1
Demain l’
Europe
! — L’Europe en marche (21 février 1949)a Chaque semaine, à cette
2
Demain l’Europe ! — L’
Europe
en marche (21 février 1949)a Chaque semaine, à cette même heure, a
3
ure, au moment où vous venez de tourner le bouton
de
votre radio pour être sûrs de ne pas manquer « les nouvelles » et les
4
e tourner le bouton de votre radio pour être sûrs
de
ne pas manquer « les nouvelles » et les prévisions du temps valables
5
à demain à midi, chaque lundi soir, je me propose
de
commenter pour vous en cinq minutes une grande nouvelle, une seule, e
6
ande nouvelle, une seule, et qui est celle-ci : L’
Europe
est en train de se faire. Et j’ajouterai bien sûr, mes prévisions du
7
j’ajouterai bien sûr, mes prévisions du temps, —
de
notre temps, valables jusqu’au jour où sera proclamée la fédération d
8
les jusqu’au jour où sera proclamée la fédération
de
l’Europe. Cinq minutes, c’est bien peu pour un si grand sujet : j’ess
9
usqu’au jour où sera proclamée la fédération de l’
Europe
. Cinq minutes, c’est bien peu pour un si grand sujet : j’essaierai d’
10
est bien peu pour un si grand sujet : j’essaierai
d’
être simple et direct, d’aller tout droit à l’essentiel, et je commenc
11
rand sujet : j’essaierai d’être simple et direct,
d’
aller tout droit à l’essentiel, et je commence : Un événement capital
12
’entre vous l’ignorent. C’est qu’il est difficile
de
voir les grands événements de l’histoire quand ils se passent et se c
13
qu’il est difficile de voir les grands événements
de
l’histoire quand ils se passent et se composent autour de nous, de jo
14
nd ils se passent et se composent autour de nous,
de
jour en jour. Vous savez que depuis deux ans, des groupes et des asso
15
depuis deux ans, des groupes et des associations
de
toute espèce travaillent pour fédérer les peuples d’Europe. De temps
16
toute espèce travaillent pour fédérer les peuples
d’
Europe. De temps en temps, la presse et la radio vous donnent un aperç
17
ute espèce travaillent pour fédérer les peuples d’
Europe
. De temps en temps, la presse et la radio vous donnent un aperçu de l
18
mps, la presse et la radio vous donnent un aperçu
de
leurs congrès. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que l’action
19
e vous ne savez peut-être pas, c’est que l’action
de
tous ces groupes (loin de se borner à des parlottes comme beaucoup le
20
le serment des Trois Suisses, ou la constitution
de
notre État il y a cent ans. Le premier de ces résultats portera vrais
21
itution de notre État il y a cent ans. Le premier
de
ces résultats portera vraisemblablement la date de notre année 1949.
22
e ces résultats portera vraisemblablement la date
de
notre année 1949. Et ce sera la convocation d’un parlement consultati
23
te de notre année 1949. Et ce sera la convocation
d’
un parlement consultatif de l’Europe, dont le principe vient d’être ad
24
ce sera la convocation d’un parlement consultatif
de
l’Europe, dont le principe vient d’être admis par les gouvernements d
25
ra la convocation d’un parlement consultatif de l’
Europe
, dont le principe vient d’être admis par les gouvernements du groupe
26
t consultatif de l’Europe, dont le principe vient
d’
être admis par les gouvernements du groupe des Cinq, et sera proposé d
27
q, et sera proposé demain à tous les États libres
de
l’Europe. Un autre jour, je commenterai cette décision sans précédent
28
sera proposé demain à tous les États libres de l’
Europe
. Un autre jour, je commenterai cette décision sans précédent dans not
29
simplement vous dire en quelques mots, pourquoi l’
Europe
se fait, pourquoi nous devons tous vouloir la confédération européenn
30
ourquoi nous devons tous vouloir la confédération
européenne
. Voici la situation, dans ses grandes lignesb. La guerre a eu pour
31
séquences principales, d’une part, l’affaissement
de
l’Europe, d’autre part, le surgissement de la Russie et de l’Amérique
32
nces principales, d’une part, l’affaissement de l’
Europe
, d’autre part, le surgissement de la Russie et de l’Amérique. Ces deu
33
sement de l’Europe, d’autre part, le surgissement
de
la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’obse
34
pe, d’autre part, le surgissement de la Russie et
de
l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’observer, par-dessus
35
server, par-dessus nos têtes. Ils n’ont pas envie
de
se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l
36
rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour
de
la paix. Mais l’Amérique prouve son impérialisme en libérant les Phil
37
lisme en libérant les Philippines, et en aidant l’
Europe
à relever ses ruines, tandis que l’URSS prouve son pacifisme en attaq
38
est que les deux Grands proclament leur intention
de
paix d’une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et
39
les deux Grands proclament leur intention de paix
d’
une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale
40
contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher
de
penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela
41
er au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’
Europe
. Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divis
42
, c’est-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’
Europe
n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nat
43
is l’Europe n’est plus une puissance, parce que l’
Europe
est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille
44
é par les deux grands empires. Et non seulement l’
Europe
n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune de
45
cune des nations qui la composent se voit menacée
d’
annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux em
46
composent se voit menacée d’annexion politique ou
de
colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent l
47
fondamental, et que personne ne peut nier : Aucun
de
nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
48
s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
de
son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
49
à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun
de
nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
50
omie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer
de
ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continue
51
usions que l’on doit tirer de ce double fait sont
d’
une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1
52
tinuent comme elles vont : 1° Les différents pays
de
l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La
53
nt comme elles vont : 1° Les différents pays de l’
Europe
seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question
54
n vont fatalement vers une guerre qui risque bien
d’
être la dernière. Parce qu’elle laissera peu de monde pour en faire un
55
aussi tout cela nous conduit, avec la force même
de
l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver
56
et unique solution. Si nous voulons sauver chacun
de
nos pays, il nous faut commencer par les unir ; et si nous voulons sa
57
lons sauver la paix, il nous faut d’abord faire l’
Europe
, c’est-à-dire la troisième puissance, qui serait capable d’exiger la
58
à-dire la troisième puissance, qui serait capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Si vous pensez que
59
e puissance, qui serait capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Si vous pensez que l’Europe, même un
60
venter pour les deux autres. Si vous pensez que l’
Europe
, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les deux
61
vous rappellerai un seul chiffre : la population
de
l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
62
rappellerai un seul chiffre : la population de l’
Europe
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 milli
63
de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau
de
fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Am
64
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est
d’
environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et a
65
t tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions
d’
habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il
66
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent
de
porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
67
s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids
d’
un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre
68
leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure
d’
agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. V
69
ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
de
faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Voilà don
70
mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et
de
sauver la paix du monde. Voilà donc le grand but défini : la paix du
71
du monde. Et voilà l’instrument désigné : l’union
de
l’Europe. Je suppose que sur ces deux points, théoriquement, tout le
72
nde. Et voilà l’instrument désigné : l’union de l’
Europe
. Je suppose que sur ces deux points, théoriquement, tout le monde ser
73
pas même les staliniens (ces derniers défenseurs
de
la souveraineté nationale absolue) — personne n’ose dire : « Je veux
74
le absolue) — personne n’ose dire : « Je veux une
Europe
désunie ! Je veux que nos pays s’effondrent un à un, en toute souvera
75
ionale, qu’ils se cantonnent dans le double refus
de
l’Amérique et de la Russie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, cel
76
cantonnent dans le double refus de l’Amérique et
de
la Russie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’Europe, j
77
ssie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui
de
l’Europe, jusqu’à ce qu’ils soient dûment ruinés, annexés et colonisé
78
qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’
Europe
, jusqu’à ce qu’ils soient dûment ruinés, annexés et colonisés. » Pers
79
faire en temps utile, pour que la solution sorte
de
l’utopie ? La paix, l’Europe unie, d’accord, c’est un beau rêve. En a
80
ur que la solution sorte de l’utopie ? La paix, l’
Europe
unie, d’accord, c’est un beau rêve. En attendant, c’est plutôt un cau
81
s le Pacifique. Nous en sommes là… Il s’agit donc
de
répondre très vite à cette double question, la seule sérieuse : qu’a-
82
érieuse : qu’a-t-on fait jusqu’ici pour fédérer l’
Europe
? qu’avons-nous le temps de faire encore, — avec quelles forces ? J
83
ci pour fédérer l’Europe ? qu’avons-nous le temps
de
faire encore, — avec quelles forces ? Je vous dirai, chaque lundi s
84
les hommes qui luttent pour elle, et j’essaierai
de
vous faire participer aux péripéties de plus en plus rapides de cette
85
participer aux péripéties de plus en plus rapides
de
cette grande aventure du xx e siècle. Et voici mes prévisions valable
86
le étape vers l’union sera franchie. Les délégués
de
19 pays poseront les bases d’une action concertée de tous les grands
87
nchie. Les délégués de 19 pays poseront les bases
d’
une action concertée de tous les grands mouvements qui militent pour l
88
19 pays poseront les bases d’une action concertée
de
tous les grands mouvements qui militent pour l’Europe fédérale. Je vo
89
de tous les grands mouvements qui militent pour l’
Europe
fédérale. Je vous donne rendez-vous à Bruxelles. a. Première chroni
90
949. L’auteur note un titre alternatif : « Vers l’
Europe
fédérée ». b. Ici, l’auteur renvoie aux pages d’un tapuscrit intitul
91
pe fédérée ». b. Ici, l’auteur renvoie aux pages
d’
un tapuscrit intitulé L’Europe en jeu (à distinguer du volume publié e
92
uteur renvoie aux pages d’un tapuscrit intitulé L’
Europe
en jeu (à distinguer du volume publié en 1948 sous le même titre), do
93
vues à la même époque : par exemple, « Pourquoi l’
Europe
» (25 décembre 1948) ou « Commencer par l’Europe » (février 1949)
94
’Europe » (25 décembre 1948) ou « Commencer par l’
Europe
» (février 1949)
95
Demain l’
Europe
! — Le Conseil international du Mouvement européenc (25 février 1949)
96
25 février 1949)d Bruxelles a pavoisé au signe
de
l’Europe : sur toutes les places et les palais des drapeaux flottent,
97
vrier 1949)d Bruxelles a pavoisé au signe de l’
Europe
: sur toutes les places et les palais des drapeaux flottent, portant
98
aux flottent, portant la grande lettre E — E pour
Europe
— couleur d’émeraude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond de
99
tant la grande lettre E — E pour Europe — couleur
d’
émeraude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond de paix. C’est q
100
rope — couleur d’émeraude sur fond blanc, couleur
d’
espérance sur fond de paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement europ
101
aude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond
de
paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement européen réunit pour la pr
102
ond de paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement
européen
réunit pour la première fois son conseil international. Vous allez di
103
paraison peut nous donner à réfléchir. Car chacun
de
nos congrès européens est une bataille, un bombardement de l’opinion
104
ous donner à réfléchir. Car chacun de nos congrès
européens
est une bataille, un bombardement de l’opinion — pour faire la paix.
105
ngrès européens est une bataille, un bombardement
de
l’opinion — pour faire la paix. Une bataille contre l’inertie, le sce
106
nne ne se dresse avec passion pour affirmer que l’
Europe
fédérée non seulement doit mais peut fonder la paix. De quoi s’agit-i
107
érée non seulement doit mais peut fonder la paix.
De
quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès de l’Europe à La Haye, nous é
108
paix. De quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès
de
l’Europe à La Haye, nous étions 800 délégués représentant une quantit
109
. De quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès de l’
Europe
à La Haye, nous étions 800 délégués représentant une quantité de mouv
110
ous étions 800 délégués représentant une quantité
de
mouvements sans liens solides. C’était une première tentative pour fa
111
ive pour faire entendre au monde entier « la voix
de
l’Europe ». Vous savez quel fut son succès : l’idée de Parlement euro
112
our faire entendre au monde entier « la voix de l’
Europe
». Vous savez quel fut son succès : l’idée de Parlement européen en e
113
Europe ». Vous savez quel fut son succès : l’idée
de
Parlement européen en est sortie, elle est en voie de réalisation. De
114
s savez quel fut son succès : l’idée de Parlement
européen
en est sortie, elle est en voie de réalisation. Depuis lors, nous avo
115
arlement européen en est sortie, elle est en voie
de
réalisation. Depuis lors, nous avons travaillé à fédérer tous nos mou
116
, l’opinion chuchotée d’autres pays… Dans toute l’
Europe
, nous avons constitué des conseils nationaux du Mouvement. Et chacun
117
ent. Et chacun a délégué aujourd’hui quelques-uns
de
ses membres à Bruxelles : neuf pour les grands pays, quatre pour les
118
nformément à la coutume fédéraliste. Ces délégués
de
22 peuples, auxquels s’ajoute le comité exécutif, viennent de se rass
119
e se rassembler, cet après-midi même, sous le nom
de
Conseil international du Mouvement européen. C’est donc d’un conseil
120
sous le nom de Conseil international du Mouvement
européen
. C’est donc d’un conseil qu’il s’agit, et non plus d’un congrès comme
121
l international du Mouvement européen. C’est donc
d’
un conseil qu’il s’agit, et non plus d’un congrès comme les autres, d’
122
C’est donc d’un conseil qu’il s’agit, et non plus
d’
un congrès comme les autres, d’un conseil beaucoup plus restreint — no
123
’agit, et non plus d’un congrès comme les autres,
d’
un conseil beaucoup plus restreint — nous ne sommes que 30 délégués —
124
us restreint — nous ne sommes que 30 délégués — ,
d’
un conseil qui sera désormais l’organe officiel d’un Mouvement bien so
125
d’un conseil qui sera désormais l’organe officiel
d’
un Mouvement bien solidement articulé, prêt à l’action. Quelles sont l
126
quatre présidents que s’est donné notre Mouvement
européen
: Winston Churchill, Léon Blum, Paul-Henri Spaak, Alcide de Gasperi.
127
ui est surtout Paul-Henri Spaak — le nouveau type
de
l’homme d’État européen, le réaliste qu’il fallait pour défendre notr
128
l-Henri Spaak — le nouveau type de l’homme d’État
européen
, le réaliste qu’il fallait pour défendre notre idéal. Vous allez ente
129
e Premier [ministre] belge a inauguré les travaux
de
notre conseil. c. Titre rajouté par nous pour cette édition numériq
130
Demain l’
Europe
! — L’Assemblée européennee (27 février 1949)f Je vous disais vend
131
ir, en introduisant par quelques mots cette série
d’
émissions sur la première session du Conseil international à Bruxelles
132
international à Bruxelles, je vous disais : c’est
d’
un conseil et non pas d’un congrès qu’il s’agit. On l’a bien vu et bie
133
s, je vous disais : c’est d’un conseil et non pas
d’
un congrès qu’il s’agit. On l’a bien vu et bien senti lors de la séanc
134
ésence sur la tribune, à la table présidentielle,
d’
un groupe d’hommes politiques qu’on ne pourrait voir nulle part ailleu
135
a tribune, à la table présidentielle, d’un groupe
d’
hommes politiques qu’on ne pourrait voir nulle part ailleurs ensemble,
136
r nulle part ailleurs ensemble, le seul spectacle
de
M. van Zeeland assis entre les socialistes Marceau Pivert et André Ph
137
e les socialistes Marceau Pivert et André Philip,
de
M. Churchill assis entre les socialistes Spaak et Guy Mollet, donnait
138
travailler et pour organiser, et que les discours
de
circonstance se réduisaient volontairement à la plus grande sobriété.
139
ain, le ton changea, au sein des deux commissions
de
travail. Je n’ai pu suivre les débats de la commission juridique, cha
140
missions de travail. Je n’ai pu suivre les débats
de
la commission juridique, chargée d’élaborer le grand projet d’une Cou
141
re les débats de la commission juridique, chargée
d’
élaborer le grand projet d’une Cour suprême européenne pour la défense
142
ion juridique, chargée d’élaborer le grand projet
d’
une Cour suprême européenne pour la défense des droits de la personne.
143
gée d’élaborer le grand projet d’une Cour suprême
européenne
pour la défense des droits de la personne. Je vous dirai, lundi proch
144
our suprême européenne pour la défense des droits
de
la personne. Je vous dirai, lundi prochain, les résultats de ses trav
145
nne. Je vous dirai, lundi prochain, les résultats
de
ses travaux. Mais j’ai été frappé par la haute tenue des débats de la
146
ais j’ai été frappé par la haute tenue des débats
de
la commission politique chargée de rédiger les principes généraux d’u
147
nue des débats de la commission politique chargée
de
rédiger les principes généraux d’une politique européenne, la doctrin
148
litique chargée de rédiger les principes généraux
d’
une politique européenne, la doctrine politique commune aux tendances
149
de rédiger les principes généraux d’une politique
européenne
, la doctrine politique commune aux tendances si diverses réunies à Br
150
tradictions passionnées et parfois dramatiques. L’
Europe
, c’est un dialogue, je le répète bien souvent, je ne l’avais jamais m
151
nt que le concert des voix qui deviennent la voix
de
l’Europe. Hier, nos débats se sont portés sur la question de l’Assemb
152
e le concert des voix qui deviennent la voix de l’
Europe
. Hier, nos débats se sont portés sur la question de l’Assemblée europ
153
. Hier, nos débats se sont portés sur la question
de
l’Assemblée européenne. Comme l’ont souligné tour à tour M. Spaak et
154
ats se sont portés sur la question de l’Assemblée
européenne
. Comme l’ont souligné tour à tour M. Spaak et M. Churchill — et je ci
155
t M. Churchill — et je cite ce dernier : « l’idée
d’
une Assemblée consultative européenne est devenue la politique adoptée
156
e dernier : « l’idée d’une Assemblée consultative
européenne
est devenue la politique adoptée par presque tous les gouvernements d
157
itique adoptée par presque tous les gouvernements
de
l’Europe occidentale ». Il s’agit maintenant d’exploiter ce premier g
158
e adoptée par presque tous les gouvernements de l’
Europe
occidentale ». Il s’agit maintenant d’exploiter ce premier grand succ
159
s de l’Europe occidentale ». Il s’agit maintenant
d’
exploiter ce premier grand succès de notre mouvement. Il s’agit mainte
160
it maintenant d’exploiter ce premier grand succès
de
notre mouvement. Il s’agit maintenant pour nous de peser sur les déci
161
e notre mouvement. Il s’agit maintenant pour nous
de
peser sur les décisions imminentes des ministères et des parlements.
162
ulons qu’elle soit dès le départ un grand symbole
de
l’unité confédérale pour laquelle nous luttons. Nous voulons que la v
163
ficiels. Nous voulons, en un mot, que l’Assemblée
européenne
ne soit pas une demi-mesure, mais l’éclatante démonstration qu’une èr
164
nte démonstration qu’une ère nouvelle s’ouvre à l’
Europe
, à tout le peuple européen. Ce n’est pas sans une joie profonde que,
165
ère nouvelle s’ouvre à l’Europe, à tout le peuple
européen
. Ce n’est pas sans une joie profonde que, nous autres fédéralistes, v
166
autres fédéralistes, voyons nos thèses progresser
de
jour en jour au sein du Conseil de Bruxelles. Ce que nous sommes en t
167
ses progresser de jour en jour au sein du Conseil
de
Bruxelles. Ce que nous sommes en train d’obtenir peut se résumer en t
168
de l’Assemblée, des forces vives, non politiques,
de
nos pays, siégeant sur pied d’égalité avec les délégués des parlement
169
s, non politiques, de nos pays, siégeant sur pied
d’
égalité avec les délégués des parlements. 2. Nous proposons que des si
170
proposons que des sièges soient réservés aux pays
de
l’Est, sièges vides pour le moment, — mais ce vide muet parlera mieux
171
de muet parlera mieux que des discours, mieux que
de
vaines protestations verbales, ce vide sera le symbole éloquent non s
172
s, ce vide sera le symbole éloquent non seulement
de
notre sympathie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’Europe
173
le éloquent non seulement de notre sympathie mais
de
notre espoir, car nous luttons pour l’Europe intégrale, et cela veut
174
hie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’
Europe
intégrale, et cela veut dire que jamais nous n’abandonnerons à leur s
175
ion sur les gouvernements se double immédiatement
d’
une grande campagne populaire dans toute l’Europe, afin que les masses
176
ment d’une grande campagne populaire dans toute l’
Europe
, afin que les masses soient associées à nos efforts, et les portent a
177
associées à nos efforts, et les portent au sommet
d’
un élan unanime. Si nous gagnons sur ces trois points — et nous sommes
178
ur ces trois points — et nous sommes en bon train
de
gagner — , nous pourrons répéter ces mots que Churchill prononça d’un
179
pourrons répéter ces mots que Churchill prononça
d’
une voix tonitruante — et en français — à la fin de son premier discou
180
’une voix tonitruante — et en français — à la fin
de
son premier discours : « Alors, ça ira ! » Pour terminer, je vous don
181
plénière, notre conseil s’est donné un président
de
séance pour une année sur la personne de Léon Jouhaux, le grand chef
182
résident de séance pour une année sur la personne
de
Léon Jouhaux, le grand chef syndicaliste français. Et d’autre part, M
183
M. André Philip, ancien ministre des Finances et
de
l’Économie, a été élu délégué général du Mouvement européen. Voici en
184
’Économie, a été élu délégué général du Mouvement
européen
. Voici encore mes prévisions du temps valables jusqu’à lundi prochain
185
u temps valables jusqu’à lundi prochain : la zone
de
haute pression fédéraliste dont le centre se situe actuellement à Bru
186
ent à Bruxelles va s’étendre rapidement à toute l’
Europe
, jusqu’à la Grèce au Sud et la Suède au Nord, non sans provoquer à l’
187
n passant, quelques légères ondulations du rideau
de
fer. Au revoir, à lundi prochain ! e. Titre rajouté par nous pour c
188
n numérique. f. Émission retransmise directement
de
Bruxelles.
189
Demain l’
Europe
! — « La paix, la paix ! »g (7 mars 1949) Je vous disais, il y a 15
190
s, il y a 15 jours : « Pourquoi faut-il fédérer l’
Europe
, et très vite ? » Et je répondais : parce qu’il n’y a pas d’autre moy
191
vite ? » Et je répondais : parce qu’il n’y a pas
d’
autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays
192
: parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable
d’
empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays, c’est en effet créer la
193
, c’est en effet créer la seule puissance capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Là-dessus, je pars
194
réer la seule puissance capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Là-dessus, je pars pour Bruxelles, a
195
je pars pour Bruxelles, au Conseil international
de
notre Mouvement européen. Et nous nous sommes mis au travail pour fai
196
lles, au Conseil international de notre Mouvement
européen
. Et nous nous sommes mis au travail pour faire l’Europe, pour faire l
197
. Et nous nous sommes mis au travail pour faire l’
Europe
, pour faire la paix. Et dimanche dernier, interrompant nos travaux pe
198
t l’après-midi, nous avons convoqué la population
de
Bruxelles sur la place de la Bourse, car nous voulions crier aux mass
199
convoqué la population de Bruxelles sur la place
de
la Bourse, car nous voulions crier aux masses, sur tous les tons, et
200
avec nous, travaillons tous ensemble à fédérer l’
Europe
, pour assurer la paix. » Mais voici qu’à chaque fois qu’un de nos ora
201
urer la paix. » Mais voici qu’à chaque fois qu’un
de
nos orateurs s’avançait devant le micro, quelques groupes dans la fou
202
dans la foule se mettaient à hurler, et tâchaient
de
couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler de la paix, et ils cr
203
e couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler
de
la paix, et ils criaient : « La paix, la paix » pour nous empêcher d’
204
riaient : « La paix, la paix » pour nous empêcher
d’
en parler. C’est ainsi que pendant deux heures s’est poursuivi dans le
205
t poursuivi dans le tumulte un véritable dialogue
de
sourds. — Tu veux la paix ? criait l’un. — Non, je veux la paix ! hur
206
guerre ! Je ne voudrais pas exagérer l’importance
de
ces incidents. En vérité, ils n’ont servi qu’à la publicité de nos tr
207
nts. En vérité, ils n’ont servi qu’à la publicité
de
nos travaux, dont ils n’ont pas troublé le cours ni modifié les résul
208
modifié les résultats. Mais derrière ce dialogue
de
sourds, ou plutôt derrière ce qui pouvait paraître une histoire de fo
209
tôt derrière ce qui pouvait paraître une histoire
de
fous, il y a quelque chose de sérieux, et même de grave. Il y a la gr
210
raître une histoire de fous, il y a quelque chose
de
sérieux, et même de grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe.
211
de fous, il y a quelque chose de sérieux, et même
de
grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe. Il y a ce fait que
212
ieux, et même de grave. Il y a la grande tragédie
de
notre Europe. Il y a ce fait que plus personne ne croit, ou ne peut c
213
même de grave. Il y a la grande tragédie de notre
Europe
. Il y a ce fait que plus personne ne croit, ou ne peut croire, dans n
214
personne ne croit, ou ne peut croire, dans notre
Europe
, à la bonne foi de l’adversaire. Quand on en est arrivé là — quand ch
215
ne peut croire, dans notre Europe, à la bonne foi
de
l’adversaire. Quand on en est arrivé là — quand chacun crie : la paix
216
: la guerre — , alors, il n’y a plus qu’un moyen
d’
en sortir (si vraiment on refuse la guerre), c’est de cesser de crier
217
n sortir (si vraiment on refuse la guerre), c’est
de
cesser de crier et de parler tranquillement. Justement j’ai la chance
218
si vraiment on refuse la guerre), c’est de cesser
de
crier et de parler tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir,
219
on refuse la guerre), c’est de cesser de crier et
de
parler tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir, de pouvoir v
220
tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir,
de
pouvoir vous parler tranquillement sans être interrompu par des cris
221
tranquillement sans être interrompu par des cris
d’
animaux. Je serais donc criminel de ne pas en profiter et de ne pas te
222
u par des cris d’animaux. Je serais donc criminel
de
ne pas en profiter et de ne pas tenter l’impossible pour pacifier ce
223
Je serais donc criminel de ne pas en profiter et
de
ne pas tenter l’impossible pour pacifier ce débat sur la paix, pour e
224
pour en examiner les arguments sans aucun esprit
de
polémique ou de propagande haineuse et partisane. Je voudrais donc ex
225
r les arguments sans aucun esprit de polémique ou
de
propagande haineuse et partisane. Je voudrais donc expliquer tranquil
226
essant à la bonne foi des communistes, pourquoi l’
Europe
unie veut dire la paix pour tous, et ne veut pas dire la guerre, cont
227
s le monde divisé en deux camps, et nous voyons l’
Europe
menacée de ruine totale par la guerre entre ces deux camps. Géographi
228
sé en deux camps, et nous voyons l’Europe menacée
de
ruine totale par la guerre entre ces deux camps. Géographiquement, no
229
is c’est un fait aussi que l’immense majorité des
Européens
refuse la guerre. L’immense majorité des Européens se demande avec un
230
uropéens refuse la guerre. L’immense majorité des
Européens
se demande avec une angoisse grandissante : « Que pouvons-nous faire
231
simple : nous ne pouvons rien faire, dans l’état
de
division où nous sommes. Il faut donc nous unir pour nous mettre en m
232
Il faut donc nous unir pour nous mettre en mesure
de
nous opposer à la guerre. Tout le monde devrait être d’accord là-dess
233
d’accord, sauf les communistes… car la fédération
de
l’Europe, à les en croire, ne serait qu’une machine d’agression monté
234
ord, sauf les communistes… car la fédération de l’
Europe
, à les en croire, ne serait qu’une machine d’agression montée par les
235
Europe, à les en croire, ne serait qu’une machine
d’
agression montée par les Américains contre l’URSS. Qu’avons-nous à rép
236
s avons à répondre deux choses : 1. La fédération
de
l’Europe peut seule garantir notre indépendance réelle à l’égard des
237
ns à répondre deux choses : 1. La fédération de l’
Europe
peut seule garantir notre indépendance réelle à l’égard des États-Uni
238
s pas nous fédérer librement, bâtir librement une
Europe
solide et prospère, c’est alors que nous serons contraints de confier
239
prospère, c’est alors que nous serons contraints
de
confier notre défense aux Américains et de nous mettre en tutelle les
240
raints de confier notre défense aux Américains et
de
nous mettre en tutelle les uns après les autres. Faute d’une fédérati
241
mettre en tutelle les uns après les autres. Faute
d’
une fédération librement constituée, nous n’aurons plus qu’une solutio
242
possible : signer le pacte militaire, nommé pacte
de
l’Atlantique. Et ce pacte, prenons-y garde, pour peu qu’il y entre un
243
renons-y garde, pour peu qu’il y entre une clause
d’
assistance mutuelle automatique, ce pacte dit de l’Atlantique pourrait
244
e d’assistance mutuelle automatique, ce pacte dit
de
l’Atlantique pourrait fort bien nous entraîner un jour à une guerre d
245
er un jour à une guerre dans le Pacifique… 2. Une
Europe
unie, qui pourrait être alors — mais alors seulement — indépendante v
246
ors mener sa politique comme elle l’entend, cette
Europe
-là cesserait d’être une menace pour la Russie, et deviendrait au cont
247
ue comme elle l’entend, cette Europe-là cesserait
d’
être une menace pour la Russie, et deviendrait au contraire une vaste
248
ussie, et deviendrait au contraire une vaste zone
de
sécurité à l’ouest des terres soviétiques. Il est bien évident que ce
249
terres soviétiques. Il est bien évident que cette
Europe
, occupée à se fédérer, n’aurait aucune raison d’attaquer la Russie, p
250
ope, occupée à se fédérer, n’aurait aucune raison
d’
attaquer la Russie, pourvu que celle-ci la laisse en paix, et ne préte
251
x raisons que je viens de dire, que la fédération
européenne
serait dans l’intérêt du monde entier, et donc aussi dans l’intérêt d
252
rêt du monde entier, et donc aussi dans l’intérêt
de
la Russie, puisque celle-ci déclare qu’elle veut la paix et qu’elle n
253
oivent souhaiter avec nous l’établissement rapide
d’
une fédération européenne, qui serait la garantie de notre indépendanc
254
avec nous l’établissement rapide d’une fédération
européenne
, qui serait la garantie de notre indépendance. Si toutefois ils persi
255
une fédération européenne, qui serait la garantie
de
notre indépendance. Si toutefois ils persistent à mettre en doute nos
256
tre en doute nos intentions, nous serons en droit
de
leur demander : quelle autre solution nous offrez-vous, qui soit immé
257
erre ? L’heure est venue de parler clairement, et
de
cesser de crier : la paix, la paix ! sur un ton de défi, comme on déc
258
eure est venue de parler clairement, et de cesser
de
crier : la paix, la paix ! sur un ton de défi, comme on déclare la gu
259
e cesser de crier : la paix, la paix ! sur un ton
de
défi, comme on déclare la guerre. Et je me tourne aussi vers la Suiss
260
mais non pas isolationniste, elle doit vouloir l’
Europe
indépendante, l’Europe sans pactes militaires, c’est-à-dire l’Europe
261
niste, elle doit vouloir l’Europe indépendante, l’
Europe
sans pactes militaires, c’est-à-dire l’Europe fédérée. Qu’elle prenne
262
, l’Europe sans pactes militaires, c’est-à-dire l’
Europe
fédérée. Qu’elle prenne donc ses responsabilités, pendant qu’il en es
263
ires sur l’Atlantique, mais du côté de Berne, pas
de
précipitations… g. Titre rajouté par nous pour cette édition numéri
264
Demain l’
Europe
! — La Cour suprême européenne (14 mars 1949) À Rome, en novembre d
265
Demain l’Europe ! — La Cour suprême
européenne
(14 mars 1949) À Rome, en novembre dernier, lors du Congrès de l’UE
266
9) À Rome, en novembre dernier, lors du Congrès
de
l’UEF, le comte Sforza est venu nous parler de ce qui lui tient le pl
267
ès de l’UEF, le comte Sforza est venu nous parler
de
ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération de l’Europe. On ne sa
268
e ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération
de
l’Europe. On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer d’expérien
269
qui lui tient le plus à cœur : la fédération de l’
Europe
. On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer d’expérience politi
270
e l’Europe. On ne saurait accuser le comte Sforza
de
manquer d’expérience politique : de tous les hommes d’État au pouvoir
271
On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer
d’
expérience politique : de tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jo
272
comte Sforza de manquer d’expérience politique :
de
tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jours, c’est lui qui a eu l
273
politique : de tous les hommes d’État au pouvoir,
de
nos jours, c’est lui qui a eu la carrière la plus longue. Quel consei
274
us fédéralistes, vous ne devrez jamais transiger.
De
toutes vos forces, sans compromis et sans relâche, luttez contre le d
275
rieur : la tyrannie ; l’autre extérieur : le coup
de
force, la guerre. En effet, si l’État national a tous les droits, s’i
276
t, si l’État national a tous les droits, s’il n’a
de
comptes à rendre à personne, ni à Dieu, ni à la loi, ni même à la mor
277
e à la morale courante, s’il n’y a rien au-dessus
de
lui, s’il est seul juge — et c’est ce que signifie le mot : souverain
278
uverain — , comment voulez-vous qu’il n’abuse pas
de
ses pouvoirs ? Et s’il en abuse, comment voulez-vous qu’on l’arrête ?
279
êtes un criminel : cela se produit sous nos yeux,
de
nos jours, dans les pays où l’État souverain prend au sérieux sa souv
280
ce que signifie la souveraineté inconditionnelle
de
l’État, l’impossibilité de faire appel à un tribunal supérieur… D’aut
281
ineté inconditionnelle de l’État, l’impossibilité
de
faire appel à un tribunal supérieur… D’autre part, l’État souverain a
282
érieur… D’autre part, l’État souverain a le droit
de
déclarer la guerre, et de forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-d
283
at souverain a le droit de déclarer la guerre, et
de
forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous
284
droit de déclarer la guerre, et de forcer chacun
de
nous à la faire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie
285
ire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous le droit
de
vie et de mort, et cela sans appel. S’il veut la guerre, personne ne
286
-à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie et
de
mort, et cela sans appel. S’il veut la guerre, personne ne peut le re
287
n nomme la morale, il y a même quelques rudiments
d’
une loi internationale, mais qui peut l’appliquer cette loi, puisqu’il
288
eut l’appliquer cette loi, puisqu’il n’existe pas
de
pouvoir supérieur ? Puisqu’il n’y a pas de roi du monde, de suzerain,
289
te pas de pouvoir supérieur ? Puisqu’il n’y a pas
de
roi du monde, de suzerain, qui puisse réduire à la raison ces féodaux
290
supérieur ? Puisqu’il n’y a pas de roi du monde,
de
suzerain, qui puisse réduire à la raison ces féodaux dressés sur leur
291
N est morte, et si l’ONU était en train de vivre,
de
réussir, cela se verrait : Nous n’en serions pas où nous sommes, c’es
292
n’ont-elles jamais pu fonctionner ? C’est à cause
d’
un même vice de constitution. L’une et l’autre ont été et sont des soc
293
ais pu fonctionner ? C’est à cause d’un même vice
de
constitution. L’une et l’autre ont été et sont des sociétés non pas d
294
e et l’autre ont été et sont des sociétés non pas
de
nations, mais de gouvernements d’États souverains. Or, qui peut arbit
295
été et sont des sociétés non pas de nations, mais
de
gouvernements d’États souverains. Or, qui peut arbitrer les disputes
296
ociétés non pas de nations, mais de gouvernements
d’
États souverains. Or, qui peut arbitrer les disputes entre deux États
297
ous n’auriez pas l’idée, personne n’aurait l’idée
de
faire arbitrer un match par les deux capitaines des équipes en présen
298
sence. Or, qu’est-ce que l’ONU ? C’est un congrès
de
capitaines d’équipes qui crient tous à la fois : si je ne gagne pas,
299
est-ce que l’ONU ? C’est un congrès de capitaines
d’
équipes qui crient tous à la fois : si je ne gagne pas, eh bien, je tr
300
Comment protéger les citoyens contre l’arbitraire
de
l’État ? Et comment protéger la paix contre les entreprises de ces gr
301
t comment protéger la paix contre les entreprises
de
ces grands féodaux ? Il faut créer, c’est l’évidence, un pouvoir supé
302
qui limite leur souveraineté ! C’est un tribunal
de
ce genre que le Conseil international de notre Mouvement européen a d
303
tribunal de ce genre que le Conseil international
de
notre Mouvement européen a décidé de proposer, dans sa séance toute r
304
e que le Conseil international de notre Mouvement
européen
a décidé de proposer, dans sa séance toute récente de Bruxelles. Le p
305
nternational de notre Mouvement européen a décidé
de
proposer, dans sa séance toute récente de Bruxelles. Le projet mis au
306
décidé de proposer, dans sa séance toute récente
de
Bruxelles. Le projet mis au jour par le Mouvement européen me semble
307
Bruxelles. Le projet mis au jour par le Mouvement
européen
me semble révolutionnaire, pour deux raisons. Premièrement, il prévoi
308
aisons. Premièrement, il prévoit une Cour suprême
européenne
. À cette cour pourront s’adresser par-dessus la tête de l’État les pe
309
cette cour pourront s’adresser par-dessus la tête
de
l’État les personnes physiques et morales, c’est-à-dire vous et moi,
310
il est prévu que cette Cour suprême sera doublée
d’
une Commission des droits de l’homme, composée de membres indépendants
311
d’une Commission des droits de l’homme, composée
de
membres indépendants des États et gouvernements. Cette commission rec
312
ats accusés. Voilà qui formerait le premier noyau
d’
un véritable pouvoir fédéral, et voilà qui ferait une brèche sérieuse
313
ier pas sera fait pour la sauvegarde des libertés
européennes
. À mon avis, ce premier pas en appelle aussitôt un second, qui serait
314
ppelle aussitôt un second, qui serait la création
d’
une police fédérale, d’une force armée européenne, capable de faire re
315
nd, qui serait la création d’une police fédérale,
d’
une force armée européenne, capable de faire respecter les arrêts de l
316
création d’une police fédérale, d’une force armée
européenne
, capable de faire respecter les arrêts de la Cour suprême. Cela viend
317
e fédérale, d’une force armée européenne, capable
de
faire respecter les arrêts de la Cour suprême. Cela viendra, si nous
318
européenne, capable de faire respecter les arrêts
de
la Cour suprême. Cela viendra, si nous savons le vouloir, et si toute
319
nion nous appuie. En attendant, les représentants
de
la France, de la Grande-Bretagne et du Benelux se réunissent aujourd’
320
ie. En attendant, les représentants de la France,
de
la Grande-Bretagne et du Benelux se réunissent aujourd’hui même à Lon
321
s prévisions seront donc optimistes : Température
européenne
en hausse légère mais continue : à l’Est et sur le front de nos adver
322
se légère mais continue : à l’Est et sur le front
de
nos adversaires, nébulosité variable à très forte. Un peu de précipit
323
Demain l’
Europe
! — Le pacte de l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 194
324
Demain l’Europe ! — Le pacte
de
l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 1949) Chers audit
325
ope ! — Le pacte de l’Atlantique et la fédération
européenne
(21 mars 1949) Chers auditeurs, beaucoup d’entre vous m’ont demandé
326
trois jours : quel est le rapport entre le pacte
de
l’Atlantique et l’union européenne ? Et qu’en pensent les fédéraliste
327
rapport entre le pacte de l’Atlantique et l’union
européenne
? Et qu’en pensent les fédéralistes ? Je ne puis pas me dérober à cet
328
stion brûlante, bien que je n’aie pas eu le temps
de
consulter tous les porte-parole de nos mouvements. Je vais vous dire
329
as eu le temps de consulter tous les porte-parole
de
nos mouvements. Je vais vous dire mon opinion privée, que je crois d’
330
pinion privée, que je crois d’ailleurs être celle
de
la plupart des militants fédéralistes et de leurs chefs. Tout d’abord
331
celle de la plupart des militants fédéralistes et
de
leurs chefs. Tout d’abord, qu’est-ce au juste, le pacte de l’Atlantiq
332
chefs. Tout d’abord, qu’est-ce au juste, le pacte
de
l’Atlantique ? Essentiellement : un pacte d’assistance mutuelle, d’as
333
acte de l’Atlantique ? Essentiellement : un pacte
d’
assistance mutuelle, d’assistance armée, militaire, dans le cas d’une
334
Essentiellement : un pacte d’assistance mutuelle,
d’
assistance armée, militaire, dans le cas d’une agression contre un des
335
uelle, d’assistance armée, militaire, dans le cas
d’
une agression contre un des États membres. Tous, en principe, voleront
336
s membres. Tous, en principe, voleront au secours
de
la victime. Ce sera donc, en principe : Un pour tous, tous pour un. C
337
utre pacte, celui qui fonda la Suisse il y a plus
de
650 ans, et qui se trouve être aujourd’hui le plus ancien pacte fédér
338
du 1er août 1291 comporte, lui aussi, un serment
d’
assistance mutuelle. Écoutez-le : Soit donc notoire à tous que les ho
339
it donc notoire à tous que les hommes des vallées
d’
Uri, de Schwyz, et d’Unterwald, considérant la malice des temps, et af
340
notoire à tous que les hommes des vallées d’Uri,
de
Schwyz, et d’Unterwald, considérant la malice des temps, et afin de s
341
s que les hommes des vallées d’Uri, de Schwyz, et
d’
Unterwald, considérant la malice des temps, et afin de se défendre et
342
ps, et afin de se défendre et maintenir avec plus
d’
efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellemen
343
endre et maintenir avec plus d’efficace, ont pris
de
bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs for
344
us d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement
de
s’assister mutuellement de toutes leurs forces… envers et contre quic
345
bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement
de
toutes leurs forces… envers et contre quiconque tenterait de leur fai
346
eurs forces… envers et contre quiconque tenterait
de
leur faire violence. Et, à tout événement, chacune desdites communaut
347
autés promet à l’autre de venir à son aide en cas
de
besoin, de la défendre à ses propres frais… et de venger sa querelle,
348
t à l’autre de venir à son aide en cas de besoin,
de
la défendre à ses propres frais… et de venger sa querelle, prêtant un
349
de besoin, de la défendre à ses propres frais… et
de
venger sa querelle, prêtant un serment sans dol ni fraude, et renouve
350
Dans les deux pactes, il s’agit donc exactement
de
la même idée. Le langage diffère, à vrai dire, car hélas, nos légiste
351
beau style énergique. Mais c’est surtout l’esprit
de
ces deux traités qui, décidément, n’est pas le même. Notre pacte du 1
352
nvocation : Au nom du Seigneur, Amen ! Le pacte
de
l’Atlantique, lui, débute en ces termes : Les États parties du prése
353
affirment leur foi dans les buts et les principes
de
la Charte des Nations unies. Comme on le voit, les deux documents co
354
les deux documents commencent par une affirmation
de
foi. Mais voici la grande différence : le pacte des Suisses se plaçai
355
le pacte des Suisses se plaçait sous l’invocation
de
Dieu, et d’un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte de l’Atlantique,
356
Suisses se plaçait sous l’invocation de Dieu, et
d’
un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte de l’Atlantique, lui, ne se p
357
eu, et d’un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte
de
l’Atlantique, lui, ne se place que sous l’invocation de l’ONU, à laqu
358
tlantique, lui, ne se place que sous l’invocation
de
l’ONU, à laquelle personne ne croit ! Je n’exagère pas : je constate.
359
ient un seul instant à l’efficacité, à la réalité
de
l’ONU, il n’y aurait pas de pacte de l’Atlantique, personne n’en aura
360
icacité, à la réalité de l’ONU, il n’y aurait pas
de
pacte de l’Atlantique, personne n’en aurait eu l’idée. Faut-il penser
361
à la réalité de l’ONU, il n’y aurait pas de pacte
de
l’Atlantique, personne n’en aurait eu l’idée. Faut-il penser qu’on l’
362
re officiellement à l’idéal ? A-t-on jugé prudent
de
remplacer cette Providence défaillante par de solides et nombreuses d
363
ent de remplacer cette Providence défaillante par
de
solides et nombreuses divisions ? Ce serait un drôle de réalisme. Un
364
ides et nombreuses divisions ? Ce serait un drôle
de
réalisme. Un seul chiffre suffit à le montrer, Churchill le citait l’
365
citait l’autre jour : la Grande-Bretagne, en cas
de
guerre, peut compter sur deux divisions, — je dis deux, en tout et po
366
es cercles officiels devant cette grande alliance
d’
états-majors sans troupes. L’utilité militaire restant douteuse, on se
367
rale du pacte : son intérêt, affirme-t-on, serait
d’
ordre essentiellement psychologique… Mais psychologiquement, quel est
368
monde. On a donné aux Russes une superbe occasion
de
crier à la provocation, sans créer pour autant la force réelle qui le
369
elle, où faut-il la chercher ? Elle ne naîtra pas
d’
un traité, surtout pas d’un traité militaire, quand on manque d’armes
370
her ? Elle ne naîtra pas d’un traité, surtout pas
d’
un traité militaire, quand on manque d’armes et de troupes. Elle ne pe
371
urtout pas d’un traité militaire, quand on manque
d’
armes et de troupes. Elle ne peut naître que d’un grand élan des peupl
372
d’un traité militaire, quand on manque d’armes et
de
troupes. Elle ne peut naître que d’un grand élan des peuples libres d
373
ue d’armes et de troupes. Elle ne peut naître que
d’
un grand élan des peuples libres de l’Europe. Elle ne peut naître que
374
eut naître que d’un grand élan des peuples libres
de
l’Europe. Elle ne peut naître que dans l’enthousiasme soulevé par la
375
aître que d’un grand élan des peuples libres de l’
Europe
. Elle ne peut naître que dans l’enthousiasme soulevé par la proclamat
376
e dans l’enthousiasme soulevé par la proclamation
d’
un Pacte fédéral du continent. À la question qu’on m’a posée : « Que p
377
tion qu’on m’a posée : « Que pensez-vous du pacte
de
l’Atlantique, vous, les fédéralistes européens ? » je réponds donc :
378
du pacte de l’Atlantique, vous, les fédéralistes
européens
? » je réponds donc : — Tant par ses graves insuffisances que par ses
379
uffisances que par ses bonnes intentions le pacte
de
l’Atlantique nous donne des raisons de plus — s’il en fallait ! — de
380
s donne des raisons de plus — s’il en fallait ! —
de
vouloir une Europe solidement fédérée, un bloc puissant et pacifique
381
sons de plus — s’il en fallait ! — de vouloir une
Europe
solidement fédérée, un bloc puissant et pacifique de 300 millions d’h
382
solidement fédérée, un bloc puissant et pacifique
de
300 millions d’habitants rendus par leur union à la prospérité, qui e
383
ée, un bloc puissant et pacifique de 300 millions
d’
habitants rendus par leur union à la prospérité, qui est le seul gage
384
leur union à la prospérité, qui est le seul gage
d’
une véritable indépendance. Le grand bruit que fait dans le monde la s
385
us tenez peut-être dans vos mains la seule chance
de
la paix ! » Quant à mes prévisions du temps, de notre temps, je ne pu
386
e de la paix ! » Quant à mes prévisions du temps,
de
notre temps, je ne puis que répéter ce soir le commentaire curieuseme
387
ctuellement sur l’Atlantique provoquent un afflux
d’
air glacial venant de l’Est. On ne saurait mieux dire. J’ajouterai sim
388
antique provoquent un afflux d’air glacial venant
de
l’Est. On ne saurait mieux dire. J’ajouterai simplement que pour une
389
jouterai simplement que pour une fois il convient
de
féliciter Berne d’avoir su se tenir à l’abri des courants d’air. Au r
390
que pour une fois il convient de féliciter Berne
d’
avoir su se tenir à l’abri des courants d’air. Au revoir, à lundi proc
391
r Berne d’avoir su se tenir à l’abri des courants
d’
air. Au revoir, à lundi prochain !
392
Demain l’
Europe
! — Le Conseil de l’Europe (28 mars 1949) Pendant que la presse du
393
nt que la presse du monde entier discute le pacte
de
l’Atlantique, un événement peut-être décisif se prépare en silence, à
394
n silence, à Londres, aujourd’hui même. Il s’agit
de
fixer les statuts d’un Parlement européen. Les représentants de dix n
395
aujourd’hui même. Il s’agit de fixer les statuts
d’
un Parlement européen. Les représentants de dix nations se sont réunis
396
me. Il s’agit de fixer les statuts d’un Parlement
européen
. Les représentants de dix nations se sont réunis ce matin, et nous sa
397
tatuts d’un Parlement européen. Les représentants
de
dix nations se sont réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin
398
réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin
de
semaine, les résultats de leurs travaux. On peut juger bizarre qu’une
399
aurons peut-être en fin de semaine, les résultats
de
leurs travaux. On peut juger bizarre qu’une telle négociation, qui en
400
rre qu’une telle négociation, qui engage l’avenir
de
notre Europe, se poursuive à huis clos, et sans la moindre publicité.
401
e telle négociation, qui engage l’avenir de notre
Europe
, se poursuive à huis clos, et sans la moindre publicité. Il semblerai
402
ments n’aient pas envie qu’on sache qu’ils font l’
Europe
… C’est qu’ils la font à leur corps défendant. On les y pousse, et ils
403
t garder aussi longtemps que possible le contrôle
de
l’opération. L’initiative, en vérité, appartient aux fédéralistes. Et
404
alistes. Et, pour vous faire comprendre la portée
de
la réunion qui se tient à Londres, cette semaine, je vais résumer bri
405
te semaine, je vais résumer brièvement les étapes
de
sa préparation. Au mois de mai 1948, il y a donc un peu moins d’un an
406
brièvement les étapes de sa préparation. Au mois
de
mai 1948, il y a donc un peu moins d’un an, nous avons convoqué un Co
407
on. Au mois de mai 1948, il y a donc un peu moins
d’
un an, nous avons convoqué un Congrès de l’Europe avec l’appui des org
408
peu moins d’un an, nous avons convoqué un Congrès
de
l’Europe avec l’appui des organisations les plus diverses, économique
409
oins d’un an, nous avons convoqué un Congrès de l’
Europe
avec l’appui des organisations les plus diverses, économiques, parlem
410
l, réunit 800 délégués. À l’unanimité, il résolut
d’
entreprendre une action immédiate en faveur de la convocation d’une As
411
une action immédiate en faveur de la convocation
d’
une Assemblée européenne. Le 18 août, nos délégués remettaient aux cin
412
diate en faveur de la convocation d’une Assemblée
européenne
. Le 18 août, nos délégués remettaient aux cinq puissances signataires
413
ettaient aux cinq puissances signataires du pacte
de
Bruxelles un Mémorandum détaillé sur notre projet d’Assemblée. Le mêm
414
Bruxelles un Mémorandum détaillé sur notre projet
d’
Assemblée. Le même jour, ces propositions se voyaient acceptées sans r
415
tôt suivi par les pays du Benelux. Après beaucoup
d’
hésitations, le cabinet de M. Bevin se résignait à suivre ses alliés.
416
Benelux. Après beaucoup d’hésitations, le cabinet
de
M. Bevin se résignait à suivre ses alliés. Un comité fut alors désign
417
ravaux commencèrent en novembre, et le 29 janvier
de
cette année, le comité des Cinq annonçait à la presse qu’il venait d’
418
omité des Cinq annonçait à la presse qu’il venait
d’
aboutir à un accord. Un Conseil de l’Europe allait être formé. Il comp
419
être formé. Il comprendrait d’une part un Comité
de
ministres, et d’autre part un corps consultatif, désigné par les parl
420
e n’était qu’un premier pas vers l’action, vers l’
Europe
, — mais c’est le premier pas qui coûte. Peu de jours après, on annonç
421
te. Peu de jours après, on annonçait que la ville
de
Strasbourg serait choisie comme siège du corps consultatif, et que l’
422
la Suède, et l’Irlande ont refusé toutes les deux
de
signer le pacte de l’Atlantique, mais qu’elles acceptent de collabore
423
nde ont refusé toutes les deux de signer le pacte
de
l’Atlantique, mais qu’elles acceptent de collaborer quand il s’agit d
424
le pacte de l’Atlantique, mais qu’elles acceptent
de
collaborer quand il s’agit d’union européenne. Elles ne considèrent p
425
qu’elles acceptent de collaborer quand il s’agit
d’
union européenne. Elles ne considèrent pas que leur neutralité soit un
426
s acceptent de collaborer quand il s’agit d’union
européenne
. Elles ne considèrent pas que leur neutralité soit un obstacle à leur
427
obstacle à leur présence active. Cet exemple aura
de
quoi faire réfléchir la Suisse. Voici donc réunis à Londres, aujourd’
428
is à Londres, aujourd’hui même, les représentants
de
10 pays qui acceptent — non sans précautions, non sans arrière-pensée
429
précautions, non sans arrière-pensées peut-être —
de
s’engager dans la voie que leur tracent les pionniers du fédéralisme.
430
sme. On aura rarement vu négociation aussi lourde
de
conséquences se dérouler plus discrètement… Quels résultats faut-il e
431
La manière dont elle s’est engagée ne permet pas
d’
attendre des miracles. Le comité de Londres réunit des experts et des
432
ne permet pas d’attendre des miracles. Le comité
de
Londres réunit des experts et des délégués des États. Or, les experts
433
général, ont tendance à prouver qu’il est urgent
d’
attendre. Ils connaissent les difficultés, c’est leur métier, et ils e
434
s le faire sentir. Mais il arrive qu’ils manquent
d’
une vision claire et simple des grandes nécessités de l’heure : or cel
435
ne vision claire et simple des grandes nécessités
de
l’heure : or celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et de la fa
436
essités de l’heure : or celles-ci nous commandent
de
faire l’Europe, et de la faire à n’importe quel prix. Mais gardons-no
437
l’heure : or celles-ci nous commandent de faire l’
Europe
, et de la faire à n’importe quel prix. Mais gardons-nous aussi d’un e
438
r celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et
de
la faire à n’importe quel prix. Mais gardons-nous aussi d’un excès de
439
re à n’importe quel prix. Mais gardons-nous aussi
d’
un excès de pessimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Lond
440
rte quel prix. Mais gardons-nous aussi d’un excès
de
pessimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Londres va limi
441
essimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité
de
Londres va limiter autant que possible le rôle du futur parlement eur
442
er autant que possible le rôle du futur parlement
européen
, le fait est que nous aurons tout de même un parlement. Et l’on ne vo
443
assemblée, dès qu’elle existera et fonctionnera,
d’
aller plus loin, beaucoup plus loin que les États n’osent le souhaiter
444
p plus loin que les États n’osent le souhaiter, —
d’
aller enfin fraîchement, courageusement, vers la fédération totale de
445
hement, courageusement, vers la fédération totale
de
l’Europe. Qu’on nous donne l’assemblée sous n’importe quelle forme, e
446
t, courageusement, vers la fédération totale de l’
Europe
. Qu’on nous donne l’assemblée sous n’importe quelle forme, et l’opini
447
lique fera le reste ! C’est pourquoi le Mouvement
européen
se prépare à lancer dans tous nos pays libres une campagne de grande
448
e à lancer dans tous nos pays libres une campagne
de
grande envergure, afin que les masses se joignent aux élites pour dir
449
ses se joignent aux élites pour dire au Parlement
européen
: nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la li
450
our dire au Parlement européen : nous voulons une
Europe
unie, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes
451
s et des biens. Et nous voulons cela, parce que l’
Europe
unie sera seule assez forte pour arrêter la guerre et défendre nos li
452
et ce qui s’y passe, plus chaud en Suède, menaces
de
précipitations dans les Balkans — à Berne, encore doux et serein.
453
Demain l’
Europe
! — « Une idée généreuse » ? (4 avril 1949) Ceux d’entre vous qui m
454
nce des 10 pays qui seront les membres fondateurs
de
l’union européenne. Ces jours-ci se décide, en silence, le statut de
455
pays qui seront les membres fondateurs de l’union
européenne
. Ces jours-ci se décide, en silence, le statut de l’Assemblée consult
456
ne. Ces jours-ci se décide, en silence, le statut
de
l’Assemblée consultative de l’Europe qui siégera, dès l’automne, à St
457
en silence, le statut de l’Assemblée consultative
de
l’Europe qui siégera, dès l’automne, à Strasbourg. Cet événement, si
458
lence, le statut de l’Assemblée consultative de l’
Europe
qui siégera, dès l’automne, à Strasbourg. Cet événement, si lourd d’a
459
l’automne, à Strasbourg. Cet événement, si lourd
d’
avenir pour tous nos peuples, a fait peu de bruit jusqu’ici. Le grand
460
’ici. Le grand public ignore souvent le principal
de
ce qui se passe autour de lui, de son vivant. C’est que la presse oub
461
nt le principal de ce qui se passe autour de lui,
de
son vivant. C’est que la presse oublie parfois de lui apprendre certa
462
de son vivant. C’est que la presse oublie parfois
de
lui apprendre certains faits, que les manuels d’histoire, plus tard,
463
de lui apprendre certains faits, que les manuels
d’
histoire, plus tard, se chargeront d’apprendre à nos enfants — les pau
464
les manuels d’histoire, plus tard, se chargeront
d’
apprendre à nos enfants — les pauvres ! J’ajouterai que le grand publi
465
ore, dans mainte région, l’existence du Mouvement
européen
et son action rapide depuis un an. On a bien entendu parler d’un cert
466
ion rapide depuis un an. On a bien entendu parler
d’
un certain congrès de La Haye, ou du récent Conseil qui se tient à Bru
467
an. On a bien entendu parler d’un certain congrès
de
La Haye, ou du récent Conseil qui se tient à Bruxelles. On sait vague
468
Churchill et Spaak, entre autres, se préoccupent
d’
unir les peuples de l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement de
469
, entre autres, se préoccupent d’unir les peuples
de
l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement de discours, qui ne f
470
re autres, se préoccupent d’unir les peuples de l’
Europe
. Mais on pense qu’il s’agit simplement de discours, qui ne font de ma
471
e l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement
de
discours, qui ne font de mal à personne et ne servent à rien… C’est a
472
qu’il s’agit simplement de discours, qui ne font
de
mal à personne et ne servent à rien… C’est ainsi que je rencontre cha
473
e je rencontre chaque jour des gens qui me disent
d’
un air sceptique et un peu fatigué : « Vous y croyez, vous, à cette Eu
474
t un peu fatigué : « Vous y croyez, vous, à cette
Europe
unie ? » Et quand je leur dis que non seulement j’y crois mais que j’
475
… Moi, je sais bien que ça leur passera, et que l’
Europe
se fera quand même, et que plus tard, quand elle sera fédérée, ces ge
476
ez, j’y ai toujours cru ! Ils voleront au secours
de
la victoire. Mais ce qui m’étonne bien davantage, ce sont les gens qu
477
es gens qui me répètent : « Ah oui, la fédération
de
l’Europe, quelle idée généreuse ! » Voyez-vous, quand un Américain dé
478
ns qui me répètent : « Ah oui, la fédération de l’
Europe
, quelle idée généreuse ! » Voyez-vous, quand un Américain déclare que
479
’il est ému et qu’il va vous aider. Mais quand un
Européen
vous dit : l’Europe unie ? oui, c’est une belle idée, une idée génére
480
a vous aider. Mais quand un Européen vous dit : l’
Europe
unie ? oui, c’est une belle idée, une idée généreuse… c’est qu’il n’a
481
une idée généreuse… c’est qu’il n’a pas la force
d’
y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux et que vou
482
eux et que vous rêvez. Or, il s’agit, en réalité,
de
la vie ou de la mort d’une civilisation. Fédérer tous nos peuples enc
483
us rêvez. Or, il s’agit, en réalité, de la vie ou
de
la mort d’une civilisation. Fédérer tous nos peuples encore libres, l
484
r, il s’agit, en réalité, de la vie ou de la mort
d’
une civilisation. Fédérer tous nos peuples encore libres, les fédérer
485
pour empêcher la guerre, c’est notre seule chance
de
salut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de « généreux » da
486
alut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir
de
« généreux » dans une entreprise de ce genre. La maison brûle, et qua
487
peut y avoir de « généreux » dans une entreprise
de
ce genre. La maison brûle, et quand les pompiers arrivent à toute vit
488
es pompiers arrivent à toute vitesse pour essayer
d’
éteindre l’incendie, on ne leur dit pas d’un air sceptique et protecte
489
essayer d’éteindre l’incendie, on ne leur dit pas
d’
un air sceptique et protecteur : merci Messieurs, vous êtes bien génér
490
es aider. D’autres me disent : d’accord, essayons
de
nous fédérer. Mais cela va prendre au moins cent ans ! Je réponds que
491
a va prendre au moins cent ans ! Je réponds que l’
Europe
s’unira tout de suite, avant deux ans, ou bien ne s’unira jamais, par
492
ux pionniers du fédéralisme ! » C’est une manière
de
dire : Allez-y ! Faites-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts,
493
dire : Allez-y ! Faites-vous tuer, nous suivrons
de
loin vos efforts, et nous vous rejoindrons, bien entendu, si par mira
494
e gagnerons pas cette immense partie sans l’appui
de
l’opinion tout entière, sans votre appui, à vous aussi, chers auditeu
495
ner pour vous, mais pas sans vous ! Car il s’agit
de
votre vie à tous, et si nous perdons cette partie, si bien engagée au
496
tés sans savoir pourquoi, et jetés dans les camps
de
concentration… De tous côtés, on réclame des apôtres. On nous dit : a
497
urquoi, et jetés dans les camps de concentration…
De
tous côtés, on réclame des apôtres. On nous dit : assez de discours !
498
ôtés, on réclame des apôtres. On nous dit : assez
de
discours ! à l’action ! faites des gestes ! On a raison, mais il faut
499
t bien quelques discours pour avertir les peuples
de
ce qu’on va faire. Et s’il vous faut des apôtres, si vous y tenez tan
500
bien tort, quand il cherchait un homme à la lueur
de
sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est le plu
501
omme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait
d’
en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en trouver. Je vous
502
d’en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen
d’
en trouver. Je vous laisse à tirer les conclusions de cette petite par
503
n trouver. Je vous laisse à tirer les conclusions
de
cette petite parabole. Et je vous rappelle qu’il existe, dans toutes
504
ous rappelle qu’il existe, dans toutes les villes
européennes
, dans nos villes suisses aussi, bien entendu, des groupes fédéraliste
505
Londres, brouillard persistant autour des travaux
de
la conférence des Dix. En Europe, le courant d’air glacial venu de l’
506
t autour des travaux de la conférence des Dix. En
Europe
, le courant d’air glacial venu de l’Est provoquera encore quelques fa
507
x de la conférence des Dix. En Europe, le courant
d’
air glacial venu de l’Est provoquera encore quelques faibles précipita
508
Demain l’
Europe
! — L’Allemagne et l’Europe (11 avril 1949) Depuis plusieurs semain
509
Demain l’Europe ! — L’Allemagne et l’
Europe
(11 avril 1949) Depuis plusieurs semaines, à ce micro, je vous parl
510
uis plusieurs semaines, à ce micro, je vous parle
d’
une grande aventure : l’Europe en marche vers son unité. Je vous en dé
511
ce micro, je vous parle d’une grande aventure : l’
Europe
en marche vers son unité. Je vous en décris les étapes. Et je vous di
512
rent. Car c’est le seul moyen qui nous reste : 1°
d’
échapper à la guerre ; 2° d’arrêter les Russes ; 3° de sauver notre éc
513
n qui nous reste : 1° d’échapper à la guerre ; 2°
d’
arrêter les Russes ; 3° de sauver notre économie, sans nous laisser co
514
happer à la guerre ; 2° d’arrêter les Russes ; 3°
de
sauver notre économie, sans nous laisser coloniser par l’Amérique. Ce
515
er coloniser par l’Amérique. Ce soir, je parlerai
d’
une 4e raison non moins urgente de créer l’Europe fédérée ; et c’est l
516
ir, je parlerai d’une 4e raison non moins urgente
de
créer l’Europe fédérée ; et c’est l’Allemagne, le problème allemand,
517
erai d’une 4e raison non moins urgente de créer l’
Europe
fédérée ; et c’est l’Allemagne, le problème allemand, — l’Allemagne q
518
rématoires, où l’on poussait vivants des milliers
d’
hommes. Voici un peuple qui, par deux fois dans l’espace d’une générat
519
Voici un peuple qui, par deux fois dans l’espace
d’
une génération, a bouleversé l’Europe et menace, directement ou non, c
520
is dans l’espace d’une génération, a bouleversé l’
Europe
et menace, directement ou non, chacune de nos vies. Deux fois repouss
521
é l’Europe et menace, directement ou non, chacune
de
nos vies. Deux fois repoussé, battu à plate couture, va-t-il encore u
522
à plate couture, va-t-il encore une fois refuser
de
comprendre et d’assumer ses fautes et sa défaite ? On peut le craindr
523
va-t-il encore une fois refuser de comprendre et
d’
assumer ses fautes et sa défaite ? On peut le craindre. Après la Premi
524
listes et les grévistes qui lui ont donné le coup
de
poignard dans le dos ! — Après la Deuxième Guerre, un autre chef alle
525
mand qui a capitulé, mais c’est seulement l’armée
d’
Hitler. Vous le voyez, cela revient au même. M. Adenauer, tout comme H
526
t au même. M. Adenauer, tout comme Hitler, essaye
de
nier en partie la défaite ou d’en rejeter la faute sur d’autres : dan
527
me Hitler, essaye de nier en partie la défaite ou
d’
en rejeter la faute sur d’autres : dans les deux cas, on veut innocent
528
t refuser la culpabilité du crime commis contre l’
Europe
. Mais la situation est aujourd’hui encore plus grave, si possible, qu
529
s grave, si possible, qu’elle ne l’était du temps
d’
Hitler. Car l’Allemagne vaincue et ruinée garde un atout considérable
530
er sur les divisions des Alliés, et par une sorte
de
chantage désespéré, menacer de se jeter dans les bras des Soviets, si
531
, et par une sorte de chantage désespéré, menacer
de
se jeter dans les bras des Soviets, si on ne lui donne pas un traitem
532
des Soviets, si on ne lui donne pas un traitement
de
faveur, qu’elle eût évidemment refusé à ses victimes. Tous les témoin
533
s une ville allemande que les Américains viennent
d’
occuper, le gouverneur réunit cent personnes qu’il a fait prendre au h
534
a plébiscité Hitler par cinq fois, à la majorité
de
99,5 % des voix. Il y avait donc des nazis, en Allemagne, et même en
535
grande quantité… Alors, le porte-parole du groupe
d’
Allemands se lève, interrompt l’Américain, et s’écrie : « Ce que vous
536
ec une telle facilité ? Que faire pour l’empêcher
de
sombrer demain dans un national-bolchévisme ? Et comment appuyer les
537
mis d’accord, à Washington, pour fixer le statut
de
l’Allemagne nouvelle. Ils ont décidé d’imposer le régime fédéral aux
538
le statut de l’Allemagne nouvelle. Ils ont décidé
d’
imposer le régime fédéral aux onze États ou länder allemands. Je ne sa
539
e ne sais s’il faut s’en réjouir, du point de vue
d’
un fédéralisme véritable. Il me semble au contraire que les Alliés vie
540
tre deux erreurs assez graves. La première, c’est
d’
avoir imposé aux Allemands une série de petites « rectifications de fr
541
ère, c’est d’avoir imposé aux Allemands une série
de
petites « rectifications de frontières », sans grand intérêt pour les
542
x Allemands une série de petites « rectifications
de
frontières », sans grand intérêt pour les Alliés, mais qui ont suffi
543
suffi à soulever en Allemagne une nouvelle vague
de
nationalisme. La seconde erreur, c’est d’essayer d’imposer de l’extér
544
e vague de nationalisme. La seconde erreur, c’est
d’
essayer d’imposer de l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit
545
nationalisme. La seconde erreur, c’est d’essayer
d’
imposer de l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit que le féd
546
sme. La seconde erreur, c’est d’essayer d’imposer
de
l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit que le fédéralisme e
547
. Aussitôt, ils le détesteront. La seule solution
de
bon sens, c’est d’offrir aux Allemands un régime fédéral dans le cadr
548
détesteront. La seule solution de bon sens, c’est
d’
offrir aux Allemands un régime fédéral dans le cadre élargi d’une Euro
549
Allemands un régime fédéral dans le cadre élargi
d’
une Europe fédérée, d’une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le pe
550
ands un régime fédéral dans le cadre élargi d’une
Europe
fédérée, d’une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le peuple allem
551
édéral dans le cadre élargi d’une Europe fédérée,
d’
une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le peuple allemand, traité
552
dans le cadre élargi d’une Europe fédérée, d’une
Europe
elle-même fédérale. Alors enfin le peuple allemand, traité sur pied d
553
. Alors enfin le peuple allemand, traité sur pied
d’
égalité, aura sa chance de se relever sans devenir aussitôt dangereux.
554
lemand, traité sur pied d’égalité, aura sa chance
de
se relever sans devenir aussitôt dangereux. Avant la guerre, les Alle
555
lus grande douleur du monde ! Leur maladie, c’est
de
vouloir toujours se rendre spécialement intéressants. Pour les guérir
556
. Pour les guérir, il faut leur donner l’occasion
de
se conduire enfin comme tout le monde, et non plus comme un peuple ex
557
enthousiasmer les jeunes Allemands, c’est l’idée
de
l’Europe unie, c’est la fédération que nous voulons. Voilà pourquoi n
558
ousiasmer les jeunes Allemands, c’est l’idée de l’
Europe
unie, c’est la fédération que nous voulons. Voilà pourquoi notre Mouv
559
que nous voulons. Voilà pourquoi notre Mouvement
européen
vient de demander que l’Allemagne soit reçue à l’Assemblée consultati
560
l’Allemagne soit reçue à l’Assemblée consultative
de
l’Europe, dès cet automne, sur pied d’égalité. Nous saurons, d’ici pe
561
emagne soit reçue à l’Assemblée consultative de l’
Europe
, dès cet automne, sur pied d’égalité. Nous saurons, d’ici peu, si les
562
nsultative de l’Europe, dès cet automne, sur pied
d’
égalité. Nous saurons, d’ici peu, si les gouvernements comprennent tou
563
si les gouvernements comprennent toute la portée
de
cette démarche, et s’ils verront la grandeur de l’enjeu : rendre une
564
e de cette démarche, et s’ils verront la grandeur
de
l’enjeu : rendre une Allemagne saine à l’Europe fédérée !
565
ndeur de l’enjeu : rendre une Allemagne saine à l’
Europe
fédérée !
566
Demain l’
Europe
! — Pâques européennes (18 avril 1949) On nous avait promis un très
567
Demain l’Europe ! — Pâques
européennes
(18 avril 1949) On nous avait promis un très bel œuf de Pâques pour
568
vril 1949) On nous avait promis un très bel œuf
de
Pâques pour cette année. On nous avait laissés entendre que les statu
569
e. On nous avait laissés entendre que les statuts
de
l’Assemblée européenne seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il
570
t laissés entendre que les statuts de l’Assemblée
européenne
seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau de fa
571
nés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau
de
faire coïncider l’annonce du renouveau européen avec la fête de la Ré
572
en beau de faire coïncider l’annonce du renouveau
européen
avec la fête de la Résurrection. Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh b
573
ider l’annonce du renouveau européen avec la fête
de
la Résurrection. Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh bien, si ce n’est
574
ope, et l’Assemblée consultative. Certainement, l’
Europe
va se faire. La seule question qui se pose encore, c’est de savoir co
575
aire. La seule question qui se pose encore, c’est
de
savoir comment elle se fera. Peut-être n’est-il pas mauvais que la co
576
ueil aux propositions détaillées que les délégués
de
notre Mouvement lui soumettaient. Nous savons qu’elle les étudie. Pui
577
e. Puisse-t-elle se laisser inspirer par ce temps
de
Pâques et les vacances, et puisse-t-elle prendre non seulement son te
578
hier, dans mon jardin, tout en cherchant des œufs
de
Pâques avec mes enfants, et je me disais : tout dépend d’une seule ch
579
s avec mes enfants, et je me disais : tout dépend
d’
une seule chose, — l’avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout
580
isais : tout dépend d’une seule chose, — l’avenir
de
ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui
581
e seule chose, — l’avenir de ces enfants et celui
de
nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui est celle-ci : les homme
582
de ces enfants et celui de nos pays, tout dépend
d’
une seule chose, qui est celle-ci : les hommes d’État chargés de faire
583
ose, qui est celle-ci : les hommes d’État chargés
de
faire l’Europe auront-ils la vision nécessaire ? Il y a peu de grande
584
t celle-ci : les hommes d’État chargés de faire l’
Europe
auront-ils la vision nécessaire ? Il y a peu de grandes visions dans
585
e souci des intérêts immédiats et surtout la peur
de
la guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’
586
la peur de la guerre nous empêchent trop souvent
de
voir loin, de voir grand, d’imaginer vraiment la paix, la paix vivant
587
guerre nous empêchent trop souvent de voir loin,
de
voir grand, d’imaginer vraiment la paix, la paix vivante et passionna
588
pêchent trop souvent de voir loin, de voir grand,
d’
imaginer vraiment la paix, la paix vivante et passionnante qui reste e
589
ionnante qui reste encore possible, et qui dépend
de
nous. Il y a très peu de grandes visions. J’en connais trois. Il y a
590
Il se promène ces jours-ci dans les rues et cafés
de
Paris, avec un gros livre sous le bras, quêtant la signature des amis
591
livre sous le bras, quêtant la signature des amis
de
la paix. Il a déchiré son passeport, et quelques écrivains lui ont do
592
port, et quelques écrivains lui ont donné l’appui
de
leurs noms célèbres, mais sans rien déchirer du tout. Il est sympathi
593
du tout. Il est sympathique et très pur. Il rêve
d’
une assemblée mondiale et d’un gouvernement unique pour toute la terre
594
et très pur. Il rêve d’une assemblée mondiale et
d’
un gouvernement unique pour toute la terre. Mais les Russes ont aussi
595
Mais les Russes ont aussi leur vision, leur idée
de
l’unité du monde sous les auspices du Kominform et de l’épuration per
596
’unité du monde sous les auspices du Kominform et
de
l’épuration permanente, — et ceci tue cela, ce n’est pas notre faute,
597
y Davis… Il y a enfin une troisième vision, celle
de
l’Europe fédérée. Elle est moins vaste, en vérité que celle du jeune
598
is… Il y a enfin une troisième vision, celle de l’
Europe
fédérée. Elle est moins vaste, en vérité que celle du jeune Américain
599
ais l’appeler aujourd’hui la vision du beau temps
européen
, la vision d’un printemps de l’Europe où les frontières et les barriè
600
d’hui la vision du beau temps européen, la vision
d’
un printemps de l’Europe où les frontières et les barrières entre nos
601
du beau temps européen, la vision d’un printemps
de
l’Europe où les frontières et les barrières entre nos peuples fondrai
602
eau temps européen, la vision d’un printemps de l’
Europe
où les frontières et les barrières entre nos peuples fondraient comme
603
nos peuples fondraient comme neige sous le soleil
d’
avril. Imaginez ce grand jardin de l’Europe où vous pourriez circuler
604
sous le soleil d’avril. Imaginez ce grand jardin
de
l’Europe où vous pourriez circuler librement sans passeports ni visas
605
le soleil d’avril. Imaginez ce grand jardin de l’
Europe
où vous pourriez circuler librement sans passeports ni visas, sans re
606
ement sans passeports ni visas, sans restrictions
de
devises, sans anxiétés mesquines, avec seulement votre curiosité pour
607
et si proches, — comme vous circulez aujourd’hui
d’
un canton à l’autre de la Suisse. Imaginez cette Europe grande ouverte
608
’un canton à l’autre de la Suisse. Imaginez cette
Europe
grande ouverte où les nations ne disparaîtraient pas davantage que no
609
entre nos cantons. Imaginez ensuite cette grande
Europe
aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à d
610
à ne faire la guerre à personne, mais à défendre
d’
un seul cœur son indépendance reconquise. Cette Europe inventant la pa
611
d’un seul cœur son indépendance reconquise. Cette
Europe
inventant la paix, l’imposant au besoin par la force tranquille de sa
612
aix, l’imposant au besoin par la force tranquille
de
sa masse, de ses 300 millions d’habitants rassemblés, rendus par leur
613
nt au besoin par la force tranquille de sa masse,
de
ses 300 millions d’habitants rassemblés, rendus par leur union à une
614
force tranquille de sa masse, de ses 300 millions
d’
habitants rassemblés, rendus par leur union à une prospérité qui, selo
615
nomistes, pourrait multiplier par 3 les standards
de
la vie matérielle. Paix, liberté, prospérité, tels ont été les grands
616
berté, prospérité, tels ont été les grands motifs
de
toutes les confédérations qui ont vu le jour, au cours des siècles, e
617
ans. Si l’on a bien vu cet enjeu, la possibilité
de
le gagner, et la nécessité de le gagner d’urgence, non seulement pour
618
jeu, la possibilité de le gagner, et la nécessité
de
le gagner d’urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la
619
bilité de le gagner, et la nécessité de le gagner
d’
urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la paix du monde
620
e le gagner d’urgence, non seulement pour nous en
Europe
, mais pour la paix du monde entier, alors le principal est fait. Et s
621
s chicanes techniques et les experts. Tout dépend
de
la vision qu’ils en auront. Il n’est point d’ordre politique qui serv
622
end de la vision qu’ils en auront. Il n’est point
d’
ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès le départ pa
623
part par une vision libératrice, et fascinante. L’
Europe
se fera, parce qu’une équipe de véritables résistants — ceux qui rési
624
fascinante. L’Europe se fera, parce qu’une équipe
de
véritables résistants — ceux qui résistent à la fatalité — l’auront v
625
. Centre vents et marées, contre tous les experts
de
son époque, il se mit en route pour la joindre, et c’est ainsi qu’il
626
demain ? Se peut-il que ce soit tout simplement l’
Europe
, redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui devi
627
out simplement l’Europe, redécouverte à la faveur
de
son union ? Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeu
628
rope, redécouverte à la faveur de son union ? Une
Europe
rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés, la Terre pro
629
Demain l’
Europe
! — L’union de l’Europe et l’Amérique (25 avril 1949) L’idée simple
630
Demain l’Europe ! — L’union
de
l’Europe et l’Amérique (25 avril 1949) L’idée simple que, chaque lu
631
Demain l’Europe ! — L’union de l’
Europe
et l’Amérique (25 avril 1949) L’idée simple que, chaque lundi, je v
632
que lundi, je vous expose à ce micro, c’est que l’
Europe
unie sauvera la paix en sauvant son indépendance. Par la fédération d
633
ix en sauvant son indépendance. Par la fédération
de
tous ses peuples, elle formera une troisième grande puissance, qui se
634
une troisième grande puissance, qui sera l’égale
de
la Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra
635
rande puissance, qui sera l’égale de la Russie ou
de
l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décup
636
ui sera l’égale de la Russie ou de l’Amérique. Et
de
la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décuplées, pour résiste
637
a Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun
de
nos pays verra ses forces décuplées, pour résister, d’une part, à la
638
s forcées. Par exemple, quand nous montrons que l’
Europe
divisée court un double danger, du fait de la Russie et du fait de l’
639
l’Europe divisée court un double danger, du fait
de
la Russie et du fait de l’Amérique, il ne faudrait pas en conclure qu
640
un double danger, du fait de la Russie et du fait
de
l’Amérique, il ne faudrait pas en conclure que ces deux dangers sont
641
oir, en examinant rapidement les rapports entre l’
Europe
fédérée et l’Amérique. La principale différence entre l’attitude amér
642
de américaine et l’attitude russe, à l’égard de l’
Europe
, c’est que la Russie fait tout ce qu’elle peut pour empêcher notre fé
643
’en paroles. Le Kominform entretient, dans chacun
de
nos pays, un parti politique dont il dicte la ligne et qui s’oppose s
644
n dans nos pays. Les hommes qu’elle envoie vers l’
Europe
y viennent ouvertement avec des plans d’union : le plan Marshall en e
645
rs l’Europe y viennent ouvertement avec des plans
d’
union : le plan Marshall en est la preuve bien connue. Dans le domaine
646
all en est la preuve bien connue. Dans le domaine
de
la culture, la différence n’est pas moins frappante. À Moscou, on con
647
rs qui se laissent influencer par leurs confrères
européens
, et le pire des crimes dont on puisse les accuser, c’est le crime d’o
648
crimes dont on puisse les accuser, c’est le crime
d’
occidentalisme. À New York au contraire, on traduit et on joue de plus
649
aduit et on joue de plus en plus tous les auteurs
européens
. Vous avez donc, d’une part, la Russie qui essaye de saboter notre un
650
Vous avez donc, d’une part, la Russie qui essaye
de
saboter notre union et qui se ferme à notre influence, — d’autre part
651
s que le plan Marshall est beaucoup moins un plan
d’
union et d’aide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Eur
652
an Marshall est beaucoup moins un plan d’union et
d’
aide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Europe par le
653
n d’union et d’aide économique, qu’une entreprise
de
colonisation de l’Europe par le dollar. Que vaut cet argument répété
654
ide économique, qu’une entreprise de colonisation
de
l’Europe par le dollar. Que vaut cet argument répété tous les jours d
655
conomique, qu’une entreprise de colonisation de l’
Europe
par le dollar. Que vaut cet argument répété tous les jours depuis deu
656
union fédérative. Car il est beaucoup plus facile
de
régner sur un pays divisé que sur une nation bien unie. Les Russes ap
657
avent très bien que s’ils réussissent, ils feront
de
l’Europe leur plus grand concurrent. S’ils voulaient nous réduire en
658
très bien que s’ils réussissent, ils feront de l’
Europe
leur plus grand concurrent. S’ils voulaient nous réduire en esclavage
659
en esclavage, je le répète, ils se contenteraient
d’
imiter la tactique des Russes, c’est-à-dire qu’ils tâcheraient de nous
660
tique des Russes, c’est-à-dire qu’ils tâcheraient
de
nous maintenir dans un état de division, donc de faiblesse, pour mieu
661
qu’ils tâcheraient de nous maintenir dans un état
de
division, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un
662
de nous maintenir dans un état de division, donc
de
faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un. Contre cette évi
663
division, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer
de
nos pays un à un. Contre cette évidence éclatante, tous les discours
664
ontre cette évidence éclatante, tous les discours
de
propagande restent sans force, pour les esprits honnêtes. Mais, dira-
665
-on, pourquoi les Américains désirent-ils l’union
de
l’Europe, si cette union doit leur créer une sérieuse concurrence éco
666
pourquoi les Américains désirent-ils l’union de l’
Europe
, si cette union doit leur créer une sérieuse concurrence économique ?
667
st facile. Les Américains savent très bien qu’une
Europe
forte, même concurrente, vaudra mieux pour eux qu’une Europe malade,
668
e, même concurrente, vaudra mieux pour eux qu’une
Europe
malade, qu’ils devraient soutenir indéfiniment par des injections de
669
evraient soutenir indéfiniment par des injections
de
dollars, et qui, de plus, à cause de sa faiblesse, constituerait une
670
tation permanente pour les Russes, donc une cause
de
guerre. II y a quelques jours, à Paris, l’ambassadeur américain Caffe
671
tes français. Je tiens à vous citer quelques-unes
de
ses déclarations les plus franches et les plus nettes : Est-il exact
672
ue mon gouvernement soit favorable au fédéralisme
européen
? Oui, c’est un fait… Les États-Unis souhaitent l’indépendance de l’E
673
un fait… Les États-Unis souhaitent l’indépendance
de
l’Europe… J’insiste sur ce mot indépendance, car une idée assez répan
674
it… Les États-Unis souhaitent l’indépendance de l’
Europe
… J’insiste sur ce mot indépendance, car une idée assez répandue sembl
675
tats-Unis tendraient à établir leur emprise sur l’
Europe
… Or, les Américains envisagent au contraire la création d’une Europe
676
es Américains envisagent au contraire la création
d’
une Europe fédérale, comme l’aboutissement logique et nécessaire de la
677
ricains envisagent au contraire la création d’une
Europe
fédérale, comme l’aboutissement logique et nécessaire de la coopérati
678
rale, comme l’aboutissement logique et nécessaire
de
la coopération économique entre les États européens. Je ne prétendrai
679
aire de la coopération économique entre les États
européens
. Je ne prétendrais pas que la politique américaine soit totalement dé
680
soit totalement désintéressée, car la prospérité
de
l’Europe contribue à celle de l’Amérique. Les Américains et leur gouv
681
totalement désintéressée, car la prospérité de l’
Europe
contribue à celle de l’Amérique. Les Américains et leur gouvernement
682
, car la prospérité de l’Europe contribue à celle
de
l’Amérique. Les Américains et leur gouvernement estiment que cette pr
683
et cette force ne peuvent exister que par l’unité
européenne
. Ces déclarations venant d’un personnage aussi hautement autorisé qu
684
par l’unité européenne. Ces déclarations venant
d’
un personnage aussi hautement autorisé que l’ambassadeur Caffery, sont
685
notre économie ; de même que c’est seulement si l’
Europe
ne regagne pas son indépendance, en se fédérant, que le Pacte Atlanti
686
e Atlantique restera l’alliance dangereuse du pot
de
terre et du pot de fer. Secondement : c’est précisément la politique
687
a l’alliance dangereuse du pot de terre et du pot
de
fer. Secondement : c’est précisément la politique russe, la politiqu
688
usse, la politique du Kominform, qui tend à faire
de
l’Europe une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher
689
la politique du Kominform, qui tend à faire de l’
Europe
une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher notre uni
690
form, qui tend à faire de l’Europe une dépendance
de
l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher notre union. La volonté amé
691
une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye
d’
empêcher notre union. La volonté américaine est claire : toute l’Améri
692
, en premier lieu, des résultats que le Mouvement
européen
obtiendra dans les mois qui viennent. Nous en reparlerons lundi proch
693
Demain l’
Europe
! — L’URSS et l’Europe fédérée (2 mai 1949) Chers auditeurs, si tou
694
Demain l’Europe ! — L’URSS et l’
Europe
fédérée (2 mai 1949) Chers auditeurs, si tous les lundis soirs je r
695
, si tous les lundis soirs je reviens vous parler
de
l’Europe et des problèmes variés que pose son union, c’est parce que
696
tous les lundis soirs je reviens vous parler de l’
Europe
et des problèmes variés que pose son union, c’est parce que je suis c
697
e cette union fédérative est l’une des conditions
de
la paix, et sans doute sa première condition. Quand tout le monde aur
698
mpris cela, je me tairai ou bien je vous parlerai
de
littérature. Mais la question de la paix et de la guerre prime tout,
699
je vous parlerai de littérature. Mais la question
de
la paix et de la guerre prime tout, dans le monde d’aujourd’hui. Cour
700
ai de littérature. Mais la question de la paix et
de
la guerre prime tout, dans le monde d’aujourd’hui. Courons donc au pl
701
la paix et de la guerre prime tout, dans le monde
d’
aujourd’hui. Courons donc au plus pressé, et parlons de la paix. Ou pl
702
ourd’hui. Courons donc au plus pressé, et parlons
de
la paix. Ou plutôt non ! ne parlons pas de la paix — assez de congrès
703
arlons de la paix. Ou plutôt non ! ne parlons pas
de
la paix — assez de congrès bavardent à son sujet — mais essayons de f
704
Ou plutôt non ! ne parlons pas de la paix — assez
de
congrès bavardent à son sujet — mais essayons de faire quelque chose
705
de congrès bavardent à son sujet — mais essayons
de
faire quelque chose de précis pour l’établir. Pratiquement, je propos
706
son sujet — mais essayons de faire quelque chose
de
précis pour l’établir. Pratiquement, je propose de faire l’Europe. Ce
707
e précis pour l’établir. Pratiquement, je propose
de
faire l’Europe. Cette attitude me paraît claire et nette. Elle inquiè
708
ur l’établir. Pratiquement, je propose de faire l’
Europe
. Cette attitude me paraît claire et nette. Elle inquiète, cependant,
709
ette. Elle inquiète, cependant, un certain nombre
de
personnes, dont je ne mets pas en doute l’entière bonne foi. Ces pers
710
bonne foi. Ces personnes ont la grande obligeance
de
m’apprendre qu’il existe un certain rideau de fer, que ce rideau coup
711
nce de m’apprendre qu’il existe un certain rideau
de
fer, que ce rideau coupe l’Europe en deux, et que, dans ces condition
712
e un certain rideau de fer, que ce rideau coupe l’
Europe
en deux, et que, dans ces conditions, toute tentative de fédérer l’Eu
713
eux, et que, dans ces conditions, toute tentative
de
fédérer l’Europe est vouée, dès le départ, à l’échec. Sur quoi d’autr
714
dans ces conditions, toute tentative de fédérer l’
Europe
est vouée, dès le départ, à l’échec. Sur quoi d’autres ajoutent, d’un
715
le départ, à l’échec. Sur quoi d’autres ajoutent,
d’
un ton excité, que la fédération européenne, loin d’être un élément de
716
tres ajoutent, d’un ton excité, que la fédération
européenne
, loin d’être un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine
717
un ton excité, que la fédération européenne, loin
d’
être un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre
718
la fédération européenne, loin d’être un élément
de
paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre, car, assurent ce
719
ment de paix, ne serait en réalité qu’une machine
de
guerre, car, assurent ces personnes : « Vous êtes en train de faire l
720
t ces personnes : « Vous êtes en train de faire l’
Europe
avec Churchill contre les Russes ! » Je répondrai ce soir à ces deux
721
deux objections. Tout d’abord, est-il bien exact
d’
affirmer que le rideau de fer coupe notre Europe en deux, par le milie
722
abord, est-il bien exact d’affirmer que le rideau
de
fer coupe notre Europe en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffre
723
exact d’affirmer que le rideau de fer coupe notre
Europe
en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffres : de notre côté du ri
724
en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffres :
de
notre côté du rideau, nous sommes 300 millions. Du côté Est, 105 mill
725
ougoslaves et Tito pour la bonne mesure. Les pays
de
l’Est ne forment donc au plus qu’un quart de l’Europe. Habité en majo
726
pays de l’Est ne forment donc au plus qu’un quart
de
l’Europe. Habité en majorité par une population agraire, dont chacun
727
de l’Est ne forment donc au plus qu’un quart de l’
Europe
. Habité en majorité par une population agraire, dont chacun sait qu’e
728
e vue politique et civique, comme au point de vue
de
l’industrie et de la culture. Ce qui ne signifie pas que nous devons
729
civique, comme au point de vue de l’industrie et
de
la culture. Ce qui ne signifie pas que nous devons la négliger, bien
730
le niveau de vie que par la quantité — la moitié
de
l’Europe. Ensuite, je rappellerai que ce n’est pas nous qui avons tir
731
iveau de vie que par la quantité — la moitié de l’
Europe
. Ensuite, je rappellerai que ce n’est pas nous qui avons tiré le fame
732
. Et ce ne sont pas non plus les peuples des pays
de
l’Est. Mais ce sont les chefs staliniens, partout où ils ont pu s’emp
733
s ont pu s’emparer du pouvoir. S’ils ont jugé bon
d’
amputer notre Europe, provisoirement, d’un quart de sa population, ce
734
er du pouvoir. S’ils ont jugé bon d’amputer notre
Europe
, provisoirement, d’un quart de sa population, ce n’est pas une raison
735
jugé bon d’amputer notre Europe, provisoirement,
d’
un quart de sa population, ce n’est pas une raison, bien au contraire,
736
’amputer notre Europe, provisoirement, d’un quart
de
sa population, ce n’est pas une raison, bien au contraire, pour que n
737
asserons tous. Il est donc vrai que la fédération
de
l’Europe est en partie une mesure de défense contre l’expansion russe
738
ons tous. Il est donc vrai que la fédération de l’
Europe
est en partie une mesure de défense contre l’expansion russe, ou plus
739
a fédération de l’Europe est en partie une mesure
de
défense contre l’expansion russe, ou plus exactement contre la dictat
740
un peu fort, c’est lorsqu’ils croient ou essayent
de
faire croire, que cette mesure de légitime défense cache un plan d’ag
741
ent ou essayent de faire croire, que cette mesure
de
légitime défense cache un plan d’agression contre l’URSS. Où est la v
742
ue cette mesure de légitime défense cache un plan
d’
agression contre l’URSS. Où est la vraisemblance d’une telle accusatio
743
’agression contre l’URSS. Où est la vraisemblance
d’
une telle accusation ? On se borne à la répéter, sans avancer l’ombre
744
? On se borne à la répéter, sans avancer l’ombre
d’
une preuve. Un auteur communiste m’écrivait l’autre jour qu’à son avis
745
toute fédération régionale — comme la fédération
européenne
— représente nécessairement une coalition belliqueuse et une menace p
746
la seule vraie fédération qui se soit constituée
de
nos jours, c’est celle qui groupe toutes les Russies dans la républiq
747
pour la guerre. Il est donc parfaitement inutile
de
poursuivre cette discussion, et de perdre à ces petits jeux-là un tem
748
tement inutile de poursuivre cette discussion, et
de
perdre à ces petits jeux-là un temps que l’on peut employer pour fair
749
usses et leurs communistes organisent des congrès
de
colombes, qu’ils y réclament la paix sur tous les tons, y compris le
750
ous n’y voyons aucun inconvénient. Qu’ils parlent
de
la paix, pourvu qu’ils nous la laissent ! L’Europe que nous voulons,
751
nt de la paix, pourvu qu’ils nous la laissent ! L’
Europe
que nous voulons, libre et indépendante, ne peut faire peur qu’à ceux
752
n’ont pas bonne conscience, qu’à ceux qui rêvent
de
nous forcer un jour à subir un régime policier dont nous n’avons ici
753
ie ni le besoin. Qu’ils se rassurent pourtant : l’
Europe
que nous faisons ne leur imposera qu’une seule chose — qu’ils la dési
754
, n’ôte pas un fil ! » Le printemps n’a fait mine
d’
entrer, et le rideau de fer de se soulever à Berlin, que pour laisser
755
Le printemps n’a fait mine d’entrer, et le rideau
de
fer de se soulever à Berlin, que pour laisser passer un flot d’air fr
756
temps n’a fait mine d’entrer, et le rideau de fer
de
se soulever à Berlin, que pour laisser passer un flot d’air froid. Du
757
oulever à Berlin, que pour laisser passer un flot
d’
air froid. Durant la semaine qui vient, restons prudents. Cependant le
758
s, publiera les statuts du Conseil de l’Europe et
de
l’Assemblée consultative. À Berne, on reste calme, mais un peu plus c
759
plus chaud : le Conseil suisse pour le Mouvement
européen
vient en effet de se constituer aujourd’hui même. Je vous en parlerai
760
suisse pour le Mouvement européen vient en effet
de
se constituer aujourd’hui même. Je vous en parlerai lundi prochain.
761
Demain l’
Europe
! — Le Statut du Conseil de l’Europe (9 mai 1949) Chers auditeurs !
762
i 1949) Chers auditeurs ! Je vous parle ce soir
de
Paris, où j’ai participé, pendant trois jours, aux réunions du Comité
763
dant trois jours, aux réunions du Comité exécutif
de
notre grand Mouvement européen. Des comités, encore des comités ! va-
764
nions du Comité exécutif de notre grand Mouvement
européen
. Des comités, encore des comités ! va-t-on penser. Mais dites-vous bi
765
c’est du travail tout désintéressé, mais acharné,
de
ces comités-là, que vient de sortir un document majeur de notre histo
766
omités-là, que vient de sortir un document majeur
de
notre histoire : le Statut du Conseil de l’Europe, enregistré à Londr
767
an, exactement, que siégeait à La Haye le Congrès
de
l’Europe. La principale résolution qui fut votée par ce congrès deman
768
xactement, que siégeait à La Haye le Congrès de l’
Europe
. La principale résolution qui fut votée par ce congrès demandait la c
769
fut votée par ce congrès demandait la convocation
d’
un Parlement européen. En un peu moins d’un an, nous avons abouti. Le
770
e congrès demandait la convocation d’un Parlement
européen
. En un peu moins d’un an, nous avons abouti. Le premier objectif est
771
vocation d’un Parlement européen. En un peu moins
d’
un an, nous avons abouti. Le premier objectif est atteint. Et ce n’est
772
pas sans émotion que je puis vous parler ce soir
de
ce premier aboutissement spectaculaire d’un long effort, poursuivi sa
773
ce soir de ce premier aboutissement spectaculaire
d’
un long effort, poursuivi sans relâche, contre vents et marées, par de
774
relâche, contre vents et marées, par des milliers
de
militants de tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux
775
re vents et marées, par des milliers de militants
de
tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le seront
776
s, par des milliers de militants de tous les pays
de
l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le seront un jour, — ceux
777
r des milliers de militants de tous les pays de l’
Europe
, ceux qui sont libres et ceux qui le seront un jour, — ceux qui veule
778
et qui veulent en créer la première condition : l’
Europe
unie. Ce Conseil de l’Europe, dont les statuts viennent donc d’être s
779
nseil de l’Europe, dont les statuts viennent donc
d’
être signés à Londres par les ministres des Affaires étrangères de dix
780
Londres par les ministres des Affaires étrangères
de
dix pays démocratiques, ce n’est, je le répète, qu’un premier objecti
781
ète, qu’un premier objectif. Nous l’avons conquis
de
haute lutte, mais non sans pertes. Ce qui est acquis est bien acquis,
782
est bien acquis, ou, comme le disait la manchette
d’
un des grands journaux parisiens commentant cette date décisive : « Ce
783
ais ce qui est fait n’est pas encore la plénitude
de
ce qu’il faut faire et que nous voulons. Ce Conseil de l’Europe, déso
784
res doit siéger à huis clos, et il admet le droit
de
veto, puisque ses décisions ne seront prises qu’à l’unanimité des mem
785
, nommé par son gouvernement, défendra les droits
de
son État, et nous ne dépasserons pas le stade de la Ligue des Nations
786
de son État, et nous ne dépasserons pas le stade
de
la Ligue des Nations ou de l’ONU. Mais il y a l’Assemblée consultativ
787
passerons pas le stade de la Ligue des Nations ou
de
l’ONU. Mais il y a l’Assemblée consultative, et c’est là que le fédér
788
blée consultative, et c’est là que le fédéralisme
européen
marque un point vraiment décisif. Cette Assemblée siégera dans trois
789
dans trois mois à Strasbourg. Elle sera composée
de
députés désignés par les parlements de douze pays, et choisis dans ce
790
a composée de députés désignés par les parlements
de
douze pays, et choisis dans ces parlements, mais aussi en dehors de l
791
es députés ne voteront pas au nom de leur pays ou
de
leur gouvernement, mais au nom de leur seule conviction personnelle d
792
mais au nom de leur seule conviction personnelle
de
citoyens européens. Et là, nous dépassons enfin le stade des intérêts
793
de leur seule conviction personnelle de citoyens
européens
. Et là, nous dépassons enfin le stade des intérêts nationalistes. Les
794
n le stade des intérêts nationalistes. Les débats
de
l’Assemblée seront publics. Les décisions de l’Assemblée, bien qu’ell
795
bats de l’Assemblée seront publics. Les décisions
de
l’Assemblée, bien qu’elles n’aient qu’une valeur consultative, retent
796
consultative, retentiront dans l’opinion publique
de
toute l’Europe, et seront largement conditionnées par elle. C’est dir
797
e, retentiront dans l’opinion publique de toute l’
Europe
, et seront largement conditionnées par elle. C’est dire que la consci
798
es par elle. C’est dire que la conscience commune
de
tous nos peuples, leur volonté commune de paix et de liberté, pourron
799
commune de tous nos peuples, leur volonté commune
de
paix et de liberté, pourront enfin se faire entendre au monde entier
800
tous nos peuples, leur volonté commune de paix et
de
liberté, pourront enfin se faire entendre au monde entier comme la vo
801
faire entendre au monde entier comme la voix même
d’
une renaissance européenne, d’une Troisième force, d’une force d’espér
802
monde entier comme la voix même d’une renaissance
européenne
, d’une Troisième force, d’une force d’espérance. Une ère nouvelle com
803
comme la voix même d’une renaissance européenne,
d’
une Troisième force, d’une force d’espérance. Une ère nouvelle commenc
804
ne renaissance européenne, d’une Troisième force,
d’
une force d’espérance. Une ère nouvelle commence ici. Certes, nous vou
805
ce européenne, d’une Troisième force, d’une force
d’
espérance. Une ère nouvelle commence ici. Certes, nous voulons davanta
806
és : on nous accorde avec difficulté un Parlement
de
87 membres, c’est mesquin. Nous voulions que cette Assemblée puisse t
807
ions que cette Assemblée puisse traiter librement
de
toute question intéressant les citoyens européens : on lui interdit l
808
rement de toute question intéressant les citoyens
européens
: on lui interdit les questions militaires, et on limite ses compéten
809
u’un corps consultatif. Notre idéal est donc loin
d’
être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir, de faire sonner les c
810
’être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir,
de
faire sonner les cloches dans toute l’Europe. Mais le son frêle et pu
811
ce soir, de faire sonner les cloches dans toute l’
Europe
. Mais le son frêle et pur d’une petite cloche heureuse s’est fait ent
812
hes dans toute l’Europe. Mais le son frêle et pur
d’
une petite cloche heureuse s’est fait entendre : c’est la voix de ce q
813
oche heureuse s’est fait entendre : c’est la voix
de
ce que Charles Péguy nommait « la petite espérance ». Sachez l’entend
814
l’accueillir en votre cœur. Elle ne cessera plus
de
tinter. Et c’est à vous, c’est à nous tous, à l’opinion de tous nos p
815
. Et c’est à vous, c’est à nous tous, à l’opinion
de
tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartie
816
t à nous tous, à l’opinion de tous nos peuples et
de
chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propa
817
ous, à l’opinion de tous nos peuples et de chacun
de
nous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propager l’espo
818
ous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais
de
propager l’espoir qui vient de naître. Seule, la pression constante d
819
qui vient de naître. Seule, la pression constante
de
l’opinion publique pourra forcer les résistances égoïstes, pourra pou
820
résistances égoïstes, pourra pousser les députés
européens
à proclamer un jour, à la face des États : nous sommes ici de par la
821
ici de par la volonté des peuples, et nous jurons
de
n’en sortir qu’une fois l’Europe entièrement fédérée ! C’est pour hât
822
ples, et nous jurons de n’en sortir qu’une fois l’
Europe
entièrement fédérée ! C’est pour hâter la venue nécessaire de ce nouv
823
nt fédérée ! C’est pour hâter la venue nécessaire
de
ce nouveau Serment du Jeu de paume que le Mouvement européen va mobil
824
la venue nécessaire de ce nouveau Serment du Jeu
de
paume que le Mouvement européen va mobiliser l’opinion. C’est donc av
825
nouveau Serment du Jeu de paume que le Mouvement
européen
va mobiliser l’opinion. C’est donc avec une grande confiance que dans
826
hain, je puis vous annoncer l’élévation constante
de
la température européenne. Et notez-le, à Berlin, cette semaine, le r
827
annoncer l’élévation constante de la température
européenne
. Et notez-le, à Berlin, cette semaine, le rideau de fer va s’entrouvr
828
. Et notez-le, à Berlin, cette semaine, le rideau
de
fer va s’entrouvrir, laissant passer une masse d’air chaud de l’Occid
829
de fer va s’entrouvrir, laissant passer une masse
d’
air chaud de l’Occident vers l’Est européen. Le beau temps vient ! Au
830
entrouvrir, laissant passer une masse d’air chaud
de
l’Occident vers l’Est européen. Le beau temps vient ! Au revoir, à lu
831
er une masse d’air chaud de l’Occident vers l’Est
européen
. Le beau temps vient ! Au revoir, à lundi prochain !
832
Demain l’
Europe
! — La neutralité suisse (23 mai 1949) Chers auditeurs, Le Parlemen
833
sse (23 mai 1949) Chers auditeurs, Le Parlement
européen
a cessé d’être une utopie, je vous l’ai dit lundi dernier. Dans trois
834
Chers auditeurs, Le Parlement européen a cessé
d’
être une utopie, je vous l’ai dit lundi dernier. Dans trois mois, à St
835
semblée consultative, désignée par les parlements
de
12 ou 13 pays européens, sera solennellement inaugurée. Elle rappelle
836
ive, désignée par les parlements de 12 ou 13 pays
européens
, sera solennellement inaugurée. Elle rappellera notre ancienne Diète
837
on pensera, dans le monde entier, que les nations
de
ce vieux continent sont en train d’imiter, avec un peu de retard, l’e
838
train d’imiter, avec un peu de retard, l’exemple
de
nos cantons suisses. Mais justement, à cette première Diète fédérale,
839
on, une question difficile et grave. À la demande
d’
un certain nombre d’auditeurs, tant en Suisse qu’en Belgique et en Fra
840
ficile et grave. À la demande d’un certain nombre
d’
auditeurs, tant en Suisse qu’en Belgique et en France, j’essaierai d’y
841
n Suisse qu’en Belgique et en France, j’essaierai
d’
y répondre ce soir et dans mes prochaines émissions. J’essaierai de vo
842
oir et dans mes prochaines émissions. J’essaierai
de
vous montrer comment l’exemple suisse — 100 ans de paix par la fédéra
843
e vous montrer comment l’exemple suisse — 100 ans
de
paix par la fédération — reste valable pour l’Europe actuelle. J’essa
844
de paix par la fédération — reste valable pour l’
Europe
actuelle. J’essaierai de montrer aussi comment la Suisse devrait et p
845
reste valable pour l’Europe actuelle. J’essaierai
de
montrer aussi comment la Suisse devrait et peut participer à l’œuvre
846
nt la Suisse devrait et peut participer à l’œuvre
de
l’union continentale. Mais tout d’abord, ce soir, je voudrais vous pa
847
ord, ce soir, je voudrais vous parler du problème
de
la neutralité, puisque c’est la neutralité, précisément, qui empêche
848
la neutralité, précisément, qui empêche la Suisse
d’
être présente au premier Parlement de l’Europe. On a peine à comprendr
849
he la Suisse d’être présente au premier Parlement
de
l’Europe. On a peine à comprendre, à l’étranger, comment notre pays,
850
Suisse d’être présente au premier Parlement de l’
Europe
. On a peine à comprendre, à l’étranger, comment notre pays, qui est l
851
, comment notre pays, qui est le modèle classique
d’
une fédération réussie, n’entre pas avec enthousiasme dans ce premier
852
entre pas avec enthousiasme dans ce premier essai
d’
union. On sait bien que la neutralité interdit à la Suisse de conclure
853
sait bien que la neutralité interdit à la Suisse
de
conclure des alliances de caractère politique. Mais on pense que cett
854
té interdit à la Suisse de conclure des alliances
de
caractère politique. Mais on pense que cette neutralité est quelque c
855
s on pense que cette neutralité est quelque chose
de
périmé. Et l’on est bien souvent tenté de l’interpréter comme une att
856
e chose de périmé. Et l’on est bien souvent tenté
de
l’interpréter comme une attitude égoïste, comme un défaut d’esprit de
857
réter comme une attitude égoïste, comme un défaut
d’
esprit de solidarité. Après tout, la Suède et l’Irlande, qui elles aus
858
me une attitude égoïste, comme un défaut d’esprit
de
solidarité. Après tout, la Suède et l’Irlande, qui elles aussi se son
859
’obstinerait-elle à rester seule, quand il s’agit
d’
un effort unanime pour sauver l’Europe et la paix ? Je répondrai par u
860
quand il s’agit d’un effort unanime pour sauver l’
Europe
et la paix ? Je répondrai par une seule phrase : la Suisse neutre et
861
ase : la Suisse neutre et déjà fédérée, c’est une
Europe
déjà sauvée et pacifiée. En revenant en arrière, et par exemple, en r
862
onc non seulement sa mission, mais encore l’idéal
européen
qu’elle doit maintenir et illustrer, jusqu’à ce que les autres nation
863
neutralité suisse n’est pas moins nécessaire à l’
Europe
qu’à la Suisse elle-même. Au lendemain des guerres de Napoléon, les p
864
u’à la Suisse elle-même. Au lendemain des guerres
de
Napoléon, les puissances réunies à Vienne déclarèrent que la neutrali
865
t que la neutralité suisse était « dans l’intérêt
de
l’Europe entière ». Elles obligèrent la Suisse à rester neutre et à d
866
la neutralité suisse était « dans l’intérêt de l’
Europe
entière ». Elles obligèrent la Suisse à rester neutre et à défendre s
867
t cela, parce qu’il était vital, pour l’équilibre
européen
, que la position stratégique occupée par la Suisse au cœur du contine
868
ntinent, restât libre, et ne tombât pas aux mains
de
l’une ou l’autre des grandes nations voisines. Il est clair que la Su
869
er libres les cols des Alpes, si elle avait cessé
d’
être neutre. Car la Suisse est formée par 25 républiques, elle parle q
870
i pour l’un ou l’autre camp, au cours des guerres
européennes
, elle se serait fatalement disloquée. Par trois fois, en moins de cen
871
it fatalement disloquée. Par trois fois, en moins
de
cent ans, la guerre a éclaté entre Allemands et Français. Or la Suiss
872
gne et une France déjà réconciliées. Son rôle est
de
maintenir à n’importe quel prix cet exemple vivant, cette preuve irré
873
Ceci dit, on pourrait m’objecter que la situation
de
l’Europe a bien changé. Le danger immédiat n’est plus pour nous, dans
874
dit, on pourrait m’objecter que la situation de l’
Europe
a bien changé. Le danger immédiat n’est plus pour nous, dans une quat
875
À cela, je répondrai qu’il n’y a qu’un seul moyen
de
prévenir la guerre des deux Grands : c’est de faire de l’Europe une T
876
yen de prévenir la guerre des deux Grands : c’est
de
faire de l’Europe une Troisième force, décidée à s’interposer. Or, ce
877
évenir la guerre des deux Grands : c’est de faire
de
l’Europe une Troisième force, décidée à s’interposer. Or, cette Europ
878
r la guerre des deux Grands : c’est de faire de l’
Europe
une Troisième force, décidée à s’interposer. Or, cette Europe, si ell
879
roisième force, décidée à s’interposer. Or, cette
Europe
, si elle s’unit vraiment, c’est-à-dire si elle arrive assez vite à co
880
sez vite à constituer une vraie fédération, cette
Europe
, à son tour, devra se déclarer neutre. Elle aura, pour cela, les même
881
sons que la Suisse. Unie dans l’infinie diversité
de
ses peuples et de ses tendances, politiques et idéologiques, elle ne
882
. Unie dans l’infinie diversité de ses peuples et
de
ses tendances, politiques et idéologiques, elle ne pourra préserver s
883
r son union qu’à condition de refuser toute prise
de
parti belliqueuse. Car autrement, il est fatal que se déchaîne une gu
884
t, il est fatal que se déchaîne une guerre civile
européenne
, qui marquerait la fin de nos libertés et de notre civilisation. Le r
885
e guerre civile européenne, qui marquerait la fin
de
nos libertés et de notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormai
886
opéenne, qui marquerait la fin de nos libertés et
de
notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormais, paraît clair. So
887
de nos libertés et de notre civilisation. Le rôle
de
la Suisse, désormais, paraît clair. Solidement fédérée, neutre depuis
888
s lequel tendent de plus en plus tous les peuples
européens
. Elle prouve, par sa seule existence, la possibilité et les bienfaits
889
seule existence, la possibilité et les bienfaits
de
l’union fédérale dans la diversité. En persistant dans sa neutralité,
890
tte pour préserver au cœur du continent une image
de
l’avenir européen. Quand toute l’Europe se sera fédérée, quand elle s
891
server au cœur du continent une image de l’avenir
européen
. Quand toute l’Europe se sera fédérée, quand elle sera neutre à son t
892
ent une image de l’avenir européen. Quand toute l’
Europe
se sera fédérée, quand elle sera neutre à son tour, alors la Suisse p
893
ion sans trahir sa mission séculaire. Sa vocation
européenne
sera remplie. Et ce jour-là, mais pas avant, nous pourrons annoncer q
894
Demain l’
Europe
! — Suisse 1848-Europe 1949 (30 mai 1949) Chers auditeurs, En vous
895
Chers auditeurs, En vous parlant lundi dernier
de
la neutralité de notre pays dans le cadre d’une future neutralité occ
896
s, En vous parlant lundi dernier de la neutralité
de
notre pays dans le cadre d’une future neutralité occidentale, j’ai ab
897
nier de la neutralité de notre pays dans le cadre
d’
une future neutralité occidentale, j’ai abordé le sujet délicat, et qu
898
i deviendra de plus en plus brûlant, des rapports
de
la Suisse avec l’union européenne en formation. Aujourd’hui, je voudr
899
s brûlant, des rapports de la Suisse avec l’union
européenne
en formation. Aujourd’hui, je voudrais souligner la valeur de l’exemp
900
ion. Aujourd’hui, je voudrais souligner la valeur
de
l’exemple suisse pour les fédérateurs du continent. Personne au monde
901
ne songe à nier la réussite, sur tous les plans,
de
notre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans de paix intérieure
902
, sur tous les plans, de notre système fédéral et
de
nos méthodes. Cent ans de paix intérieure, politique et sociale, et l
903
otre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans
de
paix intérieure, politique et sociale, et l’état de prospérité de plu
904
paix intérieure, politique et sociale, et l’état
de
prospérité de plus en plus démocratique que l’étranger admire chez no
905
ez nous, voilà deux résultats qui nous dispensent
de
toute autre démonstration. La preuve est faite, en Suisse, que le féd
906
ver là. La fédération suisse, dit-on, a pris plus
de
500 ans pour se constituer. Si l’on veut en déduire qu’il faudrait à
907
ituer. Si l’on veut en déduire qu’il faudrait à l’
Europe
autant de siècles pour se fédérer, je pense qu’on a doublement tort.
908
veut en déduire qu’il faudrait à l’Europe autant
de
siècles pour se fédérer, je pense qu’on a doublement tort. Premièreme
909
u’on a doublement tort. Premièrement, parce que l’
Europe
doit se fédérer dans les deux ans qui viennent, si elle veut éviter l
910
ement, parce que les cantons suisses, à la veille
de
leur fédération, c’est-à-dire il y a 101 ans, n’étaient pas beaucoup
911
n’étaient pas beaucoup plus avancés dans la voie
de
l’union réelle, que ne le sont les 24 États qui composent l’Europe d’
912
elle, que ne le sont les 24 États qui composent l’
Europe
d’aujourd’hui. Et pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins d’u
913
ue ne le sont les 24 États qui composent l’Europe
d’
aujourd’hui. Et pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins d’un a
914
t pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins
d’
un an, comme vous le savez. La comparaison est frappante, entre cette
915
La comparaison est frappante, entre cette Suisse
d’
il y a cent ans et notre Europe en crise, et qui cherche à s’unir. Cer
916
te, entre cette Suisse d’il y a cent ans et notre
Europe
en crise, et qui cherche à s’unir. Certes, les cantons suisses vivaie
917
ses vivaient depuis longtemps dans une communauté
de
fait : c’est aussi le cas de nos diverses nations. Ils avaient noué d
918
dans une communauté de fait : c’est aussi le cas
de
nos diverses nations. Ils avaient noué des alliances, qui pourtant n’
919
italien ou le romanche. Entre un paysan du canton
de
Zoug et un citadin de Genève, entre un patricien catholique de Lucern
920
. Entre un paysan du canton de Zoug et un citadin
de
Genève, entre un patricien catholique de Lucerne ou de Fribourg et un
921
citadin de Genève, entre un patricien catholique
de
Lucerne ou de Fribourg et un horloger socialiste des montagnes neuchâ
922
nève, entre un patricien catholique de Lucerne ou
de
Fribourg et un horloger socialiste des montagnes neuchâteloises, il y
923
inement — et il subsiste encore — au moins autant
de
différences qu’entre un pêcheur danois, un paysan italien, un mineur
924
paysan italien, un mineur belge, et un bourgeois
de
Londres ou de Paris. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et so
925
n, un mineur belge, et un bourgeois de Londres ou
de
Paris. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et sont restés unis
926
et sont restés unis depuis cent ans. Le sentiment
d’
une commune patrie suisse n’était, en fait, pas beaucoup plus vivant a
927
x e siècle, que ne l’est aujourd’hui le sentiment
d’
une commune patrie européenne. Chacun de nos cantons s’attachait jalou
928
est aujourd’hui le sentiment d’une commune patrie
européenne
. Chacun de nos cantons s’attachait jalousement à sa sacro-sainte souv
929
sentiment d’une commune patrie européenne. Chacun
de
nos cantons s’attachait jalousement à sa sacro-sainte souveraineté. L
930
o-sainte souveraineté. La preuve que le sentiment
d’
une patrie suisse n’existait guère, c’est qu’il fallut l’action persév
931
t guère, c’est qu’il fallut l’action persévérante
d’
un certain nombre de sociétés privées pour le faire naître, pour le pr
932
fallut l’action persévérante d’un certain nombre
de
sociétés privées pour le faire naître, pour le propager et l’illustre
933
é helvétique, les tirs fédéraux, les associations
d’
étudiants comme celle de Zofingue jouèrent alors un rôle comparable à
934
édéraux, les associations d’étudiants comme celle
de
Zofingue jouèrent alors un rôle comparable à celui de nos divers mouv
935
ofingue jouèrent alors un rôle comparable à celui
de
nos divers mouvements fédéralistes européens. Je mets en fait que les
936
ble à celui de nos divers mouvements fédéralistes
européens
. Je mets en fait que les Genevois, les Zurichois, les Tessinois, aux
937
uédois et les Anglais, aujourd’hui, ne se sentent
Européens
. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, en quelques mois, et sont
938
arlerai dans ma prochaine chronique des problèmes
de
l’économie. Ce soir, je ne m’attacherai qu’aux ressemblances politiqu
939
qu’aux ressemblances politiques, entre la Suisse
d’
il y a cent ans, et notre Europe. En 1847, nos cantons n’étaient pas l
940
ques, entre la Suisse d’il y a cent ans, et notre
Europe
. En 1847, nos cantons n’étaient pas liés par une constitution et par
941
était la Diète fédérale. Cette Diète était formée
de
délégués des gouvernements cantonaux. C’était une sorte de société de
942
és des gouvernements cantonaux. C’était une sorte
de
société des cantons, analogue à la Société des Nations, ou à l’ONU. C
943
stes des États, au lieu de représenter la volonté
d’
union des peuples. Et c’est parce que la Diète des cantons souverains
944
pays, que les Suisses décidèrent il y a cent ans
de
créer un pouvoir central, un Conseil fédéral, et un vrai parlement. L
945
nseil fédéral, et un vrai parlement. L’expérience
de
leur dernière guerre civile leur suffisait : en quelques mois, ils ré
946
ne naquit. Comme vous le voyez, les circonstances
de
la Suisse jusqu’en 1847 se trouvaient correspondre, point par point,
947
correspondre, point par point, aux circonstances
de
l’Europe d’aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était un
948
espondre, point par point, aux circonstances de l’
Europe
d’aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était unie. Qu’on
949
e, point par point, aux circonstances de l’Europe
d’
aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était unie. Qu’on se
950
ait unie. Qu’on se le dise, à Strasbourg, au mois
d’
août, lorsque s’ouvrira la session de la première Diète de l’Europe !
951
urg, au mois d’août, lorsque s’ouvrira la session
de
la première Diète de l’Europe ! Qu’on ait le courage d’aller très vit
952
lorsque s’ouvrira la session de la première Diète
de
l’Europe ! Qu’on ait le courage d’aller très vite, comme les Suisses
953
ue s’ouvrira la session de la première Diète de l’
Europe
! Qu’on ait le courage d’aller très vite, comme les Suisses surent al
954
première Diète de l’Europe ! Qu’on ait le courage
d’
aller très vite, comme les Suisses surent aller très vite il y a cent
955
suprême imprudence, ce serait aujourd’hui l’excès
de
prudence. Fédérons-nous d’abord, et rapidement ! Ensuite, une fois la
956
Ensuite, une fois la paix conquise, il sera temps
d’
imiter Berne, et sa méfiance des précipitations. Au revoir, à lundi en
957
Demain l’
Europe
! — Suisse 1848-Europe 1949 (II) (13 juin 1949) Chers auditeurs, Da
958
teurs, Dans ma dernière chronique, j’ai comparé l’
Europe
de notre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse d’il y a 100 an
959
Dans ma dernière chronique, j’ai comparé l’Europe
de
notre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse d’il y a 100 ans,
960
otre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse
d’
il y a 100 ans, divisée en 22 petits États souverains. Du point de vue
961
e, la ressemblance était frappante : même absence
d’
unité d’action dans les deux cas, même impuissance vis-à-vis des grand
962
ssemblance était frappante : même absence d’unité
d’
action dans les deux cas, même impuissance vis-à-vis des grands voisin
963
s cantons ne pouvaient plus défendre, et qu’aucun
de
nos pays européens ne pourrait aujourd’hui défendre sérieusement. Et
964
pouvaient plus défendre, et qu’aucun de nos pays
européens
ne pourrait aujourd’hui défendre sérieusement. Et cette comparaison p
965
s. Si nous comparons maintenant l’état économique
de
nos cantons avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre Europe
966
cantons avant qu’ils se soient fédérés et l’état
de
notre Europe divisée, nous allons constater des ressemblances peut-êt
967
avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre
Europe
divisée, nous allons constater des ressemblances peut-être encore plu
968
plus étonnantes. Quels sont les maux dont souffre
de
nos jours l’économie européenne ? Vous les connaissez tous, ils sont
969
ont les maux dont souffre de nos jours l’économie
européenne
? Vous les connaissez tous, ils sont bien évidents. Nous avons en Eur
970
issez tous, ils sont bien évidents. Nous avons en
Europe
24 monnaies différentes, de valeurs inégales et constamment variables
971
ts. Nous avons en Europe 24 monnaies différentes,
de
valeurs inégales et constamment variables, qui transforment les opéra
972
forment les opérations commerciales en casse-tête
d’
arithmétique, où seuls les virtuoses du marché noir arrivent à se retr
973
’élèvent sans cesse, à tel point que la traversée
de
l’Europe devient une épuisante course d’obstacles. Nos marchés nation
974
ent sans cesse, à tel point que la traversée de l’
Europe
devient une épuisante course d’obstacles. Nos marchés nationaux, de p
975
raversée de l’Europe devient une épuisante course
d’
obstacles. Nos marchés nationaux, de plus en plus fermés, sont tous tr
976
modernisées, qui étouffent et se voient obligées
de
freiner secrètement la production. Il en résulte que le prix de la vi
977
rètement la production. Il en résulte que le prix
de
la vie ne cesse d’augmenter, et que le chômage devient une maladie ch
978
ion. Il en résulte que le prix de la vie ne cesse
d’
augmenter, et que le chômage devient une maladie chronique. Eh bien, n
979
actement. Il y avait alors en Suisse une douzaine
de
monnaies différentes. Il y avait des douanes intérieures, auxquelles
980
ous les 30 kilomètres. On comptait, en 1847, plus
de
400 taxes sur le trafic des marchandises à l’intérieur du pays ! On d
981
l’intérieur du pays ! On devait payer des droits
de
péage à l’entrée des cantons, et même parfois des communes. Le canton
982
férentes sur la route du Gothard, avec obligation
de
décharger chaque fois la marchandise pour la peser. L’essor de l’indu
983
chaque fois la marchandise pour la peser. L’essor
de
l’industrie naissante et du commerce se voyait freiné, brimé, et pres
984
mé, et presque paralysé, par toutes ces barrières
de
tarifs. Le chômage augmentait chaque année. Un canton regorgeait de b
985
age augmentait chaque année. Un canton regorgeait
de
blé, tandis que d’autres souffraient de la famine. Voici encore une c
986
egorgeait de blé, tandis que d’autres souffraient
de
la famine. Voici encore une comparaison très précise entre l’état de
987
encore une comparaison très précise entre l’état
de
la Suisse avant 1848 et l’état de l’Europe d’aujourd’hui. Un commerça
988
se entre l’état de la Suisse avant 1848 et l’état
de
l’Europe d’aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendr
989
tre l’état de la Suisse avant 1848 et l’état de l’
Europe
d’aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendre ses pro
990
tat de la Suisse avant 1848 et l’état de l’Europe
d’
aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendre ses produi
991
t l’état de l’Europe d’aujourd’hui. Un commerçant
de
Saint-Gall qui voulait vendre ses produits à Genève devait payer tant
992
de droits pour passer à travers une demi-douzaine
de
cantons, qu’il préférait les éviter en faisant un grand détour par l’
993
’Allemagne et la France. Il n’en va pas autrement
de
nos jours, pour le trafic européen. En effet, on a calculé qu’un comm
994
’en va pas autrement de nos jours, pour le trafic
européen
. En effet, on a calculé qu’un commerçant de Stockholm ou d’Oslo qui v
995
européen. En effet, on a calculé qu’un commerçant
de
Stockholm ou d’Oslo qui veut vendre ses produits à Madrid ou à Athène
996
et, on a calculé qu’un commerçant de Stockholm ou
d’
Oslo qui veut vendre ses produits à Madrid ou à Athènes aurait intérêt
997
passer par l’Amérique afin d’éviter une douzaine
de
barrages douaniers longs et coûteux, en traversant l’Europe. Tout le
998
rages douaniers longs et coûteux, en traversant l’
Europe
. Tout le monde voyait très bien, il y a cent ans, que ces absurdités
999
épassaient toute mesure, et tout le monde le voit
de
nos jours. Cependant, les États s’obstinaient, et certains intérêts m
1000
s à l’intérieur de la Suisse se faisaient traiter
de
doux rêveurs ou d’ignorants, comme ceux qui demandent la suppression
1001
la Suisse se faisaient traiter de doux rêveurs ou
d’
ignorants, comme ceux qui demandent la suppression des douanes à l’int
1002
la suppression des douanes à l’intérieur de notre
Europe
. On leur disait : vous allez provoquer des catastrophes ! vous brûlez
1003
s ! vous brûlez les étapes ! et si vous supprimez
d’
un coup les douanes et les péages, voici la liste des industries local
1004
eront ruinées ! Or, que s’est-il passé ? En moins
d’
un an, les cantons suisses se sont unis, douanes et péages ont disparu
1005
ne s’est produite. Au contraire, l’essor immédiat
de
l’industrie et du commerce nous a valu cent ans de prospérité. Tirons
1006
e l’industrie et du commerce nous a valu cent ans
de
prospérité. Tirons maintenant la leçon de cette comparaison. La Suiss
1007
ent ans de prospérité. Tirons maintenant la leçon
de
cette comparaison. La Suisse, en 1847, n’était pas plus avancée que l
1008
a Suisse, en 1847, n’était pas plus avancée que l’
Europe
en 1949. C’était le même chaos économique, produit par les mêmes divi
1009
ntières et des douanes. On répétait : surtout pas
de
précipitation ! Et pourtant, la fédération définitive de nos cantons
1010
ipitation ! Et pourtant, la fédération définitive
de
nos cantons s’est faite en quelques mois, avec un plein succès. Perso
1011
n fait historique. Les Suisses ont donc le devoir
de
dire à toute l’Europe : voici notre expérience, imitez-la ! Et nous t
1012
Les Suisses ont donc le devoir de dire à toute l’
Europe
: voici notre expérience, imitez-la ! Et nous tous, les Européens de
1013
i notre expérience, imitez-la ! Et nous tous, les
Européens
de tout pays, il est temps que nous disions à nos gouvernements : ass
1014
périence, imitez-la ! Et nous tous, les Européens
de
tout pays, il est temps que nous disions à nos gouvernements : assez
1015
emps que nous disions à nos gouvernements : assez
d’
absurdités, assez de petits calculs, renvoyez vos experts planter des
1016
s à nos gouvernements : assez d’absurdités, assez
de
petits calculs, renvoyez vos experts planter des choux, si vous voule
1017
ères et jetez-vous dans la prospérité ! Demain, l’
Europe
peut être belle ! Au revoir, à lundi prochain.
1018
Demain l’
Europe
! — La Suisse et l’Europe (IV) (20 juin 1949) Mes trois dernières c
1019
Demain l’Europe ! — La Suisse et l’
Europe
(IV) (20 juin 1949) Mes trois dernières chroniques ont été consacré
1020
ières chroniques ont été consacrées à la position
de
la Suisse par rapport aux projets d’union européenne. J’ai parlé de l
1021
la position de la Suisse par rapport aux projets
d’
union européenne. J’ai parlé de la neutralité, que nous devons conserv
1022
tion de la Suisse par rapport aux projets d’union
européenne
. J’ai parlé de la neutralité, que nous devons conserver dans l’intérê
1023
apport aux projets d’union européenne. J’ai parlé
de
la neutralité, que nous devons conserver dans l’intérêt de l’Europe.
1024
tralité, que nous devons conserver dans l’intérêt
de
l’Europe. Et j’ai montré comment notre expérience fédéraliste peut se
1025
té, que nous devons conserver dans l’intérêt de l’
Europe
. Et j’ai montré comment notre expérience fédéraliste peut servir de m
1026
comment notre expérience fédéraliste peut servir
de
modèle pour l’Europe de demain, tant au point de vue de l’économie qu
1027
périence fédéraliste peut servir de modèle pour l’
Europe
de demain, tant au point de vue de l’économie qu’à celui des institut
1028
e fédéraliste peut servir de modèle pour l’Europe
de
demain, tant au point de vue de l’économie qu’à celui des institution
1029
èle pour l’Europe de demain, tant au point de vue
de
l’économie qu’à celui des institutions politiques. Ces trois chroniqu
1030
ons politiques. Ces trois chroniques ont provoqué
d’
intéressantes réactions, dans la presse en particulier. Je voudrais pa
1031
e en particulier. Je voudrais parler tout d’abord
de
deux critiques qui ont été formulées. On m’a dit : vous semblez oubli
1032
ez-vous comparer notre toute petite Suisse avec l’
Europe
entière ? Ce qui valait pour un petit pays, il y a cent ans, ne vaut
1033
leur faveur le gros bon sens, et même une espèce
d’
évidence. Et cependant, si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit
1034
e en un jour. Non, mais elle s’est faite en moins
d’
un an, entre le mois de février et le mois de septembre 1848, — le tem
1035
elle s’est faite en moins d’un an, entre le mois
de
février et le mois de septembre 1848, — le temps qu’il a fallu pour d
1036
oins d’un an, entre le mois de février et le mois
de
septembre 1848, — le temps qu’il a fallu pour décider la révision du
1037
s qu’il a fallu pour décider la révision du Pacte
de
1815, pour écrire la Constitution fédérale, et pour la faire voter. B
1038
derbund. Mais il en va de même aujourd’hui pour l’
Europe
. Nos différentes nations vivent côte à côte depuis des siècles ; elle
1039
s des siècles ; elles ont noué entre elles autant
d’
alliances qu’il y en avait jadis entre les cantons suisses. Elles sort
1040
les cantons suisses. Elles sortent, elles aussi,
d’
une guerre civile européenne. Elles se voient, elles aussi, contrainte
1041
. Elles sortent, elles aussi, d’une guerre civile
européenne
. Elles se voient, elles aussi, contraintes de se fédérer très rapidem
1042
péenne. Elles se voient, elles aussi, contraintes
de
se fédérer très rapidement, pour sauver leur indépendance économique
1043
ur indépendance économique et politique. Au terme
de
plusieurs siècles de vains efforts, de tentatives manquées, d’erreurs
1044
mique et politique. Au terme de plusieurs siècles
de
vains efforts, de tentatives manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 n
1045
. Au terme de plusieurs siècles de vains efforts,
de
tentatives manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes
1046
siècles de vains efforts, de tentatives manquées,
d’
erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes sont aujourd’hui dans l
1047
es manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 nations
européennes
sont aujourd’hui dans la même situation que nos 22 cantons il y a cen
1048
, il y a cent ans, était un peu plus grande que l’
Europe
d’aujourd’hui. Et je le prouve. Pour arriver dans la ville où siégeai
1049
a cent ans, était un peu plus grande que l’Europe
d’
aujourd’hui. Et je le prouve. Pour arriver dans la ville où siégeait l
1050
Tessin ou des Grisons mettait deux ou trois jours
de
voyage. Pour arriver au Parlement de Strasbourg, cet été, un député g
1051
trois jours de voyage. Pour arriver au Parlement
de
Strasbourg, cet été, un député grec ou suédois mettra moins d’un jour
1052
, cet été, un député grec ou suédois mettra moins
d’
un jour. La rapidité des communications et des transports a rétréci l’
1053
des communications et des transports a rétréci l’
Europe
actuelle aux dimensions de la Suisse ancienne, et pratiquement, c’est
1054
sports a rétréci l’Europe actuelle aux dimensions
de
la Suisse ancienne, et pratiquement, c’est cela qui compte. Il faut s
1055
rappeler aussi que dans le monde du xx e siècle,
de
grands empires se constituent à l’Est et à l’Ouest de l’Europe, tout
1056
rands empires se constituent à l’Est et à l’Ouest
de
l’Europe, tout comme il y a cent ans de grandes nations se constituai
1057
empires se constituent à l’Est et à l’Ouest de l’
Europe
, tout comme il y a cent ans de grandes nations se constituaient au No
1058
à l’Ouest de l’Europe, tout comme il y a cent ans
de
grandes nations se constituaient au Nord et au Sud de la Suisse. Une
1059
randes nations se constituaient au Nord et au Sud
de
la Suisse. Une certaine unité, de type fédératif, est donc, aujourd’h
1060
Nord et au Sud de la Suisse. Une certaine unité,
de
type fédératif, est donc, aujourd’hui comme alors, et pour les mêmes
1061
e alors, et pour les mêmes raisons, le seul moyen
de
rester indépendants. Il est temps que je résume les conclusions auxqu
1062
uxquelles m’amène cet examen rapide des positions
de
la Suisse vis-à-vis de l’Europe. Premièrement, nous devons rester neu
1063
rapide des positions de la Suisse vis-à-vis de l’
Europe
. Premièrement, nous devons rester neutres. Et cela, non seulement par
1064
est le but vers lequel doit tendre une fédération
de
l’Europe. Nous sommes déjà au but, pour notre part. Restons-y, l’arme
1065
e but vers lequel doit tendre une fédération de l’
Europe
. Nous sommes déjà au but, pour notre part. Restons-y, l’arme au pied,
1066
ous rejoignent. Secondement, nous avons le devoir
de
faire valoir notre expérience fédéraliste sur le plan élargi de l’Eur
1067
r notre expérience fédéraliste sur le plan élargi
de
l’Europe. Il s’agit donc pour nous d’être présents dans les conseils
1068
re expérience fédéraliste sur le plan élargi de l’
Europe
. Il s’agit donc pour nous d’être présents dans les conseils européens
1069
plan élargi de l’Europe. Il s’agit donc pour nous
d’
être présents dans les conseils européens, et même d’y être plus actif
1070
donc pour nous d’être présents dans les conseils
européens
, et même d’y être plus actifs que nos voisins. Et ceci dans notre int
1071
tre présents dans les conseils européens, et même
d’
y être plus actifs que nos voisins. Et ceci dans notre intérêt comme d
1072
dans le leur. Car si nous n’aidons pas à faire l’
Europe
, elle se fera quand même, elle se fera sans nous, et nous n’aurons pa
1073
se fera sans nous, et nous n’aurons pas le droit
de
nous plaindre si nous trouvons qu’elle est mal faite. Troisièmement,
1074
x sacrifices nécessaires pour entrer dans l’union
européenne
. Tout dépendra, demain, de notre opinion publique. Notre gouvernement
1075
r dans l’union européenne. Tout dépendra, demain,
de
notre opinion publique. Notre gouvernement ne fera rien sans elle. Ma
1076
uvre commune. Le Conseil suisse pour le Mouvement
européen
s’est constitué, et s’est mis au travail. Les présidents de nos 4 gra
1077
onstitué, et s’est mis au travail. Les présidents
de
nos 4 grands partis font partie de son comité. C’est dire qu’il repré
1078
Les présidents de nos 4 grands partis font partie
de
son comité. C’est dire qu’il représente l’opinion suisse dans son ens
1079
n suisse dans son ensemble. Sa première tâche est
de
réveiller cette opinion, et c’est aussi la tâche que je me suis donné
1080
ous parler chaque lundi. Déjà, je puis me réjouir
de
certains résultats. Beaucoup de mes auditeurs m’ont fait savoir qu’il
1081
ir qu’ils s’inscrivaient aux groupes fédéralistes
de
leur ville. Et la presse également nous appuie. Merci tout particuliè
1082
les fidèles des deux Églises prient pour l’union
européenne
. Car si l’Europe ne se formait que dans le cerveau de quelques politi
1083
Églises prient pour l’union européenne. Car si l’
Europe
ne se formait que dans le cerveau de quelques politiciens, elle ne se
1084
Car si l’Europe ne se formait que dans le cerveau
de
quelques politiciens, elle ne serait qu’un chiffon de papier. Il faut
1085
uelques politiciens, elle ne serait qu’un chiffon
de
papier. Il faut qu’elle naisse et qu’elle se forme dans les cœurs, au
1086
’elle se forme dans les cœurs, aux vraies sources
de
l’espérance.
1087
Demain l’
Europe
! — Le Centre européen de la culture (27 juin 1949) Chers auditeurs
1088
1949) Chers auditeurs, À propos de la Suisse et
de
l’Europe, je vous dirai ce soir un dernier mot, qui n’est pas le moin
1089
Chers auditeurs, À propos de la Suisse et de l’
Europe
, je vous dirai ce soir un dernier mot, qui n’est pas le moins importa
1090
ortant. Dans mes dernières chroniques, j’ai tâché
de
vous montrer pourquoi la Suisse, fédération neutre et armée, doit se
1091
serve, provisoire, pendant que les autres peuples
de
l’Europe commencent ce qu’on pourrait appeler leur éducation fédérale
1092
, provisoire, pendant que les autres peuples de l’
Europe
commencent ce qu’on pourrait appeler leur éducation fédérale. Mais je
1093
leur éducation fédérale. Mais je n’ai pas manqué
d’
insister sur la présence nécessaire de la Suisse dans l’œuvre de l’uni
1094
pas manqué d’insister sur la présence nécessaire
de
la Suisse dans l’œuvre de l’union européenne, partout où nous le pouv
1095
la présence nécessaire de la Suisse dans l’œuvre
de
l’union européenne, partout où nous le pouvons sans cesser d’être neu
1096
e nécessaire de la Suisse dans l’œuvre de l’union
européenne
, partout où nous le pouvons sans cesser d’être neutres. Or il est un
1097
uropéenne, partout où nous le pouvons sans cesser
d’
être neutres. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutr
1098
res. Or il est un domaine où nous devons profiter
de
la neutralité pour agir sans réserve, et pour nous rattraper, si je p
1099
rattraper, si je puis dire : ce domaine est celui
de
la culture et de la formation de l’opinion. Sous les auspices du Mouv
1100
puis dire : ce domaine est celui de la culture et
de
la formation de l’opinion. Sous les auspices du Mouvement européen, u
1101
omaine est celui de la culture et de la formation
de
l’opinion. Sous les auspices du Mouvement européen, un appel vient d’
1102
tion de l’opinion. Sous les auspices du Mouvement
européen
, un appel vient d’être lancé pour que les Suisses prennent la part pr
1103
es auspices du Mouvement européen, un appel vient
d’
être lancé pour que les Suisses prennent la part principale, financièr
1104
utant que morale, dans la création, sur leur sol,
d’
un Centre européen de la culture. Certains d’entre vous se demanderont
1105
ent faire ici, ce qu’elle peut faire pour l’union
de
l’Europe, qui paraît être une question politique ou économique avant
1106
aire ici, ce qu’elle peut faire pour l’union de l’
Europe
, qui paraît être une question politique ou économique avant tout. La
1107
simple : en vérité, c’est la culture qui a fait l’
Europe
, au temps de sa puissance, et c’est donc la culture qui doit montrer
1108
et c’est donc la culture qui doit montrer la voie
d’
une Europe rénovée par son union. Si l’on y réfléchit quelques instant
1109
st donc la culture qui doit montrer la voie d’une
Europe
rénovée par son union. Si l’on y réfléchit quelques instants, on s’ap
1110
uelques instants, on s’aperçoit que les grandeurs
européennes
viennent de l’esprit, et non pas de la nature, ni du nombre. Comment
1111
eurs européennes viennent de l’esprit, et non pas
de
la nature, ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce petit con
1112
qui n’est en réalité qu’une péninsule déchiquetée
de
l’Asie, ait pu régner sur toute la terre, pendant des siècles ? Ce n’
1113
était pas à cause de sa grandeur physique : car l’
Europe
représente à peu près 4 % de la surface du globe. Ce n’était pas à ca
1114
physique : car l’Europe représente à peu près 4 %
de
la surface du globe. Ce n’était pas à cause de sa population : moins
1115
. Ce n’était pas à cause de sa population : moins
d’
un sixième de celle de la Planète. Non, l’Europe a régné par sa cultur
1116
pas à cause de sa population : moins d’un sixième
de
celle de la Planète. Non, l’Europe a régné par sa culture, qui, pour
1117
se de sa population : moins d’un sixième de celle
de
la Planète. Non, l’Europe a régné par sa culture, qui, pour le bien c
1118
moins d’un sixième de celle de la Planète. Non, l’
Europe
a régné par sa culture, qui, pour le bien comme pour le mal, a créé s
1119
e pour le mal, a créé ses richesses et sa science
de
la matière et de la vie ; ses machines, ses cités, et ses livres ; se
1120
créé ses richesses et sa science de la matière et
de
la vie ; ses machines, ses cités, et ses livres ; ses procédés de con
1121
machines, ses cités, et ses livres ; ses procédés
de
construction ou de transport, que tous imitent ; et enfin ses doctrin
1122
, et ses livres ; ses procédés de construction ou
de
transport, que tous imitent ; et enfin ses doctrines politiques et re
1123
igieuses dont le monde entier s’est inspiré. Si l’
Europe
a régné sur la terre, c’est donc bien grâce à sa culture, source de s
1124
terre, c’est donc bien grâce à sa culture, source
de
sa puissance matérielle et morale. Aujourd’hui, la puissance a changé
1125
lle et morale. Aujourd’hui, la puissance a changé
de
camp. Elle est américaine ou russe. Naguère encore maîtresse de la Pl
1126
russe. Naguère encore maîtresse de la Planète, l’
Europe
se voit réduite à se défendre pour assurer sa survivance économique e
1127
e économique et son indépendance politique. Cette
Europe
sur la défensive, comment allons-nous la sauver ? Là-dessus, tout le
1128
nos nations encore libres, et créer des pouvoirs
européens
, capables de traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’E
1129
libres, et créer des pouvoirs européens, capables
de
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Or
1130
pouvoirs européens, capables de traiter sur pied
d’
égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Orient. Tels sont les
1131
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs
de
l’Est et de l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche
1132
pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et
de
l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche les pionnie
1133
ursuivent sans relâche les pionniers du Mouvement
européen
. Nous verrons, au mois d’août, le premier résultat de leur effort, lo
1134
iers du Mouvement européen. Nous verrons, au mois
d’
août, le premier résultat de leur effort, lorsque s’ouvrira, à Strasbo
1135
Nous verrons, au mois d’août, le premier résultat
de
leur effort, lorsque s’ouvrira, à Strasbourg, le Parlement consultati
1136
s’ouvrira, à Strasbourg, le Parlement consultatif
de
13 nations. Mais toutes les constructions politiques et sociales, éco
1137
tenues par un élan profond, par un espoir nouveau
de
tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce
1138
r un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan
de
l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande arti
1139
au contraire une véritable éducation du sentiment
de
notre communauté. Il existe, ce sentiment, et peut-être plus qu’on ne
1140
et l’informer, lui donner une voix, et des moyens
d’
action. Telle est la tâche vitale que voudrait assurer le Centre europ
1141
voir son siège en Suisse. Je le sais bien, ce mot
de
culture peut sembler vague ou légèrement suspect à bien des gens. Il
1142
ect à bien des gens. Il peut faire croire aussi à
de
la théorie pure, à des activités académiques et distinguées, pour spé
1143
raits. Ce n’est pas cela que veut faire le Centre
européen
. Notre but est de coordonner les forces intellectuelles dispersées en
1144
que veut faire le Centre européen. Notre but est
de
coordonner les forces intellectuelles dispersées en Europe, et de leu
1145
ordonner les forces intellectuelles dispersées en
Europe
, et de leur offrir une possibilité pratique de s’engager dans notre a
1146
s forces intellectuelles dispersées en Europe, et
de
leur offrir une possibilité pratique de s’engager dans notre action c
1147
urope, et de leur offrir une possibilité pratique
de
s’engager dans notre action commune. Notre but est de faire voir aux
1148
’engager dans notre action commune. Notre but est
de
faire voir aux écrivains, artistes, savants, professeurs, hommes d’Ég
1149
écrivains, artistes, savants, professeurs, hommes
d’
Églises, que la culture doit et peut faire sa part — une très grande p
1150
en de la culture, cela ne relève ni du hasard, ni
de
considérations touristiques. Tant à Berne qu’au comité de notre Mouve
1151
dérations touristiques. Tant à Berne qu’au comité
de
notre Mouvement européen, on a reconnu que le domaine culturel était
1152
ues. Tant à Berne qu’au comité de notre Mouvement
européen
, on a reconnu que le domaine culturel était celui où nous pouvons, no
1153
oncer à la neutralité, jouer le rôle qu’on attend
de
nous dans l’œuvre collective de la fédération. Rôle capital ! Car à m
1154
rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective
de
la fédération. Rôle capital ! Car à mesure que se réalisent les objec
1155
continent se dessine et prend corps, la nécessité
de
lui donner une âme passe au premier plan. Et c’est bien cela, c’est b
1156
ons que les Suisses comprennent toute la grandeur
d’
une pareille tâche, et qu’elle leur offre une chance autant qu’une cha
1157
fre une chance autant qu’une charge, — une chance
de
se montrer fidèles à leur mission en accueillant, soutenant et animan
1158
n accueillant, soutenant et animant le foyer même
d’
une action historique, dont on a pu dire que le but était l’Europe hel
1159
historique, dont on a pu dire que le but était l’
Europe
helvétisée ! Au revoir, à lundi prochain !
1160
Demain l’
Europe
! — Faisons le point (4 juillet 1949) Chers auditeurs, Radio-Genève
1161
plus tard. Cette chronique sera donc la dernière
de
la saison, avant que je ne la reprenne, peut-être, au mois de septemb
1162
, avant que je ne la reprenne, peut-être, au mois
de
septembre. Ce soir, je voudrais faire le point, vous dire en quelques
1163
mots où nous en sommes dans la lutte pour unir l’
Europe
, pour la sauver pendant qu’on le peut encore. Au mois de mai de l’ann
1164
r la sauver pendant qu’on le peut encore. Au mois
de
mai de l’année dernière, rien n’était fait. Un seul homme travaillait
1165
uver pendant qu’on le peut encore. Au mois de mai
de
l’année dernière, rien n’était fait. Un seul homme travaillait sérieu
1166
me travaillait sérieusement à réveiller le besoin
d’
unité dans nos pays occidentaux, et c’était M. Vychinski. Il venait de
1167
’était M. Vychinski. Il venait de réussir le coup
d’
État de Prague, et de provoquer dans toute l’Europe une vague d’indign
1168
Il venait de réussir le coup d’État de Prague, et
de
provoquer dans toute l’Europe une vague d’indignation et de peur salu
1169
up d’État de Prague, et de provoquer dans toute l’
Europe
une vague d’indignation et de peur salutaire. Vraiment, nous devons b
1170
ue, et de provoquer dans toute l’Europe une vague
d’
indignation et de peur salutaire. Vraiment, nous devons beaucoup à M.
1171
er dans toute l’Europe une vague d’indignation et
de
peur salutaire. Vraiment, nous devons beaucoup à M. Vychinski : sans
1172
beaucoup à M. Vychinski : sans lui, notre congrès
de
La Haye n’aurait jamais si bien marché. Mais quels que soient les tal
1173
si bien marché. Mais quels que soient les talents
de
ce ministre, on ne pouvait pas s’en remettre à lui seul du soin de pe
1174
n ne pouvait pas s’en remettre à lui seul du soin
de
persuader l’Europe entière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrè
1175
s s’en remettre à lui seul du soin de persuader l’
Europe
entière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrès de La Haye demand
1176
tière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrès
de
La Haye demanda donc qu’une Assemblée européenne fût convoquée, comme
1177
congrès de La Haye demanda donc qu’une Assemblée
européenne
fût convoquée, comme première condition de l’union. Bien peu croyaien
1178
uropéenne fût convoquée, comme première condition
de
l’union. Bien peu croyaient la chose possible, à cette époque. On con
1179
ée de l’Europe s’ouvrira, réunissant une douzaine
de
pays, appelant à elle tous ceux qui croient encore aux droits de l’ho
1180
rreur, à la libre circulation plutôt qu’aux camps
de
concentration. Cette Assemblée consultative de l’Europe, je vous l’ai
1181
ps de concentration. Cette Assemblée consultative
de
l’Europe, je vous l’ai dit lorsqu’elle fut décidée, ce n’est presque
1182
concentration. Cette Assemblée consultative de l’
Europe
, je vous l’ai dit lorsqu’elle fut décidée, ce n’est presque rien, mai
1183
mes nationaux. Ce sera beaucoup, ce sera le début
d’
une ère nouvelle pour toute l’Europe, si elle a le courage de se procl
1184
ce sera le début d’une ère nouvelle pour toute l’
Europe
, si elle a le courage de se proclamer Constituante, et de rédiger un
1185
ouvelle pour toute l’Europe, si elle a le courage
de
se proclamer Constituante, et de rédiger un pacte fédéral, que tous n
1186
lle a le courage de se proclamer Constituante, et
de
rédiger un pacte fédéral, que tous nos peuples, ensuite, auront à rat
1187
auront à ratifier. Tout dépend donc, maintenant,
de
l’opinion publique. Et c’est elle que le Mouvement européen va s’effo
1188
’opinion publique. Et c’est elle que le Mouvement
européen
va s’efforcer de mobiliser. Car c’est un fait que la grande masse, le
1189
’est elle que le Mouvement européen va s’efforcer
de
mobiliser. Car c’est un fait que la grande masse, le grand public eur
1190
’est un fait que la grande masse, le grand public
européen
, ne s’est pas encore rendu compte de l’importance de l’Assemblée. Sou
1191
public européen, ne s’est pas encore rendu compte
de
l’importance de l’Assemblée. Souhaitons qu’il se réveille avant qu’il
1192
ne s’est pas encore rendu compte de l’importance
de
l’Assemblée. Souhaitons qu’il se réveille avant qu’il soit trop tard
1193
qu’il se réveille avant qu’il soit trop tard ! L’
Europe
n’a plus que deux ans pour s’unir : et ce délai n’est pas une hypothè
1194
rée du plan Marshall. Quand l’Amérique aura cessé
de
nous aider, si nous ne sommes pas unis à ce moment-là, ce sera la rui
1195
ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques
de
Staline1. Que pouvons-nous faire en deux ans ? Passons rapidement en
1196
en deux ans ? Passons rapidement en revue l’état
de
nos forces fédéralistes dans les nations de l’Europe libre. Nous y tr
1197
’état de nos forces fédéralistes dans les nations
de
l’Europe libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade de grands nom
1198
de nos forces fédéralistes dans les nations de l’
Europe
libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade de grands noms, et d’a
1199
pe libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade
de
grands noms, et d’autre part, des noyaux de militants, sans cesse cro
1200
éiade de grands noms, et d’autre part, des noyaux
de
militants, sans cesse croissants. Prenons l’exemple de la France, qui
1201
litants, sans cesse croissants. Prenons l’exemple
de
la France, qui se trouve être une fois de plus, à la tête du mouvemen
1202
de plus, à la tête du mouvement novateur. L’appui
de
M. Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, s’est montré déc
1203
gères, s’est montré décisif lors des négociations
de
l’Assemblée. Et dans nos comités européens, nous avons avec nous les
1204
négociations de l’Assemblée. Et dans nos comités
européens
, nous avons avec nous les grands aînés, Herriot, Reynaud, Ramadier, L
1205
ons surtout le groupe des jeunes ministres sortis
de
la Résistance à la Libération : André Philip, Teitgen, Henri Frenay.
1206
t devant eux, bien souvent — marchent les groupes
de
militants : fédéralistes, syndicalistes et catholiques. Et nous avons
1207
nçais, un groupe fédéraliste qui compte déjà plus
de
150 députés. Parmi eux seront choisis les représentants français à l’
1208
représentants français à l’Assemblée consultative
de
Strasbourg. Dans les autres pays, nous trouvons également à nos côtés
1209
rchill et Macmillan, en Grande-Bretagne ; Sforza,
de
Gasperi et Saragat en Italie ; Spaak et van Zeeland en Belgique. Mais
1210
elgique. Mais surtout, nous trouvons des milliers
de
jeunes hommes qui furent au 1er rang de la Résistance, tels que ce je
1211
milliers de jeunes hommes qui furent au 1er rang
de
la Résistance, tels que ce jeune chef italien qui a fait 16 ans de pr
1212
tels que ce jeune chef italien qui a fait 16 ans
de
prison et de camps sous le fascisme, ou ce jeune chef du mouvement en
1213
jeune chef italien qui a fait 16 ans de prison et
de
camps sous le fascisme, ou ce jeune chef du mouvement en Allemagne, E
1214
à Buchenwald. Ce sont des hommes qui ont le droit
de
parler, maintenant ! Ils ont payé le droit de revendiquer une Europe
1215
oit de parler, maintenant ! Ils ont payé le droit
de
revendiquer une Europe libre, unie, libérée des cauchemars qui tourme
1216
tenant ! Ils ont payé le droit de revendiquer une
Europe
libre, unie, libérée des cauchemars qui tourmentaient leurs nuits der
1217
ici nos troupes, et vous le voyez, ce ne sont pas
de
piteux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-
1218
us le voyez, ce ne sont pas de piteux idéalistes,
de
doux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-là, nous pouvons, nous
1219
eux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes
de
cette trempe-là, nous pouvons, nous devons réussir à faire l’Europe d
1220
e-là, nous pouvons, nous devons réussir à faire l’
Europe
dans le délai de grâce qui nous est accordé par le destin, — et par l
1221
ous devons réussir à faire l’Europe dans le délai
de
grâce qui nous est accordé par le destin, — et par la générosité de l
1222
est accordé par le destin, — et par la générosité
de
l’Amérique. Mais nous n’avons pas beaucoup de mois à perdre. La victo
1223
victoire, c’est-à-dire la paix, dépend maintenant
de
la manière dont seront conduits les débats de Strasbourg. Suivez-les,
1224
ant de la manière dont seront conduits les débats
de
Strasbourg. Suivez-les, dès le mois prochain, à la radio et dans la p
1225
tour de vous. L’Assemblée de Strasbourg ne fera l’
Europe
que si elle peut délibérer en votre nom, au nom des masses européenne
1226
le peut délibérer en votre nom, au nom des masses
européennes
. Alors, mais alors seulement, les États seront forcés de la suivre. J
1227
rs, mais alors seulement, les États seront forcés
de
la suivre. Je vous l’ai dit souvent, je vous le répète ce soir une de
1228
en guise d’au revoir : nous voulons bien sauver l’
Europe
pour vous, mais pas sans vous ! Adhérez à nos groupes fédéralistes, r
1229
poirs, par vos dons et par vos prières. Car c’est
de
votre paix, à vous personnellement, de votre liberté, et de celle de
1230
Car c’est de votre paix, à vous personnellement,
de
votre liberté, et de celle de vos enfants, que je vous ai parlé, depu
1231
aix, à vous personnellement, de votre liberté, et
de
celle de vos enfants, que je vous ai parlé, depuis des mois, en vous
1232
us personnellement, de votre liberté, et de celle
de
vos enfants, que je vous ai parlé, depuis des mois, en vous appelant
1233
en vous appelant à dire et à vouloir : « Demain l’
Europe
! » Au revoir, à l’automne prochain ! 1. Ce passage a été censuré :
1234
ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques
de
Staline ».
1235
Demain l’
Europe
! — Un bel été (19 septembre 1949) Chers auditeurs, Nous vous retro
1236
urs, Nous vous retrouvons ce soir après deux mois
d’
interruption de cette chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel
1237
retrouvons ce soir après deux mois d’interruption
de
cette chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel été, comme j’av
1238
s prévisions du temps, — l’un des plus beaux étés
de
notre siècle, et peut-être le plus décisif, puisqu’il a vu naître, à
1239
a vu naître, à Strasbourg, la première tentative
d’
union du continent. Voici l’automne déjà, voici le temps venu de faire
1240
suis interrogé sur la nécessité ou l’opportunité
de
reprendre ces brèves causeries. On comprendra qu’il est bien difficil
1241
prendra qu’il est bien difficile pour leur auteur
d’
en mesurer l’utilité. Je parle seul devant ce micro, et je ne puis que
1242
e puis que vous imaginer. Les uns sont à la table
de
famille, on crie à l’un des gosses : « va mettre la radio » pour avoi
1243
t ils entendent une voix qui leur dit : « Faire l’
Europe
». Ils pensaient à tout autre chose, à leur métier, à leurs amours, à
1244
ou seulement à leur solitude. Je m’excuse auprès
d’
eux : je tombe peut-être mal. Sait-on jamais ? Un chroniqueur à la rad
1245
tre quelques milliers… Dans le doute, j’ai choisi
de
ne pas m’abstenir, de continuer. Car la vie continue, et l’histoire c
1246
Dans le doute, j’ai choisi de ne pas m’abstenir,
de
continuer. Car la vie continue, et l’histoire continue autour de nous
1247
our de nous, une histoire qu’il nous faut essayer
de
comprendre, puisqu’elle se fait avec nos vies, et quelquefois à leurs
1248
s, et quelquefois à leurs dépens, mais que chacun
de
nous, aussi, est capable d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en
1249
pens, mais que chacun de nous, aussi, est capable
d’
influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus de l’opinion, et que l’
1250
d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus
de
l’opinion, et que l’opinion, c’est vous, et vous, et vous encore, et
1251
s foules ont à peine remarqué. Si je n’avais rien
d’
autre à faire dans ces chroniques que d’attirer votre attention sur ce
1252
vais rien d’autre à faire dans ces chroniques que
d’
attirer votre attention sur cet événement capital, il vaudrait la pein
1253
n sur cet événement capital, il vaudrait la peine
de
parler. Les historiens futurs s’étonneront certainement de l’indiffér
1254
. Les historiens futurs s’étonneront certainement
de
l’indifférence relative avec laquelle fut accueilli le premier Parlem
1255
avec laquelle fut accueilli le premier Parlement
de
l’Europe. Cette date, que tous nos petits-enfants apprendront à l’éco
1256
laquelle fut accueilli le premier Parlement de l’
Europe
. Cette date, que tous nos petits-enfants apprendront à l’école primai
1257
aire, aura passé quasi inaperçue pour la majorité
de
nos contemporains. C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte d
1258
e nos contemporains. C’est qu’il n’est pas facile
de
se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de
1259
C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte
de
l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valm
1260
st pas facile de se rendre compte de l’importance
de
ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée im
1261
se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit
de
près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée improvisée des sans
1262
de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir
de
la bataille de Valmy, où l’armée improvisée des sans-culottes venait
1263
de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille
de
Valmy, où l’armée improvisée des sans-culottes venait de battre l’arm
1264
ovisée des sans-culottes venait de battre l’armée
de
métier des Prussiens et des Autrichiens, Goethe notait dans son journ
1265
s Autrichiens, Goethe notait dans son journal : «
De
ce lieu, de ce jour, sera datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là
1266
s, Goethe notait dans son journal : « De ce lieu,
de
ce jour, sera datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là, il était l
1267
Il y a près de 2000 ans qu’on la connaît. La mort
d’
un juif obscur, crucifié près de Jérusalem, a fait moins de bruit, en
1268
obscur, crucifié près de Jérusalem, a fait moins
de
bruit, en son temps, que la visite de Bartali, coureur cycliste, au V
1269
fait moins de bruit, en son temps, que la visite
de
Bartali, coureur cycliste, au Vatican. Il serait donc naïf de s’étonn
1270
coureur cycliste, au Vatican. Il serait donc naïf
de
s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour de Suisse, aient damé
1271
can. Il serait donc naïf de s’étonner que le Tour
de
France, suivi du Tour de Suisse, aient damé le pion de l’« actualité
1272
de s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour
de
Suisse, aient damé le pion de l’« actualité » à la première Assemblée
1273
ance, suivi du Tour de Suisse, aient damé le pion
de
l’« actualité » à la première Assemblée de l’Europe, qui s’ouvrit à S
1274
it à Strasbourg, le 10 août — en pleines vacances
de
l’opinion publique. Pourtant, les journalistes étaient présents. On d
1275
étaient présents. On dit même qu’ils furent plus
de
500. Et bien d’autres ont jugé Strasbourg, dans les éditoriaux du mon
1276
Strasbourg, dans les éditoriaux du monde entier,
d’
autant plus librement qu’ils n’y étaient pas allés. L’événement s’est
1277
és. L’événement s’est donc vu noyé sous un déluge
de
clichés étonnamment contradictoires. J’en ai fait toute une collectio
1278
os de Strasbourg, nos journaux ont parlé tantôt «
d’
assembleurs de nuées » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt
1279
rg, nos journaux ont parlé tantôt « d’assembleurs
de
nuées » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt de « festival
1280
parlé tantôt « d’assembleurs de nuées » et tantôt
de
« mesures terre-à-terre » ; tantôt de « festival oratoire » et tantôt
1281
» et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt
de
« festival oratoire » et tantôt de « ternes discussions techniques »
1282
rre » ; tantôt de « festival oratoire » et tantôt
de
« ternes discussions techniques » ; de « généreux idéalistes » ou au
1283
et tantôt de « ternes discussions techniques » ;
de
« généreux idéalistes » ou au contraire de « politiciens combinards »
1284
ou au contraire de « politiciens combinards » ; «
d’
utopies gratuites » ou de « manœuvres partisanes » ; de « précipitatio
1285
ticiens combinards » ; « d’utopies gratuites » ou
de
« manœuvres partisanes » ; de « précipitation dangereuse » ou de « le
1286
pies gratuites » ou de « manœuvres partisanes » ;
de
« précipitation dangereuse » ou de « lenteurs exaspérantes », — ou le
1287
partisanes » ; de « précipitation dangereuse » ou
de
« lenteurs exaspérantes », — ou les deux à la fois souvent dans le mê
1288
nne ne pourra déduire des centaines, des milliers
d’
articles qui ont paru à propos de Strasbourg, dans le monde entier. Un
1289
e entier. Une seule conclusion générale se dégage
de
ce flot d’imprimés : tous les journaux semblent d’accord pour affirme
1290
ne seule conclusion générale se dégage de ce flot
d’
imprimés : tous les journaux semblent d’accord pour affirmer que l’opi
1291
méfions-nous, et cherchons ailleurs les éléments
d’
un jugement objectif. Que s’est-il passé à Strasbourg ? Il s’est passé
1292
passé à Strasbourg ? Il s’est passé quelque chose
de
très neuf, quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis plus de 2000 ans
1293
f, quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis plus
de
2000 ans que dure l’Europe, et c’est pourquoi la presse hésite à l’en
1294
n’avait pas vu depuis plus de 2000 ans que dure l’
Europe
, et c’est pourquoi la presse hésite à l’enregistrer, et ne trouve pas
1295
a presse hésite à l’enregistrer, et ne trouve pas
de
phrases toutes faites pour le décrire. On dirait qu’elle n’ose pas y
1296
n’ose pas y croire… Pour moi qui ai vu Strasbourg
de
près, qui me suis trouvé mêlé à sa préparation, qui en connais le dét
1297
hère, j’essaierai dans mes prochaines chroniques,
de
vous dire ce que fut l’événement, ce qu’il prépare pour notre avenir
1298
par écrit, je répondrai. Et c’est dans cet espoir
d’
établir un dialogue avec ceux d’entre vous qui sentent le besoin d’agi
1299
ogue avec ceux d’entre vous qui sentent le besoin
d’
agir, que je vous dis, chers auditeurs, au revoir, à lundi prochain.
1300
Demain l’
Europe
! — La dévaluation et la bombe soviétique (26 septembre 1949) Chers
1301
t individuellement, soit en famille, à l’occasion
de
la reprise de cette chronique. Ces messages témoignent de l’intérêt c
1302
ment, soit en famille, à l’occasion de la reprise
de
cette chronique. Ces messages témoignent de l’intérêt croissant qu’év
1303
prise de cette chronique. Ces messages témoignent
de
l’intérêt croissant qu’éveille l’effort pour l’union de nos peuples,
1304
ntérêt croissant qu’éveille l’effort pour l’union
de
nos peuples, tant en Suisse que dans les pays voisins. Et merci tout
1305
autant pour vos questions. Je comptais commencer
d’
y répondre, dès aujourd’hui, et vous parler, en conséquence, des premi
1306
ers résultats acquis par l’Assemblée consultative
de
Strasbourg. Mais deux événements importants se sont produits la semai
1307
semaine dernière, deux événements qui affectent l’
Europe
dans son ensemble, et qu’il est nécessaire de commenter sans plus att
1308
Europe dans son ensemble, et qu’il est nécessaire
de
commenter sans plus attendre, du point de vue de notre action fédéral
1309
de commenter sans plus attendre, du point de vue
de
notre action fédéraliste. Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévalua
1310
action fédéraliste. Vous avez deviné qu’il s’agit
de
la dévaluation de la livre anglaise, et de la bombe atomique fabriqué
1311
. Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévaluation
de
la livre anglaise, et de la bombe atomique fabriquée par les Russes.
1312
s’agit de la dévaluation de la livre anglaise, et
de
la bombe atomique fabriquée par les Russes. Au lendemain de la premiè
1313
e atomique fabriquée par les Russes. Au lendemain
de
la première session de Strasbourg, devant le bilan positif de cette p
1314
r les Russes. Au lendemain de la première session
de
Strasbourg, devant le bilan positif de cette première expérience, bea
1315
re session de Strasbourg, devant le bilan positif
de
cette première expérience, beaucoup de gens ont pu croire que la part
1316
partie était plus qu’à moitié gagnée, que l’unité
européenne
allait s’organiser toute seule, que pour leur part, ils n’avaient plu
1317
à se tourner les pouces. Mais les deux événements
de
la semaine dernière arrivent à point pour nous rappeler, d’une part,
1318
grave menace qui pèse sur nous tous, et l’urgence
d’
y répondre. La dévaluation britannique signifie : union difficile. La
1319
annique signifie : union difficile. La possession
de
la bombe atomique par les Soviets signifie : union nécessaire. Je ne
1320
là. Je ne saurais donc juger la valeur technique
de
l’opération monétaire décidée par les Anglais. Mais je puis dire ceci
1321
les Anglais. Mais je puis dire ceci, sans crainte
de
me tromper : toute l’Europe vient d’être secouée par une mesure prise
1322
s dire ceci, sans crainte de me tromper : toute l’
Europe
vient d’être secouée par une mesure prise par un seul pays, lequel s’
1323
sans crainte de me tromper : toute l’Europe vient
d’
être secouée par une mesure prise par un seul pays, lequel s’était gar
1324
sure prise par un seul pays, lequel s’était gardé
d’
avertir ses voisins. Ainsi la solidarité économique de toute l’Europe
1325
ertir ses voisins. Ainsi la solidarité économique
de
toute l’Europe bon gré mal gré, est démontrée d’une manière éclatante
1326
oisins. Ainsi la solidarité économique de toute l’
Europe
bon gré mal gré, est démontrée d’une manière éclatante quoique négati
1327
de toute l’Europe bon gré mal gré, est démontrée
d’
une manière éclatante quoique négative et coûteuse pour certains. Ceux
1328
s uns des autres. Et s’il plaît à un peuple isolé
de
se serrer encore plus la ceinture pour sauver son régime de travailli
1329
er encore plus la ceinture pour sauver son régime
de
travaillisme austère, nous voici tous forcés, dans toute l’Europe, de
1330
sme austère, nous voici tous forcés, dans toute l’
Europe
, de participer aux frais de l’opération, que cela nous plaise ou non.
1331
ère, nous voici tous forcés, dans toute l’Europe,
de
participer aux frais de l’opération, que cela nous plaise ou non. Eh
1332
cés, dans toute l’Europe, de participer aux frais
de
l’opération, que cela nous plaise ou non. Eh bien ! il est grand temp
1333
grand temps que cette solidarité économique cesse
d’
être purement négative, cesse d’être une solidarité dans la misère ou
1334
économique cesse d’être purement négative, cesse
d’
être une solidarité dans la misère ou dans les catastrophes seulement.
1335
astrophes seulement. Il faut désormais la vouloir
d’
une manière positive et pour le bien commun, c’est-à-dire qu’il faut l
1336
nos destins. Encore une fois, je n’ai pas à juger
de
la valeur en soi des décisions britanniques, mais j’ai à dire ceci :
1337
s ont été prises est scandaleuse, du point de vue
de
l’Europe en général. Que s’est-il passé en effet ? Sir Stafford Cripp
1338
été prises est scandaleuse, du point de vue de l’
Europe
en général. Que s’est-il passé en effet ? Sir Stafford Cripps est par
1339
eul pour Washington, s’est enfermé dans une salle
de
comité avec les experts américains, tandis que les représentants fran
1340
e purement national ; un seul y a réussi ; mais l’
Europe
, l’Europe solidaire et qui allait payer les frais de l’opération, je
1341
national ; un seul y a réussi ; mais l’Europe, l’
Europe
solidaire et qui allait payer les frais de l’opération, je le répète,
1342
l’Europe solidaire et qui allait payer les frais
de
l’opération, je le répète, l’Europe était absente, personne ne parlai
1343
t payer les frais de l’opération, je le répète, l’
Europe
était absente, personne ne parlait en son nom. C’est à cela que Stras
1344
on nom. C’est à cela que Strasbourg doit remédier
d’
urgence, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis d’urgence. Car
1345
trasbourg doit remédier d’urgence, dans l’intérêt
de
chacun d’entre nous. Je dis d’urgence. Car on vient de nous apprendre
1346
ce, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis
d’
urgence. Car on vient de nous apprendre que les Russes, à leur tour, o
1347
que les Russes, à leur tour, ont trouvé le secret
de
la bombe atomique. On peut s’en réjouir, pour certaines raisons psych
1348
nes raisons psychologiques d’abord. La possession
de
la fameuse bombe peut en effet diminuer, chez les Russes, leur craint
1349
er, chez les Russes, leur crainte presque morbide
d’
être encerclés et vulnérables. Il y a là, si paradoxal que cela parais
1350
a là, si paradoxal que cela paraisse, un élément
de
détente dans la situation internationale. Beaucoup des réactions russ
1351
étaient inspirées jusqu’ici par une peur exagérée
de
la puissance américaine. Se sentant désormais plus forts, qu’avant, l
1352
ntre les Américains et les Russes également armés
de
la Bombe, voici l’Europe encore désunie, totalement désarmée, et tout
1353
t les Russes également armés de la Bombe, voici l’
Europe
encore désunie, totalement désarmée, et toute prête à servir de champ
1354
nie, totalement désarmée, et toute prête à servir
de
champ clos pour le duel atomique des deux Grands, c’est-à-dire : prêt
1355
udents m’apparaissent désormais comme des rêveurs
de
la plus dangereuse espèce, des utopistes impénitents, ou d’irrémédiab
1356
dangereuse espèce, des utopistes impénitents, ou
d’
irrémédiables nigauds. Pour tous les autres, Strasbourg vient d’apport
1357
s nigauds. Pour tous les autres, Strasbourg vient
d’
apporter un message d’espoir et d’action. Nul ne l’a mieux dit que M.
1358
es autres, Strasbourg vient d’apporter un message
d’
espoir et d’action. Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président de
1359
trasbourg vient d’apporter un message d’espoir et
d’
action. Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président de l’Assemblée
1360
. Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président
de
l’Assemblée, lorsqu’il s’est écrié dans son discours final : « Je sui
1361
: « Je suis venu ici parce que j’étais convaincu
de
la nécessité des États-Unis d’Europe, je repars convaincu de leur pos
1362
sité des États-Unis d’Europe, je repars convaincu
de
leur possibilité. » Il me plaît de vous quitter ce soir sur ces parol
1363
pars convaincu de leur possibilité. » Il me plaît
de
vous quitter ce soir sur ces paroles, que je me réjouis de commenter
1364
uitter ce soir sur ces paroles, que je me réjouis
de
commenter et confirmer, lundi prochain : au revoir mes chers auditeur
1365
Demain l’
Europe
! — « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » (3 octobre 1949) Chers
1366
Demain l’Europe ! — « Êtes-vous satisfait
de
Strasbourg ? » (3 octobre 1949) Chers auditeurs, Les deux questions
1367
es, sont les suivantes : 1° « Êtes-vous satisfait
de
Strasbourg ? » 2° « Que devons-nous penser des résultats acquis ? » J
1368
en vous racontant ce que j’ai vu dans la capitale
de
l’Europe, pour vous permettre de juger vous-mêmes s’il y a vraiment u
1369
us racontant ce que j’ai vu dans la capitale de l’
Europe
, pour vous permettre de juger vous-mêmes s’il y a vraiment un espoir
1370
dans la capitale de l’Europe, pour vous permettre
de
juger vous-mêmes s’il y a vraiment un espoir neuf de ce côté-là. J’ai
1371
juger vous-mêmes s’il y a vraiment un espoir neuf
de
ce côté-là. J’ai vu d’abord une ville pavoisée comme pour un jour de
1372
vu d’abord une ville pavoisée comme pour un jour
de
grande victoire. Pas une maison, même dans les petites rues écartées,
1373
es rues écartées, qui n’arborât quelques drapeaux
de
nos pays, et surtout le drapeau de l’Europe, une grande lettre E, en
1374
lques drapeaux de nos pays, et surtout le drapeau
de
l’Europe, une grande lettre E, en vert, sur un fond blanc, — et cela
1375
drapeaux de nos pays, et surtout le drapeau de l’
Europe
, une grande lettre E, en vert, sur un fond blanc, — et cela non pas s
1376
es dialectes et son atmosphère, une grande partie
de
l’Europe occidentale. On s’y croit tantôt en Suisse et tantôt en Holl
1377
alectes et son atmosphère, une grande partie de l’
Europe
occidentale. On s’y croit tantôt en Suisse et tantôt en Hollande, tan
1378
antôt en Allemagne, et l’on y est en France, pour
de
bon, cette fois-ci. Et puis, il y a les ruines, les pans de murs, les
1379
tte fois-ci. Et puis, il y a les ruines, les pans
de
murs, les églises détruites ici ou là qui nous rappellent à la réalit
1380
la plus pressante ; il était bon que l’Assemblée
européenne
s’ouvrît non pas dans des palaces parmi les touristes millionnaires,
1381
e n’y suis pas entré sans émotion : j’allais voir
de
mes yeux le premier résultat d’une action à laquelle, depuis quelques
1382
n : j’allais voir de mes yeux le premier résultat
d’
une action à laquelle, depuis quelques années, j’ai consacré mes jours
1383
elques années, j’ai consacré mes jours et pas mal
de
mes nuits. L’Assemblée ne siégeait que depuis une semaine, lors de ma
1384
ont les premiers mois, parfois les premiers jours
de
l’existence d’un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans
1385
s mois, parfois les premiers jours de l’existence
d’
un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans cette aula, et
1386
miers jours de l’existence d’un bébé qui décident
de
son avenir. Je suis entré dans cette aula, et j’ai senti, après quelq
1387
oits vitaux. Churchill parlait, bonhomme et plein
d’
humour, regardant par-dessus ses lunettes, les deux mains plaquées sur
1388
son ventre, selon son geste coutumier. Il venait
d’
obtenir le droit, pour l’Assemblée, de fixer ses ordres du jour, sans
1389
. Il venait d’obtenir le droit, pour l’Assemblée,
de
fixer ses ordres du jour, sans demander l’avis du Conseil des ministr
1390
u Conseil des ministres. Il réclamait l’admission
de
l’Allemagne, et proposait une nouvelle réunion de l’Assemblée, pendan
1391
de l’Allemagne, et proposait une nouvelle réunion
de
l’Assemblée, pendant l’hiver. M. Spaak présidait avec rondeur, répliq
1392
M. Spaak présidait avec rondeur, réplique vivante
d’
un Churchill rajeuni. Et je reconnaissais dans l’Assemblée tant de vis
1393
sais dans l’Assemblée tant de visages bien connus
de
camarades de lutte, depuis deux ans, que je crus assister d’abord à u
1394
ssemblée tant de visages bien connus de camarades
de
lutte, depuis deux ans, que je crus assister d’abord à une sorte de c
1395
eux ans, que je crus assister d’abord à une sorte
de
comité élargi de notre Mouvement européen. À vrai dire, les deux tier
1396
rus assister d’abord à une sorte de comité élargi
de
notre Mouvement européen. À vrai dire, les deux tiers des députés, à
1397
d à une sorte de comité élargi de notre Mouvement
européen
. À vrai dire, les deux tiers des députés, à Strasbourg, se trouvaient
1398
ssemblée est portée, animée et nourrie par l’élan
de
nos militants, dans tous nos pays, par d’innombrables associations in
1399
l’élan de nos militants, dans tous nos pays, par
d’
innombrables associations indépendantes à la fois des partis, des rout
1400
ues et des gouvernements. Il y a là quelque chose
de
très neuf, quelque chose qui n’existait pas derrière la Ligue des Nat
1401
stait pas derrière la Ligue des Nations, un trait
d’
union vivant entre les peuples dans leur réalité humaine, et les offic
1402
’est vraiment grâce à cette présence du Mouvement
européen
, grâce à son action quotidienne autour de l’Assemblée, dans ses coulo
1403
qu’on a pu sentir à Strasbourg passer un souffle
de
grand air, une volonté d’action et de rénovation. Dans cette grande s
1404
bourg passer un souffle de grand air, une volonté
d’
action et de rénovation. Dans cette grande salle carrée, aux tentures
1405
un souffle de grand air, une volonté d’action et
de
rénovation. Dans cette grande salle carrée, aux tentures claires et d
1406
ette grande salle carrée, aux tentures claires et
d’
aspect très moderne, on avait réservé un hémicycle pour les cent déput
1407
te du parterre, entourait l’Assemblée, la serrait
de
près, et l’on peut y voir un symbole… Il y en avait bien d’autres. L’
1408
la Chambre française, mais chaque député parlait
de
sa place, comme à la Chambre des communes, et l’atmosphère était auss
1409
u’à notre Conseil national. Seulement, on parlait
de
l’Europe, de la famille européenne, pour la première fois dans l’hist
1410
otre Conseil national. Seulement, on parlait de l’
Europe
, de la famille européenne, pour la première fois dans l’histoire deve
1411
seil national. Seulement, on parlait de l’Europe,
de
la famille européenne, pour la première fois dans l’histoire devenue
1412
Seulement, on parlait de l’Europe, de la famille
européenne
, pour la première fois dans l’histoire devenue visible et tangible. J
1413
s yeux, mais non, je ne rêvais pas : le Parlement
de
l’Europe existait, physiquement, malgré tous ceux qui nous disaient e
1414
x, mais non, je ne rêvais pas : le Parlement de l’
Europe
existait, physiquement, malgré tous ceux qui nous disaient encore l’h
1415
ore l’hiver dernier, qu’il faudrait une vingtaine
d’
années pour mûrir ce projet d’utopie. Et certes, l’Assemblée consultat
1416
drait une vingtaine d’années pour mûrir ce projet
d’
utopie. Et certes, l’Assemblée consultative n’est pas encore dotée des
1417
elle fonctionne et rien ne pourra plus l’empêcher
de
conquérir, pas à pas, ces pouvoirs, jusqu’au jour où les peuples eux-
1418
es peuples eux-mêmes seront appelés aux élections
européennes
. L’année prochaine en décidera sans doute. À la question : « Êtes-vou
1419
sans doute. À la question : « Êtes-vous satisfait
de
Strasbourg ? » Je puis donc vous répondre oui, sans hésiter, parce qu
1420
ous répondre oui, sans hésiter, parce que j’ai vu
de
mes yeux ce Parlement, parce que j’ai senti qu’il existe autrement qu
1421
. C’est l’essentiel. C’est l’événement qui domine
de
haut notre année, c’est une actualité qui rayonnera longtemps. Et si
1422
Demain l’
Europe
! — Les résultats de Strasbourg (10 octobre 1949) Chers auditeurs,
1423
Demain l’Europe ! — Les résultats
de
Strasbourg (10 octobre 1949) Chers auditeurs, Il est temps que j’en
1424
aux résultats acquis par l’Assemblée consultative
de
Strasbourg, à la fin de sa première session. Je voudrais vous en parl
1425
l’Assemblée consultative de Strasbourg, à la fin
de
sa première session. Je voudrais vous en parler sans trop de détails
1426
ère session. Je voudrais vous en parler sans trop
de
détails techniques, mais cependant, il est bon d’en donner quelques-u
1427
de détails techniques, mais cependant, il est bon
d’
en donner quelques-uns, pour vous faire entrevoir la nature et le nomb
1428
n veut arriver à cette chose simple et grande : l’
Europe
unie, libérée des frontières, rendue, dans toute son étendue, à la li
1429
mblée, en quelques jours, a su montrer sa volonté
de
devenir un vrai parlement. En affirmant son autonomie à l’égard du Co
1430
ui représentait les États ; en prenant la liberté
de
fixer ses ordres du jour ; en habituant des hommes de pays et de part
1431
ixer ses ordres du jour ; en habituant des hommes
de
pays et de partis différents à repenser tous les problèmes du point d
1432
dres du jour ; en habituant des hommes de pays et
de
partis différents à repenser tous les problèmes du point de vue de l’
1433
nts à repenser tous les problèmes du point de vue
de
l’Europe en général, et non pas du point de vue de leur seule nation,
1434
repenser tous les problèmes du point de vue de l’
Europe
en général, et non pas du point de vue de leur seule nation, l’Assemb
1435
e l’Europe en général, et non pas du point de vue
de
leur seule nation, l’Assemblée a ébauché l’image d’une communauté de
1436
leur seule nation, l’Assemblée a ébauché l’image
d’
une communauté de nos peuples par-dessus les frontières en dépit de le
1437
n, l’Assemblée a ébauché l’image d’une communauté
de
nos peuples par-dessus les frontières en dépit de leurs États. Elle s
1438
d comme un pouvoir législatif en puissance. Forte
de
ce succès, l’Assemblée a aussitôt proposé la création d’un pouvoir ju
1439
uccès, l’Assemblée a aussitôt proposé la création
d’
un pouvoir judiciaire européen. De quoi s’agissait-il ? De garantir le
1440
sitôt proposé la création d’un pouvoir judiciaire
européen
. De quoi s’agissait-il ? De garantir les droits de chaque citoyen, vo
1441
osé la création d’un pouvoir judiciaire européen.
De
quoi s’agissait-il ? De garantir les droits de chaque citoyen, vous o
1442
voir judiciaire européen. De quoi s’agissait-il ?
De
garantir les droits de chaque citoyen, vous ou moi, contre la toute-p
1443
n. De quoi s’agissait-il ? De garantir les droits
de
chaque citoyen, vous ou moi, contre la toute-puissance des États souv
1444
ute-puissance des États souverains. Il s’agissait
de
donner à chacun, vous ou moi, une possibilité de recours contre les i
1445
de donner à chacun, vous ou moi, une possibilité
de
recours contre les injustices commises au nom d’un gouvernement, ou a
1446
ujourd’hui. Il n’y a rien, aujourd’hui, au-dessus
de
l’État. Il faut donc créer une Cour des droits de l’homme, capable d’
1447
onc créer une Cour des droits de l’homme, capable
d’
intervenir dans chacun de nos pays pour y faire respecter les libertés
1448
oits de l’homme, capable d’intervenir dans chacun
de
nos pays pour y faire respecter les libertés fondamentales de chaque
1449
pour y faire respecter les libertés fondamentales
de
chaque personne. C’est un jeune député et ministre français, l’énergi
1450
i Teitgen, qui a présenté à l’Assemblée le projet
d’
une Cour suprême des droits de l’homme, tel que notre Mouvement europé
1451
me des droits de l’homme, tel que notre Mouvement
européen
l’avait étudié et mis au point. Le projet a été accepté, à l’unanimit
1452
erait pas qu’un citoyen anglais allât se plaindre
de
ses autorités devant une cour internationale. Pourtant, c’est bien à
1453
dent tous nos efforts : nous voulons qu’au-dessus
de
chacun de nos États, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de r
1454
nos efforts : nous voulons qu’au-dessus de chacun
de
nos États, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de réprimer le
1455
tats, un pouvoir fédéral indépendant soit capable
de
réprimer les abus qui seraient commis au nom de l’égoïsme national, o
1456
seraient commis au nom de l’égoïsme national, ou
de
la volonté de puissance d’un seul parti. Ce que nous voulons, c’est e
1457
is au nom de l’égoïsme national, ou de la volonté
de
puissance d’un seul parti. Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équ
1458
l’égoïsme national, ou de la volonté de puissance
d’
un seul parti. Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équivalent europ
1459
Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équivalent
européen
du Tribunal fédéral de la Suisse. Dans le domaine économique, l’Assem
1460
somme, l’équivalent européen du Tribunal fédéral
de
la Suisse. Dans le domaine économique, l’Assemblée a proposé un certa
1461
onomique, l’Assemblée a proposé un certain nombre
de
mesures tendant à la libre circulation des marchandises et des capita
1462
l’Europe aille discuter à Washington au nom de l’
Europe
tout entière. Cette proposition a été traitée de « billevesée » par l
1463
ope tout entière. Cette proposition a été traitée
de
« billevesée » par le même M. Dalton. On a compris les raisons de son
1464
» par le même M. Dalton. On a compris les raisons
de
son opposition, quelques jours plus tard, lorsqu’une délégation brita
1465
à Washington pour y négocier seule la dévaluation
de
la livre, au détriment du reste de l’Europe. Rien ne saurait mieux il
1466
la dévaluation de la livre, au détriment du reste
de
l’Europe. Rien ne saurait mieux illustrer l’urgence et la nécessité d
1467
valuation de la livre, au détriment du reste de l’
Europe
. Rien ne saurait mieux illustrer l’urgence et la nécessité de l’union
1468
saurait mieux illustrer l’urgence et la nécessité
de
l’union économique demandée par Strasbourg. Enfin, l’Assemblée a émis
1469
ssemblée a émis, à l’unanimité, un certain nombre
de
vœux pratiques tels que la création d’un Centre européen de la cultur
1470
ain nombre de vœux pratiques tels que la création
d’
un Centre européen de la culture (dont l’embryon existe à Genève) et l
1471
n existe à Genève) et la mise à l’étude immédiate
d’
un passeport européen. Ce ne sont là que des vœux, direz-vous. Oui, ce
1472
ve) et la mise à l’étude immédiate d’un passeport
européen
. Ce ne sont là que des vœux, direz-vous. Oui, certes, mais ils sont a
1473
tes, mais ils sont appuyés par la volonté unanime
de
l’Assemblée consultative. Or celle-ci se compose de députés régulière
1474
l’Assemblée consultative. Or celle-ci se compose
de
députés régulièrement élus par douze parlements européens. La plupart
1475
e députés régulièrement élus par douze parlements
européens
. La plupart de ces délégués sont les chefs de fractions politiques im
1476
opéens. La plupart de ces délégués sont les chefs
de
fractions politiques importantes. Il est donc probable qu’ils arriver
1477
urg. Vous voyez donc que malgré son titre modeste
d’
Assemblée consultative, le Parlement de Strasbourg peut devenir un ins
1478
re modeste d’Assemblée consultative, le Parlement
de
Strasbourg peut devenir un instrument très efficace d’unification de
1479
rasbourg peut devenir un instrument très efficace
d’
unification de l’Europe. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et
1480
devenir un instrument très efficace d’unification
de
l’Europe. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et de mesure, ne
1481
ir un instrument très efficace d’unification de l’
Europe
. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et de mesure, ne restera p
1482
ope. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et
de
mesure, ne restera pas sans lendemain. Un dernier mot : presque toute
1483
asbourg avaient été préparées par notre Mouvement
européen
. C’est lui qui a fait Strasbourg, en réalité. L’un des observateurs a
1484
servateurs américains qui assistaient aux travaux
de
l’Assemblée et qui ont pu voir notre Mouvement à l’œuvre dans les cou
1485
iait un jour devant moi : « J’ai été témoin, ici,
de
choses stupéfiantes pour nous autres Américains ! L’Assemblée existe,
1486
ankee, et par la seule action, presque invisible,
d’
un très petit nombre d’hommes qui ont su voir juste ! » Je lui ai dit
1487
action, presque invisible, d’un très petit nombre
d’
hommes qui ont su voir juste ! » Je lui ai dit : cher ami, en somme, v
1488
t : cher ami, en somme, vous venez de découvrir l’
Europe
, — ses limitations, son génie… Au revoir, mes chers auditeurs ! Merci
1489
Demain l’
Europe
! — Que pouvez-vous faire ? (17 octobre 1949) Chers auditeurs, Depu
1490
s, Depuis que j’ai repris cette chronique, en fin
d’
été, je vous ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui
1491
chronique, en fin d’été, je vous ai parlé surtout
de
l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui s’est fait déjà au cours de sa p
1492
us ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg,
de
ce qui s’est fait déjà au cours de sa première session, mais aussi de
1493
action la crise anglaise entre autres. J’ai tâché
de
vous faire voir, en résumé, que l’union fédérale du continent est en
1494
bonne voie, que l’Assemblée de Strasbourg permet
de
grands espoirs, mais que l’attitude britannique, pour le moment, fait
1495
on. Tout cela met en jeu des forces politiques et
de
grands intérêts économiques sur lesquels nous ne pouvons rien. En un
1496
, et nos bonnes volontés ne trouvent pas le moyen
d’
entrer dans cette action, dont pourtant dépend notre avenir. Ce sentim
1497
, dont pourtant dépend notre avenir. Ce sentiment
d’
impuissance qui étreint les individus, devant l’évolution de monde, il
1498
nce qui étreint les individus, devant l’évolution
de
monde, il est bien caractéristique de notre siècle, d’un siècle qui a
1499
l’évolution de monde, il est bien caractéristique
de
notre siècle, d’un siècle qui a vécu deux guerres mondiales, que pers
1500
nde, il est bien caractéristique de notre siècle,
d’
un siècle qui a vécu deux guerres mondiales, que personne ne voulait e
1501
tous faites, ou subies. C’est contre ce sentiment
d’
impuissance, angoissant, mais aussi en partie illusoire, que je voudra
1502
ire, que je voudrais parler ce soir. Une question
d’
un de mes auditeurs de La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom d
1503
que je voudrais parler ce soir. Une question d’un
de
mes auditeurs de La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom de plu
1504
arler ce soir. Une question d’un de mes auditeurs
de
La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom de plusieurs autres, m’
1505
-il, les simples pékins pour soutenir les efforts
de
ceux qui œuvrent pour l’Europe unie ? » Que pouvons-nous faire, chacu
1506
r soutenir les efforts de ceux qui œuvrent pour l’
Europe
unie ? » Que pouvons-nous faire, chacun de nous ? Oui, voilà bien la
1507
l’Europe unie ? » Que pouvons-nous faire, chacun
de
nous ? Oui, voilà bien la grande question, la vraie question humaine
1508
ien la grande question, la vraie question humaine
de
notre temps. Une question simple, élémentaire, mais qui va droit au f
1509
is qui va droit au fond des choses. Car il s’agit
de
savoir, aujourd’hui, si l’homme, l’individu, chacun de vous n’a plus
1510
voir, aujourd’hui, si l’homme, l’individu, chacun
de
vous n’a plus qu’à démissionner en attendant d’être réduit en poussiè
1511
n de vous n’a plus qu’à démissionner en attendant
d’
être réduit en poussière atomique, ou bien si, au contraire, il est en
1512
, ou bien si, au contraire, il est encore capable
de
reprendre en main son destin, de secouer les fatalités de guerre, de
1513
t encore capable de reprendre en main son destin,
de
secouer les fatalités de guerre, de misère et de honte, qui s’accumul
1514
ndre en main son destin, de secouer les fatalités
de
guerre, de misère et de honte, qui s’accumulent sur un proche horizon
1515
n son destin, de secouer les fatalités de guerre,
de
misère et de honte, qui s’accumulent sur un proche horizon. Que devon
1516
de secouer les fatalités de guerre, de misère et
de
honte, qui s’accumulent sur un proche horizon. Que devons-nous faire
1517
réveiller d’abord ! Car nous dormons, sur le bord
d’
un abîme. Et peu nombreux, encore, sont les « simples pékins » qui s’e
1518
us dormons à côté des bombes atomiques, des tubes
de
bactéries dont un seul (disait hier un savant canadien) peut faire mo
1519
peut faire mourir en une heure tous les habitants
d’
une grande ville d’Europe. Nous dormons sur le seuil d’une crise écono
1520
n une heure tous les habitants d’une grande ville
d’
Europe. Nous dormons sur le seuil d’une crise économique sans précéden
1521
une heure tous les habitants d’une grande ville d’
Europe
. Nous dormons sur le seuil d’une crise économique sans précédent. Nou
1522
grande ville d’Europe. Nous dormons sur le seuil
d’
une crise économique sans précédent. Nous dormons dans une Europe qui,
1523
économique sans précédent. Nous dormons dans une
Europe
qui, réellement, pratiquement, nécessairement, doit s’unir demain ou
1524
ns ce péril ? Eh bien, on ne demande pas à chacun
de
vous de repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa pa
1525
ril ? Eh bien, on ne demande pas à chacun de vous
de
repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa part tous
1526
demande pas à chacun de vous de repenser le monde
de
fond en comble et de résoudre pour sa part tous les grands problèmes
1527
de vous de repenser le monde de fond en comble et
de
résoudre pour sa part tous les grands problèmes du siècle. On demande
1528
s grands problèmes du siècle. On demande à chacun
de
vous simplement de sortir de son isolement, car c’est l’isolement qui
1529
du siècle. On demande à chacun de vous simplement
de
sortir de son isolement, car c’est l’isolement qui produit ce sentime
1530
On demande à chacun de vous simplement de sortir
de
son isolement, car c’est l’isolement qui produit ce sentiment d’impui
1531
t, car c’est l’isolement qui produit ce sentiment
d’
impuissance dont je parlais. On demande aux hommes qui veulent agir de
1532
e parlais. On demande aux hommes qui veulent agir
de
se grouper et d’être prêts. Comment le faire ? Voici quelques conseil
1533
ande aux hommes qui veulent agir de se grouper et
d’
être prêts. Comment le faire ? Voici quelques conseils pratiques. Dans
1534
onseils pratiques. Dans presque toutes nos villes
de
Suisse, il existe des sections de l’Union européenne des fédéralistes
1535
utes nos villes de Suisse, il existe des sections
de
l’Union européenne des fédéralistes, qui est une des branches du gran
1536
lles de Suisse, il existe des sections de l’Union
européenne
des fédéralistes, qui est une des branches du grand Mouvement europée
1537
stes, qui est une des branches du grand Mouvement
européen
. Chacun de vous peut écrire à la section locale de l’Union européenne
1538
des branches du grand Mouvement européen. Chacun
de
vous peut écrire à la section locale de l’Union européenne. Chacun de
1539
n. Chacun de vous peut écrire à la section locale
de
l’Union européenne. Chacun de vous peut y entrer demain moyennant une
1540
e vous peut écrire à la section locale de l’Union
européenne
. Chacun de vous peut y entrer demain moyennant une petite cotisation
1541
à la section locale de l’Union européenne. Chacun
de
vous peut y entrer demain moyennant une petite cotisation annuelle. M
1542
n annuelle. Mais une fois entrés dans cette Union
européenne
, qu’aurons-nous à faire de précis, de concret ? Allez-vous me dire. D
1543
ns cette Union européenne, qu’aurons-nous à faire
de
précis, de concret ? Allez-vous me dire. Deux choses. Tout d’abord, v
1544
ion européenne, qu’aurons-nous à faire de précis,
de
concret ? Allez-vous me dire. Deux choses. Tout d’abord, vous serez t
1545
choses. Tout d’abord, vous serez tenus au courant
de
l’action générale pour la fédération, et vous pourrez y faire entendr
1546
s, dans votre milieu immédiat, l’idée fédéraliste
européenne
, seul grand espoir de notre continent, vous aurez à recruter des adhé
1547
l’idée fédéraliste européenne, seul grand espoir
de
notre continent, vous aurez à recruter des adhérents, à distribuer de
1548
étiser les engagements qui furent pris au congrès
de
La Haye, il y a un an, par 800 Européens unanimes, militants ou minis
1549
pris au congrès de La Haye, il y a un an, par 800
Européens
unanimes, militants ou ministres, députés ou « simples pékins » et do
1550
vous relis le dernier paragraphe : Nous prenons
de
bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
1551
agraphe : Nous prenons de bonne foi l’engagement
d’
appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos pa
1552
Nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer
de
tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans
1553
t les gouvernements qui travaillent à cette œuvre
de
salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, po
1554
ent à cette œuvre de salut public, suprême chance
de
la paix et gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qu
1555
e salut public, suprême chance de la paix et gage
d’
un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront. À l
1556
faire ? je réponds donc : entrez dans notre Union
européenne
, venez-y militer pour notre idée, parlez-en dans votre milieu, faites
1557
, faites-la surtout adopter par la section locale
de
votre parti comme cela vient de se faire à Genève lundi dernier au Pa
1558
prononce publiquement en faveur de la fédération
de
nos peuples. Car une fois que tous les partis en auront ainsi décidé
1559
ans chaque pays, pour l’adoption du Pacte fédéral
de
l’Europe par un référendum de tous les peuples. Voici la route à suiv
1560
haque pays, pour l’adoption du Pacte fédéral de l’
Europe
par un référendum de tous les peuples. Voici la route à suivre, elle
1561
on du Pacte fédéral de l’Europe par un référendum
de
tous les peuples. Voici la route à suivre, elle est simple, entrez-y.
1562
peut être fait, et qui peut tout. Il est tard, en
Europe
, il est très tard. Mais il dépend encore de chacun de vous, chers aud
1563
n Europe, il est très tard. Mais il dépend encore
de
chacun de vous, chers auditeurs, qu’il ne soit pas trop tard. Avec vo
1564
il est très tard. Mais il dépend encore de chacun
de
vous, chers auditeurs, qu’il ne soit pas trop tard. Avec vous tous, p
1565
s gagnerons. Mais pas sans vous ! Pas sans chacun
de
vous ! Et non pas après-demain, mais demain. Car après-demain, sans v
1566
in. Car après-demain, sans vous, il n’y aura plus
d’
Europe, si nous dormons. Je vous parlerai la prochaine fois du rôle qu
1567
. Car après-demain, sans vous, il n’y aura plus d’
Europe
, si nous dormons. Je vous parlerai la prochaine fois du rôle que doit
1568
Demain l’
Europe
! — Militer pour la fédération (24 octobre 1949) Chers auditeurs, P
1569
le commencement, entrez dans nos sections locales
de
notre Union européenne en Suisse. Cette causerie de lundi dernier m’a
1570
, entrez dans nos sections locales de notre Union
européenne
en Suisse. Cette causerie de lundi dernier m’a valu deux séries de qu
1571
notre Union européenne en Suisse. Cette causerie
de
lundi dernier m’a valu deux séries de questions ? Les unes portant su
1572
te causerie de lundi dernier m’a valu deux séries
de
questions ? Les unes portant sur l’utilité générale d’une telle démar
1573
estions ? Les unes portant sur l’utilité générale
d’
une telle démarche, les autres plus immédiatement pratiques. Je vais y
1574
oses et, croyez-moi, cela n’empêchera ni la terre
de
tourner, ni la guerre d’arriver, ni la bombe de sauter. À cette quest
1575
n’empêchera ni la terre de tourner, ni la guerre
d’
arriver, ni la bombe de sauter. À cette question, où à ce scepticisme,
1576
e de tourner, ni la guerre d’arriver, ni la bombe
de
sauter. À cette question, où à ce scepticisme, je me contenterai de r
1577
question, où à ce scepticisme, je me contenterai
de
répondre par un chiffre. Je ne pense pas que nous soyons en Europe pl
1578
ar un chiffre. Je ne pense pas que nous soyons en
Europe
plus de 150 000 militants de l’action pour unir nos peuples. Or, ces
1579
e. Je ne pense pas que nous soyons en Europe plus
de
150 000 militants de l’action pour unir nos peuples. Or, ces 150 000
1580
e nous soyons en Europe plus de 150 000 militants
de
l’action pour unir nos peuples. Or, ces 150 000 militants ont réussi
1581
es. Or, ces 150 000 militants ont réussi en moins
d’
un an un véritable tour de force historique. C’est à leur volonté et à
1582
nts ont réussi en moins d’un an un véritable tour
de
force historique. C’est à leur volonté et à leurs plans, c’est à leur
1583
réation du Conseil de l’Europe, et la convocation
de
l’Assemblée de Strasbourg, c’est-à-dire du premier parlement continen
1584
du premier parlement continental, après 2000 ans
de
divisions. Ce n’est pas si mal pour commencer et si 150 000 ont pu fa
1585
ont pas l’année prochaine 500 000 [ou] un million
de
militants ? Ceci dit, venons-en à vos questions pratiques. Beaucoup d
1586
écrit en substance : « C’est vraiment trop gentil
de
nous inviter, mais vous oubliez le principal, vous avez oublié l’adre
1587
, vous avez oublié l’adresse à laquelle il s’agit
de
se rendre. » À vrai dire, mes chers auditeurs, cet oubli n’était pas
1588
ment accidentel, tout d’abord, il m’est difficile
d’
utiliser les 6 minutes que le directeur de Radio-Genève, M. Dovaz, met
1589
fficile d’utiliser les 6 minutes que le directeur
de
Radio-Genève, M. Dovaz, met à ma disposition — d’utiliser ces 6 préci
1590
de Radio-Genève, M. Dovaz, met à ma disposition —
d’
utiliser ces 6 précieuses minutes pour vous lire mon carnet d’adresses
1591
es 6 précieuses minutes pour vous lire mon carnet
d’
adresses ! — car nous avons des groupes dans presque toutes les villes
1592
ns presque toutes les villes et grandes localités
de
la Suisse… Ensuite, je me suis dit qu’il n’était pas mauvais que ceux
1593
action le manifestent par un petit effort, celui
de
se renseigner par leurs propres moyens. Beaucoup l’ont fait. Certains
1594
, je m’exécute : voilà : pour entrer dans l’Union
européenne
, écrivez à son secrétaire général, M. Ernest Steffan. Attendez ! Pren
1595
t Steffan. Attendez ! Prenez un crayon et un bout
de
papier, voulez-vous, je vais répéter lentement : M. Ernest Steffan, S
1596
se postale 1833, Lausanne. M. Steffan est accablé
de
travail. Mais il vous répondra, je m’en porte garant, je le connais b
1597
nne, vous donnera l’adresse du groupe fédéraliste
européen
de votre ville ou de votre région, et toutes informations souhaitable
1598
donnera l’adresse du groupe fédéraliste européen
de
votre ville ou de votre région, et toutes informations souhaitables.
1599
du groupe fédéraliste européen de votre ville ou
de
votre région, et toutes informations souhaitables. Si par hasard, dan
1600
Si par hasard, dans votre ville, il n’existe pas
de
section de notre Union européenne, alors il est doublement urgent que
1601
ard, dans votre ville, il n’existe pas de section
de
notre Union européenne, alors il est doublement urgent que vous écriv
1602
ville, il n’existe pas de section de notre Union
européenne
, alors il est doublement urgent que vous écriviez au même M. Steffan,
1603
r l’aider à devenir ce qu’il doit être : un foyer
de
civisme élargi, une cellule de l’Europe fédérale. Je vous l’ai dit lu
1604
it être : un foyer de civisme élargi, une cellule
de
l’Europe fédérale. Je vous l’ai dit lundi dernier et je le répète : c
1605
re : un foyer de civisme élargi, une cellule de l’
Europe
fédérale. Je vous l’ai dit lundi dernier et je le répète : ce que vou
1606
rnier et je le répète : ce que vous offre l’Union
européenne
, c’est l’occasion de militer, dans vos milieux, pour une action réell
1607
e vous offre l’Union européenne, c’est l’occasion
de
militer, dans vos milieux, pour une action réelle, qui a déjà démarré
1608
z-le bien : cet instrument forgé par le Mouvement
européen
, pour une fois n’est pas un parti. Et c’est encore bien moins un de c
1609
n’est pas un parti. Et c’est encore bien moins un
de
ces rassemblements de désespérés et de déracinés sociaux, disciplinés
1610
c’est encore bien moins un de ces rassemblements
de
désespérés et de déracinés sociaux, disciplinés à la schlague ou au k
1611
n moins un de ces rassemblements de désespérés et
de
déracinés sociaux, disciplinés à la schlague ou au knout, dressés pou
1612
ef brutal. Nous ne voulons pas former des troupes
de
choc ! Nous en avons assez des appels à la haine, naissant du désespo
1613
l’aggravant avec furie. Si je vous parle ce soir
de
militer, c’est dans un sens vraiment nouveau pour notre siècle. Nous
1614
t nouveau pour notre siècle. Nous ne voulons plus
de
soldats politiques, mais des citoyens alertés, prêts à parler, et prê
1615
s à parler, et prêts à exiger les moyens concrets
de
la paix, — c’est-à-dire la fédération, à bref délai, de tous les peup
1616
paix, — c’est-à-dire la fédération, à bref délai,
de
tous les peuples restés libres en Europe, 300 millions d’hommes et de
1617
bref délai, de tous les peuples restés libres en
Europe
, 300 millions d’hommes et de femmes qui ont subi les deux guerres et
1618
les peuples restés libres en Europe, 300 millions
d’
hommes et de femmes qui ont subi les deux guerres et refusent la trois
1619
restés libres en Europe, 300 millions d’hommes et
de
femmes qui ont subi les deux guerres et refusent la troisième. Un ins
1620
tis sont représentés dans le conseil du Mouvement
européen
? Savez-vous qu’au bureau de ce conseil siègent désormais les 4 prési
1621
l du Mouvement européen ? Savez-vous qu’au bureau
de
ce conseil siègent désormais les 4 présidents des partis socialiste,
1622
s n’en sommes pas un ! Et qu’il y a quelque chose
de
neuf, dans notre Suisse comme partout en Europe. Tout cela signifie,
1623
chose de neuf, dans notre Suisse comme partout en
Europe
. Tout cela signifie, pratiquement, que vous n’aurez jamais une plus b
1624
, que vous n’aurez jamais une plus belle occasion
d’
entrer dans un mouvement en plein essor, et d’agir selon vos moyens, à
1625
ion d’entrer dans un mouvement en plein essor, et
d’
agir selon vos moyens, à l’échelle quotidienne et dans votre milieu, p
1626
est peu de pays où l’opinion publique ait autant
de
pouvoir qu’en Suisse. Le Conseil fédéral, ni les Chambres, ne feront
1627
— le rôle des Suisses ? C’est à quoi j’essaierai
de
répondre au cours de mes prochaines causeries. Au revoir, mes chers a
1628
Demain l’
Europe
! — La Suisse et Strasbourg (31 octobre 1949) Chers auditeurs, La S
1629
er sa réserve ? Doit-elle y persister, ou changer
d’
attitude ? Telles sont les délicates, mais pressantes questions qui se
1630
osent à nous désormais, et auxquelles j’essaierai
de
faire face, ce soir et d’autres fois encore, sans doute. Voyons les f
1631
ts. Le Conseil de l’Europe se compose aujourd’hui
de
13 États : Ce sont les 3 États scandinaves, les 3 États du Benelux, l
1632
de cet hiver. L’Autriche n’attend que son traité
de
paix, qui ne saurait longtemps tarder. Il ne restera donc, dans quelq
1633
restera donc, dans quelques mois que trois États
européens
hors du Conseil : Le Portugal, l’Espagne et la Suisse. Les raisons de
1634
Le Portugal, l’Espagne et la Suisse. Les raisons
de
l’abstention des États ibériques sont évidentes et bien connues. Il l
1635
et bien connues. Il leur est, en effet, difficile
de
souscrire à la Charte du Conseil de l’Europe, qui garantit, sans rest
1636
ment. Peut-elle donner une raison simple et nette
de
son absence au Parlement européen ? Vous allez dire Neutralité. Natur
1637
aison simple et nette de son absence au Parlement
européen
? Vous allez dire Neutralité. Naturellement. C’est ce que tout le mon
1638
les choses comme elles sont : le fameux argument
de
notre neutralité, qui semble si frappant, ne vaut absolument rien. Ce
1639
et n’est pas une alliance militaire, la question
de
la neutralité n’est pas touchée par lui, n’est pas en cause. Rien, pa
1640
mot, dans le statut qui est, et doit rester celui
de
notre pays, rien dans notre statut de neutralité ne saurait justifier
1641
ester celui de notre pays, rien dans notre statut
de
neutralité ne saurait justifier notre absence à Strasbourg. Voilà le
1642
très complexe, et voilà bien pourquoi la position
de
la Suisse n’est pas des plus faciles à justifier, aux yeux de nos voi
1643
nde, et même des Suisses. Essayons, pour ce soir,
de
déblayer le terrain, d’énumérer les arguments. Une autre fois, je vou
1644
. Essayons, pour ce soir, de déblayer le terrain,
d’
énumérer les arguments. Une autre fois, je vous dirai mon choix. Il y
1645
rai mon choix. Il y a pour justifier l’abstention
de
la Suisse de bonnes et de mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mau
1646
. Il y a pour justifier l’abstention de la Suisse
de
bonnes et de mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mauvaises. Il y
1647
justifier l’abstention de la Suisse de bonnes et
de
mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mauvaises. Il y a les gens qu
1648
hez nous : qu’est-ce que c’est que cette histoire
européenne
? Tout va bien dans ce pays, et en tous cas, tout va beaucoup plus ma
1649
p plus mal chez nos voisins. Nous sommes des gens
de
sens rassis, pacifiques et, ma foi, plutôt prospères ; pas tout à fai
1650
débrouiller, et poursuivons notre petit bonhomme
de
chemin. À quoi La Rochefoucauld répond : « C’est une grande folie que
1651
chefoucauld répond : « C’est une grande folie que
de
vouloir être sage tout seul. » Dans le cas présent, c’est surtout de
1652
e tout seul. » Dans le cas présent, c’est surtout
de
la sottise. Car il est évident que la Suisse, si l’Europe est ruinée,
1653
a sottise. Car il est évident que la Suisse, si l’
Europe
est ruinée, n’ira pas loin sur son bonhomme de chemin. Il y a les gen
1654
urope est ruinée, n’ira pas loin sur son bonhomme
de
chemin. Il y a les gens qui disent ; surtout, pas d’imprudences ; ou,
1655
chemin. Il y a les gens qui disent ; surtout, pas
d’
imprudences ; ou, comme à Berne : pas de précipitation ! Attendons de
1656
tout, pas d’imprudences ; ou, comme à Berne : pas
de
précipitation ! Attendons de voir un peu ce que ça donnera, cette esp
1657
comme à Berne : pas de précipitation ! Attendons
de
voir un peu ce que ça donnera, cette espèce de Conseil de l’Europe. Q
1658
ns de voir un peu ce que ça donnera, cette espèce
de
Conseil de l’Europe. Quand il aura bien fait ses preuves, on y entrer
1659
osaïques à souhait, en un mot : tout ce qu’il y a
de
sérieux… Dans le cas présent, ils sont plutôt cigales. Ils laissent l
1660
ailler, demandent à voir, critiquent, exigent, en
de
pompeux éditoriaux, jouent les sceptiques et les grands réalistes, et
1661
atre voix le « Y en a point comme nous ». Quand l’
Europe
sera faite, on leur dira : « Eh bien, dansez, maintenant ! » À notre
1662
: « Eh bien, dansez, maintenant ! » À notre tour
de
faire sans vous ! Mais, il y a d’autre part, de bonnes raisons ou tou
1663
r de faire sans vous ! Mais, il y a d’autre part,
de
bonnes raisons ou tout au moins, des raisons honorables, qui justifie
1664
es, ne peut grouper que les nations démocratiques
de
l’Occident, qu’elles soient capitalistes ou socialistes, d’ailleurs,
1665
Encore faudrait-il dire clairement s’il s’agit là
de
grands principes ou de gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : somm
1666
clairement s’il s’agit là de grands principes ou
de
gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : sommes-nous vraiment tout à
1667
it neutres, entre l’URSS et les USA ? Notre genre
de
vie et nos goûts, nos libertés, notre civisme, n’auraient-ils pas déj
1668
e-t-on vraiment que l’un des camps nous saura gré
de
n’avoir pas voulu prendre parti ? Cela me paraît au moins douteux. Je
1669
mes. Lundi prochain, j’aborderai d’autres aspects
de
cette question brûlante. Et j’espère vous conduire non pas devant un
1670
conduire non pas devant un choix, mais à l’entrée
d’
une voie raisonnable et humaine, sans aucun esprit partisan. Au revoir
1671
Demain l’
Europe
! — L’Amérique veut nous unir (7 novembre 1949) Chers auditeurs, J’
1672
lundi dernier, la question difficile et délicate
d’
une participation de la Suisse au Conseil de l’Europe. J’y reviendrai,
1673
uestion difficile et délicate d’une participation
de
la Suisse au Conseil de l’Europe. J’y reviendrai, c’est bien certain.
1674
en certain. Mais, ce soir, il me faut vous parler
d’
une évolution importante qui s’est manifestée pendant la semaine derni
1675
dans un très proche avenir. Il s’agit, en effet,
de
la première intervention officielle et pressante des Américains, en f
1676
et pressante des Américains, en faveur de l’union
de
l’Europe. C’est à l’occasion d’une session de l’Organisation européen
1677
essante des Américains, en faveur de l’union de l’
Europe
. C’est à l’occasion d’une session de l’Organisation européenne de coo
1678
faveur de l’union de l’Europe. C’est à l’occasion
d’
une session de l’Organisation européenne de coopération économique, l’
1679
ion de l’Europe. C’est à l’occasion d’une session
de
l’Organisation européenne de coopération économique, l’OECE — que l’o
1680
’est à l’occasion d’une session de l’Organisation
européenne
de coopération économique, l’OECE — que l’offensive américaine s’est
1681
casion d’une session de l’Organisation européenne
de
coopération économique, l’OECE — que l’offensive américaine s’est déc
1682
Marshall, est venu prononcer devant les ministres
de
19 pays européens, un discours dont la portée dépasse largement celle
1683
st venu prononcer devant les ministres de 19 pays
européens
, un discours dont la portée dépasse largement celle du bla-bla-bla go
1684
s ce domaine. Je ne ferai pas l’analyse détaillée
de
ce discours : tous les journaux l’ont publié, et d’ailleurs il peut f
1685
résumer en une seule phrase. M. Hoffman a dit à l’
Europe
: aide-toi, l’Amérique t’aidera. Et comment l’Europe pourrait-elle s’
1686
ope : aide-toi, l’Amérique t’aidera. Et comment l’
Europe
pourrait-elle s’aider elle-même sinon en unissant ses forces dispersé
1687
donc, avec toute la clarté souhaitable, que si l’
Europe
ne décide pas de se fédérer dans un proche avenir, l’Amérique la lais
1688
clarté souhaitable, que si l’Europe ne décide pas
de
se fédérer dans un proche avenir, l’Amérique la laissera tomber. Quel
1689
r. Quelles ont été les réactions des 19 ministres
européens
devant cette mise en demeure polie, mais des plus fermes ? Pris en fl
1690
ie, mais des plus fermes ? Pris en flagrant délit
d’
incapacité à s’unir — doublée d’une mauvaise volonté évidente de la pa
1691
en flagrant délit d’incapacité à s’unir — doublée
d’
une mauvaise volonté évidente de la part des Anglais — après des mois
1692
évidente de la part des Anglais — après des mois
de
tergiversations et de demi-mesures ou quart de mesures, les ministres
1693
es Anglais — après des mois de tergiversations et
de
demi-mesures ou quart de mesures, les ministres se sont empressés de
1694
is de tergiversations et de demi-mesures ou quart
de
mesures, les ministres se sont empressés de déclarer l’un après l’aut
1695
quart de mesures, les ministres se sont empressés
de
déclarer l’un après l’autre qu’ils étaient bien d’accord, qu’ils alla
1696
solutions, et l’OECE elle aussi, a pris une série
de
résolutions, dont voici la première : « Le Conseil de l’OECE reconnaî
1697
ésolutions, dont voici la première : « Le Conseil
de
l’OECE reconnaît la nécessité de créer un vaste marché unique en Euro
1698
e : « Le Conseil de l’OECE reconnaît la nécessité
de
créer un vaste marché unique en Europe, dans lequel les biens et serv
1699
t la nécessité de créer un vaste marché unique en
Europe
, dans lequel les biens et services pourraient circuler librement. » V
1700
mbent dans leurs mauvaises habitudes. Ils parlent
de
la nécessité d’aller bien lentement, par toutes petites étapes, et ce
1701
mauvaises habitudes. Ils parlent de la nécessité
d’
aller bien lentement, par toutes petites étapes, et cela veut dire qu’
1702
bien décidés à ne gêner personne, à ne pas exiger
de
trop grands sacrifices de la part des États. Ils acceptent de réduire
1703
ds sacrifices de la part des États. Ils acceptent
de
réduire les tarifs douaniers, oui certes, mais seulement si les exper
1704
es n’en souffrent pas trop. Bref, sous le couvert
de
formules prudentes et techniques, ils battent en retraite, ils recule
1705
ils reculent une fois de plus devant la nécessité
d’
une véritable révolution fédéraliste, d’une union réelle, rapide, comp
1706
nécessité d’une véritable révolution fédéraliste,
d’
une union réelle, rapide, complète, telle que la demandent les América
1707
les Américains, et telle que l’exigent avec plus
de
force les menaces de ruine qui pèsent sur notre continent. L’opinion
1708
elle que l’exigent avec plus de force les menaces
de
ruine qui pèsent sur notre continent. L’opinion américaine ne s’est p
1709
laissé tromper par la réaction des gouvernements
européens
. Elle se déclare déçue par leur oui hésitant, par ce oui aussitôt sui
1710
par leur oui hésitant, par ce oui aussitôt suivi
d’
un peut-être et d’une vingtaine de si. Car en réalité, et malgré tant
1711
tant, par ce oui aussitôt suivi d’un peut-être et
d’
une vingtaine de si. Car en réalité, et malgré tant de belles paroles
1712
aussitôt suivi d’un peut-être et d’une vingtaine
de
si. Car en réalité, et malgré tant de belles paroles officielles, que
1713
ns plus que quelques mois pour unifier l’économie
européenne
, puisque le plan Marshall se termine dans deux ans. Et l’Europe n’en
1714
e le plan Marshall se termine dans deux ans. Et l’
Europe
n’en continue pas moins, comme disait récemment Paul Reynaud, à donne
1715
ent Paul Reynaud, à donner le spectacle grotesque
de
19 États dont chacun voudrait grimper sur le dos du voisin. Quand nou
1716
isin. Quand nous parlions, nous les fédéralistes,
de
la nécessité d’une union économique rapide et totale, les experts des
1717
parlions, nous les fédéralistes, de la nécessité
d’
une union économique rapide et totale, les experts des gouvernements n
1718
chiffres en main que c’était une utopie, une idée
d’
amateurs. Et voici qu’aujourd’hui c’est la plus grande puissance écono
1719
économique du monde, l’Amérique, — et par la voix
de
son expert numéro un, M. Hoffman, qui vient dire à nos États : « Les
1720
raison, ce sont eux qui montraient la seule voie
de
salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de
1721
salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués
de
vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de votre absence de vues
1722
Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs,
de
vos objections tatillonnes, de votre absence de vues larges et fermes
1723
s de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes,
de
votre absence de vues larges et fermes. Unissez-vous et vite, ou alor
1724
, de vos objections tatillonnes, de votre absence
de
vues larges et fermes. Unissez-vous et vite, ou alors débrouillez-vou
1725
iennent sur vous. » Il y a deux jours, un journal
de
Paris, et peut-être le plus sérieux, publiait en énorme manchette la
1726
cidentaux, les États-Unis proposeraient un projet
de
fédération européenne. » Et l’on annonçait que M. Acheson viendrait s
1727
États-Unis proposeraient un projet de fédération
européenne
. » Et l’on annonçait que M. Acheson viendrait s’en entretenir très pr
1728
te nouvelle y faisait sensation, dans les milieux
d’
affaires comme dans les milieux politiques. Et beaucoup de gens disaie
1729
de gens disaient : n’est-il pas humiliant pour l’
Europe
que ce soit l’Amérique qui la force à s’unir ? Certes, c’est une humi
1730
te retour. Car, il ne faut pas l’oublier, c’est l’
Europe
qui a jadis, contribué à la libération de l’Amérique ; c’est la Franc
1731
t l’Europe qui a jadis, contribué à la libération
de
l’Amérique ; c’est la France en particulier qui a voulu, contre les A
1732
Demain l’
Europe
! — La Suisse et Strasbourg (II) (14 novembre 1949) Chers auditeurs
1733
Rien, dans notre neutralité, n’empêche la Suisse
d’
entrer au Conseil de l’Europe. Rien, pas un mot, et pas un seul instan
1734
e vous disais récemment, pour le grand étonnement
de
plusieurs d’entre vous, et je le répète avec la plus vive insistance.
1735
seulement la neutralité n’interdit pas à ce pays
de
faire partie du Conseil de l’Europe, et d’envoyer des députés à l’Ass
1736
e pays de faire partie du Conseil de l’Europe, et
d’
envoyer des députés à l’Assemblée consultative, mais encore, la neutra
1737
sommes tous prêts à défendre, nous fait un devoir
de
paraître à Strasbourg, et d’y affirmer notre point de vue. Suis-je as
1738
nous fait un devoir de paraître à Strasbourg, et
d’
y affirmer notre point de vue. Suis-je assez clair ? Faut-il préciser
1739
out : la Suisse est neutre, elle est donc obligée
de
se tenir à l’écart pour le moment. Mais je vous dis, et je compte le
1740
té. C’est ce paradoxe apparent que je vais tenter
de
vous expliquer en cinq minutes. Plusieurs de nos journaux ont déjà ex
1741
nter de vous expliquer en cinq minutes. Plusieurs
de
nos journaux ont déjà exprimé, non sans mille précautions d’ailleurs,
1742
, et devrait même considérer avec prudence l’idée
de
s’en rapprocher, peut-être un jour ou l’autre, éventuellement, et pas
1743
e n’aime pas beaucoup cet argument, cette manière
de
courir lentement après les autres, à seule fin de n’être pas oubliés
1744
de courir lentement après les autres, à seule fin
de
n’être pas oubliés si jamais l’on partage le gâteau. À supposer que n
1745
on nous demandera sans doute d’autres raisons, et
de
notre arrivée tardive, et de notre désir d’être « dans le coup ». On
1746
d’autres raisons, et de notre arrivée tardive, et
de
notre désir d’être « dans le coup ». On nous demandera des raisons po
1747
s, et de notre arrivée tardive, et de notre désir
d’
être « dans le coup ». On nous demandera des raisons positives. On nou
1748
mi toutes les nations du continent : c’est l’idée
de
la neutralité, telle qu’elle la vit et l’a vécue depuis cent ans. Cet
1749
ation surprendra, choquera sans doute les députés
européens
. Car il faut bien que nous le sachions. En Suisse : notre neutralité
1750
rop vrai — que la neutralité n’est qu’une manière
de
laisser les autres se battre, et d’amasser des bénéfices à leurs dépe
1751
u’une manière de laisser les autres se battre, et
d’
amasser des bénéfices à leurs dépens. Il faut prévoir que si nous appo
1752
Il faut prévoir que si nous apportons cette idée
de
neutralité, on commencera par nous répondre : — Merci, vous êtes vrai
1753
: ce que nous appelons neutralité, c’est le refus
de
considérer la guerre comme une solution praticable. Or vous êtes là,
1754
eurs, pour préparer la paix, pour créer une force
de
paix. Vous le savez bien, ni la Russie ni l’Amérique ne peuvent gagne
1755
détruire sans fin, on ne peut plus s’emparer que
de
ruines, de cadavres radioactifs. Un bébé mort par la bombe atomique p
1756
ans fin, on ne peut plus s’emparer que de ruines,
de
cadavres radioactifs. Un bébé mort par la bombe atomique peut faire m
1757
vous ? Nous voyons un moyen, un seul. C’est que l’
Europe
fédérée se déclare neutre. Et qu’elle s’arme, en même temps, pour ass
1758
faiblesses pour en faire une grande force capable
de
dire aux deux camps : pas cela, pas votre guerre, ou pas ici ! Nous s
1759
. Tout cela, bien entendu, ne veut pas dire que l’
Europe
fédérée neutre et armée, cesserait de se sentir plus proche des uns q
1760
e que l’Europe fédérée neutre et armée, cesserait
de
se sentir plus proche des uns que des autres. Pendant la dernière gue
1761
encore moins. Mais nous pensions servir la cause
de
la démocratie que nous aimons, en préservant pour notre part un îlot
1762
ous aimons, en préservant pour notre part un îlot
de
liberté contre la guerre, toujours dictatoriale, toujours totalitaire
1763
urs totalitaire. Agrandir cet îlot aux dimensions
de
l’Europe, ce serait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de
1764
otalitaire. Agrandir cet îlot aux dimensions de l’
Europe
, ce serait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de nos enfan
1765
ait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir
de
nos enfants, — et du même coup servir les intérêts profonds des peupl
1766
ême coup servir les intérêts profonds des peuples
de
Russie et d’Amérique, en contribuant à empêcher leur guerre, qui sera
1767
ir les intérêts profonds des peuples de Russie et
d’
Amérique, en contribuant à empêcher leur guerre, qui serait leur perte
1768
t non pas en dépit de sa neutralité, mais à cause
d’
elle, — pour essayer d’en faire triompher le principe et de l’étendre
1769
a neutralité, mais à cause d’elle, — pour essayer
d’
en faire triompher le principe et de l’étendre à l’Europe entière. En
1770
pour essayer d’en faire triompher le principe et
de
l’étendre à l’Europe entière. En disant cela, nous serions à la fois
1771
n faire triompher le principe et de l’étendre à l’
Europe
entière. En disant cela, nous serions à la fois des Suisses fidèles à
1772
isses fidèles à leur plus forte tradition, et des
Européens
actifs. Dites-moi, chers auditeurs, ce que vous en pensez. Et dites-l
1773
z-les vers la paix que vous voulez, la paix par l’
Europe
fédérée, oui, par l’Europe helvétisée. Au revoir, à lundi prochain.
1774
voulez, la paix par l’Europe fédérée, oui, par l’
Europe
helvétisée. Au revoir, à lundi prochain.
1775
Demain l’
Europe
! — Encore notre neutralité (21 novembre 1949) Chers auditeurs, Vou
1776
sujet qui touche le plus les Suisses : je parlais
de
la neutralité. Et je soutenais ce paradoxe, qui dans le fond n’en est
1777
pas malgré sa séculaire neutralité, mais à cause
d’
elle, pour la faire triompher, si possible, sur le plan de l’Europe en
1778
pour la faire triompher, si possible, sur le plan
de
l’Europe entière. Ce point de vue m’a valu quelques approbations, mai
1779
la faire triompher, si possible, sur le plan de l’
Europe
entière. Ce point de vue m’a valu quelques approbations, mais de beau
1780
point de vue m’a valu quelques approbations, mais
de
beaucoup plus nombreuses objections. Je ne puis y répondre en détail,
1781
s donc les grouper en deux classes, en m’excusant
de
simplifier les arguments de mes correspondants : je suis forcé de sim
1782
lasses, en m’excusant de simplifier les arguments
de
mes correspondants : je suis forcé de simplifier aussi les miens. Cer
1783
s arguments de mes correspondants : je suis forcé
de
simplifier aussi les miens. Certains me reprochent de sembler faire d
1784
implifier aussi les miens. Certains me reprochent
de
sembler faire de la neutralité un idéal, une sorte d’absolu, valable
1785
es miens. Certains me reprochent de sembler faire
de
la neutralité un idéal, une sorte d’absolu, valable en soi ; alors qu
1786
embler faire de la neutralité un idéal, une sorte
d’
absolu, valable en soi ; alors que la neutralité, disent-ils, n’est ri
1787
; alors que la neutralité, disent-ils, n’est rien
d’
autre qu’une politique, et qu’elle ne peut se justifier que par des co
1788
Je ne le suis pas non plus par idéal. Je parlais
d’
une mesure politique, qui me paraît opportune pour l’Europe, champ de
1789
mesure politique, qui me paraît opportune pour l’
Europe
, champ de bataille désigné pour une guerre inutile entre l’URSS et le
1790
isine ou à la salle à manger, à l’heure du souper
de
la famille. En interdisant aux deux grands l’accès de leur champ de b
1791
a famille. En interdisant aux deux grands l’accès
de
leur champ de bataille européen, en neutralisant toute l’Europe, nous
1792
aux deux grands l’accès de leur champ de bataille
européen
, en neutralisant toute l’Europe, nous avons une chance de salut. Qu’o
1793
amp de bataille européen, en neutralisant toute l’
Europe
, nous avons une chance de salut. Qu’on m’en montre une meilleure, et
1794
eutralisant toute l’Europe, nous avons une chance
de
salut. Qu’on m’en montre une meilleure, et je veux bien avoir tort. M
1795
e désire s’associer au Conseil de l’Europe, c’est
d’
abandonner sa neutralité. Cet abandon ne serait pas un sacrifice offer
1796
e serait pas un sacrifice offert en contre-valeur
d’
avantages quelconques, mais un acte de foi en la nouvelle assemblée eu
1797
ntre-valeur d’avantages quelconques, mais un acte
de
foi en la nouvelle assemblée européenne. » Je suis heureux qu’il y ai
1798
ues, mais un acte de foi en la nouvelle assemblée
européenne
. » Je suis heureux qu’il y ait chez nous des hommes qui pensent ainsi
1799
ous des hommes qui pensent ainsi. Je suis heureux
de
découvrir des auditeurs qui vont plus loin que moi, qui veulent aller
1800
Et je serais le bon premier à m’associer à l’acte
de
foi qu’on nous propose ici. Mais je ne le crois pas politique. La pol
1801
rité du peuple suisse, qu’il consente un tel acte
de
foi, me paraît impossible dans le très court délai qui nous reste imp
1802
s court délai qui nous reste imparti pour faire l’
Europe
. Renoncer à la neutralité nécessiterait une révision de la constituti
1803
noncer à la neutralité nécessiterait une révision
de
la constitution fédérale. Cette révision nécessiterait un vote du peu
1804
e que pratiquement, si l’on subordonnait l’entrée
de
la Suisse dans le Conseil de l’Europe à l’abandon de notre neutralité
1805
la Suisse dans le Conseil de l’Europe à l’abandon
de
notre neutralité, nous n’irions jamais à Strasbourg. Or, il se trouve
1806
éalité, et je le répète, la Suisse n’a pas besoin
de
modifier un seul mot de son statut de neutralité pour pouvoir adhérer
1807
la Suisse n’a pas besoin de modifier un seul mot
de
son statut de neutralité pour pouvoir adhérer au Conseil de l’Europe,
1808
pas besoin de modifier un seul mot de son statut
de
neutralité pour pouvoir adhérer au Conseil de l’Europe, ce dernier, n
1809
bourg, tout de suite, sans condition, sans régime
de
faveur, mais qu’elle y aille avec l’intention nette de défendre devan
1810
veur, mais qu’elle y aille avec l’intention nette
de
défendre devant l’Assemblée l’idée de la neutralité européenne. Perso
1811
ntion nette de défendre devant l’Assemblée l’idée
de
la neutralité européenne. Personne ne peut savoir si nous réussirions
1812
fendre devant l’Assemblée l’idée de la neutralité
européenne
. Personne ne peut savoir si nous réussirions. Je vous le disais lundi
1813
sirions. Je vous le disais lundi dernier : l’idée
de
neutralité n’est pas bien vue chez la plupart de nos voisins. Nous au
1814
e nos voisins. Nous aurions à combattre une masse
de
préjugés, qui existent aussi chez nous, je ne le sais que trop. Et no
1815
ut, que la neutralité proposée n’est pas un idéal
de
bourgeois en pantoufles, mais une mesure de sagesse politique, une ch
1816
idéal de bourgeois en pantoufles, mais une mesure
de
sagesse politique, une chance au moins de sauver l’avenir de l’Europe
1817
mesure de sagesse politique, une chance au moins
de
sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou d’empêcher la guerre d
1818
politique, une chance au moins de sauver l’avenir
de
l’Europe, et de retarder ou d’empêcher la guerre des Blocs. Tenter ce
1819
ique, une chance au moins de sauver l’avenir de l’
Europe
, et de retarder ou d’empêcher la guerre des Blocs. Tenter cette chanc
1820
hance au moins de sauver l’avenir de l’Europe, et
de
retarder ou d’empêcher la guerre des Blocs. Tenter cette chance, cour
1821
de sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou
d’
empêcher la guerre des Blocs. Tenter cette chance, courir ce risque po
1822
e, courir ce risque pour la paix, me paraît digne
de
nos traditions, et parfaitement possible à bref délai. J’invite donc
1823
i. J’invite donc les fédéralistes qui font partie
de
notre mouvement à propager autour d’eux cette idée, préparant ainsi l
1824
font partie de notre mouvement à propager autour
d’
eux cette idée, préparant ainsi l’opinion pour l’entrée de la Suisse à
1825
tte idée, préparant ainsi l’opinion pour l’entrée
de
la Suisse à Strasbourg. L’opinion, j’y reviens toujours ! Car c’est e
1826
Demain l’
Europe
! — Les suites de Strasbourg (28 novembre 1949) Chers auditeurs, Me
1827
Demain l’Europe ! — Les suites
de
Strasbourg (28 novembre 1949) Chers auditeurs, Mes trois dernières
1828
ernières chroniques ont été consacrées à l’examen
de
la position de la Suisse à l’égard du Conseil de l’Europe. Il était s
1829
ques ont été consacrées à l’examen de la position
de
la Suisse à l’égard du Conseil de l’Europe. Il était sans doute néces
1830
nseil de l’Europe. Il était sans doute nécessaire
d’
aborder franchement cette question, et les lettres que j’ai reçues me
1831
nt, quel que soit l’intérêt — pour nous brûlant —
de
notre situation particulière — et je me permets de remarquer en passa
1832
e notre situation particulière — et je me permets
de
remarquer en passant que chacun de nos pays européens estime sa situa
1833
je me permets de remarquer en passant que chacun
de
nos pays européens estime sa situation particulière, et digne d’atten
1834
ts de remarquer en passant que chacun de nos pays
européens
estime sa situation particulière, et digne d’attentions spéciales ! —
1835
opéens estime sa situation particulière, et digne
d’
attentions spéciales ! — le monde a continué de tourner pendant ce tem
1836
ne d’attentions spéciales ! — le monde a continué
de
tourner pendant ce temps-là, et les événements de se suivre, et il es
1837
de tourner pendant ce temps-là, et les événements
de
se suivre, et il est temps, je crois, de résumer rapidement les dével
1838
énements de se suivre, et il est temps, je crois,
de
résumer rapidement les développements récents de notre aventure europ
1839
de résumer rapidement les développements récents
de
notre aventure européenne. Je ne sais si vous aurez remarqué qu’il n’
1840
ment les développements récents de notre aventure
européenne
. Je ne sais si vous aurez remarqué qu’il n’est plus possible d’ouvrir
1841
si vous aurez remarqué qu’il n’est plus possible
d’
ouvrir un journal, depuis quelques semaines, sans y trouver un article
1842
ssemblée de Strasbourg. Je ne parle pas seulement
de
notre presse suisse, mais aussi de la presse française, britannique,
1843
pas seulement de notre presse suisse, mais aussi
de
la presse française, britannique, belge, allemande, et même de la pre
1844
française, britannique, belge, allemande, et même
de
la presse d’outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économiqu
1845
itannique, belge, allemande, et même de la presse
d’
outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économique américaine,
1846
la presse d’outre-Atlantique. Qu’il soit question
de
l’aide économique américaine, ou du problème allemand, ou de l’attitu
1847
conomique américaine, ou du problème allemand, ou
de
l’attitude si controversée des Britanniques, on a pris l’habitude de
1848
ntroversée des Britanniques, on a pris l’habitude
de
se référer à Strasbourg ; Strasbourg est devenu un point de repère, e
1849
rer à Strasbourg ; Strasbourg est devenu un point
de
repère, et je dirai même un symbole. J’entendais l’autre soir la radi
1850
o française annoncer que M. Robert Schuman venait
d’
interrompre les débats de politique étrangère, à la Chambre, pour décl
1851
M. Robert Schuman venait d’interrompre les débats
de
politique étrangère, à la Chambre, pour déclarer que son gouvernement
1852
ec l’Allemagne, était prêt à soutenir l’admission
de
ce pays dans le Conseil de l’Europe. Certes, la nouvelle était import
1853
, quoique prévue. Mais ce qui m’a frappé, c’était
de
constater que le Conseil de l’Europe est désormais devenu une pièce c
1854
ais devenu une pièce considérable sur l’échiquier
de
la politique des grandes nations, et que la chose a même l’air d’alle
1855
des grandes nations, et que la chose a même l’air
d’
aller de soi. Et pourtant, si je me reporte à notre congrès de La Haye
1856
oi. Et pourtant, si je me reporte à notre congrès
de
La Haye, il y a un an et demi, quel chemin parcouru ! Alors, les quel
1857
s quelques fédéralistes qui osaient lancer l’idée
d’
une Assemblée consultative et d’un Conseil de l’Europe, passaient pour
1858
ent lancer l’idée d’une Assemblée consultative et
d’
un Conseil de l’Europe, passaient pour des excités totalement dépourvu
1859
au mépris des méthodes éprouvées — nous disait-on
d’
un air pompeux et doctoral — vous allez compromettre une cause généreu
1860
irait pas bien loin si l’on en croyait la sagesse
de
certains éditorialistes, et leur goût des méthodes soi-disant « éprou
1861
ié, et la preuve : c’est que notre utopie du mois
de
mai 1948, le Conseil de l’Europe, existe bel et bien, et que l’Assemb
1862
s pratiques qu’on peut attendre des délibérations
de
Strasbourg ? La réponse n’est pas compliquée. Les suites pratiques ne
1863
gouvernements, l’Assemblée n’ayant pour le moment
d’
autre pouvoir que celui de proposer, tandis que les États disposent. O
1864
n’ayant pour le moment d’autre pouvoir que celui
de
proposer, tandis que les États disposent. Or les États se font tirer
1865
sont résignés à faire quelque chose dans le sens
d’
une union économique, au conseil de l’OECE, lorsque M. Hoffman, direct
1866
e dans le sens d’une union économique, au conseil
de
l’OECE, lorsque M. Hoffman, directeur du plan Marshall, les y a ferme
1867
fait est là : presque toutes les recommandations
de
l’Assemblée de Strasbourg ont été soit refusées par les 13 ministres,
1868
les 13 ministres, soit renvoyées pour supplément
d’
études à divers organismes plus ou moins somnolents, ou mal disposés.
1869
omité des ministres s’est opposé à la convocation
de
commissions permanentes de l’Assemblée, travaillant entre les session
1870
pposé à la convocation de commissions permanentes
de
l’Assemblée, travaillant entre les sessions. Mais la riposte de l’Ass
1871
, travaillant entre les sessions. Mais la riposte
de
l’Assemblée ne s’est pas fait attendre. Au lendemain de la publicatio
1872
ssemblée ne s’est pas fait attendre. Au lendemain
de
la publication des décisions toutes négatives du du comité ministérie
1873
il est le président. Et la commission permanente
de
l’Assemblée, qu’anime et préside M. Spaak, a fait entendre qu’elle ne
1874
vetos des 13 ministres. C’est donc à une épreuve
de
force entre l’Assemblée et le Comité des ministres que nous assistons
1875
nera parce qu’elle aura, de plus en plus, l’appui
de
l’opinion publique européenne. Vous le voyez : j’en reviens toujours
1876
a, de plus en plus, l’appui de l’opinion publique
européenne
. Vous le voyez : j’en reviens toujours à l’opinion, car c’est la forc
1877
ujours à l’opinion, car c’est la force principale
de
nos libres démocraties. Et si je n’y croyais pas, je ne vous parlerai
1878
’opinion en chœur clamera : « Oui, nous voulons l’
Europe
unie ! » C’est à la formation de cette opinion, et au réveil du senti
1879
us voulons l’Europe unie ! » C’est à la formation
de
cette opinion, et au réveil du sentiment européen que les fédéraliste
1880
ation de cette opinion, et au réveil du sentiment
européen
que les fédéralistes voueront tous leurs efforts pendant les mois qui
1881
t — , va se tenir, sous les auspices du Mouvement
européen
, une Conférence européenne de la culture. Je vous dirai, lundi procha
1882
es auspices du Mouvement européen, une Conférence
européenne
de la culture. Je vous dirai, lundi prochain, comment cette manifesta
1883
du Mouvement européen, une Conférence européenne
de
la culture. Je vous dirai, lundi prochain, comment cette manifestatio
1884
, comment cette manifestation peut contribuer, et
d’
une manière peut-être décisive, au réveil nécessaire de la conscience
1885
manière peut-être décisive, au réveil nécessaire
de
la conscience européenne. Et je vous dirai les deux ou trois raisons
1886
e décisive, au réveil nécessaire de la conscience
européenne
. Et je vous dirai les deux ou trois raisons précises qui font que je
1887
précises qui font que je suis certain qu’au mois
de
décembre, on parlera dans le monde entier de ce qui sera dit et décid
1888
mois de décembre, on parlera dans le monde entier
de
ce qui sera dit et décidé dans la capitale vaudoise. Au revoir, à lun
1889
Demain l’
Europe
! — La Conférence européenne de la culture (5 décembre 1949) Chers
1890
Demain l’Europe ! — La Conférence
européenne
de la culture (5 décembre 1949) Chers auditeurs, Dans trois jours,
1891
Demain l’Europe ! — La Conférence européenne
de
la culture (5 décembre 1949) Chers auditeurs, Dans trois jours, à L
1892
trois jours, à Lausanne, s’ouvrira la Conférence
européenne
de la culture. Ce n’est pas un congrès de plus. C’est une étape bien
1893
s, à Lausanne, s’ouvrira la Conférence européenne
de
la culture. Ce n’est pas un congrès de plus. C’est une étape bien déf
1894
gne que conduit, depuis deux ans, notre Mouvement
européen
. Nous avions décidé d’agir dans 4 domaines différents. Politiquement,
1895
ans, notre Mouvement européen. Nous avions décidé
d’
agir dans 4 domaines différents. Politiquement, nous avons obtenu un p
1896
domaine économique, nous avons convoqué, au mois
d’
avril dernier, une Conférence d’experts à Londres. Dans le domaine soc
1897
convoqué, au mois d’avril dernier, une Conférence
d’
experts à Londres. Dans le domaine social, nous préparons avec les che
1898
vec les chefs des syndicats patronaux et ouvriers
de
toute l’Europe, un congrès qui aura lieu à Rome. Restait le domaine d
1899
fs des syndicats patronaux et ouvriers de toute l’
Europe
, un congrès qui aura lieu à Rome. Restait le domaine de la culture. C
1900
congrès qui aura lieu à Rome. Restait le domaine
de
la culture. C’est à Lausanne que nous avons choisi de réunir une conf
1901
a culture. C’est à Lausanne que nous avons choisi
de
réunir une conférence qui doit donner aux intellectuels de 20 pays le
1902
une conférence qui doit donner aux intellectuels
de
20 pays le signal de la lutte pour l’Europe fédérée. Vous vous direz
1903
oit donner aux intellectuels de 20 pays le signal
de
la lutte pour l’Europe fédérée. Vous vous direz sans doute que la cul
1904
llectuels de 20 pays le signal de la lutte pour l’
Europe
fédérée. Vous vous direz sans doute que la culture, c’est moins série
1905
vous intéresse tous, directement, dans la réalité
de
chacune de vos vies. Car la culture, au sens européen, ce n’est pas s
1906
sse tous, directement, dans la réalité de chacune
de
vos vies. Car la culture, au sens européen, ce n’est pas seulement le
1907
é de chacune de vos vies. Car la culture, au sens
européen
, ce n’est pas seulement les livres et les professeurs, c’est aussi to
1908
s et les professeurs, c’est aussi tout l’ensemble
de
nos techniques, des découvertes scientifiques dont vivent des million
1909
écouvertes scientifiques dont vivent des millions
d’
ouvriers, des procédés de construction et de transport, des progrès de
1910
dont vivent des millions d’ouvriers, des procédés
de
construction et de transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseig
1911
lions d’ouvriers, des procédés de construction et
de
transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseignement. C’est enfin
1912
édés de construction et de transport, des progrès
de
l’hygiène et de l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos
1913
tion et de transport, des progrès de l’hygiène et
de
l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos richesses, de no
1914
de l’enseignement. C’est enfin la source directe
de
nos richesses, de nos institutions, de tout ce qui a fait du continen
1915
. C’est enfin la source directe de nos richesses,
de
nos institutions, de tout ce qui a fait du continent européen autre c
1916
ce directe de nos richesses, de nos institutions,
de
tout ce qui a fait du continent européen autre chose qu’un « cap de l
1917
institutions, de tout ce qui a fait du continent
européen
autre chose qu’un « cap de l’Asie » — ce qu’il est physiquement, maté
1918
tériellement, ce qu’il serait resté sans l’esprit
d’
invention et sans la foi et sans le génie des hommes qui ont édifié no
1919
C’est tout cela, c’est l’esprit qui peut sauver l’
Europe
dans la crise décisive qu’elle traverse. Les efforts pour la reconstr
1920
en politique et en économie, resteront vains si l’
Europe
ne retrouve pas une volonté de vivre, de guérir, et de rassembler à c
1921
ont vains si l’Europe ne retrouve pas une volonté
de
vivre, de guérir, et de rassembler à cette fin ses énergies morales e
1922
si l’Europe ne retrouve pas une volonté de vivre,
de
guérir, et de rassembler à cette fin ses énergies morales et intellec
1923
retrouve pas une volonté de vivre, de guérir, et
de
rassembler à cette fin ses énergies morales et intellectuelles. Révei
1924
conscience commune des pays libres, le sentiment
de
notre commune appartenance à une culture qui a fait notre grandeur, e
1925
tre grandeur, et qui reste pour nous le sens même
de
la vie, voilà la condition première, sine qua non, de toute renaissan
1926
a vie, voilà la condition première, sine qua non,
de
toute renaissance européenne. Tandis que s’esquissent à Strasbourg le
1927
tion première, sine qua non, de toute renaissance
européenne
. Tandis que s’esquissent à Strasbourg les cadres politiques d’une Eur
1928
e s’esquissent à Strasbourg les cadres politiques
d’
une Europe fédérée, il est grand temps de définir le sens humain et sp
1929
quissent à Strasbourg les cadres politiques d’une
Europe
fédérée, il est grand temps de définir le sens humain et spirituel de
1930
litiques d’une Europe fédérée, il est grand temps
de
définir le sens humain et spirituel de cette action, la vocation part
1931
rand temps de définir le sens humain et spirituel
de
cette action, la vocation particulière, dans le monde moderne, de not
1932
la vocation particulière, dans le monde moderne,
de
notre communauté européenne. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaie
1933
lière, dans le monde moderne, de notre communauté
européenne
. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaierons de dire, en termes simp
1934
nne. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaierons
de
dire, en termes simples et frappants, simples et clairs comme un cri
1935
ples et frappants, simples et clairs comme un cri
de
ralliement, simples et clairs comme un feu dans la nuit. Ce n’est pas
1936
un feu dans la nuit. Ce n’est pas tout. Ce signal
de
réveil lancé au monde de la culture doit entraîner immédiatement une
1937
’est pas tout. Ce signal de réveil lancé au monde
de
la culture doit entraîner immédiatement une volonté d’action commune.
1938
culture doit entraîner immédiatement une volonté
d’
action commune. Pratiquement, que faut-il attendre de Lausanne ? Un si
1939
ction commune. Pratiquement, que faut-il attendre
de
Lausanne ? Un simple rappel des misères et des périls qui nous menace
1940
ir notre programme. Vous savez qu’aujourd’hui, en
Europe
, des dizaines de barrières douanières s’opposent à la circulation des
1941
ous savez qu’aujourd’hui, en Europe, des dizaines
de
barrières douanières s’opposent à la circulation des instruments de c
1942
ières s’opposent à la circulation des instruments
de
culture et des personnes, des livres et des étudiants, des films, des
1943
iants, des films, des œuvres d’art, des appareils
de
sciences. Nous demanderons aux gouvernements de supprimer toutes les
1944
s de sciences. Nous demanderons aux gouvernements
de
supprimer toutes les entraves, héritage honteux de la guerre. Nous de
1945
e supprimer toutes les entraves, héritage honteux
de
la guerre. Nous demanderons aussi l’institution d’un Centre européen
1946
e la guerre. Nous demanderons aussi l’institution
d’
un Centre européen de la culture, — qui existe en germe à Genève, mais
1947
s les écoles du continent donnent un enseignement
européen
, de l’université jusqu’aux écoles primaires — afin que dans l’esprit
1948
es du continent donnent un enseignement européen,
de
l’université jusqu’aux écoles primaires — afin que dans l’esprit des
1949
l’esprit des jeunes et des enfants, le sentiment
de
la grande famille que nous formons, en dépit de nos frontières, devie
1950
bruit dans le monde. L’un des plus grands esprits
de
notre temps, l’égal d’Einstein, si j’en crois les savants, le prince
1951
un des plus grands esprits de notre temps, l’égal
d’
Einstein, si j’en crois les savants, le prince Louis de Broglie, prix
1952
s savants, le prince Louis de Broglie, prix Nobel
de
physique, proposera au congrès la création d’un Centre européen des r
1953
bel de physique, proposera au congrès la création
d’
un Centre européen des recherches atomiques, consacré uniquement à des
1954
que, proposera au congrès la création d’un Centre
européen
des recherches atomiques, consacré uniquement à des buts pacifiques,
1955
buts pacifiques, à la médecine, au développement
de
l’industrie. Aucun de nos pays n’est assez riche pour entretenir un p
1956
médecine, au développement de l’industrie. Aucun
de
nos pays n’est assez riche pour entretenir un pareil centre de puissa
1957
’est assez riche pour entretenir un pareil centre
de
puissance, mais tous ensemble fédérés, nous y arriverons. Et l’Europe
1958
is tous ensemble fédérés, nous y arriverons. Et l’
Europe
, ce jour-là, pourra parler ! Voici, chers auditeurs, ce que nous devo
1959
ici, chers auditeurs, ce que nous devons attendre
de
la conférence de Lausanne. Il y aura des discours, bien sûr : M. Ette
1960
urs, ce que nous devons attendre de la conférence
de
Lausanne. Il y aura des discours, bien sûr : M. Etter, Conseiller féd
1961
iront le congrès, jeudi, le 8 décembre au Théâtre
de
Lausanne. Mais il y aura surtout pendant 5 jours, le travail en commu
1962
ura surtout pendant 5 jours, le travail en commun
de
200 hommes de science, professeurs, écrivains, éducateurs, pour mettr
1963
ndant 5 jours, le travail en commun de 200 hommes
de
science, professeurs, écrivains, éducateurs, pour mettre au point que
1964
’Europe, et les gouvernements, même les plus durs
d’
oreille, seront forcés cette fois d’écouter et d’entendre. Soyons fier
1965
les plus durs d’oreille, seront forcés cette fois
d’
écouter et d’entendre. Soyons fiers que la Suisse accueille ce beau co
1966
d’oreille, seront forcés cette fois d’écouter et
d’
entendre. Soyons fiers que la Suisse accueille ce beau congrès de la c
1967
ons fiers que la Suisse accueille ce beau congrès
de
la conscience européenne. Et merci à tous les Lausannois qui ont donn
1968
Suisse accueille ce beau congrès de la conscience
européenne
. Et merci à tous les Lausannois qui ont donné leur temps et leur cœur
1969
arer cette manifestation, permettant à notre pays
de
prendre sa part, la plus noble, dans la renaissance du continent. Au
1970
Demain l’
Europe
! — Optimistes et pessimistes (19 décembre 1949) Chers auditeurs !
1971
, ce soir, des résultats pratiques auxquels vient
d’
aboutir le congrès de la culture, à Lausanne. Certes, ces résultats so
1972
ats pratiques auxquels vient d’aboutir le congrès
de
la culture, à Lausanne. Certes, ces résultats sont importants. Ils on
1973
mblé l’attente des organisateurs. Mais plutôt que
de
les énumérer en termes nécessairement techniques ou trop rapides, j’a
1974
le moment où, l’une après l’autre, les décisions
de
Lausanne se traduiront en faits, en institutions établies. Aujourd’hu
1975
plus directement humain : celui du pessimisme ou
de
l’optimisme devant l’Europe, devant le monde de demain. Les débats de
1976
: celui du pessimisme ou de l’optimisme devant l’
Europe
, devant le monde de demain. Les débats de Lausanne se sont ouverts «
1977
u de l’optimisme devant l’Europe, devant le monde
de
demain. Les débats de Lausanne se sont ouverts « sous le signe », com
1978
t l’Europe, devant le monde de demain. Les débats
de
Lausanne se sont ouverts « sous le signe », comme on dit, d’un échang
1979
se sont ouverts « sous le signe », comme on dit,
d’
un échange de lettres parues le matin même dans un journal vaudois, et
1980
rts « sous le signe », comme on dit, d’un échange
de
lettres parues le matin même dans un journal vaudois, et qui opposait
1981
elatif que je crois être. « Vous voulez fédérer l’
Europe
, m’écrivait Virgil Gheorghiu, l’auteur fameux de la Vingt-Cinquième H
1982
ope, m’écrivait Virgil Gheorghiu, l’auteur fameux
de
la Vingt-Cinquième Heure, mais c’est trop tard, il n’y a plus d’Europ
1983
quième Heure, mais c’est trop tard, il n’y a plus
d’
Europe. Les Russes et les Américains l’ont déjà partagée. Ils vont la
1984
ième Heure, mais c’est trop tard, il n’y a plus d’
Europe
. Les Russes et les Américains l’ont déjà partagée. Ils vont la fédére
1985
ée. Ils vont la fédérer, à leur manière, et votre
Europe
n’est plus qu’une illusion. » Je lui répondais : « Non, soyons sérieu
1986
e lui répondais : « Non, soyons sérieux. Si notre
Europe
vraiment n’existait plus, vous n’auriez même pas le droit de le dire
1987
n’existait plus, vous n’auriez même pas le droit
de
le dire et, encore moins, de le publier. Venez donc à Lausanne, et vo
1988
ez même pas le droit de le dire et, encore moins,
de
le publier. Venez donc à Lausanne, et vous verrez l’Europe, cette pos
1989
publier. Venez donc à Lausanne, et vous verrez l’
Europe
, cette possibilité de parler librement, de chercher librement la véri
1990
sanne, et vous verrez l’Europe, cette possibilité
de
parler librement, de chercher librement la vérité, sans souci de la p
1991
l’Europe, cette possibilité de parler librement,
de
chercher librement la vérité, sans souci de la police politique ni d’
1992
ment, de chercher librement la vérité, sans souci
de
la police politique ni d’un rendement matériel immédiat. » Gheorghiu
1993
t la vérité, sans souci de la police politique ni
d’
un rendement matériel immédiat. » Gheorghiu répétait : les jeux sont f
1994
dresser la situation — à condition, bien entendu,
de
ne pas perdre ces derniers moments à pleurer qu’ils soient les dernie
1995
quelque chose : tant va la paix, tant va l’espoir
européen
! et c’est même là le vrai ressort de notre action. Cette discussion
1996
spoir européen ! et c’est même là le vrai ressort
de
notre action. Cette discussion ouverte, d’ailleurs fort amicale, a pr
1997
sion ouverte, d’ailleurs fort amicale, a provoqué
d’
assez vives réactions dans l’opinion de plusieurs pays, et tout d’abor
1998
a provoqué d’assez vives réactions dans l’opinion
de
plusieurs pays, et tout d’abord dans notre conférence. M. Spaak s’est
1999
ak s’est élevé avec vivacité contre le défaitisme
de
l’écrivain roumain. Celui-ci, malgré tout, était venu à Lausanne. Sa
2000
ait la preuve qu’il espérait encore quelque chose
de
l’Europe, de ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme d
2001
a preuve qu’il espérait encore quelque chose de l’
Europe
, de ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme de la conf
2002
qu’il espérait encore quelque chose de l’Europe,
de
ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme de la conféren
2003
quelque chose de l’Europe, de ceux qui ont décidé
de
la sauver malgré tout. Au terme de la conférence, un journaliste lui
2004
qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme
de
la conférence, un journaliste lui ayant demandé s’il pensait encore q
2005
re, je crois que cette conférence ne peut manquer
d’
avoir une portée considérable. » Mais pour un pessimiste converti, par
2006
onverti, parce qu’il a suivi nos travaux, combien
de
millions de sceptiques vivent encore en Europe ? Comment être optimis
2007
ce qu’il a suivi nos travaux, combien de millions
de
sceptiques vivent encore en Europe ? Comment être optimiste, quand on
2008
ombien de millions de sceptiques vivent encore en
Europe
? Comment être optimiste, quand on y songe ? Le suis-je encore, ou da
2009
ots, m’expliquer sur ce point. Quand je vois tant
d’
Européens dormir à poings fermés au bord du gouffre ; quand je vois le
2010
s, m’expliquer sur ce point. Quand je vois tant d’
Européens
dormir à poings fermés au bord du gouffre ; quand je vois les objecti
2011
illonnes et mesquines qu’ils opposent aux efforts
de
ceux qui veillent pour eux ; quand je vois les ragots, les calomnies
2012
faire pour y échapper ; quand je les vois traiter
d’
utopistes ceux qui indiquent la seule voie praticable de salut — vous
2013
istes ceux qui indiquent la seule voie praticable
de
salut — vous l’avouerais-je ? je me sens parfois tenté de leur dire :
2014
— vous l’avouerais-je ? je me sens parfois tenté
de
leur dire : dormez en paix ! La police politique ou la bombe vous rév
2015
et si, depuis 20 ans, ma devise n’était pas celle
de
Guillaume le Taciturne : Point n’est besoin d’espérer pour entreprend
2016
le de Guillaume le Taciturne : Point n’est besoin
d’
espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Personne ne
2017
oint n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni
de
réussir pour persévérer. Personne ne peut dire aujourd’hui si l’Europ
2018
ersévérer. Personne ne peut dire aujourd’hui si l’
Europe
sera sauvée, c’est-à-dire fédérée, par la volonté libre des Européens
2019
e, c’est-à-dire fédérée, par la volonté libre des
Européens
, en dépit de l’inertie et de la frivolité de nos masses et de nos éli
2020
nté libre des Européens, en dépit de l’inertie et
de
la frivolité de nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savo
2021
ropéens, en dépit de l’inertie et de la frivolité
de
nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savoir, car les chan
2022
de l’inertie et de la frivolité de nos masses et
de
nos élites. Personne ne peut le savoir, car les chances sont égales.
2023
able que prononçait en clôturant notre conférence
de
Lausanne son président, Salvador de Madariaga : — Si l’Europe doit pé
2024
nne son président, Salvador de Madariaga : — Si l’
Europe
doit périr, que ce soit au moins une injustice ! Rien n’est perdu, bi
2025
Lausanne a marqué une étape vers la construction
de
l’Europe, c’est-à-dire une paix libre et juste. Rien n’est perdu, tan
2026
anne a marqué une étape vers la construction de l’
Europe
, c’est-à-dire une paix libre et juste. Rien n’est perdu, tant qu’il s
2027
ur nier leur fatalité. On vous demande simplement
d’
avoir confiance, de consentir les sacrifices locaux qui seront sans do
2028
té. On vous demande simplement d’avoir confiance,
de
consentir les sacrifices locaux qui seront sans doute nécessaires au
2029
locaux qui seront sans doute nécessaires au bien
de
l’ensemble, de ne pas attendre que le voisin comprenne, et de ne pas
2030
ont sans doute nécessaires au bien de l’ensemble,
de
ne pas attendre que le voisin comprenne, et de ne pas vous ranger par
2031
e, de ne pas attendre que le voisin comprenne, et
de
ne pas vous ranger par inertie, dans le camp du désespoir facile, du
2032
s le camp du désespoir facile, du cynisme nigaud,
de
la défaite sans gloire. Ce qui est acquis déjà permet un raisonnable
2033
is déjà permet un raisonnable espoir. J’essaierai
de
vous le montrer lundi prochain, en dressant un bilan provisoire de no
2034
r lundi prochain, en dressant un bilan provisoire
de
notre action fédéraliste depuis un an. Au revoir, chers auditeurs, jo
2035
Demain l’
Europe
! — Bilan 1949 (26 décembre 1949) Chers auditeurs, Voici la semaine
2036
nellement, chacun se [illisible] à faire le bilan
de
l’an qui passe. Commençons donc ce soir par le bilan de l’Europe, pui
2037
n qui passe. Commençons donc ce soir par le bilan
de
l’Europe, puisqu’elle est le cadre de nos existences, et que le sort
2038
passe. Commençons donc ce soir par le bilan de l’
Europe
, puisqu’elle est le cadre de nos existences, et que le sort de chacun
2039
ar le bilan de l’Europe, puisqu’elle est le cadre
de
nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De s
2040
le est le cadre de nos existences, et que le sort
de
chacun de nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté p
2041
cadre de nos existences, et que le sort de chacun
de
nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté pour vous l
2042
et que le sort de chacun de nous dépend du sien.
De
semaine en semaine, j’ai commenté pour vous les progrès du grand œuvr
2043
menté pour vous les progrès du grand œuvre commun
d’
union des peuples et des élites, et quand on suit une action pas à pas
2044
n. Mais prenons les choses de plus haut, essayons
d’
embrasser d’un coup d’œil le chemin parcouru depuis un an. Que voyons-
2045
ons les choses de plus haut, essayons d’embrasser
d’
un coup d’œil le chemin parcouru depuis un an. Que voyons-nous ? Au dé
2046
parcouru depuis un an. Que voyons-nous ? Au début
de
janvier, rien n’était fait. Bien plus, il semblait que les efforts du
2047
en plus, il semblait que les efforts du Mouvement
européen
aboutissaient à un échec total. Une commission d’experts de dix-huit
2048
en aboutissaient à un échec total. Une commission
d’
experts de dix-huit membres, nommés par les gouvernements à la demande
2049
saient à un échec total. Une commission d’experts
de
dix-huit membres, nommés par les gouvernements à la demande de notre
2050
embres, nommés par les gouvernements à la demande
de
notre Mouvement venait d’enterrer proprement le projet d’un Conseil d
2051
vernements à la demande de notre Mouvement venait
d’
enterrer proprement le projet d’un Conseil de l’Europe. Les Anglais re
2052
Mouvement venait d’enterrer proprement le projet
d’
un Conseil de l’Europe. Les Anglais refusaient tout, et nous savions p
2053
t nous savions pourtant qu’on ne peut pas faire l’
Europe
sans eux. Et puis soudain, le 28 janvier, Bevin céda. Un modeste comm
2054
céda. Un modeste communiqué annonça qu’un accord
de
principe était acquis. Le 5 mai, les ambassadeurs de 10 nations signa
2055
principe était acquis. Le 5 mai, les ambassadeurs
de
10 nations signaient à Londres, le Statut du Conseil de l’Europe. Le
2056
0 août s’ouvrait à Strasbourg la première session
de
l’Assemblée consultative européenne. Elle se terminait par le vote d’
2057
g la première session de l’Assemblée consultative
européenne
. Elle se terminait par le vote d’une série de recommandations qui fur
2058
ltative européenne. Elle se terminait par le vote
d’
une série de recommandations qui furent transmises aux 13 États forman
2059
péenne. Elle se terminait par le vote d’une série
de
recommandations qui furent transmises aux 13 États formant le Conseil
2060
aux 13 États formant le Conseil. Et puis, au mois
de
novembre, un brusque coup d’arrêt interrompait ce beau progrès : les
2061
il. Et puis, au mois de novembre, un brusque coup
d’
arrêt interrompait ce beau progrès : les ministres réunis à Paris, opp
2062
ient un veto plus ou moins déguisé aux desiderata
de
l’Assemblée. Mais celle-ci décidait de passer outre, et de poursuivre
2063
desiderata de l’Assemblée. Mais celle-ci décidait
de
passer outre, et de poursuivre des travaux. D’un certain point de vue
2064
mblée. Mais celle-ci décidait de passer outre, et
de
poursuivre des travaux. D’un certain point de vue donc, on pourrait c
2065
it de passer outre, et de poursuivre des travaux.
D’
un certain point de vue donc, on pourrait croire qu’après un an, nous
2066
cela signifie pratiquement que l’opinion publique
européenne
dispose d’un moyen de pression, d’une institution régulière, devant l
2067
quement que l’opinion publique européenne dispose
d’
un moyen de pression, d’une institution régulière, devant laquelle l’o
2068
l’opinion publique européenne dispose d’un moyen
de
pression, d’une institution régulière, devant laquelle l’obstination
2069
blique européenne dispose d’un moyen de pression,
d’
une institution régulière, devant laquelle l’obstination même d’un Bev
2070
ion régulière, devant laquelle l’obstination même
d’
un Bevin devra céder un jour ou l’autre, comme elle a cédé plus d’une
2071
céder un jour ou l’autre, comme elle a cédé plus
d’
une fois. Toute la question est de savoir si l’on pourra le faire céde
2072
lle a cédé plus d’une fois. Toute la question est
de
savoir si l’on pourra le faire céder à temps. Car le temps presse. Tr
2073
rité et la prospérité. C’est ce que n’a pas cessé
de
répéter, depuis un an, notre Mouvement européen. Il l’a répété et pro
2074
s cessé de répéter, depuis un an, notre Mouvement
européen
. Il l’a répété et prouvé à son congrès politique de Bruxelles, en fév
2075
. Il l’a répété et prouvé à son congrès politique
de
Bruxelles, en février ; à son congrès économique de Westminster, en a
2076
Bruxelles, en février ; à son congrès économique
de
Westminster, en avril ; enfin, à son congrès culturel de Lausanne, en
2077
minster, en avril ; enfin, à son congrès culturel
de
Lausanne, en décembre. Sans lui, sans son action persévérante sur l’o
2078
remière prise sur la réalité. Voilà donc le bilan
de
notre année de luttes : à l’actif, le Conseil de l’Europe, au passif,
2079
ur la réalité. Voilà donc le bilan de notre année
de
luttes : à l’actif, le Conseil de l’Europe, au passif, la résistance
2080
très bien ce que beaucoup vont penser : le bilan
de
1949, c’est le bilan d’une série de parlottes. Là-dessus, j’ai trois
2081
up vont penser : le bilan de 1949, c’est le bilan
d’
une série de parlottes. Là-dessus, j’ai trois remarques à vous soumett
2082
er : le bilan de 1949, c’est le bilan d’une série
de
parlottes. Là-dessus, j’ai trois remarques à vous soumettre. La premi
2083
e ceux qui n’aiment pas qu’on parle feraient bien
de
se taire, logiquement, au lieu de nous expliquer à longueur de journé
2084
logiquement, au lieu de nous expliquer à longueur
de
journée qu’il faut agir, et ce sont eux qui ne font rien. La seconde
2085
dans un syndicat, on ne peut pas dresser un plan
d’
action sans le discuter en équipe — et c’est bien ce que nous avons fa
2086
rès. Et ma troisième remarque, c’est une citation
de
l’Évangile : Au commencement était le Verbe. C’est une Parole qui a c
2087
st-ce qu’on nomme une parlotte ? C’est un échange
de
phrases ou de discours qui n’est suivi d’aucun effet. Or nos congrès
2088
mme une parlotte ? C’est un échange de phrases ou
de
discours qui n’est suivi d’aucun effet. Or nos congrès ont abouti à d
2089
échange de phrases ou de discours qui n’est suivi
d’
aucun effet. Or nos congrès ont abouti à des créations importantes : l
2090
Tandis que ceux qui nous critiquent ne font rien
d’
autre que parler : vous voyez que la parlotte n’est pas toujours où l’
2091
eront que parlottes, si elles ne sont pas suivies
d’
effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi, de vous surtout, qu’el
2092
nt pas suivies d’effets pratiques. Mais il dépend
de
vous aussi, de vous surtout, qu’elles se transforment en action. C’es
2093
d’effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi,
de
vous surtout, qu’elles se transforment en action. C’est sur ce vœu, s
2094
Demain l’
Europe
! — Bon demi-siècle ! (2 janvier 1950) Chers auditeurs, Vous venez
2095
! (2 janvier 1950) Chers auditeurs, Vous venez
d’
émettre et d’enregistrer, ces jours derniers, un nombre incalculable d
2096
1950) Chers auditeurs, Vous venez d’émettre et
d’
enregistrer, ces jours derniers, un nombre incalculable de vœux de bon
2097
strer, ces jours derniers, un nombre incalculable
de
vœux de bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattr
2098
es jours derniers, un nombre incalculable de vœux
de
bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattrape, car
2099
culable de vœux de bonne année. Je suis en retard
de
24 heures, mais je me rattrape, car, en effet, ce que je voudrais vou
2100
n bon demi-siècle, pour une bonne deuxième manche
de
xx e siècle. Mais vous le savez aussi bien que moi, les vœux que nous
2101
que moi, les vœux que nous échangeons le Premier
de
l’an, comme on se dit bonjour chaque matin, n’ont pas la moindre chan
2102
bonjour chaque matin, n’ont pas la moindre chance
de
se réaliser, s’ils ne sont pas les gages d’une volonté, d’une possibi
2103
hance de se réaliser, s’ils ne sont pas les gages
d’
une volonté, d’une possibilité d’agir. Et certes, les conventions, c’e
2104
liser, s’ils ne sont pas les gages d’une volonté,
d’
une possibilité d’agir. Et certes, les conventions, c’est quelque chos
2105
nt pas les gages d’une volonté, d’une possibilité
d’
agir. Et certes, les conventions, c’est quelque chose de très sérieux.
2106
. Et certes, les conventions, c’est quelque chose
de
très sérieux. Sans convention nous ne serions que des brutes. La vie
2107
ir : celui du tigre dans la bergerie. Les billets
de
banque aussi sont des signes, des gages, et c’est par convention qu’i
2108
leur : s’ils ne sont pas couverts par une réserve
d’
or, ce sont des bouts de papier, un peu plus sales que d’autres, et qu
2109
couverts par une réserve d’or, ce sont des bouts
de
papier, un peu plus sales que d’autres, et qui ne signifient rien du
2110
rien du tout. Que peuvent bien signifier nos vœux
d’
avenir ? Cela dépend d’une part des possibilités que nous a léguées la
2111
ossibilités que nous a léguées la première moitié
de
ce siècle, et d’autre part de notre volonté d’en tirer quelque chose
2112
la première moitié de ce siècle, et d’autre part
de
notre volonté d’en tirer quelque chose d’humain. Voyons d’abord les p
2113
ié de ce siècle, et d’autre part de notre volonté
d’
en tirer quelque chose d’humain. Voyons d’abord les possibilités : ell
2114
re part de notre volonté d’en tirer quelque chose
d’
humain. Voyons d’abord les possibilités : elles sont prodigieusement c
2115
les révolutions qui ont occupé la première partie
de
notre siècle ont tué, rien qu’en Europe, quelque 40 millions de perso
2116
emière partie de notre siècle ont tué, rien qu’en
Europe
, quelque 40 millions de personnes, hommes, femmes, enfants et militai
2117
e ont tué, rien qu’en Europe, quelque 40 millions
de
personnes, hommes, femmes, enfants et militaires, parmi lesquels 6 mi
2118
enfants et militaires, parmi lesquels 6 millions
de
Juifs brûlés vivants par Hitler, et deux millions de koulaks liquidés
2119
Juifs brûlés vivants par Hitler, et deux millions
de
koulaks liquidés par Staline. Ce n’est pas mal. C’est plus que toutes
2120
rendement brut. Et pourtant, la population totale
de
l’Europe a augmenté. Et la longévité moyenne s’est élevée de plusieur
2121
ment brut. Et pourtant, la population totale de l’
Europe
a augmenté. Et la longévité moyenne s’est élevée de plusieurs années.
2122
a augmenté. Et la longévité moyenne s’est élevée
de
plusieurs années. La bombe atomique a grillé, fondu comme du beurre p
2123
du beurre puis évaporé en quelques secondes plus
de
200 000 Japonais qui vaquaient à leurs occupations. Et on en a beauco
2124
s la pénicilline a sauvé en silence des centaines
de
milliers de vies. Jamais les nationalismes n’ont été plus férocement
2125
line a sauvé en silence des centaines de milliers
de
vies. Jamais les nationalismes n’ont été plus férocement idiots, born
2126
nés et intolérants. Mais jamais non plus le désir
d’
union des peuples n’a été plus général. Certes, la SDN a fait un four,
2127
mmis les mêmes fautes, dès le départ. Mais l’idée
d’
une vraie fédération, soit mondiale, soit européenne, ne cesse de prog
2128
’idée d’une vraie fédération, soit mondiale, soit
européenne
, ne cesse de progresser malgré ces déconvenues et ces détournements d
2129
ération, soit mondiale, soit européenne, ne cesse
de
progresser malgré ces déconvenues et ces détournements d’espoirs. Un
2130
esser malgré ces déconvenues et ces détournements
d’
espoirs. Un dernier exemple : celui de la liberté de circuler. En 1905
2131
tournements d’espoirs. Un dernier exemple : celui
de
la liberté de circuler. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire de l
2132
espoirs. Un dernier exemple : celui de la liberté
de
circuler. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire de la Compagnie de
2133
irculer. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire
de
la Compagnie des wagons-lits et des grands express européens, au chap
2134
a Compagnie des wagons-lits et des grands express
européens
, au chapitre des passeports, les phrases suivantes : « Le passeport n
2135
ée en Russie. Pour tous les autres pays, la carte
de
visite suffit. » Aujourd’hui … je n’insiste pas. Nous avons progressé
2136
ourd’hui … je n’insiste pas. Nous avons progressé
de
50 ans vers la paralysie finale des échanges, et cela pour des raison
2137
s au monde à connaître, et qu’ils se gardent bien
de
nous révéler, si toutefois elles existent. Cependant, les moyens de t
2138
i toutefois elles existent. Cependant, les moyens
de
transport ont progressé en sens inverse. Un avion de tourisme vient d
2139
transport ont progressé en sens inverse. Un avion
de
tourisme vient de couvrir en 7 heures la distance de New York à Londr
2140
tourisme vient de couvrir en 7 heures la distance
de
New York à Londres. Nos capitales sont à 2 ou 3 heures les unes des a
2141
es des autres. Il en résulte que, pratiquement, l’
Europe
est aujourd’hui plus petite que notre Suisse il y a cent ans. Oui, to
2142
ou dans l’autre… Vouloir plus, toujours plus, et
de
tout à la fois, et même si c’est contradictoire, telle est la passion
2143
ême si c’est contradictoire, telle est la passion
de
notre siècle. On veut augmenter à la fois les bénéfices et les salair
2144
et l’argent du beurre, et 10 fois, 100 fois plus
de
l’un et de l’autre… Des hommes de 1900 croyaient que le progrès c’éta
2145
t du beurre, et 10 fois, 100 fois plus de l’un et
de
l’autre… Des hommes de 1900 croyaient que le progrès c’était tout sim
2146
, 100 fois plus de l’un et de l’autre… Des hommes
de
1900 croyaient que le progrès c’était tout simple ; qu’il allait touj
2147
enté, ce sont nos risques d’une part, nos chances
de
l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou de faire vivre. Il
2148
chances de l’autre, et par exemple : nos pouvoirs
de
tuer ou de faire vivre. Il en résulte une formidable augmentation de
2149
l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou
de
faire vivre. Il en résulte une formidable augmentation de nos respons
2150
vivre. Il en résulte une formidable augmentation
de
nos responsabilités d’hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès ce
2151
ne formidable augmentation de nos responsabilités
d’
hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès certain. Rendons-nous com
2152
e augmentation de nos responsabilités d’hommes et
de
citoyens. Voilà le seul progrès certain. Rendons-nous compte, en ce d
2153
progrès certain. Rendons-nous compte, en ce début
d’
un demi-siècle décisif, que jamais l’homme n’a couru plus grand péril
2154
if, que jamais l’homme n’a couru plus grand péril
d’
esclavage et de [illisible], mais que jamais non plus, il ne s’est vu
2155
l’homme n’a couru plus grand péril d’esclavage et
de
[illisible], mais que jamais non plus, il ne s’est vu si près d’assur
2156
mais que jamais non plus, il ne s’est vu si près
d’
assurer son pouvoir sur les choses et la vie. Jamais plus près de la r
2157
Jamais plus près de la ruine générale, mais aussi
d’
une prospérité sans précédent pour les grandes masses. Tout dépend de
2158
ns précédent pour les grandes masses. Tout dépend
de
ce qu’il va choisir, dans les quelques années qui viennent ; car vous
2159
i l’on ne fait rien, d’ici deux ans au maximum, l’
Europe
entrera totalement dans la misère et la famine, et je me permets de v
2160
ent dans la misère et la famine, et je me permets
de
vous rappeler en passant que la Suisse fait partie de cette Europe me
2161
ous rappeler en passant que la Suisse fait partie
de
cette Europe menacée même si parfois elle paraît l’oublier. Si l’on n
2162
ler en passant que la Suisse fait partie de cette
Europe
menacée même si parfois elle paraît l’oublier. Si l’on ne fait rien,
2163
n, tous nos bons vœux n’empêcheront pas les camps
de
concentration. Ce qu’il fait faire, ce que l’on peut faire, je crois
2164
peuvent avoir un sens sérieux que si vous décidez
de
les transformer en volonté et en action rapide. Ils signifient : Dema
2165
et en action rapide. Ils signifient : Demain : l’
Europe
, ou bien se réduisent à quelque chose qui n’a de nom dans aucune lang
2166
ope, ou bien se réduisent à quelque chose qui n’a
de
nom dans aucune langue. Au revoir, à lundi prochain.
2167
Demain l’
Europe
! — Par où commencer ? Par l’économie ? (9 janvier 1950) Chers audi
2168
réponses à quelques enquêtes récentes sur l’union
de
l’Europe, je suis frappé de voir revenir régulièrement un argument qu
2169
ses à quelques enquêtes récentes sur l’union de l’
Europe
, je suis frappé de voir revenir régulièrement un argument que nos con
2170
récentes sur l’union de l’Europe, je suis frappé
de
voir revenir régulièrement un argument que nos contemporains ont l’ai
2171
ement un argument que nos contemporains ont l’air
de
tenir pour évident, et que voici : « Si vous voulez unir l’Europe, éc
2172
r évident, et que voici : « Si vous voulez unir l’
Europe
, écrit-on, commencez par le commencement, c’est-à-dire par l’économie
2173
» Cette croyance est si irrépandue, et si typique
de
notre siècle, qu’il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque de
2174
t si typique de notre siècle, qu’il vaut la peine
de
l’analyser, je dirais presque de la psychanalyser. Pourquoi pense-t-o
2175
il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque
de
la psychanalyser. Pourquoi pense-t-on et répète-t-on que les réalités
2176
-t-on que les réalités économiques sont à la base
de
tout, pourquoi s’imagine-t-on que cela va de soi ? Parce qu’on croit
2177
te : Primum vivere… D’abord vivre, manger, gagner
de
l’argent, et ensuite, s’il reste du temps, philosopher… La grande maj
2178
l reste du temps, philosopher… La grande majorité
de
ceux qu’on appelle aujourd’hui des bourgeois, partage ces idées, et s
2179
réalistes. Cependant ils accusent les communistes
d’
être d’affreux matérialistes. C’est étrange, car la croyance fondament
2180
es. Cependant ils accusent les communistes d’être
d’
affreux matérialistes. C’est étrange, car la croyance fondamentale du
2181
parce que tout en dépend et qu’il n’y a que cela
de
sérieux. À cet égard, la seule différence entre les bourgeois et les
2182
hérents, et qu’ils tirent toutes les conséquences
de
la croyance un peu vague, mais populaire des premiers. Or cette croya
2183
imentaires enfin ont précédé l’homme qui a besoin
de
manger. Or il me semble bien que c’est le contraire qui est vrai ; et
2184
le contraire qui est vrai ; et qu’au commencement
de
tout, y compris des réalités économiques, il n’y a pas de la matière,
2185
y compris des réalités économiques, il n’y a pas
de
la matière, mais au contraire une invention, c’est-à-dire de l’esprit
2186
re, mais au contraire une invention, c’est-à-dire
de
l’esprit. Prenons l’économie moderne. Sa base comme chacun le sait, c
2187
t l’industrie, ce sont d’abord les machines. Mais
d’
où viennent les machines ? Ce ne sont pas elles qui ont commencé, tout
2188
et intégral, comme un jeu, comme un sous-produit
de
ses plus hautes spéculations abstraites. Sans Leonhard Euler, sans ce
2189
bstraites. Sans Leonhard Euler, sans ce phénomène
de
l’esprit pur, non seulement il n’y aurait pas eu cet élément de base
2190
r, non seulement il n’y aurait pas eu cet élément
de
base de l’économie moderne qui est la turbine, mais encore vous ne po
2191
eulement il n’y aurait pas eu cet élément de base
de
l’économie moderne qui est la turbine, mais encore vous ne pourriez m
2192
ent il y a eu les mathématiques supérieures, donc
de
l’esprit, de la culture ; puis il y a eu la turbine ; puis les ouvrie
2193
les mathématiques supérieures, donc de l’esprit,
de
la culture ; puis il y a eu la turbine ; puis les ouvriers qui la fai
2194
it à la fois le turbin des ouvriers et la turbine
d’
Euler pour s’enrichir, puis enfin le communisme qui a décidé que les t
2195
par la force au besoin, et que l’on continuerait
d’
appeler bonheur l’immense malheur qui en résultait. Nous voici donc en
2196
xix e siècle, que l’économie était la vraie base
de
la vie, et qu’il fallait commencer par là. Revenons à la réalité, et
2197
t commencer par là. Revenons à la réalité, et à l’
Europe
. J’admets bien volontiers qu’il faut commencer par le commencement. M
2198
és dites matérielles, puisque celles-ci dépendent
de
l’esprit, et n’existeraient point sans lui. Il est facile d’illustrer
2199
, et n’existeraient point sans lui. Il est facile
d’
illustrer ce point de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’échec de l
2200
nt de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’échec
de
l’OECE, c’est-à-dire de l’Organisation économique de l’Europe dans le
2201
sisté, en 1949, à l’échec de l’OECE, c’est-à-dire
de
l’Organisation économique de l’Europe dans le cadre du plan Marshall.
2202
l’OECE, c’est-à-dire de l’Organisation économique
de
l’Europe dans le cadre du plan Marshall. D’où vient cet échec ? Il a
2203
E, c’est-à-dire de l’Organisation économique de l’
Europe
dans le cadre du plan Marshall. D’où vient cet échec ? Il a pour caus
2204
mique de l’Europe dans le cadre du plan Marshall.
D’
où vient cet échec ? Il a pour cause l’illusion générale que l’économi
2205
e l’imagine, mais un fait humain, qui dépend donc
de
nos volontés et de nos passions. Et c’est parce que les gouvernants e
2206
n fait humain, qui dépend donc de nos volontés et
de
nos passions. Et c’est parce que les gouvernants et leurs experts n’a
2207
et leurs experts n’avaient pas la volonté réelle
de
s’unir, en esprit d’abord, qu’ils n’ont pas réussi à organiser l’écon
2208
s n’ont pas mis sur pied un plan unique, vraiment
européen
, mais 19 plans nationaux contradictoires. Et ils ont ainsi donné le s
2209
tacle grotesque dont parlait Paul Reynaud : celui
de
19 pays donc chacun essaye de grimper sur les épaules de l’autre. Il
2210
aul Reynaud : celui de 19 pays donc chacun essaye
de
grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps de renverser la vape
2211
ays donc chacun essaye de grimper sur les épaules
de
l’autre. Il est temps de renverser la vapeur, et si l’on veut sérieus
2212
grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps
de
renverser la vapeur, et si l’on veut sérieusement commencer par le co
2213
ement commencer par le commencement, il est temps
de
réveiller d’abord nos esprits, de chercher à unir d’abord nos cœurs.
2214
t, il est temps de réveiller d’abord nos esprits,
de
chercher à unir d’abord nos cœurs. C’est pourquoi j’estime que le réc
2215
rs. C’est pourquoi j’estime que le récent congrès
de
la culture, à Lausanne, a marqué le vrai début d’un travail construct
2216
de la culture, à Lausanne, a marqué le vrai début
d’
un travail constructif et pratique, loin d’avoir été la « parlote » qu
2217
début d’un travail constructif et pratique, loin
d’
avoir été la « parlote » que prétendent certains plats matérialistes s
2218
plus la seule à s’exprimer. On vient précisément
de
me communiquer les résultats d’une large enquête organisée parmi les
2219
vient précisément de me communiquer les résultats
d’
une large enquête organisée parmi les étudiants de Lausanne à l’occasi
2220
d’une large enquête organisée parmi les étudiants
de
Lausanne à l’occasion du congrès de la culture. Il y a là-dedans du m
2221
les étudiants de Lausanne à l’occasion du congrès
de
la culture. Il y a là-dedans du meilleur et du pire. Je vous en rendr
2222
Demain l’
Europe
! — Une enquête chez les étudiants (16 janvier 1950) Chers auditeur
2223
(16 janvier 1950) Chers auditeurs, À l’occasion
de
la récente Conférence européenne de la culture, un groupe d’étudiants
2224
auditeurs, À l’occasion de la récente Conférence
européenne
de la culture, un groupe d’étudiants de Lausanne a pris une initiativ
2225
À l’occasion de la récente Conférence européenne
de
la culture, un groupe d’étudiants de Lausanne a pris une initiative q
2226
te Conférence européenne de la culture, un groupe
d’
étudiants de Lausanne a pris une initiative qui mérite d’être signalée
2227
e européenne de la culture, un groupe d’étudiants
de
Lausanne a pris une initiative qui mérite d’être signalée, commentée,
2228
ants de Lausanne a pris une initiative qui mérite
d’
être signalée, commentée, et partout où cela sera possible imitée. Ce
2229
t partout où cela sera possible imitée. Ce groupe
de
jeunes gens désirait participer, sous une forme ou une autre, à la co
2230
exemple — , et d’autre part il eût été difficile
de
faire admettre des représentants des étudiants, car en somme, qu’euss
2231
opinions diverses des étudiants sur les problèmes
européens
. Ne fallait-il donc pas commencer par les découvrir ? C’est ainsi qu’
2232
par les découvrir ? C’est ainsi qu’a germé l’idée
d’
une enquête à l’Université. Quelques camarades se sont réunis pour en
2233
er aux étudiants s’ils croyaient à la réalisation
de
l’Europe unie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la con
2234
x étudiants s’ils croyaient à la réalisation de l’
Europe
unie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence d
2235
nt à la réalisation de l’Europe unie, à l’utilité
de
l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence de Lausanne, et enfin
2236
nie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou
de
la conférence de Lausanne, et enfin s’ils avaient eu connaissance jus
2237
de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence
de
Lausanne, et enfin s’ils avaient eu connaissance jusqu’ici de l’activ
2238
et enfin s’ils avaient eu connaissance jusqu’ici
de
l’activité du Mouvement européen. Je ne puis vous donner ce soir une
2239
connaissance jusqu’ici de l’activité du Mouvement
européen
. Je ne puis vous donner ce soir une analyse détaillée des réponses. J
2240
nette majorité des étudiants croit à la nécessité
d’
unir nos pays ; qu’une petite moitié environ croit à l’utilité de Stra
2241
; qu’une petite moitié environ croit à l’utilité
de
Strasbourg et de la conférence de Lausanne, mais qu’une très grande m
2242
moitié environ croit à l’utilité de Strasbourg et
de
la conférence de Lausanne, mais qu’une très grande majorité demande s
2243
oit à l’utilité de Strasbourg et de la conférence
de
Lausanne, mais qu’une très grande majorité demande surtout à être mie
2244
de majorité demande surtout à être mieux informée
de
ce qui est en train de se faire, et révèle son ignorance de ce qui s’
2245
est en train de se faire, et révèle son ignorance
de
ce qui s’est déjà fait, c’est-à-dire avoue n’avoir pas connaissance d
2246
-dire avoue n’avoir pas connaissance du Mouvement
européen
, par exemple. Ces résultats sont intéressants à divers titres. Certes
2247
u que non, qu’ils n’avaient jamais entendu parler
de
notre Mouvement, seraient obligés de répondre aujourd’hui que oui, pu
2248
tendu parler de notre Mouvement, seraient obligés
de
répondre aujourd’hui que oui, puisqu’ils en ont eu connaissance juste
2249
ar cette enquête. Voilà qui montre bien l’utilité
d’
une pareille initiative : en questionnant les étudiants sur le Mouveme
2250
: en questionnant les étudiants sur le Mouvement
européen
, elle leur en révèle l’existence, elle les invite à prendre position,
2251
prises comme dans les bureaux, dans les quartiers
de
grandes villes comme dans les villages, et enfin dans les sociétés de
2252
mme dans les villages, et enfin dans les sociétés
de
tout genre dont vous faites partie, vous qui m’écoutez ce soir… Et po
2253
urd’hui, — sans forcer les réponses ou les prises
de
parti. Je voudrais insister enfin sur ce qui ressort le plus nettemen
2254
sister enfin sur ce qui ressort le plus nettement
de
l’enquête des étudiants lausannois : sur cette demande générale de do
2255
étudiants lausannois : sur cette demande générale
de
documentation, d’information. Je crois ce besoin très répandu, bien a
2256
is : sur cette demande générale de documentation,
d’
information. Je crois ce besoin très répandu, bien au-delà des milieux
2257
ce besoin très répandu, bien au-delà des milieux
de
l’Université, dans toutes les couches de la population. Comment le sa
2258
milieux de l’Université, dans toutes les couches
de
la population. Comment le satisfaire ? On ne peut pas se contenter de
2259
mment le satisfaire ? On ne peut pas se contenter
de
renvoyer tout le monde à une lecture plus attentive de la presse. Car
2260
nvoyer tout le monde à une lecture plus attentive
de
la presse. Car la presse, en Europe, manque de place pour publier des
2261
re plus attentive de la presse. Car la presse, en
Europe
, manque de place pour publier des documents de première main, des tex
2262
ve de la presse. Car la presse, en Europe, manque
de
place pour publier des documents de première main, des textes complet
2263
urope, manque de place pour publier des documents
de
première main, des textes complets — comme cela se fait en Amérique.
2264
e borner à résumer en quelques lignes les travaux
d’
une longue conférence de 5 jours et 4 nuits, et souvent l’essentiel se
2265
elques lignes les travaux d’une longue conférence
de
5 jours et 4 nuits, et souvent l’essentiel se perd, un détail pittore
2266
nc à tous ceux d’entre vous qui auraient le désir
de
savoir mieux ce qui se passe deux moyens assez simples. Le premier, c
2267
asse deux moyens assez simples. Le premier, c’est
de
vous mettre en rapport, personnellement ou par écrit, avec le groupe
2268
r écrit, avec le groupe le plus proche de l’Union
européenne
, organisation suisse rattachée au Mouvement européen et qui vous donn
2269
éenne, organisation suisse rattachée au Mouvement
européen
et qui vous donnera les informations précises que vous souhaitez. Le
2270
ions précises que vous souhaitez. Le second moyen
d’
information, c’est tout bonnement d’ouvrir les yeux, de voir la situat
2271
second moyen d’information, c’est tout bonnement
d’
ouvrir les yeux, de voir la situation de l’Europe divisée entre les de
2272
ormation, c’est tout bonnement d’ouvrir les yeux,
de
voir la situation de l’Europe divisée entre les deux grands blocs hos
2273
bonnement d’ouvrir les yeux, de voir la situation
de
l’Europe divisée entre les deux grands blocs hostiles, et de vous dem
2274
ment d’ouvrir les yeux, de voir la situation de l’
Europe
divisée entre les deux grands blocs hostiles, et de vous demander que
2275
divisée entre les deux grands blocs hostiles, et
de
vous demander quelles sont les mesures qu’appelle d’urgence une parei
2276
vous demander quelles sont les mesures qu’appelle
d’
urgence une pareille situation. Vous rejoindrez ainsi par vous-même j’
2277
ainsi par vous-même j’en suis sûr, les positions
de
notre Mouvement. Ces positions, en effet, ne sont pas théoriques, ni
2278
faits que tout le monde connaît. Prenez la peine
d’
y réfléchir : vous vous trouverez naturellement à nos côtés. Le temps
2279
intes à leurs réponses à l’enquête. Je me promets
d’
y revenir la prochaine fois, et d’en discuter quelques-unes, car elles
2280
. Je me promets d’y revenir la prochaine fois, et
d’
en discuter quelques-unes, car elles me paraissent bien typiques des r
2281
Demain l’
Europe
! — Questions et objections des étudiants de Lausanne (23 janvier 195
2282
’Europe ! — Questions et objections des étudiants
de
Lausanne (23 janvier 1950) Chers auditeurs, Je vous ai parlé lundi
2283
Chers auditeurs, Je vous ai parlé lundi dernier
d’
une enquête menée par quelques étudiants de Lausanne parmi leurs camar
2284
ernier d’une enquête menée par quelques étudiants
de
Lausanne parmi leurs camarades, et portant sur l’union de l’Europe, s
2285
nne parmi leurs camarades, et portant sur l’union
de
l’Europe, sur l’utilité de nos congrès. Un grand nombre des étudiants
2286
armi leurs camarades, et portant sur l’union de l’
Europe
, sur l’utilité de nos congrès. Un grand nombre des étudiants interrog
2287
et portant sur l’union de l’Europe, sur l’utilité
de
nos congrès. Un grand nombre des étudiants interrogés ne se sont pas
2288
des étudiants interrogés ne se sont pas contentés
de
répondre par oui ou par non, mais ont ajouté quelques remarques perso
2289
quelques remarques personnelles au bas de la page
de
questionnaire. Ce sont ces réactions spontanées que je voudrais comme
2290
je voudrais commenter ce soir. Il serait exagéré
de
dire qu’elles manifestent un courant de pensée général et bien défini
2291
t exagéré de dire qu’elles manifestent un courant
de
pensée général et bien défini. Au contraire, leur infinie variété, du
2292
e n’est pas mort chez nous, et qu’un des plaisirs
de
la vie reste encore, aux yeux de mes cadets, de se faire leur propre
2293
s de la vie reste encore, aux yeux de mes cadets,
de
se faire leur propre opinion, ou au moins d’en affirmer une qui ne so
2294
ets, de se faire leur propre opinion, ou au moins
d’
en affirmer une qui ne soit pas celle d’un parti. Je ne trouve même pa
2295
au moins d’en affirmer une qui ne soit pas celle
d’
un parti. Je ne trouve même pas une opinion commune par faculté, et l’
2296
à soutenir le point de vue qu’on attend le moins
de
sa spécialité : c’est ainsi qu’un étudiant en lettres exige des actes
2297
d des combines politiques, et redoute que l’union
européenne
serve de paravent à des manœuvres impérialistes ou agressives. C’est
2298
litiques, et redoute que l’union européenne serve
de
paravent à des manœuvres impérialistes ou agressives. C’est en effet
2299
n des dangers que les fédéralistes ont la mission
de
prévenir, et au besoin de démasquer dès qu’il ferait mine d’apparaîtr
2300
ralistes ont la mission de prévenir, et au besoin
de
démasquer dès qu’il ferait mine d’apparaître, et je puis dire qu’ils
2301
, et au besoin de démasquer dès qu’il ferait mine
d’
apparaître, et je puis dire qu’ils n’y ont pas manqué jusqu’ici. Mais
2302
n’y ont pas manqué jusqu’ici. Mais je suis frappé
de
voir que la notion d’engagement politique des intellectuels est si pe
2303
qu’ici. Mais je suis frappé de voir que la notion
d’
engagement politique des intellectuels est si peu populaire parmi nos
2304
ants. S’ils entendent par engagement la démission
de
la pensée au profit d’une tactique de parti, ils ont raison. Mais s’i
2305
ar engagement la démission de la pensée au profit
d’
une tactique de parti, ils ont raison. Mais s’ils croient que l’intell
2306
a démission de la pensée au profit d’une tactique
de
parti, ils ont raison. Mais s’ils croient que l’intellectuel n’a rien
2307
pas. Je leur rappellerai, au surplus, que l’union
de
l’Europe n’est pas du tout un problème politique d’abord, mais la con
2308
Je leur rappellerai, au surplus, que l’union de l’
Europe
n’est pas du tout un problème politique d’abord, mais la condition de
2309
un problème politique d’abord, mais la condition
de
salut d’une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d
2310
ème politique d’abord, mais la condition de salut
d’
une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d’avance,
2311
tion de salut d’une civilisation qui fait le sens
de
nos vies. J’ai répondu d’avance, dans une autre chronique, à ceux qui
2312
sation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu
d’
avance, dans une autre chronique, à ceux qui estiment que l’on doit bi
2313
à prouver qu’on ne peut rien faire, sauf en temps
de
guerre naturellement… Certains croient désirable et nécessaire l’unio
2314
croient désirable et nécessaire l’union fédérale
de
l’Europe, mais ils estiment qu’elle exigera beaucoup de temps : quatr
2315
ent désirable et nécessaire l’union fédérale de l’
Europe
, mais ils estiment qu’elle exigera beaucoup de temps : quatre générat
2316
tre temps, comme des Bernois. Mais s’il faut plus
de
100 ans pour faire l’Europe, autant dire qu’on ne la fera jamais. On
2317
nois. Mais s’il faut plus de 100 ans pour faire l’
Europe
, autant dire qu’on ne la fera jamais. On ne peut pas fédérer des escl
2318
es pensent ; je le citerai donc : « La Conférence
européenne
de la culture — affirment-ils sans sourciller — est faite par les Amé
2319
; je le citerai donc : « La Conférence européenne
de
la culture — affirment-ils sans sourciller — est faite par les Améric
2320
ndre leur politique agressive et impérialiste, en
Europe
et dans le monde entier. » Voilà qui est clair et je pense que je fer
2321
oilà qui est clair et je pense que je ferais bien
de
passer aux aveux complets avant que l’on ne me force aux aveux sponta
2322
ce aux aveux spontanés. Je croyais que le congrès
de
Lausanne avait été organisé par le Bureau d’études dont je m’occupe à
2323
grès de Lausanne avait été organisé par le Bureau
d’
études dont je m’occupe à Genève. Quelle illusion ! La vérité, c’est q
2324
La vérité, c’est que Pierrepont Morgan, dictateur
de
Wall Street, et trotskiste bien connu, m’a fait remettre par Goebbels
2325
en personne les dollars nécessaires pour l’achat
de
200 intellectuels qui ont voté par acclamations, sur l’ordre de Churc
2326
ctuels qui ont voté par acclamations, sur l’ordre
de
Churchill, une résolution finale dictée car le président Truman en fa
2327
la fin un argument bizarre, mais qui revient plus
d’
une fois dans cette enquête : on ne peut pas unir l’Europe, objectent
2328
e fois dans cette enquête : on ne peut pas unir l’
Europe
, objectent quelques pessimistes, car elle est vraiment trop divisée !
2329
remplir… Enfin, à ceux qui nous répètent : assez
de
discours, il faut des actes ! Je dis bravo, et je réponds que j’atten
2330
sse, ils ont raison, et nous avons besoin surtout
de
ceux qui veulent agir sans plus de bavardages ou de vaines critiques
2331
ceux qui veulent agir sans plus de bavardages ou
de
vaines critiques purement verbales. Au revoir, à lundi prochain, cher
2332
auditeurs, à demain matin, chers étudiants avides
d’
action.
2333
Demain l’
Europe
! — Un tiers-ordre européen (30 janvier 1950) Chers auditeurs, J’ai
2334
Demain l’Europe ! — Un tiers-ordre
européen
(30 janvier 1950) Chers auditeurs, J’ai reçu l’autre jour une modes
2335
eurs, J’ai reçu l’autre jour une modeste brochure
d’
une douzaine de pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signé
2336
l’autre jour une modeste brochure d’une douzaine
de
pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signée Daniel Villey
2337
chure d’une douzaine de pages, qui ne portait pas
de
titre, et qui était signée Daniel Villey, professeur de droit à Poiti
2338
re, et qui était signée Daniel Villey, professeur
de
droit à Poitiers. Cette brochure était un appel adressé aux jeunes ge
2339
e brochure était un appel adressé aux jeunes gens
de
France. Elle m’a ému plus que tout autre chose que j’aie pu lire depu
2340
mps. Je voudrais vous la lire tout entière. Faute
de
temps je me bornerai à vous en citer des extraits, — et tout d’abord
2341
et tout d’abord je vous dirai le peu que je sais
de
son auteur : il n’est pas inutile de le situer, pour vous faire mieux
2342
que je sais de son auteur : il n’est pas inutile
de
le situer, pour vous faire mieux comprendre la portée de son geste, l
2343
ituer, pour vous faire mieux comprendre la portée
de
son geste, le simple et beau courage que son acte révèle. Daniel Vill
2344
evue Esprit , vers 1935 je pense. Je me souviens
d’
un très jeune homme, d’un visage bien arrondi, à l’expression attentiv
2345
5 je pense. Je me souviens d’un très jeune homme,
d’
un visage bien arrondi, à l’expression attentive, presque candide, d’u
2346
rondi, à l’expression attentive, presque candide,
d’
un esprit vif et scrupuleux tout à la fois. Le contraire de l’image co
2347
it vif et scrupuleux tout à la fois. Le contraire
de
l’image courante du meneur d’hommes, du jeune chef impatient de s’aff
2348
fois. Le contraire de l’image courante du meneur
d’
hommes, du jeune chef impatient de s’affirmer. Et puis la guerre est v
2349
rante du meneur d’hommes, du jeune chef impatient
de
s’affirmer. Et puis la guerre est venue, nos chemins ne se sont plus
2350
jeune Daniel Villey est devenu professeur et père
de
5 ou 6 enfants. Écoutez maintenant ce qu’il nous dit, d’une voix calm
2351
6 enfants. Écoutez maintenant ce qu’il nous dit,
d’
une voix calme et tout unie, cette voix tranquille de ceux qui ont pri
2352
ne voix calme et tout unie, cette voix tranquille
de
ceux qui ont pris leur décision, et que l’on peut croire. Tout d’abor
2353
roire. Tout d’abord, il a interrogé ses étudiants
de
la faculté de Poitiers, et il les a trouvés indifférents, désabusés,
2354
abord, il a interrogé ses étudiants de la faculté
de
Poitiers, et il les a trouvés indifférents, désabusés, et résignés au
2355
u’ils jugent inévitable, au communisme, aux camps
de
concentration. Nous n’y pouvons rien, déclarent-ils. Travaillons dign
2356
est-il fondé, ou bien ne serait-il pas une sorte
de
maladie morale, qu’un espoir neuf pourrait guérir ? L’Europe, avec so
2357
die morale, qu’un espoir neuf pourrait guérir ? L’
Europe
, avec son potentiel immense de ressources humaines et techniques ne p
2358
ait guérir ? L’Europe, avec son potentiel immense
de
ressources humaines et techniques ne peut-elle pas encore se sauver,
2359
ar où commencer ? Peut-être n’avons-nous pas plus
de
deux ans pour nous unir, ou pour périr. Et voici, nous dit-il modeste
2360
is citer ses propres phrases : Un certain nombre
de
jeunes gens et de jeunes filles (une dizaine par exemple pour commenc
2361
es phrases : Un certain nombre de jeunes gens et
de
jeunes filles (une dizaine par exemple pour commencer, une centaine s
2362
emaines, pas nécessairement davantage) décideront
de
donner non pas deux ans de leur vie, mais toute leur vie pendant deux
2363
davantage) décideront de donner non pas deux ans
de
leur vie, mais toute leur vie pendant deux ans — au service de l’Euro
2364
mais toute leur vie pendant deux ans — au service
de
l’Europe unie. Je crois à la vertu de la vie donnée… Une vie donnée e
2365
toute leur vie pendant deux ans — au service de l’
Europe
unie. Je crois à la vertu de la vie donnée… Une vie donnée est un tém
2366
au service de l’Europe unie. Je crois à la vertu
de
la vie donnée… Une vie donnée est un témoignage et en a la force. Ces
2367
a à se consacrer entièrement et exclusivement à l’
Europe
, jusqu’à son expiration ou sa révocation. Ils devront interrompre leu
2368
rrière professionnelle. Ils recevront en principe
de
l’organisation une mensualité pour subvenir à leurs besoins en menant
2369
rge d’autres vies que la sienne ne peut se moquer
de
l’argent ni de sa carrière…) Ils s’engageront à obéir avec la plus ex
2370
es que la sienne ne peut se moquer de l’argent ni
de
sa carrière…) Ils s’engageront à obéir avec la plus exigeante discipl
2371
c la plus exigeante discipline aux ordres du chef
de
l’organisation. J’assumerai ce rôle jusqu’à ce que se révèle un chef
2372
au service des objectifs définis par le Mouvement
européen
, dont elle demeurera distincte, mais comme une avant-garde, comme un
2373
ey va faire : en demandant à quelques jeunes gens
de
consacrer deux ans de leur vie à une action précise pour l’Europe, da
2374
dant à quelques jeunes gens de consacrer deux ans
de
leur vie à une action précise pour l’Europe, dans la pauvreté, le cél
2375
deux ans de leur vie à une action précise pour l’
Europe
, dans la pauvreté, le célibat et l’obéissance, il fonde un ordre. Ce
2376
. Ce sont les ordres qui ont créé la civilisation
de
l’Occident. Lui-même quittera sa chaire de professeur. Et tous ensemb
2377
sation de l’Occident. Lui-même quittera sa chaire
de
professeur. Et tous ensemble, ou deux par deux, ils s’en iront par le
2378
liquer, travailler, convaincre. Il ne s’agit plus
de
groupes d’études, de discussions intéressantes, de comités ou de mani
2379
vailler, convaincre. Il ne s’agit plus de groupes
d’
études, de discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il
2380
onvaincre. Il ne s’agit plus de groupes d’études,
de
discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit d’u
2381
e groupes d’études, de discussions intéressantes,
de
comités ou de manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit d’un gr
2382
udes, de discussions intéressantes, de comités ou
de
manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit d’un grand risque. À
2383
ressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit
d’
une croisade. Il s’agit d’un grand risque. À tous les jeunes, dit enc
2384
e manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit
d’
un grand risque. À tous les jeunes, dit encore Daniel Villey, je dema
2385
les jeunes, dit encore Daniel Villey, je demande
de
sonder leur cœur et de le soupeser. Je leur propose un risque et un s
2386
Daniel Villey, je demande de sonder leur cœur et
de
le soupeser. Je leur propose un risque et un sacrifice. Excède-t-il l
2387
sacrifice. Excède-t-il leur générosité ? Deux ans
d’
interruption dans vos études ou votre carrière, est-ce vraiment plus q
2388
tâche exaltante qui s’offre à vous. À la chaleur
de
l’amitié qui vous unira à vos compagnons de lutte. À la reconnaissanc
2389
aleur de l’amitié qui vous unira à vos compagnons
de
lutte. À la reconnaissance de tous les humbles qui mettront en vous l
2390
ra à vos compagnons de lutte. À la reconnaissance
de
tous les humbles qui mettront en vous leur espoir. Et que le témoigna
2391
ettront en vous leur espoir. Et que le témoignage
de
quelques vies peut, à toute une génération, rendre de l’espoir, de l’
2392
uelques vies peut, à toute une génération, rendre
de
l’espoir, de l’enthousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’
2393
peut, à toute une génération, rendre de l’espoir,
de
l’enthousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’exemple qu’un
2394
énération, rendre de l’espoir, de l’enthousiasme,
de
la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’exemple qu’une grande entreprise
2395
thousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas
d’
exemple qu’une grande entreprise n’ait conduit à de grandes choses… Pe
2396
’exemple qu’une grande entreprise n’ait conduit à
de
grandes choses… Pensez à Jeanne d’Arc. Songez qu’il y a aujourd’hui g
2397
z qu’il y a aujourd’hui grande pitié sur la terre
d’
Europe. Voulez-vous, comme Jeanne, quitter vos moutons, chevaucher sur
2398
qu’il y a aujourd’hui grande pitié sur la terre d’
Europe
. Voulez-vous, comme Jeanne, quitter vos moutons, chevaucher sur les r
2399
ver une cause qui semble désespérée ? Vous donner
de
tout votre être à une tâche très précise et très concrète, humblement
2400
crète, humblement temporelle (comme la délivrance
d’
Orléans) et la poursuivre de toutes vos forces par les moyens les plus
2401
(comme la délivrance d’Orléans) et la poursuivre
de
toutes vos forces par les moyens les plus réalistes. Relisez l’histoi
2402
les moyens les plus réalistes. Relisez l’histoire
de
Jeanne d’Arc, et écoutez ce qu’elle vous dira. J’attends votre répons
2403
détails pratiques, je vous renvoie à la brochure
de
Daniel Villey. S’il se trouve parmi vous quelques jeunes gens ou jeun
2404
t les faire entrer demain dans la grande aventure
de
notre temps et de leur vie. Au revoir, à lundi prochain.
2405
demain dans la grande aventure de notre temps et
de
leur vie. Au revoir, à lundi prochain.
2406
Demain l’
Europe
! — Passer à l’action (6 février 1950) Chers auditeurs, La semaine
2407
r l’appel que vient de lancer un jeune professeur
de
Poitiers, Daniel Villey. Il demandait qu’un petit nombre de jeunes ge
2408
s, Daniel Villey. Il demandait qu’un petit nombre
de
jeunes gens et de jeunes filles consacrent toute leur vie, pendant de
2409
Il demandait qu’un petit nombre de jeunes gens et
de
jeunes filles consacrent toute leur vie, pendant deux ans, à la cause
2410
rent toute leur vie, pendant deux ans, à la cause
de
l’Europe unie. Je vous ai lu quelques extraits de sa brochure, je vou
2411
toute leur vie, pendant deux ans, à la cause de l’
Europe
unie. Je vous ai lu quelques extraits de sa brochure, je vous ai dit
2412
de l’Europe unie. Je vous ai lu quelques extraits
de
sa brochure, je vous ai dit de m’écrire si le risque vous tentait, et
2413
quelques extraits de sa brochure, je vous ai dit
de
m’écrire si le risque vous tentait, et je me suis demandé si 2 ou 3 j
2414
andé si 2 ou 3 jeunes Suisses auraient le courage
d’
entrer dans l’aventure. Le soir même, six d’entre vous m’ont écrit, et
2415
t par douzaines que me sont parvenues des lettres
d’
auditeurs intéressés ou enthousiastes. Les uns demandent des précision
2416
Ce succès très rapide, et dans tous les milieux,
d’
un appel qui ne promet rien que des risques et des sacrifices, m’a sur
2417
hrase vaut pour tous : « J’attendais du pratique,
de
l’action. Vous pouvez donc compter sur moi. » Et comment ne pas compr
2418
» Et comment ne pas comprendre une pareille faim
d’
agir, dans un monde abreuvé de discours, tout ahuri de propagandes con
2419
e une pareille faim d’agir, dans un monde abreuvé
de
discours, tout ahuri de propagandes contradictoires et de platitudes
2420
ir, dans un monde abreuvé de discours, tout ahuri
de
propagandes contradictoires et de platitudes politiciennes. Assez de
2421
urs, tout ahuri de propagandes contradictoires et
de
platitudes politiciennes. Assez de paroles, passons aux actes, s’écri
2422
radictoires et de platitudes politiciennes. Assez
de
paroles, passons aux actes, s’écrient en chœur ceux qui ont encore de
2423
pourtant, je voudrais mettre en garde une partie
de
mes jeunes auditeurs contre une tentation trop facile, le goût de l’a
2424
diteurs contre une tentation trop facile, le goût
de
l’action pour l’action, le frisson de « l’en avant ! » qui ne sait mê
2425
le, le goût de l’action pour l’action, le frisson
de
« l’en avant ! » qui ne sait même pas où il va. Je ne suis pas là pou
2426
où il va. Je ne suis pas là pour vous décourager
d’
agir, c’est entendu. Bien au contraire, je voudrais vous demander d’ag
2427
ndu. Bien au contraire, je voudrais vous demander
d’
agir en connaissance de cause, en connaissance de but aussi. Voyez-vou
2428
d’agir en connaissance de cause, en connaissance
de
but aussi. Voyez-vous, il ne suffit pas de crier : Allons-y tous ense
2429
ssance de but aussi. Voyez-vous, il ne suffit pas
de
crier : Allons-y tous ensemble : il faut encore savoir où l’on va, et
2430
savoir où l’on va, et pourquoi. L’action n’a donc
de
sens qu’en vertu de la pensée qui est derrière elle pour l’inspirer,
2431
ce que son action couronne une longue préparation
de
pensée, et veut réaliser des objectifs bien définis. Derrière son ges
2432
Derrière son geste et son appel, il y a deux ans
de
travail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de
2433
on geste et son appel, il y a deux ans de travail
de
comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et
2434
son appel, il y a deux ans de travail de comités,
de
commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoricie
2435
a deux ans de travail de comités, de commissions,
de
sections et de rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beau
2436
ravail de comités, de commissions, de sections et
de
rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beaucoup de paroles
2437
és, de commissions, de sections et de rapporteur,
de
congrès et de théoriciens ; il y a beaucoup de paroles et beaucoup de
2438
ions, de sections et de rapporteur, de congrès et
de
théoriciens ; il y a beaucoup de paroles et beaucoup de circulaires,
2439
ssionnant tous les jours. Il y a l’immense labeur
de
déblaiement des perspectives, de rassemblement des esprits, de déterm
2440
l’immense labeur de déblaiement des perspectives,
de
rassemblement des esprits, de détermination des objectifs concrets ;
2441
t des perspectives, de rassemblement des esprits,
de
détermination des objectifs concrets ; et tout cela, tout ce travail
2442
nd agir selon les lignes tracées par le Mouvement
européen
. Je n’ai pas eu le temps d’insister sur ce point, qui est tout de mêm
2443
ar le Mouvement européen. Je n’ai pas eu le temps
d’
insister sur ce point, qui est tout de même de première importance. Le
2444
mps d’insister sur ce point, qui est tout de même
de
première importance. Les très nombreuses lettres reçues, ces derniers
2445
ces derniers jours, me prouvent qu’il est urgent
de
dissiper deux malentendus qui se font jour. Tout d’abord, qu’il soit
2446
teur : il n’y a qu’un seul mouvement qui s’occupe
de
l’Europe comme unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l
2447
: il n’y a qu’un seul mouvement qui s’occupe de l’
Europe
comme unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l’Europe s
2448
l mouvement qui s’occupe de l’Europe comme unité,
de
l’Europe et non pas du monde entier, et de l’Europe sous tous ses asp
2449
vement qui s’occupe de l’Europe comme unité, de l’
Europe
et non pas du monde entier, et de l’Europe sous tous ses aspects : c’
2450
unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et
de
l’Europe sous tous ses aspects : c’est le Mouvement européen. On y tr
2451
, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l’
Europe
sous tous ses aspects : c’est le Mouvement européen. On y trouve rass
2452
Europe sous tous ses aspects : c’est le Mouvement
européen
. On y trouve rassemblés, en un comité unique, toutes les organisation
2453
s voudraient être l’avant-garde et le corps franc
de
notre Mouvement. Deuxième malentendu possible : il ne s’agit pas ici
2454
uxième malentendu possible : il ne s’agit pas ici
de
sauver la paix en général, ou l’humanité en général, mais il s’agit u
2455
l’humanité en général, mais il s’agit uniquement
de
militer pour la fédération européenne. Aucun rapport avec Garry Davis
2456
l s’agit uniquement de militer pour la fédération
européenne
. Aucun rapport avec Garry Davis et ses gestes spectaculaires, mais sa
2457
res, mais sans lendemain. La tâche précise, c’est
de
sauver l’Europe d’abord. Non point parce que l’Europe vaut mieux que
2458
ns lendemain. La tâche précise, c’est de sauver l’
Europe
d’abord. Non point parce que l’Europe vaut mieux que l’Asie ou l’Amér
2459
de sauver l’Europe d’abord. Non point parce que l’
Europe
vaut mieux que l’Asie ou l’Amérique, ou parce qu’il n’y en a point co
2460
e corps unique que forme sans doute l’humanité, l’
Europe
se trouve être l’organe à la fois le plus menacé, le plus fragile et
2461
mais que personne ne perde une si belle occasion
de
remettre en question sa vie et son rôle dans un monde menacé. Au revo
2462
Demain l’
Europe
! — Les deux raisons de fédérer l’Europe (13 février 1950) Chers au
2463
Demain l’Europe ! — Les deux raisons
de
fédérer l’Europe (13 février 1950) Chers auditeurs, Ceux d’entre vo
2464
Demain l’Europe ! — Les deux raisons de fédérer l’
Europe
(13 février 1950) Chers auditeurs, Ceux d’entre vous qui me font le
2465
diteurs, Ceux d’entre vous qui me font le plaisir
de
suivre assez régulièrement ma chronique du lundi soir, auront remarqu
2466
ois, un aspect différent du même problème : celui
de
l’union européenne. Je suis loin d’avoir épuisé les questions précise
2467
ect différent du même problème : celui de l’union
européenne
. Je suis loin d’avoir épuisé les questions précises qui se posent dan
2468
blème : celui de l’union européenne. Je suis loin
d’
avoir épuisé les questions précises qui se posent dans les domaines le
2469
e posent dans les domaines les plus divers, car l’
Europe
, c’est très compliqué, et c’est même cette complication (qu’on pourra
2470
corps humain) qui fournit la meilleure définition
de
l’Europe. Cependant, il est bon, parfois, de reprendre le problème da
2471
humain) qui fournit la meilleure définition de l’
Europe
. Cependant, il est bon, parfois, de reprendre le problème dans son en
2472
tion de l’Europe. Cependant, il est bon, parfois,
de
reprendre le problème dans son ensemble. Plusieurs personnes m’ayant
2473
rs personnes m’ayant demandé, ces temps derniers,
de
leur dire en quelques mots : pourquoi faut-il unir l’Europe ? et quel
2474
r dire en quelques mots : pourquoi faut-il unir l’
Europe
? et quels sont les facteurs principaux de cette union ? Je voudrais
2475
l’Europe ? et quels sont les facteurs principaux
de
cette union ? Je voudrais leur répondre sans détour, d’une manière au
2476
te union ? Je voudrais leur répondre sans détour,
d’
une manière aussi simple que possible. À l’origine des fédérations qui
2477
té des divisions intérieures. Selon les cas, l’un
de
ces facteurs est plus actif ou plus puissant que l’autre, mais ils so
2478
ent pour résister à l’Angleterre, pour se libérer
de
son joug, et pour prévenir la menace d’une nouvelle conquête étrangèr
2479
e libérer de son joug, et pour prévenir la menace
d’
une nouvelle conquête étrangère. Tandis que nos cantons suisses ont ét
2480
istantes, que par la constatation claire et nette
de
l’état d’impuissance et de crise où les mettaient leurs divisions éco
2481
que par la constatation claire et nette de l’état
d’
impuissance et de crise où les mettaient leurs divisions économiques,
2482
tation claire et nette de l’état d’impuissance et
de
crise où les mettaient leurs divisions économiques, politiques et mil
2483
rs — la menace extérieure et l’absurdité reconnue
de
nos divisions internes — jouent à plein pour l’Europe, et simultanéme
2484
de nos divisions internes — jouent à plein pour l’
Europe
, et simultanément. Détrônée par la dernière guerre de sa position dom
2485
et simultanément. Détrônée par la dernière guerre
de
sa position dominante dans le monde, l’Europe est devenue le terrain
2486
guerre de sa position dominante dans le monde, l’
Europe
est devenue le terrain de manœuvres de deux empires tout neufs, qui o
2487
te dans le monde, l’Europe est devenue le terrain
de
manœuvres de deux empires tout neufs, qui ont peur l’un de l’autre, e
2488
nde, l’Europe est devenue le terrain de manœuvres
de
deux empires tout neufs, qui ont peur l’un de l’autre, et que mesuren
2489
res de deux empires tout neufs, qui ont peur l’un
de
l’autre, et que mesurent leurs forces sur notre territoire, dans nos
2490
s. Oh, certes ! je pense bien que l’un et l’autre
de
ces empires sont animés des meilleures intentions, et ne veulent que
2491
Les uns nous voudraient heureux, bien nourris et
de
bonne humeur, grands lecteurs de « digests » et buveurs de coca-cola
2492
bien nourris et de bonne humeur, grands lecteurs
de
« digests » et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions de bons
2493
humeur, grands lecteurs de « digests » et buveurs
de
coca-cola : car ainsi nous ferions de bons clients. Les autres nous v
2494
et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions
de
bons clients. Les autres nous voudraient fanatiques et disciplinés, c
2495
fanatiques et disciplinés, car ainsi nous ferions
de
bons citoyens, d’excellents esclaves volontaires. La menace n’est pas
2496
iplinés, car ainsi nous ferions de bons citoyens,
d’
excellents esclaves volontaires. La menace n’est pas la même des deux
2497
ôtés, vous le sentez bien. Il est absolument faux
de
prétendre que nous n’avons plus qu’à choisir entre la peste et le cho
2498
oléra, car en réalité, ce qu’on nous offre, c’est
d’
un côté le sourire obligatoire, de l’autre le travail forcé. Les uns f
2499
us offre, c’est d’un côté le sourire obligatoire,
de
l’autre le travail forcé. Les uns financent notre reconstruction, les
2500
oix. Mais si tout de même nous trouvions le moyen
de
rester des Européens, de rester libres à notre guise, entre nous, dan
2501
out de même nous trouvions le moyen de rester des
Européens
, de rester libres à notre guise, entre nous, dans l’indépendance, cel
2502
nous trouvions le moyen de rester des Européens,
de
rester libres à notre guise, entre nous, dans l’indépendance, cela va
2503
ation, et qui est la prise de conscience générale
de
la stupidité de nos divisions. Ce qui a décidé nos ancêtres à créer u
2504
t la prise de conscience générale de la stupidité
de
nos divisions. Ce qui a décidé nos ancêtres à créer un pouvoir fédéra
2505
ter notre constitution, c’était l’état scandaleux
d’
impuissance où nous mettait la souveraineté jalouse de 25 États minusc
2506
puissance où nous mettait la souveraineté jalouse
de
25 États minuscules, hérissés de barrières et de péages, entravant la
2507
eraineté jalouse de 25 États minuscules, hérissés
de
barrières et de péages, entravant la circulation, sans armée unifiée,
2508
de 25 États minuscules, hérissés de barrières et
de
péages, entravant la circulation, sans armée unifiée, sans marché ass
2509
, nous en sommes exactement au même point, dans l’
Europe
d’aujourd’hui, et c’est aussi stupide, mais plus dangereux qu’alors.
2510
en sommes exactement au même point, dans l’Europe
d’
aujourd’hui, et c’est aussi stupide, mais plus dangereux qu’alors. Les
2511
lus circuler, sur notre continent, qu’à la faveur
d’
une tolérance des fonctionnaires, et d’une espèce de tricherie général
2512
la faveur d’une tolérance des fonctionnaires, et
d’
une espèce de tricherie générale. La preuve, c’est que si les douanier
2513
une tolérance des fonctionnaires, et d’une espèce
de
tricherie générale. La preuve, c’est que si les douaniers décident d’
2514
e. La preuve, c’est que si les douaniers décident
d’
appliquer strictement les règlements, plus personne ne passe une front
2515
tière, le trafic est embouteillé sur des dizaines
de
kilomètres. Et ce n’est là qu’un exemple entre cent de nos routines.
2516
lomètres. Et ce n’est là qu’un exemple entre cent
de
nos routines. Allons-nous continuer longtemps ces jeux puérils, qui n
2517
deux ans, nous serons sans doute à la merci soit
d’
une police totalitaire, soit des experts d’une commission d’achat qui
2518
i soit d’une police totalitaire, soit des experts
d’
une commission d’achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voi
2519
ce totalitaire, soit des experts d’une commission
d’
achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voilà, me semble-t-i
2520
commission d’achat qui sera le vrai gouvernement
de
nos pays ? Voilà, me semble-t-il, des raisons suffisantes pour justif
2521
, des raisons suffisantes pour justifier l’effort
de
nos fédérateurs, et du Mouvement européen. Je vais les résumer en que
2522
fier l’effort de nos fédérateurs, et du Mouvement
européen
. Je vais les résumer en quelques mots un peu brutaux, mais qui disent
2523
fédéralistes français ont inscrit sur des carnets
de
timbres de propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces j
2524
s français ont inscrit sur des carnets de timbres
de
propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces jours. Le vo
2525
inscrit sur des carnets de timbres de propagande
européenne
, qui seront mis en vente un de ces jours. Le voici : « Européens, féd
2526
propagande européenne, qui seront mis en vente un
de
ces jours. Le voici : « Européens, fédérez-vous pour sauver votre ind
2527
seront mis en vente un de ces jours. Le voici : «
Européens
, fédérez-vous pour sauver votre indépendance ! Si vous ne faites pas
2528
tre indépendance ! Si vous ne faites pas demain l’
Europe
, l’Amérique vous laissera tomber ; et la Russie vous ramassera. » Ce
2529
, certes, n’est pas diplomatique. Il a l’avantage
d’
être clair. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
2530
Demain l’
Europe
! — La guerre impossible (20 février 1950) Chers auditeurs, Je vien
2531
Chers auditeurs, Je viens de recevoir la visite
d’
un journaliste qui débarquait tout droit de la planète Mars, sortant d
2532
visite d’un journaliste qui débarquait tout droit
de
la planète Mars, sortant d’une somptueuse fusée-limousine à l’hydrogè
2533
débarquait tout droit de la planète Mars, sortant
d’
une somptueuse fusée-limousine à l’hydrogène atomique. Il m’a demandé
2534
i se passait sur la Terre, et quel était le sujet
de
conversation le plus général, quand les gens qui se rencontrent ne tr
2535
t j’ai répondu en ces termes : — Les gens parlent
de
tout au monde, de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de l
2536
ces termes : — Les gens parlent de tout au monde,
de
leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou d
2537
Les gens parlent de tout au monde, de leurs amis,
de
leurs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou de leurs dividen
2538
de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement,
de
leurs salaires ou de leurs dividendes, du bébé de Rita Hayworth ou de
2539
rs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou
de
leurs dividendes, du bébé de Rita Hayworth ou des champions du monde
2540
de leurs salaires ou de leurs dividendes, du bébé
de
Rita Hayworth ou des champions du monde de ski, du temps qu’il fait,
2541
u bébé de Rita Hayworth ou des champions du monde
de
ski, du temps qu’il fait, du dernier film, de leurs amours. Mais sans
2542
nde de ski, du temps qu’il fait, du dernier film,
de
leurs amours. Mais sans le savoir, le plus souvent, derrière tout cel
2543
t, derrière tout cela, ils ne parlent au fond que
d’
une seule chose. Ils parlent de leur vie ou de leur mort, c’est-à-dire
2544
arlent au fond que d’une seule chose. Ils parlent
de
leur vie ou de leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond, de la
2545
que d’une seule chose. Ils parlent de leur vie ou
de
leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond, de la guerre qui vie
2546
leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond,
de
la guerre qui vient ou qui ne viendra pas. L’idée de la guerre possib
2547
la guerre qui vient ou qui ne viendra pas. L’idée
de
la guerre possible est devenue l’arrière-plan de tous nos projets dan
2548
de la guerre possible est devenue l’arrière-plan
de
tous nos projets dans ce siècle. — Qu’est-ce que la guerre ? m’a dema
2549
e la guerre ? m’a demandé le journaliste débarqué
de
la planète Mars. Je me suis senti assez embarrassé. J’avais peut-être
2550
r les humains qui peuplent notre Terre. J’ai fait
de
mon mieux, j’ai dit ceci. — Autrefois, il y avait des nations, représ
2551
ntées par des rois ou des princes, qui décidaient
de
prendre un morceau de la nation voisine, ou de lui rabattre le caquet
2552
des princes, qui décidaient de prendre un morceau
de
la nation voisine, ou de lui rabattre le caquet. On formait alors une
2553
nt de prendre un morceau de la nation voisine, ou
de
lui rabattre le caquet. On formait alors une armée composée de gens q
2554
re le caquet. On formait alors une armée composée
de
gens qu’on payait pour cela, et le jeu consistait à tuer les soldats
2555
our cela, et le jeu consistait à tuer les soldats
de
l’armée ennemie, après quoi l’on s’appropriait les territoires ou les
2556
ution française, qui transforma les règles du jeu
de
la guerre. À partir de ce moment-là, faire la guerre au voisin ne sig
2557
signifiait plus seulement battre sa petite armée
de
mercenaires, mais aussi lui imposer un régime politique dont il n’ava
2558
éon apporta le système jacobin à tous les peuples
de
l’Europe, sur la pointe de ses baïonnettes. À cette époque, toutefois
2559
pporta le système jacobin à tous les peuples de l’
Europe
, sur la pointe de ses baïonnettes. À cette époque, toutefois, on se b
2560
bin à tous les peuples de l’Europe, sur la pointe
de
ses baïonnettes. À cette époque, toutefois, on se bornait encore à fa
2561
renait son cours normal ; le vainqueur s’emparait
d’
un pays bien vivant. Au xx e siècle, nous avons fait d’immenses progrè
2562
pays bien vivant. Au xx e siècle, nous avons fait
d’
immenses progrès. La guerre est devenue totale, et cela veut dire : qu
2563
mines, tous sont mobilisés, c’est-à-dire obligés
de
travailler non plus pour la conquête du voisin, mais pour sa destruct
2564
sible totale. Car, en effet, si toutes les forces
d’
un pays participent maintenant à la guerre, on ne peut gagner qu’en le
2565
ulte logiquement qu’on ne peut plus s’emparer que
d’
une nation morte. On ne peut donc plus gagner une guerre, à proprement
2566
mène encore plus grave. C’est qu’on ne peut plus,
de
nos jours, changer le régime de la nation vaincue en changeant simple
2567
’on ne peut plus, de nos jours, changer le régime
de
la nation vaincue en changeant simplement le gouvernement. Car les ré
2568
les réflexes, dans les nerfs, dans l’inconscient
de
tous et de chacun. Il faudrait donc exterminer un peuple, ou le réédu
2569
es, dans les nerfs, dans l’inconscient de tous et
de
chacun. Il faudrait donc exterminer un peuple, ou le rééduquer totale
2570
cas, c’est un très gros travail. Prenez l’exemple
de
l’Allemagne hitlérienne. Les Américains, dans leur zone, ont eu sur l
2571
les bras, depuis l’armistice, quelque 20 millions
d’
Allemands qui venaient de subir 12 ans de régime nazi. Douze ans seule
2572
millions d’Allemands qui venaient de subir 12 ans
de
régime nazi. Douze ans seulement, c’est-à-dire à peine une demi-génér
2573
m’ont dit souvent : Il y a dans notre zone autant
de
nazis qu’en 1945, il n’y a qu’Hitler en moins, nous avons donc échoué
2574
-il encore avoir un sens ? Au lieu de 20 millions
d’
endoctrinés, les Américains cette fois-ci auraient sur les bras 200 mi
2575
cette fois-ci auraient sur les bras 200 millions
d’
hommes, de femmes et d’enfants formés par le régime depuis plus de 30
2576
s-ci auraient sur les bras 200 millions d’hommes,
de
femmes et d’enfants formés par le régime depuis plus de 30 ans, 200 m
2577
sur les bras 200 millions d’hommes, de femmes et
d’
enfants formés par le régime depuis plus de 30 ans, 200 millions qui n
2578
mes et d’enfants formés par le régime depuis plus
de
30 ans, 200 millions qui ne savent rien de la démocratie occidentale,
2579
s plus de 30 ans, 200 millions qui ne savent rien
de
la démocratie occidentale, qui lui sont totalement imperméables, par
2580
u, ni même envisagé, que je sache, les conditions
d’
une victoire praticable. Et le même raisonnement vaudrait, en sens inv
2581
n moins évident que dans ce conflit sans issue, l’
Europe
serait anéantie, et sans bénéfice pour personne, totalement détruite
2582
Le problème du siècle est donc simple : Il s’agit
d’
empêcher la guerre, et cela non point au nom du pacifisme, le pacifism
2583
ue proposez-vous ? me dit le journaliste descendu
de
la planète Mars. — Je propose de constituer une puissance qui s’inter
2584
naliste descendu de la planète Mars. — Je propose
de
constituer une puissance qui s’interpose entre les Russes et les Amér
2585
ains, une puissance qui s’affirme indépendante, l’
Europe
unie, armée et neutre. De quoi faire réfléchir les 2 blocs. — C’est r
2586
rme indépendante, l’Europe unie, armée et neutre.
De
quoi faire réfléchir les 2 blocs. — C’est raisonnable, conclut le jou
2587
sonnable, conclut le journaliste. Mais les hommes
de
la Terre sont un peu fous. Ceux de l’Europe se laisseront-ils convain
2588
ais les hommes de la Terre sont un peu fous. Ceux
de
l’Europe se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux de vos procha
2589
es hommes de la Terre sont un peu fous. Ceux de l’
Europe
se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux de vos prochaines émis
2590
pe se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux
de
vos prochaines émissions. Au revoir donc, à lundi prochain !
2591
Demain l’
Europe
! — Après les élections anglaises (27 février 1950) Chers auditeurs
2592
évrier 1950) Chers auditeurs, Je m’étais promis
de
vous parler ce soir du problème que pose l’Angleterre, dans ses relat
2593
que pose l’Angleterre, dans ses relations avec l’
Europe
, au lendemain des élections. Eh bien, je n’en sais pas beaucoup plus
2594
e j’ai pu faire, depuis longtemps, sur l’attitude
de
ces Européens qui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc de d
2595
pu faire, depuis longtemps, sur l’attitude de ces
Européens
qui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc de dissiper un peu
2596
ui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc
de
dissiper un peu les brouillards londoniens dont ils enveloppent leurs
2597
ertitudes. Depuis deux ans, il est devenu courant
d’
accuser l’Angleterre et ses chefs de freiner les efforts d’union europ
2598
evenu courant d’accuser l’Angleterre et ses chefs
de
freiner les efforts d’union européenne. On a même parlé de sabotage.
2599
l’Angleterre et ses chefs de freiner les efforts
d’
union européenne. On a même parlé de sabotage. Quels sont les faits ?
2600
terre et ses chefs de freiner les efforts d’union
européenne
. On a même parlé de sabotage. Quels sont les faits ? Le premier fait,
2601
r les efforts d’union européenne. On a même parlé
de
sabotage. Quels sont les faits ? Le premier fait, c’est que Churchill
2602
, c’est que Churchill fut le premier homme d’État
de
grand calibre qui osât parler d’unir l’Europe, au lendemain même de l
2603
ier homme d’État de grand calibre qui osât parler
d’
unir l’Europe, au lendemain même de la guerre. On se rappelle son disc
2604
d’État de grand calibre qui osât parler d’unir l’
Europe
, au lendemain même de la guerre. On se rappelle son discours de Zuric
2605
ui osât parler d’unir l’Europe, au lendemain même
de
la guerre. On se rappelle son discours de Zurich, en septembre 1946.
2606
in même de la guerre. On se rappelle son discours
de
Zurich, en septembre 1946. Il demandait que la France et l’Allemagne
2607
llemagne se tendent la main, pour amorcer l’union
de
notre continent. À vrai dire, si l’on relit son discours, on s’aperço
2608
, peu de temps après, un mouvement anglais pour l’
Europe
. Et d’accord avec les fédéralistes, qui l’avaient largement précédé d
2609
t précédé dans cette voie, il convoqua le congrès
de
La Haye, d’où devait sortir notre Mouvement européen. Mais Churchill
2610
ns cette voie, il convoqua le congrès de La Haye,
d’
où devait sortir notre Mouvement européen. Mais Churchill n’engageait
2611
ès de La Haye, d’où devait sortir notre Mouvement
européen
. Mais Churchill n’engageait que lui-même et refusait encore le mot fé
2612
ncore le mot fédération. Il était au surplus chef
de
l’opposition. Que pensait son gouvernement ? M. Bevin tenait de son c
2613
n. Que pensait son gouvernement ? M. Bevin tenait
de
son côté de beaux discours. Il déclarait, devant la Chambre des commu
2614
it son gouvernement ? M. Bevin tenait de son côté
de
beaux discours. Il déclarait, devant la Chambre des communes, qu’il é
2615
orte quel pays du monde, sans passeport ni permis
de
devises. Mais quand le Mouvement européen proposa de convoquer le Con
2616
ort ni permis de devises. Mais quand le Mouvement
européen
proposa de convoquer le Conseil de l’Europe, M. Bevin opposa son veto
2617
devises. Mais quand le Mouvement européen proposa
de
convoquer le Conseil de l’Europe, M. Bevin opposa son veto. Le Consei
2618
sque toutes les recommandations issues des débats
de
Strasbourg, contribuant ainsi plus que tout autre à rendre vaines ces
2619
ndonien n’en est pas éclairci. Essayons cependant
de
distinguer les motifs de ces deux attitudes — celle de Churchill et c
2620
irci. Essayons cependant de distinguer les motifs
de
ces deux attitudes — celle de Churchill et celle de son grand adversa
2621
stinguer les motifs de ces deux attitudes — celle
de
Churchill et celle de son grand adversaire — si curieusement apparent
2622
ces deux attitudes — celle de Churchill et celle
de
son grand adversaire — si curieusement apparentées en fait. On a dit
2623
entées en fait. On a dit que Bevin s’opposait à l’
Europe
parce que c’était une idée de Churchill. Écartons cette raison un peu
2624
s’opposait à l’Europe parce que c’était une idée
de
Churchill. Écartons cette raison un peu puérile, et peu digne d’un ho
2625
cartons cette raison un peu puérile, et peu digne
d’
un homme d’État. M. Bevin avait deux arguments bien plus sérieux. Le p
2626
Le second, l’expérience socialiste qu’il tentait
de
réussir dans son île, en vase clos. Pendant longtemps, les Anglais no
2627
Anglais nous ont dit : nous serions bien d’accord
de
faire l’Europe, mais nous pensons d’abord à notre empire, aux dominio
2628
s ont dit : nous serions bien d’accord de faire l’
Europe
, mais nous pensons d’abord à notre empire, aux dominions avec lesquel
2629
m de l’Afrique du Sud, et par le Premier ministre
d’
Australie : ils étaient chaleureux et enthousiastes. Mais ils ne figur
2630
lth n’était en rien contradictoire avec une union
de
l’Europe. Reste donc l’argument des travaillistes anglais. Comment vo
2631
’était en rien contradictoire avec une union de l’
Europe
. Reste donc l’argument des travaillistes anglais. Comment voulez-vous
2632
ils, que nous puissions ouvrir nos frontières à l’
Europe
, en pleine expérience socialiste ? Nous n’avons pas confiance dans la
2633
nd vous serez tous socialistes, on verra ! Mais l’
Europe
, en réalité, ne va pas vers le socialisme. Une grande partie du conti
2634
de socialisme, elle ne sera pas seulement séparée
de
l’Europe, mais aussi des États-Unis, et bien plus : de ses propres do
2635
cialisme, elle ne sera pas seulement séparée de l’
Europe
, mais aussi des États-Unis, et bien plus : de ses propres dominions,
2636
Europe, mais aussi des États-Unis, et bien plus :
de
ses propres dominions, qui sont tous revenus au système libéral. Enfi
2637
revenus au système libéral. Enfin, les élections
de
la semaine dernière font apparaître un fait nouveau : c’est que l’exp
2638
, le Parti travailliste n’a réuni que 13 millions
de
voix, tandis que les autres partis totalisent plus de 15 millions. Sa
2639
oix, tandis que les autres partis totalisent plus
de
15 millions. Sans juger un instant de la valeur de cette expérience s
2640
lisent plus de 15 millions. Sans juger un instant
de
la valeur de cette expérience socialiste, il faut avouer que l’argume
2641
e 15 millions. Sans juger un instant de la valeur
de
cette expérience socialiste, il faut avouer que l’argument qu’on en t
2642
n en tire contre la participation des Anglais à l’
Europe
unie repose sur une base bien fragile. L’argument qui était fort dang
2643
der sur lui une politique anglaise à l’égard de l’
Europe
. Quelles conclusions nous faudrait-il tirer de cette analyse ? Je dir
2644
urope. Quelles conclusions nous faudrait-il tirer
de
cette analyse ? Je dirais qu’à mon sens, les principales raisons que
2645
uvaient avoir les Anglais pour se tenir à l’écart
de
l’Europe, sont désormais caduques, ou tout au moins très affaiblies.
2646
nt avoir les Anglais pour se tenir à l’écart de l’
Europe
, sont désormais caduques, ou tout au moins très affaiblies. Les domin
2647
les deux grands prétextes, les deux grands motifs
de
méfiance derrière lesquels se réfugiait M. Bevin, fortement ébranlés,
2648
ation plus franche et plus active des Anglais à l’
Europe
unie. En attendant qu’ils aient pris le temps d’y réfléchir, travaill
2649
ope unie. En attendant qu’ils aient pris le temps
d’
y réfléchir, travaillons ferme sur le continent, entre Allemands et Fr
2650
mands et Français surtout. Si nous créons ce cœur
de
la fédération, je vois des chances désormais fort accrues pour que l’
2651
Demain l’
Europe
! — Neutralité européenne (6 mars 1950) Chers auditeurs ! L’année d
2652
Demain l’Europe ! — Neutralité
européenne
(6 mars 1950) Chers auditeurs ! L’année dernière, à plusieurs repri
2653
ses, j’ai abordé dans cette chronique la question
de
la neutralité européenne. Je proposais d’étendre à l’Europe tout enti
2654
dans cette chronique la question de la neutralité
européenne
. Je proposais d’étendre à l’Europe tout entière le statut actuel de l
2655
uestion de la neutralité européenne. Je proposais
d’
étendre à l’Europe tout entière le statut actuel de la Suisse : fédéré
2656
neutralité européenne. Je proposais d’étendre à l’
Europe
tout entière le statut actuel de la Suisse : fédérée, neutre, et armé
2657
’étendre à l’Europe tout entière le statut actuel
de
la Suisse : fédérée, neutre, et armée. Mes dernières émissions sur ce
2658
ve était celui-ci : on a cru que je proposais à l’
Europe
de se retirer purement et simplement de la grande bagarre entre l’Est
2659
t celui-ci : on a cru que je proposais à l’Europe
de
se retirer purement et simplement de la grande bagarre entre l’Est et
2660
s à l’Europe de se retirer purement et simplement
de
la grande bagarre entre l’Est et l’Ouest, et de se réfugier derrière
2661
t de la grande bagarre entre l’Est et l’Ouest, et
de
se réfugier derrière une simple déclaration pacifiste. Et l’on m’a di
2662
effet, le journal qui passe pour le plus sérieux
de
Paris, Le Monde , a repris l’idée d’une Europe neutre, dans un édito
2663
lus sérieux de Paris, Le Monde , a repris l’idée
d’
une Europe neutre, dans un éditorial qui a fait beaucoup de bruit. De
2664
rieux de Paris, Le Monde , a repris l’idée d’une
Europe
neutre, dans un éditorial qui a fait beaucoup de bruit. De son côté,
2665
, dans un éditorial qui a fait beaucoup de bruit.
De
son côté, le non moins sérieux Times, de Londres, écrivait prudemment
2666
e bruit. De son côté, le non moins sérieux Times,
de
Londres, écrivait prudemment, et je cite : « Il n’est pas nécessaire
2667
n deux camps rigidement hostiles… et il peut être
de
l’intérêt des deux parties que certaines régions aient la certitude d
2668
parties que certaines régions aient la certitude
de
conserver une sorte de neutralité. » Les réactions de la presse ont é
2669
régions aient la certitude de conserver une sorte
de
neutralité. » Les réactions de la presse ont été vives et immédiates,
2670
onserver une sorte de neutralité. » Les réactions
de
la presse ont été vives et immédiates, dans toute l’Europe et aux Éta
2671
presse ont été vives et immédiates, dans toute l’
Europe
et aux États-Unis. On s’est écrié avec indignation que le moment étai
2672
nation que le moment était mal choisi pour parler
de
neutralité, alors que l’Amérique commençait justement à réarmer nos p
2673
ustement à réarmer nos pays ; qu’il était absurde
de
penser que la volonté de neutralité suffirait à protéger le continent
2674
ys ; qu’il était absurde de penser que la volonté
de
neutralité suffirait à protéger le continent, alors qu’elle n’avait p
2675
ni la Norvège ; et qu’enfin il n’était pas digne
de
dire aux Américains : « Vous nous avez aidés, merci beaucoup, et main
2676
le des deux Grands n’est pas nécessairement celle
de
l’Europe, et ils n’ont pas tort ; tandis que les autres, comme Raymon
2677
s deux Grands n’est pas nécessairement celle de l’
Europe
, et ils n’ont pas tort ; tandis que les autres, comme Raymond Aron, o
2678
’essentiel. Ils ont oublié la condition préalable
de
toute neutralité européenne qui serait la fédération de l’Europe. En
2679
oublié la condition préalable de toute neutralité
européenne
qui serait la fédération de l’Europe. En effet, si l’Europe n’est pas
2680
te neutralité européenne qui serait la fédération
de
l’Europe. En effet, si l’Europe n’est pas unie, on ne voit pas commen
2681
utralité européenne qui serait la fédération de l’
Europe
. En effet, si l’Europe n’est pas unie, on ne voit pas comment elle po
2682
serait la fédération de l’Europe. En effet, si l’
Europe
n’est pas unie, on ne voit pas comment elle pourrait se déclarer neut
2683
uvernement fédéral du continent aurait le pouvoir
de
prendre une telle décision et de la proclamer. Il est donc absurde de
2684
urait le pouvoir de prendre une telle décision et
de
la proclamer. Il est donc absurde de parler de neutralité si l’on ne
2685
décision et de la proclamer. Il est donc absurde
de
parler de neutralité si l’on ne veut pas d’abord et sans réserve la f
2686
et de la proclamer. Il est donc absurde de parler
de
neutralité si l’on ne veut pas d’abord et sans réserve la fédération.
2687
énéralement répandue, que neutralité est synonyme
de
démission et d’impuissance, surtout dans le domaine militaire. Ce ne
2688
ndue, que neutralité est synonyme de démission et
d’
impuissance, surtout dans le domaine militaire. Ce ne sont pas les déc
2689
omaine militaire. Ce ne sont pas les déclarations
de
nos juristes qui arrêteront les chars et les avions, remarquent-ils a
2690
i vient de dire son fait au doux rêveur. Dialogue
de
sourds, en vérité, je dirai même : histoire de fous. Car primo, il es
2691
ue de sourds, en vérité, je dirai même : histoire
de
fous. Car primo, il est pratiquement impossible de déclarer l’Europe
2692
e fous. Car primo, il est pratiquement impossible
de
déclarer l’Europe neutre, si cette Europe n’est pas tout d’abord fédé
2693
imo, il est pratiquement impossible de déclarer l’
Europe
neutre, si cette Europe n’est pas tout d’abord fédérée, si elle n’a p
2694
impossible de déclarer l’Europe neutre, si cette
Europe
n’est pas tout d’abord fédérée, si elle n’a pas un gouvernement capab
2695
fédérée, si elle n’a pas un gouvernement capable
de
parler en son nom ; et secundo, une Europe fédérée sera seule en mesu
2696
nt capable de parler en son nom ; et secundo, une
Europe
fédérée sera seule en mesure de se défendre, c’est-à-dire de créer un
2697
secundo, une Europe fédérée sera seule en mesure
de
se défendre, c’est-à-dire de créer une force armée puissante. Nos pet
2698
sera seule en mesure de se défendre, c’est-à-dire
de
créer une force armée puissante. Nos petites armées nationales, même
2699
sante. Nos petites armées nationales, même dotées
de
surplus américains, seraient tout juste bonnes à se faire anéantir pl
2700
émission, mais au contraire une fière affirmation
d’
indépendance. Voilà qui me paraît simple à concevoir, évident, et irré
2701
que tant de journaux importants, et pompeux, tant
d’
excellents esprits en France, en Angleterre et aux États-Unis, se ferm
2702
tats-Unis, se ferment à ces évidences. Et je suis
d’
autant plus heureux de pouvoir vous citer trois opinions qui tranchent
2703
à ces évidences. Et je suis d’autant plus heureux
de
pouvoir vous citer trois opinions qui tranchent sur l’aveuglement gén
2704
Gazzetta del Popolo, qui écrit : « La neutralité
de
l’Europe ne peut être que la conquête d’une Europe unie. » C’est ensu
2705
etta del Popolo, qui écrit : « La neutralité de l’
Europe
ne peut être que la conquête d’une Europe unie. » C’est ensuite M. Re
2706
utralité de l’Europe ne peut être que la conquête
d’
une Europe unie. » C’est ensuite M. René Payot, qui écrit dans le Jou
2707
té de l’Europe ne peut être que la conquête d’une
Europe
unie. » C’est ensuite M. René Payot, qui écrit dans le Journal de Ge
2708
ensuite M. René Payot, qui écrit dans le Journal
de
Genève : « L’Europe aura le droit de se proclamer neutre le jour où
2709
ayot, qui écrit dans le Journal de Genève : « L’
Europe
aura le droit de se proclamer neutre le jour où elle sera consolidée
2710
le Journal de Genève : « L’Europe aura le droit
de
se proclamer neutre le jour où elle sera consolidée et forte, et que
2711
alculs avec son potentiel militaire et sa volonté
de
résistance. » Et c’est enfin le grand chroniqueur américain Walter Li
2712
iqueur américain Walter Lippmann, qui ne voit pas
d’
autre solution à la crise actuelle que dans la formation d’une troisiè
2713
olution à la crise actuelle que dans la formation
d’
une troisième force européenne neutre et armée, et reconnue comme tell
2714
uelle que dans la formation d’une troisième force
européenne
neutre et armée, et reconnue comme telle par les deux autres. Je me r
2715
plein depuis un mois pour ou contre la neutralité
de
l’Europe n’a malheureusement aucun sens, si l’on n’admet pas tout d’a
2716
depuis un mois pour ou contre la neutralité de l’
Europe
n’a malheureusement aucun sens, si l’on n’admet pas tout d’abord que
2717
ucun sens, si l’on n’admet pas tout d’abord que l’
Europe
doit se fédérer, et que seule une Europe fédérée pourra s’armer d’une
2718
rd que l’Europe doit se fédérer, et que seule une
Europe
fédérée pourra s’armer d’une manière efficace, pour sa défense. Mais
2719
r, et que seule une Europe fédérée pourra s’armer
d’
une manière efficace, pour sa défense. Mais le temps presse hélas, et
2720
se. Mais le temps presse hélas, et l’on s’indigne
de
voir le temps perdu en discussions stupides. Fédérez-vous, ou taisez-
2721
s. Fédérez-vous, ou taisez-vous ! serait-on tenté
de
dire à ces messieurs. On leur conseille, plus poliment, de réfléchir
2722
ces messieurs. On leur conseille, plus poliment,
de
réfléchir encore ou de parler d’autre chose. On leur dit comme à vous
2723
conseille, plus poliment, de réfléchir encore ou
de
parler d’autre chose. On leur dit comme à vous, chers auditeurs : au
2724
, plus poliment, de réfléchir encore ou de parler
d’
autre chose. On leur dit comme à vous, chers auditeurs : au revoir, à
2725
Demain l’
Europe
! — L’Europe n’est pas pour « demain » (13 mars 1950) Chers auditeu
2726
Demain l’Europe ! — L’
Europe
n’est pas pour « demain » (13 mars 1950) Chers auditeurs, L’un d’en
2727
auditeurs, L’un d’entre vous, qui a pris la peine
de
m’écrire une belle lettre pour me faire part de sa trouvaille, rappro
2728
e de m’écrire une belle lettre pour me faire part
de
sa trouvaille, rapproche le titre de ma chronique « Demain l’Europe »
2729
e faire part de sa trouvaille, rapproche le titre
de
ma chronique « Demain l’Europe » d’une plaisanterie que tous les enfa
2730
le, rapproche le titre de ma chronique « Demain l’
Europe
» d’une plaisanterie que tous les enfants connaissent : « Demain, on
2731
oche le titre de ma chronique « Demain l’Europe »
d’
une plaisanterie que tous les enfants connaissent : « Demain, on raser
2732
n, on rasera gratis ! » Je ne sais si la remarque
de
mon correspondant traduit une impatience légitime, ou simplement une
2733
ue le mot demain, dans toutes nos langues, a plus
d’
un sens, ou que son sens est élastique. Demain peut signifier : après
2734
e humain. » Enfin, lorsque je vous dis : Demain l’
Europe
! — il s’agit moins d’une prophétie que d’un appel. Je n’annonce pas
2735
je vous dis : Demain l’Europe ! — il s’agit moins
d’
une prophétie que d’un appel. Je n’annonce pas quelque chose de certai
2736
l’Europe ! — il s’agit moins d’une prophétie que
d’
un appel. Je n’annonce pas quelque chose de certain, mais j’invoque un
2737
ie que d’un appel. Je n’annonce pas quelque chose
de
certain, mais j’invoque un espoir, le seul. Toute la question, c’est
2738
oque un espoir, le seul. Toute la question, c’est
de
savoir dans quel délai nous arriverons à ce demain. Je répondrai : de
2739
ns à ce demain. Je répondrai : demain, pour notre
Europe
, doit signifier avant 1952, qui est la date de la fin du plan Marshal
2740
urope, doit signifier avant 1952, qui est la date
de
la fin du plan Marshall. À ce moment-là, si nous ne sommes pas arrivé
2741
l’alternative est la suivante : ce sera demain l’
Europe
, ou après-demain la Bombe. Quelles sont donc aujourd’hui nos chances
2742
rrive tous les jours, et plusieurs fois par jour,
de
rencontrer des gens qui me disent : « Eh bien, et votre Europe, comme
2743
trer des gens qui me disent : « Eh bien, et votre
Europe
, comment va-t-elle ? » Ces temps-ci, je voudrais leur répondre comme
2744
t allez-vous ? » — « Très mal merci ! » disait-il
d’
une voix ferme. L’Europe va mal, c’est évident, vous n’avez qu’à lire
2745
Très mal merci ! » disait-il d’une voix ferme. L’
Europe
va mal, c’est évident, vous n’avez qu’à lire un journal. Les quatre g
2746
quatre grands pays qui constituent les deux tiers
de
sa population sont en crise gouvernementale, ou en crise sociale, et
2747
ernementale, ou en crise sociale, et s’approchent
de
la crise économique. En Italie, M. de Gasperi ne s’est assuré une lég
2748
suré une légère majorité qu’après six replâtrages
de
son cabinet, et l’agitation sociale grandit. La France n’est pas dans
2749
eilleure situation. En Allemagne, le gouvernement
de
Bonn cherche encore ses bases politiques. À Londres, enfin, le cabine
2750
enfin, le cabinet travailliste, avec sa majorité
de
6 voix, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques t
2751
liste, avec sa majorité de 6 voix, est à la merci
de
quelques rhumes de cerveau ou de quelques trains manqués. Quant aux p
2752
rité de 6 voix, est à la merci de quelques rhumes
de
cerveau ou de quelques trains manqués. Quant aux petits pays, plus so
2753
, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou
de
quelques trains manqués. Quant aux petits pays, plus solides, on ne l
2754
oses ne vont pas mieux. L’Organisation économique
de
coopération européenne, l’OECE, a dû reconnaître son échec, par la vo
2755
s mieux. L’Organisation économique de coopération
européenne
, l’OECE, a dû reconnaître son échec, par la voix même de son secrétai
2756
ECE, a dû reconnaître son échec, par la voix même
de
son secrétaire général, M. Marjolin. Personne ne sait comment, d’ici
2757
ils n’y parviennent pas, ce sera demain non pas l’
Europe
, mais la misère. Le Conseil de l’Europe, à Strasbourg, paraît entré e
2758
entré en pleine léthargie hivernale. Certes, deux
de
ses commissions travaillent en silence et presque en secret, malgré l
2759
Mais l’Assemblée ne se réunira pas avant le mois
de
juillet, et il lui reste encore à conquérir le minimum de pouvoir néc
2760
et, et il lui reste encore à conquérir le minimum
de
pouvoir nécessaire pour légiférer… Quant à l’opinion publique : la fa
2761
la majorité, dort à poings fermés et se contente
de
grogner vaguement quand on essaye de lui parler. On se demande en vér
2762
se contente de grogner vaguement quand on essaye
de
lui parler. On se demande en vérité ce qui pourra bien la réveiller,
2763
d’un seul coup dans le sommeil définitif. Oui, l’
Europe
va très mal, merci. Elle ne s’unira pas demain matin. Et pourtant il
2764
in matin. Et pourtant il lui reste un court délai
de
grâce : deux ans au plus, je le répète, mais il dépend de nous tous q
2765
: deux ans au plus, je le répète, mais il dépend
de
nous tous que ces deux ans suffisent. Si l’opinion publique prend con
2766
Constituante, ou qu’elle adopte un Pacte fédéral
de
l’Europe. Il se peut que certains hommes d’État aient enfin la sagess
2767
tituante, ou qu’elle adopte un Pacte fédéral de l’
Europe
. Il se peut que certains hommes d’État aient enfin la sagesse de se m
2768
que certains hommes d’État aient enfin la sagesse
de
se montrer hardis, de risquer les grands gestes qu’on attend — comme
2769
État aient enfin la sagesse de se montrer hardis,
de
risquer les grands gestes qu’on attend — comme le chancelier Adenauer
2770
ient de proposer non sans témérité l’union totale
de
l’Allemagne et de la France : ce serait la seule solution d’un problè
2771
on sans témérité l’union totale de l’Allemagne et
de
la France : ce serait la seule solution d’un problème qui a causé jus
2772
gne et de la France : ce serait la seule solution
d’
un problème qui a causé jusqu’ici des millions de morts. Mais déjà les
2773
d’un problème qui a causé jusqu’ici des millions
de
morts. Mais déjà les sceptiques ricanent, tandis que la presse, décon
2774
a rend pas toujours folle, il se contente parfois
de
la livrer aux prudents et aux petits malins. L’Europe va mal, le seul
2775
de la livrer aux prudents et aux petits malins. L’
Europe
va mal, le seul moyen de salut, c’est tout d’abord de voir les faits
2776
aux petits malins. L’Europe va mal, le seul moyen
de
salut, c’est tout d’abord de voir les faits — et c’est ensuite de ref
2777
a mal, le seul moyen de salut, c’est tout d’abord
de
voir les faits — et c’est ensuite de refuser la fatalité de ces faits
2778
tout d’abord de voir les faits — et c’est ensuite
de
refuser la fatalité de ces faits. Nous jouerons notre sort l’été proc
2779
s faits — et c’est ensuite de refuser la fatalité
de
ces faits. Nous jouerons notre sort l’été prochain. C’est à l’été que
2780
’été que je pense quand je vous répète : demain l’
Europe
, ou après-demain la Bombe. Au revoir, mes chers auditeurs.
2781
Demain l’
Europe
! — De l’Europe au monde (20 mars 1950) Chers auditeurs, Je suis fr
2782
Demain l’Europe ! —
De
l’Europe au monde (20 mars 1950) Chers auditeurs, Je suis frappé —
2783
Demain l’Europe ! — De l’
Europe
au monde (20 mars 1950) Chers auditeurs, Je suis frappé — et très r
2784
diteurs, Je suis frappé — et très reconnaissant —
de
constater que les lettres que vous m’envoyez sont pour la grande majo
2785
envoyez sont pour la grande majorité des messages
d’
adhésion, ou tout au moins d’approbation. Quant aux critiques que cert
2786
ajorité des messages d’adhésion, ou tout au moins
d’
approbation. Quant aux critiques que certains formulent, et que je lis
2787
en deux classes : les uns reprochent au Mouvement
européen
d’aller trop vite en besogne ou de viser trop loin ; d’autres pensent
2788
lasses : les uns reprochent au Mouvement européen
d’
aller trop vite en besogne ou de viser trop loin ; d’autres pensent au
2789
ouvement européen d’aller trop vite en besogne ou
de
viser trop loin ; d’autres pensent au contraire que nous venons trop
2790
de vue que je voudrais examiner ce soir. Le terme
de
fédéralisme désigne en fait plusieurs grands mouvements qui ne diffèr
2791
uvements qui ne diffèrent au fond que par l’ordre
de
grandeur de leurs ambitions immédiates. Les fédéralistes européens so
2792
ne diffèrent au fond que par l’ordre de grandeur
de
leurs ambitions immédiates. Les fédéralistes européens sont, si vous
2793
r de leurs ambitions immédiates. Les fédéralistes
européens
sont, si vous le voulez bien, les moins gourmands : ils seraient cont
2794
bien, les moins gourmands : ils seraient contents
d’
unir pour commencer les quelque 20 pays de notre continent déchiré. Qu
2795
ontents d’unir pour commencer les quelque 20 pays
de
notre continent déchiré. Quant aux fédéralistes mondiaux, disciples o
2796
fédéralistes mondiaux, disciples ou prédécesseurs
de
Garry Davis, ils vont tout de suite aussi loin que possible : rien d’
2797
vont tout de suite aussi loin que possible : rien
d’
autre que la Terre entière ne saurait satisfaire leur appétit. On a pa
2798
r sans retard un parlement commun et des échanges
d’
étudiants pendant les vacances. Entre ces deux extrêmes vient d’appara
2799
ndant les vacances. Entre ces deux extrêmes vient
d’
apparaître une troisième tendance : celle des fédéralistes atlantiques
2800
ques. Ceux-ci estiment, à tort ou à raison, que l’
Europe
est déjà trop petite pour constituer un ensemble viable, mais que le
2801
Chine, refusent absolument et avec colère l’idée
d’
un gouvernement mondial. Ils proposent donc la création d’une union fé
2802
vernement mondial. Ils proposent donc la création
d’
une union fédérale des peuples libres, union qui engloberait les pays
2803
es peuples libres, union qui engloberait les pays
de
l’Europe, le Canada et les États-Unis. Il me paraît utile de fixer ra
2804
uples libres, union qui engloberait les pays de l’
Europe
, le Canada et les États-Unis. Il me paraît utile de fixer rapidement
2805
, le Canada et les États-Unis. Il me paraît utile
de
fixer rapidement la position de notre Mouvement européen devant ces d
2806
l me paraît utile de fixer rapidement la position
de
notre Mouvement européen devant ces deux tendances, la mondialiste et
2807
e fixer rapidement la position de notre Mouvement
européen
devant ces deux tendances, la mondialiste et l’atlantique, afin d’évi
2808
s l’opinion publique, ou même parmi les militants
européens
. Les fédéralistes européens ont adopté dès le début de leur campagne
2809
e parmi les militants européens. Les fédéralistes
européens
ont adopté dès le début de leur campagne le slogan suivant : L’Europe
2810
es fédéralistes européens ont adopté dès le début
de
leur campagne le slogan suivant : L’Europe une dans un monde uni. C’e
2811
s le début de leur campagne le slogan suivant : L’
Europe
une dans un monde uni. C’est dire qu’ils n’ont jamais voulu séparer,
2812
dire qu’ils n’ont jamais voulu séparer, isoler l’
Europe
d’une plus vaste assemblée de peuples, et que bien au contraire, dans
2813
u’ils n’ont jamais voulu séparer, isoler l’Europe
d’
une plus vaste assemblée de peuples, et que bien au contraire, dans le
2814
parer, isoler l’Europe d’une plus vaste assemblée
de
peuples, et que bien au contraire, dans leur pensée, l’Europe unie re
2815
es, et que bien au contraire, dans leur pensée, l’
Europe
unie représenterait la première condition, mais nécessaire, d’une org
2816
senterait la première condition, mais nécessaire,
d’
une organisation fédérale de la Terre. Je vous le répète ici depuis un
2817
ion, mais nécessaire, d’une organisation fédérale
de
la Terre. Je vous le répète ici depuis un an déjà : faire l’Europe, c
2818
Je vous le répète ici depuis un an déjà : faire l’
Europe
, c’est vouloir transformer notre fameux panier de crabes nationaliste
2819
pe, c’est vouloir transformer notre fameux panier
de
crabes nationalistes, source de tant de guerres et de doctrines perve
2820
tre fameux panier de crabes nationalistes, source
de
tant de guerres et de doctrines perverses, en un puissant facteur d’é
2821
rabes nationalistes, source de tant de guerres et
de
doctrines perverses, en un puissant facteur d’équilibre et de paix, c
2822
et de doctrines perverses, en un puissant facteur
d’
équilibre et de paix, capable de prévenir le choc des deux empires qui
2823
perverses, en un puissant facteur d’équilibre et
de
paix, capable de prévenir le choc des deux empires qui se livrent à l
2824
puissant facteur d’équilibre et de paix, capable
de
prévenir le choc des deux empires qui se livrent à la guerre froide.
2825
s et retentissantes. D’une part, une cinquantaine
de
sénateurs et députés américains viennent de déposer une résolution de
2826
ne résolution demandant l’union des États-Unis et
de
l’Europe. D’autre part, le délégué de la France au comité militaire d
2827
solution demandant l’union des États-Unis et de l’
Europe
. D’autre part, le délégué de la France au comité militaire des Nation
2828
ats-Unis et de l’Europe. D’autre part, le délégué
de
la France au comité militaire des Nations unies, le général Billotte,
2829
n de consacrer tous ses efforts à la constitution
de
cette même fédération atlantique. La presse française, et une partie
2830
on atlantique. La presse française, et une partie
de
la presse suisse, ont fait écho, très largement, à l’acte et aux décl
2831
et aux déclarations courageuses et intelligentes
de
ce jeune général français. Que disent les sénateurs américains, et qu
2832
ue dit le général Billotte ? Ils constatent que l’
Europe
ne saurait être défendue, dans son état présent de désunion, que par
2833
e ne saurait être défendue, dans son état présent
de
désunion, que par la force américaine. Ils constatent également que n
2834
plan Marshall. Ils concluent donc à la nécessité
de
compléter l’alliance militaire et les mesures économiques par une vas
2835
union politique, sans s’attarder à la fédération
de
l’Europe seule. L’étape européenne, disent-ils, est dépassée. Moi, je
2836
n politique, sans s’attarder à la fédération de l’
Europe
seule. L’étape européenne, disent-ils, est dépassée. Moi, je veux bie
2837
tarder à la fédération de l’Europe seule. L’étape
européenne
, disent-ils, est dépassée. Moi, je veux bien, je ne m’opposerai jamai
2838
bien, je ne m’opposerai jamais à l’élargissement
de
notre union. Mais j’ai deux remarques à faire, qui me semblent décisi
2839
i me semblent décisives. Premièrement, pour que l’
Europe
puisse s’unir à l’Amérique, il faut qu’elle forme un tout, et qu’elle
2840
il faut qu’elle forme un tout, et qu’elle dispose
d’
un gouvernement capable d’engager tous ses peuples à la fois. Sinon, c
2841
out, et qu’elle dispose d’un gouvernement capable
d’
engager tous ses peuples à la fois. Sinon, ce serait l’alliance du pot
2842
les à la fois. Sinon, ce serait l’alliance du pot
de
terre et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle de satellites
2843
n, ce serait l’alliance du pot de terre et du pot
de
fer, et nous serions réduits au rôle de satellites. Deuxièmement, qui
2844
et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle
de
satellites. Deuxièmement, qui dit fédération dit respect des autonomi
2845
dération dit respect des autonomies dans le cadre
de
l’union. Pour sauver l’autonomie spirituelle de l’Europe, ses mœurs e
2846
e de l’union. Pour sauver l’autonomie spirituelle
de
l’Europe, ses mœurs et son esprit et ses authentiques grandeurs, il n
2847
l’union. Pour sauver l’autonomie spirituelle de l’
Europe
, ses mœurs et son esprit et ses authentiques grandeurs, il nous faut
2848
il nous faut tout d’abord lui restituer le droit
de
parler d’égale à égale avec ses grands voisins. C’est là notre tâche
2849
aut tout d’abord lui restituer le droit de parler
d’
égale à égale avec ses grands voisins. C’est là notre tâche primordial
2850
et personne n’osera dire qu’à cet égard, l’étape
européenne
est dépassée : elle est l’étape de la restauration d’une civilisation
2851
’étape européenne est dépassée : elle est l’étape
de
la restauration d’une civilisation, et par elle, de l’homme même. Je
2852
st dépassée : elle est l’étape de la restauration
d’
une civilisation, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux de vou
2853
la restauration d’une civilisation, et par elle,
de
l’homme même. Je suis heureux de vous dire que ces deux objections, q
2854
on, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux
de
vous dire que ces deux objections, que j’ai pu faire valoir ces derni
2855
valoir ces derniers jours auprès des porte-parole
de
l’union atlantique, sont prises on considération de la manière la plu
2856
l’union atlantique, sont prises on considération
de
la manière la plus sérieuse. Beaucoup de franchise, certains ajusteme
2857
euse. Beaucoup de franchise, certains ajustements
de
langage de part et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de f
2858
oup de franchise, certains ajustements de langage
de
part et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bien
2859
chise, certains ajustements de langage de part et
d’
autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bientôt tous le
2860
et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas,
de
fédérer bientôt tous les fédéralistes, c’est-à-dire d’unir dans l’act
2861
dérer bientôt tous les fédéralistes, c’est-à-dire
d’
unir dans l’action les quelques équipes grâce auxquelles des millions
2862
es quelques équipes grâce auxquelles des millions
de
sceptiques et de découragés seront un jour peut-être, et malgré eux,
2863
es grâce auxquelles des millions de sceptiques et
de
découragés seront un jour peut-être, et malgré eux, sauvés. Au revoir
2864
Demain l’
Europe
! — Deux enquêtes sur l’union (27 mars 1950) Chers auditeurs, L’un
2865
ll, et leur multiplication dans tous les domaines
de
la vie publique, et même privée. Rien de plus naturel, après tout, da
2866
s naturel, après tout, dans une époque qui essaye
d’
être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte de l’opinion publique
2867
oque qui essaye d’être démocratique, c’est-à-dire
de
tenir compte de l’opinion publique ; rien de plus naturel, hélas, aus
2868
d’être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte
de
l’opinion publique ; rien de plus naturel, hélas, aussi, dans une épo
2869
en de plus naturel, hélas, aussi, dans une époque
d’
affaiblissement de la pensée personnelle, où chacun cherche à savoir c
2870
, hélas, aussi, dans une époque d’affaiblissement
de
la pensée personnelle, où chacun cherche à savoir ce que pense le plu
2871
à savoir ce que pense le plus grand nombre, avant
d’
oser affirmer son point de vue. L’union européenne étant l’un des suje
2872
, avant d’oser affirmer son point de vue. L’union
européenne
étant l’un des sujets les plus souvent mentionnés dans la presse, dep
2873
is deux ans, il est normal que les enquêtes sur l’
Europe
se succèdent à un rythme accéléré. Je vous ai déjà parlé de celle qu’
2874
èdent à un rythme accéléré. Je vous ai déjà parlé
de
celle qu’avaient conduite les étudiants de Lausanne, parmi leurs cond
2875
parlé de celle qu’avaient conduite les étudiants
de
Lausanne, parmi leurs condisciples. Elle se poursuit depuis plusieurs
2876
et nous en connaîtrons les résultats vers le mois
de
mai. Aujourd’hui, je vous signalerai deux autres consultations publiq
2877
aucoup plus large, l’une auprès des hommes d’État
européens
, l’autre auprès des lecteurs d’un hebdomadaire à grand tirage. Un gro
2878
mes d’État européens, l’autre auprès des lecteurs
d’
un hebdomadaire à grand tirage. Un groupe de personnalités américaines
2879
teurs d’un hebdomadaire à grand tirage. Un groupe
de
personnalités américaines, qui a formé un comité en faveur de l’union
2880
aines, qui a formé un comité en faveur de l’union
européenne
, a eu l’idée de demander à 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pen
2881
mité en faveur de l’union européenne, a eu l’idée
de
demander à 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient de notre
2882
éenne, a eu l’idée de demander à 50 hommes d’État
de
nos pays ce qu’ils pensaient de notre fédération et des efforts du Co
2883
50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient
de
notre fédération et des efforts du Conseil de l’Europe. Tous ont répo
2884
onseil de l’Europe. Tous ont répondu : présidents
de
la République, présidents du conseil, anciens et futurs ministres, ch
2885
ts du conseil, anciens et futurs ministres, chefs
de
partis ou de fédérations syndicales, tous et partout, sauf dans un se
2886
, anciens et futurs ministres, chefs de partis ou
de
fédérations syndicales, tous et partout, sauf dans un seul pays, la S
2887
parmi les nations. Je ne sais trop s’il y a lieu
de
déplorer cette abstention bernoise, quand je lis les cinquante autres
2888
ommes d’État, dis-je, on reconnaît les signatures
de
quelques-uns de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’obstin
2889
s-je, on reconnaît les signatures de quelques-uns
de
ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’obstination. À lire ce
2890
s de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus
d’
obstination. À lire ces textes parfois sonores, mais plus souvent plat
2891
uvent plats, ou même creux, on ne peut s’empêcher
de
penser : si tous ces messieurs sont d’accord pour faire l’Europe, que
2892
si tous ces messieurs sont d’accord pour faire l’
Europe
, que ne la font-ils, et rondement ? En vérité, bien peu d’entre eux s
2893
ux sacrifices nécessaires. Mais il reste frappant
de
constater que s’ils ne saluent notre union que du bout des lèvres, il
2894
des lèvres, ils se sont cependant sentis obligés
de
la saluer. Retenons cette indication. Nos hommes d’État, liés pour la
2895
cation. Nos hommes d’État, liés pour la plupart à
d’
étroits intérêts nationalistes et partisans, sentent malgré tout que l
2896
s et partisans, sentent malgré tout que l’opinion
de
leur pays veut davantage, réclame l’union, et s’impatiente de sa lent
2897
veut davantage, réclame l’union, et s’impatiente
de
sa lenteur. On en trouvera les confirmations les plus nettes dans la
2898
itiques qui ont parlé, mais les lecteurs, l’homme
de
la rue, et dans tous nos pays, Suisse comprise cette fois-ci. Les con
2899
se comprise cette fois-ci. Les conclusions tirées
de
son enquête par l’hebdomadaire parisien me paraissent dignes d’être c
2900
par l’hebdomadaire parisien me paraissent dignes
d’
être citées et soulignées à votre intention. « Il est probable, écrive
2901
nous lisent ne se doutaient pas que le mouvement
européen
avait des racines si profondes, qu’il n’intéressait pas seulement que
2902
-unanimité, ces réponses révèlent un ardent désir
de
rapprochement entre les peuples libres d’Europe. » Quels sont les pri
2903
t désir de rapprochement entre les peuples libres
d’
Europe. » Quels sont les principaux points d’accord que manifestent le
2904
désir de rapprochement entre les peuples libres d’
Europe
. » Quels sont les principaux points d’accord que manifestent les mill
2905
paux points d’accord que manifestent les milliers
de
réponses reçues par Samedi Soir ? Le journal lui-même en relève quatr
2906
Une majorité très nette se dégage en faveur d’une
Europe
fédérale, laissant à chaque pays une assez large autonomie, et dotée
2907
à chaque pays une assez large autonomie, et dotée
d’
une armée commune. C’est en somme une Europe organisée sur le modèle d
2908
et dotée d’une armée commune. C’est en somme une
Europe
organisée sur le modèle de la Suisse qui paraît souhaitable au plus g
2909
C’est en somme une Europe organisée sur le modèle
de
la Suisse qui paraît souhaitable au plus grand nombre. 2. La plupart
2910
nsent qu’il faut instituer une autorité politique
européenne
, avant de pouvoir agir utilement sur le plan économique. 3. Le Consei
2911
onde voudrait que son Assemblée ait beaucoup plus
de
pouvoir, et son Comité des ministres beaucoup moins. 4. Les rédacteur
2912
é des ministres beaucoup moins. 4. Les rédacteurs
de
l’hebdomadaire français se déclarent frappés « par l’insistance des l
2913
l’insistance des lecteurs à rappeler la nécessité
d’
un réveil de la conscience européenne ». Et ils ajoutent : « Si tous l
2914
des lecteurs à rappeler la nécessité d’un réveil
de
la conscience européenne ». Et ils ajoutent : « Si tous les peuples l
2915
appeler la nécessité d’un réveil de la conscience
européenne
». Et ils ajoutent : « Si tous les peuples libres de l’Europe occiden
2916
». Et ils ajoutent : « Si tous les peuples libres
de
l’Europe occidentale n’arrivent pas à se pénétrer de l’idée qu’ils ap
2917
ils ajoutent : « Si tous les peuples libres de l’
Europe
occidentale n’arrivent pas à se pénétrer de l’idée qu’ils appartienne
2918
l’Europe occidentale n’arrivent pas à se pénétrer
de
l’idée qu’ils appartiennent à une même civilisation, aujourd’hui mena
2919
ation, aujourd’hui menacée, il n’y a aucun espoir
d’
aboutir. S’ils y parviennent, tous les espoirs sont permis. Car ce son
2920
Car ce sont les peuples qui décideront finalement
de
leur sort, en restant inertes, ou en faisant pression sur leurs gouve
2921
pourriez croire que je n’ai fait que citer l’une
de
mes chroniques de l’an dernier… Certes, une hirondelle ne fait pas le
2922
ue je n’ai fait que citer l’une de mes chroniques
de
l’an dernier… Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps, et une
2923
it pas le printemps, et une enquête ne fait pas l’
Europe
, mais il y a de nouveau un peu d’espoir dans l’air. Au revoir, à lund
2924
fait pas l’Europe, mais il y a de nouveau un peu
d’
espoir dans l’air. Au revoir, à lundi prochain !
2925
Demain l’
Europe
! — Les politiciens et l’Europe (3 avril 1950) Chers auditeurs, L’e
2926
Demain l’Europe ! — Les politiciens et l’
Europe
(3 avril 1950) Chers auditeurs, L’expression « faire l’Europe », qu
2927
l 1950) Chers auditeurs, L’expression « faire l’
Europe
», qui est le refrain de mes chroniques, a plus d’un sens. Pour les f
2928
expression « faire l’Europe », qui est le refrain
de
mes chroniques, a plus d’un sens. Pour les fédéralistes, dont je suis
2929
e », qui est le refrain de mes chroniques, a plus
d’
un sens. Pour les fédéralistes, dont je suis, faire l’Europe signifie
2930
ens. Pour les fédéralistes, dont je suis, faire l’
Europe
signifie pratiquement créer sans retard des institutions communes, au
2931
ys. Pour certains ministres au contraire, faire l’
Europe
signifie : dire qu’on veut bien la faire, puisque l’opinion publique
2932
fasse vite, et affirmer surtout qu’il est urgent
d’
attendre, avec une obstination aussi acharnée qu’anglo-saxonne. Pour l
2933
acharnée qu’anglo-saxonne. Pour les uns, faire l’
Europe
, c’est une croisade. Pour les autres, c’est une combinaison diplomati
2934
auver notre culture, nos libertés et le sens même
de
notre vie, pour les autres, c’est réunir des commissions, qui convoqu
2935
meront des bureaux, dont il peut être intéressant
de
faire partie. Ainsi va le monde. Prenons-le comme il est, et demandon
2936
lumière de l’actualité, ce que signifie « faire l’
Europe
» pour un homme comme Winston Churchill, d’une part, et pour le Comit
2937
é l’initiateur et le pionnier du mouvement pour l’
Europe
unie. Ce n’est pas tout à fait exact. M. Churchill s’est fait, s’il m
2938
it exact. M. Churchill s’est fait, s’il me permet
de
le dire, le haut-parleur d’un grand courant d’idées qui circulait dep
2939
fait, s’il me permet de le dire, le haut-parleur
d’
un grand courant d’idées qui circulait depuis longtemps déjà dans les
2940
et de le dire, le haut-parleur d’un grand courant
d’
idées qui circulait depuis longtemps déjà dans les milieux les plus di
2941
eux les plus divers, et parfois les plus éloignés
de
celui de l’homme d’État conservateur. Mais le fait est que, quand cer
2942
lus divers, et parfois les plus éloignés de celui
de
l’homme d’État conservateur. Mais le fait est que, quand certains d’e
2943
ème allemand qu’en intégrant l’Allemagne dans une
Europe
fédérale, le grand public n’entendait rien, certains souriaient, quel
2944
a Chambre des communes, préconisant l’intégration
de
l’Allemagne dans une Europe unie, et tout le monde s’est écrié : voil
2945
préconisant l’intégration de l’Allemagne dans une
Europe
unie, et tout le monde s’est écrié : voilà une idée géniale, voilà en
2946
ité, et qui voit loin !… Mais il n’est pas besoin
de
voir très loin pour voir que le problème allemand est le problème num
2947
ue le problème allemand est le problème numéro un
de
l’Europe actuelle, et qu’il n’a qu’une seule solution : l’Europe unie
2948
problème allemand est le problème numéro un de l’
Europe
actuelle, et qu’il n’a qu’une seule solution : l’Europe unie. Il suff
2949
actuelle, et qu’il n’a qu’une seule solution : l’
Europe
unie. Il suffit de voir ce qui est, dans l’immédiat, et sous nos yeux
2950
qu’une seule solution : l’Europe unie. Il suffit
de
voir ce qui est, dans l’immédiat, et sous nos yeux. L’étonnant, le st
2951
rien vu. La seule nouveauté véritable du discours
de
M. Churchill, c’est qu’il a proposé que l’Angleterre soutienne effect
2952
qui nous a sauvé du fol orgueil allemand, faire l’
Europe
aujourd’hui signifie avant tout réconcilier l’Allemagne avec tout l’O
2953
dans le cadre du Conseil de l’Europe. Il a décidé
d’
inviter la République fédérale de Bonn à venir siéger dans l’Assemblée
2954
ope. Il a décidé d’inviter la République fédérale
de
Bonn à venir siéger dans l’Assemblée consultative, qui doit se réunir
2955
ssemblée consultative, qui doit se réunir au mois
d’
août à Strasbourg, pour sa deuxième session normale. On attend désorma
2956
llemands, très divisés sur cette question à cause
d’
une affaire ridicule. Les Français voudraient que la Sarre entre en mê
2957
es Allemands la veulent allemande, et s’offensent
de
la voir traitée en État libre. Je dis que l’affaire est ridicule, s’a
2958
, puisqu’il est clair que, dans notre fédération,
de
tels problèmes précisément ne se poseraient plus, — et voilà bien pou
2959
et voilà bien pourquoi il faut la faire. Faire l’
Europe
, ce n’est pas seulement réconcilier l’État français et l’État alleman
2960
llemand, mais c’est surtout, et avant tout, faire
de
ces deux pays, et aussi de la Sarre, des cantons sans frontière dans
2961
, et avant tout, faire de ces deux pays, et aussi
de
la Sarre, des cantons sans frontière dans la grande république europé
2962
cantons sans frontière dans la grande république
européenne
. Il s’agit à Strasbourg de dépasser le stade des points d’honneur nat
2963
nde république européenne. Il s’agit à Strasbourg
de
dépasser le stade des points d’honneur nationalistes. Mettre comme co
2964
agit à Strasbourg de dépasser le stade des points
d’
honneur nationalistes. Mettre comme condition à l’entrée de l’Allemagn
2965
nationalistes. Mettre comme condition à l’entrée
de
l’Allemagne dans l’union supranationale une question de nationalisme,
2966
llemagne dans l’union supranationale une question
de
nationalisme, c’est un non-sens dont les politiciens devraient rougir
2967
lemagne entre ou non dans le Conseil de l’Europe.
De
son refus ou de son acceptation dépendra le succès de l’entreprise de
2968
non dans le Conseil de l’Europe. De son refus ou
de
son acceptation dépendra le succès de l’entreprise de Strasbourg. Si
2969
on refus ou de son acceptation dépendra le succès
de
l’entreprise de Strasbourg. Si le Conseil de l’Europe, mis sur pied g
2970
on acceptation dépendra le succès de l’entreprise
de
Strasbourg. Si le Conseil de l’Europe, mis sur pied grâce aux efforts
2971
e l’Europe, mis sur pied grâce aux efforts privés
de
notre Mouvement réussissait à absorber les Allemands dans une vaste u
2972
Demain l’
Europe
! — Les volontaires de Daniel Villey (10 avril 1950) Chers auditeur
2973
Demain l’Europe ! — Les volontaires
de
Daniel Villey (10 avril 1950) Chers auditeurs ! Il y a quelques sem
2974
emaines, à ce micro, je vous lisais deux extraits
d’
un appel que venait de lancer le professeur Daniel Villey, de la facul
2975
que venait de lancer le professeur Daniel Villey,
de
la faculté de droit de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires
2976
lancer le professeur Daniel Villey, de la faculté
de
droit de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires de consacrer d
2977
professeur Daniel Villey, de la faculté de droit
de
Poitiers. Il demandait à quelques volontaires de consacrer deux ans d
2978
de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires
de
consacrer deux ans de leur vie à la lutte pour l’union européenne. Ce
2979
dait à quelques volontaires de consacrer deux ans
de
leur vie à la lutte pour l’union européenne. Ces courts extraits d’un
2980
crer deux ans de leur vie à la lutte pour l’union
européenne
. Ces courts extraits d’une modeste brochure ont suffi pour que 150 de
2981
utte pour l’union européenne. Ces courts extraits
d’
une modeste brochure ont suffi pour que 150 de mes auditeurs de tous â
2982
its d’une modeste brochure ont suffi pour que 150
de
mes auditeurs de tous âges m’écrivent, écrivent aussi au professeur V
2983
brochure ont suffi pour que 150 de mes auditeurs
de
tous âges m’écrivent, écrivent aussi au professeur Villey, demandent
2984
rivent aussi au professeur Villey, demandent plus
de
détails, et souvent même, offrent de faire partie de l’équipe des vol
2985
mandent plus de détails, et souvent même, offrent
de
faire partie de l’équipe des volontaires. Ces lettres me venaient pou
2986
détails, et souvent même, offrent de faire partie
de
l’équipe des volontaires. Ces lettres me venaient pour la plupart de
2987
ur la plupart de Suisse, mais quelques-unes aussi
de
France, ou d’Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestin
2988
de Suisse, mais quelques-unes aussi de France, ou
d’
Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestine — où je ne s
2989
i de France, ou d’Italie ; l’une même était datée
de
Tel-Aviv, en Palestine — où je ne soupçonnais pas que les ondes suiss
2990
i bien écoutées et reçues. Ces nombreuses marques
d’
enthousiasme pour l’initiative de Villey me font un devoir, aujourd’hu
2991
mbreuses marques d’enthousiasme pour l’initiative
de
Villey me font un devoir, aujourd’hui, de vous décrire la suite de ce
2992
tiative de Villey me font un devoir, aujourd’hui,
de
vous décrire la suite de cette belle aventure. Certes, elle en est en
2993
un devoir, aujourd’hui, de vous décrire la suite
de
cette belle aventure. Certes, elle en est encore à ses débuts, mais e
2994
x qu’une promesse. Daniel Villey, sans avoir fait
d’
autre publicité que l’envoi de sa brochure à ceux qui la demandaient —
2995
ey, sans avoir fait d’autre publicité que l’envoi
de
sa brochure à ceux qui la demandaient — à la suite de quelques articl
2996
la demandaient — à la suite de quelques articles
de
Daniel-Rops, de Jules Romains, et de ma chronique — , Villey, donc, a
2997
— à la suite de quelques articles de Daniel-Rops,
de
Jules Romains, et de ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus de 20
2998
ues articles de Daniel-Rops, de Jules Romains, et
de
ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus de 2000 lettres d’adhésion
2999
et de ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus
de
2000 lettres d’adhésion en quelques semaines. Sans secrétaire, aidé s
3000
que — , Villey, donc, a reçu plus de 2000 lettres
d’
adhésion en quelques semaines. Sans secrétaire, aidé seulement par sa
3001
a dépouillé cet énorme courrier, et s’est efforcé
de
répondre à ceux qui le demandaient. Surtout, il a opéré un choix dans
3002
dans ce courrier très disparate. Une cinquantaine
de
jeunes gens et jeunes filles ont été convoqués pour une première renc
3003
remière rencontre à Paris le 12 février. Le texte
de
la convocation avait été rédigé en termes exigeants, afin que puissen
3004
exigeants, afin que puissent se distinguer celles
de
ces bonnes volontés qu’appuyait une solide résolution. Le 17 février,
3005
re, et président du conseil français du Mouvement
européen
, un premier groupe de dix volontaires a prêté un serment solennel, et
3006
français du Mouvement européen, un premier groupe
de
dix volontaires a prêté un serment solennel, et s’est engagé pour deu
3007
et s’est engagé pour deux ans au service exclusif
de
l’unité européenne. Trois autres sont venus s’ajouter au noyau, le 8
3008
gagé pour deux ans au service exclusif de l’unité
européenne
. Trois autres sont venus s’ajouter au noyau, le 8 mars. Au nombre de
3009
nt venus s’ajouter au noyau, le 8 mars. Au nombre
de
ces premiers volontaires, je relève deux étudiants, un secrétaire d’i
3010
ontaires, je relève deux étudiants, un secrétaire
d’
inspection de l’enseignement, un horticulteur, une directrice d’école
3011
relève deux étudiants, un secrétaire d’inspection
de
l’enseignement, un horticulteur, une directrice d’école d’infirmières
3012
e l’enseignement, un horticulteur, une directrice
d’
école d’infirmières, une diplômée en économie politique, une ouvrière
3013
ignement, un horticulteur, une directrice d’école
d’
infirmières, une diplômée en économie politique, une ouvrière de Toulo
3014
une diplômée en économie politique, une ouvrière
de
Toulouse et un voyageur de commerce. Pour l’Europe, ils ont quitté le
3015
olitique, une ouvrière de Toulouse et un voyageur
de
commerce. Pour l’Europe, ils ont quitté leurs familles, interrompu le
3016
re de Toulouse et un voyageur de commerce. Pour l’
Europe
, ils ont quitté leurs familles, interrompu leurs études ou leur carri
3017
études ou leur carrière, accepté tous les risques
d’
une entreprise incertaine et d’une vie dénuée de toute assurance du le
3018
é tous les risques d’une entreprise incertaine et
d’
une vie dénuée de toute assurance du lendemain. Que feront donc ces vo
3019
s d’une entreprise incertaine et d’une vie dénuée
de
toute assurance du lendemain. Que feront donc ces volontaires ? C’est
3020
onc ces volontaires ? C’est ce qu’un grand nombre
de
correspondants ont demandé à Daniel Villey, qui leur répond en ces te
3021
que d’autres ensuite amplifieront. Il faut voler
de
chance en chance. Comment tracer d’avance l’itinéraire d’une telle dé
3022
Il faut voler de chance en chance. Comment tracer
d’
avance l’itinéraire d’une telle démarche ? Pourtant, des objectifs pr
3023
e en chance. Comment tracer d’avance l’itinéraire
d’
une telle démarche ? Pourtant, des objectifs précis sont assignés d’o
3024
rd, ils devront répandre dans toutes les communes
de
France le drapeau de l’Europe, le E vert sur fond blanc, afin qu’il f
3025
dre dans toutes les communes de France le drapeau
de
l’Europe, le E vert sur fond blanc, afin qu’il flotte au fronton des
3026
ans toutes les communes de France le drapeau de l’
Europe
, le E vert sur fond blanc, afin qu’il flotte au fronton des mairies à
3027
rapeau national. Et ils prépareront l’institution
d’
une fête légale de l’Europe, pour le 10 août de chaque année. Ces deux
3028
t ils prépareront l’institution d’une fête légale
de
l’Europe, pour le 10 août de chaque année. Ces deux mesures supposent
3029
prépareront l’institution d’une fête légale de l’
Europe
, pour le 10 août de chaque année. Ces deux mesures supposent une inte
3030
on d’une fête légale de l’Europe, pour le 10 août
de
chaque année. Ces deux mesures supposent une intense propagande dans
3031
les esprits, en France, à accepter l’intégration
de
l’Allemagne dans la fédération, à exiger l’élection directe du Parlem
3032
ération, à exiger l’élection directe du Parlement
européen
, et la création d’un exécutif européen responsable devant ce Parlemen
3033
ion directe du Parlement européen, et la création
d’
un exécutif européen responsable devant ce Parlement. Agiter, réveille
3034
Parlement européen, et la création d’un exécutif
européen
responsable devant ce Parlement. Agiter, réveiller, informer, rendre
3035
r participer, eux aussi, à la croisade. Craignant
de
décevoir tant de bonnes volontés qui s’étaient signalées spontanément
3036
à Villey. Il m’a répondu ceci : son intention est
de
former d’abord sa première équipe pour la France. Un ou deux Suisses
3037
ance. Un ou deux Suisses ont été invités à suivre
de
près l’expérience. Si celle-ci se révèle concluante, il faudra qu’une
3038
èmes, à nos mentalités. Je souhaite que le succès
de
Daniel Villey en France permette une suite rapide chez nous, car je c
3039
gouvernements, laissés à eux-mêmes, sont capables
de
faire, ou plutôt de ne pas faire. C’est ainsi qu’à Strasbourg, tout r
3040
és à eux-mêmes, sont capables de faire, ou plutôt
de
ne pas faire. C’est ainsi qu’à Strasbourg, tout récemment, les minist
3041
t, les ministres du Conseil de l’Europe ont tenté
d’
étouffer le premier projet d’un organisme exécutif européen, en le ren
3042
e l’Europe ont tenté d’étouffer le premier projet
d’
un organisme exécutif européen, en le renvoyant à des sous-commissions
3043
touffer le premier projet d’un organisme exécutif
européen
, en le renvoyant à des sous-commissions d’étude, d’approches, et de c
3044
européen, en le renvoyant à des sous-commissions
d’
étude, d’approches, et de consultation indéfiniment préalables. On sai
3045
, en le renvoyant à des sous-commissions d’étude,
d’
approches, et de consultation indéfiniment préalables. On sait que la
3046
t à des sous-commissions d’étude, d’approches, et
de
consultation indéfiniment préalables. On sait que la procédure est le
3047
s. On sait que la procédure est le meilleur moyen
de
s’occuper sérieusement et coûteusement à ne rien faire. Et l’on a hon
3048
et coûteusement à ne rien faire. Et l’on a honte
de
voir des hommes d’État se livrer à ce jeu d’escamotage des espoirs do
3049
onte de voir des hommes d’État se livrer à ce jeu
d’
escamotage des espoirs dont ils sont, après tout, responsables devant
3050
On voudrait que Daniel Villey et sa petite troupe
de
jeunes croisés se présentent devant eux, simplement, et qu’ils leur f
3051
comprendre, sans discours, que le temps est venu
d’
être sérieux : leur seul exemple suffirait. À Villey donc et à ses vol
3052
olontaires, j’adresse au nom de beaucoup nos vœux
de
joyeuses Pâques. Le printemps de l’Europe est à eux, cette année ! Au
3053
eaucoup nos vœux de joyeuses Pâques. Le printemps
de
l’Europe est à eux, cette année ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi
3054
up nos vœux de joyeuses Pâques. Le printemps de l’
Europe
est à eux, cette année ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain
3055
Demain l’
Europe
! — Branle-bas mondial (17 avril 1950) Chers auditeurs, Que se pass
3056
passe-t-il dans le monde, ce printemps ? Quantité
de
petits événements vont et viennent dans l’actualité, et voudraient fa
3057
elgique, le cabinet Bidault en France, obtiennent
de
justesse des majorités peu concluantes ; les ministres volent en tout
3058
deux, à treize, à quatre, comme dans les figures
d’
un ballet, et tout cela n’est pas exaltant. C’est le train-train de l’
3059
out cela n’est pas exaltant. C’est le train-train
de
l’Histoire, et s’il est vrai que les temps heureux n’ont pas d’Histoi
3060
et s’il est vrai que les temps heureux n’ont pas
d’
Histoire, on serait tenté d’être optimiste. On aurait tort. Car derriè
3061
mps heureux n’ont pas d’Histoire, on serait tenté
d’
être optimiste. On aurait tort. Car derrière tout ce va-et-vient, cach
3062
n de devenir des hémisphères. Déjà, ce n’est plus
de
la Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de
3063
hémisphères. Déjà, ce n’est plus de la Russie et
de
l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de l’Occident, des
3064
a Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais
de
l’Orient et de l’Occident, des deux moitiés de la Planète, prêtes à s
3065
l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et
de
l’Occident, des deux moitiés de la Planète, prêtes à s’unir chacune d
3066
is de l’Orient et de l’Occident, des deux moitiés
de
la Planète, prêtes à s’unir chacune de son côté, et contre l’autre. U
3067
ux moitiés de la Planète, prêtes à s’unir chacune
de
son côté, et contre l’autre. Une gigantesque simplification du monde
3068
sous nos yeux. Il est incontestable qu’il s’agit
d’
un fait sans précédent dans l’histoire des hommes. Essayons d’en prend
3069
ns précédent dans l’histoire des hommes. Essayons
d’
en prendre conscience. L’Orient d’abord : tout s’y passe en secret, ma
3070
dessin général transparaît lentement malgré tout.
De
l’Oder à Vladivostok, de Budapest à Pékin, de la Baltique à l’océan I
3071
t lentement malgré tout. De l’Oder à Vladivostok,
de
Budapest à Pékin, de la Baltique à l’océan Indien, les Russes ont ent
3072
ut. De l’Oder à Vladivostok, de Budapest à Pékin,
de
la Baltique à l’océan Indien, les Russes ont entrepris d’unifier tota
3073
ltique à l’océan Indien, les Russes ont entrepris
d’
unifier totalement près de la moitié de la population du globe. Unific
3074
entrepris d’unifier totalement près de la moitié
de
la population du globe. Unification monétaire — par la création du ro
3075
r la création du rouble or, seule monnaie valable
de
Pékin à Berlin — , unification économique, unification militaire et p
3076
n idéologique. En vérité, il ne s’agit plus guère
de
communisme ou de marxisme, en tout cela, mais de la création d’un Emp
3077
vérité, il ne s’agit plus guère de communisme ou
de
marxisme, en tout cela, mais de la création d’un Empire eurasien — pl
3078
de communisme ou de marxisme, en tout cela, mais
de
la création d’un Empire eurasien — plus asiatique qu’européen — repos
3079
ou de marxisme, en tout cela, mais de la création
d’
un Empire eurasien — plus asiatique qu’européen — reposant sur deux pr
3080
création d’un Empire eurasien — plus asiatique qu’
européen
— reposant sur deux principes fondamentaux : la puissance absolue de
3081
eux principes fondamentaux : la puissance absolue
de
l’État, et la collectivisation totale de la pensée comme de la produc
3082
absolue de l’État, et la collectivisation totale
de
la pensée comme de la production. Devant cette entreprise sans précéd
3083
et la collectivisation totale de la pensée comme
de
la production. Devant cette entreprise sans précédent, méthodiquement
3084
rait faire, et à publier à grand bruit 22 projets
d’
action contradictoires, au lieu d’exécuter en silence un seul plan. Co
3085
t. » C’est qu’à l’Ouest, nous devons tenir compte
de
mille réalités qu’un Staline néglige ou liquide : les traditions nati
3086
et des esprits, nous tâtonnons vers des formules
d’
union respectueuses des diversités. Alors qu’à l’Est s’est imposée du
3087
tons sur des dosages nationaux, sur des questions
de
préséance diplomatiques héritées d’un autre âge. Nous louchons vers u
3088
des questions de préséance diplomatiques héritées
d’
un autre âge. Nous louchons vers une direction américaine, qui hésite
3089
ut en déclarant fièrement que nous ne boirons pas
de
coca-cola. Il y a souvent de la sottise, mais parfois aussi de la gra
3090
nous ne boirons pas de coca-cola. Il y a souvent
de
la sottise, mais parfois aussi de la grandeur, dans cette répugnance
3091
Il y a souvent de la sottise, mais parfois aussi
de
la grandeur, dans cette répugnance générale à prendre sans délai les
3092
dre sans délai les mesures qui s’imposent. Il y a
de
la sottise à refuser l’union, mais il y a de la grandeur à refuser l’
3093
y a de la sottise à refuser l’union, mais il y a
de
la grandeur à refuser l’unification mécanique à la manière des dictat
3094
es dictatures. La seule tentative un peu sérieuse
de
réponse au péril eurasien, nous la voyons se dessiner depuis quelques
3095
la confusion domine. Une bonne moitié des nations
de
l’Europe n’ont pas voulu signer ce pacte, comme la Suisse, la Suède e
3096
nfusion domine. Une bonne moitié des nations de l’
Europe
n’ont pas voulu signer ce pacte, comme la Suisse, la Suède et l’Irlan
3097
e plus, nous voyons que la clé du problème, c’est
de
fédérer d’abord tous les pays de l’Europe, afin de pouvoir conclure e
3098
problème, c’est de fédérer d’abord tous les pays
de
l’Europe, afin de pouvoir conclure ensuite une vaste union occidental
3099
lème, c’est de fédérer d’abord tous les pays de l’
Europe
, afin de pouvoir conclure ensuite une vaste union occidentale engloba
3100
que. Une fois de plus, nous voyons qu’il est faux
de
prétendre que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’Europe qu
3101
voyons qu’il est faux de prétendre que « le stade
de
l’Europe » est dépassé. C’est l’Europe qui, dans le monde occidental,
3102
s qu’il est faux de prétendre que « le stade de l’
Europe
» est dépassé. C’est l’Europe qui, dans le monde occidental, représen
3103
que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’
Europe
qui, dans le monde occidental, représente le foyer vital. C’est elle
3104
est elle dont la présente désunion empêche encore
de
réaliser un plan de défense de l’Occident. Et c’est elle dont l’union
3105
sente désunion empêche encore de réaliser un plan
de
défense de l’Occident. Et c’est elle dont l’union garantirait non seu
3106
nt l’union garantirait non seulement l’efficacité
de
ce plan, mais encore et surtout le sens des valeurs humaines que ce p
3107
sens des valeurs humaines que ce plan est chargé
de
défendre contre l’immense poussée de la masse orientale. L’enjeu de c
3108
n est chargé de défendre contre l’immense poussée
de
la masse orientale. L’enjeu de ce conflit mondial, dont les données c
3109
l’immense poussée de la masse orientale. L’enjeu
de
ce conflit mondial, dont les données concrètes se simplifient terribl
3110
t terriblement depuis quelques semaines, essayons
de
le formuler en termes simples, eux aussi. C’est l’enjeu le plus total
3111
s été proposé à l’humanité. Il s’agit aujourd’hui
de
savoir si c’est l’homme personnel qui va subsister et créer l’avenir,
3112
er, comme c’est le cas en Orient. Ce qu’il s’agit
de
gagner, ce n’est pas une guerre, c’est beaucoup plus : c’est la cause
3113
une guerre, c’est beaucoup plus : c’est la cause
de
l’homme personnel, de chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qu
3114
ucoup plus : c’est la cause de l’homme personnel,
de
chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passio
3115
: c’est la cause de l’homme personnel, de chacun
de
nous, un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passions, à ses
3116
e personnel, de chacun de nous, un à un, la cause
de
l’homme qui a droit à ses passions, à ses péchés, et à sa foi, et qui
3117
assions, à ses péchés, et à sa foi, et qui refuse
de
se les laisser dicter en masse par les fonctionnaires d’un tyran. Ceu
3118
es laisser dicter en masse par les fonctionnaires
d’
un tyran. Ceux qui auront compris cela auront aussi compris le sens de
3119
compris cela auront aussi compris le sens dernier
de
notre effort fédéraliste. Au revoir, à lundi prochain.
3120
Demain l’
Europe
! — L’union atlantique (24 avril 1950) Chers auditeurs, La semaine
3121
s bien en deux hémisphères, dont l’une s’organise
d’
une manière rigide, en silence, sous la direction du Kremlin, et dont
3122
’autre s’agite et discute sans trouver sa formule
d’
union. Et je vous disais que les cercles officiels me paraissaient ten
3123
ndispensable à cette union, qui est la fédération
européenne
. Comme pour confirmer ce diagnostic, le jour même où je vous parlais,
3124
e M. Georges Bidault venait, au nom de la France,
de
proposer la création d’un haut Conseil de l’Atlantique. Je ne puis do
3125
ait, au nom de la France, de proposer la création
d’
un haut Conseil de l’Atlantique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir,
3126
France, de proposer la création d’un haut Conseil
de
l’Atlantique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir, que de reprendre
3127
ntique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir, que
de
reprendre ma dernière causerie au point précis où l’actualité s’est c
3128
erie au point précis où l’actualité s’est chargée
de
la prolonger. Que faut-il penser de la proposition Bidault, du point
3129
s’est chargée de la prolonger. Que faut-il penser
de
la proposition Bidault, du point de vue européen ? Faut-il en déduire
3130
penser de la proposition Bidault, du point de vue
européen
? Faut-il en déduire comme certains journaux que nos hommes d’État on
3131
rnaux que nos hommes d’État ont renoncé à faire l’
Europe
, avant d’avoir sérieusement essayé d’y réussir, et qu’ils prétendent
3132
hommes d’État ont renoncé à faire l’Europe, avant
d’
avoir sérieusement essayé d’y réussir, et qu’ils prétendent aujourd’hu
3133
faire l’Europe, avant d’avoir sérieusement essayé
d’
y réussir, et qu’ils prétendent aujourd’hui réaliser le plus, après av
3134
échec ? Faut-il répéter avec beaucoup que l’étape
européenne
est dépassée ? Et faut-il enfin que je change le titre même de ma chr
3135
ée ? Et faut-il enfin que je change le titre même
de
ma chronique ? Je pense que je n’étonnerai personne en vous disant qu
3136
ois pas un instant. Je veux bien que « Demain : l’
Europe
! » signifie « Après demain l’union atlantique », mais je persiste à
3137
e ne pense pas que les ministres qui parlent déjà
d’
union atlantique feront rien de sérieux pour la réaliser ; 2. Je ne pe
3138
s qui parlent déjà d’union atlantique feront rien
de
sérieux pour la réaliser ; 2. Je ne pense pas que cette union soit ré
3139
se pas que cette union soit réalisable tant que l’
Europe
n’existe pas politiquement, et qu’elle n’a pas donné à l’Amérique la
3140
nt rien, parce qu’ils n’ont pas la volonté réelle
d’
imposer et de mettre en pratique les beaux projets sur lesquels ils di
3141
e qu’ils n’ont pas la volonté réelle d’imposer et
de
mettre en pratique les beaux projets sur lesquels ils discourent. Ils
3142
ourent. Ils se disent tous, ou presque, partisans
de
l’union et même de la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d
3143
nt tous, ou presque, partisans de l’union et même
de
la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’accepter une mesur
3144
ue, partisans de l’union et même de la fédération
de
nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’accepter une mesure bien pratique e
3145
la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit
d’
accepter une mesure bien pratique et efficace, qu’elle soit de premièr
3146
ne mesure bien pratique et efficace, qu’elle soit
de
première importance, comme l’élection directe d’un Parlement européen
3147
de première importance, comme l’élection directe
d’
un Parlement européen, ou secondaire, mais significative, comme la sup
3148
portance, comme l’élection directe d’un Parlement
européen
, ou secondaire, mais significative, comme la suppression des visas, l
3149
nistres et tous leurs experts refusent absolument
d’
agir. Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou de timidité. I
3150
ent d’agir. Tous leurs réflexes sont des réflexes
de
refus ou de timidité. Ils trouvent toujours que « c’est prématuré »,
3151
Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou
de
timidité. Ils trouvent toujours que « c’est prématuré », sans qu’on p
3152
s qu’on puisse deviner à quel moment cela cessera
d’
être prématuré, à leur avis. Ils prétendent toujours que l’opinion n’e
3153
les plaindre ; je suis prêt à saluer la sincérité
de
plusieurs en tant qu’individus ; je suis même prêt à prendre au série
3154
suis même prêt à prendre au sérieux quelques-unes
de
leurs objections. Mais je me refuse à croire un seul instant qu’ils v
3155
t démontré depuis un an qu’ils étaient incapables
de
créer une union par-dessus la Manche, ou même par-dessus le Rhin, cep
3156
montrer fortement hésitante devant la suggestion
de
M. Bidault. Certes, celle-ci rejoint l’action très vigoureuse d’une f
3157
Certes, celle-ci rejoint l’action très vigoureuse
d’
une fraction du Sénat américain en faveur d’une fédération des démocra
3158
omprend. Comment les États-Unis accepteraient-ils
d’
entrer sur pied d’égalité dans une union avec nos peuples désunis, don
3159
es États-Unis accepteraient-ils d’entrer sur pied
d’
égalité dans une union avec nos peuples désunis, donc faibles, avec no
3160
supprimer les visas ; et qui ont refusé jusqu’ici
de
sacrifier la plus petite parcelle de leur souveraineté nationale ? Ce
3161
sé jusqu’ici de sacrifier la plus petite parcelle
de
leur souveraineté nationale ? Certes, la direction générale indiquée
3162
i dans ma prochaine chronique. Ensuite, il s’agit
de
bien voir que ce ne sont pas nos petits États souverains qui seront c
3163
s nos petits États souverains qui seront capables
de
s’unir à l’Amérique, en ordre dispersé ; mais que si nous voulons qu’
3164
ous en rendre dignes, il nous faut faire demain l’
Europe
. Au revoir, à lundi prochain.
3165
Demain l’
Europe
! — L’Europe et l’Amérique (1er mai 1950) Chers auditeurs, Voilà ce
3166
Demain l’Europe ! — L’
Europe
et l’Amérique (1er mai 1950) Chers auditeurs, Voilà ce soir le cinq
3167
à ce soir le cinquantième lundi que je vous parle
de
l’Europe. Si elle n’est pas encore faite, cette Europe, personne au m
3168
soir le cinquantième lundi que je vous parle de l’
Europe
. Si elle n’est pas encore faite, cette Europe, personne au moins ne p
3169
e l’Europe. Si elle n’est pas encore faite, cette
Europe
, personne au moins ne pourra dire que c’est ma faute ! Elle est d’ail
3170
nez sur l’événement. Je vous ai décrit les étapes
de
ce progrès encore bien lent et plein d’à-coups, mais au total indiscu
3171
es étapes de ce progrès encore bien lent et plein
d’
à-coups, mais au total indiscutable. Le Conseil de l’Europe est encore
3172
e est encore vagissant, mais il est né. La presse
de
nos pays est encore divisée, souvent sceptique, mais vous ne pouvez p
3173
souvent même un long commentaire sur le problème
européen
. Les enquêtes, les sondages se multiplient, et démontrent que l’opini
3174
ler, se frotte les yeux, et se demande si l’union
de
l’Europe ne serait pas autre chose qu’une « idée généreuse » — ne ser
3175
se frotte les yeux, et se demande si l’union de l’
Europe
ne serait pas autre chose qu’une « idée généreuse » — ne serait point
3176
mique et culturel le plus urgent, le plus concret
de
notre époque. C’est à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye
3177
e plus concret de notre époque. C’est à ce réveil
de
l’opinion que ma chronique essaye de contribuer. Je ne puis rêver d’a
3178
à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye
de
contribuer. Je ne puis rêver d’agir ici sur les décisions des ministr
3179
chronique essaye de contribuer. Je ne puis rêver
d’
agir ici sur les décisions des ministres. D’abord, ils n’en prennent p
3180
nistres. D’abord, ils n’en prennent pas beaucoup,
de
décisions. Et puis, les seuls qui auraient le temps de m’écouter sont
3181
cisions. Et puis, les seuls qui auraient le temps
de
m’écouter sont ceux que l’on vient de renverser, et qui se retirent à
3182
es autres, ils sont trop occupés car ce n’est pas
de
ce côté-là que le pouvoir véritable réside, dans nos régimes. Je ne p
3183
e ne puis agir, en fait, que sur un petit secteur
de
ce que l’on nomme le grand public, mais c’est peut-être là que notre
3184
— dans l’opinion, puisqu’elle seule est en mesure
d’
exiger ce que les pouvoirs refusent encore. Six minutes par semaine, d
3185
c’est peu. Mais après tout, qui sait ? Il s’agit
de
réveiller. Or le sommeil humain a des lois bien étranges. Il arrive q
3186
re qu’un homme qui dort à poings fermés résiste à
de
petits coups d’épingle. Mettons que ce soit là mon ambition. La petit
3187
ui dort à poings fermés résiste à de petits coups
d’
épingle. Mettons que ce soit là mon ambition. La petite piqûre hebdoma
3188
ientation. Ou bien en provoquant un large courant
d’
air. C’est ce que sont en train de faire, pour le réveil d’une opinion
3189
est ce que sont en train de faire, pour le réveil
d’
une opinion européenne, certains souffles glacés qui viennent parfois
3190
t en train de faire, pour le réveil d’une opinion
européenne
, certains souffles glacés qui viennent parfois des steppes, certains
3191
. Depuis que M. Bidault a proposé le haut Conseil
de
l’Atlantique, on sent que quelque chose bouge, en Europe. À cet égard
3192
l’Atlantique, on sent que quelque chose bouge, en
Europe
. À cet égard, le plan Bidault peut être utile même s’il ne doit pas a
3193
ite à prendre une conscience beaucoup plus claire
de
l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’attitude humaine.
3194
prendre une conscience beaucoup plus claire de l’
Europe
en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’attitude humaine. Certes,
3195
beaucoup plus claire de l’Europe en tant qu’unité
de
culture, de mœurs et d’attitude humaine. Certes, l’Europe considérée
3196
s claire de l’Europe en tant qu’unité de culture,
de
mœurs et d’attitude humaine. Certes, l’Europe considérée dans son ens
3197
l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et
d’
attitude humaine. Certes, l’Europe considérée dans son ensemble, est l
3198
ulture, de mœurs et d’attitude humaine. Certes, l’
Europe
considérée dans son ensemble, est la terre des diversités. Je dirais,
3199
ement, que le premier caractère commun à tous les
Européens
, c’est qu’ils sont différents les uns des autres, et qu’ils tiennent
3200
mettons, les Suédois et les Grecs, les puritains
d’
Écosse et les chanteurs napolitains ? Est-ce que les Hollandais, les B
3201
les Belges, les Anglais, n’ont pas beaucoup plus
d’
intérêts en commun avec l’Amérique, qu’avec les Yougoslaves ou même le
3202
me une des premières conditions. Prenez l’exemple
de
la Suisse, et ma thèse devient évidente. L’homme d’affaires de Stockh
3203
et ma thèse devient évidente. L’homme d’affaires
de
Stockholm n’est pas plus différent du paysan de la Provence, que le b
3204
s de Stockholm n’est pas plus différent du paysan
de
la Provence, que le banquier genevois du pâtre d’Appenzell, ou le Bâl
3205
de la Provence, que le banquier genevois du pâtre
d’
Appenzell, ou le Bâlois du Valaisan. Mais par-dessous tous ces contras
3206
-dessous tous ces contrastes frappants, il y a en
Europe
comme en Suisse, la grande communauté de la civilisation occidentale,
3207
a en Europe comme en Suisse, la grande communauté
de
la civilisation occidentale, beaucoup plus profonde qu’on ne le croit
3208
thérienne et anglicane. Il y a la longue histoire
de
nos alliances et de nos guerres civiles. Il y a les mêmes partis soci
3209
ne. Il y a la longue histoire de nos alliances et
de
nos guerres civiles. Il y a les mêmes partis socialistes, catholiques
3210
pays et qui nous distinguent tous, profondément,
de
la Russie et de l’Orient. Il y a surtout ce goût de l’original et cet
3211
s distinguent tous, profondément, de la Russie et
de
l’Orient. Il y a surtout ce goût de l’original et cet amour jaloux de
3212
la Russie et de l’Orient. Il y a surtout ce goût
de
l’original et cet amour jaloux des différences locales et traditionne
3213
ment, qui est asiatique, et au goût du mélange et
de
l’imitation, qui est américain. Je voudrais conclure par deux remarqu
3214
es. La première, c’est qu’en face de la Russie ou
de
l’Amérique, nous sentons bien que nous formons en Europe une grande f
3215
l’Amérique, nous sentons bien que nous formons en
Europe
une grande famille, malgré toutes nos diversités, ou à cause d’elles.
3216
famille, malgré toutes nos diversités, ou à cause
d’
elles. La seconde, c’est que nous sommes actuellement séparés de nos A
3217
conde, c’est que nous sommes actuellement séparés
de
nos Américains par autre chose encore que par ces différences authent
3218
ces authentiques et valables. Nous sommes séparés
d’
eux par des malentendus, des préjugés et des informations superficiell
3219
Demain l’
Europe
! — L’Europe et l’Amérique (II) (8 mai 1950) Chers auditeurs, Que p
3220
Demain l’Europe ! — L’
Europe
et l’Amérique (II) (8 mai 1950) Chers auditeurs, Que pense de l’Amé
3221
ue (II) (8 mai 1950) Chers auditeurs, Que pense
de
l’Amérique l’Européen moyen ? Et que pense-t-on de nous, dans les Éta
3222
e l’Amérique l’Européen moyen ? Et que pense-t-on
de
nous, dans les États-Unis ? Ces deux questions sont importantes. Car
3223
s-Unis ? Ces deux questions sont importantes. Car
d’
une entente raisonnable ou d’un malentendu trop persistant entre les p
3224
ont importantes. Car d’une entente raisonnable ou
d’
un malentendu trop persistant entre les peuples des deux continents, d
3225
entre les peuples des deux continents, dépendront
de
grands événements, dans un avenir peut-être proche. Bernard Shaw disa
3226
n pourrait dire de même que les Américains et les
Européens
s’ignorent, à cause de tout ce qu’ils savent les uns des autres. La p
3227
autres. La presse américaine contient certes plus
d’
informations sur l’Europe que nos propres journaux. Mais elle ignore l
3228
ricaine contient certes plus d’informations sur l’
Europe
que nos propres journaux. Mais elle ignore l’esprit et l’âme du Vieux
3229
me du Vieux Monde. Et nous avons tous vu quantité
de
films américains, nous savons à peu près ce qu’est le plan Marshall,
3230
arshall, nous avons cotoyé chez nous des milliers
de
GIs en vacances, mais nous n’en continuons pas moins à répéter des ju
3231
la propagande communiste, ou par tel livre ancien
de
M. Duhamel, qui raconte des histoires de pouces de nègre dans les con
3232
e ancien de M. Duhamel, qui raconte des histoires
de
pouces de nègre dans les conserves de Chicago. S’il fallait résumer e
3233
e M. Duhamel, qui raconte des histoires de pouces
de
nègre dans les conserves de Chicago. S’il fallait résumer en quelques
3234
s histoires de pouces de nègre dans les conserves
de
Chicago. S’il fallait résumer en quelques mots les préjugés européens
3235
’il fallait résumer en quelques mots les préjugés
européens
à l’égard de l’Amérique, cela donnerait à peu près ceci : « Coca-cola
3236
me ils disent quelquefois. Regardons-y maintenant
d’
un peu plus près. Une campagne violente s’est déchaînée récemment en E
3237
ne campagne violente s’est déchaînée récemment en
Europe
contre le coca-cola importé d’Amérique. Si bien que cette innocente e
3238
e récemment en Europe contre le coca-cola importé
d’
Amérique. Si bien que cette innocente et quelconque limonade est deven
3239
et quelconque limonade est devenue pour la presse
de
nos pays latins le symbole même de l’invasion yankee, contre laquelle
3240
pour la presse de nos pays latins le symbole même
de
l’invasion yankee, contre laquelle nous aurions à défendre les antiqu
3241
uelle nous aurions à défendre les antiques vertus
de
la race, la santé de nos enfants et l’intégrité de notre conception d
3242
défendre les antiques vertus de la race, la santé
de
nos enfants et l’intégrité de notre conception du monde, laquelle inc
3243
e la race, la santé de nos enfants et l’intégrité
de
notre conception du monde, laquelle inclut, bien entendu, l’apéritif
3244
urses… J’estime qu’en cette affaire, c’est à nous
de
rougir. Gardons nos grands principes pour des questions sérieuses. Je
3245
opagande, M. Truman lui-même, appuyé par la meute
de
requins de Wall Street, imposerait machiavéliquement ces lectures opt
3246
. Truman lui-même, appuyé par la meute de requins
de
Wall Street, imposerait machiavéliquement ces lectures optimistes à l
3247
ait machiavéliquement ces lectures optimistes à l’
Europe
. En réalité, le Reader’s Digest est une entreprise absolument privée,
3248
et immense succès fait aux digestes par le public
européen
n’est pas révélateur d’une profonde ressemblance entre les goûts de l
3249
estes par le public européen n’est pas révélateur
d’
une profonde ressemblance entre les goûts de la masse des deux côtés d
3250
ateur d’une profonde ressemblance entre les goûts
de
la masse des deux côtés de l’Océan ? Si notre grand public se jette s
3251
blance entre les goûts de la masse des deux côtés
de
l’Océan ? Si notre grand public se jette sur les digestes, n’est-ce p
3252
stes, n’est-ce pas aussi qu’on a trop négligé, en
Europe
, la culture populaire, — dont les Américains s’occupent très sérieuse
3253
très sérieusement, depuis longtemps ? Le reproche
d’
impérialisme économique, je vous en ai parlé souvent ici. Je ne crois
3254
tant que les États-Unis nourrissent à notre égard
de
noirs desseins. Mais nous les forcerons à prendre en main, plus qu’il
3255
arrivons pas, à temps, à nous unir pour rebâtir l’
Europe
. Notre prospérité, et plus : notre réelle autonomie, sont à ce prix.
3256
elle autonomie, sont à ce prix. Quant au reproche
de
barbarie matérialiste que nous faisons par habitude à l’Amérique, voi
3257
ur avoir un frigidaire, du lait contrôlé, des jus
de
fruits et des céréales ; vous dépensez plus qu’eux pour avoir un bift
3258
mais elles sont pleines. Ils parlent constamment
d’
argent, sans la moindre pudeur, tandis que vous y pensez constamment,
3259
ce domaine. De plus, ils pensent que vous manquez
d’
idéalisme… Que dire maintenant des préjugés américains à l’égard de l
3260
maintenant des préjugés américains à l’égard de l’
Europe
? Voici : l’Américain moyen nous considère, nous les Européens, comme
3261
oici : l’Américain moyen nous considère, nous les
Européens
, comme à moitié ou mal civilisés ; plus soucieux du passé que de l’av
3262
tié ou mal civilisés ; plus soucieux du passé que
de
l’avenir ; nihilistes et méchants pour le voisin ; incapables de fair
3263
ihilistes et méchants pour le voisin ; incapables
de
faire fonctionner nos économies nationales et de réparer nos robinets
3264
de faire fonctionner nos économies nationales et
de
réparer nos robinets ; chicaneurs, susceptibles, désunis, et au total
3265
susceptibles, désunis, et au total inefficaces. L’
Europe
, c’est les Balkans, disent-ils. On essaye de les sauver, et ils se dr
3266
’Europe, c’est les Balkans, disent-ils. On essaye
de
les sauver, et ils se dressent sur leurs ergots, au nom de grands pri
3267
icaine, c’est que tous ces défauts sont le revers
d’
un certain nombre de réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’
3268
us ces défauts sont le revers d’un certain nombre
de
réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’Européen, et je ne v
3269
réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’
Européen
, et je ne veux pas parler seulement de nos plus grands esprits, l’Eur
3270
r. L’Européen, et je ne veux pas parler seulement
de
nos plus grands esprits, l’Européen du peuple est resté, malgré tout,
3271
as parler seulement de nos plus grands esprits, l’
Européen
du peuple est resté, malgré tout, un homme qui a très souvent le sens
3272
malgré tout, un homme qui a très souvent le sens
de
l’absolu, le sens de la passion et de la pauvreté, le goût de se rend
3273
e qui a très souvent le sens de l’absolu, le sens
de
la passion et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger
3274
ent le sens de l’absolu, le sens de la passion et
de
la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger pour lui-même, e
3275
le sens de la passion et de la pauvreté, le goût
de
se rendre compte et de juger pour lui-même, et de préférer cela au su
3276
et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et
de
juger pour lui-même, et de préférer cela au succès à tout prix. Un ce
3277
de se rendre compte et de juger pour lui-même, et
de
préférer cela au succès à tout prix. Un certain sens aussi de la fata
3278
cela au succès à tout prix. Un certain sens aussi
de
la fatalité, acceptée avec humilité… Que conclure de ces observations
3279
la fatalité, acceptée avec humilité… Que conclure
de
ces observations, qu’il serait trop aisé de multiplier ? Je crois que
3280
clure de ces observations, qu’il serait trop aisé
de
multiplier ? Je crois que c’est clair : nous avons grand besoin les u
3281
rand besoin les uns des autres. Nous avons besoin
de
leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de
3282
autres. Nous avons besoin de leurs moyennes, eux
de
nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ;
3283
oin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous
de
leur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confiance
3284
ux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux
de
notre sens créateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de not
3285
eur générosité, eux de notre sens créateur ; nous
de
leur confiance en la vie, et eux de notre sens critique. Si quelque j
3286
éateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux
de
notre sens critique. Si quelque jour nous arrivons à quelque chose de
3287
de plus qu’une alliance militaire : à un alliage
de
nos vertus complémentaires, la civilisation occidentale sera sauvée.
3288
s il nous faut d’abord sauver notre moitié à nous
de
ce grand tout, il nous faut donc d’abord unir l’Europe. Au revoir, à
3289
e ce grand tout, il nous faut donc d’abord unir l’
Europe
. Au revoir, à lundi prochain.
3290
Demain l’
Europe
! — Lenteurs et progrès (15 mai 1950) Chers auditeurs, Le mois de m
3291
progrès (15 mai 1950) Chers auditeurs, Le mois
de
mai ramène des astres favorables pour l’Europe, spécialement dans ses
3292
e mois de mai ramène des astres favorables pour l’
Europe
, spécialement dans ses premiers jours. Il y a deux ans, le 7 mai 1948
3293
y a deux ans, le 7 mai 1948, s’ouvrait le congrès
de
La Haye, qui devait donner l’impulsion principale à la campagne pour
3294
onner l’impulsion principale à la campagne pour l’
Europe
unie. Un an plus tard, le 6 mai 1949, les statuts du Conseil de l’Eur
3295
ci qu’un ministre français propose officiellement
de
réaliser l’une des plus importantes mesures d’union que les fédéralis
3296
nt de réaliser l’une des plus importantes mesures
d’
union que les fédéralistes ne cessaient de demander, depuis leurs prem
3297
mesures d’union que les fédéralistes ne cessaient
de
demander, depuis leurs premiers manifestes. Deux jours avant que M. S
3298
matique sur le tapis vert, le comité du Mouvement
européen
s’était réuni à Paris. M. Spaak était venu nous parler. Il commença s
3299
pouvions nous féliciter des progrès très rapides
de
notre idée dans l’opinion publique, dans les masses et dans la presse
3300
deux ans, en effet, nous n’étions qu’une poignée
d’
idéalistes — comme dit avec pitié le premier nigaud venu — , tandis qu
3301
ai toujours pensé ! Mais d’autre part, ce progrès
de
l’idée fait sentir par contraste l’extrême lenteur de son application
3302
’idée fait sentir par contraste l’extrême lenteur
de
son application par les gouvernements. Plus on en parle, et plus il d
3303
étions donc là, dimanche dernier. Et nous venions
d’
adresser un appel très pressant au Conseil de l’Europe pour qu’il réal
3304
alise quelque chose, lorsque se produisit le coup
de
théâtre de la proposition Schuman. De quoi s’agit-il, dans ce plan ?
3305
ue chose, lorsque se produisit le coup de théâtre
de
la proposition Schuman. De quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose
3306
sit le coup de théâtre de la proposition Schuman.
De
quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose de mettre en commun au serv
3307
man. De quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose
de
mettre en commun au service de l’Europe unie, les ressources en charb
3308
plan ? On propose de mettre en commun au service
de
l’Europe unie, les ressources en charbon et acier de la France et de
3309
? On propose de mettre en commun au service de l’
Europe
unie, les ressources en charbon et acier de la France et de l’Allemag
3310
l’Europe unie, les ressources en charbon et acier
de
la France et de l’Allemagne, puis des autres pays s’ils acceptent. Ma
3311
es ressources en charbon et acier de la France et
de
l’Allemagne, puis des autres pays s’ils acceptent. Mais ne pensez pas
3312
ils acceptent. Mais ne pensez pas qu’il s’agit là
d’
une simple mesure économique, comme les États ne cessent d’en prendre
3313
ple mesure économique, comme les États ne cessent
d’
en prendre sans rien changer aux causes profondes de la crise. Il s’ag
3314
en prendre sans rien changer aux causes profondes
de
la crise. Il s’agit en réalité d’une mesure politique décisive, et il
3315
auses profondes de la crise. Il s’agit en réalité
d’
une mesure politique décisive, et il s’agit de poser la première pierr
3316
ité d’une mesure politique décisive, et il s’agit
de
poser la première pierre de la fédération européenne, M. Schuman l’a
3317
écisive, et il s’agit de poser la première pierre
de
la fédération européenne, M. Schuman l’a souligné lui-même. Mesure po
3318
agit de poser la première pierre de la fédération
européenne
, M. Schuman l’a souligné lui-même. Mesure politique, tout d’abord, pu
3319
nelles objections des experts. Et première pierre
de
la fédération européenne, puisque cette mesure aurait pour effet : pr
3320
des experts. Et première pierre de la fédération
européenne
, puisque cette mesure aurait pour effet : premièrement de rendre maté
3321
que cette mesure aurait pour effet : premièrement
de
rendre matériellement impossible une guerre entre la France et l’Alle
3322
erre entre la France et l’Allemagne ; secondement
de
produire, pratiquement, un abandon de la souveraineté nationale des p
3323
secondement de produire, pratiquement, un abandon
de
la souveraineté nationale des pays adhérents à ce plan. Le charbon et
3324
dans ce domaine, se trouveraient aussi incapables
d’
entrer en conflit armé que deux de nos cantons suisses ou que deux arm
3325
ussi incapables d’entrer en conflit armé que deux
de
nos cantons suisses ou que deux armées dont l’une aurait les canons,
3326
e les deux pays, puis, par la suite, des échanges
de
main-d’œuvre et de techniciens, une unification progressive du régime
3327
is, par la suite, des échanges de main-d’œuvre et
de
techniciens, une unification progressive du régime social, une produc
3328
, qu’avec le plan Schuman, c’est le sort pratique
de
l’Europe fédérée qui va se jouer au cours des mois qui viennent. Auss
3329
avec le plan Schuman, c’est le sort pratique de l’
Europe
fédérée qui va se jouer au cours des mois qui viennent. Aussi n’est-i
3330
presque paniques. Depuis deux ans, on nous disait
de
tous côtés : vos projets de fédération sont très beaux, bravo ! Nous
3331
x ans, on nous disait de tous côtés : vos projets
de
fédération sont très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais de grâ
3332
nt très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais
de
grâce, proposez quelque chose de pratique ! Eh bien ! voilà M. Schuma
3333
s d’accord, mais de grâce, proposez quelque chose
de
pratique ! Eh bien ! voilà M. Schuman qui prend le taureau par les co
3334
qui prend le taureau par les cornes, en s’offrant
de
réaliser sans délai notre plan le plus évidemment pratique. Et que vo
3335
t allemands, se renfrogner, parce qu’ils ont peur
de
perdre le contrôle absolu de leurs entreprises et de leurs bénéfices.
3336
arce qu’ils ont peur de perdre le contrôle absolu
de
leurs entreprises et de leurs bénéfices. On voit les socialistes boud
3337
perdre le contrôle absolu de leurs entreprises et
de
leurs bénéfices. On voit les socialistes bouder, parce qu’ils ont peu
3338
ont peur que les capitalistes gardent encore trop
de
contrôle. On voit les Anglais freiner l’action, comme d’habitude, par
3339
rôle. On voit les Anglais freiner l’action, comme
d’
habitude, parce que cette fois ils devront se décider entre l’isolemen
3340
stes partir en guerre au nom de l’indépendance et
de
la souveraineté nationale de leur pays, sur un ordre reçu d’un tout a
3341
de l’indépendance et de la souveraineté nationale
de
leur pays, sur un ordre reçu d’un tout autre pays, comme on sait. Cet
3342
raineté nationale de leur pays, sur un ordre reçu
d’
un tout autre pays, comme on sait. Cette révolte des intérêts particul
3343
ers et des doctrines partisanes contre une mesure
de
bon sens et d’intérêt commun, cette révolte prouve simplement qu’avec
3344
rines partisanes contre une mesure de bon sens et
d’
intérêt commun, cette révolte prouve simplement qu’avec le plan Schuma
3345
plan Schuman, nous sommes entrés dans le concret
de
notre lutte fédéraliste. Tous ces messieurs étaient d’accord tant que
3346
leurs yeux. Et ils se réservaient tout l’avantage
de
nous reprocher d’être dans le vague. Nous voici dans le concret, les
3347
se réservaient tout l’avantage de nous reprocher
d’
être dans le vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris de pani
3348
vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris
de
panique. La paix du monde, disent-ils, c’est bien ; mes intérêts ou m
3349
Notre bataille à tous. Seule, la pression accrue
de
l’opinion publique qui veut la paix, qui doit vouloir les sacrifices
3350
soirement, soulignons-le — , seule cette pression
de
l’opinion sauvera la paix. Reste à savoir ce que veut l’opinion. Je v
3351
on. Je vous dirai la prochaine fois les résultats
d’
un Gallup poll conduit dans nos pays sur l’union de l’Europe. Au revoi
3352
’un Gallup poll conduit dans nos pays sur l’union
de
l’Europe. Au revoir, à lundi prochain.
3353
allup poll conduit dans nos pays sur l’union de l’
Europe
. Au revoir, à lundi prochain.
3354
Demain l’
Europe
! — L’opinion (22 mai 1950) Chers auditeurs, Il y a quelques mois,
3355
uditeurs, Il y a quelques mois, j’étais le témoin
d’
un bref dialogue entre deux hommes politiques, au sujet des mesures à
3356
ération. Le premier était un Norvégien, président
de
la Chambre des députés de son pays, le second un ancien ministre fran
3357
un Norvégien, président de la Chambre des députés
de
son pays, le second un ancien ministre français. Le Norvégien disait
3358
archons lentement ! Chez nous en Norvège, l’homme
de
la rue s’intéresse fort peu au Mouvement pour l’Europe, il n’y croit
3359
e la rue s’intéresse fort peu au Mouvement pour l’
Europe
, il n’y croit guère. N’avançons donc pas trop loin ni trop vite, car
3360
st exactement inverse. Je constate que si l’homme
de
la rue ne nous suit pas, et ne croit guère à nos efforts, c’est parce
3361
lement, les peuples nous suivront ! » Or je viens
d’
avoir sous les yeux les résultats d’une enquête menée précisément en N
3362
» Or je viens d’avoir sous les yeux les résultats
d’
une enquête menée précisément en Norvège, et je constate que 64 % des
3363
que 64 % des Norvégiens sont favorables à l’union
européenne
, 11 % seulement s’en déclarent adversaires, 25 % sont indécis. Voilà
3364
ue, et qu’il révèle assez exactement la situation
de
la plupart des hommes d’État européen. Leurs prudences formalistes de
3365
ment la situation de la plupart des hommes d’État
européen
. Leurs prudences formalistes devant le péril urgent, leur crainte d’i
3366
formalistes devant le péril urgent, leur crainte
d’
innover et de prendre des risques, leur tendance à ne jamais faire dem
3367
devant le péril urgent, leur crainte d’innover et
de
prendre des risques, leur tendance à ne jamais faire demain ce qu’ils
3368
divers, où la maladie pour certains, la surcharge
de
travail et les soucis électoraux pour d’autres, jouent un rôle import
3369
s, jouent un rôle important. Mais ils ont coutume
de
masquer ces vrais motifs derrière un faux prétexte facile à invoquer
3370
absolument rien ; qu’ils n’ont jamais eu le temps
d’
aller sonder les masses, et que dans les rares occasions où ils prenne
3371
ils prennent des décisions sérieuses, comme celle
de
déclarer une guerre, ils ne vont pas demander leur avis à ces masses.
3372
t, et depuis des années, je sentais que l’opinion
de
nos peuples, dans sa majorité, serait favorable à une fédération du c
3373
on du continent. Depuis que j’ai vu les résultats
de
l’enquête que je vous citais tout à l’heure, ce sentiment s’est trans
3374
itude. Et voici sur quoi je me fonde. Un institut
de
recherche de l’opinion publique vient d’opérer un large sondage dans
3375
ci sur quoi je me fonde. Un institut de recherche
de
l’opinion publique vient d’opérer un large sondage dans 5 pays europé
3376
institut de recherche de l’opinion publique vient
d’
opérer un large sondage dans 5 pays européens, représentant un total d
3377
lique vient d’opérer un large sondage dans 5 pays
européens
, représentant un total de 153 millions d’habitants : Norvège, Holland
3378
dage dans 5 pays européens, représentant un total
de
153 millions d’habitants : Norvège, Hollande, France, Italie et Allem
3379
européens, représentant un total de 153 millions
d’
habitants : Norvège, Hollande, France, Italie et Allemagne. Il s’agiss
3380
lande, France, Italie et Allemagne. Il s’agissait
de
savoir si l’opinion, dans ces pays, favorisait ou non l’union europée
3381
opinion, dans ces pays, favorisait ou non l’union
européenne
. Ce sondage me paraît valable, parce qu’il n’a pas pris le public par
3382
osé des questions très concrètes, en prenant soin
d’
attirer l’attention sur les sacrifices qu’entraîneraient nécessairemen
3383
u’entraîneraient nécessairement certaines mesures
d’
union. Par exemple, on a demandé à des hommes de tous les milieux s’il
3384
s d’union. Par exemple, on a demandé à des hommes
de
tous les milieux s’ils étaient pour une totale liberté du commerce, c
3385
é du commerce, c’est-à-dire pour que les produits
d’
un pays entrent dans tous les autres sans payer de droits. 72 % ont ré
3386
d’un pays entrent dans tous les autres sans payer
de
droits. 72 % ont répondu oui, 9 % non, 19 % restant indécis. Après qu
3387
menté, tandis que le nombre des opposants passait
de
9 à 23 %. Mais 45 % ont persisté à vouloir, malgré tout, l’union écon
3388
, l’union économique. Enfin, après avoir envisagé
de
la même manière un certain nombre de problèmes précis, voici ce qu’on
3389
oir envisagé de la même manière un certain nombre
de
problèmes précis, voici ce qu’on a posé comme dernière question : « C
3390
on a posé comme dernière question : « Compte tenu
de
tous les points examinés, pensez-vous que l’union européenne serait u
3391
tous les points examinés, pensez-vous que l’union
européenne
serait une bonne ou une mauvaise chose ? » 64 % ont répondu que l’uni
3392
en gros, dans 5 pays qui forment à eux seuls plus
de
la moitié de la population du continent : un tiers seulement de scept
3393
5 pays qui forment à eux seuls plus de la moitié
de
la population du continent : un tiers seulement de sceptiques ou d’op
3394
e la population du continent : un tiers seulement
de
sceptiques ou d’opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’u
3395
u continent : un tiers seulement de sceptiques ou
d’
opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’union européenne.
3396
ement de sceptiques ou d’opposants, et deux tiers
de
partisans déclarés de l’union européenne. Eh bien ! voilà, me semble-
3397
d’opposants, et deux tiers de partisans déclarés
de
l’union européenne. Eh bien ! voilà, me semble-t-il, de quoi donner à
3398
s, et deux tiers de partisans déclarés de l’union
européenne
. Eh bien ! voilà, me semble-t-il, de quoi donner à réfléchir aux homm
3399
nion européenne. Eh bien ! voilà, me semble-t-il,
de
quoi donner à réfléchir aux hommes d’État, et de quoi fortifier notre
3400
de quoi donner à réfléchir aux hommes d’État, et
de
quoi fortifier notre espoir. Une majorité de 2/3 en faveur de l’union
3401
, et de quoi fortifier notre espoir. Une majorité
de
2/3 en faveur de l’union, cela doit rassurer les plus timides : on co
3402
: on connaît des gouvernements qui se contentent
de
beaucoup moins pour se cramponner au pouvoir… L’un d’entre eux, en pa
3403
en particulier, vient de s’en tirer avec une voix
de
majorité, une seule, lors d’un vote de confiance au Parlement. Et c’e
3404
tirer avec une voix de majorité, une seule, lors
d’
un vote de confiance au Parlement. Et c’est, comme par hasard, ce gouv
3405
c une voix de majorité, une seule, lors d’un vote
de
confiance au Parlement. Et c’est, comme par hasard, ce gouvernement-l
3406
ement qu’il est bien décidé à ne pas tenir compte
de
l’opinion, mais qu’il renonce à se cacher derrière elle, derrière la
3407
once que l’enquête se poursuit dans d’autres pays
de
l’Europe. Quels vont être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend
3408
que l’enquête se poursuit dans d’autres pays de l’
Europe
. Quels vont être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend de vous,
3409
t être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend
de
vous, chers auditeurs, car l’opinion, c’est vous ! Les paris sont ouv
3410
Demain l’
Europe
! — Conversation avec un Américain (29 mai 1950) Chers auditeurs, J
3411
s. Mon hôte était un professeur américain, chargé
de
s’informer de l’état de l’Europe, et des efforts en cours pour unir n
3412
ait un professeur américain, chargé de s’informer
de
l’état de l’Europe, et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec
3413
fesseur américain, chargé de s’informer de l’état
de
l’Europe, et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange
3414
ur américain, chargé de s’informer de l’état de l’
Europe
, et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange de sympa
3415
orts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange
de
sympathie curieuse et de méfiance toute scientifique, mon visiteur a
3416
os pays. Avec un mélange de sympathie curieuse et
de
méfiance toute scientifique, mon visiteur a commencé par me poser une
3417
ages, m’a-t-il dit, faut-il attendre, selon vous,
de
la fédération européenne ? » Je lui ai dit en riant : c’est ce qu’on
3418
t, faut-il attendre, selon vous, de la fédération
européenne
? » Je lui ai dit en riant : c’est ce qu’on appelle chez vous « une q
3419
: c’est ce qu’on appelle chez vous « une question
de
64 dollars », la question difficile entre toutes et qui fait gagner l
3420
ir, quand une maison brûle, est-ce bien le moment
de
faire une enquête auprès des habitants de cette maison en les priant
3421
moment de faire une enquête auprès des habitants
de
cette maison en les priant de dire quels avantages ils espèrent retir
3422
uprès des habitants de cette maison en les priant
de
dire quels avantages ils espèrent retirer de l’extinction du feu ? Je
3423
iant de dire quels avantages ils espèrent retirer
de
l’extinction du feu ? Je n’ai pas répondu cela, parce que d’abord l’E
3424
u ? Je n’ai pas répondu cela, parce que d’abord l’
Europe
n’est pas encore en feu, elle est seulement menacée d’incendie, et l’
3425
est pas encore en feu, elle est seulement menacée
d’
incendie, et l’on a donc encore le temps de faire des enquêtes. Ensuit
3426
enacée d’incendie, et l’on a donc encore le temps
de
faire des enquêtes. Ensuite, je me suis dit qu’il était bon, parfois,
3427
Ensuite, je me suis dit qu’il était bon, parfois,
de
reposer les questions fondamentales, et d’éprouver la valeur des répo
3428
rfois, de reposer les questions fondamentales, et
d’
éprouver la valeur des réponses qu’on peut y faire sans hésiter. J’ai
3429
, nous n’avons pas le choix. Il nous faut faire l’
Europe
, unir ses 20 pays, parce que c’est la seule solution. Une crise écono
3430
dent menace notre vieux continent. Et pas un seul
de
nos pays — pas même la Suisse ! — ne peut prétendre s’en tirer tout s
3431
rticuliers à s’effacer provisoirement au bénéfice
de
l’intérêt commun. Et comme nous sommes très opposés à l’unification t
3432
notre vraie richesse, nous demandons que l’union
de
nos pays s’opère dans un esprit fédéraliste, — nous demandons l’union
3433
a fait ses preuves en Suisse. Le premier avantage
de
la fédération sera donc d’éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvan
3434
e. Le premier avantage de la fédération sera donc
d’
éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvant nos valeurs nationales. E
3435
tage de la fédération sera donc d’éviter la ruine
de
l’Europe, tout en sauvant nos valeurs nationales. En second lieu, il
3436
de la fédération sera donc d’éviter la ruine de l’
Europe
, tout en sauvant nos valeurs nationales. En second lieu, il nous faut
3437
nationales. En second lieu, il nous faut faire l’
Europe
, parce que si nous tardons à réaliser une vraie fédération, à notre i
3438
un parti, un empire, qui ne sont pas précisément
de
vos amis. La nature a horreur du vide. Les empires ont horreur d’un c
3439
nature a horreur du vide. Les empires ont horreur
d’
un continent ruiné, d’un marché vide. Si nous n’arrivons pas à faire d
3440
de. Les empires ont horreur d’un continent ruiné,
d’
un marché vide. Si nous n’arrivons pas à faire demain l’Europe, elle s
3441
ché vide. Si nous n’arrivons pas à faire demain l’
Europe
, elle sera faite malgré nous, par vous ou par les autres. Nous serons
3442
a dit alors mon visiteur américain, permettez-moi
de
vous répondre que j’ignore les intentions de M. Staline, mais que je
3443
-moi de vous répondre que j’ignore les intentions
de
M. Staline, mais que je sais très bien que nous, en Amérique, nous ne
3444
s à taxer ses contribuables pour venir au secours
de
l’Europe, sans exiger un jour ou l’autre de contrôler l’emploi des fo
3445
axer ses contribuables pour venir au secours de l’
Europe
, sans exiger un jour ou l’autre de contrôler l’emploi des fonds qu’el
3446
cours de l’Europe, sans exiger un jour ou l’autre
de
contrôler l’emploi des fonds qu’elle nous envoie ? Ce serait tout sim
3447
e nous envoie ? Ce serait tout simplement absurde
de
sa part. Mais contrôler ces fonds, cela signifie bientôt : organiser
3448
nds, cela signifie bientôt : organiser l’économie
européenne
. Ainsi, que vous le vouliez ou non, vous serez un jour forcés de nous
3449
vous le vouliez ou non, vous serez un jour forcés
de
nous forcer à faire l’union européenne. Nous préférons la faire avant
3450
rez un jour forcés de nous forcer à faire l’union
européenne
. Nous préférons la faire avant, à notre idée. À ce moment, mon visite
3451
s répondu à sa question : pourquoi faut-il unir l’
Europe
, et quel serait l’avantage de cette union ? Je vous laisse juges. Mai
3452
faut-il unir l’Europe, et quel serait l’avantage
de
cette union ? Je vous laisse juges. Mais soyons justes. J’ai bien com
3453
fédération élèverait le niveau de vie des masses
européennes
; 2. si par suite de cette prospérité, l’Europe unie ne deviendrait p
3454
opéennes ; 2. si par suite de cette prospérité, l’
Europe
unie ne deviendrait pas un concurrent gênant pour les États-Unis. À q
3455
sera certains problèmes à l’Amérique. Le tout est
de
savoir si l’Amérique préfère l’Europe ruinée à l’Europe concurrente.
3456
ue. Le tout est de savoir si l’Amérique préfère l’
Europe
ruinée à l’Europe concurrente. C’est là son choix, c’est son affaire.
3457
savoir si l’Amérique préfère l’Europe ruinée à l’
Europe
concurrente. C’est là son choix, c’est son affaire. La nôtre est d’év
3458
est là son choix, c’est son affaire. La nôtre est
d’
éviter la ruine. Et nous refusons de penser que la santé des uns puiss
3459
La nôtre est d’éviter la ruine. Et nous refusons
de
penser que la santé des uns puisse vraiment nuire à celle des autres.
3460
sommes pas encore là. Commençons par sauver notre
Europe
! Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
3461
Demain l’
Europe
! — Le règne des experts (5 juin 1950) Chers auditeurs, L’actualité
3462
pleins, depuis des semaines, et le refus anglais
d’
y adhérer passionne à son sujet l’opinion des deux mondes. Je vous ai
3463
inion des deux mondes. Je vous ai dit que ce plan
de
mise en commun des ressources en acier et charbon du continent était
3464
st évident que la mauvaise volonté des dirigeants
européens
dépasse encore tout ce que l’on pouvait craindre. Tous nous parlent d
3465
t ce que l’on pouvait craindre. Tous nous parlent
d’
union, proclament qu’elle est urgente, mais personne ne veut rien sacr
3466
que l’union se fasse. Sans union, chacun sait, l’
Europe
court à sa perte. Mais les raisons de notre perte ne seront pas la Ru
3467
sait, l’Europe court à sa perte. Mais les raisons
de
notre perte ne seront pas la Russie, ni le diable ! Elles sont inscri
3468
ns. Elles sont dans la résistance des industriels
d’
un côté, des syndicats de l’autre, qui veulent bien l’union, mais sans
3469
sistance des industriels d’un côté, des syndicats
de
l’autre, qui veulent bien l’union, mais sans renoncer à la moindre pa
3470
l’union, mais sans renoncer à la moindre parcelle
de
leur puissance ou de leur doctrine, ce qui revient à dire que pratiqu
3471
noncer à la moindre parcelle de leur puissance ou
de
leur doctrine, ce qui revient à dire que pratiquement, ils refusent l
3472
ent à dire que pratiquement, ils refusent l’union
de
l’Europe. Elles sont aussi dans les préjugés invétérés de certains go
3473
dire que pratiquement, ils refusent l’union de l’
Europe
. Elles sont aussi dans les préjugés invétérés de certains gouvernemen
3474
ope. Elles sont aussi dans les préjugés invétérés
de
certains gouvernements, comme celui de la Grande-Bretagne, qui disent
3475
invétérés de certains gouvernements, comme celui
de
la Grande-Bretagne, qui disent vouloir l’union, mais qui refusent de
3476
ne, qui disent vouloir l’union, mais qui refusent
de
céder la moindre parcelle de leur souveraineté nationale, ce qui revi
3477
n, mais qui refusent de céder la moindre parcelle
de
leur souveraineté nationale, ce qui revient à dire que pratiquement,
3478
pratiquement, ils refusent la première condition
de
l’union. Quant aux masses, au lieu de se dresser pour exiger les cond
3479
e se dresser pour exiger les conditions concrètes
de
la paix, de leur paix, elles sont hypnotisées par quelque tour cyclis
3480
pour exiger les conditions concrètes de la paix,
de
leur paix, elles sont hypnotisées par quelque tour cycliste, en atten
3481
eu, dans les gouvernements, à toutes les époques
de
l’histoire. Ce qui est nouveau, c’est le rôle qu’on leur fait jouer.
3482
ur fait jouer. Autrefois, l’on n’avait pas l’idée
de
leur confier la conduite des affaires politiques. Ils étaient là pour
3483
e décidaient les buts qu’ils jugeaient nécessaire
d’
atteindre. Le xx e siècle a changé cela. C’est aux experts que le pouv
3484
soumettre, calculer ce que cela coûtera. Ensuite
de
quoi, le gouvernement peut toujours dire que c’est trop cher. Bien sû
3485
dire que c’est trop cher. Bien sûr ! Tout dépend
de
l’envie qu’il ou qu’il n’a pas, de réaliser le projet. On trouve touj
3486
! Tout dépend de l’envie qu’il ou qu’il n’a pas,
de
réaliser le projet. On trouve toujours trop cher, c’est évident, l’ob
3487
e juge pas indispensable, en l’occurrence l’union
de
l’Europe, c’est-à-dire finalement, la paix. Je vous l’ai dit bien sou
3488
e pas indispensable, en l’occurrence l’union de l’
Europe
, c’est-à-dire finalement, la paix. Je vous l’ai dit bien souvent, qua
3489
s en main que cette guerre ne pourrait durer plus
de
trois semaines (comme ils l’ont fait en 1914), ces mêmes experts se m
3490
xperts se mettent à faire des plans pour 5 années
de
lutte. Tous ces calculs sont donc des alibis. Ils masquent, aux yeux
3491
el fort inquiétant. Nous assistons à la décadence
de
l’autorité, au profit de la dictature des pouvoirs, c’est-à-dire des
3492
assistons à la décadence de l’autorité, au profit
de
la dictature des pouvoirs, c’est-à-dire des mécanismes abandonnés à e
3493
alisent. Mais l’autorité s’évanouit. Vous avez en
Europe
une bonne vingtaine d’États soi-disant souverains, avec tous leurs of
3494
évanouit. Vous avez en Europe une bonne vingtaine
d’
États soi-disant souverains, avec tous leurs offices nationaux et leur
3495
t leurs polices variées ; vous avez des centaines
de
comités, des dizaines de milliers de techniciens. Mais où sont les gr
3496
vous avez des centaines de comités, des dizaines
de
milliers de techniciens. Mais où sont les grandes voix qui montrent l
3497
es centaines de comités, des dizaines de milliers
de
techniciens. Mais où sont les grandes voix qui montrent les grands bu
3498
s au bien commun ? Ce qui manque tragiquement à l’
Europe
d’aujourd’hui, ce sont les hommes ou les femmes qui par-dessus le fou
3499
en commun ? Ce qui manque tragiquement à l’Europe
d’
aujourd’hui, ce sont les hommes ou les femmes qui par-dessus le fourmi
3500
n. Jeanne d’Arc et Nicolas de Flue ne disposaient
d’
aucun pouvoir. Ils n’avaient rien, mais ils étaient l’Autorité. Tous l
3501
Demain l’
Europe
! — Valeur de l’Europe (12 juin 1950) Chers auditeurs ! Je vous par
3502
Demain l’Europe ! — Valeur
de
l’Europe (12 juin 1950) Chers auditeurs ! Je vous parlais la semain
3503
Demain l’Europe ! — Valeur de l’
Europe
(12 juin 1950) Chers auditeurs ! Je vous parlais la semaine dernièr
3504
s auditeurs ! Je vous parlais la semaine dernière
d’
un phénomène bien inquiétant : le déclin de l’autorité, au xx e siècle
3505
rnière d’un phénomène bien inquiétant : le déclin
de
l’autorité, au xx e siècle, et l’avènement au pouvoir des experts, c’
3506
n générale des choses. Sur quoi j’ai reçu pas mal
d’
approbations, quant au principe tout au moins, mais aussi pas mal de c
3507
ant au principe tout au moins, mais aussi pas mal
de
critiques, déguisées d’ailleurs en bons conseils… D’accord, me dit-on
3508
aller au fond des choses, et ne pas se contenter
de
palliatifs. Mais le fond des choses, pour l’un, c’est la question mil
3509
paysans, pour un troisième, ce sont des citations
de
la Bible, et pour un quatrième c’est une réforme de la monnaie ! Le f
3510
la Bible, et pour un quatrième c’est une réforme
de
la monnaie ! Le fond des choses est vaste, comme vous le voyez, on y
3511
presque tout, et en tout cas, toutes les marottes
de
chacun d’entre nous. Dans le cadre de cette chronique et de l’action
3512
es marottes de chacun d’entre nous. Dans le cadre
de
cette chronique et de l’action que je commente pour vous, le fond des
3513
d’entre nous. Dans le cadre de cette chronique et
de
l’action que je commente pour vous, le fond des choses, c’est simplem
3514
e pour vous, le fond des choses, c’est simplement
de
fédérer l’Europe pour établir la paix. Ni plus, ni moins. Et c’est dé
3515
le fond des choses, c’est simplement de fédérer l’
Europe
pour établir la paix. Ni plus, ni moins. Et c’est déjà beaucoup. Mais
3516
coup. Mais on me dit : « Au fond, qu’est-ce que l’
Europe
? » Et je sais bien que cette question n’est pas absolument loyale, c
3517
, car tout le monde sait, en réalité, ce qu’est l’
Europe
, et ceux qui reposent le problème sont, en général, ceux qui refusent
3518
ont, en général, ceux qui refusent les conditions
de
l’union nécessaire ; qui cherchent à gagner du temps en discussions a
3519
t, je veux répondre sans détour, car le fait même
de
poser des questions est quelque chose de très européen. Personne n’au
3520
ait même de poser des questions est quelque chose
de
très européen. Personne n’aurait l’idée de demander : « Qu’est-ce que
3521
de poser des questions est quelque chose de très
européen
. Personne n’aurait l’idée de demander : « Qu’est-ce que l’Amérique, q
3522
chose de très européen. Personne n’aurait l’idée
de
demander : « Qu’est-ce que l’Amérique, qu’est-ce que l’Inde ou la Chi
3523
délimités, physiquement et historiquement. Mais l’
Europe
, personne ne peut dire où elle commence et où elle s’arrête à la fois
3524
rontières vers l’Est sont indécises, comme celles
de
la Grèce vers le Nord. Dans ce cap de l’Asie sont venues se mêler tro
3525
thènes, Rome et Jérusalem, — une idée raisonnable
de
l’homme, le droit et les institutions, et la révélation chrétienne. T
3526
ié au cours des siècles, et dès la Renaissance, l’
Europe
est apparue comme un ensemble, une civilisation, qui a dominé la Terr
3527
que vers 1939. Je ne vais pas vous faire un cours
d’
histoire en cinq minutes. Ce que je voudrais vous rappeler ce soir, c’
3528
us rappeler ce soir, c’est justement ce que nous,
Européens
, avons tendance à oublier, c’est la grandeur unique de notre continen
3529
vons tendance à oublier, c’est la grandeur unique
de
notre continent, et ce sont ses causes véritables. Posez-vous simplem
3530
% des terres du globe, soit devenu le foyer vital
de
la seule civilisation qui ait su gagner la Terre entière ? La réponse
3531
ent en un seul mot. C’est la culture qui a fait l’
Europe
, cœur et cerveau de la planète. C’est la culture qui a fait de notre
3532
t la culture qui a fait l’Europe, cœur et cerveau
de
la planète. C’est la culture qui a fait de notre péninsule tout autre
3533
erveau de la planète. C’est la culture qui a fait
de
notre péninsule tout autre chose que ce qu’elle paraît physiquement.
3534
Vous croyez que la culture est un luxe, l’affaire
de
quelques spécialistes à lunettes ? Vous croyez que le sérieux, le con
3535
lunettes ? Vous croyez que le sérieux, le concret
de
la vie, c’est l’argent, le vêtement, la nourriture, l’auto ? Vous oub
3536
e toutes ces choses sont des produits secondaires
de
la culture, d’elle seule. Vous oubliez que sans nos inventeurs, qui p
3537
oses sont des produits secondaires de la culture,
d’
elle seule. Vous oubliez que sans nos inventeurs, qui poursuivaient de
3538
ans nos inventeurs, qui poursuivaient des travaux
de
science pure, vous n’auriez ni y chauffage, ni éclairage, ni moyens d
3539
n’auriez ni y chauffage, ni éclairage, ni moyens
de
transport, ni remèdes. Vous oubliez que sans nos philosophes et nos j
3540
osophes et nos juristes, vous n’auriez pas l’idée
de
l’homme industriel, distingué du troupeau, de la tribu, capable de cr
3541
dée de l’homme industriel, distingué du troupeau,
de
la tribu, capable de critique, protégé par des lois. Vous oubliez que
3542
riel, distingué du troupeau, de la tribu, capable
de
critique, protégé par des lois. Vous oubliez que pour le bien comme p
3543
mal, le monde moderne tout entier est un produit
européen
, qu’il est sorti du cerveau de l’Europe, de sa culture encore une foi
3544
t un produit européen, qu’il est sorti du cerveau
de
l’Europe, de sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les gran
3545
produit européen, qu’il est sorti du cerveau de l’
Europe
, de sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les grands empire
3546
européen, qu’il est sorti du cerveau de l’Europe,
de
sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les grands empires qu
3547
au de l’Europe, de sa culture encore une fois, et
de
rien d’autre. Les grands empires qui nous disputent la puissance, l’A
3548
Europe, de sa culture encore une fois, et de rien
d’
autre. Les grands empires qui nous disputent la puissance, l’Amérique
3549
issance, l’Amérique et l’URSS, sont eux-mêmes nés
d’
idées européennes, l’un de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’aut
3550
l’Amérique et l’URSS, sont eux-mêmes nés d’idées
européennes
, l’un de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de
3551
RSS, sont eux-mêmes nés d’idées européennes, l’un
de
Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de notre ind
3552
de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’autre
de
Marx et de notre industrie. Si donc l’on veut rester concret, pratiqu
3553
et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et
de
notre industrie. Si donc l’on veut rester concret, pratique, il faut
3554
, pratique, il faut reconnaître cette réalité : l’
Europe
est une culture, ou elle n’est pas grand-chose. Pour la sauver, dans
3555
ise qu’elle traverse, il faut revenir aux sources
de
sa force, qui sont intellectuelles et spirituelles, et qui ne sont pa
3556
et qui ne sont pas le nombre et la matière — car
de
cela, les autres en ont plus que nous. Vouloir défendre notre vieille
3557
ont plus que nous. Vouloir défendre notre vieille
Europe
, il faut bien voir que c’est défendre tout d’abord les deux plus gran
3558
ndre tout d’abord les deux plus grandes conquêtes
de
sa culture : l’idée de l’homme personnel, l’idée de liberté, sans les
3559
eux plus grandes conquêtes de sa culture : l’idée
de
l’homme personnel, l’idée de liberté, sans lesquelles il n’est plus d
3560
sa culture : l’idée de l’homme personnel, l’idée
de
liberté, sans lesquelles il n’est plus de création ni d’invention, do
3561
l’idée de liberté, sans lesquelles il n’est plus
de
création ni d’invention, donc, en fin de compte, plus même de puissan
3562
rté, sans lesquelles il n’est plus de création ni
d’
invention, donc, en fin de compte, plus même de puissance matérielle.
3563
ni d’invention, donc, en fin de compte, plus même
de
puissance matérielle. Je reviendrai la prochaine fois sur l’action cu
3564
r l’action culturelle entreprise par le Mouvement
européen
, et sur l’institution qui doit mener cette action, le Centre européen
3565
voulais simplement vous rappeler que les chances
de
l’Europe, après tout, ce sont les chances de l’homme personnel, car e
3566
ais simplement vous rappeler que les chances de l’
Europe
, après tout, ce sont les chances de l’homme personnel, car en face de
3567
nces de l’Europe, après tout, ce sont les chances
de
l’homme personnel, car en face de la terre des masses qu’est la Russi
3568
en face de la terre des masses qu’est la Russie,
de
la terre des machines qu’est l’Amérique, de la terre des fatalités qu
3569
ssie, de la terre des machines qu’est l’Amérique,
de
la terre des fatalités qu’est l’Asie, l’Europe est seule à demeurer l
3570
rique, de la terre des fatalités qu’est l’Asie, l’
Europe
est seule à demeurer la Terre des hommes. Au revoir, à lundi prochain
3571
Demain l’
Europe
! — Le Centre européen de la culture (19 juin 1950) Chers auditeurs
3572
s tôt, c’est simplement parce qu’il s’agissait là
d’
un projet dont la mise au point a demandé deux ans d’études, de négoci
3573
n projet dont la mise au point a demandé deux ans
d’
études, de négociations difficiles et d’expériences préalables. Aujour
3574
ont la mise au point a demandé deux ans d’études,
de
négociations difficiles et d’expériences préalables. Aujourd’hui, nou
3575
deux ans d’études, de négociations difficiles et
d’
expériences préalables. Aujourd’hui, nous touchons au but. Un comité f
3576
ujourd’hui, nous touchons au but. Un comité formé
de
vingt représentants d’instituts culturels de toute l’Europe va se réu
3577
ns au but. Un comité formé de vingt représentants
d’
instituts culturels de toute l’Europe va se réunir cette semaine pour
3578
ormé de vingt représentants d’instituts culturels
de
toute l’Europe va se réunir cette semaine pour apporter la dernière m
3579
gt représentants d’instituts culturels de toute l’
Europe
va se réunir cette semaine pour apporter la dernière main aux statuts
3580
emaine pour apporter la dernière main aux statuts
de
cette institution, dont le siège sera probablement fixé à Genève et,
3581
bablement fixé à Genève et, peut-être, au château
de
Coppet. La création du Centre européen de la culture avait été demand
3582
culture avait été demandée d’abord par le congrès
de
La Haye, en 1948, elle fut ensuite recommandée par l’Assemblée de Str
3583
de Strasbourg, l’an dernier. Enfin la conférence
de
Lausanne, il y a quelques mois, en avait précisé le programme. Pendan
3584
précisé le programme. Pendant ce temps, un Bureau
d’
études fondé par le Mouvement européen travaillait en silence à Genève
3585
temps, un Bureau d’études fondé par le Mouvement
européen
travaillait en silence à Genève, dressait les plans, cherchait les fo
3586
plans, cherchait les fonds, et formait un réseau
de
collaboration. Ceux qui savent que j’ai pris quelque part à cette œuv
3587
z-vous me l’expliquer en deux mots ? J’ai coutume
de
répondre ceci : D’abord, nous allons prendre exactement le contre-pie
3588
us sévère, personnel qui se compte sur les doigts
de
la main, et nos bureaux non pas dans un palace ni dans un gratte-ciel
3589
les besoins réels qui se font sentir dans la vie
de
l’Europe d’aujourd’hui. Par exemple, personne ne sait où s’adresser p
3590
besoins réels qui se font sentir dans la vie de l’
Europe
d’aujourd’hui. Par exemple, personne ne sait où s’adresser pour obten
3591
réels qui se font sentir dans la vie de l’Europe
d’
aujourd’hui. Par exemple, personne ne sait où s’adresser pour obtenir
3592
it où s’adresser pour obtenir des documents sur l’
Europe
et sur les problèmes que pose son union. Nous commencerons donc par d
3593
llons donc les fédérer progressivement au service
d’
un même but : l’union de l’Europe. Nous voyons aussi que partout se po
3594
rogressivement au service d’un même but : l’union
de
l’Europe. Nous voyons aussi que partout se posent des problèmes très
3595
ssivement au service d’un même but : l’union de l’
Europe
. Nous voyons aussi que partout se posent des problèmes très urgents,
3596
oblèmes qui ne peuvent être résolus dans le cadre
d’
un seul pays, parce qu’ils débordent les limites nationales, les budge
3597
tout insuffisants. Nous allons donc créer un lieu
de
rencontres, où des représentants de nos divers pays étudieront ces pr
3598
créer un lieu de rencontres, où des représentants
de
nos divers pays étudieront ces problèmes tout nouveaux, afin de les r
3599
s tout nouveaux, afin de les résoudre à l’échelle
de
l’Europe, la seule possible, par la mise en commun de nos ressources.
3600
t nouveaux, afin de les résoudre à l’échelle de l’
Europe
, la seule possible, par la mise en commun de nos ressources. Ce sera,
3601
’Europe, la seule possible, par la mise en commun
de
nos ressources. Ce sera, si vous le voulez, un plan Schuman, mais dan
3602
le voulez, un plan Schuman, mais dans le domaine
de
la culture. Enfin, nous constatons qu’aucun de nos États et leurs ins
3603
ne de la culture. Enfin, nous constatons qu’aucun
de
nos États et leurs instituts officiels ne peut parler au nom de l’Eur
3604
rs instituts officiels ne peut parler au nom de l’
Europe
entière, quand il s’agit de s’adresser soit aux Russes, soit aux Amér
3605
arler au nom de l’Europe entière, quand il s’agit
de
s’adresser soit aux Russes, soit aux Américains. Il faut donc une aut
3606
faut donc une autorité qui puisse élever la voix
de
l’Europe comme unité et formuler son idéal, par-dessus nos frontières
3607
donc une autorité qui puisse élever la voix de l’
Europe
comme unité et formuler son idéal, par-dessus nos frontières anachron
3608
ntre européen de la culture, s’il obtient l’appui
de
l’opinion et s’il parvient à grouper nos élites. Tels sont l’esprit,
3609
tes. Tels sont l’esprit, les méthodes et les buts
de
l’institut qui va se fonder. Je me rends compte qu’il n’est pas facil
3610
fonder. Je me rends compte qu’il n’est pas facile
d’
en mesurer d’un seul coup d’œil toute l’importance. Et plusieurs d’ent
3611
u’il n’est pas facile d’en mesurer d’un seul coup
d’
œil toute l’importance. Et plusieurs d’entre vous se demanderont encor
3612
x exemples bien précis, qui feront voir la nature
de
nos activités. Premier exemple : les recherches scientifiques. Aucun
3613
ier exemple : les recherches scientifiques. Aucun
de
nos pays n’est assez riche pour développer la recherche atomique et s
3614
eurs appareils et leurs ressources matérielles, l’
Europe
unie peut se voir dotée demain de moyens de puissance aussi grands, s
3615
érielles, l’Europe unie peut se voir dotée demain
de
moyens de puissance aussi grands, sinon plus grands que l’Amérique et
3616
l’Europe unie peut se voir dotée demain de moyens
de
puissance aussi grands, sinon plus grands que l’Amérique et la Russie
3617
n plus grands que l’Amérique et la Russie. Privée
de
ces moyens, elle sera bientôt réduite à l’état de colonie décadente.
3618
de ces moyens, elle sera bientôt réduite à l’état
de
colonie décadente. Si elle les a, son indépendance est assurée. Nous
3619
ple, dans un domaine tout différent. Il existe en
Europe
des douzaines de foyers régionaux de culture, très actifs, pleins de
3620
tout différent. Il existe en Europe des douzaines
de
foyers régionaux de culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés.
3621
xiste en Europe des douzaines de foyers régionaux
de
culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepri
3622
foyers régionaux de culture, très actifs, pleins
de
foi, mais isolés. Nous avons entrepris de les mettre en contact, et d
3623
pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepris
de
les mettre en contact, et de les fédérer en un vaste réseau d’amitiés
3624
Nous avons entrepris de les mettre en contact, et
de
les fédérer en un vaste réseau d’amitiés par-dessus les frontières. L
3625
en contact, et de les fédérer en un vaste réseau
d’
amitiés par-dessus les frontières. Les jeunes gens membres d’un foyer
3626
ar-dessus les frontières. Les jeunes gens membres
d’
un foyer seront chez eux dans tous les autres et dans tous les pays de
3627
ez eux dans tous les autres et dans tous les pays
de
l’Europe. Ils seront sûrs de trouver dans leurs voyages, à pied ou à
3628
x dans tous les autres et dans tous les pays de l’
Europe
. Ils seront sûrs de trouver dans leurs voyages, à pied ou à bicyclett
3629
t dans tous les pays de l’Europe. Ils seront sûrs
de
trouver dans leurs voyages, à pied ou à bicyclette, logis, lecture, o
3630
à pied ou à bicyclette, logis, lecture, occasion
de
s’instruire dans une langue étrangère ou des métiers nouveaux. Et pou
3631
métiers nouveaux. Et pour ces compagnons du Tour
d’
Europe, le continent tout entier deviendra une seule patrie, une amiti
3632
étiers nouveaux. Et pour ces compagnons du Tour d’
Europe
, le continent tout entier deviendra une seule patrie, une amitié aux
3633
ie, une amitié aux cent visages. Voilà deux types
d’
initiatives prises par le Centre en formation. Je pourrais en citer vi
3634
commencez peut-être à le voir, tout cela n’a rien
de
théorique, mais doit servir, bien au contraire, à construire une Euro
3635
doit servir, bien au contraire, à construire une
Europe
rajeunie, libérée de ses barrières, et renaissant à la puissance qui
3636
traire, à construire une Europe rajeunie, libérée
de
ses barrières, et renaissant à la puissance qui fut toujours la sienn
3637
à la puissance qui fut toujours la sienne : celle
de
l’esprit. Un mot encore : le siège du Centre européen de la culture,
3638
oit être en Suisse. N’est-il pas beau que ce soit
de
la Suisse, espace neutre au milieu du continent, que puisse s’élever
3639
du continent, que puisse s’élever demain la voix
de
l’Europe ? Au revoir, chers auditeurs, et à lundi prochain, pour ma d
3640
ontinent, que puisse s’élever demain la voix de l’
Europe
? Au revoir, chers auditeurs, et à lundi prochain, pour ma dernière c
3641
ma dernière chronique avant l’étéi. i. Un point
d’
interrogation en marge.
3642
Demain l’
Europe
! — Avant Strasbourg (26 juin 1950) Chers auditeurs, Voici l’été ;
3643
ucoup d’entre vous, les vacances ; pour le studio
de
Genève l’interruption normale de plusieurs émissions, dont la mienne
3644
; pour le studio de Genève l’interruption normale
de
plusieurs émissions, dont la mienne en juillet et août si bien que ce
3645
e ce soir, je vous présente la dernière chronique
d’
une série qui aura duré près d’une année. Il est bien naturel que je m
3646
dernière chronique d’une série qui aura duré près
d’
une année. Il est bien naturel que je m’interroge sur la portée des év
3647
ur la portée des événements qui ont marqué la vie
de
l’Europe durant ces mois, et sur l’avenir immédiat. Avons-nous avancé
3648
portée des événements qui ont marqué la vie de l’
Europe
durant ces mois, et sur l’avenir immédiat. Avons-nous avancé vers l’u
3649
cé vers l’union ? Prenons d’abord notre Mouvement
européen
, qui fut depuis deux ans le moteur de l’action. Depuis son grand succ
3650
ement européen, qui fut depuis deux ans le moteur
de
l’action. Depuis son grand succès de l’an dernier, la création du Con
3651
ns le moteur de l’action. Depuis son grand succès
de
l’an dernier, la création du Conseil de l’Europe, il faut avouer qu’i
3652
de l’Europe, il faut avouer qu’il n’a pas déployé
d’
activités spectaculaires. Cependant, en sourdine, il travaillait sur l
3653
ur le plan politique, il a fait sienne l’exigence
de
son aile fédéraliste, il a demandé la création d’une véritable Autori
3654
de son aile fédéraliste, il a demandé la création
d’
une véritable Autorité européenne, dotée de pouvoirs limités, mais rée
3655
il a demandé la création d’une véritable Autorité
européenne
, dotée de pouvoirs limités, mais réels. Nous verrons à Strasbourg, ce
3656
éation d’une véritable Autorité européenne, dotée
de
pouvoirs limités, mais réels. Nous verrons à Strasbourg, cet été, si
3657
enace des Anglais et des Scandinaves. Sur le plan
de
la culture, dont je vous disais, dans mes deux dernières chroniques,
3658
dernières chroniques, qu’il est le vrai fondement
de
toute l’Europe, et même de sa puissance matérielle, les projets ont é
3659
hroniques, qu’il est le vrai fondement de toute l’
Europe
, et même de sa puissance matérielle, les projets ont été décisifs. Le
3660
est le vrai fondement de toute l’Europe, et même
de
sa puissance matérielle, les projets ont été décisifs. Le Centre euro
3661
tomne prochain à Genève. Et peu après, le Collège
de
l’Europe, sorte d’école des sciences politiques pour l’Europe fédérée
3662
prochain à Genève. Et peu après, le Collège de l’
Europe
, sorte d’école des sciences politiques pour l’Europe fédérée de demai
3663
nève. Et peu après, le Collège de l’Europe, sorte
d’
école des sciences politiques pour l’Europe fédérée de demain, ouvrira
3664
ope, sorte d’école des sciences politiques pour l’
Europe
fédérée de demain, ouvrira ses portes en Belgique, dans la très vieil
3665
ole des sciences politiques pour l’Europe fédérée
de
demain, ouvrira ses portes en Belgique, dans la très vieille cité de
3666
ses portes en Belgique, dans la très vieille cité
de
Bruges, ressuscitée pour un avenir continental. Voilà deux créations
3667
mique, le plan Schuman pose les bases matérielles
d’
une renaissance de notre continent. Né d’un projet conçu par les fédér
3668
uman pose les bases matérielles d’une renaissance
de
notre continent. Né d’un projet conçu par les fédéralistes, il rester
3669
érielles d’une renaissance de notre continent. Né
d’
un projet conçu par les fédéralistes, il restera l’honneur du gouverne
3670
oposer au monde, en dépit de toutes les intrigues
d’
intérêts, de partis, et d’égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura mon
3671
nde, en dépit de toutes les intrigues d’intérêts,
de
partis, et d’égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura montré que son
3672
de toutes les intrigues d’intérêts, de partis, et
d’
égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura montré que son génie domine e
3673
aura montré que son génie domine encore les jeux
de
ses politiciens. Et maintenant, tournons-nous vers l’avenir. La deuxi
3674
tournons-nous vers l’avenir. La deuxième session
de
Strasbourg s’ouvrira le 8 août. Elle sera décisive. Formée de députés
3675
g s’ouvrira le 8 août. Elle sera décisive. Formée
de
députés régulièrement élus par 15 parlements de l’Europe, cette Assem
3676
e de députés régulièrement élus par 15 parlements
de
l’Europe, cette Assemblée consultative porte le grand espoir fédérali
3677
députés régulièrement élus par 15 parlements de l’
Europe
, cette Assemblée consultative porte le grand espoir fédéraliste : on
3678
, cet été, si elle s’en montre digne. On le verra
d’
une manière précise. Car l’Assemblée sera saisie d’une proposition cap
3679
’une manière précise. Car l’Assemblée sera saisie
d’
une proposition capitale, tendant à instituer, au-dessus des États, un
3680
endant à instituer, au-dessus des États, un Pacte
européen
et une Autorité dotée de pouvoirs bien réels. Si elle recule, si elle
3681
es États, un Pacte européen et une Autorité dotée
de
pouvoirs bien réels. Si elle recule, si elle refuse l’obstacle, nous
3682
refuse l’obstacle, nous cesserons non pas certes
d’
espérer, ni de lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas
3683
acle, nous cesserons non pas certes d’espérer, ni
de
lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas député, et mon
3684
rons non pas certes d’espérer, ni de lutter, mais
de
croire à son existence. Je ne suis pas député, et mon pays d’ailleurs
3685
est pas représenté à Strasbourg. Je n’ai donc pas
de
titre à y parler. Si j’en avais, voici quel serait mon discours : Me
3686
quel serait mon discours : Messieurs les députés
européens
! vous êtes ici pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la
3687
es députés européens ! vous êtes ici pour faire l’
Europe
, et non pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la f
3688
i pour faire l’Europe, et non pour faire semblant
de
la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer. Comment fédérer des nat
3689
, et non pour faire semblant de la faire. Faire l’
Europe
signifie la fédérer. Comment fédérer des nations qui se croient encor
3690
es premiers à se montrer réservés quand il s’agit
de
faire l’Europe. C’est qu’ils sont déjà fédérés. Ils vous attendent. V
3691
à se montrer réservés quand il s’agit de faire l’
Europe
. C’est qu’ils sont déjà fédérés. Ils vous attendent. Vous dites encor
3692
que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps
de
voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à no
3693
conviennent à nos calamités. Vous dites qu’il y a
de
grosses difficultés. Vous êtes-là pour les surmonter, — sinon, pour q
3694
monter, — sinon, pour quoi ? Vous m’assurez enfin
de
vos bonnes intentions. Prouvez-les ! Je n’ai jamais rencontré personn
3695
ou contre la vertu en général, ou contre l’union
de
nos peuples. Nous sommes tous de bonne volonté, à nous en croire… Mai
3696
u contre l’union de nos peuples. Nous sommes tous
de
bonne volonté, à nous en croire… Mais certains souhaitent un peu d’un
3697
à nous en croire… Mais certains souhaitent un peu
d’
union, bien sûr, tandis que d’autres veulent ses conditions. Certains
3698
les fédéralistes. Eh bien ! Messieurs les députés
européens
, si vous n’êtes pas fédéralistes, allez-vous-en ! Si vous l’êtes, ose
3699
tres, prenez le pouvoir et donnez-nous l’Autorité
européenne
. Tel serait mon discours, chers auditeurs, et je ne pourrai pas le p
3700
, et je ne pourrai pas le prononcer, mais la voix
de
l’opinion parlera dans le même sens, et je voudrais vous avoir convai
3701
tre. Nous nous retrouverons, je l’espère, au mois
de
septembre, et je vous dirai si nous avons gagné. Merci de m’avoir sui
3702
mbre, et je vous dirai si nous avons gagné. Merci
de
m’avoir suivi si fidèlement, merci pour toutes vos lettres, et de l’i
3703
si fidèlement, merci pour toutes vos lettres, et
de
l’invisible appui que vous m’avez donné dans vos pensées. C’est avec
3704
avez donné dans vos pensées. C’est avec cet appui
de
l’âme que nous ferons demain l’Europe. Mes chers auditeurs, au revoir
3705
avec cet appui de l’âme que nous ferons demain l’
Europe
. Mes chers auditeurs, au revoir !
3706
Demain l’
Europe
! — Un été orageux (9 septembre 1950) Chers auditeurs, Je reviens v
3707
eviens vous parler après un été orageux. Le titre
de
ma chronique n’a pas changé : il est resté « Demain : l’Europe ! », c
3708
onique n’a pas changé : il est resté « Demain : l’
Europe
! », ce qui revient à dire évidemment, que cette Europe n’est pas enc
3709
! », ce qui revient à dire évidemment, que cette
Europe
n’est pas encore faite aujourd’hui, n’a pas été formée et fédérée pen
3710
ige encore, pour devenir demain réalité, beaucoup
d’
efforts, beaucoup de sacrifices, et de bonnes volontés, et de volonté
3711
é, beaucoup d’efforts, beaucoup de sacrifices, et
de
bonnes volontés, et de volonté tout court. Mais avant de vous informe
3712
beaucoup de sacrifices, et de bonnes volontés, et
de
volonté tout court. Mais avant de vous informer de ce qui s’est fait,
3713
e volonté tout court. Mais avant de vous informer
de
ce qui s’est fait, ou ne s’est pas fait, pour nous unir, depuis deux
3714
as fait, pour nous unir, depuis deux mois ; avant
d’
en revenir à des problèmes précis, je voudrais vous parler de l’été qu
3715
r à des problèmes précis, je voudrais vous parler
de
l’été qui s’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre. De jour
3716
’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre.
De
jour en jour, les prévisions du temps annonçaient des orages locaux.
3717
s se trompaient rarement. Il y eut même, au début
de
juillet, un certain orage local, à l’extrême pointe de l’Asie, en Cor
3718
illet, un certain orage local, à l’extrême pointe
de
l’Asie, en Corée, qui fit craindre à beaucoup que le Ciel ne se fatig
3719
fit craindre à beaucoup que le Ciel ne se fatigue
de
localiser les dégâts. Ce fut un été mouvementé, dominé par une vague
3720
op vague encore, souvent, mais qui n’a pas manqué
de
faire prendre, à certains d’entre nous, une conscience plus claire du
3721
tre nous, une conscience plus claire du danger et
de
la fragilité de notre paix. Je ne saurais mieux décrire cette atmosph
3722
nscience plus claire du danger et de la fragilité
de
notre paix. Je ne saurais mieux décrire cette atmosphère chargée qu’e
3723
nt laissés mes déplacements dans les pays voisins
de
la Suisse. Aux derniers jours du mois de juin, je me suis envolé vers
3724
voisins de la Suisse. Aux derniers jours du mois
de
juin, je me suis envolé vers Berlin, par-dessus la zone soviétique. L
3725
Berlin, par-dessus la zone soviétique. L’affaire
de
Corée venait d’éclater. Le congrès auquel j’allais prendre part se te
3726
sus la zone soviétique. L’affaire de Corée venait
d’
éclater. Le congrès auquel j’allais prendre part se tenait dans les ru
3727
l j’allais prendre part se tenait dans les ruines
de
Berlin, à 600 mètres de la limite du secteur russe. Personne ne savai
3728
se tenait dans les ruines de Berlin, à 600 mètres
de
la limite du secteur russe. Personne ne savait, à ce moment-là, si le
3729
’on sent que les choses peuvent devenir sérieuses
d’
une heure à l’autre. Et pendant plusieurs jours, nous avons entendu de
3730
ler, ou comme David Rousset, proclamer les droits
de
la pensée libre, et le refus du système concentrationnaire, celui qui
3731
rnière séance publique du congrès, le bourgmestre
de
Berlin, qui présidait, se leva soudain pour lire une dépêche qu’on ve
3732
pour lire une dépêche qu’on venait de lui donner.
D’
une voix grave, il annonça que les Russes, à partir de minuit, le soir
3733
e la ville. Ce n’était que cela, une longue panne
d’
électricité, en somme. Mais si beaucoup avaient eu chaud, pendant que
3734
es plus tard, j’étais à Beaune, capitale des vins
de
Bourgogne, où s’étaient réunis pour le 14 juillet les fédéralistes fr
3735
les fédéralistes français. Là, dans ce riche pays
de
vignobles touffus, sous les voûtes séculaires et patinées de l’hospic
3736
s touffus, sous les voûtes séculaires et patinées
de
l’hospice et du palais des Ducs, on se sentait bien à l’abri dans un
3737
un passé dense et profond, comme l’histoire même
de
la France, bien loin du siècle, de ses grandes villes en ruines, du r
3738
’histoire même de la France, bien loin du siècle,
de
ses grandes villes en ruines, du rideau de fer et des camps. Pourtant
3739
iècle, de ses grandes villes en ruines, du rideau
de
fer et des camps. Pourtant, une voix s’éleva, dès le premier jour, co
3740
r, comme un rappel à la réalité : c’était la voix
de
mon ami Gheorghiu, l’auteur de la Vingt-Cinquième Heure. Il évoquait
3741
: c’était la voix de mon ami Gheorghiu, l’auteur
de
la Vingt-Cinquième Heure. Il évoquait le sort des nations de l’Est eu
3742
-Cinquième Heure. Il évoquait le sort des nations
de
l’Est européen, qui viennent de perdre, sous nos yeux, cette liberté
3743
e Heure. Il évoquait le sort des nations de l’Est
européen
, qui viennent de perdre, sous nos yeux, cette liberté que l’on fêtait
3744
l’on fêtait autour de nous, et que nous risquions
de
perdre à notre tour, demain peut-être… Quand il eut terminé, je vous
3745
Je passai tôt après quelques jours sur une plage
de
la Méditerranée, royaume solaire de l’insouciance et de l’oubli des p
3746
sur une plage de la Méditerranée, royaume solaire
de
l’insouciance et de l’oubli des petits et grands soucis. Mais de quoi
3747
Méditerranée, royaume solaire de l’insouciance et
de
l’oubli des petits et grands soucis. Mais de quoi parlait-on, près de
3748
e et de l’oubli des petits et grands soucis. Mais
de
quoi parlait-on, près de moi, dans un groupe animé de gens très riche
3749
uoi parlait-on, près de moi, dans un groupe animé
de
gens très riches ? On discutait le prix d’un bateau qu’on tiendrait t
3750
animé de gens très riches ? On discutait le prix
d’
un bateau qu’on tiendrait toujours prêt pour fuir l’Europe et gagner l
3751
bateau qu’on tiendrait toujours prêt pour fuir l’
Europe
et gagner l’Algérie en cas de guerre prochaine. L’ombre de la Corée s
3752
rêt pour fuir l’Europe et gagner l’Algérie en cas
de
guerre prochaine. L’ombre de la Corée s’étendait jusqu’ici. Voilà pou
3753
ner l’Algérie en cas de guerre prochaine. L’ombre
de
la Corée s’étendait jusqu’ici. Voilà pourquoi, lorsqu’on m’a demandé
3754
jusqu’ici. Voilà pourquoi, lorsqu’on m’a demandé
de
prononcer le discours du 1er août à Neuchâtel, j’ai tenté de résumer
3755
r le discours du 1er août à Neuchâtel, j’ai tenté
de
résumer mes impressions récentes en tenant à peu près ce langage : N
3756
i dans un pays prospère. Mais ce pays est au cœur
d’
une Europe qui se sent, tout d’un coup, cet été, sans défense. Et notr
3757
un pays prospère. Mais ce pays est au cœur d’une
Europe
qui se sent, tout d’un coup, cet été, sans défense. Et notre sort, au
3758
e pays est au cœur d’une Europe qui se sent, tout
d’
un coup, cet été, sans défense. Et notre sort, au bout du compte, sera
3759
rt, au bout du compte, sera celui du continent. L’
Europe
aussi, comme la Corée, est une presqu’île de l’Asie… Elle aussi peut
3760
’Europe aussi, comme la Corée, est une presqu’île
de
l’Asie… Elle aussi peut être envahie. Vous pensez que la Corée, c’est
3761
sses, ne l’oubliez pas, sont à une heure et demie
d’
avion de notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’est-il pas
3762
l’oubliez pas, sont à une heure et demie d’avion
de
notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’est-il pas venu pou
3763
heures. Le jour n’est-il pas venu pour nous tous
d’
obéir à l’exemple des petits cantons suisses, lesquels, considérant la
3764
squels, considérant la malice des temps, jurèrent
de
se prêter secours mutuel et de faire cause commune contre quiconque c
3765
es temps, jurèrent de se prêter secours mutuel et
de
faire cause commune contre quiconque chercherait à les molester ? Le
3766
e moment n’est-il pas venu de nous unir au-dessus
de
nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières,
3767
il pas venu de nous unir au-dessus de nos partis,
de
nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières, et de fédérer n
3768
essus de nos partis, de nos vieilles querelles et
de
nos vieilles frontières, et de fédérer nos faiblesses pour en faire l
3769
illes querelles et de nos vieilles frontières, et
de
fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle, la seule gar
3770
ur en faire la force du siècle, la seule garantie
de
la paix, et de la liberté qui vaut mieux que la paix ? L’orage, une
3771
force du siècle, la seule garantie de la paix, et
de
la liberté qui vaut mieux que la paix ? L’orage, une fois de plus, s
3772
la paix ? L’orage, une fois de plus, s’était mis
de
la partie. La pluie tombait. Des milliers d’auditeurs ouvrirent leur
3773
mis de la partie. La pluie tombait. Des milliers
d’
auditeurs ouvrirent leur parapluie et restèrent là. S’ils n’avaient pa
3774
suppose qu’ils seraient partis… À quelques jours
de
là, sous les auspices d’un ciel non moins chargé de nuées menaçantes,
3775
partis… À quelques jours de là, sous les auspices
d’
un ciel non moins chargé de nuées menaçantes, s’ouvrait à Strasbourg l
3776
là, sous les auspices d’un ciel non moins chargé
de
nuées menaçantes, s’ouvrait à Strasbourg la deuxième session de l’Ass
3777
antes, s’ouvrait à Strasbourg la deuxième session
de
l’Assemblée consultative européenne. Et Churchill demandait la créati
3778
g la deuxième session de l’Assemblée consultative
européenne
. Et Churchill demandait la création immédiate d’une armée de l’Europe
3779
nne. Et Churchill demandait la création immédiate
d’
une armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je
3780
chill demandait la création immédiate d’une armée
de
l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous
3781
demandait la création immédiate d’une armée de l’
Europe
. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous entreten
3782
it la création immédiate d’une armée de l’Europe.
De
mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous entretenir p
3783
armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents
de
Strasbourg, je compte vous entretenir plus en détail au cours de mes
3784
up de choses dépendent, pour notre avenir à tous,
de
ce qui s’est fait, ou ne s’est pas fait là. Au revoir, chers auditeur
3785
Demain l’
Europe
! — L’atmosphère de Strasbourg (11 septembre 1950) Chers auditeurs,
3786
Demain l’Europe ! — L’atmosphère
de
Strasbourg (11 septembre 1950) Chers auditeurs, Beaucoup de gens ig
3787
ent le fonctionnement des institutions politiques
de
leur propre pays. Comment pourraient-ils donc connaître les instituti
3788
nt-ils donc connaître les institutions naissantes
d’
une Europe qui en est encore au stade des plans et des discussions sur
3789
donc connaître les institutions naissantes d’une
Europe
qui en est encore au stade des plans et des discussions sur devis ? J
3790
s discussions sur devis ? Je ne crois pas inutile
de
rappeler brièvement ce que c’est que le Conseil de l’Europe, et l’ass
3791
Conseil de l’Europe, et l’assemblée consultative
de
Strasbourg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai de l’année d
3792
Strasbourg. Le Conseil de l’Europe est né au mois
de
mai de l’année dernière, à la suite d’une campagne vigoureuse conduit
3793
urg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai
de
l’année dernière, à la suite d’une campagne vigoureuse conduite par l
3794
né au mois de mai de l’année dernière, à la suite
d’
une campagne vigoureuse conduite par le Mouvement européen. Il réunit
3795
une campagne vigoureuse conduite par le Mouvement
européen
. Il réunit 15 États de l’Europe sur les 19 situés à l’ouest du rideau
3796
de l’Europe sur les 19 situés à l’ouest du rideau
de
fer. Manquent à l’appel l’Espagne et le Portugal, parce qu’ils sont e
3797
pagne et le Portugal, parce qu’ils sont en régime
de
dictature, l’Autriche parce que les Russes refusent encore de signer
3798
, l’Autriche parce que les Russes refusent encore
de
signer son traité de paix, et la Suisse parce qu’à Berne, on n’aime p
3799
e les Russes refusent encore de signer son traité
de
paix, et la Suisse parce qu’à Berne, on n’aime pas trop se presser… L
3800
rop se presser… Le Conseil de l’Europe se compose
d’
un Comité ministériel formé par les ministres des Affaires étrangères
3801
res des Affaires étrangères des États membres, et
d’
une Assemblée consultative de 125 députés, élus par les parlements nat
3802
es États membres, et d’une Assemblée consultative
de
125 députés, élus par les parlements nationaux. Le rôle de l’Assemblé
3803
putés, élus par les parlements nationaux. Le rôle
de
l’Assemblée consiste à étudier et à voter toutes mesures tendant à un
3804
tudier et à voter toutes mesures tendant à unir l’
Europe
. Le rôle du Comité ministériel consiste à examiner les résolutions de
3805
é ministériel consiste à examiner les résolutions
de
l’Assemblée, et à les refuser régulièrement, sur la demande des Angla
3806
ar les ministres un jour se fatigueront peut-être
de
dire non. Et l’Assemblée, un jour, peut se révolter contre le sempite
3807
jour, peut se révolter contre le sempiternel veto
de
M. Bevin. Elle peut un beau jour passer outre, et décider que ses rés
3808
s résolutions seront examinées par les parlements
de
chaque pays, qui sont plus stables que les ministres. Et l’opinion, u
3809
et les parlements sont élus par l’opinion réelle
d’
un pays, celle qui vote au scrutin libre et secret. Celle qui ne ment
3810
e ment pas. Tout dépend donc, en dernier ressort,
de
l’opinion. Quand elle sera mûre, quand elle dira ce qu’elle veut, ave
3811
députés suivront, les ministres obéiront, et tout
d’
un coup, malgré les arguments des experts, des prudents ou des lâches,
3812
uments des experts, des prudents ou des lâches, l’
Europe
se fera. Vous voyez que je n’ai pas d’illusions. Mais je calcule nos
3813
hes, l’Europe se fera. Vous voyez que je n’ai pas
d’
illusions. Mais je calcule nos chances, qui sont celles de la paix, et
3814
ons. Mais je calcule nos chances, qui sont celles
de
la paix, et je trouve qu’elles ne sont pas si mauvaises. Encore faut-
3815
ncore faut-il que l’opinion se réveille. Le canon
de
la Corée peut l’y aider. La crise économique, qui s’approche à grands
3816
a fait Strasbourg pendant l’été ? Je serais forcé
de
vous répondre : pas grand-chose. Mais une évolution décisive se prépa
3817
évolution décisive se prépare. Dans l’atmosphère
de
l’été orageux que je vous décrivais lundi dernier, cette deuxième ses
3818
s décrivais lundi dernier, cette deuxième session
de
l’Assemblée fut beaucoup plus passionnée que l’an dernier. On sentait
3819
naient sérieuses, non seulement en Corée, mais en
Europe
. Des oppositions plus tranchées se sont fait jour, des masques sont t
3820
ravaillistes. Et qu’il était parfaitement inutile
de
consentir des concessions dont ils se moquent. On a vu que la fédérat
3821
res lui refusent. C’est qu’elle se sent plus sûre
d’
elle-même, mieux en contact que l’an dernier avec les forces morales e
3822
bâtiment va, tout va, dit un proverbe. Le Palais
de
l’Europe a été édifié sur un ancien terrain de football. On y jouait
3823
ment va, tout va, dit un proverbe. Le Palais de l’
Europe
a été édifié sur un ancien terrain de football. On y jouait un match
3824
is de l’Europe a été édifié sur un ancien terrain
de
football. On y jouait un match le 1er mars encore. Aujourd’hui c’est
3825
non moins disputées. Il s’agit toujours et encore
de
se renvoyer la balle. Mais quelques buts ont été marqués. Premièremen
3826
t été marqués. Premièrement, l’Assemblée a décidé
de
se réunir une seconde fois cette année, au mois de novembre. Et quatr
3827
e se réunir une seconde fois cette année, au mois
de
novembre. Et quatre fois l’année prochaine. Voilà qui permettra d’all
3828
uatre fois l’année prochaine. Voilà qui permettra
d’
aller plus vite, et de maintenir l’opinion en alerte. Deuxièmement, l’
3829
chaine. Voilà qui permettra d’aller plus vite, et
de
maintenir l’opinion en alerte. Deuxièmement, l’Assemblée s’est donné
3830
e. Deuxièmement, l’Assemblée s’est donné le droit
d’
aborder les questions militaires, de parler de la défense de l’Europe,
3831
onné le droit d’aborder les questions militaires,
de
parler de la défense de l’Europe, qui est le problème le plus urgent.
3832
oit d’aborder les questions militaires, de parler
de
la défense de l’Europe, qui est le problème le plus urgent. Je revien
3833
uestions militaires, de parler de la défense de l’
Europe
, qui est le problème le plus urgent. Je reviendrai lundi prochain sur
3834
sé à l’examen du Conseil des ministres, un projet
d’
Autorité politique européenne au-dessus des nations. Et c’est là le po
3835
eil des ministres, un projet d’Autorité politique
européenne
au-dessus des nations. Et c’est là le point capital. Les ministres on
3836
ai l’impression très nette que la session du mois
de
novembre verra des actes révolutionnaires, de la part des fédéraliste
3837
-ci ne représentent, à vrai dire, qu’une minorité
de
l’Assemblée. Mais ils se sentent soutenus par l’opinion publique. Des
3838
tent soutenus par l’opinion publique. Des groupes
de
jeunes fédéralistes, prêts à l’action, animés par le professeur Danie
3839
ur Daniel Villey, hantaient déjà, pendant le mois
d’
août, les couloirs du Palais de l’Europe, créant une atmosphère d’urge
3840
à, pendant le mois d’août, les couloirs du Palais
de
l’Europe, créant une atmosphère d’urgence et de salutaire inquiétude.
3841
ndant le mois d’août, les couloirs du Palais de l’
Europe
, créant une atmosphère d’urgence et de salutaire inquiétude. À la vei
3842
oirs du Palais de l’Europe, créant une atmosphère
d’
urgence et de salutaire inquiétude. À la veille de la première séance
3843
s de l’Europe, créant une atmosphère d’urgence et
de
salutaire inquiétude. À la veille de la première séance de l’Assemblé
3844
d’urgence et de salutaire inquiétude. À la veille
de
la première séance de l’Assemblée, ils s’étaient réunis à la frontièr
3845
ire inquiétude. À la veille de la première séance
de
l’Assemblée, ils s’étaient réunis à la frontière franco-allemande, po
3846
lemande, pour brûler les barrières et les poteaux
de
douane. Ce geste symbolique en annonce d’autres. Ce feu de joie et de
3847
. Ce geste symbolique en annonce d’autres. Ce feu
de
joie et de fraternité peut s’étendre à toutes les frontières. On y tr
3848
symbolique en annonce d’autres. Ce feu de joie et
de
fraternité peut s’étendre à toutes les frontières. On y travaillera f
3849
Demain l’
Europe
! — L’armée européenne (18 septembre 1950) Chers auditeurs, Pendant
3850
Demain l’Europe ! — L’armée
européenne
(18 septembre 1950) Chers auditeurs, Pendant que la guerre éclatait
3851
ait, s’armait, et pendant que la Russie observait
d’
un œil froid l’état des forces en présence, qu’a-t-on fait en Europe,
3852
l’état des forces en présence, qu’a-t-on fait en
Europe
, à Strasbourg, cet été pour répondre au défi de l’Histoire ? La sessi
3853
rope, à Strasbourg, cet été pour répondre au défi
de
l’Histoire ? La session de l’Assemblée s’est ouverte par un grand dis
3854
pour répondre au défi de l’Histoire ? La session
de
l’Assemblée s’est ouverte par un grand discours de Churchill. Le suje
3855
e l’Assemblée s’est ouverte par un grand discours
de
Churchill. Le sujet de ce discours était la création immédiate d’une
3856
erte par un grand discours de Churchill. Le sujet
de
ce discours était la création immédiate d’une armée de l’Europe. L’id
3857
sujet de ce discours était la création immédiate
d’
une armée de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est
3858
discours était la création immédiate d’une armée
de
l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est sans défense
3859
ours était la création immédiate d’une armée de l’
Europe
. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est sans défense. Elle pe
3860
réation immédiate d’une armée de l’Europe. L’idée
de
Churchill était simple. L’Europe est sans défense. Elle peut être env
3861
de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’
Europe
est sans défense. Elle peut être envahie demain, ou cette nuit même.
3862
ou cette nuit même. Si nous pensons qu’elle vaut
d’
être sauvée, constituons une armée sérieuse, qui ne saurait être qu’un
3863
armée sérieuse, qui ne saurait être qu’une armée
européenne
, à l’échelle de la menace elle-même continentale qui pèse sur nous. L
3864
saurait être qu’une armée européenne, à l’échelle
de
la menace elle-même continentale qui pèse sur nous. Le génie de Churc
3865
lle-même continentale qui pèse sur nous. Le génie
de
Churchill est indéniable : il consiste à dire simplement les évidence
3866
que tout le monde voit, mais que l’on traiterait
de
paradoxes ou d’utopies si vous ou moi osions les dire. Tout le monde
3867
de voit, mais que l’on traiterait de paradoxes ou
d’
utopies si vous ou moi osions les dire. Tout le monde sait que l’Europ
3868
ou moi osions les dire. Tout le monde sait que l’
Europe
n’a point d’armée, si l’on excepte l’armée suisse, laquelle est neutr
3869
s dire. Tout le monde sait que l’Europe n’a point
d’
armée, si l’on excepte l’armée suisse, laquelle est neutre. Tout le mo
3870
e est neutre. Tout le monde sait qu’il est urgent
de
faire quelque chose. Mais il faut que Churchill le dise pour qu’on ap
3871
onde, et quand Churchill eut terminé son discours
de
Strasbourg, l’Assemblée tout entière lui fit une ovation, et vota sa
3872
et vota sa motion par 89 voix contre 5, et point
d’
abstentions. C’était trop beau pour être vrai. L’Assemblée ne tarda po
3873
aux réalités, qui sont pour elle les paragraphes
de
son statut. Dès que le projet Churchill fut mis en discussion plus dé
3874
re observer que l’article 1, alinéa d des statuts
de
l’Assemblée lui interdisait de s’occuper des problèmes militaires de
3875
inéa d des statuts de l’Assemblée lui interdisait
de
s’occuper des problèmes militaires de l’Europe. M. Callaghan a raison
3876
interdisait de s’occuper des problèmes militaires
de
l’Europe. M. Callaghan a raison, l’article 1 alinéa d dit bien cela.
3877
disait de s’occuper des problèmes militaires de l’
Europe
. M. Callaghan a raison, l’article 1 alinéa d dit bien cela. M. Callag
3878
cela. M. Callaghan sait fort bien cependant que l’
Europe
est désarmée, et que ce n’est pas avec des paragraphes qu’on peut sto
3879
igents… Arrêtée par un alinéa, l’Assemblée décida
de
ne rien faire de sérieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent
3880
ar un alinéa, l’Assemblée décida de ne rien faire
de
sérieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent de faire quelque
3881
décida de ne rien faire de sérieux, c’est-à-dire
d’
affirmer qu’il était urgent de faire quelque chose, bien sûr, un jour
3882
rieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent
de
faire quelque chose, bien sûr, un jour ou l’autre, mais qu’il ne semb
3883
l’autre, mais qu’il ne semblait pas très opportun
de
dire comment et à quelles conditions. Le problème reste donc posé. On
3884
sé. On ne saurait dire que l’Assemblée ait résolu
de
le résoudre, et encore moins qu’elle ait vraiment tenté de le faire…
3885
oudre, et encore moins qu’elle ait vraiment tenté
de
le faire… Devant cette carence incroyable je me sens libre de dire ic
3886
Devant cette carence incroyable je me sens libre
de
dire ici ce qu’un chacun pense qu’il faut faire. Premièrement, face a
3887
se qu’il faut faire. Premièrement, face au danger
d’
invasion, nous savons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne fût-
3888
d’invasion, nous savons tous qu’il est nécessaire
de
nous armer, ne fût-ce que pour forcer l’envahisseur à réfléchir, et s
3889
mement, il est clair qu’on ne peut pas défendre l’
Europe
avec dix-neuf petites armées nationales, à la fois ruineuses pour cha
3890
rmées nationales, à la fois ruineuses pour chacun
de
nos pays, et ridiculement insuffisantes pour l’ensemble du continent.
3891
réveiller le nationalisme qui est l’origine même
de
nos maux, enfin, c’est opposer dix-neuf faiblesses à une grande force
3892
rce, et donc se condamner à l’écrasement certain.
D’
où l’on déduit nécessairement qu’il faut, pour défendre l’Europe, non
3893
déduit nécessairement qu’il faut, pour défendre l’
Europe
, non pas dix-neuf armées nocives et faibles, mais une armée continent
3894
teuse et beaucoup plus efficace. Mais cette armée
européenne
, à supposer qu’on l’organise, ce qui paraît possible avant deux ans,
3895
ns, — encore faut-il qu’elle soit mise au service
d’
une politique d’ensemble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution
3896
t-il qu’elle soit mise au service d’une politique
d’
ensemble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution d’un gouvernemen
3897
e soit mise au service d’une politique d’ensemble
de
l’Europe. Elle suppose donc l’institution d’un gouvernement fédéral,
3898
t mise au service d’une politique d’ensemble de l’
Europe
. Elle suppose donc l’institution d’un gouvernement fédéral, capable d
3899
mble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution
d’
un gouvernement fédéral, capable de la contrôler, et de l’utiliser pou
3900
l’institution d’un gouvernement fédéral, capable
de
la contrôler, et de l’utiliser pour assurer la paix, non point pour n
3901
gouvernement fédéral, capable de la contrôler, et
de
l’utiliser pour assurer la paix, non point pour nous jeter dans les p
3902
s, du gouvernement fédéral, sans lequel une armée
d’
Europe serait plus dangereuse encore que notre faiblesse actuelle. Mai
3903
du gouvernement fédéral, sans lequel une armée d’
Europe
serait plus dangereuse encore que notre faiblesse actuelle. Mais je v
3904
l a proposé que l’on donne des armes aux citoyens
de
l’Europe. Encore faut-il que ces soldats soient décidés à employer ce
3905
roposé que l’on donne des armes aux citoyens de l’
Europe
. Encore faut-il que ces soldats soient décidés à employer ces armes.
3906
dans l’état politique et social où sont plusieurs
de
nos voisins, rien n’est moins sûr. On dit que M. Churchill est un gra
3907
hurchill est un grand réaliste, parce qu’il parle
de
canons et d’avions. Mais ce ne sont là que des objets, des instrument
3908
un grand réaliste, parce qu’il parle de canons et
d’
avions. Mais ce ne sont là que des objets, des instruments. Le réalism
3909
ts, des instruments. Le réalisme véritable, c’est
de
donner d’abord à chaque Européen la conviction profonde et passionnée
3910
lisme véritable, c’est de donner d’abord à chaque
Européen
la conviction profonde et passionnée qu’il a quelque chose à défendre
3911
ée qu’il a quelque chose à défendre. On n’accepte
de
mourir que pour des raisons de vivre. Le réalisme véritable c’est don
3912
ndre. On n’accepte de mourir que pour des raisons
de
vivre. Le réalisme véritable c’est donc de commencer la défense de l’
3913
aisons de vivre. Le réalisme véritable c’est donc
de
commencer la défense de l’Europe dans les esprits et dans les cœurs.
3914
véritable c’est donc de commencer la défense de l’
Europe
dans les esprits et dans les cœurs. Il nous faut une armée, — hélas !
3915
— hélas ! Mais il nous faut d’abord une mystique
de
l’Europe, c’est-à-dire de la liberté, sans laquelle cette armée ne se
3916
las ! Mais il nous faut d’abord une mystique de l’
Europe
, c’est-à-dire de la liberté, sans laquelle cette armée ne serait qu’u
3917
ut d’abord une mystique de l’Europe, c’est-à-dire
de
la liberté, sans laquelle cette armée ne serait qu’un poids mort. De
3918
laquelle cette armée ne serait qu’un poids mort.
De
cela aussi, je compte vous reparler ; c’est même le principal sujet d
3919
pte vous reparler ; c’est même le principal sujet
de
ma chronique. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
3920
Demain l’
Europe
! — Une autorité politique européenne (25 septembre 1950) Pendant t
3921
Demain l’Europe ! — Une autorité politique
européenne
(25 septembre 1950) Pendant toute la session de l’Assemblée de Stra
3922
ne (25 septembre 1950) Pendant toute la session
de
l’Assemblée de Strasbourg, cet été, les députés n’ont pas cessé de re
3923
Strasbourg, cet été, les députés n’ont pas cessé
de
recevoir des centaines de lettres de simples citoyens qui, dans tous
3924
députés n’ont pas cessé de recevoir des centaines
de
lettres de simples citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient d
3925
nt pas cessé de recevoir des centaines de lettres
de
simples citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient de faire que
3926
citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient
de
faire quelque chose, et vite. Je me suis joint au mouvement pour ma p
3927
nt pour ma part, en faisant imprimer une brochure
de
lettres aux députés européens où je les priais sur tous les tons d’ag
3928
sant imprimer une brochure de lettres aux députés
européens
où je les priais sur tous les tons d’agir ou de s’en aller. Car, en e
3929
utés européens où je les priais sur tous les tons
d’
agir ou de s’en aller. Car, en effet, le néant déclaré vaut mieux qu’u
3930
éens où je les priais sur tous les tons d’agir ou
de
s’en aller. Car, en effet, le néant déclaré vaut mieux qu’un faux-sem
3931
’un faux-semblant. Que voulaient dire les auteurs
de
ces lettres pressantes et angoissées, lorsqu’ils réclamaient avec une
3932
ec une impatience sans cesse accrue par le danger
de
guerre — que quelque chose fût fait ? Ils voulaient dire, sans aucune
3933
faites une révolution, créez un vrai gouvernement
européen
, capable d’assurer notre défense commune, car isolés nous périrons, C
3934
ion, créez un vrai gouvernement européen, capable
d’
assurer notre défense commune, car isolés nous périrons, Cet effort n’
3935
Il a fortement contribué à transformer l’ambiance
de
l’Assemblée, à faire sentir à plusieurs députés que l’opinion publiqu
3936
es suivait du regard, à renforcer les convictions
de
ceux qui en avaient, à mettre mal à l’aise ceux qui n’en ont aucune,
3937
u-dessus des États une autorité politique capable
d’
obtenir ou d’imposer les sacrifices indispensables au salut de la comm
3938
États une autorité politique capable d’obtenir ou
d’
imposer les sacrifices indispensables au salut de la communauté, c’est
3939
d’imposer les sacrifices indispensables au salut
de
la communauté, c’est la thèse des fédéralistes. Ceux-ci ne sont encor
3940
te. La plupart des députés préfèrent à la formule
d’
un gouvernement européen, celle d’une série d’autorités spécialisées,
3941
députés préfèrent à la formule d’un gouvernement
européen
, celle d’une série d’autorités spécialisées, dont le plan Schumann du
3942
nt à la formule d’un gouvernement européen, celle
d’
une série d’autorités spécialisées, dont le plan Schumann du charbon e
3943
ule d’un gouvernement européen, celle d’une série
d’
autorités spécialisées, dont le plan Schumann du charbon et de l’acier
3944
spécialisées, dont le plan Schumann du charbon et
de
l’acier offre le meilleur exemple. Ils proposent que l’on crée de la
3945
le meilleur exemple. Ils proposent que l’on crée
de
la même manière une autorité régissant les transports en Europe, une
3946
manière une autorité régissant les transports en
Europe
, une cour de justice, une autorité sociale, un office européen de la
3947
rité régissant les transports en Europe, une cour
de
justice, une autorité sociale, un office européen de la production du
3948
cour de justice, une autorité sociale, un office
européen
de la production du blé, un Centre européen de la culture, et un état
3949
justice, une autorité sociale, un office européen
de
la production du blé, un Centre européen de la culture, et un état-ma
3950
n Centre européen de la culture, et un état-major
européen
. À quoi les fédéralistes répondent : d’accord, prenons les problèmes
3951
ités spécialisées en un gouvernement unique, doté
de
pouvoirs réels, c’est-à-dire réellement supérieurs à ceux des États.
3952
s à la fois, peu nous importe. L’important, c’est
de
les résoudre, et de nous unir effectivement en temps utile, avant que
3953
s importe. L’important, c’est de les résoudre, et
de
nous unir effectivement en temps utile, avant que notre état de divis
3954
ffectivement en temps utile, avant que notre état
de
division n’ait provoqué la guerre, qui nous mettra tous d’accord dans
3955
ru très clairement, à Strasbourg, qu’une fraction
de
l’Assemblée ne voulait pas qu’on aboutisse à rien de sérieux. Je veux
3956
l’Assemblée ne voulait pas qu’on aboutisse à rien
de
sérieux. Je veux parler des Anglais et de certains Scandinaves, qui p
3957
à rien de sérieux. Je veux parler des Anglais et
de
certains Scandinaves, qui prennent leurs directives à Londres. Depuis
3958
ux ans, les Anglais nous disaient : ne parlez pas
de
fédération, c’est utopique et théorique. Faisons plutôt quelque chose
3959
opique et théorique. Faisons plutôt quelque chose
de
concret dans un domaine bien limité. Sur quoi M. Schumann leur a offe
3960
dans un domaine bien défini : celui du charbon et
de
l’acier. Mais tous les Anglais ont dit non, qu’ils soient conservateu
3961
ou travaillistes. Les conservateurs, par la voix
de
M. Macmillan, ont déposé un contre-projet. Ils acceptaient en princip
3962
é, qu’il ne limite en rien la souveraineté sacrée
de
l’État anglais, et n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit
3963
souveraineté sacrée de l’État anglais, et n’exige
de
sa part pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt soit d’orgueil natio
3964
n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit
d’
intérêt soit d’orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’
3965
art pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt soit
d’
orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’esprit rend tou
3966
cable. Comment peut-on se marier, si l’on réserve
d’
avance le droit de se séparer à la première scène de ménage ? La quest
3967
t-on se marier, si l’on réserve d’avance le droit
de
se séparer à la première scène de ménage ? La question s’est donc tro
3968
avance le droit de se séparer à la première scène
de
ménage ? La question s’est donc trouvée posée dans toute son acuité :
3969
vée posée dans toute son acuité : faut-il faire l’
Europe
sans les Anglais — ou faut-il rechercher de nouveaux compromis dans l
3970
l’Europe sans les Anglais — ou faut-il rechercher
de
nouveaux compromis dans l’idée de plaire un jour à ces messieurs, qui
3971
t-il rechercher de nouveaux compromis dans l’idée
de
plaire un jour à ces messieurs, qui finalement refuseront quand même
3972
nt quand même ? Je vous parlerai, lundi prochain,
de
la possibilité de faire l’Europe sans les Insulaires, sans l’insolent
3973
vous parlerai, lundi prochain, de la possibilité
de
faire l’Europe sans les Insulaires, sans l’insolent M. Dalton et avec
3974
rai, lundi prochain, de la possibilité de faire l’
Europe
sans les Insulaires, sans l’insolent M. Dalton et avec la bénédiction
3975
M. Dalton et avec la bénédiction toute platonique
de
M. Churchill. Mais puisque j’ai entrepris, dans mes premières chroniq
3976
ue j’ai entrepris, dans mes premières chroniques,
de
vous donner un compte rendu de ce qui s’est fait — ou non — à Strasbo
3977
mières chroniques, de vous donner un compte rendu
de
ce qui s’est fait — ou non — à Strasbourg, cet été, je terminerai par
3978
ur proposer au Comité des ministres l’institution
d’
une série d’autorités européennes. Pour permettre aux ministres de se
3979
au Comité des ministres l’institution d’une série
d’
autorités européennes. Pour permettre aux ministres de se prononcer, M
3980
s ministres l’institution d’une série d’autorités
européennes
. Pour permettre aux ministres de se prononcer, M. Spaak a décidé de s
3981
torités européennes. Pour permettre aux ministres
de
se prononcer, M. Spaak a décidé de suspendre la session à la fin d’ao
3982
aux ministres de se prononcer, M. Spaak a décidé
de
suspendre la session à la fin d’août, et de la reprendre en novembre.
3983
. Spaak a décidé de suspendre la session à la fin
d’
août, et de la reprendre en novembre. C’est donc à la fin de novembre,
3984
écidé de suspendre la session à la fin d’août, et
de
la reprendre en novembre. C’est donc à la fin de novembre, seulement,
3985
de la reprendre en novembre. C’est donc à la fin
de
novembre, seulement, que nous saurons si l’Assemblée a fait quelque c
3986
nous saurons si l’Assemblée a fait quelque chose
de
concret, ou si elle a seulement fait semblant de vouloir faire quelqu
3987
de concret, ou si elle a seulement fait semblant
de
vouloir faire quelque chose en dépit des Anglais. Sans attendre les r
3988
istes, conscients des dangers mortels que court l’
Europe
, ont dressé leurs plans d’action. Je vous en informerai bien sûr dès
3989
ortels que court l’Europe, ont dressé leurs plans
d’
action. Je vous en informerai bien sûr dès qu’il sera convenu de les f
3990
ous en informerai bien sûr dès qu’il sera convenu
de
les faire connaître à tous, afin que beaucoup puissent y prendre leur
3991
Demain l’
Europe
! — Le Serment de Strasbourg (2 octobre 1950) Chers auditeurs, Si l
3992
Demain l’Europe ! — Le Serment
de
Strasbourg (2 octobre 1950) Chers auditeurs, Si l’on admet que la f
3993
uditeurs, Si l’on admet que la faiblesse tragique
de
l’Europe résulte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est do
3994
urs, Si l’on admet que la faiblesse tragique de l’
Europe
résulte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est donc la mis
3995
met que la faiblesse tragique de l’Europe résulte
de
sa désunion ; que sa seule chance de salut est donc la mise en commun
3996
rope résulte de sa désunion ; que sa seule chance
de
salut est donc la mise en commun de ses ressources et de ses énergies
3997
seule chance de salut est donc la mise en commun
de
ses ressources et de ses énergies ; mais si l’on constate d’autre par
3998
t est donc la mise en commun de ses ressources et
de
ses énergies ; mais si l’on constate d’autre part que les politiciens
3999
oser la question suivante : faudra-t-il fédérer l’
Europe
continentale sans les Anglais ? À Strasbourg, cet été, un certain nom
4000
nglais ? À Strasbourg, cet été, un certain nombre
de
députés ont envisagé cette question, et tenté d’y répondre par un act
4001
de députés ont envisagé cette question, et tenté
d’
y répondre par un acte. Le récit de leur échec est significatif, vous
4002
tion, et tenté d’y répondre par un acte. Le récit
de
leur échec est significatif, vous allez le voir. L’idée qui animait c
4003
vous allez le voir. L’idée qui animait ce groupe
de
députés, et à laquelle Daniel Villey et quelques-uns de mes amis n’ét
4004
utés, et à laquelle Daniel Villey et quelques-uns
de
mes amis n’étaient pas totalement étrangers, c’était de proclamer sur
4005
amis n’étaient pas totalement étrangers, c’était
de
proclamer sur place, à Strasbourg, au mois d’août, la volonté d’union
4006
ait de proclamer sur place, à Strasbourg, au mois
d’
août, la volonté d’union immédiate des principaux pays du contient ; e
4007
r place, à Strasbourg, au mois d’août, la volonté
d’
union immédiate des principaux pays du contient ; et c’était de concré
4008
iate des principaux pays du contient ; et c’était
de
concrétiser cette volonté par un Pacte, qui se fût appelé le nouveau
4009
ar un Pacte, qui se fût appelé le nouveau Serment
de
Strasbourg. Voici plus de onze siècles, en effet, que les fils de Cha
4010
pelé le nouveau Serment de Strasbourg. Voici plus
de
onze siècles, en effet, que les fils de Charlemagne avaient prêté un
4011
oici plus de onze siècles, en effet, que les fils
de
Charlemagne avaient prêté un premier Serment de Strasbourg. De ce tra
4012
s de Charlemagne avaient prêté un premier Serment
de
Strasbourg. De ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe
4013
e avaient prêté un premier Serment de Strasbourg.
De
ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe et sa division
4014
urg. De ce traité devait résulter le démembrement
de
l’Europe et sa division en nations. Il y avait, cet été, une belle ch
4015
De ce traité devait résulter le démembrement de l’
Europe
et sa division en nations. Il y avait, cet été, une belle chance de r
4016
en nations. Il y avait, cet été, une belle chance
de
remembrer, de rassembler ce continent, qui reste — comme le disait Pa
4017
y avait, cet été, une belle chance de remembrer,
de
rassembler ce continent, qui reste — comme le disait Paul Valéry — la
4018
disait Paul Valéry — la partie la plus précieuse
de
la planète. Un groupe de députés parmi lesquels on remarquait MM. And
4019
partie la plus précieuse de la planète. Un groupe
de
députés parmi lesquels on remarquait MM. André Philip, Paul Reynaud e
4020
uti pour l’Italie, Carlo Schmid pour l’Allemagne,
de
la Vallée Poussin pour la Belgique, tentèrent de passer aux actes. Un
4021
de la Vallée Poussin pour la Belgique, tentèrent
de
passer aux actes. Un texte de serment fut établi. Bien qu’il n’ait pa
4022
Belgique, tentèrent de passer aux actes. Un texte
de
serment fut établi. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai de tr
4023
abli. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai
de
très bonnes raisons de le connaître en détail, et vais vous dire quel
4024
pas été rendu public, j’ai de très bonnes raisons
de
le connaître en détail, et vais vous dire quel était son contenu. Les
4025
aient à se considérer non plus comme les députées
de
leur seul pays ou parti, mais comme les représentants de l’Europe ent
4026
seul pays ou parti, mais comme les représentants
de
l’Europe entière. Ils déclaraient que, sans plus attendre, les nation
4027
pays ou parti, mais comme les représentants de l’
Europe
entière. Ils déclaraient que, sans plus attendre, les nations du cont
4028
ve vers l’union, en provoquant l’élection directe
d’
un Parlement européen, ainsi que la constitution d’un gouvernement féd
4029
, en provoquant l’élection directe d’un Parlement
européen
, ainsi que la constitution d’un gouvernement fédéral comprenant des m
4030
’un Parlement européen, ainsi que la constitution
d’
un gouvernement fédéral comprenant des ministères de la Défense, de la
4031
un gouvernement fédéral comprenant des ministères
de
la Défense, de la Production, des Finances, de l’Agriculture, des Tra
4032
fédéral comprenant des ministères de la Défense,
de
la Production, des Finances, de l’Agriculture, des Transports, et de
4033
es de la Défense, de la Production, des Finances,
de
l’Agriculture, des Transports, et de la Justice. Les députés se disai
4034
es Finances, de l’Agriculture, des Transports, et
de
la Justice. Les députés se disaient décidés à prêter le serment suiva
4035
: Nous soussignés, Nous proclamant les délégués
de
notre commune patrie, l’Europe, Constatant qu’il faut aujourd’hui pér
4036
roclamant les délégués de notre commune patrie, l’
Europe
, Constatant qu’il faut aujourd’hui périr isolément ou se sauver ensem
4037
isolément ou se sauver ensemble, Faisons serment
d’
unir dès maintenant les nations du continent qui acceptent de renoncer
4038
maintenant les nations du continent qui acceptent
de
renoncer à une part de leur souveraineté, première étape vers l’unité
4039
du continent qui acceptent de renoncer à une part
de
leur souveraineté, première étape vers l’unité de l’Europe. Une soix
4040
de leur souveraineté, première étape vers l’unité
de
l’Europe. Une soixantaine de députés se déclarèrent d’accord. Le ser
4041
ur souveraineté, première étape vers l’unité de l’
Europe
. Une soixantaine de députés se déclarèrent d’accord. Le serment deva
4042
étape vers l’unité de l’Europe. Une soixantaine
de
députés se déclarèrent d’accord. Le serment devait être prêté hors de
4043
. Le serment devait être prêté hors de l’enceinte
de
l’Assemblée, en présence de la population. Déjà la presse en parlait
4044
er leur signature éventuelle. Devant cette espèce
de
chantage les socialistes allemands reculèrent. Leurs compatriotes cat
4045
triotes catholiques ne voulurent point se séparer
d’
eux. Les Italiens objectèrent que des raisons religieuses les empêchai
4046
èrent que des raisons religieuses les empêchaient
de
prêter serment. Les Belges découvrirent que cette action publique éta
4047
on publique était incompatible avec la discipline
de
l’Assemblée. Le groupe français lui-même se divisa. Bref, il ne resta
4048
se réunir en novembre. C’est ainsi que la session
d’
été prit fin sur un échec des activistes. Et certes, la manœuvre angla
4049
, joua son rôle dans cet échec. Mais il est juste
de
dire qu’elle ne l’eût pas joué, si les continentaux, de leur côté, av
4050
e qu’elle ne l’eût pas joué, si les continentaux,
de
leur côté, avaient montré plus de courage, une plus claire volonté d’
4051
s continentaux, de leur côté, avaient montré plus
de
courage, une plus claire volonté d’aboutir à tout prix. En réalité, b
4052
t montré plus de courage, une plus claire volonté
d’
aboutir à tout prix. En réalité, beaucoup d’entre eux ne s’étaient poi
4053
d’entre eux ne s’étaient point ralliés au projet
de
serment sans réserves ou hésitations. L’un des chefs socialistes les
4054
ns. L’un des chefs socialistes les plus influents
de
notre époque me disait quelques jours auparavant : « Que serait cette
4055
it quelques jours auparavant : « Que serait cette
Europe
fédérée sans les Anglais et sans les Scandinaves ? » Ce serait une Eu
4056
Anglais et sans les Scandinaves ? » Ce serait une
Europe
catholique (car les partis démo-chrétiens y tiennent presque partout
4057
tiens y tiennent presque partout le pouvoir), une
Europe
libérale (du point de vue économique) et enfin une Europe dominée par
4058
ibérale (du point de vue économique) et enfin une
Europe
dominée par les Allemands qui en seraient le plus grand pays. Il y ma
4059
le socialisme. Je lui répondis : Si vous refusez
de
faire cette Europe-là, si vous n’en faites aucune vous savez ce qui n
4060
Je lui répondis : Si vous refusez de faire cette
Europe
-là, si vous n’en faites aucune vous savez ce qui nous menace : la mis
4061
enace : la misère et l’occupation. Je ne vois pas
d’
autre alternative. Au surplus si les Anglais supportent mal que se for
4062
et germanique, ce sera pour eux une bonne raison
d’
y entrer, afin de rétablir l’équilibre. Peut-être n’avons-nous pas d’a
4063
Mais j’aurais pu répondre aussi par cette parole
d’
un homme qui passe en France pour le symbole vivant du dirigisme, je v
4064
ur le symbole vivant du dirigisme, je veux parler
d’
André Philip — qui s’écriait : « J’aime mieux une Europe libérale que
4065
André Philip — qui s’écriait : « J’aime mieux une
Europe
libérale que pas d’Europe du tout ! » Voilà l’esprit qu’on voudrait v
4066
iait : « J’aime mieux une Europe libérale que pas
d’
Europe du tout ! » Voilà l’esprit qu’on voudrait voir animer l’Assembl
4067
it : « J’aime mieux une Europe libérale que pas d’
Europe
du tout ! » Voilà l’esprit qu’on voudrait voir animer l’Assemblée de
4068
t voir animer l’Assemblée de Strasbourg. L’esprit
de
ceux qui ont enfin vu que pour sauver n’importe quelle partie, ou par
4069
que pour sauver n’importe quelle partie, ou parti
de
l’Europe, il faut d’abord sauver le tout, « périr isolément ou se sau
4070
our sauver n’importe quelle partie, ou parti de l’
Europe
, il faut d’abord sauver le tout, « périr isolément ou se sauver ensem
4071
Demain l’
Europe
! — Le Centre européen de la culture (9 octobre 1950) Chers auditeu
4072
a culture était officiellement inauguré, au cours
d’
une cérémonie très simple suivie d’une réception qui permit aux autori
4073
guré, au cours d’une cérémonie très simple suivie
d’
une réception qui permit aux autorités, aux diplomates, aux journalist
4074
aux autorités, aux diplomates, aux journalistes,
de
rencontrer les quelque 25 membres du conseil supérieur du Centre, ain
4075
l supérieur du Centre, ainsi que les responsables
de
ses groupes de travail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège d
4076
Centre, ainsi que les responsables de ses groupes
de
travail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège de ce nouvel ins
4077
vail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège
de
ce nouvel institut) faisait mentir son joli nom : on y travaillait fe
4078
ans toutes les langues. Et certes, c’est très mal
de
travailler le dimanche, mais il fallait profiter de la présence des n
4079
travailler le dimanche, mais il fallait profiter
de
la présence des nombreuses personnalités venues de Rome, de Londres,
4080
e la présence des nombreuses personnalités venues
de
Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasi
4081
ence des nombreuses personnalités venues de Rome,
de
Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le sp
4082
breuses personnalités venues de Rome, de Londres,
de
Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de l
4083
rsonnalités venues de Rome, de Londres, de Paris,
de
Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de la villa en
4084
venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne,
de
Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de la villa en ce premier
4085
e, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle
de
la villa en ce premier jour d’activité ne manquait pas de pittoresque
4086
sion. Le spectacle de la villa en ce premier jour
d’
activité ne manquait pas de pittoresque. Dans une salle, un groupe d’h
4087
lla en ce premier jour d’activité ne manquait pas
de
pittoresque. Dans une salle, un groupe d’historiens sérieux et méthod
4088
ait pas de pittoresque. Dans une salle, un groupe
d’
historiens sérieux et méthodiques ; dans une deuxième, des cinéastes e
4089
l’étude et à l’enseignement des grandes questions
européennes
; enfin, au coin d’une table, cinq personnages discrets, traçaient le
4090
es grandes questions européennes ; enfin, au coin
d’
une table, cinq personnages discrets, traçaient les plans d’une collab
4091
e, cinq personnages discrets, traçaient les plans
d’
une collaboration qui peut avoir de vastes conséquences : il s’agissai
4092
ient les plans d’une collaboration qui peut avoir
de
vastes conséquences : il s’agissait des administrateurs de la recherc
4093
conséquences : il s’agissait des administrateurs
de
la recherche scientifique en France, en Italie et en Belgique, décidé
4094
n Belgique, décidés à mettre en commun au service
de
l’Europe entière, les travaux actuellement en cours sur l’énergie ato
4095
gique, décidés à mettre en commun au service de l’
Europe
entière, les travaux actuellement en cours sur l’énergie atomique, do
4096
uelles merveilleuses révolutions elle est capable
de
produire bientôt, dans la médecine et l’industrie pour la prospérité
4097
ur leur évaporation instantanée. Le rassemblement
de
ces groupes composés moins de grandes vedettes que de techniciens pas
4098
e. Le rassemblement de ces groupes composés moins
de
grandes vedettes que de techniciens passionnés, donnait immédiatement
4099
es groupes composés moins de grandes vedettes que
de
techniciens passionnés, donnait immédiatement au spectateur une premi
4100
ait immédiatement au spectateur une première idée
de
l’ampleur du programme assumé par notre Centre. Mais ceux qui ne l’on
4101
ntre. Mais ceux qui ne l’ont pas vu sont en droit
de
se demander pourquoi cet institut nouveau, quel est son but, et quell
4102
Il y a déjà, n’est-ce pas, surtout à Genève, tant
d’
organismes internationaux ! À cette question bien naturelle, je suis h
4103
À cette question bien naturelle, je suis heureux
de
vous répondre ce soir. Le Centre européen de la culture correspond à
4104
: d’une part, il voudrait réveiller notre opinion
européenne
; d’autre part, il entend regrouper les forces culturelles, les puiss
4105
regrouper les forces culturelles, les puissances
d’
invention, qui ont fait la vraie richesse de ce vieux continent. Pour
4106
ances d’invention, qui ont fait la vraie richesse
de
ce vieux continent. Pour faire l’Europe, les constructions politiques
4107
raie richesse de ce vieux continent. Pour faire l’
Europe
, les constructions politiques ou économiques, et même sociales, ne pe
4108
. Mais un grand réaliste, Napoléon, avait coutume
de
répéter : le moral est au matériel comme 3 est à 1. Tout le monde app
4109
aiment. Le Centre européen de la culture a décidé
de
la prendre au sérieux. Il ne croit pas que la culture est un luxe, un
4110
ction réservée aux élites. Il ne la compare pas à
de
la broderie, comme le faisait récemment à Strasbourg un illustre homm
4111
x. Lorsque Staline rédige lui-même les directives
de
la science linguistique dans son empire, ou lorsqu’il lance une offen
4112
re la conception chrétienne du monde, avec l’aide
de
500 000 propagandistes entraînés, munis de films et de 20 millions de
4113
l’aide de 500 000 propagandistes entraînés, munis
de
films et de 20 millions de brochures, lorsqu’il déclenche ces deux ca
4114
0 000 propagandistes entraînés, munis de films et
de
20 millions de brochures, lorsqu’il déclenche ces deux campagnes cult
4115
istes entraînés, munis de films et de 20 millions
de
brochures, lorsqu’il déclenche ces deux campagnes culturelles, soyons
4116
un seul instant qu’il perd son temps, qu’il fait
de
la broderie. Il sait qu’une fois gagnés les esprits et les cœurs, le
4117
ur responsabilité. Certes, nos libertés sont loin
d’
être parfaites. Mais si nous les perdons un jour, nous penserons, dans
4118
ratie n’est pas une panacée, elle ne résout aucun
de
nos grands problèmes, mais s’ils sont un jour résolus sans réplique,
4119
qu’on le pouvait, sauver au moins la possibilité
de
les vivre à notre manière… Pour cette action de réveil des conscience
4120
é de les vivre à notre manière… Pour cette action
de
réveil des consciences, de défense et d’illustration de nos libertés,
4121
ère… Pour cette action de réveil des consciences,
de
défense et d’illustration de nos libertés, le Centre européen de la c
4122
e action de réveil des consciences, de défense et
d’
illustration de nos libertés, le Centre européen de la culture utilise
4123
eil des consciences, de défense et d’illustration
de
nos libertés, le Centre européen de la culture utilisera ce qu’on app
4124
t la presse. Mais il utilisera aussi les cerveaux
de
nos meilleurs savants, les foyers de culture populaire, et les travau
4125
les cerveaux de nos meilleurs savants, les foyers
de
culture populaire, et les travaux patients de chercheurs isolés, qui
4126
ers de culture populaire, et les travaux patients
de
chercheurs isolés, qui vont trouver, par le moyen de cet institut, la
4127
chercheurs isolés, qui vont trouver, par le moyen
de
cet institut, la possibilité d’entrer dans une communauté vivante et
4128
ver, par le moyen de cet institut, la possibilité
d’
entrer dans une communauté vivante et militante. Mais tout cela, pense
4129
ment combien : tout cela coûtera le tiers du prix
d’
un char d’assaut — et vous savez que la Suisse veut en acheter 500… De
4130
en : tout cela coûtera le tiers du prix d’un char
d’
assaut — et vous savez que la Suisse veut en acheter 500… De plus nous
4131
500… De plus nous espérons que l’action du Centre
européen
contribuera à empêcher que l’on ait un jour à se servir des chars. La
4132
voulons qu’elle soit un jour — le vôtre, et celui
de
nos enfants. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
4133
Demain l’
Europe
! — L’opinion et l’Europe (16 octobre 1950) Chers auditeurs, Dans t
4134
Demain l’Europe ! — L’opinion et l’
Europe
(16 octobre 1950) Chers auditeurs, Dans tous nos pays libres, les g
4135
ibres, les gens au pouvoir sont inquiets, le soir
d’
une élection : obtiendront-ils au moins 51 % des voix ? Dans les pays
4136
les pays totalitaires, le seul souci réel, c’est
de
ne pas dépasser 100 %, par suite d’un excès de zèle des fonctionnaire
4137
i réel, c’est de ne pas dépasser 100 %, par suite
d’
un excès de zèle des fonctionnaires locaux. C’était hier le problème d
4138
st de ne pas dépasser 100 %, par suite d’un excès
de
zèle des fonctionnaires locaux. C’était hier le problème d’Hitler. C’
4139
s fonctionnaires locaux. C’était hier le problème
d’
Hitler. C’est aujourd’hui celui de ses successeurs. N’insistons pas. C
4140
ier le problème d’Hitler. C’est aujourd’hui celui
de
ses successeurs. N’insistons pas. Ce que je veux souligner ici, c’est
4141
que, dans l’un et l’autre cas, on se sent obligé
de
rendre hommage à l’opinion publique, soit qu’on respecte ses libres d
4142
en particulier celle-ci : c’est que la fédération
européenne
devrait être faite dès demain. Car, en effet, le résultat d’une consu
4143
être faite dès demain. Car, en effet, le résultat
d’
une consultation de l’opinion dans 12 pays européens vient de révéler
4144
in. Car, en effet, le résultat d’une consultation
de
l’opinion dans 12 pays européens vient de révéler que la grande major
4145
ltat d’une consultation de l’opinion dans 12 pays
européens
vient de révéler que la grande majorité des citoyens de toutes tendan
4146
nt de révéler que la grande majorité des citoyens
de
toutes tendances, dans ces pays, se déclare en faveur de la fédératio
4147
qui sans nul doute vous surprendront. L’Institut
de
recherche de l’opinion publique Éric Stern, à Paris, a posé des quest
4148
doute vous surprendront. L’Institut de recherche
de
l’opinion publique Éric Stern, à Paris, a posé des questions générale
4149
estion générale : « Êtes-vous en faveur de l’idée
d’
une union de l’Europe occidentale ? », 53 % des consultés ont répondu
4150
ale : « Êtes-vous en faveur de l’idée d’une union
de
l’Europe occidentale ? », 53 % des consultés ont répondu oui, 8 % non
4151
« Êtes-vous en faveur de l’idée d’une union de l’
Europe
occidentale ? », 53 % des consultés ont répondu oui, 8 % non, le rest
4152
és ont répondu oui, 8 % non, le reste n’avait pas
d’
opinion arrêtée sur le sujet. Mais ce n’était là qu’une première appro
4153
ière approche. Il était beaucoup plus intéressant
de
savoir si l’opinion publique était en faveur d’une suppression des fr
4154
nt à la fois la liberté du commerce et la liberté
de
déplacement des travailleurs. Là-dessus, 71 % des consultés ont dit q
4155
t restés indécis. Cependant, s’il est bien facile
de
se déclarer pour la liberté en général et contre les barrières douani
4156
tre les barrières douanières, il est moins facile
d’
accepter les petits sacrifices matériels que ces mesures peuvent entra
4157
els que ces mesures peuvent entraîner. Il a suffi
de
signaler aux consultés que la liberté du commerce et du travail cause
4158
mmerce et du travail causerait peut-être la ruine
de
certaines entreprises, pour que la majorité de 71 % en faveur de la s
4159
ne de certaines entreprises, pour que la majorité
de
71 % en faveur de la suppression des barrières de douanes tombe à 43
4160
de 71 % en faveur de la suppression des barrières
de
douanes tombe à 43 %. Mais au total, et après que toutes les question
4161
te s’est reformée, en faveur de l’union immédiate
de
nos pays. 63 % pensent que l’union serait bonne pour eux personnellem
4162
t-à-dire pour montrer qu’ils respectent l’opinion
de
la majorité, et que, par conséquent, ils acceptent de s’unir. Vous av
4163
a majorité, et que, par conséquent, ils acceptent
de
s’unir. Vous avez sans doute remarqué que les hommes politiques aimen
4164
s se réfugier derrière cet argument qui leur sert
d’
alibi : nous voulons bien, disent-ils, mais l’opinion ne nous suivrait
4165
s. Mais quand on explique aux Suisses que l’union
européenne
entraînerait pour eux certains sacrifices, 24 % seulement se déclaren
4166
encore prêts à cette union, c’est-à-dire que plus
de
la moitié de nos compatriotes veulent bien se dire favorables au bien
4167
à cette union, c’est-à-dire que plus de la moitié
de
nos compatriotes veulent bien se dire favorables au bien et à l’union
4168
sse dès que cela devient sérieux, et qu’il s’agit
d’
y aller de sa poche. Au contraire, dans les mêmes conditions, les Angl
4169
e cela devient sérieux, et qu’il s’agit d’y aller
de
sa poche. Au contraire, dans les mêmes conditions, les Anglais persis
4170
sistent à approuver l’union : le déchet n’est que
d’
1 %, dans leur cas, alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses. D
4171
t n’est que d’1 %, dans leur cas, alors qu’il est
de
27 % dans le cas des Suisses. D’où je me permets de déduire qu’en dép
4172
alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses.
D’
où je me permets de déduire qu’en dépit des proverbes sur la « perfide
4173
27 % dans le cas des Suisses. D’où je me permets
de
déduire qu’en dépit des proverbes sur la « perfide Albion » et « l’ho
4174
itons plus que d’autres, en Suisse, les reproches
d’
égoïsme et d’isolationnisme qu’on adresse volontiers aux Anglais. C’es
4175
e d’autres, en Suisse, les reproches d’égoïsme et
d’
isolationnisme qu’on adresse volontiers aux Anglais. C’est du moins ce
4176
trasbourg, les travaillistes anglais, par la voix
de
M. Dalton, ont déclaré qu’ils s’opposaient à la fédération européenne
4177
, ont déclaré qu’ils s’opposaient à la fédération
européenne
, parce qu’elle était contraire au vœu des masses, dont ils sont les r
4178
ment d’accord pour affirmer, en fait, que l’union
de
l’Europe serait bonne : pour eux d’abord en tant qu’individus (55 %),
4179
d’accord pour affirmer, en fait, que l’union de l’
Europe
serait bonne : pour eux d’abord en tant qu’individus (55 %), pour leu
4180
éels. La vérité, c’est qu’une très forte majorité
de
nos peuples, quel que soit leur parti politique, souhaite et veut l’u
4181
it leur parti politique, souhaite et veut l’union
européenne
. Il faut maintenant que cette majorité se fasse entendre. Si chacun d
4182
vous, ce soir, écrivait à son député : « Faites l’
Europe
, ou renoncez à ma voix », les choses changeraient sans doute en quelq
4183
Demain l’
Europe
! — Neutralité européenne (23 octobre 1950) Chers auditeurs, Quelqu
4184
Demain l’Europe ! — Neutralité
européenne
(23 octobre 1950) Chers auditeurs, Quelques-uns d’entre vous se sou
4185
elques-uns d’entre vous se souviendront peut-être
de
m’avoir entendu, au début de cette année, exposer les avantages d’une
4186
uviendront peut-être de m’avoir entendu, au début
de
cette année, exposer les avantages d’une neutralité militaire de l’Eu
4187
u, au début de cette année, exposer les avantages
d’
une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas de conflit entre la
4188
exposer les avantages d’une neutralité militaire
de
l’Europe, soit en cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, s
4189
ser les avantages d’une neutralité militaire de l’
Europe
, soit en cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, soit, surt
4190
une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas
de
conflit entre la Russie et les États-Unis, soit, surtout, pour essaye
4191
ie et les États-Unis, soit, surtout, pour essayer
d’
empêcher ce conflit. Je disais en substance, à ce moment-là : si l’Eur
4192
it. Je disais en substance, à ce moment-là : si l’
Europe
forme un troisième bloc solide, bien décidé à n’attaquer personne, ma
4193
sur notre sol. J’ajoutais qu’à l’exemple de celle
de
la Suisse, la neutralité de l’Europe devait remplir trois conditions
4194
’à l’exemple de celle de la Suisse, la neutralité
de
l’Europe devait remplir trois conditions : elle devait être armée — r
4195
exemple de celle de la Suisse, la neutralité de l’
Europe
devait remplir trois conditions : elle devait être armée — reconnue p
4196
t remplies, la Suisse perdrait toutes ses raisons
de
rester à l’écart de l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutrali
4197
e perdrait toutes ses raisons de rester à l’écart
de
l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutralité européenne a fait
4198
drait toutes ses raisons de rester à l’écart de l’
Europe
fédérée. Depuis lors, l’idée de neutralité européenne a fait du chemi
4199
l’écart de l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée
de
neutralité européenne a fait du chemin. Elle a occupé la presse, en F
4200
Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutralité
européenne
a fait du chemin. Elle a occupé la presse, en France surtout, pendant
4201
, en France surtout, pendant des mois, provoquant
de
vives polémiques. Et comme il arrive toujours, à la faveur d’une polé
4202
émiques. Et comme il arrive toujours, à la faveur
d’
une polémique, l’idée s’est déformée. Nous voyons aujourd’hui s’oppose
4203
r les partisans du Pacte Atlantique, c’est-à-dire
de
l’alliance américaine, d’un côté, et de l’autre côté ceux qu’on appel
4204
tlantique, c’est-à-dire de l’alliance américaine,
d’
un côté, et de l’autre côté ceux qu’on appelle les neutralistes, c’est
4205
st-à-dire de l’alliance américaine, d’un côté, et
de
l’autre côté ceux qu’on appelle les neutralistes, c’est-à-dire ceux q
4206
listes, c’est-à-dire ceux qui refusent absolument
d’
appuyer l’Amérique en cas de guerre, ou même de se défendre contre l’E
4207
i refusent absolument d’appuyer l’Amérique en cas
de
guerre, ou même de se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé d’
4208
nt d’appuyer l’Amérique en cas de guerre, ou même
de
se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé d’avouer mon désaccor
4209
e se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé
d’
avouer mon désaccord avec les uns comme avec les autres. Je suis contr
4210
e suis pour la paix et pour la résistance. L’idée
de
neutralité européenne me paraît devoir être abandonnée, pour le momen
4211
paix et pour la résistance. L’idée de neutralité
européenne
me paraît devoir être abandonnée, pour le moment, puisqu’elle sert de
4212
être abandonnée, pour le moment, puisqu’elle sert
de
prétexte aux pires démissions, et donne par conséquent une prime à l’
4213
r. Je m’explique. Il y a un an, je souhaitais une
Europe
neutre. Et je pense que j’avais raison. Aujourd’hui, je souhaite une
4214
que j’avais raison. Aujourd’hui, je souhaite une
Europe
indépendante, certes, mais surtout résistante. Il n’y a pas là contra
4215
Il n’y a pas là contradiction. Je n’ai pas changé
de
principes, mais les faits ont changé. Quand l’horloge parlante vous d
4216
nditions nécessaires pour proclamer la neutralité
de
l’Europe ne s’est vue réalisée. Je disais que cette neutralité devrai
4217
ons nécessaires pour proclamer la neutralité de l’
Europe
ne s’est vue réalisée. Je disais que cette neutralité devrait être ar
4218
les travaillistes anglais l’ont sabotée. L’armée
européenne
n’existe pas, malgré le discours de Churchill. Et quant à la reconnai
4219
armée européenne n’existe pas, malgré le discours
de
Churchill. Et quant à la reconnaissance par les autres empires, perso
4220
peut même la demander puisqu’il n’y a pas encore
d’
autorité capable de parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions de
4221
der puisqu’il n’y a pas encore d’autorité capable
de
parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions de fait, se dire neut
4222
encore d’autorité capable de parler pour toute l’
Europe
. Dans ces conditions de fait, se dire neutre, sur le plan de l’Europe
4223
e parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions
de
fait, se dire neutre, sur le plan de l’Europe, c’est simplement refus
4224
s conditions de fait, se dire neutre, sur le plan
de
l’Europe, c’est simplement refuser l’aide américaine, donc renoncer à
4225
ditions de fait, se dire neutre, sur le plan de l’
Europe
, c’est simplement refuser l’aide américaine, donc renoncer à toute po
4226
ide américaine, donc renoncer à toute possibilité
de
résistance efficace contre l’Est. Osons voir en face la situation pré
4227
e l’Est. Osons voir en face la situation présente
de
l’Europe. La menace militaire éventuelle vient d’un seul côté, sérieu
4228
st. Osons voir en face la situation présente de l’
Europe
. La menace militaire éventuelle vient d’un seul côté, sérieusement ca
4229
de l’Europe. La menace militaire éventuelle vient
d’
un seul côté, sérieusement car il n’y a pas la moindre chance que l’Am
4230
ue nous envahisse. L’aide économique vient aussi
d’
un seul côté, pratiquement. La Russie ne nous envoie rien. Quant à not
4231
n. Quant à notre impuissance militaire en tant qu’
Européens
, elle est totale. Notez-le bien : ce ne sont pas là des opinions que
4232
ons que chacun peut faire et doit faire, s’il est
de
bonne foi. Quel sens pourrait-il donc y avoir à dire dans de telles c
4233
i. Quel sens pourrait-il donc y avoir à dire dans
de
telles conditions : entre une menace sérieuse et un appui pratique, j
4234
utre ? Entre la mort et les remèdes, il n’y a pas
de
neutralité. Pourtant je ne suis du parti ni de la mort, ni des produi
4235
as de neutralité. Pourtant je ne suis du parti ni
de
la mort, ni des produits pharmaceutiques : car je suis du parti de l’
4236
s produits pharmaceutiques : car je suis du parti
de
l’hygiène préventive, c’est-à-dire du parti de la santé. La santé de
4237
ti de l’hygiène préventive, c’est-à-dire du parti
de
la santé. La santé de l’Europe, c’est son union. Tant qu’on n’aura pa
4238
tive, c’est-à-dire du parti de la santé. La santé
de
l’Europe, c’est son union. Tant qu’on n’aura pas fait l’Europe unie,
4239
c’est-à-dire du parti de la santé. La santé de l’
Europe
, c’est son union. Tant qu’on n’aura pas fait l’Europe unie, il sera d
4240
pe, c’est son union. Tant qu’on n’aura pas fait l’
Europe
unie, il sera dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi de ses
4241
n’aura pas fait l’Europe unie, il sera dangereux
de
parler de sa neutralité, mais aussi de ses alliances militaires. Car
4242
s fait l’Europe unie, il sera dangereux de parler
de
sa neutralité, mais aussi de ses alliances militaires. Car pour pouvo
4243
dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi
de
ses alliances militaires. Car pour pouvoir se déclarer neutre, il fau
4244
faut avoir soi-même une certaine force. Lorsque l’
Europe
existera — mais pas avant — , lorsqu’elle aura son pouvoir fédéral, c
4245
e. Pour le moment, le seul problème urgent, c’est
de
créer un pouvoir fédéral, qui à son tour pourra former une armée défe
4246
qui à son tour pourra former une armée défensive,
de
type suisse. Mais il est évident que si l’on renonce, pour le moment,
4247
ent que si l’on renonce, pour le moment, à l’idée
de
neutralité générale du continent, le problème de la neutralité partic
4248
de neutralité générale du continent, le problème
de
la neutralité particulière des Suisses doit être examiné de nouveau,
4249
ve différente. Noyée dans une fédération inspirée
de
ses propres principes, la neutralité suisse eût cessé d’être une ques
4250
propres principes, la neutralité suisse eût cessé
d’
être une question. Elle en redevient une, et combien délicate, au sein
4251
redevient une, et combien délicate, au sein d’une
Europe
incapable d’assurer sa défense en s’unissant. C’est ce problème que j
4252
combien délicate, au sein d’une Europe incapable
d’
assurer sa défense en s’unissant. C’est ce problème que je voudrais ab
4253
Demain l’
Europe
! — La neutralité suisse (I) (30 octobre 1950) Chers auditeurs, Si
4254
octobre 1950) Chers auditeurs, Si la neutralité
européenne
est impossible, pour les raisons que j’exposais lundi dernier, la que
4255
raisons que j’exposais lundi dernier, la question
de
la neutralité particulière de la Suisse se trouve posée dans une pers
4256
ernier, la question de la neutralité particulière
de
la Suisse se trouve posée dans une perspective différente. Comment al
4257
nte. Comment allons-nous justifier, aux yeux de l’
Europe
qui essaye de se fédérer, cette exception, ce privilège que représent
4258
s-nous justifier, aux yeux de l’Europe qui essaye
de
se fédérer, cette exception, ce privilège que représente notre neutra
4259
ège que représente notre neutralité, cette raison
de
nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’un traitement tout spécial,
4260
tralité, cette raison de nous tenir à l’écart, ou
de
bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos jou
4261
raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier
d’
un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se la
4262
e nos autorités et nos journaux ne se lassent pas
d’
invoquer — comme si cela allait de soi — chaque fois qu’on nous propos
4263
la allait de soi — chaque fois qu’on nous propose
d’
entrer dans une forme quelconque d’union européenne ? Le fait est que
4264
n nous propose d’entrer dans une forme quelconque
d’
union européenne ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de
4265
ropose d’entrer dans une forme quelconque d’union
européenne
? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins
4266
d’union européenne ? Le fait est que nos voisins
d’
Europe comprennent de moins en moins notre abstention. Le fait est que
4267
’union européenne ? Le fait est que nos voisins d’
Europe
comprennent de moins en moins notre abstention. Le fait est que les A
4268
Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent
de
moins en moins notre abstention. Le fait est que les Américains ne la
4269
ait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essaye
de
comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce statut spécial,
4270
de comprendre un peu mieux les raisons véritables
de
ce statut spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la Natur
4271
ritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas
d’
une loi éternelle de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un
4272
t spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle
de
la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Hel
4273
résulte pas d’une loi éternelle de la Nature, ni
d’
un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, — qu
4274
loi éternelle de la Nature, ni d’un commandement
de
Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, — qui n’est pas tombé
4275
e de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni
d’
un droit divin des Helvètes, bref, — qui n’est pas tombé du ciel et qu
4276
n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout
de
soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de
4277
qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé
de
l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes, la neutral
4278
ue un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On refuse
de
la discuter, parce qu’on craint que cette discussion n’aboutisse à de
4279
des conclusions gênantes et n’oblige à des prises
de
position. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la paix chez soi e
4280
ttre avec personne, tout en échappant au reproche
d’
égoïsme par des œuvres philanthropiques. Il faut bien le reconnaître,
4281
aître, ce repliement intéressé, qui tient parfois
de
raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfait
4282
ment intéressé, qui tient parfois de raisonnement
de
l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfaitement réussi jus
4283
parfois de raisonnement de l’autruche, et parfois
d’
une sagesse rusée, a parfaitement réussi jusqu’ici, matériellement par
4284
arlant. Quant aux effets moraux sur notre peuple,
de
ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vra
4285
nt aux effets moraux sur notre peuple, de ce tour
de
force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vraiment notre
4286
les. Et si vraiment notre neutralité n’était rien
d’
autre que ce que le Suisse moyen semble croire aujourd’hui, il ne faud
4287
en bloc ce privilège exorbitant ? Pour commencer
de
répondre à cette question, je me contenterai ce soir d’un rapide aper
4288
ondre à cette question, je me contenterai ce soir
d’
un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne
4289
enterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire
de
notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de l
4290
é, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue
de
la plupart de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre Éta
4291
art de nos contemporains. Aux origines lointaines
de
notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représ
4292
rigines lointaines de notre État, il y a le Pacte
de
1291. Ce pacte fut juré par les représentants des trois communautés d
4293
coopératives forestières. Le Pacte avait pour but
de
maintenir les libertés impériales acquises par ces communautés. Et ce
4294
mpire. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau
de
la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière
4295
la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt
de
l’Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La première idée
4296
isse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’
Europe
entière, au moins autant que pour lui-même. La première idée d’une ne
4297
moins autant que pour lui-même. La première idée
d’
une neutralité négative des Confédérés apparaît vers 1648, lorsque la
4298
s apparaît vers 1648, lorsque la Suisse se sépare
de
l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Tr
4299
que la Suisse se sépare de l’Empire par le traité
de
Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les
4300
’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience
de
la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester un
4301
e traité de Westphalie. L’expérience de la guerre
de
Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester unis que s’ils
4302
ns ne peuvent rester unis que s’ils s’abstiennent
de
prendre part aux guerres entre rois catholiques et protestants, — pui
4303
sions. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité
de
la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les puissances et déclar
4304
aspect positif. On sait, en effet, que le traité
de
Vienne dit en tous termes que « la neutralité et l’inviolabilité de l
4305
ous termes que « la neutralité et l’inviolabilité
de
la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 191
4306
bilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts
de
l’Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’intérêt pr
4307
é de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’
Europe
entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’intérêt propre et d
4308
e entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange
d’
intérêt propre et d’intérêts européens dans notre abstention du confli
4309
, on retrouve ce même mélange d’intérêt propre et
d’
intérêts européens dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avai
4310
ve ce même mélange d’intérêt propre et d’intérêts
européens
dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avait pris parti, à ce
4311
ent que notre neutralité dépendait donc, au début
de
ce siècle, du fameux « équilibre européen ». Mais déjà, en 1939, la q
4312
onc, au début de ce siècle, du fameux « équilibre
européen
». Mais déjà, en 1939, la question se posa différemment. L’équilibre
4313
’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent
d’
éclater n’opposeront plus les catholiques aux protestants, comme penda
4314
holiques aux protestants, comme pendant la guerre
de
Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, co
4315
’Autriche à l’Italie, comme en 1914 ; ni même des
Européens
à d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’est donc plus questio
4316
comme en 1914 ; ni même des Européens à d’autres
Européens
comme de 1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’es
4317
ni même des Européens à d’autres Européens comme
de
1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de
4318
1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse
d’
essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des pui
4319
n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer
de
maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des puissances vo
4320
ans le jeu des puissances voisines. Il n’y a plus
d’
équilibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et
4321
es puissances voisines. Il n’y a plus d’équilibre
européen
. Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et de s’unir contre u
4322
nes. Il n’y a plus d’équilibre européen. Il y a l’
Europe
entière qui essaye de survivre et de s’unir contre un danger commun.
4323
ibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaye
de
survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans
4324
Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et
de
s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si
4325
eule question réelle qui se pose désormais, c’est
de
savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais int
4326
pose désormais, c’est de savoir si la neutralité
de
notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière »
4327
e notre pays est encore « dans les vrais intérêts
de
l’Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une contribution effectiv
4328
re pays est encore « dans les vrais intérêts de l’
Europe
entière ». Apporte-t-elle, ou non, une contribution effective à la dé
4329
, une contribution effective à la défense commune
de
l’Europe ? C’est la question que j’aborderai dans une semaine. Au rev
4330
contribution effective à la défense commune de l’
Europe
? C’est la question que j’aborderai dans une semaine. Au revoir, cher
4331
Demain l’
Europe
! — La neutralité suisse (II) (6 novembre 1950) Chers auditeurs, Re
4332
ous ai quittés lundi dernier. C’était la question
de
savoir si la neutralité de la Suisse est encore aujourd’hui « dans le
4333
r. C’était la question de savoir si la neutralité
de
la Suisse est encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts de l’Europ
4334
est encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts
de
l’Europe entière », comme le dit son statut ; et si elle apporte, ou
4335
encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts de l’
Europe
entière », comme le dit son statut ; et si elle apporte, ou non, une
4336
, une contribution effective à la défense commune
de
l’Europe. D’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien de se de
4337
contribution effective à la défense commune de l’
Europe
. D’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien de se demander qu
4338
se commune de l’Europe. D’abord, avant tout essai
de
réponse, on fera bien de se demander quels sont, en somme, les vrais
4339
’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien
de
se demander quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’Europe enti
4340
demander quels sont, en somme, les vrais intérêts
de
l’Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a 150 ans,
4341
der quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’
Europe
entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a 150 ans, ou même q
4342
e ne le pense pas. Ce que les auteurs des traités
de
1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré
4343
urs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt
de
l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leur
4344
es traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’
Europe
, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leurs régimes
4345
r l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré
de
concorde entre nos pays et leurs régimes, concorde qui ne semblait po
4346
es puissances du continent. Il s’agit aujourd’hui
d’
autre chose. L’idée d’une guerre prochaine entre pays européens n’empê
4347
nent. Il s’agit aujourd’hui d’autre chose. L’idée
d’
une guerre prochaine entre pays européens n’empêche personne de dormir
4348
e chose. L’idée d’une guerre prochaine entre pays
européens
n’empêche personne de dormir. Mais tout le monde pense à deux dangers
4349
prochaine entre pays européens n’empêche personne
de
dormir. Mais tout le monde pense à deux dangers communs : l’un idéolo
4350
lleure solution que l’union. « Les vrais intérêts
de
l’Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne
4351
e solution que l’union. « Les vrais intérêts de l’
Europe
entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne entière,
4352
urope entière », c’est donc tout simplement que l’
Europe
devienne entière, qu’elle mette en commun toutes ses forces pour rele
4353
Or peut-on dire que l’attitude plus que réservée
de
la Suisse contribue sérieusement à l’union ? Peut-on dire que la Suis
4354
l’union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant
de
se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe
4355
Europe ? Certes nous avons fini par adhérer, avec
d’
infinies précautions, à quelques entreprises internationales, telles q
4356
par intérêt bien compris. Il serait donc excessif
de
citer nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributi
4357
nos adhésions tardives et réticentes comme autant
de
contributions à l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de
4358
l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile
de
soutenir que la neutralité représente un apport positif à la fédérati
4359
ire à ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis
de
la défense de l’Europe, la situation est différente. M. Churchill a p
4360
érêts. Mais sur le plan précis de la défense de l’
Europe
, la situation est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg de cr
4361
est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg
de
créer une armée européenne. M. Pleven a fait voter un projet similair
4362
Churchill a parlé à Strasbourg de créer une armée
européenne
. M. Pleven a fait voter un projet similaire par la chambre française.
4363
mbre française. Et déjà, l’on commence à regarder
de
travers cette petite Suisse qui prétend rester neutre, quand tout le
4364
rité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays
d’
Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas
4365
té, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’
Europe
qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas d’att
4366
iellement et moralement prêt à se défendre en cas
d’
attaque, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée sui
4367
e, demain. Je sais très bien que la seule mention
de
l’armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironique
4368
n que la seule mention de l’armée suisse a le don
de
provoquer des sourires légèrement ironiques ou incrédules chez certai
4369
légèrement ironiques ou incrédules chez certains
de
nos voisins. Qu’ils comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons,
4370
plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin
de
l’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal, ma
4371
qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’
Europe
qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal, mais éviden
4372
petit coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée
de
l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’
4373
coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée de l’
Europe
commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’un plan d
4374
isse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera
d’
exister, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unif
4375
e de l’Europe commencera d’exister, il sera temps
d’
aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, mes ch
4376
ra d’exister, il sera temps d’aborder la question
d’
un plan de défense unifié. Vous le voyez, mes chers auditeurs, la répo
4377
er, il sera temps d’aborder la question d’un plan
de
défense unifié. Vous le voyez, mes chers auditeurs, la réponse que j’
4378
yez, mes chers auditeurs, la réponse que j’essaie
de
trouver n’est pas simple. Si l’effort militaire considérable que nous
4379
litaire considérable que nous impose notre statut
de
neutralité, est une contribution réelle à la défense du continent, on
4380
tinent, on ne saurait vraiment pas en dire autant
de
notre attitude méfiante et presque négative à l’égard de l’union néce
4381
e l’union nécessaire. À la question qu’on me pose
de
tous côtés : êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? Je ne pui
4382
me pose de tous côtés : êtes-vous pour l’abandon
de
notre neutralité ? Je ne puis donc pas répondre oui ou non. La questi
4383
raison grande et forte, c’est en somme au profit
de
quoi la Suisse devrait renoncer à sa neutralité. Je réponds pour ma p
4384
a neutralité. Je réponds pour ma part : au profit
de
l’Europe, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela se
4385
tralité. Je réponds pour ma part : au profit de l’
Europe
, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela seul. Encor
4386
t : au profit de l’Europe, c’est-à-dire au profit
de
son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-il que cette questio
4387
c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et
de
cela seul. Encore faut-il que cette question prenne forme, et qu’en s
4388
États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort
de
son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tou
4389
s’il sort de son impasse, soit encore une menace
de
guerre contre le continent tout entier, nous poseront ces questions p
4390
vant des options graves, qu’il lui sera difficile
de
trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pa
4391
e nous surprenne endormis dans la fausse sécurité
d’
une tradition qui a peut-être fait son temps, endormis derrière la neu
4392
rne à proposer, pour l’orienter, un seul principe
de
jugement politique. Tant que la neutralité de la Suisse se révèle uti
4393
ipe de jugement politique. Tant que la neutralité
de
la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan
4394
ue la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’
Europe
— comme aujourd’hui sur le plan militaire — il faut la maintenir. Si
4395
traire elle devient un prétexte à freiner l’union
de
l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esp
4396
e elle devient un prétexte à freiner l’union de l’
Europe
et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit même
4397
re notre part, elle est contraire à l’esprit même
de
son statut, et elle peut donc demain devenir une trahison. Car je le
4398
été reconnue par les puissances « dans l’intérêt
de
l’Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait pl
4399
reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’
Europe
entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait plus à méri
4400
n’y aurait plus à mériter. Elle est relative à l’
Europe
. Et ceux qui par erreur ou par malice veulent aujourd’hui la transfor
4401
ralité absolue, précisons : en neutralité entre l’
Europe
et les ennemis de l’Europe, ceux-là sont infidèles à notre tradition.
4402
ons : en neutralité entre l’Europe et les ennemis
de
l’Europe, ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre
4403
en neutralité entre l’Europe et les ennemis de l’
Europe
, ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre statut l
4404
Ils violent notre statut légal, et l’esprit même
de
nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que
4405
l’esprit même de nos institutions. Je me promets
de
revenir sur ce point capital, que personne encore n’a touché, tout au
4406
Demain l’
Europe
! — Un Conseil européen de vigilance (13 novembre 1950) Chers audit
4407
Demain l’Europe ! — Un Conseil
européen
de vigilance (13 novembre 1950) Chers auditeurs, Lorsqu’au mois d’a
4408
Demain l’Europe ! — Un Conseil européen
de
vigilance (13 novembre 1950) Chers auditeurs, Lorsqu’au mois d’août
4409
novembre 1950) Chers auditeurs, Lorsqu’au mois
d’
août dernier, le président de l’Assemblée de Strasbourg, M. Spaak s’ap
4410
eurs, Lorsqu’au mois d’août dernier, le président
de
l’Assemblée de Strasbourg, M. Spaak s’aperçut que l’on n’arriverait à
4411
, M. Spaak s’aperçut que l’on n’arriverait à rien
de
positif au cours de la session, il décida d’interrompre celle-ci huit
4412
rien de positif au cours de la session, il décida
d’
interrompre celle-ci huit jours avant la date prévue, et de la reporte
4413
mpre celle-ci huit jours avant la date prévue, et
de
la reporter au mois de novembre. Cet artifice de procédure présentait
4414
s avant la date prévue, et de la reporter au mois
de
novembre. Cet artifice de procédure présentait un double avantage. D’
4415
de la reporter au mois de novembre. Cet artifice
de
procédure présentait un double avantage. D’une part, il permettait à
4416
avantage. D’une part, il permettait à l’Assemblée
de
tenir deux sessions au lieu d’une, et cela sans violer son règlement
4417
règlement ; d’autre part, il lui donnait le temps
de
soumettre au Comité des ministres quelques-unes des recommandations d
4418
quelques-unes des recommandations déjà votées, et
de
forcer ainsi ces Messieurs à prendre position dans un délai rapide. L
4419
on dans un délai rapide. Le second objectif vient
d’
être atteint à Rome. Le Comité des ministres a pris position, nettemen
4420
ques, il a refusé la majorité des recommandations
de
l’Assemblée, et renvoyé le reste à des experts. Ce qu’il n’ose pas tu
4421
er, il l’enterre. C’est donc en pleine conscience
de
cet échec flagrant que va s’ouvrir, dans quelques jours, la seconde p
4422
s’ouvrir, dans quelques jours, la seconde partie
de
la session régulière de l’Assemblée européenne. Elle ne doit durer qu
4423
jours, la seconde partie de la session régulière
de
l’Assemblée européenne. Elle ne doit durer qu’une semaine. Mais c’est
4424
nde partie de la session régulière de l’Assemblée
européenne
. Elle ne doit durer qu’une semaine. Mais c’est, au cours de cette sem
4425
e son nom, c’est-à-dire s’il est décidé à faire l’
Europe
, ou s’il ne sert en somme qu’à retarder l’union malgré le désir de to
4426
rt en somme qu’à retarder l’union malgré le désir
de
tous nos peuples, et pour la seule raison que l’Angleterre est une îl
4427
ation impatiente et irrite de plus en plus nombre
de
députés européens. Nous allons voir dans quelques jours s’ils ont le
4428
iente et irrite de plus en plus nombre de députés
européens
. Nous allons voir dans quelques jours s’ils ont le courage de traduir
4429
ons voir dans quelques jours s’ils ont le courage
de
traduire par leurs votes cette généreuse irritation, ou s’ils suivron
4430
ttlee, Premier ministre britannique, est l’auteur
de
cette phrase célèbre : « L’Europe doit se fédérer, ou périr. » Si j’é
4431
nique, est l’auteur de cette phrase célèbre : « L’
Europe
doit se fédérer, ou périr. » Si j’étais député à Strasbourg, je me lè
4432
i qui refuse notre fédération. Veut-il donc que l’
Europe
périsse ? Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que l’Assemblée fera be
4433
d’ailleurs faux. C’est pourquoi les fédéralistes
européens
ont décidé d’agir d’une manière plus directe. Pacifiquement, comme il
4434
st pourquoi les fédéralistes européens ont décidé
d’
agir d’une manière plus directe. Pacifiquement, comme il se doit lorsq
4435
quoi les fédéralistes européens ont décidé d’agir
d’
une manière plus directe. Pacifiquement, comme il se doit lorsqu’on ve
4436
eut travailler pour la paix, mais non sans esprit
de
défi, ils ont organisé une marche sur Strasbourg. Ainsi, les députés
4437
isé une marche sur Strasbourg. Ainsi, les députés
européens
ne seront plus seuls. Ils se sentiront, selon les cas, surveillés, dé
4438
llés, dénoncés ou soutenus par plusieurs milliers
de
militants. Voici en quelques mots, notre ordre de bataille, c’est-à-d
4439
de militants. Voici en quelques mots, notre ordre
de
bataille, c’est-à-dire la composition de nos troupes, face à l’Assemb
4440
re ordre de bataille, c’est-à-dire la composition
de
nos troupes, face à l’Assemblée. L’Union fédéraliste interuniversita
4441
iste interuniversitaire, qui groupe des étudiants
de
56 universités d’Europe, compte amener à Strasbourg deux à trois mill
4442
taire, qui groupe des étudiants de 56 universités
d’
Europe, compte amener à Strasbourg deux à trois mille jeunes gens, à p
4443
ire, qui groupe des étudiants de 56 universités d’
Europe
, compte amener à Strasbourg deux à trois mille jeunes gens, à pied, e
4444
n. Je le signale en passant, c’est à l’initiative
de
cette union des étudiants qu’il faut attribuer le feu de joie de pote
4445
e union des étudiants qu’il faut attribuer le feu
de
joie de poteaux-frontière organisé en août dernier, et non pas à Dani
4446
des étudiants qu’il faut attribuer le feu de joie
de
poteaux-frontière organisé en août dernier, et non pas à Daniel Ville
4447
iel Villey sera là, lui aussi, et ses Volontaires
de
l’Europe bouteront le feu — moralement s’entend — dans les couloirs d
4448
illey sera là, lui aussi, et ses Volontaires de l’
Europe
bouteront le feu — moralement s’entend — dans les couloirs de l’Assem
4449
le feu — moralement s’entend — dans les couloirs
de
l’Assemblée, dans le public des séances, et parmi la population. Ils
4450
rmi la population. Ils forment le « corps franc »
de
notre mouvement. Dès jeudi, l’Union européenne des fédéralistes tiend
4451
ps franc » de notre mouvement. Dès jeudi, l’Union
européenne
des fédéralistes tiendra son congrès annuel à Strasbourg, amenant ell
4452
aussi plusieurs centaines des premiers militants
de
la lutte pour l’Europe. On sait que l’Union fédéraliste est l’aile ma
4453
ntaines des premiers militants de la lutte pour l’
Europe
. On sait que l’Union fédéraliste est l’aile marchante du Mouvement eu
4454
ion fédéraliste est l’aile marchante du Mouvement
européen
. Elle groupe dans 15 pays plus de 120 000 membres, dont 2 000 Suisses
4455
Mouvement européen. Elle groupe dans 15 pays plus
de
120 000 membres, dont 2 000 Suisses. Enfin pour couronner cette campa
4456
nner une voix à l’opinion publique, une assemblée
d’
un genre nouveau, et quasi révolutionnaire, s’ouvrira dès le 20 novemb
4457
aire, s’ouvrira dès le 20 novembre dans le Palais
de
l’Orangerie, juste en face du Palais de l’Europe. Elle prendra le nom
4458
le Palais de l’Orangerie, juste en face du Palais
de
l’Europe. Elle prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigi
4459
lais de l’Orangerie, juste en face du Palais de l’
Europe
. Elle prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigilance. Ce
4460
lais de l’Europe. Elle prendra le nom et le titre
de
Conseil européen de vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégu
4461
urope. Elle prendra le nom et le titre de Conseil
européen
de vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégués que l’Assemblé
4462
le prendra le nom et le titre de Conseil européen
de
vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégués que l’Assemblée o
4463
ropéen de vigilance. Ce conseil comprendra autant
de
délégués que l’Assemblée officielle avec ses suppléants : 250. Mais c
4464
s des parlementaires, trop habiles et prisonniers
de
leurs partis. Ils seront les porte-parole de l’opinion publique réell
4465
iers de leurs partis. Ils seront les porte-parole
de
l’opinion publique réelle, des grandes associations syndicales et pat
4466
ives et agricoles, familiales et professionnelles
de
tous nos pays. Ces États-généraux de l’Europe vont dresser contre les
4467
vont dresser contre les prudences et la paralysie
de
l’Assemblée, la revendication du réalisme et de l’espoir européen : c
4468
e de l’Assemblée, la revendication du réalisme et
de
l’espoir européen : c’est-à-dire la revendication de l’union politiqu
4469
blée, la revendication du réalisme et de l’espoir
européen
: c’est-à-dire la revendication de l’union politique du continent, de
4470
l’espoir européen : c’est-à-dire la revendication
de
l’union politique du continent, de l’élection d’un véritable parlemen
4471
revendication de l’union politique du continent,
de
l’élection d’un véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral de
4472
de l’union politique du continent, de l’élection
d’
un véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral de l’Europe. La S
4473
inent, de l’élection d’un véritable parlement, et
d’
un gouvernement fédéral de l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé de
4474
véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral
de
l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé de délégation nationale. Mai
4475
able parlement, et d’un gouvernement fédéral de l’
Europe
. La Suisse seule n’a pas envoyé de délégation nationale. Mais quelque
4476
déral de l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé
de
délégation nationale. Mais quelques Suisses seront présents tout de m
4477
sses seront présents tout de même dans ce Conseil
européen
de vigilance, pour marquer, à titre privé, que malgré sa neutralité e
4478
nt présents tout de même dans ce Conseil européen
de
vigilance, pour marquer, à titre privé, que malgré sa neutralité et m
4479
x des tomates ou du lait, la Suisse est située en
Europe
. Vous me demanderez ce qu’on peut attendre de cette vaste mobilisatio
4480
Europe. Vous me demanderez ce qu’on peut attendre
de
cette vaste mobilisation des énergies fédéralistes. Un simple manifes
4481
n se fatigue à le lui prendre. Mais si le Conseil
de
vigilance est un succès, il saura faire entendre enfin la Voix de l’E
4482
un succès, il saura faire entendre enfin la Voix
de
l’Europe. Il suffit quelquefois d’un cri pour déclencher une avalanch
4483
uccès, il saura faire entendre enfin la Voix de l’
Europe
. Il suffit quelquefois d’un cri pour déclencher une avalanche, et l’o
4484
enfin la Voix de l’Europe. Il suffit quelquefois
d’
un cri pour déclencher une avalanche, et l’opinion des peuples pouvait
4485
plus lundi prochain, et vous le dire directement,
de
Strasbourg même. Au revoir, mes chers auditeurs.
4486
Demain l’
Europe
! — À Strasbourg (21 novembre l950) Chers auditeurs, La maison de l
4487
g (21 novembre l950) Chers auditeurs, La maison
de
laquelle je vous parle, à Strasbourg, s’appelle d’un bien beau nom :
4488
e laquelle je vous parle, à Strasbourg, s’appelle
d’
un bien beau nom : la Maison de l’Europe. Toute la question est de sav
4489
asbourg, s’appelle d’un bien beau nom : la Maison
de
l’Europe. Toute la question est de savoir si elle mérite ce nom, vrai
4490
rg, s’appelle d’un bien beau nom : la Maison de l’
Europe
. Toute la question est de savoir si elle mérite ce nom, vraiment, et
4491
om : la Maison de l’Europe. Toute la question est
de
savoir si elle mérite ce nom, vraiment, et si elle le méritera devant
4492
dio et le cinéma, les huissiers en noir à collier
d’
argent, la garde d’honneur en guêtres blanches sur les marches du pala
4493
es huissiers en noir à collier d’argent, la garde
d’
honneur en guêtres blanches sur les marches du palais, le public, des
4494
ur les marches du palais, le public, des milliers
de
militants — je dis bien des milliers — et les grands et petits ténors
4495
ien des milliers — et les grands et petits ténors
de
la vie politique européenne. Paraphrasant une déclaration célèbre de
4496
t les grands et petits ténors de la vie politique
européenne
. Paraphrasant une déclaration célèbre de la Révolution française, je
4497
européenne. Paraphrasant une déclaration célèbre
de
la Révolution française, je pourrais dire : qu’est-ce que c’est que l
4498
urrais dire : qu’est-ce que c’est que l’Assemblée
européenne
? Rien. Que dit-elle être ? Tout. Que peut-elle faire ? Quelque chose
4499
u’elle fera quelque chose. Mais je suis sûr comme
de
ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin de la semaine, ou faire
4500
de ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin
de
la semaine, ou faire place à un autre avenir, qui pourrait être ou bi
4501
ce à un autre avenir, qui pourrait être ou bien l’
Europe
des militants fédéralistes, ou bien l’armée d’un empire étranger. Je
4502
urope des militants fédéralistes, ou bien l’armée
d’
un empire étranger. Je ne voudrais pas dramatiser outre mesure, mais c
4503
s dramatiser outre mesure, mais chacun sait que l’
Europe
est menacée, et chacun de nos pays, et la paix avec elle. Il faut agi
4504
s chacun sait que l’Europe est menacée, et chacun
de
nos pays, et la paix avec elle. Il faut agir très vite, et le Conseil
4505
ts nationaux. Quelques instants avant l’ouverture
de
la première séance de l’Assemblée, le comte Sforza, ministre italien
4506
instants avant l’ouverture de la première séance
de
l’Assemblée, le comte Sforza, ministre italien des Affaires étrangère
4507
retrouvait par hasard dans les couloirs deux amis
de
son temps d’exil en Amérique et leur disait : « Comme le monde est pe
4508
r hasard dans les couloirs deux amis de son temps
d’
exil en Amérique et leur disait : « Comme le monde est petit ! mais le
4509
ide et qui refuse en fait toutes les propositions
d’
union faites par l’Assemblée ; puis il ajoutait, en son nom personnel,
4510
il ajoutait, en son nom personnel, une profession
de
foi fédéraliste… Rien ne me semble plus typique de la situation de St
4511
e foi fédéraliste… Rien ne me semble plus typique
de
la situation de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonn
4512
e… Rien ne me semble plus typique de la situation
de
Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonne volonté, mais
4513
de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins
de
bonne volonté, mais en tant que ministre, ou en tant que députés d’un
4514
mais en tant que ministre, ou en tant que députés
d’
un parti ou d’un pays, ils agissent au rebours de leurs convictions in
4515
ue ministre, ou en tant que députés d’un parti ou
d’
un pays, ils agissent au rebours de leurs convictions intimes, ils son
4516
égulièrement par un renvoi lassé à quelque groupe
d’
experts qui décideront d’attendre. Le tragique d’une telle situation,
4517
i lassé à quelque groupe d’experts qui décideront
d’
attendre. Le tragique d’une telle situation, qui ressemble à un enlise
4518
d’experts qui décideront d’attendre. Le tragique
d’
une telle situation, qui ressemble à un enlisement, se trouve souligné
4519
nt, se trouve souligné avec force par la présence
de
ces milliers de militants dont je vous parlais. Quatre mouvements féd
4520
uligné avec force par la présence de ces milliers
de
militants dont je vous parlais. Quatre mouvements fédéralistes ont te
4521
rniers. Leur impatience grandit, je puis le dire,
d’
heure en heure. La pression sur l’Assemblée et sur ses commissions s’a
4522
croît. Beaucoup de signes font sentir que l’heure
de
la décision approche. Cet après-midi même s’est ouvert, solennellemen
4523
’est ouvert, solennellement, en face de la Maison
de
l’Europe, le Conseil européen de vigilance, que l’on appelle ici, plu
4524
ouvert, solennellement, en face de la Maison de l’
Europe
, le Conseil européen de vigilance, que l’on appelle ici, plus couramm
4525
ent, en face de la Maison de l’Europe, le Conseil
européen
de vigilance, que l’on appelle ici, plus couramment Conseil de l’Oran
4526
ace de la Maison de l’Europe, le Conseil européen
de
vigilance, que l’on appelle ici, plus couramment Conseil de l’Oranger
4527
ce, que l’on appelle ici, plus couramment Conseil
de
l’Orangerie, du nom du bâtiment où il se tient. Son premier but est d
4528
m du bâtiment où il se tient. Son premier but est
d’
exercer une pression maximum sur l’Assemblée pour qu’elle décide de fo
4529
ssion maximum sur l’Assemblée pour qu’elle décide
de
former sans délai une fédération continentale, sans les Anglais pour
4530
ssions, des syndicats, des familles spirituelles,
de
l’opinion vivante, le Conseil de l’Orangerie ne possède pas de légali
4531
es spirituelles, de l’opinion vivante, le Conseil
de
l’Orangerie ne possède pas de légalité proprement dite, mais à bien d
4532
vivante, le Conseil de l’Orangerie ne possède pas
de
légalité proprement dite, mais à bien des égards, il peut revendiquer
4533
e. Demain matin, un très grand nombre des députés
de
l’Assemblée régulière feront leur entrée en cortège dans la grande sa
4534
eront leur entrée en cortège dans la grande salle
de
l’Orangerie, marquant ainsi par un acte solennel leur volonté de suiv
4535
marquant ainsi par un acte solennel leur volonté
de
suivre ceux qui marchent. Vous le voyez, la fièvre monte. Elle attein
4536
voyez, la fièvre monte. Elle atteindra son point
de
crise dans trois ou quatre jours, probablement, lorsque convergeront
4537
000 jeunes gens venus de 15 pays, par des chemins
d’
eux seuls connus, pour se livrer à une immense démonstration autour du
4538
vrer à une immense démonstration autour du Palais
de
l’Europe. Trois mille jeunes gens qui viendront dire aux députés et a
4539
à une immense démonstration autour du Palais de l’
Europe
. Trois mille jeunes gens qui viendront dire aux députés et aux minist
4540
es jeunes, qui les payeront, et peut-être demain,
de
notre vie. Nous avons donc le droit de parler et de demander qu’on no
4541
re demain, de notre vie. Nous avons donc le droit
de
parler et de demander qu’on nous entende. » Je n’en dis pas plus aujo
4542
notre vie. Nous avons donc le droit de parler et
de
demander qu’on nous entende. » Je n’en dis pas plus aujourd’hui. Mais
4543
soir même, à travers nos frontières et nos pays,
de
ces jeunes enthousiastes et décidés, qui portent l’avenir de la paix,
4544
es enthousiastes et décidés, qui portent l’avenir
de
la paix, de leur paix ! Accompagnez-les de vos vœux, marchez tous ave
4545
stes et décidés, qui portent l’avenir de la paix,
de
leur paix ! Accompagnez-les de vos vœux, marchez tous avec eux en esp
4546
avenir de la paix, de leur paix ! Accompagnez-les
de
vos vœux, marchez tous avec eux en esprit. Je vous dirai ce qu’ils au
4547
Demain l’
Europe
! — Jeunesse d’Europe (27 novembre 1950) Chers auditeurs, Je viens
4548
Demain l’Europe ! — Jeunesse
d’
Europe (27 novembre 1950) Chers auditeurs, Je viens de rentrer de St
4549
Demain l’Europe ! — Jeunesse d’
Europe
(27 novembre 1950) Chers auditeurs, Je viens de rentrer de Strasbou
4550
mbre 1950) Chers auditeurs, Je viens de rentrer
de
Strasbourg, où il s’est passé bien des choses, et je trouve enfin le
4551
ssé bien des choses, et je trouve enfin le loisir
de
feuilleter nos principaux journaux. Qu’ont-ils donc publié dans leurs
4552
nes pendant cette semaine importante pour le sort
de
l’Europe entière ? J’ai fini par trouver quelques communiqués sur cer
4553
endant cette semaine importante pour le sort de l’
Europe
entière ? J’ai fini par trouver quelques communiqués sur certains déb
4554
trouver quelques communiqués sur certains débats
de
l’Assemblée, choisis comme par hasard, tous les deux ou trois jours.
4555
. Mais ces échos se trouvaient noyés dans un flot
de
nouvelles détaillées sur la pluie. Pour le reste : on précisait que l
4556
a pluie. Pour le reste : on précisait que l’avion
de
M. Maurice Thorez avait décollé d’Orly à 14h08, exactement, que les S
4557
it que l’avion de M. Maurice Thorez avait décollé
d’
Orly à 14h08, exactement, que les Sud-Coréens avaient occupé ou reperd
4558
réens avaient occupé ou reperdu un certain nombre
de
villages aux noms imprononçables et que vous chercheriez en vain dans
4559
n, l’on consacrait des colones aux comptes rendus
d’
un congrès pour la paix qui vient de se tenir en Pologne, pour protest
4560
paraît-il une fois de plus contre l’impérialisme
de
nos démocraties assoiffées de sang. Ainsi, pour l’historien futur qui
4561
ntre l’impérialisme de nos démocraties assoiffées
de
sang. Ainsi, pour l’historien futur qui examinera la presse de nos pa
4562
i, pour l’historien futur qui examinera la presse
de
nos pays, durant la semaine dernière, les deux faits dominants auront
4563
aits dominants auront été la pluie… et le congrès
de
Varsovie. Sur Strasbourg, on reste muet avec la plus étrange obstinat
4564
uet avec la plus étrange obstination. Le discours
de
Robert Schuman, qualifié d’historique par les Anglais eux-mêmes ; le
4565
tination. Le discours de Robert Schuman, qualifié
d’
historique par les Anglais eux-mêmes ; le rassemblement sans précédent
4566
glais eux-mêmes ; le rassemblement sans précédent
de
6 000 jeunes gens accourus de 12 pays pour proclamer leur volonté d’u
4567
ment sans précédent de 6 000 jeunes gens accourus
de
12 pays pour proclamer leur volonté d’union au seuil du Palais de l’E
4568
s accourus de 12 pays pour proclamer leur volonté
d’
union au seuil du Palais de l’Europe, — c’est à peine si on les mentio
4569
proclamer leur volonté d’union au seuil du Palais
de
l’Europe, — c’est à peine si on les mentionne en quelques lignes négl
4570
amer leur volonté d’union au seuil du Palais de l’
Europe
, — c’est à peine si on les mentionne en quelques lignes négligentes e
4571
jour, la liste interminable des membres inconnus
d’
un comité de plus formé à Varsovie. Je me frotte les yeux. Qu’est-ce q
4572
blicité dans nos journaux, pour les ennemis jurés
de
la fédération ; tout le silence et l’ironie pour nos amis ! On ne fai
4573
os amis ! On ne fait pas autrement dans la presse
de
Moscou. De quel côté du rideau de fer sommes-nous ? Je bornerai mon c
4574
n ne fait pas autrement dans la presse de Moscou.
De
quel côté du rideau de fer sommes-nous ? Je bornerai mon commentaire
4575
dans la presse de Moscou. De quel côté du rideau
de
fer sommes-nous ? Je bornerai mon commentaire à cette question. Deman
4576
s’ils vous la donnent. En attendant, j’essaierai
de
suppléer à ce refus d’information et je vous parlerai non pas encore
4577
En attendant, j’essaierai de suppléer à ce refus
d’
information et je vous parlerai non pas encore ce soir des résultats d
4578
ous parlerai non pas encore ce soir des résultats
de
la session de Strasbourg, mais d’une grande manifestation qui en a ma
4579
on pas encore ce soir des résultats de la session
de
Strasbourg, mais d’une grande manifestation qui en a marqué la conclu
4580
r des résultats de la session de Strasbourg, mais
d’
une grande manifestation qui en a marqué la conclusion. Depuis deux mo
4581
conclusion. Depuis deux mois, un jeune professeur
d’
université, Michel Mouskhély, parcourait l’Europe en tout sens et conf
4582
seur d’université, Michel Mouskhély, parcourait l’
Europe
en tout sens et confiait son projet à des groupes d’étudiants. Il rêv
4583
en tout sens et confiait son projet à des groupes
d’
étudiants. Il rêvait d’organiser une grande marche de la jeunesse sur
4584
t son projet à des groupes d’étudiants. Il rêvait
d’
organiser une grande marche de la jeunesse sur la capitale de l’Europe
4585
tudiants. Il rêvait d’organiser une grande marche
de
la jeunesse sur la capitale de l’Europe. Quand je l’ai revu, il y a h
4586
une grande marche de la jeunesse sur la capitale
de
l’Europe. Quand je l’ai revu, il y a huit jours, il m’a dit : nous se
4587
grande marche de la jeunesse sur la capitale de l’
Europe
. Quand je l’ai revu, il y a huit jours, il m’a dit : nous serons 3000
4588
Car les obstacles étaient considérables : manque
d’
argent, méfiance bien naturelle de la police devant cette invasion d’é
4589
rables : manque d’argent, méfiance bien naturelle
de
la police devant cette invasion d’étrangers, et difficultés de transp
4590
bien naturelle de la police devant cette invasion
d’
étrangers, et difficultés de transport. Combien de ces jeunes gens par
4591
devant cette invasion d’étrangers, et difficultés
de
transport. Combien de ces jeunes gens parviendraient-ils à vaincre la
4592
d’étrangers, et difficultés de transport. Combien
de
ces jeunes gens parviendraient-ils à vaincre la fatigue de deux ou tr
4593
unes gens parviendraient-ils à vaincre la fatigue
de
deux ou trois nuits de voyage sans sommeil, et à franchir tant de fro
4594
t-ils à vaincre la fatigue de deux ou trois nuits
de
voyage sans sommeil, et à franchir tant de frontières car la plupart
4595
tant de frontières car la plupart n’avaient point
de
passeports, ou refusaient d’en faire usage ? Et voici qu’au lieu de 3
4596
part n’avaient point de passeports, ou refusaient
d’
en faire usage ? Et voici qu’au lieu de 3000 ils furent près de 6000,
4597
de 6000, vendredi à Strasbourg ! Venus de France,
d’
Allemagne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Si
4598
redi à Strasbourg ! Venus de France, d’Allemagne,
de
Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Silencieusement
4599
France, d’Allemagne, de Scandinavie, du Benelux,
de
l’Italie et de la Suisse. Silencieusement, dans les bosquets pluvieux
4600
magne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et
de
la Suisse. Silencieusement, dans les bosquets pluvieux du parc de l’O
4601
lencieusement, dans les bosquets pluvieux du parc
de
l’Orangerie, près du Palais de l’Europe, ils se concentrèrent en bon
4602
s pluvieux du parc de l’Orangerie, près du Palais
de
l’Europe, ils se concentrèrent en bon ordre. À 4 heures de l’après-mi
4603
vieux du parc de l’Orangerie, près du Palais de l’
Europe
, ils se concentrèrent en bon ordre. À 4 heures de l’après-midi, leurs
4604
pe, ils se concentrèrent en bon ordre. À 4 heures
de
l’après-midi, leurs délégués présentèrent une requête à M. Spaak, pré
4605
és présentèrent une requête à M. Spaak, président
de
l’Assemblée. Ils demandaient à lire eux-mêmes un message aux représen
4606
représentants réunis en séance plénière. L’accès
de
la salle leur fut refusé, mais le message fut distribué à la presse e
4607
tait digne, mais très ferme. Vous avez le devoir
de
nous écouter, disait-il aux députés, et nous avons des droits particu
4608
es jeunes qui les payeront demain, peut-être même
de
notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souver
4609
les souverainetés nationales. Nous n’accepterons
de
mourir, que pour des raisons de vivre. Donnez-nous ces raisons : fait
4610
ous n’accepterons de mourir, que pour des raisons
de
vivre. Donnez-nous ces raisons : faites l’Europe !j Le message dema
4611
sons de vivre. Donnez-nous ces raisons : faites l’
Europe
!j Le message demandait que l’Assemblée se prononce en faveur d’un
4612
eur d’un Pacte fédéral. « Si vous avez le courage
de
faire cet acte simple, ajoutait-il, vous réveillerez le grand espoir
4613
tombait. Les jeunes gens allumèrent des milliers
de
torches et commencèrent à s’approcher du Palais de l’Europe. Un impor
4614
e torches et commencèrent à s’approcher du Palais
de
l’Europe. Un important barrage de police en défendait l’entrée. La fo
4615
ches et commencèrent à s’approcher du Palais de l’
Europe
. Un important barrage de police en défendait l’entrée. La foule s’imp
4616
ocher du Palais de l’Europe. Un important barrage
de
police en défendait l’entrée. La foule s’impatientait. Prévenant avec
4617
ua les jeunes gens. Il commença par les féliciter
d’
être venus en si grand nombre. Il leur conseilla de renouveler cette m
4618
’être venus en si grand nombre. Il leur conseilla
de
renouveler cette manifestation dans leurs pays, devant leurs propres
4619
s réalités politiques, hélas, ne permettaient pas
d’
aller aussi vite qu’il le faut et que la jeunesse ne le souhaite, une
4620
ut et que la jeunesse ne le souhaite, une clameur
de
protestations couvrit sa voix. Puis l’un des jeunes gens, dans une im
4621
isans qui se dissimulent trop souvent sous le nom
de
« nécessités politiques ». Et les 6000 prêtèrent le serment solennel
4622
ques ». Et les 6000 prêtèrent le serment solennel
de
consacrer leurs forces à la fédération, de ne plus tenir compte des f
4623
lennel de consacrer leurs forces à la fédération,
de
ne plus tenir compte des frontières et de défendre désormais l’Europe
4624
ration, de ne plus tenir compte des frontières et
de
défendre désormais l’Europe, mais seulement comme une patrie commune.
4625
compte des frontières et de défendre désormais l’
Europe
, mais seulement comme une patrie commune. Puis ils firent un cortège
4626
et disparurent comme ils étaient venus. Je viens
d’
apprendre que des milliers d’entre eux rentrèrent dans leurs pays en f
4627
vous apprendre qu’il pleut. Pensent-ils sauver l’
Europe
avec des parapluies ? j. Ce texte a été rédigé par Denis de Rougemo
4628
été rédigé par Denis de Rougemont, sur la demande
de
Mouskhély. Voir le compte rendu que Rougemont fera plus tard de cet é
4629
Voir le compte rendu que Rougemont fera plus tard
de
cet épisode : « Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir inva
4630
fera plus tard de cet épisode : « Trente-cinq ans
d’
attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe ».
4631
isode : « Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais
d’
espoir invaincu : le Conseil de l’Europe ».
4632
Demain l’
Europe
! — État de la construction européenne (4 décembre 1950) Sur le fon
4633
Demain l’Europe ! — État
de
la construction européenne (4 décembre 1950) Sur le fond tragique d
4634
Demain l’Europe ! — État de la construction
européenne
(4 décembre 1950) Sur le fond tragique de la guerre en Asie — car i
4635
ropéenne (4 décembre 1950) Sur le fond tragique
de
la guerre en Asie — car il ne s’agit plus de la seule Corée ou de la
4636
ique de la guerre en Asie — car il ne s’agit plus
de
la seule Corée ou de la seule Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est
4637
Asie — car il ne s’agit plus de la seule Corée ou
de
la seule Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est la moitié de la terr
4638
Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est la moitié
de
la terre qui se voit menacée — , les questions européennes semblent d
4639
de la terre qui se voit menacée — , les questions
européennes
semblent diminuer d’importance, se perdre dans la brume des détails r
4640
e — , les questions européennes semblent diminuer
d’
importance, se perdre dans la brume des détails régionaux et des pluie
4641
s couvrant le continent. Et cependant, M. Acheson
d’
un côté, M. Churchill de l’autre, viennent de le répéter avec force :
4642
Et cependant, M. Acheson d’un côté, M. Churchill
de
l’autre, viennent de le répéter avec force : c’est l’Europe qui demeu
4643
utre, viennent de le répéter avec force : c’est l’
Europe
qui demeure l’enjeu de la lutte mondiale, c’est elle qui est menacée
4644
r avec force : c’est l’Europe qui demeure l’enjeu
de
la lutte mondiale, c’est elle qui est menacée le plus gravement. Oui,
4645
st elle qui est menacée le plus gravement. Oui, l’
Europe
est la terre décisive. Et tout le monde est d’accord, en principe, qu
4646
accord, en principe, qu’il n’y a plus qu’un moyen
de
la sauver, c’est de l’unir. Qu’a-t-on fait pour cela, depuis un mois
4647
qu’il n’y a plus qu’un moyen de la sauver, c’est
de
l’unir. Qu’a-t-on fait pour cela, depuis un mois ? Le Comité des mini
4648
ier. Certes, la fraction fédéraliste du Parlement
de
Strasbourg n’est pas encore arrivée à ses fins. Ses efforts pour fair
4649
es fins. Ses efforts pour faire voter le principe
d’
un Pacte fédéral du continent ne sont pourtant pas restés vains. Douze
4650
ement, sur 125, avaient voté dans ce sens au mois
d’
août. En novembre, leur groupe a passé à 37. Mais bien qu’ils n’aient
4651
s fédéralistes ont obtenu des résultats indirects
d’
une réelle importance. En demandant le maximum avec obstination, ils o
4652
c obstination, ils ont conduit les plus hésitants
de
leurs collègues à accepter au moins quelque chose. Contre les fédéral
4653
s quelque chose. Contre les fédéralistes, accusés
d’
utopie et d’impatience dangereuse quand ils exigent un Pacte fédéral,
4654
ose. Contre les fédéralistes, accusés d’utopie et
d’
impatience dangereuse quand ils exigent un Pacte fédéral, la majorité
4655
s prudents et des tièdes a recommandé la création
d’
une série d’autorités européennes spécialisées. C’est ainsi qu’elle a
4656
t des tièdes a recommandé la création d’une série
d’
autorités européennes spécialisées. C’est ainsi qu’elle a discuté et a
4657
a recommandé la création d’une série d’autorités
européennes
spécialisées. C’est ainsi qu’elle a discuté et accepté le plan Schuma
4658
demandé une autorité commune pour les transports
européens
. Et qu’elle s’est enfin prononcée par 83 voix contre 7 en faveur d’un
4659
noncée par 83 voix contre 7 en faveur d’une armée
européenne
. L’Allemagne peut y participer à droits égaux, mais dans le cadre d’u
4660
t y participer à droits égaux, mais dans le cadre
d’
une organisation commune, calculée de manière à interdire que se refor
4661
alistes depuis 3 ans, et les travaux du Mouvement
européen
. Tout en persuadant qu’ils s’opposent victorieusement à nos plans exc
4662
mêmes plans un par un ! Si l’on continue ainsi, l’
Europe
se fera, sans que ses adversaires puissent l’empêcher, et sans que le
4663
i oppose à Strasbourg les fédéralistes, partisans
d’
une constitution européenne, et les unionistes, partisans de simples a
4664
rg les fédéralistes, partisans d’une constitution
européenne
, et les unionistes, partisans de simples accords spéciaux, est une fa
4665
titution européenne, et les unionistes, partisans
de
simples accords spéciaux, est une fausse querelle. Je voudrais le fai
4666
e voudrais le faire voir par une image. Il s’agit
de
construire une maison, l’Europe. Les fédéralistes en ont dressé les p
4667
une image. Il s’agit de construire une maison, l’
Europe
. Les fédéralistes en ont dressé les plans. Mais les autres leur disen
4668
âtir un solide rez-de-chaussée. Je ne vois pas là
de
contradiction sérieuse. Car les fédéralistes savent très bien qu’on n
4669
s à construire une maison si l’on n’a pas un plan
d’
ensemble. Rien ne sert de dire comme les Anglais : allons-y prudemment
4670
si l’on n’a pas un plan d’ensemble. Rien ne sert
de
dire comme les Anglais : allons-y prudemment, étage par étage, si l’o
4671
ons-y prudemment, étage par étage, si l’on refuse
de
saisir où l’on va, et si l’on n’a pas décidé que c’est une maison que
4672
orcés à commencer les fondations. Je suis heureux
de
pouvoir relever ce soir deux aspects positifs des débats de Strasbour
4673
relever ce soir deux aspects positifs des débats
de
Strasbourg. Le premier, c’est l’attitude plus conciliante des Anglais
4674
ral, — au lieu de voter contre, comme cet été, et
d’
empêcher les socialistes continentaux de voter pour. Il y a là une pro
4675
t été, et d’empêcher les socialistes continentaux
de
voter pour. Il y a là une promesse de compromis, au moins. En second
4676
ontinentaux de voter pour. Il y a là une promesse
de
compromis, au moins. En second lieu, j’ai été frappé par la haute ten
4677
rappé par la haute tenue et le sérieux des débats
de
l’Assemblée sur le plan Schuman et sur l’armée européenne. Je me disa
4678
de l’Assemblée sur le plan Schuman et sur l’armée
européenne
. Je me disais, en les écoutant : nous avons vraiment dépassé l’étape
4679
es écoutant : nous avons vraiment dépassé l’étape
de
la Société des Nations. Les hommes politiques et les économistes qui
4680
se bornent plus à exposer le point de vue égoïste
de
leur gouvernement : ils étudient un plan d’action commune, bien préci
4681
oïste de leur gouvernement : ils étudient un plan
d’
action commune, bien précis, et définissent les sacrifices que chaque
4682
les sacrifices que chaque nation devra faire à l’
Europe
, pour qu’elle vive, et par elle, chacun de nos pays. Ces progrès, plu
4683
l’Europe, pour qu’elle vive, et par elle, chacun
de
nos pays. Ces progrès, plus considérables en réalité qu’ils n’apparai
4684
ns les journaux, c’est à la pression grandissante
de
l’opinion qu’il faut les attribuer. C’est l’impatience tant critiquée
4685
iquée des fédéralistes, des étudiants, du Conseil
de
vigilance, qui les a rendus possibles, en créant le climat nécessaire
4686
rès vite, toujours plus vite. C’est le seul moyen
de
mettre en marche les lambins. Au revoir, chers auditeurs, à lundi pro
4687
Demain l’
Europe
! — Sur l’opinion en général et la presse en particulier (11 décembre
4688
se en particulier (11 décembre 1950) La liberté
de
l’opinion est sans doute celle que nous devons défendre avec le plus
4689
doute celle que nous devons défendre avec le plus
de
vigilance. Avec elle naît la démocratie. Là où elle meurt, naissent l
4690
réer et maintenir chez nous une très large mesure
de
cette liberté-là. Nous avons le scrutin secret, ce qui est la plus sû
4691
occupent ou les passionnent. Lorsqu’il n’y a pas
de
vote, comment manifester la liberté des opinions ? Par les propos que
4692
fé du commerce ou au cercle, et cela sans crainte
d’
être inquiété ou arrêté, tant que l’on vit dans une démocratie… tout c
4693
pos n’atteignent forcément qu’un nombre restreint
d’
auditeurs. Pratiquement, l’opinion publique délègue le soin de l’expri
4694
Pratiquement, l’opinion publique délègue le soin
de
l’exprimer à la presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin d’êtr
4695
a presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin
d’
être parfaits : rien ne garantit, en effet, que l’article de M. X ou l
4696
faits : rien ne garantit, en effet, que l’article
de
M. X ou la chronique de M. Y devant le micro traduisent les convictio
4697
, en effet, que l’article de M. X ou la chronique
de
M. Y devant le micro traduisent les convictions réelles des lecteurs
4698
s des lecteurs ou des auditeurs. La seule manière
de
remédier à cet écart inévitable entre l’opinion telle qu’elle est et
4699
libre expression des réactions favorables ou non
de
ceux qui lisent ou qui écoutent. Et c’est pourquoi les magazines angl
4700
x lettres des lecteurs. Eh bien, c’est une espèce
de
lettre de lecteur que j’adressais, il y a quinze jours, devant ce mic
4701
des lecteurs. Eh bien, c’est une espèce de lettre
de
lecteur que j’adressais, il y a quinze jours, devant ce micro, à la p
4702
resse suisse dans son ensemble. Je lui reprochais
d’
avoir trop peu parlé de l’Assemblée de Strasbourg, du discours de Robe
4703
nsemble. Je lui reprochais d’avoir trop peu parlé
de
l’Assemblée de Strasbourg, du discours de Robert Schuman et d’une gra
4704
u parlé de l’Assemblée de Strasbourg, du discours
de
Robert Schuman et d’une grande manifestation faite par 6000 jeunes ge
4705
e de Strasbourg, du discours de Robert Schuman et
d’
une grande manifestation faite par 6000 jeunes gens devant le Palais d
4706
ation faite par 6000 jeunes gens devant le Palais
de
l’Europe. Cette chronique a provoqué des réactions parfois fort vives
4707
faite par 6000 jeunes gens devant le Palais de l’
Europe
. Cette chronique a provoqué des réactions parfois fort vives : beauco
4708
voqué des réactions parfois fort vives : beaucoup
d’
auditeurs m’ont approuvé avec chaleur. Mais les journaux, comme je pou
4709
été plus frais. L’un qui me traite assez souvent
de
« misérable propagandiste au cachet » — expression qui elle-même ne m
4710
cachet » — expression qui elle-même ne manque pas
de
cachet — m’a traité cette fois-ci d’enragé, simplement. Un hebdomadai
4711
e manque pas de cachet — m’a traité cette fois-ci
d’
enragé, simplement. Un hebdomadaire religieux a déclaré que si les jou
4712
x a déclaré que si les journaux ne recevaient pas
de
nouvelles de Strasbourg, c’était ma faute — comme si j’étais une agen
4713
ue si les journaux ne recevaient pas de nouvelles
de
Strasbourg, c’était ma faute — comme si j’étais une agence de presse
4714
g, c’était ma faute — comme si j’étais une agence
de
presse ! Un troisième se borne à me reprocher d’être injuste, sans d’
4715
de presse ! Un troisième se borne à me reprocher
d’
être injuste, sans d’ailleurs le prouver. Enfin, un quatrième écrit qu
4716
aut-il qu’elle soit fondée. Prenons donc, à titre
d’
exemple, l’excellent organe qui, précisément, m’inflige ce « démenti f
4717
J’ajoute, pour être scrupuleux, que deux dépêches
d’
un correspondant de Londres décrivent, l’une les réactions de l’opinio
4718
scrupuleux, que deux dépêches d’un correspondant
de
Londres décrivent, l’une les réactions de l’opinion anglaise devant S
4719
pondant de Londres décrivent, l’une les réactions
de
l’opinion anglaise devant Strasbourg, l’autre, les effets de cette mê
4720
n anglaise devant Strasbourg, l’autre, les effets
de
cette même opinion du discours Schuman, que le journal avait omis de
4721
on du discours Schuman, que le journal avait omis
de
nous annoncer. Ce n’est donc qu’à travers les brumes londoniennes que
4722
e les lecteurs suisses ont pu percevoir un reflet
de
l’Assemblée européenne, et savoir qu’elle délibérait, du 17 au 24 nov
4723
suisses ont pu percevoir un reflet de l’Assemblée
européenne
, et savoir qu’elle délibérait, du 17 au 24 novembre. Tels sont les fa
4724
24 novembre. Tels sont les faits, et je m’excuse
d’
avoir dû descendre au détail, mais la valeur de ma petite analyse est
4725
se d’avoir dû descendre au détail, mais la valeur
de
ma petite analyse est justement celle d’un exemple bien précis. Maint
4726
a valeur de ma petite analyse est justement celle
d’
un exemple bien précis. Maintenant, point de malentendus. Je ne cherch
4727
celle d’un exemple bien précis. Maintenant, point
de
malentendus. Je ne cherche point querelle au journal que je cite : je
4728
occasions, ce même journal a parlé avec sympathie
de
l’action des divers mouvements fédéralistes, dont Strasbourg est un r
4729
listes, dont Strasbourg est un résultat. Laissons
de
côté tout esprit de chicane, et cherchons à comprendre le pourquoi de
4730
urg est un résultat. Laissons de côté tout esprit
de
chicane, et cherchons à comprendre le pourquoi des silences que j’ai
4731
re le pourquoi des silences que j’ai signalés, ou
de
la parcimonie avec laquelle on publie les dépêches d’agences relative
4732
a parcimonie avec laquelle on publie les dépêches
d’
agences relatives aux travaux de Strasbourg. C’est un fait que Strasbo
4733
blie les dépêches d’agences relatives aux travaux
de
Strasbourg. C’est un fait que Strasbourg a déçu, jusqu’ici. On trouve
4734
pas beaucoup les lecteurs. Ceux-ci ne lisant pas
de
nouvelles sur l’Assemblée, se persuadent qu’on n’y fait rien du tout.
4735
nt pourrions-nous avancer, quand l’opinion refuse
de
nous suivre ! Voilà donc un beau cercle vicieux. Il existe, je pense,
4736
cercle vicieux. Il existe, je pense, trois moyens
d’
en sortir : Le premier, c’est que les députés se décident à marcher sa
4737
Péguy. Le second, c’est que nos journaux cessent
d’
imprimer que la fédération européenne n’intéresse pas notre opinion, c
4738
nos journaux cessent d’imprimer que la fédération
européenne
n’intéresse pas notre opinion, car en disant cela, ils contribuent eu
4739
oi, disions et écrivions à nos journaux : l’union
de
l’Europe nous intéresse directement. Elle ne fera de mal à personne,
4740
isions et écrivions à nos journaux : l’union de l’
Europe
nous intéresse directement. Elle ne fera de mal à personne, elle dépa
4741
l’Europe nous intéresse directement. Elle ne fera
de
mal à personne, elle dépasse les querelles de partis, elle est une ra
4742
era de mal à personne, elle dépasse les querelles
de
partis, elle est une raison d’espérer, une œuvre constructive enfin !
4743
asse les querelles de partis, elle est une raison
d’
espérer, une œuvre constructive enfin ! Que vous faut-il de plus pour
4744
Demain l’
Europe
! — Équiper l’Europe (18 décembre 1950) Chers auditeurs, Noël appro
4745
Demain l’Europe ! — Équiper l’
Europe
(18 décembre 1950) Chers auditeurs, Noël approche, et nos pensées v
4746
voudraient se détourner un peu de la politique et
de
ses décevantes complexités. Je ne vais pas négliger cette occasion, d
4747
plexités. Je ne vais pas négliger cette occasion,
d’
autant plus que la semaine dernière n’a rien apporté pour l’Europe qui
4748
s que la semaine dernière n’a rien apporté pour l’
Europe
qui marque une nouveauté dans ce domaine ; cependant qu’à l’écart de
4749
ouveauté dans ce domaine ; cependant qu’à l’écart
de
toutes les controverses, sur un tout autre plan, vous allez le voir,
4750
plan, vous allez le voir, un projet que je crois
d’
importance pour l’avenir de notre continent prenait corps, ici même, à
4751
un projet que je crois d’importance pour l’avenir
de
notre continent prenait corps, ici même, à Genève. Dans les quelques
4752
n de la culture, nous avions convoqué une dizaine
de
savants, d’une sorte très particulière. C’étaient les directeurs (ou
4753
ure, nous avions convoqué une dizaine de savants,
d’
une sorte très particulière. C’étaient les directeurs (ou leurs représ
4754
représentants) des principaux instituts nationaux
de
recherches atomiques existants en Europe. Je suppose que ce mot « ato
4755
ts nationaux de recherches atomiques existants en
Europe
. Je suppose que ce mot « atomique » vous fait dresser l’oreille — et
4756
! Ils étaient là, bien au contraire, pour essayer
de
mettre en commun les ressources de tous leurs pays à des fins hardime
4757
, pour essayer de mettre en commun les ressources
de
tous leurs pays à des fins hardiment constructives, dans un domaine d
4758
des fins hardiment constructives, dans un domaine
d’
où peut sortir bientôt la grande révolution des temps modernes. Je vou
4759
e rencontre, préparée par beaucoup de contacts et
d’
études, a conduit à des résultats entièrement positifs et concrets. Le
4760
ise. L’énergie atomique est la plus bouleversante
de
toutes les découvertes de notre temps. Le grand public ne l’a connue
4761
t la plus bouleversante de toutes les découvertes
de
notre temps. Le grand public ne l’a connue que par une seule de ses a
4762
. Le grand public ne l’a connue que par une seule
de
ses applications, la Bombe, spectaculaire certes, au pire sens du mot
4763
point de vue scientifique ; et, sans mauvais jeu
de
mots, purement accidentelle. Car en réalité, l’énergie atomique conti
4764
esque infinies non seulement pour la connaissance
de
la matière et du cosmos, mais encore pour la vie courante, pour la mé
4765
conomie en général. Nous sommes vraiment au seuil
d’
une ère nouvelle dans tous ces domaines-là, l’ère atomique, — et nous
4766
et nous devons d’ores et déjà prévoir des formes
d’
existence bien différentes de celles que nous menons encore, vers la f
4767
à prévoir des formes d’existence bien différentes
de
celles que nous menons encore, vers la fin de l’ère qu’on peut appele
4768
tes de celles que nous menons encore, vers la fin
de
l’ère qu’on peut appeler celle du charbon et du pétrole, matières pro
4769
bien compris. Ils sont en train de prendre sur l’
Europe
une avance proprement inquiétante et qu’un seul chiffre va vous faire
4770
cette année, l’Amérique a consacré aux recherches
de
physique nucléaire environ 5 milliards de dollars tandis que la Franc
4771
herches de physique nucléaire environ 5 milliards
de
dollars tandis que la France n’y consacrait que 5 milliards de francs
4772
ndis que la France n’y consacrait que 5 milliards
de
francs français, donc 380 fois moins. Comment soutenir une pareille c
4773
pareille concurrence ? Il est bien clair qu’aucun
de
nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Aucun de nos pays n’est a
4774
nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Aucun
de
nos pays n’est assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant de sa
4775
ucun de nos pays n’est assez riche, et ne dispose
d’
un nombre suffisant de savants et de grands appareils. Il en résulte q
4776
assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant
de
savants et de grands appareils. Il en résulte que l’Europe divisée en
4777
et ne dispose d’un nombre suffisant de savants et
de
grands appareils. Il en résulte que l’Europe divisée en quelque 20 pa
4778
vants et de grands appareils. Il en résulte que l’
Europe
divisée en quelque 20 pays, tous trop petits pour la tâche, est en tr
4779
un domaine qui détient, je le répète, les secrets
de
la puissance de demain. Or, sans puissance industrielle comparable à
4780
étient, je le répète, les secrets de la puissance
de
demain. Or, sans puissance industrielle comparable à celle des deux G
4781
ndustrielle comparable à celle des deux Grands, l’
Europe
ne pourra pas sauver longtemps ses libertés concrètes et son indépend
4782
s et son indépendance. De plus, elle voit l’élite
de
ses savants tourner les yeux vers l’Amérique, où beaucoup sont déjà p
4783
à partis, parce qu’ils y trouvent des instruments
de
recherche dont nous manquons. Cette situation commande, vous le voyez
4784
pide et décisif. Il y a un an déjà, la Conférence
européenne
de la culture, réunie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion
4785
isif. Il y a un an déjà, la Conférence européenne
de
la culture, réunie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion de
4786
ie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion
de
M. Raoul Dautry. Elle avait formulé le projet d’un « pool » européen
4787
de M. Raoul Dautry. Elle avait formulé le projet
d’
un « pool » européen des recherches atomiques. Cela semblait alors bie
4788
autry. Elle avait formulé le projet d’un « pool »
européen
des recherches atomiques. Cela semblait alors bien utopique. Certains
4789
objections tombèrent, lorsqu’à Florence, au mois
de
juin, la conférence de l’Unesco adopta un plan similaire en tous poin
4790
lorsqu’à Florence, au mois de juin, la conférence
de
l’Unesco adopta un plan similaire en tous points à celui de Lausanne,
4791
o adopta un plan similaire en tous points à celui
de
Lausanne, sur la proposition précisément d’un délégué américain. La v
4792
celui de Lausanne, sur la proposition précisément
d’
un délégué américain. La voie devenait donc libre, et nous y sommes en
4793
péen de la culture s’est ouvert à Genève, au mois
d’
octobre. Voici maintenant les résultats acquis par notre réunion du 12
4794
uis par notre réunion du 12 décembre. La création
d’
un laboratoire européen de recherches atomiques a été décidée à l’unan
4795
nion du 12 décembre. La création d’un laboratoire
européen
de recherches atomiques a été décidée à l’unanimité. Cet institut ser
4796
2 décembre. La création d’un laboratoire européen
de
recherches atomiques a été décidée à l’unanimité. Cet institut sera d
4797
areil atomique actuellement réalisable. Il s’agit
d’
un énorme instrument d’une puissance de 6 milliards de volts nommé Cos
4798
ment réalisable. Il s’agit d’un énorme instrument
d’
une puissance de 6 milliards de volts nommé Cosmotron, dont il n’exist
4799
Il s’agit d’un énorme instrument d’une puissance
de
6 milliards de volts nommé Cosmotron, dont il n’existe au monde qu’un
4800
énorme instrument d’une puissance de 6 milliards
de
volts nommé Cosmotron, dont il n’existe au monde qu’un seul autre exe
4801
ste au monde qu’un seul autre exemplaire en cours
de
construction près de New York. Seule la collaboration de tous les pay
4802
truction près de New York. Seule la collaboration
de
tous les pays européens, acquise en principe, peut en permettre la ré
4803
New York. Seule la collaboration de tous les pays
européens
, acquise en principe, peut en permettre la réalisation. Celle-ci doit
4804
isation. Celle-ci doit être commencée vers la fin
de
l’année prochaine, sur les plans mis au point par un bureau d’études,
4805
ochaine, sur les plans mis au point par un bureau
d’
études, qui travaillera dès demain à Paris. En outre, pour former les
4806
r les théoriciens indispensables à ce laboratoire
européen
, une école de spécialistes s’ouvrira l’été prochain dans la région du
4807
dispensables à ce laboratoire européen, une école
de
spécialistes s’ouvrira l’été prochain dans la région du Mont-Blanc. L
4808
prochain dans la région du Mont-Blanc. L’ensemble
de
cette vaste entreprise d’équipement de l’Europe en énergie est placé
4809
Mont-Blanc. L’ensemble de cette vaste entreprise
d’
équipement de l’Europe en énergie est placé sous le patronage du Centr
4810
L’ensemble de cette vaste entreprise d’équipement
de
l’Europe en énergie est placé sous le patronage du Centre européen de
4811
emble de cette vaste entreprise d’équipement de l’
Europe
en énergie est placé sous le patronage du Centre européen de la cultu
4812
ge du Centre européen de la culture, avec l’appui
de
l’Unesco. L’ampleur d’un tel projet, ses conséquences pratiques pour
4813
e la culture, avec l’appui de l’Unesco. L’ampleur
d’
un tel projet, ses conséquences pratiques pour l’avenir de l’Europe en
4814
projet, ses conséquences pratiques pour l’avenir
de
l’Europe entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès mainte
4815
et, ses conséquences pratiques pour l’avenir de l’
Europe
entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès maintenant cons
4816
pratiques pour l’avenir de l’Europe entière, donc
de
chacun de nos pays, apparaissent dès maintenant considérables aux yeu
4817
pour l’avenir de l’Europe entière, donc de chacun
de
nos pays, apparaissent dès maintenant considérables aux yeux des spéc
4818
sions partisanes, c’est l’un des premiers piliers
de
l’Europe unie que nous avons posés l’autre jour à Genève. Je suis heu
4819
partisanes, c’est l’un des premiers piliers de l’
Europe
unie que nous avons posés l’autre jour à Genève. Je suis heureux que
4820
jour à Genève. Je suis heureux que mes chroniques
de
cette année puissent prendre fin sur une si bonne nouvelle ! Lundi pr
4821
Demain l’
Europe
! — Espérer, c’est agir (8 janvier 1951) Chers auditeurs, Je commen
4822
us qui ne m’ont pas oublié dans leur distribution
de
vœux pour l’an nouveau. Plusieurs m’ont assuré qu’ils tiraient de mes
4823
n nouveau. Plusieurs m’ont assuré qu’ils tiraient
de
mes chroniques sur l’Europe des raisons d’espérer. Voilà qui me touch
4824
nt assuré qu’ils tiraient de mes chroniques sur l’
Europe
des raisons d’espérer. Voilà qui me touche, voilà qui m’encourage, ma
4825
raient de mes chroniques sur l’Europe des raisons
d’
espérer. Voilà qui me touche, voilà qui m’encourage, mais aussi voilà
4826
ourage, mais aussi voilà qui m’incite à redoubler
de
prudence dans mes jugements sur notre situation réelle. Certes, nous
4827
situation réelle. Certes, nous avons tous besoin
d’
espoir, et plus que jamais. Nous en avons tellement besoin, qu’il faut
4828
s tellement besoin, qu’il faut éviter à tout prix
d’
éveiller de fausses espérances, qui nous laisseraient, une fois déçues
4829
besoin, qu’il faut éviter à tout prix d’éveiller
de
fausses espérances, qui nous laisseraient, une fois déçues, dans un é
4830
nous laisseraient, une fois déçues, dans un état
de
fatalisme irrémédiable. Il y aura toujours de l’espoir pour ceux qui
4831
tat de fatalisme irrémédiable. Il y aura toujours
de
l’espoir pour ceux qui veulent faire quelque chose contre le destin e
4832
nous faire penser qu’il y ait beaucoup à espérer
de
la situation présente, et des faits tels qu’ils sont. Car si on laiss
4833
ns à l’abîme, c’est bien clair. On dit qu’il faut
de
l’espoir pour agir, mais je dirai plutôt qu’il n’y a d’espoir que dan
4834
spoir pour agir, mais je dirai plutôt qu’il n’y a
d’
espoir que dans la mesure où l’on agit. Ce n’est pas l’espoir qui modi
4835
ine que je formulais, il y a 16 ans déjà, dans un
de
mes premiers livres : à la doctrine du pessimisme actif. Si nous démi
4836
en oui, le désastre est fatal et nous sommes sûrs
d’
avoir raison. Mais, au contraire, si nous disons : « La situation est
4837
: « La situation est désastreuse, redoublons donc
d’
activité ! », alors il nous reste une bonne chance de faire l’Histoire
4838
ctivité ! », alors il nous reste une bonne chance
de
faire l’Histoire, et de modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est
4839
us reste une bonne chance de faire l’Histoire, et
de
modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est pas de la morale en l’a
4840
modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est pas
de
la morale en l’air, mais se rapporte concrètement à notre situation p
4841
ésente, vous allez le voir. Je résumerai la chose
de
la façon suivante qui a le mérite de la simplicité : 1. l’Europe a fa
4842
rai la chose de la façon suivante qui a le mérite
de
la simplicité : 1. l’Europe a fait, l’année dernière, toutes les bêti
4843
suivante qui a le mérite de la simplicité : 1. l’
Europe
a fait, l’année dernière, toutes les bêtises imaginables, plus une ou
4844
pas imaginer. 2. Il lui reste un an pour décider
de
faire autre chose, et pour le faire. Dresser le bilan de 1950, c’est
4845
e autre chose, et pour le faire. Dresser le bilan
de
1950, c’est énumérer des échecs. Parler de l’espoir qui nous reste, c
4846
bilan de 1950, c’est énumérer des échecs. Parler
de
l’espoir qui nous reste, c’est fixer un programme d’action pour l’an
4847
l’espoir qui nous reste, c’est fixer un programme
d’
action pour l’an qui vient. J’esquisserai l’un et l’autre en trois min
4848
en trois minutes. Vous me pardonnerez, j’espère,
de
simplifier un peu… En 1950, Strasbourg nous a déçus. Cette assemblée
4849
En 1950, Strasbourg nous a déçus. Cette assemblée
de
délégués des parlements de 15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait
4850
déçus. Cette assemblée de délégués des parlements
de
15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait de la politique. Elle a vo
4851
ués des parlements de 15 pays, au lieu de faire l’
Europe
, a fait de la politique. Elle a voté plusieurs résolutions utiles, ma
4852
nts de 15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait
de
la politique. Elle a voté plusieurs résolutions utiles, mais n’a pas
4853
mne au néant toutes ces résolutions. Le Mouvement
européen
, qui avait par ses efforts et ses initiatives créé l’Assemblée de Str
4854
Strasbourg, et qui devait la pousser dans la voie
de
l’action, s’est immobilisé depuis des mois. Quant aux gouvernements e
4855
mobilisé depuis des mois. Quant aux gouvernements
européens
, un seul, celui de la France, a proposé du neuf : le plan Schuman dan
4856
Quant aux gouvernements européens, un seul, celui
de
la France, a proposé du neuf : le plan Schuman dans le domaine économ
4857
deux plans jusqu’ici n’ont provoqué qu’un concert
de
cris discordants. La droite prétend que le plan Schuman est dirigiste
4858
je ne suis pas le seul dans ce cas. En attendant
de
savoir au juste ce qu’ils veulent, tous nos pays votent des budgets a
4859
sente seulement deux graves inconvénients : celui
d’
être trop cher pour chaque pays, et celui d’être insuffisant pour défe
4860
celui d’être trop cher pour chaque pays, et celui
d’
être insuffisant pour défendre vraiment l’Europe, c’est-à-dire en fin
4861
celui d’être insuffisant pour défendre vraiment l’
Europe
, c’est-à-dire en fin de compte, chacun de ses pays. Nos rapports avec
4862
t l’Europe, c’est-à-dire en fin de compte, chacun
de
ses pays. Nos rapports avec l’Amérique sont encore plus absurdes, si
4863
s absurdes, si possible. Quand l’Amérique propose
de
nous défendre, une partie de l’opinion hurle à l’impérialisme. Quand
4864
d l’Amérique propose de nous défendre, une partie
de
l’opinion hurle à l’impérialisme. Quand l’Amérique fait mine de se dé
4865
urle à l’impérialisme. Quand l’Amérique fait mine
de
se détourner de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsm
4866
lisme. Quand l’Amérique fait mine de se détourner
de
nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amé
4867
it mine de se détourner de nous, une autre partie
de
l’opinion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amérique juge l’Europe comme
4868
r de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse
d’
égoïsme sordide. L’Amérique juge l’Europe comme un tout. Elle comprend
4869
ion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amérique juge l’
Europe
comme un tout. Elle comprend mal toutes nos contradictions. Elle comp
4870
nd mal que nous ayons toutes les raisons du monde
de
nous unir, et que pourtant nous ne fassions rien. J’avoue que je ne c
4871
pendant les mois qui viennent. Un sondage récent
de
l’opinion, dans douze pays, a prouvé que la majorité — 54 % de nos pe
4872
dans douze pays, a prouvé que la majorité — 54 %
de
nos peuples, — est en faveur de la fédération. Le rassemblement de 60
4873
est en faveur de la fédération. Le rassemblement
de
6000 jeunes gens venus de loin pour manifester à Strasbourg est une r
4874
loin pour manifester à Strasbourg est une raison
de
penser que la jeunesse veut agir. Le plan Schuman, le plan Pleven, le
4875
ut agir. Le plan Schuman, le plan Pleven, le plan
de
recherches atomiques établi par le Centre européen de la culture, mon
4876
Centre européen de la culture, montrent comment l’
Europe
peut se faire pratiquement, peut se défendre, peut redevenir une gran
4877
ir une grande puissance. Nous sommes 250 millions
d’
hommes et de femmes qui préférons encore nos libertés, relatives, au r
4878
e puissance. Nous sommes 250 millions d’hommes et
de
femmes qui préférons encore nos libertés, relatives, au régime concen
4879
est plutôt du côté des ouvriers qui ont le droit
de
grève, que du côté de ceux qui ne l’ont plus. Nous avons des atouts c
4880
avons des atouts considérables. Nous serions fous
de
ne pas les jouer. Les jouer, cela veut dire pratiquement : créer l’ar
4881
ouer, cela veut dire pratiquement : créer l’armée
européenne
, Allemands compris ; mettre en application le plan Schuman, et les pl
4882
des barrières douanières. Unifier l’action pour l’
Europe
, en dehors des politiciens, par la jeunesse ; et surtout persuader l’
4883
ticiens, par la jeunesse ; et surtout persuader l’
Européen
moyen que ses libertés présentes, si imparfaites qu’elles soient, ont
4884
s, si imparfaites qu’elles soient, ont l’avantage
d’
être réelles, valent encore mieux que de fausses promesses assénées pa
4885
’avantage d’être réelles, valent encore mieux que
de
fausses promesses assénées par une vraie police, et ménagent un meill
4886
Demain l’
Europe
! — Peut-on fabriquer un Européen ? (15 janvier 1951) Chers auditeu
4887
Demain l’Europe ! — Peut-on fabriquer un
Européen
? (15 janvier 1951) Chers auditeurs, Un magazine du genre « digeste
4888
de me poser une question saugrenue. Il me demande
de
lui décrire en 4 pages « Comment on fabrique un Européen ». J’ai répo
4889
e lui décrire en 4 pages « Comment on fabrique un
Européen
». J’ai répondu sans hésiter, en 4 mots : « C’est absolument impossib
4890
nkee, soit un citoyen des Soviets, mais jamais un
Européen
. Parce que l’Européen moyen n’existe pas. Pour réussir un bon América
4891
des Soviets, mais jamais un Européen. Parce que l’
Européen
moyen n’existe pas. Pour réussir un bon Américain moyen, voici la rec
4892
on Américain moyen, voici la recette. Prenez deux
Européens
de nations différentes si possible. Mariez leur fils avec la fille de
4893
in moyen, voici la recette. Prenez deux Européens
de
nations différentes si possible. Mariez leur fils avec la fille de de
4894
entes si possible. Mariez leur fils avec la fille
de
deux autres Européens. Attendez une génération. Répétez le processus
4895
le. Mariez leur fils avec la fille de deux autres
Européens
. Attendez une génération. Répétez le processus quatre ou cinq fois. L
4896
cessus quatre ou cinq fois. Lorsque Schmidt, fils
de
Schmidt, sera baptisé Smith, déclarez qu’il descend en droite ligne d
4897
qu’il descend en droite ligne des émigrants venus
d’
Angleterre sur le fameux bateau nommé le Mayflower. Il semble bien que
4898
n que ce bateau ait transporté plusieurs dizaines
de
milliers d’ancêtres d’un seul coup : un Smith de plus ne le fera pas
4899
eau ait transporté plusieurs dizaines de milliers
d’
ancêtres d’un seul coup : un Smith de plus ne le fera pas couler. Appr
4900
renez maintenant au jeune homme la phrase célèbre
de
Lincoln sur le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple
4901
sez, agitez sur un rythme africain, emballez dans
de
la cellophane, et servez frais. Pour fabriquer un Soviétique, c’est p
4902
pide : prenez un Russe, passez-le au NKVD — sorte
de
DDT moral qui nettoie les idées subversives, et tirez le rideau. Mais
4903
sives, et tirez le rideau. Mais pour fabriquer un
Européen
, que prendrez-vous ? Si vous mélangez toutes nos nationalités au hasa
4904
ieux, que des Américains manqués. Si vous essayez
de
combiner nos croyances, nos partis et nos traditions, cela n’ira pas
4905
nos traditions, cela n’ira pas mieux. Un mélange
de
catholiques et de juifs ne donnera pas des protestants ; pas plus qu’
4906
ela n’ira pas mieux. Un mélange de catholiques et
de
juifs ne donnera pas des protestants ; pas plus qu’un mélange de soci
4907
nera pas des protestants ; pas plus qu’un mélange
de
socialistes et de conservateurs ne donnera des libéraux, ou un mélang
4908
stants ; pas plus qu’un mélange de socialistes et
de
conservateurs ne donnera des libéraux, ou un mélange de Français et d
4909
servateurs ne donnera des libéraux, ou un mélange
de
Français et d’Allemands, des Suisses. Nos vertus, caractères et parti
4910
onnera des libéraux, ou un mélange de Français et
d’
Allemands, des Suisses. Nos vertus, caractères et partis pris vitaux n
4911
aux ne sauraient être additionnés pour composer l’
Européen
moyen. La vérité, c’est que le problème posé est insoluble par défini
4912
e moyenne, si le sujet des Soviets est le produit
d’
un plan, l’Européen, lui, sera toujours par essence un être qui diffèr
4913
le sujet des Soviets est le produit d’un plan, l’
Européen
, lui, sera toujours par essence un être qui diffère et tient à différ
4914
r essence un être qui diffère et tient à différer
de
son voisin et des modèles qu’on essaierait de lui imposer. Il n’y a p
4915
rer de son voisin et des modèles qu’on essaierait
de
lui imposer. Il n’y a pas de type européen moyen. Il n’y a en Europe
4916
les qu’on essaierait de lui imposer. Il n’y a pas
de
type européen moyen. Il n’y a en Europe que des Français, des Holland
4917
n essaierait de lui imposer. Il n’y a pas de type
européen
moyen. Il n’y a en Europe que des Français, des Hollandais, des Berno
4918
Il n’y a pas de type européen moyen. Il n’y a en
Europe
que des Français, des Hollandais, des Bernois, des Croates ; des parp
4919
onégasques insouciants et des partisans motorisés
de
la paix concentrée. Il n’y a donc que des hommes habitués à différer
4920
uns des autres, et c’est tout cela qu’on nomme l’
Europe
. Et c’est pourquoi, faire un Européen moyen, ce serait tenter de fair
4921
qu’on nomme l’Europe. Et c’est pourquoi, faire un
Européen
moyen, ce serait tenter de faire quelque chose qui ne ressemblerait à
4922
urquoi, faire un Européen moyen, ce serait tenter
de
faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien d’européen. Le vrai p
4923
e faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien
d’
européen. Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous un
4924
faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien d’
européen
. Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous unir dans
4925
ait à rien d’européen. Le vrai problème n’est pas
de
nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut nous pr
4926
Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais
de
nous unir dans nos diversités. Il faut nous prendre comme nous sommes
4927
les coutumes, toutes supérieures à celles du pays
d’
à côté. Et si l’on me dit qu’il faut tout de même baser l’union sur qu
4928
ons tous en commun, c’est justement cette volonté
de
rester nous-mêmes, chacun à sa façon. Voilà ce qui nous distingue en
4929
des Américains. Voilà ce qui fait que nous sommes
Européens
, — même si nous détestons qu’on nous parle de l’Europe. J’ai l’air de
4930
opéens, — même si nous détestons qu’on nous parle
de
l’Europe. J’ai l’air de faire du paradoxe, mais voyez-vous : ce qu’il
4931
s, — même si nous détestons qu’on nous parle de l’
Europe
. J’ai l’air de faire du paradoxe, mais voyez-vous : ce qu’il y a de p
4932
étestons qu’on nous parle de l’Europe. J’ai l’air
de
faire du paradoxe, mais voyez-vous : ce qu’il y a de plus humain chez
4933
angoissante pour l’adolescent — qu’il est le seul
de
son espèce, qu’il est un cas absolument unique. Or, tout le monde dit
4934
s ressemblons tous. De même, ce qu’il y a de plus
européen
chez les habitants de nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous d’appart
4935
ce qu’il y a de plus européen chez les habitants
de
nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous d’appartenir d’abord à une fam
4936
bitants de nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous
d’
appartenir d’abord à une famille, à une région, à une patrie, à des co
4937
ils perdraient leurs libertés si on les empêchait
de
vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leur voisin. J’en vois l
4938
hait de vivre à leur manière, qui n’est pas celle
de
leur voisin. J’en vois la preuve dans le reproche si courant qu’à tor
4939
ous d’autres régimes, où ce n’est pas la pression
de
la mode, mais celle de la police qui ramène « dans la ligne »…?) Nous
4940
ù ce n’est pas la pression de la mode, mais celle
de
la police qui ramène « dans la ligne »…?) Nous n’aimons pas l’idée qu
4941
ns à nos diversités. Et nous sentons que le droit
de
les préserver est la vraie condition de nos libertés, non point seule
4942
le droit de les préserver est la vraie condition
de
nos libertés, non point seulement légales et théoriques, mais personn
4943
nnelles. Parce que nous sentons cela, nous sommes
Européens
. Eh bien, ce n’est pas pour devenir tous pareils qu’il nous faut aujo
4944
erdre : il nous faut réunir nos ressources. Faute
de
former à temps cette libre union, nous serons unifiés par la force, m
4945
s myopes, comme on en trouve encore dans certains
de
nos pays, et même, ici ou là, dans nos cantons, ne peuvent tout de mê
4946
e même pas espérer que leur nation serait capable
de
s’opposer à la marée totalitaire, donc de rester ce qu’elle est, sans
4947
capable de s’opposer à la marée totalitaire, donc
de
rester ce qu’elle est, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis de
4948
taire, donc de rester ce qu’elle est, sans l’aide
de
ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance de leur nation, ce sont
4949
e est, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis
de
l’indépendance de leur nation, ce sont ceux qui réclament et préparen
4950
de ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance
de
leur nation, ce sont ceux qui réclament et préparent la fédération de
4951
ont ceux qui réclament et préparent la fédération
de
nos pays ; ceux qui disent : « Surmontons nos divisions, pour sauver
4952
Demain l’
Europe
! — Contre une « mystique européenne » (22 janvier 1951) Chers audi
4953
Demain l’Europe ! — Contre une « mystique
européenne
» (22 janvier 1951) Chers auditeurs, Il y a quelques années que je
4954
uditeurs, Il y a quelques années que je m’occuper
de
« faire l’Europe », comme on le dit couramment, et je crois bien qu’i
4955
y a quelques années que je m’occuper de « faire l’
Europe
», comme on le dit couramment, et je crois bien qu’il n’existe pas au
4956
u contre que je n’aie entendu plusieurs douzaines
de
fois, et souvent des centaines de fois. Peut-être penserez-vous que j
4957
ieurs douzaines de fois, et souvent des centaines
de
fois. Peut-être penserez-vous que j’en suis bien fatigué ? Mais il es
4958
’un seul exemple : les auditeurs les plus fidèles
de
la radio peuvent entendre parler du « temps probable » exactement 292
4959
e nous pouvons beaucoup pour qu’il y ait demain l’
Europe
unie, la paix, ou au contraire la bombe à hydrogène. Et c’est pourquo
4960
gène. Et c’est pourquoi je continue à vous parler
de
l’état du problème européen, qui est un aspect du problème de la paix
4961
i je continue à vous parler de l’état du problème
européen
, qui est un aspect du problème de la paix. Cela vaut bien cinq minute
4962
problème européen, qui est un aspect du problème
de
la paix. Cela vaut bien cinq minutes tous les lundis. Pourtant, il es
4963
j’avouerai qu’il me fatigue, pour ne pas employer
de
mots plus énergiques. Voici cet argument : « Ce qu’il nous faut, dit-
4964
occidentale, qui soit plus forte que la mystique
de
l’Est ! L’Europe capitaliste, bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieil
4965
qui soit plus forte que la mystique de l’Est ! L’
Europe
capitaliste, bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieille Europe, Europe
4966
aliste, bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieille
Europe
, Europe où nous vivons, est devenue indéfendable ! On ne peut pas déf
4967
bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieille Europe,
Europe
où nous vivons, est devenue indéfendable ! On ne peut pas défendre du
4968
ons, dans la presse, sur les ondes, partout. L’un
de
nos meilleurs chroniqueurs suisses l’écrivait encore l’autre jour. Un
4969
l français me l’avait dit la veille. Des millions
de
braves gens le pensent. Je serai pendu, et eux avec, s’ils ont raison
4970
ifficile, pour ne pas dire totalement impossible,
de
confectionner sur commande une mystique aussi forte que celle d’en fa
4971
r sur commande une mystique aussi forte que celle
d’
en face. Secundo, nous n’avons nul besoin d’une telle mystique, car l
4972
elle d’en face. Secundo, nous n’avons nul besoin
d’
une telle mystique, car les réalités nous suffisent amplement. Repreno
4973
onté. La mystique hitlérienne par exemple est née
de
la combinaison d’une misère noire, causée par la défaite et l’inflati
4974
hitlérienne par exemple est née de la combinaison
d’
une misère noire, causée par la défaite et l’inflation, et d’un névros
4975
e noire, causée par la défaite et l’inflation, et
d’
un névrosé fanatique soutenu par les industriels qui se trompaient. Ce
4976
la mystique communiste, elle est née il y a plus
de
cent ans, avec la doctrine de Karl Marx, qui voulait libérer les ouvr
4977
est née il y a plus de cent ans, avec la doctrine
de
Karl Marx, qui voulait libérer les ouvriers, et son résultat le plus
4978
iers, et son résultat le plus clair est un régime
de
dictature, dans un pays qui était surtout paysan. J’avoue que je vois
4979
poser à des hommes libres, qui n’ont aucune envie
de
perdre leur sens critique. L’opération me paraît impraticable. Et de
4980
’étaient les Allemands sous Hitler — aient besoin
d’
une mystique qui les soutienne par la promesse d’un avenir moins dur.
4981
d’une mystique qui les soutienne par la promesse
d’
un avenir moins dur. Mais notre vie présente vaut mieux que la leur !
4982
clament une mystique nouvelle avant de défendre l’
Europe
. Quand on me dit qu’il est impossible de défendre l’Europe telle qu’e
4983
re l’Europe. Quand on me dit qu’il est impossible
de
défendre l’Europe telle qu’elle est, avec ses injustices sociales, de
4984
uand on me dit qu’il est impossible de défendre l’
Europe
telle qu’elle est, avec ses injustices sociales, devant le grand espo
4985
ève à l’Est, je me frotte les yeux, et plutôt que
de
me laisser aller à voir rouge, je demande qu’on regarde les faits. Le
4986
ier les statistiques des revenus moyens, par tête
d’
habitant, dans tous les pays du monde. Nous apprenons ainsi que le rev
4987
u monde. Nous apprenons ainsi que le revenu moyen
d’
un Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Ce
4988
nons ainsi que le revenu moyen d’un Américain est
de
1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de
4989
u moyen d’un Américain est de 1453 dollars. Celui
d’
un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de 308 dollars seulement.
4990
Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse
de
840 dollars. Celui d’un Russe, de 308 dollars seulement. Je demande a
4991
dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui
d’
un Russe, de 308 dollars seulement. Je demande alors ceci : est-ce qu’
4992
lui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe,
de
308 dollars seulement. Je demande alors ceci : est-ce qu’un système é
4993
» ? On me dira peut-être que la Russie est partie
d’
un niveau très bas, et que la comparaison n’est pas très équitable. Je
4994
informé auprès de l’un des meilleurs économistes
d’
aujourd’hui, Maurice Allais. Je lui ai demandé : quels sont les progrè
4995
épondu ceci : en 1913, sous les tsars, le pouvoir
d’
achat de l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il est aujourd’
4996
eci : en 1913, sous les tsars, le pouvoir d’achat
de
l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il est aujourd’hui. Il
4997
c ni recul ni progrès. Mais en France, le pouvoir
d’
achat est aujourd’hui 3 fois plus grand qu’en 1913, et aux États-Unis
4998
estion : où est le véritable espoir ? S’il s’agit
d’
un progrès purement économique et matériel, c’est vers l’ensemble de l
4999
ent économique et matériel, c’est vers l’ensemble
de
l’Amérique qu’il faudrait logiquement se tourner, non pas vers l’Est.
5000
se tourner, non pas vers l’Est. Mais s’il s’agit
d’
un progrès moral, c’est l’Amérique et la Russie qui devraient se tourn
5001
ique et la Russie qui devraient se tourner vers l’
Europe
. Elles y trouveraient, en plus d’un niveau de vie qui s’améliore, et
5002
rner vers l’Europe. Elles y trouveraient, en plus
d’
un niveau de vie qui s’améliore, et peut s’améliorer sans cesse, un dé
5003
méliore, et peut s’améliorer sans cesse, un désir
de
paix plus grand que partout ailleurs, des libertés, certes imparfaite
5004
eures à celles des dictatures, enfin une capacité
de
travail, d’invention et de création que la Terre entière nous envie.
5005
es des dictatures, enfin une capacité de travail,
d’
invention et de création que la Terre entière nous envie. N’est-ce pas
5006
es, enfin une capacité de travail, d’invention et
de
création que la Terre entière nous envie. N’est-ce pas assez ? Avons-
5007
s envie. N’est-ce pas assez ? Avons-nous le droit
de
désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nou
5008
-ce pas assez ? Avons-nous le droit de désespérer
de
notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nous regardons le
5009
s le droit de désespérer de notre civilisation et
de
notre avenir à tous, quand nous regardons les faits prouvés et reconn
5010
et reconnus ? Oserons-nous dire encore que notre
Europe
ne vaut pas d’être défendue, lorsque malgré toutes ses imperfections,
5011
ons-nous dire encore que notre Europe ne vaut pas
d’
être défendue, lorsque malgré toutes ses imperfections, ses injustices
5012
s divisions absurdes, elle offre encore un niveau
de
trois fois meilleur que celui qu’on nous vante à l’Est comme l’espoir
5013
que celui qu’on nous vante à l’Est comme l’espoir
de
l’humanité ? Croyez-moi, laissons la mystique aux chefs qui en ont te
5014
soin pour faire supporter à leurs peuples un état
de
misère générale. Ce que nous avons vaut bien qu’on le défende, quand
5015
compare à ce qu’on nous offre. Non, ce n’est pas
d’
une mystique dont nous manquons, c’est au contraire d’informations rée
5016
e mystique dont nous manquons, c’est au contraire
d’
informations réelles, — de réalisme ! Fondons l’Europe unie non pas su
5017
ons, c’est au contraire d’informations réelles, —
de
réalisme ! Fondons l’Europe unie non pas sur des slogans, mais sur de
5018
d’informations réelles, — de réalisme ! Fondons l’
Europe
unie non pas sur des slogans, mais sur des faits. Au revoir, chers au
5019
Demain l’
Europe
! — Nos libertés (12 février 1951)k Chers auditeurs, Je voudrais r
5020
s trop souvent répéter, et qui est celle-ci : « L’
Europe
, la vieille Europe fatiguée, ne mérite plus qu’on la défende. L’Europ
5021
ter, et qui est celle-ci : « L’Europe, la vieille
Europe
fatiguée, ne mérite plus qu’on la défende. L’Europe, c’est du passé.
5022
rope fatiguée, ne mérite plus qu’on la défende. L’
Europe
, c’est du passé. L’avenir est… ailleurs, dans quelque grande mystique
5023
que je pense avoir trouvé. Ceux qui disent que l’
Europe
actuelle ne mérite pas qu’on la défende, ce sont ou bien des gens qui
5024
n des gens que la tyrannie attire, dans le secret
de
leur cœur et sans qu’ils osent l’avouer. Nos libertés réelles et quot
5025
euvent nous manquer, vous sentiriez tout de suite
de
toutes vos forces qu’elles méritent bien qu’on les défende. Essayons
5026
es méritent bien qu’on les défende. Essayons donc
de
nous imaginer ce qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notr
5027
rait dans nos vies quotidiennes, si notre vieille
Europe
que l’on dit décadente, misérable et pourrie d’injustices, se trouvai
5028
rope que l’on dit décadente, misérable et pourrie
d’
injustices, se trouvait demain rajeunie à grands coups de règlements u
5029
tices, se trouvait demain rajeunie à grands coups
de
règlements uniformes. La première liberté qui serait perdue serait ce
5030
a première liberté qui serait perdue serait celle
de
nous exprimer, en public, entre amis, au café, au travail. Et je ne d
5031
café, au travail. Et je ne dis pas que la liberté
de
l’expression soit sans limites dans nos pays. Il arrive qu’on lui fas
5032
t. On ne fusille pas chez nous, pour simple délit
d’
opinion. Et je dis bien : chez nous. Voici un petit exemple : il y a d
5033
nçais assez souvent qu’à Berne, il n’y aurait pas
de
précipitations. Eh bien, si je vivais un peu plus loin d’ici, il y a
5034
rite ou seulement vous ennuie, vous avez le droit
de
fermer votre radio, ou de prendre un poste étranger. Cela vous paraît
5035
uie, vous avez le droit de fermer votre radio, ou
de
prendre un poste étranger. Cela vous paraît tout naturel. Eh bien, de
5036
er au garde à vous que des chroniques officielles
de
l’État vous expliquant que vous êtes libres. Vous avez le droit de vo
5037
pliquant que vous êtes libres. Vous avez le droit
de
voyager où bon vous semble. Certes, il y a des visas, les passeports
5038
n votre cœur, aller le dimanche dans telle église
de
votre choix, ou au contraire n’y pas aller. Tous ces droits, vous n’y
5039
e, que vous donnez votre congé, que vous cherchez
de
l’embauche ailleurs. Eh bien, ces droits n’existent pas partout. Vous
5040
pas partout. Vous pouvez les perdre demain, si l’
Europe
est vraiment perdue. Il existe aujourd’hui plusieurs pays où le droit
5041
Il existe aujourd’hui plusieurs pays où le droit
de
changer d’employeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève
5042
aujourd’hui plusieurs pays où le droit de changer
d’
employeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève est suppri
5043
mployeur est tout simplement inconnu, où le droit
de
grève est supprimé, où la moindre critique murmurée contre le patron
5044
e un crime social. J’en déduis que le progrès est
de
notre côté. Je suis peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit
5045
peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit
d’
avoir plusieurs partis. L’opposition, chez nous, peut parler publiquem
5046
s partis avait du bon : elle vous ménage le droit
de
penser par vous-même. Ce droit aussi nous pouvons le perdre… Certes n
5047
age et la promesse, il est la permission pratique
de
nos futurs progrès matériels et moraux. Il nous faut donc garder nos
5048
Demain l’
Europe
! — L’Europe et la paix (19 février 1951) Chers auditeurs, Il y a d
5049
Demain l’Europe ! — L’
Europe
et la paix (19 février 1951) Chers auditeurs, Il y a des gens qui t
5050
des gens qui trouvent déjà qu’on leur parle trop
de
l’Europe, qu’on leur en rebat les oreilles. Ces délicats, vite fatigu
5051
gens qui trouvent déjà qu’on leur parle trop de l’
Europe
, qu’on leur en rebat les oreilles. Ces délicats, vite fatigués, oubli
5052
lles. Ces délicats, vite fatigués, oublient que l’
Europe
n’est pas une question de mode, mais de prospérité ou de misère, de g
5053
ués, oublient que l’Europe n’est pas une question
de
mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie o
5054
que l’Europe n’est pas une question de mode, mais
de
prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour
5055
t pas une question de mode, mais de prospérité ou
de
misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civili
5056
uestion de mode, mais de prospérité ou de misère,
de
guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’i
5057
de, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou
de
paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent
5058
de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix,
de
vie ou de mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent parler sp
5059
ité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou
de
mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent parler sports ou ch
5060
ois, d’autres personnes estiment qu’on parle trop
de
l’Europe pour ce qu’on en fait pratiquement. Ces personnes ont raison
5061
d’autres personnes estiment qu’on parle trop de l’
Europe
pour ce qu’on en fait pratiquement. Ces personnes ont raison de deman
5062
on en fait pratiquement. Ces personnes ont raison
de
demander si vraiment quelque chose s’effectue, derrière les belles dé
5063
n de la culture et le récent Conseil des communes
de
l’Europe, les pierres d’attente d’une construction continentale se tr
5064
la culture et le récent Conseil des communes de l’
Europe
, les pierres d’attente d’une construction continentale se trouvent po
5065
ent Conseil des communes de l’Europe, les pierres
d’
attente d’une construction continentale se trouvent posées. Si vous pe
5066
l des communes de l’Europe, les pierres d’attente
d’
une construction continentale se trouvent posées. Si vous pensez qu’il
5067
Pourtant, l’heure n’est pas venue de se féliciter
de
ces premiers progrès, péniblement acquis. Les cadres sont posés. Les
5068
utions en plein essor. Mais dans le drame mondial
de
la paix et de la guerre, la voix de l’Europe n’a pas encore autorité.
5069
n essor. Mais dans le drame mondial de la paix et
de
la guerre, la voix de l’Europe n’a pas encore autorité. Or, c’est ce
5070
drame mondial de la paix et de la guerre, la voix
de
l’Europe n’a pas encore autorité. Or, c’est ce drame qui nous importe
5071
mondial de la paix et de la guerre, la voix de l’
Europe
n’a pas encore autorité. Or, c’est ce drame qui nous importe à tous,
5072
Si les masses sont encore indifférentes à l’idée
d’
une Europe unie, la raison simple en est que la peur de la guerre pass
5073
s masses sont encore indifférentes à l’idée d’une
Europe
unie, la raison simple en est que la peur de la guerre passe avant to
5074
Europe unie, la raison simple en est que la peur
de
la guerre passe avant tout autre souci. Essayons donc de raisonner ce
5075
uerre passe avant tout autre souci. Essayons donc
de
raisonner cette peur. Quels sont les risques d’une guerre, pour nous
5076
c de raisonner cette peur. Quels sont les risques
d’
une guerre, pour nous autres, en Europe ? Je n’en vois qu’un : c’est l
5077
nt les risques d’une guerre, pour nous autres, en
Europe
? Je n’en vois qu’un : c’est le risque d’invasion puisqu’il est clair
5078
en Europe ? Je n’en vois qu’un : c’est le risque
d’
invasion puisqu’il est clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir
5079
t clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir
d’
attaquer qui que ce soit. Mais quelle pourrait bien être l’occasion d’
5080
e soit. Mais quelle pourrait bien être l’occasion
d’
une invasion prochaine du continent ? Je n’en vois qu’une : notre faib
5081
Je n’en vois qu’une : notre faiblesse, résultant
de
notre division. Si nous étions unis, nous serions assez forts pour dé
5082
serions assez forts pour décourager toute action
de
l’extérieur au moins, contre la paix. De plus, si nous étions unis, n
5083
s unis, nous saurions nous passer progressivement
d’
une aide qui peut fournir le seul prétexte à nous « libérer », — comme
5084
seul prétexte à nous « libérer », — comme on dit.
De
ces constatations très simples, il résulte clairement que l’union de
5085
s très simples, il résulte clairement que l’union
de
l’Europe est la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela,
5086
s simples, il résulte clairement que l’union de l’
Europe
est la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela, si nous
5087
t que l’union de l’Europe est la meilleure chance
de
la paix. Si nous comprenons cela, si nous comprenons bien que faire l
5088
prenons cela, si nous comprenons bien que faire l’
Europe
, c’est faire la paix, — alors nous voudrons tous, de toutes nos force
5089
c’est faire la paix, — alors nous voudrons tous,
de
toutes nos forces, la fédération de nos pays. Alors seulement, les pa
5090
oudrons tous, de toutes nos forces, la fédération
de
nos pays. Alors seulement, les parlements et les États, poussés dans
5091
e qu’il faut, sans plus de faux-fuyants. Faire l’
Europe
, c’est donc faire la paix. Je ne dis pas cela pour le plaisir de lanc
5092
faire la paix. Je ne dis pas cela pour le plaisir
de
lancer un slogan de plus. Je le dis parce que j’y crois, et que depui
5093
t que depuis quatre ans, j’ai donné le plus clair
de
mes forces à cette cause de la paix par l’union de l’Europe. Aussi co
5094
i donné le plus clair de mes forces à cette cause
de
la paix par l’union de l’Europe. Aussi comprendrez-vous que je me fro
5095
e mes forces à cette cause de la paix par l’union
de
l’Europe. Aussi comprendrez-vous que je me frotte les yeux quand j’en
5096
forces à cette cause de la paix par l’union de l’
Europe
. Aussi comprendrez-vous que je me frotte les yeux quand j’entends rép
5097
emaine par une opinion qui représente le 10 % des
Européens
, que l’Europe fédérée n’est qu’une machine de guerre au service de Wa
5098
inion qui représente le 10 % des Européens, que l’
Europe
fédérée n’est qu’une machine de guerre au service de Wall Street et d
5099
opéens, que l’Europe fédérée n’est qu’une machine
de
guerre au service de Wall Street et des marchands de canons. Que veul
5100
fédérée n’est qu’une machine de guerre au service
de
Wall Street et des marchands de canons. Que veulent-ils donc, ceux qu
5101
guerre au service de Wall Street et des marchands
de
canons. Que veulent-ils donc, ceux qui me traitent couramment d’enrag
5102
veulent-ils donc, ceux qui me traitent couramment
d’
enragé, de frénétique, de va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux seco
5103
s donc, ceux qui me traitent couramment d’enragé,
de
frénétique, de va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux secondes à me
5104
i me traitent couramment d’enragé, de frénétique,
de
va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux secondes à me demander s’ils
5105
ls disent. Leurs attaques orchestrées font partie
d’
une tactique. La seule question que je soulève à leur sujet, c’est la
5106
lent vraiment la paix comme j’ai bien des raisons
de
le croire, leur refus de l’Europe unie est-il le bon moyen d’y parven
5107
me j’ai bien des raisons de le croire, leur refus
de
l’Europe unie est-il le bon moyen d’y parvenir ? Ils savent aussi bie
5108
ai bien des raisons de le croire, leur refus de l’
Europe
unie est-il le bon moyen d’y parvenir ? Ils savent aussi bien que vou
5109
, leur refus de l’Europe unie est-il le bon moyen
d’
y parvenir ? Ils savent aussi bien que vous et moi que la faiblesse, e
5110
la faiblesse, en général, n’est pas une assurance
de
paix. Elle n’a point protégé la Belgique, ni la Hollande, ni le Danem
5111
ne double tentation : l’un des empires sera tenté
de
nous occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’est pas forcémen
5112
n des empires sera tenté de nous occuper, l’autre
de
nous unir à sa façon, qui n’est pas forcément la nôtre. Examinons le
5113
n’est pas forcément la nôtre. Examinons le second
de
ces cas. Je ne suis pas dans les secrets de la Maison-Blanche. On peu
5114
econd de ces cas. Je ne suis pas dans les secrets
de
la Maison-Blanche. On peut imaginer — non sans quelque délire — que l
5115
délire — que le plan Marshall ait été le complot
d’
un sombre impérialisme destiné à ruiner l’Europe en ayant l’air de la
5116
mplot d’un sombre impérialisme destiné à ruiner l’
Europe
en ayant l’air de la nourrir. Mais alors, ce fameux plan Marshall ser
5117
rialisme destiné à ruiner l’Europe en ayant l’air
de
la nourrir. Mais alors, ce fameux plan Marshall serait un formidable
5118
lan Marshall serait un formidable échec. Car l’un
de
ses résultats les plus frappants, c’est qu’il a permis à l’Europe de
5119
tats les plus frappants, c’est qu’il a permis à l’
Europe
de diminuer son déficit dollar d’environ 7 milliards et demi de franc
5120
s plus frappants, c’est qu’il a permis à l’Europe
de
diminuer son déficit dollar d’environ 7 milliards et demi de francs s
5121
permis à l’Europe de diminuer son déficit dollar
d’
environ 7 milliards et demi de francs suisses l’an dernier. Autant de
5122
son déficit dollar d’environ 7 milliards et demi
de
francs suisses l’an dernier. Autant de gagné pour notre indépendance.
5123
ds et demi de francs suisses l’an dernier. Autant
de
gagné pour notre indépendance. Autant de perdu pour tout impérialisme
5124
. Autant de gagné pour notre indépendance. Autant
de
perdu pour tout impérialisme supposé. D’autre part, je constate que l
5125
, je constate que les États-Unis décident l’envoi
de
nouvelles troupes en Europe. Ils se sentent donc contraints d’interve
5126
ats-Unis décident l’envoi de nouvelles troupes en
Europe
. Ils se sentent donc contraints d’intervenir dans la mesure exacte où
5127
troupes en Europe. Ils se sentent donc contraints
d’
intervenir dans la mesure exacte où nous sommes incapables d’assurer n
5128
r dans la mesure exacte où nous sommes incapables
d’
assurer notre propre défense. Or le moyen d’assurer cette défense sera
5129
ables d’assurer notre propre défense. Or le moyen
d’
assurer cette défense serait évidemment de nous fédérer. Ceux qui redo
5130
e moyen d’assurer cette défense serait évidemment
de
nous fédérer. Ceux qui redoutent l’emprise américaine devraient donc,
5131
faiblesse évidente ? Manifester contre le voyage
d’
un général américain ne résout pas le problème d’une manière positive.
5132
d’un général américain ne résout pas le problème
d’
une manière positive. Il faudrait au moins se déclarer en faveur d’une
5133
moins se déclarer en faveur d’une armée purement
européenne
, telle que la veut le plan Pleven. Car on ne peut pas être à la fois
5134
ne peut pas être à la fois contre l’intervention
de
l’Amérique, et contre l’union de l’Europe, qui rendrait cette aide in
5135
e l’intervention de l’Amérique, et contre l’union
de
l’Europe, qui rendrait cette aide inutile. Vouloir l’Europe désunie,
5136
ntervention de l’Amérique, et contre l’union de l’
Europe
, qui rendrait cette aide inutile. Vouloir l’Europe désunie, désarmée,
5137
urope, qui rendrait cette aide inutile. Vouloir l’
Europe
désunie, désarmée, et livrée dans défense au premier occupant, c’est
5138
ppeler et forcer l’Amérique à prendre en charge l’
Europe
occidentale, à l’exception de la Suisse et de la Suède, neutres et ar
5139
dre en charge l’Europe occidentale, à l’exception
de
la Suisse et de la Suède, neutres et armées. C’est provoquer ce que l
5140
Europe occidentale, à l’exception de la Suisse et
de
la Suède, neutres et armées. C’est provoquer ce que l’on redoute si f
5141
rsiste à demander, pour ma part, l’union fédérale
de
l’Europe, seul gage sérieux de notre indépendance militaire, et par s
5142
e à demander, pour ma part, l’union fédérale de l’
Europe
, seul gage sérieux de notre indépendance militaire, et par suite poli
5143
, l’union fédérale de l’Europe, seul gage sérieux
de
notre indépendance militaire, et par suite politique, à l’égard de l’
5144
suite politique, à l’égard de l’Ouest autant que
de
l’Est. Sans notre indépendance, il n’y aura pas de paix. Si vous voul
5145
e l’Est. Sans notre indépendance, il n’y aura pas
de
paix. Si vous voulez la paix, il faut vouloir l’Europe ! Au revoir, c
5146
e paix. Si vous voulez la paix, il faut vouloir l’
Europe
! Au revoir, chers auditeurs, et à lundi prochain, pour ma dernière c
5147
, et à lundi prochain, pour ma dernière chronique
de
cette série.
5148
Demain l’
Europe
! — Dernière chronique (12 mars 1951) Chers auditeurs, Eh bien oui,
5149
endant deux ans, je vous ai parlé à ce micro près
d’
une centaine de fois, sur un sujet unique : l’Europe qu’il nous faut f
5150
, je vous ai parlé à ce micro près d’une centaine
de
fois, sur un sujet unique : l’Europe qu’il nous faut faire, l’Europe
5151
s d’une centaine de fois, sur un sujet unique : l’
Europe
qu’il nous faut faire, l’Europe en train de se faire. Le sujet reste
5152
sujet unique : l’Europe qu’il nous faut faire, l’
Europe
en train de se faire. Le sujet reste inépuisable, je n’en dirai pas a
5153
isable, je n’en dirai pas autant des possibilités
d’
un chroniqueur qui circule constamment d’un bout de l’Europe à l’autre
5154
ibilités d’un chroniqueur qui circule constamment
d’
un bout de l’Europe à l’autre, et ne s’arrange souvent que par miracle
5155
’un chroniqueur qui circule constamment d’un bout
de
l’Europe à l’autre, et ne s’arrange souvent que par miracle pour attr
5156
hroniqueur qui circule constamment d’un bout de l’
Europe
à l’autre, et ne s’arrange souvent que par miracle pour attraper au p
5157
attraper au passage un micro, soucieux qu’il est
de
tenir sa promesse d’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction
5158
un micro, soucieux qu’il est de tenir sa promesse
d’
« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction de voix, un retard su
5159
’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction
de
voix, un retard survenu au cours d’un long voyage, comme ces derniers
5160
ne extinction de voix, un retard survenu au cours
d’
un long voyage, comme ces derniers lundis, et voilà le rendez-vous man
5161
our tout, dit l’Ecclésiaste, un temps pour parler
de
l’Europe et un temps pour la faire dans le concret ; un temps pour po
5162
out, dit l’Ecclésiaste, un temps pour parler de l’
Europe
et un temps pour la faire dans le concret ; un temps pour poser les p
5163
s pour poser les problèmes, un temps pour essayer
de
les résoudre. Le Centre européen de la culture, que je dirige à Genèv
5164
n de la culture, que je dirige à Genève, est l’un
de
ces efforts de réalisation. J’espère pouvoir bientôt revenir vous en
5165
, que je dirige à Genève, est l’un de ces efforts
de
réalisation. J’espère pouvoir bientôt revenir vous en parler, avec qu
5166
mais c’est une autre histoire. Puis-je vous prier
de
garder une oreille là-dessus ? Ce soir, en guise d’adieu ou d’au revo
5167
oreille là-dessus ? Ce soir, en guise d’adieu ou
d’
au revoir, je vaudrais passer en revue les quelques idées simples qui
5168
idé mes chroniques. Et ceci me donnera l’occasion
d’
une mise au point urgente sur la question de la neutralité suisse. Mon
5169
asion d’une mise au point urgente sur la question
de
la neutralité suisse. Mon premier thème, le plus constant et le plus
5170
le plus insistant, fut celui-ci : il faut unir l’
Europe
, pour assurer la paix. Car seules nos divisions en vingt nations riva
5171
hesses, humaines et matérielles, nos 300 millions
d’
habitants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe est
5172
lles, nos 300 millions d’habitants, notre pouvoir
de
création. Cette faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause d’e
5173
tants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse
de
l’Europe est anormale. C’est à cause d’elle qu’une guerre reste possi
5174
, notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’
Europe
est anormale. C’est à cause d’elle qu’une guerre reste possible, mais
5175
faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause
d’
elle qu’une guerre reste possible, mais d’autre part, elle serait surm
5176
t, elle serait surmontée par notre union. Faire l’
Europe
, c’est donc faire la paix. De ce thème général de mes chroniques, cer
5177
union. Faire l’Europe, c’est donc faire la paix.
De
ce thème général de mes chroniques, certains totalitaires ont cru pou
5178
pe, c’est donc faire la paix. De ce thème général
de
mes chroniques, certains totalitaires ont cru pouvoir déduire que j’é
5179
viron 2 % des voix, et qu’ils traitent couramment
d’
exploiteurs et de bellicistes frénétiques les 98 % qui votent contre e
5180
x, et qu’ils traitent couramment d’exploiteurs et
de
bellicistes frénétiques les 98 % qui votent contre eux dans notre peu
5181
e un va-t-en-guerre. Mon deuxième thème fut celui
de
l’opinion, la vraie, celle qui s’exprime au vote secret. Je vous ai d
5182
hommes politiques, la grande presse et les radios
d’
État prétendent que tout le monde pense, sans avoir fait une enquête p
5183
fait une enquête préalable. Je vous ai dit que l’
Europe
se ferait seulement par la pression de cette opinion vraie, — opinion
5184
que l’Europe se ferait seulement par la pression
de
cette opinion vraie, — opinion que j’ai tenté d’informer selon mes mo
5185
de cette opinion vraie, — opinion que j’ai tenté
d’
informer selon mes modestes moyens, c’est-à-dire, 6 minutes par semain
5186
dans cette action. En troisième lieu, j’ai tenté
d’
illustrer nos libertés réelles en Occident, celles que nous possédons
5187
celles que nous possédons en fait, comme le droit
de
circuler, le droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’ateli
5188
ons en fait, comme le droit de circuler, le droit
de
grève, le droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit d’opposit
5189
le droit de circuler, le droit de grève, le droit
de
changer de bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et de critique,
5190
circuler, le droit de grève, le droit de changer
de
bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et de critique, le droit d
5191
droit de grève, le droit de changer de bureau ou
d’
atelier, le droit d’opposition et de critique, le droit de s’exprimer
5192
droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit
d’
opposition et de critique, le droit de s’exprimer sans risquer aussitô
5193
de bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et
de
critique, le droit de s’exprimer sans risquer aussitôt le camp de con
5194
r, le droit d’opposition et de critique, le droit
de
s’exprimer sans risquer aussitôt le camp de concentration ou de réédu
5195
droit de s’exprimer sans risquer aussitôt le camp
de
concentration ou de rééducation. Et je n’ai pas défendu nos libertés
5196
sans risquer aussitôt le camp de concentration ou
de
rééducation. Et je n’ai pas défendu nos libertés parce que je les ten
5197
Mais, telles qu’elles sont, elles nous permettent
de
lutter librement pour les rendre meilleures, pour les étendre au plus
5198
ge des progrès à venir. Elles sont le grand atout
de
notre Europe. Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous
5199
ogrès à venir. Elles sont le grand atout de notre
Europe
. Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous reprendrons e
5200
tout de notre Europe. Si nous devenons conscients
de
ce trésor immense, nous reprendrons espoir pour l’Europe et la paix.
5201
ce trésor immense, nous reprendrons espoir pour l’
Europe
et la paix. En quatrième lieu, j’ai dénoncé l’ennemi intime de notre
5202
. En quatrième lieu, j’ai dénoncé l’ennemi intime
de
notre union : le pessimisme européen. Et je me suis efforcé de vous m
5203
cé l’ennemi intime de notre union : le pessimisme
européen
. Et je me suis efforcé de vous montrer qu’en dépit de cette apathie,
5204
n : le pessimisme européen. Et je me suis efforcé
de
vous montrer qu’en dépit de cette apathie, héritage de la guerre ou p
5205
us montrer qu’en dépit de cette apathie, héritage
de
la guerre ou produit de la peur, des hommes travaillent de tous côtés
5206
e cette apathie, héritage de la guerre ou produit
de
la peur, des hommes travaillent de tous côtés à la fédération du cont
5207
rre ou produit de la peur, des hommes travaillent
de
tous côtés à la fédération du continent, et non seulement par la paro
5208
a parole et par l’écrit, mais par toute une série
d’
actions pratiques ; non seulement par le Parlement de Strasbourg et pa
5209
ctions pratiques ; non seulement par le Parlement
de
Strasbourg et par des publications multipliées, mais par le moyen du
5210
multipliées, mais par le moyen du plan Schumann,
de
l’Union des paiements, du plan Pleven, du Plan vert pour l’agricultur
5211
Plan vert pour l’agriculture, du Centre culturel
de
Genève, du Laboratoire européen de physique nucléaire, ou encore d’un
5212
ure, du Centre culturel de Genève, du Laboratoire
européen
de physique nucléaire, ou encore d’une récente Union européenne du ci
5213
entre culturel de Genève, du Laboratoire européen
de
physique nucléaire, ou encore d’une récente Union européenne du ciném
5214
ratoire européen de physique nucléaire, ou encore
d’
une récente Union européenne du cinéma. Je me suis gardé comme du feu
5215
physique nucléaire, ou encore d’une récente Union
européenne
du cinéma. Je me suis gardé comme du feu des procédés de la propagand
5216
inéma. Je me suis gardé comme du feu des procédés
de
la propagande moderne. La propagande cherche à priver les hommes de l
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oderne. La propagande cherche à priver les hommes
de
leur libre examen, de leur esprit critique. J’ai cherché, au contrair
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cherche à priver les hommes de leur libre examen,
de
leur esprit critique. J’ai cherché, au contraire, à vous mettre en pr
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yers, tous seuls ou en famille. Cette familiarité
de
la radio est précieuse. Si le chroniqueur l’a comprise, il doit s’int
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doit s’interdire l’éloquence et parler simplement
d’
homme à homme. C’est le contraire de la propagande et des hurlements h
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er simplement d’homme à homme. C’est le contraire
de
la propagande et des hurlements hitlériens. Enfin, j’ai soulevé plusi
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soulevé plusieurs fois le problème des relations
de
la Suisse avec le Conseil de l’Europe. Problème à coup sûr délicat, p
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icat, puisqu’il se trouve lié, pour nous, à celui
de
la neutralité. Aussi bien ne l’ai-je pas tranché, quoi qu’on en dise.
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me en trois phrases mes arguments : 1. L’adhésion
de
la Suisse neutre au Conseil de l’Europe, si elle se révélait possible
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lle se révélait possible, présenterait l’avantage
d’
accentuer le caractère pacifique de l’institution de Strasbourg. 2. La
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ait l’avantage d’accentuer le caractère pacifique
de
l’institution de Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle de la Su
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accentuer le caractère pacifique de l’institution
de
Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle de la Suisse n’est pas co
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on de Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle
de
la Suisse n’est pas comprise par les Américains, n’est pas crue par l
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par les Russes, et ne dépend plus, comme naguère,
de
l’équilibre européen : elle est donc en fait discutée à l’étranger. 3
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et ne dépend plus, comme naguère, de l’équilibre
européen
: elle est donc en fait discutée à l’étranger. 3. Si nous voulons mai
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er avec des arguments solides et actuels. Refuser
d’
en parler n’est pas un argument. L’argument de l’autruche n’a rien de
5232
ser d’en parler n’est pas un argument. L’argument
de
l’autruche n’a rien de patriotique. Je demandais donc l’ouverture d’u
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as un argument. L’argument de l’autruche n’a rien
de
patriotique. Je demandais donc l’ouverture d’un débat. Un point, c’es
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ien de patriotique. Je demandais donc l’ouverture
d’
un débat. Un point, c’est tout. Sur quoi, aux deux extrêmes de l’opini
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Un point, c’est tout. Sur quoi, aux deux extrêmes
de
l’opinion publique, ce fut un beau tollé, puis un étrange accord de c
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que, ce fut un beau tollé, puis un étrange accord
de
cris d’indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce
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fut un beau tollé, puis un étrange accord de cris
d’
indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce que j’av
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range accord de cris d’indignation ! Un me traita
d’
ennemi de notre neutralité parce que j’avais demandé qu’on en revoie l
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ord de cris d’indignation ! Un me traita d’ennemi
de
notre neutralité parce que j’avais demandé qu’on en revoie les bases.
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is demandé qu’on en revoie les bases. Et beaucoup
d’
auditeurs m’invitèrent à me défendre. Mais devant de micro, je dois me
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auditeurs m’invitèrent à me défendre. Mais devant
de
micro, je dois me limiter à cette très simple mise au point. Je ne pu
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erait injuste, car la radio atteint des centaines
de
milliers d’auditeurs, qui pratiquement ne peuvent pas lire les articl
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e, car la radio atteint des centaines de milliers
d’
auditeurs, qui pratiquement ne peuvent pas lire les articles des journ
5244
e les articles des journaux en question. Le texte
de
mes émissions a paru dans deux périodiques suisses, en allemand et en
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hacun peut donc s’y reporter. Aux attaques venues
de
la droite, j’opposerai la brochure récente d’un conservateur catholiq
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ues de la droite, j’opposerai la brochure récente
d’
un conservateur catholique, Gonzague de Reynold, qui se trouve souteni
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aques des totalitaires, je n’opposerai que le mot
d’
un de mes amis : je suis un libéral, dit-il, donc toujours prêt à disc
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des totalitaires, je n’opposerai que le mot d’un
de
mes amis : je suis un libéral, dit-il, donc toujours prêt à discuter
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ne. Chers auditeurs, il me reste à vous remercier
de
votre fidélité à l’écoute pendant deux ans, des innombrables messages
5250
s messages que vous m’avez envoyés, non seulement
de
Suisse, mais de presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Ba
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ous m’avez envoyés, non seulement de Suisse, mais
de
presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cher
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eulement de Suisse, mais de presque tous les pays
de
l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du f
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ent de Suisse, mais de presque tous les pays de l’
Europe
, de Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’
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uisse, mais de presque tous les pays de l’Europe,
de
Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’Afri
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les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone,
de
Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’Afrique. Messages de sympathie
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à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond
de
l’Afrique. Messages de sympathie pour la cause que je défends, qui n’
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urg à Brindisi, et du fond de l’Afrique. Messages
de
sympathie pour la cause que je défends, qui n’est pas une cause polit
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au sens étroit du mot, qui n’est pas une affaire
de
partis, de confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civi
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roit du mot, qui n’est pas une affaire de partis,
de
confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civilisation et
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n’est pas une affaire de partis, de confession ou
de
nations, mais qui est la cause d’une civilisation et de sa grande pat
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e confession ou de nations, mais qui est la cause
d’
une civilisation et de sa grande patrie continentale, la cause même de
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ions, mais qui est la cause d’une civilisation et
de
sa grande patrie continentale, la cause même de la paix, et de sa con
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t de sa grande patrie continentale, la cause même
de
la paix, et de sa condition première : la liberté. Si mes chroniques,
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patrie continentale, la cause même de la paix, et
de
sa condition première : la liberté. Si mes chroniques, pendant deux a
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mes chroniques, pendant deux ans, n’ont rien fait
d’
autre que de poser pour vous le problème de l’Europe et de son union n
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es, pendant deux ans, n’ont rien fait d’autre que
de
poser pour vous le problème de l’Europe et de son union nécessaire, c
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n fait d’autre que de poser pour vous le problème
de
l’Europe et de son union nécessaire, c’est assez, vous jugerez, vous
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t d’autre que de poser pour vous le problème de l’
Europe
et de son union nécessaire, c’est assez, vous jugerez, vous agirez vo
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que de poser pour vous le problème de l’Europe et
de
son union nécessaire, c’est assez, vous jugerez, vous agirez vous-mêm