1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 camaraderie. Et ce sont là les vraies raisons de sa puissance. C’est sur ce terrain-là — non sur des champs de bataille h
2 mparer de l’État. Un peu de civisme l’eût arrêté. Sa force n’a été faite que de lâchetés accumulées, et de calculs dits « 
3 symbolique, comme le prouve le rapport que fit à son sujet le chef fasciste de l’expédition. Il écrit en effet à la Centra
4 à tenir bon ? C’est un homme qui a conscience de ses raisons de vivre. Ce n’est pas l’homme le mieux armé, mais celui dont
5 voir établi ; et demain, s’il triomphe chez nous, sa puissance ne sera que la somme exacte de nos lâchetés particulières.
6 ’est ma patrie, et d’autre part, il se trouve que sa tradition politique est la plus proche du personnalisme. C’est donc à
7 plus populaire. J’ai à cœur cependant de montrer son danger pour nous Suisses. Et je voudrais, à titre personnel évidemmen
8 . Se placer sur le plan de la guerre totale et de sa préparation civile en temps de paix, cela équivaut pratiquement à fai
9 out, c’est essentiellement parce qu’il doutait de sa valeur propre et autonome, parce qu’il doutait de sa vocation, de sa
10 valeur propre et autonome, parce qu’il doutait de sa vocation, de sa raison d’être comme État ; parce qu’il était miné par
11 autonome, parce qu’il doutait de sa vocation, de sa raison d’être comme État ; parce qu’il était miné par une intime tent
12 ale pour la Suisse ! Un État qui ne croit plus à sa valeur spirituelle, ou ne prouve plus qu’il y croit, puisqu’il se met
13 ion physique dans le jiu-jitsu : elle fait perdre son équilibre à l’assaillant. Elle lui fait perdre le soutien que lui don
14 valeurs, où il ne sait comment agir, et il y perd son assurance. Représentons-nous cela : deux hommes se battent. Ils sont
15 urs supprime cet accord fondamental et prouve par ses actes qu’il abandonne la méthode de lutte ancestrale, il n’est pas ét
16 s étonnant que l’autre soit déconcerté, parce que ses instincts animaux ne lui dictent plus de conduite immédiate. Il vacil
17 me Suisse, convaincu de la mission fédéraliste de son pays ; je vous le dis aussi comme chrétien. Refuser le jeu de l’agres
18 é. Le christianisme, probablement par la faute de ses ministres, ne satisfaisait plus depuis bien longtemps au besoin de cr
19 mission du peuple allemand, nous voulons croire à son immortalité, […] et peut-être réussirons-nous à y croire. Ne sentez-
20 contraire la compassion, bien qu’elle l’appelle à son insu. Il faut savoir la deviner sous les rodomontades officielles et
21 rès mauvais gré et lui en fit de vifs reproches à ses derniers moments. Mon oncle en fut affligé, et pour mourir en paix, i
22 me défaillant par le culte social de l’État et de son principe « sacral » : Prolétariat, Race, Empire. 2. Quelques bourgeo
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
23 n souvenir scolaire. Nous n’avons guère retenu de son histoire que l’image d’un ermite à longue barbe qui rétablit la paix
24 cilement, un héros dont l’activité se résume dans ses « bonnes paroles » ? Les catholiques, par contre, cultivent avec amou
25 rère Claus » qui est exalté : on parle surtout de ses miracles, de son ascèse, de ses visions, et même parfois des prophéti
26 est exalté : on parle surtout de ses miracles, de son ascèse, de ses visions, et même parfois des prophéties qu’on lui attr
27 parle surtout de ses miracles, de son ascèse, de ses visions, et même parfois des prophéties qu’on lui attribue sur la Réf
28 s prophéties qu’on lui attribue sur la Réforme et ses « innovations ». Une suite de hasards m’ayant mis entre les mains, au
29 me, en vérité ? Et peut-on le comprendre, hors de son temps ? Il naquit à l’époque du concile de Constance, et mourut à la
30 de Constance, et mourut à la fin du xve siècle. Son existence coïncide donc exactement avec la dernière période d’unité d
31 on, autour du siège de Saint-Pierre raffermi dans sa Primauté. Mais une discipline extérieure ne pouvait pas tromper les â
32 s de Flue nous en donne une preuve édifiante. Dès son enfance, nous le voyons s’astreindre aux « œuvres » de la religion qu
33 à peu s’exerce à jeûner également d’autres jours. Sa piété précoce et frappante paraît le désigner pour la prêtrise ou pou
34 elles on lui fait prendre part, il se retire dans son canton natal pour y exercer les fonctions patriarcales de juge de pai
35 s patriarcales de juge de paix, tout en cultivant son domaine. Un beau jour, certaine injustice flagrante commise par ses c
36 au jour, certaine injustice flagrante commise par ses collègues, au cours d’un procès, le décide à déposer sa charge et à s
37 lègues, au cours d’un procès, le décide à déposer sa charge et à se retirer dans sa famille. C’est le deuxième temps de ce
38 e décide à déposer sa charge et à se retirer dans sa famille. C’est le deuxième temps de cette espèce de retraite concentr
39 oncentrique — vers lui-même — qui est la forme de sa destinée. Notons que ce capitaine, puis ce juge, puis ce père de fami
40 ieux confédérés, sinon par la rigueur inusitée de sa conscience. C’est un citoyen de bon sens et de bon conseil, un solide
41 lui donner les pratiques d’une extrême dévotion, ses proches ont bien senti le drame intime, longuement couvé et mûri. San
42 te a-t-il eu des visions, peut-être a-t-il manqué sa vocation de prêtre, — déçu par les exemples qu’il avait sous les yeux
43 us les yeux. Peut-être aussi rêve-t-il comme tout son siècle, et sans le savoir, d’une piété plus intérieure, d’un contact
44 avec Dieu… À cinquante ans, il n’y résiste plus : sa vocation profonde triomphe de tous ses doutes, et même de ses devoirs
45 iste plus : sa vocation profonde triomphe de tous ses doutes, et même de ses devoirs et attachements humains. Quelle vocati
46 profonde triomphe de tous ses doutes, et même de ses devoirs et attachements humains. Quelle vocation ? Celle des « frères
47 abandonnés au souffle de l’Esprit. Il fait part à sa femme de cette terrible décision, et elle l’accepte au terme d’une lu
48 ne minuscule chapelle. Et le miracle, préparé dès son enfance, se réalise : Nicolas s’aperçoit soudain qu’il peut se passer
49 r dans un des villages voisins, et c’est là toute sa nourriture. Car n’est-il pas écrit, comme il le répétera souvent : « 
50 ère Claus » — ainsi qu’on l’appelle désormais. Et sa légende se répand, en Suisse d’abord, puis bien au-delà. Peu à peu, l
51 près du Frère Claus des envoyés chargés d’obtenir son appui : car son conseil est si puissant parmi les Suisses qu’on a cou
52 aus des envoyés chargés d’obtenir son appui : car son conseil est si puissant parmi les Suisses qu’on a coutume de s’adress
53 ses passent outre aux avis de l’ermite, et toutes ses prédictions se réalisent : victoires, pillage, flot d’or, et disputes
54 ais voici l’heure de Nicolas, l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses retraites successives. Pendant la nuit,
55 de Nicolas, l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses retraites successives. Pendant la nuit, le curé de Stans
56 l’heure qui donnera son plein sens à sa vie et à ses retraites successives. Pendant la nuit, le curé de Stans monte au Ran
57 me paraît probable que l’autorité de Nicolas sur ses compatriotes suffit à calmer les esprits et à permettre une délibérat
58 , est en réalité la seule qu’il n’ait pas faite : sa venue en personne à la Diète, et le discours qu’il y aurait prononcé 
59 peut-être de mieux situer cet homme par rapport à son temps tout d’abord, mais aussi par rapport à notre foi. La tendance l
60 e ne puis me persuader qu’il ait été décisif dans sa vie. Si l’on considère d’une part la sainteté des œuvres qu’il pratiq
61 rupuleuses : comme Nicolas, il espérait, de toute son âme, s’acquérir la sainteté par les voies qu’ordonnait l’Église ; mai
62 nt à Luther d’avoir « manqué de discrétion » dans ses pratiques. Mais ce reproche n’atteindrait-il pas davantage un Nicolas
63 n Nicolas de Flue, jeûnant plus que de raison dès son enfance, et au-delà de toute « discrétion » imaginable pendant ses vi
64 u-delà de toute « discrétion » imaginable pendant ses vingt dernières années ? Ce rapprochement, que je ne puis qu’esquisse
65 uelle des inquiétudes que nourrit Nicolas jusqu’à sa cinquantième année ? Toutes proportions gardées, il me paraît licite
66 ogique » du Docteur augustin. Ce serait ainsi par son aspect le plus catholique que nous pourrions précisément saisir, dans
67 verrons plus loin, furent si nettement perçus par ses après-venants. On serait tenté de chercher ailleurs, à un niveau plus
68 vères pour les abus et les trahisons du clergé de son siècle. On cite les répliques assez dures dont il gratifia plus d’un
69 sant de devenir prêtre, mais surtout en cherchant son salut dans une solitude érémitique d’ailleurs pleine d’activité autan
70 le de la mystique germanique. Nous savons que par sa mère et par certains amis de celle-ci, tel le curé Matthias Hattinger
71 ar eux, de Maître Eckhart. On sait que Luther, de son côté, fut assez fortement influencé par ces mêmes doctrines. Cependan
72 iie siècle et du mouvement cathare. Plusieurs de ses principaux représentants vécurent en Suisse allemande du xiiie au xv
73 oir avec certains Amis de Dieu. Lorsqu’il quitta sa femme et ses enfants, son idée n’était-elle pas de se rendre en Alsac
74 tains Amis de Dieu. Lorsqu’il quitta sa femme et ses enfants, son idée n’était-elle pas de se rendre en Alsace, pour y rej
75 Dieu. Lorsqu’il quitta sa femme et ses enfants, son idée n’était-elle pas de se rendre en Alsace, pour y rejoindre des co
76 l ne rompit jamais avec l’Église, tout en gardant ses distances — mais d’autre part, il est indéniable que ses propos et so
77 tances — mais d’autre part, il est indéniable que ses propos et son action relèvent directement de cette espèce de réaction
78 d’autre part, il est indéniable que ses propos et son action relèvent directement de cette espèce de réaction intérieure au
79 s protestantes, mentionne longuement Nicolas dans son Catalogue des témoins de la foi qui se sont dressés avant Martin Luth
80 , par la parole et par l’écrit, contre le pape et ses erreurs. 2. Sermons et pamphlets des réformateurs. — En 1523 déjà, Z
81 il rappelle les conseils politiques de l’ermite, ses mises en garde répétées contre le service mercenaire à l’étranger. Et
82 auff unsserm myst bleiben » (Que chacun reste sur son fumier !). Vous feriez mieux de le croire et de ne point innover, etc
83 e à la Diète (Uri se contentant parfois de sonner sa fameuse corne !), et Moïse ou Élie intervenaient dans les débats le p
84 e du Frère Claus y est mise en valeur, tandis que son rôle politique n’est même pas mentionné. (Cela gênait l’Église, remar
85 épées », que Nicolas avait fait peindre au mur de sa cellule. Luther l’interprétait comme une prophétie contre le pape, do
86 ronnée de trois glaives, l’un d’eux appuyé contre ses lèvres comme pour l’empêcher de dire la Parole. Mais à partir de 1536
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
87 cette guerre n’est, en fin de compte, malgré tous ses prétextes matériels, qu’un épisode tragique d’une bataille bien plus
88 onde. Tel grand chimiste scandinave invente, dans son laboratoire, un corps nouveau, un puissant explosif, grâce auquel l’i
89 nner. Et le chimiste pacifique verra retomber sur sa tête, sous la forme d’une bombe de 1000 kg son invention humanitaire.
90 sur sa tête, sous la forme d’une bombe de 1000 kg son invention humanitaire. Par quelle fatalité mauvaise tous les progrès
91 signifie une si cruelle disharmonie, quelles sont ses causes, et s’il existe des remèdes. Car il ne serait pas suffisant de
92 s : c’est l’esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve ici mis à nu. Un autre fait,
93 nce, fut interrogé un jour, devant moi, par un de ses collègues. Était-il vrai, lui demandait-on, que sa banque finançât la
94 s collègues. Était-il vrai, lui demandait-on, que sa banque finançât la guerre des Japonais contre Shanghai ? Il répondit
95 r qu’il y avait disharmonie, contradiction, entre son comité de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des
96 entre son comité de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui para
97 , c’est une croyance spontanée et universelle. Et ses effets sont si nombreux, si quotidiens, qu’on finit par ne plus les v
98 trouve parfaitement naturel que la pensée abdique sa liberté et se soumette aux besoins de l’action, du haut en bas de l’é
99 lation de l’Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplées, sa production industrielle centuplée, et
100 blé en cent ans, ses richesses ont été décuplées, sa production industrielle centuplée, et enfin tous ces éléments réunis
101 par une notion générale de l’homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie ! Mais si ces mêmes pouvo
102 és à l’anarchie, s’ils se développaient chacun de son côté sans tenir compte d’aucune harmonie ni d’aucune mesure humaine,
103 ils ont dit : la dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désintéressement scientifique.
104 réside dans son détachement de toute action, dans son désintéressement scientifique. Ils n’ont pas dit : nous ne voulons pl
105 ’opium du peuple, disait Marx. Je lui réponds que sa croyance au Progrès est l’opium de la culture. S’il fallait résumer r
106 s un monde où règne la presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’organiser et de centraliser en écrivant :
107 ir à quoi devait conduire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le développement de l’industrie a produit évidemment
108 ion qui ne sait plus où elle va ! Et la société à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’acti
109 trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dans sa spécialité, suit des voies totalement divergentes, tracées par des pr
110 Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux détails. Au Moyen Âge, la théologie. Dans toutes ces c
111 e fait à un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de tou
112 rt qui définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice. Eh ! bien, je dis que lorsqu’on en arrive à une pareille déc
113 s masses vers une communauté humaine rénovée dans son esprit et dans ses signes, l’appel de toute l’Europe du xxe siècle v
114 ommunauté humaine rénovée dans son esprit et dans ses signes, l’appel de toute l’Europe du xxe siècle vers une commune mes
115 aies causes du mal, et non seulement pour décrire ses remèdes, mais surtout pour les essayer sur nous d’abord. À la rech
116 cines que le mal qui est dans la pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens ou intellectuels, tous ont oublié l’hom
117 e dans leurs calculs, ou bien se sont trompés sur sa nature. Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ
118 sont trompés sur sa nature. Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et c’est pourquoi leu
119 Or l’histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa pleine réalité et sa mesure qu’au sein d’un groupe humain, ni trop va
120 pprend que l’homme ne trouve sa pleine réalité et sa mesure qu’au sein d’un groupe humain, ni trop vaste ni trop étroit. I
121 Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa conversion, se trouve chargé d’une vocation particulière qui le disti
122 ne vocation particulière qui le distingue de tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation unique le met en relation
123 t il est libéré par cela même qui l’engage envers son prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien, je dis que les maux
124 ui l’engage envers son prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien, je dis que les maux dont nous souffrons sont avant
125 ne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation envers ses prochains, il devient individualiste. Et quand il
126 ublie qu’il est responsable de sa vocation envers ses prochains, il devient individualiste. Et quand il oublie qu’il est re
127 iste. Et quand il oublie qu’il est responsable de sa vocation envers lui-même, il devient collectiviste. L’homme complet e
128 mble par l’exercice d’une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout rebâtir. Cependa
129 une discipline qui ne s’accommode pas du tout de sa vocation personnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la cultur
130 un homme redevient conscient des vrais besoins de sa personne. Il n’y a de loi, répétons-le, que là où l’homme renonce à s
131 , que là où l’homme renonce à se manifester selon sa vocation particulière. Si j’insiste sur cet axiome, c’est qu’il est p
132 n fait — aux proportions de l’esprit humain et de ses prises. Mais quelles seront alors les directives de cette action rede
133 desquels la culture d’Occident a toujours trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes, je le sais, sont à l’œuvre, Mouvement
134 avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients : car chacun dans le groupe où il est né, ou dans le gr
135 donner le meilleur de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et une
136 sprit, c’est justement l’esprit fédéraliste, avec sa devise paradoxale : Un pour tous, tous pour un. Et me voici conduit,
137 hargés de la défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahiss
138 ontre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahissons cette mission, si
139 der son trésor, d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahissons cette mission, si nous n’en prenons pas co
140 ence, et de tirer des leçons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses échecs, que nous connaissons mieux que perso
141 ons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses échecs, que nous connaissons mieux que personne. Tout mon espoir est
142 rreur profonde quant aux pouvoirs de l’homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos forces une Eu
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
143 nous avions su croire en lui pendant le temps de sa patience, nous aurions eu « des yeux pour voir », et pour connaître l
144 ent bien qu’on ne pourrait que répondre non. D’où sa myopie et son imprévision systématique des maux prochains. J’écris ce
145 n ne pourrait que répondre non. D’où sa myopie et son imprévision systématique des maux prochains. J’écris ceci pendant la
146 sme de l’État. Et contre tout l’« économisme » de son temps, il ose écrire : « Si quelque chose aujourd’hui menace la liber
147 préoccupation, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’en doutons pas, est du côté de la tyrannie. » Et qu’il suffi
148 re parce que Dieu existe, et qu’il est juste dans son châtiment. Il faut payer. Nous adorions l’idole de la prospérité, et
149 toute matérielle d’un ordre de choses vicié dans son principe ; ou la conquête, mais qui tue ce qu’elle conquiert. « Mea c
150 ême plus qui a été tué. Un peuple en guerre sauve son moral en se dopant, en forçant l’illusion ; un peuple neutre, en avou
151 on ; un peuple neutre, en avouant le réel. Avouer ses fautes est une libération dont l’homme sort toujours retrempé. Avouer
152 le « petit nuage » passerait aussi, probablement, sa vie et celle de tant de frères. Mais au-delà de l’optimisme humain to
153 ous a autorisé à reproduire cet article paru dans son numéro de juin 1940. L’auteur — qui est un de nos collaborateurs — se
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
154 -même. Elle n’a plus d’autre garantie humaine que son armée, plus d’autre allié que son terrain, plus d’autre espoir que so
155 tie humaine que son armée, plus d’autre allié que son terrain, plus d’autre espoir que son travail. Contrairement à ce que
156 re allié que son terrain, plus d’autre espoir que son travail. Contrairement à ce que beaucoup croient, cette situation n’e
157 es gens. Par exemple, on ne doit plus discuter de son administration et de ses rapports avec l’État comme s’il s’agissait d
158 ne doit plus discuter de son administration et de ses rapports avec l’État comme s’il s’agissait d’un parti ou d’une fondat
159 glise n’est pas à nous, n’est pas notre œuvre, et ses affaires ne sont pas nos affaires d’abord, mais les affaires du Royau
160 as tout à fait chez elle ; elle n’y reconnaît pas son langage. Il y a là certainement quelque chose d’anormal. L’Église n’a
161 , parole qui devrait libérer plus d’un pasteur de ses soucis, et résoudre en partie le problème du samedi soir… Encore faut
162 ire, et elle demande à la prédication de parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquille et familière assurance de la
163 emande à la prédication de parler à sa foi, non à son doute, avec la tranquille et familière assurance de la foi. Car la co
164 ise se priverait-elle de souligner l’actualité de son enseignement ? Pourquoi ne parlerait-elle pas de politique, si elle l
165 térêts de classe ; ou pour montrer à notre peuple sa mission positive dans l’Europe d’aujourd’hui. Toutes ces choses peuve
166 ment, la valeur liturgique d’un texte réside dans son invariabilité. C’est grâce à cette invariabilité que le fidèle peut v
167 e peut vraiment suivre le texte, dire en lui-même ses paroles, redécouvrir chaque fois leur sens toujours nouveau. C’est gr
168 iteurs, et pleinement significative en chacune de ses parties. Elle doit former un ensemble, un tout cohérent et indivisibl
169 réformées de France. Je vais vous la décrire dans ses principaux traits. I. Invocation (l’assemblée debout). Psaume. II. La
170 ation (l’assemblée debout). Psaume. II. La Loi ou son sommaire (l’assemblée assise) (après la lecture, chant spontané : « M
171 a foi réformée, mais aussi du drame chrétien dans son déroulement biblique : la Loi d’abord, qui nous condamne, puis la con
172 ens, cette liturgie est une des plus belles, dans sa simplicité, et des plus justes aussi, de toutes celles qu’utilisent l
173 symboles collectifs qui manifestent publiquement sa cohésion spirituelle. Il y a là une grande loi sociologique qu’on ne
174 ptionnellement bon, risque bien de la laisser sur sa faim. En sortant de là, elle ne saura pas exactement ce que nous croy
175 de cette question, ou retenus par des préjugés à son égard. Je me suis borné à soulever devant vous quelques problèmes urg
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
176 isse. C’est qu’il en a besoin plus que nul autre. Sa devise est un paradoxe qu’il n’a pas toujours bien compris. Elle excl
177 libre vivant entre les droits de chaque région et ses devoirs envers l’ensemble, il n’est pas absurde de nommer « fédéralis
178 droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdus = traité, serment, union.) Par une inconséq
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
179 profit des puissances fascistes, la Suisse ne dut son salut qu’à une chance extraordinaire, aidée par une armée solide et u
180 us question pour la Suisse d’essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des puissances voisines. Il n’
181 devienne entière, qu’elle mette en commun toutes ses forces pour relever son économie, son niveau de vie, son moral, et po
182 le mette en commun toutes ses forces pour relever son économie, son niveau de vie, son moral, et pour assurer sa défense. O
183 mmun toutes ses forces pour relever son économie, son niveau de vie, son moral, et pour assurer sa défense. Or, peut-on dir
184 ces pour relever son économie, son niveau de vie, son moral, et pour assurer sa défense. Or, peut-on dire que l’attitude pl
185 ie, son niveau de vie, son moral, et pour assurer sa défense. Or, peut-on dire que l’attitude plus que réservée de la Suis
186 itif à la fédération du continent, c’est-à-dire à ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis de la défense de l’Europe, la
187 quoi la Suisse devrait éventuellement renoncer à sa neutralité. Je réponds pour ma part que cela ne pourrait être qu’au p
188 it de l’Europe entière, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-il que cette union prenn
189 re faut-il que cette union prenne forme, et qu’en son nom des questions très précises nous soient posées. Cela viendra, n’e
190 ts-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tout en
191 sse sécurité d’une tradition qui a peut-être fait son temps, endormis derrière la neutralité, comme la France en 1940 derri
192 Maginot, comme l’Amérique l’été dernier derrière sa Bombe. Je voulais introduire, ce soir, une discussion qui, je l’espè
193 notre part, elle est contraire à l’esprit même de son statut, et elle peut donc demain devenir une trahison. Car je le répè
194 nt la tâche de conciliation qui serait conforme à son génie ? — En faveur du maintien, de l’assouplissement ou de l’abandon
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
195 thèse jusqu’à la déformer, et qu’il ait apporté à sa réfutation moins de scrupule que d’humeur. J’avais pourtant pris soin
196 je n’ai considéré que l’intérêt européen : c’est sa « grave erreur liminaire ». J’ai naturellement insisté sur « l’intérê
197  sans réserve » que la Suisse devrait subordonner sa politique à « l’intérêt des principaux États de l’Europe » ? J’ai dit
198 t que si la Suisse un jour décidait de renoncer à sa neutralité, ce ne pourrait être qu’au profit de l’Europe entière et d
199 rrait être qu’au profit de l’Europe entière et de son union fédérale ; et j’ai ajouté : « Encore faut-il que cette union pr
200 er qu’on discute un budget, ce n’est pas demander sa suppression. (On m’a fort mal compris, mais je ne m’en étonne guère :
201 chiffres et proportions qu’il cite vers la fin de son article soient erronés, — ceci pour deux motifs, l’un d’interprétatio
202 on dix comme le répète mon censeur, ce qui fausse ses calculs à la base. Finalement, quelle est la position de M. Lasserre
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
203 s Pères et des réformateurs ou de Thomas d’Aquin. Ses problèmes centraux peuvent être tenus pour résolus, ses options décis
204 oblèmes centraux peuvent être tenus pour résolus, ses options décisives, en tout cas, sont nettement définies. Mais la mora
205 ait chrétienne et qui se confondait, du moins par ses tabous, avec la morale victorienne et plus généralement bourgeoise-oc
206 nde-Bretagne la « théologie de la mort de Dieu » ( ses échos remplissent depuis un an la presse intellectuelle anglo-saxonne
207 contre l’imprévu ou au contraire de mieux courir son risque personnel, de guérir, ou d’améliorer son statut social, ses po
208 r son risque personnel, de guérir, ou d’améliorer son statut social, ses possibilités de travail et de loisirs, donc aussi
209 nel, de guérir, ou d’améliorer son statut social, ses possibilités de travail et de loisirs, donc aussi sa culture et sa li
210 possibilités de travail et de loisirs, donc aussi sa culture et sa liberté. Nous tendons de la sorte, dans les pays techni
211 e travail et de loisirs, donc aussi sa culture et sa liberté. Nous tendons de la sorte, dans les pays techniquement avancé
212 dans une société donnée, et non plus l’Église par ses décrets généraux et par l’intervention personnelle du prêtre ou du pa
213 u de se débattre interminablement avec la voix de sa conscience, les conseils du prêtre, ou simplement l’opinion des proch
214 uelle, qui est à mon sens : de rappeler à l’homme son but final, sa destination ultime, sa vocation. Car les règles et les
215 à mon sens : de rappeler à l’homme son but final, sa destination ultime, sa vocation. Car les règles et les moyens de la v
216 r à l’homme son but final, sa destination ultime, sa vocation. Car les règles et les moyens de la vie sociale sont séculie
217 érifiées et mises à jour, toute question trouvant sa réponse quasi instantanée par la consultation d’un ordinateur, les re
218 le contenu et les conditions de ce qu’il nommera sa « liberté ». Cela sera vu et ressenti comme un refus de la « solution
219 nos problèmes éthiques, en vue de l’avenir. Dans son état primitif, mon ouvrage s’ouvre par le bref récit d’une modeste ex
220 ouvrir des tricheries évidentes ne lui enlève pas son intrinsèque vérité.) (Plus tard, j’ai découvert que la secte bouddhi
221 une société se donne pour guider les conduites de ses membres. Cela va des règles du jeu d’échecs à la prohibition de l’inc
222 on : il ne disposait que de la loi mosaïque et de son sommaire, le commandement sur l’amour de Dieu et du prochain comme de
223 ans doute le summum de la morale mais c’est aussi sa négation. Quant au Décalogue, c’est bien un code, mais rudimentaire e
224 es de tout ce que la société juge indispensable à son bien : tantôt l’esclavage et tantôt la liberté, tantôt le droit divin
225 es par un joueur n’entraînent pas de jugement sur sa valeur en tant que personne. Il est entendu que si l’on fait une faut
226 oucieux de mon sort de mettre en doute ou de nier son existence — sauf s’ils ont fait, eux aussi, l’expérience de cet appel
227 jamais vu. N’ayant d’autres moyens de répondre à son appel, de le rejoindre, que ceux que me suggère, inexplicablement, ma
228 me dans un saut… Dans ces moments, le But a dicté ses moyens. Il ne les a pas seulement justifiés, il les a faits et me les
229 ais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde des règles du jeu, mais prend son sens dans le mo
230 place dans le monde des règles du jeu, mais prend son sens dans le monde de la vocation. Voici comment je crois qu’il faut
231 aulinienne qu’elle soit sans doute — au moins par sa structure dialectique — il est évident qu’elle provoque une série de
232 e théologiques, regrettera peut-être au secret de son cœur, l’époque où l’on pouvait brûler des gens comme moi. Je lui dira
233 le relie à cette communauté et qui l’insère dans ses réalités concrètes. Aux démocrates ombrageux qui m’accuseraient de p
234 is les paroles de Jésus sur le sel de la Terre et sa saveur. Mais j’ajouterais, paraphrasant Teilhard de Chardin : chaque
235 à faire de grandes choses, c’est vrai, mais, par sa solidarité avec une grandeur qui le dépasse, à faire grandement la mo
236 ir. C’est un moyen, ici encore, dicté et créé par sa fin. Car c’est l’Esprit qui nous meut à prier. Les « soupirs inexprim