1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 (juillet 1938)a L’esprit totalitaire est pour nous une menace1. De récents événements l’auront fait voir aux plus naïfs.
2 p plus grave, une tentation. Il flatte au cœur de notre angoisse morale et matérielle le désir lâche d’un « ordre » imposé pa
3 é par la force, d’une « mise au pas » brutale qui nous dispense de nous sentir les responsables de la cité et de l’État. D’a
4 ’une « mise au pas » brutale qui nous dispense de nous sentir les responsables de la cité et de l’État. D’autre part, il nou
5 nsables de la cité et de l’État. D’autre part, il nous tente par la promesse d’une communauté restaurée, d’un coude-à-coude
6 on sur des champs de bataille hypothétiques — que nous devons organiser nos résistances. ⁂ Le totalitarisme a triomphé surto
7 ataille hypothétiques — que nous devons organiser nos résistances. ⁂ Le totalitarisme a triomphé surtout pour deux raisons,
8 s historiens fascistes eux-mêmes. Une seule fois, nous apprennent-ils, la police s’opposa aux bandes armées des chemises noi
9 le pouvoir établi ; et demain, s’il triomphe chez nous , sa puissance ne sera que la somme exacte de nos lâchetés particulièr
10 nous, sa puissance ne sera que la somme exacte de nos lâchetés particulières. L’exemple de Sarzana nous le prouve fortement
11 nos lâchetés particulières. L’exemple de Sarzana nous le prouve fortement : ce n’est pas le nombre et l’armement qui ont tr
12 auses du succès totalitaire, déduisons maintenant nos principes de conduite : 1° Il nous faut restaurer l’esprit de résista
13 sons maintenant nos principes de conduite : 1° Il nous faut restaurer l’esprit de résistance civique. Et cela suppose que no
14 esprit de résistance civique. Et cela suppose que nous reprenions conscience de nos raisons de vivre dans la communauté, et
15 Et cela suppose que nous reprenions conscience de nos raisons de vivre dans la communauté, et des devoirs qu’impliquent nos
16 dans la communauté, et des devoirs qu’impliquent nos libertés actuelles. Je le répète : la puissance du totalitarisme ne s
17 talitarisme ne sera jamais que la somme exacte de nos lâchetés individuelles, c’est-à-dire de nos égoïsmes. 2° Il nous faut
18 te de nos lâchetés individuelles, c’est-à-dire de nos égoïsmes. 2° Il nous faut refaire une commune mesure vivante. Si nous
19 ndividuelles, c’est-à-dire de nos égoïsmes. 2° Il nous faut refaire une commune mesure vivante. Si nous ne la faisons pas, d
20 nous faut refaire une commune mesure vivante. Si nous ne la faisons pas, d’autres s’en chargeront, l’appel existe, et c’est
21 pondre qui vaincra. Soyons donc les premiers chez nous , répondons d’une manière plus humaine que les totalitaires, plus vrai
22 nt totale. Mais c’est là une question religieuse, nous l’avons vu, et seule une religion plus vraie que leurs mystiques saur
23 une religion plus vraie que leurs mystiques saura nous indiquer les vraies fins de la lutte. Conscience civique et conscienc
24 ce religieuse. J’illustrerai le premier point par notre situation comme Suisses. Et le second, par notre situation comme chré
25 notre situation comme Suisses. Et le second, par notre situation comme chrétiens. ⁂ L’exemple de la Suisse me tient à cœur à
26 rsque l’Allemagne totalitaire envahit l’Autriche, nous fûmes saisis d’une angoisse soudaine : pour la première fois, depuis
27 aine : pour la première fois, depuis des siècles, nous concevions la possibilité, même théorique, d’un démembrement de notre
28 possibilité, même théorique, d’un démembrement de notre État. La première réaction de notre opinion fut aussi la plus naturel
29 membrement de notre État. La première réaction de notre opinion fut aussi la plus naturelle et la plus instinctive : « Au sig
30 J’ai à cœur cependant de montrer son danger pour nous Suisses. Et je voudrais, à titre personnel évidemment, présenter quel
31 rmements. J’y vois le piège le plus dangereux que nous tendent les totalitaires. Plaçons-nous tout d’abord dans l’hypothèse
32 gereux que nous tendent les totalitaires. Plaçons- nous tout d’abord dans l’hypothèse que seule la force matérielle peut rési
33 ce qui en découle immédiatement, c’est qu’il faut nous armer jusqu’aux dents. Mais sommes-nous sûrs que le réarmement massif
34 u’il faut nous armer jusqu’aux dents. Mais sommes- nous sûrs que le réarmement massif profite aux nations pacifiques ? Sommes
35 nt massif profite aux nations pacifiques ? Sommes- nous même sûrs qu’il soit un avantage certain pour les nations qui glorifi
36 à toute la nation. Or c’est à peu près cela qu’on nous propose : faire vivre le peuple avec ce qui doit le faire mourir. C’e
37 oi. » Exemple à retenir, pour un petit pays comme le nôtre . Mais supposez que cette question soit résolue au mieux de nos possib
38 posez que cette question soit résolue au mieux de nos possibilités de vie normale. Il s’agira maintenant d’utiliser les arm
39 e bloc contre le fascisme, sur le plan où il veut nous mettre, les démocraties seront contraintes d’adopter peu à peu un rég
40 leurs raisons de vivre. Voici donc le dilemme que nous pose ce mimétisme totalitaire : ou bien la démocratie ne réussit pas
41 conception totalitaire s’est déjà installée chez nous , sous prétexte de défense nationale. Or je crois que l’erreur qui abo
42 ur qui aboutit à ce dilemme est la plus grave que nous puissions commettre en tant que Suisses, car elle menace l’existence
43 que Suisses, car elle menace l’existence même de notre État. Réagir à la menace totalitaire sur le plan de la défense armée,
44 et tout subordonner à cela, c’est introduire chez nous le cheval de Troie. La guerre totale en effet suppose l’unification t
45 rale, tradition qui est la seule raison d’être de notre État. Se placer sur le plan de la guerre totale et de sa préparation
46 me, en Suisse, signifierait bientôt le partage de notre État en trois nations. Ce serait la négation la plus radicale des bas
47 le des bases mêmes de la Confédération. Souvenons- nous du sort de l’Autriche ! Si ce pays a succombé, ce n’est point tant qu
48 tel État ne peut pas compter sur l’aide d’autrui. Nous ne pouvons compter sur cette aide que dans la mesure où nous sommes p
49 vons compter sur cette aide que dans la mesure où nous sommes pour l’Europe quelque chose dont elle a besoin ; cette chose u
50 e seul avenir possible d’une Europe pacifique. Si nous restons cela, si nous prenons conscience tout à nouveau de la grandeu
51 d’une Europe pacifique. Si nous restons cela, si nous prenons conscience tout à nouveau de la grandeur d’une pareille vocat
52 ouveau de la grandeur d’une pareille vocation, on nous laissera tranquilles, parce qu’on saura là-bas que nous ne sommes pas
53 aissera tranquilles, parce qu’on saura là-bas que nous ne sommes pas assimilables. Voilà la résistance civique et toute civi
54 e dont je vous parlais, et voilà la conscience de notre force véritable. Si nous avons le droit et le devoir de rester neutre
55 voilà la conscience de notre force véritable. Si nous avons le droit et le devoir de rester neutres, ce n’est pas comme on
56 ’est pas comme on le dit trop souvent en vertu de nos intérêts matériels, certes légitimes à nos yeux, mais dont nos grands
57 rtu de nos intérêts matériels, certes légitimes à nos yeux, mais dont nos grands voisins n’ont pas de raisons de tenir le m
58 matériels, certes légitimes à nos yeux, mais dont nos grands voisins n’ont pas de raisons de tenir le moindre compte. Si no
59 ont pas de raisons de tenir le moindre compte. Si nous avons le droit d’être neutres, ce n’est pas en vertu d’un privilège d
60 ilège divin, mais d’une mission bien définie dont nous sommes responsables devant l’Europe. ⁂ Et alors, va-t-on dire, vous ê
61 rais contre elle si je croyais que dès maintenant nous sommes assez forts moralement devant l’Europe, pour pouvoir nous pass
62 ez forts moralement devant l’Europe, pour pouvoir nous passer d’une armée. Ce n’est pas le cas. Mais il n’en reste pas moins
63 ’est pas le cas. Mais il n’en reste pas moins que notre tâche est de tout mettre en œuvre pour échapper au cercle de la guerr
64 ils se renient eux-mêmes. Il est donc vital pour nous de refuser ce défi, de déjouer ce calcul, et de ne pas opposer à la v
65 rs de roche. Je ne veux pas dire, évidemment, que nous devions nous défendre aujourd’hui encore avec des quartiers de roche 
66 Je ne veux pas dire, évidemment, que nous devions nous défendre aujourd’hui encore avec des quartiers de roche ; je veux dir
67 anglais quelques phrases qui pourraient orienter nos recherches à cet égard : La non-violence de la victime, écrit l’aute
68 nt agir, et il y perd son assurance. Représentons- nous cela : deux hommes se battent. Ils sont apparemment en divergence abs
69 velle. C’est à cette sorte de jiu-jitsu moral que nous devrions nous exercer. Si l’on y déployait le quart de l’énergie et d
70 cette sorte de jiu-jitsu moral que nous devrions nous exercer. Si l’on y déployait le quart de l’énergie et de l’esprit de
71 s sur la repentance, qui est une violence faite à notre orgueil. Reconnaissons, Églises et fidèles, que si la pseudo-religion
72 litaire triomphe aujourd’hui en Europe, c’est que nous avons laissé les peuples sans commune mesure spirituelle. Nous avons
73 issé les peuples sans commune mesure spirituelle. Nous avons tous trahi le grand devoir communautaire de l’Église, parce que
74 grand devoir communautaire de l’Église, parce que nous avons transformé le christianisme en quelque chose de rassurant, de d
75 ens russes et les païens racistes ont fait ce que nous refusions de faire. Ils l’ont fait mal, et contre nous. Ils représent
76 refusions de faire. Ils l’ont fait mal, et contre nous . Ils représentent notre châtiment, comme l’a magnifiquement montré Ni
77 l’ont fait mal, et contre nous. Ils représentent notre châtiment, comme l’a magnifiquement montré Nicolas Berdiaev. Ce n’est
78 chanceté supposée d’un Hitler ou d’un Staline que nous devons attribuer tout le mal, mais aussi bien à la carence des chréti
79 ssi bien à la carence des chrétiens. Ceci dit, il nous faut agir. Or agir, ce n’est pas haïr. Je ne veux, sous aucun prétext
80 ouvante. La raison profonde d’un mouvement comme le nôtre — m’écrivait-il — est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque c
81 mme le nôtre — m’écrivait-il — est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose. Nous voulions vivre pour quelque cho
82 ationnelle. Nous voulions croire à quelque chose. Nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à ce
83 ue chose. Nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité
84 chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité. Le christianisme, probablement par la fa
85 mps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple allemand, nous voulons croire à
86 s voulons croire à la mission du peuple allemand, nous voulons croire à son immortalité, […] et peut-être réussirons-nous à
87 re à son immortalité, […] et peut-être réussirons- nous à y croire. Ne sentez-vous pas une angoisse dans ce peut-être ? Et d
88 bérer ces peuples en leur donnant l’exemple, dans nos pays, d’une meilleure solution de leur problème. Contre les excès aga
89 refusaient le culte de l’idole et s’en moquaient. Nous aussi nous devons rire des idoles colossales qu’on nous vante. Quand
90 le culte de l’idole et s’en moquaient. Nous aussi nous devons rire des idoles colossales qu’on nous vante. Quand je vois les
91 ussi nous devons rire des idoles colossales qu’on nous vante. Quand je vois les trois dictateurs qui font les gros yeux à l’
92 t d’opposer une certaine douceur amusée. Voltaire nous conte là-dessus une anecdote dont j’aime assez l’impertinence. Il ima
93 i, qu’il appelle l’abbé Bazin. « Cet abbé mourut, nous dit-il, persuadé que tous les savants peuvent se tromper et reconnais
94 totalitaires, c’est la réponse vraiment totale de notre foi. La foi chrétienne, pour les mystiques idolâtres, c’est un advers
95 saire irréductible, — et pourtant charitable. Car nous ne condamnons pas des peuples, encore une fois. Ce que nous condamnon
96 ndamnons pas des peuples, encore une fois. Ce que nous condamnons, ce sont des solutions et des doctrines au nom desquelles
97 i n’appartient qu’à Dieu. C’est dans la mesure où nous ordonnerons nos vies à cette vérité-là, à elle d’abord, que nous pour
98 ’à Dieu. C’est dans la mesure où nous ordonnerons nos vies à cette vérité-là, à elle d’abord, que nous pourrons prétendre a
99 s nos vies à cette vérité-là, à elle d’abord, que nous pourrons prétendre apporter une réponse qui satisfasse aux vrais beso
100 e l’aryen blond. C’est par cette seule mesure que nous pourrons devenir des personnes libres et responsables. Libres pour ob
101 les d’individualisme, de divinisation de l’homme, nous ont conduits à une dissolution presque totale de la société. Nous ne
102 s à une dissolution presque totale de la société. Nous ne sommes plus qu’une poussière de petits individus, impuissants, iso
103 s individus, impuissants, isolés, anxieux. Allons- nous retomber dans une folie inverse, encore plus grave, la religion colle
104 ligion collectiviste ? Le péril est immense. Mais notre chance devant l’Histoire ne l’est pas moins. Il dépend en partie de n
105 stoire ne l’est pas moins. Il dépend en partie de nous que nous trouvions la solution de l’éternel problème individu-communa
106 l’est pas moins. Il dépend en partie de nous que nous trouvions la solution de l’éternel problème individu-communauté. Il d
107 blème individu-communauté. Il dépend en partie de nous de refaire une société vivable, une commune mesure vivante sur le fon
108 Celui que j’appelle l’homme total. Je ne sais si nous réussirons, mais nous aurons du moins sauvé l’honneur de cette généra
109 ’homme total. Je ne sais si nous réussirons, mais nous aurons du moins sauvé l’honneur de cette génération anxieuse. Et pour
110 ui-ci : les trois mouvements « totalitaires » qui nous menacent — communisme, hitlérisme et fascisme — sont en réalité trois
111 uce : « Ces braves gens devront se convaincre, et nous les convaincrons bientôt, que la charge du problème social est désorm
112 ue la charge du problème social est désormais sur nos épaules, et qu’ils feront mieux d’avoir peur de nous que du communism
113 s épaules, et qu’ils feront mieux d’avoir peur de nous que du communisme. » a. Rougemont Denis de, « La vraie défense cont
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
114 peu pâlie. C’est avant tout un souvenir scolaire. Nous n’avons guère retenu de son histoire que l’image d’un ermite à longue
115 omper les âmes. Et la vie même de Nicolas de Flue nous en donne une preuve édifiante. Dès son enfance, nous le voyons s’astr
116 s en donne une preuve édifiante. Dès son enfance, nous le voyons s’astreindre aux « œuvres » de la religion qui est alors ce
117 e et forte, un conseil, une révélation. (Beaucoup nous ont laissé la relation de leur visite : unanimes dans l’admiration de
118 n. C’est alors que se placent les événements dont nous parlaient nos manuels. Une dernière Diète se réunit à Stans. Tout acc
119 que se placent les événements dont nous parlaient nos manuels. Une dernière Diète se réunit à Stans. Tout accord se révèle
120 Claus Ce résumé d’une existence peut suffire à nous étonner, peut-être même à nous faire partager cette espèce de vénérat
121 nce peut suffire à nous étonner, peut-être même à nous faire partager cette espèce de vénération que lui vouèrent les hommes
122 eut craindre aussi que l’essentiel de la personne nous échappe, si nous nous limitons au savoir historique. J’entends qu’il
123 i que l’essentiel de la personne nous échappe, si nous nous limitons au savoir historique. J’entends qu’il est très difficil
124 l’essentiel de la personne nous échappe, si nous nous limitons au savoir historique. J’entends qu’il est très difficile, su
125 s qu’il est très difficile, sur les documents qui nous restent, de nous faire une idée, et mieux : un sentiment, de la foi d
126 difficile, sur les documents qui nous restent, de nous faire une idée, et mieux : un sentiment, de la foi du « pieux homme f
127 timent, de la foi du « pieux homme frère Claus ». Nous en sommes forcément réduits à des approches tâtonnantes. Pour ma part
128 son temps tout d’abord, mais aussi par rapport à notre foi. La tendance la plus apparente est celle que les catholiques mett
129 que les catholiques mettent surtout en valeur de nos jours : la dévotion au Saint-Sacrement, à la Vierge et aux saints, l’
130 ues de piété. Beaucoup de documents indiscutables nous obligent à prendre au sérieux cet aspect proprement « catholique » de
131  ? Ce rapprochement, que je ne puis qu’esquisser, nous mettrait-il en mesure de deviner la raison spirituelle des inquiétude
132 erait ainsi par son aspect le plus catholique que nous pourrions précisément saisir, dans la piété de Nicolas, les éléments
133 sinon « protestants » du moins pré-réformés qui, nous le verrons plus loin, furent si nettement perçus par ses après-venant
134 ante à mes yeux, celle de la mystique germanique. Nous savons que par sa mère et par certains amis de celle-ci, tel le curé
135 e, ou plus précisément encore, souabe et rhénane. Nous sommes ici en présence d’une spiritualité qui n’est certes pas cathol
136 itable somme critique de tout ce que la tradition nous a livré concernant le pacificateur de la Suisse. On ne saurait en lou
137 est sans aucun doute à cette dernière qualité que nous devons de pouvoir redécouvrir aujourd’hui, malgré certain accaparemen
138 e antiromaine (lesquelles d’ailleurs sont loin de nous réjouir en elles-mêmes, mais attestent néanmoins qu’à cette époque, l
139 c de grands éloges dans un ouvrage daté de 1522. ( Nous sommes donc aux tout premiers jours de la Réforme.) En 1529, un prote
140 En 1529, un protestant bernois, Valerius Anshelm, nous donne la première biographie importante de Nicolas, sur le ton le plu
141 faire commerce de leur religion. De 1526 à 1574, nous trouvons de nombreuses mentions du Frère Claus dans les sermons et tr
142 période où le sens fédéral paraît renaître parmi nous , il m’a semblé que la vie du Frère Claus prenait une valeur de symbol
143 es cantons en rappelant aux « régionalistes » que notre État est d’abord une union, cependant qu’il rappelle aux « centralist
144 rain de cette « défense spirituelle du pays » que nous devons approuver comme chrétiens, si nous ne voulons que d’autres s’e
145 s » que nous devons approuver comme chrétiens, si nous ne voulons que d’autres s’en emparent. 3. Ce trait sera relevé et
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
146 ure (janvier-février 1940)c d Le fait même que nous éprouvions tous un doute sur l’opportunité d’une conférence en temps
147 e guerre, ce fait est significatif. Il prouve que nous tenons la culture pour quelque chose d’un peu moins sérieux que l’act
148 ire bataille de la culture. L’adversaire est en nous Mais d’abord, essayons d’écarter un malentendu menaçant. La batail
149 gifle ne vaut rien pour la guerre. Grâce à Dieu, nous sommes encore neutres, et nous avons encore le droit de ne pas nous l
150 rre. Grâce à Dieu, nous sommes encore neutres, et nous avons encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplificat
151 neutres, et nous avons encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. Notre premier devoir e
152 us livrer à ce genre de simplifications brutales. Notre premier devoir est, aujourd’hui, de défendre l’intelligence contre un
153 l’adversaire, est devant eux, à l’extérieur. Or, notre civilisation, sous l’influence du christianisme, s’est efforcée de no
154 s l’influence du christianisme, s’est efforcée de nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheurs est presque toujo
155 ée de nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheurs est presque toujours en nous-mêmes. Il faut reconnaître, hél
156 cette éducation n’a pas merveilleusement réussi. Nous persistons tous, plus ou moins, dans la manie des primitifs : nous re
157 ous, plus ou moins, dans la manie des primitifs : nous rendons responsables de nos maux — les autres, uniquement les autres,
158 anie des primitifs : nous rendons responsables de nos maux — les autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux
159 , ceux d’un autre parti, ceux d’une autre nation… Nous faisons tous comme les petits enfants qui battent la table à laquelle
160 pour mieux se blanchir soi-même. Mais en réalité, nos adversaires ne diffèrent pas essentiellement de nous. Tout homme port
161 s adversaires ne diffèrent pas essentiellement de nous . Tout homme porte en soi les microbes de toutes les maladies imaginab
162 outes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menace, il ne serait nullement suffisant de l’anéantir pour nous en d
163 ne serait nullement suffisant de l’anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à nos yeux, elle exist
164 en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à nos yeux, elle existe en nous aussi, et elle pourrait fort bien s’y dével
165 ance qu’il personnifie à nos yeux, elle existe en nous aussi, et elle pourrait fort bien s’y développer un jour. Pour la com
166 per un jour. Pour la combattre sérieusement, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de
167 battre sérieusement, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître. Dish
168 armonies et impuissance de l’esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en plus frappé par ces deux tra
169 étonnante disharmonie entre les divers ordres de nos activités, — d’autre part, une angoissante impuissance de l’esprit de
170 ux qui travaillèrent pour la paix. Mais l’état de notre culture est tel que l’invention sera utilisée pour détruire cette pai
171 Par quelle fatalité mauvaise tous les progrès de notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produit ? V
172 s, il illustre à merveille le vice fondamental de notre société et aussi de notre culture : c’est une absence totale de vue d
173 le vice fondamental de notre société et aussi de notre culture : c’est une absence totale de vue d’ensemble. Ce qui nous man
174 ’est une absence totale de vue d’ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand principe d’unité entre notre pensée
175 absolument, c’est un grand principe d’unité entre notre pensée et nos actions. Cette absence d’un principe d’unité est si tot
176 t un grand principe d’unité entre notre pensée et nos actions. Cette absence d’un principe d’unité est si totale qu’on ne l
177 ments. Il ne faut pas tout mélanger… Et en effet, nous mélangeons de moins en moins notre pensée à notre action. L’impuissan
178 r… Et en effet, nous mélangeons de moins en moins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensée sur la conduite gén
179 nous mélangeons de moins en moins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensée sur la conduite générale des affai
180 on finit par ne plus les voir. Il est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux ho
181 soins de l’action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement naturel de cesser d’ac
182 bord de dessert. Oui, la culture est devenue pour nous quelque chose comme une friandise. Elle n’est plus un pain quotidien.
183 candale, je la vois condamnée à glisser, comme la nôtre , dans un désordre dont la guerre sera toujours le seul aboutissement.
184 sable de ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir d’où il vient. Le ph
185 re la main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir d’où il vient. Le phénomène le plus remarqu
186 nes. L’invention des machines a brusquement accru nos possibilités d’action sur la matière. L’industrie et le commerce ont
187 entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs d’agir matériellement grandissent, par une mutation brusque,
188 en n’est à la mesure de l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons : les intellectuels auraient d
189 omme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons : les intellectuels auraient dû faire à ce moment-là un f
190 individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons : les intellectuels auraient dû faire à ce moment-là un formid
191 , ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi de la culture ; c’est chez les philo
192 rituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit : la
193 ésintéressement scientifique. Ils n’ont pas dit : nous ne voulons plus rien faire d’utile, mais ils ont dit : on ne peut plu
194 sort de ces masses humaines rassemblées ? Primo : notre esprit est trop distingué et délicat pour agir sur ces faits ; secund
195 , en réalité, rien ne s’est arrangé. Et voici où nous rejoignons le temps présent. Dans une cité où la culture n’a plus en
196 n et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Quand la culture ne domine plus l’action, c’est l
197 ste qu’un seul principe pour mesurer la valeur de nos actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent, c’est la mis
198 le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui à une extraordinaire décadence du langage, en t
199 vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi nous  ? Prenons trois mots parmi les plus fréquents dans les discours et le
200 plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le mot esprit a dé
201 Ce qui est grave, c’est qu’à ces vingt-neuf sens, nous en avons ajouté d’autres sur lesquels plus personne ne s’entend. Tout
202 e furent les écrivains. Mais que peuvent-ils dans notre monde démesuré ? Un Valéry, un Gide ou un Claudel ont quelques millie
203 rands lieux communs chargés de sens traditionnel, nous aurons des slogans, des mots d’ordre simplistes. Et l’on pourra chang
204 ty Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est le plus fort qui définit le sens des
205 est en désordre ? ont-ils dit. C’est bien simple. Nous allons proclamer que l’intérêt de l’État dont nous sommes devenus les
206 ous allons proclamer que l’intérêt de l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute activité, cult
207 ppel des peuples reste insatisfait. Il continue à nous poser la plus sérieuse question humaine. Et s’il n’est pas encore aus
208 ys moins menacés par la misère, comme par exemple nos petits États neutres, ne nous faisons pas d’illusions : tôt ou tard,
209 e, comme par exemple nos petits États neutres, ne nous faisons pas d’illusions : tôt ou tard, là aussi, cet appel exigera un
210 cet appel exigera une réponse. Reste à savoir si nous saurons la lui donner, si nous saurons utiliser le délai qui nous est
211 Reste à savoir si nous saurons la lui donner, si nous saurons utiliser le délai qui nous est accordé, à nous les neutres, p
212 lui donner, si nous saurons utiliser le délai qui nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vraies causes du
213 saurons utiliser le délai qui nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vraies causes du mal, et non seulemen
214 re ses remèdes, mais surtout pour les essayer sur nous d’abord. À la recherche de l’homme réel … Sur quel principe pou
215 de l’homme réel … Sur quel principe pourrions- nous rebâtir un monde qui soit vraiment à hauteur d’homme ? Un monde où la
216 gir ? Et quelle est l’attitude de pensée qui peut nous orienter dès à présent vers une communauté solide et pourtant libéral
217 s une communauté solide et pourtant libérale ? Il nous faut rapprendre à penser, à penser dans le train de l’action, oui, à
218 ain de l’action, oui, à penser avec les mains. Il nous faut voir que tout dépend en premier lieu de notre état d’esprit. S’i
219 nous faut voir que tout dépend en premier lieu de notre état d’esprit. S’il change, tout commence à changer. S’il ne change p
220 t donc de rechercher l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa pleine réalité et sa mesure qu’au se
221 aturelle. Et alors se produit le phénomène auquel nous avons assisté depuis une trentaine d’années. L’homme isolé, dans un m
222 toute révolution. Alors, d’un coup de balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. T
223 e révolution. Alors, d’un coup de balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute
224 elle une puissante réaction collective. Sortirons- nous jamais de cette dialectique, dont les phases et les renversements men
225 l s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit d
226 été résolu, cet idéal réalisé, au ier siècle de notre ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien primitif
227 ar sa vocation. Eh bien, je dis que les maux dont nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne. Quand l’homme
228 et homme réel qu’il faut tout rebâtir. Cependant, nous avons montré que c’est justement cet homme-là qui a le plus de peine
229 sa vocation personnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la culture actuelle et le monde actuel : ou bien tu veux rest
230 é les phénomènes que l’on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lois scientifiques ne sont en fai
231 l’esprit humain. Or si la science elle-même vient nous dire que même dans l’ordre matériel, il n’est plus permis de concevoi
232 impartiale, à combien plus forte raison pourrons- nous dénoncer l’illusion des historiens et sociologues qui prétendaient dé
233 ndaient décrire objectivement les lois rigides de notre société. En vérité, il n’est de lois fatales que là où l’esprit démi
234 eur pour la pensée et la culture en général, dans notre époque totalitaire. Nul n’ignore, en effet, que les États totalitaire
235 lopper soi-même une énergie normale et souple. Or nous savons maintenant que c’est possible, que c’est encore et de nouveau
236 ossible, que c’est encore et de nouveau possible. Notre culture libérée de la superstition des lois fatales peut envisager de
237 tous animés de cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en prévenant la maladie collectivist
238 t, que je vois la commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c’est tout le problè
239 s antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la plus belle promesse ! Maintena
240 puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le recon
241 otre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est cela q
242 tre avec une tragique évidence. Et c’est cela que nous avons à défendre : la réalité fédéraliste en politique et dans tous l
243 ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, au service du pays, ce n’est pas pour défendre des fromage
244 ndre des fromages, des conseils d’administration, notre confort et nos hôtels. (D’autres — on sait qui —feraient marcher tout
245 , des conseils d’administration, notre confort et nos hôtels. (D’autres — on sait qui —feraient marcher tout cela aussi bie
246 it qui —feraient marcher tout cela aussi bien que nous , peut-être mieux !) Ce n’est pas non plus, comme le disait fort bien
247 mme le disait fort bien Karl Barth, pour protéger nos « lacs d’azur » et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la
248 Karl Barth, pour protéger nos « lacs d’azur » et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la propagande se chargera
249 rès volontiers de ce travail de Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter la mission dont nous sommes responsabl
250 us sommes là, c’est pour exécuter la mission dont nous sommes responsables, depuis des siècles, devant l’Europe. Nous sommes
251 esponsables, depuis des siècles, devant l’Europe. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son trésor,
252 d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahissons cette mission, si nous n’en prenons pas conscience, alors
253 son avenir. Si nous trahissons cette mission, si nous n’en prenons pas conscience, alors seulement j’aurai des craintes sér
254 ors seulement j’aurai des craintes sérieuses pour notre indépendance. Mais pourquoi la trahirions-nous ? Toute notre traditio
255 r notre indépendance. Mais pourquoi la trahirions- nous  ? Toute notre tradition civique et culturelle nous a dressés pour ce
256 endance. Mais pourquoi la trahirions-nous ? Toute notre tradition civique et culturelle nous a dressés pour ce genre de missi
257 ous ? Toute notre tradition civique et culturelle nous a dressés pour ce genre de mission. On parle un peu partout de fédére
258 et travailler que dans les pays neutres. Et chez nous tout d’abord, puisqu’il s’agit en somme d’utiliser notre expérience,
259 out d’abord, puisqu’il s’agit en somme d’utiliser notre expérience, et de tirer des leçons non pas seulement de ses succès ma
260 ement de ses succès mais aussi de ses échecs, que nous connaissons mieux que personne. Tout mon espoir est qu’il se forme ic
261 qui comprennent enfin que l’heure est venue pour nous autres Suisses, de voir grand, de voir aux proportions de l’Europe mo
262 de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Cette œu
263 r je me refuse à nommer utopie le seul espoir qui nous soit accordé. Encore faut-il que cet espoir soit soutenu par tout un
264 ns terrestres. En appelant et préparant de toutes nos forces une Europe fédéralisée, nous ne demanderons pas un paradis sur
265 rant de toutes nos forces une Europe fédéralisée, nous ne demanderons pas un paradis sur terre. Nous demanderons simplement
266 ée, nous ne demanderons pas un paradis sur terre. Nous demanderons simplement un monde humain. Non pas un monde d’utopie où
267  Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne peut pas être une simple absence de guerre. Spirit
268 re où tout s’abaisse et s’obscurcit. Mais qu’elle nous donne au moins la possibilité de rendre un sens aux conflits éternels
269 nt pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su conserver une cité à la mesure de la personne, no
270 su conserver une cité à la mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce : c’e
271 , nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d
272 és, ne perdons pas notre délai de grâce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai
273 e : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humains. T
274 à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète de génie, Arthur Rimbau
275 Zurich, le 15 janvier 1940. — Le manque de place nous a contraint d’abréger. »
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
276 sur l’état de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à l’heure que nous vivons, ce sont des pessimistes réfléchis, ma
277 s. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à l’heure que nous vivons, ce sont des pessimistes réfléchis, maîtres d’eux-mêmes et obj
278 ’eux-mêmes et objectifs. Je dirai plus : ce qu’il nous faut, ce sont des pessimistes actifs. Des hommes qui pensent et qui a
279 existence brutalement condamnée par cette guerre. Nous avons trop longtemps vécu dans l’atmosphère rassurante créée par le m
280 éée par le matérialisme modéré du dernier siècle. Nous ne savons plus prendre au sérieux « ce qui nous dépasse », tant par e
281 . Nous ne savons plus prendre au sérieux « ce qui nous dépasse », tant par en haut que par en bas. La croyance au Progrès no
282 ar en haut que par en bas. La croyance au Progrès nous a mis des œillères. Et quand soudain la route normale se trouve barré
283 male se trouve barrée ou coupée par un précipice, nous voici piteusement indignés. Pourtant le précipice était prévu. Mais e
284 l y croire. Or le matérialisme modéré dans lequel nous étions installés nous mettait hors d’état d’imaginer à la fois le sub
285 rialisme modéré dans lequel nous étions installés nous mettait hors d’état d’imaginer à la fois le sublime et le pire. « Tro
286 pire. « Trop beau pour être vrai », c’était un de nos proverbes. Et lorsqu’on nous avertissait de certains dangers formidab
287 vrai », c’était un de nos proverbes. Et lorsqu’on nous avertissait de certains dangers formidables qui menaçaient l’existenc
288 naçaient l’existence même de l’héritage européen, nous répondions : « C’est trop affreux pour être vrai. » Nous nous prétend
289 pondions : « C’est trop affreux pour être vrai. » Nous nous prétendions « réalistes ». Nous étions simplement incapables d’i
290 ons : « C’est trop affreux pour être vrai. » Nous nous prétendions « réalistes ». Nous étions simplement incapables d’imagin
291 être vrai. » Nous nous prétendions « réalistes ». Nous étions simplement incapables d’imaginer quelque chose d’excessif par
292 d’imaginer quelque chose d’excessif par rapport à nos sécurités. Cette inconscience j’en dirai la cause : celui qui ne croi
293 le, et ne sait pas le reconnaître. À l’origine de notre aveuglement, il y a incrédulité. Si Dieu existait, pleurons-nous, il
294 t, il y a incrédulité. Si Dieu existait, pleurons- nous , il ne permettrait pas cela ! Nous oublions que « cela », c’est nous
295 tait, pleurons-nous, il ne permettrait pas cela ! Nous oublions que « cela », c’est nous aussi, et que Dieu malgré tout nous
296 rait pas cela ! Nous oublions que « cela », c’est nous aussi, et que Dieu malgré tout nous aime. Si nous avions su croire en
297 cela », c’est nous aussi, et que Dieu malgré tout nous aime. Si nous avions su croire en lui pendant le temps de sa patience
298 nous aussi, et que Dieu malgré tout nous aime. Si nous avions su croire en lui pendant le temps de sa patience, nous aurions
299 su croire en lui pendant le temps de sa patience, nous aurions eu « des yeux pour voir », et pour connaître les démons. Voic
300 Ouvrons les yeux et apprenons ce qu’il en est de notre châtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer le prix d’un siècle d’aba
301 iation n’a nullement transformé les conditions de notre bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais l’optimisme du matér
302 conditions de notre bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais l’optimisme du matérialiste modéré ne veut prévoir que
303 urent unanimes à prévoir le destin qui maintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez de prophètes. Nous n’avons pas le
304 à prévoir le destin qui maintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez de prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir
305 surprend. Nous avons eu bien assez de prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir que les avertissements nous ont manqué.
306 vons pas le droit de gémir que les avertissements nous ont manqué. Le dossier de ces avertissements est écrasant pour la con
307 rédiction des maux à venir — ceux qui fondent sur nous aujourd’hui. Quoi de commun entre un Burckhardt, un Kierkegaard, un V
308 leurs de bourse et la « prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne de la masse comme celui des lâchetés individuelles ad
309 s, je répète qu’elle est écrasante. Elle supprime nos dernières excuses. Nous avons été avertis. Nous avons refusé d’écoute
310 t écrasante. Elle supprime nos dernières excuses. Nous avons été avertis. Nous avons refusé d’écouter. Et maintenant il faut
311 me nos dernières excuses. Nous avons été avertis. Nous avons refusé d’écouter. Et maintenant il faut payer. Non point parce
312 u’il est juste dans son châtiment. Il faut payer. Nous adorions l’idole de la prospérité, et l’idole du confort, et l’idole
313 out s’arrangera. » Or aujourd’hui pour « sauver » nos vies mêmes, nous voilà condamnés, de la manière la plus tragi-comique
314  » Or aujourd’hui pour « sauver » nos vies mêmes, nous voilà condamnés, de la manière la plus tragi-comique, à sacrifier not
315 de la manière la plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre confort et nos progrès aux nécessités impérieuses d
316 plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre confort et nos progrès aux nécessités impérieuses de la défense natio
317 e, à sacrifier notre prospérité, notre confort et nos progrès aux nécessités impérieuses de la défense nationale. Pour avoi
318 obstinément tout ce qui lésait si peu que ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes de nations, nous voici contraints
319 t ce qui lésait si peu que ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes de nations, nous voici contraints brutalement à
320 t si peu que ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes de nations, nous voici contraints brutalement à des sacrific
321 e confort, notre profit, nos égoïsmes de nations, nous voici contraints brutalement à des sacrifices mille fois pires, inévi
322 itement « possibles ». Dès qu’il s’agit de sauver notre peau, dès qu’il s’agit de défense nationale, nous acceptons des mesur
323 otre peau, dès qu’il s’agit de défense nationale, nous acceptons des mesures qui, hier encore, passaient pour folles, démago
324 n, — et je ne prends là que de petits exemples…4 Nous avons critiqué sans merci comme des « utopies subversives » certaines
325 teuses que celles qu’entraîne la guerre actuelle. Nous acceptons avec une belle discipline des « efforts financiers » dont u
326 lan des relations de peuple à peuple. Tout ce que nous jugions impossible quand il s’agissait du vivre, nous le trouvons par
327 jugions impossible quand il s’agissait du vivre, nous le trouvons parfaitement possible quand il s’agit du mieux mourir ou
328 ur et la guerre sont seules capables d’obtenir de nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pourquoi
329 ules capables d’obtenir de nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pourquoi donc voulez-vous que
330 btenir de nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pourquoi donc voulez-vous que nous ayons l’amour
331 efusions à l’amour, pourquoi donc voulez-vous que nous ayons l’amour, et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la g
332 e nous ayons l’amour, et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. Nous avons ce que méritons. Nous sommes p
333 et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. Nous avons ce que méritons. Nous sommes payés et nous payons selon notre j
334 la peur et la guerre. Nous avons ce que méritons. Nous sommes payés et nous payons selon notre justice à nous. C’est aujourd
335 Nous avons ce que méritons. Nous sommes payés et nous payons selon notre justice à nous. C’est aujourd’hui qu’on en mesure
336 méritons. Nous sommes payés et nous payons selon notre justice à nous. C’est aujourd’hui qu’on en mesure l’aune. Ces vérités
337 sommes payés et nous payons selon notre justice à nous . C’est aujourd’hui qu’on en mesure l’aune. Ces vérités élémentaires s
338 t encore qu’elles sont inopportunes, à l’heure où nous cherchons des raisons d’espérer ! Mais nul espoir n’est plus possible
339 is nul espoir n’est plus possible, sachons-le, si nous refusons maintenant encore d’envisager les causes du désastre. Envisa
340 astre. Envisager, c’est regarder en plein visage. Notre salut, le seul et le dernier possible — quelle que soit l’issue de la
341 quelle que soit l’issue de la guerre — dépend de notre capacité d’accepter des vérités dures. Car tout le mal est venu de le
342 et d’enfants en fuite sur les routes de France ? Nous n’avons plus qu’un seul espoir — quelle que soit l’issue de la guerre
343 un statut sursitaire, une espèce de concordat qui nous laisserait la possibilité de rebâtir. Mais on n’accorde un concordat
344 un sens des valeurs spirituelles aussi précis que notre sens des chiffres, des quantités et des vitesses. Avis à la génératio
345 née, et cela fait déjà cinq mois passés. Ce délai nous permet de comprendre, d’avouer nos fautes et celles de notre monde, d
346 sés. Ce délai nous permet de comprendre, d’avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la vérité que les peuples en
347 t de comprendre, d’avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouv
348 risoire, bonne pour des spectateurs… Pourtant, si nous en triomphons, elle nous donnera la force de préparer l’avenir. Il es
349 pectateurs… Pourtant, si nous en triomphons, elle nous donnera la force de préparer l’avenir. Il est dur de reconnaître ces
350 . Il est dur de reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes les complices, et que nous aimons les fautifs. Il est dur d
351 s, parce que nous en sommes les complices, et que nous aimons les fautifs. Il est dur de les avouer, parce que les fautes co
352 ce que les fautes contraires des autres, en face, nous paraissent bien plus effrayantes, et qu’ils triomphent tout de même,
353 . Il est dur de reconnaître que ce châtiment, qui nous atteint aussi, est mérité ; et qu’il était logique, inévitable, et qu
354 l n’y a plus qu’à en tirer les conclusions5. Mais nous ne sommes pas neutres pour rien, pour le confort. Nous ne sommes pas
355 ne sommes pas neutres pour rien, pour le confort. Nous ne sommes pas neutres comme on est rentier. Nous sommes neutres en vu
356 Nous ne sommes pas neutres comme on est rentier. Nous sommes neutres en vue de l’avenir. C’est là notre mission spéciale, n
357 Nous sommes neutres en vue de l’avenir. C’est là notre mission spéciale, notre responsabilité devant l’Europe. Et cela suppo
358 vue de l’avenir. C’est là notre mission spéciale, notre responsabilité devant l’Europe. Et cela suppose un dur effort contre
359 nt l’Europe. Et cela suppose un dur effort contre nos goûts, nos sympathies et nos passions. Je ne sais pas ce que l’avenir
360 . Et cela suppose un dur effort contre nos goûts, nos sympathies et nos passions. Je ne sais pas ce que l’avenir vaudra, ma
361 un dur effort contre nos goûts, nos sympathies et nos passions. Je ne sais pas ce que l’avenir vaudra, mais je sais que s’i
362 on pas le droit et la justice dont se réclamaient nos égoïsmes et celui des gouvernements : tout cela ne sera que ruines et
363 e laisser-aller et d’insouciance du prochain, car nous le payons maintenant, une fois pour toutes. Ce qui comptera, ce qui v
364 qui comptera, ce qui vaudra toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’elle dit : « Le ciel et la terre passeront, mais ma
365 es choses, par la brutalité démesurée des choses, nous sommes réduits à ne plus espérer qu’au nom de l’unique nécessaire : «
366 , juin 1940, p. 193-202. f. Une note précise : «  Nous remercions ici la Neue Schweizer Rundschau, qui nous a autorisé à rep
367 s remercions ici la Neue Schweizer Rundschau, qui nous a autorisé à reproduire cet article paru dans son numéro de juin 1940
368 son numéro de juin 1940. L’auteur — qui est un de nos collaborateurs — se voit contraint par les circonstances à ne pas sig
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
369 général. Je vous parlerai des Églises telles que nous les voyons en Suisse ; et de la Suisse, telle que nous la voyons en c
370 les voyons en Suisse ; et de la Suisse, telle que nous la voyons en ce mois de juillet de 1940. Ce ne sera pas une conférenc
371 d, une parole de confiance. Tout craque autour de nous , mais ce n’est pas une raison de se lamenter ou de se décourager, bie
372 ion de travailler. Voyons d’abord la situation de notre pays. « Au cœur de la révolution européenne, la Suisse est réduite à
373 croient, cette situation n’est pas nouvelle dans notre histoire. Elle fut celle de nos grandes victoires et de nos grands re
374 s nouvelle dans notre histoire. Elle fut celle de nos grandes victoires et de nos grands renouvellements.6 » Aujourd’hui, c
375 re. Elle fut celle de nos grandes victoires et de nos grands renouvellements.6 » Aujourd’hui, comme aux heures héroïques de
376 l’ancienne Confédération, sachons voir et saisir notre chance et les chances nouvelles de l’Esprit ! Quand toutes les positi
377 , oui même si le pire arrive. Au cœur physique de notre Confédération se dresse le massif du Gothard, mystérieux et inexpugna
378 ous des races, le Gothard est le grand symbole de notre mission politique et de notre sécurité. Et s’il fallait qu’un jour la
379 le grand symbole de notre mission politique et de notre sécurité. Et s’il fallait qu’un jour la Suisse fût envahie, j’imagine
380 mmets libres, autour du trésor de la Suisse. Oui, nous serions courbés, mais le grondement lointain des canons du Gothard no
381 mais le grondement lointain des canons du Gothard nous dirait d’espérer. Maintenant, je poserai cette question : dans la sit
382 à supposer que la Suisse soit envahie, pourrions- nous penser à l’Église comme à notre Gothard spirituel ? L’existence perma
383 envahie, pourrions-nous penser à l’Église comme à notre Gothard spirituel ? L’existence permanente — même secrète — et la par
384 tence permanente — même secrète — et la parole de nos Églises aux catacombes suffiraient-elles à ranimer notre espérance, n
385 glises aux catacombes suffiraient-elles à ranimer notre espérance, notre amour et notre foi, comme le canon lointain ranimera
386 mbes suffiraient-elles à ranimer notre espérance, notre amour et notre foi, comme le canon lointain ranimerait nos courages ?
387 t-elles à ranimer notre espérance, notre amour et notre foi, comme le canon lointain ranimerait nos courages ? Nos Églises tr
388 et notre foi, comme le canon lointain ranimerait nos courages ? Nos Églises trouveraient-elles le moyen de subsister et de
389 comme le canon lointain ranimerait nos courages ? Nos Églises trouveraient-elles le moyen de subsister et de s’organiser pa
390 r comme un roc ? comme une montagne vers laquelle nous pourrons élever notre espoir ? Encore une fois, je ne puis pas répond
391 e une montagne vers laquelle nous pourrons élever notre espoir ? Encore une fois, je ne puis pas répondre. Dieu le sait, et l
392 eu le sait, et l’événement seul fera la preuve de notre force ou de nos faiblesses. En attendant, mettons-nous au travail pou
393 vénement seul fera la preuve de notre force ou de nos faiblesses. En attendant, mettons-nous au travail pour qu’au jour du
394 force ou de nos faiblesses. En attendant, mettons- nous au travail pour qu’au jour du danger — toujours probable ! —, nous no
395 our qu’au jour du danger — toujours probable ! —, nous nous trouvions aussi bien préparés qu’il est possible. Inspectons ave
396 u’au jour du danger — toujours probable ! —, nous nous trouvions aussi bien préparés qu’il est possible. Inspectons avec soi
397 préparés qu’il est possible. Inspectons avec soin nos défenses, ayons le courage de dire franchement : ici ou là, nous somm
398 ayons le courage de dire franchement : ici ou là, nous sommes encore faibles. C’est ici et c’est là, qu’il faut porter l’eff
399 u’il faut porter l’effort. Aujourd’hui ou jamais, notre Église a besoin d’une rigoureuse critique, d’une critique utile et po
400 nstructions nécessaires. ⁂ La grande faiblesse de notre Église visible, de nos diverses Églises suisses, c’est qu’elles ont c
401 ⁂ La grande faiblesse de notre Église visible, de nos diverses Églises suisses, c’est qu’elles ont cessé d’être ou n’ont ja
402 e, étant donné les événements actuels et ceux que nous devons prévoir. Une Église devrait être le type même de la communauté
403 s cités futures, les refuges de la vraie liberté. Nos paroisses actuelles, nos paroisses de Suisse, seraient-elles capables
404 ges de la vraie liberté. Nos paroisses actuelles, nos paroisses de Suisse, seraient-elles capables de jouer pareil rôle, de
405 seraient-elles capables de jouer pareil rôle, de nos jours ? Souvent, en sortant d’un de nos cultes, je regarde les gens q
406 rôle, de nos jours ? Souvent, en sortant d’un de nos cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose cette qu
407 frères dans l’Église ? Oh ! je ne demande pas que nos paroisses décrètent du jour au lendemain le partage de tous les biens
408 un jour prochain. Je me demande si les fidèles de nos cultes se sentent plus fortement liés aux autres membres de l’Église
409 nt au jour où il faudra choisir entre l’Église et nos sécurités. Je vois bien que nos Églises constituent des unités admin
410 ntre l’Église et nos sécurités. Je vois bien que nos Églises constituent des unités administratives, qu’elles réunissent r
411 ’elle est le Corps même du Seigneur. Ceci dit, et notre faiblesse une fois reconnue et confessée, ne perdons pas de temps à n
412 reconnue et confessée, ne perdons pas de temps à nous lamenter ou à critiquer vainement. Mettons-nous au travail pour essay
413 à nous lamenter ou à critiquer vainement. Mettons- nous au travail pour essayer de refaire, avec ce dont nous disposons, quel
414 au travail pour essayer de refaire, avec ce dont nous disposons, quelque chose de plus solide, de plus vivant, quelque chos
415 poser une victorieuse résistance au paganisme qui nous guette, et qui, lui, sait si bien s’organiser. Je ne puis pas vous én
416 umérer toutes les conditions nécessaires pour que nos paroisses redeviennent des communautés véritables. Mais il est trois
417 les crises plus graves qui se préparent. Pour que nos Églises retrouvent le sens et la vertu communautaire, il faut : 1° qu
418 et de la Suisse, en tant qu’État. D’abord ceci : notre Église suisse doit être, ou redevenir une Église de Dieu, et non pas
419 attachés à leurs souvenirs. L’Église n’est pas à nous , n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne sont pas nos affaires d’ab
420 s souvenirs. L’Église n’est pas à nous, n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne sont pas nos affaires d’abord, mais les aff
421 ’est pas notre œuvre, et ses affaires ne sont pas nos affaires d’abord, mais les affaires du Royaume de Dieu. Il me paraît
422 t indécent que ces affaires soient débattues dans nos Grands Conseils, par des hommes qui parfois ignorent tout de la réali
423 une Église de l’État suisse. Il est bien vrai que notre État fédéral ne saurait se fonder concrètement que sur des bases chré
424 dire ici ce que je disais cet hiver à Tavannes : Nous ne devons pas être chrétiens parce que nous sommes Suisses, mais nous
425 es : Nous ne devons pas être chrétiens parce que nous sommes Suisses, mais nous devons être de bons Suisses parce que nous
426 tre chrétiens parce que nous sommes Suisses, mais nous devons être de bons Suisses parce que nous sommes chrétiens d’abord.
427 , mais nous devons être de bons Suisses parce que nous sommes chrétiens d’abord. Gardons-nous du Schweizerchristentum ! À ce
428 parce que nous sommes chrétiens d’abord. Gardons- nous du Schweizerchristentum ! À ces Schweizer Christen dont je viens de p
429 r vous, mais seulement pour tout le monde, faites- nous la grâce de n’en point vouloir ». Car « la société qui veut m’ôter ma
430 urgent ! II La seconde condition, c’est que nos Églises redeviennent missionnaires à l’intérieur du pays, dans toutes
431 à l’intérieur du pays, dans toutes les couches de notre peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent à l’évolution sociale
432 i tiennent à l’évolution sociale du xixe siècle, nos Églises sont devenues des milieux bourgeois, dans la plupart des vill
433 aire et qui produit sur l’auditeur occasionnel de nos sermons une impression fâcheuse de démodé, d’inactuel, d’irréaliste.
434 Il n’y a vraiment aucune raison valable pour que notre prédication chrétienne abandonne aux tribuns politiques le privilège
435 irez peut-être que cette question ne concerne que nos pasteurs. Je n’en suis pas sûr. C’est une question d’atmosphère spiri
436 rituelle, de disposition des esprits. C’est aussi notre affaire à nous laïques. Nous n’aimons pas à être dérangés dans nos pe
437 position des esprits. C’est aussi notre affaire à nous laïques. Nous n’aimons pas à être dérangés dans nos petites habitudes
438 sprits. C’est aussi notre affaire à nous laïques. Nous n’aimons pas à être dérangés dans nos petites habitudes du dimanche m
439 s laïques. Nous n’aimons pas à être dérangés dans nos petites habitudes du dimanche matin, et il arrive que nous soyons cho
440 tes habitudes du dimanche matin, et il arrive que nous soyons choqués quand un pasteur ne garde pas le ton convenu, le ton c
441 r ne garde pas le ton convenu, le ton convenable. Nous oublions trop facilement que la Parole de l’Église n’est pas réservée
442 Parole de l’Église n’est pas réservée seulement à nos « milieux ecclésiastiques », mais à tous les hommes d’où qu’ils vienn
443 le savoir le plus souvent. Il est grand temps que nous fassions en sorte que tous « ceux du dehors » puissent entrer, puisse
444 e égarés dans un milieu où ils sont déplacés. Que nos Églises se préoccupent donc davantage d’être vraiment ouvertes à tous
445 estion de zèle missionnaire, d’amour des âmes. Si nous avons ce zèle et ce souci, l’atmosphère un peu renfermée de certaines
446 ci, l’atmosphère un peu renfermée de certaines de nos paroisses se dissipera d’elle-même, se fera plus accueillante. L’étra
447 ra plus accueillante. L’étranger qui entrera dans nos temples ne se sentira plus perdu chez les braves gens, mais accueilli
448 C’est une requête que je présente comme laïque à nos pasteurs, avec l’espoir que les laïques de cet auditoire l’appuieront
449 iquement dans leurs paroisses. Je voudrais dire à nos pasteurs : soyez simples dans vos sermons, soyez plus simplement bibl
450 aire une conférence, avec des idées personnelles. Notre époque ne demande pas des idées, des images plus ou moins originales.
451 uteur de la situation présente. Ce ne sont jamais nos idées personnelles, nos commentaires et notre éloquence qui convainqu
452 ésente. Ce ne sont jamais nos idées personnelles, nos commentaires et notre éloquence qui convainquent. J’ai entendu, il y
453 amais nos idées personnelles, nos commentaires et notre éloquence qui convainquent. J’ai entendu, il y a quelques semaines, u
454 ur disait : « Laissons parler la Bible seule, car nous , nous ne sommes pas convaincants. » Parole profonde, parole qui devra
455 ait : « Laissons parler la Bible seule, car nous, nous ne sommes pas convaincants. » Parole profonde, parole qui devrait lib
456 assez de la simplicité des paroles de la Bible. «  Nous ne sommes pas convaincants », disait le pasteur que je viens de citer
457 cants », disait le pasteur que je viens de citer. Nous ne sommes pas convaincants, ajouterai-je, quand nous cherchons à fair
458 s ne sommes pas convaincants, ajouterai-je, quand nous cherchons à faire au lieu d’un sermon simple, des conférences intéres
459 le, des conférences intéressantes ou pathétiques. Nous ne sommes pas convaincants quand nous cherchons à discuter, à préveni
460 athétiques. Nous ne sommes pas convaincants quand nous cherchons à discuter, à prévenir des objections que la plupart des au
461 que l’on prenne au sérieux mes doutes éventuels. Notre génération n’est pas si tourmentée de doutes. Elle n’a guère la manie
462 ncante. Tout ceci ne veut pas dire d’ailleurs que notre Église n’ait pas le droit d’aborder l’actualité sociale ou politique.
463 ou à leurs intérêts de classe ; ou pour montrer à notre peuple sa mission positive dans l’Europe d’aujourd’hui. Toutes ces ch
464 je la définissais tout à l’heure comme suit : que nos Églises aient le courage d’être franchement des Églises visibles — so
465 encore que je sois persuadé qu’il se posera pour nous aussi un jour ou l’autre. Je ne parlerai pas non plus du rôle des laï
466 absence de toute espèce de liturgie sérieuse dans nos cultes, à quelques rares exceptions près10. Et ce n’est pas seulement
467 tentés ici ou là, pour remédier à cette absence. Nous avons bien, de temps à autre, des cultes que nous appelons « liturgiq
468 Nous avons bien, de temps à autre, des cultes que nous appelons « liturgiques » et qui consistent en lectures bibliques ou l
469 autrement… ce seul fait démontre à l’évidence que nous ignorons le sens et la portée de la liturgie véritable. Celle-ci supp
470 anière à la fois spontanée et réglée d’avance. Or nos cultes soi-disant liturgiques sont exactement le contraire : ils sont
471 e : lorsqu’il arrive qu’on lise, au début d’un de nos cultes, une prière liturgique isolée, comme la confession des péchés,
472 « Mon Dieu, ta loi est sainte… mais si tu comptes nos iniquités, qui pourra subsister devant toi ! »). III. Confession des
473 ou l’assemblée chante : « Seigneur, aie pitié de nous  ! Christ, aie pitié de nous !… »). V. Promesses de grâce et absolutio
474 eigneur, aie pitié de nous ! Christ, aie pitié de nous  !… »). V. Promesses de grâce et absolution collective (l’assemblée de
475 ns son déroulement biblique : la Loi d’abord, qui nous condamne, puis la conscience, le péché, la repentance, la grâce accor
476 dire maintenant pour quelles raisons je pense que nos Églises suisses devraient se préparer à l’adopter, telle qu’elle est.
477 gies païennes. Ces abus manifestes ne doivent pas nous faire négliger le bon usage, l’usage chrétien d’une liturgie chrétien
478 La science consommée des chefs totalitaires doit nous rendre attentifs à certains de nos défauts, afin que nous puissions l
479 litaires doit nous rendre attentifs à certains de nos défauts, afin que nous puissions les corriger à temps. Un peuple comp
480 dre attentifs à certains de nos défauts, afin que nous puissions les corriger à temps. Un peuple complètement privé de toute
481 personne qui n’a jamais mis les pieds dans un de nos temples, qui ne sait rien du protestantisme, ou qui est incroyante. V
482 z à l’amener, un beau dimanche, au culte d’une de nos paroisses suisses. Elle sera d’abord, probablement, dépaysée, comme j
483 ortant de là, elle ne saura pas exactement ce que nous croyons, elle pourra s’imaginer les choses les plus fausses. Ou bien
484 rmon du pasteur, elle le situe dans l’ensemble de nos dogmes, et elle rappelle notre Credo. Bref, quand le sermon commence,
485 e dans l’ensemble de nos dogmes, et elle rappelle notre Credo. Bref, quand le sermon commence, tout le monde, et même un étra
486 uisse, ou pour être concret : aux relations entre nos Églises et nous, les Suisses. Le peuple suisse, en général, n’a pas u
487 être concret : aux relations entre nos Églises et nous , les Suisses. Le peuple suisse, en général, n’a pas un sens des forme
488 on parle un peu trop facilement du Bon Dieu, chez nous , et qu’il subsiste dans nos Églises pas mal de traces d’un piétisme a
489 nt du Bon Dieu, chez nous, et qu’il subsiste dans nos Églises pas mal de traces d’un piétisme affadi. Je n’oserais pas sugg
490 un piétisme affadi. Je n’oserais pas suggérer que nous tenons à rester démocrates et sans façon jusque dans nos relations av
491 ons à rester démocrates et sans façon jusque dans nos relations avec le Tout-Puissant, qui est pourtant nommé Monarque, Sei
492 , Seigneur et Roi des rois, à toutes les pages de notre Bible. Le fait est que nous manquons d’un certain respect religieux,
493 toutes les pages de notre Bible. Le fait est que nous manquons d’un certain respect religieux, de même que nous passons, à
494 quons d’un certain respect religieux, de même que nous passons, à l’étranger, pour être un peu trop familiers et manquer du
495 cier Dieu, du haut de la chaire, de ce que Dieu «  nous a permis de lui parler tout simplement, d’homme à homme »… Je reste
496 à homme »… Je reste persuadé, pour ma part, que nous devons plutôt parler d’homme à Dieu, et que nous ferions bien de nous
497 nous devons plutôt parler d’homme à Dieu, et que nous ferions bien de nous pénétrer de cette vérité fondamentale et même d’
498 arler d’homme à Dieu, et que nous ferions bien de nous pénétrer de cette vérité fondamentale et même d’y conformer notre mai
499 e cette vérité fondamentale et même d’y conformer notre maintien. Sans aller jusqu’à imiter les génuflexions multipliées des
500 oucher le sol de leur front, pourquoi refuserions- nous de nous agenouiller pour la prière publique, ou pendant la lecture de
501 e sol de leur front, pourquoi refuserions-nous de nous agenouiller pour la prière publique, ou pendant la lecture de la conf
502 ait dans les Églises réformées de Paris ? Aurions- nous trop de dignité pour consentir à cette marque publique d’humiliation 
503 consentir à cette marque publique d’humiliation ? Nous chantons dans un chant patriotique : « Devant Dieu seul, fléchissons
504 seul, fléchissons le genou. » Mais pratiquement, nous restons assis, bourgeoisement et convenablement assis… Ne pensez pas,
505 bon d’avoir une liturgie, comment se fait-il que nos Églises suisses soient les seules sur le continent qui croient pouvoi
506 emarquez-le, est un obstacle assez considérable à notre rapprochement avec d’autres Églises dans le mouvement œcuménique. (Je
507 prochement, plus qu’aucune autre Église au monde. Nos traditions fédéralistes devraient nous préparer tout spécialement à c
508 e au monde. Nos traditions fédéralistes devraient nous préparer tout spécialement à cette mission de compréhension d’autrui,
509 é tout d’abord que la situation actuelle exige de nos Églises un grand effort vers la communauté vivante. Ce sera peut-être
510 compréhension moins superficielle de la nature de nos Églises, qui sont les membres du Corps de Christ, et non pas des asso
511 s. Avoir ensuite le souci de « désembourgeoiser » notre atmosphère, notre ton, nos manières de prêcher ou d’écouter, afin de
512 e souci de « désembourgeoiser » notre atmosphère, notre ton, nos manières de prêcher ou d’écouter, afin de rendre possible un
513 « désembourgeoiser » notre atmosphère, notre ton, nos manières de prêcher ou d’écouter, afin de rendre possible une action
514 ne action missionnaire dans toutes les couches de notre peuple. Poser enfin très sérieusement le problème de la liturgie, tan
515 s sérieusement le problème de la liturgie, tant à nos bons théologiens qu’aux laïques, généralement ignorants de cette ques
516 pratiques, — considérant que la malice des temps nous invite au travail plutôt qu’à l’éloquence. 6. Manifeste de la Lig
517 , l’Église et le Royaume de Dieu, l’Église, c’est nous , paraîtront successivement au cours des prochains fascicules. »
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
518 i l’on prétend se donner en exemple. Clarifions notre langage ! — Puisque le fédéralisme est une forme politique qui suppos
519 locaux contre le centre. Ceux qui se disent, chez nous , « fédéralistes » ne sont souvent, je le crains, que des nationaliste
520 de tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlementaires. i. Rougemont Den
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
521 vembre-décembre 1950)k l I Comment allons- nous justifier, aux yeux de l’Europe qui essaie de se fédérer, cette raiso
522 ’Europe qui essaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que no
523 u de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se lassent pas d’invoquer — comme si cel
524 ’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se lassent pas d’invoquer — comme si cela allait de soi —
525 — comme si cela allait de soi — chaque fois qu’on nous propose d’entrer dans une forme quelconque d’union européenne ? Le fa
526 e quelconque d’union européenne ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre neutralité. Le f
527 os voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre neutralité. Le fait est que les Américains ne la comprennent absolume
528 s Russes n’y croient pas plus qu’ils ne croient à nos libertés, et vraiment, ce n’est pas beaucoup dire. Il serait donc tem
529 ériellement parlant. Quant aux effets moraux, sur notre peuple, de ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables
530 , ils sont hélas plus discutables. Et si vraiment notre neutralité n’était rien d’autre que ce que le Suisse moyen semble cro
531 erai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de la plup
532 ne qu’elle n’est pas bien connue de la plupart de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre État, il y a le Pacte
533 de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représentant
534 lange d’intérêt propre et d’intérêt européen dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avait pris parti, à ce moment-là,
535 e, l’autre pour l’Allemagne. Il était évident que notre neutralité dépendait donc, au début de ce siècle, du fameux « équilib
536 de survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si j’ose dire. La seule question réelle
537 se désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». Appo
538 urope, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leurs régimes, concorde qui ne semblait pouvoir être assurée
539 re, à l’Est ; l’autre économique et social, parmi nous . Pour y faire face, personne n’a proposé une meilleure solution que l
540 ibue à renforcer le Conseil de l’Europe ? Certes, nous avons fini par adhérer avec d’infinies précautions, à quelques entrep
541 des paiements. Mais c’était en réalité parce que nous ne pouvions plus faire autrement. Ce n’était pas pour hâter l’union,
542 compris. Il serait donc un peu excessif de citer nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributions à l’un
543 gèrement ironiques ou incrédules chez certains de nos voisins. Qu’ils comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons, je l
544 voisins. Qu’ils comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons, je le crains, plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul
545 as simple. Si l’effort militaire considérable que nous impose notre statut de neutralité est une contribution réelle à la dé
546 i l’effort militaire considérable que nous impose notre statut de neutralité est une contribution réelle à la défense du cont
547 ntinent, on ne saurait vraiment en dire autant de notre attitude méfiante et presque négative à l’égard de l’union nécessaire
548 pose de tous côtés : Êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? je ne puis donc répondre oui ou non. Le problème ne peut
549 rme, et qu’en son nom des questions très précises nous soient posées. Cela viendra, n’en doutez pas ! Demain, soit les États
550 menace de guerre contre le continent tout entier, nous poseront ces questions précises. Il faut que notre opinion soit prête
551 nous poseront ces questions précises. Il faut que notre opinion soit prête à y répondre. Il ne faut pas que notre gouvernemen
552 inion soit prête à y répondre. Il ne faut pas que notre gouvernement se trouve placé devant des options graves qu’il lui sera
553 e le peuple suisse. Il ne faut pas que l’histoire nous surprenne, endormis dans la fausse sécurité d’une tradition qui a peu
554 deviendra générale, et qui me paraît vitale pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour l’orienter, un seul principe de
555 freiner l’union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit même de son statut, et elle peut
556 c demain devenir une trahison. Car je le répète : notre neutralité a été reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’Eu
557 et l’URSS par exemple — ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre statut légal, et l’esprit même de nos in
558 -là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre statut légal, et l’esprit même de nos institutions. Je me promets de
559 s violent notre statut légal, et l’esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que pers
560 vent d’abord connaître objectivement la question. Nous avons rédigé un questionnaire qui sera envoyé à quelques-uns de ceux
561 quelques-uns de ceux que le problème préoccupe et nous ouvrons ainsi une rubrique où paraîtront, au cours des prochains fasc
562 alité helvétique serait-elle un obstacle majeur à notre entrée dans ladite fédération ? Une conception trop restrictive de ce
563 trictive de cette neutralité n’empêche-t-elle pas notre pays d’assumer actuellement la tâche de conciliation qui serait confo
564 ents comme particulièrement décisifs à l’heure où nous sommes ? » Comme le précise une note finale, ce texte est issu « des
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
565 t d’intérêt européen » qui a toujours caractérisé notre neutralité et qui l’a pratiquement permise. M. Lasserre veut croire q
566 eul en cause dans le jeu des forces politiques de notre temps ! Où donc ai-je soutenu « sans réserve » que la Suisse devrait
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
567 Lévi-Strauss) ? Théoriquement et théologiquement, nous savons à quoi nous en sommes et à quels dogmes nous croyons. Mais au
568 oriquement et théologiquement, nous savons à quoi nous en sommes et à quels dogmes nous croyons. Mais au plan de la morale,
569 us savons à quoi nous en sommes et à quels dogmes nous croyons. Mais au plan de la morale, nous vivons dans la plus incroyab
570 s dogmes nous croyons. Mais au plan de la morale, nous vivons dans la plus incroyable confusion de systèmes hétéroclites, d’
571 es, d’époques, de styles, de visées différentes ; nous pataugeons dans l’impur, dans l’hybride, dans les alluvions, les dépô
572 morale problématique ; est-ce bien la réalité de notre temps ? Oui sans doute, si nous bornons l’enquête aux élites de nos é
573 en la réalité de notre temps ? Oui sans doute, si nous bornons l’enquête aux élites de nos églises en Europe. Mais dans le r
574 ns doute, si nous bornons l’enquête aux élites de nos églises en Europe. Mais dans le reste du monde, déjà — et ce sera vra
575 ns le reste du monde, déjà — et ce sera vrai pour nous aussi bientôt —, je vois se dessiner un tout autre schéma, comme un n
576 e anglo-saxonne, en attendant de se répandre dans nos pays), cette théologie-là bouleverse le fondement commun de toutes no
577 logie-là bouleverse le fondement commun de toutes nos orthodoxies, qu’elles soient d’empreinte barthienne ou thomiste, et l
578 es, et marquent des succès sans cesse croissants. Nos sciences physiques et humaines — médecine, biologie génétique, psycho
579 lieu de sermons contre « l’impureté », on donne à nos adolescents des leçons d’initiation sexuelle ; au lieu de menaces d’a
580 ieux, ce qui intéresse, c’est le mode d’emploi de notre univers actuel et le rendement des procédés et des conduites, — qu’il
581 de loisirs, donc aussi sa culture et sa liberté. Nous tendons de la sorte, dans les pays techniquement avancés, vers une so
582 voiture. Pour la première fois dans l’Histoire de nos civilisations, ce n’est pas l’anarchie croissante des mœurs que nos v
583 ce n’est pas l’anarchie croissante des mœurs que nos vieux sages auront à déplorer, mais au contraire l’universelle et rig
584 ire l’universelle et rigoureuse réglementation de nos conduites par les ordinateurs électroniques. (On les verra peut-être
585 ir pas trop lointain (beaucoup sont là déjà, dans notre société) sont trop nombreuses et diverses pour que l’on puisse porter
586 ité d’une sécularisation croissante des normes de nos conduites, sociales d’abord, individuelles finalement. Pense-t-on, pe
587 du Décalogue et des sédimentations millénaires de nos coutumes serait avantageusement remplacé par un jeu complexe et préci
588 re présentés à la « Machine » avec un grand M que nous supposerons directrice ou correctrice de tous les « cerveaux automati
589 t créatrice, dans le monde trop bien moralisé que nous préparent avec tant de zèle, de compétence, d’astuce technique les sa
590 aire qu’elle peut contribuer à débrouiller un peu nos problèmes éthiques, en vue de l’avenir. Dans son état primitif, mon o
591 u but, ou le font oublier. 2. L’appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à
592 oublier. 2. L’appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à nous, déclenchant
593 ouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à nous , déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La considération envo
594 é la Vocation, le Sérieux final, le But ultime de notre vie personnelle. Les Règles du Jeu comprennent, dans ma définition, l
595 autorise quelques conclusions intéressantes pour notre sujet. À partir de Rousseau et du romantisme, on a dit trop de mal de
596 ècles, reprennent inlassablement l’attaque contre nos morales religieuses ou profanes sous prétexte qu’elles ne sont que de
597 santé et l’équilibre d’une communauté. Or en fait notre société occidentale christianisée est tout encombrée de règles contra
598 s cas, c’est la confusion déplorable (de laquelle nos Églises sont largement responsables) qui fait que l’on a peu à peu sa
599 foi, révélées et indiscutables, des coutumes qui nous venaient d’un peu partout, aux hasards de l’histoire, et qui avaient
600 artir du moment où se trouve posée la question de nos fins dernières. Elle est liée à la vocation. ⁂ On pourrait définir un
601 eur mission était de régler la conduite morale de nos peuples n’ont pas réussi à empêcher ni même à retarder sérieusement u
602 saisir et à comprendre le message ou l’appel qui nous en vient. Ce n’est pas appliquer une règle connue, la même pour tous,
603 incalculable, et c’est lui cependant qui devrait nous guider… » — je voudrais dire ici que la prière est le seul moyen que
604 l’Évangile propose pour accorder au Transcendant notre être intime, notre pensée, notre vouloir. C’est un moyen, ici encore,
605 pour accorder au Transcendant notre être intime, notre pensée, notre vouloir. C’est un moyen, ici encore, dicté et créé par
606 au Transcendant notre être intime, notre pensée, notre vouloir. C’est un moyen, ici encore, dicté et créé par sa fin. Car c’
607 dicté et créé par sa fin. Car c’est l’Esprit qui nous meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de la prière en nous répo
608 er. Les « soupirs inexprimables » de la prière en nous répondent seuls à la réalité de l’indicible ; or toute vocation est d
609 bre 1966, devant la Société pastorale suisse, qui nous a obligeamment autorisés à la publier. »