1 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe en marche (21 février 1949)
1 us venez de tourner le bouton de votre radio pour être sûrs de ne pas manquer « les nouvelles » et les prévisions du temps v
2 nq minutes une grande nouvelle, une seule, et qui est celle-ci : L’Europe est en train de se faire. Et j’ajouterai bien sûr
3 uvelle, une seule, et qui est celle-ci : L’Europe est en train de se faire. Et j’ajouterai bien sûr, mes prévisions du temp
4 emps, — de notre temps, valables jusqu’au jour où sera proclamée la fédération de l’Europe. Cinq minutes, c’est bien peu pou
5 t bien peu pour un si grand sujet : j’essaierai d’ être simple et direct, d’aller tout droit à l’essentiel, et je commence :
6 et beaucoup d’entre vous l’ignorent. C’est qu’il est difficile de voir les grands événements de l’histoire quand ils se pa
7 arlottes comme beaucoup le croient), cette action est en train d’aboutir à certains résultats concrets, qui marqueront l’hi
8 isemblablement la date de notre année 1949. Et ce sera la convocation d’un parlement consultatif de l’Europe, dont le princi
9 consultatif de l’Europe, dont le principe vient d’ être admis par les gouvernements du groupe des Cinq, et sera proposé demai
10 dmis par les gouvernements du groupe des Cinq, et sera proposé demain à tous les États libres de l’Europe. Un autre jour, je
11 de la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’observer, par-dessus nos têtes. Ils n’ont pas envie de
12 -dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’ est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nations d
13 rope n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’i
14 deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’ est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nati
15 conclusions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont 
16 e elles vont : 1° Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allema
17 ns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre e
18 Russie et l’Amérique, — une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vainc
19 guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Si les choses continue
20 vont fatalement vers une guerre qui risque bien d’ être la dernière. Parce qu’elle laissera peu de monde pour en faire une no
21 ’Europe, c’est-à-dire la troisième puissance, qui serait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Si vous
22 x autres. Si vous pensez que l’Europe, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je vous rap
23 Europe, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je vous rappellerai un seul chiffre : la
24 ope occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, e
25 . Si ces 300 millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur
26 faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraien
27 ent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la pai
28 sur ces deux points, théoriquement, tout le monde sera d’accord. Personne n’ose dire franchement : « Je suis contre la paix.
29 d’accord. Personne n’ose dire franchement : « Je suis contre la paix. » Personne n’ose dire non plus, pas même les stalinie
30 sième refus, celui de l’Europe, jusqu’à ce qu’ils soient dûment ruinés, annexés et colonisés. » Personne n’ose dire cela, et p
31 En revanche, vous pensez presque tous : tout cela est bel et bon, mais que fait-on, et que pourra-t-on faire en temps utile
32 er un jour à la guerre dans le Pacifique. Nous en sommes là… Il s’agit donc de répondre très vite à cette double question, la
33 dirai, chaque lundi soir, à la même heure, ce qui est en train de se faire pour cette union, quels sont les hommes qui lutt
34 est en train de se faire pour cette union, quels sont les hommes qui luttent pour elle, et j’essaierai de vous faire partic
35 endredi prochain, une nouvelle étape vers l’union sera franchie. Les délégués de 19 pays poseront les bases d’une action con
36 onique, sans date. Selon nos recoupements, elle a été diffusée le lundi 21 février 1949. L’auteur note un titre alternatif 
37 8 sous le même titre), dont certains extraits ont été publiés en revues à la même époque : par exemple, « Pourquoi l’Europe
2 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Conseil international du Mouvement européen (25 février 1949)
38 à réfléchir. Car chacun de nos congrès européens est une bataille, un bombardement de l’opinion — pour faire la paix. Une
39 ruxelles ? Au Congrès de l’Europe à La Haye, nous étions 800 délégués représentant une quantité de mouvements sans liens solid
40 e entier « la voix de l’Europe ». Vous savez quel fut son succès : l’idée de Parlement européen en est sortie, elle est en
41 fut son succès : l’idée de Parlement européen en est sortie, elle est en voie de réalisation. Depuis lors, nous avons trav
42 l’idée de Parlement européen en est sortie, elle est en voie de réalisation. Depuis lors, nous avons travaillé à fédérer t
43 s, d’un conseil beaucoup plus restreint — nous ne sommes que 30 délégués — , d’un conseil qui sera désormais l’organe officiel
44 us ne sommes que 30 délégués — , d’un conseil qui sera désormais l’organe officiel d’un Mouvement bien solidement articulé,
45 ien solidement articulé, prêt à l’action. Quelles sont les forces politiques que représente un tel conseil ? Quatre noms suf
46 conseil ? Quatre noms suffiront pour répondre. Ce sont les noms des quatre présidents que s’est donné notre Mouvement europé
47 dre. Ce sont les noms des quatre présidents que s’ est donné notre Mouvement européen : Winston Churchill, Léon Blum, Paul-H
48 ocialiste, un démocrate-chrétien et M. Spaak, qui est un socialiste lui aussi, mais qui est surtout Paul-Henri Spaak — le n
49 Spaak, qui est un socialiste lui aussi, mais qui est surtout Paul-Henri Spaak — le nouveau type de l’homme d’État européen
3 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Assemblée européenne (27 février 1949)
50 rs de la séance inaugurale. La cérémonie, certes, était spectaculaire. La seule présence sur la tribune, à la table président
51 os rangs à La Haye et à Rome. On sentait que nous étions réunis pour travailler et pour organiser, et que les discours de circ
52 prochain, les résultats de ses travaux. Mais j’ai été frappé par la haute tenue des débats de la commission politique charg
53 xelles. À l’heure où je vous parle, ces débats ne sont pas terminés. Mais des conclusions se dessinent au travers de contrad
54 accord profond, et douloureusement obtenu, rien n’ est plus émouvant que le concert des voix qui deviennent la voix de l’Eur
55 viennent la voix de l’Europe. Hier, nos débats se sont portés sur la question de l’Assemblée européenne. Comme l’ont soulign
56 « l’idée d’une Assemblée consultative européenne est devenue la politique adoptée par presque tous les gouvernements de l’
57 parlements. Nous voulons en effet que l’Assemblée soit beaucoup plus qu’un simple corps consultatif. Nous voulons qu’elle so
58 un simple corps consultatif. Nous voulons qu’elle soit dès le départ un grand symbole de l’unité confédérale pour laquelle n
59 voulons, en un mot, que l’Assemblée européenne ne soit pas une demi-mesure, mais l’éclatante démonstration qu’une ère nouvel
60 ouvre à l’Europe, à tout le peuple européen. Ce n’ est pas sans une joie profonde que, nous autres fédéralistes, voyons nos
61 jour au sein du Conseil de Bruxelles. Ce que nous sommes en train d’obtenir peut se résumer en trois points : 1. Nous avons fa
62 des parlements. 2. Nous proposons que des sièges soient réservés aux pays de l’Est, sièges vides pour le moment, — mais ce vi
63 sons que des sièges soient réservés aux pays de l’ Est , sièges vides pour le moment, — mais ce vide muet parlera mieux que d
64 eux que de vaines protestations verbales, ce vide sera le symbole éloquent non seulement de notre sympathie mais de notre es
65 opulaire dans toute l’Europe, afin que les masses soient associées à nos efforts, et les portent au sommet d’un élan unanime.
66 e. Si nous gagnons sur ces trois points — et nous sommes en bon train de gagner — , nous pourrons répéter ces mots que Churchi
67 s : Ce matin, en séance plénière, notre conseil s’ est donné un président de séance pour une année sur la personne de Léon J
68 ancien ministre des Finances et de l’Économie, a été élu délégué général du Mouvement européen. Voici encore mes prévision
69 u Sud et la Suède au Nord, non sans provoquer à l’ Est en passant, quelques légères ondulations du rideau de fer. Au revoir,
4 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « La paix, la paix ! » (7 mars 1949)
70 ational de notre Mouvement européen. Et nous nous sommes mis au travail pour faire l’Europe, pour faire la paix. Et dimanche d
71 à hurler, et tâchaient de couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler de la paix, et ils criaient : « La paix, la paix »
72 ’en parler. C’est ainsi que pendant deux heures s’ est poursuivi dans le tumulte un véritable dialogue de sourds. — Tu veux
73 rope, à la bonne foi de l’adversaire. Quand on en est arrivé là — quand chacun crie : la paix ! et pense que l’autre en cri
74 soir, de pouvoir vous parler tranquillement sans être interrompu par des cris d’animaux. Je serais donc criminel de ne pas
75 t sans être interrompu par des cris d’animaux. Je serais donc criminel de ne pas en profiter et de ne pas tenter l’impossible
76 erre entre ces deux camps. Géographiquement, nous sommes tout près de la Russie. Moralement nous sommes beaucoup plus près de
77 us sommes tout près de la Russie. Moralement nous sommes beaucoup plus près de l’Amérique, voilà le fait. Mais c’est un fait a
78 s faire pour empêcher cette guerre ? » La réponse est simple : nous ne pouvons rien faire, dans l’état de division où nous
79 uvons rien faire, dans l’état de division où nous sommes . Il faut donc nous unir pour nous mettre en mesure de nous opposer à
80 e nous opposer à la guerre. Tout le monde devrait être d’accord là-dessus. Et en effet, tout le monde est d’accord, sauf les
81 re d’accord là-dessus. Et en effet, tout le monde est d’accord, sauf les communistes… car la fédération de l’Europe, à les
82 ar la fédération de l’Europe, à les en croire, ne serait qu’une machine d’agression montée par les Américains contre l’URSS. Q
83 e Europe solide et prospère, c’est alors que nous serons contraints de confier notre défense aux Américains et de nous mettre
84 ns le Pacifique… 2. Une Europe unie, qui pourrait être alors — mais alors seulement — indépendante vis-à-vis de l’Amérique,
85 comme elle l’entend, cette Europe-là cesserait d’ être une menace pour la Russie, et deviendrait au contraire une vaste zone
86 de sécurité à l’ouest des terres soviétiques. Il est bien évident que cette Europe, occupée à se fédérer, n’aurait aucune
87 ue je viens de dire, que la fédération européenne serait dans l’intérêt du monde entier, et donc aussi dans l’intérêt de la Ru
88 lissement rapide d’une fédération européenne, qui serait la garantie de notre indépendance. Si toutefois ils persistent à mett
89 persistent à mettre en doute nos intentions, nous serons en droit de leur demander : quelle autre solution nous offrez-vous, q
90 der : quelle autre solution nous offrez-vous, qui soit immédiatement praticable, et qui n’entraîne pas immédiatement la guer
91 n’entraîne pas immédiatement la guerre ? L’heure est venue de parler clairement, et de cesser de crier : la paix, la paix 
92 prenne donc ses responsabilités, pendant qu’il en est temps, qu’elle se dépêche !! Mais hélas, voici mes prévisions du temp
5 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Cour suprême européenne (14 mars 1949)
93 ernier, lors du Congrès de l’UEF, le comte Sforza est venu nous parler de ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération d
94 e comte Sforza est venu nous parler de ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération de l’Europe. On ne saurait accuser le
95 comme il l’a fait lui-même, en quelques mots. Il est un point, nous a-t-il dit, sur lequel, vous fédéralistes, vous ne dev
96 contre un ennemi, il faut connaître sa nature, qu’ est -ce que cela signifie au juste, la souveraineté nationale absolue ? Ce
97 courante, s’il n’y a rien au-dessus de lui, s’il est seul juge — et c’est ce que signifie le mot : souverain — , comment v
98 t qui vous fait avouer, vous la victime, que vous êtes un criminel : cela se produit sous nos yeux, de nos jours, dans les p
99 at souverain prend au sérieux sa souveraineté. Il est un cardinal hongrois, et il est 15 pasteurs bulgares qui savent très
100 souveraineté. Il est un cardinal hongrois, et il est 15 pasteurs bulgares qui savent très bien, à l’heure qu’il est, ce qu
101 rs bulgares qui savent très bien, à l’heure qu’il est , ce que signifie la souveraineté inconditionnelle de l’État, l’imposs
102 a raison ces féodaux dressés sur leurs ergots que sont les États souverains ? La Société des Nations avait été une première
103 s États souverains ? La Société des Nations avait été une première tentative pour apprendre à vivre aux États, pour leur ap
104 especter la loi. L’Organisation des Nations unies est une seconde tentative du même genre. Mais la SDN est morte, et si l’O
105 une seconde tentative du même genre. Mais la SDN est morte, et si l’ONU était en train de vivre, de réussir, cela se verra
106 du même genre. Mais la SDN est morte, et si l’ONU était en train de vivre, de réussir, cela se verrait : Nous n’en serions pa
107 de vivre, de réussir, cela se verrait : Nous n’en serions pas où nous sommes, c’est-à-dire à nous préparer pour la troisième de
108 , cela se verrait : Nous n’en serions pas où nous sommes , c’est-à-dire à nous préparer pour la troisième dernière, à la demand
109 n même vice de constitution. L’une et l’autre ont été et sont des sociétés non pas de nations, mais de gouvernements d’État
110 vice de constitution. L’une et l’autre ont été et sont des sociétés non pas de nations, mais de gouvernements d’États souver
111 ntre deux États souverains ? Personne, puisqu’ils sont souverains, puisqu’ils sont à la fois juges et parties. Vous n’auriez
112 Personne, puisqu’ils sont souverains, puisqu’ils sont à la fois juges et parties. Vous n’auriez pas l’idée, personne n’aura
113 s deux capitaines des équipes en présence. Or, qu’ est -ce que l’ONU ? C’est un congrès de capitaines d’équipes qui crient to
114 sses comme vous le savez prononcent : niet. Telle étant la vraie situation, que faire ? Comment protéger les citoyens contre
115 at qui aurait violé leurs droits. Secondement, il est prévu que cette Cour suprême sera doublée d’une Commission des droits
116 Secondement, il est prévu que cette Cour suprême sera doublée d’une Commission des droits de l’homme, composée de membres i
117 ro-saintes souverainetés nationales. Notre projet sera soumis bientôt aux États et aux parlements. S’il se voit accepté, un
118 parlements. S’il se voit accepté, un premier pas sera fait pour la sauvegarde des libertés européennes. À mon avis, ce prem
119 ce premier pas en appelle aussitôt un second, qui serait la création d’une police fédérale, d’une force armée européenne, capa
120 ez que les choses ne traînent pas. Mes prévisions seront donc optimistes : Température européenne en hausse légère mais contin
121 e européenne en hausse légère mais continue : à l’ Est et sur le front de nos adversaires, nébulosité variable à très forte.
6 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le pacte de l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 1949)
122 tre vous m’ont demandé, depuis trois jours : quel est le rapport entre le pacte de l’Atlantique et l’union européenne ? Et
123 dire mon opinion privée, que je crois d’ailleurs être celle de la plupart des militants fédéralistes et de leurs chefs. Tou
124 fédéralistes et de leurs chefs. Tout d’abord, qu’ est -ce au juste, le pacte de l’Atlantique ? Essentiellement : un pacte d’
125 n principe, voleront au secours de la victime. Ce sera donc, en principe : Un pour tous, tous pour un. Ceci nous rappelle qu
126 a Suisse il y a plus de 650 ans, et qui se trouve être aujourd’hui le plus ancien pacte fédéraliste, le seul qui n’ait jamai
127 ncien pacte fédéraliste, le seul qui n’ait jamais été violé ou dénoncé. Il me semble qu’une comparaison s’impose entre ces
128 , un serment d’assistance mutuelle. Écoutez-le : Soit donc notoire à tous que les hommes des vallées d’Uri, de Schwyz, et d
129 t l’esprit de ces deux traités qui, décidément, n’ est pas le même. Notre pacte du 1er août s’ouvrait par cette invocation :
130 lante par de solides et nombreuses divisions ? Ce serait un drôle de réalisme. Un seul chiffre suffit à le montrer, Churchill
131 leur morale du pacte : son intérêt, affirme-t-on, serait d’ordre essentiellement psychologique… Mais psychologiquement, quel e
132 ement psychologique… Mais psychologiquement, quel est l’effet produit ? Certainement la tension s’est accrue dans le monde.
133 l est l’effet produit ? Certainement la tension s’ est accrue dans le monde. On a donné aux Russes une superbe occasion de c
134 itants rendus par leur union à la prospérité, qui est le seul gage d’une véritable indépendance. Le grand bruit que fait da
135 l nous dit au contraire : « Hâtez-vous ! car vous tenez peut-être dans vos mains la seule chance de la paix ! » Quant à mes p
136 ue provoquent un afflux d’air glacial venant de l’ Est . On ne saurait mieux dire. J’ajouterai simplement que pour une fois i
137 fois il convient de féliciter Berne d’avoir su se tenir à l’abri des courants d’air. Au revoir, à lundi prochain !
7 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Conseil de l’Europe (28 mars 1949)
138 ent européen. Les représentants de dix nations se sont réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin de semaine, les rés
139 s faire comprendre la portée de la réunion qui se tient à Londres, cette semaine, je vais résumer brièvement les étapes de sa
140 Bevin se résignait à suivre ses alliés. Un comité fut alors désigné par les gouvernements des 5 puissances pour examiner la
141 boutir à un accord. Un Conseil de l’Europe allait être formé. Il comprendrait d’une part un Comité de ministres, et d’autre
142 rps consultatif, désigné par les parlements. Ce n’ était qu’un premier pas vers l’action, vers l’Europe, — mais c’est le premi
143 rs après, on annonçait que la ville de Strasbourg serait choisie comme siège du corps consultatif, et que l’Assemblée serait c
144 me siège du corps consultatif, et que l’Assemblée serait convoquée dès cet automne. Rapidement, 5 nations nouvelles sont venue
145 dès cet automne. Rapidement, 5 nations nouvelles sont venues s’ajouter au noyau primitif. Ce sont les États scandinaves, l’
146 elles sont venues s’ajouter au noyau primitif. Ce sont les États scandinaves, l’Irlande, et l’Italie. Remarquez que la Suède
147 nne. Elles ne considèrent pas que leur neutralité soit un obstacle à leur présence active. Cet exemple aura de quoi faire ré
148 ltats faut-il en espérer ? La manière dont elle s’ est engagée ne permet pas d’attendre des miracles. Le comité de Londres r
149 experts, en général, ont tendance à prouver qu’il est urgent d’attendre. Ils connaissent les difficultés, c’est leur métier
150 ible le rôle du futur parlement européen, le fait est que nous aurons tout de même un parlement. Et l’on ne voit pas ce qui
151 ns. Et nous voulons cela, parce que l’Europe unie sera seule assez forte pour arrêter la guerre et défendre nos libertés ! V
8 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « Une idée généreuse » ? (4 avril 1949)
152 ous qui m’ont entendu lundi dernier savent que se tient à Londres, ces jours-ci, la conférence des 10 pays qui seront les mem
153 dres, ces jours-ci, la conférence des 10 pays qui seront les membres fondateurs de l’union européenne. Ces jours-ci se décide,
154 n congrès de La Haye, ou du récent Conseil qui se tient à Bruxelles. On sait vaguement que MM. Churchill et Spaak, entre autr
155 se fera quand même, et que plus tard, quand elle sera fédérée, ces gens-là penseront que c’était tout naturel, et si facile
156 victoire. Mais ce qui m’étonne bien davantage, ce sont les gens qui me répètent : « Ah oui, la fédération de l’Europe, quell
157 z-vous, quand un Américain déclare que votre idée est généreuse, c’est qu’il est ému et qu’il va vous aider. Mais quand un
158 déclare que votre idée est généreuse, c’est qu’il est ému et qu’il va vous aider. Mais quand un Européen vous dit : l’Europ
159 d’y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux et que vous rêvez. Or, il s’agit, en réalité, de la vie ou de
160 r sceptique et protecteur : merci Messieurs, vous êtes bien généreux ! mais on se précipite pour les aider. D’autres me dise
161 os, — si nous restons les bras ballants. Mais il est une phrase, entre toutes, que je voudrais ne plus jamais entendre, et
162 s cette partie, si bien engagée aujourd’hui, ce n’ est pas seulement les fédéralistes, mais c’est vous tous qui la perdrez,
163 alistes, mais c’est vous tous qui la perdrez, qui serez ruinés, fouillés par la police politique, arrêtés sans savoir pourquo
164 a faire. Et s’il vous faut des apôtres, si vous y tenez tant que ça, pourquoi ne seriez-vous pas le premier ? Diogène, le vie
165 apôtres, si vous y tenez tant que ça, pourquoi ne seriez -vous pas le premier ? Diogène, le vieux philosophe grec, avait bien t
166 entendu, des groupes fédéralistes organisés, qui sont prêts à vous accueillir. Voici encore mes prévisions du temps valable
167 ix. En Europe, le courant d’air glacial venu de l’ Est provoquera encore quelques faibles précipitations, ou comme on préfèr
9 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Allemagne et l’Europe (11 avril 1949)
168 Guerre, Hitler criait : l’armée allemande n’a pas été battue ! Ce sont les socialistes et les grévistes qui lui ont donné l
169 riait : l’armée allemande n’a pas été battue ! Ce sont les socialistes et les grévistes qui lui ont donné le coup de poignar
170 ef allemand peut affirmer que cette fois-ci, ce n’ est pas le peuple allemand qui a capitulé, mais c’est seulement l’armée d
171 u crime commis contre l’Europe. Mais la situation est aujourd’hui encore plus grave, si possible, qu’elle ne l’était du tem
172 ’hui encore plus grave, si possible, qu’elle ne l’ était du temps d’Hitler. Car l’Allemagne vaincue et ruinée garde un atout c
173 e un atout considérable : elle peut jouer entre l’ Est et l’Ouest, jouer sur les divisions des Alliés, et par une sorte de c
174 videmment refusé à ses victimes. Tous les témoins sont unanimes sur ce point : l’Allemagne est demeurée nationaliste, et mêm
175 témoins sont unanimes sur ce point : l’Allemagne est demeurée nationaliste, et même nationale-socialiste, ni plus ni moins
176 mande-t-il. Tous jurent que non, ils n’ont jamais été nazis. L’officier américain s’étonne, puis se fâche. Le monde entier,
177 Américain, et s’écrie : « Ce que vous dites-là ce sont des mensonges, propagés à l’étranger par les Juifs, les ploutocrates
178 et les démocrates décadents : Jamais nous n’avons été nazis ! Heil Hitler ! » Que faire avec ce peuple qui se ment à lui-m
179 tantôt trop dures, tantôt trop indulgentes. Ce n’ est que la semaine dernière qu’ils se sont mis d’accord, à Washington, po
180 entes. Ce n’est que la semaine dernière qu’ils se sont mis d’accord, à Washington, pour fixer le statut de l’Allemagne nouve
181 ime fédéral. Car si l’on croit que le fédéralisme est une bonne chose, il ne faut pas en faire cadeau à ceux que l’on voudr
182 vement européen vient de demander que l’Allemagne soit reçue à l’Assemblée consultative de l’Europe, dès cet automne, sur pi
10 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Pâques européennes (18 avril 1949)
183 ntendre que les statuts de l’Assemblée européenne seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau de faire coïnc
184 seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau de faire coïncider l’annonce du renouveau européen avec la
185 péen avec la fête de la Résurrection. Mais rien n’ est venu jusqu’ici. Eh bien, si ce n’est pas pour Pâques, ce sera donc po
186 Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh bien, si ce n’ est pas pour Pâques, ce sera donc pour la Trinité ! — et cela ne veut pas
187 squ’ici. Eh bien, si ce n’est pas pour Pâques, ce sera donc pour la Trinité ! — et cela ne veut pas dire, comme dans la chan
188 ue nous ne verrons jamais rien venir : car l’élan est donné, le mouvement est en marche, et plus rien ne peut l’arrêter. No
189 s rien venir : car l’élan est donné, le mouvement est en marche, et plus rien ne peut l’arrêter. Nous aurons certainement l
190 c’est de savoir comment elle se fera. Peut-être n’ est -il pas mauvais que la conférence des 10 ambassadeurs, à Londres, pren
191 i de nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui est celle-ci : les hommes d’État chargés de faire l’Europe auront-ils la
192 is trois. Il y a celle du jeune Garry Davis. Elle est très vaste, mais aussi très vague. Il se promène ces jours-ci dans le
193 oms célèbres, mais sans rien déchirer du tout. Il est sympathique et très pur. Il rêve d’une assemblée mondiale et d’un gou
194 l’épuration permanente, — et ceci tue cela, ce n’ est pas notre faute, ni la faute de Garry Davis… Il y a enfin une troisiè
195 troisième vision, celle de l’Europe fédérée. Elle est moins vaste, en vérité que celle du jeune Américain, mais à cause de
196 jeune Américain, mais à cause de cela même, elle est plus claire et proche. Je voudrais l’appeler aujourd’hui la vision du
197 e matérielle. Paix, liberté, prospérité, tels ont été les grands motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour, au
198 pour la paix du monde entier, alors le principal est fait. Et si les 10 ambassadeurs à Londres ont bien vu cela, ils ne se
199 . Tout dépend de la vision qu’ils en auront. Il n’ est point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès le
200 point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n’ est orienté dès le départ par une vision libératrice, et fascinante. L’Eu
201 au allons-nous aborder demain ? Se peut-il que ce soit tout simplement l’Europe, redécouverte à la faveur de son union ? Une
11 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’union de l’Europe et l’Amérique (25 avril 1949)
202 elle formera une troisième grande puissance, qui sera l’égale de la Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos
203 économique exercée par l’Empire du dollar. L’idée est simple, je le répète, comme toutes les grandes idées qui font l’Histo
204 ne faudrait pas en conclure que ces deux dangers sont équivalents. Non, la balance n’est pas égale entre les deux pressions
205 deux dangers sont équivalents. Non, la balance n’ est pas égale entre les deux pressions auxquelles nous sommes soumis. Je
206 as égale entre les deux pressions auxquelles nous sommes soumis. Je voudrais vous le montrer ce soir, en examinant rapidement
207 ment avec des plans d’union : le plan Marshall en est la preuve bien connue. Dans le domaine de la culture, la différence n
208 e. Dans le domaine de la culture, la différence n’ est pas moins frappante. À Moscou, on condamne les écrivains et les compo
209 et qui s’ouvre à tous les échanges. La balance n’ est pas égale. Les Russes répliquent alors que le plan Marshall est beauc
210 Les Russes répliquent alors que le plan Marshall est beaucoup moins un plan d’union et d’aide économique, qu’une entrepris
211 isants ? Il ne vaut rien, même dans les cas où il est sincère, car il n’est pas conforme aux faits. Voyons ce que les gens
212 en, même dans les cas où il est sincère, car il n’ est pas conforme aux faits. Voyons ce que les gens font et non pas ce qu’
213 s s’opposeraient à notre union fédérative. Car il est beaucoup plus facile de régner sur un pays divisé que sur une nation
214 e concurrence économique ? Ici encore, la réponse est facile. Les Américains savent très bien qu’une Europe forte, même con
215 jours, à Paris, l’ambassadeur américain Caffery s’ est adressé aux fédéralistes français. Je tiens à vous citer quelques-une
216 ffery s’est adressé aux fédéralistes français. Je tiens à vous citer quelques-unes de ses déclarations les plus franches et l
217 larations les plus franches et les plus nettes : Est -il exact, tout d’abord, a dit l’ambassadeur américain, que mon gouver
218 dit l’ambassadeur américain, que mon gouvernement soit favorable au fédéralisme européen ? Oui, c’est un fait… Les États-Uni
219 Je ne prétendrais pas que la politique américaine soit totalement désintéressée, car la prospérité de l’Europe contribue à c
220 ssi hautement autorisé que l’ambassadeur Caffery, sont aussi claires qu’il est possible. Tirons-en rapidement deux conclusio
221 e l’ambassadeur Caffery, sont aussi claires qu’il est possible. Tirons-en rapidement deux conclusions : Premièrement : l’A
222 aye d’empêcher notre union. La volonté américaine est claire : toute l’Amérique souhaite notre fédération. Le jour où ce dé
223 ue souhaite notre fédération. Le jour où ce désir sera aussi celui des Russes, la paix sera faite. En attendant que les Russ
224 où ce désir sera aussi celui des Russes, la paix sera faite. En attendant que les Russes l’acceptent de bon cœur, sachons l
12 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’URSS et l’Europe fédérée (2 mai 1949)
225 mes variés que pose son union, c’est parce que je suis convaincu que cette union fédérative est l’une des conditions de la p
226 que je suis convaincu que cette union fédérative est l’une des conditions de la paix, et sans doute sa première condition.
227 s conditions, toute tentative de fédérer l’Europe est vouée, dès le départ, à l’échec. Sur quoi d’autres ajoutent, d’un ton
228 ton excité, que la fédération européenne, loin d’ être un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre, ca
229 on européenne, loin d’être un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre, car, assurent ces personnes : « 
230 e de guerre, car, assurent ces personnes : « Vous êtes en train de faire l’Europe avec Churchill contre les Russes ! » Je ré
231 drai ce soir à ces deux objections. Tout d’abord, est -il bien exact d’affirmer que le rideau de fer coupe notre Europe en d
232 lons les chiffres : de notre côté du rideau, nous sommes 300 millions. Du côté Est, 105 millions seulement, même en comptant l
233 côté du rideau, nous sommes 300 millions. Du côté Est , 105 millions seulement, même en comptant les Yougoslaves et Tito pou
234 laves et Tito pour la bonne mesure. Les pays de l’ Est ne forment donc au plus qu’un quart de l’Europe. Habité en majorité p
235 ne population agraire, dont chacun sait qu’elle n’ est pas la plus évoluée du continent, au point de vue politique et civiqu
236 a négliger, bien entendu, mais simplement qu’elle est très loin de représenter comme on le répète — tant par le niveau de v
237 tié de l’Europe. Ensuite, je rappellerai que ce n’ est pas nous qui avons tiré le fameux rideau. Et ce ne sont pas non plus
238 as nous qui avons tiré le fameux rideau. Et ce ne sont pas non plus les peuples des pays de l’Est. Mais ce sont les chefs st
239 ce ne sont pas non plus les peuples des pays de l’ Est . Mais ce sont les chefs staliniens, partout où ils ont pu s’emparer d
240 s non plus les peuples des pays de l’Est. Mais ce sont les chefs staliniens, partout où ils ont pu s’emparer du pouvoir. S’i
241 provisoirement, d’un quart de sa population, ce n’ est pas une raison, bien au contraire, pour que nous renoncions à fédérer
242 n attendant. Autrement, nous y passerons tous. Il est donc vrai que la fédération de l’Europe est en partie une mesure de d
243 s. Il est donc vrai que la fédération de l’Europe est en partie une mesure de défense contre l’expansion russe, ou plus exa
244 fense cache un plan d’agression contre l’URSS. Où est la vraisemblance d’une telle accusation ? On se borne à la répéter, s
245 n peu plus loin, la seule vraie fédération qui se soit constituée de nos jours, c’est celle qui groupe toutes les Russies da
246 d’autres en font autant, c’est pour la guerre. Il est donc parfaitement inutile de poursuivre cette discussion, et de perdr
13 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Statut du Conseil de l’Europe (9 mai 1949)
247 Congrès de l’Europe. La principale résolution qui fut votée par ce congrès demandait la convocation d’un Parlement européen
248 s d’un an, nous avons abouti. Le premier objectif est atteint. Et ce n’est pas sans émotion que je puis vous parler ce soir
249 abouti. Le premier objectif est atteint. Et ce n’ est pas sans émotion que je puis vous parler ce soir de ce premier abouti
250 militants de tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le seront un jour, — ceux qui veulent ensemble la
251 de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le seront un jour, — ceux qui veulent ensemble la paix, et qui veulent en créer
252 eil de l’Europe, dont les statuts viennent donc d’ être signés à Londres par les ministres des Affaires étrangères de dix pay
253 faires étrangères de dix pays démocratiques, ce n’ est , je le répète, qu’un premier objectif. Nous l’avons conquis de haute
254 quis de haute lutte, mais non sans pertes. Ce qui est acquis est bien acquis, ou, comme le disait la manchette d’un des gra
255 te lutte, mais non sans pertes. Ce qui est acquis est bien acquis, ou, comme le disait la manchette d’un des grands journau
256 risiens commentant cette date décisive : « Ce qui est fait ne sera pas défait ! » Mais ce qui est fait n’est pas encore la
257 entant cette date décisive : « Ce qui est fait ne sera pas défait ! » Mais ce qui est fait n’est pas encore la plénitude de
258 e qui est fait ne sera pas défait ! » Mais ce qui est fait n’est pas encore la plénitude de ce qu’il faut faire et que nous
259 ait ne sera pas défait ! » Mais ce qui est fait n’ est pas encore la plénitude de ce qu’il faut faire et que nous voulons. C
260 e, désormais existant, c’est presque tout et ce n’ est presque rien. C’est une grande porte ouverte sur l’avenir, et mainten
261 enir, et maintenant, il faut franchir le pas. Que sera le Conseil, que ne sera-t-il pas ? C’est ce que je voudrais vous dire
262 faut franchir le pas. Que sera le Conseil, que ne sera-t -il pas ? C’est ce que je voudrais vous dire en quelques mots. Vous sa
263 admet le droit de veto, puisque ses décisions ne seront prises qu’à l’unanimité des membres. Sur ce point, nous faisons toute
264 emblée siégera dans trois mois à Strasbourg. Elle sera composée de députés désignés par les parlements de douze pays, et cho
265 intérêts nationalistes. Les débats de l’Assemblée seront publics. Les décisions de l’Assemblée, bien qu’elles n’aient qu’une v
266 ont dans l’opinion publique de toute l’Europe, et seront largement conditionnées par elle. C’est dire que la conscience commun
267 ncore, une Assemblée constituante, or celle-ci ne sera qu’un corps consultatif. Notre idéal est donc loin d’être atteint. Il
268 e-ci ne sera qu’un corps consultatif. Notre idéal est donc loin d’être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir, de faire
269 un corps consultatif. Notre idéal est donc loin d’ être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir, de faire sonner les cloch
270 e son frêle et pur d’une petite cloche heureuse s’ est fait entendre : c’est la voix de ce que Charles Péguy nommait « la pe
271 s à proclamer un jour, à la face des États : nous sommes ici de par la volonté des peuples, et nous jurons de n’en sortir qu’u
272 isions du temps, valables cette fois-ci jusqu’à l’ été prochain, je puis vous annoncer l’élévation constante de la températu
273 passer une masse d’air chaud de l’Occident vers l’ Est européen. Le beau temps vient ! Au revoir, à lundi prochain !
14 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (23 mai 1949)
274 Chers auditeurs, Le Parlement européen a cessé d’ être une utopie, je vous l’ai dit lundi dernier. Dans trois mois, à Strasb
275 ée par les parlements de 12 ou 13 pays européens, sera solennellement inaugurée. Elle rappellera notre ancienne Diète fédéra
276 nde entier, que les nations de ce vieux continent sont en train d’imiter, avec un peu de retard, l’exemple de nos cantons su
277 nt, à cette première Diète fédérale, la Suisse ne sera pas représentée. Voilà qui nous pose une question, une question diffi
278 neutralité, précisément, qui empêche la Suisse d’ être présente au premier Parlement de l’Europe. On a peine à comprendre, à
279 comprendre, à l’étranger, comment notre pays, qui est le modèle classique d’une fédération réussie, n’entre pas avec enthou
280 ère politique. Mais on pense que cette neutralité est quelque chose de périmé. Et l’on est bien souvent tenté de l’interpré
281 e neutralité est quelque chose de périmé. Et l’on est bien souvent tenté de l’interpréter comme une attitude égoïste, comme
282 s tout, la Suède et l’Irlande, qui elles aussi se sont déclarées neutres, iront cependant à Strasbourg. Pourquoi la Suisse s
283 uel je voudrais insister : la neutralité suisse n’ est pas moins nécessaire à l’Europe qu’à la Suisse elle-même. Au lendemai
284 ies à Vienne déclarèrent que la neutralité suisse était « dans l’intérêt de l’Europe entière ». Elles obligèrent la Suisse à
285 et à défendre sa neutralité, et cela, parce qu’il était vital, pour l’équilibre européen, que la position stratégique occupée
286 l’une ou l’autre des grandes nations voisines. Il est clair que la Suisse n’aurait pas pu défendre et garder libres les col
287 libres les cols des Alpes, si elle avait cessé d’ être neutre. Car la Suisse est formée par 25 républiques, elle parle quatr
288 si elle avait cessé d’être neutre. Car la Suisse est formée par 25 républiques, elle parle quatre langues, et pratique deu
289 e camp, au cours des guerres européennes, elle se serait fatalement disloquée. Par trois fois, en moins de cent ans, la guerre
290 lemagne et une France déjà réconciliées. Son rôle est de maintenir à n’importe quel prix cet exemple vivant, cette preuve i
291 n de l’Europe a bien changé. Le danger immédiat n’ est plus pour nous, dans une quatrième guerre franco-allemande. Le danger
292 r notre continent, et cette fois-ci, la Suisse ne serait pas épargnée. À cela, je répondrai qu’il n’y a qu’un seul moyen de pr
293 ute prise de parti belliqueuse. Car autrement, il est fatal que se déchaîne une guerre civile européenne, qui marquerait la
294 Solidement fédérée, neutre depuis un siècle, elle est au but, elle marque le but vers lequel tendent de plus en plus tous l
295 age de l’avenir européen. Quand toute l’Europe se sera fédérée, quand elle sera neutre à son tour, alors la Suisse pourra re
296 Quand toute l’Europe se sera fédérée, quand elle sera neutre à son tour, alors la Suisse pourra rejoindre cette union sans
297 ahir sa mission séculaire. Sa vocation européenne sera remplie. Et ce jour-là, mais pas avant, nous pourrons annoncer qu’à B
15 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Suisse 1848-Europe 1949 (30 mai 1949)
298 ispensent de toute autre démonstration. La preuve est faite, en Suisse, que le fédéralisme est le seul système efficace et
299 a preuve est faite, en Suisse, que le fédéralisme est le seul système efficace et véritablement pratique au xx e siècle. Ma
300 e leur fédération, c’est-à-dire il y a 101 ans, n’ étaient pas beaucoup plus avancés dans la voie de l’union réelle, que ne le s
301 avancés dans la voie de l’union réelle, que ne le sont les 24 États qui composent l’Europe d’aujourd’hui. Et pourtant, nos 2
302 oins d’un an, comme vous le savez. La comparaison est frappante, entre cette Suisse d’il y a cent ans et notre Europe en cr
303 ttent entre eux pendant des siècles. Les villes s’ étaient liguées maintes fois contre les cantons campagnards. Protestants et c
304 cantons campagnards. Protestants et catholiques s’ étaient affrontés dans 5 guerres au moins, et la dernière d’entre elles, la g
305 campagnes, ces protestants et ces catholiques se sont unis, en quelques mois, et sont restés unis depuis cent ans. Les diff
306 es catholiques se sont unis, en quelques mois, et sont restés unis depuis cent ans. Les différences entre nos cantons étaien
307 epuis cent ans. Les différences entre nos cantons étaient certainement aussi grandes, à l’époque, que ne sont aujourd’hui les d
308 nt certainement aussi grandes, à l’époque, que ne sont aujourd’hui les différences entre les États de l’Europe. Les uns parl
309 dres ou de Paris. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et sont restés unis depuis cent ans. Le sentiment d’une commune
310 is. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et sont restés unis depuis cent ans. Le sentiment d’une commune patrie suisse
311 t ans. Le sentiment d’une commune patrie suisse n’ était , en fait, pas beaucoup plus vivant au début du xix e siècle, que ne l
312 up plus vivant au début du xix e siècle, que ne l’ est aujourd’hui le sentiment d’une commune patrie européenne. Chacun de n
313 entent Européens. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, en quelques mois, et sont restés unis depuis cent ans. Que manq
314 ous ces hommes se sont unis, en quelques mois, et sont restés unis depuis cent ans. Que manquait-il à nos cantons en 1847, e
315 cent ans, et notre Europe. En 1847, nos cantons n’ étaient pas liés par une constitution et par des lois communes. Comme les Éta
316 reliait : c’était la Diète fédérale. Cette Diète était formée de délégués des gouvernements cantonaux. C’était une sorte de
317 c’est parce que la Diète des cantons souverains s’ était révélée impuissante à défendre la paix du pays, que les Suisses décid
318 aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était unie. Qu’on se le dise, à Strasbourg, au mois d’août, lorsque s’ouvri
319 toire. Le grand danger, la suprême imprudence, ce serait aujourd’hui l’excès de prudence. Fédérons-nous d’abord, et rapidement
320 pidement ! Ensuite, une fois la paix conquise, il sera temps d’imiter Berne, et sa méfiance des précipitations. Au revoir, à
16 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Suisse 1848-Europe 1949 (II) (13 juin 1949)
321 rains. Du point de vue politique, la ressemblance était frappante : même absence d’unité d’action dans les deux cas, même imp
322 cantons, tout aussi divisés à l’époque que ne le sont aujourd’hui nos 24 nations, se sont tout de même fédérés solidement e
323 que que ne le sont aujourd’hui nos 24 nations, se sont tout de même fédérés solidement en quelques mois. Si nous comparons m
324 l’état économique de nos cantons avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre Europe divisée, nous allons constater des
325 emblances peut-être encore plus étonnantes. Quels sont les maux dont souffre de nos jours l’économie européenne ? Vous les c
326 onomie européenne ? Vous les connaissez tous, ils sont bien évidents. Nous avons en Europe 24 monnaies différentes, de valeu
327 s. Nos marchés nationaux, de plus en plus fermés, sont tous trop petits pour les industries modernisées, qui étouffent et se
328 des industries locales qui, du jour au lendemain, seront ruinées ! Or, que s’est-il passé ? En moins d’un an, les cantons suis
329 du jour au lendemain, seront ruinées ! Or, que s’ est -il passé ? En moins d’un an, les cantons suisses se sont unis, douane
330 passé ? En moins d’un an, les cantons suisses se sont unis, douanes et péages ont disparu, et pas une seule des catastrophe
331 s catastrophes prévues, et dûment calculées, ne s’ est produite. Au contraire, l’essor immédiat de l’industrie et du commerc
332 leçon de cette comparaison. La Suisse, en 1847, n’ était pas plus avancée que l’Europe en 1949. C’était le même chaos économiq
333 urtant, la fédération définitive de nos cantons s’ est faite en quelques mois, avec un plein succès. Personne ne peut le nie
334 la ! Et nous tous, les Européens de tout pays, il est temps que nous disions à nos gouvernements : assez d’absurdités, asse
335 z-vous dans la prospérité ! Demain, l’Europe peut être belle ! Au revoir, à lundi prochain.
17 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et l’Europe (IV) (20 juin 1949)
336 0 juin 1949) Mes trois dernières chroniques ont été consacrées à la position de la Suisse par rapport aux projets d’union
337 ais parler tout d’abord de deux critiques qui ont été formulées. On m’a dit : vous semblez oublier que la Suisse ne s’est p
338 m’a dit : vous semblez oublier que la Suisse ne s’ est pas faite en un jour, et qu’il nous a fallu près de cinq siècles pour
339 près, on s’aperçoit que les réalités historiques sont bien différentes, La Suisse, dit-on, ne s’est pas faite en un jour. N
340 es sont bien différentes, La Suisse, dit-on, ne s’ est pas faite en un jour. Non, mais elle s’est faite en moins d’un an, en
341 , ne s’est pas faite en un jour. Non, mais elle s’ est faite en moins d’un an, entre le mois de février et le mois de septem
342 d’erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes sont aujourd’hui dans la même situation que nos 22 cantons il y a cent ans
343 héance du plan Marshall définit le délai qui leur est imparti pour aboutir enfin à leur fédération : deux ans et demi. En s
344 En second lieu, lorsqu’on me répète que la Suisse est trop petite pour être comparée à l’ensemble du continent, je réponds
345 u’on me répète que la Suisse est trop petite pour être comparée à l’ensemble du continent, je réponds qu’en réalité, et prat
346 ité, et pratiquement, la Suisse, il y a cent ans, était un peu plus grande que l’Europe d’aujourd’hui. Et je le prouve. Pour
347 age. Pour arriver au Parlement de Strasbourg, cet été , un député grec ou suédois mettra moins d’un jour. La rapidité des co
348 xx e siècle, de grands empires se constituent à l’ Est et à l’Ouest de l’Europe, tout comme il y a cent ans de grandes natio
349 la Suisse. Une certaine unité, de type fédératif, est donc, aujourd’hui comme alors, et pour les mêmes raisons, le seul moy
350 raisons, le seul moyen de rester indépendants. Il est temps que je résume les conclusions auxquelles m’amène cet examen rap
351 us y obligent, mais aussi parce que la neutralité est le but vers lequel doit tendre une fédération de l’Europe. Nous somme
352 quel doit tendre une fédération de l’Europe. Nous sommes déjà au but, pour notre part. Restons-y, l’arme au pied, en attendant
353 an élargi de l’Europe. Il s’agit donc pour nous d’ être présents dans les conseils européens, et même d’y être plus actifs qu
354 présents dans les conseils européens, et même d’y être plus actifs que nos voisins. Et ceci dans notre intérêt comme dans le
355 e droit de nous plaindre si nous trouvons qu’elle est mal faite. Troisièmement, il nous faut nous préparer nous-mêmes aux s
356 e. Le Conseil suisse pour le Mouvement européen s’ est constitué, et s’est mis au travail. Les présidents de nos 4 grands pa
357 pour le Mouvement européen s’est constitué, et s’ est mis au travail. Les présidents de nos 4 grands partis font partie de
358 inion suisse dans son ensemble. Sa première tâche est de réveiller cette opinion, et c’est aussi la tâche que je me suis do
359 cette opinion, et c’est aussi la tâche que je me suis donnée en venant vous parler chaque lundi. Déjà, je puis me réjouir d
360 dans le cerveau de quelques politiciens, elle ne serait qu’un chiffon de papier. Il faut qu’elle naisse et qu’elle se forme d
18 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (27 juin 1949)
361 rope, je vous dirai ce soir un dernier mot, qui n’ est pas le moins important. Dans mes dernières chroniques, j’ai tâché de
362 oi la Suisse, fédération neutre et armée, doit se tenir sur une certaine réserve, provisoire, pendant que les autres peuples
363 opéenne, partout où nous le pouvons sans cesser d’ être neutres. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutralit
364 nous le pouvons sans cesser d’être neutres. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutralité pour agir sans ré
365 pour nous rattraper, si je puis dire : ce domaine est celui de la culture et de la formation de l’opinion. Sous les auspice
366 auspices du Mouvement européen, un appel vient d’ être lancé pour que les Suisses prennent la part principale, financière au
367 e peut faire pour l’union de l’Europe, qui paraît être une question politique ou économique avant tout. La réponse est bien
368 on politique ou économique avant tout. La réponse est bien simple : en vérité, c’est la culture qui a fait l’Europe, au tem
369 expliquer autrement que ce petit continent, qui n’ est en réalité qu’une péninsule déchiquetée de l’Asie, ait pu régner sur
370 er sur toute la terre, pendant des siècles ? Ce n’ était pas à cause de sa grandeur physique : car l’Europe représente à peu p
371 sente à peu près 4 % de la surface du globe. Ce n’ était pas à cause de sa population : moins d’un sixième de celle de la Plan
372 politiques et religieuses dont le monde entier s’ est inspiré. Si l’Europe a régné sur la terre, c’est donc bien grâce à sa
373 Aujourd’hui, la puissance a changé de camp. Elle est américaine ou russe. Naguère encore maîtresse de la Planète, l’Europe
374 allons-nous la sauver ? Là-dessus, tout le monde est en train de s’accorder : il nous faut unir nos faiblesses, fédérer no
375 er sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’ Est et de l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche les p
376 c les empires neufs de l’Est et de l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche les pionniers du Mouvement euro
377 nce, resteront sans force et sans vie si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos
378 élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’ est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une
379 ui donner une voix, et des moyens d’action. Telle est la tâche vitale que voudrait assurer le Centre européen de la culture
380 inguées, pour spécialistes un peu distraits. Ce n’ est pas cela que veut faire le Centre européen. Notre but est de coordonn
381 cela que veut faire le Centre européen. Notre but est de coordonner les forces intellectuelles dispersées en Europe, et de
382 de s’engager dans notre action commune. Notre but est de faire voir aux écrivains, artistes, savants, professeurs, hommes d
383 drais bien marquer ce soir. Le fait que la Suisse soit prévue comme siège du Centre européen de la culture, cela ne relève n
384 nt européen, on a reconnu que le domaine culturel était celui où nous pouvons, nous Suisses, sans renoncer à la neutralité, j
385 politiques du Mouvement — le Conseil de l’Europe étant acquis — , à mesure que la fédération du continent se dessine et pren
386 e action historique, dont on a pu dire que le but était l’Europe helvétisée ! Au revoir, à lundi prochain !
19 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Faisons le point (4 juillet 1949)
387 n fasse autant, un peu plus tard. Cette chronique sera donc la dernière de la saison, avant que je ne la reprenne, peut-être
388 e le point, vous dire en quelques mots où nous en sommes dans la lutte pour unir l’Europe, pour la sauver pendant qu’on le peu
389 ncore. Au mois de mai de l’année dernière, rien n’ était fait. Un seul homme travaillait sérieusement à réveiller le besoin d’
390 ye n’aurait jamais si bien marché. Mais quels que soient les talents de ce ministre, on ne pouvait pas s’en remettre à lui seu
391 La Haye demanda donc qu’une Assemblée européenne fût convoquée, comme première condition de l’union. Bien peu croyaient la
392 , à cette époque. On constatait seulement qu’elle était nécessaire. Et voici qu’elle se réalise : dans un mois, le 8 août, à
393 ltative de l’Europe, je vous l’ai dit lorsqu’elle fut décidée, ce n’est presque rien, mais en même temps c’est presque tout
394 e, je vous l’ai dit lorsqu’elle fut décidée, ce n’ est presque rien, mais en même temps c’est presque tout. Ce ne sera rien,
395 ien, mais en même temps c’est presque tout. Ce ne sera rien, si l’opinion publique n’est pas alertée derrière elle, et ne la
396 ue tout. Ce ne sera rien, si l’opinion publique n’ est pas alertée derrière elle, et ne la force pas à s’imposer, à bouscule
397 s’imposer, à bousculer les égoïsmes nationaux. Ce sera beaucoup, ce sera le début d’une ère nouvelle pour toute l’Europe, si
398 uler les égoïsmes nationaux. Ce sera beaucoup, ce sera le début d’une ère nouvelle pour toute l’Europe, si elle a le courage
399 e la grande masse, le grand public européen, ne s’ est pas encore rendu compte de l’importance de l’Assemblée. Souhaitons qu
400 semblée. Souhaitons qu’il se réveille avant qu’il soit trop tard ! L’Europe n’a plus que deux ans pour s’unir : et ce délai
401 n’a plus que deux ans pour s’unir : et ce délai n’ est pas une hypothèse, il est fixé, inexorablement, par la durée du plan
402 s’unir : et ce délai n’est pas une hypothèse, il est fixé, inexorablement, par la durée du plan Marshall. Quand l’Amérique
403 d l’Amérique aura cessé de nous aider, si nous ne sommes pas unis à ce moment-là, ce sera la ruine certaine, — et notre ruine,
404 er, si nous ne sommes pas unis à ce moment-là, ce sera la ruine certaine, — et notre ruine, ce serait la porte ouverte à la
405 , ce sera la ruine certaine, — et notre ruine, ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques de Staline1. Que pouvons-nous
406 ts. Prenons l’exemple de la France, qui se trouve être une fois de plus, à la tête du mouvement novateur. L’appui de M. Robe
407 bert Schuman, ministre des Affaires étrangères, s’ est montré décisif lors des négociations de l’Assemblée. Et dans nos comi
408 te qui compte déjà plus de 150 députés. Parmi eux seront choisis les représentants français à l’Assemblée consultative de Stra
409 , nous trouvons des milliers de jeunes hommes qui furent au 1er rang de la Résistance, tels que ce jeune chef italien qui a fa
410 Kogon, qui a passé près de 8 ans à Buchenwald. Ce sont des hommes qui ont le droit de parler, maintenant ! Ils ont payé le d
411 chefs, voici nos troupes, et vous le voyez, ce ne sont pas de piteux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes de cette
412 à faire l’Europe dans le délai de grâce qui nous est accordé par le destin, — et par la générosité de l’Amérique. Mais nou
413 ire la paix, dépend maintenant de la manière dont seront conduits les débats de Strasbourg. Suivez-les, dès le mois prochain,
414 ropéennes. Alors, mais alors seulement, les États seront forcés de la suivre. Je vous l’ai dit souvent, je vous le répète ce s
415 revoir, à l’automne prochain ! 1. Ce passage a été censuré : « … et notre ruine, ce serait la porte ouverte à la ruée de
416 Ce passage a été censuré : « … et notre ruine, ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques de Staline ».
20 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un bel été (19 septembre 1949)
417 Demain l’Europe ! — Un bel été (19 septembre 1949) Chers auditeurs, Nous vous retrouvons ce soir a
418 ès deux mois d’interruption de cette chronique. L’ été touche à sa fin. Ce fut un bel été, comme j’avais cru pouvoir vous l’
419 ion de cette chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel été, comme j’avais cru pouvoir vous l’annoncer dans mes derniè
420 e chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel été , comme j’avais cru pouvoir vous l’annoncer dans mes dernières prévisi
421 t avant de repartir, et tout naturellement, je me suis interrogé sur la nécessité ou l’opportunité de reprendre ces brèves c
422 prendre ces brèves causeries. On comprendra qu’il est bien difficile pour leur auteur d’en mesurer l’utilité. Je parle seul
423 e micro, et je ne puis que vous imaginer. Les uns sont à la table de famille, on crie à l’un des gosses : « va mettre la rad
424 r avoir l’heure exacte ou les nouvelles… D’autres sont seuls, et la journée finie, ne sachant trop quoi faire, ils tournent
425  ? Un chroniqueur à la radio ne sait jamais. Vous êtes peut-être 2 ou 3, ou peut-être quelques milliers… Dans le doute, j’ai
426 s à leurs dépens, mais que chacun de nous, aussi, est capable d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus de l’opinion
427 est vous, et vous, et vous encore, et que nous en sommes tous responsables. Il s’est passé, durant ce bel été, un événement co
428 re, et que nous en sommes tous responsables. Il s’ est passé, durant ce bel été, un événement considérable, que les foules o
429 tous responsables. Il s’est passé, durant ce bel été , un événement considérable, que les foules ont à peine remarqué. Si j
430 ainement de l’indifférence relative avec laquelle fut accueilli le premier Parlement de l’Europe. Cette date, que tous nos
431 r la majorité de nos contemporains. C’est qu’il n’ est pas facile de se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de pr
432 tait dans son journal : « De ce lieu, de ce jour, sera datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là, il était le seul à s’en
433 a datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là, il était le seul à s’en douter. Cette histoire n’est pas bien nouvelle. Il y a
434 il était le seul à s’en douter. Cette histoire n’ est pas bien nouvelle. Il y a près de 2000 ans qu’on la connaît. La mort
435 site de Bartali, coureur cycliste, au Vatican. Il serait donc naïf de s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour de Suisse
436 de l’opinion publique. Pourtant, les journalistes étaient présents. On dit même qu’ils furent plus de 500. Et bien d’autres ont
437 journalistes étaient présents. On dit même qu’ils furent plus de 500. Et bien d’autres ont jugé Strasbourg, dans les éditoriau
438 monde entier, d’autant plus librement qu’ils n’y étaient pas allés. L’événement s’est donc vu noyé sous un déluge de clichés é
439 ement qu’ils n’y étaient pas allés. L’événement s’ est donc vu noyé sous un déluge de clichés étonnamment contradictoires. J
440 fois souvent dans le même article. L’Assemblée s’ est -elle montrée trop timide ou trop téméraire ? L’expérience est-elle pr
441 trée trop timide ou trop téméraire ? L’expérience est -elle prématurée ou trop tardive ? C’est ce que personne ne pourra déd
442 aux semblent d’accord pour affirmer que l’opinion est demeurée indifférente. Mais ceci est assez étrange. Car, les journaux
443 ue l’opinion est demeurée indifférente. Mais ceci est assez étrange. Car, les journaux le savent très bien : ce sont eux qu
444 range. Car, les journaux le savent très bien : ce sont eux qui font l’opinion ; si l’opinion n’a pas bougé, c’est parce qu’i
445 lleurs les éléments d’un jugement objectif. Que s’ est -il passé à Strasbourg ? Il s’est passé quelque chose de très neuf, qu
446 objectif. Que s’est-il passé à Strasbourg ? Il s’ est passé quelque chose de très neuf, quelque chose qu’on n’avait pas vu
447 re… Pour moi qui ai vu Strasbourg de près, qui me suis trouvé mêlé à sa préparation, qui en connais le détail et l’atmosphèr
448 ns mes prochaines chroniques, de vous dire ce que fut l’événement, ce qu’il prépare pour notre avenir à tous. Si l’un ou l’
21 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La dévaluation et la bombe soviétique (26 septembre 1949)
449 ragements que plusieurs d’entre vous m’ont envoyé soit individuellement, soit en famille, à l’occasion de la reprise de cett
450 d’entre vous m’ont envoyé soit individuellement, soit en famille, à l’occasion de la reprise de cette chronique. Ces messag
451 de Strasbourg. Mais deux événements importants se sont produits la semaine dernière, deux événements qui affectent l’Europe
452 ui affectent l’Europe dans son ensemble, et qu’il est nécessaire de commenter sans plus attendre, du point de vue de notre
453 nce, beaucoup de gens ont pu croire que la partie était plus qu’à moitié gagnée, que l’unité européenne allait s’organiser to
454 ar les Soviets signifie : union nécessaire. Je ne suis pas un expert économique, loin de là. Je ne saurais donc juger la val
455 ns crainte de me tromper : toute l’Europe vient d’ être secouée par une mesure prise par un seul pays, lequel s’était gardé d
456 e par une mesure prise par un seul pays, lequel s’ était gardé d’avertir ses voisins. Ainsi la solidarité économique de toute
457 ité économique de toute l’Europe bon gré mal gré, est démontrée d’une manière éclatante quoique négative et coûteuse pour c
458 e pour certains. Ceux qui s’obstinaient à la nier sont placés devant l’évidence. Nous dépendons tous, étroitement, les uns d
459 ration, que cela nous plaise ou non. Eh bien ! il est grand temps que cette solidarité économique cesse d’être purement nég
460 and temps que cette solidarité économique cesse d’ être purement négative, cesse d’être une solidarité dans la misère ou dans
461 conomique cesse d’être purement négative, cesse d’ être une solidarité dans la misère ou dans les catastrophes seulement. Il
462 à dire ceci : c’est que la manière dont elles ont été prises est scandaleuse, du point de vue de l’Europe en général. Que s
463  : c’est que la manière dont elles ont été prises est scandaleuse, du point de vue de l’Europe en général. Que s’est-il pas
464 se, du point de vue de l’Europe en général. Que s’ est -il passé en effet ? Sir Stafford Cripps est parti seul pour Washingto
465 Stafford Cripps est parti seul pour Washington, s’ est enfermé dans une salle de comité avec les experts américains, tandis
466 les frais de l’opération, je le répète, l’Europe était absente, personne ne parlait en son nom. C’est à cela que Strasbourg
467 , chez les Russes, leur crainte presque morbide d’ être encerclés et vulnérables. Il y a là, si paradoxal que cela paraisse,
468 ion internationale. Beaucoup des réactions russes étaient inspirées jusqu’ici par une peur exagérée de la puissance américaine.
469 atomique des deux Grands, c’est-à-dire : prête à être rasée. Ceux qui trouveraient encore que la situation « n’est pas mûre
470 Ceux qui trouveraient encore que la situation « n’ est pas mûre », pour nous fédérer, qu’il faut y aller bien doucement, bie
471 . Spaak, le président de l’Assemblée, lorsqu’il s’ est écrié dans son discours final : « Je suis venu ici parce que j’étais
472 squ’il s’est écrié dans son discours final : « Je suis venu ici parce que j’étais convaincu de la nécessité des États-Unis d
473 n discours final : « Je suis venu ici parce que j’ étais convaincu de la nécessité des États-Unis d’Europe, je repars convainc
22 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » (3 octobre 1949)
474 Demain l’Europe ! — «  Êtes -vous satisfait de Strasbourg ? » (3 octobre 1949) Chers auditeurs,
475 e pose le plus souvent, depuis quelques semaines, sont les suivantes : 1° « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » 2° « Que d
476 puis quelques semaines, sont les suivantes : 1° «  Êtes -vous satisfait de Strasbourg ? » 2° « Que devons-nous penser des résu
477 tôt en Belgique et tantôt en Allemagne, et l’on y est en France, pour de bon, cette fois-ci. Et puis, il y a les ruines, le
478 us rappellent à la réalité la plus pressante ; il était bon que l’Assemblée européenne s’ouvrît non pas dans des palaces parm
479 té son aula pour les séances du Parlement. Je n’y suis pas entré sans émotion : j’allais voir de mes yeux le premier résulta
480 il en va des assemblées comme des individus : ce sont les premiers mois, parfois les premiers jours de l’existence d’un béb
481 xistence d’un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans cette aula, et j’ai senti, après quelques minutes, que l’A
482 ux tiers des députés, à Strasbourg, se trouvaient être membres du Mouvement, et cette constatation est importante car elle s
483 être membres du Mouvement, et cette constatation est importante car elle signifie que l’Assemblée est portée, animée et no
484 est importante car elle signifie que l’Assemblée est portée, animée et nourrie par l’élan de nos militants, dans tous nos
485 comme à la Chambre des communes, et l’atmosphère était aussi sérieuse et réaliste qu’à notre Conseil national. Seulement, on
486 t d’utopie. Et certes, l’Assemblée consultative n’ est pas encore dotée des pouvoirs nécessaires : mais elle fonctionne et r
487 pouvoirs, jusqu’au jour où les peuples eux-mêmes seront appelés aux élections européennes. L’année prochaine en décidera sans
488 ochaine en décidera sans doute. À la question : «  Êtes -vous satisfait de Strasbourg ? » Je puis donc vous répondre oui, sans
489 une actualité qui rayonnera longtemps. Et si ce n’ est plus le fait du jour, après un mois c’est peut-être le fait du siècle
23 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les résultats de Strasbourg (10 octobre 1949)
490 trasbourg (10 octobre 1949) Chers auditeurs, Il est temps que j’en arrive aux résultats acquis par l’Assemblée consultati
491 ns trop de détails techniques, mais cependant, il est bon d’en donner quelques-uns, pour vous faire entrevoir la nature et
492 us les frontières en dépit de leurs États. Elle s’ est donc affirmée dès l’abord comme un pouvoir législatif en puissance. F
493 opéen l’avait étudié et mis au point. Le projet a été accepté, à l’unanimité moins quelques abstentions, et il semble certa
494 acun de nos États, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de réprimer les abus qui seraient commis au nom de l’égoïsme
495 indépendant soit capable de réprimer les abus qui seraient commis au nom de l’égoïsme national, ou de la volonté de puissance d’
496 nom de l’Europe tout entière. Cette proposition a été traitée de « billevesée » par le même M. Dalton. On a compris les rai
497 ours plus tard, lorsqu’une délégation britannique est allée seule à Washington pour y négocier seule la dévaluation de la l
498 l’étude immédiate d’un passeport européen. Ce ne sont là que des vœux, direz-vous. Oui, certes, mais ils sont appuyés par l
499 à que des vœux, direz-vous. Oui, certes, mais ils sont appuyés par la volonté unanime de l’Assemblée consultative. Or celle-
500 parlements européens. La plupart de ces délégués sont les chefs de fractions politiques importantes. Il est donc probable q
501 les chefs de fractions politiques importantes. Il est donc probable qu’ils arriveront à faire voter, dans chaque parlement
502 ètes votées par l’Assemblée de Strasbourg avaient été préparées par notre Mouvement européen. C’est lui qui a fait Strasbou
503 coulisses, s’écriait un jour devant moi : « J’ai été témoin, ici, de choses stupéfiantes pour nous autres Américains ! L’A
24 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Que pouvez-vous faire ? (17 octobre 1949)
504 Depuis que j’ai repris cette chronique, en fin d’ été , je vous ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui s’e
505 surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui s’ est fait déjà au cours de sa première session, mais aussi des difficultés
506 oir, en résumé, que l’union fédérale du continent est en bonne voie, que l’Assemblée de Strasbourg permet de grands espoirs
507 rès rapides et décisifs qui, sans elle, pouvaient être acquis dès cet automne. Voilà pour la situation en général. Mais tout
508 nt les individus, devant l’évolution de monde, il est bien caractéristique de notre siècle, d’un siècle qui a vécu deux gue
509 de vous n’a plus qu’à démissionner en attendant d’ être réduit en poussière atomique, ou bien si, au contraire, il est encore
510 poussière atomique, ou bien si, au contraire, il est encore capable de reprendre en main son destin, de secouer les fatali
511 sur le bord d’un abîme. Et peu nombreux, encore, sont les « simples pékins » qui s’en doutent. Nous dormons à côté des bomb
512 de aux hommes qui veulent agir de se grouper et d’ être prêts. Comment le faire ? Voici quelques conseils pratiques. Dans pre
513 tions de l’Union européenne des fédéralistes, qui est une des branches du grand Mouvement européen. Chacun de vous peut écr
514 lez-vous me dire. Deux choses. Tout d’abord, vous serez tenus au courant de l’action générale pour la fédération, et vous pou
515 us me dire. Deux choses. Tout d’abord, vous serez tenus au courant de l’action générale pour la fédération, et vous pourrez y
516 publics, bref, à concrétiser les engagements qui furent pris au congrès de La Haye, il y a un an, par 800 Européens unanimes,
517 tés pour voter dans ce sens au Parlement. Et nous serons alors à la veille du succès, prêts à nous prononcer dans chaque pays,
518 e tous les peuples. Voici la route à suivre, elle est simple, entrez-y. Car c’est ainsi seulement que se créera l’opinion,
519 e se créera l’opinion, sans laquelle rien ne peut être fait, et qui peut tout. Il est tard, en Europe, il est très tard. Mai
520 elle rien ne peut être fait, et qui peut tout. Il est tard, en Europe, il est très tard. Mais il dépend encore de chacun de
521 ait, et qui peut tout. Il est tard, en Europe, il est très tard. Mais il dépend encore de chacun de vous, chers auditeurs,
522 core de chacun de vous, chers auditeurs, qu’il ne soit pas trop tard. Avec vous tous, partout, nous gagnerons. Mais pas sans
523 e. Au revoir, mes chers auditeursh. h. Le texte est étrangement signé : « Henri Meyer de Stadelhofen ».
25 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Militer pour la fédération (24 octobre 1949)
524 répondre par un chiffre. Je ne pense pas que nous soyons en Europe plus de 150 000 militants de l’action pour unir nos peuples
525 nt continental, après 2000 ans de divisions. Ce n’ est pas si mal pour commencer et si 150 000 ont pu faire cela en un an, j
526 . » À vrai dire, mes chers auditeurs, cet oubli n’ était pas totalement accidentel, tout d’abord, il m’est difficile d’utilise
527 ait pas totalement accidentel, tout d’abord, il m’ est difficile d’utiliser les 6 minutes que le directeur de Radio-Genève,
528 et grandes localités de la Suisse… Ensuite, je me suis dit qu’il n’était pas mauvais que ceux qui veulent entrer dans notre
529 tés de la Suisse… Ensuite, je me suis dit qu’il n’ était pas mauvais que ceux qui veulent entrer dans notre action le manifest
530 -F-F-A-N, case postale 1833, Lausanne. M. Steffan est accablé de travail. Mais il vous répondra, je m’en porte garant, je l
531 as de section de notre Union européenne, alors il est doublement urgent que vous écriviez au même M. Steffan, pour lui sign
532 vos amis, et pour l’aider à devenir ce qu’il doit être  : un foyer de civisme élargi, une cellule de l’Europe fédérale. Je vo
533 arré et qui a dépassé le stade des utopies, qui s’ est forgé, à Strasbourg, un instrument déjà puissant. Notez-le bien : cet
534 forgé par le Mouvement européen, pour une fois n’ est pas un parti. Et c’est encore bien moins un de ces rassemblements de
535 res et refusent la troisième. Un instrument qui n’ est pas un parti, ai-je dit. Et voilà qui est vraiment « du nouveau sous
536 t qui n’est pas un parti, ai-je dit. Et voilà qui est vraiment « du nouveau sous le soleil » ! Car savez-vous qu’en Suisse
537 l » ! Car savez-vous qu’en Suisse tous les partis sont représentés dans le conseil du Mouvement européen ? Savez-vous qu’au
538 us les partis, c’est bien la preuve que nous n’en sommes pas un ! Et qu’il y a quelque chose de neuf, dans notre Suisse comme
539 re milieu, pour former l’opinion publique. Car il est peu de pays où l’opinion publique ait autant de pouvoir qu’en Suisse.
540 l fédéral, ni les Chambres, ne feront rien sans s’ être assurés tout d’abord que notre opinion les soutient, et qu’elle est m
541 ’abord que notre opinion les soutient, et qu’elle est même prête à les pousser. Mais dans quel sens ? Voilà toute la questi
542 s quel sens ? Voilà toute la question. Quel doit, être , dans cette affaire — qui sera la grande affaire du xx e siècle — le
543 estion. Quel doit, être, dans cette affaire — qui sera la grande affaire du xx e siècle — le rôle des Suisses ? C’est à quoi
26 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et Strasbourg (31 octobre 1949)
544 r à Strasbourg des députés ? Pour quelle raison s’ est -elle abstenue jusqu’ici ? Comment peut-on justifier sa réserve ? Doit
545 -elle y persister, ou changer d’attitude ? Telles sont les délicates, mais pressantes questions qui se posent à nous désorma
546 l’Europe se compose aujourd’hui de 13 États : Ce sont les 3 États scandinaves, les 3 États du Benelux, les 3 grands : Franc
547 Grèce et la Turquie ; l’Irlande et l’Islande. Il est probable que l’Allemagne occidentale entrera dans le Conseil au cours
548 . Les raisons de l’abstention des États ibériques sont évidentes et bien connues. Il leur est, en effet, difficile de souscr
549 ibériques sont évidentes et bien connues. Il leur est , en effet, difficile de souscrire à la Charte du Conseil de l’Europe,
550 de gens, mais il faut dire les choses comme elles sont  : le fameux argument de notre neutralité, qui semble si frappant, ne
551 renonce à s’occuper des affaires militaires et n’ est pas une alliance militaire, la question de la neutralité n’est pas to
552 lliance militaire, la question de la neutralité n’ est pas touchée par lui, n’est pas en cause. Rien, pas un mot, dans le st
553 ion de la neutralité n’est pas touchée par lui, n’ est pas en cause. Rien, pas un mot, dans le statut qui est, et doit reste
554 as en cause. Rien, pas un mot, dans le statut qui est , et doit rester celui de notre pays, rien dans notre statut de neutra
555 ailleurs reconnu. Mais alors, direz-vous, s’il en est bien ainsi (contrairement à ce que chacun croit), pourquoi ne sommes-
556 contrairement à ce que chacun croit), pourquoi ne sommes -nous pas à Strasbourg ? Vous commencez à voir que cette affaire n’est
557 bourg ? Vous commencez à voir que cette affaire n’ est pas tout à fait aussi simple qu’il vous semblait à première vue. Elle
558 i simple qu’il vous semblait à première vue. Elle est même très complexe, et voilà bien pourquoi la position de la Suisse n
559 et voilà bien pourquoi la position de la Suisse n’ est pas des plus faciles à justifier, aux yeux de nos voisins du reste du
560 aises. Il y a les gens qui disent, chez nous : qu’ est -ce que c’est que cette histoire européenne ? Tout va bien dans ce pay
561 tout va beaucoup plus mal chez nos voisins. Nous sommes des gens de sens rassis, pacifiques et, ma foi, plutôt prospères ; pa
562 assez pour notre goût, mais par comparaison, ce n’ est pas si mal. Nous sommes sages, les autres sont fous, laissons-les se
563 , mais par comparaison, ce n’est pas si mal. Nous sommes sages, les autres sont fous, laissons-les se débrouiller, et poursuiv
564 e n’est pas si mal. Nous sommes sages, les autres sont fous, laissons-les se débrouiller, et poursuivons notre petit bonhomm
565 répond : « C’est une grande folie que de vouloir être sage tout seul. » Dans le cas présent, c’est surtout de la sottise. C
566 cas présent, c’est surtout de la sottise. Car il est évident que la Suisse, si l’Europe est ruinée, n’ira pas loin sur son
567 se. Car il est évident que la Suisse, si l’Europe est ruinée, n’ira pas loin sur son bonhomme de chemin. Il y a les gens qu
568 ce qu’il y a de sérieux… Dans le cas présent, ils sont plutôt cigales. Ils laissent les autres travailler, demandent à voir,
569 ix le « Y en a point comme nous ». Quand l’Europe sera faite, on leur dira : « Eh bien, dansez, maintenant ! » À notre tour
570 les nations démocratiques de l’Occident, qu’elles soient capitalistes ou socialistes, d’ailleurs, n’est-ce pas choisir entre l
571 soient capitalistes ou socialistes, d’ailleurs, n’ est -ce pas choisir entre l’Ouest et l’Est ? N’est-ce pas prendre un parti
572 ailleurs, n’est-ce pas choisir entre l’Ouest et l’ Est  ? N’est-ce pas prendre un parti politique, contre l’URSS et ses satel
573 , n’est-ce pas choisir entre l’Ouest et l’Est ? N’ est -ce pas prendre un parti politique, contre l’URSS et ses satellites ?
574 contre l’URSS et ses satellites ? Cet argument n’ est pas sans poids. Encore faudrait-il l’énoncer avec franchise et publiq
575 de grands principes ou de gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : sommes-nous vraiment tout à fait neutres, entre l’URSS et
576 s ou de gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : sommes -nous vraiment tout à fait neutres, entre l’URSS et les USA ? Notre ge
577 re parti ? Cela me paraît au moins douteux. Je me suis borné, ce soir, à poser des problèmes. Lundi prochain, j’aborderai d’
27 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Amérique veut nous unir (7 novembre 1949)
578 faut vous parler d’une évolution importante qui s’ est manifestée pendant la semaine dernière, et dont les conséquences peuv
579 économique, l’OECE — que l’offensive américaine s’ est déclenchée. M. Paul Hoffman, directeur du plan Marshall, est venu pro
580 hée. M. Paul Hoffman, directeur du plan Marshall, est venu prononcer devant les ministres de 19 pays européens, un discours
581 t celle du bla-bla-bla gouvernemental auquel nous étions habitués dans ce domaine. Je ne ferai pas l’analyse détaillée de ce d
582 venir, l’Amérique la laissera tomber. Quelles ont été les réactions des 19 ministres européens devant cette mise en demeure
583 emi-mesures ou quart de mesures, les ministres se sont empressés de déclarer l’un après l’autre qu’ils étaient bien d’accord
584 t empressés de déclarer l’un après l’autre qu’ils étaient bien d’accord, qu’ils allaient voir, étudier, considérer, expertiser,
585 er, expertiser, améliorer ici ou là, bref, qu’ils étaient décidés à faire mieux l’année prochaine. Réaction classique du mauvai
586 rvices pourraient circuler librement. » Voilà qui est bien, voilà le but que nous autres fédéralistes, définissions il y a
587 r toutes petites étapes, et cela veut dire qu’ils sont bien décidés à ne gêner personne, à ne pas exiger de trop grands sacr
588 nt sur notre continent. L’opinion américaine ne s’ est pas laissé tromper par la réaction des gouvernements européens. Elle
589 e à nos États : « Les fédéralistes ont raison, ce sont eux qui montraient la seule voie de salut. Pour nous Américains, nous
590 a seule voie de salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de votre abs
591 ieux politiques. Et beaucoup de gens disaient : n’ est -il pas humiliant pour l’Europe que ce soit l’Amérique qui la force à
592 ent : n’est-il pas humiliant pour l’Europe que ce soit l’Amérique qui la force à s’unir ? Certes, c’est une humiliation pour
593 armes, et par Vergennes comme par Lafayette. Il n’ est pas humiliant, il est beau, que ce soit l’Amérique aujourd’hui qui no
594 s comme par Lafayette. Il n’est pas humiliant, il est beau, que ce soit l’Amérique aujourd’hui qui nous repasse le flambeau
595 ette. Il n’est pas humiliant, il est beau, que ce soit l’Amérique aujourd’hui qui nous repasse le flambeau, et qui nous tien
596 urd’hui qui nous repasse le flambeau, et qui nous tienne la main pour nous aider à le soutenir, à l’élever, malgré notre faibl
28 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et Strasbourg (II) (14 novembre 1949)
597 onsultative, mais encore, la neutralité, que nous sommes tous prêts à défendre, nous fait un devoir de paraître à Strasbourg,
598 à Strasbourg, et d’y affirmer notre point de vue. Suis -je assez clair ? Faut-il préciser davantage ? On dit et on répète par
599 vantage ? On dit et on répète partout : la Suisse est neutre, elle est donc obligée de se tenir à l’écart pour le moment. M
600 et on répète partout : la Suisse est neutre, elle est donc obligée de se tenir à l’écart pour le moment. Mais je vous dis,
601 la Suisse est neutre, elle est donc obligée de se tenir à l’écart pour le moment. Mais je vous dis, et je compte le répéter p
602 pte le répéter partout : la Suisse, parce qu’elle est neutre, doit aller à Strasbourg. Elle doit y aller non pas malgré, ma
603 urir lentement après les autres, à seule fin de n’ être pas oubliés si jamais l’on partage le gâteau. À supposer que nous all
604 et de notre arrivée tardive, et de notre désir d’ être « dans le coup ». On nous demandera des raisons positives. On nous de
605 nous le sachions. En Suisse : notre neutralité n’ est pas bien vue, n’est pas très populaire chez nos voisins… On s’imagine
606 n Suisse : notre neutralité n’est pas bien vue, n’ est pas très populaire chez nos voisins… On s’imagine — et c’est parfois
607  et c’est parfois trop vrai — que la neutralité n’ est qu’une manière de laisser les autres se battre, et d’amasser des béné
608 , on commencera par nous répondre : — Merci, vous êtes vraiment gentils, mais gardez votre idée pour vous, et ne venez surto
609 nez surtout pas vous en vanter devant ceux qui se sont battus, et dans une ville où tant de ruines se voient encore… Alors i
610 il nous faudra bien expliquer que la neutralité n’ est pas la peur des coups. Il nous faudra dire bien clairement : ce que n
611 la guerre comme une solution praticable. Or vous êtes là, Messieurs, pour préparer la paix, pour créer une force de paix. V
612 approchent. Les cadavres eux-mêmes tueront. Vous êtes ici pour empêcher les choses. Et comment donc le pourrez-vous ? Nous
613 neutralité n’a jamais signifié désarmement, qui n’ est qu’une prime à l’agresseur. Fédérons nos faiblesses pour en faire une
614 s : pas cela, pas votre guerre, ou pas ici ! Nous sommes là pour vous séparer. Tout cela, bien entendu, ne veut pas dire que l
615 tres. Pendant la dernière guerre, en Suisse, nous étions neutres en fait, mais unanimes à condamner le national-socialisme. Le
616 mes à condamner le national-socialisme. Le cœur n’ est jamais neutre, et l’esprit encore moins. Mais nous pensions servir la
617 Agrandir cet îlot aux dimensions de l’Europe, ce serait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de nos enfants, — et du
618 rique, en contribuant à empêcher leur guerre, qui serait leur perte à tous, que nul ne gagnerait. Qu’allons-nous faire mainten
619 question, et nous forcer à prendre position ? Il est au contraire bien certain qu’au cours des mois qui viennent la questi
620 ain qu’au cours des mois qui viennent la question sera posée. Je propose que nous répondions oui, la Suisse va venir à Stras
621 ’étendre à l’Europe entière. En disant cela, nous serions à la fois des Suisses fidèles à leur plus forte tradition, et des Eur
29 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Encore notre neutralité (21 novembre 1949)
622 nière chronique vous a tous pleinement convaincus serait une exagération. Cette chronique, au contraire, semble avoir provoqué
623 nts divers », dans une assemblée politique, et je serai le dernier à m’en plaindre. Cela s’explique, au reste, facilement. J’
624 t je soutenais ce paradoxe, qui dans le fond n’en est pas un, que la Suisse doit aller à Strasbourg, doit entrer au Conseil
625 mplifier les arguments de mes correspondants : je suis forcé de simplifier aussi les miens. Certains me reprochent de semble
626 e en soi ; alors que la neutralité, disent-ils, n’ est rien d’autre qu’une politique, et qu’elle ne peut se justifier que pa
627 ue par des conditions ménagées par l’Histoire. Je suis d’accord. Il n’y a malentendu que sur mes intentions et mon tempérame
628 que sur mes intentions et mon tempérament. Je ne suis pas du tout neutre par nature, ni par goût ! Je ne le suis pas non pl
629 du tout neutre par nature, ni par goût ! Je ne le suis pas non plus par idéal. Je parlais d’une mesure politique, qui me par
630 une guerre inutile entre l’URSS et les USA. Je ne suis pas non plus un sectaire pacifiste. Je ne demande pas que les tigres
631 plique aussi comment une guerre nouvelle pourrait être gagnée, par qui que ce soit, et à quel prix. Une autre tendance manif
632 rre nouvelle pourrait être gagnée, par qui que ce soit , et à quel prix. Une autre tendance manifestée par mes correspondants
633 autre tendance manifestée par mes correspondants est très bien résumée par les deux phrases suivantes, que je vous lis : «
634 c’est d’abandonner sa neutralité. Cet abandon ne serait pas un sacrifice offert en contre-valeur d’avantages quelconques, mai
635 de foi en la nouvelle assemblée européenne. » Je suis heureux qu’il y ait chez nous des hommes qui pensent ainsi. Je suis h
636 y ait chez nous des hommes qui pensent ainsi. Je suis heureux de découvrir des auditeurs qui vont plus loin que moi, qui ve
637 loin que moi, qui veulent aller plus vite. Et je serais le bon premier à m’associer à l’acte de foi qu’on nous propose ici. M
638 pas politique. La politique, comme vous le savez, est l’art du possible. Et demander au peuple suisse, à une majorité du pe
639 erait un vote du peuple, qui sur ce point précis, serait négatif. C’est dire que pratiquement, si l’on subordonnait l’entrée d
640 oir adhérer au Conseil de l’Europe, ce dernier, n’ étant pas une alliance militaire. J’en reviens donc à la solution que je pr
641 le disais lundi dernier : l’idée de neutralité n’ est pas bien vue chez la plupart de nos voisins. Nous aurions à combattre
642 démontrer, surtout, que la neutralité proposée n’ est pas un idéal de bourgeois en pantoufles, mais une mesure de sagesse p
30 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les suites de Strasbourg (28 novembre 1949)
643 ers auditeurs, Mes trois dernières chroniques ont été consacrées à l’examen de la position de la Suisse à l’égard du Consei
644 de la Suisse à l’égard du Conseil de l’Europe. Il était sans doute nécessaire d’aborder franchement cette question, et les le
645 e l’ont abondamment confirmé. Cependant, quel que soit l’intérêt — pour nous brûlant — de notre situation particulière — et
646 e temps-là, et les événements de se suivre, et il est temps, je crois, de résumer rapidement les développements récents de
647 péenne. Je ne sais si vous aurez remarqué qu’il n’ est plus possible d’ouvrir un journal, depuis quelques semaines, sans y t
648 e, et même de la presse d’outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économique américaine, ou du problème allemand, ou
649 ’habitude de se référer à Strasbourg ; Strasbourg est devenu un point de repère, et je dirai même un symbole. J’entendais l
650 des accords passés le jour même avec l’Allemagne, était prêt à soutenir l’admission de ce pays dans le Conseil de l’Europe. C
651 dans le Conseil de l’Europe. Certes, la nouvelle était importante, quoique prévue. Mais ce qui m’a frappé, c’était de consta
652 , c’était de constater que le Conseil de l’Europe est désormais devenu une pièce considérable sur l’échiquier de la politiq
653 de sa première session. Mais, direz-vous, quelles sont les suites pratiques qu’on peut attendre des délibérations de Strasbo
654 re des délibérations de Strasbourg ? La réponse n’ est pas compliquée. Les suites pratiques ne peuvent être données que par
655 t pas compliquée. Les suites pratiques ne peuvent être données que par les gouvernements, l’Assemblée n’ayant pour le moment
656 lle, pour dire le moins. On s’y attendait. Ils se sont résignés à faire quelque chose dans le sens d’une union économique, a
657 ll, les y a fermement invités, mais dès qu’ils se sont retrouvés seuls et entre eux, au Comité des ministres du Conseil de l
658 peut dire qu’ils ont pris leur revanche ! Le fait est là : presque toutes les recommandations de l’Assemblée de Strasbourg
659 recommandations de l’Assemblée de Strasbourg ont été soit refusées par les 13 ministres, soit renvoyées pour supplément d’
660 ommandations de l’Assemblée de Strasbourg ont été soit refusées par les 13 ministres, soit renvoyées pour supplément d’étude
661 bourg ont été soit refusées par les 13 ministres, soit renvoyées pour supplément d’études à divers organismes plus ou moins
662 sposés. En particulier, le Comité des ministres s’ est opposé à la convocation de commissions permanentes de l’Assemblée, tr
663 les sessions. Mais la riposte de l’Assemblée ne s’ est pas fait attendre. Au lendemain de la publication des décisions toute
664 , il convoquait la commission économique, dont il est le président. Et la commission permanente de l’Assemblée, qu’anime et
665 cembre — du 8 au 12 décembre exactement — , va se tenir , sous les auspices du Mouvement européen, une Conférence européenne d
666 es deux ou trois raisons précises qui font que je suis certain qu’au mois de décembre, on parlera dans le monde entier de ce
667 cembre, on parlera dans le monde entier de ce qui sera dit et décidé dans la capitale vaudoise. Au revoir, à lundi prochain 
31 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Conférence européenne de la culture (5 décembre 1949)
668 rira la Conférence européenne de la culture. Ce n’ est pas un congrès de plus. C’est une étape bien définie dans la campagne
669 vos vies. Car la culture, au sens européen, ce n’ est pas seulement les livres et les professeurs, c’est aussi tout l’ensem
670 en autre chose qu’un « cap de l’Asie » — ce qu’il est physiquement, matériellement, ce qu’il serait resté sans l’esprit d’i
671 qu’il est physiquement, matériellement, ce qu’il serait resté sans l’esprit d’invention et sans la foi et sans le génie des h
672 rg les cadres politiques d’une Europe fédérée, il est grand temps de définir le sens humain et spirituel de cette action, l
673 simples et clairs comme un feu dans la nuit. Ce n’ est pas tout. Ce signal de réveil lancé au monde de la culture doit entra
674 développement de l’industrie. Aucun de nos pays n’ est assez riche pour entretenir un pareil centre de puissance, mais tous
675 tre au point quelques projets concrets. Ces plans seront transmis au Conseil de l’Europe, et les gouvernements, même les plus
676 les gouvernements, même les plus durs d’oreille, seront forcés cette fois d’écouter et d’entendre. Soyons fiers que la Suisse
677 seront forcés cette fois d’écouter et d’entendre. Soyons fiers que la Suisse accueille ce beau congrès de la conscience europé
32 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Optimistes et pessimistes (19 décembre 1949)
678 de la culture, à Lausanne. Certes, ces résultats sont importants. Ils ont exactement comblé l’attente des organisateurs. Ma
679 ant le monde de demain. Les débats de Lausanne se sont ouverts « sous le signe », comme on dit, d’un échange de lettres paru
680 ste 100 % à l’optimiste très relatif que je crois être . « Vous voulez fédérer l’Europe, m’écrivait Virgil Gheorghiu, l’auteu
681 ont la fédérer, à leur manière, et votre Europe n’ est plus qu’une illusion. » Je lui répondais : « Non, soyons sérieux. Si
682 plus qu’une illusion. » Je lui répondais : « Non, soyons sérieux. Si notre Europe vraiment n’existait plus, vous n’auriez même
683 atériel immédiat. » Gheorghiu répétait : les jeux sont faits, la vingt-cinquième heure a sonné. Je répondais qu’en réalité i
684 ième heure a sonné. Je répondais qu’en réalité il est très tard, qu’il est peut-être 23h45, mais que nous pouvons utiliser
685 e répondais qu’en réalité il est très tard, qu’il est peut-être 23h45, mais que nous pouvons utiliser le dernier quart d’he
686 pas perdre ces derniers moments à pleurer qu’ils soient les derniers. Celui qui dit : tout est perdu ! aura raison sans se fa
687 qu’ils soient les derniers. Celui qui dit : tout est perdu ! aura raison sans se fatiguer, car si on le croit, et si l’on
688 on le croit, et si l’on ne fait rien, alors tout sera perdu, c’est évident. Mais nous pouvons encore faire quelque chose :
689 et tout d’abord dans notre conférence. M. Spaak s’ est élevé avec vivacité contre le défaitisme de l’écrivain roumain. Celui
690 sme de l’écrivain roumain. Celui-ci, malgré tout, était venu à Lausanne. Sa seule présence donnait la preuve qu’il espérait e
691 s de sceptiques vivent encore en Europe ? Comment être optimiste, quand on y songe ? Le suis-je encore, ou davantage après L
692 e ? Comment être optimiste, quand on y songe ? Le suis -je encore, ou davantage après Lausanne ? En fait, je ne l’ai jamais é
693 ntage après Lausanne ? En fait, je ne l’ai jamais été . Je vais, en quelques mots, m’expliquer sur ce point. Quand je vois t
694 je penserais, et voilà ce que je ferais, si je n’ étais pas depuis que j’écris, depuis vingt ans, un pessimiste actif et si,
695 essimiste actif et si, depuis 20 ans, ma devise n’ était pas celle de Guillaume le Taciturne : Point n’est besoin d’espérer po
696 ait pas celle de Guillaume le Taciturne : Point n’ est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Pe
697 er. Personne ne peut dire aujourd’hui si l’Europe sera sauvée, c’est-à-dire fédérée, par la volonté libre des Européens, en
698 ites. Personne ne peut le savoir, car les chances sont égales. Mais qu’au moins quelques-uns sauvent l’honneur ! Et pour rep
699 r de Madariaga : — Si l’Europe doit périr, que ce soit au moins une injustice ! Rien n’est perdu, bien au contraire. Lausann
700 érir, que ce soit au moins une injustice ! Rien n’ est perdu, bien au contraire. Lausanne a marqué une étape vers la constru
701 ope, c’est-à-dire une paix libre et juste. Rien n’ est perdu, tant qu’il se trouve des hommes pour refuser les catastrophes,
702 confiance, de consentir les sacrifices locaux qui seront sans doute nécessaires au bien de l’ensemble, de ne pas attendre que
703 cynisme nigaud, de la défaite sans gloire. Ce qui est acquis déjà permet un raisonnable espoir. J’essaierai de vous le mont
33 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Bilan 1949 (26 décembre 1949)
704 onc ce soir par le bilan de l’Europe, puisqu’elle est le cadre de nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend d
705 suit une action pas à pas, surtout si son théâtre est vaste, on a souvent l’impression fausse que rien n’avance, qu’on se p
706 an. Que voyons-nous ? Au début de janvier, rien n’ était fait. Bien plus, il semblait que les efforts du Mouvement européen ab
707 deste communiqué annonça qu’un accord de principe était acquis. Le 5 mai, les ambassadeurs de 10 nations signaient à Londres,
708 it par le vote d’une série de recommandations qui furent transmises aux 13 États formant le Conseil. Et puis, au mois de novem
709 par la faute des gouvernements. Pourtant, il n’en est rien. Le Conseil de l’Europe existe désormais, et cela signifie prati
710 me elle a cédé plus d’une fois. Toute la question est de savoir si l’on pourra le faire céder à temps. Car le temps presse.
711 ritannique nous a prouvé que toutes nos économies sont solidaires, même désunies, mais qu’alors elles le sont dans le chaos.
712 solidaires, même désunies, mais qu’alors elles le sont dans le chaos. L’annonce que la Russie possède la bombe atomique a dé
713 sie possède la bombe atomique a démontré que nous sommes tous solidaires, mais dans une pauvreté sans précédent. La situation
714 is dans une pauvreté sans précédent. La situation est donc plus simple que jamais. Désunis, nous constatons que nous sommes
715 ple que jamais. Désunis, nous constatons que nous sommes pourtant liés les uns aux autres, mais seulement dans la ruine, la mi
716 a misère et la peur. Unis, demain, nous pourrions être solidaires dans la sécurité et la prospérité. C’est ce que n’a pas ce
717 vernements eux-mêmes, bien peu de choses auraient été faites, presque rien. Sans lui, nous n’aurions pas même obtenu cette
718 me obtenu cette Assemblée consultative, dont nous sommes les premiers à savoir les lacunes, mais qui existe et qui est plus qu
719 iers à savoir les lacunes, mais qui existe et qui est plus qu’un espoir : un gage, une première prise sur la réalité. Voilà
720 quer à longueur de journée qu’il faut agir, et ce sont eux qui ne font rien. La seconde remarque, c’est que l’on ne peut pas
721 ut pas agir en commun sans parler d’abord. Que ce soit dans un état-major, dans un gouvernement, dans un conseil d’administr
722 ’est une citation de l’Évangile : Au commencement était le Verbe. C’est une Parole qui a créé notre monde, qui a séparé la lu
723 Un verbe, et non pas autre chose. Après tout, qu’ est -ce qu’on nomme une parlotte ? C’est un échange de phrases ou de disco
724 C’est un échange de phrases ou de discours qui n’ est suivi d’aucun effet. Or nos congrès ont abouti à des créations import
725 d’autre que parler : vous voyez que la parlotte n’ est pas toujours où l’on pense. Et je voudrais terminer sur un mot person
726 r un mot personnel : mes causeries à leur tour ne seront que parlottes, si elles ne sont pas suivies d’effets pratiques. Mais
727 à leur tour ne seront que parlottes, si elles ne sont pas suivies d’effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi, de vous
728 chers auditeurs, jusqu’à l’année prochaine — qui sera lundi prochain.
34 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Bon demi-siècle ! (2 janvier 1950)
729 un nombre incalculable de vœux de bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattrape, car, en effet, ce que je
730 fet, ce que je voudrais vous apporter ce soir, ce sont mes vœux pour un bon demi-siècle, pour une bonne deuxième manche de x
731 nt pas la moindre chance de se réaliser, s’ils ne sont pas les gages d’une volonté, d’une possibilité d’agir. Et certes, les
732 ue chose de très sérieux. Sans convention nous ne serions que des brutes. La vie sociale deviendrait un plaisir : celui du tigr
733 gre dans la bergerie. Les billets de banque aussi sont des signes, des gages, et c’est par convention qu’ils prennent leur s
734 tion qu’ils prennent leur seule valeur : s’ils ne sont pas couverts par une réserve d’or, ce sont des bouts de papier, un pe
735 ils ne sont pas couverts par une réserve d’or, ce sont des bouts de papier, un peu plus sales que d’autres, et qui ne signif
736 d’humain. Voyons d’abord les possibilités : elles sont prodigieusement contradictoires. Quelques exemples suffiront à le rap
737 ux millions de koulaks liquidés par Staline. Ce n’ est pas mal. C’est plus que toutes les guerres du monde depuis des siècle
738 de l’Europe a augmenté. Et la longévité moyenne s’ est élevée de plusieurs années. La bombe atomique a grillé, fondu comme d
739 milliers de vies. Jamais les nationalismes n’ont été plus férocement idiots, bornés et intolérants. Mais jamais non plus l
740 jamais non plus le désir d’union des peuples n’a été plus général. Certes, la SDN a fait un four, comme on dit au théâtre.
741 ès le départ. Mais l’idée d’une vraie fédération, soit mondiale, soit européenne, ne cesse de progresser malgré ces déconven
742 ais l’idée d’une vraie fédération, soit mondiale, soit européenne, ne cesse de progresser malgré ces déconvenues et ces déto
743 seports, les phrases suivantes : « Le passeport n’ est exigé que pour l’entrée en Russie. Pour tous les autres pays, la cart
744 es, et cela pour des raisons que les bureaucrates sont les seuls au monde à connaître, et qu’ils se gardent bien de nous rév
745 la distance de New York à Londres. Nos capitales sont à 2 ou 3 heures les unes des autres. Il en résulte que, pratiquement,
746 autres. Il en résulte que, pratiquement, l’Europe est aujourd’hui plus petite que notre Suisse il y a cent ans. Oui, tout a
747 à la fois, et même si c’est contradictoire, telle est la passion de notre siècle. On veut augmenter à la fois les bénéfices
748 t à peu près. Mais ce qui a vraiment augmenté, ce sont nos risques d’une part, nos chances de l’autre, et par exemple : nos
749 de [illisible], mais que jamais non plus, il ne s’ est vu si près d’assurer son pouvoir sur les choses et la vie. Jamais plu
35 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Par où commencer ? Par l’économie ? (9 janvier 1950)
750 ues enquêtes récentes sur l’union de l’Europe, je suis frappé de voir revenir régulièrement un argument que nos contemporain
751 nt un argument que nos contemporains ont l’air de tenir pour évident, et que voici : « Si vous voulez unir l’Europe, écrit-on
752 le reste suivra nécessairement. » Cette croyance est si irrépandue, et si typique de notre siècle, qu’il vaut la peine de
753 -t-on et répète-t-on que les réalités économiques sont à la base de tout, pourquoi s’imagine-t-on que cela va de soi ? Parce
754 alistes. Cependant ils accusent les communistes d’ être d’affreux matérialistes. C’est étrange, car la croyance fondamentale
755 urgeois et les communistes, c’est que les seconds sont logiques et cohérents, et qu’ils tirent toutes les conséquences de la
756 e, mais populaire des premiers. Or cette croyance est radicalement fausse, contraire aux faits, abstraite, utopique, décour
757 . Or il me semble bien que c’est le contraire qui est vrai ; et qu’au commencement de tout, y compris des réalités économiq
758 un le sait, c’est l’industrie. Et l’industrie, ce sont d’abord les machines. Mais d’où viennent les machines ? Ce ne sont pa
759 machines. Mais d’où viennent les machines ? Ce ne sont pas elles qui ont commencé, tout de même ! Prenons la turbine. Elle a
760 mmencé, tout de même ! Prenons la turbine. Elle a été inventée aux xviii e siècle par le célèbre mathématicien suisse Leonh
761 eu cet élément de base de l’économie moderne qui est la turbine, mais encore vous ne pourriez même pas employer ces mots c
762 enfin le communisme qui a décidé que les turbines étaient plus importantes que tout pour le bonheur des hommes, et qu’il fallai
763 oir cru, à partir du xix e siècle, que l’économie était la vraie base de la vie, et qu’il fallait commencer par là. Revenons
764 de l’esprit, et n’existeraient point sans lui. Il est facile d’illustrer ce point de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’
765 t la politique, avant la culture. Or l’économie n’ est pas un fait matériel, comme on se l’imagine, mais un fait humain, qui
766 essaye de grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps de renverser la vapeur, et si l’on veut sérieusement commencer
767 ut sérieusement commencer par le commencement, il est temps de réveiller d’abord nos esprits, de chercher à unir d’abord no
768 ’un travail constructif et pratique, loin d’avoir été la « parlote » que prétendent certains plats matérialistes sans logiq
769 lisme. Fort heureusement, cette espèce répandue n’ est plus la seule à s’exprimer. On vient précisément de me communiquer le
36 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Une enquête chez les étudiants (16 janvier 1950)
770 ts de Lausanne a pris une initiative qui mérite d’ être signalée, commentée, et partout où cela sera possible imitée. Ce grou
771 te d’être signalée, commentée, et partout où cela sera possible imitée. Ce groupe de jeunes gens désirait participer, sous u
772 elle. Mais comment faire ? Le nombre des délégués était strictement limité — six ou sept seulement pour la Suisse, par exempl
773 la Suisse, par exemple — , et d’autre part il eût été difficile de faire admettre des représentants des étudiants, car en s
774 une enquête à l’Université. Quelques camarades se sont réunis pour en rédiger le texte, celui-ci a été approuvé par le recte
775 sont réunis pour en rédiger le texte, celui-ci a été approuvé par le recteur, M. Cosandey, et les réponses, recueillies au
776 ès de 700 étudiants environ, en peu de jours, ont été communiquées à la conférence, au cours de sa dernière séance plénière
777 au cours de sa dernière séance plénière. Quelles étaient les questions posées ? Elles consistaient essentiellement à demander
778 ais qu’une très grande majorité demande surtout à être mieux informée de ce qui est en train de se faire, et révèle son igno
779 é demande surtout à être mieux informée de ce qui est en train de se faire, et révèle son ignorance de ce qui s’est déjà fa
780 de se faire, et révèle son ignorance de ce qui s’ est déjà fait, c’est-à-dire avoue n’avoir pas connaissance du Mouvement e
781 du Mouvement européen, par exemple. Ces résultats sont intéressants à divers titres. Certes, certains d’entre eux sont provi
782 nts à divers titres. Certes, certains d’entre eux sont provisoires par définition. En effet, si je demande à quelqu’un, à br
783 avaient jamais entendu parler de notre Mouvement, seraient obligés de répondre aujourd’hui que oui, puisqu’ils en ont eu connais
784 usant, et c’est la propagande la plus honnête qui soit , puisqu’elle consiste simplement à attirer l’attention des gens sur l
785 rands blocs hostiles, et de vous demander quelles sont les mesures qu’appelle d’urgence une pareille situation. Vous rejoind
786 tuation. Vous rejoindrez ainsi par vous-même j’en suis sûr, les positions de notre Mouvement. Ces positions, en effet, ne so
787 s de notre Mouvement. Ces positions, en effet, ne sont pas théoriques, ni subtiles : elles sont dictées par les grands faits
788 ffet, ne sont pas théoriques, ni subtiles : elles sont dictées par les grands faits que tout le monde connaît. Prenez la pei
37 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Questions et objections des étudiants de Lausanne (23 janvier 1950)
789 s. Un grand nombre des étudiants interrogés ne se sont pas contentés de répondre par oui ou par non, mais ont ajouté quelque
790 rsonnelles au bas de la page de questionnaire. Ce sont ces réactions spontanées que je voudrais commenter ce soir. Il serait
791 spontanées que je voudrais commenter ce soir. Il serait exagéré de dire qu’elles manifestent un courant de pensée général et
792 uances imaginables, prouve que l’individualisme n’ est pas mort chez nous, et qu’un des plaisirs de la vie reste encore, aux
793 pre opinion, ou au moins d’en affirmer une qui ne soit pas celle d’un parti. Je ne trouve même pas une opinion commune par f
794 du tout, et qu’il faudra une nouvelle guerre (qu’ est -ce qu’il lui faut !). Deux seulement sur cent dont j’ai lu les remarq
795 intéresse pas. Mais parmi les cent autres, quels sont les arguments qui reviennent le plus souvent ? Il me semble, tout d’a
796 dire qu’ils n’y ont pas manqué jusqu’ici. Mais je suis frappé de voir que la notion d’engagement politique des intellectuels
797 a notion d’engagement politique des intellectuels est si peu populaire parmi nos étudiants. S’ils entendent par engagement
798 té, ils servent mal l’esprit et la culture, et ce sont eux qui livrent la cité aux politiciens qu’ils n’aiment pas. Je leur
799 appellerai, au surplus, que l’union de l’Europe n’ est pas du tout un problème politique d’abord, mais la condition de salut
800 Je me borne à leur répéter que ce point de vue n’ est pas bien réaliste, car seul un pouvoir fédéral, politique, et soutenu
801 e de la culture — affirment-ils sans sourciller —  est faite par les Américains pour répandre leur politique agressive et im
802 e, en Europe et dans le monde entier. » Voilà qui est clair et je pense que je ferais bien de passer aux aveux complets ava
803 anés. Je croyais que le congrès de Lausanne avait été organisé par le Bureau d’études dont je m’occupe à Genève. Quelle ill
804 Truman en faveur du coca-cola. Pierrepont Morgan est mort il y a dix ans, dit-on, mais cela prouve simplement que je sais
805 ’Europe, objectent quelques pessimistes, car elle est vraiment trop divisée ! Je croyais, dans ma candeur naïve, qu’on ne p
806 ’on ne peut unir, précisément, que les choses qui sont divisées — de même qu’il faut bien qu’une bouteille soit vide pour qu
807 visées — de même qu’il faut bien qu’une bouteille soit vide pour qu’on puisse la remplir… Enfin, à ceux qui nous répètent :
38 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un tiers-ordre européen (30 janvier 1950)
808 ine de pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signée Daniel Villey, professeur de droit à Poitiers. Cette brochure
809 y, professeur de droit à Poitiers. Cette brochure était un appel adressé aux jeunes gens de France. Elle m’a ému plus que tou
810 ous dirai le peu que je sais de son auteur : il n’ est pas inutile de le situer, pour vous faire mieux comprendre la portée
811 e chef impatient de s’affirmer. Et puis la guerre est venue, nos chemins ne se sont plus croisés, le jeune Daniel Villey es
812 r. Et puis la guerre est venue, nos chemins ne se sont plus croisés, le jeune Daniel Villey est devenu professeur et père de
813 s ne se sont plus croisés, le jeune Daniel Villey est devenu professeur et père de 5 ou 6 enfants. Écoutez maintenant ce qu
814 cris ou notre action n’y sauraient rien changer. Est -ce bien vrai ? s’est demandé le jeune professeur ? Ce découragement e
815 n’y sauraient rien changer. Est-ce bien vrai ? s’ est demandé le jeune professeur ? Ce découragement est-il fondé, ou bien
816 st demandé le jeune professeur ? Ce découragement est -il fondé, ou bien ne serait-il pas une sorte de maladie morale, qu’un
817 sseur ? Ce découragement est-il fondé, ou bien ne serait -il pas une sorte de maladie morale, qu’un espoir neuf pourrait guérir
818 t voici, nous dit-il modestement voici « ce qui m’ est venu à l’idée ». Ici je vais citer ses propres phrases : Un certain
819 crois à la vertu de la vie donnée… Une vie donnée est un témoignage et en a la force. Ces jeunes se lieront jusqu’au 1er ja
820 la vie pauvre qui convient à leur engagement… Il est souhaitable que tous soient — et demeurent pendant deux ans — célibat
821 nt à leur engagement… Il est souhaitable que tous soient — et demeurent pendant deux ans — célibataires. (Quiconque a la charg
822 e un chef plus digne et plus apte… L’organisation sera au service des objectifs définis par le Mouvement européen, dont elle
823 le célibat et l’obéissance, il fonde un ordre. Ce sont les ordres qui ont créé la civilisation de l’Occident. Lui-même quitt
824 d’interruption dans vos études ou votre carrière, est -ce vraiment plus que vous ne pouvez donner ? Tant de vos aînés ont, à
825 uvez donner ? Tant de vos aînés ont, à votre âge, été mobilisés, prisonniers, volontaires dans la Résistance, déportés plus
826 qui semble désespérée ? Vous donner de tout votre être à une tâche très précise et très concrète, humblement temporelle (com
39 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Passer à l’action (6 février 1950)
827 t de m’écrire si le risque vous tentait, et je me suis demandé si 2 ou 3 jeunes Suisses auraient le courage d’entrer dans l’
828 s jours qui ont suivi, c’est par douzaines que me sont parvenues des lettres d’auditeurs intéressés ou enthousiastes. Les un
829 tion immédiate. Tous auront reçu, à l’heure qu’il est , la petite brochure dont j’ai parlé. Si l’appel a trouvé son écho dan
830 en avant ! » qui ne sait même pas où il va. Je ne suis pas là pour vous décourager d’agir, c’est entendu. Bien au contraire,
831 ion n’a donc de sens qu’en vertu de la pensée qui est derrière elle pour l’inspirer, et devant elle pour l’orienter. Daniel
832  : « Enfin, ça devient sérieux ! » Oui, mais ça n’ est sérieux, prenons-y garde, que parce que son action couronne une longu
833 et beaucoup de circulaires, et croyez-m’en, ça n’ est pas passionnant tous les jours. Il y a l’immense labeur de déblaiemen
834 lle, au lieu de l’agitation. Lundi dernier, je me suis borné à mentionner que Daniel Villey entend agir selon les lignes tra
835 n’ai pas eu le temps d’insister sur ce point, qui est tout de même de première importance. Les très nombreuses lettres reçu
836 res reçues, ces derniers jours, me prouvent qu’il est urgent de dissiper deux malentendus qui se font jour. Tout d’abord, q
837 malentendus qui se font jour. Tout d’abord, qu’il soit clair que Villey ne fonde pas « un nouveau mouvement », « un mouvemen
838 ne formeront pas un groupe rival, mais voudraient être l’avant-garde et le corps franc de notre Mouvement. Deuxième malenten
839 e forme sans doute l’humanité, l’Europe se trouve être l’organe à la fois le plus menacé, le plus fragile et le plus vital,
840 reste du monde, qu’en agissant d’abord là où nous sommes . Ces précisions, je crois, n’étaient pas superflues. Que chacun donc,
841 rd là où nous sommes. Ces précisions, je crois, n’ étaient pas superflues. Que chacun donc, avant de s’engager, réfléchisse et c
842 ’engager, réfléchisse et calcule la dépense. Tous sont appelés, tous ne seront pas élus, mais que personne ne perde une si b
843 et calcule la dépense. Tous sont appelés, tous ne seront pas élus, mais que personne ne perde une si belle occasion de remettr
40 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les deux raisons de fédérer l’Europe (13 février 1950)
844 u même problème : celui de l’union européenne. Je suis loin d’avoir épuisé les questions précises qui se posent dans les dom
845 a meilleure définition de l’Europe. Cependant, il est bon, parfois, de reprendre le problème dans son ensemble. Plusieurs p
846 mots : pourquoi faut-il unir l’Europe ? et quels sont les facteurs principaux de cette union ? Je voudrais leur répondre sa
847 intérieures. Selon les cas, l’un de ces facteurs est plus actif ou plus puissant que l’autre, mais ils sont en général pré
848 plus actif ou plus puissant que l’autre, mais ils sont en général présents tous les deux. C’est ainsi que les États-Unis d’A
849 eux. C’est ainsi que les États-Unis d’Amérique se sont fédérés principalement pour résister à l’Angleterre, pour se libérer
850 ête étrangère. Tandis que nos cantons suisses ont été amenés à se fédérer, en 1848, bien moins par des menaces ou pressions
851 ins par des menaces ou pressions extérieures, qui étaient faibles ou inexistantes, que par la constatation claire et nette de l
852 de sa position dominante dans le monde, l’Europe est devenue le terrain de manœuvres de deux empires tout neufs, qui ont p
853 je pense bien que l’un et l’autre de ces empires sont animés des meilleures intentions, et ne veulent que notre bonheur, ch
854 s, d’excellents esclaves volontaires. La menace n’ est pas la même des deux côtés, vous le sentez bien. Il est absolument fa
855 s la même des deux côtés, vous le sentez bien. Il est absolument faux de prétendre que nous n’avons plus qu’à choisir entre
856 -être mieux… Et nous ne le pourrons [que] si nous sommes forts, et nous serons forts [que] si nous fédérons nos faiblesses — t
857 e le pourrons [que] si nous sommes forts, et nous serons forts [que] si nous fédérons nos faiblesses — tout comme les cantons
858 facteur qui peut pousser à la fédération, et qui est la prise de conscience générale de la stupidité de nos divisions. Ce
859 rge, sans politique vraiment commune. Or, nous en sommes exactement au même point, dans l’Europe d’aujourd’hui, et c’est aussi
860 , plus personne ne passe une frontière, le trafic est embouteillé sur des dizaines de kilomètres. Et ce n’est là qu’un exem
861 bouteillé sur des dizaines de kilomètres. Et ce n’ est là qu’un exemple entre cent de nos routines. Allons-nous continuer lo
862 us affaiblissent au point que dans deux ans, nous serons sans doute à la merci soit d’une police totalitaire, soit des experts
863 dans deux ans, nous serons sans doute à la merci soit d’une police totalitaire, soit des experts d’une commission d’achat q
864 s doute à la merci soit d’une police totalitaire, soit des experts d’une commission d’achat qui sera le vrai gouvernement de
865 re, soit des experts d’une commission d’achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voilà, me semble-t-il, des raisons
866 carnets de timbres de propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces jours. Le voici : « Européens, fédérez-vous po
867 la Russie vous ramassera. » Ce langage, certes, n’ est pas diplomatique. Il a l’avantage d’être clair. Au revoir, chers audi
868 certes, n’est pas diplomatique. Il a l’avantage d’ être clair. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
41 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La guerre impossible (20 février 1950)
869 a demandé ce qui se passait sur la Terre, et quel était le sujet de conversation le plus général, quand les gens qui se renco
870 qui ne viendra pas. L’idée de la guerre possible est devenue l’arrière-plan de tous nos projets dans ce siècle. — Qu’est-c
871 ère-plan de tous nos projets dans ce siècle. — Qu’ est -ce que la guerre ? m’a demandé le journaliste débarqué de la planète
872 le journaliste débarqué de la planète Mars. Je me suis senti assez embarrassé. J’avais peut-être un peu honte pour mes frère
873 le, nous avons fait d’immenses progrès. La guerre est devenue totale, et cela veut dire : que les soldats, les femmes et le
874 leurs usines, les mineurs dans leurs mines, tous sont mobilisés, c’est-à-dire obligés de travailler non plus pour la conquê
875 forment et déforment les individus eux-mêmes, ils sont enracinés dans les esprits, dans les réflexes, dans les nerfs, dans l
876 savent rien de la démocratie occidentale, qui lui sont totalement imperméables, par nature et par éducation. Comment feront
877 former son âme, et ses mœurs et son inconscient ? Sont -ils préparés pour cette tâche ? Ont-ils prévu un système politique ad
878 es 2 blocs ne peut gagner, c’est évident. Mais il est non moins évident que dans ce conflit sans issue, l’Europe serait ané
879 évident que dans ce conflit sans issue, l’Europe serait anéantie, et sans bénéfice pour personne, totalement détruite en pass
880 lement détruite en passant. Le problème du siècle est donc simple : Il s’agit d’empêcher la guerre, et cela non point au no
881 cela non point au nom du pacifisme, le pacifisme est dépassé, il a perdu beaucoup de son sens, depuis que la guerre elle-m
882 nclut le journaliste. Mais les hommes de la Terre sont un peu fous. Ceux de l’Europe se laisseront-ils convaincre ? Je suis
883 eux de l’Europe se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux de vos prochaines émissions. Au revoir donc, à lundi prochain
42 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Après les élections anglaises (27 février 1950)
884 glaises (27 février 1950) Chers auditeurs, Je m’ étais promis de vous parler ce soir du problème que pose l’Angleterre, dans
885 is longtemps, sur l’attitude de ces Européens qui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc de dissiper un peu les brouilla
886 tiques ou leurs incertitudes. Depuis deux ans, il est devenu courant d’accuser l’Angleterre et ses chefs de freiner les eff
887 on européenne. On a même parlé de sabotage. Quels sont les faits ? Le premier fait, c’est que Churchill fut le premier homme
888 les faits ? Le premier fait, c’est que Churchill fut le premier homme d’État de grand calibre qui osât parler d’unir l’Eur
889 lui-même et refusait encore le mot fédération. Il était au surplus chef de l’opposition. Que pensait son gouvernement ? M. Be
890 position. Que pensait son gouvernement ? M. Bevin tenait de son côté de beaux discours. Il déclarait, devant la Chambre des co
891 déclarait, devant la Chambre des communes, qu’il était décidé à tout faire pour la fédération des peuples et qu’il rêvait du
892 M. Bevin opposa son veto. Le Conseil de l’Europe fut cependant établi, et M. Bevin s’y rallia. Mais on vit bien que c’étai
893 es décisions, pourtant urgentes et unanimes. Tels sont les faits, et vous le voyez : le brouillard londonien n’en est pas éc
894 , et vous le voyez : le brouillard londonien n’en est pas éclairci. Essayons cependant de distinguer les motifs de ces deux
895 endant longtemps, les Anglais nous ont dit : nous serions bien d’accord de faire l’Europe, mais nous pensons d’abord à notre em
896 à notre empire, aux dominions avec lesquels nous sommes liés. J’avoue que cet argument ne m’a jamais convaincu. Le hasard a v
897 Sud, et par le Premier ministre d’Australie : ils étaient chaleureux et enthousiastes. Mais ils ne figurent pas dans le compte
898 s ont proclamé que la politique du Commonwealth n’ était en rien contradictoire avec une union de l’Europe. Reste donc l’argum
899 vous administrez vos différents pays. Quand vous serez tous socialistes, on verra ! Mais l’Europe, en réalité, ne va pas ver
900 e à s’isoler sous prétexte de socialisme, elle ne sera pas seulement séparée de l’Europe, mais aussi des États-Unis, et bien
901 nis, et bien plus : de ses propres dominions, qui sont tous revenus au système libéral. Enfin, les élections de la semaine d
902 repose sur une base bien fragile. L’argument qui était fort dangereux en théorie, n’est même plus justifiable en fait. On ne
903 L’argument qui était fort dangereux en théorie, n’ est même plus justifiable en fait. On ne peut donc plus fonder sur lui un
904 s raisons que pouvaient avoir les Anglais pour se tenir à l’écart de l’Europe, sont désormais caduques, ou tout au moins très
905 les Anglais pour se tenir à l’écart de l’Europe, sont désormais caduques, ou tout au moins très affaiblies. Les dominions o
906 on moins clairement : « L’expérience socialiste n’ est pas toute l’Angleterre, bien loin de là. » Voici donc les deux grands
907 ’Angleterre se décide à constater que la Manche n’ est vraiment pas si large ! Au revoir, à lundi prochain !
43 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Neutralité européenne (6 mars 1950)
908 é lieu à quelques malentendus, dont le plus grave était celui-ci : on a cru que je proposais à l’Europe de se retirer puremen
909 rement et simplement de la grande bagarre entre l’ Est et l’Ouest, et de se réfugier derrière une simple déclaration pacifis
910 Londres, écrivait prudemment, et je cite : « Il n’ est pas nécessaire que le monde se divise en deux camps rigidement hostil
911 ise en deux camps rigidement hostiles… et il peut être de l’intérêt des deux parties que certaines régions aient la certitud
912 e de neutralité. » Les réactions de la presse ont été vives et immédiates, dans toute l’Europe et aux États-Unis. On s’est
913 ates, dans toute l’Europe et aux États-Unis. On s’ est écrié avec indignation que le moment était mal choisi pour parler de
914 is. On s’est écrié avec indignation que le moment était mal choisi pour parler de neutralité, alors que l’Amérique commençait
915 e commençait justement à réarmer nos pays ; qu’il était absurde de penser que la volonté de neutralité suffirait à protéger l
916 ni la Hollande, ni la Norvège ; et qu’enfin il n’ était pas digne de dire aux Américains : « Vous nous avez aidés, merci beau
917 eutralité parce que la querelle des deux Grands n’ est pas nécessairement celle de l’Europe, et ils n’ont pas tort ; tandis
918 objectent que la neutralité dans la guerre froide est une utopie, et ils ont raison. Cependant, leur dialogue passionné rep
919 tion préalable de toute neutralité européenne qui serait la fédération de l’Europe. En effet, si l’Europe n’est pas unie, on n
920 a fédération de l’Europe. En effet, si l’Europe n’ est pas unie, on ne voit pas comment elle pourrait se déclarer neutre. Qu
921 prendre une telle décision et de la proclamer. Il est donc absurde de parler de neutralité si l’on ne veut pas d’abord et s
922 ausse, mais généralement répandue, que neutralité est synonyme de démission et d’impuissance, surtout dans le domaine milit
923 issance, surtout dans le domaine militaire. Ce ne sont pas les déclarations de nos juristes qui arrêteront les chars et les
924 , je dirai même : histoire de fous. Car primo, il est pratiquement impossible de déclarer l’Europe neutre, si cette Europe
925 le de déclarer l’Europe neutre, si cette Europe n’ est pas tout d’abord fédérée, si elle n’a pas un gouvernement capable de
926 arler en son nom ; et secundo, une Europe fédérée sera seule en mesure de se défendre, c’est-à-dire de créer une force armée
927 es nationales, même dotées de surplus américains, seraient tout juste bonnes à se faire anéantir plus ou moins décemment en une
928 et vraiment réaliste, en l’occurrence, me paraît être celui-ci : nos pays doivent d’abord se fédérer, politiquement et écon
929 ls pourront proclamer une neutralité qui alors ne sera pas du tout une démission, mais au contraire une fière affirmation d’
930 aux États-Unis, se ferment à ces évidences. Et je suis d’autant plus heureux de pouvoir vous citer trois opinions qui tranch
931 , qui écrit : « La neutralité de l’Europe ne peut être que la conquête d’une Europe unie. » C’est ensuite M. René Payot, qui
932 a le droit de se proclamer neutre le jour où elle sera consolidée et forte, et que les belligérants éventuels devront compte
933 cussions stupides. Fédérez-vous, ou taisez-vous ! serait -on tenté de dire à ces messieurs. On leur conseille, plus poliment, d
44 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe n’est pas pour « demain » (13 mars 1950)
934 Demain l’Europe ! — L’Europe n’ est pas pour « demain » (13 mars 1950) Chers auditeurs, L’un d’entre vo
935 égitime, ou simplement une ironie facile. Le fait est que le mot demain, dans toutes nos langues, a plus d’un sens, ou que
936 es nos langues, a plus d’un sens, ou que son sens est élastique. Demain peut signifier : après cette nuit-ci, comme quand o
937 tes : « Groupons-nous et demain, l’Internationale sera le genre humain. » Enfin, lorsque je vous dis : Demain l’Europe ! — i
938 pour notre Europe, doit signifier avant 1952, qui est la date de la fin du plan Marshall. À ce moment-là, si nous ne sommes
939 fin du plan Marshall. À ce moment-là, si nous ne sommes pas arrivés à nous fédérer, l’Amérique nous laissera tomber, et c’est
940 ision une fois donnée, je crois que l’alternative est la suivante : ce sera demain l’Europe, ou après-demain la Bombe. Quel
941 , je crois que l’alternative est la suivante : ce sera demain l’Europe, ou après-demain la Bombe. Quelles sont donc aujourd’
942 emain l’Europe, ou après-demain la Bombe. Quelles sont donc aujourd’hui nos chances ? Il m’arrive tous les jours, et plusieu
943 s qui constituent les deux tiers de sa population sont en crise gouvernementale, ou en crise sociale, et s’approchent de la
944 a crise économique. En Italie, M. de Gasperi ne s’ est assuré une légère majorité qu’après six replâtrages de son cabinet, e
945 inet, et l’agitation sociale grandit. La France n’ est pas dans une meilleure situation. En Allemagne, le gouvernement de Bo
946 cabinet travailliste, avec sa majorité de 6 voix, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques trains manqué
947 hats en dollars. Et s’ils n’y parviennent pas, ce sera demain non pas l’Europe, mais la misère. Le Conseil de l’Europe, à St
948 er, il se peut que l’Assemblée de Strasbourg, cet été , ose enfin le pas décisif : qu’elle se proclame Constituante, ou qu’e
949 ’union totale de l’Allemagne et de la France : ce serait la seule solution d’un problème qui a causé jusqu’ici des millions de
950 fatalité de ces faits. Nous jouerons notre sort l’ été prochain. C’est à l’été que je pense quand je vous répète : demain l’
951 ous jouerons notre sort l’été prochain. C’est à l’ été que je pense quand je vous répète : demain l’Europe, ou après-demain
45 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — De l’Europe au monde (20 mars 1950)
952 ope au monde (20 mars 1950) Chers auditeurs, Je suis frappé — et très reconnaissant — de constater que les lettres que vou
953 — de constater que les lettres que vous m’envoyez sont pour la grande majorité des messages d’adhésion, ou tout au moins d’a
954 ambitions immédiates. Les fédéralistes européens sont , si vous le voulez bien, les moins gourmands : ils seraient contents
955 si vous le voulez bien, les moins gourmands : ils seraient contents d’unir pour commencer les quelque 20 pays de notre continent
956 ression que s’ils apprenaient que la planète Mars est habitée, ils songeraient à lui proposer sans retard un parlement comm
957 eux-ci estiment, à tort ou à raison, que l’Europe est déjà trop petite pour constituer un ensemble viable, mais que le rêve
958 emble viable, mais que le rêve des mondialistes n’ est qu’un rêve, puisque les Russes et tous leurs satellites, auxquels vie
959 Billotte ? Ils constatent que l’Europe ne saurait être défendue, dans son état présent de désunion, que par la force américa
960 e l’Europe seule. L’étape européenne, disent-ils, est dépassée. Moi, je veux bien, je ne m’opposerai jamais à l’élargisseme
961 e d’engager tous ses peuples à la fois. Sinon, ce serait l’alliance du pot de terre et du pot de fer, et nous serions réduits
962 lliance du pot de terre et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle de satellites. Deuxièmement, qui dit fédération dit r
963 e n’osera dire qu’à cet égard, l’étape européenne est dépassée : elle est l’étape de la restauration d’une civilisation, et
964 cet égard, l’étape européenne est dépassée : elle est l’étape de la restauration d’une civilisation, et par elle, de l’homm
965 ne civilisation, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux de vous dire que ces deux objections, que j’ai pu faire valoi
966 rs auprès des porte-parole de l’union atlantique, sont prises on considération de la manière la plus sérieuse. Beaucoup de f
967 elles des millions de sceptiques et de découragés seront un jour peut-être, et malgré eux, sauvés. Au revoir, chers auditeurs,
46 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Deux enquêtes sur l’union (27 mars 1950)
968 naturel, après tout, dans une époque qui essaye d’ être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte de l’opinion publique ; ri
969 ser affirmer son point de vue. L’union européenne étant l’un des sujets les plus souvent mentionnés dans la presse, depuis de
970 nt mentionnés dans la presse, depuis deux ans, il est normal que les enquêtes sur l’Europe se succèdent à un rythme accélér
971 peut s’empêcher de penser : si tous ces messieurs sont d’accord pour faire l’Europe, que ne la font-ils, et rondement ? En v
972 s, et rondement ? En vérité, bien peu d’entre eux sont prêts aux sacrifices nécessaires. Mais il reste frappant de constater
973 aluent notre union que du bout des lèvres, ils se sont cependant sentis obligés de la saluer. Retenons cette indication. Nos
974 os l’hebdomadaire parisien Samedi Soir. Là, ce ne sont plus seulement les chefs politiques qui ont parlé, mais les lecteurs,
975 ar l’hebdomadaire parisien me paraissent dignes d’ être citées et soulignées à votre intention. « Il est probable, écrivent l
976 être citées et soulignées à votre intention. « Il est probable, écrivent les rédacteurs, que beaucoup de ceux qui nous lise
977 avoir pris connaissance des réponses qui nous ont été adressées, ils en seront désormais convaincus. Dans leur quasi-unanim
978 e des réponses qui nous ont été adressées, ils en seront désormais convaincus. Dans leur quasi-unanimité, ces réponses révèlen
979 hement entre les peuples libres d’Europe. » Quels sont les principaux points d’accord que manifestent les milliers de répons
980 conomique. 3. Le Conseil de l’Europe à Strasbourg est approuvé, mais tout le monde voudrait que son Assemblée ait beaucoup
981 d’aboutir. S’ils y parviennent, tous les espoirs sont permis. Car ce sont les peuples qui décideront finalement de leur sor
982 parviennent, tous les espoirs sont permis. Car ce sont les peuples qui décideront finalement de leur sort, en restant inerte
47 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les politiciens et l’Europe (3 avril 1950)
983 s auditeurs, L’expression « faire l’Europe », qui est le refrain de mes chroniques, a plus d’un sens. Pour les fédéralistes
984 a plus d’un sens. Pour les fédéralistes, dont je suis , faire l’Europe signifie pratiquement créer sans retard des instituti
985 qu’elle se fasse vite, et affirmer surtout qu’il est urgent d’attendre, avec une obstination aussi acharnée qu’anglo-saxon
986 tés, lesquels nommeront des bureaux, dont il peut être intéressant de faire partie. Ainsi va le monde. Prenons-le comme il e
987 re partie. Ainsi va le monde. Prenons-le comme il est , et demandons-nous ce soir, à la lumière de l’actualité, ce que signi
988 , dans tous nos journaux — que M. Churchill avait été l’initiateur et le pionnier du mouvement pour l’Europe unie. Ce n’est
989 le pionnier du mouvement pour l’Europe unie. Ce n’ est pas tout à fait exact. M. Churchill s’est fait, s’il me permet de le
990 e. Ce n’est pas tout à fait exact. M. Churchill s’ est fait, s’il me permet de le dire, le haut-parleur d’un grand courant d
991 elui de l’homme d’État conservateur. Mais le fait est que, quand certains d’entre nous répétaient depuis 1945, qu’on ne pou
992 llemagne dans une Europe unie, et tout le monde s’ est écrié : voilà une idée géniale, voilà enfin un homme qui ose dire la
993 ose dire la vérité, et qui voit loin !… Mais il n’ est pas besoin de voir très loin pour voir que le problème allemand est l
994 voir très loin pour voir que le problème allemand est le problème numéro un de l’Europe actuelle, et qu’il n’a qu’une seule
995 olution : l’Europe unie. Il suffit de voir ce qui est , dans l’immédiat, et sous nos yeux. L’étonnant, le stupéfiant, ce n’e
996 et sous nos yeux. L’étonnant, le stupéfiant, ce n’ est pas que M. Churchill, après les fédéralistes et avec eux, l’ait vu ;
997 er Adenauer. Prions le Ciel pour que M. Churchill soit entendu dans son propre pays ! Donc, pour le grand homme politique an
998 e grand homme politique anglais, celui qui a seul tenu tête à Hitler, et qui nous a sauvé du fol orgueil allemand, faire l’E
999 r avant. Car les Français voudraient que la Sarre soit autonome, donc soumise à leur influence, tandis que les Allemands la
1000 voir traitée en État libre. Je dis que l’affaire est ridicule, s’agissant du Conseil de l’Europe, puisqu’il est clair que,
1001 ule, s’agissant du Conseil de l’Europe, puisqu’il est clair que, dans notre fédération, de tels problèmes précisément ne se
1002 n pourquoi il faut la faire. Faire l’Europe, ce n’ est pas seulement réconcilier l’État français et l’État allemand, mais c’
1003 rber les Allemands dans une vaste union, son rôle serait justifié devant l’Histoire. S’il y échoue, eh bien nous ferons autre
48 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les volontaires de Daniel Villey (10 avril 1950)
1004 es-unes aussi de France, ou d’Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestine — où je ne soupçonnais pas que les on
1005 — où je ne soupçonnais pas que les ondes suisses fussent aussi bien écoutées et reçues. Ces nombreuses marques d’enthousiasme
1006 la suite de cette belle aventure. Certes, elle en est encore à ses débuts, mais elle est déjà mieux qu’une promesse. Daniel
1007 ertes, elle en est encore à ses débuts, mais elle est déjà mieux qu’une promesse. Daniel Villey, sans avoir fait d’autre pu
1008 e femme, il a dépouillé cet énorme courrier, et s’ est efforcé de répondre à ceux qui le demandaient. Surtout, il a opéré un
1009 cinquantaine de jeunes gens et jeunes filles ont été convoqués pour une première rencontre à Paris le 12 février. Le texte
1010 s le 12 février. Le texte de la convocation avait été rédigé en termes exigeants, afin que puissent se distinguer celles de
1011 dix volontaires a prêté un serment solennel, et s’ est engagé pour deux ans au service exclusif de l’unité européenne. Trois
1012 vice exclusif de l’unité européenne. Trois autres sont venus s’ajouter au noyau, le 8 mars. Au nombre de ces premiers volont
1013 telle démarche ? Pourtant, des objectifs précis sont assignés d’ores et déjà à l’action des volontaires. Tout d’abord, ils
1014 demanderez sans doute comment les Suisses qui ont été touchés par cet appel vont pouvoir participer, eux aussi, à la croisa
1015 aignant de décevoir tant de bonnes volontés qui s’ étaient signalées spontanément, j’ai posé la question à Villey. Il m’a répond
1016 ion à Villey. Il m’a répondu ceci : son intention est de former d’abord sa première équipe pour la France. Un ou deux Suiss
1017 ère équipe pour la France. Un ou deux Suisses ont été invités à suivre de près l’expérience. Si celle-ci se révèle concluan
1018 ide chez nous, car je crois qu’aujourd’hui rien n’ est plus nécessaire que ce travail direct dans la population. Son urgence
1019 it ce que les gouvernements, laissés à eux-mêmes, sont capables de faire, ou plutôt de ne pas faire. C’est ainsi qu’à Strasb
1020 indéfiniment préalables. On sait que la procédure est le meilleur moyen de s’occuper sérieusement et coûteusement à ne rien
1021 livrer à ce jeu d’escamotage des espoirs dont ils sont , après tout, responsables devant leurs peuples. On voudrait que Danie
1022 r fassent comprendre, sans discours, que le temps est venu d’être sérieux : leur seul exemple suffirait. À Villey donc et à
1023 omprendre, sans discours, que le temps est venu d’ être sérieux : leur seul exemple suffirait. À Villey donc et à ses volonta
1024 vœux de joyeuses Pâques. Le printemps de l’Europe est à eux, cette année ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
49 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Branle-bas mondial (17 avril 1950)
1025 omme dans les figures d’un ballet, et tout cela n’ est pas exaltant. C’est le train-train de l’Histoire, et s’il est vrai qu
1026 tant. C’est le train-train de l’Histoire, et s’il est vrai que les temps heureux n’ont pas d’Histoire, on serait tenté d’êt
1027 ai que les temps heureux n’ont pas d’Histoire, on serait tenté d’être optimiste. On aurait tort. Car derrière tout ce va-et-vi
1028 s heureux n’ont pas d’Histoire, on serait tenté d’ être optimiste. On aurait tort. Car derrière tout ce va-et-vient, caché pa
1029 e. Les deux blocs dont on parle depuis quatre ans sont en train de devenir des hémisphères. Déjà, ce n’est plus de la Russie
1030 t en train de devenir des hémisphères. Déjà, ce n’ est plus de la Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orien
1031 l’autre. Une gigantesque simplification du monde est en train de s’opérer sous nos yeux. Il est incontestable qu’il s’agit
1032 monde est en train de s’opérer sous nos yeux. Il est incontestable qu’il s’agit d’un fait sans précédent dans l’histoire d
1033 ur à la Chambre française M. Paul Reynaud : « À l’ Est , un Empire se fait, tandis que les États de l’Ouest hésitent et ânonn
1034 l’opposition, et l’opinion publique. Alors qu’à l’ Est se poursuit, avec un acharnement mécanique, l’uniformisation des chos
1035 ’union respectueuses des diversités. Alors qu’à l’ Est s’est imposée du premier coup la direction unique du Kremlin, nous no
1036 respectueuses des diversités. Alors qu’à l’Est s’ est imposée du premier coup la direction unique du Kremlin, nous nous dis
1037 lie, la Grèce et l’Espagne. Et pourtant, ces pays sont menacés comme les autres. Le pacte, sans eux, sera trop faible ; et s
1038 ont menacés comme les autres. Le pacte, sans eux, sera trop faible ; et seuls, ils ne peuvent pas se défendre. Une fois de p
1039 et l’Afrique. Une fois de plus, nous voyons qu’il est faux de prétendre que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’E
1040 st faux de prétendre que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’Europe qui, dans le monde occidental, représente le
1041 surtout le sens des valeurs humaines que ce plan est chargé de défendre contre l’immense poussée de la masse orientale. L’
1042 aussi. C’est l’enjeu le plus total qui ait jamais été proposé à l’humanité. Il s’agit aujourd’hui de savoir si c’est l’homm
1043 le cas en Orient. Ce qu’il s’agit de gagner, ce n’ est pas une guerre, c’est beaucoup plus : c’est la cause de l’homme perso
50 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’union atlantique (24 avril 1950)
1044 ier la condition indispensable à cette union, qui est la fédération européenne. Comme pour confirmer ce diagnostic, le jour
1045 ernière causerie au point précis où l’actualité s’ est chargée de la prolonger. Que faut-il penser de la proposition Bidault
1046 t-il répéter avec beaucoup que l’étape européenne est dépassée ? Et faut-il enfin que je change le titre même de ma chroniq
1047 la réaliser ; 2. Je ne pense pas que cette union soit réalisable tant que l’Europe n’existe pas politiquement, et qu’elle n
1048 ter une mesure bien pratique et efficace, qu’elle soit de première importance, comme l’élection directe d’un Parlement europ
1049 s refusent absolument d’agir. Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou de timidité. Ils trouvent toujours que « c’e
1050 qu’on puisse deviner à quel moment cela cessera d’ être prématuré, à leur avis. Ils prétendent toujours que l’opinion n’est p
1051 eur avis. Ils prétendent toujours que l’opinion n’ est pas mûre, sans qu’on puisse deviner quand et comment ils auraient con
1052 léchir. Ce qui revient à dire, évidemment, qu’ils sont bien décidés à ne rien faire. Car si nous leur laissions tout le temp
1053 leur laissions tout le temps qu’ils demandent, il est très peu probable qu’ils l’emploieraient à réfléchir : on sait qu’ils
1054 sait qu’ils ont trop d’autres choses à faire… Je suis prêt à les plaindre ; je suis prêt à saluer la sincérité de plusieurs
1055 choses à faire… Je suis prêt à les plaindre ; je suis prêt à saluer la sincérité de plusieurs en tant qu’individus ; je sui
1056 sincérité de plusieurs en tant qu’individus ; je suis même prêt à prendre au sérieux quelques-unes de leurs objections. Mai
1057 tique, quand ils ont démontré depuis un an qu’ils étaient incapables de créer une union par-dessus la Manche, ou même par-dessu
1058 deux mondes. Mais du côté du State Department, il est probable qu’on va se montrer très réservés, et cela se comprend. Comm
1059 es, la direction générale indiquée par M. Bidault est la bonne : c’est celle qu’il nous faudra prendre après-demain, et nou
1060 onique. Ensuite, il s’agit de bien voir que ce ne sont pas nos petits États souverains qui seront capables de s’unir à l’Amé
1061 ue ce ne sont pas nos petits États souverains qui seront capables de s’unir à l’Amérique, en ordre dispersé ; mais que si nous
1062 nous voulons qu’un jour le grand rêve atlantique soit une réalité, il nous faut commencer par nous en rendre dignes, il nou
51 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et l’Amérique (1er mai 1950)
1063 me lundi que je vous parle de l’Europe. Si elle n’ est pas encore faite, cette Europe, personne au moins ne pourra dire que
1064 au moins ne pourra dire que c’est ma faute ! Elle est d’ailleurs en train de se faire, et peut-être plus vite que nous ne l
1065 ais au total indiscutable. Le Conseil de l’Europe est encore vagissant, mais il est né. La presse de nos pays est encore di
1066 Conseil de l’Europe est encore vagissant, mais il est né. La presse de nos pays est encore divisée, souvent sceptique, mais
1067 vagissant, mais il est né. La presse de nos pays est encore divisée, souvent sceptique, mais vous ne pouvez plus ouvrir un
1068 ltiplient, et démontrent que l’opinion, si elle n’ est pas encore passionnée, commence tout de même à se réveiller, se frott
1069 les yeux, et se demande si l’union de l’Europe ne serait pas autre chose qu’une « idée généreuse » — ne serait point, par hasa
1070 it pas autre chose qu’une « idée généreuse » — ne serait point, par hasard, le problème politique, économique et culturel le p
1071 uis, les seuls qui auraient le temps de m’écouter sont ceux que l’on vient de renverser, et qui se retirent à la campagne. P
1072 i se retirent à la campagne. Pour les autres, ils sont trop occupés car ce n’est pas de ce côté-là que le pouvoir véritable
1073 . Pour les autres, ils sont trop occupés car ce n’ est pas de ce côté-là que le pouvoir véritable réside, dans nos régimes.
1074 rt se jouera, — dans l’opinion, puisqu’elle seule est en mesure d’exiger ce que les pouvoirs refusent encore. Six minutes p
1075 pire vacarme, canonnade ou bombardement. Mais il est rare qu’un homme qui dort à poings fermés résiste à de petits coups d
1076 siste à de petits coups d’épingle. Mettons que ce soit là mon ambition. La petite piqûre hebdomadaire ! Mais il existe encor
1077 n provoquant un large courant d’air. C’est ce que sont en train de faire, pour le réveil d’une opinion européenne, certains
1078 uge, en Europe. À cet égard, le plan Bidault peut être utile même s’il ne doit pas aboutir. Car cette confrontation spectacu
1079 e. Certes, l’Europe considérée dans son ensemble, est la terre des diversités. Je dirais, paradoxalement, que le premier ca
1080 ractère commun à tous les Européens, c’est qu’ils sont différents les uns des autres, et qu’ils tiennent à leurs différences
1081 ils sont différents les uns des autres, et qu’ils tiennent à leurs différences. On m’a dit bien souvent : Comment voulez-vous do
1082 puritains d’Écosse et les chanteurs napolitains ? Est -ce que les Hollandais, les Belges, les Anglais, n’ont pas beaucoup pl
1083 Yougoslaves ou même les Autrichiens ? — Tout cela est vrai. Mais la diversité n’est pas un obstacle à l’union, et encore mo
1084 hiens ? — Tout cela est vrai. Mais la diversité n’ est pas un obstacle à l’union, et encore moins à la fédération. Elle en e
1085 l’union, et encore moins à la fédération. Elle en est même une des premières conditions. Prenez l’exemple de la Suisse, et
1086 vient évidente. L’homme d’affaires de Stockholm n’ est pas plus différent du paysan de la Provence, que le banquier genevois
1087 oppose tous ensemble au goût du nivellement, qui est asiatique, et au goût du mélange et de l’imitation, qui est américain
1088 que, et au goût du mélange et de l’imitation, qui est américain. Je voudrais conclure par deux remarques. La première, c’es
1089 s, ou à cause d’elles. La seconde, c’est que nous sommes actuellement séparés de nos Américains par autre chose encore que par
1090 ar ces différences authentiques et valables. Nous sommes séparés d’eux par des malentendus, des préjugés et des informations s
52 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et l’Amérique (II) (8 mai 1950)
1091 de nous, dans les États-Unis ? Ces deux questions sont importantes. Car d’une entente raisonnable ou d’un malentendu trop pe
1092 t en Amérique : « Les Yankees et les Britanniques sont séparés par une langue commune. » On pourrait dire de même que les Am
1093 de films américains, nous savons à peu près ce qu’ est le plan Marshall, nous avons cotoyé chez nous des milliers de GIs en
1094 enant d’un peu plus près. Une campagne violente s’ est déchaînée récemment en Europe contre le coca-cola importé d’Amérique.
1095 i bien que cette innocente et quelconque limonade est devenue pour la presse de nos pays latins le symbole même de l’invasi
1096 nds principes pour des questions sérieuses. Je ne suis pas sûr que la question des « digests », ou des digestes, comme on di
1097 es « digests », ou des digestes, comme on dit, en soit une. À en croire une certaine propagande, M. Truman lui-même, appuyé
1098 mistes à l’Europe. En réalité, le Reader’s Digest est une entreprise absolument privée, et il se trouve que son succès dans
1099 vée, et il se trouve que son succès dans nos pays est proportionnellement plus grand encore qu’en Amérique. Au lieu de cher
1100 faire des calculs politiques qui ne peuvent pas y être , demandons-nous plutôt si cet immense succès fait aux digestes par le
1101 succès fait aux digestes par le public européen n’ est pas révélateur d’une profonde ressemblance entre les goûts de la mass
1102 i notre grand public se jette sur les digestes, n’ est -ce pas aussi qu’on a trop négligé, en Europe, la culture populaire, —
1103 tre prospérité, et plus : notre réelle autonomie, sont à ce prix. Quant au reproche de barbarie matérialiste que nous faison
1104 orent trop luxueusement leurs églises, mais elles sont pleines. Ils parlent constamment d’argent, sans la moindre pudeur, ta
1105 ous y pensez constamment, mais en le cachant. Ils sont matérialistes, vous aussi. La différence est qu’ils ont mieux réussi
1106 Ils sont matérialistes, vous aussi. La différence est qu’ils ont mieux réussi dans ce domaine. De plus, ils pensent que vou
1107 ipes qu’ils n’appliquent pas. Eh bien ! tout cela est vrai, osons l’avouer. Mais ce qui échappe à la grande masse américain
1108 ande masse américaine, c’est que tous ces défauts sont le revers d’un certain nombre de réalités que l’Amérique doit encore
1109 de nos plus grands esprits, l’Européen du peuple est resté, malgré tout, un homme qui a très souvent le sens de l’absolu,
1110 humilité… Que conclure de ces observations, qu’il serait trop aisé de multiplier ? Je crois que c’est clair : nous avons grand
1111 rtus complémentaires, la civilisation occidentale sera sauvée. Mais il nous faut d’abord sauver notre moitié à nous de ce gr
53 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Lenteurs et progrès (15 mai 1950)
1112 le 6 mai 1949, les statuts du Conseil de l’Europe étaient signés à Londres par 10 États. Cette année enfin, le 8 mai, voici qu’
1113 le tapis vert, le comité du Mouvement européen s’ était réuni à Paris. M. Spaak était venu nous parler. Il commença son disco
1114 ouvement européen s’était réuni à Paris. M. Spaak était venu nous parler. Il commença son discours en ces termes : « Messieur
1115 : « Messieurs, les progrès du Conseil de l’Europe sont très lents, très lents, très lents… très lents, très lents, très lent
1116 je pourrais continuer ainsi indéfiniment ! » Nous fûmes unanimes à l’applaudir. La situation dans laquelle nous nous trouvion
1117 trouvions, deux ans après notre départ à La Haye, était évidemment paradoxale. Car d’une part, nous pouvions nous féliciter d
1118 dans la presse. Il y a deux ans, en effet, nous n’ étions qu’une poignée d’idéalistes — comme dit avec pitié le premier nigaud
1119 ourage, au lieu de redoubler sa pression. Nous en étions donc là, dimanche dernier. Et nous venions d’adresser un appel très p
1120 à ce plan. Le charbon et l’acier, vous le savez, sont plus importants que l’argent pour faire la guerre. La France et l’All
1121 ès l’instant où les industries clés des deux pays seraient unifiées, il en résulterait la suppression automatique des barrières
1122 se jouer au cours des mois qui viennent. Aussi n’ est -il pas étonnant que les réactions qui accueillent ce plan soient pass
1123 tonnant que les réactions qui accueillent ce plan soient passionnées, contradictoires, tantôt enthousiastes et tantôt presque
1124 disait de tous côtés : vos projets de fédération sont très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais de grâce, proposez que
1125 ojets de fédération sont très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais de grâce, proposez quelque chose de pratique ! Eh bien
1126 e prouve simplement qu’avec le plan Schuman, nous sommes entrés dans le concret de notre lutte fédéraliste. Tous ces messieurs
1127 et de notre lutte fédéraliste. Tous ces messieurs étaient d’accord tant que notre plan restait vague à leurs yeux. Et ils se ré
1128 e réservaient tout l’avantage de nous reprocher d’ être dans le vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris de panique.
1129 intérêts ou ma doctrine, c’est mieux. La bataille est ouverte. Notre bataille à tous. Seule, la pression accrue de l’opinio
54 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’opinion (22 mai 1950)
1130 1950) Chers auditeurs, Il y a quelques mois, j’ étais le témoin d’un bref dialogue entre deux hommes politiques, au sujet d
1131 es à prendre pour hâter la fédération. Le premier était un Norvégien, président de la Chambre des députés de son pays, le sec
1132 nistre français. Le Norvégien disait : « Surtout, soyons prudents, marchons lentement ! Chez nous en Norvège, l’homme de la ru
1133 » À quoi le Français répondait : « Mon expérience est exactement inverse. Je constate que si l’homme de la rue ne nous suit
1134 n Norvège, et je constate que 64 % des Norvégiens sont favorables à l’union européenne, 11 % seulement s’en déclarent advers
1135 , 11 % seulement s’en déclarent adversaires, 25 % sont indécis. Voilà la preuve indiscutable que le président du Parlement n
1136 son scepticisme personnel. Je crois que l’exemple est très typique, et qu’il révèle assez exactement la situation de la plu
1137 e à invoquer : c’est l’opinion, disent-ils, qui n’ est pas mûre. Eux voudraient bien, ils n’ont rien contre, enfin, ils nous
1138 , voyez-vous, nous les connaissons bien, elles ne sont pas prêtes à nous suivre. » Je leur réponds qu’en vérité, ils n’en sa
1139 s que l’opinion de nos peuples, dans sa majorité, serait favorable à une fédération du continent. Depuis que j’ai vu les résul
1140 que je vous citais tout à l’heure, ce sentiment s’ est transformé en certitude. Et voici sur quoi je me fonde. Un institut d
1141 a demandé à des hommes de tous les milieux s’ils étaient pour une totale liberté du commerce, c’est-à-dire pour que les produi
1142 e de protections douanières. Dans ces conditions, étaient -ils encore favorables à l’union ? Là, comme on pouvait s’y attendre,
1143 e qu’on a posé comme dernière question : « Compte tenu de tous les points examinés, pensez-vous que l’union européenne serai
1144 ints examinés, pensez-vous que l’union européenne serait une bonne ou une mauvaise chose ? » 64 % ont répondu que l’union sera
1145 e mauvaise chose ? » 64 % ont répondu que l’union serait bonne, 9 % qu’elle serait mauvaise et 27 % sont demeurés indécis. Nou
1146 ont répondu que l’union serait bonne, 9 % qu’elle serait mauvaise et 27 % sont demeurés indécis. Nous trouvons donc, en gros,
1147 serait bonne, 9 % qu’elle serait mauvaise et 27 % sont demeurés indécis. Nous trouvons donc, en gros, dans 5 pays qui formen
1148 fforts vers l’union. Qu’il dise franchement qu’il est bien décidé à ne pas tenir compte de l’opinion, mais qu’il renonce à
1149 ursuit dans d’autres pays de l’Europe. Quels vont être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend de vous, chers auditeurs,
1150 auditeurs, car l’opinion, c’est vous ! Les paris sont ouverts. Au revoir, à lundi prochain !
55 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Conversation avec un Américain (29 mai 1950)
1151 , bien qu’elle ait duré quelques heures. Mon hôte était un professeur américain, chargé de s’informer de l’état de l’Europe,
1152 e visiteur : my dear sir, quand une maison brûle, est -ce bien le moment de faire une enquête auprès des habitants de cette
1153 ai pas répondu cela, parce que d’abord l’Europe n’ est pas encore en feu, elle est seulement menacée d’incendie, et l’on a d
1154 ue d’abord l’Europe n’est pas encore en feu, elle est seulement menacée d’incendie, et l’on a donc encore le temps de faire
1155 re le temps de faire des enquêtes. Ensuite, je me suis dit qu’il était bon, parfois, de reposer les questions fondamentales,
1156 faire des enquêtes. Ensuite, je me suis dit qu’il était bon, parfois, de reposer les questions fondamentales, et d’éprouver l
1157 out seul et par ses seuls efforts, si ses voisins sont en faillite. Il nous faut donc nous entraider, et mettre en commun no
1158 t mettre en commun nos ressources, qui pourraient être immenses une fois organisées. Pour cela, il nous faut une union polit
1159 nt au bénéfice de l’intérêt commun. Et comme nous sommes très opposés à l’unification totale, car nos diversités sont notre vr
1160 pposés à l’unification totale, car nos diversités sont notre vraie richesse, nous demandons que l’union de nos pays s’opère
1161 s en Suisse. Le premier avantage de la fédération sera donc d’éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvant nos valeurs natio
1162 conforme à nos coutumes et à nos intérêts, nous y serons bientôt forcés par d’autres : nous y serons forcés par vous, Américai
1163 ous y serons bientôt forcés par d’autres : nous y serons forcés par vous, Américains, — ou bien par une doctrime, un parti, un
1164 ien par une doctrime, un parti, un empire, qui ne sont pas précisément de vos amis. La nature a horreur du vide. Les empires
1165 nous n’arrivons pas à faire demain l’Europe, elle sera faite malgré nous, par vous ou par les autres. Nous serons Russes ou
1166 ite malgré nous, par vous ou par les autres. Nous serons Russes ou Américains, si nous ne sommes par simplement supprimés. — C
1167 res. Nous serons Russes ou Américains, si nous ne sommes par simplement supprimés. — Cher Monsieur, m’a dit alors mon visiteur
1168 l aura pris fin. — Fort bien, lui ai-je dit, mais soyons réalistes. Pensez-vous que l’Amérique va continuer longtemps à taxer
1169 rôler l’emploi des fonds qu’elle nous envoie ? Ce serait tout simplement absurde de sa part. Mais contrôler ces fonds, cela si
1170 ropéenne. Ainsi, que vous le vouliez ou non, vous serez un jour forcés de nous forcer à faire l’union européenne. Nous préfér
1171 uestion : pourquoi faut-il unir l’Europe, et quel serait l’avantage de cette union ? Je vous laisse juges. Mais soyons justes.
1172 ntage de cette union ? Je vous laisse juges. Mais soyons justes. J’ai bien compris que mon interlocuteur voulait savoir en réa
1173 ondu que certainement le niveau de vie des masses sera d’abord sauvé, puis élevé par la mise en commun des ressources du con
1174 des ressources du continent. Tous nos économistes sont d’accord sur ce point. Mais il est clair que cette prospérité posera
1175 s économistes sont d’accord sur ce point. Mais il est clair que cette prospérité posera certains problèmes à l’Amérique. Le
1176 é posera certains problèmes à l’Amérique. Le tout est de savoir si l’Amérique préfère l’Europe ruinée à l’Europe concurrent
1177 . C’est là son choix, c’est son affaire. La nôtre est d’éviter la ruine. Et nous refusons de penser que la santé des uns pu
1178 e vraiment nuire à celle des autres. L’Amérique n’ est -elle pas pour la libre entreprise ? Elle doit donc accepter la concur
1179 doit donc accepter la concurrence. Mais nous n’en sommes pas encore là. Commençons par sauver notre Europe ! Au revoir, chers
56 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le règne des experts (5 juin 1950)
1180 arler de nouveau du plan Schuman. Les journaux en sont pleins, depuis des semaines, et le refus anglais d’y adhérer passionn
1181 n des ressources en acier et charbon du continent était l’un des points principaux du programme des fédéralistes. Nous l’avio
1182 cueil réservé au projet. La première, c’est qu’il est évident que la mauvaise volonté des dirigeants européens dépasse enco
1183 re. Tous nous parlent d’union, proclament qu’elle est urgente, mais personne ne veut rien sacrifier, et ne veut rien payer
1184 rt à sa perte. Mais les raisons de notre perte ne seront pas la Russie, ni le diable ! Elles sont inscrites dans l’égoïsme ins
1185 rte ne seront pas la Russie, ni le diable ! Elles sont inscrites dans l’égoïsme insane des partis et des professions. Elles
1186 oïsme insane des partis et des professions. Elles sont dans la résistance des industriels d’un côté, des syndicats de l’autr
1187 iquement, ils refusent l’union de l’Europe. Elles sont aussi dans les préjugés invétérés de certains gouvernements, comme ce
1188 ditions concrètes de la paix, de leur paix, elles sont hypnotisées par quelque tour cycliste, en attendant la Bombe et le tr
1189 ments, à toutes les époques de l’histoire. Ce qui est nouveau, c’est le rôle qu’on leur fait jouer. Autrefois, l’on n’avait
1190 confier la conduite des affaires politiques. Ils étaient là pour conseiller d’abord, et ensuite pour exécuter. Quant aux gouve
1191 ouvent, quand on veut faire la guerre, quand on y est décidé ou forcé, les mêmes experts qui démontraient chiffres en main
1192 es plans pour 5 années de lutte. Tous ces calculs sont donc des alibis. Ils masquent, aux yeux l’opinion, la fuite des gouve
1193 des dizaines de milliers de techniciens. Mais où sont les grandes voix qui montrent les grands buts, qui orientent les effo
1194 rientent les efforts vers une vision commune ? Où est l’autorité qui, seule, peut exiger le sacrifice des intérêts contradi
1195 manque tragiquement à l’Europe d’aujourd’hui, ce sont les hommes ou les femmes qui par-dessus le fourmillement des petits c
1196 ent d’aucun pouvoir. Ils n’avaient rien, mais ils étaient l’Autorité. Tous les experts du monde réunis en congrès auraient cert
1197 ontré, chiffres en main, que la France ne pouvait être délivrée, ni les cantons suisses pacifiés. Pourtant deux voix y ont s
57 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Valeur de l’Europe (12 juin 1950)
1198 ’un, c’est la question militaire, pour l’autre ce sont des subventions aux paysans, pour un troisième, ce sont des citations
1199 es subventions aux paysans, pour un troisième, ce sont des citations de la Bible, et pour un quatrième c’est une réforme de
1200 st une réforme de la monnaie ! Le fond des choses est vaste, comme vous le voyez, on y trouve vraiment beaucoup de choses,
1201 est déjà beaucoup. Mais on me dit : « Au fond, qu’ est -ce que l’Europe ? » Et je sais bien que cette question n’est pas abso
1202 l’Europe ? » Et je sais bien que cette question n’ est pas absolument loyale, car tout le monde sait, en réalité, ce qu’est
1203 loyale, car tout le monde sait, en réalité, ce qu’ est l’Europe, et ceux qui reposent le problème sont, en général, ceux qui
1204 qu’est l’Europe, et ceux qui reposent le problème sont , en général, ceux qui refusent les conditions de l’union nécessaire ;
1205 s détour, car le fait même de poser des questions est quelque chose de très européen. Personne n’aurait l’idée de demander 
1206 péen. Personne n’aurait l’idée de demander : « Qu’ est -ce que l’Amérique, qu’est-ce que l’Inde ou la Chine, ou qu’est-ce que
1207 idée de demander : « Qu’est-ce que l’Amérique, qu’ est -ce que l’Inde ou la Chine, ou qu’est-ce que la Russie ? » Ces grands
1208 Amérique, qu’est-ce que l’Inde ou la Chine, ou qu’ est -ce que la Russie ? » Ces grands empires sont bien délimités, physique
1209 ou qu’est-ce que la Russie ? » Ces grands empires sont bien délimités, physiquement et historiquement. Mais l’Europe, person
1210 l’espace et dans le temps. Comme la Grèce, elle n’ est rien qu’un cap, et ses frontières vers l’Est sont indécises, comme ce
1211 le n’est rien qu’un cap, et ses frontières vers l’ Est sont indécises, comme celles de la Grèce vers le Nord. Dans ce cap de
1212 ’est rien qu’un cap, et ses frontières vers l’Est sont indécises, comme celles de la Grèce vers le Nord. Dans ce cap de l’As
1213 s de la Grèce vers le Nord. Dans ce cap de l’Asie sont venues se mêler trois influences décisives : Athènes, Rome et Jérusal
1214 tutions, et la révélation chrétienne. Tout cela s’ est mêlé, noué, marié au cours des siècles, et dès la Renaissance, l’Euro
1215 ours des siècles, et dès la Renaissance, l’Europe est apparue comme un ensemble, une civilisation, qui a dominé la Terre en
1216 ’est la grandeur unique de notre continent, et ce sont ses causes véritables. Posez-vous simplement cette question : Comment
1217 coupé et divisé, environ 5 % des terres du globe, soit devenu le foyer vital de la seule civilisation qui ait su gagner la T
1218 n qui ait su gagner la Terre entière ? La réponse tient en un seul mot. C’est la culture qui a fait l’Europe, cœur et cerveau
1219 ni libertés civiques. Vous croyez que la culture est un luxe, l’affaire de quelques spécialistes à lunettes ? Vous croyez
1220 to ? Vous oubliez seulement que toutes ces choses sont des produits secondaires de la culture, d’elle seule. Vous oubliez qu
1221 n comme pour le mal, le monde moderne tout entier est un produit européen, qu’il est sorti du cerveau de l’Europe, de sa cu
1222 oderne tout entier est un produit européen, qu’il est sorti du cerveau de l’Europe, de sa culture encore une fois, et de ri
1223 ous disputent la puissance, l’Amérique et l’URSS, sont eux-mêmes nés d’idées européennes, l’un de Calvin et du puritanisme a
1224 que, il faut reconnaître cette réalité : l’Europe est une culture, ou elle n’est pas grand-chose. Pour la sauver, dans la c
1225 tte réalité : l’Europe est une culture, ou elle n’ est pas grand-chose. Pour la sauver, dans la crise qu’elle traverse, il f
1226 rse, il faut revenir aux sources de sa force, qui sont intellectuelles et spirituelles, et qui ne sont pas le nombre et la m
1227 i sont intellectuelles et spirituelles, et qui ne sont pas le nombre et la matière — car de cela, les autres en ont plus que
1228 ersonnel, l’idée de liberté, sans lesquelles il n’ est plus de création ni d’invention, donc, en fin de compte, plus même de
1229 peler que les chances de l’Europe, après tout, ce sont les chances de l’homme personnel, car en face de la terre des masses
1230 personnel, car en face de la terre des masses qu’ est la Russie, de la terre des machines qu’est l’Amérique, de la terre de
1231 ses qu’est la Russie, de la terre des machines qu’ est l’Amérique, de la terre des fatalités qu’est l’Asie, l’Europe est seu
1232 s qu’est l’Amérique, de la terre des fatalités qu’ est l’Asie, l’Europe est seule à demeurer la Terre des hommes. Au revoir,
1233 de la terre des fatalités qu’est l’Asie, l’Europe est seule à demeurer la Terre des hommes. Au revoir, à lundi prochain.
58 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (19 juin 1950)
1234 n aux statuts de cette institution, dont le siège sera probablement fixé à Genève et, peut-être, au château de Coppet. La cr
1235 a création du Centre européen de la culture avait été demandée d’abord par le congrès de La Haye, en 1948, elle fut ensuite
1236 d’abord par le congrès de La Haye, en 1948, elle fut ensuite recommandée par l’Assemblée de Strasbourg, l’an dernier. Enfi
1237 le à un refuge du Club alpin. Ensuite, nos tâches seront définies tout simplement par les besoins réels qui se font sentir dan
1238 cinéma en pleine crise, problèmes qui ne peuvent être résolus dans le cadre d’un seul pays, parce qu’ils débordent les limi
1239 ible, par la mise en commun de nos ressources. Ce sera , si vous le voulez, un plan Schuman, mais dans le domaine de la cultu
1240 e l’Europe entière, quand il s’agit de s’adresser soit aux Russes, soit aux Américains. Il faut donc une autorité qui puisse
1241 e, quand il s’agit de s’adresser soit aux Russes, soit aux Américains. Il faut donc une autorité qui puisse élever la voix d
1242 inion et s’il parvient à grouper nos élites. Tels sont l’esprit, les méthodes et les buts de l’institut qui va se fonder. Je
1243 itut qui va se fonder. Je me rends compte qu’il n’ est pas facile d’en mesurer d’un seul coup d’œil toute l’importance. Et p
1244 les recherches scientifiques. Aucun de nos pays n’ est assez riche pour développer la recherche atomique et ses applications
1245 a médecine, à l’industrie et aux transports. Nous sommes très en retard sur l’Amérique. Mais si tous nos pays groupent leurs s
1246 Amérique et la Russie. Privée de ces moyens, elle sera bientôt réduite à l’état de colonie décadente. Si elle les a, son ind
1247 olonie décadente. Si elle les a, son indépendance est assurée. Nous allons donc convoquer nos savants : et ils vont voir en
1248 s savants : et ils vont voir ensemble ce qui doit être fait, ce qui peut être fait sans retard, dans ce domaine. Second exem
1249 voir ensemble ce qui doit être fait, ce qui peut être fait sans retard, dans ce domaine. Second exemple, dans un domaine to
1250 es frontières. Les jeunes gens membres d’un foyer seront chez eux dans tous les autres et dans tous les pays de l’Europe. Ils
1251 les autres et dans tous les pays de l’Europe. Ils seront sûrs de trouver dans leurs voyages, à pied ou à bicyclette, logis, le
1252 e ses barrières, et renaissant à la puissance qui fut toujours la sienne : celle de l’esprit. Un mot encore : le siège du C
1253 e européen de la culture, je vous le disais, doit être en Suisse. N’est-il pas beau que ce soit de la Suisse, espace neutre
1254 ulture, je vous le disais, doit être en Suisse. N’ est -il pas beau que ce soit de la Suisse, espace neutre au milieu du cont
1255 is, doit être en Suisse. N’est-il pas beau que ce soit de la Suisse, espace neutre au milieu du continent, que puisse s’élev
59 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Avant Strasbourg (26 juin 1950)
1256 asbourg (26 juin 1950) Chers auditeurs, Voici l’ été  ; pour beaucoup d’entre vous, les vacances ; pour le studio de Genève
1257 ue d’une série qui aura duré près d’une année. Il est bien naturel que je m’interroge sur la portée des événements qui ont
1258 n ? Prenons d’abord notre Mouvement européen, qui fut depuis deux ans le moteur de l’action. Depuis son grand succès de l’a
1259 mités, mais réels. Nous verrons à Strasbourg, cet été , si ce projet peut passer dans les faits, malgré l’opposition tenace
1260 disais, dans mes deux dernières chroniques, qu’il est le vrai fondement de toute l’Europe, et même de sa puissance matériel
1261 même de sa puissance matérielle, les projets ont été décisifs. Le Centre européen de la culture, dont les statuts et le pr
1262 la culture, dont les statuts et le programme ont été mis au point il y a trois jours, sera inauguré l’automne prochain à G
1263 rogramme ont été mis au point il y a trois jours, sera inauguré l’automne prochain à Genève. Et peu après, le Collège de l’E
1264 ales ; qu’elles ont pris la tête du mouvement, et sont prêtes à réaliser l’union des esprits et des cœurs, sans laquelle auc
1265 sprits et des cœurs, sans laquelle aucune autre n’ est possible. Enfin, dans le domaine économique, le plan Schuman pose les
1266 e session de Strasbourg s’ouvrira le 8 août. Elle sera décisive. Formée de députés régulièrement élus par 15 parlements de l
1267 porte le grand espoir fédéraliste : on verra, cet été , si elle s’en montre digne. On le verra d’une manière précise. Car l’
1268 n le verra d’une manière précise. Car l’Assemblée sera saisie d’une proposition capitale, tendant à instituer, au-dessus des
1269 de lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas député, et mon pays d’ailleurs n’est pas représenté à Strasbourg.
1270 . Je ne suis pas député, et mon pays d’ailleurs n’ est pas représenté à Strasbourg. Je n’ai donc pas de titre à y parler. Si
1271 as de titre à y parler. Si j’en avais, voici quel serait mon discours : Messieurs les députés européens ! vous êtes ici pour
1272 iscours : Messieurs les députés européens ! vous êtes ici pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire. Fair
1273 nt suffit à démontrer que la solution fédéraliste est non seulement praticable en principe, mais pratique. Vous allez m’obj
1274 s pratique. Vous allez m’objecter que les Suisses sont les premiers à se montrer réservés quand il s’agit de faire l’Europe.
1275 s quand il s’agit de faire l’Europe. C’est qu’ils sont déjà fédérés. Ils vous attendent. Vous dites encore qu’il faut être p
1276 Ils vous attendent. Vous dites encore qu’il faut être prudent quand on s’engage dans une entreprise aussi vaste. C’est alle
1277 est aller trop vite en besogne : car vous ne vous êtes , jusqu’ici, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il
1278 i, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez , il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte
1279 dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, convien
1280 Vous dites qu’il y a de grosses difficultés. Vous êtes -là pour les surmonter, — sinon, pour quoi ? Vous m’assurez enfin de v
1281 n général, ou contre l’union de nos peuples. Nous sommes tous de bonne volonté, à nous en croire… Mais certains souhaitent un
1282 s veulent ses conditions. Certains préfèrent s’en tenir au possible — et presque rien ne leur paraît possible — , tandis que
1283 que d’autres veulent abolir la cause du mal, qui est la souveraineté nationale. Les autres, qui savent ce qu’ils veulent,
1284 bien ! Messieurs les députés européens, si vous n’ êtes pas fédéralistes, allez-vous-en ! Si vous l’êtes, osez le dire, prouv
1285 ’êtes pas fédéralistes, allez-vous-en ! Si vous l’ êtes , osez le dire, prouvez-le, faites la nuit du 4 août des souverainetés
1286 ouvoir et donnez-nous l’Autorité européenne. Tel serait mon discours, chers auditeurs, et je ne pourrai pas le prononcer, mai
60 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un été orageux (9 septembre 1950)
1287 Demain l’Europe ! — Un été orageux (9 septembre 1950) Chers auditeurs, Je reviens vous parler
1288 Chers auditeurs, Je reviens vous parler après un été orageux. Le titre de ma chronique n’a pas changé : il est resté « Dem
1289 eux. Le titre de ma chronique n’a pas changé : il est resté « Demain : l’Europe ! », ce qui revient à dire évidemment, que
1290 qui revient à dire évidemment, que cette Europe n’ est pas encore faite aujourd’hui, n’a pas été formée et fédérée pendant l
1291 urope n’est pas encore faite aujourd’hui, n’a pas été formée et fédérée pendant l’été, exige encore, pour devenir demain ré
1292 ourd’hui, n’a pas été formée et fédérée pendant l’ été , exige encore, pour devenir demain réalité, beaucoup d’efforts, beauc
1293 ut court. Mais avant de vous informer de ce qui s’ est fait, ou ne s’est pas fait, pour nous unir, depuis deux mois ; avant
1294 nt de vous informer de ce qui s’est fait, ou ne s’ est pas fait, pour nous unir, depuis deux mois ; avant d’en revenir à des
1295 es problèmes précis, je voudrais vous parler de l’ été qui s’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre. De jour en jou
1296 rais vous parler de l’été qui s’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre. De jour en jour, les prévisions du temps a
1297 le Ciel ne se fatigue de localiser les dégâts. Ce fut un été mouvementé, dominé par une vague angoisse, trop vague encore,
1298 ne se fatigue de localiser les dégâts. Ce fut un été mouvementé, dominé par une vague angoisse, trop vague encore, souvent
1299 Suisse. Aux derniers jours du mois de juin, je me suis envolé vers Berlin, par-dessus la zone soviétique. L’affaire de Corée
1300 later. Le congrès auquel j’allais prendre part se tenait dans les ruines de Berlin, à 600 mètres de la limite du secteur russe
1301 conflit coréen n’allait pas se généraliser. Nous étions en tout cas aux premières loges, là où l’on sent que les choses peuve
1302 aient couper le courant pour toute la ville. Ce n’ était que cela, une longue panne d’électricité, en somme. Mais si beaucoup
1303 gmestre commençait très lentement sa phrase, ce n’ était pas seulement parce qu’il faisait 35 degrés à l’ombre ce jour-là. Deu
1304 à l’ombre ce jour-là. Deux semaines plus tard, j’ étais à Beaune, capitale des vins de Bourgogne, où s’étaient réunis pour le
1305 is à Beaune, capitale des vins de Bourgogne, où s’ étaient réunis pour le 14 juillet les fédéralistes français. Là, dans ce rich
1306 uième Heure. Il évoquait le sort des nations de l’ Est européen, qui viennent de perdre, sous nos yeux, cette liberté que l’
1307 s riches ? On discutait le prix d’un bateau qu’on tiendrait toujours prêt pour fuir l’Europe et gagner l’Algérie en cas de guerre
1308 récentes en tenant à peu près ce langage : Nous sommes tranquilles ici dans un pays prospère. Mais ce pays est au cœur d’une
1309 anquilles ici dans un pays prospère. Mais ce pays est au cœur d’une Europe qui se sent, tout d’un coup, cet été, sans défen
1310 œur d’une Europe qui se sent, tout d’un coup, cet été , sans défense. Et notre sort, au bout du compte, sera celui du contin
1311 , sans défense. Et notre sort, au bout du compte, sera celui du continent. L’Europe aussi, comme la Corée, est une presqu’îl
1312 lui du continent. L’Europe aussi, comme la Corée, est une presqu’île de l’Asie… Elle aussi peut être envahie. Vous pensez q
1313 ée, est une presqu’île de l’Asie… Elle aussi peut être envahie. Vous pensez que la Corée, c’est bien loin. Mais la Corée tou
1314 ouche la Russie. Et les Russes, ne l’oubliez pas, sont à une heure et demie d’avion de notre pays. Les Américains à 16 heure
1315 notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’ est -il pas venu pour nous tous d’obéir à l’exemple des petits cantons sui
1316 uiconque chercherait à les molester ? Le moment n’ est -il pas venu de nous unir au-dessus de nos partis, de nos vieilles que
1317 mieux que la paix ? L’orage, une fois de plus, s’ était mis de la partie. La pluie tombait. Des milliers d’auditeurs ouvriren
1318 dépendent, pour notre avenir à tous, de ce qui s’ est fait, ou ne s’est pas fait là. Au revoir, chers auditeurs, à lundi pr
1319 otre avenir à tous, de ce qui s’est fait, ou ne s’ est pas fait là. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain !
61 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’atmosphère de Strasbourg (11 septembre 1950)
1320 e les institutions naissantes d’une Europe qui en est encore au stade des plans et des discussions sur devis ? Je ne crois
1321 onsultative de Strasbourg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai de l’année dernière, à la suite d’une campagne vigo
1322 à l’appel l’Espagne et le Portugal, parce qu’ils sont en régime de dictature, l’Autriche parce que les Russes refusent enco
1323 près quoi les résolutions renvoyées à l’Assemblée sont étudiées à nouveau, et soumises à des experts, lesquels répondent inv
1324 dent invariablement que les mesures qu’on propose sont prématurées, mais qu’il ne faut rien faire en attendant. Comme vous l
1325 e en attendant. Comme vous le voyez, le mécanisme est parfaitement réglé pour s’enrayer à coup sûr avant chaque départ. On
1326 jour passer outre, et décider que ses résolutions seront examinées par les parlements de chaque pays, qui sont plus stables qu
1327 examinées par les parlements de chaque pays, qui sont plus stables que les ministres. Et l’opinion, un jour, peut se fâcher
1328 allez-vous-en ! Or les ministres, comme on sait, sont nommés par les parlements, et les parlements sont élus par l’opinion
1329 sont nommés par les parlements, et les parlements sont élus par l’opinion réelle d’un pays, celle qui vote au scrutin libre
1330 onc, en dernier ressort, de l’opinion. Quand elle sera mûre, quand elle dira ce qu’elle veut, avec clarté, avec passion, les
1331 pas d’illusions. Mais je calcule nos chances, qui sont celles de la paix, et je trouve qu’elles ne sont pas si mauvaises. En
1332 sont celles de la paix, et je trouve qu’elles ne sont pas si mauvaises. Encore faut-il que l’opinion se réveille. Le canon
1333 ndiez maintenant : qu’a fait Strasbourg pendant l’ été  ? Je serais forcé de vous répondre : pas grand-chose. Mais une évolut
1334 ntenant : qu’a fait Strasbourg pendant l’été ? Je serais forcé de vous répondre : pas grand-chose. Mais une évolution décisive
1335 ution décisive se prépare. Dans l’atmosphère de l’ été orageux que je vous décrivais lundi dernier, cette deuxième session d
1336 di dernier, cette deuxième session de l’Assemblée fut beaucoup plus passionnée que l’an dernier. On sentait que les choses
1337 mais en Europe. Des oppositions plus tranchées se sont fait jour, des masques sont tombés. On a vu que les Anglais ne voulai
1338 ons plus tranchées se sont fait jour, des masques sont tombés. On a vu que les Anglais ne voulaient rien, à aucun prix, qu’i
1339 s Anglais ne voulaient rien, à aucun prix, qu’ils fussent conservateurs ou travaillistes. Et qu’il était parfaitement inutile d
1340 fussent conservateurs ou travaillistes. Et qu’il était parfaitement inutile de consentir des concessions dont ils se moquent
1341 un détail, mais qui a son importance, l’Assemblée est chez elle, dans sa propre maison, qu’on lui a bâtie en quelques mois.
1342 tout va, dit un proverbe. Le Palais de l’Europe a été édifié sur un ancien terrain de football. On y jouait un match le 1er
1343 e de se renvoyer la balle. Mais quelques buts ont été marqués. Premièrement, l’Assemblée a décidé de se réunir une seconde
1344 l’opinion en alerte. Deuxièmement, l’Assemblée s’ est donné le droit d’aborder les questions militaires, de parler de la dé
1345 itaires, de parler de la défense de l’Europe, qui est le problème le plus urgent. Je reviendrai lundi prochain sur ce sujet
1346 eille de la première séance de l’Assemblée, ils s’ étaient réunis à la frontière franco-allemande, pour brûler les barrières et
62 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’armée européenne (18 septembre 1950)
1347 ence, qu’a-t-on fait en Europe, à Strasbourg, cet été pour répondre au défi de l’Histoire ? La session de l’Assemblée s’est
1348 défi de l’Histoire ? La session de l’Assemblée s’ est ouverte par un grand discours de Churchill. Le sujet de ce discours é
1349 nd discours de Churchill. Le sujet de ce discours était la création immédiate d’une armée de l’Europe. L’idée de Churchill ét
1350 iate d’une armée de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est sans défense. Elle peut être envahie demain, ou
1351 urope. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est sans défense. Elle peut être envahie demain, ou cette nuit même. Si n
1352 tait simple. L’Europe est sans défense. Elle peut être envahie demain, ou cette nuit même. Si nous pensons qu’elle vaut d’êt
1353 u cette nuit même. Si nous pensons qu’elle vaut d’ être sauvée, constituons une armée sérieuse, qui ne saurait être qu’une ar
1354 e, constituons une armée sérieuse, qui ne saurait être qu’une armée européenne, à l’échelle de la menace elle-même continent
1355 inentale qui pèse sur nous. Le génie de Churchill est indéniable : il consiste à dire simplement les évidences que tout le
1356 d’armée, si l’on excepte l’armée suisse, laquelle est neutre. Tout le monde sait qu’il est urgent de faire quelque chose. M
1357 se, laquelle est neutre. Tout le monde sait qu’il est urgent de faire quelque chose. Mais il faut que Churchill le dise pou
1358 5, et point d’abstentions. C’était trop beau pour être vrai. L’Assemblée ne tarda point à se ressaisir, c’est-à-dire à reven
1359 ssaisir, c’est-à-dire à revenir aux réalités, qui sont pour elle les paragraphes de son statut. Dès que le projet Churchill
1360 raphes de son statut. Dès que le projet Churchill fut mis en discussion plus détaillée, un député anglais, M. James Callagh
1361 . Callaghan sait fort bien cependant que l’Europe est désarmée, et que ce n’est pas avec des paragraphes qu’on peut stopper
1362 cependant que l’Europe est désarmée, et que ce n’ est pas avec des paragraphes qu’on peut stopper des divisions blindées. M
1363 Mais il semble parfois que certains Britanniques sont hélas plus travaillistes qu’intelligents… Arrêtée par un alinéa, l’As
1364 n faire de sérieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent de faire quelque chose, bien sûr, un jour ou l’autre, mais qu’
1365 face au danger d’invasion, nous savons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne fût-ce que pour forcer l’envahisseur à r
1366 avons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne fût -ce que pour forcer l’envahisseur à réfléchir, et sauver ainsi la paix
1367 léchir, et sauver ainsi la paix. Deuxièmement, il est clair qu’on ne peut pas défendre l’Europe avec dix-neuf petites armée
1368 ogrès social, c’est réveiller le nationalisme qui est l’origine même de nos maux, enfin, c’est opposer dix-neuf faiblesses
1369 possible avant deux ans, — encore faut-il qu’elle soit mise au service d’une politique d’ensemble de l’Europe. Elle suppose
1370 ires aventures. Comme vous le voyez, tout cela se tient  : je vous parlerai donc, la prochaine fois, du gouvernement fédéral,
1371 vernement fédéral, sans lequel une armée d’Europe serait plus dangereuse encore que notre faiblesse actuelle. Mais je voudrais
1372 oyens de l’Europe. Encore faut-il que ces soldats soient décidés à employer ces armes. Or, dans l’état politique et social où
1373 ces armes. Or, dans l’état politique et social où sont plusieurs de nos voisins, rien n’est moins sûr. On dit que M. Churchi
1374 t social où sont plusieurs de nos voisins, rien n’ est moins sûr. On dit que M. Churchill est un grand réaliste, parce qu’il
1375 ns, rien n’est moins sûr. On dit que M. Churchill est un grand réaliste, parce qu’il parle de canons et d’avions. Mais ce n
1376 rce qu’il parle de canons et d’avions. Mais ce ne sont là que des objets, des instruments. Le réalisme véritable, c’est de d
1377 -dire de la liberté, sans laquelle cette armée ne serait qu’un poids mort. De cela aussi, je compte vous reparler ; c’est même
63 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Une autorité politique européenne (25 septembre 1950)
1378 oute la session de l’Assemblée de Strasbourg, cet été , les députés n’ont pas cessé de recevoir des centaines de lettres de
1379 adjuraient de faire quelque chose, et vite. Je me suis joint au mouvement pour ma part, en faisant imprimer une brochure de
1380 ccrue par le danger de guerre — que quelque chose fût fait ? Ils voulaient dire, sans aucune équivoque : donnez-nous une au
1381 une, car isolés nous périrons, Cet effort n’a pas été vain. Il a fortement contribué à transformer l’ambiance de l’Assemblé
1382 auté, c’est la thèse des fédéralistes. Ceux-ci ne sont encore, dans l’Assemblée, qu’une minorité certes très remuante, mais
1383 ent supérieurs à ceux des États. Tous les chemins sont bons, pour qui veut aboutir. Prenez les problèmes séparément, ou pren
1384 nous mettra tous d’accord dans les camps. Mais il est apparu très clairement, à Strasbourg, qu’une fraction de l’Assemblée
1385 Sur quoi M. Schumann leur a offert son plan, qui est parfaitement concret, dans un domaine bien défini : celui du charbon
1386 ’acier. Mais tous les Anglais ont dit non, qu’ils soient conservateurs ou travaillistes. Les conservateurs, par la voix de M.
1387 , et n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt soit d’orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état
1388 sa part pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt soit d’orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’esprit rend
1389 ifice, soit d’intérêt soit d’orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’esprit rend toute union réelle impratic
1390 rer à la première scène de ménage ? La question s’ est donc trouvée posée dans toute son acuité : faut-il faire l’Europe san
1391 iques, de vous donner un compte rendu de ce qui s’ est fait — ou non — à Strasbourg, cet été, je terminerai par les précisio
1392 de ce qui s’est fait — ou non — à Strasbourg, cet été , je terminerai par les précisions suivantes : L’Assemblée a fini par
1393 ’action. Je vous en informerai bien sûr dès qu’il sera convenu de les faire connaître à tous, afin que beaucoup puissent y p
64 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Serment de Strasbourg (2 octobre 1950)
1394 lte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est donc la mise en commun de ses ressources et de ses énergies ; mais si
1395 e s’opposent systématiquement à cette union, — on est conduit, par la logique, à se poser la question suivante : faudra-t-i
1396 continentale sans les Anglais ? À Strasbourg, cet été , un certain nombre de députés ont envisagé cette question, et tenté d
1397 d’y répondre par un acte. Le récit de leur échec est significatif, vous allez le voir. L’idée qui animait ce groupe de dép
1398 uelle Daniel Villey et quelques-uns de mes amis n’ étaient pas totalement étrangers, c’était de proclamer sur place, à Strasbour
1399 de concrétiser cette volonté par un Pacte, qui se fût appelé le nouveau Serment de Strasbourg. Voici plus de onze siècles,
1400 Europe et sa division en nations. Il y avait, cet été , une belle chance de remembrer, de rassembler ce continent, qui reste
1401 entèrent de passer aux actes. Un texte de serment fut établi. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai de très bonnes ra
1402 texte de serment fut établi. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai de très bonnes raisons de le connaître en détail,
1403 de le connaître en détail, et vais vous dire quel était son contenu. Les délégués s’engageaient à se considérer non plus comm
1404 éputés se déclarèrent d’accord. Le serment devait être prêté hors de l’enceinte de l’Assemblée, en présence de la population
1405 la presse en parlait par allusions. Des affiches étaient préparées, la police en alerte. Les Anglais avaient affirmé publiquem
1406 ion à ce pacte fédéral du continent, et qu’ils en seraient les meilleurs amis du dehors. Mais à la veille du jour fixé, les trav
1407 Les Belges découvrirent que cette action publique était incompatible avec la discipline de l’Assemblée. Le groupe français lu
1408 dre leurs responsabilités personnelles. Le projet fut par conséquent abandonné, ou plutôt renvoyé à la prochaine session, q
1409 réunir en novembre. C’est ainsi que la session d’ été prit fin sur un échec des activistes. Et certes, la manœuvre anglaise
1410 availliste, joua son rôle dans cet échec. Mais il est juste de dire qu’elle ne l’eût pas joué, si les continentaux, de leur
1411 tout prix. En réalité, beaucoup d’entre eux ne s’ étaient point ralliés au projet de serment sans réserves ou hésitations. L’un
1412 poque me disait quelques jours auparavant : « Que serait cette Europe fédérée sans les Anglais et sans les Scandinaves ? » Ce
1413 e sans les Anglais et sans les Scandinaves ? » Ce serait une Europe catholique (car les partis démo-chrétiens y tiennent presq
1414 urope catholique (car les partis démo-chrétiens y tiennent presque partout le pouvoir), une Europe libérale (du point de vue éco
1415 enfin une Europe dominée par les Allemands qui en seraient le plus grand pays. Il y manquerait leurs éléments vitaux : le protes
1416 dominances catholique, libérale et germanique, ce sera pour eux une bonne raison d’y entrer, afin de rétablir l’équilibre. P
1417 t, « périr isolément ou se sauver ensemble », tel est le dilemme qu’il faut rappeler sans cesse, même et surtout dans notre
65 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (9 octobre 1950)
1418 soir, à Genève, le Centre européen de la culture était officiellement inauguré, au cours d’une cérémonie très simple suivie
1419 hacun sait quelles merveilleuses révolutions elle est capable de produire bientôt, dans la médecine et l’industrie pour la
1420 é par notre Centre. Mais ceux qui ne l’ont pas vu sont en droit de se demander pourquoi cet institut nouveau, quel est son b
1421 e se demander pourquoi cet institut nouveau, quel est son but, et quelle est sa nécessité ? Il y a déjà, n’est-ce pas, surt
1422 cet institut nouveau, quel est son but, et quelle est sa nécessité ? Il y a déjà, n’est-ce pas, surtout à Genève, tant d’or
1423 but, et quelle est sa nécessité ? Il y a déjà, n’ est -ce pas, surtout à Genève, tant d’organismes internationaux ! À cette
1424 ernationaux ! À cette question bien naturelle, je suis heureux de vous répondre ce soir. Le Centre européen de la culture co
1425 s ne réussiront que dans la mesure où les esprits seront préparés à les faire vivre. Et c’est à cette préparation que la cultu
1426 navant toutes ses ressources. Certes, le matériel est important. Mais un grand réaliste, Napoléon, avait coutume de répéter
1427 te, Napoléon, avait coutume de répéter : le moral est au matériel comme 3 est à 1. Tout le monde applaudit à cette phrase,
1428 ume de répéter : le moral est au matériel comme 3 est à 1. Tout le monde applaudit à cette phrase, mais en fait, bien peu d
1429 rendre au sérieux. Il ne croit pas que la culture est un luxe, une distraction réservée aux élites. Il ne la compare pas à
1430 français. Au contraire, il estime que la culture est notre atout majeur dans la lutte engagée entre deux conceptions du mo
1431 rsqu’il déclenche ces deux campagnes culturelles, soyons certains qu’il ne pense pas un seul instant qu’il perd son temps, qu’
1432 ne fois gagnés les esprits et les cœurs, le reste sera conquis sans résistance sérieuse. Le Centre européen de la culture ne
1433 u fanatisme. La propagande massive et mécanique n’ est pas son but, car il ne veut pas endormir ou paralyser les consciences
1434 nces : il entend au contraire les réveiller. Il n’ est pas là pour répandre une mystique qui promet la lune pour demain et l
1435 lité, à leur responsabilité. Certes, nos libertés sont loin d’être parfaites. Mais si nous les perdons un jour, nous pensero
1436 responsabilité. Certes, nos libertés sont loin d’ être parfaites. Mais si nous les perdons un jour, nous penserons, dans les
1437 laient bien qu’on les défende. Et la démocratie n’ est pas une panacée, elle ne résout aucun de nos grands problèmes, mais s
1438 résout aucun de nos grands problèmes, mais s’ils sont un jour résolus sans réplique, derrière les barbelés, nous comprendro
1439 jour à se servir des chars. La villa Mon Repos ne sera certes pas notre repos, mais nous voulons qu’elle soit un jour — le v
1440 certes pas notre repos, mais nous voulons qu’elle soit un jour — le vôtre, et celui de nos enfants. Au revoir, chers auditeu
66 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’opinion et l’Europe (16 octobre 1950)
1441 s, Dans tous nos pays libres, les gens au pouvoir sont inquiets, le soir d’une élection : obtiendront-ils au moins 51 % des
1442 nt obligé de rendre hommage à l’opinion publique, soit qu’on respecte ses libres décisions, soit qu’on les obtienne par la f
1443 blique, soit qu’on respecte ses libres décisions, soit qu’on les obtienne par la force, la terreur, et la ruse combinées. Ma
1444 e-ci : c’est que la fédération européenne devrait être faite dès demain. Car, en effet, le résultat d’une consultation de l’
1445 es questions précises. À la question générale : «  Êtes -vous en faveur de l’idée d’une union de l’Europe occidentale ? », 53 
1446 ait pas d’opinion arrêtée sur le sujet. Mais ce n’ était là qu’une première approche. Il était beaucoup plus intéressant de sa
1447 . Mais ce n’était là qu’une première approche. Il était beaucoup plus intéressant de savoir si l’opinion publique était en fa
1448 plus intéressant de savoir si l’opinion publique était en faveur d’une suppression des frontières, permettant à la fois la l
1449 urs. Là-dessus, 71 % des consultés ont dit qu’ils étaient pour, 9 % seulement se sont déclarés contre, 20 % sont restés indécis
1450 tés ont dit qu’ils étaient pour, 9 % seulement se sont déclarés contre, 20 % sont restés indécis. Cependant, s’il est bien f
1451 pour, 9 % seulement se sont déclarés contre, 20 % sont restés indécis. Cependant, s’il est bien facile de se déclarer pour l
1452 contre, 20 % sont restés indécis. Cependant, s’il est bien facile de se déclarer pour la liberté en général et contre les b
1453 en général et contre les barrières douanières, il est moins facile d’accepter les petits sacrifices matériels que ces mesur
1454 et après que toutes les questions précises aient été envisagées et discutées, une majorité très nette s’est reformée, en f
1455 nvisagées et discutées, une majorité très nette s’ est reformée, en faveur de l’union immédiate de nos pays. 63 % pensent qu
1456 n immédiate de nos pays. 63 % pensent que l’union serait bonne pour eux personnellement ; 65 % qu’elle serait bonne pour leur
1457 ait bonne pour eux personnellement ; 65 % qu’elle serait bonne pour leur pays ; et 70 % qu’elle serait bonne pour la paix du m
1458 lle serait bonne pour leur pays ; et 70 % qu’elle serait bonne pour la paix du monde. Dans ces conditions, on se demande ce qu
1459 uvernements attendent encore, pour prouver qu’ils sont vraiment démocratiques, c’est-à-dire pour montrer qu’ils respectent l
1460 uivrait pas. Or c’est exactement le contraire qui est vrai. La preuve en est administrée par l’enquête que je vous résume.
1461 xactement le contraire qui est vrai. La preuve en est administrée par l’enquête que je vous résume. Ce qui est le plus frap
1462 inistrée par l’enquête que je vous résume. Ce qui est le plus frappant, dans cette enquête, ce sont les résultats qu’elle a
1463 qui est le plus frappant, dans cette enquête, ce sont les résultats qu’elle a donnés en Angleterre — et dans notre pays. Au
1464 vons les mêmes chiffres dans les deux pays : 51 % sont pour l’union, 9 % contre, 40 % indécis. Mais quand on explique aux Su
1465 lais persistent à approuver l’union : le déchet n’ est que d’1 %, dans leur cas, alors qu’il est de 27 % dans le cas des Sui
1466 échet n’est que d’1 %, dans leur cas, alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses. D’où je me permets de déduire qu’en
1467 osaient à la fédération européenne, parce qu’elle était contraire au vœu des masses, dont ils sont les représentants. Or cett
1468 ’elle était contraire au vœu des masses, dont ils sont les représentants. Or cette enquête démontre à l’évidence qu’il n’en
1469 Or cette enquête démontre à l’évidence qu’il n’en est rien. Les électeurs conservateurs et les électeurs travaillistes angl
1470 servateurs et les électeurs travaillistes anglais sont curieusement d’accord pour affirmer, en fait, que l’union de l’Europe
1471 d pour affirmer, en fait, que l’union de l’Europe serait bonne : pour eux d’abord en tant qu’individus (55 %), pour leur pays
1472 ’une très forte majorité de nos peuples, quel que soit leur parti politique, souhaite et veut l’union européenne. Il faut ma
67 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Neutralité européenne (23 octobre 1950)
1473 avantages d’une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, soit, surtout, p
1474 cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, soit , surtout, pour essayer d’empêcher ce conflit. Je disais en substance,
1475 ope devait remplir trois conditions : elle devait être armée — reconnue par les autres puissances — et fédérale. Si ces troi
1476 e toujours, à la faveur d’une polémique, l’idée s’ est déformée. Nous voyons aujourd’hui s’opposer les partisans du Pacte At
1477 en cas de guerre, ou même de se défendre contre l’ Est . Or, je me vois obligé d’avouer mon désaccord avec les uns comme avec
1478 désaccord avec les uns comme avec les autres. Je suis contre toute agression, bien sûr, mais aussi contre toute démission.
1479 en sûr, mais aussi contre toute démission. Car je suis pour la paix et pour la résistance. L’idée de neutralité européenne m
1480 L’idée de neutralité européenne me paraît devoir être abandonnée, pour le moment, puisqu’elle sert de prétexte aux pires dé
1481 orloge parlante vous dit à midi trois quarts : il est exactement 12 heures, 45 minutes, elle a raison. Mais si elle répète
1482 faits ont changé, en ce sens qu’à Strasbourg, cet été , aucune des trois conditions nécessaires pour proclamer la neutralité
1483 res pour proclamer la neutralité de l’Europe ne s’ est vue réalisée. Je disais que cette neutralité devrait être armée, reco
1484 réalisée. Je disais que cette neutralité devrait être armée, reconnue et fédérale. Or la fédération n’est pas encore faite
1485 e armée, reconnue et fédérale. Or la fédération n’ est pas encore faite — les travaillistes anglais l’ont sabotée. L’armée e
1486 toute possibilité de résistance efficace contre l’ Est . Osons voir en face la situation présente de l’Europe. La menace mili
1487 impuissance militaire en tant qu’Européens, elle est totale. Notez-le bien : ce ne sont pas là des opinions que j’exprime,
1488 Européens, elle est totale. Notez-le bien : ce ne sont pas là des opinions que j’exprime, mais des constatations que chacun
1489 tations que chacun peut faire et doit faire, s’il est de bonne foi. Quel sens pourrait-il donc y avoir à dire dans de telle
1490 mèdes, il n’y a pas de neutralité. Pourtant je ne suis du parti ni de la mort, ni des produits pharmaceutiques : car je suis
1491 la mort, ni des produits pharmaceutiques : car je suis du parti de l’hygiène préventive, c’est-à-dire du parti de la santé.
1492 ion. Tant qu’on n’aura pas fait l’Europe unie, il sera dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi de ses alliances mil
1493 ister ! — De même, avant de s’allier à qui que ce soit , il faut avoir soi-même une certaine force. Lorsque l’Europe existera
1494 rmer une armée défensive, de type suisse. Mais il est évident que si l’on renonce, pour le moment, à l’idée de neutralité g
1495 me de la neutralité particulière des Suisses doit être examiné de nouveau, dans une perspective différente. Noyée dans une f
1496 opres principes, la neutralité suisse eût cessé d’ être une question. Elle en redevient une, et combien délicate, au sein d’u
68 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (I) (30 octobre 1950)
1497 0) Chers auditeurs, Si la neutralité européenne est impossible, pour les raisons que j’exposais lundi dernier, la questio
1498 représente notre neutralité, cette raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos aut
1499 une forme quelconque d’union européenne ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre abstenti
1500 nnent de moins en moins notre abstention. Le fait est que les Américains ne la comprennent absolument pas, et que les Russe
1501 ’ils ne croient à nos libertés, et vraiment, ce n’ est pas beaucoup dire. Il serait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on e
1502 rtés, et vraiment, ce n’est pas beaucoup dire. Il serait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essaye de comprendre un peu mi
1503 , ni d’un droit divin des Helvètes, bref, — qui n’ est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien oblig
1504 tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatrio
1505 eaucoup de mes compatriotes, la neutralité suisse est devenue un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On refuse de la discuter
1506 bien le reconnaître, ce repliement intéressé, qui tient parfois de raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée
1507 r notre peuple, de ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vraiment notre neutralité n’était rien
1508 us discutables. Et si vraiment notre neutralité n’ était rien d’autre que ce que le Suisse moyen semble croire aujourd’hui, il
1509 e de notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’ est pas bien connue de la plupart de nos contemporains. Aux origines loin
1510 de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représentants des trois communautés des Waldstätten qui
1511 entants des trois communautés des Waldstätten qui étaient en somme des corporations ou coopératives forestières. Le Pacte avait
1512 es par ces communautés. Et ces privilèges avaient été accordés par l’Empereur afin que le passage du Gothard fût gardé libr
1513 dés par l’Empereur afin que le passage du Gothard fût gardé libre pour tout le Saint-Empire. Ainsi donc, dès le début, ce p
1514 tre rois catholiques et protestants, — puisqu’ils sont eux-mêmes divisés en deux confessions. Mais ce n’est qu’en 1815 que l
1515 eux-mêmes divisés en deux confessions. Mais ce n’ est qu’en 1815 que la neutralité de la Suisse se voit proclamée, sanction
1516 « la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 1914, on retrouve c
1517 Suisse avait pris parti, à ce moment-là, elle se fût déchirée en deux : une partie tenant pour la France, l’autre pour l’A
1518 nant pour la France, l’autre pour l’Allemagne. Il était évident que notre neutralité dépendait donc, au début de ce siècle, d
1519 39, la question se posa différemment. L’équilibre étant rompu au profit des puissances fascistes, la Suisse ne dut son salut
1520 terrain redoutable aux divisions blindées. Qu’en est -il aujourd’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent d’éclater
1521 visions blindées. Qu’en est-il aujourd’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent d’éclater n’opposeront plus les cat
1522 s à d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’ est donc plus question pour la Suisse d’essayer de maintenir sa place cen
1523 rvivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si j’ose dire. La seule question réelle qui se
1524 s, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». Apporte-t-ell
69 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (II) (6 novembre 1950)
1525 question de savoir si la neutralité de la Suisse est encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts de l’Europe entière », c
1526 sai de réponse, on fera bien de se demander quels sont , en somme, les vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont-ils les même
1527 n somme, les vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont -ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a 150 ans, ou même qu’il y a 10 ans
1528 t leurs régimes, concorde qui ne semblait pouvoir être assurée que par l’équilibre entre les grandes puissances du continent
1529 gers communs : l’un idéologique et militaire, à l’ Est  ; l’autre économique et social, parmi nous. Pour y faire face, person
1530 e que nous ne pouvions plus faire autrement. Ce n’ était pas pour hâter l’union, mais par intérêt bien compris. Il serait donc
1531 hâter l’union, mais par intérêt bien compris. Il serait donc excessif de citer nos adhésions tardives et réticentes comme aut
1532 an précis de la défense de l’Europe, la situation est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg de créer une armée euro
1533 éarme à grands cris. Mais attention : les cris ne sont pas des armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre est le seul pay
1534 des armes ! La vérité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se
1535 ue la Suisse neutre est le seul pays d’Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas d’attaque, dem
1536 réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal, mais évident, que ce
1537 ’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est , paradoxal, mais évident, que ce petit coin, c’est la Suisse neutre.
1538 uand l’armée de l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voye
1539 s auditeurs, la réponse que j’essaie de trouver n’ est pas simple. Si l’effort militaire considérable que nous impose notre
1540 rable que nous impose notre statut de neutralité, est une contribution réelle à la défense du continent, on ne saurait vrai
1541 aire. À la question qu’on me pose de tous côtés : êtes -vous pour l’abandon de notre neutralité ? Je ne puis donc pas répondr
1542 pas répondre oui ou non. La question ne peut pas être posée, encore moins résolue dans l’abstrait. Ce qu’il faut savoir tou
1543 t qu’en son nom, des questions très précises nous soient posées. Cela viendra, n’en [doutons] pas. Demain, soit les États-Unis
1544 posées. Cela viendra, n’en [doutons] pas. Demain, soit les États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse,
1545 n’en [doutons] pas. Demain, soit les États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soit encore une mena
1546 le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tout entier, nous pos
1547 ces questions précises. Il faut que notre opinion soit prête à y répondre. Il ne faut pas que notre gouvernement se trouve p
1548 trouve placé devant des options graves, qu’il lui sera difficile de trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse.
1549 e l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit même de son statut, et elle peut donc demain dev
1550 e trahison. Car je le répète : notre neutralité a été reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’Europe entière », e
1551 n privilège qu’il n’y aurait plus à mériter. Elle est relative à l’Europe. Et ceux qui par erreur ou par malice veulent auj
1552 ntre l’Europe et les ennemis de l’Europe, ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre statut légal, et l’esp
70 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un Conseil européen de vigilance (13 novembre 1950)
1553 ntage. D’une part, il permettait à l’Assemblée de tenir deux sessions au lieu d’une, et cela sans violer son règlement ; d’au
1554 dans un délai rapide. Le second objectif vient d’ être atteint à Rome. Le Comité des ministres a pris position, nettement, e
1555 eil de l’Europe mérite son nom, c’est-à-dire s’il est décidé à faire l’Europe, ou s’il ne sert en somme qu’à retarder l’uni
1556 peuples, et pour la seule raison que l’Angleterre est une île. On me dit que cette situation impatiente et irrite de plus e
1557 elle que M. Attlee, Premier ministre britannique, est l’auteur de cette phrase célèbre : « L’Europe doit se fédérer, ou pér
1558 re : « L’Europe doit se fédérer, ou périr. » Si j’ étais député à Strasbourg, je me lèverais pour lui demander bien poliment c
1559 oliment ce qu’il a voulu dire au juste, puisqu’il est le chef du parti qui refuse notre fédération. Veut-il donc que l’Euro
1560 Veut-il donc que l’Europe périsse ? Quoi qu’il en soit , je ne pense pas que l’Assemblée fera beaucoup plus que répéter que l
1561 ée fera beaucoup plus que répéter que la prudence est la mère des vertus, ce qui n’est pas neuf, et d’ailleurs faux. C’est
1562 que la prudence est la mère des vertus, ce qui n’ est pas neuf, et d’ailleurs faux. C’est pourquoi les fédéralistes europée
1563 e sur Strasbourg. Ainsi, les députés européens ne seront plus seuls. Ils se sentiront, selon les cas, surveillés, dénoncés ou
1564 je l’avais indiqué par erreur. Ainsi la jeunesse sera là, et j’imagine qu’on l’entendra. Daniel Villey sera là, lui aussi,
1565 là, et j’imagine qu’on l’entendra. Daniel Villey sera là, lui aussi, et ses Volontaires de l’Europe bouteront le feu — mora
1566 t. Dès jeudi, l’Union européenne des fédéralistes tiendra son congrès annuel à Strasbourg, amenant elle aussi plusieurs centain
1567 te pour l’Europe. On sait que l’Union fédéraliste est l’aile marchante du Mouvement européen. Elle groupe dans 15 pays plus
1568 e avec ses suppléants : 250. Mais ces délégués ne seront pas des parlementaires, trop habiles et prisonniers de leurs partis.
1569 trop habiles et prisonniers de leurs partis. Ils seront les porte-parole de l’opinion publique réelle, des grandes associatio
1570 yé de délégation nationale. Mais quelques Suisses seront présents tout de même dans ce Conseil européen de vigilance, pour mar
1571 urgents du prix des tomates ou du lait, la Suisse est située en Europe. Vous me demanderez ce qu’on peut attendre de cette
1572 à le lui prendre. Mais si le Conseil de vigilance est un succès, il saura faire entendre enfin la Voix de l’Europe. Il suff
1573 alanche, et l’opinion des peuples pouvait bien en être une, balayant les routines, les préjugés stupides, les astuces partis
71 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — À Strasbourg (21 novembre l950)
1574 au nom : la Maison de l’Europe. Toute la question est de savoir si elle mérite ce nom, vraiment, et si elle le méritera dev
1575 ère qui l’anime depuis trois jours. Tout le monde est là, la presse, les photographes, la radio et le cinéma, les huissiers
1576 de la Révolution française, je pourrais dire : qu’ est -ce que c’est que l’Assemblée européenne ? Rien. Que dit-elle être ? T
1577 t que l’Assemblée européenne ? Rien. Que dit-elle être  ? Tout. Que peut-elle faire ? Quelque chose. Je ne suis pas du tout s
1578 Tout. Que peut-elle faire ? Quelque chose. Je ne suis pas du tout sûr qu’elle fera quelque chose. Mais je suis sûr comme de
1579 s du tout sûr qu’elle fera quelque chose. Mais je suis sûr comme de ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin de la sema
1580 e, ou faire place à un autre avenir, qui pourrait être ou bien l’Europe des militants fédéralistes, ou bien l’armée d’un emp
1581 tiser outre mesure, mais chacun sait que l’Europe est menacée, et chacun de nos pays, et la paix avec elle. Il faut agir tr
1582 xil en Amérique et leur disait : « Comme le monde est petit ! mais les politiciens réussissent à le diviser ! » Dix minutes
1583 ique de la situation de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonne volonté, mais en tant que ministre, ou en tan
1584 sent au rebours de leurs convictions intimes, ils sont pris dans la mécanique des routines et des paragraphes, et leurs plus
1585 vous parlais. Quatre mouvements fédéralistes ont tenu leur congrès annuel à Strasbourg même, ces jours derniers. Leur impat
1586 re de la décision approche. Cet après-midi même s’ est ouvert, solennellement, en face de la Maison de l’Europe, le Conseil
1587 nseil de l’Orangerie, du nom du bâtiment où il se tient . Son premier but est d’exercer une pression maximum sur l’Assemblée p
1588 u nom du bâtiment où il se tient. Son premier but est d’exercer une pression maximum sur l’Assemblée pour qu’elle décide de
1589 de. » Je n’en dis pas plus aujourd’hui. Mais ce n’ est pas sans émotion que je pense à la marche lente, déjà commencée ce so
72 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Jeunesse d’Europe (27 novembre 1950)
1590 teurs, Je viens de rentrer de Strasbourg, où il s’ est passé bien des choses, et je trouve enfin le loisir de feuilleter nos
1591 rendus d’un congrès pour la paix qui vient de se tenir en Pologne, pour protester paraît-il une fois de plus contre l’impéri
1592 semaine dernière, les deux faits dominants auront été la pluie… et le congrès de Varsovie. Sur Strasbourg, on reste muet av
1593 plus formé à Varsovie. Je me frotte les yeux. Qu’ est -ce que cela signifie ? Toute la publicité dans nos journaux, pour les
1594 e l’ai revu, il y a huit jours, il m’a dit : nous serons 3000. Je l’espérais, sans trop oser y croire. Car les obstacles étaie
1595 érais, sans trop oser y croire. Car les obstacles étaient considérables : manque d’argent, méfiance bien naturelle de la police
1596 ’en faire usage ? Et voici qu’au lieu de 3000 ils furent près de 6000, vendredi à Strasbourg ! Venus de France, d’Allemagne, d
1597 unis en séance plénière. L’accès de la salle leur fut refusé, mais le message fut distribué à la presse et aux députés. Il
1598 ccès de la salle leur fut refusé, mais le message fut distribué à la presse et aux députés. Il était digne, mais très ferme
1599 sage fut distribué à la presse et aux députés. Il était digne, mais très ferme. Vous avez le devoir de nous écouter, disait-
1600 ront demain, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n
1601 les jeunes gens. Il commença par les féliciter d’ être venus en si grand nombre. Il leur conseilla de renouveler cette manif
1602 x torches dans la ville, et disparurent comme ils étaient venus. Je viens d’apprendre que des milliers d’entre eux rentrèrent d
1603 ur serment. C’est un début. Cette manifestation n’ est qu’un avertissement. L’an prochain, ils seront 20 000. Les députés, d
1604 ion n’est qu’un avertissement. L’an prochain, ils seront 20 000. Les députés, décidément, ne seront plus seuls, et je crois bi
1605 n, ils seront 20 000. Les députés, décidément, ne seront plus seuls, et je crois bien qu’ils l’ont compris. L’Histoire retiend
1606 er l’Europe avec des parapluies ? j. Ce texte a été rédigé par Denis de Rougemont, sur la demande de Mouskhély. Voir le c
73 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — État de la construction européenne (4 décembre 1950)
1607 eure l’enjeu de la lutte mondiale, c’est elle qui est menacée le plus gravement. Oui, l’Europe est la terre décisive. Et to
1608 qui est menacée le plus gravement. Oui, l’Europe est la terre décisive. Et tout le monde est d’accord, en principe, qu’il
1609 l’Europe est la terre décisive. Et tout le monde est d’accord, en principe, qu’il n’y a plus qu’un moyen de la sauver, c’e
1610 oncrètes que proposait l’Assemblée. Mais celle-ci est revenue à la charge, 15 jours plus tard, avec une énergie qu’on ne lu
1611 avec une énergie qu’on ne lui avait pas connue l’ été dernier. Certes, la fraction fédéraliste du Parlement de Strasbourg n
1612 fraction fédéraliste du Parlement de Strasbourg n’ est pas encore arrivée à ses fins. Ses efforts pour faire voter le princi
1613 er le principe d’un Pacte fédéral du continent ne sont pourtant pas restés vains. Douze députés seulement, sur 125, avaient
1614 mmune pour les transports européens. Et qu’elle s’ est enfin prononcée par 83 voix contre 7 en faveur d’une armée européenne
1615 à nos plans excessifs, les tièdes et les prudents sont en train de réaliser ces mêmes plans un par un ! Si l’on continue ain
1616 nionistes, partisans de simples accords spéciaux, est une fausse querelle. Je voudrais le faire voir par une image. Il s’ag
1617 nds cris qu’on bâtisse la maison tout entière, ce sont eux, et eux seuls, qui entraîneront les autres, comme ils les ont déj
1618 es ont déjà forcés à commencer les fondations. Je suis heureux de pouvoir relever ce soir deux aspects positifs des débats d
1619 es Anglais ; les travaillistes, cette fois-ci, se sont abstenus dans les votes concernant le Pacte fédéral, — au lieu de vot
1620 cte fédéral, — au lieu de voter contre, comme cet été , et d’empêcher les socialistes continentaux de voter pour. Il y a là
1621 esse de compromis, au moins. En second lieu, j’ai été frappé par la haute tenue et le sérieux des débats de l’Assemblée sur
74 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Sur l’opinion en général et la presse en particulier (11 décembre 1950)
1622 lier (11 décembre 1950) La liberté de l’opinion est sans doute celle que nous devons défendre avec le plus de vigilance.
1623 liberté-là. Nous avons le scrutin secret, ce qui est la plus sûre des garanties. Cependant on ne saurait appeler les citoy
1624 liberté des opinions ? Par les propos que chacun tient dans sa famille, dans son milieu professionnel, au café du commerce o
1625 du commerce ou au cercle, et cela sans crainte d’ être inquiété ou arrêté, tant que l’on vit dans une démocratie… tout court
1626 primer à la presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin d’être parfaits : rien ne garantit, en effet, que l’article de M
1627 presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin d’ être parfaits : rien ne garantit, en effet, que l’article de M. X ou la ch
1628 et écart inévitable entre l’opinion telle qu’elle est et les organes qui parlent en son nom, c’est, je pense, la libre crit
1629 les journaux, comme je pouvais m’y attendre, ont été plus frais. L’un qui me traite assez souvent de « misérable propagand
1630 lles de Strasbourg, c’était ma faute — comme si j’ étais une agence de presse ! Un troisième se borne à me reprocher d’être in
1631 e presse ! Un troisième se borne à me reprocher d’ être injuste, sans d’ailleurs le prouver. Enfin, un quatrième écrit qu’en
1632 j’aime la libre critique. Encore faut-il qu’elle soit fondée. Prenons donc, à titre d’exemple, l’excellent organe qui, préc
1633 est même plus net. Le démenti que l’on m’oppose n’ est donc formé que dans ce sens : qu’on ne m’a pas montré son contenu. J’
1634 ’on ne m’a pas montré son contenu. J’ajoute, pour être scrupuleux, que deux dépêches d’un correspondant de Londres décrivent
1635 que le journal avait omis de nous annoncer. Ce n’ est donc qu’à travers les brumes londoniennes que les lecteurs suisses on
1636 ir qu’elle délibérait, du 17 au 24 novembre. Tels sont les faits, et je m’excuse d’avoir dû descendre au détail, mais la val
1637 re au détail, mais la valeur de ma petite analyse est justement celle d’un exemple bien précis. Maintenant, point de malent
1638 s divers mouvements fédéralistes, dont Strasbourg est un résultat. Laissons de côté tout esprit de chicane, et cherchons à
1639 , jusqu’ici. On trouve en général que l’Assemblée est trop timide dans ses résolutions. On en déduit que ses efforts ne pas
1640 sonne, elle dépasse les querelles de partis, elle est une raison d’espérer, une œuvre constructive enfin ! Que vous faut-il
75 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Équiper l’Europe (18 décembre 1950)
1641 suisses et belges, hollandais et norvégiens, ne s’ étaient pas réunis mardi dernier en vue de construire une monstrueuse bombe a
1642 e construire une monstrueuse bombe atomique ! Ils étaient là, bien au contraire, pour essayer de mettre en commun les ressource
1643 sultats entièrement positifs et concrets. Le fait est rare, et il vaut bien qu’on le souligne. Mais avant de vous donner qu
1644 t nécessaire cette entreprise. L’énergie atomique est la plus bouleversante de toutes les découvertes de notre temps. Le gr
1645 ransports, pour toute l’économie en général. Nous sommes vraiment au seuil d’une ère nouvelle dans tous ces domaines-là, l’ère
1646 ement réalistes que nous, l’ont bien compris. Ils sont en train de prendre sur l’Europe une avance proprement inquiétante et
1647 s. Comment soutenir une pareille concurrence ? Il est bien clair qu’aucun de nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Au
1648 ut y réussir à lui tout seul. Aucun de nos pays n’ est assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant de savants et de gra
1649 quelque 20 pays, tous trop petits pour la tâche, est en train de se laisser dangereusement distancer dans un domaine qui d
1650 nts tourner les yeux vers l’Amérique, où beaucoup sont déjà partis, parce qu’ils y trouvent des instruments de recherche don
1651 européenne de la culture, réunie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion de M. Raoul Dautry. Elle avait formulé le pro
1652 américain. La voie devenait donc libre, et nous y sommes entrés résolument dès que le Centre européen de la culture s’est ouve
1653 lument dès que le Centre européen de la culture s’ est ouvert à Genève, au mois d’octobre. Voici maintenant les résultats ac
1654 un laboratoire européen de recherches atomiques a été décidée à l’unanimité. Cet institut sera doté du plus puissant appare
1655 omiques a été décidée à l’unanimité. Cet institut sera doté du plus puissant appareil atomique actuellement réalisable. Il s
1656 , peut en permettre la réalisation. Celle-ci doit être commencée vers la fin de l’année prochaine, sur les plans mis au poin
1657 e européen, une école de spécialistes s’ouvrira l’ été prochain dans la région du Mont-Blanc. L’ensemble de cette vaste entr
1658 te entreprise d’équipement de l’Europe en énergie est placé sous le patronage du Centre européen de la culture, avec l’appu
1659 ie que nous avons posés l’autre jour à Genève. Je suis heureux que mes chroniques de cette année puissent prendre fin sur un
1660 ouvelle ! Lundi prochain, et le lundi suivant, ce sera Noël et Nouvel An. Il va de soi que je céderai la parole à ces actual
76 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Espérer, c’est agir (8 janvier 1951)
1661 e la situation présente, et des faits tels qu’ils sont . Car si on laisse ces faits tels qu’ils sont, nous courons à l’abîme,
1662 ’ils sont. Car si on laisse ces faits tels qu’ils sont , nous courons à l’abîme, c’est bien clair. On dit qu’il faut de l’esp
1663 a d’espoir que dans la mesure où l’on agit. Ce n’ est pas l’espoir qui modifie les faits, mais c’est l’action. Je m’en tien
1664 i modifie les faits, mais c’est l’action. Je m’en tiens donc plus que jamais à la doctrine que je formulais, il y a 16 ans dé
1665 écrions : il n’y a plus rien à faire, le désastre est fatal, eh bien oui, le désastre est fatal et nous sommes sûrs d’avoir
1666 , le désastre est fatal, eh bien oui, le désastre est fatal et nous sommes sûrs d’avoir raison. Mais, au contraire, si nous
1667 fatal, eh bien oui, le désastre est fatal et nous sommes sûrs d’avoir raison. Mais, au contraire, si nous disons : « La situat
1668 is, au contraire, si nous disons : « La situation est désastreuse, redoublons donc d’activité ! », alors il nous reste une
1669 , et de modifier notre destin. Ce que je dis-là n’ est pas de la morale en l’air, mais se rapporte concrètement à notre situ
1670 qui devait la pousser dans la voie de l’action, s’ est immobilisé depuis des mois. Quant aux gouvernements européens, un seu
1671 iscordants. La droite prétend que le plan Schuman est dirigiste, tandis que la gauche le trouve trop libéral. Personne ne v
1672 y comprends plus rien, et je crois bien que je ne suis pas le seul dans ce cas. En attendant de savoir au juste ce qu’ils ve
1673 nte seulement deux graves inconvénients : celui d’ être trop cher pour chaque pays, et celui d’être insuffisant pour défendre
1674 lui d’être trop cher pour chaque pays, et celui d’ être insuffisant pour défendre vraiment l’Europe, c’est-à-dire en fin de c
1675 chacun de ses pays. Nos rapports avec l’Amérique sont encore plus absurdes, si possible. Quand l’Amérique propose de nous d
1676 a prouvé que la majorité — 54 % de nos peuples, —  est en faveur de la fédération. Le rassemblement de 6000 jeunes gens venu
1677 s gens venus de loin pour manifester à Strasbourg est une raison de penser que la jeunesse veut agir. Le plan Schuman, le p
1678 fendre, peut redevenir une grande puissance. Nous sommes 250 millions d’hommes et de femmes qui préférons encore nos libertés,
1679 rationnaire, et qui pensons que le progrès social est plutôt du côté des ouvriers qui ont le droit de grève, que du côté de
1680 t plus. Nous avons des atouts considérables. Nous serions fous de ne pas les jouer. Les jouer, cela veut dire pratiquement : cr
1681 e ses libertés présentes, si imparfaites qu’elles soient , ont l’avantage d’être réelles, valent encore mieux que de fausses pr
1682 si imparfaites qu’elles soient, ont l’avantage d’ être réelles, valent encore mieux que de fausses promesses assénées par un
77 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Peut-on fabriquer un Européen ? (15 janvier 1951)
1683 . J’imagine assez bien que l’on puisse fabriquer, soit un Yankee, soit un citoyen des Soviets, mais jamais un Européen. Parc
1684 z bien que l’on puisse fabriquer, soit un Yankee, soit un citoyen des Soviets, mais jamais un Européen. Parce que l’Européen
1685 e ou cinq fois. Lorsque Schmidt, fils de Schmidt, sera baptisé Smith, déclarez qu’il descend en droite ligne des émigrants v
1686 us, caractères et partis pris vitaux ne sauraient être additionnés pour composer l’Européen moyen. La vérité, c’est que le p
1687 péen moyen. La vérité, c’est que le problème posé est insoluble par définition. Car si l’Américain est une moyenne, si le s
1688 est insoluble par définition. Car si l’Américain est une moyenne, si le sujet des Soviets est le produit d’un plan, l’Euro
1689 méricain est une moyenne, si le sujet des Soviets est le produit d’un plan, l’Européen, lui, sera toujours par essence un ê
1690 oviets est le produit d’un plan, l’Européen, lui, sera toujours par essence un être qui diffère et tient à différer de son v
1691 an, l’Européen, lui, sera toujours par essence un être qui diffère et tient à différer de son voisin et des modèles qu’on es
1692 sera toujours par essence un être qui diffère et tient à différer de son voisin et des modèles qu’on essaierait de lui impos
1693 e. Et c’est pourquoi, faire un Européen moyen, ce serait tenter de faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien d’européen.
1694 ssemblerait à rien d’européen. Le vrai problème n’ est pas de nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut
1695 s nos diversités. Il faut nous prendre comme nous sommes , avec nos 20 nations, nos 3 religions, nos 12 langues, nos 36 partis
1696 tout de même baser l’union sur quelque chose qui soit commun à tous, je répondrai : ce que nous avons tous en commun, c’est
1697 ses et des Américains. Voilà ce qui fait que nous sommes Européens, — même si nous détestons qu’on nous parle de l’Europe. J’a
1698 t un jour — angoissante pour l’adolescent — qu’il est le seul de son espèce, qu’il est un cas absolument unique. Or, tout l
1699 olescent — qu’il est le seul de son espèce, qu’il est un cas absolument unique. Or, tout le monde dit cela, et chacun se se
1700 i on les empêchait de vivre à leur manière, qui n’ est pas celle de leur voisin. J’en vois la preuve dans le reproche si cou
1701 ble ! (Que dirions-nous d’autres régimes, où ce n’ est pas la pression de la mode, mais celle de la police qui ramène « dans
1702 s n’aimons pas l’idée que tout se ressemble, nous tenons à nos diversités. Et nous sentons que le droit de les préserver est l
1703 és. Et nous sentons que le droit de les préserver est la vraie condition de nos libertés, non point seulement légales et th
1704 s personnelles. Parce que nous sentons cela, nous sommes Européens. Eh bien, ce n’est pas pour devenir tous pareils qu’il nous
1705 entons cela, nous sommes Européens. Eh bien, ce n’ est pas pour devenir tous pareils qu’il nous faut aujourd’hui nous fédére
1706 . Faute de former à temps cette libre union, nous serons unifiés par la force, mis au pas, ou froidement liquidés. Les nationa
1707 peuvent tout de même pas espérer que leur nation serait capable de s’opposer à la marée totalitaire, donc de rester ce qu’ell
1708 à la marée totalitaire, donc de rester ce qu’elle est , sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance de leur
1709 s vrais amis de l’indépendance de leur nation, ce sont ceux qui réclament et préparent la fédération de nos pays ; ceux qui
78 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Contre une « mystique européenne » (22 janvier 1951)
1710 ntaines de fois. Peut-être penserez-vous que j’en suis bien fatigué ? Mais il est des sujets inépuisables. Pour ne prendre q
1711 enserez-vous que j’en suis bien fatigué ? Mais il est des sujets inépuisables. Pour ne prendre qu’un seul exemple : les aud
1712 à vous parler de l’état du problème européen, qui est un aspect du problème de la paix. Cela vaut bien cinq minutes tous le
1713 t bien cinq minutes tous les lundis. Pourtant, il est un argument dont j’avouerai qu’il me fatigue, pour ne pas employer de
1714 ! Donnez-nous une bonne mystique occidentale, qui soit plus forte que la mystique de l’Est ! L’Europe capitaliste, bourgeois
1715 dentale, qui soit plus forte que la mystique de l’ Est  ! L’Europe capitaliste, bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieille Eur
1716 la pauvre vieille Europe, Europe où nous vivons, est devenue indéfendable ! On ne peut pas défendre du passé contre le gra
1717 eille. Des millions de braves gens le pensent. Je serai pendu, et eux avec, s’ils ont raison ! Grâce au ciel, ils ont tort, e
1718 t tort, et je vais vous dire pourquoi. Primo, il est très difficile, pour ne pas dire totalement impossible, de confection
1719 as à volonté. La mystique hitlérienne par exemple est née de la combinaison d’une misère noire, causée par la défaite et l’
1720 chacun sait. Quant à la mystique communiste, elle est née il y a plus de cent ans, avec la doctrine de Karl Marx, qui voula
1721 bérer les ouvriers, et son résultat le plus clair est un régime de dictature, dans un pays qui était surtout paysan. J’avou
1722 lair est un régime de dictature, dans un pays qui était surtout paysan. J’avoue que je vois très mal quelle mystique du même
1723 pération me paraît impraticable. Et de plus, elle est inutile. Car je comprends fort bien que des peuples malheureux — comm
1724 ds fort bien que des peuples malheureux — comme l’ étaient les Allemands sous Hitler — aient besoin d’une mystique qui les souti
1725 avant de défendre l’Europe. Quand on me dit qu’il est impossible de défendre l’Europe telle qu’elle est, avec ses injustice
1726 est impossible de défendre l’Europe telle qu’elle est , avec ses injustices sociales, devant le grand espoir qui se lève à l
1727 sociales, devant le grand espoir qui se lève à l’ Est , je me frotte les yeux, et plutôt que de me laisser aller à voir roug
1728 ge, je demande qu’on regarde les faits. Les faits sont les suivants et je citerai des chiffres. Les Nations unies viennent d
1729 pprenons ainsi que le revenu moyen d’un Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe,
1730 de 308 dollars seulement. Je demande alors ceci : est -ce qu’un système économique qui donne 308 dollars par habitant vaut m
1731 eux qu’un système qui donne 840 ou 1400 dollars ? Est -ce qu’il représente vraiment un « grand espoir » ? On me dira peut-êt
1732 tie d’un niveau très bas, et que la comparaison n’ est pas très équitable. Je me suis donc informé auprès de l’un des meille
1733 ue la comparaison n’est pas très équitable. Je me suis donc informé auprès de l’un des meilleurs économistes d’aujourd’hui,
1734 rd’hui, Maurice Allais. Je lui ai demandé : quels sont les progrès récents accomplis en réalité dans ces divers pays ? Et il
1735 les tsars, le pouvoir d’achat de l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il est aujourd’hui. Il n’y a donc ni recul ni
1736 l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il est aujourd’hui. Il n’y a donc ni recul ni progrès. Mais en France, le po
1737 ul ni progrès. Mais en France, le pouvoir d’achat est aujourd’hui 3 fois plus grand qu’en 1913, et aux États-Unis il est 4
1738 fois plus grand qu’en 1913, et aux États-Unis il est 4 fois plus grand. Je réitère donc mas question : où est le véritable
1739 ois plus grand. Je réitère donc mas question : où est le véritable espoir ? S’il s’agit d’un progrès purement économique et
1740 l faudrait logiquement se tourner, non pas vers l’ Est . Mais s’il s’agit d’un progrès moral, c’est l’Amérique et la Russie q
1741 et de création que la Terre entière nous envie. N’ est -ce pas assez ? Avons-nous le droit de désespérer de notre civilisatio
1742 s-nous dire encore que notre Europe ne vaut pas d’ être défendue, lorsque malgré toutes ses imperfections, ses injustices, se
1743 rois fois meilleur que celui qu’on nous vante à l’ Est comme l’espoir de l’humanité ? Croyez-moi, laissons la mystique aux c
1744 nd on le compare à ce qu’on nous offre. Non, ce n’ est pas d’une mystique dont nous manquons, c’est au contraire d’informati
79 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Nos libertés (12 février 1951)
1745 phrase que j’entends trop souvent répéter, et qui est celle-ci : « L’Europe, la vieille Europe fatiguée, ne mérite plus qu’
1746 on la défende. L’Europe, c’est du passé. L’avenir est … ailleurs, dans quelque grande mystique. » Je reviens sur cette phras
1747 t, mais la pensent sincèrement. Et pourtant, ce n’ est qu’un mensonge, une mystification bien évidente. Comment peut-il se f
1748 urope actuelle ne mérite pas qu’on la défende, ce sont ou bien des gens qui ont perdu la conscience des libertés réelles don
1749 s connues, dans cette génération du moins ; elles sont devenues si naturelles que nous oublions qu’elles existent. Elles son
1750 relles que nous oublions qu’elles existent. Elles sont l’air que nous respirons. Or, on pense bien rarement à l’air que l’on
1751 de règlements uniformes. La première liberté qui serait perdue serait celle de nous exprimer, en public, entre amis, au café,
1752 uniformes. La première liberté qui serait perdue serait celle de nous exprimer, en public, entre amis, au café, au travail. E
1753 . Et je ne dis pas que la liberté de l’expression soit sans limites dans nos pays. Il arrive qu’on lui fasse parfois quelque
1754 loin encore ; peut-être à l’infini… Si ce que je suis en train de vous raconter vous irrite ou seulement vous ennuie, vous
1755 es officielles de l’État vous expliquant que vous êtes libres. Vous avez le droit de voyager où bon vous semble. Certes, il
1756 agents doubles ou triples. Au lieu de cela, vous seriez bouclé pour la vie aux lieux où le hasard vous a fait naître. Serait-
1757 la vie aux lieux où le hasard vous a fait naître. Serait -ce donc un progrès sur nos visas ? Vous pouvez lire le journal qui vo
1758 ous par des luttes séculaires, croyez-vous qu’ils soient du passé, des vieilleries indéfendables ? Ils sont hélas, redevenus l
1759 ent du passé, des vieilleries indéfendables ? Ils sont hélas, redevenus l’avenir pour beaucoup. Vous pouvez aujourd’hui décl
1760 rtout. Vous pouvez les perdre demain, si l’Europe est vraiment perdue. Il existe aujourd’hui plusieurs pays où le droit de
1761 plusieurs pays où le droit de changer d’employeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève est supprimé, où la moi
1762 est tout simplement inconnu, où le droit de grève est supprimé, où la moindre critique murmurée contre le patron ou l’emplo
1763 critique murmurée contre le patron ou l’employeur est punie comme un crime social. J’en déduis que le progrès est de notre
1764 comme un crime social. J’en déduis que le progrès est de notre côté. Je suis peut-être un peu simpliste ? Nous avons le dro
1765 J’en déduis que le progrès est de notre côté. Je suis peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit d’avoir plusieurs pa
1766 aussi nous pouvons le perdre… Certes nos libertés sont imparfaites ? Elles ne sont pas vieillies, elles sont plutôt trop jeu
1767 … Certes nos libertés sont imparfaites ? Elles ne sont pas vieillies, elles sont plutôt trop jeunes. Un certain nombre d’ent
1768 imparfaites ? Elles ne sont pas vieillies, elles sont plutôt trop jeunes. Un certain nombre d’entre nous n’en possède jusqu
1769 privation légale des droits élémentaires. Car il est le gage et la promesse, il est la permission pratique de nos futurs p
1770 émentaires. Car il est le gage et la promesse, il est la permission pratique de nos futurs progrès matériels et moraux. Il
80 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et la paix (19 février 1951)
1771 délicats, vite fatigués, oublient que l’Europe n’ est pas une question de mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre
1772 ce micro, quelque chose a changé, et des départs sont pris. Avec le plan Schuman et l’Union des paiements, avec le plan Ple
1773 vous pensez qu’il y a deux ans seulement, rien n’ était fait, rien n’était même prévu sur le papier, dans bien des cas, vous
1774 y a deux ans seulement, rien n’était fait, rien n’ était même prévu sur le papier, dans bien des cas, vous serez surpris par l
1775 même prévu sur le papier, dans bien des cas, vous serez surpris par l’ampleur du mouvement. Pourtant, l’heure n’est pas venue
1776 s par l’ampleur du mouvement. Pourtant, l’heure n’ est pas venue de se féliciter de ces premiers progrès, péniblement acquis
1777 premiers progrès, péniblement acquis. Les cadres sont posés. Les idées des pionniers sont devenues ici des plans techniques
1778 s. Les cadres sont posés. Les idées des pionniers sont devenues ici des plans techniques, là des institutions en plein essor
1779 ’est ce drame qui nous importe à tous, quelle que soit notre condition. Si les masses sont encore indifférentes à l’idée d’u
1780 s, quelle que soit notre condition. Si les masses sont encore indifférentes à l’idée d’une Europe unie, la raison simple en
1781 s à l’idée d’une Europe unie, la raison simple en est que la peur de la guerre passe avant tout autre souci. Essayons donc
1782 uci. Essayons donc de raisonner cette peur. Quels sont les risques d’une guerre, pour nous autres, en Europe ? Je n’en vois
1783 vois qu’un : c’est le risque d’invasion puisqu’il est clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir d’attaquer qui que ce
1784 ns ni l’envie ni le pouvoir d’attaquer qui que ce soit . Mais quelle pourrait bien être l’occasion d’une invasion prochaine d
1785 taquer qui que ce soit. Mais quelle pourrait bien être l’occasion d’une invasion prochaine du continent ? Je n’en vois qu’un
1786 e faiblesse, résultant de notre division. Si nous étions unis, nous serions assez forts pour décourager toute action de l’exté
1787 tant de notre division. Si nous étions unis, nous serions assez forts pour décourager toute action de l’extérieur au moins, con
1788 érieur au moins, contre la paix. De plus, si nous étions unis, nous saurions nous passer progressivement d’une aide qui peut f
1789 es, il résulte clairement que l’union de l’Europe est la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela, si nous comp
1790 nte le 10 % des Européens, que l’Europe fédérée n’ est qu’une machine de guerre au service de Wall Street et des marchands d
1791 raisons de le croire, leur refus de l’Europe unie est -il le bon moyen d’y parvenir ? Ils savent aussi bien que vous et moi
1792 n que vous et moi que la faiblesse, en général, n’ est pas une assurance de paix. Elle n’a point protégé la Belgique, ni la
1793 resterons une double tentation : l’un des empires sera tenté de nous occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’est pas
1794 s occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’ est pas forcément la nôtre. Examinons le second de ces cas. Je ne suis pa
1795 t la nôtre. Examinons le second de ces cas. Je ne suis pas dans les secrets de la Maison-Blanche. On peut imaginer — non san
1796 on sans quelque délire — que le plan Marshall ait été le complot d’un sombre impérialisme destiné à ruiner l’Europe en ayan
1797 e la nourrir. Mais alors, ce fameux plan Marshall serait un formidable échec. Car l’un de ses résultats les plus frappants, c’
1798 raints d’intervenir dans la mesure exacte où nous sommes incapables d’assurer notre propre défense. Or le moyen d’assurer cett
1799 opre défense. Or le moyen d’assurer cette défense serait évidemment de nous fédérer. Ceux qui redoutent l’emprise américaine d
1800 le que la veut le plan Pleven. Car on ne peut pas être à la fois contre l’intervention de l’Amérique, et contre l’union de l
1801 e politique, à l’égard de l’Ouest autant que de l’ Est . Sans notre indépendance, il n’y aura pas de paix. Si vous voulez la
81 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Dernière chronique (12 mars 1951)
1802 pour attraper au passage un micro, soucieux qu’il est de tenir sa promesse d’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extincti
1803 traper au passage un micro, soucieux qu’il est de tenir sa promesse d’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction de voi
1804 e européen de la culture, que je dirige à Genève, est l’un de ces efforts de réalisation. J’espère pouvoir bientôt revenir
1805 ier thème, le plus constant et le plus insistant, fut celui-ci : il faut unir l’Europe, pour assurer la paix. Car seules no
1806 pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause d’elle qu’une guerre reste possible, mais d’a
1807 ne guerre reste possible, mais d’autre part, elle serait surmontée par notre union. Faire l’Europe, c’est donc faire la paix.
1808 rtains totalitaires ont cru pouvoir déduire que j’ étais ce qu’ils appellent un « va-t-en-guerre ». Ces gens-là nous affirment
1809 es dictatures qualifiées et avouées, je veux bien être un va-t-en-guerre. Mon deuxième thème fut celui de l’opinion, la vrai
1810 x bien être un va-t-en-guerre. Mon deuxième thème fut celui de l’opinion, la vraie, celle qui s’exprime au vote secret. Je
1811 6 minutes par semaine. C’est bien peu, mais je ne suis pas seul dans cette action. En troisième lieu, j’ai tenté d’illustrer
1812 je n’ai pas défendu nos libertés parce que je les tenais pour parfaites. Elles ne le sont pas. Mais, telles qu’elles sont, ell
1813 rce que je les tenais pour parfaites. Elles ne le sont pas. Mais, telles qu’elles sont, elles nous permettent de lutter libr
1814 ites. Elles ne le sont pas. Mais, telles qu’elles sont , elles nous permettent de lutter librement pour les rendre meilleures
1815 res, pour les étendre au plus grand nombre. Elles sont le gage des progrès à venir. Elles sont le grand atout de notre Europ
1816 re. Elles sont le gage des progrès à venir. Elles sont le grand atout de notre Europe. Si nous devenons conscients de ce tré
1817 de notre union : le pessimisme européen. Et je me suis efforcé de vous montrer qu’en dépit de cette apathie, héritage de la
1818 e d’une récente Union européenne du cinéma. Je me suis gardé comme du feu des procédés de la propagande moderne. La propagan
1819 its, des chiffres, et des problèmes réels, qu’ils soient ou non encourageants pour notre cause fédéraliste. Parler à la radio,
1820 notre cause fédéraliste. Parler à la radio, ce n’ est pas faire des discours. Car on s’adresse peut-être à des millions, ma
1821 euls ou en famille. Cette familiarité de la radio est précieuse. Si le chroniqueur l’a comprise, il doit s’interdire l’éloq
1822 ne l’ai-je pas tranché, quoi qu’on en dise. Je me suis borné à le poser ou à le reposer dans ses données nouvelles. Puisque
1823 g. 2. La neutralité traditionnelle de la Suisse n’ est pas comprise par les Américains, n’est pas crue par les Russes, et ne
1824 a Suisse n’est pas comprise par les Américains, n’ est pas crue par les Russes, et ne dépend plus, comme naguère, de l’équil
1825 us, comme naguère, de l’équilibre européen : elle est donc en fait discutée à l’étranger. 3. Si nous voulons maintenir notr
1826 guments solides et actuels. Refuser d’en parler n’ est pas un argument. L’argument de l’autruche n’a rien de patriotique. Je
1827 quoi, aux deux extrêmes de l’opinion publique, ce fut un beau tollé, puis un étrange accord de cris d’indignation ! Un me t
1828 . Je ne puis pas discuter ici avec la presse : ce serait injuste, car la radio atteint des centaines de milliers d’auditeurs,
1829 , je n’opposerai que le mot d’un de mes amis : je suis un libéral, dit-il, donc toujours prêt à discuter avec n’importe quel
1830 de sympathie pour la cause que je défends, qui n’ est pas une cause politique au sens étroit du mot, qui n’est pas une affa
1831 une cause politique au sens étroit du mot, qui n’ est pas une affaire de partis, de confession ou de nations, mais qui est
1832 de partis, de confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civilisation et de sa grande patrie continentale, la c