1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 talitarisme a triomphé surtout pour deux raisons, me semble-t-il : D’abord il a utilisé le défaut de civisme qui résultait
2 par les Églises chrétiennes. Défaut de civisme : j’ en donnerai un seul exemple mais significatif. En Italie, de 1920 à 19
3 leurs, parce qu’ils représentaient une espérance. Je rejoins ici ma seconde thèse : le totalitarisme a triomphé parce qu’i
4 ’ils représentaient une espérance. Je rejoins ici ma seconde thèse : le totalitarisme a triomphé parce qu’il fut le premie
5 des devoirs qu’impliquent nos libertés actuelles. Je le répète : la puissance du totalitarisme ne sera jamais que la somme
6 tte. Conscience civique et conscience religieuse. J’ illustrerai le premier point par notre situation comme Suisses. Et le
7 tuation comme chrétiens. ⁂ L’exemple de la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autre part, il se
8 la Suisse me tient à cœur à double titre : c’est ma patrie, et d’autre part, il se trouve que sa tradition politique est
9 rsonnalisme. C’est donc à propos de la Suisse que je pourrai le mieux faire saisir la portée immédiate de ce que j’entends
10 mieux faire saisir la portée immédiate de ce que j’ entends quand je parle de conscience civique. Lorsque l’Allemagne tota
11 sir la portée immédiate de ce que j’entends quand je parle de conscience civique. Lorsque l’Allemagne totalitaire envahit
12 beaucoup la plus fréquente et la plus populaire. J’ ai à cœur cependant de montrer son danger pour nous Suisses. Et je vou
13 ndant de montrer son danger pour nous Suisses. Et je voudrais, à titre personnel évidemment, présenter quelques remarques
14 quelques remarques sur la question des armements. J’ y vois le piège le plus dangereux que nous tendent les totalitaires. P
15 n revolver, disait-il, c’est entendu. Mais donnez- moi un revolver, vous m’armez ! Donnez-moi un 75, vous me laissez sans dé
16 c’est entendu. Mais donnez-moi un revolver, vous m’ armez ! Donnez-moi un 75, vous me laissez sans défense : c’est trop lo
17 ais donnez-moi un revolver, vous m’armez ! Donnez- moi un 75, vous me laissez sans défense : c’est trop lourd pour moi. » Ex
18 n revolver, vous m’armez ! Donnez-moi un 75, vous me laissez sans défense : c’est trop lourd pour moi. » Exemple à retenir
19 s me laissez sans défense : c’est trop lourd pour moi . » Exemple à retenir, pour un petit pays comme le nôtre. Mais suppose
20 chez nous, sous prétexte de défense nationale. Or je crois que l’erreur qui aboutit à ce dilemme est la plus grave que nou
21 Voilà la résistance civique et toute civile dont je vous parlais, et voilà la conscience de notre force véritable. Si nou
22 t alors, va-t-on dire, vous êtes contre l’armée ? Je serais contre elle si je croyais que dès maintenant nous sommes assez
23 us êtes contre l’armée ? Je serais contre elle si je croyais que dès maintenant nous sommes assez forts moralement devant
24 uvre pour échapper au cercle de la guerre totale. Je crois que le seul moyen sérieux de résister à l’emprise totalitaire s
25 de défense non militaires, donc non totalitaires. Je ne dis pas que je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les
26 itaires, donc non totalitaires. Je ne dis pas que je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La force
27 talitaires. Je ne dis pas que je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La force des totalitaires c’e
28 ec leurs moyens propres : des quartiers de roche. Je ne veux pas dire, évidemment, que nous devions nous défendre aujourd’
29 aujourd’hui encore avec des quartiers de roche ; je veux dire que la force du faible, c’est de refuser le jeu du fort, et
30 e jeu du fort, et de le déconcerter par ce refus. Je lis dans un ouvrage anglais quelques phrases qui pourraient orienter
31 iate. Il vacille devant l’inconnu… Pour ma part, je ne suis pas adversaire de la violence en soi, mais bien de cette form
32 t dans la guerre moderne. Aussi bien, la page que je viens de citer ne propose-t-elle pas la non-résistance, mais au contr
33 des résultats considérables. Il faut chercher. Et je ne vous dis pas cela seulement comme personnaliste, adversaire du sta
34 aliste, adversaire du stalinisme et du fascisme ; je ne vous le dis pas seulement comme Suisse, convaincu de la mission fé
35 convaincu de la mission fédéraliste de son pays ; je vous le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’agresseur viole
36 des apôtres. Et pour qu’on n’aille pas penser que je préconise je ne sais quelle veule démission ou quel défaitisme utopiq
37 Et pour qu’on n’aille pas penser que je préconise je ne sais quelle veule démission ou quel défaitisme utopique, je tradui
38 elle veule démission ou quel défaitisme utopique, je traduirai la même idée en d’autres termes : à la brutalité, le chréti
39 t, il nous faut agir. Or agir, ce n’est pas haïr. Je ne veux, sous aucun prétexte pieux, exciter de la haine contre ceux q
40 aine contre ceux qui adorent l’idole totalitaire. Je veux démasquer cette idole, et les raisons profondes du culte qu’on l
41 les raisons profondes du culte qu’on lui rend. Or je distingue dans ces raisons plus d’angoisse que de méchanceté. J’ai re
42 ns ces raisons plus d’angoisse que de méchanceté. J’ ai reçu cet hiver, d’un jeune nazi, une lettre significative, et à cer
43 a raison profonde d’un mouvement comme le nôtre — m’ écrivait-il — est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose.
44 e déguise en défi, par désespoir. Mais là encore, je ne parle pas d’une compassion sentimentale. Je parle d’une attitude v
45 e, je ne parle pas d’une compassion sentimentale. Je parle d’une attitude virile et décidée, d’une volonté de libérer ces
46 erait déjà une complicité. Ce n’est pas ainsi que je conçois la charité. Quand les Romains adoraient leur empereur, les ch
47 ire des idoles colossales qu’on nous vante. Quand je vois les trois dictateurs qui font les gros yeux à l’Europe, se procl
48 urope, se proclament tous les trois infaillibles, je ne crois pas manquer au devoir de charité en jugeant parfaitement gro
49 . Voltaire nous conte là-dessus une anecdote dont j’ aime assez l’impertinence. Il imagine un certain oncle à lui, qu’il ap
50 en fit de vifs reproches à ses derniers moments. Mon oncle en fut affligé, et pour mourir en paix, il dit à l’archevêque d
51 lez, ne vous attristez pas. Ne voyez-vous pas que je vous crois infaillible vous aussi ? » Toutefois le scepticisme n’est
52 de cette vocation devant la cité qui les protège. Je ne vous appellerai pas, en terminant, à une croisade antifasciste ou
53 engagé, autonome et pourtant solidaire. Celui que j’ appelle l’homme total. Je ne sais si nous réussirons, mais nous aurons
54 ant solidaire. Celui que j’appelle l’homme total. Je ne sais si nous réussirons, mais nous aurons du moins sauvé l’honneur
55 de cette génération anxieuse. Et pour tout dire, je ne suis pas sans espoir. Les faux dieux ne font pas de miracles. Je n
56 s espoir. Les faux dieux ne font pas de miracles. Je ne me lasserai jamais de le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là
57 ir. Les faux dieux ne font pas de miracles. Je ne me lasserai jamais de le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là où l’
58 s. Je ne me lasserai jamais de le répéter — c’est mon delenda Carthago : Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jama
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
59 orme et ses « innovations ». Une suite de hasards m’ ayant mis entre les mains, au cours de l’été dernier, quelques écrits
60 ienheureux, ce ne fut pas sans émerveillement que j’ entrevis la réalité historique du personnage. À tel point que je n’hés
61 réalité historique du personnage. À tel point que je n’hésitai pas à en faire le sujet d’un drame, qui sera représenté à Z
62 ce sujet n’a pas été sans surprendre certains de mes amis protestants, et — pour d’autres raisons sans doute — certains ca
63 s doute — certains catholiques qui ont bien voulu me le faire sentir. Il m’a semblé que je devais aux uns et aux autres un
64 oliques qui ont bien voulu me le faire sentir. Il m’ a semblé que je devais aux uns et aux autres une brève explication, do
65 bien voulu me le faire sentir. Il m’a semblé que je devais aux uns et aux autres une brève explication, dont l’intérêt, j
66 aux autres une brève explication, dont l’intérêt, je l’espère, débordera cette anecdote personnelle. Il m’est apparu, en e
67 ’espère, débordera cette anecdote personnelle. Il m’ est apparu, en effet, à mesure que j’avançais dans mon travail, que la
68 sonnelle. Il m’est apparu, en effet, à mesure que j’ avançais dans mon travail, que la figure de Nicolas de Flue pouvait re
69 st apparu, en effet, à mesure que j’avançais dans mon travail, que la figure de Nicolas de Flue pouvait revêtir pour les Su
70 nt, mais de toute parole qui sort de la bouche de mon Père »… Ni les espions placés autour de l’ermitage par des autorités
71 « politique » dont l’ermite eût donné l’idée ? Il me paraît probable que l’autorité de Nicolas sur ses compatriotes suffit
72 appe, si nous nous limitons au savoir historique. J’ entends qu’il est très difficile, sur les documents qui nous restent,
73 éduits à des approches tâtonnantes. Pour ma part, je tenterai de distinguer dans la vie religieuse de Nicolas trois tendan
74 lique » de la religion du Bienheureux. Toutefois, je ne puis me persuader qu’il ait été décisif dans sa vie. Si l’on consi
75 la religion du Bienheureux. Toutefois, je ne puis me persuader qu’il ait été décisif dans sa vie. Si l’on considère d’une
76 il sentait croître en lui l’inquiétude du salut. J’ ai été attaché avec zèle aux lois papistes autant que n’importe qui, e
77 le aux lois papistes autant que n’importe qui, et je les ai défendues avec grand sérieux comme saintes et nécessaires au s
78 s et nécessaires au salut. Avec tout le soin dont j’ étais capable, je me suis efforcé de les observer par le jeûne, les ve
79 au salut. Avec tout le soin dont j’étais capable, je me suis efforcé de les observer par le jeûne, les veilles, les oraiso
80 salut. Avec tout le soin dont j’étais capable, je me suis efforcé de les observer par le jeûne, les veilles, les oraisons
81 es, les oraisons et autres exercices, en macérant mon corps plus que tous ceux qui aujourd’hui me persécutent, parce que je
82 rant mon corps plus que tous ceux qui aujourd’hui me persécutent, parce que je leur enlève la gloire de se justifier… J’im
83 us ceux qui aujourd’hui me persécutent, parce que je leur enlève la gloire de se justifier… J’imposais à mon corps plus d’
84 rce que je leur enlève la gloire de se justifier… J’ imposais à mon corps plus d’efforts qu’il n’en pouvait fournir sans da
85 ur enlève la gloire de se justifier… J’imposais à mon corps plus d’efforts qu’il n’en pouvait fournir sans danger pour la s
86 it fournir sans danger pour la santé… Tout ce que je faisais, je le faisais en toute simplicité, par pur zèle et pour la g
87 ans danger pour la santé… Tout ce que je faisais, je le faisais en toute simplicité, par pur zèle et pour la gloire de Die
88 té, par pur zèle et pour la gloire de Dieu. Toute ma vie n’était que jeûnes, veilles, oraisons, sueurs…  Et plus tard Lut
89 ons, sueurs…  Et plus tard Luther ajoute : Mais mon cœur tremblait et s’agitait en songeant comment il pourrait se rendre
90 es vingt dernières années ? Ce rapprochement, que je ne puis qu’esquisser, nous mettrait-il en mesure de deviner la raison
91 nquantième année ? Toutes proportions gardées, il me paraît licite de voir dans le cas du paysan, illettré et simple fidèl
92 s pleine d’activité autant que de contemplation3, je pense qu’il faut la rattacher surtout à une troisième tendance, la pl
93 ut à une troisième tendance, la plus importante à mes yeux, celle de la mystique germanique. Nous savons que par sa mère et
94 araphrase d’un texte du mystique Heinrich Suso : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de toi ! Mon
95 Heinrich Suso : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi
96 Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’ éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me
97 Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi ! M
98 loigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne- moi tout ce qui me rapproche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache
99 Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-moi à moi-même
100 eu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-moi à moi-même et donne-moi tout entier
101 oche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache- moi à moi-même et donne-moi tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile
102 neur et mon Dieu, arrache-moi à moi-même et donne- moi tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile de caractériser en quel
103 s La contre-épreuve de ces diverses hypothèses m’ a été fournie d’une manière très convaincante par la lecture des deux
104 forme. Ce n’est pas sans un joyeux étonnement que je suis tombé, dans Dürrer, à peine les gros volumes ouverts, sur une ab
105 ce n’est pas sans un léger mouvement de triomphe, je l’avoue, que j’ai trouvé ce fait, très généralement ignoré : les prem
106 s un léger mouvement de triomphe, je l’avoue, que j’ ai trouvé ce fait, très généralement ignoré : les premiers drames mett
107 rapide de cette littérature réformée sur Nicolas. Je la diviserai en trois rubriques. 1. Chroniques. — La première en dat
108 ir du Frère Claus ». Quant à la petite prière que je citais plus haut (Gebetlein), elle avait été connue et publiée d’abor
109 rinité. Les historiens ne sont guère d’accord, et je n’ai pas qualité pour trancher ce problème d’ailleurs accessoire. ⁂ C
110 unement la prétention d’annexer Nicolas de Flue à je ne sais quel « parti de la Réforme » ! Elles ne visent qu’à faire mie
111 de la sorte, et n’ont-ils pas laissé dénaturer ! Mon désir n’est nullement d’enlever le Frère Claus aux catholiques — il n
112 où le sens fédéral paraît renaître parmi nous, il m’ a semblé que la vie du Frère Claus prenait une valeur de symbole, et n
113 manière peuvent saluer comme l’ancêtre commun, et j’ ajouterais : comme le parrain de cette « défense spirituelle du pays »
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
114 emple, ou simplement que la défense nationale. Or je vois là le signe très certain d’une crise, — et d’une crise qui met e
115 n les fondements mêmes de la culture en Occident. Je voudrais vous montrer ce soir que cette crise n’est pas théorique ; q
116 ’écarter un malentendu menaçant. La bataille dont je vais vous parler n’est pas une bataille politique. Les adversaires ne
117 -culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’avoue, et aujourd’hui plus que jamais. C’est malgré tout un procédé
118 ’esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en plus frappé par ces deux traits : d’une part, une éto
119 ses misérables, déracinées et démoralisées. Enfin je vous citerai un cas individuel assez typique. Un grand banquier de Pa
120 té de bienfaisance, fut interrogé un jour, devant moi , par un de ses collègues. Était-il vrai, lui demandait-on, que sa ban
121 sacre ? — Nullement, répondit-il. Car tout ce que j’ ai à voir, ce sont deux colonnes de chiffres, dont la balance est favo
122 nnes de chiffres, dont la balance est favorable à ma maison. — L’exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le certi
123 — L’exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le certifie exact. De plus, il illustre à merveille le vice fondament
124 lle est devenue toute naturelle. Le banquier dont je viens de vous parler aurait eu beaucoup de peine à concevoir qu’il y
125 anque n’est même plus ressenti comme un scandale, je la vois condamnée à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la
126 et les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démis
127 . La religion est l’opium du peuple, disait Marx. Je lui réponds que sa croyance au Progrès est l’opium de la culture. S’i
128 par lesquels se trahit la démission de l’esprit, je dirais : goût des automatismes, croyance aux fatalités de l’Histoire
129 commune mesure. Décadence de la communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure d’une civilisation 
130 écadence de la communauté Je préciserai ce que j’ appelle ici la commune mesure d’une civilisation : c’est le principe q
131 re en chômage se corrompt rapidement, s’asservit. Je vous en donnerai un exemple que chacun de vous peut vérifier quotidie
132 ent sur le sens de certains mots fondamentaux que j’ appellerai les lieux communs. C’était sur la base de ces mots définis
133 crits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le mot esprit a déjà vingt-neuf sens différents dans le
134 tre, l’activité révolutionnaire des créateurs. Si j’ affirme que mon but est de sauver l’esprit, le marxiste en déduira que
135 é révolutionnaire des créateurs. Si j’affirme que mon but est de sauver l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la
136 st de sauver l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je m’évade dans le spiritualisme, alors
137 te en déduira que je néglige la vie concrète, que je m’évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’e
138 en déduira que je néglige la vie concrète, que je m’ évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’espr
139 , que je m’évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’esprit que dans la présence effective de la p
140 ns la rue mais seulement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principales de la mésentent
141 e nouveau », exactement inverse de l’ancien… Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice au pays des Merveil
142 gue d’Alice au pays des Merveilles (qui est un de mes livres préférés), dialogue dont voici trois répliques : « Quand je me
143 s), dialogue dont voici trois répliques : « Quand je me sers d’un mot, dit Humpty Dumpty d’un ton méprisant, il signifie e
144 dialogue dont voici trois répliques : « Quand je me sers d’un mot, dit Humpty Dumpty d’un ton méprisant, il signifie exac
145 d’un ton méprisant, il signifie exactement ce que je veux qu’il signifie… ni plus ni moins. — La question est de savoir, d
146 es mots et qui l’impose à son caprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive à une pareille décadence des lieux commun
147 leurs peuples. Et voici la faute de calcul qu’ils me paraissent avoir commise : ils ont voulu imposer à l’ensemble des pri
148 la mesure, le seul devoir des intellectuels — et j’ ajouterai : leur seul pouvoir — c’est donc de rechercher l’homme perdu
149 itiques. À ce moment se produit fatalement ce que j’ appellerai un sentiment de vide social. C’est une sorte d’angoisse dif
150 t dans une communauté nouvelle. Voilà l’homme que j’ appelle une personne : il est à la fois libre et engagé, et il est lib
151 é par cela même qui l’engage envers son prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien, je dis que les maux dont nous sou
152 prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien, je dis que les maux dont nous souffrons sont avant tout des maladies de
153 Raisons d’espérer : la culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai d’espérer, après
154 e voudrais vous dire, maintenant, les raisons que j’ ai d’espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vous énumérer les
155 ns que j’ai d’espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vous énumérer les premiers succès remportés, dans la bataill
156 omme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : e
157 se manifester selon sa vocation particulière. Si j’ insiste sur cet axiome, c’est qu’il est particulièrement libérateur po
158 s directives de cette action redevenue possible ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas que les p
159  ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas que les principes fondamentaux d’une société plus harmon
160 hristianisme devenu passif devant le monde. Or il me semble que, là encore, un réveil soulève les Églises. Elles ont compr
161 dans tous les ordres de la pensée et de l’action. J’ ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le type même de
162 ujours trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes, je le sais, sont à l’œuvre, Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement de
163 de la personne, matériellement et moralement, que je vois la commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solid
164 . La solution fédéraliste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup la tolérance, vertu qui naît en somme d’un scepti
165 , qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je n’aime pas non plus l’intolérance qui veut tout uniformiser, et qui e
166 evise paradoxale : Un pour tous, tous pour un. Et me voici conduit, comme malgré moi, à des conclusions politiques — osera
167 , tous pour un. Et me voici conduit, comme malgré moi , à des conclusions politiques — oserais-je dire patriotiques ? — ou p
168 algré moi, à des conclusions politiques — oserais- je dire patriotiques ? — ou plutôt à des conclusions qui par la plus ext
169 nous n’en prenons pas conscience, alors seulement j’ aurai des craintes sérieuses pour notre indépendance. Mais pourquoi la
170 cs, que nous connaissons mieux que personne. Tout mon espoir est qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs, d’hommes qu
171 a communauté. Cette œuvre n’est pas utopique. Car je me refuse à nommer utopie le seul espoir qui nous soit accordé. Encor
172 ommunauté. Cette œuvre n’est pas utopique. Car je me refuse à nommer utopie le seul espoir qui nous soit accordé. Encore f
173 qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et je termine là-dessus — qu’elle ne repose pas sur une erreur profonde qua
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
174 stes réfléchis, maîtres d’eux-mêmes et objectifs. Je dirai plus : ce qu’il nous faut, ce sont des pessimistes actifs. Des
175 f par rapport à nos sécurités. Cette inconscience j’ en dirai la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plu
176 son imprévision systématique des maux prochains. J’ écris ceci pendant la bataille de France. Est-il trop tard pour répéte
177 esprits partout ailleurs irréductiblement divers, je répète qu’elle est écrasante. Elle supprime nos dernières excuses. No
178 nt sur le capital ou caisse de compensation, — et je ne prends là que de petits exemples…4 Nous avons critiqué sans merci
179 elque chose à faire, quelque chose de précis, que je veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart de la guerre, et peut-êt
180 t-ils. Ils ont encore ce bref délai de grâce dont je parlais aux Hollandais, en novembre de l’an dernier — et c’est fini —
181 novembre de l’an dernier — et c’est fini —, dont je parlais aux Suisses en janvier de cette année, et cela fait déjà cinq
182 contre nos goûts, nos sympathies et nos passions. Je ne sais pas ce que l’avenir vaudra, mais je sais que s’il vaut quelqu
183 ions. Je ne sais pas ce que l’avenir vaudra, mais je sais que s’il vaut quelque chose, ce sera grâce à l’action personnell
184 ’elle dit : « Le ciel et la terre passeront, mais ma Parole ne passera point. » Voilà la base et le point fixe que nulle p
185 t. On trouvera de l’argent pour 40 chars, mais si je demande qu’on double un budget culturel, on me répondra que je veux r
186 si je demande qu’on double un budget culturel, on me répondra que je veux ruiner le pays. 5. Comme le fait Paul Reynaud d
187 ’on double un budget culturel, on me répondra que je veux ruiner le pays. 5. Comme le fait Paul Reynaud devant le Sénat à
188 fait Paul Reynaud devant le Sénat à l’instant où j’ écris ceci. e. Rougemont Denis de, « L’heure sévère », Les Cahiers p
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
189 L’Église et la Suisse (août 1940)g h Je vous parlerai ce matin de l’Église visible et non pas de l’Église en
190 Église visible et non pas de l’Église en général. Je vous parlerai des Églises telles que nous les voyons en Suisse ; et d
191 e 1940. Ce ne sera pas une conférence bien bâtie, je tiens à vous le dire tout de suite, mais une simple introduction, un
192 , un plan de travail, une invite à la discussion. Je vous ferai part de certaines critiques et de certaines suggestions, c
193 Et s’il fallait qu’un jour la Suisse fût envahie, j’ imagine qu’elle pourrait garder pendant des mois, peut-être des années
194 ons du Gothard nous dirait d’espérer. Maintenant, je poserai cette question : dans la situation extrême que je viens de dé
195 ai cette question : dans la situation extrême que je viens de décrire, à supposer que la Suisse soit envahie, pourrions-no
196 ues, comme elles l’ont fait dans un pays voisin ? Je n’oserais pas répondre ce matin. Ni oui ni non. Mais je voudrais que
197 serais pas répondre ce matin. Ni oui ni non. Mais je voudrais que cette question reste posée. C’est lorsque tout paraît dé
198 s pourrons élever notre espoir ? Encore une fois, je ne puis pas répondre. Dieu le sait, et l’événement seul fera la preuv
199 été de véritables communautés. Voilà le fait qui me paraît le plus grave, étant donné les événements actuels et ceux que
200 i vont de soi entre les membres d’une famille. Et je ne parle même pas du « partage » spirituel, qui devait être le pain q
201 s jours ? Souvent, en sortant d’un de nos cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose cette question : so
202 cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose cette question : sont-ils prêts à mettre en commun autre chos
203 tes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose cette question : sont-ils prêts à mettre en commun autre chose q
204 t des frères — et des frères dans l’Église ? Oh ! je ne demande pas que nos paroisses décrètent du jour au lendemain le pa
205 gime communiste, au sens littéral de ce mot. Mais je me demande seulement si elles sont prêtes à envisager certains actes
206 e communiste, au sens littéral de ce mot. Mais je me demande seulement si elles sont prêtes à envisager certains actes de
207 que les circonstances l’exigent un jour prochain. Je me demande si les fidèles de nos cultes se sentent plus fortement lié
208 les circonstances l’exigent un jour prochain. Je me demande si les fidèles de nos cultes se sentent plus fortement liés a
209 leur classe, ou à leurs intérêts professionnels. Je me demande ce qui compte à leurs yeux, ce qui compte avant tout et pr
210 ur classe, ou à leurs intérêts professionnels. Je me demande ce qui compte à leurs yeux, ce qui compte avant tout et prati
211 faudra choisir entre l’Église et nos sécurités. Je vois bien que nos Églises constituent des unités administratives, qu’
212 us guette, et qui, lui, sait si bien s’organiser. Je ne puis pas vous énumérer toutes les conditions nécessaires pour que
213 trois de ces conditions, entre vingt autres8, qui me paraissent à la fois indispensables et pratiquement réalisables à bre
214 nsables et pratiquement réalisables à bref délai, j’ entends à la faveur du choc des événements récents et avant les crises
215 r de ces trois points est avant tout théologique. Je n’insisterai donc pas : vous avez entendu et entendrez encore des ora
216 z encore des orateurs beaucoup plus qualifiés que moi pour définir l’essence et le but de l’Église. Je me contenterai de qu
217 moi pour définir l’essence et le but de l’Église. Je me contenterai de quelques remarques sur les rapports de l’Église et
218 pour définir l’essence et le but de l’Église. Je me contenterai de quelques remarques sur les rapports de l’Église et de
219 d’abord, mais les affaires du Royaume de Dieu. Il me paraît profondément indécent que ces affaires soient débattues dans n
220 suite, sur les rapports de l’Église et de l’État, je vous proposerai deux formules : 1° Le service unique et suffisant que
221 tiennes de tolérance et d’amour du prochain. Mais je tiens à redire ici ce que je disais cet hiver à Tavannes : Nous ne d
222 ur du prochain. Mais je tiens à redire ici ce que je disais cet hiver à Tavannes : Nous ne devons pas être chrétiens parc
223 weizerchristentum ! À ces Schweizer Christen dont je viens de parler j’opposerai cette déclaration prophétique d’un homme
224 À ces Schweizer Christen dont je viens de parler j’ opposerai cette déclaration prophétique d’un homme dont la pensée me p
225 déclaration prophétique d’un homme dont la pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre Vinet. « Veuillez d’abord
226 e n’en point vouloir ». Car « la société qui veut m’ ôter ma religion, m’effraie bien moins que celle qui veut en avoir une
227 point vouloir ». Car « la société qui veut m’ôter ma religion, m’effraie bien moins que celle qui veut en avoir une ». En
228  ». Car « la société qui veut m’ôter ma religion, m’ effraie bien moins que celle qui veut en avoir une ». En résumé, la p
229 , c’est que l’Église soit indépendante de l’État, je veux dire par là : constituée face à l’État comme une autorité souver
230 onfessionnelle en Allemagne, on comprendra ce que je veux dire, — et que le problème est urgent ! II La seconde cond
231 savoir la toucher par des paroles directes. Vous me direz peut-être que cette question ne concerne que nos pasteurs. Je n
232 que cette question ne concerne que nos pasteurs. Je n’en suis pas sûr. C’est une question d’atmosphère spirituelle, de di
233 s, mais accueilli dans une maison de Dieu. Ce que je voudrais dire encore sur ce sujet est peut-être un peu délicat. C’est
234 t peut-être un peu délicat. C’est une requête que je présente comme laïque à nos pasteurs, avec l’espoir que les laïques d
235 e l’appuieront pratiquement dans leurs paroisses. Je voudrais dire à nos pasteurs : soyez simples dans vos sermons, soyez
236 commentaires et notre éloquence qui convainquent. J’ ai entendu, il y a quelques semaines, une parole qui m’a fait de l’imp
237 entendu, il y a quelques semaines, une parole qui m’ a fait de l’impression. C’était dans un sermon, et le pasteur disait :
238 sommes pas convaincants », disait le pasteur que je viens de citer. Nous ne sommes pas convaincants, ajouterai-je, quand
239 citer. Nous ne sommes pas convaincants, ajouterai- je , quand nous cherchons à faire au lieu d’un sermon simple, des confére
240 n’auraient pas eu l’idée de faire. Comme laïque, je ne demande pas qu’on me persuade de croire, mais simplement qu’on nou
241 e de faire. Comme laïque, je ne demande pas qu’on me persuade de croire, mais simplement qu’on nourrisse ma foi. J’attends
242 rsuade de croire, mais simplement qu’on nourrisse ma foi. J’attends qu’on me parle avec une calme autorité, et non pas que
243 e croire, mais simplement qu’on nourrisse ma foi. J’ attends qu’on me parle avec une calme autorité, et non pas que l’on pr
244 implement qu’on nourrisse ma foi. J’attends qu’on me parle avec une calme autorité, et non pas que l’on prenne au sérieux
245 e autorité, et non pas que l’on prenne au sérieux mes doutes éventuels. Notre génération n’est pas si tourmentée de doutes.
246 ent être dites du haut de la chaire, à condition, je le répète et j’y insiste, qu’il ne s’agisse jamais des idées personne
247 u haut de la chaire, à condition, je le répète et j’ y insiste, qu’il ne s’agisse jamais des idées personnelles du pasteur
248 La troisième condition d’une vraie communauté, je la définissais tout à l’heure comme suit : que nos Églises aient le c
249 ées d’une discipline et de formes de culte fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème de l’épiscopat, encore que je sois
250 ai pas ici le problème de l’épiscopat, encore que je sois persuadé qu’il se posera pour nous aussi un jour ou l’autre. Je
251 ’il se posera pour nous aussi un jour ou l’autre. Je ne parlerai pas non plus du rôle des laïques dans la paroisse, qui po
252 er le pasteur d’un lourd travail de bienfaisance. Je me bornerai au seul problème des formes du culte, au problème de la l
253 le pasteur d’un lourd travail de bienfaisance. Je me bornerai au seul problème des formes du culte, au problème de la litu
254 urgie protestante. C’est un laïque qui parle ici, je le répète. Ce n’est pas un docteur de l’Église ! Les théologiens élèv
255 ront peut-être de fortes objections contre ce que je vais dire. Je suis prêt à les écouter avec déférence. Mais je chercha
256 de fortes objections contre ce que je vais dire. Je suis prêt à les écouter avec déférence. Mais je cherchais depuis long
257 . Je suis prêt à les écouter avec déférence. Mais je cherchais depuis longtemps l’occasion de formuler certaines propositi
258 qui trouveront aujourd’hui, peut-être, de l’écho. J’ ai passé plusieurs années en France, et je me suis fortement attaché à
259 l’écho. J’ai passé plusieurs années en France, et je me suis fortement attaché à la liturgie des Églises réformées de ce p
260 cho. J’ai passé plusieurs années en France, et je me suis fortement attaché à la liturgie des Églises réformées de ce pays
261 é à la liturgie des Églises réformées de ce pays. J’ entends ici par liturgie : la partie du culte qui n’est pas le sermon,
262 es, prières et chants réglés et réguliers. Depuis mon retour en Suisse j’éprouve avec intensité l’absence de toute espèce d
263 réglés et réguliers. Depuis mon retour en Suisse j’ éprouve avec intensité l’absence de toute espèce de liturgie sérieuse
264 ce n’est pas seulement le défaut de liturgie qui me choque, mais le manque de sens liturgique que manifestent les essais
265 reste imprécise… Voici un détail significatif, à mes yeux, de ce même défaut de sens liturgique : lorsqu’il arrive qu’on l
266 e de la liturgie des Églises réformées de France. Je vais vous la décrire dans ses principaux traits. I. Invocation (l’ass
267 ureux est celui dont la transgression est remise… Mon âme, bénis l’Éternel… »). VI. Credo (lecture du Symbole des apôtres.
268 âce accordée, et enfin le témoignage de la foi. À mon sens, cette liturgie est une des plus belles, dans sa simplicité, et
269 tilisent les différentes confessions chrétiennes. Je voudrais vous dire maintenant pour quelles raisons je pense que nos É
270 oudrais vous dire maintenant pour quelles raisons je pense que nos Églises suisses devraient se préparer à l’adopter, tell
271 eurs fêtes, leurs insignes, leurs saluts rituels. J’ ai assisté à des cérémonies hitlériennes qui étaient déjà de véritable
272 n désir, à un besoin normal, trop longtemps déçu. Mon second argument en faveur de la liturgie est plus spécifiquement chré
273 de la liturgie est plus spécifiquement chrétien. Je dirais même qu’il est d’ordre sermonnaire. Je m’explique. Imaginez un
274 en. Je dirais même qu’il est d’ordre sermonnaire. Je m’explique. Imaginez une personne qui n’a jamais mis les pieds dans u
275 Je dirais même qu’il est d’ordre sermonnaire. Je m’ explique. Imaginez une personne qui n’a jamais mis les pieds dans un d
276 Elle sera d’abord, probablement, dépaysée, comme je vous le disais tout à l’heure, par le ton du pasteur et le maintien u
277 autrement, si le culte débute par la liturgie que je viens de vous résumer. Cette liturgie, en effet, décrit d’abord dans
278 même un étranger, peut savoir de quoi il s’agit. J’ avoue que pour ma part, et je ne pense pas être le seul de mon espèce,
279 r de quoi il s’agit. J’avoue que pour ma part, et je ne pense pas être le seul de mon espèce, j’éprouve le besoin d’entend
280 pour ma part, et je ne pense pas être le seul de mon espèce, j’éprouve le besoin d’entendre répéter chaque dimanche les gr
281 t, et je ne pense pas être le seul de mon espèce, j’ éprouve le besoin d’entendre répéter chaque dimanche les grandes vérit
282 er chaque dimanche les grandes vérités de la foi, j’ éprouve le besoin de participer, par le chant ou la récitation, à ce t
283 à ce témoignage collectif, dans la communauté de mes frères, connus ou inconnus. Après cela, même si le sermon n’est pas d
284 cela, même si le sermon n’est pas des meilleurs, j’ ai tout de même le sentiment d’avoir approuvé mon Église, et d’en avoi
285 , j’ai tout de même le sentiment d’avoir approuvé mon Église, et d’en avoir reçu le message essentiel. Enfin, ma troisième
286 , et d’en avoir reçu le message essentiel. Enfin, ma troisième raison se rapporte étroitement à mon sujet, aux relations e
287 in, ma troisième raison se rapporte étroitement à mon sujet, aux relations entre l’Église et la Suisse, ou pour être concre
288 général, n’a pas un sens des formes très raffiné. Je vous dirai même une chose assez désobligeante, et qui vous surprendra
289 être : le peuple suisse souffre d’un défaut qu’il me faut bien nommer le sans-gêne spirituel. Je ne sais pas si cela provi
290 qu’il me faut bien nommer le sans-gêne spirituel. Je ne sais pas si cela provient du fait qu’on parle un peu trop facileme
291 s Églises pas mal de traces d’un piétisme affadi. Je n’oserais pas suggérer que nous tenons à rester démocrates et sans fa
292 trop familiers et manquer du sens des distances. Je vous citerai ici, en guise d’illustration, une anecdote qui frise peu
293 , une anecdote qui frise peut-être la caricature. J’ ai entendu, de mes oreilles, un jeune pasteur remercier Dieu, du haut
294 i frise peut-être la caricature. J’ai entendu, de mes oreilles, un jeune pasteur remercier Dieu, du haut de la chaire, de c
295 e lui parler tout simplement, d’homme à homme »… Je reste persuadé, pour ma part, que nous devons plutôt parler d’homme à
296 uestions d’attitude soient futiles, ou trahissent je ne sais quelle déviation catholique. Toutes les Églises ont toujours
297 jours attaché de l’importance à ces choses-là, et je pense qu’elles avaient de bonnes raisons de le faire. Elles savaient
298 des fausses pudeurs. Pour en finir sur ce sujet, je vous demanderai de vous poser à vous-même cette seule question : alor
299 c d’autres Églises dans le mouvement œcuménique. ( Je pense à l’Église anglicane, qui attache à la liturgie une importance
300 i est la mission du jeune mouvement œcuménique. ⁂ Je me bornerai, en terminant, à vous rappeler les quelques thèses — crit
301 st la mission du jeune mouvement œcuménique. ⁂ Je me bornerai, en terminant, à vous rappeler les quelques thèses — critiqu
302 quelques thèses — critiques et suggestions — que je viens d’esquisser devant vous. Je vous ai indiqué tout d’abord que la
303 ggestions — que je viens d’esquisser devant vous. Je vous ai indiqué tout d’abord que la situation actuelle exige de nos É
304 de vie ou de mort, dans le monde qui se prépare. Je vous ai suggéré trois directions d’effort à la fois nécessaires et po
305 uestion, ou retenus par des préjugés à son égard. Je me suis borné à soulever devant vous quelques problèmes urgents et to
306 tion, ou retenus par des préjugés à son égard. Je me suis borné à soulever devant vous quelques problèmes urgents et tout
307 ve siècles. 8. Parmi ces autres conditions dont je ne puis traiter ici : restauration théologique (elle est en plein ess
308 en parle beaucoup) ; doctrine des sacrements… 9. Je n’entends pas prendre position ici sur des problèmes tels que les pre
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
309 ique de la Suisse (février 1941)i j Nul pays à ma connaissance, n’a été plus souvent expliqué à lui-même et au monde qu
310 ent, chez nous, « fédéralistes » ne sont souvent, je le crains, que des nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
311 as tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes comp
312 bligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes, la neutralité suisse est devenue un tabou, aussi sacré
313 nt ? Pour commencer de répondre à cette question, je me contenterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire de notre neu
314 ? Pour commencer de répondre à cette question, je me contenterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutra
315 de aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de la plupart de nos contempo
316 ger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si j’ ose dire. La seule question réelle qui se pose désormais, c’est de sav
317 a cent-cinquante ans, ou même qu’il y a dix ans ? Je ne le pense pas. Ce que les auteurs des traités de 1815 entendaient p
318 ment prêt à se défendre en cas d’attaque, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée suisse a le don de pro
319 comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons, je le crains, plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Eur
320 de défense unifié. Vous le voyez, la réponse que j’ essaie de trouver n’est pas simple. Si l’effort militaire considérable
321 ’égard de l’union nécessaire. À la question qu’on me pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? j
322  : Êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? je ne puis donc répondre oui ou non. Le problème ne peut pas être posé,
323 devrait éventuellement renoncer à sa neutralité. Je réponds pour ma part que cela ne pourrait être qu’au profit de l’Euro
324 omme l’Amérique l’été dernier derrière sa Bombe. Je voulais introduire, ce soir, une discussion qui, je l’espère, deviend
325 voulais introduire, ce soir, une discussion qui, je l’espère, deviendra générale, et qui me paraît vitale pour notre aven
326 sion qui, je l’espère, deviendra générale, et qui me paraît vitale pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour l’orien
327 érale, et qui me paraît vitale pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour l’orienter, un seul principe de jugement po
328 le, et qui me paraît vitale pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour l’orienter, un seul principe de jugement polit
329 t elle peut donc demain devenir une trahison. Car je le répète : notre neutralité a été reconnue par les puissances « dans
330 atut légal, et l’esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que personne encore n’a t
331 t légal, et l’esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que personne encore n’a touc
332 , que personne encore n’a touché, tout au moins à ma connaissance. k. Rougemont Denis de, « Europe unie et neutralité
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
333 Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)m n Je regrette que M. Lasserre ait simplifié ma thèse jusqu’à la déformer,
334 )m n Je regrette que M. Lasserre ait simplifié ma thèse jusqu’à la déformer, et qu’il ait apporté à sa réfutation moins
335 é à sa réfutation moins de scrupule que d’humeur. J’ avais pourtant pris soin de souligner la complexité du problème. Je pa
336 pris soin de souligner la complexité du problème. Je parlais de « ce mélange d’intérêt propre et d’intérêt européen » qui
337 pratiquement permise. M. Lasserre veut croire que je n’ai considéré que l’intérêt européen : c’est sa « grave erreur limin
338 t européen : c’est sa « grave erreur liminaire ». J’ ai naturellement insisté sur « l’intérêt de l’Europe entière » parce q
339 e entière » parce que c’était par ce biais-là que je pouvais aborder le problème suisse, dans le cadre général de ma chron
340 rder le problème suisse, dans le cadre général de ma chronique intitulée « Demain l’Europe ». Je n’ai nullement nié ou méc
341 al de ma chronique intitulée « Demain l’Europe ». Je n’ai nullement nié ou méconnu l’intérêt propre de la Suisse. Il serai
342 des forces politiques de notre temps ! Où donc ai- je soutenu « sans réserve » que la Suisse devrait subordonner sa politiq
343 « l’intérêt des principaux États de l’Europe » ? J’ ai dit seulement que si la Suisse un jour décidait de renoncer à sa ne
344 de l’Europe entière et de son union fédérale ; et j’ ai ajouté : « Encore faut-il que cette union prenne forme. » Telle est
345 faut-il que cette union prenne forme. » Telle est ma thèse principale. Au surplus, je souhaitais une discussion sur la neu
346 rme. » Telle est ma thèse principale. Au surplus, je souhaitais une discussion sur la neutralité présente et à venir de la
347 budget, ce n’est pas demander sa suppression. (On m’ a fort mal compris, mais je ne m’en étonne guère : on comprend toujour
348 er sa suppression. (On m’a fort mal compris, mais je ne m’en étonne guère : on comprend toujours mal ceux qui touchent un
349 suppression. (On m’a fort mal compris, mais je ne m’ en étonne guère : on comprend toujours mal ceux qui touchent un tabou.
350 omprend toujours mal ceux qui touchent un tabou.) Je m’étonne davantage qu’un professeur d’histoire puisse paraître assimi
351 rend toujours mal ceux qui touchent un tabou.) Je m’ étonne davantage qu’un professeur d’histoire puisse paraître assimiler
352 , l’autre de fait. Tout d’abord, il est clair que je n’ai pas pu « confondre systématiquement » le Conseil de l’Europe ave
353 comprend quinze États, et non dix comme le répète mon censeur, ce qui fausse ses calculs à la base. Finalement, quelle est
354 nts IV et V de votre questionnaire ?o On voit que mes thèses l’irritent. Et puis après ? Tenter de me réfuter ne supprime p
355 mes thèses l’irritent. Et puis après ? Tenter de me réfuter ne supprime pas le problème du rôle actuel et futur de la Sui
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
356 déjà — et ce sera vrai pour nous aussi bientôt —, je vois se dessiner un tout autre schéma, comme un nouveau renversement,
357 ite, sans surprises ni drames, sans vrais débats ( j’ entends : sans débats insolubles), sans Histoire donc ; disciplinée, n
358 l’on puisse porter sur elles un jugement global. Je me borne à relever ceci : à supposer que demain, ce soit un collège f
359 on puisse porter sur elles un jugement global. Je me borne à relever ceci : à supposer que demain, ce soit un collège form
360 nt réfléchi à ces perspectives, du côté chrétien, me semblent enclins à considérer comme un malheur, voire une catastrophe
361 our ne pas dire : au soulagement général). Oserai- je vous avouer que si je tiens ces craintes pour justifiées quant aux fa
362 oulagement général). Oserai-je vous avouer que si je tiens ces craintes pour justifiées quant aux faits, je ne les partage
363 ens ces craintes pour justifiées quant aux faits, je ne les partage nullement quant à l’appréciation de ces faits. La pris
364 naguère désignées par le terme général de morale, me paraît comporter à presque tous les égards, plus d’avantages que d’in
365 pas si longtemps que cela, en Suisse romande, si j’ en crois mes souvenirs de jeunesse. Si les Églises (et pas seulement c
366 gtemps que cela, en Suisse romande, si j’en crois mes souvenirs de jeunesse. Si les Églises (et pas seulement celle de Rome
367 à leur mission proprement spirituelle, qui est à mon sens : de rappeler à l’homme son but final, sa destination ultime, sa
368 rix des plus étonnantes acrobaties théologiques. Je disais tout à l’heure que laisser le soin de la « morale » à César, c
369 ux sciences séculières plus ou moins socialisées, me paraît avantageux à presque tous les égards. Je dois m’expliquer main
370 , me paraît avantageux à presque tous les égards. Je dois m’expliquer maintenant sur ce presque, car il est capital. Suppo
371 aît avantageux à presque tous les égards. Je dois m’ expliquer maintenant sur ce presque, car il est capital. Supposez, dan
372 meure alors sans réponse : la question du sens de ma vie sur cette terre et après ma mort ; la question de ma relation à l
373 estion du sens de ma vie sur cette terre et après ma mort ; la question de ma relation à la transcendance. Elle demeure sa
374 sur cette terre et après ma mort ; la question de ma relation à la transcendance. Elle demeure sans réponse, non point par
375 à la sortie des circuits. Dans cette société que je suppose en parfait ordre de marche, il devient à peu près impossible,
376 riger le fonctionnement aberrant de cet individu. Je le vois plutôt, ce candidat chrétien, comme celui qui, tout en accomp
377 permission d’interroger. Ce droit de demander que ma vie ait un sens, même si je ne trouve ou ne reçois jamais de réponse
378 droit de demander que ma vie ait un sens, même si je ne trouve ou ne reçois jamais de réponse certaine, cette demande, cet
379 , cette demande, cette recherche en elle-même est mon sens provisoire, mon chemin que j’invente, que je crée à chaque pas à
380 e recherche en elle-même est mon sens provisoire, mon chemin que j’invente, que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir
381 elle-même est mon sens provisoire, mon chemin que j’ invente, que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’éc
382 on sens provisoire, mon chemin que j’invente, que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous
383 tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ainsi que je comprends le verset du psalmiste : « Ta parol
384 ui ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ainsi que je comprends le verset du psalmiste : « Ta parole est une lampe à mes pi
385 verset du psalmiste : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier »… Je résume mon diagnostic, qui e
386 parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier »… Je résume mon diagnostic, qui est aussi un pronostic : l’É
387 lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier »… Je résume mon diagnostic, qui est aussi un pronostic : l’Église peut-êtr
388 s pieds, une lumière sur mon sentier »… Je résume mon diagnostic, qui est aussi un pronostic : l’Église peut-être (je n’en
389 qui est aussi un pronostic : l’Église peut-être ( je n’en suis pas sûr), mais en tout cas les hommes qui « croient », au s
390 ⁂ Anticipant assez largement sur la situation que je viens de caractériser à grands traits, j’avais écrit dès 1945 — l’été
391 ion que je viens de caractériser à grands traits, j’ avais écrit dès 1945 — l’été d’Hiroshima — un manuscrit de quelque deu
392 deux-cents pages intitulé La Morale du But , que je n’ai pas encore publié, fort heureusement. En effet, depuis vingt ans
393 é, fort heureusement. En effet, depuis vingt ans, je n’ai cessé d’accumuler des notes (en vue d’ajouts indispensables), de
394 uts indispensables), des objections très graves à mes propres thèses, des raisons de désespérer de mon entreprise, et d’aut
395 mes propres thèses, des raisons de désespérer de mon entreprise, et d’autres raisons (pour l’instant légèrement majoritair
396 ques, en vue de l’avenir. Dans son état primitif, mon ouvrage s’ouvre par le bref récit d’une modeste expérience, pour moi
397 par le bref récit d’une modeste expérience, pour moi très importante, que j’ai faite au service militaire. Je vais vous li
398 modeste expérience, pour moi très importante, que j’ ai faite au service militaire. Je vais vous lire ces deux pages inédit
399 importante, que j’ai faite au service militaire. Je vais vous lire ces deux pages inédites, et que je ne compte pas modif
400 Je vais vous lire ces deux pages inédites, et que je ne compte pas modifier dans la version finale du livre. Elles sont in
401 ivre. Elles sont intitulées : « De la Visée » : J’ ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fourni
402 sait au monde les champions de cet art ; et comme j’ étais alors une jeune recrue animée d’un extrême désir d’être promu au
403 le droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les c
404 droit de faire taire les sergents harcelants, je m’ appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les cons
405 es sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et ti
406 ppliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et tirais aussi mal que possible.
407 ordonnance, et tirais aussi mal que possible. Car je me trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il
408 onnance, et tirais aussi mal que possible. Car je me trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il me
409 ssé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il me semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans l
410 découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que je voyais faire aux a
411 naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin
412 e faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloqua
413 e prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un
414 s. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme de temps à autre pour respi
415 t l’arme de temps à autre pour respirer et calmer ma nervosité, et lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des s
416 respirer et calmer ma nervosité, et lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâche
417 pirer et calmer ma nervosité, et lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher l
418 je me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le p
419 me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le para
420 s meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret
421 eilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret de
422 e ce répit pour trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préce
423 iger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon l’es
424 lques points, sauvant l’honneur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant m’
425 neur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant m’observait. C’était un tout j
426 eux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant m’ observait. C’était un tout jeune lieutenant. « Vous tirez mal », dit-i
427 dit-il avec une douceur froide, au moment même où je me félicitais d’avoir encore marqué un point, loin du noir, mais enfi
428 -il avec une douceur froide, au moment même où je me félicitais d’avoir encore marqué un point, loin du noir, mais enfin d
429 la cible. « Voulez-vous apprendre à tirer ? » Il me regarda, et voyant dans mes yeux une bonne volonté en détresse : « C
430 prendre à tirer ? » Il me regarda, et voyant dans mes yeux une bonne volonté en détresse : « C’est très simple et toute la
431 tré, sans que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous
432 ez le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’arrêtait, dansa
433 , puis s’arrêtait, dansait de nouveau, s’embuait. J’ essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers
434 ndre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, p
435 de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, plus proche, bi
436 r, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, plus proche, bien mat, et im
437 oi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, plus proche, bien mat, et immobile… La détonation m
438 plus proche, bien mat, et immobile… La détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et recharge
439 bien mat, et immobile… La détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinale
440 et immobile… La détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinalement. Et qua
441 la douille et rechargeai machinalement. Et quand je levai les yeux, un petit disque blanc d’où pendait un mince fanion ro
442 r. Trois jours plus tard, au scandale du sergent, je gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et
443 ole de tir, et l’arborais sur la manche droite de ma tunique. Quant aux conséquences plus lointaines et aux implications,
444 plus lointaines et aux implications, décisives à mon sens, du conseil en trois mots de ce jeune officier — « pensez au noi
445 fficier — « pensez au noir » —, elles ne devaient m’ apparaître qu’après bien des années, à l’épreuve de bien d’autres anxi
446 , en un instant, posé et vérifié pour le reste de mes jours, sous une forme ultracondensée, la juste relation des moyens et
447 densée, la juste relation des moyens et des fins. Je n’en tirai d’abord que des formules abstraites, mais dont je pressent
448 ai d’abord que des formules abstraites, mais dont je pressentais en toute confiance, que la vie où j’allais rentrer saurai
449 je pressentais en toute confiance, que la vie où j’ allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de ma condui
450 rer saurait les illustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, ré
451 lustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la su
452 aints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’
453 enlève pas son intrinsèque vérité.) (Plus tard, j’ ai découvert que la secte bouddhiste du zen fait grand usage du Tir et
454 . Partant de cette expérience, et des maximes que j’ en déduis, je propose dans la suite du livre une distinction fondament
455 cette expérience, et des maximes que j’en déduis, je propose dans la suite du livre une distinction fondamentale à opérer
456 ’analyse et l’évaluation des conduites humaines. Je pose d’un côté ce que j’appelle les Règles du Jeu, l’ensemble des moy
457 des conduites humaines. Je pose d’un côté ce que j’ appelle les Règles du Jeu, l’ensemble des moyens de vivre. Et je pose
458 Règles du Jeu, l’ensemble des moyens de vivre. Et je pose de l’autre côté la Vocation, le Sérieux final, le But ultime de
459 personnelle. Les Règles du Jeu comprennent, dans ma définition, l’ensemble des méthodes et des rites, des codes et conven
460 les que la Nature a fait semblables physiquement. Je me borne à mentionner ici le principe de cette analyse, parce qu’il a
461 que la Nature a fait semblables physiquement. Je me borne à mentionner ici le principe de cette analyse, parce qu’il auto
462 eligions. De là aussi la confusion inévitable que j’ ai dite, l’attribution à la « volonté de Dieu » ou à la Nature des cho
463 telle équipe nationale de tueurs sur telle autre. Je ne rappelle pas ces choses par masochisme ou par une sorte de démagog
464 a masse des fidèles avec la tradition chrétienne. Je résume cette partie de mon argument : 1. j’estime qu’il y a tout avan
465 a tradition chrétienne. Je résume cette partie de mon argument : 1. j’estime qu’il y a tout avantage à considérer les préce
466 enne. Je résume cette partie de mon argument : 1. j’ estime qu’il y a tout avantage à considérer les préceptes et codes de
467 à la « volonté de Dieu lui-même » ; 4. enfin, et j’ introduis ici une remarque nouvelle, mais qui résulte logiquement des
468 rétien est l’orientation de tout être, et de tout mon être vers Dieu, source et sujet de tout amour. Mais la vocation dont
469 rce et sujet de tout amour. Mais la vocation dont je voudrais vous parler, c’est la vocation particulière qui s’adresse à
470 de lui une personne distincte et unique. Obéir à ma vocation, c’est suivre le chemin qui va me conduire à la source de l’
471 béir à ma vocation, c’est suivre le chemin qui va me conduire à la source de l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherch
472 min qui va me conduire à la source de l’appel que j’ ai cru percevoir, que je cherche à entendre, à capter de nouveau, pour
473 la source de l’appel que j’ai cru percevoir, que je cherche à entendre, à capter de nouveau, pour qu’il me guide dans l’i
474 erche à entendre, à capter de nouveau, pour qu’il me guide dans l’inconnu, comme ces avions qui dans la nuit suivent la ro
475 ais ce chemin sans précédent, — puisqu’il part de moi seul pour me conduire là où convergent tous les chemins de l’esprit,
476 sans précédent, — puisqu’il part de moi seul pour me conduire là où convergent tous les chemins de l’esprit, — oui, tous c
477 il y a un chemin par homme ! — comment savoir si je le découvre ou si je l’invente en le suivant ? Il n’est créé que par
478 homme ! — comment savoir si je le découvre ou si je l’invente en le suivant ? Il n’est créé que par l’appel, et n’existe
479 Il n’est créé que par l’appel, et n’existe que si je m’y engage, répondant à l’appel sans penser à rien d’autre. Il n’est
480 n’est créé que par l’appel, et n’existe que si je m’ y engage, répondant à l’appel sans penser à rien d’autre. Il n’est pas
481 a pu le suivre, puisqu’il n’existe qu’à partir de moi , et pour moi seul ! Cette unicité et singularité absolue de mon senti
482 e, puisqu’il n’existe qu’à partir de moi, et pour moi seul ! Cette unicité et singularité absolue de mon sentier personnel,
483 oi seul ! Cette unicité et singularité absolue de mon sentier personnel, qui le rend à peine discernable pour ma foi seule,
484 r personnel, qui le rend à peine discernable pour ma foi seule, va permettre à mes voisins soucieux de mon sort de mettre
485 ine discernable pour ma foi seule, va permettre à mes voisins soucieux de mon sort de mettre en doute ou de nier son existe
486 foi seule, va permettre à mes voisins soucieux de mon sort de mettre en doute ou de nier son existence — sauf s’ils ont fai
487 rience de cet appel invraisemblable — et ils vont me conseiller « pour mon bien », de m’en tenir aux chemins communs, bien
488 nvraisemblable — et ils vont me conseiller « pour mon bien », de m’en tenir aux chemins communs, bien fréquentés, bien surv
489 — et ils vont me conseiller « pour mon bien », de m’ en tenir aux chemins communs, bien fréquentés, bien surveillés par la
490 ègne le Code de la route, qui est aussi fait pour moi , ajouteront-ils, sévères. Oui, bien sûr, mais ces voies publiques, fa
491 r tout le monde et personne en particulier, elles me mèneront sans doute aussi loin qu’on voudra et en toute sécurité, c’e
492 é, c’est bien utile et agréable, — mais jamais où je dois aller, qui est absolument ailleurs. Elles ne sont pas faites pou
493 Elles ne sont pas faites pour cela. Seul pourrait me relier à mon but le sentier de ma vocation, qui est au sens littéral
494 t pas faites pour cela. Seul pourrait me relier à mon but le sentier de ma vocation, qui est au sens littéral improbable. L
495 . Seul pourrait me relier à mon but le sentier de ma vocation, qui est au sens littéral improbable. Les grandes voies publ
496 voies publiques, bien que réglées par la Loi, ne me servent de rien pour « faire mon salut » comme disait la piété classi
497 es par la Loi, ne me servent de rien pour « faire mon salut » comme disait la piété classique. Il me faut me risquer dans u
498 e mon salut » comme disait la piété classique. Il me faut me risquer dans un monde spirituel qui est peut-être une illusio
499 lut » comme disait la piété classique. Il me faut me risquer dans un monde spirituel qui est peut-être une illusion, ou le
500 l qui est peut-être une illusion, ou le néant. Il me faut affronter l’invraisemblable (dont parlait Kierkegaard), un risqu
501 lument sans précédent puisqu’il est institué pour moi seul. Et dans tout cela je n’ai d’autre soutien que ma croyance par é
502 ’il est institué pour moi seul. Et dans tout cela je n’ai d’autre soutien que ma croyance par éclairs, ma « foi » dans l’e
503 ul. Et dans tout cela je n’ai d’autre soutien que ma croyance par éclairs, ma « foi » dans l’existence de ce But qu’on ne
504 n’ai d’autre soutien que ma croyance par éclairs, ma « foi » dans l’existence de ce But qu’on ne peut voir et que personne
505 pondre à son appel, de le rejoindre, que ceux que me suggère, inexplicablement, ma foi en lui. C’est donc le But qui me co
506 indre, que ceux que me suggère, inexplicablement, ma foi en lui. C’est donc le But qui me communique les seuls moyens d’al
507 licablement, ma foi en lui. C’est donc le But qui me communique les seuls moyens d’aller vers lui, dans la seule mesure où
508 moyens d’aller vers lui, dans la seule mesure où j’ y crois, et où j’arrive par instants à oublier tout ce qui me fait dou
509 ers lui, dans la seule mesure où j’y crois, et où j’ arrive par instants à oublier tout ce qui me fait douter du But et de
510 et où j’arrive par instants à oublier tout ce qui me fait douter du But et de l’appel et du chemin, quand je m’abandonne à
511 t douter du But et de l’appel et du chemin, quand je m’abandonne à l’élan, à l’attrait advienne que pourra, comme dans un
512 outer du But et de l’appel et du chemin, quand je m’ abandonne à l’élan, à l’attrait advienne que pourra, comme dans un sau
513 les a pas seulement justifiés, il les a faits et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas
514 ent justifiés, il les a faits et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le
515 sens dans le monde de la vocation. Voici comment je crois qu’il faut l’entendre. Par rapport à la vocation humaine et gén
516 il est action. Mais dans le monde de la vocation, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre à l’appel que j
517 la vocation, mon péché particulier, c’est ce qui m’ empêche de répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus d’
518 c’est ce qui m’empêche de répondre à l’appel que j’ ai cru entendre, c’est le refus d’y croire sans preuve dont je puisse
519 endre, c’est le refus d’y croire sans preuve dont je puisse faire état « objectivement ». Mon péché, c’est de me mettre pa
520 euve dont je puisse faire état « objectivement ». Mon péché, c’est de me mettre par ma conduite, par ma pensée, ou par quel
521 faire état « objectivement ». Mon péché, c’est de me mettre par ma conduite, par ma pensée, ou par quelque attitude intime
522 bjectivement ». Mon péché, c’est de me mettre par ma conduite, par ma pensée, ou par quelque attitude intime, en travers d
523 on péché, c’est de me mettre par ma conduite, par ma pensée, ou par quelque attitude intime, en travers du chemin que l’Ap
524 n que l’Appel, dans la nuit, crée ou jalonne pour moi seul. Mon péché, c’est ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de v
525 pel, dans la nuit, crée ou jalonne pour moi seul. Mon péché, c’est ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but,
526 pour moi seul. Mon péché, c’est ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but, m’en fait douter quand il est in
527 seul. Mon péché, c’est ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but, m’en fait douter quand il est invisible, b
528 obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but, m’ en fait douter quand il est invisible, bref, me détourne d’agir ma voc
529 t, m’en fait douter quand il est invisible, bref, me détourne d’agir ma vocation. Et je découvre, à ce propos, que le mot
530 quand il est invisible, bref, me détourne d’agir ma vocation. Et je découvre, à ce propos, que le mot désignant le péché
531 visible, bref, me détourne d’agir ma vocation. Et je découvre, à ce propos, que le mot désignant le péché en hébreu signif
532 d, n’est-ce pas, d’une manière assez frappante, à mes images initiales du tireur au fusil ou à l’arc. ⁂ Je ne voudrais pas
533 images initiales du tireur au fusil ou à l’arc. ⁂ Je ne voudrais pas terminer cet exposé… téméraire, beaucoup trop simplif
534 r indiqué au moins les principales objections que je suis le premier à formuler contre mes thèses — et que j’examinerai sa
535 jections que je suis le premier à formuler contre mes thèses — et que j’examinerai sans pitié dans mon livre — mais j’aimer
536 le premier à formuler contre mes thèses — et que j’ examinerai sans pitié dans mon livre — mais j’aimerais indiquer aussi
537 mes thèses — et que j’examinerai sans pitié dans mon livre — mais j’aimerais indiquer aussi l’esprit des réponses que l’on
538 que j’examinerai sans pitié dans mon livre — mais j’ aimerais indiquer aussi l’esprit des réponses que l’on pourrait tenter
539 ches hélas bien faciles à prévoir. Le psychologue me dira (et il le dit en moi) : — Êtes-vous sûr que l’appel que vous cro
540 prévoir. Le psychologue me dira (et il le dit en moi ) : — Êtes-vous sûr que l’appel que vous croyez venu du Transcendant n
541 e d’une pulsion de l’inconscient ? — Eh bien non, je n’en suis jamais sûr ! La foi sans le doute n’est pas la foi, ont rép
542 le doute n’est pas la foi, ont répété bien avant moi Luther et Kierkegaard. Un théologien dira (et je me le dis aussi) : S
543 moi Luther et Kierkegaard. Un théologien dira (et je me le dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité d’établir le
544 Luther et Kierkegaard. Un théologien dira (et je me le dis aussi) : Si vous abandonnez la responsabilité d’établir le cod
545 vez le monde des aides de la Révélation. — À quoi je réponds que le risque est très grand, je l’avoue, mais que les Église
546 — À quoi je réponds que le risque est très grand, je l’avoue, mais que les Églises qui croyaient dur comme fer que leur mi
547 mouvements totalitaires du xxe siècle. Et quand je les vois patauger dans des domaines aussi vitaux que ceux de la contr
548 aux que ceux de la contraception ou de la guerre, je me demande de quoi elles priveraient le monde si elles cessaient de l
549 que ceux de la contraception ou de la guerre, je me demande de quoi elles priveraient le monde si elles cessaient de lui
550 les écoles qui les divisent. Un autre théologien me reprochera (et je ne suis pas du tout sûr qu’il ait tort) d’ouvrir le
551 s divisent. Un autre théologien me reprochera (et je ne suis pas du tout sûr qu’il ait tort) d’ouvrir les portes toutes gr
552 mission qu’ils affirment reçue de Dieu. — À quoi je pense qu’on doit répondre par une vigilance redoublée dans l’examen d
553 s fausses vocations… Mais les risques subsistent, je ne les minimise pas : ce sont les risques de la Foi et de la confianc
554 e la Foi et de la confiance dans le Saint-Esprit. Je souligne seulement que les risques inverses, nés de l’exigence exclus
555 ? Un troisième théologien, prenant acte de ce que je ne crois pas du tout à une morale révélée, ni directement ni au trave
556 r, l’époque où l’on pouvait brûler des gens comme moi . Je lui dirai : faites attention à l’Écriture, qui est, selon vos mei
557 époque où l’on pouvait brûler des gens comme moi. Je lui dirai : faites attention à l’Écriture, qui est, selon vos meilleu
558 vous trouverez aussi, chemin faisant, votre vrai moi . » Au sociologue, alors, qui me reprochera de verser dans un individu
559 sant, votre vrai moi. » Au sociologue, alors, qui me reprochera de verser dans un individualisme anarchisant, je répondrai
560 era de verser dans un individualisme anarchisant, je répondrai qu’il a bien mal compris la définition de la personne : l’h
561 réalités concrètes. Aux démocrates ombrageux qui m’ accuseraient de proposer une éthique à l’usage exclusif d’une petite é
562 une petite élite spirituelle, d’un groupe d’élus, je rappellerais les paroles de Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur
563 e Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur. Mais j’ ajouterais, paraphrasant Teilhard de Chardin : chaque homme n’est pas
564 eul. (Et d’abord, à se faire lui-même, ajouterais- je .) Aux fidèles enfin, à tout homme qui me demanderait : « Comment savo
565 outerais-je.) Aux fidèles enfin, à tout homme qui me demanderait : « Comment savoir ? Comment déceler ma vocation, puisque
566 demanderait : « Comment savoir ? Comment déceler ma vocation, puisque selon vous le But d’où elle m’est adressée reste in
567 ma vocation, puisque selon vous le But d’où elle m’ est adressée reste invisible, inouï, incalculable, et c’est lui cepend
568 c’est lui cependant qui devrait nous guider… » — je voudrais dire ici que la prière est le seul moyen que l’Évangile prop
569 ux chemins pareils allant d’un homme à Dieu. Mais je pressens que les objections les plus gênantes qu’on pourra me faire s
570 que les objections les plus gênantes qu’on pourra me faire seront celles que je n’ai pas prévues… Je les attends de votre
571 gênantes qu’on pourra me faire seront celles que je n’ai pas prévues… Je les attends de votre part et vous en dis d’avanc
572 a me faire seront celles que je n’ai pas prévues… Je les attends de votre part et vous en dis d’avance ma gratitude. Ma re
573 les attends de votre part et vous en dis d’avance ma gratitude. Ma recherche est encore bien loin des conclusions définiti
574 votre part et vous en dis d’avance ma gratitude. Ma recherche est encore bien loin des conclusions définitives et cohéren
575 es que certains attendraient peut-être, mais dont je doute qu’aucun chrétien puisse les donner. Les « païens » et l’Antiqu
576 aux laïques et au clergé de l’Église chrétienne, je pense que leur rôle spécifique et leur vocation générale consisteront
577 du But. C’est tout ce que, pour ma part et selon mes moyens, j’aurais voulu vous faire entendre ce matin. p. Rougemont
578 st tout ce que, pour ma part et selon mes moyens, j’ aurais voulu vous faire entendre ce matin. p. Rougemont Denis de, «