1
mposé par la force, d’une « mise au pas » brutale
qui
nous dispense de nous sentir les responsables de la cité et de l’État
2
-t-il : D’abord il a utilisé le défaut de civisme
qui
résultait de la destruction de toute commune mesure dans la cité (ou
3
a supposait la complicité des ministères libéraux
qui
dirigeaient cette police. Pour ne rien dire, naturellement, des grand
4
t de calculs dits « réalistes » d’une bourgeoisie
qui
s’en repent peut-être aujourd’hui…2 Ne croyez pas que ce soit là une
5
e. Ils s’y heurtèrent à 8 gendarmes et 3 soldats,
qui
pour une fois s’avisèrent de résister. Au premier coup de feu, la pet
6
e qu’un homme décidé à tenir bon ? C’est un homme
qui
a conscience de ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’homme le mieux a
7
fortement : ce n’est pas le nombre et l’armement
qui
ont triomphé ce jour-là, mais la bonne conscience civique. Or une tel
8
n chargeront, l’appel existe, et c’est le premier
qui
saura lui répondre qui vaincra. Soyons donc les premiers chez nous, r
9
xiste, et c’est le premier qui saura lui répondre
qui
vaincra. Soyons donc les premiers chez nous, répondons d’une manière
10
résister à une menace totalitaire. La conséquence
qui
en découle immédiatement, c’est qu’il faut nous armer jusqu’aux dents
11
s qu’il soit un avantage certain pour les nations
qui
glorifient la guerre ? La vraie raison de la course aux armements, c’
12
u’on nous propose : faire vivre le peuple avec ce
qui
doit le faire mourir. C’est la politique de Gribouille : pour éviter
13
armements, l’effrénée concurrence conduit l’État
qui
veut se maintenir à peu près au niveau du voisin, à perdre la mesure
14
ntraintes d’adopter peu à peu un régime politique
qui
les transformera automatiquement en puissances totalitaires. Avec cet
15
te de défense nationale. Or je crois que l’erreur
qui
aboutit à ce dilemme est la plus grave que nous puissions commettre e
16
ment contraire à la tradition fédérale, tradition
qui
est la seule raison d’être de notre État. Se placer sur le plan de la
17
litaire. Leçon capitale pour la Suisse ! Un État
qui
ne croit plus à sa valeur spirituelle, ou ne prouve plus qu’il y croi
18
oin ; cette chose unique, irremplaçable : un État
qui
n’est pas national, mais qui est au contraire fédéral. Un État dont l
19
emplaçable : un État qui n’est pas national, mais
qui
est au contraire fédéral. Un État dont les bases historiques et la tr
20
e sont la négation même du totalitarisme. Un État
qui
représente et qui incarne le seul avenir possible d’une Europe pacifi
21
même du totalitarisme. Un État qui représente et
qui
incarne le seul avenir possible d’une Europe pacifique. Si nous resto
22
. Je lis dans un ouvrage anglais quelques phrases
qui
pourraient orienter nos recherches à cet égard : La non-violence de
23
e pas la brutalité, mais la violence spirituelle,
qui
est la véritable charité. Violence contre nous-mêmes d’abord. Aucune
24
tienne si elle ne se fonde pas sur la repentance,
qui
est une violence faite à notre orgueil. Reconnaissons, Églises et fid
25
n prétexte pieux, exciter de la haine contre ceux
qui
adorent l’idole totalitaire. Je veux démasquer cette idole, et les ra
26
lque chose. Nous avons été reconnaissants à celui
qui
nous apportait cette possibilité. Le christianisme, probablement par
27
d’infériorité collective, un manque de foi réelle
qui
se déguise en défi, par désespoir. Mais là encore, je ne parle pas d’
28
on nous vante. Quand je vois les trois dictateurs
qui
font les gros yeux à l’Europe, se proclament tous les trois infaillib
29
e a le droit d’être totalitaire la vérité totale,
qui
n’appartient qu’à Dieu. C’est dans la mesure où nous ordonnerons nos
30
que nous pourrons prétendre apporter une réponse
qui
satisfasse aux vrais besoins du citoyen ou du soldat, ou de l’ouvrier
31
et responsables de cette vocation devant la cité
qui
les protège. Je ne vous appellerai pas, en terminant, à une croisade
32
e ou antimarxiste, mais à une tâche constructive,
qui
se situe d’une manière très précise dans le mouvement de l’Histoire o
33
celui-ci : les trois mouvements « totalitaires »
qui
nous menacent — communisme, hitlérisme et fascisme — sont en réalité
34
isme — sont en réalité trois religions nouvelles,
qui
sous divers prétextes politiques, apparemment contradictoires, ont po
35
n histoire que l’image d’un ermite à longue barbe
qui
rétablit la paix civile entre les vieux Confédérés, en prononçant dev
36
ion. Comment prendre vraiment au sérieux un drame
qui
se dénoue si facilement, un héros dont l’activité se résume dans ses
37
c’est l’autre aspect de la vie du « Frère Claus »
qui
est exalté : on parle surtout de ses miracles, de son ascèse, de ses
38
je n’hésitai pas à en faire le sujet d’un drame,
qui
sera représenté à Zurich en septembre, et pour lequel Arthur Honegger
39
’autres raisons sans doute — certains catholiques
qui
ont bien voulu me le faire sentir. Il m’a semblé que je devais aux un
40
t romain. On avait condamné Jean Huss, le premier
qui
eût osé proclamer la nécessité d’une réforme. On l’avait fait monter
41
voyons s’astreindre aux « œuvres » de la religion
qui
est alors celle de tous — mais avec une conscience bizarrement scrupu
42
l’âge d’homme, il s’engage dans les bandes armées
qui
guerroyaient alors contre les seigneurs autrichiens, et devient bient
43
espèce de retraite concentrique — vers lui-même —
qui
est la forme de sa destinée. Notons que ce capitaine, puis ce juge, p
44
Quelle vocation ? Celle des « frères mendiants »
qui
s’en vont sur les routes, au hasard, abandonnés au souffle de l’Espri
45
e vit pas de pain seulement, mais de toute parole
qui
sort de la bouche de mon Père »… Ni les espions placés autour de l’er
46
eu à peu, les pèlerins deviennent plus fréquents,
qui
montent au Ranft pour voir l’ermite fameux. Les uns poussés par la cu
47
n’est pas jusqu’aux princes des contrées voisines
qui
ne délèguent auprès du Frère Claus des envoyés chargés d’obtenir son
48
s cantons. Mais voici l’heure de Nicolas, l’heure
qui
donnera son plein sens à sa vie et à ses retraites successives. Penda
49
tends qu’il est très difficile, sur les documents
qui
nous restent, de nous faire une idée, et mieux : un sentiment, de la
50
euse de Nicolas trois tendances ou trois courants
qui
permettront peut-être de mieux situer cet homme par rapport à son tem
51
atique et d’autre part les troubles de conscience
qui
ne cessent de l’assiéger, comment ne point songer à la piété du jeune
52
e devait sortir ? Rappelez-vous le moine augustin
qui
multipliait, lui aussi, les pratiques les plus scrupuleuses : comme N
53
avec zèle aux lois papistes autant que n’importe
qui
, et je les ai défendues avec grand sérieux comme saintes et nécessair
54
ercices, en macérant mon corps plus que tous ceux
qui
aujourd’hui me persécutent, parce que je leur enlève la gloire de se
55
imple fidèle, une sorte de préfiguration du drame
qui
se jouera un peu plus tard dans la conscience infiniment plus avertie
56
ments sinon « protestants » du moins pré-réformés
qui
, nous le verrons plus loin, furent si nettement perçus par ses après-
57
e. Nous sommes ici en présence d’une spiritualité
qui
n’est certes pas catholique, mais pas davantage protestante, au sens
58
is pas davantage protestante, au sens moderne, et
qui
se rapprocherait plutôt de celle des sectes mystiques qui foisonnèren
59
approcherait plutôt de celle des sectes mystiques
qui
foisonnèrent en Occident à partir du xiie siècle et du mouvement cat
60
o : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce
qui
m’éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui
61
i ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce
qui
me rapproche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-moi à moi-m
62
Vadian, Hermann Miles (ou Ritter) de Saint-Gall,
qui
mentionne le Frère Claus avec de grands éloges dans un ouvrage daté d
63
Nicolas dans son Catalogue des témoins de la foi
qui
se sont dressés avant Martin Luther, par la parole et par l’écrit, co
64
lque grossièreté, les fameux conseils de Nicolas,
qui
se trouvent condamner toute la politique des cantons catholiques. On
65
forme, afin de les brûler ; dans la liste de ceux
qui
furent détruits figure un Jeu de Frère Claus et de Frère Tell ! Mais
66
signe très certain d’une crise, — et d’une crise
qui
met en question les fondements mêmes de la culture en Occident. Je vo
67
ameux général autrichien disait un jour : Tout ce
qui
n’est pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour la guerre. Grâc
68
dre l’intelligence contre un certain primitivisme
qui
se réveille toujours en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude
69
t l’habitude de personnifier les forces mauvaises
qui
les menacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un
70
objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit
qui
rôde autour de leur maison. Toujours, la cause du mal, c’est-à-dire l
71
ation… Nous faisons tous comme les petits enfants
qui
battent la table à laquelle ils se sont heurtés. Il est facile et ras
72
de toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi
qui
nous menace, il ne serait nullement suffisant de l’anéantir pour nous
73
un prix considérable, destiné à récompenser ceux
qui
travaillèrent pour la paix. Mais l’état de notre culture est tel que
74
science contribuent-ils à ravager la civilisation
qui
les produit ? Vous vous êtes tous posé cette question-là. Mais il ne
75
ulture moderne, et son défaut de sagesse générale
qui
se trouve ici mis à nu. Un autre fait, dans ce même ordre. Le but des
76
: c’est une absence totale de vue d’ensemble. Ce
qui
nous manque absolument, c’est un grand principe d’unité entre notre p
77
u’elles étaient sans commune mesure. Au moraliste
qui
s’indignait, il aurait simplement répondu que les affaires sont les a
78
cela signifie : c’est un monsieur très compliqué
qui
ne vaut rien pour conduire la cité, pour gagner de l’argent, pour fai
79
un rapport avec les lois de l’action, une société
qui
manque à ce point d’harmonie, et où ce manque n’est même plus ressent
80
ement. L’esprit de Ponce Pilate Mais alors,
qui
est responsable de ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyo
81
omistes se sont mis à étudier les mœurs étranges,
qui
paraissaient aussi mystérieuses que celles des monstres antédiluviens
82
es masses humaines déracinées par l’industrie, et
qui
déjà menacent et souffrent. Tout cela échappe aux vues de l’esprit ra
83
est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique
qui
se lave les mains et laisse les choses suivre leur cours fatal. En pr
84
x, des armées et des villes, et des États énormes
qui
s’édifiaient, en présence des énormes questions que posaient ces énor
85
le Progrès automatique arrangera tout. C’est lui
qui
, désormais, va remplacer la bienveillante Providence. La religion est
86
r protester du fond de leur solitude. Kierkegaard
qui
osa écrire ce blasphème contre les préjugés du siècle : « Le plus gra
87
ce sont les lois de la production et de la guerre
qui
imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Quand la cultur
88
a culture ne domine plus l’action, c’est l’action
qui
domine la culture, mais une action qui ne sait plus où elle va ! Et l
89
t l’action qui domine la culture, mais une action
qui
ne sait plus où elle va ! Et la société à son tour ne tarde pas à se
90
une mesure d’une civilisation : c’est le principe
qui
doit harmoniser toutes les activités d’une société donnée. Dans la ci
91
t d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse
qui
ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux détails. Au Moyen
92
re est trop grande, alors c’est l’État-providence
qui
se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’
93
, c’est que l’Argent et l’État sont des principes
qui
ne valent rien dans le domaine de l’esprit. Et dès lors, la culture e
94
ces sens, justement, sont exactement définis. Ce
qui
est grave, c’est qu’à ces vingt-neuf sens, nous en avons ajouté d’aut
95
tion, tantôt la suppression physique de tous ceux
qui
critiquent le désordre établi, tantôt le fait qu’on n’assassine plus
96
te autorité morale capable d’y porter remède. Car
qui
peut fixer aujourd’hui le véritable sens des mots ? En d’autres temps
97
’autres temps, c’étaient l’Église et la théologie
qui
s’en chargeaient. Puis ce furent les écrivains. Mais que peuvent-ils
98
et leur délicatesse d’appel. Alors les écrivains,
qui
n’ont pas d’autres armes que les mots, se voient privés de tout moyen
99
lus grand nombre que jamais, et ne se disent rien
qui
compte. Or quand la parole se détruit, quand elle n’est plus le don q
100
n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et
qui
engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détru
101
quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine
qui
se détruit, le fondement même de toute communauté. Alors paraît le rè
102
ent à un dialogue d’Alice au pays des Merveilles (
qui
est un de mes livres préférés), dialogue dont voici trois répliques :
103
? — La question est de savoir, dit Humpty Dumpty,
qui
est le plus fort… et c’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’e
104
Nous en sommes exactement là : c’est le plus fort
qui
définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice. Eh ! bien, je
105
’est le plus fort qui définit le sens des mots et
qui
l’impose à son caprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive à u
106
ils ont voulu imposer à l’ensemble des principes
qui
étaient partiels. La discipline d’État, ou le sang, ou la classe, ce
107
pratiquement une odieuse tyrannie pour tous ceux
qui
débordent le cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment h
108
la lui donner, si nous saurons utiliser le délai
qui
nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vraies cause
109
Sur quel principe pourrions-nous rebâtir un monde
qui
soit vraiment à hauteur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture e
110
ables d’agir ? Et quelle est l’attitude de pensée
qui
peut nous orienter dès à présent vers une communauté solide et pourta
111
sont inutiles et tournent au malheur. Car le mal
qui
est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la
112
dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal
qui
est dans la pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens ou inte
113
aboutissent au malheur de l’homme. Dans ce monde
qui
a perdu la mesure, le seul devoir des intellectuels — et j’ajouterai
114
té n’était qu’un assemblage d’individus, d’hommes
qui
avaient surtout des droits légaux, et très peu de devoirs naturels. L
115
les et concrètes. C’est pourquoi l’individualisme
qui
les néglige est une doctrine antisociale. Elle a pour effet mécanique
116
oude où l’individu isolé retrouve des contraintes
qui
le rassurent. Appel à une communauté : c’est le secret de toute révol
117
ancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle,
qui
est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Europe peut être ram
118
ais qu’il est à la fois un être unique et un être
qui
a des semblables. Rester soi-même au sein d’un groupe, être un homme
119
lise primitive. Le chrétien primitif est un homme
qui
, du fait de sa conversion, se trouve chargé d’une vocation particuliè
120
ion, se trouve chargé d’une vocation particulière
qui
le distingue de tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation
121
s libre et engagé, et il est libéré par cela même
qui
l’engage envers son prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien,
122
llectiviste. L’homme complet et réel, c’est celui
qui
se sait à la fois libre d’être soi-même vis-à-vis de l’ensemble, et e
123
vis de cet ensemble par l’exercice d’une vocation
qui
le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout r
124
ous avons montré que c’est justement cet homme-là
qui
a le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne.
125
organisation. Mais alors, il subit une discipline
qui
ne s’accommode pas du tout de sa vocation personnelle. Voici donc le
126
par l’esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce
qui
paralysait les intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les d
127
it fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels
qui
sentaient le besoin d’agir sur les destins de la cité, c’était, depui
128
isifs : ce sont précisément les hommes de science
qui
, les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reconnu, depuis quelques a
129
dénoncer l’illusion des historiens et sociologues
qui
prétendaient décrire objectivement les lois rigides de notre société.
130
l moyen de prévenir ces simplifications violentes
qui
jouent la comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une éner
131
nts analogues, tous animés de cet esprit d’équipe
qui
seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en prévenant la malad
132
voie ? Je n’aime pas beaucoup la tolérance, vertu
qui
naît en somme d’un scepticisme, car elle suppose que la pensée de l’a
133
s les actes. Je n’aime pas non plus l’intolérance
qui
veut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’esprit. La tolér
134
plus l’intolérance qui veut tout uniformiser, et
qui
est donc une mort de l’esprit. La tolérance était la pâle vertu des l
135
même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte
qui
la rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base de la d
136
dire patriotiques ? — ou plutôt à des conclusions
qui
par la plus extraordinaire des rencontres, se trouvent être également
137
es, se trouvent être également valables pour ceux
qui
veulent défendre la culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses.
138
eux qui veulent défendre la culture, et pour ceux
qui
veulent rester Suisses. La guerre actuelle manifeste avant tout la fa
139
e aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil
qui
l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec
140
as notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits
qui
nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est c
141
notre confort et nos hôtels. (D’autres — on sait
qui
—feraient marcher tout cela aussi bien que nous, peut-être mieux !) C
142
se forme ici des équipes de fédérateurs, d’hommes
qui
comprennent enfin que l’heure est venue pour nous autres Suisses, de
143
. Car je me refuse à nommer utopie le seul espoir
qui
nous soit accordé. Encore faut-il que cet espoir soit soutenu par tou
144
s professionnels, par tous les paresseux d’esprit
qui
se prétendent réalistes. Encore faut-il — et je termine là-dessus — q
145
s le temps de préparer un monde humain. Mais nous
qui
avons encore su conserver une cité à la mesure de la personne, nous q
146
nserver une cité à la mesure de la personne, nous
qui
sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce : c’est à
147
est à nous d’engager sans illusion le vrai combat
qui
nous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète de génie, Arthur R
148
faut, ce sont des pessimistes actifs. Des hommes
qui
pensent et qui agissent conformément à la maxime du Taciturne : « Pas
149
des pessimistes actifs. Des hommes qui pensent et
qui
agissent conformément à la maxime du Taciturne : « Pas n’est besoin d
150
ècle. Nous ne savons plus prendre au sérieux « ce
qui
nous dépasse », tant par en haut que par en bas. La croyance au Progr
151
nous avertissait de certains dangers formidables
qui
menaçaient l’existence même de l’héritage européen, nous répondions :
152
s. Cette inconscience j’en dirai la cause : celui
qui
ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire au diable, et ne sai
153
n stupide et irritante, n’est-ce pas, aux yeux de
qui
refuse d’envisager la vie comme une totalité orientée par l’esprit. L
154
ernier siècle furent unanimes à prévoir le destin
qui
maintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez de prophètes. Nous
155
us y trouverez les plus grands noms de la pensée,
qui
furent aussi les plus cyniquement méconnus. Vous y trouverez les témo
156
ps, et dans la prédiction des maux à venir — ceux
qui
fondent sur nous aujourd’hui. Quoi de commun entre un Burckhardt, un
157
bourgeoises, et leur vision précise du châtiment
qui
s’abattra nécessairement sur l’Occident, si celui-ci persiste à ne pr
158
Burckhardt sur les « terribles simplificateurs »,
qui
viendront imposer à l’Europe d’impitoyables dictatures militaires au
159
le du confort, et l’idole du progrès — ce progrès
qui
ne sait rien que répéter comme une horloge parlante : « Tout s’arrang
160
nationales, pour avoir refusé obstinément tout ce
qui
lésait si peu que ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes d
161
de défense nationale, nous acceptons des mesures
qui
, hier encore, passaient pour folles, démagogiques, impensables et imp
162
utopies subversives » certaines réformes sociales
qui
eussent été dix fois ou vingt fois moins coûteuses que celles qu’entr
163
aux yeux de tous. « Mea culpa » des pacifistes,
qui
n’ont pas su imaginer le mal parce qu’ils croyaient au bien fait de m
164
de main d’homme. « Mea culpa » des militaristes,
qui
n’ont pas su imaginer un autre bien que la défense toute matérielle d
165
es vicié dans son principe ; ou la conquête, mais
qui
tue ce qu’elle conquiert. « Mea culpa » des gens de droite, qui croya
166
elle conquiert. « Mea culpa » des gens de droite,
qui
croyaient pouvoir conserver des privilèges hérités, tout en admirant
167
, tout en admirant et soutenant des chefs brutaux
qui
les bernaient pour mieux les détrousser au bout du compte. « Mea culp
168
excitaient les masses. « Mea culpa » des Suisses,
qui
voulaient profiter des avantages de la folie moderne, et qui se plaig
169
nt profiter des avantages de la folie moderne, et
qui
se plaignent aujourd’hui de devoir payer leur part minime dans la ban
170
route européenne. « Mea culpa » des clairvoyants,
qui
dénoncèrent le mal dans leurs écrits, mais qui se tinrent apparemment
171
s, qui dénoncèrent le mal dans leurs écrits, mais
qui
se tinrent apparemment pour satisfaits de leur succès de librairie :
172
ope un statut sursitaire, une espèce de concordat
qui
nous laisserait la possibilité de rebâtir. Mais on n’accorde un conco
173
ebâtir. Mais on n’accorde un concordat qu’à celui
qui
se déclare en faillite. L’aveu suppose un sens des valeurs spirituell
174
ses. Avis à la génération sportive, aux réalistes
qui
l’engendrèrent, aux libéraux qui ne peuvent en croire leurs yeux. Avi
175
e, aux réalistes qui l’engendrèrent, aux libéraux
qui
ne peuvent en croire leurs yeux. Avis aux Suisses. Les Suisses ont qu
176
ous les bombardements, quand on ne sait même plus
qui
a été tué. Un peuple en guerre sauve son moral en se dopant, en força
177
même. Il est dur de reconnaître que ce châtiment,
qui
nous atteint aussi, est mérité ; et qu’il était logique, inévitable,
178
, ce sera grâce à l’action personnelle des hommes
qui
auront su répudier les illusions flatteuses de l’ère bourgeoise. Car
179
re bourgeoise. Car ceux-là seuls sauront alors ce
qui
mérite d’être sauvé ou recréé. Non pas le droit et la justice dont se
180
us le payons maintenant, une fois pour toutes. Ce
qui
comptera, ce qui vaudra toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’el
181
tenant, une fois pour toutes. Ce qui comptera, ce
qui
vaudra toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’elle dit : « Le cie
182
aire encore ? Quelle était l’assurance d’éternité
qui
permettait à Athanase de dire : c’est un petit nuage, il passera ? La
183
Nous remercions ici la Neue Schweizer Rundschau,
qui
nous a autorisé à reproduire cet article paru dans son numéro de juin
184
cle paru dans son numéro de juin 1940. L’auteur —
qui
est un de nos collaborateurs — se voit contraint par les circonstance
185
C’est lorsque tout paraît désespéré qu’on voit ce
qui
était vraiment solide. L’Église de Suisse est-elle vraiment solide ?
186
reuse critique, d’une critique utile et positive,
qui
prépare et qui définisse les reconstructions nécessaires. ⁂ La grande
187
d’une critique utile et positive, qui prépare et
qui
définisse les reconstructions nécessaires. ⁂ La grande faiblesse de n
188
mais été de véritables communautés. Voilà le fait
qui
me paraît le plus grave, étant donné les événements actuels et ceux q
189
simplement des services d’amitié, de ces services
qui
vont de soi entre les membres d’une famille. Et je ne parle même pas
190
Et je ne parle même pas du « partage » spirituel,
qui
devait être le pain quotidien de ces communautés souvent persécutées.
191
e leurs paroisses, grâce à l’esprit communautaire
qui
les soutenait. Pendant la décadence de l’Empire romain, ces paroisses
192
n sortant d’un de nos cultes, je regarde les gens
qui
se dispersent, et je me pose cette question : sont-ils prêts à mettre
193
à leurs intérêts professionnels. Je me demande ce
qui
compte à leurs yeux, ce qui compte avant tout et pratiquement — songe
194
els. Je me demande ce qui compte à leurs yeux, ce
qui
compte avant tout et pratiquement — songeant au jour où il faudra cho
195
ose de plus solide, de plus vivant, quelque chose
qui
puisse opposer une victorieuse résistance au paganisme qui nous guett
196
e opposer une victorieuse résistance au paganisme
qui
nous guette, et qui, lui, sait si bien s’organiser. Je ne puis pas vo
197
ieuse résistance au paganisme qui nous guette, et
qui
, lui, sait si bien s’organiser. Je ne puis pas vous énumérer toutes l
198
est trois de ces conditions, entre vingt autres8,
qui
me paraissent à la fois indispensables et pratiquement réalisables à
199
vénements récents et avant les crises plus graves
qui
se préparent. Pour que nos Églises retrouvent le sens et la vertu com
200
ébattues dans nos Grands Conseils, par des hommes
qui
parfois ignorent tout de la réalité de l’Église, corps du Christ. Ens
201
a grâce de n’en point vouloir ». Car « la société
qui
veut m’ôter ma religion, m’effraie bien moins que celle qui veut en a
202
’ôter ma religion, m’effraie bien moins que celle
qui
veut en avoir une ». En résumé, la première condition indispensable
203
par l’Esprit. Si l’on se remémore les événements
qui
ont amené la création de l’Église confessionnelle en Allemagne, on co
204
ouches de notre peuple suisse. Pour mille raisons
qui
tiennent à l’évolution sociale du xixe siècle, nos Églises sont deve
205
ventionnelle qu’on appelle le ton de la chaire et
qui
produit sur l’auditeur occasionnel de nos sermons une impression fâch
206
s », mais à tous les hommes d’où qu’ils viennent,
qui
ont faim et soif de vérité, sans le savoir le plus souvent. Il est gr
207
’elle-même, se fera plus accueillante. L’étranger
qui
entrera dans nos temples ne se sentira plus perdu chez les braves gen
208
mande des vérités sûres, les vérités de la Bible,
qui
sont toujours les plus actuelles, et qui sont seules à la hauteur de
209
a Bible, qui sont toujours les plus actuelles, et
qui
sont seules à la hauteur de la situation présente. Ce ne sont jamais
210
personnelles, nos commentaires et notre éloquence
qui
convainquent. J’ai entendu, il y a quelques semaines, une parole qui
211
’ai entendu, il y a quelques semaines, une parole
qui
m’a fait de l’impression. C’était dans un sermon, et le pasteur disai
212
ommes pas convaincants. » Parole profonde, parole
qui
devrait libérer plus d’un pasteur de ses soucis, et résoudre en parti
213
uniquement et simplement le langage de la Bible,
qui
appartient à tous, qui est frappant pour tous, et dans lequel tous pe
214
nt le langage de la Bible, qui appartient à tous,
qui
est frappant pour tous, et dans lequel tous peuvent communier. III
215
as non plus du rôle des laïques dans la paroisse,
qui
pourrait être développé encore, afin de décharger le pasteur d’un lou
216
blème de la liturgie protestante. C’est un laïque
qui
parle ici, je le répète. Ce n’est pas un docteur de l’Église ! Les th
217
mps l’occasion de formuler certaines propositions
qui
trouveront aujourd’hui, peut-être, de l’écho. J’ai passé plusieurs an
218
. J’entends ici par liturgie : la partie du culte
qui
n’est pas le sermon, les lectures, prières et chants réglés et réguli
219
. Et ce n’est pas seulement le défaut de liturgie
qui
me choque, mais le manque de sens liturgique que manifestent les essa
220
, des cultes que nous appelons « liturgiques » et
qui
consistent en lectures bibliques ou littéraires, entrecoupées de chan
221
loi est sainte… mais si tu comptes nos iniquités,
qui
pourra subsister devant toi ! »). III. Confession des péchés (l’assem
222
n dans son déroulement biblique : la Loi d’abord,
qui
nous condamne, puis la conscience, le péché, la repentance, la grâce
223
in de signes extérieurs et de symboles collectifs
qui
manifestent publiquement sa cohésion spirituelle. Il y a là une grand
224
tuels. J’ai assisté à des cérémonies hitlériennes
qui
étaient déjà de véritables liturgies païennes. Ces abus manifestes ne
225
e que les païens viendront lui offrir un jour, et
qui
seront alors une tentation, parce qu’elles répondront tant bien que m
226
sermonnaire. Je m’explique. Imaginez une personne
qui
n’a jamais mis les pieds dans un de nos temples, qui ne sait rien du
227
n’a jamais mis les pieds dans un de nos temples,
qui
ne sait rien du protestantisme, ou qui est incroyante. Vous réussisse
228
s temples, qui ne sait rien du protestantisme, ou
qui
est incroyante. Vous réussissez à l’amener, un beau dimanche, au cult
229
le ne se laissera pas arrêter par ces détails. Ce
qui
est plus grave, c’est que le sermon, s’il n’est pas exceptionnellemen
230
vous dirai même une chose assez désobligeante, et
qui
vous surprendra peut-être : le peuple suisse souffre d’un défaut qu’i
231
jusque dans nos relations avec le Tout-Puissant,
qui
est pourtant nommé Monarque, Seigneur et Roi des rois, à toutes les p
232
iterai ici, en guise d’illustration, une anecdote
qui
frise peut-être la caricature. J’ai entendu, de mes oreilles, un jeun
233
s génuflexions multipliées des orthodoxes russes,
qui
se prosternent jusqu’à toucher le sol de leur front, pourquoi refuser
234
hanter spontanément un répons, ce sont des gestes
qui
engagent, et par lesquels on témoigne. Ce sont des gestes qui manifes
235
, et par lesquels on témoigne. Ce sont des gestes
qui
manifestent, visiblement, la communauté de la foi, de l’humiliation,
236
de la joie chrétienne. Ce sont des gestes, enfin,
qui
favorisent l’oubli de soi et qui libèrent des fausses pudeurs. Pour e
237
s gestes, enfin, qui favorisent l’oubli de soi et
qui
libèrent des fausses pudeurs. Pour en finir sur ce sujet, je vous dem
238
glises suisses soient les seules sur le continent
qui
croient pouvoir s’en passer, sans dommage ? L’absence de liturgie, re
239
ement œcuménique. (Je pense à l’Église anglicane,
qui
attache à la liturgie une importance sans cesse croissante.) Et pourt
240
utrui, de rapprochement, de mutuelle instruction,
qui
est la mission du jeune mouvement œcuménique. ⁂ Je me bornerai, en te
241
tre une question de vie ou de mort, dans le monde
qui
se prépare. Je vous ai suggéré trois directions d’effort à la fois né
242
moins superficielle de la nature de nos Églises,
qui
sont les membres du Corps de Christ, et non pas des associations comm
243
les prestations financières de l’État à l’Église,
qui
sont pour le moins secondaires. « Indépendante » veux dire : libre de
244
— Puisque le fédéralisme est une forme politique
qui
suppose l’équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses d
245
st pas absurde de nommer « fédéraliste » un parti
qui
n’a d’autre programme que la défense des intérêts locaux contre le ce
246
éfense des intérêts locaux contre le centre. Ceux
qui
se disent, chez nous, « fédéralistes » ne sont souvent, je le crains,
247
le crains, que des nationalistes cantonaux. Ceux
qui
insistent sur la nécessité de l’union centrale auraient peut-être plu
248
alistes, ou régionalistes, nomment « fédéral » ce
qui
procède de Berne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à comb
249
ue leur fédéralisme se résume à combattre tout ce
qui
est dit fédéral. Comprenne qui pourra ! Cette confusion verbale, symb
250
combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne
qui
pourra ! Cette confusion verbale, symbolique de tant d’autres, est à
251
mment allons-nous justifier, aux yeux de l’Europe
qui
essaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart ou de béné
252
ieux les raisons véritables de ce statut spécial,
qui
ne résulte pas d’une loi éternelle de la nature, ni d’un commandement
253
de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref,
qui
n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien
254
es Helvètes, bref, qui n’est pas tombé du ciel et
qui
ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquemen
255
aut bien le reconnaître, ce repliement intéressé,
qui
tient parfois du raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse
256
résentants des trois communautés des Waldstätten,
qui
étaient en somme des corporations ou coopératives forestières. Le pac
257
st-il aujourd’hui ? Tout est changé. Les conflits
qui
menacent d’éclater n’opposeront plus les catholiques aux protestants,
258
lus d’équilibre européen. Il y a l’Europe entière
qui
essaie de survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes
259
même sac, si j’ose dire. La seule question réelle
qui
se pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est
260
oncorde entre nos pays et leurs régimes, concorde
qui
ne semblait pouvoir être assurée que par l’équilibre entre les grande
261
ommence à regarder de travers cette petite Suisse
qui
prétend rester neutre quand tout le monde réarme à grands cris. Mais
262
st que la Suisse neutre est le seul pays d’Europe
qui
soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas d’attaque
263
tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Europe
qui
soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal mais évident, qu
264
endormis dans la fausse sécurité d’une tradition
qui
a peut-être fait son temps, endormis derrière la neutralité, comme la
265
. Je voulais introduire, ce soir, une discussion
qui
, je l’espère, deviendra générale, et qui me paraît vitale pour notre
266
scussion qui, je l’espère, deviendra générale, et
qui
me paraît vitale pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour l’or
267
à mériter. Elle est relative à l’Europe. Et ceux
qui
, par erreur ou par malice, veulent aujourd’hui la transformer en neut
268
urope se multiplient. Il semble que les obstacles
qui
s’opposent à une fédération européenne se font plus difficiles et plu
269
t la question. Nous avons rédigé un questionnaire
qui
sera envoyé à quelques-uns de ceux que le problème préoccupe et nous
270
s d’assumer actuellement la tâche de conciliation
qui
serait conforme à son génie ? — En faveur du maintien, de l’assouplis
271
mélange d’intérêt propre et d’intérêt européen »
qui
a toujours caractérisé notre neutralité et qui l’a pratiquement permi
272
» qui a toujours caractérisé notre neutralité et
qui
l’a pratiquement permise. M. Lasserre veut croire que je n’ai considé
273
m’en étonne guère : on comprend toujours mal ceux
qui
touchent un tabou.) Je m’étonne davantage qu’un professeur d’histoire
274
États, et non dix comme le répète mon censeur, ce
qui
fausse ses calculs à la base. Finalement, quelle est la position de M
275
xixe siècle. Alors, dit-on, c’était la théologie
qui
faisait question, la morale était évidente. Le principe même de la do
276
re. De cette morale que l’on disait chrétienne et
qui
se confondait, du moins par ses tabous, avec la morale victorienne et
277
a consommation ou de la productivité — c’est cela
qui
fonctionne aujourd’hui, de mieux en mieux, qui persuade, qui agit, et
278
la qui fonctionne aujourd’hui, de mieux en mieux,
qui
persuade, qui agit, et qui contraint. En regard de ce progrès de la S
279
nne aujourd’hui, de mieux en mieux, qui persuade,
qui
agit, et qui contraint. En regard de ce progrès de la Science sur tou
280
ui, de mieux en mieux, qui persuade, qui agit, et
qui
contraint. En regard de ce progrès de la Science sur tous les fronts,
281
ertus et vices apparaissent également démodés. Ce
qui
est sérieux, ce qui intéresse, c’est le mode d’emploi de notre univer
282
aissent également démodés. Ce qui est sérieux, ce
qui
intéresse, c’est le mode d’emploi de notre univers actuel et le rende
283
les pays techniquement avancés, vers une société
qui
serait, à la limite, sans surprises ni drames, sans vrais débats (j’e
284
e démographes et d’économistes ou de politologues
qui
décide de certaines conduites sexuelles (comme la contraception) dans
285
plement l’opinion des proches. La plupart de ceux
qui
ont réfléchi à ces perspectives, du côté chrétien, me semblent enclin
286
serait en quelque sorte livrée au « monde » ? Ce
qui
semble effrayer beaucoup de ces observateurs, c’est l’idée que s’il d
287
gue bataille en retraite pour tenter de sauver ce
qui
pourrait l’être de ce qu’on appelait « morale chrétienne », au lieu d
288
sexualité (comme celle du trop fameux Dr Tissot)
qui
ont joué le rôle que l’on sait dans la prédication, la cure d’âme et
289
tant mieux à leur mission proprement spirituelle,
qui
est à mon sens : de rappeler à l’homme son but final, sa destination
290
ée, enfin, à la productivité du travail, et même,
qui
sait ? à la « créativité des loisirs » (dans les rapports avec l’écon
291
nées par la plus sûre des sciences. Quant à celui
qui
veut devenir chrétien, devra-t-il s’exiler moralement de cette sociét
292
raient trop facilement analysés par un ordinateur
qui
indiquerait aussitôt comment corriger le fonctionnement aberrant de c
293
le vois plutôt, ce candidat chrétien, comme celui
qui
, tout en accomplissant judicieusement la Loi prescrite, ne pourra s’e
294
pourra s’empêcher de se poser la Question, celle
qui
est réputée nulle et vide. Chrétien en cela qu’il cherchera ce sens d
295
u’il cherchera ce sens dans les voies de l’amour,
qui
implique l’existence des autres, plutôt que dans l’aventure solitaire
296
e. Il sera simplement le témoignage permanent (et
qui
pourra rester souriant d’ailleurs) d’une non-satisfaction dernière, d
297
que je crée à chaque pas à tâtons dans le noir et
qui
ne s’éclaire que sous mes pas. C’est ainsi que je comprends le verset
298
ière sur mon sentier »… Je résume mon diagnostic,
qui
est aussi un pronostic : l’Église peut-être (je n’en suis pas sûr), m
299
e n’en suis pas sûr), mais en tout cas les hommes
qui
« croient », au sens chrétien du mot, vont entrer en dissidence dynam
300
rs croissantes de la production pour une humanité
qui
double tous les quarante ans. ⁂ Anticipant assez largement sur la sit
301
ée » : J’ai appris le tir au fusil dans un pays
qui
, traditionnellement, fournissait au monde les champions de cet art ;
302
de des sergents, je me décidais à lâcher le coup,
qui
s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la cible. Ce
303
pensez pas à votre main, ni à ce que fait l’index
qui
a pris le cran d’arrêt. Laissez-vous simplement hypnotiser par ce pet
304
ser par ce petit disque noir à trois-cents mètres
qui
danse sur la ligne de mire. Quand vous serez assez concentré, sans qu
305
, on peut à première vue distinguer d’une part ce
qui
relève expressément de l’artifice et de la convention donnée pour tel
306
convention donnée pour telle, et d’autre part ce
qui
répond à des nécessités naturelles et pratiques. Mais une analyse mêm
307
, mais sans eux, c’est l’embouteillage. Ceux donc
qui
, depuis deux siècles, reprennent inlassablement l’attaque contre nos
308
ce soufflée, un coup franc contre le camp fautif (
qui
sont diverses formes d’amende), voire par la disqualification (qui co
309
formes d’amende), voire par la disqualification (
qui
correspond au bannissement, à la prison à vie ou à la peine de mort).
310
e à une critique systématique et scientifique. Ce
qui
rend cette tâche si difficile et ingrate, dans la plupart des cas, c’
311
laquelle nos Églises sont largement responsables)
qui
fait que l’on a peu à peu sacralisé au cours des âges et finalement c
312
s de foi, révélées et indiscutables, des coutumes
qui
nous venaient d’un peu partout, aux hasards de l’histoire, et qui ava
313
t d’un peu partout, aux hasards de l’histoire, et
qui
avaient été les conventions utiles d’autres sociétés, notamment la ci
314
Le christianisme, étant la seule grande religion
qui
n’ait pas institué de morale codifiée, devait fournir un terrain de c
315
, une loi, un recueil de règles, et c’est même ce
qui
devrait permettre de se passer de code, de lois, de règles… « Ama et
316
à l’usage de propriétaires du type patriarcal, et
qui
met notamment sur le même plan d’objets (dont il faut préserver la po
317
n, et j’introduis ici une remarque nouvelle, mais
qui
résulte logiquement des trois premiers points : l’observation des règ
318
n, de vocation de tout homme en tant qu’homme, et
qui
serait, selon l’Évangile, l’appel et la puissance de l’amour. À trave
319
drais vous parler, c’est la vocation particulière
qui
s’adresse à un individu et fait de lui une personne distincte et uniq
320
ique. Obéir à ma vocation, c’est suivre le chemin
qui
va me conduire à la source de l’appel que j’ai cru percevoir, que je
321
r qu’il me guide dans l’inconnu, comme ces avions
qui
dans la nuit suivent la route créée par un faisceau sonore. Mais ce c
322
publiques, de signes bien lisibles pour n’importe
qui
, puisque personne encore n’a pu le suivre, puisqu’il n’existe qu’à pa
323
et singularité absolue de mon sentier personnel,
qui
le rend à peine discernable pour ma foi seule, va permettre à mes voi
324
s par la police, là où règne le Code de la route,
qui
est aussi fait pour moi, ajouteront-ils, sévères. Oui, bien sûr, mais
325
tile et agréable, — mais jamais où je dois aller,
qui
est absolument ailleurs. Elles ne sont pas faites pour cela. Seul pou
326
it me relier à mon but le sentier de ma vocation,
qui
est au sens littéral improbable. Les grandes voies publiques, bien qu
327
ue. Il me faut me risquer dans un monde spirituel
qui
est peut-être une illusion, ou le néant. Il me faut affronter l’invra
328
nexplicablement, ma foi en lui. C’est donc le But
qui
me communique les seuls moyens d’aller vers lui, dans la seule mesure
329
is, et où j’arrive par instants à oublier tout ce
qui
me fait douter du But et de l’appel et du chemin, quand je m’abandonn
330
e de la vocation, mon péché particulier, c’est ce
qui
m’empêche de répondre à l’appel que j’ai cru entendre, c’est le refus
331
rée ou jalonne pour moi seul. Mon péché, c’est ce
qui
obscurcit ma visée, me fait perdre de vue le but, m’en fait douter qu
332
nt le péché en hébreu signifie littéralement « ce
qui
manque le but » ; et en grec : « ce qui passe au-dessus de la ligne n
333
ment « ce qui manque le but » ; et en grec : « ce
qui
passe au-dessus de la ligne normale », ou : « ce qui tombe à côté ».
334
passe au-dessus de la ligne normale », ou : « ce
qui
tombe à côté ». Voilà qui correspond, n’est-ce pas, d’une manière ass
335
ne normale », ou : « ce qui tombe à côté ». Voilà
qui
correspond, n’est-ce pas, d’une manière assez frappante, à mes images
336
est très grand, je l’avoue, mais que les Églises
qui
croyaient dur comme fer que leur mission était de régler la conduite
337
ences, leurs branches spécialisées, et les écoles
qui
les divisent. Un autre théologien me reprochera (et je ne suis pas du
338
et aussi des meilleurs psychologues de ce temps,
qui
peuvent au moins déceler les fausses vocations… Mais les risques subs
339
e que l’on nomme « objectivité scientifique », et
qui
évacue de la réalité tout ce qui ne peut être enregistré par la mémoi
340
ientifique », et qui évacue de la réalité tout ce
qui
ne peut être enregistré par la mémoire d’une machine électronique, qu
341
oi. Je lui dirai : faites attention à l’Écriture,
qui
est, selon vos meilleurs docteurs, le critère externe de la Révélatio
342
er à saisir et à comprendre le message ou l’appel
qui
nous en vient. Ce n’est pas appliquer une règle connue, la même pour
343
faisant, votre vrai moi. » Au sociologue, alors,
qui
me reprochera de verser dans un individualisme anarchisant, je répond
344
la personne : l’homme chargé par la vocation même
qui
le distingue de la communauté, d’une action qui le relie à cette comm
345
e qui le distingue de la communauté, d’une action
qui
le relie à cette communauté et qui l’insère dans ses réalités concrèt
346
, d’une action qui le relie à cette communauté et
qui
l’insère dans ses réalités concrètes. Aux démocrates ombrageux qui m
347
ses réalités concrètes. Aux démocrates ombrageux
qui
m’accuseraient de proposer une éthique à l’usage exclusif d’une petit
348
t vrai, mais, par sa solidarité avec une grandeur
qui
le dépasse, à faire grandement la moindre des choses, ce qu’il doit f
349
, ajouterais-je.) Aux fidèles enfin, à tout homme
qui
me demanderait : « Comment savoir ? Comment déceler ma vocation, puis
350
ible, inouï, incalculable, et c’est lui cependant
qui
devrait nous guider… » — je voudrais dire ici que la prière est le se
351
ore, dicté et créé par sa fin. Car c’est l’Esprit
qui
nous meut à prier. Les « soupirs inexprimables » de la prière en nous
352
ptembre 1966, devant la Société pastorale suisse,
qui
nous a obligeamment autorisés à la publier. »