1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 n’est pas seulement une menace. Il est aussi, et c’est beaucoup plus grave, une tentation. Il flatte au cœur de notre angois
2 Et ce sont là les vraies raisons de sa puissance. C’est sur ce terrain-là — non sur des champs de bataille hypothétiques — qu
3 fois. Comment ces crimes ont-ils pu se produire ? C’est que la police protégeait les fascistes contre les moindres réactions
4 cations marxistes ». Si le fascisme s’est imposé, c’est donc d’abord grâce à la protection de la police. Mais cela supposait
5 nds bourgeois, banquiers et dirigeants de trusts. C’est donc à une complicité quasi universelle que le fascisme a dû de s’emp
6 là une vue partiale et partisane de l’histoire : c’est la version très officielle des historiens fascistes eux-mêmes. Une se
7 en. Or qu’est-ce qu’un homme décidé à tenir bon ? C’est un homme qui a conscience de ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’hom
8 enfin une réponse, à l’appel religieux du peuple. C’est parce que les fascistes avaient une mystique, tandis que les autres n
9 pas, d’autres s’en chargeront, l’appel existe, et c’est le premier qui saura lui répondre qui vaincra. Soyons donc les premie
10 plus vraie aussi, et plus réellement totale. Mais c’est là une question religieuse, nous l’avons vu, et seule une religion pl
11 ple de la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autre part, il se trouve que sa tradition politique e
12 on politique est la plus proche du personnalisme. C’est donc à propos de la Suisse que je pourrai le mieux faire saisir la po
13 armons-nous ! » L’instinct ancestral de l’homme, c’est de parer à la violence par une violence du même ordre. Cette solution
14 fort de l’esprit, aucune espèce d’imagination. Et c’est aussi pourquoi elle est de beaucoup la plus fréquente et la plus popu
15 ire. La conséquence qui en découle immédiatement, c’est qu’il faut nous armer jusqu’aux dents. Mais sommes-nous sûrs que le r
16 rre ? La vraie raison de la course aux armements, c’est l’incapacité où se trouvent les États, capitalistes ou soviétique d’a
17 oposer qu’on donne la peste à toute la nation. Or c’est à peu près cela qu’on nous propose : faire vivre le peuple avec ce qu
18 vivre le peuple avec ce qui doit le faire mourir. C’est la politique de Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette à l’ea
19 n 75 est plus puissant qu’un revolver, disait-il, c’est entendu. Mais donnez-moi un revolver, vous m’armez ! Donnez-moi un 75
20 Donnez-moi un 75, vous me laissez sans défense : c’est trop lourd pour moi. » Exemple à retenir, pour un petit pays comme le
21 e la guerre moderne est devenue la guerre totale. C’est dire qu’il n’y a plus de distinction entre civils et militaires, selo
22 de la défense armée, et tout subordonner à cela, c’est introduire chez nous le cheval de Troie. La guerre totale en effet su
23 se l’unification totalitaire d’un pays. Ou sinon, c’est qu’elle est très mal préparée. Or ce processus est radicalement contr
24 t cédé à la menace militaire, d’ailleurs réelle ; c’est surtout, c’est essentiellement parce qu’il doutait de sa valeur propr
25 ace militaire, d’ailleurs réelle ; c’est surtout, c’est essentiellement parce qu’il doutait de sa valeur propre et autonome,
26 rise totalitaire sur le plan de la lutte directe, c’est d’inventer des formes de défense non militaires, donc non totalitaire
27 serait de les trouver. La force des totalitaires c’est d’entraîner les démocrates sur un terrain où ils se renient eux-mêmes
28 s de roche ; je veux dire que la force du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et de le déconcerter par ce refus. Je lis
29 e, mais au contraire une forme de lutte nouvelle. C’est à cette sorte de jiu-jitsu moral que nous devrions nous exercer. Si l
30 chrétien. Refuser le jeu de l’agresseur violent, c’est le premier devoir du chrétien. Déconcerter le mal en lui opposant le
31 tien. Déconcerter le mal en lui opposant le bien, c’est toute la tactique des apôtres. Et pour qu’on n’aille pas penser que j
32 igion totalitaire triomphe aujourd’hui en Europe, c’est que nous avons laissé les peuples sans commune mesure spirituelle. No
33 ’où sont issus les trois mouvements totalitaires, c’est la réponse vraiment totale de notre foi. La foi chrétienne, pour les
34 La foi chrétienne, pour les mystiques idolâtres, c’est un adversaire plus sérieux que les canons et que les railleries. C’es
35 lus sérieux que les canons et que les railleries. C’est le seul adversaire irréductible, — et pourtant charitable. Car nous n
36 ire la vérité totale, qui n’appartient qu’à Dieu. C’est dans la mesure où nous ordonnerons nos vies à cette vérité-là, à elle
37 du soldat, ou de l’ouvrier, ou de l’aryen blond. C’est par cette seule mesure que nous pourrons devenir des personnes libres
38 iracles. Je ne me lasserai jamais de le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là où l’homme veut être total, l’État ne sera
39 ans le fascisme le « rempart de l’ordre établi ». C’est bien touchant. Voici ce que dit à leur sujet la revue fasciste Gerarc
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
40 igure quasi mythique, édifiante, et un peu pâlie. C’est avant tout un souvenir scolaire. Nous n’avons guère retenu de son his
41 que la canonisation se fasse attendre). Mais là, c’est l’autre aspect de la vie du « Frère Claus » qui est exalté : on parle
42 époser sa charge et à se retirer dans sa famille. C’est le deuxième temps de cette espèce de retraite concentrique — vers lui
43 , sinon par la rigueur inusitée de sa conscience. C’est un citoyen de bon sens et de bon conseil, un solide paysan, les deux
44 ’en va communier dans un des villages voisins, et c’est là toute sa nourriture. Car n’est-il pas écrit, comme il le répétera
45 d’abord à lui lorsqu’il faut négocier un traité. C’est ainsi que le solitaire conseille aux Suisses de se montrer prudents d
46 es cantons n’ont pas suffi pour rétablir l’union. C’est alors que se placent les événements dont nous parlaient nos manuels.
47 r ce qu’attestent les documents les plus formels, c’est qu’à l’aube, le curé redescendu à Stans parvint à réunir les députés,
48 ue de Nicolas le préserva des excès de la secte — c’est ainsi qu’il ne rompit jamais avec l’Église, tout en gardant ses dista
49 , Robert Dürrer, historien du canton d’Unterwald. C’est une véritable somme critique de tout ce que la tradition nous a livré
50 n louer assez la science, et surtout l’honnêteté. C’est sans aucun doute à cette dernière qualité que nous devons de pouvoir
51 réformé, sur la demande de Zwingli et de Vadian. C’est encore un ami de Vadian, Hermann Miles (ou Ritter) de Saint-Gall, qui
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
52 tant, je l’avoue, et aujourd’hui plus que jamais. C’est malgré tout un procédé de propagande de guerre. Un fameux général aut
53 les menacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rô
54 ur la combattre sérieusement, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître.
55 isant de n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse général
56 ntal de notre société et aussi de notre culture : c’est une absence totale de vue d’ensemble. Ce qui nous manque absolument,
57 de vue d’ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand principe d’unité entre notre pensée et nos actions. Cette ab
58 est le dogme fondamental de la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’est une croyance spontanée et universelle. Et ses
59 de la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’est une croyance spontanée et universelle. Et ses effets sont si nombreux
60 aitement naturel de cesser d’acheter des livres : c’est la première économie que l’on fera. De même qu’en temps de restrictio
61 us un pain quotidien. Quand on dit de quelqu’un : c’est un intellectuel ! cela signifie : c’est un monsieur très compliqué qu
62 elqu’un : c’est un intellectuel ! cela signifie : c’est un monsieur très compliqué qui ne vaut rien pour conduire la cité, po
63 s vu le danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi de la culture ; c’est c
64 allons découvrir le grand ennemi de la culture ; c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. E
65 de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains e
66 secundo : le Progrès automatique arrangera tout. C’est lui qui, désormais, va remplacer la bienveillante Providence. La reli
67 siècle : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christianisme dans
68 ssante. Quand la culture ne domine plus l’action, c’est l’action qui domine la culture, mais une action qui ne sait plus où e
69 ppelle ici la commune mesure d’une civilisation : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les activités d’une société do
70 ul principe pour mesurer la valeur de nos actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent, c’est la misère. Et quand
71 c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent, c’est la misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’est l’État-pro
72 misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’est l’État-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’
73 qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des principes qui ne valent rien dans le
74 ent. Le fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui à une extraordinaire décade
75 ement, sont exactement définis. Ce qui est grave, c’est qu’à ces vingt-neuf sens, nous en avons ajouté d’autres sur lesquels
76 monde veut défendre l’esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humai
77 t le Saint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’espri
78 atteignent chaque jour des millions d’hommes, et c’est tout un domaine du langage que l’écrivain ne contrôle pas, ne forme p
79 n homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communaut
80 sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre d’une grande puissance, le camar
81 voir, dit Humpty Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est le plus fort qui définit
82 … et c’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est le plus fort qui définit le sens des mots et qui l’impose à son capri
83 es chefs, obscurément, dans les trop grands pays. C’est une angoisse informulée, mais dont les signes sont partout. L’appe
84 vers une commune mesure restaurée et vivante. Et c’est à cet appel qu’ont répondu les chefs des grands mouvements collectivi
85 t concrète. « Tout est en désordre ? ont-ils dit. C’est bien simple. Nous allons proclamer que l’intérêt de l’État dont nous
86 e tyrannie pour tous ceux qui débordent le cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment humains. L’appel des peuple
87 éfinition même. Leur point de départ est faux, et c’est pourquoi leurs efforts, même les plus sincères, aboutissent au malheu
88 ellectuels — et j’ajouterai : leur seul pouvoir — c’est donc de rechercher l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’ho
89 ’abord sur des relations charnelles et concrètes. C’est pourquoi l’individualisme qui les néglige est une doctrine antisocial
90 ce que j’appellerai un sentiment de vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse, d’où naît le besoin d’un coude à coude
91 aintes qui le rassurent. Appel à une communauté : c’est le secret de toute révolution. Alors, d’un coup de balancier, nous no
92 un groupe, être un homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal de l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie
93 déal de l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce problème a été résolu, cet idéal réalisé, au ier
94 l devient collectiviste. L’homme complet et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre d’être soi-même vis-à-vis de l’ense
95 cice d’une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout rebâtir. Cependant, nous avons mo
96 ut tout rebâtir. Cependant, nous avons montré que c’est justement cet homme-là qui a le plus de peine à subsister ou à se for
97 aie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’esprit que sortira la possibilité de repens
98 cation particulière. Si j’insiste sur cet axiome, c’est qu’il est particulièrement libérateur pour la pensée et la culture en
99 ons violentes qui jouent la comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple. Or nous savons
100 normale et souple. Or nous savons maintenant que c’est possible, que c’est encore et de nouveau possible. Notre culture libé
101 Or nous savons maintenant que c’est possible, que c’est encore et de nouveau possible. Notre culture libérée de la superstiti
102 ont renoncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est là le secret du triomphe des grands mouvements collectivistes. Si le
103 sme, par exemple, a fasciné les masses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de la mission sociale qu’avaient trahie tout
104 demeurer en arrière. Presque tout reste à faire, c’est certain. Mais l’important, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur
105 t reste à faire, c’est certain. Mais l’important, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle de direction dans tous les
106 isme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est dans cette volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne,
107 faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c’est tout le problème à résoudre. La solution fédéraliste Par quelle
108 de dépasser cette mauvaise position du problème, c’est de prévoir pour la cité et la culture une structure fédéraliste. Le f
109 suppose des petits groupes et non des masses, et c’est seulement au sein d’un groupe qu’une vocation peut s’exercer. D’autre
110 de la diversité des personnes et des vocations, —  c’est aujourd’hui le seul moyen de préparer une paix solide. Car, après tou
111 r, après tout, qu’est-ce que la guerre actuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’es
112 e du gigantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d’uniformisation
113 formisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est justement l’esprit fédéraliste, avec sa devise paradoxale : Un pour t
114 nte des systèmes centralisateurs et gigantesques. C’est la guerre la plus antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nou
115 la guerre la plus antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la plus belle prom
116 t à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est cela que nous avons à défendre : la réalité fédéraliste en politique
117 e ce travail de Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter la mission dont nous sommes responsables, depuis des si
118 e épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion
119 de grâce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne hum
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
120 même de l’héritage européen, nous répondions : «  C’est trop affreux pour être vrai. » Nous nous prétendions « réalistes ». N
121 ermettrait pas cela ! Nous oublions que « cela », c’est nous aussi, et que Dieu malgré tout nous aime. Si nous avions su croi
122 té, ce n’est pas comme jadis la superstition, […] c’est la préoccupation, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’en do
123 payés et nous payons selon notre justice à nous. C’est aujourd’hui qu’on en mesure l’aune. Ces vérités élémentaires sont dur
124 re d’envisager les causes du désastre. Envisager, c’est regarder en plein visage. Notre salut, le seul et le dernier possible
125 aux Hollandais, en novembre de l’an dernier — et c’est fini —, dont je parlais aux Suisses en janvier de cette année, et cel
126 ttend la victoire comme la permission de revivre, c’est une épreuve encore, on ose à peine le dire, une épreuve dérisoire, bo
127 rentier. Nous sommes neutres en vue de l’avenir. C’est là notre mission spéciale, notre responsabilité devant l’Europe. Et c
128 prononça cette parole : Nubicula est, transibit — c’est un petit nuage, il passera. Ce n’était pas de l’optimisme. Athanase p
129 ce d’éternité qui permettait à Athanase de dire : c’est un petit nuage, il passera ? La grandeur de cette heure sévère, c’est
130 , il passera ? La grandeur de cette heure sévère, c’est que par la force des choses, par la brutalité démesurée des choses, n
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
131 lamenter ou de se décourager, bien au contraire. C’est une grande occasion de travailler. Voyons d’abord la situation de not
132 pour une nouvelle Réformation communautaire. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : fonder à nouveau la cité, pour qu’elle ré
133 Mais je voudrais que cette question reste posée. C’est lorsque tout paraît désespéré qu’on voit ce qui était vraiment solide
134 nchement : ici ou là, nous sommes encore faibles. C’est ici et c’est là, qu’il faut porter l’effort. Aujourd’hui ou jamais, n
135 i ou là, nous sommes encore faibles. C’est ici et c’est là, qu’il faut porter l’effort. Aujourd’hui ou jamais, notre Église a
136 Église visible, de nos diverses Églises suisses, c’est qu’elles ont cessé d’être ou n’ont jamais été de véritables communaut
137 t suffisant que l’Église doit rendre à la Suisse, c’est de rester ou de devenir une vraie Église, une Église de Dieu et non p
138 ice que l’État suisse doit en retour, à l’Église, c’est de la laisser être une vraie Église de Dieu et non pas une Église de
139 pour que l’Église devienne une vraie communauté, c’est que l’Église soit indépendante de l’État, je veux dire par là : const
140 blème est urgent ! II La seconde condition, c’est que nos Églises redeviennent missionnaires à l’intérieur du pays, dan
141 reuses familles d’ouvriers en font encore partie, c’est un fait que le ton des sermons, le maintien des auditeurs et l’atmosp
142 énéral y sont bien plus bourgeois que populaires. C’est sans doute l’une des raisons de la désaffection de la classe ouvrière
143 concerne que nos pasteurs. Je n’en suis pas sûr. C’est une question d’atmosphère spirituelle, de disposition des esprits. C’
144 mosphère spirituelle, de disposition des esprits. C’est aussi notre affaire à nous laïques. Nous n’aimons pas à être dérangés
145 donc davantage d’être vraiment ouvertes à tous ! C’est une question de foi et de maintien, de tact humain, de charité. C’est
146 e foi et de maintien, de tact humain, de charité. C’est aussi, et c’est avant tout, une question de zèle missionnaire, d’amou
147 tien, de tact humain, de charité. C’est aussi, et c’est avant tout, une question de zèle missionnaire, d’amour des âmes. Si n
148 encore sur ce sujet est peut-être un peu délicat. C’est une requête que je présente comme laïque à nos pasteurs, avec l’espoi
149 eauté perpétuelle d’un message purement biblique. C’est le premier point. Mais cela étant acquis, pourquoi l’Église se priver
150 l’Église reste ou devienne une vraie communauté, c’est que l’Église ne parle pas le langage d’un seul groupe social, ou d’un
151 du culte, au problème de la liturgie protestante. C’est un laïque qui parle ici, je le répète. Ce n’est pas un docteur de l’É
152 urgique d’un texte réside dans son invariabilité. C’est grâce à cette invariabilité que le fidèle peut vraiment suivre le tex
153 découvrir chaque fois leur sens toujours nouveau. C’est grâce à cette invariabilité, enfin, que la liturgie crée dans l’audit
154 s arrêter par ces détails. Ce qui est plus grave, c’est que le sermon, s’il n’est pas exceptionnellement bon, risque bien de
155 Europe, l’Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous, paraîtront successivement au cours des prochains fascicules. »
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
156 nt expliqué à lui-même et au monde que la Suisse. C’est qu’il en a besoin plus que nul autre. Sa devise est un paradoxe qu’il
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
157 s de position. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la paix chez soi et tant pis pour les voisins. Ce qu’on veut, c’est f
158 soi et tant pis pour les voisins. Ce qu’on veut, c’est faire du commerce avec tout le monde, sans se compromettre avec perso
159 . La seule question réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais
160 nion. « Les vrais intérêts de l’Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne entière, qu’elle mette en
161 ion : les cris ne sont pas des armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’Europe qui soit matériellemen
162 t est, paradoxal mais évident, que ce petit coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera d’exister, il
163 ns l’abstrait. Ce qu’il faut savoir tout d’abord, c’est pour quelle raison grande et forte, c’est en somme au profit de quoi
164 ’abord, c’est pour quelle raison grande et forte, c’est en somme au profit de quoi la Suisse devrait éventuellement renoncer
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
165 re que je n’ai considéré que l’intérêt européen : c’est sa « grave erreur liminaire ». J’ai naturellement insisté sur « l’int
166 ur de la Suisse dans la construction de l’Europe. C’est sur ce point qu’il eût été intéressant d’entendre l’historien respect
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
167 ythmes de la consommation ou de la productivité — c’est cela qui fonctionne aujourd’hui, de mieux en mieux, qui persuade, qui
168 nt démodés. Ce qui est sérieux, ce qui intéresse, c’est le mode d’emploi de notre univers actuel et le rendement des procédés
169 qui semble effrayer beaucoup de ces observateurs, c’est l’idée que s’il devait en aller ainsi demain, les Églises et leurs cl
170 ans le noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ainsi que je comprends le verset du psalmiste : « Ta parole est une l
171 dans mes yeux une bonne volonté en détresse : «  C’est très simple et toute la méthode tient en trois mots : pensez au noir.
172 appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à nous, déclenchant le mouvement in
173 l’inconscient collectif selon Jung, notamment, et c’est pourquoi il est si difficile de les modifier ; en revanche, quantité
174 Les règles du jeu d’échecs sont des conventions, c’est clair, mais elles font tout l’intérêt de cette activité. En effet, dé
175 es, ils sont conventionnels aussi, mais sans eux, c’est l’embouteillage. Ceux donc qui, depuis deux siècles, reprennent inlas
176 si difficile et ingrate, dans la plupart des cas, c’est la confusion déplorable (de laquelle nos Églises sont largement respo
177 ur universelle et instigatrice d’action, certes ; c’est l’inspiration morale au degré suprême ; mais ce n’est pas un code, un
178 st pas un code, une loi, un recueil de règles, et c’est même ce qui devrait permettre de se passer de code, de lois, de règle
179 vis » est sans doute le summum de la morale mais c’est aussi sa négation. Quant au Décalogue, c’est bien un code, mais rudim
180 mais c’est aussi sa négation. Quant au Décalogue, c’est bien un code, mais rudimentaire et lacunaire, à l’usage de propriétai
181 r. Mais la vocation dont je voudrais vous parler, c’est la vocation particulière qui s’adresse à un individu et fait de lui u
182 ersonne distincte et unique. Obéir à ma vocation, c’est suivre le chemin qui va me conduire à la source de l’appel que j’ai c
183 ute aussi loin qu’on voudra et en toute sécurité, c’est bien utile et agréable, — mais jamais où je dois aller, qui est absol
184 que me suggère, inexplicablement, ma foi en lui. C’est donc le But qui me communique les seuls moyens d’aller vers lui, dans
185 s le monde de la vocation, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est l
186 êche de répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’y croire sans preuve dont je puisse faire état « objective
187 e puisse faire état « objectivement ». Mon péché, c’est de me mettre par ma conduite, par ma pensée, ou par quelque attitude
188 a nuit, crée ou jalonne pour moi seul. Mon péché, c’est ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but, m’en fait do
189 sera donné par-dessus. » Or chercher le Royaume, c’est chercher à saisir et à comprendre le message ou l’appel qui nous en v
190 « Cherchez, et osez croire l’invraisemblable. Et c’est ainsi que vous trouverez aussi, chemin faisant, votre vrai moi. » Au
191 homme n’est pas appelé à faire de grandes choses, c’est vrai, mais, par sa solidarité avec une grandeur qui le dépasse, à fai
192 adressée reste invisible, inouï, incalculable, et c’est lui cependant qui devrait nous guider… » — je voudrais dire ici que l
193 t notre être intime, notre pensée, notre vouloir. C’est un moyen, ici encore, dicté et créé par sa fin. Car c’est l’Esprit qu
194 moyen, ici encore, dicté et créé par sa fin. Car c’est l’Esprit qui nous meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de la p
195 temps, la Question, celle du Sens, celle du But. C’est tout ce que, pour ma part et selon mes moyens, j’aurais voulu vous fa