1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 mposé par la force, d’une « mise au pas » brutale qui nous dispense de nous sentir les responsables de la cité et de l’État
2 -t-il : D’abord il a utilisé le défaut de civisme qui résultait de la destruction de toute commune mesure dans la cité (ou
3 a supposait la complicité des ministères libéraux qui dirigeaient cette police. Pour ne rien dire, naturellement, des grand
4 t de calculs dits « réalistes » d’une bourgeoisie qui s’en repent peut-être aujourd’hui…2 Ne croyez pas que ce soit là une
5 e. Ils s’y heurtèrent à 8 gendarmes et 3 soldats, qui pour une fois s’avisèrent de résister. Au premier coup de feu, la pet
6 e qu’un homme décidé à tenir bon ? C’est un homme qui a conscience de ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’homme le mieux a
7 fortement : ce n’est pas le nombre et l’armement qui ont triomphé ce jour-là, mais la bonne conscience civique. Or une tel
8 n chargeront, l’appel existe, et c’est le premier qui saura lui répondre qui vaincra. Soyons donc les premiers chez nous, r
9 xiste, et c’est le premier qui saura lui répondre qui vaincra. Soyons donc les premiers chez nous, répondons d’une manière
10 résister à une menace totalitaire. La conséquence qui en découle immédiatement, c’est qu’il faut nous armer jusqu’aux dents
11 s qu’il soit un avantage certain pour les nations qui glorifient la guerre ? La vraie raison de la course aux armements, c’
12 u’on nous propose : faire vivre le peuple avec ce qui doit le faire mourir. C’est la politique de Gribouille : pour éviter
13 armements, l’effrénée concurrence conduit l’État qui veut se maintenir à peu près au niveau du voisin, à perdre la mesure
14 ntraintes d’adopter peu à peu un régime politique qui les transformera automatiquement en puissances totalitaires. Avec cet
15 te de défense nationale. Or je crois que l’erreur qui aboutit à ce dilemme est la plus grave que nous puissions commettre e
16 ment contraire à la tradition fédérale, tradition qui est la seule raison d’être de notre État. Se placer sur le plan de la
17 litaire. Leçon capitale pour la Suisse ! Un État qui ne croit plus à sa valeur spirituelle, ou ne prouve plus qu’il y croi
18 oin ; cette chose unique, irremplaçable : un État qui n’est pas national, mais qui est au contraire fédéral. Un État dont l
19 emplaçable : un État qui n’est pas national, mais qui est au contraire fédéral. Un État dont les bases historiques et la tr
20 e sont la négation même du totalitarisme. Un État qui représente et qui incarne le seul avenir possible d’une Europe pacifi
21 même du totalitarisme. Un État qui représente et qui incarne le seul avenir possible d’une Europe pacifique. Si nous resto
22 . Je lis dans un ouvrage anglais quelques phrases qui pourraient orienter nos recherches à cet égard : La non-violence de
23 e pas la brutalité, mais la violence spirituelle, qui est la véritable charité. Violence contre nous-mêmes d’abord. Aucune
24 tienne si elle ne se fonde pas sur la repentance, qui est une violence faite à notre orgueil. Reconnaissons, Églises et fid
25 n prétexte pieux, exciter de la haine contre ceux qui adorent l’idole totalitaire. Je veux démasquer cette idole, et les ra
26 lque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité. Le christianisme, probablement par
27 d’infériorité collective, un manque de foi réelle qui se déguise en défi, par désespoir. Mais là encore, je ne parle pas d’
28 on nous vante. Quand je vois les trois dictateurs qui font les gros yeux à l’Europe, se proclament tous les trois infaillib
29 e a le droit d’être totalitaire la vérité totale, qui n’appartient qu’à Dieu. C’est dans la mesure où nous ordonnerons nos
30 que nous pourrons prétendre apporter une réponse qui satisfasse aux vrais besoins du citoyen ou du soldat, ou de l’ouvrier
31 et responsables de cette vocation devant la cité qui les protège. Je ne vous appellerai pas, en terminant, à une croisade
32 e ou antimarxiste, mais à une tâche constructive, qui se situe d’une manière très précise dans le mouvement de l’Histoire o
33 celui-ci : les trois mouvements « totalitaires » qui nous menacent — communisme, hitlérisme et fascisme — sont en réalité
34 isme — sont en réalité trois religions nouvelles, qui sous divers prétextes politiques, apparemment contradictoires, ont po
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
35 n histoire que l’image d’un ermite à longue barbe qui rétablit la paix civile entre les vieux Confédérés, en prononçant dev
36 ion. Comment prendre vraiment au sérieux un drame qui se dénoue si facilement, un héros dont l’activité se résume dans ses
37 c’est l’autre aspect de la vie du « Frère Claus » qui est exalté : on parle surtout de ses miracles, de son ascèse, de ses
38 je n’hésitai pas à en faire le sujet d’un drame, qui sera représenté à Zurich en septembre, et pour lequel Arthur Honegger
39 ’autres raisons sans doute — certains catholiques qui ont bien voulu me le faire sentir. Il m’a semblé que je devais aux un
40 t romain. On avait condamné Jean Huss, le premier qui eût osé proclamer la nécessité d’une réforme. On l’avait fait monter
41 voyons s’astreindre aux « œuvres » de la religion qui est alors celle de tous — mais avec une conscience bizarrement scrupu
42 l’âge d’homme, il s’engage dans les bandes armées qui guerroyaient alors contre les seigneurs autrichiens, et devient bient
43 espèce de retraite concentrique — vers lui-même — qui est la forme de sa destinée. Notons que ce capitaine, puis ce juge, p
44 Quelle vocation ? Celle des « frères mendiants » qui s’en vont sur les routes, au hasard, abandonnés au souffle de l’Espri
45 e vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de mon Père »… Ni les espions placés autour de l’er
46 eu à peu, les pèlerins deviennent plus fréquents, qui montent au Ranft pour voir l’ermite fameux. Les uns poussés par la cu
47 n’est pas jusqu’aux princes des contrées voisines qui ne délèguent auprès du Frère Claus des envoyés chargés d’obtenir son
48 s cantons. Mais voici l’heure de Nicolas, l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses retraites successives. Penda
49 tends qu’il est très difficile, sur les documents qui nous restent, de nous faire une idée, et mieux : un sentiment, de la
50 euse de Nicolas trois tendances ou trois courants qui permettront peut-être de mieux situer cet homme par rapport à son tem
51 atique et d’autre part les troubles de conscience qui ne cessent de l’assiéger, comment ne point songer à la piété du jeune
52 e devait sortir ? Rappelez-vous le moine augustin qui multipliait, lui aussi, les pratiques les plus scrupuleuses : comme N
53 avec zèle aux lois papistes autant que n’importe qui , et je les ai défendues avec grand sérieux comme saintes et nécessair
54 ercices, en macérant mon corps plus que tous ceux qui aujourd’hui me persécutent, parce que je leur enlève la gloire de se
55 imple fidèle, une sorte de préfiguration du drame qui se jouera un peu plus tard dans la conscience infiniment plus avertie
56 ments sinon « protestants » du moins pré-réformés qui , nous le verrons plus loin, furent si nettement perçus par ses après-
57 e. Nous sommes ici en présence d’une spiritualité qui n’est certes pas catholique, mais pas davantage protestante, au sens
58 is pas davantage protestante, au sens moderne, et qui se rapprocherait plutôt de celle des sectes mystiques qui foisonnèren
59 approcherait plutôt de celle des sectes mystiques qui foisonnèrent en Occident à partir du xiie siècle et du mouvement cat
60 o : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui
61 i ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-moi à moi-m
62 Vadian, Hermann Miles (ou Ritter) de Saint-Gall, qui mentionne le Frère Claus avec de grands éloges dans un ouvrage daté d
63 Nicolas dans son Catalogue des témoins de la foi qui se sont dressés avant Martin Luther, par la parole et par l’écrit, co
64 lque grossièreté, les fameux conseils de Nicolas, qui se trouvent condamner toute la politique des cantons catholiques. On
65 forme, afin de les brûler ; dans la liste de ceux qui furent détruits figure un Jeu de Frère Claus et de Frère Tell ! Mais
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
66 signe très certain d’une crise, — et d’une crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Occident. Je vo
67 ameux général autrichien disait un jour : Tout ce qui n’est pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour la guerre. Grâc
68 dre l’intelligence contre un certain primitivisme qui se réveille toujours en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude
69 t l’habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un
70 objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, la cause du mal, c’est-à-dire l
71 ation… Nous faisons tous comme les petits enfants qui battent la table à laquelle ils se sont heurtés. Il est facile et ras
72 de toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menace, il ne serait nullement suffisant de l’anéantir pour nous
73 un prix considérable, destiné à récompenser ceux qui travaillèrent pour la paix. Mais l’état de notre culture est tel que
74 science contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produit ? Vous vous êtes tous posé cette question-là. Mais il ne
75 ulture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve ici mis à nu. Un autre fait, dans ce même ordre. Le but des
76  : c’est une absence totale de vue d’ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand principe d’unité entre notre p
77 u’elles étaient sans commune mesure. Au moraliste qui s’indignait, il aurait simplement répondu que les affaires sont les a
78 cela signifie : c’est un monsieur très compliqué qui ne vaut rien pour conduire la cité, pour gagner de l’argent, pour fai
79 un rapport avec les lois de l’action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où ce manque n’est même plus ressent
80 ement. L’esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyo
81 omistes se sont mis à étudier les mœurs étranges, qui paraissaient aussi mystérieuses que celles des monstres antédiluviens
82 es masses humaines déracinées par l’industrie, et qui déjà menacent et souffrent. Tout cela échappe aux vues de l’esprit ra
83 est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les choses suivre leur cours fatal. En pr
84 x, des armées et des villes, et des États énormes qui s’édifiaient, en présence des énormes questions que posaient ces énor
85 le Progrès automatique arrangera tout. C’est lui qui , désormais, va remplacer la bienveillante Providence. La religion est
86 r protester du fond de leur solitude. Kierkegaard qui osa écrire ce blasphème contre les préjugés du siècle : « Le plus gra
87 ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Quand la cultur
88 a culture ne domine plus l’action, c’est l’action qui domine la culture, mais une action qui ne sait plus où elle va ! Et l
89 t l’action qui domine la culture, mais une action qui ne sait plus où elle va ! Et la société à son tour ne tarde pas à se
90 une mesure d’une civilisation : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les activités d’une société donnée. Dans la ci
91 t d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux détails. Au Moyen
92 re est trop grande, alors c’est l’État-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’
93 , c’est que l’Argent et l’État sont des principes qui ne valent rien dans le domaine de l’esprit. Et dès lors, la culture e
94 ces sens, justement, sont exactement définis. Ce qui est grave, c’est qu’à ces vingt-neuf sens, nous en avons ajouté d’aut
95 tion, tantôt la suppression physique de tous ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt le fait qu’on n’assassine plus
96 te autorité morale capable d’y porter remède. Car qui peut fixer aujourd’hui le véritable sens des mots ? En d’autres temps
97 ’autres temps, c’étaient l’Église et la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écrivains. Mais que peuvent-ils
98 et leur délicatesse d’appel. Alors les écrivains, qui n’ont pas d’autres armes que les mots, se voient privés de tout moyen
99 lus grand nombre que jamais, et ne se disent rien qui compte. Or quand la parole se détruit, quand elle n’est plus le don q
100 n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détru
101 quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté. Alors paraît le rè
102 ent à un dialogue d’Alice au pays des Merveilles ( qui est un de mes livres préférés), dialogue dont voici trois répliques :
103 ? — La question est de savoir, dit Humpty Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’e
104 Nous en sommes exactement là : c’est le plus fort qui définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice. Eh ! bien, je
105 ’est le plus fort qui définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive à u
106 ils ont voulu imposer à l’ensemble des principes qui étaient partiels. La discipline d’État, ou le sang, ou la classe, ce
107 pratiquement une odieuse tyrannie pour tous ceux qui débordent le cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment h
108 la lui donner, si nous saurons utiliser le délai qui nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vraies cause
109 Sur quel principe pourrions-nous rebâtir un monde qui soit vraiment à hauteur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture e
110 ables d’agir ? Et quelle est l’attitude de pensée qui peut nous orienter dès à présent vers une communauté solide et pourta
111 sont inutiles et tournent au malheur. Car le mal qui est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la
112 dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens ou inte
113 aboutissent au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des intellectuels — et j’ajouterai 
114 té n’était qu’un assemblage d’individus, d’hommes qui avaient surtout des droits légaux, et très peu de devoirs naturels. L
115 les et concrètes. C’est pourquoi l’individualisme qui les néglige est une doctrine antisociale. Elle a pour effet mécanique
116 oude où l’individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent. Appel à une communauté : c’est le secret de toute révol
117 ancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Europe peut être ram
118 ais qu’il est à la fois un être unique et un être qui a des semblables. Rester soi-même au sein d’un groupe, être un homme
119 lise primitive. Le chrétien primitif est un homme qui , du fait de sa conversion, se trouve chargé d’une vocation particuliè
120 ion, se trouve chargé d’une vocation particulière qui le distingue de tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation
121 s libre et engagé, et il est libéré par cela même qui l’engage envers son prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien,
122 llectiviste. L’homme complet et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre d’être soi-même vis-à-vis de l’ensemble, et e
123 vis de cet ensemble par l’exercice d’une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout r
124 ous avons montré que c’est justement cet homme-là qui a le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne.
125 organisation. Mais alors, il subit une discipline qui ne s’accommode pas du tout de sa vocation personnelle. Voici donc le
126 par l’esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les d
127 it fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les destins de la cité, c’était, depui
128 isifs : ce sont précisément les hommes de science qui , les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reconnu, depuis quelques a
129 dénoncer l’illusion des historiens et sociologues qui prétendaient décrire objectivement les lois rigides de notre société.
130 l moyen de prévenir ces simplifications violentes qui jouent la comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une éner
131 nts analogues, tous animés de cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en prévenant la malad
132 voie ? Je n’aime pas beaucoup la tolérance, vertu qui naît en somme d’un scepticisme, car elle suppose que la pensée de l’a
133 s les actes. Je n’aime pas non plus l’intolérance qui veut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’esprit. La tolér
134 plus l’intolérance qui veut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’esprit. La tolérance était la pâle vertu des l
135 même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base de la d
136 dire patriotiques ? — ou plutôt à des conclusions qui par la plus extraordinaire des rencontres, se trouvent être également
137 es, se trouvent être également valables pour ceux qui veulent défendre la culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses.
138 eux qui veulent défendre la culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses. La guerre actuelle manifeste avant tout la fa
139 e aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec
140 as notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est c
141 notre confort et nos hôtels. (D’autres — on sait qui —feraient marcher tout cela aussi bien que nous, peut-être mieux !) C
142 se forme ici des équipes de fédérateurs, d’hommes qui comprennent enfin que l’heure est venue pour nous autres Suisses, de
143 . Car je me refuse à nommer utopie le seul espoir qui nous soit accordé. Encore faut-il que cet espoir soit soutenu par tou
144 s professionnels, par tous les paresseux d’esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et je termine là-dessus — q
145 s le temps de préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su conserver une cité à la mesure de la personne, nous q
146 nserver une cité à la mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce : c’est à
147 est à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète de génie, Arthur R
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
148 faut, ce sont des pessimistes actifs. Des hommes qui pensent et qui agissent conformément à la maxime du Taciturne : « Pas
149 des pessimistes actifs. Des hommes qui pensent et qui agissent conformément à la maxime du Taciturne : « Pas n’est besoin d
150 ècle. Nous ne savons plus prendre au sérieux « ce qui nous dépasse », tant par en haut que par en bas. La croyance au Progr
151 nous avertissait de certains dangers formidables qui menaçaient l’existence même de l’héritage européen, nous répondions :
152 s. Cette inconscience j’en dirai la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire au diable, et ne sai
153 n stupide et irritante, n’est-ce pas, aux yeux de qui refuse d’envisager la vie comme une totalité orientée par l’esprit. L
154 ernier siècle furent unanimes à prévoir le destin qui maintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez de prophètes. Nous
155 us y trouverez les plus grands noms de la pensée, qui furent aussi les plus cyniquement méconnus. Vous y trouverez les témo
156 ps, et dans la prédiction des maux à venir — ceux qui fondent sur nous aujourd’hui. Quoi de commun entre un Burckhardt, un
157 bourgeoises, et leur vision précise du châtiment qui s’abattra nécessairement sur l’Occident, si celui-ci persiste à ne pr
158 Burckhardt sur les « terribles simplificateurs », qui viendront imposer à l’Europe d’impitoyables dictatures militaires au
159 le du confort, et l’idole du progrès — ce progrès qui ne sait rien que répéter comme une horloge parlante : « Tout s’arrang
160 nationales, pour avoir refusé obstinément tout ce qui lésait si peu que ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes d
161 de défense nationale, nous acceptons des mesures qui , hier encore, passaient pour folles, démagogiques, impensables et imp
162 utopies subversives » certaines réformes sociales qui eussent été dix fois ou vingt fois moins coûteuses que celles qu’entr
163 aux yeux de tous. « Mea culpa » des pacifistes, qui n’ont pas su imaginer le mal parce qu’ils croyaient au bien fait de m
164 de main d’homme. « Mea culpa » des militaristes, qui n’ont pas su imaginer un autre bien que la défense toute matérielle d
165 es vicié dans son principe ; ou la conquête, mais qui tue ce qu’elle conquiert. « Mea culpa » des gens de droite, qui croya
166 elle conquiert. « Mea culpa » des gens de droite, qui croyaient pouvoir conserver des privilèges hérités, tout en admirant
167 , tout en admirant et soutenant des chefs brutaux qui les bernaient pour mieux les détrousser au bout du compte. « Mea culp
168 excitaient les masses. « Mea culpa » des Suisses, qui voulaient profiter des avantages de la folie moderne, et qui se plaig
169 nt profiter des avantages de la folie moderne, et qui se plaignent aujourd’hui de devoir payer leur part minime dans la ban
170 route européenne. « Mea culpa » des clairvoyants, qui dénoncèrent le mal dans leurs écrits, mais qui se tinrent apparemment
171 s, qui dénoncèrent le mal dans leurs écrits, mais qui se tinrent apparemment pour satisfaits de leur succès de librairie :
172 ope un statut sursitaire, une espèce de concordat qui nous laisserait la possibilité de rebâtir. Mais on n’accorde un conco
173 ebâtir. Mais on n’accorde un concordat qu’à celui qui se déclare en faillite. L’aveu suppose un sens des valeurs spirituell
174 ses. Avis à la génération sportive, aux réalistes qui l’engendrèrent, aux libéraux qui ne peuvent en croire leurs yeux. Avi
175 e, aux réalistes qui l’engendrèrent, aux libéraux qui ne peuvent en croire leurs yeux. Avis aux Suisses. Les Suisses ont qu
176 ous les bombardements, quand on ne sait même plus qui a été tué. Un peuple en guerre sauve son moral en se dopant, en força
177 même. Il est dur de reconnaître que ce châtiment, qui nous atteint aussi, est mérité ; et qu’il était logique, inévitable,
178 , ce sera grâce à l’action personnelle des hommes qui auront su répudier les illusions flatteuses de l’ère bourgeoise. Car
179 re bourgeoise. Car ceux-là seuls sauront alors ce qui mérite d’être sauvé ou recréé. Non pas le droit et la justice dont se
180 us le payons maintenant, une fois pour toutes. Ce qui comptera, ce qui vaudra toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’el
181 tenant, une fois pour toutes. Ce qui comptera, ce qui vaudra toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’elle dit : « Le cie
182 aire encore ? Quelle était l’assurance d’éternité qui permettait à Athanase de dire : c’est un petit nuage, il passera ? La
183  Nous remercions ici la Neue Schweizer Rundschau, qui nous a autorisé à reproduire cet article paru dans son numéro de juin
184 cle paru dans son numéro de juin 1940. L’auteur — qui est un de nos collaborateurs — se voit contraint par les circonstance
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
185 C’est lorsque tout paraît désespéré qu’on voit ce qui était vraiment solide. L’Église de Suisse est-elle vraiment solide ?
186 reuse critique, d’une critique utile et positive, qui prépare et qui définisse les reconstructions nécessaires. ⁂ La grande
187 d’une critique utile et positive, qui prépare et qui définisse les reconstructions nécessaires. ⁂ La grande faiblesse de n
188 mais été de véritables communautés. Voilà le fait qui me paraît le plus grave, étant donné les événements actuels et ceux q
189 simplement des services d’amitié, de ces services qui vont de soi entre les membres d’une famille. Et je ne parle même pas
190 Et je ne parle même pas du « partage » spirituel, qui devait être le pain quotidien de ces communautés souvent persécutées.
191 e leurs paroisses, grâce à l’esprit communautaire qui les soutenait. Pendant la décadence de l’Empire romain, ces paroisses
192 n sortant d’un de nos cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose cette question : sont-ils prêts à mettre
193 à leurs intérêts professionnels. Je me demande ce qui compte à leurs yeux, ce qui compte avant tout et pratiquement — songe
194 els. Je me demande ce qui compte à leurs yeux, ce qui compte avant tout et pratiquement — songeant au jour où il faudra cho
195 ose de plus solide, de plus vivant, quelque chose qui puisse opposer une victorieuse résistance au paganisme qui nous guett
196 e opposer une victorieuse résistance au paganisme qui nous guette, et qui, lui, sait si bien s’organiser. Je ne puis pas vo
197 ieuse résistance au paganisme qui nous guette, et qui , lui, sait si bien s’organiser. Je ne puis pas vous énumérer toutes l
198 est trois de ces conditions, entre vingt autres8, qui me paraissent à la fois indispensables et pratiquement réalisables à
199 vénements récents et avant les crises plus graves qui se préparent. Pour que nos Églises retrouvent le sens et la vertu com
200 ébattues dans nos Grands Conseils, par des hommes qui parfois ignorent tout de la réalité de l’Église, corps du Christ. Ens
201 a grâce de n’en point vouloir ». Car « la société qui veut m’ôter ma religion, m’effraie bien moins que celle qui veut en a
202 ’ôter ma religion, m’effraie bien moins que celle qui veut en avoir une ». En résumé, la première condition indispensable
203 par l’Esprit. Si l’on se remémore les événements qui ont amené la création de l’Église confessionnelle en Allemagne, on co
204 ouches de notre peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent à l’évolution sociale du xixe siècle, nos Églises sont deve
205 ventionnelle qu’on appelle le ton de la chaire et qui produit sur l’auditeur occasionnel de nos sermons une impression fâch
206 s », mais à tous les hommes d’où qu’ils viennent, qui ont faim et soif de vérité, sans le savoir le plus souvent. Il est gr
207 ’elle-même, se fera plus accueillante. L’étranger qui entrera dans nos temples ne se sentira plus perdu chez les braves gen
208 mande des vérités sûres, les vérités de la Bible, qui sont toujours les plus actuelles, et qui sont seules à la hauteur de
209 a Bible, qui sont toujours les plus actuelles, et qui sont seules à la hauteur de la situation présente. Ce ne sont jamais
210 personnelles, nos commentaires et notre éloquence qui convainquent. J’ai entendu, il y a quelques semaines, une parole qui
211 ’ai entendu, il y a quelques semaines, une parole qui m’a fait de l’impression. C’était dans un sermon, et le pasteur disai
212 ommes pas convaincants. » Parole profonde, parole qui devrait libérer plus d’un pasteur de ses soucis, et résoudre en parti
213 uniquement et simplement le langage de la Bible, qui appartient à tous, qui est frappant pour tous, et dans lequel tous pe
214 nt le langage de la Bible, qui appartient à tous, qui est frappant pour tous, et dans lequel tous peuvent communier. III
215 as non plus du rôle des laïques dans la paroisse, qui pourrait être développé encore, afin de décharger le pasteur d’un lou
216 blème de la liturgie protestante. C’est un laïque qui parle ici, je le répète. Ce n’est pas un docteur de l’Église ! Les th
217 mps l’occasion de formuler certaines propositions qui trouveront aujourd’hui, peut-être, de l’écho. J’ai passé plusieurs an
218 . J’entends ici par liturgie : la partie du culte qui n’est pas le sermon, les lectures, prières et chants réglés et réguli
219 . Et ce n’est pas seulement le défaut de liturgie qui me choque, mais le manque de sens liturgique que manifestent les essa
220 , des cultes que nous appelons « liturgiques » et qui consistent en lectures bibliques ou littéraires, entrecoupées de chan
221 loi est sainte… mais si tu comptes nos iniquités, qui pourra subsister devant toi ! »). III. Confession des péchés (l’assem
222 n dans son déroulement biblique : la Loi d’abord, qui nous condamne, puis la conscience, le péché, la repentance, la grâce
223 in de signes extérieurs et de symboles collectifs qui manifestent publiquement sa cohésion spirituelle. Il y a là une grand
224 tuels. J’ai assisté à des cérémonies hitlériennes qui étaient déjà de véritables liturgies païennes. Ces abus manifestes ne
225 e que les païens viendront lui offrir un jour, et qui seront alors une tentation, parce qu’elles répondront tant bien que m
226 sermonnaire. Je m’explique. Imaginez une personne qui n’a jamais mis les pieds dans un de nos temples, qui ne sait rien du
227 n’a jamais mis les pieds dans un de nos temples, qui ne sait rien du protestantisme, ou qui est incroyante. Vous réussisse
228 s temples, qui ne sait rien du protestantisme, ou qui est incroyante. Vous réussissez à l’amener, un beau dimanche, au cult
229 le ne se laissera pas arrêter par ces détails. Ce qui est plus grave, c’est que le sermon, s’il n’est pas exceptionnellemen
230 vous dirai même une chose assez désobligeante, et qui vous surprendra peut-être : le peuple suisse souffre d’un défaut qu’i
231 jusque dans nos relations avec le Tout-Puissant, qui est pourtant nommé Monarque, Seigneur et Roi des rois, à toutes les p
232 iterai ici, en guise d’illustration, une anecdote qui frise peut-être la caricature. J’ai entendu, de mes oreilles, un jeun
233 s génuflexions multipliées des orthodoxes russes, qui se prosternent jusqu’à toucher le sol de leur front, pourquoi refuser
234 hanter spontanément un répons, ce sont des gestes qui engagent, et par lesquels on témoigne. Ce sont des gestes qui manifes
235 , et par lesquels on témoigne. Ce sont des gestes qui manifestent, visiblement, la communauté de la foi, de l’humiliation,
236 de la joie chrétienne. Ce sont des gestes, enfin, qui favorisent l’oubli de soi et qui libèrent des fausses pudeurs. Pour e
237 s gestes, enfin, qui favorisent l’oubli de soi et qui libèrent des fausses pudeurs. Pour en finir sur ce sujet, je vous dem
238 glises suisses soient les seules sur le continent qui croient pouvoir s’en passer, sans dommage ? L’absence de liturgie, re
239 ement œcuménique. (Je pense à l’Église anglicane, qui attache à la liturgie une importance sans cesse croissante.) Et pourt
240 utrui, de rapprochement, de mutuelle instruction, qui est la mission du jeune mouvement œcuménique. ⁂ Je me bornerai, en te
241 tre une question de vie ou de mort, dans le monde qui se prépare. Je vous ai suggéré trois directions d’effort à la fois né
242 moins superficielle de la nature de nos Églises, qui sont les membres du Corps de Christ, et non pas des associations comm
243 les prestations financières de l’État à l’Église, qui sont pour le moins secondaires. « Indépendante » veux dire : libre de
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
244 — Puisque le fédéralisme est une forme politique qui suppose l’équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses d
245 st pas absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’autre programme que la défense des intérêts locaux contre le ce
246 éfense des intérêts locaux contre le centre. Ceux qui se disent, chez nous, « fédéralistes » ne sont souvent, je le crains,
247 le crains, que des nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité de l’union centrale auraient peut-être plu
248 alistes, ou régionalistes, nomment « fédéral » ce qui procède de Berne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à comb
249 ue leur fédéralisme se résume à combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne qui pourra ! Cette confusion verbale, symb
250 combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne qui pourra ! Cette confusion verbale, symbolique de tant d’autres, est à
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
251 mment allons-nous justifier, aux yeux de l’Europe qui essaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart ou de béné
252 ieux les raisons véritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la nature, ni d’un commandement
253 de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, qui n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien
254 es Helvètes, bref, qui n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquemen
255 aut bien le reconnaître, ce repliement intéressé, qui tient parfois du raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse
256 résentants des trois communautés des Waldstätten, qui étaient en somme des corporations ou coopératives forestières. Le pac
257 st-il aujourd’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent d’éclater n’opposeront plus les catholiques aux protestants,
258 lus d’équilibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaie de survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes
259 même sac, si j’ose dire. La seule question réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est
260 oncorde entre nos pays et leurs régimes, concorde qui ne semblait pouvoir être assurée que par l’équilibre entre les grande
261 ommence à regarder de travers cette petite Suisse qui prétend rester neutre quand tout le monde réarme à grands cris. Mais
262 st que la Suisse neutre est le seul pays d’Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas d’attaque
263 tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal mais évident, qu
264 endormis dans la fausse sécurité d’une tradition qui a peut-être fait son temps, endormis derrière la neutralité, comme la
265 . Je voulais introduire, ce soir, une discussion qui , je l’espère, deviendra générale, et qui me paraît vitale pour notre
266 scussion qui, je l’espère, deviendra générale, et qui me paraît vitale pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour l’or
267 à mériter. Elle est relative à l’Europe. Et ceux qui , par erreur ou par malice, veulent aujourd’hui la transformer en neut
268 urope se multiplient. Il semble que les obstacles qui s’opposent à une fédération européenne se font plus difficiles et plu
269 t la question. Nous avons rédigé un questionnaire qui sera envoyé à quelques-uns de ceux que le problème préoccupe et nous
270 s d’assumer actuellement la tâche de conciliation qui serait conforme à son génie ? — En faveur du maintien, de l’assouplis
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
271 mélange d’intérêt propre et d’intérêt européen » qui a toujours caractérisé notre neutralité et qui l’a pratiquement permi
272  » qui a toujours caractérisé notre neutralité et qui l’a pratiquement permise. M. Lasserre veut croire que je n’ai considé
273 m’en étonne guère : on comprend toujours mal ceux qui touchent un tabou.) Je m’étonne davantage qu’un professeur d’histoire
274 États, et non dix comme le répète mon censeur, ce qui fausse ses calculs à la base. Finalement, quelle est la position de M
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
275 xixe siècle. Alors, dit-on, c’était la théologie qui faisait question, la morale était évidente. Le principe même de la do
276 re. De cette morale que l’on disait chrétienne et qui se confondait, du moins par ses tabous, avec la morale victorienne et
277 a consommation ou de la productivité — c’est cela qui fonctionne aujourd’hui, de mieux en mieux, qui persuade, qui agit, et
278 la qui fonctionne aujourd’hui, de mieux en mieux, qui persuade, qui agit, et qui contraint. En regard de ce progrès de la S
279 nne aujourd’hui, de mieux en mieux, qui persuade, qui agit, et qui contraint. En regard de ce progrès de la Science sur tou
280 ui, de mieux en mieux, qui persuade, qui agit, et qui contraint. En regard de ce progrès de la Science sur tous les fronts,
281 ertus et vices apparaissent également démodés. Ce qui est sérieux, ce qui intéresse, c’est le mode d’emploi de notre univer
282 aissent également démodés. Ce qui est sérieux, ce qui intéresse, c’est le mode d’emploi de notre univers actuel et le rende
283 les pays techniquement avancés, vers une société qui serait, à la limite, sans surprises ni drames, sans vrais débats (j’e
284 e démographes et d’économistes ou de politologues qui décide de certaines conduites sexuelles (comme la contraception) dans
285 plement l’opinion des proches. La plupart de ceux qui ont réfléchi à ces perspectives, du côté chrétien, me semblent enclin
286 serait en quelque sorte livrée au « monde » ? Ce qui semble effrayer beaucoup de ces observateurs, c’est l’idée que s’il d
287 gue bataille en retraite pour tenter de sauver ce qui pourrait l’être de ce qu’on appelait « morale chrétienne », au lieu d
288 sexualité (comme celle du trop fameux Dr Tissot) qui ont joué le rôle que l’on sait dans la prédication, la cure d’âme et
289 tant mieux à leur mission proprement spirituelle, qui est à mon sens : de rappeler à l’homme son but final, sa destination
290 ée, enfin, à la productivité du travail, et même, qui sait ? à la « créativité des loisirs » (dans les rapports avec l’écon
291 nées par la plus sûre des sciences. Quant à celui qui veut devenir chrétien, devra-t-il s’exiler moralement de cette sociét
292 raient trop facilement analysés par un ordinateur qui indiquerait aussitôt comment corriger le fonctionnement aberrant de c
293 le vois plutôt, ce candidat chrétien, comme celui qui , tout en accomplissant judicieusement la Loi prescrite, ne pourra s’e
294 pourra s’empêcher de se poser la Question, celle qui est réputée nulle et vide. Chrétien en cela qu’il cherchera ce sens d
295 u’il cherchera ce sens dans les voies de l’amour, qui implique l’existence des autres, plutôt que dans l’aventure solitaire
296 e. Il sera simplement le témoignage permanent (et qui pourra rester souriant d’ailleurs) d’une non-satisfaction dernière, d
297 que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ainsi que je comprends le verset
298 ière sur mon sentier »… Je résume mon diagnostic, qui est aussi un pronostic : l’Église peut-être (je n’en suis pas sûr), m
299 e n’en suis pas sûr), mais en tout cas les hommes qui « croient », au sens chrétien du mot, vont entrer en dissidence dynam
300 rs croissantes de la production pour une humanité qui double tous les quarante ans. ⁂ Anticipant assez largement sur la sit
301 ée » : J’ai appris le tir au fusil dans un pays qui , traditionnellement, fournissait au monde les champions de cet art ;
302 de des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la cible. Ce
303 pensez pas à votre main, ni à ce que fait l’index qui a pris le cran d’arrêt. Laissez-vous simplement hypnotiser par ce pet
304 ser par ce petit disque noir à trois-cents mètres qui danse sur la ligne de mire. Quand vous serez assez concentré, sans qu
305 , on peut à première vue distinguer d’une part ce qui relève expressément de l’artifice et de la convention donnée pour tel
306 convention donnée pour telle, et d’autre part ce qui répond à des nécessités naturelles et pratiques. Mais une analyse mêm
307 , mais sans eux, c’est l’embouteillage. Ceux donc qui , depuis deux siècles, reprennent inlassablement l’attaque contre nos
308 ce soufflée, un coup franc contre le camp fautif ( qui sont diverses formes d’amende), voire par la disqualification (qui co
309 formes d’amende), voire par la disqualification ( qui correspond au bannissement, à la prison à vie ou à la peine de mort).
310 e à une critique systématique et scientifique. Ce qui rend cette tâche si difficile et ingrate, dans la plupart des cas, c’
311 laquelle nos Églises sont largement responsables) qui fait que l’on a peu à peu sacralisé au cours des âges et finalement c
312 s de foi, révélées et indiscutables, des coutumes qui nous venaient d’un peu partout, aux hasards de l’histoire, et qui ava
313 t d’un peu partout, aux hasards de l’histoire, et qui avaient été les conventions utiles d’autres sociétés, notamment la ci
314 Le christianisme, étant la seule grande religion qui n’ait pas institué de morale codifiée, devait fournir un terrain de c
315 , une loi, un recueil de règles, et c’est même ce qui devrait permettre de se passer de code, de lois, de règles… « Ama et
316 à l’usage de propriétaires du type patriarcal, et qui met notamment sur le même plan d’objets (dont il faut préserver la po
317 n, et j’introduis ici une remarque nouvelle, mais qui résulte logiquement des trois premiers points : l’observation des règ
318 n, de vocation de tout homme en tant qu’homme, et qui serait, selon l’Évangile, l’appel et la puissance de l’amour. À trave
319 drais vous parler, c’est la vocation particulière qui s’adresse à un individu et fait de lui une personne distincte et uniq
320 ique. Obéir à ma vocation, c’est suivre le chemin qui va me conduire à la source de l’appel que j’ai cru percevoir, que je
321 r qu’il me guide dans l’inconnu, comme ces avions qui dans la nuit suivent la route créée par un faisceau sonore. Mais ce c
322 publiques, de signes bien lisibles pour n’importe qui , puisque personne encore n’a pu le suivre, puisqu’il n’existe qu’à pa
323 et singularité absolue de mon sentier personnel, qui le rend à peine discernable pour ma foi seule, va permettre à mes voi
324 s par la police, là où règne le Code de la route, qui est aussi fait pour moi, ajouteront-ils, sévères. Oui, bien sûr, mais
325 tile et agréable, — mais jamais où je dois aller, qui est absolument ailleurs. Elles ne sont pas faites pour cela. Seul pou
326 it me relier à mon but le sentier de ma vocation, qui est au sens littéral improbable. Les grandes voies publiques, bien qu
327 ue. Il me faut me risquer dans un monde spirituel qui est peut-être une illusion, ou le néant. Il me faut affronter l’invra
328 nexplicablement, ma foi en lui. C’est donc le But qui me communique les seuls moyens d’aller vers lui, dans la seule mesure
329 is, et où j’arrive par instants à oublier tout ce qui me fait douter du But et de l’appel et du chemin, quand je m’abandonn
330 e de la vocation, mon péché particulier, c’est ce qui m’empêche de répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus
331 rée ou jalonne pour moi seul. Mon péché, c’est ce qui obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but, m’en fait douter qu
332 nt le péché en hébreu signifie littéralement « ce qui manque le but » ; et en grec : « ce qui passe au-dessus de la ligne n
333 ment « ce qui manque le but » ; et en grec : « ce qui passe au-dessus de la ligne normale », ou : « ce qui tombe à côté ».
334 passe au-dessus de la ligne normale », ou : « ce qui tombe à côté ». Voilà qui correspond, n’est-ce pas, d’une manière ass
335 ne normale », ou : « ce qui tombe à côté ». Voilà qui correspond, n’est-ce pas, d’une manière assez frappante, à mes images
336 est très grand, je l’avoue, mais que les Églises qui croyaient dur comme fer que leur mission était de régler la conduite
337 ences, leurs branches spécialisées, et les écoles qui les divisent. Un autre théologien me reprochera (et je ne suis pas du
338 et aussi des meilleurs psychologues de ce temps, qui peuvent au moins déceler les fausses vocations… Mais les risques subs
339 e que l’on nomme « objectivité scientifique », et qui évacue de la réalité tout ce qui ne peut être enregistré par la mémoi
340 ientifique », et qui évacue de la réalité tout ce qui ne peut être enregistré par la mémoire d’une machine électronique, qu
341 oi. Je lui dirai : faites attention à l’Écriture, qui est, selon vos meilleurs docteurs, le critère externe de la Révélatio
342 er à saisir et à comprendre le message ou l’appel qui nous en vient. Ce n’est pas appliquer une règle connue, la même pour
343 faisant, votre vrai moi. » Au sociologue, alors, qui me reprochera de verser dans un individualisme anarchisant, je répond
344 la personne : l’homme chargé par la vocation même qui le distingue de la communauté, d’une action qui le relie à cette comm
345 e qui le distingue de la communauté, d’une action qui le relie à cette communauté et qui l’insère dans ses réalités concrèt
346 , d’une action qui le relie à cette communauté et qui l’insère dans ses réalités concrètes. Aux démocrates ombrageux qui m
347 ses réalités concrètes. Aux démocrates ombrageux qui m’accuseraient de proposer une éthique à l’usage exclusif d’une petit
348 t vrai, mais, par sa solidarité avec une grandeur qui le dépasse, à faire grandement la moindre des choses, ce qu’il doit f
349 , ajouterais-je.) Aux fidèles enfin, à tout homme qui me demanderait : « Comment savoir ? Comment déceler ma vocation, puis
350 ible, inouï, incalculable, et c’est lui cependant qui devrait nous guider… » — je voudrais dire ici que la prière est le se
351 ore, dicté et créé par sa fin. Car c’est l’Esprit qui nous meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de la prière en nous
352 ptembre 1966, devant la Société pastorale suisse, qui nous a obligeamment autorisés à la publier. »