1 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe en marche (21 février 1949)
1 ure, au moment où vous venez de tourner le bouton de votre radio pour être sûrs de ne pas manquer « les nouvelles » et les
2 e tourner le bouton de votre radio pour être sûrs de ne pas manquer « les nouvelles » et les prévisions du temps valables
3 à demain à midi, chaque lundi soir, je me propose de commenter pour vous en cinq minutes une grande nouvelle, une seule, e
4 j’ajouterai bien sûr, mes prévisions du temps, —  de notre temps, valables jusqu’au jour où sera proclamée la fédération d
5 les jusqu’au jour où sera proclamée la fédération de l’Europe. Cinq minutes, c’est bien peu pour un si grand sujet : j’ess
6 est bien peu pour un si grand sujet : j’essaierai d’ être simple et direct, d’aller tout droit à l’essentiel, et je commenc
7 rand sujet : j’essaierai d’être simple et direct, d’ aller tout droit à l’essentiel, et je commence : Un événement capital
8 ’entre vous l’ignorent. C’est qu’il est difficile de voir les grands événements de l’histoire quand ils se passent et se c
9 qu’il est difficile de voir les grands événements de l’histoire quand ils se passent et se composent autour de nous, de jo
10 nd ils se passent et se composent autour de nous, de jour en jour. Vous savez que depuis deux ans, des groupes et des asso
11 depuis deux ans, des groupes et des associations de toute espèce travaillent pour fédérer les peuples d’Europe. De temps
12 toute espèce travaillent pour fédérer les peuples d’ Europe. De temps en temps, la presse et la radio vous donnent un aperç
13 mps, la presse et la radio vous donnent un aperçu de leurs congrès. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que l’action
14 e vous ne savez peut-être pas, c’est que l’action de tous ces groupes (loin de se borner à des parlottes comme beaucoup le
15 le serment des Trois Suisses, ou la constitution de notre État il y a cent ans. Le premier de ces résultats portera vrais
16 itution de notre État il y a cent ans. Le premier de ces résultats portera vraisemblablement la date de notre année 1949.
17 e ces résultats portera vraisemblablement la date de notre année 1949. Et ce sera la convocation d’un parlement consultati
18 te de notre année 1949. Et ce sera la convocation d’ un parlement consultatif de l’Europe, dont le principe vient d’être ad
19 ce sera la convocation d’un parlement consultatif de l’Europe, dont le principe vient d’être admis par les gouvernements d
20 t consultatif de l’Europe, dont le principe vient d’ être admis par les gouvernements du groupe des Cinq, et sera proposé d
21 q, et sera proposé demain à tous les États libres de l’Europe. Un autre jour, je commenterai cette décision sans précédent
22 séquences principales, d’une part, l’affaissement de l’Europe, d’autre part, le surgissement de la Russie et de l’Amérique
23 sement de l’Europe, d’autre part, le surgissement de la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’obse
24 pe, d’autre part, le surgissement de la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’observer, par-dessus
25 server, par-dessus nos têtes. Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l
26 rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de la paix. Mais l’Amérique prouve son impérialisme en libérant les Phil
27 est que les deux Grands proclament leur intention de paix d’une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et
28 les deux Grands proclament leur intention de paix d’ une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale
29 contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela
30 cune des nations qui la composent se voit menacée d’ annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux em
31 composent se voit menacée d’annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent l
32 fondamental, et que personne ne peut nier : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
33 s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
34 à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
35 omie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continue
36 usions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’ une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1
37 tinuent comme elles vont : 1° Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La
38 n vont fatalement vers une guerre qui risque bien d’ être la dernière. Parce qu’elle laissera peu de monde pour en faire un
39 aussi tout cela nous conduit, avec la force même de l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver
40 et unique solution. Si nous voulons sauver chacun de nos pays, il nous faut commencer par les unir ; et si nous voulons sa
41 à-dire la troisième puissance, qui serait capable d’ exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Si vous pensez que
42 e puissance, qui serait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Si vous pensez que l’Europe, même un
43 vous rappellerai un seul chiffre : la population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
44 de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Am
45 occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’ environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et a
46 t tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions d’ habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il
47 qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
48 s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’ un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre
49 leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’ agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. V
50 ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Voilà don
51 mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Voilà donc le grand but défini : la paix du
52 du monde. Et voilà l’instrument désigné : l’union de l’Europe. Je suppose que sur ces deux points, théoriquement, tout le
53 pas même les staliniens (ces derniers défenseurs de la souveraineté nationale absolue) — personne n’ose dire : « Je veux
54 ionale, qu’ils se cantonnent dans le double refus de l’Amérique et de la Russie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, cel
55 cantonnent dans le double refus de l’Amérique et de la Russie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’Europe, j
56 ssie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’Europe, jusqu’à ce qu’ils soient dûment ruinés, annexés et colonisé
57 faire en temps utile, pour que la solution sorte de l’utopie ? La paix, l’Europe unie, d’accord, c’est un beau rêve. En a
58 s le Pacifique. Nous en sommes là… Il s’agit donc de répondre très vite à cette double question, la seule sérieuse : qu’a-
59 ci pour fédérer l’Europe ? qu’avons-nous le temps de faire encore, — avec quelles forces ?   Je vous dirai, chaque lundi s
60 les hommes qui luttent pour elle, et j’essaierai de vous faire participer aux péripéties de plus en plus rapides de cette
61 participer aux péripéties de plus en plus rapides de cette grande aventure du xx e siècle. Et voici mes prévisions valable
62 le étape vers l’union sera franchie. Les délégués de 19 pays poseront les bases d’une action concertée de tous les grands
63 nchie. Les délégués de 19 pays poseront les bases d’ une action concertée de tous les grands mouvements qui militent pour l
64 19 pays poseront les bases d’une action concertée de tous les grands mouvements qui militent pour l’Europe fédérale. Je vo
65 pe fédérée ». b. Ici, l’auteur renvoie aux pages d’ un tapuscrit intitulé L’Europe en jeu (à distinguer du volume publié e
2 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Conseil international du Mouvement européen (25 février 1949)
66 25 février 1949)d Bruxelles a pavoisé au signe de l’Europe : sur toutes les places et les palais des drapeaux flottent,
67 tant la grande lettre E — E pour Europe — couleur d’ émeraude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond de paix. C’est q
68 rope — couleur d’émeraude sur fond blanc, couleur d’ espérance sur fond de paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement europ
69 aude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond de paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement européen réunit pour la pr
70 paraison peut nous donner à réfléchir. Car chacun de nos congrès européens est une bataille, un bombardement de l’opinion
71 ngrès européens est une bataille, un bombardement de l’opinion — pour faire la paix. Une bataille contre l’inertie, le sce
72 érée non seulement doit mais peut fonder la paix. De quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès de l’Europe à La Haye, nous é
73 paix. De quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès de l’Europe à La Haye, nous étions 800 délégués représentant une quantit
74 ous étions 800 délégués représentant une quantité de mouvements sans liens solides. C’était une première tentative pour fa
75 ive pour faire entendre au monde entier « la voix de l’Europe ». Vous savez quel fut son succès : l’idée de Parlement euro
76 Europe ». Vous savez quel fut son succès : l’idée de Parlement européen en est sortie, elle est en voie de réalisation. De
77 arlement européen en est sortie, elle est en voie de réalisation. Depuis lors, nous avons travaillé à fédérer tous nos mou
78 ent. Et chacun a délégué aujourd’hui quelques-uns de ses membres à Bruxelles : neuf pour les grands pays, quatre pour les
79 nformément à la coutume fédéraliste. Ces délégués de 22 peuples, auxquels s’ajoute le comité exécutif, viennent de se rass
80 e se rassembler, cet après-midi même, sous le nom de Conseil international du Mouvement européen. C’est donc d’un conseil
81 l international du Mouvement européen. C’est donc d’ un conseil qu’il s’agit, et non plus d’un congrès comme les autres, d’
82 C’est donc d’un conseil qu’il s’agit, et non plus d’ un congrès comme les autres, d’un conseil beaucoup plus restreint — no
83 ’agit, et non plus d’un congrès comme les autres, d’ un conseil beaucoup plus restreint — nous ne sommes que 30 délégués — 
84 us restreint — nous ne sommes que 30 délégués — , d’ un conseil qui sera désormais l’organe officiel d’un Mouvement bien so
85 d’un conseil qui sera désormais l’organe officiel d’ un Mouvement bien solidement articulé, prêt à l’action. Quelles sont l
86 ui est surtout Paul-Henri Spaak — le nouveau type de l’homme d’État européen, le réaliste qu’il fallait pour défendre notr
87 e Premier [ministre] belge a inauguré les travaux de notre conseil. c. Titre rajouté par nous pour cette édition numériq
3 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Assemblée européenne (27 février 1949)
88 ir, en introduisant par quelques mots cette série d’ émissions sur la première session du Conseil international à Bruxelles
89 international à Bruxelles, je vous disais : c’est d’ un conseil et non pas d’un congrès qu’il s’agit. On l’a bien vu et bie
90 s, je vous disais : c’est d’un conseil et non pas d’ un congrès qu’il s’agit. On l’a bien vu et bien senti lors de la séanc
91 ésence sur la tribune, à la table présidentielle, d’ un groupe d’hommes politiques qu’on ne pourrait voir nulle part ailleu
92 a tribune, à la table présidentielle, d’un groupe d’ hommes politiques qu’on ne pourrait voir nulle part ailleurs ensemble,
93 r nulle part ailleurs ensemble, le seul spectacle de M. van Zeeland assis entre les socialistes Marceau Pivert et André Ph
94 e les socialistes Marceau Pivert et André Philip, de M. Churchill assis entre les socialistes Spaak et Guy Mollet, donnait
95 travailler et pour organiser, et que les discours de circonstance se réduisaient volontairement à la plus grande sobriété.
96 ain, le ton changea, au sein des deux commissions de travail. Je n’ai pu suivre les débats de la commission juridique, cha
97 missions de travail. Je n’ai pu suivre les débats de la commission juridique, chargée d’élaborer le grand projet d’une Cou
98 re les débats de la commission juridique, chargée d’ élaborer le grand projet d’une Cour suprême européenne pour la défense
99 ion juridique, chargée d’élaborer le grand projet d’ une Cour suprême européenne pour la défense des droits de la personne.
100 our suprême européenne pour la défense des droits de la personne. Je vous dirai, lundi prochain, les résultats de ses trav
101 nne. Je vous dirai, lundi prochain, les résultats de ses travaux. Mais j’ai été frappé par la haute tenue des débats de la
102 ais j’ai été frappé par la haute tenue des débats de la commission politique chargée de rédiger les principes généraux d’u
103 nue des débats de la commission politique chargée de rédiger les principes généraux d’une politique européenne, la doctrin
104 litique chargée de rédiger les principes généraux d’ une politique européenne, la doctrine politique commune aux tendances
105 nt que le concert des voix qui deviennent la voix de l’Europe. Hier, nos débats se sont portés sur la question de l’Assemb
106 . Hier, nos débats se sont portés sur la question de l’Assemblée européenne. Comme l’ont souligné tour à tour M. Spaak et
107 t M. Churchill — et je cite ce dernier : « l’idée d’ une Assemblée consultative européenne est devenue la politique adoptée
108 itique adoptée par presque tous les gouvernements de l’Europe occidentale ». Il s’agit maintenant d’exploiter ce premier g
109 s de l’Europe occidentale ». Il s’agit maintenant d’ exploiter ce premier grand succès de notre mouvement. Il s’agit mainte
110 it maintenant d’exploiter ce premier grand succès de notre mouvement. Il s’agit maintenant pour nous de peser sur les déci
111 e notre mouvement. Il s’agit maintenant pour nous de peser sur les décisions imminentes des ministères et des parlements.
112 ulons qu’elle soit dès le départ un grand symbole de l’unité confédérale pour laquelle nous luttons. Nous voulons que la v
113 autres fédéralistes, voyons nos thèses progresser de jour en jour au sein du Conseil de Bruxelles. Ce que nous sommes en t
114 ses progresser de jour en jour au sein du Conseil de Bruxelles. Ce que nous sommes en train d’obtenir peut se résumer en t
115 de l’Assemblée, des forces vives, non politiques, de nos pays, siégeant sur pied d’égalité avec les délégués des parlement
116 s, non politiques, de nos pays, siégeant sur pied d’ égalité avec les délégués des parlements. 2. Nous proposons que des si
117 proposons que des sièges soient réservés aux pays de l’Est, sièges vides pour le moment, — mais ce vide muet parlera mieux
118 de muet parlera mieux que des discours, mieux que de vaines protestations verbales, ce vide sera le symbole éloquent non s
119 s, ce vide sera le symbole éloquent non seulement de notre sympathie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’Europe
120 le éloquent non seulement de notre sympathie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’Europe intégrale, et cela veut
121 ion sur les gouvernements se double immédiatement d’ une grande campagne populaire dans toute l’Europe, afin que les masses
122 associées à nos efforts, et les portent au sommet d’ un élan unanime. Si nous gagnons sur ces trois points — et nous sommes
123 ur ces trois points — et nous sommes en bon train de gagner — , nous pourrons répéter ces mots que Churchill prononça d’un
124 pourrons répéter ces mots que Churchill prononça d’ une voix tonitruante — et en français — à la fin de son premier discou
125 ’une voix tonitruante — et en français — à la fin de son premier discours : « Alors, ça ira ! » Pour terminer, je vous don
126 plénière, notre conseil s’est donné un président de séance pour une année sur la personne de Léon Jouhaux, le grand chef
127 résident de séance pour une année sur la personne de Léon Jouhaux, le grand chef syndicaliste français. Et d’autre part, M
128 M. André Philip, ancien ministre des Finances et de l’Économie, a été élu délégué général du Mouvement européen. Voici en
129 u temps valables jusqu’à lundi prochain : la zone de haute pression fédéraliste dont le centre se situe actuellement à Bru
130 n passant, quelques légères ondulations du rideau de fer. Au revoir, à lundi prochain ! e. Titre rajouté par nous pour c
131 n numérique. f. Émission retransmise directement de Bruxelles.
4 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « La paix, la paix ! » (7 mars 1949)
132 vite ? » Et je répondais : parce qu’il n’y a pas d’ autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays
133  : parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable d’ empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays, c’est en effet créer la
134 , c’est en effet créer la seule puissance capable d’ exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Là-dessus, je pars
135 réer la seule puissance capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Là-dessus, je pars pour Bruxelles, a
136 je pars pour Bruxelles, au Conseil international de notre Mouvement européen. Et nous nous sommes mis au travail pour fai
137 t l’après-midi, nous avons convoqué la population de Bruxelles sur la place de la Bourse, car nous voulions crier aux mass
138 convoqué la population de Bruxelles sur la place de la Bourse, car nous voulions crier aux masses, sur tous les tons, et
139 urer la paix. » Mais voici qu’à chaque fois qu’un de nos orateurs s’avançait devant le micro, quelques groupes dans la fou
140 dans la foule se mettaient à hurler, et tâchaient de couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler de la paix, et ils cr
141 e couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler de la paix, et ils criaient : « La paix, la paix » pour nous empêcher d’
142 riaient : « La paix, la paix » pour nous empêcher d’ en parler. C’est ainsi que pendant deux heures s’est poursuivi dans le
143 t poursuivi dans le tumulte un véritable dialogue de sourds. — Tu veux la paix ? criait l’un. — Non, je veux la paix ! hur
144 guerre ! Je ne voudrais pas exagérer l’importance de ces incidents. En vérité, ils n’ont servi qu’à la publicité de nos tr
145 nts. En vérité, ils n’ont servi qu’à la publicité de nos travaux, dont ils n’ont pas troublé le cours ni modifié les résul
146 modifié les résultats. Mais derrière ce dialogue de sourds, ou plutôt derrière ce qui pouvait paraître une histoire de fo
147 tôt derrière ce qui pouvait paraître une histoire de fous, il y a quelque chose de sérieux, et même de grave. Il y a la gr
148 raître une histoire de fous, il y a quelque chose de sérieux, et même de grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe.
149 de fous, il y a quelque chose de sérieux, et même de grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe. Il y a ce fait que
150 ieux, et même de grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe. Il y a ce fait que plus personne ne croit, ou ne peut c
151 ne peut croire, dans notre Europe, à la bonne foi de l’adversaire. Quand on en est arrivé là — quand chacun crie : la paix
152  : la guerre — , alors, il n’y a plus qu’un moyen d’ en sortir (si vraiment on refuse la guerre), c’est de cesser de crier
153 n sortir (si vraiment on refuse la guerre), c’est de cesser de crier et de parler tranquillement. Justement j’ai la chance
154 si vraiment on refuse la guerre), c’est de cesser de crier et de parler tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir,
155 on refuse la guerre), c’est de cesser de crier et de parler tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir, de pouvoir v
156 tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir, de pouvoir vous parler tranquillement sans être interrompu par des cris
157 tranquillement sans être interrompu par des cris d’ animaux. Je serais donc criminel de ne pas en profiter et de ne pas te
158 u par des cris d’animaux. Je serais donc criminel de ne pas en profiter et de ne pas tenter l’impossible pour pacifier ce
159 Je serais donc criminel de ne pas en profiter et de ne pas tenter l’impossible pour pacifier ce débat sur la paix, pour e
160 pour en examiner les arguments sans aucun esprit de polémique ou de propagande haineuse et partisane. Je voudrais donc ex
161 r les arguments sans aucun esprit de polémique ou de propagande haineuse et partisane. Je voudrais donc expliquer tranquil
162 sé en deux camps, et nous voyons l’Europe menacée de ruine totale par la guerre entre ces deux camps. Géographiquement, no
163 simple : nous ne pouvons rien faire, dans l’état de division où nous sommes. Il faut donc nous unir pour nous mettre en m
164 Il faut donc nous unir pour nous mettre en mesure de nous opposer à la guerre. Tout le monde devrait être d’accord là-dess
165 d’accord, sauf les communistes… car la fédération de l’Europe, à les en croire, ne serait qu’une machine d’agression monté
166 Europe, à les en croire, ne serait qu’une machine d’ agression montée par les Américains contre l’URSS. Qu’avons-nous à rép
167 s avons à répondre deux choses : 1. La fédération de l’Europe peut seule garantir notre indépendance réelle à l’égard des
168 prospère, c’est alors que nous serons contraints de confier notre défense aux Américains et de nous mettre en tutelle les
169 raints de confier notre défense aux Américains et de nous mettre en tutelle les uns après les autres. Faute d’une fédérati
170 mettre en tutelle les uns après les autres. Faute d’ une fédération librement constituée, nous n’aurons plus qu’une solutio
171 possible : signer le pacte militaire, nommé pacte de l’Atlantique. Et ce pacte, prenons-y garde, pour peu qu’il y entre un
172 renons-y garde, pour peu qu’il y entre une clause d’ assistance mutuelle automatique, ce pacte dit de l’Atlantique pourrait
173 e d’assistance mutuelle automatique, ce pacte dit de l’Atlantique pourrait fort bien nous entraîner un jour à une guerre d
174 ue comme elle l’entend, cette Europe-là cesserait d’ être une menace pour la Russie, et deviendrait au contraire une vaste
175 ussie, et deviendrait au contraire une vaste zone de sécurité à l’ouest des terres soviétiques. Il est bien évident que ce
176 ope, occupée à se fédérer, n’aurait aucune raison d’ attaquer la Russie, pourvu que celle-ci la laisse en paix, et ne préte
177 rêt du monde entier, et donc aussi dans l’intérêt de la Russie, puisque celle-ci déclare qu’elle veut la paix et qu’elle n
178 oivent souhaiter avec nous l’établissement rapide d’ une fédération européenne, qui serait la garantie de notre indépendanc
179 une fédération européenne, qui serait la garantie de notre indépendance. Si toutefois ils persistent à mettre en doute nos
180 tre en doute nos intentions, nous serons en droit de leur demander : quelle autre solution nous offrez-vous, qui soit immé
181 erre ? L’heure est venue de parler clairement, et de cesser de crier : la paix, la paix ! sur un ton de défi, comme on déc
182 eure est venue de parler clairement, et de cesser de crier : la paix, la paix ! sur un ton de défi, comme on déclare la gu
183 e cesser de crier : la paix, la paix ! sur un ton de défi, comme on déclare la guerre. Et je me tourne aussi vers la Suiss
184 ires sur l’Atlantique, mais du côté de Berne, pas de précipitations… g. Titre rajouté par nous pour cette édition numéri
5 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Cour suprême européenne (14 mars 1949)
185 9) À Rome, en novembre dernier, lors du Congrès de l’UEF, le comte Sforza est venu nous parler de ce qui lui tient le pl
186 ès de l’UEF, le comte Sforza est venu nous parler de ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération de l’Europe. On ne sa
187 e ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération de l’Europe. On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer d’expérien
188 e l’Europe. On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer d’expérience politique : de tous les hommes d’État au pouvoir
189 On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer d’ expérience politique : de tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jo
190 comte Sforza de manquer d’expérience politique : de tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jours, c’est lui qui a eu l
191 politique : de tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jours, c’est lui qui a eu la carrière la plus longue. Quel consei
192 us fédéralistes, vous ne devrez jamais transiger. De toutes vos forces, sans compromis et sans relâche, luttez contre le d
193 rieur : la tyrannie ; l’autre extérieur : le coup de force, la guerre. En effet, si l’État national a tous les droits, s’i
194 t, si l’État national a tous les droits, s’il n’a de comptes à rendre à personne, ni à Dieu, ni à la loi, ni même à la mor
195 e à la morale courante, s’il n’y a rien au-dessus de lui, s’il est seul juge — et c’est ce que signifie le mot : souverain
196 uverain — , comment voulez-vous qu’il n’abuse pas de ses pouvoirs ? Et s’il en abuse, comment voulez-vous qu’on l’arrête ?
197 êtes un criminel : cela se produit sous nos yeux, de nos jours, dans les pays où l’État souverain prend au sérieux sa souv
198 ce que signifie la souveraineté inconditionnelle de l’État, l’impossibilité de faire appel à un tribunal supérieur… D’aut
199 ineté inconditionnelle de l’État, l’impossibilité de faire appel à un tribunal supérieur… D’autre part, l’État souverain a
200 érieur… D’autre part, l’État souverain a le droit de déclarer la guerre, et de forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-d
201 at souverain a le droit de déclarer la guerre, et de forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous
202 droit de déclarer la guerre, et de forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie
203 ire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie et de mort, et cela sans appel. S’il veut la guerre, personne ne
204 -à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie et de mort, et cela sans appel. S’il veut la guerre, personne ne peut le re
205 n nomme la morale, il y a même quelques rudiments d’ une loi internationale, mais qui peut l’appliquer cette loi, puisqu’il
206 eut l’appliquer cette loi, puisqu’il n’existe pas de pouvoir supérieur ? Puisqu’il n’y a pas de roi du monde, de suzerain,
207 te pas de pouvoir supérieur ? Puisqu’il n’y a pas de roi du monde, de suzerain, qui puisse réduire à la raison ces féodaux
208 supérieur ? Puisqu’il n’y a pas de roi du monde, de suzerain, qui puisse réduire à la raison ces féodaux dressés sur leur
209 N est morte, et si l’ONU était en train de vivre, de réussir, cela se verrait : Nous n’en serions pas où nous sommes, c’es
210 n’ont-elles jamais pu fonctionner ? C’est à cause d’ un même vice de constitution. L’une et l’autre ont été et sont des soc
211 ais pu fonctionner ? C’est à cause d’un même vice de constitution. L’une et l’autre ont été et sont des sociétés non pas d
212 e et l’autre ont été et sont des sociétés non pas de nations, mais de gouvernements d’États souverains. Or, qui peut arbit
213 été et sont des sociétés non pas de nations, mais de gouvernements d’États souverains. Or, qui peut arbitrer les disputes
214 ociétés non pas de nations, mais de gouvernements d’ États souverains. Or, qui peut arbitrer les disputes entre deux États
215 ous n’auriez pas l’idée, personne n’aurait l’idée de faire arbitrer un match par les deux capitaines des équipes en présen
216 sence. Or, qu’est-ce que l’ONU ? C’est un congrès de capitaines d’équipes qui crient tous à la fois : si je ne gagne pas,
217 est-ce que l’ONU ? C’est un congrès de capitaines d’ équipes qui crient tous à la fois : si je ne gagne pas, eh bien, je tr
218 Comment protéger les citoyens contre l’arbitraire de l’État ? Et comment protéger la paix contre les entreprises de ces gr
219 t comment protéger la paix contre les entreprises de ces grands féodaux ? Il faut créer, c’est l’évidence, un pouvoir supé
220 qui limite leur souveraineté ! C’est un tribunal de ce genre que le Conseil international de notre Mouvement européen a d
221 tribunal de ce genre que le Conseil international de notre Mouvement européen a décidé de proposer, dans sa séance toute r
222 nternational de notre Mouvement européen a décidé de proposer, dans sa séance toute récente de Bruxelles. Le projet mis au
223 décidé de proposer, dans sa séance toute récente de Bruxelles. Le projet mis au jour par le Mouvement européen me semble
224 cette cour pourront s’adresser par-dessus la tête de l’État les personnes physiques et morales, c’est-à-dire vous et moi,
225 il est prévu que cette Cour suprême sera doublée d’ une Commission des droits de l’homme, composée de membres indépendants
226 d’une Commission des droits de l’homme, composée de membres indépendants des États et gouvernements. Cette commission rec
227 ats accusés. Voilà qui formerait le premier noyau d’ un véritable pouvoir fédéral, et voilà qui ferait une brèche sérieuse
228 ppelle aussitôt un second, qui serait la création d’ une police fédérale, d’une force armée européenne, capable de faire re
229 nd, qui serait la création d’une police fédérale, d’ une force armée européenne, capable de faire respecter les arrêts de l
230 e fédérale, d’une force armée européenne, capable de faire respecter les arrêts de la Cour suprême. Cela viendra, si nous
231 européenne, capable de faire respecter les arrêts de la Cour suprême. Cela viendra, si nous savons le vouloir, et si toute
232 nion nous appuie. En attendant, les représentants de la France, de la Grande-Bretagne et du Benelux se réunissent aujourd’
233 ie. En attendant, les représentants de la France, de la Grande-Bretagne et du Benelux se réunissent aujourd’hui même à Lon
234 se légère mais continue : à l’Est et sur le front de nos adversaires, nébulosité variable à très forte. Un peu de précipit
6 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le pacte de l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 1949)
235 Demain l’Europe ! — Le pacte de l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 1949) Chers audit
236 trois jours : quel est le rapport entre le pacte de l’Atlantique et l’union européenne ? Et qu’en pensent les fédéraliste
237 stion brûlante, bien que je n’aie pas eu le temps de consulter tous les porte-parole de nos mouvements. Je vais vous dire
238 as eu le temps de consulter tous les porte-parole de nos mouvements. Je vais vous dire mon opinion privée, que je crois d’
239 pinion privée, que je crois d’ailleurs être celle de la plupart des militants fédéralistes et de leurs chefs. Tout d’abord
240 celle de la plupart des militants fédéralistes et de leurs chefs. Tout d’abord, qu’est-ce au juste, le pacte de l’Atlantiq
241 chefs. Tout d’abord, qu’est-ce au juste, le pacte de l’Atlantique ? Essentiellement : un pacte d’assistance mutuelle, d’as
242 acte de l’Atlantique ? Essentiellement : un pacte d’ assistance mutuelle, d’assistance armée, militaire, dans le cas d’une
243 Essentiellement : un pacte d’assistance mutuelle, d’ assistance armée, militaire, dans le cas d’une agression contre un des
244 uelle, d’assistance armée, militaire, dans le cas d’ une agression contre un des États membres. Tous, en principe, voleront
245 s membres. Tous, en principe, voleront au secours de la victime. Ce sera donc, en principe : Un pour tous, tous pour un. C
246 utre pacte, celui qui fonda la Suisse il y a plus de 650 ans, et qui se trouve être aujourd’hui le plus ancien pacte fédér
247 du 1er août 1291 comporte, lui aussi, un serment d’ assistance mutuelle. Écoutez-le : Soit donc notoire à tous que les ho
248 it donc notoire à tous que les hommes des vallées d’ Uri, de Schwyz, et d’Unterwald, considérant la malice des temps, et af
249 notoire à tous que les hommes des vallées d’Uri, de Schwyz, et d’Unterwald, considérant la malice des temps, et afin de s
250 s que les hommes des vallées d’Uri, de Schwyz, et d’ Unterwald, considérant la malice des temps, et afin de se défendre et
251 ps, et afin de se défendre et maintenir avec plus d’ efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellemen
252 endre et maintenir avec plus d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs for
253 us d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs forces… envers et contre quic
254 bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs forces… envers et contre quiconque tenterait de leur fai
255 eurs forces… envers et contre quiconque tenterait de leur faire violence. Et, à tout événement, chacune desdites communaut
256 autés promet à l’autre de venir à son aide en cas de besoin, de la défendre à ses propres frais… et de venger sa querelle,
257 t à l’autre de venir à son aide en cas de besoin, de la défendre à ses propres frais… et de venger sa querelle, prêtant un
258 de besoin, de la défendre à ses propres frais… et de venger sa querelle, prêtant un serment sans dol ni fraude, et renouve
259 Dans les deux pactes, il s’agit donc exactement de la même idée. Le langage diffère, à vrai dire, car hélas, nos légiste
260 beau style énergique. Mais c’est surtout l’esprit de ces deux traités qui, décidément, n’est pas le même. Notre pacte du 1
261 nvocation : Au nom du Seigneur, Amen ! Le pacte de l’Atlantique, lui, débute en ces termes : Les États parties du prése
262 affirment leur foi dans les buts et les principes de la Charte des Nations unies. Comme on le voit, les deux documents co
263 les deux documents commencent par une affirmation de foi. Mais voici la grande différence : le pacte des Suisses se plaçai
264 le pacte des Suisses se plaçait sous l’invocation de Dieu, et d’un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte de l’Atlantique,
265 Suisses se plaçait sous l’invocation de Dieu, et d’ un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte de l’Atlantique, lui, ne se p
266 eu, et d’un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte de l’Atlantique, lui, ne se place que sous l’invocation de l’ONU, à laqu
267 tlantique, lui, ne se place que sous l’invocation de l’ONU, à laquelle personne ne croit ! Je n’exagère pas : je constate.
268 ient un seul instant à l’efficacité, à la réalité de l’ONU, il n’y aurait pas de pacte de l’Atlantique, personne n’en aura
269 icacité, à la réalité de l’ONU, il n’y aurait pas de pacte de l’Atlantique, personne n’en aurait eu l’idée. Faut-il penser
270 à la réalité de l’ONU, il n’y aurait pas de pacte de l’Atlantique, personne n’en aurait eu l’idée. Faut-il penser qu’on l’
271 re officiellement à l’idéal ? A-t-on jugé prudent de remplacer cette Providence défaillante par de solides et nombreuses d
272 ent de remplacer cette Providence défaillante par de solides et nombreuses divisions ? Ce serait un drôle de réalisme. Un
273 ides et nombreuses divisions ? Ce serait un drôle de réalisme. Un seul chiffre suffit à le montrer, Churchill le citait l’
274 citait l’autre jour : la Grande-Bretagne, en cas de guerre, peut compter sur deux divisions, — je dis deux, en tout et po
275 es cercles officiels devant cette grande alliance d’ états-majors sans troupes. L’utilité militaire restant douteuse, on se
276 rale du pacte : son intérêt, affirme-t-on, serait d’ ordre essentiellement psychologique… Mais psychologiquement, quel est
277 monde. On a donné aux Russes une superbe occasion de crier à la provocation, sans créer pour autant la force réelle qui le
278 elle, où faut-il la chercher ? Elle ne naîtra pas d’ un traité, surtout pas d’un traité militaire, quand on manque d’armes
279 her ? Elle ne naîtra pas d’un traité, surtout pas d’ un traité militaire, quand on manque d’armes et de troupes. Elle ne pe
280 urtout pas d’un traité militaire, quand on manque d’ armes et de troupes. Elle ne peut naître que d’un grand élan des peupl
281 d’un traité militaire, quand on manque d’armes et de troupes. Elle ne peut naître que d’un grand élan des peuples libres d
282 ue d’armes et de troupes. Elle ne peut naître que d’ un grand élan des peuples libres de l’Europe. Elle ne peut naître que
283 eut naître que d’un grand élan des peuples libres de l’Europe. Elle ne peut naître que dans l’enthousiasme soulevé par la
284 e dans l’enthousiasme soulevé par la proclamation d’ un Pacte fédéral du continent. À la question qu’on m’a posée : « Que p
285 tion qu’on m’a posée : « Que pensez-vous du pacte de l’Atlantique, vous, les fédéralistes européens ? » je réponds donc :
286 uffisances que par ses bonnes intentions le pacte de l’Atlantique nous donne des raisons de plus — s’il en fallait ! — de
287 s donne des raisons de plus — s’il en fallait ! —  de vouloir une Europe solidement fédérée, un bloc puissant et pacifique
288 solidement fédérée, un bloc puissant et pacifique de 300 millions d’habitants rendus par leur union à la prospérité, qui e
289 ée, un bloc puissant et pacifique de 300 millions d’ habitants rendus par leur union à la prospérité, qui est le seul gage
290 leur union à la prospérité, qui est le seul gage d’ une véritable indépendance. Le grand bruit que fait dans le monde la s
291 us tenez peut-être dans vos mains la seule chance de la paix ! » Quant à mes prévisions du temps, de notre temps, je ne pu
292 e de la paix ! » Quant à mes prévisions du temps, de notre temps, je ne puis que répéter ce soir le commentaire curieuseme
293 ctuellement sur l’Atlantique provoquent un afflux d’ air glacial venant de l’Est. On ne saurait mieux dire. J’ajouterai sim
294 antique provoquent un afflux d’air glacial venant de l’Est. On ne saurait mieux dire. J’ajouterai simplement que pour une
295 jouterai simplement que pour une fois il convient de féliciter Berne d’avoir su se tenir à l’abri des courants d’air. Au r
296 que pour une fois il convient de féliciter Berne d’ avoir su se tenir à l’abri des courants d’air. Au revoir, à lundi proc
297 r Berne d’avoir su se tenir à l’abri des courants d’ air. Au revoir, à lundi prochain !
7 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Conseil de l’Europe (28 mars 1949)
298 nt que la presse du monde entier discute le pacte de l’Atlantique, un événement peut-être décisif se prépare en silence, à
299 n silence, à Londres, aujourd’hui même. Il s’agit de fixer les statuts d’un Parlement européen. Les représentants de dix n
300 aujourd’hui même. Il s’agit de fixer les statuts d’ un Parlement européen. Les représentants de dix nations se sont réunis
301 tatuts d’un Parlement européen. Les représentants de dix nations se sont réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin
302 réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin de semaine, les résultats de leurs travaux. On peut juger bizarre qu’une
303 aurons peut-être en fin de semaine, les résultats de leurs travaux. On peut juger bizarre qu’une telle négociation, qui en
304 rre qu’une telle négociation, qui engage l’avenir de notre Europe, se poursuive à huis clos, et sans la moindre publicité.
305 t garder aussi longtemps que possible le contrôle de l’opération. L’initiative, en vérité, appartient aux fédéralistes. Et
306 alistes. Et, pour vous faire comprendre la portée de la réunion qui se tient à Londres, cette semaine, je vais résumer bri
307 te semaine, je vais résumer brièvement les étapes de sa préparation. Au mois de mai 1948, il y a donc un peu moins d’un an
308 brièvement les étapes de sa préparation. Au mois de mai 1948, il y a donc un peu moins d’un an, nous avons convoqué un Co
309 on. Au mois de mai 1948, il y a donc un peu moins d’ un an, nous avons convoqué un Congrès de l’Europe avec l’appui des org
310 peu moins d’un an, nous avons convoqué un Congrès de l’Europe avec l’appui des organisations les plus diverses, économique
311 l, réunit 800 délégués. À l’unanimité, il résolut d’ entreprendre une action immédiate en faveur de la convocation d’une As
312 une action immédiate en faveur de la convocation d’ une Assemblée européenne. Le 18 août, nos délégués remettaient aux cin
313 ettaient aux cinq puissances signataires du pacte de Bruxelles un Mémorandum détaillé sur notre projet d’Assemblée. Le mêm
314 Bruxelles un Mémorandum détaillé sur notre projet d’ Assemblée. Le même jour, ces propositions se voyaient acceptées sans r
315 tôt suivi par les pays du Benelux. Après beaucoup d’ hésitations, le cabinet de M. Bevin se résignait à suivre ses alliés.
316 Benelux. Après beaucoup d’hésitations, le cabinet de M. Bevin se résignait à suivre ses alliés. Un comité fut alors désign
317 ravaux commencèrent en novembre, et le 29 janvier de cette année, le comité des Cinq annonçait à la presse qu’il venait d’
318 omité des Cinq annonçait à la presse qu’il venait d’ aboutir à un accord. Un Conseil de l’Europe allait être formé. Il comp
319 être formé. Il comprendrait d’une part un Comité de ministres, et d’autre part un corps consultatif, désigné par les parl
320 te. Peu de jours après, on annonçait que la ville de Strasbourg serait choisie comme siège du corps consultatif, et que l’
321 la Suède, et l’Irlande ont refusé toutes les deux de signer le pacte de l’Atlantique, mais qu’elles acceptent de collabore
322 nde ont refusé toutes les deux de signer le pacte de l’Atlantique, mais qu’elles acceptent de collaborer quand il s’agit d
323 le pacte de l’Atlantique, mais qu’elles acceptent de collaborer quand il s’agit d’union européenne. Elles ne considèrent p
324 qu’elles acceptent de collaborer quand il s’agit d’ union européenne. Elles ne considèrent pas que leur neutralité soit un
325 obstacle à leur présence active. Cet exemple aura de quoi faire réfléchir la Suisse. Voici donc réunis à Londres, aujourd’
326 is à Londres, aujourd’hui même, les représentants de 10 pays qui acceptent — non sans précautions, non sans arrière-pensée
327 précautions, non sans arrière-pensées peut-être —  de s’engager dans la voie que leur tracent les pionniers du fédéralisme.
328 sme. On aura rarement vu négociation aussi lourde de conséquences se dérouler plus discrètement… Quels résultats faut-il e
329 La manière dont elle s’est engagée ne permet pas d’ attendre des miracles. Le comité de Londres réunit des experts et des
330 ne permet pas d’attendre des miracles. Le comité de Londres réunit des experts et des délégués des États. Or, les experts
331 général, ont tendance à prouver qu’il est urgent d’ attendre. Ils connaissent les difficultés, c’est leur métier, et ils e
332 s le faire sentir. Mais il arrive qu’ils manquent d’ une vision claire et simple des grandes nécessités de l’heure : or cel
333 ne vision claire et simple des grandes nécessités de l’heure : or celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et de la fa
334 essités de l’heure : or celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et de la faire à n’importe quel prix. Mais gardons-no
335 r celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et de la faire à n’importe quel prix. Mais gardons-nous aussi d’un excès de
336 re à n’importe quel prix. Mais gardons-nous aussi d’ un excès de pessimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Lond
337 rte quel prix. Mais gardons-nous aussi d’un excès de pessimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Londres va limi
338 essimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Londres va limiter autant que possible le rôle du futur parlement eur
339 assemblée, dès qu’elle existera et fonctionnera, d’ aller plus loin, beaucoup plus loin que les États n’osent le souhaiter
340 p plus loin que les États n’osent le souhaiter, —  d’ aller enfin fraîchement, courageusement, vers la fédération totale de
341 hement, courageusement, vers la fédération totale de l’Europe. Qu’on nous donne l’assemblée sous n’importe quelle forme, e
342 e à lancer dans tous nos pays libres une campagne de grande envergure, afin que les masses se joignent aux élites pour dir
343 et ce qui s’y passe, plus chaud en Suède, menaces de précipitations dans les Balkans — à Berne, encore doux et serein.
8 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « Une idée généreuse » ? (4 avril 1949)
344 nce des 10 pays qui seront les membres fondateurs de l’union européenne. Ces jours-ci se décide, en silence, le statut de
345 ne. Ces jours-ci se décide, en silence, le statut de l’Assemblée consultative de l’Europe qui siégera, dès l’automne, à St
346 en silence, le statut de l’Assemblée consultative de l’Europe qui siégera, dès l’automne, à Strasbourg. Cet événement, si
347 l’automne, à Strasbourg. Cet événement, si lourd d’ avenir pour tous nos peuples, a fait peu de bruit jusqu’ici. Le grand
348 ’ici. Le grand public ignore souvent le principal de ce qui se passe autour de lui, de son vivant. C’est que la presse oub
349 nt le principal de ce qui se passe autour de lui, de son vivant. C’est que la presse oublie parfois de lui apprendre certa
350 de son vivant. C’est que la presse oublie parfois de lui apprendre certains faits, que les manuels d’histoire, plus tard,
351 de lui apprendre certains faits, que les manuels d’ histoire, plus tard, se chargeront d’apprendre à nos enfants — les pau
352 les manuels d’histoire, plus tard, se chargeront d’ apprendre à nos enfants — les pauvres ! J’ajouterai que le grand publi
353 ion rapide depuis un an. On a bien entendu parler d’ un certain congrès de La Haye, ou du récent Conseil qui se tient à Bru
354 an. On a bien entendu parler d’un certain congrès de La Haye, ou du récent Conseil qui se tient à Bruxelles. On sait vague
355 Churchill et Spaak, entre autres, se préoccupent d’ unir les peuples de l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement de
356 , entre autres, se préoccupent d’unir les peuples de l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement de discours, qui ne f
357 e l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement de discours, qui ne font de mal à personne et ne servent à rien… C’est a
358 qu’il s’agit simplement de discours, qui ne font de mal à personne et ne servent à rien… C’est ainsi que je rencontre cha
359 e je rencontre chaque jour des gens qui me disent d’ un air sceptique et un peu fatigué : « Vous y croyez, vous, à cette Eu
360 ez, j’y ai toujours cru ! Ils voleront au secours de la victoire. Mais ce qui m’étonne bien davantage, ce sont les gens qu
361 es gens qui me répètent : « Ah oui, la fédération de l’Europe, quelle idée généreuse ! » Voyez-vous, quand un Américain dé
362 une idée généreuse… c’est qu’il n’a pas la force d’ y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux et que vou
363 eux et que vous rêvez. Or, il s’agit, en réalité, de la vie ou de la mort d’une civilisation. Fédérer tous nos peuples enc
364 us rêvez. Or, il s’agit, en réalité, de la vie ou de la mort d’une civilisation. Fédérer tous nos peuples encore libres, l
365 r, il s’agit, en réalité, de la vie ou de la mort d’ une civilisation. Fédérer tous nos peuples encore libres, les fédérer
366 pour empêcher la guerre, c’est notre seule chance de salut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de « généreux » da
367 alut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de « généreux » dans une entreprise de ce genre. La maison brûle, et qua
368 peut y avoir de « généreux » dans une entreprise de ce genre. La maison brûle, et quand les pompiers arrivent à toute vit
369 es pompiers arrivent à toute vitesse pour essayer d’ éteindre l’incendie, on ne leur dit pas d’un air sceptique et protecte
370 essayer d’éteindre l’incendie, on ne leur dit pas d’ un air sceptique et protecteur : merci Messieurs, vous êtes bien génér
371 es aider. D’autres me disent : d’accord, essayons de nous fédérer. Mais cela va prendre au moins cent ans ! Je réponds que
372 ux pionniers du fédéralisme ! » C’est une manière de dire : Allez-y ! Faites-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts,
373 dire : Allez-y ! Faites-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts, et nous vous rejoindrons, bien entendu, si par mira
374 e gagnerons pas cette immense partie sans l’appui de l’opinion tout entière, sans votre appui, à vous aussi, chers auditeu
375 ner pour vous, mais pas sans vous ! Car il s’agit de votre vie à tous, et si nous perdons cette partie, si bien engagée au
376 tés sans savoir pourquoi, et jetés dans les camps de concentration… De tous côtés, on réclame des apôtres. On nous dit : a
377 urquoi, et jetés dans les camps de concentration… De tous côtés, on réclame des apôtres. On nous dit : assez de discours !
378 ôtés, on réclame des apôtres. On nous dit : assez de discours ! à l’action ! faites des gestes ! On a raison, mais il faut
379 t bien quelques discours pour avertir les peuples de ce qu’on va faire. Et s’il vous faut des apôtres, si vous y tenez tan
380 bien tort, quand il cherchait un homme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est le plu
381 omme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’ en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en trouver. Je vous
382 d’en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’ en trouver. Je vous laisse à tirer les conclusions de cette petite par
383 n trouver. Je vous laisse à tirer les conclusions de cette petite parabole. Et je vous rappelle qu’il existe, dans toutes
384 Londres, brouillard persistant autour des travaux de la conférence des Dix. En Europe, le courant d’air glacial venu de l’
385 x de la conférence des Dix. En Europe, le courant d’ air glacial venu de l’Est provoquera encore quelques faibles précipita
9 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Allemagne et l’Europe (11 avril 1949)
386 uis plusieurs semaines, à ce micro, je vous parle d’ une grande aventure : l’Europe en marche vers son unité. Je vous en dé
387 rent. Car c’est le seul moyen qui nous reste : 1° d’ échapper à la guerre ; 2° d’arrêter les Russes ; 3° de sauver notre éc
388 n qui nous reste : 1° d’échapper à la guerre ; 2° d’ arrêter les Russes ; 3° de sauver notre économie, sans nous laisser co
389 happer à la guerre ; 2° d’arrêter les Russes ; 3° de sauver notre économie, sans nous laisser coloniser par l’Amérique. Ce
390 er coloniser par l’Amérique. Ce soir, je parlerai d’ une 4e raison non moins urgente de créer l’Europe fédérée ; et c’est l
391 ir, je parlerai d’une 4e raison non moins urgente de créer l’Europe fédérée ; et c’est l’Allemagne, le problème allemand,
392 rématoires, où l’on poussait vivants des milliers d’ hommes. Voici un peuple qui, par deux fois dans l’espace d’une générat
393 Voici un peuple qui, par deux fois dans l’espace d’ une génération, a bouleversé l’Europe et menace, directement ou non, c
394 é l’Europe et menace, directement ou non, chacune de nos vies. Deux fois repoussé, battu à plate couture, va-t-il encore u
395 à plate couture, va-t-il encore une fois refuser de comprendre et d’assumer ses fautes et sa défaite ? On peut le craindr
396 va-t-il encore une fois refuser de comprendre et d’ assumer ses fautes et sa défaite ? On peut le craindre. Après la Premi
397 listes et les grévistes qui lui ont donné le coup de poignard dans le dos ! — Après la Deuxième Guerre, un autre chef alle
398 mand qui a capitulé, mais c’est seulement l’armée d’ Hitler. Vous le voyez, cela revient au même. M. Adenauer, tout comme H
399 t au même. M. Adenauer, tout comme Hitler, essaye de nier en partie la défaite ou d’en rejeter la faute sur d’autres : dan
400 me Hitler, essaye de nier en partie la défaite ou d’ en rejeter la faute sur d’autres : dans les deux cas, on veut innocent
401 s grave, si possible, qu’elle ne l’était du temps d’ Hitler. Car l’Allemagne vaincue et ruinée garde un atout considérable 
402 er sur les divisions des Alliés, et par une sorte de chantage désespéré, menacer de se jeter dans les bras des Soviets, si
403 , et par une sorte de chantage désespéré, menacer de se jeter dans les bras des Soviets, si on ne lui donne pas un traitem
404 des Soviets, si on ne lui donne pas un traitement de faveur, qu’elle eût évidemment refusé à ses victimes. Tous les témoin
405 s une ville allemande que les Américains viennent d’ occuper, le gouverneur réunit cent personnes qu’il a fait prendre au h
406 a plébiscité Hitler par cinq fois, à la majorité de 99,5 % des voix. Il y avait donc des nazis, en Allemagne, et même en
407 grande quantité… Alors, le porte-parole du groupe d’ Allemands se lève, interrompt l’Américain, et s’écrie : « Ce que vous
408 ec une telle facilité ? Que faire pour l’empêcher de sombrer demain dans un national-bolchévisme ? Et comment appuyer les
409 mis d’accord, à Washington, pour fixer le statut de l’Allemagne nouvelle. Ils ont décidé d’imposer le régime fédéral aux
410 le statut de l’Allemagne nouvelle. Ils ont décidé d’ imposer le régime fédéral aux onze États ou länder allemands. Je ne sa
411 e ne sais s’il faut s’en réjouir, du point de vue d’ un fédéralisme véritable. Il me semble au contraire que les Alliés vie
412 tre deux erreurs assez graves. La première, c’est d’ avoir imposé aux Allemands une série de petites « rectifications de fr
413 ère, c’est d’avoir imposé aux Allemands une série de petites « rectifications de frontières », sans grand intérêt pour les
414 x Allemands une série de petites « rectifications de frontières », sans grand intérêt pour les Alliés, mais qui ont suffi
415 suffi à soulever en Allemagne une nouvelle vague de nationalisme. La seconde erreur, c’est d’essayer d’imposer de l’extér
416 e vague de nationalisme. La seconde erreur, c’est d’ essayer d’imposer de l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit
417 nationalisme. La seconde erreur, c’est d’essayer d’ imposer de l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit que le féd
418 sme. La seconde erreur, c’est d’essayer d’imposer de l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit que le fédéralisme e
419 . Aussitôt, ils le détesteront. La seule solution de bon sens, c’est d’offrir aux Allemands un régime fédéral dans le cadr
420 détesteront. La seule solution de bon sens, c’est d’ offrir aux Allemands un régime fédéral dans le cadre élargi d’une Euro
421 Allemands un régime fédéral dans le cadre élargi d’ une Europe fédérée, d’une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le pe
422 édéral dans le cadre élargi d’une Europe fédérée, d’ une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le peuple allemand, traité
423 . Alors enfin le peuple allemand, traité sur pied d’ égalité, aura sa chance de se relever sans devenir aussitôt dangereux.
424 lemand, traité sur pied d’égalité, aura sa chance de se relever sans devenir aussitôt dangereux. Avant la guerre, les Alle
425 lus grande douleur du monde ! Leur maladie, c’est de vouloir toujours se rendre spécialement intéressants. Pour les guérir
426 . Pour les guérir, il faut leur donner l’occasion de se conduire enfin comme tout le monde, et non plus comme un peuple ex
427 enthousiasmer les jeunes Allemands, c’est l’idée de l’Europe unie, c’est la fédération que nous voulons. Voilà pourquoi n
428 l’Allemagne soit reçue à l’Assemblée consultative de l’Europe, dès cet automne, sur pied d’égalité. Nous saurons, d’ici pe
429 nsultative de l’Europe, dès cet automne, sur pied d’ égalité. Nous saurons, d’ici peu, si les gouvernements comprennent tou
430 si les gouvernements comprennent toute la portée de cette démarche, et s’ils verront la grandeur de l’enjeu : rendre une
431 e de cette démarche, et s’ils verront la grandeur de l’enjeu : rendre une Allemagne saine à l’Europe fédérée !
10 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Pâques européennes (18 avril 1949)
432 vril 1949) On nous avait promis un très bel œuf de Pâques pour cette année. On nous avait laissés entendre que les statu
433 e. On nous avait laissés entendre que les statuts de l’Assemblée européenne seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il
434 nés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau de faire coïncider l’annonce du renouveau européen avec la fête de la Ré
435 ider l’annonce du renouveau européen avec la fête de la Résurrection. Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh bien, si ce n’est
436 aire. La seule question qui se pose encore, c’est de savoir comment elle se fera. Peut-être n’est-il pas mauvais que la co
437 ueil aux propositions détaillées que les délégués de notre Mouvement lui soumettaient. Nous savons qu’elle les étudie. Pui
438 e. Puisse-t-elle se laisser inspirer par ce temps de Pâques et les vacances, et puisse-t-elle prendre non seulement son te
439 hier, dans mon jardin, tout en cherchant des œufs de Pâques avec mes enfants, et je me disais : tout dépend d’une seule ch
440 s avec mes enfants, et je me disais : tout dépend d’ une seule chose, — l’avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout
441 isais : tout dépend d’une seule chose, — l’avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui
442 e seule chose, — l’avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui est celle-ci : les homme
443 de ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’ une seule chose, qui est celle-ci : les hommes d’État chargés de faire
444 ose, qui est celle-ci : les hommes d’État chargés de faire l’Europe auront-ils la vision nécessaire ? Il y a peu de grande
445 e souci des intérêts immédiats et surtout la peur de la guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’
446 la peur de la guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’imaginer vraiment la paix, la paix vivant
447 guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’imaginer vraiment la paix, la paix vivante et passionna
448 pêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’ imaginer vraiment la paix, la paix vivante et passionnante qui reste e
449 ionnante qui reste encore possible, et qui dépend de nous. Il y a très peu de grandes visions. J’en connais trois. Il y a
450 Il se promène ces jours-ci dans les rues et cafés de Paris, avec un gros livre sous le bras, quêtant la signature des amis
451 livre sous le bras, quêtant la signature des amis de la paix. Il a déchiré son passeport, et quelques écrivains lui ont do
452 port, et quelques écrivains lui ont donné l’appui de leurs noms célèbres, mais sans rien déchirer du tout. Il est sympathi
453 du tout. Il est sympathique et très pur. Il rêve d’ une assemblée mondiale et d’un gouvernement unique pour toute la terre
454 et très pur. Il rêve d’une assemblée mondiale et d’ un gouvernement unique pour toute la terre. Mais les Russes ont aussi
455 Mais les Russes ont aussi leur vision, leur idée de l’unité du monde sous les auspices du Kominform et de l’épuration per
456 ’unité du monde sous les auspices du Kominform et de l’épuration permanente, — et ceci tue cela, ce n’est pas notre faute,
457 y Davis… Il y a enfin une troisième vision, celle de l’Europe fédérée. Elle est moins vaste, en vérité que celle du jeune
458 d’hui la vision du beau temps européen, la vision d’ un printemps de l’Europe où les frontières et les barrières entre nos
459 du beau temps européen, la vision d’un printemps de l’Europe où les frontières et les barrières entre nos peuples fondrai
460 nos peuples fondraient comme neige sous le soleil d’ avril. Imaginez ce grand jardin de l’Europe où vous pourriez circuler
461 sous le soleil d’avril. Imaginez ce grand jardin de l’Europe où vous pourriez circuler librement sans passeports ni visas
462 ement sans passeports ni visas, sans restrictions de devises, sans anxiétés mesquines, avec seulement votre curiosité pour
463 et si proches, — comme vous circulez aujourd’hui d’ un canton à l’autre de la Suisse. Imaginez cette Europe grande ouverte
464 à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’ un seul cœur son indépendance reconquise. Cette Europe inventant la pa
465 aix, l’imposant au besoin par la force tranquille de sa masse, de ses 300 millions d’habitants rassemblés, rendus par leur
466 nt au besoin par la force tranquille de sa masse, de ses 300 millions d’habitants rassemblés, rendus par leur union à une
467 force tranquille de sa masse, de ses 300 millions d’ habitants rassemblés, rendus par leur union à une prospérité qui, selo
468 nomistes, pourrait multiplier par 3 les standards de la vie matérielle. Paix, liberté, prospérité, tels ont été les grands
469 berté, prospérité, tels ont été les grands motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour, au cours des siècles, e
470 ans. Si l’on a bien vu cet enjeu, la possibilité de le gagner, et la nécessité de le gagner d’urgence, non seulement pour
471 jeu, la possibilité de le gagner, et la nécessité de le gagner d’urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la
472 bilité de le gagner, et la nécessité de le gagner d’ urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la paix du monde
473 s chicanes techniques et les experts. Tout dépend de la vision qu’ils en auront. Il n’est point d’ordre politique qui serv
474 end de la vision qu’ils en auront. Il n’est point d’ ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès le départ pa
475 fascinante. L’Europe se fera, parce qu’une équipe de véritables résistants — ceux qui résistent à la fatalité — l’auront v
476 . Centre vents et marées, contre tous les experts de son époque, il se mit en route pour la joindre, et c’est ainsi qu’il
477 out simplement l’Europe, redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeu
11 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’union de l’Europe et l’Amérique (25 avril 1949)
478 Demain l’Europe ! — L’union de l’Europe et l’Amérique (25 avril 1949) L’idée simple que, chaque lu
479 ix en sauvant son indépendance. Par la fédération de tous ses peuples, elle formera une troisième grande puissance, qui se
480 une troisième grande puissance, qui sera l’égale de la Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra
481 rande puissance, qui sera l’égale de la Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décup
482 ui sera l’égale de la Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décuplées, pour résiste
483 a Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décuplées, pour résister, d’une part, à la
484 l’Europe divisée court un double danger, du fait de la Russie et du fait de l’Amérique, il ne faudrait pas en conclure qu
485 un double danger, du fait de la Russie et du fait de l’Amérique, il ne faudrait pas en conclure que ces deux dangers sont
486 ’en paroles. Le Kominform entretient, dans chacun de nos pays, un parti politique dont il dicte la ligne et qui s’oppose s
487 rs l’Europe y viennent ouvertement avec des plans d’ union : le plan Marshall en est la preuve bien connue. Dans le domaine
488 all en est la preuve bien connue. Dans le domaine de la culture, la différence n’est pas moins frappante. À Moscou, on con
489 crimes dont on puisse les accuser, c’est le crime d’ occidentalisme. À New York au contraire, on traduit et on joue de plus
490 Vous avez donc, d’une part, la Russie qui essaye de saboter notre union et qui se ferme à notre influence, — d’autre part
491 s que le plan Marshall est beaucoup moins un plan d’ union et d’aide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Eur
492 an Marshall est beaucoup moins un plan d’union et d’ aide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Europe par le
493 n d’union et d’aide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Europe par le dollar. Que vaut cet argument répété
494 ide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Europe par le dollar. Que vaut cet argument répété tous les jours d
495 union fédérative. Car il est beaucoup plus facile de régner sur un pays divisé que sur une nation bien unie. Les Russes ap
496 avent très bien que s’ils réussissent, ils feront de l’Europe leur plus grand concurrent. S’ils voulaient nous réduire en
497 en esclavage, je le répète, ils se contenteraient d’ imiter la tactique des Russes, c’est-à-dire qu’ils tâcheraient de nous
498 tique des Russes, c’est-à-dire qu’ils tâcheraient de nous maintenir dans un état de division, donc de faiblesse, pour mieu
499 qu’ils tâcheraient de nous maintenir dans un état de division, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un
500 de nous maintenir dans un état de division, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un. Contre cette évi
501 division, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un. Contre cette évidence éclatante, tous les discours
502 ontre cette évidence éclatante, tous les discours de propagande restent sans force, pour les esprits honnêtes. Mais, dira-
503 -on, pourquoi les Américains désirent-ils l’union de l’Europe, si cette union doit leur créer une sérieuse concurrence éco
504 evraient soutenir indéfiniment par des injections de dollars, et qui, de plus, à cause de sa faiblesse, constituerait une
505 tation permanente pour les Russes, donc une cause de guerre. II y a quelques jours, à Paris, l’ambassadeur américain Caffe
506 tes français. Je tiens à vous citer quelques-unes de ses déclarations les plus franches et les plus nettes : Est-il exact
507 un fait… Les États-Unis souhaitent l’indépendance de l’Europe… J’insiste sur ce mot indépendance, car une idée assez répan
508 es Américains envisagent au contraire la création d’ une Europe fédérale, comme l’aboutissement logique et nécessaire de la
509 rale, comme l’aboutissement logique et nécessaire de la coopération économique entre les États européens. Je ne prétendrai
510 soit totalement désintéressée, car la prospérité de l’Europe contribue à celle de l’Amérique. Les Américains et leur gouv
511 , car la prospérité de l’Europe contribue à celle de l’Amérique. Les Américains et leur gouvernement estiment que cette pr
512 par l’unité européenne. Ces déclarations venant d’ un personnage aussi hautement autorisé que l’ambassadeur Caffery, sont
513 e Atlantique restera l’alliance dangereuse du pot de terre et du pot de fer. Secondement : c’est précisément la politique
514 a l’alliance dangereuse du pot de terre et du pot de fer. Secondement : c’est précisément la politique russe, la politiqu
515 usse, la politique du Kominform, qui tend à faire de l’Europe une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher
516 form, qui tend à faire de l’Europe une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher notre union. La volonté amé
517 une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’ empêcher notre union. La volonté américaine est claire : toute l’Améri
12 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’URSS et l’Europe fédérée (2 mai 1949)
518 , si tous les lundis soirs je reviens vous parler de l’Europe et des problèmes variés que pose son union, c’est parce que
519 e cette union fédérative est l’une des conditions de la paix, et sans doute sa première condition. Quand tout le monde aur
520 mpris cela, je me tairai ou bien je vous parlerai de littérature. Mais la question de la paix et de la guerre prime tout,
521 je vous parlerai de littérature. Mais la question de la paix et de la guerre prime tout, dans le monde d’aujourd’hui. Cour
522 ai de littérature. Mais la question de la paix et de la guerre prime tout, dans le monde d’aujourd’hui. Courons donc au pl
523 la paix et de la guerre prime tout, dans le monde d’ aujourd’hui. Courons donc au plus pressé, et parlons de la paix. Ou pl
524 ourd’hui. Courons donc au plus pressé, et parlons de la paix. Ou plutôt non ! ne parlons pas de la paix — assez de congrès
525 arlons de la paix. Ou plutôt non ! ne parlons pas de la paix — assez de congrès bavardent à son sujet — mais essayons de f
526 Ou plutôt non ! ne parlons pas de la paix — assez de congrès bavardent à son sujet — mais essayons de faire quelque chose
527 de congrès bavardent à son sujet — mais essayons de faire quelque chose de précis pour l’établir. Pratiquement, je propos
528 son sujet — mais essayons de faire quelque chose de précis pour l’établir. Pratiquement, je propose de faire l’Europe. Ce
529 e précis pour l’établir. Pratiquement, je propose de faire l’Europe. Cette attitude me paraît claire et nette. Elle inquiè
530 ette. Elle inquiète, cependant, un certain nombre de personnes, dont je ne mets pas en doute l’entière bonne foi. Ces pers
531 bonne foi. Ces personnes ont la grande obligeance de m’apprendre qu’il existe un certain rideau de fer, que ce rideau coup
532 nce de m’apprendre qu’il existe un certain rideau de fer, que ce rideau coupe l’Europe en deux, et que, dans ces condition
533 eux, et que, dans ces conditions, toute tentative de fédérer l’Europe est vouée, dès le départ, à l’échec. Sur quoi d’autr
534 le départ, à l’échec. Sur quoi d’autres ajoutent, d’ un ton excité, que la fédération européenne, loin d’être un élément de
535 un ton excité, que la fédération européenne, loin d’ être un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre
536 la fédération européenne, loin d’être un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre, car, assurent ce
537 ment de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre, car, assurent ces personnes : « Vous êtes en train de faire l
538 deux objections. Tout d’abord, est-il bien exact d’ affirmer que le rideau de fer coupe notre Europe en deux, par le milie
539 abord, est-il bien exact d’affirmer que le rideau de fer coupe notre Europe en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffre
540 en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffres : de notre côté du rideau, nous sommes 300 millions. Du côté Est, 105 mill
541 ougoslaves et Tito pour la bonne mesure. Les pays de l’Est ne forment donc au plus qu’un quart de l’Europe. Habité en majo
542 pays de l’Est ne forment donc au plus qu’un quart de l’Europe. Habité en majorité par une population agraire, dont chacun
543 e vue politique et civique, comme au point de vue de l’industrie et de la culture. Ce qui ne signifie pas que nous devons
544 civique, comme au point de vue de l’industrie et de la culture. Ce qui ne signifie pas que nous devons la négliger, bien
545 le niveau de vie que par la quantité — la moitié de l’Europe. Ensuite, je rappellerai que ce n’est pas nous qui avons tir
546 . Et ce ne sont pas non plus les peuples des pays de l’Est. Mais ce sont les chefs staliniens, partout où ils ont pu s’emp
547 s ont pu s’emparer du pouvoir. S’ils ont jugé bon d’ amputer notre Europe, provisoirement, d’un quart de sa population, ce
548 jugé bon d’amputer notre Europe, provisoirement, d’ un quart de sa population, ce n’est pas une raison, bien au contraire,
549 ’amputer notre Europe, provisoirement, d’un quart de sa population, ce n’est pas une raison, bien au contraire, pour que n
550 asserons tous. Il est donc vrai que la fédération de l’Europe est en partie une mesure de défense contre l’expansion russe
551 a fédération de l’Europe est en partie une mesure de défense contre l’expansion russe, ou plus exactement contre la dictat
552 un peu fort, c’est lorsqu’ils croient ou essayent de faire croire, que cette mesure de légitime défense cache un plan d’ag
553 ent ou essayent de faire croire, que cette mesure de légitime défense cache un plan d’agression contre l’URSS. Où est la v
554 ue cette mesure de légitime défense cache un plan d’ agression contre l’URSS. Où est la vraisemblance d’une telle accusatio
555 ’agression contre l’URSS. Où est la vraisemblance d’ une telle accusation ? On se borne à la répéter, sans avancer l’ombre
556  ? On se borne à la répéter, sans avancer l’ombre d’ une preuve. Un auteur communiste m’écrivait l’autre jour qu’à son avis
557 la seule vraie fédération qui se soit constituée de nos jours, c’est celle qui groupe toutes les Russies dans la républiq
558 pour la guerre. Il est donc parfaitement inutile de poursuivre cette discussion, et de perdre à ces petits jeux-là un tem
559 tement inutile de poursuivre cette discussion, et de perdre à ces petits jeux-là un temps que l’on peut employer pour fair
560 usses et leurs communistes organisent des congrès de colombes, qu’ils y réclament la paix sur tous les tons, y compris le
561 ous n’y voyons aucun inconvénient. Qu’ils parlent de la paix, pourvu qu’ils nous la laissent ! L’Europe que nous voulons,
562 n’ont pas bonne conscience, qu’à ceux qui rêvent de nous forcer un jour à subir un régime policier dont nous n’avons ici
563 , n’ôte pas un fil ! » Le printemps n’a fait mine d’ entrer, et le rideau de fer de se soulever à Berlin, que pour laisser
564 Le printemps n’a fait mine d’entrer, et le rideau de fer de se soulever à Berlin, que pour laisser passer un flot d’air fr
565 temps n’a fait mine d’entrer, et le rideau de fer de se soulever à Berlin, que pour laisser passer un flot d’air froid. Du
566 oulever à Berlin, que pour laisser passer un flot d’ air froid. Durant la semaine qui vient, restons prudents. Cependant le
567 s, publiera les statuts du Conseil de l’Europe et de l’Assemblée consultative. À Berne, on reste calme, mais un peu plus c
568 suisse pour le Mouvement européen vient en effet de se constituer aujourd’hui même. Je vous en parlerai lundi prochain.
13 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Statut du Conseil de l’Europe (9 mai 1949)
569 i 1949) Chers auditeurs ! Je vous parle ce soir de Paris, où j’ai participé, pendant trois jours, aux réunions du Comité
570 dant trois jours, aux réunions du Comité exécutif de notre grand Mouvement européen. Des comités, encore des comités ! va-
571 c’est du travail tout désintéressé, mais acharné, de ces comités-là, que vient de sortir un document majeur de notre histo
572 omités-là, que vient de sortir un document majeur de notre histoire : le Statut du Conseil de l’Europe, enregistré à Londr
573 an, exactement, que siégeait à La Haye le Congrès de l’Europe. La principale résolution qui fut votée par ce congrès deman
574 fut votée par ce congrès demandait la convocation d’ un Parlement européen. En un peu moins d’un an, nous avons abouti. Le
575 vocation d’un Parlement européen. En un peu moins d’ un an, nous avons abouti. Le premier objectif est atteint. Et ce n’est
576 pas sans émotion que je puis vous parler ce soir de ce premier aboutissement spectaculaire d’un long effort, poursuivi sa
577 ce soir de ce premier aboutissement spectaculaire d’ un long effort, poursuivi sans relâche, contre vents et marées, par de
578 relâche, contre vents et marées, par des milliers de militants de tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux
579 re vents et marées, par des milliers de militants de tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le seront
580 s, par des milliers de militants de tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le seront un jour, — ceux
581 nseil de l’Europe, dont les statuts viennent donc d’ être signés à Londres par les ministres des Affaires étrangères de dix
582 Londres par les ministres des Affaires étrangères de dix pays démocratiques, ce n’est, je le répète, qu’un premier objecti
583 ète, qu’un premier objectif. Nous l’avons conquis de haute lutte, mais non sans pertes. Ce qui est acquis est bien acquis,
584 est bien acquis, ou, comme le disait la manchette d’ un des grands journaux parisiens commentant cette date décisive : « Ce
585 ais ce qui est fait n’est pas encore la plénitude de ce qu’il faut faire et que nous voulons. Ce Conseil de l’Europe, déso
586 res doit siéger à huis clos, et il admet le droit de veto, puisque ses décisions ne seront prises qu’à l’unanimité des mem
587 , nommé par son gouvernement, défendra les droits de son État, et nous ne dépasserons pas le stade de la Ligue des Nations
588 de son État, et nous ne dépasserons pas le stade de la Ligue des Nations ou de l’ONU. Mais il y a l’Assemblée consultativ
589 passerons pas le stade de la Ligue des Nations ou de l’ONU. Mais il y a l’Assemblée consultative, et c’est là que le fédér
590 dans trois mois à Strasbourg. Elle sera composée de députés désignés par les parlements de douze pays, et choisis dans ce
591 a composée de députés désignés par les parlements de douze pays, et choisis dans ces parlements, mais aussi en dehors de l
592 es députés ne voteront pas au nom de leur pays ou de leur gouvernement, mais au nom de leur seule conviction personnelle d
593 mais au nom de leur seule conviction personnelle de citoyens européens. Et là, nous dépassons enfin le stade des intérêts
594 n le stade des intérêts nationalistes. Les débats de l’Assemblée seront publics. Les décisions de l’Assemblée, bien qu’ell
595 bats de l’Assemblée seront publics. Les décisions de l’Assemblée, bien qu’elles n’aient qu’une valeur consultative, retent
596 consultative, retentiront dans l’opinion publique de toute l’Europe, et seront largement conditionnées par elle. C’est dir
597 es par elle. C’est dire que la conscience commune de tous nos peuples, leur volonté commune de paix et de liberté, pourron
598 commune de tous nos peuples, leur volonté commune de paix et de liberté, pourront enfin se faire entendre au monde entier
599 tous nos peuples, leur volonté commune de paix et de liberté, pourront enfin se faire entendre au monde entier comme la vo
600 faire entendre au monde entier comme la voix même d’ une renaissance européenne, d’une Troisième force, d’une force d’espér
601 comme la voix même d’une renaissance européenne, d’ une Troisième force, d’une force d’espérance. Une ère nouvelle commenc
602 ne renaissance européenne, d’une Troisième force, d’ une force d’espérance. Une ère nouvelle commence ici. Certes, nous vou
603 ce européenne, d’une Troisième force, d’une force d’ espérance. Une ère nouvelle commence ici. Certes, nous voulons davanta
604 és : on nous accorde avec difficulté un Parlement de 87 membres, c’est mesquin. Nous voulions que cette Assemblée puisse t
605 ions que cette Assemblée puisse traiter librement de toute question intéressant les citoyens européens : on lui interdit l
606 u’un corps consultatif. Notre idéal est donc loin d’ être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir, de faire sonner les c
607 ’être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir, de faire sonner les cloches dans toute l’Europe. Mais le son frêle et pu
608 hes dans toute l’Europe. Mais le son frêle et pur d’ une petite cloche heureuse s’est fait entendre : c’est la voix de ce q
609 oche heureuse s’est fait entendre : c’est la voix de ce que Charles Péguy nommait « la petite espérance ». Sachez l’entend
610 l’accueillir en votre cœur. Elle ne cessera plus de tinter. Et c’est à vous, c’est à nous tous, à l’opinion de tous nos p
611 . Et c’est à vous, c’est à nous tous, à l’opinion de tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartie
612 t à nous tous, à l’opinion de tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propa
613 ous, à l’opinion de tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propager l’espo
614 ous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propager l’espoir qui vient de naître. Seule, la pression constante d
615 qui vient de naître. Seule, la pression constante de l’opinion publique pourra forcer les résistances égoïstes, pourra pou
616 ici de par la volonté des peuples, et nous jurons de n’en sortir qu’une fois l’Europe entièrement fédérée ! C’est pour hât
617 nt fédérée ! C’est pour hâter la venue nécessaire de ce nouveau Serment du Jeu de paume que le Mouvement européen va mobil
618 la venue nécessaire de ce nouveau Serment du Jeu de paume que le Mouvement européen va mobiliser l’opinion. C’est donc av
619 hain, je puis vous annoncer l’élévation constante de la température européenne. Et notez-le, à Berlin, cette semaine, le r
620 . Et notez-le, à Berlin, cette semaine, le rideau de fer va s’entrouvrir, laissant passer une masse d’air chaud de l’Occid
621 de fer va s’entrouvrir, laissant passer une masse d’ air chaud de l’Occident vers l’Est européen. Le beau temps vient ! Au
622 entrouvrir, laissant passer une masse d’air chaud de l’Occident vers l’Est européen. Le beau temps vient ! Au revoir, à lu
14 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (23 mai 1949)
623 Chers auditeurs, Le Parlement européen a cessé d’ être une utopie, je vous l’ai dit lundi dernier. Dans trois mois, à St
624 semblée consultative, désignée par les parlements de 12 ou 13 pays européens, sera solennellement inaugurée. Elle rappelle
625 on pensera, dans le monde entier, que les nations de ce vieux continent sont en train d’imiter, avec un peu de retard, l’e
626 train d’imiter, avec un peu de retard, l’exemple de nos cantons suisses. Mais justement, à cette première Diète fédérale,
627 on, une question difficile et grave. À la demande d’ un certain nombre d’auditeurs, tant en Suisse qu’en Belgique et en Fra
628 ficile et grave. À la demande d’un certain nombre d’ auditeurs, tant en Suisse qu’en Belgique et en France, j’essaierai d’y
629 n Suisse qu’en Belgique et en France, j’essaierai d’ y répondre ce soir et dans mes prochaines émissions. J’essaierai de vo
630 oir et dans mes prochaines émissions. J’essaierai de vous montrer comment l’exemple suisse — 100 ans de paix par la fédéra
631 e vous montrer comment l’exemple suisse — 100 ans de paix par la fédération — reste valable pour l’Europe actuelle. J’essa
632 reste valable pour l’Europe actuelle. J’essaierai de montrer aussi comment la Suisse devrait et peut participer à l’œuvre
633 nt la Suisse devrait et peut participer à l’œuvre de l’union continentale. Mais tout d’abord, ce soir, je voudrais vous pa
634 ord, ce soir, je voudrais vous parler du problème de la neutralité, puisque c’est la neutralité, précisément, qui empêche
635 la neutralité, précisément, qui empêche la Suisse d’ être présente au premier Parlement de l’Europe. On a peine à comprendr
636 he la Suisse d’être présente au premier Parlement de l’Europe. On a peine à comprendre, à l’étranger, comment notre pays,
637 , comment notre pays, qui est le modèle classique d’ une fédération réussie, n’entre pas avec enthousiasme dans ce premier
638 entre pas avec enthousiasme dans ce premier essai d’ union. On sait bien que la neutralité interdit à la Suisse de conclure
639 sait bien que la neutralité interdit à la Suisse de conclure des alliances de caractère politique. Mais on pense que cett
640 té interdit à la Suisse de conclure des alliances de caractère politique. Mais on pense que cette neutralité est quelque c
641 s on pense que cette neutralité est quelque chose de périmé. Et l’on est bien souvent tenté de l’interpréter comme une att
642 e chose de périmé. Et l’on est bien souvent tenté de l’interpréter comme une attitude égoïste, comme un défaut d’esprit de
643 réter comme une attitude égoïste, comme un défaut d’ esprit de solidarité. Après tout, la Suède et l’Irlande, qui elles aus
644 me une attitude égoïste, comme un défaut d’esprit de solidarité. Après tout, la Suède et l’Irlande, qui elles aussi se son
645 ’obstinerait-elle à rester seule, quand il s’agit d’ un effort unanime pour sauver l’Europe et la paix ? Je répondrai par u
646 u’à la Suisse elle-même. Au lendemain des guerres de Napoléon, les puissances réunies à Vienne déclarèrent que la neutrali
647 t que la neutralité suisse était « dans l’intérêt de l’Europe entière ». Elles obligèrent la Suisse à rester neutre et à d
648 ntinent, restât libre, et ne tombât pas aux mains de l’une ou l’autre des grandes nations voisines. Il est clair que la Su
649 er libres les cols des Alpes, si elle avait cessé d’ être neutre. Car la Suisse est formée par 25 républiques, elle parle q
650 it fatalement disloquée. Par trois fois, en moins de cent ans, la guerre a éclaté entre Allemands et Français. Or la Suiss
651 gne et une France déjà réconciliées. Son rôle est de maintenir à n’importe quel prix cet exemple vivant, cette preuve irré
652 Ceci dit, on pourrait m’objecter que la situation de l’Europe a bien changé. Le danger immédiat n’est plus pour nous, dans
653 À cela, je répondrai qu’il n’y a qu’un seul moyen de prévenir la guerre des deux Grands : c’est de faire de l’Europe une T
654 yen de prévenir la guerre des deux Grands : c’est de faire de l’Europe une Troisième force, décidée à s’interposer. Or, ce
655 évenir la guerre des deux Grands : c’est de faire de l’Europe une Troisième force, décidée à s’interposer. Or, cette Europ
656 sons que la Suisse. Unie dans l’infinie diversité de ses peuples et de ses tendances, politiques et idéologiques, elle ne
657 . Unie dans l’infinie diversité de ses peuples et de ses tendances, politiques et idéologiques, elle ne pourra préserver s
658 r son union qu’à condition de refuser toute prise de parti belliqueuse. Car autrement, il est fatal que se déchaîne une gu
659 e guerre civile européenne, qui marquerait la fin de nos libertés et de notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormai
660 opéenne, qui marquerait la fin de nos libertés et de notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormais, paraît clair. So
661 de nos libertés et de notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormais, paraît clair. Solidement fédérée, neutre depuis
662 seule existence, la possibilité et les bienfaits de l’union fédérale dans la diversité. En persistant dans sa neutralité,
663 tte pour préserver au cœur du continent une image de l’avenir européen. Quand toute l’Europe se sera fédérée, quand elle s
15 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Suisse 1848-Europe 1949 (30 mai 1949)
664 Chers auditeurs, En vous parlant lundi dernier de la neutralité de notre pays dans le cadre d’une future neutralité occ
665 s, En vous parlant lundi dernier de la neutralité de notre pays dans le cadre d’une future neutralité occidentale, j’ai ab
666 nier de la neutralité de notre pays dans le cadre d’ une future neutralité occidentale, j’ai abordé le sujet délicat, et qu
667 i deviendra de plus en plus brûlant, des rapports de la Suisse avec l’union européenne en formation. Aujourd’hui, je voudr
668 ion. Aujourd’hui, je voudrais souligner la valeur de l’exemple suisse pour les fédérateurs du continent. Personne au monde
669 ne songe à nier la réussite, sur tous les plans, de notre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans de paix intérieure
670 , sur tous les plans, de notre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans de paix intérieure, politique et sociale, et l
671 otre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans de paix intérieure, politique et sociale, et l’état de prospérité de plu
672 paix intérieure, politique et sociale, et l’état de prospérité de plus en plus démocratique que l’étranger admire chez no
673 ez nous, voilà deux résultats qui nous dispensent de toute autre démonstration. La preuve est faite, en Suisse, que le féd
674 ver là. La fédération suisse, dit-on, a pris plus de 500 ans pour se constituer. Si l’on veut en déduire qu’il faudrait à
675 veut en déduire qu’il faudrait à l’Europe autant de siècles pour se fédérer, je pense qu’on a doublement tort. Premièreme
676 ement, parce que les cantons suisses, à la veille de leur fédération, c’est-à-dire il y a 101 ans, n’étaient pas beaucoup
677 n’étaient pas beaucoup plus avancés dans la voie de l’union réelle, que ne le sont les 24 États qui composent l’Europe d’
678 ue ne le sont les 24 États qui composent l’Europe d’ aujourd’hui. Et pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins d’un a
679 t pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins d’ un an, comme vous le savez. La comparaison est frappante, entre cette
680 La comparaison est frappante, entre cette Suisse d’ il y a cent ans et notre Europe en crise, et qui cherche à s’unir. Cer
681 ses vivaient depuis longtemps dans une communauté de fait : c’est aussi le cas de nos diverses nations. Ils avaient noué d
682 dans une communauté de fait : c’est aussi le cas de nos diverses nations. Ils avaient noué des alliances, qui pourtant n’
683 italien ou le romanche. Entre un paysan du canton de Zoug et un citadin de Genève, entre un patricien catholique de Lucern
684 . Entre un paysan du canton de Zoug et un citadin de Genève, entre un patricien catholique de Lucerne ou de Fribourg et un
685 citadin de Genève, entre un patricien catholique de Lucerne ou de Fribourg et un horloger socialiste des montagnes neuchâ
686 nève, entre un patricien catholique de Lucerne ou de Fribourg et un horloger socialiste des montagnes neuchâteloises, il y
687 inement — et il subsiste encore — au moins autant de différences qu’entre un pêcheur danois, un paysan italien, un mineur
688 paysan italien, un mineur belge, et un bourgeois de Londres ou de Paris. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et so
689 n, un mineur belge, et un bourgeois de Londres ou de Paris. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et sont restés unis
690 et sont restés unis depuis cent ans. Le sentiment d’ une commune patrie suisse n’était, en fait, pas beaucoup plus vivant a
691 x e siècle, que ne l’est aujourd’hui le sentiment d’ une commune patrie européenne. Chacun de nos cantons s’attachait jalou
692 sentiment d’une commune patrie européenne. Chacun de nos cantons s’attachait jalousement à sa sacro-sainte souveraineté. L
693 o-sainte souveraineté. La preuve que le sentiment d’ une patrie suisse n’existait guère, c’est qu’il fallut l’action persév
694 t guère, c’est qu’il fallut l’action persévérante d’ un certain nombre de sociétés privées pour le faire naître, pour le pr
695 fallut l’action persévérante d’un certain nombre de sociétés privées pour le faire naître, pour le propager et l’illustre
696 é helvétique, les tirs fédéraux, les associations d’ étudiants comme celle de Zofingue jouèrent alors un rôle comparable à
697 édéraux, les associations d’étudiants comme celle de Zofingue jouèrent alors un rôle comparable à celui de nos divers mouv
698 ofingue jouèrent alors un rôle comparable à celui de nos divers mouvements fédéralistes européens. Je mets en fait que les
699 arlerai dans ma prochaine chronique des problèmes de l’économie. Ce soir, je ne m’attacherai qu’aux ressemblances politiqu
700 qu’aux ressemblances politiques, entre la Suisse d’ il y a cent ans, et notre Europe. En 1847, nos cantons n’étaient pas l
701 était la Diète fédérale. Cette Diète était formée de délégués des gouvernements cantonaux. C’était une sorte de société de
702 és des gouvernements cantonaux. C’était une sorte de société des cantons, analogue à la Société des Nations, ou à l’ONU. C
703 stes des États, au lieu de représenter la volonté d’ union des peuples. Et c’est parce que la Diète des cantons souverains
704 pays, que les Suisses décidèrent il y a cent ans de créer un pouvoir central, un Conseil fédéral, et un vrai parlement. L
705 nseil fédéral, et un vrai parlement. L’expérience de leur dernière guerre civile leur suffisait : en quelques mois, ils ré
706 ne naquit. Comme vous le voyez, les circonstances de la Suisse jusqu’en 1847 se trouvaient correspondre, point par point,
707 correspondre, point par point, aux circonstances de l’Europe d’aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était un
708 e, point par point, aux circonstances de l’Europe d’ aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était unie. Qu’on se
709 ait unie. Qu’on se le dise, à Strasbourg, au mois d’ août, lorsque s’ouvrira la session de la première Diète de l’Europe !
710 urg, au mois d’août, lorsque s’ouvrira la session de la première Diète de l’Europe ! Qu’on ait le courage d’aller très vit
711 lorsque s’ouvrira la session de la première Diète de l’Europe ! Qu’on ait le courage d’aller très vite, comme les Suisses
712 première Diète de l’Europe ! Qu’on ait le courage d’ aller très vite, comme les Suisses surent aller très vite il y a cent
713 suprême imprudence, ce serait aujourd’hui l’excès de prudence. Fédérons-nous d’abord, et rapidement ! Ensuite, une fois la
714 Ensuite, une fois la paix conquise, il sera temps d’ imiter Berne, et sa méfiance des précipitations. Au revoir, à lundi en
16 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Suisse 1848-Europe 1949 (II) (13 juin 1949)
715 Dans ma dernière chronique, j’ai comparé l’Europe de notre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse d’il y a 100 ans,
716 otre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse d’ il y a 100 ans, divisée en 22 petits États souverains. Du point de vue
717 e, la ressemblance était frappante : même absence d’ unité d’action dans les deux cas, même impuissance vis-à-vis des grand
718 ssemblance était frappante : même absence d’unité d’ action dans les deux cas, même impuissance vis-à-vis des grands voisin
719 s cantons ne pouvaient plus défendre, et qu’aucun de nos pays européens ne pourrait aujourd’hui défendre sérieusement. Et
720 s. Si nous comparons maintenant l’état économique de nos cantons avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre Europe
721 cantons avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre Europe divisée, nous allons constater des ressemblances peut-êt
722 plus étonnantes. Quels sont les maux dont souffre de nos jours l’économie européenne ? Vous les connaissez tous, ils sont
723 ts. Nous avons en Europe 24 monnaies différentes, de valeurs inégales et constamment variables, qui transforment les opéra
724 forment les opérations commerciales en casse-tête d’ arithmétique, où seuls les virtuoses du marché noir arrivent à se retr
725 ’élèvent sans cesse, à tel point que la traversée de l’Europe devient une épuisante course d’obstacles. Nos marchés nation
726 raversée de l’Europe devient une épuisante course d’ obstacles. Nos marchés nationaux, de plus en plus fermés, sont tous tr
727 modernisées, qui étouffent et se voient obligées de freiner secrètement la production. Il en résulte que le prix de la vi
728 rètement la production. Il en résulte que le prix de la vie ne cesse d’augmenter, et que le chômage devient une maladie ch
729 ion. Il en résulte que le prix de la vie ne cesse d’ augmenter, et que le chômage devient une maladie chronique. Eh bien, n
730 actement. Il y avait alors en Suisse une douzaine de monnaies différentes. Il y avait des douanes intérieures, auxquelles
731 ous les 30 kilomètres. On comptait, en 1847, plus de 400 taxes sur le trafic des marchandises à l’intérieur du pays ! On d
732 l’intérieur du pays ! On devait payer des droits de péage à l’entrée des cantons, et même parfois des communes. Le canton
733 férentes sur la route du Gothard, avec obligation de décharger chaque fois la marchandise pour la peser. L’essor de l’indu
734 chaque fois la marchandise pour la peser. L’essor de l’industrie naissante et du commerce se voyait freiné, brimé, et pres
735 mé, et presque paralysé, par toutes ces barrières de tarifs. Le chômage augmentait chaque année. Un canton regorgeait de b
736 age augmentait chaque année. Un canton regorgeait de blé, tandis que d’autres souffraient de la famine. Voici encore une c
737 egorgeait de blé, tandis que d’autres souffraient de la famine. Voici encore une comparaison très précise entre l’état de
738 encore une comparaison très précise entre l’état de la Suisse avant 1848 et l’état de l’Europe d’aujourd’hui. Un commerça
739 se entre l’état de la Suisse avant 1848 et l’état de l’Europe d’aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendr
740 tat de la Suisse avant 1848 et l’état de l’Europe d’ aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendre ses produi
741 t l’état de l’Europe d’aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendre ses produits à Genève devait payer tant
742 de droits pour passer à travers une demi-douzaine de cantons, qu’il préférait les éviter en faisant un grand détour par l’
743 ’Allemagne et la France. Il n’en va pas autrement de nos jours, pour le trafic européen. En effet, on a calculé qu’un comm
744 européen. En effet, on a calculé qu’un commerçant de Stockholm ou d’Oslo qui veut vendre ses produits à Madrid ou à Athène
745 et, on a calculé qu’un commerçant de Stockholm ou d’ Oslo qui veut vendre ses produits à Madrid ou à Athènes aurait intérêt
746 passer par l’Amérique afin d’éviter une douzaine de barrages douaniers longs et coûteux, en traversant l’Europe. Tout le
747 épassaient toute mesure, et tout le monde le voit de nos jours. Cependant, les États s’obstinaient, et certains intérêts m
748 s à l’intérieur de la Suisse se faisaient traiter de doux rêveurs ou d’ignorants, comme ceux qui demandent la suppression
749 la Suisse se faisaient traiter de doux rêveurs ou d’ ignorants, comme ceux qui demandent la suppression des douanes à l’int
750 s ! vous brûlez les étapes ! et si vous supprimez d’ un coup les douanes et les péages, voici la liste des industries local
751 eront ruinées ! Or, que s’est-il passé ? En moins d’ un an, les cantons suisses se sont unis, douanes et péages ont disparu
752 ne s’est produite. Au contraire, l’essor immédiat de l’industrie et du commerce nous a valu cent ans de prospérité. Tirons
753 e l’industrie et du commerce nous a valu cent ans de prospérité. Tirons maintenant la leçon de cette comparaison. La Suiss
754 ent ans de prospérité. Tirons maintenant la leçon de cette comparaison. La Suisse, en 1847, n’était pas plus avancée que l
755 ntières et des douanes. On répétait : surtout pas de précipitation ! Et pourtant, la fédération définitive de nos cantons
756 ipitation ! Et pourtant, la fédération définitive de nos cantons s’est faite en quelques mois, avec un plein succès. Perso
757 n fait historique. Les Suisses ont donc le devoir de dire à toute l’Europe : voici notre expérience, imitez-la ! Et nous t
758 périence, imitez-la ! Et nous tous, les Européens de tout pays, il est temps que nous disions à nos gouvernements : assez
759 emps que nous disions à nos gouvernements : assez d’ absurdités, assez de petits calculs, renvoyez vos experts planter des
760 s à nos gouvernements : assez d’absurdités, assez de petits calculs, renvoyez vos experts planter des choux, si vous voule
17 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et l’Europe (IV) (20 juin 1949)
761 ières chroniques ont été consacrées à la position de la Suisse par rapport aux projets d’union européenne. J’ai parlé de l
762 la position de la Suisse par rapport aux projets d’ union européenne. J’ai parlé de la neutralité, que nous devons conserv
763 apport aux projets d’union européenne. J’ai parlé de la neutralité, que nous devons conserver dans l’intérêt de l’Europe.
764 tralité, que nous devons conserver dans l’intérêt de l’Europe. Et j’ai montré comment notre expérience fédéraliste peut se
765 comment notre expérience fédéraliste peut servir de modèle pour l’Europe de demain, tant au point de vue de l’économie qu
766 e fédéraliste peut servir de modèle pour l’Europe de demain, tant au point de vue de l’économie qu’à celui des institution
767 èle pour l’Europe de demain, tant au point de vue de l’économie qu’à celui des institutions politiques. Ces trois chroniqu
768 ons politiques. Ces trois chroniques ont provoqué d’ intéressantes réactions, dans la presse en particulier. Je voudrais pa
769 e en particulier. Je voudrais parler tout d’abord de deux critiques qui ont été formulées. On m’a dit : vous semblez oubli
770 leur faveur le gros bon sens, et même une espèce d’ évidence. Et cependant, si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit
771 e en un jour. Non, mais elle s’est faite en moins d’ un an, entre le mois de février et le mois de septembre 1848, — le tem
772 elle s’est faite en moins d’un an, entre le mois de février et le mois de septembre 1848, — le temps qu’il a fallu pour d
773 oins d’un an, entre le mois de février et le mois de septembre 1848, — le temps qu’il a fallu pour décider la révision du
774 s qu’il a fallu pour décider la révision du Pacte de 1815, pour écrire la Constitution fédérale, et pour la faire voter. B
775 s des siècles ; elles ont noué entre elles autant d’ alliances qu’il y en avait jadis entre les cantons suisses. Elles sort
776 les cantons suisses. Elles sortent, elles aussi, d’ une guerre civile européenne. Elles se voient, elles aussi, contrainte
777 péenne. Elles se voient, elles aussi, contraintes de se fédérer très rapidement, pour sauver leur indépendance économique
778 ur indépendance économique et politique. Au terme de plusieurs siècles de vains efforts, de tentatives manquées, d’erreurs
779 mique et politique. Au terme de plusieurs siècles de vains efforts, de tentatives manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 n
780 . Au terme de plusieurs siècles de vains efforts, de tentatives manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes
781 siècles de vains efforts, de tentatives manquées, d’ erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes sont aujourd’hui dans l
782 a cent ans, était un peu plus grande que l’Europe d’ aujourd’hui. Et je le prouve. Pour arriver dans la ville où siégeait l
783 Tessin ou des Grisons mettait deux ou trois jours de voyage. Pour arriver au Parlement de Strasbourg, cet été, un député g
784 trois jours de voyage. Pour arriver au Parlement de Strasbourg, cet été, un député grec ou suédois mettra moins d’un jour
785 , cet été, un député grec ou suédois mettra moins d’ un jour. La rapidité des communications et des transports a rétréci l’
786 sports a rétréci l’Europe actuelle aux dimensions de la Suisse ancienne, et pratiquement, c’est cela qui compte. Il faut s
787 rappeler aussi que dans le monde du xx e siècle, de grands empires se constituent à l’Est et à l’Ouest de l’Europe, tout
788 rands empires se constituent à l’Est et à l’Ouest de l’Europe, tout comme il y a cent ans de grandes nations se constituai
789 à l’Ouest de l’Europe, tout comme il y a cent ans de grandes nations se constituaient au Nord et au Sud de la Suisse. Une
790 randes nations se constituaient au Nord et au Sud de la Suisse. Une certaine unité, de type fédératif, est donc, aujourd’h
791 Nord et au Sud de la Suisse. Une certaine unité, de type fédératif, est donc, aujourd’hui comme alors, et pour les mêmes
792 e alors, et pour les mêmes raisons, le seul moyen de rester indépendants. Il est temps que je résume les conclusions auxqu
793 uxquelles m’amène cet examen rapide des positions de la Suisse vis-à-vis de l’Europe. Premièrement, nous devons rester neu
794 est le but vers lequel doit tendre une fédération de l’Europe. Nous sommes déjà au but, pour notre part. Restons-y, l’arme
795 ous rejoignent. Secondement, nous avons le devoir de faire valoir notre expérience fédéraliste sur le plan élargi de l’Eur
796 r notre expérience fédéraliste sur le plan élargi de l’Europe. Il s’agit donc pour nous d’être présents dans les conseils
797 plan élargi de l’Europe. Il s’agit donc pour nous d’ être présents dans les conseils européens, et même d’y être plus actif
798 tre présents dans les conseils européens, et même d’ y être plus actifs que nos voisins. Et ceci dans notre intérêt comme d
799 se fera sans nous, et nous n’aurons pas le droit de nous plaindre si nous trouvons qu’elle est mal faite. Troisièmement,
800 r dans l’union européenne. Tout dépendra, demain, de notre opinion publique. Notre gouvernement ne fera rien sans elle. Ma
801 onstitué, et s’est mis au travail. Les présidents de nos 4 grands partis font partie de son comité. C’est dire qu’il repré
802 Les présidents de nos 4 grands partis font partie de son comité. C’est dire qu’il représente l’opinion suisse dans son ens
803 n suisse dans son ensemble. Sa première tâche est de réveiller cette opinion, et c’est aussi la tâche que je me suis donné
804 ous parler chaque lundi. Déjà, je puis me réjouir de certains résultats. Beaucoup de mes auditeurs m’ont fait savoir qu’il
805 ir qu’ils s’inscrivaient aux groupes fédéralistes de leur ville. Et la presse également nous appuie. Merci tout particuliè
806 Car si l’Europe ne se formait que dans le cerveau de quelques politiciens, elle ne serait qu’un chiffon de papier. Il faut
807 uelques politiciens, elle ne serait qu’un chiffon de papier. Il faut qu’elle naisse et qu’elle se forme dans les cœurs, au
808 ’elle se forme dans les cœurs, aux vraies sources de l’espérance.
18 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (27 juin 1949)
809 1949) Chers auditeurs, À propos de la Suisse et de l’Europe, je vous dirai ce soir un dernier mot, qui n’est pas le moin
810 ortant. Dans mes dernières chroniques, j’ai tâché de vous montrer pourquoi la Suisse, fédération neutre et armée, doit se
811 serve, provisoire, pendant que les autres peuples de l’Europe commencent ce qu’on pourrait appeler leur éducation fédérale
812 leur éducation fédérale. Mais je n’ai pas manqué d’ insister sur la présence nécessaire de la Suisse dans l’œuvre de l’uni
813 pas manqué d’insister sur la présence nécessaire de la Suisse dans l’œuvre de l’union européenne, partout où nous le pouv
814 la présence nécessaire de la Suisse dans l’œuvre de l’union européenne, partout où nous le pouvons sans cesser d’être neu
815 uropéenne, partout où nous le pouvons sans cesser d’ être neutres. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutr
816 res. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutralité pour agir sans réserve, et pour nous rattraper, si je p
817 rattraper, si je puis dire : ce domaine est celui de la culture et de la formation de l’opinion. Sous les auspices du Mouv
818 puis dire : ce domaine est celui de la culture et de la formation de l’opinion. Sous les auspices du Mouvement européen, u
819 omaine est celui de la culture et de la formation de l’opinion. Sous les auspices du Mouvement européen, un appel vient d’
820 es auspices du Mouvement européen, un appel vient d’ être lancé pour que les Suisses prennent la part principale, financièr
821 utant que morale, dans la création, sur leur sol, d’ un Centre européen de la culture. Certains d’entre vous se demanderont
822 ent faire ici, ce qu’elle peut faire pour l’union de l’Europe, qui paraît être une question politique ou économique avant
823 et c’est donc la culture qui doit montrer la voie d’ une Europe rénovée par son union. Si l’on y réfléchit quelques instant
824 eurs européennes viennent de l’esprit, et non pas de la nature, ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce petit con
825 qui n’est en réalité qu’une péninsule déchiquetée de l’Asie, ait pu régner sur toute la terre, pendant des siècles ? Ce n’
826 physique : car l’Europe représente à peu près 4 % de la surface du globe. Ce n’était pas à cause de sa population : moins
827 . Ce n’était pas à cause de sa population : moins d’ un sixième de celle de la Planète. Non, l’Europe a régné par sa cultur
828 pas à cause de sa population : moins d’un sixième de celle de la Planète. Non, l’Europe a régné par sa culture, qui, pour
829 se de sa population : moins d’un sixième de celle de la Planète. Non, l’Europe a régné par sa culture, qui, pour le bien c
830 e pour le mal, a créé ses richesses et sa science de la matière et de la vie ; ses machines, ses cités, et ses livres ; se
831 créé ses richesses et sa science de la matière et de la vie ; ses machines, ses cités, et ses livres ; ses procédés de con
832 machines, ses cités, et ses livres ; ses procédés de construction ou de transport, que tous imitent ; et enfin ses doctrin
833 , et ses livres ; ses procédés de construction ou de transport, que tous imitent ; et enfin ses doctrines politiques et re
834 terre, c’est donc bien grâce à sa culture, source de sa puissance matérielle et morale. Aujourd’hui, la puissance a changé
835 lle et morale. Aujourd’hui, la puissance a changé de camp. Elle est américaine ou russe. Naguère encore maîtresse de la Pl
836 libres, et créer des pouvoirs européens, capables de traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Or
837 pouvoirs européens, capables de traiter sur pied d’ égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Orient. Tels sont les
838 traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche
839 pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche les pionnie
840 iers du Mouvement européen. Nous verrons, au mois d’ août, le premier résultat de leur effort, lorsque s’ouvrira, à Strasbo
841 Nous verrons, au mois d’août, le premier résultat de leur effort, lorsque s’ouvrira, à Strasbourg, le Parlement consultati
842 s’ouvrira, à Strasbourg, le Parlement consultatif de 13 nations. Mais toutes les constructions politiques et sociales, éco
843 tenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce
844 r un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande arti
845 au contraire une véritable éducation du sentiment de notre communauté. Il existe, ce sentiment, et peut-être plus qu’on ne
846 et l’informer, lui donner une voix, et des moyens d’ action. Telle est la tâche vitale que voudrait assurer le Centre europ
847 voir son siège en Suisse. Je le sais bien, ce mot de culture peut sembler vague ou légèrement suspect à bien des gens. Il
848 ect à bien des gens. Il peut faire croire aussi à de la théorie pure, à des activités académiques et distinguées, pour spé
849 que veut faire le Centre européen. Notre but est de coordonner les forces intellectuelles dispersées en Europe, et de leu
850 s forces intellectuelles dispersées en Europe, et de leur offrir une possibilité pratique de s’engager dans notre action c
851 urope, et de leur offrir une possibilité pratique de s’engager dans notre action commune. Notre but est de faire voir aux
852 ’engager dans notre action commune. Notre but est de faire voir aux écrivains, artistes, savants, professeurs, hommes d’Ég
853 écrivains, artistes, savants, professeurs, hommes d’ Églises, que la culture doit et peut faire sa part — une très grande p
854 en de la culture, cela ne relève ni du hasard, ni de considérations touristiques. Tant à Berne qu’au comité de notre Mouve
855 dérations touristiques. Tant à Berne qu’au comité de notre Mouvement européen, on a reconnu que le domaine culturel était
856 oncer à la neutralité, jouer le rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective de la fédération. Rôle capital ! Car à m
857 rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective de la fédération. Rôle capital ! Car à mesure que se réalisent les objec
858 continent se dessine et prend corps, la nécessité de lui donner une âme passe au premier plan. Et c’est bien cela, c’est b
859 ons que les Suisses comprennent toute la grandeur d’ une pareille tâche, et qu’elle leur offre une chance autant qu’une cha
860 fre une chance autant qu’une charge, — une chance de se montrer fidèles à leur mission en accueillant, soutenant et animan
861 n accueillant, soutenant et animant le foyer même d’ une action historique, dont on a pu dire que le but était l’Europe hel
19 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Faisons le point (4 juillet 1949)
862 plus tard. Cette chronique sera donc la dernière de la saison, avant que je ne la reprenne, peut-être, au mois de septemb
863 , avant que je ne la reprenne, peut-être, au mois de septembre. Ce soir, je voudrais faire le point, vous dire en quelques
864 r la sauver pendant qu’on le peut encore. Au mois de mai de l’année dernière, rien n’était fait. Un seul homme travaillait
865 uver pendant qu’on le peut encore. Au mois de mai de l’année dernière, rien n’était fait. Un seul homme travaillait sérieu
866 me travaillait sérieusement à réveiller le besoin d’ unité dans nos pays occidentaux, et c’était M. Vychinski. Il venait de
867 ’était M. Vychinski. Il venait de réussir le coup d’ État de Prague, et de provoquer dans toute l’Europe une vague d’indign
868 Il venait de réussir le coup d’État de Prague, et de provoquer dans toute l’Europe une vague d’indignation et de peur salu
869 ue, et de provoquer dans toute l’Europe une vague d’ indignation et de peur salutaire. Vraiment, nous devons beaucoup à M.
870 er dans toute l’Europe une vague d’indignation et de peur salutaire. Vraiment, nous devons beaucoup à M. Vychinski : sans
871 beaucoup à M. Vychinski : sans lui, notre congrès de La Haye n’aurait jamais si bien marché. Mais quels que soient les tal
872 si bien marché. Mais quels que soient les talents de ce ministre, on ne pouvait pas s’en remettre à lui seul du soin de pe
873 n ne pouvait pas s’en remettre à lui seul du soin de persuader l’Europe entière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrè
874 tière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrès de La Haye demanda donc qu’une Assemblée européenne fût convoquée, comme
875 uropéenne fût convoquée, comme première condition de l’union. Bien peu croyaient la chose possible, à cette époque. On con
876 ée de l’Europe s’ouvrira, réunissant une douzaine de pays, appelant à elle tous ceux qui croient encore aux droits de l’ho
877 rreur, à la libre circulation plutôt qu’aux camps de concentration. Cette Assemblée consultative de l’Europe, je vous l’ai
878 ps de concentration. Cette Assemblée consultative de l’Europe, je vous l’ai dit lorsqu’elle fut décidée, ce n’est presque
879 mes nationaux. Ce sera beaucoup, ce sera le début d’ une ère nouvelle pour toute l’Europe, si elle a le courage de se procl
880 ouvelle pour toute l’Europe, si elle a le courage de se proclamer Constituante, et de rédiger un pacte fédéral, que tous n
881 lle a le courage de se proclamer Constituante, et de rédiger un pacte fédéral, que tous nos peuples, ensuite, auront à rat
882 auront à ratifier. Tout dépend donc, maintenant, de l’opinion publique. Et c’est elle que le Mouvement européen va s’effo
883 ’est elle que le Mouvement européen va s’efforcer de mobiliser. Car c’est un fait que la grande masse, le grand public eur
884 public européen, ne s’est pas encore rendu compte de l’importance de l’Assemblée. Souhaitons qu’il se réveille avant qu’il
885 ne s’est pas encore rendu compte de l’importance de l’Assemblée. Souhaitons qu’il se réveille avant qu’il soit trop tard 
886 rée du plan Marshall. Quand l’Amérique aura cessé de nous aider, si nous ne sommes pas unis à ce moment-là, ce sera la rui
887 ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques de Staline1. Que pouvons-nous faire en deux ans ? Passons rapidement en
888 en deux ans ? Passons rapidement en revue l’état de nos forces fédéralistes dans les nations de l’Europe libre. Nous y tr
889 ’état de nos forces fédéralistes dans les nations de l’Europe libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade de grands nom
890 pe libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade de grands noms, et d’autre part, des noyaux de militants, sans cesse cro
891 éiade de grands noms, et d’autre part, des noyaux de militants, sans cesse croissants. Prenons l’exemple de la France, qui
892 litants, sans cesse croissants. Prenons l’exemple de la France, qui se trouve être une fois de plus, à la tête du mouvemen
893 de plus, à la tête du mouvement novateur. L’appui de M. Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, s’est montré déc
894 gères, s’est montré décisif lors des négociations de l’Assemblée. Et dans nos comités européens, nous avons avec nous les
895 ons surtout le groupe des jeunes ministres sortis de la Résistance à la Libération : André Philip, Teitgen, Henri Frenay.
896 t devant eux, bien souvent — marchent les groupes de militants : fédéralistes, syndicalistes et catholiques. Et nous avons
897 nçais, un groupe fédéraliste qui compte déjà plus de 150 députés. Parmi eux seront choisis les représentants français à l’
898 représentants français à l’Assemblée consultative de Strasbourg. Dans les autres pays, nous trouvons également à nos côtés
899 rchill et Macmillan, en Grande-Bretagne ; Sforza, de Gasperi et Saragat en Italie ; Spaak et van Zeeland en Belgique. Mais
900 elgique. Mais surtout, nous trouvons des milliers de jeunes hommes qui furent au 1er rang de la Résistance, tels que ce je
901 milliers de jeunes hommes qui furent au 1er rang de la Résistance, tels que ce jeune chef italien qui a fait 16 ans de pr
902 tels que ce jeune chef italien qui a fait 16 ans de prison et de camps sous le fascisme, ou ce jeune chef du mouvement en
903 jeune chef italien qui a fait 16 ans de prison et de camps sous le fascisme, ou ce jeune chef du mouvement en Allemagne, E
904 à Buchenwald. Ce sont des hommes qui ont le droit de parler, maintenant ! Ils ont payé le droit de revendiquer une Europe
905 oit de parler, maintenant ! Ils ont payé le droit de revendiquer une Europe libre, unie, libérée des cauchemars qui tourme
906 ici nos troupes, et vous le voyez, ce ne sont pas de piteux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-
907 us le voyez, ce ne sont pas de piteux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-là, nous pouvons, nous
908 eux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-là, nous pouvons, nous devons réussir à faire l’Europe d
909 ous devons réussir à faire l’Europe dans le délai de grâce qui nous est accordé par le destin, — et par la générosité de l
910 est accordé par le destin, — et par la générosité de l’Amérique. Mais nous n’avons pas beaucoup de mois à perdre. La victo
911 victoire, c’est-à-dire la paix, dépend maintenant de la manière dont seront conduits les débats de Strasbourg. Suivez-les,
912 ant de la manière dont seront conduits les débats de Strasbourg. Suivez-les, dès le mois prochain, à la radio et dans la p
913 rs, mais alors seulement, les États seront forcés de la suivre. Je vous l’ai dit souvent, je vous le répète ce soir une de
914 poirs, par vos dons et par vos prières. Car c’est de votre paix, à vous personnellement, de votre liberté, et de celle de
915 Car c’est de votre paix, à vous personnellement, de votre liberté, et de celle de vos enfants, que je vous ai parlé, depu
916 aix, à vous personnellement, de votre liberté, et de celle de vos enfants, que je vous ai parlé, depuis des mois, en vous
917 us personnellement, de votre liberté, et de celle de vos enfants, que je vous ai parlé, depuis des mois, en vous appelant
918 ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques de Staline ».
20 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un bel été (19 septembre 1949)
919 urs, Nous vous retrouvons ce soir après deux mois d’ interruption de cette chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel
920 retrouvons ce soir après deux mois d’interruption de cette chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel été, comme j’av
921 s prévisions du temps, — l’un des plus beaux étés de notre siècle, et peut-être le plus décisif, puisqu’il a vu naître, à
922 a vu naître, à Strasbourg, la première tentative d’ union du continent. Voici l’automne déjà, voici le temps venu de faire
923 suis interrogé sur la nécessité ou l’opportunité de reprendre ces brèves causeries. On comprendra qu’il est bien difficil
924 prendra qu’il est bien difficile pour leur auteur d’ en mesurer l’utilité. Je parle seul devant ce micro, et je ne puis que
925 e puis que vous imaginer. Les uns sont à la table de famille, on crie à l’un des gosses : « va mettre la radio » pour avoi
926 ou seulement à leur solitude. Je m’excuse auprès d’ eux : je tombe peut-être mal. Sait-on jamais ? Un chroniqueur à la rad
927 tre quelques milliers… Dans le doute, j’ai choisi de ne pas m’abstenir, de continuer. Car la vie continue, et l’histoire c
928 Dans le doute, j’ai choisi de ne pas m’abstenir, de continuer. Car la vie continue, et l’histoire continue autour de nous
929 our de nous, une histoire qu’il nous faut essayer de comprendre, puisqu’elle se fait avec nos vies, et quelquefois à leurs
930 s, et quelquefois à leurs dépens, mais que chacun de nous, aussi, est capable d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en
931 pens, mais que chacun de nous, aussi, est capable d’ influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus de l’opinion, et que l’
932 d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus de l’opinion, et que l’opinion, c’est vous, et vous, et vous encore, et
933 s foules ont à peine remarqué. Si je n’avais rien d’ autre à faire dans ces chroniques que d’attirer votre attention sur ce
934 vais rien d’autre à faire dans ces chroniques que d’ attirer votre attention sur cet événement capital, il vaudrait la pein
935 n sur cet événement capital, il vaudrait la peine de parler. Les historiens futurs s’étonneront certainement de l’indiffér
936 . Les historiens futurs s’étonneront certainement de l’indifférence relative avec laquelle fut accueilli le premier Parlem
937 avec laquelle fut accueilli le premier Parlement de l’Europe. Cette date, que tous nos petits-enfants apprendront à l’éco
938 aire, aura passé quasi inaperçue pour la majorité de nos contemporains. C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte d
939 e nos contemporains. C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de
940 C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valm
941 st pas facile de se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée im
942 se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée improvisée des sans
943 de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée improvisée des sans-culottes venait
944 de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée improvisée des sans-culottes venait de battre l’arm
945 ovisée des sans-culottes venait de battre l’armée de métier des Prussiens et des Autrichiens, Goethe notait dans son journ
946 s Autrichiens, Goethe notait dans son journal : «  De ce lieu, de ce jour, sera datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là
947 s, Goethe notait dans son journal : « De ce lieu, de ce jour, sera datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là, il était l
948 Il y a près de 2000 ans qu’on la connaît. La mort d’ un juif obscur, crucifié près de Jérusalem, a fait moins de bruit, en
949 obscur, crucifié près de Jérusalem, a fait moins de bruit, en son temps, que la visite de Bartali, coureur cycliste, au V
950 fait moins de bruit, en son temps, que la visite de Bartali, coureur cycliste, au Vatican. Il serait donc naïf de s’étonn
951 coureur cycliste, au Vatican. Il serait donc naïf de s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour de Suisse, aient damé
952 can. Il serait donc naïf de s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour de Suisse, aient damé le pion de l’« actualité 
953 de s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour de Suisse, aient damé le pion de l’« actualité » à la première Assemblée
954 ance, suivi du Tour de Suisse, aient damé le pion de l’« actualité » à la première Assemblée de l’Europe, qui s’ouvrit à S
955 it à Strasbourg, le 10 août — en pleines vacances de l’opinion publique. Pourtant, les journalistes étaient présents. On d
956 étaient présents. On dit même qu’ils furent plus de 500. Et bien d’autres ont jugé Strasbourg, dans les éditoriaux du mon
957 Strasbourg, dans les éditoriaux du monde entier, d’ autant plus librement qu’ils n’y étaient pas allés. L’événement s’est
958 és. L’événement s’est donc vu noyé sous un déluge de clichés étonnamment contradictoires. J’en ai fait toute une collectio
959 os de Strasbourg, nos journaux ont parlé tantôt «  d’ assembleurs de nuées » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt
960 rg, nos journaux ont parlé tantôt « d’assembleurs de nuées » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt de « festival
961 parlé tantôt « d’assembleurs de nuées » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt de « festival oratoire » et tantôt
962 » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt de « festival oratoire » et tantôt de « ternes discussions techniques » 
963 rre » ; tantôt de « festival oratoire » et tantôt de « ternes discussions techniques » ; de « généreux idéalistes » ou au
964 et tantôt de « ternes discussions techniques » ; de « généreux idéalistes » ou au contraire de « politiciens combinards »
965 ou au contraire de « politiciens combinards » ; «  d’ utopies gratuites » ou de « manœuvres partisanes » ; de « précipitatio
966 ticiens combinards » ; « d’utopies gratuites » ou de « manœuvres partisanes » ; de « précipitation dangereuse » ou de « le
967 pies gratuites » ou de « manœuvres partisanes » ; de « précipitation dangereuse » ou de « lenteurs exaspérantes », — ou le
968 partisanes » ; de « précipitation dangereuse » ou de « lenteurs exaspérantes », — ou les deux à la fois souvent dans le mê
969 nne ne pourra déduire des centaines, des milliers d’ articles qui ont paru à propos de Strasbourg, dans le monde entier. Un
970 e entier. Une seule conclusion générale se dégage de ce flot d’imprimés : tous les journaux semblent d’accord pour affirme
971 ne seule conclusion générale se dégage de ce flot d’ imprimés : tous les journaux semblent d’accord pour affirmer que l’opi
972 méfions-nous, et cherchons ailleurs les éléments d’ un jugement objectif. Que s’est-il passé à Strasbourg ? Il s’est passé
973 passé à Strasbourg ? Il s’est passé quelque chose de très neuf, quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis plus de 2000 ans
974 f, quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis plus de 2000 ans que dure l’Europe, et c’est pourquoi la presse hésite à l’en
975 a presse hésite à l’enregistrer, et ne trouve pas de phrases toutes faites pour le décrire. On dirait qu’elle n’ose pas y
976 n’ose pas y croire… Pour moi qui ai vu Strasbourg de près, qui me suis trouvé mêlé à sa préparation, qui en connais le dét
977 hère, j’essaierai dans mes prochaines chroniques, de vous dire ce que fut l’événement, ce qu’il prépare pour notre avenir
978 par écrit, je répondrai. Et c’est dans cet espoir d’ établir un dialogue avec ceux d’entre vous qui sentent le besoin d’agi
979 ogue avec ceux d’entre vous qui sentent le besoin d’ agir, que je vous dis, chers auditeurs, au revoir, à lundi prochain.
21 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La dévaluation et la bombe soviétique (26 septembre 1949)
980 t individuellement, soit en famille, à l’occasion de la reprise de cette chronique. Ces messages témoignent de l’intérêt c
981 ment, soit en famille, à l’occasion de la reprise de cette chronique. Ces messages témoignent de l’intérêt croissant qu’év
982 prise de cette chronique. Ces messages témoignent de l’intérêt croissant qu’éveille l’effort pour l’union de nos peuples,
983 ntérêt croissant qu’éveille l’effort pour l’union de nos peuples, tant en Suisse que dans les pays voisins. Et merci tout
984 autant pour vos questions. Je comptais commencer d’ y répondre, dès aujourd’hui, et vous parler, en conséquence, des premi
985 ers résultats acquis par l’Assemblée consultative de Strasbourg. Mais deux événements importants se sont produits la semai
986 Europe dans son ensemble, et qu’il est nécessaire de commenter sans plus attendre, du point de vue de notre action fédéral
987 de commenter sans plus attendre, du point de vue de notre action fédéraliste. Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévalua
988 action fédéraliste. Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévaluation de la livre anglaise, et de la bombe atomique fabriqué
989 . Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévaluation de la livre anglaise, et de la bombe atomique fabriquée par les Russes.
990 s’agit de la dévaluation de la livre anglaise, et de la bombe atomique fabriquée par les Russes. Au lendemain de la premiè
991 e atomique fabriquée par les Russes. Au lendemain de la première session de Strasbourg, devant le bilan positif de cette p
992 r les Russes. Au lendemain de la première session de Strasbourg, devant le bilan positif de cette première expérience, bea
993 re session de Strasbourg, devant le bilan positif de cette première expérience, beaucoup de gens ont pu croire que la part
994 à se tourner les pouces. Mais les deux événements de la semaine dernière arrivent à point pour nous rappeler, d’une part,
995 grave menace qui pèse sur nous tous, et l’urgence d’ y répondre. La dévaluation britannique signifie : union difficile. La
996 annique signifie : union difficile. La possession de la bombe atomique par les Soviets signifie : union nécessaire. Je ne
997 là. Je ne saurais donc juger la valeur technique de l’opération monétaire décidée par les Anglais. Mais je puis dire ceci
998 les Anglais. Mais je puis dire ceci, sans crainte de me tromper : toute l’Europe vient d’être secouée par une mesure prise
999 sans crainte de me tromper : toute l’Europe vient d’ être secouée par une mesure prise par un seul pays, lequel s’était gar
1000 sure prise par un seul pays, lequel s’était gardé d’ avertir ses voisins. Ainsi la solidarité économique de toute l’Europe
1001 ertir ses voisins. Ainsi la solidarité économique de toute l’Europe bon gré mal gré, est démontrée d’une manière éclatante
1002 de toute l’Europe bon gré mal gré, est démontrée d’ une manière éclatante quoique négative et coûteuse pour certains. Ceux
1003 s uns des autres. Et s’il plaît à un peuple isolé de se serrer encore plus la ceinture pour sauver son régime de travailli
1004 er encore plus la ceinture pour sauver son régime de travaillisme austère, nous voici tous forcés, dans toute l’Europe, de
1005 ère, nous voici tous forcés, dans toute l’Europe, de participer aux frais de l’opération, que cela nous plaise ou non. Eh
1006 cés, dans toute l’Europe, de participer aux frais de l’opération, que cela nous plaise ou non. Eh bien ! il est grand temp
1007 grand temps que cette solidarité économique cesse d’ être purement négative, cesse d’être une solidarité dans la misère ou
1008 économique cesse d’être purement négative, cesse d’ être une solidarité dans la misère ou dans les catastrophes seulement.
1009 astrophes seulement. Il faut désormais la vouloir d’ une manière positive et pour le bien commun, c’est-à-dire qu’il faut l
1010 nos destins. Encore une fois, je n’ai pas à juger de la valeur en soi des décisions britanniques, mais j’ai à dire ceci :
1011 s ont été prises est scandaleuse, du point de vue de l’Europe en général. Que s’est-il passé en effet ? Sir Stafford Cripp
1012 eul pour Washington, s’est enfermé dans une salle de comité avec les experts américains, tandis que les représentants fran
1013 l’Europe solidaire et qui allait payer les frais de l’opération, je le répète, l’Europe était absente, personne ne parlai
1014 on nom. C’est à cela que Strasbourg doit remédier d’ urgence, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis d’urgence. Car
1015 trasbourg doit remédier d’urgence, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis d’urgence. Car on vient de nous apprendre
1016 ce, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis d’ urgence. Car on vient de nous apprendre que les Russes, à leur tour, o
1017 que les Russes, à leur tour, ont trouvé le secret de la bombe atomique. On peut s’en réjouir, pour certaines raisons psych
1018 nes raisons psychologiques d’abord. La possession de la fameuse bombe peut en effet diminuer, chez les Russes, leur craint
1019 er, chez les Russes, leur crainte presque morbide d’ être encerclés et vulnérables. Il y a là, si paradoxal que cela parais
1020 a là, si paradoxal que cela paraisse, un élément de détente dans la situation internationale. Beaucoup des réactions russ
1021 étaient inspirées jusqu’ici par une peur exagérée de la puissance américaine. Se sentant désormais plus forts, qu’avant, l
1022 ntre les Américains et les Russes également armés de la Bombe, voici l’Europe encore désunie, totalement désarmée, et tout
1023 nie, totalement désarmée, et toute prête à servir de champ clos pour le duel atomique des deux Grands, c’est-à-dire : prêt
1024 udents m’apparaissent désormais comme des rêveurs de la plus dangereuse espèce, des utopistes impénitents, ou d’irrémédiab
1025 dangereuse espèce, des utopistes impénitents, ou d’ irrémédiables nigauds. Pour tous les autres, Strasbourg vient d’apport
1026 s nigauds. Pour tous les autres, Strasbourg vient d’ apporter un message d’espoir et d’action. Nul ne l’a mieux dit que M.
1027 es autres, Strasbourg vient d’apporter un message d’ espoir et d’action. Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président de
1028 trasbourg vient d’apporter un message d’espoir et d’ action. Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président de l’Assemblée
1029 . Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président de l’Assemblée, lorsqu’il s’est écrié dans son discours final : « Je sui
1030  : « Je suis venu ici parce que j’étais convaincu de la nécessité des États-Unis d’Europe, je repars convaincu de leur pos
1031 sité des États-Unis d’Europe, je repars convaincu de leur possibilité. » Il me plaît de vous quitter ce soir sur ces parol
1032 pars convaincu de leur possibilité. » Il me plaît de vous quitter ce soir sur ces paroles, que je me réjouis de commenter
1033 uitter ce soir sur ces paroles, que je me réjouis de commenter et confirmer, lundi prochain : au revoir mes chers auditeur
22 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » (3 octobre 1949)
1034 Demain l’Europe ! — « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » (3 octobre 1949) Chers auditeurs, Les deux questions
1035 es, sont les suivantes : 1° « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » 2° « Que devons-nous penser des résultats acquis ? » J
1036 en vous racontant ce que j’ai vu dans la capitale de l’Europe, pour vous permettre de juger vous-mêmes s’il y a vraiment u
1037 dans la capitale de l’Europe, pour vous permettre de juger vous-mêmes s’il y a vraiment un espoir neuf de ce côté-là. J’ai
1038 juger vous-mêmes s’il y a vraiment un espoir neuf de ce côté-là. J’ai vu d’abord une ville pavoisée comme pour un jour de
1039 vu d’abord une ville pavoisée comme pour un jour de grande victoire. Pas une maison, même dans les petites rues écartées,
1040 es rues écartées, qui n’arborât quelques drapeaux de nos pays, et surtout le drapeau de l’Europe, une grande lettre E, en
1041 lques drapeaux de nos pays, et surtout le drapeau de l’Europe, une grande lettre E, en vert, sur un fond blanc, — et cela
1042 es dialectes et son atmosphère, une grande partie de l’Europe occidentale. On s’y croit tantôt en Suisse et tantôt en Holl
1043 antôt en Allemagne, et l’on y est en France, pour de bon, cette fois-ci. Et puis, il y a les ruines, les pans de murs, les
1044 tte fois-ci. Et puis, il y a les ruines, les pans de murs, les églises détruites ici ou là qui nous rappellent à la réalit
1045 e n’y suis pas entré sans émotion : j’allais voir de mes yeux le premier résultat d’une action à laquelle, depuis quelques
1046 n : j’allais voir de mes yeux le premier résultat d’ une action à laquelle, depuis quelques années, j’ai consacré mes jours
1047 elques années, j’ai consacré mes jours et pas mal de mes nuits. L’Assemblée ne siégeait que depuis une semaine, lors de ma
1048 ont les premiers mois, parfois les premiers jours de l’existence d’un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans
1049 s mois, parfois les premiers jours de l’existence d’ un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans cette aula, et
1050 miers jours de l’existence d’un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans cette aula, et j’ai senti, après quelq
1051 oits vitaux. Churchill parlait, bonhomme et plein d’ humour, regardant par-dessus ses lunettes, les deux mains plaquées sur
1052 son ventre, selon son geste coutumier. Il venait d’ obtenir le droit, pour l’Assemblée, de fixer ses ordres du jour, sans
1053 . Il venait d’obtenir le droit, pour l’Assemblée, de fixer ses ordres du jour, sans demander l’avis du Conseil des ministr
1054 u Conseil des ministres. Il réclamait l’admission de l’Allemagne, et proposait une nouvelle réunion de l’Assemblée, pendan
1055 de l’Allemagne, et proposait une nouvelle réunion de l’Assemblée, pendant l’hiver. M. Spaak présidait avec rondeur, répliq
1056 M. Spaak présidait avec rondeur, réplique vivante d’ un Churchill rajeuni. Et je reconnaissais dans l’Assemblée tant de vis
1057 sais dans l’Assemblée tant de visages bien connus de camarades de lutte, depuis deux ans, que je crus assister d’abord à u
1058 ssemblée tant de visages bien connus de camarades de lutte, depuis deux ans, que je crus assister d’abord à une sorte de c
1059 eux ans, que je crus assister d’abord à une sorte de comité élargi de notre Mouvement européen. À vrai dire, les deux tier
1060 rus assister d’abord à une sorte de comité élargi de notre Mouvement européen. À vrai dire, les deux tiers des députés, à
1061 ssemblée est portée, animée et nourrie par l’élan de nos militants, dans tous nos pays, par d’innombrables associations in
1062 l’élan de nos militants, dans tous nos pays, par d’ innombrables associations indépendantes à la fois des partis, des rout
1063 ues et des gouvernements. Il y a là quelque chose de très neuf, quelque chose qui n’existait pas derrière la Ligue des Nat
1064 stait pas derrière la Ligue des Nations, un trait d’ union vivant entre les peuples dans leur réalité humaine, et les offic
1065 qu’on a pu sentir à Strasbourg passer un souffle de grand air, une volonté d’action et de rénovation. Dans cette grande s
1066 bourg passer un souffle de grand air, une volonté d’ action et de rénovation. Dans cette grande salle carrée, aux tentures
1067 un souffle de grand air, une volonté d’action et de rénovation. Dans cette grande salle carrée, aux tentures claires et d
1068 ette grande salle carrée, aux tentures claires et d’ aspect très moderne, on avait réservé un hémicycle pour les cent déput
1069 te du parterre, entourait l’Assemblée, la serrait de près, et l’on peut y voir un symbole… Il y en avait bien d’autres. L’
1070 la Chambre française, mais chaque député parlait de sa place, comme à la Chambre des communes, et l’atmosphère était auss
1071 u’à notre Conseil national. Seulement, on parlait de l’Europe, de la famille européenne, pour la première fois dans l’hist
1072 seil national. Seulement, on parlait de l’Europe, de la famille européenne, pour la première fois dans l’histoire devenue
1073 s yeux, mais non, je ne rêvais pas : le Parlement de l’Europe existait, physiquement, malgré tous ceux qui nous disaient e
1074 ore l’hiver dernier, qu’il faudrait une vingtaine d’ années pour mûrir ce projet d’utopie. Et certes, l’Assemblée consultat
1075 drait une vingtaine d’années pour mûrir ce projet d’ utopie. Et certes, l’Assemblée consultative n’est pas encore dotée des
1076 elle fonctionne et rien ne pourra plus l’empêcher de conquérir, pas à pas, ces pouvoirs, jusqu’au jour où les peuples eux-
1077 sans doute. À la question : « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » Je puis donc vous répondre oui, sans hésiter, parce qu
1078 ous répondre oui, sans hésiter, parce que j’ai vu de mes yeux ce Parlement, parce que j’ai senti qu’il existe autrement qu
1079 . C’est l’essentiel. C’est l’événement qui domine de haut notre année, c’est une actualité qui rayonnera longtemps. Et si
23 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les résultats de Strasbourg (10 octobre 1949)
1080 Demain l’Europe ! — Les résultats de Strasbourg (10 octobre 1949) Chers auditeurs, Il est temps que j’en
1081 aux résultats acquis par l’Assemblée consultative de Strasbourg, à la fin de sa première session. Je voudrais vous en parl
1082 l’Assemblée consultative de Strasbourg, à la fin de sa première session. Je voudrais vous en parler sans trop de détails
1083 ère session. Je voudrais vous en parler sans trop de détails techniques, mais cependant, il est bon d’en donner quelques-u
1084 de détails techniques, mais cependant, il est bon d’ en donner quelques-uns, pour vous faire entrevoir la nature et le nomb
1085 mblée, en quelques jours, a su montrer sa volonté de devenir un vrai parlement. En affirmant son autonomie à l’égard du Co
1086 ui représentait les États ; en prenant la liberté de fixer ses ordres du jour ; en habituant des hommes de pays et de part
1087 ixer ses ordres du jour ; en habituant des hommes de pays et de partis différents à repenser tous les problèmes du point d
1088 dres du jour ; en habituant des hommes de pays et de partis différents à repenser tous les problèmes du point de vue de l’
1089 nts à repenser tous les problèmes du point de vue de l’Europe en général, et non pas du point de vue de leur seule nation,
1090 e l’Europe en général, et non pas du point de vue de leur seule nation, l’Assemblée a ébauché l’image d’une communauté de
1091 leur seule nation, l’Assemblée a ébauché l’image d’ une communauté de nos peuples par-dessus les frontières en dépit de le
1092 n, l’Assemblée a ébauché l’image d’une communauté de nos peuples par-dessus les frontières en dépit de leurs États. Elle s
1093 d comme un pouvoir législatif en puissance. Forte de ce succès, l’Assemblée a aussitôt proposé la création d’un pouvoir ju
1094 uccès, l’Assemblée a aussitôt proposé la création d’ un pouvoir judiciaire européen. De quoi s’agissait-il ? De garantir le
1095 osé la création d’un pouvoir judiciaire européen. De quoi s’agissait-il ? De garantir les droits de chaque citoyen, vous o
1096 voir judiciaire européen. De quoi s’agissait-il ? De garantir les droits de chaque citoyen, vous ou moi, contre la toute-p
1097 n. De quoi s’agissait-il ? De garantir les droits de chaque citoyen, vous ou moi, contre la toute-puissance des États souv
1098 ute-puissance des États souverains. Il s’agissait de donner à chacun, vous ou moi, une possibilité de recours contre les i
1099 de donner à chacun, vous ou moi, une possibilité de recours contre les injustices commises au nom d’un gouvernement, ou a
1100 ujourd’hui. Il n’y a rien, aujourd’hui, au-dessus de l’État. Il faut donc créer une Cour des droits de l’homme, capable d’
1101 onc créer une Cour des droits de l’homme, capable d’ intervenir dans chacun de nos pays pour y faire respecter les libertés
1102 oits de l’homme, capable d’intervenir dans chacun de nos pays pour y faire respecter les libertés fondamentales de chaque
1103 pour y faire respecter les libertés fondamentales de chaque personne. C’est un jeune député et ministre français, l’énergi
1104 i Teitgen, qui a présenté à l’Assemblée le projet d’ une Cour suprême des droits de l’homme, tel que notre Mouvement europé
1105 erait pas qu’un citoyen anglais allât se plaindre de ses autorités devant une cour internationale. Pourtant, c’est bien à
1106 dent tous nos efforts : nous voulons qu’au-dessus de chacun de nos États, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de r
1107 nos efforts : nous voulons qu’au-dessus de chacun de nos États, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de réprimer le
1108 tats, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de réprimer les abus qui seraient commis au nom de l’égoïsme national, o
1109 seraient commis au nom de l’égoïsme national, ou de la volonté de puissance d’un seul parti. Ce que nous voulons, c’est e
1110 is au nom de l’égoïsme national, ou de la volonté de puissance d’un seul parti. Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équ
1111 l’égoïsme national, ou de la volonté de puissance d’ un seul parti. Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équivalent europ
1112 somme, l’équivalent européen du Tribunal fédéral de la Suisse. Dans le domaine économique, l’Assemblée a proposé un certa
1113 onomique, l’Assemblée a proposé un certain nombre de mesures tendant à la libre circulation des marchandises et des capita
1114 ope tout entière. Cette proposition a été traitée de « billevesée » par le même M. Dalton. On a compris les raisons de son
1115 » par le même M. Dalton. On a compris les raisons de son opposition, quelques jours plus tard, lorsqu’une délégation brita
1116 à Washington pour y négocier seule la dévaluation de la livre, au détriment du reste de l’Europe. Rien ne saurait mieux il
1117 la dévaluation de la livre, au détriment du reste de l’Europe. Rien ne saurait mieux illustrer l’urgence et la nécessité d
1118 saurait mieux illustrer l’urgence et la nécessité de l’union économique demandée par Strasbourg. Enfin, l’Assemblée a émis
1119 ssemblée a émis, à l’unanimité, un certain nombre de vœux pratiques tels que la création d’un Centre européen de la cultur
1120 ain nombre de vœux pratiques tels que la création d’ un Centre européen de la culture (dont l’embryon existe à Genève) et l
1121 n existe à Genève) et la mise à l’étude immédiate d’ un passeport européen. Ce ne sont là que des vœux, direz-vous. Oui, ce
1122 tes, mais ils sont appuyés par la volonté unanime de l’Assemblée consultative. Or celle-ci se compose de députés régulière
1123 l’Assemblée consultative. Or celle-ci se compose de députés régulièrement élus par douze parlements européens. La plupart
1124 opéens. La plupart de ces délégués sont les chefs de fractions politiques importantes. Il est donc probable qu’ils arriver
1125 urg. Vous voyez donc que malgré son titre modeste d’ Assemblée consultative, le Parlement de Strasbourg peut devenir un ins
1126 re modeste d’Assemblée consultative, le Parlement de Strasbourg peut devenir un instrument très efficace d’unification de
1127 rasbourg peut devenir un instrument très efficace d’ unification de l’Europe. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et
1128 devenir un instrument très efficace d’unification de l’Europe. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et de mesure, ne
1129 ope. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et de mesure, ne restera pas sans lendemain. Un dernier mot : presque toute
1130 servateurs américains qui assistaient aux travaux de l’Assemblée et qui ont pu voir notre Mouvement à l’œuvre dans les cou
1131 iait un jour devant moi : « J’ai été témoin, ici, de choses stupéfiantes pour nous autres Américains ! L’Assemblée existe,
1132 ankee, et par la seule action, presque invisible, d’ un très petit nombre d’hommes qui ont su voir juste ! » Je lui ai dit 
1133 action, presque invisible, d’un très petit nombre d’ hommes qui ont su voir juste ! » Je lui ai dit : cher ami, en somme, v
24 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Que pouvez-vous faire ? (17 octobre 1949)
1134 s, Depuis que j’ai repris cette chronique, en fin d’ été, je vous ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui
1135 chronique, en fin d’été, je vous ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui s’est fait déjà au cours de sa p
1136 us ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui s’est fait déjà au cours de sa première session, mais aussi de
1137 action la crise anglaise entre autres. J’ai tâché de vous faire voir, en résumé, que l’union fédérale du continent est en
1138 bonne voie, que l’Assemblée de Strasbourg permet de grands espoirs, mais que l’attitude britannique, pour le moment, fait
1139 on. Tout cela met en jeu des forces politiques et de grands intérêts économiques sur lesquels nous ne pouvons rien. En un
1140 , et nos bonnes volontés ne trouvent pas le moyen d’ entrer dans cette action, dont pourtant dépend notre avenir. Ce sentim
1141 , dont pourtant dépend notre avenir. Ce sentiment d’ impuissance qui étreint les individus, devant l’évolution de monde, il
1142 nce qui étreint les individus, devant l’évolution de monde, il est bien caractéristique de notre siècle, d’un siècle qui a
1143 l’évolution de monde, il est bien caractéristique de notre siècle, d’un siècle qui a vécu deux guerres mondiales, que pers
1144 nde, il est bien caractéristique de notre siècle, d’ un siècle qui a vécu deux guerres mondiales, que personne ne voulait e
1145 tous faites, ou subies. C’est contre ce sentiment d’ impuissance, angoissant, mais aussi en partie illusoire, que je voudra
1146 ire, que je voudrais parler ce soir. Une question d’ un de mes auditeurs de La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom d
1147 que je voudrais parler ce soir. Une question d’un de mes auditeurs de La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom de plu
1148 arler ce soir. Une question d’un de mes auditeurs de La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom de plusieurs autres, m’
1149 -il, les simples pékins pour soutenir les efforts de ceux qui œuvrent pour l’Europe unie ? » Que pouvons-nous faire, chacu
1150 l’Europe unie ? » Que pouvons-nous faire, chacun de nous ? Oui, voilà bien la grande question, la vraie question humaine
1151 ien la grande question, la vraie question humaine de notre temps. Une question simple, élémentaire, mais qui va droit au f
1152 is qui va droit au fond des choses. Car il s’agit de savoir, aujourd’hui, si l’homme, l’individu, chacun de vous n’a plus
1153 voir, aujourd’hui, si l’homme, l’individu, chacun de vous n’a plus qu’à démissionner en attendant d’être réduit en poussiè
1154 n de vous n’a plus qu’à démissionner en attendant d’ être réduit en poussière atomique, ou bien si, au contraire, il est en
1155 , ou bien si, au contraire, il est encore capable de reprendre en main son destin, de secouer les fatalités de guerre, de
1156 t encore capable de reprendre en main son destin, de secouer les fatalités de guerre, de misère et de honte, qui s’accumul
1157 ndre en main son destin, de secouer les fatalités de guerre, de misère et de honte, qui s’accumulent sur un proche horizon
1158 n son destin, de secouer les fatalités de guerre, de misère et de honte, qui s’accumulent sur un proche horizon. Que devon
1159 de secouer les fatalités de guerre, de misère et de honte, qui s’accumulent sur un proche horizon. Que devons-nous faire 
1160 réveiller d’abord ! Car nous dormons, sur le bord d’ un abîme. Et peu nombreux, encore, sont les « simples pékins » qui s’e
1161 us dormons à côté des bombes atomiques, des tubes de bactéries dont un seul (disait hier un savant canadien) peut faire mo
1162 peut faire mourir en une heure tous les habitants d’ une grande ville d’Europe. Nous dormons sur le seuil d’une crise écono
1163 n une heure tous les habitants d’une grande ville d’ Europe. Nous dormons sur le seuil d’une crise économique sans précéden
1164 grande ville d’Europe. Nous dormons sur le seuil d’ une crise économique sans précédent. Nous dormons dans une Europe qui,
1165 ns ce péril ? Eh bien, on ne demande pas à chacun de vous de repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa pa
1166 ril ? Eh bien, on ne demande pas à chacun de vous de repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa part tous
1167 demande pas à chacun de vous de repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa part tous les grands problèmes
1168 de vous de repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa part tous les grands problèmes du siècle. On demande
1169 s grands problèmes du siècle. On demande à chacun de vous simplement de sortir de son isolement, car c’est l’isolement qui
1170 du siècle. On demande à chacun de vous simplement de sortir de son isolement, car c’est l’isolement qui produit ce sentime
1171 On demande à chacun de vous simplement de sortir de son isolement, car c’est l’isolement qui produit ce sentiment d’impui
1172 t, car c’est l’isolement qui produit ce sentiment d’ impuissance dont je parlais. On demande aux hommes qui veulent agir de
1173 e parlais. On demande aux hommes qui veulent agir de se grouper et d’être prêts. Comment le faire ? Voici quelques conseil
1174 ande aux hommes qui veulent agir de se grouper et d’ être prêts. Comment le faire ? Voici quelques conseils pratiques. Dans
1175 onseils pratiques. Dans presque toutes nos villes de Suisse, il existe des sections de l’Union européenne des fédéralistes
1176 utes nos villes de Suisse, il existe des sections de l’Union européenne des fédéralistes, qui est une des branches du gran
1177 des branches du grand Mouvement européen. Chacun de vous peut écrire à la section locale de l’Union européenne. Chacun de
1178 n. Chacun de vous peut écrire à la section locale de l’Union européenne. Chacun de vous peut y entrer demain moyennant une
1179 à la section locale de l’Union européenne. Chacun de vous peut y entrer demain moyennant une petite cotisation annuelle. M
1180 ns cette Union européenne, qu’aurons-nous à faire de précis, de concret ? Allez-vous me dire. Deux choses. Tout d’abord, v
1181 ion européenne, qu’aurons-nous à faire de précis, de concret ? Allez-vous me dire. Deux choses. Tout d’abord, vous serez t
1182 choses. Tout d’abord, vous serez tenus au courant de l’action générale pour la fédération, et vous pourrez y faire entendr
1183 l’idée fédéraliste européenne, seul grand espoir de notre continent, vous aurez à recruter des adhérents, à distribuer de
1184 étiser les engagements qui furent pris au congrès de La Haye, il y a un an, par 800 Européens unanimes, militants ou minis
1185 vous relis le dernier paragraphe : Nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
1186 agraphe : Nous prenons de bonne foi l’engagement d’ appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos pa
1187 Nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans
1188 t les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, po
1189 ent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qu
1190 e salut public, suprême chance de la paix et gage d’ un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront. À l
1191 , faites-la surtout adopter par la section locale de votre parti comme cela vient de se faire à Genève lundi dernier au Pa
1192 prononce publiquement en faveur de la fédération de nos peuples. Car une fois que tous les partis en auront ainsi décidé
1193 ans chaque pays, pour l’adoption du Pacte fédéral de l’Europe par un référendum de tous les peuples. Voici la route à suiv
1194 on du Pacte fédéral de l’Europe par un référendum de tous les peuples. Voici la route à suivre, elle est simple, entrez-y.
1195 n Europe, il est très tard. Mais il dépend encore de chacun de vous, chers auditeurs, qu’il ne soit pas trop tard. Avec vo
1196 il est très tard. Mais il dépend encore de chacun de vous, chers auditeurs, qu’il ne soit pas trop tard. Avec vous tous, p
1197 s gagnerons. Mais pas sans vous ! Pas sans chacun de vous ! Et non pas après-demain, mais demain. Car après-demain, sans v
1198 in. Car après-demain, sans vous, il n’y aura plus d’ Europe, si nous dormons. Je vous parlerai la prochaine fois du rôle qu
25 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Militer pour la fédération (24 octobre 1949)
1199 le commencement, entrez dans nos sections locales de notre Union européenne en Suisse. Cette causerie de lundi dernier m’a
1200 notre Union européenne en Suisse. Cette causerie de lundi dernier m’a valu deux séries de questions ? Les unes portant su
1201 te causerie de lundi dernier m’a valu deux séries de questions ? Les unes portant sur l’utilité générale d’une telle démar
1202 estions ? Les unes portant sur l’utilité générale d’ une telle démarche, les autres plus immédiatement pratiques. Je vais y
1203 oses et, croyez-moi, cela n’empêchera ni la terre de tourner, ni la guerre d’arriver, ni la bombe de sauter. À cette quest
1204 n’empêchera ni la terre de tourner, ni la guerre d’ arriver, ni la bombe de sauter. À cette question, où à ce scepticisme,
1205 e de tourner, ni la guerre d’arriver, ni la bombe de sauter. À cette question, où à ce scepticisme, je me contenterai de r
1206 question, où à ce scepticisme, je me contenterai de répondre par un chiffre. Je ne pense pas que nous soyons en Europe pl
1207 e. Je ne pense pas que nous soyons en Europe plus de 150 000 militants de l’action pour unir nos peuples. Or, ces 150 000
1208 e nous soyons en Europe plus de 150 000 militants de l’action pour unir nos peuples. Or, ces 150 000 militants ont réussi
1209 es. Or, ces 150 000 militants ont réussi en moins d’ un an un véritable tour de force historique. C’est à leur volonté et à
1210 nts ont réussi en moins d’un an un véritable tour de force historique. C’est à leur volonté et à leurs plans, c’est à leur
1211 réation du Conseil de l’Europe, et la convocation de l’Assemblée de Strasbourg, c’est-à-dire du premier parlement continen
1212 du premier parlement continental, après 2000 ans de divisions. Ce n’est pas si mal pour commencer et si 150 000 ont pu fa
1213 ont pas l’année prochaine 500 000 [ou] un million de militants ? Ceci dit, venons-en à vos questions pratiques. Beaucoup d
1214 écrit en substance : « C’est vraiment trop gentil de nous inviter, mais vous oubliez le principal, vous avez oublié l’adre
1215 , vous avez oublié l’adresse à laquelle il s’agit de se rendre. » À vrai dire, mes chers auditeurs, cet oubli n’était pas
1216 ment accidentel, tout d’abord, il m’est difficile d’ utiliser les 6 minutes que le directeur de Radio-Genève, M. Dovaz, met
1217 fficile d’utiliser les 6 minutes que le directeur de Radio-Genève, M. Dovaz, met à ma disposition — d’utiliser ces 6 préci
1218 de Radio-Genève, M. Dovaz, met à ma disposition —  d’ utiliser ces 6 précieuses minutes pour vous lire mon carnet d’adresses
1219 es 6 précieuses minutes pour vous lire mon carnet d’ adresses ! — car nous avons des groupes dans presque toutes les villes
1220 ns presque toutes les villes et grandes localités de la Suisse… Ensuite, je me suis dit qu’il n’était pas mauvais que ceux
1221 action le manifestent par un petit effort, celui de se renseigner par leurs propres moyens. Beaucoup l’ont fait. Certains
1222 t Steffan. Attendez ! Prenez un crayon et un bout de papier, voulez-vous, je vais répéter lentement : M. Ernest Steffan, S
1223 se postale 1833, Lausanne. M. Steffan est accablé de travail. Mais il vous répondra, je m’en porte garant, je le connais b
1224 donnera l’adresse du groupe fédéraliste européen de votre ville ou de votre région, et toutes informations souhaitables.
1225 du groupe fédéraliste européen de votre ville ou de votre région, et toutes informations souhaitables. Si par hasard, dan
1226 Si par hasard, dans votre ville, il n’existe pas de section de notre Union européenne, alors il est doublement urgent que
1227 ard, dans votre ville, il n’existe pas de section de notre Union européenne, alors il est doublement urgent que vous écriv
1228 r l’aider à devenir ce qu’il doit être : un foyer de civisme élargi, une cellule de l’Europe fédérale. Je vous l’ai dit lu
1229 it être : un foyer de civisme élargi, une cellule de l’Europe fédérale. Je vous l’ai dit lundi dernier et je le répète : c
1230 e vous offre l’Union européenne, c’est l’occasion de militer, dans vos milieux, pour une action réelle, qui a déjà démarré
1231 n’est pas un parti. Et c’est encore bien moins un de ces rassemblements de désespérés et de déracinés sociaux, disciplinés
1232 c’est encore bien moins un de ces rassemblements de désespérés et de déracinés sociaux, disciplinés à la schlague ou au k
1233 n moins un de ces rassemblements de désespérés et de déracinés sociaux, disciplinés à la schlague ou au knout, dressés pou
1234 ef brutal. Nous ne voulons pas former des troupes de choc ! Nous en avons assez des appels à la haine, naissant du désespo
1235 l’aggravant avec furie. Si je vous parle ce soir de militer, c’est dans un sens vraiment nouveau pour notre siècle. Nous
1236 t nouveau pour notre siècle. Nous ne voulons plus de soldats politiques, mais des citoyens alertés, prêts à parler, et prê
1237 s à parler, et prêts à exiger les moyens concrets de la paix, — c’est-à-dire la fédération, à bref délai, de tous les peup
1238 paix, — c’est-à-dire la fédération, à bref délai, de tous les peuples restés libres en Europe, 300 millions d’hommes et de
1239 les peuples restés libres en Europe, 300 millions d’ hommes et de femmes qui ont subi les deux guerres et refusent la trois
1240 restés libres en Europe, 300 millions d’hommes et de femmes qui ont subi les deux guerres et refusent la troisième. Un ins
1241 l du Mouvement européen ? Savez-vous qu’au bureau de ce conseil siègent désormais les 4 présidents des partis socialiste,
1242 s n’en sommes pas un ! Et qu’il y a quelque chose de neuf, dans notre Suisse comme partout en Europe. Tout cela signifie,
1243 , que vous n’aurez jamais une plus belle occasion d’ entrer dans un mouvement en plein essor, et d’agir selon vos moyens, à
1244 ion d’entrer dans un mouvement en plein essor, et d’ agir selon vos moyens, à l’échelle quotidienne et dans votre milieu, p
1245 est peu de pays où l’opinion publique ait autant de pouvoir qu’en Suisse. Le Conseil fédéral, ni les Chambres, ne feront
1246 — le rôle des Suisses ? C’est à quoi j’essaierai de répondre au cours de mes prochaines causeries. Au revoir, mes chers a
26 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et Strasbourg (31 octobre 1949)
1247 er sa réserve ? Doit-elle y persister, ou changer d’ attitude ? Telles sont les délicates, mais pressantes questions qui se
1248 osent à nous désormais, et auxquelles j’essaierai de faire face, ce soir et d’autres fois encore, sans doute. Voyons les f
1249 ts. Le Conseil de l’Europe se compose aujourd’hui de 13 États : Ce sont les 3 États scandinaves, les 3 États du Benelux, l
1250 de cet hiver. L’Autriche n’attend que son traité de paix, qui ne saurait longtemps tarder. Il ne restera donc, dans quelq
1251 Le Portugal, l’Espagne et la Suisse. Les raisons de l’abstention des États ibériques sont évidentes et bien connues. Il l
1252 et bien connues. Il leur est, en effet, difficile de souscrire à la Charte du Conseil de l’Europe, qui garantit, sans rest
1253 ment. Peut-elle donner une raison simple et nette de son absence au Parlement européen ? Vous allez dire Neutralité. Natur
1254 les choses comme elles sont : le fameux argument de notre neutralité, qui semble si frappant, ne vaut absolument rien. Ce
1255 et n’est pas une alliance militaire, la question de la neutralité n’est pas touchée par lui, n’est pas en cause. Rien, pa
1256 mot, dans le statut qui est, et doit rester celui de notre pays, rien dans notre statut de neutralité ne saurait justifier
1257 ester celui de notre pays, rien dans notre statut de neutralité ne saurait justifier notre absence à Strasbourg. Voilà le
1258 très complexe, et voilà bien pourquoi la position de la Suisse n’est pas des plus faciles à justifier, aux yeux de nos voi
1259 nde, et même des Suisses. Essayons, pour ce soir, de déblayer le terrain, d’énumérer les arguments. Une autre fois, je vou
1260 . Essayons, pour ce soir, de déblayer le terrain, d’ énumérer les arguments. Une autre fois, je vous dirai mon choix. Il y
1261 rai mon choix. Il y a pour justifier l’abstention de la Suisse de bonnes et de mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mau
1262 . Il y a pour justifier l’abstention de la Suisse de bonnes et de mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mauvaises. Il y
1263 justifier l’abstention de la Suisse de bonnes et de mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mauvaises. Il y a les gens qu
1264 p plus mal chez nos voisins. Nous sommes des gens de sens rassis, pacifiques et, ma foi, plutôt prospères ; pas tout à fai
1265 débrouiller, et poursuivons notre petit bonhomme de chemin. À quoi La Rochefoucauld répond : « C’est une grande folie que
1266 chefoucauld répond : « C’est une grande folie que de vouloir être sage tout seul. » Dans le cas présent, c’est surtout de
1267 e tout seul. » Dans le cas présent, c’est surtout de la sottise. Car il est évident que la Suisse, si l’Europe est ruinée,
1268 urope est ruinée, n’ira pas loin sur son bonhomme de chemin. Il y a les gens qui disent ; surtout, pas d’imprudences ; ou,
1269 chemin. Il y a les gens qui disent ; surtout, pas d’ imprudences ; ou, comme à Berne : pas de précipitation ! Attendons de
1270 tout, pas d’imprudences ; ou, comme à Berne : pas de précipitation ! Attendons de voir un peu ce que ça donnera, cette esp
1271 comme à Berne : pas de précipitation ! Attendons de voir un peu ce que ça donnera, cette espèce de Conseil de l’Europe. Q
1272 ns de voir un peu ce que ça donnera, cette espèce de Conseil de l’Europe. Quand il aura bien fait ses preuves, on y entrer
1273 osaïques à souhait, en un mot : tout ce qu’il y a de sérieux… Dans le cas présent, ils sont plutôt cigales. Ils laissent l
1274 ailler, demandent à voir, critiquent, exigent, en de pompeux éditoriaux, jouent les sceptiques et les grands réalistes, et
1275  : « Eh bien, dansez, maintenant ! » À notre tour de faire sans vous ! Mais, il y a d’autre part, de bonnes raisons ou tou
1276 r de faire sans vous ! Mais, il y a d’autre part, de bonnes raisons ou tout au moins, des raisons honorables, qui justifie
1277 es, ne peut grouper que les nations démocratiques de l’Occident, qu’elles soient capitalistes ou socialistes, d’ailleurs,
1278 Encore faudrait-il dire clairement s’il s’agit là de grands principes ou de gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : somm
1279 clairement s’il s’agit là de grands principes ou de gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : sommes-nous vraiment tout à
1280 it neutres, entre l’URSS et les USA ? Notre genre de vie et nos goûts, nos libertés, notre civisme, n’auraient-ils pas déj
1281 e-t-on vraiment que l’un des camps nous saura gré de n’avoir pas voulu prendre parti ? Cela me paraît au moins douteux. Je
1282 mes. Lundi prochain, j’aborderai d’autres aspects de cette question brûlante. Et j’espère vous conduire non pas devant un
1283 conduire non pas devant un choix, mais à l’entrée d’ une voie raisonnable et humaine, sans aucun esprit partisan. Au revoir
27 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Amérique veut nous unir (7 novembre 1949)
1284 lundi dernier, la question difficile et délicate d’ une participation de la Suisse au Conseil de l’Europe. J’y reviendrai,
1285 uestion difficile et délicate d’une participation de la Suisse au Conseil de l’Europe. J’y reviendrai, c’est bien certain.
1286 en certain. Mais, ce soir, il me faut vous parler d’ une évolution importante qui s’est manifestée pendant la semaine derni
1287 dans un très proche avenir. Il s’agit, en effet, de la première intervention officielle et pressante des Américains, en f
1288 et pressante des Américains, en faveur de l’union de l’Europe. C’est à l’occasion d’une session de l’Organisation européen
1289 faveur de l’union de l’Europe. C’est à l’occasion d’ une session de l’Organisation européenne de coopération économique, l’
1290 ion de l’Europe. C’est à l’occasion d’une session de l’Organisation européenne de coopération économique, l’OECE — que l’o
1291 casion d’une session de l’Organisation européenne de coopération économique, l’OECE — que l’offensive américaine s’est déc
1292 Marshall, est venu prononcer devant les ministres de 19 pays européens, un discours dont la portée dépasse largement celle
1293 s ce domaine. Je ne ferai pas l’analyse détaillée de ce discours : tous les journaux l’ont publié, et d’ailleurs il peut f
1294 clarté souhaitable, que si l’Europe ne décide pas de se fédérer dans un proche avenir, l’Amérique la laissera tomber. Quel
1295 ie, mais des plus fermes ? Pris en flagrant délit d’ incapacité à s’unir — doublée d’une mauvaise volonté évidente de la pa
1296 en flagrant délit d’incapacité à s’unir — doublée d’ une mauvaise volonté évidente de la part des Anglais — après des mois
1297 évidente de la part des Anglais — après des mois de tergiversations et de demi-mesures ou quart de mesures, les ministres
1298 es Anglais — après des mois de tergiversations et de demi-mesures ou quart de mesures, les ministres se sont empressés de
1299 is de tergiversations et de demi-mesures ou quart de mesures, les ministres se sont empressés de déclarer l’un après l’aut
1300 quart de mesures, les ministres se sont empressés de déclarer l’un après l’autre qu’ils étaient bien d’accord, qu’ils alla
1301 solutions, et l’OECE elle aussi, a pris une série de résolutions, dont voici la première : « Le Conseil de l’OECE reconnaî
1302 ésolutions, dont voici la première : « Le Conseil de l’OECE reconnaît la nécessité de créer un vaste marché unique en Euro
1303 e : « Le Conseil de l’OECE reconnaît la nécessité de créer un vaste marché unique en Europe, dans lequel les biens et serv
1304 mbent dans leurs mauvaises habitudes. Ils parlent de la nécessité d’aller bien lentement, par toutes petites étapes, et ce
1305 mauvaises habitudes. Ils parlent de la nécessité d’ aller bien lentement, par toutes petites étapes, et cela veut dire qu’
1306 bien décidés à ne gêner personne, à ne pas exiger de trop grands sacrifices de la part des États. Ils acceptent de réduire
1307 ds sacrifices de la part des États. Ils acceptent de réduire les tarifs douaniers, oui certes, mais seulement si les exper
1308 es n’en souffrent pas trop. Bref, sous le couvert de formules prudentes et techniques, ils battent en retraite, ils recule
1309 ils reculent une fois de plus devant la nécessité d’ une véritable révolution fédéraliste, d’une union réelle, rapide, comp
1310 nécessité d’une véritable révolution fédéraliste, d’ une union réelle, rapide, complète, telle que la demandent les América
1311 les Américains, et telle que l’exigent avec plus de force les menaces de ruine qui pèsent sur notre continent. L’opinion
1312 elle que l’exigent avec plus de force les menaces de ruine qui pèsent sur notre continent. L’opinion américaine ne s’est p
1313 par leur oui hésitant, par ce oui aussitôt suivi d’ un peut-être et d’une vingtaine de si. Car en réalité, et malgré tant
1314 tant, par ce oui aussitôt suivi d’un peut-être et d’ une vingtaine de si. Car en réalité, et malgré tant de belles paroles
1315 aussitôt suivi d’un peut-être et d’une vingtaine de si. Car en réalité, et malgré tant de belles paroles officielles, que
1316 ent Paul Reynaud, à donner le spectacle grotesque de 19 États dont chacun voudrait grimper sur le dos du voisin. Quand nou
1317 isin. Quand nous parlions, nous les fédéralistes, de la nécessité d’une union économique rapide et totale, les experts des
1318 parlions, nous les fédéralistes, de la nécessité d’ une union économique rapide et totale, les experts des gouvernements n
1319 chiffres en main que c’était une utopie, une idée d’ amateurs. Et voici qu’aujourd’hui c’est la plus grande puissance écono
1320 économique du monde, l’Amérique, — et par la voix de son expert numéro un, M. Hoffman, qui vient dire à nos États : « Les
1321 raison, ce sont eux qui montraient la seule voie de salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de
1322 salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de votre absence de vues
1323 Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de votre absence de vues larges et fermes
1324 s de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de votre absence de vues larges et fermes. Unissez-vous et vite, ou alor
1325 , de vos objections tatillonnes, de votre absence de vues larges et fermes. Unissez-vous et vite, ou alors débrouillez-vou
1326 iennent sur vous. » Il y a deux jours, un journal de Paris, et peut-être le plus sérieux, publiait en énorme manchette la
1327 cidentaux, les États-Unis proposeraient un projet de fédération européenne. » Et l’on annonçait que M. Acheson viendrait s
1328 te nouvelle y faisait sensation, dans les milieux d’ affaires comme dans les milieux politiques. Et beaucoup de gens disaie
1329 t l’Europe qui a jadis, contribué à la libération de l’Amérique ; c’est la France en particulier qui a voulu, contre les A
28 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et Strasbourg (II) (14 novembre 1949)
1330 Rien, dans notre neutralité, n’empêche la Suisse d’ entrer au Conseil de l’Europe. Rien, pas un mot, et pas un seul instan
1331 e vous disais récemment, pour le grand étonnement de plusieurs d’entre vous, et je le répète avec la plus vive insistance.
1332 seulement la neutralité n’interdit pas à ce pays de faire partie du Conseil de l’Europe, et d’envoyer des députés à l’Ass
1333 e pays de faire partie du Conseil de l’Europe, et d’ envoyer des députés à l’Assemblée consultative, mais encore, la neutra
1334 sommes tous prêts à défendre, nous fait un devoir de paraître à Strasbourg, et d’y affirmer notre point de vue. Suis-je as
1335 nous fait un devoir de paraître à Strasbourg, et d’ y affirmer notre point de vue. Suis-je assez clair ? Faut-il préciser
1336 out : la Suisse est neutre, elle est donc obligée de se tenir à l’écart pour le moment. Mais je vous dis, et je compte le
1337 té. C’est ce paradoxe apparent que je vais tenter de vous expliquer en cinq minutes. Plusieurs de nos journaux ont déjà ex
1338 nter de vous expliquer en cinq minutes. Plusieurs de nos journaux ont déjà exprimé, non sans mille précautions d’ailleurs,
1339 , et devrait même considérer avec prudence l’idée de s’en rapprocher, peut-être un jour ou l’autre, éventuellement, et pas
1340 e n’aime pas beaucoup cet argument, cette manière de courir lentement après les autres, à seule fin de n’être pas oubliés
1341 de courir lentement après les autres, à seule fin de n’être pas oubliés si jamais l’on partage le gâteau. À supposer que n
1342 on nous demandera sans doute d’autres raisons, et de notre arrivée tardive, et de notre désir d’être « dans le coup ». On
1343 d’autres raisons, et de notre arrivée tardive, et de notre désir d’être « dans le coup ». On nous demandera des raisons po
1344 s, et de notre arrivée tardive, et de notre désir d’ être « dans le coup ». On nous demandera des raisons positives. On nou
1345 mi toutes les nations du continent : c’est l’idée de la neutralité, telle qu’elle la vit et l’a vécue depuis cent ans. Cet
1346 rop vrai — que la neutralité n’est qu’une manière de laisser les autres se battre, et d’amasser des bénéfices à leurs dépe
1347 u’une manière de laisser les autres se battre, et d’ amasser des bénéfices à leurs dépens. Il faut prévoir que si nous appo
1348 Il faut prévoir que si nous apportons cette idée de neutralité, on commencera par nous répondre : — Merci, vous êtes vrai
1349 : ce que nous appelons neutralité, c’est le refus de considérer la guerre comme une solution praticable. Or vous êtes là,
1350 eurs, pour préparer la paix, pour créer une force de paix. Vous le savez bien, ni la Russie ni l’Amérique ne peuvent gagne
1351 détruire sans fin, on ne peut plus s’emparer que de ruines, de cadavres radioactifs. Un bébé mort par la bombe atomique p
1352 ans fin, on ne peut plus s’emparer que de ruines, de cadavres radioactifs. Un bébé mort par la bombe atomique peut faire m
1353 faiblesses pour en faire une grande force capable de dire aux deux camps : pas cela, pas votre guerre, ou pas ici ! Nous s
1354 e que l’Europe fédérée neutre et armée, cesserait de se sentir plus proche des uns que des autres. Pendant la dernière gue
1355 encore moins. Mais nous pensions servir la cause de la démocratie que nous aimons, en préservant pour notre part un îlot
1356 ous aimons, en préservant pour notre part un îlot de liberté contre la guerre, toujours dictatoriale, toujours totalitaire
1357 urs totalitaire. Agrandir cet îlot aux dimensions de l’Europe, ce serait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de
1358 ait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de nos enfants, — et du même coup servir les intérêts profonds des peupl
1359 ême coup servir les intérêts profonds des peuples de Russie et d’Amérique, en contribuant à empêcher leur guerre, qui sera
1360 ir les intérêts profonds des peuples de Russie et d’ Amérique, en contribuant à empêcher leur guerre, qui serait leur perte
1361 t non pas en dépit de sa neutralité, mais à cause d’ elle, — pour essayer d’en faire triompher le principe et de l’étendre
1362 a neutralité, mais à cause d’elle, — pour essayer d’ en faire triompher le principe et de l’étendre à l’Europe entière. En
1363  pour essayer d’en faire triompher le principe et de l’étendre à l’Europe entière. En disant cela, nous serions à la fois
29 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Encore notre neutralité (21 novembre 1949)
1364 sujet qui touche le plus les Suisses : je parlais de la neutralité. Et je soutenais ce paradoxe, qui dans le fond n’en est
1365 pas malgré sa séculaire neutralité, mais à cause d’ elle, pour la faire triompher, si possible, sur le plan de l’Europe en
1366 pour la faire triompher, si possible, sur le plan de l’Europe entière. Ce point de vue m’a valu quelques approbations, mai
1367 point de vue m’a valu quelques approbations, mais de beaucoup plus nombreuses objections. Je ne puis y répondre en détail,
1368 s donc les grouper en deux classes, en m’excusant de simplifier les arguments de mes correspondants : je suis forcé de sim
1369 lasses, en m’excusant de simplifier les arguments de mes correspondants : je suis forcé de simplifier aussi les miens. Cer
1370 s arguments de mes correspondants : je suis forcé de simplifier aussi les miens. Certains me reprochent de sembler faire d
1371 implifier aussi les miens. Certains me reprochent de sembler faire de la neutralité un idéal, une sorte d’absolu, valable
1372 es miens. Certains me reprochent de sembler faire de la neutralité un idéal, une sorte d’absolu, valable en soi ; alors qu
1373 embler faire de la neutralité un idéal, une sorte d’ absolu, valable en soi ; alors que la neutralité, disent-ils, n’est ri
1374 ; alors que la neutralité, disent-ils, n’est rien d’ autre qu’une politique, et qu’elle ne peut se justifier que par des co
1375 Je ne le suis pas non plus par idéal. Je parlais d’ une mesure politique, qui me paraît opportune pour l’Europe, champ de
1376 isine ou à la salle à manger, à l’heure du souper de la famille. En interdisant aux deux grands l’accès de leur champ de b
1377 a famille. En interdisant aux deux grands l’accès de leur champ de bataille européen, en neutralisant toute l’Europe, nous
1378 eutralisant toute l’Europe, nous avons une chance de salut. Qu’on m’en montre une meilleure, et je veux bien avoir tort. M
1379 e désire s’associer au Conseil de l’Europe, c’est d’ abandonner sa neutralité. Cet abandon ne serait pas un sacrifice offer
1380 e serait pas un sacrifice offert en contre-valeur d’ avantages quelconques, mais un acte de foi en la nouvelle assemblée eu
1381 ntre-valeur d’avantages quelconques, mais un acte de foi en la nouvelle assemblée européenne. » Je suis heureux qu’il y ai
1382 ous des hommes qui pensent ainsi. Je suis heureux de découvrir des auditeurs qui vont plus loin que moi, qui veulent aller
1383 Et je serais le bon premier à m’associer à l’acte de foi qu’on nous propose ici. Mais je ne le crois pas politique. La pol
1384 rité du peuple suisse, qu’il consente un tel acte de foi, me paraît impossible dans le très court délai qui nous reste imp
1385 noncer à la neutralité nécessiterait une révision de la constitution fédérale. Cette révision nécessiterait un vote du peu
1386 e que pratiquement, si l’on subordonnait l’entrée de la Suisse dans le Conseil de l’Europe à l’abandon de notre neutralité
1387 la Suisse dans le Conseil de l’Europe à l’abandon de notre neutralité, nous n’irions jamais à Strasbourg. Or, il se trouve
1388 éalité, et je le répète, la Suisse n’a pas besoin de modifier un seul mot de son statut de neutralité pour pouvoir adhérer
1389 la Suisse n’a pas besoin de modifier un seul mot de son statut de neutralité pour pouvoir adhérer au Conseil de l’Europe,
1390 pas besoin de modifier un seul mot de son statut de neutralité pour pouvoir adhérer au Conseil de l’Europe, ce dernier, n
1391 bourg, tout de suite, sans condition, sans régime de faveur, mais qu’elle y aille avec l’intention nette de défendre devan
1392 veur, mais qu’elle y aille avec l’intention nette de défendre devant l’Assemblée l’idée de la neutralité européenne. Perso
1393 ntion nette de défendre devant l’Assemblée l’idée de la neutralité européenne. Personne ne peut savoir si nous réussirions
1394 sirions. Je vous le disais lundi dernier : l’idée de neutralité n’est pas bien vue chez la plupart de nos voisins. Nous au
1395 e nos voisins. Nous aurions à combattre une masse de préjugés, qui existent aussi chez nous, je ne le sais que trop. Et no
1396 ut, que la neutralité proposée n’est pas un idéal de bourgeois en pantoufles, mais une mesure de sagesse politique, une ch
1397 idéal de bourgeois en pantoufles, mais une mesure de sagesse politique, une chance au moins de sauver l’avenir de l’Europe
1398 mesure de sagesse politique, une chance au moins de sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou d’empêcher la guerre d
1399 politique, une chance au moins de sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou d’empêcher la guerre des Blocs. Tenter ce
1400 hance au moins de sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou d’empêcher la guerre des Blocs. Tenter cette chance, cour
1401 de sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou d’ empêcher la guerre des Blocs. Tenter cette chance, courir ce risque po
1402 e, courir ce risque pour la paix, me paraît digne de nos traditions, et parfaitement possible à bref délai. J’invite donc
1403 i. J’invite donc les fédéralistes qui font partie de notre mouvement à propager autour d’eux cette idée, préparant ainsi l
1404 font partie de notre mouvement à propager autour d’ eux cette idée, préparant ainsi l’opinion pour l’entrée de la Suisse à
1405 tte idée, préparant ainsi l’opinion pour l’entrée de la Suisse à Strasbourg. L’opinion, j’y reviens toujours ! Car c’est e
30 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les suites de Strasbourg (28 novembre 1949)
1406 Demain l’Europe ! — Les suites de Strasbourg (28 novembre 1949) Chers auditeurs, Mes trois dernières
1407 ernières chroniques ont été consacrées à l’examen de la position de la Suisse à l’égard du Conseil de l’Europe. Il était s
1408 ques ont été consacrées à l’examen de la position de la Suisse à l’égard du Conseil de l’Europe. Il était sans doute néces
1409 nseil de l’Europe. Il était sans doute nécessaire d’ aborder franchement cette question, et les lettres que j’ai reçues me
1410 nt, quel que soit l’intérêt — pour nous brûlant —  de notre situation particulière — et je me permets de remarquer en passa
1411 e notre situation particulière — et je me permets de remarquer en passant que chacun de nos pays européens estime sa situa
1412 je me permets de remarquer en passant que chacun de nos pays européens estime sa situation particulière, et digne d’atten
1413 opéens estime sa situation particulière, et digne d’ attentions spéciales ! — le monde a continué de tourner pendant ce tem
1414 ne d’attentions spéciales ! — le monde a continué de tourner pendant ce temps-là, et les événements de se suivre, et il es
1415 de tourner pendant ce temps-là, et les événements de se suivre, et il est temps, je crois, de résumer rapidement les dével
1416 énements de se suivre, et il est temps, je crois, de résumer rapidement les développements récents de notre aventure europ
1417 de résumer rapidement les développements récents de notre aventure européenne. Je ne sais si vous aurez remarqué qu’il n’
1418 si vous aurez remarqué qu’il n’est plus possible d’ ouvrir un journal, depuis quelques semaines, sans y trouver un article
1419 ssemblée de Strasbourg. Je ne parle pas seulement de notre presse suisse, mais aussi de la presse française, britannique,
1420 pas seulement de notre presse suisse, mais aussi de la presse française, britannique, belge, allemande, et même de la pre
1421 française, britannique, belge, allemande, et même de la presse d’outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économiqu
1422 itannique, belge, allemande, et même de la presse d’ outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économique américaine,
1423 la presse d’outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économique américaine, ou du problème allemand, ou de l’attitu
1424 conomique américaine, ou du problème allemand, ou de l’attitude si controversée des Britanniques, on a pris l’habitude de
1425 ntroversée des Britanniques, on a pris l’habitude de se référer à Strasbourg ; Strasbourg est devenu un point de repère, e
1426 rer à Strasbourg ; Strasbourg est devenu un point de repère, et je dirai même un symbole. J’entendais l’autre soir la radi
1427 o française annoncer que M. Robert Schuman venait d’ interrompre les débats de politique étrangère, à la Chambre, pour décl
1428 M. Robert Schuman venait d’interrompre les débats de politique étrangère, à la Chambre, pour déclarer que son gouvernement
1429 ec l’Allemagne, était prêt à soutenir l’admission de ce pays dans le Conseil de l’Europe. Certes, la nouvelle était import
1430 , quoique prévue. Mais ce qui m’a frappé, c’était de constater que le Conseil de l’Europe est désormais devenu une pièce c
1431 ais devenu une pièce considérable sur l’échiquier de la politique des grandes nations, et que la chose a même l’air d’alle
1432 des grandes nations, et que la chose a même l’air d’ aller de soi. Et pourtant, si je me reporte à notre congrès de La Haye
1433 oi. Et pourtant, si je me reporte à notre congrès de La Haye, il y a un an et demi, quel chemin parcouru ! Alors, les quel
1434 s quelques fédéralistes qui osaient lancer l’idée d’ une Assemblée consultative et d’un Conseil de l’Europe, passaient pour
1435 ent lancer l’idée d’une Assemblée consultative et d’ un Conseil de l’Europe, passaient pour des excités totalement dépourvu
1436 au mépris des méthodes éprouvées — nous disait-on d’ un air pompeux et doctoral — vous allez compromettre une cause généreu
1437 irait pas bien loin si l’on en croyait la sagesse de certains éditorialistes, et leur goût des méthodes soi-disant « éprou
1438 ié, et la preuve : c’est que notre utopie du mois de mai 1948, le Conseil de l’Europe, existe bel et bien, et que l’Assemb
1439 s pratiques qu’on peut attendre des délibérations de Strasbourg ? La réponse n’est pas compliquée. Les suites pratiques ne
1440 gouvernements, l’Assemblée n’ayant pour le moment d’ autre pouvoir que celui de proposer, tandis que les États disposent. O
1441 n’ayant pour le moment d’autre pouvoir que celui de proposer, tandis que les États disposent. Or les États se font tirer
1442 sont résignés à faire quelque chose dans le sens d’ une union économique, au conseil de l’OECE, lorsque M. Hoffman, direct
1443 e dans le sens d’une union économique, au conseil de l’OECE, lorsque M. Hoffman, directeur du plan Marshall, les y a ferme
1444 fait est là : presque toutes les recommandations de l’Assemblée de Strasbourg ont été soit refusées par les 13 ministres,
1445 les 13 ministres, soit renvoyées pour supplément d’ études à divers organismes plus ou moins somnolents, ou mal disposés.
1446 omité des ministres s’est opposé à la convocation de commissions permanentes de l’Assemblée, travaillant entre les session
1447 pposé à la convocation de commissions permanentes de l’Assemblée, travaillant entre les sessions. Mais la riposte de l’Ass
1448 , travaillant entre les sessions. Mais la riposte de l’Assemblée ne s’est pas fait attendre. Au lendemain de la publicatio
1449 ssemblée ne s’est pas fait attendre. Au lendemain de la publication des décisions toutes négatives du du comité ministérie
1450 il est le président. Et la commission permanente de l’Assemblée, qu’anime et préside M. Spaak, a fait entendre qu’elle ne
1451 vetos des 13 ministres. C’est donc à une épreuve de force entre l’Assemblée et le Comité des ministres que nous assistons
1452 nera parce qu’elle aura, de plus en plus, l’appui de l’opinion publique européenne. Vous le voyez : j’en reviens toujours
1453 ujours à l’opinion, car c’est la force principale de nos libres démocraties. Et si je n’y croyais pas, je ne vous parlerai
1454 us voulons l’Europe unie ! » C’est à la formation de cette opinion, et au réveil du sentiment européen que les fédéraliste
1455 du Mouvement européen, une Conférence européenne de la culture. Je vous dirai, lundi prochain, comment cette manifestatio
1456 , comment cette manifestation peut contribuer, et d’ une manière peut-être décisive, au réveil nécessaire de la conscience
1457 manière peut-être décisive, au réveil nécessaire de la conscience européenne. Et je vous dirai les deux ou trois raisons
1458 précises qui font que je suis certain qu’au mois de décembre, on parlera dans le monde entier de ce qui sera dit et décid
1459 mois de décembre, on parlera dans le monde entier de ce qui sera dit et décidé dans la capitale vaudoise. Au revoir, à lun
31 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Conférence européenne de la culture (5 décembre 1949)
1460 Demain l’Europe ! — La Conférence européenne de la culture (5 décembre 1949) Chers auditeurs, Dans trois jours, à L
1461 s, à Lausanne, s’ouvrira la Conférence européenne de la culture. Ce n’est pas un congrès de plus. C’est une étape bien déf
1462 ans, notre Mouvement européen. Nous avions décidé d’ agir dans 4 domaines différents. Politiquement, nous avons obtenu un p
1463 domaine économique, nous avons convoqué, au mois d’ avril dernier, une Conférence d’experts à Londres. Dans le domaine soc
1464 convoqué, au mois d’avril dernier, une Conférence d’ experts à Londres. Dans le domaine social, nous préparons avec les che
1465 vec les chefs des syndicats patronaux et ouvriers de toute l’Europe, un congrès qui aura lieu à Rome. Restait le domaine d
1466 congrès qui aura lieu à Rome. Restait le domaine de la culture. C’est à Lausanne que nous avons choisi de réunir une conf
1467 a culture. C’est à Lausanne que nous avons choisi de réunir une conférence qui doit donner aux intellectuels de 20 pays le
1468 une conférence qui doit donner aux intellectuels de 20 pays le signal de la lutte pour l’Europe fédérée. Vous vous direz
1469 oit donner aux intellectuels de 20 pays le signal de la lutte pour l’Europe fédérée. Vous vous direz sans doute que la cul
1470 vous intéresse tous, directement, dans la réalité de chacune de vos vies. Car la culture, au sens européen, ce n’est pas s
1471 sse tous, directement, dans la réalité de chacune de vos vies. Car la culture, au sens européen, ce n’est pas seulement le
1472 s et les professeurs, c’est aussi tout l’ensemble de nos techniques, des découvertes scientifiques dont vivent des million
1473 écouvertes scientifiques dont vivent des millions d’ ouvriers, des procédés de construction et de transport, des progrès de
1474 dont vivent des millions d’ouvriers, des procédés de construction et de transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseig
1475 lions d’ouvriers, des procédés de construction et de transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseignement. C’est enfin
1476 édés de construction et de transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos
1477 tion et de transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos richesses, de no
1478 de l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos richesses, de nos institutions, de tout ce qui a fait du continen
1479 . C’est enfin la source directe de nos richesses, de nos institutions, de tout ce qui a fait du continent européen autre c
1480 ce directe de nos richesses, de nos institutions, de tout ce qui a fait du continent européen autre chose qu’un « cap de l
1481 tériellement, ce qu’il serait resté sans l’esprit d’ invention et sans la foi et sans le génie des hommes qui ont édifié no
1482 ont vains si l’Europe ne retrouve pas une volonté de vivre, de guérir, et de rassembler à cette fin ses énergies morales e
1483 si l’Europe ne retrouve pas une volonté de vivre, de guérir, et de rassembler à cette fin ses énergies morales et intellec
1484 retrouve pas une volonté de vivre, de guérir, et de rassembler à cette fin ses énergies morales et intellectuelles. Révei
1485 conscience commune des pays libres, le sentiment de notre commune appartenance à une culture qui a fait notre grandeur, e
1486 tre grandeur, et qui reste pour nous le sens même de la vie, voilà la condition première, sine qua non, de toute renaissan
1487 a vie, voilà la condition première, sine qua non, de toute renaissance européenne. Tandis que s’esquissent à Strasbourg le
1488 e s’esquissent à Strasbourg les cadres politiques d’ une Europe fédérée, il est grand temps de définir le sens humain et sp
1489 litiques d’une Europe fédérée, il est grand temps de définir le sens humain et spirituel de cette action, la vocation part
1490 rand temps de définir le sens humain et spirituel de cette action, la vocation particulière, dans le monde moderne, de not
1491 la vocation particulière, dans le monde moderne, de notre communauté européenne. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaie
1492 nne. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaierons de dire, en termes simples et frappants, simples et clairs comme un cri
1493 ples et frappants, simples et clairs comme un cri de ralliement, simples et clairs comme un feu dans la nuit. Ce n’est pas
1494 un feu dans la nuit. Ce n’est pas tout. Ce signal de réveil lancé au monde de la culture doit entraîner immédiatement une
1495 ’est pas tout. Ce signal de réveil lancé au monde de la culture doit entraîner immédiatement une volonté d’action commune.
1496 culture doit entraîner immédiatement une volonté d’ action commune. Pratiquement, que faut-il attendre de Lausanne ? Un si
1497 ction commune. Pratiquement, que faut-il attendre de Lausanne ? Un simple rappel des misères et des périls qui nous menace
1498 ous savez qu’aujourd’hui, en Europe, des dizaines de barrières douanières s’opposent à la circulation des instruments de c
1499 ières s’opposent à la circulation des instruments de culture et des personnes, des livres et des étudiants, des films, des
1500 iants, des films, des œuvres d’art, des appareils de sciences. Nous demanderons aux gouvernements de supprimer toutes les
1501 s de sciences. Nous demanderons aux gouvernements de supprimer toutes les entraves, héritage honteux de la guerre. Nous de
1502 e supprimer toutes les entraves, héritage honteux de la guerre. Nous demanderons aussi l’institution d’un Centre européen
1503 e la guerre. Nous demanderons aussi l’institution d’ un Centre européen de la culture, — qui existe en germe à Genève, mais
1504 es du continent donnent un enseignement européen, de l’université jusqu’aux écoles primaires — afin que dans l’esprit des
1505 l’esprit des jeunes et des enfants, le sentiment de la grande famille que nous formons, en dépit de nos frontières, devie
1506 bruit dans le monde. L’un des plus grands esprits de notre temps, l’égal d’Einstein, si j’en crois les savants, le prince
1507 un des plus grands esprits de notre temps, l’égal d’ Einstein, si j’en crois les savants, le prince Louis de Broglie, prix
1508 s savants, le prince Louis de Broglie, prix Nobel de physique, proposera au congrès la création d’un Centre européen des r
1509 bel de physique, proposera au congrès la création d’ un Centre européen des recherches atomiques, consacré uniquement à des
1510 buts pacifiques, à la médecine, au développement de l’industrie. Aucun de nos pays n’est assez riche pour entretenir un p
1511 médecine, au développement de l’industrie. Aucun de nos pays n’est assez riche pour entretenir un pareil centre de puissa
1512 ’est assez riche pour entretenir un pareil centre de puissance, mais tous ensemble fédérés, nous y arriverons. Et l’Europe
1513 ici, chers auditeurs, ce que nous devons attendre de la conférence de Lausanne. Il y aura des discours, bien sûr : M. Ette
1514 urs, ce que nous devons attendre de la conférence de Lausanne. Il y aura des discours, bien sûr : M. Etter, Conseiller féd
1515 iront le congrès, jeudi, le 8 décembre au Théâtre de Lausanne. Mais il y aura surtout pendant 5 jours, le travail en commu
1516 ura surtout pendant 5 jours, le travail en commun de 200 hommes de science, professeurs, écrivains, éducateurs, pour mettr
1517 ndant 5 jours, le travail en commun de 200 hommes de science, professeurs, écrivains, éducateurs, pour mettre au point que
1518 ’Europe, et les gouvernements, même les plus durs d’ oreille, seront forcés cette fois d’écouter et d’entendre. Soyons fier
1519 les plus durs d’oreille, seront forcés cette fois d’ écouter et d’entendre. Soyons fiers que la Suisse accueille ce beau co
1520 d’oreille, seront forcés cette fois d’écouter et d’ entendre. Soyons fiers que la Suisse accueille ce beau congrès de la c
1521 ons fiers que la Suisse accueille ce beau congrès de la conscience européenne. Et merci à tous les Lausannois qui ont donn
1522 arer cette manifestation, permettant à notre pays de prendre sa part, la plus noble, dans la renaissance du continent. Au
32 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Optimistes et pessimistes (19 décembre 1949)
1523 , ce soir, des résultats pratiques auxquels vient d’ aboutir le congrès de la culture, à Lausanne. Certes, ces résultats so
1524 ats pratiques auxquels vient d’aboutir le congrès de la culture, à Lausanne. Certes, ces résultats sont importants. Ils on
1525 mblé l’attente des organisateurs. Mais plutôt que de les énumérer en termes nécessairement techniques ou trop rapides, j’a
1526 le moment où, l’une après l’autre, les décisions de Lausanne se traduiront en faits, en institutions établies. Aujourd’hu
1527 plus directement humain : celui du pessimisme ou de l’optimisme devant l’Europe, devant le monde de demain. Les débats de
1528 u de l’optimisme devant l’Europe, devant le monde de demain. Les débats de Lausanne se sont ouverts « sous le signe », com
1529 t l’Europe, devant le monde de demain. Les débats de Lausanne se sont ouverts « sous le signe », comme on dit, d’un échang
1530 se sont ouverts « sous le signe », comme on dit, d’ un échange de lettres parues le matin même dans un journal vaudois, et
1531 rts « sous le signe », comme on dit, d’un échange de lettres parues le matin même dans un journal vaudois, et qui opposait
1532 ope, m’écrivait Virgil Gheorghiu, l’auteur fameux de la Vingt-Cinquième Heure, mais c’est trop tard, il n’y a plus d’Europ
1533 quième Heure, mais c’est trop tard, il n’y a plus d’ Europe. Les Russes et les Américains l’ont déjà partagée. Ils vont la
1534 n’existait plus, vous n’auriez même pas le droit de le dire et, encore moins, de le publier. Venez donc à Lausanne, et vo
1535 ez même pas le droit de le dire et, encore moins, de le publier. Venez donc à Lausanne, et vous verrez l’Europe, cette pos
1536 sanne, et vous verrez l’Europe, cette possibilité de parler librement, de chercher librement la vérité, sans souci de la p
1537 l’Europe, cette possibilité de parler librement, de chercher librement la vérité, sans souci de la police politique ni d’
1538 ment, de chercher librement la vérité, sans souci de la police politique ni d’un rendement matériel immédiat. » Gheorghiu
1539 t la vérité, sans souci de la police politique ni d’ un rendement matériel immédiat. » Gheorghiu répétait : les jeux sont f
1540 dresser la situation — à condition, bien entendu, de ne pas perdre ces derniers moments à pleurer qu’ils soient les dernie
1541 spoir européen ! et c’est même là le vrai ressort de notre action. Cette discussion ouverte, d’ailleurs fort amicale, a pr
1542 sion ouverte, d’ailleurs fort amicale, a provoqué d’ assez vives réactions dans l’opinion de plusieurs pays, et tout d’abor
1543 a provoqué d’assez vives réactions dans l’opinion de plusieurs pays, et tout d’abord dans notre conférence. M. Spaak s’est
1544 ak s’est élevé avec vivacité contre le défaitisme de l’écrivain roumain. Celui-ci, malgré tout, était venu à Lausanne. Sa
1545 ait la preuve qu’il espérait encore quelque chose de l’Europe, de ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme d
1546 qu’il espérait encore quelque chose de l’Europe, de ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme de la conféren
1547 quelque chose de l’Europe, de ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme de la conférence, un journaliste lui
1548 qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme de la conférence, un journaliste lui ayant demandé s’il pensait encore q
1549 re, je crois que cette conférence ne peut manquer d’ avoir une portée considérable. » Mais pour un pessimiste converti, par
1550 onverti, parce qu’il a suivi nos travaux, combien de millions de sceptiques vivent encore en Europe ? Comment être optimis
1551 ce qu’il a suivi nos travaux, combien de millions de sceptiques vivent encore en Europe ? Comment être optimiste, quand on
1552 ots, m’expliquer sur ce point. Quand je vois tant d’ Européens dormir à poings fermés au bord du gouffre ; quand je vois le
1553 illonnes et mesquines qu’ils opposent aux efforts de ceux qui veillent pour eux ; quand je vois les ragots, les calomnies
1554 faire pour y échapper ; quand je les vois traiter d’ utopistes ceux qui indiquent la seule voie praticable de salut — vous
1555 istes ceux qui indiquent la seule voie praticable de salut — vous l’avouerais-je ? je me sens parfois tenté de leur dire :
1556 — vous l’avouerais-je ? je me sens parfois tenté de leur dire : dormez en paix ! La police politique ou la bombe vous rév
1557 et si, depuis 20 ans, ma devise n’était pas celle de Guillaume le Taciturne : Point n’est besoin d’espérer pour entreprend
1558 le de Guillaume le Taciturne : Point n’est besoin d’ espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Personne ne
1559 oint n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Personne ne peut dire aujourd’hui si l’Europ
1560 nté libre des Européens, en dépit de l’inertie et de la frivolité de nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savo
1561 ropéens, en dépit de l’inertie et de la frivolité de nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savoir, car les chan
1562 de l’inertie et de la frivolité de nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savoir, car les chances sont égales.
1563 able que prononçait en clôturant notre conférence de Lausanne son président, Salvador de Madariaga : — Si l’Europe doit pé
1564 Lausanne a marqué une étape vers la construction de l’Europe, c’est-à-dire une paix libre et juste. Rien n’est perdu, tan
1565 ur nier leur fatalité. On vous demande simplement d’ avoir confiance, de consentir les sacrifices locaux qui seront sans do
1566 té. On vous demande simplement d’avoir confiance, de consentir les sacrifices locaux qui seront sans doute nécessaires au
1567 locaux qui seront sans doute nécessaires au bien de l’ensemble, de ne pas attendre que le voisin comprenne, et de ne pas
1568 ont sans doute nécessaires au bien de l’ensemble, de ne pas attendre que le voisin comprenne, et de ne pas vous ranger par
1569 e, de ne pas attendre que le voisin comprenne, et de ne pas vous ranger par inertie, dans le camp du désespoir facile, du
1570 s le camp du désespoir facile, du cynisme nigaud, de la défaite sans gloire. Ce qui est acquis déjà permet un raisonnable
1571 is déjà permet un raisonnable espoir. J’essaierai de vous le montrer lundi prochain, en dressant un bilan provisoire de no
1572 r lundi prochain, en dressant un bilan provisoire de notre action fédéraliste depuis un an. Au revoir, chers auditeurs, jo
33 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Bilan 1949 (26 décembre 1949)
1573 nellement, chacun se [illisible] à faire le bilan de l’an qui passe. Commençons donc ce soir par le bilan de l’Europe, pui
1574 n qui passe. Commençons donc ce soir par le bilan de l’Europe, puisqu’elle est le cadre de nos existences, et que le sort
1575 ar le bilan de l’Europe, puisqu’elle est le cadre de nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De s
1576 le est le cadre de nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté p
1577 cadre de nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté pour vous l
1578 et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté pour vous les progrès du grand œuvr
1579 menté pour vous les progrès du grand œuvre commun d’ union des peuples et des élites, et quand on suit une action pas à pas
1580 n. Mais prenons les choses de plus haut, essayons d’ embrasser d’un coup d’œil le chemin parcouru depuis un an. Que voyons-
1581 ons les choses de plus haut, essayons d’embrasser d’ un coup d’œil le chemin parcouru depuis un an. Que voyons-nous ? Au dé
1582 parcouru depuis un an. Que voyons-nous ? Au début de janvier, rien n’était fait. Bien plus, il semblait que les efforts du
1583 en aboutissaient à un échec total. Une commission d’ experts de dix-huit membres, nommés par les gouvernements à la demande
1584 saient à un échec total. Une commission d’experts de dix-huit membres, nommés par les gouvernements à la demande de notre
1585 embres, nommés par les gouvernements à la demande de notre Mouvement venait d’enterrer proprement le projet d’un Conseil d
1586 vernements à la demande de notre Mouvement venait d’ enterrer proprement le projet d’un Conseil de l’Europe. Les Anglais re
1587 Mouvement venait d’enterrer proprement le projet d’ un Conseil de l’Europe. Les Anglais refusaient tout, et nous savions p
1588 céda. Un modeste communiqué annonça qu’un accord de principe était acquis. Le 5 mai, les ambassadeurs de 10 nations signa
1589 principe était acquis. Le 5 mai, les ambassadeurs de 10 nations signaient à Londres, le Statut du Conseil de l’Europe. Le
1590 0 août s’ouvrait à Strasbourg la première session de l’Assemblée consultative européenne. Elle se terminait par le vote d’
1591 ltative européenne. Elle se terminait par le vote d’ une série de recommandations qui furent transmises aux 13 États forman
1592 péenne. Elle se terminait par le vote d’une série de recommandations qui furent transmises aux 13 États formant le Conseil
1593 aux 13 États formant le Conseil. Et puis, au mois de novembre, un brusque coup d’arrêt interrompait ce beau progrès : les
1594 il. Et puis, au mois de novembre, un brusque coup d’ arrêt interrompait ce beau progrès : les ministres réunis à Paris, opp
1595 ient un veto plus ou moins déguisé aux desiderata de l’Assemblée. Mais celle-ci décidait de passer outre, et de poursuivre
1596 desiderata de l’Assemblée. Mais celle-ci décidait de passer outre, et de poursuivre des travaux. D’un certain point de vue
1597 mblée. Mais celle-ci décidait de passer outre, et de poursuivre des travaux. D’un certain point de vue donc, on pourrait c
1598 it de passer outre, et de poursuivre des travaux. D’ un certain point de vue donc, on pourrait croire qu’après un an, nous
1599 quement que l’opinion publique européenne dispose d’ un moyen de pression, d’une institution régulière, devant laquelle l’o
1600 l’opinion publique européenne dispose d’un moyen de pression, d’une institution régulière, devant laquelle l’obstination
1601 blique européenne dispose d’un moyen de pression, d’ une institution régulière, devant laquelle l’obstination même d’un Bev
1602 ion régulière, devant laquelle l’obstination même d’ un Bevin devra céder un jour ou l’autre, comme elle a cédé plus d’une
1603 céder un jour ou l’autre, comme elle a cédé plus d’ une fois. Toute la question est de savoir si l’on pourra le faire céde
1604 lle a cédé plus d’une fois. Toute la question est de savoir si l’on pourra le faire céder à temps. Car le temps presse. Tr
1605 rité et la prospérité. C’est ce que n’a pas cessé de répéter, depuis un an, notre Mouvement européen. Il l’a répété et pro
1606 . Il l’a répété et prouvé à son congrès politique de Bruxelles, en février ; à son congrès économique de Westminster, en a
1607 Bruxelles, en février ; à son congrès économique de Westminster, en avril ; enfin, à son congrès culturel de Lausanne, en
1608 minster, en avril ; enfin, à son congrès culturel de Lausanne, en décembre. Sans lui, sans son action persévérante sur l’o
1609 remière prise sur la réalité. Voilà donc le bilan de notre année de luttes : à l’actif, le Conseil de l’Europe, au passif,
1610 ur la réalité. Voilà donc le bilan de notre année de luttes : à l’actif, le Conseil de l’Europe, au passif, la résistance
1611 très bien ce que beaucoup vont penser : le bilan de 1949, c’est le bilan d’une série de parlottes. Là-dessus, j’ai trois
1612 up vont penser : le bilan de 1949, c’est le bilan d’ une série de parlottes. Là-dessus, j’ai trois remarques à vous soumett
1613 er : le bilan de 1949, c’est le bilan d’une série de parlottes. Là-dessus, j’ai trois remarques à vous soumettre. La premi
1614 e ceux qui n’aiment pas qu’on parle feraient bien de se taire, logiquement, au lieu de nous expliquer à longueur de journé
1615 logiquement, au lieu de nous expliquer à longueur de journée qu’il faut agir, et ce sont eux qui ne font rien. La seconde
1616 dans un syndicat, on ne peut pas dresser un plan d’ action sans le discuter en équipe — et c’est bien ce que nous avons fa
1617 rès. Et ma troisième remarque, c’est une citation de l’Évangile : Au commencement était le Verbe. C’est une Parole qui a c
1618 st-ce qu’on nomme une parlotte ? C’est un échange de phrases ou de discours qui n’est suivi d’aucun effet. Or nos congrès
1619 mme une parlotte ? C’est un échange de phrases ou de discours qui n’est suivi d’aucun effet. Or nos congrès ont abouti à d
1620 échange de phrases ou de discours qui n’est suivi d’ aucun effet. Or nos congrès ont abouti à des créations importantes : l
1621 Tandis que ceux qui nous critiquent ne font rien d’ autre que parler : vous voyez que la parlotte n’est pas toujours où l’
1622 eront que parlottes, si elles ne sont pas suivies d’ effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi, de vous surtout, qu’el
1623 nt pas suivies d’effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi, de vous surtout, qu’elles se transforment en action. C’es
1624 d’effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi, de vous surtout, qu’elles se transforment en action. C’est sur ce vœu, s
34 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Bon demi-siècle ! (2 janvier 1950)
1625  ! (2 janvier 1950) Chers auditeurs, Vous venez d’ émettre et d’enregistrer, ces jours derniers, un nombre incalculable d
1626 1950) Chers auditeurs, Vous venez d’émettre et d’ enregistrer, ces jours derniers, un nombre incalculable de vœux de bon
1627 strer, ces jours derniers, un nombre incalculable de vœux de bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattr
1628 es jours derniers, un nombre incalculable de vœux de bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattrape, car
1629 culable de vœux de bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattrape, car, en effet, ce que je voudrais vou
1630 n bon demi-siècle, pour une bonne deuxième manche de xx e siècle. Mais vous le savez aussi bien que moi, les vœux que nous
1631 que moi, les vœux que nous échangeons le Premier de l’an, comme on se dit bonjour chaque matin, n’ont pas la moindre chan
1632 bonjour chaque matin, n’ont pas la moindre chance de se réaliser, s’ils ne sont pas les gages d’une volonté, d’une possibi
1633 hance de se réaliser, s’ils ne sont pas les gages d’ une volonté, d’une possibilité d’agir. Et certes, les conventions, c’e
1634 liser, s’ils ne sont pas les gages d’une volonté, d’ une possibilité d’agir. Et certes, les conventions, c’est quelque chos
1635 nt pas les gages d’une volonté, d’une possibilité d’ agir. Et certes, les conventions, c’est quelque chose de très sérieux.
1636 . Et certes, les conventions, c’est quelque chose de très sérieux. Sans convention nous ne serions que des brutes. La vie
1637 ir : celui du tigre dans la bergerie. Les billets de banque aussi sont des signes, des gages, et c’est par convention qu’i
1638 leur : s’ils ne sont pas couverts par une réserve d’ or, ce sont des bouts de papier, un peu plus sales que d’autres, et qu
1639 couverts par une réserve d’or, ce sont des bouts de papier, un peu plus sales que d’autres, et qui ne signifient rien du
1640 rien du tout. Que peuvent bien signifier nos vœux d’ avenir ? Cela dépend d’une part des possibilités que nous a léguées la
1641 ossibilités que nous a léguées la première moitié de ce siècle, et d’autre part de notre volonté d’en tirer quelque chose
1642 la première moitié de ce siècle, et d’autre part de notre volonté d’en tirer quelque chose d’humain. Voyons d’abord les p
1643 ié de ce siècle, et d’autre part de notre volonté d’ en tirer quelque chose d’humain. Voyons d’abord les possibilités : ell
1644 re part de notre volonté d’en tirer quelque chose d’ humain. Voyons d’abord les possibilités : elles sont prodigieusement c
1645 les révolutions qui ont occupé la première partie de notre siècle ont tué, rien qu’en Europe, quelque 40 millions de perso
1646 e ont tué, rien qu’en Europe, quelque 40 millions de personnes, hommes, femmes, enfants et militaires, parmi lesquels 6 mi
1647 enfants et militaires, parmi lesquels 6 millions de Juifs brûlés vivants par Hitler, et deux millions de koulaks liquidés
1648 Juifs brûlés vivants par Hitler, et deux millions de koulaks liquidés par Staline. Ce n’est pas mal. C’est plus que toutes
1649 rendement brut. Et pourtant, la population totale de l’Europe a augmenté. Et la longévité moyenne s’est élevée de plusieur
1650 a augmenté. Et la longévité moyenne s’est élevée de plusieurs années. La bombe atomique a grillé, fondu comme du beurre p
1651 du beurre puis évaporé en quelques secondes plus de 200 000 Japonais qui vaquaient à leurs occupations. Et on en a beauco
1652 s la pénicilline a sauvé en silence des centaines de milliers de vies. Jamais les nationalismes n’ont été plus férocement
1653 line a sauvé en silence des centaines de milliers de vies. Jamais les nationalismes n’ont été plus férocement idiots, born
1654 nés et intolérants. Mais jamais non plus le désir d’ union des peuples n’a été plus général. Certes, la SDN a fait un four,
1655 mmis les mêmes fautes, dès le départ. Mais l’idée d’ une vraie fédération, soit mondiale, soit européenne, ne cesse de prog
1656 ération, soit mondiale, soit européenne, ne cesse de progresser malgré ces déconvenues et ces détournements d’espoirs. Un
1657 esser malgré ces déconvenues et ces détournements d’ espoirs. Un dernier exemple : celui de la liberté de circuler. En 1905
1658 tournements d’espoirs. Un dernier exemple : celui de la liberté de circuler. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire de l
1659 espoirs. Un dernier exemple : celui de la liberté de circuler. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire de la Compagnie de
1660 irculer. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire de la Compagnie des wagons-lits et des grands express européens, au chap
1661 ée en Russie. Pour tous les autres pays, la carte de visite suffit. » Aujourd’hui … je n’insiste pas. Nous avons progressé
1662 ourd’hui … je n’insiste pas. Nous avons progressé de 50 ans vers la paralysie finale des échanges, et cela pour des raison
1663 s au monde à connaître, et qu’ils se gardent bien de nous révéler, si toutefois elles existent. Cependant, les moyens de t
1664 i toutefois elles existent. Cependant, les moyens de transport ont progressé en sens inverse. Un avion de tourisme vient d
1665 transport ont progressé en sens inverse. Un avion de tourisme vient de couvrir en 7 heures la distance de New York à Londr
1666 tourisme vient de couvrir en 7 heures la distance de New York à Londres. Nos capitales sont à 2 ou 3 heures les unes des a
1667 ou dans l’autre… Vouloir plus, toujours plus, et de tout à la fois, et même si c’est contradictoire, telle est la passion
1668 ême si c’est contradictoire, telle est la passion de notre siècle. On veut augmenter à la fois les bénéfices et les salair
1669 et l’argent du beurre, et 10 fois, 100 fois plus de l’un et de l’autre… Des hommes de 1900 croyaient que le progrès c’éta
1670 t du beurre, et 10 fois, 100 fois plus de l’un et de l’autre… Des hommes de 1900 croyaient que le progrès c’était tout sim
1671 , 100 fois plus de l’un et de l’autre… Des hommes de 1900 croyaient que le progrès c’était tout simple ; qu’il allait touj
1672 enté, ce sont nos risques d’une part, nos chances de l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou de faire vivre. Il
1673 chances de l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou de faire vivre. Il en résulte une formidable augmentation de
1674 l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou de faire vivre. Il en résulte une formidable augmentation de nos respons
1675 vivre. Il en résulte une formidable augmentation de nos responsabilités d’hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès ce
1676 ne formidable augmentation de nos responsabilités d’ hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès certain. Rendons-nous com
1677 e augmentation de nos responsabilités d’hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès certain. Rendons-nous compte, en ce d
1678 progrès certain. Rendons-nous compte, en ce début d’ un demi-siècle décisif, que jamais l’homme n’a couru plus grand péril
1679 if, que jamais l’homme n’a couru plus grand péril d’ esclavage et de [illisible], mais que jamais non plus, il ne s’est vu
1680 l’homme n’a couru plus grand péril d’esclavage et de [illisible], mais que jamais non plus, il ne s’est vu si près d’assur
1681 mais que jamais non plus, il ne s’est vu si près d’ assurer son pouvoir sur les choses et la vie. Jamais plus près de la r
1682 Jamais plus près de la ruine générale, mais aussi d’ une prospérité sans précédent pour les grandes masses. Tout dépend de
1683 ns précédent pour les grandes masses. Tout dépend de ce qu’il va choisir, dans les quelques années qui viennent ; car vous
1684 ent dans la misère et la famine, et je me permets de vous rappeler en passant que la Suisse fait partie de cette Europe me
1685 ous rappeler en passant que la Suisse fait partie de cette Europe menacée même si parfois elle paraît l’oublier. Si l’on n
1686 n, tous nos bons vœux n’empêcheront pas les camps de concentration. Ce qu’il fait faire, ce que l’on peut faire, je crois
1687 peuvent avoir un sens sérieux que si vous décidez de les transformer en volonté et en action rapide. Ils signifient : Dema
1688 ope, ou bien se réduisent à quelque chose qui n’a de nom dans aucune langue. Au revoir, à lundi prochain.
35 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Par où commencer ? Par l’économie ? (9 janvier 1950)
1689 réponses à quelques enquêtes récentes sur l’union de l’Europe, je suis frappé de voir revenir régulièrement un argument qu
1690 récentes sur l’union de l’Europe, je suis frappé de voir revenir régulièrement un argument que nos contemporains ont l’ai
1691 ement un argument que nos contemporains ont l’air de tenir pour évident, et que voici : « Si vous voulez unir l’Europe, éc
1692 » Cette croyance est si irrépandue, et si typique de notre siècle, qu’il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque de
1693 t si typique de notre siècle, qu’il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque de la psychanalyser. Pourquoi pense-t-o
1694 il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque de la psychanalyser. Pourquoi pense-t-on et répète-t-on que les réalités
1695 -t-on que les réalités économiques sont à la base de tout, pourquoi s’imagine-t-on que cela va de soi ? Parce qu’on croit
1696 te : Primum vivere… D’abord vivre, manger, gagner de l’argent, et ensuite, s’il reste du temps, philosopher… La grande maj
1697 l reste du temps, philosopher… La grande majorité de ceux qu’on appelle aujourd’hui des bourgeois, partage ces idées, et s
1698 réalistes. Cependant ils accusent les communistes d’ être d’affreux matérialistes. C’est étrange, car la croyance fondament
1699 es. Cependant ils accusent les communistes d’être d’ affreux matérialistes. C’est étrange, car la croyance fondamentale du
1700 parce que tout en dépend et qu’il n’y a que cela de sérieux. À cet égard, la seule différence entre les bourgeois et les
1701 hérents, et qu’ils tirent toutes les conséquences de la croyance un peu vague, mais populaire des premiers. Or cette croya
1702 imentaires enfin ont précédé l’homme qui a besoin de manger. Or il me semble bien que c’est le contraire qui est vrai ; et
1703 le contraire qui est vrai ; et qu’au commencement de tout, y compris des réalités économiques, il n’y a pas de la matière,
1704 y compris des réalités économiques, il n’y a pas de la matière, mais au contraire une invention, c’est-à-dire de l’esprit
1705 re, mais au contraire une invention, c’est-à-dire de l’esprit. Prenons l’économie moderne. Sa base comme chacun le sait, c
1706 t l’industrie, ce sont d’abord les machines. Mais d’ où viennent les machines ? Ce ne sont pas elles qui ont commencé, tout
1707 et intégral, comme un jeu, comme un sous-produit de ses plus hautes spéculations abstraites. Sans Leonhard Euler, sans ce
1708 bstraites. Sans Leonhard Euler, sans ce phénomène de l’esprit pur, non seulement il n’y aurait pas eu cet élément de base
1709 r, non seulement il n’y aurait pas eu cet élément de base de l’économie moderne qui est la turbine, mais encore vous ne po
1710 eulement il n’y aurait pas eu cet élément de base de l’économie moderne qui est la turbine, mais encore vous ne pourriez m
1711 ent il y a eu les mathématiques supérieures, donc de l’esprit, de la culture ; puis il y a eu la turbine ; puis les ouvrie
1712 les mathématiques supérieures, donc de l’esprit, de la culture ; puis il y a eu la turbine ; puis les ouvriers qui la fai
1713 it à la fois le turbin des ouvriers et la turbine d’ Euler pour s’enrichir, puis enfin le communisme qui a décidé que les t
1714 par la force au besoin, et que l’on continuerait d’ appeler bonheur l’immense malheur qui en résultait. Nous voici donc en
1715 xix e siècle, que l’économie était la vraie base de la vie, et qu’il fallait commencer par là. Revenons à la réalité, et
1716 és dites matérielles, puisque celles-ci dépendent de l’esprit, et n’existeraient point sans lui. Il est facile d’illustrer
1717 , et n’existeraient point sans lui. Il est facile d’ illustrer ce point de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’échec de l
1718 nt de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’échec de l’OECE, c’est-à-dire de l’Organisation économique de l’Europe dans le
1719 sisté, en 1949, à l’échec de l’OECE, c’est-à-dire de l’Organisation économique de l’Europe dans le cadre du plan Marshall.
1720 l’OECE, c’est-à-dire de l’Organisation économique de l’Europe dans le cadre du plan Marshall. D’où vient cet échec ? Il a
1721 mique de l’Europe dans le cadre du plan Marshall. D’ où vient cet échec ? Il a pour cause l’illusion générale que l’économi
1722 e l’imagine, mais un fait humain, qui dépend donc de nos volontés et de nos passions. Et c’est parce que les gouvernants e
1723 n fait humain, qui dépend donc de nos volontés et de nos passions. Et c’est parce que les gouvernants et leurs experts n’a
1724 et leurs experts n’avaient pas la volonté réelle de s’unir, en esprit d’abord, qu’ils n’ont pas réussi à organiser l’écon
1725 tacle grotesque dont parlait Paul Reynaud : celui de 19 pays donc chacun essaye de grimper sur les épaules de l’autre. Il
1726 aul Reynaud : celui de 19 pays donc chacun essaye de grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps de renverser la vape
1727 ays donc chacun essaye de grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps de renverser la vapeur, et si l’on veut sérieus
1728 grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps de renverser la vapeur, et si l’on veut sérieusement commencer par le co
1729 ement commencer par le commencement, il est temps de réveiller d’abord nos esprits, de chercher à unir d’abord nos cœurs.
1730 t, il est temps de réveiller d’abord nos esprits, de chercher à unir d’abord nos cœurs. C’est pourquoi j’estime que le réc
1731 rs. C’est pourquoi j’estime que le récent congrès de la culture, à Lausanne, a marqué le vrai début d’un travail construct
1732 de la culture, à Lausanne, a marqué le vrai début d’ un travail constructif et pratique, loin d’avoir été la « parlote » qu
1733 début d’un travail constructif et pratique, loin d’ avoir été la « parlote » que prétendent certains plats matérialistes s
1734 plus la seule à s’exprimer. On vient précisément de me communiquer les résultats d’une large enquête organisée parmi les
1735 vient précisément de me communiquer les résultats d’ une large enquête organisée parmi les étudiants de Lausanne à l’occasi
1736 d’une large enquête organisée parmi les étudiants de Lausanne à l’occasion du congrès de la culture. Il y a là-dedans du m
1737 les étudiants de Lausanne à l’occasion du congrès de la culture. Il y a là-dedans du meilleur et du pire. Je vous en rendr
36 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Une enquête chez les étudiants (16 janvier 1950)
1738 (16 janvier 1950) Chers auditeurs, À l’occasion de la récente Conférence européenne de la culture, un groupe d’étudiants
1739 À l’occasion de la récente Conférence européenne de la culture, un groupe d’étudiants de Lausanne a pris une initiative q
1740 te Conférence européenne de la culture, un groupe d’ étudiants de Lausanne a pris une initiative qui mérite d’être signalée
1741 e européenne de la culture, un groupe d’étudiants de Lausanne a pris une initiative qui mérite d’être signalée, commentée,
1742 ants de Lausanne a pris une initiative qui mérite d’ être signalée, commentée, et partout où cela sera possible imitée. Ce
1743 t partout où cela sera possible imitée. Ce groupe de jeunes gens désirait participer, sous une forme ou une autre, à la co
1744 exemple — , et d’autre part il eût été difficile de faire admettre des représentants des étudiants, car en somme, qu’euss
1745 par les découvrir ? C’est ainsi qu’a germé l’idée d’ une enquête à l’Université. Quelques camarades se sont réunis pour en
1746 er aux étudiants s’ils croyaient à la réalisation de l’Europe unie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la con
1747 nt à la réalisation de l’Europe unie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence de Lausanne, et enfin
1748 nie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence de Lausanne, et enfin s’ils avaient eu connaissance jus
1749 de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence de Lausanne, et enfin s’ils avaient eu connaissance jusqu’ici de l’activ
1750 et enfin s’ils avaient eu connaissance jusqu’ici de l’activité du Mouvement européen. Je ne puis vous donner ce soir une
1751 nette majorité des étudiants croit à la nécessité d’ unir nos pays ; qu’une petite moitié environ croit à l’utilité de Stra
1752  ; qu’une petite moitié environ croit à l’utilité de Strasbourg et de la conférence de Lausanne, mais qu’une très grande m
1753 moitié environ croit à l’utilité de Strasbourg et de la conférence de Lausanne, mais qu’une très grande majorité demande s
1754 oit à l’utilité de Strasbourg et de la conférence de Lausanne, mais qu’une très grande majorité demande surtout à être mie
1755 de majorité demande surtout à être mieux informée de ce qui est en train de se faire, et révèle son ignorance de ce qui s’
1756 est en train de se faire, et révèle son ignorance de ce qui s’est déjà fait, c’est-à-dire avoue n’avoir pas connaissance d
1757 u que non, qu’ils n’avaient jamais entendu parler de notre Mouvement, seraient obligés de répondre aujourd’hui que oui, pu
1758 tendu parler de notre Mouvement, seraient obligés de répondre aujourd’hui que oui, puisqu’ils en ont eu connaissance juste
1759 ar cette enquête. Voilà qui montre bien l’utilité d’ une pareille initiative : en questionnant les étudiants sur le Mouveme
1760 prises comme dans les bureaux, dans les quartiers de grandes villes comme dans les villages, et enfin dans les sociétés de
1761 mme dans les villages, et enfin dans les sociétés de tout genre dont vous faites partie, vous qui m’écoutez ce soir… Et po
1762 urd’hui, — sans forcer les réponses ou les prises de parti. Je voudrais insister enfin sur ce qui ressort le plus nettemen
1763 sister enfin sur ce qui ressort le plus nettement de l’enquête des étudiants lausannois : sur cette demande générale de do
1764 étudiants lausannois : sur cette demande générale de documentation, d’information. Je crois ce besoin très répandu, bien a
1765 is : sur cette demande générale de documentation, d’ information. Je crois ce besoin très répandu, bien au-delà des milieux
1766 ce besoin très répandu, bien au-delà des milieux de l’Université, dans toutes les couches de la population. Comment le sa
1767 milieux de l’Université, dans toutes les couches de la population. Comment le satisfaire ? On ne peut pas se contenter de
1768 mment le satisfaire ? On ne peut pas se contenter de renvoyer tout le monde à une lecture plus attentive de la presse. Car
1769 nvoyer tout le monde à une lecture plus attentive de la presse. Car la presse, en Europe, manque de place pour publier des
1770 ve de la presse. Car la presse, en Europe, manque de place pour publier des documents de première main, des textes complet
1771 urope, manque de place pour publier des documents de première main, des textes complets — comme cela se fait en Amérique.
1772 e borner à résumer en quelques lignes les travaux d’ une longue conférence de 5 jours et 4 nuits, et souvent l’essentiel se
1773 elques lignes les travaux d’une longue conférence de 5 jours et 4 nuits, et souvent l’essentiel se perd, un détail pittore
1774 nc à tous ceux d’entre vous qui auraient le désir de savoir mieux ce qui se passe deux moyens assez simples. Le premier, c
1775 asse deux moyens assez simples. Le premier, c’est de vous mettre en rapport, personnellement ou par écrit, avec le groupe
1776 ions précises que vous souhaitez. Le second moyen d’ information, c’est tout bonnement d’ouvrir les yeux, de voir la situat
1777 second moyen d’information, c’est tout bonnement d’ ouvrir les yeux, de voir la situation de l’Europe divisée entre les de
1778 ormation, c’est tout bonnement d’ouvrir les yeux, de voir la situation de l’Europe divisée entre les deux grands blocs hos
1779 bonnement d’ouvrir les yeux, de voir la situation de l’Europe divisée entre les deux grands blocs hostiles, et de vous dem
1780 divisée entre les deux grands blocs hostiles, et de vous demander quelles sont les mesures qu’appelle d’urgence une parei
1781 vous demander quelles sont les mesures qu’appelle d’ urgence une pareille situation. Vous rejoindrez ainsi par vous-même j’
1782 ainsi par vous-même j’en suis sûr, les positions de notre Mouvement. Ces positions, en effet, ne sont pas théoriques, ni
1783 faits que tout le monde connaît. Prenez la peine d’ y réfléchir : vous vous trouverez naturellement à nos côtés. Le temps
1784 intes à leurs réponses à l’enquête. Je me promets d’ y revenir la prochaine fois, et d’en discuter quelques-unes, car elles
1785 . Je me promets d’y revenir la prochaine fois, et d’ en discuter quelques-unes, car elles me paraissent bien typiques des r
37 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Questions et objections des étudiants de Lausanne (23 janvier 1950)
1786 ’Europe ! — Questions et objections des étudiants de Lausanne (23 janvier 1950) Chers auditeurs, Je vous ai parlé lundi
1787 Chers auditeurs, Je vous ai parlé lundi dernier d’ une enquête menée par quelques étudiants de Lausanne parmi leurs camar
1788 ernier d’une enquête menée par quelques étudiants de Lausanne parmi leurs camarades, et portant sur l’union de l’Europe, s
1789 nne parmi leurs camarades, et portant sur l’union de l’Europe, sur l’utilité de nos congrès. Un grand nombre des étudiants
1790 et portant sur l’union de l’Europe, sur l’utilité de nos congrès. Un grand nombre des étudiants interrogés ne se sont pas
1791 des étudiants interrogés ne se sont pas contentés de répondre par oui ou par non, mais ont ajouté quelques remarques perso
1792 quelques remarques personnelles au bas de la page de questionnaire. Ce sont ces réactions spontanées que je voudrais comme
1793 je voudrais commenter ce soir. Il serait exagéré de dire qu’elles manifestent un courant de pensée général et bien défini
1794 t exagéré de dire qu’elles manifestent un courant de pensée général et bien défini. Au contraire, leur infinie variété, du
1795 e n’est pas mort chez nous, et qu’un des plaisirs de la vie reste encore, aux yeux de mes cadets, de se faire leur propre
1796 s de la vie reste encore, aux yeux de mes cadets, de se faire leur propre opinion, ou au moins d’en affirmer une qui ne so
1797 ets, de se faire leur propre opinion, ou au moins d’ en affirmer une qui ne soit pas celle d’un parti. Je ne trouve même pa
1798 au moins d’en affirmer une qui ne soit pas celle d’ un parti. Je ne trouve même pas une opinion commune par faculté, et l’
1799 à soutenir le point de vue qu’on attend le moins de sa spécialité : c’est ainsi qu’un étudiant en lettres exige des actes
1800 litiques, et redoute que l’union européenne serve de paravent à des manœuvres impérialistes ou agressives. C’est en effet
1801 n des dangers que les fédéralistes ont la mission de prévenir, et au besoin de démasquer dès qu’il ferait mine d’apparaîtr
1802 ralistes ont la mission de prévenir, et au besoin de démasquer dès qu’il ferait mine d’apparaître, et je puis dire qu’ils
1803 , et au besoin de démasquer dès qu’il ferait mine d’ apparaître, et je puis dire qu’ils n’y ont pas manqué jusqu’ici. Mais
1804 n’y ont pas manqué jusqu’ici. Mais je suis frappé de voir que la notion d’engagement politique des intellectuels est si pe
1805 qu’ici. Mais je suis frappé de voir que la notion d’ engagement politique des intellectuels est si peu populaire parmi nos
1806 ants. S’ils entendent par engagement la démission de la pensée au profit d’une tactique de parti, ils ont raison. Mais s’i
1807 ar engagement la démission de la pensée au profit d’ une tactique de parti, ils ont raison. Mais s’ils croient que l’intell
1808 a démission de la pensée au profit d’une tactique de parti, ils ont raison. Mais s’ils croient que l’intellectuel n’a rien
1809 pas. Je leur rappellerai, au surplus, que l’union de l’Europe n’est pas du tout un problème politique d’abord, mais la con
1810 un problème politique d’abord, mais la condition de salut d’une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d
1811 ème politique d’abord, mais la condition de salut d’ une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d’avance,
1812 tion de salut d’une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d’avance, dans une autre chronique, à ceux qui
1813 sation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d’ avance, dans une autre chronique, à ceux qui estiment que l’on doit bi
1814 à prouver qu’on ne peut rien faire, sauf en temps de guerre naturellement… Certains croient désirable et nécessaire l’unio
1815 croient désirable et nécessaire l’union fédérale de l’Europe, mais ils estiment qu’elle exigera beaucoup de temps : quatr
1816 tre temps, comme des Bernois. Mais s’il faut plus de 100 ans pour faire l’Europe, autant dire qu’on ne la fera jamais. On
1817 ; je le citerai donc : « La Conférence européenne de la culture — affirment-ils sans sourciller — est faite par les Améric
1818 oilà qui est clair et je pense que je ferais bien de passer aux aveux complets avant que l’on ne me force aux aveux sponta
1819 ce aux aveux spontanés. Je croyais que le congrès de Lausanne avait été organisé par le Bureau d’études dont je m’occupe à
1820 grès de Lausanne avait été organisé par le Bureau d’ études dont je m’occupe à Genève. Quelle illusion ! La vérité, c’est q
1821 La vérité, c’est que Pierrepont Morgan, dictateur de Wall Street, et trotskiste bien connu, m’a fait remettre par Goebbels
1822 en personne les dollars nécessaires pour l’achat de 200 intellectuels qui ont voté par acclamations, sur l’ordre de Churc
1823 ctuels qui ont voté par acclamations, sur l’ordre de Churchill, une résolution finale dictée car le président Truman en fa
1824 la fin un argument bizarre, mais qui revient plus d’ une fois dans cette enquête : on ne peut pas unir l’Europe, objectent
1825 remplir… Enfin, à ceux qui nous répètent : assez de discours, il faut des actes ! Je dis bravo, et je réponds que j’atten
1826 sse, ils ont raison, et nous avons besoin surtout de ceux qui veulent agir sans plus de bavardages ou de vaines critiques
1827 ceux qui veulent agir sans plus de bavardages ou de vaines critiques purement verbales. Au revoir, à lundi prochain, cher
1828 auditeurs, à demain matin, chers étudiants avides d’ action.
38 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un tiers-ordre européen (30 janvier 1950)
1829 eurs, J’ai reçu l’autre jour une modeste brochure d’ une douzaine de pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signé
1830 l’autre jour une modeste brochure d’une douzaine de pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signée Daniel Villey
1831 chure d’une douzaine de pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signée Daniel Villey, professeur de droit à Poiti
1832 re, et qui était signée Daniel Villey, professeur de droit à Poitiers. Cette brochure était un appel adressé aux jeunes ge
1833 e brochure était un appel adressé aux jeunes gens de France. Elle m’a ému plus que tout autre chose que j’aie pu lire depu
1834 mps. Je voudrais vous la lire tout entière. Faute de temps je me bornerai à vous en citer des extraits, — et tout d’abord
1835  et tout d’abord je vous dirai le peu que je sais de son auteur : il n’est pas inutile de le situer, pour vous faire mieux
1836 que je sais de son auteur : il n’est pas inutile de le situer, pour vous faire mieux comprendre la portée de son geste, l
1837 ituer, pour vous faire mieux comprendre la portée de son geste, le simple et beau courage que son acte révèle. Daniel Vill
1838 evue Esprit , vers 1935 je pense. Je me souviens d’ un très jeune homme, d’un visage bien arrondi, à l’expression attentiv
1839 5 je pense. Je me souviens d’un très jeune homme, d’ un visage bien arrondi, à l’expression attentive, presque candide, d’u
1840 rondi, à l’expression attentive, presque candide, d’ un esprit vif et scrupuleux tout à la fois. Le contraire de l’image co
1841 it vif et scrupuleux tout à la fois. Le contraire de l’image courante du meneur d’hommes, du jeune chef impatient de s’aff
1842 fois. Le contraire de l’image courante du meneur d’ hommes, du jeune chef impatient de s’affirmer. Et puis la guerre est v
1843 rante du meneur d’hommes, du jeune chef impatient de s’affirmer. Et puis la guerre est venue, nos chemins ne se sont plus
1844 jeune Daniel Villey est devenu professeur et père de 5 ou 6 enfants. Écoutez maintenant ce qu’il nous dit, d’une voix calm
1845 6 enfants. Écoutez maintenant ce qu’il nous dit, d’ une voix calme et tout unie, cette voix tranquille de ceux qui ont pri
1846 ne voix calme et tout unie, cette voix tranquille de ceux qui ont pris leur décision, et que l’on peut croire. Tout d’abor
1847 roire. Tout d’abord, il a interrogé ses étudiants de la faculté de Poitiers, et il les a trouvés indifférents, désabusés,
1848 abord, il a interrogé ses étudiants de la faculté de Poitiers, et il les a trouvés indifférents, désabusés, et résignés au
1849 u’ils jugent inévitable, au communisme, aux camps de concentration. Nous n’y pouvons rien, déclarent-ils. Travaillons dign
1850 est-il fondé, ou bien ne serait-il pas une sorte de maladie morale, qu’un espoir neuf pourrait guérir ? L’Europe, avec so
1851 ait guérir ? L’Europe, avec son potentiel immense de ressources humaines et techniques ne peut-elle pas encore se sauver,
1852 ar où commencer ? Peut-être n’avons-nous pas plus de deux ans pour nous unir, ou pour périr. Et voici, nous dit-il modeste
1853 is citer ses propres phrases : Un certain nombre de jeunes gens et de jeunes filles (une dizaine par exemple pour commenc
1854 es phrases : Un certain nombre de jeunes gens et de jeunes filles (une dizaine par exemple pour commencer, une centaine s
1855 emaines, pas nécessairement davantage) décideront de donner non pas deux ans de leur vie, mais toute leur vie pendant deux
1856 davantage) décideront de donner non pas deux ans de leur vie, mais toute leur vie pendant deux ans — au service de l’Euro
1857 mais toute leur vie pendant deux ans — au service de l’Europe unie. Je crois à la vertu de la vie donnée… Une vie donnée e
1858  au service de l’Europe unie. Je crois à la vertu de la vie donnée… Une vie donnée est un témoignage et en a la force. Ces
1859 rrière professionnelle. Ils recevront en principe de l’organisation une mensualité pour subvenir à leurs besoins en menant
1860 rge d’autres vies que la sienne ne peut se moquer de l’argent ni de sa carrière…) Ils s’engageront à obéir avec la plus ex
1861 es que la sienne ne peut se moquer de l’argent ni de sa carrière…) Ils s’engageront à obéir avec la plus exigeante discipl
1862 c la plus exigeante discipline aux ordres du chef de l’organisation. J’assumerai ce rôle jusqu’à ce que se révèle un chef
1863 ey va faire : en demandant à quelques jeunes gens de consacrer deux ans de leur vie à une action précise pour l’Europe, da
1864 dant à quelques jeunes gens de consacrer deux ans de leur vie à une action précise pour l’Europe, dans la pauvreté, le cél
1865 . Ce sont les ordres qui ont créé la civilisation de l’Occident. Lui-même quittera sa chaire de professeur. Et tous ensemb
1866 sation de l’Occident. Lui-même quittera sa chaire de professeur. Et tous ensemble, ou deux par deux, ils s’en iront par le
1867 liquer, travailler, convaincre. Il ne s’agit plus de groupes d’études, de discussions intéressantes, de comités ou de mani
1868 vailler, convaincre. Il ne s’agit plus de groupes d’ études, de discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il
1869 onvaincre. Il ne s’agit plus de groupes d’études, de discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit d’u
1870 e groupes d’études, de discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit d’un gr
1871 udes, de discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit d’un grand risque. À
1872 ressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit d’ une croisade. Il s’agit d’un grand risque. À tous les jeunes, dit enc
1873 e manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit d’ un grand risque. À tous les jeunes, dit encore Daniel Villey, je dema
1874 les jeunes, dit encore Daniel Villey, je demande de sonder leur cœur et de le soupeser. Je leur propose un risque et un s
1875 Daniel Villey, je demande de sonder leur cœur et de le soupeser. Je leur propose un risque et un sacrifice. Excède-t-il l
1876 sacrifice. Excède-t-il leur générosité ? Deux ans d’ interruption dans vos études ou votre carrière, est-ce vraiment plus q
1877 tâche exaltante qui s’offre à vous. À la chaleur de l’amitié qui vous unira à vos compagnons de lutte. À la reconnaissanc
1878 aleur de l’amitié qui vous unira à vos compagnons de lutte. À la reconnaissance de tous les humbles qui mettront en vous l
1879 ra à vos compagnons de lutte. À la reconnaissance de tous les humbles qui mettront en vous leur espoir. Et que le témoigna
1880 ettront en vous leur espoir. Et que le témoignage de quelques vies peut, à toute une génération, rendre de l’espoir, de l’
1881 uelques vies peut, à toute une génération, rendre de l’espoir, de l’enthousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’
1882 peut, à toute une génération, rendre de l’espoir, de l’enthousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’exemple qu’un
1883 énération, rendre de l’espoir, de l’enthousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’exemple qu’une grande entreprise
1884 thousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’ exemple qu’une grande entreprise n’ait conduit à de grandes choses… Pe
1885 ’exemple qu’une grande entreprise n’ait conduit à de grandes choses… Pensez à Jeanne d’Arc. Songez qu’il y a aujourd’hui g
1886 z qu’il y a aujourd’hui grande pitié sur la terre d’ Europe. Voulez-vous, comme Jeanne, quitter vos moutons, chevaucher sur
1887 ver une cause qui semble désespérée ? Vous donner de tout votre être à une tâche très précise et très concrète, humblement
1888 crète, humblement temporelle (comme la délivrance d’ Orléans) et la poursuivre de toutes vos forces par les moyens les plus
1889 (comme la délivrance d’Orléans) et la poursuivre de toutes vos forces par les moyens les plus réalistes. Relisez l’histoi
1890 les moyens les plus réalistes. Relisez l’histoire de Jeanne d’Arc, et écoutez ce qu’elle vous dira. J’attends votre répons
1891 détails pratiques, je vous renvoie à la brochure de Daniel Villey. S’il se trouve parmi vous quelques jeunes gens ou jeun
1892 t les faire entrer demain dans la grande aventure de notre temps et de leur vie. Au revoir, à lundi prochain.
1893 demain dans la grande aventure de notre temps et de leur vie. Au revoir, à lundi prochain.
39 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Passer à l’action (6 février 1950)
1894 r l’appel que vient de lancer un jeune professeur de Poitiers, Daniel Villey. Il demandait qu’un petit nombre de jeunes ge
1895 s, Daniel Villey. Il demandait qu’un petit nombre de jeunes gens et de jeunes filles consacrent toute leur vie, pendant de
1896 Il demandait qu’un petit nombre de jeunes gens et de jeunes filles consacrent toute leur vie, pendant deux ans, à la cause
1897 rent toute leur vie, pendant deux ans, à la cause de l’Europe unie. Je vous ai lu quelques extraits de sa brochure, je vou
1898 de l’Europe unie. Je vous ai lu quelques extraits de sa brochure, je vous ai dit de m’écrire si le risque vous tentait, et
1899 quelques extraits de sa brochure, je vous ai dit de m’écrire si le risque vous tentait, et je me suis demandé si 2 ou 3 j
1900 andé si 2 ou 3 jeunes Suisses auraient le courage d’ entrer dans l’aventure. Le soir même, six d’entre vous m’ont écrit, et
1901 t par douzaines que me sont parvenues des lettres d’ auditeurs intéressés ou enthousiastes. Les uns demandent des précision
1902 Ce succès très rapide, et dans tous les milieux, d’ un appel qui ne promet rien que des risques et des sacrifices, m’a sur
1903 hrase vaut pour tous : « J’attendais du pratique, de l’action. Vous pouvez donc compter sur moi. » Et comment ne pas compr
1904  » Et comment ne pas comprendre une pareille faim d’ agir, dans un monde abreuvé de discours, tout ahuri de propagandes con
1905 e une pareille faim d’agir, dans un monde abreuvé de discours, tout ahuri de propagandes contradictoires et de platitudes
1906 ir, dans un monde abreuvé de discours, tout ahuri de propagandes contradictoires et de platitudes politiciennes. Assez de
1907 urs, tout ahuri de propagandes contradictoires et de platitudes politiciennes. Assez de paroles, passons aux actes, s’écri
1908 radictoires et de platitudes politiciennes. Assez de paroles, passons aux actes, s’écrient en chœur ceux qui ont encore de
1909 pourtant, je voudrais mettre en garde une partie de mes jeunes auditeurs contre une tentation trop facile, le goût de l’a
1910 diteurs contre une tentation trop facile, le goût de l’action pour l’action, le frisson de « l’en avant ! » qui ne sait mê
1911 le, le goût de l’action pour l’action, le frisson de « l’en avant ! » qui ne sait même pas où il va. Je ne suis pas là pou
1912 où il va. Je ne suis pas là pour vous décourager d’ agir, c’est entendu. Bien au contraire, je voudrais vous demander d’ag
1913 ndu. Bien au contraire, je voudrais vous demander d’ agir en connaissance de cause, en connaissance de but aussi. Voyez-vou
1914 d’agir en connaissance de cause, en connaissance de but aussi. Voyez-vous, il ne suffit pas de crier : Allons-y tous ense
1915 ssance de but aussi. Voyez-vous, il ne suffit pas de crier : Allons-y tous ensemble : il faut encore savoir où l’on va, et
1916 savoir où l’on va, et pourquoi. L’action n’a donc de sens qu’en vertu de la pensée qui est derrière elle pour l’inspirer,
1917 ce que son action couronne une longue préparation de pensée, et veut réaliser des objectifs bien définis. Derrière son ges
1918 Derrière son geste et son appel, il y a deux ans de travail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de
1919 on geste et son appel, il y a deux ans de travail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et
1920 son appel, il y a deux ans de travail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoricie
1921 a deux ans de travail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beau
1922 ravail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beaucoup de paroles
1923 és, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beaucoup de paroles et beaucoup de
1924 ions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beaucoup de paroles et beaucoup de circulaires,
1925 ssionnant tous les jours. Il y a l’immense labeur de déblaiement des perspectives, de rassemblement des esprits, de déterm
1926 l’immense labeur de déblaiement des perspectives, de rassemblement des esprits, de détermination des objectifs concrets ;
1927 t des perspectives, de rassemblement des esprits, de détermination des objectifs concrets ; et tout cela, tout ce travail
1928 ar le Mouvement européen. Je n’ai pas eu le temps d’ insister sur ce point, qui est tout de même de première importance. Le
1929 mps d’insister sur ce point, qui est tout de même de première importance. Les très nombreuses lettres reçues, ces derniers
1930 ces derniers jours, me prouvent qu’il est urgent de dissiper deux malentendus qui se font jour. Tout d’abord, qu’il soit
1931 teur : il n’y a qu’un seul mouvement qui s’occupe de l’Europe comme unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l
1932 l mouvement qui s’occupe de l’Europe comme unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l’Europe sous tous ses asp
1933 unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l’Europe sous tous ses aspects : c’est le Mouvement européen. On y tr
1934 s voudraient être l’avant-garde et le corps franc de notre Mouvement. Deuxième malentendu possible : il ne s’agit pas ici
1935 uxième malentendu possible : il ne s’agit pas ici de sauver la paix en général, ou l’humanité en général, mais il s’agit u
1936 l’humanité en général, mais il s’agit uniquement de militer pour la fédération européenne. Aucun rapport avec Garry Davis
1937 res, mais sans lendemain. La tâche précise, c’est de sauver l’Europe d’abord. Non point parce que l’Europe vaut mieux que
1938 mais que personne ne perde une si belle occasion de remettre en question sa vie et son rôle dans un monde menacé. Au revo
40 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les deux raisons de fédérer l’Europe (13 février 1950)
1939 Demain l’Europe ! — Les deux raisons de fédérer l’Europe (13 février 1950) Chers auditeurs, Ceux d’entre vo
1940 diteurs, Ceux d’entre vous qui me font le plaisir de suivre assez régulièrement ma chronique du lundi soir, auront remarqu
1941 ois, un aspect différent du même problème : celui de l’union européenne. Je suis loin d’avoir épuisé les questions précise
1942 blème : celui de l’union européenne. Je suis loin d’ avoir épuisé les questions précises qui se posent dans les domaines le
1943 corps humain) qui fournit la meilleure définition de l’Europe. Cependant, il est bon, parfois, de reprendre le problème da
1944 tion de l’Europe. Cependant, il est bon, parfois, de reprendre le problème dans son ensemble. Plusieurs personnes m’ayant
1945 rs personnes m’ayant demandé, ces temps derniers, de leur dire en quelques mots : pourquoi faut-il unir l’Europe ? et quel
1946 l’Europe ? et quels sont les facteurs principaux de cette union ? Je voudrais leur répondre sans détour, d’une manière au
1947 te union ? Je voudrais leur répondre sans détour, d’ une manière aussi simple que possible. À l’origine des fédérations qui
1948 té des divisions intérieures. Selon les cas, l’un de ces facteurs est plus actif ou plus puissant que l’autre, mais ils so
1949 ent pour résister à l’Angleterre, pour se libérer de son joug, et pour prévenir la menace d’une nouvelle conquête étrangèr
1950 e libérer de son joug, et pour prévenir la menace d’ une nouvelle conquête étrangère. Tandis que nos cantons suisses ont ét
1951 istantes, que par la constatation claire et nette de l’état d’impuissance et de crise où les mettaient leurs divisions éco
1952 que par la constatation claire et nette de l’état d’ impuissance et de crise où les mettaient leurs divisions économiques,
1953 tation claire et nette de l’état d’impuissance et de crise où les mettaient leurs divisions économiques, politiques et mil
1954 rs — la menace extérieure et l’absurdité reconnue de nos divisions internes — jouent à plein pour l’Europe, et simultanéme
1955 et simultanément. Détrônée par la dernière guerre de sa position dominante dans le monde, l’Europe est devenue le terrain
1956 te dans le monde, l’Europe est devenue le terrain de manœuvres de deux empires tout neufs, qui ont peur l’un de l’autre, e
1957 nde, l’Europe est devenue le terrain de manœuvres de deux empires tout neufs, qui ont peur l’un de l’autre, et que mesuren
1958 res de deux empires tout neufs, qui ont peur l’un de l’autre, et que mesurent leurs forces sur notre territoire, dans nos
1959 s. Oh, certes ! je pense bien que l’un et l’autre de ces empires sont animés des meilleures intentions, et ne veulent que
1960 Les uns nous voudraient heureux, bien nourris et de bonne humeur, grands lecteurs de « digests » et buveurs de coca-cola 
1961 bien nourris et de bonne humeur, grands lecteurs de « digests » et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions de bons
1962 humeur, grands lecteurs de « digests » et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions de bons clients. Les autres nous v
1963 et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions de bons clients. Les autres nous voudraient fanatiques et disciplinés, c
1964 fanatiques et disciplinés, car ainsi nous ferions de bons citoyens, d’excellents esclaves volontaires. La menace n’est pas
1965 iplinés, car ainsi nous ferions de bons citoyens, d’ excellents esclaves volontaires. La menace n’est pas la même des deux
1966 ôtés, vous le sentez bien. Il est absolument faux de prétendre que nous n’avons plus qu’à choisir entre la peste et le cho
1967 oléra, car en réalité, ce qu’on nous offre, c’est d’ un côté le sourire obligatoire, de l’autre le travail forcé. Les uns f
1968 us offre, c’est d’un côté le sourire obligatoire, de l’autre le travail forcé. Les uns financent notre reconstruction, les
1969 oix. Mais si tout de même nous trouvions le moyen de rester des Européens, de rester libres à notre guise, entre nous, dan
1970 nous trouvions le moyen de rester des Européens, de rester libres à notre guise, entre nous, dans l’indépendance, cela va
1971 ation, et qui est la prise de conscience générale de la stupidité de nos divisions. Ce qui a décidé nos ancêtres à créer u
1972 t la prise de conscience générale de la stupidité de nos divisions. Ce qui a décidé nos ancêtres à créer un pouvoir fédéra
1973 ter notre constitution, c’était l’état scandaleux d’ impuissance où nous mettait la souveraineté jalouse de 25 États minusc
1974 puissance où nous mettait la souveraineté jalouse de 25 États minuscules, hérissés de barrières et de péages, entravant la
1975 eraineté jalouse de 25 États minuscules, hérissés de barrières et de péages, entravant la circulation, sans armée unifiée,
1976 de 25 États minuscules, hérissés de barrières et de péages, entravant la circulation, sans armée unifiée, sans marché ass
1977 en sommes exactement au même point, dans l’Europe d’ aujourd’hui, et c’est aussi stupide, mais plus dangereux qu’alors. Les
1978 lus circuler, sur notre continent, qu’à la faveur d’ une tolérance des fonctionnaires, et d’une espèce de tricherie général
1979 la faveur d’une tolérance des fonctionnaires, et d’ une espèce de tricherie générale. La preuve, c’est que si les douanier
1980 une tolérance des fonctionnaires, et d’une espèce de tricherie générale. La preuve, c’est que si les douaniers décident d’
1981 e. La preuve, c’est que si les douaniers décident d’ appliquer strictement les règlements, plus personne ne passe une front
1982 tière, le trafic est embouteillé sur des dizaines de kilomètres. Et ce n’est là qu’un exemple entre cent de nos routines.
1983 lomètres. Et ce n’est là qu’un exemple entre cent de nos routines. Allons-nous continuer longtemps ces jeux puérils, qui n
1984 deux ans, nous serons sans doute à la merci soit d’ une police totalitaire, soit des experts d’une commission d’achat qui
1985 i soit d’une police totalitaire, soit des experts d’ une commission d’achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voi
1986 ce totalitaire, soit des experts d’une commission d’ achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voilà, me semble-t-i
1987 commission d’achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voilà, me semble-t-il, des raisons suffisantes pour justif
1988 , des raisons suffisantes pour justifier l’effort de nos fédérateurs, et du Mouvement européen. Je vais les résumer en que
1989 fédéralistes français ont inscrit sur des carnets de timbres de propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces j
1990 s français ont inscrit sur des carnets de timbres de propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces jours. Le vo
1991 propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces jours. Le voici : « Européens, fédérez-vous pour sauver votre ind
1992 , certes, n’est pas diplomatique. Il a l’avantage d’ être clair. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
41 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La guerre impossible (20 février 1950)
1993 Chers auditeurs, Je viens de recevoir la visite d’ un journaliste qui débarquait tout droit de la planète Mars, sortant d
1994 visite d’un journaliste qui débarquait tout droit de la planète Mars, sortant d’une somptueuse fusée-limousine à l’hydrogè
1995 débarquait tout droit de la planète Mars, sortant d’ une somptueuse fusée-limousine à l’hydrogène atomique. Il m’a demandé
1996 i se passait sur la Terre, et quel était le sujet de conversation le plus général, quand les gens qui se rencontrent ne tr
1997 t j’ai répondu en ces termes : — Les gens parlent de tout au monde, de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de l
1998 ces termes : — Les gens parlent de tout au monde, de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou d
1999 Les gens parlent de tout au monde, de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou de leurs dividen
2000 de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou de leurs dividendes, du bébé de Rita Hayworth ou de
2001 rs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou de leurs dividendes, du bébé de Rita Hayworth ou des champions du monde
2002 de leurs salaires ou de leurs dividendes, du bébé de Rita Hayworth ou des champions du monde de ski, du temps qu’il fait,
2003 u bébé de Rita Hayworth ou des champions du monde de ski, du temps qu’il fait, du dernier film, de leurs amours. Mais sans
2004 nde de ski, du temps qu’il fait, du dernier film, de leurs amours. Mais sans le savoir, le plus souvent, derrière tout cel
2005 t, derrière tout cela, ils ne parlent au fond que d’ une seule chose. Ils parlent de leur vie ou de leur mort, c’est-à-dire
2006 arlent au fond que d’une seule chose. Ils parlent de leur vie ou de leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond, de la
2007 que d’une seule chose. Ils parlent de leur vie ou de leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond, de la guerre qui vie
2008 leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond, de la guerre qui vient ou qui ne viendra pas. L’idée de la guerre possib
2009 la guerre qui vient ou qui ne viendra pas. L’idée de la guerre possible est devenue l’arrière-plan de tous nos projets dan
2010 de la guerre possible est devenue l’arrière-plan de tous nos projets dans ce siècle. — Qu’est-ce que la guerre ? m’a dema
2011 e la guerre ? m’a demandé le journaliste débarqué de la planète Mars. Je me suis senti assez embarrassé. J’avais peut-être
2012 r les humains qui peuplent notre Terre. J’ai fait de mon mieux, j’ai dit ceci. — Autrefois, il y avait des nations, représ
2013 ntées par des rois ou des princes, qui décidaient de prendre un morceau de la nation voisine, ou de lui rabattre le caquet
2014 des princes, qui décidaient de prendre un morceau de la nation voisine, ou de lui rabattre le caquet. On formait alors une
2015 nt de prendre un morceau de la nation voisine, ou de lui rabattre le caquet. On formait alors une armée composée de gens q
2016 re le caquet. On formait alors une armée composée de gens qu’on payait pour cela, et le jeu consistait à tuer les soldats
2017 our cela, et le jeu consistait à tuer les soldats de l’armée ennemie, après quoi l’on s’appropriait les territoires ou les
2018 ution française, qui transforma les règles du jeu de la guerre. À partir de ce moment-là, faire la guerre au voisin ne sig
2019 signifiait plus seulement battre sa petite armée de mercenaires, mais aussi lui imposer un régime politique dont il n’ava
2020 éon apporta le système jacobin à tous les peuples de l’Europe, sur la pointe de ses baïonnettes. À cette époque, toutefois
2021 bin à tous les peuples de l’Europe, sur la pointe de ses baïonnettes. À cette époque, toutefois, on se bornait encore à fa
2022 renait son cours normal ; le vainqueur s’emparait d’ un pays bien vivant. Au xx e siècle, nous avons fait d’immenses progrè
2023 pays bien vivant. Au xx e siècle, nous avons fait d’ immenses progrès. La guerre est devenue totale, et cela veut dire : qu
2024 mines, tous sont mobilisés, c’est-à-dire obligés de travailler non plus pour la conquête du voisin, mais pour sa destruct
2025 sible totale. Car, en effet, si toutes les forces d’ un pays participent maintenant à la guerre, on ne peut gagner qu’en le
2026 ulte logiquement qu’on ne peut plus s’emparer que d’ une nation morte. On ne peut donc plus gagner une guerre, à proprement
2027 mène encore plus grave. C’est qu’on ne peut plus, de nos jours, changer le régime de la nation vaincue en changeant simple
2028 ’on ne peut plus, de nos jours, changer le régime de la nation vaincue en changeant simplement le gouvernement. Car les ré
2029 les réflexes, dans les nerfs, dans l’inconscient de tous et de chacun. Il faudrait donc exterminer un peuple, ou le réédu
2030 es, dans les nerfs, dans l’inconscient de tous et de chacun. Il faudrait donc exterminer un peuple, ou le rééduquer totale
2031 cas, c’est un très gros travail. Prenez l’exemple de l’Allemagne hitlérienne. Les Américains, dans leur zone, ont eu sur l
2032 les bras, depuis l’armistice, quelque 20 millions d’ Allemands qui venaient de subir 12 ans de régime nazi. Douze ans seule
2033 millions d’Allemands qui venaient de subir 12 ans de régime nazi. Douze ans seulement, c’est-à-dire à peine une demi-génér
2034 m’ont dit souvent : Il y a dans notre zone autant de nazis qu’en 1945, il n’y a qu’Hitler en moins, nous avons donc échoué
2035 -il encore avoir un sens ? Au lieu de 20 millions d’ endoctrinés, les Américains cette fois-ci auraient sur les bras 200 mi
2036 cette fois-ci auraient sur les bras 200 millions d’ hommes, de femmes et d’enfants formés par le régime depuis plus de 30
2037 s-ci auraient sur les bras 200 millions d’hommes, de femmes et d’enfants formés par le régime depuis plus de 30 ans, 200 m
2038 sur les bras 200 millions d’hommes, de femmes et d’ enfants formés par le régime depuis plus de 30 ans, 200 millions qui n
2039 mes et d’enfants formés par le régime depuis plus de 30 ans, 200 millions qui ne savent rien de la démocratie occidentale,
2040 s plus de 30 ans, 200 millions qui ne savent rien de la démocratie occidentale, qui lui sont totalement imperméables, par
2041 u, ni même envisagé, que je sache, les conditions d’ une victoire praticable. Et le même raisonnement vaudrait, en sens inv
2042 Le problème du siècle est donc simple : Il s’agit d’ empêcher la guerre, et cela non point au nom du pacifisme, le pacifism
2043 ue proposez-vous ? me dit le journaliste descendu de la planète Mars. — Je propose de constituer une puissance qui s’inter
2044 naliste descendu de la planète Mars. — Je propose de constituer une puissance qui s’interpose entre les Russes et les Amér
2045 rme indépendante, l’Europe unie, armée et neutre. De quoi faire réfléchir les 2 blocs. — C’est raisonnable, conclut le jou
2046 sonnable, conclut le journaliste. Mais les hommes de la Terre sont un peu fous. Ceux de l’Europe se laisseront-ils convain
2047 ais les hommes de la Terre sont un peu fous. Ceux de l’Europe se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux de vos procha
2048 pe se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux de vos prochaines émissions. Au revoir donc, à lundi prochain !
42 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Après les élections anglaises (27 février 1950)
2049 évrier 1950) Chers auditeurs, Je m’étais promis de vous parler ce soir du problème que pose l’Angleterre, dans ses relat
2050 e j’ai pu faire, depuis longtemps, sur l’attitude de ces Européens qui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc de d
2051 ui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc de dissiper un peu les brouillards londoniens dont ils enveloppent leurs
2052 ertitudes. Depuis deux ans, il est devenu courant d’ accuser l’Angleterre et ses chefs de freiner les efforts d’union europ
2053 evenu courant d’accuser l’Angleterre et ses chefs de freiner les efforts d’union européenne. On a même parlé de sabotage.
2054 l’Angleterre et ses chefs de freiner les efforts d’ union européenne. On a même parlé de sabotage. Quels sont les faits ?
2055 r les efforts d’union européenne. On a même parlé de sabotage. Quels sont les faits ? Le premier fait, c’est que Churchill
2056 , c’est que Churchill fut le premier homme d’État de grand calibre qui osât parler d’unir l’Europe, au lendemain même de l
2057 ier homme d’État de grand calibre qui osât parler d’ unir l’Europe, au lendemain même de la guerre. On se rappelle son disc
2058 ui osât parler d’unir l’Europe, au lendemain même de la guerre. On se rappelle son discours de Zurich, en septembre 1946.
2059 in même de la guerre. On se rappelle son discours de Zurich, en septembre 1946. Il demandait que la France et l’Allemagne
2060 llemagne se tendent la main, pour amorcer l’union de notre continent. À vrai dire, si l’on relit son discours, on s’aperço
2061 t précédé dans cette voie, il convoqua le congrès de La Haye, d’où devait sortir notre Mouvement européen. Mais Churchill
2062 ns cette voie, il convoqua le congrès de La Haye, d’ où devait sortir notre Mouvement européen. Mais Churchill n’engageait
2063 ncore le mot fédération. Il était au surplus chef de l’opposition. Que pensait son gouvernement ? M. Bevin tenait de son c
2064 n. Que pensait son gouvernement ? M. Bevin tenait de son côté de beaux discours. Il déclarait, devant la Chambre des commu
2065 it son gouvernement ? M. Bevin tenait de son côté de beaux discours. Il déclarait, devant la Chambre des communes, qu’il é
2066 orte quel pays du monde, sans passeport ni permis de devises. Mais quand le Mouvement européen proposa de convoquer le Con
2067 devises. Mais quand le Mouvement européen proposa de convoquer le Conseil de l’Europe, M. Bevin opposa son veto. Le Consei
2068 sque toutes les recommandations issues des débats de Strasbourg, contribuant ainsi plus que tout autre à rendre vaines ces
2069 ndonien n’en est pas éclairci. Essayons cependant de distinguer les motifs de ces deux attitudes — celle de Churchill et c
2070 irci. Essayons cependant de distinguer les motifs de ces deux attitudes — celle de Churchill et celle de son grand adversa
2071 stinguer les motifs de ces deux attitudes — celle de Churchill et celle de son grand adversaire — si curieusement apparent
2072 ces deux attitudes — celle de Churchill et celle de son grand adversaire — si curieusement apparentées en fait. On a dit
2073 s’opposait à l’Europe parce que c’était une idée de Churchill. Écartons cette raison un peu puérile, et peu digne d’un ho
2074 cartons cette raison un peu puérile, et peu digne d’ un homme d’État. M. Bevin avait deux arguments bien plus sérieux. Le p
2075 Le second, l’expérience socialiste qu’il tentait de réussir dans son île, en vase clos. Pendant longtemps, les Anglais no
2076 Anglais nous ont dit : nous serions bien d’accord de faire l’Europe, mais nous pensons d’abord à notre empire, aux dominio
2077 m de l’Afrique du Sud, et par le Premier ministre d’ Australie : ils étaient chaleureux et enthousiastes. Mais ils ne figur
2078 lth n’était en rien contradictoire avec une union de l’Europe. Reste donc l’argument des travaillistes anglais. Comment vo
2079 de socialisme, elle ne sera pas seulement séparée de l’Europe, mais aussi des États-Unis, et bien plus : de ses propres do
2080 Europe, mais aussi des États-Unis, et bien plus : de ses propres dominions, qui sont tous revenus au système libéral. Enfi
2081 revenus au système libéral. Enfin, les élections de la semaine dernière font apparaître un fait nouveau : c’est que l’exp
2082 , le Parti travailliste n’a réuni que 13 millions de voix, tandis que les autres partis totalisent plus de 15 millions. Sa
2083 oix, tandis que les autres partis totalisent plus de 15 millions. Sans juger un instant de la valeur de cette expérience s
2084 lisent plus de 15 millions. Sans juger un instant de la valeur de cette expérience socialiste, il faut avouer que l’argume
2085 e 15 millions. Sans juger un instant de la valeur de cette expérience socialiste, il faut avouer que l’argument qu’on en t
2086 urope. Quelles conclusions nous faudrait-il tirer de cette analyse ? Je dirais qu’à mon sens, les principales raisons que
2087 uvaient avoir les Anglais pour se tenir à l’écart de l’Europe, sont désormais caduques, ou tout au moins très affaiblies.
2088 les deux grands prétextes, les deux grands motifs de méfiance derrière lesquels se réfugiait M. Bevin, fortement ébranlés,
2089 ope unie. En attendant qu’ils aient pris le temps d’ y réfléchir, travaillons ferme sur le continent, entre Allemands et Fr
2090 mands et Français surtout. Si nous créons ce cœur de la fédération, je vois des chances désormais fort accrues pour que l’
43 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Neutralité européenne (6 mars 1950)
2091 ses, j’ai abordé dans cette chronique la question de la neutralité européenne. Je proposais d’étendre à l’Europe tout enti
2092 uestion de la neutralité européenne. Je proposais d’ étendre à l’Europe tout entière le statut actuel de la Suisse : fédéré
2093 ’étendre à l’Europe tout entière le statut actuel de la Suisse : fédérée, neutre, et armée. Mes dernières émissions sur ce
2094 t celui-ci : on a cru que je proposais à l’Europe de se retirer purement et simplement de la grande bagarre entre l’Est et
2095 s à l’Europe de se retirer purement et simplement de la grande bagarre entre l’Est et l’Ouest, et de se réfugier derrière
2096 t de la grande bagarre entre l’Est et l’Ouest, et de se réfugier derrière une simple déclaration pacifiste. Et l’on m’a di
2097 effet, le journal qui passe pour le plus sérieux de Paris, Le Monde , a repris l’idée d’une Europe neutre, dans un édito
2098 lus sérieux de Paris, Le Monde , a repris l’idée d’ une Europe neutre, dans un éditorial qui a fait beaucoup de bruit. De
2099 , dans un éditorial qui a fait beaucoup de bruit. De son côté, le non moins sérieux Times, de Londres, écrivait prudemment
2100 e bruit. De son côté, le non moins sérieux Times, de Londres, écrivait prudemment, et je cite : « Il n’est pas nécessaire
2101 n deux camps rigidement hostiles… et il peut être de l’intérêt des deux parties que certaines régions aient la certitude d
2102 parties que certaines régions aient la certitude de conserver une sorte de neutralité. » Les réactions de la presse ont é
2103 régions aient la certitude de conserver une sorte de neutralité. » Les réactions de la presse ont été vives et immédiates,
2104 onserver une sorte de neutralité. » Les réactions de la presse ont été vives et immédiates, dans toute l’Europe et aux Éta
2105 nation que le moment était mal choisi pour parler de neutralité, alors que l’Amérique commençait justement à réarmer nos p
2106 ustement à réarmer nos pays ; qu’il était absurde de penser que la volonté de neutralité suffirait à protéger le continent
2107 ys ; qu’il était absurde de penser que la volonté de neutralité suffirait à protéger le continent, alors qu’elle n’avait p
2108 ni la Norvège ; et qu’enfin il n’était pas digne de dire aux Américains : « Vous nous avez aidés, merci beaucoup, et main
2109 le des deux Grands n’est pas nécessairement celle de l’Europe, et ils n’ont pas tort ; tandis que les autres, comme Raymon
2110 ’essentiel. Ils ont oublié la condition préalable de toute neutralité européenne qui serait la fédération de l’Europe. En
2111 te neutralité européenne qui serait la fédération de l’Europe. En effet, si l’Europe n’est pas unie, on ne voit pas commen
2112 uvernement fédéral du continent aurait le pouvoir de prendre une telle décision et de la proclamer. Il est donc absurde de
2113 urait le pouvoir de prendre une telle décision et de la proclamer. Il est donc absurde de parler de neutralité si l’on ne
2114 décision et de la proclamer. Il est donc absurde de parler de neutralité si l’on ne veut pas d’abord et sans réserve la f
2115 et de la proclamer. Il est donc absurde de parler de neutralité si l’on ne veut pas d’abord et sans réserve la fédération.
2116 énéralement répandue, que neutralité est synonyme de démission et d’impuissance, surtout dans le domaine militaire. Ce ne
2117 ndue, que neutralité est synonyme de démission et d’ impuissance, surtout dans le domaine militaire. Ce ne sont pas les déc
2118 omaine militaire. Ce ne sont pas les déclarations de nos juristes qui arrêteront les chars et les avions, remarquent-ils a
2119 i vient de dire son fait au doux rêveur. Dialogue de sourds, en vérité, je dirai même : histoire de fous. Car primo, il es
2120 ue de sourds, en vérité, je dirai même : histoire de fous. Car primo, il est pratiquement impossible de déclarer l’Europe
2121 e fous. Car primo, il est pratiquement impossible de déclarer l’Europe neutre, si cette Europe n’est pas tout d’abord fédé
2122 fédérée, si elle n’a pas un gouvernement capable de parler en son nom ; et secundo, une Europe fédérée sera seule en mesu
2123 secundo, une Europe fédérée sera seule en mesure de se défendre, c’est-à-dire de créer une force armée puissante. Nos pet
2124 sera seule en mesure de se défendre, c’est-à-dire de créer une force armée puissante. Nos petites armées nationales, même
2125 sante. Nos petites armées nationales, même dotées de surplus américains, seraient tout juste bonnes à se faire anéantir pl
2126 émission, mais au contraire une fière affirmation d’ indépendance. Voilà qui me paraît simple à concevoir, évident, et irré
2127 que tant de journaux importants, et pompeux, tant d’ excellents esprits en France, en Angleterre et aux États-Unis, se ferm
2128 tats-Unis, se ferment à ces évidences. Et je suis d’ autant plus heureux de pouvoir vous citer trois opinions qui tranchent
2129 à ces évidences. Et je suis d’autant plus heureux de pouvoir vous citer trois opinions qui tranchent sur l’aveuglement gén
2130 Gazzetta del Popolo, qui écrit : « La neutralité de l’Europe ne peut être que la conquête d’une Europe unie. » C’est ensu
2131 utralité de l’Europe ne peut être que la conquête d’ une Europe unie. » C’est ensuite M. René Payot, qui écrit dans le Jou
2132 ensuite M. René Payot, qui écrit dans le Journal de Genève  : « L’Europe aura le droit de se proclamer neutre le jour où
2133 le Journal de Genève  : « L’Europe aura le droit de se proclamer neutre le jour où elle sera consolidée et forte, et que
2134 alculs avec son potentiel militaire et sa volonté de résistance. » Et c’est enfin le grand chroniqueur américain Walter Li
2135 iqueur américain Walter Lippmann, qui ne voit pas d’ autre solution à la crise actuelle que dans la formation d’une troisiè
2136 olution à la crise actuelle que dans la formation d’ une troisième force européenne neutre et armée, et reconnue comme tell
2137 plein depuis un mois pour ou contre la neutralité de l’Europe n’a malheureusement aucun sens, si l’on n’admet pas tout d’a
2138 r, et que seule une Europe fédérée pourra s’armer d’ une manière efficace, pour sa défense. Mais le temps presse hélas, et
2139 se. Mais le temps presse hélas, et l’on s’indigne de voir le temps perdu en discussions stupides. Fédérez-vous, ou taisez-
2140 s. Fédérez-vous, ou taisez-vous ! serait-on tenté de dire à ces messieurs. On leur conseille, plus poliment, de réfléchir
2141 ces messieurs. On leur conseille, plus poliment, de réfléchir encore ou de parler d’autre chose. On leur dit comme à vous
2142 conseille, plus poliment, de réfléchir encore ou de parler d’autre chose. On leur dit comme à vous, chers auditeurs : au
2143 , plus poliment, de réfléchir encore ou de parler d’ autre chose. On leur dit comme à vous, chers auditeurs : au revoir, à
44 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe n’est pas pour « demain » (13 mars 1950)
2144 auditeurs, L’un d’entre vous, qui a pris la peine de m’écrire une belle lettre pour me faire part de sa trouvaille, rappro
2145 e de m’écrire une belle lettre pour me faire part de sa trouvaille, rapproche le titre de ma chronique « Demain l’Europe »
2146 e faire part de sa trouvaille, rapproche le titre de ma chronique « Demain l’Europe » d’une plaisanterie que tous les enfa
2147 oche le titre de ma chronique « Demain l’Europe » d’ une plaisanterie que tous les enfants connaissent : « Demain, on raser
2148 n, on rasera gratis ! » Je ne sais si la remarque de mon correspondant traduit une impatience légitime, ou simplement une
2149 ue le mot demain, dans toutes nos langues, a plus d’ un sens, ou que son sens est élastique. Demain peut signifier : après
2150 je vous dis : Demain l’Europe ! — il s’agit moins d’ une prophétie que d’un appel. Je n’annonce pas quelque chose de certai
2151 l’Europe ! — il s’agit moins d’une prophétie que d’ un appel. Je n’annonce pas quelque chose de certain, mais j’invoque un
2152 ie que d’un appel. Je n’annonce pas quelque chose de certain, mais j’invoque un espoir, le seul. Toute la question, c’est
2153 oque un espoir, le seul. Toute la question, c’est de savoir dans quel délai nous arriverons à ce demain. Je répondrai : de
2154 urope, doit signifier avant 1952, qui est la date de la fin du plan Marshall. À ce moment-là, si nous ne sommes pas arrivé
2155 rrive tous les jours, et plusieurs fois par jour, de rencontrer des gens qui me disent : « Eh bien, et votre Europe, comme
2156 t allez-vous ? » — « Très mal merci ! » disait-il d’ une voix ferme. L’Europe va mal, c’est évident, vous n’avez qu’à lire
2157 quatre grands pays qui constituent les deux tiers de sa population sont en crise gouvernementale, ou en crise sociale, et
2158 ernementale, ou en crise sociale, et s’approchent de la crise économique. En Italie, M. de Gasperi ne s’est assuré une lég
2159 suré une légère majorité qu’après six replâtrages de son cabinet, et l’agitation sociale grandit. La France n’est pas dans
2160 eilleure situation. En Allemagne, le gouvernement de Bonn cherche encore ses bases politiques. À Londres, enfin, le cabine
2161 enfin, le cabinet travailliste, avec sa majorité de 6 voix, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques t
2162 liste, avec sa majorité de 6 voix, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques trains manqués. Quant aux p
2163 rité de 6 voix, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques trains manqués. Quant aux petits pays, plus so
2164 , est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques trains manqués. Quant aux petits pays, plus solides, on ne l
2165 oses ne vont pas mieux. L’Organisation économique de coopération européenne, l’OECE, a dû reconnaître son échec, par la vo
2166 ECE, a dû reconnaître son échec, par la voix même de son secrétaire général, M. Marjolin. Personne ne sait comment, d’ici
2167 entré en pleine léthargie hivernale. Certes, deux de ses commissions travaillent en silence et presque en secret, malgré l
2168 Mais l’Assemblée ne se réunira pas avant le mois de juillet, et il lui reste encore à conquérir le minimum de pouvoir néc
2169 et, et il lui reste encore à conquérir le minimum de pouvoir nécessaire pour légiférer… Quant à l’opinion publique : la fa
2170 la majorité, dort à poings fermés et se contente de grogner vaguement quand on essaye de lui parler. On se demande en vér
2171 se contente de grogner vaguement quand on essaye de lui parler. On se demande en vérité ce qui pourra bien la réveiller,
2172 in matin. Et pourtant il lui reste un court délai de grâce : deux ans au plus, je le répète, mais il dépend de nous tous q
2173  : deux ans au plus, je le répète, mais il dépend de nous tous que ces deux ans suffisent. Si l’opinion publique prend con
2174 Constituante, ou qu’elle adopte un Pacte fédéral de l’Europe. Il se peut que certains hommes d’État aient enfin la sagess
2175 que certains hommes d’État aient enfin la sagesse de se montrer hardis, de risquer les grands gestes qu’on attend — comme
2176 État aient enfin la sagesse de se montrer hardis, de risquer les grands gestes qu’on attend — comme le chancelier Adenauer
2177 ient de proposer non sans témérité l’union totale de l’Allemagne et de la France : ce serait la seule solution d’un problè
2178 on sans témérité l’union totale de l’Allemagne et de la France : ce serait la seule solution d’un problème qui a causé jus
2179 gne et de la France : ce serait la seule solution d’ un problème qui a causé jusqu’ici des millions de morts. Mais déjà les
2180 d’un problème qui a causé jusqu’ici des millions de morts. Mais déjà les sceptiques ricanent, tandis que la presse, décon
2181 a rend pas toujours folle, il se contente parfois de la livrer aux prudents et aux petits malins. L’Europe va mal, le seul
2182 aux petits malins. L’Europe va mal, le seul moyen de salut, c’est tout d’abord de voir les faits — et c’est ensuite de ref
2183 a mal, le seul moyen de salut, c’est tout d’abord de voir les faits — et c’est ensuite de refuser la fatalité de ces faits
2184 tout d’abord de voir les faits — et c’est ensuite de refuser la fatalité de ces faits. Nous jouerons notre sort l’été proc
2185 s faits — et c’est ensuite de refuser la fatalité de ces faits. Nous jouerons notre sort l’été prochain. C’est à l’été que
45 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — De l’Europe au monde (20 mars 1950)
2186 Demain l’Europe ! —  De l’Europe au monde (20 mars 1950) Chers auditeurs, Je suis frappé — 
2187 diteurs, Je suis frappé — et très reconnaissant —  de constater que les lettres que vous m’envoyez sont pour la grande majo
2188 envoyez sont pour la grande majorité des messages d’ adhésion, ou tout au moins d’approbation. Quant aux critiques que cert
2189 ajorité des messages d’adhésion, ou tout au moins d’ approbation. Quant aux critiques que certains formulent, et que je lis
2190 lasses : les uns reprochent au Mouvement européen d’ aller trop vite en besogne ou de viser trop loin ; d’autres pensent au
2191 ouvement européen d’aller trop vite en besogne ou de viser trop loin ; d’autres pensent au contraire que nous venons trop
2192 de vue que je voudrais examiner ce soir. Le terme de fédéralisme désigne en fait plusieurs grands mouvements qui ne diffèr
2193 uvements qui ne diffèrent au fond que par l’ordre de grandeur de leurs ambitions immédiates. Les fédéralistes européens so
2194 ne diffèrent au fond que par l’ordre de grandeur de leurs ambitions immédiates. Les fédéralistes européens sont, si vous
2195 bien, les moins gourmands : ils seraient contents d’ unir pour commencer les quelque 20 pays de notre continent déchiré. Qu
2196 ontents d’unir pour commencer les quelque 20 pays de notre continent déchiré. Quant aux fédéralistes mondiaux, disciples o
2197 fédéralistes mondiaux, disciples ou prédécesseurs de Garry Davis, ils vont tout de suite aussi loin que possible : rien d’
2198 vont tout de suite aussi loin que possible : rien d’ autre que la Terre entière ne saurait satisfaire leur appétit. On a pa
2199 r sans retard un parlement commun et des échanges d’ étudiants pendant les vacances. Entre ces deux extrêmes vient d’appara
2200 ndant les vacances. Entre ces deux extrêmes vient d’ apparaître une troisième tendance : celle des fédéralistes atlantiques
2201 Chine, refusent absolument et avec colère l’idée d’ un gouvernement mondial. Ils proposent donc la création d’une union fé
2202 vernement mondial. Ils proposent donc la création d’ une union fédérale des peuples libres, union qui engloberait les pays
2203 es peuples libres, union qui engloberait les pays de l’Europe, le Canada et les États-Unis. Il me paraît utile de fixer ra
2204 , le Canada et les États-Unis. Il me paraît utile de fixer rapidement la position de notre Mouvement européen devant ces d
2205 l me paraît utile de fixer rapidement la position de notre Mouvement européen devant ces deux tendances, la mondialiste et
2206 es fédéralistes européens ont adopté dès le début de leur campagne le slogan suivant : L’Europe une dans un monde uni. C’e
2207 u’ils n’ont jamais voulu séparer, isoler l’Europe d’ une plus vaste assemblée de peuples, et que bien au contraire, dans le
2208 parer, isoler l’Europe d’une plus vaste assemblée de peuples, et que bien au contraire, dans leur pensée, l’Europe unie re
2209 senterait la première condition, mais nécessaire, d’ une organisation fédérale de la Terre. Je vous le répète ici depuis un
2210 ion, mais nécessaire, d’une organisation fédérale de la Terre. Je vous le répète ici depuis un an déjà : faire l’Europe, c
2211 pe, c’est vouloir transformer notre fameux panier de crabes nationalistes, source de tant de guerres et de doctrines perve
2212 tre fameux panier de crabes nationalistes, source de tant de guerres et de doctrines perverses, en un puissant facteur d’é
2213 rabes nationalistes, source de tant de guerres et de doctrines perverses, en un puissant facteur d’équilibre et de paix, c
2214 et de doctrines perverses, en un puissant facteur d’ équilibre et de paix, capable de prévenir le choc des deux empires qui
2215 perverses, en un puissant facteur d’équilibre et de paix, capable de prévenir le choc des deux empires qui se livrent à l
2216 puissant facteur d’équilibre et de paix, capable de prévenir le choc des deux empires qui se livrent à la guerre froide.
2217 s et retentissantes. D’une part, une cinquantaine de sénateurs et députés américains viennent de déposer une résolution de
2218 ne résolution demandant l’union des États-Unis et de l’Europe. D’autre part, le délégué de la France au comité militaire d
2219 ats-Unis et de l’Europe. D’autre part, le délégué de la France au comité militaire des Nations unies, le général Billotte,
2220 n de consacrer tous ses efforts à la constitution de cette même fédération atlantique. La presse française, et une partie
2221 on atlantique. La presse française, et une partie de la presse suisse, ont fait écho, très largement, à l’acte et aux décl
2222 et aux déclarations courageuses et intelligentes de ce jeune général français. Que disent les sénateurs américains, et qu
2223 e ne saurait être défendue, dans son état présent de désunion, que par la force américaine. Ils constatent également que n
2224 plan Marshall. Ils concluent donc à la nécessité de compléter l’alliance militaire et les mesures économiques par une vas
2225 union politique, sans s’attarder à la fédération de l’Europe seule. L’étape européenne, disent-ils, est dépassée. Moi, je
2226 bien, je ne m’opposerai jamais à l’élargissement de notre union. Mais j’ai deux remarques à faire, qui me semblent décisi
2227 il faut qu’elle forme un tout, et qu’elle dispose d’ un gouvernement capable d’engager tous ses peuples à la fois. Sinon, c
2228 out, et qu’elle dispose d’un gouvernement capable d’ engager tous ses peuples à la fois. Sinon, ce serait l’alliance du pot
2229 les à la fois. Sinon, ce serait l’alliance du pot de terre et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle de satellites
2230 n, ce serait l’alliance du pot de terre et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle de satellites. Deuxièmement, qui
2231 et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle de satellites. Deuxièmement, qui dit fédération dit respect des autonomi
2232 dération dit respect des autonomies dans le cadre de l’union. Pour sauver l’autonomie spirituelle de l’Europe, ses mœurs e
2233 e de l’union. Pour sauver l’autonomie spirituelle de l’Europe, ses mœurs et son esprit et ses authentiques grandeurs, il n
2234 il nous faut tout d’abord lui restituer le droit de parler d’égale à égale avec ses grands voisins. C’est là notre tâche
2235 aut tout d’abord lui restituer le droit de parler d’ égale à égale avec ses grands voisins. C’est là notre tâche primordial
2236 ’étape européenne est dépassée : elle est l’étape de la restauration d’une civilisation, et par elle, de l’homme même. Je
2237 st dépassée : elle est l’étape de la restauration d’ une civilisation, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux de vou
2238 la restauration d’une civilisation, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux de vous dire que ces deux objections, q
2239 on, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux de vous dire que ces deux objections, que j’ai pu faire valoir ces derni
2240 valoir ces derniers jours auprès des porte-parole de l’union atlantique, sont prises on considération de la manière la plu
2241 l’union atlantique, sont prises on considération de la manière la plus sérieuse. Beaucoup de franchise, certains ajusteme
2242 euse. Beaucoup de franchise, certains ajustements de langage de part et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de f
2243 oup de franchise, certains ajustements de langage de part et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bien
2244 chise, certains ajustements de langage de part et d’ autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bientôt tous le
2245 et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bientôt tous les fédéralistes, c’est-à-dire d’unir dans l’act
2246 dérer bientôt tous les fédéralistes, c’est-à-dire d’ unir dans l’action les quelques équipes grâce auxquelles des millions
2247 es quelques équipes grâce auxquelles des millions de sceptiques et de découragés seront un jour peut-être, et malgré eux,
2248 es grâce auxquelles des millions de sceptiques et de découragés seront un jour peut-être, et malgré eux, sauvés. Au revoir
46 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Deux enquêtes sur l’union (27 mars 1950)
2249 ll, et leur multiplication dans tous les domaines de la vie publique, et même privée. Rien de plus naturel, après tout, da
2250 s naturel, après tout, dans une époque qui essaye d’ être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte de l’opinion publique 
2251 oque qui essaye d’être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte de l’opinion publique ; rien de plus naturel, hélas, aus
2252 d’être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte de l’opinion publique ; rien de plus naturel, hélas, aussi, dans une épo
2253 en de plus naturel, hélas, aussi, dans une époque d’ affaiblissement de la pensée personnelle, où chacun cherche à savoir c
2254 , hélas, aussi, dans une époque d’affaiblissement de la pensée personnelle, où chacun cherche à savoir ce que pense le plu
2255 à savoir ce que pense le plus grand nombre, avant d’ oser affirmer son point de vue. L’union européenne étant l’un des suje
2256 èdent à un rythme accéléré. Je vous ai déjà parlé de celle qu’avaient conduite les étudiants de Lausanne, parmi leurs cond
2257 parlé de celle qu’avaient conduite les étudiants de Lausanne, parmi leurs condisciples. Elle se poursuit depuis plusieurs
2258 et nous en connaîtrons les résultats vers le mois de mai. Aujourd’hui, je vous signalerai deux autres consultations publiq
2259 mes d’État européens, l’autre auprès des lecteurs d’ un hebdomadaire à grand tirage. Un groupe de personnalités américaines
2260 teurs d’un hebdomadaire à grand tirage. Un groupe de personnalités américaines, qui a formé un comité en faveur de l’union
2261 mité en faveur de l’union européenne, a eu l’idée de demander à 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient de notre
2262 éenne, a eu l’idée de demander à 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient de notre fédération et des efforts du Co
2263 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient de notre fédération et des efforts du Conseil de l’Europe. Tous ont répo
2264 onseil de l’Europe. Tous ont répondu : présidents de la République, présidents du conseil, anciens et futurs ministres, ch
2265 ts du conseil, anciens et futurs ministres, chefs de partis ou de fédérations syndicales, tous et partout, sauf dans un se
2266 , anciens et futurs ministres, chefs de partis ou de fédérations syndicales, tous et partout, sauf dans un seul pays, la S
2267 parmi les nations. Je ne sais trop s’il y a lieu de déplorer cette abstention bernoise, quand je lis les cinquante autres
2268 ommes d’État, dis-je, on reconnaît les signatures de quelques-uns de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’obstin
2269 s-je, on reconnaît les signatures de quelques-uns de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’obstination. À lire ce
2270 s de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’ obstination. À lire ces textes parfois sonores, mais plus souvent plat
2271 uvent plats, ou même creux, on ne peut s’empêcher de penser : si tous ces messieurs sont d’accord pour faire l’Europe, que
2272 ux sacrifices nécessaires. Mais il reste frappant de constater que s’ils ne saluent notre union que du bout des lèvres, il
2273 des lèvres, ils se sont cependant sentis obligés de la saluer. Retenons cette indication. Nos hommes d’État, liés pour la
2274 cation. Nos hommes d’État, liés pour la plupart à d’ étroits intérêts nationalistes et partisans, sentent malgré tout que l
2275 s et partisans, sentent malgré tout que l’opinion de leur pays veut davantage, réclame l’union, et s’impatiente de sa lent
2276 veut davantage, réclame l’union, et s’impatiente de sa lenteur. On en trouvera les confirmations les plus nettes dans la
2277 itiques qui ont parlé, mais les lecteurs, l’homme de la rue, et dans tous nos pays, Suisse comprise cette fois-ci. Les con
2278 se comprise cette fois-ci. Les conclusions tirées de son enquête par l’hebdomadaire parisien me paraissent dignes d’être c
2279 par l’hebdomadaire parisien me paraissent dignes d’ être citées et soulignées à votre intention. « Il est probable, écrive
2280 -unanimité, ces réponses révèlent un ardent désir de rapprochement entre les peuples libres d’Europe. » Quels sont les pri
2281 t désir de rapprochement entre les peuples libres d’ Europe. » Quels sont les principaux points d’accord que manifestent le
2282 paux points d’accord que manifestent les milliers de réponses reçues par Samedi Soir ? Le journal lui-même en relève quatr
2283 à chaque pays une assez large autonomie, et dotée d’ une armée commune. C’est en somme une Europe organisée sur le modèle d
2284 C’est en somme une Europe organisée sur le modèle de la Suisse qui paraît souhaitable au plus grand nombre. 2. La plupart
2285 onde voudrait que son Assemblée ait beaucoup plus de pouvoir, et son Comité des ministres beaucoup moins. 4. Les rédacteur
2286 é des ministres beaucoup moins. 4. Les rédacteurs de l’hebdomadaire français se déclarent frappés « par l’insistance des l
2287 l’insistance des lecteurs à rappeler la nécessité d’ un réveil de la conscience européenne ». Et ils ajoutent : « Si tous l
2288 des lecteurs à rappeler la nécessité d’un réveil de la conscience européenne ». Et ils ajoutent : « Si tous les peuples l
2289 ». Et ils ajoutent : « Si tous les peuples libres de l’Europe occidentale n’arrivent pas à se pénétrer de l’idée qu’ils ap
2290 l’Europe occidentale n’arrivent pas à se pénétrer de l’idée qu’ils appartiennent à une même civilisation, aujourd’hui mena
2291 ation, aujourd’hui menacée, il n’y a aucun espoir d’ aboutir. S’ils y parviennent, tous les espoirs sont permis. Car ce son
2292 Car ce sont les peuples qui décideront finalement de leur sort, en restant inertes, ou en faisant pression sur leurs gouve
2293 pourriez croire que je n’ai fait que citer l’une de mes chroniques de l’an dernier… Certes, une hirondelle ne fait pas le
2294 ue je n’ai fait que citer l’une de mes chroniques de l’an dernier… Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps, et une
2295 fait pas l’Europe, mais il y a de nouveau un peu d’ espoir dans l’air. Au revoir, à lundi prochain !
47 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les politiciens et l’Europe (3 avril 1950)
2296 expression « faire l’Europe », qui est le refrain de mes chroniques, a plus d’un sens. Pour les fédéralistes, dont je suis
2297 e », qui est le refrain de mes chroniques, a plus d’ un sens. Pour les fédéralistes, dont je suis, faire l’Europe signifie
2298 fasse vite, et affirmer surtout qu’il est urgent d’ attendre, avec une obstination aussi acharnée qu’anglo-saxonne. Pour l
2299 auver notre culture, nos libertés et le sens même de notre vie, pour les autres, c’est réunir des commissions, qui convoqu
2300 meront des bureaux, dont il peut être intéressant de faire partie. Ainsi va le monde. Prenons-le comme il est, et demandon
2301 it exact. M. Churchill s’est fait, s’il me permet de le dire, le haut-parleur d’un grand courant d’idées qui circulait dep
2302 fait, s’il me permet de le dire, le haut-parleur d’ un grand courant d’idées qui circulait depuis longtemps déjà dans les
2303 et de le dire, le haut-parleur d’un grand courant d’ idées qui circulait depuis longtemps déjà dans les milieux les plus di
2304 eux les plus divers, et parfois les plus éloignés de celui de l’homme d’État conservateur. Mais le fait est que, quand cer
2305 lus divers, et parfois les plus éloignés de celui de l’homme d’État conservateur. Mais le fait est que, quand certains d’e
2306 a Chambre des communes, préconisant l’intégration de l’Allemagne dans une Europe unie, et tout le monde s’est écrié : voil
2307 ité, et qui voit loin !… Mais il n’est pas besoin de voir très loin pour voir que le problème allemand est le problème num
2308 ue le problème allemand est le problème numéro un de l’Europe actuelle, et qu’il n’a qu’une seule solution : l’Europe unie
2309 qu’une seule solution : l’Europe unie. Il suffit de voir ce qui est, dans l’immédiat, et sous nos yeux. L’étonnant, le st
2310 rien vu. La seule nouveauté véritable du discours de M. Churchill, c’est qu’il a proposé que l’Angleterre soutienne effect
2311 dans le cadre du Conseil de l’Europe. Il a décidé d’ inviter la République fédérale de Bonn à venir siéger dans l’Assemblée
2312 ope. Il a décidé d’inviter la République fédérale de Bonn à venir siéger dans l’Assemblée consultative, qui doit se réunir
2313 ssemblée consultative, qui doit se réunir au mois d’ août à Strasbourg, pour sa deuxième session normale. On attend désorma
2314 llemands, très divisés sur cette question à cause d’ une affaire ridicule. Les Français voudraient que la Sarre entre en mê
2315 es Allemands la veulent allemande, et s’offensent de la voir traitée en État libre. Je dis que l’affaire est ridicule, s’a
2316 , puisqu’il est clair que, dans notre fédération, de tels problèmes précisément ne se poseraient plus, — et voilà bien pou
2317 llemand, mais c’est surtout, et avant tout, faire de ces deux pays, et aussi de la Sarre, des cantons sans frontière dans
2318 , et avant tout, faire de ces deux pays, et aussi de la Sarre, des cantons sans frontière dans la grande république europé
2319 nde république européenne. Il s’agit à Strasbourg de dépasser le stade des points d’honneur nationalistes. Mettre comme co
2320 agit à Strasbourg de dépasser le stade des points d’ honneur nationalistes. Mettre comme condition à l’entrée de l’Allemagn
2321 nationalistes. Mettre comme condition à l’entrée de l’Allemagne dans l’union supranationale une question de nationalisme,
2322 llemagne dans l’union supranationale une question de nationalisme, c’est un non-sens dont les politiciens devraient rougir
2323 lemagne entre ou non dans le Conseil de l’Europe. De son refus ou de son acceptation dépendra le succès de l’entreprise de
2324 non dans le Conseil de l’Europe. De son refus ou de son acceptation dépendra le succès de l’entreprise de Strasbourg. Si
2325 on refus ou de son acceptation dépendra le succès de l’entreprise de Strasbourg. Si le Conseil de l’Europe, mis sur pied g
2326 on acceptation dépendra le succès de l’entreprise de Strasbourg. Si le Conseil de l’Europe, mis sur pied grâce aux efforts
2327 e l’Europe, mis sur pied grâce aux efforts privés de notre Mouvement réussissait à absorber les Allemands dans une vaste u
48 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les volontaires de Daniel Villey (10 avril 1950)
2328 Demain l’Europe ! — Les volontaires de Daniel Villey (10 avril 1950) Chers auditeurs ! Il y a quelques sem
2329 emaines, à ce micro, je vous lisais deux extraits d’ un appel que venait de lancer le professeur Daniel Villey, de la facul
2330 que venait de lancer le professeur Daniel Villey, de la faculté de droit de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires
2331 lancer le professeur Daniel Villey, de la faculté de droit de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires de consacrer d
2332 professeur Daniel Villey, de la faculté de droit de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires de consacrer deux ans d
2333 de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires de consacrer deux ans de leur vie à la lutte pour l’union européenne. Ce
2334 dait à quelques volontaires de consacrer deux ans de leur vie à la lutte pour l’union européenne. Ces courts extraits d’un
2335 utte pour l’union européenne. Ces courts extraits d’ une modeste brochure ont suffi pour que 150 de mes auditeurs de tous â
2336 its d’une modeste brochure ont suffi pour que 150 de mes auditeurs de tous âges m’écrivent, écrivent aussi au professeur V
2337 brochure ont suffi pour que 150 de mes auditeurs de tous âges m’écrivent, écrivent aussi au professeur Villey, demandent
2338 rivent aussi au professeur Villey, demandent plus de détails, et souvent même, offrent de faire partie de l’équipe des vol
2339 mandent plus de détails, et souvent même, offrent de faire partie de l’équipe des volontaires. Ces lettres me venaient pou
2340 détails, et souvent même, offrent de faire partie de l’équipe des volontaires. Ces lettres me venaient pour la plupart de
2341 ur la plupart de Suisse, mais quelques-unes aussi de France, ou d’Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestin
2342 de Suisse, mais quelques-unes aussi de France, ou d’ Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestine — où je ne s
2343 i de France, ou d’Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestine — où je ne soupçonnais pas que les ondes suiss
2344 i bien écoutées et reçues. Ces nombreuses marques d’ enthousiasme pour l’initiative de Villey me font un devoir, aujourd’hu
2345 mbreuses marques d’enthousiasme pour l’initiative de Villey me font un devoir, aujourd’hui, de vous décrire la suite de ce
2346 tiative de Villey me font un devoir, aujourd’hui, de vous décrire la suite de cette belle aventure. Certes, elle en est en
2347 un devoir, aujourd’hui, de vous décrire la suite de cette belle aventure. Certes, elle en est encore à ses débuts, mais e
2348 x qu’une promesse. Daniel Villey, sans avoir fait d’ autre publicité que l’envoi de sa brochure à ceux qui la demandaient —
2349 ey, sans avoir fait d’autre publicité que l’envoi de sa brochure à ceux qui la demandaient — à la suite de quelques articl
2350 la demandaient — à la suite de quelques articles de Daniel-Rops, de Jules Romains, et de ma chronique — , Villey, donc, a
2351 — à la suite de quelques articles de Daniel-Rops, de Jules Romains, et de ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus de 20
2352 ues articles de Daniel-Rops, de Jules Romains, et de ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus de 2000 lettres d’adhésion
2353 et de ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus de 2000 lettres d’adhésion en quelques semaines. Sans secrétaire, aidé s
2354 que — , Villey, donc, a reçu plus de 2000 lettres d’ adhésion en quelques semaines. Sans secrétaire, aidé seulement par sa
2355 a dépouillé cet énorme courrier, et s’est efforcé de répondre à ceux qui le demandaient. Surtout, il a opéré un choix dans
2356 dans ce courrier très disparate. Une cinquantaine de jeunes gens et jeunes filles ont été convoqués pour une première renc
2357 remière rencontre à Paris le 12 février. Le texte de la convocation avait été rédigé en termes exigeants, afin que puissen
2358 exigeants, afin que puissent se distinguer celles de ces bonnes volontés qu’appuyait une solide résolution. Le 17 février,
2359 français du Mouvement européen, un premier groupe de dix volontaires a prêté un serment solennel, et s’est engagé pour deu
2360 et s’est engagé pour deux ans au service exclusif de l’unité européenne. Trois autres sont venus s’ajouter au noyau, le 8
2361 nt venus s’ajouter au noyau, le 8 mars. Au nombre de ces premiers volontaires, je relève deux étudiants, un secrétaire d’i
2362 ontaires, je relève deux étudiants, un secrétaire d’ inspection de l’enseignement, un horticulteur, une directrice d’école
2363 relève deux étudiants, un secrétaire d’inspection de l’enseignement, un horticulteur, une directrice d’école d’infirmières
2364 e l’enseignement, un horticulteur, une directrice d’ école d’infirmières, une diplômée en économie politique, une ouvrière
2365 ignement, un horticulteur, une directrice d’école d’ infirmières, une diplômée en économie politique, une ouvrière de Toulo
2366 une diplômée en économie politique, une ouvrière de Toulouse et un voyageur de commerce. Pour l’Europe, ils ont quitté le
2367 olitique, une ouvrière de Toulouse et un voyageur de commerce. Pour l’Europe, ils ont quitté leurs familles, interrompu le
2368 études ou leur carrière, accepté tous les risques d’ une entreprise incertaine et d’une vie dénuée de toute assurance du le
2369 é tous les risques d’une entreprise incertaine et d’ une vie dénuée de toute assurance du lendemain. Que feront donc ces vo
2370 s d’une entreprise incertaine et d’une vie dénuée de toute assurance du lendemain. Que feront donc ces volontaires ? C’est
2371 onc ces volontaires ? C’est ce qu’un grand nombre de correspondants ont demandé à Daniel Villey, qui leur répond en ces te
2372 que d’autres ensuite amplifieront. Il faut voler de chance en chance. Comment tracer d’avance l’itinéraire d’une telle dé
2373 Il faut voler de chance en chance. Comment tracer d’ avance l’itinéraire d’une telle démarche ? Pourtant, des objectifs pr
2374 e en chance. Comment tracer d’avance l’itinéraire d’ une telle démarche ? Pourtant, des objectifs précis sont assignés d’o
2375 rd, ils devront répandre dans toutes les communes de France le drapeau de l’Europe, le E vert sur fond blanc, afin qu’il f
2376 dre dans toutes les communes de France le drapeau de l’Europe, le E vert sur fond blanc, afin qu’il flotte au fronton des
2377 rapeau national. Et ils prépareront l’institution d’ une fête légale de l’Europe, pour le 10 août de chaque année. Ces deux
2378 t ils prépareront l’institution d’une fête légale de l’Europe, pour le 10 août de chaque année. Ces deux mesures supposent
2379 on d’une fête légale de l’Europe, pour le 10 août de chaque année. Ces deux mesures supposent une intense propagande dans
2380 les esprits, en France, à accepter l’intégration de l’Allemagne dans la fédération, à exiger l’élection directe du Parlem
2381 ion directe du Parlement européen, et la création d’ un exécutif européen responsable devant ce Parlement. Agiter, réveille
2382 r participer, eux aussi, à la croisade. Craignant de décevoir tant de bonnes volontés qui s’étaient signalées spontanément
2383 à Villey. Il m’a répondu ceci : son intention est de former d’abord sa première équipe pour la France. Un ou deux Suisses
2384 ance. Un ou deux Suisses ont été invités à suivre de près l’expérience. Si celle-ci se révèle concluante, il faudra qu’une
2385 èmes, à nos mentalités. Je souhaite que le succès de Daniel Villey en France permette une suite rapide chez nous, car je c
2386 gouvernements, laissés à eux-mêmes, sont capables de faire, ou plutôt de ne pas faire. C’est ainsi qu’à Strasbourg, tout r
2387 és à eux-mêmes, sont capables de faire, ou plutôt de ne pas faire. C’est ainsi qu’à Strasbourg, tout récemment, les minist
2388 t, les ministres du Conseil de l’Europe ont tenté d’ étouffer le premier projet d’un organisme exécutif européen, en le ren
2389 e l’Europe ont tenté d’étouffer le premier projet d’ un organisme exécutif européen, en le renvoyant à des sous-commissions
2390 européen, en le renvoyant à des sous-commissions d’ étude, d’approches, et de consultation indéfiniment préalables. On sai
2391 , en le renvoyant à des sous-commissions d’étude, d’ approches, et de consultation indéfiniment préalables. On sait que la
2392 t à des sous-commissions d’étude, d’approches, et de consultation indéfiniment préalables. On sait que la procédure est le
2393 s. On sait que la procédure est le meilleur moyen de s’occuper sérieusement et coûteusement à ne rien faire. Et l’on a hon
2394 et coûteusement à ne rien faire. Et l’on a honte de voir des hommes d’État se livrer à ce jeu d’escamotage des espoirs do
2395 onte de voir des hommes d’État se livrer à ce jeu d’ escamotage des espoirs dont ils sont, après tout, responsables devant
2396 On voudrait que Daniel Villey et sa petite troupe de jeunes croisés se présentent devant eux, simplement, et qu’ils leur f
2397 comprendre, sans discours, que le temps est venu d’ être sérieux : leur seul exemple suffirait. À Villey donc et à ses vol
2398 olontaires, j’adresse au nom de beaucoup nos vœux de joyeuses Pâques. Le printemps de l’Europe est à eux, cette année ! Au
2399 eaucoup nos vœux de joyeuses Pâques. Le printemps de l’Europe est à eux, cette année ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi
49 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Branle-bas mondial (17 avril 1950)
2400 passe-t-il dans le monde, ce printemps ? Quantité de petits événements vont et viennent dans l’actualité, et voudraient fa
2401 elgique, le cabinet Bidault en France, obtiennent de justesse des majorités peu concluantes ; les ministres volent en tout
2402 deux, à treize, à quatre, comme dans les figures d’ un ballet, et tout cela n’est pas exaltant. C’est le train-train de l’
2403 out cela n’est pas exaltant. C’est le train-train de l’Histoire, et s’il est vrai que les temps heureux n’ont pas d’Histoi
2404 et s’il est vrai que les temps heureux n’ont pas d’ Histoire, on serait tenté d’être optimiste. On aurait tort. Car derriè
2405 mps heureux n’ont pas d’Histoire, on serait tenté d’ être optimiste. On aurait tort. Car derrière tout ce va-et-vient, cach
2406 n de devenir des hémisphères. Déjà, ce n’est plus de la Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de
2407 hémisphères. Déjà, ce n’est plus de la Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de l’Occident, des
2408 a Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de l’Occident, des deux moitiés de la Planète, prêtes à s
2409 l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de l’Occident, des deux moitiés de la Planète, prêtes à s’unir chacune d
2410 is de l’Orient et de l’Occident, des deux moitiés de la Planète, prêtes à s’unir chacune de son côté, et contre l’autre. U
2411 ux moitiés de la Planète, prêtes à s’unir chacune de son côté, et contre l’autre. Une gigantesque simplification du monde
2412 sous nos yeux. Il est incontestable qu’il s’agit d’ un fait sans précédent dans l’histoire des hommes. Essayons d’en prend
2413 ns précédent dans l’histoire des hommes. Essayons d’ en prendre conscience. L’Orient d’abord : tout s’y passe en secret, ma
2414 dessin général transparaît lentement malgré tout. De l’Oder à Vladivostok, de Budapest à Pékin, de la Baltique à l’océan I
2415 t lentement malgré tout. De l’Oder à Vladivostok, de Budapest à Pékin, de la Baltique à l’océan Indien, les Russes ont ent
2416 ut. De l’Oder à Vladivostok, de Budapest à Pékin, de la Baltique à l’océan Indien, les Russes ont entrepris d’unifier tota
2417 ltique à l’océan Indien, les Russes ont entrepris d’ unifier totalement près de la moitié de la population du globe. Unific
2418 entrepris d’unifier totalement près de la moitié de la population du globe. Unification monétaire — par la création du ro
2419 r la création du rouble or, seule monnaie valable de Pékin à Berlin — , unification économique, unification militaire et p
2420 n idéologique. En vérité, il ne s’agit plus guère de communisme ou de marxisme, en tout cela, mais de la création d’un Emp
2421 vérité, il ne s’agit plus guère de communisme ou de marxisme, en tout cela, mais de la création d’un Empire eurasien — pl
2422 de communisme ou de marxisme, en tout cela, mais de la création d’un Empire eurasien — plus asiatique qu’européen — repos
2423 ou de marxisme, en tout cela, mais de la création d’ un Empire eurasien — plus asiatique qu’européen — reposant sur deux pr
2424 eux principes fondamentaux : la puissance absolue de l’État, et la collectivisation totale de la pensée comme de la produc
2425 absolue de l’État, et la collectivisation totale de la pensée comme de la production. Devant cette entreprise sans précéd
2426 et la collectivisation totale de la pensée comme de la production. Devant cette entreprise sans précédent, méthodiquement
2427 rait faire, et à publier à grand bruit 22 projets d’ action contradictoires, au lieu d’exécuter en silence un seul plan. Co
2428 t. » C’est qu’à l’Ouest, nous devons tenir compte de mille réalités qu’un Staline néglige ou liquide : les traditions nati
2429 et des esprits, nous tâtonnons vers des formules d’ union respectueuses des diversités. Alors qu’à l’Est s’est imposée du
2430 tons sur des dosages nationaux, sur des questions de préséance diplomatiques héritées d’un autre âge. Nous louchons vers u
2431 des questions de préséance diplomatiques héritées d’ un autre âge. Nous louchons vers une direction américaine, qui hésite
2432 ut en déclarant fièrement que nous ne boirons pas de coca-cola. Il y a souvent de la sottise, mais parfois aussi de la gra
2433 nous ne boirons pas de coca-cola. Il y a souvent de la sottise, mais parfois aussi de la grandeur, dans cette répugnance
2434 Il y a souvent de la sottise, mais parfois aussi de la grandeur, dans cette répugnance générale à prendre sans délai les
2435 dre sans délai les mesures qui s’imposent. Il y a de la sottise à refuser l’union, mais il y a de la grandeur à refuser l’
2436 y a de la sottise à refuser l’union, mais il y a de la grandeur à refuser l’unification mécanique à la manière des dictat
2437 es dictatures. La seule tentative un peu sérieuse de réponse au péril eurasien, nous la voyons se dessiner depuis quelques
2438 la confusion domine. Une bonne moitié des nations de l’Europe n’ont pas voulu signer ce pacte, comme la Suisse, la Suède e
2439 e plus, nous voyons que la clé du problème, c’est de fédérer d’abord tous les pays de l’Europe, afin de pouvoir conclure e
2440 problème, c’est de fédérer d’abord tous les pays de l’Europe, afin de pouvoir conclure ensuite une vaste union occidental
2441 que. Une fois de plus, nous voyons qu’il est faux de prétendre que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’Europe qu
2442 voyons qu’il est faux de prétendre que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’Europe qui, dans le monde occidental,
2443 est elle dont la présente désunion empêche encore de réaliser un plan de défense de l’Occident. Et c’est elle dont l’union
2444 sente désunion empêche encore de réaliser un plan de défense de l’Occident. Et c’est elle dont l’union garantirait non seu
2445 nt l’union garantirait non seulement l’efficacité de ce plan, mais encore et surtout le sens des valeurs humaines que ce p
2446 sens des valeurs humaines que ce plan est chargé de défendre contre l’immense poussée de la masse orientale. L’enjeu de c
2447 n est chargé de défendre contre l’immense poussée de la masse orientale. L’enjeu de ce conflit mondial, dont les données c
2448 l’immense poussée de la masse orientale. L’enjeu de ce conflit mondial, dont les données concrètes se simplifient terribl
2449 t terriblement depuis quelques semaines, essayons de le formuler en termes simples, eux aussi. C’est l’enjeu le plus total
2450 s été proposé à l’humanité. Il s’agit aujourd’hui de savoir si c’est l’homme personnel qui va subsister et créer l’avenir,
2451 er, comme c’est le cas en Orient. Ce qu’il s’agit de gagner, ce n’est pas une guerre, c’est beaucoup plus : c’est la cause
2452 une guerre, c’est beaucoup plus : c’est la cause de l’homme personnel, de chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qu
2453 ucoup plus : c’est la cause de l’homme personnel, de chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passio
2454  : c’est la cause de l’homme personnel, de chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passions, à ses
2455 e personnel, de chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passions, à ses péchés, et à sa foi, et qui
2456 assions, à ses péchés, et à sa foi, et qui refuse de se les laisser dicter en masse par les fonctionnaires d’un tyran. Ceu
2457 es laisser dicter en masse par les fonctionnaires d’ un tyran. Ceux qui auront compris cela auront aussi compris le sens de
2458 compris cela auront aussi compris le sens dernier de notre effort fédéraliste. Au revoir, à lundi prochain.
50 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’union atlantique (24 avril 1950)
2459 s bien en deux hémisphères, dont l’une s’organise d’ une manière rigide, en silence, sous la direction du Kremlin, et dont
2460 ’autre s’agite et discute sans trouver sa formule d’ union. Et je vous disais que les cercles officiels me paraissaient ten
2461 e M. Georges Bidault venait, au nom de la France, de proposer la création d’un haut Conseil de l’Atlantique. Je ne puis do
2462 ait, au nom de la France, de proposer la création d’ un haut Conseil de l’Atlantique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir,
2463 France, de proposer la création d’un haut Conseil de l’Atlantique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir, que de reprendre
2464 ntique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir, que de reprendre ma dernière causerie au point précis où l’actualité s’est c
2465 erie au point précis où l’actualité s’est chargée de la prolonger. Que faut-il penser de la proposition Bidault, du point
2466 s’est chargée de la prolonger. Que faut-il penser de la proposition Bidault, du point de vue européen ? Faut-il en déduire
2467 hommes d’État ont renoncé à faire l’Europe, avant d’ avoir sérieusement essayé d’y réussir, et qu’ils prétendent aujourd’hu
2468 faire l’Europe, avant d’avoir sérieusement essayé d’ y réussir, et qu’ils prétendent aujourd’hui réaliser le plus, après av
2469 ée ? Et faut-il enfin que je change le titre même de ma chronique ? Je pense que je n’étonnerai personne en vous disant qu
2470 e ne pense pas que les ministres qui parlent déjà d’ union atlantique feront rien de sérieux pour la réaliser ; 2. Je ne pe
2471 s qui parlent déjà d’union atlantique feront rien de sérieux pour la réaliser ; 2. Je ne pense pas que cette union soit ré
2472 nt rien, parce qu’ils n’ont pas la volonté réelle d’ imposer et de mettre en pratique les beaux projets sur lesquels ils di
2473 e qu’ils n’ont pas la volonté réelle d’imposer et de mettre en pratique les beaux projets sur lesquels ils discourent. Ils
2474 ourent. Ils se disent tous, ou presque, partisans de l’union et même de la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d
2475 nt tous, ou presque, partisans de l’union et même de la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’accepter une mesur
2476 ue, partisans de l’union et même de la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’accepter une mesure bien pratique e
2477 la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’ accepter une mesure bien pratique et efficace, qu’elle soit de premièr
2478 ne mesure bien pratique et efficace, qu’elle soit de première importance, comme l’élection directe d’un Parlement européen
2479 de première importance, comme l’élection directe d’ un Parlement européen, ou secondaire, mais significative, comme la sup
2480 nistres et tous leurs experts refusent absolument d’ agir. Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou de timidité. I
2481 ent d’agir. Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou de timidité. Ils trouvent toujours que « c’est prématuré »,
2482 Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou de timidité. Ils trouvent toujours que « c’est prématuré », sans qu’on p
2483 s qu’on puisse deviner à quel moment cela cessera d’ être prématuré, à leur avis. Ils prétendent toujours que l’opinion n’e
2484 les plaindre ; je suis prêt à saluer la sincérité de plusieurs en tant qu’individus ; je suis même prêt à prendre au série
2485 suis même prêt à prendre au sérieux quelques-unes de leurs objections. Mais je me refuse à croire un seul instant qu’ils v
2486 t démontré depuis un an qu’ils étaient incapables de créer une union par-dessus la Manche, ou même par-dessus le Rhin, cep
2487 montrer fortement hésitante devant la suggestion de M. Bidault. Certes, celle-ci rejoint l’action très vigoureuse d’une f
2488 Certes, celle-ci rejoint l’action très vigoureuse d’ une fraction du Sénat américain en faveur d’une fédération des démocra
2489 omprend. Comment les États-Unis accepteraient-ils d’ entrer sur pied d’égalité dans une union avec nos peuples désunis, don
2490 es États-Unis accepteraient-ils d’entrer sur pied d’ égalité dans une union avec nos peuples désunis, donc faibles, avec no
2491 supprimer les visas ; et qui ont refusé jusqu’ici de sacrifier la plus petite parcelle de leur souveraineté nationale ? Ce
2492 sé jusqu’ici de sacrifier la plus petite parcelle de leur souveraineté nationale ? Certes, la direction générale indiquée
2493 i dans ma prochaine chronique. Ensuite, il s’agit de bien voir que ce ne sont pas nos petits États souverains qui seront c
2494 s nos petits États souverains qui seront capables de s’unir à l’Amérique, en ordre dispersé ; mais que si nous voulons qu’
51 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et l’Amérique (1er mai 1950)
2495 à ce soir le cinquantième lundi que je vous parle de l’Europe. Si elle n’est pas encore faite, cette Europe, personne au m
2496 nez sur l’événement. Je vous ai décrit les étapes de ce progrès encore bien lent et plein d’à-coups, mais au total indiscu
2497 es étapes de ce progrès encore bien lent et plein d’ à-coups, mais au total indiscutable. Le Conseil de l’Europe est encore
2498 e est encore vagissant, mais il est né. La presse de nos pays est encore divisée, souvent sceptique, mais vous ne pouvez p
2499 ler, se frotte les yeux, et se demande si l’union de l’Europe ne serait pas autre chose qu’une « idée généreuse » — ne ser
2500 mique et culturel le plus urgent, le plus concret de notre époque. C’est à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye
2501 e plus concret de notre époque. C’est à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye de contribuer. Je ne puis rêver d’a
2502 à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye de contribuer. Je ne puis rêver d’agir ici sur les décisions des ministr
2503 chronique essaye de contribuer. Je ne puis rêver d’ agir ici sur les décisions des ministres. D’abord, ils n’en prennent p
2504 nistres. D’abord, ils n’en prennent pas beaucoup, de décisions. Et puis, les seuls qui auraient le temps de m’écouter sont
2505 cisions. Et puis, les seuls qui auraient le temps de m’écouter sont ceux que l’on vient de renverser, et qui se retirent à
2506 es autres, ils sont trop occupés car ce n’est pas de ce côté-là que le pouvoir véritable réside, dans nos régimes. Je ne p
2507 e ne puis agir, en fait, que sur un petit secteur de ce que l’on nomme le grand public, mais c’est peut-être là que notre
2508 — dans l’opinion, puisqu’elle seule est en mesure d’ exiger ce que les pouvoirs refusent encore. Six minutes par semaine, d
2509 c’est peu. Mais après tout, qui sait ? Il s’agit de réveiller. Or le sommeil humain a des lois bien étranges. Il arrive q
2510 re qu’un homme qui dort à poings fermés résiste à de petits coups d’épingle. Mettons que ce soit là mon ambition. La petit
2511 ui dort à poings fermés résiste à de petits coups d’ épingle. Mettons que ce soit là mon ambition. La petite piqûre hebdoma
2512 ientation. Ou bien en provoquant un large courant d’ air. C’est ce que sont en train de faire, pour le réveil d’une opinion
2513 est ce que sont en train de faire, pour le réveil d’ une opinion européenne, certains souffles glacés qui viennent parfois
2514 . Depuis que M. Bidault a proposé le haut Conseil de l’Atlantique, on sent que quelque chose bouge, en Europe. À cet égard
2515 ite à prendre une conscience beaucoup plus claire de l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’attitude humaine.
2516 beaucoup plus claire de l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’attitude humaine. Certes, l’Europe considérée
2517 s claire de l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’attitude humaine. Certes, l’Europe considérée dans son ens
2518 l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’ attitude humaine. Certes, l’Europe considérée dans son ensemble, est l
2519 mettons, les Suédois et les Grecs, les puritains d’ Écosse et les chanteurs napolitains ? Est-ce que les Hollandais, les B
2520 les Belges, les Anglais, n’ont pas beaucoup plus d’ intérêts en commun avec l’Amérique, qu’avec les Yougoslaves ou même le
2521 me une des premières conditions. Prenez l’exemple de la Suisse, et ma thèse devient évidente. L’homme d’affaires de Stockh
2522 et ma thèse devient évidente. L’homme d’affaires de Stockholm n’est pas plus différent du paysan de la Provence, que le b
2523 s de Stockholm n’est pas plus différent du paysan de la Provence, que le banquier genevois du pâtre d’Appenzell, ou le Bâl
2524 de la Provence, que le banquier genevois du pâtre d’ Appenzell, ou le Bâlois du Valaisan. Mais par-dessous tous ces contras
2525 a en Europe comme en Suisse, la grande communauté de la civilisation occidentale, beaucoup plus profonde qu’on ne le croit
2526 thérienne et anglicane. Il y a la longue histoire de nos alliances et de nos guerres civiles. Il y a les mêmes partis soci
2527 ne. Il y a la longue histoire de nos alliances et de nos guerres civiles. Il y a les mêmes partis socialistes, catholiques
2528 pays et qui nous distinguent tous, profondément, de la Russie et de l’Orient. Il y a surtout ce goût de l’original et cet
2529 s distinguent tous, profondément, de la Russie et de l’Orient. Il y a surtout ce goût de l’original et cet amour jaloux de
2530 la Russie et de l’Orient. Il y a surtout ce goût de l’original et cet amour jaloux des différences locales et traditionne
2531 ment, qui est asiatique, et au goût du mélange et de l’imitation, qui est américain. Je voudrais conclure par deux remarqu
2532 es. La première, c’est qu’en face de la Russie ou de l’Amérique, nous sentons bien que nous formons en Europe une grande f
2533 famille, malgré toutes nos diversités, ou à cause d’ elles. La seconde, c’est que nous sommes actuellement séparés de nos A
2534 conde, c’est que nous sommes actuellement séparés de nos Américains par autre chose encore que par ces différences authent
2535 ces authentiques et valables. Nous sommes séparés d’ eux par des malentendus, des préjugés et des informations superficiell
52 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et l’Amérique (II) (8 mai 1950)
2536 ue (II) (8 mai 1950) Chers auditeurs, Que pense de l’Amérique l’Européen moyen ? Et que pense-t-on de nous, dans les Éta
2537 e l’Amérique l’Européen moyen ? Et que pense-t-on de nous, dans les États-Unis ? Ces deux questions sont importantes. Car
2538 s-Unis ? Ces deux questions sont importantes. Car d’ une entente raisonnable ou d’un malentendu trop persistant entre les p
2539 ont importantes. Car d’une entente raisonnable ou d’ un malentendu trop persistant entre les peuples des deux continents, d
2540 entre les peuples des deux continents, dépendront de grands événements, dans un avenir peut-être proche. Bernard Shaw disa
2541 autres. La presse américaine contient certes plus d’ informations sur l’Europe que nos propres journaux. Mais elle ignore l
2542 me du Vieux Monde. Et nous avons tous vu quantité de films américains, nous savons à peu près ce qu’est le plan Marshall,
2543 arshall, nous avons cotoyé chez nous des milliers de GIs en vacances, mais nous n’en continuons pas moins à répéter des ju
2544 la propagande communiste, ou par tel livre ancien de M. Duhamel, qui raconte des histoires de pouces de nègre dans les con
2545 e ancien de M. Duhamel, qui raconte des histoires de pouces de nègre dans les conserves de Chicago. S’il fallait résumer e
2546 e M. Duhamel, qui raconte des histoires de pouces de nègre dans les conserves de Chicago. S’il fallait résumer en quelques
2547 s histoires de pouces de nègre dans les conserves de Chicago. S’il fallait résumer en quelques mots les préjugés européens
2548 me ils disent quelquefois. Regardons-y maintenant d’ un peu plus près. Une campagne violente s’est déchaînée récemment en E
2549 e récemment en Europe contre le coca-cola importé d’ Amérique. Si bien que cette innocente et quelconque limonade est deven
2550 et quelconque limonade est devenue pour la presse de nos pays latins le symbole même de l’invasion yankee, contre laquelle
2551 pour la presse de nos pays latins le symbole même de l’invasion yankee, contre laquelle nous aurions à défendre les antiqu
2552 uelle nous aurions à défendre les antiques vertus de la race, la santé de nos enfants et l’intégrité de notre conception d
2553 défendre les antiques vertus de la race, la santé de nos enfants et l’intégrité de notre conception du monde, laquelle inc
2554 e la race, la santé de nos enfants et l’intégrité de notre conception du monde, laquelle inclut, bien entendu, l’apéritif
2555 urses… J’estime qu’en cette affaire, c’est à nous de rougir. Gardons nos grands principes pour des questions sérieuses. Je
2556 opagande, M. Truman lui-même, appuyé par la meute de requins de Wall Street, imposerait machiavéliquement ces lectures opt
2557 . Truman lui-même, appuyé par la meute de requins de Wall Street, imposerait machiavéliquement ces lectures optimistes à l
2558 estes par le public européen n’est pas révélateur d’ une profonde ressemblance entre les goûts de la masse des deux côtés d
2559 ateur d’une profonde ressemblance entre les goûts de la masse des deux côtés de l’Océan ? Si notre grand public se jette s
2560 blance entre les goûts de la masse des deux côtés de l’Océan ? Si notre grand public se jette sur les digestes, n’est-ce p
2561 très sérieusement, depuis longtemps ? Le reproche d’ impérialisme économique, je vous en ai parlé souvent ici. Je ne crois
2562 tant que les États-Unis nourrissent à notre égard de noirs desseins. Mais nous les forcerons à prendre en main, plus qu’il
2563 elle autonomie, sont à ce prix. Quant au reproche de barbarie matérialiste que nous faisons par habitude à l’Amérique, voi
2564 ur avoir un frigidaire, du lait contrôlé, des jus de fruits et des céréales ; vous dépensez plus qu’eux pour avoir un bift
2565 mais elles sont pleines. Ils parlent constamment d’ argent, sans la moindre pudeur, tandis que vous y pensez constamment,
2566 ce domaine. De plus, ils pensent que vous manquez d’ idéalisme… Que dire maintenant des préjugés américains à l’égard de l
2567 tié ou mal civilisés ; plus soucieux du passé que de l’avenir ; nihilistes et méchants pour le voisin ; incapables de fair
2568 ihilistes et méchants pour le voisin ; incapables de faire fonctionner nos économies nationales et de réparer nos robinets
2569 de faire fonctionner nos économies nationales et de réparer nos robinets ; chicaneurs, susceptibles, désunis, et au total
2570 ’Europe, c’est les Balkans, disent-ils. On essaye de les sauver, et ils se dressent sur leurs ergots, au nom de grands pri
2571 icaine, c’est que tous ces défauts sont le revers d’ un certain nombre de réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’
2572 us ces défauts sont le revers d’un certain nombre de réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’Européen, et je ne v
2573 r. L’Européen, et je ne veux pas parler seulement de nos plus grands esprits, l’Européen du peuple est resté, malgré tout,
2574 malgré tout, un homme qui a très souvent le sens de l’absolu, le sens de la passion et de la pauvreté, le goût de se rend
2575 e qui a très souvent le sens de l’absolu, le sens de la passion et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger
2576 ent le sens de l’absolu, le sens de la passion et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger pour lui-même, e
2577 le sens de la passion et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger pour lui-même, et de préférer cela au su
2578 et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger pour lui-même, et de préférer cela au succès à tout prix. Un ce
2579 de se rendre compte et de juger pour lui-même, et de préférer cela au succès à tout prix. Un certain sens aussi de la fata
2580 cela au succès à tout prix. Un certain sens aussi de la fatalité, acceptée avec humilité… Que conclure de ces observations
2581 la fatalité, acceptée avec humilité… Que conclure de ces observations, qu’il serait trop aisé de multiplier ? Je crois que
2582 clure de ces observations, qu’il serait trop aisé de multiplier ? Je crois que c’est clair : nous avons grand besoin les u
2583 rand besoin les uns des autres. Nous avons besoin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de
2584 autres. Nous avons besoin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ;
2585 oin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confiance
2586 ux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de not
2587 eur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de notre sens critique. Si quelque j
2588 éateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de notre sens critique. Si quelque jour nous arrivons à quelque chose de
2589 de plus qu’une alliance militaire : à un alliage de nos vertus complémentaires, la civilisation occidentale sera sauvée.
2590 s il nous faut d’abord sauver notre moitié à nous de ce grand tout, il nous faut donc d’abord unir l’Europe. Au revoir, à
53 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Lenteurs et progrès (15 mai 1950)
2591 progrès (15 mai 1950) Chers auditeurs, Le mois de mai ramène des astres favorables pour l’Europe, spécialement dans ses
2592 y a deux ans, le 7 mai 1948, s’ouvrait le congrès de La Haye, qui devait donner l’impulsion principale à la campagne pour
2593 ci qu’un ministre français propose officiellement de réaliser l’une des plus importantes mesures d’union que les fédéralis
2594 nt de réaliser l’une des plus importantes mesures d’ union que les fédéralistes ne cessaient de demander, depuis leurs prem
2595 mesures d’union que les fédéralistes ne cessaient de demander, depuis leurs premiers manifestes. Deux jours avant que M. S
2596 pouvions nous féliciter des progrès très rapides de notre idée dans l’opinion publique, dans les masses et dans la presse
2597 deux ans, en effet, nous n’étions qu’une poignée d’ idéalistes — comme dit avec pitié le premier nigaud venu — , tandis qu
2598 ai toujours pensé ! Mais d’autre part, ce progrès de l’idée fait sentir par contraste l’extrême lenteur de son application
2599 ’idée fait sentir par contraste l’extrême lenteur de son application par les gouvernements. Plus on en parle, et plus il d
2600 étions donc là, dimanche dernier. Et nous venions d’ adresser un appel très pressant au Conseil de l’Europe pour qu’il réal
2601 alise quelque chose, lorsque se produisit le coup de théâtre de la proposition Schuman. De quoi s’agit-il, dans ce plan ?
2602 ue chose, lorsque se produisit le coup de théâtre de la proposition Schuman. De quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose
2603 sit le coup de théâtre de la proposition Schuman. De quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose de mettre en commun au serv
2604 man. De quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose de mettre en commun au service de l’Europe unie, les ressources en charb
2605 plan ? On propose de mettre en commun au service de l’Europe unie, les ressources en charbon et acier de la France et de
2606 l’Europe unie, les ressources en charbon et acier de la France et de l’Allemagne, puis des autres pays s’ils acceptent. Ma
2607 es ressources en charbon et acier de la France et de l’Allemagne, puis des autres pays s’ils acceptent. Mais ne pensez pas
2608 ils acceptent. Mais ne pensez pas qu’il s’agit là d’ une simple mesure économique, comme les États ne cessent d’en prendre
2609 ple mesure économique, comme les États ne cessent d’ en prendre sans rien changer aux causes profondes de la crise. Il s’ag
2610 en prendre sans rien changer aux causes profondes de la crise. Il s’agit en réalité d’une mesure politique décisive, et il
2611 auses profondes de la crise. Il s’agit en réalité d’ une mesure politique décisive, et il s’agit de poser la première pierr
2612 ité d’une mesure politique décisive, et il s’agit de poser la première pierre de la fédération européenne, M. Schuman l’a
2613 écisive, et il s’agit de poser la première pierre de la fédération européenne, M. Schuman l’a souligné lui-même. Mesure po
2614 nelles objections des experts. Et première pierre de la fédération européenne, puisque cette mesure aurait pour effet : pr
2615 que cette mesure aurait pour effet : premièrement de rendre matériellement impossible une guerre entre la France et l’Alle
2616 erre entre la France et l’Allemagne ; secondement de produire, pratiquement, un abandon de la souveraineté nationale des p
2617 secondement de produire, pratiquement, un abandon de la souveraineté nationale des pays adhérents à ce plan. Le charbon et
2618 dans ce domaine, se trouveraient aussi incapables d’ entrer en conflit armé que deux de nos cantons suisses ou que deux arm
2619 ussi incapables d’entrer en conflit armé que deux de nos cantons suisses ou que deux armées dont l’une aurait les canons,
2620 e les deux pays, puis, par la suite, des échanges de main-d’œuvre et de techniciens, une unification progressive du régime
2621 is, par la suite, des échanges de main-d’œuvre et de techniciens, une unification progressive du régime social, une produc
2622 , qu’avec le plan Schuman, c’est le sort pratique de l’Europe fédérée qui va se jouer au cours des mois qui viennent. Auss
2623 presque paniques. Depuis deux ans, on nous disait de tous côtés : vos projets de fédération sont très beaux, bravo ! Nous
2624 x ans, on nous disait de tous côtés : vos projets de fédération sont très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais de grâ
2625 nt très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais de grâce, proposez quelque chose de pratique ! Eh bien ! voilà M. Schuma
2626 s d’accord, mais de grâce, proposez quelque chose de pratique ! Eh bien ! voilà M. Schuman qui prend le taureau par les co
2627 qui prend le taureau par les cornes, en s’offrant de réaliser sans délai notre plan le plus évidemment pratique. Et que vo
2628 t allemands, se renfrogner, parce qu’ils ont peur de perdre le contrôle absolu de leurs entreprises et de leurs bénéfices.
2629 arce qu’ils ont peur de perdre le contrôle absolu de leurs entreprises et de leurs bénéfices. On voit les socialistes boud
2630 perdre le contrôle absolu de leurs entreprises et de leurs bénéfices. On voit les socialistes bouder, parce qu’ils ont peu
2631 ont peur que les capitalistes gardent encore trop de contrôle. On voit les Anglais freiner l’action, comme d’habitude, par
2632 rôle. On voit les Anglais freiner l’action, comme d’ habitude, parce que cette fois ils devront se décider entre l’isolemen
2633 stes partir en guerre au nom de l’indépendance et de la souveraineté nationale de leur pays, sur un ordre reçu d’un tout a
2634 de l’indépendance et de la souveraineté nationale de leur pays, sur un ordre reçu d’un tout autre pays, comme on sait. Cet
2635 raineté nationale de leur pays, sur un ordre reçu d’ un tout autre pays, comme on sait. Cette révolte des intérêts particul
2636 ers et des doctrines partisanes contre une mesure de bon sens et d’intérêt commun, cette révolte prouve simplement qu’avec
2637 rines partisanes contre une mesure de bon sens et d’ intérêt commun, cette révolte prouve simplement qu’avec le plan Schuma
2638 plan Schuman, nous sommes entrés dans le concret de notre lutte fédéraliste. Tous ces messieurs étaient d’accord tant que
2639 leurs yeux. Et ils se réservaient tout l’avantage de nous reprocher d’être dans le vague. Nous voici dans le concret, les
2640 se réservaient tout l’avantage de nous reprocher d’ être dans le vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris de pani
2641 vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris de panique. La paix du monde, disent-ils, c’est bien ; mes intérêts ou m
2642 Notre bataille à tous. Seule, la pression accrue de l’opinion publique qui veut la paix, qui doit vouloir les sacrifices
2643 soirement, soulignons-le — , seule cette pression de l’opinion sauvera la paix. Reste à savoir ce que veut l’opinion. Je v
2644 on. Je vous dirai la prochaine fois les résultats d’ un Gallup poll conduit dans nos pays sur l’union de l’Europe. Au revoi
2645 ’un Gallup poll conduit dans nos pays sur l’union de l’Europe. Au revoir, à lundi prochain.
54 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’opinion (22 mai 1950)
2646 uditeurs, Il y a quelques mois, j’étais le témoin d’ un bref dialogue entre deux hommes politiques, au sujet des mesures à
2647 ération. Le premier était un Norvégien, président de la Chambre des députés de son pays, le second un ancien ministre fran
2648 un Norvégien, président de la Chambre des députés de son pays, le second un ancien ministre français. Le Norvégien disait 
2649 archons lentement ! Chez nous en Norvège, l’homme de la rue s’intéresse fort peu au Mouvement pour l’Europe, il n’y croit
2650 st exactement inverse. Je constate que si l’homme de la rue ne nous suit pas, et ne croit guère à nos efforts, c’est parce
2651 lement, les peuples nous suivront ! » Or je viens d’ avoir sous les yeux les résultats d’une enquête menée précisément en N
2652 » Or je viens d’avoir sous les yeux les résultats d’ une enquête menée précisément en Norvège, et je constate que 64 % des
2653 ue, et qu’il révèle assez exactement la situation de la plupart des hommes d’État européen. Leurs prudences formalistes de
2654 formalistes devant le péril urgent, leur crainte d’ innover et de prendre des risques, leur tendance à ne jamais faire dem
2655 devant le péril urgent, leur crainte d’innover et de prendre des risques, leur tendance à ne jamais faire demain ce qu’ils
2656 divers, où la maladie pour certains, la surcharge de travail et les soucis électoraux pour d’autres, jouent un rôle import
2657 s, jouent un rôle important. Mais ils ont coutume de masquer ces vrais motifs derrière un faux prétexte facile à invoquer 
2658 absolument rien ; qu’ils n’ont jamais eu le temps d’ aller sonder les masses, et que dans les rares occasions où ils prenne
2659 ils prennent des décisions sérieuses, comme celle de déclarer une guerre, ils ne vont pas demander leur avis à ces masses.
2660 t, et depuis des années, je sentais que l’opinion de nos peuples, dans sa majorité, serait favorable à une fédération du c
2661 on du continent. Depuis que j’ai vu les résultats de l’enquête que je vous citais tout à l’heure, ce sentiment s’est trans
2662 itude. Et voici sur quoi je me fonde. Un institut de recherche de l’opinion publique vient d’opérer un large sondage dans
2663 ci sur quoi je me fonde. Un institut de recherche de l’opinion publique vient d’opérer un large sondage dans 5 pays europé
2664 institut de recherche de l’opinion publique vient d’ opérer un large sondage dans 5 pays européens, représentant un total d
2665 dage dans 5 pays européens, représentant un total de 153 millions d’habitants : Norvège, Hollande, France, Italie et Allem
2666 européens, représentant un total de 153 millions d’ habitants : Norvège, Hollande, France, Italie et Allemagne. Il s’agiss
2667 lande, France, Italie et Allemagne. Il s’agissait de savoir si l’opinion, dans ces pays, favorisait ou non l’union europée
2668 osé des questions très concrètes, en prenant soin d’ attirer l’attention sur les sacrifices qu’entraîneraient nécessairemen
2669 u’entraîneraient nécessairement certaines mesures d’ union. Par exemple, on a demandé à des hommes de tous les milieux s’il
2670 s d’union. Par exemple, on a demandé à des hommes de tous les milieux s’ils étaient pour une totale liberté du commerce, c
2671 é du commerce, c’est-à-dire pour que les produits d’ un pays entrent dans tous les autres sans payer de droits. 72 % ont ré
2672 d’un pays entrent dans tous les autres sans payer de droits. 72 % ont répondu oui, 9 % non, 19 % restant indécis. Après qu
2673 menté, tandis que le nombre des opposants passait de 9 à 23 %. Mais 45 % ont persisté à vouloir, malgré tout, l’union écon
2674 , l’union économique. Enfin, après avoir envisagé de la même manière un certain nombre de problèmes précis, voici ce qu’on
2675 oir envisagé de la même manière un certain nombre de problèmes précis, voici ce qu’on a posé comme dernière question : « C
2676 on a posé comme dernière question : « Compte tenu de tous les points examinés, pensez-vous que l’union européenne serait u
2677 en gros, dans 5 pays qui forment à eux seuls plus de la moitié de la population du continent : un tiers seulement de scept
2678 5 pays qui forment à eux seuls plus de la moitié de la population du continent : un tiers seulement de sceptiques ou d’op
2679 e la population du continent : un tiers seulement de sceptiques ou d’opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’u
2680 u continent : un tiers seulement de sceptiques ou d’ opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’union européenne.
2681 ement de sceptiques ou d’opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’union européenne. Eh bien ! voilà, me semble-
2682 d’opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’union européenne. Eh bien ! voilà, me semble-t-il, de quoi donner à
2683 nion européenne. Eh bien ! voilà, me semble-t-il, de quoi donner à réfléchir aux hommes d’État, et de quoi fortifier notre
2684 de quoi donner à réfléchir aux hommes d’État, et de quoi fortifier notre espoir. Une majorité de 2/3 en faveur de l’union
2685 , et de quoi fortifier notre espoir. Une majorité de 2/3 en faveur de l’union, cela doit rassurer les plus timides : on co
2686  : on connaît des gouvernements qui se contentent de beaucoup moins pour se cramponner au pouvoir… L’un d’entre eux, en pa
2687 en particulier, vient de s’en tirer avec une voix de majorité, une seule, lors d’un vote de confiance au Parlement. Et c’e
2688 tirer avec une voix de majorité, une seule, lors d’ un vote de confiance au Parlement. Et c’est, comme par hasard, ce gouv
2689 c une voix de majorité, une seule, lors d’un vote de confiance au Parlement. Et c’est, comme par hasard, ce gouvernement-l
2690 ement qu’il est bien décidé à ne pas tenir compte de l’opinion, mais qu’il renonce à se cacher derrière elle, derrière la
2691 once que l’enquête se poursuit dans d’autres pays de l’Europe. Quels vont être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend
2692 t être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend de vous, chers auditeurs, car l’opinion, c’est vous ! Les paris sont ouv
55 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Conversation avec un Américain (29 mai 1950)
2693 s. Mon hôte était un professeur américain, chargé de s’informer de l’état de l’Europe, et des efforts en cours pour unir n
2694 ait un professeur américain, chargé de s’informer de l’état de l’Europe, et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec
2695 fesseur américain, chargé de s’informer de l’état de l’Europe, et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange
2696 orts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange de sympathie curieuse et de méfiance toute scientifique, mon visiteur a
2697 os pays. Avec un mélange de sympathie curieuse et de méfiance toute scientifique, mon visiteur a commencé par me poser une
2698 ages, m’a-t-il dit, faut-il attendre, selon vous, de la fédération européenne ? » Je lui ai dit en riant : c’est ce qu’on
2699 : c’est ce qu’on appelle chez vous « une question de 64 dollars », la question difficile entre toutes et qui fait gagner l
2700 ir, quand une maison brûle, est-ce bien le moment de faire une enquête auprès des habitants de cette maison en les priant
2701 moment de faire une enquête auprès des habitants de cette maison en les priant de dire quels avantages ils espèrent retir
2702 uprès des habitants de cette maison en les priant de dire quels avantages ils espèrent retirer de l’extinction du feu ? Je
2703 iant de dire quels avantages ils espèrent retirer de l’extinction du feu ? Je n’ai pas répondu cela, parce que d’abord l’E
2704 est pas encore en feu, elle est seulement menacée d’ incendie, et l’on a donc encore le temps de faire des enquêtes. Ensuit
2705 enacée d’incendie, et l’on a donc encore le temps de faire des enquêtes. Ensuite, je me suis dit qu’il était bon, parfois,
2706 Ensuite, je me suis dit qu’il était bon, parfois, de reposer les questions fondamentales, et d’éprouver la valeur des répo
2707 rfois, de reposer les questions fondamentales, et d’ éprouver la valeur des réponses qu’on peut y faire sans hésiter. J’ai
2708 dent menace notre vieux continent. Et pas un seul de nos pays — pas même la Suisse ! — ne peut prétendre s’en tirer tout s
2709 rticuliers à s’effacer provisoirement au bénéfice de l’intérêt commun. Et comme nous sommes très opposés à l’unification t
2710 notre vraie richesse, nous demandons que l’union de nos pays s’opère dans un esprit fédéraliste, — nous demandons l’union
2711 a fait ses preuves en Suisse. Le premier avantage de la fédération sera donc d’éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvan
2712 e. Le premier avantage de la fédération sera donc d’ éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvant nos valeurs nationales. E
2713 tage de la fédération sera donc d’éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvant nos valeurs nationales. En second lieu, il
2714 un parti, un empire, qui ne sont pas précisément de vos amis. La nature a horreur du vide. Les empires ont horreur d’un c
2715 nature a horreur du vide. Les empires ont horreur d’ un continent ruiné, d’un marché vide. Si nous n’arrivons pas à faire d
2716 de. Les empires ont horreur d’un continent ruiné, d’ un marché vide. Si nous n’arrivons pas à faire demain l’Europe, elle s
2717 a dit alors mon visiteur américain, permettez-moi de vous répondre que j’ignore les intentions de M. Staline, mais que je
2718 -moi de vous répondre que j’ignore les intentions de M. Staline, mais que je sais très bien que nous, en Amérique, nous ne
2719 s à taxer ses contribuables pour venir au secours de l’Europe, sans exiger un jour ou l’autre de contrôler l’emploi des fo
2720 cours de l’Europe, sans exiger un jour ou l’autre de contrôler l’emploi des fonds qu’elle nous envoie ? Ce serait tout sim
2721 e nous envoie ? Ce serait tout simplement absurde de sa part. Mais contrôler ces fonds, cela signifie bientôt : organiser
2722 vous le vouliez ou non, vous serez un jour forcés de nous forcer à faire l’union européenne. Nous préférons la faire avant
2723 faut-il unir l’Europe, et quel serait l’avantage de cette union ? Je vous laisse juges. Mais soyons justes. J’ai bien com
2724 sera certains problèmes à l’Amérique. Le tout est de savoir si l’Amérique préfère l’Europe ruinée à l’Europe concurrente.
2725 est là son choix, c’est son affaire. La nôtre est d’ éviter la ruine. Et nous refusons de penser que la santé des uns puiss
2726 La nôtre est d’éviter la ruine. Et nous refusons de penser que la santé des uns puisse vraiment nuire à celle des autres.
56 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le règne des experts (5 juin 1950)
2727 pleins, depuis des semaines, et le refus anglais d’ y adhérer passionne à son sujet l’opinion des deux mondes. Je vous ai
2728 inion des deux mondes. Je vous ai dit que ce plan de mise en commun des ressources en acier et charbon du continent était
2729 t ce que l’on pouvait craindre. Tous nous parlent d’ union, proclament qu’elle est urgente, mais personne ne veut rien sacr
2730 sait, l’Europe court à sa perte. Mais les raisons de notre perte ne seront pas la Russie, ni le diable ! Elles sont inscri
2731 ns. Elles sont dans la résistance des industriels d’ un côté, des syndicats de l’autre, qui veulent bien l’union, mais sans
2732 sistance des industriels d’un côté, des syndicats de l’autre, qui veulent bien l’union, mais sans renoncer à la moindre pa
2733 l’union, mais sans renoncer à la moindre parcelle de leur puissance ou de leur doctrine, ce qui revient à dire que pratiqu
2734 noncer à la moindre parcelle de leur puissance ou de leur doctrine, ce qui revient à dire que pratiquement, ils refusent l
2735 ent à dire que pratiquement, ils refusent l’union de l’Europe. Elles sont aussi dans les préjugés invétérés de certains go
2736 ope. Elles sont aussi dans les préjugés invétérés de certains gouvernements, comme celui de la Grande-Bretagne, qui disent
2737 invétérés de certains gouvernements, comme celui de la Grande-Bretagne, qui disent vouloir l’union, mais qui refusent de
2738 ne, qui disent vouloir l’union, mais qui refusent de céder la moindre parcelle de leur souveraineté nationale, ce qui revi
2739 n, mais qui refusent de céder la moindre parcelle de leur souveraineté nationale, ce qui revient à dire que pratiquement,
2740 pratiquement, ils refusent la première condition de l’union. Quant aux masses, au lieu de se dresser pour exiger les cond
2741 e se dresser pour exiger les conditions concrètes de la paix, de leur paix, elles sont hypnotisées par quelque tour cyclis
2742 pour exiger les conditions concrètes de la paix, de leur paix, elles sont hypnotisées par quelque tour cycliste, en atten
2743 eu, dans les gouvernements, à toutes les époques de l’histoire. Ce qui est nouveau, c’est le rôle qu’on leur fait jouer.
2744 ur fait jouer. Autrefois, l’on n’avait pas l’idée de leur confier la conduite des affaires politiques. Ils étaient là pour
2745 e décidaient les buts qu’ils jugeaient nécessaire d’ atteindre. Le xx e siècle a changé cela. C’est aux experts que le pouv
2746 soumettre, calculer ce que cela coûtera. Ensuite de quoi, le gouvernement peut toujours dire que c’est trop cher. Bien sû
2747 dire que c’est trop cher. Bien sûr ! Tout dépend de l’envie qu’il ou qu’il n’a pas, de réaliser le projet. On trouve touj
2748  ! Tout dépend de l’envie qu’il ou qu’il n’a pas, de réaliser le projet. On trouve toujours trop cher, c’est évident, l’ob
2749 e juge pas indispensable, en l’occurrence l’union de l’Europe, c’est-à-dire finalement, la paix. Je vous l’ai dit bien sou
2750 s en main que cette guerre ne pourrait durer plus de trois semaines (comme ils l’ont fait en 1914), ces mêmes experts se m
2751 xperts se mettent à faire des plans pour 5 années de lutte. Tous ces calculs sont donc des alibis. Ils masquent, aux yeux
2752 el fort inquiétant. Nous assistons à la décadence de l’autorité, au profit de la dictature des pouvoirs, c’est-à-dire des
2753 assistons à la décadence de l’autorité, au profit de la dictature des pouvoirs, c’est-à-dire des mécanismes abandonnés à e
2754 évanouit. Vous avez en Europe une bonne vingtaine d’ États soi-disant souverains, avec tous leurs offices nationaux et leur
2755 t leurs polices variées ; vous avez des centaines de comités, des dizaines de milliers de techniciens. Mais où sont les gr
2756 vous avez des centaines de comités, des dizaines de milliers de techniciens. Mais où sont les grandes voix qui montrent l
2757 es centaines de comités, des dizaines de milliers de techniciens. Mais où sont les grandes voix qui montrent les grands bu
2758 en commun ? Ce qui manque tragiquement à l’Europe d’ aujourd’hui, ce sont les hommes ou les femmes qui par-dessus le fourmi
2759 n. Jeanne d’Arc et Nicolas de Flue ne disposaient d’ aucun pouvoir. Ils n’avaient rien, mais ils étaient l’Autorité. Tous l
57 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Valeur de l’Europe (12 juin 1950)
2760 Demain l’Europe ! — Valeur de l’Europe (12 juin 1950) Chers auditeurs ! Je vous parlais la semain
2761 s auditeurs ! Je vous parlais la semaine dernière d’ un phénomène bien inquiétant : le déclin de l’autorité, au xx e siècle
2762 rnière d’un phénomène bien inquiétant : le déclin de l’autorité, au xx e siècle, et l’avènement au pouvoir des experts, c’
2763 n générale des choses. Sur quoi j’ai reçu pas mal d’ approbations, quant au principe tout au moins, mais aussi pas mal de c
2764 ant au principe tout au moins, mais aussi pas mal de critiques, déguisées d’ailleurs en bons conseils… D’accord, me dit-on
2765 aller au fond des choses, et ne pas se contenter de palliatifs. Mais le fond des choses, pour l’un, c’est la question mil
2766 paysans, pour un troisième, ce sont des citations de la Bible, et pour un quatrième c’est une réforme de la monnaie ! Le f
2767 la Bible, et pour un quatrième c’est une réforme de la monnaie ! Le fond des choses est vaste, comme vous le voyez, on y
2768 presque tout, et en tout cas, toutes les marottes de chacun d’entre nous. Dans le cadre de cette chronique et de l’action
2769 es marottes de chacun d’entre nous. Dans le cadre de cette chronique et de l’action que je commente pour vous, le fond des
2770 d’entre nous. Dans le cadre de cette chronique et de l’action que je commente pour vous, le fond des choses, c’est simplem
2771 e pour vous, le fond des choses, c’est simplement de fédérer l’Europe pour établir la paix. Ni plus, ni moins. Et c’est dé
2772 ont, en général, ceux qui refusent les conditions de l’union nécessaire ; qui cherchent à gagner du temps en discussions a
2773 t, je veux répondre sans détour, car le fait même de poser des questions est quelque chose de très européen. Personne n’au
2774 ait même de poser des questions est quelque chose de très européen. Personne n’aurait l’idée de demander : « Qu’est-ce que
2775 chose de très européen. Personne n’aurait l’idée de demander : « Qu’est-ce que l’Amérique, qu’est-ce que l’Inde ou la Chi
2776 rontières vers l’Est sont indécises, comme celles de la Grèce vers le Nord. Dans ce cap de l’Asie sont venues se mêler tro
2777 thènes, Rome et Jérusalem, — une idée raisonnable de l’homme, le droit et les institutions, et la révélation chrétienne. T
2778 que vers 1939. Je ne vais pas vous faire un cours d’ histoire en cinq minutes. Ce que je voudrais vous rappeler ce soir, c’
2779 vons tendance à oublier, c’est la grandeur unique de notre continent, et ce sont ses causes véritables. Posez-vous simplem
2780 % des terres du globe, soit devenu le foyer vital de la seule civilisation qui ait su gagner la Terre entière ? La réponse
2781 t la culture qui a fait l’Europe, cœur et cerveau de la planète. C’est la culture qui a fait de notre péninsule tout autre
2782 erveau de la planète. C’est la culture qui a fait de notre péninsule tout autre chose que ce qu’elle paraît physiquement.
2783 Vous croyez que la culture est un luxe, l’affaire de quelques spécialistes à lunettes ? Vous croyez que le sérieux, le con
2784 lunettes ? Vous croyez que le sérieux, le concret de la vie, c’est l’argent, le vêtement, la nourriture, l’auto ? Vous oub
2785 e toutes ces choses sont des produits secondaires de la culture, d’elle seule. Vous oubliez que sans nos inventeurs, qui p
2786 oses sont des produits secondaires de la culture, d’ elle seule. Vous oubliez que sans nos inventeurs, qui poursuivaient de
2787 ans nos inventeurs, qui poursuivaient des travaux de science pure, vous n’auriez ni y chauffage, ni éclairage, ni moyens d
2788 n’auriez ni y chauffage, ni éclairage, ni moyens de transport, ni remèdes. Vous oubliez que sans nos philosophes et nos j
2789 osophes et nos juristes, vous n’auriez pas l’idée de l’homme industriel, distingué du troupeau, de la tribu, capable de cr
2790 dée de l’homme industriel, distingué du troupeau, de la tribu, capable de critique, protégé par des lois. Vous oubliez que
2791 riel, distingué du troupeau, de la tribu, capable de critique, protégé par des lois. Vous oubliez que pour le bien comme p
2792 t un produit européen, qu’il est sorti du cerveau de l’Europe, de sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les gran
2793 européen, qu’il est sorti du cerveau de l’Europe, de sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les grands empires qu
2794 au de l’Europe, de sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les grands empires qui nous disputent la puissance, l’A
2795 Europe, de sa culture encore une fois, et de rien d’ autre. Les grands empires qui nous disputent la puissance, l’Amérique
2796 issance, l’Amérique et l’URSS, sont eux-mêmes nés d’ idées européennes, l’un de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’aut
2797 RSS, sont eux-mêmes nés d’idées européennes, l’un de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de notre ind
2798 de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de notre industrie. Si donc l’on veut rester concret, pratiqu
2799 et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de notre industrie. Si donc l’on veut rester concret, pratique, il faut
2800 ise qu’elle traverse, il faut revenir aux sources de sa force, qui sont intellectuelles et spirituelles, et qui ne sont pa
2801 et qui ne sont pas le nombre et la matière — car de cela, les autres en ont plus que nous. Vouloir défendre notre vieille
2802 ndre tout d’abord les deux plus grandes conquêtes de sa culture : l’idée de l’homme personnel, l’idée de liberté, sans les
2803 eux plus grandes conquêtes de sa culture : l’idée de l’homme personnel, l’idée de liberté, sans lesquelles il n’est plus d
2804 sa culture : l’idée de l’homme personnel, l’idée de liberté, sans lesquelles il n’est plus de création ni d’invention, do
2805 l’idée de liberté, sans lesquelles il n’est plus de création ni d’invention, donc, en fin de compte, plus même de puissan
2806 rté, sans lesquelles il n’est plus de création ni d’ invention, donc, en fin de compte, plus même de puissance matérielle.
2807 ni d’invention, donc, en fin de compte, plus même de puissance matérielle. Je reviendrai la prochaine fois sur l’action cu
2808 voulais simplement vous rappeler que les chances de l’Europe, après tout, ce sont les chances de l’homme personnel, car e
2809 nces de l’Europe, après tout, ce sont les chances de l’homme personnel, car en face de la terre des masses qu’est la Russi
2810 en face de la terre des masses qu’est la Russie, de la terre des machines qu’est l’Amérique, de la terre des fatalités qu
2811 ssie, de la terre des machines qu’est l’Amérique, de la terre des fatalités qu’est l’Asie, l’Europe est seule à demeurer l
58 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (19 juin 1950)
2812 s tôt, c’est simplement parce qu’il s’agissait là d’ un projet dont la mise au point a demandé deux ans d’études, de négoci
2813 n projet dont la mise au point a demandé deux ans d’ études, de négociations difficiles et d’expériences préalables. Aujour
2814 ont la mise au point a demandé deux ans d’études, de négociations difficiles et d’expériences préalables. Aujourd’hui, nou
2815 deux ans d’études, de négociations difficiles et d’ expériences préalables. Aujourd’hui, nous touchons au but. Un comité f
2816 ujourd’hui, nous touchons au but. Un comité formé de vingt représentants d’instituts culturels de toute l’Europe va se réu
2817 ns au but. Un comité formé de vingt représentants d’ instituts culturels de toute l’Europe va se réunir cette semaine pour
2818 ormé de vingt représentants d’instituts culturels de toute l’Europe va se réunir cette semaine pour apporter la dernière m
2819 emaine pour apporter la dernière main aux statuts de cette institution, dont le siège sera probablement fixé à Genève et,
2820 bablement fixé à Genève et, peut-être, au château de Coppet. La création du Centre européen de la culture avait été demand
2821 culture avait été demandée d’abord par le congrès de La Haye, en 1948, elle fut ensuite recommandée par l’Assemblée de Str
2822 de Strasbourg, l’an dernier. Enfin la conférence de Lausanne, il y a quelques mois, en avait précisé le programme. Pendan
2823 précisé le programme. Pendant ce temps, un Bureau d’ études fondé par le Mouvement européen travaillait en silence à Genève
2824 plans, cherchait les fonds, et formait un réseau de collaboration. Ceux qui savent que j’ai pris quelque part à cette œuv
2825 z-vous me l’expliquer en deux mots ? J’ai coutume de répondre ceci : D’abord, nous allons prendre exactement le contre-pie
2826 us sévère, personnel qui se compte sur les doigts de la main, et nos bureaux non pas dans un palace ni dans un gratte-ciel
2827 les besoins réels qui se font sentir dans la vie de l’Europe d’aujourd’hui. Par exemple, personne ne sait où s’adresser p
2828 réels qui se font sentir dans la vie de l’Europe d’ aujourd’hui. Par exemple, personne ne sait où s’adresser pour obtenir
2829 llons donc les fédérer progressivement au service d’ un même but : l’union de l’Europe. Nous voyons aussi que partout se po
2830 rogressivement au service d’un même but : l’union de l’Europe. Nous voyons aussi que partout se posent des problèmes très
2831 oblèmes qui ne peuvent être résolus dans le cadre d’ un seul pays, parce qu’ils débordent les limites nationales, les budge
2832 tout insuffisants. Nous allons donc créer un lieu de rencontres, où des représentants de nos divers pays étudieront ces pr
2833 créer un lieu de rencontres, où des représentants de nos divers pays étudieront ces problèmes tout nouveaux, afin de les r
2834 s tout nouveaux, afin de les résoudre à l’échelle de l’Europe, la seule possible, par la mise en commun de nos ressources.
2835 ’Europe, la seule possible, par la mise en commun de nos ressources. Ce sera, si vous le voulez, un plan Schuman, mais dan
2836 le voulez, un plan Schuman, mais dans le domaine de la culture. Enfin, nous constatons qu’aucun de nos États et leurs ins
2837 ne de la culture. Enfin, nous constatons qu’aucun de nos États et leurs instituts officiels ne peut parler au nom de l’Eur
2838 arler au nom de l’Europe entière, quand il s’agit de s’adresser soit aux Russes, soit aux Américains. Il faut donc une aut
2839 faut donc une autorité qui puisse élever la voix de l’Europe comme unité et formuler son idéal, par-dessus nos frontières
2840 ntre européen de la culture, s’il obtient l’appui de l’opinion et s’il parvient à grouper nos élites. Tels sont l’esprit,
2841 tes. Tels sont l’esprit, les méthodes et les buts de l’institut qui va se fonder. Je me rends compte qu’il n’est pas facil
2842 fonder. Je me rends compte qu’il n’est pas facile d’ en mesurer d’un seul coup d’œil toute l’importance. Et plusieurs d’ent
2843 u’il n’est pas facile d’en mesurer d’un seul coup d’ œil toute l’importance. Et plusieurs d’entre vous se demanderont encor
2844 x exemples bien précis, qui feront voir la nature de nos activités. Premier exemple : les recherches scientifiques. Aucun
2845 ier exemple : les recherches scientifiques. Aucun de nos pays n’est assez riche pour développer la recherche atomique et s
2846 érielles, l’Europe unie peut se voir dotée demain de moyens de puissance aussi grands, sinon plus grands que l’Amérique et
2847 l’Europe unie peut se voir dotée demain de moyens de puissance aussi grands, sinon plus grands que l’Amérique et la Russie
2848 n plus grands que l’Amérique et la Russie. Privée de ces moyens, elle sera bientôt réduite à l’état de colonie décadente.
2849 de ces moyens, elle sera bientôt réduite à l’état de colonie décadente. Si elle les a, son indépendance est assurée. Nous
2850 tout différent. Il existe en Europe des douzaines de foyers régionaux de culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés.
2851 xiste en Europe des douzaines de foyers régionaux de culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepri
2852 foyers régionaux de culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepris de les mettre en contact, et d
2853 pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepris de les mettre en contact, et de les fédérer en un vaste réseau d’amitiés
2854 Nous avons entrepris de les mettre en contact, et de les fédérer en un vaste réseau d’amitiés par-dessus les frontières. L
2855 en contact, et de les fédérer en un vaste réseau d’ amitiés par-dessus les frontières. Les jeunes gens membres d’un foyer
2856 ar-dessus les frontières. Les jeunes gens membres d’ un foyer seront chez eux dans tous les autres et dans tous les pays de
2857 ez eux dans tous les autres et dans tous les pays de l’Europe. Ils seront sûrs de trouver dans leurs voyages, à pied ou à
2858 t dans tous les pays de l’Europe. Ils seront sûrs de trouver dans leurs voyages, à pied ou à bicyclette, logis, lecture, o
2859 à pied ou à bicyclette, logis, lecture, occasion de s’instruire dans une langue étrangère ou des métiers nouveaux. Et pou
2860 métiers nouveaux. Et pour ces compagnons du Tour d’ Europe, le continent tout entier deviendra une seule patrie, une amiti
2861 ie, une amitié aux cent visages. Voilà deux types d’ initiatives prises par le Centre en formation. Je pourrais en citer vi
2862 commencez peut-être à le voir, tout cela n’a rien de théorique, mais doit servir, bien au contraire, à construire une Euro
2863 traire, à construire une Europe rajeunie, libérée de ses barrières, et renaissant à la puissance qui fut toujours la sienn
2864 à la puissance qui fut toujours la sienne : celle de l’esprit. Un mot encore : le siège du Centre européen de la culture,
2865 oit être en Suisse. N’est-il pas beau que ce soit de la Suisse, espace neutre au milieu du continent, que puisse s’élever
2866 du continent, que puisse s’élever demain la voix de l’Europe ? Au revoir, chers auditeurs, et à lundi prochain, pour ma d
2867 ma dernière chronique avant l’étéi. i. Un point d’ interrogation en marge.
59 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Avant Strasbourg (26 juin 1950)
2868 ucoup d’entre vous, les vacances ; pour le studio de Genève l’interruption normale de plusieurs émissions, dont la mienne
2869 ; pour le studio de Genève l’interruption normale de plusieurs émissions, dont la mienne en juillet et août si bien que ce
2870 e ce soir, je vous présente la dernière chronique d’ une série qui aura duré près d’une année. Il est bien naturel que je m
2871 dernière chronique d’une série qui aura duré près d’ une année. Il est bien naturel que je m’interroge sur la portée des év
2872 ur la portée des événements qui ont marqué la vie de l’Europe durant ces mois, et sur l’avenir immédiat. Avons-nous avancé
2873 ement européen, qui fut depuis deux ans le moteur de l’action. Depuis son grand succès de l’an dernier, la création du Con
2874 ns le moteur de l’action. Depuis son grand succès de l’an dernier, la création du Conseil de l’Europe, il faut avouer qu’i
2875 de l’Europe, il faut avouer qu’il n’a pas déployé d’ activités spectaculaires. Cependant, en sourdine, il travaillait sur l
2876 ur le plan politique, il a fait sienne l’exigence de son aile fédéraliste, il a demandé la création d’une véritable Autori
2877 de son aile fédéraliste, il a demandé la création d’ une véritable Autorité européenne, dotée de pouvoirs limités, mais rée
2878 éation d’une véritable Autorité européenne, dotée de pouvoirs limités, mais réels. Nous verrons à Strasbourg, cet été, si
2879 enace des Anglais et des Scandinaves. Sur le plan de la culture, dont je vous disais, dans mes deux dernières chroniques,
2880 dernières chroniques, qu’il est le vrai fondement de toute l’Europe, et même de sa puissance matérielle, les projets ont é
2881 est le vrai fondement de toute l’Europe, et même de sa puissance matérielle, les projets ont été décisifs. Le Centre euro
2882 tomne prochain à Genève. Et peu après, le Collège de l’Europe, sorte d’école des sciences politiques pour l’Europe fédérée
2883 nève. Et peu après, le Collège de l’Europe, sorte d’ école des sciences politiques pour l’Europe fédérée de demain, ouvrira
2884 ole des sciences politiques pour l’Europe fédérée de demain, ouvrira ses portes en Belgique, dans la très vieille cité de
2885 ses portes en Belgique, dans la très vieille cité de Bruges, ressuscitée pour un avenir continental. Voilà deux créations
2886 mique, le plan Schuman pose les bases matérielles d’ une renaissance de notre continent. Né d’un projet conçu par les fédér
2887 uman pose les bases matérielles d’une renaissance de notre continent. Né d’un projet conçu par les fédéralistes, il rester
2888 érielles d’une renaissance de notre continent. Né d’ un projet conçu par les fédéralistes, il restera l’honneur du gouverne
2889 oposer au monde, en dépit de toutes les intrigues d’ intérêts, de partis, et d’égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura mon
2890 nde, en dépit de toutes les intrigues d’intérêts, de partis, et d’égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura montré que son
2891 de toutes les intrigues d’intérêts, de partis, et d’ égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura montré que son génie domine e
2892 aura montré que son génie domine encore les jeux de ses politiciens. Et maintenant, tournons-nous vers l’avenir. La deuxi
2893 tournons-nous vers l’avenir. La deuxième session de Strasbourg s’ouvrira le 8 août. Elle sera décisive. Formée de députés
2894 g s’ouvrira le 8 août. Elle sera décisive. Formée de députés régulièrement élus par 15 parlements de l’Europe, cette Assem
2895 e de députés régulièrement élus par 15 parlements de l’Europe, cette Assemblée consultative porte le grand espoir fédérali
2896 , cet été, si elle s’en montre digne. On le verra d’ une manière précise. Car l’Assemblée sera saisie d’une proposition cap
2897 ’une manière précise. Car l’Assemblée sera saisie d’ une proposition capitale, tendant à instituer, au-dessus des États, un
2898 es États, un Pacte européen et une Autorité dotée de pouvoirs bien réels. Si elle recule, si elle refuse l’obstacle, nous
2899 refuse l’obstacle, nous cesserons non pas certes d’ espérer, ni de lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas
2900 acle, nous cesserons non pas certes d’espérer, ni de lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas député, et mon
2901 rons non pas certes d’espérer, ni de lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas député, et mon pays d’ailleurs
2902 est pas représenté à Strasbourg. Je n’ai donc pas de titre à y parler. Si j’en avais, voici quel serait mon discours : Me
2903 i pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer. Comment fédérer des nat
2904 es premiers à se montrer réservés quand il s’agit de faire l’Europe. C’est qu’ils sont déjà fédérés. Ils vous attendent. V
2905 que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à no
2906 conviennent à nos calamités. Vous dites qu’il y a de grosses difficultés. Vous êtes-là pour les surmonter, — sinon, pour q
2907 monter, — sinon, pour quoi ? Vous m’assurez enfin de vos bonnes intentions. Prouvez-les ! Je n’ai jamais rencontré personn
2908 ou contre la vertu en général, ou contre l’union de nos peuples. Nous sommes tous de bonne volonté, à nous en croire… Mai
2909 u contre l’union de nos peuples. Nous sommes tous de bonne volonté, à nous en croire… Mais certains souhaitent un peu d’un
2910 à nous en croire… Mais certains souhaitent un peu d’ union, bien sûr, tandis que d’autres veulent ses conditions. Certains
2911 , et je ne pourrai pas le prononcer, mais la voix de l’opinion parlera dans le même sens, et je voudrais vous avoir convai
2912 tre. Nous nous retrouverons, je l’espère, au mois de septembre, et je vous dirai si nous avons gagné. Merci de m’avoir sui
2913 mbre, et je vous dirai si nous avons gagné. Merci de m’avoir suivi si fidèlement, merci pour toutes vos lettres, et de l’i
2914 si fidèlement, merci pour toutes vos lettres, et de l’invisible appui que vous m’avez donné dans vos pensées. C’est avec
2915 avez donné dans vos pensées. C’est avec cet appui de l’âme que nous ferons demain l’Europe. Mes chers auditeurs, au revoir
60 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un été orageux (9 septembre 1950)
2916 eviens vous parler après un été orageux. Le titre de ma chronique n’a pas changé : il est resté « Demain : l’Europe ! », c
2917 ige encore, pour devenir demain réalité, beaucoup d’ efforts, beaucoup de sacrifices, et de bonnes volontés, et de volonté
2918 é, beaucoup d’efforts, beaucoup de sacrifices, et de bonnes volontés, et de volonté tout court. Mais avant de vous informe
2919 beaucoup de sacrifices, et de bonnes volontés, et de volonté tout court. Mais avant de vous informer de ce qui s’est fait,
2920 e volonté tout court. Mais avant de vous informer de ce qui s’est fait, ou ne s’est pas fait, pour nous unir, depuis deux
2921 as fait, pour nous unir, depuis deux mois ; avant d’ en revenir à des problèmes précis, je voudrais vous parler de l’été qu
2922 r à des problèmes précis, je voudrais vous parler de l’été qui s’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre. De jour
2923 ’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre. De jour en jour, les prévisions du temps annonçaient des orages locaux.
2924 s se trompaient rarement. Il y eut même, au début de juillet, un certain orage local, à l’extrême pointe de l’Asie, en Cor
2925 illet, un certain orage local, à l’extrême pointe de l’Asie, en Corée, qui fit craindre à beaucoup que le Ciel ne se fatig
2926 fit craindre à beaucoup que le Ciel ne se fatigue de localiser les dégâts. Ce fut un été mouvementé, dominé par une vague
2927 op vague encore, souvent, mais qui n’a pas manqué de faire prendre, à certains d’entre nous, une conscience plus claire du
2928 tre nous, une conscience plus claire du danger et de la fragilité de notre paix. Je ne saurais mieux décrire cette atmosph
2929 nscience plus claire du danger et de la fragilité de notre paix. Je ne saurais mieux décrire cette atmosphère chargée qu’e
2930 nt laissés mes déplacements dans les pays voisins de la Suisse. Aux derniers jours du mois de juin, je me suis envolé vers
2931 voisins de la Suisse. Aux derniers jours du mois de juin, je me suis envolé vers Berlin, par-dessus la zone soviétique. L
2932 Berlin, par-dessus la zone soviétique. L’affaire de Corée venait d’éclater. Le congrès auquel j’allais prendre part se te
2933 sus la zone soviétique. L’affaire de Corée venait d’ éclater. Le congrès auquel j’allais prendre part se tenait dans les ru
2934 l j’allais prendre part se tenait dans les ruines de Berlin, à 600 mètres de la limite du secteur russe. Personne ne savai
2935 se tenait dans les ruines de Berlin, à 600 mètres de la limite du secteur russe. Personne ne savait, à ce moment-là, si le
2936 ’on sent que les choses peuvent devenir sérieuses d’ une heure à l’autre. Et pendant plusieurs jours, nous avons entendu de
2937 ler, ou comme David Rousset, proclamer les droits de la pensée libre, et le refus du système concentrationnaire, celui qui
2938 rnière séance publique du congrès, le bourgmestre de Berlin, qui présidait, se leva soudain pour lire une dépêche qu’on ve
2939 pour lire une dépêche qu’on venait de lui donner. D’ une voix grave, il annonça que les Russes, à partir de minuit, le soir
2940 e la ville. Ce n’était que cela, une longue panne d’ électricité, en somme. Mais si beaucoup avaient eu chaud, pendant que
2941 es plus tard, j’étais à Beaune, capitale des vins de Bourgogne, où s’étaient réunis pour le 14 juillet les fédéralistes fr
2942 les fédéralistes français. Là, dans ce riche pays de vignobles touffus, sous les voûtes séculaires et patinées de l’hospic
2943 s touffus, sous les voûtes séculaires et patinées de l’hospice et du palais des Ducs, on se sentait bien à l’abri dans un
2944 un passé dense et profond, comme l’histoire même de la France, bien loin du siècle, de ses grandes villes en ruines, du r
2945 ’histoire même de la France, bien loin du siècle, de ses grandes villes en ruines, du rideau de fer et des camps. Pourtant
2946 iècle, de ses grandes villes en ruines, du rideau de fer et des camps. Pourtant, une voix s’éleva, dès le premier jour, co
2947 r, comme un rappel à la réalité : c’était la voix de mon ami Gheorghiu, l’auteur de la Vingt-Cinquième Heure. Il évoquait
2948  : c’était la voix de mon ami Gheorghiu, l’auteur de la Vingt-Cinquième Heure. Il évoquait le sort des nations de l’Est eu
2949 -Cinquième Heure. Il évoquait le sort des nations de l’Est européen, qui viennent de perdre, sous nos yeux, cette liberté
2950 l’on fêtait autour de nous, et que nous risquions de perdre à notre tour, demain peut-être… Quand il eut terminé, je vous
2951 Je passai tôt après quelques jours sur une plage de la Méditerranée, royaume solaire de l’insouciance et de l’oubli des p
2952 sur une plage de la Méditerranée, royaume solaire de l’insouciance et de l’oubli des petits et grands soucis. Mais de quoi
2953 Méditerranée, royaume solaire de l’insouciance et de l’oubli des petits et grands soucis. Mais de quoi parlait-on, près de
2954 e et de l’oubli des petits et grands soucis. Mais de quoi parlait-on, près de moi, dans un groupe animé de gens très riche
2955 uoi parlait-on, près de moi, dans un groupe animé de gens très riches ? On discutait le prix d’un bateau qu’on tiendrait t
2956 animé de gens très riches ? On discutait le prix d’ un bateau qu’on tiendrait toujours prêt pour fuir l’Europe et gagner l
2957 rêt pour fuir l’Europe et gagner l’Algérie en cas de guerre prochaine. L’ombre de la Corée s’étendait jusqu’ici. Voilà pou
2958 ner l’Algérie en cas de guerre prochaine. L’ombre de la Corée s’étendait jusqu’ici. Voilà pourquoi, lorsqu’on m’a demandé
2959 jusqu’ici. Voilà pourquoi, lorsqu’on m’a demandé de prononcer le discours du 1er août à Neuchâtel, j’ai tenté de résumer
2960 r le discours du 1er août à Neuchâtel, j’ai tenté de résumer mes impressions récentes en tenant à peu près ce langage : N
2961 i dans un pays prospère. Mais ce pays est au cœur d’ une Europe qui se sent, tout d’un coup, cet été, sans défense. Et notr
2962 e pays est au cœur d’une Europe qui se sent, tout d’ un coup, cet été, sans défense. Et notre sort, au bout du compte, sera
2963 ’Europe aussi, comme la Corée, est une presqu’île de l’Asie… Elle aussi peut être envahie. Vous pensez que la Corée, c’est
2964 sses, ne l’oubliez pas, sont à une heure et demie d’ avion de notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’est-il pas
2965 l’oubliez pas, sont à une heure et demie d’avion de notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’est-il pas venu pou
2966 heures. Le jour n’est-il pas venu pour nous tous d’ obéir à l’exemple des petits cantons suisses, lesquels, considérant la
2967 squels, considérant la malice des temps, jurèrent de se prêter secours mutuel et de faire cause commune contre quiconque c
2968 es temps, jurèrent de se prêter secours mutuel et de faire cause commune contre quiconque chercherait à les molester ? Le
2969 e moment n’est-il pas venu de nous unir au-dessus de nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières,
2970 il pas venu de nous unir au-dessus de nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières, et de fédérer n
2971 essus de nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières, et de fédérer nos faiblesses pour en faire l
2972 illes querelles et de nos vieilles frontières, et de fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle, la seule gar
2973 ur en faire la force du siècle, la seule garantie de la paix, et de la liberté qui vaut mieux que la paix ? L’orage, une
2974 force du siècle, la seule garantie de la paix, et de la liberté qui vaut mieux que la paix ? L’orage, une fois de plus, s
2975 la paix ? L’orage, une fois de plus, s’était mis de la partie. La pluie tombait. Des milliers d’auditeurs ouvrirent leur
2976 mis de la partie. La pluie tombait. Des milliers d’ auditeurs ouvrirent leur parapluie et restèrent là. S’ils n’avaient pa
2977 suppose qu’ils seraient partis… À quelques jours de là, sous les auspices d’un ciel non moins chargé de nuées menaçantes,
2978 partis… À quelques jours de là, sous les auspices d’ un ciel non moins chargé de nuées menaçantes, s’ouvrait à Strasbourg l
2979 là, sous les auspices d’un ciel non moins chargé de nuées menaçantes, s’ouvrait à Strasbourg la deuxième session de l’Ass
2980 antes, s’ouvrait à Strasbourg la deuxième session de l’Assemblée consultative européenne. Et Churchill demandait la créati
2981 nne. Et Churchill demandait la création immédiate d’ une armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je
2982 chill demandait la création immédiate d’une armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous
2983 it la création immédiate d’une armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous entretenir p
2984 armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous entretenir plus en détail au cours de mes
2985 up de choses dépendent, pour notre avenir à tous, de ce qui s’est fait, ou ne s’est pas fait là. Au revoir, chers auditeur
61 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’atmosphère de Strasbourg (11 septembre 1950)
2986 Demain l’Europe ! — L’atmosphère de Strasbourg (11 septembre 1950) Chers auditeurs, Beaucoup de gens ig
2987 ent le fonctionnement des institutions politiques de leur propre pays. Comment pourraient-ils donc connaître les instituti
2988 nt-ils donc connaître les institutions naissantes d’ une Europe qui en est encore au stade des plans et des discussions sur
2989 s discussions sur devis ? Je ne crois pas inutile de rappeler brièvement ce que c’est que le Conseil de l’Europe, et l’ass
2990 Conseil de l’Europe, et l’assemblée consultative de Strasbourg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai de l’année d
2991 Strasbourg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai de l’année dernière, à la suite d’une campagne vigoureuse conduit
2992 urg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai de l’année dernière, à la suite d’une campagne vigoureuse conduite par l
2993 né au mois de mai de l’année dernière, à la suite d’ une campagne vigoureuse conduite par le Mouvement européen. Il réunit
2994 de l’Europe sur les 19 situés à l’ouest du rideau de fer. Manquent à l’appel l’Espagne et le Portugal, parce qu’ils sont e
2995 pagne et le Portugal, parce qu’ils sont en régime de dictature, l’Autriche parce que les Russes refusent encore de signer
2996 , l’Autriche parce que les Russes refusent encore de signer son traité de paix, et la Suisse parce qu’à Berne, on n’aime p
2997 e les Russes refusent encore de signer son traité de paix, et la Suisse parce qu’à Berne, on n’aime pas trop se presser… L
2998 rop se presser… Le Conseil de l’Europe se compose d’ un Comité ministériel formé par les ministres des Affaires étrangères
2999 res des Affaires étrangères des États membres, et d’ une Assemblée consultative de 125 députés, élus par les parlements nat
3000 es États membres, et d’une Assemblée consultative de 125 députés, élus par les parlements nationaux. Le rôle de l’Assemblé
3001 putés, élus par les parlements nationaux. Le rôle de l’Assemblée consiste à étudier et à voter toutes mesures tendant à un
3002 é ministériel consiste à examiner les résolutions de l’Assemblée, et à les refuser régulièrement, sur la demande des Angla
3003 ar les ministres un jour se fatigueront peut-être de dire non. Et l’Assemblée, un jour, peut se révolter contre le sempite
3004 jour, peut se révolter contre le sempiternel veto de M. Bevin. Elle peut un beau jour passer outre, et décider que ses rés
3005 s résolutions seront examinées par les parlements de chaque pays, qui sont plus stables que les ministres. Et l’opinion, u
3006 et les parlements sont élus par l’opinion réelle d’ un pays, celle qui vote au scrutin libre et secret. Celle qui ne ment
3007 e ment pas. Tout dépend donc, en dernier ressort, de l’opinion. Quand elle sera mûre, quand elle dira ce qu’elle veut, ave
3008 députés suivront, les ministres obéiront, et tout d’ un coup, malgré les arguments des experts, des prudents ou des lâches,
3009 hes, l’Europe se fera. Vous voyez que je n’ai pas d’ illusions. Mais je calcule nos chances, qui sont celles de la paix, et
3010 ons. Mais je calcule nos chances, qui sont celles de la paix, et je trouve qu’elles ne sont pas si mauvaises. Encore faut-
3011 ncore faut-il que l’opinion se réveille. Le canon de la Corée peut l’y aider. La crise économique, qui s’approche à grands
3012 a fait Strasbourg pendant l’été ? Je serais forcé de vous répondre : pas grand-chose. Mais une évolution décisive se prépa
3013 évolution décisive se prépare. Dans l’atmosphère de l’été orageux que je vous décrivais lundi dernier, cette deuxième ses
3014 s décrivais lundi dernier, cette deuxième session de l’Assemblée fut beaucoup plus passionnée que l’an dernier. On sentait
3015 ravaillistes. Et qu’il était parfaitement inutile de consentir des concessions dont ils se moquent. On a vu que la fédérat
3016 res lui refusent. C’est qu’elle se sent plus sûre d’ elle-même, mieux en contact que l’an dernier avec les forces morales e
3017 bâtiment va, tout va, dit un proverbe. Le Palais de l’Europe a été édifié sur un ancien terrain de football. On y jouait
3018 is de l’Europe a été édifié sur un ancien terrain de football. On y jouait un match le 1er mars encore. Aujourd’hui c’est
3019 non moins disputées. Il s’agit toujours et encore de se renvoyer la balle. Mais quelques buts ont été marqués. Premièremen
3020 t été marqués. Premièrement, l’Assemblée a décidé de se réunir une seconde fois cette année, au mois de novembre. Et quatr
3021 e se réunir une seconde fois cette année, au mois de novembre. Et quatre fois l’année prochaine. Voilà qui permettra d’all
3022 uatre fois l’année prochaine. Voilà qui permettra d’ aller plus vite, et de maintenir l’opinion en alerte. Deuxièmement, l’
3023 chaine. Voilà qui permettra d’aller plus vite, et de maintenir l’opinion en alerte. Deuxièmement, l’Assemblée s’est donné
3024 e. Deuxièmement, l’Assemblée s’est donné le droit d’ aborder les questions militaires, de parler de la défense de l’Europe,
3025 onné le droit d’aborder les questions militaires, de parler de la défense de l’Europe, qui est le problème le plus urgent.
3026 oit d’aborder les questions militaires, de parler de la défense de l’Europe, qui est le problème le plus urgent. Je revien
3027 sé à l’examen du Conseil des ministres, un projet d’ Autorité politique européenne au-dessus des nations. Et c’est là le po
3028 ai l’impression très nette que la session du mois de novembre verra des actes révolutionnaires, de la part des fédéraliste
3029 -ci ne représentent, à vrai dire, qu’une minorité de l’Assemblée. Mais ils se sentent soutenus par l’opinion publique. Des
3030 tent soutenus par l’opinion publique. Des groupes de jeunes fédéralistes, prêts à l’action, animés par le professeur Danie
3031 ur Daniel Villey, hantaient déjà, pendant le mois d’ août, les couloirs du Palais de l’Europe, créant une atmosphère d’urge
3032 à, pendant le mois d’août, les couloirs du Palais de l’Europe, créant une atmosphère d’urgence et de salutaire inquiétude.
3033 oirs du Palais de l’Europe, créant une atmosphère d’ urgence et de salutaire inquiétude. À la veille de la première séance
3034 s de l’Europe, créant une atmosphère d’urgence et de salutaire inquiétude. À la veille de la première séance de l’Assemblé
3035 d’urgence et de salutaire inquiétude. À la veille de la première séance de l’Assemblée, ils s’étaient réunis à la frontièr
3036 ire inquiétude. À la veille de la première séance de l’Assemblée, ils s’étaient réunis à la frontière franco-allemande, po
3037 lemande, pour brûler les barrières et les poteaux de douane. Ce geste symbolique en annonce d’autres. Ce feu de joie et de
3038 . Ce geste symbolique en annonce d’autres. Ce feu de joie et de fraternité peut s’étendre à toutes les frontières. On y tr
3039 symbolique en annonce d’autres. Ce feu de joie et de fraternité peut s’étendre à toutes les frontières. On y travaillera f
62 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’armée européenne (18 septembre 1950)
3040 ait, s’armait, et pendant que la Russie observait d’ un œil froid l’état des forces en présence, qu’a-t-on fait en Europe,
3041 rope, à Strasbourg, cet été pour répondre au défi de l’Histoire ? La session de l’Assemblée s’est ouverte par un grand dis
3042 pour répondre au défi de l’Histoire ? La session de l’Assemblée s’est ouverte par un grand discours de Churchill. Le suje
3043 e l’Assemblée s’est ouverte par un grand discours de Churchill. Le sujet de ce discours était la création immédiate d’une
3044 erte par un grand discours de Churchill. Le sujet de ce discours était la création immédiate d’une armée de l’Europe. L’id
3045 sujet de ce discours était la création immédiate d’ une armée de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est
3046 discours était la création immédiate d’une armée de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est sans défense
3047 réation immédiate d’une armée de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est sans défense. Elle peut être env
3048 ou cette nuit même. Si nous pensons qu’elle vaut d’ être sauvée, constituons une armée sérieuse, qui ne saurait être qu’un
3049 saurait être qu’une armée européenne, à l’échelle de la menace elle-même continentale qui pèse sur nous. Le génie de Churc
3050 lle-même continentale qui pèse sur nous. Le génie de Churchill est indéniable : il consiste à dire simplement les évidence
3051 que tout le monde voit, mais que l’on traiterait de paradoxes ou d’utopies si vous ou moi osions les dire. Tout le monde
3052 de voit, mais que l’on traiterait de paradoxes ou d’ utopies si vous ou moi osions les dire. Tout le monde sait que l’Europ
3053 s dire. Tout le monde sait que l’Europe n’a point d’ armée, si l’on excepte l’armée suisse, laquelle est neutre. Tout le mo
3054 e est neutre. Tout le monde sait qu’il est urgent de faire quelque chose. Mais il faut que Churchill le dise pour qu’on ap
3055 onde, et quand Churchill eut terminé son discours de Strasbourg, l’Assemblée tout entière lui fit une ovation, et vota sa
3056 et vota sa motion par 89 voix contre 5, et point d’ abstentions. C’était trop beau pour être vrai. L’Assemblée ne tarda po
3057 aux réalités, qui sont pour elle les paragraphes de son statut. Dès que le projet Churchill fut mis en discussion plus dé
3058 re observer que l’article 1, alinéa d des statuts de l’Assemblée lui interdisait de s’occuper des problèmes militaires de
3059 inéa d des statuts de l’Assemblée lui interdisait de s’occuper des problèmes militaires de l’Europe. M. Callaghan a raison
3060 interdisait de s’occuper des problèmes militaires de l’Europe. M. Callaghan a raison, l’article 1 alinéa d dit bien cela.
3061 igents… Arrêtée par un alinéa, l’Assemblée décida de ne rien faire de sérieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent
3062 ar un alinéa, l’Assemblée décida de ne rien faire de sérieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent de faire quelque
3063 décida de ne rien faire de sérieux, c’est-à-dire d’ affirmer qu’il était urgent de faire quelque chose, bien sûr, un jour
3064 rieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent de faire quelque chose, bien sûr, un jour ou l’autre, mais qu’il ne semb
3065 l’autre, mais qu’il ne semblait pas très opportun de dire comment et à quelles conditions. Le problème reste donc posé. On
3066 sé. On ne saurait dire que l’Assemblée ait résolu de le résoudre, et encore moins qu’elle ait vraiment tenté de le faire…
3067 oudre, et encore moins qu’elle ait vraiment tenté de le faire… Devant cette carence incroyable je me sens libre de dire ic
3068 Devant cette carence incroyable je me sens libre de dire ici ce qu’un chacun pense qu’il faut faire. Premièrement, face a
3069 se qu’il faut faire. Premièrement, face au danger d’ invasion, nous savons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne fût-
3070 d’invasion, nous savons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne fût-ce que pour forcer l’envahisseur à réfléchir, et s
3071 rmées nationales, à la fois ruineuses pour chacun de nos pays, et ridiculement insuffisantes pour l’ensemble du continent.
3072 réveiller le nationalisme qui est l’origine même de nos maux, enfin, c’est opposer dix-neuf faiblesses à une grande force
3073 rce, et donc se condamner à l’écrasement certain. D’ où l’on déduit nécessairement qu’il faut, pour défendre l’Europe, non
3074 ns, — encore faut-il qu’elle soit mise au service d’ une politique d’ensemble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution
3075 t-il qu’elle soit mise au service d’une politique d’ ensemble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution d’un gouvernemen
3076 e soit mise au service d’une politique d’ensemble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution d’un gouvernement fédéral,
3077 mble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution d’ un gouvernement fédéral, capable de la contrôler, et de l’utiliser pou
3078 l’institution d’un gouvernement fédéral, capable de la contrôler, et de l’utiliser pour assurer la paix, non point pour n
3079 gouvernement fédéral, capable de la contrôler, et de l’utiliser pour assurer la paix, non point pour nous jeter dans les p
3080 s, du gouvernement fédéral, sans lequel une armée d’ Europe serait plus dangereuse encore que notre faiblesse actuelle. Mai
3081 l a proposé que l’on donne des armes aux citoyens de l’Europe. Encore faut-il que ces soldats soient décidés à employer ce
3082 dans l’état politique et social où sont plusieurs de nos voisins, rien n’est moins sûr. On dit que M. Churchill est un gra
3083 hurchill est un grand réaliste, parce qu’il parle de canons et d’avions. Mais ce ne sont là que des objets, des instrument
3084 un grand réaliste, parce qu’il parle de canons et d’ avions. Mais ce ne sont là que des objets, des instruments. Le réalism
3085 ts, des instruments. Le réalisme véritable, c’est de donner d’abord à chaque Européen la conviction profonde et passionnée
3086 ée qu’il a quelque chose à défendre. On n’accepte de mourir que pour des raisons de vivre. Le réalisme véritable c’est don
3087 ndre. On n’accepte de mourir que pour des raisons de vivre. Le réalisme véritable c’est donc de commencer la défense de l’
3088 aisons de vivre. Le réalisme véritable c’est donc de commencer la défense de l’Europe dans les esprits et dans les cœurs.
3089 — hélas ! Mais il nous faut d’abord une mystique de l’Europe, c’est-à-dire de la liberté, sans laquelle cette armée ne se
3090 ut d’abord une mystique de l’Europe, c’est-à-dire de la liberté, sans laquelle cette armée ne serait qu’un poids mort. De
3091 laquelle cette armée ne serait qu’un poids mort. De cela aussi, je compte vous reparler ; c’est même le principal sujet d
3092 pte vous reparler ; c’est même le principal sujet de ma chronique. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
63 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Une autorité politique européenne (25 septembre 1950)
3093 ne (25 septembre 1950) Pendant toute la session de l’Assemblée de Strasbourg, cet été, les députés n’ont pas cessé de re
3094 Strasbourg, cet été, les députés n’ont pas cessé de recevoir des centaines de lettres de simples citoyens qui, dans tous
3095 députés n’ont pas cessé de recevoir des centaines de lettres de simples citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient d
3096 nt pas cessé de recevoir des centaines de lettres de simples citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient de faire que
3097 citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient de faire quelque chose, et vite. Je me suis joint au mouvement pour ma p
3098 nt pour ma part, en faisant imprimer une brochure de lettres aux députés européens où je les priais sur tous les tons d’ag
3099 utés européens où je les priais sur tous les tons d’ agir ou de s’en aller. Car, en effet, le néant déclaré vaut mieux qu’u
3100 éens où je les priais sur tous les tons d’agir ou de s’en aller. Car, en effet, le néant déclaré vaut mieux qu’un faux-sem
3101 ’un faux-semblant. Que voulaient dire les auteurs de ces lettres pressantes et angoissées, lorsqu’ils réclamaient avec une
3102 ec une impatience sans cesse accrue par le danger de guerre — que quelque chose fût fait ? Ils voulaient dire, sans aucune
3103 ion, créez un vrai gouvernement européen, capable d’ assurer notre défense commune, car isolés nous périrons, Cet effort n’
3104 Il a fortement contribué à transformer l’ambiance de l’Assemblée, à faire sentir à plusieurs députés que l’opinion publiqu
3105 es suivait du regard, à renforcer les convictions de ceux qui en avaient, à mettre mal à l’aise ceux qui n’en ont aucune,
3106 u-dessus des États une autorité politique capable d’ obtenir ou d’imposer les sacrifices indispensables au salut de la comm
3107 États une autorité politique capable d’obtenir ou d’ imposer les sacrifices indispensables au salut de la communauté, c’est
3108 d’imposer les sacrifices indispensables au salut de la communauté, c’est la thèse des fédéralistes. Ceux-ci ne sont encor
3109 te. La plupart des députés préfèrent à la formule d’ un gouvernement européen, celle d’une série d’autorités spécialisées,
3110 nt à la formule d’un gouvernement européen, celle d’ une série d’autorités spécialisées, dont le plan Schumann du charbon e
3111 ule d’un gouvernement européen, celle d’une série d’ autorités spécialisées, dont le plan Schumann du charbon et de l’acier
3112 spécialisées, dont le plan Schumann du charbon et de l’acier offre le meilleur exemple. Ils proposent que l’on crée de la
3113 le meilleur exemple. Ils proposent que l’on crée de la même manière une autorité régissant les transports en Europe, une
3114 rité régissant les transports en Europe, une cour de justice, une autorité sociale, un office européen de la production du
3115 justice, une autorité sociale, un office européen de la production du blé, un Centre européen de la culture, et un état-ma
3116 ités spécialisées en un gouvernement unique, doté de pouvoirs réels, c’est-à-dire réellement supérieurs à ceux des États.
3117 s à la fois, peu nous importe. L’important, c’est de les résoudre, et de nous unir effectivement en temps utile, avant que
3118 s importe. L’important, c’est de les résoudre, et de nous unir effectivement en temps utile, avant que notre état de divis
3119 ffectivement en temps utile, avant que notre état de division n’ait provoqué la guerre, qui nous mettra tous d’accord dans
3120 ru très clairement, à Strasbourg, qu’une fraction de l’Assemblée ne voulait pas qu’on aboutisse à rien de sérieux. Je veux
3121 l’Assemblée ne voulait pas qu’on aboutisse à rien de sérieux. Je veux parler des Anglais et de certains Scandinaves, qui p
3122 à rien de sérieux. Je veux parler des Anglais et de certains Scandinaves, qui prennent leurs directives à Londres. Depuis
3123 ux ans, les Anglais nous disaient : ne parlez pas de fédération, c’est utopique et théorique. Faisons plutôt quelque chose
3124 opique et théorique. Faisons plutôt quelque chose de concret dans un domaine bien limité. Sur quoi M. Schumann leur a offe
3125 dans un domaine bien défini : celui du charbon et de l’acier. Mais tous les Anglais ont dit non, qu’ils soient conservateu
3126 ou travaillistes. Les conservateurs, par la voix de M. Macmillan, ont déposé un contre-projet. Ils acceptaient en princip
3127 é, qu’il ne limite en rien la souveraineté sacrée de l’État anglais, et n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit
3128 souveraineté sacrée de l’État anglais, et n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt soit d’orgueil natio
3129 n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit d’ intérêt soit d’orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’
3130 art pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt soit d’ orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’esprit rend tou
3131 cable. Comment peut-on se marier, si l’on réserve d’ avance le droit de se séparer à la première scène de ménage ? La quest
3132 t-on se marier, si l’on réserve d’avance le droit de se séparer à la première scène de ménage ? La question s’est donc tro
3133 avance le droit de se séparer à la première scène de ménage ? La question s’est donc trouvée posée dans toute son acuité :
3134 l’Europe sans les Anglais — ou faut-il rechercher de nouveaux compromis dans l’idée de plaire un jour à ces messieurs, qui
3135 t-il rechercher de nouveaux compromis dans l’idée de plaire un jour à ces messieurs, qui finalement refuseront quand même 
3136 nt quand même ? Je vous parlerai, lundi prochain, de la possibilité de faire l’Europe sans les Insulaires, sans l’insolent
3137 vous parlerai, lundi prochain, de la possibilité de faire l’Europe sans les Insulaires, sans l’insolent M. Dalton et avec
3138 M. Dalton et avec la bénédiction toute platonique de M. Churchill. Mais puisque j’ai entrepris, dans mes premières chroniq
3139 ue j’ai entrepris, dans mes premières chroniques, de vous donner un compte rendu de ce qui s’est fait — ou non — à Strasbo
3140 mières chroniques, de vous donner un compte rendu de ce qui s’est fait — ou non — à Strasbourg, cet été, je terminerai par
3141 ur proposer au Comité des ministres l’institution d’ une série d’autorités européennes. Pour permettre aux ministres de se
3142 au Comité des ministres l’institution d’une série d’ autorités européennes. Pour permettre aux ministres de se prononcer, M
3143 torités européennes. Pour permettre aux ministres de se prononcer, M. Spaak a décidé de suspendre la session à la fin d’ao
3144 aux ministres de se prononcer, M. Spaak a décidé de suspendre la session à la fin d’août, et de la reprendre en novembre.
3145 . Spaak a décidé de suspendre la session à la fin d’ août, et de la reprendre en novembre. C’est donc à la fin de novembre,
3146 écidé de suspendre la session à la fin d’août, et de la reprendre en novembre. C’est donc à la fin de novembre, seulement,
3147 de la reprendre en novembre. C’est donc à la fin de novembre, seulement, que nous saurons si l’Assemblée a fait quelque c
3148 nous saurons si l’Assemblée a fait quelque chose de concret, ou si elle a seulement fait semblant de vouloir faire quelqu
3149 de concret, ou si elle a seulement fait semblant de vouloir faire quelque chose en dépit des Anglais. Sans attendre les r
3150 ortels que court l’Europe, ont dressé leurs plans d’ action. Je vous en informerai bien sûr dès qu’il sera convenu de les f
3151 ous en informerai bien sûr dès qu’il sera convenu de les faire connaître à tous, afin que beaucoup puissent y prendre leur
64 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Serment de Strasbourg (2 octobre 1950)
3152 Demain l’Europe ! — Le Serment de Strasbourg (2 octobre 1950) Chers auditeurs, Si l’on admet que la f
3153 uditeurs, Si l’on admet que la faiblesse tragique de l’Europe résulte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est do
3154 met que la faiblesse tragique de l’Europe résulte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est donc la mise en commun
3155 rope résulte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est donc la mise en commun de ses ressources et de ses énergies
3156 seule chance de salut est donc la mise en commun de ses ressources et de ses énergies ; mais si l’on constate d’autre par
3157 t est donc la mise en commun de ses ressources et de ses énergies ; mais si l’on constate d’autre part que les politiciens
3158 nglais ? À Strasbourg, cet été, un certain nombre de députés ont envisagé cette question, et tenté d’y répondre par un act
3159 de députés ont envisagé cette question, et tenté d’ y répondre par un acte. Le récit de leur échec est significatif, vous
3160 tion, et tenté d’y répondre par un acte. Le récit de leur échec est significatif, vous allez le voir. L’idée qui animait c
3161 vous allez le voir. L’idée qui animait ce groupe de députés, et à laquelle Daniel Villey et quelques-uns de mes amis n’ét
3162 utés, et à laquelle Daniel Villey et quelques-uns de mes amis n’étaient pas totalement étrangers, c’était de proclamer sur
3163 amis n’étaient pas totalement étrangers, c’était de proclamer sur place, à Strasbourg, au mois d’août, la volonté d’union
3164 ait de proclamer sur place, à Strasbourg, au mois d’ août, la volonté d’union immédiate des principaux pays du contient ; e
3165 r place, à Strasbourg, au mois d’août, la volonté d’ union immédiate des principaux pays du contient ; et c’était de concré
3166 iate des principaux pays du contient ; et c’était de concrétiser cette volonté par un Pacte, qui se fût appelé le nouveau
3167 ar un Pacte, qui se fût appelé le nouveau Serment de Strasbourg. Voici plus de onze siècles, en effet, que les fils de Cha
3168 pelé le nouveau Serment de Strasbourg. Voici plus de onze siècles, en effet, que les fils de Charlemagne avaient prêté un
3169 oici plus de onze siècles, en effet, que les fils de Charlemagne avaient prêté un premier Serment de Strasbourg. De ce tra
3170 s de Charlemagne avaient prêté un premier Serment de Strasbourg. De ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe
3171 e avaient prêté un premier Serment de Strasbourg. De ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe et sa division
3172 urg. De ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe et sa division en nations. Il y avait, cet été, une belle ch
3173 en nations. Il y avait, cet été, une belle chance de remembrer, de rassembler ce continent, qui reste — comme le disait Pa
3174 y avait, cet été, une belle chance de remembrer, de rassembler ce continent, qui reste — comme le disait Paul Valéry — la
3175 disait Paul Valéry — la partie la plus précieuse de la planète. Un groupe de députés parmi lesquels on remarquait MM. And
3176 partie la plus précieuse de la planète. Un groupe de députés parmi lesquels on remarquait MM. André Philip, Paul Reynaud e
3177 uti pour l’Italie, Carlo Schmid pour l’Allemagne, de la Vallée Poussin pour la Belgique, tentèrent de passer aux actes. Un
3178 de la Vallée Poussin pour la Belgique, tentèrent de passer aux actes. Un texte de serment fut établi. Bien qu’il n’ait pa
3179 Belgique, tentèrent de passer aux actes. Un texte de serment fut établi. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai de tr
3180 abli. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai de très bonnes raisons de le connaître en détail, et vais vous dire quel
3181 pas été rendu public, j’ai de très bonnes raisons de le connaître en détail, et vais vous dire quel était son contenu. Les
3182 aient à se considérer non plus comme les députées de leur seul pays ou parti, mais comme les représentants de l’Europe ent
3183 seul pays ou parti, mais comme les représentants de l’Europe entière. Ils déclaraient que, sans plus attendre, les nation
3184 ve vers l’union, en provoquant l’élection directe d’ un Parlement européen, ainsi que la constitution d’un gouvernement féd
3185 ’un Parlement européen, ainsi que la constitution d’ un gouvernement fédéral comprenant des ministères de la Défense, de la
3186 un gouvernement fédéral comprenant des ministères de la Défense, de la Production, des Finances, de l’Agriculture, des Tra
3187 fédéral comprenant des ministères de la Défense, de la Production, des Finances, de l’Agriculture, des Transports, et de
3188 es de la Défense, de la Production, des Finances, de l’Agriculture, des Transports, et de la Justice. Les députés se disai
3189 es Finances, de l’Agriculture, des Transports, et de la Justice. Les députés se disaient décidés à prêter le serment suiva
3190  : Nous soussignés, Nous proclamant les délégués de notre commune patrie, l’Europe, Constatant qu’il faut aujourd’hui pér
3191 isolément ou se sauver ensemble, Faisons serment d’ unir dès maintenant les nations du continent qui acceptent de renoncer
3192 maintenant les nations du continent qui acceptent de renoncer à une part de leur souveraineté, première étape vers l’unité
3193 du continent qui acceptent de renoncer à une part de leur souveraineté, première étape vers l’unité de l’Europe. Une soix
3194 de leur souveraineté, première étape vers l’unité de l’Europe. Une soixantaine de députés se déclarèrent d’accord. Le ser
3195 étape vers l’unité de l’Europe. Une soixantaine de députés se déclarèrent d’accord. Le serment devait être prêté hors de
3196 . Le serment devait être prêté hors de l’enceinte de l’Assemblée, en présence de la population. Déjà la presse en parlait
3197 er leur signature éventuelle. Devant cette espèce de chantage les socialistes allemands reculèrent. Leurs compatriotes cat
3198 triotes catholiques ne voulurent point se séparer d’ eux. Les Italiens objectèrent que des raisons religieuses les empêchai
3199 èrent que des raisons religieuses les empêchaient de prêter serment. Les Belges découvrirent que cette action publique éta
3200 on publique était incompatible avec la discipline de l’Assemblée. Le groupe français lui-même se divisa. Bref, il ne resta
3201 se réunir en novembre. C’est ainsi que la session d’ été prit fin sur un échec des activistes. Et certes, la manœuvre angla
3202 , joua son rôle dans cet échec. Mais il est juste de dire qu’elle ne l’eût pas joué, si les continentaux, de leur côté, av
3203 e qu’elle ne l’eût pas joué, si les continentaux, de leur côté, avaient montré plus de courage, une plus claire volonté d’
3204 s continentaux, de leur côté, avaient montré plus de courage, une plus claire volonté d’aboutir à tout prix. En réalité, b
3205 t montré plus de courage, une plus claire volonté d’ aboutir à tout prix. En réalité, beaucoup d’entre eux ne s’étaient poi
3206 d’entre eux ne s’étaient point ralliés au projet de serment sans réserves ou hésitations. L’un des chefs socialistes les
3207 ns. L’un des chefs socialistes les plus influents de notre époque me disait quelques jours auparavant : « Que serait cette
3208 le socialisme. Je lui répondis : Si vous refusez de faire cette Europe-là, si vous n’en faites aucune vous savez ce qui n
3209 enace : la misère et l’occupation. Je ne vois pas d’ autre alternative. Au surplus si les Anglais supportent mal que se for
3210 et germanique, ce sera pour eux une bonne raison d’ y entrer, afin de rétablir l’équilibre. Peut-être n’avons-nous pas d’a
3211 Mais j’aurais pu répondre aussi par cette parole d’ un homme qui passe en France pour le symbole vivant du dirigisme, je v
3212 ur le symbole vivant du dirigisme, je veux parler d’ André Philip — qui s’écriait : « J’aime mieux une Europe libérale que
3213 iait : « J’aime mieux une Europe libérale que pas d’ Europe du tout ! » Voilà l’esprit qu’on voudrait voir animer l’Assembl
3214 t voir animer l’Assemblée de Strasbourg. L’esprit de ceux qui ont enfin vu que pour sauver n’importe quelle partie, ou par
3215 que pour sauver n’importe quelle partie, ou parti de l’Europe, il faut d’abord sauver le tout, « périr isolément ou se sau
65 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (9 octobre 1950)
3216 a culture était officiellement inauguré, au cours d’ une cérémonie très simple suivie d’une réception qui permit aux autori
3217 guré, au cours d’une cérémonie très simple suivie d’ une réception qui permit aux autorités, aux diplomates, aux journalist
3218 aux autorités, aux diplomates, aux journalistes, de rencontrer les quelque 25 membres du conseil supérieur du Centre, ain
3219 l supérieur du Centre, ainsi que les responsables de ses groupes de travail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège d
3220 Centre, ainsi que les responsables de ses groupes de travail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège de ce nouvel ins
3221 vail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège de ce nouvel institut) faisait mentir son joli nom : on y travaillait fe
3222 ans toutes les langues. Et certes, c’est très mal de travailler le dimanche, mais il fallait profiter de la présence des n
3223 travailler le dimanche, mais il fallait profiter de la présence des nombreuses personnalités venues de Rome, de Londres,
3224 e la présence des nombreuses personnalités venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasi
3225 ence des nombreuses personnalités venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le sp
3226 breuses personnalités venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de l
3227 rsonnalités venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de la villa en
3228 venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de la villa en ce premier
3229 e, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de la villa en ce premier jour d’activité ne manquait pas de pittoresque
3230 sion. Le spectacle de la villa en ce premier jour d’ activité ne manquait pas de pittoresque. Dans une salle, un groupe d’h
3231 lla en ce premier jour d’activité ne manquait pas de pittoresque. Dans une salle, un groupe d’historiens sérieux et méthod
3232 ait pas de pittoresque. Dans une salle, un groupe d’ historiens sérieux et méthodiques ; dans une deuxième, des cinéastes e
3233 es grandes questions européennes ; enfin, au coin d’ une table, cinq personnages discrets, traçaient les plans d’une collab
3234 e, cinq personnages discrets, traçaient les plans d’ une collaboration qui peut avoir de vastes conséquences : il s’agissai
3235 ient les plans d’une collaboration qui peut avoir de vastes conséquences : il s’agissait des administrateurs de la recherc
3236 conséquences : il s’agissait des administrateurs de la recherche scientifique en France, en Italie et en Belgique, décidé
3237 n Belgique, décidés à mettre en commun au service de l’Europe entière, les travaux actuellement en cours sur l’énergie ato
3238 uelles merveilleuses révolutions elle est capable de produire bientôt, dans la médecine et l’industrie pour la prospérité
3239 ur leur évaporation instantanée. Le rassemblement de ces groupes composés moins de grandes vedettes que de techniciens pas
3240 e. Le rassemblement de ces groupes composés moins de grandes vedettes que de techniciens passionnés, donnait immédiatement
3241 es groupes composés moins de grandes vedettes que de techniciens passionnés, donnait immédiatement au spectateur une premi
3242 ait immédiatement au spectateur une première idée de l’ampleur du programme assumé par notre Centre. Mais ceux qui ne l’on
3243 ntre. Mais ceux qui ne l’ont pas vu sont en droit de se demander pourquoi cet institut nouveau, quel est son but, et quell
3244 Il y a déjà, n’est-ce pas, surtout à Genève, tant d’ organismes internationaux ! À cette question bien naturelle, je suis h
3245 À cette question bien naturelle, je suis heureux de vous répondre ce soir. Le Centre européen de la culture correspond à
3246 regrouper les forces culturelles, les puissances d’ invention, qui ont fait la vraie richesse de ce vieux continent. Pour
3247 ances d’invention, qui ont fait la vraie richesse de ce vieux continent. Pour faire l’Europe, les constructions politiques
3248 . Mais un grand réaliste, Napoléon, avait coutume de répéter : le moral est au matériel comme 3 est à 1. Tout le monde app
3249 aiment. Le Centre européen de la culture a décidé de la prendre au sérieux. Il ne croit pas que la culture est un luxe, un
3250 ction réservée aux élites. Il ne la compare pas à de la broderie, comme le faisait récemment à Strasbourg un illustre homm
3251 x. Lorsque Staline rédige lui-même les directives de la science linguistique dans son empire, ou lorsqu’il lance une offen
3252 re la conception chrétienne du monde, avec l’aide de 500 000 propagandistes entraînés, munis de films et de 20 millions de
3253 l’aide de 500 000 propagandistes entraînés, munis de films et de 20 millions de brochures, lorsqu’il déclenche ces deux ca
3254 0 000 propagandistes entraînés, munis de films et de 20 millions de brochures, lorsqu’il déclenche ces deux campagnes cult
3255 istes entraînés, munis de films et de 20 millions de brochures, lorsqu’il déclenche ces deux campagnes culturelles, soyons
3256 un seul instant qu’il perd son temps, qu’il fait de la broderie. Il sait qu’une fois gagnés les esprits et les cœurs, le
3257 ur responsabilité. Certes, nos libertés sont loin d’ être parfaites. Mais si nous les perdons un jour, nous penserons, dans
3258 ratie n’est pas une panacée, elle ne résout aucun de nos grands problèmes, mais s’ils sont un jour résolus sans réplique,
3259 qu’on le pouvait, sauver au moins la possibilité de les vivre à notre manière… Pour cette action de réveil des conscience
3260 é de les vivre à notre manière… Pour cette action de réveil des consciences, de défense et d’illustration de nos libertés,
3261 ère… Pour cette action de réveil des consciences, de défense et d’illustration de nos libertés, le Centre européen de la c
3262 e action de réveil des consciences, de défense et d’ illustration de nos libertés, le Centre européen de la culture utilise
3263 eil des consciences, de défense et d’illustration de nos libertés, le Centre européen de la culture utilisera ce qu’on app
3264 t la presse. Mais il utilisera aussi les cerveaux de nos meilleurs savants, les foyers de culture populaire, et les travau
3265 les cerveaux de nos meilleurs savants, les foyers de culture populaire, et les travaux patients de chercheurs isolés, qui
3266 ers de culture populaire, et les travaux patients de chercheurs isolés, qui vont trouver, par le moyen de cet institut, la
3267 chercheurs isolés, qui vont trouver, par le moyen de cet institut, la possibilité d’entrer dans une communauté vivante et
3268 ver, par le moyen de cet institut, la possibilité d’ entrer dans une communauté vivante et militante. Mais tout cela, pense
3269 ment combien : tout cela coûtera le tiers du prix d’ un char d’assaut — et vous savez que la Suisse veut en acheter 500… De
3270 en : tout cela coûtera le tiers du prix d’un char d’ assaut — et vous savez que la Suisse veut en acheter 500… De plus nous
3271 voulons qu’elle soit un jour — le vôtre, et celui de nos enfants. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
66 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’opinion et l’Europe (16 octobre 1950)
3272 ibres, les gens au pouvoir sont inquiets, le soir d’ une élection : obtiendront-ils au moins 51 % des voix ? Dans les pays
3273 les pays totalitaires, le seul souci réel, c’est de ne pas dépasser 100 %, par suite d’un excès de zèle des fonctionnaire
3274 i réel, c’est de ne pas dépasser 100 %, par suite d’ un excès de zèle des fonctionnaires locaux. C’était hier le problème d
3275 st de ne pas dépasser 100 %, par suite d’un excès de zèle des fonctionnaires locaux. C’était hier le problème d’Hitler. C’
3276 s fonctionnaires locaux. C’était hier le problème d’ Hitler. C’est aujourd’hui celui de ses successeurs. N’insistons pas. C
3277 ier le problème d’Hitler. C’est aujourd’hui celui de ses successeurs. N’insistons pas. Ce que je veux souligner ici, c’est
3278 que, dans l’un et l’autre cas, on se sent obligé de rendre hommage à l’opinion publique, soit qu’on respecte ses libres d
3279 être faite dès demain. Car, en effet, le résultat d’ une consultation de l’opinion dans 12 pays européens vient de révéler
3280 in. Car, en effet, le résultat d’une consultation de l’opinion dans 12 pays européens vient de révéler que la grande major
3281 nt de révéler que la grande majorité des citoyens de toutes tendances, dans ces pays, se déclare en faveur de la fédératio
3282 qui sans nul doute vous surprendront. L’Institut de recherche de l’opinion publique Éric Stern, à Paris, a posé des quest
3283 doute vous surprendront. L’Institut de recherche de l’opinion publique Éric Stern, à Paris, a posé des questions générale
3284 estion générale : « Êtes-vous en faveur de l’idée d’ une union de l’Europe occidentale ? », 53 % des consultés ont répondu
3285 ale : « Êtes-vous en faveur de l’idée d’une union de l’Europe occidentale ? », 53 % des consultés ont répondu oui, 8 % non
3286 és ont répondu oui, 8 % non, le reste n’avait pas d’ opinion arrêtée sur le sujet. Mais ce n’était là qu’une première appro
3287 ière approche. Il était beaucoup plus intéressant de savoir si l’opinion publique était en faveur d’une suppression des fr
3288 nt à la fois la liberté du commerce et la liberté de déplacement des travailleurs. Là-dessus, 71 % des consultés ont dit q
3289 t restés indécis. Cependant, s’il est bien facile de se déclarer pour la liberté en général et contre les barrières douani
3290 tre les barrières douanières, il est moins facile d’ accepter les petits sacrifices matériels que ces mesures peuvent entra
3291 els que ces mesures peuvent entraîner. Il a suffi de signaler aux consultés que la liberté du commerce et du travail cause
3292 mmerce et du travail causerait peut-être la ruine de certaines entreprises, pour que la majorité de 71 % en faveur de la s
3293 ne de certaines entreprises, pour que la majorité de 71 % en faveur de la suppression des barrières de douanes tombe à 43 
3294 de 71 % en faveur de la suppression des barrières de douanes tombe à 43 %. Mais au total, et après que toutes les question
3295 te s’est reformée, en faveur de l’union immédiate de nos pays. 63 % pensent que l’union serait bonne pour eux personnellem
3296 t-à-dire pour montrer qu’ils respectent l’opinion de la majorité, et que, par conséquent, ils acceptent de s’unir. Vous av
3297 a majorité, et que, par conséquent, ils acceptent de s’unir. Vous avez sans doute remarqué que les hommes politiques aimen
3298 s se réfugier derrière cet argument qui leur sert d’ alibi : nous voulons bien, disent-ils, mais l’opinion ne nous suivrait
3299 encore prêts à cette union, c’est-à-dire que plus de la moitié de nos compatriotes veulent bien se dire favorables au bien
3300 à cette union, c’est-à-dire que plus de la moitié de nos compatriotes veulent bien se dire favorables au bien et à l’union
3301 sse dès que cela devient sérieux, et qu’il s’agit d’ y aller de sa poche. Au contraire, dans les mêmes conditions, les Angl
3302 e cela devient sérieux, et qu’il s’agit d’y aller de sa poche. Au contraire, dans les mêmes conditions, les Anglais persis
3303 sistent à approuver l’union : le déchet n’est que d’ 1 %, dans leur cas, alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses. D
3304 t n’est que d’1 %, dans leur cas, alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses. D’où je me permets de déduire qu’en dép
3305 alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses. D’ où je me permets de déduire qu’en dépit des proverbes sur la « perfide
3306 27 % dans le cas des Suisses. D’où je me permets de déduire qu’en dépit des proverbes sur la « perfide Albion » et « l’ho
3307 itons plus que d’autres, en Suisse, les reproches d’ égoïsme et d’isolationnisme qu’on adresse volontiers aux Anglais. C’es
3308 e d’autres, en Suisse, les reproches d’égoïsme et d’ isolationnisme qu’on adresse volontiers aux Anglais. C’est du moins ce
3309 trasbourg, les travaillistes anglais, par la voix de M. Dalton, ont déclaré qu’ils s’opposaient à la fédération européenne
3310 ment d’accord pour affirmer, en fait, que l’union de l’Europe serait bonne : pour eux d’abord en tant qu’individus (55 %),
3311 éels. La vérité, c’est qu’une très forte majorité de nos peuples, quel que soit leur parti politique, souhaite et veut l’u
67 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Neutralité européenne (23 octobre 1950)
3312 elques-uns d’entre vous se souviendront peut-être de m’avoir entendu, au début de cette année, exposer les avantages d’une
3313 uviendront peut-être de m’avoir entendu, au début de cette année, exposer les avantages d’une neutralité militaire de l’Eu
3314 u, au début de cette année, exposer les avantages d’ une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas de conflit entre la
3315 exposer les avantages d’une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, s
3316 une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, soit, surtout, pour essaye
3317 ie et les États-Unis, soit, surtout, pour essayer d’ empêcher ce conflit. Je disais en substance, à ce moment-là : si l’Eur
3318 sur notre sol. J’ajoutais qu’à l’exemple de celle de la Suisse, la neutralité de l’Europe devait remplir trois conditions 
3319 ’à l’exemple de celle de la Suisse, la neutralité de l’Europe devait remplir trois conditions : elle devait être armée — r
3320 t remplies, la Suisse perdrait toutes ses raisons de rester à l’écart de l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutrali
3321 e perdrait toutes ses raisons de rester à l’écart de l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutralité européenne a fait
3322 l’écart de l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutralité européenne a fait du chemin. Elle a occupé la presse, en F
3323 , en France surtout, pendant des mois, provoquant de vives polémiques. Et comme il arrive toujours, à la faveur d’une polé
3324 émiques. Et comme il arrive toujours, à la faveur d’ une polémique, l’idée s’est déformée. Nous voyons aujourd’hui s’oppose
3325 r les partisans du Pacte Atlantique, c’est-à-dire de l’alliance américaine, d’un côté, et de l’autre côté ceux qu’on appel
3326 tlantique, c’est-à-dire de l’alliance américaine, d’ un côté, et de l’autre côté ceux qu’on appelle les neutralistes, c’est
3327 st-à-dire de l’alliance américaine, d’un côté, et de l’autre côté ceux qu’on appelle les neutralistes, c’est-à-dire ceux q
3328 listes, c’est-à-dire ceux qui refusent absolument d’ appuyer l’Amérique en cas de guerre, ou même de se défendre contre l’E
3329 i refusent absolument d’appuyer l’Amérique en cas de guerre, ou même de se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé d’
3330 nt d’appuyer l’Amérique en cas de guerre, ou même de se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé d’avouer mon désaccor
3331 e se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé d’ avouer mon désaccord avec les uns comme avec les autres. Je suis contr
3332 e suis pour la paix et pour la résistance. L’idée de neutralité européenne me paraît devoir être abandonnée, pour le momen
3333 être abandonnée, pour le moment, puisqu’elle sert de prétexte aux pires démissions, et donne par conséquent une prime à l’
3334 Il n’y a pas là contradiction. Je n’ai pas changé de principes, mais les faits ont changé. Quand l’horloge parlante vous d
3335 nditions nécessaires pour proclamer la neutralité de l’Europe ne s’est vue réalisée. Je disais que cette neutralité devrai
3336 armée européenne n’existe pas, malgré le discours de Churchill. Et quant à la reconnaissance par les autres empires, perso
3337 peut même la demander puisqu’il n’y a pas encore d’ autorité capable de parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions de
3338 der puisqu’il n’y a pas encore d’autorité capable de parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions de fait, se dire neut
3339 e parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions de fait, se dire neutre, sur le plan de l’Europe, c’est simplement refus
3340 s conditions de fait, se dire neutre, sur le plan de l’Europe, c’est simplement refuser l’aide américaine, donc renoncer à
3341 ide américaine, donc renoncer à toute possibilité de résistance efficace contre l’Est. Osons voir en face la situation pré
3342 e l’Est. Osons voir en face la situation présente de l’Europe. La menace militaire éventuelle vient d’un seul côté, sérieu
3343 de l’Europe. La menace militaire éventuelle vient d’ un seul côté, sérieusement car il n’y a pas la moindre chance que l’Am
3344 ue nous envahisse. L’aide économique vient aussi d’ un seul côté, pratiquement. La Russie ne nous envoie rien. Quant à not
3345 ons que chacun peut faire et doit faire, s’il est de bonne foi. Quel sens pourrait-il donc y avoir à dire dans de telles c
3346 i. Quel sens pourrait-il donc y avoir à dire dans de telles conditions : entre une menace sérieuse et un appui pratique, j
3347 utre ? Entre la mort et les remèdes, il n’y a pas de neutralité. Pourtant je ne suis du parti ni de la mort, ni des produi
3348 as de neutralité. Pourtant je ne suis du parti ni de la mort, ni des produits pharmaceutiques : car je suis du parti de l’
3349 s produits pharmaceutiques : car je suis du parti de l’hygiène préventive, c’est-à-dire du parti de la santé. La santé de
3350 ti de l’hygiène préventive, c’est-à-dire du parti de la santé. La santé de l’Europe, c’est son union. Tant qu’on n’aura pa
3351 tive, c’est-à-dire du parti de la santé. La santé de l’Europe, c’est son union. Tant qu’on n’aura pas fait l’Europe unie,
3352 n’aura pas fait l’Europe unie, il sera dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi de ses alliances militaires. Car
3353 s fait l’Europe unie, il sera dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi de ses alliances militaires. Car pour pouvo
3354 dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi de ses alliances militaires. Car pour pouvoir se déclarer neutre, il fau
3355 e. Pour le moment, le seul problème urgent, c’est de créer un pouvoir fédéral, qui à son tour pourra former une armée défe
3356 qui à son tour pourra former une armée défensive, de type suisse. Mais il est évident que si l’on renonce, pour le moment,
3357 ent que si l’on renonce, pour le moment, à l’idée de neutralité générale du continent, le problème de la neutralité partic
3358 de neutralité générale du continent, le problème de la neutralité particulière des Suisses doit être examiné de nouveau,
3359 ve différente. Noyée dans une fédération inspirée de ses propres principes, la neutralité suisse eût cessé d’être une ques
3360 propres principes, la neutralité suisse eût cessé d’ être une question. Elle en redevient une, et combien délicate, au sein
3361 combien délicate, au sein d’une Europe incapable d’ assurer sa défense en s’unissant. C’est ce problème que je voudrais ab
68 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (I) (30 octobre 1950)
3362 raisons que j’exposais lundi dernier, la question de la neutralité particulière de la Suisse se trouve posée dans une pers
3363 ernier, la question de la neutralité particulière de la Suisse se trouve posée dans une perspective différente. Comment al
3364 s-nous justifier, aux yeux de l’Europe qui essaye de se fédérer, cette exception, ce privilège que représente notre neutra
3365 ège que représente notre neutralité, cette raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’un traitement tout spécial,
3366 tralité, cette raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos jou
3367 raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’ un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se la
3368 e nos autorités et nos journaux ne se lassent pas d’ invoquer — comme si cela allait de soi — chaque fois qu’on nous propos
3369 la allait de soi — chaque fois qu’on nous propose d’ entrer dans une forme quelconque d’union européenne ? Le fait est que
3370 n nous propose d’entrer dans une forme quelconque d’ union européenne ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de
3371 d’union européenne ? Le fait est que nos voisins d’ Europe comprennent de moins en moins notre abstention. Le fait est que
3372 Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre abstention. Le fait est que les Américains ne la
3373 ait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essaye de comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce statut spécial,
3374 de comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la Natur
3375 ritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas d’ une loi éternelle de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un
3376 t spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Hel
3377 résulte pas d’une loi éternelle de la Nature, ni d’ un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, — qu
3378 loi éternelle de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, — qui n’est pas tombé
3379 e de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’ un droit divin des Helvètes, bref, — qui n’est pas tombé du ciel et qu
3380 n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de
3381 qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes, la neutral
3382 ue un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On refuse de la discuter, parce qu’on craint que cette discussion n’aboutisse à de
3383 des conclusions gênantes et n’oblige à des prises de position. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la paix chez soi e
3384 ttre avec personne, tout en échappant au reproche d’ égoïsme par des œuvres philanthropiques. Il faut bien le reconnaître,
3385 aître, ce repliement intéressé, qui tient parfois de raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfait
3386 ment intéressé, qui tient parfois de raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfaitement réussi jus
3387 parfois de raisonnement de l’autruche, et parfois d’ une sagesse rusée, a parfaitement réussi jusqu’ici, matériellement par
3388 arlant. Quant aux effets moraux sur notre peuple, de ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vra
3389 nt aux effets moraux sur notre peuple, de ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vraiment notre
3390 les. Et si vraiment notre neutralité n’était rien d’ autre que ce que le Suisse moyen semble croire aujourd’hui, il ne faud
3391 en bloc ce privilège exorbitant ? Pour commencer de répondre à cette question, je me contenterai ce soir d’un rapide aper
3392 ondre à cette question, je me contenterai ce soir d’ un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne
3393 enterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de l
3394 é, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de la plupart de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre Éta
3395 art de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représ
3396 rigines lointaines de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représentants des trois communautés d
3397 coopératives forestières. Le Pacte avait pour but de maintenir les libertés impériales acquises par ces communautés. Et ce
3398 mpire. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau de la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière
3399 la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La première idée
3400 moins autant que pour lui-même. La première idée d’ une neutralité négative des Confédérés apparaît vers 1648, lorsque la
3401 s apparaît vers 1648, lorsque la Suisse se sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Tr
3402 que la Suisse se sépare de l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les
3403 ’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester un
3404 e traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester unis que s’ils
3405 ns ne peuvent rester unis que s’ils s’abstiennent de prendre part aux guerres entre rois catholiques et protestants, — pui
3406 sions. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité de la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les puissances et déclar
3407 aspect positif. On sait, en effet, que le traité de Vienne dit en tous termes que « la neutralité et l’inviolabilité de l
3408 ous termes que « la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 191
3409 bilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’intérêt pr
3410 e entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’ intérêt propre et d’intérêts européens dans notre abstention du confli
3411 , on retrouve ce même mélange d’intérêt propre et d’ intérêts européens dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avai
3412 ent que notre neutralité dépendait donc, au début de ce siècle, du fameux « équilibre européen ». Mais déjà, en 1939, la q
3413 ’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent d’ éclater n’opposeront plus les catholiques aux protestants, comme penda
3414 holiques aux protestants, comme pendant la guerre de Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, co
3415 ni même des Européens à d’autres Européens comme de 1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de
3416 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’ essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des pui
3417 n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des puissances vo
3418 ans le jeu des puissances voisines. Il n’y a plus d’ équilibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et
3419 ibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans
3420 Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si
3421 eule question réelle qui se pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais int
3422 pose désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière »
3423 e notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une contribution effectiv
3424 , une contribution effective à la défense commune de l’Europe ? C’est la question que j’aborderai dans une semaine. Au rev
69 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (II) (6 novembre 1950)
3425 ous ai quittés lundi dernier. C’était la question de savoir si la neutralité de la Suisse est encore aujourd’hui « dans le
3426 r. C’était la question de savoir si la neutralité de la Suisse est encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts de l’Europ
3427 est encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts de l’Europe entière », comme le dit son statut ; et si elle apporte, ou
3428 , une contribution effective à la défense commune de l’Europe. D’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien de se de
3429 se commune de l’Europe. D’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien de se demander quels sont, en somme, les vrais
3430 ’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien de se demander quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’Europe enti
3431 demander quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a 150 ans,
3432 e ne le pense pas. Ce que les auteurs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré
3433 urs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leur
3434 r l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leurs régimes, concorde qui ne semblait po
3435 es puissances du continent. Il s’agit aujourd’hui d’ autre chose. L’idée d’une guerre prochaine entre pays européens n’empê
3436 nent. Il s’agit aujourd’hui d’autre chose. L’idée d’ une guerre prochaine entre pays européens n’empêche personne de dormir
3437 prochaine entre pays européens n’empêche personne de dormir. Mais tout le monde pense à deux dangers communs : l’un idéolo
3438 lleure solution que l’union. « Les vrais intérêts de l’Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne
3439 Or peut-on dire que l’attitude plus que réservée de la Suisse contribue sérieusement à l’union ? Peut-on dire que la Suis
3440 l’union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant de se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe
3441 Europe ? Certes nous avons fini par adhérer, avec d’ infinies précautions, à quelques entreprises internationales, telles q
3442 par intérêt bien compris. Il serait donc excessif de citer nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributi
3443 nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributions à l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de
3444 l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de soutenir que la neutralité représente un apport positif à la fédérati
3445 ire à ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis de la défense de l’Europe, la situation est différente. M. Churchill a p
3446 est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg de créer une armée européenne. M. Pleven a fait voter un projet similair
3447 mbre française. Et déjà, l’on commence à regarder de travers cette petite Suisse qui prétend rester neutre, quand tout le
3448 rité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays d’ Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas
3449 iellement et moralement prêt à se défendre en cas d’ attaque, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée sui
3450 e, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironique
3451 n que la seule mention de l’armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironiques ou incrédules chez certai
3452 légèrement ironiques ou incrédules chez certains de nos voisins. Qu’ils comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons,
3453 plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin de l’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal, ma
3454 petit coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’
3455 isse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera d’ exister, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unif
3456 e de l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’ aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, mes ch
3457 ra d’exister, il sera temps d’aborder la question d’ un plan de défense unifié. Vous le voyez, mes chers auditeurs, la répo
3458 er, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, mes chers auditeurs, la réponse que j’
3459 yez, mes chers auditeurs, la réponse que j’essaie de trouver n’est pas simple. Si l’effort militaire considérable que nous
3460 litaire considérable que nous impose notre statut de neutralité, est une contribution réelle à la défense du continent, on
3461 tinent, on ne saurait vraiment pas en dire autant de notre attitude méfiante et presque négative à l’égard de l’union néce
3462 e l’union nécessaire. À la question qu’on me pose de tous côtés : êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? Je ne pui
3463 me pose de tous côtés : êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? Je ne puis donc pas répondre oui ou non. La questi
3464 raison grande et forte, c’est en somme au profit de quoi la Suisse devrait renoncer à sa neutralité. Je réponds pour ma p
3465 a neutralité. Je réponds pour ma part : au profit de l’Europe, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela se
3466 t : au profit de l’Europe, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-il que cette questio
3467 c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-il que cette question prenne forme, et qu’en s
3468 États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort de son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tou
3469 s’il sort de son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tout entier, nous poseront ces questions p
3470 vant des options graves, qu’il lui sera difficile de trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pa
3471 e nous surprenne endormis dans la fausse sécurité d’ une tradition qui a peut-être fait son temps, endormis derrière la neu
3472 rne à proposer, pour l’orienter, un seul principe de jugement politique. Tant que la neutralité de la Suisse se révèle uti
3473 ipe de jugement politique. Tant que la neutralité de la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan
3474 traire elle devient un prétexte à freiner l’union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esp
3475 re notre part, elle est contraire à l’esprit même de son statut, et elle peut donc demain devenir une trahison. Car je le
3476 été reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait pl
3477 ons : en neutralité entre l’Europe et les ennemis de l’Europe, ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre
3478 Ils violent notre statut légal, et l’esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que
3479 l’esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que personne encore n’a touché, tout au
70 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un Conseil européen de vigilance (13 novembre 1950)
3480 Demain l’Europe ! — Un Conseil européen de vigilance (13 novembre 1950) Chers auditeurs, Lorsqu’au mois d’août
3481 novembre 1950) Chers auditeurs, Lorsqu’au mois d’ août dernier, le président de l’Assemblée de Strasbourg, M. Spaak s’ap
3482 eurs, Lorsqu’au mois d’août dernier, le président de l’Assemblée de Strasbourg, M. Spaak s’aperçut que l’on n’arriverait à
3483 , M. Spaak s’aperçut que l’on n’arriverait à rien de positif au cours de la session, il décida d’interrompre celle-ci huit
3484 rien de positif au cours de la session, il décida d’ interrompre celle-ci huit jours avant la date prévue, et de la reporte
3485 mpre celle-ci huit jours avant la date prévue, et de la reporter au mois de novembre. Cet artifice de procédure présentait
3486 s avant la date prévue, et de la reporter au mois de novembre. Cet artifice de procédure présentait un double avantage. D’
3487 de la reporter au mois de novembre. Cet artifice de procédure présentait un double avantage. D’une part, il permettait à
3488 avantage. D’une part, il permettait à l’Assemblée de tenir deux sessions au lieu d’une, et cela sans violer son règlement 
3489 règlement ; d’autre part, il lui donnait le temps de soumettre au Comité des ministres quelques-unes des recommandations d
3490 quelques-unes des recommandations déjà votées, et de forcer ainsi ces Messieurs à prendre position dans un délai rapide. L
3491 on dans un délai rapide. Le second objectif vient d’ être atteint à Rome. Le Comité des ministres a pris position, nettemen
3492 ques, il a refusé la majorité des recommandations de l’Assemblée, et renvoyé le reste à des experts. Ce qu’il n’ose pas tu
3493 er, il l’enterre. C’est donc en pleine conscience de cet échec flagrant que va s’ouvrir, dans quelques jours, la seconde p
3494 s’ouvrir, dans quelques jours, la seconde partie de la session régulière de l’Assemblée européenne. Elle ne doit durer qu
3495 jours, la seconde partie de la session régulière de l’Assemblée européenne. Elle ne doit durer qu’une semaine. Mais c’est
3496 rt en somme qu’à retarder l’union malgré le désir de tous nos peuples, et pour la seule raison que l’Angleterre est une îl
3497 ation impatiente et irrite de plus en plus nombre de députés européens. Nous allons voir dans quelques jours s’ils ont le
3498 ons voir dans quelques jours s’ils ont le courage de traduire par leurs votes cette généreuse irritation, ou s’ils suivron
3499 ttlee, Premier ministre britannique, est l’auteur de cette phrase célèbre : « L’Europe doit se fédérer, ou périr. » Si j’é
3500 st pourquoi les fédéralistes européens ont décidé d’ agir d’une manière plus directe. Pacifiquement, comme il se doit lorsq
3501 quoi les fédéralistes européens ont décidé d’agir d’ une manière plus directe. Pacifiquement, comme il se doit lorsqu’on ve
3502 eut travailler pour la paix, mais non sans esprit de défi, ils ont organisé une marche sur Strasbourg. Ainsi, les députés
3503 llés, dénoncés ou soutenus par plusieurs milliers de militants. Voici en quelques mots, notre ordre de bataille, c’est-à-d
3504 de militants. Voici en quelques mots, notre ordre de bataille, c’est-à-dire la composition de nos troupes, face à l’Assemb
3505 re ordre de bataille, c’est-à-dire la composition de nos troupes, face à l’Assemblée. L’Union fédéraliste interuniversita
3506 iste interuniversitaire, qui groupe des étudiants de 56 universités d’Europe, compte amener à Strasbourg deux à trois mill
3507 taire, qui groupe des étudiants de 56 universités d’ Europe, compte amener à Strasbourg deux à trois mille jeunes gens, à p
3508 n. Je le signale en passant, c’est à l’initiative de cette union des étudiants qu’il faut attribuer le feu de joie de pote
3509 e union des étudiants qu’il faut attribuer le feu de joie de poteaux-frontière organisé en août dernier, et non pas à Dani
3510 des étudiants qu’il faut attribuer le feu de joie de poteaux-frontière organisé en août dernier, et non pas à Daniel Ville
3511 iel Villey sera là, lui aussi, et ses Volontaires de l’Europe bouteront le feu — moralement s’entend — dans les couloirs d
3512 le feu — moralement s’entend — dans les couloirs de l’Assemblée, dans le public des séances, et parmi la population. Ils
3513 rmi la population. Ils forment le « corps franc » de notre mouvement. Dès jeudi, l’Union européenne des fédéralistes tiend
3514 aussi plusieurs centaines des premiers militants de la lutte pour l’Europe. On sait que l’Union fédéraliste est l’aile ma
3515 Mouvement européen. Elle groupe dans 15 pays plus de 120 000 membres, dont 2 000 Suisses. Enfin pour couronner cette campa
3516 nner une voix à l’opinion publique, une assemblée d’ un genre nouveau, et quasi révolutionnaire, s’ouvrira dès le 20 novemb
3517 aire, s’ouvrira dès le 20 novembre dans le Palais de l’Orangerie, juste en face du Palais de l’Europe. Elle prendra le nom
3518 le Palais de l’Orangerie, juste en face du Palais de l’Europe. Elle prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigi
3519 lais de l’Europe. Elle prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégu
3520 le prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégués que l’Assemblée o
3521 ropéen de vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégués que l’Assemblée officielle avec ses suppléants : 250. Mais c
3522 s des parlementaires, trop habiles et prisonniers de leurs partis. Ils seront les porte-parole de l’opinion publique réell
3523 iers de leurs partis. Ils seront les porte-parole de l’opinion publique réelle, des grandes associations syndicales et pat
3524 ives et agricoles, familiales et professionnelles de tous nos pays. Ces États-généraux de l’Europe vont dresser contre les
3525 vont dresser contre les prudences et la paralysie de l’Assemblée, la revendication du réalisme et de l’espoir européen : c
3526 e de l’Assemblée, la revendication du réalisme et de l’espoir européen : c’est-à-dire la revendication de l’union politiqu
3527 l’espoir européen : c’est-à-dire la revendication de l’union politique du continent, de l’élection d’un véritable parlemen
3528 revendication de l’union politique du continent, de l’élection d’un véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral de
3529 de l’union politique du continent, de l’élection d’ un véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral de l’Europe. La S
3530 inent, de l’élection d’un véritable parlement, et d’ un gouvernement fédéral de l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé de
3531 véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral de l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé de délégation nationale. Mai
3532 déral de l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé de délégation nationale. Mais quelques Suisses seront présents tout de m
3533 nt présents tout de même dans ce Conseil européen de vigilance, pour marquer, à titre privé, que malgré sa neutralité et m
3534 Europe. Vous me demanderez ce qu’on peut attendre de cette vaste mobilisation des énergies fédéralistes. Un simple manifes
3535 n se fatigue à le lui prendre. Mais si le Conseil de vigilance est un succès, il saura faire entendre enfin la Voix de l’E
3536 un succès, il saura faire entendre enfin la Voix de l’Europe. Il suffit quelquefois d’un cri pour déclencher une avalanch
3537 enfin la Voix de l’Europe. Il suffit quelquefois d’ un cri pour déclencher une avalanche, et l’opinion des peuples pouvait
3538 plus lundi prochain, et vous le dire directement, de Strasbourg même. Au revoir, mes chers auditeurs.
71 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — À Strasbourg (21 novembre l950)
3539 g (21 novembre l950) Chers auditeurs, La maison de laquelle je vous parle, à Strasbourg, s’appelle d’un bien beau nom :
3540 e laquelle je vous parle, à Strasbourg, s’appelle d’ un bien beau nom : la Maison de l’Europe. Toute la question est de sav
3541 asbourg, s’appelle d’un bien beau nom : la Maison de l’Europe. Toute la question est de savoir si elle mérite ce nom, vrai
3542 om : la Maison de l’Europe. Toute la question est de savoir si elle mérite ce nom, vraiment, et si elle le méritera devant
3543 dio et le cinéma, les huissiers en noir à collier d’ argent, la garde d’honneur en guêtres blanches sur les marches du pala
3544 es huissiers en noir à collier d’argent, la garde d’ honneur en guêtres blanches sur les marches du palais, le public, des
3545 ur les marches du palais, le public, des milliers de militants — je dis bien des milliers — et les grands et petits ténors
3546 ien des milliers — et les grands et petits ténors de la vie politique européenne. Paraphrasant une déclaration célèbre de
3547 européenne. Paraphrasant une déclaration célèbre de la Révolution française, je pourrais dire : qu’est-ce que c’est que l
3548 u’elle fera quelque chose. Mais je suis sûr comme de ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin de la semaine, ou faire
3549 de ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin de la semaine, ou faire place à un autre avenir, qui pourrait être ou bi
3550 urope des militants fédéralistes, ou bien l’armée d’ un empire étranger. Je ne voudrais pas dramatiser outre mesure, mais c
3551 s chacun sait que l’Europe est menacée, et chacun de nos pays, et la paix avec elle. Il faut agir très vite, et le Conseil
3552 ts nationaux. Quelques instants avant l’ouverture de la première séance de l’Assemblée, le comte Sforza, ministre italien
3553 instants avant l’ouverture de la première séance de l’Assemblée, le comte Sforza, ministre italien des Affaires étrangère
3554 retrouvait par hasard dans les couloirs deux amis de son temps d’exil en Amérique et leur disait : « Comme le monde est pe
3555 r hasard dans les couloirs deux amis de son temps d’ exil en Amérique et leur disait : « Comme le monde est petit ! mais le
3556 ide et qui refuse en fait toutes les propositions d’ union faites par l’Assemblée ; puis il ajoutait, en son nom personnel,
3557 il ajoutait, en son nom personnel, une profession de foi fédéraliste… Rien ne me semble plus typique de la situation de St
3558 e foi fédéraliste… Rien ne me semble plus typique de la situation de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonn
3559 e… Rien ne me semble plus typique de la situation de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonne volonté, mais
3560 de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonne volonté, mais en tant que ministre, ou en tant que députés d’un
3561 mais en tant que ministre, ou en tant que députés d’ un parti ou d’un pays, ils agissent au rebours de leurs convictions in
3562 ue ministre, ou en tant que députés d’un parti ou d’ un pays, ils agissent au rebours de leurs convictions intimes, ils son
3563 égulièrement par un renvoi lassé à quelque groupe d’ experts qui décideront d’attendre. Le tragique d’une telle situation,
3564 i lassé à quelque groupe d’experts qui décideront d’ attendre. Le tragique d’une telle situation, qui ressemble à un enlise
3565 d’experts qui décideront d’attendre. Le tragique d’ une telle situation, qui ressemble à un enlisement, se trouve souligné
3566 nt, se trouve souligné avec force par la présence de ces milliers de militants dont je vous parlais. Quatre mouvements féd
3567 uligné avec force par la présence de ces milliers de militants dont je vous parlais. Quatre mouvements fédéralistes ont te
3568 rniers. Leur impatience grandit, je puis le dire, d’ heure en heure. La pression sur l’Assemblée et sur ses commissions s’a
3569 croît. Beaucoup de signes font sentir que l’heure de la décision approche. Cet après-midi même s’est ouvert, solennellemen
3570 ’est ouvert, solennellement, en face de la Maison de l’Europe, le Conseil européen de vigilance, que l’on appelle ici, plu
3571 ace de la Maison de l’Europe, le Conseil européen de vigilance, que l’on appelle ici, plus couramment Conseil de l’Oranger
3572 ce, que l’on appelle ici, plus couramment Conseil de l’Orangerie, du nom du bâtiment où il se tient. Son premier but est d
3573 m du bâtiment où il se tient. Son premier but est d’ exercer une pression maximum sur l’Assemblée pour qu’elle décide de fo
3574 ssion maximum sur l’Assemblée pour qu’elle décide de former sans délai une fédération continentale, sans les Anglais pour
3575 ssions, des syndicats, des familles spirituelles, de l’opinion vivante, le Conseil de l’Orangerie ne possède pas de légali
3576 es spirituelles, de l’opinion vivante, le Conseil de l’Orangerie ne possède pas de légalité proprement dite, mais à bien d
3577 vivante, le Conseil de l’Orangerie ne possède pas de légalité proprement dite, mais à bien des égards, il peut revendiquer
3578 e. Demain matin, un très grand nombre des députés de l’Assemblée régulière feront leur entrée en cortège dans la grande sa
3579 eront leur entrée en cortège dans la grande salle de l’Orangerie, marquant ainsi par un acte solennel leur volonté de suiv
3580 marquant ainsi par un acte solennel leur volonté de suivre ceux qui marchent. Vous le voyez, la fièvre monte. Elle attein
3581 voyez, la fièvre monte. Elle atteindra son point de crise dans trois ou quatre jours, probablement, lorsque convergeront
3582 000 jeunes gens venus de 15 pays, par des chemins d’ eux seuls connus, pour se livrer à une immense démonstration autour du
3583 vrer à une immense démonstration autour du Palais de l’Europe. Trois mille jeunes gens qui viendront dire aux députés et a
3584 es jeunes, qui les payeront, et peut-être demain, de notre vie. Nous avons donc le droit de parler et de demander qu’on no
3585 re demain, de notre vie. Nous avons donc le droit de parler et de demander qu’on nous entende. » Je n’en dis pas plus aujo
3586 notre vie. Nous avons donc le droit de parler et de demander qu’on nous entende. » Je n’en dis pas plus aujourd’hui. Mais
3587 soir même, à travers nos frontières et nos pays, de ces jeunes enthousiastes et décidés, qui portent l’avenir de la paix,
3588 es enthousiastes et décidés, qui portent l’avenir de la paix, de leur paix ! Accompagnez-les de vos vœux, marchez tous ave
3589 stes et décidés, qui portent l’avenir de la paix, de leur paix ! Accompagnez-les de vos vœux, marchez tous avec eux en esp
3590 avenir de la paix, de leur paix ! Accompagnez-les de vos vœux, marchez tous avec eux en esprit. Je vous dirai ce qu’ils au
72 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Jeunesse d’Europe (27 novembre 1950)
3591 Demain l’Europe ! — Jeunesse d’ Europe (27 novembre 1950) Chers auditeurs, Je viens de rentrer de St
3592 mbre 1950) Chers auditeurs, Je viens de rentrer de Strasbourg, où il s’est passé bien des choses, et je trouve enfin le
3593 ssé bien des choses, et je trouve enfin le loisir de feuilleter nos principaux journaux. Qu’ont-ils donc publié dans leurs
3594 nes pendant cette semaine importante pour le sort de l’Europe entière ? J’ai fini par trouver quelques communiqués sur cer
3595 trouver quelques communiqués sur certains débats de l’Assemblée, choisis comme par hasard, tous les deux ou trois jours.
3596 . Mais ces échos se trouvaient noyés dans un flot de nouvelles détaillées sur la pluie. Pour le reste : on précisait que l
3597 a pluie. Pour le reste : on précisait que l’avion de M. Maurice Thorez avait décollé d’Orly à 14h08, exactement, que les S
3598 it que l’avion de M. Maurice Thorez avait décollé d’ Orly à 14h08, exactement, que les Sud-Coréens avaient occupé ou reperd
3599 réens avaient occupé ou reperdu un certain nombre de villages aux noms imprononçables et que vous chercheriez en vain dans
3600 n, l’on consacrait des colones aux comptes rendus d’ un congrès pour la paix qui vient de se tenir en Pologne, pour protest
3601 paraît-il une fois de plus contre l’impérialisme de nos démocraties assoiffées de sang. Ainsi, pour l’historien futur qui
3602 ntre l’impérialisme de nos démocraties assoiffées de sang. Ainsi, pour l’historien futur qui examinera la presse de nos pa
3603 i, pour l’historien futur qui examinera la presse de nos pays, durant la semaine dernière, les deux faits dominants auront
3604 aits dominants auront été la pluie… et le congrès de Varsovie. Sur Strasbourg, on reste muet avec la plus étrange obstinat
3605 uet avec la plus étrange obstination. Le discours de Robert Schuman, qualifié d’historique par les Anglais eux-mêmes ; le
3606 tination. Le discours de Robert Schuman, qualifié d’ historique par les Anglais eux-mêmes ; le rassemblement sans précédent
3607 glais eux-mêmes ; le rassemblement sans précédent de 6 000 jeunes gens accourus de 12 pays pour proclamer leur volonté d’u
3608 ment sans précédent de 6 000 jeunes gens accourus de 12 pays pour proclamer leur volonté d’union au seuil du Palais de l’E
3609 s accourus de 12 pays pour proclamer leur volonté d’ union au seuil du Palais de l’Europe, — c’est à peine si on les mentio
3610 proclamer leur volonté d’union au seuil du Palais de l’Europe, — c’est à peine si on les mentionne en quelques lignes négl
3611 jour, la liste interminable des membres inconnus d’ un comité de plus formé à Varsovie. Je me frotte les yeux. Qu’est-ce q
3612 blicité dans nos journaux, pour les ennemis jurés de la fédération ; tout le silence et l’ironie pour nos amis ! On ne fai
3613 os amis ! On ne fait pas autrement dans la presse de Moscou. De quel côté du rideau de fer sommes-nous ? Je bornerai mon c
3614 n ne fait pas autrement dans la presse de Moscou. De quel côté du rideau de fer sommes-nous ? Je bornerai mon commentaire
3615 dans la presse de Moscou. De quel côté du rideau de fer sommes-nous ? Je bornerai mon commentaire à cette question. Deman
3616 s’ils vous la donnent. En attendant, j’essaierai de suppléer à ce refus d’information et je vous parlerai non pas encore
3617 En attendant, j’essaierai de suppléer à ce refus d’ information et je vous parlerai non pas encore ce soir des résultats d
3618 ous parlerai non pas encore ce soir des résultats de la session de Strasbourg, mais d’une grande manifestation qui en a ma
3619 on pas encore ce soir des résultats de la session de Strasbourg, mais d’une grande manifestation qui en a marqué la conclu
3620 r des résultats de la session de Strasbourg, mais d’ une grande manifestation qui en a marqué la conclusion. Depuis deux mo
3621 conclusion. Depuis deux mois, un jeune professeur d’ université, Michel Mouskhély, parcourait l’Europe en tout sens et conf
3622 en tout sens et confiait son projet à des groupes d’ étudiants. Il rêvait d’organiser une grande marche de la jeunesse sur
3623 t son projet à des groupes d’étudiants. Il rêvait d’ organiser une grande marche de la jeunesse sur la capitale de l’Europe
3624 tudiants. Il rêvait d’organiser une grande marche de la jeunesse sur la capitale de l’Europe. Quand je l’ai revu, il y a h
3625 une grande marche de la jeunesse sur la capitale de l’Europe. Quand je l’ai revu, il y a huit jours, il m’a dit : nous se
3626 Car les obstacles étaient considérables : manque d’ argent, méfiance bien naturelle de la police devant cette invasion d’é
3627 rables : manque d’argent, méfiance bien naturelle de la police devant cette invasion d’étrangers, et difficultés de transp
3628 bien naturelle de la police devant cette invasion d’ étrangers, et difficultés de transport. Combien de ces jeunes gens par
3629 devant cette invasion d’étrangers, et difficultés de transport. Combien de ces jeunes gens parviendraient-ils à vaincre la
3630 d’étrangers, et difficultés de transport. Combien de ces jeunes gens parviendraient-ils à vaincre la fatigue de deux ou tr
3631 unes gens parviendraient-ils à vaincre la fatigue de deux ou trois nuits de voyage sans sommeil, et à franchir tant de fro
3632 t-ils à vaincre la fatigue de deux ou trois nuits de voyage sans sommeil, et à franchir tant de frontières car la plupart
3633 tant de frontières car la plupart n’avaient point de passeports, ou refusaient d’en faire usage ? Et voici qu’au lieu de 3
3634 part n’avaient point de passeports, ou refusaient d’ en faire usage ? Et voici qu’au lieu de 3000 ils furent près de 6000,
3635 de 6000, vendredi à Strasbourg ! Venus de France, d’ Allemagne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Si
3636 redi à Strasbourg ! Venus de France, d’Allemagne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Silencieusement
3637 France, d’Allemagne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Silencieusement, dans les bosquets pluvieux
3638 magne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Silencieusement, dans les bosquets pluvieux du parc de l’O
3639 lencieusement, dans les bosquets pluvieux du parc de l’Orangerie, près du Palais de l’Europe, ils se concentrèrent en bon
3640 s pluvieux du parc de l’Orangerie, près du Palais de l’Europe, ils se concentrèrent en bon ordre. À 4 heures de l’après-mi
3641 pe, ils se concentrèrent en bon ordre. À 4 heures de l’après-midi, leurs délégués présentèrent une requête à M. Spaak, pré
3642 és présentèrent une requête à M. Spaak, président de l’Assemblée. Ils demandaient à lire eux-mêmes un message aux représen
3643 représentants réunis en séance plénière. L’accès de la salle leur fut refusé, mais le message fut distribué à la presse e
3644 tait digne, mais très ferme. Vous avez le devoir de nous écouter, disait-il aux députés, et nous avons des droits particu
3645 es jeunes qui les payeront demain, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souver
3646 les souverainetés nationales. Nous n’accepterons de mourir, que pour des raisons de vivre. Donnez-nous ces raisons : fait
3647 ous n’accepterons de mourir, que pour des raisons de vivre. Donnez-nous ces raisons : faites l’Europe !j Le message dema
3648 eur d’un Pacte fédéral. « Si vous avez le courage de faire cet acte simple, ajoutait-il, vous réveillerez le grand espoir
3649 tombait. Les jeunes gens allumèrent des milliers de torches et commencèrent à s’approcher du Palais de l’Europe. Un impor
3650 e torches et commencèrent à s’approcher du Palais de l’Europe. Un important barrage de police en défendait l’entrée. La fo
3651 ocher du Palais de l’Europe. Un important barrage de police en défendait l’entrée. La foule s’impatientait. Prévenant avec
3652 ua les jeunes gens. Il commença par les féliciter d’ être venus en si grand nombre. Il leur conseilla de renouveler cette m
3653 ’être venus en si grand nombre. Il leur conseilla de renouveler cette manifestation dans leurs pays, devant leurs propres
3654 s réalités politiques, hélas, ne permettaient pas d’ aller aussi vite qu’il le faut et que la jeunesse ne le souhaite, une
3655 ut et que la jeunesse ne le souhaite, une clameur de protestations couvrit sa voix. Puis l’un des jeunes gens, dans une im
3656 isans qui se dissimulent trop souvent sous le nom de « nécessités politiques ». Et les 6000 prêtèrent le serment solennel
3657 ques ». Et les 6000 prêtèrent le serment solennel de consacrer leurs forces à la fédération, de ne plus tenir compte des f
3658 lennel de consacrer leurs forces à la fédération, de ne plus tenir compte des frontières et de défendre désormais l’Europe
3659 ration, de ne plus tenir compte des frontières et de défendre désormais l’Europe, mais seulement comme une patrie commune.
3660 et disparurent comme ils étaient venus. Je viens d’ apprendre que des milliers d’entre eux rentrèrent dans leurs pays en f
3661 été rédigé par Denis de Rougemont, sur la demande de Mouskhély. Voir le compte rendu que Rougemont fera plus tard de cet é
3662 Voir le compte rendu que Rougemont fera plus tard de cet épisode : « Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir inva
3663 fera plus tard de cet épisode : « Trente-cinq ans d’ attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe ».
3664 isode : « Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’ espoir invaincu : le Conseil de l’Europe ».
73 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — État de la construction européenne (4 décembre 1950)
3665 Demain l’Europe ! — État de la construction européenne (4 décembre 1950) Sur le fond tragique d
3666 ropéenne (4 décembre 1950) Sur le fond tragique de la guerre en Asie — car il ne s’agit plus de la seule Corée ou de la
3667 ique de la guerre en Asie — car il ne s’agit plus de la seule Corée ou de la seule Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est
3668 Asie — car il ne s’agit plus de la seule Corée ou de la seule Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est la moitié de la terr
3669 Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est la moitié de la terre qui se voit menacée — , les questions européennes semblent d
3670 e — , les questions européennes semblent diminuer d’ importance, se perdre dans la brume des détails régionaux et des pluie
3671 s couvrant le continent. Et cependant, M. Acheson d’ un côté, M. Churchill de l’autre, viennent de le répéter avec force :
3672 Et cependant, M. Acheson d’un côté, M. Churchill de l’autre, viennent de le répéter avec force : c’est l’Europe qui demeu
3673 r avec force : c’est l’Europe qui demeure l’enjeu de la lutte mondiale, c’est elle qui est menacée le plus gravement. Oui,
3674 accord, en principe, qu’il n’y a plus qu’un moyen de la sauver, c’est de l’unir. Qu’a-t-on fait pour cela, depuis un mois 
3675 qu’il n’y a plus qu’un moyen de la sauver, c’est de l’unir. Qu’a-t-on fait pour cela, depuis un mois ? Le Comité des mini
3676 ier. Certes, la fraction fédéraliste du Parlement de Strasbourg n’est pas encore arrivée à ses fins. Ses efforts pour fair
3677 es fins. Ses efforts pour faire voter le principe d’ un Pacte fédéral du continent ne sont pourtant pas restés vains. Douze
3678 ement, sur 125, avaient voté dans ce sens au mois d’ août. En novembre, leur groupe a passé à 37. Mais bien qu’ils n’aient
3679 s fédéralistes ont obtenu des résultats indirects d’ une réelle importance. En demandant le maximum avec obstination, ils o
3680 c obstination, ils ont conduit les plus hésitants de leurs collègues à accepter au moins quelque chose. Contre les fédéral
3681 s quelque chose. Contre les fédéralistes, accusés d’ utopie et d’impatience dangereuse quand ils exigent un Pacte fédéral,
3682 ose. Contre les fédéralistes, accusés d’utopie et d’ impatience dangereuse quand ils exigent un Pacte fédéral, la majorité
3683 s prudents et des tièdes a recommandé la création d’ une série d’autorités européennes spécialisées. C’est ainsi qu’elle a
3684 t des tièdes a recommandé la création d’une série d’ autorités européennes spécialisées. C’est ainsi qu’elle a discuté et a
3685 t y participer à droits égaux, mais dans le cadre d’ une organisation commune, calculée de manière à interdire que se refor
3686 i oppose à Strasbourg les fédéralistes, partisans d’ une constitution européenne, et les unionistes, partisans de simples a
3687 titution européenne, et les unionistes, partisans de simples accords spéciaux, est une fausse querelle. Je voudrais le fai
3688 e voudrais le faire voir par une image. Il s’agit de construire une maison, l’Europe. Les fédéralistes en ont dressé les p
3689 âtir un solide rez-de-chaussée. Je ne vois pas là de contradiction sérieuse. Car les fédéralistes savent très bien qu’on n
3690 s à construire une maison si l’on n’a pas un plan d’ ensemble. Rien ne sert de dire comme les Anglais : allons-y prudemment
3691 si l’on n’a pas un plan d’ensemble. Rien ne sert de dire comme les Anglais : allons-y prudemment, étage par étage, si l’o
3692 ons-y prudemment, étage par étage, si l’on refuse de saisir où l’on va, et si l’on n’a pas décidé que c’est une maison que
3693 orcés à commencer les fondations. Je suis heureux de pouvoir relever ce soir deux aspects positifs des débats de Strasbour
3694 relever ce soir deux aspects positifs des débats de Strasbourg. Le premier, c’est l’attitude plus conciliante des Anglais
3695 ral, — au lieu de voter contre, comme cet été, et d’ empêcher les socialistes continentaux de voter pour. Il y a là une pro
3696 t été, et d’empêcher les socialistes continentaux de voter pour. Il y a là une promesse de compromis, au moins. En second
3697 ontinentaux de voter pour. Il y a là une promesse de compromis, au moins. En second lieu, j’ai été frappé par la haute ten
3698 rappé par la haute tenue et le sérieux des débats de l’Assemblée sur le plan Schuman et sur l’armée européenne. Je me disa
3699 es écoutant : nous avons vraiment dépassé l’étape de la Société des Nations. Les hommes politiques et les économistes qui
3700 se bornent plus à exposer le point de vue égoïste de leur gouvernement : ils étudient un plan d’action commune, bien préci
3701 oïste de leur gouvernement : ils étudient un plan d’ action commune, bien précis, et définissent les sacrifices que chaque
3702 l’Europe, pour qu’elle vive, et par elle, chacun de nos pays. Ces progrès, plus considérables en réalité qu’ils n’apparai
3703 ns les journaux, c’est à la pression grandissante de l’opinion qu’il faut les attribuer. C’est l’impatience tant critiquée
3704 iquée des fédéralistes, des étudiants, du Conseil de vigilance, qui les a rendus possibles, en créant le climat nécessaire
3705 rès vite, toujours plus vite. C’est le seul moyen de mettre en marche les lambins. Au revoir, chers auditeurs, à lundi pro
74 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Sur l’opinion en général et la presse en particulier (11 décembre 1950)
3706 se en particulier (11 décembre 1950) La liberté de l’opinion est sans doute celle que nous devons défendre avec le plus
3707 doute celle que nous devons défendre avec le plus de vigilance. Avec elle naît la démocratie. Là où elle meurt, naissent l
3708 réer et maintenir chez nous une très large mesure de cette liberté-là. Nous avons le scrutin secret, ce qui est la plus sû
3709 occupent ou les passionnent. Lorsqu’il n’y a pas de vote, comment manifester la liberté des opinions ? Par les propos que
3710 fé du commerce ou au cercle, et cela sans crainte d’ être inquiété ou arrêté, tant que l’on vit dans une démocratie… tout c
3711 pos n’atteignent forcément qu’un nombre restreint d’ auditeurs. Pratiquement, l’opinion publique délègue le soin de l’expri
3712 Pratiquement, l’opinion publique délègue le soin de l’exprimer à la presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin d’êtr
3713 a presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin d’ être parfaits : rien ne garantit, en effet, que l’article de M. X ou l
3714 faits : rien ne garantit, en effet, que l’article de M. X ou la chronique de M. Y devant le micro traduisent les convictio
3715 , en effet, que l’article de M. X ou la chronique de M. Y devant le micro traduisent les convictions réelles des lecteurs
3716 s des lecteurs ou des auditeurs. La seule manière de remédier à cet écart inévitable entre l’opinion telle qu’elle est et
3717 libre expression des réactions favorables ou non de ceux qui lisent ou qui écoutent. Et c’est pourquoi les magazines angl
3718 x lettres des lecteurs. Eh bien, c’est une espèce de lettre de lecteur que j’adressais, il y a quinze jours, devant ce mic
3719 des lecteurs. Eh bien, c’est une espèce de lettre de lecteur que j’adressais, il y a quinze jours, devant ce micro, à la p
3720 resse suisse dans son ensemble. Je lui reprochais d’ avoir trop peu parlé de l’Assemblée de Strasbourg, du discours de Robe
3721 nsemble. Je lui reprochais d’avoir trop peu parlé de l’Assemblée de Strasbourg, du discours de Robert Schuman et d’une gra
3722 u parlé de l’Assemblée de Strasbourg, du discours de Robert Schuman et d’une grande manifestation faite par 6000 jeunes ge
3723 e de Strasbourg, du discours de Robert Schuman et d’ une grande manifestation faite par 6000 jeunes gens devant le Palais d
3724 ation faite par 6000 jeunes gens devant le Palais de l’Europe. Cette chronique a provoqué des réactions parfois fort vives
3725 voqué des réactions parfois fort vives : beaucoup d’ auditeurs m’ont approuvé avec chaleur. Mais les journaux, comme je pou
3726 été plus frais. L’un qui me traite assez souvent de « misérable propagandiste au cachet » — expression qui elle-même ne m
3727 cachet » — expression qui elle-même ne manque pas de cachet — m’a traité cette fois-ci d’enragé, simplement. Un hebdomadai
3728 e manque pas de cachet — m’a traité cette fois-ci d’ enragé, simplement. Un hebdomadaire religieux a déclaré que si les jou
3729 x a déclaré que si les journaux ne recevaient pas de nouvelles de Strasbourg, c’était ma faute — comme si j’étais une agen
3730 ue si les journaux ne recevaient pas de nouvelles de Strasbourg, c’était ma faute — comme si j’étais une agence de presse 
3731 g, c’était ma faute — comme si j’étais une agence de presse ! Un troisième se borne à me reprocher d’être injuste, sans d’
3732 de presse ! Un troisième se borne à me reprocher d’ être injuste, sans d’ailleurs le prouver. Enfin, un quatrième écrit qu
3733 aut-il qu’elle soit fondée. Prenons donc, à titre d’ exemple, l’excellent organe qui, précisément, m’inflige ce « démenti f
3734 J’ajoute, pour être scrupuleux, que deux dépêches d’ un correspondant de Londres décrivent, l’une les réactions de l’opinio
3735 scrupuleux, que deux dépêches d’un correspondant de Londres décrivent, l’une les réactions de l’opinion anglaise devant S
3736 pondant de Londres décrivent, l’une les réactions de l’opinion anglaise devant Strasbourg, l’autre, les effets de cette mê
3737 n anglaise devant Strasbourg, l’autre, les effets de cette même opinion du discours Schuman, que le journal avait omis de
3738 on du discours Schuman, que le journal avait omis de nous annoncer. Ce n’est donc qu’à travers les brumes londoniennes que
3739 e les lecteurs suisses ont pu percevoir un reflet de l’Assemblée européenne, et savoir qu’elle délibérait, du 17 au 24 nov
3740 24 novembre. Tels sont les faits, et je m’excuse d’ avoir dû descendre au détail, mais la valeur de ma petite analyse est
3741 se d’avoir dû descendre au détail, mais la valeur de ma petite analyse est justement celle d’un exemple bien précis. Maint
3742 a valeur de ma petite analyse est justement celle d’ un exemple bien précis. Maintenant, point de malentendus. Je ne cherch
3743 celle d’un exemple bien précis. Maintenant, point de malentendus. Je ne cherche point querelle au journal que je cite : je
3744 occasions, ce même journal a parlé avec sympathie de l’action des divers mouvements fédéralistes, dont Strasbourg est un r
3745 listes, dont Strasbourg est un résultat. Laissons de côté tout esprit de chicane, et cherchons à comprendre le pourquoi de
3746 urg est un résultat. Laissons de côté tout esprit de chicane, et cherchons à comprendre le pourquoi des silences que j’ai
3747 re le pourquoi des silences que j’ai signalés, ou de la parcimonie avec laquelle on publie les dépêches d’agences relative
3748 a parcimonie avec laquelle on publie les dépêches d’ agences relatives aux travaux de Strasbourg. C’est un fait que Strasbo
3749 blie les dépêches d’agences relatives aux travaux de Strasbourg. C’est un fait que Strasbourg a déçu, jusqu’ici. On trouve
3750 pas beaucoup les lecteurs. Ceux-ci ne lisant pas de nouvelles sur l’Assemblée, se persuadent qu’on n’y fait rien du tout.
3751 nt pourrions-nous avancer, quand l’opinion refuse de nous suivre ! Voilà donc un beau cercle vicieux. Il existe, je pense,
3752 cercle vicieux. Il existe, je pense, trois moyens d’ en sortir : Le premier, c’est que les députés se décident à marcher sa
3753 Péguy. Le second, c’est que nos journaux cessent d’ imprimer que la fédération européenne n’intéresse pas notre opinion, c
3754 oi, disions et écrivions à nos journaux : l’union de l’Europe nous intéresse directement. Elle ne fera de mal à personne,
3755 l’Europe nous intéresse directement. Elle ne fera de mal à personne, elle dépasse les querelles de partis, elle est une ra
3756 era de mal à personne, elle dépasse les querelles de partis, elle est une raison d’espérer, une œuvre constructive enfin !
3757 asse les querelles de partis, elle est une raison d’ espérer, une œuvre constructive enfin ! Que vous faut-il de plus pour
75 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Équiper l’Europe (18 décembre 1950)
3758 voudraient se détourner un peu de la politique et de ses décevantes complexités. Je ne vais pas négliger cette occasion, d
3759 plexités. Je ne vais pas négliger cette occasion, d’ autant plus que la semaine dernière n’a rien apporté pour l’Europe qui
3760 ouveauté dans ce domaine ; cependant qu’à l’écart de toutes les controverses, sur un tout autre plan, vous allez le voir,
3761 plan, vous allez le voir, un projet que je crois d’ importance pour l’avenir de notre continent prenait corps, ici même, à
3762 un projet que je crois d’importance pour l’avenir de notre continent prenait corps, ici même, à Genève. Dans les quelques
3763 n de la culture, nous avions convoqué une dizaine de savants, d’une sorte très particulière. C’étaient les directeurs (ou
3764 ure, nous avions convoqué une dizaine de savants, d’ une sorte très particulière. C’étaient les directeurs (ou leurs représ
3765 représentants) des principaux instituts nationaux de recherches atomiques existants en Europe. Je suppose que ce mot « ato
3766 ! Ils étaient là, bien au contraire, pour essayer de mettre en commun les ressources de tous leurs pays à des fins hardime
3767 , pour essayer de mettre en commun les ressources de tous leurs pays à des fins hardiment constructives, dans un domaine d
3768 des fins hardiment constructives, dans un domaine d’ où peut sortir bientôt la grande révolution des temps modernes. Je vou
3769 e rencontre, préparée par beaucoup de contacts et d’ études, a conduit à des résultats entièrement positifs et concrets. Le
3770 ise. L’énergie atomique est la plus bouleversante de toutes les découvertes de notre temps. Le grand public ne l’a connue
3771 t la plus bouleversante de toutes les découvertes de notre temps. Le grand public ne l’a connue que par une seule de ses a
3772 . Le grand public ne l’a connue que par une seule de ses applications, la Bombe, spectaculaire certes, au pire sens du mot
3773 point de vue scientifique ; et, sans mauvais jeu de mots, purement accidentelle. Car en réalité, l’énergie atomique conti
3774 esque infinies non seulement pour la connaissance de la matière et du cosmos, mais encore pour la vie courante, pour la mé
3775 conomie en général. Nous sommes vraiment au seuil d’ une ère nouvelle dans tous ces domaines-là, l’ère atomique, — et nous
3776  et nous devons d’ores et déjà prévoir des formes d’ existence bien différentes de celles que nous menons encore, vers la f
3777 à prévoir des formes d’existence bien différentes de celles que nous menons encore, vers la fin de l’ère qu’on peut appele
3778 tes de celles que nous menons encore, vers la fin de l’ère qu’on peut appeler celle du charbon et du pétrole, matières pro
3779 cette année, l’Amérique a consacré aux recherches de physique nucléaire environ 5 milliards de dollars tandis que la Franc
3780 herches de physique nucléaire environ 5 milliards de dollars tandis que la France n’y consacrait que 5 milliards de francs
3781 ndis que la France n’y consacrait que 5 milliards de francs français, donc 380 fois moins. Comment soutenir une pareille c
3782 pareille concurrence ? Il est bien clair qu’aucun de nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Aucun de nos pays n’est a
3783 nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Aucun de nos pays n’est assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant de sa
3784 ucun de nos pays n’est assez riche, et ne dispose d’ un nombre suffisant de savants et de grands appareils. Il en résulte q
3785 assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant de savants et de grands appareils. Il en résulte que l’Europe divisée en
3786 et ne dispose d’un nombre suffisant de savants et de grands appareils. Il en résulte que l’Europe divisée en quelque 20 pa
3787 un domaine qui détient, je le répète, les secrets de la puissance de demain. Or, sans puissance industrielle comparable à
3788 étient, je le répète, les secrets de la puissance de demain. Or, sans puissance industrielle comparable à celle des deux G
3789 s et son indépendance. De plus, elle voit l’élite de ses savants tourner les yeux vers l’Amérique, où beaucoup sont déjà p
3790 à partis, parce qu’ils y trouvent des instruments de recherche dont nous manquons. Cette situation commande, vous le voyez
3791 isif. Il y a un an déjà, la Conférence européenne de la culture, réunie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion de
3792 ie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion de M. Raoul Dautry. Elle avait formulé le projet d’un « pool » européen
3793 de M. Raoul Dautry. Elle avait formulé le projet d’ un « pool » européen des recherches atomiques. Cela semblait alors bie
3794 objections tombèrent, lorsqu’à Florence, au mois de juin, la conférence de l’Unesco adopta un plan similaire en tous poin
3795 lorsqu’à Florence, au mois de juin, la conférence de l’Unesco adopta un plan similaire en tous points à celui de Lausanne,
3796 o adopta un plan similaire en tous points à celui de Lausanne, sur la proposition précisément d’un délégué américain. La v
3797 celui de Lausanne, sur la proposition précisément d’ un délégué américain. La voie devenait donc libre, et nous y sommes en
3798 péen de la culture s’est ouvert à Genève, au mois d’ octobre. Voici maintenant les résultats acquis par notre réunion du 12
3799 uis par notre réunion du 12 décembre. La création d’ un laboratoire européen de recherches atomiques a été décidée à l’unan
3800 2 décembre. La création d’un laboratoire européen de recherches atomiques a été décidée à l’unanimité. Cet institut sera d
3801 areil atomique actuellement réalisable. Il s’agit d’ un énorme instrument d’une puissance de 6 milliards de volts nommé Cos
3802 ment réalisable. Il s’agit d’un énorme instrument d’ une puissance de 6 milliards de volts nommé Cosmotron, dont il n’exist
3803 Il s’agit d’un énorme instrument d’une puissance de 6 milliards de volts nommé Cosmotron, dont il n’existe au monde qu’un
3804 énorme instrument d’une puissance de 6 milliards de volts nommé Cosmotron, dont il n’existe au monde qu’un seul autre exe
3805 ste au monde qu’un seul autre exemplaire en cours de construction près de New York. Seule la collaboration de tous les pay
3806 truction près de New York. Seule la collaboration de tous les pays européens, acquise en principe, peut en permettre la ré
3807 isation. Celle-ci doit être commencée vers la fin de l’année prochaine, sur les plans mis au point par un bureau d’études,
3808 ochaine, sur les plans mis au point par un bureau d’ études, qui travaillera dès demain à Paris. En outre, pour former les
3809 dispensables à ce laboratoire européen, une école de spécialistes s’ouvrira l’été prochain dans la région du Mont-Blanc. L
3810 prochain dans la région du Mont-Blanc. L’ensemble de cette vaste entreprise d’équipement de l’Europe en énergie est placé
3811 Mont-Blanc. L’ensemble de cette vaste entreprise d’ équipement de l’Europe en énergie est placé sous le patronage du Centr
3812 L’ensemble de cette vaste entreprise d’équipement de l’Europe en énergie est placé sous le patronage du Centre européen de
3813 ge du Centre européen de la culture, avec l’appui de l’Unesco. L’ampleur d’un tel projet, ses conséquences pratiques pour
3814 e la culture, avec l’appui de l’Unesco. L’ampleur d’ un tel projet, ses conséquences pratiques pour l’avenir de l’Europe en
3815 projet, ses conséquences pratiques pour l’avenir de l’Europe entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès mainte
3816 pratiques pour l’avenir de l’Europe entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès maintenant considérables aux yeu
3817 pour l’avenir de l’Europe entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès maintenant considérables aux yeux des spéc
3818 sions partisanes, c’est l’un des premiers piliers de l’Europe unie que nous avons posés l’autre jour à Genève. Je suis heu
3819 jour à Genève. Je suis heureux que mes chroniques de cette année puissent prendre fin sur une si bonne nouvelle ! Lundi pr
76 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Espérer, c’est agir (8 janvier 1951)
3820 us qui ne m’ont pas oublié dans leur distribution de vœux pour l’an nouveau. Plusieurs m’ont assuré qu’ils tiraient de mes
3821 n nouveau. Plusieurs m’ont assuré qu’ils tiraient de mes chroniques sur l’Europe des raisons d’espérer. Voilà qui me touch
3822 raient de mes chroniques sur l’Europe des raisons d’ espérer. Voilà qui me touche, voilà qui m’encourage, mais aussi voilà
3823 ourage, mais aussi voilà qui m’incite à redoubler de prudence dans mes jugements sur notre situation réelle. Certes, nous
3824 situation réelle. Certes, nous avons tous besoin d’ espoir, et plus que jamais. Nous en avons tellement besoin, qu’il faut
3825 s tellement besoin, qu’il faut éviter à tout prix d’ éveiller de fausses espérances, qui nous laisseraient, une fois déçues
3826 besoin, qu’il faut éviter à tout prix d’éveiller de fausses espérances, qui nous laisseraient, une fois déçues, dans un é
3827 nous laisseraient, une fois déçues, dans un état de fatalisme irrémédiable. Il y aura toujours de l’espoir pour ceux qui
3828 tat de fatalisme irrémédiable. Il y aura toujours de l’espoir pour ceux qui veulent faire quelque chose contre le destin e
3829 nous faire penser qu’il y ait beaucoup à espérer de la situation présente, et des faits tels qu’ils sont. Car si on laiss
3830 ns à l’abîme, c’est bien clair. On dit qu’il faut de l’espoir pour agir, mais je dirai plutôt qu’il n’y a d’espoir que dan
3831 spoir pour agir, mais je dirai plutôt qu’il n’y a d’ espoir que dans la mesure où l’on agit. Ce n’est pas l’espoir qui modi
3832 ine que je formulais, il y a 16 ans déjà, dans un de mes premiers livres : à la doctrine du pessimisme actif. Si nous démi
3833 en oui, le désastre est fatal et nous sommes sûrs d’ avoir raison. Mais, au contraire, si nous disons : « La situation est
3834 : « La situation est désastreuse, redoublons donc d’ activité ! », alors il nous reste une bonne chance de faire l’Histoire
3835 ctivité ! », alors il nous reste une bonne chance de faire l’Histoire, et de modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est
3836 us reste une bonne chance de faire l’Histoire, et de modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est pas de la morale en l’a
3837 modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est pas de la morale en l’air, mais se rapporte concrètement à notre situation p
3838 ésente, vous allez le voir. Je résumerai la chose de la façon suivante qui a le mérite de la simplicité : 1. l’Europe a fa
3839 rai la chose de la façon suivante qui a le mérite de la simplicité : 1. l’Europe a fait, l’année dernière, toutes les bêti
3840 pas imaginer. 2. Il lui reste un an pour décider de faire autre chose, et pour le faire. Dresser le bilan de 1950, c’est
3841 e autre chose, et pour le faire. Dresser le bilan de 1950, c’est énumérer des échecs. Parler de l’espoir qui nous reste, c
3842 bilan de 1950, c’est énumérer des échecs. Parler de l’espoir qui nous reste, c’est fixer un programme d’action pour l’an
3843 l’espoir qui nous reste, c’est fixer un programme d’ action pour l’an qui vient. J’esquisserai l’un et l’autre en trois min
3844 en trois minutes. Vous me pardonnerez, j’espère, de simplifier un peu… En 1950, Strasbourg nous a déçus. Cette assemblée
3845 En 1950, Strasbourg nous a déçus. Cette assemblée de délégués des parlements de 15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait
3846 déçus. Cette assemblée de délégués des parlements de 15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait de la politique. Elle a vo
3847 nts de 15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait de la politique. Elle a voté plusieurs résolutions utiles, mais n’a pas
3848 Strasbourg, et qui devait la pousser dans la voie de l’action, s’est immobilisé depuis des mois. Quant aux gouvernements e
3849 Quant aux gouvernements européens, un seul, celui de la France, a proposé du neuf : le plan Schuman dans le domaine économ
3850 deux plans jusqu’ici n’ont provoqué qu’un concert de cris discordants. La droite prétend que le plan Schuman est dirigiste
3851 je ne suis pas le seul dans ce cas. En attendant de savoir au juste ce qu’ils veulent, tous nos pays votent des budgets a
3852 sente seulement deux graves inconvénients : celui d’ être trop cher pour chaque pays, et celui d’être insuffisant pour défe
3853 celui d’être trop cher pour chaque pays, et celui d’ être insuffisant pour défendre vraiment l’Europe, c’est-à-dire en fin
3854 t l’Europe, c’est-à-dire en fin de compte, chacun de ses pays. Nos rapports avec l’Amérique sont encore plus absurdes, si
3855 s absurdes, si possible. Quand l’Amérique propose de nous défendre, une partie de l’opinion hurle à l’impérialisme. Quand
3856 d l’Amérique propose de nous défendre, une partie de l’opinion hurle à l’impérialisme. Quand l’Amérique fait mine de se dé
3857 urle à l’impérialisme. Quand l’Amérique fait mine de se détourner de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsm
3858 lisme. Quand l’Amérique fait mine de se détourner de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amé
3859 it mine de se détourner de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amérique juge l’Europe comme
3860 r de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’ égoïsme sordide. L’Amérique juge l’Europe comme un tout. Elle comprend
3861 nd mal que nous ayons toutes les raisons du monde de nous unir, et que pourtant nous ne fassions rien. J’avoue que je ne c
3862 pendant les mois qui viennent. Un sondage récent de l’opinion, dans douze pays, a prouvé que la majorité — 54 % de nos pe
3863 dans douze pays, a prouvé que la majorité — 54 % de nos peuples, — est en faveur de la fédération. Le rassemblement de 60
3864  est en faveur de la fédération. Le rassemblement de 6000 jeunes gens venus de loin pour manifester à Strasbourg est une r
3865 loin pour manifester à Strasbourg est une raison de penser que la jeunesse veut agir. Le plan Schuman, le plan Pleven, le
3866 ut agir. Le plan Schuman, le plan Pleven, le plan de recherches atomiques établi par le Centre européen de la culture, mon
3867 ir une grande puissance. Nous sommes 250 millions d’ hommes et de femmes qui préférons encore nos libertés, relatives, au r
3868 e puissance. Nous sommes 250 millions d’hommes et de femmes qui préférons encore nos libertés, relatives, au régime concen
3869 est plutôt du côté des ouvriers qui ont le droit de grève, que du côté de ceux qui ne l’ont plus. Nous avons des atouts c
3870 avons des atouts considérables. Nous serions fous de ne pas les jouer. Les jouer, cela veut dire pratiquement : créer l’ar
3871 s, si imparfaites qu’elles soient, ont l’avantage d’ être réelles, valent encore mieux que de fausses promesses assénées pa
3872 ’avantage d’être réelles, valent encore mieux que de fausses promesses assénées par une vraie police, et ménagent un meill
77 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Peut-on fabriquer un Européen ? (15 janvier 1951)
3873 de me poser une question saugrenue. Il me demande de lui décrire en 4 pages « Comment on fabrique un Européen ». J’ai répo
3874 in moyen, voici la recette. Prenez deux Européens de nations différentes si possible. Mariez leur fils avec la fille de de
3875 entes si possible. Mariez leur fils avec la fille de deux autres Européens. Attendez une génération. Répétez le processus
3876 cessus quatre ou cinq fois. Lorsque Schmidt, fils de Schmidt, sera baptisé Smith, déclarez qu’il descend en droite ligne d
3877 qu’il descend en droite ligne des émigrants venus d’ Angleterre sur le fameux bateau nommé le Mayflower. Il semble bien que
3878 n que ce bateau ait transporté plusieurs dizaines de milliers d’ancêtres d’un seul coup : un Smith de plus ne le fera pas
3879 eau ait transporté plusieurs dizaines de milliers d’ ancêtres d’un seul coup : un Smith de plus ne le fera pas couler. Appr
3880 renez maintenant au jeune homme la phrase célèbre de Lincoln sur le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple
3881 sez, agitez sur un rythme africain, emballez dans de la cellophane, et servez frais. Pour fabriquer un Soviétique, c’est p
3882 pide : prenez un Russe, passez-le au NKVD — sorte de DDT moral qui nettoie les idées subversives, et tirez le rideau. Mais
3883 ieux, que des Américains manqués. Si vous essayez de combiner nos croyances, nos partis et nos traditions, cela n’ira pas
3884 nos traditions, cela n’ira pas mieux. Un mélange de catholiques et de juifs ne donnera pas des protestants ; pas plus qu’
3885 ela n’ira pas mieux. Un mélange de catholiques et de juifs ne donnera pas des protestants ; pas plus qu’un mélange de soci
3886 nera pas des protestants ; pas plus qu’un mélange de socialistes et de conservateurs ne donnera des libéraux, ou un mélang
3887 stants ; pas plus qu’un mélange de socialistes et de conservateurs ne donnera des libéraux, ou un mélange de Français et d
3888 servateurs ne donnera des libéraux, ou un mélange de Français et d’Allemands, des Suisses. Nos vertus, caractères et parti
3889 onnera des libéraux, ou un mélange de Français et d’ Allemands, des Suisses. Nos vertus, caractères et partis pris vitaux n
3890 e moyenne, si le sujet des Soviets est le produit d’ un plan, l’Européen, lui, sera toujours par essence un être qui diffèr
3891 r essence un être qui diffère et tient à différer de son voisin et des modèles qu’on essaierait de lui imposer. Il n’y a p
3892 rer de son voisin et des modèles qu’on essaierait de lui imposer. Il n’y a pas de type européen moyen. Il n’y a en Europe
3893 les qu’on essaierait de lui imposer. Il n’y a pas de type européen moyen. Il n’y a en Europe que des Français, des Holland
3894 onégasques insouciants et des partisans motorisés de la paix concentrée. Il n’y a donc que des hommes habitués à différer
3895 urquoi, faire un Européen moyen, ce serait tenter de faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien d’européen. Le vrai p
3896 e faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien d’ européen. Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous un
3897 ait à rien d’européen. Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut nous pr
3898 Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut nous prendre comme nous sommes
3899 les coutumes, toutes supérieures à celles du pays d’ à côté. Et si l’on me dit qu’il faut tout de même baser l’union sur qu
3900 ons tous en commun, c’est justement cette volonté de rester nous-mêmes, chacun à sa façon. Voilà ce qui nous distingue en
3901 opéens, — même si nous détestons qu’on nous parle de l’Europe. J’ai l’air de faire du paradoxe, mais voyez-vous : ce qu’il
3902 étestons qu’on nous parle de l’Europe. J’ai l’air de faire du paradoxe, mais voyez-vous : ce qu’il y a de plus humain chez
3903 angoissante pour l’adolescent — qu’il est le seul de son espèce, qu’il est un cas absolument unique. Or, tout le monde dit
3904 ce qu’il y a de plus européen chez les habitants de nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous d’appartenir d’abord à une fam
3905 bitants de nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous d’ appartenir d’abord à une famille, à une région, à une patrie, à des co
3906 ils perdraient leurs libertés si on les empêchait de vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leur voisin. J’en vois l
3907 hait de vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leur voisin. J’en vois la preuve dans le reproche si courant qu’à tor
3908 ous d’autres régimes, où ce n’est pas la pression de la mode, mais celle de la police qui ramène « dans la ligne »…?) Nous
3909 ù ce n’est pas la pression de la mode, mais celle de la police qui ramène « dans la ligne »…?) Nous n’aimons pas l’idée qu
3910 ns à nos diversités. Et nous sentons que le droit de les préserver est la vraie condition de nos libertés, non point seule
3911 le droit de les préserver est la vraie condition de nos libertés, non point seulement légales et théoriques, mais personn
3912 erdre : il nous faut réunir nos ressources. Faute de former à temps cette libre union, nous serons unifiés par la force, m
3913 s myopes, comme on en trouve encore dans certains de nos pays, et même, ici ou là, dans nos cantons, ne peuvent tout de mê
3914 e même pas espérer que leur nation serait capable de s’opposer à la marée totalitaire, donc de rester ce qu’elle est, sans
3915 capable de s’opposer à la marée totalitaire, donc de rester ce qu’elle est, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis de
3916 taire, donc de rester ce qu’elle est, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance de leur nation, ce sont
3917 e est, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance de leur nation, ce sont ceux qui réclament et préparen
3918 de ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance de leur nation, ce sont ceux qui réclament et préparent la fédération de
3919 ont ceux qui réclament et préparent la fédération de nos pays ; ceux qui disent : « Surmontons nos divisions, pour sauver
78 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Contre une « mystique européenne » (22 janvier 1951)
3920 uditeurs, Il y a quelques années que je m’occuper de « faire l’Europe », comme on le dit couramment, et je crois bien qu’i
3921 u contre que je n’aie entendu plusieurs douzaines de fois, et souvent des centaines de fois. Peut-être penserez-vous que j
3922 ieurs douzaines de fois, et souvent des centaines de fois. Peut-être penserez-vous que j’en suis bien fatigué ? Mais il es
3923 ’un seul exemple : les auditeurs les plus fidèles de la radio peuvent entendre parler du « temps probable » exactement 292
3924 gène. Et c’est pourquoi je continue à vous parler de l’état du problème européen, qui est un aspect du problème de la paix
3925 problème européen, qui est un aspect du problème de la paix. Cela vaut bien cinq minutes tous les lundis. Pourtant, il es
3926 j’avouerai qu’il me fatigue, pour ne pas employer de mots plus énergiques. Voici cet argument : « Ce qu’il nous faut, dit-
3927 occidentale, qui soit plus forte que la mystique de l’Est ! L’Europe capitaliste, bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieil
3928 ons, dans la presse, sur les ondes, partout. L’un de nos meilleurs chroniqueurs suisses l’écrivait encore l’autre jour. Un
3929 l français me l’avait dit la veille. Des millions de braves gens le pensent. Je serai pendu, et eux avec, s’ils ont raison
3930 ifficile, pour ne pas dire totalement impossible, de confectionner sur commande une mystique aussi forte que celle d’en fa
3931 r sur commande une mystique aussi forte que celle d’ en face. Secundo, nous n’avons nul besoin d’une telle mystique, car l
3932 elle d’en face. Secundo, nous n’avons nul besoin d’ une telle mystique, car les réalités nous suffisent amplement. Repreno
3933 onté. La mystique hitlérienne par exemple est née de la combinaison d’une misère noire, causée par la défaite et l’inflati
3934 hitlérienne par exemple est née de la combinaison d’ une misère noire, causée par la défaite et l’inflation, et d’un névros
3935 e noire, causée par la défaite et l’inflation, et d’ un névrosé fanatique soutenu par les industriels qui se trompaient. Ce
3936 la mystique communiste, elle est née il y a plus de cent ans, avec la doctrine de Karl Marx, qui voulait libérer les ouvr
3937 est née il y a plus de cent ans, avec la doctrine de Karl Marx, qui voulait libérer les ouvriers, et son résultat le plus
3938 iers, et son résultat le plus clair est un régime de dictature, dans un pays qui était surtout paysan. J’avoue que je vois
3939 poser à des hommes libres, qui n’ont aucune envie de perdre leur sens critique. L’opération me paraît impraticable. Et de
3940 ’étaient les Allemands sous Hitler — aient besoin d’ une mystique qui les soutienne par la promesse d’un avenir moins dur.
3941 d’une mystique qui les soutienne par la promesse d’ un avenir moins dur. Mais notre vie présente vaut mieux que la leur !
3942 re l’Europe. Quand on me dit qu’il est impossible de défendre l’Europe telle qu’elle est, avec ses injustices sociales, de
3943 ève à l’Est, je me frotte les yeux, et plutôt que de me laisser aller à voir rouge, je demande qu’on regarde les faits. Le
3944 ier les statistiques des revenus moyens, par tête d’ habitant, dans tous les pays du monde. Nous apprenons ainsi que le rev
3945 u monde. Nous apprenons ainsi que le revenu moyen d’ un Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Ce
3946 nons ainsi que le revenu moyen d’un Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de
3947 u moyen d’un Américain est de 1453 dollars. Celui d’ un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de 308 dollars seulement.
3948 Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de 308 dollars seulement. Je demande a
3949 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’ un Russe, de 308 dollars seulement. Je demande alors ceci : est-ce qu’
3950 lui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de 308 dollars seulement. Je demande alors ceci : est-ce qu’un système é
3951 » ? On me dira peut-être que la Russie est partie d’ un niveau très bas, et que la comparaison n’est pas très équitable. Je
3952 informé auprès de l’un des meilleurs économistes d’ aujourd’hui, Maurice Allais. Je lui ai demandé : quels sont les progrè
3953 épondu ceci : en 1913, sous les tsars, le pouvoir d’ achat de l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il est aujourd’
3954 eci : en 1913, sous les tsars, le pouvoir d’achat de l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il est aujourd’hui. Il
3955 c ni recul ni progrès. Mais en France, le pouvoir d’ achat est aujourd’hui 3 fois plus grand qu’en 1913, et aux États-Unis
3956 estion : où est le véritable espoir ? S’il s’agit d’ un progrès purement économique et matériel, c’est vers l’ensemble de l
3957 ent économique et matériel, c’est vers l’ensemble de l’Amérique qu’il faudrait logiquement se tourner, non pas vers l’Est.
3958 se tourner, non pas vers l’Est. Mais s’il s’agit d’ un progrès moral, c’est l’Amérique et la Russie qui devraient se tourn
3959 rner vers l’Europe. Elles y trouveraient, en plus d’ un niveau de vie qui s’améliore, et peut s’améliorer sans cesse, un dé
3960 méliore, et peut s’améliorer sans cesse, un désir de paix plus grand que partout ailleurs, des libertés, certes imparfaite
3961 eures à celles des dictatures, enfin une capacité de travail, d’invention et de création que la Terre entière nous envie.
3962 es des dictatures, enfin une capacité de travail, d’ invention et de création que la Terre entière nous envie. N’est-ce pas
3963 es, enfin une capacité de travail, d’invention et de création que la Terre entière nous envie. N’est-ce pas assez ? Avons-
3964 s envie. N’est-ce pas assez ? Avons-nous le droit de désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nou
3965 -ce pas assez ? Avons-nous le droit de désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nous regardons le
3966 s le droit de désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nous regardons les faits prouvés et reconn
3967 ons-nous dire encore que notre Europe ne vaut pas d’ être défendue, lorsque malgré toutes ses imperfections, ses injustices
3968 s divisions absurdes, elle offre encore un niveau de trois fois meilleur que celui qu’on nous vante à l’Est comme l’espoir
3969 que celui qu’on nous vante à l’Est comme l’espoir de l’humanité ? Croyez-moi, laissons la mystique aux chefs qui en ont te
3970 soin pour faire supporter à leurs peuples un état de misère générale. Ce que nous avons vaut bien qu’on le défende, quand
3971 compare à ce qu’on nous offre. Non, ce n’est pas d’ une mystique dont nous manquons, c’est au contraire d’informations rée
3972 e mystique dont nous manquons, c’est au contraire d’ informations réelles, — de réalisme ! Fondons l’Europe unie non pas su
3973 ons, c’est au contraire d’informations réelles, —  de réalisme ! Fondons l’Europe unie non pas sur des slogans, mais sur de
79 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Nos libertés (12 février 1951)
3974 n des gens que la tyrannie attire, dans le secret de leur cœur et sans qu’ils osent l’avouer. Nos libertés réelles et quot
3975 euvent nous manquer, vous sentiriez tout de suite de toutes vos forces qu’elles méritent bien qu’on les défende. Essayons
3976 es méritent bien qu’on les défende. Essayons donc de nous imaginer ce qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notr
3977 rope que l’on dit décadente, misérable et pourrie d’ injustices, se trouvait demain rajeunie à grands coups de règlements u
3978 tices, se trouvait demain rajeunie à grands coups de règlements uniformes. La première liberté qui serait perdue serait ce
3979 a première liberté qui serait perdue serait celle de nous exprimer, en public, entre amis, au café, au travail. Et je ne d
3980 café, au travail. Et je ne dis pas que la liberté de l’expression soit sans limites dans nos pays. Il arrive qu’on lui fas
3981 t. On ne fusille pas chez nous, pour simple délit d’ opinion. Et je dis bien : chez nous. Voici un petit exemple : il y a d
3982 nçais assez souvent qu’à Berne, il n’y aurait pas de précipitations. Eh bien, si je vivais un peu plus loin d’ici, il y a
3983 rite ou seulement vous ennuie, vous avez le droit de fermer votre radio, ou de prendre un poste étranger. Cela vous paraît
3984 uie, vous avez le droit de fermer votre radio, ou de prendre un poste étranger. Cela vous paraît tout naturel. Eh bien, de
3985 er au garde à vous que des chroniques officielles de l’État vous expliquant que vous êtes libres. Vous avez le droit de vo
3986 pliquant que vous êtes libres. Vous avez le droit de voyager où bon vous semble. Certes, il y a des visas, les passeports
3987 n votre cœur, aller le dimanche dans telle église de votre choix, ou au contraire n’y pas aller. Tous ces droits, vous n’y
3988 e, que vous donnez votre congé, que vous cherchez de l’embauche ailleurs. Eh bien, ces droits n’existent pas partout. Vous
3989 Il existe aujourd’hui plusieurs pays où le droit de changer d’employeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève
3990 aujourd’hui plusieurs pays où le droit de changer d’ employeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève est suppri
3991 mployeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève est supprimé, où la moindre critique murmurée contre le patron
3992 e un crime social. J’en déduis que le progrès est de notre côté. Je suis peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit
3993 peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit d’ avoir plusieurs partis. L’opposition, chez nous, peut parler publiquem
3994 s partis avait du bon : elle vous ménage le droit de penser par vous-même. Ce droit aussi nous pouvons le perdre… Certes n
3995 age et la promesse, il est la permission pratique de nos futurs progrès matériels et moraux. Il nous faut donc garder nos
80 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et la paix (19 février 1951)
3996 des gens qui trouvent déjà qu’on leur parle trop de l’Europe, qu’on leur en rebat les oreilles. Ces délicats, vite fatigu
3997 ués, oublient que l’Europe n’est pas une question de mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie o
3998 que l’Europe n’est pas une question de mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour
3999 t pas une question de mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civili
4000 uestion de mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’i
4001 de, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent
4002 de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent parler sp
4003 ité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent parler sports ou ch
4004 ois, d’autres personnes estiment qu’on parle trop de l’Europe pour ce qu’on en fait pratiquement. Ces personnes ont raison
4005 on en fait pratiquement. Ces personnes ont raison de demander si vraiment quelque chose s’effectue, derrière les belles dé
4006 n de la culture et le récent Conseil des communes de l’Europe, les pierres d’attente d’une construction continentale se tr
4007 ent Conseil des communes de l’Europe, les pierres d’ attente d’une construction continentale se trouvent posées. Si vous pe
4008 l des communes de l’Europe, les pierres d’attente d’ une construction continentale se trouvent posées. Si vous pensez qu’il
4009 Pourtant, l’heure n’est pas venue de se féliciter de ces premiers progrès, péniblement acquis. Les cadres sont posés. Les
4010 utions en plein essor. Mais dans le drame mondial de la paix et de la guerre, la voix de l’Europe n’a pas encore autorité.
4011 n essor. Mais dans le drame mondial de la paix et de la guerre, la voix de l’Europe n’a pas encore autorité. Or, c’est ce
4012 drame mondial de la paix et de la guerre, la voix de l’Europe n’a pas encore autorité. Or, c’est ce drame qui nous importe
4013 Si les masses sont encore indifférentes à l’idée d’ une Europe unie, la raison simple en est que la peur de la guerre pass
4014 Europe unie, la raison simple en est que la peur de la guerre passe avant tout autre souci. Essayons donc de raisonner ce
4015 uerre passe avant tout autre souci. Essayons donc de raisonner cette peur. Quels sont les risques d’une guerre, pour nous
4016 c de raisonner cette peur. Quels sont les risques d’ une guerre, pour nous autres, en Europe ? Je n’en vois qu’un : c’est l
4017 en Europe ? Je n’en vois qu’un : c’est le risque d’ invasion puisqu’il est clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir
4018 t clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir d’ attaquer qui que ce soit. Mais quelle pourrait bien être l’occasion d’
4019 e soit. Mais quelle pourrait bien être l’occasion d’ une invasion prochaine du continent ? Je n’en vois qu’une : notre faib
4020 Je n’en vois qu’une : notre faiblesse, résultant de notre division. Si nous étions unis, nous serions assez forts pour dé
4021 serions assez forts pour décourager toute action de l’extérieur au moins, contre la paix. De plus, si nous étions unis, n
4022 s unis, nous saurions nous passer progressivement d’ une aide qui peut fournir le seul prétexte à nous « libérer », — comme
4023 seul prétexte à nous « libérer », — comme on dit. De ces constatations très simples, il résulte clairement que l’union de
4024 s très simples, il résulte clairement que l’union de l’Europe est la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela,
4025 t que l’union de l’Europe est la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela, si nous comprenons bien que faire l
4026 c’est faire la paix, — alors nous voudrons tous, de toutes nos forces, la fédération de nos pays. Alors seulement, les pa
4027 oudrons tous, de toutes nos forces, la fédération de nos pays. Alors seulement, les parlements et les États, poussés dans
4028 faire la paix. Je ne dis pas cela pour le plaisir de lancer un slogan de plus. Je le dis parce que j’y crois, et que depui
4029 t que depuis quatre ans, j’ai donné le plus clair de mes forces à cette cause de la paix par l’union de l’Europe. Aussi co
4030 i donné le plus clair de mes forces à cette cause de la paix par l’union de l’Europe. Aussi comprendrez-vous que je me fro
4031 e mes forces à cette cause de la paix par l’union de l’Europe. Aussi comprendrez-vous que je me frotte les yeux quand j’en
4032 opéens, que l’Europe fédérée n’est qu’une machine de guerre au service de Wall Street et des marchands de canons. Que veul
4033 fédérée n’est qu’une machine de guerre au service de Wall Street et des marchands de canons. Que veulent-ils donc, ceux qu
4034 guerre au service de Wall Street et des marchands de canons. Que veulent-ils donc, ceux qui me traitent couramment d’enrag
4035 veulent-ils donc, ceux qui me traitent couramment d’ enragé, de frénétique, de va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux seco
4036 s donc, ceux qui me traitent couramment d’enragé, de frénétique, de va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux secondes à me
4037 i me traitent couramment d’enragé, de frénétique, de va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux secondes à me demander s’ils
4038 ls disent. Leurs attaques orchestrées font partie d’ une tactique. La seule question que je soulève à leur sujet, c’est la
4039 lent vraiment la paix comme j’ai bien des raisons de le croire, leur refus de l’Europe unie est-il le bon moyen d’y parven
4040 me j’ai bien des raisons de le croire, leur refus de l’Europe unie est-il le bon moyen d’y parvenir ? Ils savent aussi bie
4041 , leur refus de l’Europe unie est-il le bon moyen d’ y parvenir ? Ils savent aussi bien que vous et moi que la faiblesse, e
4042 la faiblesse, en général, n’est pas une assurance de paix. Elle n’a point protégé la Belgique, ni la Hollande, ni le Danem
4043 ne double tentation : l’un des empires sera tenté de nous occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’est pas forcémen
4044 n des empires sera tenté de nous occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’est pas forcément la nôtre. Examinons le
4045 n’est pas forcément la nôtre. Examinons le second de ces cas. Je ne suis pas dans les secrets de la Maison-Blanche. On peu
4046 econd de ces cas. Je ne suis pas dans les secrets de la Maison-Blanche. On peut imaginer — non sans quelque délire — que l
4047 délire — que le plan Marshall ait été le complot d’ un sombre impérialisme destiné à ruiner l’Europe en ayant l’air de la
4048 rialisme destiné à ruiner l’Europe en ayant l’air de la nourrir. Mais alors, ce fameux plan Marshall serait un formidable
4049 lan Marshall serait un formidable échec. Car l’un de ses résultats les plus frappants, c’est qu’il a permis à l’Europe de
4050 s plus frappants, c’est qu’il a permis à l’Europe de diminuer son déficit dollar d’environ 7 milliards et demi de francs s
4051 permis à l’Europe de diminuer son déficit dollar d’ environ 7 milliards et demi de francs suisses l’an dernier. Autant de
4052 son déficit dollar d’environ 7 milliards et demi de francs suisses l’an dernier. Autant de gagné pour notre indépendance.
4053 ds et demi de francs suisses l’an dernier. Autant de gagné pour notre indépendance. Autant de perdu pour tout impérialisme
4054 . Autant de gagné pour notre indépendance. Autant de perdu pour tout impérialisme supposé. D’autre part, je constate que l
4055 , je constate que les États-Unis décident l’envoi de nouvelles troupes en Europe. Ils se sentent donc contraints d’interve
4056 troupes en Europe. Ils se sentent donc contraints d’ intervenir dans la mesure exacte où nous sommes incapables d’assurer n
4057 r dans la mesure exacte où nous sommes incapables d’ assurer notre propre défense. Or le moyen d’assurer cette défense sera
4058 ables d’assurer notre propre défense. Or le moyen d’ assurer cette défense serait évidemment de nous fédérer. Ceux qui redo
4059 e moyen d’assurer cette défense serait évidemment de nous fédérer. Ceux qui redoutent l’emprise américaine devraient donc,
4060 faiblesse évidente ? Manifester contre le voyage d’ un général américain ne résout pas le problème d’une manière positive.
4061 d’un général américain ne résout pas le problème d’ une manière positive. Il faudrait au moins se déclarer en faveur d’une
4062 ne peut pas être à la fois contre l’intervention de l’Amérique, et contre l’union de l’Europe, qui rendrait cette aide in
4063 e l’intervention de l’Amérique, et contre l’union de l’Europe, qui rendrait cette aide inutile. Vouloir l’Europe désunie,
4064 dre en charge l’Europe occidentale, à l’exception de la Suisse et de la Suède, neutres et armées. C’est provoquer ce que l
4065 Europe occidentale, à l’exception de la Suisse et de la Suède, neutres et armées. C’est provoquer ce que l’on redoute si f
4066 rsiste à demander, pour ma part, l’union fédérale de l’Europe, seul gage sérieux de notre indépendance militaire, et par s
4067 , l’union fédérale de l’Europe, seul gage sérieux de notre indépendance militaire, et par suite politique, à l’égard de l’
4068 suite politique, à l’égard de l’Ouest autant que de l’Est. Sans notre indépendance, il n’y aura pas de paix. Si vous voul
4069 e l’Est. Sans notre indépendance, il n’y aura pas de paix. Si vous voulez la paix, il faut vouloir l’Europe ! Au revoir, c
4070 , et à lundi prochain, pour ma dernière chronique de cette série.
81 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Dernière chronique (12 mars 1951)
4071 endant deux ans, je vous ai parlé à ce micro près d’ une centaine de fois, sur un sujet unique : l’Europe qu’il nous faut f
4072 , je vous ai parlé à ce micro près d’une centaine de fois, sur un sujet unique : l’Europe qu’il nous faut faire, l’Europe
4073 isable, je n’en dirai pas autant des possibilités d’ un chroniqueur qui circule constamment d’un bout de l’Europe à l’autre
4074 ibilités d’un chroniqueur qui circule constamment d’ un bout de l’Europe à l’autre, et ne s’arrange souvent que par miracle
4075 ’un chroniqueur qui circule constamment d’un bout de l’Europe à l’autre, et ne s’arrange souvent que par miracle pour attr
4076 attraper au passage un micro, soucieux qu’il est de tenir sa promesse d’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction
4077 un micro, soucieux qu’il est de tenir sa promesse d’ « au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction de voix, un retard su
4078 ’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction de voix, un retard survenu au cours d’un long voyage, comme ces derniers
4079 ne extinction de voix, un retard survenu au cours d’ un long voyage, comme ces derniers lundis, et voilà le rendez-vous man
4080 our tout, dit l’Ecclésiaste, un temps pour parler de l’Europe et un temps pour la faire dans le concret ; un temps pour po
4081 s pour poser les problèmes, un temps pour essayer de les résoudre. Le Centre européen de la culture, que je dirige à Genèv
4082 n de la culture, que je dirige à Genève, est l’un de ces efforts de réalisation. J’espère pouvoir bientôt revenir vous en
4083 , que je dirige à Genève, est l’un de ces efforts de réalisation. J’espère pouvoir bientôt revenir vous en parler, avec qu
4084 mais c’est une autre histoire. Puis-je vous prier de garder une oreille là-dessus ? Ce soir, en guise d’adieu ou d’au revo
4085 oreille là-dessus ? Ce soir, en guise d’adieu ou d’ au revoir, je vaudrais passer en revue les quelques idées simples qui
4086 idé mes chroniques. Et ceci me donnera l’occasion d’ une mise au point urgente sur la question de la neutralité suisse. Mon
4087 asion d’une mise au point urgente sur la question de la neutralité suisse. Mon premier thème, le plus constant et le plus
4088 hesses, humaines et matérielles, nos 300 millions d’ habitants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe est
4089 lles, nos 300 millions d’habitants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause d’e
4090 tants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause d’elle qu’une guerre reste possi
4091 faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause d’ elle qu’une guerre reste possible, mais d’autre part, elle serait surm
4092 union. Faire l’Europe, c’est donc faire la paix. De ce thème général de mes chroniques, certains totalitaires ont cru pou
4093 pe, c’est donc faire la paix. De ce thème général de mes chroniques, certains totalitaires ont cru pouvoir déduire que j’é
4094 viron 2 % des voix, et qu’ils traitent couramment d’ exploiteurs et de bellicistes frénétiques les 98 % qui votent contre e
4095 x, et qu’ils traitent couramment d’exploiteurs et de bellicistes frénétiques les 98 % qui votent contre eux dans notre peu
4096 e un va-t-en-guerre. Mon deuxième thème fut celui de l’opinion, la vraie, celle qui s’exprime au vote secret. Je vous ai d
4097 hommes politiques, la grande presse et les radios d’ État prétendent que tout le monde pense, sans avoir fait une enquête p
4098 que l’Europe se ferait seulement par la pression de cette opinion vraie, — opinion que j’ai tenté d’informer selon mes mo
4099 de cette opinion vraie, — opinion que j’ai tenté d’ informer selon mes modestes moyens, c’est-à-dire, 6 minutes par semain
4100 dans cette action. En troisième lieu, j’ai tenté d’ illustrer nos libertés réelles en Occident, celles que nous possédons
4101 celles que nous possédons en fait, comme le droit de circuler, le droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’ateli
4102 ons en fait, comme le droit de circuler, le droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit d’opposit
4103 le droit de circuler, le droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et de critique,
4104 circuler, le droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et de critique, le droit d
4105 droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’ atelier, le droit d’opposition et de critique, le droit de s’exprimer
4106 droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit d’ opposition et de critique, le droit de s’exprimer sans risquer aussitô
4107 de bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et de critique, le droit de s’exprimer sans risquer aussitôt le camp de con
4108 r, le droit d’opposition et de critique, le droit de s’exprimer sans risquer aussitôt le camp de concentration ou de réédu
4109 droit de s’exprimer sans risquer aussitôt le camp de concentration ou de rééducation. Et je n’ai pas défendu nos libertés
4110 sans risquer aussitôt le camp de concentration ou de rééducation. Et je n’ai pas défendu nos libertés parce que je les ten
4111 Mais, telles qu’elles sont, elles nous permettent de lutter librement pour les rendre meilleures, pour les étendre au plus
4112 ge des progrès à venir. Elles sont le grand atout de notre Europe. Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous
4113 tout de notre Europe. Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous reprendrons espoir pour l’Europe et la paix.
4114 . En quatrième lieu, j’ai dénoncé l’ennemi intime de notre union : le pessimisme européen. Et je me suis efforcé de vous m
4115 n : le pessimisme européen. Et je me suis efforcé de vous montrer qu’en dépit de cette apathie, héritage de la guerre ou p
4116 us montrer qu’en dépit de cette apathie, héritage de la guerre ou produit de la peur, des hommes travaillent de tous côtés
4117 e cette apathie, héritage de la guerre ou produit de la peur, des hommes travaillent de tous côtés à la fédération du cont
4118 rre ou produit de la peur, des hommes travaillent de tous côtés à la fédération du continent, et non seulement par la paro
4119 a parole et par l’écrit, mais par toute une série d’ actions pratiques ; non seulement par le Parlement de Strasbourg et pa
4120 ctions pratiques ; non seulement par le Parlement de Strasbourg et par des publications multipliées, mais par le moyen du
4121 multipliées, mais par le moyen du plan Schumann, de l’Union des paiements, du plan Pleven, du Plan vert pour l’agricultur
4122 Plan vert pour l’agriculture, du Centre culturel de Genève, du Laboratoire européen de physique nucléaire, ou encore d’un
4123 entre culturel de Genève, du Laboratoire européen de physique nucléaire, ou encore d’une récente Union européenne du ciném
4124 ratoire européen de physique nucléaire, ou encore d’ une récente Union européenne du cinéma. Je me suis gardé comme du feu
4125 inéma. Je me suis gardé comme du feu des procédés de la propagande moderne. La propagande cherche à priver les hommes de l
4126 oderne. La propagande cherche à priver les hommes de leur libre examen, de leur esprit critique. J’ai cherché, au contrair
4127 cherche à priver les hommes de leur libre examen, de leur esprit critique. J’ai cherché, au contraire, à vous mettre en pr
4128 yers, tous seuls ou en famille. Cette familiarité de la radio est précieuse. Si le chroniqueur l’a comprise, il doit s’int
4129 doit s’interdire l’éloquence et parler simplement d’ homme à homme. C’est le contraire de la propagande et des hurlements h
4130 er simplement d’homme à homme. C’est le contraire de la propagande et des hurlements hitlériens. Enfin, j’ai soulevé plusi
4131 soulevé plusieurs fois le problème des relations de la Suisse avec le Conseil de l’Europe. Problème à coup sûr délicat, p
4132 icat, puisqu’il se trouve lié, pour nous, à celui de la neutralité. Aussi bien ne l’ai-je pas tranché, quoi qu’on en dise.
4133 me en trois phrases mes arguments : 1. L’adhésion de la Suisse neutre au Conseil de l’Europe, si elle se révélait possible
4134 lle se révélait possible, présenterait l’avantage d’ accentuer le caractère pacifique de l’institution de Strasbourg. 2. La
4135 ait l’avantage d’accentuer le caractère pacifique de l’institution de Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle de la Su
4136 accentuer le caractère pacifique de l’institution de Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle de la Suisse n’est pas co
4137 on de Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle de la Suisse n’est pas comprise par les Américains, n’est pas crue par l
4138 par les Russes, et ne dépend plus, comme naguère, de l’équilibre européen : elle est donc en fait discutée à l’étranger. 3
4139 er avec des arguments solides et actuels. Refuser d’ en parler n’est pas un argument. L’argument de l’autruche n’a rien de
4140 ser d’en parler n’est pas un argument. L’argument de l’autruche n’a rien de patriotique. Je demandais donc l’ouverture d’u
4141 as un argument. L’argument de l’autruche n’a rien de patriotique. Je demandais donc l’ouverture d’un débat. Un point, c’es
4142 ien de patriotique. Je demandais donc l’ouverture d’ un débat. Un point, c’est tout. Sur quoi, aux deux extrêmes de l’opini
4143 Un point, c’est tout. Sur quoi, aux deux extrêmes de l’opinion publique, ce fut un beau tollé, puis un étrange accord de c
4144 que, ce fut un beau tollé, puis un étrange accord de cris d’indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce
4145 fut un beau tollé, puis un étrange accord de cris d’ indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce que j’av
4146 range accord de cris d’indignation ! Un me traita d’ ennemi de notre neutralité parce que j’avais demandé qu’on en revoie l
4147 ord de cris d’indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce que j’avais demandé qu’on en revoie les bases.
4148 is demandé qu’on en revoie les bases. Et beaucoup d’ auditeurs m’invitèrent à me défendre. Mais devant de micro, je dois me
4149 auditeurs m’invitèrent à me défendre. Mais devant de micro, je dois me limiter à cette très simple mise au point. Je ne pu
4150 erait injuste, car la radio atteint des centaines de milliers d’auditeurs, qui pratiquement ne peuvent pas lire les articl
4151 e, car la radio atteint des centaines de milliers d’ auditeurs, qui pratiquement ne peuvent pas lire les articles des journ
4152 e les articles des journaux en question. Le texte de mes émissions a paru dans deux périodiques suisses, en allemand et en
4153 hacun peut donc s’y reporter. Aux attaques venues de la droite, j’opposerai la brochure récente d’un conservateur catholiq
4154 ues de la droite, j’opposerai la brochure récente d’ un conservateur catholique, Gonzague de Reynold, qui se trouve souteni
4155 aques des totalitaires, je n’opposerai que le mot d’ un de mes amis : je suis un libéral, dit-il, donc toujours prêt à disc
4156 des totalitaires, je n’opposerai que le mot d’un de mes amis : je suis un libéral, dit-il, donc toujours prêt à discuter
4157 ne. Chers auditeurs, il me reste à vous remercier de votre fidélité à l’écoute pendant deux ans, des innombrables messages
4158 s messages que vous m’avez envoyés, non seulement de Suisse, mais de presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Ba
4159 ous m’avez envoyés, non seulement de Suisse, mais de presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cher
4160 eulement de Suisse, mais de presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du f
4161 uisse, mais de presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’Afri
4162 les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’Afrique. Messages de sympathie
4163 à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’Afrique. Messages de sympathie pour la cause que je défends, qui n’
4164 urg à Brindisi, et du fond de l’Afrique. Messages de sympathie pour la cause que je défends, qui n’est pas une cause polit
4165 au sens étroit du mot, qui n’est pas une affaire de partis, de confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civi
4166 roit du mot, qui n’est pas une affaire de partis, de confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civilisation et
4167 n’est pas une affaire de partis, de confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civilisation et de sa grande pat
4168 e confession ou de nations, mais qui est la cause d’ une civilisation et de sa grande patrie continentale, la cause même de
4169 ions, mais qui est la cause d’une civilisation et de sa grande patrie continentale, la cause même de la paix, et de sa con
4170 t de sa grande patrie continentale, la cause même de la paix, et de sa condition première : la liberté. Si mes chroniques,
4171 patrie continentale, la cause même de la paix, et de sa condition première : la liberté. Si mes chroniques, pendant deux a
4172 mes chroniques, pendant deux ans, n’ont rien fait d’ autre que de poser pour vous le problème de l’Europe et de son union n
4173 es, pendant deux ans, n’ont rien fait d’autre que de poser pour vous le problème de l’Europe et de son union nécessaire, c
4174 n fait d’autre que de poser pour vous le problème de l’Europe et de son union nécessaire, c’est assez, vous jugerez, vous
4175 que de poser pour vous le problème de l’Europe et de son union nécessaire, c’est assez, vous jugerez, vous agirez vous-mêm