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us venez de tourner le bouton de votre radio pour
être
sûrs de ne pas manquer « les nouvelles » et les prévisions du temps v
2
nq minutes une grande nouvelle, une seule, et qui
est
celle-ci : L’Europe est en train de se faire. Et j’ajouterai bien sûr
3
uvelle, une seule, et qui est celle-ci : L’Europe
est
en train de se faire. Et j’ajouterai bien sûr, mes prévisions du temp
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emps, — de notre temps, valables jusqu’au jour où
sera
proclamée la fédération de l’Europe. Cinq minutes, c’est bien peu pou
5
t bien peu pour un si grand sujet : j’essaierai d’
être
simple et direct, d’aller tout droit à l’essentiel, et je commence :
6
et beaucoup d’entre vous l’ignorent. C’est qu’il
est
difficile de voir les grands événements de l’histoire quand ils se pa
7
arlottes comme beaucoup le croient), cette action
est
en train d’aboutir à certains résultats concrets, qui marqueront l’hi
8
isemblablement la date de notre année 1949. Et ce
sera
la convocation d’un parlement consultatif de l’Europe, dont le princi
9
consultatif de l’Europe, dont le principe vient d’
être
admis par les gouvernements du groupe des Cinq, et sera proposé demai
10
dmis par les gouvernements du groupe des Cinq, et
sera
proposé demain à tous les États libres de l’Europe. Un autre jour, je
11
de la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses
sont
en train de s’observer, par-dessus nos têtes. Ils n’ont pas envie de
12
-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’
est
plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nations d
13
rope n’est plus une puissance, parce que l’Europe
est
divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’i
14
deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’
est
plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nati
15
conclusions que l’on doit tirer de ce double fait
sont
d’une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont
16
e elles vont : 1° Les différents pays de l’Europe
seront
annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allema
17
ns après les autres ; 2° La question allemande ne
sera
pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre e
18
Russie et l’Amérique, — une guerre dont, quel que
soit
le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vainc
19
guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en
est
un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Si les choses continue
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vont fatalement vers une guerre qui risque bien d’
être
la dernière. Parce qu’elle laissera peu de monde pour en faire une no
21
’Europe, c’est-à-dire la troisième puissance, qui
serait
capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Si vous
22
x autres. Si vous pensez que l’Europe, même unie,
serait
encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je vous rap
23
Europe, même unie, serait encore trop petite pour
tenir
en respect les deux Grands, je vous rappellerai un seul chiffre : la
24
ope occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer,
est
d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, e
25
. Si ces 300 millions d’habitants faisaient bloc,
soit
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur
26
faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres,
soit
qu’ils menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraien
27
ent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils
seraient
en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la pai
28
sur ces deux points, théoriquement, tout le monde
sera
d’accord. Personne n’ose dire franchement : « Je suis contre la paix.
29
d’accord. Personne n’ose dire franchement : « Je
suis
contre la paix. » Personne n’ose dire non plus, pas même les stalinie
30
sième refus, celui de l’Europe, jusqu’à ce qu’ils
soient
dûment ruinés, annexés et colonisés. » Personne n’ose dire cela, et p
31
En revanche, vous pensez presque tous : tout cela
est
bel et bon, mais que fait-on, et que pourra-t-on faire en temps utile
32
er un jour à la guerre dans le Pacifique. Nous en
sommes
là… Il s’agit donc de répondre très vite à cette double question, la
33
dirai, chaque lundi soir, à la même heure, ce qui
est
en train de se faire pour cette union, quels sont les hommes qui lutt
34
est en train de se faire pour cette union, quels
sont
les hommes qui luttent pour elle, et j’essaierai de vous faire partic
35
endredi prochain, une nouvelle étape vers l’union
sera
franchie. Les délégués de 19 pays poseront les bases d’une action con
36
onique, sans date. Selon nos recoupements, elle a
été
diffusée le lundi 21 février 1949. L’auteur note un titre alternatif
37
8 sous le même titre), dont certains extraits ont
été
publiés en revues à la même époque : par exemple, « Pourquoi l’Europe
38
à réfléchir. Car chacun de nos congrès européens
est
une bataille, un bombardement de l’opinion — pour faire la paix. Une
39
ruxelles ? Au Congrès de l’Europe à La Haye, nous
étions
800 délégués représentant une quantité de mouvements sans liens solid
40
e entier « la voix de l’Europe ». Vous savez quel
fut
son succès : l’idée de Parlement européen en est sortie, elle est en
41
fut son succès : l’idée de Parlement européen en
est
sortie, elle est en voie de réalisation. Depuis lors, nous avons trav
42
l’idée de Parlement européen en est sortie, elle
est
en voie de réalisation. Depuis lors, nous avons travaillé à fédérer t
43
s, d’un conseil beaucoup plus restreint — nous ne
sommes
que 30 délégués — , d’un conseil qui sera désormais l’organe officiel
44
us ne sommes que 30 délégués — , d’un conseil qui
sera
désormais l’organe officiel d’un Mouvement bien solidement articulé,
45
ien solidement articulé, prêt à l’action. Quelles
sont
les forces politiques que représente un tel conseil ? Quatre noms suf
46
conseil ? Quatre noms suffiront pour répondre. Ce
sont
les noms des quatre présidents que s’est donné notre Mouvement europé
47
dre. Ce sont les noms des quatre présidents que s’
est
donné notre Mouvement européen : Winston Churchill, Léon Blum, Paul-H
48
ocialiste, un démocrate-chrétien et M. Spaak, qui
est
un socialiste lui aussi, mais qui est surtout Paul-Henri Spaak — le n
49
Spaak, qui est un socialiste lui aussi, mais qui
est
surtout Paul-Henri Spaak — le nouveau type de l’homme d’État européen
50
rs de la séance inaugurale. La cérémonie, certes,
était
spectaculaire. La seule présence sur la tribune, à la table président
51
os rangs à La Haye et à Rome. On sentait que nous
étions
réunis pour travailler et pour organiser, et que les discours de circ
52
prochain, les résultats de ses travaux. Mais j’ai
été
frappé par la haute tenue des débats de la commission politique charg
53
xelles. À l’heure où je vous parle, ces débats ne
sont
pas terminés. Mais des conclusions se dessinent au travers de contrad
54
accord profond, et douloureusement obtenu, rien n’
est
plus émouvant que le concert des voix qui deviennent la voix de l’Eur
55
viennent la voix de l’Europe. Hier, nos débats se
sont
portés sur la question de l’Assemblée européenne. Comme l’ont soulign
56
« l’idée d’une Assemblée consultative européenne
est
devenue la politique adoptée par presque tous les gouvernements de l’
57
parlements. Nous voulons en effet que l’Assemblée
soit
beaucoup plus qu’un simple corps consultatif. Nous voulons qu’elle so
58
un simple corps consultatif. Nous voulons qu’elle
soit
dès le départ un grand symbole de l’unité confédérale pour laquelle n
59
voulons, en un mot, que l’Assemblée européenne ne
soit
pas une demi-mesure, mais l’éclatante démonstration qu’une ère nouvel
60
ouvre à l’Europe, à tout le peuple européen. Ce n’
est
pas sans une joie profonde que, nous autres fédéralistes, voyons nos
61
jour au sein du Conseil de Bruxelles. Ce que nous
sommes
en train d’obtenir peut se résumer en trois points : 1. Nous avons fa
62
des parlements. 2. Nous proposons que des sièges
soient
réservés aux pays de l’Est, sièges vides pour le moment, — mais ce vi
63
sons que des sièges soient réservés aux pays de l’
Est
, sièges vides pour le moment, — mais ce vide muet parlera mieux que d
64
eux que de vaines protestations verbales, ce vide
sera
le symbole éloquent non seulement de notre sympathie mais de notre es
65
opulaire dans toute l’Europe, afin que les masses
soient
associées à nos efforts, et les portent au sommet d’un élan unanime.
66
e. Si nous gagnons sur ces trois points — et nous
sommes
en bon train de gagner — , nous pourrons répéter ces mots que Churchi
67
s : Ce matin, en séance plénière, notre conseil s’
est
donné un président de séance pour une année sur la personne de Léon J
68
ancien ministre des Finances et de l’Économie, a
été
élu délégué général du Mouvement européen. Voici encore mes prévision
69
u Sud et la Suède au Nord, non sans provoquer à l’
Est
en passant, quelques légères ondulations du rideau de fer. Au revoir,
70
ational de notre Mouvement européen. Et nous nous
sommes
mis au travail pour faire l’Europe, pour faire la paix. Et dimanche d
71
à hurler, et tâchaient de couvrir nos voix. Nous
étions
venus pour parler de la paix, et ils criaient : « La paix, la paix »
72
’en parler. C’est ainsi que pendant deux heures s’
est
poursuivi dans le tumulte un véritable dialogue de sourds. — Tu veux
73
rope, à la bonne foi de l’adversaire. Quand on en
est
arrivé là — quand chacun crie : la paix ! et pense que l’autre en cri
74
soir, de pouvoir vous parler tranquillement sans
être
interrompu par des cris d’animaux. Je serais donc criminel de ne pas
75
t sans être interrompu par des cris d’animaux. Je
serais
donc criminel de ne pas en profiter et de ne pas tenter l’impossible
76
erre entre ces deux camps. Géographiquement, nous
sommes
tout près de la Russie. Moralement nous sommes beaucoup plus près de
77
us sommes tout près de la Russie. Moralement nous
sommes
beaucoup plus près de l’Amérique, voilà le fait. Mais c’est un fait a
78
s faire pour empêcher cette guerre ? » La réponse
est
simple : nous ne pouvons rien faire, dans l’état de division où nous
79
uvons rien faire, dans l’état de division où nous
sommes
. Il faut donc nous unir pour nous mettre en mesure de nous opposer à
80
e nous opposer à la guerre. Tout le monde devrait
être
d’accord là-dessus. Et en effet, tout le monde est d’accord, sauf les
81
re d’accord là-dessus. Et en effet, tout le monde
est
d’accord, sauf les communistes… car la fédération de l’Europe, à les
82
ar la fédération de l’Europe, à les en croire, ne
serait
qu’une machine d’agression montée par les Américains contre l’URSS. Q
83
e Europe solide et prospère, c’est alors que nous
serons
contraints de confier notre défense aux Américains et de nous mettre
84
ns le Pacifique… 2. Une Europe unie, qui pourrait
être
alors — mais alors seulement — indépendante vis-à-vis de l’Amérique,
85
comme elle l’entend, cette Europe-là cesserait d’
être
une menace pour la Russie, et deviendrait au contraire une vaste zone
86
de sécurité à l’ouest des terres soviétiques. Il
est
bien évident que cette Europe, occupée à se fédérer, n’aurait aucune
87
ue je viens de dire, que la fédération européenne
serait
dans l’intérêt du monde entier, et donc aussi dans l’intérêt de la Ru
88
lissement rapide d’une fédération européenne, qui
serait
la garantie de notre indépendance. Si toutefois ils persistent à mett
89
persistent à mettre en doute nos intentions, nous
serons
en droit de leur demander : quelle autre solution nous offrez-vous, q
90
der : quelle autre solution nous offrez-vous, qui
soit
immédiatement praticable, et qui n’entraîne pas immédiatement la guer
91
n’entraîne pas immédiatement la guerre ? L’heure
est
venue de parler clairement, et de cesser de crier : la paix, la paix
92
prenne donc ses responsabilités, pendant qu’il en
est
temps, qu’elle se dépêche !! Mais hélas, voici mes prévisions du temp
93
ernier, lors du Congrès de l’UEF, le comte Sforza
est
venu nous parler de ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération d
94
e comte Sforza est venu nous parler de ce qui lui
tient
le plus à cœur : la fédération de l’Europe. On ne saurait accuser le
95
comme il l’a fait lui-même, en quelques mots. Il
est
un point, nous a-t-il dit, sur lequel, vous fédéralistes, vous ne dev
96
contre un ennemi, il faut connaître sa nature, qu’
est
-ce que cela signifie au juste, la souveraineté nationale absolue ? Ce
97
courante, s’il n’y a rien au-dessus de lui, s’il
est
seul juge — et c’est ce que signifie le mot : souverain — , comment v
98
t qui vous fait avouer, vous la victime, que vous
êtes
un criminel : cela se produit sous nos yeux, de nos jours, dans les p
99
at souverain prend au sérieux sa souveraineté. Il
est
un cardinal hongrois, et il est 15 pasteurs bulgares qui savent très
100
souveraineté. Il est un cardinal hongrois, et il
est
15 pasteurs bulgares qui savent très bien, à l’heure qu’il est, ce qu
101
rs bulgares qui savent très bien, à l’heure qu’il
est
, ce que signifie la souveraineté inconditionnelle de l’État, l’imposs
102
a raison ces féodaux dressés sur leurs ergots que
sont
les États souverains ? La Société des Nations avait été une première
103
s États souverains ? La Société des Nations avait
été
une première tentative pour apprendre à vivre aux États, pour leur ap
104
especter la loi. L’Organisation des Nations unies
est
une seconde tentative du même genre. Mais la SDN est morte, et si l’O
105
une seconde tentative du même genre. Mais la SDN
est
morte, et si l’ONU était en train de vivre, de réussir, cela se verra
106
du même genre. Mais la SDN est morte, et si l’ONU
était
en train de vivre, de réussir, cela se verrait : Nous n’en serions pa
107
de vivre, de réussir, cela se verrait : Nous n’en
serions
pas où nous sommes, c’est-à-dire à nous préparer pour la troisième de
108
, cela se verrait : Nous n’en serions pas où nous
sommes
, c’est-à-dire à nous préparer pour la troisième dernière, à la demand
109
n même vice de constitution. L’une et l’autre ont
été
et sont des sociétés non pas de nations, mais de gouvernements d’État
110
vice de constitution. L’une et l’autre ont été et
sont
des sociétés non pas de nations, mais de gouvernements d’États souver
111
ntre deux États souverains ? Personne, puisqu’ils
sont
souverains, puisqu’ils sont à la fois juges et parties. Vous n’auriez
112
Personne, puisqu’ils sont souverains, puisqu’ils
sont
à la fois juges et parties. Vous n’auriez pas l’idée, personne n’aura
113
s deux capitaines des équipes en présence. Or, qu’
est
-ce que l’ONU ? C’est un congrès de capitaines d’équipes qui crient to
114
sses comme vous le savez prononcent : niet. Telle
étant
la vraie situation, que faire ? Comment protéger les citoyens contre
115
at qui aurait violé leurs droits. Secondement, il
est
prévu que cette Cour suprême sera doublée d’une Commission des droits
116
Secondement, il est prévu que cette Cour suprême
sera
doublée d’une Commission des droits de l’homme, composée de membres i
117
ro-saintes souverainetés nationales. Notre projet
sera
soumis bientôt aux États et aux parlements. S’il se voit accepté, un
118
parlements. S’il se voit accepté, un premier pas
sera
fait pour la sauvegarde des libertés européennes. À mon avis, ce prem
119
ce premier pas en appelle aussitôt un second, qui
serait
la création d’une police fédérale, d’une force armée européenne, capa
120
ez que les choses ne traînent pas. Mes prévisions
seront
donc optimistes : Température européenne en hausse légère mais contin
121
e européenne en hausse légère mais continue : à l’
Est
et sur le front de nos adversaires, nébulosité variable à très forte.
122
tre vous m’ont demandé, depuis trois jours : quel
est
le rapport entre le pacte de l’Atlantique et l’union européenne ? Et
123
dire mon opinion privée, que je crois d’ailleurs
être
celle de la plupart des militants fédéralistes et de leurs chefs. Tou
124
fédéralistes et de leurs chefs. Tout d’abord, qu’
est
-ce au juste, le pacte de l’Atlantique ? Essentiellement : un pacte d’
125
n principe, voleront au secours de la victime. Ce
sera
donc, en principe : Un pour tous, tous pour un. Ceci nous rappelle qu
126
a Suisse il y a plus de 650 ans, et qui se trouve
être
aujourd’hui le plus ancien pacte fédéraliste, le seul qui n’ait jamai
127
ncien pacte fédéraliste, le seul qui n’ait jamais
été
violé ou dénoncé. Il me semble qu’une comparaison s’impose entre ces
128
, un serment d’assistance mutuelle. Écoutez-le :
Soit
donc notoire à tous que les hommes des vallées d’Uri, de Schwyz, et d
129
t l’esprit de ces deux traités qui, décidément, n’
est
pas le même. Notre pacte du 1er août s’ouvrait par cette invocation :
130
lante par de solides et nombreuses divisions ? Ce
serait
un drôle de réalisme. Un seul chiffre suffit à le montrer, Churchill
131
leur morale du pacte : son intérêt, affirme-t-on,
serait
d’ordre essentiellement psychologique… Mais psychologiquement, quel e
132
ement psychologique… Mais psychologiquement, quel
est
l’effet produit ? Certainement la tension s’est accrue dans le monde.
133
l est l’effet produit ? Certainement la tension s’
est
accrue dans le monde. On a donné aux Russes une superbe occasion de c
134
itants rendus par leur union à la prospérité, qui
est
le seul gage d’une véritable indépendance. Le grand bruit que fait da
135
l nous dit au contraire : « Hâtez-vous ! car vous
tenez
peut-être dans vos mains la seule chance de la paix ! » Quant à mes p
136
ue provoquent un afflux d’air glacial venant de l’
Est
. On ne saurait mieux dire. J’ajouterai simplement que pour une fois i
137
fois il convient de féliciter Berne d’avoir su se
tenir
à l’abri des courants d’air. Au revoir, à lundi prochain !
138
ent européen. Les représentants de dix nations se
sont
réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin de semaine, les rés
139
s faire comprendre la portée de la réunion qui se
tient
à Londres, cette semaine, je vais résumer brièvement les étapes de sa
140
Bevin se résignait à suivre ses alliés. Un comité
fut
alors désigné par les gouvernements des 5 puissances pour examiner la
141
boutir à un accord. Un Conseil de l’Europe allait
être
formé. Il comprendrait d’une part un Comité de ministres, et d’autre
142
rps consultatif, désigné par les parlements. Ce n’
était
qu’un premier pas vers l’action, vers l’Europe, — mais c’est le premi
143
rs après, on annonçait que la ville de Strasbourg
serait
choisie comme siège du corps consultatif, et que l’Assemblée serait c
144
me siège du corps consultatif, et que l’Assemblée
serait
convoquée dès cet automne. Rapidement, 5 nations nouvelles sont venue
145
dès cet automne. Rapidement, 5 nations nouvelles
sont
venues s’ajouter au noyau primitif. Ce sont les États scandinaves, l’
146
elles sont venues s’ajouter au noyau primitif. Ce
sont
les États scandinaves, l’Irlande, et l’Italie. Remarquez que la Suède
147
nne. Elles ne considèrent pas que leur neutralité
soit
un obstacle à leur présence active. Cet exemple aura de quoi faire ré
148
ltats faut-il en espérer ? La manière dont elle s’
est
engagée ne permet pas d’attendre des miracles. Le comité de Londres r
149
experts, en général, ont tendance à prouver qu’il
est
urgent d’attendre. Ils connaissent les difficultés, c’est leur métier
150
ible le rôle du futur parlement européen, le fait
est
que nous aurons tout de même un parlement. Et l’on ne voit pas ce qui
151
ns. Et nous voulons cela, parce que l’Europe unie
sera
seule assez forte pour arrêter la guerre et défendre nos libertés ! V
152
ous qui m’ont entendu lundi dernier savent que se
tient
à Londres, ces jours-ci, la conférence des 10 pays qui seront les mem
153
dres, ces jours-ci, la conférence des 10 pays qui
seront
les membres fondateurs de l’union européenne. Ces jours-ci se décide,
154
n congrès de La Haye, ou du récent Conseil qui se
tient
à Bruxelles. On sait vaguement que MM. Churchill et Spaak, entre autr
155
se fera quand même, et que plus tard, quand elle
sera
fédérée, ces gens-là penseront que c’était tout naturel, et si facile
156
victoire. Mais ce qui m’étonne bien davantage, ce
sont
les gens qui me répètent : « Ah oui, la fédération de l’Europe, quell
157
z-vous, quand un Américain déclare que votre idée
est
généreuse, c’est qu’il est ému et qu’il va vous aider. Mais quand un
158
déclare que votre idée est généreuse, c’est qu’il
est
ému et qu’il va vous aider. Mais quand un Européen vous dit : l’Europ
159
d’y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il
est
sérieux et que vous rêvez. Or, il s’agit, en réalité, de la vie ou de
160
r sceptique et protecteur : merci Messieurs, vous
êtes
bien généreux ! mais on se précipite pour les aider. D’autres me dise
161
os, — si nous restons les bras ballants. Mais il
est
une phrase, entre toutes, que je voudrais ne plus jamais entendre, et
162
s cette partie, si bien engagée aujourd’hui, ce n’
est
pas seulement les fédéralistes, mais c’est vous tous qui la perdrez,
163
alistes, mais c’est vous tous qui la perdrez, qui
serez
ruinés, fouillés par la police politique, arrêtés sans savoir pourquo
164
a faire. Et s’il vous faut des apôtres, si vous y
tenez
tant que ça, pourquoi ne seriez-vous pas le premier ? Diogène, le vie
165
apôtres, si vous y tenez tant que ça, pourquoi ne
seriez
-vous pas le premier ? Diogène, le vieux philosophe grec, avait bien t
166
entendu, des groupes fédéralistes organisés, qui
sont
prêts à vous accueillir. Voici encore mes prévisions du temps valable
167
ix. En Europe, le courant d’air glacial venu de l’
Est
provoquera encore quelques faibles précipitations, ou comme on préfèr
168
Guerre, Hitler criait : l’armée allemande n’a pas
été
battue ! Ce sont les socialistes et les grévistes qui lui ont donné l
169
riait : l’armée allemande n’a pas été battue ! Ce
sont
les socialistes et les grévistes qui lui ont donné le coup de poignar
170
ef allemand peut affirmer que cette fois-ci, ce n’
est
pas le peuple allemand qui a capitulé, mais c’est seulement l’armée d
171
u crime commis contre l’Europe. Mais la situation
est
aujourd’hui encore plus grave, si possible, qu’elle ne l’était du tem
172
’hui encore plus grave, si possible, qu’elle ne l’
était
du temps d’Hitler. Car l’Allemagne vaincue et ruinée garde un atout c
173
e un atout considérable : elle peut jouer entre l’
Est
et l’Ouest, jouer sur les divisions des Alliés, et par une sorte de c
174
videmment refusé à ses victimes. Tous les témoins
sont
unanimes sur ce point : l’Allemagne est demeurée nationaliste, et mêm
175
témoins sont unanimes sur ce point : l’Allemagne
est
demeurée nationaliste, et même nationale-socialiste, ni plus ni moins
176
mande-t-il. Tous jurent que non, ils n’ont jamais
été
nazis. L’officier américain s’étonne, puis se fâche. Le monde entier,
177
Américain, et s’écrie : « Ce que vous dites-là ce
sont
des mensonges, propagés à l’étranger par les Juifs, les ploutocrates
178
et les démocrates décadents : Jamais nous n’avons
été
nazis ! Heil Hitler ! » Que faire avec ce peuple qui se ment à lui-m
179
tantôt trop dures, tantôt trop indulgentes. Ce n’
est
que la semaine dernière qu’ils se sont mis d’accord, à Washington, po
180
entes. Ce n’est que la semaine dernière qu’ils se
sont
mis d’accord, à Washington, pour fixer le statut de l’Allemagne nouve
181
ime fédéral. Car si l’on croit que le fédéralisme
est
une bonne chose, il ne faut pas en faire cadeau à ceux que l’on voudr
182
vement européen vient de demander que l’Allemagne
soit
reçue à l’Assemblée consultative de l’Europe, dès cet automne, sur pi
183
ntendre que les statuts de l’Assemblée européenne
seraient
terminés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau de faire coïnc
184
seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il eût
été
bien beau de faire coïncider l’annonce du renouveau européen avec la
185
péen avec la fête de la Résurrection. Mais rien n’
est
venu jusqu’ici. Eh bien, si ce n’est pas pour Pâques, ce sera donc po
186
Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh bien, si ce n’
est
pas pour Pâques, ce sera donc pour la Trinité ! — et cela ne veut pas
187
squ’ici. Eh bien, si ce n’est pas pour Pâques, ce
sera
donc pour la Trinité ! — et cela ne veut pas dire, comme dans la chan
188
ue nous ne verrons jamais rien venir : car l’élan
est
donné, le mouvement est en marche, et plus rien ne peut l’arrêter. No
189
s rien venir : car l’élan est donné, le mouvement
est
en marche, et plus rien ne peut l’arrêter. Nous aurons certainement l
190
c’est de savoir comment elle se fera. Peut-être n’
est
-il pas mauvais que la conférence des 10 ambassadeurs, à Londres, pren
191
i de nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui
est
celle-ci : les hommes d’État chargés de faire l’Europe auront-ils la
192
is trois. Il y a celle du jeune Garry Davis. Elle
est
très vaste, mais aussi très vague. Il se promène ces jours-ci dans le
193
oms célèbres, mais sans rien déchirer du tout. Il
est
sympathique et très pur. Il rêve d’une assemblée mondiale et d’un gou
194
l’épuration permanente, — et ceci tue cela, ce n’
est
pas notre faute, ni la faute de Garry Davis… Il y a enfin une troisiè
195
troisième vision, celle de l’Europe fédérée. Elle
est
moins vaste, en vérité que celle du jeune Américain, mais à cause de
196
jeune Américain, mais à cause de cela même, elle
est
plus claire et proche. Je voudrais l’appeler aujourd’hui la vision du
197
e matérielle. Paix, liberté, prospérité, tels ont
été
les grands motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour, au
198
pour la paix du monde entier, alors le principal
est
fait. Et si les 10 ambassadeurs à Londres ont bien vu cela, ils ne se
199
. Tout dépend de la vision qu’ils en auront. Il n’
est
point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès le
200
point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n’
est
orienté dès le départ par une vision libératrice, et fascinante. L’Eu
201
au allons-nous aborder demain ? Se peut-il que ce
soit
tout simplement l’Europe, redécouverte à la faveur de son union ? Une
202
elle formera une troisième grande puissance, qui
sera
l’égale de la Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos
203
économique exercée par l’Empire du dollar. L’idée
est
simple, je le répète, comme toutes les grandes idées qui font l’Histo
204
ne faudrait pas en conclure que ces deux dangers
sont
équivalents. Non, la balance n’est pas égale entre les deux pressions
205
deux dangers sont équivalents. Non, la balance n’
est
pas égale entre les deux pressions auxquelles nous sommes soumis. Je
206
as égale entre les deux pressions auxquelles nous
sommes
soumis. Je voudrais vous le montrer ce soir, en examinant rapidement
207
ment avec des plans d’union : le plan Marshall en
est
la preuve bien connue. Dans le domaine de la culture, la différence n
208
e. Dans le domaine de la culture, la différence n’
est
pas moins frappante. À Moscou, on condamne les écrivains et les compo
209
et qui s’ouvre à tous les échanges. La balance n’
est
pas égale. Les Russes répliquent alors que le plan Marshall est beauc
210
Les Russes répliquent alors que le plan Marshall
est
beaucoup moins un plan d’union et d’aide économique, qu’une entrepris
211
isants ? Il ne vaut rien, même dans les cas où il
est
sincère, car il n’est pas conforme aux faits. Voyons ce que les gens
212
en, même dans les cas où il est sincère, car il n’
est
pas conforme aux faits. Voyons ce que les gens font et non pas ce qu’
213
s s’opposeraient à notre union fédérative. Car il
est
beaucoup plus facile de régner sur un pays divisé que sur une nation
214
e concurrence économique ? Ici encore, la réponse
est
facile. Les Américains savent très bien qu’une Europe forte, même con
215
jours, à Paris, l’ambassadeur américain Caffery s’
est
adressé aux fédéralistes français. Je tiens à vous citer quelques-une
216
ffery s’est adressé aux fédéralistes français. Je
tiens
à vous citer quelques-unes de ses déclarations les plus franches et l
217
larations les plus franches et les plus nettes :
Est
-il exact, tout d’abord, a dit l’ambassadeur américain, que mon gouver
218
dit l’ambassadeur américain, que mon gouvernement
soit
favorable au fédéralisme européen ? Oui, c’est un fait… Les États-Uni
219
Je ne prétendrais pas que la politique américaine
soit
totalement désintéressée, car la prospérité de l’Europe contribue à c
220
ssi hautement autorisé que l’ambassadeur Caffery,
sont
aussi claires qu’il est possible. Tirons-en rapidement deux conclusio
221
e l’ambassadeur Caffery, sont aussi claires qu’il
est
possible. Tirons-en rapidement deux conclusions : Premièrement : l’A
222
aye d’empêcher notre union. La volonté américaine
est
claire : toute l’Amérique souhaite notre fédération. Le jour où ce dé
223
ue souhaite notre fédération. Le jour où ce désir
sera
aussi celui des Russes, la paix sera faite. En attendant que les Russ
224
où ce désir sera aussi celui des Russes, la paix
sera
faite. En attendant que les Russes l’acceptent de bon cœur, sachons l
225
mes variés que pose son union, c’est parce que je
suis
convaincu que cette union fédérative est l’une des conditions de la p
226
que je suis convaincu que cette union fédérative
est
l’une des conditions de la paix, et sans doute sa première condition.
227
s conditions, toute tentative de fédérer l’Europe
est
vouée, dès le départ, à l’échec. Sur quoi d’autres ajoutent, d’un ton
228
ton excité, que la fédération européenne, loin d’
être
un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre, ca
229
on européenne, loin d’être un élément de paix, ne
serait
en réalité qu’une machine de guerre, car, assurent ces personnes : «
230
e de guerre, car, assurent ces personnes : « Vous
êtes
en train de faire l’Europe avec Churchill contre les Russes ! » Je ré
231
drai ce soir à ces deux objections. Tout d’abord,
est
-il bien exact d’affirmer que le rideau de fer coupe notre Europe en d
232
lons les chiffres : de notre côté du rideau, nous
sommes
300 millions. Du côté Est, 105 millions seulement, même en comptant l
233
côté du rideau, nous sommes 300 millions. Du côté
Est
, 105 millions seulement, même en comptant les Yougoslaves et Tito pou
234
laves et Tito pour la bonne mesure. Les pays de l’
Est
ne forment donc au plus qu’un quart de l’Europe. Habité en majorité p
235
ne population agraire, dont chacun sait qu’elle n’
est
pas la plus évoluée du continent, au point de vue politique et civiqu
236
a négliger, bien entendu, mais simplement qu’elle
est
très loin de représenter comme on le répète — tant par le niveau de v
237
tié de l’Europe. Ensuite, je rappellerai que ce n’
est
pas nous qui avons tiré le fameux rideau. Et ce ne sont pas non plus
238
as nous qui avons tiré le fameux rideau. Et ce ne
sont
pas non plus les peuples des pays de l’Est. Mais ce sont les chefs st
239
ce ne sont pas non plus les peuples des pays de l’
Est
. Mais ce sont les chefs staliniens, partout où ils ont pu s’emparer d
240
s non plus les peuples des pays de l’Est. Mais ce
sont
les chefs staliniens, partout où ils ont pu s’emparer du pouvoir. S’i
241
provisoirement, d’un quart de sa population, ce n’
est
pas une raison, bien au contraire, pour que nous renoncions à fédérer
242
n attendant. Autrement, nous y passerons tous. Il
est
donc vrai que la fédération de l’Europe est en partie une mesure de d
243
s. Il est donc vrai que la fédération de l’Europe
est
en partie une mesure de défense contre l’expansion russe, ou plus exa
244
fense cache un plan d’agression contre l’URSS. Où
est
la vraisemblance d’une telle accusation ? On se borne à la répéter, s
245
n peu plus loin, la seule vraie fédération qui se
soit
constituée de nos jours, c’est celle qui groupe toutes les Russies da
246
d’autres en font autant, c’est pour la guerre. Il
est
donc parfaitement inutile de poursuivre cette discussion, et de perdr
247
Congrès de l’Europe. La principale résolution qui
fut
votée par ce congrès demandait la convocation d’un Parlement européen
248
s d’un an, nous avons abouti. Le premier objectif
est
atteint. Et ce n’est pas sans émotion que je puis vous parler ce soir
249
abouti. Le premier objectif est atteint. Et ce n’
est
pas sans émotion que je puis vous parler ce soir de ce premier abouti
250
militants de tous les pays de l’Europe, ceux qui
sont
libres et ceux qui le seront un jour, — ceux qui veulent ensemble la
251
de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le
seront
un jour, — ceux qui veulent ensemble la paix, et qui veulent en créer
252
eil de l’Europe, dont les statuts viennent donc d’
être
signés à Londres par les ministres des Affaires étrangères de dix pay
253
faires étrangères de dix pays démocratiques, ce n’
est
, je le répète, qu’un premier objectif. Nous l’avons conquis de haute
254
quis de haute lutte, mais non sans pertes. Ce qui
est
acquis est bien acquis, ou, comme le disait la manchette d’un des gra
255
te lutte, mais non sans pertes. Ce qui est acquis
est
bien acquis, ou, comme le disait la manchette d’un des grands journau
256
risiens commentant cette date décisive : « Ce qui
est
fait ne sera pas défait ! » Mais ce qui est fait n’est pas encore la
257
entant cette date décisive : « Ce qui est fait ne
sera
pas défait ! » Mais ce qui est fait n’est pas encore la plénitude de
258
e qui est fait ne sera pas défait ! » Mais ce qui
est
fait n’est pas encore la plénitude de ce qu’il faut faire et que nous
259
ait ne sera pas défait ! » Mais ce qui est fait n’
est
pas encore la plénitude de ce qu’il faut faire et que nous voulons. C
260
e, désormais existant, c’est presque tout et ce n’
est
presque rien. C’est une grande porte ouverte sur l’avenir, et mainten
261
enir, et maintenant, il faut franchir le pas. Que
sera
le Conseil, que ne sera-t-il pas ? C’est ce que je voudrais vous dire
262
faut franchir le pas. Que sera le Conseil, que ne
sera-t
-il pas ? C’est ce que je voudrais vous dire en quelques mots. Vous sa
263
admet le droit de veto, puisque ses décisions ne
seront
prises qu’à l’unanimité des membres. Sur ce point, nous faisons toute
264
emblée siégera dans trois mois à Strasbourg. Elle
sera
composée de députés désignés par les parlements de douze pays, et cho
265
intérêts nationalistes. Les débats de l’Assemblée
seront
publics. Les décisions de l’Assemblée, bien qu’elles n’aient qu’une v
266
ont dans l’opinion publique de toute l’Europe, et
seront
largement conditionnées par elle. C’est dire que la conscience commun
267
ncore, une Assemblée constituante, or celle-ci ne
sera
qu’un corps consultatif. Notre idéal est donc loin d’être atteint. Il
268
e-ci ne sera qu’un corps consultatif. Notre idéal
est
donc loin d’être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir, de faire
269
un corps consultatif. Notre idéal est donc loin d’
être
atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir, de faire sonner les cloch
270
e son frêle et pur d’une petite cloche heureuse s’
est
fait entendre : c’est la voix de ce que Charles Péguy nommait « la pe
271
s à proclamer un jour, à la face des États : nous
sommes
ici de par la volonté des peuples, et nous jurons de n’en sortir qu’u
272
isions du temps, valables cette fois-ci jusqu’à l’
été
prochain, je puis vous annoncer l’élévation constante de la températu
273
passer une masse d’air chaud de l’Occident vers l’
Est
européen. Le beau temps vient ! Au revoir, à lundi prochain !
274
Chers auditeurs, Le Parlement européen a cessé d’
être
une utopie, je vous l’ai dit lundi dernier. Dans trois mois, à Strasb
275
ée par les parlements de 12 ou 13 pays européens,
sera
solennellement inaugurée. Elle rappellera notre ancienne Diète fédéra
276
nde entier, que les nations de ce vieux continent
sont
en train d’imiter, avec un peu de retard, l’exemple de nos cantons su
277
nt, à cette première Diète fédérale, la Suisse ne
sera
pas représentée. Voilà qui nous pose une question, une question diffi
278
neutralité, précisément, qui empêche la Suisse d’
être
présente au premier Parlement de l’Europe. On a peine à comprendre, à
279
comprendre, à l’étranger, comment notre pays, qui
est
le modèle classique d’une fédération réussie, n’entre pas avec enthou
280
ère politique. Mais on pense que cette neutralité
est
quelque chose de périmé. Et l’on est bien souvent tenté de l’interpré
281
e neutralité est quelque chose de périmé. Et l’on
est
bien souvent tenté de l’interpréter comme une attitude égoïste, comme
282
s tout, la Suède et l’Irlande, qui elles aussi se
sont
déclarées neutres, iront cependant à Strasbourg. Pourquoi la Suisse s
283
uel je voudrais insister : la neutralité suisse n’
est
pas moins nécessaire à l’Europe qu’à la Suisse elle-même. Au lendemai
284
ies à Vienne déclarèrent que la neutralité suisse
était
« dans l’intérêt de l’Europe entière ». Elles obligèrent la Suisse à
285
et à défendre sa neutralité, et cela, parce qu’il
était
vital, pour l’équilibre européen, que la position stratégique occupée
286
l’une ou l’autre des grandes nations voisines. Il
est
clair que la Suisse n’aurait pas pu défendre et garder libres les col
287
libres les cols des Alpes, si elle avait cessé d’
être
neutre. Car la Suisse est formée par 25 républiques, elle parle quatr
288
si elle avait cessé d’être neutre. Car la Suisse
est
formée par 25 républiques, elle parle quatre langues, et pratique deu
289
e camp, au cours des guerres européennes, elle se
serait
fatalement disloquée. Par trois fois, en moins de cent ans, la guerre
290
lemagne et une France déjà réconciliées. Son rôle
est
de maintenir à n’importe quel prix cet exemple vivant, cette preuve i
291
n de l’Europe a bien changé. Le danger immédiat n’
est
plus pour nous, dans une quatrième guerre franco-allemande. Le danger
292
r notre continent, et cette fois-ci, la Suisse ne
serait
pas épargnée. À cela, je répondrai qu’il n’y a qu’un seul moyen de pr
293
ute prise de parti belliqueuse. Car autrement, il
est
fatal que se déchaîne une guerre civile européenne, qui marquerait la
294
Solidement fédérée, neutre depuis un siècle, elle
est
au but, elle marque le but vers lequel tendent de plus en plus tous l
295
age de l’avenir européen. Quand toute l’Europe se
sera
fédérée, quand elle sera neutre à son tour, alors la Suisse pourra re
296
Quand toute l’Europe se sera fédérée, quand elle
sera
neutre à son tour, alors la Suisse pourra rejoindre cette union sans
297
ahir sa mission séculaire. Sa vocation européenne
sera
remplie. Et ce jour-là, mais pas avant, nous pourrons annoncer qu’à B
298
ispensent de toute autre démonstration. La preuve
est
faite, en Suisse, que le fédéralisme est le seul système efficace et
299
a preuve est faite, en Suisse, que le fédéralisme
est
le seul système efficace et véritablement pratique au xx e siècle. Ma
300
e leur fédération, c’est-à-dire il y a 101 ans, n’
étaient
pas beaucoup plus avancés dans la voie de l’union réelle, que ne le s
301
avancés dans la voie de l’union réelle, que ne le
sont
les 24 États qui composent l’Europe d’aujourd’hui. Et pourtant, nos 2
302
oins d’un an, comme vous le savez. La comparaison
est
frappante, entre cette Suisse d’il y a cent ans et notre Europe en cr
303
ttent entre eux pendant des siècles. Les villes s’
étaient
liguées maintes fois contre les cantons campagnards. Protestants et c
304
cantons campagnards. Protestants et catholiques s’
étaient
affrontés dans 5 guerres au moins, et la dernière d’entre elles, la g
305
campagnes, ces protestants et ces catholiques se
sont
unis, en quelques mois, et sont restés unis depuis cent ans. Les diff
306
es catholiques se sont unis, en quelques mois, et
sont
restés unis depuis cent ans. Les différences entre nos cantons étaien
307
epuis cent ans. Les différences entre nos cantons
étaient
certainement aussi grandes, à l’époque, que ne sont aujourd’hui les d
308
nt certainement aussi grandes, à l’époque, que ne
sont
aujourd’hui les différences entre les États de l’Europe. Les uns parl
309
dres ou de Paris. Et pourtant, tous ces hommes se
sont
unis, et sont restés unis depuis cent ans. Le sentiment d’une commune
310
is. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et
sont
restés unis depuis cent ans. Le sentiment d’une commune patrie suisse
311
t ans. Le sentiment d’une commune patrie suisse n’
était
, en fait, pas beaucoup plus vivant au début du xix e siècle, que ne l
312
up plus vivant au début du xix e siècle, que ne l’
est
aujourd’hui le sentiment d’une commune patrie européenne. Chacun de n
313
entent Européens. Et pourtant, tous ces hommes se
sont
unis, en quelques mois, et sont restés unis depuis cent ans. Que manq
314
ous ces hommes se sont unis, en quelques mois, et
sont
restés unis depuis cent ans. Que manquait-il à nos cantons en 1847, e
315
cent ans, et notre Europe. En 1847, nos cantons n’
étaient
pas liés par une constitution et par des lois communes. Comme les Éta
316
reliait : c’était la Diète fédérale. Cette Diète
était
formée de délégués des gouvernements cantonaux. C’était une sorte de
317
c’est parce que la Diète des cantons souverains s’
était
révélée impuissante à défendre la paix du pays, que les Suisses décid
318
aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse
était
unie. Qu’on se le dise, à Strasbourg, au mois d’août, lorsque s’ouvri
319
toire. Le grand danger, la suprême imprudence, ce
serait
aujourd’hui l’excès de prudence. Fédérons-nous d’abord, et rapidement
320
pidement ! Ensuite, une fois la paix conquise, il
sera
temps d’imiter Berne, et sa méfiance des précipitations. Au revoir, à
321
rains. Du point de vue politique, la ressemblance
était
frappante : même absence d’unité d’action dans les deux cas, même imp
322
cantons, tout aussi divisés à l’époque que ne le
sont
aujourd’hui nos 24 nations, se sont tout de même fédérés solidement e
323
que que ne le sont aujourd’hui nos 24 nations, se
sont
tout de même fédérés solidement en quelques mois. Si nous comparons m
324
l’état économique de nos cantons avant qu’ils se
soient
fédérés et l’état de notre Europe divisée, nous allons constater des
325
emblances peut-être encore plus étonnantes. Quels
sont
les maux dont souffre de nos jours l’économie européenne ? Vous les c
326
onomie européenne ? Vous les connaissez tous, ils
sont
bien évidents. Nous avons en Europe 24 monnaies différentes, de valeu
327
s. Nos marchés nationaux, de plus en plus fermés,
sont
tous trop petits pour les industries modernisées, qui étouffent et se
328
des industries locales qui, du jour au lendemain,
seront
ruinées ! Or, que s’est-il passé ? En moins d’un an, les cantons suis
329
du jour au lendemain, seront ruinées ! Or, que s’
est
-il passé ? En moins d’un an, les cantons suisses se sont unis, douane
330
passé ? En moins d’un an, les cantons suisses se
sont
unis, douanes et péages ont disparu, et pas une seule des catastrophe
331
s catastrophes prévues, et dûment calculées, ne s’
est
produite. Au contraire, l’essor immédiat de l’industrie et du commerc
332
leçon de cette comparaison. La Suisse, en 1847, n’
était
pas plus avancée que l’Europe en 1949. C’était le même chaos économiq
333
urtant, la fédération définitive de nos cantons s’
est
faite en quelques mois, avec un plein succès. Personne ne peut le nie
334
la ! Et nous tous, les Européens de tout pays, il
est
temps que nous disions à nos gouvernements : assez d’absurdités, asse
335
z-vous dans la prospérité ! Demain, l’Europe peut
être
belle ! Au revoir, à lundi prochain.
336
0 juin 1949) Mes trois dernières chroniques ont
été
consacrées à la position de la Suisse par rapport aux projets d’union
337
ais parler tout d’abord de deux critiques qui ont
été
formulées. On m’a dit : vous semblez oublier que la Suisse ne s’est p
338
m’a dit : vous semblez oublier que la Suisse ne s’
est
pas faite en un jour, et qu’il nous a fallu près de cinq siècles pour
339
près, on s’aperçoit que les réalités historiques
sont
bien différentes, La Suisse, dit-on, ne s’est pas faite en un jour. N
340
es sont bien différentes, La Suisse, dit-on, ne s’
est
pas faite en un jour. Non, mais elle s’est faite en moins d’un an, en
341
, ne s’est pas faite en un jour. Non, mais elle s’
est
faite en moins d’un an, entre le mois de février et le mois de septem
342
d’erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes
sont
aujourd’hui dans la même situation que nos 22 cantons il y a cent ans
343
héance du plan Marshall définit le délai qui leur
est
imparti pour aboutir enfin à leur fédération : deux ans et demi. En s
344
En second lieu, lorsqu’on me répète que la Suisse
est
trop petite pour être comparée à l’ensemble du continent, je réponds
345
u’on me répète que la Suisse est trop petite pour
être
comparée à l’ensemble du continent, je réponds qu’en réalité, et prat
346
ité, et pratiquement, la Suisse, il y a cent ans,
était
un peu plus grande que l’Europe d’aujourd’hui. Et je le prouve. Pour
347
age. Pour arriver au Parlement de Strasbourg, cet
été
, un député grec ou suédois mettra moins d’un jour. La rapidité des co
348
xx e siècle, de grands empires se constituent à l’
Est
et à l’Ouest de l’Europe, tout comme il y a cent ans de grandes natio
349
la Suisse. Une certaine unité, de type fédératif,
est
donc, aujourd’hui comme alors, et pour les mêmes raisons, le seul moy
350
raisons, le seul moyen de rester indépendants. Il
est
temps que je résume les conclusions auxquelles m’amène cet examen rap
351
us y obligent, mais aussi parce que la neutralité
est
le but vers lequel doit tendre une fédération de l’Europe. Nous somme
352
quel doit tendre une fédération de l’Europe. Nous
sommes
déjà au but, pour notre part. Restons-y, l’arme au pied, en attendant
353
an élargi de l’Europe. Il s’agit donc pour nous d’
être
présents dans les conseils européens, et même d’y être plus actifs qu
354
présents dans les conseils européens, et même d’y
être
plus actifs que nos voisins. Et ceci dans notre intérêt comme dans le
355
e droit de nous plaindre si nous trouvons qu’elle
est
mal faite. Troisièmement, il nous faut nous préparer nous-mêmes aux s
356
e. Le Conseil suisse pour le Mouvement européen s’
est
constitué, et s’est mis au travail. Les présidents de nos 4 grands pa
357
pour le Mouvement européen s’est constitué, et s’
est
mis au travail. Les présidents de nos 4 grands partis font partie de
358
inion suisse dans son ensemble. Sa première tâche
est
de réveiller cette opinion, et c’est aussi la tâche que je me suis do
359
cette opinion, et c’est aussi la tâche que je me
suis
donnée en venant vous parler chaque lundi. Déjà, je puis me réjouir d
360
dans le cerveau de quelques politiciens, elle ne
serait
qu’un chiffon de papier. Il faut qu’elle naisse et qu’elle se forme d
361
rope, je vous dirai ce soir un dernier mot, qui n’
est
pas le moins important. Dans mes dernières chroniques, j’ai tâché de
362
oi la Suisse, fédération neutre et armée, doit se
tenir
sur une certaine réserve, provisoire, pendant que les autres peuples
363
opéenne, partout où nous le pouvons sans cesser d’
être
neutres. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutralit
364
nous le pouvons sans cesser d’être neutres. Or il
est
un domaine où nous devons profiter de la neutralité pour agir sans ré
365
pour nous rattraper, si je puis dire : ce domaine
est
celui de la culture et de la formation de l’opinion. Sous les auspice
366
auspices du Mouvement européen, un appel vient d’
être
lancé pour que les Suisses prennent la part principale, financière au
367
e peut faire pour l’union de l’Europe, qui paraît
être
une question politique ou économique avant tout. La réponse est bien
368
on politique ou économique avant tout. La réponse
est
bien simple : en vérité, c’est la culture qui a fait l’Europe, au tem
369
expliquer autrement que ce petit continent, qui n’
est
en réalité qu’une péninsule déchiquetée de l’Asie, ait pu régner sur
370
er sur toute la terre, pendant des siècles ? Ce n’
était
pas à cause de sa grandeur physique : car l’Europe représente à peu p
371
sente à peu près 4 % de la surface du globe. Ce n’
était
pas à cause de sa population : moins d’un sixième de celle de la Plan
372
politiques et religieuses dont le monde entier s’
est
inspiré. Si l’Europe a régné sur la terre, c’est donc bien grâce à sa
373
Aujourd’hui, la puissance a changé de camp. Elle
est
américaine ou russe. Naguère encore maîtresse de la Planète, l’Europe
374
allons-nous la sauver ? Là-dessus, tout le monde
est
en train de s’accorder : il nous faut unir nos faiblesses, fédérer no
375
er sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’
Est
et de l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche les p
376
c les empires neufs de l’Est et de l’Orient. Tels
sont
les buts que poursuivent sans relâche les pionniers du Mouvement euro
377
nce, resteront sans force et sans vie si elles ne
sont
pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos
378
élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’
est
pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une
379
ui donner une voix, et des moyens d’action. Telle
est
la tâche vitale que voudrait assurer le Centre européen de la culture
380
inguées, pour spécialistes un peu distraits. Ce n’
est
pas cela que veut faire le Centre européen. Notre but est de coordonn
381
cela que veut faire le Centre européen. Notre but
est
de coordonner les forces intellectuelles dispersées en Europe, et de
382
de s’engager dans notre action commune. Notre but
est
de faire voir aux écrivains, artistes, savants, professeurs, hommes d
383
drais bien marquer ce soir. Le fait que la Suisse
soit
prévue comme siège du Centre européen de la culture, cela ne relève n
384
nt européen, on a reconnu que le domaine culturel
était
celui où nous pouvons, nous Suisses, sans renoncer à la neutralité, j
385
politiques du Mouvement — le Conseil de l’Europe
étant
acquis — , à mesure que la fédération du continent se dessine et pren
386
e action historique, dont on a pu dire que le but
était
l’Europe helvétisée ! Au revoir, à lundi prochain !
387
n fasse autant, un peu plus tard. Cette chronique
sera
donc la dernière de la saison, avant que je ne la reprenne, peut-être
388
e le point, vous dire en quelques mots où nous en
sommes
dans la lutte pour unir l’Europe, pour la sauver pendant qu’on le peu
389
ncore. Au mois de mai de l’année dernière, rien n’
était
fait. Un seul homme travaillait sérieusement à réveiller le besoin d’
390
ye n’aurait jamais si bien marché. Mais quels que
soient
les talents de ce ministre, on ne pouvait pas s’en remettre à lui seu
391
La Haye demanda donc qu’une Assemblée européenne
fût
convoquée, comme première condition de l’union. Bien peu croyaient la
392
, à cette époque. On constatait seulement qu’elle
était
nécessaire. Et voici qu’elle se réalise : dans un mois, le 8 août, à
393
ltative de l’Europe, je vous l’ai dit lorsqu’elle
fut
décidée, ce n’est presque rien, mais en même temps c’est presque tout
394
e, je vous l’ai dit lorsqu’elle fut décidée, ce n’
est
presque rien, mais en même temps c’est presque tout. Ce ne sera rien,
395
ien, mais en même temps c’est presque tout. Ce ne
sera
rien, si l’opinion publique n’est pas alertée derrière elle, et ne la
396
ue tout. Ce ne sera rien, si l’opinion publique n’
est
pas alertée derrière elle, et ne la force pas à s’imposer, à bouscule
397
s’imposer, à bousculer les égoïsmes nationaux. Ce
sera
beaucoup, ce sera le début d’une ère nouvelle pour toute l’Europe, si
398
uler les égoïsmes nationaux. Ce sera beaucoup, ce
sera
le début d’une ère nouvelle pour toute l’Europe, si elle a le courage
399
e la grande masse, le grand public européen, ne s’
est
pas encore rendu compte de l’importance de l’Assemblée. Souhaitons qu
400
semblée. Souhaitons qu’il se réveille avant qu’il
soit
trop tard ! L’Europe n’a plus que deux ans pour s’unir : et ce délai
401
n’a plus que deux ans pour s’unir : et ce délai n’
est
pas une hypothèse, il est fixé, inexorablement, par la durée du plan
402
s’unir : et ce délai n’est pas une hypothèse, il
est
fixé, inexorablement, par la durée du plan Marshall. Quand l’Amérique
403
d l’Amérique aura cessé de nous aider, si nous ne
sommes
pas unis à ce moment-là, ce sera la ruine certaine, — et notre ruine,
404
er, si nous ne sommes pas unis à ce moment-là, ce
sera
la ruine certaine, — et notre ruine, ce serait la porte ouverte à la
405
, ce sera la ruine certaine, — et notre ruine, ce
serait
la porte ouverte à la ruée des Cosaques de Staline1. Que pouvons-nous
406
ts. Prenons l’exemple de la France, qui se trouve
être
une fois de plus, à la tête du mouvement novateur. L’appui de M. Robe
407
bert Schuman, ministre des Affaires étrangères, s’
est
montré décisif lors des négociations de l’Assemblée. Et dans nos comi
408
te qui compte déjà plus de 150 députés. Parmi eux
seront
choisis les représentants français à l’Assemblée consultative de Stra
409
, nous trouvons des milliers de jeunes hommes qui
furent
au 1er rang de la Résistance, tels que ce jeune chef italien qui a fa
410
Kogon, qui a passé près de 8 ans à Buchenwald. Ce
sont
des hommes qui ont le droit de parler, maintenant ! Ils ont payé le d
411
chefs, voici nos troupes, et vous le voyez, ce ne
sont
pas de piteux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes de cette
412
à faire l’Europe dans le délai de grâce qui nous
est
accordé par le destin, — et par la générosité de l’Amérique. Mais nou
413
ire la paix, dépend maintenant de la manière dont
seront
conduits les débats de Strasbourg. Suivez-les, dès le mois prochain,
414
ropéennes. Alors, mais alors seulement, les États
seront
forcés de la suivre. Je vous l’ai dit souvent, je vous le répète ce s
415
revoir, à l’automne prochain ! 1. Ce passage a
été
censuré : « … et notre ruine, ce serait la porte ouverte à la ruée de
416
Ce passage a été censuré : « … et notre ruine, ce
serait
la porte ouverte à la ruée des Cosaques de Staline ».
417
Demain l’Europe ! — Un bel
été
(19 septembre 1949) Chers auditeurs, Nous vous retrouvons ce soir a
418
ès deux mois d’interruption de cette chronique. L’
été
touche à sa fin. Ce fut un bel été, comme j’avais cru pouvoir vous l’
419
ion de cette chronique. L’été touche à sa fin. Ce
fut
un bel été, comme j’avais cru pouvoir vous l’annoncer dans mes derniè
420
e chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel
été
, comme j’avais cru pouvoir vous l’annoncer dans mes dernières prévisi
421
t avant de repartir, et tout naturellement, je me
suis
interrogé sur la nécessité ou l’opportunité de reprendre ces brèves c
422
prendre ces brèves causeries. On comprendra qu’il
est
bien difficile pour leur auteur d’en mesurer l’utilité. Je parle seul
423
e micro, et je ne puis que vous imaginer. Les uns
sont
à la table de famille, on crie à l’un des gosses : « va mettre la rad
424
r avoir l’heure exacte ou les nouvelles… D’autres
sont
seuls, et la journée finie, ne sachant trop quoi faire, ils tournent
425
? Un chroniqueur à la radio ne sait jamais. Vous
êtes
peut-être 2 ou 3, ou peut-être quelques milliers… Dans le doute, j’ai
426
s à leurs dépens, mais que chacun de nous, aussi,
est
capable d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus de l’opinion
427
est vous, et vous, et vous encore, et que nous en
sommes
tous responsables. Il s’est passé, durant ce bel été, un événement co
428
re, et que nous en sommes tous responsables. Il s’
est
passé, durant ce bel été, un événement considérable, que les foules o
429
tous responsables. Il s’est passé, durant ce bel
été
, un événement considérable, que les foules ont à peine remarqué. Si j
430
ainement de l’indifférence relative avec laquelle
fut
accueilli le premier Parlement de l’Europe. Cette date, que tous nos
431
r la majorité de nos contemporains. C’est qu’il n’
est
pas facile de se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de pr
432
tait dans son journal : « De ce lieu, de ce jour,
sera
datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là, il était le seul à s’en
433
a datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là, il
était
le seul à s’en douter. Cette histoire n’est pas bien nouvelle. Il y a
434
il était le seul à s’en douter. Cette histoire n’
est
pas bien nouvelle. Il y a près de 2000 ans qu’on la connaît. La mort
435
site de Bartali, coureur cycliste, au Vatican. Il
serait
donc naïf de s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour de Suisse
436
de l’opinion publique. Pourtant, les journalistes
étaient
présents. On dit même qu’ils furent plus de 500. Et bien d’autres ont
437
journalistes étaient présents. On dit même qu’ils
furent
plus de 500. Et bien d’autres ont jugé Strasbourg, dans les éditoriau
438
monde entier, d’autant plus librement qu’ils n’y
étaient
pas allés. L’événement s’est donc vu noyé sous un déluge de clichés é
439
ement qu’ils n’y étaient pas allés. L’événement s’
est
donc vu noyé sous un déluge de clichés étonnamment contradictoires. J
440
fois souvent dans le même article. L’Assemblée s’
est
-elle montrée trop timide ou trop téméraire ? L’expérience est-elle pr
441
trée trop timide ou trop téméraire ? L’expérience
est
-elle prématurée ou trop tardive ? C’est ce que personne ne pourra déd
442
aux semblent d’accord pour affirmer que l’opinion
est
demeurée indifférente. Mais ceci est assez étrange. Car, les journaux
443
ue l’opinion est demeurée indifférente. Mais ceci
est
assez étrange. Car, les journaux le savent très bien : ce sont eux qu
444
range. Car, les journaux le savent très bien : ce
sont
eux qui font l’opinion ; si l’opinion n’a pas bougé, c’est parce qu’i
445
lleurs les éléments d’un jugement objectif. Que s’
est
-il passé à Strasbourg ? Il s’est passé quelque chose de très neuf, qu
446
objectif. Que s’est-il passé à Strasbourg ? Il s’
est
passé quelque chose de très neuf, quelque chose qu’on n’avait pas vu
447
re… Pour moi qui ai vu Strasbourg de près, qui me
suis
trouvé mêlé à sa préparation, qui en connais le détail et l’atmosphèr
448
ns mes prochaines chroniques, de vous dire ce que
fut
l’événement, ce qu’il prépare pour notre avenir à tous. Si l’un ou l’
449
ragements que plusieurs d’entre vous m’ont envoyé
soit
individuellement, soit en famille, à l’occasion de la reprise de cett
450
d’entre vous m’ont envoyé soit individuellement,
soit
en famille, à l’occasion de la reprise de cette chronique. Ces messag
451
de Strasbourg. Mais deux événements importants se
sont
produits la semaine dernière, deux événements qui affectent l’Europe
452
ui affectent l’Europe dans son ensemble, et qu’il
est
nécessaire de commenter sans plus attendre, du point de vue de notre
453
nce, beaucoup de gens ont pu croire que la partie
était
plus qu’à moitié gagnée, que l’unité européenne allait s’organiser to
454
ar les Soviets signifie : union nécessaire. Je ne
suis
pas un expert économique, loin de là. Je ne saurais donc juger la val
455
ns crainte de me tromper : toute l’Europe vient d’
être
secouée par une mesure prise par un seul pays, lequel s’était gardé d
456
e par une mesure prise par un seul pays, lequel s’
était
gardé d’avertir ses voisins. Ainsi la solidarité économique de toute
457
ité économique de toute l’Europe bon gré mal gré,
est
démontrée d’une manière éclatante quoique négative et coûteuse pour c
458
e pour certains. Ceux qui s’obstinaient à la nier
sont
placés devant l’évidence. Nous dépendons tous, étroitement, les uns d
459
ration, que cela nous plaise ou non. Eh bien ! il
est
grand temps que cette solidarité économique cesse d’être purement nég
460
and temps que cette solidarité économique cesse d’
être
purement négative, cesse d’être une solidarité dans la misère ou dans
461
conomique cesse d’être purement négative, cesse d’
être
une solidarité dans la misère ou dans les catastrophes seulement. Il
462
à dire ceci : c’est que la manière dont elles ont
été
prises est scandaleuse, du point de vue de l’Europe en général. Que s
463
: c’est que la manière dont elles ont été prises
est
scandaleuse, du point de vue de l’Europe en général. Que s’est-il pas
464
se, du point de vue de l’Europe en général. Que s’
est
-il passé en effet ? Sir Stafford Cripps est parti seul pour Washingto
465
Stafford Cripps est parti seul pour Washington, s’
est
enfermé dans une salle de comité avec les experts américains, tandis
466
les frais de l’opération, je le répète, l’Europe
était
absente, personne ne parlait en son nom. C’est à cela que Strasbourg
467
, chez les Russes, leur crainte presque morbide d’
être
encerclés et vulnérables. Il y a là, si paradoxal que cela paraisse,
468
ion internationale. Beaucoup des réactions russes
étaient
inspirées jusqu’ici par une peur exagérée de la puissance américaine.
469
atomique des deux Grands, c’est-à-dire : prête à
être
rasée. Ceux qui trouveraient encore que la situation « n’est pas mûre
470
Ceux qui trouveraient encore que la situation « n’
est
pas mûre », pour nous fédérer, qu’il faut y aller bien doucement, bie
471
. Spaak, le président de l’Assemblée, lorsqu’il s’
est
écrié dans son discours final : « Je suis venu ici parce que j’étais
472
squ’il s’est écrié dans son discours final : « Je
suis
venu ici parce que j’étais convaincu de la nécessité des États-Unis d
473
n discours final : « Je suis venu ici parce que j’
étais
convaincu de la nécessité des États-Unis d’Europe, je repars convainc
474
Demain l’Europe ! — «
Êtes
-vous satisfait de Strasbourg ? » (3 octobre 1949) Chers auditeurs,
475
e pose le plus souvent, depuis quelques semaines,
sont
les suivantes : 1° « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » 2° « Que d
476
puis quelques semaines, sont les suivantes : 1° «
Êtes
-vous satisfait de Strasbourg ? » 2° « Que devons-nous penser des résu
477
tôt en Belgique et tantôt en Allemagne, et l’on y
est
en France, pour de bon, cette fois-ci. Et puis, il y a les ruines, le
478
us rappellent à la réalité la plus pressante ; il
était
bon que l’Assemblée européenne s’ouvrît non pas dans des palaces parm
479
té son aula pour les séances du Parlement. Je n’y
suis
pas entré sans émotion : j’allais voir de mes yeux le premier résulta
480
il en va des assemblées comme des individus : ce
sont
les premiers mois, parfois les premiers jours de l’existence d’un béb
481
xistence d’un bébé qui décident de son avenir. Je
suis
entré dans cette aula, et j’ai senti, après quelques minutes, que l’A
482
ux tiers des députés, à Strasbourg, se trouvaient
être
membres du Mouvement, et cette constatation est importante car elle s
483
être membres du Mouvement, et cette constatation
est
importante car elle signifie que l’Assemblée est portée, animée et no
484
est importante car elle signifie que l’Assemblée
est
portée, animée et nourrie par l’élan de nos militants, dans tous nos
485
comme à la Chambre des communes, et l’atmosphère
était
aussi sérieuse et réaliste qu’à notre Conseil national. Seulement, on
486
t d’utopie. Et certes, l’Assemblée consultative n’
est
pas encore dotée des pouvoirs nécessaires : mais elle fonctionne et r
487
pouvoirs, jusqu’au jour où les peuples eux-mêmes
seront
appelés aux élections européennes. L’année prochaine en décidera sans
488
ochaine en décidera sans doute. À la question : «
Êtes
-vous satisfait de Strasbourg ? » Je puis donc vous répondre oui, sans
489
une actualité qui rayonnera longtemps. Et si ce n’
est
plus le fait du jour, après un mois c’est peut-être le fait du siècle
490
trasbourg (10 octobre 1949) Chers auditeurs, Il
est
temps que j’en arrive aux résultats acquis par l’Assemblée consultati
491
ns trop de détails techniques, mais cependant, il
est
bon d’en donner quelques-uns, pour vous faire entrevoir la nature et
492
us les frontières en dépit de leurs États. Elle s’
est
donc affirmée dès l’abord comme un pouvoir législatif en puissance. F
493
opéen l’avait étudié et mis au point. Le projet a
été
accepté, à l’unanimité moins quelques abstentions, et il semble certa
494
acun de nos États, un pouvoir fédéral indépendant
soit
capable de réprimer les abus qui seraient commis au nom de l’égoïsme
495
indépendant soit capable de réprimer les abus qui
seraient
commis au nom de l’égoïsme national, ou de la volonté de puissance d’
496
nom de l’Europe tout entière. Cette proposition a
été
traitée de « billevesée » par le même M. Dalton. On a compris les rai
497
ours plus tard, lorsqu’une délégation britannique
est
allée seule à Washington pour y négocier seule la dévaluation de la l
498
l’étude immédiate d’un passeport européen. Ce ne
sont
là que des vœux, direz-vous. Oui, certes, mais ils sont appuyés par l
499
à que des vœux, direz-vous. Oui, certes, mais ils
sont
appuyés par la volonté unanime de l’Assemblée consultative. Or celle-
500
parlements européens. La plupart de ces délégués
sont
les chefs de fractions politiques importantes. Il est donc probable q
501
les chefs de fractions politiques importantes. Il
est
donc probable qu’ils arriveront à faire voter, dans chaque parlement
502
ètes votées par l’Assemblée de Strasbourg avaient
été
préparées par notre Mouvement européen. C’est lui qui a fait Strasbou
503
coulisses, s’écriait un jour devant moi : « J’ai
été
témoin, ici, de choses stupéfiantes pour nous autres Américains ! L’A
504
Depuis que j’ai repris cette chronique, en fin d’
été
, je vous ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui s’e
505
surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui s’
est
fait déjà au cours de sa première session, mais aussi des difficultés
506
oir, en résumé, que l’union fédérale du continent
est
en bonne voie, que l’Assemblée de Strasbourg permet de grands espoirs
507
rès rapides et décisifs qui, sans elle, pouvaient
être
acquis dès cet automne. Voilà pour la situation en général. Mais tout
508
nt les individus, devant l’évolution de monde, il
est
bien caractéristique de notre siècle, d’un siècle qui a vécu deux gue
509
de vous n’a plus qu’à démissionner en attendant d’
être
réduit en poussière atomique, ou bien si, au contraire, il est encore
510
poussière atomique, ou bien si, au contraire, il
est
encore capable de reprendre en main son destin, de secouer les fatali
511
sur le bord d’un abîme. Et peu nombreux, encore,
sont
les « simples pékins » qui s’en doutent. Nous dormons à côté des bomb
512
de aux hommes qui veulent agir de se grouper et d’
être
prêts. Comment le faire ? Voici quelques conseils pratiques. Dans pre
513
tions de l’Union européenne des fédéralistes, qui
est
une des branches du grand Mouvement européen. Chacun de vous peut écr
514
lez-vous me dire. Deux choses. Tout d’abord, vous
serez
tenus au courant de l’action générale pour la fédération, et vous pou
515
us me dire. Deux choses. Tout d’abord, vous serez
tenus
au courant de l’action générale pour la fédération, et vous pourrez y
516
publics, bref, à concrétiser les engagements qui
furent
pris au congrès de La Haye, il y a un an, par 800 Européens unanimes,
517
tés pour voter dans ce sens au Parlement. Et nous
serons
alors à la veille du succès, prêts à nous prononcer dans chaque pays,
518
e tous les peuples. Voici la route à suivre, elle
est
simple, entrez-y. Car c’est ainsi seulement que se créera l’opinion,
519
e se créera l’opinion, sans laquelle rien ne peut
être
fait, et qui peut tout. Il est tard, en Europe, il est très tard. Mai
520
elle rien ne peut être fait, et qui peut tout. Il
est
tard, en Europe, il est très tard. Mais il dépend encore de chacun de
521
ait, et qui peut tout. Il est tard, en Europe, il
est
très tard. Mais il dépend encore de chacun de vous, chers auditeurs,
522
core de chacun de vous, chers auditeurs, qu’il ne
soit
pas trop tard. Avec vous tous, partout, nous gagnerons. Mais pas sans
523
e. Au revoir, mes chers auditeursh. h. Le texte
est
étrangement signé : « Henri Meyer de Stadelhofen ».
524
répondre par un chiffre. Je ne pense pas que nous
soyons
en Europe plus de 150 000 militants de l’action pour unir nos peuples
525
nt continental, après 2000 ans de divisions. Ce n’
est
pas si mal pour commencer et si 150 000 ont pu faire cela en un an, j
526
. » À vrai dire, mes chers auditeurs, cet oubli n’
était
pas totalement accidentel, tout d’abord, il m’est difficile d’utilise
527
ait pas totalement accidentel, tout d’abord, il m’
est
difficile d’utiliser les 6 minutes que le directeur de Radio-Genève,
528
et grandes localités de la Suisse… Ensuite, je me
suis
dit qu’il n’était pas mauvais que ceux qui veulent entrer dans notre
529
tés de la Suisse… Ensuite, je me suis dit qu’il n’
était
pas mauvais que ceux qui veulent entrer dans notre action le manifest
530
-F-F-A-N, case postale 1833, Lausanne. M. Steffan
est
accablé de travail. Mais il vous répondra, je m’en porte garant, je l
531
as de section de notre Union européenne, alors il
est
doublement urgent que vous écriviez au même M. Steffan, pour lui sign
532
vos amis, et pour l’aider à devenir ce qu’il doit
être
: un foyer de civisme élargi, une cellule de l’Europe fédérale. Je vo
533
arré et qui a dépassé le stade des utopies, qui s’
est
forgé, à Strasbourg, un instrument déjà puissant. Notez-le bien : cet
534
forgé par le Mouvement européen, pour une fois n’
est
pas un parti. Et c’est encore bien moins un de ces rassemblements de
535
res et refusent la troisième. Un instrument qui n’
est
pas un parti, ai-je dit. Et voilà qui est vraiment « du nouveau sous
536
t qui n’est pas un parti, ai-je dit. Et voilà qui
est
vraiment « du nouveau sous le soleil » ! Car savez-vous qu’en Suisse
537
l » ! Car savez-vous qu’en Suisse tous les partis
sont
représentés dans le conseil du Mouvement européen ? Savez-vous qu’au
538
us les partis, c’est bien la preuve que nous n’en
sommes
pas un ! Et qu’il y a quelque chose de neuf, dans notre Suisse comme
539
re milieu, pour former l’opinion publique. Car il
est
peu de pays où l’opinion publique ait autant de pouvoir qu’en Suisse.
540
l fédéral, ni les Chambres, ne feront rien sans s’
être
assurés tout d’abord que notre opinion les soutient, et qu’elle est m
541
’abord que notre opinion les soutient, et qu’elle
est
même prête à les pousser. Mais dans quel sens ? Voilà toute la questi
542
s quel sens ? Voilà toute la question. Quel doit,
être
, dans cette affaire — qui sera la grande affaire du xx e siècle — le
543
estion. Quel doit, être, dans cette affaire — qui
sera
la grande affaire du xx e siècle — le rôle des Suisses ? C’est à quoi
544
r à Strasbourg des députés ? Pour quelle raison s’
est
-elle abstenue jusqu’ici ? Comment peut-on justifier sa réserve ? Doit
545
-elle y persister, ou changer d’attitude ? Telles
sont
les délicates, mais pressantes questions qui se posent à nous désorma
546
l’Europe se compose aujourd’hui de 13 États : Ce
sont
les 3 États scandinaves, les 3 États du Benelux, les 3 grands : Franc
547
Grèce et la Turquie ; l’Irlande et l’Islande. Il
est
probable que l’Allemagne occidentale entrera dans le Conseil au cours
548
. Les raisons de l’abstention des États ibériques
sont
évidentes et bien connues. Il leur est, en effet, difficile de souscr
549
ibériques sont évidentes et bien connues. Il leur
est
, en effet, difficile de souscrire à la Charte du Conseil de l’Europe,
550
de gens, mais il faut dire les choses comme elles
sont
: le fameux argument de notre neutralité, qui semble si frappant, ne
551
renonce à s’occuper des affaires militaires et n’
est
pas une alliance militaire, la question de la neutralité n’est pas to
552
lliance militaire, la question de la neutralité n’
est
pas touchée par lui, n’est pas en cause. Rien, pas un mot, dans le st
553
ion de la neutralité n’est pas touchée par lui, n’
est
pas en cause. Rien, pas un mot, dans le statut qui est, et doit reste
554
as en cause. Rien, pas un mot, dans le statut qui
est
, et doit rester celui de notre pays, rien dans notre statut de neutra
555
ailleurs reconnu. Mais alors, direz-vous, s’il en
est
bien ainsi (contrairement à ce que chacun croit), pourquoi ne sommes-
556
contrairement à ce que chacun croit), pourquoi ne
sommes
-nous pas à Strasbourg ? Vous commencez à voir que cette affaire n’est
557
bourg ? Vous commencez à voir que cette affaire n’
est
pas tout à fait aussi simple qu’il vous semblait à première vue. Elle
558
i simple qu’il vous semblait à première vue. Elle
est
même très complexe, et voilà bien pourquoi la position de la Suisse n
559
et voilà bien pourquoi la position de la Suisse n’
est
pas des plus faciles à justifier, aux yeux de nos voisins du reste du
560
aises. Il y a les gens qui disent, chez nous : qu’
est
-ce que c’est que cette histoire européenne ? Tout va bien dans ce pay
561
tout va beaucoup plus mal chez nos voisins. Nous
sommes
des gens de sens rassis, pacifiques et, ma foi, plutôt prospères ; pa
562
assez pour notre goût, mais par comparaison, ce n’
est
pas si mal. Nous sommes sages, les autres sont fous, laissons-les se
563
, mais par comparaison, ce n’est pas si mal. Nous
sommes
sages, les autres sont fous, laissons-les se débrouiller, et poursuiv
564
e n’est pas si mal. Nous sommes sages, les autres
sont
fous, laissons-les se débrouiller, et poursuivons notre petit bonhomm
565
répond : « C’est une grande folie que de vouloir
être
sage tout seul. » Dans le cas présent, c’est surtout de la sottise. C
566
cas présent, c’est surtout de la sottise. Car il
est
évident que la Suisse, si l’Europe est ruinée, n’ira pas loin sur son
567
se. Car il est évident que la Suisse, si l’Europe
est
ruinée, n’ira pas loin sur son bonhomme de chemin. Il y a les gens qu
568
ce qu’il y a de sérieux… Dans le cas présent, ils
sont
plutôt cigales. Ils laissent les autres travailler, demandent à voir,
569
ix le « Y en a point comme nous ». Quand l’Europe
sera
faite, on leur dira : « Eh bien, dansez, maintenant ! » À notre tour
570
les nations démocratiques de l’Occident, qu’elles
soient
capitalistes ou socialistes, d’ailleurs, n’est-ce pas choisir entre l
571
soient capitalistes ou socialistes, d’ailleurs, n’
est
-ce pas choisir entre l’Ouest et l’Est ? N’est-ce pas prendre un parti
572
ailleurs, n’est-ce pas choisir entre l’Ouest et l’
Est
? N’est-ce pas prendre un parti politique, contre l’URSS et ses satel
573
, n’est-ce pas choisir entre l’Ouest et l’Est ? N’
est
-ce pas prendre un parti politique, contre l’URSS et ses satellites ?
574
contre l’URSS et ses satellites ? Cet argument n’
est
pas sans poids. Encore faudrait-il l’énoncer avec franchise et publiq
575
de grands principes ou de gros sous. Car, enfin,
soyons
réalistes : sommes-nous vraiment tout à fait neutres, entre l’URSS et
576
s ou de gros sous. Car, enfin, soyons réalistes :
sommes
-nous vraiment tout à fait neutres, entre l’URSS et les USA ? Notre ge
577
re parti ? Cela me paraît au moins douteux. Je me
suis
borné, ce soir, à poser des problèmes. Lundi prochain, j’aborderai d’
578
faut vous parler d’une évolution importante qui s’
est
manifestée pendant la semaine dernière, et dont les conséquences peuv
579
économique, l’OECE — que l’offensive américaine s’
est
déclenchée. M. Paul Hoffman, directeur du plan Marshall, est venu pro
580
hée. M. Paul Hoffman, directeur du plan Marshall,
est
venu prononcer devant les ministres de 19 pays européens, un discours
581
t celle du bla-bla-bla gouvernemental auquel nous
étions
habitués dans ce domaine. Je ne ferai pas l’analyse détaillée de ce d
582
venir, l’Amérique la laissera tomber. Quelles ont
été
les réactions des 19 ministres européens devant cette mise en demeure
583
emi-mesures ou quart de mesures, les ministres se
sont
empressés de déclarer l’un après l’autre qu’ils étaient bien d’accord
584
t empressés de déclarer l’un après l’autre qu’ils
étaient
bien d’accord, qu’ils allaient voir, étudier, considérer, expertiser,
585
er, expertiser, améliorer ici ou là, bref, qu’ils
étaient
décidés à faire mieux l’année prochaine. Réaction classique du mauvai
586
rvices pourraient circuler librement. » Voilà qui
est
bien, voilà le but que nous autres fédéralistes, définissions il y a
587
r toutes petites étapes, et cela veut dire qu’ils
sont
bien décidés à ne gêner personne, à ne pas exiger de trop grands sacr
588
nt sur notre continent. L’opinion américaine ne s’
est
pas laissé tromper par la réaction des gouvernements européens. Elle
589
e à nos États : « Les fédéralistes ont raison, ce
sont
eux qui montraient la seule voie de salut. Pour nous Américains, nous
590
a seule voie de salut. Pour nous Américains, nous
sommes
fatigués de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de votre abs
591
ieux politiques. Et beaucoup de gens disaient : n’
est
-il pas humiliant pour l’Europe que ce soit l’Amérique qui la force à
592
ent : n’est-il pas humiliant pour l’Europe que ce
soit
l’Amérique qui la force à s’unir ? Certes, c’est une humiliation pour
593
armes, et par Vergennes comme par Lafayette. Il n’
est
pas humiliant, il est beau, que ce soit l’Amérique aujourd’hui qui no
594
s comme par Lafayette. Il n’est pas humiliant, il
est
beau, que ce soit l’Amérique aujourd’hui qui nous repasse le flambeau
595
ette. Il n’est pas humiliant, il est beau, que ce
soit
l’Amérique aujourd’hui qui nous repasse le flambeau, et qui nous tien
596
urd’hui qui nous repasse le flambeau, et qui nous
tienne
la main pour nous aider à le soutenir, à l’élever, malgré notre faibl
597
onsultative, mais encore, la neutralité, que nous
sommes
tous prêts à défendre, nous fait un devoir de paraître à Strasbourg,
598
à Strasbourg, et d’y affirmer notre point de vue.
Suis
-je assez clair ? Faut-il préciser davantage ? On dit et on répète par
599
vantage ? On dit et on répète partout : la Suisse
est
neutre, elle est donc obligée de se tenir à l’écart pour le moment. M
600
et on répète partout : la Suisse est neutre, elle
est
donc obligée de se tenir à l’écart pour le moment. Mais je vous dis,
601
la Suisse est neutre, elle est donc obligée de se
tenir
à l’écart pour le moment. Mais je vous dis, et je compte le répéter p
602
pte le répéter partout : la Suisse, parce qu’elle
est
neutre, doit aller à Strasbourg. Elle doit y aller non pas malgré, ma
603
urir lentement après les autres, à seule fin de n’
être
pas oubliés si jamais l’on partage le gâteau. À supposer que nous all
604
et de notre arrivée tardive, et de notre désir d’
être
« dans le coup ». On nous demandera des raisons positives. On nous de
605
nous le sachions. En Suisse : notre neutralité n’
est
pas bien vue, n’est pas très populaire chez nos voisins… On s’imagine
606
n Suisse : notre neutralité n’est pas bien vue, n’
est
pas très populaire chez nos voisins… On s’imagine — et c’est parfois
607
et c’est parfois trop vrai — que la neutralité n’
est
qu’une manière de laisser les autres se battre, et d’amasser des béné
608
, on commencera par nous répondre : — Merci, vous
êtes
vraiment gentils, mais gardez votre idée pour vous, et ne venez surto
609
nez surtout pas vous en vanter devant ceux qui se
sont
battus, et dans une ville où tant de ruines se voient encore… Alors i
610
il nous faudra bien expliquer que la neutralité n’
est
pas la peur des coups. Il nous faudra dire bien clairement : ce que n
611
la guerre comme une solution praticable. Or vous
êtes
là, Messieurs, pour préparer la paix, pour créer une force de paix. V
612
approchent. Les cadavres eux-mêmes tueront. Vous
êtes
ici pour empêcher les choses. Et comment donc le pourrez-vous ? Nous
613
neutralité n’a jamais signifié désarmement, qui n’
est
qu’une prime à l’agresseur. Fédérons nos faiblesses pour en faire une
614
s : pas cela, pas votre guerre, ou pas ici ! Nous
sommes
là pour vous séparer. Tout cela, bien entendu, ne veut pas dire que l
615
tres. Pendant la dernière guerre, en Suisse, nous
étions
neutres en fait, mais unanimes à condamner le national-socialisme. Le
616
mes à condamner le national-socialisme. Le cœur n’
est
jamais neutre, et l’esprit encore moins. Mais nous pensions servir la
617
Agrandir cet îlot aux dimensions de l’Europe, ce
serait
servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de nos enfants, — et du
618
rique, en contribuant à empêcher leur guerre, qui
serait
leur perte à tous, que nul ne gagnerait. Qu’allons-nous faire mainten
619
question, et nous forcer à prendre position ? Il
est
au contraire bien certain qu’au cours des mois qui viennent la questi
620
ain qu’au cours des mois qui viennent la question
sera
posée. Je propose que nous répondions oui, la Suisse va venir à Stras
621
’étendre à l’Europe entière. En disant cela, nous
serions
à la fois des Suisses fidèles à leur plus forte tradition, et des Eur
622
nière chronique vous a tous pleinement convaincus
serait
une exagération. Cette chronique, au contraire, semble avoir provoqué
623
nts divers », dans une assemblée politique, et je
serai
le dernier à m’en plaindre. Cela s’explique, au reste, facilement. J’
624
t je soutenais ce paradoxe, qui dans le fond n’en
est
pas un, que la Suisse doit aller à Strasbourg, doit entrer au Conseil
625
mplifier les arguments de mes correspondants : je
suis
forcé de simplifier aussi les miens. Certains me reprochent de semble
626
e en soi ; alors que la neutralité, disent-ils, n’
est
rien d’autre qu’une politique, et qu’elle ne peut se justifier que pa
627
ue par des conditions ménagées par l’Histoire. Je
suis
d’accord. Il n’y a malentendu que sur mes intentions et mon tempérame
628
que sur mes intentions et mon tempérament. Je ne
suis
pas du tout neutre par nature, ni par goût ! Je ne le suis pas non pl
629
du tout neutre par nature, ni par goût ! Je ne le
suis
pas non plus par idéal. Je parlais d’une mesure politique, qui me par
630
une guerre inutile entre l’URSS et les USA. Je ne
suis
pas non plus un sectaire pacifiste. Je ne demande pas que les tigres
631
plique aussi comment une guerre nouvelle pourrait
être
gagnée, par qui que ce soit, et à quel prix. Une autre tendance manif
632
rre nouvelle pourrait être gagnée, par qui que ce
soit
, et à quel prix. Une autre tendance manifestée par mes correspondants
633
autre tendance manifestée par mes correspondants
est
très bien résumée par les deux phrases suivantes, que je vous lis : «
634
c’est d’abandonner sa neutralité. Cet abandon ne
serait
pas un sacrifice offert en contre-valeur d’avantages quelconques, mai
635
de foi en la nouvelle assemblée européenne. » Je
suis
heureux qu’il y ait chez nous des hommes qui pensent ainsi. Je suis h
636
y ait chez nous des hommes qui pensent ainsi. Je
suis
heureux de découvrir des auditeurs qui vont plus loin que moi, qui ve
637
loin que moi, qui veulent aller plus vite. Et je
serais
le bon premier à m’associer à l’acte de foi qu’on nous propose ici. M
638
pas politique. La politique, comme vous le savez,
est
l’art du possible. Et demander au peuple suisse, à une majorité du pe
639
erait un vote du peuple, qui sur ce point précis,
serait
négatif. C’est dire que pratiquement, si l’on subordonnait l’entrée d
640
oir adhérer au Conseil de l’Europe, ce dernier, n’
étant
pas une alliance militaire. J’en reviens donc à la solution que je pr
641
le disais lundi dernier : l’idée de neutralité n’
est
pas bien vue chez la plupart de nos voisins. Nous aurions à combattre
642
démontrer, surtout, que la neutralité proposée n’
est
pas un idéal de bourgeois en pantoufles, mais une mesure de sagesse p
643
ers auditeurs, Mes trois dernières chroniques ont
été
consacrées à l’examen de la position de la Suisse à l’égard du Consei
644
de la Suisse à l’égard du Conseil de l’Europe. Il
était
sans doute nécessaire d’aborder franchement cette question, et les le
645
e l’ont abondamment confirmé. Cependant, quel que
soit
l’intérêt — pour nous brûlant — de notre situation particulière — et
646
e temps-là, et les événements de se suivre, et il
est
temps, je crois, de résumer rapidement les développements récents de
647
péenne. Je ne sais si vous aurez remarqué qu’il n’
est
plus possible d’ouvrir un journal, depuis quelques semaines, sans y t
648
e, et même de la presse d’outre-Atlantique. Qu’il
soit
question de l’aide économique américaine, ou du problème allemand, ou
649
’habitude de se référer à Strasbourg ; Strasbourg
est
devenu un point de repère, et je dirai même un symbole. J’entendais l
650
des accords passés le jour même avec l’Allemagne,
était
prêt à soutenir l’admission de ce pays dans le Conseil de l’Europe. C
651
dans le Conseil de l’Europe. Certes, la nouvelle
était
importante, quoique prévue. Mais ce qui m’a frappé, c’était de consta
652
, c’était de constater que le Conseil de l’Europe
est
désormais devenu une pièce considérable sur l’échiquier de la politiq
653
de sa première session. Mais, direz-vous, quelles
sont
les suites pratiques qu’on peut attendre des délibérations de Strasbo
654
re des délibérations de Strasbourg ? La réponse n’
est
pas compliquée. Les suites pratiques ne peuvent être données que par
655
t pas compliquée. Les suites pratiques ne peuvent
être
données que par les gouvernements, l’Assemblée n’ayant pour le moment
656
lle, pour dire le moins. On s’y attendait. Ils se
sont
résignés à faire quelque chose dans le sens d’une union économique, a
657
ll, les y a fermement invités, mais dès qu’ils se
sont
retrouvés seuls et entre eux, au Comité des ministres du Conseil de l
658
peut dire qu’ils ont pris leur revanche ! Le fait
est
là : presque toutes les recommandations de l’Assemblée de Strasbourg
659
recommandations de l’Assemblée de Strasbourg ont
été
soit refusées par les 13 ministres, soit renvoyées pour supplément d’
660
ommandations de l’Assemblée de Strasbourg ont été
soit
refusées par les 13 ministres, soit renvoyées pour supplément d’étude
661
bourg ont été soit refusées par les 13 ministres,
soit
renvoyées pour supplément d’études à divers organismes plus ou moins
662
sposés. En particulier, le Comité des ministres s’
est
opposé à la convocation de commissions permanentes de l’Assemblée, tr
663
les sessions. Mais la riposte de l’Assemblée ne s’
est
pas fait attendre. Au lendemain de la publication des décisions toute
664
, il convoquait la commission économique, dont il
est
le président. Et la commission permanente de l’Assemblée, qu’anime et
665
cembre — du 8 au 12 décembre exactement — , va se
tenir
, sous les auspices du Mouvement européen, une Conférence européenne d
666
es deux ou trois raisons précises qui font que je
suis
certain qu’au mois de décembre, on parlera dans le monde entier de ce
667
cembre, on parlera dans le monde entier de ce qui
sera
dit et décidé dans la capitale vaudoise. Au revoir, à lundi prochain
668
rira la Conférence européenne de la culture. Ce n’
est
pas un congrès de plus. C’est une étape bien définie dans la campagne
669
vos vies. Car la culture, au sens européen, ce n’
est
pas seulement les livres et les professeurs, c’est aussi tout l’ensem
670
en autre chose qu’un « cap de l’Asie » — ce qu’il
est
physiquement, matériellement, ce qu’il serait resté sans l’esprit d’i
671
qu’il est physiquement, matériellement, ce qu’il
serait
resté sans l’esprit d’invention et sans la foi et sans le génie des h
672
rg les cadres politiques d’une Europe fédérée, il
est
grand temps de définir le sens humain et spirituel de cette action, l
673
simples et clairs comme un feu dans la nuit. Ce n’
est
pas tout. Ce signal de réveil lancé au monde de la culture doit entra
674
développement de l’industrie. Aucun de nos pays n’
est
assez riche pour entretenir un pareil centre de puissance, mais tous
675
tre au point quelques projets concrets. Ces plans
seront
transmis au Conseil de l’Europe, et les gouvernements, même les plus
676
les gouvernements, même les plus durs d’oreille,
seront
forcés cette fois d’écouter et d’entendre. Soyons fiers que la Suisse
677
seront forcés cette fois d’écouter et d’entendre.
Soyons
fiers que la Suisse accueille ce beau congrès de la conscience europé
678
de la culture, à Lausanne. Certes, ces résultats
sont
importants. Ils ont exactement comblé l’attente des organisateurs. Ma
679
ant le monde de demain. Les débats de Lausanne se
sont
ouverts « sous le signe », comme on dit, d’un échange de lettres paru
680
ste 100 % à l’optimiste très relatif que je crois
être
. « Vous voulez fédérer l’Europe, m’écrivait Virgil Gheorghiu, l’auteu
681
ont la fédérer, à leur manière, et votre Europe n’
est
plus qu’une illusion. » Je lui répondais : « Non, soyons sérieux. Si
682
plus qu’une illusion. » Je lui répondais : « Non,
soyons
sérieux. Si notre Europe vraiment n’existait plus, vous n’auriez même
683
atériel immédiat. » Gheorghiu répétait : les jeux
sont
faits, la vingt-cinquième heure a sonné. Je répondais qu’en réalité i
684
ième heure a sonné. Je répondais qu’en réalité il
est
très tard, qu’il est peut-être 23h45, mais que nous pouvons utiliser
685
e répondais qu’en réalité il est très tard, qu’il
est
peut-être 23h45, mais que nous pouvons utiliser le dernier quart d’he
686
pas perdre ces derniers moments à pleurer qu’ils
soient
les derniers. Celui qui dit : tout est perdu ! aura raison sans se fa
687
qu’ils soient les derniers. Celui qui dit : tout
est
perdu ! aura raison sans se fatiguer, car si on le croit, et si l’on
688
on le croit, et si l’on ne fait rien, alors tout
sera
perdu, c’est évident. Mais nous pouvons encore faire quelque chose :
689
et tout d’abord dans notre conférence. M. Spaak s’
est
élevé avec vivacité contre le défaitisme de l’écrivain roumain. Celui
690
sme de l’écrivain roumain. Celui-ci, malgré tout,
était
venu à Lausanne. Sa seule présence donnait la preuve qu’il espérait e
691
s de sceptiques vivent encore en Europe ? Comment
être
optimiste, quand on y songe ? Le suis-je encore, ou davantage après L
692
e ? Comment être optimiste, quand on y songe ? Le
suis
-je encore, ou davantage après Lausanne ? En fait, je ne l’ai jamais é
693
ntage après Lausanne ? En fait, je ne l’ai jamais
été
. Je vais, en quelques mots, m’expliquer sur ce point. Quand je vois t
694
je penserais, et voilà ce que je ferais, si je n’
étais
pas depuis que j’écris, depuis vingt ans, un pessimiste actif et si,
695
essimiste actif et si, depuis 20 ans, ma devise n’
était
pas celle de Guillaume le Taciturne : Point n’est besoin d’espérer po
696
ait pas celle de Guillaume le Taciturne : Point n’
est
besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Pe
697
er. Personne ne peut dire aujourd’hui si l’Europe
sera
sauvée, c’est-à-dire fédérée, par la volonté libre des Européens, en
698
ites. Personne ne peut le savoir, car les chances
sont
égales. Mais qu’au moins quelques-uns sauvent l’honneur ! Et pour rep
699
r de Madariaga : — Si l’Europe doit périr, que ce
soit
au moins une injustice ! Rien n’est perdu, bien au contraire. Lausann
700
érir, que ce soit au moins une injustice ! Rien n’
est
perdu, bien au contraire. Lausanne a marqué une étape vers la constru
701
ope, c’est-à-dire une paix libre et juste. Rien n’
est
perdu, tant qu’il se trouve des hommes pour refuser les catastrophes,
702
confiance, de consentir les sacrifices locaux qui
seront
sans doute nécessaires au bien de l’ensemble, de ne pas attendre que
703
cynisme nigaud, de la défaite sans gloire. Ce qui
est
acquis déjà permet un raisonnable espoir. J’essaierai de vous le mont
704
onc ce soir par le bilan de l’Europe, puisqu’elle
est
le cadre de nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend d
705
suit une action pas à pas, surtout si son théâtre
est
vaste, on a souvent l’impression fausse que rien n’avance, qu’on se p
706
an. Que voyons-nous ? Au début de janvier, rien n’
était
fait. Bien plus, il semblait que les efforts du Mouvement européen ab
707
deste communiqué annonça qu’un accord de principe
était
acquis. Le 5 mai, les ambassadeurs de 10 nations signaient à Londres,
708
it par le vote d’une série de recommandations qui
furent
transmises aux 13 États formant le Conseil. Et puis, au mois de novem
709
par la faute des gouvernements. Pourtant, il n’en
est
rien. Le Conseil de l’Europe existe désormais, et cela signifie prati
710
me elle a cédé plus d’une fois. Toute la question
est
de savoir si l’on pourra le faire céder à temps. Car le temps presse.
711
ritannique nous a prouvé que toutes nos économies
sont
solidaires, même désunies, mais qu’alors elles le sont dans le chaos.
712
solidaires, même désunies, mais qu’alors elles le
sont
dans le chaos. L’annonce que la Russie possède la bombe atomique a dé
713
sie possède la bombe atomique a démontré que nous
sommes
tous solidaires, mais dans une pauvreté sans précédent. La situation
714
is dans une pauvreté sans précédent. La situation
est
donc plus simple que jamais. Désunis, nous constatons que nous sommes
715
ple que jamais. Désunis, nous constatons que nous
sommes
pourtant liés les uns aux autres, mais seulement dans la ruine, la mi
716
a misère et la peur. Unis, demain, nous pourrions
être
solidaires dans la sécurité et la prospérité. C’est ce que n’a pas ce
717
vernements eux-mêmes, bien peu de choses auraient
été
faites, presque rien. Sans lui, nous n’aurions pas même obtenu cette
718
me obtenu cette Assemblée consultative, dont nous
sommes
les premiers à savoir les lacunes, mais qui existe et qui est plus qu
719
iers à savoir les lacunes, mais qui existe et qui
est
plus qu’un espoir : un gage, une première prise sur la réalité. Voilà
720
quer à longueur de journée qu’il faut agir, et ce
sont
eux qui ne font rien. La seconde remarque, c’est que l’on ne peut pas
721
ut pas agir en commun sans parler d’abord. Que ce
soit
dans un état-major, dans un gouvernement, dans un conseil d’administr
722
’est une citation de l’Évangile : Au commencement
était
le Verbe. C’est une Parole qui a créé notre monde, qui a séparé la lu
723
Un verbe, et non pas autre chose. Après tout, qu’
est
-ce qu’on nomme une parlotte ? C’est un échange de phrases ou de disco
724
C’est un échange de phrases ou de discours qui n’
est
suivi d’aucun effet. Or nos congrès ont abouti à des créations import
725
d’autre que parler : vous voyez que la parlotte n’
est
pas toujours où l’on pense. Et je voudrais terminer sur un mot person
726
r un mot personnel : mes causeries à leur tour ne
seront
que parlottes, si elles ne sont pas suivies d’effets pratiques. Mais
727
à leur tour ne seront que parlottes, si elles ne
sont
pas suivies d’effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi, de vous
728
chers auditeurs, jusqu’à l’année prochaine — qui
sera
lundi prochain.
729
un nombre incalculable de vœux de bonne année. Je
suis
en retard de 24 heures, mais je me rattrape, car, en effet, ce que je
730
fet, ce que je voudrais vous apporter ce soir, ce
sont
mes vœux pour un bon demi-siècle, pour une bonne deuxième manche de x
731
nt pas la moindre chance de se réaliser, s’ils ne
sont
pas les gages d’une volonté, d’une possibilité d’agir. Et certes, les
732
ue chose de très sérieux. Sans convention nous ne
serions
que des brutes. La vie sociale deviendrait un plaisir : celui du tigr
733
gre dans la bergerie. Les billets de banque aussi
sont
des signes, des gages, et c’est par convention qu’ils prennent leur s
734
tion qu’ils prennent leur seule valeur : s’ils ne
sont
pas couverts par une réserve d’or, ce sont des bouts de papier, un pe
735
ils ne sont pas couverts par une réserve d’or, ce
sont
des bouts de papier, un peu plus sales que d’autres, et qui ne signif
736
d’humain. Voyons d’abord les possibilités : elles
sont
prodigieusement contradictoires. Quelques exemples suffiront à le rap
737
ux millions de koulaks liquidés par Staline. Ce n’
est
pas mal. C’est plus que toutes les guerres du monde depuis des siècle
738
de l’Europe a augmenté. Et la longévité moyenne s’
est
élevée de plusieurs années. La bombe atomique a grillé, fondu comme d
739
milliers de vies. Jamais les nationalismes n’ont
été
plus férocement idiots, bornés et intolérants. Mais jamais non plus l
740
jamais non plus le désir d’union des peuples n’a
été
plus général. Certes, la SDN a fait un four, comme on dit au théâtre.
741
ès le départ. Mais l’idée d’une vraie fédération,
soit
mondiale, soit européenne, ne cesse de progresser malgré ces déconven
742
ais l’idée d’une vraie fédération, soit mondiale,
soit
européenne, ne cesse de progresser malgré ces déconvenues et ces déto
743
seports, les phrases suivantes : « Le passeport n’
est
exigé que pour l’entrée en Russie. Pour tous les autres pays, la cart
744
es, et cela pour des raisons que les bureaucrates
sont
les seuls au monde à connaître, et qu’ils se gardent bien de nous rév
745
la distance de New York à Londres. Nos capitales
sont
à 2 ou 3 heures les unes des autres. Il en résulte que, pratiquement,
746
autres. Il en résulte que, pratiquement, l’Europe
est
aujourd’hui plus petite que notre Suisse il y a cent ans. Oui, tout a
747
à la fois, et même si c’est contradictoire, telle
est
la passion de notre siècle. On veut augmenter à la fois les bénéfices
748
t à peu près. Mais ce qui a vraiment augmenté, ce
sont
nos risques d’une part, nos chances de l’autre, et par exemple : nos
749
de [illisible], mais que jamais non plus, il ne s’
est
vu si près d’assurer son pouvoir sur les choses et la vie. Jamais plu
750
ues enquêtes récentes sur l’union de l’Europe, je
suis
frappé de voir revenir régulièrement un argument que nos contemporain
751
nt un argument que nos contemporains ont l’air de
tenir
pour évident, et que voici : « Si vous voulez unir l’Europe, écrit-on
752
le reste suivra nécessairement. » Cette croyance
est
si irrépandue, et si typique de notre siècle, qu’il vaut la peine de
753
-t-on et répète-t-on que les réalités économiques
sont
à la base de tout, pourquoi s’imagine-t-on que cela va de soi ? Parce
754
alistes. Cependant ils accusent les communistes d’
être
d’affreux matérialistes. C’est étrange, car la croyance fondamentale
755
urgeois et les communistes, c’est que les seconds
sont
logiques et cohérents, et qu’ils tirent toutes les conséquences de la
756
e, mais populaire des premiers. Or cette croyance
est
radicalement fausse, contraire aux faits, abstraite, utopique, décour
757
. Or il me semble bien que c’est le contraire qui
est
vrai ; et qu’au commencement de tout, y compris des réalités économiq
758
un le sait, c’est l’industrie. Et l’industrie, ce
sont
d’abord les machines. Mais d’où viennent les machines ? Ce ne sont pa
759
machines. Mais d’où viennent les machines ? Ce ne
sont
pas elles qui ont commencé, tout de même ! Prenons la turbine. Elle a
760
mmencé, tout de même ! Prenons la turbine. Elle a
été
inventée aux xviii e siècle par le célèbre mathématicien suisse Leonh
761
eu cet élément de base de l’économie moderne qui
est
la turbine, mais encore vous ne pourriez même pas employer ces mots c
762
enfin le communisme qui a décidé que les turbines
étaient
plus importantes que tout pour le bonheur des hommes, et qu’il fallai
763
oir cru, à partir du xix e siècle, que l’économie
était
la vraie base de la vie, et qu’il fallait commencer par là. Revenons
764
de l’esprit, et n’existeraient point sans lui. Il
est
facile d’illustrer ce point de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’
765
t la politique, avant la culture. Or l’économie n’
est
pas un fait matériel, comme on se l’imagine, mais un fait humain, qui
766
essaye de grimper sur les épaules de l’autre. Il
est
temps de renverser la vapeur, et si l’on veut sérieusement commencer
767
ut sérieusement commencer par le commencement, il
est
temps de réveiller d’abord nos esprits, de chercher à unir d’abord no
768
’un travail constructif et pratique, loin d’avoir
été
la « parlote » que prétendent certains plats matérialistes sans logiq
769
lisme. Fort heureusement, cette espèce répandue n’
est
plus la seule à s’exprimer. On vient précisément de me communiquer le
770
ts de Lausanne a pris une initiative qui mérite d’
être
signalée, commentée, et partout où cela sera possible imitée. Ce grou
771
te d’être signalée, commentée, et partout où cela
sera
possible imitée. Ce groupe de jeunes gens désirait participer, sous u
772
elle. Mais comment faire ? Le nombre des délégués
était
strictement limité — six ou sept seulement pour la Suisse, par exempl
773
la Suisse, par exemple — , et d’autre part il eût
été
difficile de faire admettre des représentants des étudiants, car en s
774
une enquête à l’Université. Quelques camarades se
sont
réunis pour en rédiger le texte, celui-ci a été approuvé par le recte
775
sont réunis pour en rédiger le texte, celui-ci a
été
approuvé par le recteur, M. Cosandey, et les réponses, recueillies au
776
ès de 700 étudiants environ, en peu de jours, ont
été
communiquées à la conférence, au cours de sa dernière séance plénière
777
au cours de sa dernière séance plénière. Quelles
étaient
les questions posées ? Elles consistaient essentiellement à demander
778
ais qu’une très grande majorité demande surtout à
être
mieux informée de ce qui est en train de se faire, et révèle son igno
779
é demande surtout à être mieux informée de ce qui
est
en train de se faire, et révèle son ignorance de ce qui s’est déjà fa
780
de se faire, et révèle son ignorance de ce qui s’
est
déjà fait, c’est-à-dire avoue n’avoir pas connaissance du Mouvement e
781
du Mouvement européen, par exemple. Ces résultats
sont
intéressants à divers titres. Certes, certains d’entre eux sont provi
782
nts à divers titres. Certes, certains d’entre eux
sont
provisoires par définition. En effet, si je demande à quelqu’un, à br
783
avaient jamais entendu parler de notre Mouvement,
seraient
obligés de répondre aujourd’hui que oui, puisqu’ils en ont eu connais
784
usant, et c’est la propagande la plus honnête qui
soit
, puisqu’elle consiste simplement à attirer l’attention des gens sur l
785
rands blocs hostiles, et de vous demander quelles
sont
les mesures qu’appelle d’urgence une pareille situation. Vous rejoind
786
tuation. Vous rejoindrez ainsi par vous-même j’en
suis
sûr, les positions de notre Mouvement. Ces positions, en effet, ne so
787
s de notre Mouvement. Ces positions, en effet, ne
sont
pas théoriques, ni subtiles : elles sont dictées par les grands faits
788
ffet, ne sont pas théoriques, ni subtiles : elles
sont
dictées par les grands faits que tout le monde connaît. Prenez la pei
789
s. Un grand nombre des étudiants interrogés ne se
sont
pas contentés de répondre par oui ou par non, mais ont ajouté quelque
790
rsonnelles au bas de la page de questionnaire. Ce
sont
ces réactions spontanées que je voudrais commenter ce soir. Il serait
791
spontanées que je voudrais commenter ce soir. Il
serait
exagéré de dire qu’elles manifestent un courant de pensée général et
792
uances imaginables, prouve que l’individualisme n’
est
pas mort chez nous, et qu’un des plaisirs de la vie reste encore, aux
793
pre opinion, ou au moins d’en affirmer une qui ne
soit
pas celle d’un parti. Je ne trouve même pas une opinion commune par f
794
du tout, et qu’il faudra une nouvelle guerre (qu’
est
-ce qu’il lui faut !). Deux seulement sur cent dont j’ai lu les remarq
795
intéresse pas. Mais parmi les cent autres, quels
sont
les arguments qui reviennent le plus souvent ? Il me semble, tout d’a
796
dire qu’ils n’y ont pas manqué jusqu’ici. Mais je
suis
frappé de voir que la notion d’engagement politique des intellectuels
797
a notion d’engagement politique des intellectuels
est
si peu populaire parmi nos étudiants. S’ils entendent par engagement
798
té, ils servent mal l’esprit et la culture, et ce
sont
eux qui livrent la cité aux politiciens qu’ils n’aiment pas. Je leur
799
appellerai, au surplus, que l’union de l’Europe n’
est
pas du tout un problème politique d’abord, mais la condition de salut
800
Je me borne à leur répéter que ce point de vue n’
est
pas bien réaliste, car seul un pouvoir fédéral, politique, et soutenu
801
e de la culture — affirment-ils sans sourciller —
est
faite par les Américains pour répandre leur politique agressive et im
802
e, en Europe et dans le monde entier. » Voilà qui
est
clair et je pense que je ferais bien de passer aux aveux complets ava
803
anés. Je croyais que le congrès de Lausanne avait
été
organisé par le Bureau d’études dont je m’occupe à Genève. Quelle ill
804
Truman en faveur du coca-cola. Pierrepont Morgan
est
mort il y a dix ans, dit-on, mais cela prouve simplement que je sais
805
’Europe, objectent quelques pessimistes, car elle
est
vraiment trop divisée ! Je croyais, dans ma candeur naïve, qu’on ne p
806
’on ne peut unir, précisément, que les choses qui
sont
divisées — de même qu’il faut bien qu’une bouteille soit vide pour qu
807
visées — de même qu’il faut bien qu’une bouteille
soit
vide pour qu’on puisse la remplir… Enfin, à ceux qui nous répètent :
808
ine de pages, qui ne portait pas de titre, et qui
était
signée Daniel Villey, professeur de droit à Poitiers. Cette brochure
809
y, professeur de droit à Poitiers. Cette brochure
était
un appel adressé aux jeunes gens de France. Elle m’a ému plus que tou
810
ous dirai le peu que je sais de son auteur : il n’
est
pas inutile de le situer, pour vous faire mieux comprendre la portée
811
e chef impatient de s’affirmer. Et puis la guerre
est
venue, nos chemins ne se sont plus croisés, le jeune Daniel Villey es
812
r. Et puis la guerre est venue, nos chemins ne se
sont
plus croisés, le jeune Daniel Villey est devenu professeur et père de
813
s ne se sont plus croisés, le jeune Daniel Villey
est
devenu professeur et père de 5 ou 6 enfants. Écoutez maintenant ce qu
814
cris ou notre action n’y sauraient rien changer.
Est
-ce bien vrai ? s’est demandé le jeune professeur ? Ce découragement e
815
n’y sauraient rien changer. Est-ce bien vrai ? s’
est
demandé le jeune professeur ? Ce découragement est-il fondé, ou bien
816
st demandé le jeune professeur ? Ce découragement
est
-il fondé, ou bien ne serait-il pas une sorte de maladie morale, qu’un
817
sseur ? Ce découragement est-il fondé, ou bien ne
serait
-il pas une sorte de maladie morale, qu’un espoir neuf pourrait guérir
818
t voici, nous dit-il modestement voici « ce qui m’
est
venu à l’idée ». Ici je vais citer ses propres phrases : Un certain
819
crois à la vertu de la vie donnée… Une vie donnée
est
un témoignage et en a la force. Ces jeunes se lieront jusqu’au 1er ja
820
la vie pauvre qui convient à leur engagement… Il
est
souhaitable que tous soient — et demeurent pendant deux ans — célibat
821
nt à leur engagement… Il est souhaitable que tous
soient
— et demeurent pendant deux ans — célibataires. (Quiconque a la charg
822
e un chef plus digne et plus apte… L’organisation
sera
au service des objectifs définis par le Mouvement européen, dont elle
823
le célibat et l’obéissance, il fonde un ordre. Ce
sont
les ordres qui ont créé la civilisation de l’Occident. Lui-même quitt
824
d’interruption dans vos études ou votre carrière,
est
-ce vraiment plus que vous ne pouvez donner ? Tant de vos aînés ont, à
825
uvez donner ? Tant de vos aînés ont, à votre âge,
été
mobilisés, prisonniers, volontaires dans la Résistance, déportés plus
826
qui semble désespérée ? Vous donner de tout votre
être
à une tâche très précise et très concrète, humblement temporelle (com
827
t de m’écrire si le risque vous tentait, et je me
suis
demandé si 2 ou 3 jeunes Suisses auraient le courage d’entrer dans l’
828
s jours qui ont suivi, c’est par douzaines que me
sont
parvenues des lettres d’auditeurs intéressés ou enthousiastes. Les un
829
tion immédiate. Tous auront reçu, à l’heure qu’il
est
, la petite brochure dont j’ai parlé. Si l’appel a trouvé son écho dan
830
en avant ! » qui ne sait même pas où il va. Je ne
suis
pas là pour vous décourager d’agir, c’est entendu. Bien au contraire,
831
ion n’a donc de sens qu’en vertu de la pensée qui
est
derrière elle pour l’inspirer, et devant elle pour l’orienter. Daniel
832
: « Enfin, ça devient sérieux ! » Oui, mais ça n’
est
sérieux, prenons-y garde, que parce que son action couronne une longu
833
et beaucoup de circulaires, et croyez-m’en, ça n’
est
pas passionnant tous les jours. Il y a l’immense labeur de déblaiemen
834
lle, au lieu de l’agitation. Lundi dernier, je me
suis
borné à mentionner que Daniel Villey entend agir selon les lignes tra
835
n’ai pas eu le temps d’insister sur ce point, qui
est
tout de même de première importance. Les très nombreuses lettres reçu
836
res reçues, ces derniers jours, me prouvent qu’il
est
urgent de dissiper deux malentendus qui se font jour. Tout d’abord, q
837
malentendus qui se font jour. Tout d’abord, qu’il
soit
clair que Villey ne fonde pas « un nouveau mouvement », « un mouvemen
838
ne formeront pas un groupe rival, mais voudraient
être
l’avant-garde et le corps franc de notre Mouvement. Deuxième malenten
839
e forme sans doute l’humanité, l’Europe se trouve
être
l’organe à la fois le plus menacé, le plus fragile et le plus vital,
840
reste du monde, qu’en agissant d’abord là où nous
sommes
. Ces précisions, je crois, n’étaient pas superflues. Que chacun donc,
841
rd là où nous sommes. Ces précisions, je crois, n’
étaient
pas superflues. Que chacun donc, avant de s’engager, réfléchisse et c
842
’engager, réfléchisse et calcule la dépense. Tous
sont
appelés, tous ne seront pas élus, mais que personne ne perde une si b
843
et calcule la dépense. Tous sont appelés, tous ne
seront
pas élus, mais que personne ne perde une si belle occasion de remettr
844
u même problème : celui de l’union européenne. Je
suis
loin d’avoir épuisé les questions précises qui se posent dans les dom
845
a meilleure définition de l’Europe. Cependant, il
est
bon, parfois, de reprendre le problème dans son ensemble. Plusieurs p
846
mots : pourquoi faut-il unir l’Europe ? et quels
sont
les facteurs principaux de cette union ? Je voudrais leur répondre sa
847
intérieures. Selon les cas, l’un de ces facteurs
est
plus actif ou plus puissant que l’autre, mais ils sont en général pré
848
plus actif ou plus puissant que l’autre, mais ils
sont
en général présents tous les deux. C’est ainsi que les États-Unis d’A
849
eux. C’est ainsi que les États-Unis d’Amérique se
sont
fédérés principalement pour résister à l’Angleterre, pour se libérer
850
ête étrangère. Tandis que nos cantons suisses ont
été
amenés à se fédérer, en 1848, bien moins par des menaces ou pressions
851
ins par des menaces ou pressions extérieures, qui
étaient
faibles ou inexistantes, que par la constatation claire et nette de l
852
de sa position dominante dans le monde, l’Europe
est
devenue le terrain de manœuvres de deux empires tout neufs, qui ont p
853
je pense bien que l’un et l’autre de ces empires
sont
animés des meilleures intentions, et ne veulent que notre bonheur, ch
854
s, d’excellents esclaves volontaires. La menace n’
est
pas la même des deux côtés, vous le sentez bien. Il est absolument fa
855
s la même des deux côtés, vous le sentez bien. Il
est
absolument faux de prétendre que nous n’avons plus qu’à choisir entre
856
-être mieux… Et nous ne le pourrons [que] si nous
sommes
forts, et nous serons forts [que] si nous fédérons nos faiblesses — t
857
e le pourrons [que] si nous sommes forts, et nous
serons
forts [que] si nous fédérons nos faiblesses — tout comme les cantons
858
facteur qui peut pousser à la fédération, et qui
est
la prise de conscience générale de la stupidité de nos divisions. Ce
859
rge, sans politique vraiment commune. Or, nous en
sommes
exactement au même point, dans l’Europe d’aujourd’hui, et c’est aussi
860
, plus personne ne passe une frontière, le trafic
est
embouteillé sur des dizaines de kilomètres. Et ce n’est là qu’un exem
861
bouteillé sur des dizaines de kilomètres. Et ce n’
est
là qu’un exemple entre cent de nos routines. Allons-nous continuer lo
862
us affaiblissent au point que dans deux ans, nous
serons
sans doute à la merci soit d’une police totalitaire, soit des experts
863
dans deux ans, nous serons sans doute à la merci
soit
d’une police totalitaire, soit des experts d’une commission d’achat q
864
s doute à la merci soit d’une police totalitaire,
soit
des experts d’une commission d’achat qui sera le vrai gouvernement de
865
re, soit des experts d’une commission d’achat qui
sera
le vrai gouvernement de nos pays ? Voilà, me semble-t-il, des raisons
866
carnets de timbres de propagande européenne, qui
seront
mis en vente un de ces jours. Le voici : « Européens, fédérez-vous po
867
la Russie vous ramassera. » Ce langage, certes, n’
est
pas diplomatique. Il a l’avantage d’être clair. Au revoir, chers audi
868
certes, n’est pas diplomatique. Il a l’avantage d’
être
clair. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
869
a demandé ce qui se passait sur la Terre, et quel
était
le sujet de conversation le plus général, quand les gens qui se renco
870
qui ne viendra pas. L’idée de la guerre possible
est
devenue l’arrière-plan de tous nos projets dans ce siècle. — Qu’est-c
871
ère-plan de tous nos projets dans ce siècle. — Qu’
est
-ce que la guerre ? m’a demandé le journaliste débarqué de la planète
872
le journaliste débarqué de la planète Mars. Je me
suis
senti assez embarrassé. J’avais peut-être un peu honte pour mes frère
873
le, nous avons fait d’immenses progrès. La guerre
est
devenue totale, et cela veut dire : que les soldats, les femmes et le
874
leurs usines, les mineurs dans leurs mines, tous
sont
mobilisés, c’est-à-dire obligés de travailler non plus pour la conquê
875
forment et déforment les individus eux-mêmes, ils
sont
enracinés dans les esprits, dans les réflexes, dans les nerfs, dans l
876
savent rien de la démocratie occidentale, qui lui
sont
totalement imperméables, par nature et par éducation. Comment feront
877
former son âme, et ses mœurs et son inconscient ?
Sont
-ils préparés pour cette tâche ? Ont-ils prévu un système politique ad
878
es 2 blocs ne peut gagner, c’est évident. Mais il
est
non moins évident que dans ce conflit sans issue, l’Europe serait ané
879
évident que dans ce conflit sans issue, l’Europe
serait
anéantie, et sans bénéfice pour personne, totalement détruite en pass
880
lement détruite en passant. Le problème du siècle
est
donc simple : Il s’agit d’empêcher la guerre, et cela non point au no
881
cela non point au nom du pacifisme, le pacifisme
est
dépassé, il a perdu beaucoup de son sens, depuis que la guerre elle-m
882
nclut le journaliste. Mais les hommes de la Terre
sont
un peu fous. Ceux de l’Europe se laisseront-ils convaincre ? Je suis
883
eux de l’Europe se laisseront-ils convaincre ? Je
suis
curieux de vos prochaines émissions. Au revoir donc, à lundi prochain
884
glaises (27 février 1950) Chers auditeurs, Je m’
étais
promis de vous parler ce soir du problème que pose l’Angleterre, dans
885
is longtemps, sur l’attitude de ces Européens qui
tiennent
tant à rester en marge. Essayons donc de dissiper un peu les brouilla
886
tiques ou leurs incertitudes. Depuis deux ans, il
est
devenu courant d’accuser l’Angleterre et ses chefs de freiner les eff
887
on européenne. On a même parlé de sabotage. Quels
sont
les faits ? Le premier fait, c’est que Churchill fut le premier homme
888
les faits ? Le premier fait, c’est que Churchill
fut
le premier homme d’État de grand calibre qui osât parler d’unir l’Eur
889
lui-même et refusait encore le mot fédération. Il
était
au surplus chef de l’opposition. Que pensait son gouvernement ? M. Be
890
position. Que pensait son gouvernement ? M. Bevin
tenait
de son côté de beaux discours. Il déclarait, devant la Chambre des co
891
déclarait, devant la Chambre des communes, qu’il
était
décidé à tout faire pour la fédération des peuples et qu’il rêvait du
892
M. Bevin opposa son veto. Le Conseil de l’Europe
fut
cependant établi, et M. Bevin s’y rallia. Mais on vit bien que c’étai
893
es décisions, pourtant urgentes et unanimes. Tels
sont
les faits, et vous le voyez : le brouillard londonien n’en est pas éc
894
, et vous le voyez : le brouillard londonien n’en
est
pas éclairci. Essayons cependant de distinguer les motifs de ces deux
895
endant longtemps, les Anglais nous ont dit : nous
serions
bien d’accord de faire l’Europe, mais nous pensons d’abord à notre em
896
à notre empire, aux dominions avec lesquels nous
sommes
liés. J’avoue que cet argument ne m’a jamais convaincu. Le hasard a v
897
Sud, et par le Premier ministre d’Australie : ils
étaient
chaleureux et enthousiastes. Mais ils ne figurent pas dans le compte
898
s ont proclamé que la politique du Commonwealth n’
était
en rien contradictoire avec une union de l’Europe. Reste donc l’argum
899
vous administrez vos différents pays. Quand vous
serez
tous socialistes, on verra ! Mais l’Europe, en réalité, ne va pas ver
900
e à s’isoler sous prétexte de socialisme, elle ne
sera
pas seulement séparée de l’Europe, mais aussi des États-Unis, et bien
901
nis, et bien plus : de ses propres dominions, qui
sont
tous revenus au système libéral. Enfin, les élections de la semaine d
902
repose sur une base bien fragile. L’argument qui
était
fort dangereux en théorie, n’est même plus justifiable en fait. On ne
903
L’argument qui était fort dangereux en théorie, n’
est
même plus justifiable en fait. On ne peut donc plus fonder sur lui un
904
s raisons que pouvaient avoir les Anglais pour se
tenir
à l’écart de l’Europe, sont désormais caduques, ou tout au moins très
905
les Anglais pour se tenir à l’écart de l’Europe,
sont
désormais caduques, ou tout au moins très affaiblies. Les dominions o
906
on moins clairement : « L’expérience socialiste n’
est
pas toute l’Angleterre, bien loin de là. » Voici donc les deux grands
907
’Angleterre se décide à constater que la Manche n’
est
vraiment pas si large ! Au revoir, à lundi prochain !
908
é lieu à quelques malentendus, dont le plus grave
était
celui-ci : on a cru que je proposais à l’Europe de se retirer puremen
909
rement et simplement de la grande bagarre entre l’
Est
et l’Ouest, et de se réfugier derrière une simple déclaration pacifis
910
Londres, écrivait prudemment, et je cite : « Il n’
est
pas nécessaire que le monde se divise en deux camps rigidement hostil
911
ise en deux camps rigidement hostiles… et il peut
être
de l’intérêt des deux parties que certaines régions aient la certitud
912
e de neutralité. » Les réactions de la presse ont
été
vives et immédiates, dans toute l’Europe et aux États-Unis. On s’est
913
ates, dans toute l’Europe et aux États-Unis. On s’
est
écrié avec indignation que le moment était mal choisi pour parler de
914
is. On s’est écrié avec indignation que le moment
était
mal choisi pour parler de neutralité, alors que l’Amérique commençait
915
e commençait justement à réarmer nos pays ; qu’il
était
absurde de penser que la volonté de neutralité suffirait à protéger l
916
ni la Hollande, ni la Norvège ; et qu’enfin il n’
était
pas digne de dire aux Américains : « Vous nous avez aidés, merci beau
917
eutralité parce que la querelle des deux Grands n’
est
pas nécessairement celle de l’Europe, et ils n’ont pas tort ; tandis
918
objectent que la neutralité dans la guerre froide
est
une utopie, et ils ont raison. Cependant, leur dialogue passionné rep
919
tion préalable de toute neutralité européenne qui
serait
la fédération de l’Europe. En effet, si l’Europe n’est pas unie, on n
920
a fédération de l’Europe. En effet, si l’Europe n’
est
pas unie, on ne voit pas comment elle pourrait se déclarer neutre. Qu
921
prendre une telle décision et de la proclamer. Il
est
donc absurde de parler de neutralité si l’on ne veut pas d’abord et s
922
ausse, mais généralement répandue, que neutralité
est
synonyme de démission et d’impuissance, surtout dans le domaine milit
923
issance, surtout dans le domaine militaire. Ce ne
sont
pas les déclarations de nos juristes qui arrêteront les chars et les
924
, je dirai même : histoire de fous. Car primo, il
est
pratiquement impossible de déclarer l’Europe neutre, si cette Europe
925
le de déclarer l’Europe neutre, si cette Europe n’
est
pas tout d’abord fédérée, si elle n’a pas un gouvernement capable de
926
arler en son nom ; et secundo, une Europe fédérée
sera
seule en mesure de se défendre, c’est-à-dire de créer une force armée
927
es nationales, même dotées de surplus américains,
seraient
tout juste bonnes à se faire anéantir plus ou moins décemment en une
928
et vraiment réaliste, en l’occurrence, me paraît
être
celui-ci : nos pays doivent d’abord se fédérer, politiquement et écon
929
ls pourront proclamer une neutralité qui alors ne
sera
pas du tout une démission, mais au contraire une fière affirmation d’
930
aux États-Unis, se ferment à ces évidences. Et je
suis
d’autant plus heureux de pouvoir vous citer trois opinions qui tranch
931
, qui écrit : « La neutralité de l’Europe ne peut
être
que la conquête d’une Europe unie. » C’est ensuite M. René Payot, qui
932
a le droit de se proclamer neutre le jour où elle
sera
consolidée et forte, et que les belligérants éventuels devront compte
933
cussions stupides. Fédérez-vous, ou taisez-vous !
serait
-on tenté de dire à ces messieurs. On leur conseille, plus poliment, d
934
Demain l’Europe ! — L’Europe n’
est
pas pour « demain » (13 mars 1950) Chers auditeurs, L’un d’entre vo
935
égitime, ou simplement une ironie facile. Le fait
est
que le mot demain, dans toutes nos langues, a plus d’un sens, ou que
936
es nos langues, a plus d’un sens, ou que son sens
est
élastique. Demain peut signifier : après cette nuit-ci, comme quand o
937
tes : « Groupons-nous et demain, l’Internationale
sera
le genre humain. » Enfin, lorsque je vous dis : Demain l’Europe ! — i
938
pour notre Europe, doit signifier avant 1952, qui
est
la date de la fin du plan Marshall. À ce moment-là, si nous ne sommes
939
fin du plan Marshall. À ce moment-là, si nous ne
sommes
pas arrivés à nous fédérer, l’Amérique nous laissera tomber, et c’est
940
ision une fois donnée, je crois que l’alternative
est
la suivante : ce sera demain l’Europe, ou après-demain la Bombe. Quel
941
, je crois que l’alternative est la suivante : ce
sera
demain l’Europe, ou après-demain la Bombe. Quelles sont donc aujourd’
942
emain l’Europe, ou après-demain la Bombe. Quelles
sont
donc aujourd’hui nos chances ? Il m’arrive tous les jours, et plusieu
943
s qui constituent les deux tiers de sa population
sont
en crise gouvernementale, ou en crise sociale, et s’approchent de la
944
a crise économique. En Italie, M. de Gasperi ne s’
est
assuré une légère majorité qu’après six replâtrages de son cabinet, e
945
inet, et l’agitation sociale grandit. La France n’
est
pas dans une meilleure situation. En Allemagne, le gouvernement de Bo
946
cabinet travailliste, avec sa majorité de 6 voix,
est
à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques trains manqué
947
hats en dollars. Et s’ils n’y parviennent pas, ce
sera
demain non pas l’Europe, mais la misère. Le Conseil de l’Europe, à St
948
er, il se peut que l’Assemblée de Strasbourg, cet
été
, ose enfin le pas décisif : qu’elle se proclame Constituante, ou qu’e
949
’union totale de l’Allemagne et de la France : ce
serait
la seule solution d’un problème qui a causé jusqu’ici des millions de
950
fatalité de ces faits. Nous jouerons notre sort l’
été
prochain. C’est à l’été que je pense quand je vous répète : demain l’
951
ous jouerons notre sort l’été prochain. C’est à l’
été
que je pense quand je vous répète : demain l’Europe, ou après-demain
952
ope au monde (20 mars 1950) Chers auditeurs, Je
suis
frappé — et très reconnaissant — de constater que les lettres que vou
953
— de constater que les lettres que vous m’envoyez
sont
pour la grande majorité des messages d’adhésion, ou tout au moins d’a
954
ambitions immédiates. Les fédéralistes européens
sont
, si vous le voulez bien, les moins gourmands : ils seraient contents
955
si vous le voulez bien, les moins gourmands : ils
seraient
contents d’unir pour commencer les quelque 20 pays de notre continent
956
ression que s’ils apprenaient que la planète Mars
est
habitée, ils songeraient à lui proposer sans retard un parlement comm
957
eux-ci estiment, à tort ou à raison, que l’Europe
est
déjà trop petite pour constituer un ensemble viable, mais que le rêve
958
emble viable, mais que le rêve des mondialistes n’
est
qu’un rêve, puisque les Russes et tous leurs satellites, auxquels vie
959
Billotte ? Ils constatent que l’Europe ne saurait
être
défendue, dans son état présent de désunion, que par la force américa
960
e l’Europe seule. L’étape européenne, disent-ils,
est
dépassée. Moi, je veux bien, je ne m’opposerai jamais à l’élargisseme
961
e d’engager tous ses peuples à la fois. Sinon, ce
serait
l’alliance du pot de terre et du pot de fer, et nous serions réduits
962
lliance du pot de terre et du pot de fer, et nous
serions
réduits au rôle de satellites. Deuxièmement, qui dit fédération dit r
963
e n’osera dire qu’à cet égard, l’étape européenne
est
dépassée : elle est l’étape de la restauration d’une civilisation, et
964
cet égard, l’étape européenne est dépassée : elle
est
l’étape de la restauration d’une civilisation, et par elle, de l’homm
965
ne civilisation, et par elle, de l’homme même. Je
suis
heureux de vous dire que ces deux objections, que j’ai pu faire valoi
966
rs auprès des porte-parole de l’union atlantique,
sont
prises on considération de la manière la plus sérieuse. Beaucoup de f
967
elles des millions de sceptiques et de découragés
seront
un jour peut-être, et malgré eux, sauvés. Au revoir, chers auditeurs,
968
naturel, après tout, dans une époque qui essaye d’
être
démocratique, c’est-à-dire de tenir compte de l’opinion publique ; ri
969
ser affirmer son point de vue. L’union européenne
étant
l’un des sujets les plus souvent mentionnés dans la presse, depuis de
970
nt mentionnés dans la presse, depuis deux ans, il
est
normal que les enquêtes sur l’Europe se succèdent à un rythme accélér
971
peut s’empêcher de penser : si tous ces messieurs
sont
d’accord pour faire l’Europe, que ne la font-ils, et rondement ? En v
972
s, et rondement ? En vérité, bien peu d’entre eux
sont
prêts aux sacrifices nécessaires. Mais il reste frappant de constater
973
aluent notre union que du bout des lèvres, ils se
sont
cependant sentis obligés de la saluer. Retenons cette indication. Nos
974
os l’hebdomadaire parisien Samedi Soir. Là, ce ne
sont
plus seulement les chefs politiques qui ont parlé, mais les lecteurs,
975
ar l’hebdomadaire parisien me paraissent dignes d’
être
citées et soulignées à votre intention. « Il est probable, écrivent l
976
être citées et soulignées à votre intention. « Il
est
probable, écrivent les rédacteurs, que beaucoup de ceux qui nous lise
977
avoir pris connaissance des réponses qui nous ont
été
adressées, ils en seront désormais convaincus. Dans leur quasi-unanim
978
e des réponses qui nous ont été adressées, ils en
seront
désormais convaincus. Dans leur quasi-unanimité, ces réponses révèlen
979
hement entre les peuples libres d’Europe. » Quels
sont
les principaux points d’accord que manifestent les milliers de répons
980
conomique. 3. Le Conseil de l’Europe à Strasbourg
est
approuvé, mais tout le monde voudrait que son Assemblée ait beaucoup
981
d’aboutir. S’ils y parviennent, tous les espoirs
sont
permis. Car ce sont les peuples qui décideront finalement de leur sor
982
parviennent, tous les espoirs sont permis. Car ce
sont
les peuples qui décideront finalement de leur sort, en restant inerte
983
s auditeurs, L’expression « faire l’Europe », qui
est
le refrain de mes chroniques, a plus d’un sens. Pour les fédéralistes
984
a plus d’un sens. Pour les fédéralistes, dont je
suis
, faire l’Europe signifie pratiquement créer sans retard des instituti
985
qu’elle se fasse vite, et affirmer surtout qu’il
est
urgent d’attendre, avec une obstination aussi acharnée qu’anglo-saxon
986
tés, lesquels nommeront des bureaux, dont il peut
être
intéressant de faire partie. Ainsi va le monde. Prenons-le comme il e
987
re partie. Ainsi va le monde. Prenons-le comme il
est
, et demandons-nous ce soir, à la lumière de l’actualité, ce que signi
988
, dans tous nos journaux — que M. Churchill avait
été
l’initiateur et le pionnier du mouvement pour l’Europe unie. Ce n’est
989
le pionnier du mouvement pour l’Europe unie. Ce n’
est
pas tout à fait exact. M. Churchill s’est fait, s’il me permet de le
990
e. Ce n’est pas tout à fait exact. M. Churchill s’
est
fait, s’il me permet de le dire, le haut-parleur d’un grand courant d
991
elui de l’homme d’État conservateur. Mais le fait
est
que, quand certains d’entre nous répétaient depuis 1945, qu’on ne pou
992
llemagne dans une Europe unie, et tout le monde s’
est
écrié : voilà une idée géniale, voilà enfin un homme qui ose dire la
993
ose dire la vérité, et qui voit loin !… Mais il n’
est
pas besoin de voir très loin pour voir que le problème allemand est l
994
voir très loin pour voir que le problème allemand
est
le problème numéro un de l’Europe actuelle, et qu’il n’a qu’une seule
995
olution : l’Europe unie. Il suffit de voir ce qui
est
, dans l’immédiat, et sous nos yeux. L’étonnant, le stupéfiant, ce n’e
996
et sous nos yeux. L’étonnant, le stupéfiant, ce n’
est
pas que M. Churchill, après les fédéralistes et avec eux, l’ait vu ;
997
er Adenauer. Prions le Ciel pour que M. Churchill
soit
entendu dans son propre pays ! Donc, pour le grand homme politique an
998
e grand homme politique anglais, celui qui a seul
tenu
tête à Hitler, et qui nous a sauvé du fol orgueil allemand, faire l’E
999
r avant. Car les Français voudraient que la Sarre
soit
autonome, donc soumise à leur influence, tandis que les Allemands la
1000
voir traitée en État libre. Je dis que l’affaire
est
ridicule, s’agissant du Conseil de l’Europe, puisqu’il est clair que,
1001
ule, s’agissant du Conseil de l’Europe, puisqu’il
est
clair que, dans notre fédération, de tels problèmes précisément ne se
1002
n pourquoi il faut la faire. Faire l’Europe, ce n’
est
pas seulement réconcilier l’État français et l’État allemand, mais c’
1003
rber les Allemands dans une vaste union, son rôle
serait
justifié devant l’Histoire. S’il y échoue, eh bien nous ferons autre
1004
es-unes aussi de France, ou d’Italie ; l’une même
était
datée de Tel-Aviv, en Palestine — où je ne soupçonnais pas que les on
1005
— où je ne soupçonnais pas que les ondes suisses
fussent
aussi bien écoutées et reçues. Ces nombreuses marques d’enthousiasme
1006
la suite de cette belle aventure. Certes, elle en
est
encore à ses débuts, mais elle est déjà mieux qu’une promesse. Daniel
1007
ertes, elle en est encore à ses débuts, mais elle
est
déjà mieux qu’une promesse. Daniel Villey, sans avoir fait d’autre pu
1008
e femme, il a dépouillé cet énorme courrier, et s’
est
efforcé de répondre à ceux qui le demandaient. Surtout, il a opéré un
1009
cinquantaine de jeunes gens et jeunes filles ont
été
convoqués pour une première rencontre à Paris le 12 février. Le texte
1010
s le 12 février. Le texte de la convocation avait
été
rédigé en termes exigeants, afin que puissent se distinguer celles de
1011
dix volontaires a prêté un serment solennel, et s’
est
engagé pour deux ans au service exclusif de l’unité européenne. Trois
1012
vice exclusif de l’unité européenne. Trois autres
sont
venus s’ajouter au noyau, le 8 mars. Au nombre de ces premiers volont
1013
telle démarche ? Pourtant, des objectifs précis
sont
assignés d’ores et déjà à l’action des volontaires. Tout d’abord, ils
1014
demanderez sans doute comment les Suisses qui ont
été
touchés par cet appel vont pouvoir participer, eux aussi, à la croisa
1015
aignant de décevoir tant de bonnes volontés qui s’
étaient
signalées spontanément, j’ai posé la question à Villey. Il m’a répond
1016
ion à Villey. Il m’a répondu ceci : son intention
est
de former d’abord sa première équipe pour la France. Un ou deux Suiss
1017
ère équipe pour la France. Un ou deux Suisses ont
été
invités à suivre de près l’expérience. Si celle-ci se révèle concluan
1018
ide chez nous, car je crois qu’aujourd’hui rien n’
est
plus nécessaire que ce travail direct dans la population. Son urgence
1019
it ce que les gouvernements, laissés à eux-mêmes,
sont
capables de faire, ou plutôt de ne pas faire. C’est ainsi qu’à Strasb
1020
indéfiniment préalables. On sait que la procédure
est
le meilleur moyen de s’occuper sérieusement et coûteusement à ne rien
1021
livrer à ce jeu d’escamotage des espoirs dont ils
sont
, après tout, responsables devant leurs peuples. On voudrait que Danie
1022
r fassent comprendre, sans discours, que le temps
est
venu d’être sérieux : leur seul exemple suffirait. À Villey donc et à
1023
omprendre, sans discours, que le temps est venu d’
être
sérieux : leur seul exemple suffirait. À Villey donc et à ses volonta
1024
vœux de joyeuses Pâques. Le printemps de l’Europe
est
à eux, cette année ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
1025
omme dans les figures d’un ballet, et tout cela n’
est
pas exaltant. C’est le train-train de l’Histoire, et s’il est vrai qu
1026
tant. C’est le train-train de l’Histoire, et s’il
est
vrai que les temps heureux n’ont pas d’Histoire, on serait tenté d’êt
1027
ai que les temps heureux n’ont pas d’Histoire, on
serait
tenté d’être optimiste. On aurait tort. Car derrière tout ce va-et-vi
1028
s heureux n’ont pas d’Histoire, on serait tenté d’
être
optimiste. On aurait tort. Car derrière tout ce va-et-vient, caché pa
1029
e. Les deux blocs dont on parle depuis quatre ans
sont
en train de devenir des hémisphères. Déjà, ce n’est plus de la Russie
1030
t en train de devenir des hémisphères. Déjà, ce n’
est
plus de la Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orien
1031
l’autre. Une gigantesque simplification du monde
est
en train de s’opérer sous nos yeux. Il est incontestable qu’il s’agit
1032
monde est en train de s’opérer sous nos yeux. Il
est
incontestable qu’il s’agit d’un fait sans précédent dans l’histoire d
1033
ur à la Chambre française M. Paul Reynaud : « À l’
Est
, un Empire se fait, tandis que les États de l’Ouest hésitent et ânonn
1034
l’opposition, et l’opinion publique. Alors qu’à l’
Est
se poursuit, avec un acharnement mécanique, l’uniformisation des chos
1035
’union respectueuses des diversités. Alors qu’à l’
Est
s’est imposée du premier coup la direction unique du Kremlin, nous no
1036
respectueuses des diversités. Alors qu’à l’Est s’
est
imposée du premier coup la direction unique du Kremlin, nous nous dis
1037
lie, la Grèce et l’Espagne. Et pourtant, ces pays
sont
menacés comme les autres. Le pacte, sans eux, sera trop faible ; et s
1038
ont menacés comme les autres. Le pacte, sans eux,
sera
trop faible ; et seuls, ils ne peuvent pas se défendre. Une fois de p
1039
et l’Afrique. Une fois de plus, nous voyons qu’il
est
faux de prétendre que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’E
1040
st faux de prétendre que « le stade de l’Europe »
est
dépassé. C’est l’Europe qui, dans le monde occidental, représente le
1041
surtout le sens des valeurs humaines que ce plan
est
chargé de défendre contre l’immense poussée de la masse orientale. L’
1042
aussi. C’est l’enjeu le plus total qui ait jamais
été
proposé à l’humanité. Il s’agit aujourd’hui de savoir si c’est l’homm
1043
le cas en Orient. Ce qu’il s’agit de gagner, ce n’
est
pas une guerre, c’est beaucoup plus : c’est la cause de l’homme perso
1044
ier la condition indispensable à cette union, qui
est
la fédération européenne. Comme pour confirmer ce diagnostic, le jour
1045
ernière causerie au point précis où l’actualité s’
est
chargée de la prolonger. Que faut-il penser de la proposition Bidault
1046
t-il répéter avec beaucoup que l’étape européenne
est
dépassée ? Et faut-il enfin que je change le titre même de ma chroniq
1047
la réaliser ; 2. Je ne pense pas que cette union
soit
réalisable tant que l’Europe n’existe pas politiquement, et qu’elle n
1048
ter une mesure bien pratique et efficace, qu’elle
soit
de première importance, comme l’élection directe d’un Parlement europ
1049
s refusent absolument d’agir. Tous leurs réflexes
sont
des réflexes de refus ou de timidité. Ils trouvent toujours que « c’e
1050
qu’on puisse deviner à quel moment cela cessera d’
être
prématuré, à leur avis. Ils prétendent toujours que l’opinion n’est p
1051
eur avis. Ils prétendent toujours que l’opinion n’
est
pas mûre, sans qu’on puisse deviner quand et comment ils auraient con
1052
léchir. Ce qui revient à dire, évidemment, qu’ils
sont
bien décidés à ne rien faire. Car si nous leur laissions tout le temp
1053
leur laissions tout le temps qu’ils demandent, il
est
très peu probable qu’ils l’emploieraient à réfléchir : on sait qu’ils
1054
sait qu’ils ont trop d’autres choses à faire… Je
suis
prêt à les plaindre ; je suis prêt à saluer la sincérité de plusieurs
1055
choses à faire… Je suis prêt à les plaindre ; je
suis
prêt à saluer la sincérité de plusieurs en tant qu’individus ; je sui
1056
sincérité de plusieurs en tant qu’individus ; je
suis
même prêt à prendre au sérieux quelques-unes de leurs objections. Mai
1057
tique, quand ils ont démontré depuis un an qu’ils
étaient
incapables de créer une union par-dessus la Manche, ou même par-dessu
1058
deux mondes. Mais du côté du State Department, il
est
probable qu’on va se montrer très réservés, et cela se comprend. Comm
1059
es, la direction générale indiquée par M. Bidault
est
la bonne : c’est celle qu’il nous faudra prendre après-demain, et nou
1060
onique. Ensuite, il s’agit de bien voir que ce ne
sont
pas nos petits États souverains qui seront capables de s’unir à l’Amé
1061
ue ce ne sont pas nos petits États souverains qui
seront
capables de s’unir à l’Amérique, en ordre dispersé ; mais que si nous
1062
nous voulons qu’un jour le grand rêve atlantique
soit
une réalité, il nous faut commencer par nous en rendre dignes, il nou
1063
me lundi que je vous parle de l’Europe. Si elle n’
est
pas encore faite, cette Europe, personne au moins ne pourra dire que
1064
au moins ne pourra dire que c’est ma faute ! Elle
est
d’ailleurs en train de se faire, et peut-être plus vite que nous ne l
1065
ais au total indiscutable. Le Conseil de l’Europe
est
encore vagissant, mais il est né. La presse de nos pays est encore di
1066
Conseil de l’Europe est encore vagissant, mais il
est
né. La presse de nos pays est encore divisée, souvent sceptique, mais
1067
vagissant, mais il est né. La presse de nos pays
est
encore divisée, souvent sceptique, mais vous ne pouvez plus ouvrir un
1068
ltiplient, et démontrent que l’opinion, si elle n’
est
pas encore passionnée, commence tout de même à se réveiller, se frott
1069
les yeux, et se demande si l’union de l’Europe ne
serait
pas autre chose qu’une « idée généreuse » — ne serait point, par hasa
1070
it pas autre chose qu’une « idée généreuse » — ne
serait
point, par hasard, le problème politique, économique et culturel le p
1071
uis, les seuls qui auraient le temps de m’écouter
sont
ceux que l’on vient de renverser, et qui se retirent à la campagne. P
1072
i se retirent à la campagne. Pour les autres, ils
sont
trop occupés car ce n’est pas de ce côté-là que le pouvoir véritable
1073
. Pour les autres, ils sont trop occupés car ce n’
est
pas de ce côté-là que le pouvoir véritable réside, dans nos régimes.
1074
rt se jouera, — dans l’opinion, puisqu’elle seule
est
en mesure d’exiger ce que les pouvoirs refusent encore. Six minutes p
1075
pire vacarme, canonnade ou bombardement. Mais il
est
rare qu’un homme qui dort à poings fermés résiste à de petits coups d
1076
siste à de petits coups d’épingle. Mettons que ce
soit
là mon ambition. La petite piqûre hebdomadaire ! Mais il existe encor
1077
n provoquant un large courant d’air. C’est ce que
sont
en train de faire, pour le réveil d’une opinion européenne, certains
1078
uge, en Europe. À cet égard, le plan Bidault peut
être
utile même s’il ne doit pas aboutir. Car cette confrontation spectacu
1079
e. Certes, l’Europe considérée dans son ensemble,
est
la terre des diversités. Je dirais, paradoxalement, que le premier ca
1080
ractère commun à tous les Européens, c’est qu’ils
sont
différents les uns des autres, et qu’ils tiennent à leurs différences
1081
ils sont différents les uns des autres, et qu’ils
tiennent
à leurs différences. On m’a dit bien souvent : Comment voulez-vous do
1082
puritains d’Écosse et les chanteurs napolitains ?
Est
-ce que les Hollandais, les Belges, les Anglais, n’ont pas beaucoup pl
1083
Yougoslaves ou même les Autrichiens ? — Tout cela
est
vrai. Mais la diversité n’est pas un obstacle à l’union, et encore mo
1084
hiens ? — Tout cela est vrai. Mais la diversité n’
est
pas un obstacle à l’union, et encore moins à la fédération. Elle en e
1085
l’union, et encore moins à la fédération. Elle en
est
même une des premières conditions. Prenez l’exemple de la Suisse, et
1086
vient évidente. L’homme d’affaires de Stockholm n’
est
pas plus différent du paysan de la Provence, que le banquier genevois
1087
oppose tous ensemble au goût du nivellement, qui
est
asiatique, et au goût du mélange et de l’imitation, qui est américain
1088
que, et au goût du mélange et de l’imitation, qui
est
américain. Je voudrais conclure par deux remarques. La première, c’es
1089
s, ou à cause d’elles. La seconde, c’est que nous
sommes
actuellement séparés de nos Américains par autre chose encore que par
1090
ar ces différences authentiques et valables. Nous
sommes
séparés d’eux par des malentendus, des préjugés et des informations s
1091
de nous, dans les États-Unis ? Ces deux questions
sont
importantes. Car d’une entente raisonnable ou d’un malentendu trop pe
1092
t en Amérique : « Les Yankees et les Britanniques
sont
séparés par une langue commune. » On pourrait dire de même que les Am
1093
de films américains, nous savons à peu près ce qu’
est
le plan Marshall, nous avons cotoyé chez nous des milliers de GIs en
1094
enant d’un peu plus près. Une campagne violente s’
est
déchaînée récemment en Europe contre le coca-cola importé d’Amérique.
1095
i bien que cette innocente et quelconque limonade
est
devenue pour la presse de nos pays latins le symbole même de l’invasi
1096
nds principes pour des questions sérieuses. Je ne
suis
pas sûr que la question des « digests », ou des digestes, comme on di
1097
es « digests », ou des digestes, comme on dit, en
soit
une. À en croire une certaine propagande, M. Truman lui-même, appuyé
1098
mistes à l’Europe. En réalité, le Reader’s Digest
est
une entreprise absolument privée, et il se trouve que son succès dans
1099
vée, et il se trouve que son succès dans nos pays
est
proportionnellement plus grand encore qu’en Amérique. Au lieu de cher
1100
faire des calculs politiques qui ne peuvent pas y
être
, demandons-nous plutôt si cet immense succès fait aux digestes par le
1101
succès fait aux digestes par le public européen n’
est
pas révélateur d’une profonde ressemblance entre les goûts de la mass
1102
i notre grand public se jette sur les digestes, n’
est
-ce pas aussi qu’on a trop négligé, en Europe, la culture populaire, —
1103
tre prospérité, et plus : notre réelle autonomie,
sont
à ce prix. Quant au reproche de barbarie matérialiste que nous faison
1104
orent trop luxueusement leurs églises, mais elles
sont
pleines. Ils parlent constamment d’argent, sans la moindre pudeur, ta
1105
ous y pensez constamment, mais en le cachant. Ils
sont
matérialistes, vous aussi. La différence est qu’ils ont mieux réussi
1106
Ils sont matérialistes, vous aussi. La différence
est
qu’ils ont mieux réussi dans ce domaine. De plus, ils pensent que vou
1107
ipes qu’ils n’appliquent pas. Eh bien ! tout cela
est
vrai, osons l’avouer. Mais ce qui échappe à la grande masse américain
1108
ande masse américaine, c’est que tous ces défauts
sont
le revers d’un certain nombre de réalités que l’Amérique doit encore
1109
de nos plus grands esprits, l’Européen du peuple
est
resté, malgré tout, un homme qui a très souvent le sens de l’absolu,
1110
humilité… Que conclure de ces observations, qu’il
serait
trop aisé de multiplier ? Je crois que c’est clair : nous avons grand
1111
rtus complémentaires, la civilisation occidentale
sera
sauvée. Mais il nous faut d’abord sauver notre moitié à nous de ce gr
1112
le 6 mai 1949, les statuts du Conseil de l’Europe
étaient
signés à Londres par 10 États. Cette année enfin, le 8 mai, voici qu’
1113
le tapis vert, le comité du Mouvement européen s’
était
réuni à Paris. M. Spaak était venu nous parler. Il commença son disco
1114
ouvement européen s’était réuni à Paris. M. Spaak
était
venu nous parler. Il commença son discours en ces termes : « Messieur
1115
: « Messieurs, les progrès du Conseil de l’Europe
sont
très lents, très lents, très lents… très lents, très lents, très lent
1116
je pourrais continuer ainsi indéfiniment ! » Nous
fûmes
unanimes à l’applaudir. La situation dans laquelle nous nous trouvion
1117
trouvions, deux ans après notre départ à La Haye,
était
évidemment paradoxale. Car d’une part, nous pouvions nous féliciter d
1118
dans la presse. Il y a deux ans, en effet, nous n’
étions
qu’une poignée d’idéalistes — comme dit avec pitié le premier nigaud
1119
ourage, au lieu de redoubler sa pression. Nous en
étions
donc là, dimanche dernier. Et nous venions d’adresser un appel très p
1120
à ce plan. Le charbon et l’acier, vous le savez,
sont
plus importants que l’argent pour faire la guerre. La France et l’All
1121
ès l’instant où les industries clés des deux pays
seraient
unifiées, il en résulterait la suppression automatique des barrières
1122
se jouer au cours des mois qui viennent. Aussi n’
est
-il pas étonnant que les réactions qui accueillent ce plan soient pass
1123
tonnant que les réactions qui accueillent ce plan
soient
passionnées, contradictoires, tantôt enthousiastes et tantôt presque
1124
disait de tous côtés : vos projets de fédération
sont
très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais de grâce, proposez que
1125
ojets de fédération sont très beaux, bravo ! Nous
sommes
d’accord, mais de grâce, proposez quelque chose de pratique ! Eh bien
1126
e prouve simplement qu’avec le plan Schuman, nous
sommes
entrés dans le concret de notre lutte fédéraliste. Tous ces messieurs
1127
et de notre lutte fédéraliste. Tous ces messieurs
étaient
d’accord tant que notre plan restait vague à leurs yeux. Et ils se ré
1128
e réservaient tout l’avantage de nous reprocher d’
être
dans le vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris de panique.
1129
intérêts ou ma doctrine, c’est mieux. La bataille
est
ouverte. Notre bataille à tous. Seule, la pression accrue de l’opinio
1130
1950) Chers auditeurs, Il y a quelques mois, j’
étais
le témoin d’un bref dialogue entre deux hommes politiques, au sujet d
1131
es à prendre pour hâter la fédération. Le premier
était
un Norvégien, président de la Chambre des députés de son pays, le sec
1132
nistre français. Le Norvégien disait : « Surtout,
soyons
prudents, marchons lentement ! Chez nous en Norvège, l’homme de la ru
1133
» À quoi le Français répondait : « Mon expérience
est
exactement inverse. Je constate que si l’homme de la rue ne nous suit
1134
n Norvège, et je constate que 64 % des Norvégiens
sont
favorables à l’union européenne, 11 % seulement s’en déclarent advers
1135
, 11 % seulement s’en déclarent adversaires, 25 %
sont
indécis. Voilà la preuve indiscutable que le président du Parlement n
1136
son scepticisme personnel. Je crois que l’exemple
est
très typique, et qu’il révèle assez exactement la situation de la plu
1137
e à invoquer : c’est l’opinion, disent-ils, qui n’
est
pas mûre. Eux voudraient bien, ils n’ont rien contre, enfin, ils nous
1138
, voyez-vous, nous les connaissons bien, elles ne
sont
pas prêtes à nous suivre. » Je leur réponds qu’en vérité, ils n’en sa
1139
s que l’opinion de nos peuples, dans sa majorité,
serait
favorable à une fédération du continent. Depuis que j’ai vu les résul
1140
que je vous citais tout à l’heure, ce sentiment s’
est
transformé en certitude. Et voici sur quoi je me fonde. Un institut d
1141
a demandé à des hommes de tous les milieux s’ils
étaient
pour une totale liberté du commerce, c’est-à-dire pour que les produi
1142
e de protections douanières. Dans ces conditions,
étaient
-ils encore favorables à l’union ? Là, comme on pouvait s’y attendre,
1143
e qu’on a posé comme dernière question : « Compte
tenu
de tous les points examinés, pensez-vous que l’union européenne serai
1144
ints examinés, pensez-vous que l’union européenne
serait
une bonne ou une mauvaise chose ? » 64 % ont répondu que l’union sera
1145
e mauvaise chose ? » 64 % ont répondu que l’union
serait
bonne, 9 % qu’elle serait mauvaise et 27 % sont demeurés indécis. Nou
1146
ont répondu que l’union serait bonne, 9 % qu’elle
serait
mauvaise et 27 % sont demeurés indécis. Nous trouvons donc, en gros,
1147
serait bonne, 9 % qu’elle serait mauvaise et 27 %
sont
demeurés indécis. Nous trouvons donc, en gros, dans 5 pays qui formen
1148
fforts vers l’union. Qu’il dise franchement qu’il
est
bien décidé à ne pas tenir compte de l’opinion, mais qu’il renonce à
1149
ursuit dans d’autres pays de l’Europe. Quels vont
être
ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend de vous, chers auditeurs,
1150
auditeurs, car l’opinion, c’est vous ! Les paris
sont
ouverts. Au revoir, à lundi prochain !
1151
, bien qu’elle ait duré quelques heures. Mon hôte
était
un professeur américain, chargé de s’informer de l’état de l’Europe,
1152
e visiteur : my dear sir, quand une maison brûle,
est
-ce bien le moment de faire une enquête auprès des habitants de cette
1153
ai pas répondu cela, parce que d’abord l’Europe n’
est
pas encore en feu, elle est seulement menacée d’incendie, et l’on a d
1154
ue d’abord l’Europe n’est pas encore en feu, elle
est
seulement menacée d’incendie, et l’on a donc encore le temps de faire
1155
re le temps de faire des enquêtes. Ensuite, je me
suis
dit qu’il était bon, parfois, de reposer les questions fondamentales,
1156
faire des enquêtes. Ensuite, je me suis dit qu’il
était
bon, parfois, de reposer les questions fondamentales, et d’éprouver l
1157
out seul et par ses seuls efforts, si ses voisins
sont
en faillite. Il nous faut donc nous entraider, et mettre en commun no
1158
t mettre en commun nos ressources, qui pourraient
être
immenses une fois organisées. Pour cela, il nous faut une union polit
1159
nt au bénéfice de l’intérêt commun. Et comme nous
sommes
très opposés à l’unification totale, car nos diversités sont notre vr
1160
pposés à l’unification totale, car nos diversités
sont
notre vraie richesse, nous demandons que l’union de nos pays s’opère
1161
s en Suisse. Le premier avantage de la fédération
sera
donc d’éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvant nos valeurs natio
1162
conforme à nos coutumes et à nos intérêts, nous y
serons
bientôt forcés par d’autres : nous y serons forcés par vous, Américai
1163
ous y serons bientôt forcés par d’autres : nous y
serons
forcés par vous, Américains, — ou bien par une doctrime, un parti, un
1164
ien par une doctrime, un parti, un empire, qui ne
sont
pas précisément de vos amis. La nature a horreur du vide. Les empires
1165
nous n’arrivons pas à faire demain l’Europe, elle
sera
faite malgré nous, par vous ou par les autres. Nous serons Russes ou
1166
ite malgré nous, par vous ou par les autres. Nous
serons
Russes ou Américains, si nous ne sommes par simplement supprimés. — C
1167
res. Nous serons Russes ou Américains, si nous ne
sommes
par simplement supprimés. — Cher Monsieur, m’a dit alors mon visiteur
1168
l aura pris fin. — Fort bien, lui ai-je dit, mais
soyons
réalistes. Pensez-vous que l’Amérique va continuer longtemps à taxer
1169
rôler l’emploi des fonds qu’elle nous envoie ? Ce
serait
tout simplement absurde de sa part. Mais contrôler ces fonds, cela si
1170
ropéenne. Ainsi, que vous le vouliez ou non, vous
serez
un jour forcés de nous forcer à faire l’union européenne. Nous préfér
1171
uestion : pourquoi faut-il unir l’Europe, et quel
serait
l’avantage de cette union ? Je vous laisse juges. Mais soyons justes.
1172
ntage de cette union ? Je vous laisse juges. Mais
soyons
justes. J’ai bien compris que mon interlocuteur voulait savoir en réa
1173
ondu que certainement le niveau de vie des masses
sera
d’abord sauvé, puis élevé par la mise en commun des ressources du con
1174
des ressources du continent. Tous nos économistes
sont
d’accord sur ce point. Mais il est clair que cette prospérité posera
1175
s économistes sont d’accord sur ce point. Mais il
est
clair que cette prospérité posera certains problèmes à l’Amérique. Le
1176
é posera certains problèmes à l’Amérique. Le tout
est
de savoir si l’Amérique préfère l’Europe ruinée à l’Europe concurrent
1177
. C’est là son choix, c’est son affaire. La nôtre
est
d’éviter la ruine. Et nous refusons de penser que la santé des uns pu
1178
e vraiment nuire à celle des autres. L’Amérique n’
est
-elle pas pour la libre entreprise ? Elle doit donc accepter la concur
1179
doit donc accepter la concurrence. Mais nous n’en
sommes
pas encore là. Commençons par sauver notre Europe ! Au revoir, chers
1180
arler de nouveau du plan Schuman. Les journaux en
sont
pleins, depuis des semaines, et le refus anglais d’y adhérer passionn
1181
n des ressources en acier et charbon du continent
était
l’un des points principaux du programme des fédéralistes. Nous l’avio
1182
cueil réservé au projet. La première, c’est qu’il
est
évident que la mauvaise volonté des dirigeants européens dépasse enco
1183
re. Tous nous parlent d’union, proclament qu’elle
est
urgente, mais personne ne veut rien sacrifier, et ne veut rien payer
1184
rt à sa perte. Mais les raisons de notre perte ne
seront
pas la Russie, ni le diable ! Elles sont inscrites dans l’égoïsme ins
1185
rte ne seront pas la Russie, ni le diable ! Elles
sont
inscrites dans l’égoïsme insane des partis et des professions. Elles
1186
oïsme insane des partis et des professions. Elles
sont
dans la résistance des industriels d’un côté, des syndicats de l’autr
1187
iquement, ils refusent l’union de l’Europe. Elles
sont
aussi dans les préjugés invétérés de certains gouvernements, comme ce
1188
ditions concrètes de la paix, de leur paix, elles
sont
hypnotisées par quelque tour cycliste, en attendant la Bombe et le tr
1189
ments, à toutes les époques de l’histoire. Ce qui
est
nouveau, c’est le rôle qu’on leur fait jouer. Autrefois, l’on n’avait
1190
confier la conduite des affaires politiques. Ils
étaient
là pour conseiller d’abord, et ensuite pour exécuter. Quant aux gouve
1191
ouvent, quand on veut faire la guerre, quand on y
est
décidé ou forcé, les mêmes experts qui démontraient chiffres en main
1192
es plans pour 5 années de lutte. Tous ces calculs
sont
donc des alibis. Ils masquent, aux yeux l’opinion, la fuite des gouve
1193
des dizaines de milliers de techniciens. Mais où
sont
les grandes voix qui montrent les grands buts, qui orientent les effo
1194
rientent les efforts vers une vision commune ? Où
est
l’autorité qui, seule, peut exiger le sacrifice des intérêts contradi
1195
manque tragiquement à l’Europe d’aujourd’hui, ce
sont
les hommes ou les femmes qui par-dessus le fourmillement des petits c
1196
ent d’aucun pouvoir. Ils n’avaient rien, mais ils
étaient
l’Autorité. Tous les experts du monde réunis en congrès auraient cert
1197
ontré, chiffres en main, que la France ne pouvait
être
délivrée, ni les cantons suisses pacifiés. Pourtant deux voix y ont s
1198
’un, c’est la question militaire, pour l’autre ce
sont
des subventions aux paysans, pour un troisième, ce sont des citations
1199
es subventions aux paysans, pour un troisième, ce
sont
des citations de la Bible, et pour un quatrième c’est une réforme de
1200
st une réforme de la monnaie ! Le fond des choses
est
vaste, comme vous le voyez, on y trouve vraiment beaucoup de choses,
1201
est déjà beaucoup. Mais on me dit : « Au fond, qu’
est
-ce que l’Europe ? » Et je sais bien que cette question n’est pas abso
1202
l’Europe ? » Et je sais bien que cette question n’
est
pas absolument loyale, car tout le monde sait, en réalité, ce qu’est
1203
loyale, car tout le monde sait, en réalité, ce qu’
est
l’Europe, et ceux qui reposent le problème sont, en général, ceux qui
1204
qu’est l’Europe, et ceux qui reposent le problème
sont
, en général, ceux qui refusent les conditions de l’union nécessaire ;
1205
s détour, car le fait même de poser des questions
est
quelque chose de très européen. Personne n’aurait l’idée de demander
1206
péen. Personne n’aurait l’idée de demander : « Qu’
est
-ce que l’Amérique, qu’est-ce que l’Inde ou la Chine, ou qu’est-ce que
1207
idée de demander : « Qu’est-ce que l’Amérique, qu’
est
-ce que l’Inde ou la Chine, ou qu’est-ce que la Russie ? » Ces grands
1208
Amérique, qu’est-ce que l’Inde ou la Chine, ou qu’
est
-ce que la Russie ? » Ces grands empires sont bien délimités, physique
1209
ou qu’est-ce que la Russie ? » Ces grands empires
sont
bien délimités, physiquement et historiquement. Mais l’Europe, person
1210
l’espace et dans le temps. Comme la Grèce, elle n’
est
rien qu’un cap, et ses frontières vers l’Est sont indécises, comme ce
1211
le n’est rien qu’un cap, et ses frontières vers l’
Est
sont indécises, comme celles de la Grèce vers le Nord. Dans ce cap de
1212
’est rien qu’un cap, et ses frontières vers l’Est
sont
indécises, comme celles de la Grèce vers le Nord. Dans ce cap de l’As
1213
s de la Grèce vers le Nord. Dans ce cap de l’Asie
sont
venues se mêler trois influences décisives : Athènes, Rome et Jérusal
1214
tutions, et la révélation chrétienne. Tout cela s’
est
mêlé, noué, marié au cours des siècles, et dès la Renaissance, l’Euro
1215
ours des siècles, et dès la Renaissance, l’Europe
est
apparue comme un ensemble, une civilisation, qui a dominé la Terre en
1216
’est la grandeur unique de notre continent, et ce
sont
ses causes véritables. Posez-vous simplement cette question : Comment
1217
coupé et divisé, environ 5 % des terres du globe,
soit
devenu le foyer vital de la seule civilisation qui ait su gagner la T
1218
n qui ait su gagner la Terre entière ? La réponse
tient
en un seul mot. C’est la culture qui a fait l’Europe, cœur et cerveau
1219
ni libertés civiques. Vous croyez que la culture
est
un luxe, l’affaire de quelques spécialistes à lunettes ? Vous croyez
1220
to ? Vous oubliez seulement que toutes ces choses
sont
des produits secondaires de la culture, d’elle seule. Vous oubliez qu
1221
n comme pour le mal, le monde moderne tout entier
est
un produit européen, qu’il est sorti du cerveau de l’Europe, de sa cu
1222
oderne tout entier est un produit européen, qu’il
est
sorti du cerveau de l’Europe, de sa culture encore une fois, et de ri
1223
ous disputent la puissance, l’Amérique et l’URSS,
sont
eux-mêmes nés d’idées européennes, l’un de Calvin et du puritanisme a
1224
que, il faut reconnaître cette réalité : l’Europe
est
une culture, ou elle n’est pas grand-chose. Pour la sauver, dans la c
1225
tte réalité : l’Europe est une culture, ou elle n’
est
pas grand-chose. Pour la sauver, dans la crise qu’elle traverse, il f
1226
rse, il faut revenir aux sources de sa force, qui
sont
intellectuelles et spirituelles, et qui ne sont pas le nombre et la m
1227
i sont intellectuelles et spirituelles, et qui ne
sont
pas le nombre et la matière — car de cela, les autres en ont plus que
1228
ersonnel, l’idée de liberté, sans lesquelles il n’
est
plus de création ni d’invention, donc, en fin de compte, plus même de
1229
peler que les chances de l’Europe, après tout, ce
sont
les chances de l’homme personnel, car en face de la terre des masses
1230
personnel, car en face de la terre des masses qu’
est
la Russie, de la terre des machines qu’est l’Amérique, de la terre de
1231
ses qu’est la Russie, de la terre des machines qu’
est
l’Amérique, de la terre des fatalités qu’est l’Asie, l’Europe est seu
1232
s qu’est l’Amérique, de la terre des fatalités qu’
est
l’Asie, l’Europe est seule à demeurer la Terre des hommes. Au revoir,
1233
de la terre des fatalités qu’est l’Asie, l’Europe
est
seule à demeurer la Terre des hommes. Au revoir, à lundi prochain.
1234
n aux statuts de cette institution, dont le siège
sera
probablement fixé à Genève et, peut-être, au château de Coppet. La cr
1235
a création du Centre européen de la culture avait
été
demandée d’abord par le congrès de La Haye, en 1948, elle fut ensuite
1236
d’abord par le congrès de La Haye, en 1948, elle
fut
ensuite recommandée par l’Assemblée de Strasbourg, l’an dernier. Enfi
1237
le à un refuge du Club alpin. Ensuite, nos tâches
seront
définies tout simplement par les besoins réels qui se font sentir dan
1238
cinéma en pleine crise, problèmes qui ne peuvent
être
résolus dans le cadre d’un seul pays, parce qu’ils débordent les limi
1239
ible, par la mise en commun de nos ressources. Ce
sera
, si vous le voulez, un plan Schuman, mais dans le domaine de la cultu
1240
e l’Europe entière, quand il s’agit de s’adresser
soit
aux Russes, soit aux Américains. Il faut donc une autorité qui puisse
1241
e, quand il s’agit de s’adresser soit aux Russes,
soit
aux Américains. Il faut donc une autorité qui puisse élever la voix d
1242
inion et s’il parvient à grouper nos élites. Tels
sont
l’esprit, les méthodes et les buts de l’institut qui va se fonder. Je
1243
itut qui va se fonder. Je me rends compte qu’il n’
est
pas facile d’en mesurer d’un seul coup d’œil toute l’importance. Et p
1244
les recherches scientifiques. Aucun de nos pays n’
est
assez riche pour développer la recherche atomique et ses applications
1245
a médecine, à l’industrie et aux transports. Nous
sommes
très en retard sur l’Amérique. Mais si tous nos pays groupent leurs s
1246
Amérique et la Russie. Privée de ces moyens, elle
sera
bientôt réduite à l’état de colonie décadente. Si elle les a, son ind
1247
olonie décadente. Si elle les a, son indépendance
est
assurée. Nous allons donc convoquer nos savants : et ils vont voir en
1248
s savants : et ils vont voir ensemble ce qui doit
être
fait, ce qui peut être fait sans retard, dans ce domaine. Second exem
1249
voir ensemble ce qui doit être fait, ce qui peut
être
fait sans retard, dans ce domaine. Second exemple, dans un domaine to
1250
es frontières. Les jeunes gens membres d’un foyer
seront
chez eux dans tous les autres et dans tous les pays de l’Europe. Ils
1251
les autres et dans tous les pays de l’Europe. Ils
seront
sûrs de trouver dans leurs voyages, à pied ou à bicyclette, logis, le
1252
e ses barrières, et renaissant à la puissance qui
fut
toujours la sienne : celle de l’esprit. Un mot encore : le siège du C
1253
e européen de la culture, je vous le disais, doit
être
en Suisse. N’est-il pas beau que ce soit de la Suisse, espace neutre
1254
ulture, je vous le disais, doit être en Suisse. N’
est
-il pas beau que ce soit de la Suisse, espace neutre au milieu du cont
1255
is, doit être en Suisse. N’est-il pas beau que ce
soit
de la Suisse, espace neutre au milieu du continent, que puisse s’élev
1256
asbourg (26 juin 1950) Chers auditeurs, Voici l’
été
; pour beaucoup d’entre vous, les vacances ; pour le studio de Genève
1257
ue d’une série qui aura duré près d’une année. Il
est
bien naturel que je m’interroge sur la portée des événements qui ont
1258
n ? Prenons d’abord notre Mouvement européen, qui
fut
depuis deux ans le moteur de l’action. Depuis son grand succès de l’a
1259
mités, mais réels. Nous verrons à Strasbourg, cet
été
, si ce projet peut passer dans les faits, malgré l’opposition tenace
1260
disais, dans mes deux dernières chroniques, qu’il
est
le vrai fondement de toute l’Europe, et même de sa puissance matériel
1261
même de sa puissance matérielle, les projets ont
été
décisifs. Le Centre européen de la culture, dont les statuts et le pr
1262
la culture, dont les statuts et le programme ont
été
mis au point il y a trois jours, sera inauguré l’automne prochain à G
1263
rogramme ont été mis au point il y a trois jours,
sera
inauguré l’automne prochain à Genève. Et peu après, le Collège de l’E
1264
ales ; qu’elles ont pris la tête du mouvement, et
sont
prêtes à réaliser l’union des esprits et des cœurs, sans laquelle auc
1265
sprits et des cœurs, sans laquelle aucune autre n’
est
possible. Enfin, dans le domaine économique, le plan Schuman pose les
1266
e session de Strasbourg s’ouvrira le 8 août. Elle
sera
décisive. Formée de députés régulièrement élus par 15 parlements de l
1267
porte le grand espoir fédéraliste : on verra, cet
été
, si elle s’en montre digne. On le verra d’une manière précise. Car l’
1268
n le verra d’une manière précise. Car l’Assemblée
sera
saisie d’une proposition capitale, tendant à instituer, au-dessus des
1269
de lutter, mais de croire à son existence. Je ne
suis
pas député, et mon pays d’ailleurs n’est pas représenté à Strasbourg.
1270
. Je ne suis pas député, et mon pays d’ailleurs n’
est
pas représenté à Strasbourg. Je n’ai donc pas de titre à y parler. Si
1271
as de titre à y parler. Si j’en avais, voici quel
serait
mon discours : Messieurs les députés européens ! vous êtes ici pour
1272
iscours : Messieurs les députés européens ! vous
êtes
ici pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire. Fair
1273
nt suffit à démontrer que la solution fédéraliste
est
non seulement praticable en principe, mais pratique. Vous allez m’obj
1274
s pratique. Vous allez m’objecter que les Suisses
sont
les premiers à se montrer réservés quand il s’agit de faire l’Europe.
1275
s quand il s’agit de faire l’Europe. C’est qu’ils
sont
déjà fédérés. Ils vous attendent. Vous dites encore qu’il faut être p
1276
Ils vous attendent. Vous dites encore qu’il faut
être
prudent quand on s’engage dans une entreprise aussi vaste. C’est alle
1277
est aller trop vite en besogne : car vous ne vous
êtes
, jusqu’ici, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il
1278
i, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y
serez
, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte
1279
dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il
sera
temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, convien
1280
Vous dites qu’il y a de grosses difficultés. Vous
êtes
-là pour les surmonter, — sinon, pour quoi ? Vous m’assurez enfin de v
1281
n général, ou contre l’union de nos peuples. Nous
sommes
tous de bonne volonté, à nous en croire… Mais certains souhaitent un
1282
s veulent ses conditions. Certains préfèrent s’en
tenir
au possible — et presque rien ne leur paraît possible — , tandis que
1283
que d’autres veulent abolir la cause du mal, qui
est
la souveraineté nationale. Les autres, qui savent ce qu’ils veulent,
1284
bien ! Messieurs les députés européens, si vous n’
êtes
pas fédéralistes, allez-vous-en ! Si vous l’êtes, osez le dire, prouv
1285
’êtes pas fédéralistes, allez-vous-en ! Si vous l’
êtes
, osez le dire, prouvez-le, faites la nuit du 4 août des souverainetés
1286
ouvoir et donnez-nous l’Autorité européenne. Tel
serait
mon discours, chers auditeurs, et je ne pourrai pas le prononcer, mai
1287
Demain l’Europe ! — Un
été
orageux (9 septembre 1950) Chers auditeurs, Je reviens vous parler
1288
Chers auditeurs, Je reviens vous parler après un
été
orageux. Le titre de ma chronique n’a pas changé : il est resté « Dem
1289
eux. Le titre de ma chronique n’a pas changé : il
est
resté « Demain : l’Europe ! », ce qui revient à dire évidemment, que
1290
qui revient à dire évidemment, que cette Europe n’
est
pas encore faite aujourd’hui, n’a pas été formée et fédérée pendant l
1291
urope n’est pas encore faite aujourd’hui, n’a pas
été
formée et fédérée pendant l’été, exige encore, pour devenir demain ré
1292
ourd’hui, n’a pas été formée et fédérée pendant l’
été
, exige encore, pour devenir demain réalité, beaucoup d’efforts, beauc
1293
ut court. Mais avant de vous informer de ce qui s’
est
fait, ou ne s’est pas fait, pour nous unir, depuis deux mois ; avant
1294
nt de vous informer de ce qui s’est fait, ou ne s’
est
pas fait, pour nous unir, depuis deux mois ; avant d’en revenir à des
1295
es problèmes précis, je voudrais vous parler de l’
été
qui s’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre. De jour en jou
1296
rais vous parler de l’été qui s’écoule. Ce fat un
été
chaud, sur toute la terre. De jour en jour, les prévisions du temps a
1297
le Ciel ne se fatigue de localiser les dégâts. Ce
fut
un été mouvementé, dominé par une vague angoisse, trop vague encore,
1298
ne se fatigue de localiser les dégâts. Ce fut un
été
mouvementé, dominé par une vague angoisse, trop vague encore, souvent
1299
Suisse. Aux derniers jours du mois de juin, je me
suis
envolé vers Berlin, par-dessus la zone soviétique. L’affaire de Corée
1300
later. Le congrès auquel j’allais prendre part se
tenait
dans les ruines de Berlin, à 600 mètres de la limite du secteur russe
1301
conflit coréen n’allait pas se généraliser. Nous
étions
en tout cas aux premières loges, là où l’on sent que les choses peuve
1302
aient couper le courant pour toute la ville. Ce n’
était
que cela, une longue panne d’électricité, en somme. Mais si beaucoup
1303
gmestre commençait très lentement sa phrase, ce n’
était
pas seulement parce qu’il faisait 35 degrés à l’ombre ce jour-là. Deu
1304
à l’ombre ce jour-là. Deux semaines plus tard, j’
étais
à Beaune, capitale des vins de Bourgogne, où s’étaient réunis pour le
1305
is à Beaune, capitale des vins de Bourgogne, où s’
étaient
réunis pour le 14 juillet les fédéralistes français. Là, dans ce rich
1306
uième Heure. Il évoquait le sort des nations de l’
Est
européen, qui viennent de perdre, sous nos yeux, cette liberté que l’
1307
s riches ? On discutait le prix d’un bateau qu’on
tiendrait
toujours prêt pour fuir l’Europe et gagner l’Algérie en cas de guerre
1308
récentes en tenant à peu près ce langage : Nous
sommes
tranquilles ici dans un pays prospère. Mais ce pays est au cœur d’une
1309
anquilles ici dans un pays prospère. Mais ce pays
est
au cœur d’une Europe qui se sent, tout d’un coup, cet été, sans défen
1310
œur d’une Europe qui se sent, tout d’un coup, cet
été
, sans défense. Et notre sort, au bout du compte, sera celui du contin
1311
, sans défense. Et notre sort, au bout du compte,
sera
celui du continent. L’Europe aussi, comme la Corée, est une presqu’îl
1312
lui du continent. L’Europe aussi, comme la Corée,
est
une presqu’île de l’Asie… Elle aussi peut être envahie. Vous pensez q
1313
ée, est une presqu’île de l’Asie… Elle aussi peut
être
envahie. Vous pensez que la Corée, c’est bien loin. Mais la Corée tou
1314
ouche la Russie. Et les Russes, ne l’oubliez pas,
sont
à une heure et demie d’avion de notre pays. Les Américains à 16 heure
1315
notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’
est
-il pas venu pour nous tous d’obéir à l’exemple des petits cantons sui
1316
uiconque chercherait à les molester ? Le moment n’
est
-il pas venu de nous unir au-dessus de nos partis, de nos vieilles que
1317
mieux que la paix ? L’orage, une fois de plus, s’
était
mis de la partie. La pluie tombait. Des milliers d’auditeurs ouvriren
1318
dépendent, pour notre avenir à tous, de ce qui s’
est
fait, ou ne s’est pas fait là. Au revoir, chers auditeurs, à lundi pr
1319
otre avenir à tous, de ce qui s’est fait, ou ne s’
est
pas fait là. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain !
1320
e les institutions naissantes d’une Europe qui en
est
encore au stade des plans et des discussions sur devis ? Je ne crois
1321
onsultative de Strasbourg. Le Conseil de l’Europe
est
né au mois de mai de l’année dernière, à la suite d’une campagne vigo
1322
à l’appel l’Espagne et le Portugal, parce qu’ils
sont
en régime de dictature, l’Autriche parce que les Russes refusent enco
1323
près quoi les résolutions renvoyées à l’Assemblée
sont
étudiées à nouveau, et soumises à des experts, lesquels répondent inv
1324
dent invariablement que les mesures qu’on propose
sont
prématurées, mais qu’il ne faut rien faire en attendant. Comme vous l
1325
e en attendant. Comme vous le voyez, le mécanisme
est
parfaitement réglé pour s’enrayer à coup sûr avant chaque départ. On
1326
jour passer outre, et décider que ses résolutions
seront
examinées par les parlements de chaque pays, qui sont plus stables qu
1327
examinées par les parlements de chaque pays, qui
sont
plus stables que les ministres. Et l’opinion, un jour, peut se fâcher
1328
allez-vous-en ! Or les ministres, comme on sait,
sont
nommés par les parlements, et les parlements sont élus par l’opinion
1329
sont nommés par les parlements, et les parlements
sont
élus par l’opinion réelle d’un pays, celle qui vote au scrutin libre
1330
onc, en dernier ressort, de l’opinion. Quand elle
sera
mûre, quand elle dira ce qu’elle veut, avec clarté, avec passion, les
1331
pas d’illusions. Mais je calcule nos chances, qui
sont
celles de la paix, et je trouve qu’elles ne sont pas si mauvaises. En
1332
sont celles de la paix, et je trouve qu’elles ne
sont
pas si mauvaises. Encore faut-il que l’opinion se réveille. Le canon
1333
ndiez maintenant : qu’a fait Strasbourg pendant l’
été
? Je serais forcé de vous répondre : pas grand-chose. Mais une évolut
1334
ntenant : qu’a fait Strasbourg pendant l’été ? Je
serais
forcé de vous répondre : pas grand-chose. Mais une évolution décisive
1335
ution décisive se prépare. Dans l’atmosphère de l’
été
orageux que je vous décrivais lundi dernier, cette deuxième session d
1336
di dernier, cette deuxième session de l’Assemblée
fut
beaucoup plus passionnée que l’an dernier. On sentait que les choses
1337
mais en Europe. Des oppositions plus tranchées se
sont
fait jour, des masques sont tombés. On a vu que les Anglais ne voulai
1338
ons plus tranchées se sont fait jour, des masques
sont
tombés. On a vu que les Anglais ne voulaient rien, à aucun prix, qu’i
1339
s Anglais ne voulaient rien, à aucun prix, qu’ils
fussent
conservateurs ou travaillistes. Et qu’il était parfaitement inutile d
1340
fussent conservateurs ou travaillistes. Et qu’il
était
parfaitement inutile de consentir des concessions dont ils se moquent
1341
un détail, mais qui a son importance, l’Assemblée
est
chez elle, dans sa propre maison, qu’on lui a bâtie en quelques mois.
1342
tout va, dit un proverbe. Le Palais de l’Europe a
été
édifié sur un ancien terrain de football. On y jouait un match le 1er
1343
e de se renvoyer la balle. Mais quelques buts ont
été
marqués. Premièrement, l’Assemblée a décidé de se réunir une seconde
1344
l’opinion en alerte. Deuxièmement, l’Assemblée s’
est
donné le droit d’aborder les questions militaires, de parler de la dé
1345
itaires, de parler de la défense de l’Europe, qui
est
le problème le plus urgent. Je reviendrai lundi prochain sur ce sujet
1346
eille de la première séance de l’Assemblée, ils s’
étaient
réunis à la frontière franco-allemande, pour brûler les barrières et
1347
ence, qu’a-t-on fait en Europe, à Strasbourg, cet
été
pour répondre au défi de l’Histoire ? La session de l’Assemblée s’est
1348
défi de l’Histoire ? La session de l’Assemblée s’
est
ouverte par un grand discours de Churchill. Le sujet de ce discours é
1349
nd discours de Churchill. Le sujet de ce discours
était
la création immédiate d’une armée de l’Europe. L’idée de Churchill ét
1350
iate d’une armée de l’Europe. L’idée de Churchill
était
simple. L’Europe est sans défense. Elle peut être envahie demain, ou
1351
urope. L’idée de Churchill était simple. L’Europe
est
sans défense. Elle peut être envahie demain, ou cette nuit même. Si n
1352
tait simple. L’Europe est sans défense. Elle peut
être
envahie demain, ou cette nuit même. Si nous pensons qu’elle vaut d’êt
1353
u cette nuit même. Si nous pensons qu’elle vaut d’
être
sauvée, constituons une armée sérieuse, qui ne saurait être qu’une ar
1354
e, constituons une armée sérieuse, qui ne saurait
être
qu’une armée européenne, à l’échelle de la menace elle-même continent
1355
inentale qui pèse sur nous. Le génie de Churchill
est
indéniable : il consiste à dire simplement les évidences que tout le
1356
d’armée, si l’on excepte l’armée suisse, laquelle
est
neutre. Tout le monde sait qu’il est urgent de faire quelque chose. M
1357
se, laquelle est neutre. Tout le monde sait qu’il
est
urgent de faire quelque chose. Mais il faut que Churchill le dise pou
1358
5, et point d’abstentions. C’était trop beau pour
être
vrai. L’Assemblée ne tarda point à se ressaisir, c’est-à-dire à reven
1359
ssaisir, c’est-à-dire à revenir aux réalités, qui
sont
pour elle les paragraphes de son statut. Dès que le projet Churchill
1360
raphes de son statut. Dès que le projet Churchill
fut
mis en discussion plus détaillée, un député anglais, M. James Callagh
1361
. Callaghan sait fort bien cependant que l’Europe
est
désarmée, et que ce n’est pas avec des paragraphes qu’on peut stopper
1362
cependant que l’Europe est désarmée, et que ce n’
est
pas avec des paragraphes qu’on peut stopper des divisions blindées. M
1363
Mais il semble parfois que certains Britanniques
sont
hélas plus travaillistes qu’intelligents… Arrêtée par un alinéa, l’As
1364
n faire de sérieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il
était
urgent de faire quelque chose, bien sûr, un jour ou l’autre, mais qu’
1365
face au danger d’invasion, nous savons tous qu’il
est
nécessaire de nous armer, ne fût-ce que pour forcer l’envahisseur à r
1366
avons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne
fût
-ce que pour forcer l’envahisseur à réfléchir, et sauver ainsi la paix
1367
léchir, et sauver ainsi la paix. Deuxièmement, il
est
clair qu’on ne peut pas défendre l’Europe avec dix-neuf petites armée
1368
ogrès social, c’est réveiller le nationalisme qui
est
l’origine même de nos maux, enfin, c’est opposer dix-neuf faiblesses
1369
possible avant deux ans, — encore faut-il qu’elle
soit
mise au service d’une politique d’ensemble de l’Europe. Elle suppose
1370
ires aventures. Comme vous le voyez, tout cela se
tient
: je vous parlerai donc, la prochaine fois, du gouvernement fédéral,
1371
vernement fédéral, sans lequel une armée d’Europe
serait
plus dangereuse encore que notre faiblesse actuelle. Mais je voudrais
1372
oyens de l’Europe. Encore faut-il que ces soldats
soient
décidés à employer ces armes. Or, dans l’état politique et social où
1373
ces armes. Or, dans l’état politique et social où
sont
plusieurs de nos voisins, rien n’est moins sûr. On dit que M. Churchi
1374
t social où sont plusieurs de nos voisins, rien n’
est
moins sûr. On dit que M. Churchill est un grand réaliste, parce qu’il
1375
ns, rien n’est moins sûr. On dit que M. Churchill
est
un grand réaliste, parce qu’il parle de canons et d’avions. Mais ce n
1376
rce qu’il parle de canons et d’avions. Mais ce ne
sont
là que des objets, des instruments. Le réalisme véritable, c’est de d
1377
-dire de la liberté, sans laquelle cette armée ne
serait
qu’un poids mort. De cela aussi, je compte vous reparler ; c’est même
1378
oute la session de l’Assemblée de Strasbourg, cet
été
, les députés n’ont pas cessé de recevoir des centaines de lettres de
1379
adjuraient de faire quelque chose, et vite. Je me
suis
joint au mouvement pour ma part, en faisant imprimer une brochure de
1380
ccrue par le danger de guerre — que quelque chose
fût
fait ? Ils voulaient dire, sans aucune équivoque : donnez-nous une au
1381
une, car isolés nous périrons, Cet effort n’a pas
été
vain. Il a fortement contribué à transformer l’ambiance de l’Assemblé
1382
auté, c’est la thèse des fédéralistes. Ceux-ci ne
sont
encore, dans l’Assemblée, qu’une minorité certes très remuante, mais
1383
ent supérieurs à ceux des États. Tous les chemins
sont
bons, pour qui veut aboutir. Prenez les problèmes séparément, ou pren
1384
nous mettra tous d’accord dans les camps. Mais il
est
apparu très clairement, à Strasbourg, qu’une fraction de l’Assemblée
1385
Sur quoi M. Schumann leur a offert son plan, qui
est
parfaitement concret, dans un domaine bien défini : celui du charbon
1386
’acier. Mais tous les Anglais ont dit non, qu’ils
soient
conservateurs ou travaillistes. Les conservateurs, par la voix de M.
1387
, et n’exige de sa part pas le moindre sacrifice,
soit
d’intérêt soit d’orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état
1388
sa part pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt
soit
d’orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’esprit rend
1389
ifice, soit d’intérêt soit d’orgueil national. Il
est
bien évident qu’un tel état d’esprit rend toute union réelle impratic
1390
rer à la première scène de ménage ? La question s’
est
donc trouvée posée dans toute son acuité : faut-il faire l’Europe san
1391
iques, de vous donner un compte rendu de ce qui s’
est
fait — ou non — à Strasbourg, cet été, je terminerai par les précisio
1392
de ce qui s’est fait — ou non — à Strasbourg, cet
été
, je terminerai par les précisions suivantes : L’Assemblée a fini par
1393
’action. Je vous en informerai bien sûr dès qu’il
sera
convenu de les faire connaître à tous, afin que beaucoup puissent y p
1394
lte de sa désunion ; que sa seule chance de salut
est
donc la mise en commun de ses ressources et de ses énergies ; mais si
1395
e s’opposent systématiquement à cette union, — on
est
conduit, par la logique, à se poser la question suivante : faudra-t-i
1396
continentale sans les Anglais ? À Strasbourg, cet
été
, un certain nombre de députés ont envisagé cette question, et tenté d
1397
d’y répondre par un acte. Le récit de leur échec
est
significatif, vous allez le voir. L’idée qui animait ce groupe de dép
1398
uelle Daniel Villey et quelques-uns de mes amis n’
étaient
pas totalement étrangers, c’était de proclamer sur place, à Strasbour
1399
de concrétiser cette volonté par un Pacte, qui se
fût
appelé le nouveau Serment de Strasbourg. Voici plus de onze siècles,
1400
Europe et sa division en nations. Il y avait, cet
été
, une belle chance de remembrer, de rassembler ce continent, qui reste
1401
entèrent de passer aux actes. Un texte de serment
fut
établi. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai de très bonnes ra
1402
texte de serment fut établi. Bien qu’il n’ait pas
été
rendu public, j’ai de très bonnes raisons de le connaître en détail,
1403
de le connaître en détail, et vais vous dire quel
était
son contenu. Les délégués s’engageaient à se considérer non plus comm
1404
éputés se déclarèrent d’accord. Le serment devait
être
prêté hors de l’enceinte de l’Assemblée, en présence de la population
1405
la presse en parlait par allusions. Des affiches
étaient
préparées, la police en alerte. Les Anglais avaient affirmé publiquem
1406
ion à ce pacte fédéral du continent, et qu’ils en
seraient
les meilleurs amis du dehors. Mais à la veille du jour fixé, les trav
1407
Les Belges découvrirent que cette action publique
était
incompatible avec la discipline de l’Assemblée. Le groupe français lu
1408
dre leurs responsabilités personnelles. Le projet
fut
par conséquent abandonné, ou plutôt renvoyé à la prochaine session, q
1409
réunir en novembre. C’est ainsi que la session d’
été
prit fin sur un échec des activistes. Et certes, la manœuvre anglaise
1410
availliste, joua son rôle dans cet échec. Mais il
est
juste de dire qu’elle ne l’eût pas joué, si les continentaux, de leur
1411
tout prix. En réalité, beaucoup d’entre eux ne s’
étaient
point ralliés au projet de serment sans réserves ou hésitations. L’un
1412
poque me disait quelques jours auparavant : « Que
serait
cette Europe fédérée sans les Anglais et sans les Scandinaves ? » Ce
1413
e sans les Anglais et sans les Scandinaves ? » Ce
serait
une Europe catholique (car les partis démo-chrétiens y tiennent presq
1414
urope catholique (car les partis démo-chrétiens y
tiennent
presque partout le pouvoir), une Europe libérale (du point de vue éco
1415
enfin une Europe dominée par les Allemands qui en
seraient
le plus grand pays. Il y manquerait leurs éléments vitaux : le protes
1416
dominances catholique, libérale et germanique, ce
sera
pour eux une bonne raison d’y entrer, afin de rétablir l’équilibre. P
1417
t, « périr isolément ou se sauver ensemble », tel
est
le dilemme qu’il faut rappeler sans cesse, même et surtout dans notre
1418
soir, à Genève, le Centre européen de la culture
était
officiellement inauguré, au cours d’une cérémonie très simple suivie
1419
hacun sait quelles merveilleuses révolutions elle
est
capable de produire bientôt, dans la médecine et l’industrie pour la
1420
é par notre Centre. Mais ceux qui ne l’ont pas vu
sont
en droit de se demander pourquoi cet institut nouveau, quel est son b
1421
e se demander pourquoi cet institut nouveau, quel
est
son but, et quelle est sa nécessité ? Il y a déjà, n’est-ce pas, surt
1422
cet institut nouveau, quel est son but, et quelle
est
sa nécessité ? Il y a déjà, n’est-ce pas, surtout à Genève, tant d’or
1423
but, et quelle est sa nécessité ? Il y a déjà, n’
est
-ce pas, surtout à Genève, tant d’organismes internationaux ! À cette
1424
ernationaux ! À cette question bien naturelle, je
suis
heureux de vous répondre ce soir. Le Centre européen de la culture co
1425
s ne réussiront que dans la mesure où les esprits
seront
préparés à les faire vivre. Et c’est à cette préparation que la cultu
1426
navant toutes ses ressources. Certes, le matériel
est
important. Mais un grand réaliste, Napoléon, avait coutume de répéter
1427
te, Napoléon, avait coutume de répéter : le moral
est
au matériel comme 3 est à 1. Tout le monde applaudit à cette phrase,
1428
ume de répéter : le moral est au matériel comme 3
est
à 1. Tout le monde applaudit à cette phrase, mais en fait, bien peu d
1429
rendre au sérieux. Il ne croit pas que la culture
est
un luxe, une distraction réservée aux élites. Il ne la compare pas à
1430
français. Au contraire, il estime que la culture
est
notre atout majeur dans la lutte engagée entre deux conceptions du mo
1431
rsqu’il déclenche ces deux campagnes culturelles,
soyons
certains qu’il ne pense pas un seul instant qu’il perd son temps, qu’
1432
ne fois gagnés les esprits et les cœurs, le reste
sera
conquis sans résistance sérieuse. Le Centre européen de la culture ne
1433
u fanatisme. La propagande massive et mécanique n’
est
pas son but, car il ne veut pas endormir ou paralyser les consciences
1434
nces : il entend au contraire les réveiller. Il n’
est
pas là pour répandre une mystique qui promet la lune pour demain et l
1435
lité, à leur responsabilité. Certes, nos libertés
sont
loin d’être parfaites. Mais si nous les perdons un jour, nous pensero
1436
responsabilité. Certes, nos libertés sont loin d’
être
parfaites. Mais si nous les perdons un jour, nous penserons, dans les
1437
laient bien qu’on les défende. Et la démocratie n’
est
pas une panacée, elle ne résout aucun de nos grands problèmes, mais s
1438
résout aucun de nos grands problèmes, mais s’ils
sont
un jour résolus sans réplique, derrière les barbelés, nous comprendro
1439
jour à se servir des chars. La villa Mon Repos ne
sera
certes pas notre repos, mais nous voulons qu’elle soit un jour — le v
1440
certes pas notre repos, mais nous voulons qu’elle
soit
un jour — le vôtre, et celui de nos enfants. Au revoir, chers auditeu
1441
s, Dans tous nos pays libres, les gens au pouvoir
sont
inquiets, le soir d’une élection : obtiendront-ils au moins 51 % des
1442
nt obligé de rendre hommage à l’opinion publique,
soit
qu’on respecte ses libres décisions, soit qu’on les obtienne par la f
1443
blique, soit qu’on respecte ses libres décisions,
soit
qu’on les obtienne par la force, la terreur, et la ruse combinées. Ma
1444
e-ci : c’est que la fédération européenne devrait
être
faite dès demain. Car, en effet, le résultat d’une consultation de l’
1445
es questions précises. À la question générale : «
Êtes
-vous en faveur de l’idée d’une union de l’Europe occidentale ? », 53
1446
ait pas d’opinion arrêtée sur le sujet. Mais ce n’
était
là qu’une première approche. Il était beaucoup plus intéressant de sa
1447
. Mais ce n’était là qu’une première approche. Il
était
beaucoup plus intéressant de savoir si l’opinion publique était en fa
1448
plus intéressant de savoir si l’opinion publique
était
en faveur d’une suppression des frontières, permettant à la fois la l
1449
urs. Là-dessus, 71 % des consultés ont dit qu’ils
étaient
pour, 9 % seulement se sont déclarés contre, 20 % sont restés indécis
1450
tés ont dit qu’ils étaient pour, 9 % seulement se
sont
déclarés contre, 20 % sont restés indécis. Cependant, s’il est bien f
1451
pour, 9 % seulement se sont déclarés contre, 20 %
sont
restés indécis. Cependant, s’il est bien facile de se déclarer pour l
1452
contre, 20 % sont restés indécis. Cependant, s’il
est
bien facile de se déclarer pour la liberté en général et contre les b
1453
en général et contre les barrières douanières, il
est
moins facile d’accepter les petits sacrifices matériels que ces mesur
1454
et après que toutes les questions précises aient
été
envisagées et discutées, une majorité très nette s’est reformée, en f
1455
nvisagées et discutées, une majorité très nette s’
est
reformée, en faveur de l’union immédiate de nos pays. 63 % pensent qu
1456
n immédiate de nos pays. 63 % pensent que l’union
serait
bonne pour eux personnellement ; 65 % qu’elle serait bonne pour leur
1457
ait bonne pour eux personnellement ; 65 % qu’elle
serait
bonne pour leur pays ; et 70 % qu’elle serait bonne pour la paix du m
1458
lle serait bonne pour leur pays ; et 70 % qu’elle
serait
bonne pour la paix du monde. Dans ces conditions, on se demande ce qu
1459
uvernements attendent encore, pour prouver qu’ils
sont
vraiment démocratiques, c’est-à-dire pour montrer qu’ils respectent l
1460
uivrait pas. Or c’est exactement le contraire qui
est
vrai. La preuve en est administrée par l’enquête que je vous résume.
1461
xactement le contraire qui est vrai. La preuve en
est
administrée par l’enquête que je vous résume. Ce qui est le plus frap
1462
inistrée par l’enquête que je vous résume. Ce qui
est
le plus frappant, dans cette enquête, ce sont les résultats qu’elle a
1463
qui est le plus frappant, dans cette enquête, ce
sont
les résultats qu’elle a donnés en Angleterre — et dans notre pays. Au
1464
vons les mêmes chiffres dans les deux pays : 51 %
sont
pour l’union, 9 % contre, 40 % indécis. Mais quand on explique aux Su
1465
lais persistent à approuver l’union : le déchet n’
est
que d’1 %, dans leur cas, alors qu’il est de 27 % dans le cas des Sui
1466
échet n’est que d’1 %, dans leur cas, alors qu’il
est
de 27 % dans le cas des Suisses. D’où je me permets de déduire qu’en
1467
osaient à la fédération européenne, parce qu’elle
était
contraire au vœu des masses, dont ils sont les représentants. Or cett
1468
’elle était contraire au vœu des masses, dont ils
sont
les représentants. Or cette enquête démontre à l’évidence qu’il n’en
1469
Or cette enquête démontre à l’évidence qu’il n’en
est
rien. Les électeurs conservateurs et les électeurs travaillistes angl
1470
servateurs et les électeurs travaillistes anglais
sont
curieusement d’accord pour affirmer, en fait, que l’union de l’Europe
1471
d pour affirmer, en fait, que l’union de l’Europe
serait
bonne : pour eux d’abord en tant qu’individus (55 %), pour leur pays
1472
’une très forte majorité de nos peuples, quel que
soit
leur parti politique, souhaite et veut l’union européenne. Il faut ma
1473
avantages d’une neutralité militaire de l’Europe,
soit
en cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, soit, surtout, p
1474
cas de conflit entre la Russie et les États-Unis,
soit
, surtout, pour essayer d’empêcher ce conflit. Je disais en substance,
1475
ope devait remplir trois conditions : elle devait
être
armée — reconnue par les autres puissances — et fédérale. Si ces troi
1476
e toujours, à la faveur d’une polémique, l’idée s’
est
déformée. Nous voyons aujourd’hui s’opposer les partisans du Pacte At
1477
en cas de guerre, ou même de se défendre contre l’
Est
. Or, je me vois obligé d’avouer mon désaccord avec les uns comme avec
1478
désaccord avec les uns comme avec les autres. Je
suis
contre toute agression, bien sûr, mais aussi contre toute démission.
1479
en sûr, mais aussi contre toute démission. Car je
suis
pour la paix et pour la résistance. L’idée de neutralité européenne m
1480
L’idée de neutralité européenne me paraît devoir
être
abandonnée, pour le moment, puisqu’elle sert de prétexte aux pires dé
1481
orloge parlante vous dit à midi trois quarts : il
est
exactement 12 heures, 45 minutes, elle a raison. Mais si elle répète
1482
faits ont changé, en ce sens qu’à Strasbourg, cet
été
, aucune des trois conditions nécessaires pour proclamer la neutralité
1483
res pour proclamer la neutralité de l’Europe ne s’
est
vue réalisée. Je disais que cette neutralité devrait être armée, reco
1484
réalisée. Je disais que cette neutralité devrait
être
armée, reconnue et fédérale. Or la fédération n’est pas encore faite
1485
e armée, reconnue et fédérale. Or la fédération n’
est
pas encore faite — les travaillistes anglais l’ont sabotée. L’armée e
1486
toute possibilité de résistance efficace contre l’
Est
. Osons voir en face la situation présente de l’Europe. La menace mili
1487
impuissance militaire en tant qu’Européens, elle
est
totale. Notez-le bien : ce ne sont pas là des opinions que j’exprime,
1488
Européens, elle est totale. Notez-le bien : ce ne
sont
pas là des opinions que j’exprime, mais des constatations que chacun
1489
tations que chacun peut faire et doit faire, s’il
est
de bonne foi. Quel sens pourrait-il donc y avoir à dire dans de telle
1490
mèdes, il n’y a pas de neutralité. Pourtant je ne
suis
du parti ni de la mort, ni des produits pharmaceutiques : car je suis
1491
la mort, ni des produits pharmaceutiques : car je
suis
du parti de l’hygiène préventive, c’est-à-dire du parti de la santé.
1492
ion. Tant qu’on n’aura pas fait l’Europe unie, il
sera
dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi de ses alliances mil
1493
ister ! — De même, avant de s’allier à qui que ce
soit
, il faut avoir soi-même une certaine force. Lorsque l’Europe existera
1494
rmer une armée défensive, de type suisse. Mais il
est
évident que si l’on renonce, pour le moment, à l’idée de neutralité g
1495
me de la neutralité particulière des Suisses doit
être
examiné de nouveau, dans une perspective différente. Noyée dans une f
1496
opres principes, la neutralité suisse eût cessé d’
être
une question. Elle en redevient une, et combien délicate, au sein d’u
1497
0) Chers auditeurs, Si la neutralité européenne
est
impossible, pour les raisons que j’exposais lundi dernier, la questio
1498
représente notre neutralité, cette raison de nous
tenir
à l’écart, ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos aut
1499
une forme quelconque d’union européenne ? Le fait
est
que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre abstenti
1500
nnent de moins en moins notre abstention. Le fait
est
que les Américains ne la comprennent absolument pas, et que les Russe
1501
’ils ne croient à nos libertés, et vraiment, ce n’
est
pas beaucoup dire. Il serait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on e
1502
rtés, et vraiment, ce n’est pas beaucoup dire. Il
serait
donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essaye de comprendre un peu mi
1503
, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, — qui n’
est
pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien oblig
1504
tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je
suis
bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatrio
1505
eaucoup de mes compatriotes, la neutralité suisse
est
devenue un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On refuse de la discuter
1506
bien le reconnaître, ce repliement intéressé, qui
tient
parfois de raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée
1507
r notre peuple, de ce tour de force prolongé, ils
sont
hélas plus discutables. Et si vraiment notre neutralité n’était rien
1508
us discutables. Et si vraiment notre neutralité n’
était
rien d’autre que ce que le Suisse moyen semble croire aujourd’hui, il
1509
e de notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’
est
pas bien connue de la plupart de nos contemporains. Aux origines loin
1510
de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte
fut
juré par les représentants des trois communautés des Waldstätten qui
1511
entants des trois communautés des Waldstätten qui
étaient
en somme des corporations ou coopératives forestières. Le Pacte avait
1512
es par ces communautés. Et ces privilèges avaient
été
accordés par l’Empereur afin que le passage du Gothard fût gardé libr
1513
dés par l’Empereur afin que le passage du Gothard
fût
gardé libre pour tout le Saint-Empire. Ainsi donc, dès le début, ce p
1514
tre rois catholiques et protestants, — puisqu’ils
sont
eux-mêmes divisés en deux confessions. Mais ce n’est qu’en 1815 que l
1515
eux-mêmes divisés en deux confessions. Mais ce n’
est
qu’en 1815 que la neutralité de la Suisse se voit proclamée, sanction
1516
« la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse…
sont
dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 1914, on retrouve c
1517
Suisse avait pris parti, à ce moment-là, elle se
fût
déchirée en deux : une partie tenant pour la France, l’autre pour l’A
1518
nant pour la France, l’autre pour l’Allemagne. Il
était
évident que notre neutralité dépendait donc, au début de ce siècle, d
1519
39, la question se posa différemment. L’équilibre
étant
rompu au profit des puissances fascistes, la Suisse ne dut son salut
1520
terrain redoutable aux divisions blindées. Qu’en
est
-il aujourd’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent d’éclater
1521
visions blindées. Qu’en est-il aujourd’hui ? Tout
est
changé. Les conflits qui menacent d’éclater n’opposeront plus les cat
1522
s à d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’
est
donc plus question pour la Suisse d’essayer de maintenir sa place cen
1523
rvivre et de s’unir contre un danger commun. Nous
sommes
tous dans le même sac, si j’ose dire. La seule question réelle qui se
1524
s, c’est de savoir si la neutralité de notre pays
est
encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». Apporte-t-ell
1525
question de savoir si la neutralité de la Suisse
est
encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts de l’Europe entière », c
1526
sai de réponse, on fera bien de se demander quels
sont
, en somme, les vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont-ils les même
1527
n somme, les vrais intérêts de l’Europe entière ?
Sont
-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a 150 ans, ou même qu’il y a 10 ans
1528
t leurs régimes, concorde qui ne semblait pouvoir
être
assurée que par l’équilibre entre les grandes puissances du continent
1529
gers communs : l’un idéologique et militaire, à l’
Est
; l’autre économique et social, parmi nous. Pour y faire face, person
1530
e que nous ne pouvions plus faire autrement. Ce n’
était
pas pour hâter l’union, mais par intérêt bien compris. Il serait donc
1531
hâter l’union, mais par intérêt bien compris. Il
serait
donc excessif de citer nos adhésions tardives et réticentes comme aut
1532
an précis de la défense de l’Europe, la situation
est
différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg de créer une armée euro
1533
éarme à grands cris. Mais attention : les cris ne
sont
pas des armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre est le seul pay
1534
des armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre
est
le seul pays d’Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se
1535
ue la Suisse neutre est le seul pays d’Europe qui
soit
matériellement et moralement prêt à se défendre en cas d’attaque, dem
1536
réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Europe qui
soit
sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal, mais évident, que ce
1537
’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait
est
, paradoxal, mais évident, que ce petit coin, c’est la Suisse neutre.
1538
uand l’armée de l’Europe commencera d’exister, il
sera
temps d’aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voye
1539
s auditeurs, la réponse que j’essaie de trouver n’
est
pas simple. Si l’effort militaire considérable que nous impose notre
1540
rable que nous impose notre statut de neutralité,
est
une contribution réelle à la défense du continent, on ne saurait vrai
1541
aire. À la question qu’on me pose de tous côtés :
êtes
-vous pour l’abandon de notre neutralité ? Je ne puis donc pas répondr
1542
pas répondre oui ou non. La question ne peut pas
être
posée, encore moins résolue dans l’abstrait. Ce qu’il faut savoir tou
1543
t qu’en son nom, des questions très précises nous
soient
posées. Cela viendra, n’en [doutons] pas. Demain, soit les États-Unis
1544
posées. Cela viendra, n’en [doutons] pas. Demain,
soit
les États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse,
1545
n’en [doutons] pas. Demain, soit les États-Unis,
soit
le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soit encore une mena
1546
le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse,
soit
encore une menace de guerre contre le continent tout entier, nous pos
1547
ces questions précises. Il faut que notre opinion
soit
prête à y répondre. Il ne faut pas que notre gouvernement se trouve p
1548
trouve placé devant des options graves, qu’il lui
sera
difficile de trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse.
1549
e l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle
est
contraire à l’esprit même de son statut, et elle peut donc demain dev
1550
e trahison. Car je le répète : notre neutralité a
été
reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’Europe entière », e
1551
n privilège qu’il n’y aurait plus à mériter. Elle
est
relative à l’Europe. Et ceux qui par erreur ou par malice veulent auj
1552
ntre l’Europe et les ennemis de l’Europe, ceux-là
sont
infidèles à notre tradition. Ils violent notre statut légal, et l’esp
1553
ntage. D’une part, il permettait à l’Assemblée de
tenir
deux sessions au lieu d’une, et cela sans violer son règlement ; d’au
1554
dans un délai rapide. Le second objectif vient d’
être
atteint à Rome. Le Comité des ministres a pris position, nettement, e
1555
eil de l’Europe mérite son nom, c’est-à-dire s’il
est
décidé à faire l’Europe, ou s’il ne sert en somme qu’à retarder l’uni
1556
peuples, et pour la seule raison que l’Angleterre
est
une île. On me dit que cette situation impatiente et irrite de plus e
1557
elle que M. Attlee, Premier ministre britannique,
est
l’auteur de cette phrase célèbre : « L’Europe doit se fédérer, ou pér
1558
re : « L’Europe doit se fédérer, ou périr. » Si j’
étais
député à Strasbourg, je me lèverais pour lui demander bien poliment c
1559
oliment ce qu’il a voulu dire au juste, puisqu’il
est
le chef du parti qui refuse notre fédération. Veut-il donc que l’Euro
1560
Veut-il donc que l’Europe périsse ? Quoi qu’il en
soit
, je ne pense pas que l’Assemblée fera beaucoup plus que répéter que l
1561
ée fera beaucoup plus que répéter que la prudence
est
la mère des vertus, ce qui n’est pas neuf, et d’ailleurs faux. C’est
1562
que la prudence est la mère des vertus, ce qui n’
est
pas neuf, et d’ailleurs faux. C’est pourquoi les fédéralistes europée
1563
e sur Strasbourg. Ainsi, les députés européens ne
seront
plus seuls. Ils se sentiront, selon les cas, surveillés, dénoncés ou
1564
je l’avais indiqué par erreur. Ainsi la jeunesse
sera
là, et j’imagine qu’on l’entendra. Daniel Villey sera là, lui aussi,
1565
là, et j’imagine qu’on l’entendra. Daniel Villey
sera
là, lui aussi, et ses Volontaires de l’Europe bouteront le feu — mora
1566
t. Dès jeudi, l’Union européenne des fédéralistes
tiendra
son congrès annuel à Strasbourg, amenant elle aussi plusieurs centain
1567
te pour l’Europe. On sait que l’Union fédéraliste
est
l’aile marchante du Mouvement européen. Elle groupe dans 15 pays plus
1568
e avec ses suppléants : 250. Mais ces délégués ne
seront
pas des parlementaires, trop habiles et prisonniers de leurs partis.
1569
trop habiles et prisonniers de leurs partis. Ils
seront
les porte-parole de l’opinion publique réelle, des grandes associatio
1570
yé de délégation nationale. Mais quelques Suisses
seront
présents tout de même dans ce Conseil européen de vigilance, pour mar
1571
urgents du prix des tomates ou du lait, la Suisse
est
située en Europe. Vous me demanderez ce qu’on peut attendre de cette
1572
à le lui prendre. Mais si le Conseil de vigilance
est
un succès, il saura faire entendre enfin la Voix de l’Europe. Il suff
1573
alanche, et l’opinion des peuples pouvait bien en
être
une, balayant les routines, les préjugés stupides, les astuces partis
1574
au nom : la Maison de l’Europe. Toute la question
est
de savoir si elle mérite ce nom, vraiment, et si elle le méritera dev
1575
ère qui l’anime depuis trois jours. Tout le monde
est
là, la presse, les photographes, la radio et le cinéma, les huissiers
1576
de la Révolution française, je pourrais dire : qu’
est
-ce que c’est que l’Assemblée européenne ? Rien. Que dit-elle être ? T
1577
t que l’Assemblée européenne ? Rien. Que dit-elle
être
? Tout. Que peut-elle faire ? Quelque chose. Je ne suis pas du tout s
1578
Tout. Que peut-elle faire ? Quelque chose. Je ne
suis
pas du tout sûr qu’elle fera quelque chose. Mais je suis sûr comme de
1579
s du tout sûr qu’elle fera quelque chose. Mais je
suis
sûr comme de ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin de la sema
1580
e, ou faire place à un autre avenir, qui pourrait
être
ou bien l’Europe des militants fédéralistes, ou bien l’armée d’un emp
1581
tiser outre mesure, mais chacun sait que l’Europe
est
menacée, et chacun de nos pays, et la paix avec elle. Il faut agir tr
1582
xil en Amérique et leur disait : « Comme le monde
est
petit ! mais les politiciens réussissent à le diviser ! » Dix minutes
1583
ique de la situation de Strasbourg. Les individus
sont
souvent pleins de bonne volonté, mais en tant que ministre, ou en tan
1584
sent au rebours de leurs convictions intimes, ils
sont
pris dans la mécanique des routines et des paragraphes, et leurs plus
1585
vous parlais. Quatre mouvements fédéralistes ont
tenu
leur congrès annuel à Strasbourg même, ces jours derniers. Leur impat
1586
re de la décision approche. Cet après-midi même s’
est
ouvert, solennellement, en face de la Maison de l’Europe, le Conseil
1587
nseil de l’Orangerie, du nom du bâtiment où il se
tient
. Son premier but est d’exercer une pression maximum sur l’Assemblée p
1588
u nom du bâtiment où il se tient. Son premier but
est
d’exercer une pression maximum sur l’Assemblée pour qu’elle décide de
1589
de. » Je n’en dis pas plus aujourd’hui. Mais ce n’
est
pas sans émotion que je pense à la marche lente, déjà commencée ce so
1590
teurs, Je viens de rentrer de Strasbourg, où il s’
est
passé bien des choses, et je trouve enfin le loisir de feuilleter nos
1591
rendus d’un congrès pour la paix qui vient de se
tenir
en Pologne, pour protester paraît-il une fois de plus contre l’impéri
1592
semaine dernière, les deux faits dominants auront
été
la pluie… et le congrès de Varsovie. Sur Strasbourg, on reste muet av
1593
plus formé à Varsovie. Je me frotte les yeux. Qu’
est
-ce que cela signifie ? Toute la publicité dans nos journaux, pour les
1594
e l’ai revu, il y a huit jours, il m’a dit : nous
serons
3000. Je l’espérais, sans trop oser y croire. Car les obstacles étaie
1595
érais, sans trop oser y croire. Car les obstacles
étaient
considérables : manque d’argent, méfiance bien naturelle de la police
1596
’en faire usage ? Et voici qu’au lieu de 3000 ils
furent
près de 6000, vendredi à Strasbourg ! Venus de France, d’Allemagne, d
1597
unis en séance plénière. L’accès de la salle leur
fut
refusé, mais le message fut distribué à la presse et aux députés. Il
1598
ccès de la salle leur fut refusé, mais le message
fut
distribué à la presse et aux députés. Il était digne, mais très ferme
1599
sage fut distribué à la presse et aux députés. Il
était
digne, mais très ferme. Vous avez le devoir de nous écouter, disait-
1600
ront demain, peut-être même de notre vie. Nous ne
sommes
pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n
1601
les jeunes gens. Il commença par les féliciter d’
être
venus en si grand nombre. Il leur conseilla de renouveler cette manif
1602
x torches dans la ville, et disparurent comme ils
étaient
venus. Je viens d’apprendre que des milliers d’entre eux rentrèrent d
1603
ur serment. C’est un début. Cette manifestation n’
est
qu’un avertissement. L’an prochain, ils seront 20 000. Les députés, d
1604
ion n’est qu’un avertissement. L’an prochain, ils
seront
20 000. Les députés, décidément, ne seront plus seuls, et je crois bi
1605
n, ils seront 20 000. Les députés, décidément, ne
seront
plus seuls, et je crois bien qu’ils l’ont compris. L’Histoire retiend
1606
er l’Europe avec des parapluies ? j. Ce texte a
été
rédigé par Denis de Rougemont, sur la demande de Mouskhély. Voir le c
1607
eure l’enjeu de la lutte mondiale, c’est elle qui
est
menacée le plus gravement. Oui, l’Europe est la terre décisive. Et to
1608
qui est menacée le plus gravement. Oui, l’Europe
est
la terre décisive. Et tout le monde est d’accord, en principe, qu’il
1609
l’Europe est la terre décisive. Et tout le monde
est
d’accord, en principe, qu’il n’y a plus qu’un moyen de la sauver, c’e
1610
oncrètes que proposait l’Assemblée. Mais celle-ci
est
revenue à la charge, 15 jours plus tard, avec une énergie qu’on ne lu
1611
avec une énergie qu’on ne lui avait pas connue l’
été
dernier. Certes, la fraction fédéraliste du Parlement de Strasbourg n
1612
fraction fédéraliste du Parlement de Strasbourg n’
est
pas encore arrivée à ses fins. Ses efforts pour faire voter le princi
1613
er le principe d’un Pacte fédéral du continent ne
sont
pourtant pas restés vains. Douze députés seulement, sur 125, avaient
1614
mmune pour les transports européens. Et qu’elle s’
est
enfin prononcée par 83 voix contre 7 en faveur d’une armée européenne
1615
à nos plans excessifs, les tièdes et les prudents
sont
en train de réaliser ces mêmes plans un par un ! Si l’on continue ain
1616
nionistes, partisans de simples accords spéciaux,
est
une fausse querelle. Je voudrais le faire voir par une image. Il s’ag
1617
nds cris qu’on bâtisse la maison tout entière, ce
sont
eux, et eux seuls, qui entraîneront les autres, comme ils les ont déj
1618
es ont déjà forcés à commencer les fondations. Je
suis
heureux de pouvoir relever ce soir deux aspects positifs des débats d
1619
es Anglais ; les travaillistes, cette fois-ci, se
sont
abstenus dans les votes concernant le Pacte fédéral, — au lieu de vot
1620
cte fédéral, — au lieu de voter contre, comme cet
été
, et d’empêcher les socialistes continentaux de voter pour. Il y a là
1621
esse de compromis, au moins. En second lieu, j’ai
été
frappé par la haute tenue et le sérieux des débats de l’Assemblée sur
1622
lier (11 décembre 1950) La liberté de l’opinion
est
sans doute celle que nous devons défendre avec le plus de vigilance.
1623
liberté-là. Nous avons le scrutin secret, ce qui
est
la plus sûre des garanties. Cependant on ne saurait appeler les citoy
1624
liberté des opinions ? Par les propos que chacun
tient
dans sa famille, dans son milieu professionnel, au café du commerce o
1625
du commerce ou au cercle, et cela sans crainte d’
être
inquiété ou arrêté, tant que l’on vit dans une démocratie… tout court
1626
primer à la presse et à la radio. Mais ces moyens
sont
loin d’être parfaits : rien ne garantit, en effet, que l’article de M
1627
presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin d’
être
parfaits : rien ne garantit, en effet, que l’article de M. X ou la ch
1628
et écart inévitable entre l’opinion telle qu’elle
est
et les organes qui parlent en son nom, c’est, je pense, la libre crit
1629
les journaux, comme je pouvais m’y attendre, ont
été
plus frais. L’un qui me traite assez souvent de « misérable propagand
1630
lles de Strasbourg, c’était ma faute — comme si j’
étais
une agence de presse ! Un troisième se borne à me reprocher d’être in
1631
e presse ! Un troisième se borne à me reprocher d’
être
injuste, sans d’ailleurs le prouver. Enfin, un quatrième écrit qu’en
1632
j’aime la libre critique. Encore faut-il qu’elle
soit
fondée. Prenons donc, à titre d’exemple, l’excellent organe qui, préc
1633
est même plus net. Le démenti que l’on m’oppose n’
est
donc formé que dans ce sens : qu’on ne m’a pas montré son contenu. J’
1634
’on ne m’a pas montré son contenu. J’ajoute, pour
être
scrupuleux, que deux dépêches d’un correspondant de Londres décrivent
1635
que le journal avait omis de nous annoncer. Ce n’
est
donc qu’à travers les brumes londoniennes que les lecteurs suisses on
1636
ir qu’elle délibérait, du 17 au 24 novembre. Tels
sont
les faits, et je m’excuse d’avoir dû descendre au détail, mais la val
1637
re au détail, mais la valeur de ma petite analyse
est
justement celle d’un exemple bien précis. Maintenant, point de malent
1638
s divers mouvements fédéralistes, dont Strasbourg
est
un résultat. Laissons de côté tout esprit de chicane, et cherchons à
1639
, jusqu’ici. On trouve en général que l’Assemblée
est
trop timide dans ses résolutions. On en déduit que ses efforts ne pas
1640
sonne, elle dépasse les querelles de partis, elle
est
une raison d’espérer, une œuvre constructive enfin ! Que vous faut-il
1641
suisses et belges, hollandais et norvégiens, ne s’
étaient
pas réunis mardi dernier en vue de construire une monstrueuse bombe a
1642
e construire une monstrueuse bombe atomique ! Ils
étaient
là, bien au contraire, pour essayer de mettre en commun les ressource
1643
sultats entièrement positifs et concrets. Le fait
est
rare, et il vaut bien qu’on le souligne. Mais avant de vous donner qu
1644
t nécessaire cette entreprise. L’énergie atomique
est
la plus bouleversante de toutes les découvertes de notre temps. Le gr
1645
ransports, pour toute l’économie en général. Nous
sommes
vraiment au seuil d’une ère nouvelle dans tous ces domaines-là, l’ère
1646
ement réalistes que nous, l’ont bien compris. Ils
sont
en train de prendre sur l’Europe une avance proprement inquiétante et
1647
s. Comment soutenir une pareille concurrence ? Il
est
bien clair qu’aucun de nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Au
1648
ut y réussir à lui tout seul. Aucun de nos pays n’
est
assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant de savants et de gra
1649
quelque 20 pays, tous trop petits pour la tâche,
est
en train de se laisser dangereusement distancer dans un domaine qui d
1650
nts tourner les yeux vers l’Amérique, où beaucoup
sont
déjà partis, parce qu’ils y trouvent des instruments de recherche don
1651
européenne de la culture, réunie à Lausanne, s’en
était
occupée sur l’impulsion de M. Raoul Dautry. Elle avait formulé le pro
1652
américain. La voie devenait donc libre, et nous y
sommes
entrés résolument dès que le Centre européen de la culture s’est ouve
1653
lument dès que le Centre européen de la culture s’
est
ouvert à Genève, au mois d’octobre. Voici maintenant les résultats ac
1654
un laboratoire européen de recherches atomiques a
été
décidée à l’unanimité. Cet institut sera doté du plus puissant appare
1655
omiques a été décidée à l’unanimité. Cet institut
sera
doté du plus puissant appareil atomique actuellement réalisable. Il s
1656
, peut en permettre la réalisation. Celle-ci doit
être
commencée vers la fin de l’année prochaine, sur les plans mis au poin
1657
e européen, une école de spécialistes s’ouvrira l’
été
prochain dans la région du Mont-Blanc. L’ensemble de cette vaste entr
1658
te entreprise d’équipement de l’Europe en énergie
est
placé sous le patronage du Centre européen de la culture, avec l’appu
1659
ie que nous avons posés l’autre jour à Genève. Je
suis
heureux que mes chroniques de cette année puissent prendre fin sur un
1660
ouvelle ! Lundi prochain, et le lundi suivant, ce
sera
Noël et Nouvel An. Il va de soi que je céderai la parole à ces actual
1661
e la situation présente, et des faits tels qu’ils
sont
. Car si on laisse ces faits tels qu’ils sont, nous courons à l’abîme,
1662
’ils sont. Car si on laisse ces faits tels qu’ils
sont
, nous courons à l’abîme, c’est bien clair. On dit qu’il faut de l’esp
1663
a d’espoir que dans la mesure où l’on agit. Ce n’
est
pas l’espoir qui modifie les faits, mais c’est l’action. Je m’en tien
1664
i modifie les faits, mais c’est l’action. Je m’en
tiens
donc plus que jamais à la doctrine que je formulais, il y a 16 ans dé
1665
écrions : il n’y a plus rien à faire, le désastre
est
fatal, eh bien oui, le désastre est fatal et nous sommes sûrs d’avoir
1666
, le désastre est fatal, eh bien oui, le désastre
est
fatal et nous sommes sûrs d’avoir raison. Mais, au contraire, si nous
1667
fatal, eh bien oui, le désastre est fatal et nous
sommes
sûrs d’avoir raison. Mais, au contraire, si nous disons : « La situat
1668
is, au contraire, si nous disons : « La situation
est
désastreuse, redoublons donc d’activité ! », alors il nous reste une
1669
, et de modifier notre destin. Ce que je dis-là n’
est
pas de la morale en l’air, mais se rapporte concrètement à notre situ
1670
qui devait la pousser dans la voie de l’action, s’
est
immobilisé depuis des mois. Quant aux gouvernements européens, un seu
1671
iscordants. La droite prétend que le plan Schuman
est
dirigiste, tandis que la gauche le trouve trop libéral. Personne ne v
1672
y comprends plus rien, et je crois bien que je ne
suis
pas le seul dans ce cas. En attendant de savoir au juste ce qu’ils ve
1673
nte seulement deux graves inconvénients : celui d’
être
trop cher pour chaque pays, et celui d’être insuffisant pour défendre
1674
lui d’être trop cher pour chaque pays, et celui d’
être
insuffisant pour défendre vraiment l’Europe, c’est-à-dire en fin de c
1675
chacun de ses pays. Nos rapports avec l’Amérique
sont
encore plus absurdes, si possible. Quand l’Amérique propose de nous d
1676
a prouvé que la majorité — 54 % de nos peuples, —
est
en faveur de la fédération. Le rassemblement de 6000 jeunes gens venu
1677
s gens venus de loin pour manifester à Strasbourg
est
une raison de penser que la jeunesse veut agir. Le plan Schuman, le p
1678
fendre, peut redevenir une grande puissance. Nous
sommes
250 millions d’hommes et de femmes qui préférons encore nos libertés,
1679
rationnaire, et qui pensons que le progrès social
est
plutôt du côté des ouvriers qui ont le droit de grève, que du côté de
1680
t plus. Nous avons des atouts considérables. Nous
serions
fous de ne pas les jouer. Les jouer, cela veut dire pratiquement : cr
1681
e ses libertés présentes, si imparfaites qu’elles
soient
, ont l’avantage d’être réelles, valent encore mieux que de fausses pr
1682
si imparfaites qu’elles soient, ont l’avantage d’
être
réelles, valent encore mieux que de fausses promesses assénées par un
1683
. J’imagine assez bien que l’on puisse fabriquer,
soit
un Yankee, soit un citoyen des Soviets, mais jamais un Européen. Parc
1684
z bien que l’on puisse fabriquer, soit un Yankee,
soit
un citoyen des Soviets, mais jamais un Européen. Parce que l’Européen
1685
e ou cinq fois. Lorsque Schmidt, fils de Schmidt,
sera
baptisé Smith, déclarez qu’il descend en droite ligne des émigrants v
1686
us, caractères et partis pris vitaux ne sauraient
être
additionnés pour composer l’Européen moyen. La vérité, c’est que le p
1687
péen moyen. La vérité, c’est que le problème posé
est
insoluble par définition. Car si l’Américain est une moyenne, si le s
1688
est insoluble par définition. Car si l’Américain
est
une moyenne, si le sujet des Soviets est le produit d’un plan, l’Euro
1689
méricain est une moyenne, si le sujet des Soviets
est
le produit d’un plan, l’Européen, lui, sera toujours par essence un ê
1690
oviets est le produit d’un plan, l’Européen, lui,
sera
toujours par essence un être qui diffère et tient à différer de son v
1691
an, l’Européen, lui, sera toujours par essence un
être
qui diffère et tient à différer de son voisin et des modèles qu’on es
1692
sera toujours par essence un être qui diffère et
tient
à différer de son voisin et des modèles qu’on essaierait de lui impos
1693
e. Et c’est pourquoi, faire un Européen moyen, ce
serait
tenter de faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien d’européen.
1694
ssemblerait à rien d’européen. Le vrai problème n’
est
pas de nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut
1695
s nos diversités. Il faut nous prendre comme nous
sommes
, avec nos 20 nations, nos 3 religions, nos 12 langues, nos 36 partis
1696
tout de même baser l’union sur quelque chose qui
soit
commun à tous, je répondrai : ce que nous avons tous en commun, c’est
1697
ses et des Américains. Voilà ce qui fait que nous
sommes
Européens, — même si nous détestons qu’on nous parle de l’Europe. J’a
1698
t un jour — angoissante pour l’adolescent — qu’il
est
le seul de son espèce, qu’il est un cas absolument unique. Or, tout l
1699
olescent — qu’il est le seul de son espèce, qu’il
est
un cas absolument unique. Or, tout le monde dit cela, et chacun se se
1700
i on les empêchait de vivre à leur manière, qui n’
est
pas celle de leur voisin. J’en vois la preuve dans le reproche si cou
1701
ble ! (Que dirions-nous d’autres régimes, où ce n’
est
pas la pression de la mode, mais celle de la police qui ramène « dans
1702
s n’aimons pas l’idée que tout se ressemble, nous
tenons
à nos diversités. Et nous sentons que le droit de les préserver est l
1703
és. Et nous sentons que le droit de les préserver
est
la vraie condition de nos libertés, non point seulement légales et th
1704
s personnelles. Parce que nous sentons cela, nous
sommes
Européens. Eh bien, ce n’est pas pour devenir tous pareils qu’il nous
1705
entons cela, nous sommes Européens. Eh bien, ce n’
est
pas pour devenir tous pareils qu’il nous faut aujourd’hui nous fédére
1706
. Faute de former à temps cette libre union, nous
serons
unifiés par la force, mis au pas, ou froidement liquidés. Les nationa
1707
peuvent tout de même pas espérer que leur nation
serait
capable de s’opposer à la marée totalitaire, donc de rester ce qu’ell
1708
à la marée totalitaire, donc de rester ce qu’elle
est
, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance de leur
1709
s vrais amis de l’indépendance de leur nation, ce
sont
ceux qui réclament et préparent la fédération de nos pays ; ceux qui
1710
ntaines de fois. Peut-être penserez-vous que j’en
suis
bien fatigué ? Mais il est des sujets inépuisables. Pour ne prendre q
1711
enserez-vous que j’en suis bien fatigué ? Mais il
est
des sujets inépuisables. Pour ne prendre qu’un seul exemple : les aud
1712
à vous parler de l’état du problème européen, qui
est
un aspect du problème de la paix. Cela vaut bien cinq minutes tous le
1713
t bien cinq minutes tous les lundis. Pourtant, il
est
un argument dont j’avouerai qu’il me fatigue, pour ne pas employer de
1714
! Donnez-nous une bonne mystique occidentale, qui
soit
plus forte que la mystique de l’Est ! L’Europe capitaliste, bourgeois
1715
dentale, qui soit plus forte que la mystique de l’
Est
! L’Europe capitaliste, bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieille Eur
1716
la pauvre vieille Europe, Europe où nous vivons,
est
devenue indéfendable ! On ne peut pas défendre du passé contre le gra
1717
eille. Des millions de braves gens le pensent. Je
serai
pendu, et eux avec, s’ils ont raison ! Grâce au ciel, ils ont tort, e
1718
t tort, et je vais vous dire pourquoi. Primo, il
est
très difficile, pour ne pas dire totalement impossible, de confection
1719
as à volonté. La mystique hitlérienne par exemple
est
née de la combinaison d’une misère noire, causée par la défaite et l’
1720
chacun sait. Quant à la mystique communiste, elle
est
née il y a plus de cent ans, avec la doctrine de Karl Marx, qui voula
1721
bérer les ouvriers, et son résultat le plus clair
est
un régime de dictature, dans un pays qui était surtout paysan. J’avou
1722
lair est un régime de dictature, dans un pays qui
était
surtout paysan. J’avoue que je vois très mal quelle mystique du même
1723
pération me paraît impraticable. Et de plus, elle
est
inutile. Car je comprends fort bien que des peuples malheureux — comm
1724
ds fort bien que des peuples malheureux — comme l’
étaient
les Allemands sous Hitler — aient besoin d’une mystique qui les souti
1725
avant de défendre l’Europe. Quand on me dit qu’il
est
impossible de défendre l’Europe telle qu’elle est, avec ses injustice
1726
est impossible de défendre l’Europe telle qu’elle
est
, avec ses injustices sociales, devant le grand espoir qui se lève à l
1727
sociales, devant le grand espoir qui se lève à l’
Est
, je me frotte les yeux, et plutôt que de me laisser aller à voir roug
1728
ge, je demande qu’on regarde les faits. Les faits
sont
les suivants et je citerai des chiffres. Les Nations unies viennent d
1729
pprenons ainsi que le revenu moyen d’un Américain
est
de 1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe,
1730
de 308 dollars seulement. Je demande alors ceci :
est
-ce qu’un système économique qui donne 308 dollars par habitant vaut m
1731
eux qu’un système qui donne 840 ou 1400 dollars ?
Est
-ce qu’il représente vraiment un « grand espoir » ? On me dira peut-êt
1732
tie d’un niveau très bas, et que la comparaison n’
est
pas très équitable. Je me suis donc informé auprès de l’un des meille
1733
ue la comparaison n’est pas très équitable. Je me
suis
donc informé auprès de l’un des meilleurs économistes d’aujourd’hui,
1734
rd’hui, Maurice Allais. Je lui ai demandé : quels
sont
les progrès récents accomplis en réalité dans ces divers pays ? Et il
1735
les tsars, le pouvoir d’achat de l’ouvrier russe
était
à peu près égal à ce qu’il est aujourd’hui. Il n’y a donc ni recul ni
1736
l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il
est
aujourd’hui. Il n’y a donc ni recul ni progrès. Mais en France, le po
1737
ul ni progrès. Mais en France, le pouvoir d’achat
est
aujourd’hui 3 fois plus grand qu’en 1913, et aux États-Unis il est 4
1738
fois plus grand qu’en 1913, et aux États-Unis il
est
4 fois plus grand. Je réitère donc mas question : où est le véritable
1739
ois plus grand. Je réitère donc mas question : où
est
le véritable espoir ? S’il s’agit d’un progrès purement économique et
1740
l faudrait logiquement se tourner, non pas vers l’
Est
. Mais s’il s’agit d’un progrès moral, c’est l’Amérique et la Russie q
1741
et de création que la Terre entière nous envie. N’
est
-ce pas assez ? Avons-nous le droit de désespérer de notre civilisatio
1742
s-nous dire encore que notre Europe ne vaut pas d’
être
défendue, lorsque malgré toutes ses imperfections, ses injustices, se
1743
rois fois meilleur que celui qu’on nous vante à l’
Est
comme l’espoir de l’humanité ? Croyez-moi, laissons la mystique aux c
1744
nd on le compare à ce qu’on nous offre. Non, ce n’
est
pas d’une mystique dont nous manquons, c’est au contraire d’informati
1745
phrase que j’entends trop souvent répéter, et qui
est
celle-ci : « L’Europe, la vieille Europe fatiguée, ne mérite plus qu’
1746
on la défende. L’Europe, c’est du passé. L’avenir
est
… ailleurs, dans quelque grande mystique. » Je reviens sur cette phras
1747
t, mais la pensent sincèrement. Et pourtant, ce n’
est
qu’un mensonge, une mystification bien évidente. Comment peut-il se f
1748
urope actuelle ne mérite pas qu’on la défende, ce
sont
ou bien des gens qui ont perdu la conscience des libertés réelles don
1749
s connues, dans cette génération du moins ; elles
sont
devenues si naturelles que nous oublions qu’elles existent. Elles son
1750
relles que nous oublions qu’elles existent. Elles
sont
l’air que nous respirons. Or, on pense bien rarement à l’air que l’on
1751
de règlements uniformes. La première liberté qui
serait
perdue serait celle de nous exprimer, en public, entre amis, au café,
1752
uniformes. La première liberté qui serait perdue
serait
celle de nous exprimer, en public, entre amis, au café, au travail. E
1753
. Et je ne dis pas que la liberté de l’expression
soit
sans limites dans nos pays. Il arrive qu’on lui fasse parfois quelque
1754
loin encore ; peut-être à l’infini… Si ce que je
suis
en train de vous raconter vous irrite ou seulement vous ennuie, vous
1755
es officielles de l’État vous expliquant que vous
êtes
libres. Vous avez le droit de voyager où bon vous semble. Certes, il
1756
agents doubles ou triples. Au lieu de cela, vous
seriez
bouclé pour la vie aux lieux où le hasard vous a fait naître. Serait-
1757
la vie aux lieux où le hasard vous a fait naître.
Serait
-ce donc un progrès sur nos visas ? Vous pouvez lire le journal qui vo
1758
ous par des luttes séculaires, croyez-vous qu’ils
soient
du passé, des vieilleries indéfendables ? Ils sont hélas, redevenus l
1759
ent du passé, des vieilleries indéfendables ? Ils
sont
hélas, redevenus l’avenir pour beaucoup. Vous pouvez aujourd’hui décl
1760
rtout. Vous pouvez les perdre demain, si l’Europe
est
vraiment perdue. Il existe aujourd’hui plusieurs pays où le droit de
1761
plusieurs pays où le droit de changer d’employeur
est
tout simplement inconnu, où le droit de grève est supprimé, où la moi
1762
est tout simplement inconnu, où le droit de grève
est
supprimé, où la moindre critique murmurée contre le patron ou l’emplo
1763
critique murmurée contre le patron ou l’employeur
est
punie comme un crime social. J’en déduis que le progrès est de notre
1764
comme un crime social. J’en déduis que le progrès
est
de notre côté. Je suis peut-être un peu simpliste ? Nous avons le dro
1765
J’en déduis que le progrès est de notre côté. Je
suis
peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit d’avoir plusieurs pa
1766
aussi nous pouvons le perdre… Certes nos libertés
sont
imparfaites ? Elles ne sont pas vieillies, elles sont plutôt trop jeu
1767
… Certes nos libertés sont imparfaites ? Elles ne
sont
pas vieillies, elles sont plutôt trop jeunes. Un certain nombre d’ent
1768
imparfaites ? Elles ne sont pas vieillies, elles
sont
plutôt trop jeunes. Un certain nombre d’entre nous n’en possède jusqu
1769
privation légale des droits élémentaires. Car il
est
le gage et la promesse, il est la permission pratique de nos futurs p
1770
émentaires. Car il est le gage et la promesse, il
est
la permission pratique de nos futurs progrès matériels et moraux. Il
1771
délicats, vite fatigués, oublient que l’Europe n’
est
pas une question de mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre
1772
ce micro, quelque chose a changé, et des départs
sont
pris. Avec le plan Schuman et l’Union des paiements, avec le plan Ple
1773
vous pensez qu’il y a deux ans seulement, rien n’
était
fait, rien n’était même prévu sur le papier, dans bien des cas, vous
1774
y a deux ans seulement, rien n’était fait, rien n’
était
même prévu sur le papier, dans bien des cas, vous serez surpris par l
1775
même prévu sur le papier, dans bien des cas, vous
serez
surpris par l’ampleur du mouvement. Pourtant, l’heure n’est pas venue
1776
s par l’ampleur du mouvement. Pourtant, l’heure n’
est
pas venue de se féliciter de ces premiers progrès, péniblement acquis
1777
premiers progrès, péniblement acquis. Les cadres
sont
posés. Les idées des pionniers sont devenues ici des plans techniques
1778
s. Les cadres sont posés. Les idées des pionniers
sont
devenues ici des plans techniques, là des institutions en plein essor
1779
’est ce drame qui nous importe à tous, quelle que
soit
notre condition. Si les masses sont encore indifférentes à l’idée d’u
1780
s, quelle que soit notre condition. Si les masses
sont
encore indifférentes à l’idée d’une Europe unie, la raison simple en
1781
s à l’idée d’une Europe unie, la raison simple en
est
que la peur de la guerre passe avant tout autre souci. Essayons donc
1782
uci. Essayons donc de raisonner cette peur. Quels
sont
les risques d’une guerre, pour nous autres, en Europe ? Je n’en vois
1783
vois qu’un : c’est le risque d’invasion puisqu’il
est
clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir d’attaquer qui que ce
1784
ns ni l’envie ni le pouvoir d’attaquer qui que ce
soit
. Mais quelle pourrait bien être l’occasion d’une invasion prochaine d
1785
taquer qui que ce soit. Mais quelle pourrait bien
être
l’occasion d’une invasion prochaine du continent ? Je n’en vois qu’un
1786
e faiblesse, résultant de notre division. Si nous
étions
unis, nous serions assez forts pour décourager toute action de l’exté
1787
tant de notre division. Si nous étions unis, nous
serions
assez forts pour décourager toute action de l’extérieur au moins, con
1788
érieur au moins, contre la paix. De plus, si nous
étions
unis, nous saurions nous passer progressivement d’une aide qui peut f
1789
es, il résulte clairement que l’union de l’Europe
est
la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela, si nous comp
1790
nte le 10 % des Européens, que l’Europe fédérée n’
est
qu’une machine de guerre au service de Wall Street et des marchands d
1791
raisons de le croire, leur refus de l’Europe unie
est
-il le bon moyen d’y parvenir ? Ils savent aussi bien que vous et moi
1792
n que vous et moi que la faiblesse, en général, n’
est
pas une assurance de paix. Elle n’a point protégé la Belgique, ni la
1793
resterons une double tentation : l’un des empires
sera
tenté de nous occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’est pas
1794
s occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’
est
pas forcément la nôtre. Examinons le second de ces cas. Je ne suis pa
1795
t la nôtre. Examinons le second de ces cas. Je ne
suis
pas dans les secrets de la Maison-Blanche. On peut imaginer — non san
1796
on sans quelque délire — que le plan Marshall ait
été
le complot d’un sombre impérialisme destiné à ruiner l’Europe en ayan
1797
e la nourrir. Mais alors, ce fameux plan Marshall
serait
un formidable échec. Car l’un de ses résultats les plus frappants, c’
1798
raints d’intervenir dans la mesure exacte où nous
sommes
incapables d’assurer notre propre défense. Or le moyen d’assurer cett
1799
opre défense. Or le moyen d’assurer cette défense
serait
évidemment de nous fédérer. Ceux qui redoutent l’emprise américaine d
1800
le que la veut le plan Pleven. Car on ne peut pas
être
à la fois contre l’intervention de l’Amérique, et contre l’union de l
1801
e politique, à l’égard de l’Ouest autant que de l’
Est
. Sans notre indépendance, il n’y aura pas de paix. Si vous voulez la
1802
pour attraper au passage un micro, soucieux qu’il
est
de tenir sa promesse d’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extincti
1803
traper au passage un micro, soucieux qu’il est de
tenir
sa promesse d’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction de voi
1804
e européen de la culture, que je dirige à Genève,
est
l’un de ces efforts de réalisation. J’espère pouvoir bientôt revenir
1805
ier thème, le plus constant et le plus insistant,
fut
celui-ci : il faut unir l’Europe, pour assurer la paix. Car seules no
1806
pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe
est
anormale. C’est à cause d’elle qu’une guerre reste possible, mais d’a
1807
ne guerre reste possible, mais d’autre part, elle
serait
surmontée par notre union. Faire l’Europe, c’est donc faire la paix.
1808
rtains totalitaires ont cru pouvoir déduire que j’
étais
ce qu’ils appellent un « va-t-en-guerre ». Ces gens-là nous affirment
1809
es dictatures qualifiées et avouées, je veux bien
être
un va-t-en-guerre. Mon deuxième thème fut celui de l’opinion, la vrai
1810
x bien être un va-t-en-guerre. Mon deuxième thème
fut
celui de l’opinion, la vraie, celle qui s’exprime au vote secret. Je
1811
6 minutes par semaine. C’est bien peu, mais je ne
suis
pas seul dans cette action. En troisième lieu, j’ai tenté d’illustrer
1812
je n’ai pas défendu nos libertés parce que je les
tenais
pour parfaites. Elles ne le sont pas. Mais, telles qu’elles sont, ell
1813
rce que je les tenais pour parfaites. Elles ne le
sont
pas. Mais, telles qu’elles sont, elles nous permettent de lutter libr
1814
ites. Elles ne le sont pas. Mais, telles qu’elles
sont
, elles nous permettent de lutter librement pour les rendre meilleures
1815
res, pour les étendre au plus grand nombre. Elles
sont
le gage des progrès à venir. Elles sont le grand atout de notre Europ
1816
re. Elles sont le gage des progrès à venir. Elles
sont
le grand atout de notre Europe. Si nous devenons conscients de ce tré
1817
de notre union : le pessimisme européen. Et je me
suis
efforcé de vous montrer qu’en dépit de cette apathie, héritage de la
1818
e d’une récente Union européenne du cinéma. Je me
suis
gardé comme du feu des procédés de la propagande moderne. La propagan
1819
its, des chiffres, et des problèmes réels, qu’ils
soient
ou non encourageants pour notre cause fédéraliste. Parler à la radio,
1820
notre cause fédéraliste. Parler à la radio, ce n’
est
pas faire des discours. Car on s’adresse peut-être à des millions, ma
1821
euls ou en famille. Cette familiarité de la radio
est
précieuse. Si le chroniqueur l’a comprise, il doit s’interdire l’éloq
1822
ne l’ai-je pas tranché, quoi qu’on en dise. Je me
suis
borné à le poser ou à le reposer dans ses données nouvelles. Puisque
1823
g. 2. La neutralité traditionnelle de la Suisse n’
est
pas comprise par les Américains, n’est pas crue par les Russes, et ne
1824
a Suisse n’est pas comprise par les Américains, n’
est
pas crue par les Russes, et ne dépend plus, comme naguère, de l’équil
1825
us, comme naguère, de l’équilibre européen : elle
est
donc en fait discutée à l’étranger. 3. Si nous voulons maintenir notr
1826
guments solides et actuels. Refuser d’en parler n’
est
pas un argument. L’argument de l’autruche n’a rien de patriotique. Je
1827
quoi, aux deux extrêmes de l’opinion publique, ce
fut
un beau tollé, puis un étrange accord de cris d’indignation ! Un me t
1828
. Je ne puis pas discuter ici avec la presse : ce
serait
injuste, car la radio atteint des centaines de milliers d’auditeurs,
1829
, je n’opposerai que le mot d’un de mes amis : je
suis
un libéral, dit-il, donc toujours prêt à discuter avec n’importe quel
1830
de sympathie pour la cause que je défends, qui n’
est
pas une cause politique au sens étroit du mot, qui n’est pas une affa
1831
une cause politique au sens étroit du mot, qui n’
est
pas une affaire de partis, de confession ou de nations, mais qui est
1832
de partis, de confession ou de nations, mais qui
est
la cause d’une civilisation et de sa grande patrie continentale, la c