1
vénements l’auront fait voir aux plus naïfs. Mais
il
n’est pas seulement une menace. Il est aussi, et c’est beaucoup plus
2
us naïfs. Mais il n’est pas seulement une menace.
Il
est aussi, et c’est beaucoup plus grave, une tentation. Il flatte au
3
ssi, et c’est beaucoup plus grave, une tentation.
Il
flatte au cœur de notre angoisse morale et matérielle le désir lâche
4
sponsables de la cité et de l’État. D’autre part,
il
nous tente par la promesse d’une communauté restaurée, d’un coude-à-c
5
r des champs de bataille hypothétiques — que nous
devons
organiser nos résistances. ⁂ Le totalitarisme a triomphé surtout pour
6
a triomphé surtout pour deux raisons, me semble-t-
il
: D’abord il a utilisé le défaut de civisme qui résultait de la destr
7
rtout pour deux raisons, me semble-t-il : D’abord
il
a utilisé le défaut de civisme qui résultait de la destruction de tou
8
faut total d’éducation, comme en Russie). Ensuite
il
a donné une réponse à l’exigence religieuse des peuples, déçue par le
9
qu’une très petite minorité. Comment s’imposèrent-
ils
? Par la terreur. Ils arrivaient dans un village, par petits groupes
10
orité. Comment s’imposèrent-ils ? Par la terreur.
Ils
arrivaient dans un village, par petits groupes montés sur des camions
11
la, des centaines de fois. Comment ces crimes ont-
ils
pu se produire ? C’est que la police protégeait les fascistes contre
12
ne complicité quasi universelle que le fascisme a
dû
de s’emparer de l’État. Un peu de civisme l’eût arrêté. Sa force n’a
13
cistes eux-mêmes. Une seule fois, nous apprennent-
ils
, la police s’opposa aux bandes armées des chemises noires. Ce fut à S
14
avaient débarqué à la gare de cette petite ville.
Ils
s’y heurtèrent à 8 gendarmes et 3 soldats, qui pour une fois s’avisèr
15
fit à son sujet le chef fasciste de l’expédition.
Il
écrit en effet à la Centrale du Parti : « L’expédition de Sarzana n’e
16
xpédition de Sarzana n’est qu’un épisode normal :
il
devait survenir dès que le fascisme aurait trouvé des gens devant lui
17
dition de Sarzana n’est qu’un épisode normal : il
devait
survenir dès que le fascisme aurait trouvé des gens devant lui, dispo
18
ort que dans la mesure où le civisme est faible ;
il
est fort des lâchetés individuelles, répercutées dans le pouvoir étab
19
répercutées dans le pouvoir établi ; et demain, s’
il
triomphe chez nous, sa puissance ne sera que la somme exacte de nos l
20
le. Les fascistes ont été arrêtés à Sarzana, mais
ils
l’ont emporté partout ailleurs, parce qu’ils représentaient une espér
21
mais ils l’ont emporté partout ailleurs, parce qu’
ils
représentaient une espérance. Je rejoins ici ma seconde thèse : le to
22
onde thèse : le totalitarisme a triomphé parce qu’
il
fut le premier à donner une réponse très grossière, mais enfin une ré
23
duisons maintenant nos principes de conduite : 1°
Il
nous faut restaurer l’esprit de résistance civique. Et cela suppose q
24
e nos raisons de vivre dans la communauté, et des
devoirs
qu’impliquent nos libertés actuelles. Je le répète : la puissance du
25
s individuelles, c’est-à-dire de nos égoïsmes. 2°
Il
nous faut refaire une commune mesure vivante. Si nous ne la faisons p
26
double titre : c’est ma patrie, et d’autre part,
il
se trouve que sa tradition politique est la plus proche du personnali
27
re. Cette solution est la plus naturelle parce qu’
elle
n’est en somme qu’un réflexe. Elle ne suppose aucun effort de l’espri
28
relle parce qu’elle n’est en somme qu’un réflexe.
Elle
ne suppose aucun effort de l’esprit, aucune espèce d’imagination. Et
29
une espèce d’imagination. Et c’est aussi pourquoi
elle
est de beaucoup la plus fréquente et la plus populaire. J’ai à cœur c
30
onséquence qui en découle immédiatement, c’est qu’
il
faut nous armer jusqu’aux dents. Mais sommes-nous sûrs que le réarmem
31
aux nations pacifiques ? Sommes-nous même sûrs qu’
il
soit un avantage certain pour les nations qui glorifient la guerre ?
32
nous propose : faire vivre le peuple avec ce qui
doit
le faire mourir. C’est la politique de Gribouille : pour éviter la pl
33
au niveau du voisin, à perdre la mesure de ce qu’
il
peut dépenser sans s’affaiblir. Les armements deviennent trop lourds
34
. Les armements deviennent trop lourds pour lui :
ils
le gêneront bientôt plus qu’ils ne le protégeront. Un officier frança
35
lourds pour lui : ils le gêneront bientôt plus qu’
ils
ne le protégeront. Un officier français résumait l’autre jour ce proc
36
« Un 75 est plus puissant qu’un revolver, disait-
il
, c’est entendu. Mais donnez-moi un revolver, vous m’armez ! Donnez-mo
37
olue au mieux de nos possibilités de vie normale.
Il
s’agira maintenant d’utiliser les armes. Nul n’ignore que la guerre m
38
derne est devenue la guerre totale. C’est dire qu’
il
n’y a plus de distinction entre civils et militaires, selon la doctri
39
our faire bloc contre le fascisme, sur le plan où
il
veut nous mettre, les démocraties seront contraintes d’adopter peu à
40
révolution religieuse que représente le fascisme,
elles
auront moins de dynamisme. Ainsi, sous prétexte de vivre, elles perdr
41
oins de dynamisme. Ainsi, sous prétexte de vivre,
elles
perdront leurs raisons de vivre. Voici donc le dilemme que nous pose
42
pas à faire bloc à la manière fasciste, et alors
elle
est battue dans la « guerre totale » ; ou bien la démocratie réussit
43
nous puissions commettre en tant que Suisses, car
elle
menace l’existence même de notre État. Réagir à la menace totalitaire
44
ication totalitaire d’un pays. Ou sinon, c’est qu’
elle
est très mal préparée. Or ce processus est radicalement contraire à l
45
équivaut pratiquement à faire du nationalisme. Et
il
est aisé de voir que le nationalisme, en Suisse, signifierait bientôt
46
e ! Si ce pays a succombé, ce n’est point tant qu’
il
ait cédé à la menace militaire, d’ailleurs réelle ; c’est surtout, c’
47
e ; c’est surtout, c’est essentiellement parce qu’
il
doutait de sa valeur propre et autonome, parce qu’il doutait de sa vo
48
doutait de sa valeur propre et autonome, parce qu’
il
doutait de sa vocation, de sa raison d’être comme État ; parce qu’il
49
cation, de sa raison d’être comme État ; parce qu’
il
était miné par une intime tentation de suicide totalitaire. Leçon cap
50
lus à sa valeur spirituelle, ou ne prouve plus qu’
il
y croit, puisqu’il se met à copier le voisin, un tel État ne peut pas
51
rituelle, ou ne prouve plus qu’il y croit, puisqu’
il
se met à copier le voisin, un tel État ne peut pas compter sur l’aide
52
e où nous sommes pour l’Europe quelque chose dont
elle
a besoin ; cette chose unique, irremplaçable : un État qui n’est pas
53
tre force véritable. Si nous avons le droit et le
devoir
de rester neutres, ce n’est pas comme on le dit trop souvent en vertu
54
dire, vous êtes contre l’armée ? Je serais contre
elle
si je croyais que dès maintenant nous sommes assez forts moralement d
55
ous passer d’une armée. Ce n’est pas le cas. Mais
il
n’en reste pas moins que notre tâche est de tout mettre en œuvre pour
56
’est d’entraîner les démocrates sur un terrain où
ils
se renient eux-mêmes. Il est donc vital pour nous de refuser ce défi,
57
rates sur un terrain où ils se renient eux-mêmes.
Il
est donc vital pour nous de refuser ce défi, de déjouer ce calcul, et
58
ns pas le jeu. Imitons les paysans du Morgarten :
ils
n’avaient pas d’armures ni de lances : ils trichèrent donc au jeu où
59
rten : ils n’avaient pas d’armures ni de lances :
ils
trichèrent donc au jeu où l’adversaire devait gagner, et se défendire
60
nces : ils trichèrent donc au jeu où l’adversaire
devait
gagner, et se défendirent avec leurs moyens propres : des quartiers d
61
roche. Je ne veux pas dire, évidemment, que nous
devions
nous défendre aujourd’hui encore avec des quartiers de roche ; je veu
62
manque d’opposition physique dans le jiu-jitsu :
elle
fait perdre son équilibre à l’assaillant. Elle lui fait perdre le sou
63
: elle fait perdre son équilibre à l’assaillant.
Elle
lui fait perdre le soutien que lui donnerait l’opposition violente à
64
ue lui donnerait l’opposition violente à laquelle
il
s’attend. Il se trouve comme précipité dans un nouveau monde de valeu
65
ait l’opposition violente à laquelle il s’attend.
Il
se trouve comme précipité dans un nouveau monde de valeurs, où il ne
66
me précipité dans un nouveau monde de valeurs, où
il
ne sait comment agir, et il y perd son assurance. Représentons-nous c
67
monde de valeurs, où il ne sait comment agir, et
il
y perd son assurance. Représentons-nous cela : deux hommes se battent
68
Représentons-nous cela : deux hommes se battent.
Ils
sont apparemment en divergence absolue ; en réalité, ils se battent s
69
t apparemment en divergence absolue ; en réalité,
ils
se battent sur la base d’un accord fondamental : la croyance à la val
70
cet accord fondamental et prouve par ses actes qu’
il
abandonne la méthode de lutte ancestrale, il n’est pas étonnant que l
71
s qu’il abandonne la méthode de lutte ancestrale,
il
n’est pas étonnant que l’autre soit déconcerté, parce que ses instinc
72
nimaux ne lui dictent plus de conduite immédiate.
Il
vacille devant l’inconnu… Pour ma part, je ne suis pas adversaire de
73
nce en soi, mais bien de cette forme mécanique qu’
elle
revêt dans la guerre moderne. Aussi bien, la page que je viens de cit
74
bien, la page que je viens de citer ne propose-t-
elle
pas la non-résistance, mais au contraire une forme de lutte nouvelle.
75
. C’est à cette sorte de jiu-jitsu moral que nous
devrions
nous exercer. Si l’on y déployait le quart de l’énergie et de l’espri
76
qu’on met ordinairement dans le métier des armes,
il
est certain qu’on obtiendrait des résultats considérables. Il faut ch
77
in qu’on obtiendrait des résultats considérables.
Il
faut chercher. Et je ne vous dis pas cela seulement comme personnalis
78
r le jeu de l’agresseur violent, c’est le premier
devoir
du chrétien. Déconcerter le mal en lui opposant le bien, c’est toute
79
abord. Aucune doctrine ne peut être chrétienne si
elle
ne se fonde pas sur la repentance, qui est une violence faite à notre
80
esure spirituelle. Nous avons tous trahi le grand
devoir
communautaire de l’Église, parce que nous avons transformé le christi
81
racistes ont fait ce que nous refusions de faire.
Ils
l’ont fait mal, et contre nous. Ils représentent notre châtiment, com
82
ons de faire. Ils l’ont fait mal, et contre nous.
Ils
représentent notre châtiment, comme l’a magnifiquement montré Nicolas
83
eté supposée d’un Hitler ou d’un Staline que nous
devons
attribuer tout le mal, mais aussi bien à la carence des chrétiens. Ce
84
aussi bien à la carence des chrétiens. Ceci dit,
il
nous faut agir. Or agir, ce n’est pas haïr. Je ne veux, sous aucun pr
85
ofonde d’un mouvement comme le nôtre — m’écrivait-
il
— est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose. Nous vouli
86
a haine, mais au contraire la compassion, bien qu’
elle
l’appelle à son insu. Il faut savoir la deviner sous les rodomontades
87
la compassion, bien qu’elle l’appelle à son insu.
Il
faut savoir la deviner sous les rodomontades officielles et sous les
88
étiens ne craignaient pas de passer pour athées :
ils
refusaient le culte de l’idole et s’en moquaient. Nous aussi nous dev
89
lte de l’idole et s’en moquaient. Nous aussi nous
devons
rire des idoles colossales qu’on nous vante. Quand je vois les trois
90
es trois infaillibles, je ne crois pas manquer au
devoir
de charité en jugeant parfaitement grotesque leur impossible prétenti
91
otesque leur impossible prétention. Au fanatisme,
il
convient d’opposer une certaine douceur amusée. Voltaire nous conte l
92
us une anecdote dont j’aime assez l’impertinence.
Il
imagine un certain oncle à lui, qu’il appelle l’abbé Bazin. « Cet abb
93
pertinence. Il imagine un certain oncle à lui, qu’
il
appelle l’abbé Bazin. « Cet abbé mourut, nous dit-il, persuadé que to
94
appelle l’abbé Bazin. « Cet abbé mourut, nous dit-
il
, persuadé que tous les savants peuvent se tromper et reconnaissant qu
95
Mon oncle en fut affligé, et pour mourir en paix,
il
dit à l’archevêque d’Astracan : « Allez, ne vous attristez pas. Ne vo
96
les on veut réglementer le tout de l’homme, quand
il
s’agit en vérité des solutions et des doctrines d’un seul parti, d’un
97
où nous ordonnerons nos vies à cette vérité-là, à
elle
d’abord, que nous pourrons prétendre apporter une réponse qui satisfa
98
libres et responsables. Libres pour obéir à ce qu’
elles
ont accepté pour vocation, et responsables de cette vocation devant l
99
otre chance devant l’Histoire ne l’est pas moins.
Il
dépend en partie de nous que nous trouvions la solution de l’éternel
100
lution de l’éternel problème individu-communauté.
Il
dépend en partie de nous de refaire une société vivable, une commune
101
e par le propre neveu du Duce : « Ces braves gens
devront
se convaincre, et nous les convaincrons bientôt, que la charge du pro
102
blème social est désormais sur nos épaules, et qu’
ils
feront mieux d’avoir peur de nous que du communisme. » a. Rougemont
103
atholiques qui ont bien voulu me le faire sentir.
Il
m’a semblé que je devais aux uns et aux autres une brève explication,
104
en voulu me le faire sentir. Il m’a semblé que je
devais
aux uns et aux autres une brève explication, dont l’intérêt, je l’esp
105
e l’espère, débordera cette anecdote personnelle.
Il
m’est apparu, en effet, à mesure que j’avançais dans mon travail, que
106
é ? Et peut-on le comprendre, hors de son temps ?
Il
naquit à l’époque du concile de Constance, et mourut à la fin du xve
107
nter sur le bûcher au mépris de la parole donnée.
Il
semblait que la chrétienté se regroupait, non sans résignation, autou
108
mais avec une conscience bizarrement scrupuleuse.
Il
ne prend aucune nourriture le vendredi, et peu à peu s’exerce à jeûne
109
ur les ordres. Mais non, parvenu à l’âge d’homme,
il
s’engage dans les bandes armées qui guerroyaient alors contre les sei
110
expéditions auxquelles on lui fait prendre part,
il
se retire dans son canton natal pour y exercer les fonctions patriarc
111
apitaine, puis ce juge, puis ce père de famille —
il
aura dix enfants — n’est pas un type exceptionnel parmi les vieux con
112
quel des ouvrages pieux auraient tourné la tête. (
Il
ne sait ni lire ni écrire.) Mais sous cet extérieur équilibré, et mal
113
t extérieur équilibré, et malgré l’apaisement que
devraient
lui donner les pratiques d’une extrême dévotion, ses proches ont bien
114
intime, longuement couvé et mûri. Sans doute a-t-
il
eu des visions, peut-être a-t-il manqué sa vocation de prêtre, — déçu
115
. Sans doute a-t-il eu des visions, peut-être a-t-
il
manqué sa vocation de prêtre, — déçu par les exemples qu’il avait sou
116
sa vocation de prêtre, — déçu par les exemples qu’
il
avait sous les yeux. Peut-être aussi rêve-t-il comme tout son siècle,
117
qu’il avait sous les yeux. Peut-être aussi rêve-t-
il
comme tout son siècle, et sans le savoir, d’une piété plus intérieure
118
direct, plus confiant avec Dieu… À cinquante ans,
il
n’y résiste plus : sa vocation profonde triomphe de tous ses doutes,
119
fonde triomphe de tous ses doutes, et même de ses
devoirs
et attachements humains. Quelle vocation ? Celle des « frères mendian
120
es, au hasard, abandonnés au souffle de l’Esprit.
Il
fait part à sa femme de cette terrible décision, et elle l’accepte au
121
it part à sa femme de cette terrible décision, et
elle
l’accepte au terme d’une lutte héroïque avec elle-même. Alors commenc
122
À une heure de chez lui, dans la gorge du Ranft,
il
se construit une cellule, auprès d’une minuscule chapelle. Et le mira
123
fance, se réalise : Nicolas s’aperçoit soudain qu’
il
peut se passer de manger ! Une fois par semaine il s’en va communier
124
l peut se passer de manger ! Une fois par semaine
il
s’en va communier dans un des villages voisins, et c’est là toute sa
125
isins, et c’est là toute sa nourriture. Car n’est-
il
pas écrit, comme il le répétera souvent : « L’homme ne vit pas de pai
126
oute sa nourriture. Car n’est-il pas écrit, comme
il
le répétera souvent : « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de
127
devant cet « homme de Dieu » fruste et biblique.)
Il
n’est pas jusqu’aux princes des contrées voisines qui ne délèguent au
128
u’on a coutume de s’adresser d’abord à lui lorsqu’
il
faut négocier un traité. C’est ainsi que le solitaire conseille aux S
129
triche et la France complotent de les précipiter.
Il
voit trop bien à quels dangers leur victoire même les exposera : s’il
130
quels dangers leur victoire même les exposera : s’
ils
font la guerre pour s’enrichir, et s’ils apprennent le prix de l’or,
131
sera : s’ils font la guerre pour s’enrichir, et s’
ils
apprennent le prix de l’or, c’en sera fait de leur union patriarcale.
132
dant la nuit, le curé de Stans monte au Ranft, et
il
adjure le solitaire de tenter un dernier effort. On ne sait pas — on
133
nt « politique » dont l’ermite eût donné l’idée ?
Il
me paraît probable que l’autorité de Nicolas sur ses compatriotes suf
134
oncessions mutuelles parussent possibles. Quoi qu’
il
en soit, la Diète proclama que si la paix avait été sauvée, et avec e
135
proclama que si la paix avait été sauvée, et avec
elle
le sort de la fédération, on le devait par-dessus tout à l’action de
136
vée, et avec elle le sort de la fédération, on le
devait
par-dessus tout à l’action de l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce pro
137
onde sache de Nicolas, est en réalité la seule qu’
il
n’ait pas faite : sa venue en personne à la Diète, et le discours qu’
138
nous limitons au savoir historique. J’entends qu’
il
est très difficile, sur les documents qui nous restent, de nous faire
139
ienheureux. Toutefois, je ne puis me persuader qu’
il
ait été décisif dans sa vie. Si l’on considère d’une part la sainteté
140
on considère d’une part la sainteté des œuvres qu’
il
pratique et d’autre part les troubles de conscience qui ne cessent de
141
ther, et à ce drame de Wittemberg dont la Réforme
devait
sortir ? Rappelez-vous le moine augustin qui multipliait, lui aussi,
142
pratiques les plus scrupuleuses : comme Nicolas,
il
espérait, de toute son âme, s’acquérir la sainteté par les voies qu’o
143
it l’Église ; mais loin d’y trouver l’apaisement,
il
sentait croître en lui l’inquiétude du salut. J’ai été attaché avec
144
stifier… J’imposais à mon corps plus d’efforts qu’
il
n’en pouvait fournir sans danger pour la santé… Tout ce que je faisai
145
n cœur tremblait et s’agitait en songeant comment
il
pourrait se rendre Dieu favorable. Sur quoi les critiques catholique
146
ans ses pratiques. Mais ce reproche n’atteindrait-
il
pas davantage un Nicolas de Flue, jeûnant plus que de raison dès son
147
ement, que je ne puis qu’esquisser, nous mettrait-
il
en mesure de deviner la raison spirituelle des inquiétudes que nourri
148
cinquantième année ? Toutes proportions gardées,
il
me paraît licite de voir dans le cas du paysan, illettré et simple fi
149
urs catholiques eux-mêmes indiquent en passant qu’
il
se montrait des plus sévères pour les abus et les trahisons du clergé
150
on siècle. On cite les répliques assez dures dont
il
gratifia plus d’un évêque ou supérieur de couvent venu le voir par cu
151
astiques sont choses si courantes au Moyen Âge qu’
il
serait imprudent d’y chercher un trait spécifique de la spiritualité
152
ctivité autant que de contemplation3, je pense qu’
il
faut la rattacher surtout à une troisième tendance, la plus important
153
ent influencé par ces mêmes doctrines. Cependant,
il
serait très abusif de ramener à une forme larvée de protestantisme ce
154
e cet environnement spirituel, et des contacts qu’
il
dut avoir avec certains Amis de Dieu. Lorsqu’il quitta sa femme et s
155
et environnement spirituel, et des contacts qu’il
dut
avoir avec certains Amis de Dieu. Lorsqu’il quitta sa femme et ses e
156
’il dut avoir avec certains Amis de Dieu. Lorsqu’
il
quitta sa femme et ses enfants, son idée n’était-elle pas de se rendr
157
quitta sa femme et ses enfants, son idée n’était-
elle
pas de se rendre en Alsace, pour y rejoindre des communautés d’Amis d
158
tinger lui avait parlé ? Et la première visite qu’
il
reçut au Ranft ne fut-elle pas précisément celle d’un pèlerin « ami d
159
Et la première visite qu’il reçut au Ranft ne fut-
elle
pas précisément celle d’un pèlerin « ami de Dieu », peut-être délégué
160
à moi-même et donne-moi tout entier à toi seul !
Il
n’est pas facile de caractériser en quelques mots cette « piété germa
161
té germanique », de forme proprement mystique. Qu’
il
suffise d’indiquer qu’elle représentait, face à l’Église établie, une
162
proprement mystique. Qu’il suffise d’indiquer qu’
elle
représentait, face à l’Église établie, une aspiration vers la vie rel
163
personnelle, par-dessous les pratiques ou malgré
elles
, une intériorisation de la foi, mais aussi une volonté de communion e
164
e préserva des excès de la secte — c’est ainsi qu’
il
ne rompit jamais avec l’Église, tout en gardant ses distances — mais
165
out en gardant ses distances — mais d’autre part,
il
est indéniable que ses propos et son action relèvent directement de c
166
ans aucun doute à cette dernière qualité que nous
devons
de pouvoir redécouvrir aujourd’hui, malgré certain accaparement de Ni
167
de Flue par l’Église romaine, la signification qu’
il
eut, en fait, pour les premières générations de la Réforme. Ce n’est
168
tait pas à ranger Nicolas du côté de la Réforme).
Il
n’est peut-être pas sans intérêt de donner ici un aperçu rapide de ce
169
ante de Nicolas, sur le ton le plus enthousiaste.
Il
est suivi en 1546 par Stumpff, protestant zurichois. En 1556, Matthia
170
Bon berger et les mauvais bergers. Puis en 1524,
il
rappelle les conseils politiques de l’ermite, ses mises en garde répé
171
ont les véritables disciples du solitaire, puisqu’
ils
ont gardé la foi la plus ancienne, celle des Apôtres, et se sont refu
172
etite prière que je citais plus haut (Gebetlein),
elle
avait été connue et publiée d’abord par des protestants, en 1531 et 1
173
e satire catholique date de 1522. Chose curieuse,
elle
est extrêmement défavorable au Bienheureux. On y sent l’agacement de
174
er à Bâle, en 1550, le protestant Valentin Boltz.
Elle
était intitulée Der Weltspiegel (Le Miroir du Monde) et tout y gravit
175
écrite en latin et représentée par des étudiants.
Elle
n’est pas sans intérêt dramatique ni sans verve, mais on est frappé d
176
Flue à je ne sais quel « parti de la Réforme » !
Elles
ne visent qu’à faire mieux connaître une grande figure que trop de pr
177
de figure que trop de protestants ignorent, et qu’
ils
ignorent le plus souvent du simple fait que les catholiques l’exalten
178
s chrétiens ! Que de richesses les réformés n’ont-
ils
pas laissé perdre de la sorte, et n’ont-ils pas laissé dénaturer ! Mo
179
n’ont-ils pas laissé perdre de la sorte, et n’ont-
ils
pas laissé dénaturer ! Mon désir n’est nullement d’enlever le Frère C
180
lement d’enlever le Frère Claus aux catholiques —
il
ne peut leur faire que du bien — mais de le rendre aussi aux protesta
181
de où le sens fédéral paraît renaître parmi nous,
il
m’a semblé que la vie du Frère Claus prenait une valeur de symbole, e
182
ue notre État est d’abord une union, cependant qu’
il
rappelle aux « centralistes » que le bien de tous suppose le bien de
183
de cette « défense spirituelle du pays » que nous
devons
approuver comme chrétiens, si nous ne voulons que d’autres s’en empar
184
nce en temps de guerre, ce fait est significatif.
Il
prouve que nous tenons la culture pour quelque chose d’un peu moins s
185
ce soir que cette crise n’est pas théorique ; qu’
elle
a des conséquences pratiques ; qu’elle est l’une des origines de la p
186
rique ; qu’elle a des conséquences pratiques ; qu’
elle
est l’une des origines de la présente guerre ; et que cette guerre n’
187
es ne sont nullement les actuels belligérants, et
il
n’est pas question, ici, de confondre l’un des partis avec la cause d
188
genre de simplifications brutales. Notre premier
devoir
est, aujourd’hui, de défendre l’intelligence contre un certain primit
189
onnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’
ils
sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un objet maléfique, ou
190
s mauvaises qui les menacent. S’ils sont malades,
ils
pensent que c’est la faute d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou
191
nos malheurs est presque toujours en nous-mêmes.
Il
faut reconnaître, hélas, que cette éducation n’a pas merveilleusement
192
es petits enfants qui battent la table à laquelle
ils
se sont heurtés. Il est facile et rassurant de noircir le voisin pour
193
battent la table à laquelle ils se sont heurtés.
Il
est facile et rassurant de noircir le voisin pour mieux se blanchir s
194
adies imaginables. Et cet ennemi qui nous menace,
il
ne serait nullement suffisant de l’anéantir pour nous en délivrer. Ca
195
néantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’
il
personnifie à nos yeux, elle existe en nous aussi, et elle pourrait f
196
er. Car la tendance qu’il personnifie à nos yeux,
elle
existe en nous aussi, et elle pourrait fort bien s’y développer un jo
197
onnifie à nos yeux, elle existe en nous aussi, et
elle
pourrait fort bien s’y développer un jour. Pour la combattre sérieuse
198
érieusement, pour nous défendre, c’est en nous qu’
il
s’agit de l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître. Disharmoni
199
âce auquel l’industrie pourra faire un grand pas.
Il
fonde d’autre part, avec l’argent gagné, un prix considérable, destin
200
our détruire cette paix, précisément, que le prix
devait
couronner. Et le chimiste pacifique verra retomber sur sa tête, sous
201
ise tous les progrès de notre science contribuent-
ils
à ravager la civilisation qui les produit ? Vous vous êtes tous posé
202
Vous vous êtes tous posé cette question-là. Mais
il
ne suffit pas de se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir
203
fit pas de se la poser et ensuite de se lamenter.
Il
faut voir ce que signifie une si cruelle disharmonie, quelles sont se
204
ruelle disharmonie, quelles sont ses causes, et s’
il
existe des remèdes. Car il ne serait pas suffisant de n’accuser que l
205
sont ses causes, et s’il existe des remèdes. Car
il
ne serait pas suffisant de n’accuser que la méchanceté des hommes : c
206
re. Le but des inventions techniques est double :
il
est d’une part d’économiser du travail d’hommes par les machines, et
207
jour, devant moi, par un de ses collègues. Était-
il
vrai, lui demandait-on, que sa banque finançât la guerre des Japonais
208
finançât la guerre des Japonais contre Shanghai ?
Il
répondit que c’était vrai. — Mais alors, n’êtes-vous pas torturé par
209
e à prolonger un massacre ? — Nullement, répondit-
il
. Car tout ce que j’ai à voir, ce sont deux colonnes de chiffres, dont
210
atural. Toutefois, je le certifie exact. De plus,
il
illustre à merveille le vice fondamental de notre société et aussi de
211
qu’on ne la ressent même plus comme un scandale.
Elle
est devenue toute naturelle. Le banquier dont je viens de vous parler
212
, justifiable en elle-même, pour des raisons dont
il
ne remarquait pas qu’elles étaient sans commune mesure. Au moraliste
213
me, pour des raisons dont il ne remarquait pas qu’
elles
étaient sans commune mesure. Au moraliste qui s’indignait, il aurait
214
ans commune mesure. Au moraliste qui s’indignait,
il
aurait simplement répondu que les affaires sont les affaires. On ne p
215
t pas additionner des chiffres et des sentiments.
Il
ne faut pas tout mélanger… Et en effet, nous mélangeons de moins en m
216
si quotidiens, qu’on finit par ne plus les voir.
Il
est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n’ont rien
217
enue pour nous quelque chose comme une friandise.
Elle
n’est plus un pain quotidien. Quand on dit de quelqu’un : c’est un in
218
entre la main et le cerveau ? Nous voyons bien où
il
nous a menés. Essayons de voir d’où il vient. Le phénomène le plus re
219
ns bien où il nous a menés. Essayons de voir d’où
il
vient. Le phénomène le plus remarquable des débuts du xixe siècle a
220
sés autour de petites entreprises. Les richesses,
elles
aussi, se sont tant agrandies qu’elles ont échappé aux regards : elle
221
richesses, elles aussi, se sont tant agrandies qu’
elles
ont échappé aux regards : elles sont devenues chiffres abstraits, pui
222
tant agrandies qu’elles ont échappé aux regards :
elles
sont devenues chiffres abstraits, puissances lointaines, dont les éco
223
gurant de l’action ? Et que va faire la culture ?
Il
semble que la société devienne trop gigantesque pour être dominée d’u
224
re, nous nous disons : les intellectuels auraient
dû
faire à ce moment-là un formidable effort de mise en ordre : ils aura
225
moment-là un formidable effort de mise en ordre :
ils
auraient dû être saisis tout à la fois d’angoisse et d’enthousiasme d
226
formidable effort de mise en ordre : ils auraient
dû
être saisis tout à la fois d’angoisse et d’enthousiasme devant ce mon
227
n générale de l’homme et des buts de sa destinée,
ils
pouvaient créer une belle vie ! Mais si ces mêmes pouvoirs étaient ab
228
mêmes pouvoirs étaient abandonnés à l’anarchie, s’
ils
se développaient chacun de son côté sans tenir compte d’aucune harmon
229
pte d’aucune harmonie ni d’aucune mesure humaine,
ils
ne pouvaient créer qu’une vie fausse, une vie mauvaise, antihumaine.
230
s de la pensée que d’avertir les hommes d’action.
Ils
avaient là une chance et un devoir vital. Or, ils ont perdu cette cha
231
hommes d’action. Ils avaient là une chance et un
devoir
vital. Or, ils ont perdu cette chance. Ils n’ont pas vu le danger, il
232
Ils avaient là une chance et un devoir vital. Or,
ils
ont perdu cette chance. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur d
233
un devoir vital. Or, ils ont perdu cette chance.
Ils
n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici q
234
t perdu cette chance. Ils n’ont pas vu le danger,
ils
ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le
235
e ; c’est chez les philosophes et les penseurs qu’
il
s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit de démission, d
236
ble, n’ont répondu que par la fuite, et par ce qu’
ils
appelaient le désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé à leur m
237
’ils appelaient le désintéressement de la pensée.
Ils
ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de la cité. Bien
238
on de directeurs spirituels de la cité. Bien sûr,
ils
n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujourd’hui, renonce à agir,
239
sée, à partir d’aujourd’hui, renonce à agir, mais
ils
ont dit : la dignité de la pensée réside dans son détachement de tout
240
e action, dans son désintéressement scientifique.
Ils
n’ont pas dit : nous ne voulons plus rien faire d’utile, mais ils ont
241
t : nous ne voulons plus rien faire d’utile, mais
ils
ont dit : on ne peut plus rien faire, car l’histoire et l’économie so
242
développement formidable et angoissant des faits,
ils
ont opposé des milliers de pages de rhétorique sur le Progrès. Mervei
243
Merveilleuse doctrine que celle-là ! Car en somme
elle
justifie tout, endort l’esprit et le dispense de toute intervention a
244
croyance au Progrès est l’opium de la culture. S’
il
fallait résumer rapidement les caractères généraux par lesquels se tr
245
iques et sérieuses aux penseurs du xixe siècle !
Il
n’y eut que Kierkegaard et Nietzsche pour protester du fond de leur s
246
solitaires, personne ne sut ou n’osa voir à quoi
devait
conduire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le développemen
247
utomobiles, de téléphones et de frigidaires, mais
il
a aussi produit beaucoup de canons et de masques à gaz. Il a produit
248
i produit beaucoup de canons et de masques à gaz.
Il
a produit beaucoup de confort, mais il a également produit la lutte d
249
ues à gaz. Il a produit beaucoup de confort, mais
il
a également produit la lutte des classes et le chômage, et la grande
250
e la culture, mais une action qui ne sait plus où
elle
va ! Et la société à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la p
251
mesure d’une civilisation : c’est le principe qui
doit
harmoniser toutes les activités d’une société donnée. Dans la cité gr
252
le monde, échappe aux prises de l’esprit humain,
il
ne reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur de nos actes : c’
253
la valeur de nos actes : c’est l’Argent. Et quand
il
n’y a plus d’argent, c’est la misère. Et quand la misère est trop gra
254
base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-
ils
devenus parmi nous ? Prenons trois mots parmi les plus fréquents dans
255
nse. Et quand ces trois pays se feront la guerre,
ils
la feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tant
256
nifiera tantôt le statu quo social, si absurde qu’
il
soit, tantôt l’établissement d’une hiérarchie nouvelle au prix d’une
257
t. Puis ce furent les écrivains. Mais que peuvent-
ils
dans notre monde démesuré ? Un Valéry, un Gide ou un Claudel ont quel
258
x incontrôlés. Et plus on y échange de mots, plus
ils
perdent leur force et leur sens, et leur délicatesse d’appel. Alors l
259
qui compte. Or quand la parole se détruit, quand
elle
n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque
260
s d’un mot, dit Humpty Dumpty d’un ton méprisant,
il
signifie exactement ce que je veux qu’il signifie… ni plus ni moins.
261
prisant, il signifie exactement ce que je veux qu’
il
signifie… ni plus ni moins. — La question est de savoir, dit Alice, s
262
nds mouvements collectivistes. Tout leur génie, s’
il
faut leur en reconnaître, a consisté à deviner — avant les intellectu
263
appante et concrète. « Tout est en désordre ? ont-
ils
dit. C’est bien simple. Nous allons proclamer que l’intérêt de l’État
264
s de calcul. Surtout quand on est très pressé. Or
il
est certain que ces chefs étaient horriblement pressés, à cause de la
265
ent leurs peuples. Et voici la faute de calcul qu’
ils
me paraissent avoir commise : ils ont voulu imposer à l’ensemble des
266
te de calcul qu’ils me paraissent avoir commise :
ils
ont voulu imposer à l’ensemble des principes qui étaient partiels. La
267
t humains. L’appel des peuples reste insatisfait.
Il
continue à nous poser la plus sérieuse question humaine. Et s’il n’es
268
ous poser la plus sérieuse question humaine. Et s’
il
n’est pas encore aussi tragique dans des pays moins menacés par la mi
269
vers une communauté solide et pourtant libérale ?
Il
nous faut rapprendre à penser, à penser dans le train de l’action, ou
270
train de l’action, oui, à penser avec les mains.
Il
nous faut voir que tout dépend en premier lieu de notre état d’esprit
271
dépend en premier lieu de notre état d’esprit. S’
il
change, tout commence à changer. S’il ne change pas, toutes les réfor
272
d’esprit. S’il change, tout commence à changer. S’
il
ne change pas, toutes les réformes matérielles sont inutiles et tourn
273
s calculs, ou bien se sont trompés sur sa nature.
Ils
ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, e
274
mme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul
devoir
des intellectuels — et j’ajouterai : leur seul pouvoir — c’est donc d
275
d’un groupe humain, ni trop vaste ni trop étroit.
Il
n’est pas bon que l’homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l
276
étroit. Il n’est pas bon que l’homme soit seul ;
il
n’est pas bon non plus que l’homme soit foule. Le monde rationaliste
277
avaient surtout des droits légaux, et très peu de
devoirs
naturels. L’individu rationaliste, c’était un homme in abstracto, pri
278
sme qui les néglige est une doctrine antisociale.
Elle
a pour effet mécanique de dissocier toute communauté naturelle. Et al
279
se sent plus porté au sein d’un groupe. Déraciné,
il
flotte, il erre, il n’offre plus de résistance aux courants d’opinion
280
s porté au sein d’un groupe. Déraciné, il flotte,
il
erre, il n’offre plus de résistance aux courants d’opinion, aux modes
281
u sein d’un groupe. Déraciné, il flotte, il erre,
il
n’offre plus de résistance aux courants d’opinion, aux modes, à la pu
282
ements menacent aujourd’hui d’anéantir l’Europe ?
Il
s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les relat
283
es relations de l’individu et de la collectivité.
Il
s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’une île dé
284
e déserte, ni l’anonyme numéro d’un rang, mais qu’
il
est à la fois un être unique et un être qui a des semblables. Rester
285
velle. Voilà l’homme que j’appelle une personne :
il
est à la fois libre et engagé, et il est libéré par cela même qui l’e
286
e personne : il est à la fois libre et engagé, et
il
est libéré par cela même qui l’engage envers son prochain, je veux di
287
maladies de la personne. Quand l’homme oublie qu’
il
est responsable de sa vocation envers ses prochains, il devient indiv
288
responsable de sa vocation envers ses prochains,
il
devient individualiste. Et quand il oublie qu’il est responsable de s
289
es prochains, il devient individualiste. Et quand
il
oublie qu’il est responsable de sa vocation envers lui-même, il devie
290
il devient individualiste. Et quand il oublie qu’
il
est responsable de sa vocation envers lui-même, il devient collectivi
291
l est responsable de sa vocation envers lui-même,
il
devient collectiviste. L’homme complet et réel, c’est celui qui se sa
292
lie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’
il
faut tout rebâtir. Cependant, nous avons montré que c’est justement c
293
e se sente une vocation et décide de la réaliser.
Il
se trouve en présence d’un monde que l’histoire et la sociologie ont
294
sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-
il
seul, contre ces lois ? Il faut donc, s’il veut faire quelque chose,
295
lois fatales. Que peut-il seul, contre ces lois ?
Il
faut donc, s’il veut faire quelque chose, qu’il entre dans un grand p
296
e peut-il seul, contre ces lois ? Il faut donc, s’
il
veut faire quelque chose, qu’il entre dans un grand parti, dans une g
297
? Il faut donc, s’il veut faire quelque chose, qu’
il
entre dans un grand parti, dans une grande organisation. Mais alors,
298
parti, dans une grande organisation. Mais alors,
il
subit une discipline qui ne s’accommode pas du tout de sa vocation pe
299
rien. Conception très lugubre, mais commode, car
elle
justifiait l’inaction ou la retraite dans les bibliothèques. Or cette
300
de science qui, les premiers, cessent d’y croire.
Ils
ont reconnu, depuis quelques années, que la notion de lois tout objec
301
l’homme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’
il
me suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta
302
r ici les découvertes de la physique des quanta :
elle
a prouvé que l’observation microscopique modifie en réalité les phéno
303
e vient nous dire que même dans l’ordre matériel,
il
n’est plus permis de concevoir une observation impartiale, à combien
304
nt les lois rigides de notre société. En vérité,
il
n’est de lois fatales que là où l’esprit démissionne. Toute action cr
305
ue dans la mesure où l’homme n’est qu’un mouton ;
elles
sont fausses et inexistantes dès qu’un homme redevient conscient des
306
vient conscient des vrais besoins de sa personne.
Il
n’y a de loi, répétons-le, que là où l’homme renonce à se manifester
307
rticulière. Si j’insiste sur cet axiome, c’est qu’
il
est particulièrement libérateur pour la pensée et la culture en génér
308
s économiques, ou historiques, ou biologiques. Or
il
est clair que ces lois ne sont vraies, ou plutôt ne deviennent vraies
309
on de l’esprit civique dans les trop grands pays.
Elles
ne traduisent en fait qu’un immense affaissement du sens personnel da
310
maintenant comme un programme de parti politique.
Ils
doivent mûrir, et lentement se dégager de l’ensemble de mille efforts
311
tenant comme un programme de parti politique. Ils
doivent
mûrir, et lentement se dégager de l’ensemble de mille efforts orienté
312
Mais dans l’époque moderne les Églises ont paru,
elles
aussi, se détourner de toute action régulatrice sur la cité. Elles on
313
étourner de toute action régulatrice sur la cité.
Elles
ont assisté sans mot dire à l’essor du capitalisme et aux transformat
314
du capitalisme et aux transformations sociales qu’
il
provoquait. Comme la culture elles ont renoncé à diriger, à avertir,
315
tions sociales qu’il provoquait. Comme la culture
elles
ont renoncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est là le secret d
316
e, a fasciné les masses ouvrières, c’est parce qu’
il
s’est chargé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églis
317
n christianisme devenu passif devant le monde. Or
il
me semble que, là encore, un réveil soulève les Églises. Elles ont co
318
le que, là encore, un réveil soulève les Églises.
Elles
ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doctrines païennes
319
réveil soulève les Églises. Elles ont compris qu’
il
ne suffisait pas de dénoncer les doctrines païennes mais qu’il fallai
320
it pas de dénoncer les doctrines païennes mais qu’
il
fallait répondre mieux que ces doctrines à la question posée par l’an
321
on. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’
elles
sont le type même des groupes au sein desquels la culture d’Occident
322
ment, que je vois la commune mesure de la cité qu’
il
nous faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c’est tout le p
323
ce, vertu qui naît en somme d’un scepticisme, car
elle
suppose que la pensée de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dan
324
e suppose des groupes diversifiés, et par là même
il
offre tous les avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses i
325
ses inconvénients : car chacun dans le groupe où
il
est né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur de
326
dans le groupe où il est né, ou dans le groupe qu’
il
a choisi, peut donner le meilleur de soi-même, aller au terme de sa p
327
u où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent.
Il
ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de
328
it pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme.
Il
s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, au service du pays, ce
329
s pays neutres. Et chez nous tout d’abord, puisqu’
il
s’agit en somme d’utiliser notre expérience, et de tirer des leçons n
330
issons mieux que personne. Tout mon espoir est qu’
il
se forme ici des équipes de fédérateurs, d’hommes qui comprennent enf
331
le seul espoir qui nous soit accordé. Encore faut-
il
que cet espoir soit soutenu par tout un peuple, et qu’il ne se laisse
332
cet espoir soit soutenu par tout un peuple, et qu’
il
ne se laisse pas décourager par les sceptiques professionnels, par to
333
d’esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-
il
— et je termine là-dessus — qu’elle ne repose pas sur une erreur prof
334
es. Encore faut-il — et je termine là-dessus — qu’
elle
ne repose pas sur une erreur profonde quant aux pouvoirs de l’homme e
335
atin vient, et la nuit aussi ! » La paix que nous
devons
invoquer ne peut pas être une simple absence de guerre. Spirituelleme
336
guerre où tout s’abaisse et s’obscurcit. Mais qu’
elle
nous donne au moins la possibilité de rendre un sens aux conflits éte
337
re un sens aux conflits éternels, — un sens, et s’
il
se peut, une fécondité… Pendant que les autres font la guerre, ils n’
338
fécondité… Pendant que les autres font la guerre,
ils
n’ont pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous qui avons e
339
L’heure sévère (juin 1940)e f
Il
est des pessimistes par tempérament. Leurs propos ne renseignent pas
340
nt sur l’état de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’
il
nous faut à l’heure que nous vivons, ce sont des pessimistes réfléchi
341
s d’eux-mêmes et objectifs. Je dirai plus : ce qu’
il
nous faut, ce sont des pessimistes actifs. Des hommes qui pensent et
342
ant le précipice était prévu. Mais encore fallait-
il
y croire. Or le matérialisme modéré dans lequel nous étions installés
343
y a incrédulité. Si Dieu existait, pleurons-nous,
il
ne permettrait pas cela ! Nous oublions que « cela », c’est nous auss
344
heure sévère. Ouvrons les yeux et apprenons ce qu’
il
en est de notre châtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer le prix d
345
ndon à l’optimisme du Progrès. Pendant un siècle,
elle
fit la sourde oreille, avec un petit air entendu, quand certains lui
346
L’esprit prévoit le mal et tient compte du péché.
Il
sait que les inventions humaines peuvent être employées contre l’homm
347
le profit d’argent et l’augmentation du confort.
Il
refuse de se demander à quoi servira cet argent ou si le confort maté
348
n bien spirituel. À la première de ces questions,
il
n’oserait pas répondre en toute franchise ; et à la seconde, il press
349
as répondre en toute franchise ; et à la seconde,
il
pressent bien qu’on ne pourrait que répondre non. D’où sa myopie et s
350
. J’écris ceci pendant la bataille de France. Est-
il
trop tard pour répéter ces vérités élémentaires, que le sérieux des g
351
in d’adopter « une morale de commerçants », et qu’
il
sera vaincu par des ascètes féroces. Vinet prévoit que les libertés s
352
at. Et contre tout l’« économisme » de son temps,
il
ose écrire : « Si quelque chose aujourd’hui menace la liberté, ce n’e
353
doutons pas, est du côté de la tyrannie. » Et qu’
il
suffise enfin d’une allusion aux prophéties de Burckhardt sur les « t
354
ut ailleurs irréductiblement divers, je répète qu’
elle
est écrasante. Elle supprime nos dernières excuses. Nous avons été av
355
iblement divers, je répète qu’elle est écrasante.
Elle
supprime nos dernières excuses. Nous avons été avertis. Nous avons re
356
ertis. Nous avons refusé d’écouter. Et maintenant
il
faut payer. Non point parce que l’injustice triomphe, non point parc
357
s, mais au contraire parce que Dieu existe, et qu’
il
est juste dans son châtiment. Il faut payer. Nous adorions l’idole de
358
eu existe, et qu’il est juste dans son châtiment.
Il
faut payer. Nous adorions l’idole de la prospérité, et l’idole du con
359
es se révèlent parfaitement « possibles ». Dès qu’
il
s’agit de sauver notre peau, dès qu’il s’agit de défense nationale, n
360
». Dès qu’il s’agit de sauver notre peau, dès qu’
il
s’agit de défense nationale, nous acceptons des mesures qui, hier enc
361
peuple. Tout ce que nous jugions impossible quand
il
s’agissait du vivre, nous le trouvons parfaitement possible quand il
362
vre, nous le trouvons parfaitement possible quand
il
s’agit du mieux mourir ou du mieux tuer. Eh bien si la peur et la gue
363
sure l’aune. Ces vérités élémentaires sont dures.
Elles
ne sont pas originales. Elles sont même grossières, et gênantes. Cert
364
ntaires sont dures. Elles ne sont pas originales.
Elles
sont même grossières, et gênantes. Certains diront encore qu’elles so
365
rossières, et gênantes. Certains diront encore qu’
elles
sont inopportunes, à l’heure où nous cherchons des raisons d’espérer
366
t le mal est venu de les avoir refusées, avant qu’
elles
montrent leurs effets aux yeux de tous. « Mea culpa » des pacifistes
367
fistes, qui n’ont pas su imaginer le mal parce qu’
ils
croyaient au bien fait de main d’homme. « Mea culpa » des militariste
368
son principe ; ou la conquête, mais qui tue ce qu’
elle
conquiert. « Mea culpa » des gens de droite, qui croyaient pouvoir co
369
se — que celui de l’ennemi fasciste contre lequel
ils
excitaient les masses. « Mea culpa » des Suisses, qui voulaient profi
370
folie moderne, et qui se plaignent aujourd’hui de
devoir
payer leur part minime dans la banqueroute européenne. « Mea culpa »
371
uelque chose de précis, que je veux dire à temps.
Ils
sont encore à l’écart de la guerre, et peut-être y resteront-ils. Ils
372
à l’écart de la guerre, et peut-être y resteront-
ils
. Ils ont encore ce bref délai de grâce dont je parlais aux Hollandais
373
écart de la guerre, et peut-être y resteront-ils.
Ils
ont encore ce bref délai de grâce dont je parlais aux Hollandais, en
374
des spectateurs… Pourtant, si nous en triomphons,
elle
nous donnera la force de préparer l’avenir. Il est dur de reconnaître
375
elle nous donnera la force de préparer l’avenir.
Il
est dur de reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes les compl
376
es les complices, et que nous aimons les fautifs.
Il
est dur de les avouer, parce que les fautes contraires des autres, en
377
ace, nous paraissent bien plus effrayantes, et qu’
ils
triomphent tout de même, ou à cause de cela même. Il est dur de recon
378
triomphent tout de même, ou à cause de cela même.
Il
est dur de reconnaître que ce châtiment, qui nous atteint aussi, est
379
iment, qui nous atteint aussi, est mérité ; et qu’
il
était logique, inévitable, et qu’il n’y a plus qu’à en tirer les conc
380
érité ; et qu’il était logique, inévitable, et qu’
il
n’y a plus qu’à en tirer les conclusions5. Mais nous ne sommes pas ne
381
is pas ce que l’avenir vaudra, mais je sais que s’
il
vaut quelque chose, ce sera grâce à l’action personnelle des hommes q
382
vaudra toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’
elle
dit : « Le ciel et la terre passeront, mais ma Parole ne passera poin
383
: Nubicula est, transibit — c’est un petit nuage,
il
passera. Ce n’était pas de l’optimisme. Athanase prévoyait qu’avec le
384
ettait à Athanase de dire : c’est un petit nuage,
il
passera ? La grandeur de cette heure sévère, c’est que par la force d
385
: « L’amour parfait bannit la crainte. » Quoi qu’
il
arrive. 4. Le budget annuel de la « défense spirituelle » de la Sui
386
s suggestions, critiques peut-être dures, mais qu’
il
est temps de formuler pour préparer la voie d’un renouveau, ou les mo
387
on européenne, la Suisse est réduite à elle-même.
Elle
n’a plus d’autre garantie humaine que son armée, plus d’autre allié q
388
situation n’est pas nouvelle dans notre histoire.
Elle
fut celle de nos grandes victoires et de nos grands renouvellements.6
389
ions morales et matérielles sont ébranlées, comme
elles
le sont depuis quelques semaines, alors sonne une heure favorable pou
390
ormation communautaire. Car c’est bien de cela qu’
il
s’agit : fonder à nouveau la cité, pour qu’elle résiste et qu’elle ra
391
qu’il s’agit : fonder à nouveau la cité, pour qu’
elle
résiste et qu’elle rayonne encore, quoi qu’il arrive, oui même si le
392
der à nouveau la cité, pour qu’elle résiste et qu’
elle
rayonne encore, quoi qu’il arrive, oui même si le pire arrive. Au cœu
393
u’elle résiste et qu’elle rayonne encore, quoi qu’
il
arrive, oui même si le pire arrive. Au cœur physique de notre Confédé
394
otre mission politique et de notre sécurité. Et s’
il
fallait qu’un jour la Suisse fût envahie, j’imagine qu’elle pourrait
395
it qu’un jour la Suisse fût envahie, j’imagine qu’
elle
pourrait garder pendant des mois, peut-être des années, un grand espo
396
s, un grand espoir et une grande fierté, parce qu’
elle
saurait que dans cette forteresse du Gothard, que n’atteignent ni cha
397
parole de nos Églises aux catacombes suffiraient-
elles
à ranimer notre espérance, notre amour et notre foi, comme le canon l
398
animerait nos courages ? Nos Églises trouveraient-
elles
le moyen de subsister et de s’organiser par l’initiative des laïques,
399
e s’organiser par l’initiative des laïques, comme
elles
l’ont fait dans un pays voisin ? Je n’oserais pas répondre ce matin.
400
qui était vraiment solide. L’Église de Suisse est-
elle
vraiment solide ? Saura-t-elle résister comme un roc ? comme une mont
401
lise de Suisse est-elle vraiment solide ? Saura-t-
elle
résister comme un roc ? comme une montagne vers laquelle nous pourron
402
e ! —, nous nous trouvions aussi bien préparés qu’
il
est possible. Inspectons avec soin nos défenses, ayons le courage de
403
sommes encore faibles. C’est ici et c’est là, qu’
il
faut porter l’effort. Aujourd’hui ou jamais, notre Église a besoin d’
404
isible, de nos diverses Églises suisses, c’est qu’
elles
ont cessé d’être ou n’ont jamais été de véritables communautés. Voilà
405
ant donné les événements actuels et ceux que nous
devons
prévoir. Une Église devrait être le type même de la communauté vivant
406
tuels et ceux que nous devons prévoir. Une Église
devrait
être le type même de la communauté vivante. Posons tout de suite un r
407
e ne parle même pas du « partage » spirituel, qui
devait
être le pain quotidien de ces communautés souvent persécutées. Certes
408
n de ces communautés souvent persécutées. Certes,
il
ne faudrait pas s’imaginer que les premiers chrétiens étaient toujour
409
aient toujours des saints, et que les familles qu’
ils
formaient ne connaissaient jamais de querelles de familles ! Les épît
410
es de Paul suffiraient à dissiper cette illusion.
Il
n’en reste pas moins que ces premières Églises ont surmonté toutes le
411
sses actuelles, nos paroisses de Suisse, seraient-
elles
capables de jouer pareil rôle, de nos jours ? Souvent, en sortant d’u
412
e dispersent, et je me pose cette question : sont-
ils
prêts à mettre en commun autre chose que la pièce de monnaie qu’ils v
413
en commun autre chose que la pièce de monnaie qu’
ils
viennent de déposer dans le « sachet », avec l’air de ne pas y touche
414
« sachet », avec l’air de ne pas y toucher ? Sont-
ils
prêts à « partager » autre chose que des impressions générales sur le
415
les sur le temps et les tristes événements ? Sont-
ils
vraiment des frères — et des frères dans l’Église ? Oh ! je ne demand
416
ttéral de ce mot. Mais je me demande seulement si
elles
sont prêtes à envisager certains actes de solidarité pratique ; si el
417
isager certains actes de solidarité pratique ; si
elles
acceptent, au moins en théorie, de faire quelque chose dans ce sens,
418
fortement liés aux autres membres de l’Église qu’
ils
ne sont liés à leur parti, ou à leur classe, ou à leurs intérêts prof
419
avant tout et pratiquement — songeant au jour où
il
faudra choisir entre l’Église et nos sécurités. Je vois bien que nos
420
glises constituent des unités administratives, qu’
elles
réunissent régulièrement des auditoires assez nombreux, qu’il y a par
421
aie communauté. Des actes isolés, si beaux soient-
ils
, cela ne fait pas un esprit de corps, — et l’expression « esprit de c
422
t de corps, — et l’expression « esprit de corps »
devrait
pouvoir s’appliquer à l’Église plus qu’à nulle autre communauté au mo
423
lise est rassemblée par l’Esprit saint, et puisqu’
elle
est le Corps même du Seigneur. Ceci dit, et notre faiblesse une fois
424
ses redeviennent des communautés véritables. Mais
il
est trois de ces conditions, entre vingt autres8, qui me paraissent à
425
ses retrouvent le sens et la vertu communautaire,
il
faut : 1° qu’elles reprennent conscience de la nature éternelle et du
426
e sens et la vertu communautaire, il faut : 1° qu’
elles
reprennent conscience de la nature éternelle et du but transcendant d
427
rnelle et du but transcendant de l’Église ; 2° qu’
elles
développent ou réveillent en elles le sens missionnaire, à l’intérieu
428
Église ; 2° qu’elles développent ou réveillent en
elles
le sens missionnaire, à l’intérieur du pays ; 3° qu’elles aient le co
429
sens missionnaire, à l’intérieur du pays ; 3° qu’
elles
aient le courage d’être franchement des Églises visibles, organisées,
430
tant qu’État. D’abord ceci : notre Église suisse
doit
être, ou redevenir une Église de Dieu, et non pas la société des brav
431
as la société des braves gens. Par exemple, on ne
doit
plus discuter de son administration et de ses rapports avec l’État co
432
nistration et de ses rapports avec l’État comme s’
il
s’agissait d’un parti ou d’une fondation de bienfaisance avec des tra
433
es d’abord, mais les affaires du Royaume de Dieu.
Il
me paraît profondément indécent que ces affaires soient débattues dan
434
: 1° Le service unique et suffisant que l’Église
doit
rendre à la Suisse, c’est de rester ou de devenir une vraie Église, u
435
’ordre politique. 2° Le service que l’État suisse
doit
en retour, à l’Église, c’est de la laisser être une vraie Église de D
436
e de Dieu et non pas une Église de l’État suisse.
Il
est bien vrai que notre État fédéral ne saurait se fonder concrètemen
437
ce que je disais cet hiver à Tavannes : Nous ne
devons
pas être chrétiens parce que nous sommes Suisses, mais nous devons êt
438
hrétiens parce que nous sommes Suisses, mais nous
devons
être de bons Suisses parce que nous sommes chrétiens d’abord. Gardons
439
e vis-à-vis de l’Église depuis plus d’un siècle :
elle
ne s’y sent pas tout à fait chez elle ; elle n’y reconnaît pas son la
440
un siècle : elle ne s’y sent pas tout à fait chez
elle
; elle n’y reconnaît pas son langage. Il y a là certainement quelque
441
le : elle ne s’y sent pas tout à fait chez elle ;
elle
n’y reconnaît pas son langage. Il y a là certainement quelque chose d
442
quelque chose d’anormal. L’Église n’aurait jamais
dû
prendre le ton et l’accent d’un milieu social plutôt que d’un autre.
443
’accent d’un milieu social plutôt que d’un autre.
Elle
devrait aujourd’hui abandonner résolument cette espèce d’éloquence co
444
nt d’un milieu social plutôt que d’un autre. Elle
devrait
aujourd’hui abandonner résolument cette espèce d’éloquence convention
445
ion fâcheuse de démodé, d’inactuel, d’irréaliste.
Il
n’y a vraiment aucune raison valable pour que notre prédication chrét
446
dans nos petites habitudes du dimanche matin, et
il
arrive que nous soyons choqués quand un pasteur ne garde pas le ton c
447
ecclésiastiques », mais à tous les hommes d’où qu’
ils
viennent, qui ont faim et soif de vérité, sans le savoir le plus souv
448
t soif de vérité, sans le savoir le plus souvent.
Il
est grand temps que nous fassions en sorte que tous « ceux du dehors
449
r le sentiment de s’être égarés dans un milieu où
ils
sont déplacés. Que nos Églises se préoccupent donc davantage d’être v
450
s des idées, des images plus ou moins originales.
Elle
demande des vérités sûres, les vérités de la Bible, qui sont toujours
451
s pas convaincants. » Parole profonde, parole qui
devrait
libérer plus d’un pasteur de ses soucis, et résoudre en partie le pro
452
en partie le problème du samedi soir… Encore faut-
il
que les paroissiens, à leur tour, acceptent que leur pasteur soit « s
453
d jamais, un pasteur ne sera trop simple ! Jamais
il
ne pourra se rapprocher assez de la simplicité des paroles de la Bibl
454
tre génération n’est pas si tourmentée de doutes.
Elle
n’a guère la manie de discuter. Elle attend des directions positives.
455
e de doutes. Elle n’a guère la manie de discuter.
Elle
attend des directions positives. Elle est prête à croire, et elle dem
456
e discuter. Elle attend des directions positives.
Elle
est prête à croire, et elle demande à la prédication de parler à sa f
457
directions positives. Elle est prête à croire, et
elle
demande à la prédication de parler à sa foi, non à son doute, avec la
458
le ou politique. Pour être missionnaire, l’Église
doit
d’abord être convaincue de la valeur et de la nouveauté perpétuelle d
459
cela étant acquis, pourquoi l’Église se priverait-
elle
de souligner l’actualité de son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-
460
alité de son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-
elle
pas de politique, si elle le fait sur la seule base de la Bible ? On
461
? Pourquoi ne parlerait-elle pas de politique, si
elle
le fait sur la seule base de la Bible ? On ne lui demande pas une thé
462
urope d’aujourd’hui. Toutes ces choses peuvent et
doivent
être dites du haut de la chaire, à condition, je le répète et j’y ins
463
ire, à condition, je le répète et j’y insiste, qu’
il
ne s’agisse jamais des idées personnelles du pasteur ou de quelque éc
464
personnelles du pasteur ou de quelque écrivain qu’
il
cite, mais du seul et unique point de vue de la Bible. En résumé, la
465
X, pasteur ou même théologien célèbre, — mais qu’
elle
parle uniquement et simplement le langage de la Bible, qui appartient
466
me de l’épiscopat, encore que je sois persuadé qu’
il
se posera pour nous aussi un jour ou l’autre. Je ne parlerai pas non
467
disant liturgiques sont exactement le contraire :
ils
sont composés selon les goûts et les idées du pasteur ; ils ne se dér
468
omposés selon les goûts et les idées du pasteur ;
ils
ne se déroulent pas d’après un plan traditionnel et chargé de sens do
469
ux, de ce même défaut de sens liturgique : lorsqu’
il
arrive qu’on lise, au début d’un de nos cultes, une prière liturgique
470
ou de communauté spirituelle. Une vraie liturgie
doit
être invariable ; de plus, elle doit être prévue par les auditeurs, e
471
ne vraie liturgie doit être invariable ; de plus,
elle
doit être prévue par les auditeurs, et pleinement significative en ch
472
aie liturgie doit être invariable ; de plus, elle
doit
être prévue par les auditeurs, et pleinement significative en chacune
473
einement significative en chacune de ses parties.
Elle
doit former un ensemble, un tout cohérent et indivisible. Prenons l’e
474
ent significative en chacune de ses parties. Elle
doit
former un ensemble, un tout cohérent et indivisible. Prenons l’exempl
475
quelles raisons je pense que nos Églises suisses
devraient
se préparer à l’adopter, telle qu’elle est. Il y a d’abord une raison
476
isses devraient se préparer à l’adopter, telle qu’
elle
est. Il y a d’abord une raison générale. L’Église visible est aussi u
477
une société humaine. Comme toute société humaine,
elle
a besoin de signes extérieurs et de symboles collectifs qui manifeste
478
es savent que pour créer une communauté nouvelle,
il
faut créer des signes et des rites : voyez les régimes totalitaires,
479
tables liturgies païennes. Ces abus manifestes ne
doivent
pas nous faire négliger le bon usage, l’usage chrétien d’une liturgie
480
enne. La science consommée des chefs totalitaires
doit
nous rendre attentifs à certains de nos défauts, afin que nous puissi
481
jour, et qui seront alors une tentation, parce qu’
elles
répondront tant bien que mal à un désir, à un besoin normal, trop lon
482
t plus spécifiquement chrétien. Je dirais même qu’
il
est d’ordre sermonnaire. Je m’explique. Imaginez une personne qui n’a
483
imanche, au culte d’une de nos paroisses suisses.
Elle
sera d’abord, probablement, dépaysée, comme je vous le disais tout à
484
de l’auditoire. Mais cela n’est rien encore : si
elle
est de bonne volonté et avide de vérité, elle ne se laissera pas arrê
485
si elle est de bonne volonté et avide de vérité,
elle
ne se laissera pas arrêter par ces détails. Ce qui est plus grave, c’
486
ls. Ce qui est plus grave, c’est que le sermon, s’
il
n’est pas exceptionnellement bon, risque bien de la laisser sur sa fa
487
bien de la laisser sur sa faim. En sortant de là,
elle
ne saura pas exactement ce que nous croyons, elle pourra s’imaginer l
488
elle ne saura pas exactement ce que nous croyons,
elle
pourra s’imaginer les choses les plus fausses. Ou bien encore, elle a
489
iner les choses les plus fausses. Ou bien encore,
elle
aura l’impression d’avoir surpris une réunion d’initiés, habitués à u
490
langage, dont personne ne lui aura donné la clef.
Il
en ira tout autrement, si le culte débute par la liturgie que je vien
491
appante les différents moments du drame du salut.
Elle
crée le cadre et l’atmosphère spirituelle, elle introduit le sermon d
492
. Elle crée le cadre et l’atmosphère spirituelle,
elle
introduit le sermon du pasteur, elle le situe dans l’ensemble de nos
493
spirituelle, elle introduit le sermon du pasteur,
elle
le situe dans l’ensemble de nos dogmes, et elle rappelle notre Credo.
494
, elle le situe dans l’ensemble de nos dogmes, et
elle
rappelle notre Credo. Bref, quand le sermon commence, tout le monde,
495
e monde, et même un étranger, peut savoir de quoi
il
s’agit. J’avoue que pour ma part, et je ne pense pas être le seul de
496
ut-être : le peuple suisse souffre d’un défaut qu’
il
me faut bien nommer le sans-gêne spirituel. Je ne sais pas si cela pr
497
peu trop facilement du Bon Dieu, chez nous, et qu’
il
subsiste dans nos Églises pas mal de traces d’un piétisme affadi. Je
498
mme »… Je reste persuadé, pour ma part, que nous
devons
plutôt parler d’homme à Dieu, et que nous ferions bien de nous pénétr
499
é de l’importance à ces choses-là, et je pense qu’
elles
avaient de bonnes raisons de le faire. Elles savaient qu’une certaine
500
e qu’elles avaient de bonnes raisons de le faire.
Elles
savaient qu’une certaine participation personnelle, physique même, au
501
aire et bon d’avoir une liturgie, comment se fait-
il
que nos Églises suisses soient les seules sur le continent qui croien
502
e croissante.) Et pourtant, les Églises de Suisse
devraient
avoir à cœur ce rapprochement, plus qu’aucune autre Église au monde.
503
utre Église au monde. Nos traditions fédéralistes
devraient
nous préparer tout spécialement à cette mission de compréhension d’au
504
e ne puis traiter ici : restauration théologique (
elle
est en plein essor) ; confession de foi (on en parle beaucoup) ; doct
505
ué à lui-même et au monde que la Suisse. C’est qu’
il
en a besoin plus que nul autre. Sa devise est un paradoxe qu’il n’a p
506
plus que nul autre. Sa devise est un paradoxe qu’
il
n’a pas toujours bien compris. Elle exclut en principe toute doctrine
507
un paradoxe qu’il n’a pas toujours bien compris.
Elle
exclut en principe toute doctrine unitaire et suppose donc la connais
508
e vivant entre les droits de chaque région et ses
devoirs
envers l’ensemble, il n’est pas absurde de nommer « fédéraliste » un
509
e chaque région et ses devoirs envers l’ensemble,
il
n’est pas absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’autre
510
tes, nomment « fédéral » ce qui procède de Berne.
Il
en résulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout ce qui est
511
nt pas, et que les Russes n’y croient pas plus qu’
ils
ne croient à nos libertés, et vraiment, ce n’est pas beaucoup dire. I
512
ibertés, et vraiment, ce n’est pas beaucoup dire.
Il
serait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essaie de comprendre un
513
proche d’égoïsme par des œuvres philanthropiques.
Il
faut bien le reconnaître, ce repliement intéressé, qui tient parfois
514
, sur notre peuple, de ce tour de force prolongé,
ils
sont hélas plus discutables. Et si vraiment notre neutralité n’était
515
ce que le Suisse moyen semble croire aujourd’hui,
il
ne faudrait pas s’étonner qu’elle impatiente de plus en plus le reste
516
oire aujourd’hui, il ne faudrait pas s’étonner qu’
elle
impatiente de plus en plus le reste du monde. Comment les Suisses, si
517
ent ennemis de privilèges dans leur pays, peuvent-
ils
prétendre avoir en bloc ce privilège exorbitant ? Pour commencer de r
518
histoire de notre neutralité, car je soupçonne qu’
elle
n’est pas bien connue de la plupart de nos contemporains. Aux origine
519
ntré que les cantons ne peuvent rester unis que s’
ils
s’abstiennent de prendre part aux guerres entre rois catholiques et p
520
es entre rois catholiques et protestants — puisqu’
ils
sont eux-mêmes divisés entre les deux confessions. Mais ce n’est qu’e
521
uissances et déclarée perpétuelle. En même temps,
elle
prend un aspect positif. On sait en effet que le traité de Vienne dit
522
t. Si la Suisse avait pris parti, à ce moment-là,
elle
se fût déchirée en deux : une partie tenant pour la France, l’autre p
523
tenant pour la France, l’autre pour l’Allemagne.
Il
était évident que notre neutralité dépendait donc, au début de ce siè
524
au profit des puissances fascistes, la Suisse ne
dut
son salut qu’à une chance extraordinaire, aidée par une armée solide
525
rain redoutable aux divisions blindées. Qu’en est-
il
aujourd’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent d’éclater n’
526
opéens à d’autres Européens comme de 1939 à 1945.
Il
n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de maintenir sa pla
527
et réservée dans le jeu des puissances voisines.
Il
n’y a plus d’équilibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaie d
528
s vrais intérêts de l’Europe entière ». Apporte-t-
elle
, ou non, une contribution effective à la défense commune de l’Europe
529
me, les vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont-
ils
les mêmes aujourd’hui qu’il y a cent-cinquante ans, ou même qu’il y a
530
ilibre entre les grandes puissances du continent.
Il
s’agit aujourd’hui d’autre chose. L’idée d’une guerre prochaine entre
531
tout simplement que l’Europe devienne entière, qu’
elle
mette en commun toutes ses forces pour relever son économie, son nive
532
our hâter l’union, mais par intérêt bien compris.
Il
serait donc un peu excessif de citer nos adhésions tardives et rétice
533
de contributions à l’unité. Sur ce plan général,
il
semble difficile de soutenir que la neutralité représente un apport p
534
es ou incrédules chez certains de nos voisins. Qu’
ils
comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons, je le crains, plus q
535
en avons, je le crains, plus qu’eux tous réunis.
Il
n’y a qu’un seul coin de l’Europe qui soit sérieusement défendu, et l
536
. Quand l’armée de l’Europe commencera d’exister,
il
sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le
537
posé, encore moins résolu, dans l’abstrait. Ce qu’
il
faut savoir tout d’abord, c’est pour quelle raison grande et forte, c
538
forte, c’est en somme au profit de quoi la Suisse
devrait
éventuellement renoncer à sa neutralité. Je réponds pour ma part que
539
son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-
il
que cette union prenne forme, et qu’en son nom des questions très pré
540
oit les États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’
il
sort de son impasse, soit encore une menace de guerre contre le conti
541
out entier, nous poseront ces questions précises.
Il
faut que notre opinion soit prête à y répondre. Il ne faut pas que no
542
l faut que notre opinion soit prête à y répondre.
Il
ne faut pas que notre gouvernement se trouve placé devant des options
543
ment se trouve placé devant des options graves qu’
il
lui sera difficile de trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple
544
er, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse.
Il
ne faut pas que l’histoire nous surprenne, endormis dans la fausse sé
545
urope — comme aujourd’hui sur le plan militaire —
il
faut la maintenir. Si au contraire elle devient un prétexte à freiner
546
militaire — il faut la maintenir. Si au contraire
elle
devient un prétexte à freiner l’union de l’Europe et à ne pas y prend
547
ion de l’Europe et à ne pas y prendre notre part,
elle
est contraire à l’esprit même de son statut, et elle peut donc demain
548
e est contraire à l’esprit même de son statut, et
elle
peut donc demain devenir une trahison. Car je le répète : notre neutr
549
urope entière », et non pas comme un privilège qu’
il
n’y aurait plus à mériter. Elle est relative à l’Europe. Et ceux qui,
550
mme un privilège qu’il n’y aurait plus à mériter.
Elle
est relative à l’Europe. Et ceux qui, par erreur ou par malice, veule
551
emple — ceux-là sont infidèles à notre tradition.
Ils
violent notre statut légal, et l’esprit même de nos institutions. Je
552
r. Les efforts pour unir l’Europe se multiplient.
Il
semble que les obstacles qui s’opposent à une fédération européenne s
553
ont plus difficiles et plus nombreux. Les Suisses
doivent
d’abord connaître objectivement la question. Nous avons rédigé un que
554
les, les réponses reçues. Voici le questionnaire.
Il
est suivi d’une première réponse de M. Denis de Rougemont aux questio
555
V : […] — Quelle attitude, selon vous, la Suisse
devrait
-elle adopter en face de l’Europe unie ? À supposer qu’une fédération
556
— Quelle attitude, selon vous, la Suisse devrait-
elle
adopter en face de l’Europe unie ? À supposer qu’une fédération europ
557
ans quelle mesure la neutralité helvétique serait-
elle
un obstacle majeur à notre entrée dans ladite fédération ? Une concep
558
trop restrictive de cette neutralité n’empêche-t-
elle
pas notre pays d’assumer actuellement la tâche de conciliation qui se
559
ait simplifié ma thèse jusqu’à la déformer, et qu’
il
ait apporté à sa réfutation moins de scrupule que d’humeur. J’avais p
560
ent nié ou méconnu l’intérêt propre de la Suisse.
Il
serait toutefois bien léger de penser, ou de laisser croire, que ce p
561
donc ai-je soutenu « sans réserve » que la Suisse
devrait
subordonner sa politique à « l’intérêt des principaux États de l’Euro
562
n union fédérale ; et j’ai ajouté : « Encore faut-
il
que cette union prenne forme. » Telle est ma thèse principale. Au sur
563
er la Russie de 1815 et l’URSS de Staline, lorsqu’
il
s’agit de leurs relations avec l’Europe ; qu’il tienne l’URSS — malgr
564
u’il s’agit de leurs relations avec l’Europe ; qu’
il
tienne l’URSS — malgré elle ! — pour une puissance européenne ; qu’il
565
ions avec l’Europe ; qu’il tienne l’URSS — malgré
elle
! — pour une puissance européenne ; qu’il fasse état, très sérieuseme
566
algré elle ! — pour une puissance européenne ; qu’
il
fasse état, très sérieusement, de ce que l’OECE « reste ouverte » aux
567
; et qu’enfin tous les chiffres et proportions qu’
il
cite vers la fin de son article soient erronés, — ceci pour deux moti
568
d’interprétation, l’autre de fait. Tout d’abord,
il
est clair que je n’ai pas pu « confondre systématiquement » le Consei
569
on de M. Lasserre sur le fond du problème, tel qu’
il
est défini par les points IV et V de votre questionnaire ?o On voit q
570
a construction de l’Europe. C’est sur ce point qu’
il
eût été intéressant d’entendre l’historien respecté de Lausanne. m.
571
ficile à justifier, mais non pas les principes du
devoir
moral, considérés comme révélés, invariables désormais et au surplus
572
finies. Mais la morale ! Ce serait peu de dire qu’
elle
est en crise : on ne sait même plus très bien ce qu’elle est, ni où e
573
t en crise : on ne sait même plus très bien ce qu’
elle
est, ni où elle est, ce qu’elle peut ou doit dire encore, et au nom d
574
ne sait même plus très bien ce qu’elle est, ni où
elle
est, ce qu’elle peut ou doit dire encore, et au nom de quoi. Le « mor
575
s très bien ce qu’elle est, ni où elle est, ce qu’
elle
peut ou doit dire encore, et au nom de quoi. Le « moralisme de grand-
576
généralement bourgeoise-occidentale, que reste-t-
il
après la triple attaque convergente de la sociologie (surtout marxist
577
, du piétisme et de l’existentialisme, etc. Y a-t-
il
encore une morale chrétienne ? Osera-t-on encore la prêcher ? Théolog
578
le fondement commun de toutes nos orthodoxies, qu’
elles
soient d’empreinte barthienne ou thomiste, et les notions mêmes d’ort
579
, et même linguistique depuis peu — se mettent en
devoir
et en mesure de remplacer les préceptes et coutumes de la morale trad
580
le rendement des procédés et des conduites, — qu’
il
s’agisse de s’assurer contre l’imprévu ou au contraire de mieux couri
581
xemple.) Les conséquences de cette situation — qu’
il
faut imaginer réalisées dans un avenir pas trop lointain (beaucoup so
582
euses et diverses pour que l’on puisse porter sur
elles
un jugement global. Je me borne à relever ceci : à supposer que demai
583
orer ! Exécuter une prescription médicale, même s’
il
s’agit d’une intervention douloureuse comme peut l’être une extractio
584
beaucoup de ces observateurs, c’est l’idée que s’
il
devait en aller ainsi demain, les Églises et leurs clergés n’auraient
585
aucoup de ces observateurs, c’est l’idée que s’il
devait
en aller ainsi demain, les Églises et leurs clergés n’auraient en som
586
stère tombé en désuétude, les Églises ne feraient-
elles
pas mieux d’admettre que la compétence des savants et des praticiens
587
a conduite quotidienne des membres d’une société,
elles
pourront se consacrer d’autant mieux à leur mission proprement spirit
588
e paraît avantageux à presque tous les égards. Je
dois
m’expliquer maintenant sur ce presque, car il est capital. Supposez,
589
e dois m’expliquer maintenant sur ce presque, car
il
est capital. Supposez, dans x années, une forme d’existence humaine s
590
; la question de ma relation à la transcendance.
Elle
demeure sans réponse, non point par accident, mais par nécessité de m
591
ociété que je suppose en parfait ordre de marche,
il
devient à peu près impossible, parce qu’impensable dans les termes ad
592
hommes leur mode de vie, d’autres s’en chargent.
Elle
est là pour mettre en question cet ajustement trop parfait, pour l’ex
593
es fins dernières, métaphysiques et spirituelles.
Elle
est là pour défendre le droit de la personne à différer, le droit à l
594
automatique à des fins purement sociales, fussent-
elles
déterminées par la plus sûre des sciences. Quant à celui qui veut dev
595
ciences. Quant à celui qui veut devenir chrétien,
devra-t
-il s’exiler moralement de cette société trop bien ajustée, se désadap
596
Quant à celui qui veut devenir chrétien, devra-t-
il
s’exiler moralement de cette société trop bien ajustée, se désadapter
597
ui est réputée nulle et vide. Chrétien en cela qu’
il
cherchera ce sens dans les voies de l’amour, qui implique l’existence
598
t à la fois le contenu et les conditions de ce qu’
il
nommera sa « liberté ». Cela sera vu et ressenti comme un refus de la
599
essairement sous une forme agressive et violente.
Il
sera simplement le témoignage permanent (et qui pourra rester sourian
600
égèrement majoritaires) de penser au contraire qu’
elle
peut contribuer à débrouiller un peu nos problèmes éthiques, en vue d
601
pte pas modifier dans la version finale du livre.
Elles
sont intitulées : « De la Visée » : J’ai appris le tir au fusil dan
602
rrassé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’
il
me semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dan
603
un tout jeune lieutenant. « Vous tirez mal », dit-
il
avec une douceur froide, au moment même où je me félicitais d’avoir e
604
ans la cible. « Voulez-vous apprendre à tirer ? »
Il
me regarda, et voyant dans mes yeux une bonne volonté en détresse :
605
s moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain
il
me parut plus large, plus proche, bien mat, et immobile… La détonatio
606
mots de ce jeune officier — « pensez au noir » —,
elles
ne devaient m’apparaître qu’après bien des années, à l’épreuve de bie
607
e jeune officier — « pensez au noir » —, elles ne
devaient
m’apparaître qu’après bien des années, à l’épreuve de bien d’autres a
608
t peuvent être nuisibles dans la mesure exacte où
ils
absorbent l’attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2. L
609
ent du but, ou le font oublier. 2. L’appel du but
doit
nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord la force vie
610
cace commence donc par la fin. Avant toute chose,
il
faut considérer la fin. 4. La fin seule justifie les moyens, dans la
611
fin seule justifie les moyens, dans la mesure où
elle
est juste, et où ils sont vraiment dictés par elle. (Le fait que l’on
612
s moyens, dans la mesure où elle est juste, et où
ils
sont vraiment dictés par elle. (Le fait que l’on invoque ce proverbe
613
lle est juste, et où ils sont vraiment dictés par
elle
. (Le fait que l’on invoque ce proverbe pour couvrir des tricheries év
614
and usage du Tir et de la méditation sur cet art.
Il
s’agit du tir à l’arc. Le tireur zen doit arriver à s’identifier au b
615
cet art. Il s’agit du tir à l’arc. Le tireur zen
doit
arriver à s’identifier au but (à la cible), à avoir ce but en soi, de
616
cible), à avoir ce but en soi, de telle sorte qu’
il
arrive un jour à mettre une flèche dans le noir les yeux fermés, et u
617
ollectif selon Jung, notamment, et c’est pourquoi
il
est si difficile de les modifier ; en revanche, quantité de préceptes
618
ionner ici le principe de cette analyse, parce qu’
il
autorise quelques conclusions intéressantes pour notre sujet. À parti
619
sens qu’on en a dit seulement du mal, oubliant qu’
elles
sont réellement indispensables à toute vie sociale, c’est-à-dire à to
620
d’échecs sont des conventions, c’est clair, mais
elles
font tout l’intérêt de cette activité. En effet, déplacer un bout de
621
se concentrer avec passion pendant une heure, car
il
est chargé de sens par les règles du jeu. Quant aux feux verts et aux
622
du jeu. Quant aux feux verts et aux feux rouges,
ils
sont conventionnels aussi, mais sans eux, c’est l’embouteillage. Ceux
623
morales religieuses ou profanes sous prétexte qu’
elles
ne sont que de « simples conventions », se trompent doublement : car
624
sens physico-chimique du terme ; et deuxièmement,
il
n’y a rien de plus important que les conventions dans une culture, un
625
s hommes, ou même entre deux êtres, si frustes qu’
ils
soient. Reconnaître que les normes et prescriptions morales sont des
626
ales sont des conventions ne signifie donc pas qu’
elles
soient méprisables ou vaines, bien au contraire. De plus, l’assimilat
627
ales aux règles d’un jeu ne signifie nullement qu’
il
faille les prendre à la légère, ni qu’on montre beaucoup d’intelligen
628
n montre beaucoup d’intelligence en trichant avec
elles
: aux échecs, par exemple, la moindre tricherie détruit tout l’intérê
629
cet intérêt tient aux règles et à rien d’autre. S’
il
est admis que les normes de la morale sont des règles d’un jeu, toute
630
u, toute espèce de laxisme est exclu, toute faute
doit
être exactement pénalisée, par un recul de pions, une perte de points
631
ureusement, comme on le fait des règles d’un jeu,
il
faut souligner aussitôt que ces conventions ne sauraient être arbitra
632
traire » sont à peu près synonymes.) Par exemple,
elles
ne doivent être ni contradictoires, ni manifestement impraticables, n
633
sont à peu près synonymes.) Par exemple, elles ne
doivent
être ni contradictoires, ni manifestement impraticables, ni évidemmen
634
st tout encombrée de règles contradictoires entre
elles
, ou impraticables, ou néfastes, et il est important de les soumettre
635
es entre elles, ou impraticables, ou néfastes, et
il
est important de les soumettre à une critique systématique et scienti
636
romain, la Sippe germanique, ou les interdits et
devoirs
sacrés d’autres religions, notamment celles du Proche-Orient antique
637
ligion qui n’ait pas institué de morale codifiée,
devait
fournir un terrain de choix pour cette confusion : il ne disposait qu
638
ournir un terrain de choix pour cette confusion :
il
ne disposait que de la loi mosaïque et de son sommaire, le commandeme
639
e loi, un recueil de règles, et c’est même ce qui
devrait
permettre de se passer de code, de lois, de règles… « Ama et fac quod
640
qui met notamment sur le même plan d’objets (dont
il
faut préserver la possession) esclaves, femmes et bétail : on ne pouv
641
ar masochisme ou par une sorte de démagogie, mais
il
faut bien le reconnaître : ces scandales trop connus tiennent au fait
642
p connus tiennent au fait que les Églises ont cru
devoir
édicter la morale de leur siècle, généralement au nom des intérêts (t
643
eurs — une stricte obéissance à ces règles, comme
il
va de soi dans tous les jeux et sports d’équipe ; 3. ceci exclut, du
644
s de jugement sur sa valeur en tant que personne.
Il
est entendu que si l’on fait une faute, si on touche la balle avec la
645
la balle avec la main au football par exemple, on
doit
être pénalisé ou même disqualifié, mais si l’on suit les règles norma
646
e trouve posée la question de nos fins dernières.
Elle
est liée à la vocation. ⁂ On pourrait définir une sorte de vocation g
647
cherche à entendre, à capter de nouveau, pour qu’
il
me guide dans l’inconnu, comme ces avions qui dans la nuit suivent la
648
u sonore. Mais ce chemin sans précédent, — puisqu’
il
part de moi seul pour me conduire là où convergent tous les chemins d
649
je le découvre ou si je l’invente en le suivant ?
Il
n’est créé que par l’appel, et n’existe que si je m’y engage, réponda
650
, répondant à l’appel sans penser à rien d’autre.
Il
n’est pas jalonné, comme les grandes voies publiques, de signes bien
651
puisque personne encore n’a pu le suivre, puisqu’
il
n’existe qu’à partir de moi, et pour moi seul ! Cette unicité et sing
652
mettre en doute ou de nier son existence — sauf s’
ils
ont fait, eux aussi, l’expérience de cet appel invraisemblable — et i
653
i, l’expérience de cet appel invraisemblable — et
ils
vont me conseiller « pour mon bien », de m’en tenir aux chemins commu
654
la route, qui est aussi fait pour moi, ajouteront-
ils
, sévères. Oui, bien sûr, mais ces voies publiques, faites pour tout l
655
es pour tout le monde et personne en particulier,
elles
me mèneront sans doute aussi loin qu’on voudra et en toute sécurité,
656
c’est bien utile et agréable, — mais jamais où je
dois
aller, qui est absolument ailleurs. Elles ne sont pas faites pour cel
657
is où je dois aller, qui est absolument ailleurs.
Elles
ne sont pas faites pour cela. Seul pourrait me relier à mon but le se
658
aire mon salut » comme disait la piété classique.
Il
me faut me risquer dans un monde spirituel qui est peut-être une illu
659
tuel qui est peut-être une illusion, ou le néant.
Il
me faut affronter l’invraisemblable (dont parlait Kierkegaard), un ri
660
aard), un risque absolument sans précédent puisqu’
il
est institué pour moi seul. Et dans tout cela je n’ai d’autre soutien
661
aut… Dans ces moments, le But a dicté ses moyens.
Il
ne les a pas seulement justifiés, il les a faits et me les a donnés.
662
ses moyens. Il ne les a pas seulement justifiés,
il
les a faits et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notio
663
e monde de la vocation. Voici comment je crois qu’
il
faut l’entendre. Par rapport à la vocation humaine et générale de l’a
664
t générale de l’amour (sommaire de toute la Loi),
il
est clair que le péché en général est de faillir à l’amour, de le ble
665
le réduire à un pur sentiment ou désir, alors qu’
il
est action. Mais dans le monde de la vocation, mon péché particulier,
666
fait perdre de vue le but, m’en fait douter quand
il
est invisible, bref, me détourne d’agir ma vocation. Et je découvre,
667
op simplifié, beaucoup trop court pour tout ce qu’
il
prétend remuer, sans avoir indiqué au moins les principales objection
668
ion fondamentale et radicale, pour paulinienne qu’
elle
soit sans doute — au moins par sa structure dialectique — il est évid
669
s doute — au moins par sa structure dialectique —
il
est évident qu’elle provoque une série de questions, de doutes et de
670
par sa structure dialectique — il est évident qu’
elle
provoque une série de questions, de doutes et de reproches hélas bien
671
ien faciles à prévoir. Le psychologue me dira (et
il
le dit en moi) : — Êtes-vous sûr que l’appel que vous croyez venu du
672
traception ou de la guerre, je me demande de quoi
elles
priveraient le monde si elles cessaient de lui prodiguer des conseils
673
me demande de quoi elles priveraient le monde si
elles
cessaient de lui prodiguer des conseils ou des ordres au moins aussi
674
n me reprochera (et je ne suis pas du tout sûr qu’
il
ait tort) d’ouvrir les portes toutes grandes au subjectivisme intégra
675
dont la psychose prend la forme d’une mission qu’
ils
affirment reçue de Dieu. — À quoi je pense qu’on doit répondre par un
676
affirment reçue de Dieu. — À quoi je pense qu’on
doit
répondre par une vigilance redoublée dans l’examen des marques ou des
677
liste. Toute vie spirituelle authentique ne s’est-
elle
pas toujours jouée entre les deux extrêmes du désert et du déluge, du
678
s docteurs, le critère externe de la Révélation ;
elle
dit ceci : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, et le reste vous se
679
vangile ne dit pas : « Voici le code, obéissez. »
Il
dit : « Cherchez, et osez croire l’invraisemblable. Et c’est ainsi qu
680
ns un individualisme anarchisant, je répondrai qu’
il
a bien mal compris la définition de la personne : l’homme chargé par
681
, à faire grandement la moindre des choses, ce qu’
il
doit faire lui seul. (Et d’abord, à se faire lui-même, ajouterais-je.
682
faire grandement la moindre des choses, ce qu’il
doit
faire lui seul. (Et d’abord, à se faire lui-même, ajouterais-je.) Aux
683
celer ma vocation, puisque selon vous le But d’où
elle
m’est adressée reste invisible, inouï, incalculable, et c’est lui cep
684
, inouï, incalculable, et c’est lui cependant qui
devrait
nous guider… » — je voudrais dire ici que la prière est le seul moyen
685
or toute vocation est d’abord indicible, parce qu’
elle
n’a pas et ne peut avoir de précédent, parce qu’il n’y a pas deux hom
686
e n’a pas et ne peut avoir de précédent, parce qu’
il
n’y a pas deux hommes pareils, donc pas deux chemins pareils allant d