043 serve. Et les savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lois scientifiques ne sont en fait que de commodes conventio
2044 s fameuses lois scientifiques ne sont en fait que de commodes conventions, dépendant des systèmes de mesures inventés par
2045 e de commodes conventions, dépendant des systèmes de mesures inventés par l’esprit humain. Or si la science elle-même vien
2046 s, dépendant des systèmes de mesures inventés par l’ esprit humain. Or si la science elle-même vient nous dire que même dan
2047 es de mesures inventés par l’esprit humain. Or si la science elle-même vient nous dire que même dans l’ordre matériel, il
2048 a science elle-même vient nous dire que même dans l’ ordre matériel, il n’est plus permis de concevoir une observation impa
2049 même dans l’ordre matériel, il n’est plus permis de concevoir une observation impartiale, à combien plus forte raison pou
2050 combien plus forte raison pourrons-nous dénoncer l’ illusion des historiens et sociologues qui prétendaient décrire object
2051 ociologues qui prétendaient décrire objectivement les lois rigides de notre société. En vérité, il n’est de lois fatales q
2052 étendaient décrire objectivement les lois rigides de notre société. En vérité, il n’est de lois fatales que là où l’espri
2053 is rigides de notre société. En vérité, il n’est de lois fatales que là où l’esprit démissionne. Toute action créatrice d
2054 é. En vérité, il n’est de lois fatales que là où l’ esprit démissionne. Toute action créatrice de l’homme normal inflige u
2055 à où l’esprit démissionne. Toute action créatrice de l’homme normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statist
2056 ù l’esprit démissionne. Toute action créatrice de l’ homme normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statistiqu
2057 normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statistiques. Ainsi les lois de la publicité ne sont exactes que dans
2058 i aux lois et fait mentir les statistiques. Ainsi les lois de la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’
2059 s et fait mentir les statistiques. Ainsi les lois de la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’est qu’u
2060 t fait mentir les statistiques. Ainsi les lois de la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’est qu’un m
2061 les lois de la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’est qu’un mouton ; elles sont fausses et inexista
2062 a publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’ homme n’est qu’un mouton ; elles sont fausses et inexistantes dès qu’u
2063 qu’un homme redevient conscient des vrais besoins de sa personne. Il n’y a de loi, répétons-le, que là où l’homme renonce
2064 scient des vrais besoins de sa personne. Il n’y a de loi, répétons-le, que là où l’homme renonce à se manifester selon sa
2065 besoins de sa personne. Il n’y a de loi, répétons- le , que là où l’homme renonce à se manifester selon sa vocation particul
2066 personne. Il n’y a de loi, répétons-le, que là où l’ homme renonce à se manifester selon sa vocation particulière. Si j’ins
2067 c’est qu’il est particulièrement libérateur pour la pensée et la culture en général, dans notre époque totalitaire. Nul n
2068 est particulièrement libérateur pour la pensée et la culture en général, dans notre époque totalitaire. Nul n’ignore, en e
2069 e époque totalitaire. Nul n’ignore, en effet, que les États totalitaires justifient les rigueurs de leur régime au nom de l
2070 , en effet, que les États totalitaires justifient les rigueurs de leur régime au nom de lois économiques, ou historiques, o
2071 ue les États totalitaires justifient les rigueurs de leur régime au nom de lois économiques, ou historiques, ou biologique
2072 nnent vraies, qu’en vertu d’une immense démission de l’esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fa
2073 nt vraies, qu’en vertu d’une immense démission de l’ esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fait
2074 d’une immense démission de l’esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fait qu’un immense affaissem
2075 qu’un immense affaissement du sens personnel dans les parties de l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solu
2076 e affaissement du sens personnel dans les parties de l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions total
2077 ffaissement du sens personnel dans les parties de l’ humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions totalita
2078 parties de l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions totalitaires, malgré leurs manifestations bruta
2079 l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions totalitaires, malgré leurs manifestations brutales et le to
2080 litaires, malgré leurs manifestations brutales et le ton sur lequel on les prône, ne sont en fait que des solutions de par
2081 s manifestations brutales et le ton sur lequel on les prône, ne sont en fait que des solutions de paresse intellectuelle, d
2082 l on les prône, ne sont en fait que des solutions de paresse intellectuelle, des solutions de misère, fardées de rhétoriqu
2083 olutions de paresse intellectuelle, des solutions de misère, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces
2084 intellectuelle, des solutions de misère, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces simplifications vi
2085 utions de misère, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces simplifications violentes qui jouent la co
2086 re, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces simplifications violentes qui jouent la comédie de l’éne
2087 prévenir ces simplifications violentes qui jouent la comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normal
2088 s simplifications violentes qui jouent la comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple
2089 implifications violentes qui jouent la comédie de l’ énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple. O
2090 olentes qui jouent la comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple. Or nous savons mai
2091 ore et de nouveau possible. Notre culture libérée de la superstition des lois fatales peut envisager de nouveau d’influenc
2092 et de nouveau possible. Notre culture libérée de la superstition des lois fatales peut envisager de nouveau d’influencer
2093 tition des lois fatales peut envisager de nouveau d’ influencer le monde réel, ramené en droit, — sinon déjà en fait — aux
2094 is fatales peut envisager de nouveau d’influencer le monde réel, ramené en droit, — sinon déjà en fait — aux proportions d
2095 en droit, — sinon déjà en fait — aux proportions de l’esprit humain et de ses prises. Mais quelles seront alors les direc
2096 droit, — sinon déjà en fait — aux proportions de l’ esprit humain et de ses prises. Mais quelles seront alors les directiv
2097 à en fait — aux proportions de l’esprit humain et de ses prises. Mais quelles seront alors les directives de cette action
2098 umain et de ses prises. Mais quelles seront alors les directives de cette action redevenue possible ? Je ne voudrais pas, i
2099 prises. Mais quelles seront alors les directives de cette action redevenue possible ? Je ne voudrais pas, ici, partir dan
2100 e possible ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’ utopie. Je ne pense pas que les principes fondamentaux d’une société p
2101 s, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas que les principes fondamentaux d’une société plus harmonieuse puissent être f
2102 e. Je ne pense pas que les principes fondamentaux d’ une société plus harmonieuse puissent être formulés dès maintenant com
2103 t être formulés dès maintenant comme un programme de parti politique. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de l’ense
2104 tique. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de l’ensemble de mille efforts orientés par une même espérance. L’effort
2105 ue. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de l’ ensemble de mille efforts orientés par une même espérance. L’effort de
2106 vent mûrir, et lentement se dégager de l’ensemble de mille efforts orientés par une même espérance. L’effort des Églises,
2107 de mille efforts orientés par une même espérance. L’ effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme, les É
2108 ance. L’effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’à l’ ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de l
2109 ses, tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cit
2110 usqu’à l’ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La théologie médi
2111 sme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La théologie médiévale, par les Sommes de
2112 té les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La théologie médiévale, par les Sommes de Thomas d’Aquin, fixai
2113 andes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La théologie médiévale, par les Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pe
2114 communs pour la cité. La théologie médiévale, par les Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles
2115 r la cité. La théologie médiévale, par les Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles véritable
2116 évale, par les Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles véritablement communes, ordonnées à u
2117 Sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’ action des règles véritablement communes, ordonnées à une même foi, à
2118 , à une même espérance. Ainsi encore, au temps de la Réformation, l’Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’épo
2119 érance. Ainsi encore, au temps de la Réformation, l’ Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne les
2120 temps de la Réformation, l’Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne les Églises ont paru, elles a
2121 ’Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’ époque moderne les Églises ont paru, elles aussi, se détourner de tout
2122 tienne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne les Églises ont paru, elles aussi, se détourner de toute action régulatri
2123 e les Églises ont paru, elles aussi, se détourner de toute action régulatrice sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire
2124 ssi, se détourner de toute action régulatrice sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire à l’essor du capitalisme et aux
2125 ce sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire à l’ essor du capitalisme et aux transformations sociales qu’il provoquait.
2126 transformations sociales qu’il provoquait. Comme la culture elles ont renoncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est
2127 ncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est là le secret du triomphe des grands mouvements collectivistes. Si le marxis
2128 triomphe des grands mouvements collectivistes. Si le marxisme, par exemple, a fasciné les masses ouvrières, c’est parce qu
2129 ctivistes. Si le marxisme, par exemple, a fasciné les masses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de la mission social
2130 masses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berd
2131 sses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiae
2132 gé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtime
2133 aient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiaev l’ a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’un christianisme devenu
2134 outes les Églises. Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’un christianisme devenu passif devant
2135 Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’un christianisme devenu passif devant le monde. Or il me
2136 aev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’ un christianisme devenu passif devant le monde. Or il me semble que, l
2137 châtiment d’un christianisme devenu passif devant le monde. Or il me semble que, là encore, un réveil soulève les Églises.
2138 Or il me semble que, là encore, un réveil soulève les Églises. Elles ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doc
2139 Églises. Elles ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doctrines païennes mais qu’il fallait répondre mieux que
2140 es ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doctrines païennes mais qu’il fallait répondre mieux que ces doctrine
2141 qu’il fallait répondre mieux que ces doctrines à la question posée par l’angoisse des foules. D’où les encycliques social
2142 e mieux que ces doctrines à la question posée par l’ angoisse des foules. D’où les encycliques sociales données par les deu
2143 es à la question posée par l’angoisse des foules. D’ où les encycliques sociales données par les deux derniers papes. Et le
2144 la question posée par l’angoisse des foules. D’où les encycliques sociales données par les deux derniers papes. Et les cong
2145 foules. D’où les encycliques sociales données par les deux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et d’Oxford ont mont
2146 sociales données par les deux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’
2147 nnées par les deux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient
2148 ux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et d’ Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient pas demeurer en
2149 s congrès de Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient pas demeurer en arrière. Presque tout re
2150 . Presque tout reste à faire, c’est certain. Mais l’ important, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle de directio
2151 , c’est certain. Mais l’important, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle de direction dans tous les ordres de la
2152 , c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle de direction dans tous les ordres de la pensée et de l’action. J’ai insi
2153 lises retrouvent leur rôle de direction dans tous les ordres de la pensée et de l’action. J’ai insisté sur le rôle des Égli
2154 uvent leur rôle de direction dans tous les ordres de la pensée et de l’action. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce
2155 nt leur rôle de direction dans tous les ordres de la pensée et de l’action. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’
2156 de direction dans tous les ordres de la pensée et de l’action. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le
2157 direction dans tous les ordres de la pensée et de l’ action. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le ty
2158 res de la pensée et de l’action. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le type même des groupes au sein
2159 sisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le type même des groupes au sein desquels la culture d’Occident a toujou
2160 es sont le type même des groupes au sein desquels la culture d’Occident a toujours trouvé ses mesures. Bien d’autres group
2161 type même des groupes au sein desquels la culture d’ Occident a toujours trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes, je le s
2162 urs trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes, je le sais, sont à l’œuvre, Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement des g
2163 esures. Bien d’autres groupes, je le sais, sont à l’ œuvre, Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement des groupes personnal
2164 je le sais, sont à l’œuvre, Mouvement des groupes d’ Oxford, mouvement des groupes personnalistes, répandus en France et en
2165 et vingt autres mouvements analogues, tous animés de cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, to
2166 s mouvements analogues, tous animés de cet esprit d’ équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en prévenan
2167 de cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est d
2168 cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’ individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est dans
2169 ous guérir de l’individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est dans cette volonté de recréer des groupe
2170 a maladie collectiviste. C’est dans cette volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et mor
2171 C’est dans cette volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et moralement, que je vois la c
2172 cette volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et moralement, que je vois la commune mes
2173 tte volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et moralement, que je vois la commune mesure
2174 rsonne, matériellement et moralement, que je vois la commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pou
2175 ment et moralement, que je vois la commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c
2176 t et moralement, que je vois la commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c’es
2177 ir. Cité solide et pourtant libérale : c’est tout le problème à résoudre. La solution fédéraliste Par quelle voie ?
2178 libérale : c’est tout le problème à résoudre. La solution fédéraliste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup la t
2179 liste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup la tolérance, vertu qui naît en somme d’un scepticisme, car elle suppose
2180 as beaucoup la tolérance, vertu qui naît en somme d’ un scepticisme, car elle suppose que la pensée de l’autre, qu’on tolèr
2181 t en somme d’un scepticisme, car elle suppose que la pensée de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je
2182 d’un scepticisme, car elle suppose que la pensée de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je n’aime pa
2183 de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je n’aime pas non plus l’intolérance qui veut tout uniformiser
2184 era jamais dans les actes. Je n’aime pas non plus l’ intolérance qui veut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’e
2185 i veut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualist
2186 eut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’ esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes.
2187 niformiser, et qui est donc une mort de l’esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes. L’intolér
2188 est donc une mort de l’esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes. L’intolérance est la sombre
2189 était la pâle vertu des libéraux individualistes. L’ intolérance est la sombre vertu des partisans collectivistes. De leur
2190 u des libéraux individualistes. L’intolérance est la sombre vertu des partisans collectivistes. De leur lutte est sortie l
2191 est la sombre vertu des partisans collectivistes. De leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauv
2192 artisans collectivistes. De leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauvaise position du problème
2193 llectivistes. De leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauvaise position du problème, c’est de
2194 De leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauvaise position du problème, c’est de prévoir pour l
2195 passer cette mauvaise position du problème, c’est de prévoir pour la cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédé
2196 vaise position du problème, c’est de prévoir pour la cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme, en effe
2197 ion du problème, c’est de prévoir pour la cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme, en effet, suppose
2198 la cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme, en effet, suppose des petits groupes et non des masses,
2199 upe qu’une vocation peut s’exercer. D’autre part, le fédéralisme suppose des groupes diversifiés, et par là même il offre
2200 groupes diversifiés, et par là même il offre tous les avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients :
2201 ifiés, et par là même il offre tous les avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients : car chacun da
2202 és, et par là même il offre tous les avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients : car chacun dans
2203 mais non pas ses inconvénients : car chacun dans le groupe où il est né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner le
2204 : car chacun dans le groupe où il est né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur de soi-même, aller au
2205 né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui
2206 le groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sér
2207 ut donner le meilleur de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et u
2208 de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’ acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base
2209 , aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base de la dive
2210 end sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base de la diversité des personnes et des vocations, — c’est aujourd’
2211 euse. Refaire un monde et une culture sur la base de la diversité des personnes et des vocations, — c’est aujourd’hui le s
2212 e. Refaire un monde et une culture sur la base de la diversité des personnes et des vocations, — c’est aujourd’hui le seul
2213 s personnes et des vocations, — c’est aujourd’hui le seul moyen de préparer une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce qu
2214 des vocations, — c’est aujourd’hui le seul moyen de préparer une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce que la guerre ac
2215 r une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce que la guerre actuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démis
2216 ès tout, qu’est-ce que la guerre actuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est l
2217 ctuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralist
2218 elle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes
2219 la rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’espri
2220 rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d
2221 igantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d’uniformisation. O
2222 e. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est
2223 C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’ esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est ju
2224 faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d’ uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est justement l
2225 centralistes et de l’esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est justement l’esprit fédéraliste,
2226 l’esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est justement l’esprit fédéraliste, avec sa devise para
2227 le contraire exact de cet esprit, c’est justement l’ esprit fédéraliste, avec sa devise paradoxale : Un pour tous, tous pou
2228 riotiques ? — ou plutôt à des conclusions qui par la plus extraordinaire des rencontres, se trouvent être également valabl
2229 également valables pour ceux qui veulent défendre la culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses. La guerre actuelle
2230 culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses. La guerre actuelle manifeste avant tout la faillite retentissante des sy
2231 Suisses. La guerre actuelle manifeste avant tout la faillite retentissante des systèmes centralisateurs et gigantesques.
2232 s systèmes centralisateurs et gigantesques. C’est la guerre la plus antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous l
2233 centralisateurs et gigantesques. C’est la guerre la plus antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous la pire men
2234 gigantesques. C’est la guerre la plus antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même t
2235 ques. C’est la guerre la plus antisuisse de toute l’ histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la
2236 isuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la plus belle promesse ! Maintenant,
2237 onc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la plus belle promesse ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par l
2238 même temps, la plus belle promesse ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par le sang, que la solution suisse et féd
2239 e ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par le sang, que la solution suisse et fédérale est seule capable de fonder
2240 t, la preuve est faite, attestée par le sang, que la solution suisse et fédérale est seule capable de fonder la paix, puis
2241 la solution suisse et fédérale est seule capable de fonder la paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas not
2242 on suisse et fédérale est seule capable de fonder la paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil
2243 able de fonder la paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits q
2244 outit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’ imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une
2245 Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence.
2246 l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est cela que nous avons
2247 idence. Et c’est cela que nous avons à défendre : la réalité fédéraliste en politique et dans tous les domaines de la cult
2248 la réalité fédéraliste en politique et dans tous les domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul
2249 édéraliste en politique et dans tous les domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet
2250 raliste en politique et dans tous les domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet ave
2251 olitique et dans tous les domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’
2252 s domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent
2253 omaines de la culture, le seul avenir possible de l’ Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. I
2254 la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s’agi
2255 oit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait,
2256 éjà, un présent. Il ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes
2257 t. Il ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’ idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, au service
2258 grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, au service du pays, ce n’est pas
2259 ’est pas pour défendre des fromages, des conseils d’ administration, notre confort et nos hôtels. (D’autres — on sait qui —
2260 , peut-être mieux !) Ce n’est pas non plus, comme le disait fort bien Karl Barth, pour protéger nos « lacs d’azur » et nos
2261 it fort bien Karl Barth, pour protéger nos « lacs d’ azur » et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la propagand
2262 » et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la propagande se chargerait très volontiers de ce travail de Heimatsc
2263 t nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la propagande se chargerait très volontiers de ce travail de Heimatschut
2264 re de la propagande se chargerait très volontiers de ce travail de Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter l
2265 gande se chargerait très volontiers de ce travail de Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter la mission dont
2266 atschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter la mission dont nous sommes responsables, depuis des siècles, devant l’E
2267 s sommes responsables, depuis des siècles, devant l’ Europe. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder
2268 des siècles, devant l’Europe. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa san
2269 siècles, devant l’Europe. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa santé,
2270 s sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si n
2271 défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’ affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahissons cette m
2272 me, de garder son trésor, d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahissons cette mission, si nous n’en pre
2273 sérieuses pour notre indépendance. Mais pourquoi la trahirions-nous ? Toute notre tradition civique et culturelle nous a
2274 ivique et culturelle nous a dressés pour ce genre de mission. On parle un peu partout de fédérer l’Europe. Cela ne se fera
2275 pour ce genre de mission. On parle un peu partout de fédérer l’Europe. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les
2276 re de mission. On parle un peu partout de fédérer l’ Europe. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les quelques s
2277 . Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les quelques semaines fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans l
2278 ni même pendant les quelques semaines fiévreuses d’ un congrès de la paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se
2279 ant les quelques semaines fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se fera que si d
2280 les quelques semaines fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se fera que si des
2281 fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans l’ épuisement général. Cela ne se fera que si des hommes solides, informé
2282 re entreprennent, dès maintenant, un gros travail de déblaiement, d’études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne p
2283 , dès maintenant, un gros travail de déblaiement, d’ études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne peuvent guère exi
2284 n gros travail de déblaiement, d’études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne peuvent guère exister et travailler
2285 s ne peuvent guère exister et travailler que dans les pays neutres. Et chez nous tout d’abord, puisqu’il s’agit en somme d’
2286 chez nous tout d’abord, puisqu’il s’agit en somme d’ utiliser notre expérience, et de tirer des leçons non pas seulement de
2287 l s’agit en somme d’utiliser notre expérience, et de tirer des leçons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses éc
2288 érience, et de tirer des leçons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses échecs, que nous connaissons mieux que p
2289 leçons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses échecs, que nous connaissons mieux que personne. Tout mon espoir
2290 out mon espoir est qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs, d’hommes qui comprennent enfin que l’heure est venue pou
2291 st qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs, d’ hommes qui comprennent enfin que l’heure est venue pour nous autres Su
2292 e fédérateurs, d’hommes qui comprennent enfin que l’ heure est venue pour nous autres Suisses, de voir grand, de voir aux p
2293 n que l’heure est venue pour nous autres Suisses, de voir grand, de voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gard
2294 st venue pour nous autres Suisses, de voir grand, de voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure d
2295 s Suisses, de voir grand, de voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mes
2296 uisses, de voir grand, de voir aux proportions de l’ Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure
2297 proportions de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la comm
2298 ns de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Ce
2299 rne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas
2300 en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique.
2301 gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’ individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique. Ca
2302 tre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique. Car je me refuse à nommer
2303 st pas utopique. Car je me refuse à nommer utopie le seul espoir qui nous soit accordé. Encore faut-il que cet espoir soit
2304 peuple, et qu’il ne se laisse pas décourager par les sceptiques professionnels, par tous les paresseux d’esprit qui se pré
2305 rager par les sceptiques professionnels, par tous les paresseux d’esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et j
2306 sceptiques professionnels, par tous les paresseux d’ esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et je termine là-
2307 se pas sur une erreur profonde quant aux pouvoirs de l’homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes
2308 pas sur une erreur profonde quant aux pouvoirs de l’ homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos
2309 t à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos forces une Europe fédéralisée, nous ne demanderons pas un
2310 rons simplement un monde humain. Non pas un monde d’ utopie où toutes les luttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde
2311 monde humain. Non pas un monde d’utopie où toutes les luttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde où les luttes nécess
2312 ttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde où les luttes nécessaires n’aboutissent pas mécaniquement et fatalement à de
2313 ement et fatalement à des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre
2314 t fatalement à des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’espr
2315 atalement à des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit
2316 des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit de lourdeur
2317 s catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit de lourdeur, c
2318 la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’ esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création,
2319 re, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte
2320 l’esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura
2321 e lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché
2322 omme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché sur la terre.
2323 toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché sur la terre. Non, l’heure n’est pas au facile optimisme, dans une Europe to
2324 te, tant qu’il y aura du péché sur la terre. Non, l’ heure n’est pas au facile optimisme, dans une Europe tout obscurcie pa
2325 ile optimisme, dans une Europe tout obscurcie par la menace des avions. L’heure est plutôt venue de répéter la question du
2326 e Europe tout obscurcie par la menace des avions. L’ heure est plutôt venue de répéter la question du prophète Isaïe : « Se
2327 e des avions. L’heure est plutôt venue de répéter la question du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? »
2328 tion du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient, et la nuit au
2329 n du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient, et la nuit aussi
2330 e Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix
2331 dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : «  Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne
2332  » La sentinelle a répondu : « Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne peut pas être une
2333 répondu : « Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne peut pas être une simple absence de
2334 vons invoquer ne peut pas être une simple absence de guerre. Spirituellement, une vraie paix sera toujours plus difficile
2335 et s’obscurcit. Mais qu’elle nous donne au moins la possibilité de rendre un sens aux conflits éternels, — un sens, et s’
2336 . Mais qu’elle nous donne au moins la possibilité de rendre un sens aux conflits éternels, — un sens, et s’il se peut, une
2337 sens, et s’il se peut, une fécondité… Pendant que les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde hu
2338 peut, une fécondité… Pendant que les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous
2339 dant que les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su cons
2340 les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su conserver une
2341 ais nous qui avons encore su conserver une cité à la mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pa
2342 ui avons encore su conserver une cité à la mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre dé
2343 avons encore su conserver une cité à la mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai
2344 ommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager
2345 e perdons pas notre délai de grâce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai co
2346 pas notre délai de grâce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui n
2347 ’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’ engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humains. Tout
2348 vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète de
2349 ous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud, l’a dit d’un seul trait prophétique : « Le com
2350 ut cela, un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud, l’ a dit d’un seul trait prophétique : « Le combat spirituel est aussi br
2351 un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud, l’a dit d’ un seul trait prophétique : « Le combat spirituel est aussi brutal que
2352 Rimbaud, l’a dit d’un seul trait prophétique : «  Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes, mais la v
2353 ique : « Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Die
2354 combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’ hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. »
2355 l est aussi brutal que la bataille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont
2356 i brutal que la bataille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis de,
2357 rutal que la bataille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis de, « L
2358 taille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis de, « La bataille de l
2359 mmes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis de, « La bataille de la culture »
2360 le plaisir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis de , « La bataille de la culture », Les Cahiers protestants, Lausanne, ja
2361 isir de Dieu seul. » c. Rougemont Denis de, «  La bataille de la culture », Les Cahiers protestants, Lausanne, janvier–
2362 seul. » c. Rougemont Denis de, « La bataille de la culture », Les Cahiers protestants, Lausanne, janvier–février 1940
2363 ul. » c. Rougemont Denis de, « La bataille de la culture », Les Cahiers protestants, Lausanne, janvier–février 1940, p
2364 ougemont Denis de, « La bataille de la culture », Les Cahiers protestants, Lausanne, janvier–février 1940, p. 9-36. d. Une
2365 se : « Conférence prononcée au Rathaus de Zurich, le 15 janvier 1940. — Le manque de place nous a contraint d’abréger. »
2366 oncée au Rathaus de Zurich, le 15 janvier 1940. —  Le manque de place nous a contraint d’abréger. »
2367 athaus de Zurich, le 15 janvier 1940. — Le manque de place nous a contraint d’abréger. »
2368 nvier 1940. — Le manque de place nous a contraint d’ abréger. »
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
2369 L’ heure sévère (juin 1940)e f Il est des pessimistes par tempérament.
2370 tempérament. Leurs propos ne renseignent pas sur l’ état des faits dans le monde, mais seulement sur l’état de leurs nerfs
2371 opos ne renseignent pas sur l’état des faits dans le monde, mais seulement sur l’état de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’
2372 ’état des faits dans le monde, mais seulement sur l’ état de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à l’heure que no
2373 es faits dans le monde, mais seulement sur l’état de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à l’heure que nous vivo
2374 e leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à l’ heure que nous vivons, ce sont des pessimistes réfléchis, maîtres d’eu
2375 ivons, ce sont des pessimistes réfléchis, maîtres d’ eux-mêmes et objectifs. Je dirai plus : ce qu’il nous faut, ce sont de
2376 hommes qui pensent et qui agissent conformément à la maxime du Taciturne : « Pas n’est besoin d’espérer pour entreprendre,
2377 ent à la maxime du Taciturne : « Pas n’est besoin d’ espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Or cette e
2378  Pas n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Or cette espèce est rare en Suisse, comme
2379 cette espèce est rare en Suisse, comme dans tous les petits pays où l’ère bourgeoise, ère du « confort moderne » et de l’a
2380 are en Suisse, comme dans tous les petits pays où l’ ère bourgeoise, ère du « confort moderne » et de l’absence d’imaginati
2381 ù l’ère bourgeoise, ère du « confort moderne » et de l’absence d’imagination, prolonge encore une existence brutalement co
2382 ’ère bourgeoise, ère du « confort moderne » et de l’ absence d’imagination, prolonge encore une existence brutalement conda
2383 eoise, ère du « confort moderne » et de l’absence d’ imagination, prolonge encore une existence brutalement condamnée par c
2384 cette guerre. Nous avons trop longtemps vécu dans l’ atmosphère rassurante créée par le matérialisme modéré du dernier sièc
2385 temps vécu dans l’atmosphère rassurante créée par le matérialisme modéré du dernier siècle. Nous ne savons plus prendre au
2386 nous dépasse », tant par en haut que par en bas. La croyance au Progrès nous a mis des œillères. Et quand soudain la rout
2387 Progrès nous a mis des œillères. Et quand soudain la route normale se trouve barrée ou coupée par un précipice, nous voici
2388 cipice, nous voici piteusement indignés. Pourtant le précipice était prévu. Mais encore fallait-il y croire. Or le matéria
2389 était prévu. Mais encore fallait-il y croire. Or le matérialisme modéré dans lequel nous étions installés nous mettait ho
2390 ns lequel nous étions installés nous mettait hors d’ état d’imaginer à la fois le sublime et le pire. « Trop beau pour être
2391 el nous étions installés nous mettait hors d’état d’ imaginer à la fois le sublime et le pire. « Trop beau pour être vrai »
2392 lés nous mettait hors d’état d’imaginer à la fois le sublime et le pire. « Trop beau pour être vrai », c’était un de nos p
2393 it hors d’état d’imaginer à la fois le sublime et le pire. « Trop beau pour être vrai », c’était un de nos proverbes. Et l
2394 le pire. « Trop beau pour être vrai », c’était un de nos proverbes. Et lorsqu’on nous avertissait de certains dangers form
2395 n de nos proverbes. Et lorsqu’on nous avertissait de certains dangers formidables qui menaçaient l’existence même de l’hér
2396 it de certains dangers formidables qui menaçaient l’ existence même de l’héritage européen, nous répondions : « C’est trop
2397 ngers formidables qui menaçaient l’existence même de l’héritage européen, nous répondions : « C’est trop affreux pour être
2398 rs formidables qui menaçaient l’existence même de l’ héritage européen, nous répondions : « C’est trop affreux pour être vr
2399 « réalistes ». Nous étions simplement incapables d’ imaginer quelque chose d’excessif par rapport à nos sécurités. Cette i
2400 ns simplement incapables d’imaginer quelque chose d’ excessif par rapport à nos sécurités. Cette inconscience j’en dirai la
2401 rt à nos sécurités. Cette inconscience j’en dirai la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire au
2402 ait pas non plus croire au diable, et ne sait pas le reconnaître. À l’origine de notre aveuglement, il y a incrédulité. Si
2403 roire au diable, et ne sait pas le reconnaître. À l’ origine de notre aveuglement, il y a incrédulité. Si Dieu existait, pl
2404 iable, et ne sait pas le reconnaître. À l’origine de notre aveuglement, il y a incrédulité. Si Dieu existait, pleurons-nou
2405 ous aime. Si nous avions su croire en lui pendant le temps de sa patience, nous aurions eu « des yeux pour voir », et pour
2406 Si nous avions su croire en lui pendant le temps de sa patience, nous aurions eu « des yeux pour voir », et pour connaîtr
2407 ions eu « des yeux pour voir », et pour connaître les démons. Voici venu le temps de la colère, le temps des plaies d’Égypt
2408 voir », et pour connaître les démons. Voici venu le temps de la colère, le temps des plaies d’Égypte, où les cœurs s’endu
2409 et pour connaître les démons. Voici venu le temps de la colère, le temps des plaies d’Égypte, où les cœurs s’endurcissent.
2410 pour connaître les démons. Voici venu le temps de la colère, le temps des plaies d’Égypte, où les cœurs s’endurcissent. Vo
2411 tre les démons. Voici venu le temps de la colère, le temps des plaies d’Égypte, où les cœurs s’endurcissent. Voici venue l
2412 i venu le temps de la colère, le temps des plaies d’ Égypte, où les cœurs s’endurcissent. Voici venue l’heure sévère. Ouvro
2413 ps de la colère, le temps des plaies d’Égypte, où les cœurs s’endurcissent. Voici venue l’heure sévère. Ouvrons les yeux et
2414 ’Égypte, où les cœurs s’endurcissent. Voici venue l’ heure sévère. Ouvrons les yeux et apprenons ce qu’il en est de notre c
2415 endurcissent. Voici venue l’heure sévère. Ouvrons les yeux et apprenons ce qu’il en est de notre châtiment. ⁂ L’Europe est
2416 re. Ouvrons les yeux et apprenons ce qu’il en est de notre châtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer le prix d’un siècle
2417 t apprenons ce qu’il en est de notre châtiment. ⁂ L’ Europe est en train de payer le prix d’un siècle d’abandon à l’optimis
2418 notre châtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer le prix d’un siècle d’abandon à l’optimisme du Progrès. Pendant un siècl
2419 âtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer le prix d’ un siècle d’abandon à l’optimisme du Progrès. Pendant un siècle, elle
2420 ’Europe est en train de payer le prix d’un siècle d’ abandon à l’optimisme du Progrès. Pendant un siècle, elle fit la sourd
2421 en train de payer le prix d’un siècle d’abandon à l’ optimisme du Progrès. Pendant un siècle, elle fit la sourde oreille, a
2422 optimisme du Progrès. Pendant un siècle, elle fit la sourde oreille, avec un petit air entendu, quand certains lui posaien
2423 ertains lui posaient cette question : à quoi tend le progrès matériel ? Question stupide et irritante, n’est-ce pas, aux y
2424 t irritante, n’est-ce pas, aux yeux de qui refuse d’ envisager la vie comme une totalité orientée par l’esprit. L’esprit pr
2425 n’est-ce pas, aux yeux de qui refuse d’envisager la vie comme une totalité orientée par l’esprit. L’esprit prévoit le mal
2426 ’envisager la vie comme une totalité orientée par l’ esprit. L’esprit prévoit le mal et tient compte du péché. Il sait que
2427 la vie comme une totalité orientée par l’esprit. L’ esprit prévoit le mal et tient compte du péché. Il sait que les invent
2428 totalité orientée par l’esprit. L’esprit prévoit le mal et tient compte du péché. Il sait que les inventions humaines peu
2429 voit le mal et tient compte du péché. Il sait que les inventions humaines peuvent être employées contre l’homme ; que l’avi
2430 inventions humaines peuvent être employées contre l’ homme ; que l’aviation n’a nullement transformé les conditions de notr
2431 aines peuvent être employées contre l’homme ; que l’ aviation n’a nullement transformé les conditions de notre bonheur, mai
2432 l’homme ; que l’aviation n’a nullement transformé les conditions de notre bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais
2433 ’aviation n’a nullement transformé les conditions de notre bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais l’optimisme du
2434 les conditions de notre bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais l’optimisme du matérialiste modéré ne veut prévoi
2435 bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais l’ optimisme du matérialiste modéré ne veut prévoir que le profit d’argen
2436 imisme du matérialiste modéré ne veut prévoir que le profit d’argent et l’augmentation du confort. Il refuse de se demande
2437 matérialiste modéré ne veut prévoir que le profit d’ argent et l’augmentation du confort. Il refuse de se demander à quoi s
2438 modéré ne veut prévoir que le profit d’argent et l’ augmentation du confort. Il refuse de se demander à quoi servira cet a
2439 d’argent et l’augmentation du confort. Il refuse de se demander à quoi servira cet argent ou si le confort matériel favor
2440 se de se demander à quoi servira cet argent ou si le confort matériel favorise un bien spirituel. À la première de ces que
2441 atériel favorise un bien spirituel. À la première de ces questions, il n’oserait pas répondre en toute franchise ; et à la
2442 pressent bien qu’on ne pourrait que répondre non. D’ où sa myopie et son imprévision systématique des maux prochains. J’écr
2443 ématique des maux prochains. J’écris ceci pendant la bataille de France. Est-il trop tard pour répéter ces vérités élément
2444 maux prochains. J’écris ceci pendant la bataille de France. Est-il trop tard pour répéter ces vérités élémentaires, que l
2445 p tard pour répéter ces vérités élémentaires, que le sérieux des gouvernants, des hommes d’affaires, des penseurs officiel
2446 aires, que le sérieux des gouvernants, des hommes d’ affaires, des penseurs officiels et des bourgeois moyens, a refusé pen
2447 t des bourgeois moyens, a refusé pendant cent ans d’ envisager ? Pourtant, les plus grands hommes du dernier siècle furent
2448 a refusé pendant cent ans d’envisager ? Pourtant, les plus grands hommes du dernier siècle furent unanimes à prévoir le des
2449 ommes du dernier siècle furent unanimes à prévoir le destin qui maintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez de prop
2450 aintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez de prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir que les avertissements
2451 vons eu bien assez de prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir que les avertissements nous ont manqué. Le dossier de
2452 ien assez de prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir que les avertissements nous ont manqué. Le dossier de ces avert
2453 prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir que les avertissements nous ont manqué. Le dossier de ces avertissements est
2454 de gémir que les avertissements nous ont manqué. Le dossier de ces avertissements est écrasant pour la conscience europée
2455 ue les avertissements nous ont manqué. Le dossier de ces avertissements est écrasant pour la conscience européenne : vous
2456 e dossier de ces avertissements est écrasant pour la conscience européenne : vous y trouverez les plus grands noms de la p
2457 pour la conscience européenne : vous y trouverez les plus grands noms de la pensée, qui furent aussi les plus cyniquement
2458 uropéenne : vous y trouverez les plus grands noms de la pensée, qui furent aussi les plus cyniquement méconnus. Vous y tro
2459 péenne : vous y trouverez les plus grands noms de la pensée, qui furent aussi les plus cyniquement méconnus. Vous y trouve
2460 s plus grands noms de la pensée, qui furent aussi les plus cyniquement méconnus. Vous y trouverez les témoignages convergen
2461 i les plus cyniquement méconnus. Vous y trouverez les témoignages convergents des esprits les plus opposés, unanimes dans l
2462 trouverez les témoignages convergents des esprits les plus opposés, unanimes dans la critique du « réalisme » de leur temps
2463 gents des esprits les plus opposés, unanimes dans la critique du « réalisme » de leur temps, et dans la prédiction des mau
2464 pposés, unanimes dans la critique du « réalisme » de leur temps, et dans la prédiction des maux à venir — ceux qui fondent
2465 a critique du « réalisme » de leur temps, et dans la prédiction des maux à venir — ceux qui fondent sur nous aujourd’hui.
2466 nir — ceux qui fondent sur nous aujourd’hui. Quoi de commun entre un Burckhardt, un Kierkegaard, un Vinet ou un Nietzsche 
2467 et ou un Nietzsche ? Rien, sinon leur mépris pour les idoles bourgeoises, et leur vision précise du châtiment qui s’abattra
2468 ise du châtiment qui s’abattra nécessairement sur l’ Occident, si celui-ci persiste à ne prendre au sérieux que les valeurs
2469 si celui-ci persiste à ne prendre au sérieux que les valeurs de bourse et la « prosperity ». Kierkegaard nous décrit le rè
2470 persiste à ne prendre au sérieux que les valeurs de bourse et la « prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne de la m
2471 e prendre au sérieux que les valeurs de bourse et la « prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne de la masse comme ce
2472 rse et la « prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne de la masse comme celui des lâchetés individuelles additionnées
2473 « prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne de la masse comme celui des lâchetés individuelles additionnées, créant
2474 prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne de la masse comme celui des lâchetés individuelles additionnées, créant un
2475 x dictatures collectivistes. Nietzsche ricane que le monde moderne est en train d’adopter « une morale de commerçants », e
2476 monde moderne est en train d’adopter « une morale de commerçants », et qu’il sera vaincu par des ascètes féroces. Vinet pr
2477 vaincu par des ascètes féroces. Vinet prévoit que les libertés sociales, si nul effort spirituel ne les oriente, aboutiront
2478 les libertés sociales, si nul effort spirituel ne les oriente, aboutiront au despotisme de l’État. Et contre tout l’« écono
2479 pirituel ne les oriente, aboutiront au despotisme de l’État. Et contre tout l’« économisme » de son temps, il ose écrire :
2480 ituel ne les oriente, aboutiront au despotisme de l’ État. Et contre tout l’« économisme » de son temps, il ose écrire : « 
2481 boutiront au despotisme de l’État. Et contre tout l’ « économisme » de son temps, il ose écrire : « Si quelque chose aujour
2482 otisme de l’État. Et contre tout l’« économisme » de son temps, il ose écrire : « Si quelque chose aujourd’hui menace la l
2483 se écrire : « Si quelque chose aujourd’hui menace la liberté, ce n’est pas comme jadis la superstition, […] c’est la préoc
2484 d’hui menace la liberté, ce n’est pas comme jadis la superstition, […] c’est la préoccupation, la passion du bien-être mat
2485 n’est pas comme jadis la superstition, […] c’est la préoccupation, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’en douto
2486 adis la superstition, […] c’est la préoccupation, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’en doutons pas, est du côt
2487 ériel. Sa pente, n’en doutons pas, est du côté de la tyrannie. » Et qu’il suffise enfin d’une allusion aux prophéties de B
2488 du côté de la tyrannie. » Et qu’il suffise enfin d’ une allusion aux prophéties de Burckhardt sur les « terribles simplifi
2489 qu’il suffise enfin d’une allusion aux prophéties de Burckhardt sur les « terribles simplificateurs », qui viendront impos
2490 n d’une allusion aux prophéties de Burckhardt sur les « terribles simplificateurs », qui viendront imposer à l’Europe d’imp
2491 ribles simplificateurs », qui viendront imposer à l’ Europe d’impitoyables dictatures militaires au nom de la liberté et du
2492 mplificateurs », qui viendront imposer à l’Europe d’ impitoyables dictatures militaires au nom de la liberté et du bonheur
2493 pe d’impitoyables dictatures militaires au nom de la liberté et du bonheur des masses. Cette unanimité d’esprits partout a
2494 liberté et du bonheur des masses. Cette unanimité d’ esprits partout ailleurs irréductiblement divers, je répète qu’elle es
2495 xcuses. Nous avons été avertis. Nous avons refusé d’ écouter. Et maintenant il faut payer. Non point parce que l’injustice
2496 Et maintenant il faut payer. Non point parce que l’ injustice triomphe, non point parce que Dieu n’existe pas, mais au con
2497 dans son châtiment. Il faut payer. Nous adorions l’ idole de la prospérité, et l’idole du confort, et l’idole du progrès —
2498 n châtiment. Il faut payer. Nous adorions l’idole de la prospérité, et l’idole du confort, et l’idole du progrès — ce prog
2499 hâtiment. Il faut payer. Nous adorions l’idole de la prospérité, et l’idole du confort, et l’idole du progrès — ce progrès
2500 payer. Nous adorions l’idole de la prospérité, et l’ idole du confort, et l’idole du progrès — ce progrès qui ne sait rien
2501 idole de la prospérité, et l’idole du confort, et l’ idole du progrès — ce progrès qui ne sait rien que répéter comme une h
2502 « sauver » nos vies mêmes, nous voilà condamnés, de la manière la plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre
2503 sauver » nos vies mêmes, nous voilà condamnés, de la manière la plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre co
2504 s vies mêmes, nous voilà condamnés, de la manière la plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre confort et no
2505 confort et nos progrès aux nécessités impérieuses de la défense nationale. Pour avoir refusé les sacrifices qu’eût entraîn
2506 fort et nos progrès aux nécessités impérieuses de la défense nationale. Pour avoir refusé les sacrifices qu’eût entraînés
2507 ieuses de la défense nationale. Pour avoir refusé les sacrifices qu’eût entraînés un règlement plus juste des relations soc
2508 ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes de nations, nous voici contraints brutalement à des sacrifices mille foi
2509 ifices mille fois pires, inévitables et stériles. Le plus étrange est que ces sacrifices se révèlent parfaitement « possib
2510 lent parfaitement « possibles ». Dès qu’il s’agit de sauver notre peau, dès qu’il s’agit de défense nationale, nous accept
2511 ’il s’agit de sauver notre peau, dès qu’il s’agit de défense nationale, nous acceptons des mesures qui, hier encore, passa
2512 ables et impraticables aux yeux des « réalistes » de l’économie : prélèvement sur le capital ou caisse de compensation, — 
2513 es et impraticables aux yeux des « réalistes » de l’ économie : prélèvement sur le capital ou caisse de compensation, — et
2514 des « réalistes » de l’économie : prélèvement sur le capital ou caisse de compensation, — et je ne prends là que de petits
2515 l’économie : prélèvement sur le capital ou caisse de compensation, — et je ne prends là que de petits exemples…4 Nous avo
2516 caisse de compensation, — et je ne prends là que de petits exemples…4 Nous avons critiqué sans merci comme des « utopies
2517 vingt fois moins coûteuses que celles qu’entraîne la guerre actuelle. Nous acceptons avec une belle discipline des « effor
2518 rait suffi, en d’autres temps, à supprimer toutes les questions sociales. Et cela non pas seulement en Suisse, mais dans to
2519 cela non pas seulement en Suisse, mais dans tous les pays de l’Europe ; non seulement sur le plan social, mais sur le plan
2520 pas seulement en Suisse, mais dans tous les pays de l’Europe ; non seulement sur le plan social, mais sur le plan des rel
2521 s seulement en Suisse, mais dans tous les pays de l’ Europe ; non seulement sur le plan social, mais sur le plan des relati
2522 ur le plan social, mais sur le plan des relations de peuple à peuple. Tout ce que nous jugions impossible quand il s’agiss
2523 ons impossible quand il s’agissait du vivre, nous le trouvons parfaitement possible quand il s’agit du mieux mourir ou du
2524 agit du mieux mourir ou du mieux tuer. Eh bien si la peur et la guerre sont seules capables d’obtenir de nous un dépasseme
2525 ux mourir ou du mieux tuer. Eh bien si la peur et la guerre sont seules capables d’obtenir de nous un dépassement de nos é
2526 bien si la peur et la guerre sont seules capables d’ obtenir de nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’
2527 peur et la guerre sont seules capables d’obtenir de nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pou
2528 seules capables d’obtenir de nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pourquoi donc voulez-vous
2529 dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’ amour, pourquoi donc voulez-vous que nous ayons l’amour, et la paix et
2530 l’amour, pourquoi donc voulez-vous que nous ayons l’ amour, et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. No
2531 rquoi donc voulez-vous que nous ayons l’amour, et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. Nous avons ce
2532 voulez-vous que nous ayons l’amour, et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. Nous avons ce que mériton
2533 s l’amour, et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. Nous avons ce que méritons. Nous sommes payés et n
2534 et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. Nous avons ce que méritons. Nous sommes payés et nous payons
2535 justice à nous. C’est aujourd’hui qu’on en mesure l’ aune. Ces vérités élémentaires sont dures. Elles ne sont pas originale
2536 tains diront encore qu’elles sont inopportunes, à l’ heure où nous cherchons des raisons d’espérer ! Mais nul espoir n’est
2537 portunes, à l’heure où nous cherchons des raisons d’ espérer ! Mais nul espoir n’est plus possible, sachons-le, si nous ref
2538 er ! Mais nul espoir n’est plus possible, sachons- le , si nous refusons maintenant encore d’envisager les causes du désastr
2539 e, sachons-le, si nous refusons maintenant encore d’ envisager les causes du désastre. Envisager, c’est regarder en plein v
2540 e, si nous refusons maintenant encore d’envisager les causes du désastre. Envisager, c’est regarder en plein visage. Notre
2541 ger, c’est regarder en plein visage. Notre salut, le seul et le dernier possible — quelle que soit l’issue de la guerre —
2542 le seul et le dernier possible — quelle que soit l’ issue de la guerre — dépend de notre capacité d’accepter des vérités d
2543 et le dernier possible — quelle que soit l’issue de la guerre — dépend de notre capacité d’accepter des vérités dures. Ca
2544 le dernier possible — quelle que soit l’issue de la guerre — dépend de notre capacité d’accepter des vérités dures. Car t
2545 e — quelle que soit l’issue de la guerre — dépend de notre capacité d’accepter des vérités dures. Car tout le mal est venu
2546 t l’issue de la guerre — dépend de notre capacité d’ accepter des vérités dures. Car tout le mal est venu de les avoir refu
2547 e capacité d’accepter des vérités dures. Car tout le mal est venu de les avoir refusées, avant qu’elles montrent leurs eff
2548 er des vérités dures. Car tout le mal est venu de les avoir refusées, avant qu’elles montrent leurs effets aux yeux de tous
2549 culpa » des pacifistes, qui n’ont pas su imaginer le mal parce qu’ils croyaient au bien fait de main d’homme. « Mea culpa 
2550 aginer le mal parce qu’ils croyaient au bien fait de main d’homme. « Mea culpa » des militaristes, qui n’ont pas su imagin
2551 e mal parce qu’ils croyaient au bien fait de main d’ homme. « Mea culpa » des militaristes, qui n’ont pas su imaginer un au
2552 stes, qui n’ont pas su imaginer un autre bien que la défense toute matérielle d’un ordre de choses vicié dans son principe
2553 ner un autre bien que la défense toute matérielle d’ un ordre de choses vicié dans son principe ; ou la conquête, mais qui
2554 e bien que la défense toute matérielle d’un ordre de choses vicié dans son principe ; ou la conquête, mais qui tue ce qu’e
2555 d’un ordre de choses vicié dans son principe ; ou la conquête, mais qui tue ce qu’elle conquiert. « Mea culpa » des gens d
2556 tue ce qu’elle conquiert. « Mea culpa » des gens de droite, qui croyaient pouvoir conserver des privilèges hérités, tout
2557 ut en admirant et soutenant des chefs brutaux qui les bernaient pour mieux les détrousser au bout du compte. « Mea culpa »
2558 nt des chefs brutaux qui les bernaient pour mieux les détrousser au bout du compte. « Mea culpa » des gens de gauche, dont
2559 rousser au bout du compte. « Mea culpa » des gens de gauche, dont le programme de bonheur obligatoire était le même — avec
2560 du compte. « Mea culpa » des gens de gauche, dont le programme de bonheur obligatoire était le même — avec moins de franch
2561 Mea culpa » des gens de gauche, dont le programme de bonheur obligatoire était le même — avec moins de franchise — que cel
2562 e, dont le programme de bonheur obligatoire était le même — avec moins de franchise — que celui de l’ennemi fasciste contr
2563 de bonheur obligatoire était le même — avec moins de franchise — que celui de l’ennemi fasciste contre lequel ils excitaie
2564 ait le même — avec moins de franchise — que celui de l’ennemi fasciste contre lequel ils excitaient les masses. « Mea culp
2565 le même — avec moins de franchise — que celui de l’ ennemi fasciste contre lequel ils excitaient les masses. « Mea culpa »
2566 de l’ennemi fasciste contre lequel ils excitaient les masses. « Mea culpa » des Suisses, qui voulaient profiter des avantag
2567 des Suisses, qui voulaient profiter des avantages de la folie moderne, et qui se plaignent aujourd’hui de devoir payer leu
2568 Suisses, qui voulaient profiter des avantages de la folie moderne, et qui se plaignent aujourd’hui de devoir payer leur p
2569 la folie moderne, et qui se plaignent aujourd’hui de devoir payer leur part minime dans la banqueroute européenne. « Mea c
2570 aujourd’hui de devoir payer leur part minime dans la banqueroute européenne. « Mea culpa » des clairvoyants, qui dénoncère
2571 . « Mea culpa » des clairvoyants, qui dénoncèrent le mal dans leurs écrits, mais qui se tinrent apparemment pour satisfait
2572 , mais qui se tinrent apparemment pour satisfaits de leur succès de librairie : « mea culpa ». Mais quelles fautes avaient
2573 inrent apparemment pour satisfaits de leur succès de librairie : « mea culpa ». Mais quelles fautes avaient donc commises
2574 quelles fautes avaient donc commises ces millions de femmes et d’enfants en fuite sur les routes de France ? Nous n’avons
2575 s avaient donc commises ces millions de femmes et d’ enfants en fuite sur les routes de France ? Nous n’avons plus qu’un se
2576 ces millions de femmes et d’enfants en fuite sur les routes de France ? Nous n’avons plus qu’un seul espoir — quelle que s
2577 ns de femmes et d’enfants en fuite sur les routes de France ? Nous n’avons plus qu’un seul espoir — quelle que soit l’issu
2578 n’avons plus qu’un seul espoir — quelle que soit l’ issue de la guerre : obtenir pour l’Europe un statut sursitaire, une e
2579 plus qu’un seul espoir — quelle que soit l’issue de la guerre : obtenir pour l’Europe un statut sursitaire, une espèce de
2580 us qu’un seul espoir — quelle que soit l’issue de la guerre : obtenir pour l’Europe un statut sursitaire, une espèce de co
2581 elle que soit l’issue de la guerre : obtenir pour l’ Europe un statut sursitaire, une espèce de concordat qui nous laissera
2582 ir pour l’Europe un statut sursitaire, une espèce de concordat qui nous laisserait la possibilité de rebâtir. Mais on n’ac
2583 aire, une espèce de concordat qui nous laisserait la possibilité de rebâtir. Mais on n’accorde un concordat qu’à celui qui
2584 e de concordat qui nous laisserait la possibilité de rebâtir. Mais on n’accorde un concordat qu’à celui qui se déclare en
2585 concordat qu’à celui qui se déclare en faillite. L’ aveu suppose un sens des valeurs spirituelles aussi précis que notre s
2586 s chiffres, des quantités et des vitesses. Avis à la génération sportive, aux réalistes qui l’engendrèrent, aux libéraux q
2587 Avis à la génération sportive, aux réalistes qui l’ engendrèrent, aux libéraux qui ne peuvent en croire leurs yeux. Avis a
2588 e peuvent en croire leurs yeux. Avis aux Suisses. Les Suisses ont quelque chose à faire, quelque chose de précis, que je ve
2589 Suisses ont quelque chose à faire, quelque chose de précis, que je veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart de la gue
2590 écis, que je veux dire à temps. Ils sont encore à l’ écart de la guerre, et peut-être y resteront-ils. Ils ont encore ce br
2591 e je veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart de la guerre, et peut-être y resteront-ils. Ils ont encore ce bref délai
2592 e veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart de la guerre, et peut-être y resteront-ils. Ils ont encore ce bref délai de
2593 tre y resteront-ils. Ils ont encore ce bref délai de grâce dont je parlais aux Hollandais, en novembre de l’an dernier — e
2594 grâce dont je parlais aux Hollandais, en novembre de l’an dernier — et c’est fini —, dont je parlais aux Suisses en janvie
2595 ce dont je parlais aux Hollandais, en novembre de l’ an dernier — et c’est fini —, dont je parlais aux Suisses en janvier d
2596 st fini —, dont je parlais aux Suisses en janvier de cette année, et cela fait déjà cinq mois passés. Ce délai nous permet
2597 fait déjà cinq mois passés. Ce délai nous permet de comprendre, d’avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la
2598 mois passés. Ce délai nous permet de comprendre, d’ avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la vérité que les
2599 rmet de comprendre, d’avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus l
2600 re, d’avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de rec
2601 ouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaître
2602 s et celles de notre monde, de dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaître, dans le fraca
2603 re la vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaître, dans le fracas des chars, sous les bombardeme
2604 é que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaître, dans le fracas des chars, sous les bombardements, quand
2605 guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaître, dans le fracas des chars, sous les bombardements, quand on ne sait même plus
2606 ir de reconnaître, dans le fracas des chars, sous les bombardements, quand on ne sait même plus qui a été tué. Un peuple en
2607 n guerre sauve son moral en se dopant, en forçant l’ illusion ; un peuple neutre, en avouant le réel. Avouer ses fautes est
2608 forçant l’illusion ; un peuple neutre, en avouant le réel. Avouer ses fautes est une libération dont l’homme sort toujours
2609 e réel. Avouer ses fautes est une libération dont l’ homme sort toujours retrempé. Avouer les fautes de ceux qu’on aime et
2610 ation dont l’homme sort toujours retrempé. Avouer les fautes de ceux qu’on aime et dont on attend la victoire comme la perm
2611 l’homme sort toujours retrempé. Avouer les fautes de ceux qu’on aime et dont on attend la victoire comme la permission de
2612 r les fautes de ceux qu’on aime et dont on attend la victoire comme la permission de revivre, c’est une épreuve encore, on
2613 ux qu’on aime et dont on attend la victoire comme la permission de revivre, c’est une épreuve encore, on ose à peine le di
2614 et dont on attend la victoire comme la permission de revivre, c’est une épreuve encore, on ose à peine le dire, une épreuv
2615 revivre, c’est une épreuve encore, on ose à peine le dire, une épreuve dérisoire, bonne pour des spectateurs… Pourtant, si
2616 ourtant, si nous en triomphons, elle nous donnera la force de préparer l’avenir. Il est dur de reconnaître ces fautes, par
2617 si nous en triomphons, elle nous donnera la force de préparer l’avenir. Il est dur de reconnaître ces fautes, parce que no
2618 riomphons, elle nous donnera la force de préparer l’ avenir. Il est dur de reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes
2619 donnera la force de préparer l’avenir. Il est dur de reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes les complices, et qu
2620 reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes les complices, et que nous aimons les fautifs. Il est dur de les avouer,
2621 nous en sommes les complices, et que nous aimons les fautifs. Il est dur de les avouer, parce que les fautes contraires de
2622 lices, et que nous aimons les fautifs. Il est dur de les avouer, parce que les fautes contraires des autres, en face, nous
2623 es, et que nous aimons les fautifs. Il est dur de les avouer, parce que les fautes contraires des autres, en face, nous par
2624 les fautifs. Il est dur de les avouer, parce que les fautes contraires des autres, en face, nous paraissent bien plus effr
2625 tout de même, ou à cause de cela même. Il est dur de reconnaître que ce châtiment, qui nous atteint aussi, est mérité ; et
2626 ue, inévitable, et qu’il n’y a plus qu’à en tirer les conclusions5. Mais nous ne sommes pas neutres pour rien, pour le conf
2627 . Mais nous ne sommes pas neutres pour rien, pour le confort. Nous ne sommes pas neutres comme on est rentier. Nous sommes
2628 mme on est rentier. Nous sommes neutres en vue de l’ avenir. C’est là notre mission spéciale, notre responsabilité devant l
2629 tre mission spéciale, notre responsabilité devant l’ Europe. Et cela suppose un dur effort contre nos goûts, nos sympathies
2630 sympathies et nos passions. Je ne sais pas ce que l’ avenir vaudra, mais je sais que s’il vaut quelque chose, ce sera grâce
2631 sais que s’il vaut quelque chose, ce sera grâce à l’ action personnelle des hommes qui auront su répudier les illusions fla
2632 ion personnelle des hommes qui auront su répudier les illusions flatteuses de l’ère bourgeoise. Car ceux-là seuls sauront a
2633 s qui auront su répudier les illusions flatteuses de l’ère bourgeoise. Car ceux-là seuls sauront alors ce qui mérite d’êtr
2634 ui auront su répudier les illusions flatteuses de l’ ère bourgeoise. Car ceux-là seuls sauront alors ce qui mérite d’être s
2635 se. Car ceux-là seuls sauront alors ce qui mérite d’ être sauvé ou recréé. Non pas le droit et la justice dont se réclamaie
2636 ors ce qui mérite d’être sauvé ou recréé. Non pas le droit et la justice dont se réclamaient nos égoïsmes et celui des gou
2637 érite d’être sauvé ou recréé. Non pas le droit et la justice dont se réclamaient nos égoïsmes et celui des gouvernements :
2638 e sera que ruines et détritus à déblayer, même si les grandes démocraties ont la victoire. Non pas le bonheur fait de laiss
2639 s à déblayer, même si les grandes démocraties ont la victoire. Non pas le bonheur fait de laisser-aller et d’insouciance d
2640 les grandes démocraties ont la victoire. Non pas le bonheur fait de laisser-aller et d’insouciance du prochain, car nous
2641 ocraties ont la victoire. Non pas le bonheur fait de laisser-aller et d’insouciance du prochain, car nous le payons mainte
2642 oire. Non pas le bonheur fait de laisser-aller et d’ insouciance du prochain, car nous le payons maintenant, une fois pour
2643 sser-aller et d’insouciance du prochain, car nous le payons maintenant, une fois pour toutes. Ce qui comptera, ce qui vaud
2644 toutes. Ce qui comptera, ce qui vaudra toujours, l’ Écriture nous l’apprend lorsqu’elle dit : « Le ciel et la terre passer
2645 comptera, ce qui vaudra toujours, l’Écriture nous l’ apprend lorsqu’elle dit : « Le ciel et la terre passeront, mais ma Par
2646 rs, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’elle dit : «  Le ciel et la terre passeront, mais ma Parole ne passera point. » Voilà
2647 ure nous l’apprend lorsqu’elle dit : « Le ciel et la terre passeront, mais ma Parole ne passera point. » Voilà la base et
2648 sseront, mais ma Parole ne passera point. » Voilà la base et le point fixe que nulle puissance humaine ne saurait ébranler
2649 is ma Parole ne passera point. » Voilà la base et le point fixe que nulle puissance humaine ne saurait ébranler, quand tou
2650 puissance humaine ne saurait ébranler, quand tout le reste, ciel et terre, idéaux et réalités, est pulvérisé par les bombe
2651 l et terre, idéaux et réalités, est pulvérisé par les bombes. Au plus fort de la persécution entreprise par Julien l’Aposta
2652 lités, est pulvérisé par les bombes. Au plus fort de la persécution entreprise par Julien l’Apostat contre la chrétienté n
2653 és, est pulvérisé par les bombes. Au plus fort de la persécution entreprise par Julien l’Apostat contre la chrétienté nais
2654 ersécution entreprise par Julien l’Apostat contre la chrétienté naissante, quand tout, comme aujourd’hui semblait perdu, A
2655 c’est un petit nuage, il passera. Ce n’était pas de l’optimisme. Athanase prévoyait qu’avec le « petit nuage » passerait
2656 est un petit nuage, il passera. Ce n’était pas de l’ optimisme. Athanase prévoyait qu’avec le « petit nuage » passerait aus
2657 it pas de l’optimisme. Athanase prévoyait qu’avec le « petit nuage » passerait aussi, probablement, sa vie et celle de tan
2658  » passerait aussi, probablement, sa vie et celle de tant de frères. Mais au-delà de l’optimisme humain toujours bafoué, a
2659 , sa vie et celle de tant de frères. Mais au-delà de l’optimisme humain toujours bafoué, au-delà du pessimisme lâche, il y
2660 a vie et celle de tant de frères. Mais au-delà de l’ optimisme humain toujours bafoué, au-delà du pessimisme lâche, il y a
2661 jours bafoué, au-delà du pessimisme lâche, il y a la foi dans l’éternel, il y a l’amour et l’espérance de l’éternel. À quo
2662 , au-delà du pessimisme lâche, il y a la foi dans l’ éternel, il y a l’amour et l’espérance de l’éternel. À quoi se raccroc
2663 misme lâche, il y a la foi dans l’éternel, il y a l’ amour et l’espérance de l’éternel. À quoi se raccrocher, que faire enc
2664 , il y a la foi dans l’éternel, il y a l’amour et l’ espérance de l’éternel. À quoi se raccrocher, que faire encore ? Quell
2665 foi dans l’éternel, il y a l’amour et l’espérance de l’éternel. À quoi se raccrocher, que faire encore ? Quelle était l’as
2666 dans l’éternel, il y a l’amour et l’espérance de l’ éternel. À quoi se raccrocher, que faire encore ? Quelle était l’assur
2667 oi se raccrocher, que faire encore ? Quelle était l’ assurance d’éternité qui permettait à Athanase de dire : c’est un peti
2668 cher, que faire encore ? Quelle était l’assurance d’ éternité qui permettait à Athanase de dire : c’est un petit nuage, il
2669 l’assurance d’éternité qui permettait à Athanase de dire : c’est un petit nuage, il passera ? La grandeur de cette heure
2670 nase de dire : c’est un petit nuage, il passera ? La grandeur de cette heure sévère, c’est que par la force des choses, pa
2671  : c’est un petit nuage, il passera ? La grandeur de cette heure sévère, c’est que par la force des choses, par la brutali
2672 La grandeur de cette heure sévère, c’est que par la force des choses, par la brutalité démesurée des choses, nous sommes
2673 re sévère, c’est que par la force des choses, par la brutalité démesurée des choses, nous sommes réduits à ne plus espérer
2674 ous sommes réduits à ne plus espérer qu’au nom de l’ unique nécessaire : « L’amour parfait bannit la crainte. » Quoi qu’il
2675 plus espérer qu’au nom de l’unique nécessaire : «  L’ amour parfait bannit la crainte. » Quoi qu’il arrive. 4. Le budget a
2676 de l’unique nécessaire : « L’amour parfait bannit la crainte. » Quoi qu’il arrive. 4. Le budget annuel de la « défense s
2677 fait bannit la crainte. » Quoi qu’il arrive. 4. Le budget annuel de la « défense spirituelle » de la Suisse représente à
2678 ainte. » Quoi qu’il arrive. 4. Le budget annuel de la « défense spirituelle » de la Suisse représente à peu près le prix
2679 te. » Quoi qu’il arrive. 4. Le budget annuel de la « défense spirituelle » de la Suisse représente à peu près le prix de
2680 4. Le budget annuel de la « défense spirituelle » de la Suisse représente à peu près le prix de deux chars d’assaut. On tr
2681 Le budget annuel de la « défense spirituelle » de la Suisse représente à peu près le prix de deux chars d’assaut. On trouv
2682 spirituelle » de la Suisse représente à peu près le prix de deux chars d’assaut. On trouvera de l’argent pour 40 chars, m
2683 elle » de la Suisse représente à peu près le prix de deux chars d’assaut. On trouvera de l’argent pour 40 chars, mais si j
2684 uisse représente à peu près le prix de deux chars d’ assaut. On trouvera de l’argent pour 40 chars, mais si je demande qu’o
2685 près le prix de deux chars d’assaut. On trouvera de l’argent pour 40 chars, mais si je demande qu’on double un budget cul
2686 ès le prix de deux chars d’assaut. On trouvera de l’ argent pour 40 chars, mais si je demande qu’on double un budget cultur
2687 udget culturel, on me répondra que je veux ruiner le pays. 5. Comme le fait Paul Reynaud devant le Sénat à l’instant où j
2688 me répondra que je veux ruiner le pays. 5. Comme le fait Paul Reynaud devant le Sénat à l’instant où j’écris ceci. e. R
2689 er le pays. 5. Comme le fait Paul Reynaud devant le Sénat à l’instant où j’écris ceci. e. Rougemont Denis de, « L’heure
2690 à l’instant où j’écris ceci. e. Rougemont Denis de , « L’heure sévère », Les Cahiers protestants, Lausanne, juin 1940, p.
2691 stant où j’écris ceci. e. Rougemont Denis de, «  L’ heure sévère », Les Cahiers protestants, Lausanne, juin 1940, p. 193-2
2692 eci. e. Rougemont Denis de, « L’heure sévère », Les Cahiers protestants, Lausanne, juin 1940, p. 193-202. f. Une note pr
2693 202. f. Une note précise : « Nous remercions ici la Neue Schweizer Rundschau, qui nous a autorisé à reproduire cet articl
2694 isé à reproduire cet article paru dans son numéro de juin 1940. L’auteur — qui est un de nos collaborateurs — se voit cont
2695 re cet article paru dans son numéro de juin 1940. L’ auteur — qui est un de nos collaborateurs — se voit contraint par les
2696 ns son numéro de juin 1940. L’auteur — qui est un de nos collaborateurs — se voit contraint par les circonstances à ne pas
2697 un de nos collaborateurs — se voit contraint par les circonstances à ne pas signer ces pages. »
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
2698 L’ Église et la Suisse (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin de l’É
2699 L’Église et la Suisse (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin de l’Église visibl
2700 uisse (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin de l’Église visible et non pas de l’Église en général. Je vous parlerai
2701 se (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin de l’ Église visible et non pas de l’Église en général. Je vous parlerai des
2702 parlerai ce matin de l’Église visible et non pas de l’Église en général. Je vous parlerai des Églises telles que nous les
2703 rlerai ce matin de l’Église visible et non pas de l’ Église en général. Je vous parlerai des Églises telles que nous les vo
2704 ral. Je vous parlerai des Églises telles que nous les voyons en Suisse ; et de la Suisse, telle que nous la voyons en ce mo
2705 Églises telles que nous les voyons en Suisse ; et de la Suisse, telle que nous la voyons en ce mois de juillet de 1940. Ce
2706 ises telles que nous les voyons en Suisse ; et de la Suisse, telle que nous la voyons en ce mois de juillet de 1940. Ce ne
2707 oyons en Suisse ; et de la Suisse, telle que nous la voyons en ce mois de juillet de 1940. Ce ne sera pas une conférence b
2708 de la Suisse, telle que nous la voyons en ce mois de juillet de 1940. Ce ne sera pas une conférence bien bâtie, je tiens à
2709 e, telle que nous la voyons en ce mois de juillet de 1940. Ce ne sera pas une conférence bien bâtie, je tiens à vous le di
2710 ra pas une conférence bien bâtie, je tiens à vous le dire tout de suite, mais une simple introduction, un plan de travail,
2711 t de suite, mais une simple introduction, un plan de travail, une invite à la discussion. Je vous ferai part de certaines
2712 le introduction, un plan de travail, une invite à la discussion. Je vous ferai part de certaines critiques et de certaines
2713 l, une invite à la discussion. Je vous ferai part de certaines critiques et de certaines suggestions, critiques peut-être
2714 ion. Je vous ferai part de certaines critiques et de certaines suggestions, critiques peut-être dures, mais qu’il est temp
2715 , critiques peut-être dures, mais qu’il est temps de formuler pour préparer la voie d’un renouveau, ou les moyens d’une ré
2716 s, mais qu’il est temps de formuler pour préparer la voie d’un renouveau, ou les moyens d’une résistance efficace. Et d’ab
2717 qu’il est temps de formuler pour préparer la voie d’ un renouveau, ou les moyens d’une résistance efficace. Et d’abord, une
2718 formuler pour préparer la voie d’un renouveau, ou les moyens d’une résistance efficace. Et d’abord, une parole de confiance
2719 ur préparer la voie d’un renouveau, ou les moyens d’ une résistance efficace. Et d’abord, une parole de confiance. Tout cra
2720 d’une résistance efficace. Et d’abord, une parole de confiance. Tout craque autour de nous, mais ce n’est pas une raison d
2721 aque autour de nous, mais ce n’est pas une raison de se lamenter ou de se décourager, bien au contraire. C’est une grande
2722 s, mais ce n’est pas une raison de se lamenter ou de se décourager, bien au contraire. C’est une grande occasion de travai
2723 ger, bien au contraire. C’est une grande occasion de travailler. Voyons d’abord la situation de notre pays. « Au cœur de
2724 une grande occasion de travailler. Voyons d’abord la situation de notre pays. « Au cœur de la révolution européenne, la S
2725 casion de travailler. Voyons d’abord la situation de notre pays. « Au cœur de la révolution européenne, la Suisse est réd
2726 ns d’abord la situation de notre pays. « Au cœur de la révolution européenne, la Suisse est réduite à elle-même. Elle n’a
2727 d’abord la situation de notre pays. « Au cœur de la révolution européenne, la Suisse est réduite à elle-même. Elle n’a pl
2728 tre pays. « Au cœur de la révolution européenne, la Suisse est réduite à elle-même. Elle n’a plus d’autre garantie humain
2729 la Suisse est réduite à elle-même. Elle n’a plus d’ autre garantie humaine que son armée, plus d’autre allié que son terra
2730 plus d’autre garantie humaine que son armée, plus d’ autre allié que son terrain, plus d’autre espoir que son travail. Cont
2731 n armée, plus d’autre allié que son terrain, plus d’ autre espoir que son travail. Contrairement à ce que beaucoup croient,
2732 pas nouvelle dans notre histoire. Elle fut celle de nos grandes victoires et de nos grands renouvellements.6 » Aujourd’hu
2733 toire. Elle fut celle de nos grandes victoires et de nos grands renouvellements.6 » Aujourd’hui, comme aux heures héroïque
2734 ments.6 » Aujourd’hui, comme aux heures héroïques de l’ancienne Confédération, sachons voir et saisir notre chance et les
2735 ts.6 » Aujourd’hui, comme aux heures héroïques de l’ ancienne Confédération, sachons voir et saisir notre chance et les cha
2736 édération, sachons voir et saisir notre chance et les chances nouvelles de l’Esprit ! Quand toutes les positions morales et
2737 r et saisir notre chance et les chances nouvelles de l’Esprit ! Quand toutes les positions morales et matérielles sont ébr
2738 t saisir notre chance et les chances nouvelles de l’ Esprit ! Quand toutes les positions morales et matérielles sont ébranl
2739 les chances nouvelles de l’Esprit ! Quand toutes les positions morales et matérielles sont ébranlées, comme elles le sont
2740 orales et matérielles sont ébranlées, comme elles le sont depuis quelques semaines, alors sonne une heure favorable pour l
2741 es semaines, alors sonne une heure favorable pour les examens de conscience, pour les réformes, et dans le cas présent, pou
2742 alors sonne une heure favorable pour les examens de conscience, pour les réformes, et dans le cas présent, pour une nouve
2743 re favorable pour les examens de conscience, pour les réformes, et dans le cas présent, pour une nouvelle Réformation commu
2744 examens de conscience, pour les réformes, et dans le cas présent, pour une nouvelle Réformation communautaire. Car c’est b
2745 ouvelle Réformation communautaire. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : fonder à nouveau la cité, pour qu’elle résiste et
2746 ’est bien de cela qu’il s’agit : fonder à nouveau la cité, pour qu’elle résiste et qu’elle rayonne encore, quoi qu’il arri
2747 le rayonne encore, quoi qu’il arrive, oui même si le pire arrive. Au cœur physique de notre Confédération se dresse le mas
2748 ive, oui même si le pire arrive. Au cœur physique de notre Confédération se dresse le massif du Gothard, mystérieux et ine
2749 Au cœur physique de notre Confédération se dresse le massif du Gothard, mystérieux et inexpugnable. Bastion naturel de la
2750 hard, mystérieux et inexpugnable. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’Europe et rendez-vous des races, le Gothard est
2751 d, mystérieux et inexpugnable. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’Europe et rendez-vous des races, le Gothard est le
2752 inexpugnable. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’Europe et rendez-vous des races, le Gothard est le grand symbole de
2753 expugnable. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’ Europe et rendez-vous des races, le Gothard est le grand symbole de no
2754 uisse, cœur de l’Europe et rendez-vous des races, le Gothard est le grand symbole de notre mission politique et de notre s
2755 l’Europe et rendez-vous des races, le Gothard est le grand symbole de notre mission politique et de notre sécurité. Et s’i
2756 z-vous des races, le Gothard est le grand symbole de notre mission politique et de notre sécurité. Et s’il fallait qu’un j
2757 st le grand symbole de notre mission politique et de notre sécurité. Et s’il fallait qu’un jour la Suisse fût envahie, j’i
2758 et de notre sécurité. Et s’il fallait qu’un jour la Suisse fût envahie, j’imagine qu’elle pourrait garder pendant des moi
2759 n’atteignent ni chars ni avions, dans cet Alcazar de l’Europe, quelques dizaines de milliers d’hommes tiennent encore, mon
2760 tteignent ni chars ni avions, dans cet Alcazar de l’ Europe, quelques dizaines de milliers d’hommes tiennent encore, montan
2761 , dans cet Alcazar de l’Europe, quelques dizaines de milliers d’hommes tiennent encore, montant la garde aux derniers somm
2762 lcazar de l’Europe, quelques dizaines de milliers d’ hommes tiennent encore, montant la garde aux derniers sommets libres,
2763 nes de milliers d’hommes tiennent encore, montant la garde aux derniers sommets libres, autour du trésor de la Suisse. Oui
2764 rde aux derniers sommets libres, autour du trésor de la Suisse. Oui, nous serions courbés, mais le grondement lointain des
2765 aux derniers sommets libres, autour du trésor de la Suisse. Oui, nous serions courbés, mais le grondement lointain des ca
2766 sor de la Suisse. Oui, nous serions courbés, mais le grondement lointain des canons du Gothard nous dirait d’espérer. Main
2767 dement lointain des canons du Gothard nous dirait d’ espérer. Maintenant, je poserai cette question : dans la situation ext
2768 rer. Maintenant, je poserai cette question : dans la situation extrême que je viens de décrire, à supposer que la Suisse s
2769 n extrême que je viens de décrire, à supposer que la Suisse soit envahie, pourrions-nous penser à l’Église comme à notre G
2770 e la Suisse soit envahie, pourrions-nous penser à l’ Église comme à notre Gothard spirituel ? L’existence permanente — même
2771 nser à l’Église comme à notre Gothard spirituel ? L’ existence permanente — même secrète — et la parole de nos Églises aux
2772 tuel ? L’existence permanente — même secrète — et la parole de nos Églises aux catacombes suffiraient-elles à ranimer notr
2773 xistence permanente — même secrète — et la parole de nos Églises aux catacombes suffiraient-elles à ranimer notre espéranc
2774 notre espérance, notre amour et notre foi, comme le canon lointain ranimerait nos courages ? Nos Églises trouveraient-ell
2775 ait nos courages ? Nos Églises trouveraient-elles le moyen de subsister et de s’organiser par l’initiative des laïques, co
2776 ourages ? Nos Églises trouveraient-elles le moyen de subsister et de s’organiser par l’initiative des laïques, comme elles
2777 lises trouveraient-elles le moyen de subsister et de s’organiser par l’initiative des laïques, comme elles l’ont fait dans
2778 elles le moyen de subsister et de s’organiser par l’ initiative des laïques, comme elles l’ont fait dans un pays voisin ? J
2779 ganiser par l’initiative des laïques, comme elles l’ ont fait dans un pays voisin ? Je n’oserais pas répondre ce matin. Ni
2780 ésespéré qu’on voit ce qui était vraiment solide. L’ Église de Suisse est-elle vraiment solide ? Saura-t-elle résister comm
2781 qu’on voit ce qui était vraiment solide. L’Église de Suisse est-elle vraiment solide ? Saura-t-elle résister comme un roc 
2782  ? Encore une fois, je ne puis pas répondre. Dieu le sait, et l’événement seul fera la preuve de notre force ou de nos fai
2783 e fois, je ne puis pas répondre. Dieu le sait, et l’ événement seul fera la preuve de notre force ou de nos faiblesses. En
2784 répondre. Dieu le sait, et l’événement seul fera la preuve de notre force ou de nos faiblesses. En attendant, mettons-nou
2785 Dieu le sait, et l’événement seul fera la preuve de notre force ou de nos faiblesses. En attendant, mettons-nous au trava
2786 l’événement seul fera la preuve de notre force ou de nos faiblesses. En attendant, mettons-nous au travail pour qu’au jour
2787 ossible. Inspectons avec soin nos défenses, ayons le courage de dire franchement : ici ou là, nous sommes encore faibles.
2788 spectons avec soin nos défenses, ayons le courage de dire franchement : ici ou là, nous sommes encore faibles. C’est ici e
2789 faibles. C’est ici et c’est là, qu’il faut porter l’ effort. Aujourd’hui ou jamais, notre Église a besoin d’une rigoureuse
2790 ort. Aujourd’hui ou jamais, notre Église a besoin d’ une rigoureuse critique, d’une critique utile et positive, qui prépare
2791 notre Église a besoin d’une rigoureuse critique, d’ une critique utile et positive, qui prépare et qui définisse les recon
2792 e utile et positive, qui prépare et qui définisse les reconstructions nécessaires. ⁂ La grande faiblesse de notre Église vi
2793 qui définisse les reconstructions nécessaires. ⁂ La grande faiblesse de notre Église visible, de nos diverses Églises sui
2794 econstructions nécessaires. ⁂ La grande faiblesse de notre Église visible, de nos diverses Églises suisses, c’est qu’elles
2795 s. ⁂ La grande faiblesse de notre Église visible, de nos diverses Églises suisses, c’est qu’elles ont cessé d’être ou n’on
2796 iverses Églises suisses, c’est qu’elles ont cessé d’ être ou n’ont jamais été de véritables communautés. Voilà le fait qui
2797 est qu’elles ont cessé d’être ou n’ont jamais été de véritables communautés. Voilà le fait qui me paraît le plus grave, ét
2798 n’ont jamais été de véritables communautés. Voilà le fait qui me paraît le plus grave, étant donné les événements actuels
2799 ritables communautés. Voilà le fait qui me paraît le plus grave, étant donné les événements actuels et ceux que nous devon
2800 le fait qui me paraît le plus grave, étant donné les événements actuels et ceux que nous devons prévoir. Une Église devrai
2801 que nous devons prévoir. Une Église devrait être le type même de la communauté vivante. Posons tout de suite un repère :
2802 ons prévoir. Une Église devrait être le type même de la communauté vivante. Posons tout de suite un repère : les paroisses
2803 prévoir. Une Église devrait être le type même de la communauté vivante. Posons tout de suite un repère : les paroisses de
2804 munauté vivante. Posons tout de suite un repère : les paroisses de l’Église primitive étaient de vraies communautés. On y m
2805 e. Posons tout de suite un repère : les paroisses de l’Église primitive étaient de vraies communautés. On y mettait tout e
2806 Posons tout de suite un repère : les paroisses de l’ Église primitive étaient de vraies communautés. On y mettait tout en c
2807 ère : les paroisses de l’Église primitive étaient de vraies communautés. On y mettait tout en commun, même les richesses,
2808 es communautés. On y mettait tout en commun, même les richesses, et cela paraissait naturel, parce que le but et le fondeme
2809 richesses, et cela paraissait naturel, parce que le but et le fondement spirituel d’une paroisse étaient alors plus impor
2810 , et cela paraissait naturel, parce que le but et le fondement spirituel d’une paroisse étaient alors plus importants que
2811 turel, parce que le but et le fondement spirituel d’ une paroisse étaient alors plus importants que tout. La ferveur de la
2812 paroisse étaient alors plus importants que tout. La ferveur de la foi nouvelle liait les esprits et les cœurs avec une te
2813 taient alors plus importants que tout. La ferveur de la foi nouvelle liait les esprits et les cœurs avec une telle puissan
2814 ent alors plus importants que tout. La ferveur de la foi nouvelle liait les esprits et les cœurs avec une telle puissance
2815 nts que tout. La ferveur de la foi nouvelle liait les esprits et les cœurs avec une telle puissance que les sacrifices maté
2816 a ferveur de la foi nouvelle liait les esprits et les cœurs avec une telle puissance que les sacrifices matériels devenaien
2817 esprits et les cœurs avec une telle puissance que les sacrifices matériels devenaient simplement des services d’amitié, de
2818 ices matériels devenaient simplement des services d’ amitié, de ces services qui vont de soi entre les membres d’une famill
2819 iels devenaient simplement des services d’amitié, de ces services qui vont de soi entre les membres d’une famille. Et je n
2820 s d’amitié, de ces services qui vont de soi entre les membres d’une famille. Et je ne parle même pas du « partage » spiritu
2821 de ces services qui vont de soi entre les membres d’ une famille. Et je ne parle même pas du « partage » spirituel, qui dev
2822 ême pas du « partage » spirituel, qui devait être le pain quotidien de ces communautés souvent persécutées. Certes, il ne
2823 ge » spirituel, qui devait être le pain quotidien de ces communautés souvent persécutées. Certes, il ne faudrait pas s’ima
2824 ers chrétiens étaient toujours des saints, et que les familles qu’ils formaient ne connaissaient jamais de querelles de fam
2825 familles qu’ils formaient ne connaissaient jamais de querelles de familles ! Les épîtres de Paul suffiraient à dissiper ce
2826 ls formaient ne connaissaient jamais de querelles de familles ! Les épîtres de Paul suffiraient à dissiper cette illusion.
2827 e connaissaient jamais de querelles de familles ! Les épîtres de Paul suffiraient à dissiper cette illusion. Il n’en reste
2828 ent jamais de querelles de familles ! Les épîtres de Paul suffiraient à dissiper cette illusion. Il n’en reste pas moins q
2829 ins que ces premières Églises ont surmonté toutes les persécutions grâce à la cohésion de leurs paroisses, grâce à l’esprit
2830 ises ont surmonté toutes les persécutions grâce à la cohésion de leurs paroisses, grâce à l’esprit communautaire qui les s
2831 monté toutes les persécutions grâce à la cohésion de leurs paroisses, grâce à l’esprit communautaire qui les soutenait. Pe
2832 s grâce à la cohésion de leurs paroisses, grâce à l’ esprit communautaire qui les soutenait. Pendant la décadence de l’Empi
2833 urs paroisses, grâce à l’esprit communautaire qui les soutenait. Pendant la décadence de l’Empire romain, ces paroisses ont
2834 l’esprit communautaire qui les soutenait. Pendant la décadence de l’Empire romain, ces paroisses ont constitué les cellule
2835 unautaire qui les soutenait. Pendant la décadence de l’Empire romain, ces paroisses ont constitué les cellules de base d’u
2836 utaire qui les soutenait. Pendant la décadence de l’ Empire romain, ces paroisses ont constitué les cellules de base d’une
2837 e de l’Empire romain, ces paroisses ont constitué les cellules de base d’une nouvelle société7, les noyaux des cités future
2838 romain, ces paroisses ont constitué les cellules de base d’une nouvelle société7, les noyaux des cités futures, les refug
2839 ces paroisses ont constitué les cellules de base d’ une nouvelle société7, les noyaux des cités futures, les refuges de la
2840 tué les cellules de base d’une nouvelle société7, les noyaux des cités futures, les refuges de la vraie liberté. Nos parois
2841 nouvelle société7, les noyaux des cités futures, les refuges de la vraie liberté. Nos paroisses actuelles, nos paroisses d
2842 ciété7, les noyaux des cités futures, les refuges de la vraie liberté. Nos paroisses actuelles, nos paroisses de Suisse, s
2843 té7, les noyaux des cités futures, les refuges de la vraie liberté. Nos paroisses actuelles, nos paroisses de Suisse, sera
2844 e liberté. Nos paroisses actuelles, nos paroisses de Suisse, seraient-elles capables de jouer pareil rôle, de nos jours ?
2845 nos paroisses de Suisse, seraient-elles capables de jouer pareil rôle, de nos jours ? Souvent, en sortant d’un de nos cul
2846 se, seraient-elles capables de jouer pareil rôle, de nos jours ? Souvent, en sortant d’un de nos cultes, je regarde les ge
2847 r pareil rôle, de nos jours ? Souvent, en sortant d’ un de nos cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose
2848 eil rôle, de nos jours ? Souvent, en sortant d’un de nos cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose cett
2849 ouvent, en sortant d’un de nos cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose cette question : sont-ils prêts
2850 sont-ils prêts à mettre en commun autre chose que la pièce de monnaie qu’ils viennent de déposer dans le « sachet », avec
2851 prêts à mettre en commun autre chose que la pièce de monnaie qu’ils viennent de déposer dans le « sachet », avec l’air de
2852 pièce de monnaie qu’ils viennent de déposer dans le « sachet », avec l’air de ne pas y toucher ? Sont-ils prêts à « parta
2853 ’ils viennent de déposer dans le « sachet », avec l’ air de ne pas y toucher ? Sont-ils prêts à « partager » autre chose qu
2854 iennent de déposer dans le « sachet », avec l’air de ne pas y toucher ? Sont-ils prêts à « partager » autre chose que des
2855 r » autre chose que des impressions générales sur le temps et les tristes événements ? Sont-ils vraiment des frères — et d
2856 ose que des impressions générales sur le temps et les tristes événements ? Sont-ils vraiment des frères — et des frères dan
2857 Sont-ils vraiment des frères — et des frères dans l’ Église ? Oh ! je ne demande pas que nos paroisses décrètent du jour au
2858 que nos paroisses décrètent du jour au lendemain le partage de tous les biens et décident d’établir un régime communiste,
2859 roisses décrètent du jour au lendemain le partage de tous les biens et décident d’établir un régime communiste, au sens li
2860 décrètent du jour au lendemain le partage de tous les biens et décident d’établir un régime communiste, au sens littéral de
2861 endemain le partage de tous les biens et décident d’ établir un régime communiste, au sens littéral de ce mot. Mais je me d
2862 d’établir un régime communiste, au sens littéral de ce mot. Mais je me demande seulement si elles sont prêtes à envisager
2863 t si elles sont prêtes à envisager certains actes de solidarité pratique ; si elles acceptent, au moins en théorie, de fai
2864 atique ; si elles acceptent, au moins en théorie, de faire quelque chose dans ce sens, à supposer que les circonstances l’
2865 faire quelque chose dans ce sens, à supposer que les circonstances l’exigent un jour prochain. Je me demande si les fidèle
2866 se dans ce sens, à supposer que les circonstances l’ exigent un jour prochain. Je me demande si les fidèles de nos cultes s
2867 nces l’exigent un jour prochain. Je me demande si les fidèles de nos cultes se sentent plus fortement liés aux autres membr
2868 nt un jour prochain. Je me demande si les fidèles de nos cultes se sentent plus fortement liés aux autres membres de l’Égl
2869 se sentent plus fortement liés aux autres membres de l’Église qu’ils ne sont liés à leur parti, ou à leur classe, ou à leu
2870 sentent plus fortement liés aux autres membres de l’ Église qu’ils ne sont liés à leur parti, ou à leur classe, ou à leurs
2871 ent — songeant au jour où il faudra choisir entre l’ Église et nos sécurités. Je vois bien que nos Églises constituent des
2872 nombreux, qu’il y a parmi leurs membres beaucoup d’ individus vraiment croyants, capables de faire pour leur part des acte
2873 beaucoup d’individus vraiment croyants, capables de faire pour leur part des actes quotidiens de charité chrétienne. Mais
2874 bles de faire pour leur part des actes quotidiens de charité chrétienne. Mais une administration, des auditoires et un cer
2875 ministration, des auditoires et un certain nombre d’ individualités chrétiennes, agissant pour leur compte — plus qu’au nom
2876 es, agissant pour leur compte — plus qu’au nom de l’ Église — cela ne fait pas encore une vraie communauté. Des actes isolé
2877 , si beaux soient-ils, cela ne fait pas un esprit de corps, — et l’expression « esprit de corps » devrait pouvoir s’appliq
2878 nt-ils, cela ne fait pas un esprit de corps, — et l’ expression « esprit de corps » devrait pouvoir s’appliquer à l’Église
2879 as un esprit de corps, — et l’expression « esprit de corps » devrait pouvoir s’appliquer à l’Église plus qu’à nulle autre
2880 « esprit de corps » devrait pouvoir s’appliquer à l’ Église plus qu’à nulle autre communauté au monde, puisque l’Église est
2881 lus qu’à nulle autre communauté au monde, puisque l’ Église est rassemblée par l’Esprit saint, et puisqu’elle est le Corps
2882 uté au monde, puisque l’Église est rassemblée par l’ Esprit saint, et puisqu’elle est le Corps même du Seigneur. Ceci dit,
2883 rassemblée par l’Esprit saint, et puisqu’elle est le Corps même du Seigneur. Ceci dit, et notre faiblesse une fois reconnu
2884 se une fois reconnue et confessée, ne perdons pas de temps à nous lamenter ou à critiquer vainement. Mettons-nous au trava
2885 r vainement. Mettons-nous au travail pour essayer de refaire, avec ce dont nous disposons, quelque chose de plus solide, d
2886 s’organiser. Je ne puis pas vous énumérer toutes les conditions nécessaires pour que nos paroisses redeviennent des commun
2887 ent des communautés véritables. Mais il est trois de ces conditions, entre vingt autres8, qui me paraissent à la fois indi
2888 ratiquement réalisables à bref délai, j’entends à la faveur du choc des événements récents et avant les crises plus graves
2889 la faveur du choc des événements récents et avant les crises plus graves qui se préparent. Pour que nos Églises retrouvent
2890 qui se préparent. Pour que nos Églises retrouvent le sens et la vertu communautaire, il faut : 1° qu’elles reprennent cons
2891 arent. Pour que nos Églises retrouvent le sens et la vertu communautaire, il faut : 1° qu’elles reprennent conscience de l
2892 aire, il faut : 1° qu’elles reprennent conscience de la nature éternelle et du but transcendant de l’Église ; 2° qu’elles
2893 e, il faut : 1° qu’elles reprennent conscience de la nature éternelle et du but transcendant de l’Église ; 2° qu’elles dév
2894 nce de la nature éternelle et du but transcendant de l’Église ; 2° qu’elles développent ou réveillent en elles le sens mis
2895 de la nature éternelle et du but transcendant de l’ Église ; 2° qu’elles développent ou réveillent en elles le sens missio
2896  ; 2° qu’elles développent ou réveillent en elles le sens missionnaire, à l’intérieur du pays ; 3° qu’elles aient le coura
2897 nt ou réveillent en elles le sens missionnaire, à l’ intérieur du pays ; 3° qu’elles aient le courage d’être franchement de
2898 nnaire, à l’intérieur du pays ; 3° qu’elles aient le courage d’être franchement des Églises visibles, organisées, douées d
2899 ’intérieur du pays ; 3° qu’elles aient le courage d’ être franchement des Églises visibles, organisées, douées d’une discip
2900 nchement des Églises visibles, organisées, douées d’ une discipline et de formes cultuelles fixes. I Le premier de ces
2901 visibles, organisées, douées d’une discipline et de formes cultuelles fixes. I Le premier de ces trois points est av
2902 et de formes cultuelles fixes. I Le premier de ces trois points est avant tout théologique. Je n’insisterai donc pas
2903 eurs beaucoup plus qualifiés que moi pour définir l’ essence et le but de l’Église. Je me contenterai de quelques remarques
2904 plus qualifiés que moi pour définir l’essence et le but de l’Église. Je me contenterai de quelques remarques sur les rapp
2905 ualifiés que moi pour définir l’essence et le but de l’Église. Je me contenterai de quelques remarques sur les rapports de
2906 ifiés que moi pour définir l’essence et le but de l’ Église. Je me contenterai de quelques remarques sur les rapports de l’
2907 ’essence et le but de l’Église. Je me contenterai de quelques remarques sur les rapports de l’Église et de la Suisse, en t
2908 lise. Je me contenterai de quelques remarques sur les rapports de l’Église et de la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci :
2909 ontenterai de quelques remarques sur les rapports de l’Église et de la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Églis
2910 enterai de quelques remarques sur les rapports de l’ Église et de la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Église s
2911 uelques remarques sur les rapports de l’Église et de la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Église suisse doit ê
2912 ques remarques sur les rapports de l’Église et de la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Église suisse doit être
2913 Église suisse doit être, ou redevenir une Église de Dieu, et non pas la société des braves gens. Par exemple, on ne doit
2914 être, ou redevenir une Église de Dieu, et non pas la société des braves gens. Par exemple, on ne doit plus discuter de son
2915 raves gens. Par exemple, on ne doit plus discuter de son administration et de ses rapports avec l’État comme s’il s’agissa
2916 on ne doit plus discuter de son administration et de ses rapports avec l’État comme s’il s’agissait d’un parti ou d’une fo
2917 ter de son administration et de ses rapports avec l’ État comme s’il s’agissait d’un parti ou d’une fondation de bienfaisan
2918 de ses rapports avec l’État comme s’il s’agissait d’ un parti ou d’une fondation de bienfaisance avec des traditions de fam
2919 s avec l’État comme s’il s’agissait d’un parti ou d’ une fondation de bienfaisance avec des traditions de famille et des do
2920 mme s’il s’agissait d’un parti ou d’une fondation de bienfaisance avec des traditions de famille et des donateurs attachés
2921 une fondation de bienfaisance avec des traditions de famille et des donateurs attachés à leurs souvenirs. L’Église n’est p
2922 ille et des donateurs attachés à leurs souvenirs. L’ Église n’est pas à nous, n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne son
2923 s affaires ne sont pas nos affaires d’abord, mais les affaires du Royaume de Dieu. Il me paraît profondément indécent que c
2924 os affaires d’abord, mais les affaires du Royaume de Dieu. Il me paraît profondément indécent que ces affaires soient déba
2925 onseils, par des hommes qui parfois ignorent tout de la réalité de l’Église, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de
2926 eils, par des hommes qui parfois ignorent tout de la réalité de l’Église, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’
2927 es hommes qui parfois ignorent tout de la réalité de l’Église, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’Église et d
2928 hommes qui parfois ignorent tout de la réalité de l’ Église, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’Église et de l
2929 éalité de l’Église, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’Église et de l’État, je vous proposerai deux formules :
2930 glise, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’Église et de l’État, je vous proposerai deux formules : 1° Le servi
2931 se, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports de l’ Église et de l’État, je vous proposerai deux formules : 1° Le service
2932 Christ. Ensuite, sur les rapports de l’Église et de l’État, je vous proposerai deux formules : 1° Le service unique et su
2933 rist. Ensuite, sur les rapports de l’Église et de l’ État, je vous proposerai deux formules : 1° Le service unique et suffi
2934 de l’État, je vous proposerai deux formules : 1° Le service unique et suffisant que l’Église doit rendre à la Suisse, c’e
2935 formules : 1° Le service unique et suffisant que l’ Église doit rendre à la Suisse, c’est de rester ou de devenir une vrai
2936 ce unique et suffisant que l’Église doit rendre à la Suisse, c’est de rester ou de devenir une vraie Église, une Église de
2937 isant que l’Église doit rendre à la Suisse, c’est de rester ou de devenir une vraie Église, une Église de Dieu et non pas
2938 glise doit rendre à la Suisse, c’est de rester ou de devenir une vraie Église, une Église de Dieu et non pas une Église pa
2939 rester ou de devenir une vraie Église, une Église de Dieu et non pas une Église patriotique ou une puissance d’ordre polit
2940 t non pas une Église patriotique ou une puissance d’ ordre politique. 2° Le service que l’État suisse doit en retour, à l’É
2941 atriotique ou une puissance d’ordre politique. 2° Le service que l’État suisse doit en retour, à l’Église, c’est de la lai
2942 ne puissance d’ordre politique. 2° Le service que l’ État suisse doit en retour, à l’Église, c’est de la laisser être une v
2943 2° Le service que l’État suisse doit en retour, à l’ Église, c’est de la laisser être une vraie Église de Dieu et non pas u
2944 e l’État suisse doit en retour, à l’Église, c’est de la laisser être une vraie Église de Dieu et non pas une Église de l’É
2945 ’État suisse doit en retour, à l’Église, c’est de la laisser être une vraie Église de Dieu et non pas une Église de l’État
2946 Église, c’est de la laisser être une vraie Église de Dieu et non pas une Église de l’État suisse. Il est bien vrai que not
2947 re une vraie Église de Dieu et non pas une Église de l’État suisse. Il est bien vrai que notre État fédéral ne saurait se
2948 une vraie Église de Dieu et non pas une Église de l’ État suisse. Il est bien vrai que notre État fédéral ne saurait se fon
2949 fonder concrètement que sur des bases chrétiennes de tolérance et d’amour du prochain. Mais je tiens à redire ici ce que j
2950 ent que sur des bases chrétiennes de tolérance et d’ amour du prochain. Mais je tiens à redire ici ce que je disais cet hiv
2951 ce que nous sommes Suisses, mais nous devons être de bons Suisses parce que nous sommes chrétiens d’abord. Gardons-nous du
2952 parler j’opposerai cette déclaration prophétique d’ un homme dont la pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre
2953 rai cette déclaration prophétique d’un homme dont la pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre Vinet. « Veuille
2954 en voulez pas pour vous, mais seulement pour tout le monde, faites-nous la grâce de n’en point vouloir ». Car « la société
2955 s, mais seulement pour tout le monde, faites-nous la grâce de n’en point vouloir ». Car « la société qui veut m’ôter ma re
2956 eulement pour tout le monde, faites-nous la grâce de n’en point vouloir ». Car « la société qui veut m’ôter ma religion, m
2957 ites-nous la grâce de n’en point vouloir ». Car «  la société qui veut m’ôter ma religion, m’effraie bien moins que celle q
2958 umé, la première condition indispensable pour que l’ Église devienne une vraie communauté, c’est que l’Église soit indépend
2959 l’Église devienne une vraie communauté, c’est que l’ Église soit indépendante de l’État, je veux dire par là : constituée f
2960 communauté, c’est que l’Église soit indépendante de l’État, je veux dire par là : constituée face à l’État comme une auto
2961 mmunauté, c’est que l’Église soit indépendante de l’ État, je veux dire par là : constituée face à l’État comme une autorit
2962 e l’État, je veux dire par là : constituée face à l’ État comme une autorité souveraine 9. Alors, si l’État change, l’Églis
2963 l’État comme une autorité souveraine 9. Alors, si l’ État change, l’Église ne changera pas. Et si l’État devient païen, l’É
2964 e autorité souveraine 9. Alors, si l’État change, l’ Église ne changera pas. Et si l’État devient païen, l’Église pourra re
2965 si l’État change, l’Église ne changera pas. Et si l’ État devient païen, l’Église pourra rester le lieu où les justes rappo
2966 lise ne changera pas. Et si l’État devient païen, l’ Église pourra rester le lieu où les justes rapports entre les hommes s
2967 t si l’État devient païen, l’Église pourra rester le lieu où les justes rapports entre les hommes sont ordonnés par la Par
2968 devient païen, l’Église pourra rester le lieu où les justes rapports entre les hommes sont ordonnés par la Parole et par l
2969 ourra rester le lieu où les justes rapports entre les hommes sont ordonnés par la Parole et par l’Esprit. Si l’on se remémo
2970 ustes rapports entre les hommes sont ordonnés par la Parole et par l’Esprit. Si l’on se remémore les événements qui ont am
2971 tre les hommes sont ordonnés par la Parole et par l’ Esprit. Si l’on se remémore les événements qui ont amené la création d
2972 s sont ordonnés par la Parole et par l’Esprit. Si l’ on se remémore les événements qui ont amené la création de l’Église co
2973 ar la Parole et par l’Esprit. Si l’on se remémore les événements qui ont amené la création de l’Église confessionnelle en A
2974 Si l’on se remémore les événements qui ont amené la création de l’Église confessionnelle en Allemagne, on comprendra ce q
2975 remémore les événements qui ont amené la création de l’Église confessionnelle en Allemagne, on comprendra ce que je veux d
2976 émore les événements qui ont amené la création de l’ Église confessionnelle en Allemagne, on comprendra ce que je veux dire
2977 agne, on comprendra ce que je veux dire, — et que le problème est urgent ! II La seconde condition, c’est que nos Ég
2978 ’est que nos Églises redeviennent missionnaires à l’ intérieur du pays, dans toutes les couches de notre peuple suisse. Pou
2979 missionnaires à l’intérieur du pays, dans toutes les couches de notre peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent à l’é
2980 es à l’intérieur du pays, dans toutes les couches de notre peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent à l’évolution so
2981 peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent à l’ évolution sociale du xixe siècle, nos Églises sont devenues des milie
2982 des villes, et dans beaucoup de villages. Même si de nombreuses familles d’ouvriers en font encore partie, c’est un fait q
2983 ucoup de villages. Même si de nombreuses familles d’ ouvriers en font encore partie, c’est un fait que le ton des sermons,
2984 ouvriers en font encore partie, c’est un fait que le ton des sermons, le maintien des auditeurs et l’atmosphère en général
2985 ore partie, c’est un fait que le ton des sermons, le maintien des auditeurs et l’atmosphère en général y sont bien plus bo
2986 le ton des sermons, le maintien des auditeurs et l’ atmosphère en général y sont bien plus bourgeois que populaires. C’est
2987 ue populaires. C’est sans doute l’une des raisons de la désaffection de la classe ouvrière vis-à-vis de l’Église depuis pl
2988 populaires. C’est sans doute l’une des raisons de la désaffection de la classe ouvrière vis-à-vis de l’Église depuis plus
2989 t sans doute l’une des raisons de la désaffection de la classe ouvrière vis-à-vis de l’Église depuis plus d’un siècle : el
2990 ans doute l’une des raisons de la désaffection de la classe ouvrière vis-à-vis de l’Église depuis plus d’un siècle : elle
2991 a désaffection de la classe ouvrière vis-à-vis de l’ Église depuis plus d’un siècle : elle ne s’y sent pas tout à fait chez
2992 classe ouvrière vis-à-vis de l’Église depuis plus d’ un siècle : elle ne s’y sent pas tout à fait chez elle ; elle n’y reco
2993 son langage. Il y a là certainement quelque chose d’ anormal. L’Église n’aurait jamais dû prendre le ton et l’accent d’un m
2994 . Il y a là certainement quelque chose d’anormal. L’ Église n’aurait jamais dû prendre le ton et l’accent d’un milieu socia
2995 se d’anormal. L’Église n’aurait jamais dû prendre le ton et l’accent d’un milieu social plutôt que d’un autre. Elle devrai
2996 al. L’Église n’aurait jamais dû prendre le ton et l’ accent d’un milieu social plutôt que d’un autre. Elle devrait aujourd’
2997 ise n’aurait jamais dû prendre le ton et l’accent d’ un milieu social plutôt que d’un autre. Elle devrait aujourd’hui aband
2998 le ton et l’accent d’un milieu social plutôt que d’ un autre. Elle devrait aujourd’hui abandonner résolument cette espèce
2999 it aujourd’hui abandonner résolument cette espèce d’ éloquence conventionnelle qu’on appelle le ton de la chaire et qui pro
3000 espèce d’éloquence conventionnelle qu’on appelle le ton de la chaire et qui produit sur l’auditeur occasionnel de nos ser
3001 d’éloquence conventionnelle qu’on appelle le ton de la chaire et qui produit sur l’auditeur occasionnel de nos sermons un
3002 éloquence conventionnelle qu’on appelle le ton de la chaire et qui produit sur l’auditeur occasionnel de nos sermons une i
3003 on appelle le ton de la chaire et qui produit sur l’ auditeur occasionnel de nos sermons une impression fâcheuse de démodé,
3004 chaire et qui produit sur l’auditeur occasionnel de nos sermons une impression fâcheuse de démodé, d’inactuel, d’irréalis
3005 ccasionnel de nos sermons une impression fâcheuse de démodé, d’inactuel, d’irréaliste. Il n’y a vraiment aucune raison val
3006 de nos sermons une impression fâcheuse de démodé, d’ inactuel, d’irréaliste. Il n’y a vraiment aucune raison valable pour q
3007 ns une impression fâcheuse de démodé, d’inactuel, d’ irréaliste. Il n’y a vraiment aucune raison valable pour que notre pré
3008 ation chrétienne abandonne aux tribuns politiques le privilège de savoir parler à la foule, de savoir la toucher par des p
3009 nne abandonne aux tribuns politiques le privilège de savoir parler à la foule, de savoir la toucher par des paroles direct
3010 ribuns politiques le privilège de savoir parler à la foule, de savoir la toucher par des paroles directes. Vous me direz p
3011 itiques le privilège de savoir parler à la foule, de savoir la toucher par des paroles directes. Vous me direz peut-être q
3012 privilège de savoir parler à la foule, de savoir la toucher par des paroles directes. Vous me direz peut-être que cette q
3013 asteurs. Je n’en suis pas sûr. C’est une question d’ atmosphère spirituelle, de disposition des esprits. C’est aussi notre
3014 sûr. C’est une question d’atmosphère spirituelle, de disposition des esprits. C’est aussi notre affaire à nous laïques. No
3015 nous soyons choqués quand un pasteur ne garde pas le ton convenu, le ton convenable. Nous oublions trop facilement que la
3016 ués quand un pasteur ne garde pas le ton convenu, le ton convenable. Nous oublions trop facilement que la Parole de l’Égli
3017 ton convenable. Nous oublions trop facilement que la Parole de l’Église n’est pas réservée seulement à nos « milieux ecclé
3018 able. Nous oublions trop facilement que la Parole de l’Église n’est pas réservée seulement à nos « milieux ecclésiastiques
3019 e. Nous oublions trop facilement que la Parole de l’ Église n’est pas réservée seulement à nos « milieux ecclésiastiques »,
3020 nt à nos « milieux ecclésiastiques », mais à tous les hommes d’où qu’ils viennent, qui ont faim et soif de vérité, sans le
3021 milieux ecclésiastiques », mais à tous les hommes d’ où qu’ils viennent, qui ont faim et soif de vérité, sans le savoir le
3022 hommes d’où qu’ils viennent, qui ont faim et soif de vérité, sans le savoir le plus souvent. Il est grand temps que nous f
3023 ls viennent, qui ont faim et soif de vérité, sans le savoir le plus souvent. Il est grand temps que nous fassions en sorte
3024 t, qui ont faim et soif de vérité, sans le savoir le plus souvent. Il est grand temps que nous fassions en sorte que tous
3025 issent écouter et puissent entendre sans éprouver le sentiment de s’être égarés dans un milieu où ils sont déplacés. Que n
3026 r et puissent entendre sans éprouver le sentiment de s’être égarés dans un milieu où ils sont déplacés. Que nos Églises se
3027 és. Que nos Églises se préoccupent donc davantage d’ être vraiment ouvertes à tous ! C’est une question de foi et de mainti
3028 tre vraiment ouvertes à tous ! C’est une question de foi et de maintien, de tact humain, de charité. C’est aussi, et c’est
3029 nt ouvertes à tous ! C’est une question de foi et de maintien, de tact humain, de charité. C’est aussi, et c’est avant tou
3030 tous ! C’est une question de foi et de maintien, de tact humain, de charité. C’est aussi, et c’est avant tout, une questi
3031 e question de foi et de maintien, de tact humain, de charité. C’est aussi, et c’est avant tout, une question de zèle missi
3032 é. C’est aussi, et c’est avant tout, une question de zèle missionnaire, d’amour des âmes. Si nous avons ce zèle et ce souc
3033 st avant tout, une question de zèle missionnaire, d’ amour des âmes. Si nous avons ce zèle et ce souci, l’atmosphère un peu
3034 mour des âmes. Si nous avons ce zèle et ce souci, l’ atmosphère un peu renfermée de certaines de nos paroisses se dissipera
3035 e zèle et ce souci, l’atmosphère un peu renfermée de certaines de nos paroisses se dissipera d’elle-même, se fera plus acc
3036 souci, l’atmosphère un peu renfermée de certaines de nos paroisses se dissipera d’elle-même, se fera plus accueillante. L’
3037 fermée de certaines de nos paroisses se dissipera d’ elle-même, se fera plus accueillante. L’étranger qui entrera dans nos
3038 dissipera d’elle-même, se fera plus accueillante. L’ étranger qui entrera dans nos temples ne se sentira plus perdu chez le
3039 ra dans nos temples ne se sentira plus perdu chez les braves gens, mais accueilli dans une maison de Dieu. Ce que je voudra
3040 z les braves gens, mais accueilli dans une maison de Dieu. Ce que je voudrais dire encore sur ce sujet est peut-être un pe
3041 que je présente comme laïque à nos pasteurs, avec l’ espoir que les laïques de cet auditoire l’appuieront pratiquement dans
3042 te comme laïque à nos pasteurs, avec l’espoir que les laïques de cet auditoire l’appuieront pratiquement dans leurs paroiss
3043 que à nos pasteurs, avec l’espoir que les laïques de cet auditoire l’appuieront pratiquement dans leurs paroisses. Je voud
3044 s, avec l’espoir que les laïques de cet auditoire l’ appuieront pratiquement dans leurs paroisses. Je voudrais dire à nos p
3045 moins originales. Elle demande des vérités sûres, les vérités de la Bible, qui sont toujours les plus actuelles, et qui son
3046 ales. Elle demande des vérités sûres, les vérités de la Bible, qui sont toujours les plus actuelles, et qui sont seules à
3047 s. Elle demande des vérités sûres, les vérités de la Bible, qui sont toujours les plus actuelles, et qui sont seules à la
3048 sûres, les vérités de la Bible, qui sont toujours les plus actuelles, et qui sont seules à la hauteur de la situation prése
3049 toujours les plus actuelles, et qui sont seules à la hauteur de la situation présente. Ce ne sont jamais nos idées personn
3050 s plus actuelles, et qui sont seules à la hauteur de la situation présente. Ce ne sont jamais nos idées personnelles, nos
3051 lus actuelles, et qui sont seules à la hauteur de la situation présente. Ce ne sont jamais nos idées personnelles, nos com
3052 il y a quelques semaines, une parole qui m’a fait de l’impression. C’était dans un sermon, et le pasteur disait : « Laisso
3053 y a quelques semaines, une parole qui m’a fait de l’ impression. C’était dans un sermon, et le pasteur disait : « Laissons
3054 fait de l’impression. C’était dans un sermon, et le pasteur disait : « Laissons parler la Bible seule, car nous, nous ne
3055 sermon, et le pasteur disait : « Laissons parler la Bible seule, car nous, nous ne sommes pas convaincants. » Parole prof
3056 Parole profonde, parole qui devrait libérer plus d’ un pasteur de ses soucis, et résoudre en partie le problème du samedi
3057 nde, parole qui devrait libérer plus d’un pasteur de ses soucis, et résoudre en partie le problème du samedi soir… Encore
3058 d’un pasteur de ses soucis, et résoudre en partie le problème du samedi soir… Encore faut-il que les paroissiens, à leur t
3059 ie le problème du samedi soir… Encore faut-il que les paroissiens, à leur tour, acceptent que leur pasteur soit « simplemen
3060 simple ! Jamais il ne pourra se rapprocher assez de la simplicité des paroles de la Bible. « Nous ne sommes pas convainca
3061 mple ! Jamais il ne pourra se rapprocher assez de la simplicité des paroles de la Bible. « Nous ne sommes pas convaincants
3062 se rapprocher assez de la simplicité des paroles de la Bible. « Nous ne sommes pas convaincants », disait le pasteur que
3063 rapprocher assez de la simplicité des paroles de la Bible. « Nous ne sommes pas convaincants », disait le pasteur que je
3064 ible. « Nous ne sommes pas convaincants », disait le pasteur que je viens de citer. Nous ne sommes pas convaincants, ajout
3065 ns que la plupart des auditeurs n’auraient pas eu l’ idée de faire. Comme laïque, je ne demande pas qu’on me persuade de cr
3066 la plupart des auditeurs n’auraient pas eu l’idée de faire. Comme laïque, je ne demande pas qu’on me persuade de croire, m
3067 Comme laïque, je ne demande pas qu’on me persuade de croire, mais simplement qu’on nourrisse ma foi. J’attends qu’on me pa
3068 me parle avec une calme autorité, et non pas que l’ on prenne au sérieux mes doutes éventuels. Notre génération n’est pas
3069 entuels. Notre génération n’est pas si tourmentée de doutes. Elle n’a guère la manie de discuter. Elle attend des directio
3070 n’est pas si tourmentée de doutes. Elle n’a guère la manie de discuter. Elle attend des directions positives. Elle est prê
3071 si tourmentée de doutes. Elle n’a guère la manie de discuter. Elle attend des directions positives. Elle est prête à croi
3072 tives. Elle est prête à croire, et elle demande à la prédication de parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquille e
3073 prête à croire, et elle demande à la prédication de parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquille et familière ass
3074 ication de parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquille et familière assurance de la foi. Car la conviction seule
3075 doute, avec la tranquille et familière assurance de la foi. Car la conviction seule est convaincante. Tout ceci ne veut p
3076 ute, avec la tranquille et familière assurance de la foi. Car la conviction seule est convaincante. Tout ceci ne veut pas
3077 tranquille et familière assurance de la foi. Car la conviction seule est convaincante. Tout ceci ne veut pas dire d’aille
3078 ut pas dire d’ailleurs que notre Église n’ait pas le droit d’aborder l’actualité sociale ou politique. Pour être missionna
3079 re d’ailleurs que notre Église n’ait pas le droit d’ aborder l’actualité sociale ou politique. Pour être missionnaire, l’Ég
3080 urs que notre Église n’ait pas le droit d’aborder l’ actualité sociale ou politique. Pour être missionnaire, l’Église doit
3081 ité sociale ou politique. Pour être missionnaire, l’ Église doit d’abord être convaincue de la valeur et de la nouveauté pe
3082 ssionnaire, l’Église doit d’abord être convaincue de la valeur et de la nouveauté perpétuelle d’un message purement bibliq
3083 onnaire, l’Église doit d’abord être convaincue de la valeur et de la nouveauté perpétuelle d’un message purement biblique.
3084 lise doit d’abord être convaincue de la valeur et de la nouveauté perpétuelle d’un message purement biblique. C’est le pre
3085 e doit d’abord être convaincue de la valeur et de la nouveauté perpétuelle d’un message purement biblique. C’est le premie
3086 incue de la valeur et de la nouveauté perpétuelle d’ un message purement biblique. C’est le premier point. Mais cela étant
3087 e premier point. Mais cela étant acquis, pourquoi l’ Église se priverait-elle de souligner l’actualité de son enseignement 
3088 étant acquis, pourquoi l’Église se priverait-elle de souligner l’actualité de son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-ell
3089 pourquoi l’Église se priverait-elle de souligner l’ actualité de son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-elle pas de poli
3090 Église se priverait-elle de souligner l’actualité de son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-elle pas de politique, si el
3091 son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-elle pas de politique, si elle le fait sur la seule base de la Bible ? On ne lui
3092 rquoi ne parlerait-elle pas de politique, si elle le fait sur la seule base de la Bible ? On ne lui demande pas une théori
3093 lerait-elle pas de politique, si elle le fait sur la seule base de la Bible ? On ne lui demande pas une théorie originale,
3094 s de politique, si elle le fait sur la seule base de la Bible ? On ne lui demande pas une théorie originale, surtout pas !
3095 e politique, si elle le fait sur la seule base de la Bible ? On ne lui demande pas une théorie originale, surtout pas ! On
3096 riginale, surtout pas ! On lui demande simplement d’ appliquer à telle ou telle situation les paroles éternelles de l’Évang
3097 simplement d’appliquer à telle ou telle situation les paroles éternelles de l’Évangile et des prophètes : par exemple, pour
3098 à telle ou telle situation les paroles éternelles de l’Évangile et des prophètes : par exemple, pour exhorter les fidèles
3099 elle ou telle situation les paroles éternelles de l’ Évangile et des prophètes : par exemple, pour exhorter les fidèles à r
3100 ile et des prophètes : par exemple, pour exhorter les fidèles à renoncer à leurs préjugés de partis, ou à leurs intérêts de
3101 exhorter les fidèles à renoncer à leurs préjugés de partis, ou à leurs intérêts de classe ; ou pour montrer à notre peupl
3102 r à leurs préjugés de partis, ou à leurs intérêts de classe ; ou pour montrer à notre peuple sa mission positive dans l’Eu
3103 r montrer à notre peuple sa mission positive dans l’ Europe d’aujourd’hui. Toutes ces choses peuvent et doivent être dites
3104 à notre peuple sa mission positive dans l’Europe d’ aujourd’hui. Toutes ces choses peuvent et doivent être dites du haut d
3105 ces choses peuvent et doivent être dites du haut de la chaire, à condition, je le répète et j’y insiste, qu’il ne s’agiss
3106 s choses peuvent et doivent être dites du haut de la chaire, à condition, je le répète et j’y insiste, qu’il ne s’agisse j
3107 être dites du haut de la chaire, à condition, je le répète et j’y insiste, qu’il ne s’agisse jamais des idées personnelle
3108 gisse jamais des idées personnelles du pasteur ou de quelque écrivain qu’il cite, mais du seul et unique point de vue de l
3109 n qu’il cite, mais du seul et unique point de vue de la Bible. En résumé, la deuxième condition indispensable pour que l’É
3110 u’il cite, mais du seul et unique point de vue de la Bible. En résumé, la deuxième condition indispensable pour que l’Égli
3111 umé, la deuxième condition indispensable pour que l’ Église reste ou devienne une vraie communauté, c’est que l’Église ne p
3112 reste ou devienne une vraie communauté, c’est que l’ Église ne parle pas le langage d’un seul groupe social, ou d’une seule
3113 vraie communauté, c’est que l’Église ne parle pas le langage d’un seul groupe social, ou d’une seule classe ; ou le langag
3114 nauté, c’est que l’Église ne parle pas le langage d’ un seul groupe social, ou d’une seule classe ; ou le langage d’une que
3115 parle pas le langage d’un seul groupe social, ou d’ une seule classe ; ou le langage d’une quelconque philosophie à la mod
3116 un seul groupe social, ou d’une seule classe ; ou le langage d’une quelconque philosophie à la mode ou déjà démodée ; ou l
3117 upe social, ou d’une seule classe ; ou le langage d’ une quelconque philosophie à la mode ou déjà démodée ; ou le langage p
3118 se ; ou le langage d’une quelconque philosophie à la mode ou déjà démodée ; ou le langage personnel de Monsieur X, pasteur
3119 conque philosophie à la mode ou déjà démodée ; ou le langage personnel de Monsieur X, pasteur ou même théologien célèbre,
3120 la mode ou déjà démodée ; ou le langage personnel de Monsieur X, pasteur ou même théologien célèbre, — mais qu’elle parle
3121 re, — mais qu’elle parle uniquement et simplement le langage de la Bible, qui appartient à tous, qui est frappant pour tou
3122 qu’elle parle uniquement et simplement le langage de la Bible, qui appartient à tous, qui est frappant pour tous, et dans
3123 elle parle uniquement et simplement le langage de la Bible, qui appartient à tous, qui est frappant pour tous, et dans leq
3124 uvent communier. III La troisième condition d’ une vraie communauté, je la définissais tout à l’heure comme suit : qu
3125 La troisième condition d’une vraie communauté, je la définissais tout à l’heure comme suit : que nos Églises aient le cour
3126 d’une vraie communauté, je la définissais tout à l’ heure comme suit : que nos Églises aient le courage d’être franchement
3127 tout à l’heure comme suit : que nos Églises aient le courage d’être franchement des Églises visibles — solidement organisé
3128 ure comme suit : que nos Églises aient le courage d’ être franchement des Églises visibles — solidement organisées, — douée
3129 glises visibles — solidement organisées, — douées d’ une discipline et de formes de culte fixes. Je ne soulèverai pas ici l
3130 lidement organisées, — douées d’une discipline et de formes de culte fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème de l’épis
3131 rganisées, — douées d’une discipline et de formes de culte fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème de l’épiscopat, enc
3132 e formes de culte fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème de l’épiscopat, encore que je sois persuadé qu’il se posera
3133 culte fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème de l’épiscopat, encore que je sois persuadé qu’il se posera pour nous au
3134 te fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème de l’ épiscopat, encore que je sois persuadé qu’il se posera pour nous aussi
3135 ne parlerai pas non plus du rôle des laïques dans la paroisse, qui pourrait être développé encore, afin de décharger le pa
3136 pourrait être développé encore, afin de décharger le pasteur d’un lourd travail de bienfaisance. Je me bornerai au seul pr
3137 re développé encore, afin de décharger le pasteur d’ un lourd travail de bienfaisance. Je me bornerai au seul problème des
3138 , afin de décharger le pasteur d’un lourd travail de bienfaisance. Je me bornerai au seul problème des formes du culte, au
3139 au seul problème des formes du culte, au problème de la liturgie protestante. C’est un laïque qui parle ici, je le répète.
3140 seul problème des formes du culte, au problème de la liturgie protestante. C’est un laïque qui parle ici, je le répète. Ce
3141 ie protestante. C’est un laïque qui parle ici, je le répète. Ce n’est pas un docteur de l’Église ! Les théologiens élèvero
3142 le répète. Ce n’est pas un docteur de l’Église ! Les théologiens élèveront peut-être de fortes objections contre ce que je
3143 de l’Église ! Les théologiens élèveront peut-être de fortes objections contre ce que je vais dire. Je suis prêt à les écou
3144 ctions contre ce que je vais dire. Je suis prêt à les écouter avec déférence. Mais je cherchais depuis longtemps l’occasion
3145 vec déférence. Mais je cherchais depuis longtemps l’ occasion de formuler certaines propositions qui trouveront aujourd’hui
3146 ce. Mais je cherchais depuis longtemps l’occasion de formuler certaines propositions qui trouveront aujourd’hui, peut-être
3147 opositions qui trouveront aujourd’hui, peut-être, de l’écho. J’ai passé plusieurs années en France, et je me suis fortemen
3148 sitions qui trouveront aujourd’hui, peut-être, de l’ écho. J’ai passé plusieurs années en France, et je me suis fortement a
3149 nées en France, et je me suis fortement attaché à la liturgie des Églises réformées de ce pays. J’entends ici par liturgie
3150 ement attaché à la liturgie des Églises réformées de ce pays. J’entends ici par liturgie : la partie du culte qui n’est pa
3151 éformées de ce pays. J’entends ici par liturgie : la partie du culte qui n’est pas le sermon, les lectures, prières et cha
3152 i par liturgie : la partie du culte qui n’est pas le sermon, les lectures, prières et chants réglés et réguliers. Depuis m
3153 gie : la partie du culte qui n’est pas le sermon, les lectures, prières et chants réglés et réguliers. Depuis mon retour en
3154 uis mon retour en Suisse j’éprouve avec intensité l’ absence de toute espèce de liturgie sérieuse dans nos cultes, à quelqu
3155 tour en Suisse j’éprouve avec intensité l’absence de toute espèce de liturgie sérieuse dans nos cultes, à quelques rares e
3156 ’éprouve avec intensité l’absence de toute espèce de liturgie sérieuse dans nos cultes, à quelques rares exceptions près10
3157 ares exceptions près10. Et ce n’est pas seulement le défaut de liturgie qui me choque, mais le manque de sens liturgique q
3158 tions près10. Et ce n’est pas seulement le défaut de liturgie qui me choque, mais le manque de sens liturgique que manifes
3159 ulement le défaut de liturgie qui me choque, mais le manque de sens liturgique que manifestent les essais tentés ici ou là
3160 défaut de liturgie qui me choque, mais le manque de sens liturgique que manifestent les essais tentés ici ou là, pour rem
3161 mais le manque de sens liturgique que manifestent les essais tentés ici ou là, pour remédier à cette absence. Nous avons bi
3162 , pour remédier à cette absence. Nous avons bien, de temps à autre, des cultes que nous appelons « liturgiques » et qui co
3163 n lectures bibliques ou littéraires, entrecoupées de chants et de jeux d’orgue. Eh bien, le seul fait de qualifier de « li
3164 bliques ou littéraires, entrecoupées de chants et de jeux d’orgue. Eh bien, le seul fait de qualifier de « liturgiques » c
3165 ou littéraires, entrecoupées de chants et de jeux d’ orgue. Eh bien, le seul fait de qualifier de « liturgiques » ces manif
3166 trecoupées de chants et de jeux d’orgue. Eh bien, le seul fait de qualifier de « liturgiques » ces manifestations — peut-ê
3167 chants et de jeux d’orgue. Eh bien, le seul fait de qualifier de « liturgiques » ces manifestations — peut-être parce qu’
3168 jeux d’orgue. Eh bien, le seul fait de qualifier de « liturgiques » ces manifestations — peut-être parce qu’on ne saurait
3169 ns — peut-être parce qu’on ne saurait pas comment les définir autrement… ce seul fait démontre à l’évidence que nous ignoro
3170 nt les définir autrement… ce seul fait démontre à l’ évidence que nous ignorons le sens et la portée de la liturgie véritab
3171 seul fait démontre à l’évidence que nous ignorons le sens et la portée de la liturgie véritable. Celle-ci suppose des form
3172 émontre à l’évidence que nous ignorons le sens et la portée de la liturgie véritable. Celle-ci suppose des formes fixes et
3173 l’évidence que nous ignorons le sens et la portée de la liturgie véritable. Celle-ci suppose des formes fixes et invariabl
3174 vidence que nous ignorons le sens et la portée de la liturgie véritable. Celle-ci suppose des formes fixes et invariables,
3175 suppose des formes fixes et invariables, connues de tous, et auxquelles tout l’auditoire participe d’une manière à la foi
3176 invariables, connues de tous, et auxquelles tout l’ auditoire participe d’une manière à la fois spontanée et réglée d’avan
3177 de tous, et auxquelles tout l’auditoire participe d’ une manière à la fois spontanée et réglée d’avance. Or nos cultes soi-
3178 icipe d’une manière à la fois spontanée et réglée d’ avance. Or nos cultes soi-disant liturgiques sont exactement le contra
3179 nos cultes soi-disant liturgiques sont exactement le contraire : ils sont composés selon les goûts et les idées du pasteur
3180 exactement le contraire : ils sont composés selon les goûts et les idées du pasteur ; ils ne se déroulent pas d’après un pl
3181 contraire : ils sont composés selon les goûts et les idées du pasteur ; ils ne se déroulent pas d’après un plan traditionn
3182 oulent pas d’après un plan traditionnel et chargé de sens dogmatique, mais font se succéder, dans un ordre plus ou moins a
3183 ire, des textes souvent inconnus, et des morceaux de musique dont la signification reste imprécise… Voici un détail signif
3184 souvent inconnus, et des morceaux de musique dont la signification reste imprécise… Voici un détail significatif, à mes ye
3185 récise… Voici un détail significatif, à mes yeux, de ce même défaut de sens liturgique : lorsqu’il arrive qu’on lise, au d
3186 étail significatif, à mes yeux, de ce même défaut de sens liturgique : lorsqu’il arrive qu’on lise, au début d’un de nos c
3187 iturgique : lorsqu’il arrive qu’on lise, au début d’ un de nos cultes, une prière liturgique isolée, comme la confession de
3188 ique : lorsqu’il arrive qu’on lise, au début d’un de nos cultes, une prière liturgique isolée, comme la confession des péc
3189 e nos cultes, une prière liturgique isolée, comme la confession des péchés, certains pasteurs paraissent craindre la monot
3190 des péchés, certains pasteurs paraissent craindre la monotonie de ce vieux texte, et croient bien faire en y apportant que
3191 ertains pasteurs paraissent craindre la monotonie de ce vieux texte, et croient bien faire en y apportant quelques variant
3192 apportant quelques variantes personnelles, au gré de leur théologie ou de leur conception du style. Or justement, la valeu
3193 riantes personnelles, au gré de leur théologie ou de leur conception du style. Or justement, la valeur liturgique d’un tex
3194 gie ou de leur conception du style. Or justement, la valeur liturgique d’un texte réside dans son invariabilité. C’est grâ
3195 tion du style. Or justement, la valeur liturgique d’ un texte réside dans son invariabilité. C’est grâce à cette invariabil
3196 ariabilité. C’est grâce à cette invariabilité que le fidèle peut vraiment suivre le texte, dire en lui-même ses paroles, r
3197 invariabilité que le fidèle peut vraiment suivre le texte, dire en lui-même ses paroles, redécouvrir chaque fois leur sen
3198 au. C’est grâce à cette invariabilité, enfin, que la liturgie crée dans l’auditoire un sentiment de communion, ou de commu
3199 e invariabilité, enfin, que la liturgie crée dans l’ auditoire un sentiment de communion, ou de communauté spirituelle. Une
3200 ue la liturgie crée dans l’auditoire un sentiment de communion, ou de communauté spirituelle. Une vraie liturgie doit être
3201 ée dans l’auditoire un sentiment de communion, ou de communauté spirituelle. Une vraie liturgie doit être invariable ; de
3202 e invariable ; de plus, elle doit être prévue par les auditeurs, et pleinement significative en chacune de ses parties. Ell
3203 auditeurs, et pleinement significative en chacune de ses parties. Elle doit former un ensemble, un tout cohérent et indivi
3204 nsemble, un tout cohérent et indivisible. Prenons l’ exemple de la liturgie des Églises réformées de France. Je vais vous l
3205 n tout cohérent et indivisible. Prenons l’exemple de la liturgie des Églises réformées de France. Je vais vous la décrire
3206 out cohérent et indivisible. Prenons l’exemple de la liturgie des Églises réformées de France. Je vais vous la décrire dan
3207 ns l’exemple de la liturgie des Églises réformées de France. Je vais vous la décrire dans ses principaux traits. I. Invoca
3208 gie des Églises réformées de France. Je vais vous la décrire dans ses principaux traits. I. Invocation (l’assemblée debout
3209 écrire dans ses principaux traits. I. Invocation ( l’ assemblée debout). Psaume. II. La Loi ou son sommaire (l’assemblée ass
3210 . I. Invocation (l’assemblée debout). Psaume. II. La Loi ou son sommaire (l’assemblée assise) (après la lecture, chant spo
3211 blée debout). Psaume. II. La Loi ou son sommaire ( l’ assemblée assise) (après la lecture, chant spontané : « Mon Dieu, ta l
3212 a Loi ou son sommaire (l’assemblée assise) (après la lecture, chant spontané : « Mon Dieu, ta loi est sainte… mais si tu c
3213 ster devant toi ! »). III. Confession des péchés ( l’ assemblée s’agenouille). IV. Kyrie (un petit chœur ou l’assemblée chan
3214 mblée s’agenouille). IV. Kyrie (un petit chœur ou l’ assemblée chante : « Seigneur, aie pitié de nous ! Christ, aie pitié d
3215 œur ou l’assemblée chante : « Seigneur, aie pitié de nous ! Christ, aie pitié de nous !… »). V. Promesses de grâce et abso
3216 « Seigneur, aie pitié de nous ! Christ, aie pitié de nous !… »). V. Promesses de grâce et absolution collective (l’assembl
3217 s ! Christ, aie pitié de nous !… »). V. Promesses de grâce et absolution collective (l’assemblée debout chante : « Ô qu’he
3218 . V. Promesses de grâce et absolution collective ( l’ assemblée debout chante : « Ô qu’heureux est celui dont la transgressi
3219 lée debout chante : « Ô qu’heureux est celui dont la transgression est remise… Mon âme, bénis l’Éternel… »). VI. Credo (le
3220 dont la transgression est remise… Mon âme, bénis l’ Éternel… »). VI. Credo (lecture du Symbole des apôtres. L’assemblée re
3221 l… »). VI. Credo (lecture du Symbole des apôtres. L’ assemblée reste debout). VII. Alléluia (chant spontané). (À la fin du
3222 reste debout). VII. Alléluia (chant spontané). (À la fin du culte, après l’Oraison dominicale, chant spontané d’une stroph
3223 éluia (chant spontané). (À la fin du culte, après l’ Oraison dominicale, chant spontané d’une strophe du Te Deum : « Gloire
3224 culte, après l’Oraison dominicale, chant spontané d’ une strophe du Te Deum : « Gloire soit au Saint-Esprit… » Puis bénédic
3225 e collectif non seulement des dogmes fondamentaux de la foi réformée, mais aussi du drame chrétien dans son déroulement bi
3226 ollectif non seulement des dogmes fondamentaux de la foi réformée, mais aussi du drame chrétien dans son déroulement bibli
3227 du drame chrétien dans son déroulement biblique : la Loi d’abord, qui nous condamne, puis la conscience, le péché, la repe
3228 iblique : la Loi d’abord, qui nous condamne, puis la conscience, le péché, la repentance, la grâce accordée, et enfin le t
3229 i d’abord, qui nous condamne, puis la conscience, le péché, la repentance, la grâce accordée, et enfin le témoignage de la
3230 qui nous condamne, puis la conscience, le péché, la repentance, la grâce accordée, et enfin le témoignage de la foi. À mo
3231 mne, puis la conscience, le péché, la repentance, la grâce accordée, et enfin le témoignage de la foi. À mon sens, cette l
3232 péché, la repentance, la grâce accordée, et enfin le témoignage de la foi. À mon sens, cette liturgie est une des plus bel
3233 ntance, la grâce accordée, et enfin le témoignage de la foi. À mon sens, cette liturgie est une des plus belles, dans sa s
3234 nce, la grâce accordée, et enfin le témoignage de la foi. À mon sens, cette liturgie est une des plus belles, dans sa simp
3235 es, dans sa simplicité, et des plus justes aussi, de toutes celles qu’utilisent les différentes confessions chrétiennes. J
3236 plus justes aussi, de toutes celles qu’utilisent les différentes confessions chrétiennes. Je voudrais vous dire maintenant
3237 e que nos Églises suisses devraient se préparer à l’ adopter, telle qu’elle est. Il y a d’abord une raison générale. L’Égli
3238 qu’elle est. Il y a d’abord une raison générale. L’ Église visible est aussi une société humaine. Comme toute société huma
3239 maine. Comme toute société humaine, elle a besoin de signes extérieurs et de symboles collectifs qui manifestent publiquem
3240 té humaine, elle a besoin de signes extérieurs et de symboles collectifs qui manifestent publiquement sa cohésion spiritue
3241 on ne peut pas négliger sans risques graves. Tous les fondateurs de régimes savent que pour créer une communauté nouvelle,
3242 négliger sans risques graves. Tous les fondateurs de régimes savent que pour créer une communauté nouvelle, il faut créer
3243 le, il faut créer des signes et des rites : voyez les régimes totalitaires, communistes ou fascistes, avec leurs fêtes, leu
3244 té à des cérémonies hitlériennes qui étaient déjà de véritables liturgies païennes. Ces abus manifestes ne doivent pas nou
3245 bus manifestes ne doivent pas nous faire négliger le bon usage, l’usage chrétien d’une liturgie chrétienne. La science con
3246 ne doivent pas nous faire négliger le bon usage, l’ usage chrétien d’une liturgie chrétienne. La science consommée des che
3247 ous faire négliger le bon usage, l’usage chrétien d’ une liturgie chrétienne. La science consommée des chefs totalitaires d
3248 sage, l’usage chrétien d’une liturgie chrétienne. La science consommée des chefs totalitaires doit nous rendre attentifs à
3249 otalitaires doit nous rendre attentifs à certains de nos défauts, afin que nous puissions les corriger à temps. Un peuple
3250 certains de nos défauts, afin que nous puissions les corriger à temps. Un peuple complètement privé de toute manifestation
3251 es corriger à temps. Un peuple complètement privé de toute manifestation de ce genre risque d’être une proie facile pour l
3252 peuple complètement privé de toute manifestation de ce genre risque d’être une proie facile pour les caricatures de litur
3253 t privé de toute manifestation de ce genre risque d’ être une proie facile pour les caricatures de liturgie que les païens
3254 n de ce genre risque d’être une proie facile pour les caricatures de liturgie que les païens viendront lui offrir un jour,
3255 sque d’être une proie facile pour les caricatures de liturgie que les païens viendront lui offrir un jour, et qui seront a
3256 proie facile pour les caricatures de liturgie que les païens viendront lui offrir un jour, et qui seront alors une tentatio
3257 longtemps déçu. Mon second argument en faveur de la liturgie est plus spécifiquement chrétien. Je dirais même qu’il est d
3258 spécifiquement chrétien. Je dirais même qu’il est d’ ordre sermonnaire. Je m’explique. Imaginez une personne qui n’a jamais
3259 xplique. Imaginez une personne qui n’a jamais mis les pieds dans un de nos temples, qui ne sait rien du protestantisme, ou
3260 une personne qui n’a jamais mis les pieds dans un de nos temples, qui ne sait rien du protestantisme, ou qui est incroyant
3261 antisme, ou qui est incroyante. Vous réussissez à l’ amener, un beau dimanche, au culte d’une de nos paroisses suisses. Ell
3262 réussissez à l’amener, un beau dimanche, au culte d’ une de nos paroisses suisses. Elle sera d’abord, probablement, dépaysé
3263 ssez à l’amener, un beau dimanche, au culte d’une de nos paroisses suisses. Elle sera d’abord, probablement, dépaysée, com
3264 ra d’abord, probablement, dépaysée, comme je vous le disais tout à l’heure, par le ton du pasteur et le maintien un peu co
3265 blement, dépaysée, comme je vous le disais tout à l’ heure, par le ton du pasteur et le maintien un peu compassé de l’audit
3266 ysée, comme je vous le disais tout à l’heure, par le ton du pasteur et le maintien un peu compassé de l’auditoire. Mais ce
3267 e disais tout à l’heure, par le ton du pasteur et le maintien un peu compassé de l’auditoire. Mais cela n’est rien encore 
3268 le ton du pasteur et le maintien un peu compassé de l’auditoire. Mais cela n’est rien encore : si elle est de bonne volon
3269 ton du pasteur et le maintien un peu compassé de l’ auditoire. Mais cela n’est rien encore : si elle est de bonne volonté
3270 itoire. Mais cela n’est rien encore : si elle est de bonne volonté et avide de vérité, elle ne se laissera pas arrêter par
3271 en encore : si elle est de bonne volonté et avide de vérité, elle ne se laissera pas arrêter par ces détails. Ce qui est p
3272 par ces détails. Ce qui est plus grave, c’est que le sermon, s’il n’est pas exceptionnellement bon, risque bien de la lais
3273 ’il n’est pas exceptionnellement bon, risque bien de la laisser sur sa faim. En sortant de là, elle ne saura pas exactemen
3274 n’est pas exceptionnellement bon, risque bien de la laisser sur sa faim. En sortant de là, elle ne saura pas exactement c
3275 risque bien de la laisser sur sa faim. En sortant de là, elle ne saura pas exactement ce que nous croyons, elle pourra s’i
3276 ement ce que nous croyons, elle pourra s’imaginer les choses les plus fausses. Ou bien encore, elle aura l’impression d’avo
3277 e nous croyons, elle pourra s’imaginer les choses les plus fausses. Ou bien encore, elle aura l’impression d’avoir surpris
3278 hoses les plus fausses. Ou bien encore, elle aura l’ impression d’avoir surpris une réunion d’initiés, habitués à un certai
3279 s fausses. Ou bien encore, elle aura l’impression d’ avoir surpris une réunion d’initiés, habitués à un certain langage, do
3280 lle aura l’impression d’avoir surpris une réunion d’ initiés, habitués à un certain langage, dont personne ne lui aura donn
3281 certain langage, dont personne ne lui aura donné la clef. Il en ira tout autrement, si le culte débute par la liturgie qu
3282 aura donné la clef. Il en ira tout autrement, si le culte débute par la liturgie que je viens de vous résumer. Cette litu
3283 Il en ira tout autrement, si le culte débute par la liturgie que je viens de vous résumer. Cette liturgie, en effet, décr
3284 n effet, décrit d’abord dans une langue frappante les différents moments du drame du salut. Elle crée le cadre et l’atmosph
3285 s différents moments du drame du salut. Elle crée le cadre et l’atmosphère spirituelle, elle introduit le sermon du pasteu
3286 moments du drame du salut. Elle crée le cadre et l’ atmosphère spirituelle, elle introduit le sermon du pasteur, elle le s
3287 cadre et l’atmosphère spirituelle, elle introduit le sermon du pasteur, elle le situe dans l’ensemble de nos dogmes, et el
3288 tuelle, elle introduit le sermon du pasteur, elle le situe dans l’ensemble de nos dogmes, et elle rappelle notre Credo. Br
3289 ntroduit le sermon du pasteur, elle le situe dans l’ ensemble de nos dogmes, et elle rappelle notre Credo. Bref, quand le s
3290 sermon du pasteur, elle le situe dans l’ensemble de nos dogmes, et elle rappelle notre Credo. Bref, quand le sermon comme
3291 dogmes, et elle rappelle notre Credo. Bref, quand le sermon commence, tout le monde, et même un étranger, peut savoir de q
3292 , tout le monde, et même un étranger, peut savoir de quoi il s’agit. J’avoue que pour ma part, et je ne pense pas être le
3293 J’avoue que pour ma part, et je ne pense pas être le seul de mon espèce, j’éprouve le besoin d’entendre répéter chaque dim
3294 que pour ma part, et je ne pense pas être le seul de mon espèce, j’éprouve le besoin d’entendre répéter chaque dimanche le
3295 e pense pas être le seul de mon espèce, j’éprouve le besoin d’entendre répéter chaque dimanche les grandes vérités de la f
3296 s être le seul de mon espèce, j’éprouve le besoin d’ entendre répéter chaque dimanche les grandes vérités de la foi, j’épro
3297 ouve le besoin d’entendre répéter chaque dimanche les grandes vérités de la foi, j’éprouve le besoin de participer, par le
3298 endre répéter chaque dimanche les grandes vérités de la foi, j’éprouve le besoin de participer, par le chant ou la récitat
3299 re répéter chaque dimanche les grandes vérités de la foi, j’éprouve le besoin de participer, par le chant ou la récitation
3300 dimanche les grandes vérités de la foi, j’éprouve le besoin de participer, par le chant ou la récitation, à ce témoignage
3301 es grandes vérités de la foi, j’éprouve le besoin de participer, par le chant ou la récitation, à ce témoignage collectif,
3302 de la foi, j’éprouve le besoin de participer, par le chant ou la récitation, à ce témoignage collectif, dans la communauté
3303 ’éprouve le besoin de participer, par le chant ou la récitation, à ce témoignage collectif, dans la communauté de mes frèr
3304 ou la récitation, à ce témoignage collectif, dans la communauté de mes frères, connus ou inconnus. Après cela, même si le
3305 on, à ce témoignage collectif, dans la communauté de mes frères, connus ou inconnus. Après cela, même si le sermon n’est p
3306 s frères, connus ou inconnus. Après cela, même si le sermon n’est pas des meilleurs, j’ai tout de même le sentiment d’avoi
3307 sermon n’est pas des meilleurs, j’ai tout de même le sentiment d’avoir approuvé mon Église, et d’en avoir reçu le message
3308 pas des meilleurs, j’ai tout de même le sentiment d’ avoir approuvé mon Église, et d’en avoir reçu le message essentiel. En
3309 même le sentiment d’avoir approuvé mon Église, et d’ en avoir reçu le message essentiel. Enfin, ma troisième raison se rapp
3310 t d’avoir approuvé mon Église, et d’en avoir reçu le message essentiel. Enfin, ma troisième raison se rapporte étroitement
3311 orte étroitement à mon sujet, aux relations entre l’ Église et la Suisse, ou pour être concret : aux relations entre nos Ég
3312 ment à mon sujet, aux relations entre l’Église et la Suisse, ou pour être concret : aux relations entre nos Églises et nou
3313 oncret : aux relations entre nos Églises et nous, les Suisses. Le peuple suisse, en général, n’a pas un sens des formes trè
3314 relations entre nos Églises et nous, les Suisses. Le peuple suisse, en général, n’a pas un sens des formes très raffiné. J
3315 désobligeante, et qui vous surprendra peut-être : le peuple suisse souffre d’un défaut qu’il me faut bien nommer le sans-g
3316 s surprendra peut-être : le peuple suisse souffre d’ un défaut qu’il me faut bien nommer le sans-gêne spirituel. Je ne sais
3317 sse souffre d’un défaut qu’il me faut bien nommer le sans-gêne spirituel. Je ne sais pas si cela provient du fait qu’on pa
3318 nous, et qu’il subsiste dans nos Églises pas mal de traces d’un piétisme affadi. Je n’oserais pas suggérer que nous tenon
3319 qu’il subsiste dans nos Églises pas mal de traces d’ un piétisme affadi. Je n’oserais pas suggérer que nous tenons à rester
3320 ates et sans façon jusque dans nos relations avec le Tout-Puissant, qui est pourtant nommé Monarque, Seigneur et Roi des r
3321 ommé Monarque, Seigneur et Roi des rois, à toutes les pages de notre Bible. Le fait est que nous manquons d’un certain resp
3322 que, Seigneur et Roi des rois, à toutes les pages de notre Bible. Le fait est que nous manquons d’un certain respect relig
3323 Roi des rois, à toutes les pages de notre Bible. Le fait est que nous manquons d’un certain respect religieux, de même qu
3324 ges de notre Bible. Le fait est que nous manquons d’ un certain respect religieux, de même que nous passons, à l’étranger,
3325 in respect religieux, de même que nous passons, à l’ étranger, pour être un peu trop familiers et manquer du sens des dista
3326 d’illustration, une anecdote qui frise peut-être la caricature. J’ai entendu, de mes oreilles, un jeune pasteur remercier
3327 qui frise peut-être la caricature. J’ai entendu, de mes oreilles, un jeune pasteur remercier Dieu, du haut de la chaire,
3328 reilles, un jeune pasteur remercier Dieu, du haut de la chaire, de ce que Dieu « nous a permis de lui parler tout simpleme
3329 lles, un jeune pasteur remercier Dieu, du haut de la chaire, de ce que Dieu « nous a permis de lui parler tout simplement,
3330 une pasteur remercier Dieu, du haut de la chaire, de ce que Dieu « nous a permis de lui parler tout simplement, d’homme à
3331 haut de la chaire, de ce que Dieu « nous a permis de lui parler tout simplement, d’homme à homme »… Je reste persuadé, po
3332 eu « nous a permis de lui parler tout simplement, d’ homme à homme »… Je reste persuadé, pour ma part, que nous devons plu
3333 uadé, pour ma part, que nous devons plutôt parler d’ homme à Dieu, et que nous ferions bien de nous pénétrer de cette vérit
3334 t parler d’homme à Dieu, et que nous ferions bien de nous pénétrer de cette vérité fondamentale et même d’y conformer notr
3335 à Dieu, et que nous ferions bien de nous pénétrer de cette vérité fondamentale et même d’y conformer notre maintien. Sans
3336 ous pénétrer de cette vérité fondamentale et même d’ y conformer notre maintien. Sans aller jusqu’à imiter les génuflexions
3337 nformer notre maintien. Sans aller jusqu’à imiter les génuflexions multipliées des orthodoxes russes, qui se prosternent ju
3338 odoxes russes, qui se prosternent jusqu’à toucher le sol de leur front, pourquoi refuserions-nous de nous agenouiller pour
3339 russes, qui se prosternent jusqu’à toucher le sol de leur front, pourquoi refuserions-nous de nous agenouiller pour la pri
3340 r le sol de leur front, pourquoi refuserions-nous de nous agenouiller pour la prière publique, ou pendant la lecture de la
3341 ourquoi refuserions-nous de nous agenouiller pour la prière publique, ou pendant la lecture de la confession des péchés, p
3342 s agenouiller pour la prière publique, ou pendant la lecture de la confession des péchés, par exemple, comme cela se fait
3343 er pour la prière publique, ou pendant la lecture de la confession des péchés, par exemple, comme cela se fait dans les Ég
3344 pour la prière publique, ou pendant la lecture de la confession des péchés, par exemple, comme cela se fait dans les Églis
3345 des péchés, par exemple, comme cela se fait dans les Églises réformées de Paris ? Aurions-nous trop de dignité pour consen
3346 le, comme cela se fait dans les Églises réformées de Paris ? Aurions-nous trop de dignité pour consentir à cette marque pu
3347 es Églises réformées de Paris ? Aurions-nous trop de dignité pour consentir à cette marque publique d’humiliation ? Nous c
3348 de dignité pour consentir à cette marque publique d’ humiliation ? Nous chantons dans un chant patriotique : « Devant Dieu
3349 ant patriotique : « Devant Dieu seul, fléchissons le genou. » Mais pratiquement, nous restons assis, bourgeoisement et con
3350 assis… Ne pensez pas, surtout, que ces questions d’ attitude soient futiles, ou trahissent je ne sais quelle déviation cat
3351 nt je ne sais quelle déviation catholique. Toutes les Églises ont toujours attaché de l’importance à ces choses-là, et je p
3352 tholique. Toutes les Églises ont toujours attaché de l’importance à ces choses-là, et je pense qu’elles avaient de bonnes
3353 lique. Toutes les Églises ont toujours attaché de l’ importance à ces choses-là, et je pense qu’elles avaient de bonnes rai
3354 nce à ces choses-là, et je pense qu’elles avaient de bonnes raisons de le faire. Elles savaient qu’une certaine participat
3355 à, et je pense qu’elles avaient de bonnes raisons de le faire. Elles savaient qu’une certaine participation personnelle, p
3356 et je pense qu’elles avaient de bonnes raisons de le faire. Elles savaient qu’une certaine participation personnelle, phys
3357 Ce sont des gestes qui manifestent, visiblement, la communauté de la foi, de l’humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce
3358 estes qui manifestent, visiblement, la communauté de la foi, de l’humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce sont des geste
3359 es qui manifestent, visiblement, la communauté de la foi, de l’humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce sont des gestes,
3360 anifestent, visiblement, la communauté de la foi, de l’humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce sont des gestes, enfin, q
3361 festent, visiblement, la communauté de la foi, de l’ humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce sont des gestes, enfin, qui
3362 nt, la communauté de la foi, de l’humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce sont des gestes, enfin, qui favorisent l’oubli
3363 la communauté de la foi, de l’humiliation, ou de la joie chrétienne. Ce sont des gestes, enfin, qui favorisent l’oubli de
3364 tienne. Ce sont des gestes, enfin, qui favorisent l’ oubli de soi et qui libèrent des fausses pudeurs. Pour en finir sur ce
3365 Ce sont des gestes, enfin, qui favorisent l’oubli de soi et qui libèrent des fausses pudeurs. Pour en finir sur ce sujet,
3366 s. Pour en finir sur ce sujet, je vous demanderai de vous poser à vous-même cette seule question : alors que les orthodoxe
3367 oser à vous-même cette seule question : alors que les orthodoxes, les anglicans, les catholiques, les luthériens et les cal
3368 cette seule question : alors que les orthodoxes, les anglicans, les catholiques, les luthériens et les calvinistes françai
3369 estion : alors que les orthodoxes, les anglicans, les catholiques, les luthériens et les calvinistes français jugent nécess
3370 e les orthodoxes, les anglicans, les catholiques, les luthériens et les calvinistes français jugent nécessaire et bon d’avo
3371 les anglicans, les catholiques, les luthériens et les calvinistes français jugent nécessaire et bon d’avoir une liturgie, c
3372 les calvinistes français jugent nécessaire et bon d’ avoir une liturgie, comment se fait-il que nos Églises suisses soient
3373 comment se fait-il que nos Églises suisses soient les seules sur le continent qui croient pouvoir s’en passer, sans dommage
3374 -il que nos Églises suisses soient les seules sur le continent qui croient pouvoir s’en passer, sans dommage ? L’absence d
3375 t qui croient pouvoir s’en passer, sans dommage ? L’ absence de liturgie, remarquez-le, est un obstacle assez considérable
3376 ent pouvoir s’en passer, sans dommage ? L’absence de liturgie, remarquez-le, est un obstacle assez considérable à notre ra
3377 , sans dommage ? L’absence de liturgie, remarquez- le , est un obstacle assez considérable à notre rapprochement avec d’autr
3378 à notre rapprochement avec d’autres Églises dans le mouvement œcuménique. (Je pense à l’Église anglicane, qui attache à l
3379 Églises dans le mouvement œcuménique. (Je pense à l’ Église anglicane, qui attache à la liturgie une importance sans cesse
3380 ue. (Je pense à l’Église anglicane, qui attache à la liturgie une importance sans cesse croissante.) Et pourtant, les Égli
3381 e importance sans cesse croissante.) Et pourtant, les Églises de Suisse devraient avoir à cœur ce rapprochement, plus qu’au
3382 sans cesse croissante.) Et pourtant, les Églises de Suisse devraient avoir à cœur ce rapprochement, plus qu’aucune autre
3383 t nous préparer tout spécialement à cette mission de compréhension d’autrui, de rapprochement, de mutuelle instruction, qu
3384 out spécialement à cette mission de compréhension d’ autrui, de rapprochement, de mutuelle instruction, qui est la mission
3385 lement à cette mission de compréhension d’autrui, de rapprochement, de mutuelle instruction, qui est la mission du jeune m
3386 sion de compréhension d’autrui, de rapprochement, de mutuelle instruction, qui est la mission du jeune mouvement œcuméniqu
3387 e rapprochement, de mutuelle instruction, qui est la mission du jeune mouvement œcuménique. ⁂ Je me bornerai, en terminant
3388 . ⁂ Je me bornerai, en terminant, à vous rappeler les quelques thèses — critiques et suggestions — que je viens d’esquisser
3389 thèses — critiques et suggestions — que je viens d’ esquisser devant vous. Je vous ai indiqué tout d’abord que la situatio
3390 devant vous. Je vous ai indiqué tout d’abord que la situation actuelle exige de nos Églises un grand effort vers la commu
3391 iqué tout d’abord que la situation actuelle exige de nos Églises un grand effort vers la communauté vivante. Ce sera peut-
3392 ctuelle exige de nos Églises un grand effort vers la communauté vivante. Ce sera peut-être une question de vie ou de mort,
3393 ommunauté vivante. Ce sera peut-être une question de vie ou de mort, dans le monde qui se prépare. Je vous ai suggéré troi
3394 vivante. Ce sera peut-être une question de vie ou de mort, dans le monde qui se prépare. Je vous ai suggéré trois directio
3395 ra peut-être une question de vie ou de mort, dans le monde qui se prépare. Je vous ai suggéré trois directions d’effort à
3396 i se prépare. Je vous ai suggéré trois directions d’ effort à la fois nécessaires et possibles : revenir d’abord à une comp
3397 r d’abord à une compréhension moins superficielle de la nature de nos Églises, qui sont les membres du Corps de Christ, et
3398 ’abord à une compréhension moins superficielle de la nature de nos Églises, qui sont les membres du Corps de Christ, et no
3399 ne compréhension moins superficielle de la nature de nos Églises, qui sont les membres du Corps de Christ, et non pas des
3400 perficielle de la nature de nos Églises, qui sont les membres du Corps de Christ, et non pas des associations comme les aut
3401 ure de nos Églises, qui sont les membres du Corps de Christ, et non pas des associations comme les autres. Avoir ensuite l
3402 orps de Christ, et non pas des associations comme les autres. Avoir ensuite le souci de « désembourgeoiser » notre atmosphè
3403 des associations comme les autres. Avoir ensuite le souci de « désembourgeoiser » notre atmosphère, notre ton, nos manièr
3404 ciations comme les autres. Avoir ensuite le souci de « désembourgeoiser » notre atmosphère, notre ton, nos manières de prê
3405 oiser » notre atmosphère, notre ton, nos manières de prêcher ou d’écouter, afin de rendre possible une action missionnaire
3406 atmosphère, notre ton, nos manières de prêcher ou d’ écouter, afin de rendre possible une action missionnaire dans toutes l
3407 ndre possible une action missionnaire dans toutes les couches de notre peuple. Poser enfin très sérieusement le problème de
3408 e une action missionnaire dans toutes les couches de notre peuple. Poser enfin très sérieusement le problème de la liturgi
3409 es de notre peuple. Poser enfin très sérieusement le problème de la liturgie, tant à nos bons théologiens qu’aux laïques,
3410 peuple. Poser enfin très sérieusement le problème de la liturgie, tant à nos bons théologiens qu’aux laïques, généralement
3411 ple. Poser enfin très sérieusement le problème de la liturgie, tant à nos bons théologiens qu’aux laïques, généralement ig
3412 héologiens qu’aux laïques, généralement ignorants de cette question, ou retenus par des préjugés à son égard. Je me suis b
3413 èmes urgents et tout pratiques, — considérant que la malice des temps nous invite au travail plutôt qu’à l’éloquence. 6
3414 lice des temps nous invite au travail plutôt qu’à l’ éloquence. 6. Manifeste de la Ligue du Gothard, juillet 1940. 7.
3415 travail plutôt qu’à l’éloquence. 6. Manifeste de la Ligue du Gothard, juillet 1940. 7. On sait que l’organisation des
3416 vail plutôt qu’à l’éloquence. 6. Manifeste de la Ligue du Gothard, juillet 1940. 7. On sait que l’organisation des pr
3417 a Ligue du Gothard, juillet 1940. 7. On sait que l’ organisation des premières Églises était telle que les évêques reprire
3418 rganisation des premières Églises était telle que les évêques reprirent peu à peu pour leur compte les charges des gouverne
3419 les évêques reprirent peu à peu pour leur compte les charges des gouverneurs de provinces ou comes, lors de la décadence d
3420 peu pour leur compte les charges des gouverneurs de provinces ou comes, lors de la décadence des ive et ve siècles. 8.
3421 es des gouverneurs de provinces ou comes, lors de la décadence des ive et ve siècles. 8. Parmi ces autres conditions do
3422 héologique (elle est en plein essor) ; confession de foi (on en parle beaucoup) ; doctrine des sacrements… 9. Je n’entend
3423 s prendre position ici sur des problèmes tels que les prestations financières de l’État à l’Église, qui sont pour le moins
3424 es problèmes tels que les prestations financières de l’État à l’Église, qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante
3425 problèmes tels que les prestations financières de l’ État à l’Église, qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante »
3426 tels que les prestations financières de l’État à l’ Église, qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante » veux dire
3427 s financières de l’État à l’Église, qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante » veux dire : libre de se gouverner
3428 s secondaires. « Indépendante » veux dire : libre de se gouverner elle-même, comme lorsqu’on parle de « l’indépendance » d
3429 de se gouverner elle-même, comme lorsqu’on parle de « l’indépendance » de la Suisse. 10. Canton de Genève. g. Rougemon
3430 e gouverner elle-même, comme lorsqu’on parle de «  l’ indépendance » de la Suisse. 10. Canton de Genève. g. Rougemont Den
3431 même, comme lorsqu’on parle de « l’indépendance » de la Suisse. 10. Canton de Genève. g. Rougemont Denis de, « L’Église
3432 e, comme lorsqu’on parle de « l’indépendance » de la Suisse. 10. Canton de Genève. g. Rougemont Denis de, « L’Église et
3433 e de « l’indépendance » de la Suisse. 10. Canton de Genève. g. Rougemont Denis de, « L’Église et la Suisse », Les Cahie
3434 isse. 10. Canton de Genève. g. Rougemont Denis de , « L’Église et la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, août 1
3435 10. Canton de Genève. g. Rougemont Denis de, «  L’ Église et la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, août 1940, p
3436 de Genève. g. Rougemont Denis de, « L’Église et la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, août 1940, p. 321-342.
3437 . Rougemont Denis de, « L’Église et la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, août 1940, p. 321-342. h. Une note de
3438 ts, Lausanne, août 1940, p. 321-342. h. Une note de la rédaction précise : « Deuxième conférence du Camp aîné de Vaumarcu
3439 Lausanne, août 1940, p. 321-342. h. Une note de la rédaction précise : « Deuxième conférence du Camp aîné de Vaumarcus.
3440 tion précise : « Deuxième conférence du Camp aîné de Vaumarcus. Les suivantes : L’Église et l’Europe, l’Église et le Royau
3441 « Deuxième conférence du Camp aîné de Vaumarcus. Les suivantes : L’Église et l’Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’É
3442 érence du Camp aîné de Vaumarcus. Les suivantes : L’ Église et l’Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est no
3443 mp aîné de Vaumarcus. Les suivantes : L’Église et l’ Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous, paraîtro
3444 Vaumarcus. Les suivantes : L’Église et l’Europe, l’ Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous, paraîtront success
3445 Les suivantes : L’Église et l’Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous, paraîtront successivement au c
3446 es : L’Église et l’Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous, paraîtront successivement au cours des pr
3447 lise et l’Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’ Église, c’est nous, paraîtront successivement au cours des prochains f
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
3448 Autocritique de la Suisse (février 1941)i j Nul pays à ma connaissance, n’a été pl
3449 Autocritique de la Suisse (février 1941)i j Nul pays à ma connaissance, n’a été plus
3450 plus souvent expliqué à lui-même et au monde que la Suisse. C’est qu’il en a besoin plus que nul autre. Sa devise est un
3451 principe toute doctrine unitaire et suppose donc la connaissance très vivante d’une autre espèce d’union, sans cesse à re
3452 aire et suppose donc la connaissance très vivante d’ une autre espèce d’union, sans cesse à recréer. Or l’inertie des masse
3453 c la connaissance très vivante d’une autre espèce d’ union, sans cesse à recréer. Or l’inertie des masses et l’à-peu-près i
3454 ne autre espèce d’union, sans cesse à recréer. Or l’ inertie des masses et l’à-peu-près intellectuel s’opposent sans cesse
3455 sans cesse à recréer. Or l’inertie des masses et l’ à-peu-près intellectuel s’opposent sans cesse à cette reprise de consc
3456 ntellectuel s’opposent sans cesse à cette reprise de conscience. D’où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on n
3457 pposent sans cesse à cette reprise de conscience. D’ où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déch
3458 nt sans cesse à cette reprise de conscience. D’où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déchoir o
3459 à cette reprise de conscience. D’où la nécessité d’ une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déchoir ou se laisser
3460 ’où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’ on ne veut pas déchoir ou se laisser dissoudre, si l’on veut durer et
3461 n ne veut pas déchoir ou se laisser dissoudre, si l’ on veut durer et surtout, si l’on prétend se donner en exemple. Clar
3462 sser dissoudre, si l’on veut durer et surtout, si l’ on prétend se donner en exemple. Clarifions notre langage ! — Puisqu
3463 n exemple. Clarifions notre langage ! — Puisque le fédéralisme est une forme politique qui suppose l’équilibre vivant en
3464 e fédéralisme est une forme politique qui suppose l’ équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses devoirs enve
3465 me politique qui suppose l’équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses devoirs envers l’ensemble, il n’est pa
3466 e qui suppose l’équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses devoirs envers l’ensemble, il n’est pas absurde
3467 les droits de chaque région et ses devoirs envers l’ ensemble, il n’est pas absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui
3468 s devoirs envers l’ensemble, il n’est pas absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’autre programme que la défe
3469 bsurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’ autre programme que la défense des intérêts locaux contre le centre. C
3470 éraliste » un parti qui n’a d’autre programme que la défense des intérêts locaux contre le centre. Ceux qui se disent, che
3471 ogramme que la défense des intérêts locaux contre le centre. Ceux qui se disent, chez nous, « fédéralistes » ne sont souve
3472 , chez nous, « fédéralistes » ne sont souvent, je le crains, que des nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la né
3473 s nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité de l’union centrale auraient peut-être plus de droits à rev
3474 es cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité de l’union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le n
3475 cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité de l’ union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le nom
3476 ssité de l’union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologiq
3477 e auraient peut-être plus de droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdus = traité, ser
3478 ent peut-être plus de droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdus = traité, serment, u
3479 régionalistes, nomment « fédéral » ce qui procède de Berne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout
3480 qui pourra ! Cette confusion verbale, symbolique de tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques
3481 usion verbale, symbolique de tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlement
3482 rbale, symbolique de tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlementaires.
3483 conomiques, parlementaires. i. Rougemont Denis de , « Autocritique de la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, fé
3484 ntaires. i. Rougemont Denis de, « Autocritique de la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, février 1941, p. 127-
3485 ires. i. Rougemont Denis de, « Autocritique de la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, février 1941, p. 127-128
3486 ougemont Denis de, « Autocritique de la Suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, février 1941, p. 127-128. j. Une note
3487 r 1941, p. 127-128. j. Une note précise : « Tiré de Mission ou démission de la Suisse . »
3488 ne note précise : « Tiré de Mission ou démission de la Suisse . »
3489 note précise : « Tiré de Mission ou démission de la Suisse . »
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
3490 I Comment allons-nous justifier, aux yeux de l’ Europe qui essaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart
3491 s-nous justifier, aux yeux de l’Europe qui essaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart ou de bénéficier d’u
3492 e l’Europe qui essaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, q
3493 ssaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à l’ écart ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités
3494 fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos jou
3495 e raison de nous tenir à l’écart ou de bénéficier d’ un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se la
3496 e nos autorités et nos journaux ne se lassent pas d’ invoquer — comme si cela allait de soi — chaque fois qu’on nous propos
3497 la allait de soi — chaque fois qu’on nous propose d’ entrer dans une forme quelconque d’union européenne ? Le fait est que
3498 n nous propose d’entrer dans une forme quelconque d’ union européenne ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de
3499 er dans une forme quelconque d’union européenne ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre
3500 d’union européenne ? Le fait est que nos voisins d’ Europe comprennent de moins en moins notre neutralité. Le fait est que
3501 Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre neutralité. Le fait est que les Américains ne la
3502 e comprennent de moins en moins notre neutralité. Le fait est que les Américains ne la comprennent absolument pas, et que
3503 moins en moins notre neutralité. Le fait est que les Américains ne la comprennent absolument pas, et que les Russes n’y cr
3504 tre neutralité. Le fait est que les Américains ne la comprennent absolument pas, et que les Russes n’y croient pas plus qu
3505 éricains ne la comprennent absolument pas, et que les Russes n’y croient pas plus qu’ils ne croient à nos libertés, et vrai
3506 dire. Il serait donc temps qu’en Suisse au moins, l’ on essaie de comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce stat
3507 ait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essaie de comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce statut spécial,
3508 au moins, l’on essaie de comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas d’une loi
3509 de comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la natur
3510 ritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas d’ une loi éternelle de la nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un
3511 t spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Hel
3512 pécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvèt
3513 résulte pas d’une loi éternelle de la nature, ni d’ un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, qui
3514 loi éternelle de la nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, qui n’est pas tombé du
3515 e de la nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’ un droit divin des Helvètes, bref, qui n’est pas tombé du ciel et qui
3516 n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de
3517 qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes, la neutral
3518 ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’ avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes, la neutralité
3519 publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes, la neutralité suisse est devenue un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On
3520 lité suisse est devenue un tabou, aussi sacré que l’ égoïsme. On refuse de la discuter, parce qu’on craint que cette discus
3521 ue un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On refuse de la discuter, parce qu’on craint que cette discussion n’aboutisse à de
3522 un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On refuse de la discuter, parce qu’on craint que cette discussion n’aboutisse à des c
3523 des conclusions gênantes et n’oblige à des prises de position. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la paix chez soi e
3524 osition. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la paix chez soi et tant pis pour les voisins. Ce qu’on veut, c’est fair
3525 ’on veut, c’est la paix chez soi et tant pis pour les voisins. Ce qu’on veut, c’est faire du commerce avec tout le monde, s
3526 ttre avec personne, tout en échappant au reproche d’ égoïsme par des œuvres philanthropiques. Il faut bien le reconnaître,
3527 sme par des œuvres philanthropiques. Il faut bien le reconnaître, ce repliement intéressé, qui tient parfois du raisonneme
3528 ment intéressé, qui tient parfois du raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfaitement réussi jus
3529 t intéressé, qui tient parfois du raisonnement de l’ autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfaitement réussi jusqu’
3530 parfois du raisonnement de l’autruche, et parfois d’ une sagesse rusée, a parfaitement réussi jusqu’ici, matériellement par
3531 rlant. Quant aux effets moraux, sur notre peuple, de ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vra
3532 t aux effets moraux, sur notre peuple, de ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vraiment notre
3533 les. Et si vraiment notre neutralité n’était rien d’ autre que ce que le Suisse moyen semble croire aujourd’hui, il ne faud
3534 notre neutralité n’était rien d’autre que ce que le Suisse moyen semble croire aujourd’hui, il ne faudrait pas s’étonner
3535 pas s’étonner qu’elle impatiente de plus en plus le reste du monde. Comment les Suisses, si jalousement ennemis de privil
3536 tiente de plus en plus le reste du monde. Comment les Suisses, si jalousement ennemis de privilèges dans leur pays, peuvent
3537 onde. Comment les Suisses, si jalousement ennemis de privilèges dans leur pays, peuvent-ils prétendre avoir en bloc ce pri
3538 en bloc ce privilège exorbitant ? Pour commencer de répondre à cette question, je me contenterai ce soir d’un rapide aper
3539 ondre à cette question, je me contenterai ce soir d’ un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne
3540 je me contenterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’ histoire de notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien
3541 enterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de l
3542 é, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de la plupart de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre Éta
3543 art de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représ
3544 ns. Aux origines lointaines de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représentants des trois comm
3545 rigines lointaines de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représentants des trois communautés d
3546 t, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représentants des trois communautés des Waldstätten, qui étaient en s
3547 mme des corporations ou coopératives forestières. Le pacte avait pour but de maintenir les libertés impériales acquises pa
3548 coopératives forestières. Le pacte avait pour but de maintenir les libertés impériales acquises par ces communautés. Et ce
3549 forestières. Le pacte avait pour but de maintenir les libertés impériales acquises par ces communautés. Et ces privilèges a
3550 autés. Et ces privilèges avaient été accordés par l’ empereur afin que le passage du Gothard fût gardé libre pour tout le S
3551 èges avaient été accordés par l’empereur afin que le passage du Gothard fût gardé libre pour tout le Saint-Empire. Ainsi d
3552 e le passage du Gothard fût gardé libre pour tout le Saint-Empire. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau de la Suisse
3553 libre pour tout le Saint-Empire. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau de la Suisse a reçu un statut spécial dans l’
3554 mpire. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau de la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière
3555 re. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau de la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière, a
3556 noyau de la Suisse a reçu un statut spécial dans l’ intérêt de l’Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La pre
3557 la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La première idée
3558 Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’ Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La première idée d’
3559 moins autant que pour lui-même. La première idée d’ une neutralité négative des Confédérés apparaît vers 1648, lorsque la
3560 gative des Confédérés apparaît vers 1648, lorsque la Suisse se sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérienc
3561 s apparaît vers 1648, lorsque la Suisse se sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Tr
3562 pparaît vers 1648, lorsque la Suisse se sépare de l’ Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trent
3563 1648, lorsque la Suisse se sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montr
3564 que la Suisse se sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les
3565 e sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’ expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuv
3566 ’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester un
3567 pire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester unis
3568 e traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester unis que s’ils
3569 xpérience de la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester unis que s’ils s’abstiennent de prendre par
3570 ns ne peuvent rester unis que s’ils s’abstiennent de prendre part aux guerres entre rois catholiques et protestants — puis
3571 estants — puisqu’ils sont eux-mêmes divisés entre les deux confessions. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité de la Su
3572 es deux confessions. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité de la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les Puissa
3573 sions. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité de la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les Puissances et déclar
3574 ns. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité de la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les Puissances et déclarée
3575 é de la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les Puissances et déclarée perpétuelle. En même temps, elle prend un aspe
3576 lle prend un aspect positif. On sait en effet que le traité de Vienne dit en tous termes que « la neutralité et l’inviolab
3577 un aspect positif. On sait en effet que le traité de Vienne dit en tous termes que « la neutralité et l’inviolabilité de l
3578 que le traité de Vienne dit en tous termes que «  la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse […] sont dans les vrais in
3579 Vienne dit en tous termes que « la neutralité et l’ inviolabilité de la Suisse […] sont dans les vrais intérêts de l’Europ
3580 ous termes que « la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse […] sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En
3581 termes que « la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse […] sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 191
3582 ité et l’inviolabilité de la Suisse […] sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mé
3583 ité de la Suisse […] sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’intérêt pr
3584 de la Suisse […] sont dans les vrais intérêts de l’ Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’intérêt propr
3585 e entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’ intérêt propre et d’intérêt européen dans notre abstention du conflit.
3586 , on retrouve ce même mélange d’intérêt propre et d’ intérêt européen dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avait
3587 rêt européen dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avait pris parti, à ce moment-là, elle se fût déchirée en deux
3588 se fût déchirée en deux : une partie tenant pour la France, l’autre pour l’Allemagne. Il était évident que notre neutrali
3589  : une partie tenant pour la France, l’autre pour l’ Allemagne. Il était évident que notre neutralité dépendait donc, au dé
3590 ent que notre neutralité dépendait donc, au début de ce siècle, du fameux « équilibre européen ». Mais déjà en 1939, la q
3591 ameux « équilibre européen ». Mais déjà en 1939, la question se posa différemment. L’équilibre étant rompu au profit des
3592 s déjà en 1939, la question se posa différemment. L’ équilibre étant rompu au profit des puissances fascistes, la Suisse ne
3593 e étant rompu au profit des puissances fascistes, la Suisse ne dut son salut qu’à une chance extraordinaire, aidée par une
3594 dées. Qu’en est-il aujourd’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent d’éclater n’opposeront plus les catholiques aux
3595 ’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent d’ éclater n’opposeront plus les catholiques aux protestants, comme penda
3596 conflits qui menacent d’éclater n’opposeront plus les catholiques aux protestants, comme pendant la guerre de Trente Ans ;
3597 us les catholiques aux protestants, comme pendant la guerre de Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’
3598 holiques aux protestants, comme pendant la guerre de Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, co
3599 tants, comme pendant la guerre de Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni mê
3600 pendant la guerre de Trente Ans ; ni la France à l’ Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Europ
3601 re de Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’ Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Européens à d’autres
3602 Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’ Italie, comme en 1914 ; ni même des Européens à d’autres Européens com
3603 ni même des Européens à d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de
3604 de 1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le j
3605 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’ essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des pui
3606 n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des puissances vo
3607 r de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des puissances voisines. Il n’y a plus d’équilibre européen. Il y
3608 ans le jeu des puissances voisines. Il n’y a plus d’ équilibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaie de survivre et
3609 sines. Il n’y a plus d’équilibre européen. Il y a l’ Europe entière qui essaie de survivre et de s’unir contre un danger co
3610 ibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaie de survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans
3611 Il y a l’Europe entière qui essaie de survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si
3612 ir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si j’ose dire. La seule question réelle qui se pose désorma
3613 Nous sommes tous dans le même sac, si j’ose dire. La seule question réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si la ne
3614 eule question réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais int
3615 réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Eu
3616 pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière »
3617 si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une con
3618 e notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une contribution effectiv
3619 otre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’ Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une contribution effective à
3620 orte-t-elle, ou non, une contribution effective à la défense commune de l’Europe ? II Avant tout essai de réponse, o
3621 , une contribution effective à la défense commune de l’Europe ? II Avant tout essai de réponse, on fera bien de se d
3622 ne contribution effective à la défense commune de l’ Europe ? II Avant tout essai de réponse, on fera bien de se dema
3623 e commune de l’Europe ? II Avant tout essai de réponse, on fera bien de se demander d’abord : Quels sont, en somme,
3624 II Avant tout essai de réponse, on fera bien de se demander d’abord : Quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’E
3625 en de se demander d’abord : Quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui q
3626 ’abord : Quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a cent-cinq
3627 ord : Quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’ Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a cent-cinquan
3628 les vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a cent-cinquante ans, ou même qu’il y a dix
3629 -cinquante ans, ou même qu’il y a dix ans ? Je ne le pense pas. Ce que les auteurs des traités de 1815 entendaient par l’i
3630 me qu’il y a dix ans ? Je ne le pense pas. Ce que les auteurs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’
3631 e ne le pense pas. Ce que les auteurs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré
3632 e les auteurs des traités de 1815 entendaient par l’ intérêt de l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pa
3633 urs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leur
3634 des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’ Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leurs r
3635 r l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leurs régimes, concorde qui ne semblait po
3636 orde qui ne semblait pouvoir être assurée que par l’ équilibre entre les grandes puissances du continent. Il s’agit aujourd
3637 it pouvoir être assurée que par l’équilibre entre les grandes puissances du continent. Il s’agit aujourd’hui d’autre chose.
3638 es puissances du continent. Il s’agit aujourd’hui d’ autre chose. L’idée d’une guerre prochaine entre pays européens n’empê
3639 u continent. Il s’agit aujourd’hui d’autre chose. L’ idée d’une guerre prochaine entre pays européens n’empêche personne de
3640 nent. Il s’agit aujourd’hui d’autre chose. L’idée d’ une guerre prochaine entre pays européens n’empêche personne de dormir
3641 prochaine entre pays européens n’empêche personne de dormir. Mais tout le monde pense à deux dangers communs : l’un idéolo
3642 angers communs : l’un idéologique et militaire, à l’ Est ; l’autre économique et social, parmi nous. Pour y faire face, per
3643 , personne n’a proposé une meilleure solution que l’ union. « Les vrais intérêts de l’Europe entière », c’est donc tout sim
3644 n’a proposé une meilleure solution que l’union. «  Les vrais intérêts de l’Europe entière », c’est donc tout simplement que
3645 lleure solution que l’union. « Les vrais intérêts de l’Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne
3646 ure solution que l’union. « Les vrais intérêts de l’ Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne ent
3647 ’Europe entière », c’est donc tout simplement que l’ Europe devienne entière, qu’elle mette en commun toutes ses forces pou
3648 et pour assurer sa défense. Or, peut-on dire que l’ attitude plus que réservée de la Suisse contribue sérieusement à promo
3649 Or, peut-on dire que l’attitude plus que réservée de la Suisse contribue sérieusement à promouvoir l’union ? Peut-on dire
3650 peut-on dire que l’attitude plus que réservée de la Suisse contribue sérieusement à promouvoir l’union ? Peut-on dire que
3651 de la Suisse contribue sérieusement à promouvoir l’ union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant de se risquer à Strasb
3652 ieusement à promouvoir l’union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant de se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer
3653 l’union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant de se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe
3654 de se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe ? Certes, nous avons fini par adhérer avec d’infi
3655 Europe ? Certes, nous avons fini par adhérer avec d’ infinies précautions, à quelques entreprises internationales, telles q
3656 quelques entreprises internationales, telles que l’ OECE et l’Union des paiements. Mais c’était en réalité parce que nous
3657 entreprises internationales, telles que l’OECE et l’ Union des paiements. Mais c’était en réalité parce que nous ne pouvion
3658 s plus faire autrement. Ce n’était pas pour hâter l’ union, mais par intérêt bien compris. Il serait donc un peu excessif d
3659 érêt bien compris. Il serait donc un peu excessif de citer nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributi
3660 nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributions à l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de
3661 ves et réticentes comme autant de contributions à l’ unité. Sur ce plan général, il semble difficile de soutenir que la neu
3662 l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de soutenir que la neutralité représente un apport positif à la fédérati
3663 plan général, il semble difficile de soutenir que la neutralité représente un apport positif à la fédération du continent,
3664 que la neutralité représente un apport positif à la fédération du continent, c’est-à-dire à ses vrais intérêts. Mais sur
3665 ire à ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis de la défense de l’Europe, la situation est différente. M. Churchill a p
3666 à ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis de la défense de l’Europe, la situation est différente. M. Churchill a parl
3667 ntérêts. Mais sur le plan précis de la défense de l’ Europe, la situation est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg
3668 ais sur le plan précis de la défense de l’Europe, la situation est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg de créer
3669 est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg de créer une armée européenne. M. Pleven a fait voter un projet similair
3670 e. M. Pleven a fait voter un projet similaire par la Chambre française. Et déjà, l’on commence à regarder de travers cette
3671 ojet similaire par la Chambre française. Et déjà, l’ on commence à regarder de travers cette petite Suisse qui prétend rest
3672 mbre française. Et déjà, l’on commence à regarder de travers cette petite Suisse qui prétend rester neutre quand tout le m
3673 t le monde réarme à grands cris. Mais attention : les cris ne sont pas des armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre es
3674 Mais attention : les cris ne sont pas des armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’Europe qui soit
3675 cris ne sont pas des armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’Europe qui soit matériellement et mo
3676 armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se dé
3677 rité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’ Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas
3678 iellement et moralement prêt à se défendre en cas d’ attaque, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée sui
3679 e en cas d’attaque, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée suisse a le don de provoquer des sourires lé
3680 e, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironique
3681 demain. Je sais très bien que la seule mention de l’ armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironiques o
3682 rès bien que la seule mention de l’armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironiques ou incrédules chez
3683 n que la seule mention de l’armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironiques ou incrédules chez certai
3684 légèrement ironiques ou incrédules chez certains de nos voisins. Qu’ils comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons,
3685 mptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons, je le crains, plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Europe
3686 plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal mai
3687 s qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’ Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal mais é
3688 oin de l’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal mais évident, que ce petit coin, c’est la Suisse
3689 paradoxal mais évident, que ce petit coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera d’exister, il ser
3690 que ce petit coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’ armée de l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la que
3691 petit coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’
3692 it coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée de l’ Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’un
3693 isse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera d’ exister, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unif
3694 e de l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’ aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, la rép
3695 ope commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, la réponse que j
3696 ra d’exister, il sera temps d’aborder la question d’ un plan de défense unifié. Vous le voyez, la réponse que j’essaie de t
3697 er, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, la réponse que j’essaie de trouver n’e
3698 der la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, la réponse que j’essaie de trouver n’est pas simple. Si l’effo
3699 stion d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, la réponse que j’essaie de trouver n’est pas simple. Si l’effort militai
3700 se unifié. Vous le voyez, la réponse que j’essaie de trouver n’est pas simple. Si l’effort militaire considérable que nous
3701 onse que j’essaie de trouver n’est pas simple. Si l’ effort militaire considérable que nous impose notre statut de neutrali
3702 litaire considérable que nous impose notre statut de neutralité est une contribution réelle à la défense du continent, on
3703 tatut de neutralité est une contribution réelle à la défense du continent, on ne saurait vraiment en dire autant de notre
3704 continent, on ne saurait vraiment en dire autant de notre attitude méfiante et presque négative à l’égard de l’union néce
3705 ttitude méfiante et presque négative à l’égard de l’ union nécessaire. À la question qu’on me pose de tous côtés : Êtes-vou
3706 esque négative à l’égard de l’union nécessaire. À la question qu’on me pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon de no
3707 e l’union nécessaire. À la question qu’on me pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? je ne pui
3708 tion qu’on me pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’ abandon de notre neutralité ? je ne puis donc répondre oui ou non. Le
3709 me pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? je ne puis donc répondre oui ou non. Le problème n
3710 neutralité ? je ne puis donc répondre oui ou non. Le problème ne peut pas être posé, encore moins résolu, dans l’abstrait.
3711 ne peut pas être posé, encore moins résolu, dans l’ abstrait. Ce qu’il faut savoir tout d’abord, c’est pour quelle raison
3712 raison grande et forte, c’est en somme au profit de quoi la Suisse devrait éventuellement renoncer à sa neutralité. Je ré
3713 grande et forte, c’est en somme au profit de quoi la Suisse devrait éventuellement renoncer à sa neutralité. Je réponds po
3714 ur ma part que cela ne pourrait être qu’au profit de l’Europe entière, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de
3715 ma part que cela ne pourrait être qu’au profit de l’ Europe entière, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de ce
3716 rofit de l’Europe entière, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-il que cette union p
3717 c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-il que cette union prenne forme, et qu’en son
3718 ées. Cela viendra, n’en doutez pas ! Demain, soit les États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soi
3719 en doutez pas ! Demain, soit les États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soit encore une menace
3720 États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tou
3721 s’il sort de son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tout entier, nous poseront ces questions p
3722 impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tout entier, nous poseront ces questions précises. Il faut
3723 evant des options graves qu’il lui sera difficile de trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pa
3724 ifficile de trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pas que l’histoire nous surprenne, endormis
3725 ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pas que l’ histoire nous surprenne, endormis dans la fausse sécurité d’une tradit
3726 pas que l’histoire nous surprenne, endormis dans la fausse sécurité d’une tradition qui a peut-être fait son temps, endor
3727 nous surprenne, endormis dans la fausse sécurité d’ une tradition qui a peut-être fait son temps, endormis derrière la neu
3728 qui a peut-être fait son temps, endormis derrière la neutralité, comme la France en 1940 derrière la ligne Maginot, comme
3729 son temps, endormis derrière la neutralité, comme la France en 1940 derrière la ligne Maginot, comme l’Amérique l’été dern
3730 e la neutralité, comme la France en 1940 derrière la ligne Maginot, comme l’Amérique l’été dernier derrière sa Bombe. Je
3731 a France en 1940 derrière la ligne Maginot, comme l’ Amérique l’été dernier derrière sa Bombe. Je voulais introduire, ce s
3732 1940 derrière la ligne Maginot, comme l’Amérique l’ été dernier derrière sa Bombe. Je voulais introduire, ce soir, une di
3733 ulais introduire, ce soir, une discussion qui, je l’ espère, deviendra générale, et qui me paraît vitale pour notre avenir.
3734 e pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour l’ orienter, un seul principe de jugement politique. Le voici : Tant que
3735 rne à proposer, pour l’orienter, un seul principe de jugement politique. Le voici : Tant que la neutralité de la Suisse se
3736 orienter, un seul principe de jugement politique. Le voici : Tant que la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’Europ
3737 incipe de jugement politique. Le voici : Tant que la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hu
3738 ment politique. Le voici : Tant que la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan
3739 t politique. Le voici : Tant que la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan mil
3740 que la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’ Europe — comme aujourd’hui sur le plan militaire — il faut la mainteni
3741 comme aujourd’hui sur le plan militaire — il faut la maintenir. Si au contraire elle devient un prétexte à freiner l’union
3742 i au contraire elle devient un prétexte à freiner l’ union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire
3743 traire elle devient un prétexte à freiner l’union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esp
3744 ire elle devient un prétexte à freiner l’union de l’ Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit
3745 ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’ esprit même de son statut, et elle peut donc demain devenir une trahis
3746 re notre part, elle est contraire à l’esprit même de son statut, et elle peut donc demain devenir une trahison. Car je le
3747 lle peut donc demain devenir une trahison. Car je le répète : notre neutralité a été reconnue par les puissances « dans l’
3748 e le répète : notre neutralité a été reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’Europe entière », et non pas comme u
3749 utralité a été reconnue par les puissances « dans l’ intérêt de l’Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y
3750 été reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait pl
3751 é reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’ Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait plus
3752 il n’y aurait plus à mériter. Elle est relative à l’ Europe. Et ceux qui, par erreur ou par malice, veulent aujourd’hui la
3753 ui, par erreur ou par malice, veulent aujourd’hui la transformer en neutralité absolue, précisons : en neutralité entre l’
3754 utralité absolue, précisons : en neutralité entre l’ Europe et les ennemis de l’Europe — entre l’Europe unie et l’URSS par
3755 olue, précisons : en neutralité entre l’Europe et les ennemis de l’Europe — entre l’Europe unie et l’URSS par exemple — ceu
3756 ons : en neutralité entre l’Europe et les ennemis de l’Europe — entre l’Europe unie et l’URSS par exemple — ceux-là sont i
3757  : en neutralité entre l’Europe et les ennemis de l’ Europe — entre l’Europe unie et l’URSS par exemple — ceux-là sont infi
3758 entre l’Europe et les ennemis de l’Europe — entre l’ Europe unie et l’URSS par exemple — ceux-là sont infidèles à notre tra
3759 les ennemis de l’Europe — entre l’Europe unie et l’ URSS par exemple — ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils viole
3760 tre tradition. Ils violent notre statut légal, et l’ esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point
3761 Ils violent notre statut légal, et l’esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que
3762 l’esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que personne encore n’a touché, tout au
3763 u moins à ma connaissance. k. Rougemont Denis de , « Europe unie et neutralité suisse », Les Cahiers protestants, Lausa
3764 t Denis de, « Europe unie et neutralité suisse », Les Cahiers protestants, Lausanne, novembre–décembre 1950, p. 309-316. l
3765 , novembre–décembre 1950, p. 309-316. l. Précédé de la note suivante : « L’Europe est en danger. Les efforts pour unir l’
3766 ovembre–décembre 1950, p. 309-316. l. Précédé de la note suivante : « L’Europe est en danger. Les efforts pour unir l’Eur
3767 , p. 309-316. l. Précédé de la note suivante : «  L’ Europe est en danger. Les efforts pour unir l’Europe se multiplient. I
3768 é de la note suivante : « L’Europe est en danger. Les efforts pour unir l’Europe se multiplient. Il semble que les obstacle
3769 : « L’Europe est en danger. Les efforts pour unir l’ Europe se multiplient. Il semble que les obstacles qui s’opposent à un
3770 pour unir l’Europe se multiplient. Il semble que les obstacles qui s’opposent à une fédération européenne se font plus dif
3771 opéenne se font plus difficiles et plus nombreux. Les Suisses doivent d’abord connaître objectivement la question. Nous avo
3772 s Suisses doivent d’abord connaître objectivement la question. Nous avons rédigé un questionnaire qui sera envoyé à quelqu
3773 é un questionnaire qui sera envoyé à quelques-uns de ceux que le problème préoccupe et nous ouvrons ainsi une rubrique où
3774 nnaire qui sera envoyé à quelques-uns de ceux que le problème préoccupe et nous ouvrons ainsi une rubrique où paraîtront,
3775 où paraîtront, au cours des prochains fascicules, les réponses reçues. Voici le questionnaire. Il est suivi d’une première
3776 prochains fascicules, les réponses reçues. Voici le questionnaire. Il est suivi d’une première réponse de M. Denis de Rou
3777 nses reçues. Voici le questionnaire. Il est suivi d’ une première réponse de M. Denis de Rougemont aux questions IV et V :
3778 uestionnaire. Il est suivi d’une première réponse de M. Denis de Rougemont aux questions IV et V : […] — Quelle attitude,
3779 ions IV et V : […] — Quelle attitude, selon vous, la Suisse devrait-elle adopter en face de l’Europe unie ? À supposer qu’
3780 n vous, la Suisse devrait-elle adopter en face de l’ Europe unie ? À supposer qu’une fédération européenne se réalisât proc
3781 nne se réalisât prochainement, dans quelle mesure la neutralité helvétique serait-elle un obstacle majeur à notre entrée d
3782 dite fédération ? Une conception trop restrictive de cette neutralité n’empêche-t-elle pas notre pays d’assumer actuelleme
3783 cette neutralité n’empêche-t-elle pas notre pays d’ assumer actuellement la tâche de conciliation qui serait conforme à so
3784 êche-t-elle pas notre pays d’assumer actuellement la tâche de conciliation qui serait conforme à son génie ? — En faveur d
3785 le pas notre pays d’assumer actuellement la tâche de conciliation qui serait conforme à son génie ? — En faveur du maintie
3786 t conforme à son génie ? — En faveur du maintien, de l’assouplissement ou de l’abandon de cette neutralité, tenez-vous cer
3787 onforme à son génie ? — En faveur du maintien, de l’ assouplissement ou de l’abandon de cette neutralité, tenez-vous certai
3788 — En faveur du maintien, de l’assouplissement ou de l’abandon de cette neutralité, tenez-vous certains arguments comme pa
3789 En faveur du maintien, de l’assouplissement ou de l’ abandon de cette neutralité, tenez-vous certains arguments comme parti
3790 du maintien, de l’assouplissement ou de l’abandon de cette neutralité, tenez-vous certains arguments comme particulièremen
3791 tains arguments comme particulièrement décisifs à l’ heure où nous sommes ? » Comme le précise une note finale, ce texte es
3792 ement décisifs à l’heure où nous sommes ? » Comme le précise une note finale, ce texte est issu « des chroniques lues à Ra
3793 xte est issu « des chroniques lues à Radio-Genève les 30 octobre et 6 novembre 1950, dans le cadre de l’émission ‟Destins d
3794 io-Genève les 30 octobre et 6 novembre 1950, dans le cadre de l’émission ‟Destins du monde : Demain l’Europe !” ».
3795 les 30 octobre et 6 novembre 1950, dans le cadre de l’émission ‟Destins du monde : Demain l’Europe !” ».
3796 s 30 octobre et 6 novembre 1950, dans le cadre de l’ émission ‟Destins du monde : Demain l’Europe !” ».
3797 le cadre de l’émission ‟Destins du monde : Demain l’ Europe !” ».
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
3798 te que M. Lasserre ait simplifié ma thèse jusqu’à la déformer, et qu’il ait apporté à sa réfutation moins de scrupule que
3799 ormer, et qu’il ait apporté à sa réfutation moins de scrupule que d’humeur. J’avais pourtant pris soin de souligner la com
3800 ait apporté à sa réfutation moins de scrupule que d’ humeur. J’avais pourtant pris soin de souligner la complexité du probl
3801 scrupule que d’humeur. J’avais pourtant pris soin de souligner la complexité du problème. Je parlais de « ce mélange d’int
3802 d’humeur. J’avais pourtant pris soin de souligner la complexité du problème. Je parlais de « ce mélange d’intérêt propre e
3803 e souligner la complexité du problème. Je parlais de « ce mélange d’intérêt propre et d’intérêt européen » qui a toujours
3804 omplexité du problème. Je parlais de « ce mélange d’ intérêt propre et d’intérêt européen » qui a toujours caractérisé notr
3805 e. Je parlais de « ce mélange d’intérêt propre et d’ intérêt européen » qui a toujours caractérisé notre neutralité et qui
3806 ui a toujours caractérisé notre neutralité et qui l’ a pratiquement permise. M. Lasserre veut croire que je n’ai considéré
3807 M. Lasserre veut croire que je n’ai considéré que l’ intérêt européen : c’est sa « grave erreur liminaire ». J’ai naturelle
3808 eur liminaire ». J’ai naturellement insisté sur «  l’ intérêt de l’Europe entière » parce que c’était par ce biais-là que je
3809 ire ». J’ai naturellement insisté sur « l’intérêt de l’Europe entière » parce que c’était par ce biais-là que je pouvais a
3810  ». J’ai naturellement insisté sur « l’intérêt de l’ Europe entière » parce que c’était par ce biais-là que je pouvais abor
3811 ue c’était par ce biais-là que je pouvais aborder le problème suisse, dans le cadre général de ma chronique intitulée « De
3812 à que je pouvais aborder le problème suisse, dans le cadre général de ma chronique intitulée « Demain l’Europe ». Je n’ai
3813 aborder le problème suisse, dans le cadre général de ma chronique intitulée « Demain l’Europe ». Je n’ai nullement nié ou
3814 cadre général de ma chronique intitulée « Demain l’ Europe ». Je n’ai nullement nié ou méconnu l’intérêt propre de la Suis
3815 main l’Europe ». Je n’ai nullement nié ou méconnu l’ intérêt propre de la Suisse. Il serait toutefois bien léger de penser,
3816 Je n’ai nullement nié ou méconnu l’intérêt propre de la Suisse. Il serait toutefois bien léger de penser, ou de laisser cr
3817 n’ai nullement nié ou méconnu l’intérêt propre de la Suisse. Il serait toutefois bien léger de penser, ou de laisser croir
3818 opre de la Suisse. Il serait toutefois bien léger de penser, ou de laisser croire, que ce propre intérêt soit seul en caus
3819 sse. Il serait toutefois bien léger de penser, ou de laisser croire, que ce propre intérêt soit seul en cause dans le jeu
3820 re, que ce propre intérêt soit seul en cause dans le jeu des forces politiques de notre temps ! Où donc ai-je soutenu « sa
3821 t seul en cause dans le jeu des forces politiques de notre temps ! Où donc ai-je soutenu « sans réserve » que la Suisse de
3822 emps ! Où donc ai-je soutenu « sans réserve » que la Suisse devrait subordonner sa politique à « l’intérêt des principaux
3823 ue la Suisse devrait subordonner sa politique à «  l’ intérêt des principaux États de l’Europe » ? J’ai dit seulement que si
3824 x États de l’Europe » ? J’ai dit seulement que si la Suisse un jour décidait de renoncer à sa neutralité, ce ne pourrait ê
3825 i dit seulement que si la Suisse un jour décidait de renoncer à sa neutralité, ce ne pourrait être qu’au profit de l’Europ
3826 à sa neutralité, ce ne pourrait être qu’au profit de l’Europe entière et de son union fédérale ; et j’ai ajouté : « Encore
3827 a neutralité, ce ne pourrait être qu’au profit de l’ Europe entière et de son union fédérale ; et j’ai ajouté : « Encore fa
3828 pourrait être qu’au profit de l’Europe entière et de son union fédérale ; et j’ai ajouté : « Encore faut-il que cette unio
3829 ale. Au surplus, je souhaitais une discussion sur la neutralité présente et à venir de la Suisse, les circonstances ayant
3830 scussion sur la neutralité présente et à venir de la Suisse, les circonstances ayant changé depuis dix ans. Demander qu’on
3831 r la neutralité présente et à venir de la Suisse, les circonstances ayant changé depuis dix ans. Demander qu’on discute un
3832 un tabou.) Je m’étonne davantage qu’un professeur d’ histoire puisse paraître assimiler la Russie de 1815 et l’URSS de Stal
3833 n professeur d’histoire puisse paraître assimiler la Russie de 1815 et l’URSS de Staline, lorsqu’il s’agit de leurs relati
3834 ur d’histoire puisse paraître assimiler la Russie de 1815 et l’URSS de Staline, lorsqu’il s’agit de leurs relations avec l
3835 re puisse paraître assimiler la Russie de 1815 et l’ URSS de Staline, lorsqu’il s’agit de leurs relations avec l’Europe ; q
3836 ie de 1815 et l’URSS de Staline, lorsqu’il s’agit de leurs relations avec l’Europe ; qu’il tienne l’URSS — malgré elle ! —
3837 Staline, lorsqu’il s’agit de leurs relations avec l’ Europe ; qu’il tienne l’URSS — malgré elle ! — pour une puissance euro
3838 t de leurs relations avec l’Europe ; qu’il tienne l’ URSS — malgré elle ! — pour une puissance européenne ; qu’il fasse éta
3839 européenne ; qu’il fasse état, très sérieusement, de ce que l’OECE « reste ouverte » aux pays de l’Est ; et qu’enfin tous
3840  ; qu’il fasse état, très sérieusement, de ce que l’ OECE « reste ouverte » aux pays de l’Est ; et qu’enfin tous les chiffr
3841 ment, de ce que l’OECE « reste ouverte » aux pays de l’Est ; et qu’enfin tous les chiffres et proportions qu’il cite vers
3842 t, de ce que l’OECE « reste ouverte » aux pays de l’ Est ; et qu’enfin tous les chiffres et proportions qu’il cite vers la
3843 te ouverte » aux pays de l’Est ; et qu’enfin tous les chiffres et proportions qu’il cite vers la fin de son article soient
3844 tous les chiffres et proportions qu’il cite vers la fin de son article soient erronés, — ceci pour deux motifs, l’un d’in
3845 es chiffres et proportions qu’il cite vers la fin de son article soient erronés, — ceci pour deux motifs, l’un d’interprét
3846 cle soient erronés, — ceci pour deux motifs, l’un d’ interprétation, l’autre de fait. Tout d’abord, il est clair que je n’a
3847 pour deux motifs, l’un d’interprétation, l’autre de fait. Tout d’abord, il est clair que je n’ai pas pu « confondre systé
3848 que je n’ai pas pu « confondre systématiquement » le Conseil de l’Europe avec la fédération du continent : le premier n’ét
3849 re systématiquement » le Conseil de l’Europe avec la fédération du continent : le premier n’étant, comme chacun sait, qu’u
3850 effort encore hésitant vers la seconde. Ensuite : le Conseil de l’Europe comprend quinze États, et non dix comme le répète
3851 l’Europe comprend quinze États, et non dix comme le répète mon censeur, ce qui fausse ses calculs à la base. Finalement,
3852 e répète mon censeur, ce qui fausse ses calculs à la base. Finalement, quelle est la position de M. Lasserre sur le fond d
3853 sse ses calculs à la base. Finalement, quelle est la position de M. Lasserre sur le fond du problème, tel qu’il est défini
3854 uls à la base. Finalement, quelle est la position de M. Lasserre sur le fond du problème, tel qu’il est défini par les poi
3855 lement, quelle est la position de M. Lasserre sur le fond du problème, tel qu’il est défini par les points IV et V de votr
3856 sur le fond du problème, tel qu’il est défini par les points IV et V de votre questionnaire ?o On voit que mes thèses l’irr
3857 lème, tel qu’il est défini par les points IV et V de votre questionnaire ?o On voit que mes thèses l’irritent. Et puis apr
3858 de votre questionnaire ?o On voit que mes thèses l’ irritent. Et puis après ? Tenter de me réfuter ne supprime pas le prob
3859 que mes thèses l’irritent. Et puis après ? Tenter de me réfuter ne supprime pas le problème du rôle actuel et futur de la
3860 puis après ? Tenter de me réfuter ne supprime pas le problème du rôle actuel et futur de la Suisse dans la construction de
3861 supprime pas le problème du rôle actuel et futur de la Suisse dans la construction de l’Europe. C’est sur ce point qu’il
3862 pprime pas le problème du rôle actuel et futur de la Suisse dans la construction de l’Europe. C’est sur ce point qu’il eût
3863 roblème du rôle actuel et futur de la Suisse dans la construction de l’Europe. C’est sur ce point qu’il eût été intéressan
3864 actuel et futur de la Suisse dans la construction de l’Europe. C’est sur ce point qu’il eût été intéressant d’entendre l’h
3865 uel et futur de la Suisse dans la construction de l’ Europe. C’est sur ce point qu’il eût été intéressant d’entendre l’hist
3866 ope. C’est sur ce point qu’il eût été intéressant d’ entendre l’historien respecté de Lausanne. m. Rougemont Denis de, «
3867 sur ce point qu’il eût été intéressant d’entendre l’ historien respecté de Lausanne. m. Rougemont Denis de, « Réplique à
3868 t été intéressant d’entendre l’historien respecté de Lausanne. m. Rougemont Denis de, « Réplique à M. Lasserre », Les C
3869 orien respecté de Lausanne. m. Rougemont Denis de , « Réplique à M. Lasserre », Les Cahiers protestants, Lausanne, mars–
3870 Rougemont Denis de, « Réplique à M. Lasserre », Les Cahiers protestants, Lausanne, mars–avril 1951, p. 117-118. n. À pro
3871 nne, mars–avril 1951, p. 117-118. n. À propos de la réponse de David Lasserre publiée comme réponse à l’enquête des Cahie
3872 vril 1951, p. 117-118. n. À propos de la réponse de David Lasserre publiée comme réponse à l’enquête des Cahiers sur « La
3873 réponse de David Lasserre publiée comme réponse à l’ enquête des Cahiers sur « La Suisse et l’Europe ». o. Voir la premièr
3874 bliée comme réponse à l’enquête des Cahiers sur «  La Suisse et l’Europe ». o. Voir la première note du texte « Europe uni
3875 éponse à l’enquête des Cahiers sur « La Suisse et l’ Europe ». o. Voir la première note du texte « Europe unie et neutrali
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
3876 Pour une morale de la vocation (1968)p q On a parfois décrit la situation présente du
3877 Pour une morale de la vocation (1968)p q On a parfois décrit la situation présente du ch
3878 e de la vocation (1968)p q On a parfois décrit la situation présente du christianisme (protestant surtout) comme l’inve
3879 sente du christianisme (protestant surtout) comme l’ inverse de celle du xixe siècle. Alors, dit-on, c’était la théologie
3880 hristianisme (protestant surtout) comme l’inverse de celle du xixe siècle. Alors, dit-on, c’était la théologie qui faisai
3881 de celle du xixe siècle. Alors, dit-on, c’était la théologie qui faisait question, la morale était évidente. Le principe
3882 it-on, c’était la théologie qui faisait question, la morale était évidente. Le principe même de la dogmatique paraissait d
3883 e qui faisait question, la morale était évidente. Le principe même de la dogmatique paraissait difficile à justifier, mais
3884 stion, la morale était évidente. Le principe même de la dogmatique paraissait difficile à justifier, mais non pas les prin
3885 on, la morale était évidente. Le principe même de la dogmatique paraissait difficile à justifier, mais non pas les princip
3886 ue paraissait difficile à justifier, mais non pas les principes du devoir moral, considérés comme révélés, invariables déso
3887 ésormais et au surplus indispensables au maintien de l’ordre social. Aujourd’hui, poursuit-on, la théologie a été solideme
3888 rmais et au surplus indispensables au maintien de l’ ordre social. Aujourd’hui, poursuit-on, la théologie a été solidement
3889 tien de l’ordre social. Aujourd’hui, poursuit-on, la théologie a été solidement reconstruite sur les bases de la dogmatiqu
3890 n, la théologie a été solidement reconstruite sur les bases de la dogmatique des Pères et des réformateurs ou de Thomas d’A
3891 logie a été solidement reconstruite sur les bases de la dogmatique des Pères et des réformateurs ou de Thomas d’Aquin. Ses
3892 ie a été solidement reconstruite sur les bases de la dogmatique des Pères et des réformateurs ou de Thomas d’Aquin. Ses pr
3893 de la dogmatique des Pères et des réformateurs ou de Thomas d’Aquin. Ses problèmes centraux peuvent être tenus pour résolu
3894 sives, en tout cas, sont nettement définies. Mais la morale ! Ce serait peu de dire qu’elle est en crise : on ne sait même
3895 elle peut ou doit dire encore, et au nom de quoi. Le « moralisme de grand-papa » est encore plus mal vu chez les théologie
3896 it dire encore, et au nom de quoi. Le « moralisme de grand-papa » est encore plus mal vu chez les théologiens rigoureux qu
3897 lisme de grand-papa » est encore plus mal vu chez les théologiens rigoureux que chez les jeunes gens en colère. De cette mo
3898 us mal vu chez les théologiens rigoureux que chez les jeunes gens en colère. De cette morale que l’on disait chrétienne et
3899 ens rigoureux que chez les jeunes gens en colère. De cette morale que l’on disait chrétienne et qui se confondait, du moin
3900 ez les jeunes gens en colère. De cette morale que l’ on disait chrétienne et qui se confondait, du moins par ses tabous, av
3901 qui se confondait, du moins par ses tabous, avec la morale victorienne et plus généralement bourgeoise-occidentale, que r
3902 ment bourgeoise-occidentale, que reste-t-il après la triple attaque convergente de la sociologie (surtout marxiste), de la
3903 ue reste-t-il après la triple attaque convergente de la sociologie (surtout marxiste), de la psychologie (surtout freudien
3904 reste-t-il après la triple attaque convergente de la sociologie (surtout marxiste), de la psychologie (surtout freudienne)
3905 convergente de la sociologie (surtout marxiste), de la psychologie (surtout freudienne) et de l’ethnologie comparée (de L
3906 nvergente de la sociologie (surtout marxiste), de la psychologie (surtout freudienne) et de l’ethnologie comparée (de Lévy
3907 xiste), de la psychologie (surtout freudienne) et de l’ethnologie comparée (de Lévy-Bruhl à Lévi-Strauss) ? Théoriquement
3908 te), de la psychologie (surtout freudienne) et de l’ ethnologie comparée (de Lévy-Bruhl à Lévi-Strauss) ? Théoriquement et
3909 (surtout freudienne) et de l’ethnologie comparée ( de Lévy-Bruhl à Lévi-Strauss) ? Théoriquement et théologiquement, nous s
3910 mmes et à quels dogmes nous croyons. Mais au plan de la morale, nous vivons dans la plus incroyable confusion de systèmes
3911 s et à quels dogmes nous croyons. Mais au plan de la morale, nous vivons dans la plus incroyable confusion de systèmes hét
3912 yons. Mais au plan de la morale, nous vivons dans la plus incroyable confusion de systèmes hétéroclites, d’époques, de sty
3913 le, nous vivons dans la plus incroyable confusion de systèmes hétéroclites, d’époques, de styles, de visées différentes ;
3914 us incroyable confusion de systèmes hétéroclites, d’ époques, de styles, de visées différentes ; nous pataugeons dans l’imp
3915 le confusion de systèmes hétéroclites, d’époques, de styles, de visées différentes ; nous pataugeons dans l’impur, dans l’
3916 n de systèmes hétéroclites, d’époques, de styles, de visées différentes ; nous pataugeons dans l’impur, dans l’hybride, da
3917 les, de visées différentes ; nous pataugeons dans l’ impur, dans l’hybride, dans les alluvions, les dépôts sédimentés des â
3918 différentes ; nous pataugeons dans l’impur, dans l’ hybride, dans les alluvions, les dépôts sédimentés des âges, des cultu
3919 ous pataugeons dans l’impur, dans l’hybride, dans les alluvions, les dépôts sédimentés des âges, des cultures, des religion
3920 dans l’impur, dans l’hybride, dans les alluvions, les dépôts sédimentés des âges, des cultures, des religions, des préjugés
3921 des religions, des préjugés sociaux et nationaux, de l’obscurantisme et du rationalisme, du piétisme et de l’existentialis
3922 religions, des préjugés sociaux et nationaux, de l’ obscurantisme et du rationalisme, du piétisme et de l’existentialisme,
3923 ’obscurantisme et du rationalisme, du piétisme et de l’existentialisme, etc. Y a-t-il encore une morale chrétienne ? Osera
3924 scurantisme et du rationalisme, du piétisme et de l’ existentialisme, etc. Y a-t-il encore une morale chrétienne ? Osera-t-
3925 encore une morale chrétienne ? Osera-t-on encore la prêcher ? Théologie solide, morale problématique ; est-ce bien la réa
3926 ologie solide, morale problématique ; est-ce bien la réalité de notre temps ? Oui sans doute, si nous bornons l’enquête au
3927 de, morale problématique ; est-ce bien la réalité de notre temps ? Oui sans doute, si nous bornons l’enquête aux élites de
3928 de notre temps ? Oui sans doute, si nous bornons l’ enquête aux élites de nos églises en Europe. Mais dans le reste du mon
3929 sans doute, si nous bornons l’enquête aux élites de nos églises en Europe. Mais dans le reste du monde, déjà — et ce sera
3930 te aux élites de nos églises en Europe. Mais dans le reste du monde, déjà — et ce sera vrai pour nous aussi bientôt —, je
3931 héma, comme un nouveau renversement, annonciateur d’ une situation de nouveau comparable à celle du siècle passé, mais radi
3932 iècle passé, mais radicalisée. D’une part, ce que l’ on nomme aux États-Unis et en Grande-Bretagne la « théologie de la mor
3933 e l’on nomme aux États-Unis et en Grande-Bretagne la « théologie de la mort de Dieu » (ses échos remplissent depuis un an
3934 x États-Unis et en Grande-Bretagne la « théologie de la mort de Dieu » (ses échos remplissent depuis un an la presse intel
3935 tats-Unis et en Grande-Bretagne la « théologie de la mort de Dieu » (ses échos remplissent depuis un an la presse intellec
3936 s et en Grande-Bretagne la « théologie de la mort de Dieu » (ses échos remplissent depuis un an la presse intellectuelle a
3937 ort de Dieu » (ses échos remplissent depuis un an la presse intellectuelle anglo-saxonne, en attendant de se répandre dans
3938 presse intellectuelle anglo-saxonne, en attendant de se répandre dans nos pays), cette théologie-là bouleverse le fondemen
3939 dre dans nos pays), cette théologie-là bouleverse le fondement commun de toutes nos orthodoxies, qu’elles soient d’emprein
3940 cette théologie-là bouleverse le fondement commun de toutes nos orthodoxies, qu’elles soient d’empreinte barthienne ou tho
3941 commun de toutes nos orthodoxies, qu’elles soient d’ empreinte barthienne ou thomiste, et les notions mêmes d’orthodoxie et
3942 les soient d’empreinte barthienne ou thomiste, et les notions mêmes d’orthodoxie et de révélation ; néanmoins, cette école
3943 inte barthienne ou thomiste, et les notions mêmes d’ orthodoxie et de révélation ; néanmoins, cette école (ou ce mouvement)
3944 ou thomiste, et les notions mêmes d’orthodoxie et de révélation ; néanmoins, cette école (ou ce mouvement) veut conserver
3945 ins, cette école (ou ce mouvement) veut conserver l’ amour du Christ, c’est-à-dire la forme d’existence personnelle et soci
3946 t) veut conserver l’amour du Christ, c’est-à-dire la forme d’existence personnelle et sociale la plus conforme aux évangil
3947 onserver l’amour du Christ, c’est-à-dire la forme d’ existence personnelle et sociale la plus conforme aux évangiles, l’ins
3948 -dire la forme d’existence personnelle et sociale la plus conforme aux évangiles, l’inspiration évangélique d’une éthique.
3949 nnelle et sociale la plus conforme aux évangiles, l’ inspiration évangélique d’une éthique. D’autre part, les prétentions
3950 conforme aux évangiles, l’inspiration évangélique d’ une éthique. D’autre part, les prétentions de la science occidentale
3951 iration évangélique d’une éthique. D’autre part, les prétentions de la science occidentale deviennent universelles, pour n
3952 que d’une éthique. D’autre part, les prétentions de la science occidentale deviennent universelles, pour ne pas dire tota
3953 d’une éthique. D’autre part, les prétentions de la science occidentale deviennent universelles, pour ne pas dire totalit
3954 ue depuis peu — se mettent en devoir et en mesure de remplacer les préceptes et coutumes de la morale traditionnelle, dite
3955 — se mettent en devoir et en mesure de remplacer les préceptes et coutumes de la morale traditionnelle, dite « chrétienne 
3956 en mesure de remplacer les préceptes et coutumes de la morale traditionnelle, dite « chrétienne », et sont déjà en bon tr
3957 mesure de remplacer les préceptes et coutumes de la morale traditionnelle, dite « chrétienne », et sont déjà en bon train
3958 e, dite « chrétienne », et sont déjà en bon train d’ y parvenir dans plusieurs domaines importants. Au lieu de sermons cont
3959 domaines importants. Au lieu de sermons contre «  l’ impureté », on donne à nos adolescents des leçons d’initiation sexuell
3960 impureté », on donne à nos adolescents des leçons d’ initiation sexuelle ; au lieu de menaces d’aller en enfer et d’exorcis
3961 leçons d’initiation sexuelle ; au lieu de menaces d’ aller en enfer et d’exorcismes, on prescrit une psychanalyse, certains
3962 sexuelle ; au lieu de menaces d’aller en enfer et d’ exorcismes, on prescrit une psychanalyse, certains médicaments, ou div
3963 nalyse, certains médicaments, ou divers processus d’ adaptation, d’ajustement social, voire politique, selon les pays. Rece
3964 ns médicaments, ou divers processus d’adaptation, d’ ajustement social, voire politique, selon les pays. Recettes, régimes,
3965 tion, d’ajustement social, voire politique, selon les pays. Recettes, régimes, remèdes, relaxation, action sur l’équilibre
3966 ecettes, régimes, remèdes, relaxation, action sur l’ équilibre hormonal, conditionnement des réflexes devant la machine, le
3967 bre hormonal, conditionnement des réflexes devant la machine, les feux rouges, le chef de l’État, les rythmes de la consom
3968 , conditionnement des réflexes devant la machine, les feux rouges, le chef de l’État, les rythmes de la consommation ou de
3969 des réflexes devant la machine, les feux rouges, le chef de l’État, les rythmes de la consommation ou de la productivité
3970 t la machine, les feux rouges, le chef de l’État, les rythmes de la consommation ou de la productivité — c’est cela qui fon
3971 , les feux rouges, le chef de l’État, les rythmes de la consommation ou de la productivité — c’est cela qui fonctionne auj
3972 es feux rouges, le chef de l’État, les rythmes de la consommation ou de la productivité — c’est cela qui fonctionne aujour
3973 chef de l’État, les rythmes de la consommation ou de la productivité — c’est cela qui fonctionne aujourd’hui, de mieux en
3974 f de l’État, les rythmes de la consommation ou de la productivité — c’est cela qui fonctionne aujourd’hui, de mieux en mie
3975 uctivité — c’est cela qui fonctionne aujourd’hui, de mieux en mieux, qui persuade, qui agit, et qui contraint. En regard d
3976 i agit, et qui contraint. En regard de ce progrès de la Science sur tous les fronts, moralisme et immoralisme, vertus et v
3977 git, et qui contraint. En regard de ce progrès de la Science sur tous les fronts, moralisme et immoralisme, vertus et vice
3978 t. En regard de ce progrès de la Science sur tous les fronts, moralisme et immoralisme, vertus et vices apparaissent égalem
3979 odés. Ce qui est sérieux, ce qui intéresse, c’est le mode d’emploi de notre univers actuel et le rendement des procédés et
3980 qui est sérieux, ce qui intéresse, c’est le mode d’ emploi de notre univers actuel et le rendement des procédés et des con
3981 sérieux, ce qui intéresse, c’est le mode d’emploi de notre univers actuel et le rendement des procédés et des conduites, —
3982 c’est le mode d’emploi de notre univers actuel et le rendement des procédés et des conduites, — qu’il s’agisse de s’assure
3983 t des procédés et des conduites, — qu’il s’agisse de s’assurer contre l’imprévu ou au contraire de mieux courir son risque
3984 s conduites, — qu’il s’agisse de s’assurer contre l’ imprévu ou au contraire de mieux courir son risque personnel, de guéri
3985 u contraire de mieux courir son risque personnel, de guérir, ou d’améliorer son statut social, ses possibilités de travail
3986 mieux courir son risque personnel, de guérir, ou d’ améliorer son statut social, ses possibilités de travail et de loisirs
3987 u d’améliorer son statut social, ses possibilités de travail et de loisirs, donc aussi sa culture et sa liberté. Nous tend
3988 son statut social, ses possibilités de travail et de loisirs, donc aussi sa culture et sa liberté. Nous tendons de la sort
3989 donc aussi sa culture et sa liberté. Nous tendons de la sorte, dans les pays techniquement avancés, vers une société qui s
3990 c aussi sa culture et sa liberté. Nous tendons de la sorte, dans les pays techniquement avancés, vers une société qui sera
3991 ure et sa liberté. Nous tendons de la sorte, dans les pays techniquement avancés, vers une société qui serait, à la limite,
3992 niquement avancés, vers une société qui serait, à la limite, sans surprises ni drames, sans vrais débats (j’entends : sans
3993  ; disciplinée, normalisée et préconditionnée dès le secret de la cellule, dès le programme chromosomique, immunisée et ps
3994 inée, normalisée et préconditionnée dès le secret de la cellule, dès le programme chromosomique, immunisée et psychanalysé
3995 e, normalisée et préconditionnée dès le secret de la cellule, dès le programme chromosomique, immunisée et psychanalysée,
3996 préconditionnée dès le secret de la cellule, dès le programme chromosomique, immunisée et psychanalysée, chaque homme éta
3997 évisé, testé et remis au point à l’aide de pièces de rechange, comme une voiture. Pour la première fois dans l’Histoire de
3998 ge, comme une voiture. Pour la première fois dans l’ Histoire de nos civilisations, ce n’est pas l’anarchie croissante des
3999 ne voiture. Pour la première fois dans l’Histoire de nos civilisations, ce n’est pas l’anarchie croissante des mœurs que n
4000 ans l’Histoire de nos civilisations, ce n’est pas l’ anarchie croissante des mœurs que nos vieux sages auront à déplorer, m
4001 vieux sages auront à déplorer, mais au contraire l’ universelle et rigoureuse réglementation de nos conduites par les ordi
4002 traire l’universelle et rigoureuse réglementation de nos conduites par les ordinateurs électroniques. (On les verra peut-ê
4003 et rigoureuse réglementation de nos conduites par les ordinateurs électroniques. (On les verra peut-être alors, ces sages,
4004 conduites par les ordinateurs électroniques. (On les verra peut-être alors, ces sages, se lamenter sur la fuite du bon vie
4005 verra peut-être alors, ces sages, se lamenter sur la fuite du bon vieux temps qu’auront été les siècles de luttes passionn
4006 ter sur la fuite du bon vieux temps qu’auront été les siècles de luttes passionnantes entre le « péché » et la « grâce », c
4007 uite du bon vieux temps qu’auront été les siècles de luttes passionnantes entre le « péché » et la « grâce », c’est-à-dire
4008 ont été les siècles de luttes passionnantes entre le « péché » et la « grâce », c’est-à-dire entre les tentations de la « 
4009 les de luttes passionnantes entre le « péché » et la « grâce », c’est-à-dire entre les tentations de la « chair » et les r
4010 le « péché » et la « grâce », c’est-à-dire entre les tentations de la « chair » et les refus déchirants d’y céder — sujet
4011 t la « grâce », c’est-à-dire entre les tentations de la « chair » et les refus déchirants d’y céder — sujet privilégié et
4012 a « grâce », c’est-à-dire entre les tentations de la « chair » et les refus déchirants d’y céder — sujet privilégié et pre
4013 st-à-dire entre les tentations de la « chair » et les refus déchirants d’y céder — sujet privilégié et presque unique des r
4014 entations de la « chair » et les refus déchirants d’ y céder — sujet privilégié et presque unique des romans de François Ma
4015 r — sujet privilégié et presque unique des romans de François Mauriac, par exemple.) Les conséquences de cette situation —
4016 que des romans de François Mauriac, par exemple.) Les conséquences de cette situation — qu’il faut imaginer réalisées dans
4017 François Mauriac, par exemple.) Les conséquences de cette situation — qu’il faut imaginer réalisées dans un avenir pas tr
4018 ociété) sont trop nombreuses et diverses pour que l’ on puisse porter sur elles un jugement global. Je me borne à relever c
4019 : à supposer que demain, ce soit un collège formé de généticiens, de psychologues, de démographes et d’économistes ou de p
4020 demain, ce soit un collège formé de généticiens, de psychologues, de démographes et d’économistes ou de politologues qui
4021 un collège formé de généticiens, de psychologues, de démographes et d’économistes ou de politologues qui décide de certain
4022 e généticiens, de psychologues, de démographes et d’ économistes ou de politologues qui décide de certaines conduites sexue
4023 psychologues, de démographes et d’économistes ou de politologues qui décide de certaines conduites sexuelles (comme la co
4024 es et d’économistes ou de politologues qui décide de certaines conduites sexuelles (comme la contraception) dans une socié
4025 ui décide de certaines conduites sexuelles (comme la contraception) dans une société donnée, et non plus l’Église par ses
4026 ntraception) dans une société donnée, et non plus l’ Église par ses décrets généraux et par l’intervention personnelle du p
4027 non plus l’Église par ses décrets généraux et par l’ intervention personnelle du prêtre ou du pasteur — alors les crises de
4028 ntion personnelle du prêtre ou du pasteur — alors les crises de conscience, les débats intérieurs ou conjugaux, les remords
4029 nnelle du prêtre ou du pasteur — alors les crises de conscience, les débats intérieurs ou conjugaux, les remords lancinant
4030 e ou du pasteur — alors les crises de conscience, les débats intérieurs ou conjugaux, les remords lancinants, les tentation
4031 e conscience, les débats intérieurs ou conjugaux, les remords lancinants, les tentations obsédantes, les décisions farouche
4032 intérieurs ou conjugaux, les remords lancinants, les tentations obsédantes, les décisions farouches, tout ce pathos tradit
4033 es remords lancinants, les tentations obsédantes, les décisions farouches, tout ce pathos traditionnel de l’existence moral
4034 décisions farouches, tout ce pathos traditionnel de l’existence morale va s’évaporer ! Exécuter une prescription médicale
4035 cisions farouches, tout ce pathos traditionnel de l’ existence morale va s’évaporer ! Exécuter une prescription médicale, m
4036 cuter une prescription médicale, même s’il s’agit d’ une intervention douloureuse comme peut l’être une extraction dentaire
4037 s’agit d’une intervention douloureuse comme peut l’ être une extraction dentaire, ou d’une privation pénible comme de cess
4038 use comme peut l’être une extraction dentaire, ou d’ une privation pénible comme de cesser de fumer, cela ne pose pas de pr
4039 action dentaire, ou d’une privation pénible comme de cesser de fumer, cela ne pose pas de problème, on le fait sans bargui
4040 taire, ou d’une privation pénible comme de cesser de fumer, cela ne pose pas de problème, on le fait sans barguigner, sans
4041 énible comme de cesser de fumer, cela ne pose pas de problème, on le fait sans barguigner, sans avoir à résoudre de confli
4042 cesser de fumer, cela ne pose pas de problème, on le fait sans barguigner, sans avoir à résoudre de conflits intérieurs dr
4043 on le fait sans barguigner, sans avoir à résoudre de conflits intérieurs dramatiques, on ne parle pas de « sacrifices » pl
4044 conflits intérieurs dramatiques, on ne parle pas de « sacrifices » plus ou moins « joyeusement consentis », de « tortures
4045 ifices » plus ou moins « joyeusement consentis », de « tortures morales », de « tentation surmontée », etc. Sans délai, sa
4046 joyeusement consentis », de « tortures morales », de « tentation surmontée », etc. Sans délai, sans débat, sans le moindre
4047 on surmontée », etc. Sans délai, sans débat, sans le moindre doute, on fait ce qu’a ordonné le médecin, au lieu de se déba
4048 t, sans le moindre doute, on fait ce qu’a ordonné le médecin, au lieu de se débattre interminablement avec la voix de sa c
4049 cin, au lieu de se débattre interminablement avec la voix de sa conscience, les conseils du prêtre, ou simplement l’opinio
4050 lieu de se débattre interminablement avec la voix de sa conscience, les conseils du prêtre, ou simplement l’opinion des pr
4051 e interminablement avec la voix de sa conscience, les conseils du prêtre, ou simplement l’opinion des proches. La plupart d
4052 conscience, les conseils du prêtre, ou simplement l’ opinion des proches. La plupart de ceux qui ont réfléchi à ces perspec
4053 malheur, voire une catastrophe, cette probabilité d’ une sécularisation croissante des normes de nos conduites, sociales d’
4054 bilité d’une sécularisation croissante des normes de nos conduites, sociales d’abord, individuelles finalement. Pense-t-on
4055 ividuelles finalement. Pense-t-on, peut-être, que la morale tomberait alors dans de très mauvaises mains, serait en quelqu
4056 on, peut-être, que la morale tomberait alors dans de très mauvaises mains, serait en quelque sorte livrée au « monde » ? C
4057 mble effrayer beaucoup de ces observateurs, c’est l’ idée que s’il devait en aller ainsi demain, les Églises et leurs clerg
4058 est l’idée que s’il devait en aller ainsi demain, les Églises et leurs clergés n’auraient en somme plus rien à dire aux hom
4059 x enfants quant à leur existence quotidienne dans la cité et dans la famille. Des spécialistes, revêtus de l’autorité inco
4060 à leur existence quotidienne dans la cité et dans la famille. Des spécialistes, revêtus de l’autorité incontestée de la Sc
4061 ité et dans la famille. Des spécialistes, revêtus de l’autorité incontestée de la Science, et sans doute de l’État, s’en v
4062 et dans la famille. Des spécialistes, revêtus de l’ autorité incontestée de la Science, et sans doute de l’État, s’en voya
4063 s spécialistes, revêtus de l’autorité incontestée de la Science, et sans doute de l’État, s’en voyant chargés à la satisfa
4064 pécialistes, revêtus de l’autorité incontestée de la Science, et sans doute de l’État, s’en voyant chargés à la satisfacti
4065 autorité incontestée de la Science, et sans doute de l’État, s’en voyant chargés à la satisfaction des masses (pour ne pas
4066 orité incontestée de la Science, et sans doute de l’ État, s’en voyant chargés à la satisfaction des masses (pour ne pas di
4067 e, et sans doute de l’État, s’en voyant chargés à la satisfaction des masses (pour ne pas dire : au soulagement général).
4068 s craintes pour justifiées quant aux faits, je ne les partage nullement quant à l’appréciation de ces faits. La prise en ch
4069 nt aux faits, je ne les partage nullement quant à l’ appréciation de ces faits. La prise en charge progressive par la Scien
4070 e ne les partage nullement quant à l’appréciation de ces faits. La prise en charge progressive par la Science socialisée d
4071 ge nullement quant à l’appréciation de ces faits. La prise en charge progressive par la Science socialisée de l’ensemble d
4072 de ces faits. La prise en charge progressive par la Science socialisée de l’ensemble des règles, prescriptions et conseil
4073 e en charge progressive par la Science socialisée de l’ensemble des règles, prescriptions et conseils intéressant les cond
4074 n charge progressive par la Science socialisée de l’ ensemble des règles, prescriptions et conseils intéressant les conduit
4075 des règles, prescriptions et conseils intéressant les conduites humaines et naguère désignées par le terme général de moral
4076 t les conduites humaines et naguère désignées par le terme général de morale, me paraît comporter à presque tous les égard
4077 umaines et naguère désignées par le terme général de morale, me paraît comporter à presque tous les égards, plus d’avantag
4078 ral de morale, me paraît comporter à presque tous les égards, plus d’avantages que d’inconvénients, tant pour la Société qu
4079 paraît comporter à presque tous les égards, plus d’ avantages que d’inconvénients, tant pour la Société que pour l’Église
4080 r à presque tous les égards, plus d’avantages que d’ inconvénients, tant pour la Société que pour l’Église elle-même. Au li
4081 , plus d’avantages que d’inconvénients, tant pour la Société que pour l’Église elle-même. Au lieu de livrer une longue bat
4082 ue d’inconvénients, tant pour la Société que pour l’ Église elle-même. Au lieu de livrer une longue bataille en retraite po
4083 ivrer une longue bataille en retraite pour tenter de sauver ce qui pourrait l’être de ce qu’on appelait « morale chrétienn
4084 en retraite pour tenter de sauver ce qui pourrait l’ être de ce qu’on appelait « morale chrétienne », au lieu de se crampon
4085 aite pour tenter de sauver ce qui pourrait l’être de ce qu’on appelait « morale chrétienne », au lieu de se cramponner à u
4086 se cramponner à un magistère tombé en désuétude, les Églises ne feraient-elles pas mieux d’admettre que la compétence des
4087 ésuétude, les Églises ne feraient-elles pas mieux d’ admettre que la compétence des savants et des praticiens en matière de
4088 glises ne feraient-elles pas mieux d’admettre que la compétence des savants et des praticiens en matière de psychologie, d
4089 ants et des praticiens en matière de psychologie, d’ hygiène mentale, de démographie, de mécanismes sociaux ou économiques,
4090 ens en matière de psychologie, d’hygiène mentale, de démographie, de mécanismes sociaux ou économiques, de prévention de l
4091 e psychologie, d’hygiène mentale, de démographie, de mécanismes sociaux ou économiques, de prévention de la criminalité et
4092 émographie, de mécanismes sociaux ou économiques, de prévention de la criminalité et des maladies dites « sociales », etc.
4093 mécanismes sociaux ou économiques, de prévention de la criminalité et des maladies dites « sociales », etc. — que cette c
4094 canismes sociaux ou économiques, de prévention de la criminalité et des maladies dites « sociales », etc. — que cette comp
4095  », etc. — que cette compétence dépasse largement la leur, et de plus en plus ; et que les excès que l’on peut reprocher à
4096 se largement la leur, et de plus en plus ; et que les excès que l’on peut reprocher à certaines modes scientifiques (certai
4097 a leur, et de plus en plus ; et que les excès que l’ on peut reprocher à certaines modes scientifiques (certains dogmatisme
4098 nocivité aux théories imbéciles et navrantes sur la sexualité (comme celle du trop fameux Dr Tissot) qui ont joué le rôle
4099 omme celle du trop fameux Dr Tissot) qui ont joué le rôle que l’on sait dans la prédication, la cure d’âme et la littératu
4100 u trop fameux Dr Tissot) qui ont joué le rôle que l’ on sait dans la prédication, la cure d’âme et la littérature morale de
4101 r Tissot) qui ont joué le rôle que l’on sait dans la prédication, la cure d’âme et la littérature morale des pays protesta
4102 t joué le rôle que l’on sait dans la prédication, la cure d’âme et la littérature morale des pays protestants, depuis la f
4103 e rôle que l’on sait dans la prédication, la cure d’ âme et la littérature morale des pays protestants, depuis la fin du xv
4104 e l’on sait dans la prédication, la cure d’âme et la littérature morale des pays protestants, depuis la fin du xviiie siè
4105 a littérature morale des pays protestants, depuis la fin du xviiie siècle et jusqu’à pas si longtemps que cela, en Suisse
4106 a, en Suisse romande, si j’en crois mes souvenirs de jeunesse. Si les Églises (et pas seulement celle de Rome, dans la lan
4107 ande, si j’en crois mes souvenirs de jeunesse. Si les Églises (et pas seulement celle de Rome, dans la lancée de Vatican II
4108 jeunesse. Si les Églises (et pas seulement celle de Rome, dans la lancée de Vatican II) se décident à rendre à César, c’e
4109 les Églises (et pas seulement celle de Rome, dans la lancée de Vatican II) se décident à rendre à César, c’est-à-dire au «
4110 s (et pas seulement celle de Rome, dans la lancée de Vatican II) se décident à rendre à César, c’est-à-dire au « siècle »,
4111 ent à rendre à César, c’est-à-dire au « siècle », le soin de la réglementation et de la régulation de la conduite quotidie
4112 ndre à César, c’est-à-dire au « siècle », le soin de la réglementation et de la régulation de la conduite quotidienne des
4113 e à César, c’est-à-dire au « siècle », le soin de la réglementation et de la régulation de la conduite quotidienne des mem
4114 re au « siècle », le soin de la réglementation et de la régulation de la conduite quotidienne des membres d’une société, e
4115 au « siècle », le soin de la réglementation et de la régulation de la conduite quotidienne des membres d’une société, elle
4116 le soin de la réglementation et de la régulation de la conduite quotidienne des membres d’une société, elles pourront se
4117 soin de la réglementation et de la régulation de la conduite quotidienne des membres d’une société, elles pourront se con
4118 régulation de la conduite quotidienne des membres d’ une société, elles pourront se consacrer d’autant mieux à leur mission
4119 embres d’une société, elles pourront se consacrer d’ autant mieux à leur mission proprement spirituelle, qui est à mon sens
4120 sion proprement spirituelle, qui est à mon sens : de rappeler à l’homme son but final, sa destination ultime, sa vocation.
4121 t spirituelle, qui est à mon sens : de rappeler à l’ homme son but final, sa destination ultime, sa vocation. Car les règle
4122 ut final, sa destination ultime, sa vocation. Car les règles et les moyens de la vie sociale sont séculiers, par nature et
4123 estination ultime, sa vocation. Car les règles et les moyens de la vie sociale sont séculiers, par nature et destination, e
4124 ultime, sa vocation. Car les règles et les moyens de la vie sociale sont séculiers, par nature et destination, et dans ce
4125 ime, sa vocation. Car les règles et les moyens de la vie sociale sont séculiers, par nature et destination, et dans ce sen
4126 t destination, et dans ce sens sont à César, mais la vocation de la personne est à Dieu, vient de Dieu et conduit à Lui, c
4127 n, et dans ce sens sont à César, mais la vocation de la personne est à Dieu, vient de Dieu et conduit à Lui, ce qu’aucune
4128 et dans ce sens sont à César, mais la vocation de la personne est à Dieu, vient de Dieu et conduit à Lui, ce qu’aucune mor
4129 ’aucune morale ne pourra jamais faire, même si on la baptise « chrétienne » en toute naïveté, même si on la déclare « révé
4130 ptise « chrétienne » en toute naïveté, même si on la déclare « révélée », voire « éternelle » contre toute évidence histor
4131 nantes acrobaties théologiques. Je disais tout à l’ heure que laisser le soin de la « morale » à César, c’est-à-dire aux s
4132 éologiques. Je disais tout à l’heure que laisser le soin de la « morale » à César, c’est-à-dire aux sciences séculières p
4133 es. Je disais tout à l’heure que laisser le soin de la « morale » à César, c’est-à-dire aux sciences séculières plus ou m
4134 Je disais tout à l’heure que laisser le soin de la « morale » à César, c’est-à-dire aux sciences séculières plus ou moin
4135 socialisées, me paraît avantageux à presque tous les égards. Je dois m’expliquer maintenant sur ce presque, car il est cap
4136 l est capital. Supposez, dans x années, une forme d’ existence humaine suffisamment adaptée aux fonctions sociales (dans le
4137 suffisamment adaptée aux fonctions sociales (dans les rapports avec l’État et avec le milieu), suffisamment docile aux pres
4138 ée aux fonctions sociales (dans les rapports avec l’ État et avec le milieu), suffisamment docile aux prescriptions ou régi
4139 s sociales (dans les rapports avec l’État et avec le milieu), suffisamment docile aux prescriptions ou régimes psychosomat
4140 x prescriptions ou régimes psychosomatiques (dans les rapports avec le corps) et aux indications écologiques (dans les rapp
4141 régimes psychosomatiques (dans les rapports avec le corps) et aux indications écologiques (dans les rapports avec la Natu
4142 ec le corps) et aux indications écologiques (dans les rapports avec la Nature), suffisamment ajustée, enfin, à la productiv
4143 x indications écologiques (dans les rapports avec la Nature), suffisamment ajustée, enfin, à la productivité du travail, e
4144 s avec la Nature), suffisamment ajustée, enfin, à la productivité du travail, et même, qui sait ? à la « créativité des lo
4145 la productivité du travail, et même, qui sait ? à la « créativité des loisirs » (dans les rapports avec l’économie) : on n
4146 qui sait ? à la « créativité des loisirs » (dans les rapports avec l’économie) : on ne voit pas très bien, dans ces condit
4147  créativité des loisirs » (dans les rapports avec l’ économie) : on ne voit pas très bien, dans ces conditions, où, quand e
4148 serait encore nécessaire, voire simplement utile. Le genre humain, ou tout au moins la société envisagée, serait alors mis
4149 mplement utile. Le genre humain, ou tout au moins la société envisagée, serait alors mise en état de pilotage automatique,
4150 s la société envisagée, serait alors mise en état de pilotage automatique, comme disent les aviateurs et les cybernéticien
4151 ise en état de pilotage automatique, comme disent les aviateurs et les cybernéticiens. L’ensemble purement empirique et tra
4152 lotage automatique, comme disent les aviateurs et les cybernéticiens. L’ensemble purement empirique et traditionnel, plein
4153 comme disent les aviateurs et les cybernéticiens. L’ ensemble purement empirique et traditionnel, plein de contradictions i
4154 nsemble purement empirique et traditionnel, plein de contradictions intenables, que forment les préceptes du Décalogue et
4155 , plein de contradictions intenables, que forment les préceptes du Décalogue et des sédimentations millénaires de nos coutu
4156 es du Décalogue et des sédimentations millénaires de nos coutumes serait avantageusement remplacé par un jeu complexe et p
4157 ageusement remplacé par un jeu complexe et précis d’ informations constamment vérifiées et mises à jour, toute question tro
4158 uestion trouvant sa réponse quasi instantanée par la consultation d’un ordinateur, les recours ultimes pouvant être présen
4159 sa réponse quasi instantanée par la consultation d’ un ordinateur, les recours ultimes pouvant être présentés à la « Machi
4160 instantanée par la consultation d’un ordinateur, les recours ultimes pouvant être présentés à la « Machine » avec un grand
4161 eur, les recours ultimes pouvant être présentés à la « Machine » avec un grand M que nous supposerons directrice ou correc
4162 M que nous supposerons directrice ou correctrice de tous les « cerveaux automatiques » d’une nation, ou d’un continent, o
4163 ous supposerons directrice ou correctrice de tous les « cerveaux automatiques » d’une nation, ou d’un continent, ou d’une c
4164 correctrice de tous les « cerveaux automatiques » d’ une nation, ou d’un continent, ou d’une culture. Une question et une s
4165 us les « cerveaux automatiques » d’une nation, ou d’ un continent, ou d’une culture. Une question et une seule demeure alor
4166 utomatiques » d’une nation, ou d’un continent, ou d’ une culture. Une question et une seule demeure alors sans réponse : la
4167 uestion et une seule demeure alors sans réponse : la question du sens de ma vie sur cette terre et après ma mort ; la ques
4168 demeure alors sans réponse : la question du sens de ma vie sur cette terre et après ma mort ; la question de ma relation
4169 sens de ma vie sur cette terre et après ma mort ; la question de ma relation à la transcendance. Elle demeure sans réponse
4170 ie sur cette terre et après ma mort ; la question de ma relation à la transcendance. Elle demeure sans réponse, non point
4171 e et après ma mort ; la question de ma relation à la transcendance. Elle demeure sans réponse, non point par accident, mai
4172 ponse, non point par accident, mais par nécessité de méthode. Car la grande Machine directrice la déclare sans objet, mal
4173 par accident, mais par nécessité de méthode. Car la grande Machine directrice la déclare sans objet, mal posée, fausse qu
4174 sité de méthode. Car la grande Machine directrice la déclare sans objet, mal posée, fausse question par excellence, nulle
4175 se question par excellence, nulle et vide quant à l’ information, non susceptible d’un traitement logique, et ne pouvant ab
4176 le et vide quant à l’information, non susceptible d’ un traitement logique, et ne pouvant aboutir qu’à une série infinie de
4177 que, et ne pouvant aboutir qu’à une série infinie de zéros à la sortie des circuits. Dans cette société que je suppose en
4178 pouvant aboutir qu’à une série infinie de zéros à la sortie des circuits. Dans cette société que je suppose en parfait ord
4179 ans cette société que je suppose en parfait ordre de marche, il devient à peu près impossible, parce qu’impensable dans le
4180 t à peu près impossible, parce qu’impensable dans les termes admis et inexprimable par les codes en vigueur, de justifier e
4181 ensable dans les termes admis et inexprimable par les codes en vigueur, de justifier encore la singularité, la vocation d’u
4182 s admis et inexprimable par les codes en vigueur, de justifier encore la singularité, la vocation d’une personne unique. S
4183 ble par les codes en vigueur, de justifier encore la singularité, la vocation d’une personne unique. Si les ordinateurs di
4184 s en vigueur, de justifier encore la singularité, la vocation d’une personne unique. Si les ordinateurs disent les règles
4185 , de justifier encore la singularité, la vocation d’ une personne unique. Si les ordinateurs disent les règles et les norme
4186 ingularité, la vocation d’une personne unique. Si les ordinateurs disent les règles et les normes, et si ces règles et ces
4187 d’une personne unique. Si les ordinateurs disent les règles et les normes, et si ces règles et ces normes sont toutes, par
4188 e unique. Si les ordinateurs disent les règles et les normes, et si ces règles et ces normes sont toutes, par définition, g
4189 isantes, uniformes ou uniformisantes, réductrices de l’imprévu, du non conforme, de l’original et du « libre » (alors que
4190 ntes, uniformes ou uniformisantes, réductrices de l’ imprévu, du non conforme, de l’original et du « libre » (alors que d’a
4191 antes, réductrices de l’imprévu, du non conforme, de l’original et du « libre » (alors que d’autre part ces notions d’orig
4192 es, réductrices de l’imprévu, du non conforme, de l’ original et du « libre » (alors que d’autre part ces notions d’origina
4193 du « libre » (alors que d’autre part ces notions d’ originalité de vocation, etc., ont déjà été minées par la psychologie
4194 (alors que d’autre part ces notions d’originalité de vocation, etc., ont déjà été minées par la psychologie de l’inconscie
4195 nalité de vocation, etc., ont déjà été minées par la psychologie de l’inconscient réduisant les « voix intérieures », nagu
4196 ion, etc., ont déjà été minées par la psychologie de l’inconscient réduisant les « voix intérieures », naguère tenues pour
4197 , etc., ont déjà été minées par la psychologie de l’ inconscient réduisant les « voix intérieures », naguère tenues pour « 
4198 ées par la psychologie de l’inconscient réduisant les « voix intérieures », naguère tenues pour « divines », à des structur
4199 es pour « divines », à des structures ou pulsions de l’instinct) — comment valoriser encore la personne ? Le vieux conflit
4200 pour « divines », à des structures ou pulsions de l’ instinct) — comment valoriser encore la personne ? Le vieux conflit in
4201 ulsions de l’instinct) — comment valoriser encore la personne ? Le vieux conflit individu-collectivité se trouve ici radic
4202 nstinct) — comment valoriser encore la personne ? Le vieux conflit individu-collectivité se trouve ici radicalisé à la lim
4203 individu-collectivité se trouve ici radicalisé à la limite. Mais alors le rôle de l’Église apparaît subitement précisé à
4204 se trouve ici radicalisé à la limite. Mais alors le rôle de l’Église apparaît subitement précisé à l’extrême par toute ce
4205 ve ici radicalisé à la limite. Mais alors le rôle de l’Église apparaît subitement précisé à l’extrême par toute cette néga
4206 ici radicalisé à la limite. Mais alors le rôle de l’ Église apparaît subitement précisé à l’extrême par toute cette négativ
4207 le rôle de l’Église apparaît subitement précisé à l’ extrême par toute cette négativité. Alors qu’aux origines de l’Europe
4208 par toute cette négativité. Alors qu’aux origines de l’Europe et au Moyen Âge encore, l’Église formait les mœurs, édictait
4209 toute cette négativité. Alors qu’aux origines de l’ Europe et au Moyen Âge encore, l’Église formait les mœurs, édictait le
4210 ’aux origines de l’Europe et au Moyen Âge encore, l’ Église formait les mœurs, édictait les canons de la morale, éduquait l
4211 l’Europe et au Moyen Âge encore, l’Église formait les mœurs, édictait les canons de la morale, éduquait l’homme pour les y
4212 Âge encore, l’Église formait les mœurs, édictait les canons de la morale, éduquait l’homme pour les y ajuster, tandis que
4213 , l’Église formait les mœurs, édictait les canons de la morale, éduquait l’homme pour les y ajuster, tandis que les cherch
4214 ’Église formait les mœurs, édictait les canons de la morale, éduquait l’homme pour les y ajuster, tandis que les chercheur
4215 mœurs, édictait les canons de la morale, éduquait l’ homme pour les y ajuster, tandis que les chercheurs libres, les héréti
4216 it les canons de la morale, éduquait l’homme pour les y ajuster, tandis que les chercheurs libres, les hérétiques et les ma
4217 , éduquait l’homme pour les y ajuster, tandis que les chercheurs libres, les hérétiques et les mauvaises têtes mettaient en
4218 les y ajuster, tandis que les chercheurs libres, les hérétiques et les mauvaises têtes mettaient en doute ces jugements —
4219 ndis que les chercheurs libres, les hérétiques et les mauvaises têtes mettaient en doute ces jugements — désormais la situa
4220 êtes mettaient en doute ces jugements — désormais la situation est inversée : l’Église n’est plus là pour prescrire aux ho
4221 jugements — désormais la situation est inversée : l’ Église n’est plus là pour prescrire aux hommes leur mode de vie, d’aut
4222 tre en question cet ajustement trop parfait, pour l’ exposer sans cesse à la question des fins dernières, métaphysiques et
4223 stement trop parfait, pour l’exposer sans cesse à la question des fins dernières, métaphysiques et spirituelles. Elle est
4224 siques et spirituelles. Elle est là pour défendre le droit de la personne à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est un
4225 spirituelles. Elle est là pour défendre le droit de la personne à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est une de croi
4226 irituelles. Elle est là pour défendre le droit de la personne à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est une de croire
4227 pour défendre le droit de la personne à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est une de croire que le but de l’homme tr
4228 re le droit de la personne à différer, le droit à l’ hérésie, si c’en est une de croire que le but de l’homme transcende to
4229 à différer, le droit à l’hérésie, si c’en est une de croire que le but de l’homme transcende tout conditionnement et tout
4230 droit à l’hérésie, si c’en est une de croire que le but de l’homme transcende tout conditionnement et tout asservissement
4231 à l’hérésie, si c’en est une de croire que le but de l’homme transcende tout conditionnement et tout asservissement automa
4232 ’hérésie, si c’en est une de croire que le but de l’ homme transcende tout conditionnement et tout asservissement automatiq
4233 purement sociales, fussent-elles déterminées par la plus sûre des sciences. Quant à celui qui veut devenir chrétien, devr
4234 devenir chrétien, devra-t-il s’exiler moralement de cette société trop bien ajustée, se désadapter exprès, ou saboter la
4235 op bien ajustée, se désadapter exprès, ou saboter la Machine directrice, ou simplement faire la grève de la « créativité d
4236 aboter la Machine directrice, ou simplement faire la grève de la « créativité des loisirs » ? Ces gestes et attitudes roma
4237 Machine directrice, ou simplement faire la grève de la « créativité des loisirs » ? Ces gestes et attitudes romantiques s
4238 chine directrice, ou simplement faire la grève de la « créativité des loisirs » ? Ces gestes et attitudes romantiques sera
4239 inateur qui indiquerait aussitôt comment corriger le fonctionnement aberrant de cet individu. Je le vois plutôt, ce candid
4240 sitôt comment corriger le fonctionnement aberrant de cet individu. Je le vois plutôt, ce candidat chrétien, comme celui qu
4241 er le fonctionnement aberrant de cet individu. Je le vois plutôt, ce candidat chrétien, comme celui qui, tout en accomplis
4242 e celui qui, tout en accomplissant judicieusement la Loi prescrite, ne pourra s’empêcher de se poser la Question, celle qu
4243 cieusement la Loi prescrite, ne pourra s’empêcher de se poser la Question, celle qui est réputée nulle et vide. Chrétien e
4244 a Loi prescrite, ne pourra s’empêcher de se poser la Question, celle qui est réputée nulle et vide. Chrétien en cela qu’il
4245 de. Chrétien en cela qu’il cherchera ce sens dans les voies de l’amour, qui implique l’existence des autres, plutôt que dan
4246 en en cela qu’il cherchera ce sens dans les voies de l’amour, qui implique l’existence des autres, plutôt que dans l’avent
4247 en cela qu’il cherchera ce sens dans les voies de l’ amour, qui implique l’existence des autres, plutôt que dans l’aventure
4248 a ce sens dans les voies de l’amour, qui implique l’ existence des autres, plutôt que dans l’aventure solitaire du mysticis
4249 implique l’existence des autres, plutôt que dans l’ aventure solitaire du mysticisme, ou de la connaissance au sens hindou
4250 t que dans l’aventure solitaire du mysticisme, ou de la connaissance au sens hindou. Amour et recherche du sens seront à l
4251 ue dans l’aventure solitaire du mysticisme, ou de la connaissance au sens hindou. Amour et recherche du sens seront à la f
4252 ndou. Amour et recherche du sens seront à la fois le contenu et les conditions de ce qu’il nommera sa « liberté ». Cela se
4253 recherche du sens seront à la fois le contenu et les conditions de ce qu’il nommera sa « liberté ». Cela sera vu et ressen
4254 ens seront à la fois le contenu et les conditions de ce qu’il nommera sa « liberté ». Cela sera vu et ressenti comme un re
4255 iberté ». Cela sera vu et ressenti comme un refus de la « solution définitive et universelle » proposée par la Science et
4256 rté ». Cela sera vu et ressenti comme un refus de la « solution définitive et universelle » proposée par la Science et imp
4257 solution définitive et universelle » proposée par la Science et imposée par la Machine. Cet acte d’hérésie objective, de r
4258 verselle » proposée par la Science et imposée par la Machine. Cet acte d’hérésie objective, de résistance, ne se manifeste
4259 ar la Science et imposée par la Machine. Cet acte d’ hérésie objective, de résistance, ne se manifestera pas nécessairement
4260 sée par la Machine. Cet acte d’hérésie objective, de résistance, ne se manifestera pas nécessairement sous une forme agres
4261 e forme agressive et violente. Il sera simplement le témoignage permanent (et qui pourra rester souriant d’ailleurs) d’une
4262 manent (et qui pourra rester souriant d’ailleurs) d’ une non-satisfaction dernière, d’un non-contentement essentiel. Ce ne
4263 iant d’ailleurs) d’une non-satisfaction dernière, d’ un non-contentement essentiel. Ce ne sera pas une attitude de révolté
4264 ntentement essentiel. Ce ne sera pas une attitude de révolté à gilet rouge, mais le droit qu’on demande et qu’on prend de
4265 a pas une attitude de révolté à gilet rouge, mais le droit qu’on demande et qu’on prend de poser toujours et encore une qu
4266 rouge, mais le droit qu’on demande et qu’on prend de poser toujours et encore une question au-delà de toute réponse et de
4267 de poser toujours et encore une question au-delà de toute réponse et de toute permission d’interroger. Ce droit de demand
4268 t encore une question au-delà de toute réponse et de toute permission d’interroger. Ce droit de demander que ma vie ait un
4269 n au-delà de toute réponse et de toute permission d’ interroger. Ce droit de demander que ma vie ait un sens, même si je ne
4270 nse et de toute permission d’interroger. Ce droit de demander que ma vie ait un sens, même si je ne trouve ou ne reçois ja
4271 un sens, même si je ne trouve ou ne reçois jamais de réponse certaine, cette demande, cette recherche en elle-même est mon
4272 j’invente, que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ainsi que je compren
4273 re que sous mes pas. C’est ainsi que je comprends le verset du psalmiste : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumi
4274 sume mon diagnostic, qui est aussi un pronostic : l’ Église peut-être (je n’en suis pas sûr), mais en tout cas les hommes q
4275 eut-être (je n’en suis pas sûr), mais en tout cas les hommes qui « croient », au sens chrétien du mot, vont entrer en dissi
4276 entrer en dissidence dynamique et créatrice, dans le monde trop bien moralisé que nous préparent avec tant de zèle, de com
4277 en moralisé que nous préparent avec tant de zèle, de compétence, d’astuce technique les savants, les gouvernements et les
4278 nous préparent avec tant de zèle, de compétence, d’ astuce technique les savants, les gouvernements et les nécessités touj
4279 c tant de zèle, de compétence, d’astuce technique les savants, les gouvernements et les nécessités toujours croissantes de
4280 e, de compétence, d’astuce technique les savants, les gouvernements et les nécessités toujours croissantes de la production
4281 stuce technique les savants, les gouvernements et les nécessités toujours croissantes de la production pour une humanité qu
4282 vernements et les nécessités toujours croissantes de la production pour une humanité qui double tous les quarante ans. ⁂ A
4283 nements et les nécessités toujours croissantes de la production pour une humanité qui double tous les quarante ans. ⁂ Anti
4284 e la production pour une humanité qui double tous les quarante ans. ⁂ Anticipant assez largement sur la situation que je vi
4285 es quarante ans. ⁂ Anticipant assez largement sur la situation que je viens de caractériser à grands traits, j’avais écrit
4286 tériser à grands traits, j’avais écrit dès 1945 — l’ été d’Hiroshima — un manuscrit de quelque deux-cents pages intitulé L
4287 r à grands traits, j’avais écrit dès 1945 — l’été d’ Hiroshima — un manuscrit de quelque deux-cents pages intitulé La Mora
4288 écrit dès 1945 — l’été d’Hiroshima — un manuscrit de quelque deux-cents pages intitulé La Morale du But , que je n’ai pas
4289 n manuscrit de quelque deux-cents pages intitulé La Morale du But , que je n’ai pas encore publié, fort heureusement. En
4290 sement. En effet, depuis vingt ans, je n’ai cessé d’ accumuler des notes (en vue d’ajouts indispensables), des objections t
4291 ans, je n’ai cessé d’accumuler des notes (en vue d’ ajouts indispensables), des objections très graves à mes propres thèse
4292 ons très graves à mes propres thèses, des raisons de désespérer de mon entreprise, et d’autres raisons (pour l’instant lég
4293 s à mes propres thèses, des raisons de désespérer de mon entreprise, et d’autres raisons (pour l’instant légèrement majori
4294 érer de mon entreprise, et d’autres raisons (pour l’ instant légèrement majoritaires) de penser au contraire qu’elle peut c
4295 raisons (pour l’instant légèrement majoritaires) de penser au contraire qu’elle peut contribuer à débrouiller un peu nos
4296 rouiller un peu nos problèmes éthiques, en vue de l’ avenir. Dans son état primitif, mon ouvrage s’ouvre par le bref récit
4297 . Dans son état primitif, mon ouvrage s’ouvre par le bref récit d’une modeste expérience, pour moi très importante, que j’
4298 t primitif, mon ouvrage s’ouvre par le bref récit d’ une modeste expérience, pour moi très importante, que j’ai faite au se
4299 s inédites, et que je ne compte pas modifier dans la version finale du livre. Elles sont intitulées : « De la Visée » :
4300 ersion finale du livre. Elles sont intitulées : «  De la Visée » : J’ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditio
4301 ion finale du livre. Elles sont intitulées : « De la Visée » : J’ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionne
4302 sont intitulées : « De la Visée » : J’ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fournissait au mon
4303 ays qui, traditionnellement, fournissait au monde les champions de cet art ; et comme j’étais alors une jeune recrue animée
4304 tionnellement, fournissait au monde les champions de cet art ; et comme j’étais alors une jeune recrue animée d’un extrême
4305  ; et comme j’étais alors une jeune recrue animée d’ un extrême désir d’être promu au grade de lieutenant, et d’acquérir de
4306 alors une jeune recrue animée d’un extrême désir d’ être promu au grade de lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus t
4307 e animée d’un extrême désir d’être promu au grade de lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire t
4308 ême désir d’être promu au grade de lieutenant, et d’ acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents
4309 ’être promu au grade de lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants,
4310 re promu au grade de lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je
4311 lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de tout
4312 t, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes fo
4313 r de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tire
4314 re taire les sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonn
4315 e toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et tirais aussi mal que possible. Car je me tr
4316 forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ ordonnance, et tirais aussi mal que possible. Car je me trouvais embar
4317 i mal que possible. Car je me trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il me semblait, d’un exercice
4318 je me trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ ordres assénés qu’il me semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fai
4319 e recettes et d’ordres assénés qu’il me semblait, d’ un exercice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans la découverte
4320 e semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans la découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée.
4321 rcice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans la découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce
4322 e, n’avoir fait de progrès que dans la découverte d’ une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’on me pr
4323 esse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’ on me prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec
4324 je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme
4325 is faire aux autres. Je prenais avec soin le cran d’ arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme de temps
4326 oin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’ un œil, reposant l’arme de temps à autre pour respirer et calmer ma ne
4327 , bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’ arme de temps à autre pour respirer et calmer ma nervosité, et lorsque
4328 ais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme de temps à autre pour respirer et calmer ma nervosité, et lorsque enfin
4329 vosité, et lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allai
4330 la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la
4331 âcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du gran
4332 lait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du grand concours que l’on nommai
4333 ans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du grand concours que l’on nommait « tir au galon ».
4334 ependant la date approchait du grand concours que l’ on nommait « tir au galon ». Dans chaque unité, on poussait l’entraîne
4335 « tir au galon ». Dans chaque unité, on poussait l’ entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me
4336 entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-
4337 égligeait les autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moy
4338 à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir co
4339 r de ce répit pour trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des p
4340 trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je
4341 par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je ne tarda
4342 moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je ne tardai pa
4343 ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant l’ honneur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L
4344 marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon l’ espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux
4345 quelques points, sauvant l’honneur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant
4346 ouceur froide, au moment même où je me félicitais d’ avoir encore marqué un point, loin du noir, mais enfin dans la cible.
4347 re marqué un point, loin du noir, mais enfin dans la cible. « Voulez-vous apprendre à tirer ? » Il me regarda, et voyant d
4348 lonté en détresse : « C’est très simple et toute la méthode tient en trois mots : pensez au noir. Ne pensez pas à votre m
4349 oir. Ne pensez pas à votre main, ni à ce que fait l’ index qui a pris le cran d’arrêt. Laissez-vous simplement hypnotiser p
4350 à votre main, ni à ce que fait l’index qui a pris le cran d’arrêt. Laissez-vous simplement hypnotiser par ce petit disque
4351 main, ni à ce que fait l’index qui a pris le cran d’ arrêt. Laissez-vous simplement hypnotiser par ce petit disque noir à t
4352 it disque noir à trois-cents mètres qui danse sur la ligne de mire. Quand vous serez assez concentré, sans que vous l’ayez
4353 noir à trois-cents mètres qui danse sur la ligne de mire. Quand vous serez assez concentré, sans que vous l’ayez voulu, l
4354 . Quand vous serez assez concentré, sans que vous l’ ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oublie
4355 erez assez concentré, sans que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et
4356 s que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous allez es
4357 rtira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous allez essayer. Vous avez le noir ?… Vous ne
4358 este. Et maintenant vous allez essayer. Vous avez le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien.
4359 ayer. Vous avez le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’ar
4360 z plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’arrêtait, dansait de nouveau, s’embuait.
4361 rêtait, dansait de nouveau, s’embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis
4362 ait, dansait de nouveau, s’embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que
4363 s’embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons
4364 embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de l’ aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. S
4365 essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il m
4366 ayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me p
4367 t plus large, plus proche, bien mat, et immobile… La détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douil
4368 me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinalement. Et quand je levai les yeux, un p
4369 le et rechargeai machinalement. Et quand je levai les yeux, un petit disque blanc d’où pendait un mince fanion rouge surgit
4370 Et quand je levai les yeux, un petit disque blanc d’ où pendait un mince fanion rouge surgit du bas de la cible, hésita une
4371 d’où pendait un mince fanion rouge surgit du bas de la cible, hésita une seconde, et marqua le centre du noir. Trois jour
4372 où pendait un mince fanion rouge surgit du bas de la cible, hésita une seconde, et marqua le centre du noir. Trois jours p
4373 du bas de la cible, hésita une seconde, et marqua le centre du noir. Trois jours plus tard, au scandale du sergent, je gag
4374 urs plus tard, au scandale du sergent, je gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et l’arborais
4375 je gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et l’arborais sur la manche droite de ma tunique. Qua
4376 gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’ école de tir, et l’arborais sur la manche droite de ma tunique. Quant
4377 le fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et l’arborais sur la manche droite de ma tunique. Quant aux cons
4378 alon, insigne des champions de l’école de tir, et l’ arborais sur la manche droite de ma tunique. Quant aux conséquences pl
4379 es champions de l’école de tir, et l’arborais sur la manche droite de ma tunique. Quant aux conséquences plus lointaines e
4380 ’école de tir, et l’arborais sur la manche droite de ma tunique. Quant aux conséquences plus lointaines et aux implication
4381 s, décisives à mon sens, du conseil en trois mots de ce jeune officier — « pensez au noir » —, elles ne devaient m’apparaî
4382 au but avait, en un instant, posé et vérifié pour le reste de mes jours, sous une forme ultracondensée, la juste relation
4383 ait, en un instant, posé et vérifié pour le reste de mes jours, sous une forme ultracondensée, la juste relation des moyen
4384 este de mes jours, sous une forme ultracondensée, la juste relation des moyens et des fins. Je n’en tirai d’abord que des
4385 mais dont je pressentais en toute confiance, que la vie où j’allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de
4386 confiance, que la vie où j’allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je
4387 entrer saurait les illustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement,
4388 illustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la
4389 ts domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en f
4390 les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’em
4391 gne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1.
4392 fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’ en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1. La consi
4393 nt, réservant pour la suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1. La considération minuti
4394 e soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1. La considération minutieuse des moyens, la stricte
4395 ’en formuler les fondements théoriques et le mode d’ emploi. 1. La considération minutieuse des moyens, la stricte applicat
4396 les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1. La considération minutieuse des moyens, la stricte application d’une mét
4397 mploi. 1. La considération minutieuse des moyens, la stricte application d’une méthode réglant l’ordre et l’usage de ces m
4398 ion minutieuse des moyens, la stricte application d’ une méthode réglant l’ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’un
4399 ens, la stricte application d’une méthode réglant l’ ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée,
4400 icte application d’une méthode réglant l’ordre et l’ usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissanc
4401 lication d’une méthode réglant l’ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissance aux pr
4402 méthode réglant l’ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissance aux préceptes légaux
4403 ant l’ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’ une technique éprouvée, l’obéissance aux préceptes légaux et coutumier
4404 ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’ obéissance aux préceptes légaux et coutumiers, ne suffisent pas pour a
4405 ux et coutumiers, ne suffisent pas pour atteindre le but, et peuvent être nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent
4406 atteindre le but, et peuvent être nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent l’attention, la détournent du but, ou
4407 nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent l’ attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2. L’appel du but
4408 ns la mesure exacte où ils absorbent l’attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2. L’appel du but doit nous re
4409 s absorbent l’attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2. L’appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir.
4410 ion, la détournent du but, ou le font oublier. 2. L’ appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’a
4411 joindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à nous, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La
4412 ut que d’abord la force vient à nous, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La considération envoûtante du but di
4413 s, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La considération envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre
4414 t. La considération envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune métho
4415 dération envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune méthode ou aucu
4416 ation envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’ atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune méthode ou aucun p
4417 e du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune méthode ou aucun précepte reçu. 3.
4418 reçu. 3. Toute action efficace commence donc par la fin. Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4. La fin seule ju
4419 par la fin. Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4. La fin seule justifie les moyens, dans la mesure où elle est
4420 Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4. La fin seule justifie les moyens, dans la mesure où elle est juste, et o
4421 faut considérer la fin. 4. La fin seule justifie les moyens, dans la mesure où elle est juste, et où ils sont vraiment dic
4422 la fin. 4. La fin seule justifie les moyens, dans la mesure où elle est juste, et où ils sont vraiment dictés par elle. (L
4423 juste, et où ils sont vraiment dictés par elle. ( Le fait que l’on invoque ce proverbe pour couvrir des tricheries évident
4424 ù ils sont vraiment dictés par elle. (Le fait que l’ on invoque ce proverbe pour couvrir des tricheries évidentes ne lui en
4425 rinsèque vérité.) (Plus tard, j’ai découvert que la secte bouddhiste du zen fait grand usage du Tir et de la méditation s
4426 ecte bouddhiste du zen fait grand usage du Tir et de la méditation sur cet art. Il s’agit du tir à l’arc. Le tireur zen do
4427 e bouddhiste du zen fait grand usage du Tir et de la méditation sur cet art. Il s’agit du tir à l’arc. Le tireur zen doit
4428 de la méditation sur cet art. Il s’agit du tir à l’ arc. Le tireur zen doit arriver à s’identifier au but (à la cible), à
4429 méditation sur cet art. Il s’agit du tir à l’arc. Le tireur zen doit arriver à s’identifier au but (à la cible), à avoir c
4430 tireur zen doit arriver à s’identifier au but (à la cible), à avoir ce but en soi, de telle sorte qu’il arrive un jour à
4431 ifier au but (à la cible), à avoir ce but en soi, de telle sorte qu’il arrive un jour à mettre une flèche dans le noir les
4432 rte qu’il arrive un jour à mettre une flèche dans le noir les yeux fermés, et une deuxième dans la tige même de la premièr
4433 l arrive un jour à mettre une flèche dans le noir les yeux fermés, et une deuxième dans la tige même de la première. À ce m
4434 ans le noir les yeux fermés, et une deuxième dans la tige même de la première. À ce moment, l’initiation a réussi). Partan
4435 es yeux fermés, et une deuxième dans la tige même de la première. À ce moment, l’initiation a réussi). Partant de cette ex
4436 me dans la tige même de la première. À ce moment, l’ initiation a réussi). Partant de cette expérience, et des maximes que
4437 ère. À ce moment, l’initiation a réussi). Partant de cette expérience, et des maximes que j’en déduis, je propose dans la
4438 , et des maximes que j’en déduis, je propose dans la suite du livre une distinction fondamentale à opérer dans l’analyse e
4439 livre une distinction fondamentale à opérer dans l’ analyse et l’évaluation des conduites humaines. Je pose d’un côté ce
4440 stinction fondamentale à opérer dans l’analyse et l’ évaluation des conduites humaines. Je pose d’un côté ce que j’appelle
4441 et l’évaluation des conduites humaines. Je pose d’ un côté ce que j’appelle les Règles du Jeu, l’ensemble des moyens de v
4442 tes humaines. Je pose d’un côté ce que j’appelle les Règles du Jeu, l’ensemble des moyens de vivre. Et je pose de l’autre
4443 ose d’un côté ce que j’appelle les Règles du Jeu, l’ ensemble des moyens de vivre. Et je pose de l’autre côté la Vocation,
4444 ’appelle les Règles du Jeu, l’ensemble des moyens de vivre. Et je pose de l’autre côté la Vocation, le Sérieux final, le B
4445 u Jeu, l’ensemble des moyens de vivre. Et je pose de l’autre côté la Vocation, le Sérieux final, le But ultime de notre vi
4446 e des moyens de vivre. Et je pose de l’autre côté la Vocation, le Sérieux final, le But ultime de notre vie personnelle. L
4447 de vivre. Et je pose de l’autre côté la Vocation, le Sérieux final, le But ultime de notre vie personnelle. Les Règles du
4448 se de l’autre côté la Vocation, le Sérieux final, le But ultime de notre vie personnelle. Les Règles du Jeu comprennent, d
4449 côté la Vocation, le Sérieux final, le But ultime de notre vie personnelle. Les Règles du Jeu comprennent, dans ma définit
4450 ux final, le But ultime de notre vie personnelle. Les Règles du Jeu comprennent, dans ma définition, l’ensemble des méthode
4451 es Règles du Jeu comprennent, dans ma définition, l’ ensemble des méthodes et des rites, des codes et conventions de toute
4452 s méthodes et des rites, des codes et conventions de toute espèce qu’une société se donne pour guider les conduites de ses
4453 toute espèce qu’une société se donne pour guider les conduites de ses membres. Cela va des règles du jeu d’échecs à la pro
4454 qu’une société se donne pour guider les conduites de ses membres. Cela va des règles du jeu d’échecs à la prohibition de l
4455 nduites de ses membres. Cela va des règles du jeu d’ échecs à la prohibition de l’inceste chez les tribus sauvages, des rit
4456 ses membres. Cela va des règles du jeu d’échecs à la prohibition de l’inceste chez les tribus sauvages, des rituels liturg
4457 la va des règles du jeu d’échecs à la prohibition de l’inceste chez les tribus sauvages, des rituels liturgiques aux lois
4458 va des règles du jeu d’échecs à la prohibition de l’ inceste chez les tribus sauvages, des rituels liturgiques aux lois fis
4459 u jeu d’échecs à la prohibition de l’inceste chez les tribus sauvages, des rituels liturgiques aux lois fiscales, des techn
4460 lois fiscales, des techniques destinées à assurer le bonheur dans le mariage, jusqu’au code des feux verts et rouges régla
4461 es techniques destinées à assurer le bonheur dans le mariage, jusqu’au code des feux verts et rouges réglant la circulatio
4462 e, jusqu’au code des feux verts et rouges réglant la circulation. Dans cet ensemble, on peut à première vue distinguer d’u
4463 distinguer d’une part ce qui relève expressément de l’artifice et de la convention donnée pour telle, et d’autre part ce
4464 stinguer d’une part ce qui relève expressément de l’ artifice et de la convention donnée pour telle, et d’autre part ce qui
4465 part ce qui relève expressément de l’artifice et de la convention donnée pour telle, et d’autre part ce qui répond à des
4466 rt ce qui relève expressément de l’artifice et de la convention donnée pour telle, et d’autre part ce qui répond à des néc
4467 ologiques profondes, correspondant aux archétypes de l’inconscient collectif selon Jung, notamment, et c’est pourquoi il e
4468 giques profondes, correspondant aux archétypes de l’ inconscient collectif selon Jung, notamment, et c’est pourquoi il est
4469 notamment, et c’est pourquoi il est si difficile de les modifier ; en revanche, quantité de préceptes moraux que tel peup
4470 tamment, et c’est pourquoi il est si difficile de les modifier ; en revanche, quantité de préceptes moraux que tel peuple t
4471 difficile de les modifier ; en revanche, quantité de préceptes moraux que tel peuple tient pour la traduction directe des
4472 ité de préceptes moraux que tel peuple tient pour la traduction directe des réalités fondamentales de la Nature ont pour o
4473 la traduction directe des réalités fondamentales de la Nature ont pour origine des nécessités commerciales, par exemple,
4474 traduction directe des réalités fondamentales de la Nature ont pour origine des nécessités commerciales, par exemple, et
4475 mple, et d’ailleurs varient du tout au tout selon les conditions sociales, économiques, climatériques ou religieuses, de pe
4476 iales, économiques, climatériques ou religieuses, de peuples que la Nature a fait semblables physiquement. Je me borne à m
4477 ues, climatériques ou religieuses, de peuples que la Nature a fait semblables physiquement. Je me borne à mentionner ici l
4478 lables physiquement. Je me borne à mentionner ici le principe de cette analyse, parce qu’il autorise quelques conclusions
4479 quement. Je me borne à mentionner ici le principe de cette analyse, parce qu’il autorise quelques conclusions intéressante
4480 artir de Rousseau et du romantisme, on a dit trop de mal des conventions, en ce sens qu’on en a dit seulement du mal, oubl
4481 te vie sociale, c’est-à-dire à toute vie humaine. Les règles du jeu d’échecs sont des conventions, c’est clair, mais elles
4482 est-à-dire à toute vie humaine. Les règles du jeu d’ échecs sont des conventions, c’est clair, mais elles font tout l’intér
4483 es conventions, c’est clair, mais elles font tout l’ intérêt de cette activité. En effet, déplacer un bout de bois d’un car
4484 ions, c’est clair, mais elles font tout l’intérêt de cette activité. En effet, déplacer un bout de bois d’un carré blanc s
4485 rêt de cette activité. En effet, déplacer un bout de bois d’un carré blanc sur un carré noir est le type même du geste ins
4486 ette activité. En effet, déplacer un bout de bois d’ un carré blanc sur un carré noir est le type même du geste insignifian
4487 ut de bois d’un carré blanc sur un carré noir est le type même du geste insignifiant en soi ; mais ce même petit déplaceme
4488 même petit déplacement devient un acte sur lequel les meilleurs cerveaux peuvent se concentrer avec passion pendant une heu
4489 avec passion pendant une heure, car il est chargé de sens par les règles du jeu. Quant aux feux verts et aux feux rouges,
4490 pendant une heure, car il est chargé de sens par les règles du jeu. Quant aux feux verts et aux feux rouges, ils sont conv
4491 s sont conventionnels aussi, mais sans eux, c’est l’ embouteillage. Ceux donc qui, depuis deux siècles, reprennent inlassab
4492 i, depuis deux siècles, reprennent inlassablement l’ attaque contre nos morales religieuses ou profanes sous prétexte qu’el
4493 es ou profanes sous prétexte qu’elles ne sont que de « simples conventions », se trompent doublement : car premièrement, o
4494 blement : car premièrement, on peut démontrer que les règles et préceptes de toutes les morales humaines sont conventionnel
4495 nt, on peut démontrer que les règles et préceptes de toutes les morales humaines sont conventionnels, et non pas « naturel
4496 t démontrer que les règles et préceptes de toutes les morales humaines sont conventionnels, et non pas « naturels », sont d
4497 deuxièmement, il n’y a rien de plus important que les conventions dans une culture, une civilisation, dans les relations en
4498 ventions dans une culture, une civilisation, dans les relations entre les hommes, ou même entre deux êtres, si frustes qu’i
4499 lture, une civilisation, dans les relations entre les hommes, ou même entre deux êtres, si frustes qu’ils soient. Reconnaît
4500 êtres, si frustes qu’ils soient. Reconnaître que les normes et prescriptions morales sont des conventions ne signifie donc
4501 éprisables ou vaines, bien au contraire. De plus, l’ assimilation des normes et prescriptions morales aux règles d’un jeu n
4502 on des normes et prescriptions morales aux règles d’ un jeu ne signifie nullement qu’il faille les prendre à la légère, ni
4503 ègles d’un jeu ne signifie nullement qu’il faille les prendre à la légère, ni qu’on montre beaucoup d’intelligence en trich
4504 ne signifie nullement qu’il faille les prendre à la légère, ni qu’on montre beaucoup d’intelligence en trichant avec elle
4505 les prendre à la légère, ni qu’on montre beaucoup d’ intelligence en trichant avec elles : aux échecs, par exemple, la moin
4506 en trichant avec elles : aux échecs, par exemple, la moindre tricherie détruit tout l’intérêt du jeu, puisque cet intérêt
4507 s, par exemple, la moindre tricherie détruit tout l’ intérêt du jeu, puisque cet intérêt tient aux règles et à rien d’autre
4508 u, puisque cet intérêt tient aux règles et à rien d’ autre. S’il est admis que les normes de la morale sont des règles d’un
4509 aux règles et à rien d’autre. S’il est admis que les normes de la morale sont des règles d’un jeu, toute espèce de laxisme
4510 et à rien d’autre. S’il est admis que les normes de la morale sont des règles d’un jeu, toute espèce de laxisme est exclu
4511 à rien d’autre. S’il est admis que les normes de la morale sont des règles d’un jeu, toute espèce de laxisme est exclu, t
4512 admis que les normes de la morale sont des règles d’ un jeu, toute espèce de laxisme est exclu, toute faute doit être exact
4513 la morale sont des règles d’un jeu, toute espèce de laxisme est exclu, toute faute doit être exactement pénalisée, par un
4514 aute doit être exactement pénalisée, par un recul de pions, une perte de points, une pièce soufflée, un coup franc contre
4515 ement pénalisée, par un recul de pions, une perte de points, une pièce soufflée, un coup franc contre le camp fautif (qui
4516 points, une pièce soufflée, un coup franc contre le camp fautif (qui sont diverses formes d’amende), voire par la disqual
4517 c contre le camp fautif (qui sont diverses formes d’ amende), voire par la disqualification (qui correspond au bannissement
4518 if (qui sont diverses formes d’amende), voire par la disqualification (qui correspond au bannissement, à la prison à vie o
4519 squalification (qui correspond au bannissement, à la prison à vie ou à la peine de mort). Mais si la morale est considérée
4520 orrespond au bannissement, à la prison à vie ou à la peine de mort). Mais si la morale est considérée comme un système de
4521 au bannissement, à la prison à vie ou à la peine de mort). Mais si la morale est considérée comme un système de normes co
4522 à la prison à vie ou à la peine de mort). Mais si la morale est considérée comme un système de normes conventionnelles ado
4523 Mais si la morale est considérée comme un système de normes conventionnelles adoptées par une société, et que l’on convien
4524 conventionnelles adoptées par une société, et que l’ on conviendra donc d’observer rigoureusement, comme on le fait des règ
4525 tées par une société, et que l’on conviendra donc d’ observer rigoureusement, comme on le fait des règles d’un jeu, il faut
4526 nviendra donc d’observer rigoureusement, comme on le fait des règles d’un jeu, il faut souligner aussitôt que ces conventi
4527 erver rigoureusement, comme on le fait des règles d’ un jeu, il faut souligner aussitôt que ces conventions ne sauraient êt
4528 re arbitraires. (Beaucoup de gens s’imaginent que les deux termes « convention » et « arbitraire » sont à peu près synonyme
4529 t impraticables, ni évidemment néfastes soit pour l’ intégrité de l’individu, soit pour la santé et l’équilibre d’une commu
4530 les, ni évidemment néfastes soit pour l’intégrité de l’individu, soit pour la santé et l’équilibre d’une communauté. Or en
4531 , ni évidemment néfastes soit pour l’intégrité de l’ individu, soit pour la santé et l’équilibre d’une communauté. Or en fa
4532 es soit pour l’intégrité de l’individu, soit pour la santé et l’équilibre d’une communauté. Or en fait notre société occid
4533 l’intégrité de l’individu, soit pour la santé et l’ équilibre d’une communauté. Or en fait notre société occidentale chris
4534 de l’individu, soit pour la santé et l’équilibre d’ une communauté. Or en fait notre société occidentale christianisée est
4535 iété occidentale christianisée est tout encombrée de règles contradictoires entre elles, ou impraticables, ou néfastes, et
4536 u impraticables, ou néfastes, et il est important de les soumettre à une critique systématique et scientifique. Ce qui ren
4537 mpraticables, ou néfastes, et il est important de les soumettre à une critique systématique et scientifique. Ce qui rend ce
4538 ficile et ingrate, dans la plupart des cas, c’est la confusion déplorable (de laquelle nos Églises sont largement responsa
4539 a plupart des cas, c’est la confusion déplorable ( de laquelle nos Églises sont largement responsables) qui fait que l’on a
4540 Églises sont largement responsables) qui fait que l’ on a peu à peu sacralisé au cours des âges et finalement considéré com
4541 es âges et finalement considéré comme des vérités de foi, révélées et indiscutables, des coutumes qui nous venaient d’un p
4542 et indiscutables, des coutumes qui nous venaient d’ un peu partout, aux hasards de l’histoire, et qui avaient été les conv
4543 s qui nous venaient d’un peu partout, aux hasards de l’histoire, et qui avaient été les conventions utiles d’autres sociét
4544 ui nous venaient d’un peu partout, aux hasards de l’ histoire, et qui avaient été les conventions utiles d’autres sociétés,
4545 ut, aux hasards de l’histoire, et qui avaient été les conventions utiles d’autres sociétés, notamment la cité grecque, l’Em
4546 s conventions utiles d’autres sociétés, notamment la cité grecque, l’Empire romain, la Sippe germanique, ou les interdits
4547 les d’autres sociétés, notamment la cité grecque, l’ Empire romain, la Sippe germanique, ou les interdits et devoirs sacrés
4548 étés, notamment la cité grecque, l’Empire romain, la Sippe germanique, ou les interdits et devoirs sacrés d’autres religio
4549 grecque, l’Empire romain, la Sippe germanique, ou les interdits et devoirs sacrés d’autres religions, notamment celles du P
4550 tes gnostiques, puis des Celtes, et des Germains. Le christianisme, étant la seule grande religion qui n’ait pas institué
4551 Celtes, et des Germains. Le christianisme, étant la seule grande religion qui n’ait pas institué de morale codifiée, deva
4552 t la seule grande religion qui n’ait pas institué de morale codifiée, devait fournir un terrain de choix pour cette confus
4553 tué de morale codifiée, devait fournir un terrain de choix pour cette confusion : il ne disposait que de la loi mosaïque e
4554 choix pour cette confusion : il ne disposait que de la loi mosaïque et de son sommaire, le commandement sur l’amour de Di
4555 oix pour cette confusion : il ne disposait que de la loi mosaïque et de son sommaire, le commandement sur l’amour de Dieu
4556 usion : il ne disposait que de la loi mosaïque et de son sommaire, le commandement sur l’amour de Dieu et du prochain comm
4557 posait que de la loi mosaïque et de son sommaire, le commandement sur l’amour de Dieu et du prochain comme de soi-même. Or
4558 mosaïque et de son sommaire, le commandement sur l’ amour de Dieu et du prochain comme de soi-même. Or l’amour est une att
4559 e et de son sommaire, le commandement sur l’amour de Dieu et du prochain comme de soi-même. Or l’amour est une attitude fo
4560 andement sur l’amour de Dieu et du prochain comme de soi-même. Or l’amour est une attitude fondamentale, de valeur univers
4561 mour de Dieu et du prochain comme de soi-même. Or l’ amour est une attitude fondamentale, de valeur universelle et instigat
4562 i-même. Or l’amour est une attitude fondamentale, de valeur universelle et instigatrice d’action, certes ; c’est l’inspira
4563 ndamentale, de valeur universelle et instigatrice d’ action, certes ; c’est l’inspiration morale au degré suprême ; mais ce
4564 verselle et instigatrice d’action, certes ; c’est l’ inspiration morale au degré suprême ; mais ce n’est pas un code, une l
4565  ; mais ce n’est pas un code, une loi, un recueil de règles, et c’est même ce qui devrait permettre de se passer de code,
4566 de règles, et c’est même ce qui devrait permettre de se passer de code, de lois, de règles… « Ama et fac quod vis » est sa
4567 c’est même ce qui devrait permettre de se passer de code, de lois, de règles… « Ama et fac quod vis » est sans doute le s
4568 me ce qui devrait permettre de se passer de code, de lois, de règles… « Ama et fac quod vis » est sans doute le summum de
4569 devrait permettre de se passer de code, de lois, de règles… « Ama et fac quod vis » est sans doute le summum de la morale
4570 de règles… « Ama et fac quod vis » est sans doute le summum de la morale mais c’est aussi sa négation. Quant au Décalogue,
4571 « Ama et fac quod vis » est sans doute le summum de la morale mais c’est aussi sa négation. Quant au Décalogue, c’est bie
4572 Ama et fac quod vis » est sans doute le summum de la morale mais c’est aussi sa négation. Quant au Décalogue, c’est bien u
4573 t bien un code, mais rudimentaire et lacunaire, à l’ usage de propriétaires du type patriarcal, et qui met notamment sur le
4574 n code, mais rudimentaire et lacunaire, à l’usage de propriétaires du type patriarcal, et qui met notamment sur le même pl
4575 ires du type patriarcal, et qui met notamment sur le même plan d’objets (dont il faut préserver la possession) esclaves, f
4576 patriarcal, et qui met notamment sur le même plan d’ objets (dont il faut préserver la possession) esclaves, femmes et béta
4577 sur le même plan d’objets (dont il faut préserver la possession) esclaves, femmes et bétail : on ne pouvait en tirer honnê
4578 et civique, ni une morale sexuelle, ni un système de valeurs, ni une méthode pour bien conduire la pensée et l’action dans
4579 ème de valeurs, ni une méthode pour bien conduire la pensée et l’action dans la cité. De là l’obligation de recourir à d’a
4580 s, ni une méthode pour bien conduire la pensée et l’ action dans la cité. De là l’obligation de recourir à d’autres sources
4581 ode pour bien conduire la pensée et l’action dans la cité. De là l’obligation de recourir à d’autres sources, — presque to
4582 bien conduire la pensée et l’action dans la cité. De là l’obligation de recourir à d’autres sources, — presque toutes vena
4583 onduire la pensée et l’action dans la cité. De là l’ obligation de recourir à d’autres sources, — presque toutes venant d’a
4584 nsée et l’action dans la cité. De là l’obligation de recourir à d’autres sources, — presque toutes venant d’autres religio
4585 rces, — presque toutes venant d’autres religions. De là aussi la confusion inévitable que j’ai dite, l’attribution à la « 
4586 que toutes venant d’autres religions. De là aussi la confusion inévitable que j’ai dite, l’attribution à la « volonté de D
4587 e là aussi la confusion inévitable que j’ai dite, l’ attribution à la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout
4588 nfusion inévitable que j’ai dite, l’attribution à la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la socié
4589 table que j’ai dite, l’attribution à la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la société juge indis
4590 dite, l’attribution à la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la société juge indispensable à son
4591 la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la société juge indispensable à son bien : tantôt l’escla
4592 e Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la société juge indispensable à son bien : tantôt l’esclavage et tantôt
4593 la société juge indispensable à son bien : tantôt l’ esclavage et tantôt la liberté, tantôt le droit divin des rois, tantôt
4594 ensable à son bien : tantôt l’esclavage et tantôt la liberté, tantôt le droit divin des rois, tantôt les droits civiques e
4595 : tantôt l’esclavage et tantôt la liberté, tantôt le droit divin des rois, tantôt les droits civiques et populaires, tantô
4596 a liberté, tantôt le droit divin des rois, tantôt les droits civiques et populaires, tantôt le clergé des différentes confe
4597 tantôt les droits civiques et populaires, tantôt le clergé des différentes confessions répétant devant les fidèles réunis
4598 lergé des différentes confessions répétant devant les fidèles réunis « Tu ne tueras point », tantôt le même clergé bénissan
4599 les fidèles réunis « Tu ne tueras point », tantôt le même clergé bénissant des canons et priant pour le succès de telle éq
4600 e même clergé bénissant des canons et priant pour le succès de telle équipe nationale de tueurs sur telle autre. Je ne rap
4601 rgé bénissant des canons et priant pour le succès de telle équipe nationale de tueurs sur telle autre. Je ne rappelle pas
4602 t priant pour le succès de telle équipe nationale de tueurs sur telle autre. Je ne rappelle pas ces choses par masochisme
4603 le pas ces choses par masochisme ou par une sorte de démagogie, mais il faut bien le reconnaître : ces scandales trop conn
4604 ou par une sorte de démagogie, mais il faut bien le reconnaître : ces scandales trop connus tiennent au fait que les Égli
4605  : ces scandales trop connus tiennent au fait que les Églises ont cru devoir édicter la morale de leur siècle, généralement
4606 nt au fait que les Églises ont cru devoir édicter la morale de leur siècle, généralement au nom des intérêts (traduits en
4607 que les Églises ont cru devoir édicter la morale de leur siècle, généralement au nom des intérêts (traduits en vertus) de
4608 ralement au nom des intérêts (traduits en vertus) de la société du siècle précédent, confondue par la masse des fidèles av
4609 ement au nom des intérêts (traduits en vertus) de la société du siècle précédent, confondue par la masse des fidèles avec
4610 de la société du siècle précédent, confondue par la masse des fidèles avec la tradition chrétienne. Je résume cette parti
4611 récédent, confondue par la masse des fidèles avec la tradition chrétienne. Je résume cette partie de mon argument : 1. j’e
4612 c la tradition chrétienne. Je résume cette partie de mon argument : 1. j’estime qu’il y a tout avantage à considérer les p
4613 1. j’estime qu’il y a tout avantage à considérer les préceptes et codes de la morale comme les règles du jeu d’une société
4614 tout avantage à considérer les préceptes et codes de la morale comme les règles du jeu d’une société ; 2. ceci implique —
4615 t avantage à considérer les préceptes et codes de la morale comme les règles du jeu d’une société ; 2. ceci implique — et
4616 sidérer les préceptes et codes de la morale comme les règles du jeu d’une société ; 2. ceci implique — et facilite d’ailleu
4617 tes et codes de la morale comme les règles du jeu d’ une société ; 2. ceci implique — et facilite d’ailleurs — une stricte
4618 ssance à ces règles, comme il va de soi dans tous les jeux et sports d’équipe ; 3. ceci exclut, du même mouvement, la sacra
4619 , comme il va de soi dans tous les jeux et sports d’ équipe ; 3. ceci exclut, du même mouvement, la sacralisation de ces pr
4620 rts d’équipe ; 3. ceci exclut, du même mouvement, la sacralisation de ces préceptes et recettes, et la prétention tout à f
4621 ceci exclut, du même mouvement, la sacralisation de ces préceptes et recettes, et la prétention tout à fait abusive à les
4622 la sacralisation de ces préceptes et recettes, et la prétention tout à fait abusive à les fonder dans la nature des choses
4623 recettes, et la prétention tout à fait abusive à les fonder dans la nature des choses ou la loi naturelle, à les assimiler
4624 prétention tout à fait abusive à les fonder dans la nature des choses ou la loi naturelle, à les assimiler aux « voies de
4625 abusive à les fonder dans la nature des choses ou la loi naturelle, à les assimiler aux « voies de la providence » ou à la
4626 dans la nature des choses ou la loi naturelle, à les assimiler aux « voies de la providence » ou à la « volonté de Dieu lu
4627 ou la loi naturelle, à les assimiler aux « voies de la providence » ou à la « volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j
4628 la loi naturelle, à les assimiler aux « voies de la providence » ou à la « volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j’in
4629 les assimiler aux « voies de la providence » ou à la « volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j’introduis ici une remar
4630 aux « voies de la providence » ou à la « volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j’introduis ici une remarque nouvelle,
4631 i résulte logiquement des trois premiers points : l’ observation des règles ou au contraire les infractions commises par un
4632 points : l’observation des règles ou au contraire les infractions commises par un joueur n’entraînent pas de jugement sur s
4633 fractions commises par un joueur n’entraînent pas de jugement sur sa valeur en tant que personne. Il est entendu que si l’
4634 aleur en tant que personne. Il est entendu que si l’ on fait une faute, si on touche la balle avec la main au football par
4635 entendu que si l’on fait une faute, si on touche la balle avec la main au football par exemple, on doit être pénalisé ou
4636 i l’on fait une faute, si on touche la balle avec la main au football par exemple, on doit être pénalisé ou même disqualif
4637 n doit être pénalisé ou même disqualifié, mais si l’ on suit les règles normalement, on n’est pas pour autant bon ou mauvai
4638 e pénalisé ou même disqualifié, mais si l’on suit les règles normalement, on n’est pas pour autant bon ou mauvais : simplem
4639 u mauvais : simplement on joue bien ou mal. Point de « péché » dans le monde des règles du jeu, mais seulement des erreurs
4640 ment on joue bien ou mal. Point de « péché » dans le monde des règles du jeu, mais seulement des erreurs, maladresses, fau
4641 , mais seulement des erreurs, maladresses, fautes de calcul, déficiences physiques ou psychiques, un style défectueux, ou
4642 n style défectueux, ou une mauvaise tenue (manque de fair play ou d’objectivité, coups bas, etc.). La notion de péché n’ap
4643 ux, ou une mauvaise tenue (manque de fair play ou d’ objectivité, coups bas, etc.). La notion de péché n’apparaît qu’à part
4644 de fair play ou d’objectivité, coups bas, etc.). La notion de péché n’apparaît qu’à partir du moment où se trouve posée l
4645 lay ou d’objectivité, coups bas, etc.). La notion de péché n’apparaît qu’à partir du moment où se trouve posée la question
4646 à partir du moment où se trouve posée la question de nos fins dernières. Elle est liée à la vocation. ⁂ On pourrait défini
4647 a question de nos fins dernières. Elle est liée à la vocation. ⁂ On pourrait définir une sorte de vocation générale du gen
4648 ée à la vocation. ⁂ On pourrait définir une sorte de vocation générale du genre humain, de vocation de tout homme en tant
4649 r une sorte de vocation générale du genre humain, de vocation de tout homme en tant qu’homme, et qui serait, selon l’Évang
4650 de vocation générale du genre humain, de vocation de tout homme en tant qu’homme, et qui serait, selon l’Évangile, l’appel
4651 tout homme en tant qu’homme, et qui serait, selon l’ Évangile, l’appel et la puissance de l’amour. À travers l’action dans
4652 n tant qu’homme, et qui serait, selon l’Évangile, l’ appel et la puissance de l’amour. À travers l’action dans la communaut
4653 omme, et qui serait, selon l’Évangile, l’appel et la puissance de l’amour. À travers l’action dans la communauté, c’est-à-
4654 serait, selon l’Évangile, l’appel et la puissance de l’amour. À travers l’action dans la communauté, c’est-à-dire à traver
4655 ait, selon l’Évangile, l’appel et la puissance de l’ amour. À travers l’action dans la communauté, c’est-à-dire à travers l
4656 le, l’appel et la puissance de l’amour. À travers l’ action dans la communauté, c’est-à-dire à travers le prochain, l’amour
4657 la puissance de l’amour. À travers l’action dans la communauté, c’est-à-dire à travers le prochain, l’amour au sens chrét
4658 action dans la communauté, c’est-à-dire à travers le prochain, l’amour au sens chrétien est l’orientation de tout être, et
4659 a communauté, c’est-à-dire à travers le prochain, l’ amour au sens chrétien est l’orientation de tout être, et de tout mon
4660 travers le prochain, l’amour au sens chrétien est l’ orientation de tout être, et de tout mon être vers Dieu, source et suj
4661 chain, l’amour au sens chrétien est l’orientation de tout être, et de tout mon être vers Dieu, source et sujet de tout amo
4662 sens chrétien est l’orientation de tout être, et de tout mon être vers Dieu, source et sujet de tout amour. Mais la vocat
4663 e, et de tout mon être vers Dieu, source et sujet de tout amour. Mais la vocation dont je voudrais vous parler, c’est la v
4664 re vers Dieu, source et sujet de tout amour. Mais la vocation dont je voudrais vous parler, c’est la vocation particulière
4665 s la vocation dont je voudrais vous parler, c’est la vocation particulière qui s’adresse à un individu et fait de lui une
4666 particulière qui s’adresse à un individu et fait de lui une personne distincte et unique. Obéir à ma vocation, c’est suiv
4667 ncte et unique. Obéir à ma vocation, c’est suivre le chemin qui va me conduire à la source de l’appel que j’ai cru percevo
4668 tion, c’est suivre le chemin qui va me conduire à la source de l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherche à entendre,
4669 t suivre le chemin qui va me conduire à la source de l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherche à entendre, à capter d
4670 uivre le chemin qui va me conduire à la source de l’ appel que j’ai cru percevoir, que je cherche à entendre, à capter de n
4671 re, à capter de nouveau, pour qu’il me guide dans l’ inconnu, comme ces avions qui dans la nuit suivent la route créée par
4672 e guide dans l’inconnu, comme ces avions qui dans la nuit suivent la route créée par un faisceau sonore. Mais ce chemin sa
4673 nconnu, comme ces avions qui dans la nuit suivent la route créée par un faisceau sonore. Mais ce chemin sans précédent, — 
4674 . Mais ce chemin sans précédent, — puisqu’il part de moi seul pour me conduire là où convergent tous les chemins de l’espr
4675 e moi seul pour me conduire là où convergent tous les chemins de l’esprit, — oui, tous convergent et se rejoindront en Dieu
4676 our me conduire là où convergent tous les chemins de l’esprit, — oui, tous convergent et se rejoindront en Dieu, mais il y
4677 me conduire là où convergent tous les chemins de l’ esprit, — oui, tous convergent et se rejoindront en Dieu, mais il y a
4678 y a un chemin par homme ! — comment savoir si je le découvre ou si je l’invente en le suivant ? Il n’est créé que par l’a
4679 mme ! — comment savoir si je le découvre ou si je l’ invente en le suivant ? Il n’est créé que par l’appel, et n’existe que
4680 nt savoir si je le découvre ou si je l’invente en le suivant ? Il n’est créé que par l’appel, et n’existe que si je m’y en
4681 e l’invente en le suivant ? Il n’est créé que par l’ appel, et n’existe que si je m’y engage, répondant à l’appel sans pens
4682 el, et n’existe que si je m’y engage, répondant à l’ appel sans penser à rien d’autre. Il n’est pas jalonné, comme les gran
4683 ’y engage, répondant à l’appel sans penser à rien d’ autre. Il n’est pas jalonné, comme les grandes voies publiques, de sig
4684 enser à rien d’autre. Il n’est pas jalonné, comme les grandes voies publiques, de signes bien lisibles pour n’importe qui,
4685 t pas jalonné, comme les grandes voies publiques, de signes bien lisibles pour n’importe qui, puisque personne encore n’a
4686 our n’importe qui, puisque personne encore n’a pu le suivre, puisqu’il n’existe qu’à partir de moi, et pour moi seul ! Cet
4687 r moi seul ! Cette unicité et singularité absolue de mon sentier personnel, qui le rend à peine discernable pour ma foi se
4688 singularité absolue de mon sentier personnel, qui le rend à peine discernable pour ma foi seule, va permettre à mes voisin
4689 ma foi seule, va permettre à mes voisins soucieux de mon sort de mettre en doute ou de nier son existence — sauf s’ils ont
4690 , va permettre à mes voisins soucieux de mon sort de mettre en doute ou de nier son existence — sauf s’ils ont fait, eux a
4691 oisins soucieux de mon sort de mettre en doute ou de nier son existence — sauf s’ils ont fait, eux aussi, l’expérience de
4692 r son existence — sauf s’ils ont fait, eux aussi, l’ expérience de cet appel invraisemblable — et ils vont me conseiller « 
4693 ce — sauf s’ils ont fait, eux aussi, l’expérience de cet appel invraisemblable — et ils vont me conseiller « pour mon bien
4694 le — et ils vont me conseiller « pour mon bien », de m’en tenir aux chemins communs, bien fréquentés, bien surveillés par
4695 ins communs, bien fréquentés, bien surveillés par la police, là où règne le Code de la route, qui est aussi fait pour moi,
4696 entés, bien surveillés par la police, là où règne le Code de la route, qui est aussi fait pour moi, ajouteront-ils, sévère
4697 ien surveillés par la police, là où règne le Code de la route, qui est aussi fait pour moi, ajouteront-ils, sévères. Oui,
4698 surveillés par la police, là où règne le Code de la route, qui est aussi fait pour moi, ajouteront-ils, sévères. Oui, bie
4699 n sûr, mais ces voies publiques, faites pour tout le monde et personne en particulier, elles me mèneront sans doute aussi
4700 ites pour cela. Seul pourrait me relier à mon but le sentier de ma vocation, qui est au sens littéral improbable. Les gran
4701 ela. Seul pourrait me relier à mon but le sentier de ma vocation, qui est au sens littéral improbable. Les grandes voies p
4702 ma vocation, qui est au sens littéral improbable. Les grandes voies publiques, bien que réglées par la Loi, ne me servent d
4703 Les grandes voies publiques, bien que réglées par la Loi, ne me servent de rien pour « faire mon salut » comme disait la p
4704 iques, bien que réglées par la Loi, ne me servent de rien pour « faire mon salut » comme disait la piété classique. Il me
4705 ent de rien pour « faire mon salut » comme disait la piété classique. Il me faut me risquer dans un monde spirituel qui es
4706 onde spirituel qui est peut-être une illusion, ou le néant. Il me faut affronter l’invraisemblable (dont parlait Kierkegaa
4707 e une illusion, ou le néant. Il me faut affronter l’ invraisemblable (dont parlait Kierkegaard), un risque absolument sans
4708 institué pour moi seul. Et dans tout cela je n’ai d’ autre soutien que ma croyance par éclairs, ma « foi » dans l’existence
4709 tien que ma croyance par éclairs, ma « foi » dans l’ existence de ce But qu’on ne peut voir et que personne n’a jamais vu.
4710 croyance par éclairs, ma « foi » dans l’existence de ce But qu’on ne peut voir et que personne n’a jamais vu. N’ayant d’au
4711 e personne n’a jamais vu. N’ayant d’autres moyens de répondre à son appel, de le rejoindre, que ceux que me suggère, inexp
4712 N’ayant d’autres moyens de répondre à son appel, de le rejoindre, que ceux que me suggère, inexplicablement, ma foi en lu
4713 ayant d’autres moyens de répondre à son appel, de le rejoindre, que ceux que me suggère, inexplicablement, ma foi en lui.
4714 gère, inexplicablement, ma foi en lui. C’est donc le But qui me communique les seuls moyens d’aller vers lui, dans la seul
4715 a foi en lui. C’est donc le But qui me communique les seuls moyens d’aller vers lui, dans la seule mesure où j’y crois, et
4716 st donc le But qui me communique les seuls moyens d’ aller vers lui, dans la seule mesure où j’y crois, et où j’arrive par
4717 ommunique les seuls moyens d’aller vers lui, dans la seule mesure où j’y crois, et où j’arrive par instants à oublier tout
4718 ts à oublier tout ce qui me fait douter du But et de l’appel et du chemin, quand je m’abandonne à l’élan, à l’attrait advi
4719 à oublier tout ce qui me fait douter du But et de l’ appel et du chemin, quand je m’abandonne à l’élan, à l’attrait advienn
4720 t de l’appel et du chemin, quand je m’abandonne à l’ élan, à l’attrait advienne que pourra, comme dans un saut… Dans ces mo
4721 el et du chemin, quand je m’abandonne à l’élan, à l’ attrait advienne que pourra, comme dans un saut… Dans ces moments, le
4722 que pourra, comme dans un saut… Dans ces moments, le But a dicté ses moyens. Il ne les a pas seulement justifiés, il les a
4723 ans ces moments, le But a dicté ses moyens. Il ne les a pas seulement justifiés, il les a faits et me les a donnés. Je disa
4724 s moyens. Il ne les a pas seulement justifiés, il les a faits et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de
4725 s a pas seulement justifiés, il les a faits et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa
4726 les a faits et me les a donnés. Je disais tout à l’ heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde des règles
4727 et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde des règles du jeu, mai
4728 a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde des règles du jeu, mais prend so
4729 eure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde des règles du jeu, mais prend son sens dans le monde de la voca
4730 monde des règles du jeu, mais prend son sens dans le monde de la vocation. Voici comment je crois qu’il faut l’entendre. P
4731 règles du jeu, mais prend son sens dans le monde de la vocation. Voici comment je crois qu’il faut l’entendre. Par rappor
4732 gles du jeu, mais prend son sens dans le monde de la vocation. Voici comment je crois qu’il faut l’entendre. Par rapport à
4733 de la vocation. Voici comment je crois qu’il faut l’ entendre. Par rapport à la vocation humaine et générale de l’amour (so
4734 ent je crois qu’il faut l’entendre. Par rapport à la vocation humaine et générale de l’amour (sommaire de toute la Loi), i
4735 re. Par rapport à la vocation humaine et générale de l’amour (sommaire de toute la Loi), il est clair que le péché en géné
4736 Par rapport à la vocation humaine et générale de l’ amour (sommaire de toute la Loi), il est clair que le péché en général
4737 vocation humaine et générale de l’amour (sommaire de toute la Loi), il est clair que le péché en général est de faillir à
4738 humaine et générale de l’amour (sommaire de toute la Loi), il est clair que le péché en général est de faillir à l’amour,
4739 mour (sommaire de toute la Loi), il est clair que le péché en général est de faillir à l’amour, de le blesser, ou de le dé
4740 la Loi), il est clair que le péché en général est de faillir à l’amour, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de
4741 st clair que le péché en général est de faillir à l’ amour, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à
4742 que le péché en général est de faillir à l’amour, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à un pur s
4743 le péché en général est de faillir à l’amour, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à un pur sent
4744 néral est de faillir à l’amour, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à un pur sentiment ou désir,
4745 al est de faillir à l’amour, de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à un pur sentiment ou désir, al
4746 , de le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à un pur sentiment ou désir, alors qu’il est action. Mais
4747 e le blesser, ou de le dénaturer — par exemple de le réduire à un pur sentiment ou désir, alors qu’il est action. Mais dan
4748 iment ou désir, alors qu’il est action. Mais dans le monde de la vocation, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche d
4749 désir, alors qu’il est action. Mais dans le monde de la vocation, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche de répondr
4750 ir, alors qu’il est action. Mais dans le monde de la vocation, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre à
4751 on, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’y croire s
4752 particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre à l’ appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’y croire sans preuve don
4753 e répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’y croire sans preuve dont je puisse faire état « objectivemen
4754 e à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’ y croire sans preuve dont je puisse faire état « objectivement ». Mon
4755 se faire état « objectivement ». Mon péché, c’est de me mettre par ma conduite, par ma pensée, ou par quelque attitude int
4756 quelque attitude intime, en travers du chemin que l’ Appel, dans la nuit, crée ou jalonne pour moi seul. Mon péché, c’est c
4757 de intime, en travers du chemin que l’Appel, dans la nuit, crée ou jalonne pour moi seul. Mon péché, c’est ce qui obscurci
4758 , c’est ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but, m’en fait douter quand il est invisible, bref, me détourn
4759 ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but, m’en fait douter quand il est invisible, bref, me détourne d’agi
4760 douter quand il est invisible, bref, me détourne d’ agir ma vocation. Et je découvre, à ce propos, que le mot désignant le
4761 gir ma vocation. Et je découvre, à ce propos, que le mot désignant le péché en hébreu signifie littéralement « ce qui manq
4762 Et je découvre, à ce propos, que le mot désignant le péché en hébreu signifie littéralement « ce qui manque le but » ; et
4763 en hébreu signifie littéralement « ce qui manque le but » ; et en grec : « ce qui passe au-dessus de la ligne normale »,
4764 le but » ; et en grec : « ce qui passe au-dessus de la ligne normale », ou : « ce qui tombe à côté ». Voilà qui correspon
4765 but » ; et en grec : « ce qui passe au-dessus de la ligne normale », ou : « ce qui tombe à côté ». Voilà qui correspond,
4766 mbe à côté ». Voilà qui correspond, n’est-ce pas, d’ une manière assez frappante, à mes images initiales du tireur au fusil
4767 e, à mes images initiales du tireur au fusil ou à l’ arc. ⁂ Je ne voudrais pas terminer cet exposé… téméraire, beaucoup tro
4768 qu’il prétend remuer, sans avoir indiqué au moins les principales objections que je suis le premier à formuler contre mes t
4769 é dans mon livre — mais j’aimerais indiquer aussi l’ esprit des réponses que l’on pourrait tenter d’y faire. La dichotomie
4770 aimerais indiquer aussi l’esprit des réponses que l’ on pourrait tenter d’y faire. La dichotomie proposée entre les règles
4771 si l’esprit des réponses que l’on pourrait tenter d’ y faire. La dichotomie proposée entre les règles du jeu d’une part, et
4772 des réponses que l’on pourrait tenter d’y faire. La dichotomie proposée entre les règles du jeu d’une part, et la vocatio
4773 it tenter d’y faire. La dichotomie proposée entre les règles du jeu d’une part, et la vocation d’autre part ; entre la régu
4774 e proposée entre les règles du jeu d’une part, et la vocation d’autre part ; entre la régulation scientifique et séculière
4775 u d’une part, et la vocation d’autre part ; entre la régulation scientifique et séculière des moyens d’une part, et la foi
4776 ientifique et séculière des moyens d’une part, et la foi aux fins transcendantes d’autre part, cette distinction fondament
4777 tique — il est évident qu’elle provoque une série de questions, de doutes et de reproches hélas bien faciles à prévoir. Le
4778 évident qu’elle provoque une série de questions, de doutes et de reproches hélas bien faciles à prévoir. Le psychologue m
4779 lle provoque une série de questions, de doutes et de reproches hélas bien faciles à prévoir. Le psychologue me dira (et il
4780 tes et de reproches hélas bien faciles à prévoir. Le psychologue me dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous sûr que l’app
4781 faciles à prévoir. Le psychologue me dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous sûr que l’appel que vous croyez venu du Tra
4782 dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous sûr que l’ appel que vous croyez venu du Transcendant n’est pas tout simplement l
4783 ez venu du Transcendant n’est pas tout simplement l’ expression symbolique d’une pulsion de l’inconscient ? — Eh bien non,
4784 n’est pas tout simplement l’expression symbolique d’ une pulsion de l’inconscient ? — Eh bien non, je n’en suis jamais sûr 
4785 simplement l’expression symbolique d’une pulsion de l’inconscient ? — Eh bien non, je n’en suis jamais sûr ! La foi sans
4786 mplement l’expression symbolique d’une pulsion de l’ inconscient ? — Eh bien non, je n’en suis jamais sûr ! La foi sans le
4787 scient ? — Eh bien non, je n’en suis jamais sûr ! La foi sans le doute n’est pas la foi, ont répété bien avant moi Luther
4788 h bien non, je n’en suis jamais sûr ! La foi sans le doute n’est pas la foi, ont répété bien avant moi Luther et Kierkegaa
4789 suis jamais sûr ! La foi sans le doute n’est pas la foi, ont répété bien avant moi Luther et Kierkegaard. Un théologien d
4790 ther et Kierkegaard. Un théologien dira (et je me le dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité d’établir le code m
4791 dira (et je me le dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité d’établir le code moral au « monde », c’est-à-dire auj
4792 dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité d’ établir le code moral au « monde », c’est-à-dire aujourd’hui et en fai
4793  : Si vous abandonnez la responsabilité d’établir le code moral au « monde », c’est-à-dire aujourd’hui et en fait aux sava
4794 st-à-dire aujourd’hui et en fait aux savants et à l’ État, vous risquez de laisser s’établir une société totalitaire. Et vo
4795 et en fait aux savants et à l’État, vous risquez de laisser s’établir une société totalitaire. Et vous privez le monde de
4796 s’établir une société totalitaire. Et vous privez le monde des aides de la Révélation. — À quoi je réponds que le risque e
4797 té totalitaire. Et vous privez le monde des aides de la Révélation. — À quoi je réponds que le risque est très grand, je l
4798 totalitaire. Et vous privez le monde des aides de la Révélation. — À quoi je réponds que le risque est très grand, je l’av
4799 s aides de la Révélation. — À quoi je réponds que le risque est très grand, je l’avoue, mais que les Églises qui croyaient
4800 quoi je réponds que le risque est très grand, je l’ avoue, mais que les Églises qui croyaient dur comme fer que leur missi
4801 ue le risque est très grand, je l’avoue, mais que les Églises qui croyaient dur comme fer que leur mission était de régler
4802 ui croyaient dur comme fer que leur mission était de régler la conduite morale de nos peuples n’ont pas réussi à empêcher
4803 nt dur comme fer que leur mission était de régler la conduite morale de nos peuples n’ont pas réussi à empêcher ni même à
4804 e leur mission était de régler la conduite morale de nos peuples n’ont pas réussi à empêcher ni même à retarder sérieuseme
4805 uvements totalitaires du xxe siècle. Et quand je les vois patauger dans des domaines aussi vitaux que ceux de la contracep
4806 patauger dans des domaines aussi vitaux que ceux de la contraception ou de la guerre, je me demande de quoi elles privera
4807 tauger dans des domaines aussi vitaux que ceux de la contraception ou de la guerre, je me demande de quoi elles priveraien
4808 ines aussi vitaux que ceux de la contraception ou de la guerre, je me demande de quoi elles priveraient le monde si elles
4809 s aussi vitaux que ceux de la contraception ou de la guerre, je me demande de quoi elles priveraient le monde si elles ces
4810 e la contraception ou de la guerre, je me demande de quoi elles priveraient le monde si elles cessaient de lui prodiguer d
4811 a guerre, je me demande de quoi elles priveraient le monde si elles cessaient de lui prodiguer des conseils ou des ordres
4812 uoi elles priveraient le monde si elles cessaient de lui prodiguer des conseils ou des ordres au moins aussi contradictoir
4813 moins aussi contradictoires que ceux qu’édictent les États, les Sciences, leurs branches spécialisées, et les écoles qui l
4814 i contradictoires que ceux qu’édictent les États, les Sciences, leurs branches spécialisées, et les écoles qui les divisent
4815 ts, les Sciences, leurs branches spécialisées, et les écoles qui les divisent. Un autre théologien me reprochera (et je ne
4816 s, leurs branches spécialisées, et les écoles qui les divisent. Un autre théologien me reprochera (et je ne suis pas du tou
4817 ra (et je ne suis pas du tout sûr qu’il ait tort) d’ ouvrir les portes toutes grandes au subjectivisme intégral, à l’illumi
4818 ne suis pas du tout sûr qu’il ait tort) d’ouvrir les portes toutes grandes au subjectivisme intégral, à l’illuminisme, au
4819 ortes toutes grandes au subjectivisme intégral, à l’ illuminisme, au quiétisme, et simplement à tous les malades dont la ps
4820 l’illuminisme, au quiétisme, et simplement à tous les malades dont la psychose prend la forme d’une mission qu’ils affirmen
4821 quiétisme, et simplement à tous les malades dont la psychose prend la forme d’une mission qu’ils affirment reçue de Dieu.
4822 plement à tous les malades dont la psychose prend la forme d’une mission qu’ils affirment reçue de Dieu. — À quoi je pense
4823 tous les malades dont la psychose prend la forme d’ une mission qu’ils affirment reçue de Dieu. — À quoi je pense qu’on do
4824 end la forme d’une mission qu’ils affirment reçue de Dieu. — À quoi je pense qu’on doit répondre par une vigilance redoubl
4825 on doit répondre par une vigilance redoublée dans l’ examen des marques ou des « notes » de l’authenticité d’une vocation,
4826 oublée dans l’examen des marques ou des « notes » de l’authenticité d’une vocation, selon l’expérience des Pères, des réfo
4827 lée dans l’examen des marques ou des « notes » de l’ authenticité d’une vocation, selon l’expérience des Pères, des réforma
4828 en des marques ou des « notes » de l’authenticité d’ une vocation, selon l’expérience des Pères, des réformateurs, et aussi
4829 « notes » de l’authenticité d’une vocation, selon l’ expérience des Pères, des réformateurs, et aussi des meilleurs psychol
4830 réformateurs, et aussi des meilleurs psychologues de ce temps, qui peuvent au moins déceler les fausses vocations… Mais le
4831 ologues de ce temps, qui peuvent au moins déceler les fausses vocations… Mais les risques subsistent, je ne les minimise pa
4832 vent au moins déceler les fausses vocations… Mais les risques subsistent, je ne les minimise pas : ce sont les risques de l
4833 ses vocations… Mais les risques subsistent, je ne les minimise pas : ce sont les risques de la Foi et de la confiance dans
4834 ques subsistent, je ne les minimise pas : ce sont les risques de la Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit. Je soulign
4835 ent, je ne les minimise pas : ce sont les risques de la Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement
4836 , je ne les minimise pas : ce sont les risques de la Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement qu
4837 s minimise pas : ce sont les risques de la Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement que les risq
4838 inimise pas : ce sont les risques de la Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement que les risques
4839 ont les risques de la Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement que les risques inverses, nés de
4840 e dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement que les risques inverses, nés de l’exigence exclusive de ce que l’on nomme « 
4841 souligne seulement que les risques inverses, nés de l’exigence exclusive de ce que l’on nomme « objectivité scientifique 
4842 uligne seulement que les risques inverses, nés de l’ exigence exclusive de ce que l’on nomme « objectivité scientifique »,
4843 les risques inverses, nés de l’exigence exclusive de ce que l’on nomme « objectivité scientifique », et qui évacue de la r
4844 s inverses, nés de l’exigence exclusive de ce que l’ on nomme « objectivité scientifique », et qui évacue de la réalité tou
4845 nomme « objectivité scientifique », et qui évacue de la réalité tout ce qui ne peut être enregistré par la mémoire d’une m
4846 me « objectivité scientifique », et qui évacue de la réalité tout ce qui ne peut être enregistré par la mémoire d’une mach
4847 a réalité tout ce qui ne peut être enregistré par la mémoire d’une machine électronique, que cet objectivisme-là est au mo
4848 out ce qui ne peut être enregistré par la mémoire d’ une machine électronique, que cet objectivisme-là est au moins aussi o
4849 t objectivisme-là est au moins aussi onéreux pour l’ équilibre humain que l’anarchie spiritualiste. Toute vie spirituelle a
4850 u moins aussi onéreux pour l’équilibre humain que l’ anarchie spiritualiste. Toute vie spirituelle authentique ne s’est-ell
4851 uthentique ne s’est-elle pas toujours jouée entre les deux extrêmes du désert et du déluge, du doute aride et de l’émotivit
4852 xtrêmes du désert et du déluge, du doute aride et de l’émotivité prompte aux larmes, du positivisme et de l’illuminisme ?
4853 êmes du désert et du déluge, du doute aride et de l’ émotivité prompte aux larmes, du positivisme et de l’illuminisme ? Un
4854 l’émotivité prompte aux larmes, du positivisme et de l’illuminisme ? Un troisième théologien, prenant acte de ce que je ne
4855 motivité prompte aux larmes, du positivisme et de l’ illuminisme ? Un troisième théologien, prenant acte de ce que je ne cr
4856 luminisme ? Un troisième théologien, prenant acte de ce que je ne crois pas du tout à une morale révélée, ni directement n
4857 e révélée, ni directement ni au travers des tours de passe-passe théologiques, regrettera peut-être au secret de son cœur,
4858 asse théologiques, regrettera peut-être au secret de son cœur, l’époque où l’on pouvait brûler des gens comme moi. Je lui
4859 ques, regrettera peut-être au secret de son cœur, l’ époque où l’on pouvait brûler des gens comme moi. Je lui dirai : faite
4860 tera peut-être au secret de son cœur, l’époque où l’ on pouvait brûler des gens comme moi. Je lui dirai : faites attention
4861 gens comme moi. Je lui dirai : faites attention à l’ Écriture, qui est, selon vos meilleurs docteurs, le critère externe de
4862 ’Écriture, qui est, selon vos meilleurs docteurs, le critère externe de la Révélation ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord
4863 selon vos meilleurs docteurs, le critère externe de la Révélation ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu
4864 lon vos meilleurs docteurs, le critère externe de la Révélation ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, e
4865 a Révélation ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par-dessus. » Or cherche
4866 n ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par-dessus. » Or chercher le Royaum
4867 ceci : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par-dessus. » Or chercher le Royaume, c’est che
4868 e reste vous sera donné par-dessus. » Or chercher le Royaume, c’est chercher à saisir et à comprendre le message ou l’appe
4869 Royaume, c’est chercher à saisir et à comprendre le message ou l’appel qui nous en vient. Ce n’est pas appliquer une règl
4870 t chercher à saisir et à comprendre le message ou l’ appel qui nous en vient. Ce n’est pas appliquer une règle connue, la m
4871 n vient. Ce n’est pas appliquer une règle connue, la même pour tous, en tous les temps, et révélée une fois pour toutes. L
4872 quer une règle connue, la même pour tous, en tous les temps, et révélée une fois pour toutes. L’Évangile ne dit pas : « Voi
4873 tous les temps, et révélée une fois pour toutes. L’ Évangile ne dit pas : « Voici le code, obéissez. » Il dit : « Cherchez
4874 fois pour toutes. L’Évangile ne dit pas : « Voici le code, obéissez. » Il dit : « Cherchez, et osez croire l’invraisemblab
4875 , obéissez. » Il dit : « Cherchez, et osez croire l’ invraisemblable. Et c’est ainsi que vous trouverez aussi, chemin faisa
4876 ai moi. » Au sociologue, alors, qui me reprochera de verser dans un individualisme anarchisant, je répondrai qu’il a bien
4877 narchisant, je répondrai qu’il a bien mal compris la définition de la personne : l’homme chargé par la vocation même qui l
4878 répondrai qu’il a bien mal compris la définition de la personne : l’homme chargé par la vocation même qui le distingue de
4879 pondrai qu’il a bien mal compris la définition de la personne : l’homme chargé par la vocation même qui le distingue de la
4880 a bien mal compris la définition de la personne : l’ homme chargé par la vocation même qui le distingue de la communauté, d
4881 la définition de la personne : l’homme chargé par la vocation même qui le distingue de la communauté, d’une action qui le
4882 ersonne : l’homme chargé par la vocation même qui le distingue de la communauté, d’une action qui le relie à cette communa
4883 omme chargé par la vocation même qui le distingue de la communauté, d’une action qui le relie à cette communauté et qui l’
4884 e chargé par la vocation même qui le distingue de la communauté, d’une action qui le relie à cette communauté et qui l’ins
4885 vocation même qui le distingue de la communauté, d’ une action qui le relie à cette communauté et qui l’insère dans ses ré
4886 i le distingue de la communauté, d’une action qui le relie à cette communauté et qui l’insère dans ses réalités concrètes.
4887 une action qui le relie à cette communauté et qui l’ insère dans ses réalités concrètes. Aux démocrates ombrageux qui m’ac
4888 tes. Aux démocrates ombrageux qui m’accuseraient de proposer une éthique à l’usage exclusif d’une petite élite spirituell
4889 geux qui m’accuseraient de proposer une éthique à l’ usage exclusif d’une petite élite spirituelle, d’un groupe d’élus, je
4890 raient de proposer une éthique à l’usage exclusif d’ une petite élite spirituelle, d’un groupe d’élus, je rappellerais les
4891 l’usage exclusif d’une petite élite spirituelle, d’ un groupe d’élus, je rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de l
4892 lusif d’une petite élite spirituelle, d’un groupe d’ élus, je rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de la Terre et s
4893 spirituelle, d’un groupe d’élus, je rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur. Mais j’ajoutera
4894 , d’un groupe d’élus, je rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur. Mais j’ajouterais, paraphr
4895 d’élus, je rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur. Mais j’ajouterais, paraphrasant Teilhar
4896 , je rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur. Mais j’ajouterais, paraphrasant Teilhard de Ch
4897 e rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur. Mais j’ajouterais, paraphrasant Teilhard de Chard
4898 e Chardin : chaque homme n’est pas appelé à faire de grandes choses, c’est vrai, mais, par sa solidarité avec une grandeur
4899 ai, mais, par sa solidarité avec une grandeur qui le dépasse, à faire grandement la moindre des choses, ce qu’il doit fair
4900 c une grandeur qui le dépasse, à faire grandement la moindre des choses, ce qu’il doit faire lui seul. (Et d’abord, à se f
4901 ? Comment déceler ma vocation, puisque selon vous le But d’où elle m’est adressée reste invisible, inouï, incalculable, et
4902 nt déceler ma vocation, puisque selon vous le But d’ où elle m’est adressée reste invisible, inouï, incalculable, et c’est
4903 devrait nous guider… » — je voudrais dire ici que la prière est le seul moyen que l’Évangile propose pour accorder au Tran
4904 uider… » — je voudrais dire ici que la prière est le seul moyen que l’Évangile propose pour accorder au Transcendant notre
4905 rais dire ici que la prière est le seul moyen que l’ Évangile propose pour accorder au Transcendant notre être intime, notr
4906 , ici encore, dicté et créé par sa fin. Car c’est l’ Esprit qui nous meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de la priè
4907 sa fin. Car c’est l’Esprit qui nous meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de la prière en nous répondent seuls à la r
4908 nous meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de la prière en nous répondent seuls à la réalité de l’indicible ; or to
4909 us meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de la prière en nous répondent seuls à la réalité de l’indicible ; or toute
4910 rimables » de la prière en nous répondent seuls à la réalité de l’indicible ; or toute vocation est d’abord indicible, par
4911 de la prière en nous répondent seuls à la réalité de l’indicible ; or toute vocation est d’abord indicible, parce qu’elle
4912 la prière en nous répondent seuls à la réalité de l’ indicible ; or toute vocation est d’abord indicible, parce qu’elle n’a
4913 indicible, parce qu’elle n’a pas et ne peut avoir de précédent, parce qu’il n’y a pas deux hommes pareils, donc pas deux c
4914 mes pareils, donc pas deux chemins pareils allant d’ un homme à Dieu. Mais je pressens que les objections les plus gênantes
4915 ls allant d’un homme à Dieu. Mais je pressens que les objections les plus gênantes qu’on pourra me faire seront celles que
4916 homme à Dieu. Mais je pressens que les objections les plus gênantes qu’on pourra me faire seront celles que je n’ai pas pré
4917 e faire seront celles que je n’ai pas prévues… Je les attends de votre part et vous en dis d’avance ma gratitude. Ma recher
4918 nt celles que je n’ai pas prévues… Je les attends de votre part et vous en dis d’avance ma gratitude. Ma recherche est enc
4919 vues… Je les attends de votre part et vous en dis d’ avance ma gratitude. Ma recherche est encore bien loin des conclusions
4920 être, mais dont je doute qu’aucun chrétien puisse les donner. Les « païens » et l’Antiquité vivaient dans la certitude éthi
4921 ont je doute qu’aucun chrétien puisse les donner. Les « païens » et l’Antiquité vivaient dans la certitude éthique — règles
4922 cun chrétien puisse les donner. Les « païens » et l’ Antiquité vivaient dans la certitude éthique — règles et rites invaria
4923 nner. Les « païens » et l’Antiquité vivaient dans la certitude éthique — règles et rites invariables, jamais mis en questi
4924 les et rites invariables, jamais mis en question. Les scientifiques, demain, vivront eux aussi dans la certitude quant à la
4925 Les scientifiques, demain, vivront eux aussi dans la certitude quant à la conduite humaine — statistiques, médications, ré
4926 main, vivront eux aussi dans la certitude quant à la conduite humaine — statistiques, médications, régimes sociaux ou psyc
4927 es et impératives. Quant aux laïques et au clergé de l’Église chrétienne, je pense que leur rôle spécifique et leur vocati
4928 et impératives. Quant aux laïques et au clergé de l’ Église chrétienne, je pense que leur rôle spécifique et leur vocation
4929 isteront plutôt à poser des questions qu’à tenter d’ imposer des réponses ; à poser avant tout, en temps et hors de temps,
4930  ; à poser avant tout, en temps et hors de temps, la Question, celle du Sens, celle du But. C’est tout ce que, pour ma par
4931 us faire entendre ce matin. p. Rougemont Denis de , « Pour une morale de la vocation », Les Cahiers protestants, Lausann
4932 atin. p. Rougemont Denis de, « Pour une morale de la vocation », Les Cahiers protestants, Lausanne, 1968, p. 5-29. q.
4933 n. p. Rougemont Denis de, « Pour une morale de la vocation », Les Cahiers protestants, Lausanne, 1968, p. 5-29. q. Une
4934 ont Denis de, « Pour une morale de la vocation », Les Cahiers protestants, Lausanne, 1968, p. 5-29. q. Une note de la réda
4935 rotestants, Lausanne, 1968, p. 5-29. q. Une note de la rédaction précise : « Ce texte est celui d’une conférence, prononc
4936 estants, Lausanne, 1968, p. 5-29. q. Une note de la rédaction précise : « Ce texte est celui d’une conférence, prononcée
4937 te de la rédaction précise : « Ce texte est celui d’ une conférence, prononcée à Neuchâtel en septembre 1966, devant la Soc
4938 , prononcée à Neuchâtel en septembre 1966, devant la Société pastorale suisse, qui nous a obligeamment autorisés à la publ
4939 orale suisse, qui nous a obligeamment autorisés à la publier. »