1 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe en marche (21 février 1949)
1 Demain l’ Europe  ! — L’Europe en marche (21 février 1949)a Chaque semaine, à cette
2 Demain l’Europe ! — L’ Europe en marche (21 février 1949)a Chaque semaine, à cette même heure, a
3 ure, au moment où vous venez de tourner le bouton de votre radio pour être sûrs de ne pas manquer « les nouvelles » et les
4 e tourner le bouton de votre radio pour être sûrs de ne pas manquer « les nouvelles » et les prévisions du temps valables
5 à demain à midi, chaque lundi soir, je me propose de commenter pour vous en cinq minutes une grande nouvelle, une seule, e
6 ande nouvelle, une seule, et qui est celle-ci : L’ Europe est en train de se faire. Et j’ajouterai bien sûr, mes prévisions du
7 j’ajouterai bien sûr, mes prévisions du temps, —  de notre temps, valables jusqu’au jour où sera proclamée la fédération d
8 les jusqu’au jour où sera proclamée la fédération de l’Europe. Cinq minutes, c’est bien peu pour un si grand sujet : j’ess
9 usqu’au jour où sera proclamée la fédération de l’ Europe . Cinq minutes, c’est bien peu pour un si grand sujet : j’essaierai d’
10 est bien peu pour un si grand sujet : j’essaierai d’ être simple et direct, d’aller tout droit à l’essentiel, et je commenc
11 rand sujet : j’essaierai d’être simple et direct, d’ aller tout droit à l’essentiel, et je commence : Un événement capital
12 ’entre vous l’ignorent. C’est qu’il est difficile de voir les grands événements de l’histoire quand ils se passent et se c
13 qu’il est difficile de voir les grands événements de l’histoire quand ils se passent et se composent autour de nous, de jo
14 nd ils se passent et se composent autour de nous, de jour en jour. Vous savez que depuis deux ans, des groupes et des asso
15 depuis deux ans, des groupes et des associations de toute espèce travaillent pour fédérer les peuples d’Europe. De temps
16 toute espèce travaillent pour fédérer les peuples d’ Europe. De temps en temps, la presse et la radio vous donnent un aperç
17 ute espèce travaillent pour fédérer les peuples d’ Europe . De temps en temps, la presse et la radio vous donnent un aperçu de l
18 mps, la presse et la radio vous donnent un aperçu de leurs congrès. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que l’action
19 e vous ne savez peut-être pas, c’est que l’action de tous ces groupes (loin de se borner à des parlottes comme beaucoup le
20 le serment des Trois Suisses, ou la constitution de notre État il y a cent ans. Le premier de ces résultats portera vrais
21 itution de notre État il y a cent ans. Le premier de ces résultats portera vraisemblablement la date de notre année 1949.
22 e ces résultats portera vraisemblablement la date de notre année 1949. Et ce sera la convocation d’un parlement consultati
23 te de notre année 1949. Et ce sera la convocation d’ un parlement consultatif de l’Europe, dont le principe vient d’être ad
24 ce sera la convocation d’un parlement consultatif de l’Europe, dont le principe vient d’être admis par les gouvernements d
25 ra la convocation d’un parlement consultatif de l’ Europe , dont le principe vient d’être admis par les gouvernements du groupe
26 t consultatif de l’Europe, dont le principe vient d’ être admis par les gouvernements du groupe des Cinq, et sera proposé d
27 q, et sera proposé demain à tous les États libres de l’Europe. Un autre jour, je commenterai cette décision sans précédent
28 sera proposé demain à tous les États libres de l’ Europe . Un autre jour, je commenterai cette décision sans précédent dans not
29 simplement vous dire en quelques mots, pourquoi l’ Europe se fait, pourquoi nous devons tous vouloir la confédération européenn
30 ourquoi nous devons tous vouloir la confédération européenne . Voici la situation, dans ses grandes lignesb.   La guerre a eu pour
31 séquences principales, d’une part, l’affaissement de l’Europe, d’autre part, le surgissement de la Russie et de l’Amérique
32 nces principales, d’une part, l’affaissement de l’ Europe , d’autre part, le surgissement de la Russie et de l’Amérique. Ces deu
33 sement de l’Europe, d’autre part, le surgissement de la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’obse
34 pe, d’autre part, le surgissement de la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’observer, par-dessus
35 server, par-dessus nos têtes. Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l
36 rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de la paix. Mais l’Amérique prouve son impérialisme en libérant les Phil
37 lisme en libérant les Philippines, et en aidant l’ Europe à relever ses ruines, tandis que l’URSS prouve son pacifisme en attaq
38 est que les deux Grands proclament leur intention de paix d’une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et
39 les deux Grands proclament leur intention de paix d’ une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale
40 contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela
41 er au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’ Europe . Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divis
42 , c’est-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’ Europe n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nat
43 is l’Europe n’est plus une puissance, parce que l’ Europe est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille
44 é par les deux grands empires. Et non seulement l’ Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune de
45 cune des nations qui la composent se voit menacée d’ annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux em
46 composent se voit menacée d’annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent l
47 fondamental, et que personne ne peut nier : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
48 s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
49 à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
50 omie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continue
51 usions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’ une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1
52 tinuent comme elles vont : 1° Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La
53 nt comme elles vont : 1° Les différents pays de l’ Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question
54 n vont fatalement vers une guerre qui risque bien d’ être la dernière. Parce qu’elle laissera peu de monde pour en faire un
55 aussi tout cela nous conduit, avec la force même de l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver
56 et unique solution. Si nous voulons sauver chacun de nos pays, il nous faut commencer par les unir ; et si nous voulons sa
57 lons sauver la paix, il nous faut d’abord faire l’ Europe , c’est-à-dire la troisième puissance, qui serait capable d’exiger la
58 à-dire la troisième puissance, qui serait capable d’ exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Si vous pensez que
59 e puissance, qui serait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Si vous pensez que l’Europe, même un
60 venter pour les deux autres. Si vous pensez que l’ Europe , même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les deux
61 vous rappellerai un seul chiffre : la population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
62 rappellerai un seul chiffre : la population de l’ Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 milli
63 de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Am
64 occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’ environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et a
65 t tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions d’ habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il
66 qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
67 s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’ un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre
68 leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’ agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. V
69 ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Voilà don
70 mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Voilà donc le grand but défini : la paix du
71 du monde. Et voilà l’instrument désigné : l’union de l’Europe. Je suppose que sur ces deux points, théoriquement, tout le
72 nde. Et voilà l’instrument désigné : l’union de l’ Europe . Je suppose que sur ces deux points, théoriquement, tout le monde ser
73 pas même les staliniens (ces derniers défenseurs de la souveraineté nationale absolue) — personne n’ose dire : « Je veux
74 le absolue) — personne n’ose dire : « Je veux une Europe désunie ! Je veux que nos pays s’effondrent un à un, en toute souvera
75 ionale, qu’ils se cantonnent dans le double refus de l’Amérique et de la Russie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, cel
76 cantonnent dans le double refus de l’Amérique et de la Russie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’Europe, j
77 ssie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’Europe, jusqu’à ce qu’ils soient dûment ruinés, annexés et colonisé
78 qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’ Europe , jusqu’à ce qu’ils soient dûment ruinés, annexés et colonisés. » Pers
79 faire en temps utile, pour que la solution sorte de l’utopie ? La paix, l’Europe unie, d’accord, c’est un beau rêve. En a
80 ur que la solution sorte de l’utopie ? La paix, l’ Europe unie, d’accord, c’est un beau rêve. En attendant, c’est plutôt un cau
81 s le Pacifique. Nous en sommes là… Il s’agit donc de répondre très vite à cette double question, la seule sérieuse : qu’a-
82 érieuse : qu’a-t-on fait jusqu’ici pour fédérer l’ Europe  ? qu’avons-nous le temps de faire encore, — avec quelles forces ?   J
83 ci pour fédérer l’Europe ? qu’avons-nous le temps de faire encore, — avec quelles forces ?   Je vous dirai, chaque lundi s
84 les hommes qui luttent pour elle, et j’essaierai de vous faire participer aux péripéties de plus en plus rapides de cette
85 participer aux péripéties de plus en plus rapides de cette grande aventure du xx e siècle. Et voici mes prévisions valable
86 le étape vers l’union sera franchie. Les délégués de 19 pays poseront les bases d’une action concertée de tous les grands
87 nchie. Les délégués de 19 pays poseront les bases d’ une action concertée de tous les grands mouvements qui militent pour l
88 19 pays poseront les bases d’une action concertée de tous les grands mouvements qui militent pour l’Europe fédérale. Je vo
89 de tous les grands mouvements qui militent pour l’ Europe fédérale. Je vous donne rendez-vous à Bruxelles. a. Première chroni
90 949. L’auteur note un titre alternatif : « Vers l’ Europe fédérée ». b. Ici, l’auteur renvoie aux pages d’un tapuscrit intitul
91 pe fédérée ». b. Ici, l’auteur renvoie aux pages d’ un tapuscrit intitulé L’Europe en jeu (à distinguer du volume publié e
92 uteur renvoie aux pages d’un tapuscrit intitulé L’ Europe en jeu (à distinguer du volume publié en 1948 sous le même titre), do
93 vues à la même époque : par exemple, « Pourquoi l’ Europe  » (25 décembre 1948) ou « Commencer par l’Europe » (février 1949)
94 ’Europe » (25 décembre 1948) ou « Commencer par l’ Europe  » (février 1949)
2 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Conseil international du Mouvement européen (25 février 1949)
95 Demain l’ Europe  ! — Le Conseil international du Mouvement européenc (25 février 1949)
96 25 février 1949)d Bruxelles a pavoisé au signe de l’Europe : sur toutes les places et les palais des drapeaux flottent,
97 vrier 1949)d Bruxelles a pavoisé au signe de l’ Europe  : sur toutes les places et les palais des drapeaux flottent, portant
98 aux flottent, portant la grande lettre E — E pour Europe — couleur d’émeraude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond de
99 tant la grande lettre E — E pour Europe — couleur d’ émeraude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond de paix. C’est q
100 rope — couleur d’émeraude sur fond blanc, couleur d’ espérance sur fond de paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement europ
101 aude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond de paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement européen réunit pour la pr
102 ond de paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement européen réunit pour la première fois son conseil international. Vous allez di
103 paraison peut nous donner à réfléchir. Car chacun de nos congrès européens est une bataille, un bombardement de l’opinion
104 ous donner à réfléchir. Car chacun de nos congrès européens est une bataille, un bombardement de l’opinion — pour faire la paix.
105 ngrès européens est une bataille, un bombardement de l’opinion — pour faire la paix. Une bataille contre l’inertie, le sce
106 nne ne se dresse avec passion pour affirmer que l’ Europe fédérée non seulement doit mais peut fonder la paix. De quoi s’agit-i
107 érée non seulement doit mais peut fonder la paix. De quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès de l’Europe à La Haye, nous é
108 paix. De quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès de l’Europe à La Haye, nous étions 800 délégués représentant une quantit
109 . De quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès de l’ Europe à La Haye, nous étions 800 délégués représentant une quantité de mouv
110 ous étions 800 délégués représentant une quantité de mouvements sans liens solides. C’était une première tentative pour fa
111 ive pour faire entendre au monde entier « la voix de l’Europe ». Vous savez quel fut son succès : l’idée de Parlement euro
112 our faire entendre au monde entier « la voix de l’ Europe  ». Vous savez quel fut son succès : l’idée de Parlement européen en e
113 Europe ». Vous savez quel fut son succès : l’idée de Parlement européen en est sortie, elle est en voie de réalisation. De
114 s savez quel fut son succès : l’idée de Parlement européen en est sortie, elle est en voie de réalisation. Depuis lors, nous avo
115 arlement européen en est sortie, elle est en voie de réalisation. Depuis lors, nous avons travaillé à fédérer tous nos mou
116 , l’opinion chuchotée d’autres pays… Dans toute l’ Europe , nous avons constitué des conseils nationaux du Mouvement. Et chacun
117 ent. Et chacun a délégué aujourd’hui quelques-uns de ses membres à Bruxelles : neuf pour les grands pays, quatre pour les
118 nformément à la coutume fédéraliste. Ces délégués de 22 peuples, auxquels s’ajoute le comité exécutif, viennent de se rass
119 e se rassembler, cet après-midi même, sous le nom de Conseil international du Mouvement européen. C’est donc d’un conseil
120 sous le nom de Conseil international du Mouvement européen . C’est donc d’un conseil qu’il s’agit, et non plus d’un congrès comme
121 l international du Mouvement européen. C’est donc d’ un conseil qu’il s’agit, et non plus d’un congrès comme les autres, d’
122 C’est donc d’un conseil qu’il s’agit, et non plus d’ un congrès comme les autres, d’un conseil beaucoup plus restreint — no
123 ’agit, et non plus d’un congrès comme les autres, d’ un conseil beaucoup plus restreint — nous ne sommes que 30 délégués — 
124 us restreint — nous ne sommes que 30 délégués — , d’ un conseil qui sera désormais l’organe officiel d’un Mouvement bien so
125 d’un conseil qui sera désormais l’organe officiel d’ un Mouvement bien solidement articulé, prêt à l’action. Quelles sont l
126 quatre présidents que s’est donné notre Mouvement européen  : Winston Churchill, Léon Blum, Paul-Henri Spaak, Alcide de Gasperi.
127 ui est surtout Paul-Henri Spaak — le nouveau type de l’homme d’État européen, le réaliste qu’il fallait pour défendre notr
128 l-Henri Spaak — le nouveau type de l’homme d’État européen , le réaliste qu’il fallait pour défendre notre idéal. Vous allez ente
129 e Premier [ministre] belge a inauguré les travaux de notre conseil. c. Titre rajouté par nous pour cette édition numériq
3 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Assemblée européenne (27 février 1949)
130 Demain l’ Europe  ! — L’Assemblée européennee (27 février 1949)f Je vous disais vend
131 ir, en introduisant par quelques mots cette série d’ émissions sur la première session du Conseil international à Bruxelles
132 international à Bruxelles, je vous disais : c’est d’ un conseil et non pas d’un congrès qu’il s’agit. On l’a bien vu et bie
133 s, je vous disais : c’est d’un conseil et non pas d’ un congrès qu’il s’agit. On l’a bien vu et bien senti lors de la séanc
134 ésence sur la tribune, à la table présidentielle, d’ un groupe d’hommes politiques qu’on ne pourrait voir nulle part ailleu
135 a tribune, à la table présidentielle, d’un groupe d’ hommes politiques qu’on ne pourrait voir nulle part ailleurs ensemble,
136 r nulle part ailleurs ensemble, le seul spectacle de M. van Zeeland assis entre les socialistes Marceau Pivert et André Ph
137 e les socialistes Marceau Pivert et André Philip, de M. Churchill assis entre les socialistes Spaak et Guy Mollet, donnait
138 travailler et pour organiser, et que les discours de circonstance se réduisaient volontairement à la plus grande sobriété.
139 ain, le ton changea, au sein des deux commissions de travail. Je n’ai pu suivre les débats de la commission juridique, cha
140 missions de travail. Je n’ai pu suivre les débats de la commission juridique, chargée d’élaborer le grand projet d’une Cou
141 re les débats de la commission juridique, chargée d’ élaborer le grand projet d’une Cour suprême européenne pour la défense
142 ion juridique, chargée d’élaborer le grand projet d’ une Cour suprême européenne pour la défense des droits de la personne.
143 gée d’élaborer le grand projet d’une Cour suprême européenne pour la défense des droits de la personne. Je vous dirai, lundi proch
144 our suprême européenne pour la défense des droits de la personne. Je vous dirai, lundi prochain, les résultats de ses trav
145 nne. Je vous dirai, lundi prochain, les résultats de ses travaux. Mais j’ai été frappé par la haute tenue des débats de la
146 ais j’ai été frappé par la haute tenue des débats de la commission politique chargée de rédiger les principes généraux d’u
147 nue des débats de la commission politique chargée de rédiger les principes généraux d’une politique européenne, la doctrin
148 litique chargée de rédiger les principes généraux d’ une politique européenne, la doctrine politique commune aux tendances
149 de rédiger les principes généraux d’une politique européenne , la doctrine politique commune aux tendances si diverses réunies à Br
150 tradictions passionnées et parfois dramatiques. L’ Europe , c’est un dialogue, je le répète bien souvent, je ne l’avais jamais m
151 nt que le concert des voix qui deviennent la voix de l’Europe. Hier, nos débats se sont portés sur la question de l’Assemb
152 e le concert des voix qui deviennent la voix de l’ Europe . Hier, nos débats se sont portés sur la question de l’Assemblée europ
153 . Hier, nos débats se sont portés sur la question de l’Assemblée européenne. Comme l’ont souligné tour à tour M. Spaak et
154 ats se sont portés sur la question de l’Assemblée européenne . Comme l’ont souligné tour à tour M. Spaak et M. Churchill — et je ci
155 t M. Churchill — et je cite ce dernier : « l’idée d’ une Assemblée consultative européenne est devenue la politique adoptée
156 e dernier : « l’idée d’une Assemblée consultative européenne est devenue la politique adoptée par presque tous les gouvernements d
157 itique adoptée par presque tous les gouvernements de l’Europe occidentale ». Il s’agit maintenant d’exploiter ce premier g
158 e adoptée par presque tous les gouvernements de l’ Europe occidentale ». Il s’agit maintenant d’exploiter ce premier grand succ
159 s de l’Europe occidentale ». Il s’agit maintenant d’ exploiter ce premier grand succès de notre mouvement. Il s’agit mainte
160 it maintenant d’exploiter ce premier grand succès de notre mouvement. Il s’agit maintenant pour nous de peser sur les déci
161 e notre mouvement. Il s’agit maintenant pour nous de peser sur les décisions imminentes des ministères et des parlements.
162 ulons qu’elle soit dès le départ un grand symbole de l’unité confédérale pour laquelle nous luttons. Nous voulons que la v
163 ficiels. Nous voulons, en un mot, que l’Assemblée européenne ne soit pas une demi-mesure, mais l’éclatante démonstration qu’une èr
164 nte démonstration qu’une ère nouvelle s’ouvre à l’ Europe , à tout le peuple européen. Ce n’est pas sans une joie profonde que,
165 ère nouvelle s’ouvre à l’Europe, à tout le peuple européen . Ce n’est pas sans une joie profonde que, nous autres fédéralistes, v
166 autres fédéralistes, voyons nos thèses progresser de jour en jour au sein du Conseil de Bruxelles. Ce que nous sommes en t
167 ses progresser de jour en jour au sein du Conseil de Bruxelles. Ce que nous sommes en train d’obtenir peut se résumer en t
168 de l’Assemblée, des forces vives, non politiques, de nos pays, siégeant sur pied d’égalité avec les délégués des parlement
169 s, non politiques, de nos pays, siégeant sur pied d’ égalité avec les délégués des parlements. 2. Nous proposons que des si
170 proposons que des sièges soient réservés aux pays de l’Est, sièges vides pour le moment, — mais ce vide muet parlera mieux
171 de muet parlera mieux que des discours, mieux que de vaines protestations verbales, ce vide sera le symbole éloquent non s
172 s, ce vide sera le symbole éloquent non seulement de notre sympathie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’Europe
173 le éloquent non seulement de notre sympathie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’Europe intégrale, et cela veut
174 hie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’ Europe intégrale, et cela veut dire que jamais nous n’abandonnerons à leur s
175 ion sur les gouvernements se double immédiatement d’ une grande campagne populaire dans toute l’Europe, afin que les masses
176 ment d’une grande campagne populaire dans toute l’ Europe , afin que les masses soient associées à nos efforts, et les portent a
177 associées à nos efforts, et les portent au sommet d’ un élan unanime. Si nous gagnons sur ces trois points — et nous sommes
178 ur ces trois points — et nous sommes en bon train de gagner — , nous pourrons répéter ces mots que Churchill prononça d’un
179 pourrons répéter ces mots que Churchill prononça d’ une voix tonitruante — et en français — à la fin de son premier discou
180 ’une voix tonitruante — et en français — à la fin de son premier discours : « Alors, ça ira ! » Pour terminer, je vous don
181 plénière, notre conseil s’est donné un président de séance pour une année sur la personne de Léon Jouhaux, le grand chef
182 résident de séance pour une année sur la personne de Léon Jouhaux, le grand chef syndicaliste français. Et d’autre part, M
183 M. André Philip, ancien ministre des Finances et de l’Économie, a été élu délégué général du Mouvement européen. Voici en
184 ’Économie, a été élu délégué général du Mouvement européen . Voici encore mes prévisions du temps valables jusqu’à lundi prochain
185 u temps valables jusqu’à lundi prochain : la zone de haute pression fédéraliste dont le centre se situe actuellement à Bru
186 ent à Bruxelles va s’étendre rapidement à toute l’ Europe , jusqu’à la Grèce au Sud et la Suède au Nord, non sans provoquer à l’
187 n passant, quelques légères ondulations du rideau de fer. Au revoir, à lundi prochain ! e. Titre rajouté par nous pour c
188 n numérique. f. Émission retransmise directement de Bruxelles.
4 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « La paix, la paix ! » (7 mars 1949)
189 Demain l’ Europe  ! — « La paix, la paix ! »g (7 mars 1949) Je vous disais, il y a 15
190 s, il y a 15 jours : « Pourquoi faut-il fédérer l’ Europe , et très vite ? » Et je répondais : parce qu’il n’y a pas d’autre moy
191 vite ? » Et je répondais : parce qu’il n’y a pas d’ autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays
192  : parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable d’ empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays, c’est en effet créer la
193 , c’est en effet créer la seule puissance capable d’ exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Là-dessus, je pars
194 réer la seule puissance capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Là-dessus, je pars pour Bruxelles, a
195 je pars pour Bruxelles, au Conseil international de notre Mouvement européen. Et nous nous sommes mis au travail pour fai
196 lles, au Conseil international de notre Mouvement européen . Et nous nous sommes mis au travail pour faire l’Europe, pour faire l
197 . Et nous nous sommes mis au travail pour faire l’ Europe , pour faire la paix. Et dimanche dernier, interrompant nos travaux pe
198 t l’après-midi, nous avons convoqué la population de Bruxelles sur la place de la Bourse, car nous voulions crier aux mass
199 convoqué la population de Bruxelles sur la place de la Bourse, car nous voulions crier aux masses, sur tous les tons, et
200 avec nous, travaillons tous ensemble à fédérer l’ Europe , pour assurer la paix. » Mais voici qu’à chaque fois qu’un de nos ora
201 urer la paix. » Mais voici qu’à chaque fois qu’un de nos orateurs s’avançait devant le micro, quelques groupes dans la fou
202 dans la foule se mettaient à hurler, et tâchaient de couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler de la paix, et ils cr
203 e couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler de la paix, et ils criaient : « La paix, la paix » pour nous empêcher d’
204 riaient : « La paix, la paix » pour nous empêcher d’ en parler. C’est ainsi que pendant deux heures s’est poursuivi dans le
205 t poursuivi dans le tumulte un véritable dialogue de sourds. — Tu veux la paix ? criait l’un. — Non, je veux la paix ! hur
206 guerre ! Je ne voudrais pas exagérer l’importance de ces incidents. En vérité, ils n’ont servi qu’à la publicité de nos tr
207 nts. En vérité, ils n’ont servi qu’à la publicité de nos travaux, dont ils n’ont pas troublé le cours ni modifié les résul
208 modifié les résultats. Mais derrière ce dialogue de sourds, ou plutôt derrière ce qui pouvait paraître une histoire de fo
209 tôt derrière ce qui pouvait paraître une histoire de fous, il y a quelque chose de sérieux, et même de grave. Il y a la gr
210 raître une histoire de fous, il y a quelque chose de sérieux, et même de grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe.
211 de fous, il y a quelque chose de sérieux, et même de grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe. Il y a ce fait que
212 ieux, et même de grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe. Il y a ce fait que plus personne ne croit, ou ne peut c
213 même de grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe . Il y a ce fait que plus personne ne croit, ou ne peut croire, dans n
214 personne ne croit, ou ne peut croire, dans notre Europe , à la bonne foi de l’adversaire. Quand on en est arrivé là — quand ch
215 ne peut croire, dans notre Europe, à la bonne foi de l’adversaire. Quand on en est arrivé là — quand chacun crie : la paix
216  : la guerre — , alors, il n’y a plus qu’un moyen d’ en sortir (si vraiment on refuse la guerre), c’est de cesser de crier
217 n sortir (si vraiment on refuse la guerre), c’est de cesser de crier et de parler tranquillement. Justement j’ai la chance
218 si vraiment on refuse la guerre), c’est de cesser de crier et de parler tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir,
219 on refuse la guerre), c’est de cesser de crier et de parler tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir, de pouvoir v
220 tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir, de pouvoir vous parler tranquillement sans être interrompu par des cris
221 tranquillement sans être interrompu par des cris d’ animaux. Je serais donc criminel de ne pas en profiter et de ne pas te
222 u par des cris d’animaux. Je serais donc criminel de ne pas en profiter et de ne pas tenter l’impossible pour pacifier ce
223 Je serais donc criminel de ne pas en profiter et de ne pas tenter l’impossible pour pacifier ce débat sur la paix, pour e
224 pour en examiner les arguments sans aucun esprit de polémique ou de propagande haineuse et partisane. Je voudrais donc ex
225 r les arguments sans aucun esprit de polémique ou de propagande haineuse et partisane. Je voudrais donc expliquer tranquil
226 essant à la bonne foi des communistes, pourquoi l’ Europe unie veut dire la paix pour tous, et ne veut pas dire la guerre, cont
227 s le monde divisé en deux camps, et nous voyons l’ Europe menacée de ruine totale par la guerre entre ces deux camps. Géographi
228 sé en deux camps, et nous voyons l’Europe menacée de ruine totale par la guerre entre ces deux camps. Géographiquement, no
229 is c’est un fait aussi que l’immense majorité des Européens refuse la guerre. L’immense majorité des Européens se demande avec un
230 uropéens refuse la guerre. L’immense majorité des Européens se demande avec une angoisse grandissante : « Que pouvons-nous faire
231 simple : nous ne pouvons rien faire, dans l’état de division où nous sommes. Il faut donc nous unir pour nous mettre en m
232 Il faut donc nous unir pour nous mettre en mesure de nous opposer à la guerre. Tout le monde devrait être d’accord là-dess
233 d’accord, sauf les communistes… car la fédération de l’Europe, à les en croire, ne serait qu’une machine d’agression monté
234 ord, sauf les communistes… car la fédération de l’ Europe , à les en croire, ne serait qu’une machine d’agression montée par les
235 Europe, à les en croire, ne serait qu’une machine d’ agression montée par les Américains contre l’URSS. Qu’avons-nous à rép
236 s avons à répondre deux choses : 1. La fédération de l’Europe peut seule garantir notre indépendance réelle à l’égard des
237 ns à répondre deux choses : 1. La fédération de l’ Europe peut seule garantir notre indépendance réelle à l’égard des États-Uni
238 s pas nous fédérer librement, bâtir librement une Europe solide et prospère, c’est alors que nous serons contraints de confier
239 prospère, c’est alors que nous serons contraints de confier notre défense aux Américains et de nous mettre en tutelle les
240 raints de confier notre défense aux Américains et de nous mettre en tutelle les uns après les autres. Faute d’une fédérati
241 mettre en tutelle les uns après les autres. Faute d’ une fédération librement constituée, nous n’aurons plus qu’une solutio
242 possible : signer le pacte militaire, nommé pacte de l’Atlantique. Et ce pacte, prenons-y garde, pour peu qu’il y entre un
243 renons-y garde, pour peu qu’il y entre une clause d’ assistance mutuelle automatique, ce pacte dit de l’Atlantique pourrait
244 e d’assistance mutuelle automatique, ce pacte dit de l’Atlantique pourrait fort bien nous entraîner un jour à une guerre d
245 er un jour à une guerre dans le Pacifique… 2. Une Europe unie, qui pourrait être alors — mais alors seulement — indépendante v
246 ors mener sa politique comme elle l’entend, cette Europe -là cesserait d’être une menace pour la Russie, et deviendrait au cont
247 ue comme elle l’entend, cette Europe-là cesserait d’ être une menace pour la Russie, et deviendrait au contraire une vaste
248 ussie, et deviendrait au contraire une vaste zone de sécurité à l’ouest des terres soviétiques. Il est bien évident que ce
249 terres soviétiques. Il est bien évident que cette Europe , occupée à se fédérer, n’aurait aucune raison d’attaquer la Russie, p
250 ope, occupée à se fédérer, n’aurait aucune raison d’ attaquer la Russie, pourvu que celle-ci la laisse en paix, et ne préte
251 x raisons que je viens de dire, que la fédération européenne serait dans l’intérêt du monde entier, et donc aussi dans l’intérêt d
252 rêt du monde entier, et donc aussi dans l’intérêt de la Russie, puisque celle-ci déclare qu’elle veut la paix et qu’elle n
253 oivent souhaiter avec nous l’établissement rapide d’ une fédération européenne, qui serait la garantie de notre indépendanc
254 avec nous l’établissement rapide d’une fédération européenne , qui serait la garantie de notre indépendance. Si toutefois ils persi
255 une fédération européenne, qui serait la garantie de notre indépendance. Si toutefois ils persistent à mettre en doute nos
256 tre en doute nos intentions, nous serons en droit de leur demander : quelle autre solution nous offrez-vous, qui soit immé
257 erre ? L’heure est venue de parler clairement, et de cesser de crier : la paix, la paix ! sur un ton de défi, comme on déc
258 eure est venue de parler clairement, et de cesser de crier : la paix, la paix ! sur un ton de défi, comme on déclare la gu
259 e cesser de crier : la paix, la paix ! sur un ton de défi, comme on déclare la guerre. Et je me tourne aussi vers la Suiss
260 mais non pas isolationniste, elle doit vouloir l’ Europe indépendante, l’Europe sans pactes militaires, c’est-à-dire l’Europe
261 niste, elle doit vouloir l’Europe indépendante, l’ Europe sans pactes militaires, c’est-à-dire l’Europe fédérée. Qu’elle prenne
262 , l’Europe sans pactes militaires, c’est-à-dire l’ Europe fédérée. Qu’elle prenne donc ses responsabilités, pendant qu’il en es
263 ires sur l’Atlantique, mais du côté de Berne, pas de précipitations… g. Titre rajouté par nous pour cette édition numéri
5 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Cour suprême européenne (14 mars 1949)
264 Demain l’ Europe  ! — La Cour suprême européenne (14 mars 1949) À Rome, en novembre d
265 Demain l’Europe ! — La Cour suprême européenne (14 mars 1949) À Rome, en novembre dernier, lors du Congrès de l’UE
266 9) À Rome, en novembre dernier, lors du Congrès de l’UEF, le comte Sforza est venu nous parler de ce qui lui tient le pl
267 ès de l’UEF, le comte Sforza est venu nous parler de ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération de l’Europe. On ne sa
268 e ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération de l’Europe. On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer d’expérien
269 qui lui tient le plus à cœur : la fédération de l’ Europe . On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer d’expérience politi
270 e l’Europe. On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer d’expérience politique : de tous les hommes d’État au pouvoir
271 On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer d’ expérience politique : de tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jo
272 comte Sforza de manquer d’expérience politique : de tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jours, c’est lui qui a eu l
273 politique : de tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jours, c’est lui qui a eu la carrière la plus longue. Quel consei
274 us fédéralistes, vous ne devrez jamais transiger. De toutes vos forces, sans compromis et sans relâche, luttez contre le d
275 rieur : la tyrannie ; l’autre extérieur : le coup de force, la guerre. En effet, si l’État national a tous les droits, s’i
276 t, si l’État national a tous les droits, s’il n’a de comptes à rendre à personne, ni à Dieu, ni à la loi, ni même à la mor
277 e à la morale courante, s’il n’y a rien au-dessus de lui, s’il est seul juge — et c’est ce que signifie le mot : souverain
278 uverain — , comment voulez-vous qu’il n’abuse pas de ses pouvoirs ? Et s’il en abuse, comment voulez-vous qu’on l’arrête ?
279 êtes un criminel : cela se produit sous nos yeux, de nos jours, dans les pays où l’État souverain prend au sérieux sa souv
280 ce que signifie la souveraineté inconditionnelle de l’État, l’impossibilité de faire appel à un tribunal supérieur… D’aut
281 ineté inconditionnelle de l’État, l’impossibilité de faire appel à un tribunal supérieur… D’autre part, l’État souverain a
282 érieur… D’autre part, l’État souverain a le droit de déclarer la guerre, et de forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-d
283 at souverain a le droit de déclarer la guerre, et de forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous
284 droit de déclarer la guerre, et de forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie
285 ire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie et de mort, et cela sans appel. S’il veut la guerre, personne ne
286 -à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie et de mort, et cela sans appel. S’il veut la guerre, personne ne peut le re
287 n nomme la morale, il y a même quelques rudiments d’ une loi internationale, mais qui peut l’appliquer cette loi, puisqu’il
288 eut l’appliquer cette loi, puisqu’il n’existe pas de pouvoir supérieur ? Puisqu’il n’y a pas de roi du monde, de suzerain,
289 te pas de pouvoir supérieur ? Puisqu’il n’y a pas de roi du monde, de suzerain, qui puisse réduire à la raison ces féodaux
290 supérieur ? Puisqu’il n’y a pas de roi du monde, de suzerain, qui puisse réduire à la raison ces féodaux dressés sur leur
291 N est morte, et si l’ONU était en train de vivre, de réussir, cela se verrait : Nous n’en serions pas où nous sommes, c’es
292 n’ont-elles jamais pu fonctionner ? C’est à cause d’ un même vice de constitution. L’une et l’autre ont été et sont des soc
293 ais pu fonctionner ? C’est à cause d’un même vice de constitution. L’une et l’autre ont été et sont des sociétés non pas d
294 e et l’autre ont été et sont des sociétés non pas de nations, mais de gouvernements d’États souverains. Or, qui peut arbit
295 été et sont des sociétés non pas de nations, mais de gouvernements d’États souverains. Or, qui peut arbitrer les disputes
296 ociétés non pas de nations, mais de gouvernements d’ États souverains. Or, qui peut arbitrer les disputes entre deux États
297 ous n’auriez pas l’idée, personne n’aurait l’idée de faire arbitrer un match par les deux capitaines des équipes en présen
298 sence. Or, qu’est-ce que l’ONU ? C’est un congrès de capitaines d’équipes qui crient tous à la fois : si je ne gagne pas,
299 est-ce que l’ONU ? C’est un congrès de capitaines d’ équipes qui crient tous à la fois : si je ne gagne pas, eh bien, je tr
300 Comment protéger les citoyens contre l’arbitraire de l’État ? Et comment protéger la paix contre les entreprises de ces gr
301 t comment protéger la paix contre les entreprises de ces grands féodaux ? Il faut créer, c’est l’évidence, un pouvoir supé
302 qui limite leur souveraineté ! C’est un tribunal de ce genre que le Conseil international de notre Mouvement européen a d
303 tribunal de ce genre que le Conseil international de notre Mouvement européen a décidé de proposer, dans sa séance toute r
304 e que le Conseil international de notre Mouvement européen a décidé de proposer, dans sa séance toute récente de Bruxelles. Le p
305 nternational de notre Mouvement européen a décidé de proposer, dans sa séance toute récente de Bruxelles. Le projet mis au
306 décidé de proposer, dans sa séance toute récente de Bruxelles. Le projet mis au jour par le Mouvement européen me semble
307 Bruxelles. Le projet mis au jour par le Mouvement européen me semble révolutionnaire, pour deux raisons. Premièrement, il prévoi
308 aisons. Premièrement, il prévoit une Cour suprême européenne . À cette cour pourront s’adresser par-dessus la tête de l’État les pe
309 cette cour pourront s’adresser par-dessus la tête de l’État les personnes physiques et morales, c’est-à-dire vous et moi,
310 il est prévu que cette Cour suprême sera doublée d’ une Commission des droits de l’homme, composée de membres indépendants
311 d’une Commission des droits de l’homme, composée de membres indépendants des États et gouvernements. Cette commission rec
312 ats accusés. Voilà qui formerait le premier noyau d’ un véritable pouvoir fédéral, et voilà qui ferait une brèche sérieuse
313 ier pas sera fait pour la sauvegarde des libertés européennes . À mon avis, ce premier pas en appelle aussitôt un second, qui serait
314 ppelle aussitôt un second, qui serait la création d’ une police fédérale, d’une force armée européenne, capable de faire re
315 nd, qui serait la création d’une police fédérale, d’ une force armée européenne, capable de faire respecter les arrêts de l
316 création d’une police fédérale, d’une force armée européenne , capable de faire respecter les arrêts de la Cour suprême. Cela viend
317 e fédérale, d’une force armée européenne, capable de faire respecter les arrêts de la Cour suprême. Cela viendra, si nous
318 européenne, capable de faire respecter les arrêts de la Cour suprême. Cela viendra, si nous savons le vouloir, et si toute
319 nion nous appuie. En attendant, les représentants de la France, de la Grande-Bretagne et du Benelux se réunissent aujourd’
320 ie. En attendant, les représentants de la France, de la Grande-Bretagne et du Benelux se réunissent aujourd’hui même à Lon
321 s prévisions seront donc optimistes : Température européenne en hausse légère mais continue : à l’Est et sur le front de nos adver
322 se légère mais continue : à l’Est et sur le front de nos adversaires, nébulosité variable à très forte. Un peu de précipit
6 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le pacte de l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 1949)
323 Demain l’ Europe  ! — Le pacte de l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 194
324 Demain l’Europe ! — Le pacte de l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 1949) Chers audit
325 ope ! — Le pacte de l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 1949) Chers auditeurs, beaucoup d’entre vous m’ont demandé
326 trois jours : quel est le rapport entre le pacte de l’Atlantique et l’union européenne ? Et qu’en pensent les fédéraliste
327 rapport entre le pacte de l’Atlantique et l’union européenne  ? Et qu’en pensent les fédéralistes ? Je ne puis pas me dérober à cet
328 stion brûlante, bien que je n’aie pas eu le temps de consulter tous les porte-parole de nos mouvements. Je vais vous dire
329 as eu le temps de consulter tous les porte-parole de nos mouvements. Je vais vous dire mon opinion privée, que je crois d’
330 pinion privée, que je crois d’ailleurs être celle de la plupart des militants fédéralistes et de leurs chefs. Tout d’abord
331 celle de la plupart des militants fédéralistes et de leurs chefs. Tout d’abord, qu’est-ce au juste, le pacte de l’Atlantiq
332 chefs. Tout d’abord, qu’est-ce au juste, le pacte de l’Atlantique ? Essentiellement : un pacte d’assistance mutuelle, d’as
333 acte de l’Atlantique ? Essentiellement : un pacte d’ assistance mutuelle, d’assistance armée, militaire, dans le cas d’une
334 Essentiellement : un pacte d’assistance mutuelle, d’ assistance armée, militaire, dans le cas d’une agression contre un des
335 uelle, d’assistance armée, militaire, dans le cas d’ une agression contre un des États membres. Tous, en principe, voleront
336 s membres. Tous, en principe, voleront au secours de la victime. Ce sera donc, en principe : Un pour tous, tous pour un. C
337 utre pacte, celui qui fonda la Suisse il y a plus de 650 ans, et qui se trouve être aujourd’hui le plus ancien pacte fédér
338 du 1er août 1291 comporte, lui aussi, un serment d’ assistance mutuelle. Écoutez-le : Soit donc notoire à tous que les ho
339 it donc notoire à tous que les hommes des vallées d’ Uri, de Schwyz, et d’Unterwald, considérant la malice des temps, et af
340 notoire à tous que les hommes des vallées d’Uri, de Schwyz, et d’Unterwald, considérant la malice des temps, et afin de s
341 s que les hommes des vallées d’Uri, de Schwyz, et d’ Unterwald, considérant la malice des temps, et afin de se défendre et
342 ps, et afin de se défendre et maintenir avec plus d’ efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellemen
343 endre et maintenir avec plus d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs for
344 us d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs forces… envers et contre quic
345 bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs forces… envers et contre quiconque tenterait de leur fai
346 eurs forces… envers et contre quiconque tenterait de leur faire violence. Et, à tout événement, chacune desdites communaut
347 autés promet à l’autre de venir à son aide en cas de besoin, de la défendre à ses propres frais… et de venger sa querelle,
348 t à l’autre de venir à son aide en cas de besoin, de la défendre à ses propres frais… et de venger sa querelle, prêtant un
349 de besoin, de la défendre à ses propres frais… et de venger sa querelle, prêtant un serment sans dol ni fraude, et renouve
350 Dans les deux pactes, il s’agit donc exactement de la même idée. Le langage diffère, à vrai dire, car hélas, nos légiste
351 beau style énergique. Mais c’est surtout l’esprit de ces deux traités qui, décidément, n’est pas le même. Notre pacte du 1
352 nvocation : Au nom du Seigneur, Amen ! Le pacte de l’Atlantique, lui, débute en ces termes : Les États parties du prése
353 affirment leur foi dans les buts et les principes de la Charte des Nations unies. Comme on le voit, les deux documents co
354 les deux documents commencent par une affirmation de foi. Mais voici la grande différence : le pacte des Suisses se plaçai
355 le pacte des Suisses se plaçait sous l’invocation de Dieu, et d’un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte de l’Atlantique,
356 Suisses se plaçait sous l’invocation de Dieu, et d’ un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte de l’Atlantique, lui, ne se p
357 eu, et d’un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte de l’Atlantique, lui, ne se place que sous l’invocation de l’ONU, à laqu
358 tlantique, lui, ne se place que sous l’invocation de l’ONU, à laquelle personne ne croit ! Je n’exagère pas : je constate.
359 ient un seul instant à l’efficacité, à la réalité de l’ONU, il n’y aurait pas de pacte de l’Atlantique, personne n’en aura
360 icacité, à la réalité de l’ONU, il n’y aurait pas de pacte de l’Atlantique, personne n’en aurait eu l’idée. Faut-il penser
361 à la réalité de l’ONU, il n’y aurait pas de pacte de l’Atlantique, personne n’en aurait eu l’idée. Faut-il penser qu’on l’
362 re officiellement à l’idéal ? A-t-on jugé prudent de remplacer cette Providence défaillante par de solides et nombreuses d
363 ent de remplacer cette Providence défaillante par de solides et nombreuses divisions ? Ce serait un drôle de réalisme. Un
364 ides et nombreuses divisions ? Ce serait un drôle de réalisme. Un seul chiffre suffit à le montrer, Churchill le citait l’
365 citait l’autre jour : la Grande-Bretagne, en cas de guerre, peut compter sur deux divisions, — je dis deux, en tout et po
366 es cercles officiels devant cette grande alliance d’ états-majors sans troupes. L’utilité militaire restant douteuse, on se
367 rale du pacte : son intérêt, affirme-t-on, serait d’ ordre essentiellement psychologique… Mais psychologiquement, quel est
368 monde. On a donné aux Russes une superbe occasion de crier à la provocation, sans créer pour autant la force réelle qui le
369 elle, où faut-il la chercher ? Elle ne naîtra pas d’ un traité, surtout pas d’un traité militaire, quand on manque d’armes
370 her ? Elle ne naîtra pas d’un traité, surtout pas d’ un traité militaire, quand on manque d’armes et de troupes. Elle ne pe
371 urtout pas d’un traité militaire, quand on manque d’ armes et de troupes. Elle ne peut naître que d’un grand élan des peupl
372 d’un traité militaire, quand on manque d’armes et de troupes. Elle ne peut naître que d’un grand élan des peuples libres d
373 ue d’armes et de troupes. Elle ne peut naître que d’ un grand élan des peuples libres de l’Europe. Elle ne peut naître que
374 eut naître que d’un grand élan des peuples libres de l’Europe. Elle ne peut naître que dans l’enthousiasme soulevé par la
375 aître que d’un grand élan des peuples libres de l’ Europe . Elle ne peut naître que dans l’enthousiasme soulevé par la proclamat
376 e dans l’enthousiasme soulevé par la proclamation d’ un Pacte fédéral du continent. À la question qu’on m’a posée : « Que p
377 tion qu’on m’a posée : « Que pensez-vous du pacte de l’Atlantique, vous, les fédéralistes européens ? » je réponds donc :
378 du pacte de l’Atlantique, vous, les fédéralistes européens  ? » je réponds donc : — Tant par ses graves insuffisances que par ses
379 uffisances que par ses bonnes intentions le pacte de l’Atlantique nous donne des raisons de plus — s’il en fallait ! — de
380 s donne des raisons de plus — s’il en fallait ! —  de vouloir une Europe solidement fédérée, un bloc puissant et pacifique
381 sons de plus — s’il en fallait ! — de vouloir une Europe solidement fédérée, un bloc puissant et pacifique de 300 millions d’h
382 solidement fédérée, un bloc puissant et pacifique de 300 millions d’habitants rendus par leur union à la prospérité, qui e
383 ée, un bloc puissant et pacifique de 300 millions d’ habitants rendus par leur union à la prospérité, qui est le seul gage
384 leur union à la prospérité, qui est le seul gage d’ une véritable indépendance. Le grand bruit que fait dans le monde la s
385 us tenez peut-être dans vos mains la seule chance de la paix ! » Quant à mes prévisions du temps, de notre temps, je ne pu
386 e de la paix ! » Quant à mes prévisions du temps, de notre temps, je ne puis que répéter ce soir le commentaire curieuseme
387 ctuellement sur l’Atlantique provoquent un afflux d’ air glacial venant de l’Est. On ne saurait mieux dire. J’ajouterai sim
388 antique provoquent un afflux d’air glacial venant de l’Est. On ne saurait mieux dire. J’ajouterai simplement que pour une
389 jouterai simplement que pour une fois il convient de féliciter Berne d’avoir su se tenir à l’abri des courants d’air. Au r
390 que pour une fois il convient de féliciter Berne d’ avoir su se tenir à l’abri des courants d’air. Au revoir, à lundi proc
391 r Berne d’avoir su se tenir à l’abri des courants d’ air. Au revoir, à lundi prochain !
7 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Conseil de l’Europe (28 mars 1949)
392 Demain l’ Europe  ! — Le Conseil de l’Europe (28 mars 1949) Pendant que la presse du
393 nt que la presse du monde entier discute le pacte de l’Atlantique, un événement peut-être décisif se prépare en silence, à
394 n silence, à Londres, aujourd’hui même. Il s’agit de fixer les statuts d’un Parlement européen. Les représentants de dix n
395 aujourd’hui même. Il s’agit de fixer les statuts d’ un Parlement européen. Les représentants de dix nations se sont réunis
396 me. Il s’agit de fixer les statuts d’un Parlement européen . Les représentants de dix nations se sont réunis ce matin, et nous sa
397 tatuts d’un Parlement européen. Les représentants de dix nations se sont réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin
398 réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin de semaine, les résultats de leurs travaux. On peut juger bizarre qu’une
399 aurons peut-être en fin de semaine, les résultats de leurs travaux. On peut juger bizarre qu’une telle négociation, qui en
400 rre qu’une telle négociation, qui engage l’avenir de notre Europe, se poursuive à huis clos, et sans la moindre publicité.
401 e telle négociation, qui engage l’avenir de notre Europe , se poursuive à huis clos, et sans la moindre publicité. Il semblerai
402 ments n’aient pas envie qu’on sache qu’ils font l’ Europe … C’est qu’ils la font à leur corps défendant. On les y pousse, et ils
403 t garder aussi longtemps que possible le contrôle de l’opération. L’initiative, en vérité, appartient aux fédéralistes. Et
404 alistes. Et, pour vous faire comprendre la portée de la réunion qui se tient à Londres, cette semaine, je vais résumer bri
405 te semaine, je vais résumer brièvement les étapes de sa préparation. Au mois de mai 1948, il y a donc un peu moins d’un an
406 brièvement les étapes de sa préparation. Au mois de mai 1948, il y a donc un peu moins d’un an, nous avons convoqué un Co
407 on. Au mois de mai 1948, il y a donc un peu moins d’ un an, nous avons convoqué un Congrès de l’Europe avec l’appui des org
408 peu moins d’un an, nous avons convoqué un Congrès de l’Europe avec l’appui des organisations les plus diverses, économique
409 oins d’un an, nous avons convoqué un Congrès de l’ Europe avec l’appui des organisations les plus diverses, économiques, parlem
410 l, réunit 800 délégués. À l’unanimité, il résolut d’ entreprendre une action immédiate en faveur de la convocation d’une As
411 une action immédiate en faveur de la convocation d’ une Assemblée européenne. Le 18 août, nos délégués remettaient aux cin
412 diate en faveur de la convocation d’une Assemblée européenne . Le 18 août, nos délégués remettaient aux cinq puissances signataires
413 ettaient aux cinq puissances signataires du pacte de Bruxelles un Mémorandum détaillé sur notre projet d’Assemblée. Le mêm
414 Bruxelles un Mémorandum détaillé sur notre projet d’ Assemblée. Le même jour, ces propositions se voyaient acceptées sans r
415 tôt suivi par les pays du Benelux. Après beaucoup d’ hésitations, le cabinet de M. Bevin se résignait à suivre ses alliés.
416 Benelux. Après beaucoup d’hésitations, le cabinet de M. Bevin se résignait à suivre ses alliés. Un comité fut alors désign
417 ravaux commencèrent en novembre, et le 29 janvier de cette année, le comité des Cinq annonçait à la presse qu’il venait d’
418 omité des Cinq annonçait à la presse qu’il venait d’ aboutir à un accord. Un Conseil de l’Europe allait être formé. Il comp
419 être formé. Il comprendrait d’une part un Comité de ministres, et d’autre part un corps consultatif, désigné par les parl
420 e n’était qu’un premier pas vers l’action, vers l’ Europe , — mais c’est le premier pas qui coûte. Peu de jours après, on annonç
421 te. Peu de jours après, on annonçait que la ville de Strasbourg serait choisie comme siège du corps consultatif, et que l’
422 la Suède, et l’Irlande ont refusé toutes les deux de signer le pacte de l’Atlantique, mais qu’elles acceptent de collabore
423 nde ont refusé toutes les deux de signer le pacte de l’Atlantique, mais qu’elles acceptent de collaborer quand il s’agit d
424 le pacte de l’Atlantique, mais qu’elles acceptent de collaborer quand il s’agit d’union européenne. Elles ne considèrent p
425 qu’elles acceptent de collaborer quand il s’agit d’ union européenne. Elles ne considèrent pas que leur neutralité soit un
426 s acceptent de collaborer quand il s’agit d’union européenne . Elles ne considèrent pas que leur neutralité soit un obstacle à leur
427 obstacle à leur présence active. Cet exemple aura de quoi faire réfléchir la Suisse. Voici donc réunis à Londres, aujourd’
428 is à Londres, aujourd’hui même, les représentants de 10 pays qui acceptent — non sans précautions, non sans arrière-pensée
429 précautions, non sans arrière-pensées peut-être —  de s’engager dans la voie que leur tracent les pionniers du fédéralisme.
430 sme. On aura rarement vu négociation aussi lourde de conséquences se dérouler plus discrètement… Quels résultats faut-il e
431 La manière dont elle s’est engagée ne permet pas d’ attendre des miracles. Le comité de Londres réunit des experts et des
432 ne permet pas d’attendre des miracles. Le comité de Londres réunit des experts et des délégués des États. Or, les experts
433 général, ont tendance à prouver qu’il est urgent d’ attendre. Ils connaissent les difficultés, c’est leur métier, et ils e
434 s le faire sentir. Mais il arrive qu’ils manquent d’ une vision claire et simple des grandes nécessités de l’heure : or cel
435 ne vision claire et simple des grandes nécessités de l’heure : or celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et de la fa
436 essités de l’heure : or celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et de la faire à n’importe quel prix. Mais gardons-no
437 l’heure : or celles-ci nous commandent de faire l’ Europe , et de la faire à n’importe quel prix. Mais gardons-nous aussi d’un e
438 r celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et de la faire à n’importe quel prix. Mais gardons-nous aussi d’un excès de
439 re à n’importe quel prix. Mais gardons-nous aussi d’ un excès de pessimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Lond
440 rte quel prix. Mais gardons-nous aussi d’un excès de pessimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Londres va limi
441 essimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Londres va limiter autant que possible le rôle du futur parlement eur
442 er autant que possible le rôle du futur parlement européen , le fait est que nous aurons tout de même un parlement. Et l’on ne vo
443 assemblée, dès qu’elle existera et fonctionnera, d’ aller plus loin, beaucoup plus loin que les États n’osent le souhaiter
444 p plus loin que les États n’osent le souhaiter, —  d’ aller enfin fraîchement, courageusement, vers la fédération totale de
445 hement, courageusement, vers la fédération totale de l’Europe. Qu’on nous donne l’assemblée sous n’importe quelle forme, e
446 t, courageusement, vers la fédération totale de l’ Europe . Qu’on nous donne l’assemblée sous n’importe quelle forme, et l’opini
447 lique fera le reste ! C’est pourquoi le Mouvement européen se prépare à lancer dans tous nos pays libres une campagne de grande
448 e à lancer dans tous nos pays libres une campagne de grande envergure, afin que les masses se joignent aux élites pour dir
449 ses se joignent aux élites pour dire au Parlement européen  : nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la li
450 our dire au Parlement européen : nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes
451 s et des biens. Et nous voulons cela, parce que l’ Europe unie sera seule assez forte pour arrêter la guerre et défendre nos li
452 et ce qui s’y passe, plus chaud en Suède, menaces de précipitations dans les Balkans — à Berne, encore doux et serein.
8 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « Une idée généreuse » ? (4 avril 1949)
453 Demain l’ Europe  ! — « Une idée généreuse » ? (4 avril 1949) Ceux d’entre vous qui m
454 nce des 10 pays qui seront les membres fondateurs de l’union européenne. Ces jours-ci se décide, en silence, le statut de
455 pays qui seront les membres fondateurs de l’union européenne . Ces jours-ci se décide, en silence, le statut de l’Assemblée consult
456 ne. Ces jours-ci se décide, en silence, le statut de l’Assemblée consultative de l’Europe qui siégera, dès l’automne, à St
457 en silence, le statut de l’Assemblée consultative de l’Europe qui siégera, dès l’automne, à Strasbourg. Cet événement, si
458 lence, le statut de l’Assemblée consultative de l’ Europe qui siégera, dès l’automne, à Strasbourg. Cet événement, si lourd d’a
459 l’automne, à Strasbourg. Cet événement, si lourd d’ avenir pour tous nos peuples, a fait peu de bruit jusqu’ici. Le grand
460 ’ici. Le grand public ignore souvent le principal de ce qui se passe autour de lui, de son vivant. C’est que la presse oub
461 nt le principal de ce qui se passe autour de lui, de son vivant. C’est que la presse oublie parfois de lui apprendre certa
462 de son vivant. C’est que la presse oublie parfois de lui apprendre certains faits, que les manuels d’histoire, plus tard,
463 de lui apprendre certains faits, que les manuels d’ histoire, plus tard, se chargeront d’apprendre à nos enfants — les pau
464 les manuels d’histoire, plus tard, se chargeront d’ apprendre à nos enfants — les pauvres ! J’ajouterai que le grand publi
465 ore, dans mainte région, l’existence du Mouvement européen et son action rapide depuis un an. On a bien entendu parler d’un cert
466 ion rapide depuis un an. On a bien entendu parler d’ un certain congrès de La Haye, ou du récent Conseil qui se tient à Bru
467 an. On a bien entendu parler d’un certain congrès de La Haye, ou du récent Conseil qui se tient à Bruxelles. On sait vague
468 Churchill et Spaak, entre autres, se préoccupent d’ unir les peuples de l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement de
469 , entre autres, se préoccupent d’unir les peuples de l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement de discours, qui ne f
470 re autres, se préoccupent d’unir les peuples de l’ Europe . Mais on pense qu’il s’agit simplement de discours, qui ne font de ma
471 e l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement de discours, qui ne font de mal à personne et ne servent à rien… C’est a
472 qu’il s’agit simplement de discours, qui ne font de mal à personne et ne servent à rien… C’est ainsi que je rencontre cha
473 e je rencontre chaque jour des gens qui me disent d’ un air sceptique et un peu fatigué : « Vous y croyez, vous, à cette Eu
474 t un peu fatigué : « Vous y croyez, vous, à cette Europe unie ? » Et quand je leur dis que non seulement j’y crois mais que j’
475 … Moi, je sais bien que ça leur passera, et que l’ Europe se fera quand même, et que plus tard, quand elle sera fédérée, ces ge
476 ez, j’y ai toujours cru ! Ils voleront au secours de la victoire. Mais ce qui m’étonne bien davantage, ce sont les gens qu
477 es gens qui me répètent : « Ah oui, la fédération de l’Europe, quelle idée généreuse ! » Voyez-vous, quand un Américain dé
478 ns qui me répètent : « Ah oui, la fédération de l’ Europe , quelle idée généreuse ! » Voyez-vous, quand un Américain déclare que
479 ’il est ému et qu’il va vous aider. Mais quand un Européen vous dit : l’Europe unie ? oui, c’est une belle idée, une idée génére
480 a vous aider. Mais quand un Européen vous dit : l’ Europe unie ? oui, c’est une belle idée, une idée généreuse… c’est qu’il n’a
481 une idée généreuse… c’est qu’il n’a pas la force d’ y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux et que vou
482 eux et que vous rêvez. Or, il s’agit, en réalité, de la vie ou de la mort d’une civilisation. Fédérer tous nos peuples enc
483 us rêvez. Or, il s’agit, en réalité, de la vie ou de la mort d’une civilisation. Fédérer tous nos peuples encore libres, l
484 r, il s’agit, en réalité, de la vie ou de la mort d’ une civilisation. Fédérer tous nos peuples encore libres, les fédérer
485 pour empêcher la guerre, c’est notre seule chance de salut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de « généreux » da
486 alut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de « généreux » dans une entreprise de ce genre. La maison brûle, et qua
487 peut y avoir de « généreux » dans une entreprise de ce genre. La maison brûle, et quand les pompiers arrivent à toute vit
488 es pompiers arrivent à toute vitesse pour essayer d’ éteindre l’incendie, on ne leur dit pas d’un air sceptique et protecte
489 essayer d’éteindre l’incendie, on ne leur dit pas d’ un air sceptique et protecteur : merci Messieurs, vous êtes bien génér
490 es aider. D’autres me disent : d’accord, essayons de nous fédérer. Mais cela va prendre au moins cent ans ! Je réponds que
491 a va prendre au moins cent ans ! Je réponds que l’ Europe s’unira tout de suite, avant deux ans, ou bien ne s’unira jamais, par
492 ux pionniers du fédéralisme ! » C’est une manière de dire : Allez-y ! Faites-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts,
493 dire : Allez-y ! Faites-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts, et nous vous rejoindrons, bien entendu, si par mira
494 e gagnerons pas cette immense partie sans l’appui de l’opinion tout entière, sans votre appui, à vous aussi, chers auditeu
495 ner pour vous, mais pas sans vous ! Car il s’agit de votre vie à tous, et si nous perdons cette partie, si bien engagée au
496 tés sans savoir pourquoi, et jetés dans les camps de concentration… De tous côtés, on réclame des apôtres. On nous dit : a
497 urquoi, et jetés dans les camps de concentration… De tous côtés, on réclame des apôtres. On nous dit : assez de discours !
498 ôtés, on réclame des apôtres. On nous dit : assez de discours ! à l’action ! faites des gestes ! On a raison, mais il faut
499 t bien quelques discours pour avertir les peuples de ce qu’on va faire. Et s’il vous faut des apôtres, si vous y tenez tan
500 bien tort, quand il cherchait un homme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est le plu
501 omme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’ en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en trouver. Je vous
502 d’en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’ en trouver. Je vous laisse à tirer les conclusions de cette petite par
503 n trouver. Je vous laisse à tirer les conclusions de cette petite parabole. Et je vous rappelle qu’il existe, dans toutes
504 ous rappelle qu’il existe, dans toutes les villes européennes , dans nos villes suisses aussi, bien entendu, des groupes fédéraliste
505 Londres, brouillard persistant autour des travaux de la conférence des Dix. En Europe, le courant d’air glacial venu de l’
506 t autour des travaux de la conférence des Dix. En Europe , le courant d’air glacial venu de l’Est provoquera encore quelques fa
507 x de la conférence des Dix. En Europe, le courant d’ air glacial venu de l’Est provoquera encore quelques faibles précipita
9 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Allemagne et l’Europe (11 avril 1949)
508 Demain l’ Europe  ! — L’Allemagne et l’Europe (11 avril 1949) Depuis plusieurs semain
509 Demain l’Europe ! — L’Allemagne et l’ Europe (11 avril 1949) Depuis plusieurs semaines, à ce micro, je vous parl
510 uis plusieurs semaines, à ce micro, je vous parle d’ une grande aventure : l’Europe en marche vers son unité. Je vous en dé
511 ce micro, je vous parle d’une grande aventure : l’ Europe en marche vers son unité. Je vous en décris les étapes. Et je vous di
512 rent. Car c’est le seul moyen qui nous reste : 1° d’ échapper à la guerre ; 2° d’arrêter les Russes ; 3° de sauver notre éc
513 n qui nous reste : 1° d’échapper à la guerre ; 2° d’ arrêter les Russes ; 3° de sauver notre économie, sans nous laisser co
514 happer à la guerre ; 2° d’arrêter les Russes ; 3° de sauver notre économie, sans nous laisser coloniser par l’Amérique. Ce
515 er coloniser par l’Amérique. Ce soir, je parlerai d’ une 4e raison non moins urgente de créer l’Europe fédérée ; et c’est l
516 ir, je parlerai d’une 4e raison non moins urgente de créer l’Europe fédérée ; et c’est l’Allemagne, le problème allemand,
517 erai d’une 4e raison non moins urgente de créer l’ Europe fédérée ; et c’est l’Allemagne, le problème allemand, — l’Allemagne q
518 rématoires, où l’on poussait vivants des milliers d’ hommes. Voici un peuple qui, par deux fois dans l’espace d’une générat
519 Voici un peuple qui, par deux fois dans l’espace d’ une génération, a bouleversé l’Europe et menace, directement ou non, c
520 is dans l’espace d’une génération, a bouleversé l’ Europe et menace, directement ou non, chacune de nos vies. Deux fois repouss
521 é l’Europe et menace, directement ou non, chacune de nos vies. Deux fois repoussé, battu à plate couture, va-t-il encore u
522 à plate couture, va-t-il encore une fois refuser de comprendre et d’assumer ses fautes et sa défaite ? On peut le craindr
523 va-t-il encore une fois refuser de comprendre et d’ assumer ses fautes et sa défaite ? On peut le craindre. Après la Premi
524 listes et les grévistes qui lui ont donné le coup de poignard dans le dos ! — Après la Deuxième Guerre, un autre chef alle
525 mand qui a capitulé, mais c’est seulement l’armée d’ Hitler. Vous le voyez, cela revient au même. M. Adenauer, tout comme H
526 t au même. M. Adenauer, tout comme Hitler, essaye de nier en partie la défaite ou d’en rejeter la faute sur d’autres : dan
527 me Hitler, essaye de nier en partie la défaite ou d’ en rejeter la faute sur d’autres : dans les deux cas, on veut innocent
528 t refuser la culpabilité du crime commis contre l’ Europe . Mais la situation est aujourd’hui encore plus grave, si possible, qu
529 s grave, si possible, qu’elle ne l’était du temps d’ Hitler. Car l’Allemagne vaincue et ruinée garde un atout considérable 
530 er sur les divisions des Alliés, et par une sorte de chantage désespéré, menacer de se jeter dans les bras des Soviets, si
531 , et par une sorte de chantage désespéré, menacer de se jeter dans les bras des Soviets, si on ne lui donne pas un traitem
532 des Soviets, si on ne lui donne pas un traitement de faveur, qu’elle eût évidemment refusé à ses victimes. Tous les témoin
533 s une ville allemande que les Américains viennent d’ occuper, le gouverneur réunit cent personnes qu’il a fait prendre au h
534 a plébiscité Hitler par cinq fois, à la majorité de 99,5 % des voix. Il y avait donc des nazis, en Allemagne, et même en
535 grande quantité… Alors, le porte-parole du groupe d’ Allemands se lève, interrompt l’Américain, et s’écrie : « Ce que vous
536 ec une telle facilité ? Que faire pour l’empêcher de sombrer demain dans un national-bolchévisme ? Et comment appuyer les
537 mis d’accord, à Washington, pour fixer le statut de l’Allemagne nouvelle. Ils ont décidé d’imposer le régime fédéral aux
538 le statut de l’Allemagne nouvelle. Ils ont décidé d’ imposer le régime fédéral aux onze États ou länder allemands. Je ne sa
539 e ne sais s’il faut s’en réjouir, du point de vue d’ un fédéralisme véritable. Il me semble au contraire que les Alliés vie
540 tre deux erreurs assez graves. La première, c’est d’ avoir imposé aux Allemands une série de petites « rectifications de fr
541 ère, c’est d’avoir imposé aux Allemands une série de petites « rectifications de frontières », sans grand intérêt pour les
542 x Allemands une série de petites « rectifications de frontières », sans grand intérêt pour les Alliés, mais qui ont suffi
543 suffi à soulever en Allemagne une nouvelle vague de nationalisme. La seconde erreur, c’est d’essayer d’imposer de l’extér
544 e vague de nationalisme. La seconde erreur, c’est d’ essayer d’imposer de l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit
545 nationalisme. La seconde erreur, c’est d’essayer d’ imposer de l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit que le féd
546 sme. La seconde erreur, c’est d’essayer d’imposer de l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit que le fédéralisme e
547 . Aussitôt, ils le détesteront. La seule solution de bon sens, c’est d’offrir aux Allemands un régime fédéral dans le cadr
548 détesteront. La seule solution de bon sens, c’est d’ offrir aux Allemands un régime fédéral dans le cadre élargi d’une Euro
549 Allemands un régime fédéral dans le cadre élargi d’ une Europe fédérée, d’une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le pe
550 ands un régime fédéral dans le cadre élargi d’une Europe fédérée, d’une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le peuple allem
551 édéral dans le cadre élargi d’une Europe fédérée, d’ une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le peuple allemand, traité
552 dans le cadre élargi d’une Europe fédérée, d’une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le peuple allemand, traité sur pied d
553 . Alors enfin le peuple allemand, traité sur pied d’ égalité, aura sa chance de se relever sans devenir aussitôt dangereux.
554 lemand, traité sur pied d’égalité, aura sa chance de se relever sans devenir aussitôt dangereux. Avant la guerre, les Alle
555 lus grande douleur du monde ! Leur maladie, c’est de vouloir toujours se rendre spécialement intéressants. Pour les guérir
556 . Pour les guérir, il faut leur donner l’occasion de se conduire enfin comme tout le monde, et non plus comme un peuple ex
557 enthousiasmer les jeunes Allemands, c’est l’idée de l’Europe unie, c’est la fédération que nous voulons. Voilà pourquoi n
558 ousiasmer les jeunes Allemands, c’est l’idée de l’ Europe unie, c’est la fédération que nous voulons. Voilà pourquoi notre Mouv
559 que nous voulons. Voilà pourquoi notre Mouvement européen vient de demander que l’Allemagne soit reçue à l’Assemblée consultati
560 l’Allemagne soit reçue à l’Assemblée consultative de l’Europe, dès cet automne, sur pied d’égalité. Nous saurons, d’ici pe
561 emagne soit reçue à l’Assemblée consultative de l’ Europe , dès cet automne, sur pied d’égalité. Nous saurons, d’ici peu, si les
562 nsultative de l’Europe, dès cet automne, sur pied d’ égalité. Nous saurons, d’ici peu, si les gouvernements comprennent tou
563 si les gouvernements comprennent toute la portée de cette démarche, et s’ils verront la grandeur de l’enjeu : rendre une
564 e de cette démarche, et s’ils verront la grandeur de l’enjeu : rendre une Allemagne saine à l’Europe fédérée !
565 ndeur de l’enjeu : rendre une Allemagne saine à l’ Europe fédérée !
10 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Pâques européennes (18 avril 1949)
566 Demain l’ Europe  ! — Pâques européennes (18 avril 1949) On nous avait promis un très
567 Demain l’Europe ! — Pâques européennes (18 avril 1949) On nous avait promis un très bel œuf de Pâques pour
568 vril 1949) On nous avait promis un très bel œuf de Pâques pour cette année. On nous avait laissés entendre que les statu
569 e. On nous avait laissés entendre que les statuts de l’Assemblée européenne seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il
570 t laissés entendre que les statuts de l’Assemblée européenne seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau de fa
571 nés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau de faire coïncider l’annonce du renouveau européen avec la fête de la Ré
572 en beau de faire coïncider l’annonce du renouveau européen avec la fête de la Résurrection. Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh b
573 ider l’annonce du renouveau européen avec la fête de la Résurrection. Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh bien, si ce n’est
574 ope, et l’Assemblée consultative. Certainement, l’ Europe va se faire. La seule question qui se pose encore, c’est de savoir co
575 aire. La seule question qui se pose encore, c’est de savoir comment elle se fera. Peut-être n’est-il pas mauvais que la co
576 ueil aux propositions détaillées que les délégués de notre Mouvement lui soumettaient. Nous savons qu’elle les étudie. Pui
577 e. Puisse-t-elle se laisser inspirer par ce temps de Pâques et les vacances, et puisse-t-elle prendre non seulement son te
578 hier, dans mon jardin, tout en cherchant des œufs de Pâques avec mes enfants, et je me disais : tout dépend d’une seule ch
579 s avec mes enfants, et je me disais : tout dépend d’ une seule chose, — l’avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout
580 isais : tout dépend d’une seule chose, — l’avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui
581 e seule chose, — l’avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui est celle-ci : les homme
582 de ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’ une seule chose, qui est celle-ci : les hommes d’État chargés de faire
583 ose, qui est celle-ci : les hommes d’État chargés de faire l’Europe auront-ils la vision nécessaire ? Il y a peu de grande
584 t celle-ci : les hommes d’État chargés de faire l’ Europe auront-ils la vision nécessaire ? Il y a peu de grandes visions dans
585 e souci des intérêts immédiats et surtout la peur de la guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’
586 la peur de la guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’imaginer vraiment la paix, la paix vivant
587 guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’imaginer vraiment la paix, la paix vivante et passionna
588 pêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’ imaginer vraiment la paix, la paix vivante et passionnante qui reste e
589 ionnante qui reste encore possible, et qui dépend de nous. Il y a très peu de grandes visions. J’en connais trois. Il y a
590 Il se promène ces jours-ci dans les rues et cafés de Paris, avec un gros livre sous le bras, quêtant la signature des amis
591 livre sous le bras, quêtant la signature des amis de la paix. Il a déchiré son passeport, et quelques écrivains lui ont do
592 port, et quelques écrivains lui ont donné l’appui de leurs noms célèbres, mais sans rien déchirer du tout. Il est sympathi
593 du tout. Il est sympathique et très pur. Il rêve d’ une assemblée mondiale et d’un gouvernement unique pour toute la terre
594 et très pur. Il rêve d’une assemblée mondiale et d’ un gouvernement unique pour toute la terre. Mais les Russes ont aussi
595 Mais les Russes ont aussi leur vision, leur idée de l’unité du monde sous les auspices du Kominform et de l’épuration per
596 ’unité du monde sous les auspices du Kominform et de l’épuration permanente, — et ceci tue cela, ce n’est pas notre faute,
597 y Davis… Il y a enfin une troisième vision, celle de l’Europe fédérée. Elle est moins vaste, en vérité que celle du jeune
598 is… Il y a enfin une troisième vision, celle de l’ Europe fédérée. Elle est moins vaste, en vérité que celle du jeune Américain
599 ais l’appeler aujourd’hui la vision du beau temps européen , la vision d’un printemps de l’Europe où les frontières et les barriè
600 d’hui la vision du beau temps européen, la vision d’ un printemps de l’Europe où les frontières et les barrières entre nos
601 du beau temps européen, la vision d’un printemps de l’Europe où les frontières et les barrières entre nos peuples fondrai
602 eau temps européen, la vision d’un printemps de l’ Europe où les frontières et les barrières entre nos peuples fondraient comme
603 nos peuples fondraient comme neige sous le soleil d’ avril. Imaginez ce grand jardin de l’Europe où vous pourriez circuler
604 sous le soleil d’avril. Imaginez ce grand jardin de l’Europe où vous pourriez circuler librement sans passeports ni visas
605 le soleil d’avril. Imaginez ce grand jardin de l’ Europe où vous pourriez circuler librement sans passeports ni visas, sans re
606 ement sans passeports ni visas, sans restrictions de devises, sans anxiétés mesquines, avec seulement votre curiosité pour
607 et si proches, — comme vous circulez aujourd’hui d’ un canton à l’autre de la Suisse. Imaginez cette Europe grande ouverte
608 ’un canton à l’autre de la Suisse. Imaginez cette Europe grande ouverte où les nations ne disparaîtraient pas davantage que no
609 entre nos cantons. Imaginez ensuite cette grande Europe aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à d
610 à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’ un seul cœur son indépendance reconquise. Cette Europe inventant la pa
611 d’un seul cœur son indépendance reconquise. Cette Europe inventant la paix, l’imposant au besoin par la force tranquille de sa
612 aix, l’imposant au besoin par la force tranquille de sa masse, de ses 300 millions d’habitants rassemblés, rendus par leur
613 nt au besoin par la force tranquille de sa masse, de ses 300 millions d’habitants rassemblés, rendus par leur union à une
614 force tranquille de sa masse, de ses 300 millions d’ habitants rassemblés, rendus par leur union à une prospérité qui, selo
615 nomistes, pourrait multiplier par 3 les standards de la vie matérielle. Paix, liberté, prospérité, tels ont été les grands
616 berté, prospérité, tels ont été les grands motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour, au cours des siècles, e
617 ans. Si l’on a bien vu cet enjeu, la possibilité de le gagner, et la nécessité de le gagner d’urgence, non seulement pour
618 jeu, la possibilité de le gagner, et la nécessité de le gagner d’urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la
619 bilité de le gagner, et la nécessité de le gagner d’ urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la paix du monde
620 e le gagner d’urgence, non seulement pour nous en Europe , mais pour la paix du monde entier, alors le principal est fait. Et s
621 s chicanes techniques et les experts. Tout dépend de la vision qu’ils en auront. Il n’est point d’ordre politique qui serv
622 end de la vision qu’ils en auront. Il n’est point d’ ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès le départ pa
623 part par une vision libératrice, et fascinante. L’ Europe se fera, parce qu’une équipe de véritables résistants — ceux qui rési
624 fascinante. L’Europe se fera, parce qu’une équipe de véritables résistants — ceux qui résistent à la fatalité — l’auront v
625 . Centre vents et marées, contre tous les experts de son époque, il se mit en route pour la joindre, et c’est ainsi qu’il
626 demain ? Se peut-il que ce soit tout simplement l’ Europe , redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui devi
627 out simplement l’Europe, redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeu
628 rope, redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés, la Terre pro
11 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’union de l’Europe et l’Amérique (25 avril 1949)
629 Demain l’ Europe  ! — L’union de l’Europe et l’Amérique (25 avril 1949) L’idée simple
630 Demain l’Europe ! — L’union de l’Europe et l’Amérique (25 avril 1949) L’idée simple que, chaque lu
631 Demain l’Europe ! — L’union de l’ Europe et l’Amérique (25 avril 1949) L’idée simple que, chaque lundi, je v
632 que lundi, je vous expose à ce micro, c’est que l’ Europe unie sauvera la paix en sauvant son indépendance. Par la fédération d
633 ix en sauvant son indépendance. Par la fédération de tous ses peuples, elle formera une troisième grande puissance, qui se
634 une troisième grande puissance, qui sera l’égale de la Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra
635 rande puissance, qui sera l’égale de la Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décup
636 ui sera l’égale de la Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décuplées, pour résiste
637 a Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décuplées, pour résister, d’une part, à la
638 s forcées. Par exemple, quand nous montrons que l’ Europe divisée court un double danger, du fait de la Russie et du fait de l’
639 l’Europe divisée court un double danger, du fait de la Russie et du fait de l’Amérique, il ne faudrait pas en conclure qu
640 un double danger, du fait de la Russie et du fait de l’Amérique, il ne faudrait pas en conclure que ces deux dangers sont
641 oir, en examinant rapidement les rapports entre l’ Europe fédérée et l’Amérique. La principale différence entre l’attitude amér
642 de américaine et l’attitude russe, à l’égard de l’ Europe , c’est que la Russie fait tout ce qu’elle peut pour empêcher notre fé
643 ’en paroles. Le Kominform entretient, dans chacun de nos pays, un parti politique dont il dicte la ligne et qui s’oppose s
644 n dans nos pays. Les hommes qu’elle envoie vers l’ Europe y viennent ouvertement avec des plans d’union : le plan Marshall en e
645 rs l’Europe y viennent ouvertement avec des plans d’ union : le plan Marshall en est la preuve bien connue. Dans le domaine
646 all en est la preuve bien connue. Dans le domaine de la culture, la différence n’est pas moins frappante. À Moscou, on con
647 rs qui se laissent influencer par leurs confrères européens , et le pire des crimes dont on puisse les accuser, c’est le crime d’o
648 crimes dont on puisse les accuser, c’est le crime d’ occidentalisme. À New York au contraire, on traduit et on joue de plus
649 aduit et on joue de plus en plus tous les auteurs européens . Vous avez donc, d’une part, la Russie qui essaye de saboter notre un
650 Vous avez donc, d’une part, la Russie qui essaye de saboter notre union et qui se ferme à notre influence, — d’autre part
651 s que le plan Marshall est beaucoup moins un plan d’ union et d’aide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Eur
652 an Marshall est beaucoup moins un plan d’union et d’ aide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Europe par le
653 n d’union et d’aide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Europe par le dollar. Que vaut cet argument répété
654 ide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Europe par le dollar. Que vaut cet argument répété tous les jours d
655 conomique, qu’une entreprise de colonisation de l’ Europe par le dollar. Que vaut cet argument répété tous les jours depuis deu
656 union fédérative. Car il est beaucoup plus facile de régner sur un pays divisé que sur une nation bien unie. Les Russes ap
657 avent très bien que s’ils réussissent, ils feront de l’Europe leur plus grand concurrent. S’ils voulaient nous réduire en
658 très bien que s’ils réussissent, ils feront de l’ Europe leur plus grand concurrent. S’ils voulaient nous réduire en esclavage
659 en esclavage, je le répète, ils se contenteraient d’ imiter la tactique des Russes, c’est-à-dire qu’ils tâcheraient de nous
660 tique des Russes, c’est-à-dire qu’ils tâcheraient de nous maintenir dans un état de division, donc de faiblesse, pour mieu
661 qu’ils tâcheraient de nous maintenir dans un état de division, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un
662 de nous maintenir dans un état de division, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un. Contre cette évi
663 division, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un. Contre cette évidence éclatante, tous les discours
664 ontre cette évidence éclatante, tous les discours de propagande restent sans force, pour les esprits honnêtes. Mais, dira-
665 -on, pourquoi les Américains désirent-ils l’union de l’Europe, si cette union doit leur créer une sérieuse concurrence éco
666 pourquoi les Américains désirent-ils l’union de l’ Europe , si cette union doit leur créer une sérieuse concurrence économique ?
667 st facile. Les Américains savent très bien qu’une Europe forte, même concurrente, vaudra mieux pour eux qu’une Europe malade,
668 e, même concurrente, vaudra mieux pour eux qu’une Europe malade, qu’ils devraient soutenir indéfiniment par des injections de
669 evraient soutenir indéfiniment par des injections de dollars, et qui, de plus, à cause de sa faiblesse, constituerait une
670 tation permanente pour les Russes, donc une cause de guerre. II y a quelques jours, à Paris, l’ambassadeur américain Caffe
671 tes français. Je tiens à vous citer quelques-unes de ses déclarations les plus franches et les plus nettes : Est-il exact
672 ue mon gouvernement soit favorable au fédéralisme européen  ? Oui, c’est un fait… Les États-Unis souhaitent l’indépendance de l’E
673 un fait… Les États-Unis souhaitent l’indépendance de l’Europe… J’insiste sur ce mot indépendance, car une idée assez répan
674 it… Les États-Unis souhaitent l’indépendance de l’ Europe … J’insiste sur ce mot indépendance, car une idée assez répandue sembl
675 tats-Unis tendraient à établir leur emprise sur l’ Europe … Or, les Américains envisagent au contraire la création d’une Europe
676 es Américains envisagent au contraire la création d’ une Europe fédérale, comme l’aboutissement logique et nécessaire de la
677 ricains envisagent au contraire la création d’une Europe fédérale, comme l’aboutissement logique et nécessaire de la coopérati
678 rale, comme l’aboutissement logique et nécessaire de la coopération économique entre les États européens. Je ne prétendrai
679 aire de la coopération économique entre les États européens . Je ne prétendrais pas que la politique américaine soit totalement dé
680 soit totalement désintéressée, car la prospérité de l’Europe contribue à celle de l’Amérique. Les Américains et leur gouv
681 totalement désintéressée, car la prospérité de l’ Europe contribue à celle de l’Amérique. Les Américains et leur gouvernement
682 , car la prospérité de l’Europe contribue à celle de l’Amérique. Les Américains et leur gouvernement estiment que cette pr
683 et cette force ne peuvent exister que par l’unité européenne . Ces déclarations venant d’un personnage aussi hautement autorisé qu
684 par l’unité européenne. Ces déclarations venant d’ un personnage aussi hautement autorisé que l’ambassadeur Caffery, sont
685 notre économie ; de même que c’est seulement si l’ Europe ne regagne pas son indépendance, en se fédérant, que le Pacte Atlanti
686 e Atlantique restera l’alliance dangereuse du pot de terre et du pot de fer. Secondement : c’est précisément la politique
687 a l’alliance dangereuse du pot de terre et du pot de fer. Secondement : c’est précisément la politique russe, la politiqu
688 usse, la politique du Kominform, qui tend à faire de l’Europe une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher
689 la politique du Kominform, qui tend à faire de l’ Europe une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher notre uni
690 form, qui tend à faire de l’Europe une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher notre union. La volonté amé
691 une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’ empêcher notre union. La volonté américaine est claire : toute l’Améri
692 , en premier lieu, des résultats que le Mouvement européen obtiendra dans les mois qui viennent. Nous en reparlerons lundi proch
12 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’URSS et l’Europe fédérée (2 mai 1949)
693 Demain l’ Europe  ! — L’URSS et l’Europe fédérée (2 mai 1949) Chers auditeurs, si tou
694 Demain l’Europe ! — L’URSS et l’ Europe fédérée (2 mai 1949) Chers auditeurs, si tous les lundis soirs je r
695 , si tous les lundis soirs je reviens vous parler de l’Europe et des problèmes variés que pose son union, c’est parce que
696 tous les lundis soirs je reviens vous parler de l’ Europe et des problèmes variés que pose son union, c’est parce que je suis c
697 e cette union fédérative est l’une des conditions de la paix, et sans doute sa première condition. Quand tout le monde aur
698 mpris cela, je me tairai ou bien je vous parlerai de littérature. Mais la question de la paix et de la guerre prime tout,
699 je vous parlerai de littérature. Mais la question de la paix et de la guerre prime tout, dans le monde d’aujourd’hui. Cour
700 ai de littérature. Mais la question de la paix et de la guerre prime tout, dans le monde d’aujourd’hui. Courons donc au pl
701 la paix et de la guerre prime tout, dans le monde d’ aujourd’hui. Courons donc au plus pressé, et parlons de la paix. Ou pl
702 ourd’hui. Courons donc au plus pressé, et parlons de la paix. Ou plutôt non ! ne parlons pas de la paix — assez de congrès
703 arlons de la paix. Ou plutôt non ! ne parlons pas de la paix — assez de congrès bavardent à son sujet — mais essayons de f
704 Ou plutôt non ! ne parlons pas de la paix — assez de congrès bavardent à son sujet — mais essayons de faire quelque chose
705 de congrès bavardent à son sujet — mais essayons de faire quelque chose de précis pour l’établir. Pratiquement, je propos
706 son sujet — mais essayons de faire quelque chose de précis pour l’établir. Pratiquement, je propose de faire l’Europe. Ce
707 e précis pour l’établir. Pratiquement, je propose de faire l’Europe. Cette attitude me paraît claire et nette. Elle inquiè
708 ur l’établir. Pratiquement, je propose de faire l’ Europe . Cette attitude me paraît claire et nette. Elle inquiète, cependant,
709 ette. Elle inquiète, cependant, un certain nombre de personnes, dont je ne mets pas en doute l’entière bonne foi. Ces pers
710 bonne foi. Ces personnes ont la grande obligeance de m’apprendre qu’il existe un certain rideau de fer, que ce rideau coup
711 nce de m’apprendre qu’il existe un certain rideau de fer, que ce rideau coupe l’Europe en deux, et que, dans ces condition
712 e un certain rideau de fer, que ce rideau coupe l’ Europe en deux, et que, dans ces conditions, toute tentative de fédérer l’Eu
713 eux, et que, dans ces conditions, toute tentative de fédérer l’Europe est vouée, dès le départ, à l’échec. Sur quoi d’autr
714 dans ces conditions, toute tentative de fédérer l’ Europe est vouée, dès le départ, à l’échec. Sur quoi d’autres ajoutent, d’un
715 le départ, à l’échec. Sur quoi d’autres ajoutent, d’ un ton excité, que la fédération européenne, loin d’être un élément de
716 tres ajoutent, d’un ton excité, que la fédération européenne , loin d’être un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine
717 un ton excité, que la fédération européenne, loin d’ être un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre
718 la fédération européenne, loin d’être un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre, car, assurent ce
719 ment de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre, car, assurent ces personnes : « Vous êtes en train de faire l
720 t ces personnes : « Vous êtes en train de faire l’ Europe avec Churchill contre les Russes ! » Je répondrai ce soir à ces deux
721 deux objections. Tout d’abord, est-il bien exact d’ affirmer que le rideau de fer coupe notre Europe en deux, par le milie
722 abord, est-il bien exact d’affirmer que le rideau de fer coupe notre Europe en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffre
723 exact d’affirmer que le rideau de fer coupe notre Europe en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffres : de notre côté du ri
724 en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffres : de notre côté du rideau, nous sommes 300 millions. Du côté Est, 105 mill
725 ougoslaves et Tito pour la bonne mesure. Les pays de l’Est ne forment donc au plus qu’un quart de l’Europe. Habité en majo
726 pays de l’Est ne forment donc au plus qu’un quart de l’Europe. Habité en majorité par une population agraire, dont chacun
727 de l’Est ne forment donc au plus qu’un quart de l’ Europe . Habité en majorité par une population agraire, dont chacun sait qu’e
728 e vue politique et civique, comme au point de vue de l’industrie et de la culture. Ce qui ne signifie pas que nous devons
729 civique, comme au point de vue de l’industrie et de la culture. Ce qui ne signifie pas que nous devons la négliger, bien
730 le niveau de vie que par la quantité — la moitié de l’Europe. Ensuite, je rappellerai que ce n’est pas nous qui avons tir
731 iveau de vie que par la quantité — la moitié de l’ Europe . Ensuite, je rappellerai que ce n’est pas nous qui avons tiré le fame
732 . Et ce ne sont pas non plus les peuples des pays de l’Est. Mais ce sont les chefs staliniens, partout où ils ont pu s’emp
733 s ont pu s’emparer du pouvoir. S’ils ont jugé bon d’ amputer notre Europe, provisoirement, d’un quart de sa population, ce
734 er du pouvoir. S’ils ont jugé bon d’amputer notre Europe , provisoirement, d’un quart de sa population, ce n’est pas une raison
735 jugé bon d’amputer notre Europe, provisoirement, d’ un quart de sa population, ce n’est pas une raison, bien au contraire,
736 ’amputer notre Europe, provisoirement, d’un quart de sa population, ce n’est pas une raison, bien au contraire, pour que n
737 asserons tous. Il est donc vrai que la fédération de l’Europe est en partie une mesure de défense contre l’expansion russe
738 ons tous. Il est donc vrai que la fédération de l’ Europe est en partie une mesure de défense contre l’expansion russe, ou plus
739 a fédération de l’Europe est en partie une mesure de défense contre l’expansion russe, ou plus exactement contre la dictat
740 un peu fort, c’est lorsqu’ils croient ou essayent de faire croire, que cette mesure de légitime défense cache un plan d’ag
741 ent ou essayent de faire croire, que cette mesure de légitime défense cache un plan d’agression contre l’URSS. Où est la v
742 ue cette mesure de légitime défense cache un plan d’ agression contre l’URSS. Où est la vraisemblance d’une telle accusatio
743 ’agression contre l’URSS. Où est la vraisemblance d’ une telle accusation ? On se borne à la répéter, sans avancer l’ombre
744  ? On se borne à la répéter, sans avancer l’ombre d’ une preuve. Un auteur communiste m’écrivait l’autre jour qu’à son avis
745 toute fédération régionale — comme la fédération européenne — représente nécessairement une coalition belliqueuse et une menace p
746 la seule vraie fédération qui se soit constituée de nos jours, c’est celle qui groupe toutes les Russies dans la républiq
747 pour la guerre. Il est donc parfaitement inutile de poursuivre cette discussion, et de perdre à ces petits jeux-là un tem
748 tement inutile de poursuivre cette discussion, et de perdre à ces petits jeux-là un temps que l’on peut employer pour fair
749 usses et leurs communistes organisent des congrès de colombes, qu’ils y réclament la paix sur tous les tons, y compris le
750 ous n’y voyons aucun inconvénient. Qu’ils parlent de la paix, pourvu qu’ils nous la laissent ! L’Europe que nous voulons,
751 nt de la paix, pourvu qu’ils nous la laissent ! L’ Europe que nous voulons, libre et indépendante, ne peut faire peur qu’à ceux
752 n’ont pas bonne conscience, qu’à ceux qui rêvent de nous forcer un jour à subir un régime policier dont nous n’avons ici
753 ie ni le besoin. Qu’ils se rassurent pourtant : l’ Europe que nous faisons ne leur imposera qu’une seule chose — qu’ils la dési
754 , n’ôte pas un fil ! » Le printemps n’a fait mine d’ entrer, et le rideau de fer de se soulever à Berlin, que pour laisser
755 Le printemps n’a fait mine d’entrer, et le rideau de fer de se soulever à Berlin, que pour laisser passer un flot d’air fr
756 temps n’a fait mine d’entrer, et le rideau de fer de se soulever à Berlin, que pour laisser passer un flot d’air froid. Du
757 oulever à Berlin, que pour laisser passer un flot d’ air froid. Durant la semaine qui vient, restons prudents. Cependant le
758 s, publiera les statuts du Conseil de l’Europe et de l’Assemblée consultative. À Berne, on reste calme, mais un peu plus c
759 plus chaud : le Conseil suisse pour le Mouvement européen vient en effet de se constituer aujourd’hui même. Je vous en parlerai
760 suisse pour le Mouvement européen vient en effet de se constituer aujourd’hui même. Je vous en parlerai lundi prochain.
13 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Statut du Conseil de l’Europe (9 mai 1949)
761 Demain l’ Europe  ! — Le Statut du Conseil de l’Europe (9 mai 1949) Chers auditeurs !
762 i 1949) Chers auditeurs ! Je vous parle ce soir de Paris, où j’ai participé, pendant trois jours, aux réunions du Comité
763 dant trois jours, aux réunions du Comité exécutif de notre grand Mouvement européen. Des comités, encore des comités ! va-
764 nions du Comité exécutif de notre grand Mouvement européen . Des comités, encore des comités ! va-t-on penser. Mais dites-vous bi
765 c’est du travail tout désintéressé, mais acharné, de ces comités-là, que vient de sortir un document majeur de notre histo
766 omités-là, que vient de sortir un document majeur de notre histoire : le Statut du Conseil de l’Europe, enregistré à Londr
767 an, exactement, que siégeait à La Haye le Congrès de l’Europe. La principale résolution qui fut votée par ce congrès deman
768 xactement, que siégeait à La Haye le Congrès de l’ Europe . La principale résolution qui fut votée par ce congrès demandait la c
769 fut votée par ce congrès demandait la convocation d’ un Parlement européen. En un peu moins d’un an, nous avons abouti. Le
770 e congrès demandait la convocation d’un Parlement européen . En un peu moins d’un an, nous avons abouti. Le premier objectif est
771 vocation d’un Parlement européen. En un peu moins d’ un an, nous avons abouti. Le premier objectif est atteint. Et ce n’est
772 pas sans émotion que je puis vous parler ce soir de ce premier aboutissement spectaculaire d’un long effort, poursuivi sa
773 ce soir de ce premier aboutissement spectaculaire d’ un long effort, poursuivi sans relâche, contre vents et marées, par de
774 relâche, contre vents et marées, par des milliers de militants de tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux
775 re vents et marées, par des milliers de militants de tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le seront
776 s, par des milliers de militants de tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le seront un jour, — ceux
777 r des milliers de militants de tous les pays de l’ Europe , ceux qui sont libres et ceux qui le seront un jour, — ceux qui veule
778 et qui veulent en créer la première condition : l’ Europe unie. Ce Conseil de l’Europe, dont les statuts viennent donc d’être s
779 nseil de l’Europe, dont les statuts viennent donc d’ être signés à Londres par les ministres des Affaires étrangères de dix
780 Londres par les ministres des Affaires étrangères de dix pays démocratiques, ce n’est, je le répète, qu’un premier objecti
781 ète, qu’un premier objectif. Nous l’avons conquis de haute lutte, mais non sans pertes. Ce qui est acquis est bien acquis,
782 est bien acquis, ou, comme le disait la manchette d’ un des grands journaux parisiens commentant cette date décisive : « Ce
783 ais ce qui est fait n’est pas encore la plénitude de ce qu’il faut faire et que nous voulons. Ce Conseil de l’Europe, déso
784 res doit siéger à huis clos, et il admet le droit de veto, puisque ses décisions ne seront prises qu’à l’unanimité des mem
785 , nommé par son gouvernement, défendra les droits de son État, et nous ne dépasserons pas le stade de la Ligue des Nations
786 de son État, et nous ne dépasserons pas le stade de la Ligue des Nations ou de l’ONU. Mais il y a l’Assemblée consultativ
787 passerons pas le stade de la Ligue des Nations ou de l’ONU. Mais il y a l’Assemblée consultative, et c’est là que le fédér
788 blée consultative, et c’est là que le fédéralisme européen marque un point vraiment décisif. Cette Assemblée siégera dans trois
789 dans trois mois à Strasbourg. Elle sera composée de députés désignés par les parlements de douze pays, et choisis dans ce
790 a composée de députés désignés par les parlements de douze pays, et choisis dans ces parlements, mais aussi en dehors de l
791 es députés ne voteront pas au nom de leur pays ou de leur gouvernement, mais au nom de leur seule conviction personnelle d
792 mais au nom de leur seule conviction personnelle de citoyens européens. Et là, nous dépassons enfin le stade des intérêts
793 de leur seule conviction personnelle de citoyens européens . Et là, nous dépassons enfin le stade des intérêts nationalistes. Les
794 n le stade des intérêts nationalistes. Les débats de l’Assemblée seront publics. Les décisions de l’Assemblée, bien qu’ell
795 bats de l’Assemblée seront publics. Les décisions de l’Assemblée, bien qu’elles n’aient qu’une valeur consultative, retent
796 consultative, retentiront dans l’opinion publique de toute l’Europe, et seront largement conditionnées par elle. C’est dir
797 e, retentiront dans l’opinion publique de toute l’ Europe , et seront largement conditionnées par elle. C’est dire que la consci
798 es par elle. C’est dire que la conscience commune de tous nos peuples, leur volonté commune de paix et de liberté, pourron
799 commune de tous nos peuples, leur volonté commune de paix et de liberté, pourront enfin se faire entendre au monde entier
800 tous nos peuples, leur volonté commune de paix et de liberté, pourront enfin se faire entendre au monde entier comme la vo
801 faire entendre au monde entier comme la voix même d’ une renaissance européenne, d’une Troisième force, d’une force d’espér
802 monde entier comme la voix même d’une renaissance européenne , d’une Troisième force, d’une force d’espérance. Une ère nouvelle com
803 comme la voix même d’une renaissance européenne, d’ une Troisième force, d’une force d’espérance. Une ère nouvelle commenc
804 ne renaissance européenne, d’une Troisième force, d’ une force d’espérance. Une ère nouvelle commence ici. Certes, nous vou
805 ce européenne, d’une Troisième force, d’une force d’ espérance. Une ère nouvelle commence ici. Certes, nous voulons davanta
806 és : on nous accorde avec difficulté un Parlement de 87 membres, c’est mesquin. Nous voulions que cette Assemblée puisse t
807 ions que cette Assemblée puisse traiter librement de toute question intéressant les citoyens européens : on lui interdit l
808 rement de toute question intéressant les citoyens européens  : on lui interdit les questions militaires, et on limite ses compéten
809 u’un corps consultatif. Notre idéal est donc loin d’ être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir, de faire sonner les c
810 ’être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir, de faire sonner les cloches dans toute l’Europe. Mais le son frêle et pu
811 ce soir, de faire sonner les cloches dans toute l’ Europe . Mais le son frêle et pur d’une petite cloche heureuse s’est fait ent
812 hes dans toute l’Europe. Mais le son frêle et pur d’ une petite cloche heureuse s’est fait entendre : c’est la voix de ce q
813 oche heureuse s’est fait entendre : c’est la voix de ce que Charles Péguy nommait « la petite espérance ». Sachez l’entend
814 l’accueillir en votre cœur. Elle ne cessera plus de tinter. Et c’est à vous, c’est à nous tous, à l’opinion de tous nos p
815 . Et c’est à vous, c’est à nous tous, à l’opinion de tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartie
816 t à nous tous, à l’opinion de tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propa
817 ous, à l’opinion de tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propager l’espo
818 ous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propager l’espoir qui vient de naître. Seule, la pression constante d
819 qui vient de naître. Seule, la pression constante de l’opinion publique pourra forcer les résistances égoïstes, pourra pou
820 résistances égoïstes, pourra pousser les députés européens à proclamer un jour, à la face des États : nous sommes ici de par la
821 ici de par la volonté des peuples, et nous jurons de n’en sortir qu’une fois l’Europe entièrement fédérée ! C’est pour hât
822 ples, et nous jurons de n’en sortir qu’une fois l’ Europe entièrement fédérée ! C’est pour hâter la venue nécessaire de ce nouv
823 nt fédérée ! C’est pour hâter la venue nécessaire de ce nouveau Serment du Jeu de paume que le Mouvement européen va mobil
824 la venue nécessaire de ce nouveau Serment du Jeu de paume que le Mouvement européen va mobiliser l’opinion. C’est donc av
825 nouveau Serment du Jeu de paume que le Mouvement européen va mobiliser l’opinion. C’est donc avec une grande confiance que dans
826 hain, je puis vous annoncer l’élévation constante de la température européenne. Et notez-le, à Berlin, cette semaine, le r
827 annoncer l’élévation constante de la température européenne . Et notez-le, à Berlin, cette semaine, le rideau de fer va s’entrouvr
828 . Et notez-le, à Berlin, cette semaine, le rideau de fer va s’entrouvrir, laissant passer une masse d’air chaud de l’Occid
829 de fer va s’entrouvrir, laissant passer une masse d’ air chaud de l’Occident vers l’Est européen. Le beau temps vient ! Au
830 entrouvrir, laissant passer une masse d’air chaud de l’Occident vers l’Est européen. Le beau temps vient ! Au revoir, à lu
831 er une masse d’air chaud de l’Occident vers l’Est européen . Le beau temps vient ! Au revoir, à lundi prochain !
14 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (23 mai 1949)
832 Demain l’ Europe  ! — La neutralité suisse (23 mai 1949) Chers auditeurs, Le Parlemen
833 sse (23 mai 1949) Chers auditeurs, Le Parlement européen a cessé d’être une utopie, je vous l’ai dit lundi dernier. Dans trois
834 Chers auditeurs, Le Parlement européen a cessé d’ être une utopie, je vous l’ai dit lundi dernier. Dans trois mois, à St
835 semblée consultative, désignée par les parlements de 12 ou 13 pays européens, sera solennellement inaugurée. Elle rappelle
836 ive, désignée par les parlements de 12 ou 13 pays européens , sera solennellement inaugurée. Elle rappellera notre ancienne Diète
837 on pensera, dans le monde entier, que les nations de ce vieux continent sont en train d’imiter, avec un peu de retard, l’e
838 train d’imiter, avec un peu de retard, l’exemple de nos cantons suisses. Mais justement, à cette première Diète fédérale,
839 on, une question difficile et grave. À la demande d’ un certain nombre d’auditeurs, tant en Suisse qu’en Belgique et en Fra
840 ficile et grave. À la demande d’un certain nombre d’ auditeurs, tant en Suisse qu’en Belgique et en France, j’essaierai d’y
841 n Suisse qu’en Belgique et en France, j’essaierai d’ y répondre ce soir et dans mes prochaines émissions. J’essaierai de vo
842 oir et dans mes prochaines émissions. J’essaierai de vous montrer comment l’exemple suisse — 100 ans de paix par la fédéra
843 e vous montrer comment l’exemple suisse — 100 ans de paix par la fédération — reste valable pour l’Europe actuelle. J’essa
844 de paix par la fédération — reste valable pour l’ Europe actuelle. J’essaierai de montrer aussi comment la Suisse devrait et p
845 reste valable pour l’Europe actuelle. J’essaierai de montrer aussi comment la Suisse devrait et peut participer à l’œuvre
846 nt la Suisse devrait et peut participer à l’œuvre de l’union continentale. Mais tout d’abord, ce soir, je voudrais vous pa
847 ord, ce soir, je voudrais vous parler du problème de la neutralité, puisque c’est la neutralité, précisément, qui empêche
848 la neutralité, précisément, qui empêche la Suisse d’ être présente au premier Parlement de l’Europe. On a peine à comprendr
849 he la Suisse d’être présente au premier Parlement de l’Europe. On a peine à comprendre, à l’étranger, comment notre pays,
850 Suisse d’être présente au premier Parlement de l’ Europe . On a peine à comprendre, à l’étranger, comment notre pays, qui est l
851 , comment notre pays, qui est le modèle classique d’ une fédération réussie, n’entre pas avec enthousiasme dans ce premier
852 entre pas avec enthousiasme dans ce premier essai d’ union. On sait bien que la neutralité interdit à la Suisse de conclure
853 sait bien que la neutralité interdit à la Suisse de conclure des alliances de caractère politique. Mais on pense que cett
854 té interdit à la Suisse de conclure des alliances de caractère politique. Mais on pense que cette neutralité est quelque c
855 s on pense que cette neutralité est quelque chose de périmé. Et l’on est bien souvent tenté de l’interpréter comme une att
856 e chose de périmé. Et l’on est bien souvent tenté de l’interpréter comme une attitude égoïste, comme un défaut d’esprit de
857 réter comme une attitude égoïste, comme un défaut d’ esprit de solidarité. Après tout, la Suède et l’Irlande, qui elles aus
858 me une attitude égoïste, comme un défaut d’esprit de solidarité. Après tout, la Suède et l’Irlande, qui elles aussi se son
859 ’obstinerait-elle à rester seule, quand il s’agit d’ un effort unanime pour sauver l’Europe et la paix ? Je répondrai par u
860 quand il s’agit d’un effort unanime pour sauver l’ Europe et la paix ? Je répondrai par une seule phrase : la Suisse neutre et
861 ase : la Suisse neutre et déjà fédérée, c’est une Europe déjà sauvée et pacifiée. En revenant en arrière, et par exemple, en r
862 onc non seulement sa mission, mais encore l’idéal européen qu’elle doit maintenir et illustrer, jusqu’à ce que les autres nation
863 neutralité suisse n’est pas moins nécessaire à l’ Europe qu’à la Suisse elle-même. Au lendemain des guerres de Napoléon, les p
864 u’à la Suisse elle-même. Au lendemain des guerres de Napoléon, les puissances réunies à Vienne déclarèrent que la neutrali
865 t que la neutralité suisse était « dans l’intérêt de l’Europe entière ». Elles obligèrent la Suisse à rester neutre et à d
866 la neutralité suisse était « dans l’intérêt de l’ Europe entière ». Elles obligèrent la Suisse à rester neutre et à défendre s
867 t cela, parce qu’il était vital, pour l’équilibre européen , que la position stratégique occupée par la Suisse au cœur du contine
868 ntinent, restât libre, et ne tombât pas aux mains de l’une ou l’autre des grandes nations voisines. Il est clair que la Su
869 er libres les cols des Alpes, si elle avait cessé d’ être neutre. Car la Suisse est formée par 25 républiques, elle parle q
870 i pour l’un ou l’autre camp, au cours des guerres européennes , elle se serait fatalement disloquée. Par trois fois, en moins de cen
871 it fatalement disloquée. Par trois fois, en moins de cent ans, la guerre a éclaté entre Allemands et Français. Or la Suiss
872 gne et une France déjà réconciliées. Son rôle est de maintenir à n’importe quel prix cet exemple vivant, cette preuve irré
873 Ceci dit, on pourrait m’objecter que la situation de l’Europe a bien changé. Le danger immédiat n’est plus pour nous, dans
874 dit, on pourrait m’objecter que la situation de l’ Europe a bien changé. Le danger immédiat n’est plus pour nous, dans une quat
875 À cela, je répondrai qu’il n’y a qu’un seul moyen de prévenir la guerre des deux Grands : c’est de faire de l’Europe une T
876 yen de prévenir la guerre des deux Grands : c’est de faire de l’Europe une Troisième force, décidée à s’interposer. Or, ce
877 évenir la guerre des deux Grands : c’est de faire de l’Europe une Troisième force, décidée à s’interposer. Or, cette Europ
878 r la guerre des deux Grands : c’est de faire de l’ Europe une Troisième force, décidée à s’interposer. Or, cette Europe, si ell
879 roisième force, décidée à s’interposer. Or, cette Europe , si elle s’unit vraiment, c’est-à-dire si elle arrive assez vite à co
880 sez vite à constituer une vraie fédération, cette Europe , à son tour, devra se déclarer neutre. Elle aura, pour cela, les même
881 sons que la Suisse. Unie dans l’infinie diversité de ses peuples et de ses tendances, politiques et idéologiques, elle ne
882 . Unie dans l’infinie diversité de ses peuples et de ses tendances, politiques et idéologiques, elle ne pourra préserver s
883 r son union qu’à condition de refuser toute prise de parti belliqueuse. Car autrement, il est fatal que se déchaîne une gu
884 t, il est fatal que se déchaîne une guerre civile européenne , qui marquerait la fin de nos libertés et de notre civilisation. Le r
885 e guerre civile européenne, qui marquerait la fin de nos libertés et de notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormai
886 opéenne, qui marquerait la fin de nos libertés et de notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormais, paraît clair. So
887 de nos libertés et de notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormais, paraît clair. Solidement fédérée, neutre depuis
888 s lequel tendent de plus en plus tous les peuples européens . Elle prouve, par sa seule existence, la possibilité et les bienfaits
889 seule existence, la possibilité et les bienfaits de l’union fédérale dans la diversité. En persistant dans sa neutralité,
890 tte pour préserver au cœur du continent une image de l’avenir européen. Quand toute l’Europe se sera fédérée, quand elle s
891 server au cœur du continent une image de l’avenir européen . Quand toute l’Europe se sera fédérée, quand elle sera neutre à son t
892 ent une image de l’avenir européen. Quand toute l’ Europe se sera fédérée, quand elle sera neutre à son tour, alors la Suisse p
893 ion sans trahir sa mission séculaire. Sa vocation européenne sera remplie. Et ce jour-là, mais pas avant, nous pourrons annoncer q
15 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Suisse 1848-Europe 1949 (30 mai 1949)
894 Demain l’ Europe  ! — Suisse 1848-Europe 1949 (30 mai 1949) Chers auditeurs, En vous
895 Chers auditeurs, En vous parlant lundi dernier de la neutralité de notre pays dans le cadre d’une future neutralité occ
896 s, En vous parlant lundi dernier de la neutralité de notre pays dans le cadre d’une future neutralité occidentale, j’ai ab
897 nier de la neutralité de notre pays dans le cadre d’ une future neutralité occidentale, j’ai abordé le sujet délicat, et qu
898 i deviendra de plus en plus brûlant, des rapports de la Suisse avec l’union européenne en formation. Aujourd’hui, je voudr
899 s brûlant, des rapports de la Suisse avec l’union européenne en formation. Aujourd’hui, je voudrais souligner la valeur de l’exemp
900 ion. Aujourd’hui, je voudrais souligner la valeur de l’exemple suisse pour les fédérateurs du continent. Personne au monde
901 ne songe à nier la réussite, sur tous les plans, de notre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans de paix intérieure
902 , sur tous les plans, de notre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans de paix intérieure, politique et sociale, et l
903 otre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans de paix intérieure, politique et sociale, et l’état de prospérité de plu
904 paix intérieure, politique et sociale, et l’état de prospérité de plus en plus démocratique que l’étranger admire chez no
905 ez nous, voilà deux résultats qui nous dispensent de toute autre démonstration. La preuve est faite, en Suisse, que le féd
906 ver là. La fédération suisse, dit-on, a pris plus de 500 ans pour se constituer. Si l’on veut en déduire qu’il faudrait à
907 ituer. Si l’on veut en déduire qu’il faudrait à l’ Europe autant de siècles pour se fédérer, je pense qu’on a doublement tort.
908 veut en déduire qu’il faudrait à l’Europe autant de siècles pour se fédérer, je pense qu’on a doublement tort. Premièreme
909 u’on a doublement tort. Premièrement, parce que l’ Europe doit se fédérer dans les deux ans qui viennent, si elle veut éviter l
910 ement, parce que les cantons suisses, à la veille de leur fédération, c’est-à-dire il y a 101 ans, n’étaient pas beaucoup
911 n’étaient pas beaucoup plus avancés dans la voie de l’union réelle, que ne le sont les 24 États qui composent l’Europe d’
912 elle, que ne le sont les 24 États qui composent l’ Europe d’aujourd’hui. Et pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins d’u
913 ue ne le sont les 24 États qui composent l’Europe d’ aujourd’hui. Et pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins d’un a
914 t pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins d’ un an, comme vous le savez. La comparaison est frappante, entre cette
915 La comparaison est frappante, entre cette Suisse d’ il y a cent ans et notre Europe en crise, et qui cherche à s’unir. Cer
916 te, entre cette Suisse d’il y a cent ans et notre Europe en crise, et qui cherche à s’unir. Certes, les cantons suisses vivaie
917 ses vivaient depuis longtemps dans une communauté de fait : c’est aussi le cas de nos diverses nations. Ils avaient noué d
918 dans une communauté de fait : c’est aussi le cas de nos diverses nations. Ils avaient noué des alliances, qui pourtant n’
919 italien ou le romanche. Entre un paysan du canton de Zoug et un citadin de Genève, entre un patricien catholique de Lucern
920 . Entre un paysan du canton de Zoug et un citadin de Genève, entre un patricien catholique de Lucerne ou de Fribourg et un
921 citadin de Genève, entre un patricien catholique de Lucerne ou de Fribourg et un horloger socialiste des montagnes neuchâ
922 nève, entre un patricien catholique de Lucerne ou de Fribourg et un horloger socialiste des montagnes neuchâteloises, il y
923 inement — et il subsiste encore — au moins autant de différences qu’entre un pêcheur danois, un paysan italien, un mineur
924 paysan italien, un mineur belge, et un bourgeois de Londres ou de Paris. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et so
925 n, un mineur belge, et un bourgeois de Londres ou de Paris. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et sont restés unis
926 et sont restés unis depuis cent ans. Le sentiment d’ une commune patrie suisse n’était, en fait, pas beaucoup plus vivant a
927 x e siècle, que ne l’est aujourd’hui le sentiment d’ une commune patrie européenne. Chacun de nos cantons s’attachait jalou
928 est aujourd’hui le sentiment d’une commune patrie européenne . Chacun de nos cantons s’attachait jalousement à sa sacro-sainte souv
929 sentiment d’une commune patrie européenne. Chacun de nos cantons s’attachait jalousement à sa sacro-sainte souveraineté. L
930 o-sainte souveraineté. La preuve que le sentiment d’ une patrie suisse n’existait guère, c’est qu’il fallut l’action persév
931 t guère, c’est qu’il fallut l’action persévérante d’ un certain nombre de sociétés privées pour le faire naître, pour le pr
932 fallut l’action persévérante d’un certain nombre de sociétés privées pour le faire naître, pour le propager et l’illustre
933 é helvétique, les tirs fédéraux, les associations d’ étudiants comme celle de Zofingue jouèrent alors un rôle comparable à
934 édéraux, les associations d’étudiants comme celle de Zofingue jouèrent alors un rôle comparable à celui de nos divers mouv
935 ofingue jouèrent alors un rôle comparable à celui de nos divers mouvements fédéralistes européens. Je mets en fait que les
936 ble à celui de nos divers mouvements fédéralistes européens . Je mets en fait que les Genevois, les Zurichois, les Tessinois, aux
937 uédois et les Anglais, aujourd’hui, ne se sentent Européens . Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, en quelques mois, et sont
938 arlerai dans ma prochaine chronique des problèmes de l’économie. Ce soir, je ne m’attacherai qu’aux ressemblances politiqu
939 qu’aux ressemblances politiques, entre la Suisse d’ il y a cent ans, et notre Europe. En 1847, nos cantons n’étaient pas l
940 ques, entre la Suisse d’il y a cent ans, et notre Europe . En 1847, nos cantons n’étaient pas liés par une constitution et par
941 était la Diète fédérale. Cette Diète était formée de délégués des gouvernements cantonaux. C’était une sorte de société de
942 és des gouvernements cantonaux. C’était une sorte de société des cantons, analogue à la Société des Nations, ou à l’ONU. C
943 stes des États, au lieu de représenter la volonté d’ union des peuples. Et c’est parce que la Diète des cantons souverains
944 pays, que les Suisses décidèrent il y a cent ans de créer un pouvoir central, un Conseil fédéral, et un vrai parlement. L
945 nseil fédéral, et un vrai parlement. L’expérience de leur dernière guerre civile leur suffisait : en quelques mois, ils ré
946 ne naquit. Comme vous le voyez, les circonstances de la Suisse jusqu’en 1847 se trouvaient correspondre, point par point,
947 correspondre, point par point, aux circonstances de l’Europe d’aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était un
948 espondre, point par point, aux circonstances de l’ Europe d’aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était unie. Qu’on
949 e, point par point, aux circonstances de l’Europe d’ aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était unie. Qu’on se
950 ait unie. Qu’on se le dise, à Strasbourg, au mois d’ août, lorsque s’ouvrira la session de la première Diète de l’Europe !
951 urg, au mois d’août, lorsque s’ouvrira la session de la première Diète de l’Europe ! Qu’on ait le courage d’aller très vit
952 lorsque s’ouvrira la session de la première Diète de l’Europe ! Qu’on ait le courage d’aller très vite, comme les Suisses
953 ue s’ouvrira la session de la première Diète de l’ Europe  ! Qu’on ait le courage d’aller très vite, comme les Suisses surent al
954 première Diète de l’Europe ! Qu’on ait le courage d’ aller très vite, comme les Suisses surent aller très vite il y a cent
955 suprême imprudence, ce serait aujourd’hui l’excès de prudence. Fédérons-nous d’abord, et rapidement ! Ensuite, une fois la
956 Ensuite, une fois la paix conquise, il sera temps d’ imiter Berne, et sa méfiance des précipitations. Au revoir, à lundi en
16 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Suisse 1848-Europe 1949 (II) (13 juin 1949)
957 Demain l’ Europe  ! — Suisse 1848-Europe 1949 (II) (13 juin 1949) Chers auditeurs, Da
958 teurs, Dans ma dernière chronique, j’ai comparé l’ Europe de notre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse d’il y a 100 an
959 Dans ma dernière chronique, j’ai comparé l’Europe de notre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse d’il y a 100 ans,
960 otre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse d’ il y a 100 ans, divisée en 22 petits États souverains. Du point de vue
961 e, la ressemblance était frappante : même absence d’ unité d’action dans les deux cas, même impuissance vis-à-vis des grand
962 ssemblance était frappante : même absence d’unité d’ action dans les deux cas, même impuissance vis-à-vis des grands voisin
963 s cantons ne pouvaient plus défendre, et qu’aucun de nos pays européens ne pourrait aujourd’hui défendre sérieusement. Et
964 pouvaient plus défendre, et qu’aucun de nos pays européens ne pourrait aujourd’hui défendre sérieusement. Et cette comparaison p
965 s. Si nous comparons maintenant l’état économique de nos cantons avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre Europe
966 cantons avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre Europe divisée, nous allons constater des ressemblances peut-êt
967 avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre Europe divisée, nous allons constater des ressemblances peut-être encore plu
968 plus étonnantes. Quels sont les maux dont souffre de nos jours l’économie européenne ? Vous les connaissez tous, ils sont
969 ont les maux dont souffre de nos jours l’économie européenne  ? Vous les connaissez tous, ils sont bien évidents. Nous avons en Eur
970 issez tous, ils sont bien évidents. Nous avons en Europe 24 monnaies différentes, de valeurs inégales et constamment variables
971 ts. Nous avons en Europe 24 monnaies différentes, de valeurs inégales et constamment variables, qui transforment les opéra
972 forment les opérations commerciales en casse-tête d’ arithmétique, où seuls les virtuoses du marché noir arrivent à se retr
973 ’élèvent sans cesse, à tel point que la traversée de l’Europe devient une épuisante course d’obstacles. Nos marchés nation
974 ent sans cesse, à tel point que la traversée de l’ Europe devient une épuisante course d’obstacles. Nos marchés nationaux, de p
975 raversée de l’Europe devient une épuisante course d’ obstacles. Nos marchés nationaux, de plus en plus fermés, sont tous tr
976 modernisées, qui étouffent et se voient obligées de freiner secrètement la production. Il en résulte que le prix de la vi
977 rètement la production. Il en résulte que le prix de la vie ne cesse d’augmenter, et que le chômage devient une maladie ch
978 ion. Il en résulte que le prix de la vie ne cesse d’ augmenter, et que le chômage devient une maladie chronique. Eh bien, n
979 actement. Il y avait alors en Suisse une douzaine de monnaies différentes. Il y avait des douanes intérieures, auxquelles
980 ous les 30 kilomètres. On comptait, en 1847, plus de 400 taxes sur le trafic des marchandises à l’intérieur du pays ! On d
981 l’intérieur du pays ! On devait payer des droits de péage à l’entrée des cantons, et même parfois des communes. Le canton
982 férentes sur la route du Gothard, avec obligation de décharger chaque fois la marchandise pour la peser. L’essor de l’indu
983 chaque fois la marchandise pour la peser. L’essor de l’industrie naissante et du commerce se voyait freiné, brimé, et pres
984 mé, et presque paralysé, par toutes ces barrières de tarifs. Le chômage augmentait chaque année. Un canton regorgeait de b
985 age augmentait chaque année. Un canton regorgeait de blé, tandis que d’autres souffraient de la famine. Voici encore une c
986 egorgeait de blé, tandis que d’autres souffraient de la famine. Voici encore une comparaison très précise entre l’état de
987 encore une comparaison très précise entre l’état de la Suisse avant 1848 et l’état de l’Europe d’aujourd’hui. Un commerça
988 se entre l’état de la Suisse avant 1848 et l’état de l’Europe d’aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendr
989 tre l’état de la Suisse avant 1848 et l’état de l’ Europe d’aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendre ses pro
990 tat de la Suisse avant 1848 et l’état de l’Europe d’ aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendre ses produi
991 t l’état de l’Europe d’aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendre ses produits à Genève devait payer tant
992 de droits pour passer à travers une demi-douzaine de cantons, qu’il préférait les éviter en faisant un grand détour par l’
993 ’Allemagne et la France. Il n’en va pas autrement de nos jours, pour le trafic européen. En effet, on a calculé qu’un comm
994 ’en va pas autrement de nos jours, pour le trafic européen . En effet, on a calculé qu’un commerçant de Stockholm ou d’Oslo qui v
995 européen. En effet, on a calculé qu’un commerçant de Stockholm ou d’Oslo qui veut vendre ses produits à Madrid ou à Athène
996 et, on a calculé qu’un commerçant de Stockholm ou d’ Oslo qui veut vendre ses produits à Madrid ou à Athènes aurait intérêt
997 passer par l’Amérique afin d’éviter une douzaine de barrages douaniers longs et coûteux, en traversant l’Europe. Tout le
998 rages douaniers longs et coûteux, en traversant l’ Europe . Tout le monde voyait très bien, il y a cent ans, que ces absurdités
999 épassaient toute mesure, et tout le monde le voit de nos jours. Cependant, les États s’obstinaient, et certains intérêts m
1000 s à l’intérieur de la Suisse se faisaient traiter de doux rêveurs ou d’ignorants, comme ceux qui demandent la suppression
1001 la Suisse se faisaient traiter de doux rêveurs ou d’ ignorants, comme ceux qui demandent la suppression des douanes à l’int
1002 la suppression des douanes à l’intérieur de notre Europe . On leur disait : vous allez provoquer des catastrophes ! vous brûlez
1003 s ! vous brûlez les étapes ! et si vous supprimez d’ un coup les douanes et les péages, voici la liste des industries local
1004 eront ruinées ! Or, que s’est-il passé ? En moins d’ un an, les cantons suisses se sont unis, douanes et péages ont disparu
1005 ne s’est produite. Au contraire, l’essor immédiat de l’industrie et du commerce nous a valu cent ans de prospérité. Tirons
1006 e l’industrie et du commerce nous a valu cent ans de prospérité. Tirons maintenant la leçon de cette comparaison. La Suiss
1007 ent ans de prospérité. Tirons maintenant la leçon de cette comparaison. La Suisse, en 1847, n’était pas plus avancée que l
1008 a Suisse, en 1847, n’était pas plus avancée que l’ Europe en 1949. C’était le même chaos économique, produit par les mêmes divi
1009 ntières et des douanes. On répétait : surtout pas de précipitation ! Et pourtant, la fédération définitive de nos cantons
1010 ipitation ! Et pourtant, la fédération définitive de nos cantons s’est faite en quelques mois, avec un plein succès. Perso
1011 n fait historique. Les Suisses ont donc le devoir de dire à toute l’Europe : voici notre expérience, imitez-la ! Et nous t
1012 Les Suisses ont donc le devoir de dire à toute l’ Europe  : voici notre expérience, imitez-la ! Et nous tous, les Européens de
1013 i notre expérience, imitez-la ! Et nous tous, les Européens de tout pays, il est temps que nous disions à nos gouvernements : ass
1014 périence, imitez-la ! Et nous tous, les Européens de tout pays, il est temps que nous disions à nos gouvernements : assez
1015 emps que nous disions à nos gouvernements : assez d’ absurdités, assez de petits calculs, renvoyez vos experts planter des
1016 s à nos gouvernements : assez d’absurdités, assez de petits calculs, renvoyez vos experts planter des choux, si vous voule
1017 ères et jetez-vous dans la prospérité ! Demain, l’ Europe peut être belle ! Au revoir, à lundi prochain.
17 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et l’Europe (IV) (20 juin 1949)
1018 Demain l’ Europe  ! — La Suisse et l’Europe (IV) (20 juin 1949) Mes trois dernières c
1019 Demain l’Europe ! — La Suisse et l’ Europe (IV) (20 juin 1949) Mes trois dernières chroniques ont été consacré
1020 ières chroniques ont été consacrées à la position de la Suisse par rapport aux projets d’union européenne. J’ai parlé de l
1021 la position de la Suisse par rapport aux projets d’ union européenne. J’ai parlé de la neutralité, que nous devons conserv
1022 tion de la Suisse par rapport aux projets d’union européenne . J’ai parlé de la neutralité, que nous devons conserver dans l’intérê
1023 apport aux projets d’union européenne. J’ai parlé de la neutralité, que nous devons conserver dans l’intérêt de l’Europe.
1024 tralité, que nous devons conserver dans l’intérêt de l’Europe. Et j’ai montré comment notre expérience fédéraliste peut se
1025 té, que nous devons conserver dans l’intérêt de l’ Europe . Et j’ai montré comment notre expérience fédéraliste peut servir de m
1026 comment notre expérience fédéraliste peut servir de modèle pour l’Europe de demain, tant au point de vue de l’économie qu
1027 périence fédéraliste peut servir de modèle pour l’ Europe de demain, tant au point de vue de l’économie qu’à celui des institut
1028 e fédéraliste peut servir de modèle pour l’Europe de demain, tant au point de vue de l’économie qu’à celui des institution
1029 èle pour l’Europe de demain, tant au point de vue de l’économie qu’à celui des institutions politiques. Ces trois chroniqu
1030 ons politiques. Ces trois chroniques ont provoqué d’ intéressantes réactions, dans la presse en particulier. Je voudrais pa
1031 e en particulier. Je voudrais parler tout d’abord de deux critiques qui ont été formulées. On m’a dit : vous semblez oubli
1032 ez-vous comparer notre toute petite Suisse avec l’ Europe entière ? Ce qui valait pour un petit pays, il y a cent ans, ne vaut
1033 leur faveur le gros bon sens, et même une espèce d’ évidence. Et cependant, si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit
1034 e en un jour. Non, mais elle s’est faite en moins d’ un an, entre le mois de février et le mois de septembre 1848, — le tem
1035 elle s’est faite en moins d’un an, entre le mois de février et le mois de septembre 1848, — le temps qu’il a fallu pour d
1036 oins d’un an, entre le mois de février et le mois de septembre 1848, — le temps qu’il a fallu pour décider la révision du
1037 s qu’il a fallu pour décider la révision du Pacte de 1815, pour écrire la Constitution fédérale, et pour la faire voter. B
1038 derbund. Mais il en va de même aujourd’hui pour l’ Europe . Nos différentes nations vivent côte à côte depuis des siècles ; elle
1039 s des siècles ; elles ont noué entre elles autant d’ alliances qu’il y en avait jadis entre les cantons suisses. Elles sort
1040 les cantons suisses. Elles sortent, elles aussi, d’ une guerre civile européenne. Elles se voient, elles aussi, contrainte
1041 . Elles sortent, elles aussi, d’une guerre civile européenne . Elles se voient, elles aussi, contraintes de se fédérer très rapidem
1042 péenne. Elles se voient, elles aussi, contraintes de se fédérer très rapidement, pour sauver leur indépendance économique
1043 ur indépendance économique et politique. Au terme de plusieurs siècles de vains efforts, de tentatives manquées, d’erreurs
1044 mique et politique. Au terme de plusieurs siècles de vains efforts, de tentatives manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 n
1045 . Au terme de plusieurs siècles de vains efforts, de tentatives manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes
1046 siècles de vains efforts, de tentatives manquées, d’ erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes sont aujourd’hui dans l
1047 es manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes sont aujourd’hui dans la même situation que nos 22 cantons il y a cen
1048 , il y a cent ans, était un peu plus grande que l’ Europe d’aujourd’hui. Et je le prouve. Pour arriver dans la ville où siégeai
1049 a cent ans, était un peu plus grande que l’Europe d’ aujourd’hui. Et je le prouve. Pour arriver dans la ville où siégeait l
1050 Tessin ou des Grisons mettait deux ou trois jours de voyage. Pour arriver au Parlement de Strasbourg, cet été, un député g
1051 trois jours de voyage. Pour arriver au Parlement de Strasbourg, cet été, un député grec ou suédois mettra moins d’un jour
1052 , cet été, un député grec ou suédois mettra moins d’ un jour. La rapidité des communications et des transports a rétréci l’
1053 des communications et des transports a rétréci l’ Europe actuelle aux dimensions de la Suisse ancienne, et pratiquement, c’est
1054 sports a rétréci l’Europe actuelle aux dimensions de la Suisse ancienne, et pratiquement, c’est cela qui compte. Il faut s
1055 rappeler aussi que dans le monde du xx e siècle, de grands empires se constituent à l’Est et à l’Ouest de l’Europe, tout
1056 rands empires se constituent à l’Est et à l’Ouest de l’Europe, tout comme il y a cent ans de grandes nations se constituai
1057 empires se constituent à l’Est et à l’Ouest de l’ Europe , tout comme il y a cent ans de grandes nations se constituaient au No
1058 à l’Ouest de l’Europe, tout comme il y a cent ans de grandes nations se constituaient au Nord et au Sud de la Suisse. Une
1059 randes nations se constituaient au Nord et au Sud de la Suisse. Une certaine unité, de type fédératif, est donc, aujourd’h
1060 Nord et au Sud de la Suisse. Une certaine unité, de type fédératif, est donc, aujourd’hui comme alors, et pour les mêmes
1061 e alors, et pour les mêmes raisons, le seul moyen de rester indépendants. Il est temps que je résume les conclusions auxqu
1062 uxquelles m’amène cet examen rapide des positions de la Suisse vis-à-vis de l’Europe. Premièrement, nous devons rester neu
1063 rapide des positions de la Suisse vis-à-vis de l’ Europe . Premièrement, nous devons rester neutres. Et cela, non seulement par
1064 est le but vers lequel doit tendre une fédération de l’Europe. Nous sommes déjà au but, pour notre part. Restons-y, l’arme
1065 e but vers lequel doit tendre une fédération de l’ Europe . Nous sommes déjà au but, pour notre part. Restons-y, l’arme au pied,
1066 ous rejoignent. Secondement, nous avons le devoir de faire valoir notre expérience fédéraliste sur le plan élargi de l’Eur
1067 r notre expérience fédéraliste sur le plan élargi de l’Europe. Il s’agit donc pour nous d’être présents dans les conseils
1068 re expérience fédéraliste sur le plan élargi de l’ Europe . Il s’agit donc pour nous d’être présents dans les conseils européens
1069 plan élargi de l’Europe. Il s’agit donc pour nous d’ être présents dans les conseils européens, et même d’y être plus actif
1070 donc pour nous d’être présents dans les conseils européens , et même d’y être plus actifs que nos voisins. Et ceci dans notre int
1071 tre présents dans les conseils européens, et même d’ y être plus actifs que nos voisins. Et ceci dans notre intérêt comme d
1072 dans le leur. Car si nous n’aidons pas à faire l’ Europe , elle se fera quand même, elle se fera sans nous, et nous n’aurons pa
1073 se fera sans nous, et nous n’aurons pas le droit de nous plaindre si nous trouvons qu’elle est mal faite. Troisièmement,
1074 x sacrifices nécessaires pour entrer dans l’union européenne . Tout dépendra, demain, de notre opinion publique. Notre gouvernement
1075 r dans l’union européenne. Tout dépendra, demain, de notre opinion publique. Notre gouvernement ne fera rien sans elle. Ma
1076 uvre commune. Le Conseil suisse pour le Mouvement européen s’est constitué, et s’est mis au travail. Les présidents de nos 4 gra
1077 onstitué, et s’est mis au travail. Les présidents de nos 4 grands partis font partie de son comité. C’est dire qu’il repré
1078 Les présidents de nos 4 grands partis font partie de son comité. C’est dire qu’il représente l’opinion suisse dans son ens
1079 n suisse dans son ensemble. Sa première tâche est de réveiller cette opinion, et c’est aussi la tâche que je me suis donné
1080 ous parler chaque lundi. Déjà, je puis me réjouir de certains résultats. Beaucoup de mes auditeurs m’ont fait savoir qu’il
1081 ir qu’ils s’inscrivaient aux groupes fédéralistes de leur ville. Et la presse également nous appuie. Merci tout particuliè
1082 les fidèles des deux Églises prient pour l’union européenne . Car si l’Europe ne se formait que dans le cerveau de quelques politi
1083 Églises prient pour l’union européenne. Car si l’ Europe ne se formait que dans le cerveau de quelques politiciens, elle ne se
1084 Car si l’Europe ne se formait que dans le cerveau de quelques politiciens, elle ne serait qu’un chiffon de papier. Il faut
1085 uelques politiciens, elle ne serait qu’un chiffon de papier. Il faut qu’elle naisse et qu’elle se forme dans les cœurs, au
1086 ’elle se forme dans les cœurs, aux vraies sources de l’espérance.
18 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (27 juin 1949)
1087 Demain l’ Europe  ! — Le Centre européen de la culture (27 juin 1949) Chers auditeurs
1088 1949) Chers auditeurs, À propos de la Suisse et de l’Europe, je vous dirai ce soir un dernier mot, qui n’est pas le moin
1089 Chers auditeurs, À propos de la Suisse et de l’ Europe , je vous dirai ce soir un dernier mot, qui n’est pas le moins importa
1090 ortant. Dans mes dernières chroniques, j’ai tâché de vous montrer pourquoi la Suisse, fédération neutre et armée, doit se
1091 serve, provisoire, pendant que les autres peuples de l’Europe commencent ce qu’on pourrait appeler leur éducation fédérale
1092 , provisoire, pendant que les autres peuples de l’ Europe commencent ce qu’on pourrait appeler leur éducation fédérale. Mais je
1093 leur éducation fédérale. Mais je n’ai pas manqué d’ insister sur la présence nécessaire de la Suisse dans l’œuvre de l’uni
1094 pas manqué d’insister sur la présence nécessaire de la Suisse dans l’œuvre de l’union européenne, partout où nous le pouv
1095 la présence nécessaire de la Suisse dans l’œuvre de l’union européenne, partout où nous le pouvons sans cesser d’être neu
1096 e nécessaire de la Suisse dans l’œuvre de l’union européenne , partout où nous le pouvons sans cesser d’être neutres. Or il est un
1097 uropéenne, partout où nous le pouvons sans cesser d’ être neutres. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutr
1098 res. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutralité pour agir sans réserve, et pour nous rattraper, si je p
1099 rattraper, si je puis dire : ce domaine est celui de la culture et de la formation de l’opinion. Sous les auspices du Mouv
1100 puis dire : ce domaine est celui de la culture et de la formation de l’opinion. Sous les auspices du Mouvement européen, u
1101 omaine est celui de la culture et de la formation de l’opinion. Sous les auspices du Mouvement européen, un appel vient d’
1102 tion de l’opinion. Sous les auspices du Mouvement européen , un appel vient d’être lancé pour que les Suisses prennent la part pr
1103 es auspices du Mouvement européen, un appel vient d’ être lancé pour que les Suisses prennent la part principale, financièr
1104 utant que morale, dans la création, sur leur sol, d’ un Centre européen de la culture. Certains d’entre vous se demanderont
1105 ent faire ici, ce qu’elle peut faire pour l’union de l’Europe, qui paraît être une question politique ou économique avant
1106 aire ici, ce qu’elle peut faire pour l’union de l’ Europe , qui paraît être une question politique ou économique avant tout. La
1107 simple : en vérité, c’est la culture qui a fait l’ Europe , au temps de sa puissance, et c’est donc la culture qui doit montrer
1108 et c’est donc la culture qui doit montrer la voie d’ une Europe rénovée par son union. Si l’on y réfléchit quelques instant
1109 st donc la culture qui doit montrer la voie d’une Europe rénovée par son union. Si l’on y réfléchit quelques instants, on s’ap
1110 uelques instants, on s’aperçoit que les grandeurs européennes viennent de l’esprit, et non pas de la nature, ni du nombre. Comment
1111 eurs européennes viennent de l’esprit, et non pas de la nature, ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce petit con
1112 qui n’est en réalité qu’une péninsule déchiquetée de l’Asie, ait pu régner sur toute la terre, pendant des siècles ? Ce n’
1113 était pas à cause de sa grandeur physique : car l’ Europe représente à peu près 4 % de la surface du globe. Ce n’était pas à ca
1114 physique : car l’Europe représente à peu près 4 % de la surface du globe. Ce n’était pas à cause de sa population : moins
1115 . Ce n’était pas à cause de sa population : moins d’ un sixième de celle de la Planète. Non, l’Europe a régné par sa cultur
1116 pas à cause de sa population : moins d’un sixième de celle de la Planète. Non, l’Europe a régné par sa culture, qui, pour
1117 se de sa population : moins d’un sixième de celle de la Planète. Non, l’Europe a régné par sa culture, qui, pour le bien c
1118 moins d’un sixième de celle de la Planète. Non, l’ Europe a régné par sa culture, qui, pour le bien comme pour le mal, a créé s
1119 e pour le mal, a créé ses richesses et sa science de la matière et de la vie ; ses machines, ses cités, et ses livres ; se
1120 créé ses richesses et sa science de la matière et de la vie ; ses machines, ses cités, et ses livres ; ses procédés de con
1121 machines, ses cités, et ses livres ; ses procédés de construction ou de transport, que tous imitent ; et enfin ses doctrin
1122 , et ses livres ; ses procédés de construction ou de transport, que tous imitent ; et enfin ses doctrines politiques et re
1123 igieuses dont le monde entier s’est inspiré. Si l’ Europe a régné sur la terre, c’est donc bien grâce à sa culture, source de s
1124 terre, c’est donc bien grâce à sa culture, source de sa puissance matérielle et morale. Aujourd’hui, la puissance a changé
1125 lle et morale. Aujourd’hui, la puissance a changé de camp. Elle est américaine ou russe. Naguère encore maîtresse de la Pl
1126 russe. Naguère encore maîtresse de la Planète, l’ Europe se voit réduite à se défendre pour assurer sa survivance économique e
1127 e économique et son indépendance politique. Cette Europe sur la défensive, comment allons-nous la sauver ? Là-dessus, tout le
1128 nos nations encore libres, et créer des pouvoirs européens , capables de traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’E
1129 libres, et créer des pouvoirs européens, capables de traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Or
1130 pouvoirs européens, capables de traiter sur pied d’ égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Orient. Tels sont les
1131 traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche
1132 pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche les pionnie
1133 ursuivent sans relâche les pionniers du Mouvement européen . Nous verrons, au mois d’août, le premier résultat de leur effort, lo
1134 iers du Mouvement européen. Nous verrons, au mois d’ août, le premier résultat de leur effort, lorsque s’ouvrira, à Strasbo
1135 Nous verrons, au mois d’août, le premier résultat de leur effort, lorsque s’ouvrira, à Strasbourg, le Parlement consultati
1136 s’ouvrira, à Strasbourg, le Parlement consultatif de 13 nations. Mais toutes les constructions politiques et sociales, éco
1137 tenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce
1138 r un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande arti
1139 au contraire une véritable éducation du sentiment de notre communauté. Il existe, ce sentiment, et peut-être plus qu’on ne
1140 et l’informer, lui donner une voix, et des moyens d’ action. Telle est la tâche vitale que voudrait assurer le Centre europ
1141 voir son siège en Suisse. Je le sais bien, ce mot de culture peut sembler vague ou légèrement suspect à bien des gens. Il
1142 ect à bien des gens. Il peut faire croire aussi à de la théorie pure, à des activités académiques et distinguées, pour spé
1143 raits. Ce n’est pas cela que veut faire le Centre européen . Notre but est de coordonner les forces intellectuelles dispersées en
1144 que veut faire le Centre européen. Notre but est de coordonner les forces intellectuelles dispersées en Europe, et de leu
1145 ordonner les forces intellectuelles dispersées en Europe , et de leur offrir une possibilité pratique de s’engager dans notre a
1146 s forces intellectuelles dispersées en Europe, et de leur offrir une possibilité pratique de s’engager dans notre action c
1147 urope, et de leur offrir une possibilité pratique de s’engager dans notre action commune. Notre but est de faire voir aux
1148 ’engager dans notre action commune. Notre but est de faire voir aux écrivains, artistes, savants, professeurs, hommes d’Ég
1149 écrivains, artistes, savants, professeurs, hommes d’ Églises, que la culture doit et peut faire sa part — une très grande p
1150 en de la culture, cela ne relève ni du hasard, ni de considérations touristiques. Tant à Berne qu’au comité de notre Mouve
1151 dérations touristiques. Tant à Berne qu’au comité de notre Mouvement européen, on a reconnu que le domaine culturel était
1152 ues. Tant à Berne qu’au comité de notre Mouvement européen , on a reconnu que le domaine culturel était celui où nous pouvons, no
1153 oncer à la neutralité, jouer le rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective de la fédération. Rôle capital ! Car à m
1154 rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective de la fédération. Rôle capital ! Car à mesure que se réalisent les objec
1155 continent se dessine et prend corps, la nécessité de lui donner une âme passe au premier plan. Et c’est bien cela, c’est b
1156 ons que les Suisses comprennent toute la grandeur d’ une pareille tâche, et qu’elle leur offre une chance autant qu’une cha
1157 fre une chance autant qu’une charge, — une chance de se montrer fidèles à leur mission en accueillant, soutenant et animan
1158 n accueillant, soutenant et animant le foyer même d’ une action historique, dont on a pu dire que le but était l’Europe hel
1159 historique, dont on a pu dire que le but était l’ Europe helvétisée ! Au revoir, à lundi prochain !
19 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Faisons le point (4 juillet 1949)
1160 Demain l’ Europe  ! — Faisons le point (4 juillet 1949) Chers auditeurs, Radio-Genève
1161 plus tard. Cette chronique sera donc la dernière de la saison, avant que je ne la reprenne, peut-être, au mois de septemb
1162 , avant que je ne la reprenne, peut-être, au mois de septembre. Ce soir, je voudrais faire le point, vous dire en quelques
1163 mots où nous en sommes dans la lutte pour unir l’ Europe , pour la sauver pendant qu’on le peut encore. Au mois de mai de l’ann
1164 r la sauver pendant qu’on le peut encore. Au mois de mai de l’année dernière, rien n’était fait. Un seul homme travaillait
1165 uver pendant qu’on le peut encore. Au mois de mai de l’année dernière, rien n’était fait. Un seul homme travaillait sérieu
1166 me travaillait sérieusement à réveiller le besoin d’ unité dans nos pays occidentaux, et c’était M. Vychinski. Il venait de
1167 ’était M. Vychinski. Il venait de réussir le coup d’ État de Prague, et de provoquer dans toute l’Europe une vague d’indign
1168 Il venait de réussir le coup d’État de Prague, et de provoquer dans toute l’Europe une vague d’indignation et de peur salu
1169 up d’État de Prague, et de provoquer dans toute l’ Europe une vague d’indignation et de peur salutaire. Vraiment, nous devons b
1170 ue, et de provoquer dans toute l’Europe une vague d’ indignation et de peur salutaire. Vraiment, nous devons beaucoup à M.
1171 er dans toute l’Europe une vague d’indignation et de peur salutaire. Vraiment, nous devons beaucoup à M. Vychinski : sans
1172 beaucoup à M. Vychinski : sans lui, notre congrès de La Haye n’aurait jamais si bien marché. Mais quels que soient les tal
1173 si bien marché. Mais quels que soient les talents de ce ministre, on ne pouvait pas s’en remettre à lui seul du soin de pe
1174 n ne pouvait pas s’en remettre à lui seul du soin de persuader l’Europe entière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrè
1175 s s’en remettre à lui seul du soin de persuader l’ Europe entière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrès de La Haye demand
1176 tière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrès de La Haye demanda donc qu’une Assemblée européenne fût convoquée, comme
1177 congrès de La Haye demanda donc qu’une Assemblée européenne fût convoquée, comme première condition de l’union. Bien peu croyaien
1178 uropéenne fût convoquée, comme première condition de l’union. Bien peu croyaient la chose possible, à cette époque. On con
1179 ée de l’Europe s’ouvrira, réunissant une douzaine de pays, appelant à elle tous ceux qui croient encore aux droits de l’ho
1180 rreur, à la libre circulation plutôt qu’aux camps de concentration. Cette Assemblée consultative de l’Europe, je vous l’ai
1181 ps de concentration. Cette Assemblée consultative de l’Europe, je vous l’ai dit lorsqu’elle fut décidée, ce n’est presque
1182 concentration. Cette Assemblée consultative de l’ Europe , je vous l’ai dit lorsqu’elle fut décidée, ce n’est presque rien, mai
1183 mes nationaux. Ce sera beaucoup, ce sera le début d’ une ère nouvelle pour toute l’Europe, si elle a le courage de se procl
1184 ce sera le début d’une ère nouvelle pour toute l’ Europe , si elle a le courage de se proclamer Constituante, et de rédiger un
1185 ouvelle pour toute l’Europe, si elle a le courage de se proclamer Constituante, et de rédiger un pacte fédéral, que tous n
1186 lle a le courage de se proclamer Constituante, et de rédiger un pacte fédéral, que tous nos peuples, ensuite, auront à rat
1187 auront à ratifier. Tout dépend donc, maintenant, de l’opinion publique. Et c’est elle que le Mouvement européen va s’effo
1188 ’opinion publique. Et c’est elle que le Mouvement européen va s’efforcer de mobiliser. Car c’est un fait que la grande masse, le
1189 ’est elle que le Mouvement européen va s’efforcer de mobiliser. Car c’est un fait que la grande masse, le grand public eur
1190 ’est un fait que la grande masse, le grand public européen , ne s’est pas encore rendu compte de l’importance de l’Assemblée. Sou
1191 public européen, ne s’est pas encore rendu compte de l’importance de l’Assemblée. Souhaitons qu’il se réveille avant qu’il
1192 ne s’est pas encore rendu compte de l’importance de l’Assemblée. Souhaitons qu’il se réveille avant qu’il soit trop tard 
1193 qu’il se réveille avant qu’il soit trop tard ! L’ Europe n’a plus que deux ans pour s’unir : et ce délai n’est pas une hypothè
1194 rée du plan Marshall. Quand l’Amérique aura cessé de nous aider, si nous ne sommes pas unis à ce moment-là, ce sera la rui
1195 ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques de Staline1. Que pouvons-nous faire en deux ans ? Passons rapidement en
1196 en deux ans ? Passons rapidement en revue l’état de nos forces fédéralistes dans les nations de l’Europe libre. Nous y tr
1197 ’état de nos forces fédéralistes dans les nations de l’Europe libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade de grands nom
1198 de nos forces fédéralistes dans les nations de l’ Europe libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade de grands noms, et d’a
1199 pe libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade de grands noms, et d’autre part, des noyaux de militants, sans cesse cro
1200 éiade de grands noms, et d’autre part, des noyaux de militants, sans cesse croissants. Prenons l’exemple de la France, qui
1201 litants, sans cesse croissants. Prenons l’exemple de la France, qui se trouve être une fois de plus, à la tête du mouvemen
1202 de plus, à la tête du mouvement novateur. L’appui de M. Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, s’est montré déc
1203 gères, s’est montré décisif lors des négociations de l’Assemblée. Et dans nos comités européens, nous avons avec nous les
1204 négociations de l’Assemblée. Et dans nos comités européens , nous avons avec nous les grands aînés, Herriot, Reynaud, Ramadier, L
1205 ons surtout le groupe des jeunes ministres sortis de la Résistance à la Libération : André Philip, Teitgen, Henri Frenay.
1206 t devant eux, bien souvent — marchent les groupes de militants : fédéralistes, syndicalistes et catholiques. Et nous avons
1207 nçais, un groupe fédéraliste qui compte déjà plus de 150 députés. Parmi eux seront choisis les représentants français à l’
1208 représentants français à l’Assemblée consultative de Strasbourg. Dans les autres pays, nous trouvons également à nos côtés
1209 rchill et Macmillan, en Grande-Bretagne ; Sforza, de Gasperi et Saragat en Italie ; Spaak et van Zeeland en Belgique. Mais
1210 elgique. Mais surtout, nous trouvons des milliers de jeunes hommes qui furent au 1er rang de la Résistance, tels que ce je
1211 milliers de jeunes hommes qui furent au 1er rang de la Résistance, tels que ce jeune chef italien qui a fait 16 ans de pr
1212 tels que ce jeune chef italien qui a fait 16 ans de prison et de camps sous le fascisme, ou ce jeune chef du mouvement en
1213 jeune chef italien qui a fait 16 ans de prison et de camps sous le fascisme, ou ce jeune chef du mouvement en Allemagne, E
1214 à Buchenwald. Ce sont des hommes qui ont le droit de parler, maintenant ! Ils ont payé le droit de revendiquer une Europe
1215 oit de parler, maintenant ! Ils ont payé le droit de revendiquer une Europe libre, unie, libérée des cauchemars qui tourme
1216 tenant ! Ils ont payé le droit de revendiquer une Europe libre, unie, libérée des cauchemars qui tourmentaient leurs nuits der
1217 ici nos troupes, et vous le voyez, ce ne sont pas de piteux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-
1218 us le voyez, ce ne sont pas de piteux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-là, nous pouvons, nous
1219 eux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-là, nous pouvons, nous devons réussir à faire l’Europe d
1220 e-là, nous pouvons, nous devons réussir à faire l’ Europe dans le délai de grâce qui nous est accordé par le destin, — et par l
1221 ous devons réussir à faire l’Europe dans le délai de grâce qui nous est accordé par le destin, — et par la générosité de l
1222 est accordé par le destin, — et par la générosité de l’Amérique. Mais nous n’avons pas beaucoup de mois à perdre. La victo
1223 victoire, c’est-à-dire la paix, dépend maintenant de la manière dont seront conduits les débats de Strasbourg. Suivez-les,
1224 ant de la manière dont seront conduits les débats de Strasbourg. Suivez-les, dès le mois prochain, à la radio et dans la p
1225 tour de vous. L’Assemblée de Strasbourg ne fera l’ Europe que si elle peut délibérer en votre nom, au nom des masses européenne
1226 le peut délibérer en votre nom, au nom des masses européennes . Alors, mais alors seulement, les États seront forcés de la suivre. J
1227 rs, mais alors seulement, les États seront forcés de la suivre. Je vous l’ai dit souvent, je vous le répète ce soir une de
1228 en guise d’au revoir : nous voulons bien sauver l’ Europe pour vous, mais pas sans vous ! Adhérez à nos groupes fédéralistes, r
1229 poirs, par vos dons et par vos prières. Car c’est de votre paix, à vous personnellement, de votre liberté, et de celle de
1230 Car c’est de votre paix, à vous personnellement, de votre liberté, et de celle de vos enfants, que je vous ai parlé, depu
1231 aix, à vous personnellement, de votre liberté, et de celle de vos enfants, que je vous ai parlé, depuis des mois, en vous
1232 us personnellement, de votre liberté, et de celle de vos enfants, que je vous ai parlé, depuis des mois, en vous appelant
1233 en vous appelant à dire et à vouloir : « Demain l’ Europe  ! » Au revoir, à l’automne prochain ! 1. Ce passage a été censuré :
1234 ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques de Staline ».
20 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un bel été (19 septembre 1949)
1235 Demain l’ Europe  ! — Un bel été (19 septembre 1949) Chers auditeurs, Nous vous retro
1236 urs, Nous vous retrouvons ce soir après deux mois d’ interruption de cette chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel
1237 retrouvons ce soir après deux mois d’interruption de cette chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel été, comme j’av
1238 s prévisions du temps, — l’un des plus beaux étés de notre siècle, et peut-être le plus décisif, puisqu’il a vu naître, à
1239 a vu naître, à Strasbourg, la première tentative d’ union du continent. Voici l’automne déjà, voici le temps venu de faire
1240 suis interrogé sur la nécessité ou l’opportunité de reprendre ces brèves causeries. On comprendra qu’il est bien difficil
1241 prendra qu’il est bien difficile pour leur auteur d’ en mesurer l’utilité. Je parle seul devant ce micro, et je ne puis que
1242 e puis que vous imaginer. Les uns sont à la table de famille, on crie à l’un des gosses : « va mettre la radio » pour avoi
1243 t ils entendent une voix qui leur dit : « Faire l’ Europe  ». Ils pensaient à tout autre chose, à leur métier, à leurs amours, à
1244 ou seulement à leur solitude. Je m’excuse auprès d’ eux : je tombe peut-être mal. Sait-on jamais ? Un chroniqueur à la rad
1245 tre quelques milliers… Dans le doute, j’ai choisi de ne pas m’abstenir, de continuer. Car la vie continue, et l’histoire c
1246 Dans le doute, j’ai choisi de ne pas m’abstenir, de continuer. Car la vie continue, et l’histoire continue autour de nous
1247 our de nous, une histoire qu’il nous faut essayer de comprendre, puisqu’elle se fait avec nos vies, et quelquefois à leurs
1248 s, et quelquefois à leurs dépens, mais que chacun de nous, aussi, est capable d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en
1249 pens, mais que chacun de nous, aussi, est capable d’ influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus de l’opinion, et que l’
1250 d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus de l’opinion, et que l’opinion, c’est vous, et vous, et vous encore, et
1251 s foules ont à peine remarqué. Si je n’avais rien d’ autre à faire dans ces chroniques que d’attirer votre attention sur ce
1252 vais rien d’autre à faire dans ces chroniques que d’ attirer votre attention sur cet événement capital, il vaudrait la pein
1253 n sur cet événement capital, il vaudrait la peine de parler. Les historiens futurs s’étonneront certainement de l’indiffér
1254 . Les historiens futurs s’étonneront certainement de l’indifférence relative avec laquelle fut accueilli le premier Parlem
1255 avec laquelle fut accueilli le premier Parlement de l’Europe. Cette date, que tous nos petits-enfants apprendront à l’éco
1256 laquelle fut accueilli le premier Parlement de l’ Europe . Cette date, que tous nos petits-enfants apprendront à l’école primai
1257 aire, aura passé quasi inaperçue pour la majorité de nos contemporains. C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte d
1258 e nos contemporains. C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de
1259 C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valm
1260 st pas facile de se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée im
1261 se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée improvisée des sans
1262 de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée improvisée des sans-culottes venait
1263 de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée improvisée des sans-culottes venait de battre l’arm
1264 ovisée des sans-culottes venait de battre l’armée de métier des Prussiens et des Autrichiens, Goethe notait dans son journ
1265 s Autrichiens, Goethe notait dans son journal : «  De ce lieu, de ce jour, sera datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là
1266 s, Goethe notait dans son journal : « De ce lieu, de ce jour, sera datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là, il était l
1267 Il y a près de 2000 ans qu’on la connaît. La mort d’ un juif obscur, crucifié près de Jérusalem, a fait moins de bruit, en
1268 obscur, crucifié près de Jérusalem, a fait moins de bruit, en son temps, que la visite de Bartali, coureur cycliste, au V
1269 fait moins de bruit, en son temps, que la visite de Bartali, coureur cycliste, au Vatican. Il serait donc naïf de s’étonn
1270 coureur cycliste, au Vatican. Il serait donc naïf de s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour de Suisse, aient damé
1271 can. Il serait donc naïf de s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour de Suisse, aient damé le pion de l’« actualité 
1272 de s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour de Suisse, aient damé le pion de l’« actualité » à la première Assemblée
1273 ance, suivi du Tour de Suisse, aient damé le pion de l’« actualité » à la première Assemblée de l’Europe, qui s’ouvrit à S
1274 it à Strasbourg, le 10 août — en pleines vacances de l’opinion publique. Pourtant, les journalistes étaient présents. On d
1275 étaient présents. On dit même qu’ils furent plus de 500. Et bien d’autres ont jugé Strasbourg, dans les éditoriaux du mon
1276 Strasbourg, dans les éditoriaux du monde entier, d’ autant plus librement qu’ils n’y étaient pas allés. L’événement s’est
1277 és. L’événement s’est donc vu noyé sous un déluge de clichés étonnamment contradictoires. J’en ai fait toute une collectio
1278 os de Strasbourg, nos journaux ont parlé tantôt «  d’ assembleurs de nuées » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt
1279 rg, nos journaux ont parlé tantôt « d’assembleurs de nuées » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt de « festival
1280 parlé tantôt « d’assembleurs de nuées » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt de « festival oratoire » et tantôt
1281 » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt de « festival oratoire » et tantôt de « ternes discussions techniques » 
1282 rre » ; tantôt de « festival oratoire » et tantôt de « ternes discussions techniques » ; de « généreux idéalistes » ou au
1283 et tantôt de « ternes discussions techniques » ; de « généreux idéalistes » ou au contraire de « politiciens combinards »
1284 ou au contraire de « politiciens combinards » ; «  d’ utopies gratuites » ou de « manœuvres partisanes » ; de « précipitatio
1285 ticiens combinards » ; « d’utopies gratuites » ou de « manœuvres partisanes » ; de « précipitation dangereuse » ou de « le
1286 pies gratuites » ou de « manœuvres partisanes » ; de « précipitation dangereuse » ou de « lenteurs exaspérantes », — ou le
1287 partisanes » ; de « précipitation dangereuse » ou de « lenteurs exaspérantes », — ou les deux à la fois souvent dans le mê
1288 nne ne pourra déduire des centaines, des milliers d’ articles qui ont paru à propos de Strasbourg, dans le monde entier. Un
1289 e entier. Une seule conclusion générale se dégage de ce flot d’imprimés : tous les journaux semblent d’accord pour affirme
1290 ne seule conclusion générale se dégage de ce flot d’ imprimés : tous les journaux semblent d’accord pour affirmer que l’opi
1291 méfions-nous, et cherchons ailleurs les éléments d’ un jugement objectif. Que s’est-il passé à Strasbourg ? Il s’est passé
1292 passé à Strasbourg ? Il s’est passé quelque chose de très neuf, quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis plus de 2000 ans
1293 f, quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis plus de 2000 ans que dure l’Europe, et c’est pourquoi la presse hésite à l’en
1294 n’avait pas vu depuis plus de 2000 ans que dure l’ Europe , et c’est pourquoi la presse hésite à l’enregistrer, et ne trouve pas
1295 a presse hésite à l’enregistrer, et ne trouve pas de phrases toutes faites pour le décrire. On dirait qu’elle n’ose pas y
1296 n’ose pas y croire… Pour moi qui ai vu Strasbourg de près, qui me suis trouvé mêlé à sa préparation, qui en connais le dét
1297 hère, j’essaierai dans mes prochaines chroniques, de vous dire ce que fut l’événement, ce qu’il prépare pour notre avenir
1298 par écrit, je répondrai. Et c’est dans cet espoir d’ établir un dialogue avec ceux d’entre vous qui sentent le besoin d’agi
1299 ogue avec ceux d’entre vous qui sentent le besoin d’ agir, que je vous dis, chers auditeurs, au revoir, à lundi prochain.
21 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La dévaluation et la bombe soviétique (26 septembre 1949)
1300 Demain l’ Europe  ! — La dévaluation et la bombe soviétique (26 septembre 1949) Chers
1301 t individuellement, soit en famille, à l’occasion de la reprise de cette chronique. Ces messages témoignent de l’intérêt c
1302 ment, soit en famille, à l’occasion de la reprise de cette chronique. Ces messages témoignent de l’intérêt croissant qu’év
1303 prise de cette chronique. Ces messages témoignent de l’intérêt croissant qu’éveille l’effort pour l’union de nos peuples,
1304 ntérêt croissant qu’éveille l’effort pour l’union de nos peuples, tant en Suisse que dans les pays voisins. Et merci tout
1305 autant pour vos questions. Je comptais commencer d’ y répondre, dès aujourd’hui, et vous parler, en conséquence, des premi
1306 ers résultats acquis par l’Assemblée consultative de Strasbourg. Mais deux événements importants se sont produits la semai
1307 semaine dernière, deux événements qui affectent l’ Europe dans son ensemble, et qu’il est nécessaire de commenter sans plus att
1308 Europe dans son ensemble, et qu’il est nécessaire de commenter sans plus attendre, du point de vue de notre action fédéral
1309 de commenter sans plus attendre, du point de vue de notre action fédéraliste. Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévalua
1310 action fédéraliste. Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévaluation de la livre anglaise, et de la bombe atomique fabriqué
1311 . Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévaluation de la livre anglaise, et de la bombe atomique fabriquée par les Russes.
1312 s’agit de la dévaluation de la livre anglaise, et de la bombe atomique fabriquée par les Russes. Au lendemain de la premiè
1313 e atomique fabriquée par les Russes. Au lendemain de la première session de Strasbourg, devant le bilan positif de cette p
1314 r les Russes. Au lendemain de la première session de Strasbourg, devant le bilan positif de cette première expérience, bea
1315 re session de Strasbourg, devant le bilan positif de cette première expérience, beaucoup de gens ont pu croire que la part
1316 partie était plus qu’à moitié gagnée, que l’unité européenne allait s’organiser toute seule, que pour leur part, ils n’avaient plu
1317 à se tourner les pouces. Mais les deux événements de la semaine dernière arrivent à point pour nous rappeler, d’une part,
1318 grave menace qui pèse sur nous tous, et l’urgence d’ y répondre. La dévaluation britannique signifie : union difficile. La
1319 annique signifie : union difficile. La possession de la bombe atomique par les Soviets signifie : union nécessaire. Je ne
1320 là. Je ne saurais donc juger la valeur technique de l’opération monétaire décidée par les Anglais. Mais je puis dire ceci
1321 les Anglais. Mais je puis dire ceci, sans crainte de me tromper : toute l’Europe vient d’être secouée par une mesure prise
1322 s dire ceci, sans crainte de me tromper : toute l’ Europe vient d’être secouée par une mesure prise par un seul pays, lequel s’
1323 sans crainte de me tromper : toute l’Europe vient d’ être secouée par une mesure prise par un seul pays, lequel s’était gar
1324 sure prise par un seul pays, lequel s’était gardé d’ avertir ses voisins. Ainsi la solidarité économique de toute l’Europe
1325 ertir ses voisins. Ainsi la solidarité économique de toute l’Europe bon gré mal gré, est démontrée d’une manière éclatante
1326 oisins. Ainsi la solidarité économique de toute l’ Europe bon gré mal gré, est démontrée d’une manière éclatante quoique négati
1327 de toute l’Europe bon gré mal gré, est démontrée d’ une manière éclatante quoique négative et coûteuse pour certains. Ceux
1328 s uns des autres. Et s’il plaît à un peuple isolé de se serrer encore plus la ceinture pour sauver son régime de travailli
1329 er encore plus la ceinture pour sauver son régime de travaillisme austère, nous voici tous forcés, dans toute l’Europe, de
1330 sme austère, nous voici tous forcés, dans toute l’ Europe , de participer aux frais de l’opération, que cela nous plaise ou non.
1331 ère, nous voici tous forcés, dans toute l’Europe, de participer aux frais de l’opération, que cela nous plaise ou non. Eh
1332 cés, dans toute l’Europe, de participer aux frais de l’opération, que cela nous plaise ou non. Eh bien ! il est grand temp
1333 grand temps que cette solidarité économique cesse d’ être purement négative, cesse d’être une solidarité dans la misère ou
1334 économique cesse d’être purement négative, cesse d’ être une solidarité dans la misère ou dans les catastrophes seulement.
1335 astrophes seulement. Il faut désormais la vouloir d’ une manière positive et pour le bien commun, c’est-à-dire qu’il faut l
1336 nos destins. Encore une fois, je n’ai pas à juger de la valeur en soi des décisions britanniques, mais j’ai à dire ceci :
1337 s ont été prises est scandaleuse, du point de vue de l’Europe en général. Que s’est-il passé en effet ? Sir Stafford Cripp
1338 été prises est scandaleuse, du point de vue de l’ Europe en général. Que s’est-il passé en effet ? Sir Stafford Cripps est par
1339 eul pour Washington, s’est enfermé dans une salle de comité avec les experts américains, tandis que les représentants fran
1340 e purement national ; un seul y a réussi ; mais l’ Europe , l’Europe solidaire et qui allait payer les frais de l’opération, je
1341 national ; un seul y a réussi ; mais l’Europe, l’ Europe solidaire et qui allait payer les frais de l’opération, je le répète,
1342 l’Europe solidaire et qui allait payer les frais de l’opération, je le répète, l’Europe était absente, personne ne parlai
1343 t payer les frais de l’opération, je le répète, l’ Europe était absente, personne ne parlait en son nom. C’est à cela que Stras
1344 on nom. C’est à cela que Strasbourg doit remédier d’ urgence, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis d’urgence. Car
1345 trasbourg doit remédier d’urgence, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis d’urgence. Car on vient de nous apprendre
1346 ce, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis d’ urgence. Car on vient de nous apprendre que les Russes, à leur tour, o
1347 que les Russes, à leur tour, ont trouvé le secret de la bombe atomique. On peut s’en réjouir, pour certaines raisons psych
1348 nes raisons psychologiques d’abord. La possession de la fameuse bombe peut en effet diminuer, chez les Russes, leur craint
1349 er, chez les Russes, leur crainte presque morbide d’ être encerclés et vulnérables. Il y a là, si paradoxal que cela parais
1350 a là, si paradoxal que cela paraisse, un élément de détente dans la situation internationale. Beaucoup des réactions russ
1351 étaient inspirées jusqu’ici par une peur exagérée de la puissance américaine. Se sentant désormais plus forts, qu’avant, l
1352 ntre les Américains et les Russes également armés de la Bombe, voici l’Europe encore désunie, totalement désarmée, et tout
1353 t les Russes également armés de la Bombe, voici l’ Europe encore désunie, totalement désarmée, et toute prête à servir de champ
1354 nie, totalement désarmée, et toute prête à servir de champ clos pour le duel atomique des deux Grands, c’est-à-dire : prêt
1355 udents m’apparaissent désormais comme des rêveurs de la plus dangereuse espèce, des utopistes impénitents, ou d’irrémédiab
1356 dangereuse espèce, des utopistes impénitents, ou d’ irrémédiables nigauds. Pour tous les autres, Strasbourg vient d’apport
1357 s nigauds. Pour tous les autres, Strasbourg vient d’ apporter un message d’espoir et d’action. Nul ne l’a mieux dit que M.
1358 es autres, Strasbourg vient d’apporter un message d’ espoir et d’action. Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président de
1359 trasbourg vient d’apporter un message d’espoir et d’ action. Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président de l’Assemblée
1360 . Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président de l’Assemblée, lorsqu’il s’est écrié dans son discours final : « Je sui
1361  : « Je suis venu ici parce que j’étais convaincu de la nécessité des États-Unis d’Europe, je repars convaincu de leur pos
1362 sité des États-Unis d’Europe, je repars convaincu de leur possibilité. » Il me plaît de vous quitter ce soir sur ces parol
1363 pars convaincu de leur possibilité. » Il me plaît de vous quitter ce soir sur ces paroles, que je me réjouis de commenter
1364 uitter ce soir sur ces paroles, que je me réjouis de commenter et confirmer, lundi prochain : au revoir mes chers auditeur
22 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » (3 octobre 1949)
1365 Demain l’ Europe  ! — « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » (3 octobre 1949) Chers
1366 Demain l’Europe ! — « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » (3 octobre 1949) Chers auditeurs, Les deux questions
1367 es, sont les suivantes : 1° « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » 2° « Que devons-nous penser des résultats acquis ? » J
1368 en vous racontant ce que j’ai vu dans la capitale de l’Europe, pour vous permettre de juger vous-mêmes s’il y a vraiment u
1369 us racontant ce que j’ai vu dans la capitale de l’ Europe , pour vous permettre de juger vous-mêmes s’il y a vraiment un espoir
1370 dans la capitale de l’Europe, pour vous permettre de juger vous-mêmes s’il y a vraiment un espoir neuf de ce côté-là. J’ai
1371 juger vous-mêmes s’il y a vraiment un espoir neuf de ce côté-là. J’ai vu d’abord une ville pavoisée comme pour un jour de
1372 vu d’abord une ville pavoisée comme pour un jour de grande victoire. Pas une maison, même dans les petites rues écartées,
1373 es rues écartées, qui n’arborât quelques drapeaux de nos pays, et surtout le drapeau de l’Europe, une grande lettre E, en
1374 lques drapeaux de nos pays, et surtout le drapeau de l’Europe, une grande lettre E, en vert, sur un fond blanc, — et cela
1375 drapeaux de nos pays, et surtout le drapeau de l’ Europe , une grande lettre E, en vert, sur un fond blanc, — et cela non pas s
1376 es dialectes et son atmosphère, une grande partie de l’Europe occidentale. On s’y croit tantôt en Suisse et tantôt en Holl
1377 alectes et son atmosphère, une grande partie de l’ Europe occidentale. On s’y croit tantôt en Suisse et tantôt en Hollande, tan
1378 antôt en Allemagne, et l’on y est en France, pour de bon, cette fois-ci. Et puis, il y a les ruines, les pans de murs, les
1379 tte fois-ci. Et puis, il y a les ruines, les pans de murs, les églises détruites ici ou là qui nous rappellent à la réalit
1380 la plus pressante ; il était bon que l’Assemblée européenne s’ouvrît non pas dans des palaces parmi les touristes millionnaires,
1381 e n’y suis pas entré sans émotion : j’allais voir de mes yeux le premier résultat d’une action à laquelle, depuis quelques
1382 n : j’allais voir de mes yeux le premier résultat d’ une action à laquelle, depuis quelques années, j’ai consacré mes jours
1383 elques années, j’ai consacré mes jours et pas mal de mes nuits. L’Assemblée ne siégeait que depuis une semaine, lors de ma
1384 ont les premiers mois, parfois les premiers jours de l’existence d’un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans
1385 s mois, parfois les premiers jours de l’existence d’ un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans cette aula, et
1386 miers jours de l’existence d’un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans cette aula, et j’ai senti, après quelq
1387 oits vitaux. Churchill parlait, bonhomme et plein d’ humour, regardant par-dessus ses lunettes, les deux mains plaquées sur
1388 son ventre, selon son geste coutumier. Il venait d’ obtenir le droit, pour l’Assemblée, de fixer ses ordres du jour, sans
1389 . Il venait d’obtenir le droit, pour l’Assemblée, de fixer ses ordres du jour, sans demander l’avis du Conseil des ministr
1390 u Conseil des ministres. Il réclamait l’admission de l’Allemagne, et proposait une nouvelle réunion de l’Assemblée, pendan
1391 de l’Allemagne, et proposait une nouvelle réunion de l’Assemblée, pendant l’hiver. M. Spaak présidait avec rondeur, répliq
1392 M. Spaak présidait avec rondeur, réplique vivante d’ un Churchill rajeuni. Et je reconnaissais dans l’Assemblée tant de vis
1393 sais dans l’Assemblée tant de visages bien connus de camarades de lutte, depuis deux ans, que je crus assister d’abord à u
1394 ssemblée tant de visages bien connus de camarades de lutte, depuis deux ans, que je crus assister d’abord à une sorte de c
1395 eux ans, que je crus assister d’abord à une sorte de comité élargi de notre Mouvement européen. À vrai dire, les deux tier
1396 rus assister d’abord à une sorte de comité élargi de notre Mouvement européen. À vrai dire, les deux tiers des députés, à
1397 d à une sorte de comité élargi de notre Mouvement européen . À vrai dire, les deux tiers des députés, à Strasbourg, se trouvaient
1398 ssemblée est portée, animée et nourrie par l’élan de nos militants, dans tous nos pays, par d’innombrables associations in
1399 l’élan de nos militants, dans tous nos pays, par d’ innombrables associations indépendantes à la fois des partis, des rout
1400 ues et des gouvernements. Il y a là quelque chose de très neuf, quelque chose qui n’existait pas derrière la Ligue des Nat
1401 stait pas derrière la Ligue des Nations, un trait d’ union vivant entre les peuples dans leur réalité humaine, et les offic
1402 ’est vraiment grâce à cette présence du Mouvement européen , grâce à son action quotidienne autour de l’Assemblée, dans ses coulo
1403 qu’on a pu sentir à Strasbourg passer un souffle de grand air, une volonté d’action et de rénovation. Dans cette grande s
1404 bourg passer un souffle de grand air, une volonté d’ action et de rénovation. Dans cette grande salle carrée, aux tentures
1405 un souffle de grand air, une volonté d’action et de rénovation. Dans cette grande salle carrée, aux tentures claires et d
1406 ette grande salle carrée, aux tentures claires et d’ aspect très moderne, on avait réservé un hémicycle pour les cent déput
1407 te du parterre, entourait l’Assemblée, la serrait de près, et l’on peut y voir un symbole… Il y en avait bien d’autres. L’
1408 la Chambre française, mais chaque député parlait de sa place, comme à la Chambre des communes, et l’atmosphère était auss
1409 u’à notre Conseil national. Seulement, on parlait de l’Europe, de la famille européenne, pour la première fois dans l’hist
1410 otre Conseil national. Seulement, on parlait de l’ Europe , de la famille européenne, pour la première fois dans l’histoire deve
1411 seil national. Seulement, on parlait de l’Europe, de la famille européenne, pour la première fois dans l’histoire devenue
1412 Seulement, on parlait de l’Europe, de la famille européenne , pour la première fois dans l’histoire devenue visible et tangible. J
1413 s yeux, mais non, je ne rêvais pas : le Parlement de l’Europe existait, physiquement, malgré tous ceux qui nous disaient e
1414 x, mais non, je ne rêvais pas : le Parlement de l’ Europe existait, physiquement, malgré tous ceux qui nous disaient encore l’h
1415 ore l’hiver dernier, qu’il faudrait une vingtaine d’ années pour mûrir ce projet d’utopie. Et certes, l’Assemblée consultat
1416 drait une vingtaine d’années pour mûrir ce projet d’ utopie. Et certes, l’Assemblée consultative n’est pas encore dotée des
1417 elle fonctionne et rien ne pourra plus l’empêcher de conquérir, pas à pas, ces pouvoirs, jusqu’au jour où les peuples eux-
1418 es peuples eux-mêmes seront appelés aux élections européennes . L’année prochaine en décidera sans doute. À la question : « Êtes-vou
1419 sans doute. À la question : « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » Je puis donc vous répondre oui, sans hésiter, parce qu
1420 ous répondre oui, sans hésiter, parce que j’ai vu de mes yeux ce Parlement, parce que j’ai senti qu’il existe autrement qu
1421 . C’est l’essentiel. C’est l’événement qui domine de haut notre année, c’est une actualité qui rayonnera longtemps. Et si
23 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les résultats de Strasbourg (10 octobre 1949)
1422 Demain l’ Europe  ! — Les résultats de Strasbourg (10 octobre 1949) Chers auditeurs,
1423 Demain l’Europe ! — Les résultats de Strasbourg (10 octobre 1949) Chers auditeurs, Il est temps que j’en
1424 aux résultats acquis par l’Assemblée consultative de Strasbourg, à la fin de sa première session. Je voudrais vous en parl
1425 l’Assemblée consultative de Strasbourg, à la fin de sa première session. Je voudrais vous en parler sans trop de détails
1426 ère session. Je voudrais vous en parler sans trop de détails techniques, mais cependant, il est bon d’en donner quelques-u
1427 de détails techniques, mais cependant, il est bon d’ en donner quelques-uns, pour vous faire entrevoir la nature et le nomb
1428 n veut arriver à cette chose simple et grande : l’ Europe unie, libérée des frontières, rendue, dans toute son étendue, à la li
1429 mblée, en quelques jours, a su montrer sa volonté de devenir un vrai parlement. En affirmant son autonomie à l’égard du Co
1430 ui représentait les États ; en prenant la liberté de fixer ses ordres du jour ; en habituant des hommes de pays et de part
1431 ixer ses ordres du jour ; en habituant des hommes de pays et de partis différents à repenser tous les problèmes du point d
1432 dres du jour ; en habituant des hommes de pays et de partis différents à repenser tous les problèmes du point de vue de l’
1433 nts à repenser tous les problèmes du point de vue de l’Europe en général, et non pas du point de vue de leur seule nation,
1434 repenser tous les problèmes du point de vue de l’ Europe en général, et non pas du point de vue de leur seule nation, l’Assemb
1435 e l’Europe en général, et non pas du point de vue de leur seule nation, l’Assemblée a ébauché l’image d’une communauté de
1436 leur seule nation, l’Assemblée a ébauché l’image d’ une communauté de nos peuples par-dessus les frontières en dépit de le
1437 n, l’Assemblée a ébauché l’image d’une communauté de nos peuples par-dessus les frontières en dépit de leurs États. Elle s
1438 d comme un pouvoir législatif en puissance. Forte de ce succès, l’Assemblée a aussitôt proposé la création d’un pouvoir ju
1439 uccès, l’Assemblée a aussitôt proposé la création d’ un pouvoir judiciaire européen. De quoi s’agissait-il ? De garantir le
1440 sitôt proposé la création d’un pouvoir judiciaire européen . De quoi s’agissait-il ? De garantir les droits de chaque citoyen, vo
1441 osé la création d’un pouvoir judiciaire européen. De quoi s’agissait-il ? De garantir les droits de chaque citoyen, vous o
1442 voir judiciaire européen. De quoi s’agissait-il ? De garantir les droits de chaque citoyen, vous ou moi, contre la toute-p
1443 n. De quoi s’agissait-il ? De garantir les droits de chaque citoyen, vous ou moi, contre la toute-puissance des États souv
1444 ute-puissance des États souverains. Il s’agissait de donner à chacun, vous ou moi, une possibilité de recours contre les i
1445 de donner à chacun, vous ou moi, une possibilité de recours contre les injustices commises au nom d’un gouvernement, ou a
1446 ujourd’hui. Il n’y a rien, aujourd’hui, au-dessus de l’État. Il faut donc créer une Cour des droits de l’homme, capable d’
1447 onc créer une Cour des droits de l’homme, capable d’ intervenir dans chacun de nos pays pour y faire respecter les libertés
1448 oits de l’homme, capable d’intervenir dans chacun de nos pays pour y faire respecter les libertés fondamentales de chaque
1449 pour y faire respecter les libertés fondamentales de chaque personne. C’est un jeune député et ministre français, l’énergi
1450 i Teitgen, qui a présenté à l’Assemblée le projet d’ une Cour suprême des droits de l’homme, tel que notre Mouvement europé
1451 me des droits de l’homme, tel que notre Mouvement européen l’avait étudié et mis au point. Le projet a été accepté, à l’unanimit
1452 erait pas qu’un citoyen anglais allât se plaindre de ses autorités devant une cour internationale. Pourtant, c’est bien à
1453 dent tous nos efforts : nous voulons qu’au-dessus de chacun de nos États, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de r
1454 nos efforts : nous voulons qu’au-dessus de chacun de nos États, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de réprimer le
1455 tats, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de réprimer les abus qui seraient commis au nom de l’égoïsme national, o
1456 seraient commis au nom de l’égoïsme national, ou de la volonté de puissance d’un seul parti. Ce que nous voulons, c’est e
1457 is au nom de l’égoïsme national, ou de la volonté de puissance d’un seul parti. Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équ
1458 l’égoïsme national, ou de la volonté de puissance d’ un seul parti. Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équivalent europ
1459 Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équivalent européen du Tribunal fédéral de la Suisse. Dans le domaine économique, l’Assem
1460 somme, l’équivalent européen du Tribunal fédéral de la Suisse. Dans le domaine économique, l’Assemblée a proposé un certa
1461 onomique, l’Assemblée a proposé un certain nombre de mesures tendant à la libre circulation des marchandises et des capita
1462 l’Europe aille discuter à Washington au nom de l’ Europe tout entière. Cette proposition a été traitée de « billevesée » par l
1463 ope tout entière. Cette proposition a été traitée de « billevesée » par le même M. Dalton. On a compris les raisons de son
1464 » par le même M. Dalton. On a compris les raisons de son opposition, quelques jours plus tard, lorsqu’une délégation brita
1465 à Washington pour y négocier seule la dévaluation de la livre, au détriment du reste de l’Europe. Rien ne saurait mieux il
1466 la dévaluation de la livre, au détriment du reste de l’Europe. Rien ne saurait mieux illustrer l’urgence et la nécessité d
1467 valuation de la livre, au détriment du reste de l’ Europe . Rien ne saurait mieux illustrer l’urgence et la nécessité de l’union
1468 saurait mieux illustrer l’urgence et la nécessité de l’union économique demandée par Strasbourg. Enfin, l’Assemblée a émis
1469 ssemblée a émis, à l’unanimité, un certain nombre de vœux pratiques tels que la création d’un Centre européen de la cultur
1470 ain nombre de vœux pratiques tels que la création d’ un Centre européen de la culture (dont l’embryon existe à Genève) et l
1471 n existe à Genève) et la mise à l’étude immédiate d’ un passeport européen. Ce ne sont là que des vœux, direz-vous. Oui, ce
1472 ve) et la mise à l’étude immédiate d’un passeport européen . Ce ne sont là que des vœux, direz-vous. Oui, certes, mais ils sont a
1473 tes, mais ils sont appuyés par la volonté unanime de l’Assemblée consultative. Or celle-ci se compose de députés régulière
1474 l’Assemblée consultative. Or celle-ci se compose de députés régulièrement élus par douze parlements européens. La plupart
1475 e députés régulièrement élus par douze parlements européens . La plupart de ces délégués sont les chefs de fractions politiques im
1476 opéens. La plupart de ces délégués sont les chefs de fractions politiques importantes. Il est donc probable qu’ils arriver
1477 urg. Vous voyez donc que malgré son titre modeste d’ Assemblée consultative, le Parlement de Strasbourg peut devenir un ins
1478 re modeste d’Assemblée consultative, le Parlement de Strasbourg peut devenir un instrument très efficace d’unification de
1479 rasbourg peut devenir un instrument très efficace d’ unification de l’Europe. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et
1480 devenir un instrument très efficace d’unification de l’Europe. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et de mesure, ne
1481 ir un instrument très efficace d’unification de l’ Europe . Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et de mesure, ne restera p
1482 ope. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et de mesure, ne restera pas sans lendemain. Un dernier mot : presque toute
1483 asbourg avaient été préparées par notre Mouvement européen . C’est lui qui a fait Strasbourg, en réalité. L’un des observateurs a
1484 servateurs américains qui assistaient aux travaux de l’Assemblée et qui ont pu voir notre Mouvement à l’œuvre dans les cou
1485 iait un jour devant moi : « J’ai été témoin, ici, de choses stupéfiantes pour nous autres Américains ! L’Assemblée existe,
1486 ankee, et par la seule action, presque invisible, d’ un très petit nombre d’hommes qui ont su voir juste ! » Je lui ai dit 
1487 action, presque invisible, d’un très petit nombre d’ hommes qui ont su voir juste ! » Je lui ai dit : cher ami, en somme, v
1488 t : cher ami, en somme, vous venez de découvrir l’ Europe , — ses limitations, son génie… Au revoir, mes chers auditeurs ! Merci
24 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Que pouvez-vous faire ? (17 octobre 1949)
1489 Demain l’ Europe  ! — Que pouvez-vous faire ? (17 octobre 1949) Chers auditeurs, Depu
1490 s, Depuis que j’ai repris cette chronique, en fin d’ été, je vous ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui
1491 chronique, en fin d’été, je vous ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui s’est fait déjà au cours de sa p
1492 us ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui s’est fait déjà au cours de sa première session, mais aussi de
1493 action la crise anglaise entre autres. J’ai tâché de vous faire voir, en résumé, que l’union fédérale du continent est en
1494 bonne voie, que l’Assemblée de Strasbourg permet de grands espoirs, mais que l’attitude britannique, pour le moment, fait
1495 on. Tout cela met en jeu des forces politiques et de grands intérêts économiques sur lesquels nous ne pouvons rien. En un
1496 , et nos bonnes volontés ne trouvent pas le moyen d’ entrer dans cette action, dont pourtant dépend notre avenir. Ce sentim
1497 , dont pourtant dépend notre avenir. Ce sentiment d’ impuissance qui étreint les individus, devant l’évolution de monde, il
1498 nce qui étreint les individus, devant l’évolution de monde, il est bien caractéristique de notre siècle, d’un siècle qui a
1499 l’évolution de monde, il est bien caractéristique de notre siècle, d’un siècle qui a vécu deux guerres mondiales, que pers
1500 nde, il est bien caractéristique de notre siècle, d’ un siècle qui a vécu deux guerres mondiales, que personne ne voulait e
1501 tous faites, ou subies. C’est contre ce sentiment d’ impuissance, angoissant, mais aussi en partie illusoire, que je voudra
1502 ire, que je voudrais parler ce soir. Une question d’ un de mes auditeurs de La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom d
1503 que je voudrais parler ce soir. Une question d’un de mes auditeurs de La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom de plu
1504 arler ce soir. Une question d’un de mes auditeurs de La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom de plusieurs autres, m’
1505 -il, les simples pékins pour soutenir les efforts de ceux qui œuvrent pour l’Europe unie ? » Que pouvons-nous faire, chacu
1506 r soutenir les efforts de ceux qui œuvrent pour l’ Europe unie ? » Que pouvons-nous faire, chacun de nous ? Oui, voilà bien la
1507 l’Europe unie ? » Que pouvons-nous faire, chacun de nous ? Oui, voilà bien la grande question, la vraie question humaine
1508 ien la grande question, la vraie question humaine de notre temps. Une question simple, élémentaire, mais qui va droit au f
1509 is qui va droit au fond des choses. Car il s’agit de savoir, aujourd’hui, si l’homme, l’individu, chacun de vous n’a plus
1510 voir, aujourd’hui, si l’homme, l’individu, chacun de vous n’a plus qu’à démissionner en attendant d’être réduit en poussiè
1511 n de vous n’a plus qu’à démissionner en attendant d’ être réduit en poussière atomique, ou bien si, au contraire, il est en
1512 , ou bien si, au contraire, il est encore capable de reprendre en main son destin, de secouer les fatalités de guerre, de
1513 t encore capable de reprendre en main son destin, de secouer les fatalités de guerre, de misère et de honte, qui s’accumul
1514 ndre en main son destin, de secouer les fatalités de guerre, de misère et de honte, qui s’accumulent sur un proche horizon
1515 n son destin, de secouer les fatalités de guerre, de misère et de honte, qui s’accumulent sur un proche horizon. Que devon
1516 de secouer les fatalités de guerre, de misère et de honte, qui s’accumulent sur un proche horizon. Que devons-nous faire 
1517 réveiller d’abord ! Car nous dormons, sur le bord d’ un abîme. Et peu nombreux, encore, sont les « simples pékins » qui s’e
1518 us dormons à côté des bombes atomiques, des tubes de bactéries dont un seul (disait hier un savant canadien) peut faire mo
1519 peut faire mourir en une heure tous les habitants d’ une grande ville d’Europe. Nous dormons sur le seuil d’une crise écono
1520 n une heure tous les habitants d’une grande ville d’ Europe. Nous dormons sur le seuil d’une crise économique sans précéden
1521 une heure tous les habitants d’une grande ville d’ Europe . Nous dormons sur le seuil d’une crise économique sans précédent. Nou
1522 grande ville d’Europe. Nous dormons sur le seuil d’ une crise économique sans précédent. Nous dormons dans une Europe qui,
1523 économique sans précédent. Nous dormons dans une Europe qui, réellement, pratiquement, nécessairement, doit s’unir demain ou
1524 ns ce péril ? Eh bien, on ne demande pas à chacun de vous de repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa pa
1525 ril ? Eh bien, on ne demande pas à chacun de vous de repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa part tous
1526 demande pas à chacun de vous de repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa part tous les grands problèmes
1527 de vous de repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa part tous les grands problèmes du siècle. On demande
1528 s grands problèmes du siècle. On demande à chacun de vous simplement de sortir de son isolement, car c’est l’isolement qui
1529 du siècle. On demande à chacun de vous simplement de sortir de son isolement, car c’est l’isolement qui produit ce sentime
1530 On demande à chacun de vous simplement de sortir de son isolement, car c’est l’isolement qui produit ce sentiment d’impui
1531 t, car c’est l’isolement qui produit ce sentiment d’ impuissance dont je parlais. On demande aux hommes qui veulent agir de
1532 e parlais. On demande aux hommes qui veulent agir de se grouper et d’être prêts. Comment le faire ? Voici quelques conseil
1533 ande aux hommes qui veulent agir de se grouper et d’ être prêts. Comment le faire ? Voici quelques conseils pratiques. Dans
1534 onseils pratiques. Dans presque toutes nos villes de Suisse, il existe des sections de l’Union européenne des fédéralistes
1535 utes nos villes de Suisse, il existe des sections de l’Union européenne des fédéralistes, qui est une des branches du gran
1536 lles de Suisse, il existe des sections de l’Union européenne des fédéralistes, qui est une des branches du grand Mouvement europée
1537 stes, qui est une des branches du grand Mouvement européen . Chacun de vous peut écrire à la section locale de l’Union européenne
1538 des branches du grand Mouvement européen. Chacun de vous peut écrire à la section locale de l’Union européenne. Chacun de
1539 n. Chacun de vous peut écrire à la section locale de l’Union européenne. Chacun de vous peut y entrer demain moyennant une
1540 e vous peut écrire à la section locale de l’Union européenne . Chacun de vous peut y entrer demain moyennant une petite cotisation
1541 à la section locale de l’Union européenne. Chacun de vous peut y entrer demain moyennant une petite cotisation annuelle. M
1542 n annuelle. Mais une fois entrés dans cette Union européenne , qu’aurons-nous à faire de précis, de concret ? Allez-vous me dire. D
1543 ns cette Union européenne, qu’aurons-nous à faire de précis, de concret ? Allez-vous me dire. Deux choses. Tout d’abord, v
1544 ion européenne, qu’aurons-nous à faire de précis, de concret ? Allez-vous me dire. Deux choses. Tout d’abord, vous serez t
1545 choses. Tout d’abord, vous serez tenus au courant de l’action générale pour la fédération, et vous pourrez y faire entendr
1546 s, dans votre milieu immédiat, l’idée fédéraliste européenne , seul grand espoir de notre continent, vous aurez à recruter des adhé
1547 l’idée fédéraliste européenne, seul grand espoir de notre continent, vous aurez à recruter des adhérents, à distribuer de
1548 étiser les engagements qui furent pris au congrès de La Haye, il y a un an, par 800 Européens unanimes, militants ou minis
1549 pris au congrès de La Haye, il y a un an, par 800 Européens unanimes, militants ou ministres, députés ou « simples pékins » et do
1550 vous relis le dernier paragraphe : Nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
1551 agraphe : Nous prenons de bonne foi l’engagement d’ appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos pa
1552 Nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans
1553 t les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, po
1554 ent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qu
1555 e salut public, suprême chance de la paix et gage d’ un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront. À l
1556 faire ? je réponds donc : entrez dans notre Union européenne , venez-y militer pour notre idée, parlez-en dans votre milieu, faites
1557 , faites-la surtout adopter par la section locale de votre parti comme cela vient de se faire à Genève lundi dernier au Pa
1558 prononce publiquement en faveur de la fédération de nos peuples. Car une fois que tous les partis en auront ainsi décidé
1559 ans chaque pays, pour l’adoption du Pacte fédéral de l’Europe par un référendum de tous les peuples. Voici la route à suiv
1560 haque pays, pour l’adoption du Pacte fédéral de l’ Europe par un référendum de tous les peuples. Voici la route à suivre, elle
1561 on du Pacte fédéral de l’Europe par un référendum de tous les peuples. Voici la route à suivre, elle est simple, entrez-y.
1562 peut être fait, et qui peut tout. Il est tard, en Europe , il est très tard. Mais il dépend encore de chacun de vous, chers aud
1563 n Europe, il est très tard. Mais il dépend encore de chacun de vous, chers auditeurs, qu’il ne soit pas trop tard. Avec vo
1564 il est très tard. Mais il dépend encore de chacun de vous, chers auditeurs, qu’il ne soit pas trop tard. Avec vous tous, p
1565 s gagnerons. Mais pas sans vous ! Pas sans chacun de vous ! Et non pas après-demain, mais demain. Car après-demain, sans v
1566 in. Car après-demain, sans vous, il n’y aura plus d’ Europe, si nous dormons. Je vous parlerai la prochaine fois du rôle qu
1567 . Car après-demain, sans vous, il n’y aura plus d’ Europe , si nous dormons. Je vous parlerai la prochaine fois du rôle que doit
25 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Militer pour la fédération (24 octobre 1949)
1568 Demain l’ Europe  ! — Militer pour la fédération (24 octobre 1949) Chers auditeurs, P
1569 le commencement, entrez dans nos sections locales de notre Union européenne en Suisse. Cette causerie de lundi dernier m’a
1570 , entrez dans nos sections locales de notre Union européenne en Suisse. Cette causerie de lundi dernier m’a valu deux séries de qu
1571 notre Union européenne en Suisse. Cette causerie de lundi dernier m’a valu deux séries de questions ? Les unes portant su
1572 te causerie de lundi dernier m’a valu deux séries de questions ? Les unes portant sur l’utilité générale d’une telle démar
1573 estions ? Les unes portant sur l’utilité générale d’ une telle démarche, les autres plus immédiatement pratiques. Je vais y
1574 oses et, croyez-moi, cela n’empêchera ni la terre de tourner, ni la guerre d’arriver, ni la bombe de sauter. À cette quest
1575 n’empêchera ni la terre de tourner, ni la guerre d’ arriver, ni la bombe de sauter. À cette question, où à ce scepticisme,
1576 e de tourner, ni la guerre d’arriver, ni la bombe de sauter. À cette question, où à ce scepticisme, je me contenterai de r
1577 question, où à ce scepticisme, je me contenterai de répondre par un chiffre. Je ne pense pas que nous soyons en Europe pl
1578 ar un chiffre. Je ne pense pas que nous soyons en Europe plus de 150 000 militants de l’action pour unir nos peuples. Or, ces
1579 e. Je ne pense pas que nous soyons en Europe plus de 150 000 militants de l’action pour unir nos peuples. Or, ces 150 000
1580 e nous soyons en Europe plus de 150 000 militants de l’action pour unir nos peuples. Or, ces 150 000 militants ont réussi
1581 es. Or, ces 150 000 militants ont réussi en moins d’ un an un véritable tour de force historique. C’est à leur volonté et à
1582 nts ont réussi en moins d’un an un véritable tour de force historique. C’est à leur volonté et à leurs plans, c’est à leur
1583 réation du Conseil de l’Europe, et la convocation de l’Assemblée de Strasbourg, c’est-à-dire du premier parlement continen
1584 du premier parlement continental, après 2000 ans de divisions. Ce n’est pas si mal pour commencer et si 150 000 ont pu fa
1585 ont pas l’année prochaine 500 000 [ou] un million de militants ? Ceci dit, venons-en à vos questions pratiques. Beaucoup d
1586 écrit en substance : « C’est vraiment trop gentil de nous inviter, mais vous oubliez le principal, vous avez oublié l’adre
1587 , vous avez oublié l’adresse à laquelle il s’agit de se rendre. » À vrai dire, mes chers auditeurs, cet oubli n’était pas
1588 ment accidentel, tout d’abord, il m’est difficile d’ utiliser les 6 minutes que le directeur de Radio-Genève, M. Dovaz, met
1589 fficile d’utiliser les 6 minutes que le directeur de Radio-Genève, M. Dovaz, met à ma disposition — d’utiliser ces 6 préci
1590 de Radio-Genève, M. Dovaz, met à ma disposition —  d’ utiliser ces 6 précieuses minutes pour vous lire mon carnet d’adresses
1591 es 6 précieuses minutes pour vous lire mon carnet d’ adresses ! — car nous avons des groupes dans presque toutes les villes
1592 ns presque toutes les villes et grandes localités de la Suisse… Ensuite, je me suis dit qu’il n’était pas mauvais que ceux
1593 action le manifestent par un petit effort, celui de se renseigner par leurs propres moyens. Beaucoup l’ont fait. Certains
1594 , je m’exécute : voilà : pour entrer dans l’Union européenne , écrivez à son secrétaire général, M. Ernest Steffan. Attendez ! Pren
1595 t Steffan. Attendez ! Prenez un crayon et un bout de papier, voulez-vous, je vais répéter lentement : M. Ernest Steffan, S
1596 se postale 1833, Lausanne. M. Steffan est accablé de travail. Mais il vous répondra, je m’en porte garant, je le connais b
1597 nne, vous donnera l’adresse du groupe fédéraliste européen de votre ville ou de votre région, et toutes informations souhaitable
1598 donnera l’adresse du groupe fédéraliste européen de votre ville ou de votre région, et toutes informations souhaitables.
1599 du groupe fédéraliste européen de votre ville ou de votre région, et toutes informations souhaitables. Si par hasard, dan
1600 Si par hasard, dans votre ville, il n’existe pas de section de notre Union européenne, alors il est doublement urgent que
1601 ard, dans votre ville, il n’existe pas de section de notre Union européenne, alors il est doublement urgent que vous écriv
1602 ville, il n’existe pas de section de notre Union européenne , alors il est doublement urgent que vous écriviez au même M. Steffan,
1603 r l’aider à devenir ce qu’il doit être : un foyer de civisme élargi, une cellule de l’Europe fédérale. Je vous l’ai dit lu
1604 it être : un foyer de civisme élargi, une cellule de l’Europe fédérale. Je vous l’ai dit lundi dernier et je le répète : c
1605 re : un foyer de civisme élargi, une cellule de l’ Europe fédérale. Je vous l’ai dit lundi dernier et je le répète : ce que vou
1606 rnier et je le répète : ce que vous offre l’Union européenne , c’est l’occasion de militer, dans vos milieux, pour une action réell
1607 e vous offre l’Union européenne, c’est l’occasion de militer, dans vos milieux, pour une action réelle, qui a déjà démarré
1608 z-le bien : cet instrument forgé par le Mouvement européen , pour une fois n’est pas un parti. Et c’est encore bien moins un de c
1609 n’est pas un parti. Et c’est encore bien moins un de ces rassemblements de désespérés et de déracinés sociaux, disciplinés
1610 c’est encore bien moins un de ces rassemblements de désespérés et de déracinés sociaux, disciplinés à la schlague ou au k
1611 n moins un de ces rassemblements de désespérés et de déracinés sociaux, disciplinés à la schlague ou au knout, dressés pou
1612 ef brutal. Nous ne voulons pas former des troupes de choc ! Nous en avons assez des appels à la haine, naissant du désespo
1613 l’aggravant avec furie. Si je vous parle ce soir de militer, c’est dans un sens vraiment nouveau pour notre siècle. Nous
1614 t nouveau pour notre siècle. Nous ne voulons plus de soldats politiques, mais des citoyens alertés, prêts à parler, et prê
1615 s à parler, et prêts à exiger les moyens concrets de la paix, — c’est-à-dire la fédération, à bref délai, de tous les peup
1616 paix, — c’est-à-dire la fédération, à bref délai, de tous les peuples restés libres en Europe, 300 millions d’hommes et de
1617 bref délai, de tous les peuples restés libres en Europe , 300 millions d’hommes et de femmes qui ont subi les deux guerres et
1618 les peuples restés libres en Europe, 300 millions d’ hommes et de femmes qui ont subi les deux guerres et refusent la trois
1619 restés libres en Europe, 300 millions d’hommes et de femmes qui ont subi les deux guerres et refusent la troisième. Un ins
1620 tis sont représentés dans le conseil du Mouvement européen  ? Savez-vous qu’au bureau de ce conseil siègent désormais les 4 prési
1621 l du Mouvement européen ? Savez-vous qu’au bureau de ce conseil siègent désormais les 4 présidents des partis socialiste,
1622 s n’en sommes pas un ! Et qu’il y a quelque chose de neuf, dans notre Suisse comme partout en Europe. Tout cela signifie,
1623 chose de neuf, dans notre Suisse comme partout en Europe . Tout cela signifie, pratiquement, que vous n’aurez jamais une plus b
1624 , que vous n’aurez jamais une plus belle occasion d’ entrer dans un mouvement en plein essor, et d’agir selon vos moyens, à
1625 ion d’entrer dans un mouvement en plein essor, et d’ agir selon vos moyens, à l’échelle quotidienne et dans votre milieu, p
1626 est peu de pays où l’opinion publique ait autant de pouvoir qu’en Suisse. Le Conseil fédéral, ni les Chambres, ne feront
1627 — le rôle des Suisses ? C’est à quoi j’essaierai de répondre au cours de mes prochaines causeries. Au revoir, mes chers a
26 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et Strasbourg (31 octobre 1949)
1628 Demain l’ Europe  ! — La Suisse et Strasbourg (31 octobre 1949) Chers auditeurs, La S
1629 er sa réserve ? Doit-elle y persister, ou changer d’ attitude ? Telles sont les délicates, mais pressantes questions qui se
1630 osent à nous désormais, et auxquelles j’essaierai de faire face, ce soir et d’autres fois encore, sans doute. Voyons les f
1631 ts. Le Conseil de l’Europe se compose aujourd’hui de 13 États : Ce sont les 3 États scandinaves, les 3 États du Benelux, l
1632 de cet hiver. L’Autriche n’attend que son traité de paix, qui ne saurait longtemps tarder. Il ne restera donc, dans quelq
1633 restera donc, dans quelques mois que trois États européens hors du Conseil : Le Portugal, l’Espagne et la Suisse. Les raisons de
1634 Le Portugal, l’Espagne et la Suisse. Les raisons de l’abstention des États ibériques sont évidentes et bien connues. Il l
1635 et bien connues. Il leur est, en effet, difficile de souscrire à la Charte du Conseil de l’Europe, qui garantit, sans rest
1636 ment. Peut-elle donner une raison simple et nette de son absence au Parlement européen ? Vous allez dire Neutralité. Natur
1637 aison simple et nette de son absence au Parlement européen  ? Vous allez dire Neutralité. Naturellement. C’est ce que tout le mon
1638 les choses comme elles sont : le fameux argument de notre neutralité, qui semble si frappant, ne vaut absolument rien. Ce
1639 et n’est pas une alliance militaire, la question de la neutralité n’est pas touchée par lui, n’est pas en cause. Rien, pa
1640 mot, dans le statut qui est, et doit rester celui de notre pays, rien dans notre statut de neutralité ne saurait justifier
1641 ester celui de notre pays, rien dans notre statut de neutralité ne saurait justifier notre absence à Strasbourg. Voilà le
1642 très complexe, et voilà bien pourquoi la position de la Suisse n’est pas des plus faciles à justifier, aux yeux de nos voi
1643 nde, et même des Suisses. Essayons, pour ce soir, de déblayer le terrain, d’énumérer les arguments. Une autre fois, je vou
1644 . Essayons, pour ce soir, de déblayer le terrain, d’ énumérer les arguments. Une autre fois, je vous dirai mon choix. Il y
1645 rai mon choix. Il y a pour justifier l’abstention de la Suisse de bonnes et de mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mau
1646 . Il y a pour justifier l’abstention de la Suisse de bonnes et de mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mauvaises. Il y
1647 justifier l’abstention de la Suisse de bonnes et de mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mauvaises. Il y a les gens qu
1648 hez nous : qu’est-ce que c’est que cette histoire européenne  ? Tout va bien dans ce pays, et en tous cas, tout va beaucoup plus ma
1649 p plus mal chez nos voisins. Nous sommes des gens de sens rassis, pacifiques et, ma foi, plutôt prospères ; pas tout à fai
1650 débrouiller, et poursuivons notre petit bonhomme de chemin. À quoi La Rochefoucauld répond : « C’est une grande folie que
1651 chefoucauld répond : « C’est une grande folie que de vouloir être sage tout seul. » Dans le cas présent, c’est surtout de
1652 e tout seul. » Dans le cas présent, c’est surtout de la sottise. Car il est évident que la Suisse, si l’Europe est ruinée,
1653 a sottise. Car il est évident que la Suisse, si l’ Europe est ruinée, n’ira pas loin sur son bonhomme de chemin. Il y a les gen
1654 urope est ruinée, n’ira pas loin sur son bonhomme de chemin. Il y a les gens qui disent ; surtout, pas d’imprudences ; ou,
1655 chemin. Il y a les gens qui disent ; surtout, pas d’ imprudences ; ou, comme à Berne : pas de précipitation ! Attendons de
1656 tout, pas d’imprudences ; ou, comme à Berne : pas de précipitation ! Attendons de voir un peu ce que ça donnera, cette esp
1657 comme à Berne : pas de précipitation ! Attendons de voir un peu ce que ça donnera, cette espèce de Conseil de l’Europe. Q
1658 ns de voir un peu ce que ça donnera, cette espèce de Conseil de l’Europe. Quand il aura bien fait ses preuves, on y entrer
1659 osaïques à souhait, en un mot : tout ce qu’il y a de sérieux… Dans le cas présent, ils sont plutôt cigales. Ils laissent l
1660 ailler, demandent à voir, critiquent, exigent, en de pompeux éditoriaux, jouent les sceptiques et les grands réalistes, et
1661 atre voix le « Y en a point comme nous ». Quand l’ Europe sera faite, on leur dira : « Eh bien, dansez, maintenant ! » À notre
1662  : « Eh bien, dansez, maintenant ! » À notre tour de faire sans vous ! Mais, il y a d’autre part, de bonnes raisons ou tou
1663 r de faire sans vous ! Mais, il y a d’autre part, de bonnes raisons ou tout au moins, des raisons honorables, qui justifie
1664 es, ne peut grouper que les nations démocratiques de l’Occident, qu’elles soient capitalistes ou socialistes, d’ailleurs,
1665 Encore faudrait-il dire clairement s’il s’agit là de grands principes ou de gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : somm
1666 clairement s’il s’agit là de grands principes ou de gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : sommes-nous vraiment tout à
1667 it neutres, entre l’URSS et les USA ? Notre genre de vie et nos goûts, nos libertés, notre civisme, n’auraient-ils pas déj
1668 e-t-on vraiment que l’un des camps nous saura gré de n’avoir pas voulu prendre parti ? Cela me paraît au moins douteux. Je
1669 mes. Lundi prochain, j’aborderai d’autres aspects de cette question brûlante. Et j’espère vous conduire non pas devant un
1670 conduire non pas devant un choix, mais à l’entrée d’ une voie raisonnable et humaine, sans aucun esprit partisan. Au revoir
27 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Amérique veut nous unir (7 novembre 1949)
1671 Demain l’ Europe  ! — L’Amérique veut nous unir (7 novembre 1949) Chers auditeurs, J’
1672 lundi dernier, la question difficile et délicate d’ une participation de la Suisse au Conseil de l’Europe. J’y reviendrai,
1673 uestion difficile et délicate d’une participation de la Suisse au Conseil de l’Europe. J’y reviendrai, c’est bien certain.
1674 en certain. Mais, ce soir, il me faut vous parler d’ une évolution importante qui s’est manifestée pendant la semaine derni
1675 dans un très proche avenir. Il s’agit, en effet, de la première intervention officielle et pressante des Américains, en f
1676 et pressante des Américains, en faveur de l’union de l’Europe. C’est à l’occasion d’une session de l’Organisation européen
1677 essante des Américains, en faveur de l’union de l’ Europe . C’est à l’occasion d’une session de l’Organisation européenne de coo
1678 faveur de l’union de l’Europe. C’est à l’occasion d’ une session de l’Organisation européenne de coopération économique, l’
1679 ion de l’Europe. C’est à l’occasion d’une session de l’Organisation européenne de coopération économique, l’OECE — que l’o
1680 ’est à l’occasion d’une session de l’Organisation européenne de coopération économique, l’OECE — que l’offensive américaine s’est
1681 casion d’une session de l’Organisation européenne de coopération économique, l’OECE — que l’offensive américaine s’est déc
1682 Marshall, est venu prononcer devant les ministres de 19 pays européens, un discours dont la portée dépasse largement celle
1683 st venu prononcer devant les ministres de 19 pays européens , un discours dont la portée dépasse largement celle du bla-bla-bla go
1684 s ce domaine. Je ne ferai pas l’analyse détaillée de ce discours : tous les journaux l’ont publié, et d’ailleurs il peut f
1685 résumer en une seule phrase. M. Hoffman a dit à l’ Europe  : aide-toi, l’Amérique t’aidera. Et comment l’Europe pourrait-elle s’
1686 ope : aide-toi, l’Amérique t’aidera. Et comment l’ Europe pourrait-elle s’aider elle-même sinon en unissant ses forces dispersé
1687 donc, avec toute la clarté souhaitable, que si l’ Europe ne décide pas de se fédérer dans un proche avenir, l’Amérique la lais
1688 clarté souhaitable, que si l’Europe ne décide pas de se fédérer dans un proche avenir, l’Amérique la laissera tomber. Quel
1689 r. Quelles ont été les réactions des 19 ministres européens devant cette mise en demeure polie, mais des plus fermes ? Pris en fl
1690 ie, mais des plus fermes ? Pris en flagrant délit d’ incapacité à s’unir — doublée d’une mauvaise volonté évidente de la pa
1691 en flagrant délit d’incapacité à s’unir — doublée d’ une mauvaise volonté évidente de la part des Anglais — après des mois
1692 évidente de la part des Anglais — après des mois de tergiversations et de demi-mesures ou quart de mesures, les ministres
1693 es Anglais — après des mois de tergiversations et de demi-mesures ou quart de mesures, les ministres se sont empressés de
1694 is de tergiversations et de demi-mesures ou quart de mesures, les ministres se sont empressés de déclarer l’un après l’aut
1695 quart de mesures, les ministres se sont empressés de déclarer l’un après l’autre qu’ils étaient bien d’accord, qu’ils alla
1696 solutions, et l’OECE elle aussi, a pris une série de résolutions, dont voici la première : « Le Conseil de l’OECE reconnaî
1697 ésolutions, dont voici la première : « Le Conseil de l’OECE reconnaît la nécessité de créer un vaste marché unique en Euro
1698 e : « Le Conseil de l’OECE reconnaît la nécessité de créer un vaste marché unique en Europe, dans lequel les biens et serv
1699 t la nécessité de créer un vaste marché unique en Europe , dans lequel les biens et services pourraient circuler librement. » V
1700 mbent dans leurs mauvaises habitudes. Ils parlent de la nécessité d’aller bien lentement, par toutes petites étapes, et ce
1701 mauvaises habitudes. Ils parlent de la nécessité d’ aller bien lentement, par toutes petites étapes, et cela veut dire qu’
1702 bien décidés à ne gêner personne, à ne pas exiger de trop grands sacrifices de la part des États. Ils acceptent de réduire
1703 ds sacrifices de la part des États. Ils acceptent de réduire les tarifs douaniers, oui certes, mais seulement si les exper
1704 es n’en souffrent pas trop. Bref, sous le couvert de formules prudentes et techniques, ils battent en retraite, ils recule
1705 ils reculent une fois de plus devant la nécessité d’ une véritable révolution fédéraliste, d’une union réelle, rapide, comp
1706 nécessité d’une véritable révolution fédéraliste, d’ une union réelle, rapide, complète, telle que la demandent les América
1707 les Américains, et telle que l’exigent avec plus de force les menaces de ruine qui pèsent sur notre continent. L’opinion
1708 elle que l’exigent avec plus de force les menaces de ruine qui pèsent sur notre continent. L’opinion américaine ne s’est p
1709 laissé tromper par la réaction des gouvernements européens . Elle se déclare déçue par leur oui hésitant, par ce oui aussitôt sui
1710 par leur oui hésitant, par ce oui aussitôt suivi d’ un peut-être et d’une vingtaine de si. Car en réalité, et malgré tant
1711 tant, par ce oui aussitôt suivi d’un peut-être et d’ une vingtaine de si. Car en réalité, et malgré tant de belles paroles
1712 aussitôt suivi d’un peut-être et d’une vingtaine de si. Car en réalité, et malgré tant de belles paroles officielles, que
1713 ns plus que quelques mois pour unifier l’économie européenne , puisque le plan Marshall se termine dans deux ans. Et l’Europe n’en
1714 e le plan Marshall se termine dans deux ans. Et l’ Europe n’en continue pas moins, comme disait récemment Paul Reynaud, à donne
1715 ent Paul Reynaud, à donner le spectacle grotesque de 19 États dont chacun voudrait grimper sur le dos du voisin. Quand nou
1716 isin. Quand nous parlions, nous les fédéralistes, de la nécessité d’une union économique rapide et totale, les experts des
1717 parlions, nous les fédéralistes, de la nécessité d’ une union économique rapide et totale, les experts des gouvernements n
1718 chiffres en main que c’était une utopie, une idée d’ amateurs. Et voici qu’aujourd’hui c’est la plus grande puissance écono
1719 économique du monde, l’Amérique, — et par la voix de son expert numéro un, M. Hoffman, qui vient dire à nos États : « Les
1720 raison, ce sont eux qui montraient la seule voie de salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de
1721 salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de votre absence de vues
1722 Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de votre absence de vues larges et fermes
1723 s de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de votre absence de vues larges et fermes. Unissez-vous et vite, ou alor
1724 , de vos objections tatillonnes, de votre absence de vues larges et fermes. Unissez-vous et vite, ou alors débrouillez-vou
1725 iennent sur vous. » Il y a deux jours, un journal de Paris, et peut-être le plus sérieux, publiait en énorme manchette la
1726 cidentaux, les États-Unis proposeraient un projet de fédération européenne. » Et l’on annonçait que M. Acheson viendrait s
1727 États-Unis proposeraient un projet de fédération européenne . » Et l’on annonçait que M. Acheson viendrait s’en entretenir très pr
1728 te nouvelle y faisait sensation, dans les milieux d’ affaires comme dans les milieux politiques. Et beaucoup de gens disaie
1729 de gens disaient : n’est-il pas humiliant pour l’ Europe que ce soit l’Amérique qui la force à s’unir ? Certes, c’est une humi
1730 te retour. Car, il ne faut pas l’oublier, c’est l’ Europe qui a jadis, contribué à la libération de l’Amérique ; c’est la Franc
1731 t l’Europe qui a jadis, contribué à la libération de l’Amérique ; c’est la France en particulier qui a voulu, contre les A
28 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et Strasbourg (II) (14 novembre 1949)
1732 Demain l’ Europe  ! — La Suisse et Strasbourg (II) (14 novembre 1949) Chers auditeurs
1733 Rien, dans notre neutralité, n’empêche la Suisse d’ entrer au Conseil de l’Europe. Rien, pas un mot, et pas un seul instan
1734 e vous disais récemment, pour le grand étonnement de plusieurs d’entre vous, et je le répète avec la plus vive insistance.
1735 seulement la neutralité n’interdit pas à ce pays de faire partie du Conseil de l’Europe, et d’envoyer des députés à l’Ass
1736 e pays de faire partie du Conseil de l’Europe, et d’ envoyer des députés à l’Assemblée consultative, mais encore, la neutra
1737 sommes tous prêts à défendre, nous fait un devoir de paraître à Strasbourg, et d’y affirmer notre point de vue. Suis-je as
1738 nous fait un devoir de paraître à Strasbourg, et d’ y affirmer notre point de vue. Suis-je assez clair ? Faut-il préciser
1739 out : la Suisse est neutre, elle est donc obligée de se tenir à l’écart pour le moment. Mais je vous dis, et je compte le
1740 té. C’est ce paradoxe apparent que je vais tenter de vous expliquer en cinq minutes. Plusieurs de nos journaux ont déjà ex
1741 nter de vous expliquer en cinq minutes. Plusieurs de nos journaux ont déjà exprimé, non sans mille précautions d’ailleurs,
1742 , et devrait même considérer avec prudence l’idée de s’en rapprocher, peut-être un jour ou l’autre, éventuellement, et pas
1743 e n’aime pas beaucoup cet argument, cette manière de courir lentement après les autres, à seule fin de n’être pas oubliés
1744 de courir lentement après les autres, à seule fin de n’être pas oubliés si jamais l’on partage le gâteau. À supposer que n
1745 on nous demandera sans doute d’autres raisons, et de notre arrivée tardive, et de notre désir d’être « dans le coup ». On
1746 d’autres raisons, et de notre arrivée tardive, et de notre désir d’être « dans le coup ». On nous demandera des raisons po
1747 s, et de notre arrivée tardive, et de notre désir d’ être « dans le coup ». On nous demandera des raisons positives. On nou
1748 mi toutes les nations du continent : c’est l’idée de la neutralité, telle qu’elle la vit et l’a vécue depuis cent ans. Cet
1749 ation surprendra, choquera sans doute les députés européens . Car il faut bien que nous le sachions. En Suisse : notre neutralité
1750 rop vrai — que la neutralité n’est qu’une manière de laisser les autres se battre, et d’amasser des bénéfices à leurs dépe
1751 u’une manière de laisser les autres se battre, et d’ amasser des bénéfices à leurs dépens. Il faut prévoir que si nous appo
1752 Il faut prévoir que si nous apportons cette idée de neutralité, on commencera par nous répondre : — Merci, vous êtes vrai
1753 : ce que nous appelons neutralité, c’est le refus de considérer la guerre comme une solution praticable. Or vous êtes là,
1754 eurs, pour préparer la paix, pour créer une force de paix. Vous le savez bien, ni la Russie ni l’Amérique ne peuvent gagne
1755 détruire sans fin, on ne peut plus s’emparer que de ruines, de cadavres radioactifs. Un bébé mort par la bombe atomique p
1756 ans fin, on ne peut plus s’emparer que de ruines, de cadavres radioactifs. Un bébé mort par la bombe atomique peut faire m
1757 vous ? Nous voyons un moyen, un seul. C’est que l’ Europe fédérée se déclare neutre. Et qu’elle s’arme, en même temps, pour ass
1758 faiblesses pour en faire une grande force capable de dire aux deux camps : pas cela, pas votre guerre, ou pas ici ! Nous s
1759 . Tout cela, bien entendu, ne veut pas dire que l’ Europe fédérée neutre et armée, cesserait de se sentir plus proche des uns q
1760 e que l’Europe fédérée neutre et armée, cesserait de se sentir plus proche des uns que des autres. Pendant la dernière gue
1761 encore moins. Mais nous pensions servir la cause de la démocratie que nous aimons, en préservant pour notre part un îlot
1762 ous aimons, en préservant pour notre part un îlot de liberté contre la guerre, toujours dictatoriale, toujours totalitaire
1763 urs totalitaire. Agrandir cet îlot aux dimensions de l’Europe, ce serait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de
1764 otalitaire. Agrandir cet îlot aux dimensions de l’ Europe , ce serait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de nos enfan
1765 ait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de nos enfants, — et du même coup servir les intérêts profonds des peupl
1766 ême coup servir les intérêts profonds des peuples de Russie et d’Amérique, en contribuant à empêcher leur guerre, qui sera
1767 ir les intérêts profonds des peuples de Russie et d’ Amérique, en contribuant à empêcher leur guerre, qui serait leur perte
1768 t non pas en dépit de sa neutralité, mais à cause d’ elle, — pour essayer d’en faire triompher le principe et de l’étendre
1769 a neutralité, mais à cause d’elle, — pour essayer d’ en faire triompher le principe et de l’étendre à l’Europe entière. En
1770  pour essayer d’en faire triompher le principe et de l’étendre à l’Europe entière. En disant cela, nous serions à la fois
1771 n faire triompher le principe et de l’étendre à l’ Europe entière. En disant cela, nous serions à la fois des Suisses fidèles à
1772 isses fidèles à leur plus forte tradition, et des Européens actifs. Dites-moi, chers auditeurs, ce que vous en pensez. Et dites-l
1773 z-les vers la paix que vous voulez, la paix par l’ Europe fédérée, oui, par l’Europe helvétisée. Au revoir, à lundi prochain.
1774 voulez, la paix par l’Europe fédérée, oui, par l’ Europe helvétisée. Au revoir, à lundi prochain.
29 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Encore notre neutralité (21 novembre 1949)
1775 Demain l’ Europe  ! — Encore notre neutralité (21 novembre 1949) Chers auditeurs, Vou
1776 sujet qui touche le plus les Suisses : je parlais de la neutralité. Et je soutenais ce paradoxe, qui dans le fond n’en est
1777 pas malgré sa séculaire neutralité, mais à cause d’ elle, pour la faire triompher, si possible, sur le plan de l’Europe en
1778 pour la faire triompher, si possible, sur le plan de l’Europe entière. Ce point de vue m’a valu quelques approbations, mai
1779 la faire triompher, si possible, sur le plan de l’ Europe entière. Ce point de vue m’a valu quelques approbations, mais de beau
1780 point de vue m’a valu quelques approbations, mais de beaucoup plus nombreuses objections. Je ne puis y répondre en détail,
1781 s donc les grouper en deux classes, en m’excusant de simplifier les arguments de mes correspondants : je suis forcé de sim
1782 lasses, en m’excusant de simplifier les arguments de mes correspondants : je suis forcé de simplifier aussi les miens. Cer
1783 s arguments de mes correspondants : je suis forcé de simplifier aussi les miens. Certains me reprochent de sembler faire d
1784 implifier aussi les miens. Certains me reprochent de sembler faire de la neutralité un idéal, une sorte d’absolu, valable
1785 es miens. Certains me reprochent de sembler faire de la neutralité un idéal, une sorte d’absolu, valable en soi ; alors qu
1786 embler faire de la neutralité un idéal, une sorte d’ absolu, valable en soi ; alors que la neutralité, disent-ils, n’est ri
1787 ; alors que la neutralité, disent-ils, n’est rien d’ autre qu’une politique, et qu’elle ne peut se justifier que par des co
1788 Je ne le suis pas non plus par idéal. Je parlais d’ une mesure politique, qui me paraît opportune pour l’Europe, champ de
1789 mesure politique, qui me paraît opportune pour l’ Europe , champ de bataille désigné pour une guerre inutile entre l’URSS et le
1790 isine ou à la salle à manger, à l’heure du souper de la famille. En interdisant aux deux grands l’accès de leur champ de b
1791 a famille. En interdisant aux deux grands l’accès de leur champ de bataille européen, en neutralisant toute l’Europe, nous
1792 aux deux grands l’accès de leur champ de bataille européen , en neutralisant toute l’Europe, nous avons une chance de salut. Qu’o
1793 amp de bataille européen, en neutralisant toute l’ Europe , nous avons une chance de salut. Qu’on m’en montre une meilleure, et
1794 eutralisant toute l’Europe, nous avons une chance de salut. Qu’on m’en montre une meilleure, et je veux bien avoir tort. M
1795 e désire s’associer au Conseil de l’Europe, c’est d’ abandonner sa neutralité. Cet abandon ne serait pas un sacrifice offer
1796 e serait pas un sacrifice offert en contre-valeur d’ avantages quelconques, mais un acte de foi en la nouvelle assemblée eu
1797 ntre-valeur d’avantages quelconques, mais un acte de foi en la nouvelle assemblée européenne. » Je suis heureux qu’il y ai
1798 ues, mais un acte de foi en la nouvelle assemblée européenne . » Je suis heureux qu’il y ait chez nous des hommes qui pensent ainsi
1799 ous des hommes qui pensent ainsi. Je suis heureux de découvrir des auditeurs qui vont plus loin que moi, qui veulent aller
1800 Et je serais le bon premier à m’associer à l’acte de foi qu’on nous propose ici. Mais je ne le crois pas politique. La pol
1801 rité du peuple suisse, qu’il consente un tel acte de foi, me paraît impossible dans le très court délai qui nous reste imp
1802 s court délai qui nous reste imparti pour faire l’ Europe . Renoncer à la neutralité nécessiterait une révision de la constituti
1803 noncer à la neutralité nécessiterait une révision de la constitution fédérale. Cette révision nécessiterait un vote du peu
1804 e que pratiquement, si l’on subordonnait l’entrée de la Suisse dans le Conseil de l’Europe à l’abandon de notre neutralité
1805 la Suisse dans le Conseil de l’Europe à l’abandon de notre neutralité, nous n’irions jamais à Strasbourg. Or, il se trouve
1806 éalité, et je le répète, la Suisse n’a pas besoin de modifier un seul mot de son statut de neutralité pour pouvoir adhérer
1807 la Suisse n’a pas besoin de modifier un seul mot de son statut de neutralité pour pouvoir adhérer au Conseil de l’Europe,
1808 pas besoin de modifier un seul mot de son statut de neutralité pour pouvoir adhérer au Conseil de l’Europe, ce dernier, n
1809 bourg, tout de suite, sans condition, sans régime de faveur, mais qu’elle y aille avec l’intention nette de défendre devan
1810 veur, mais qu’elle y aille avec l’intention nette de défendre devant l’Assemblée l’idée de la neutralité européenne. Perso
1811 ntion nette de défendre devant l’Assemblée l’idée de la neutralité européenne. Personne ne peut savoir si nous réussirions
1812 fendre devant l’Assemblée l’idée de la neutralité européenne . Personne ne peut savoir si nous réussirions. Je vous le disais lundi
1813 sirions. Je vous le disais lundi dernier : l’idée de neutralité n’est pas bien vue chez la plupart de nos voisins. Nous au
1814 e nos voisins. Nous aurions à combattre une masse de préjugés, qui existent aussi chez nous, je ne le sais que trop. Et no
1815 ut, que la neutralité proposée n’est pas un idéal de bourgeois en pantoufles, mais une mesure de sagesse politique, une ch
1816 idéal de bourgeois en pantoufles, mais une mesure de sagesse politique, une chance au moins de sauver l’avenir de l’Europe
1817 mesure de sagesse politique, une chance au moins de sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou d’empêcher la guerre d
1818 politique, une chance au moins de sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou d’empêcher la guerre des Blocs. Tenter ce
1819 ique, une chance au moins de sauver l’avenir de l’ Europe , et de retarder ou d’empêcher la guerre des Blocs. Tenter cette chanc
1820 hance au moins de sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou d’empêcher la guerre des Blocs. Tenter cette chance, cour
1821 de sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou d’ empêcher la guerre des Blocs. Tenter cette chance, courir ce risque po
1822 e, courir ce risque pour la paix, me paraît digne de nos traditions, et parfaitement possible à bref délai. J’invite donc
1823 i. J’invite donc les fédéralistes qui font partie de notre mouvement à propager autour d’eux cette idée, préparant ainsi l
1824 font partie de notre mouvement à propager autour d’ eux cette idée, préparant ainsi l’opinion pour l’entrée de la Suisse à
1825 tte idée, préparant ainsi l’opinion pour l’entrée de la Suisse à Strasbourg. L’opinion, j’y reviens toujours ! Car c’est e
30 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les suites de Strasbourg (28 novembre 1949)
1826 Demain l’ Europe  ! — Les suites de Strasbourg (28 novembre 1949) Chers auditeurs, Me
1827 Demain l’Europe ! — Les suites de Strasbourg (28 novembre 1949) Chers auditeurs, Mes trois dernières
1828 ernières chroniques ont été consacrées à l’examen de la position de la Suisse à l’égard du Conseil de l’Europe. Il était s
1829 ques ont été consacrées à l’examen de la position de la Suisse à l’égard du Conseil de l’Europe. Il était sans doute néces
1830 nseil de l’Europe. Il était sans doute nécessaire d’ aborder franchement cette question, et les lettres que j’ai reçues me
1831 nt, quel que soit l’intérêt — pour nous brûlant —  de notre situation particulière — et je me permets de remarquer en passa
1832 e notre situation particulière — et je me permets de remarquer en passant que chacun de nos pays européens estime sa situa
1833 je me permets de remarquer en passant que chacun de nos pays européens estime sa situation particulière, et digne d’atten
1834 ts de remarquer en passant que chacun de nos pays européens estime sa situation particulière, et digne d’attentions spéciales ! —
1835 opéens estime sa situation particulière, et digne d’ attentions spéciales ! — le monde a continué de tourner pendant ce tem
1836 ne d’attentions spéciales ! — le monde a continué de tourner pendant ce temps-là, et les événements de se suivre, et il es
1837 de tourner pendant ce temps-là, et les événements de se suivre, et il est temps, je crois, de résumer rapidement les dével
1838 énements de se suivre, et il est temps, je crois, de résumer rapidement les développements récents de notre aventure europ
1839 de résumer rapidement les développements récents de notre aventure européenne. Je ne sais si vous aurez remarqué qu’il n’
1840 ment les développements récents de notre aventure européenne . Je ne sais si vous aurez remarqué qu’il n’est plus possible d’ouvrir
1841 si vous aurez remarqué qu’il n’est plus possible d’ ouvrir un journal, depuis quelques semaines, sans y trouver un article
1842 ssemblée de Strasbourg. Je ne parle pas seulement de notre presse suisse, mais aussi de la presse française, britannique,
1843 pas seulement de notre presse suisse, mais aussi de la presse française, britannique, belge, allemande, et même de la pre
1844 française, britannique, belge, allemande, et même de la presse d’outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économiqu
1845 itannique, belge, allemande, et même de la presse d’ outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économique américaine,
1846 la presse d’outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économique américaine, ou du problème allemand, ou de l’attitu
1847 conomique américaine, ou du problème allemand, ou de l’attitude si controversée des Britanniques, on a pris l’habitude de
1848 ntroversée des Britanniques, on a pris l’habitude de se référer à Strasbourg ; Strasbourg est devenu un point de repère, e
1849 rer à Strasbourg ; Strasbourg est devenu un point de repère, et je dirai même un symbole. J’entendais l’autre soir la radi
1850 o française annoncer que M. Robert Schuman venait d’ interrompre les débats de politique étrangère, à la Chambre, pour décl
1851 M. Robert Schuman venait d’interrompre les débats de politique étrangère, à la Chambre, pour déclarer que son gouvernement
1852 ec l’Allemagne, était prêt à soutenir l’admission de ce pays dans le Conseil de l’Europe. Certes, la nouvelle était import
1853 , quoique prévue. Mais ce qui m’a frappé, c’était de constater que le Conseil de l’Europe est désormais devenu une pièce c
1854 ais devenu une pièce considérable sur l’échiquier de la politique des grandes nations, et que la chose a même l’air d’alle
1855 des grandes nations, et que la chose a même l’air d’ aller de soi. Et pourtant, si je me reporte à notre congrès de La Haye
1856 oi. Et pourtant, si je me reporte à notre congrès de La Haye, il y a un an et demi, quel chemin parcouru ! Alors, les quel
1857 s quelques fédéralistes qui osaient lancer l’idée d’ une Assemblée consultative et d’un Conseil de l’Europe, passaient pour
1858 ent lancer l’idée d’une Assemblée consultative et d’ un Conseil de l’Europe, passaient pour des excités totalement dépourvu
1859 au mépris des méthodes éprouvées — nous disait-on d’ un air pompeux et doctoral — vous allez compromettre une cause généreu
1860 irait pas bien loin si l’on en croyait la sagesse de certains éditorialistes, et leur goût des méthodes soi-disant « éprou
1861 ié, et la preuve : c’est que notre utopie du mois de mai 1948, le Conseil de l’Europe, existe bel et bien, et que l’Assemb
1862 s pratiques qu’on peut attendre des délibérations de Strasbourg ? La réponse n’est pas compliquée. Les suites pratiques ne
1863 gouvernements, l’Assemblée n’ayant pour le moment d’ autre pouvoir que celui de proposer, tandis que les États disposent. O
1864 n’ayant pour le moment d’autre pouvoir que celui de proposer, tandis que les États disposent. Or les États se font tirer
1865 sont résignés à faire quelque chose dans le sens d’ une union économique, au conseil de l’OECE, lorsque M. Hoffman, direct
1866 e dans le sens d’une union économique, au conseil de l’OECE, lorsque M. Hoffman, directeur du plan Marshall, les y a ferme
1867 fait est là : presque toutes les recommandations de l’Assemblée de Strasbourg ont été soit refusées par les 13 ministres,
1868 les 13 ministres, soit renvoyées pour supplément d’ études à divers organismes plus ou moins somnolents, ou mal disposés.
1869 omité des ministres s’est opposé à la convocation de commissions permanentes de l’Assemblée, travaillant entre les session
1870 pposé à la convocation de commissions permanentes de l’Assemblée, travaillant entre les sessions. Mais la riposte de l’Ass
1871 , travaillant entre les sessions. Mais la riposte de l’Assemblée ne s’est pas fait attendre. Au lendemain de la publicatio
1872 ssemblée ne s’est pas fait attendre. Au lendemain de la publication des décisions toutes négatives du du comité ministérie
1873 il est le président. Et la commission permanente de l’Assemblée, qu’anime et préside M. Spaak, a fait entendre qu’elle ne
1874 vetos des 13 ministres. C’est donc à une épreuve de force entre l’Assemblée et le Comité des ministres que nous assistons
1875 nera parce qu’elle aura, de plus en plus, l’appui de l’opinion publique européenne. Vous le voyez : j’en reviens toujours
1876 a, de plus en plus, l’appui de l’opinion publique européenne . Vous le voyez : j’en reviens toujours à l’opinion, car c’est la forc
1877 ujours à l’opinion, car c’est la force principale de nos libres démocraties. Et si je n’y croyais pas, je ne vous parlerai
1878 ’opinion en chœur clamera : « Oui, nous voulons l’ Europe unie ! » C’est à la formation de cette opinion, et au réveil du senti
1879 us voulons l’Europe unie ! » C’est à la formation de cette opinion, et au réveil du sentiment européen que les fédéraliste
1880 ation de cette opinion, et au réveil du sentiment européen que les fédéralistes voueront tous leurs efforts pendant les mois qui
1881 t — , va se tenir, sous les auspices du Mouvement européen , une Conférence européenne de la culture. Je vous dirai, lundi procha
1882 es auspices du Mouvement européen, une Conférence européenne de la culture. Je vous dirai, lundi prochain, comment cette manifesta
1883 du Mouvement européen, une Conférence européenne de la culture. Je vous dirai, lundi prochain, comment cette manifestatio
1884 , comment cette manifestation peut contribuer, et d’ une manière peut-être décisive, au réveil nécessaire de la conscience
1885 manière peut-être décisive, au réveil nécessaire de la conscience européenne. Et je vous dirai les deux ou trois raisons
1886 e décisive, au réveil nécessaire de la conscience européenne . Et je vous dirai les deux ou trois raisons précises qui font que je
1887 précises qui font que je suis certain qu’au mois de décembre, on parlera dans le monde entier de ce qui sera dit et décid
1888 mois de décembre, on parlera dans le monde entier de ce qui sera dit et décidé dans la capitale vaudoise. Au revoir, à lun
31 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Conférence européenne de la culture (5 décembre 1949)
1889 Demain l’ Europe  ! — La Conférence européenne de la culture (5 décembre 1949) Chers
1890 Demain l’Europe ! — La Conférence européenne de la culture (5 décembre 1949) Chers auditeurs, Dans trois jours,
1891 Demain l’Europe ! — La Conférence européenne de la culture (5 décembre 1949) Chers auditeurs, Dans trois jours, à L
1892 trois jours, à Lausanne, s’ouvrira la Conférence européenne de la culture. Ce n’est pas un congrès de plus. C’est une étape bien
1893 s, à Lausanne, s’ouvrira la Conférence européenne de la culture. Ce n’est pas un congrès de plus. C’est une étape bien déf
1894 gne que conduit, depuis deux ans, notre Mouvement européen . Nous avions décidé d’agir dans 4 domaines différents. Politiquement,
1895 ans, notre Mouvement européen. Nous avions décidé d’ agir dans 4 domaines différents. Politiquement, nous avons obtenu un p
1896 domaine économique, nous avons convoqué, au mois d’ avril dernier, une Conférence d’experts à Londres. Dans le domaine soc
1897 convoqué, au mois d’avril dernier, une Conférence d’ experts à Londres. Dans le domaine social, nous préparons avec les che
1898 vec les chefs des syndicats patronaux et ouvriers de toute l’Europe, un congrès qui aura lieu à Rome. Restait le domaine d
1899 fs des syndicats patronaux et ouvriers de toute l’ Europe , un congrès qui aura lieu à Rome. Restait le domaine de la culture. C
1900 congrès qui aura lieu à Rome. Restait le domaine de la culture. C’est à Lausanne que nous avons choisi de réunir une conf
1901 a culture. C’est à Lausanne que nous avons choisi de réunir une conférence qui doit donner aux intellectuels de 20 pays le
1902 une conférence qui doit donner aux intellectuels de 20 pays le signal de la lutte pour l’Europe fédérée. Vous vous direz
1903 oit donner aux intellectuels de 20 pays le signal de la lutte pour l’Europe fédérée. Vous vous direz sans doute que la cul
1904 llectuels de 20 pays le signal de la lutte pour l’ Europe fédérée. Vous vous direz sans doute que la culture, c’est moins série
1905 vous intéresse tous, directement, dans la réalité de chacune de vos vies. Car la culture, au sens européen, ce n’est pas s
1906 sse tous, directement, dans la réalité de chacune de vos vies. Car la culture, au sens européen, ce n’est pas seulement le
1907 é de chacune de vos vies. Car la culture, au sens européen , ce n’est pas seulement les livres et les professeurs, c’est aussi to
1908 s et les professeurs, c’est aussi tout l’ensemble de nos techniques, des découvertes scientifiques dont vivent des million
1909 écouvertes scientifiques dont vivent des millions d’ ouvriers, des procédés de construction et de transport, des progrès de
1910 dont vivent des millions d’ouvriers, des procédés de construction et de transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseig
1911 lions d’ouvriers, des procédés de construction et de transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseignement. C’est enfin
1912 édés de construction et de transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos
1913 tion et de transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos richesses, de no
1914 de l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos richesses, de nos institutions, de tout ce qui a fait du continen
1915 . C’est enfin la source directe de nos richesses, de nos institutions, de tout ce qui a fait du continent européen autre c
1916 ce directe de nos richesses, de nos institutions, de tout ce qui a fait du continent européen autre chose qu’un « cap de l
1917 institutions, de tout ce qui a fait du continent européen autre chose qu’un « cap de l’Asie » — ce qu’il est physiquement, maté
1918 tériellement, ce qu’il serait resté sans l’esprit d’ invention et sans la foi et sans le génie des hommes qui ont édifié no
1919 C’est tout cela, c’est l’esprit qui peut sauver l’ Europe dans la crise décisive qu’elle traverse. Les efforts pour la reconstr
1920 en politique et en économie, resteront vains si l’ Europe ne retrouve pas une volonté de vivre, de guérir, et de rassembler à c
1921 ont vains si l’Europe ne retrouve pas une volonté de vivre, de guérir, et de rassembler à cette fin ses énergies morales e
1922 si l’Europe ne retrouve pas une volonté de vivre, de guérir, et de rassembler à cette fin ses énergies morales et intellec
1923 retrouve pas une volonté de vivre, de guérir, et de rassembler à cette fin ses énergies morales et intellectuelles. Révei
1924 conscience commune des pays libres, le sentiment de notre commune appartenance à une culture qui a fait notre grandeur, e
1925 tre grandeur, et qui reste pour nous le sens même de la vie, voilà la condition première, sine qua non, de toute renaissan
1926 a vie, voilà la condition première, sine qua non, de toute renaissance européenne. Tandis que s’esquissent à Strasbourg le
1927 tion première, sine qua non, de toute renaissance européenne . Tandis que s’esquissent à Strasbourg les cadres politiques d’une Eur
1928 e s’esquissent à Strasbourg les cadres politiques d’ une Europe fédérée, il est grand temps de définir le sens humain et sp
1929 quissent à Strasbourg les cadres politiques d’une Europe fédérée, il est grand temps de définir le sens humain et spirituel de
1930 litiques d’une Europe fédérée, il est grand temps de définir le sens humain et spirituel de cette action, la vocation part
1931 rand temps de définir le sens humain et spirituel de cette action, la vocation particulière, dans le monde moderne, de not
1932 la vocation particulière, dans le monde moderne, de notre communauté européenne. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaie
1933 lière, dans le monde moderne, de notre communauté européenne . Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaierons de dire, en termes simp
1934 nne. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaierons de dire, en termes simples et frappants, simples et clairs comme un cri
1935 ples et frappants, simples et clairs comme un cri de ralliement, simples et clairs comme un feu dans la nuit. Ce n’est pas
1936 un feu dans la nuit. Ce n’est pas tout. Ce signal de réveil lancé au monde de la culture doit entraîner immédiatement une
1937 ’est pas tout. Ce signal de réveil lancé au monde de la culture doit entraîner immédiatement une volonté d’action commune.
1938 culture doit entraîner immédiatement une volonté d’ action commune. Pratiquement, que faut-il attendre de Lausanne ? Un si
1939 ction commune. Pratiquement, que faut-il attendre de Lausanne ? Un simple rappel des misères et des périls qui nous menace
1940 ir notre programme. Vous savez qu’aujourd’hui, en Europe , des dizaines de barrières douanières s’opposent à la circulation des
1941 ous savez qu’aujourd’hui, en Europe, des dizaines de barrières douanières s’opposent à la circulation des instruments de c
1942 ières s’opposent à la circulation des instruments de culture et des personnes, des livres et des étudiants, des films, des
1943 iants, des films, des œuvres d’art, des appareils de sciences. Nous demanderons aux gouvernements de supprimer toutes les
1944 s de sciences. Nous demanderons aux gouvernements de supprimer toutes les entraves, héritage honteux de la guerre. Nous de
1945 e supprimer toutes les entraves, héritage honteux de la guerre. Nous demanderons aussi l’institution d’un Centre européen
1946 e la guerre. Nous demanderons aussi l’institution d’ un Centre européen de la culture, — qui existe en germe à Genève, mais
1947 s les écoles du continent donnent un enseignement européen , de l’université jusqu’aux écoles primaires — afin que dans l’esprit
1948 es du continent donnent un enseignement européen, de l’université jusqu’aux écoles primaires — afin que dans l’esprit des
1949 l’esprit des jeunes et des enfants, le sentiment de la grande famille que nous formons, en dépit de nos frontières, devie
1950 bruit dans le monde. L’un des plus grands esprits de notre temps, l’égal d’Einstein, si j’en crois les savants, le prince
1951 un des plus grands esprits de notre temps, l’égal d’ Einstein, si j’en crois les savants, le prince Louis de Broglie, prix
1952 s savants, le prince Louis de Broglie, prix Nobel de physique, proposera au congrès la création d’un Centre européen des r
1953 bel de physique, proposera au congrès la création d’ un Centre européen des recherches atomiques, consacré uniquement à des
1954 que, proposera au congrès la création d’un Centre européen des recherches atomiques, consacré uniquement à des buts pacifiques,
1955 buts pacifiques, à la médecine, au développement de l’industrie. Aucun de nos pays n’est assez riche pour entretenir un p
1956 médecine, au développement de l’industrie. Aucun de nos pays n’est assez riche pour entretenir un pareil centre de puissa
1957 ’est assez riche pour entretenir un pareil centre de puissance, mais tous ensemble fédérés, nous y arriverons. Et l’Europe
1958 is tous ensemble fédérés, nous y arriverons. Et l’ Europe , ce jour-là, pourra parler ! Voici, chers auditeurs, ce que nous devo
1959 ici, chers auditeurs, ce que nous devons attendre de la conférence de Lausanne. Il y aura des discours, bien sûr : M. Ette
1960 urs, ce que nous devons attendre de la conférence de Lausanne. Il y aura des discours, bien sûr : M. Etter, Conseiller féd
1961 iront le congrès, jeudi, le 8 décembre au Théâtre de Lausanne. Mais il y aura surtout pendant 5 jours, le travail en commu
1962 ura surtout pendant 5 jours, le travail en commun de 200 hommes de science, professeurs, écrivains, éducateurs, pour mettr
1963 ndant 5 jours, le travail en commun de 200 hommes de science, professeurs, écrivains, éducateurs, pour mettre au point que
1964 ’Europe, et les gouvernements, même les plus durs d’ oreille, seront forcés cette fois d’écouter et d’entendre. Soyons fier
1965 les plus durs d’oreille, seront forcés cette fois d’ écouter et d’entendre. Soyons fiers que la Suisse accueille ce beau co
1966 d’oreille, seront forcés cette fois d’écouter et d’ entendre. Soyons fiers que la Suisse accueille ce beau congrès de la c
1967 ons fiers que la Suisse accueille ce beau congrès de la conscience européenne. Et merci à tous les Lausannois qui ont donn
1968 Suisse accueille ce beau congrès de la conscience européenne . Et merci à tous les Lausannois qui ont donné leur temps et leur cœur
1969 arer cette manifestation, permettant à notre pays de prendre sa part, la plus noble, dans la renaissance du continent. Au
32 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Optimistes et pessimistes (19 décembre 1949)
1970 Demain l’ Europe  ! — Optimistes et pessimistes (19 décembre 1949) Chers auditeurs !
1971 , ce soir, des résultats pratiques auxquels vient d’ aboutir le congrès de la culture, à Lausanne. Certes, ces résultats so
1972 ats pratiques auxquels vient d’aboutir le congrès de la culture, à Lausanne. Certes, ces résultats sont importants. Ils on
1973 mblé l’attente des organisateurs. Mais plutôt que de les énumérer en termes nécessairement techniques ou trop rapides, j’a
1974 le moment où, l’une après l’autre, les décisions de Lausanne se traduiront en faits, en institutions établies. Aujourd’hu
1975 plus directement humain : celui du pessimisme ou de l’optimisme devant l’Europe, devant le monde de demain. Les débats de
1976  : celui du pessimisme ou de l’optimisme devant l’ Europe , devant le monde de demain. Les débats de Lausanne se sont ouverts « 
1977 u de l’optimisme devant l’Europe, devant le monde de demain. Les débats de Lausanne se sont ouverts « sous le signe », com
1978 t l’Europe, devant le monde de demain. Les débats de Lausanne se sont ouverts « sous le signe », comme on dit, d’un échang
1979 se sont ouverts « sous le signe », comme on dit, d’ un échange de lettres parues le matin même dans un journal vaudois, et
1980 rts « sous le signe », comme on dit, d’un échange de lettres parues le matin même dans un journal vaudois, et qui opposait
1981 elatif que je crois être. « Vous voulez fédérer l’ Europe , m’écrivait Virgil Gheorghiu, l’auteur fameux de la Vingt-Cinquième H
1982 ope, m’écrivait Virgil Gheorghiu, l’auteur fameux de la Vingt-Cinquième Heure, mais c’est trop tard, il n’y a plus d’Europ
1983 quième Heure, mais c’est trop tard, il n’y a plus d’ Europe. Les Russes et les Américains l’ont déjà partagée. Ils vont la
1984 ième Heure, mais c’est trop tard, il n’y a plus d’ Europe . Les Russes et les Américains l’ont déjà partagée. Ils vont la fédére
1985 ée. Ils vont la fédérer, à leur manière, et votre Europe n’est plus qu’une illusion. » Je lui répondais : « Non, soyons sérieu
1986 e lui répondais : « Non, soyons sérieux. Si notre Europe vraiment n’existait plus, vous n’auriez même pas le droit de le dire
1987 n’existait plus, vous n’auriez même pas le droit de le dire et, encore moins, de le publier. Venez donc à Lausanne, et vo
1988 ez même pas le droit de le dire et, encore moins, de le publier. Venez donc à Lausanne, et vous verrez l’Europe, cette pos
1989 publier. Venez donc à Lausanne, et vous verrez l’ Europe , cette possibilité de parler librement, de chercher librement la véri
1990 sanne, et vous verrez l’Europe, cette possibilité de parler librement, de chercher librement la vérité, sans souci de la p
1991 l’Europe, cette possibilité de parler librement, de chercher librement la vérité, sans souci de la police politique ni d’
1992 ment, de chercher librement la vérité, sans souci de la police politique ni d’un rendement matériel immédiat. » Gheorghiu
1993 t la vérité, sans souci de la police politique ni d’ un rendement matériel immédiat. » Gheorghiu répétait : les jeux sont f
1994 dresser la situation — à condition, bien entendu, de ne pas perdre ces derniers moments à pleurer qu’ils soient les dernie
1995 quelque chose : tant va la paix, tant va l’espoir européen  ! et c’est même là le vrai ressort de notre action. Cette discussion
1996 spoir européen ! et c’est même là le vrai ressort de notre action. Cette discussion ouverte, d’ailleurs fort amicale, a pr
1997 sion ouverte, d’ailleurs fort amicale, a provoqué d’ assez vives réactions dans l’opinion de plusieurs pays, et tout d’abor
1998 a provoqué d’assez vives réactions dans l’opinion de plusieurs pays, et tout d’abord dans notre conférence. M. Spaak s’est
1999 ak s’est élevé avec vivacité contre le défaitisme de l’écrivain roumain. Celui-ci, malgré tout, était venu à Lausanne. Sa
2000 ait la preuve qu’il espérait encore quelque chose de l’Europe, de ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme d
2001 a preuve qu’il espérait encore quelque chose de l’ Europe , de ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme de la conf
2002 qu’il espérait encore quelque chose de l’Europe, de ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme de la conféren
2003 quelque chose de l’Europe, de ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme de la conférence, un journaliste lui
2004 qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme de la conférence, un journaliste lui ayant demandé s’il pensait encore q
2005 re, je crois que cette conférence ne peut manquer d’ avoir une portée considérable. » Mais pour un pessimiste converti, par
2006 onverti, parce qu’il a suivi nos travaux, combien de millions de sceptiques vivent encore en Europe ? Comment être optimis
2007 ce qu’il a suivi nos travaux, combien de millions de sceptiques vivent encore en Europe ? Comment être optimiste, quand on
2008 ombien de millions de sceptiques vivent encore en Europe  ? Comment être optimiste, quand on y songe ? Le suis-je encore, ou da
2009 ots, m’expliquer sur ce point. Quand je vois tant d’ Européens dormir à poings fermés au bord du gouffre ; quand je vois le
2010 s, m’expliquer sur ce point. Quand je vois tant d’ Européens dormir à poings fermés au bord du gouffre ; quand je vois les objecti
2011 illonnes et mesquines qu’ils opposent aux efforts de ceux qui veillent pour eux ; quand je vois les ragots, les calomnies
2012 faire pour y échapper ; quand je les vois traiter d’ utopistes ceux qui indiquent la seule voie praticable de salut — vous
2013 istes ceux qui indiquent la seule voie praticable de salut — vous l’avouerais-je ? je me sens parfois tenté de leur dire :
2014 — vous l’avouerais-je ? je me sens parfois tenté de leur dire : dormez en paix ! La police politique ou la bombe vous rév
2015 et si, depuis 20 ans, ma devise n’était pas celle de Guillaume le Taciturne : Point n’est besoin d’espérer pour entreprend
2016 le de Guillaume le Taciturne : Point n’est besoin d’ espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Personne ne
2017 oint n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Personne ne peut dire aujourd’hui si l’Europ
2018 ersévérer. Personne ne peut dire aujourd’hui si l’ Europe sera sauvée, c’est-à-dire fédérée, par la volonté libre des Européens
2019 e, c’est-à-dire fédérée, par la volonté libre des Européens , en dépit de l’inertie et de la frivolité de nos masses et de nos éli
2020 nté libre des Européens, en dépit de l’inertie et de la frivolité de nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savo
2021 ropéens, en dépit de l’inertie et de la frivolité de nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savoir, car les chan
2022 de l’inertie et de la frivolité de nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savoir, car les chances sont égales.
2023 able que prononçait en clôturant notre conférence de Lausanne son président, Salvador de Madariaga : — Si l’Europe doit pé
2024 nne son président, Salvador de Madariaga : — Si l’ Europe doit périr, que ce soit au moins une injustice ! Rien n’est perdu, bi
2025 Lausanne a marqué une étape vers la construction de l’Europe, c’est-à-dire une paix libre et juste. Rien n’est perdu, tan
2026 anne a marqué une étape vers la construction de l’ Europe , c’est-à-dire une paix libre et juste. Rien n’est perdu, tant qu’il s
2027 ur nier leur fatalité. On vous demande simplement d’ avoir confiance, de consentir les sacrifices locaux qui seront sans do
2028 té. On vous demande simplement d’avoir confiance, de consentir les sacrifices locaux qui seront sans doute nécessaires au
2029 locaux qui seront sans doute nécessaires au bien de l’ensemble, de ne pas attendre que le voisin comprenne, et de ne pas
2030 ont sans doute nécessaires au bien de l’ensemble, de ne pas attendre que le voisin comprenne, et de ne pas vous ranger par
2031 e, de ne pas attendre que le voisin comprenne, et de ne pas vous ranger par inertie, dans le camp du désespoir facile, du
2032 s le camp du désespoir facile, du cynisme nigaud, de la défaite sans gloire. Ce qui est acquis déjà permet un raisonnable
2033 is déjà permet un raisonnable espoir. J’essaierai de vous le montrer lundi prochain, en dressant un bilan provisoire de no
2034 r lundi prochain, en dressant un bilan provisoire de notre action fédéraliste depuis un an. Au revoir, chers auditeurs, jo
33 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Bilan 1949 (26 décembre 1949)
2035 Demain l’ Europe  ! — Bilan 1949 (26 décembre 1949) Chers auditeurs, Voici la semaine
2036 nellement, chacun se [illisible] à faire le bilan de l’an qui passe. Commençons donc ce soir par le bilan de l’Europe, pui
2037 n qui passe. Commençons donc ce soir par le bilan de l’Europe, puisqu’elle est le cadre de nos existences, et que le sort
2038 passe. Commençons donc ce soir par le bilan de l’ Europe , puisqu’elle est le cadre de nos existences, et que le sort de chacun
2039 ar le bilan de l’Europe, puisqu’elle est le cadre de nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De s
2040 le est le cadre de nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté p
2041 cadre de nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté pour vous l
2042 et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté pour vous les progrès du grand œuvr
2043 menté pour vous les progrès du grand œuvre commun d’ union des peuples et des élites, et quand on suit une action pas à pas
2044 n. Mais prenons les choses de plus haut, essayons d’ embrasser d’un coup d’œil le chemin parcouru depuis un an. Que voyons-
2045 ons les choses de plus haut, essayons d’embrasser d’ un coup d’œil le chemin parcouru depuis un an. Que voyons-nous ? Au dé
2046 parcouru depuis un an. Que voyons-nous ? Au début de janvier, rien n’était fait. Bien plus, il semblait que les efforts du
2047 en plus, il semblait que les efforts du Mouvement européen aboutissaient à un échec total. Une commission d’experts de dix-huit
2048 en aboutissaient à un échec total. Une commission d’ experts de dix-huit membres, nommés par les gouvernements à la demande
2049 saient à un échec total. Une commission d’experts de dix-huit membres, nommés par les gouvernements à la demande de notre
2050 embres, nommés par les gouvernements à la demande de notre Mouvement venait d’enterrer proprement le projet d’un Conseil d
2051 vernements à la demande de notre Mouvement venait d’ enterrer proprement le projet d’un Conseil de l’Europe. Les Anglais re
2052 Mouvement venait d’enterrer proprement le projet d’ un Conseil de l’Europe. Les Anglais refusaient tout, et nous savions p
2053 t nous savions pourtant qu’on ne peut pas faire l’ Europe sans eux. Et puis soudain, le 28 janvier, Bevin céda. Un modeste comm
2054 céda. Un modeste communiqué annonça qu’un accord de principe était acquis. Le 5 mai, les ambassadeurs de 10 nations signa
2055 principe était acquis. Le 5 mai, les ambassadeurs de 10 nations signaient à Londres, le Statut du Conseil de l’Europe. Le
2056 0 août s’ouvrait à Strasbourg la première session de l’Assemblée consultative européenne. Elle se terminait par le vote d’
2057 g la première session de l’Assemblée consultative européenne . Elle se terminait par le vote d’une série de recommandations qui fur
2058 ltative européenne. Elle se terminait par le vote d’ une série de recommandations qui furent transmises aux 13 États forman
2059 péenne. Elle se terminait par le vote d’une série de recommandations qui furent transmises aux 13 États formant le Conseil
2060 aux 13 États formant le Conseil. Et puis, au mois de novembre, un brusque coup d’arrêt interrompait ce beau progrès : les
2061 il. Et puis, au mois de novembre, un brusque coup d’ arrêt interrompait ce beau progrès : les ministres réunis à Paris, opp
2062 ient un veto plus ou moins déguisé aux desiderata de l’Assemblée. Mais celle-ci décidait de passer outre, et de poursuivre
2063 desiderata de l’Assemblée. Mais celle-ci décidait de passer outre, et de poursuivre des travaux. D’un certain point de vue
2064 mblée. Mais celle-ci décidait de passer outre, et de poursuivre des travaux. D’un certain point de vue donc, on pourrait c
2065 it de passer outre, et de poursuivre des travaux. D’ un certain point de vue donc, on pourrait croire qu’après un an, nous
2066 cela signifie pratiquement que l’opinion publique européenne dispose d’un moyen de pression, d’une institution régulière, devant l
2067 quement que l’opinion publique européenne dispose d’ un moyen de pression, d’une institution régulière, devant laquelle l’o
2068 l’opinion publique européenne dispose d’un moyen de pression, d’une institution régulière, devant laquelle l’obstination
2069 blique européenne dispose d’un moyen de pression, d’ une institution régulière, devant laquelle l’obstination même d’un Bev
2070 ion régulière, devant laquelle l’obstination même d’ un Bevin devra céder un jour ou l’autre, comme elle a cédé plus d’une
2071 céder un jour ou l’autre, comme elle a cédé plus d’ une fois. Toute la question est de savoir si l’on pourra le faire céde
2072 lle a cédé plus d’une fois. Toute la question est de savoir si l’on pourra le faire céder à temps. Car le temps presse. Tr
2073 rité et la prospérité. C’est ce que n’a pas cessé de répéter, depuis un an, notre Mouvement européen. Il l’a répété et pro
2074 s cessé de répéter, depuis un an, notre Mouvement européen . Il l’a répété et prouvé à son congrès politique de Bruxelles, en fév
2075 . Il l’a répété et prouvé à son congrès politique de Bruxelles, en février ; à son congrès économique de Westminster, en a
2076 Bruxelles, en février ; à son congrès économique de Westminster, en avril ; enfin, à son congrès culturel de Lausanne, en
2077 minster, en avril ; enfin, à son congrès culturel de Lausanne, en décembre. Sans lui, sans son action persévérante sur l’o
2078 remière prise sur la réalité. Voilà donc le bilan de notre année de luttes : à l’actif, le Conseil de l’Europe, au passif,
2079 ur la réalité. Voilà donc le bilan de notre année de luttes : à l’actif, le Conseil de l’Europe, au passif, la résistance
2080 très bien ce que beaucoup vont penser : le bilan de 1949, c’est le bilan d’une série de parlottes. Là-dessus, j’ai trois
2081 up vont penser : le bilan de 1949, c’est le bilan d’ une série de parlottes. Là-dessus, j’ai trois remarques à vous soumett
2082 er : le bilan de 1949, c’est le bilan d’une série de parlottes. Là-dessus, j’ai trois remarques à vous soumettre. La premi
2083 e ceux qui n’aiment pas qu’on parle feraient bien de se taire, logiquement, au lieu de nous expliquer à longueur de journé
2084 logiquement, au lieu de nous expliquer à longueur de journée qu’il faut agir, et ce sont eux qui ne font rien. La seconde
2085 dans un syndicat, on ne peut pas dresser un plan d’ action sans le discuter en équipe — et c’est bien ce que nous avons fa
2086 rès. Et ma troisième remarque, c’est une citation de l’Évangile : Au commencement était le Verbe. C’est une Parole qui a c
2087 st-ce qu’on nomme une parlotte ? C’est un échange de phrases ou de discours qui n’est suivi d’aucun effet. Or nos congrès
2088 mme une parlotte ? C’est un échange de phrases ou de discours qui n’est suivi d’aucun effet. Or nos congrès ont abouti à d
2089 échange de phrases ou de discours qui n’est suivi d’ aucun effet. Or nos congrès ont abouti à des créations importantes : l
2090 Tandis que ceux qui nous critiquent ne font rien d’ autre que parler : vous voyez que la parlotte n’est pas toujours où l’
2091 eront que parlottes, si elles ne sont pas suivies d’ effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi, de vous surtout, qu’el
2092 nt pas suivies d’effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi, de vous surtout, qu’elles se transforment en action. C’es
2093 d’effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi, de vous surtout, qu’elles se transforment en action. C’est sur ce vœu, s
34 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Bon demi-siècle ! (2 janvier 1950)
2094 Demain l’ Europe  ! — Bon demi-siècle ! (2 janvier 1950) Chers auditeurs, Vous venez
2095  ! (2 janvier 1950) Chers auditeurs, Vous venez d’ émettre et d’enregistrer, ces jours derniers, un nombre incalculable d
2096 1950) Chers auditeurs, Vous venez d’émettre et d’ enregistrer, ces jours derniers, un nombre incalculable de vœux de bon
2097 strer, ces jours derniers, un nombre incalculable de vœux de bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattr
2098 es jours derniers, un nombre incalculable de vœux de bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattrape, car
2099 culable de vœux de bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattrape, car, en effet, ce que je voudrais vou
2100 n bon demi-siècle, pour une bonne deuxième manche de xx e siècle. Mais vous le savez aussi bien que moi, les vœux que nous
2101 que moi, les vœux que nous échangeons le Premier de l’an, comme on se dit bonjour chaque matin, n’ont pas la moindre chan
2102 bonjour chaque matin, n’ont pas la moindre chance de se réaliser, s’ils ne sont pas les gages d’une volonté, d’une possibi
2103 hance de se réaliser, s’ils ne sont pas les gages d’ une volonté, d’une possibilité d’agir. Et certes, les conventions, c’e
2104 liser, s’ils ne sont pas les gages d’une volonté, d’ une possibilité d’agir. Et certes, les conventions, c’est quelque chos
2105 nt pas les gages d’une volonté, d’une possibilité d’ agir. Et certes, les conventions, c’est quelque chose de très sérieux.
2106 . Et certes, les conventions, c’est quelque chose de très sérieux. Sans convention nous ne serions que des brutes. La vie
2107 ir : celui du tigre dans la bergerie. Les billets de banque aussi sont des signes, des gages, et c’est par convention qu’i
2108 leur : s’ils ne sont pas couverts par une réserve d’ or, ce sont des bouts de papier, un peu plus sales que d’autres, et qu
2109 couverts par une réserve d’or, ce sont des bouts de papier, un peu plus sales que d’autres, et qui ne signifient rien du
2110 rien du tout. Que peuvent bien signifier nos vœux d’ avenir ? Cela dépend d’une part des possibilités que nous a léguées la
2111 ossibilités que nous a léguées la première moitié de ce siècle, et d’autre part de notre volonté d’en tirer quelque chose
2112 la première moitié de ce siècle, et d’autre part de notre volonté d’en tirer quelque chose d’humain. Voyons d’abord les p
2113 ié de ce siècle, et d’autre part de notre volonté d’ en tirer quelque chose d’humain. Voyons d’abord les possibilités : ell
2114 re part de notre volonté d’en tirer quelque chose d’ humain. Voyons d’abord les possibilités : elles sont prodigieusement c
2115 les révolutions qui ont occupé la première partie de notre siècle ont tué, rien qu’en Europe, quelque 40 millions de perso
2116 emière partie de notre siècle ont tué, rien qu’en Europe , quelque 40 millions de personnes, hommes, femmes, enfants et militai
2117 e ont tué, rien qu’en Europe, quelque 40 millions de personnes, hommes, femmes, enfants et militaires, parmi lesquels 6 mi
2118 enfants et militaires, parmi lesquels 6 millions de Juifs brûlés vivants par Hitler, et deux millions de koulaks liquidés
2119 Juifs brûlés vivants par Hitler, et deux millions de koulaks liquidés par Staline. Ce n’est pas mal. C’est plus que toutes
2120 rendement brut. Et pourtant, la population totale de l’Europe a augmenté. Et la longévité moyenne s’est élevée de plusieur
2121 ment brut. Et pourtant, la population totale de l’ Europe a augmenté. Et la longévité moyenne s’est élevée de plusieurs années.
2122 a augmenté. Et la longévité moyenne s’est élevée de plusieurs années. La bombe atomique a grillé, fondu comme du beurre p
2123 du beurre puis évaporé en quelques secondes plus de 200 000 Japonais qui vaquaient à leurs occupations. Et on en a beauco
2124 s la pénicilline a sauvé en silence des centaines de milliers de vies. Jamais les nationalismes n’ont été plus férocement
2125 line a sauvé en silence des centaines de milliers de vies. Jamais les nationalismes n’ont été plus férocement idiots, born
2126 nés et intolérants. Mais jamais non plus le désir d’ union des peuples n’a été plus général. Certes, la SDN a fait un four,
2127 mmis les mêmes fautes, dès le départ. Mais l’idée d’ une vraie fédération, soit mondiale, soit européenne, ne cesse de prog
2128 ’idée d’une vraie fédération, soit mondiale, soit européenne , ne cesse de progresser malgré ces déconvenues et ces détournements d
2129 ération, soit mondiale, soit européenne, ne cesse de progresser malgré ces déconvenues et ces détournements d’espoirs. Un
2130 esser malgré ces déconvenues et ces détournements d’ espoirs. Un dernier exemple : celui de la liberté de circuler. En 1905
2131 tournements d’espoirs. Un dernier exemple : celui de la liberté de circuler. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire de l
2132 espoirs. Un dernier exemple : celui de la liberté de circuler. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire de la Compagnie de
2133 irculer. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire de la Compagnie des wagons-lits et des grands express européens, au chap
2134 a Compagnie des wagons-lits et des grands express européens , au chapitre des passeports, les phrases suivantes : « Le passeport n
2135 ée en Russie. Pour tous les autres pays, la carte de visite suffit. » Aujourd’hui … je n’insiste pas. Nous avons progressé
2136 ourd’hui … je n’insiste pas. Nous avons progressé de 50 ans vers la paralysie finale des échanges, et cela pour des raison
2137 s au monde à connaître, et qu’ils se gardent bien de nous révéler, si toutefois elles existent. Cependant, les moyens de t
2138 i toutefois elles existent. Cependant, les moyens de transport ont progressé en sens inverse. Un avion de tourisme vient d
2139 transport ont progressé en sens inverse. Un avion de tourisme vient de couvrir en 7 heures la distance de New York à Londr
2140 tourisme vient de couvrir en 7 heures la distance de New York à Londres. Nos capitales sont à 2 ou 3 heures les unes des a
2141 es des autres. Il en résulte que, pratiquement, l’ Europe est aujourd’hui plus petite que notre Suisse il y a cent ans. Oui, to
2142 ou dans l’autre… Vouloir plus, toujours plus, et de tout à la fois, et même si c’est contradictoire, telle est la passion
2143 ême si c’est contradictoire, telle est la passion de notre siècle. On veut augmenter à la fois les bénéfices et les salair
2144 et l’argent du beurre, et 10 fois, 100 fois plus de l’un et de l’autre… Des hommes de 1900 croyaient que le progrès c’éta
2145 t du beurre, et 10 fois, 100 fois plus de l’un et de l’autre… Des hommes de 1900 croyaient que le progrès c’était tout sim
2146 , 100 fois plus de l’un et de l’autre… Des hommes de 1900 croyaient que le progrès c’était tout simple ; qu’il allait touj
2147 enté, ce sont nos risques d’une part, nos chances de l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou de faire vivre. Il
2148 chances de l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou de faire vivre. Il en résulte une formidable augmentation de
2149 l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou de faire vivre. Il en résulte une formidable augmentation de nos respons
2150 vivre. Il en résulte une formidable augmentation de nos responsabilités d’hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès ce
2151 ne formidable augmentation de nos responsabilités d’ hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès certain. Rendons-nous com
2152 e augmentation de nos responsabilités d’hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès certain. Rendons-nous compte, en ce d
2153 progrès certain. Rendons-nous compte, en ce début d’ un demi-siècle décisif, que jamais l’homme n’a couru plus grand péril
2154 if, que jamais l’homme n’a couru plus grand péril d’ esclavage et de [illisible], mais que jamais non plus, il ne s’est vu
2155 l’homme n’a couru plus grand péril d’esclavage et de [illisible], mais que jamais non plus, il ne s’est vu si près d’assur
2156 mais que jamais non plus, il ne s’est vu si près d’ assurer son pouvoir sur les choses et la vie. Jamais plus près de la r
2157 Jamais plus près de la ruine générale, mais aussi d’ une prospérité sans précédent pour les grandes masses. Tout dépend de
2158 ns précédent pour les grandes masses. Tout dépend de ce qu’il va choisir, dans les quelques années qui viennent ; car vous
2159 i l’on ne fait rien, d’ici deux ans au maximum, l’ Europe entrera totalement dans la misère et la famine, et je me permets de v
2160 ent dans la misère et la famine, et je me permets de vous rappeler en passant que la Suisse fait partie de cette Europe me
2161 ous rappeler en passant que la Suisse fait partie de cette Europe menacée même si parfois elle paraît l’oublier. Si l’on n
2162 ler en passant que la Suisse fait partie de cette Europe menacée même si parfois elle paraît l’oublier. Si l’on ne fait rien,
2163 n, tous nos bons vœux n’empêcheront pas les camps de concentration. Ce qu’il fait faire, ce que l’on peut faire, je crois
2164 peuvent avoir un sens sérieux que si vous décidez de les transformer en volonté et en action rapide. Ils signifient : Dema
2165 et en action rapide. Ils signifient : Demain : l’ Europe , ou bien se réduisent à quelque chose qui n’a de nom dans aucune lang
2166 ope, ou bien se réduisent à quelque chose qui n’a de nom dans aucune langue. Au revoir, à lundi prochain.
35 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Par où commencer ? Par l’économie ? (9 janvier 1950)
2167 Demain l’ Europe  ! — Par où commencer ? Par l’économie ? (9 janvier 1950) Chers audi
2168 réponses à quelques enquêtes récentes sur l’union de l’Europe, je suis frappé de voir revenir régulièrement un argument qu
2169 ses à quelques enquêtes récentes sur l’union de l’ Europe , je suis frappé de voir revenir régulièrement un argument que nos con
2170 récentes sur l’union de l’Europe, je suis frappé de voir revenir régulièrement un argument que nos contemporains ont l’ai
2171 ement un argument que nos contemporains ont l’air de tenir pour évident, et que voici : « Si vous voulez unir l’Europe, éc
2172 r évident, et que voici : « Si vous voulez unir l’ Europe , écrit-on, commencez par le commencement, c’est-à-dire par l’économie
2173 » Cette croyance est si irrépandue, et si typique de notre siècle, qu’il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque de
2174 t si typique de notre siècle, qu’il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque de la psychanalyser. Pourquoi pense-t-o
2175 il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque de la psychanalyser. Pourquoi pense-t-on et répète-t-on que les réalités
2176 -t-on que les réalités économiques sont à la base de tout, pourquoi s’imagine-t-on que cela va de soi ? Parce qu’on croit
2177 te : Primum vivere… D’abord vivre, manger, gagner de l’argent, et ensuite, s’il reste du temps, philosopher… La grande maj
2178 l reste du temps, philosopher… La grande majorité de ceux qu’on appelle aujourd’hui des bourgeois, partage ces idées, et s
2179 réalistes. Cependant ils accusent les communistes d’ être d’affreux matérialistes. C’est étrange, car la croyance fondament
2180 es. Cependant ils accusent les communistes d’être d’ affreux matérialistes. C’est étrange, car la croyance fondamentale du
2181 parce que tout en dépend et qu’il n’y a que cela de sérieux. À cet égard, la seule différence entre les bourgeois et les
2182 hérents, et qu’ils tirent toutes les conséquences de la croyance un peu vague, mais populaire des premiers. Or cette croya
2183 imentaires enfin ont précédé l’homme qui a besoin de manger. Or il me semble bien que c’est le contraire qui est vrai ; et
2184 le contraire qui est vrai ; et qu’au commencement de tout, y compris des réalités économiques, il n’y a pas de la matière,
2185 y compris des réalités économiques, il n’y a pas de la matière, mais au contraire une invention, c’est-à-dire de l’esprit
2186 re, mais au contraire une invention, c’est-à-dire de l’esprit. Prenons l’économie moderne. Sa base comme chacun le sait, c
2187 t l’industrie, ce sont d’abord les machines. Mais d’ où viennent les machines ? Ce ne sont pas elles qui ont commencé, tout
2188 et intégral, comme un jeu, comme un sous-produit de ses plus hautes spéculations abstraites. Sans Leonhard Euler, sans ce
2189 bstraites. Sans Leonhard Euler, sans ce phénomène de l’esprit pur, non seulement il n’y aurait pas eu cet élément de base
2190 r, non seulement il n’y aurait pas eu cet élément de base de l’économie moderne qui est la turbine, mais encore vous ne po
2191 eulement il n’y aurait pas eu cet élément de base de l’économie moderne qui est la turbine, mais encore vous ne pourriez m
2192 ent il y a eu les mathématiques supérieures, donc de l’esprit, de la culture ; puis il y a eu la turbine ; puis les ouvrie
2193 les mathématiques supérieures, donc de l’esprit, de la culture ; puis il y a eu la turbine ; puis les ouvriers qui la fai
2194 it à la fois le turbin des ouvriers et la turbine d’ Euler pour s’enrichir, puis enfin le communisme qui a décidé que les t
2195 par la force au besoin, et que l’on continuerait d’ appeler bonheur l’immense malheur qui en résultait. Nous voici donc en
2196 xix e siècle, que l’économie était la vraie base de la vie, et qu’il fallait commencer par là. Revenons à la réalité, et
2197 t commencer par là. Revenons à la réalité, et à l’ Europe . J’admets bien volontiers qu’il faut commencer par le commencement. M
2198 és dites matérielles, puisque celles-ci dépendent de l’esprit, et n’existeraient point sans lui. Il est facile d’illustrer
2199 , et n’existeraient point sans lui. Il est facile d’ illustrer ce point de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’échec de l
2200 nt de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’échec de l’OECE, c’est-à-dire de l’Organisation économique de l’Europe dans le
2201 sisté, en 1949, à l’échec de l’OECE, c’est-à-dire de l’Organisation économique de l’Europe dans le cadre du plan Marshall.
2202 l’OECE, c’est-à-dire de l’Organisation économique de l’Europe dans le cadre du plan Marshall. D’où vient cet échec ? Il a
2203 E, c’est-à-dire de l’Organisation économique de l’ Europe dans le cadre du plan Marshall. D’où vient cet échec ? Il a pour caus
2204 mique de l’Europe dans le cadre du plan Marshall. D’ où vient cet échec ? Il a pour cause l’illusion générale que l’économi
2205 e l’imagine, mais un fait humain, qui dépend donc de nos volontés et de nos passions. Et c’est parce que les gouvernants e
2206 n fait humain, qui dépend donc de nos volontés et de nos passions. Et c’est parce que les gouvernants et leurs experts n’a
2207 et leurs experts n’avaient pas la volonté réelle de s’unir, en esprit d’abord, qu’ils n’ont pas réussi à organiser l’écon
2208 s n’ont pas mis sur pied un plan unique, vraiment européen , mais 19 plans nationaux contradictoires. Et ils ont ainsi donné le s
2209 tacle grotesque dont parlait Paul Reynaud : celui de 19 pays donc chacun essaye de grimper sur les épaules de l’autre. Il
2210 aul Reynaud : celui de 19 pays donc chacun essaye de grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps de renverser la vape
2211 ays donc chacun essaye de grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps de renverser la vapeur, et si l’on veut sérieus
2212 grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps de renverser la vapeur, et si l’on veut sérieusement commencer par le co
2213 ement commencer par le commencement, il est temps de réveiller d’abord nos esprits, de chercher à unir d’abord nos cœurs.
2214 t, il est temps de réveiller d’abord nos esprits, de chercher à unir d’abord nos cœurs. C’est pourquoi j’estime que le réc
2215 rs. C’est pourquoi j’estime que le récent congrès de la culture, à Lausanne, a marqué le vrai début d’un travail construct
2216 de la culture, à Lausanne, a marqué le vrai début d’ un travail constructif et pratique, loin d’avoir été la « parlote » qu
2217 début d’un travail constructif et pratique, loin d’ avoir été la « parlote » que prétendent certains plats matérialistes s
2218 plus la seule à s’exprimer. On vient précisément de me communiquer les résultats d’une large enquête organisée parmi les
2219 vient précisément de me communiquer les résultats d’ une large enquête organisée parmi les étudiants de Lausanne à l’occasi
2220 d’une large enquête organisée parmi les étudiants de Lausanne à l’occasion du congrès de la culture. Il y a là-dedans du m
2221 les étudiants de Lausanne à l’occasion du congrès de la culture. Il y a là-dedans du meilleur et du pire. Je vous en rendr
36 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Une enquête chez les étudiants (16 janvier 1950)
2222 Demain l’ Europe  ! — Une enquête chez les étudiants (16 janvier 1950) Chers auditeur
2223 (16 janvier 1950) Chers auditeurs, À l’occasion de la récente Conférence européenne de la culture, un groupe d’étudiants
2224 auditeurs, À l’occasion de la récente Conférence européenne de la culture, un groupe d’étudiants de Lausanne a pris une initiativ
2225 À l’occasion de la récente Conférence européenne de la culture, un groupe d’étudiants de Lausanne a pris une initiative q
2226 te Conférence européenne de la culture, un groupe d’ étudiants de Lausanne a pris une initiative qui mérite d’être signalée
2227 e européenne de la culture, un groupe d’étudiants de Lausanne a pris une initiative qui mérite d’être signalée, commentée,
2228 ants de Lausanne a pris une initiative qui mérite d’ être signalée, commentée, et partout où cela sera possible imitée. Ce
2229 t partout où cela sera possible imitée. Ce groupe de jeunes gens désirait participer, sous une forme ou une autre, à la co
2230 exemple — , et d’autre part il eût été difficile de faire admettre des représentants des étudiants, car en somme, qu’euss
2231 opinions diverses des étudiants sur les problèmes européens . Ne fallait-il donc pas commencer par les découvrir ? C’est ainsi qu’
2232 par les découvrir ? C’est ainsi qu’a germé l’idée d’ une enquête à l’Université. Quelques camarades se sont réunis pour en
2233 er aux étudiants s’ils croyaient à la réalisation de l’Europe unie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la con
2234 x étudiants s’ils croyaient à la réalisation de l’ Europe unie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence d
2235 nt à la réalisation de l’Europe unie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence de Lausanne, et enfin
2236 nie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence de Lausanne, et enfin s’ils avaient eu connaissance jus
2237 de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence de Lausanne, et enfin s’ils avaient eu connaissance jusqu’ici de l’activ
2238 et enfin s’ils avaient eu connaissance jusqu’ici de l’activité du Mouvement européen. Je ne puis vous donner ce soir une
2239 connaissance jusqu’ici de l’activité du Mouvement européen . Je ne puis vous donner ce soir une analyse détaillée des réponses. J
2240 nette majorité des étudiants croit à la nécessité d’ unir nos pays ; qu’une petite moitié environ croit à l’utilité de Stra
2241  ; qu’une petite moitié environ croit à l’utilité de Strasbourg et de la conférence de Lausanne, mais qu’une très grande m
2242 moitié environ croit à l’utilité de Strasbourg et de la conférence de Lausanne, mais qu’une très grande majorité demande s
2243 oit à l’utilité de Strasbourg et de la conférence de Lausanne, mais qu’une très grande majorité demande surtout à être mie
2244 de majorité demande surtout à être mieux informée de ce qui est en train de se faire, et révèle son ignorance de ce qui s’
2245 est en train de se faire, et révèle son ignorance de ce qui s’est déjà fait, c’est-à-dire avoue n’avoir pas connaissance d
2246 -dire avoue n’avoir pas connaissance du Mouvement européen , par exemple. Ces résultats sont intéressants à divers titres. Certes
2247 u que non, qu’ils n’avaient jamais entendu parler de notre Mouvement, seraient obligés de répondre aujourd’hui que oui, pu
2248 tendu parler de notre Mouvement, seraient obligés de répondre aujourd’hui que oui, puisqu’ils en ont eu connaissance juste
2249 ar cette enquête. Voilà qui montre bien l’utilité d’ une pareille initiative : en questionnant les étudiants sur le Mouveme
2250  : en questionnant les étudiants sur le Mouvement européen , elle leur en révèle l’existence, elle les invite à prendre position,
2251 prises comme dans les bureaux, dans les quartiers de grandes villes comme dans les villages, et enfin dans les sociétés de
2252 mme dans les villages, et enfin dans les sociétés de tout genre dont vous faites partie, vous qui m’écoutez ce soir… Et po
2253 urd’hui, — sans forcer les réponses ou les prises de parti. Je voudrais insister enfin sur ce qui ressort le plus nettemen
2254 sister enfin sur ce qui ressort le plus nettement de l’enquête des étudiants lausannois : sur cette demande générale de do
2255 étudiants lausannois : sur cette demande générale de documentation, d’information. Je crois ce besoin très répandu, bien a
2256 is : sur cette demande générale de documentation, d’ information. Je crois ce besoin très répandu, bien au-delà des milieux
2257 ce besoin très répandu, bien au-delà des milieux de l’Université, dans toutes les couches de la population. Comment le sa
2258 milieux de l’Université, dans toutes les couches de la population. Comment le satisfaire ? On ne peut pas se contenter de
2259 mment le satisfaire ? On ne peut pas se contenter de renvoyer tout le monde à une lecture plus attentive de la presse. Car
2260 nvoyer tout le monde à une lecture plus attentive de la presse. Car la presse, en Europe, manque de place pour publier des
2261 re plus attentive de la presse. Car la presse, en Europe , manque de place pour publier des documents de première main, des tex
2262 ve de la presse. Car la presse, en Europe, manque de place pour publier des documents de première main, des textes complet
2263 urope, manque de place pour publier des documents de première main, des textes complets — comme cela se fait en Amérique.
2264 e borner à résumer en quelques lignes les travaux d’ une longue conférence de 5 jours et 4 nuits, et souvent l’essentiel se
2265 elques lignes les travaux d’une longue conférence de 5 jours et 4 nuits, et souvent l’essentiel se perd, un détail pittore
2266 nc à tous ceux d’entre vous qui auraient le désir de savoir mieux ce qui se passe deux moyens assez simples. Le premier, c
2267 asse deux moyens assez simples. Le premier, c’est de vous mettre en rapport, personnellement ou par écrit, avec le groupe
2268 r écrit, avec le groupe le plus proche de l’Union européenne , organisation suisse rattachée au Mouvement européen et qui vous donn
2269 éenne, organisation suisse rattachée au Mouvement européen et qui vous donnera les informations précises que vous souhaitez. Le
2270 ions précises que vous souhaitez. Le second moyen d’ information, c’est tout bonnement d’ouvrir les yeux, de voir la situat
2271 second moyen d’information, c’est tout bonnement d’ ouvrir les yeux, de voir la situation de l’Europe divisée entre les de
2272 ormation, c’est tout bonnement d’ouvrir les yeux, de voir la situation de l’Europe divisée entre les deux grands blocs hos
2273 bonnement d’ouvrir les yeux, de voir la situation de l’Europe divisée entre les deux grands blocs hostiles, et de vous dem
2274 ment d’ouvrir les yeux, de voir la situation de l’ Europe divisée entre les deux grands blocs hostiles, et de vous demander que
2275 divisée entre les deux grands blocs hostiles, et de vous demander quelles sont les mesures qu’appelle d’urgence une parei
2276 vous demander quelles sont les mesures qu’appelle d’ urgence une pareille situation. Vous rejoindrez ainsi par vous-même j’
2277 ainsi par vous-même j’en suis sûr, les positions de notre Mouvement. Ces positions, en effet, ne sont pas théoriques, ni
2278 faits que tout le monde connaît. Prenez la peine d’ y réfléchir : vous vous trouverez naturellement à nos côtés. Le temps
2279 intes à leurs réponses à l’enquête. Je me promets d’ y revenir la prochaine fois, et d’en discuter quelques-unes, car elles
2280 . Je me promets d’y revenir la prochaine fois, et d’ en discuter quelques-unes, car elles me paraissent bien typiques des r
37 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Questions et objections des étudiants de Lausanne (23 janvier 1950)
2281 Demain l’ Europe  ! — Questions et objections des étudiants de Lausanne (23 janvier 195
2282 ’Europe ! — Questions et objections des étudiants de Lausanne (23 janvier 1950) Chers auditeurs, Je vous ai parlé lundi
2283 Chers auditeurs, Je vous ai parlé lundi dernier d’ une enquête menée par quelques étudiants de Lausanne parmi leurs camar
2284 ernier d’une enquête menée par quelques étudiants de Lausanne parmi leurs camarades, et portant sur l’union de l’Europe, s
2285 nne parmi leurs camarades, et portant sur l’union de l’Europe, sur l’utilité de nos congrès. Un grand nombre des étudiants
2286 armi leurs camarades, et portant sur l’union de l’ Europe , sur l’utilité de nos congrès. Un grand nombre des étudiants interrog
2287 et portant sur l’union de l’Europe, sur l’utilité de nos congrès. Un grand nombre des étudiants interrogés ne se sont pas
2288 des étudiants interrogés ne se sont pas contentés de répondre par oui ou par non, mais ont ajouté quelques remarques perso
2289 quelques remarques personnelles au bas de la page de questionnaire. Ce sont ces réactions spontanées que je voudrais comme
2290 je voudrais commenter ce soir. Il serait exagéré de dire qu’elles manifestent un courant de pensée général et bien défini
2291 t exagéré de dire qu’elles manifestent un courant de pensée général et bien défini. Au contraire, leur infinie variété, du
2292 e n’est pas mort chez nous, et qu’un des plaisirs de la vie reste encore, aux yeux de mes cadets, de se faire leur propre
2293 s de la vie reste encore, aux yeux de mes cadets, de se faire leur propre opinion, ou au moins d’en affirmer une qui ne so
2294 ets, de se faire leur propre opinion, ou au moins d’ en affirmer une qui ne soit pas celle d’un parti. Je ne trouve même pa
2295 au moins d’en affirmer une qui ne soit pas celle d’ un parti. Je ne trouve même pas une opinion commune par faculté, et l’
2296 à soutenir le point de vue qu’on attend le moins de sa spécialité : c’est ainsi qu’un étudiant en lettres exige des actes
2297 d des combines politiques, et redoute que l’union européenne serve de paravent à des manœuvres impérialistes ou agressives. C’est
2298 litiques, et redoute que l’union européenne serve de paravent à des manœuvres impérialistes ou agressives. C’est en effet
2299 n des dangers que les fédéralistes ont la mission de prévenir, et au besoin de démasquer dès qu’il ferait mine d’apparaîtr
2300 ralistes ont la mission de prévenir, et au besoin de démasquer dès qu’il ferait mine d’apparaître, et je puis dire qu’ils
2301 , et au besoin de démasquer dès qu’il ferait mine d’ apparaître, et je puis dire qu’ils n’y ont pas manqué jusqu’ici. Mais
2302 n’y ont pas manqué jusqu’ici. Mais je suis frappé de voir que la notion d’engagement politique des intellectuels est si pe
2303 qu’ici. Mais je suis frappé de voir que la notion d’ engagement politique des intellectuels est si peu populaire parmi nos
2304 ants. S’ils entendent par engagement la démission de la pensée au profit d’une tactique de parti, ils ont raison. Mais s’i
2305 ar engagement la démission de la pensée au profit d’ une tactique de parti, ils ont raison. Mais s’ils croient que l’intell
2306 a démission de la pensée au profit d’une tactique de parti, ils ont raison. Mais s’ils croient que l’intellectuel n’a rien
2307 pas. Je leur rappellerai, au surplus, que l’union de l’Europe n’est pas du tout un problème politique d’abord, mais la con
2308 Je leur rappellerai, au surplus, que l’union de l’ Europe n’est pas du tout un problème politique d’abord, mais la condition de
2309 un problème politique d’abord, mais la condition de salut d’une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d
2310 ème politique d’abord, mais la condition de salut d’ une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d’avance,
2311 tion de salut d’une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d’avance, dans une autre chronique, à ceux qui
2312 sation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d’ avance, dans une autre chronique, à ceux qui estiment que l’on doit bi
2313 à prouver qu’on ne peut rien faire, sauf en temps de guerre naturellement… Certains croient désirable et nécessaire l’unio
2314 croient désirable et nécessaire l’union fédérale de l’Europe, mais ils estiment qu’elle exigera beaucoup de temps : quatr
2315 ent désirable et nécessaire l’union fédérale de l’ Europe , mais ils estiment qu’elle exigera beaucoup de temps : quatre générat
2316 tre temps, comme des Bernois. Mais s’il faut plus de 100 ans pour faire l’Europe, autant dire qu’on ne la fera jamais. On
2317 nois. Mais s’il faut plus de 100 ans pour faire l’ Europe , autant dire qu’on ne la fera jamais. On ne peut pas fédérer des escl
2318 es pensent ; je le citerai donc : « La Conférence européenne de la culture — affirment-ils sans sourciller — est faite par les Amé
2319 ; je le citerai donc : « La Conférence européenne de la culture — affirment-ils sans sourciller — est faite par les Améric
2320 ndre leur politique agressive et impérialiste, en Europe et dans le monde entier. » Voilà qui est clair et je pense que je fer
2321 oilà qui est clair et je pense que je ferais bien de passer aux aveux complets avant que l’on ne me force aux aveux sponta
2322 ce aux aveux spontanés. Je croyais que le congrès de Lausanne avait été organisé par le Bureau d’études dont je m’occupe à
2323 grès de Lausanne avait été organisé par le Bureau d’ études dont je m’occupe à Genève. Quelle illusion ! La vérité, c’est q
2324 La vérité, c’est que Pierrepont Morgan, dictateur de Wall Street, et trotskiste bien connu, m’a fait remettre par Goebbels
2325 en personne les dollars nécessaires pour l’achat de 200 intellectuels qui ont voté par acclamations, sur l’ordre de Churc
2326 ctuels qui ont voté par acclamations, sur l’ordre de Churchill, une résolution finale dictée car le président Truman en fa
2327 la fin un argument bizarre, mais qui revient plus d’ une fois dans cette enquête : on ne peut pas unir l’Europe, objectent
2328 e fois dans cette enquête : on ne peut pas unir l’ Europe , objectent quelques pessimistes, car elle est vraiment trop divisée !
2329 remplir… Enfin, à ceux qui nous répètent : assez de discours, il faut des actes ! Je dis bravo, et je réponds que j’atten
2330 sse, ils ont raison, et nous avons besoin surtout de ceux qui veulent agir sans plus de bavardages ou de vaines critiques
2331 ceux qui veulent agir sans plus de bavardages ou de vaines critiques purement verbales. Au revoir, à lundi prochain, cher
2332 auditeurs, à demain matin, chers étudiants avides d’ action.
38 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un tiers-ordre européen (30 janvier 1950)
2333 Demain l’ Europe  ! — Un tiers-ordre européen (30 janvier 1950) Chers auditeurs, J’ai
2334 Demain l’Europe ! — Un tiers-ordre européen (30 janvier 1950) Chers auditeurs, J’ai reçu l’autre jour une modes
2335 eurs, J’ai reçu l’autre jour une modeste brochure d’ une douzaine de pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signé
2336 l’autre jour une modeste brochure d’une douzaine de pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signée Daniel Villey
2337 chure d’une douzaine de pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signée Daniel Villey, professeur de droit à Poiti
2338 re, et qui était signée Daniel Villey, professeur de droit à Poitiers. Cette brochure était un appel adressé aux jeunes ge
2339 e brochure était un appel adressé aux jeunes gens de France. Elle m’a ému plus que tout autre chose que j’aie pu lire depu
2340 mps. Je voudrais vous la lire tout entière. Faute de temps je me bornerai à vous en citer des extraits, — et tout d’abord
2341  et tout d’abord je vous dirai le peu que je sais de son auteur : il n’est pas inutile de le situer, pour vous faire mieux
2342 que je sais de son auteur : il n’est pas inutile de le situer, pour vous faire mieux comprendre la portée de son geste, l
2343 ituer, pour vous faire mieux comprendre la portée de son geste, le simple et beau courage que son acte révèle. Daniel Vill
2344 evue Esprit , vers 1935 je pense. Je me souviens d’ un très jeune homme, d’un visage bien arrondi, à l’expression attentiv
2345 5 je pense. Je me souviens d’un très jeune homme, d’ un visage bien arrondi, à l’expression attentive, presque candide, d’u
2346 rondi, à l’expression attentive, presque candide, d’ un esprit vif et scrupuleux tout à la fois. Le contraire de l’image co
2347 it vif et scrupuleux tout à la fois. Le contraire de l’image courante du meneur d’hommes, du jeune chef impatient de s’aff
2348 fois. Le contraire de l’image courante du meneur d’ hommes, du jeune chef impatient de s’affirmer. Et puis la guerre est v
2349 rante du meneur d’hommes, du jeune chef impatient de s’affirmer. Et puis la guerre est venue, nos chemins ne se sont plus
2350 jeune Daniel Villey est devenu professeur et père de 5 ou 6 enfants. Écoutez maintenant ce qu’il nous dit, d’une voix calm
2351 6 enfants. Écoutez maintenant ce qu’il nous dit, d’ une voix calme et tout unie, cette voix tranquille de ceux qui ont pri
2352 ne voix calme et tout unie, cette voix tranquille de ceux qui ont pris leur décision, et que l’on peut croire. Tout d’abor
2353 roire. Tout d’abord, il a interrogé ses étudiants de la faculté de Poitiers, et il les a trouvés indifférents, désabusés,
2354 abord, il a interrogé ses étudiants de la faculté de Poitiers, et il les a trouvés indifférents, désabusés, et résignés au
2355 u’ils jugent inévitable, au communisme, aux camps de concentration. Nous n’y pouvons rien, déclarent-ils. Travaillons dign
2356 est-il fondé, ou bien ne serait-il pas une sorte de maladie morale, qu’un espoir neuf pourrait guérir ? L’Europe, avec so
2357 die morale, qu’un espoir neuf pourrait guérir ? L’ Europe , avec son potentiel immense de ressources humaines et techniques ne p
2358 ait guérir ? L’Europe, avec son potentiel immense de ressources humaines et techniques ne peut-elle pas encore se sauver,
2359 ar où commencer ? Peut-être n’avons-nous pas plus de deux ans pour nous unir, ou pour périr. Et voici, nous dit-il modeste
2360 is citer ses propres phrases : Un certain nombre de jeunes gens et de jeunes filles (une dizaine par exemple pour commenc
2361 es phrases : Un certain nombre de jeunes gens et de jeunes filles (une dizaine par exemple pour commencer, une centaine s
2362 emaines, pas nécessairement davantage) décideront de donner non pas deux ans de leur vie, mais toute leur vie pendant deux
2363 davantage) décideront de donner non pas deux ans de leur vie, mais toute leur vie pendant deux ans — au service de l’Euro
2364 mais toute leur vie pendant deux ans — au service de l’Europe unie. Je crois à la vertu de la vie donnée… Une vie donnée e
2365 toute leur vie pendant deux ans — au service de l’ Europe unie. Je crois à la vertu de la vie donnée… Une vie donnée est un tém
2366  au service de l’Europe unie. Je crois à la vertu de la vie donnée… Une vie donnée est un témoignage et en a la force. Ces
2367 a à se consacrer entièrement et exclusivement à l’ Europe , jusqu’à son expiration ou sa révocation. Ils devront interrompre leu
2368 rrière professionnelle. Ils recevront en principe de l’organisation une mensualité pour subvenir à leurs besoins en menant
2369 rge d’autres vies que la sienne ne peut se moquer de l’argent ni de sa carrière…) Ils s’engageront à obéir avec la plus ex
2370 es que la sienne ne peut se moquer de l’argent ni de sa carrière…) Ils s’engageront à obéir avec la plus exigeante discipl
2371 c la plus exigeante discipline aux ordres du chef de l’organisation. J’assumerai ce rôle jusqu’à ce que se révèle un chef
2372 au service des objectifs définis par le Mouvement européen , dont elle demeurera distincte, mais comme une avant-garde, comme un
2373 ey va faire : en demandant à quelques jeunes gens de consacrer deux ans de leur vie à une action précise pour l’Europe, da
2374 dant à quelques jeunes gens de consacrer deux ans de leur vie à une action précise pour l’Europe, dans la pauvreté, le cél
2375 deux ans de leur vie à une action précise pour l’ Europe , dans la pauvreté, le célibat et l’obéissance, il fonde un ordre. Ce
2376 . Ce sont les ordres qui ont créé la civilisation de l’Occident. Lui-même quittera sa chaire de professeur. Et tous ensemb
2377 sation de l’Occident. Lui-même quittera sa chaire de professeur. Et tous ensemble, ou deux par deux, ils s’en iront par le
2378 liquer, travailler, convaincre. Il ne s’agit plus de groupes d’études, de discussions intéressantes, de comités ou de mani
2379 vailler, convaincre. Il ne s’agit plus de groupes d’ études, de discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il
2380 onvaincre. Il ne s’agit plus de groupes d’études, de discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit d’u
2381 e groupes d’études, de discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit d’un gr
2382 udes, de discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit d’un grand risque. À
2383 ressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit d’ une croisade. Il s’agit d’un grand risque. À tous les jeunes, dit enc
2384 e manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit d’ un grand risque. À tous les jeunes, dit encore Daniel Villey, je dema
2385 les jeunes, dit encore Daniel Villey, je demande de sonder leur cœur et de le soupeser. Je leur propose un risque et un s
2386 Daniel Villey, je demande de sonder leur cœur et de le soupeser. Je leur propose un risque et un sacrifice. Excède-t-il l
2387 sacrifice. Excède-t-il leur générosité ? Deux ans d’ interruption dans vos études ou votre carrière, est-ce vraiment plus q
2388 tâche exaltante qui s’offre à vous. À la chaleur de l’amitié qui vous unira à vos compagnons de lutte. À la reconnaissanc
2389 aleur de l’amitié qui vous unira à vos compagnons de lutte. À la reconnaissance de tous les humbles qui mettront en vous l
2390 ra à vos compagnons de lutte. À la reconnaissance de tous les humbles qui mettront en vous leur espoir. Et que le témoigna
2391 ettront en vous leur espoir. Et que le témoignage de quelques vies peut, à toute une génération, rendre de l’espoir, de l’
2392 uelques vies peut, à toute une génération, rendre de l’espoir, de l’enthousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’
2393 peut, à toute une génération, rendre de l’espoir, de l’enthousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’exemple qu’un
2394 énération, rendre de l’espoir, de l’enthousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’exemple qu’une grande entreprise
2395 thousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’ exemple qu’une grande entreprise n’ait conduit à de grandes choses… Pe
2396 ’exemple qu’une grande entreprise n’ait conduit à de grandes choses… Pensez à Jeanne d’Arc. Songez qu’il y a aujourd’hui g
2397 z qu’il y a aujourd’hui grande pitié sur la terre d’ Europe. Voulez-vous, comme Jeanne, quitter vos moutons, chevaucher sur
2398 qu’il y a aujourd’hui grande pitié sur la terre d’ Europe . Voulez-vous, comme Jeanne, quitter vos moutons, chevaucher sur les r
2399 ver une cause qui semble désespérée ? Vous donner de tout votre être à une tâche très précise et très concrète, humblement
2400 crète, humblement temporelle (comme la délivrance d’ Orléans) et la poursuivre de toutes vos forces par les moyens les plus
2401 (comme la délivrance d’Orléans) et la poursuivre de toutes vos forces par les moyens les plus réalistes. Relisez l’histoi
2402 les moyens les plus réalistes. Relisez l’histoire de Jeanne d’Arc, et écoutez ce qu’elle vous dira. J’attends votre répons
2403 détails pratiques, je vous renvoie à la brochure de Daniel Villey. S’il se trouve parmi vous quelques jeunes gens ou jeun
2404 t les faire entrer demain dans la grande aventure de notre temps et de leur vie. Au revoir, à lundi prochain.
2405 demain dans la grande aventure de notre temps et de leur vie. Au revoir, à lundi prochain.
39 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Passer à l’action (6 février 1950)
2406 Demain l’ Europe  ! — Passer à l’action (6 février 1950) Chers auditeurs, La semaine
2407 r l’appel que vient de lancer un jeune professeur de Poitiers, Daniel Villey. Il demandait qu’un petit nombre de jeunes ge
2408 s, Daniel Villey. Il demandait qu’un petit nombre de jeunes gens et de jeunes filles consacrent toute leur vie, pendant de
2409 Il demandait qu’un petit nombre de jeunes gens et de jeunes filles consacrent toute leur vie, pendant deux ans, à la cause
2410 rent toute leur vie, pendant deux ans, à la cause de l’Europe unie. Je vous ai lu quelques extraits de sa brochure, je vou
2411 toute leur vie, pendant deux ans, à la cause de l’ Europe unie. Je vous ai lu quelques extraits de sa brochure, je vous ai dit
2412 de l’Europe unie. Je vous ai lu quelques extraits de sa brochure, je vous ai dit de m’écrire si le risque vous tentait, et
2413 quelques extraits de sa brochure, je vous ai dit de m’écrire si le risque vous tentait, et je me suis demandé si 2 ou 3 j
2414 andé si 2 ou 3 jeunes Suisses auraient le courage d’ entrer dans l’aventure. Le soir même, six d’entre vous m’ont écrit, et
2415 t par douzaines que me sont parvenues des lettres d’ auditeurs intéressés ou enthousiastes. Les uns demandent des précision
2416 Ce succès très rapide, et dans tous les milieux, d’ un appel qui ne promet rien que des risques et des sacrifices, m’a sur
2417 hrase vaut pour tous : « J’attendais du pratique, de l’action. Vous pouvez donc compter sur moi. » Et comment ne pas compr
2418  » Et comment ne pas comprendre une pareille faim d’ agir, dans un monde abreuvé de discours, tout ahuri de propagandes con
2419 e une pareille faim d’agir, dans un monde abreuvé de discours, tout ahuri de propagandes contradictoires et de platitudes
2420 ir, dans un monde abreuvé de discours, tout ahuri de propagandes contradictoires et de platitudes politiciennes. Assez de
2421 urs, tout ahuri de propagandes contradictoires et de platitudes politiciennes. Assez de paroles, passons aux actes, s’écri
2422 radictoires et de platitudes politiciennes. Assez de paroles, passons aux actes, s’écrient en chœur ceux qui ont encore de
2423 pourtant, je voudrais mettre en garde une partie de mes jeunes auditeurs contre une tentation trop facile, le goût de l’a
2424 diteurs contre une tentation trop facile, le goût de l’action pour l’action, le frisson de « l’en avant ! » qui ne sait mê
2425 le, le goût de l’action pour l’action, le frisson de « l’en avant ! » qui ne sait même pas où il va. Je ne suis pas là pou
2426 où il va. Je ne suis pas là pour vous décourager d’ agir, c’est entendu. Bien au contraire, je voudrais vous demander d’ag
2427 ndu. Bien au contraire, je voudrais vous demander d’ agir en connaissance de cause, en connaissance de but aussi. Voyez-vou
2428 d’agir en connaissance de cause, en connaissance de but aussi. Voyez-vous, il ne suffit pas de crier : Allons-y tous ense
2429 ssance de but aussi. Voyez-vous, il ne suffit pas de crier : Allons-y tous ensemble : il faut encore savoir où l’on va, et
2430 savoir où l’on va, et pourquoi. L’action n’a donc de sens qu’en vertu de la pensée qui est derrière elle pour l’inspirer,
2431 ce que son action couronne une longue préparation de pensée, et veut réaliser des objectifs bien définis. Derrière son ges
2432 Derrière son geste et son appel, il y a deux ans de travail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de
2433 on geste et son appel, il y a deux ans de travail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et
2434 son appel, il y a deux ans de travail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoricie
2435 a deux ans de travail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beau
2436 ravail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beaucoup de paroles
2437 és, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beaucoup de paroles et beaucoup de
2438 ions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beaucoup de paroles et beaucoup de circulaires,
2439 ssionnant tous les jours. Il y a l’immense labeur de déblaiement des perspectives, de rassemblement des esprits, de déterm
2440 l’immense labeur de déblaiement des perspectives, de rassemblement des esprits, de détermination des objectifs concrets ;
2441 t des perspectives, de rassemblement des esprits, de détermination des objectifs concrets ; et tout cela, tout ce travail
2442 nd agir selon les lignes tracées par le Mouvement européen . Je n’ai pas eu le temps d’insister sur ce point, qui est tout de mêm
2443 ar le Mouvement européen. Je n’ai pas eu le temps d’ insister sur ce point, qui est tout de même de première importance. Le
2444 mps d’insister sur ce point, qui est tout de même de première importance. Les très nombreuses lettres reçues, ces derniers
2445 ces derniers jours, me prouvent qu’il est urgent de dissiper deux malentendus qui se font jour. Tout d’abord, qu’il soit
2446 teur : il n’y a qu’un seul mouvement qui s’occupe de l’Europe comme unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l
2447 : il n’y a qu’un seul mouvement qui s’occupe de l’ Europe comme unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l’Europe s
2448 l mouvement qui s’occupe de l’Europe comme unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l’Europe sous tous ses asp
2449 vement qui s’occupe de l’Europe comme unité, de l’ Europe et non pas du monde entier, et de l’Europe sous tous ses aspects : c’
2450 unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l’Europe sous tous ses aspects : c’est le Mouvement européen. On y tr
2451 , de l’Europe et non pas du monde entier, et de l’ Europe sous tous ses aspects : c’est le Mouvement européen. On y trouve rass
2452 Europe sous tous ses aspects : c’est le Mouvement européen . On y trouve rassemblés, en un comité unique, toutes les organisation
2453 s voudraient être l’avant-garde et le corps franc de notre Mouvement. Deuxième malentendu possible : il ne s’agit pas ici
2454 uxième malentendu possible : il ne s’agit pas ici de sauver la paix en général, ou l’humanité en général, mais il s’agit u
2455 l’humanité en général, mais il s’agit uniquement de militer pour la fédération européenne. Aucun rapport avec Garry Davis
2456 l s’agit uniquement de militer pour la fédération européenne . Aucun rapport avec Garry Davis et ses gestes spectaculaires, mais sa
2457 res, mais sans lendemain. La tâche précise, c’est de sauver l’Europe d’abord. Non point parce que l’Europe vaut mieux que
2458 ns lendemain. La tâche précise, c’est de sauver l’ Europe d’abord. Non point parce que l’Europe vaut mieux que l’Asie ou l’Amér
2459 de sauver l’Europe d’abord. Non point parce que l’ Europe vaut mieux que l’Asie ou l’Amérique, ou parce qu’il n’y en a point co
2460 e corps unique que forme sans doute l’humanité, l’ Europe se trouve être l’organe à la fois le plus menacé, le plus fragile et
2461 mais que personne ne perde une si belle occasion de remettre en question sa vie et son rôle dans un monde menacé. Au revo
40 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les deux raisons de fédérer l’Europe (13 février 1950)
2462 Demain l’ Europe  ! — Les deux raisons de fédérer l’Europe (13 février 1950) Chers au
2463 Demain l’Europe ! — Les deux raisons de fédérer l’Europe (13 février 1950) Chers auditeurs, Ceux d’entre vo
2464 Demain l’Europe ! — Les deux raisons de fédérer l’ Europe (13 février 1950) Chers auditeurs, Ceux d’entre vous qui me font le
2465 diteurs, Ceux d’entre vous qui me font le plaisir de suivre assez régulièrement ma chronique du lundi soir, auront remarqu
2466 ois, un aspect différent du même problème : celui de l’union européenne. Je suis loin d’avoir épuisé les questions précise
2467 ect différent du même problème : celui de l’union européenne . Je suis loin d’avoir épuisé les questions précises qui se posent dan
2468 blème : celui de l’union européenne. Je suis loin d’ avoir épuisé les questions précises qui se posent dans les domaines le
2469 e posent dans les domaines les plus divers, car l’ Europe , c’est très compliqué, et c’est même cette complication (qu’on pourra
2470 corps humain) qui fournit la meilleure définition de l’Europe. Cependant, il est bon, parfois, de reprendre le problème da
2471 humain) qui fournit la meilleure définition de l’ Europe . Cependant, il est bon, parfois, de reprendre le problème dans son en
2472 tion de l’Europe. Cependant, il est bon, parfois, de reprendre le problème dans son ensemble. Plusieurs personnes m’ayant
2473 rs personnes m’ayant demandé, ces temps derniers, de leur dire en quelques mots : pourquoi faut-il unir l’Europe ? et quel
2474 r dire en quelques mots : pourquoi faut-il unir l’ Europe  ? et quels sont les facteurs principaux de cette union ? Je voudrais
2475 l’Europe ? et quels sont les facteurs principaux de cette union ? Je voudrais leur répondre sans détour, d’une manière au
2476 te union ? Je voudrais leur répondre sans détour, d’ une manière aussi simple que possible. À l’origine des fédérations qui
2477 té des divisions intérieures. Selon les cas, l’un de ces facteurs est plus actif ou plus puissant que l’autre, mais ils so
2478 ent pour résister à l’Angleterre, pour se libérer de son joug, et pour prévenir la menace d’une nouvelle conquête étrangèr
2479 e libérer de son joug, et pour prévenir la menace d’ une nouvelle conquête étrangère. Tandis que nos cantons suisses ont ét
2480 istantes, que par la constatation claire et nette de l’état d’impuissance et de crise où les mettaient leurs divisions éco
2481 que par la constatation claire et nette de l’état d’ impuissance et de crise où les mettaient leurs divisions économiques,
2482 tation claire et nette de l’état d’impuissance et de crise où les mettaient leurs divisions économiques, politiques et mil
2483 rs — la menace extérieure et l’absurdité reconnue de nos divisions internes — jouent à plein pour l’Europe, et simultanéme
2484 de nos divisions internes — jouent à plein pour l’ Europe , et simultanément. Détrônée par la dernière guerre de sa position dom
2485 et simultanément. Détrônée par la dernière guerre de sa position dominante dans le monde, l’Europe est devenue le terrain
2486 guerre de sa position dominante dans le monde, l’ Europe est devenue le terrain de manœuvres de deux empires tout neufs, qui o
2487 te dans le monde, l’Europe est devenue le terrain de manœuvres de deux empires tout neufs, qui ont peur l’un de l’autre, e
2488 nde, l’Europe est devenue le terrain de manœuvres de deux empires tout neufs, qui ont peur l’un de l’autre, et que mesuren
2489 res de deux empires tout neufs, qui ont peur l’un de l’autre, et que mesurent leurs forces sur notre territoire, dans nos
2490 s. Oh, certes ! je pense bien que l’un et l’autre de ces empires sont animés des meilleures intentions, et ne veulent que
2491 Les uns nous voudraient heureux, bien nourris et de bonne humeur, grands lecteurs de « digests » et buveurs de coca-cola 
2492 bien nourris et de bonne humeur, grands lecteurs de « digests » et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions de bons
2493 humeur, grands lecteurs de « digests » et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions de bons clients. Les autres nous v
2494 et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions de bons clients. Les autres nous voudraient fanatiques et disciplinés, c
2495 fanatiques et disciplinés, car ainsi nous ferions de bons citoyens, d’excellents esclaves volontaires. La menace n’est pas
2496 iplinés, car ainsi nous ferions de bons citoyens, d’ excellents esclaves volontaires. La menace n’est pas la même des deux
2497 ôtés, vous le sentez bien. Il est absolument faux de prétendre que nous n’avons plus qu’à choisir entre la peste et le cho
2498 oléra, car en réalité, ce qu’on nous offre, c’est d’ un côté le sourire obligatoire, de l’autre le travail forcé. Les uns f
2499 us offre, c’est d’un côté le sourire obligatoire, de l’autre le travail forcé. Les uns financent notre reconstruction, les
2500 oix. Mais si tout de même nous trouvions le moyen de rester des Européens, de rester libres à notre guise, entre nous, dan
2501 out de même nous trouvions le moyen de rester des Européens , de rester libres à notre guise, entre nous, dans l’indépendance, cel
2502 nous trouvions le moyen de rester des Européens, de rester libres à notre guise, entre nous, dans l’indépendance, cela va
2503 ation, et qui est la prise de conscience générale de la stupidité de nos divisions. Ce qui a décidé nos ancêtres à créer u
2504 t la prise de conscience générale de la stupidité de nos divisions. Ce qui a décidé nos ancêtres à créer un pouvoir fédéra
2505 ter notre constitution, c’était l’état scandaleux d’ impuissance où nous mettait la souveraineté jalouse de 25 États minusc
2506 puissance où nous mettait la souveraineté jalouse de 25 États minuscules, hérissés de barrières et de péages, entravant la
2507 eraineté jalouse de 25 États minuscules, hérissés de barrières et de péages, entravant la circulation, sans armée unifiée,
2508 de 25 États minuscules, hérissés de barrières et de péages, entravant la circulation, sans armée unifiée, sans marché ass
2509 , nous en sommes exactement au même point, dans l’ Europe d’aujourd’hui, et c’est aussi stupide, mais plus dangereux qu’alors.
2510 en sommes exactement au même point, dans l’Europe d’ aujourd’hui, et c’est aussi stupide, mais plus dangereux qu’alors. Les
2511 lus circuler, sur notre continent, qu’à la faveur d’ une tolérance des fonctionnaires, et d’une espèce de tricherie général
2512 la faveur d’une tolérance des fonctionnaires, et d’ une espèce de tricherie générale. La preuve, c’est que si les douanier
2513 une tolérance des fonctionnaires, et d’une espèce de tricherie générale. La preuve, c’est que si les douaniers décident d’
2514 e. La preuve, c’est que si les douaniers décident d’ appliquer strictement les règlements, plus personne ne passe une front
2515 tière, le trafic est embouteillé sur des dizaines de kilomètres. Et ce n’est là qu’un exemple entre cent de nos routines.
2516 lomètres. Et ce n’est là qu’un exemple entre cent de nos routines. Allons-nous continuer longtemps ces jeux puérils, qui n
2517 deux ans, nous serons sans doute à la merci soit d’ une police totalitaire, soit des experts d’une commission d’achat qui
2518 i soit d’une police totalitaire, soit des experts d’ une commission d’achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voi
2519 ce totalitaire, soit des experts d’une commission d’ achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voilà, me semble-t-i
2520 commission d’achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voilà, me semble-t-il, des raisons suffisantes pour justif
2521 , des raisons suffisantes pour justifier l’effort de nos fédérateurs, et du Mouvement européen. Je vais les résumer en que
2522 fier l’effort de nos fédérateurs, et du Mouvement européen . Je vais les résumer en quelques mots un peu brutaux, mais qui disent
2523 fédéralistes français ont inscrit sur des carnets de timbres de propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces j
2524 s français ont inscrit sur des carnets de timbres de propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces jours. Le vo
2525 inscrit sur des carnets de timbres de propagande européenne , qui seront mis en vente un de ces jours. Le voici : « Européens, féd
2526 propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces jours. Le voici : « Européens, fédérez-vous pour sauver votre ind
2527 seront mis en vente un de ces jours. Le voici : «  Européens , fédérez-vous pour sauver votre indépendance ! Si vous ne faites pas
2528 tre indépendance ! Si vous ne faites pas demain l’ Europe , l’Amérique vous laissera tomber ; et la Russie vous ramassera. » Ce
2529 , certes, n’est pas diplomatique. Il a l’avantage d’ être clair. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
41 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La guerre impossible (20 février 1950)
2530 Demain l’ Europe  ! — La guerre impossible (20 février 1950) Chers auditeurs, Je vien
2531 Chers auditeurs, Je viens de recevoir la visite d’ un journaliste qui débarquait tout droit de la planète Mars, sortant d
2532 visite d’un journaliste qui débarquait tout droit de la planète Mars, sortant d’une somptueuse fusée-limousine à l’hydrogè
2533 débarquait tout droit de la planète Mars, sortant d’ une somptueuse fusée-limousine à l’hydrogène atomique. Il m’a demandé
2534 i se passait sur la Terre, et quel était le sujet de conversation le plus général, quand les gens qui se rencontrent ne tr
2535 t j’ai répondu en ces termes : — Les gens parlent de tout au monde, de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de l
2536 ces termes : — Les gens parlent de tout au monde, de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou d
2537 Les gens parlent de tout au monde, de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou de leurs dividen
2538 de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou de leurs dividendes, du bébé de Rita Hayworth ou de
2539 rs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou de leurs dividendes, du bébé de Rita Hayworth ou des champions du monde
2540 de leurs salaires ou de leurs dividendes, du bébé de Rita Hayworth ou des champions du monde de ski, du temps qu’il fait,
2541 u bébé de Rita Hayworth ou des champions du monde de ski, du temps qu’il fait, du dernier film, de leurs amours. Mais sans
2542 nde de ski, du temps qu’il fait, du dernier film, de leurs amours. Mais sans le savoir, le plus souvent, derrière tout cel
2543 t, derrière tout cela, ils ne parlent au fond que d’ une seule chose. Ils parlent de leur vie ou de leur mort, c’est-à-dire
2544 arlent au fond que d’une seule chose. Ils parlent de leur vie ou de leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond, de la
2545 que d’une seule chose. Ils parlent de leur vie ou de leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond, de la guerre qui vie
2546 leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond, de la guerre qui vient ou qui ne viendra pas. L’idée de la guerre possib
2547 la guerre qui vient ou qui ne viendra pas. L’idée de la guerre possible est devenue l’arrière-plan de tous nos projets dan
2548 de la guerre possible est devenue l’arrière-plan de tous nos projets dans ce siècle. — Qu’est-ce que la guerre ? m’a dema
2549 e la guerre ? m’a demandé le journaliste débarqué de la planète Mars. Je me suis senti assez embarrassé. J’avais peut-être
2550 r les humains qui peuplent notre Terre. J’ai fait de mon mieux, j’ai dit ceci. — Autrefois, il y avait des nations, représ
2551 ntées par des rois ou des princes, qui décidaient de prendre un morceau de la nation voisine, ou de lui rabattre le caquet
2552 des princes, qui décidaient de prendre un morceau de la nation voisine, ou de lui rabattre le caquet. On formait alors une
2553 nt de prendre un morceau de la nation voisine, ou de lui rabattre le caquet. On formait alors une armée composée de gens q
2554 re le caquet. On formait alors une armée composée de gens qu’on payait pour cela, et le jeu consistait à tuer les soldats
2555 our cela, et le jeu consistait à tuer les soldats de l’armée ennemie, après quoi l’on s’appropriait les territoires ou les
2556 ution française, qui transforma les règles du jeu de la guerre. À partir de ce moment-là, faire la guerre au voisin ne sig
2557 signifiait plus seulement battre sa petite armée de mercenaires, mais aussi lui imposer un régime politique dont il n’ava
2558 éon apporta le système jacobin à tous les peuples de l’Europe, sur la pointe de ses baïonnettes. À cette époque, toutefois
2559 pporta le système jacobin à tous les peuples de l’ Europe , sur la pointe de ses baïonnettes. À cette époque, toutefois, on se b
2560 bin à tous les peuples de l’Europe, sur la pointe de ses baïonnettes. À cette époque, toutefois, on se bornait encore à fa
2561 renait son cours normal ; le vainqueur s’emparait d’ un pays bien vivant. Au xx e siècle, nous avons fait d’immenses progrè
2562 pays bien vivant. Au xx e siècle, nous avons fait d’ immenses progrès. La guerre est devenue totale, et cela veut dire : qu
2563 mines, tous sont mobilisés, c’est-à-dire obligés de travailler non plus pour la conquête du voisin, mais pour sa destruct
2564 sible totale. Car, en effet, si toutes les forces d’ un pays participent maintenant à la guerre, on ne peut gagner qu’en le
2565 ulte logiquement qu’on ne peut plus s’emparer que d’ une nation morte. On ne peut donc plus gagner une guerre, à proprement
2566 mène encore plus grave. C’est qu’on ne peut plus, de nos jours, changer le régime de la nation vaincue en changeant simple
2567 ’on ne peut plus, de nos jours, changer le régime de la nation vaincue en changeant simplement le gouvernement. Car les ré
2568 les réflexes, dans les nerfs, dans l’inconscient de tous et de chacun. Il faudrait donc exterminer un peuple, ou le réédu
2569 es, dans les nerfs, dans l’inconscient de tous et de chacun. Il faudrait donc exterminer un peuple, ou le rééduquer totale
2570 cas, c’est un très gros travail. Prenez l’exemple de l’Allemagne hitlérienne. Les Américains, dans leur zone, ont eu sur l
2571 les bras, depuis l’armistice, quelque 20 millions d’ Allemands qui venaient de subir 12 ans de régime nazi. Douze ans seule
2572 millions d’Allemands qui venaient de subir 12 ans de régime nazi. Douze ans seulement, c’est-à-dire à peine une demi-génér
2573 m’ont dit souvent : Il y a dans notre zone autant de nazis qu’en 1945, il n’y a qu’Hitler en moins, nous avons donc échoué
2574 -il encore avoir un sens ? Au lieu de 20 millions d’ endoctrinés, les Américains cette fois-ci auraient sur les bras 200 mi
2575 cette fois-ci auraient sur les bras 200 millions d’ hommes, de femmes et d’enfants formés par le régime depuis plus de 30
2576 s-ci auraient sur les bras 200 millions d’hommes, de femmes et d’enfants formés par le régime depuis plus de 30 ans, 200 m
2577 sur les bras 200 millions d’hommes, de femmes et d’ enfants formés par le régime depuis plus de 30 ans, 200 millions qui n
2578 mes et d’enfants formés par le régime depuis plus de 30 ans, 200 millions qui ne savent rien de la démocratie occidentale,
2579 s plus de 30 ans, 200 millions qui ne savent rien de la démocratie occidentale, qui lui sont totalement imperméables, par
2580 u, ni même envisagé, que je sache, les conditions d’ une victoire praticable. Et le même raisonnement vaudrait, en sens inv
2581 n moins évident que dans ce conflit sans issue, l’ Europe serait anéantie, et sans bénéfice pour personne, totalement détruite
2582 Le problème du siècle est donc simple : Il s’agit d’ empêcher la guerre, et cela non point au nom du pacifisme, le pacifism
2583 ue proposez-vous ? me dit le journaliste descendu de la planète Mars. — Je propose de constituer une puissance qui s’inter
2584 naliste descendu de la planète Mars. — Je propose de constituer une puissance qui s’interpose entre les Russes et les Amér
2585 ains, une puissance qui s’affirme indépendante, l’ Europe unie, armée et neutre. De quoi faire réfléchir les 2 blocs. — C’est r
2586 rme indépendante, l’Europe unie, armée et neutre. De quoi faire réfléchir les 2 blocs. — C’est raisonnable, conclut le jou
2587 sonnable, conclut le journaliste. Mais les hommes de la Terre sont un peu fous. Ceux de l’Europe se laisseront-ils convain
2588 ais les hommes de la Terre sont un peu fous. Ceux de l’Europe se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux de vos procha
2589 es hommes de la Terre sont un peu fous. Ceux de l’ Europe se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux de vos prochaines émis
2590 pe se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux de vos prochaines émissions. Au revoir donc, à lundi prochain !
42 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Après les élections anglaises (27 février 1950)
2591 Demain l’ Europe  ! — Après les élections anglaises (27 février 1950) Chers auditeurs
2592 évrier 1950) Chers auditeurs, Je m’étais promis de vous parler ce soir du problème que pose l’Angleterre, dans ses relat
2593 que pose l’Angleterre, dans ses relations avec l’ Europe , au lendemain des élections. Eh bien, je n’en sais pas beaucoup plus
2594 e j’ai pu faire, depuis longtemps, sur l’attitude de ces Européens qui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc de d
2595 pu faire, depuis longtemps, sur l’attitude de ces Européens qui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc de dissiper un peu
2596 ui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc de dissiper un peu les brouillards londoniens dont ils enveloppent leurs
2597 ertitudes. Depuis deux ans, il est devenu courant d’ accuser l’Angleterre et ses chefs de freiner les efforts d’union europ
2598 evenu courant d’accuser l’Angleterre et ses chefs de freiner les efforts d’union européenne. On a même parlé de sabotage.
2599 l’Angleterre et ses chefs de freiner les efforts d’ union européenne. On a même parlé de sabotage. Quels sont les faits ?
2600 terre et ses chefs de freiner les efforts d’union européenne . On a même parlé de sabotage. Quels sont les faits ? Le premier fait,
2601 r les efforts d’union européenne. On a même parlé de sabotage. Quels sont les faits ? Le premier fait, c’est que Churchill
2602 , c’est que Churchill fut le premier homme d’État de grand calibre qui osât parler d’unir l’Europe, au lendemain même de l
2603 ier homme d’État de grand calibre qui osât parler d’ unir l’Europe, au lendemain même de la guerre. On se rappelle son disc
2604 d’État de grand calibre qui osât parler d’unir l’ Europe , au lendemain même de la guerre. On se rappelle son discours de Zuric
2605 ui osât parler d’unir l’Europe, au lendemain même de la guerre. On se rappelle son discours de Zurich, en septembre 1946.
2606 in même de la guerre. On se rappelle son discours de Zurich, en septembre 1946. Il demandait que la France et l’Allemagne
2607 llemagne se tendent la main, pour amorcer l’union de notre continent. À vrai dire, si l’on relit son discours, on s’aperço
2608 , peu de temps après, un mouvement anglais pour l’ Europe . Et d’accord avec les fédéralistes, qui l’avaient largement précédé d
2609 t précédé dans cette voie, il convoqua le congrès de La Haye, d’où devait sortir notre Mouvement européen. Mais Churchill
2610 ns cette voie, il convoqua le congrès de La Haye, d’ où devait sortir notre Mouvement européen. Mais Churchill n’engageait
2611 ès de La Haye, d’où devait sortir notre Mouvement européen . Mais Churchill n’engageait que lui-même et refusait encore le mot fé
2612 ncore le mot fédération. Il était au surplus chef de l’opposition. Que pensait son gouvernement ? M. Bevin tenait de son c
2613 n. Que pensait son gouvernement ? M. Bevin tenait de son côté de beaux discours. Il déclarait, devant la Chambre des commu
2614 it son gouvernement ? M. Bevin tenait de son côté de beaux discours. Il déclarait, devant la Chambre des communes, qu’il é
2615 orte quel pays du monde, sans passeport ni permis de devises. Mais quand le Mouvement européen proposa de convoquer le Con
2616 ort ni permis de devises. Mais quand le Mouvement européen proposa de convoquer le Conseil de l’Europe, M. Bevin opposa son veto
2617 devises. Mais quand le Mouvement européen proposa de convoquer le Conseil de l’Europe, M. Bevin opposa son veto. Le Consei
2618 sque toutes les recommandations issues des débats de Strasbourg, contribuant ainsi plus que tout autre à rendre vaines ces
2619 ndonien n’en est pas éclairci. Essayons cependant de distinguer les motifs de ces deux attitudes — celle de Churchill et c
2620 irci. Essayons cependant de distinguer les motifs de ces deux attitudes — celle de Churchill et celle de son grand adversa
2621 stinguer les motifs de ces deux attitudes — celle de Churchill et celle de son grand adversaire — si curieusement apparent
2622 ces deux attitudes — celle de Churchill et celle de son grand adversaire — si curieusement apparentées en fait. On a dit
2623 entées en fait. On a dit que Bevin s’opposait à l’ Europe parce que c’était une idée de Churchill. Écartons cette raison un peu
2624 s’opposait à l’Europe parce que c’était une idée de Churchill. Écartons cette raison un peu puérile, et peu digne d’un ho
2625 cartons cette raison un peu puérile, et peu digne d’ un homme d’État. M. Bevin avait deux arguments bien plus sérieux. Le p
2626 Le second, l’expérience socialiste qu’il tentait de réussir dans son île, en vase clos. Pendant longtemps, les Anglais no
2627 Anglais nous ont dit : nous serions bien d’accord de faire l’Europe, mais nous pensons d’abord à notre empire, aux dominio
2628 s ont dit : nous serions bien d’accord de faire l’ Europe , mais nous pensons d’abord à notre empire, aux dominions avec lesquel
2629 m de l’Afrique du Sud, et par le Premier ministre d’ Australie : ils étaient chaleureux et enthousiastes. Mais ils ne figur
2630 lth n’était en rien contradictoire avec une union de l’Europe. Reste donc l’argument des travaillistes anglais. Comment vo
2631 ’était en rien contradictoire avec une union de l’ Europe . Reste donc l’argument des travaillistes anglais. Comment voulez-vous
2632 ils, que nous puissions ouvrir nos frontières à l’ Europe , en pleine expérience socialiste ? Nous n’avons pas confiance dans la
2633 nd vous serez tous socialistes, on verra ! Mais l’ Europe , en réalité, ne va pas vers le socialisme. Une grande partie du conti
2634 de socialisme, elle ne sera pas seulement séparée de l’Europe, mais aussi des États-Unis, et bien plus : de ses propres do
2635 cialisme, elle ne sera pas seulement séparée de l’ Europe , mais aussi des États-Unis, et bien plus : de ses propres dominions,
2636 Europe, mais aussi des États-Unis, et bien plus : de ses propres dominions, qui sont tous revenus au système libéral. Enfi
2637 revenus au système libéral. Enfin, les élections de la semaine dernière font apparaître un fait nouveau : c’est que l’exp
2638 , le Parti travailliste n’a réuni que 13 millions de voix, tandis que les autres partis totalisent plus de 15 millions. Sa
2639 oix, tandis que les autres partis totalisent plus de 15 millions. Sans juger un instant de la valeur de cette expérience s
2640 lisent plus de 15 millions. Sans juger un instant de la valeur de cette expérience socialiste, il faut avouer que l’argume
2641 e 15 millions. Sans juger un instant de la valeur de cette expérience socialiste, il faut avouer que l’argument qu’on en t
2642 n en tire contre la participation des Anglais à l’ Europe unie repose sur une base bien fragile. L’argument qui était fort dang
2643 der sur lui une politique anglaise à l’égard de l’ Europe . Quelles conclusions nous faudrait-il tirer de cette analyse ? Je dir
2644 urope. Quelles conclusions nous faudrait-il tirer de cette analyse ? Je dirais qu’à mon sens, les principales raisons que
2645 uvaient avoir les Anglais pour se tenir à l’écart de l’Europe, sont désormais caduques, ou tout au moins très affaiblies.
2646 nt avoir les Anglais pour se tenir à l’écart de l’ Europe , sont désormais caduques, ou tout au moins très affaiblies. Les domin
2647 les deux grands prétextes, les deux grands motifs de méfiance derrière lesquels se réfugiait M. Bevin, fortement ébranlés,
2648 ation plus franche et plus active des Anglais à l’ Europe unie. En attendant qu’ils aient pris le temps d’y réfléchir, travaill
2649 ope unie. En attendant qu’ils aient pris le temps d’ y réfléchir, travaillons ferme sur le continent, entre Allemands et Fr
2650 mands et Français surtout. Si nous créons ce cœur de la fédération, je vois des chances désormais fort accrues pour que l’
43 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Neutralité européenne (6 mars 1950)
2651 Demain l’ Europe  ! — Neutralité européenne (6 mars 1950) Chers auditeurs ! L’année d
2652 Demain l’Europe ! — Neutralité européenne (6 mars 1950) Chers auditeurs ! L’année dernière, à plusieurs repri
2653 ses, j’ai abordé dans cette chronique la question de la neutralité européenne. Je proposais d’étendre à l’Europe tout enti
2654 dans cette chronique la question de la neutralité européenne . Je proposais d’étendre à l’Europe tout entière le statut actuel de l
2655 uestion de la neutralité européenne. Je proposais d’ étendre à l’Europe tout entière le statut actuel de la Suisse : fédéré
2656 neutralité européenne. Je proposais d’étendre à l’ Europe tout entière le statut actuel de la Suisse : fédérée, neutre, et armé
2657 ’étendre à l’Europe tout entière le statut actuel de la Suisse : fédérée, neutre, et armée. Mes dernières émissions sur ce
2658 ve était celui-ci : on a cru que je proposais à l’ Europe de se retirer purement et simplement de la grande bagarre entre l’Est
2659 t celui-ci : on a cru que je proposais à l’Europe de se retirer purement et simplement de la grande bagarre entre l’Est et
2660 s à l’Europe de se retirer purement et simplement de la grande bagarre entre l’Est et l’Ouest, et de se réfugier derrière
2661 t de la grande bagarre entre l’Est et l’Ouest, et de se réfugier derrière une simple déclaration pacifiste. Et l’on m’a di
2662 effet, le journal qui passe pour le plus sérieux de Paris, Le Monde , a repris l’idée d’une Europe neutre, dans un édito
2663 lus sérieux de Paris, Le Monde , a repris l’idée d’ une Europe neutre, dans un éditorial qui a fait beaucoup de bruit. De
2664 rieux de Paris, Le Monde , a repris l’idée d’une Europe neutre, dans un éditorial qui a fait beaucoup de bruit. De son côté,
2665 , dans un éditorial qui a fait beaucoup de bruit. De son côté, le non moins sérieux Times, de Londres, écrivait prudemment
2666 e bruit. De son côté, le non moins sérieux Times, de Londres, écrivait prudemment, et je cite : « Il n’est pas nécessaire
2667 n deux camps rigidement hostiles… et il peut être de l’intérêt des deux parties que certaines régions aient la certitude d
2668 parties que certaines régions aient la certitude de conserver une sorte de neutralité. » Les réactions de la presse ont é
2669 régions aient la certitude de conserver une sorte de neutralité. » Les réactions de la presse ont été vives et immédiates,
2670 onserver une sorte de neutralité. » Les réactions de la presse ont été vives et immédiates, dans toute l’Europe et aux Éta
2671 presse ont été vives et immédiates, dans toute l’ Europe et aux États-Unis. On s’est écrié avec indignation que le moment étai
2672 nation que le moment était mal choisi pour parler de neutralité, alors que l’Amérique commençait justement à réarmer nos p
2673 ustement à réarmer nos pays ; qu’il était absurde de penser que la volonté de neutralité suffirait à protéger le continent
2674 ys ; qu’il était absurde de penser que la volonté de neutralité suffirait à protéger le continent, alors qu’elle n’avait p
2675 ni la Norvège ; et qu’enfin il n’était pas digne de dire aux Américains : « Vous nous avez aidés, merci beaucoup, et main
2676 le des deux Grands n’est pas nécessairement celle de l’Europe, et ils n’ont pas tort ; tandis que les autres, comme Raymon
2677 s deux Grands n’est pas nécessairement celle de l’ Europe , et ils n’ont pas tort ; tandis que les autres, comme Raymond Aron, o
2678 ’essentiel. Ils ont oublié la condition préalable de toute neutralité européenne qui serait la fédération de l’Europe. En
2679 oublié la condition préalable de toute neutralité européenne qui serait la fédération de l’Europe. En effet, si l’Europe n’est pas
2680 te neutralité européenne qui serait la fédération de l’Europe. En effet, si l’Europe n’est pas unie, on ne voit pas commen
2681 utralité européenne qui serait la fédération de l’ Europe . En effet, si l’Europe n’est pas unie, on ne voit pas comment elle po
2682 serait la fédération de l’Europe. En effet, si l’ Europe n’est pas unie, on ne voit pas comment elle pourrait se déclarer neut
2683 uvernement fédéral du continent aurait le pouvoir de prendre une telle décision et de la proclamer. Il est donc absurde de
2684 urait le pouvoir de prendre une telle décision et de la proclamer. Il est donc absurde de parler de neutralité si l’on ne
2685 décision et de la proclamer. Il est donc absurde de parler de neutralité si l’on ne veut pas d’abord et sans réserve la f
2686 et de la proclamer. Il est donc absurde de parler de neutralité si l’on ne veut pas d’abord et sans réserve la fédération.
2687 énéralement répandue, que neutralité est synonyme de démission et d’impuissance, surtout dans le domaine militaire. Ce ne
2688 ndue, que neutralité est synonyme de démission et d’ impuissance, surtout dans le domaine militaire. Ce ne sont pas les déc
2689 omaine militaire. Ce ne sont pas les déclarations de nos juristes qui arrêteront les chars et les avions, remarquent-ils a
2690 i vient de dire son fait au doux rêveur. Dialogue de sourds, en vérité, je dirai même : histoire de fous. Car primo, il es
2691 ue de sourds, en vérité, je dirai même : histoire de fous. Car primo, il est pratiquement impossible de déclarer l’Europe
2692 e fous. Car primo, il est pratiquement impossible de déclarer l’Europe neutre, si cette Europe n’est pas tout d’abord fédé
2693 imo, il est pratiquement impossible de déclarer l’ Europe neutre, si cette Europe n’est pas tout d’abord fédérée, si elle n’a p
2694 impossible de déclarer l’Europe neutre, si cette Europe n’est pas tout d’abord fédérée, si elle n’a pas un gouvernement capab
2695 fédérée, si elle n’a pas un gouvernement capable de parler en son nom ; et secundo, une Europe fédérée sera seule en mesu
2696 nt capable de parler en son nom ; et secundo, une Europe fédérée sera seule en mesure de se défendre, c’est-à-dire de créer un
2697 secundo, une Europe fédérée sera seule en mesure de se défendre, c’est-à-dire de créer une force armée puissante. Nos pet
2698 sera seule en mesure de se défendre, c’est-à-dire de créer une force armée puissante. Nos petites armées nationales, même
2699 sante. Nos petites armées nationales, même dotées de surplus américains, seraient tout juste bonnes à se faire anéantir pl
2700 émission, mais au contraire une fière affirmation d’ indépendance. Voilà qui me paraît simple à concevoir, évident, et irré
2701 que tant de journaux importants, et pompeux, tant d’ excellents esprits en France, en Angleterre et aux États-Unis, se ferm
2702 tats-Unis, se ferment à ces évidences. Et je suis d’ autant plus heureux de pouvoir vous citer trois opinions qui tranchent
2703 à ces évidences. Et je suis d’autant plus heureux de pouvoir vous citer trois opinions qui tranchent sur l’aveuglement gén
2704 Gazzetta del Popolo, qui écrit : « La neutralité de l’Europe ne peut être que la conquête d’une Europe unie. » C’est ensu
2705 etta del Popolo, qui écrit : « La neutralité de l’ Europe ne peut être que la conquête d’une Europe unie. » C’est ensuite M. Re
2706 utralité de l’Europe ne peut être que la conquête d’ une Europe unie. » C’est ensuite M. René Payot, qui écrit dans le Jou
2707 té de l’Europe ne peut être que la conquête d’une Europe unie. » C’est ensuite M. René Payot, qui écrit dans le Journal de Ge
2708 ensuite M. René Payot, qui écrit dans le Journal de Genève  : « L’Europe aura le droit de se proclamer neutre le jour où
2709 ayot, qui écrit dans le Journal de Genève  : « L’ Europe aura le droit de se proclamer neutre le jour où elle sera consolidée
2710 le Journal de Genève  : « L’Europe aura le droit de se proclamer neutre le jour où elle sera consolidée et forte, et que
2711 alculs avec son potentiel militaire et sa volonté de résistance. » Et c’est enfin le grand chroniqueur américain Walter Li
2712 iqueur américain Walter Lippmann, qui ne voit pas d’ autre solution à la crise actuelle que dans la formation d’une troisiè
2713 olution à la crise actuelle que dans la formation d’ une troisième force européenne neutre et armée, et reconnue comme tell
2714 uelle que dans la formation d’une troisième force européenne neutre et armée, et reconnue comme telle par les deux autres. Je me r
2715 plein depuis un mois pour ou contre la neutralité de l’Europe n’a malheureusement aucun sens, si l’on n’admet pas tout d’a
2716 depuis un mois pour ou contre la neutralité de l’ Europe n’a malheureusement aucun sens, si l’on n’admet pas tout d’abord que
2717 ucun sens, si l’on n’admet pas tout d’abord que l’ Europe doit se fédérer, et que seule une Europe fédérée pourra s’armer d’une
2718 rd que l’Europe doit se fédérer, et que seule une Europe fédérée pourra s’armer d’une manière efficace, pour sa défense. Mais
2719 r, et que seule une Europe fédérée pourra s’armer d’ une manière efficace, pour sa défense. Mais le temps presse hélas, et
2720 se. Mais le temps presse hélas, et l’on s’indigne de voir le temps perdu en discussions stupides. Fédérez-vous, ou taisez-
2721 s. Fédérez-vous, ou taisez-vous ! serait-on tenté de dire à ces messieurs. On leur conseille, plus poliment, de réfléchir
2722 ces messieurs. On leur conseille, plus poliment, de réfléchir encore ou de parler d’autre chose. On leur dit comme à vous
2723 conseille, plus poliment, de réfléchir encore ou de parler d’autre chose. On leur dit comme à vous, chers auditeurs : au
2724 , plus poliment, de réfléchir encore ou de parler d’ autre chose. On leur dit comme à vous, chers auditeurs : au revoir, à
44 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe n’est pas pour « demain » (13 mars 1950)
2725 Demain l’ Europe  ! — L’Europe n’est pas pour « demain » (13 mars 1950) Chers auditeu
2726 Demain l’Europe ! — L’ Europe n’est pas pour « demain » (13 mars 1950) Chers auditeurs, L’un d’en
2727 auditeurs, L’un d’entre vous, qui a pris la peine de m’écrire une belle lettre pour me faire part de sa trouvaille, rappro
2728 e de m’écrire une belle lettre pour me faire part de sa trouvaille, rapproche le titre de ma chronique « Demain l’Europe »
2729 e faire part de sa trouvaille, rapproche le titre de ma chronique « Demain l’Europe » d’une plaisanterie que tous les enfa
2730 le, rapproche le titre de ma chronique « Demain l’ Europe  » d’une plaisanterie que tous les enfants connaissent : « Demain, on
2731 oche le titre de ma chronique « Demain l’Europe » d’ une plaisanterie que tous les enfants connaissent : « Demain, on raser
2732 n, on rasera gratis ! » Je ne sais si la remarque de mon correspondant traduit une impatience légitime, ou simplement une
2733 ue le mot demain, dans toutes nos langues, a plus d’ un sens, ou que son sens est élastique. Demain peut signifier : après
2734 e humain. » Enfin, lorsque je vous dis : Demain l’ Europe  ! — il s’agit moins d’une prophétie que d’un appel. Je n’annonce pas
2735 je vous dis : Demain l’Europe ! — il s’agit moins d’ une prophétie que d’un appel. Je n’annonce pas quelque chose de certai
2736 l’Europe ! — il s’agit moins d’une prophétie que d’ un appel. Je n’annonce pas quelque chose de certain, mais j’invoque un
2737 ie que d’un appel. Je n’annonce pas quelque chose de certain, mais j’invoque un espoir, le seul. Toute la question, c’est
2738 oque un espoir, le seul. Toute la question, c’est de savoir dans quel délai nous arriverons à ce demain. Je répondrai : de
2739 ns à ce demain. Je répondrai : demain, pour notre Europe , doit signifier avant 1952, qui est la date de la fin du plan Marshal
2740 urope, doit signifier avant 1952, qui est la date de la fin du plan Marshall. À ce moment-là, si nous ne sommes pas arrivé
2741 l’alternative est la suivante : ce sera demain l’ Europe , ou après-demain la Bombe. Quelles sont donc aujourd’hui nos chances 
2742 rrive tous les jours, et plusieurs fois par jour, de rencontrer des gens qui me disent : « Eh bien, et votre Europe, comme
2743 trer des gens qui me disent : « Eh bien, et votre Europe , comment va-t-elle ? » Ces temps-ci, je voudrais leur répondre comme
2744 t allez-vous ? » — « Très mal merci ! » disait-il d’ une voix ferme. L’Europe va mal, c’est évident, vous n’avez qu’à lire
2745  Très mal merci ! » disait-il d’une voix ferme. L’ Europe va mal, c’est évident, vous n’avez qu’à lire un journal. Les quatre g
2746 quatre grands pays qui constituent les deux tiers de sa population sont en crise gouvernementale, ou en crise sociale, et
2747 ernementale, ou en crise sociale, et s’approchent de la crise économique. En Italie, M. de Gasperi ne s’est assuré une lég
2748 suré une légère majorité qu’après six replâtrages de son cabinet, et l’agitation sociale grandit. La France n’est pas dans
2749 eilleure situation. En Allemagne, le gouvernement de Bonn cherche encore ses bases politiques. À Londres, enfin, le cabine
2750 enfin, le cabinet travailliste, avec sa majorité de 6 voix, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques t
2751 liste, avec sa majorité de 6 voix, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques trains manqués. Quant aux p
2752 rité de 6 voix, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques trains manqués. Quant aux petits pays, plus so
2753 , est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques trains manqués. Quant aux petits pays, plus solides, on ne l
2754 oses ne vont pas mieux. L’Organisation économique de coopération européenne, l’OECE, a dû reconnaître son échec, par la vo
2755 s mieux. L’Organisation économique de coopération européenne , l’OECE, a dû reconnaître son échec, par la voix même de son secrétai
2756 ECE, a dû reconnaître son échec, par la voix même de son secrétaire général, M. Marjolin. Personne ne sait comment, d’ici
2757 ils n’y parviennent pas, ce sera demain non pas l’ Europe , mais la misère. Le Conseil de l’Europe, à Strasbourg, paraît entré e
2758 entré en pleine léthargie hivernale. Certes, deux de ses commissions travaillent en silence et presque en secret, malgré l
2759 Mais l’Assemblée ne se réunira pas avant le mois de juillet, et il lui reste encore à conquérir le minimum de pouvoir néc
2760 et, et il lui reste encore à conquérir le minimum de pouvoir nécessaire pour légiférer… Quant à l’opinion publique : la fa
2761 la majorité, dort à poings fermés et se contente de grogner vaguement quand on essaye de lui parler. On se demande en vér
2762 se contente de grogner vaguement quand on essaye de lui parler. On se demande en vérité ce qui pourra bien la réveiller,
2763 d’un seul coup dans le sommeil définitif. Oui, l’ Europe va très mal, merci. Elle ne s’unira pas demain matin. Et pourtant il
2764 in matin. Et pourtant il lui reste un court délai de grâce : deux ans au plus, je le répète, mais il dépend de nous tous q
2765  : deux ans au plus, je le répète, mais il dépend de nous tous que ces deux ans suffisent. Si l’opinion publique prend con
2766 Constituante, ou qu’elle adopte un Pacte fédéral de l’Europe. Il se peut que certains hommes d’État aient enfin la sagess
2767 tituante, ou qu’elle adopte un Pacte fédéral de l’ Europe . Il se peut que certains hommes d’État aient enfin la sagesse de se m
2768 que certains hommes d’État aient enfin la sagesse de se montrer hardis, de risquer les grands gestes qu’on attend — comme
2769 État aient enfin la sagesse de se montrer hardis, de risquer les grands gestes qu’on attend — comme le chancelier Adenauer
2770 ient de proposer non sans témérité l’union totale de l’Allemagne et de la France : ce serait la seule solution d’un problè
2771 on sans témérité l’union totale de l’Allemagne et de la France : ce serait la seule solution d’un problème qui a causé jus
2772 gne et de la France : ce serait la seule solution d’ un problème qui a causé jusqu’ici des millions de morts. Mais déjà les
2773 d’un problème qui a causé jusqu’ici des millions de morts. Mais déjà les sceptiques ricanent, tandis que la presse, décon
2774 a rend pas toujours folle, il se contente parfois de la livrer aux prudents et aux petits malins. L’Europe va mal, le seul
2775 de la livrer aux prudents et aux petits malins. L’ Europe va mal, le seul moyen de salut, c’est tout d’abord de voir les faits
2776 aux petits malins. L’Europe va mal, le seul moyen de salut, c’est tout d’abord de voir les faits — et c’est ensuite de ref
2777 a mal, le seul moyen de salut, c’est tout d’abord de voir les faits — et c’est ensuite de refuser la fatalité de ces faits
2778 tout d’abord de voir les faits — et c’est ensuite de refuser la fatalité de ces faits. Nous jouerons notre sort l’été proc
2779 s faits — et c’est ensuite de refuser la fatalité de ces faits. Nous jouerons notre sort l’été prochain. C’est à l’été que
2780 ’été que je pense quand je vous répète : demain l’ Europe , ou après-demain la Bombe. Au revoir, mes chers auditeurs.
45 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — De l’Europe au monde (20 mars 1950)
2781 Demain l’ Europe  ! — De l’Europe au monde (20 mars 1950) Chers auditeurs, Je suis fr
2782 Demain l’Europe ! —  De l’Europe au monde (20 mars 1950) Chers auditeurs, Je suis frappé — 
2783 Demain l’Europe ! — De l’ Europe au monde (20 mars 1950) Chers auditeurs, Je suis frappé — et très r
2784 diteurs, Je suis frappé — et très reconnaissant —  de constater que les lettres que vous m’envoyez sont pour la grande majo
2785 envoyez sont pour la grande majorité des messages d’ adhésion, ou tout au moins d’approbation. Quant aux critiques que cert
2786 ajorité des messages d’adhésion, ou tout au moins d’ approbation. Quant aux critiques que certains formulent, et que je lis
2787 en deux classes : les uns reprochent au Mouvement européen d’aller trop vite en besogne ou de viser trop loin ; d’autres pensent
2788 lasses : les uns reprochent au Mouvement européen d’ aller trop vite en besogne ou de viser trop loin ; d’autres pensent au
2789 ouvement européen d’aller trop vite en besogne ou de viser trop loin ; d’autres pensent au contraire que nous venons trop
2790 de vue que je voudrais examiner ce soir. Le terme de fédéralisme désigne en fait plusieurs grands mouvements qui ne diffèr
2791 uvements qui ne diffèrent au fond que par l’ordre de grandeur de leurs ambitions immédiates. Les fédéralistes européens so
2792 ne diffèrent au fond que par l’ordre de grandeur de leurs ambitions immédiates. Les fédéralistes européens sont, si vous
2793 r de leurs ambitions immédiates. Les fédéralistes européens sont, si vous le voulez bien, les moins gourmands : ils seraient cont
2794 bien, les moins gourmands : ils seraient contents d’ unir pour commencer les quelque 20 pays de notre continent déchiré. Qu
2795 ontents d’unir pour commencer les quelque 20 pays de notre continent déchiré. Quant aux fédéralistes mondiaux, disciples o
2796 fédéralistes mondiaux, disciples ou prédécesseurs de Garry Davis, ils vont tout de suite aussi loin que possible : rien d’
2797 vont tout de suite aussi loin que possible : rien d’ autre que la Terre entière ne saurait satisfaire leur appétit. On a pa
2798 r sans retard un parlement commun et des échanges d’ étudiants pendant les vacances. Entre ces deux extrêmes vient d’appara
2799 ndant les vacances. Entre ces deux extrêmes vient d’ apparaître une troisième tendance : celle des fédéralistes atlantiques
2800 ques. Ceux-ci estiment, à tort ou à raison, que l’ Europe est déjà trop petite pour constituer un ensemble viable, mais que le
2801 Chine, refusent absolument et avec colère l’idée d’ un gouvernement mondial. Ils proposent donc la création d’une union fé
2802 vernement mondial. Ils proposent donc la création d’ une union fédérale des peuples libres, union qui engloberait les pays
2803 es peuples libres, union qui engloberait les pays de l’Europe, le Canada et les États-Unis. Il me paraît utile de fixer ra
2804 uples libres, union qui engloberait les pays de l’ Europe , le Canada et les États-Unis. Il me paraît utile de fixer rapidement
2805 , le Canada et les États-Unis. Il me paraît utile de fixer rapidement la position de notre Mouvement européen devant ces d
2806 l me paraît utile de fixer rapidement la position de notre Mouvement européen devant ces deux tendances, la mondialiste et
2807 e fixer rapidement la position de notre Mouvement européen devant ces deux tendances, la mondialiste et l’atlantique, afin d’évi
2808 s l’opinion publique, ou même parmi les militants européens . Les fédéralistes européens ont adopté dès le début de leur campagne
2809 e parmi les militants européens. Les fédéralistes européens ont adopté dès le début de leur campagne le slogan suivant : L’Europe
2810 es fédéralistes européens ont adopté dès le début de leur campagne le slogan suivant : L’Europe une dans un monde uni. C’e
2811 s le début de leur campagne le slogan suivant : L’ Europe une dans un monde uni. C’est dire qu’ils n’ont jamais voulu séparer,
2812 dire qu’ils n’ont jamais voulu séparer, isoler l’ Europe d’une plus vaste assemblée de peuples, et que bien au contraire, dans
2813 u’ils n’ont jamais voulu séparer, isoler l’Europe d’ une plus vaste assemblée de peuples, et que bien au contraire, dans le
2814 parer, isoler l’Europe d’une plus vaste assemblée de peuples, et que bien au contraire, dans leur pensée, l’Europe unie re
2815 es, et que bien au contraire, dans leur pensée, l’ Europe unie représenterait la première condition, mais nécessaire, d’une org
2816 senterait la première condition, mais nécessaire, d’ une organisation fédérale de la Terre. Je vous le répète ici depuis un
2817 ion, mais nécessaire, d’une organisation fédérale de la Terre. Je vous le répète ici depuis un an déjà : faire l’Europe, c
2818 Je vous le répète ici depuis un an déjà : faire l’ Europe , c’est vouloir transformer notre fameux panier de crabes nationaliste
2819 pe, c’est vouloir transformer notre fameux panier de crabes nationalistes, source de tant de guerres et de doctrines perve
2820 tre fameux panier de crabes nationalistes, source de tant de guerres et de doctrines perverses, en un puissant facteur d’é
2821 rabes nationalistes, source de tant de guerres et de doctrines perverses, en un puissant facteur d’équilibre et de paix, c
2822 et de doctrines perverses, en un puissant facteur d’ équilibre et de paix, capable de prévenir le choc des deux empires qui
2823 perverses, en un puissant facteur d’équilibre et de paix, capable de prévenir le choc des deux empires qui se livrent à l
2824 puissant facteur d’équilibre et de paix, capable de prévenir le choc des deux empires qui se livrent à la guerre froide.
2825 s et retentissantes. D’une part, une cinquantaine de sénateurs et députés américains viennent de déposer une résolution de
2826 ne résolution demandant l’union des États-Unis et de l’Europe. D’autre part, le délégué de la France au comité militaire d
2827 solution demandant l’union des États-Unis et de l’ Europe . D’autre part, le délégué de la France au comité militaire des Nation
2828 ats-Unis et de l’Europe. D’autre part, le délégué de la France au comité militaire des Nations unies, le général Billotte,
2829 n de consacrer tous ses efforts à la constitution de cette même fédération atlantique. La presse française, et une partie
2830 on atlantique. La presse française, et une partie de la presse suisse, ont fait écho, très largement, à l’acte et aux décl
2831 et aux déclarations courageuses et intelligentes de ce jeune général français. Que disent les sénateurs américains, et qu
2832 ue dit le général Billotte ? Ils constatent que l’ Europe ne saurait être défendue, dans son état présent de désunion, que par
2833 e ne saurait être défendue, dans son état présent de désunion, que par la force américaine. Ils constatent également que n
2834 plan Marshall. Ils concluent donc à la nécessité de compléter l’alliance militaire et les mesures économiques par une vas
2835 union politique, sans s’attarder à la fédération de l’Europe seule. L’étape européenne, disent-ils, est dépassée. Moi, je
2836 n politique, sans s’attarder à la fédération de l’ Europe seule. L’étape européenne, disent-ils, est dépassée. Moi, je veux bie
2837 tarder à la fédération de l’Europe seule. L’étape européenne , disent-ils, est dépassée. Moi, je veux bien, je ne m’opposerai jamai
2838 bien, je ne m’opposerai jamais à l’élargissement de notre union. Mais j’ai deux remarques à faire, qui me semblent décisi
2839 i me semblent décisives. Premièrement, pour que l’ Europe puisse s’unir à l’Amérique, il faut qu’elle forme un tout, et qu’elle
2840 il faut qu’elle forme un tout, et qu’elle dispose d’ un gouvernement capable d’engager tous ses peuples à la fois. Sinon, c
2841 out, et qu’elle dispose d’un gouvernement capable d’ engager tous ses peuples à la fois. Sinon, ce serait l’alliance du pot
2842 les à la fois. Sinon, ce serait l’alliance du pot de terre et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle de satellites
2843 n, ce serait l’alliance du pot de terre et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle de satellites. Deuxièmement, qui
2844 et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle de satellites. Deuxièmement, qui dit fédération dit respect des autonomi
2845 dération dit respect des autonomies dans le cadre de l’union. Pour sauver l’autonomie spirituelle de l’Europe, ses mœurs e
2846 e de l’union. Pour sauver l’autonomie spirituelle de l’Europe, ses mœurs et son esprit et ses authentiques grandeurs, il n
2847 l’union. Pour sauver l’autonomie spirituelle de l’ Europe , ses mœurs et son esprit et ses authentiques grandeurs, il nous faut
2848 il nous faut tout d’abord lui restituer le droit de parler d’égale à égale avec ses grands voisins. C’est là notre tâche
2849 aut tout d’abord lui restituer le droit de parler d’ égale à égale avec ses grands voisins. C’est là notre tâche primordial
2850 et personne n’osera dire qu’à cet égard, l’étape européenne est dépassée : elle est l’étape de la restauration d’une civilisation
2851 ’étape européenne est dépassée : elle est l’étape de la restauration d’une civilisation, et par elle, de l’homme même. Je
2852 st dépassée : elle est l’étape de la restauration d’ une civilisation, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux de vou
2853 la restauration d’une civilisation, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux de vous dire que ces deux objections, q
2854 on, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux de vous dire que ces deux objections, que j’ai pu faire valoir ces derni
2855 valoir ces derniers jours auprès des porte-parole de l’union atlantique, sont prises on considération de la manière la plu
2856 l’union atlantique, sont prises on considération de la manière la plus sérieuse. Beaucoup de franchise, certains ajusteme
2857 euse. Beaucoup de franchise, certains ajustements de langage de part et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de f
2858 oup de franchise, certains ajustements de langage de part et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bien
2859 chise, certains ajustements de langage de part et d’ autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bientôt tous le
2860 et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bientôt tous les fédéralistes, c’est-à-dire d’unir dans l’act
2861 dérer bientôt tous les fédéralistes, c’est-à-dire d’ unir dans l’action les quelques équipes grâce auxquelles des millions
2862 es quelques équipes grâce auxquelles des millions de sceptiques et de découragés seront un jour peut-être, et malgré eux,
2863 es grâce auxquelles des millions de sceptiques et de découragés seront un jour peut-être, et malgré eux, sauvés. Au revoir
46 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Deux enquêtes sur l’union (27 mars 1950)
2864 Demain l’ Europe  ! — Deux enquêtes sur l’union (27 mars 1950) Chers auditeurs, L’un
2865 ll, et leur multiplication dans tous les domaines de la vie publique, et même privée. Rien de plus naturel, après tout, da
2866 s naturel, après tout, dans une époque qui essaye d’ être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte de l’opinion publique 
2867 oque qui essaye d’être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte de l’opinion publique ; rien de plus naturel, hélas, aus
2868 d’être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte de l’opinion publique ; rien de plus naturel, hélas, aussi, dans une épo
2869 en de plus naturel, hélas, aussi, dans une époque d’ affaiblissement de la pensée personnelle, où chacun cherche à savoir c
2870 , hélas, aussi, dans une époque d’affaiblissement de la pensée personnelle, où chacun cherche à savoir ce que pense le plu
2871 à savoir ce que pense le plus grand nombre, avant d’ oser affirmer son point de vue. L’union européenne étant l’un des suje
2872 , avant d’oser affirmer son point de vue. L’union européenne étant l’un des sujets les plus souvent mentionnés dans la presse, dep
2873 is deux ans, il est normal que les enquêtes sur l’ Europe se succèdent à un rythme accéléré. Je vous ai déjà parlé de celle qu’
2874 èdent à un rythme accéléré. Je vous ai déjà parlé de celle qu’avaient conduite les étudiants de Lausanne, parmi leurs cond
2875 parlé de celle qu’avaient conduite les étudiants de Lausanne, parmi leurs condisciples. Elle se poursuit depuis plusieurs
2876 et nous en connaîtrons les résultats vers le mois de mai. Aujourd’hui, je vous signalerai deux autres consultations publiq
2877 aucoup plus large, l’une auprès des hommes d’État européens , l’autre auprès des lecteurs d’un hebdomadaire à grand tirage. Un gro
2878 mes d’État européens, l’autre auprès des lecteurs d’ un hebdomadaire à grand tirage. Un groupe de personnalités américaines
2879 teurs d’un hebdomadaire à grand tirage. Un groupe de personnalités américaines, qui a formé un comité en faveur de l’union
2880 aines, qui a formé un comité en faveur de l’union européenne , a eu l’idée de demander à 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pen
2881 mité en faveur de l’union européenne, a eu l’idée de demander à 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient de notre
2882 éenne, a eu l’idée de demander à 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient de notre fédération et des efforts du Co
2883 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient de notre fédération et des efforts du Conseil de l’Europe. Tous ont répo
2884 onseil de l’Europe. Tous ont répondu : présidents de la République, présidents du conseil, anciens et futurs ministres, ch
2885 ts du conseil, anciens et futurs ministres, chefs de partis ou de fédérations syndicales, tous et partout, sauf dans un se
2886 , anciens et futurs ministres, chefs de partis ou de fédérations syndicales, tous et partout, sauf dans un seul pays, la S
2887 parmi les nations. Je ne sais trop s’il y a lieu de déplorer cette abstention bernoise, quand je lis les cinquante autres
2888 ommes d’État, dis-je, on reconnaît les signatures de quelques-uns de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’obstin
2889 s-je, on reconnaît les signatures de quelques-uns de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’obstination. À lire ce
2890 s de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’ obstination. À lire ces textes parfois sonores, mais plus souvent plat
2891 uvent plats, ou même creux, on ne peut s’empêcher de penser : si tous ces messieurs sont d’accord pour faire l’Europe, que
2892 si tous ces messieurs sont d’accord pour faire l’ Europe , que ne la font-ils, et rondement ? En vérité, bien peu d’entre eux s
2893 ux sacrifices nécessaires. Mais il reste frappant de constater que s’ils ne saluent notre union que du bout des lèvres, il
2894 des lèvres, ils se sont cependant sentis obligés de la saluer. Retenons cette indication. Nos hommes d’État, liés pour la
2895 cation. Nos hommes d’État, liés pour la plupart à d’ étroits intérêts nationalistes et partisans, sentent malgré tout que l
2896 s et partisans, sentent malgré tout que l’opinion de leur pays veut davantage, réclame l’union, et s’impatiente de sa lent
2897 veut davantage, réclame l’union, et s’impatiente de sa lenteur. On en trouvera les confirmations les plus nettes dans la
2898 itiques qui ont parlé, mais les lecteurs, l’homme de la rue, et dans tous nos pays, Suisse comprise cette fois-ci. Les con
2899 se comprise cette fois-ci. Les conclusions tirées de son enquête par l’hebdomadaire parisien me paraissent dignes d’être c
2900 par l’hebdomadaire parisien me paraissent dignes d’ être citées et soulignées à votre intention. « Il est probable, écrive
2901 nous lisent ne se doutaient pas que le mouvement européen avait des racines si profondes, qu’il n’intéressait pas seulement que
2902 -unanimité, ces réponses révèlent un ardent désir de rapprochement entre les peuples libres d’Europe. » Quels sont les pri
2903 t désir de rapprochement entre les peuples libres d’ Europe. » Quels sont les principaux points d’accord que manifestent le
2904 désir de rapprochement entre les peuples libres d’ Europe . » Quels sont les principaux points d’accord que manifestent les mill
2905 paux points d’accord que manifestent les milliers de réponses reçues par Samedi Soir ? Le journal lui-même en relève quatr
2906 Une majorité très nette se dégage en faveur d’une Europe fédérale, laissant à chaque pays une assez large autonomie, et dotée
2907 à chaque pays une assez large autonomie, et dotée d’ une armée commune. C’est en somme une Europe organisée sur le modèle d
2908 et dotée d’une armée commune. C’est en somme une Europe organisée sur le modèle de la Suisse qui paraît souhaitable au plus g
2909 C’est en somme une Europe organisée sur le modèle de la Suisse qui paraît souhaitable au plus grand nombre. 2. La plupart
2910 nsent qu’il faut instituer une autorité politique européenne , avant de pouvoir agir utilement sur le plan économique. 3. Le Consei
2911 onde voudrait que son Assemblée ait beaucoup plus de pouvoir, et son Comité des ministres beaucoup moins. 4. Les rédacteur
2912 é des ministres beaucoup moins. 4. Les rédacteurs de l’hebdomadaire français se déclarent frappés « par l’insistance des l
2913 l’insistance des lecteurs à rappeler la nécessité d’ un réveil de la conscience européenne ». Et ils ajoutent : « Si tous l
2914 des lecteurs à rappeler la nécessité d’un réveil de la conscience européenne ». Et ils ajoutent : « Si tous les peuples l
2915 appeler la nécessité d’un réveil de la conscience européenne  ». Et ils ajoutent : « Si tous les peuples libres de l’Europe occiden
2916 ». Et ils ajoutent : « Si tous les peuples libres de l’Europe occidentale n’arrivent pas à se pénétrer de l’idée qu’ils ap
2917 ils ajoutent : « Si tous les peuples libres de l’ Europe occidentale n’arrivent pas à se pénétrer de l’idée qu’ils appartienne
2918 l’Europe occidentale n’arrivent pas à se pénétrer de l’idée qu’ils appartiennent à une même civilisation, aujourd’hui mena
2919 ation, aujourd’hui menacée, il n’y a aucun espoir d’ aboutir. S’ils y parviennent, tous les espoirs sont permis. Car ce son
2920 Car ce sont les peuples qui décideront finalement de leur sort, en restant inertes, ou en faisant pression sur leurs gouve
2921 pourriez croire que je n’ai fait que citer l’une de mes chroniques de l’an dernier… Certes, une hirondelle ne fait pas le
2922 ue je n’ai fait que citer l’une de mes chroniques de l’an dernier… Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps, et une
2923 it pas le printemps, et une enquête ne fait pas l’ Europe , mais il y a de nouveau un peu d’espoir dans l’air. Au revoir, à lund
2924 fait pas l’Europe, mais il y a de nouveau un peu d’ espoir dans l’air. Au revoir, à lundi prochain !
47 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les politiciens et l’Europe (3 avril 1950)
2925 Demain l’ Europe  ! — Les politiciens et l’Europe (3 avril 1950) Chers auditeurs, L’e
2926 Demain l’Europe ! — Les politiciens et l’ Europe (3 avril 1950) Chers auditeurs, L’expression « faire l’Europe », qu
2927 l 1950) Chers auditeurs, L’expression « faire l’ Europe  », qui est le refrain de mes chroniques, a plus d’un sens. Pour les f
2928 expression « faire l’Europe », qui est le refrain de mes chroniques, a plus d’un sens. Pour les fédéralistes, dont je suis
2929 e », qui est le refrain de mes chroniques, a plus d’ un sens. Pour les fédéralistes, dont je suis, faire l’Europe signifie
2930 ens. Pour les fédéralistes, dont je suis, faire l’ Europe signifie pratiquement créer sans retard des institutions communes, au
2931 ys. Pour certains ministres au contraire, faire l’ Europe signifie : dire qu’on veut bien la faire, puisque l’opinion publique
2932 fasse vite, et affirmer surtout qu’il est urgent d’ attendre, avec une obstination aussi acharnée qu’anglo-saxonne. Pour l
2933 acharnée qu’anglo-saxonne. Pour les uns, faire l’ Europe , c’est une croisade. Pour les autres, c’est une combinaison diplomati
2934 auver notre culture, nos libertés et le sens même de notre vie, pour les autres, c’est réunir des commissions, qui convoqu
2935 meront des bureaux, dont il peut être intéressant de faire partie. Ainsi va le monde. Prenons-le comme il est, et demandon
2936 lumière de l’actualité, ce que signifie « faire l’ Europe  » pour un homme comme Winston Churchill, d’une part, et pour le Comit
2937 é l’initiateur et le pionnier du mouvement pour l’ Europe unie. Ce n’est pas tout à fait exact. M. Churchill s’est fait, s’il m
2938 it exact. M. Churchill s’est fait, s’il me permet de le dire, le haut-parleur d’un grand courant d’idées qui circulait dep
2939 fait, s’il me permet de le dire, le haut-parleur d’ un grand courant d’idées qui circulait depuis longtemps déjà dans les
2940 et de le dire, le haut-parleur d’un grand courant d’ idées qui circulait depuis longtemps déjà dans les milieux les plus di
2941 eux les plus divers, et parfois les plus éloignés de celui de l’homme d’État conservateur. Mais le fait est que, quand cer
2942 lus divers, et parfois les plus éloignés de celui de l’homme d’État conservateur. Mais le fait est que, quand certains d’e
2943 ème allemand qu’en intégrant l’Allemagne dans une Europe fédérale, le grand public n’entendait rien, certains souriaient, quel
2944 a Chambre des communes, préconisant l’intégration de l’Allemagne dans une Europe unie, et tout le monde s’est écrié : voil
2945 préconisant l’intégration de l’Allemagne dans une Europe unie, et tout le monde s’est écrié : voilà une idée géniale, voilà en
2946 ité, et qui voit loin !… Mais il n’est pas besoin de voir très loin pour voir que le problème allemand est le problème num
2947 ue le problème allemand est le problème numéro un de l’Europe actuelle, et qu’il n’a qu’une seule solution : l’Europe unie
2948 problème allemand est le problème numéro un de l’ Europe actuelle, et qu’il n’a qu’une seule solution : l’Europe unie. Il suff
2949 actuelle, et qu’il n’a qu’une seule solution : l’ Europe unie. Il suffit de voir ce qui est, dans l’immédiat, et sous nos yeux
2950 qu’une seule solution : l’Europe unie. Il suffit de voir ce qui est, dans l’immédiat, et sous nos yeux. L’étonnant, le st
2951 rien vu. La seule nouveauté véritable du discours de M. Churchill, c’est qu’il a proposé que l’Angleterre soutienne effect
2952 qui nous a sauvé du fol orgueil allemand, faire l’ Europe aujourd’hui signifie avant tout réconcilier l’Allemagne avec tout l’O
2953 dans le cadre du Conseil de l’Europe. Il a décidé d’ inviter la République fédérale de Bonn à venir siéger dans l’Assemblée
2954 ope. Il a décidé d’inviter la République fédérale de Bonn à venir siéger dans l’Assemblée consultative, qui doit se réunir
2955 ssemblée consultative, qui doit se réunir au mois d’ août à Strasbourg, pour sa deuxième session normale. On attend désorma
2956 llemands, très divisés sur cette question à cause d’ une affaire ridicule. Les Français voudraient que la Sarre entre en mê
2957 es Allemands la veulent allemande, et s’offensent de la voir traitée en État libre. Je dis que l’affaire est ridicule, s’a
2958 , puisqu’il est clair que, dans notre fédération, de tels problèmes précisément ne se poseraient plus, — et voilà bien pou
2959  et voilà bien pourquoi il faut la faire. Faire l’ Europe , ce n’est pas seulement réconcilier l’État français et l’État alleman
2960 llemand, mais c’est surtout, et avant tout, faire de ces deux pays, et aussi de la Sarre, des cantons sans frontière dans
2961 , et avant tout, faire de ces deux pays, et aussi de la Sarre, des cantons sans frontière dans la grande république europé
2962 cantons sans frontière dans la grande république européenne . Il s’agit à Strasbourg de dépasser le stade des points d’honneur nat
2963 nde république européenne. Il s’agit à Strasbourg de dépasser le stade des points d’honneur nationalistes. Mettre comme co
2964 agit à Strasbourg de dépasser le stade des points d’ honneur nationalistes. Mettre comme condition à l’entrée de l’Allemagn
2965 nationalistes. Mettre comme condition à l’entrée de l’Allemagne dans l’union supranationale une question de nationalisme,
2966 llemagne dans l’union supranationale une question de nationalisme, c’est un non-sens dont les politiciens devraient rougir
2967 lemagne entre ou non dans le Conseil de l’Europe. De son refus ou de son acceptation dépendra le succès de l’entreprise de
2968 non dans le Conseil de l’Europe. De son refus ou de son acceptation dépendra le succès de l’entreprise de Strasbourg. Si
2969 on refus ou de son acceptation dépendra le succès de l’entreprise de Strasbourg. Si le Conseil de l’Europe, mis sur pied g
2970 on acceptation dépendra le succès de l’entreprise de Strasbourg. Si le Conseil de l’Europe, mis sur pied grâce aux efforts
2971 e l’Europe, mis sur pied grâce aux efforts privés de notre Mouvement réussissait à absorber les Allemands dans une vaste u
48 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les volontaires de Daniel Villey (10 avril 1950)
2972 Demain l’ Europe  ! — Les volontaires de Daniel Villey (10 avril 1950) Chers auditeur
2973 Demain l’Europe ! — Les volontaires de Daniel Villey (10 avril 1950) Chers auditeurs ! Il y a quelques sem
2974 emaines, à ce micro, je vous lisais deux extraits d’ un appel que venait de lancer le professeur Daniel Villey, de la facul
2975 que venait de lancer le professeur Daniel Villey, de la faculté de droit de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires
2976 lancer le professeur Daniel Villey, de la faculté de droit de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires de consacrer d
2977 professeur Daniel Villey, de la faculté de droit de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires de consacrer deux ans d
2978 de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires de consacrer deux ans de leur vie à la lutte pour l’union européenne. Ce
2979 dait à quelques volontaires de consacrer deux ans de leur vie à la lutte pour l’union européenne. Ces courts extraits d’un
2980 crer deux ans de leur vie à la lutte pour l’union européenne . Ces courts extraits d’une modeste brochure ont suffi pour que 150 de
2981 utte pour l’union européenne. Ces courts extraits d’ une modeste brochure ont suffi pour que 150 de mes auditeurs de tous â
2982 its d’une modeste brochure ont suffi pour que 150 de mes auditeurs de tous âges m’écrivent, écrivent aussi au professeur V
2983 brochure ont suffi pour que 150 de mes auditeurs de tous âges m’écrivent, écrivent aussi au professeur Villey, demandent
2984 rivent aussi au professeur Villey, demandent plus de détails, et souvent même, offrent de faire partie de l’équipe des vol
2985 mandent plus de détails, et souvent même, offrent de faire partie de l’équipe des volontaires. Ces lettres me venaient pou
2986 détails, et souvent même, offrent de faire partie de l’équipe des volontaires. Ces lettres me venaient pour la plupart de
2987 ur la plupart de Suisse, mais quelques-unes aussi de France, ou d’Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestin
2988 de Suisse, mais quelques-unes aussi de France, ou d’ Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestine — où je ne s
2989 i de France, ou d’Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestine — où je ne soupçonnais pas que les ondes suiss
2990 i bien écoutées et reçues. Ces nombreuses marques d’ enthousiasme pour l’initiative de Villey me font un devoir, aujourd’hu
2991 mbreuses marques d’enthousiasme pour l’initiative de Villey me font un devoir, aujourd’hui, de vous décrire la suite de ce
2992 tiative de Villey me font un devoir, aujourd’hui, de vous décrire la suite de cette belle aventure. Certes, elle en est en
2993 un devoir, aujourd’hui, de vous décrire la suite de cette belle aventure. Certes, elle en est encore à ses débuts, mais e
2994 x qu’une promesse. Daniel Villey, sans avoir fait d’ autre publicité que l’envoi de sa brochure à ceux qui la demandaient —
2995 ey, sans avoir fait d’autre publicité que l’envoi de sa brochure à ceux qui la demandaient — à la suite de quelques articl
2996 la demandaient — à la suite de quelques articles de Daniel-Rops, de Jules Romains, et de ma chronique — , Villey, donc, a
2997 — à la suite de quelques articles de Daniel-Rops, de Jules Romains, et de ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus de 20
2998 ues articles de Daniel-Rops, de Jules Romains, et de ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus de 2000 lettres d’adhésion
2999 et de ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus de 2000 lettres d’adhésion en quelques semaines. Sans secrétaire, aidé s
3000 que — , Villey, donc, a reçu plus de 2000 lettres d’ adhésion en quelques semaines. Sans secrétaire, aidé seulement par sa
3001 a dépouillé cet énorme courrier, et s’est efforcé de répondre à ceux qui le demandaient. Surtout, il a opéré un choix dans
3002 dans ce courrier très disparate. Une cinquantaine de jeunes gens et jeunes filles ont été convoqués pour une première renc
3003 remière rencontre à Paris le 12 février. Le texte de la convocation avait été rédigé en termes exigeants, afin que puissen
3004 exigeants, afin que puissent se distinguer celles de ces bonnes volontés qu’appuyait une solide résolution. Le 17 février,
3005 re, et président du conseil français du Mouvement européen , un premier groupe de dix volontaires a prêté un serment solennel, et
3006 français du Mouvement européen, un premier groupe de dix volontaires a prêté un serment solennel, et s’est engagé pour deu
3007 et s’est engagé pour deux ans au service exclusif de l’unité européenne. Trois autres sont venus s’ajouter au noyau, le 8
3008 gagé pour deux ans au service exclusif de l’unité européenne . Trois autres sont venus s’ajouter au noyau, le 8 mars. Au nombre de
3009 nt venus s’ajouter au noyau, le 8 mars. Au nombre de ces premiers volontaires, je relève deux étudiants, un secrétaire d’i
3010 ontaires, je relève deux étudiants, un secrétaire d’ inspection de l’enseignement, un horticulteur, une directrice d’école
3011 relève deux étudiants, un secrétaire d’inspection de l’enseignement, un horticulteur, une directrice d’école d’infirmières
3012 e l’enseignement, un horticulteur, une directrice d’ école d’infirmières, une diplômée en économie politique, une ouvrière
3013 ignement, un horticulteur, une directrice d’école d’ infirmières, une diplômée en économie politique, une ouvrière de Toulo
3014 une diplômée en économie politique, une ouvrière de Toulouse et un voyageur de commerce. Pour l’Europe, ils ont quitté le
3015 olitique, une ouvrière de Toulouse et un voyageur de commerce. Pour l’Europe, ils ont quitté leurs familles, interrompu le
3016 re de Toulouse et un voyageur de commerce. Pour l’ Europe , ils ont quitté leurs familles, interrompu leurs études ou leur carri
3017 études ou leur carrière, accepté tous les risques d’ une entreprise incertaine et d’une vie dénuée de toute assurance du le
3018 é tous les risques d’une entreprise incertaine et d’ une vie dénuée de toute assurance du lendemain. Que feront donc ces vo
3019 s d’une entreprise incertaine et d’une vie dénuée de toute assurance du lendemain. Que feront donc ces volontaires ? C’est
3020 onc ces volontaires ? C’est ce qu’un grand nombre de correspondants ont demandé à Daniel Villey, qui leur répond en ces te
3021 que d’autres ensuite amplifieront. Il faut voler de chance en chance. Comment tracer d’avance l’itinéraire d’une telle dé
3022 Il faut voler de chance en chance. Comment tracer d’ avance l’itinéraire d’une telle démarche ? Pourtant, des objectifs pr
3023 e en chance. Comment tracer d’avance l’itinéraire d’ une telle démarche ? Pourtant, des objectifs précis sont assignés d’o
3024 rd, ils devront répandre dans toutes les communes de France le drapeau de l’Europe, le E vert sur fond blanc, afin qu’il f
3025 dre dans toutes les communes de France le drapeau de l’Europe, le E vert sur fond blanc, afin qu’il flotte au fronton des
3026 ans toutes les communes de France le drapeau de l’ Europe , le E vert sur fond blanc, afin qu’il flotte au fronton des mairies à
3027 rapeau national. Et ils prépareront l’institution d’ une fête légale de l’Europe, pour le 10 août de chaque année. Ces deux
3028 t ils prépareront l’institution d’une fête légale de l’Europe, pour le 10 août de chaque année. Ces deux mesures supposent
3029 prépareront l’institution d’une fête légale de l’ Europe , pour le 10 août de chaque année. Ces deux mesures supposent une inte
3030 on d’une fête légale de l’Europe, pour le 10 août de chaque année. Ces deux mesures supposent une intense propagande dans
3031 les esprits, en France, à accepter l’intégration de l’Allemagne dans la fédération, à exiger l’élection directe du Parlem
3032 ération, à exiger l’élection directe du Parlement européen , et la création d’un exécutif européen responsable devant ce Parlemen
3033 ion directe du Parlement européen, et la création d’ un exécutif européen responsable devant ce Parlement. Agiter, réveille
3034 Parlement européen, et la création d’un exécutif européen responsable devant ce Parlement. Agiter, réveiller, informer, rendre
3035 r participer, eux aussi, à la croisade. Craignant de décevoir tant de bonnes volontés qui s’étaient signalées spontanément
3036 à Villey. Il m’a répondu ceci : son intention est de former d’abord sa première équipe pour la France. Un ou deux Suisses
3037 ance. Un ou deux Suisses ont été invités à suivre de près l’expérience. Si celle-ci se révèle concluante, il faudra qu’une
3038 èmes, à nos mentalités. Je souhaite que le succès de Daniel Villey en France permette une suite rapide chez nous, car je c
3039 gouvernements, laissés à eux-mêmes, sont capables de faire, ou plutôt de ne pas faire. C’est ainsi qu’à Strasbourg, tout r
3040 és à eux-mêmes, sont capables de faire, ou plutôt de ne pas faire. C’est ainsi qu’à Strasbourg, tout récemment, les minist
3041 t, les ministres du Conseil de l’Europe ont tenté d’ étouffer le premier projet d’un organisme exécutif européen, en le ren
3042 e l’Europe ont tenté d’étouffer le premier projet d’ un organisme exécutif européen, en le renvoyant à des sous-commissions
3043 touffer le premier projet d’un organisme exécutif européen , en le renvoyant à des sous-commissions d’étude, d’approches, et de c
3044 européen, en le renvoyant à des sous-commissions d’ étude, d’approches, et de consultation indéfiniment préalables. On sai
3045 , en le renvoyant à des sous-commissions d’étude, d’ approches, et de consultation indéfiniment préalables. On sait que la
3046 t à des sous-commissions d’étude, d’approches, et de consultation indéfiniment préalables. On sait que la procédure est le
3047 s. On sait que la procédure est le meilleur moyen de s’occuper sérieusement et coûteusement à ne rien faire. Et l’on a hon
3048 et coûteusement à ne rien faire. Et l’on a honte de voir des hommes d’État se livrer à ce jeu d’escamotage des espoirs do
3049 onte de voir des hommes d’État se livrer à ce jeu d’ escamotage des espoirs dont ils sont, après tout, responsables devant
3050 On voudrait que Daniel Villey et sa petite troupe de jeunes croisés se présentent devant eux, simplement, et qu’ils leur f
3051 comprendre, sans discours, que le temps est venu d’ être sérieux : leur seul exemple suffirait. À Villey donc et à ses vol
3052 olontaires, j’adresse au nom de beaucoup nos vœux de joyeuses Pâques. Le printemps de l’Europe est à eux, cette année ! Au
3053 eaucoup nos vœux de joyeuses Pâques. Le printemps de l’Europe est à eux, cette année ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi
3054 up nos vœux de joyeuses Pâques. Le printemps de l’ Europe est à eux, cette année ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain
49 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Branle-bas mondial (17 avril 1950)
3055 Demain l’ Europe  ! — Branle-bas mondial (17 avril 1950) Chers auditeurs, Que se pass
3056 passe-t-il dans le monde, ce printemps ? Quantité de petits événements vont et viennent dans l’actualité, et voudraient fa
3057 elgique, le cabinet Bidault en France, obtiennent de justesse des majorités peu concluantes ; les ministres volent en tout
3058 deux, à treize, à quatre, comme dans les figures d’ un ballet, et tout cela n’est pas exaltant. C’est le train-train de l’
3059 out cela n’est pas exaltant. C’est le train-train de l’Histoire, et s’il est vrai que les temps heureux n’ont pas d’Histoi
3060 et s’il est vrai que les temps heureux n’ont pas d’ Histoire, on serait tenté d’être optimiste. On aurait tort. Car derriè
3061 mps heureux n’ont pas d’Histoire, on serait tenté d’ être optimiste. On aurait tort. Car derrière tout ce va-et-vient, cach
3062 n de devenir des hémisphères. Déjà, ce n’est plus de la Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de
3063 hémisphères. Déjà, ce n’est plus de la Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de l’Occident, des
3064 a Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de l’Occident, des deux moitiés de la Planète, prêtes à s
3065 l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de l’Occident, des deux moitiés de la Planète, prêtes à s’unir chacune d
3066 is de l’Orient et de l’Occident, des deux moitiés de la Planète, prêtes à s’unir chacune de son côté, et contre l’autre. U
3067 ux moitiés de la Planète, prêtes à s’unir chacune de son côté, et contre l’autre. Une gigantesque simplification du monde
3068 sous nos yeux. Il est incontestable qu’il s’agit d’ un fait sans précédent dans l’histoire des hommes. Essayons d’en prend
3069 ns précédent dans l’histoire des hommes. Essayons d’ en prendre conscience. L’Orient d’abord : tout s’y passe en secret, ma
3070 dessin général transparaît lentement malgré tout. De l’Oder à Vladivostok, de Budapest à Pékin, de la Baltique à l’océan I
3071 t lentement malgré tout. De l’Oder à Vladivostok, de Budapest à Pékin, de la Baltique à l’océan Indien, les Russes ont ent
3072 ut. De l’Oder à Vladivostok, de Budapest à Pékin, de la Baltique à l’océan Indien, les Russes ont entrepris d’unifier tota
3073 ltique à l’océan Indien, les Russes ont entrepris d’ unifier totalement près de la moitié de la population du globe. Unific
3074 entrepris d’unifier totalement près de la moitié de la population du globe. Unification monétaire — par la création du ro
3075 r la création du rouble or, seule monnaie valable de Pékin à Berlin — , unification économique, unification militaire et p
3076 n idéologique. En vérité, il ne s’agit plus guère de communisme ou de marxisme, en tout cela, mais de la création d’un Emp
3077 vérité, il ne s’agit plus guère de communisme ou de marxisme, en tout cela, mais de la création d’un Empire eurasien — pl
3078 de communisme ou de marxisme, en tout cela, mais de la création d’un Empire eurasien — plus asiatique qu’européen — repos
3079 ou de marxisme, en tout cela, mais de la création d’ un Empire eurasien — plus asiatique qu’européen — reposant sur deux pr
3080 création d’un Empire eurasien — plus asiatique qu’ européen — reposant sur deux principes fondamentaux : la puissance absolue de
3081 eux principes fondamentaux : la puissance absolue de l’État, et la collectivisation totale de la pensée comme de la produc
3082 absolue de l’État, et la collectivisation totale de la pensée comme de la production. Devant cette entreprise sans précéd
3083 et la collectivisation totale de la pensée comme de la production. Devant cette entreprise sans précédent, méthodiquement
3084 rait faire, et à publier à grand bruit 22 projets d’ action contradictoires, au lieu d’exécuter en silence un seul plan. Co
3085 t. » C’est qu’à l’Ouest, nous devons tenir compte de mille réalités qu’un Staline néglige ou liquide : les traditions nati
3086 et des esprits, nous tâtonnons vers des formules d’ union respectueuses des diversités. Alors qu’à l’Est s’est imposée du
3087 tons sur des dosages nationaux, sur des questions de préséance diplomatiques héritées d’un autre âge. Nous louchons vers u
3088 des questions de préséance diplomatiques héritées d’ un autre âge. Nous louchons vers une direction américaine, qui hésite
3089 ut en déclarant fièrement que nous ne boirons pas de coca-cola. Il y a souvent de la sottise, mais parfois aussi de la gra
3090 nous ne boirons pas de coca-cola. Il y a souvent de la sottise, mais parfois aussi de la grandeur, dans cette répugnance
3091 Il y a souvent de la sottise, mais parfois aussi de la grandeur, dans cette répugnance générale à prendre sans délai les
3092 dre sans délai les mesures qui s’imposent. Il y a de la sottise à refuser l’union, mais il y a de la grandeur à refuser l’
3093 y a de la sottise à refuser l’union, mais il y a de la grandeur à refuser l’unification mécanique à la manière des dictat
3094 es dictatures. La seule tentative un peu sérieuse de réponse au péril eurasien, nous la voyons se dessiner depuis quelques
3095 la confusion domine. Une bonne moitié des nations de l’Europe n’ont pas voulu signer ce pacte, comme la Suisse, la Suède e
3096 nfusion domine. Une bonne moitié des nations de l’ Europe n’ont pas voulu signer ce pacte, comme la Suisse, la Suède et l’Irlan
3097 e plus, nous voyons que la clé du problème, c’est de fédérer d’abord tous les pays de l’Europe, afin de pouvoir conclure e
3098 problème, c’est de fédérer d’abord tous les pays de l’Europe, afin de pouvoir conclure ensuite une vaste union occidental
3099 lème, c’est de fédérer d’abord tous les pays de l’ Europe , afin de pouvoir conclure ensuite une vaste union occidentale engloba
3100 que. Une fois de plus, nous voyons qu’il est faux de prétendre que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’Europe qu
3101 voyons qu’il est faux de prétendre que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’Europe qui, dans le monde occidental,
3102 s qu’il est faux de prétendre que « le stade de l’ Europe  » est dépassé. C’est l’Europe qui, dans le monde occidental, représen
3103 que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’ Europe qui, dans le monde occidental, représente le foyer vital. C’est elle
3104 est elle dont la présente désunion empêche encore de réaliser un plan de défense de l’Occident. Et c’est elle dont l’union
3105 sente désunion empêche encore de réaliser un plan de défense de l’Occident. Et c’est elle dont l’union garantirait non seu
3106 nt l’union garantirait non seulement l’efficacité de ce plan, mais encore et surtout le sens des valeurs humaines que ce p
3107 sens des valeurs humaines que ce plan est chargé de défendre contre l’immense poussée de la masse orientale. L’enjeu de c
3108 n est chargé de défendre contre l’immense poussée de la masse orientale. L’enjeu de ce conflit mondial, dont les données c
3109 l’immense poussée de la masse orientale. L’enjeu de ce conflit mondial, dont les données concrètes se simplifient terribl
3110 t terriblement depuis quelques semaines, essayons de le formuler en termes simples, eux aussi. C’est l’enjeu le plus total
3111 s été proposé à l’humanité. Il s’agit aujourd’hui de savoir si c’est l’homme personnel qui va subsister et créer l’avenir,
3112 er, comme c’est le cas en Orient. Ce qu’il s’agit de gagner, ce n’est pas une guerre, c’est beaucoup plus : c’est la cause
3113 une guerre, c’est beaucoup plus : c’est la cause de l’homme personnel, de chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qu
3114 ucoup plus : c’est la cause de l’homme personnel, de chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passio
3115  : c’est la cause de l’homme personnel, de chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passions, à ses
3116 e personnel, de chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passions, à ses péchés, et à sa foi, et qui
3117 assions, à ses péchés, et à sa foi, et qui refuse de se les laisser dicter en masse par les fonctionnaires d’un tyran. Ceu
3118 es laisser dicter en masse par les fonctionnaires d’ un tyran. Ceux qui auront compris cela auront aussi compris le sens de
3119 compris cela auront aussi compris le sens dernier de notre effort fédéraliste. Au revoir, à lundi prochain.
50 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’union atlantique (24 avril 1950)
3120 Demain l’ Europe  ! — L’union atlantique (24 avril 1950) Chers auditeurs, La semaine
3121 s bien en deux hémisphères, dont l’une s’organise d’ une manière rigide, en silence, sous la direction du Kremlin, et dont
3122 ’autre s’agite et discute sans trouver sa formule d’ union. Et je vous disais que les cercles officiels me paraissaient ten
3123 ndispensable à cette union, qui est la fédération européenne . Comme pour confirmer ce diagnostic, le jour même où je vous parlais,
3124 e M. Georges Bidault venait, au nom de la France, de proposer la création d’un haut Conseil de l’Atlantique. Je ne puis do
3125 ait, au nom de la France, de proposer la création d’ un haut Conseil de l’Atlantique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir,
3126 France, de proposer la création d’un haut Conseil de l’Atlantique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir, que de reprendre
3127 ntique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir, que de reprendre ma dernière causerie au point précis où l’actualité s’est c
3128 erie au point précis où l’actualité s’est chargée de la prolonger. Que faut-il penser de la proposition Bidault, du point
3129 s’est chargée de la prolonger. Que faut-il penser de la proposition Bidault, du point de vue européen ? Faut-il en déduire
3130 penser de la proposition Bidault, du point de vue européen  ? Faut-il en déduire comme certains journaux que nos hommes d’État on
3131 rnaux que nos hommes d’État ont renoncé à faire l’ Europe , avant d’avoir sérieusement essayé d’y réussir, et qu’ils prétendent
3132 hommes d’État ont renoncé à faire l’Europe, avant d’ avoir sérieusement essayé d’y réussir, et qu’ils prétendent aujourd’hu
3133 faire l’Europe, avant d’avoir sérieusement essayé d’ y réussir, et qu’ils prétendent aujourd’hui réaliser le plus, après av
3134 échec ? Faut-il répéter avec beaucoup que l’étape européenne est dépassée ? Et faut-il enfin que je change le titre même de ma chr
3135 ée ? Et faut-il enfin que je change le titre même de ma chronique ? Je pense que je n’étonnerai personne en vous disant qu
3136 ois pas un instant. Je veux bien que « Demain : l’ Europe  ! » signifie « Après demain l’union atlantique », mais je persiste à
3137 e ne pense pas que les ministres qui parlent déjà d’ union atlantique feront rien de sérieux pour la réaliser ; 2. Je ne pe
3138 s qui parlent déjà d’union atlantique feront rien de sérieux pour la réaliser ; 2. Je ne pense pas que cette union soit ré
3139 se pas que cette union soit réalisable tant que l’ Europe n’existe pas politiquement, et qu’elle n’a pas donné à l’Amérique la
3140 nt rien, parce qu’ils n’ont pas la volonté réelle d’ imposer et de mettre en pratique les beaux projets sur lesquels ils di
3141 e qu’ils n’ont pas la volonté réelle d’imposer et de mettre en pratique les beaux projets sur lesquels ils discourent. Ils
3142 ourent. Ils se disent tous, ou presque, partisans de l’union et même de la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d
3143 nt tous, ou presque, partisans de l’union et même de la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’accepter une mesur
3144 ue, partisans de l’union et même de la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’accepter une mesure bien pratique e
3145 la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’ accepter une mesure bien pratique et efficace, qu’elle soit de premièr
3146 ne mesure bien pratique et efficace, qu’elle soit de première importance, comme l’élection directe d’un Parlement européen
3147 de première importance, comme l’élection directe d’ un Parlement européen, ou secondaire, mais significative, comme la sup
3148 portance, comme l’élection directe d’un Parlement européen , ou secondaire, mais significative, comme la suppression des visas, l
3149 nistres et tous leurs experts refusent absolument d’ agir. Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou de timidité. I
3150 ent d’agir. Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou de timidité. Ils trouvent toujours que « c’est prématuré »,
3151 Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou de timidité. Ils trouvent toujours que « c’est prématuré », sans qu’on p
3152 s qu’on puisse deviner à quel moment cela cessera d’ être prématuré, à leur avis. Ils prétendent toujours que l’opinion n’e
3153 les plaindre ; je suis prêt à saluer la sincérité de plusieurs en tant qu’individus ; je suis même prêt à prendre au série
3154 suis même prêt à prendre au sérieux quelques-unes de leurs objections. Mais je me refuse à croire un seul instant qu’ils v
3155 t démontré depuis un an qu’ils étaient incapables de créer une union par-dessus la Manche, ou même par-dessus le Rhin, cep
3156 montrer fortement hésitante devant la suggestion de M. Bidault. Certes, celle-ci rejoint l’action très vigoureuse d’une f
3157 Certes, celle-ci rejoint l’action très vigoureuse d’ une fraction du Sénat américain en faveur d’une fédération des démocra
3158 omprend. Comment les États-Unis accepteraient-ils d’ entrer sur pied d’égalité dans une union avec nos peuples désunis, don
3159 es États-Unis accepteraient-ils d’entrer sur pied d’ égalité dans une union avec nos peuples désunis, donc faibles, avec no
3160 supprimer les visas ; et qui ont refusé jusqu’ici de sacrifier la plus petite parcelle de leur souveraineté nationale ? Ce
3161 sé jusqu’ici de sacrifier la plus petite parcelle de leur souveraineté nationale ? Certes, la direction générale indiquée
3162 i dans ma prochaine chronique. Ensuite, il s’agit de bien voir que ce ne sont pas nos petits États souverains qui seront c
3163 s nos petits États souverains qui seront capables de s’unir à l’Amérique, en ordre dispersé ; mais que si nous voulons qu’
3164 ous en rendre dignes, il nous faut faire demain l’ Europe . Au revoir, à lundi prochain.
51 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et l’Amérique (1er mai 1950)
3165 Demain l’ Europe  ! — L’Europe et l’Amérique (1er mai 1950) Chers auditeurs, Voilà ce
3166 Demain l’Europe ! — L’ Europe et l’Amérique (1er mai 1950) Chers auditeurs, Voilà ce soir le cinq
3167 à ce soir le cinquantième lundi que je vous parle de l’Europe. Si elle n’est pas encore faite, cette Europe, personne au m
3168 soir le cinquantième lundi que je vous parle de l’ Europe . Si elle n’est pas encore faite, cette Europe, personne au moins ne p
3169 e l’Europe. Si elle n’est pas encore faite, cette Europe , personne au moins ne pourra dire que c’est ma faute ! Elle est d’ail
3170 nez sur l’événement. Je vous ai décrit les étapes de ce progrès encore bien lent et plein d’à-coups, mais au total indiscu
3171 es étapes de ce progrès encore bien lent et plein d’ à-coups, mais au total indiscutable. Le Conseil de l’Europe est encore
3172 e est encore vagissant, mais il est né. La presse de nos pays est encore divisée, souvent sceptique, mais vous ne pouvez p
3173 souvent même un long commentaire sur le problème européen . Les enquêtes, les sondages se multiplient, et démontrent que l’opini
3174 ler, se frotte les yeux, et se demande si l’union de l’Europe ne serait pas autre chose qu’une « idée généreuse » — ne ser
3175 se frotte les yeux, et se demande si l’union de l’ Europe ne serait pas autre chose qu’une « idée généreuse » — ne serait point
3176 mique et culturel le plus urgent, le plus concret de notre époque. C’est à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye
3177 e plus concret de notre époque. C’est à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye de contribuer. Je ne puis rêver d’a
3178 à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye de contribuer. Je ne puis rêver d’agir ici sur les décisions des ministr
3179 chronique essaye de contribuer. Je ne puis rêver d’ agir ici sur les décisions des ministres. D’abord, ils n’en prennent p
3180 nistres. D’abord, ils n’en prennent pas beaucoup, de décisions. Et puis, les seuls qui auraient le temps de m’écouter sont
3181 cisions. Et puis, les seuls qui auraient le temps de m’écouter sont ceux que l’on vient de renverser, et qui se retirent à
3182 es autres, ils sont trop occupés car ce n’est pas de ce côté-là que le pouvoir véritable réside, dans nos régimes. Je ne p
3183 e ne puis agir, en fait, que sur un petit secteur de ce que l’on nomme le grand public, mais c’est peut-être là que notre
3184 — dans l’opinion, puisqu’elle seule est en mesure d’ exiger ce que les pouvoirs refusent encore. Six minutes par semaine, d
3185 c’est peu. Mais après tout, qui sait ? Il s’agit de réveiller. Or le sommeil humain a des lois bien étranges. Il arrive q
3186 re qu’un homme qui dort à poings fermés résiste à de petits coups d’épingle. Mettons que ce soit là mon ambition. La petit
3187 ui dort à poings fermés résiste à de petits coups d’ épingle. Mettons que ce soit là mon ambition. La petite piqûre hebdoma
3188 ientation. Ou bien en provoquant un large courant d’ air. C’est ce que sont en train de faire, pour le réveil d’une opinion
3189 est ce que sont en train de faire, pour le réveil d’ une opinion européenne, certains souffles glacés qui viennent parfois
3190 t en train de faire, pour le réveil d’une opinion européenne , certains souffles glacés qui viennent parfois des steppes, certains
3191 . Depuis que M. Bidault a proposé le haut Conseil de l’Atlantique, on sent que quelque chose bouge, en Europe. À cet égard
3192 l’Atlantique, on sent que quelque chose bouge, en Europe . À cet égard, le plan Bidault peut être utile même s’il ne doit pas a
3193 ite à prendre une conscience beaucoup plus claire de l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’attitude humaine.
3194 prendre une conscience beaucoup plus claire de l’ Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’attitude humaine. Certes,
3195 beaucoup plus claire de l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’attitude humaine. Certes, l’Europe considérée
3196 s claire de l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’attitude humaine. Certes, l’Europe considérée dans son ens
3197 l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’ attitude humaine. Certes, l’Europe considérée dans son ensemble, est l
3198 ulture, de mœurs et d’attitude humaine. Certes, l’ Europe considérée dans son ensemble, est la terre des diversités. Je dirais,
3199 ement, que le premier caractère commun à tous les Européens , c’est qu’ils sont différents les uns des autres, et qu’ils tiennent
3200 mettons, les Suédois et les Grecs, les puritains d’ Écosse et les chanteurs napolitains ? Est-ce que les Hollandais, les B
3201 les Belges, les Anglais, n’ont pas beaucoup plus d’ intérêts en commun avec l’Amérique, qu’avec les Yougoslaves ou même le
3202 me une des premières conditions. Prenez l’exemple de la Suisse, et ma thèse devient évidente. L’homme d’affaires de Stockh
3203 et ma thèse devient évidente. L’homme d’affaires de Stockholm n’est pas plus différent du paysan de la Provence, que le b
3204 s de Stockholm n’est pas plus différent du paysan de la Provence, que le banquier genevois du pâtre d’Appenzell, ou le Bâl
3205 de la Provence, que le banquier genevois du pâtre d’ Appenzell, ou le Bâlois du Valaisan. Mais par-dessous tous ces contras
3206 -dessous tous ces contrastes frappants, il y a en Europe comme en Suisse, la grande communauté de la civilisation occidentale,
3207 a en Europe comme en Suisse, la grande communauté de la civilisation occidentale, beaucoup plus profonde qu’on ne le croit
3208 thérienne et anglicane. Il y a la longue histoire de nos alliances et de nos guerres civiles. Il y a les mêmes partis soci
3209 ne. Il y a la longue histoire de nos alliances et de nos guerres civiles. Il y a les mêmes partis socialistes, catholiques
3210 pays et qui nous distinguent tous, profondément, de la Russie et de l’Orient. Il y a surtout ce goût de l’original et cet
3211 s distinguent tous, profondément, de la Russie et de l’Orient. Il y a surtout ce goût de l’original et cet amour jaloux de
3212 la Russie et de l’Orient. Il y a surtout ce goût de l’original et cet amour jaloux des différences locales et traditionne
3213 ment, qui est asiatique, et au goût du mélange et de l’imitation, qui est américain. Je voudrais conclure par deux remarqu
3214 es. La première, c’est qu’en face de la Russie ou de l’Amérique, nous sentons bien que nous formons en Europe une grande f
3215 l’Amérique, nous sentons bien que nous formons en Europe une grande famille, malgré toutes nos diversités, ou à cause d’elles.
3216 famille, malgré toutes nos diversités, ou à cause d’ elles. La seconde, c’est que nous sommes actuellement séparés de nos A
3217 conde, c’est que nous sommes actuellement séparés de nos Américains par autre chose encore que par ces différences authent
3218 ces authentiques et valables. Nous sommes séparés d’ eux par des malentendus, des préjugés et des informations superficiell
52 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et l’Amérique (II) (8 mai 1950)
3219 Demain l’ Europe  ! — L’Europe et l’Amérique (II) (8 mai 1950) Chers auditeurs, Que p
3220 Demain l’Europe ! — L’ Europe et l’Amérique (II) (8 mai 1950) Chers auditeurs, Que pense de l’Amé
3221 ue (II) (8 mai 1950) Chers auditeurs, Que pense de l’Amérique l’Européen moyen ? Et que pense-t-on de nous, dans les Éta
3222 e l’Amérique l’Européen moyen ? Et que pense-t-on de nous, dans les États-Unis ? Ces deux questions sont importantes. Car
3223 s-Unis ? Ces deux questions sont importantes. Car d’ une entente raisonnable ou d’un malentendu trop persistant entre les p
3224 ont importantes. Car d’une entente raisonnable ou d’ un malentendu trop persistant entre les peuples des deux continents, d
3225 entre les peuples des deux continents, dépendront de grands événements, dans un avenir peut-être proche. Bernard Shaw disa
3226 n pourrait dire de même que les Américains et les Européens s’ignorent, à cause de tout ce qu’ils savent les uns des autres. La p
3227 autres. La presse américaine contient certes plus d’ informations sur l’Europe que nos propres journaux. Mais elle ignore l
3228 ricaine contient certes plus d’informations sur l’ Europe que nos propres journaux. Mais elle ignore l’esprit et l’âme du Vieux
3229 me du Vieux Monde. Et nous avons tous vu quantité de films américains, nous savons à peu près ce qu’est le plan Marshall,
3230 arshall, nous avons cotoyé chez nous des milliers de GIs en vacances, mais nous n’en continuons pas moins à répéter des ju
3231 la propagande communiste, ou par tel livre ancien de M. Duhamel, qui raconte des histoires de pouces de nègre dans les con
3232 e ancien de M. Duhamel, qui raconte des histoires de pouces de nègre dans les conserves de Chicago. S’il fallait résumer e
3233 e M. Duhamel, qui raconte des histoires de pouces de nègre dans les conserves de Chicago. S’il fallait résumer en quelques
3234 s histoires de pouces de nègre dans les conserves de Chicago. S’il fallait résumer en quelques mots les préjugés européens
3235 ’il fallait résumer en quelques mots les préjugés européens à l’égard de l’Amérique, cela donnerait à peu près ceci : « Coca-cola
3236 me ils disent quelquefois. Regardons-y maintenant d’ un peu plus près. Une campagne violente s’est déchaînée récemment en E
3237 ne campagne violente s’est déchaînée récemment en Europe contre le coca-cola importé d’Amérique. Si bien que cette innocente e
3238 e récemment en Europe contre le coca-cola importé d’ Amérique. Si bien que cette innocente et quelconque limonade est deven
3239 et quelconque limonade est devenue pour la presse de nos pays latins le symbole même de l’invasion yankee, contre laquelle
3240 pour la presse de nos pays latins le symbole même de l’invasion yankee, contre laquelle nous aurions à défendre les antiqu
3241 uelle nous aurions à défendre les antiques vertus de la race, la santé de nos enfants et l’intégrité de notre conception d
3242 défendre les antiques vertus de la race, la santé de nos enfants et l’intégrité de notre conception du monde, laquelle inc
3243 e la race, la santé de nos enfants et l’intégrité de notre conception du monde, laquelle inclut, bien entendu, l’apéritif
3244 urses… J’estime qu’en cette affaire, c’est à nous de rougir. Gardons nos grands principes pour des questions sérieuses. Je
3245 opagande, M. Truman lui-même, appuyé par la meute de requins de Wall Street, imposerait machiavéliquement ces lectures opt
3246 . Truman lui-même, appuyé par la meute de requins de Wall Street, imposerait machiavéliquement ces lectures optimistes à l
3247 ait machiavéliquement ces lectures optimistes à l’ Europe . En réalité, le Reader’s Digest est une entreprise absolument privée,
3248 et immense succès fait aux digestes par le public européen n’est pas révélateur d’une profonde ressemblance entre les goûts de l
3249 estes par le public européen n’est pas révélateur d’ une profonde ressemblance entre les goûts de la masse des deux côtés d
3250 ateur d’une profonde ressemblance entre les goûts de la masse des deux côtés de l’Océan ? Si notre grand public se jette s
3251 blance entre les goûts de la masse des deux côtés de l’Océan ? Si notre grand public se jette sur les digestes, n’est-ce p
3252 stes, n’est-ce pas aussi qu’on a trop négligé, en Europe , la culture populaire, — dont les Américains s’occupent très sérieuse
3253 très sérieusement, depuis longtemps ? Le reproche d’ impérialisme économique, je vous en ai parlé souvent ici. Je ne crois
3254 tant que les États-Unis nourrissent à notre égard de noirs desseins. Mais nous les forcerons à prendre en main, plus qu’il
3255 arrivons pas, à temps, à nous unir pour rebâtir l’ Europe . Notre prospérité, et plus : notre réelle autonomie, sont à ce prix.
3256 elle autonomie, sont à ce prix. Quant au reproche de barbarie matérialiste que nous faisons par habitude à l’Amérique, voi
3257 ur avoir un frigidaire, du lait contrôlé, des jus de fruits et des céréales ; vous dépensez plus qu’eux pour avoir un bift
3258 mais elles sont pleines. Ils parlent constamment d’ argent, sans la moindre pudeur, tandis que vous y pensez constamment,
3259 ce domaine. De plus, ils pensent que vous manquez d’ idéalisme… Que dire maintenant des préjugés américains à l’égard de l
3260 maintenant des préjugés américains à l’égard de l’ Europe  ? Voici : l’Américain moyen nous considère, nous les Européens, comme
3261 oici : l’Américain moyen nous considère, nous les Européens , comme à moitié ou mal civilisés ; plus soucieux du passé que de l’av
3262 tié ou mal civilisés ; plus soucieux du passé que de l’avenir ; nihilistes et méchants pour le voisin ; incapables de fair
3263 ihilistes et méchants pour le voisin ; incapables de faire fonctionner nos économies nationales et de réparer nos robinets
3264 de faire fonctionner nos économies nationales et de réparer nos robinets ; chicaneurs, susceptibles, désunis, et au total
3265 susceptibles, désunis, et au total inefficaces. L’ Europe , c’est les Balkans, disent-ils. On essaye de les sauver, et ils se dr
3266 ’Europe, c’est les Balkans, disent-ils. On essaye de les sauver, et ils se dressent sur leurs ergots, au nom de grands pri
3267 icaine, c’est que tous ces défauts sont le revers d’ un certain nombre de réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’
3268 us ces défauts sont le revers d’un certain nombre de réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’Européen, et je ne v
3269 réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’ Européen , et je ne veux pas parler seulement de nos plus grands esprits, l’Eur
3270 r. L’Européen, et je ne veux pas parler seulement de nos plus grands esprits, l’Européen du peuple est resté, malgré tout,
3271 as parler seulement de nos plus grands esprits, l’ Européen du peuple est resté, malgré tout, un homme qui a très souvent le sens
3272 malgré tout, un homme qui a très souvent le sens de l’absolu, le sens de la passion et de la pauvreté, le goût de se rend
3273 e qui a très souvent le sens de l’absolu, le sens de la passion et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger
3274 ent le sens de l’absolu, le sens de la passion et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger pour lui-même, e
3275 le sens de la passion et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger pour lui-même, et de préférer cela au su
3276 et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger pour lui-même, et de préférer cela au succès à tout prix. Un ce
3277 de se rendre compte et de juger pour lui-même, et de préférer cela au succès à tout prix. Un certain sens aussi de la fata
3278 cela au succès à tout prix. Un certain sens aussi de la fatalité, acceptée avec humilité… Que conclure de ces observations
3279 la fatalité, acceptée avec humilité… Que conclure de ces observations, qu’il serait trop aisé de multiplier ? Je crois que
3280 clure de ces observations, qu’il serait trop aisé de multiplier ? Je crois que c’est clair : nous avons grand besoin les u
3281 rand besoin les uns des autres. Nous avons besoin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de
3282 autres. Nous avons besoin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ;
3283 oin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confiance
3284 ux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de not
3285 eur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de notre sens critique. Si quelque j
3286 éateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de notre sens critique. Si quelque jour nous arrivons à quelque chose de
3287 de plus qu’une alliance militaire : à un alliage de nos vertus complémentaires, la civilisation occidentale sera sauvée.
3288 s il nous faut d’abord sauver notre moitié à nous de ce grand tout, il nous faut donc d’abord unir l’Europe. Au revoir, à
3289 e ce grand tout, il nous faut donc d’abord unir l’ Europe . Au revoir, à lundi prochain.
53 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Lenteurs et progrès (15 mai 1950)
3290 Demain l’ Europe  ! — Lenteurs et progrès (15 mai 1950) Chers auditeurs, Le mois de m
3291 progrès (15 mai 1950) Chers auditeurs, Le mois de mai ramène des astres favorables pour l’Europe, spécialement dans ses
3292 e mois de mai ramène des astres favorables pour l’ Europe , spécialement dans ses premiers jours. Il y a deux ans, le 7 mai 1948
3293 y a deux ans, le 7 mai 1948, s’ouvrait le congrès de La Haye, qui devait donner l’impulsion principale à la campagne pour
3294 onner l’impulsion principale à la campagne pour l’ Europe unie. Un an plus tard, le 6 mai 1949, les statuts du Conseil de l’Eur
3295 ci qu’un ministre français propose officiellement de réaliser l’une des plus importantes mesures d’union que les fédéralis
3296 nt de réaliser l’une des plus importantes mesures d’ union que les fédéralistes ne cessaient de demander, depuis leurs prem
3297 mesures d’union que les fédéralistes ne cessaient de demander, depuis leurs premiers manifestes. Deux jours avant que M. S
3298 matique sur le tapis vert, le comité du Mouvement européen s’était réuni à Paris. M. Spaak était venu nous parler. Il commença s
3299 pouvions nous féliciter des progrès très rapides de notre idée dans l’opinion publique, dans les masses et dans la presse
3300 deux ans, en effet, nous n’étions qu’une poignée d’ idéalistes — comme dit avec pitié le premier nigaud venu — , tandis qu
3301 ai toujours pensé ! Mais d’autre part, ce progrès de l’idée fait sentir par contraste l’extrême lenteur de son application
3302 ’idée fait sentir par contraste l’extrême lenteur de son application par les gouvernements. Plus on en parle, et plus il d
3303 étions donc là, dimanche dernier. Et nous venions d’ adresser un appel très pressant au Conseil de l’Europe pour qu’il réal
3304 alise quelque chose, lorsque se produisit le coup de théâtre de la proposition Schuman. De quoi s’agit-il, dans ce plan ?
3305 ue chose, lorsque se produisit le coup de théâtre de la proposition Schuman. De quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose
3306 sit le coup de théâtre de la proposition Schuman. De quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose de mettre en commun au serv
3307 man. De quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose de mettre en commun au service de l’Europe unie, les ressources en charb
3308 plan ? On propose de mettre en commun au service de l’Europe unie, les ressources en charbon et acier de la France et de
3309  ? On propose de mettre en commun au service de l’ Europe unie, les ressources en charbon et acier de la France et de l’Allemag
3310 l’Europe unie, les ressources en charbon et acier de la France et de l’Allemagne, puis des autres pays s’ils acceptent. Ma
3311 es ressources en charbon et acier de la France et de l’Allemagne, puis des autres pays s’ils acceptent. Mais ne pensez pas
3312 ils acceptent. Mais ne pensez pas qu’il s’agit là d’ une simple mesure économique, comme les États ne cessent d’en prendre
3313 ple mesure économique, comme les États ne cessent d’ en prendre sans rien changer aux causes profondes de la crise. Il s’ag
3314 en prendre sans rien changer aux causes profondes de la crise. Il s’agit en réalité d’une mesure politique décisive, et il
3315 auses profondes de la crise. Il s’agit en réalité d’ une mesure politique décisive, et il s’agit de poser la première pierr
3316 ité d’une mesure politique décisive, et il s’agit de poser la première pierre de la fédération européenne, M. Schuman l’a
3317 écisive, et il s’agit de poser la première pierre de la fédération européenne, M. Schuman l’a souligné lui-même. Mesure po
3318 agit de poser la première pierre de la fédération européenne , M. Schuman l’a souligné lui-même. Mesure politique, tout d’abord, pu
3319 nelles objections des experts. Et première pierre de la fédération européenne, puisque cette mesure aurait pour effet : pr
3320 des experts. Et première pierre de la fédération européenne , puisque cette mesure aurait pour effet : premièrement de rendre maté
3321 que cette mesure aurait pour effet : premièrement de rendre matériellement impossible une guerre entre la France et l’Alle
3322 erre entre la France et l’Allemagne ; secondement de produire, pratiquement, un abandon de la souveraineté nationale des p
3323 secondement de produire, pratiquement, un abandon de la souveraineté nationale des pays adhérents à ce plan. Le charbon et
3324 dans ce domaine, se trouveraient aussi incapables d’ entrer en conflit armé que deux de nos cantons suisses ou que deux arm
3325 ussi incapables d’entrer en conflit armé que deux de nos cantons suisses ou que deux armées dont l’une aurait les canons,
3326 e les deux pays, puis, par la suite, des échanges de main-d’œuvre et de techniciens, une unification progressive du régime
3327 is, par la suite, des échanges de main-d’œuvre et de techniciens, une unification progressive du régime social, une produc
3328 , qu’avec le plan Schuman, c’est le sort pratique de l’Europe fédérée qui va se jouer au cours des mois qui viennent. Auss
3329 avec le plan Schuman, c’est le sort pratique de l’ Europe fédérée qui va se jouer au cours des mois qui viennent. Aussi n’est-i
3330 presque paniques. Depuis deux ans, on nous disait de tous côtés : vos projets de fédération sont très beaux, bravo ! Nous
3331 x ans, on nous disait de tous côtés : vos projets de fédération sont très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais de grâ
3332 nt très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais de grâce, proposez quelque chose de pratique ! Eh bien ! voilà M. Schuma
3333 s d’accord, mais de grâce, proposez quelque chose de pratique ! Eh bien ! voilà M. Schuman qui prend le taureau par les co
3334 qui prend le taureau par les cornes, en s’offrant de réaliser sans délai notre plan le plus évidemment pratique. Et que vo
3335 t allemands, se renfrogner, parce qu’ils ont peur de perdre le contrôle absolu de leurs entreprises et de leurs bénéfices.
3336 arce qu’ils ont peur de perdre le contrôle absolu de leurs entreprises et de leurs bénéfices. On voit les socialistes boud
3337 perdre le contrôle absolu de leurs entreprises et de leurs bénéfices. On voit les socialistes bouder, parce qu’ils ont peu
3338 ont peur que les capitalistes gardent encore trop de contrôle. On voit les Anglais freiner l’action, comme d’habitude, par
3339 rôle. On voit les Anglais freiner l’action, comme d’ habitude, parce que cette fois ils devront se décider entre l’isolemen
3340 stes partir en guerre au nom de l’indépendance et de la souveraineté nationale de leur pays, sur un ordre reçu d’un tout a
3341 de l’indépendance et de la souveraineté nationale de leur pays, sur un ordre reçu d’un tout autre pays, comme on sait. Cet
3342 raineté nationale de leur pays, sur un ordre reçu d’ un tout autre pays, comme on sait. Cette révolte des intérêts particul
3343 ers et des doctrines partisanes contre une mesure de bon sens et d’intérêt commun, cette révolte prouve simplement qu’avec
3344 rines partisanes contre une mesure de bon sens et d’ intérêt commun, cette révolte prouve simplement qu’avec le plan Schuma
3345 plan Schuman, nous sommes entrés dans le concret de notre lutte fédéraliste. Tous ces messieurs étaient d’accord tant que
3346 leurs yeux. Et ils se réservaient tout l’avantage de nous reprocher d’être dans le vague. Nous voici dans le concret, les
3347 se réservaient tout l’avantage de nous reprocher d’ être dans le vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris de pani
3348 vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris de panique. La paix du monde, disent-ils, c’est bien ; mes intérêts ou m
3349 Notre bataille à tous. Seule, la pression accrue de l’opinion publique qui veut la paix, qui doit vouloir les sacrifices
3350 soirement, soulignons-le — , seule cette pression de l’opinion sauvera la paix. Reste à savoir ce que veut l’opinion. Je v
3351 on. Je vous dirai la prochaine fois les résultats d’ un Gallup poll conduit dans nos pays sur l’union de l’Europe. Au revoi
3352 ’un Gallup poll conduit dans nos pays sur l’union de l’Europe. Au revoir, à lundi prochain.
3353 allup poll conduit dans nos pays sur l’union de l’ Europe . Au revoir, à lundi prochain.
54 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’opinion (22 mai 1950)
3354 Demain l’ Europe  ! — L’opinion (22 mai 1950) Chers auditeurs, Il y a quelques mois,
3355 uditeurs, Il y a quelques mois, j’étais le témoin d’ un bref dialogue entre deux hommes politiques, au sujet des mesures à
3356 ération. Le premier était un Norvégien, président de la Chambre des députés de son pays, le second un ancien ministre fran
3357 un Norvégien, président de la Chambre des députés de son pays, le second un ancien ministre français. Le Norvégien disait 
3358 archons lentement ! Chez nous en Norvège, l’homme de la rue s’intéresse fort peu au Mouvement pour l’Europe, il n’y croit
3359 e la rue s’intéresse fort peu au Mouvement pour l’ Europe , il n’y croit guère. N’avançons donc pas trop loin ni trop vite, car
3360 st exactement inverse. Je constate que si l’homme de la rue ne nous suit pas, et ne croit guère à nos efforts, c’est parce
3361 lement, les peuples nous suivront ! » Or je viens d’ avoir sous les yeux les résultats d’une enquête menée précisément en N
3362 » Or je viens d’avoir sous les yeux les résultats d’ une enquête menée précisément en Norvège, et je constate que 64 % des
3363 que 64 % des Norvégiens sont favorables à l’union européenne , 11 % seulement s’en déclarent adversaires, 25 % sont indécis. Voilà
3364 ue, et qu’il révèle assez exactement la situation de la plupart des hommes d’État européen. Leurs prudences formalistes de
3365 ment la situation de la plupart des hommes d’État européen . Leurs prudences formalistes devant le péril urgent, leur crainte d’i
3366 formalistes devant le péril urgent, leur crainte d’ innover et de prendre des risques, leur tendance à ne jamais faire dem
3367 devant le péril urgent, leur crainte d’innover et de prendre des risques, leur tendance à ne jamais faire demain ce qu’ils
3368 divers, où la maladie pour certains, la surcharge de travail et les soucis électoraux pour d’autres, jouent un rôle import
3369 s, jouent un rôle important. Mais ils ont coutume de masquer ces vrais motifs derrière un faux prétexte facile à invoquer 
3370 absolument rien ; qu’ils n’ont jamais eu le temps d’ aller sonder les masses, et que dans les rares occasions où ils prenne
3371 ils prennent des décisions sérieuses, comme celle de déclarer une guerre, ils ne vont pas demander leur avis à ces masses.
3372 t, et depuis des années, je sentais que l’opinion de nos peuples, dans sa majorité, serait favorable à une fédération du c
3373 on du continent. Depuis que j’ai vu les résultats de l’enquête que je vous citais tout à l’heure, ce sentiment s’est trans
3374 itude. Et voici sur quoi je me fonde. Un institut de recherche de l’opinion publique vient d’opérer un large sondage dans
3375 ci sur quoi je me fonde. Un institut de recherche de l’opinion publique vient d’opérer un large sondage dans 5 pays europé
3376 institut de recherche de l’opinion publique vient d’ opérer un large sondage dans 5 pays européens, représentant un total d
3377 lique vient d’opérer un large sondage dans 5 pays européens , représentant un total de 153 millions d’habitants : Norvège, Holland
3378 dage dans 5 pays européens, représentant un total de 153 millions d’habitants : Norvège, Hollande, France, Italie et Allem
3379 européens, représentant un total de 153 millions d’ habitants : Norvège, Hollande, France, Italie et Allemagne. Il s’agiss
3380 lande, France, Italie et Allemagne. Il s’agissait de savoir si l’opinion, dans ces pays, favorisait ou non l’union europée
3381 opinion, dans ces pays, favorisait ou non l’union européenne . Ce sondage me paraît valable, parce qu’il n’a pas pris le public par
3382 osé des questions très concrètes, en prenant soin d’ attirer l’attention sur les sacrifices qu’entraîneraient nécessairemen
3383 u’entraîneraient nécessairement certaines mesures d’ union. Par exemple, on a demandé à des hommes de tous les milieux s’il
3384 s d’union. Par exemple, on a demandé à des hommes de tous les milieux s’ils étaient pour une totale liberté du commerce, c
3385 é du commerce, c’est-à-dire pour que les produits d’ un pays entrent dans tous les autres sans payer de droits. 72 % ont ré
3386 d’un pays entrent dans tous les autres sans payer de droits. 72 % ont répondu oui, 9 % non, 19 % restant indécis. Après qu
3387 menté, tandis que le nombre des opposants passait de 9 à 23 %. Mais 45 % ont persisté à vouloir, malgré tout, l’union écon
3388 , l’union économique. Enfin, après avoir envisagé de la même manière un certain nombre de problèmes précis, voici ce qu’on
3389 oir envisagé de la même manière un certain nombre de problèmes précis, voici ce qu’on a posé comme dernière question : « C
3390 on a posé comme dernière question : « Compte tenu de tous les points examinés, pensez-vous que l’union européenne serait u
3391 tous les points examinés, pensez-vous que l’union européenne serait une bonne ou une mauvaise chose ? » 64 % ont répondu que l’uni
3392 en gros, dans 5 pays qui forment à eux seuls plus de la moitié de la population du continent : un tiers seulement de scept
3393 5 pays qui forment à eux seuls plus de la moitié de la population du continent : un tiers seulement de sceptiques ou d’op
3394 e la population du continent : un tiers seulement de sceptiques ou d’opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’u
3395 u continent : un tiers seulement de sceptiques ou d’ opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’union européenne.
3396 ement de sceptiques ou d’opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’union européenne. Eh bien ! voilà, me semble-
3397 d’opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’union européenne. Eh bien ! voilà, me semble-t-il, de quoi donner à
3398 s, et deux tiers de partisans déclarés de l’union européenne . Eh bien ! voilà, me semble-t-il, de quoi donner à réfléchir aux homm
3399 nion européenne. Eh bien ! voilà, me semble-t-il, de quoi donner à réfléchir aux hommes d’État, et de quoi fortifier notre
3400 de quoi donner à réfléchir aux hommes d’État, et de quoi fortifier notre espoir. Une majorité de 2/3 en faveur de l’union
3401 , et de quoi fortifier notre espoir. Une majorité de 2/3 en faveur de l’union, cela doit rassurer les plus timides : on co
3402  : on connaît des gouvernements qui se contentent de beaucoup moins pour se cramponner au pouvoir… L’un d’entre eux, en pa
3403 en particulier, vient de s’en tirer avec une voix de majorité, une seule, lors d’un vote de confiance au Parlement. Et c’e
3404 tirer avec une voix de majorité, une seule, lors d’ un vote de confiance au Parlement. Et c’est, comme par hasard, ce gouv
3405 c une voix de majorité, une seule, lors d’un vote de confiance au Parlement. Et c’est, comme par hasard, ce gouvernement-l
3406 ement qu’il est bien décidé à ne pas tenir compte de l’opinion, mais qu’il renonce à se cacher derrière elle, derrière la
3407 once que l’enquête se poursuit dans d’autres pays de l’Europe. Quels vont être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend
3408 que l’enquête se poursuit dans d’autres pays de l’ Europe . Quels vont être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend de vous,
3409 t être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend de vous, chers auditeurs, car l’opinion, c’est vous ! Les paris sont ouv
55 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Conversation avec un Américain (29 mai 1950)
3410 Demain l’ Europe  ! — Conversation avec un Américain (29 mai 1950) Chers auditeurs, J
3411 s. Mon hôte était un professeur américain, chargé de s’informer de l’état de l’Europe, et des efforts en cours pour unir n
3412 ait un professeur américain, chargé de s’informer de l’état de l’Europe, et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec
3413 fesseur américain, chargé de s’informer de l’état de l’Europe, et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange
3414 ur américain, chargé de s’informer de l’état de l’ Europe , et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange de sympa
3415 orts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange de sympathie curieuse et de méfiance toute scientifique, mon visiteur a
3416 os pays. Avec un mélange de sympathie curieuse et de méfiance toute scientifique, mon visiteur a commencé par me poser une
3417 ages, m’a-t-il dit, faut-il attendre, selon vous, de la fédération européenne ? » Je lui ai dit en riant : c’est ce qu’on
3418 t, faut-il attendre, selon vous, de la fédération européenne  ? » Je lui ai dit en riant : c’est ce qu’on appelle chez vous « une q
3419 : c’est ce qu’on appelle chez vous « une question de 64 dollars », la question difficile entre toutes et qui fait gagner l
3420 ir, quand une maison brûle, est-ce bien le moment de faire une enquête auprès des habitants de cette maison en les priant
3421 moment de faire une enquête auprès des habitants de cette maison en les priant de dire quels avantages ils espèrent retir
3422 uprès des habitants de cette maison en les priant de dire quels avantages ils espèrent retirer de l’extinction du feu ? Je
3423 iant de dire quels avantages ils espèrent retirer de l’extinction du feu ? Je n’ai pas répondu cela, parce que d’abord l’E
3424 u ? Je n’ai pas répondu cela, parce que d’abord l’ Europe n’est pas encore en feu, elle est seulement menacée d’incendie, et l’
3425 est pas encore en feu, elle est seulement menacée d’ incendie, et l’on a donc encore le temps de faire des enquêtes. Ensuit
3426 enacée d’incendie, et l’on a donc encore le temps de faire des enquêtes. Ensuite, je me suis dit qu’il était bon, parfois,
3427 Ensuite, je me suis dit qu’il était bon, parfois, de reposer les questions fondamentales, et d’éprouver la valeur des répo
3428 rfois, de reposer les questions fondamentales, et d’ éprouver la valeur des réponses qu’on peut y faire sans hésiter. J’ai
3429 , nous n’avons pas le choix. Il nous faut faire l’ Europe , unir ses 20 pays, parce que c’est la seule solution. Une crise écono
3430 dent menace notre vieux continent. Et pas un seul de nos pays — pas même la Suisse ! — ne peut prétendre s’en tirer tout s
3431 rticuliers à s’effacer provisoirement au bénéfice de l’intérêt commun. Et comme nous sommes très opposés à l’unification t
3432 notre vraie richesse, nous demandons que l’union de nos pays s’opère dans un esprit fédéraliste, — nous demandons l’union
3433 a fait ses preuves en Suisse. Le premier avantage de la fédération sera donc d’éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvan
3434 e. Le premier avantage de la fédération sera donc d’ éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvant nos valeurs nationales. E
3435 tage de la fédération sera donc d’éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvant nos valeurs nationales. En second lieu, il
3436 de la fédération sera donc d’éviter la ruine de l’ Europe , tout en sauvant nos valeurs nationales. En second lieu, il nous faut
3437 nationales. En second lieu, il nous faut faire l’ Europe , parce que si nous tardons à réaliser une vraie fédération, à notre i
3438 un parti, un empire, qui ne sont pas précisément de vos amis. La nature a horreur du vide. Les empires ont horreur d’un c
3439 nature a horreur du vide. Les empires ont horreur d’ un continent ruiné, d’un marché vide. Si nous n’arrivons pas à faire d
3440 de. Les empires ont horreur d’un continent ruiné, d’ un marché vide. Si nous n’arrivons pas à faire demain l’Europe, elle s
3441 ché vide. Si nous n’arrivons pas à faire demain l’ Europe , elle sera faite malgré nous, par vous ou par les autres. Nous serons
3442 a dit alors mon visiteur américain, permettez-moi de vous répondre que j’ignore les intentions de M. Staline, mais que je
3443 -moi de vous répondre que j’ignore les intentions de M. Staline, mais que je sais très bien que nous, en Amérique, nous ne
3444 s à taxer ses contribuables pour venir au secours de l’Europe, sans exiger un jour ou l’autre de contrôler l’emploi des fo
3445 axer ses contribuables pour venir au secours de l’ Europe , sans exiger un jour ou l’autre de contrôler l’emploi des fonds qu’el
3446 cours de l’Europe, sans exiger un jour ou l’autre de contrôler l’emploi des fonds qu’elle nous envoie ? Ce serait tout sim
3447 e nous envoie ? Ce serait tout simplement absurde de sa part. Mais contrôler ces fonds, cela signifie bientôt : organiser
3448 nds, cela signifie bientôt : organiser l’économie européenne . Ainsi, que vous le vouliez ou non, vous serez un jour forcés de nous
3449 vous le vouliez ou non, vous serez un jour forcés de nous forcer à faire l’union européenne. Nous préférons la faire avant
3450 rez un jour forcés de nous forcer à faire l’union européenne . Nous préférons la faire avant, à notre idée. À ce moment, mon visite
3451 s répondu à sa question : pourquoi faut-il unir l’ Europe , et quel serait l’avantage de cette union ? Je vous laisse juges. Mai
3452 faut-il unir l’Europe, et quel serait l’avantage de cette union ? Je vous laisse juges. Mais soyons justes. J’ai bien com
3453 fédération élèverait le niveau de vie des masses européennes  ; 2. si par suite de cette prospérité, l’Europe unie ne deviendrait p
3454 opéennes ; 2. si par suite de cette prospérité, l’ Europe unie ne deviendrait pas un concurrent gênant pour les États-Unis. À q
3455 sera certains problèmes à l’Amérique. Le tout est de savoir si l’Amérique préfère l’Europe ruinée à l’Europe concurrente.
3456 ue. Le tout est de savoir si l’Amérique préfère l’ Europe ruinée à l’Europe concurrente. C’est là son choix, c’est son affaire.
3457 savoir si l’Amérique préfère l’Europe ruinée à l’ Europe concurrente. C’est là son choix, c’est son affaire. La nôtre est d’év
3458 est là son choix, c’est son affaire. La nôtre est d’ éviter la ruine. Et nous refusons de penser que la santé des uns puiss
3459 La nôtre est d’éviter la ruine. Et nous refusons de penser que la santé des uns puisse vraiment nuire à celle des autres.
3460 sommes pas encore là. Commençons par sauver notre Europe  ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
56 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le règne des experts (5 juin 1950)
3461 Demain l’ Europe  ! — Le règne des experts (5 juin 1950) Chers auditeurs, L’actualité
3462 pleins, depuis des semaines, et le refus anglais d’ y adhérer passionne à son sujet l’opinion des deux mondes. Je vous ai
3463 inion des deux mondes. Je vous ai dit que ce plan de mise en commun des ressources en acier et charbon du continent était
3464 st évident que la mauvaise volonté des dirigeants européens dépasse encore tout ce que l’on pouvait craindre. Tous nous parlent d
3465 t ce que l’on pouvait craindre. Tous nous parlent d’ union, proclament qu’elle est urgente, mais personne ne veut rien sacr
3466 que l’union se fasse. Sans union, chacun sait, l’ Europe court à sa perte. Mais les raisons de notre perte ne seront pas la Ru
3467 sait, l’Europe court à sa perte. Mais les raisons de notre perte ne seront pas la Russie, ni le diable ! Elles sont inscri
3468 ns. Elles sont dans la résistance des industriels d’ un côté, des syndicats de l’autre, qui veulent bien l’union, mais sans
3469 sistance des industriels d’un côté, des syndicats de l’autre, qui veulent bien l’union, mais sans renoncer à la moindre pa
3470 l’union, mais sans renoncer à la moindre parcelle de leur puissance ou de leur doctrine, ce qui revient à dire que pratiqu
3471 noncer à la moindre parcelle de leur puissance ou de leur doctrine, ce qui revient à dire que pratiquement, ils refusent l
3472 ent à dire que pratiquement, ils refusent l’union de l’Europe. Elles sont aussi dans les préjugés invétérés de certains go
3473 dire que pratiquement, ils refusent l’union de l’ Europe . Elles sont aussi dans les préjugés invétérés de certains gouvernemen
3474 ope. Elles sont aussi dans les préjugés invétérés de certains gouvernements, comme celui de la Grande-Bretagne, qui disent
3475 invétérés de certains gouvernements, comme celui de la Grande-Bretagne, qui disent vouloir l’union, mais qui refusent de
3476 ne, qui disent vouloir l’union, mais qui refusent de céder la moindre parcelle de leur souveraineté nationale, ce qui revi
3477 n, mais qui refusent de céder la moindre parcelle de leur souveraineté nationale, ce qui revient à dire que pratiquement,
3478 pratiquement, ils refusent la première condition de l’union. Quant aux masses, au lieu de se dresser pour exiger les cond
3479 e se dresser pour exiger les conditions concrètes de la paix, de leur paix, elles sont hypnotisées par quelque tour cyclis
3480 pour exiger les conditions concrètes de la paix, de leur paix, elles sont hypnotisées par quelque tour cycliste, en atten
3481 eu, dans les gouvernements, à toutes les époques de l’histoire. Ce qui est nouveau, c’est le rôle qu’on leur fait jouer.
3482 ur fait jouer. Autrefois, l’on n’avait pas l’idée de leur confier la conduite des affaires politiques. Ils étaient là pour
3483 e décidaient les buts qu’ils jugeaient nécessaire d’ atteindre. Le xx e siècle a changé cela. C’est aux experts que le pouv
3484 soumettre, calculer ce que cela coûtera. Ensuite de quoi, le gouvernement peut toujours dire que c’est trop cher. Bien sû
3485 dire que c’est trop cher. Bien sûr ! Tout dépend de l’envie qu’il ou qu’il n’a pas, de réaliser le projet. On trouve touj
3486  ! Tout dépend de l’envie qu’il ou qu’il n’a pas, de réaliser le projet. On trouve toujours trop cher, c’est évident, l’ob
3487 e juge pas indispensable, en l’occurrence l’union de l’Europe, c’est-à-dire finalement, la paix. Je vous l’ai dit bien sou
3488 e pas indispensable, en l’occurrence l’union de l’ Europe , c’est-à-dire finalement, la paix. Je vous l’ai dit bien souvent, qua
3489 s en main que cette guerre ne pourrait durer plus de trois semaines (comme ils l’ont fait en 1914), ces mêmes experts se m
3490 xperts se mettent à faire des plans pour 5 années de lutte. Tous ces calculs sont donc des alibis. Ils masquent, aux yeux
3491 el fort inquiétant. Nous assistons à la décadence de l’autorité, au profit de la dictature des pouvoirs, c’est-à-dire des
3492 assistons à la décadence de l’autorité, au profit de la dictature des pouvoirs, c’est-à-dire des mécanismes abandonnés à e
3493 alisent. Mais l’autorité s’évanouit. Vous avez en Europe une bonne vingtaine d’États soi-disant souverains, avec tous leurs of
3494 évanouit. Vous avez en Europe une bonne vingtaine d’ États soi-disant souverains, avec tous leurs offices nationaux et leur
3495 t leurs polices variées ; vous avez des centaines de comités, des dizaines de milliers de techniciens. Mais où sont les gr
3496 vous avez des centaines de comités, des dizaines de milliers de techniciens. Mais où sont les grandes voix qui montrent l
3497 es centaines de comités, des dizaines de milliers de techniciens. Mais où sont les grandes voix qui montrent les grands bu
3498 s au bien commun ? Ce qui manque tragiquement à l’ Europe d’aujourd’hui, ce sont les hommes ou les femmes qui par-dessus le fou
3499 en commun ? Ce qui manque tragiquement à l’Europe d’ aujourd’hui, ce sont les hommes ou les femmes qui par-dessus le fourmi
3500 n. Jeanne d’Arc et Nicolas de Flue ne disposaient d’ aucun pouvoir. Ils n’avaient rien, mais ils étaient l’Autorité. Tous l
57 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Valeur de l’Europe (12 juin 1950)
3501 Demain l’ Europe  ! — Valeur de l’Europe (12 juin 1950) Chers auditeurs ! Je vous par
3502 Demain l’Europe ! — Valeur de l’Europe (12 juin 1950) Chers auditeurs ! Je vous parlais la semain
3503 Demain l’Europe ! — Valeur de l’ Europe (12 juin 1950) Chers auditeurs ! Je vous parlais la semaine dernièr
3504 s auditeurs ! Je vous parlais la semaine dernière d’ un phénomène bien inquiétant : le déclin de l’autorité, au xx e siècle
3505 rnière d’un phénomène bien inquiétant : le déclin de l’autorité, au xx e siècle, et l’avènement au pouvoir des experts, c’
3506 n générale des choses. Sur quoi j’ai reçu pas mal d’ approbations, quant au principe tout au moins, mais aussi pas mal de c
3507 ant au principe tout au moins, mais aussi pas mal de critiques, déguisées d’ailleurs en bons conseils… D’accord, me dit-on
3508 aller au fond des choses, et ne pas se contenter de palliatifs. Mais le fond des choses, pour l’un, c’est la question mil
3509 paysans, pour un troisième, ce sont des citations de la Bible, et pour un quatrième c’est une réforme de la monnaie ! Le f
3510 la Bible, et pour un quatrième c’est une réforme de la monnaie ! Le fond des choses est vaste, comme vous le voyez, on y
3511 presque tout, et en tout cas, toutes les marottes de chacun d’entre nous. Dans le cadre de cette chronique et de l’action
3512 es marottes de chacun d’entre nous. Dans le cadre de cette chronique et de l’action que je commente pour vous, le fond des
3513 d’entre nous. Dans le cadre de cette chronique et de l’action que je commente pour vous, le fond des choses, c’est simplem
3514 e pour vous, le fond des choses, c’est simplement de fédérer l’Europe pour établir la paix. Ni plus, ni moins. Et c’est dé
3515 le fond des choses, c’est simplement de fédérer l’ Europe pour établir la paix. Ni plus, ni moins. Et c’est déjà beaucoup. Mais
3516 coup. Mais on me dit : « Au fond, qu’est-ce que l’ Europe  ? » Et je sais bien que cette question n’est pas absolument loyale, c
3517 , car tout le monde sait, en réalité, ce qu’est l’ Europe , et ceux qui reposent le problème sont, en général, ceux qui refusent
3518 ont, en général, ceux qui refusent les conditions de l’union nécessaire ; qui cherchent à gagner du temps en discussions a
3519 t, je veux répondre sans détour, car le fait même de poser des questions est quelque chose de très européen. Personne n’au
3520 ait même de poser des questions est quelque chose de très européen. Personne n’aurait l’idée de demander : « Qu’est-ce que
3521 de poser des questions est quelque chose de très européen . Personne n’aurait l’idée de demander : « Qu’est-ce que l’Amérique, q
3522 chose de très européen. Personne n’aurait l’idée de demander : « Qu’est-ce que l’Amérique, qu’est-ce que l’Inde ou la Chi
3523 délimités, physiquement et historiquement. Mais l’ Europe , personne ne peut dire où elle commence et où elle s’arrête à la fois
3524 rontières vers l’Est sont indécises, comme celles de la Grèce vers le Nord. Dans ce cap de l’Asie sont venues se mêler tro
3525 thènes, Rome et Jérusalem, — une idée raisonnable de l’homme, le droit et les institutions, et la révélation chrétienne. T
3526 ié au cours des siècles, et dès la Renaissance, l’ Europe est apparue comme un ensemble, une civilisation, qui a dominé la Terr
3527 que vers 1939. Je ne vais pas vous faire un cours d’ histoire en cinq minutes. Ce que je voudrais vous rappeler ce soir, c’
3528 us rappeler ce soir, c’est justement ce que nous, Européens , avons tendance à oublier, c’est la grandeur unique de notre continen
3529 vons tendance à oublier, c’est la grandeur unique de notre continent, et ce sont ses causes véritables. Posez-vous simplem
3530 % des terres du globe, soit devenu le foyer vital de la seule civilisation qui ait su gagner la Terre entière ? La réponse
3531 ent en un seul mot. C’est la culture qui a fait l’ Europe , cœur et cerveau de la planète. C’est la culture qui a fait de notre
3532 t la culture qui a fait l’Europe, cœur et cerveau de la planète. C’est la culture qui a fait de notre péninsule tout autre
3533 erveau de la planète. C’est la culture qui a fait de notre péninsule tout autre chose que ce qu’elle paraît physiquement.
3534 Vous croyez que la culture est un luxe, l’affaire de quelques spécialistes à lunettes ? Vous croyez que le sérieux, le con
3535 lunettes ? Vous croyez que le sérieux, le concret de la vie, c’est l’argent, le vêtement, la nourriture, l’auto ? Vous oub
3536 e toutes ces choses sont des produits secondaires de la culture, d’elle seule. Vous oubliez que sans nos inventeurs, qui p
3537 oses sont des produits secondaires de la culture, d’ elle seule. Vous oubliez que sans nos inventeurs, qui poursuivaient de
3538 ans nos inventeurs, qui poursuivaient des travaux de science pure, vous n’auriez ni y chauffage, ni éclairage, ni moyens d
3539 n’auriez ni y chauffage, ni éclairage, ni moyens de transport, ni remèdes. Vous oubliez que sans nos philosophes et nos j
3540 osophes et nos juristes, vous n’auriez pas l’idée de l’homme industriel, distingué du troupeau, de la tribu, capable de cr
3541 dée de l’homme industriel, distingué du troupeau, de la tribu, capable de critique, protégé par des lois. Vous oubliez que
3542 riel, distingué du troupeau, de la tribu, capable de critique, protégé par des lois. Vous oubliez que pour le bien comme p
3543 mal, le monde moderne tout entier est un produit européen , qu’il est sorti du cerveau de l’Europe, de sa culture encore une foi
3544 t un produit européen, qu’il est sorti du cerveau de l’Europe, de sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les gran
3545 produit européen, qu’il est sorti du cerveau de l’ Europe , de sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les grands empire
3546 européen, qu’il est sorti du cerveau de l’Europe, de sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les grands empires qu
3547 au de l’Europe, de sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les grands empires qui nous disputent la puissance, l’A
3548 Europe, de sa culture encore une fois, et de rien d’ autre. Les grands empires qui nous disputent la puissance, l’Amérique
3549 issance, l’Amérique et l’URSS, sont eux-mêmes nés d’ idées européennes, l’un de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’aut
3550 l’Amérique et l’URSS, sont eux-mêmes nés d’idées européennes , l’un de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de
3551 RSS, sont eux-mêmes nés d’idées européennes, l’un de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de notre ind
3552 de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de notre industrie. Si donc l’on veut rester concret, pratiqu
3553 et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de notre industrie. Si donc l’on veut rester concret, pratique, il faut
3554 , pratique, il faut reconnaître cette réalité : l’ Europe est une culture, ou elle n’est pas grand-chose. Pour la sauver, dans
3555 ise qu’elle traverse, il faut revenir aux sources de sa force, qui sont intellectuelles et spirituelles, et qui ne sont pa
3556 et qui ne sont pas le nombre et la matière — car de cela, les autres en ont plus que nous. Vouloir défendre notre vieille
3557 ont plus que nous. Vouloir défendre notre vieille Europe , il faut bien voir que c’est défendre tout d’abord les deux plus gran
3558 ndre tout d’abord les deux plus grandes conquêtes de sa culture : l’idée de l’homme personnel, l’idée de liberté, sans les
3559 eux plus grandes conquêtes de sa culture : l’idée de l’homme personnel, l’idée de liberté, sans lesquelles il n’est plus d
3560 sa culture : l’idée de l’homme personnel, l’idée de liberté, sans lesquelles il n’est plus de création ni d’invention, do
3561 l’idée de liberté, sans lesquelles il n’est plus de création ni d’invention, donc, en fin de compte, plus même de puissan
3562 rté, sans lesquelles il n’est plus de création ni d’ invention, donc, en fin de compte, plus même de puissance matérielle.
3563 ni d’invention, donc, en fin de compte, plus même de puissance matérielle. Je reviendrai la prochaine fois sur l’action cu
3564 r l’action culturelle entreprise par le Mouvement européen , et sur l’institution qui doit mener cette action, le Centre européen
3565 voulais simplement vous rappeler que les chances de l’Europe, après tout, ce sont les chances de l’homme personnel, car e
3566 ais simplement vous rappeler que les chances de l’ Europe , après tout, ce sont les chances de l’homme personnel, car en face de
3567 nces de l’Europe, après tout, ce sont les chances de l’homme personnel, car en face de la terre des masses qu’est la Russi
3568 en face de la terre des masses qu’est la Russie, de la terre des machines qu’est l’Amérique, de la terre des fatalités qu
3569 ssie, de la terre des machines qu’est l’Amérique, de la terre des fatalités qu’est l’Asie, l’Europe est seule à demeurer l
3570 rique, de la terre des fatalités qu’est l’Asie, l’ Europe est seule à demeurer la Terre des hommes. Au revoir, à lundi prochain
58 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (19 juin 1950)
3571 Demain l’ Europe  ! — Le Centre européen de la culture (19 juin 1950) Chers auditeurs
3572 s tôt, c’est simplement parce qu’il s’agissait là d’ un projet dont la mise au point a demandé deux ans d’études, de négoci
3573 n projet dont la mise au point a demandé deux ans d’ études, de négociations difficiles et d’expériences préalables. Aujour
3574 ont la mise au point a demandé deux ans d’études, de négociations difficiles et d’expériences préalables. Aujourd’hui, nou
3575 deux ans d’études, de négociations difficiles et d’ expériences préalables. Aujourd’hui, nous touchons au but. Un comité f
3576 ujourd’hui, nous touchons au but. Un comité formé de vingt représentants d’instituts culturels de toute l’Europe va se réu
3577 ns au but. Un comité formé de vingt représentants d’ instituts culturels de toute l’Europe va se réunir cette semaine pour
3578 ormé de vingt représentants d’instituts culturels de toute l’Europe va se réunir cette semaine pour apporter la dernière m
3579 gt représentants d’instituts culturels de toute l’ Europe va se réunir cette semaine pour apporter la dernière main aux statuts
3580 emaine pour apporter la dernière main aux statuts de cette institution, dont le siège sera probablement fixé à Genève et,
3581 bablement fixé à Genève et, peut-être, au château de Coppet. La création du Centre européen de la culture avait été demand
3582 culture avait été demandée d’abord par le congrès de La Haye, en 1948, elle fut ensuite recommandée par l’Assemblée de Str
3583 de Strasbourg, l’an dernier. Enfin la conférence de Lausanne, il y a quelques mois, en avait précisé le programme. Pendan
3584 précisé le programme. Pendant ce temps, un Bureau d’ études fondé par le Mouvement européen travaillait en silence à Genève
3585 temps, un Bureau d’études fondé par le Mouvement européen travaillait en silence à Genève, dressait les plans, cherchait les fo
3586 plans, cherchait les fonds, et formait un réseau de collaboration. Ceux qui savent que j’ai pris quelque part à cette œuv
3587 z-vous me l’expliquer en deux mots ? J’ai coutume de répondre ceci : D’abord, nous allons prendre exactement le contre-pie
3588 us sévère, personnel qui se compte sur les doigts de la main, et nos bureaux non pas dans un palace ni dans un gratte-ciel
3589 les besoins réels qui se font sentir dans la vie de l’Europe d’aujourd’hui. Par exemple, personne ne sait où s’adresser p
3590 besoins réels qui se font sentir dans la vie de l’ Europe d’aujourd’hui. Par exemple, personne ne sait où s’adresser pour obten
3591 réels qui se font sentir dans la vie de l’Europe d’ aujourd’hui. Par exemple, personne ne sait où s’adresser pour obtenir
3592 it où s’adresser pour obtenir des documents sur l’ Europe et sur les problèmes que pose son union. Nous commencerons donc par d
3593 llons donc les fédérer progressivement au service d’ un même but : l’union de l’Europe. Nous voyons aussi que partout se po
3594 rogressivement au service d’un même but : l’union de l’Europe. Nous voyons aussi que partout se posent des problèmes très
3595 ssivement au service d’un même but : l’union de l’ Europe . Nous voyons aussi que partout se posent des problèmes très urgents,
3596 oblèmes qui ne peuvent être résolus dans le cadre d’ un seul pays, parce qu’ils débordent les limites nationales, les budge
3597 tout insuffisants. Nous allons donc créer un lieu de rencontres, où des représentants de nos divers pays étudieront ces pr
3598 créer un lieu de rencontres, où des représentants de nos divers pays étudieront ces problèmes tout nouveaux, afin de les r
3599 s tout nouveaux, afin de les résoudre à l’échelle de l’Europe, la seule possible, par la mise en commun de nos ressources.
3600 t nouveaux, afin de les résoudre à l’échelle de l’ Europe , la seule possible, par la mise en commun de nos ressources. Ce sera,
3601 ’Europe, la seule possible, par la mise en commun de nos ressources. Ce sera, si vous le voulez, un plan Schuman, mais dan
3602 le voulez, un plan Schuman, mais dans le domaine de la culture. Enfin, nous constatons qu’aucun de nos États et leurs ins
3603 ne de la culture. Enfin, nous constatons qu’aucun de nos États et leurs instituts officiels ne peut parler au nom de l’Eur
3604 rs instituts officiels ne peut parler au nom de l’ Europe entière, quand il s’agit de s’adresser soit aux Russes, soit aux Amér
3605 arler au nom de l’Europe entière, quand il s’agit de s’adresser soit aux Russes, soit aux Américains. Il faut donc une aut
3606 faut donc une autorité qui puisse élever la voix de l’Europe comme unité et formuler son idéal, par-dessus nos frontières
3607 donc une autorité qui puisse élever la voix de l’ Europe comme unité et formuler son idéal, par-dessus nos frontières anachron
3608 ntre européen de la culture, s’il obtient l’appui de l’opinion et s’il parvient à grouper nos élites. Tels sont l’esprit,
3609 tes. Tels sont l’esprit, les méthodes et les buts de l’institut qui va se fonder. Je me rends compte qu’il n’est pas facil
3610 fonder. Je me rends compte qu’il n’est pas facile d’ en mesurer d’un seul coup d’œil toute l’importance. Et plusieurs d’ent
3611 u’il n’est pas facile d’en mesurer d’un seul coup d’ œil toute l’importance. Et plusieurs d’entre vous se demanderont encor
3612 x exemples bien précis, qui feront voir la nature de nos activités. Premier exemple : les recherches scientifiques. Aucun
3613 ier exemple : les recherches scientifiques. Aucun de nos pays n’est assez riche pour développer la recherche atomique et s
3614 eurs appareils et leurs ressources matérielles, l’ Europe unie peut se voir dotée demain de moyens de puissance aussi grands, s
3615 érielles, l’Europe unie peut se voir dotée demain de moyens de puissance aussi grands, sinon plus grands que l’Amérique et
3616 l’Europe unie peut se voir dotée demain de moyens de puissance aussi grands, sinon plus grands que l’Amérique et la Russie
3617 n plus grands que l’Amérique et la Russie. Privée de ces moyens, elle sera bientôt réduite à l’état de colonie décadente.
3618 de ces moyens, elle sera bientôt réduite à l’état de colonie décadente. Si elle les a, son indépendance est assurée. Nous
3619 ple, dans un domaine tout différent. Il existe en Europe des douzaines de foyers régionaux de culture, très actifs, pleins de
3620 tout différent. Il existe en Europe des douzaines de foyers régionaux de culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés.
3621 xiste en Europe des douzaines de foyers régionaux de culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepri
3622 foyers régionaux de culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepris de les mettre en contact, et d
3623 pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepris de les mettre en contact, et de les fédérer en un vaste réseau d’amitiés
3624 Nous avons entrepris de les mettre en contact, et de les fédérer en un vaste réseau d’amitiés par-dessus les frontières. L
3625 en contact, et de les fédérer en un vaste réseau d’ amitiés par-dessus les frontières. Les jeunes gens membres d’un foyer
3626 ar-dessus les frontières. Les jeunes gens membres d’ un foyer seront chez eux dans tous les autres et dans tous les pays de
3627 ez eux dans tous les autres et dans tous les pays de l’Europe. Ils seront sûrs de trouver dans leurs voyages, à pied ou à
3628 x dans tous les autres et dans tous les pays de l’ Europe . Ils seront sûrs de trouver dans leurs voyages, à pied ou à bicyclett
3629 t dans tous les pays de l’Europe. Ils seront sûrs de trouver dans leurs voyages, à pied ou à bicyclette, logis, lecture, o
3630 à pied ou à bicyclette, logis, lecture, occasion de s’instruire dans une langue étrangère ou des métiers nouveaux. Et pou
3631 métiers nouveaux. Et pour ces compagnons du Tour d’ Europe, le continent tout entier deviendra une seule patrie, une amiti
3632 étiers nouveaux. Et pour ces compagnons du Tour d’ Europe , le continent tout entier deviendra une seule patrie, une amitié aux
3633 ie, une amitié aux cent visages. Voilà deux types d’ initiatives prises par le Centre en formation. Je pourrais en citer vi
3634 commencez peut-être à le voir, tout cela n’a rien de théorique, mais doit servir, bien au contraire, à construire une Euro
3635 doit servir, bien au contraire, à construire une Europe rajeunie, libérée de ses barrières, et renaissant à la puissance qui
3636 traire, à construire une Europe rajeunie, libérée de ses barrières, et renaissant à la puissance qui fut toujours la sienn
3637 à la puissance qui fut toujours la sienne : celle de l’esprit. Un mot encore : le siège du Centre européen de la culture,
3638 oit être en Suisse. N’est-il pas beau que ce soit de la Suisse, espace neutre au milieu du continent, que puisse s’élever
3639 du continent, que puisse s’élever demain la voix de l’Europe ? Au revoir, chers auditeurs, et à lundi prochain, pour ma d
3640 ontinent, que puisse s’élever demain la voix de l’ Europe  ? Au revoir, chers auditeurs, et à lundi prochain, pour ma dernière c
3641 ma dernière chronique avant l’étéi. i. Un point d’ interrogation en marge.
59 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Avant Strasbourg (26 juin 1950)
3642 Demain l’ Europe  ! — Avant Strasbourg (26 juin 1950) Chers auditeurs, Voici l’été ;
3643 ucoup d’entre vous, les vacances ; pour le studio de Genève l’interruption normale de plusieurs émissions, dont la mienne
3644 ; pour le studio de Genève l’interruption normale de plusieurs émissions, dont la mienne en juillet et août si bien que ce
3645 e ce soir, je vous présente la dernière chronique d’ une série qui aura duré près d’une année. Il est bien naturel que je m
3646 dernière chronique d’une série qui aura duré près d’ une année. Il est bien naturel que je m’interroge sur la portée des év
3647 ur la portée des événements qui ont marqué la vie de l’Europe durant ces mois, et sur l’avenir immédiat. Avons-nous avancé
3648 portée des événements qui ont marqué la vie de l’ Europe durant ces mois, et sur l’avenir immédiat. Avons-nous avancé vers l’u
3649 cé vers l’union ? Prenons d’abord notre Mouvement européen , qui fut depuis deux ans le moteur de l’action. Depuis son grand succ
3650 ement européen, qui fut depuis deux ans le moteur de l’action. Depuis son grand succès de l’an dernier, la création du Con
3651 ns le moteur de l’action. Depuis son grand succès de l’an dernier, la création du Conseil de l’Europe, il faut avouer qu’i
3652 de l’Europe, il faut avouer qu’il n’a pas déployé d’ activités spectaculaires. Cependant, en sourdine, il travaillait sur l
3653 ur le plan politique, il a fait sienne l’exigence de son aile fédéraliste, il a demandé la création d’une véritable Autori
3654 de son aile fédéraliste, il a demandé la création d’ une véritable Autorité européenne, dotée de pouvoirs limités, mais rée
3655 il a demandé la création d’une véritable Autorité européenne , dotée de pouvoirs limités, mais réels. Nous verrons à Strasbourg, ce
3656 éation d’une véritable Autorité européenne, dotée de pouvoirs limités, mais réels. Nous verrons à Strasbourg, cet été, si
3657 enace des Anglais et des Scandinaves. Sur le plan de la culture, dont je vous disais, dans mes deux dernières chroniques,
3658 dernières chroniques, qu’il est le vrai fondement de toute l’Europe, et même de sa puissance matérielle, les projets ont é
3659 hroniques, qu’il est le vrai fondement de toute l’ Europe , et même de sa puissance matérielle, les projets ont été décisifs. Le
3660 est le vrai fondement de toute l’Europe, et même de sa puissance matérielle, les projets ont été décisifs. Le Centre euro
3661 tomne prochain à Genève. Et peu après, le Collège de l’Europe, sorte d’école des sciences politiques pour l’Europe fédérée
3662 prochain à Genève. Et peu après, le Collège de l’ Europe , sorte d’école des sciences politiques pour l’Europe fédérée de demai
3663 nève. Et peu après, le Collège de l’Europe, sorte d’ école des sciences politiques pour l’Europe fédérée de demain, ouvrira
3664 ope, sorte d’école des sciences politiques pour l’ Europe fédérée de demain, ouvrira ses portes en Belgique, dans la très vieil
3665 ole des sciences politiques pour l’Europe fédérée de demain, ouvrira ses portes en Belgique, dans la très vieille cité de
3666 ses portes en Belgique, dans la très vieille cité de Bruges, ressuscitée pour un avenir continental. Voilà deux créations
3667 mique, le plan Schuman pose les bases matérielles d’ une renaissance de notre continent. Né d’un projet conçu par les fédér
3668 uman pose les bases matérielles d’une renaissance de notre continent. Né d’un projet conçu par les fédéralistes, il rester
3669 érielles d’une renaissance de notre continent. Né d’ un projet conçu par les fédéralistes, il restera l’honneur du gouverne
3670 oposer au monde, en dépit de toutes les intrigues d’ intérêts, de partis, et d’égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura mon
3671 nde, en dépit de toutes les intrigues d’intérêts, de partis, et d’égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura montré que son
3672 de toutes les intrigues d’intérêts, de partis, et d’ égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura montré que son génie domine e
3673 aura montré que son génie domine encore les jeux de ses politiciens. Et maintenant, tournons-nous vers l’avenir. La deuxi
3674 tournons-nous vers l’avenir. La deuxième session de Strasbourg s’ouvrira le 8 août. Elle sera décisive. Formée de députés
3675 g s’ouvrira le 8 août. Elle sera décisive. Formée de députés régulièrement élus par 15 parlements de l’Europe, cette Assem
3676 e de députés régulièrement élus par 15 parlements de l’Europe, cette Assemblée consultative porte le grand espoir fédérali
3677 députés régulièrement élus par 15 parlements de l’ Europe , cette Assemblée consultative porte le grand espoir fédéraliste : on
3678 , cet été, si elle s’en montre digne. On le verra d’ une manière précise. Car l’Assemblée sera saisie d’une proposition cap
3679 ’une manière précise. Car l’Assemblée sera saisie d’ une proposition capitale, tendant à instituer, au-dessus des États, un
3680 endant à instituer, au-dessus des États, un Pacte européen et une Autorité dotée de pouvoirs bien réels. Si elle recule, si elle
3681 es États, un Pacte européen et une Autorité dotée de pouvoirs bien réels. Si elle recule, si elle refuse l’obstacle, nous
3682 refuse l’obstacle, nous cesserons non pas certes d’ espérer, ni de lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas
3683 acle, nous cesserons non pas certes d’espérer, ni de lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas député, et mon
3684 rons non pas certes d’espérer, ni de lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas député, et mon pays d’ailleurs
3685 est pas représenté à Strasbourg. Je n’ai donc pas de titre à y parler. Si j’en avais, voici quel serait mon discours : Me
3686 quel serait mon discours : Messieurs les députés européens  ! vous êtes ici pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la
3687 es députés européens ! vous êtes ici pour faire l’ Europe , et non pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la f
3688 i pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer. Comment fédérer des nat
3689 , et non pour faire semblant de la faire. Faire l’ Europe signifie la fédérer. Comment fédérer des nations qui se croient encor
3690 es premiers à se montrer réservés quand il s’agit de faire l’Europe. C’est qu’ils sont déjà fédérés. Ils vous attendent. V
3691 à se montrer réservés quand il s’agit de faire l’ Europe . C’est qu’ils sont déjà fédérés. Ils vous attendent. Vous dites encor
3692 que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à no
3693 conviennent à nos calamités. Vous dites qu’il y a de grosses difficultés. Vous êtes-là pour les surmonter, — sinon, pour q
3694 monter, — sinon, pour quoi ? Vous m’assurez enfin de vos bonnes intentions. Prouvez-les ! Je n’ai jamais rencontré personn
3695 ou contre la vertu en général, ou contre l’union de nos peuples. Nous sommes tous de bonne volonté, à nous en croire… Mai
3696 u contre l’union de nos peuples. Nous sommes tous de bonne volonté, à nous en croire… Mais certains souhaitent un peu d’un
3697 à nous en croire… Mais certains souhaitent un peu d’ union, bien sûr, tandis que d’autres veulent ses conditions. Certains
3698 les fédéralistes. Eh bien ! Messieurs les députés européens , si vous n’êtes pas fédéralistes, allez-vous-en ! Si vous l’êtes, ose
3699 tres, prenez le pouvoir et donnez-nous l’Autorité européenne . Tel serait mon discours, chers auditeurs, et je ne pourrai pas le p
3700 , et je ne pourrai pas le prononcer, mais la voix de l’opinion parlera dans le même sens, et je voudrais vous avoir convai
3701 tre. Nous nous retrouverons, je l’espère, au mois de septembre, et je vous dirai si nous avons gagné. Merci de m’avoir sui
3702 mbre, et je vous dirai si nous avons gagné. Merci de m’avoir suivi si fidèlement, merci pour toutes vos lettres, et de l’i
3703 si fidèlement, merci pour toutes vos lettres, et de l’invisible appui que vous m’avez donné dans vos pensées. C’est avec
3704 avez donné dans vos pensées. C’est avec cet appui de l’âme que nous ferons demain l’Europe. Mes chers auditeurs, au revoir
3705 avec cet appui de l’âme que nous ferons demain l’ Europe . Mes chers auditeurs, au revoir !
60 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un été orageux (9 septembre 1950)
3706 Demain l’ Europe  ! — Un été orageux (9 septembre 1950) Chers auditeurs, Je reviens v
3707 eviens vous parler après un été orageux. Le titre de ma chronique n’a pas changé : il est resté « Demain : l’Europe ! », c
3708 onique n’a pas changé : il est resté « Demain : l’ Europe  ! », ce qui revient à dire évidemment, que cette Europe n’est pas enc
3709  ! », ce qui revient à dire évidemment, que cette Europe n’est pas encore faite aujourd’hui, n’a pas été formée et fédérée pen
3710 ige encore, pour devenir demain réalité, beaucoup d’ efforts, beaucoup de sacrifices, et de bonnes volontés, et de volonté
3711 é, beaucoup d’efforts, beaucoup de sacrifices, et de bonnes volontés, et de volonté tout court. Mais avant de vous informe
3712 beaucoup de sacrifices, et de bonnes volontés, et de volonté tout court. Mais avant de vous informer de ce qui s’est fait,
3713 e volonté tout court. Mais avant de vous informer de ce qui s’est fait, ou ne s’est pas fait, pour nous unir, depuis deux
3714 as fait, pour nous unir, depuis deux mois ; avant d’ en revenir à des problèmes précis, je voudrais vous parler de l’été qu
3715 r à des problèmes précis, je voudrais vous parler de l’été qui s’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre. De jour
3716 ’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre. De jour en jour, les prévisions du temps annonçaient des orages locaux.
3717 s se trompaient rarement. Il y eut même, au début de juillet, un certain orage local, à l’extrême pointe de l’Asie, en Cor
3718 illet, un certain orage local, à l’extrême pointe de l’Asie, en Corée, qui fit craindre à beaucoup que le Ciel ne se fatig
3719 fit craindre à beaucoup que le Ciel ne se fatigue de localiser les dégâts. Ce fut un été mouvementé, dominé par une vague
3720 op vague encore, souvent, mais qui n’a pas manqué de faire prendre, à certains d’entre nous, une conscience plus claire du
3721 tre nous, une conscience plus claire du danger et de la fragilité de notre paix. Je ne saurais mieux décrire cette atmosph
3722 nscience plus claire du danger et de la fragilité de notre paix. Je ne saurais mieux décrire cette atmosphère chargée qu’e
3723 nt laissés mes déplacements dans les pays voisins de la Suisse. Aux derniers jours du mois de juin, je me suis envolé vers
3724 voisins de la Suisse. Aux derniers jours du mois de juin, je me suis envolé vers Berlin, par-dessus la zone soviétique. L
3725 Berlin, par-dessus la zone soviétique. L’affaire de Corée venait d’éclater. Le congrès auquel j’allais prendre part se te
3726 sus la zone soviétique. L’affaire de Corée venait d’ éclater. Le congrès auquel j’allais prendre part se tenait dans les ru
3727 l j’allais prendre part se tenait dans les ruines de Berlin, à 600 mètres de la limite du secteur russe. Personne ne savai
3728 se tenait dans les ruines de Berlin, à 600 mètres de la limite du secteur russe. Personne ne savait, à ce moment-là, si le
3729 ’on sent que les choses peuvent devenir sérieuses d’ une heure à l’autre. Et pendant plusieurs jours, nous avons entendu de
3730 ler, ou comme David Rousset, proclamer les droits de la pensée libre, et le refus du système concentrationnaire, celui qui
3731 rnière séance publique du congrès, le bourgmestre de Berlin, qui présidait, se leva soudain pour lire une dépêche qu’on ve
3732 pour lire une dépêche qu’on venait de lui donner. D’ une voix grave, il annonça que les Russes, à partir de minuit, le soir
3733 e la ville. Ce n’était que cela, une longue panne d’ électricité, en somme. Mais si beaucoup avaient eu chaud, pendant que
3734 es plus tard, j’étais à Beaune, capitale des vins de Bourgogne, où s’étaient réunis pour le 14 juillet les fédéralistes fr
3735 les fédéralistes français. Là, dans ce riche pays de vignobles touffus, sous les voûtes séculaires et patinées de l’hospic
3736 s touffus, sous les voûtes séculaires et patinées de l’hospice et du palais des Ducs, on se sentait bien à l’abri dans un
3737 un passé dense et profond, comme l’histoire même de la France, bien loin du siècle, de ses grandes villes en ruines, du r
3738 ’histoire même de la France, bien loin du siècle, de ses grandes villes en ruines, du rideau de fer et des camps. Pourtant
3739 iècle, de ses grandes villes en ruines, du rideau de fer et des camps. Pourtant, une voix s’éleva, dès le premier jour, co
3740 r, comme un rappel à la réalité : c’était la voix de mon ami Gheorghiu, l’auteur de la Vingt-Cinquième Heure. Il évoquait
3741  : c’était la voix de mon ami Gheorghiu, l’auteur de la Vingt-Cinquième Heure. Il évoquait le sort des nations de l’Est eu
3742 -Cinquième Heure. Il évoquait le sort des nations de l’Est européen, qui viennent de perdre, sous nos yeux, cette liberté
3743 e Heure. Il évoquait le sort des nations de l’Est européen , qui viennent de perdre, sous nos yeux, cette liberté que l’on fêtait
3744 l’on fêtait autour de nous, et que nous risquions de perdre à notre tour, demain peut-être… Quand il eut terminé, je vous
3745 Je passai tôt après quelques jours sur une plage de la Méditerranée, royaume solaire de l’insouciance et de l’oubli des p
3746 sur une plage de la Méditerranée, royaume solaire de l’insouciance et de l’oubli des petits et grands soucis. Mais de quoi
3747 Méditerranée, royaume solaire de l’insouciance et de l’oubli des petits et grands soucis. Mais de quoi parlait-on, près de
3748 e et de l’oubli des petits et grands soucis. Mais de quoi parlait-on, près de moi, dans un groupe animé de gens très riche
3749 uoi parlait-on, près de moi, dans un groupe animé de gens très riches ? On discutait le prix d’un bateau qu’on tiendrait t
3750 animé de gens très riches ? On discutait le prix d’ un bateau qu’on tiendrait toujours prêt pour fuir l’Europe et gagner l
3751 bateau qu’on tiendrait toujours prêt pour fuir l’ Europe et gagner l’Algérie en cas de guerre prochaine. L’ombre de la Corée s
3752 rêt pour fuir l’Europe et gagner l’Algérie en cas de guerre prochaine. L’ombre de la Corée s’étendait jusqu’ici. Voilà pou
3753 ner l’Algérie en cas de guerre prochaine. L’ombre de la Corée s’étendait jusqu’ici. Voilà pourquoi, lorsqu’on m’a demandé
3754 jusqu’ici. Voilà pourquoi, lorsqu’on m’a demandé de prononcer le discours du 1er août à Neuchâtel, j’ai tenté de résumer
3755 r le discours du 1er août à Neuchâtel, j’ai tenté de résumer mes impressions récentes en tenant à peu près ce langage : N
3756 i dans un pays prospère. Mais ce pays est au cœur d’ une Europe qui se sent, tout d’un coup, cet été, sans défense. Et notr
3757 un pays prospère. Mais ce pays est au cœur d’une Europe qui se sent, tout d’un coup, cet été, sans défense. Et notre sort, au
3758 e pays est au cœur d’une Europe qui se sent, tout d’ un coup, cet été, sans défense. Et notre sort, au bout du compte, sera
3759 rt, au bout du compte, sera celui du continent. L’ Europe aussi, comme la Corée, est une presqu’île de l’Asie… Elle aussi peut
3760 ’Europe aussi, comme la Corée, est une presqu’île de l’Asie… Elle aussi peut être envahie. Vous pensez que la Corée, c’est
3761 sses, ne l’oubliez pas, sont à une heure et demie d’ avion de notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’est-il pas
3762 l’oubliez pas, sont à une heure et demie d’avion de notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’est-il pas venu pou
3763 heures. Le jour n’est-il pas venu pour nous tous d’ obéir à l’exemple des petits cantons suisses, lesquels, considérant la
3764 squels, considérant la malice des temps, jurèrent de se prêter secours mutuel et de faire cause commune contre quiconque c
3765 es temps, jurèrent de se prêter secours mutuel et de faire cause commune contre quiconque chercherait à les molester ? Le
3766 e moment n’est-il pas venu de nous unir au-dessus de nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières,
3767 il pas venu de nous unir au-dessus de nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières, et de fédérer n
3768 essus de nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières, et de fédérer nos faiblesses pour en faire l
3769 illes querelles et de nos vieilles frontières, et de fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle, la seule gar
3770 ur en faire la force du siècle, la seule garantie de la paix, et de la liberté qui vaut mieux que la paix ? L’orage, une
3771 force du siècle, la seule garantie de la paix, et de la liberté qui vaut mieux que la paix ? L’orage, une fois de plus, s
3772 la paix ? L’orage, une fois de plus, s’était mis de la partie. La pluie tombait. Des milliers d’auditeurs ouvrirent leur
3773 mis de la partie. La pluie tombait. Des milliers d’ auditeurs ouvrirent leur parapluie et restèrent là. S’ils n’avaient pa
3774 suppose qu’ils seraient partis… À quelques jours de là, sous les auspices d’un ciel non moins chargé de nuées menaçantes,
3775 partis… À quelques jours de là, sous les auspices d’ un ciel non moins chargé de nuées menaçantes, s’ouvrait à Strasbourg l
3776 là, sous les auspices d’un ciel non moins chargé de nuées menaçantes, s’ouvrait à Strasbourg la deuxième session de l’Ass
3777 antes, s’ouvrait à Strasbourg la deuxième session de l’Assemblée consultative européenne. Et Churchill demandait la créati
3778 g la deuxième session de l’Assemblée consultative européenne . Et Churchill demandait la création immédiate d’une armée de l’Europe
3779 nne. Et Churchill demandait la création immédiate d’ une armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je
3780 chill demandait la création immédiate d’une armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous
3781 demandait la création immédiate d’une armée de l’ Europe . De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous entreten
3782 it la création immédiate d’une armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous entretenir p
3783 armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous entretenir plus en détail au cours de mes
3784 up de choses dépendent, pour notre avenir à tous, de ce qui s’est fait, ou ne s’est pas fait là. Au revoir, chers auditeur
61 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’atmosphère de Strasbourg (11 septembre 1950)
3785 Demain l’ Europe  ! — L’atmosphère de Strasbourg (11 septembre 1950) Chers auditeurs,
3786 Demain l’Europe ! — L’atmosphère de Strasbourg (11 septembre 1950) Chers auditeurs, Beaucoup de gens ig
3787 ent le fonctionnement des institutions politiques de leur propre pays. Comment pourraient-ils donc connaître les instituti
3788 nt-ils donc connaître les institutions naissantes d’ une Europe qui en est encore au stade des plans et des discussions sur
3789 donc connaître les institutions naissantes d’une Europe qui en est encore au stade des plans et des discussions sur devis ? J
3790 s discussions sur devis ? Je ne crois pas inutile de rappeler brièvement ce que c’est que le Conseil de l’Europe, et l’ass
3791 Conseil de l’Europe, et l’assemblée consultative de Strasbourg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai de l’année d
3792 Strasbourg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai de l’année dernière, à la suite d’une campagne vigoureuse conduit
3793 urg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai de l’année dernière, à la suite d’une campagne vigoureuse conduite par l
3794 né au mois de mai de l’année dernière, à la suite d’ une campagne vigoureuse conduite par le Mouvement européen. Il réunit
3795 une campagne vigoureuse conduite par le Mouvement européen . Il réunit 15 États de l’Europe sur les 19 situés à l’ouest du rideau
3796 de l’Europe sur les 19 situés à l’ouest du rideau de fer. Manquent à l’appel l’Espagne et le Portugal, parce qu’ils sont e
3797 pagne et le Portugal, parce qu’ils sont en régime de dictature, l’Autriche parce que les Russes refusent encore de signer
3798 , l’Autriche parce que les Russes refusent encore de signer son traité de paix, et la Suisse parce qu’à Berne, on n’aime p
3799 e les Russes refusent encore de signer son traité de paix, et la Suisse parce qu’à Berne, on n’aime pas trop se presser… L
3800 rop se presser… Le Conseil de l’Europe se compose d’ un Comité ministériel formé par les ministres des Affaires étrangères
3801 res des Affaires étrangères des États membres, et d’ une Assemblée consultative de 125 députés, élus par les parlements nat
3802 es États membres, et d’une Assemblée consultative de 125 députés, élus par les parlements nationaux. Le rôle de l’Assemblé
3803 putés, élus par les parlements nationaux. Le rôle de l’Assemblée consiste à étudier et à voter toutes mesures tendant à un
3804 tudier et à voter toutes mesures tendant à unir l’ Europe . Le rôle du Comité ministériel consiste à examiner les résolutions de
3805 é ministériel consiste à examiner les résolutions de l’Assemblée, et à les refuser régulièrement, sur la demande des Angla
3806 ar les ministres un jour se fatigueront peut-être de dire non. Et l’Assemblée, un jour, peut se révolter contre le sempite
3807 jour, peut se révolter contre le sempiternel veto de M. Bevin. Elle peut un beau jour passer outre, et décider que ses rés
3808 s résolutions seront examinées par les parlements de chaque pays, qui sont plus stables que les ministres. Et l’opinion, u
3809 et les parlements sont élus par l’opinion réelle d’ un pays, celle qui vote au scrutin libre et secret. Celle qui ne ment
3810 e ment pas. Tout dépend donc, en dernier ressort, de l’opinion. Quand elle sera mûre, quand elle dira ce qu’elle veut, ave
3811 députés suivront, les ministres obéiront, et tout d’ un coup, malgré les arguments des experts, des prudents ou des lâches,
3812 uments des experts, des prudents ou des lâches, l’ Europe se fera. Vous voyez que je n’ai pas d’illusions. Mais je calcule nos
3813 hes, l’Europe se fera. Vous voyez que je n’ai pas d’ illusions. Mais je calcule nos chances, qui sont celles de la paix, et
3814 ons. Mais je calcule nos chances, qui sont celles de la paix, et je trouve qu’elles ne sont pas si mauvaises. Encore faut-
3815 ncore faut-il que l’opinion se réveille. Le canon de la Corée peut l’y aider. La crise économique, qui s’approche à grands
3816 a fait Strasbourg pendant l’été ? Je serais forcé de vous répondre : pas grand-chose. Mais une évolution décisive se prépa
3817 évolution décisive se prépare. Dans l’atmosphère de l’été orageux que je vous décrivais lundi dernier, cette deuxième ses
3818 s décrivais lundi dernier, cette deuxième session de l’Assemblée fut beaucoup plus passionnée que l’an dernier. On sentait
3819 naient sérieuses, non seulement en Corée, mais en Europe . Des oppositions plus tranchées se sont fait jour, des masques sont t
3820 ravaillistes. Et qu’il était parfaitement inutile de consentir des concessions dont ils se moquent. On a vu que la fédérat
3821 res lui refusent. C’est qu’elle se sent plus sûre d’ elle-même, mieux en contact que l’an dernier avec les forces morales e
3822 bâtiment va, tout va, dit un proverbe. Le Palais de l’Europe a été édifié sur un ancien terrain de football. On y jouait
3823 ment va, tout va, dit un proverbe. Le Palais de l’ Europe a été édifié sur un ancien terrain de football. On y jouait un match
3824 is de l’Europe a été édifié sur un ancien terrain de football. On y jouait un match le 1er mars encore. Aujourd’hui c’est
3825 non moins disputées. Il s’agit toujours et encore de se renvoyer la balle. Mais quelques buts ont été marqués. Premièremen
3826 t été marqués. Premièrement, l’Assemblée a décidé de se réunir une seconde fois cette année, au mois de novembre. Et quatr
3827 e se réunir une seconde fois cette année, au mois de novembre. Et quatre fois l’année prochaine. Voilà qui permettra d’all
3828 uatre fois l’année prochaine. Voilà qui permettra d’ aller plus vite, et de maintenir l’opinion en alerte. Deuxièmement, l’
3829 chaine. Voilà qui permettra d’aller plus vite, et de maintenir l’opinion en alerte. Deuxièmement, l’Assemblée s’est donné
3830 e. Deuxièmement, l’Assemblée s’est donné le droit d’ aborder les questions militaires, de parler de la défense de l’Europe,
3831 onné le droit d’aborder les questions militaires, de parler de la défense de l’Europe, qui est le problème le plus urgent.
3832 oit d’aborder les questions militaires, de parler de la défense de l’Europe, qui est le problème le plus urgent. Je revien
3833 uestions militaires, de parler de la défense de l’ Europe , qui est le problème le plus urgent. Je reviendrai lundi prochain sur
3834 sé à l’examen du Conseil des ministres, un projet d’ Autorité politique européenne au-dessus des nations. Et c’est là le po
3835 eil des ministres, un projet d’Autorité politique européenne au-dessus des nations. Et c’est là le point capital. Les ministres on
3836 ai l’impression très nette que la session du mois de novembre verra des actes révolutionnaires, de la part des fédéraliste
3837 -ci ne représentent, à vrai dire, qu’une minorité de l’Assemblée. Mais ils se sentent soutenus par l’opinion publique. Des
3838 tent soutenus par l’opinion publique. Des groupes de jeunes fédéralistes, prêts à l’action, animés par le professeur Danie
3839 ur Daniel Villey, hantaient déjà, pendant le mois d’ août, les couloirs du Palais de l’Europe, créant une atmosphère d’urge
3840 à, pendant le mois d’août, les couloirs du Palais de l’Europe, créant une atmosphère d’urgence et de salutaire inquiétude.
3841 ndant le mois d’août, les couloirs du Palais de l’ Europe , créant une atmosphère d’urgence et de salutaire inquiétude. À la vei
3842 oirs du Palais de l’Europe, créant une atmosphère d’ urgence et de salutaire inquiétude. À la veille de la première séance
3843 s de l’Europe, créant une atmosphère d’urgence et de salutaire inquiétude. À la veille de la première séance de l’Assemblé
3844 d’urgence et de salutaire inquiétude. À la veille de la première séance de l’Assemblée, ils s’étaient réunis à la frontièr
3845 ire inquiétude. À la veille de la première séance de l’Assemblée, ils s’étaient réunis à la frontière franco-allemande, po
3846 lemande, pour brûler les barrières et les poteaux de douane. Ce geste symbolique en annonce d’autres. Ce feu de joie et de
3847 . Ce geste symbolique en annonce d’autres. Ce feu de joie et de fraternité peut s’étendre à toutes les frontières. On y tr
3848 symbolique en annonce d’autres. Ce feu de joie et de fraternité peut s’étendre à toutes les frontières. On y travaillera f
62 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’armée européenne (18 septembre 1950)
3849 Demain l’ Europe  ! — L’armée européenne (18 septembre 1950) Chers auditeurs, Pendant
3850 Demain l’Europe ! — L’armée européenne (18 septembre 1950) Chers auditeurs, Pendant que la guerre éclatait
3851 ait, s’armait, et pendant que la Russie observait d’ un œil froid l’état des forces en présence, qu’a-t-on fait en Europe,
3852 l’état des forces en présence, qu’a-t-on fait en Europe , à Strasbourg, cet été pour répondre au défi de l’Histoire ? La sessi
3853 rope, à Strasbourg, cet été pour répondre au défi de l’Histoire ? La session de l’Assemblée s’est ouverte par un grand dis
3854 pour répondre au défi de l’Histoire ? La session de l’Assemblée s’est ouverte par un grand discours de Churchill. Le suje
3855 e l’Assemblée s’est ouverte par un grand discours de Churchill. Le sujet de ce discours était la création immédiate d’une
3856 erte par un grand discours de Churchill. Le sujet de ce discours était la création immédiate d’une armée de l’Europe. L’id
3857 sujet de ce discours était la création immédiate d’ une armée de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est
3858 discours était la création immédiate d’une armée de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est sans défense
3859 ours était la création immédiate d’une armée de l’ Europe . L’idée de Churchill était simple. L’Europe est sans défense. Elle pe
3860 réation immédiate d’une armée de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est sans défense. Elle peut être env
3861 de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’ Europe est sans défense. Elle peut être envahie demain, ou cette nuit même.
3862 ou cette nuit même. Si nous pensons qu’elle vaut d’ être sauvée, constituons une armée sérieuse, qui ne saurait être qu’un
3863 armée sérieuse, qui ne saurait être qu’une armée européenne , à l’échelle de la menace elle-même continentale qui pèse sur nous. L
3864 saurait être qu’une armée européenne, à l’échelle de la menace elle-même continentale qui pèse sur nous. Le génie de Churc
3865 lle-même continentale qui pèse sur nous. Le génie de Churchill est indéniable : il consiste à dire simplement les évidence
3866 que tout le monde voit, mais que l’on traiterait de paradoxes ou d’utopies si vous ou moi osions les dire. Tout le monde
3867 de voit, mais que l’on traiterait de paradoxes ou d’ utopies si vous ou moi osions les dire. Tout le monde sait que l’Europ
3868 ou moi osions les dire. Tout le monde sait que l’ Europe n’a point d’armée, si l’on excepte l’armée suisse, laquelle est neutr
3869 s dire. Tout le monde sait que l’Europe n’a point d’ armée, si l’on excepte l’armée suisse, laquelle est neutre. Tout le mo
3870 e est neutre. Tout le monde sait qu’il est urgent de faire quelque chose. Mais il faut que Churchill le dise pour qu’on ap
3871 onde, et quand Churchill eut terminé son discours de Strasbourg, l’Assemblée tout entière lui fit une ovation, et vota sa
3872 et vota sa motion par 89 voix contre 5, et point d’ abstentions. C’était trop beau pour être vrai. L’Assemblée ne tarda po
3873 aux réalités, qui sont pour elle les paragraphes de son statut. Dès que le projet Churchill fut mis en discussion plus dé
3874 re observer que l’article 1, alinéa d des statuts de l’Assemblée lui interdisait de s’occuper des problèmes militaires de
3875 inéa d des statuts de l’Assemblée lui interdisait de s’occuper des problèmes militaires de l’Europe. M. Callaghan a raison
3876 interdisait de s’occuper des problèmes militaires de l’Europe. M. Callaghan a raison, l’article 1 alinéa d dit bien cela.
3877 disait de s’occuper des problèmes militaires de l’ Europe . M. Callaghan a raison, l’article 1 alinéa d dit bien cela. M. Callag
3878 cela. M. Callaghan sait fort bien cependant que l’ Europe est désarmée, et que ce n’est pas avec des paragraphes qu’on peut sto
3879 igents… Arrêtée par un alinéa, l’Assemblée décida de ne rien faire de sérieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent
3880 ar un alinéa, l’Assemblée décida de ne rien faire de sérieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent de faire quelque
3881 décida de ne rien faire de sérieux, c’est-à-dire d’ affirmer qu’il était urgent de faire quelque chose, bien sûr, un jour
3882 rieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent de faire quelque chose, bien sûr, un jour ou l’autre, mais qu’il ne semb
3883 l’autre, mais qu’il ne semblait pas très opportun de dire comment et à quelles conditions. Le problème reste donc posé. On
3884 sé. On ne saurait dire que l’Assemblée ait résolu de le résoudre, et encore moins qu’elle ait vraiment tenté de le faire…
3885 oudre, et encore moins qu’elle ait vraiment tenté de le faire… Devant cette carence incroyable je me sens libre de dire ic
3886 Devant cette carence incroyable je me sens libre de dire ici ce qu’un chacun pense qu’il faut faire. Premièrement, face a
3887 se qu’il faut faire. Premièrement, face au danger d’ invasion, nous savons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne fût-
3888 d’invasion, nous savons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne fût-ce que pour forcer l’envahisseur à réfléchir, et s
3889 mement, il est clair qu’on ne peut pas défendre l’ Europe avec dix-neuf petites armées nationales, à la fois ruineuses pour cha
3890 rmées nationales, à la fois ruineuses pour chacun de nos pays, et ridiculement insuffisantes pour l’ensemble du continent.
3891 réveiller le nationalisme qui est l’origine même de nos maux, enfin, c’est opposer dix-neuf faiblesses à une grande force
3892 rce, et donc se condamner à l’écrasement certain. D’ où l’on déduit nécessairement qu’il faut, pour défendre l’Europe, non
3893 déduit nécessairement qu’il faut, pour défendre l’ Europe , non pas dix-neuf armées nocives et faibles, mais une armée continent
3894 teuse et beaucoup plus efficace. Mais cette armée européenne , à supposer qu’on l’organise, ce qui paraît possible avant deux ans,
3895 ns, — encore faut-il qu’elle soit mise au service d’ une politique d’ensemble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution
3896 t-il qu’elle soit mise au service d’une politique d’ ensemble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution d’un gouvernemen
3897 e soit mise au service d’une politique d’ensemble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution d’un gouvernement fédéral,
3898 t mise au service d’une politique d’ensemble de l’ Europe . Elle suppose donc l’institution d’un gouvernement fédéral, capable d
3899 mble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution d’ un gouvernement fédéral, capable de la contrôler, et de l’utiliser pou
3900 l’institution d’un gouvernement fédéral, capable de la contrôler, et de l’utiliser pour assurer la paix, non point pour n
3901 gouvernement fédéral, capable de la contrôler, et de l’utiliser pour assurer la paix, non point pour nous jeter dans les p
3902 s, du gouvernement fédéral, sans lequel une armée d’ Europe serait plus dangereuse encore que notre faiblesse actuelle. Mai
3903 du gouvernement fédéral, sans lequel une armée d’ Europe serait plus dangereuse encore que notre faiblesse actuelle. Mais je v
3904 l a proposé que l’on donne des armes aux citoyens de l’Europe. Encore faut-il que ces soldats soient décidés à employer ce
3905 roposé que l’on donne des armes aux citoyens de l’ Europe . Encore faut-il que ces soldats soient décidés à employer ces armes.
3906 dans l’état politique et social où sont plusieurs de nos voisins, rien n’est moins sûr. On dit que M. Churchill est un gra
3907 hurchill est un grand réaliste, parce qu’il parle de canons et d’avions. Mais ce ne sont là que des objets, des instrument
3908 un grand réaliste, parce qu’il parle de canons et d’ avions. Mais ce ne sont là que des objets, des instruments. Le réalism
3909 ts, des instruments. Le réalisme véritable, c’est de donner d’abord à chaque Européen la conviction profonde et passionnée
3910 lisme véritable, c’est de donner d’abord à chaque Européen la conviction profonde et passionnée qu’il a quelque chose à défendre
3911 ée qu’il a quelque chose à défendre. On n’accepte de mourir que pour des raisons de vivre. Le réalisme véritable c’est don
3912 ndre. On n’accepte de mourir que pour des raisons de vivre. Le réalisme véritable c’est donc de commencer la défense de l’
3913 aisons de vivre. Le réalisme véritable c’est donc de commencer la défense de l’Europe dans les esprits et dans les cœurs.
3914 véritable c’est donc de commencer la défense de l’ Europe dans les esprits et dans les cœurs. Il nous faut une armée, — hélas !
3915 — hélas ! Mais il nous faut d’abord une mystique de l’Europe, c’est-à-dire de la liberté, sans laquelle cette armée ne se
3916 las ! Mais il nous faut d’abord une mystique de l’ Europe , c’est-à-dire de la liberté, sans laquelle cette armée ne serait qu’u
3917 ut d’abord une mystique de l’Europe, c’est-à-dire de la liberté, sans laquelle cette armée ne serait qu’un poids mort. De
3918 laquelle cette armée ne serait qu’un poids mort. De cela aussi, je compte vous reparler ; c’est même le principal sujet d
3919 pte vous reparler ; c’est même le principal sujet de ma chronique. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
63 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Une autorité politique européenne (25 septembre 1950)
3920 Demain l’ Europe  ! — Une autorité politique européenne (25 septembre 1950) Pendant t
3921 Demain l’Europe ! — Une autorité politique européenne (25 septembre 1950) Pendant toute la session de l’Assemblée de Stra
3922 ne (25 septembre 1950) Pendant toute la session de l’Assemblée de Strasbourg, cet été, les députés n’ont pas cessé de re
3923 Strasbourg, cet été, les députés n’ont pas cessé de recevoir des centaines de lettres de simples citoyens qui, dans tous
3924 députés n’ont pas cessé de recevoir des centaines de lettres de simples citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient d
3925 nt pas cessé de recevoir des centaines de lettres de simples citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient de faire que
3926 citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient de faire quelque chose, et vite. Je me suis joint au mouvement pour ma p
3927 nt pour ma part, en faisant imprimer une brochure de lettres aux députés européens où je les priais sur tous les tons d’ag
3928 sant imprimer une brochure de lettres aux députés européens où je les priais sur tous les tons d’agir ou de s’en aller. Car, en e
3929 utés européens où je les priais sur tous les tons d’ agir ou de s’en aller. Car, en effet, le néant déclaré vaut mieux qu’u
3930 éens où je les priais sur tous les tons d’agir ou de s’en aller. Car, en effet, le néant déclaré vaut mieux qu’un faux-sem
3931 ’un faux-semblant. Que voulaient dire les auteurs de ces lettres pressantes et angoissées, lorsqu’ils réclamaient avec une
3932 ec une impatience sans cesse accrue par le danger de guerre — que quelque chose fût fait ? Ils voulaient dire, sans aucune
3933 faites une révolution, créez un vrai gouvernement européen , capable d’assurer notre défense commune, car isolés nous périrons, C
3934 ion, créez un vrai gouvernement européen, capable d’ assurer notre défense commune, car isolés nous périrons, Cet effort n’
3935 Il a fortement contribué à transformer l’ambiance de l’Assemblée, à faire sentir à plusieurs députés que l’opinion publiqu
3936 es suivait du regard, à renforcer les convictions de ceux qui en avaient, à mettre mal à l’aise ceux qui n’en ont aucune,
3937 u-dessus des États une autorité politique capable d’ obtenir ou d’imposer les sacrifices indispensables au salut de la comm
3938 États une autorité politique capable d’obtenir ou d’ imposer les sacrifices indispensables au salut de la communauté, c’est
3939 d’imposer les sacrifices indispensables au salut de la communauté, c’est la thèse des fédéralistes. Ceux-ci ne sont encor
3940 te. La plupart des députés préfèrent à la formule d’ un gouvernement européen, celle d’une série d’autorités spécialisées,
3941 députés préfèrent à la formule d’un gouvernement européen , celle d’une série d’autorités spécialisées, dont le plan Schumann du
3942 nt à la formule d’un gouvernement européen, celle d’ une série d’autorités spécialisées, dont le plan Schumann du charbon e
3943 ule d’un gouvernement européen, celle d’une série d’ autorités spécialisées, dont le plan Schumann du charbon et de l’acier
3944 spécialisées, dont le plan Schumann du charbon et de l’acier offre le meilleur exemple. Ils proposent que l’on crée de la
3945 le meilleur exemple. Ils proposent que l’on crée de la même manière une autorité régissant les transports en Europe, une
3946 manière une autorité régissant les transports en Europe , une cour de justice, une autorité sociale, un office européen de la
3947 rité régissant les transports en Europe, une cour de justice, une autorité sociale, un office européen de la production du
3948 cour de justice, une autorité sociale, un office européen de la production du blé, un Centre européen de la culture, et un état
3949 justice, une autorité sociale, un office européen de la production du blé, un Centre européen de la culture, et un état-ma
3950 n Centre européen de la culture, et un état-major européen . À quoi les fédéralistes répondent : d’accord, prenons les problèmes
3951 ités spécialisées en un gouvernement unique, doté de pouvoirs réels, c’est-à-dire réellement supérieurs à ceux des États.
3952 s à la fois, peu nous importe. L’important, c’est de les résoudre, et de nous unir effectivement en temps utile, avant que
3953 s importe. L’important, c’est de les résoudre, et de nous unir effectivement en temps utile, avant que notre état de divis
3954 ffectivement en temps utile, avant que notre état de division n’ait provoqué la guerre, qui nous mettra tous d’accord dans
3955 ru très clairement, à Strasbourg, qu’une fraction de l’Assemblée ne voulait pas qu’on aboutisse à rien de sérieux. Je veux
3956 l’Assemblée ne voulait pas qu’on aboutisse à rien de sérieux. Je veux parler des Anglais et de certains Scandinaves, qui p
3957 à rien de sérieux. Je veux parler des Anglais et de certains Scandinaves, qui prennent leurs directives à Londres. Depuis
3958 ux ans, les Anglais nous disaient : ne parlez pas de fédération, c’est utopique et théorique. Faisons plutôt quelque chose
3959 opique et théorique. Faisons plutôt quelque chose de concret dans un domaine bien limité. Sur quoi M. Schumann leur a offe
3960 dans un domaine bien défini : celui du charbon et de l’acier. Mais tous les Anglais ont dit non, qu’ils soient conservateu
3961 ou travaillistes. Les conservateurs, par la voix de M. Macmillan, ont déposé un contre-projet. Ils acceptaient en princip
3962 é, qu’il ne limite en rien la souveraineté sacrée de l’État anglais, et n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit
3963 souveraineté sacrée de l’État anglais, et n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt soit d’orgueil natio
3964 n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit d’ intérêt soit d’orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’
3965 art pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt soit d’ orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’esprit rend tou
3966 cable. Comment peut-on se marier, si l’on réserve d’ avance le droit de se séparer à la première scène de ménage ? La quest
3967 t-on se marier, si l’on réserve d’avance le droit de se séparer à la première scène de ménage ? La question s’est donc tro
3968 avance le droit de se séparer à la première scène de ménage ? La question s’est donc trouvée posée dans toute son acuité :
3969 vée posée dans toute son acuité : faut-il faire l’ Europe sans les Anglais — ou faut-il rechercher de nouveaux compromis dans l
3970 l’Europe sans les Anglais — ou faut-il rechercher de nouveaux compromis dans l’idée de plaire un jour à ces messieurs, qui
3971 t-il rechercher de nouveaux compromis dans l’idée de plaire un jour à ces messieurs, qui finalement refuseront quand même 
3972 nt quand même ? Je vous parlerai, lundi prochain, de la possibilité de faire l’Europe sans les Insulaires, sans l’insolent
3973 vous parlerai, lundi prochain, de la possibilité de faire l’Europe sans les Insulaires, sans l’insolent M. Dalton et avec
3974 rai, lundi prochain, de la possibilité de faire l’ Europe sans les Insulaires, sans l’insolent M. Dalton et avec la bénédiction
3975 M. Dalton et avec la bénédiction toute platonique de M. Churchill. Mais puisque j’ai entrepris, dans mes premières chroniq
3976 ue j’ai entrepris, dans mes premières chroniques, de vous donner un compte rendu de ce qui s’est fait — ou non — à Strasbo
3977 mières chroniques, de vous donner un compte rendu de ce qui s’est fait — ou non — à Strasbourg, cet été, je terminerai par
3978 ur proposer au Comité des ministres l’institution d’ une série d’autorités européennes. Pour permettre aux ministres de se
3979 au Comité des ministres l’institution d’une série d’ autorités européennes. Pour permettre aux ministres de se prononcer, M
3980 s ministres l’institution d’une série d’autorités européennes . Pour permettre aux ministres de se prononcer, M. Spaak a décidé de s
3981 torités européennes. Pour permettre aux ministres de se prononcer, M. Spaak a décidé de suspendre la session à la fin d’ao
3982 aux ministres de se prononcer, M. Spaak a décidé de suspendre la session à la fin d’août, et de la reprendre en novembre.
3983 . Spaak a décidé de suspendre la session à la fin d’ août, et de la reprendre en novembre. C’est donc à la fin de novembre,
3984 écidé de suspendre la session à la fin d’août, et de la reprendre en novembre. C’est donc à la fin de novembre, seulement,
3985 de la reprendre en novembre. C’est donc à la fin de novembre, seulement, que nous saurons si l’Assemblée a fait quelque c
3986 nous saurons si l’Assemblée a fait quelque chose de concret, ou si elle a seulement fait semblant de vouloir faire quelqu
3987 de concret, ou si elle a seulement fait semblant de vouloir faire quelque chose en dépit des Anglais. Sans attendre les r
3988 istes, conscients des dangers mortels que court l’ Europe , ont dressé leurs plans d’action. Je vous en informerai bien sûr dès
3989 ortels que court l’Europe, ont dressé leurs plans d’ action. Je vous en informerai bien sûr dès qu’il sera convenu de les f
3990 ous en informerai bien sûr dès qu’il sera convenu de les faire connaître à tous, afin que beaucoup puissent y prendre leur
64 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Serment de Strasbourg (2 octobre 1950)
3991 Demain l’ Europe  ! — Le Serment de Strasbourg (2 octobre 1950) Chers auditeurs, Si l
3992 Demain l’Europe ! — Le Serment de Strasbourg (2 octobre 1950) Chers auditeurs, Si l’on admet que la f
3993 uditeurs, Si l’on admet que la faiblesse tragique de l’Europe résulte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est do
3994 urs, Si l’on admet que la faiblesse tragique de l’ Europe résulte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est donc la mis
3995 met que la faiblesse tragique de l’Europe résulte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est donc la mise en commun
3996 rope résulte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est donc la mise en commun de ses ressources et de ses énergies
3997 seule chance de salut est donc la mise en commun de ses ressources et de ses énergies ; mais si l’on constate d’autre par
3998 t est donc la mise en commun de ses ressources et de ses énergies ; mais si l’on constate d’autre part que les politiciens
3999 oser la question suivante : faudra-t-il fédérer l’ Europe continentale sans les Anglais ? À Strasbourg, cet été, un certain nom
4000 nglais ? À Strasbourg, cet été, un certain nombre de députés ont envisagé cette question, et tenté d’y répondre par un act
4001 de députés ont envisagé cette question, et tenté d’ y répondre par un acte. Le récit de leur échec est significatif, vous
4002 tion, et tenté d’y répondre par un acte. Le récit de leur échec est significatif, vous allez le voir. L’idée qui animait c
4003 vous allez le voir. L’idée qui animait ce groupe de députés, et à laquelle Daniel Villey et quelques-uns de mes amis n’ét
4004 utés, et à laquelle Daniel Villey et quelques-uns de mes amis n’étaient pas totalement étrangers, c’était de proclamer sur
4005 amis n’étaient pas totalement étrangers, c’était de proclamer sur place, à Strasbourg, au mois d’août, la volonté d’union
4006 ait de proclamer sur place, à Strasbourg, au mois d’ août, la volonté d’union immédiate des principaux pays du contient ; e
4007 r place, à Strasbourg, au mois d’août, la volonté d’ union immédiate des principaux pays du contient ; et c’était de concré
4008 iate des principaux pays du contient ; et c’était de concrétiser cette volonté par un Pacte, qui se fût appelé le nouveau
4009 ar un Pacte, qui se fût appelé le nouveau Serment de Strasbourg. Voici plus de onze siècles, en effet, que les fils de Cha
4010 pelé le nouveau Serment de Strasbourg. Voici plus de onze siècles, en effet, que les fils de Charlemagne avaient prêté un
4011 oici plus de onze siècles, en effet, que les fils de Charlemagne avaient prêté un premier Serment de Strasbourg. De ce tra
4012 s de Charlemagne avaient prêté un premier Serment de Strasbourg. De ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe
4013 e avaient prêté un premier Serment de Strasbourg. De ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe et sa division
4014 urg. De ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe et sa division en nations. Il y avait, cet été, une belle ch
4015 De ce traité devait résulter le démembrement de l’ Europe et sa division en nations. Il y avait, cet été, une belle chance de r
4016 en nations. Il y avait, cet été, une belle chance de remembrer, de rassembler ce continent, qui reste — comme le disait Pa
4017 y avait, cet été, une belle chance de remembrer, de rassembler ce continent, qui reste — comme le disait Paul Valéry — la
4018 disait Paul Valéry — la partie la plus précieuse de la planète. Un groupe de députés parmi lesquels on remarquait MM. And
4019 partie la plus précieuse de la planète. Un groupe de députés parmi lesquels on remarquait MM. André Philip, Paul Reynaud e
4020 uti pour l’Italie, Carlo Schmid pour l’Allemagne, de la Vallée Poussin pour la Belgique, tentèrent de passer aux actes. Un
4021 de la Vallée Poussin pour la Belgique, tentèrent de passer aux actes. Un texte de serment fut établi. Bien qu’il n’ait pa
4022 Belgique, tentèrent de passer aux actes. Un texte de serment fut établi. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai de tr
4023 abli. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai de très bonnes raisons de le connaître en détail, et vais vous dire quel
4024 pas été rendu public, j’ai de très bonnes raisons de le connaître en détail, et vais vous dire quel était son contenu. Les
4025 aient à se considérer non plus comme les députées de leur seul pays ou parti, mais comme les représentants de l’Europe ent
4026 seul pays ou parti, mais comme les représentants de l’Europe entière. Ils déclaraient que, sans plus attendre, les nation
4027 pays ou parti, mais comme les représentants de l’ Europe entière. Ils déclaraient que, sans plus attendre, les nations du cont
4028 ve vers l’union, en provoquant l’élection directe d’ un Parlement européen, ainsi que la constitution d’un gouvernement féd
4029 , en provoquant l’élection directe d’un Parlement européen , ainsi que la constitution d’un gouvernement fédéral comprenant des m
4030 ’un Parlement européen, ainsi que la constitution d’ un gouvernement fédéral comprenant des ministères de la Défense, de la
4031 un gouvernement fédéral comprenant des ministères de la Défense, de la Production, des Finances, de l’Agriculture, des Tra
4032 fédéral comprenant des ministères de la Défense, de la Production, des Finances, de l’Agriculture, des Transports, et de
4033 es de la Défense, de la Production, des Finances, de l’Agriculture, des Transports, et de la Justice. Les députés se disai
4034 es Finances, de l’Agriculture, des Transports, et de la Justice. Les députés se disaient décidés à prêter le serment suiva
4035  : Nous soussignés, Nous proclamant les délégués de notre commune patrie, l’Europe, Constatant qu’il faut aujourd’hui pér
4036 roclamant les délégués de notre commune patrie, l’ Europe , Constatant qu’il faut aujourd’hui périr isolément ou se sauver ensem
4037 isolément ou se sauver ensemble, Faisons serment d’ unir dès maintenant les nations du continent qui acceptent de renoncer
4038 maintenant les nations du continent qui acceptent de renoncer à une part de leur souveraineté, première étape vers l’unité
4039 du continent qui acceptent de renoncer à une part de leur souveraineté, première étape vers l’unité de l’Europe. Une soix
4040 de leur souveraineté, première étape vers l’unité de l’Europe. Une soixantaine de députés se déclarèrent d’accord. Le ser
4041 ur souveraineté, première étape vers l’unité de l’ Europe . Une soixantaine de députés se déclarèrent d’accord. Le serment deva
4042 étape vers l’unité de l’Europe. Une soixantaine de députés se déclarèrent d’accord. Le serment devait être prêté hors de
4043 . Le serment devait être prêté hors de l’enceinte de l’Assemblée, en présence de la population. Déjà la presse en parlait
4044 er leur signature éventuelle. Devant cette espèce de chantage les socialistes allemands reculèrent. Leurs compatriotes cat
4045 triotes catholiques ne voulurent point se séparer d’ eux. Les Italiens objectèrent que des raisons religieuses les empêchai
4046 èrent que des raisons religieuses les empêchaient de prêter serment. Les Belges découvrirent que cette action publique éta
4047 on publique était incompatible avec la discipline de l’Assemblée. Le groupe français lui-même se divisa. Bref, il ne resta
4048 se réunir en novembre. C’est ainsi que la session d’ été prit fin sur un échec des activistes. Et certes, la manœuvre angla
4049 , joua son rôle dans cet échec. Mais il est juste de dire qu’elle ne l’eût pas joué, si les continentaux, de leur côté, av
4050 e qu’elle ne l’eût pas joué, si les continentaux, de leur côté, avaient montré plus de courage, une plus claire volonté d’
4051 s continentaux, de leur côté, avaient montré plus de courage, une plus claire volonté d’aboutir à tout prix. En réalité, b
4052 t montré plus de courage, une plus claire volonté d’ aboutir à tout prix. En réalité, beaucoup d’entre eux ne s’étaient poi
4053 d’entre eux ne s’étaient point ralliés au projet de serment sans réserves ou hésitations. L’un des chefs socialistes les
4054 ns. L’un des chefs socialistes les plus influents de notre époque me disait quelques jours auparavant : « Que serait cette
4055 it quelques jours auparavant : « Que serait cette Europe fédérée sans les Anglais et sans les Scandinaves ? » Ce serait une Eu
4056 Anglais et sans les Scandinaves ? » Ce serait une Europe catholique (car les partis démo-chrétiens y tiennent presque partout
4057 tiens y tiennent presque partout le pouvoir), une Europe libérale (du point de vue économique) et enfin une Europe dominée par
4058 ibérale (du point de vue économique) et enfin une Europe dominée par les Allemands qui en seraient le plus grand pays. Il y ma
4059 le socialisme. Je lui répondis : Si vous refusez de faire cette Europe-là, si vous n’en faites aucune vous savez ce qui n
4060 Je lui répondis : Si vous refusez de faire cette Europe -là, si vous n’en faites aucune vous savez ce qui nous menace : la mis
4061 enace : la misère et l’occupation. Je ne vois pas d’ autre alternative. Au surplus si les Anglais supportent mal que se for
4062 et germanique, ce sera pour eux une bonne raison d’ y entrer, afin de rétablir l’équilibre. Peut-être n’avons-nous pas d’a
4063 Mais j’aurais pu répondre aussi par cette parole d’ un homme qui passe en France pour le symbole vivant du dirigisme, je v
4064 ur le symbole vivant du dirigisme, je veux parler d’ André Philip — qui s’écriait : « J’aime mieux une Europe libérale que
4065 André Philip — qui s’écriait : « J’aime mieux une Europe libérale que pas d’Europe du tout ! » Voilà l’esprit qu’on voudrait v
4066 iait : « J’aime mieux une Europe libérale que pas d’ Europe du tout ! » Voilà l’esprit qu’on voudrait voir animer l’Assembl
4067 it : « J’aime mieux une Europe libérale que pas d’ Europe du tout ! » Voilà l’esprit qu’on voudrait voir animer l’Assemblée de
4068 t voir animer l’Assemblée de Strasbourg. L’esprit de ceux qui ont enfin vu que pour sauver n’importe quelle partie, ou par
4069 que pour sauver n’importe quelle partie, ou parti de l’Europe, il faut d’abord sauver le tout, « périr isolément ou se sau
4070 our sauver n’importe quelle partie, ou parti de l’ Europe , il faut d’abord sauver le tout, « périr isolément ou se sauver ensem
65 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (9 octobre 1950)
4071 Demain l’ Europe  ! — Le Centre européen de la culture (9 octobre 1950) Chers auditeu
4072 a culture était officiellement inauguré, au cours d’ une cérémonie très simple suivie d’une réception qui permit aux autori
4073 guré, au cours d’une cérémonie très simple suivie d’ une réception qui permit aux autorités, aux diplomates, aux journalist
4074 aux autorités, aux diplomates, aux journalistes, de rencontrer les quelque 25 membres du conseil supérieur du Centre, ain
4075 l supérieur du Centre, ainsi que les responsables de ses groupes de travail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège d
4076 Centre, ainsi que les responsables de ses groupes de travail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège de ce nouvel ins
4077 vail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège de ce nouvel institut) faisait mentir son joli nom : on y travaillait fe
4078 ans toutes les langues. Et certes, c’est très mal de travailler le dimanche, mais il fallait profiter de la présence des n
4079 travailler le dimanche, mais il fallait profiter de la présence des nombreuses personnalités venues de Rome, de Londres,
4080 e la présence des nombreuses personnalités venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasi
4081 ence des nombreuses personnalités venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le sp
4082 breuses personnalités venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de l
4083 rsonnalités venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de la villa en
4084 venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de la villa en ce premier
4085 e, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de la villa en ce premier jour d’activité ne manquait pas de pittoresque
4086 sion. Le spectacle de la villa en ce premier jour d’ activité ne manquait pas de pittoresque. Dans une salle, un groupe d’h
4087 lla en ce premier jour d’activité ne manquait pas de pittoresque. Dans une salle, un groupe d’historiens sérieux et méthod
4088 ait pas de pittoresque. Dans une salle, un groupe d’ historiens sérieux et méthodiques ; dans une deuxième, des cinéastes e
4089 l’étude et à l’enseignement des grandes questions européennes  ; enfin, au coin d’une table, cinq personnages discrets, traçaient le
4090 es grandes questions européennes ; enfin, au coin d’ une table, cinq personnages discrets, traçaient les plans d’une collab
4091 e, cinq personnages discrets, traçaient les plans d’ une collaboration qui peut avoir de vastes conséquences : il s’agissai
4092 ient les plans d’une collaboration qui peut avoir de vastes conséquences : il s’agissait des administrateurs de la recherc
4093 conséquences : il s’agissait des administrateurs de la recherche scientifique en France, en Italie et en Belgique, décidé
4094 n Belgique, décidés à mettre en commun au service de l’Europe entière, les travaux actuellement en cours sur l’énergie ato
4095 gique, décidés à mettre en commun au service de l’ Europe entière, les travaux actuellement en cours sur l’énergie atomique, do
4096 uelles merveilleuses révolutions elle est capable de produire bientôt, dans la médecine et l’industrie pour la prospérité
4097 ur leur évaporation instantanée. Le rassemblement de ces groupes composés moins de grandes vedettes que de techniciens pas
4098 e. Le rassemblement de ces groupes composés moins de grandes vedettes que de techniciens passionnés, donnait immédiatement
4099 es groupes composés moins de grandes vedettes que de techniciens passionnés, donnait immédiatement au spectateur une premi
4100 ait immédiatement au spectateur une première idée de l’ampleur du programme assumé par notre Centre. Mais ceux qui ne l’on
4101 ntre. Mais ceux qui ne l’ont pas vu sont en droit de se demander pourquoi cet institut nouveau, quel est son but, et quell
4102 Il y a déjà, n’est-ce pas, surtout à Genève, tant d’ organismes internationaux ! À cette question bien naturelle, je suis h
4103 À cette question bien naturelle, je suis heureux de vous répondre ce soir. Le Centre européen de la culture correspond à
4104 : d’une part, il voudrait réveiller notre opinion européenne  ; d’autre part, il entend regrouper les forces culturelles, les puiss
4105 regrouper les forces culturelles, les puissances d’ invention, qui ont fait la vraie richesse de ce vieux continent. Pour
4106 ances d’invention, qui ont fait la vraie richesse de ce vieux continent. Pour faire l’Europe, les constructions politiques
4107 raie richesse de ce vieux continent. Pour faire l’ Europe , les constructions politiques ou économiques, et même sociales, ne pe
4108 . Mais un grand réaliste, Napoléon, avait coutume de répéter : le moral est au matériel comme 3 est à 1. Tout le monde app
4109 aiment. Le Centre européen de la culture a décidé de la prendre au sérieux. Il ne croit pas que la culture est un luxe, un
4110 ction réservée aux élites. Il ne la compare pas à de la broderie, comme le faisait récemment à Strasbourg un illustre homm
4111 x. Lorsque Staline rédige lui-même les directives de la science linguistique dans son empire, ou lorsqu’il lance une offen
4112 re la conception chrétienne du monde, avec l’aide de 500 000 propagandistes entraînés, munis de films et de 20 millions de
4113 l’aide de 500 000 propagandistes entraînés, munis de films et de 20 millions de brochures, lorsqu’il déclenche ces deux ca
4114 0 000 propagandistes entraînés, munis de films et de 20 millions de brochures, lorsqu’il déclenche ces deux campagnes cult
4115 istes entraînés, munis de films et de 20 millions de brochures, lorsqu’il déclenche ces deux campagnes culturelles, soyons
4116 un seul instant qu’il perd son temps, qu’il fait de la broderie. Il sait qu’une fois gagnés les esprits et les cœurs, le
4117 ur responsabilité. Certes, nos libertés sont loin d’ être parfaites. Mais si nous les perdons un jour, nous penserons, dans
4118 ratie n’est pas une panacée, elle ne résout aucun de nos grands problèmes, mais s’ils sont un jour résolus sans réplique,
4119 qu’on le pouvait, sauver au moins la possibilité de les vivre à notre manière… Pour cette action de réveil des conscience
4120 é de les vivre à notre manière… Pour cette action de réveil des consciences, de défense et d’illustration de nos libertés,
4121 ère… Pour cette action de réveil des consciences, de défense et d’illustration de nos libertés, le Centre européen de la c
4122 e action de réveil des consciences, de défense et d’ illustration de nos libertés, le Centre européen de la culture utilise
4123 eil des consciences, de défense et d’illustration de nos libertés, le Centre européen de la culture utilisera ce qu’on app
4124 t la presse. Mais il utilisera aussi les cerveaux de nos meilleurs savants, les foyers de culture populaire, et les travau
4125 les cerveaux de nos meilleurs savants, les foyers de culture populaire, et les travaux patients de chercheurs isolés, qui
4126 ers de culture populaire, et les travaux patients de chercheurs isolés, qui vont trouver, par le moyen de cet institut, la
4127 chercheurs isolés, qui vont trouver, par le moyen de cet institut, la possibilité d’entrer dans une communauté vivante et
4128 ver, par le moyen de cet institut, la possibilité d’ entrer dans une communauté vivante et militante. Mais tout cela, pense
4129 ment combien : tout cela coûtera le tiers du prix d’ un char d’assaut — et vous savez que la Suisse veut en acheter 500… De
4130 en : tout cela coûtera le tiers du prix d’un char d’ assaut — et vous savez que la Suisse veut en acheter 500… De plus nous
4131 500… De plus nous espérons que l’action du Centre européen contribuera à empêcher que l’on ait un jour à se servir des chars. La
4132 voulons qu’elle soit un jour — le vôtre, et celui de nos enfants. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
66 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’opinion et l’Europe (16 octobre 1950)
4133 Demain l’ Europe  ! — L’opinion et l’Europe (16 octobre 1950) Chers auditeurs, Dans t
4134 Demain l’Europe ! — L’opinion et l’ Europe (16 octobre 1950) Chers auditeurs, Dans tous nos pays libres, les g
4135 ibres, les gens au pouvoir sont inquiets, le soir d’ une élection : obtiendront-ils au moins 51 % des voix ? Dans les pays
4136 les pays totalitaires, le seul souci réel, c’est de ne pas dépasser 100 %, par suite d’un excès de zèle des fonctionnaire
4137 i réel, c’est de ne pas dépasser 100 %, par suite d’ un excès de zèle des fonctionnaires locaux. C’était hier le problème d
4138 st de ne pas dépasser 100 %, par suite d’un excès de zèle des fonctionnaires locaux. C’était hier le problème d’Hitler. C’
4139 s fonctionnaires locaux. C’était hier le problème d’ Hitler. C’est aujourd’hui celui de ses successeurs. N’insistons pas. C
4140 ier le problème d’Hitler. C’est aujourd’hui celui de ses successeurs. N’insistons pas. Ce que je veux souligner ici, c’est
4141 que, dans l’un et l’autre cas, on se sent obligé de rendre hommage à l’opinion publique, soit qu’on respecte ses libres d
4142 en particulier celle-ci : c’est que la fédération européenne devrait être faite dès demain. Car, en effet, le résultat d’une consu
4143 être faite dès demain. Car, en effet, le résultat d’ une consultation de l’opinion dans 12 pays européens vient de révéler
4144 in. Car, en effet, le résultat d’une consultation de l’opinion dans 12 pays européens vient de révéler que la grande major
4145 ltat d’une consultation de l’opinion dans 12 pays européens vient de révéler que la grande majorité des citoyens de toutes tendan
4146 nt de révéler que la grande majorité des citoyens de toutes tendances, dans ces pays, se déclare en faveur de la fédératio
4147 qui sans nul doute vous surprendront. L’Institut de recherche de l’opinion publique Éric Stern, à Paris, a posé des quest
4148 doute vous surprendront. L’Institut de recherche de l’opinion publique Éric Stern, à Paris, a posé des questions générale
4149 estion générale : « Êtes-vous en faveur de l’idée d’ une union de l’Europe occidentale ? », 53 % des consultés ont répondu
4150 ale : « Êtes-vous en faveur de l’idée d’une union de l’Europe occidentale ? », 53 % des consultés ont répondu oui, 8 % non
4151 « Êtes-vous en faveur de l’idée d’une union de l’ Europe occidentale ? », 53 % des consultés ont répondu oui, 8 % non, le rest
4152 és ont répondu oui, 8 % non, le reste n’avait pas d’ opinion arrêtée sur le sujet. Mais ce n’était là qu’une première appro
4153 ière approche. Il était beaucoup plus intéressant de savoir si l’opinion publique était en faveur d’une suppression des fr
4154 nt à la fois la liberté du commerce et la liberté de déplacement des travailleurs. Là-dessus, 71 % des consultés ont dit q
4155 t restés indécis. Cependant, s’il est bien facile de se déclarer pour la liberté en général et contre les barrières douani
4156 tre les barrières douanières, il est moins facile d’ accepter les petits sacrifices matériels que ces mesures peuvent entra
4157 els que ces mesures peuvent entraîner. Il a suffi de signaler aux consultés que la liberté du commerce et du travail cause
4158 mmerce et du travail causerait peut-être la ruine de certaines entreprises, pour que la majorité de 71 % en faveur de la s
4159 ne de certaines entreprises, pour que la majorité de 71 % en faveur de la suppression des barrières de douanes tombe à 43 
4160 de 71 % en faveur de la suppression des barrières de douanes tombe à 43 %. Mais au total, et après que toutes les question
4161 te s’est reformée, en faveur de l’union immédiate de nos pays. 63 % pensent que l’union serait bonne pour eux personnellem
4162 t-à-dire pour montrer qu’ils respectent l’opinion de la majorité, et que, par conséquent, ils acceptent de s’unir. Vous av
4163 a majorité, et que, par conséquent, ils acceptent de s’unir. Vous avez sans doute remarqué que les hommes politiques aimen
4164 s se réfugier derrière cet argument qui leur sert d’ alibi : nous voulons bien, disent-ils, mais l’opinion ne nous suivrait
4165 s. Mais quand on explique aux Suisses que l’union européenne entraînerait pour eux certains sacrifices, 24 % seulement se déclaren
4166 encore prêts à cette union, c’est-à-dire que plus de la moitié de nos compatriotes veulent bien se dire favorables au bien
4167 à cette union, c’est-à-dire que plus de la moitié de nos compatriotes veulent bien se dire favorables au bien et à l’union
4168 sse dès que cela devient sérieux, et qu’il s’agit d’ y aller de sa poche. Au contraire, dans les mêmes conditions, les Angl
4169 e cela devient sérieux, et qu’il s’agit d’y aller de sa poche. Au contraire, dans les mêmes conditions, les Anglais persis
4170 sistent à approuver l’union : le déchet n’est que d’ 1 %, dans leur cas, alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses. D
4171 t n’est que d’1 %, dans leur cas, alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses. D’où je me permets de déduire qu’en dép
4172 alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses. D’ où je me permets de déduire qu’en dépit des proverbes sur la « perfide
4173 27 % dans le cas des Suisses. D’où je me permets de déduire qu’en dépit des proverbes sur la « perfide Albion » et « l’ho
4174 itons plus que d’autres, en Suisse, les reproches d’ égoïsme et d’isolationnisme qu’on adresse volontiers aux Anglais. C’es
4175 e d’autres, en Suisse, les reproches d’égoïsme et d’ isolationnisme qu’on adresse volontiers aux Anglais. C’est du moins ce
4176 trasbourg, les travaillistes anglais, par la voix de M. Dalton, ont déclaré qu’ils s’opposaient à la fédération européenne
4177 , ont déclaré qu’ils s’opposaient à la fédération européenne , parce qu’elle était contraire au vœu des masses, dont ils sont les r
4178 ment d’accord pour affirmer, en fait, que l’union de l’Europe serait bonne : pour eux d’abord en tant qu’individus (55 %),
4179 d’accord pour affirmer, en fait, que l’union de l’ Europe serait bonne : pour eux d’abord en tant qu’individus (55 %), pour leu
4180 éels. La vérité, c’est qu’une très forte majorité de nos peuples, quel que soit leur parti politique, souhaite et veut l’u
4181 it leur parti politique, souhaite et veut l’union européenne . Il faut maintenant que cette majorité se fasse entendre. Si chacun d
4182 vous, ce soir, écrivait à son député : « Faites l’ Europe , ou renoncez à ma voix », les choses changeraient sans doute en quelq
67 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Neutralité européenne (23 octobre 1950)
4183 Demain l’ Europe  ! — Neutralité européenne (23 octobre 1950) Chers auditeurs, Quelqu
4184 Demain l’Europe ! — Neutralité européenne (23 octobre 1950) Chers auditeurs, Quelques-uns d’entre vous se sou
4185 elques-uns d’entre vous se souviendront peut-être de m’avoir entendu, au début de cette année, exposer les avantages d’une
4186 uviendront peut-être de m’avoir entendu, au début de cette année, exposer les avantages d’une neutralité militaire de l’Eu
4187 u, au début de cette année, exposer les avantages d’ une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas de conflit entre la
4188 exposer les avantages d’une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, s
4189 ser les avantages d’une neutralité militaire de l’ Europe , soit en cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, soit, surt
4190 une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, soit, surtout, pour essaye
4191 ie et les États-Unis, soit, surtout, pour essayer d’ empêcher ce conflit. Je disais en substance, à ce moment-là : si l’Eur
4192 it. Je disais en substance, à ce moment-là : si l’ Europe forme un troisième bloc solide, bien décidé à n’attaquer personne, ma
4193 sur notre sol. J’ajoutais qu’à l’exemple de celle de la Suisse, la neutralité de l’Europe devait remplir trois conditions 
4194 ’à l’exemple de celle de la Suisse, la neutralité de l’Europe devait remplir trois conditions : elle devait être armée — r
4195 exemple de celle de la Suisse, la neutralité de l’ Europe devait remplir trois conditions : elle devait être armée — reconnue p
4196 t remplies, la Suisse perdrait toutes ses raisons de rester à l’écart de l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutrali
4197 e perdrait toutes ses raisons de rester à l’écart de l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutralité européenne a fait
4198 drait toutes ses raisons de rester à l’écart de l’ Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutralité européenne a fait du chemi
4199 l’écart de l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutralité européenne a fait du chemin. Elle a occupé la presse, en F
4200 Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutralité européenne a fait du chemin. Elle a occupé la presse, en France surtout, pendant
4201 , en France surtout, pendant des mois, provoquant de vives polémiques. Et comme il arrive toujours, à la faveur d’une polé
4202 émiques. Et comme il arrive toujours, à la faveur d’ une polémique, l’idée s’est déformée. Nous voyons aujourd’hui s’oppose
4203 r les partisans du Pacte Atlantique, c’est-à-dire de l’alliance américaine, d’un côté, et de l’autre côté ceux qu’on appel
4204 tlantique, c’est-à-dire de l’alliance américaine, d’ un côté, et de l’autre côté ceux qu’on appelle les neutralistes, c’est
4205 st-à-dire de l’alliance américaine, d’un côté, et de l’autre côté ceux qu’on appelle les neutralistes, c’est-à-dire ceux q
4206 listes, c’est-à-dire ceux qui refusent absolument d’ appuyer l’Amérique en cas de guerre, ou même de se défendre contre l’E
4207 i refusent absolument d’appuyer l’Amérique en cas de guerre, ou même de se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé d’
4208 nt d’appuyer l’Amérique en cas de guerre, ou même de se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé d’avouer mon désaccor
4209 e se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé d’ avouer mon désaccord avec les uns comme avec les autres. Je suis contr
4210 e suis pour la paix et pour la résistance. L’idée de neutralité européenne me paraît devoir être abandonnée, pour le momen
4211 paix et pour la résistance. L’idée de neutralité européenne me paraît devoir être abandonnée, pour le moment, puisqu’elle sert de
4212 être abandonnée, pour le moment, puisqu’elle sert de prétexte aux pires démissions, et donne par conséquent une prime à l’
4213 r. Je m’explique. Il y a un an, je souhaitais une Europe neutre. Et je pense que j’avais raison. Aujourd’hui, je souhaite une
4214 que j’avais raison. Aujourd’hui, je souhaite une Europe indépendante, certes, mais surtout résistante. Il n’y a pas là contra
4215 Il n’y a pas là contradiction. Je n’ai pas changé de principes, mais les faits ont changé. Quand l’horloge parlante vous d
4216 nditions nécessaires pour proclamer la neutralité de l’Europe ne s’est vue réalisée. Je disais que cette neutralité devrai
4217 ons nécessaires pour proclamer la neutralité de l’ Europe ne s’est vue réalisée. Je disais que cette neutralité devrait être ar
4218  les travaillistes anglais l’ont sabotée. L’armée européenne n’existe pas, malgré le discours de Churchill. Et quant à la reconnai
4219 armée européenne n’existe pas, malgré le discours de Churchill. Et quant à la reconnaissance par les autres empires, perso
4220 peut même la demander puisqu’il n’y a pas encore d’ autorité capable de parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions de
4221 der puisqu’il n’y a pas encore d’autorité capable de parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions de fait, se dire neut
4222 encore d’autorité capable de parler pour toute l’ Europe . Dans ces conditions de fait, se dire neutre, sur le plan de l’Europe
4223 e parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions de fait, se dire neutre, sur le plan de l’Europe, c’est simplement refus
4224 s conditions de fait, se dire neutre, sur le plan de l’Europe, c’est simplement refuser l’aide américaine, donc renoncer à
4225 ditions de fait, se dire neutre, sur le plan de l’ Europe , c’est simplement refuser l’aide américaine, donc renoncer à toute po
4226 ide américaine, donc renoncer à toute possibilité de résistance efficace contre l’Est. Osons voir en face la situation pré
4227 e l’Est. Osons voir en face la situation présente de l’Europe. La menace militaire éventuelle vient d’un seul côté, sérieu
4228 st. Osons voir en face la situation présente de l’ Europe . La menace militaire éventuelle vient d’un seul côté, sérieusement ca
4229 de l’Europe. La menace militaire éventuelle vient d’ un seul côté, sérieusement car il n’y a pas la moindre chance que l’Am
4230 ue nous envahisse. L’aide économique vient aussi d’ un seul côté, pratiquement. La Russie ne nous envoie rien. Quant à not
4231 n. Quant à notre impuissance militaire en tant qu’ Européens , elle est totale. Notez-le bien : ce ne sont pas là des opinions que
4232 ons que chacun peut faire et doit faire, s’il est de bonne foi. Quel sens pourrait-il donc y avoir à dire dans de telles c
4233 i. Quel sens pourrait-il donc y avoir à dire dans de telles conditions : entre une menace sérieuse et un appui pratique, j
4234 utre ? Entre la mort et les remèdes, il n’y a pas de neutralité. Pourtant je ne suis du parti ni de la mort, ni des produi
4235 as de neutralité. Pourtant je ne suis du parti ni de la mort, ni des produits pharmaceutiques : car je suis du parti de l’
4236 s produits pharmaceutiques : car je suis du parti de l’hygiène préventive, c’est-à-dire du parti de la santé. La santé de
4237 ti de l’hygiène préventive, c’est-à-dire du parti de la santé. La santé de l’Europe, c’est son union. Tant qu’on n’aura pa
4238 tive, c’est-à-dire du parti de la santé. La santé de l’Europe, c’est son union. Tant qu’on n’aura pas fait l’Europe unie,
4239 c’est-à-dire du parti de la santé. La santé de l’ Europe , c’est son union. Tant qu’on n’aura pas fait l’Europe unie, il sera d
4240 pe, c’est son union. Tant qu’on n’aura pas fait l’ Europe unie, il sera dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi de ses
4241 n’aura pas fait l’Europe unie, il sera dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi de ses alliances militaires. Car
4242 s fait l’Europe unie, il sera dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi de ses alliances militaires. Car pour pouvo
4243 dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi de ses alliances militaires. Car pour pouvoir se déclarer neutre, il fau
4244 faut avoir soi-même une certaine force. Lorsque l’ Europe existera — mais pas avant — , lorsqu’elle aura son pouvoir fédéral, c
4245 e. Pour le moment, le seul problème urgent, c’est de créer un pouvoir fédéral, qui à son tour pourra former une armée défe
4246 qui à son tour pourra former une armée défensive, de type suisse. Mais il est évident que si l’on renonce, pour le moment,
4247 ent que si l’on renonce, pour le moment, à l’idée de neutralité générale du continent, le problème de la neutralité partic
4248 de neutralité générale du continent, le problème de la neutralité particulière des Suisses doit être examiné de nouveau,
4249 ve différente. Noyée dans une fédération inspirée de ses propres principes, la neutralité suisse eût cessé d’être une ques
4250 propres principes, la neutralité suisse eût cessé d’ être une question. Elle en redevient une, et combien délicate, au sein
4251 redevient une, et combien délicate, au sein d’une Europe incapable d’assurer sa défense en s’unissant. C’est ce problème que j
4252 combien délicate, au sein d’une Europe incapable d’ assurer sa défense en s’unissant. C’est ce problème que je voudrais ab
68 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (I) (30 octobre 1950)
4253 Demain l’ Europe  ! — La neutralité suisse (I) (30 octobre 1950) Chers auditeurs, Si
4254 octobre 1950) Chers auditeurs, Si la neutralité européenne est impossible, pour les raisons que j’exposais lundi dernier, la que
4255 raisons que j’exposais lundi dernier, la question de la neutralité particulière de la Suisse se trouve posée dans une pers
4256 ernier, la question de la neutralité particulière de la Suisse se trouve posée dans une perspective différente. Comment al
4257 nte. Comment allons-nous justifier, aux yeux de l’ Europe qui essaye de se fédérer, cette exception, ce privilège que représent
4258 s-nous justifier, aux yeux de l’Europe qui essaye de se fédérer, cette exception, ce privilège que représente notre neutra
4259 ège que représente notre neutralité, cette raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’un traitement tout spécial,
4260 tralité, cette raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos jou
4261 raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’ un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se la
4262 e nos autorités et nos journaux ne se lassent pas d’ invoquer — comme si cela allait de soi — chaque fois qu’on nous propos
4263 la allait de soi — chaque fois qu’on nous propose d’ entrer dans une forme quelconque d’union européenne ? Le fait est que
4264 n nous propose d’entrer dans une forme quelconque d’ union européenne ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de
4265 ropose d’entrer dans une forme quelconque d’union européenne  ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins
4266 d’union européenne ? Le fait est que nos voisins d’ Europe comprennent de moins en moins notre abstention. Le fait est que
4267 ’union européenne ? Le fait est que nos voisins d’ Europe comprennent de moins en moins notre abstention. Le fait est que les A
4268 Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre abstention. Le fait est que les Américains ne la
4269 ait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essaye de comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce statut spécial,
4270 de comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la Natur
4271 ritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas d’ une loi éternelle de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un
4272 t spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Hel
4273 résulte pas d’une loi éternelle de la Nature, ni d’ un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, — qu
4274 loi éternelle de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, — qui n’est pas tombé
4275 e de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’ un droit divin des Helvètes, bref, — qui n’est pas tombé du ciel et qu
4276 n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de
4277 qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes, la neutral
4278 ue un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On refuse de la discuter, parce qu’on craint que cette discussion n’aboutisse à de
4279 des conclusions gênantes et n’oblige à des prises de position. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la paix chez soi e
4280 ttre avec personne, tout en échappant au reproche d’ égoïsme par des œuvres philanthropiques. Il faut bien le reconnaître,
4281 aître, ce repliement intéressé, qui tient parfois de raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfait
4282 ment intéressé, qui tient parfois de raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfaitement réussi jus
4283 parfois de raisonnement de l’autruche, et parfois d’ une sagesse rusée, a parfaitement réussi jusqu’ici, matériellement par
4284 arlant. Quant aux effets moraux sur notre peuple, de ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vra
4285 nt aux effets moraux sur notre peuple, de ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vraiment notre
4286 les. Et si vraiment notre neutralité n’était rien d’ autre que ce que le Suisse moyen semble croire aujourd’hui, il ne faud
4287 en bloc ce privilège exorbitant ? Pour commencer de répondre à cette question, je me contenterai ce soir d’un rapide aper
4288 ondre à cette question, je me contenterai ce soir d’ un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne
4289 enterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de l
4290 é, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de la plupart de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre Éta
4291 art de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représ
4292 rigines lointaines de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représentants des trois communautés d
4293 coopératives forestières. Le Pacte avait pour but de maintenir les libertés impériales acquises par ces communautés. Et ce
4294 mpire. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau de la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière
4295 la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La première idée
4296 isse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’ Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La première idée d’une ne
4297 moins autant que pour lui-même. La première idée d’ une neutralité négative des Confédérés apparaît vers 1648, lorsque la
4298 s apparaît vers 1648, lorsque la Suisse se sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Tr
4299 que la Suisse se sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les
4300 ’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester un
4301 e traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester unis que s’ils
4302 ns ne peuvent rester unis que s’ils s’abstiennent de prendre part aux guerres entre rois catholiques et protestants, — pui
4303 sions. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité de la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les puissances et déclar
4304 aspect positif. On sait, en effet, que le traité de Vienne dit en tous termes que « la neutralité et l’inviolabilité de l
4305 ous termes que « la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 191
4306 bilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’intérêt pr
4307 é de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’ Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’intérêt propre et d
4308 e entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’ intérêt propre et d’intérêts européens dans notre abstention du confli
4309 , on retrouve ce même mélange d’intérêt propre et d’ intérêts européens dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avai
4310 ve ce même mélange d’intérêt propre et d’intérêts européens dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avait pris parti, à ce
4311 ent que notre neutralité dépendait donc, au début de ce siècle, du fameux « équilibre européen ». Mais déjà, en 1939, la q
4312 onc, au début de ce siècle, du fameux « équilibre européen  ». Mais déjà, en 1939, la question se posa différemment. L’équilibre
4313 ’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent d’ éclater n’opposeront plus les catholiques aux protestants, comme penda
4314 holiques aux protestants, comme pendant la guerre de Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, co
4315 ’Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des Européens à d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’est donc plus questio
4316 comme en 1914 ; ni même des Européens à d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’es
4317 ni même des Européens à d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de
4318 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’ essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des pui
4319 n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des puissances vo
4320 ans le jeu des puissances voisines. Il n’y a plus d’ équilibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et
4321 es puissances voisines. Il n’y a plus d’équilibre européen . Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et de s’unir contre u
4322 nes. Il n’y a plus d’équilibre européen. Il y a l’ Europe entière qui essaye de survivre et de s’unir contre un danger commun.
4323 ibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans
4324 Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si
4325 eule question réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais int
4326 pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière »
4327 e notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une contribution effectiv
4328 re pays est encore « dans les vrais intérêts de l’ Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une contribution effective à la dé
4329 , une contribution effective à la défense commune de l’Europe ? C’est la question que j’aborderai dans une semaine. Au rev
4330 contribution effective à la défense commune de l’ Europe  ? C’est la question que j’aborderai dans une semaine. Au revoir, cher
69 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (II) (6 novembre 1950)
4331 Demain l’ Europe  ! — La neutralité suisse (II) (6 novembre 1950) Chers auditeurs, Re
4332 ous ai quittés lundi dernier. C’était la question de savoir si la neutralité de la Suisse est encore aujourd’hui « dans le
4333 r. C’était la question de savoir si la neutralité de la Suisse est encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts de l’Europ
4334 est encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts de l’Europe entière », comme le dit son statut ; et si elle apporte, ou
4335 encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts de l’ Europe entière », comme le dit son statut ; et si elle apporte, ou non, une
4336 , une contribution effective à la défense commune de l’Europe. D’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien de se de
4337 contribution effective à la défense commune de l’ Europe . D’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien de se demander qu
4338 se commune de l’Europe. D’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien de se demander quels sont, en somme, les vrais
4339 ’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien de se demander quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’Europe enti
4340 demander quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a 150 ans,
4341 der quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’ Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a 150 ans, ou même q
4342 e ne le pense pas. Ce que les auteurs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré
4343 urs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leur
4344 es traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’ Europe , c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leurs régimes
4345 r l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leurs régimes, concorde qui ne semblait po
4346 es puissances du continent. Il s’agit aujourd’hui d’ autre chose. L’idée d’une guerre prochaine entre pays européens n’empê
4347 nent. Il s’agit aujourd’hui d’autre chose. L’idée d’ une guerre prochaine entre pays européens n’empêche personne de dormir
4348 e chose. L’idée d’une guerre prochaine entre pays européens n’empêche personne de dormir. Mais tout le monde pense à deux dangers
4349 prochaine entre pays européens n’empêche personne de dormir. Mais tout le monde pense à deux dangers communs : l’un idéolo
4350 lleure solution que l’union. « Les vrais intérêts de l’Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne
4351 e solution que l’union. « Les vrais intérêts de l’ Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne entière,
4352 urope entière », c’est donc tout simplement que l’ Europe devienne entière, qu’elle mette en commun toutes ses forces pour rele
4353 Or peut-on dire que l’attitude plus que réservée de la Suisse contribue sérieusement à l’union ? Peut-on dire que la Suis
4354 l’union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant de se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe
4355 Europe ? Certes nous avons fini par adhérer, avec d’ infinies précautions, à quelques entreprises internationales, telles q
4356 par intérêt bien compris. Il serait donc excessif de citer nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributi
4357 nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributions à l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de
4358 l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de soutenir que la neutralité représente un apport positif à la fédérati
4359 ire à ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis de la défense de l’Europe, la situation est différente. M. Churchill a p
4360 érêts. Mais sur le plan précis de la défense de l’ Europe , la situation est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg de cr
4361 est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg de créer une armée européenne. M. Pleven a fait voter un projet similair
4362 Churchill a parlé à Strasbourg de créer une armée européenne . M. Pleven a fait voter un projet similaire par la chambre française.
4363 mbre française. Et déjà, l’on commence à regarder de travers cette petite Suisse qui prétend rester neutre, quand tout le
4364 rité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’ Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas
4365 té, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’ Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas d’att
4366 iellement et moralement prêt à se défendre en cas d’ attaque, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée sui
4367 e, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironique
4368 n que la seule mention de l’armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironiques ou incrédules chez certai
4369 légèrement ironiques ou incrédules chez certains de nos voisins. Qu’ils comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons,
4370 plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal, ma
4371 qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’ Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal, mais éviden
4372 petit coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’
4373 coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée de l’ Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’un plan d
4374 isse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera d’ exister, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unif
4375 e de l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’ aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, mes ch
4376 ra d’exister, il sera temps d’aborder la question d’ un plan de défense unifié. Vous le voyez, mes chers auditeurs, la répo
4377 er, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, mes chers auditeurs, la réponse que j’
4378 yez, mes chers auditeurs, la réponse que j’essaie de trouver n’est pas simple. Si l’effort militaire considérable que nous
4379 litaire considérable que nous impose notre statut de neutralité, est une contribution réelle à la défense du continent, on
4380 tinent, on ne saurait vraiment pas en dire autant de notre attitude méfiante et presque négative à l’égard de l’union néce
4381 e l’union nécessaire. À la question qu’on me pose de tous côtés : êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? Je ne pui
4382 me pose de tous côtés : êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? Je ne puis donc pas répondre oui ou non. La questi
4383 raison grande et forte, c’est en somme au profit de quoi la Suisse devrait renoncer à sa neutralité. Je réponds pour ma p
4384 a neutralité. Je réponds pour ma part : au profit de l’Europe, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela se
4385 tralité. Je réponds pour ma part : au profit de l’ Europe , c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela seul. Encor
4386 t : au profit de l’Europe, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-il que cette questio
4387 c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-il que cette question prenne forme, et qu’en s
4388 États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tou
4389 s’il sort de son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tout entier, nous poseront ces questions p
4390 vant des options graves, qu’il lui sera difficile de trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pa
4391 e nous surprenne endormis dans la fausse sécurité d’ une tradition qui a peut-être fait son temps, endormis derrière la neu
4392 rne à proposer, pour l’orienter, un seul principe de jugement politique. Tant que la neutralité de la Suisse se révèle uti
4393 ipe de jugement politique. Tant que la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan
4394 ue la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’ Europe — comme aujourd’hui sur le plan militaire — il faut la maintenir. Si
4395 traire elle devient un prétexte à freiner l’union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esp
4396 e elle devient un prétexte à freiner l’union de l’ Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit même
4397 re notre part, elle est contraire à l’esprit même de son statut, et elle peut donc demain devenir une trahison. Car je le
4398 été reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait pl
4399 reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’ Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait plus à méri
4400 n’y aurait plus à mériter. Elle est relative à l’ Europe . Et ceux qui par erreur ou par malice veulent aujourd’hui la transfor
4401 ralité absolue, précisons : en neutralité entre l’ Europe et les ennemis de l’Europe, ceux-là sont infidèles à notre tradition.
4402 ons : en neutralité entre l’Europe et les ennemis de l’Europe, ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre
4403 en neutralité entre l’Europe et les ennemis de l’ Europe , ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre statut l
4404 Ils violent notre statut légal, et l’esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que
4405 l’esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que personne encore n’a touché, tout au
70 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un Conseil européen de vigilance (13 novembre 1950)
4406 Demain l’ Europe  ! — Un Conseil européen de vigilance (13 novembre 1950) Chers audit
4407 Demain l’Europe ! — Un Conseil européen de vigilance (13 novembre 1950) Chers auditeurs, Lorsqu’au mois d’a
4408 Demain l’Europe ! — Un Conseil européen de vigilance (13 novembre 1950) Chers auditeurs, Lorsqu’au mois d’août
4409 novembre 1950) Chers auditeurs, Lorsqu’au mois d’ août dernier, le président de l’Assemblée de Strasbourg, M. Spaak s’ap
4410 eurs, Lorsqu’au mois d’août dernier, le président de l’Assemblée de Strasbourg, M. Spaak s’aperçut que l’on n’arriverait à
4411 , M. Spaak s’aperçut que l’on n’arriverait à rien de positif au cours de la session, il décida d’interrompre celle-ci huit
4412 rien de positif au cours de la session, il décida d’ interrompre celle-ci huit jours avant la date prévue, et de la reporte
4413 mpre celle-ci huit jours avant la date prévue, et de la reporter au mois de novembre. Cet artifice de procédure présentait
4414 s avant la date prévue, et de la reporter au mois de novembre. Cet artifice de procédure présentait un double avantage. D’
4415 de la reporter au mois de novembre. Cet artifice de procédure présentait un double avantage. D’une part, il permettait à
4416 avantage. D’une part, il permettait à l’Assemblée de tenir deux sessions au lieu d’une, et cela sans violer son règlement 
4417 règlement ; d’autre part, il lui donnait le temps de soumettre au Comité des ministres quelques-unes des recommandations d
4418 quelques-unes des recommandations déjà votées, et de forcer ainsi ces Messieurs à prendre position dans un délai rapide. L
4419 on dans un délai rapide. Le second objectif vient d’ être atteint à Rome. Le Comité des ministres a pris position, nettemen
4420 ques, il a refusé la majorité des recommandations de l’Assemblée, et renvoyé le reste à des experts. Ce qu’il n’ose pas tu
4421 er, il l’enterre. C’est donc en pleine conscience de cet échec flagrant que va s’ouvrir, dans quelques jours, la seconde p
4422 s’ouvrir, dans quelques jours, la seconde partie de la session régulière de l’Assemblée européenne. Elle ne doit durer qu
4423 jours, la seconde partie de la session régulière de l’Assemblée européenne. Elle ne doit durer qu’une semaine. Mais c’est
4424 nde partie de la session régulière de l’Assemblée européenne . Elle ne doit durer qu’une semaine. Mais c’est, au cours de cette sem
4425 e son nom, c’est-à-dire s’il est décidé à faire l’ Europe , ou s’il ne sert en somme qu’à retarder l’union malgré le désir de to
4426 rt en somme qu’à retarder l’union malgré le désir de tous nos peuples, et pour la seule raison que l’Angleterre est une îl
4427 ation impatiente et irrite de plus en plus nombre de députés européens. Nous allons voir dans quelques jours s’ils ont le
4428 iente et irrite de plus en plus nombre de députés européens . Nous allons voir dans quelques jours s’ils ont le courage de traduir
4429 ons voir dans quelques jours s’ils ont le courage de traduire par leurs votes cette généreuse irritation, ou s’ils suivron
4430 ttlee, Premier ministre britannique, est l’auteur de cette phrase célèbre : « L’Europe doit se fédérer, ou périr. » Si j’é
4431 nique, est l’auteur de cette phrase célèbre : « L’ Europe doit se fédérer, ou périr. » Si j’étais député à Strasbourg, je me lè
4432 i qui refuse notre fédération. Veut-il donc que l’ Europe périsse ? Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que l’Assemblée fera be
4433 d’ailleurs faux. C’est pourquoi les fédéralistes européens ont décidé d’agir d’une manière plus directe. Pacifiquement, comme il
4434 st pourquoi les fédéralistes européens ont décidé d’ agir d’une manière plus directe. Pacifiquement, comme il se doit lorsq
4435 quoi les fédéralistes européens ont décidé d’agir d’ une manière plus directe. Pacifiquement, comme il se doit lorsqu’on ve
4436 eut travailler pour la paix, mais non sans esprit de défi, ils ont organisé une marche sur Strasbourg. Ainsi, les députés
4437 isé une marche sur Strasbourg. Ainsi, les députés européens ne seront plus seuls. Ils se sentiront, selon les cas, surveillés, dé
4438 llés, dénoncés ou soutenus par plusieurs milliers de militants. Voici en quelques mots, notre ordre de bataille, c’est-à-d
4439 de militants. Voici en quelques mots, notre ordre de bataille, c’est-à-dire la composition de nos troupes, face à l’Assemb
4440 re ordre de bataille, c’est-à-dire la composition de nos troupes, face à l’Assemblée. L’Union fédéraliste interuniversita
4441 iste interuniversitaire, qui groupe des étudiants de 56 universités d’Europe, compte amener à Strasbourg deux à trois mill
4442 taire, qui groupe des étudiants de 56 universités d’ Europe, compte amener à Strasbourg deux à trois mille jeunes gens, à p
4443 ire, qui groupe des étudiants de 56 universités d’ Europe , compte amener à Strasbourg deux à trois mille jeunes gens, à pied, e
4444 n. Je le signale en passant, c’est à l’initiative de cette union des étudiants qu’il faut attribuer le feu de joie de pote
4445 e union des étudiants qu’il faut attribuer le feu de joie de poteaux-frontière organisé en août dernier, et non pas à Dani
4446 des étudiants qu’il faut attribuer le feu de joie de poteaux-frontière organisé en août dernier, et non pas à Daniel Ville
4447 iel Villey sera là, lui aussi, et ses Volontaires de l’Europe bouteront le feu — moralement s’entend — dans les couloirs d
4448 illey sera là, lui aussi, et ses Volontaires de l’ Europe bouteront le feu — moralement s’entend — dans les couloirs de l’Assem
4449 le feu — moralement s’entend — dans les couloirs de l’Assemblée, dans le public des séances, et parmi la population. Ils
4450 rmi la population. Ils forment le « corps franc » de notre mouvement. Dès jeudi, l’Union européenne des fédéralistes tiend
4451 ps franc » de notre mouvement. Dès jeudi, l’Union européenne des fédéralistes tiendra son congrès annuel à Strasbourg, amenant ell
4452 aussi plusieurs centaines des premiers militants de la lutte pour l’Europe. On sait que l’Union fédéraliste est l’aile ma
4453 ntaines des premiers militants de la lutte pour l’ Europe . On sait que l’Union fédéraliste est l’aile marchante du Mouvement eu
4454 ion fédéraliste est l’aile marchante du Mouvement européen . Elle groupe dans 15 pays plus de 120 000 membres, dont 2 000 Suisses
4455 Mouvement européen. Elle groupe dans 15 pays plus de 120 000 membres, dont 2 000 Suisses. Enfin pour couronner cette campa
4456 nner une voix à l’opinion publique, une assemblée d’ un genre nouveau, et quasi révolutionnaire, s’ouvrira dès le 20 novemb
4457 aire, s’ouvrira dès le 20 novembre dans le Palais de l’Orangerie, juste en face du Palais de l’Europe. Elle prendra le nom
4458 le Palais de l’Orangerie, juste en face du Palais de l’Europe. Elle prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigi
4459 lais de l’Orangerie, juste en face du Palais de l’ Europe . Elle prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigilance. Ce
4460 lais de l’Europe. Elle prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégu
4461 urope. Elle prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégués que l’Assemblé
4462 le prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégués que l’Assemblée o
4463 ropéen de vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégués que l’Assemblée officielle avec ses suppléants : 250. Mais c
4464 s des parlementaires, trop habiles et prisonniers de leurs partis. Ils seront les porte-parole de l’opinion publique réell
4465 iers de leurs partis. Ils seront les porte-parole de l’opinion publique réelle, des grandes associations syndicales et pat
4466 ives et agricoles, familiales et professionnelles de tous nos pays. Ces États-généraux de l’Europe vont dresser contre les
4467 vont dresser contre les prudences et la paralysie de l’Assemblée, la revendication du réalisme et de l’espoir européen : c
4468 e de l’Assemblée, la revendication du réalisme et de l’espoir européen : c’est-à-dire la revendication de l’union politiqu
4469 blée, la revendication du réalisme et de l’espoir européen  : c’est-à-dire la revendication de l’union politique du continent, de
4470 l’espoir européen : c’est-à-dire la revendication de l’union politique du continent, de l’élection d’un véritable parlemen
4471 revendication de l’union politique du continent, de l’élection d’un véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral de
4472 de l’union politique du continent, de l’élection d’ un véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral de l’Europe. La S
4473 inent, de l’élection d’un véritable parlement, et d’ un gouvernement fédéral de l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé de
4474 véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral de l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé de délégation nationale. Mai
4475 able parlement, et d’un gouvernement fédéral de l’ Europe . La Suisse seule n’a pas envoyé de délégation nationale. Mais quelque
4476 déral de l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé de délégation nationale. Mais quelques Suisses seront présents tout de m
4477 sses seront présents tout de même dans ce Conseil européen de vigilance, pour marquer, à titre privé, que malgré sa neutralité e
4478 nt présents tout de même dans ce Conseil européen de vigilance, pour marquer, à titre privé, que malgré sa neutralité et m
4479 x des tomates ou du lait, la Suisse est située en Europe . Vous me demanderez ce qu’on peut attendre de cette vaste mobilisatio
4480 Europe. Vous me demanderez ce qu’on peut attendre de cette vaste mobilisation des énergies fédéralistes. Un simple manifes
4481 n se fatigue à le lui prendre. Mais si le Conseil de vigilance est un succès, il saura faire entendre enfin la Voix de l’E
4482 un succès, il saura faire entendre enfin la Voix de l’Europe. Il suffit quelquefois d’un cri pour déclencher une avalanch
4483 uccès, il saura faire entendre enfin la Voix de l’ Europe . Il suffit quelquefois d’un cri pour déclencher une avalanche, et l’o
4484 enfin la Voix de l’Europe. Il suffit quelquefois d’ un cri pour déclencher une avalanche, et l’opinion des peuples pouvait
4485 plus lundi prochain, et vous le dire directement, de Strasbourg même. Au revoir, mes chers auditeurs.
71 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — À Strasbourg (21 novembre l950)
4486 Demain l’ Europe  ! — À Strasbourg (21 novembre l950) Chers auditeurs, La maison de l
4487 g (21 novembre l950) Chers auditeurs, La maison de laquelle je vous parle, à Strasbourg, s’appelle d’un bien beau nom :
4488 e laquelle je vous parle, à Strasbourg, s’appelle d’ un bien beau nom : la Maison de l’Europe. Toute la question est de sav
4489 asbourg, s’appelle d’un bien beau nom : la Maison de l’Europe. Toute la question est de savoir si elle mérite ce nom, vrai
4490 rg, s’appelle d’un bien beau nom : la Maison de l’ Europe . Toute la question est de savoir si elle mérite ce nom, vraiment, et
4491 om : la Maison de l’Europe. Toute la question est de savoir si elle mérite ce nom, vraiment, et si elle le méritera devant
4492 dio et le cinéma, les huissiers en noir à collier d’ argent, la garde d’honneur en guêtres blanches sur les marches du pala
4493 es huissiers en noir à collier d’argent, la garde d’ honneur en guêtres blanches sur les marches du palais, le public, des
4494 ur les marches du palais, le public, des milliers de militants — je dis bien des milliers — et les grands et petits ténors
4495 ien des milliers — et les grands et petits ténors de la vie politique européenne. Paraphrasant une déclaration célèbre de
4496 t les grands et petits ténors de la vie politique européenne . Paraphrasant une déclaration célèbre de la Révolution française, je
4497 européenne. Paraphrasant une déclaration célèbre de la Révolution française, je pourrais dire : qu’est-ce que c’est que l
4498 urrais dire : qu’est-ce que c’est que l’Assemblée européenne  ? Rien. Que dit-elle être ? Tout. Que peut-elle faire ? Quelque chose
4499 u’elle fera quelque chose. Mais je suis sûr comme de ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin de la semaine, ou faire
4500 de ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin de la semaine, ou faire place à un autre avenir, qui pourrait être ou bi
4501 ce à un autre avenir, qui pourrait être ou bien l’ Europe des militants fédéralistes, ou bien l’armée d’un empire étranger. Je
4502 urope des militants fédéralistes, ou bien l’armée d’ un empire étranger. Je ne voudrais pas dramatiser outre mesure, mais c
4503 s dramatiser outre mesure, mais chacun sait que l’ Europe est menacée, et chacun de nos pays, et la paix avec elle. Il faut agi
4504 s chacun sait que l’Europe est menacée, et chacun de nos pays, et la paix avec elle. Il faut agir très vite, et le Conseil
4505 ts nationaux. Quelques instants avant l’ouverture de la première séance de l’Assemblée, le comte Sforza, ministre italien
4506 instants avant l’ouverture de la première séance de l’Assemblée, le comte Sforza, ministre italien des Affaires étrangère
4507 retrouvait par hasard dans les couloirs deux amis de son temps d’exil en Amérique et leur disait : « Comme le monde est pe
4508 r hasard dans les couloirs deux amis de son temps d’ exil en Amérique et leur disait : « Comme le monde est petit ! mais le
4509 ide et qui refuse en fait toutes les propositions d’ union faites par l’Assemblée ; puis il ajoutait, en son nom personnel,
4510 il ajoutait, en son nom personnel, une profession de foi fédéraliste… Rien ne me semble plus typique de la situation de St
4511 e foi fédéraliste… Rien ne me semble plus typique de la situation de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonn
4512 e… Rien ne me semble plus typique de la situation de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonne volonté, mais
4513 de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonne volonté, mais en tant que ministre, ou en tant que députés d’un
4514 mais en tant que ministre, ou en tant que députés d’ un parti ou d’un pays, ils agissent au rebours de leurs convictions in
4515 ue ministre, ou en tant que députés d’un parti ou d’ un pays, ils agissent au rebours de leurs convictions intimes, ils son
4516 égulièrement par un renvoi lassé à quelque groupe d’ experts qui décideront d’attendre. Le tragique d’une telle situation,
4517 i lassé à quelque groupe d’experts qui décideront d’ attendre. Le tragique d’une telle situation, qui ressemble à un enlise
4518 d’experts qui décideront d’attendre. Le tragique d’ une telle situation, qui ressemble à un enlisement, se trouve souligné
4519 nt, se trouve souligné avec force par la présence de ces milliers de militants dont je vous parlais. Quatre mouvements féd
4520 uligné avec force par la présence de ces milliers de militants dont je vous parlais. Quatre mouvements fédéralistes ont te
4521 rniers. Leur impatience grandit, je puis le dire, d’ heure en heure. La pression sur l’Assemblée et sur ses commissions s’a
4522 croît. Beaucoup de signes font sentir que l’heure de la décision approche. Cet après-midi même s’est ouvert, solennellemen
4523 ’est ouvert, solennellement, en face de la Maison de l’Europe, le Conseil européen de vigilance, que l’on appelle ici, plu
4524 ouvert, solennellement, en face de la Maison de l’ Europe , le Conseil européen de vigilance, que l’on appelle ici, plus couramm
4525 ent, en face de la Maison de l’Europe, le Conseil européen de vigilance, que l’on appelle ici, plus couramment Conseil de l’Oran
4526 ace de la Maison de l’Europe, le Conseil européen de vigilance, que l’on appelle ici, plus couramment Conseil de l’Oranger
4527 ce, que l’on appelle ici, plus couramment Conseil de l’Orangerie, du nom du bâtiment où il se tient. Son premier but est d
4528 m du bâtiment où il se tient. Son premier but est d’ exercer une pression maximum sur l’Assemblée pour qu’elle décide de fo
4529 ssion maximum sur l’Assemblée pour qu’elle décide de former sans délai une fédération continentale, sans les Anglais pour
4530 ssions, des syndicats, des familles spirituelles, de l’opinion vivante, le Conseil de l’Orangerie ne possède pas de légali
4531 es spirituelles, de l’opinion vivante, le Conseil de l’Orangerie ne possède pas de légalité proprement dite, mais à bien d
4532 vivante, le Conseil de l’Orangerie ne possède pas de légalité proprement dite, mais à bien des égards, il peut revendiquer
4533 e. Demain matin, un très grand nombre des députés de l’Assemblée régulière feront leur entrée en cortège dans la grande sa
4534 eront leur entrée en cortège dans la grande salle de l’Orangerie, marquant ainsi par un acte solennel leur volonté de suiv
4535 marquant ainsi par un acte solennel leur volonté de suivre ceux qui marchent. Vous le voyez, la fièvre monte. Elle attein
4536 voyez, la fièvre monte. Elle atteindra son point de crise dans trois ou quatre jours, probablement, lorsque convergeront
4537 000 jeunes gens venus de 15 pays, par des chemins d’ eux seuls connus, pour se livrer à une immense démonstration autour du
4538 vrer à une immense démonstration autour du Palais de l’Europe. Trois mille jeunes gens qui viendront dire aux députés et a
4539 à une immense démonstration autour du Palais de l’ Europe . Trois mille jeunes gens qui viendront dire aux députés et aux minist
4540 es jeunes, qui les payeront, et peut-être demain, de notre vie. Nous avons donc le droit de parler et de demander qu’on no
4541 re demain, de notre vie. Nous avons donc le droit de parler et de demander qu’on nous entende. » Je n’en dis pas plus aujo
4542 notre vie. Nous avons donc le droit de parler et de demander qu’on nous entende. » Je n’en dis pas plus aujourd’hui. Mais
4543 soir même, à travers nos frontières et nos pays, de ces jeunes enthousiastes et décidés, qui portent l’avenir de la paix,
4544 es enthousiastes et décidés, qui portent l’avenir de la paix, de leur paix ! Accompagnez-les de vos vœux, marchez tous ave
4545 stes et décidés, qui portent l’avenir de la paix, de leur paix ! Accompagnez-les de vos vœux, marchez tous avec eux en esp
4546 avenir de la paix, de leur paix ! Accompagnez-les de vos vœux, marchez tous avec eux en esprit. Je vous dirai ce qu’ils au
72 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Jeunesse d’Europe (27 novembre 1950)
4547 Demain l’ Europe  ! — Jeunesse d’Europe (27 novembre 1950) Chers auditeurs, Je viens
4548 Demain l’Europe ! — Jeunesse d’ Europe (27 novembre 1950) Chers auditeurs, Je viens de rentrer de St
4549 Demain l’Europe ! — Jeunesse d’ Europe (27 novembre 1950) Chers auditeurs, Je viens de rentrer de Strasbou
4550 mbre 1950) Chers auditeurs, Je viens de rentrer de Strasbourg, où il s’est passé bien des choses, et je trouve enfin le
4551 ssé bien des choses, et je trouve enfin le loisir de feuilleter nos principaux journaux. Qu’ont-ils donc publié dans leurs
4552 nes pendant cette semaine importante pour le sort de l’Europe entière ? J’ai fini par trouver quelques communiqués sur cer
4553 endant cette semaine importante pour le sort de l’ Europe entière ? J’ai fini par trouver quelques communiqués sur certains déb
4554 trouver quelques communiqués sur certains débats de l’Assemblée, choisis comme par hasard, tous les deux ou trois jours.
4555 . Mais ces échos se trouvaient noyés dans un flot de nouvelles détaillées sur la pluie. Pour le reste : on précisait que l
4556 a pluie. Pour le reste : on précisait que l’avion de M. Maurice Thorez avait décollé d’Orly à 14h08, exactement, que les S
4557 it que l’avion de M. Maurice Thorez avait décollé d’ Orly à 14h08, exactement, que les Sud-Coréens avaient occupé ou reperd
4558 réens avaient occupé ou reperdu un certain nombre de villages aux noms imprononçables et que vous chercheriez en vain dans
4559 n, l’on consacrait des colones aux comptes rendus d’ un congrès pour la paix qui vient de se tenir en Pologne, pour protest
4560 paraît-il une fois de plus contre l’impérialisme de nos démocraties assoiffées de sang. Ainsi, pour l’historien futur qui
4561 ntre l’impérialisme de nos démocraties assoiffées de sang. Ainsi, pour l’historien futur qui examinera la presse de nos pa
4562 i, pour l’historien futur qui examinera la presse de nos pays, durant la semaine dernière, les deux faits dominants auront
4563 aits dominants auront été la pluie… et le congrès de Varsovie. Sur Strasbourg, on reste muet avec la plus étrange obstinat
4564 uet avec la plus étrange obstination. Le discours de Robert Schuman, qualifié d’historique par les Anglais eux-mêmes ; le
4565 tination. Le discours de Robert Schuman, qualifié d’ historique par les Anglais eux-mêmes ; le rassemblement sans précédent
4566 glais eux-mêmes ; le rassemblement sans précédent de 6 000 jeunes gens accourus de 12 pays pour proclamer leur volonté d’u
4567 ment sans précédent de 6 000 jeunes gens accourus de 12 pays pour proclamer leur volonté d’union au seuil du Palais de l’E
4568 s accourus de 12 pays pour proclamer leur volonté d’ union au seuil du Palais de l’Europe, — c’est à peine si on les mentio
4569 proclamer leur volonté d’union au seuil du Palais de l’Europe, — c’est à peine si on les mentionne en quelques lignes négl
4570 amer leur volonté d’union au seuil du Palais de l’ Europe , — c’est à peine si on les mentionne en quelques lignes négligentes e
4571 jour, la liste interminable des membres inconnus d’ un comité de plus formé à Varsovie. Je me frotte les yeux. Qu’est-ce q
4572 blicité dans nos journaux, pour les ennemis jurés de la fédération ; tout le silence et l’ironie pour nos amis ! On ne fai
4573 os amis ! On ne fait pas autrement dans la presse de Moscou. De quel côté du rideau de fer sommes-nous ? Je bornerai mon c
4574 n ne fait pas autrement dans la presse de Moscou. De quel côté du rideau de fer sommes-nous ? Je bornerai mon commentaire
4575 dans la presse de Moscou. De quel côté du rideau de fer sommes-nous ? Je bornerai mon commentaire à cette question. Deman
4576 s’ils vous la donnent. En attendant, j’essaierai de suppléer à ce refus d’information et je vous parlerai non pas encore
4577 En attendant, j’essaierai de suppléer à ce refus d’ information et je vous parlerai non pas encore ce soir des résultats d
4578 ous parlerai non pas encore ce soir des résultats de la session de Strasbourg, mais d’une grande manifestation qui en a ma
4579 on pas encore ce soir des résultats de la session de Strasbourg, mais d’une grande manifestation qui en a marqué la conclu
4580 r des résultats de la session de Strasbourg, mais d’ une grande manifestation qui en a marqué la conclusion. Depuis deux mo
4581 conclusion. Depuis deux mois, un jeune professeur d’ université, Michel Mouskhély, parcourait l’Europe en tout sens et conf
4582 seur d’université, Michel Mouskhély, parcourait l’ Europe en tout sens et confiait son projet à des groupes d’étudiants. Il rêv
4583 en tout sens et confiait son projet à des groupes d’ étudiants. Il rêvait d’organiser une grande marche de la jeunesse sur
4584 t son projet à des groupes d’étudiants. Il rêvait d’ organiser une grande marche de la jeunesse sur la capitale de l’Europe
4585 tudiants. Il rêvait d’organiser une grande marche de la jeunesse sur la capitale de l’Europe. Quand je l’ai revu, il y a h
4586 une grande marche de la jeunesse sur la capitale de l’Europe. Quand je l’ai revu, il y a huit jours, il m’a dit : nous se
4587 grande marche de la jeunesse sur la capitale de l’ Europe . Quand je l’ai revu, il y a huit jours, il m’a dit : nous serons 3000
4588 Car les obstacles étaient considérables : manque d’ argent, méfiance bien naturelle de la police devant cette invasion d’é
4589 rables : manque d’argent, méfiance bien naturelle de la police devant cette invasion d’étrangers, et difficultés de transp
4590 bien naturelle de la police devant cette invasion d’ étrangers, et difficultés de transport. Combien de ces jeunes gens par
4591 devant cette invasion d’étrangers, et difficultés de transport. Combien de ces jeunes gens parviendraient-ils à vaincre la
4592 d’étrangers, et difficultés de transport. Combien de ces jeunes gens parviendraient-ils à vaincre la fatigue de deux ou tr
4593 unes gens parviendraient-ils à vaincre la fatigue de deux ou trois nuits de voyage sans sommeil, et à franchir tant de fro
4594 t-ils à vaincre la fatigue de deux ou trois nuits de voyage sans sommeil, et à franchir tant de frontières car la plupart
4595 tant de frontières car la plupart n’avaient point de passeports, ou refusaient d’en faire usage ? Et voici qu’au lieu de 3
4596 part n’avaient point de passeports, ou refusaient d’ en faire usage ? Et voici qu’au lieu de 3000 ils furent près de 6000,
4597 de 6000, vendredi à Strasbourg ! Venus de France, d’ Allemagne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Si
4598 redi à Strasbourg ! Venus de France, d’Allemagne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Silencieusement
4599 France, d’Allemagne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Silencieusement, dans les bosquets pluvieux
4600 magne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Silencieusement, dans les bosquets pluvieux du parc de l’O
4601 lencieusement, dans les bosquets pluvieux du parc de l’Orangerie, près du Palais de l’Europe, ils se concentrèrent en bon
4602 s pluvieux du parc de l’Orangerie, près du Palais de l’Europe, ils se concentrèrent en bon ordre. À 4 heures de l’après-mi
4603 vieux du parc de l’Orangerie, près du Palais de l’ Europe , ils se concentrèrent en bon ordre. À 4 heures de l’après-midi, leurs
4604 pe, ils se concentrèrent en bon ordre. À 4 heures de l’après-midi, leurs délégués présentèrent une requête à M. Spaak, pré
4605 és présentèrent une requête à M. Spaak, président de l’Assemblée. Ils demandaient à lire eux-mêmes un message aux représen
4606 représentants réunis en séance plénière. L’accès de la salle leur fut refusé, mais le message fut distribué à la presse e
4607 tait digne, mais très ferme. Vous avez le devoir de nous écouter, disait-il aux députés, et nous avons des droits particu
4608 es jeunes qui les payeront demain, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souver
4609 les souverainetés nationales. Nous n’accepterons de mourir, que pour des raisons de vivre. Donnez-nous ces raisons : fait
4610 ous n’accepterons de mourir, que pour des raisons de vivre. Donnez-nous ces raisons : faites l’Europe !j Le message dema
4611 sons de vivre. Donnez-nous ces raisons : faites l’ Europe  !j Le message demandait que l’Assemblée se prononce en faveur d’un
4612 eur d’un Pacte fédéral. « Si vous avez le courage de faire cet acte simple, ajoutait-il, vous réveillerez le grand espoir
4613 tombait. Les jeunes gens allumèrent des milliers de torches et commencèrent à s’approcher du Palais de l’Europe. Un impor
4614 e torches et commencèrent à s’approcher du Palais de l’Europe. Un important barrage de police en défendait l’entrée. La fo
4615 ches et commencèrent à s’approcher du Palais de l’ Europe . Un important barrage de police en défendait l’entrée. La foule s’imp
4616 ocher du Palais de l’Europe. Un important barrage de police en défendait l’entrée. La foule s’impatientait. Prévenant avec
4617 ua les jeunes gens. Il commença par les féliciter d’ être venus en si grand nombre. Il leur conseilla de renouveler cette m
4618 ’être venus en si grand nombre. Il leur conseilla de renouveler cette manifestation dans leurs pays, devant leurs propres
4619 s réalités politiques, hélas, ne permettaient pas d’ aller aussi vite qu’il le faut et que la jeunesse ne le souhaite, une
4620 ut et que la jeunesse ne le souhaite, une clameur de protestations couvrit sa voix. Puis l’un des jeunes gens, dans une im
4621 isans qui se dissimulent trop souvent sous le nom de « nécessités politiques ». Et les 6000 prêtèrent le serment solennel
4622 ques ». Et les 6000 prêtèrent le serment solennel de consacrer leurs forces à la fédération, de ne plus tenir compte des f
4623 lennel de consacrer leurs forces à la fédération, de ne plus tenir compte des frontières et de défendre désormais l’Europe
4624 ration, de ne plus tenir compte des frontières et de défendre désormais l’Europe, mais seulement comme une patrie commune.
4625 compte des frontières et de défendre désormais l’ Europe , mais seulement comme une patrie commune. Puis ils firent un cortège
4626 et disparurent comme ils étaient venus. Je viens d’ apprendre que des milliers d’entre eux rentrèrent dans leurs pays en f
4627 vous apprendre qu’il pleut. Pensent-ils sauver l’ Europe avec des parapluies ? j. Ce texte a été rédigé par Denis de Rougemo
4628 été rédigé par Denis de Rougemont, sur la demande de Mouskhély. Voir le compte rendu que Rougemont fera plus tard de cet é
4629 Voir le compte rendu que Rougemont fera plus tard de cet épisode : « Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir inva
4630 fera plus tard de cet épisode : « Trente-cinq ans d’ attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe ».
4631 isode : « Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’ espoir invaincu : le Conseil de l’Europe ».
73 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — État de la construction européenne (4 décembre 1950)
4632 Demain l’ Europe  ! — État de la construction européenne (4 décembre 1950) Sur le fon
4633 Demain l’Europe ! — État de la construction européenne (4 décembre 1950) Sur le fond tragique d
4634 Demain l’Europe ! — État de la construction européenne (4 décembre 1950) Sur le fond tragique de la guerre en Asie — car i
4635 ropéenne (4 décembre 1950) Sur le fond tragique de la guerre en Asie — car il ne s’agit plus de la seule Corée ou de la
4636 ique de la guerre en Asie — car il ne s’agit plus de la seule Corée ou de la seule Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est
4637 Asie — car il ne s’agit plus de la seule Corée ou de la seule Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est la moitié de la terr
4638 Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est la moitié de la terre qui se voit menacée — , les questions européennes semblent d
4639 de la terre qui se voit menacée — , les questions européennes semblent diminuer d’importance, se perdre dans la brume des détails r
4640 e — , les questions européennes semblent diminuer d’ importance, se perdre dans la brume des détails régionaux et des pluie
4641 s couvrant le continent. Et cependant, M. Acheson d’ un côté, M. Churchill de l’autre, viennent de le répéter avec force :
4642 Et cependant, M. Acheson d’un côté, M. Churchill de l’autre, viennent de le répéter avec force : c’est l’Europe qui demeu
4643 utre, viennent de le répéter avec force : c’est l’ Europe qui demeure l’enjeu de la lutte mondiale, c’est elle qui est menacée
4644 r avec force : c’est l’Europe qui demeure l’enjeu de la lutte mondiale, c’est elle qui est menacée le plus gravement. Oui,
4645 st elle qui est menacée le plus gravement. Oui, l’ Europe est la terre décisive. Et tout le monde est d’accord, en principe, qu
4646 accord, en principe, qu’il n’y a plus qu’un moyen de la sauver, c’est de l’unir. Qu’a-t-on fait pour cela, depuis un mois 
4647 qu’il n’y a plus qu’un moyen de la sauver, c’est de l’unir. Qu’a-t-on fait pour cela, depuis un mois ? Le Comité des mini
4648 ier. Certes, la fraction fédéraliste du Parlement de Strasbourg n’est pas encore arrivée à ses fins. Ses efforts pour fair
4649 es fins. Ses efforts pour faire voter le principe d’ un Pacte fédéral du continent ne sont pourtant pas restés vains. Douze
4650 ement, sur 125, avaient voté dans ce sens au mois d’ août. En novembre, leur groupe a passé à 37. Mais bien qu’ils n’aient
4651 s fédéralistes ont obtenu des résultats indirects d’ une réelle importance. En demandant le maximum avec obstination, ils o
4652 c obstination, ils ont conduit les plus hésitants de leurs collègues à accepter au moins quelque chose. Contre les fédéral
4653 s quelque chose. Contre les fédéralistes, accusés d’ utopie et d’impatience dangereuse quand ils exigent un Pacte fédéral,
4654 ose. Contre les fédéralistes, accusés d’utopie et d’ impatience dangereuse quand ils exigent un Pacte fédéral, la majorité
4655 s prudents et des tièdes a recommandé la création d’ une série d’autorités européennes spécialisées. C’est ainsi qu’elle a
4656 t des tièdes a recommandé la création d’une série d’ autorités européennes spécialisées. C’est ainsi qu’elle a discuté et a
4657 a recommandé la création d’une série d’autorités européennes spécialisées. C’est ainsi qu’elle a discuté et accepté le plan Schuma
4658 demandé une autorité commune pour les transports européens . Et qu’elle s’est enfin prononcée par 83 voix contre 7 en faveur d’un
4659 noncée par 83 voix contre 7 en faveur d’une armée européenne . L’Allemagne peut y participer à droits égaux, mais dans le cadre d’u
4660 t y participer à droits égaux, mais dans le cadre d’ une organisation commune, calculée de manière à interdire que se refor
4661 alistes depuis 3 ans, et les travaux du Mouvement européen . Tout en persuadant qu’ils s’opposent victorieusement à nos plans exc
4662 mêmes plans un par un ! Si l’on continue ainsi, l’ Europe se fera, sans que ses adversaires puissent l’empêcher, et sans que le
4663 i oppose à Strasbourg les fédéralistes, partisans d’ une constitution européenne, et les unionistes, partisans de simples a
4664 rg les fédéralistes, partisans d’une constitution européenne , et les unionistes, partisans de simples accords spéciaux, est une fa
4665 titution européenne, et les unionistes, partisans de simples accords spéciaux, est une fausse querelle. Je voudrais le fai
4666 e voudrais le faire voir par une image. Il s’agit de construire une maison, l’Europe. Les fédéralistes en ont dressé les p
4667 une image. Il s’agit de construire une maison, l’ Europe . Les fédéralistes en ont dressé les plans. Mais les autres leur disen
4668 âtir un solide rez-de-chaussée. Je ne vois pas là de contradiction sérieuse. Car les fédéralistes savent très bien qu’on n
4669 s à construire une maison si l’on n’a pas un plan d’ ensemble. Rien ne sert de dire comme les Anglais : allons-y prudemment
4670 si l’on n’a pas un plan d’ensemble. Rien ne sert de dire comme les Anglais : allons-y prudemment, étage par étage, si l’o
4671 ons-y prudemment, étage par étage, si l’on refuse de saisir où l’on va, et si l’on n’a pas décidé que c’est une maison que
4672 orcés à commencer les fondations. Je suis heureux de pouvoir relever ce soir deux aspects positifs des débats de Strasbour
4673 relever ce soir deux aspects positifs des débats de Strasbourg. Le premier, c’est l’attitude plus conciliante des Anglais
4674 ral, — au lieu de voter contre, comme cet été, et d’ empêcher les socialistes continentaux de voter pour. Il y a là une pro
4675 t été, et d’empêcher les socialistes continentaux de voter pour. Il y a là une promesse de compromis, au moins. En second
4676 ontinentaux de voter pour. Il y a là une promesse de compromis, au moins. En second lieu, j’ai été frappé par la haute ten
4677 rappé par la haute tenue et le sérieux des débats de l’Assemblée sur le plan Schuman et sur l’armée européenne. Je me disa
4678 de l’Assemblée sur le plan Schuman et sur l’armée européenne . Je me disais, en les écoutant : nous avons vraiment dépassé l’étape
4679 es écoutant : nous avons vraiment dépassé l’étape de la Société des Nations. Les hommes politiques et les économistes qui
4680 se bornent plus à exposer le point de vue égoïste de leur gouvernement : ils étudient un plan d’action commune, bien préci
4681 oïste de leur gouvernement : ils étudient un plan d’ action commune, bien précis, et définissent les sacrifices que chaque
4682 les sacrifices que chaque nation devra faire à l’ Europe , pour qu’elle vive, et par elle, chacun de nos pays. Ces progrès, plu
4683 l’Europe, pour qu’elle vive, et par elle, chacun de nos pays. Ces progrès, plus considérables en réalité qu’ils n’apparai
4684 ns les journaux, c’est à la pression grandissante de l’opinion qu’il faut les attribuer. C’est l’impatience tant critiquée
4685 iquée des fédéralistes, des étudiants, du Conseil de vigilance, qui les a rendus possibles, en créant le climat nécessaire
4686 rès vite, toujours plus vite. C’est le seul moyen de mettre en marche les lambins. Au revoir, chers auditeurs, à lundi pro
74 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Sur l’opinion en général et la presse en particulier (11 décembre 1950)
4687 Demain l’ Europe  ! — Sur l’opinion en général et la presse en particulier (11 décembre
4688 se en particulier (11 décembre 1950) La liberté de l’opinion est sans doute celle que nous devons défendre avec le plus
4689 doute celle que nous devons défendre avec le plus de vigilance. Avec elle naît la démocratie. Là où elle meurt, naissent l
4690 réer et maintenir chez nous une très large mesure de cette liberté-là. Nous avons le scrutin secret, ce qui est la plus sû
4691 occupent ou les passionnent. Lorsqu’il n’y a pas de vote, comment manifester la liberté des opinions ? Par les propos que
4692 fé du commerce ou au cercle, et cela sans crainte d’ être inquiété ou arrêté, tant que l’on vit dans une démocratie… tout c
4693 pos n’atteignent forcément qu’un nombre restreint d’ auditeurs. Pratiquement, l’opinion publique délègue le soin de l’expri
4694 Pratiquement, l’opinion publique délègue le soin de l’exprimer à la presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin d’êtr
4695 a presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin d’ être parfaits : rien ne garantit, en effet, que l’article de M. X ou l
4696 faits : rien ne garantit, en effet, que l’article de M. X ou la chronique de M. Y devant le micro traduisent les convictio
4697 , en effet, que l’article de M. X ou la chronique de M. Y devant le micro traduisent les convictions réelles des lecteurs
4698 s des lecteurs ou des auditeurs. La seule manière de remédier à cet écart inévitable entre l’opinion telle qu’elle est et
4699 libre expression des réactions favorables ou non de ceux qui lisent ou qui écoutent. Et c’est pourquoi les magazines angl
4700 x lettres des lecteurs. Eh bien, c’est une espèce de lettre de lecteur que j’adressais, il y a quinze jours, devant ce mic
4701 des lecteurs. Eh bien, c’est une espèce de lettre de lecteur que j’adressais, il y a quinze jours, devant ce micro, à la p
4702 resse suisse dans son ensemble. Je lui reprochais d’ avoir trop peu parlé de l’Assemblée de Strasbourg, du discours de Robe
4703 nsemble. Je lui reprochais d’avoir trop peu parlé de l’Assemblée de Strasbourg, du discours de Robert Schuman et d’une gra
4704 u parlé de l’Assemblée de Strasbourg, du discours de Robert Schuman et d’une grande manifestation faite par 6000 jeunes ge
4705 e de Strasbourg, du discours de Robert Schuman et d’ une grande manifestation faite par 6000 jeunes gens devant le Palais d
4706 ation faite par 6000 jeunes gens devant le Palais de l’Europe. Cette chronique a provoqué des réactions parfois fort vives
4707 faite par 6000 jeunes gens devant le Palais de l’ Europe . Cette chronique a provoqué des réactions parfois fort vives : beauco
4708 voqué des réactions parfois fort vives : beaucoup d’ auditeurs m’ont approuvé avec chaleur. Mais les journaux, comme je pou
4709 été plus frais. L’un qui me traite assez souvent de « misérable propagandiste au cachet » — expression qui elle-même ne m
4710 cachet » — expression qui elle-même ne manque pas de cachet — m’a traité cette fois-ci d’enragé, simplement. Un hebdomadai
4711 e manque pas de cachet — m’a traité cette fois-ci d’ enragé, simplement. Un hebdomadaire religieux a déclaré que si les jou
4712 x a déclaré que si les journaux ne recevaient pas de nouvelles de Strasbourg, c’était ma faute — comme si j’étais une agen
4713 ue si les journaux ne recevaient pas de nouvelles de Strasbourg, c’était ma faute — comme si j’étais une agence de presse 
4714 g, c’était ma faute — comme si j’étais une agence de presse ! Un troisième se borne à me reprocher d’être injuste, sans d’
4715 de presse ! Un troisième se borne à me reprocher d’ être injuste, sans d’ailleurs le prouver. Enfin, un quatrième écrit qu
4716 aut-il qu’elle soit fondée. Prenons donc, à titre d’ exemple, l’excellent organe qui, précisément, m’inflige ce « démenti f
4717 J’ajoute, pour être scrupuleux, que deux dépêches d’ un correspondant de Londres décrivent, l’une les réactions de l’opinio
4718 scrupuleux, que deux dépêches d’un correspondant de Londres décrivent, l’une les réactions de l’opinion anglaise devant S
4719 pondant de Londres décrivent, l’une les réactions de l’opinion anglaise devant Strasbourg, l’autre, les effets de cette mê
4720 n anglaise devant Strasbourg, l’autre, les effets de cette même opinion du discours Schuman, que le journal avait omis de
4721 on du discours Schuman, que le journal avait omis de nous annoncer. Ce n’est donc qu’à travers les brumes londoniennes que
4722 e les lecteurs suisses ont pu percevoir un reflet de l’Assemblée européenne, et savoir qu’elle délibérait, du 17 au 24 nov
4723 suisses ont pu percevoir un reflet de l’Assemblée européenne , et savoir qu’elle délibérait, du 17 au 24 novembre. Tels sont les fa
4724 24 novembre. Tels sont les faits, et je m’excuse d’ avoir dû descendre au détail, mais la valeur de ma petite analyse est
4725 se d’avoir dû descendre au détail, mais la valeur de ma petite analyse est justement celle d’un exemple bien précis. Maint
4726 a valeur de ma petite analyse est justement celle d’ un exemple bien précis. Maintenant, point de malentendus. Je ne cherch
4727 celle d’un exemple bien précis. Maintenant, point de malentendus. Je ne cherche point querelle au journal que je cite : je
4728 occasions, ce même journal a parlé avec sympathie de l’action des divers mouvements fédéralistes, dont Strasbourg est un r
4729 listes, dont Strasbourg est un résultat. Laissons de côté tout esprit de chicane, et cherchons à comprendre le pourquoi de
4730 urg est un résultat. Laissons de côté tout esprit de chicane, et cherchons à comprendre le pourquoi des silences que j’ai
4731 re le pourquoi des silences que j’ai signalés, ou de la parcimonie avec laquelle on publie les dépêches d’agences relative
4732 a parcimonie avec laquelle on publie les dépêches d’ agences relatives aux travaux de Strasbourg. C’est un fait que Strasbo
4733 blie les dépêches d’agences relatives aux travaux de Strasbourg. C’est un fait que Strasbourg a déçu, jusqu’ici. On trouve
4734 pas beaucoup les lecteurs. Ceux-ci ne lisant pas de nouvelles sur l’Assemblée, se persuadent qu’on n’y fait rien du tout.
4735 nt pourrions-nous avancer, quand l’opinion refuse de nous suivre ! Voilà donc un beau cercle vicieux. Il existe, je pense,
4736 cercle vicieux. Il existe, je pense, trois moyens d’ en sortir : Le premier, c’est que les députés se décident à marcher sa
4737 Péguy. Le second, c’est que nos journaux cessent d’ imprimer que la fédération européenne n’intéresse pas notre opinion, c
4738 nos journaux cessent d’imprimer que la fédération européenne n’intéresse pas notre opinion, car en disant cela, ils contribuent eu
4739 oi, disions et écrivions à nos journaux : l’union de l’Europe nous intéresse directement. Elle ne fera de mal à personne,
4740 isions et écrivions à nos journaux : l’union de l’ Europe nous intéresse directement. Elle ne fera de mal à personne, elle dépa
4741 l’Europe nous intéresse directement. Elle ne fera de mal à personne, elle dépasse les querelles de partis, elle est une ra
4742 era de mal à personne, elle dépasse les querelles de partis, elle est une raison d’espérer, une œuvre constructive enfin !
4743 asse les querelles de partis, elle est une raison d’ espérer, une œuvre constructive enfin ! Que vous faut-il de plus pour
75 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Équiper l’Europe (18 décembre 1950)
4744 Demain l’ Europe  ! — Équiper l’Europe (18 décembre 1950) Chers auditeurs, Noël appro
4745 Demain l’Europe ! — Équiper l’ Europe (18 décembre 1950) Chers auditeurs, Noël approche, et nos pensées v
4746 voudraient se détourner un peu de la politique et de ses décevantes complexités. Je ne vais pas négliger cette occasion, d
4747 plexités. Je ne vais pas négliger cette occasion, d’ autant plus que la semaine dernière n’a rien apporté pour l’Europe qui
4748 s que la semaine dernière n’a rien apporté pour l’ Europe qui marque une nouveauté dans ce domaine ; cependant qu’à l’écart de
4749 ouveauté dans ce domaine ; cependant qu’à l’écart de toutes les controverses, sur un tout autre plan, vous allez le voir,
4750 plan, vous allez le voir, un projet que je crois d’ importance pour l’avenir de notre continent prenait corps, ici même, à
4751 un projet que je crois d’importance pour l’avenir de notre continent prenait corps, ici même, à Genève. Dans les quelques
4752 n de la culture, nous avions convoqué une dizaine de savants, d’une sorte très particulière. C’étaient les directeurs (ou
4753 ure, nous avions convoqué une dizaine de savants, d’ une sorte très particulière. C’étaient les directeurs (ou leurs représ
4754 représentants) des principaux instituts nationaux de recherches atomiques existants en Europe. Je suppose que ce mot « ato
4755 ts nationaux de recherches atomiques existants en Europe . Je suppose que ce mot « atomique » vous fait dresser l’oreille — et
4756 ! Ils étaient là, bien au contraire, pour essayer de mettre en commun les ressources de tous leurs pays à des fins hardime
4757 , pour essayer de mettre en commun les ressources de tous leurs pays à des fins hardiment constructives, dans un domaine d
4758 des fins hardiment constructives, dans un domaine d’ où peut sortir bientôt la grande révolution des temps modernes. Je vou
4759 e rencontre, préparée par beaucoup de contacts et d’ études, a conduit à des résultats entièrement positifs et concrets. Le
4760 ise. L’énergie atomique est la plus bouleversante de toutes les découvertes de notre temps. Le grand public ne l’a connue
4761 t la plus bouleversante de toutes les découvertes de notre temps. Le grand public ne l’a connue que par une seule de ses a
4762 . Le grand public ne l’a connue que par une seule de ses applications, la Bombe, spectaculaire certes, au pire sens du mot
4763 point de vue scientifique ; et, sans mauvais jeu de mots, purement accidentelle. Car en réalité, l’énergie atomique conti
4764 esque infinies non seulement pour la connaissance de la matière et du cosmos, mais encore pour la vie courante, pour la mé
4765 conomie en général. Nous sommes vraiment au seuil d’ une ère nouvelle dans tous ces domaines-là, l’ère atomique, — et nous
4766  et nous devons d’ores et déjà prévoir des formes d’ existence bien différentes de celles que nous menons encore, vers la f
4767 à prévoir des formes d’existence bien différentes de celles que nous menons encore, vers la fin de l’ère qu’on peut appele
4768 tes de celles que nous menons encore, vers la fin de l’ère qu’on peut appeler celle du charbon et du pétrole, matières pro
4769 bien compris. Ils sont en train de prendre sur l’ Europe une avance proprement inquiétante et qu’un seul chiffre va vous faire
4770 cette année, l’Amérique a consacré aux recherches de physique nucléaire environ 5 milliards de dollars tandis que la Franc
4771 herches de physique nucléaire environ 5 milliards de dollars tandis que la France n’y consacrait que 5 milliards de francs
4772 ndis que la France n’y consacrait que 5 milliards de francs français, donc 380 fois moins. Comment soutenir une pareille c
4773 pareille concurrence ? Il est bien clair qu’aucun de nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Aucun de nos pays n’est a
4774 nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Aucun de nos pays n’est assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant de sa
4775 ucun de nos pays n’est assez riche, et ne dispose d’ un nombre suffisant de savants et de grands appareils. Il en résulte q
4776 assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant de savants et de grands appareils. Il en résulte que l’Europe divisée en
4777 et ne dispose d’un nombre suffisant de savants et de grands appareils. Il en résulte que l’Europe divisée en quelque 20 pa
4778 vants et de grands appareils. Il en résulte que l’ Europe divisée en quelque 20 pays, tous trop petits pour la tâche, est en tr
4779 un domaine qui détient, je le répète, les secrets de la puissance de demain. Or, sans puissance industrielle comparable à
4780 étient, je le répète, les secrets de la puissance de demain. Or, sans puissance industrielle comparable à celle des deux G
4781 ndustrielle comparable à celle des deux Grands, l’ Europe ne pourra pas sauver longtemps ses libertés concrètes et son indépend
4782 s et son indépendance. De plus, elle voit l’élite de ses savants tourner les yeux vers l’Amérique, où beaucoup sont déjà p
4783 à partis, parce qu’ils y trouvent des instruments de recherche dont nous manquons. Cette situation commande, vous le voyez
4784 pide et décisif. Il y a un an déjà, la Conférence européenne de la culture, réunie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion
4785 isif. Il y a un an déjà, la Conférence européenne de la culture, réunie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion de
4786 ie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion de M. Raoul Dautry. Elle avait formulé le projet d’un « pool » européen
4787 de M. Raoul Dautry. Elle avait formulé le projet d’ un « pool » européen des recherches atomiques. Cela semblait alors bie
4788 autry. Elle avait formulé le projet d’un « pool » européen des recherches atomiques. Cela semblait alors bien utopique. Certains
4789 objections tombèrent, lorsqu’à Florence, au mois de juin, la conférence de l’Unesco adopta un plan similaire en tous poin
4790 lorsqu’à Florence, au mois de juin, la conférence de l’Unesco adopta un plan similaire en tous points à celui de Lausanne,
4791 o adopta un plan similaire en tous points à celui de Lausanne, sur la proposition précisément d’un délégué américain. La v
4792 celui de Lausanne, sur la proposition précisément d’ un délégué américain. La voie devenait donc libre, et nous y sommes en
4793 péen de la culture s’est ouvert à Genève, au mois d’ octobre. Voici maintenant les résultats acquis par notre réunion du 12
4794 uis par notre réunion du 12 décembre. La création d’ un laboratoire européen de recherches atomiques a été décidée à l’unan
4795 nion du 12 décembre. La création d’un laboratoire européen de recherches atomiques a été décidée à l’unanimité. Cet institut ser
4796 2 décembre. La création d’un laboratoire européen de recherches atomiques a été décidée à l’unanimité. Cet institut sera d
4797 areil atomique actuellement réalisable. Il s’agit d’ un énorme instrument d’une puissance de 6 milliards de volts nommé Cos
4798 ment réalisable. Il s’agit d’un énorme instrument d’ une puissance de 6 milliards de volts nommé Cosmotron, dont il n’exist
4799 Il s’agit d’un énorme instrument d’une puissance de 6 milliards de volts nommé Cosmotron, dont il n’existe au monde qu’un
4800 énorme instrument d’une puissance de 6 milliards de volts nommé Cosmotron, dont il n’existe au monde qu’un seul autre exe
4801 ste au monde qu’un seul autre exemplaire en cours de construction près de New York. Seule la collaboration de tous les pay
4802 truction près de New York. Seule la collaboration de tous les pays européens, acquise en principe, peut en permettre la ré
4803 New York. Seule la collaboration de tous les pays européens , acquise en principe, peut en permettre la réalisation. Celle-ci doit
4804 isation. Celle-ci doit être commencée vers la fin de l’année prochaine, sur les plans mis au point par un bureau d’études,
4805 ochaine, sur les plans mis au point par un bureau d’ études, qui travaillera dès demain à Paris. En outre, pour former les
4806 r les théoriciens indispensables à ce laboratoire européen , une école de spécialistes s’ouvrira l’été prochain dans la région du
4807 dispensables à ce laboratoire européen, une école de spécialistes s’ouvrira l’été prochain dans la région du Mont-Blanc. L
4808 prochain dans la région du Mont-Blanc. L’ensemble de cette vaste entreprise d’équipement de l’Europe en énergie est placé
4809 Mont-Blanc. L’ensemble de cette vaste entreprise d’ équipement de l’Europe en énergie est placé sous le patronage du Centr
4810 L’ensemble de cette vaste entreprise d’équipement de l’Europe en énergie est placé sous le patronage du Centre européen de
4811 emble de cette vaste entreprise d’équipement de l’ Europe en énergie est placé sous le patronage du Centre européen de la cultu
4812 ge du Centre européen de la culture, avec l’appui de l’Unesco. L’ampleur d’un tel projet, ses conséquences pratiques pour
4813 e la culture, avec l’appui de l’Unesco. L’ampleur d’ un tel projet, ses conséquences pratiques pour l’avenir de l’Europe en
4814 projet, ses conséquences pratiques pour l’avenir de l’Europe entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès mainte
4815 et, ses conséquences pratiques pour l’avenir de l’ Europe entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès maintenant cons
4816 pratiques pour l’avenir de l’Europe entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès maintenant considérables aux yeu
4817 pour l’avenir de l’Europe entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès maintenant considérables aux yeux des spéc
4818 sions partisanes, c’est l’un des premiers piliers de l’Europe unie que nous avons posés l’autre jour à Genève. Je suis heu
4819 partisanes, c’est l’un des premiers piliers de l’ Europe unie que nous avons posés l’autre jour à Genève. Je suis heureux que
4820 jour à Genève. Je suis heureux que mes chroniques de cette année puissent prendre fin sur une si bonne nouvelle ! Lundi pr
76 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Espérer, c’est agir (8 janvier 1951)
4821 Demain l’ Europe  ! — Espérer, c’est agir (8 janvier 1951) Chers auditeurs, Je commen
4822 us qui ne m’ont pas oublié dans leur distribution de vœux pour l’an nouveau. Plusieurs m’ont assuré qu’ils tiraient de mes
4823 n nouveau. Plusieurs m’ont assuré qu’ils tiraient de mes chroniques sur l’Europe des raisons d’espérer. Voilà qui me touch
4824 nt assuré qu’ils tiraient de mes chroniques sur l’ Europe des raisons d’espérer. Voilà qui me touche, voilà qui m’encourage, ma
4825 raient de mes chroniques sur l’Europe des raisons d’ espérer. Voilà qui me touche, voilà qui m’encourage, mais aussi voilà
4826 ourage, mais aussi voilà qui m’incite à redoubler de prudence dans mes jugements sur notre situation réelle. Certes, nous
4827 situation réelle. Certes, nous avons tous besoin d’ espoir, et plus que jamais. Nous en avons tellement besoin, qu’il faut
4828 s tellement besoin, qu’il faut éviter à tout prix d’ éveiller de fausses espérances, qui nous laisseraient, une fois déçues
4829 besoin, qu’il faut éviter à tout prix d’éveiller de fausses espérances, qui nous laisseraient, une fois déçues, dans un é
4830 nous laisseraient, une fois déçues, dans un état de fatalisme irrémédiable. Il y aura toujours de l’espoir pour ceux qui
4831 tat de fatalisme irrémédiable. Il y aura toujours de l’espoir pour ceux qui veulent faire quelque chose contre le destin e
4832 nous faire penser qu’il y ait beaucoup à espérer de la situation présente, et des faits tels qu’ils sont. Car si on laiss
4833 ns à l’abîme, c’est bien clair. On dit qu’il faut de l’espoir pour agir, mais je dirai plutôt qu’il n’y a d’espoir que dan
4834 spoir pour agir, mais je dirai plutôt qu’il n’y a d’ espoir que dans la mesure où l’on agit. Ce n’est pas l’espoir qui modi
4835 ine que je formulais, il y a 16 ans déjà, dans un de mes premiers livres : à la doctrine du pessimisme actif. Si nous démi
4836 en oui, le désastre est fatal et nous sommes sûrs d’ avoir raison. Mais, au contraire, si nous disons : « La situation est
4837 : « La situation est désastreuse, redoublons donc d’ activité ! », alors il nous reste une bonne chance de faire l’Histoire
4838 ctivité ! », alors il nous reste une bonne chance de faire l’Histoire, et de modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est
4839 us reste une bonne chance de faire l’Histoire, et de modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est pas de la morale en l’a
4840 modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est pas de la morale en l’air, mais se rapporte concrètement à notre situation p
4841 ésente, vous allez le voir. Je résumerai la chose de la façon suivante qui a le mérite de la simplicité : 1. l’Europe a fa
4842 rai la chose de la façon suivante qui a le mérite de la simplicité : 1. l’Europe a fait, l’année dernière, toutes les bêti
4843 suivante qui a le mérite de la simplicité : 1. l’ Europe a fait, l’année dernière, toutes les bêtises imaginables, plus une ou
4844 pas imaginer. 2. Il lui reste un an pour décider de faire autre chose, et pour le faire. Dresser le bilan de 1950, c’est
4845 e autre chose, et pour le faire. Dresser le bilan de 1950, c’est énumérer des échecs. Parler de l’espoir qui nous reste, c
4846 bilan de 1950, c’est énumérer des échecs. Parler de l’espoir qui nous reste, c’est fixer un programme d’action pour l’an
4847 l’espoir qui nous reste, c’est fixer un programme d’ action pour l’an qui vient. J’esquisserai l’un et l’autre en trois min
4848 en trois minutes. Vous me pardonnerez, j’espère, de simplifier un peu… En 1950, Strasbourg nous a déçus. Cette assemblée
4849 En 1950, Strasbourg nous a déçus. Cette assemblée de délégués des parlements de 15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait
4850 déçus. Cette assemblée de délégués des parlements de 15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait de la politique. Elle a vo
4851 ués des parlements de 15 pays, au lieu de faire l’ Europe , a fait de la politique. Elle a voté plusieurs résolutions utiles, ma
4852 nts de 15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait de la politique. Elle a voté plusieurs résolutions utiles, mais n’a pas
4853 mne au néant toutes ces résolutions. Le Mouvement européen , qui avait par ses efforts et ses initiatives créé l’Assemblée de Str
4854 Strasbourg, et qui devait la pousser dans la voie de l’action, s’est immobilisé depuis des mois. Quant aux gouvernements e
4855 mobilisé depuis des mois. Quant aux gouvernements européens , un seul, celui de la France, a proposé du neuf : le plan Schuman dan
4856 Quant aux gouvernements européens, un seul, celui de la France, a proposé du neuf : le plan Schuman dans le domaine économ
4857 deux plans jusqu’ici n’ont provoqué qu’un concert de cris discordants. La droite prétend que le plan Schuman est dirigiste
4858 je ne suis pas le seul dans ce cas. En attendant de savoir au juste ce qu’ils veulent, tous nos pays votent des budgets a
4859 sente seulement deux graves inconvénients : celui d’ être trop cher pour chaque pays, et celui d’être insuffisant pour défe
4860 celui d’être trop cher pour chaque pays, et celui d’ être insuffisant pour défendre vraiment l’Europe, c’est-à-dire en fin
4861 celui d’être insuffisant pour défendre vraiment l’ Europe , c’est-à-dire en fin de compte, chacun de ses pays. Nos rapports avec
4862 t l’Europe, c’est-à-dire en fin de compte, chacun de ses pays. Nos rapports avec l’Amérique sont encore plus absurdes, si
4863 s absurdes, si possible. Quand l’Amérique propose de nous défendre, une partie de l’opinion hurle à l’impérialisme. Quand
4864 d l’Amérique propose de nous défendre, une partie de l’opinion hurle à l’impérialisme. Quand l’Amérique fait mine de se dé
4865 urle à l’impérialisme. Quand l’Amérique fait mine de se détourner de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsm
4866 lisme. Quand l’Amérique fait mine de se détourner de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amé
4867 it mine de se détourner de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amérique juge l’Europe comme
4868 r de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’ égoïsme sordide. L’Amérique juge l’Europe comme un tout. Elle comprend
4869 ion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amérique juge l’ Europe comme un tout. Elle comprend mal toutes nos contradictions. Elle comp
4870 nd mal que nous ayons toutes les raisons du monde de nous unir, et que pourtant nous ne fassions rien. J’avoue que je ne c
4871 pendant les mois qui viennent. Un sondage récent de l’opinion, dans douze pays, a prouvé que la majorité — 54 % de nos pe
4872 dans douze pays, a prouvé que la majorité — 54 % de nos peuples, — est en faveur de la fédération. Le rassemblement de 60
4873  est en faveur de la fédération. Le rassemblement de 6000 jeunes gens venus de loin pour manifester à Strasbourg est une r
4874 loin pour manifester à Strasbourg est une raison de penser que la jeunesse veut agir. Le plan Schuman, le plan Pleven, le
4875 ut agir. Le plan Schuman, le plan Pleven, le plan de recherches atomiques établi par le Centre européen de la culture, mon
4876 Centre européen de la culture, montrent comment l’ Europe peut se faire pratiquement, peut se défendre, peut redevenir une gran
4877 ir une grande puissance. Nous sommes 250 millions d’ hommes et de femmes qui préférons encore nos libertés, relatives, au r
4878 e puissance. Nous sommes 250 millions d’hommes et de femmes qui préférons encore nos libertés, relatives, au régime concen
4879 est plutôt du côté des ouvriers qui ont le droit de grève, que du côté de ceux qui ne l’ont plus. Nous avons des atouts c
4880 avons des atouts considérables. Nous serions fous de ne pas les jouer. Les jouer, cela veut dire pratiquement : créer l’ar
4881 ouer, cela veut dire pratiquement : créer l’armée européenne , Allemands compris ; mettre en application le plan Schuman, et les pl
4882 des barrières douanières. Unifier l’action pour l’ Europe , en dehors des politiciens, par la jeunesse ; et surtout persuader l’
4883 ticiens, par la jeunesse ; et surtout persuader l’ Européen moyen que ses libertés présentes, si imparfaites qu’elles soient, ont
4884 s, si imparfaites qu’elles soient, ont l’avantage d’ être réelles, valent encore mieux que de fausses promesses assénées pa
4885 ’avantage d’être réelles, valent encore mieux que de fausses promesses assénées par une vraie police, et ménagent un meill
77 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Peut-on fabriquer un Européen ? (15 janvier 1951)
4886 Demain l’ Europe  ! — Peut-on fabriquer un Européen ? (15 janvier 1951) Chers auditeu
4887 Demain l’Europe ! — Peut-on fabriquer un Européen  ? (15 janvier 1951) Chers auditeurs, Un magazine du genre « digeste
4888 de me poser une question saugrenue. Il me demande de lui décrire en 4 pages « Comment on fabrique un Européen ». J’ai répo
4889 e lui décrire en 4 pages « Comment on fabrique un Européen  ». J’ai répondu sans hésiter, en 4 mots : « C’est absolument impossib
4890 nkee, soit un citoyen des Soviets, mais jamais un Européen . Parce que l’Européen moyen n’existe pas. Pour réussir un bon América
4891 des Soviets, mais jamais un Européen. Parce que l’ Européen moyen n’existe pas. Pour réussir un bon Américain moyen, voici la rec
4892 on Américain moyen, voici la recette. Prenez deux Européens de nations différentes si possible. Mariez leur fils avec la fille de
4893 in moyen, voici la recette. Prenez deux Européens de nations différentes si possible. Mariez leur fils avec la fille de de
4894 entes si possible. Mariez leur fils avec la fille de deux autres Européens. Attendez une génération. Répétez le processus
4895 le. Mariez leur fils avec la fille de deux autres Européens . Attendez une génération. Répétez le processus quatre ou cinq fois. L
4896 cessus quatre ou cinq fois. Lorsque Schmidt, fils de Schmidt, sera baptisé Smith, déclarez qu’il descend en droite ligne d
4897 qu’il descend en droite ligne des émigrants venus d’ Angleterre sur le fameux bateau nommé le Mayflower. Il semble bien que
4898 n que ce bateau ait transporté plusieurs dizaines de milliers d’ancêtres d’un seul coup : un Smith de plus ne le fera pas
4899 eau ait transporté plusieurs dizaines de milliers d’ ancêtres d’un seul coup : un Smith de plus ne le fera pas couler. Appr
4900 renez maintenant au jeune homme la phrase célèbre de Lincoln sur le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple
4901 sez, agitez sur un rythme africain, emballez dans de la cellophane, et servez frais. Pour fabriquer un Soviétique, c’est p
4902 pide : prenez un Russe, passez-le au NKVD — sorte de DDT moral qui nettoie les idées subversives, et tirez le rideau. Mais
4903 sives, et tirez le rideau. Mais pour fabriquer un Européen , que prendrez-vous ? Si vous mélangez toutes nos nationalités au hasa
4904 ieux, que des Américains manqués. Si vous essayez de combiner nos croyances, nos partis et nos traditions, cela n’ira pas
4905 nos traditions, cela n’ira pas mieux. Un mélange de catholiques et de juifs ne donnera pas des protestants ; pas plus qu’
4906 ela n’ira pas mieux. Un mélange de catholiques et de juifs ne donnera pas des protestants ; pas plus qu’un mélange de soci
4907 nera pas des protestants ; pas plus qu’un mélange de socialistes et de conservateurs ne donnera des libéraux, ou un mélang
4908 stants ; pas plus qu’un mélange de socialistes et de conservateurs ne donnera des libéraux, ou un mélange de Français et d
4909 servateurs ne donnera des libéraux, ou un mélange de Français et d’Allemands, des Suisses. Nos vertus, caractères et parti
4910 onnera des libéraux, ou un mélange de Français et d’ Allemands, des Suisses. Nos vertus, caractères et partis pris vitaux n
4911 aux ne sauraient être additionnés pour composer l’ Européen moyen. La vérité, c’est que le problème posé est insoluble par défini
4912 e moyenne, si le sujet des Soviets est le produit d’ un plan, l’Européen, lui, sera toujours par essence un être qui diffèr
4913 le sujet des Soviets est le produit d’un plan, l’ Européen , lui, sera toujours par essence un être qui diffère et tient à différ
4914 r essence un être qui diffère et tient à différer de son voisin et des modèles qu’on essaierait de lui imposer. Il n’y a p
4915 rer de son voisin et des modèles qu’on essaierait de lui imposer. Il n’y a pas de type européen moyen. Il n’y a en Europe
4916 les qu’on essaierait de lui imposer. Il n’y a pas de type européen moyen. Il n’y a en Europe que des Français, des Holland
4917 n essaierait de lui imposer. Il n’y a pas de type européen moyen. Il n’y a en Europe que des Français, des Hollandais, des Berno
4918 Il n’y a pas de type européen moyen. Il n’y a en Europe que des Français, des Hollandais, des Bernois, des Croates ; des parp
4919 onégasques insouciants et des partisans motorisés de la paix concentrée. Il n’y a donc que des hommes habitués à différer
4920 uns des autres, et c’est tout cela qu’on nomme l’ Europe . Et c’est pourquoi, faire un Européen moyen, ce serait tenter de fair
4921 qu’on nomme l’Europe. Et c’est pourquoi, faire un Européen moyen, ce serait tenter de faire quelque chose qui ne ressemblerait à
4922 urquoi, faire un Européen moyen, ce serait tenter de faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien d’européen. Le vrai p
4923 e faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien d’ européen. Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous un
4924 faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien d’ européen . Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous unir dans
4925 ait à rien d’européen. Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut nous pr
4926 Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut nous prendre comme nous sommes
4927 les coutumes, toutes supérieures à celles du pays d’ à côté. Et si l’on me dit qu’il faut tout de même baser l’union sur qu
4928 ons tous en commun, c’est justement cette volonté de rester nous-mêmes, chacun à sa façon. Voilà ce qui nous distingue en
4929 des Américains. Voilà ce qui fait que nous sommes Européens , — même si nous détestons qu’on nous parle de l’Europe. J’ai l’air de
4930 opéens, — même si nous détestons qu’on nous parle de l’Europe. J’ai l’air de faire du paradoxe, mais voyez-vous : ce qu’il
4931 s, — même si nous détestons qu’on nous parle de l’ Europe . J’ai l’air de faire du paradoxe, mais voyez-vous : ce qu’il y a de p
4932 étestons qu’on nous parle de l’Europe. J’ai l’air de faire du paradoxe, mais voyez-vous : ce qu’il y a de plus humain chez
4933 angoissante pour l’adolescent — qu’il est le seul de son espèce, qu’il est un cas absolument unique. Or, tout le monde dit
4934 s ressemblons tous. De même, ce qu’il y a de plus européen chez les habitants de nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous d’appart
4935 ce qu’il y a de plus européen chez les habitants de nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous d’appartenir d’abord à une fam
4936 bitants de nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous d’ appartenir d’abord à une famille, à une région, à une patrie, à des co
4937 ils perdraient leurs libertés si on les empêchait de vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leur voisin. J’en vois l
4938 hait de vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leur voisin. J’en vois la preuve dans le reproche si courant qu’à tor
4939 ous d’autres régimes, où ce n’est pas la pression de la mode, mais celle de la police qui ramène « dans la ligne »…?) Nous
4940 ù ce n’est pas la pression de la mode, mais celle de la police qui ramène « dans la ligne »…?) Nous n’aimons pas l’idée qu
4941 ns à nos diversités. Et nous sentons que le droit de les préserver est la vraie condition de nos libertés, non point seule
4942 le droit de les préserver est la vraie condition de nos libertés, non point seulement légales et théoriques, mais personn
4943 nnelles. Parce que nous sentons cela, nous sommes Européens . Eh bien, ce n’est pas pour devenir tous pareils qu’il nous faut aujo
4944 erdre : il nous faut réunir nos ressources. Faute de former à temps cette libre union, nous serons unifiés par la force, m
4945 s myopes, comme on en trouve encore dans certains de nos pays, et même, ici ou là, dans nos cantons, ne peuvent tout de mê
4946 e même pas espérer que leur nation serait capable de s’opposer à la marée totalitaire, donc de rester ce qu’elle est, sans
4947 capable de s’opposer à la marée totalitaire, donc de rester ce qu’elle est, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis de
4948 taire, donc de rester ce qu’elle est, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance de leur nation, ce sont
4949 e est, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance de leur nation, ce sont ceux qui réclament et préparen
4950 de ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance de leur nation, ce sont ceux qui réclament et préparent la fédération de
4951 ont ceux qui réclament et préparent la fédération de nos pays ; ceux qui disent : « Surmontons nos divisions, pour sauver
78 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Contre une « mystique européenne » (22 janvier 1951)
4952 Demain l’ Europe  ! — Contre une « mystique européenne » (22 janvier 1951) Chers audi
4953 Demain l’Europe ! — Contre une « mystique européenne  » (22 janvier 1951) Chers auditeurs, Il y a quelques années que je
4954 uditeurs, Il y a quelques années que je m’occuper de « faire l’Europe », comme on le dit couramment, et je crois bien qu’i
4955 y a quelques années que je m’occuper de « faire l’ Europe  », comme on le dit couramment, et je crois bien qu’il n’existe pas au
4956 u contre que je n’aie entendu plusieurs douzaines de fois, et souvent des centaines de fois. Peut-être penserez-vous que j
4957 ieurs douzaines de fois, et souvent des centaines de fois. Peut-être penserez-vous que j’en suis bien fatigué ? Mais il es
4958 ’un seul exemple : les auditeurs les plus fidèles de la radio peuvent entendre parler du « temps probable » exactement 292
4959 e nous pouvons beaucoup pour qu’il y ait demain l’ Europe unie, la paix, ou au contraire la bombe à hydrogène. Et c’est pourquo
4960 gène. Et c’est pourquoi je continue à vous parler de l’état du problème européen, qui est un aspect du problème de la paix
4961 i je continue à vous parler de l’état du problème européen , qui est un aspect du problème de la paix. Cela vaut bien cinq minute
4962 problème européen, qui est un aspect du problème de la paix. Cela vaut bien cinq minutes tous les lundis. Pourtant, il es
4963 j’avouerai qu’il me fatigue, pour ne pas employer de mots plus énergiques. Voici cet argument : « Ce qu’il nous faut, dit-
4964 occidentale, qui soit plus forte que la mystique de l’Est ! L’Europe capitaliste, bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieil
4965 qui soit plus forte que la mystique de l’Est ! L’ Europe capitaliste, bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieille Europe, Europe
4966 aliste, bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieille Europe , Europe où nous vivons, est devenue indéfendable ! On ne peut pas déf
4967 bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieille Europe, Europe où nous vivons, est devenue indéfendable ! On ne peut pas défendre du
4968 ons, dans la presse, sur les ondes, partout. L’un de nos meilleurs chroniqueurs suisses l’écrivait encore l’autre jour. Un
4969 l français me l’avait dit la veille. Des millions de braves gens le pensent. Je serai pendu, et eux avec, s’ils ont raison
4970 ifficile, pour ne pas dire totalement impossible, de confectionner sur commande une mystique aussi forte que celle d’en fa
4971 r sur commande une mystique aussi forte que celle d’ en face. Secundo, nous n’avons nul besoin d’une telle mystique, car l
4972 elle d’en face. Secundo, nous n’avons nul besoin d’ une telle mystique, car les réalités nous suffisent amplement. Repreno
4973 onté. La mystique hitlérienne par exemple est née de la combinaison d’une misère noire, causée par la défaite et l’inflati
4974 hitlérienne par exemple est née de la combinaison d’ une misère noire, causée par la défaite et l’inflation, et d’un névros
4975 e noire, causée par la défaite et l’inflation, et d’ un névrosé fanatique soutenu par les industriels qui se trompaient. Ce
4976 la mystique communiste, elle est née il y a plus de cent ans, avec la doctrine de Karl Marx, qui voulait libérer les ouvr
4977 est née il y a plus de cent ans, avec la doctrine de Karl Marx, qui voulait libérer les ouvriers, et son résultat le plus
4978 iers, et son résultat le plus clair est un régime de dictature, dans un pays qui était surtout paysan. J’avoue que je vois
4979 poser à des hommes libres, qui n’ont aucune envie de perdre leur sens critique. L’opération me paraît impraticable. Et de
4980 ’étaient les Allemands sous Hitler — aient besoin d’ une mystique qui les soutienne par la promesse d’un avenir moins dur.
4981 d’une mystique qui les soutienne par la promesse d’ un avenir moins dur. Mais notre vie présente vaut mieux que la leur !
4982 clament une mystique nouvelle avant de défendre l’ Europe . Quand on me dit qu’il est impossible de défendre l’Europe telle qu’e
4983 re l’Europe. Quand on me dit qu’il est impossible de défendre l’Europe telle qu’elle est, avec ses injustices sociales, de
4984 uand on me dit qu’il est impossible de défendre l’ Europe telle qu’elle est, avec ses injustices sociales, devant le grand espo
4985 ève à l’Est, je me frotte les yeux, et plutôt que de me laisser aller à voir rouge, je demande qu’on regarde les faits. Le
4986 ier les statistiques des revenus moyens, par tête d’ habitant, dans tous les pays du monde. Nous apprenons ainsi que le rev
4987 u monde. Nous apprenons ainsi que le revenu moyen d’ un Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Ce
4988 nons ainsi que le revenu moyen d’un Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de
4989 u moyen d’un Américain est de 1453 dollars. Celui d’ un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de 308 dollars seulement.
4990 Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de 308 dollars seulement. Je demande a
4991 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’ un Russe, de 308 dollars seulement. Je demande alors ceci : est-ce qu’
4992 lui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de 308 dollars seulement. Je demande alors ceci : est-ce qu’un système é
4993 » ? On me dira peut-être que la Russie est partie d’ un niveau très bas, et que la comparaison n’est pas très équitable. Je
4994 informé auprès de l’un des meilleurs économistes d’ aujourd’hui, Maurice Allais. Je lui ai demandé : quels sont les progrè
4995 épondu ceci : en 1913, sous les tsars, le pouvoir d’ achat de l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il est aujourd’
4996 eci : en 1913, sous les tsars, le pouvoir d’achat de l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il est aujourd’hui. Il
4997 c ni recul ni progrès. Mais en France, le pouvoir d’ achat est aujourd’hui 3 fois plus grand qu’en 1913, et aux États-Unis
4998 estion : où est le véritable espoir ? S’il s’agit d’ un progrès purement économique et matériel, c’est vers l’ensemble de l
4999 ent économique et matériel, c’est vers l’ensemble de l’Amérique qu’il faudrait logiquement se tourner, non pas vers l’Est.
5000 se tourner, non pas vers l’Est. Mais s’il s’agit d’ un progrès moral, c’est l’Amérique et la Russie qui devraient se tourn
5001 ique et la Russie qui devraient se tourner vers l’ Europe . Elles y trouveraient, en plus d’un niveau de vie qui s’améliore, et
5002 rner vers l’Europe. Elles y trouveraient, en plus d’ un niveau de vie qui s’améliore, et peut s’améliorer sans cesse, un dé
5003 méliore, et peut s’améliorer sans cesse, un désir de paix plus grand que partout ailleurs, des libertés, certes imparfaite
5004 eures à celles des dictatures, enfin une capacité de travail, d’invention et de création que la Terre entière nous envie.
5005 es des dictatures, enfin une capacité de travail, d’ invention et de création que la Terre entière nous envie. N’est-ce pas
5006 es, enfin une capacité de travail, d’invention et de création que la Terre entière nous envie. N’est-ce pas assez ? Avons-
5007 s envie. N’est-ce pas assez ? Avons-nous le droit de désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nou
5008 -ce pas assez ? Avons-nous le droit de désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nous regardons le
5009 s le droit de désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nous regardons les faits prouvés et reconn
5010 et reconnus ? Oserons-nous dire encore que notre Europe ne vaut pas d’être défendue, lorsque malgré toutes ses imperfections,
5011 ons-nous dire encore que notre Europe ne vaut pas d’ être défendue, lorsque malgré toutes ses imperfections, ses injustices
5012 s divisions absurdes, elle offre encore un niveau de trois fois meilleur que celui qu’on nous vante à l’Est comme l’espoir
5013 que celui qu’on nous vante à l’Est comme l’espoir de l’humanité ? Croyez-moi, laissons la mystique aux chefs qui en ont te
5014 soin pour faire supporter à leurs peuples un état de misère générale. Ce que nous avons vaut bien qu’on le défende, quand
5015 compare à ce qu’on nous offre. Non, ce n’est pas d’ une mystique dont nous manquons, c’est au contraire d’informations rée
5016 e mystique dont nous manquons, c’est au contraire d’ informations réelles, — de réalisme ! Fondons l’Europe unie non pas su
5017 ons, c’est au contraire d’informations réelles, —  de réalisme ! Fondons l’Europe unie non pas sur des slogans, mais sur de
5018 d’informations réelles, — de réalisme ! Fondons l’ Europe unie non pas sur des slogans, mais sur des faits. Au revoir, chers au
79 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Nos libertés (12 février 1951)
5019 Demain l’ Europe  ! — Nos libertés (12 février 1951)k Chers auditeurs, Je voudrais r
5020 s trop souvent répéter, et qui est celle-ci : « L’ Europe , la vieille Europe fatiguée, ne mérite plus qu’on la défende. L’Europ
5021 ter, et qui est celle-ci : « L’Europe, la vieille Europe fatiguée, ne mérite plus qu’on la défende. L’Europe, c’est du passé.
5022 rope fatiguée, ne mérite plus qu’on la défende. L’ Europe , c’est du passé. L’avenir est… ailleurs, dans quelque grande mystique
5023 que je pense avoir trouvé. Ceux qui disent que l’ Europe actuelle ne mérite pas qu’on la défende, ce sont ou bien des gens qui
5024 n des gens que la tyrannie attire, dans le secret de leur cœur et sans qu’ils osent l’avouer. Nos libertés réelles et quot
5025 euvent nous manquer, vous sentiriez tout de suite de toutes vos forces qu’elles méritent bien qu’on les défende. Essayons
5026 es méritent bien qu’on les défende. Essayons donc de nous imaginer ce qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notr
5027 rait dans nos vies quotidiennes, si notre vieille Europe que l’on dit décadente, misérable et pourrie d’injustices, se trouvai
5028 rope que l’on dit décadente, misérable et pourrie d’ injustices, se trouvait demain rajeunie à grands coups de règlements u
5029 tices, se trouvait demain rajeunie à grands coups de règlements uniformes. La première liberté qui serait perdue serait ce
5030 a première liberté qui serait perdue serait celle de nous exprimer, en public, entre amis, au café, au travail. Et je ne d
5031 café, au travail. Et je ne dis pas que la liberté de l’expression soit sans limites dans nos pays. Il arrive qu’on lui fas
5032 t. On ne fusille pas chez nous, pour simple délit d’ opinion. Et je dis bien : chez nous. Voici un petit exemple : il y a d
5033 nçais assez souvent qu’à Berne, il n’y aurait pas de précipitations. Eh bien, si je vivais un peu plus loin d’ici, il y a
5034 rite ou seulement vous ennuie, vous avez le droit de fermer votre radio, ou de prendre un poste étranger. Cela vous paraît
5035 uie, vous avez le droit de fermer votre radio, ou de prendre un poste étranger. Cela vous paraît tout naturel. Eh bien, de
5036 er au garde à vous que des chroniques officielles de l’État vous expliquant que vous êtes libres. Vous avez le droit de vo
5037 pliquant que vous êtes libres. Vous avez le droit de voyager où bon vous semble. Certes, il y a des visas, les passeports
5038 n votre cœur, aller le dimanche dans telle église de votre choix, ou au contraire n’y pas aller. Tous ces droits, vous n’y
5039 e, que vous donnez votre congé, que vous cherchez de l’embauche ailleurs. Eh bien, ces droits n’existent pas partout. Vous
5040 pas partout. Vous pouvez les perdre demain, si l’ Europe est vraiment perdue. Il existe aujourd’hui plusieurs pays où le droit
5041 Il existe aujourd’hui plusieurs pays où le droit de changer d’employeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève
5042 aujourd’hui plusieurs pays où le droit de changer d’ employeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève est suppri
5043 mployeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève est supprimé, où la moindre critique murmurée contre le patron
5044 e un crime social. J’en déduis que le progrès est de notre côté. Je suis peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit
5045 peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit d’ avoir plusieurs partis. L’opposition, chez nous, peut parler publiquem
5046 s partis avait du bon : elle vous ménage le droit de penser par vous-même. Ce droit aussi nous pouvons le perdre… Certes n
5047 age et la promesse, il est la permission pratique de nos futurs progrès matériels et moraux. Il nous faut donc garder nos
80 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et la paix (19 février 1951)
5048 Demain l’ Europe  ! — L’Europe et la paix (19 février 1951) Chers auditeurs, Il y a d
5049 Demain l’Europe ! — L’ Europe et la paix (19 février 1951) Chers auditeurs, Il y a des gens qui t
5050 des gens qui trouvent déjà qu’on leur parle trop de l’Europe, qu’on leur en rebat les oreilles. Ces délicats, vite fatigu
5051 gens qui trouvent déjà qu’on leur parle trop de l’ Europe , qu’on leur en rebat les oreilles. Ces délicats, vite fatigués, oubli
5052 lles. Ces délicats, vite fatigués, oublient que l’ Europe n’est pas une question de mode, mais de prospérité ou de misère, de g
5053 ués, oublient que l’Europe n’est pas une question de mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie o
5054 que l’Europe n’est pas une question de mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour
5055 t pas une question de mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civili
5056 uestion de mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’i
5057 de, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent
5058 de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent parler sp
5059 ité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent parler sports ou ch
5060 ois, d’autres personnes estiment qu’on parle trop de l’Europe pour ce qu’on en fait pratiquement. Ces personnes ont raison
5061 d’autres personnes estiment qu’on parle trop de l’ Europe pour ce qu’on en fait pratiquement. Ces personnes ont raison de deman
5062 on en fait pratiquement. Ces personnes ont raison de demander si vraiment quelque chose s’effectue, derrière les belles dé
5063 n de la culture et le récent Conseil des communes de l’Europe, les pierres d’attente d’une construction continentale se tr
5064 la culture et le récent Conseil des communes de l’ Europe , les pierres d’attente d’une construction continentale se trouvent po
5065 ent Conseil des communes de l’Europe, les pierres d’ attente d’une construction continentale se trouvent posées. Si vous pe
5066 l des communes de l’Europe, les pierres d’attente d’ une construction continentale se trouvent posées. Si vous pensez qu’il
5067 Pourtant, l’heure n’est pas venue de se féliciter de ces premiers progrès, péniblement acquis. Les cadres sont posés. Les
5068 utions en plein essor. Mais dans le drame mondial de la paix et de la guerre, la voix de l’Europe n’a pas encore autorité.
5069 n essor. Mais dans le drame mondial de la paix et de la guerre, la voix de l’Europe n’a pas encore autorité. Or, c’est ce
5070 drame mondial de la paix et de la guerre, la voix de l’Europe n’a pas encore autorité. Or, c’est ce drame qui nous importe
5071 mondial de la paix et de la guerre, la voix de l’ Europe n’a pas encore autorité. Or, c’est ce drame qui nous importe à tous,
5072 Si les masses sont encore indifférentes à l’idée d’ une Europe unie, la raison simple en est que la peur de la guerre pass
5073 s masses sont encore indifférentes à l’idée d’une Europe unie, la raison simple en est que la peur de la guerre passe avant to
5074 Europe unie, la raison simple en est que la peur de la guerre passe avant tout autre souci. Essayons donc de raisonner ce
5075 uerre passe avant tout autre souci. Essayons donc de raisonner cette peur. Quels sont les risques d’une guerre, pour nous
5076 c de raisonner cette peur. Quels sont les risques d’ une guerre, pour nous autres, en Europe ? Je n’en vois qu’un : c’est l
5077 nt les risques d’une guerre, pour nous autres, en Europe  ? Je n’en vois qu’un : c’est le risque d’invasion puisqu’il est clair
5078 en Europe ? Je n’en vois qu’un : c’est le risque d’ invasion puisqu’il est clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir
5079 t clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir d’ attaquer qui que ce soit. Mais quelle pourrait bien être l’occasion d’
5080 e soit. Mais quelle pourrait bien être l’occasion d’ une invasion prochaine du continent ? Je n’en vois qu’une : notre faib
5081 Je n’en vois qu’une : notre faiblesse, résultant de notre division. Si nous étions unis, nous serions assez forts pour dé
5082 serions assez forts pour décourager toute action de l’extérieur au moins, contre la paix. De plus, si nous étions unis, n
5083 s unis, nous saurions nous passer progressivement d’ une aide qui peut fournir le seul prétexte à nous « libérer », — comme
5084 seul prétexte à nous « libérer », — comme on dit. De ces constatations très simples, il résulte clairement que l’union de
5085 s très simples, il résulte clairement que l’union de l’Europe est la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela,
5086 s simples, il résulte clairement que l’union de l’ Europe est la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela, si nous
5087 t que l’union de l’Europe est la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela, si nous comprenons bien que faire l
5088 prenons cela, si nous comprenons bien que faire l’ Europe , c’est faire la paix, — alors nous voudrons tous, de toutes nos force
5089 c’est faire la paix, — alors nous voudrons tous, de toutes nos forces, la fédération de nos pays. Alors seulement, les pa
5090 oudrons tous, de toutes nos forces, la fédération de nos pays. Alors seulement, les parlements et les États, poussés dans
5091 e qu’il faut, sans plus de faux-fuyants. Faire l’ Europe , c’est donc faire la paix. Je ne dis pas cela pour le plaisir de lanc
5092 faire la paix. Je ne dis pas cela pour le plaisir de lancer un slogan de plus. Je le dis parce que j’y crois, et que depui
5093 t que depuis quatre ans, j’ai donné le plus clair de mes forces à cette cause de la paix par l’union de l’Europe. Aussi co
5094 i donné le plus clair de mes forces à cette cause de la paix par l’union de l’Europe. Aussi comprendrez-vous que je me fro
5095 e mes forces à cette cause de la paix par l’union de l’Europe. Aussi comprendrez-vous que je me frotte les yeux quand j’en
5096 forces à cette cause de la paix par l’union de l’ Europe . Aussi comprendrez-vous que je me frotte les yeux quand j’entends rép
5097 emaine par une opinion qui représente le 10 % des Européens , que l’Europe fédérée n’est qu’une machine de guerre au service de Wa
5098 inion qui représente le 10 % des Européens, que l’ Europe fédérée n’est qu’une machine de guerre au service de Wall Street et d
5099 opéens, que l’Europe fédérée n’est qu’une machine de guerre au service de Wall Street et des marchands de canons. Que veul
5100 fédérée n’est qu’une machine de guerre au service de Wall Street et des marchands de canons. Que veulent-ils donc, ceux qu
5101 guerre au service de Wall Street et des marchands de canons. Que veulent-ils donc, ceux qui me traitent couramment d’enrag
5102 veulent-ils donc, ceux qui me traitent couramment d’ enragé, de frénétique, de va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux seco
5103 s donc, ceux qui me traitent couramment d’enragé, de frénétique, de va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux secondes à me
5104 i me traitent couramment d’enragé, de frénétique, de va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux secondes à me demander s’ils
5105 ls disent. Leurs attaques orchestrées font partie d’ une tactique. La seule question que je soulève à leur sujet, c’est la
5106 lent vraiment la paix comme j’ai bien des raisons de le croire, leur refus de l’Europe unie est-il le bon moyen d’y parven
5107 me j’ai bien des raisons de le croire, leur refus de l’Europe unie est-il le bon moyen d’y parvenir ? Ils savent aussi bie
5108 ai bien des raisons de le croire, leur refus de l’ Europe unie est-il le bon moyen d’y parvenir ? Ils savent aussi bien que vou
5109 , leur refus de l’Europe unie est-il le bon moyen d’ y parvenir ? Ils savent aussi bien que vous et moi que la faiblesse, e
5110 la faiblesse, en général, n’est pas une assurance de paix. Elle n’a point protégé la Belgique, ni la Hollande, ni le Danem
5111 ne double tentation : l’un des empires sera tenté de nous occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’est pas forcémen
5112 n des empires sera tenté de nous occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’est pas forcément la nôtre. Examinons le
5113 n’est pas forcément la nôtre. Examinons le second de ces cas. Je ne suis pas dans les secrets de la Maison-Blanche. On peu
5114 econd de ces cas. Je ne suis pas dans les secrets de la Maison-Blanche. On peut imaginer — non sans quelque délire — que l
5115 délire — que le plan Marshall ait été le complot d’ un sombre impérialisme destiné à ruiner l’Europe en ayant l’air de la
5116 mplot d’un sombre impérialisme destiné à ruiner l’ Europe en ayant l’air de la nourrir. Mais alors, ce fameux plan Marshall ser
5117 rialisme destiné à ruiner l’Europe en ayant l’air de la nourrir. Mais alors, ce fameux plan Marshall serait un formidable
5118 lan Marshall serait un formidable échec. Car l’un de ses résultats les plus frappants, c’est qu’il a permis à l’Europe de
5119 tats les plus frappants, c’est qu’il a permis à l’ Europe de diminuer son déficit dollar d’environ 7 milliards et demi de franc
5120 s plus frappants, c’est qu’il a permis à l’Europe de diminuer son déficit dollar d’environ 7 milliards et demi de francs s
5121 permis à l’Europe de diminuer son déficit dollar d’ environ 7 milliards et demi de francs suisses l’an dernier. Autant de
5122 son déficit dollar d’environ 7 milliards et demi de francs suisses l’an dernier. Autant de gagné pour notre indépendance.
5123 ds et demi de francs suisses l’an dernier. Autant de gagné pour notre indépendance. Autant de perdu pour tout impérialisme
5124 . Autant de gagné pour notre indépendance. Autant de perdu pour tout impérialisme supposé. D’autre part, je constate que l
5125 , je constate que les États-Unis décident l’envoi de nouvelles troupes en Europe. Ils se sentent donc contraints d’interve
5126 ats-Unis décident l’envoi de nouvelles troupes en Europe . Ils se sentent donc contraints d’intervenir dans la mesure exacte où
5127 troupes en Europe. Ils se sentent donc contraints d’ intervenir dans la mesure exacte où nous sommes incapables d’assurer n
5128 r dans la mesure exacte où nous sommes incapables d’ assurer notre propre défense. Or le moyen d’assurer cette défense sera
5129 ables d’assurer notre propre défense. Or le moyen d’ assurer cette défense serait évidemment de nous fédérer. Ceux qui redo
5130 e moyen d’assurer cette défense serait évidemment de nous fédérer. Ceux qui redoutent l’emprise américaine devraient donc,
5131 faiblesse évidente ? Manifester contre le voyage d’ un général américain ne résout pas le problème d’une manière positive.
5132 d’un général américain ne résout pas le problème d’ une manière positive. Il faudrait au moins se déclarer en faveur d’une
5133 moins se déclarer en faveur d’une armée purement européenne , telle que la veut le plan Pleven. Car on ne peut pas être à la fois
5134 ne peut pas être à la fois contre l’intervention de l’Amérique, et contre l’union de l’Europe, qui rendrait cette aide in
5135 e l’intervention de l’Amérique, et contre l’union de l’Europe, qui rendrait cette aide inutile. Vouloir l’Europe désunie,
5136 ntervention de l’Amérique, et contre l’union de l’ Europe , qui rendrait cette aide inutile. Vouloir l’Europe désunie, désarmée,
5137 urope, qui rendrait cette aide inutile. Vouloir l’ Europe désunie, désarmée, et livrée dans défense au premier occupant, c’est
5138 ppeler et forcer l’Amérique à prendre en charge l’ Europe occidentale, à l’exception de la Suisse et de la Suède, neutres et ar
5139 dre en charge l’Europe occidentale, à l’exception de la Suisse et de la Suède, neutres et armées. C’est provoquer ce que l
5140 Europe occidentale, à l’exception de la Suisse et de la Suède, neutres et armées. C’est provoquer ce que l’on redoute si f
5141 rsiste à demander, pour ma part, l’union fédérale de l’Europe, seul gage sérieux de notre indépendance militaire, et par s
5142 e à demander, pour ma part, l’union fédérale de l’ Europe , seul gage sérieux de notre indépendance militaire, et par suite poli
5143 , l’union fédérale de l’Europe, seul gage sérieux de notre indépendance militaire, et par suite politique, à l’égard de l’
5144 suite politique, à l’égard de l’Ouest autant que de l’Est. Sans notre indépendance, il n’y aura pas de paix. Si vous voul
5145 e l’Est. Sans notre indépendance, il n’y aura pas de paix. Si vous voulez la paix, il faut vouloir l’Europe ! Au revoir, c
5146 e paix. Si vous voulez la paix, il faut vouloir l’ Europe  ! Au revoir, chers auditeurs, et à lundi prochain, pour ma dernière c
5147 , et à lundi prochain, pour ma dernière chronique de cette série.
81 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Dernière chronique (12 mars 1951)
5148 Demain l’ Europe  ! — Dernière chronique (12 mars 1951) Chers auditeurs, Eh bien oui,
5149 endant deux ans, je vous ai parlé à ce micro près d’ une centaine de fois, sur un sujet unique : l’Europe qu’il nous faut f
5150 , je vous ai parlé à ce micro près d’une centaine de fois, sur un sujet unique : l’Europe qu’il nous faut faire, l’Europe
5151 s d’une centaine de fois, sur un sujet unique : l’ Europe qu’il nous faut faire, l’Europe en train de se faire. Le sujet reste
5152 sujet unique : l’Europe qu’il nous faut faire, l’ Europe en train de se faire. Le sujet reste inépuisable, je n’en dirai pas a
5153 isable, je n’en dirai pas autant des possibilités d’ un chroniqueur qui circule constamment d’un bout de l’Europe à l’autre
5154 ibilités d’un chroniqueur qui circule constamment d’ un bout de l’Europe à l’autre, et ne s’arrange souvent que par miracle
5155 ’un chroniqueur qui circule constamment d’un bout de l’Europe à l’autre, et ne s’arrange souvent que par miracle pour attr
5156 hroniqueur qui circule constamment d’un bout de l’ Europe à l’autre, et ne s’arrange souvent que par miracle pour attraper au p
5157 attraper au passage un micro, soucieux qu’il est de tenir sa promesse d’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction
5158 un micro, soucieux qu’il est de tenir sa promesse d’ « au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction de voix, un retard su
5159 ’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction de voix, un retard survenu au cours d’un long voyage, comme ces derniers
5160 ne extinction de voix, un retard survenu au cours d’ un long voyage, comme ces derniers lundis, et voilà le rendez-vous man
5161 our tout, dit l’Ecclésiaste, un temps pour parler de l’Europe et un temps pour la faire dans le concret ; un temps pour po
5162 out, dit l’Ecclésiaste, un temps pour parler de l’ Europe et un temps pour la faire dans le concret ; un temps pour poser les p
5163 s pour poser les problèmes, un temps pour essayer de les résoudre. Le Centre européen de la culture, que je dirige à Genèv
5164 n de la culture, que je dirige à Genève, est l’un de ces efforts de réalisation. J’espère pouvoir bientôt revenir vous en
5165 , que je dirige à Genève, est l’un de ces efforts de réalisation. J’espère pouvoir bientôt revenir vous en parler, avec qu
5166 mais c’est une autre histoire. Puis-je vous prier de garder une oreille là-dessus ? Ce soir, en guise d’adieu ou d’au revo
5167 oreille là-dessus ? Ce soir, en guise d’adieu ou d’ au revoir, je vaudrais passer en revue les quelques idées simples qui
5168 idé mes chroniques. Et ceci me donnera l’occasion d’ une mise au point urgente sur la question de la neutralité suisse. Mon
5169 asion d’une mise au point urgente sur la question de la neutralité suisse. Mon premier thème, le plus constant et le plus
5170 le plus insistant, fut celui-ci : il faut unir l’ Europe , pour assurer la paix. Car seules nos divisions en vingt nations riva
5171 hesses, humaines et matérielles, nos 300 millions d’ habitants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe est
5172 lles, nos 300 millions d’habitants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause d’e
5173 tants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause d’elle qu’une guerre reste possi
5174 , notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’ Europe est anormale. C’est à cause d’elle qu’une guerre reste possible, mais
5175 faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause d’ elle qu’une guerre reste possible, mais d’autre part, elle serait surm
5176 t, elle serait surmontée par notre union. Faire l’ Europe , c’est donc faire la paix. De ce thème général de mes chroniques, cer
5177 union. Faire l’Europe, c’est donc faire la paix. De ce thème général de mes chroniques, certains totalitaires ont cru pou
5178 pe, c’est donc faire la paix. De ce thème général de mes chroniques, certains totalitaires ont cru pouvoir déduire que j’é
5179 viron 2 % des voix, et qu’ils traitent couramment d’ exploiteurs et de bellicistes frénétiques les 98 % qui votent contre e
5180 x, et qu’ils traitent couramment d’exploiteurs et de bellicistes frénétiques les 98 % qui votent contre eux dans notre peu
5181 e un va-t-en-guerre. Mon deuxième thème fut celui de l’opinion, la vraie, celle qui s’exprime au vote secret. Je vous ai d
5182 hommes politiques, la grande presse et les radios d’ État prétendent que tout le monde pense, sans avoir fait une enquête p
5183 fait une enquête préalable. Je vous ai dit que l’ Europe se ferait seulement par la pression de cette opinion vraie, — opinion
5184 que l’Europe se ferait seulement par la pression de cette opinion vraie, — opinion que j’ai tenté d’informer selon mes mo
5185 de cette opinion vraie, — opinion que j’ai tenté d’ informer selon mes modestes moyens, c’est-à-dire, 6 minutes par semain
5186 dans cette action. En troisième lieu, j’ai tenté d’ illustrer nos libertés réelles en Occident, celles que nous possédons
5187 celles que nous possédons en fait, comme le droit de circuler, le droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’ateli
5188 ons en fait, comme le droit de circuler, le droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit d’opposit
5189 le droit de circuler, le droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et de critique,
5190 circuler, le droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et de critique, le droit d
5191 droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’ atelier, le droit d’opposition et de critique, le droit de s’exprimer
5192 droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit d’ opposition et de critique, le droit de s’exprimer sans risquer aussitô
5193 de bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et de critique, le droit de s’exprimer sans risquer aussitôt le camp de con
5194 r, le droit d’opposition et de critique, le droit de s’exprimer sans risquer aussitôt le camp de concentration ou de réédu
5195 droit de s’exprimer sans risquer aussitôt le camp de concentration ou de rééducation. Et je n’ai pas défendu nos libertés
5196 sans risquer aussitôt le camp de concentration ou de rééducation. Et je n’ai pas défendu nos libertés parce que je les ten
5197 Mais, telles qu’elles sont, elles nous permettent de lutter librement pour les rendre meilleures, pour les étendre au plus
5198 ge des progrès à venir. Elles sont le grand atout de notre Europe. Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous
5199 ogrès à venir. Elles sont le grand atout de notre Europe . Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous reprendrons e
5200 tout de notre Europe. Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous reprendrons espoir pour l’Europe et la paix.
5201 ce trésor immense, nous reprendrons espoir pour l’ Europe et la paix. En quatrième lieu, j’ai dénoncé l’ennemi intime de notre
5202 . En quatrième lieu, j’ai dénoncé l’ennemi intime de notre union : le pessimisme européen. Et je me suis efforcé de vous m
5203 cé l’ennemi intime de notre union : le pessimisme européen . Et je me suis efforcé de vous montrer qu’en dépit de cette apathie,
5204 n : le pessimisme européen. Et je me suis efforcé de vous montrer qu’en dépit de cette apathie, héritage de la guerre ou p
5205 us montrer qu’en dépit de cette apathie, héritage de la guerre ou produit de la peur, des hommes travaillent de tous côtés
5206 e cette apathie, héritage de la guerre ou produit de la peur, des hommes travaillent de tous côtés à la fédération du cont
5207 rre ou produit de la peur, des hommes travaillent de tous côtés à la fédération du continent, et non seulement par la paro
5208 a parole et par l’écrit, mais par toute une série d’ actions pratiques ; non seulement par le Parlement de Strasbourg et pa
5209 ctions pratiques ; non seulement par le Parlement de Strasbourg et par des publications multipliées, mais par le moyen du
5210 multipliées, mais par le moyen du plan Schumann, de l’Union des paiements, du plan Pleven, du Plan vert pour l’agricultur
5211 Plan vert pour l’agriculture, du Centre culturel de Genève, du Laboratoire européen de physique nucléaire, ou encore d’un
5212 ure, du Centre culturel de Genève, du Laboratoire européen de physique nucléaire, ou encore d’une récente Union européenne du ci
5213 entre culturel de Genève, du Laboratoire européen de physique nucléaire, ou encore d’une récente Union européenne du ciném
5214 ratoire européen de physique nucléaire, ou encore d’ une récente Union européenne du cinéma. Je me suis gardé comme du feu
5215 physique nucléaire, ou encore d’une récente Union européenne du cinéma. Je me suis gardé comme du feu des procédés de la propagand
5216 inéma. Je me suis gardé comme du feu des procédés de la propagande moderne. La propagande cherche à priver les hommes de l
5217 oderne. La propagande cherche à priver les hommes de leur libre examen, de leur esprit critique. J’ai cherché, au contrair
5218 cherche à priver les hommes de leur libre examen, de leur esprit critique. J’ai cherché, au contraire, à vous mettre en pr
5219 yers, tous seuls ou en famille. Cette familiarité de la radio est précieuse. Si le chroniqueur l’a comprise, il doit s’int
5220 doit s’interdire l’éloquence et parler simplement d’ homme à homme. C’est le contraire de la propagande et des hurlements h
5221 er simplement d’homme à homme. C’est le contraire de la propagande et des hurlements hitlériens. Enfin, j’ai soulevé plusi
5222 soulevé plusieurs fois le problème des relations de la Suisse avec le Conseil de l’Europe. Problème à coup sûr délicat, p
5223 icat, puisqu’il se trouve lié, pour nous, à celui de la neutralité. Aussi bien ne l’ai-je pas tranché, quoi qu’on en dise.
5224 me en trois phrases mes arguments : 1. L’adhésion de la Suisse neutre au Conseil de l’Europe, si elle se révélait possible
5225 lle se révélait possible, présenterait l’avantage d’ accentuer le caractère pacifique de l’institution de Strasbourg. 2. La
5226 ait l’avantage d’accentuer le caractère pacifique de l’institution de Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle de la Su
5227 accentuer le caractère pacifique de l’institution de Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle de la Suisse n’est pas co
5228 on de Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle de la Suisse n’est pas comprise par les Américains, n’est pas crue par l
5229 par les Russes, et ne dépend plus, comme naguère, de l’équilibre européen : elle est donc en fait discutée à l’étranger. 3
5230 et ne dépend plus, comme naguère, de l’équilibre européen  : elle est donc en fait discutée à l’étranger. 3. Si nous voulons mai
5231 er avec des arguments solides et actuels. Refuser d’ en parler n’est pas un argument. L’argument de l’autruche n’a rien de
5232 ser d’en parler n’est pas un argument. L’argument de l’autruche n’a rien de patriotique. Je demandais donc l’ouverture d’u
5233 as un argument. L’argument de l’autruche n’a rien de patriotique. Je demandais donc l’ouverture d’un débat. Un point, c’es
5234 ien de patriotique. Je demandais donc l’ouverture d’ un débat. Un point, c’est tout. Sur quoi, aux deux extrêmes de l’opini
5235 Un point, c’est tout. Sur quoi, aux deux extrêmes de l’opinion publique, ce fut un beau tollé, puis un étrange accord de c
5236 que, ce fut un beau tollé, puis un étrange accord de cris d’indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce
5237 fut un beau tollé, puis un étrange accord de cris d’ indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce que j’av
5238 range accord de cris d’indignation ! Un me traita d’ ennemi de notre neutralité parce que j’avais demandé qu’on en revoie l
5239 ord de cris d’indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce que j’avais demandé qu’on en revoie les bases.
5240 is demandé qu’on en revoie les bases. Et beaucoup d’ auditeurs m’invitèrent à me défendre. Mais devant de micro, je dois me
5241 auditeurs m’invitèrent à me défendre. Mais devant de micro, je dois me limiter à cette très simple mise au point. Je ne pu
5242 erait injuste, car la radio atteint des centaines de milliers d’auditeurs, qui pratiquement ne peuvent pas lire les articl
5243 e, car la radio atteint des centaines de milliers d’ auditeurs, qui pratiquement ne peuvent pas lire les articles des journ
5244 e les articles des journaux en question. Le texte de mes émissions a paru dans deux périodiques suisses, en allemand et en
5245 hacun peut donc s’y reporter. Aux attaques venues de la droite, j’opposerai la brochure récente d’un conservateur catholiq
5246 ues de la droite, j’opposerai la brochure récente d’ un conservateur catholique, Gonzague de Reynold, qui se trouve souteni
5247 aques des totalitaires, je n’opposerai que le mot d’ un de mes amis : je suis un libéral, dit-il, donc toujours prêt à disc
5248 des totalitaires, je n’opposerai que le mot d’un de mes amis : je suis un libéral, dit-il, donc toujours prêt à discuter
5249 ne. Chers auditeurs, il me reste à vous remercier de votre fidélité à l’écoute pendant deux ans, des innombrables messages
5250 s messages que vous m’avez envoyés, non seulement de Suisse, mais de presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Ba
5251 ous m’avez envoyés, non seulement de Suisse, mais de presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cher
5252 eulement de Suisse, mais de presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du f
5253 ent de Suisse, mais de presque tous les pays de l’ Europe , de Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’
5254 uisse, mais de presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’Afri
5255 les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’Afrique. Messages de sympathie
5256 à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’Afrique. Messages de sympathie pour la cause que je défends, qui n’
5257 urg à Brindisi, et du fond de l’Afrique. Messages de sympathie pour la cause que je défends, qui n’est pas une cause polit
5258 au sens étroit du mot, qui n’est pas une affaire de partis, de confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civi
5259 roit du mot, qui n’est pas une affaire de partis, de confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civilisation et
5260 n’est pas une affaire de partis, de confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civilisation et de sa grande pat
5261 e confession ou de nations, mais qui est la cause d’ une civilisation et de sa grande patrie continentale, la cause même de
5262 ions, mais qui est la cause d’une civilisation et de sa grande patrie continentale, la cause même de la paix, et de sa con
5263 t de sa grande patrie continentale, la cause même de la paix, et de sa condition première : la liberté. Si mes chroniques,
5264 patrie continentale, la cause même de la paix, et de sa condition première : la liberté. Si mes chroniques, pendant deux a
5265 mes chroniques, pendant deux ans, n’ont rien fait d’ autre que de poser pour vous le problème de l’Europe et de son union n
5266 es, pendant deux ans, n’ont rien fait d’autre que de poser pour vous le problème de l’Europe et de son union nécessaire, c
5267 n fait d’autre que de poser pour vous le problème de l’Europe et de son union nécessaire, c’est assez, vous jugerez, vous
5268 t d’autre que de poser pour vous le problème de l’ Europe et de son union nécessaire, c’est assez, vous jugerez, vous agirez vo
5269 que de poser pour vous le problème de l’Europe et de son union nécessaire, c’est assez, vous jugerez, vous agirez vous-mêm