1 1938, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La vraie défense contre l’esprit totalitaire (juillet 1938)
1 aut de civisme qui résultait de la destruction de toute commune mesure dans la cité (ou d’un défaut total d’éducation, comme
2 x que nous tendent les totalitaires. Plaçons-nous tout d’abord dans l’hypothèse que seule la force matérielle peut résister
3 mais eu l’idée de proposer qu’on donne la peste à toute la nation. Or c’est à peu près cela qu’on nous propose : faire vivre
4 e totalitaire sur le plan de la défense armée, et tout subordonner à cela, c’est introduire chez nous le cheval de Troie. La
5 Si nous restons cela, si nous prenons conscience tout à nouveau de la grandeur d’une pareille vocation, on nous laissera tr
6 pas assimilables. Voilà la résistance civique et toute civile dont je vous parlais, et voilà la conscience de notre force vé
7 is il n’en reste pas moins que notre tâche est de tout mettre en œuvre pour échapper au cercle de la guerre totale. Je crois
8 ment plus faible, où les totalitaires puiseraient tout simplement une énergie renouvelée. Essayons d’inventer autre chose. N
9 al : la croyance à la validité de la violence. Si tout d’un coup l’un des lutteurs supprime cet accord fondamental et prouve
10 Déconcerter le mal en lui opposant le bien, c’est toute la tactique des apôtres. Et pour qu’on n’aille pas penser que je préc
11 Hitler ou d’un Staline que nous devons attribuer tout le mal, mais aussi bien à la carence des chrétiens. Ceci dit, il nous
12 ans cette volonté de croire à n’importe quoi et à tout prix, fût-ce à quelque chose d’aussi peu croyable que l’immortalité d
13 ntardises effrénées de la propagande totalitaire. Tout cela n’exprime qu’un sentiment d’infériorité collective, un manque de
14 agaçants de la propagande soviétique et fasciste, toute espèce de tolérance polie serait déjà une complicité. Ce n’est pas ai
15 octrines au nom desquelles on veut réglementer le tout de l’homme, quand il s’agit en vérité des solutions et des doctrines
2 1939, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Nicolas de Flue et la Réforme (août 1939)
16 mythique, édifiante, et un peu pâlie. C’est avant tout un souvenir scolaire. Nous n’avons guère retenu de son histoire que l
17 testants précisément, une signification peut-être toute nouvelle. La vie de Nicolas Quel fut cet homme, en vérité ? Et p
18 proquement, ainsi que leurs fidèles, en sorte que toute la chrétienté se vit alors frappée d’anathème ! — le concile avait su
19 ercer les fonctions patriarcales de juge de paix, tout en cultivant son domaine. Un beau jour, certaine injustice flagrante
20 it sous les yeux. Peut-être aussi rêve-t-il comme tout son siècle, et sans le savoir, d’une piété plus intérieure, d’un cont
21 lors commence la vie de solitude et d’oraison que toute l’évolution intérieure de Nicolas semblait appeler comme une fin obsc
22 bsédante. Vie libre d’un laïque chrétien, hors de tout ordre monastique, hors du clergé constitué. À une heure de chez lui,
23 mmunier dans un des villages voisins, et c’est là toute sa nourriture. Car n’est-il pas écrit, comme il le répétera souvent :
24 : « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de mon Père »… Ni les espions placés aut
25 es Suisses passent outre aux avis de l’ermite, et toutes ses prédictions se réalisent : victoires, pillage, flot d’or, et disp
26 os manuels. Une dernière Diète se réunit à Stans. Tout accord se révèle impossible, et les députés se séparent sur une menac
27 le sort de la fédération, on le devait par-dessus tout à l’action de l’ermite du Ranft. (Remarquons à ce propos que la seule
28 de mieux situer cet homme par rapport à son temps tout d’abord, mais aussi par rapport à notre foi. La tendance la plus appa
29 lus scrupuleuses : comme Nicolas, il espérait, de toute son âme, s’acquérir la sainteté par les voies qu’ordonnait l’Église ;
30 rieux comme saintes et nécessaires au salut. Avec tout le soin dont j’étais capable, je me suis efforcé de les observer par
31 l n’en pouvait fournir sans danger pour la santé… Tout ce que je faisais, je le faisais en toute simplicité, par pur zèle et
32 a santé… Tout ce que je faisais, je le faisais en toute simplicité, par pur zèle et pour la gloire de Dieu. Toute ma vie n’ét
33 mplicité, par pur zèle et pour la gloire de Dieu. Toute ma vie n’était que jeûnes, veilles, oraisons, sueurs…  Et plus tard
34 plus que de raison dès son enfance, et au-delà de toute « discrétion » imaginable pendant ses vingt dernières années ? Ce rap
35 e nourrit Nicolas jusqu’à sa cinquantième année ? Toutes proportions gardées, il me paraît licite de voir dans le cas du paysa
36 me larvée de protestantisme cette piété d’un type tout à fait original, proprement germanique, ou plus précisément encore, s
37 rich Suso : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout
38 ne de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi ! Mon Seigneur et mon Dieu, arrache-moi
39 et mon Dieu, arrache-moi à moi-même et donne-moi tout entier à toi seul ! Il n’est pas facile de caractériser en quelques
40 c’est ainsi qu’il ne rompit jamais avec l’Église, tout en gardant ses distances — mais d’autre part, il est indéniable que s
41 ’Unterwald. C’est une véritable somme critique de tout ce que la tradition nous a livré concernant le pacificateur de la Sui
42 ns un ouvrage daté de 1522. (Nous sommes donc aux tout premiers jours de la Réforme.) En 1529, un protestant bernois, Valeri
43 ux conseils de Nicolas, qui se trouvent condamner toute la politique des cantons catholiques. On sait d’autre part que l’arch
44 rdinand II d’Autriche fit rechercher en 1570 dans toutes les maisons du Tyrol les livres favorables à la Réforme, afin de les
45 intitulée Der Weltspiegel (Le Miroir du Monde) et tout y gravitait autour du Frère Claus, figure centrale symbolisant l’idée
46 cun ; Nicolas témoin de la foi dans une époque où toute la chrétienté était encore extérieurement unie, — voilà bien l’homme
3 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). La bataille de la culture (janvier-février 1940)
47 re. Un fameux général autrichien disait un jour : Tout ce qui n’est pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour la guerr
48 rsaires ne diffèrent pas essentiellement de nous. Tout homme porte en soi les microbes de toutes les maladies imaginables. E
49 de nous. Tout homme porte en soi les microbes de toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menace, il ne serait
50 ’est en nous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout , de la reconnaître. Disharmonies et impuissance de l’esprit Son
51 onger un massacre ? — Nullement, répondit-il. Car tout ce que j’ai à voir, ce sont deux colonnes de chiffres, dont la balanc
52 ent même plus comme un scandale. Elle est devenue toute naturelle. Le banquier dont je viens de vous parler aurait eu beaucou
53 er des chiffres et des sentiments. Il ne faut pas tout mélanger… Et en effet, nous mélangeons de moins en moins notre pensée
54 u’en temps de restrictions alimentaires on trouve tout naturel de se priver d’abord de dessert. Oui, la culture est devenue
55 re et en maîtriser les rouages. On ne sait pas du tout ce que vont produire ces capitaux énormes qu’on accumule à tout hasar
56 nt produire ces capitaux énormes qu’on accumule à tout hasard. On ne sait pas du tout comment vont réagir ces masses humaine
57 s qu’on accumule à tout hasard. On ne sait pas du tout comment vont réagir ces masses humaines déracinées par l’industrie, e
58 r l’industrie, et qui déjà menacent et souffrent. Tout cela échappe aux vues de l’esprit rationaliste. Le panorama de la soc
59 rt de mise en ordre : ils auraient dû être saisis tout à la fois d’angoisse et d’enthousiasme devant ce monde démesuré, port
60 gnité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désintéressement scientifique. Ils n’ont pas dit : n
61 octrine que celle-là ! Car en somme elle justifie tout , endort l’esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquo
62 justifie tout, endort l’esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiéter des effets futurs de ces ca
63 aits ; secundo : le Progrès automatique arrangera tout . C’est lui qui, désormais, va remplacer la bienveillante Providence.
64 humaine, l’un des désastres moraux de l’Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d’un grand princip
65 grand principe directeur, spirituel ou culturel. Tout cela parce qu’on pensait que le Progrès était sain, juste et infailli
66 ilisation : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les activités d’une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple
67 ociété donnée. Dans la cité grecque, par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’individu raisonnable. Dans l’Empire r
68 de l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Mo
69 les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux détails. Au Moyen Âge, la théolog
70 nutieux détails. Au Moyen Âge, la théologie. Dans toutes ces civilisations, l’action obéissait spontanément aux mêmes lois que
71 héologie sont méprisés ou ignorés, maintenant que tout , dans le monde, échappe aux prises de l’esprit humain, il ne reste qu
72 e, alors c’est l’État-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des prin
73 er quotidiennement. Le fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui à une extrao
74 endu. Les lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi nous ? Prenons t
75 la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté : tout le monde l’invoque, n’est-
76 faible ; dans un troisième pays, la liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce que l’on pense. Et q
77 dans ce désordre du langage, et dans l’absence de toute autorité morale capable d’y porter remède. Car qui peut fixer aujourd
78 gnent chaque jour des millions d’hommes, et c’est tout un domaine du langage que l’écrivain ne contrôle pas, ne forme pas, n
79 d’autres armes que les mots, se voient privés de tout moyen d’agir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les homme
80 itié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle autorité spi
81 n, selon les besoins de la cause. C’est ainsi que tout récemment le ministre d’une grande puissance, le camarade Molotov, dé
82 dit Humpty Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout . » Nous en sommes exactement là : c’est le plus fort qui définit le s
83 ée dans son esprit et dans ses signes, l’appel de toute l’Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vivante.
84 u les chefs des grands mouvements collectivistes. Tout leur génie, s’il faut leur en reconnaître, a consisté à deviner — ava
85 er une réponse à la fois frappante et concrète. «  Tout est en désordre ? ont-ils dit. C’est bien simple. Nous allons proclam
86 sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute activité, culturelle, politique, ou même religieuse. » C’était un cou
87 i, à penser avec les mains. Il nous faut voir que tout dépend en premier lieu de notre état d’esprit. S’il change, tout comm
88 premier lieu de notre état d’esprit. S’il change, tout commence à changer. S’il ne change pas, toutes les réformes matériell
89 nge, tout commence à changer. S’il ne change pas, toutes les réformes matérielles sont inutiles et tournent au malheur. Car le
90 sociale. Elle a pour effet mécanique de dissocier toute communauté naturelle. Et alors se produit le phénomène auquel nous av
91 rent. Appel à une communauté : c’est le secret de toute révolution. Alors, d’un coup de balancier, nous nous trouvons portés
92 és à l’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’
93 e dis que les maux dont nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne. Quand l’homme oublie qu’il est responsab
94 s prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout rebâtir. Cependant, nous avons montré que c’est justement cet homme-l
95 il subit une discipline qui ne s’accommode pas du tout de sa vocation personnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la
96 nu, depuis quelques années, que la notion de lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l’homme, n’était qu’u
97 t de lois fatales que là où l’esprit démissionne. Toute action créatrice de l’homme normal inflige un démenti aux lois et fai
98 tés par une même espérance. L’effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme, les Églises ont été les grand
99 es Églises ont paru, elles aussi, se détourner de toute action régulatrice sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire à l’e
100 st chargé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châ
101 es n’entendaient pas demeurer en arrière. Presque tout reste à faire, c’est certain. Mais l’important, c’est qu’enfin les Ég
102 pe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est dans cette volonté de re
103 rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c’est tout le problème à résoudre. La solution fédéraliste Par quelle voie
104 es. Je n’aime pas non plus l’intolérance qui veut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’esprit. La tolérance était
105 eul moyen de préparer une paix solide. Car, après tout , qu’est-ce que la guerre actuelle ? C’est la rançon fatale du giganti
106 ester Suisses. La guerre actuelle manifeste avant tout la faillite retentissante des systèmes centralisateurs et gigantesque
107 gantesques. C’est la guerre la plus antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps,
108 hôtels. (D’autres — on sait qui —feraient marcher tout cela aussi bien que nous, peut-être mieux !) Ce n’est pas non plus, c
109 indépendance. Mais pourquoi la trahirions-nous ? Toute notre tradition civique et culturelle nous a dressés pour ce genre de
110 ravailler que dans les pays neutres. Et chez nous tout d’abord, puisqu’il s’agit en somme d’utiliser notre expérience, et de
111 échecs, que nous connaissons mieux que personne. Tout mon espoir est qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs, d’homme
112 and, de voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engag
113 é. Encore faut-il que cet espoir soit soutenu par tout un peuple, et qu’il ne se laisse pas décourager par les sceptiques pr
114 ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos forces une Europe fédéralisée, nous ne demanderons pas un paradis
115 ent un monde humain. Non pas un monde d’utopie où toutes les luttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde où les luttes né
116 re n’est pas au facile optimisme, dans une Europe tout obscurcie par la menace des avions. L’heure est plutôt venue de répét
117 difficile à vivre et à gagner que cette guerre où tout s’abaisse et s’obscurcit. Mais qu’elle nous donne au moins la possibi
118 usion le vrai combat qui nous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud, l’a dit d’un seul trai
4 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’heure sévère (juin 1940)
119 re de ces questions, il n’oserait pas répondre en toute franchise ; et à la seconde, il pressent bien qu’on ne pourrait que r
120 te, aboutiront au despotisme de l’État. Et contre tout l’« économisme » de son temps, il ose écrire : « Si quelque chose auj
121 t rien que répéter comme une horloge parlante : «  Tout s’arrangera. » Or aujourd’hui pour « sauver » nos vies mêmes, nous vo
122 et internationales, pour avoir refusé obstinément tout ce qui lésait si peu que ce soit notre confort, notre profit, nos égo
123 nime aurait suffi, en d’autres temps, à supprimer toutes les questions sociales. Et cela non pas seulement en Suisse, mais dan
124 ais sur le plan des relations de peuple à peuple. Tout ce que nous jugions impossible quand il s’agissait du vivre, nous le
125 notre capacité d’accepter des vérités dures. Car tout le mal est venu de les avoir refusées, avant qu’elles montrent leurs
126 ’ont pas su imaginer un autre bien que la défense toute matérielle d’un ordre de choses vicié dans son principe ; ou la conqu
127 oyaient pouvoir conserver des privilèges hérités, tout en admirant et soutenant des chefs brutaux qui les bernaient pour mie
128 amaient nos égoïsmes et celui des gouvernements : tout cela ne sera que ruines et détritus à déblayer, même si les grandes d
129 ulle puissance humaine ne saurait ébranler, quand tout le reste, ciel et terre, idéaux et réalités, est pulvérisé par les bo
130 n l’Apostat contre la chrétienté naissante, quand tout , comme aujourd’hui semblait perdu, Athanase prononça cette parole : N
5 1940, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). L’Église et la Suisse (août 1940)
131 ce efficace. Et d’abord, une parole de confiance. Tout craque autour de nous, mais ce n’est pas une raison de se lamenter ou
132 ance et les chances nouvelles de l’Esprit ! Quand toutes les positions morales et matérielles sont ébranlées, comme elles le s
133 ais que cette question reste posée. C’est lorsque tout paraît désespéré qu’on voit ce qui était vraiment solide. L’Église de
134 itive étaient de vraies communautés. On y mettait tout en commun, même les richesses, et cela paraissait naturel, parce que
135 d’une paroisse étaient alors plus importants que tout . La ferveur de la foi nouvelle liait les esprits et les cœurs avec un
136 pas moins que ces premières Églises ont surmonté toutes les persécutions grâce à la cohésion de leurs paroisses, grâce à l’es
137 e ce qui compte à leurs yeux, ce qui compte avant tout et pratiquement — songeant au jour où il faudra choisir entre l’Églis
138 si bien s’organiser. Je ne puis pas vous énumérer toutes les conditions nécessaires pour que nos paroisses redeviennent des co
139 . I Le premier de ces trois points est avant tout théologique. Je n’insisterai donc pas : vous avez entendu et entendre
140 nds Conseils, par des hommes qui parfois ignorent tout de la réalité de l’Église, corps du Christ. Ensuite, sur les rapports
141 iennent missionnaires à l’intérieur du pays, dans toutes les couches de notre peuple suisse. Pour mille raisons qui tiennent à
142 se depuis plus d’un siècle : elle ne s’y sent pas tout à fait chez elle ; elle n’y reconnaît pas son langage. Il y a là cert
143 t humain, de charité. C’est aussi, et c’est avant tout , une question de zèle missionnaire, d’amour des âmes. Si nous avons c
144 la foi. Car la conviction seule est convaincante. Tout ceci ne veut pas dire d’ailleurs que notre Église n’ait pas le droit
145 sa mission positive dans l’Europe d’aujourd’hui. Toutes ces choses peuvent et doivent être dites du haut de la chaire, à cond
146 ndition d’une vraie communauté, je la définissais tout à l’heure comme suit : que nos Églises aient le courage d’être franch
147 r en Suisse j’éprouve avec intensité l’absence de toute espèce de liturgie sérieuse dans nos cultes, à quelques rares excepti
148 es et invariables, connues de tous, et auxquelles tout l’auditoire participe d’une manière à la fois spontanée et réglée d’a
149 de ses parties. Elle doit former un ensemble, un tout cohérent et indivisible. Prenons l’exemple de la liturgie des Églises
150 dans sa simplicité, et des plus justes aussi, de toutes celles qu’utilisent les différentes confessions chrétiennes. Je voudr
151 lise visible est aussi une société humaine. Comme toute société humaine, elle a besoin de signes extérieurs et de symboles co
152 corriger à temps. Un peuple complètement privé de toute manifestation de ce genre risque d’être une proie facile pour les car
153 , probablement, dépaysée, comme je vous le disais tout à l’heure, par le ton du pasteur et le maintien un peu compassé de l’
154 ont personne ne lui aura donné la clef. Il en ira tout autrement, si le culte débute par la liturgie que je viens de vous ré
155 rtant nommé Monarque, Seigneur et Roi des rois, à toutes les pages de notre Bible. Le fait est que nous manquons d’un certain
156 ire, de ce que Dieu « nous a permis de lui parler tout simplement, d’homme à homme »… Je reste persuadé, pour ma part, que
157 rahissent je ne sais quelle déviation catholique. Toutes les Églises ont toujours attaché de l’importance à ces choses-là, et
158 s traditions fédéralistes devraient nous préparer tout spécialement à cette mission de compréhension d’autrui, de rapprochem
159 viens d’esquisser devant vous. Je vous ai indiqué tout d’abord que la situation actuelle exige de nos Églises un grand effor
160 n de rendre possible une action missionnaire dans toutes les couches de notre peuple. Poser enfin très sérieusement le problèm
161 oulever devant vous quelques problèmes urgents et tout pratiques, — considérant que la malice des temps nous invite au trava
6 1941, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Autocritique de la Suisse (février 1941)
162 as toujours bien compris. Elle exclut en principe toute doctrine unitaire et suppose donc la connaissance très vivante d’une
163 ésulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne qui pourra ! Cette confusion verbal
7 1950, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Europe unie et neutralité suisse (novembre-décembre 1950)
164 tenir à l’écart ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se lassent pas d’invoqu
165 , qui n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup
166 out le monde, sans se compromettre avec personne, tout en échappant au reproche d’égoïsme par des œuvres philanthropiques. I
167 ux divisions blindées. Qu’en est-il aujourd’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent d’éclater n’opposeront plus les
168 à la défense commune de l’Europe ? II Avant tout essai de réponse, on fera bien de se demander d’abord : Quels sont, e
169 vrais intérêts de l’Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne entière, qu’elle mette en commun tou
170 ’Europe devienne entière, qu’elle mette en commun toutes ses forces pour relever son économie, son niveau de vie, son moral, e
171 ins résolu, dans l’abstrait. Ce qu’il faut savoir tout d’abord, c’est pour quelle raison grande et forte, c’est en somme au
172 t encore une menace de guerre contre le continent tout entier, nous poseront ces questions précises. Il faut que notre opini
173 ce point capital, que personne encore n’a touché, tout au moins à ma connaissance. k. Rougemont Denis de, « Europe unie
8 1951, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Réplique à M. Lasserre (mars-avril 1951)
174 x motifs, l’un d’interprétation, l’autre de fait. Tout d’abord, il est clair que je n’ai pas pu « confondre systématiquement
9 1968, Les Cahiers protestants, articles (1938–1968). Pour une morale de la vocation (1968)
175 tre tenus pour résolus, ses options décisives, en tout cas, sont nettement définies. Mais la morale ! Ce serait peu de dire
176 pour nous aussi bientôt —, je vois se dessiner un tout autre schéma, comme un nouveau renversement, annonciateur d’une situa
177 te théologie-là bouleverse le fondement commun de toutes nos orthodoxies, qu’elles soient d’empreinte barthienne ou thomiste,
178 s tentations obsédantes, les décisions farouches, tout ce pathos traditionnel de l’existence morale va s’évaporer ! Exécuter
179 is faire, même si on la baptise « chrétienne » en toute naïveté, même si on la déclare « révélée », voire « éternelle » contr
180 a déclare « révélée », voire « éternelle » contre toute évidence historique et au prix des plus étonnantes acrobaties théolog
181 us étonnantes acrobaties théologiques. Je disais tout à l’heure que laisser le soin de la « morale » à César, c’est-à-dire
182 aire, voire simplement utile. Le genre humain, ou tout au moins la société envisagée, serait alors mise en état de pilotage
183 formations constamment vérifiées et mises à jour, toute question trouvant sa réponse quasi instantanée par la consultation d’
184 t les normes, et si ces règles et ces normes sont toutes , par définition, générales ou généralisantes, uniformes ou uniformisa
185 glise apparaît subitement précisé à l’extrême par toute cette négativité. Alors qu’aux origines de l’Europe et au Moyen Âge e
186 st une de croire que le but de l’homme transcende tout conditionnement et tout asservissement automatique à des fins puremen
187 but de l’homme transcende tout conditionnement et tout asservissement automatique à des fins purement sociales, fussent-elle
188 is plutôt, ce candidat chrétien, comme celui qui, tout en accomplissant judicieusement la Loi prescrite, ne pourra s’empêche
189 poser toujours et encore une question au-delà de toute réponse et de toute permission d’interroger. Ce droit de demander que
190 ncore une question au-delà de toute réponse et de toute permission d’interroger. Ce droit de demander que ma vie ait un sens,
191 ’Église peut-être (je n’en suis pas sûr), mais en tout cas les hommes qui « croient », au sens chrétien du mot, vont entrer
192 taire les sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, e
193 d’une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je pre
194 ’un d’entre eux cependant m’observait. C’était un tout jeune lieutenant. « Vous tirez mal », dit-il avec une douceur froide,
195 nne volonté en détresse : « C’est très simple et toute la méthode tient en trois mots : pensez au noir. Ne pensez pas à votr
196 formules abstraites, mais dont je pressentais en toute confiance, que la vie où j’allais rentrer saurait les illustrer dans
197 ment qu’aucune méthode ou aucun précepte reçu. 3. Toute action efficace commence donc par la fin. Avant toute chose, il faut
198 e action efficace commence donc par la fin. Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4. La fin seule justifie les moyens
199 éthodes et des rites, des codes et conventions de toute espèce qu’une société se donne pour guider les conduites de ses membr
200 mmerciales, par exemple, et d’ailleurs varient du tout au tout selon les conditions sociales, économiques, climatériques ou
201 es, par exemple, et d’ailleurs varient du tout au tout selon les conditions sociales, économiques, climatériques ou religieu
202 ubliant qu’elles sont réellement indispensables à toute vie sociale, c’est-à-dire à toute vie humaine. Les règles du jeu d’éc
203 ndispensables à toute vie sociale, c’est-à-dire à toute vie humaine. Les règles du jeu d’échecs sont des conventions, c’est c
204 ont des conventions, c’est clair, mais elles font tout l’intérêt de cette activité. En effet, déplacer un bout de bois d’un
205 on peut démontrer que les règles et préceptes de toutes les morales humaines sont conventionnels, et non pas « naturels », so
206 échecs, par exemple, la moindre tricherie détruit tout l’intérêt du jeu, puisque cet intérêt tient aux règles et à rien d’au
207 les normes de la morale sont des règles d’un jeu, toute espèce de laxisme est exclu, toute faute doit être exactement pénalis
208 gles d’un jeu, toute espèce de laxisme est exclu, toute faute doit être exactement pénalisée, par un recul de pions, une pert
209 fait notre société occidentale christianisée est tout encombrée de règles contradictoires entre elles, ou impraticables, ou
210 igation de recourir à d’autres sources, — presque toutes venant d’autres religions. De là aussi la confusion inévitable que j’
211 « volonté de Dieu » ou à la Nature des choses de tout ce que la société juge indispensable à son bien : tantôt l’esclavage
212 te partie de mon argument : 1. j’estime qu’il y a tout avantage à considérer les préceptes et codes de la morale comme les r
213 on de ces préceptes et recettes, et la prétention tout à fait abusive à les fonder dans la nature des choses ou la loi natur
214 vocation générale du genre humain, de vocation de tout homme en tant qu’homme, et qui serait, selon l’Évangile, l’appel et l
215 in, l’amour au sens chrétien est l’orientation de tout être, et de tout mon être vers Dieu, source et sujet de tout amour. M
216 ns chrétien est l’orientation de tout être, et de tout mon être vers Dieu, source et sujet de tout amour. Mais la vocation d
217 et de tout mon être vers Dieu, source et sujet de tout amour. Mais la vocation dont je voudrais vous parler, c’est la vocati
218 mèneront sans doute aussi loin qu’on voudra et en toute sécurité, c’est bien utile et agréable, — mais jamais où je dois alle
219 ent puisqu’il est institué pour moi seul. Et dans tout cela je n’ai d’autre soutien que ma croyance par éclairs, ma « foi »
220 j’y crois, et où j’arrive par instants à oublier tout ce qui me fait douter du But et de l’appel et du chemin, quand je m’a
221 iés, il les a faits et me les a donnés. Je disais tout à l’heure que la notion de péché n’a pas sa place dans le monde des r
222 ation humaine et générale de l’amour (sommaire de toute la Loi), il est clair que le péché en général est de faillir à l’amou
223 el que vous croyez venu du Transcendant n’est pas tout simplement l’expression symbolique d’une pulsion de l’inconscient ? —
224 re théologien me reprochera (et je ne suis pas du tout sûr qu’il ait tort) d’ouvrir les portes toutes grandes au subjectivis
225 s du tout sûr qu’il ait tort) d’ouvrir les portes toutes grandes au subjectivisme intégral, à l’illuminisme, au quiétisme, et
226 ivité scientifique », et qui évacue de la réalité tout ce qui ne peut être enregistré par la mémoire d’une machine électroni
227 l’équilibre humain que l’anarchie spiritualiste. Toute vie spirituelle authentique ne s’est-elle pas toujours jouée entre le
228 logien, prenant acte de ce que je ne crois pas du tout à une morale révélée, ni directement ni au travers des tours de passe
229 re lui-même, ajouterais-je.) Aux fidèles enfin, à tout homme qui me demanderait : « Comment savoir ? Comment déceler ma voca
230 répondent seuls à la réalité de l’indicible ; or toute vocation est d’abord indicible, parce qu’elle n’a pas et ne peut avoi
231 u’à tenter d’imposer des réponses ; à poser avant tout , en temps et hors de temps, la Question, celle du Sens, celle du But.
232 , la Question, celle du Sens, celle du But. C’est tout ce que, pour ma part et selon mes moyens, j’aurais voulu vous faire e