1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 es n’étaient qu’une très petite minorité. Comment s’ imposèrent-ils ? Par la terreur. Ils arrivaient dans un village, par p
2 centaines de fois. Comment ces crimes ont-ils pu se produire ? C’est que la police protégeait les fascistes contre les mo
3 odieuses provocations marxistes ». Si le fascisme s’ est imposé, c’est donc d’abord grâce à la protection de la police. Mai
4 plicité quasi universelle que le fascisme a dû de s’ emparer de l’État. Un peu de civisme l’eût arrêté. Sa force n’a été fa
5 calculs dits « réalistes » d’une bourgeoisie qui s’ en repent peut-être aujourd’hui…2 Ne croyez pas que ce soit là une vu
6 s. Une seule fois, nous apprennent-ils, la police s’ opposa aux bandes armées des chemises noires. Ce fut à Sarzana, en jui
7 ent débarqué à la gare de cette petite ville. Ils s’ y heurtèrent à 8 gendarmes et 3 soldats, qui pour une fois s’avisèrent
8 ent à 8 gendarmes et 3 soldats, qui pour une fois s’ avisèrent de résister. Au premier coup de feu, la petite armée des che
9 coup de feu, la petite armée des chemises noires s’ enfuit dans les campagnes. Cet épisode est symbolique, comme le prouve
10 , répercutées dans le pouvoir établi ; et demain, s’ il triomphe chez nous, sa puissance ne sera que la somme exacte de nos
11 sure vivante. Si nous ne la faisons pas, d’autres s’ en chargeront, l’appel existe, et c’est le premier qui saura lui répon
12 olitique de Gribouille : pour éviter la pluie, on se jette à l’eau. Autre danger : si l’on accepte de jouer le jeu des ar
13 s, l’effrénée concurrence conduit l’État qui veut se maintenir à peu près au niveau du voisin, à perdre la mesure de ce qu
14 à perdre la mesure de ce qu’il peut dépenser sans s’ affaiblir. Les armements deviennent trop lourds pour lui : ils le gêne
15 e au mieux de nos possibilités de vie normale. Il s’ agira maintenant d’utiliser les armes. Nul n’ignore que la guerre mode
16 d’être livrée, puisque la conception totalitaire s’ est déjà installée chez nous, sous prétexte de défense nationale. Or j
17 ion qui est la seule raison d’être de notre État. Se placer sur le plan de la guerre totale et de sa préparation civile en
18 uelle, ou ne prouve plus qu’il y croit, puisqu’il se met à copier le voisin, un tel État ne peut pas compter sur l’aide d’
19 d’entraîner les démocrates sur un terrain où ils se renient eux-mêmes. Il est donc vital pour nous de refuser ce défi, de
20 ent donc au jeu où l’adversaire devait gagner, et se défendirent avec leurs moyens propres : des quartiers de roche. Je ne
21 lui donnerait l’opposition violente à laquelle il s’ attend. Il se trouve comme précipité dans un nouveau monde de valeurs,
22 n assurance. Représentons-nous cela : deux hommes se battent. Ils sont apparemment en divergence absolue ; en réalité, ils
23 paremment en divergence absolue ; en réalité, ils se battent sur la base d’un accord fondamental : la croyance à la validi
24 ucune doctrine ne peut être chrétienne si elle ne se fonde pas sur la repentance, qui est une violence faite à notre orgue
25 fériorité collective, un manque de foi réelle qui se déguise en défi, par désespoir. Mais là encore, je ne parle pas d’une
26 ur athées : ils refusaient le culte de l’idole et s’ en moquaient. Nous aussi nous devons rire des idoles colossales qu’on
27 ois dictateurs qui font les gros yeux à l’Europe, se proclament tous les trois infaillibles, je ne crois pas manquer au de
28 ous dit-il, persuadé que tous les savants peuvent se tromper et reconnaissant que l’Église romaine est infaillible. L’Égli
29 on veut réglementer le tout de l’homme, quand il s’ agit en vérité des solutions et des doctrines d’un seul parti, d’une s
30 antimarxiste, mais à une tâche constructive, qui se situe d’une manière très précise dans le mouvement de l’Histoire occi
31 propre neveu du Duce : « Ces braves gens devront se convaincre, et nous les convaincrons bientôt, que la charge du problè
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
32 Comment prendre vraiment au sérieux un drame qui se dénoue si facilement, un héros dont l’activité se résume dans ses « b
33 se dénoue si facilement, un héros dont l’activité se résume dans ses « bonnes paroles » ? Les catholiques, par contre, cul
34 mis au rang des saints (bien que la canonisation se fasse attendre). Mais là, c’est l’autre aspect de la vie du « Frère C
35 n avait tenté de leur opposer — et tous les trois s’ excommuniaient réciproquement, ainsi que leurs fidèles, en sorte que t
36 e leurs fidèles, en sorte que toute la chrétienté se vit alors frappée d’anathème ! — le concile avait substitué un pontif
37 e la parole donnée. Il semblait que la chrétienté se regroupait, non sans résignation, autour du siège de Saint-Pierre raf
38 preuve édifiante. Dès son enfance, nous le voyons s’ astreindre aux « œuvres » de la religion qui est alors celle de tous —
39 prend aucune nourriture le vendredi, et peu à peu s’ exerce à jeûner également d’autres jours. Sa piété précoce et frappant
40 les ordres. Mais non, parvenu à l’âge d’homme, il s’ engage dans les bandes armées qui guerroyaient alors contre les seigne
41 péditions auxquelles on lui fait prendre part, il se retire dans son canton natal pour y exercer les fonctions patriarcale
42 s d’un procès, le décide à déposer sa charge et à se retirer dans sa famille. C’est le deuxième temps de cette espèce de r
43 lle vocation ? Celle des « frères mendiants » qui s’ en vont sur les routes, au hasard, abandonnés au souffle de l’Esprit.
44 une heure de chez lui, dans la gorge du Ranft, il se construit une cellule, auprès d’une minuscule chapelle. Et le miracle
45 chapelle. Et le miracle, préparé dès son enfance, se réalise : Nicolas s’aperçoit soudain qu’il peut se passer de manger !
46 le, préparé dès son enfance, se réalise : Nicolas s’ aperçoit soudain qu’il peut se passer de manger ! Une fois par semaine
47 e réalise : Nicolas s’aperçoit soudain qu’il peut se passer de manger ! Une fois par semaine il s’en va communier dans un
48 eut se passer de manger ! Une fois par semaine il s’ en va communier dans un des villages voisins, et c’est là toute sa nou
49 — ainsi qu’on l’appelle désormais. Et sa légende se répand, en Suisse d’abord, puis bien au-delà. Peu à peu, les pèlerins
50 si puissant parmi les Suisses qu’on a coutume de s’ adresser d’abord à lui lorsqu’il faut négocier un traité. C’est ainsi
51 t ainsi que le solitaire conseille aux Suisses de se montrer prudents dans l’affaire de Bourgogne, où l’Autriche et la Fra
52 à quels dangers leur victoire même les exposera : s’ ils font la guerre pour s’enrichir, et s’ils apprennent le prix de l’o
53 ire même les exposera : s’ils font la guerre pour s’ enrichir, et s’ils apprennent le prix de l’or, c’en sera fait de leur
54 posera : s’ils font la guerre pour s’enrichir, et s’ ils apprennent le prix de l’or, c’en sera fait de leur union patriarca
55 e aux avis de l’ermite, et toutes ses prédictions se réalisent : victoires, pillage, flot d’or, et disputes sanglantes à p
56 sputes sanglantes à propos du partage. Les choses s’ enveniment à tel point qu’en l’année 1486, quinze assemblées de la Diè
57 pas suffi pour rétablir l’union. C’est alors que se placent les événements dont nous parlaient nos manuels. Une dernière
58 nt nous parlaient nos manuels. Une dernière Diète se réunit à Stans. Tout accord se révèle impossible, et les députés se s
59 Une dernière Diète se réunit à Stans. Tout accord se révèle impossible, et les députés se séparent sur une menace de guerr
60 Tout accord se révèle impossible, et les députés se séparent sur une menace de guerre civile entre cités et petits canton
61 s : comme Nicolas, il espérait, de toute son âme, s’ acquérir la sainteté par les voies qu’ordonnait l’Église ; mais loin d
62 ersécutent, parce que je leur enlève la gloire de se justifier… J’imposais à mon corps plus d’efforts qu’il n’en pouvait f
63 tard Luther ajoute : Mais mon cœur tremblait et s’ agitait en songeant comment il pourrait se rendre Dieu favorable. Sur
64 lait et s’agitait en songeant comment il pourrait se rendre Dieu favorable. Sur quoi les critiques catholiques modernes r
65 e fidèle, une sorte de préfiguration du drame qui se jouera un peu plus tard dans la conscience infiniment plus avertie et
66 catholiques eux-mêmes indiquent en passant qu’il se montrait des plus sévères pour les abus et les trahisons du clergé de
67 as davantage protestante, au sens moderne, et qui se rapprocherait plutôt de celle des sectes mystiques qui foisonnèrent e
68 ie au xve siècle, et Nicolas de Flue ne saurait s’ expliquer — dans la mesure où l’on peut l’expliquer — si l’on ne tenai
69 emme et ses enfants, son idée n’était-elle pas de se rendre en Alsace, pour y rejoindre des communautés d’Amis de Dieu don
70 ent assez voisin des Vaudois, ou Pauvres de Lyon, se confondit sans nulle difficulté avec le calvinisme.) Nicolas de Fl
71 olas dans son Catalogue des témoins de la foi qui se sont dressés avant Martin Luther, par la parole et par l’écrit, contr
72 dé la foi la plus ancienne, celle des Apôtres, et se sont refusés à faire commerce de leur religion. De 1526 à 1574, nous
73 s qu’en 1585, une délégation des cantons réformés se rendit en pèlerinage au Ranft et « sur les lieux consacrés par le sou
74 r des protestants, en 1531 et 1546, bien avant de se voir reprise — et d’ailleurs modifiée — par les catholiques, à partir
75 en appelez toujours à cet ermite dont la doctrine se résume à ceci : « Man solle auff unsserm myst bleiben » (Que chacun r
76 ient la parole tour à tour, comme à la Diète (Uri se contentant parfois de sonner sa fameuse corne !), et Moïse ou Élie in
77 pleins ». Ce n’est qu’en 1586 que les catholiques se décidèrent à aborder eux aussi ce magnifique sujet. Le jésuite Jakob
78 is aussi sur le plan religieux. Nicolas pauvre et se privant de pain à l’époque même où les Suisses sont tentés par les ri
79 comme chrétiens, si nous ne voulons que d’autres s’ en emparent. 3. Ce trait sera relevé et souligné plus tard par les
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
80 l’intelligence contre un certain primitivisme qui se réveille toujours en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude de
81 rsonnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un objet maléfique,
82 civilisation, sous l’influence du christianisme, s’ est efforcée de nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheu
83 etits enfants qui battent la table à laquelle ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant de noircir le voisin pour mi
84 cile et rassurant de noircir le voisin pour mieux se blanchir soi-même. Mais en réalité, nos adversaires ne diffèrent pas
85 existe en nous aussi, et elle pourrait fort bien s’ y développer un jour. Pour la combattre sérieusement, pour nous défend
86 eusement, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’ agit de l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître. Disharmonies
87 posé cette question-là. Mais il ne suffit pas de se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie une
88 ais il ne suffit pas de se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie une si cruelle disharmonie, qu
89 cruelle disharmonie, quelles sont ses causes, et s’ il existe des remèdes. Car il ne serait pas suffisant de n’accuser que
90 les étaient sans commune mesure. Au moraliste qui s’ indignait, il aurait simplement répondu que les affaires sont les affa
91 ement naturel que la pensée abdique sa liberté et se soumette aux besoins de l’action, du haut en bas de l’échelle de nos
92 strictions alimentaires on trouve tout naturel de se priver d’abord de dessert. Oui, la culture est devenue pour nous quel
93 e 25 000 habitants à 4 millions. Dans ces villes, se sont entassées des masses humaines informes et démesurées, là où l’on
94 petites entreprises. Les richesses, elles aussi, se sont tant agrandies qu’elles ont échappé aux regards : elles sont dev
95 aits, puissances lointaines, dont les économistes se sont mis à étudier les mœurs étranges, qui paraissaient aussi mystéri
96 s mêmes pouvoirs étaient abandonnés à l’anarchie, s’ ils se développaient chacun de son côté sans tenir compte d’aucune har
97 s pouvoirs étaient abandonnés à l’anarchie, s’ils se développaient chacun de son côté sans tenir compte d’aucune harmonie
98 c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’ est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit de démission, de n
99 l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les choses suivre leur cours fatal. En prése
100 es armées et des villes, et des États énormes qui s’ édifiaient, en présence des énormes questions que posaient ces énormes
101 e dispense de toute intervention active. Pourquoi s’ inquiéter des effets futurs de ces capitaux accumulés ou du sort de ce
102 sa croyance au Progrès est l’opium de la culture. S’ il fallait résumer rapidement les caractères généraux par lesquels se
103 r rapidement les caractères généraux par lesquels se trahit la démission de l’esprit, je dirais : goût des automatismes, c
104 de gagner de l’argent en attendant que les choses s’ arrangent d’elles-mêmes. Or, en réalité, rien ne s’est arrangé. Et vo
105 ’arrangent d’elles-mêmes. Or, en réalité, rien ne s’ est arrangé. Et voici où nous rejoignons le temps présent. Dans une c
106 elle va ! Et la société à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se trouv
107 tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres
108 st trop grande, alors c’est l’État-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’Éta
109 e de l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement, s’asservit. Je vous en donnerai un exemple que c
110 rs, la culture en chômage se corrompt rapidement, s’ asservit. Je vous en donnerai un exemple que chacun de vous peut vérif
111 siècles précédents, les hommes d’une même société s’ entendaient sur le sens de certains mots fondamentaux que j’appellerai
112 is pour toutes que les échanges d’idées pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les lieux communs étaient donc à
113 ons ajouté d’autres sur lesquels plus personne ne s’ entend. Tout le monde veut défendre l’esprit, mais pour certains, c’es
114 r à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’ armer jusqu’aux dents au prix de dures privations ; dans un deuxième p
115 liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’ annexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la liberté sera tou
116 e voix ce que l’on pense. Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre
117 res temps, c’étaient l’Église et la théologie qui s’ en chargeaient. Puis ce furent les écrivains. Mais que peuvent-ils dan
118 rôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas. Ainsi se créent d’énormes zones d’échanges verbaux incontrôlés. Et plus on y é
119 vains, qui n’ont pas d’autres armes que les mots, se voient privés de tout moyen d’agir. Leurs conseils, leurs appels ne p
120 es paroles en plus grand nombre que jamais, et ne se disent rien qui compte. Or quand la parole se détruit, quand elle n’e
121 ne se disent rien qui compte. Or quand la parole se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et
122 que chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté. Alors paraît le règne
123 eut fixer le sens des mots, la propagande brutale s’ en chargera. À la place des grands lieux communs chargés de sens tradi
124 rands mouvements collectivistes. Tout leur génie, s’ il faut leur en reconnaître, a consisté à deviner — avant les intellec
125 nous poser la plus sérieuse question humaine. Et s’ il n’est pas encore aussi tragique dans des pays moins menacés par la
126 ut dépend en premier lieu de notre état d’esprit. S’ il change, tout commence à changer. S’il ne change pas, toutes les réf
127 t d’esprit. S’il change, tout commence à changer. S’ il ne change pas, toutes les réformes matérielles sont inutiles et tou
128 us ont oublié l’homme dans leurs calculs, ou bien se sont trompés sur sa nature. Ils ont perdu de vue sa définition même.
129 relations concrètes. Or la communauté des hommes se fonde d’abord sur des relations charnelles et concrètes. C’est pourqu
130 de dissocier toute communauté naturelle. Et alors se produit le phénomène auquel nous avons assisté depuis une trentaine d
131 nées. L’homme isolé, dans un monde trop vaste, ne se sent plus porté au sein d’un groupe. Déraciné, il flotte, il erre, il
132 rmes et des grands partis politiques. À ce moment se produit fatalement ce que j’appellerai un sentiment de vide social. C
133 nts menacent aujourd’hui d’anéantir l’Europe ? Il s’ agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les relation
134 relations de l’individu et de la collectivité. Il s’ agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’une île déser
135 tiviste. L’homme complet et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre d’être soi-même vis-à-vis de l’ensemble, et enga
136 homme-là qui a le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car supposez qu’un homme se sente une v
137 r dans le monde moderne. Car supposez qu’un homme se sente une vocation et décide de la réaliser. Il se trouve en présence
138 Que peut-il seul, contre ces lois ? Il faut donc, s’ il veut faire quelque chose, qu’il entre dans un grand parti, dans une
139 ation. Mais alors, il subit une discipline qui ne s’ accommode pas du tout de sa vocation personnelle. Voici donc le dilemm
140 de loi, répétons-le, que là où l’homme renonce à se manifester selon sa vocation particulière. Si j’insiste sur cet axiom
141 parti politique. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de l’ensemble de mille efforts orientés par une même espéranc
142 époque moderne les Églises ont paru, elles aussi, se détourner de toute action régulatrice sur la cité. Elles ont assisté
143 a fasciné les masses ouvrières, c’est parce qu’il s’ est chargé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises.
144 eulement au sein d’un groupe qu’une vocation peut s’ exercer. D’autre part, le fédéralisme suppose des groupes diversifiés,
145 et avenir soit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s’ agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir
146 pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’ agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, au service du pays, ce n’e
147 rs sublimes ». (Certain ministre de la propagande se chargerait très volontiers de ce travail de Heimatschutz.) Si nous so
148 parle un peu partout de fédérer l’Europe. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les quelques semaines fiévreuses
149 paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se fera que si des hommes solides, informés par une expérience séculaire
150 ays neutres. Et chez nous tout d’abord, puisqu’il s’ agit en somme d’utiliser notre expérience, et de tirer des leçons non
151 ons mieux que personne. Tout mon espoir est qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs, d’hommes qui comprennent enfin
152 poir soit soutenu par tout un peuple, et qu’il ne se laisse pas décourager par les sceptiques professionnels, par tous les
153 ofessionnels, par tous les paresseux d’esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et je termine là-dessus — qu’e
154 n. Non pas un monde d’utopie où toutes les luttes s’ apaiseraient par miracle, mais un monde où les luttes nécessaires n’ab
155 cile à vivre et à gagner que cette guerre où tout s’ abaisse et s’obscurcit. Mais qu’elle nous donne au moins la possibilit
156 et à gagner que cette guerre où tout s’abaisse et s’ obscurcit. Mais qu’elle nous donne au moins la possibilité de rendre u
157 ndre un sens aux conflits éternels, — un sens, et s’ il se peut, une fécondité… Pendant que les autres font la guerre, ils
158 un sens aux conflits éternels, — un sens, et s’il se peut, une fécondité… Pendant que les autres font la guerre, ils n’ont
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
159 olère, le temps des plaies d’Égypte, où les cœurs s’ endurcissent. Voici venue l’heure sévère. Ouvrons les yeux et apprenon
160 argent et l’augmentation du confort. Il refuse de se demander à quoi servira cet argent ou si le confort matériel favorise
161 rgeoises, et leur vision précise du châtiment qui s’ abattra nécessairement sur l’Occident, si celui-ci persiste à ne prend
162 n que répéter comme une horloge parlante : « Tout s’ arrangera. » Or aujourd’hui pour « sauver » nos vies mêmes, nous voilà
163 stériles. Le plus étrange est que ces sacrifices se révèlent parfaitement « possibles ». Dès qu’il s’agit de sauver notre
164 se révèlent parfaitement « possibles ». Dès qu’il s’ agit de sauver notre peau, dès qu’il s’agit de défense nationale, nous
165 Dès qu’il s’agit de sauver notre peau, dès qu’il s’ agit de défense nationale, nous acceptons des mesures qui, hier encore
166 ple. Tout ce que nous jugions impossible quand il s’ agissait du vivre, nous le trouvons parfaitement possible quand il s’a
167 , nous le trouvons parfaitement possible quand il s’ agit du mieux mourir ou du mieux tuer. Eh bien si la peur et la guerre
168 rofiter des avantages de la folie moderne, et qui se plaignent aujourd’hui de devoir payer leur part minime dans la banque
169 ui dénoncèrent le mal dans leurs écrits, mais qui se tinrent apparemment pour satisfaits de leur succès de librairie : « m
170 ir. Mais on n’accorde un concordat qu’à celui qui se déclare en faillite. L’aveu suppose un sens des valeurs spirituelles
171 a été tué. Un peuple en guerre sauve son moral en se dopant, en forçant l’illusion ; un peuple neutre, en avouant le réel.
172 sais pas ce que l’avenir vaudra, mais je sais que s’ il vaut quelque chose, ce sera grâce à l’action personnelle des hommes
173 vé ou recréé. Non pas le droit et la justice dont se réclamaient nos égoïsmes et celui des gouvernements : tout cela ne se
174 l y a l’amour et l’espérance de l’éternel. À quoi se raccrocher, que faire encore ? Quelle était l’assurance d’éternité qu
175 40. L’auteur — qui est un de nos collaborateurs — se voit contraint par les circonstances à ne pas signer ces pages. »
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
176 e autour de nous, mais ce n’est pas une raison de se lamenter ou de se décourager, bien au contraire. C’est une grande occ
177 mais ce n’est pas une raison de se lamenter ou de se décourager, bien au contraire. C’est une grande occasion de travaille
178 ation communautaire. Car c’est bien de cela qu’il s’ agit : fonder à nouveau la cité, pour qu’elle résiste et qu’elle rayon
179 e arrive. Au cœur physique de notre Confédération se dresse le massif du Gothard, mystérieux et inexpugnable. Bastion natu
180 notre mission politique et de notre sécurité. Et s’ il fallait qu’un jour la Suisse fût envahie, j’imagine qu’elle pourrai
181 es trouveraient-elles le moyen de subsister et de s’ organiser par l’initiative des laïques, comme elles l’ont fait dans un
182 s souvent persécutées. Certes, il ne faudrait pas s’ imaginer que les premiers chrétiens étaient toujours des saints, et qu
183 rtant d’un de nos cultes, je regarde les gens qui se dispersent, et je me pose cette question : sont-ils prêts à mettre en
184 chain. Je me demande si les fidèles de nos cultes se sentent plus fortement liés aux autres membres de l’Église qu’ils ne
185 l’expression « esprit de corps » devrait pouvoir s’ appliquer à l’Église plus qu’à nulle autre communauté au monde, puisqu
186 anisme qui nous guette, et qui, lui, sait si bien s’ organiser. Je ne puis pas vous énumérer toutes les conditions nécessai
187 ments récents et avant les crises plus graves qui se préparent. Pour que nos Églises retrouvent le sens et la vertu commun
188 ministration et de ses rapports avec l’État comme s’ il s’agissait d’un parti ou d’une fondation de bienfaisance avec des t
189 tration et de ses rapports avec l’État comme s’il s’ agissait d’un parti ou d’une fondation de bienfaisance avec des tradit
190 l est bien vrai que notre État fédéral ne saurait se fonder concrètement que sur des bases chrétiennes de tolérance et d’a
191 t ordonnés par la Parole et par l’Esprit. Si l’on se remémore les événements qui ont amené la création de l’Église confess
192 vis de l’Église depuis plus d’un siècle : elle ne s’ y sent pas tout à fait chez elle ; elle n’y reconnaît pas son langage.
193 t puissent entendre sans éprouver le sentiment de s’ être égarés dans un milieu où ils sont déplacés. Que nos Églises se pr
194 s un milieu où ils sont déplacés. Que nos Églises se préoccupent donc davantage d’être vraiment ouvertes à tous ! C’est un
195 re un peu renfermée de certaines de nos paroisses se dissipera d’elle-même, se fera plus accueillante. L’étranger qui entr
196 taines de nos paroisses se dissipera d’elle-même, se fera plus accueillante. L’étranger qui entrera dans nos temples ne se
197 lante. L’étranger qui entrera dans nos temples ne se sentira plus perdu chez les braves gens, mais accueilli dans une mais
198 pasteur ne sera trop simple ! Jamais il ne pourra se rapprocher assez de la simplicité des paroles de la Bible. « Nous ne
199 point. Mais cela étant acquis, pourquoi l’Église se priverait-elle de souligner l’actualité de son enseignement ? Pourquo
200 condition, je le répète et j’y insiste, qu’il ne s’ agisse jamais des idées personnelles du pasteur ou de quelque écrivain
201 de l’épiscopat, encore que je sois persuadé qu’il se posera pour nous aussi un jour ou l’autre. Je ne parlerai pas non plu
202 selon les goûts et les idées du pasteur ; ils ne se déroulent pas d’après un plan traditionnel et chargé de sens dogmatiq
203 ditionnel et chargé de sens dogmatique, mais font se succéder, dans un ordre plus ou moins arbitraire, des textes souvent
204 toi ! »). III. Confession des péchés (l’assemblée s’ agenouille). IV. Kyrie (un petit chœur ou l’assemblée chante : « Seign
205 aisons je pense que nos Églises suisses devraient se préparer à l’adopter, telle qu’elle est. Il y a d’abord une raison gé
206 est de bonne volonté et avide de vérité, elle ne se laissera pas arrêter par ces détails. Ce qui est plus grave, c’est qu
207 ails. Ce qui est plus grave, c’est que le sermon, s’ il n’est pas exceptionnellement bon, risque bien de la laisser sur sa
208 a pas exactement ce que nous croyons, elle pourra s’ imaginer les choses les plus fausses. Ou bien encore, elle aura l’impr
209 onde, et même un étranger, peut savoir de quoi il s’ agit. J’avoue que pour ma part, et je ne pense pas être le seul de mon
210 le message essentiel. Enfin, ma troisième raison se rapporte étroitement à mon sujet, aux relations entre l’Église et la
211 nuflexions multipliées des orthodoxes russes, qui se prosternent jusqu’à toucher le sol de leur front, pourquoi refuserion
212 la confession des péchés, par exemple, comme cela se fait dans les Églises réformées de Paris ? Aurions-nous trop de digni
213 culte public, n’est pas sans portée spirituelle. Se lever, prier ensemble à haute voix, s’agenouiller, chanter spontanéme
214 irituelle. Se lever, prier ensemble à haute voix, s’ agenouiller, chanter spontanément un répons, ce sont des gestes qui en
215 t nécessaire et bon d’avoir une liturgie, comment se fait-il que nos Églises suisses soient les seules sur le continent qu
216 t les seules sur le continent qui croient pouvoir s’ en passer, sans dommage ? L’absence de liturgie, remarquez-le, est un
217 une question de vie ou de mort, dans le monde qui se prépare. Je vous ai suggéré trois directions d’effort à la fois néces
218 econdaires. « Indépendante » veux dire : libre de se gouverner elle-même, comme lorsqu’on parle de « l’indépendance » de l
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
219 l’inertie des masses et l’à-peu-près intellectuel s’ opposent sans cesse à cette reprise de conscience. D’où la nécessité d
220 ante autocritique, si l’on ne veut pas déchoir ou se laisser dissoudre, si l’on veut durer et surtout, si l’on prétend se
221 e, si l’on veut durer et surtout, si l’on prétend se donner en exemple. Clarifions notre langage ! — Puisque le fédérali
222 se des intérêts locaux contre le centre. Ceux qui se disent, chez nous, « fédéralistes » ne sont souvent, je le crains, qu
223 cède de Berne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne qui pourra 
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
224 ous justifier, aux yeux de l’Europe qui essaie de se fédérer, cette raison de nous tenir à l’écart ou de bénéficier d’un t
225 out spécial, que nos autorités et nos journaux ne se lassent pas d’invoquer — comme si cela allait de soi — chaque fois qu
226 c’est faire du commerce avec tout le monde, sans se compromettre avec personne, tout en échappant au reproche d’égoïsme p
227 yen semble croire aujourd’hui, il ne faudrait pas s’ étonner qu’elle impatiente de plus en plus le reste du monde. Comment
228 Confédérés apparaît vers 1648, lorsque la Suisse se sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la gu
229 montré que les cantons ne peuvent rester unis que s’ ils s’abstiennent de prendre part aux guerres entre rois catholiques e
230 que les cantons ne peuvent rester unis que s’ils s’ abstiennent de prendre part aux guerres entre rois catholiques et prot
231 e n’est qu’en 1815 que la neutralité de la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les Puissances et déclarée perpétuell
232 la Suisse avait pris parti, à ce moment-là, elle se fût déchirée en deux : une partie tenant pour la France, l’autre pour
233 libre européen ». Mais déjà en 1939, la question se posa différemment. L’équilibre étant rompu au profit des puissances f
234 y a l’Europe entière qui essaie de survivre et de s’ unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si j’
235 sac, si j’ose dire. La seule question réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est en
236 I Avant tout essai de réponse, on fera bien de se demander d’abord : Quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’Euro
237 bre entre les grandes puissances du continent. Il s’ agit aujourd’hui d’autre chose. L’idée d’une guerre prochaine entre pa
238 nion ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant de se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe ?
239 rope qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas d’attaque, demain. Je sais très bien que la seule men
240 soit les États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’ il sort de son impasse, soit encore une menace de guerre contre le con
241 e. Le voici : Tant que la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan militaire — i
242 ope est en danger. Les efforts pour unir l’Europe se multiplient. Il semble que les obstacles qui s’opposent à une fédérat
243 e se multiplient. Il semble que les obstacles qui s’ opposent à une fédération européenne se font plus difficiles et plus n
244 tacles qui s’opposent à une fédération européenne se font plus difficiles et plus nombreux. Les Suisses doivent d’abord co
245 pe unie ? À supposer qu’une fédération européenne se réalisât prochainement, dans quelle mesure la neutralité helvétique s
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
246 la Russie de 1815 et l’URSS de Staline, lorsqu’il s’ agit de leurs relations avec l’Europe ; qu’il tienne l’URSS — malgré e
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
247 De cette morale que l’on disait chrétienne et qui se confondait, du moins par ses tabous, avec la morale victorienne et pl
248 t ce sera vrai pour nous aussi bientôt —, je vois se dessiner un tout autre schéma, comme un nouveau renversement, annonci
249 sse intellectuelle anglo-saxonne, en attendant de se répandre dans nos pays), cette théologie-là bouleverse le fondement c
250 ie, ethnologie, et même linguistique depuis peu — se mettent en devoir et en mesure de remplacer les préceptes et coutumes
251 rendement des procédés et des conduites, — qu’il s’ agisse de s’assurer contre l’imprévu ou au contraire de mieux courir s
252 es procédés et des conduites, — qu’il s’agisse de s’ assurer contre l’imprévu ou au contraire de mieux courir son risque pe
253 niques. (On les verra peut-être alors, ces sages, se lamenter sur la fuite du bon vieux temps qu’auront été les siècles de
254 t ce pathos traditionnel de l’existence morale va s’ évaporer ! Exécuter une prescription médicale, même s’il s’agit d’une
255 aporer ! Exécuter une prescription médicale, même s’ il s’agit d’une intervention douloureuse comme peut l’être une extract
256 r ! Exécuter une prescription médicale, même s’il s’ agit d’une intervention douloureuse comme peut l’être une extraction d
257 e, on fait ce qu’a ordonné le médecin, au lieu de se débattre interminablement avec la voix de sa conscience, les conseils
258 er beaucoup de ces observateurs, c’est l’idée que s’ il devait en aller ainsi demain, les Églises et leurs clergés n’auraie
259 contestée de la Science, et sans doute de l’État, s’ en voyant chargés à la satisfaction des masses (pour ne pas dire : au
260 qu’on appelait « morale chrétienne », au lieu de se cramponner à un magistère tombé en désuétude, les Églises ne feraient
261 ment celle de Rome, dans la lancée de Vatican II) se décident à rendre à César, c’est-à-dire au « siècle », le soin de la
262 idienne des membres d’une société, elles pourront se consacrer d’autant mieux à leur mission proprement spirituelle, qui e
263 r prescrire aux hommes leur mode de vie, d’autres s’ en chargent. Elle est là pour mettre en question cet ajustement trop p
264 ant à celui qui veut devenir chrétien, devra-t-il s’ exiler moralement de cette société trop bien ajustée, se désadapter ex
265 er moralement de cette société trop bien ajustée, se désadapter exprès, ou saboter la Machine directrice, ou simplement fa
266 issant judicieusement la Loi prescrite, ne pourra s’ empêcher de se poser la Question, celle qui est réputée nulle et vide.
267 usement la Loi prescrite, ne pourra s’empêcher de se poser la Question, celle qui est réputée nulle et vide. Chrétien en c
268 . Cet acte d’hérésie objective, de résistance, ne se manifestera pas nécessairement sous une forme agressive et violente.
269 crée à chaque pas à tâtons dans le noir et qui ne s’ éclaire que sous mes pas. C’est ainsi que je comprends le verset du ps
270 de l’avenir. Dans son état primitif, mon ouvrage s’ ouvre par le bref récit d’une modeste expérience, pour moi très import
271 es sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’ en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la cible. Cepen
272 entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’ arrêtait, dansait de nouveau, s’embuait. J’essayais de le rejoindre du
273 oir dansait, puis s’arrêtait, dansait de nouveau, s’ embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fas
274 usage du Tir et de la méditation sur cet art. Il s’ agit du tir à l’arc. Le tireur zen doit arriver à s’identifier au but
275 agit du tir à l’arc. Le tireur zen doit arriver à s’ identifier au but (à la cible), à avoir ce but en soi, de telle sorte
276 des et conventions de toute espèce qu’une société se donne pour guider les conduites de ses membres. Cela va des règles du
277 un acte sur lequel les meilleurs cerveaux peuvent se concentrer avec passion pendant une heure, car il est chargé de sens
278 qu’elles ne sont que de « simples conventions », se trompent doublement : car premièrement, on peut démontrer que les règ
279 e cet intérêt tient aux règles et à rien d’autre. S’ il est admis que les normes de la morale sont des règles d’un jeu, tou
280 ne sauraient être arbitraires. (Beaucoup de gens s’ imaginent que les deux termes « convention » et « arbitraire » sont à
281 règles, et c’est même ce qui devrait permettre de se passer de code, de lois, de règles… « Ama et fac quod vis » est sans
282 s vous parler, c’est la vocation particulière qui s’ adresse à un individu et fait de lui une personne distincte et unique.
283 es chemins de l’esprit, — oui, tous convergent et se rejoindront en Dieu, mais il y a un chemin par homme ! — comment savo
284 e mettre en doute ou de nier son existence — sauf s’ ils ont fait, eux aussi, l’expérience de cet appel invraisemblable — e
285 aux savants et à l’État, vous risquez de laisser s’ établir une société totalitaire. Et vous privez le monde des aides de
286 iritualiste. Toute vie spirituelle authentique ne s’ est-elle pas toujours jouée entre les deux extrêmes du désert et du dé
287 ses, ce qu’il doit faire lui seul. (Et d’abord, à se faire lui-même, ajouterais-je.) Aux fidèles enfin, à tout homme qui m