1
talitarisme a triomphé surtout pour deux raisons,
me
semble-t-il : D’abord il a utilisé le défaut de civisme qui résultait
2
par les Églises chrétiennes. Défaut de civisme :
j’
en donnerai un seul exemple mais significatif. En Italie, de 1920 à 19
3
leurs, parce qu’ils représentaient une espérance.
Je
rejoins ici ma seconde thèse : le totalitarisme a triomphé parce qu’i
4
’ils représentaient une espérance. Je rejoins ici
ma
seconde thèse : le totalitarisme a triomphé parce qu’il fut le premie
5
des devoirs qu’impliquent nos libertés actuelles.
Je
le répète : la puissance du totalitarisme ne sera jamais que la somme
6
tte. Conscience civique et conscience religieuse.
J’
illustrerai le premier point par notre situation comme Suisses. Et le
7
tuation comme chrétiens. ⁂ L’exemple de la Suisse
me
tient à cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autre part, il se
8
la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est
ma
patrie, et d’autre part, il se trouve que sa tradition politique est
9
rsonnalisme. C’est donc à propos de la Suisse que
je
pourrai le mieux faire saisir la portée immédiate de ce que j’entends
10
mieux faire saisir la portée immédiate de ce que
j’
entends quand je parle de conscience civique. Lorsque l’Allemagne tota
11
sir la portée immédiate de ce que j’entends quand
je
parle de conscience civique. Lorsque l’Allemagne totalitaire envahit
12
beaucoup la plus fréquente et la plus populaire.
J’
ai à cœur cependant de montrer son danger pour nous Suisses. Et je vou
13
ndant de montrer son danger pour nous Suisses. Et
je
voudrais, à titre personnel évidemment, présenter quelques remarques
14
quelques remarques sur la question des armements.
J’
y vois le piège le plus dangereux que nous tendent les totalitaires. P
15
n revolver, disait-il, c’est entendu. Mais donnez-
moi
un revolver, vous m’armez ! Donnez-moi un 75, vous me laissez sans dé
16
c’est entendu. Mais donnez-moi un revolver, vous
m’
armez ! Donnez-moi un 75, vous me laissez sans défense : c’est trop lo
17
ais donnez-moi un revolver, vous m’armez ! Donnez-
moi
un 75, vous me laissez sans défense : c’est trop lourd pour moi. » Ex
18
n revolver, vous m’armez ! Donnez-moi un 75, vous
me
laissez sans défense : c’est trop lourd pour moi. » Exemple à retenir
19
s me laissez sans défense : c’est trop lourd pour
moi
. » Exemple à retenir, pour un petit pays comme le nôtre. Mais suppose
20
chez nous, sous prétexte de défense nationale. Or
je
crois que l’erreur qui aboutit à ce dilemme est la plus grave que nou
21
Voilà la résistance civique et toute civile dont
je
vous parlais, et voilà la conscience de notre force véritable. Si nou
22
t alors, va-t-on dire, vous êtes contre l’armée ?
Je
serais contre elle si je croyais que dès maintenant nous sommes assez
23
us êtes contre l’armée ? Je serais contre elle si
je
croyais que dès maintenant nous sommes assez forts moralement devant
24
uvre pour échapper au cercle de la guerre totale.
Je
crois que le seul moyen sérieux de résister à l’emprise totalitaire s
25
de défense non militaires, donc non totalitaires.
Je
ne dis pas que je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les
26
itaires, donc non totalitaires. Je ne dis pas que
je
les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La force
27
talitaires. Je ne dis pas que je les ai trouvées.
Je
dis que le salut serait de les trouver. La force des totalitaires c’e
28
ec leurs moyens propres : des quartiers de roche.
Je
ne veux pas dire, évidemment, que nous devions nous défendre aujourd’
29
aujourd’hui encore avec des quartiers de roche ;
je
veux dire que la force du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et
30
e jeu du fort, et de le déconcerter par ce refus.
Je
lis dans un ouvrage anglais quelques phrases qui pourraient orienter
31
iate. Il vacille devant l’inconnu… Pour ma part,
je
ne suis pas adversaire de la violence en soi, mais bien de cette form
32
t dans la guerre moderne. Aussi bien, la page que
je
viens de citer ne propose-t-elle pas la non-résistance, mais au contr
33
des résultats considérables. Il faut chercher. Et
je
ne vous dis pas cela seulement comme personnaliste, adversaire du sta
34
aliste, adversaire du stalinisme et du fascisme ;
je
ne vous le dis pas seulement comme Suisse, convaincu de la mission fé
35
convaincu de la mission fédéraliste de son pays ;
je
vous le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’agresseur viole
36
des apôtres. Et pour qu’on n’aille pas penser que
je
préconise je ne sais quelle veule démission ou quel défaitisme utopiq
37
Et pour qu’on n’aille pas penser que je préconise
je
ne sais quelle veule démission ou quel défaitisme utopique, je tradui
38
elle veule démission ou quel défaitisme utopique,
je
traduirai la même idée en d’autres termes : à la brutalité, le chréti
39
t, il nous faut agir. Or agir, ce n’est pas haïr.
Je
ne veux, sous aucun prétexte pieux, exciter de la haine contre ceux q
40
aine contre ceux qui adorent l’idole totalitaire.
Je
veux démasquer cette idole, et les raisons profondes du culte qu’on l
41
les raisons profondes du culte qu’on lui rend. Or
je
distingue dans ces raisons plus d’angoisse que de méchanceté. J’ai re
42
ns ces raisons plus d’angoisse que de méchanceté.
J’
ai reçu cet hiver, d’un jeune nazi, une lettre significative, et à cer
43
a raison profonde d’un mouvement comme le nôtre —
m’
écrivait-il — est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose.
44
e déguise en défi, par désespoir. Mais là encore,
je
ne parle pas d’une compassion sentimentale. Je parle d’une attitude v
45
e, je ne parle pas d’une compassion sentimentale.
Je
parle d’une attitude virile et décidée, d’une volonté de libérer ces
46
erait déjà une complicité. Ce n’est pas ainsi que
je
conçois la charité. Quand les Romains adoraient leur empereur, les ch
47
ire des idoles colossales qu’on nous vante. Quand
je
vois les trois dictateurs qui font les gros yeux à l’Europe, se procl
48
urope, se proclament tous les trois infaillibles,
je
ne crois pas manquer au devoir de charité en jugeant parfaitement gro
49
. Voltaire nous conte là-dessus une anecdote dont
j’
aime assez l’impertinence. Il imagine un certain oncle à lui, qu’il ap
50
en fit de vifs reproches à ses derniers moments.
Mon
oncle en fut affligé, et pour mourir en paix, il dit à l’archevêque d
51
lez, ne vous attristez pas. Ne voyez-vous pas que
je
vous crois infaillible vous aussi ? » Toutefois le scepticisme n’est
52
de cette vocation devant la cité qui les protège.
Je
ne vous appellerai pas, en terminant, à une croisade antifasciste ou
53
engagé, autonome et pourtant solidaire. Celui que
j’
appelle l’homme total. Je ne sais si nous réussirons, mais nous aurons
54
ant solidaire. Celui que j’appelle l’homme total.
Je
ne sais si nous réussirons, mais nous aurons du moins sauvé l’honneur
55
de cette génération anxieuse. Et pour tout dire,
je
ne suis pas sans espoir. Les faux dieux ne font pas de miracles. Je n
56
s espoir. Les faux dieux ne font pas de miracles.
Je
ne me lasserai jamais de le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là
57
ir. Les faux dieux ne font pas de miracles. Je ne
me
lasserai jamais de le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là où l’
58
s. Je ne me lasserai jamais de le répéter — c’est
mon
delenda Carthago : Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jama
59
orme et ses « innovations ». Une suite de hasards
m’
ayant mis entre les mains, au cours de l’été dernier, quelques écrits
60
ienheureux, ce ne fut pas sans émerveillement que
j’
entrevis la réalité historique du personnage. À tel point que je n’hés
61
réalité historique du personnage. À tel point que
je
n’hésitai pas à en faire le sujet d’un drame, qui sera représenté à Z
62
ce sujet n’a pas été sans surprendre certains de
mes
amis protestants, et — pour d’autres raisons sans doute — certains ca
63
s doute — certains catholiques qui ont bien voulu
me
le faire sentir. Il m’a semblé que je devais aux uns et aux autres un
64
oliques qui ont bien voulu me le faire sentir. Il
m’
a semblé que je devais aux uns et aux autres une brève explication, do
65
bien voulu me le faire sentir. Il m’a semblé que
je
devais aux uns et aux autres une brève explication, dont l’intérêt, j
66
aux autres une brève explication, dont l’intérêt,
je
l’espère, débordera cette anecdote personnelle. Il m’est apparu, en e
67
’espère, débordera cette anecdote personnelle. Il
m’
est apparu, en effet, à mesure que j’avançais dans mon travail, que la
68
sonnelle. Il m’est apparu, en effet, à mesure que
j’
avançais dans mon travail, que la figure de Nicolas de Flue pouvait re
69
st apparu, en effet, à mesure que j’avançais dans
mon
travail, que la figure de Nicolas de Flue pouvait revêtir pour les Su
70
nt, mais de toute parole qui sort de la bouche de
mon
Père »… Ni les espions placés autour de l’ermitage par des autorités
71
« politique » dont l’ermite eût donné l’idée ? Il
me
paraît probable que l’autorité de Nicolas sur ses compatriotes suffit
72
appe, si nous nous limitons au savoir historique.
J’
entends qu’il est très difficile, sur les documents qui nous restent,
73
éduits à des approches tâtonnantes. Pour ma part,
je
tenterai de distinguer dans la vie religieuse de Nicolas trois tendan
74
lique » de la religion du Bienheureux. Toutefois,
je
ne puis me persuader qu’il ait été décisif dans sa vie. Si l’on consi
75
la religion du Bienheureux. Toutefois, je ne puis
me
persuader qu’il ait été décisif dans sa vie. Si l’on considère d’une
76
il sentait croître en lui l’inquiétude du salut.
J’
ai été attaché avec zèle aux lois papistes autant que n’importe qui, e
77
le aux lois papistes autant que n’importe qui, et
je
les ai défendues avec grand sérieux comme saintes et nécessaires au s
78
s et nécessaires au salut. Avec tout le soin dont
j’
étais capable, je me suis efforcé de les observer par le jeûne, les ve
79
au salut. Avec tout le soin dont j’étais capable,
je
me suis efforcé de les observer par le jeûne, les veilles, les oraiso
80
salut. Avec tout le soin dont j’étais capable, je
me
suis efforcé de les observer par le jeûne, les veilles, les oraisons
81
es, les oraisons et autres exercices, en macérant
mon
corps plus que tous ceux qui aujourd’hui me persécutent, parce que je
82
rant mon corps plus que tous ceux qui aujourd’hui
me
persécutent, parce que je leur enlève la gloire de se justifier… J’im
83
us ceux qui aujourd’hui me persécutent, parce que
je
leur enlève la gloire de se justifier… J’imposais à mon corps plus d’
84
rce que je leur enlève la gloire de se justifier…
J’
imposais à mon corps plus d’efforts qu’il n’en pouvait fournir sans da
85
ur enlève la gloire de se justifier… J’imposais à
mon
corps plus d’efforts qu’il n’en pouvait fournir sans danger pour la s
86
it fournir sans danger pour la santé… Tout ce que
je
faisais, je le faisais en toute simplicité, par pur zèle et pour la g
87
ans danger pour la santé… Tout ce que je faisais,
je
le faisais en toute simplicité, par pur zèle et pour la gloire de Die
88
té, par pur zèle et pour la gloire de Dieu. Toute
ma
vie n’était que jeûnes, veilles, oraisons, sueurs… Et plus tard Lut
89
ons, sueurs… Et plus tard Luther ajoute : Mais
mon
cœur tremblait et s’agitait en songeant comment il pourrait se rendre
90
es vingt dernières années ? Ce rapprochement, que
je
ne puis qu’esquisser, nous mettrait-il en mesure de deviner la raison
91
nquantième année ? Toutes proportions gardées, il
me
paraît licite de voir dans le cas du paysan, illettré et simple fidèl
92
s pleine d’activité autant que de contemplation3,
je
pense qu’il faut la rattacher surtout à une troisième tendance, la pl
93
ut à une troisième tendance, la plus importante à
mes
yeux, celle de la mystique germanique. Nous savons que par sa mère et
94
araphrase d’un texte du mystique Heinrich Suso :
Mon
Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de toi ! Mon
95
Heinrich Suso : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de
moi
tout ce qui m’éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi
96
Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui
m’
éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me
97
Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de toi !
Mon
Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi ! M
98
loigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-
moi
tout ce qui me rapproche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache
99
Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui
me
rapproche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-moi à moi-même
100
eu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi !
Mon
Seigneur et mon Dieu, arrache-moi à moi-même et donne-moi tout entier
101
oche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-
moi
à moi-même et donne-moi tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile
102
neur et mon Dieu, arrache-moi à moi-même et donne-
moi
tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile de caractériser en quel
103
s La contre-épreuve de ces diverses hypothèses
m’
a été fournie d’une manière très convaincante par la lecture des deux
104
forme. Ce n’est pas sans un joyeux étonnement que
je
suis tombé, dans Dürrer, à peine les gros volumes ouverts, sur une ab
105
ce n’est pas sans un léger mouvement de triomphe,
je
l’avoue, que j’ai trouvé ce fait, très généralement ignoré : les prem
106
s un léger mouvement de triomphe, je l’avoue, que
j’
ai trouvé ce fait, très généralement ignoré : les premiers drames mett
107
rapide de cette littérature réformée sur Nicolas.
Je
la diviserai en trois rubriques. 1. Chroniques. — La première en dat
108
ir du Frère Claus ». Quant à la petite prière que
je
citais plus haut (Gebetlein), elle avait été connue et publiée d’abor
109
rinité. Les historiens ne sont guère d’accord, et
je
n’ai pas qualité pour trancher ce problème d’ailleurs accessoire. ⁂ C
110
unement la prétention d’annexer Nicolas de Flue à
je
ne sais quel « parti de la Réforme » ! Elles ne visent qu’à faire mie
111
de la sorte, et n’ont-ils pas laissé dénaturer !
Mon
désir n’est nullement d’enlever le Frère Claus aux catholiques — il n
112
où le sens fédéral paraît renaître parmi nous, il
m’
a semblé que la vie du Frère Claus prenait une valeur de symbole, et n
113
manière peuvent saluer comme l’ancêtre commun, et
j’
ajouterais : comme le parrain de cette « défense spirituelle du pays »
114
emple, ou simplement que la défense nationale. Or
je
vois là le signe très certain d’une crise, — et d’une crise qui met e
115
n les fondements mêmes de la culture en Occident.
Je
voudrais vous montrer ce soir que cette crise n’est pas théorique ; q
116
’écarter un malentendu menaçant. La bataille dont
je
vais vous parler n’est pas une bataille politique. Les adversaires ne
117
-culture. Ce genre d’opposition est très tentant,
je
l’avoue, et aujourd’hui plus que jamais. C’est malgré tout un procédé
118
’esprit Songeant à notre civilisation moderne,
je
suis de plus en plus frappé par ces deux traits : d’une part, une éto
119
ses misérables, déracinées et démoralisées. Enfin
je
vous citerai un cas individuel assez typique. Un grand banquier de Pa
120
té de bienfaisance, fut interrogé un jour, devant
moi
, par un de ses collègues. Était-il vrai, lui demandait-on, que sa ban
121
sacre ? — Nullement, répondit-il. Car tout ce que
j’
ai à voir, ce sont deux colonnes de chiffres, dont la balance est favo
122
nnes de chiffres, dont la balance est favorable à
ma
maison. — L’exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le certi
123
— L’exemple peut paraître caricatural. Toutefois,
je
le certifie exact. De plus, il illustre à merveille le vice fondament
124
lle est devenue toute naturelle. Le banquier dont
je
viens de vous parler aurait eu beaucoup de peine à concevoir qu’il y
125
anque n’est même plus ressenti comme un scandale,
je
la vois condamnée à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la
126
et les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et
je
le nommerai : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démis
127
. La religion est l’opium du peuple, disait Marx.
Je
lui réponds que sa croyance au Progrès est l’opium de la culture. S’i
128
par lesquels se trahit la démission de l’esprit,
je
dirais : goût des automatismes, croyance aux fatalités de l’Histoire
129
commune mesure. Décadence de la communauté
Je
préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure d’une civilisation
130
écadence de la communauté Je préciserai ce que
j’
appelle ici la commune mesure d’une civilisation : c’est le principe q
131
re en chômage se corrompt rapidement, s’asservit.
Je
vous en donnerai un exemple que chacun de vous peut vérifier quotidie
132
ent sur le sens de certains mots fondamentaux que
j’
appellerai les lieux communs. C’était sur la base de ces mots définis
133
crits de notre époque : esprit, liberté et ordre.
Je
constate que le mot esprit a déjà vingt-neuf sens différents dans le
134
tre, l’activité révolutionnaire des créateurs. Si
j’
affirme que mon but est de sauver l’esprit, le marxiste en déduira que
135
é révolutionnaire des créateurs. Si j’affirme que
mon
but est de sauver l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la
136
st de sauver l’esprit, le marxiste en déduira que
je
néglige la vie concrète, que je m’évade dans le spiritualisme, alors
137
te en déduira que je néglige la vie concrète, que
je
m’évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’e
138
en déduira que je néglige la vie concrète, que je
m’
évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’espr
139
, que je m’évade dans le spiritualisme, alors que
je
ne vois de salut pour l’esprit que dans la présence effective de la p
140
ns la rue mais seulement dans les prisons d’État.
Je
n’hésite pas à le dire : l’une des causes principales de la mésentent
141
e nouveau », exactement inverse de l’ancien… Cela
me
fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice au pays des Merveil
142
gue d’Alice au pays des Merveilles (qui est un de
mes
livres préférés), dialogue dont voici trois répliques : « Quand je me
143
s), dialogue dont voici trois répliques : « Quand
je
me sers d’un mot, dit Humpty Dumpty d’un ton méprisant, il signifie e
144
dialogue dont voici trois répliques : « Quand je
me
sers d’un mot, dit Humpty Dumpty d’un ton méprisant, il signifie exac
145
d’un ton méprisant, il signifie exactement ce que
je
veux qu’il signifie… ni plus ni moins. — La question est de savoir, d
146
es mots et qui l’impose à son caprice. Eh ! bien,
je
dis que lorsqu’on en arrive à une pareille décadence des lieux commun
147
leurs peuples. Et voici la faute de calcul qu’ils
me
paraissent avoir commise : ils ont voulu imposer à l’ensemble des pri
148
la mesure, le seul devoir des intellectuels — et
j’
ajouterai : leur seul pouvoir — c’est donc de rechercher l’homme perdu
149
itiques. À ce moment se produit fatalement ce que
j’
appellerai un sentiment de vide social. C’est une sorte d’angoisse dif
150
t dans une communauté nouvelle. Voilà l’homme que
j’
appelle une personne : il est à la fois libre et engagé, et il est lib
151
é par cela même qui l’engage envers son prochain,
je
veux dire par sa vocation. Eh bien, je dis que les maux dont nous sou
152
prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien,
je
dis que les maux dont nous souffrons sont avant tout des maladies de
153
Raisons d’espérer : la culture et les groupes
Je
voudrais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai d’espérer, après
154
e voudrais vous dire, maintenant, les raisons que
j’
ai d’espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vous énumérer les
155
ns que j’ai d’espérer, après avoir tant critiqué.
Je
voudrais vous énumérer les premiers succès remportés, dans la bataill
156
omme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il
me
suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : e
157
se manifester selon sa vocation particulière. Si
j’
insiste sur cet axiome, c’est qu’il est particulièrement libérateur po
158
s directives de cette action redevenue possible ?
Je
ne voudrais pas, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas que les p
159
? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’utopie.
Je
ne pense pas que les principes fondamentaux d’une société plus harmon
160
hristianisme devenu passif devant le monde. Or il
me
semble que, là encore, un réveil soulève les Églises. Elles ont compr
161
dans tous les ordres de la pensée et de l’action.
J’
ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le type même de
162
ujours trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes,
je
le sais, sont à l’œuvre, Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement de
163
de la personne, matériellement et moralement, que
je
vois la commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solid
164
. La solution fédéraliste Par quelle voie ?
Je
n’aime pas beaucoup la tolérance, vertu qui naît en somme d’un scepti
165
, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes.
Je
n’aime pas non plus l’intolérance qui veut tout uniformiser, et qui e
166
evise paradoxale : Un pour tous, tous pour un. Et
me
voici conduit, comme malgré moi, à des conclusions politiques — osera
167
, tous pour un. Et me voici conduit, comme malgré
moi
, à des conclusions politiques — oserais-je dire patriotiques ? — ou p
168
algré moi, à des conclusions politiques — oserais-
je
dire patriotiques ? — ou plutôt à des conclusions qui par la plus ext
169
nous n’en prenons pas conscience, alors seulement
j’
aurai des craintes sérieuses pour notre indépendance. Mais pourquoi la
170
cs, que nous connaissons mieux que personne. Tout
mon
espoir est qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs, d’hommes qu
171
a communauté. Cette œuvre n’est pas utopique. Car
je
me refuse à nommer utopie le seul espoir qui nous soit accordé. Encor
172
ommunauté. Cette œuvre n’est pas utopique. Car je
me
refuse à nommer utopie le seul espoir qui nous soit accordé. Encore f
173
qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et
je
termine là-dessus — qu’elle ne repose pas sur une erreur profonde qua
174
stes réfléchis, maîtres d’eux-mêmes et objectifs.
Je
dirai plus : ce qu’il nous faut, ce sont des pessimistes actifs. Des
175
f par rapport à nos sécurités. Cette inconscience
j’
en dirai la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plu
176
son imprévision systématique des maux prochains.
J’
écris ceci pendant la bataille de France. Est-il trop tard pour répéte
177
esprits partout ailleurs irréductiblement divers,
je
répète qu’elle est écrasante. Elle supprime nos dernières excuses. No
178
nt sur le capital ou caisse de compensation, — et
je
ne prends là que de petits exemples…4 Nous avons critiqué sans merci
179
elque chose à faire, quelque chose de précis, que
je
veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart de la guerre, et peut-êt
180
t-ils. Ils ont encore ce bref délai de grâce dont
je
parlais aux Hollandais, en novembre de l’an dernier — et c’est fini —
181
novembre de l’an dernier — et c’est fini —, dont
je
parlais aux Suisses en janvier de cette année, et cela fait déjà cinq
182
contre nos goûts, nos sympathies et nos passions.
Je
ne sais pas ce que l’avenir vaudra, mais je sais que s’il vaut quelqu
183
ions. Je ne sais pas ce que l’avenir vaudra, mais
je
sais que s’il vaut quelque chose, ce sera grâce à l’action personnell
184
’elle dit : « Le ciel et la terre passeront, mais
ma
Parole ne passera point. » Voilà la base et le point fixe que nulle p
185
t. On trouvera de l’argent pour 40 chars, mais si
je
demande qu’on double un budget culturel, on me répondra que je veux r
186
si je demande qu’on double un budget culturel, on
me
répondra que je veux ruiner le pays. 5. Comme le fait Paul Reynaud d
187
’on double un budget culturel, on me répondra que
je
veux ruiner le pays. 5. Comme le fait Paul Reynaud devant le Sénat à
188
fait Paul Reynaud devant le Sénat à l’instant où
j’
écris ceci. e. Rougemont Denis de, « L’heure sévère », Les Cahiers p
189
L’Église et la Suisse (août 1940)g h
Je
vous parlerai ce matin de l’Église visible et non pas de l’Église en
190
Église visible et non pas de l’Église en général.
Je
vous parlerai des Églises telles que nous les voyons en Suisse ; et d
191
e 1940. Ce ne sera pas une conférence bien bâtie,
je
tiens à vous le dire tout de suite, mais une simple introduction, un
192
, un plan de travail, une invite à la discussion.
Je
vous ferai part de certaines critiques et de certaines suggestions, c
193
Et s’il fallait qu’un jour la Suisse fût envahie,
j’
imagine qu’elle pourrait garder pendant des mois, peut-être des années
194
ons du Gothard nous dirait d’espérer. Maintenant,
je
poserai cette question : dans la situation extrême que je viens de dé
195
ai cette question : dans la situation extrême que
je
viens de décrire, à supposer que la Suisse soit envahie, pourrions-no
196
ues, comme elles l’ont fait dans un pays voisin ?
Je
n’oserais pas répondre ce matin. Ni oui ni non. Mais je voudrais que
197
serais pas répondre ce matin. Ni oui ni non. Mais
je
voudrais que cette question reste posée. C’est lorsque tout paraît dé
198
s pourrons élever notre espoir ? Encore une fois,
je
ne puis pas répondre. Dieu le sait, et l’événement seul fera la preuv
199
été de véritables communautés. Voilà le fait qui
me
paraît le plus grave, étant donné les événements actuels et ceux que
200
i vont de soi entre les membres d’une famille. Et
je
ne parle même pas du « partage » spirituel, qui devait être le pain q
201
s jours ? Souvent, en sortant d’un de nos cultes,
je
regarde les gens qui se dispersent, et je me pose cette question : so
202
cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et
je
me pose cette question : sont-ils prêts à mettre en commun autre chos
203
tes, je regarde les gens qui se dispersent, et je
me
pose cette question : sont-ils prêts à mettre en commun autre chose q
204
t des frères — et des frères dans l’Église ? Oh !
je
ne demande pas que nos paroisses décrètent du jour au lendemain le pa
205
gime communiste, au sens littéral de ce mot. Mais
je
me demande seulement si elles sont prêtes à envisager certains actes
206
e communiste, au sens littéral de ce mot. Mais je
me
demande seulement si elles sont prêtes à envisager certains actes de
207
que les circonstances l’exigent un jour prochain.
Je
me demande si les fidèles de nos cultes se sentent plus fortement lié
208
les circonstances l’exigent un jour prochain. Je
me
demande si les fidèles de nos cultes se sentent plus fortement liés a
209
leur classe, ou à leurs intérêts professionnels.
Je
me demande ce qui compte à leurs yeux, ce qui compte avant tout et pr
210
ur classe, ou à leurs intérêts professionnels. Je
me
demande ce qui compte à leurs yeux, ce qui compte avant tout et prati
211
faudra choisir entre l’Église et nos sécurités.
Je
vois bien que nos Églises constituent des unités administratives, qu’
212
us guette, et qui, lui, sait si bien s’organiser.
Je
ne puis pas vous énumérer toutes les conditions nécessaires pour que
213
trois de ces conditions, entre vingt autres8, qui
me
paraissent à la fois indispensables et pratiquement réalisables à bre
214
nsables et pratiquement réalisables à bref délai,
j’
entends à la faveur du choc des événements récents et avant les crises
215
r de ces trois points est avant tout théologique.
Je
n’insisterai donc pas : vous avez entendu et entendrez encore des ora
216
z encore des orateurs beaucoup plus qualifiés que
moi
pour définir l’essence et le but de l’Église. Je me contenterai de qu
217
moi pour définir l’essence et le but de l’Église.
Je
me contenterai de quelques remarques sur les rapports de l’Église et
218
pour définir l’essence et le but de l’Église. Je
me
contenterai de quelques remarques sur les rapports de l’Église et de
219
d’abord, mais les affaires du Royaume de Dieu. Il
me
paraît profondément indécent que ces affaires soient débattues dans n
220
suite, sur les rapports de l’Église et de l’État,
je
vous proposerai deux formules : 1° Le service unique et suffisant que
221
tiennes de tolérance et d’amour du prochain. Mais
je
tiens à redire ici ce que je disais cet hiver à Tavannes : Nous ne d
222
ur du prochain. Mais je tiens à redire ici ce que
je
disais cet hiver à Tavannes : Nous ne devons pas être chrétiens parc
223
weizerchristentum ! À ces Schweizer Christen dont
je
viens de parler j’opposerai cette déclaration prophétique d’un homme
224
À ces Schweizer Christen dont je viens de parler
j’
opposerai cette déclaration prophétique d’un homme dont la pensée me p
225
déclaration prophétique d’un homme dont la pensée
me
paraît plus actuelle que jamais, Alexandre Vinet. « Veuillez d’abord
226
e n’en point vouloir ». Car « la société qui veut
m’
ôter ma religion, m’effraie bien moins que celle qui veut en avoir une
227
point vouloir ». Car « la société qui veut m’ôter
ma
religion, m’effraie bien moins que celle qui veut en avoir une ». En
228
». Car « la société qui veut m’ôter ma religion,
m’
effraie bien moins que celle qui veut en avoir une ». En résumé, la p
229
, c’est que l’Église soit indépendante de l’État,
je
veux dire par là : constituée face à l’État comme une autorité souver
230
onfessionnelle en Allemagne, on comprendra ce que
je
veux dire, — et que le problème est urgent ! II La seconde cond
231
savoir la toucher par des paroles directes. Vous
me
direz peut-être que cette question ne concerne que nos pasteurs. Je n
232
que cette question ne concerne que nos pasteurs.
Je
n’en suis pas sûr. C’est une question d’atmosphère spirituelle, de di
233
s, mais accueilli dans une maison de Dieu. Ce que
je
voudrais dire encore sur ce sujet est peut-être un peu délicat. C’est
234
t peut-être un peu délicat. C’est une requête que
je
présente comme laïque à nos pasteurs, avec l’espoir que les laïques d
235
e l’appuieront pratiquement dans leurs paroisses.
Je
voudrais dire à nos pasteurs : soyez simples dans vos sermons, soyez
236
commentaires et notre éloquence qui convainquent.
J’
ai entendu, il y a quelques semaines, une parole qui m’a fait de l’imp
237
entendu, il y a quelques semaines, une parole qui
m’
a fait de l’impression. C’était dans un sermon, et le pasteur disait :
238
sommes pas convaincants », disait le pasteur que
je
viens de citer. Nous ne sommes pas convaincants, ajouterai-je, quand
239
citer. Nous ne sommes pas convaincants, ajouterai-
je
, quand nous cherchons à faire au lieu d’un sermon simple, des confére
240
n’auraient pas eu l’idée de faire. Comme laïque,
je
ne demande pas qu’on me persuade de croire, mais simplement qu’on nou
241
e de faire. Comme laïque, je ne demande pas qu’on
me
persuade de croire, mais simplement qu’on nourrisse ma foi. J’attends
242
rsuade de croire, mais simplement qu’on nourrisse
ma
foi. J’attends qu’on me parle avec une calme autorité, et non pas que
243
e croire, mais simplement qu’on nourrisse ma foi.
J’
attends qu’on me parle avec une calme autorité, et non pas que l’on pr
244
implement qu’on nourrisse ma foi. J’attends qu’on
me
parle avec une calme autorité, et non pas que l’on prenne au sérieux
245
e autorité, et non pas que l’on prenne au sérieux
mes
doutes éventuels. Notre génération n’est pas si tourmentée de doutes.
246
ent être dites du haut de la chaire, à condition,
je
le répète et j’y insiste, qu’il ne s’agisse jamais des idées personne
247
u haut de la chaire, à condition, je le répète et
j’
y insiste, qu’il ne s’agisse jamais des idées personnelles du pasteur
248
La troisième condition d’une vraie communauté,
je
la définissais tout à l’heure comme suit : que nos Églises aient le c
249
ées d’une discipline et de formes de culte fixes.
Je
ne soulèverai pas ici le problème de l’épiscopat, encore que je sois
250
ai pas ici le problème de l’épiscopat, encore que
je
sois persuadé qu’il se posera pour nous aussi un jour ou l’autre. Je
251
’il se posera pour nous aussi un jour ou l’autre.
Je
ne parlerai pas non plus du rôle des laïques dans la paroisse, qui po
252
er le pasteur d’un lourd travail de bienfaisance.
Je
me bornerai au seul problème des formes du culte, au problème de la l
253
le pasteur d’un lourd travail de bienfaisance. Je
me
bornerai au seul problème des formes du culte, au problème de la litu
254
urgie protestante. C’est un laïque qui parle ici,
je
le répète. Ce n’est pas un docteur de l’Église ! Les théologiens élèv
255
ront peut-être de fortes objections contre ce que
je
vais dire. Je suis prêt à les écouter avec déférence. Mais je chercha
256
de fortes objections contre ce que je vais dire.
Je
suis prêt à les écouter avec déférence. Mais je cherchais depuis long
257
. Je suis prêt à les écouter avec déférence. Mais
je
cherchais depuis longtemps l’occasion de formuler certaines propositi
258
qui trouveront aujourd’hui, peut-être, de l’écho.
J’
ai passé plusieurs années en France, et je me suis fortement attaché à
259
l’écho. J’ai passé plusieurs années en France, et
je
me suis fortement attaché à la liturgie des Églises réformées de ce p
260
cho. J’ai passé plusieurs années en France, et je
me
suis fortement attaché à la liturgie des Églises réformées de ce pays
261
é à la liturgie des Églises réformées de ce pays.
J’
entends ici par liturgie : la partie du culte qui n’est pas le sermon,
262
es, prières et chants réglés et réguliers. Depuis
mon
retour en Suisse j’éprouve avec intensité l’absence de toute espèce d
263
réglés et réguliers. Depuis mon retour en Suisse
j’
éprouve avec intensité l’absence de toute espèce de liturgie sérieuse
264
ce n’est pas seulement le défaut de liturgie qui
me
choque, mais le manque de sens liturgique que manifestent les essais
265
reste imprécise… Voici un détail significatif, à
mes
yeux, de ce même défaut de sens liturgique : lorsqu’il arrive qu’on l
266
e de la liturgie des Églises réformées de France.
Je
vais vous la décrire dans ses principaux traits. I. Invocation (l’ass
267
ureux est celui dont la transgression est remise…
Mon
âme, bénis l’Éternel… »). VI. Credo (lecture du Symbole des apôtres.
268
âce accordée, et enfin le témoignage de la foi. À
mon
sens, cette liturgie est une des plus belles, dans sa simplicité, et
269
tilisent les différentes confessions chrétiennes.
Je
voudrais vous dire maintenant pour quelles raisons je pense que nos É
270
oudrais vous dire maintenant pour quelles raisons
je
pense que nos Églises suisses devraient se préparer à l’adopter, tell
271
eurs fêtes, leurs insignes, leurs saluts rituels.
J’
ai assisté à des cérémonies hitlériennes qui étaient déjà de véritable
272
n désir, à un besoin normal, trop longtemps déçu.
Mon
second argument en faveur de la liturgie est plus spécifiquement chré
273
de la liturgie est plus spécifiquement chrétien.
Je
dirais même qu’il est d’ordre sermonnaire. Je m’explique. Imaginez un
274
en. Je dirais même qu’il est d’ordre sermonnaire.
Je
m’explique. Imaginez une personne qui n’a jamais mis les pieds dans u
275
Je dirais même qu’il est d’ordre sermonnaire. Je
m’
explique. Imaginez une personne qui n’a jamais mis les pieds dans un d
276
Elle sera d’abord, probablement, dépaysée, comme
je
vous le disais tout à l’heure, par le ton du pasteur et le maintien u
277
autrement, si le culte débute par la liturgie que
je
viens de vous résumer. Cette liturgie, en effet, décrit d’abord dans
278
même un étranger, peut savoir de quoi il s’agit.
J’
avoue que pour ma part, et je ne pense pas être le seul de mon espèce,
279
r de quoi il s’agit. J’avoue que pour ma part, et
je
ne pense pas être le seul de mon espèce, j’éprouve le besoin d’entend
280
pour ma part, et je ne pense pas être le seul de
mon
espèce, j’éprouve le besoin d’entendre répéter chaque dimanche les gr
281
t, et je ne pense pas être le seul de mon espèce,
j’
éprouve le besoin d’entendre répéter chaque dimanche les grandes vérit
282
er chaque dimanche les grandes vérités de la foi,
j’
éprouve le besoin de participer, par le chant ou la récitation, à ce t
283
à ce témoignage collectif, dans la communauté de
mes
frères, connus ou inconnus. Après cela, même si le sermon n’est pas d
284
cela, même si le sermon n’est pas des meilleurs,
j’
ai tout de même le sentiment d’avoir approuvé mon Église, et d’en avoi
285
, j’ai tout de même le sentiment d’avoir approuvé
mon
Église, et d’en avoir reçu le message essentiel. Enfin, ma troisième
286
, et d’en avoir reçu le message essentiel. Enfin,
ma
troisième raison se rapporte étroitement à mon sujet, aux relations e
287
in, ma troisième raison se rapporte étroitement à
mon
sujet, aux relations entre l’Église et la Suisse, ou pour être concre
288
général, n’a pas un sens des formes très raffiné.
Je
vous dirai même une chose assez désobligeante, et qui vous surprendra
289
être : le peuple suisse souffre d’un défaut qu’il
me
faut bien nommer le sans-gêne spirituel. Je ne sais pas si cela provi
290
qu’il me faut bien nommer le sans-gêne spirituel.
Je
ne sais pas si cela provient du fait qu’on parle un peu trop facileme
291
s Églises pas mal de traces d’un piétisme affadi.
Je
n’oserais pas suggérer que nous tenons à rester démocrates et sans fa
292
trop familiers et manquer du sens des distances.
Je
vous citerai ici, en guise d’illustration, une anecdote qui frise peu
293
, une anecdote qui frise peut-être la caricature.
J’
ai entendu, de mes oreilles, un jeune pasteur remercier Dieu, du haut
294
i frise peut-être la caricature. J’ai entendu, de
mes
oreilles, un jeune pasteur remercier Dieu, du haut de la chaire, de c
295
e lui parler tout simplement, d’homme à homme »…
Je
reste persuadé, pour ma part, que nous devons plutôt parler d’homme à
296
uestions d’attitude soient futiles, ou trahissent
je
ne sais quelle déviation catholique. Toutes les Églises ont toujours
297
jours attaché de l’importance à ces choses-là, et
je
pense qu’elles avaient de bonnes raisons de le faire. Elles savaient
298
des fausses pudeurs. Pour en finir sur ce sujet,
je
vous demanderai de vous poser à vous-même cette seule question : alor
299
c d’autres Églises dans le mouvement œcuménique. (
Je
pense à l’Église anglicane, qui attache à la liturgie une importance
300
i est la mission du jeune mouvement œcuménique. ⁂
Je
me bornerai, en terminant, à vous rappeler les quelques thèses — crit
301
st la mission du jeune mouvement œcuménique. ⁂ Je
me
bornerai, en terminant, à vous rappeler les quelques thèses — critiqu
302
quelques thèses — critiques et suggestions — que
je
viens d’esquisser devant vous. Je vous ai indiqué tout d’abord que la
303
ggestions — que je viens d’esquisser devant vous.
Je
vous ai indiqué tout d’abord que la situation actuelle exige de nos É
304
de vie ou de mort, dans le monde qui se prépare.
Je
vous ai suggéré trois directions d’effort à la fois nécessaires et po
305
uestion, ou retenus par des préjugés à son égard.
Je
me suis borné à soulever devant vous quelques problèmes urgents et to
306
tion, ou retenus par des préjugés à son égard. Je
me
suis borné à soulever devant vous quelques problèmes urgents et tout
307
ve siècles. 8. Parmi ces autres conditions dont
je
ne puis traiter ici : restauration théologique (elle est en plein ess
308
en parle beaucoup) ; doctrine des sacrements… 9.
Je
n’entends pas prendre position ici sur des problèmes tels que les pre
309
ique de la Suisse (février 1941)i j Nul pays à
ma
connaissance, n’a été plus souvent expliqué à lui-même et au monde qu
310
ent, chez nous, « fédéralistes » ne sont souvent,
je
le crains, que des nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la
311
as tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi.
Je
suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes comp
312
bligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de
mes
compatriotes, la neutralité suisse est devenue un tabou, aussi sacré
313
nt ? Pour commencer de répondre à cette question,
je
me contenterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire de notre neu
314
? Pour commencer de répondre à cette question, je
me
contenterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutra
315
de aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car
je
soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de la plupart de nos contempo
316
ger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si
j’
ose dire. La seule question réelle qui se pose désormais, c’est de sav
317
a cent-cinquante ans, ou même qu’il y a dix ans ?
Je
ne le pense pas. Ce que les auteurs des traités de 1815 entendaient p
318
ment prêt à se défendre en cas d’attaque, demain.
Je
sais très bien que la seule mention de l’armée suisse a le don de pro
319
comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons,
je
le crains, plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Eur
320
de défense unifié. Vous le voyez, la réponse que
j’
essaie de trouver n’est pas simple. Si l’effort militaire considérable
321
’égard de l’union nécessaire. À la question qu’on
me
pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? j
322
: Êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ?
je
ne puis donc répondre oui ou non. Le problème ne peut pas être posé,
323
devrait éventuellement renoncer à sa neutralité.
Je
réponds pour ma part que cela ne pourrait être qu’au profit de l’Euro
324
omme l’Amérique l’été dernier derrière sa Bombe.
Je
voulais introduire, ce soir, une discussion qui, je l’espère, deviend
325
voulais introduire, ce soir, une discussion qui,
je
l’espère, deviendra générale, et qui me paraît vitale pour notre aven
326
sion qui, je l’espère, deviendra générale, et qui
me
paraît vitale pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour l’orien
327
érale, et qui me paraît vitale pour notre avenir.
Je
me borne à proposer, pour l’orienter, un seul principe de jugement po
328
le, et qui me paraît vitale pour notre avenir. Je
me
borne à proposer, pour l’orienter, un seul principe de jugement polit
329
t elle peut donc demain devenir une trahison. Car
je
le répète : notre neutralité a été reconnue par les puissances « dans
330
atut légal, et l’esprit même de nos institutions.
Je
me promets de revenir sur ce point capital, que personne encore n’a t
331
t légal, et l’esprit même de nos institutions. Je
me
promets de revenir sur ce point capital, que personne encore n’a touc
332
, que personne encore n’a touché, tout au moins à
ma
connaissance. k. Rougemont Denis de, « Europe unie et neutralité
333
Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)m n
Je
regrette que M. Lasserre ait simplifié ma thèse jusqu’à la déformer,
334
)m n Je regrette que M. Lasserre ait simplifié
ma
thèse jusqu’à la déformer, et qu’il ait apporté à sa réfutation moins
335
é à sa réfutation moins de scrupule que d’humeur.
J’
avais pourtant pris soin de souligner la complexité du problème. Je pa
336
pris soin de souligner la complexité du problème.
Je
parlais de « ce mélange d’intérêt propre et d’intérêt européen » qui
337
pratiquement permise. M. Lasserre veut croire que
je
n’ai considéré que l’intérêt européen : c’est sa « grave erreur limin
338
t européen : c’est sa « grave erreur liminaire ».
J’
ai naturellement insisté sur « l’intérêt de l’Europe entière » parce q
339
e entière » parce que c’était par ce biais-là que
je
pouvais aborder le problème suisse, dans le cadre général de ma chron
340
rder le problème suisse, dans le cadre général de
ma
chronique intitulée « Demain l’Europe ». Je n’ai nullement nié ou méc
341
al de ma chronique intitulée « Demain l’Europe ».
Je
n’ai nullement nié ou méconnu l’intérêt propre de la Suisse. Il serai
342
des forces politiques de notre temps ! Où donc ai-
je
soutenu « sans réserve » que la Suisse devrait subordonner sa politiq
343
« l’intérêt des principaux États de l’Europe » ?
J’
ai dit seulement que si la Suisse un jour décidait de renoncer à sa ne
344
de l’Europe entière et de son union fédérale ; et
j’
ai ajouté : « Encore faut-il que cette union prenne forme. » Telle est
345
faut-il que cette union prenne forme. » Telle est
ma
thèse principale. Au surplus, je souhaitais une discussion sur la neu
346
rme. » Telle est ma thèse principale. Au surplus,
je
souhaitais une discussion sur la neutralité présente et à venir de la
347
budget, ce n’est pas demander sa suppression. (On
m’
a fort mal compris, mais je ne m’en étonne guère : on comprend toujour
348
er sa suppression. (On m’a fort mal compris, mais
je
ne m’en étonne guère : on comprend toujours mal ceux qui touchent un
349
suppression. (On m’a fort mal compris, mais je ne
m’
en étonne guère : on comprend toujours mal ceux qui touchent un tabou.
350
omprend toujours mal ceux qui touchent un tabou.)
Je
m’étonne davantage qu’un professeur d’histoire puisse paraître assimi
351
rend toujours mal ceux qui touchent un tabou.) Je
m’
étonne davantage qu’un professeur d’histoire puisse paraître assimiler
352
, l’autre de fait. Tout d’abord, il est clair que
je
n’ai pas pu « confondre systématiquement » le Conseil de l’Europe ave
353
comprend quinze États, et non dix comme le répète
mon
censeur, ce qui fausse ses calculs à la base. Finalement, quelle est
354
nts IV et V de votre questionnaire ?o On voit que
mes
thèses l’irritent. Et puis après ? Tenter de me réfuter ne supprime p
355
mes thèses l’irritent. Et puis après ? Tenter de
me
réfuter ne supprime pas le problème du rôle actuel et futur de la Sui
356
déjà — et ce sera vrai pour nous aussi bientôt —,
je
vois se dessiner un tout autre schéma, comme un nouveau renversement,
357
ite, sans surprises ni drames, sans vrais débats (
j’
entends : sans débats insolubles), sans Histoire donc ; disciplinée, n
358
l’on puisse porter sur elles un jugement global.
Je
me borne à relever ceci : à supposer que demain, ce soit un collège f
359
on puisse porter sur elles un jugement global. Je
me
borne à relever ceci : à supposer que demain, ce soit un collège form
360
nt réfléchi à ces perspectives, du côté chrétien,
me
semblent enclins à considérer comme un malheur, voire une catastrophe
361
our ne pas dire : au soulagement général). Oserai-
je
vous avouer que si je tiens ces craintes pour justifiées quant aux fa
362
oulagement général). Oserai-je vous avouer que si
je
tiens ces craintes pour justifiées quant aux faits, je ne les partage
363
ens ces craintes pour justifiées quant aux faits,
je
ne les partage nullement quant à l’appréciation de ces faits. La pris
364
naguère désignées par le terme général de morale,
me
paraît comporter à presque tous les égards, plus d’avantages que d’in
365
pas si longtemps que cela, en Suisse romande, si
j’
en crois mes souvenirs de jeunesse. Si les Églises (et pas seulement c
366
gtemps que cela, en Suisse romande, si j’en crois
mes
souvenirs de jeunesse. Si les Églises (et pas seulement celle de Rome
367
à leur mission proprement spirituelle, qui est à
mon
sens : de rappeler à l’homme son but final, sa destination ultime, sa
368
rix des plus étonnantes acrobaties théologiques.
Je
disais tout à l’heure que laisser le soin de la « morale » à César, c
369
ux sciences séculières plus ou moins socialisées,
me
paraît avantageux à presque tous les égards. Je dois m’expliquer main
370
, me paraît avantageux à presque tous les égards.
Je
dois m’expliquer maintenant sur ce presque, car il est capital. Suppo
371
aît avantageux à presque tous les égards. Je dois
m’
expliquer maintenant sur ce presque, car il est capital. Supposez, dan
372
meure alors sans réponse : la question du sens de
ma
vie sur cette terre et après ma mort ; la question de ma relation à l
373
estion du sens de ma vie sur cette terre et après
ma
mort ; la question de ma relation à la transcendance. Elle demeure sa
374
sur cette terre et après ma mort ; la question de
ma
relation à la transcendance. Elle demeure sans réponse, non point par
375
à la sortie des circuits. Dans cette société que
je
suppose en parfait ordre de marche, il devient à peu près impossible,
376
riger le fonctionnement aberrant de cet individu.
Je
le vois plutôt, ce candidat chrétien, comme celui qui, tout en accomp
377
permission d’interroger. Ce droit de demander que
ma
vie ait un sens, même si je ne trouve ou ne reçois jamais de réponse
378
droit de demander que ma vie ait un sens, même si
je
ne trouve ou ne reçois jamais de réponse certaine, cette demande, cet
379
, cette demande, cette recherche en elle-même est
mon
sens provisoire, mon chemin que j’invente, que je crée à chaque pas à
380
e recherche en elle-même est mon sens provisoire,
mon
chemin que j’invente, que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir
381
elle-même est mon sens provisoire, mon chemin que
j’
invente, que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’éc
382
on sens provisoire, mon chemin que j’invente, que
je
crée à chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous
383
tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous
mes
pas. C’est ainsi que je comprends le verset du psalmiste : « Ta parol
384
ui ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ainsi que
je
comprends le verset du psalmiste : « Ta parole est une lampe à mes pi
385
verset du psalmiste : « Ta parole est une lampe à
mes
pieds, une lumière sur mon sentier »… Je résume mon diagnostic, qui e
386
parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur
mon
sentier »… Je résume mon diagnostic, qui est aussi un pronostic : l’É
387
lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier »…
Je
résume mon diagnostic, qui est aussi un pronostic : l’Église peut-êtr
388
s pieds, une lumière sur mon sentier »… Je résume
mon
diagnostic, qui est aussi un pronostic : l’Église peut-être (je n’en
389
qui est aussi un pronostic : l’Église peut-être (
je
n’en suis pas sûr), mais en tout cas les hommes qui « croient », au s
390
⁂ Anticipant assez largement sur la situation que
je
viens de caractériser à grands traits, j’avais écrit dès 1945 — l’été
391
ion que je viens de caractériser à grands traits,
j’
avais écrit dès 1945 — l’été d’Hiroshima — un manuscrit de quelque deu
392
deux-cents pages intitulé La Morale du But , que
je
n’ai pas encore publié, fort heureusement. En effet, depuis vingt ans
393
é, fort heureusement. En effet, depuis vingt ans,
je
n’ai cessé d’accumuler des notes (en vue d’ajouts indispensables), de
394
uts indispensables), des objections très graves à
mes
propres thèses, des raisons de désespérer de mon entreprise, et d’aut
395
mes propres thèses, des raisons de désespérer de
mon
entreprise, et d’autres raisons (pour l’instant légèrement majoritair
396
ques, en vue de l’avenir. Dans son état primitif,
mon
ouvrage s’ouvre par le bref récit d’une modeste expérience, pour moi
397
par le bref récit d’une modeste expérience, pour
moi
très importante, que j’ai faite au service militaire. Je vais vous li
398
modeste expérience, pour moi très importante, que
j’
ai faite au service militaire. Je vais vous lire ces deux pages inédit
399
importante, que j’ai faite au service militaire.
Je
vais vous lire ces deux pages inédites, et que je ne compte pas modif
400
Je vais vous lire ces deux pages inédites, et que
je
ne compte pas modifier dans la version finale du livre. Elles sont in
401
ivre. Elles sont intitulées : « De la Visée » :
J’
ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fourni
402
sait au monde les champions de cet art ; et comme
j’
étais alors une jeune recrue animée d’un extrême désir d’être promu au
403
le droit de faire taire les sergents harcelants,
je
m’appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les c
404
droit de faire taire les sergents harcelants, je
m’
appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les cons
405
es sergents harcelants, je m’appliquais de toutes
mes
forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et ti
406
ppliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais
je
suivais les conseils d’ordonnance, et tirais aussi mal que possible.
407
ordonnance, et tirais aussi mal que possible. Car
je
me trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il
408
onnance, et tirais aussi mal que possible. Car je
me
trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il me
409
ssé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il
me
semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans l
410
découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée.
Je
faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que je voyais faire aux a
411
naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’on
me
prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin
412
e faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que
je
voyais faire aux autres. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloqua
413
e prescrivait, et que je voyais faire aux autres.
Je
prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un
414
s. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais
mon
souffle, visais d’un œil, reposant l’arme de temps à autre pour respi
415
t l’arme de temps à autre pour respirer et calmer
ma
nervosité, et lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des s
416
respirer et calmer ma nervosité, et lorsque enfin
je
me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâche
417
pirer et calmer ma nervosité, et lorsque enfin je
me
croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher l
418
je me croyais prêt selon la méthode des sergents,
je
me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le p
419
me croyais prêt selon la méthode des sergents, je
me
décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le para
420
s meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et
je
me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret
421
eilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je
me
résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret de
422
e ce répit pour trouver par moi-même le secret de
mes
erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préce
423
iger, sans plus tenir compte des préceptes reçus.
Je
ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon l’es
424
lques points, sauvant l’honneur sinon l’espoir de
me
réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant m’
425
neur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de
mes
supérieurs. L’un d’entre eux cependant m’observait. C’était un tout j
426
eux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant
m’
observait. C’était un tout jeune lieutenant. « Vous tirez mal », dit-i
427
dit-il avec une douceur froide, au moment même où
je
me félicitais d’avoir encore marqué un point, loin du noir, mais enfi
428
-il avec une douceur froide, au moment même où je
me
félicitais d’avoir encore marqué un point, loin du noir, mais enfin d
429
la cible. « Voulez-vous apprendre à tirer ? » Il
me
regarda, et voyant dans mes yeux une bonne volonté en détresse : « C
430
prendre à tirer ? » Il me regarda, et voyant dans
mes
yeux une bonne volonté en détresse : « C’est très simple et toute la
431
tré, sans que vous l’ayez voulu, le coup partira.
Je
vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous
432
ez le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… »
Je
n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’arrêtait, dansa
433
, puis s’arrêtait, dansait de nouveau, s’embuait.
J’
essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers
434
ndre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers
moi
tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, p
435
de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que
je
gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, plus proche, bi
436
r, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais
mes
poumons. Soudain il me parut plus large, plus proche, bien mat, et im
437
oi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il
me
parut plus large, plus proche, bien mat, et immobile… La détonation m
438
plus proche, bien mat, et immobile… La détonation
me
surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et recharge
439
bien mat, et immobile… La détonation me surprit.
Je
reposai mon arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinale
440
et immobile… La détonation me surprit. Je reposai
mon
arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinalement. Et qua
441
la douille et rechargeai machinalement. Et quand
je
levai les yeux, un petit disque blanc d’où pendait un mince fanion ro
442
r. Trois jours plus tard, au scandale du sergent,
je
gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et
443
ole de tir, et l’arborais sur la manche droite de
ma
tunique. Quant aux conséquences plus lointaines et aux implications,
444
plus lointaines et aux implications, décisives à
mon
sens, du conseil en trois mots de ce jeune officier — « pensez au noi
445
fficier — « pensez au noir » —, elles ne devaient
m’
apparaître qu’après bien des années, à l’épreuve de bien d’autres anxi
446
, en un instant, posé et vérifié pour le reste de
mes
jours, sous une forme ultracondensée, la juste relation des moyens et
447
densée, la juste relation des moyens et des fins.
Je
n’en tirai d’abord que des formules abstraites, mais dont je pressent
448
ai d’abord que des formules abstraites, mais dont
je
pressentais en toute confiance, que la vie où j’allais rentrer saurai
449
je pressentais en toute confiance, que la vie où
j’
allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de ma condui
450
rer saurait les illustrer dans maints domaines de
ma
conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, ré
451
lustrer dans maints domaines de ma conduite ou de
ma
réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la su
452
aints domaines de ma conduite ou de ma réflexion.
Je
les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’
453
enlève pas son intrinsèque vérité.) (Plus tard,
j’
ai découvert que la secte bouddhiste du zen fait grand usage du Tir et
454
. Partant de cette expérience, et des maximes que
j’
en déduis, je propose dans la suite du livre une distinction fondament
455
cette expérience, et des maximes que j’en déduis,
je
propose dans la suite du livre une distinction fondamentale à opérer
456
’analyse et l’évaluation des conduites humaines.
Je
pose d’un côté ce que j’appelle les Règles du Jeu, l’ensemble des moy
457
des conduites humaines. Je pose d’un côté ce que
j’
appelle les Règles du Jeu, l’ensemble des moyens de vivre. Et je pose
458
Règles du Jeu, l’ensemble des moyens de vivre. Et
je
pose de l’autre côté la Vocation, le Sérieux final, le But ultime de
459
personnelle. Les Règles du Jeu comprennent, dans
ma
définition, l’ensemble des méthodes et des rites, des codes et conven
460
les que la Nature a fait semblables physiquement.
Je
me borne à mentionner ici le principe de cette analyse, parce qu’il a
461
que la Nature a fait semblables physiquement. Je
me
borne à mentionner ici le principe de cette analyse, parce qu’il auto
462
eligions. De là aussi la confusion inévitable que
j’
ai dite, l’attribution à la « volonté de Dieu » ou à la Nature des cho
463
telle équipe nationale de tueurs sur telle autre.
Je
ne rappelle pas ces choses par masochisme ou par une sorte de démagog
464
a masse des fidèles avec la tradition chrétienne.
Je
résume cette partie de mon argument : 1. j’estime qu’il y a tout avan
465
a tradition chrétienne. Je résume cette partie de
mon
argument : 1. j’estime qu’il y a tout avantage à considérer les préce
466
enne. Je résume cette partie de mon argument : 1.
j’
estime qu’il y a tout avantage à considérer les préceptes et codes de
467
à la « volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et
j’
introduis ici une remarque nouvelle, mais qui résulte logiquement des
468
rétien est l’orientation de tout être, et de tout
mon
être vers Dieu, source et sujet de tout amour. Mais la vocation dont
469
rce et sujet de tout amour. Mais la vocation dont
je
voudrais vous parler, c’est la vocation particulière qui s’adresse à
470
de lui une personne distincte et unique. Obéir à
ma
vocation, c’est suivre le chemin qui va me conduire à la source de l’
471
béir à ma vocation, c’est suivre le chemin qui va
me
conduire à la source de l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherch
472
min qui va me conduire à la source de l’appel que
j’
ai cru percevoir, que je cherche à entendre, à capter de nouveau, pour
473
la source de l’appel que j’ai cru percevoir, que
je
cherche à entendre, à capter de nouveau, pour qu’il me guide dans l’i
474
erche à entendre, à capter de nouveau, pour qu’il
me
guide dans l’inconnu, comme ces avions qui dans la nuit suivent la ro
475
ais ce chemin sans précédent, — puisqu’il part de
moi
seul pour me conduire là où convergent tous les chemins de l’esprit,
476
sans précédent, — puisqu’il part de moi seul pour
me
conduire là où convergent tous les chemins de l’esprit, — oui, tous c
477
il y a un chemin par homme ! — comment savoir si
je
le découvre ou si je l’invente en le suivant ? Il n’est créé que par
478
homme ! — comment savoir si je le découvre ou si
je
l’invente en le suivant ? Il n’est créé que par l’appel, et n’existe
479
Il n’est créé que par l’appel, et n’existe que si
je
m’y engage, répondant à l’appel sans penser à rien d’autre. Il n’est
480
n’est créé que par l’appel, et n’existe que si je
m’
y engage, répondant à l’appel sans penser à rien d’autre. Il n’est pas
481
a pu le suivre, puisqu’il n’existe qu’à partir de
moi
, et pour moi seul ! Cette unicité et singularité absolue de mon senti
482
e, puisqu’il n’existe qu’à partir de moi, et pour
moi
seul ! Cette unicité et singularité absolue de mon sentier personnel,
483
oi seul ! Cette unicité et singularité absolue de
mon
sentier personnel, qui le rend à peine discernable pour ma foi seule,
484
r personnel, qui le rend à peine discernable pour
ma
foi seule, va permettre à mes voisins soucieux de mon sort de mettre
485
ine discernable pour ma foi seule, va permettre à
mes
voisins soucieux de mon sort de mettre en doute ou de nier son existe
486
foi seule, va permettre à mes voisins soucieux de
mon
sort de mettre en doute ou de nier son existence — sauf s’ils ont fai
487
rience de cet appel invraisemblable — et ils vont
me
conseiller « pour mon bien », de m’en tenir aux chemins communs, bien
488
nvraisemblable — et ils vont me conseiller « pour
mon
bien », de m’en tenir aux chemins communs, bien fréquentés, bien surv
489
— et ils vont me conseiller « pour mon bien », de
m’
en tenir aux chemins communs, bien fréquentés, bien surveillés par la
490
ègne le Code de la route, qui est aussi fait pour
moi
, ajouteront-ils, sévères. Oui, bien sûr, mais ces voies publiques, fa
491
r tout le monde et personne en particulier, elles
me
mèneront sans doute aussi loin qu’on voudra et en toute sécurité, c’e
492
é, c’est bien utile et agréable, — mais jamais où
je
dois aller, qui est absolument ailleurs. Elles ne sont pas faites pou
493
Elles ne sont pas faites pour cela. Seul pourrait
me
relier à mon but le sentier de ma vocation, qui est au sens littéral
494
t pas faites pour cela. Seul pourrait me relier à
mon
but le sentier de ma vocation, qui est au sens littéral improbable. L
495
. Seul pourrait me relier à mon but le sentier de
ma
vocation, qui est au sens littéral improbable. Les grandes voies publ
496
voies publiques, bien que réglées par la Loi, ne
me
servent de rien pour « faire mon salut » comme disait la piété classi
497
es par la Loi, ne me servent de rien pour « faire
mon
salut » comme disait la piété classique. Il me faut me risquer dans u
498
e mon salut » comme disait la piété classique. Il
me
faut me risquer dans un monde spirituel qui est peut-être une illusio
499
lut » comme disait la piété classique. Il me faut
me
risquer dans un monde spirituel qui est peut-être une illusion, ou le
500
l qui est peut-être une illusion, ou le néant. Il
me
faut affronter l’invraisemblable (dont parlait Kierkegaard), un risqu
501
lument sans précédent puisqu’il est institué pour
moi
seul. Et dans tout cela je n’ai d’autre soutien que ma croyance par é
502
’il est institué pour moi seul. Et dans tout cela
je
n’ai d’autre soutien que ma croyance par éclairs, ma « foi » dans l’e
503
ul. Et dans tout cela je n’ai d’autre soutien que
ma
croyance par éclairs, ma « foi » dans l’existence de ce But qu’on ne
504
n’ai d’autre soutien que ma croyance par éclairs,
ma
« foi » dans l’existence de ce But qu’on ne peut voir et que personne
505
pondre à son appel, de le rejoindre, que ceux que
me
suggère, inexplicablement, ma foi en lui. C’est donc le But qui me co
506
indre, que ceux que me suggère, inexplicablement,
ma
foi en lui. C’est donc le But qui me communique les seuls moyens d’al
507
licablement, ma foi en lui. C’est donc le But qui
me
communique les seuls moyens d’aller vers lui, dans la seule mesure où
508
moyens d’aller vers lui, dans la seule mesure où
j’
y crois, et où j’arrive par instants à oublier tout ce qui me fait dou
509
ers lui, dans la seule mesure où j’y crois, et où
j’
arrive par instants à oublier tout ce qui me fait douter du But et de
510
et où j’arrive par instants à oublier tout ce qui
me
fait douter du But et de l’appel et du chemin, quand je m’abandonne à
511
t douter du But et de l’appel et du chemin, quand
je
m’abandonne à l’élan, à l’attrait advienne que pourra, comme dans un
512
outer du But et de l’appel et du chemin, quand je
m’
abandonne à l’élan, à l’attrait advienne que pourra, comme dans un sau
513
les a pas seulement justifiés, il les a faits et
me
les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas
514
ent justifiés, il les a faits et me les a donnés.
Je
disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le
515
sens dans le monde de la vocation. Voici comment
je
crois qu’il faut l’entendre. Par rapport à la vocation humaine et gén
516
il est action. Mais dans le monde de la vocation,
mon
péché particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre à l’appel que j
517
la vocation, mon péché particulier, c’est ce qui
m’
empêche de répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’
518
c’est ce qui m’empêche de répondre à l’appel que
j’
ai cru entendre, c’est le refus d’y croire sans preuve dont je puisse
519
endre, c’est le refus d’y croire sans preuve dont
je
puisse faire état « objectivement ». Mon péché, c’est de me mettre pa
520
euve dont je puisse faire état « objectivement ».
Mon
péché, c’est de me mettre par ma conduite, par ma pensée, ou par quel
521
faire état « objectivement ». Mon péché, c’est de
me
mettre par ma conduite, par ma pensée, ou par quelque attitude intime
522
bjectivement ». Mon péché, c’est de me mettre par
ma
conduite, par ma pensée, ou par quelque attitude intime, en travers d
523
on péché, c’est de me mettre par ma conduite, par
ma
pensée, ou par quelque attitude intime, en travers du chemin que l’Ap
524
n que l’Appel, dans la nuit, crée ou jalonne pour
moi
seul. Mon péché, c’est ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de v
525
pel, dans la nuit, crée ou jalonne pour moi seul.
Mon
péché, c’est ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but,
526
pour moi seul. Mon péché, c’est ce qui obscurcit
ma
visée, me fait perdre de vue le but, m’en fait douter quand il est in
527
seul. Mon péché, c’est ce qui obscurcit ma visée,
me
fait perdre de vue le but, m’en fait douter quand il est invisible, b
528
obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but,
m’
en fait douter quand il est invisible, bref, me détourne d’agir ma voc
529
t, m’en fait douter quand il est invisible, bref,
me
détourne d’agir ma vocation. Et je découvre, à ce propos, que le mot
530
quand il est invisible, bref, me détourne d’agir
ma
vocation. Et je découvre, à ce propos, que le mot désignant le péché
531
visible, bref, me détourne d’agir ma vocation. Et
je
découvre, à ce propos, que le mot désignant le péché en hébreu signif
532
d, n’est-ce pas, d’une manière assez frappante, à
mes
images initiales du tireur au fusil ou à l’arc. ⁂ Je ne voudrais pas
533
images initiales du tireur au fusil ou à l’arc. ⁂
Je
ne voudrais pas terminer cet exposé… téméraire, beaucoup trop simplif
534
r indiqué au moins les principales objections que
je
suis le premier à formuler contre mes thèses — et que j’examinerai sa
535
jections que je suis le premier à formuler contre
mes
thèses — et que j’examinerai sans pitié dans mon livre — mais j’aimer
536
le premier à formuler contre mes thèses — et que
j’
examinerai sans pitié dans mon livre — mais j’aimerais indiquer aussi
537
mes thèses — et que j’examinerai sans pitié dans
mon
livre — mais j’aimerais indiquer aussi l’esprit des réponses que l’on
538
que j’examinerai sans pitié dans mon livre — mais
j’
aimerais indiquer aussi l’esprit des réponses que l’on pourrait tenter
539
ches hélas bien faciles à prévoir. Le psychologue
me
dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous sûr que l’appel que vous cro
540
prévoir. Le psychologue me dira (et il le dit en
moi
) : — Êtes-vous sûr que l’appel que vous croyez venu du Transcendant n
541
e d’une pulsion de l’inconscient ? — Eh bien non,
je
n’en suis jamais sûr ! La foi sans le doute n’est pas la foi, ont rép
542
le doute n’est pas la foi, ont répété bien avant
moi
Luther et Kierkegaard. Un théologien dira (et je me le dis aussi) : S
543
moi Luther et Kierkegaard. Un théologien dira (et
je
me le dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité d’établir le
544
Luther et Kierkegaard. Un théologien dira (et je
me
le dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité d’établir le cod
545
vez le monde des aides de la Révélation. — À quoi
je
réponds que le risque est très grand, je l’avoue, mais que les Église
546
— À quoi je réponds que le risque est très grand,
je
l’avoue, mais que les Églises qui croyaient dur comme fer que leur mi
547
mouvements totalitaires du xxe siècle. Et quand
je
les vois patauger dans des domaines aussi vitaux que ceux de la contr
548
aux que ceux de la contraception ou de la guerre,
je
me demande de quoi elles priveraient le monde si elles cessaient de l
549
que ceux de la contraception ou de la guerre, je
me
demande de quoi elles priveraient le monde si elles cessaient de lui
550
les écoles qui les divisent. Un autre théologien
me
reprochera (et je ne suis pas du tout sûr qu’il ait tort) d’ouvrir le
551
s divisent. Un autre théologien me reprochera (et
je
ne suis pas du tout sûr qu’il ait tort) d’ouvrir les portes toutes gr
552
mission qu’ils affirment reçue de Dieu. — À quoi
je
pense qu’on doit répondre par une vigilance redoublée dans l’examen d
553
s fausses vocations… Mais les risques subsistent,
je
ne les minimise pas : ce sont les risques de la Foi et de la confianc
554
e la Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit.
Je
souligne seulement que les risques inverses, nés de l’exigence exclus
555
? Un troisième théologien, prenant acte de ce que
je
ne crois pas du tout à une morale révélée, ni directement ni au trave
556
r, l’époque où l’on pouvait brûler des gens comme
moi
. Je lui dirai : faites attention à l’Écriture, qui est, selon vos mei
557
époque où l’on pouvait brûler des gens comme moi.
Je
lui dirai : faites attention à l’Écriture, qui est, selon vos meilleu
558
vous trouverez aussi, chemin faisant, votre vrai
moi
. » Au sociologue, alors, qui me reprochera de verser dans un individu
559
sant, votre vrai moi. » Au sociologue, alors, qui
me
reprochera de verser dans un individualisme anarchisant, je répondrai
560
era de verser dans un individualisme anarchisant,
je
répondrai qu’il a bien mal compris la définition de la personne : l’h
561
réalités concrètes. Aux démocrates ombrageux qui
m’
accuseraient de proposer une éthique à l’usage exclusif d’une petite é
562
une petite élite spirituelle, d’un groupe d’élus,
je
rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur
563
e Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur. Mais
j’
ajouterais, paraphrasant Teilhard de Chardin : chaque homme n’est pas
564
eul. (Et d’abord, à se faire lui-même, ajouterais-
je
.) Aux fidèles enfin, à tout homme qui me demanderait : « Comment savo
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outerais-je.) Aux fidèles enfin, à tout homme qui
me
demanderait : « Comment savoir ? Comment déceler ma vocation, puisque
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demanderait : « Comment savoir ? Comment déceler
ma
vocation, puisque selon vous le But d’où elle m’est adressée reste in
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ma vocation, puisque selon vous le But d’où elle
m’
est adressée reste invisible, inouï, incalculable, et c’est lui cepend
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c’est lui cependant qui devrait nous guider… » —
je
voudrais dire ici que la prière est le seul moyen que l’Évangile prop
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ux chemins pareils allant d’un homme à Dieu. Mais
je
pressens que les objections les plus gênantes qu’on pourra me faire s
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que les objections les plus gênantes qu’on pourra
me
faire seront celles que je n’ai pas prévues… Je les attends de votre
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gênantes qu’on pourra me faire seront celles que
je
n’ai pas prévues… Je les attends de votre part et vous en dis d’avanc
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a me faire seront celles que je n’ai pas prévues…
Je
les attends de votre part et vous en dis d’avance ma gratitude. Ma re
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les attends de votre part et vous en dis d’avance
ma
gratitude. Ma recherche est encore bien loin des conclusions définiti
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votre part et vous en dis d’avance ma gratitude.
Ma
recherche est encore bien loin des conclusions définitives et cohéren
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es que certains attendraient peut-être, mais dont
je
doute qu’aucun chrétien puisse les donner. Les « païens » et l’Antiqu
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aux laïques et au clergé de l’Église chrétienne,
je
pense que leur rôle spécifique et leur vocation générale consisteront
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du But. C’est tout ce que, pour ma part et selon
mes
moyens, j’aurais voulu vous faire entendre ce matin. p. Rougemont
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st tout ce que, pour ma part et selon mes moyens,
j’
aurais voulu vous faire entendre ce matin. p. Rougemont Denis de, «