1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 l’auront fait voir aux plus naïfs. Mais il n’est pas seulement une menace. Il est aussi, et c’est beaucoup plus grave, une
2 un « ordre » imposé par la force, d’une « mise au pas  » brutale qui nous dispense de nous sentir les responsables de la cit
3 ui s’en repent peut-être aujourd’hui…2 Ne croyez pas que ce soit là une vue partiale et partisane de l’histoire : c’est la
4 ui a conscience de ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’homme le mieux armé, mais celui dont le moral est le plus solide. Q
5 le de Sarzana nous le prouve fortement : ce n’est pas le nombre et l’armement qui ont triomphé ce jour-là, mais la bonne co
6 autres n’en avaient plus, que les fascistes n’ont pas rencontré de résistance sérieuse. De ces deux causes du succès totali
7 une commune mesure vivante. Si nous ne la faisons pas , d’autres s’en chargeront, l’appel existe, et c’est le premier qui sa
8 s totalitaires. Avec cette différence que n’ayant pas vécu la révolution religieuse que représente le fascisme, elles auron
9 me totalitaire : ou bien la démocratie ne réussit pas à faire bloc à la manière fasciste, et alors elle est battue dans la
10 il se met à copier le voisin, un tel État ne peut pas compter sur l’aide d’autrui. Nous ne pouvons compter sur cette aide q
11 e chose unique, irremplaçable : un État qui n’est pas national, mais qui est au contraire fédéral. Un État dont les bases h
12 lles, parce qu’on saura là-bas que nous ne sommes pas assimilables. Voilà la résistance civique et toute civile dont je vou
13 le droit et le devoir de rester neutres, ce n’est pas comme on le dit trop souvent en vertu de nos intérêts matériels, cert
14 es à nos yeux, mais dont nos grands voisins n’ont pas de raisons de tenir le moindre compte. Si nous avons le droit d’être
15 . Si nous avons le droit d’être neutres, ce n’est pas en vertu d’un privilège divin, mais d’une mission bien définie dont n
16 e, pour pouvoir nous passer d’une armée. Ce n’est pas le cas. Mais il n’en reste pas moins que notre tâche est de tout mett
17 ne armée. Ce n’est pas le cas. Mais il n’en reste pas moins que notre tâche est de tout mettre en œuvre pour échapper au ce
18 non militaires, donc non totalitaires. Je ne dis pas que je les ai trouvées. Je dis que le salut serait de les trouver. La
19 e refuser ce défi, de déjouer ce calcul, et de ne pas opposer à la violence une violence du même ordre, mais forcément plus
20 velée. Essayons d’inventer autre chose. Ne jouons pas le jeu. Imitons les paysans du Morgarten : ils n’avaient pas d’armure
21 Imitons les paysans du Morgarten : ils n’avaient pas d’armures ni de lances : ils trichèrent donc au jeu où l’adversaire d
22 bandonne la méthode de lutte ancestrale, il n’est pas étonnant que l’autre soit déconcerté, parce que ses instincts animaux
23 cille devant l’inconnu… Pour ma part, je ne suis pas adversaire de la violence en soi, mais bien de cette forme mécanique
24 , la page que je viens de citer ne propose-t-elle pas la non-résistance, mais au contraire une forme de lutte nouvelle. C’e
25 onsidérables. Il faut chercher. Et je ne vous dis pas cela seulement comme personnaliste, adversaire du stalinisme et du fa
26 du stalinisme et du fascisme ; je ne vous le dis pas seulement comme Suisse, convaincu de la mission fédéraliste de son pa
27 te la tactique des apôtres. Et pour qu’on n’aille pas penser que je préconise je ne sais quelle veule démission ou quel déf
28 res termes : à la brutalité, le chrétien n’oppose pas la brutalité, mais la violence spirituelle, qui est la véritable char
29 trine ne peut être chrétienne si elle ne se fonde pas sur la repentance, qui est une violence faite à notre orgueil. Reconn
30 magnifiquement montré Nicolas Berdiaev. Ce n’est pas à la méchanceté supposée d’un Hitler ou d’un Staline que nous devons
31 s. Ceci dit, il nous faut agir. Or agir, ce n’est pas haïr. Je ne veux, sous aucun prétexte pieux, exciter de la haine cont
32 -être réussirons-nous à y croire. Ne sentez-vous pas une angoisse dans ce peut-être ? Et dans cette volonté de croire à n’
33 mmortalité d’un peuple ?… Or l’angoisse n’appelle pas la haine, mais au contraire la compassion, bien qu’elle l’appelle à s
34 défi, par désespoir. Mais là encore, je ne parle pas d’une compassion sentimentale. Je parle d’une attitude virile et déci
35 érance polie serait déjà une complicité. Ce n’est pas ainsi que je conçois la charité. Quand les Romains adoraient leur emp
36 aient leur empereur, les chrétiens ne craignaient pas de passer pour athées : ils refusaient le culte de l’idole et s’en mo
37 oclament tous les trois infaillibles, je ne crois pas manquer au devoir de charité en jugeant parfaitement grotesque leur i
38 rchevêque d’Astracan : « Allez, ne vous attristez pas . Ne voyez-vous pas que je vous crois infaillible vous aussi ? » Toute
39 n : « Allez, ne vous attristez pas. Ne voyez-vous pas que je vous crois infaillible vous aussi ? » Toutefois le scepticisme
40 ble vous aussi ? » Toutefois le scepticisme n’est pas toujours, hélas, une réponse suffisante. La seule réponse décisive à
41 — et pourtant charitable. Car nous ne condamnons pas des peuples, encore une fois. Ce que nous condamnons, ce sont des sol
42 nt la cité qui les protège. Je ne vous appellerai pas , en terminant, à une croisade antifasciste ou antimarxiste, mais à un
43 nse. Mais notre chance devant l’Histoire ne l’est pas moins. Il dépend en partie de nous que nous trouvions la solution de
44 énération anxieuse. Et pour tout dire, je ne suis pas sans espoir. Les faux dieux ne font pas de miracles. Je ne me lassera
45 e ne suis pas sans espoir. Les faux dieux ne font pas de miracles. Je ne me lasserai jamais de le répéter — c’est mon delen
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
46 s écrits populaires sur le Bienheureux, ce ne fut pas sans émerveillement que j’entrevis la réalité historique du personnag
47 rique du personnage. À tel point que je n’hésitai pas à en faire le sujet d’un drame, qui sera représenté à Zurich en septe
48 tante partition chorale. Le choix de ce sujet n’a pas été sans surprendre certains de mes amis protestants, et — pour d’aut
49 imauté. Mais une discipline extérieure ne pouvait pas tromper les âmes. Et la vie même de Nicolas de Flue nous en donne une
50 ce père de famille — il aura dix enfants — n’est pas un type exceptionnel parmi les vieux confédérés, sinon par la rigueur
51 olide paysan, les deux pieds sur la terre, et non pas un sectaire ou un illuminé auquel des ouvrages pieux auraient tourné
52 ns, et c’est là toute sa nourriture. Car n’est-il pas écrit, comme il le répétera souvent : « L’homme ne vit pas de pain se
53 , comme il le répétera souvent : « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de mon
54 t « homme de Dieu » fruste et biblique.) Il n’est pas jusqu’aux princes des contrées voisines qui ne délèguent auprès du Fr
55 , quinze assemblées de la Diète des cantons n’ont pas suffi pour rétablir l’union. C’est alors que se placent les événement
56 solitaire de tenter un dernier effort. On ne sait pas — on ne saura jamais — de quel message Nicolas l’a chargé. Ce que l’o
57 e de Nicolas, est en réalité la seule qu’il n’ait pas faite : sa venue en personne à la Diète, et le discours qu’il y aurai
58 ses pratiques. Mais ce reproche n’atteindrait-il pas davantage un Nicolas de Flue, jeûnant plus que de raison dès son enfa
59 iècle, ce mouvement plus ou moins hérétique n’est pas sans d’intimes relations avec les doctrines mystiques de Suso et de T
60 i en présence d’une spiritualité qui n’est certes pas catholique, mais pas davantage protestante, au sens moderne, et qui s
61 piritualité qui n’est certes pas catholique, mais pas davantage protestante, au sens moderne, et qui se rapprocherait plutô
62 ta sa femme et ses enfants, son idée n’était-elle pas de se rendre en Alsace, pour y rejoindre des communautés d’Amis de Di
63 première visite qu’il reçut au Ranft ne fut-elle pas précisément celle d’un pèlerin « ami de Dieu », peut-être délégué par
64 e et donne-moi tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile de caractériser en quelques mots cette « piété germanique », d
65 les premières générations de la Réforme. Ce n’est pas sans un joyeux étonnement que je suis tombé, dans Dürrer, à peine les
66 de leur œuvre de réforme de l’Église. Et ce n’est pas sans un léger mouvement de triomphe, je l’avoue, que j’ai trouvé ce f
67 cette époque, la conscience populaire n’hésitait pas à ranger Nicolas du côté de la Réforme). Il n’est peut-être pas sans
68 icolas du côté de la Réforme). Il n’est peut-être pas sans intérêt de donner ici un aperçu rapide de cette littérature réfo
69 atin et représentée par des étudiants. Elle n’est pas sans intérêt dramatique ni sans verve, mais on est frappé de constate
70 valeur, tandis que son rôle politique n’est même pas mentionné. (Cela gênait l’Église, remarque Dürrer.) Il y aurait lieu
71 Les historiens ne sont guère d’accord, et je n’ai pas qualité pour trancher ce problème d’ailleurs accessoire. ⁂ Ces quelqu
72 rétiens ! Que de richesses les réformés n’ont-ils pas laissé perdre de la sorte, et n’ont-ils pas laissé dénaturer ! Mon dé
73 t-ils pas laissé perdre de la sorte, et n’ont-ils pas laissé dénaturer ! Mon désir n’est nullement d’enlever le Frère Claus
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
74 udrais vous montrer ce soir que cette crise n’est pas théorique ; qu’elle a des conséquences pratiques ; qu’elle est l’une
75 açant. La bataille dont je vais vous parler n’est pas une bataille politique. Les adversaires ne sont nullement les actuels
76 t nullement les actuels belligérants, et il n’est pas question, ici, de confondre l’un des partis avec la cause de la cultu
77 ral autrichien disait un jour : Tout ce qui n’est pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour la guerre. Grâce à Dieu,
78 core neutres, et nous avons encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. Notre premier dev
79 faut reconnaître, hélas, que cette éducation n’a pas merveilleusement réussi. Nous persistons tous, plus ou moins, dans la
80 me. Mais en réalité, nos adversaires ne diffèrent pas essentiellement de nous. Tout homme porte en soi les microbes de tout
81 f, grâce auquel l’industrie pourra faire un grand pas . Il fonde d’autre part, avec l’argent gagné, un prix considérable, de
82 es tous posé cette question-là. Mais il ne suffit pas de se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifi
83 ses, et s’il existe des remèdes. Car il ne serait pas suffisant de n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’esprit
84 que les résultats pratiques du machinisme ne sont pas d’augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au l
85 ondit que c’était vrai. — Mais alors, n’êtes-vous pas torturé par la pensée que votre argent contribue à prolonger un massa
86 elle-même, pour des raisons dont il ne remarquait pas qu’elles étaient sans commune mesure. Au moraliste qui s’indignait, i
87 du que les affaires sont les affaires. On ne peut pas additionner des chiffres et des sentiments. Il ne faut pas tout mélan
88 ionner des chiffres et des sentiments. Il ne faut pas tout mélanger… Et en effet, nous mélangeons de moins en moins notre p
89 omprendre et en maîtriser les rouages. On ne sait pas du tout ce que vont produire ces capitaux énormes qu’on accumule à to
90 énormes qu’on accumule à tout hasard. On ne sait pas du tout comment vont réagir ces masses humaines déracinées par l’indu
91 vital. Or, ils ont perdu cette chance. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous al
92 cteurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils
93 dans son désintéressement scientifique. Ils n’ont pas dit : nous ne voulons plus rien faire d’utile, mais ils ont dit : on
94 us où elle va ! Et la société à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se
95 l’État-providence qui se charge de tout mettre au pas . Le malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des principes qui ne v
96 s dans le dictionnaire de Littré. Mais cela n’est pas un mal, car ces sens, justement, sont exactement définis. Ce qui est
97 e. La liberté : tout le monde l’invoque, n’est-ce pas  ? Mais pour l’économiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le
98 is seulement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples
99 un domaine du langage que l’écrivain ne contrôle pas , ne forme pas, n’atteint même pas. Ainsi se créent d’énormes zones d’
100 langage que l’écrivain ne contrôle pas, ne forme pas , n’atteint même pas. Ainsi se créent d’énormes zones d’échanges verba
101 ain ne contrôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas . Ainsi se créent d’énormes zones d’échanges verbaux incontrôlés. Et p
102 licatesse d’appel. Alors les écrivains, qui n’ont pas d’autres armes que les mots, se voient privés de tout moyen d’agir. L
103 la plus sérieuse question humaine. Et s’il n’est pas encore aussi tragique dans des pays moins menacés par la misère, comm
104 exemple nos petits États neutres, ne nous faisons pas d’illusions : tôt ou tard, là aussi, cet appel exigera une réponse. R
105 l change, tout commence à changer. S’il ne change pas , toutes les réformes matérielles sont inutiles et tournent au malheur
106 au malheur. Car le mal qui est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Et voici sa racin
107 pe humain, ni trop vaste ni trop étroit. Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l’homme soi
108 Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule. Le monde rationaliste et libéral
109 vité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme numéro d’un rang, mais qu
110 ié, c’est l’idéal de l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce problème a été résolu, cet idéal r
111 alors, il subit une discipline qui ne s’accommode pas du tout de sa vocation personnelle. Voici donc le dilemme où nous pla
112 cette action redevenue possible ? Je ne voudrais pas , ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas que les principes fondame
113 drais pas, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas que les principes fondamentaux d’une société plus harmonieuse puissen
114 les Églises. Elles ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doctrines païennes mais qu’il fallait répondre mieux
115 d ont montré que les autres Églises n’entendaient pas demeurer en arrière. Presque tout reste à faire, c’est certain. Mais
116 lution fédéraliste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup la tolérance, vertu qui naît en somme d’un scepticisme, car
117 lère, ne passera jamais dans les actes. Je n’aime pas non plus l’intolérance qui veut tout uniformiser, et qui est donc une
118 les avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients : car chacun dans le groupe où il est né, ou dans l
119 ix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le
120 ir soit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fa
121 , si nous sommes là, au service du pays, ce n’est pas pour défendre des fromages, des conseils d’administration, notre conf
122 aussi bien que nous, peut-être mieux !) Ce n’est pas non plus, comme le disait fort bien Karl Barth, pour protéger nos « l
123 peu partout de fédérer l’Europe. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les quelques semaines fiévreuses d’un con
124 iser notre expérience, et de tirer des leçons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses échecs, que nous connaisson
125 vidu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique. Car je me refuse à nommer utopie le seul espoir qui nous so
126 soutenu par tout un peuple, et qu’il ne se laisse pas décourager par les sceptiques professionnels, par tous les paresseux
127 -il — et je termine là-dessus — qu’elle ne repose pas sur une erreur profonde quant aux pouvoirs de l’homme et à ses fins t
128 orces une Europe fédéralisée, nous ne demanderons pas un paradis sur terre. Nous demanderons simplement un monde humain. No
129 Nous demanderons simplement un monde humain. Non pas un monde d’utopie où toutes les luttes s’apaiseraient par miracle, ma
130 un monde où les luttes nécessaires n’aboutissent pas mécaniquement et fatalement à des catastrophes cosmiques. La vie de l
131 y aura du péché sur la terre. Non, l’heure n’est pas au facile optimisme, dans une Europe tout obscurcie par la menace des
132 ussi ! » La paix que nous devons invoquer ne peut pas être une simple absence de guerre. Spirituellement, une vraie paix se
133 Pendant que les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su c
134 onne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce : c’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
135 stes par tempérament. Leurs propos ne renseignent pas sur l’état des faits dans le monde, mais seulement sur l’état de leur
136 gissent conformément à la maxime du Taciturne : «  Pas n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévér
137 nscience j’en dirai la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire au diable, et ne sait pas le reco
138 la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire au diable, et ne sait pas le reconnaître. À l’origine
139 ne sait pas non plus croire au diable, et ne sait pas le reconnaître. À l’origine de notre aveuglement, il y a incrédulité.
140 i Dieu existait, pleurons-nous, il ne permettrait pas cela ! Nous oublions que « cela », c’est nous aussi, et que Dieu malg
141 atériel ? Question stupide et irritante, n’est-ce pas , aux yeux de qui refuse d’envisager la vie comme une totalité orienté
142 uel. À la première de ces questions, il n’oserait pas répondre en toute franchise ; et à la seconde, il pressent bien qu’on
143 us avons eu bien assez de prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir que les avertissements nous ont manqué. Le dossier
144 que chose aujourd’hui menace la liberté, ce n’est pas comme jadis la superstition, […] c’est la préoccupation, la passion d
145 ion du bien-être matériel. Sa pente, n’en doutons pas , est du côté de la tyrannie. » Et qu’il suffise enfin d’une allusion
146 stice triomphe, non point parce que Dieu n’existe pas , mais au contraire parce que Dieu existe, et qu’il est juste dans son
147 primer toutes les questions sociales. Et cela non pas seulement en Suisse, mais dans tous les pays de l’Europe ; non seulem
148 es vérités élémentaires sont dures. Elles ne sont pas originales. Elles sont même grossières, et gênantes. Certains diront
149 de tous. « Mea culpa » des pacifistes, qui n’ont pas su imaginer le mal parce qu’ils croyaient au bien fait de main d’homm
150 ’homme. « Mea culpa » des militaristes, qui n’ont pas su imaginer un autre bien que la défense toute matérielle d’un ordre
151 ’à en tirer les conclusions5. Mais nous ne sommes pas neutres pour rien, pour le confort. Nous ne sommes pas neutres comme
152 eutres pour rien, pour le confort. Nous ne sommes pas neutres comme on est rentier. Nous sommes neutres en vue de l’avenir.
153 goûts, nos sympathies et nos passions. Je ne sais pas ce que l’avenir vaudra, mais je sais que s’il vaut quelque chose, ce
154 t alors ce qui mérite d’être sauvé ou recréé. Non pas le droit et la justice dont se réclamaient nos égoïsmes et celui des
155 e si les grandes démocraties ont la victoire. Non pas le bonheur fait de laisser-aller et d’insouciance du prochain, car no
156 it — c’est un petit nuage, il passera. Ce n’était pas de l’optimisme. Athanase prévoyait qu’avec le « petit nuage » passera
157 rs — se voit contraint par les circonstances à ne pas signer ces pages. »
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
158 vous parlerai ce matin de l’Église visible et non pas de l’Église en général. Je vous parlerai des Églises telles que nous
159 voyons en ce mois de juillet de 1940. Ce ne sera pas une conférence bien bâtie, je tiens à vous le dire tout de suite, mai
160 fiance. Tout craque autour de nous, mais ce n’est pas une raison de se lamenter ou de se décourager, bien au contraire. C’e
161 à ce que beaucoup croient, cette situation n’est pas nouvelle dans notre histoire. Elle fut celle de nos grandes victoires
162 les l’ont fait dans un pays voisin ? Je n’oserais pas répondre ce matin. Ni oui ni non. Mais je voudrais que cette question
163 élever notre espoir ? Encore une fois, je ne puis pas répondre. Dieu le sait, et l’événement seul fera la preuve de notre f
164 re les membres d’une famille. Et je ne parle même pas du « partage » spirituel, qui devait être le pain quotidien de ces co
165 autés souvent persécutées. Certes, il ne faudrait pas s’imaginer que les premiers chrétiens étaient toujours des saints, et
166 firaient à dissiper cette illusion. Il n’en reste pas moins que ces premières Églises ont surmonté toutes les persécutions
167 t de déposer dans le « sachet », avec l’air de ne pas y toucher ? Sont-ils prêts à « partager » autre chose que des impress
168 et des frères dans l’Église ? Oh ! je ne demande pas que nos paroisses décrètent du jour au lendemain le partage de tous l
169 ompte — plus qu’au nom de l’Église — cela ne fait pas encore une vraie communauté. Des actes isolés, si beaux soient-ils, c
170 s actes isolés, si beaux soient-ils, cela ne fait pas un esprit de corps, — et l’expression « esprit de corps » devrait pou
171 blesse une fois reconnue et confessée, ne perdons pas de temps à nous lamenter ou à critiquer vainement. Mettons-nous au tr
172 et qui, lui, sait si bien s’organiser. Je ne puis pas vous énumérer toutes les conditions nécessaires pour que nos paroisse
173 est avant tout théologique. Je n’insisterai donc pas  : vous avez entendu et entendrez encore des orateurs beaucoup plus qu
174 oit être, ou redevenir une Église de Dieu, et non pas la société des braves gens. Par exemple, on ne doit plus discuter de
175 ateurs attachés à leurs souvenirs. L’Église n’est pas à nous, n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne sont pas nos affair
176 leurs souvenirs. L’Église n’est pas à nous, n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne sont pas nos affaires d’abord, mais l
177 s, n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne sont pas nos affaires d’abord, mais les affaires du Royaume de Dieu. Il me par
178 venir une vraie Église, une Église de Dieu et non pas une Église patriotique ou une puissance d’ordre politique. 2° Le serv
179 e la laisser être une vraie Église de Dieu et non pas une Église de l’État suisse. Il est bien vrai que notre État fédéral
180 je disais cet hiver à Tavannes : Nous ne devons pas être chrétiens parce que nous sommes Suisses, mais nous devons être d
181 oir une religion pour vous et si vous n’en voulez pas pour vous, mais seulement pour tout le monde, faites-nous la grâce de
182 9. Alors, si l’État change, l’Église ne changera pas . Et si l’État devient païen, l’Église pourra rester le lieu où les ju
183 Église depuis plus d’un siècle : elle ne s’y sent pas tout à fait chez elle ; elle n’y reconnaît pas son langage. Il y a là
184 nt pas tout à fait chez elle ; elle n’y reconnaît pas son langage. Il y a là certainement quelque chose d’anormal. L’Église
185 estion ne concerne que nos pasteurs. Je n’en suis pas sûr. C’est une question d’atmosphère spirituelle, de disposition des
186 aussi notre affaire à nous laïques. Nous n’aimons pas à être dérangés dans nos petites habitudes du dimanche matin, et il a
187 que nous soyons choqués quand un pasteur ne garde pas le ton convenu, le ton convenable. Nous oublions trop facilement que
188 s trop facilement que la Parole de l’Église n’est pas réservée seulement à nos « milieux ecclésiastiques », mais à tous les
189 oyez plus simplement bibliques ! Ne vous fatiguez pas à faire une conférence, avec des idées personnelles. Notre époque ne
190 c des idées personnelles. Notre époque ne demande pas des idées, des images plus ou moins originales. Elle demande des véri
191 s parler la Bible seule, car nous, nous ne sommes pas convaincants. » Parole profonde, parole qui devrait libérer plus d’un
192 asteur soit « simplement biblique », et ne jugent pas cela « trop simple ». Jamais, au grand jamais, un pasteur ne sera tro
193 plicité des paroles de la Bible. « Nous ne sommes pas convaincants », disait le pasteur que je viens de citer. Nous ne somm
194 le pasteur que je viens de citer. Nous ne sommes pas convaincants, ajouterai-je, quand nous cherchons à faire au lieu d’un
195 nces intéressantes ou pathétiques. Nous ne sommes pas convaincants quand nous cherchons à discuter, à prévenir des objectio
196 bjections que la plupart des auditeurs n’auraient pas eu l’idée de faire. Comme laïque, je ne demande pas qu’on me persuade
197 s eu l’idée de faire. Comme laïque, je ne demande pas qu’on me persuade de croire, mais simplement qu’on nourrisse ma foi.
198 ds qu’on me parle avec une calme autorité, et non pas que l’on prenne au sérieux mes doutes éventuels. Notre génération n’e
199 ieux mes doutes éventuels. Notre génération n’est pas si tourmentée de doutes. Elle n’a guère la manie de discuter. Elle at
200 e veut pas dire d’ailleurs que notre Église n’ait pas le droit d’aborder l’actualité sociale ou politique. Pour être missio
201 de son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-elle pas de politique, si elle le fait sur la seule base de la Bible ? On ne l
202 sur la seule base de la Bible ? On ne lui demande pas une théorie originale, surtout pas ! On lui demande simplement d’appl
203 ne lui demande pas une théorie originale, surtout pas  ! On lui demande simplement d’appliquer à telle ou telle situation le
204 une vraie communauté, c’est que l’Église ne parle pas le langage d’un seul groupe social, ou d’une seule classe ; ou le lan
205 ine et de formes de culte fixes. Je ne soulèverai pas ici le problème de l’épiscopat, encore que je sois persuadé qu’il se
206 our nous aussi un jour ou l’autre. Je ne parlerai pas non plus du rôle des laïques dans la paroisse, qui pourrait être déve
207 t un laïque qui parle ici, je le répète. Ce n’est pas un docteur de l’Église ! Les théologiens élèveront peut-être de forte
208 s ici par liturgie : la partie du culte qui n’est pas le sermon, les lectures, prières et chants réglés et réguliers. Depui
209 , à quelques rares exceptions près10. Et ce n’est pas seulement le défaut de liturgie qui me choque, mais le manque de sens
210 manifestations — peut-être parce qu’on ne saurait pas comment les définir autrement… ce seul fait démontre à l’évidence que
211 ûts et les idées du pasteur ; ils ne se déroulent pas d’après un plan traditionnel et chargé de sens dogmatique, mais font
212 y a là une grande loi sociologique qu’on ne peut pas négliger sans risques graves. Tous les fondateurs de régimes savent q
213 iturgies païennes. Ces abus manifestes ne doivent pas nous faire négliger le bon usage, l’usage chrétien d’une liturgie chr
214 e volonté et avide de vérité, elle ne se laissera pas arrêter par ces détails. Ce qui est plus grave, c’est que le sermon,
215 i est plus grave, c’est que le sermon, s’il n’est pas exceptionnellement bon, risque bien de la laisser sur sa faim. En sor
216 sser sur sa faim. En sortant de là, elle ne saura pas exactement ce que nous croyons, elle pourra s’imaginer les choses les
217 s’agit. J’avoue que pour ma part, et je ne pense pas être le seul de mon espèce, j’éprouve le besoin d’entendre répéter ch
218 ou inconnus. Après cela, même si le sermon n’est pas des meilleurs, j’ai tout de même le sentiment d’avoir approuvé mon Ég
219 s, les Suisses. Le peuple suisse, en général, n’a pas un sens des formes très raffiné. Je vous dirai même une chose assez d
220 ut bien nommer le sans-gêne spirituel. Je ne sais pas si cela provient du fait qu’on parle un peu trop facilement du Bon Di
221 eu, chez nous, et qu’il subsiste dans nos Églises pas mal de traces d’un piétisme affadi. Je n’oserais pas suggérer que nou
222 mal de traces d’un piétisme affadi. Je n’oserais pas suggérer que nous tenons à rester démocrates et sans façon jusque dan
223 bourgeoisement et convenablement assis… Ne pensez pas , surtout, que ces questions d’attitude soient futiles, ou trahissent
224 ersonnelle, physique même, au culte public, n’est pas sans portée spirituelle. Se lever, prier ensemble à haute voix, s’age
225 , qui sont les membres du Corps de Christ, et non pas des associations comme les autres. Avoir ensuite le souci de « désemb
226 coup) ; doctrine des sacrements… 9. Je n’entends pas prendre position ici sur des problèmes tels que les prestations finan
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
227 ue nul autre. Sa devise est un paradoxe qu’il n’a pas toujours bien compris. Elle exclut en principe toute doctrine unitair
228 ité d’une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déchoir ou se laisser dissoudre, si l’on veut durer et surtout, si l’
229 région et ses devoirs envers l’ensemble, il n’est pas absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’autre programme
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
230 , que nos autorités et nos journaux ne se lassent pas d’invoquer — comme si cela allait de soi — chaque fois qu’on nous pro
231 t que les Américains ne la comprennent absolument pas , et que les Russes n’y croient pas plus qu’ils ne croient à nos liber
232 ne croient à nos libertés, et vraiment, ce n’est pas beaucoup dire. Il serait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essai
233 s véritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d
234 ni d’un droit divin des Helvètes, bref, qui n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de
235 s, bref, qui n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour b
236 s et n’oblige à des prises de position. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la paix chez soi et tant pis pour les vois
237 e moyen semble croire aujourd’hui, il ne faudrait pas s’étonner qu’elle impatiente de plus en plus le reste du monde. Comme
238 notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de la plupart de nos contemporains. Aux origines lointain
239 e ans, ou même qu’il y a dix ans ? Je ne le pense pas . Ce que les auteurs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de
240 nous ne pouvions plus faire autrement. Ce n’était pas pour hâter l’union, mais par intérêt bien compris. Il serait donc un
241 à grands cris. Mais attention : les cris ne sont pas des armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’
242 e voyez, la réponse que j’essaie de trouver n’est pas simple. Si l’effort militaire considérable que nous impose notre stat
243 uis donc répondre oui ou non. Le problème ne peut pas être posé, encore moins résolu, dans l’abstrait. Ce qu’il faut savoir
244 ses nous soient posées. Cela viendra, n’en doutez pas  ! Demain, soit les États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort
245 notre opinion soit prête à y répondre. Il ne faut pas que notre gouvernement se trouve placé devant des options graves qu’i
246 qu’il lui sera difficile de trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pas que l’histoire nous sur
247 ant pas ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pas que l’histoire nous surprenne, endormis dans la fausse sécurité d’une
248 un prétexte à freiner l’union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit même de son statu
249 es « dans l’intérêt de l’Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait plus à mériter. Elle est relative
250 restrictive de cette neutralité n’empêche-t-elle pas notre pays d’assumer actuellement la tâche de conciliation qui serait
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
251 x ans. Demander qu’on discute un budget, ce n’est pas demander sa suppression. (On m’a fort mal compris, mais je ne m’en ét
252 e de fait. Tout d’abord, il est clair que je n’ai pas pu « confondre systématiquement » le Conseil de l’Europe avec la fédé
253 Et puis après ? Tenter de me réfuter ne supprime pas le problème du rôle actuel et futur de la Suisse dans la construction
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
254 atique paraissait difficile à justifier, mais non pas les principes du devoir moral, considérés comme révélés, invariables
255 ence occidentale deviennent universelles, pour ne pas dire totalitaires, et marquent des succès sans cesse croissants. Nos
256 is dans l’Histoire de nos civilisations, ce n’est pas l’anarchie croissante des mœurs que nos vieux sages auront à déplorer
257 on — qu’il faut imaginer réalisées dans un avenir pas trop lointain (beaucoup sont là déjà, dans notre société) sont trop n
258 on pénible comme de cesser de fumer, cela ne pose pas de problème, on le fait sans barguigner, sans avoir à résoudre de con
259 e de conflits intérieurs dramatiques, on ne parle pas de « sacrifices » plus ou moins « joyeusement consentis », de « tortu
260 ant chargés à la satisfaction des masses (pour ne pas dire : au soulagement général). Oserai-je vous avouer que si je tiens
261 tombé en désuétude, les Églises ne feraient-elles pas mieux d’admettre que la compétence des savants et des praticiens en m
262 tants, depuis la fin du xviiie siècle et jusqu’à pas si longtemps que cela, en Suisse romande, si j’en crois mes souvenirs
263 ois mes souvenirs de jeunesse. Si les Églises (et pas seulement celle de Rome, dans la lancée de Vatican II) se décident à
264 (dans les rapports avec l’économie) : on ne voit pas très bien, dans ces conditions, où, quand et en quoi une « morale » a
265 résie objective, de résistance, ne se manifestera pas nécessairement sous une forme agressive et violente. Il sera simpleme
266 ière, d’un non-contentement essentiel. Ce ne sera pas une attitude de révolté à gilet rouge, mais le droit qu’on demande et
267 e, mon chemin que j’invente, que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ain
268 ons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas . C’est ainsi que je comprends le verset du psalmiste : « Ta parole es
269 i un pronostic : l’Église peut-être (je n’en suis pas sûr), mais en tout cas les hommes qui « croient », au sens chrétien d
270 ts pages intitulé La Morale du But , que je n’ai pas encore publié, fort heureusement. En effet, depuis vingt ans, je n’ai
271 lire ces deux pages inédites, et que je ne compte pas modifier dans la version finale du livre. Elles sont intitulées : « D
272 us tenir compte des préceptes reçus. Je ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon l’espoir de me réh
273 e tient en trois mots : pensez au noir. Ne pensez pas à votre main, ni à ce que fait l’index qui a pris le cran d’arrêt. La
274 aux préceptes légaux et coutumiers, ne suffisent pas pour atteindre le but, et peuvent être nuisibles dans la mesure exact
275 ur couvrir des tricheries évidentes ne lui enlève pas son intrinsèque vérité.) (Plus tard, j’ai découvert que la secte bou
276 les morales humaines sont conventionnels, et non pas « naturels », sont des normes et non des lois au sens physico-chimiqu
277 ons morales sont des conventions ne signifie donc pas qu’elles soient méprisables ou vaines, bien au contraire. De plus, l’
278 ianisme, étant la seule grande religion qui n’ait pas institué de morale codifiée, devait fournir un terrain de choix pour
279 spiration morale au degré suprême ; mais ce n’est pas un code, une loi, un recueil de règles, et c’est même ce qui devrait
280 tionale de tueurs sur telle autre. Je ne rappelle pas ces choses par masochisme ou par une sorte de démagogie, mais il faut
281 s infractions commises par un joueur n’entraînent pas de jugement sur sa valeur en tant que personne. Il est entendu que si
282 ais si l’on suit les règles normalement, on n’est pas pour autant bon ou mauvais : simplement on joue bien ou mal. Point de
283 nt à l’appel sans penser à rien d’autre. Il n’est pas jalonné, comme les grandes voies publiques, de signes bien lisibles p
284 aller, qui est absolument ailleurs. Elles ne sont pas faites pour cela. Seul pourrait me relier à mon but le sentier de ma
285 s moments, le But a dicté ses moyens. Il ne les a pas seulement justifiés, il les a faits et me les a donnés. Je disais tou
286 disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde des règles du jeu, mais prend son sens dans le
287 ui tombe à côté ». Voilà qui correspond, n’est-ce pas , d’une manière assez frappante, à mes images initiales du tireur au f
288 s du tireur au fusil ou à l’arc. ⁂ Je ne voudrais pas terminer cet exposé… téméraire, beaucoup trop simplifié, beaucoup tro
289 ’appel que vous croyez venu du Transcendant n’est pas tout simplement l’expression symbolique d’une pulsion de l’inconscien
290 n’en suis jamais sûr ! La foi sans le doute n’est pas la foi, ont répété bien avant moi Luther et Kierkegaard. Un théologie
291 de régler la conduite morale de nos peuples n’ont pas réussi à empêcher ni même à retarder sérieusement un seul des mouveme
292 Un autre théologien me reprochera (et je ne suis pas du tout sûr qu’il ait tort) d’ouvrir les portes toutes grandes au sub
293 … Mais les risques subsistent, je ne les minimise pas  : ce sont les risques de la Foi et de la confiance dans le Saint-Espr
294 . Toute vie spirituelle authentique ne s’est-elle pas toujours jouée entre les deux extrêmes du désert et du déluge, du dou
295 me théologien, prenant acte de ce que je ne crois pas du tout à une morale révélée, ni directement ni au travers des tours
296 le message ou l’appel qui nous en vient. Ce n’est pas appliquer une règle connue, la même pour tous, en tous les temps, et
297 t révélée une fois pour toutes. L’Évangile ne dit pas  : « Voici le code, obéissez. » Il dit : « Cherchez, et osez croire l’
298 phrasant Teilhard de Chardin : chaque homme n’est pas appelé à faire de grandes choses, c’est vrai, mais, par sa solidarité
299 vocation est d’abord indicible, parce qu’elle n’a pas et ne peut avoir de précédent, parce qu’il n’y a pas deux hommes pare
300 et ne peut avoir de précédent, parce qu’il n’y a pas deux hommes pareils, donc pas deux chemins pareils allant d’un homme
301 , parce qu’il n’y a pas deux hommes pareils, donc pas deux chemins pareils allant d’un homme à Dieu. Mais je pressens que l
302 s qu’on pourra me faire seront celles que je n’ai pas prévues… Je les attends de votre part et vous en dis d’avance ma grat