1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 béraux qui dirigeaient cette police. Pour ne rien dire , naturellement, des grands bailleurs de fonds bourgeois, banquiers et
2 é faite que de lâchetés accumulées, et de calculs dits « réalistes » d’une bourgeoisie qui s’en repent peut-être aujourd’hui
3 pante : « Un 75 est plus puissant qu’un revolver, disait -il, c’est entendu. Mais donnez-moi un revolver, vous m’armez ! Donnez
4 uerre moderne est devenue la guerre totale. C’est dire qu’il n’y a plus de distinction entre civils et militaires, selon la
5 ivils et militaires, selon la doctrine officielle dite de la nation armée. Mussolini l’a très bien dit : « La discipline mil
6 dite de la nation armée. Mussolini l’a très bien dit  : « La discipline militaire implique la discipline politique ». Qu’es
7 evoir de rester neutres, ce n’est pas comme on le dit trop souvent en vertu de nos intérêts matériels, certes légitimes à n
8 responsables devant l’Europe. ⁂ Et alors, va-t-on dire , vous êtes contre l’armée ? Je serais contre elle si je croyais que d
9 ense non militaires, donc non totalitaires. Je ne dis pas que je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver
10 itaires. Je ne dis pas que je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La force des totalitaires c’est d
11 ts considérables. Il faut chercher. Et je ne vous dis pas cela seulement comme personnaliste, adversaire du stalinisme et d
12 aire du stalinisme et du fascisme ; je ne vous le dis pas seulement comme Suisse, convaincu de la mission fédéraliste de so
13 e la mission fédéraliste de son pays ; je vous le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’agresseur violent, c’est le
14 mais aussi bien à la carence des chrétiens. Ceci dit , il nous faut agir. Or agir, ce n’est pas haïr. Je ne veux, sous aucu
15 ’il appelle l’abbé Bazin. « Cet abbé mourut, nous dit -il, persuadé que tous les savants peuvent se tromper et reconnaissant
16 oncle en fut affligé, et pour mourir en paix, il dit à l’archevêque d’Astracan : « Allez, ne vous attristez pas. Ne voyez-
17 onneur de cette génération anxieuse. Et pour tout dire , je ne suis pas sans espoir. Les faux dieux ne font pas de miracles.
18 ordre établi ». C’est bien touchant. Voici ce que dit à leur sujet la revue fasciste Gerarchia, dirigée par le propre neveu
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
19 t le régime des pensions. — Vous autres réformés, dit en substance le texte, vous en appelez toujours à cet ermite dont la
20 appuyé contre ses lèvres comme pour l’empêcher de dire la Parole. Mais à partir de 1536, les catholiques à leur tour utilise
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
21 ropagande de guerre. Un fameux général autrichien disait un jour : Tout ce qui n’est pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rie
22 société, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes de l’action, aux capitaines de l’industrie ou de l
23 dise. Elle n’est plus un pain quotidien. Quand on dit de quelqu’un : c’est un intellectuel ! cela signifie : c’est un monsi
24 iduel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons  : les intellectuels auraient dû faire à ce moment-là un formidable ef
25 rs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit  : notre pensée, à partir d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont
26 artir d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit  : la dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action
27 son désintéressement scientifique. Ils n’ont pas dit  : nous ne voulons plus rien faire d’utile, mais ils ont dit : on ne p
28 ne voulons plus rien faire d’utile, mais ils ont dit  : on ne peut plus rien faire, car l’histoire et l’économie sont régie
29 te Providence. La religion est l’opium du peuple, disait Marx. Je lui réponds que sa croyance au Progrès est l’opium de la cul
30 r lesquels se trahit la démission de l’esprit, je dirais  : goût des automatismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et de l
31 la liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce que l’on pense. Et quand ces trois pays se feront la
32 ent dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire  : l’une des causes principales de la mésentente des peuples réside da
33 paroles en plus grand nombre que jamais, et ne se disent rien qui compte. Or quand la parole se détruit, quand elle n’est plus
34 ci trois répliques : « Quand je me sers d’un mot, dit Humpty Dumpty d’un ton méprisant, il signifie exactement ce que je ve
35 e… ni plus ni moins. — La question est de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes mots signifient des choses
36 choses différentes ? — La question est de savoir, dit Humpty Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout. » Nous en sommes
37 mots et qui l’impose à son caprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive à une pareille décadence des lieux communs, l
38 nte et concrète. « Tout est en désordre ? ont-ils dit . C’est bien simple. Nous allons proclamer que l’intérêt de l’État don
39 ur tous ceux qui débordent le cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment humains. L’appel des peuples reste insa
40 c’est l’idéal de l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce problème a été résolu, cet idéal réalis
41 ochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien, je dis que les maux dont nous souffrons sont avant tout des maladies de la p
42 r : la culture et les groupes Je voudrais vous dire , maintenant, les raisons que j’ai d’espérer, après avoir tant critiqu
43 phénomènes que l’on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lois scientifiques ne sont en fait que d
44 rit humain. Or si la science elle-même vient nous dire que même dans l’ordre matériel, il n’est plus permis de concevoir une
45 gulatrice sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire à l’essor du capitalisme et aux transformations sociales qu’il provoq
46 ré moi, à des conclusions politiques — oserais-je dire patriotiques ? — ou plutôt à des conclusions qui par la plus extraord
47 eut-être mieux !) Ce n’est pas non plus, comme le disait fort bien Karl Barth, pour protéger nos « lacs d’azur » et nos « glac
48 s une bataille. Entre l’esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte sera toujours ouverte,
49 la question du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis -tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient, et la n
50 ela, un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud, l’a dit d’un seul trait prophétique : « Le combat spirituel est aussi brutal
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
51 s réfléchis, maîtres d’eux-mêmes et objectifs. Je dirai plus : ce qu’il nous faut, ce sont des pessimistes actifs. Des hommes
52 rapport à nos sécurités. Cette inconscience j’en dirai la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire
53 Elles sont même grossières, et gênantes. Certains diront encore qu’elles sont inopportunes, à l’heure où nous cherchons des ra
54 d’avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaî
55 ivre, c’est une épreuve encore, on ose à peine le dire , une épreuve dérisoire, bonne pour des spectateurs… Pourtant, si nous
56 a toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’elle dit  : « Le ciel et la terre passeront, mais ma Parole ne passera point. »
57 assurance d’éternité qui permettait à Athanase de dire  : c’est un petit nuage, il passera ? La grandeur de cette heure sévèr
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
58 pas une conférence bien bâtie, je tiens à vous le dire tout de suite, mais une simple introduction, un plan de travail, une
59 le grondement lointain des canons du Gothard nous dirait d’espérer. Maintenant, je poserai cette question : dans la situation
60 ctons avec soin nos défenses, ayons le courage de dire franchement : ici ou là, nous sommes encore faibles. C’est ici et c’e
61 t puisqu’elle est le Corps même du Seigneur. Ceci dit , et notre faiblesse une fois reconnue et confessée, ne perdons pas de
62 du prochain. Mais je tiens à redire ici ce que je disais cet hiver à Tavannes : Nous ne devons pas être chrétiens parce que n
63 voir la toucher par des paroles directes. Vous me direz peut-être que cette question ne concerne que nos pasteurs. Je n’en su
64 impression. C’était dans un sermon, et le pasteur disait  : « Laissons parler la Bible seule, car nous, nous ne sommes pas conv
65 de la Bible. « Nous ne sommes pas convaincants », disait le pasteur que je viens de citer. Nous ne sommes pas convaincants, aj
66 rd’hui. Toutes ces choses peuvent et doivent être dites du haut de la chaire, à condition, je le répète et j’y insiste, qu’il
67 t-être de fortes objections contre ce que je vais dire . Je suis prêt à les écouter avec déférence. Mais je cherchais depuis
68 lité que le fidèle peut vraiment suivre le texte, dire en lui-même ses paroles, redécouvrir chaque fois leur sens toujours n
69 érentes confessions chrétiennes. Je voudrais vous dire maintenant pour quelles raisons je pense que nos Églises suisses devr
70 la liturgie est plus spécifiquement chrétien. Je dirais même qu’il est d’ordre sermonnaire. Je m’explique. Imaginez une perso
71 d’abord, probablement, dépaysée, comme je vous le disais tout à l’heure, par le ton du pasteur et le maintien un peu compassé
72 n’a pas un sens des formes très raffiné. Je vous dirai même une chose assez désobligeante, et qui vous surprendra peut-être 
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
73 des intérêts locaux contre le centre. Ceux qui se disent , chez nous, « fédéralistes » ne sont souvent, je le crains, que des n
74 fédéralisme se résume à combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne qui pourra ! Cette confusion verbale, symbolique d
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
75 nos libertés, et vraiment, ce n’est pas beaucoup dire . Il serait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essaie de comprendr
76 positif. On sait en effet que le traité de Vienne dit en tous termes que « la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse […
77 mmun. Nous sommes tous dans le même sac, si j’ose dire . La seule question réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si l
78 on moral, et pour assurer sa défense. Or, peut-on dire que l’attitude plus que réservée de la Suisse contribue sérieusement
79 ribue sérieusement à promouvoir l’union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant de se risquer à Strasbourg, contribue à re
80 a défense du continent, on ne saurait vraiment en dire autant de notre attitude méfiante et presque négative à l’égard de l’
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
81 intérêt des principaux États de l’Europe » ? J’ai dit seulement que si la Suisse un jour décidait de renoncer à sa neutrali
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
82 comme l’inverse de celle du xixe siècle. Alors, dit -on, c’était la théologie qui faisait question, la morale était éviden
83 ement définies. Mais la morale ! Ce serait peu de dire qu’elle est en crise : on ne sait même plus très bien ce qu’elle est,
84 s jeunes gens en colère. De cette morale que l’on disait chrétienne et qui se confondait, du moins par ses tabous, avec la mor
85 occidentale deviennent universelles, pour ne pas dire totalitaires, et marquent des succès sans cesse croissants. Nos scien
86 réceptes et coutumes de la morale traditionnelle, dite « chrétienne », et sont déjà en bon train d’y parvenir dans plusieurs
87 et leurs clergés n’auraient en somme plus rien à dire aux hommes, aux femmes et aux enfants quant à leur existence quotidie
88 chargés à la satisfaction des masses (pour ne pas dire  : au soulagement général). Oserai-je vous avouer que si je tiens ces
89 , de prévention de la criminalité et des maladies dites « sociales », etc. — que cette compétence dépasse largement la leur,
90 des plus étonnantes acrobaties théologiques. Je disais tout à l’heure que laisser le soin de la « morale » à César, c’est-à-
91 alors mise en état de pilotage automatique, comme disent les aviateurs et les cybernéticiens. L’ensemble purement empirique et
92 ocation d’une personne unique. Si les ordinateurs disent les règles et les normes, et si ces règles et ces normes sont toutes,
93 ait un tout jeune lieutenant. « Vous tirez mal », dit -il avec une douceur froide, au moment même où je me félicitais d’avoi
94 ujet. À partir de Rousseau et du romantisme, on a dit trop de mal des conventions, en ce sens qu’on en a dit seulement du m
95 rop de mal des conventions, en ce sens qu’on en a dit seulement du mal, oubliant qu’elles sont réellement indispensables à
96 ons. De là aussi la confusion inévitable que j’ai dite , l’attribution à la « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de
97 me servent de rien pour « faire mon salut » comme disait la piété classique. Il me faut me risquer dans un monde spirituel qui
98 justifiés, il les a faits et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde
99 s hélas bien faciles à prévoir. Le psychologue me dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous sûr que l’appel que vous croyez v
100 ciles à prévoir. Le psychologue me dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous sûr que l’appel que vous croyez venu du Transce
101 en avant moi Luther et Kierkegaard. Un théologien dira (et je me le dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité d’étab
102 r et Kierkegaard. Un théologien dira (et je me le dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité d’établir le code moral
103 où l’on pouvait brûler des gens comme moi. Je lui dirai  : faites attention à l’Écriture, qui est, selon vos meilleurs docteur
104 teurs, le critère externe de la Révélation ; elle dit ceci : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, et le reste vous sera d
105 s, et révélée une fois pour toutes. L’Évangile ne dit pas : « Voici le code, obéissez. » Il dit : « Cherchez, et osez croir
106 gile ne dit pas : « Voici le code, obéissez. » Il dit  : « Cherchez, et osez croire l’invraisemblable. Et c’est ainsi que vo
107 prévues… Je les attends de votre part et vous en dis d’avance ma gratitude. Ma recherche est encore bien loin des conclusi