1
ure, au moment où vous venez de tourner le bouton
de
votre radio pour être sûrs de ne pas manquer « les nouvelles » et les
2
e tourner le bouton de votre radio pour être sûrs
de
ne pas manquer « les nouvelles » et les prévisions du temps valables
3
à demain à midi, chaque lundi soir, je me propose
de
commenter pour vous en cinq minutes une grande nouvelle, une seule, e
4
j’ajouterai bien sûr, mes prévisions du temps, —
de
notre temps, valables jusqu’au jour où sera proclamée la fédération d
5
les jusqu’au jour où sera proclamée la fédération
de
l’Europe. Cinq minutes, c’est bien peu pour un si grand sujet : j’ess
6
est bien peu pour un si grand sujet : j’essaierai
d’
être simple et direct, d’aller tout droit à l’essentiel, et je commenc
7
rand sujet : j’essaierai d’être simple et direct,
d’
aller tout droit à l’essentiel, et je commence : Un événement capital
8
’entre vous l’ignorent. C’est qu’il est difficile
de
voir les grands événements de l’histoire quand ils se passent et se c
9
qu’il est difficile de voir les grands événements
de
l’histoire quand ils se passent et se composent autour de nous, de jo
10
nd ils se passent et se composent autour de nous,
de
jour en jour. Vous savez que depuis deux ans, des groupes et des asso
11
depuis deux ans, des groupes et des associations
de
toute espèce travaillent pour fédérer les peuples d’Europe. De temps
12
toute espèce travaillent pour fédérer les peuples
d’
Europe. De temps en temps, la presse et la radio vous donnent un aperç
13
mps, la presse et la radio vous donnent un aperçu
de
leurs congrès. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que l’action
14
e vous ne savez peut-être pas, c’est que l’action
de
tous ces groupes (loin de se borner à des parlottes comme beaucoup le
15
le serment des Trois Suisses, ou la constitution
de
notre État il y a cent ans. Le premier de ces résultats portera vrais
16
itution de notre État il y a cent ans. Le premier
de
ces résultats portera vraisemblablement la date de notre année 1949.
17
e ces résultats portera vraisemblablement la date
de
notre année 1949. Et ce sera la convocation d’un parlement consultati
18
te de notre année 1949. Et ce sera la convocation
d’
un parlement consultatif de l’Europe, dont le principe vient d’être ad
19
ce sera la convocation d’un parlement consultatif
de
l’Europe, dont le principe vient d’être admis par les gouvernements d
20
t consultatif de l’Europe, dont le principe vient
d’
être admis par les gouvernements du groupe des Cinq, et sera proposé d
21
q, et sera proposé demain à tous les États libres
de
l’Europe. Un autre jour, je commenterai cette décision sans précédent
22
séquences principales, d’une part, l’affaissement
de
l’Europe, d’autre part, le surgissement de la Russie et de l’Amérique
23
sement de l’Europe, d’autre part, le surgissement
de
la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’obse
24
pe, d’autre part, le surgissement de la Russie et
de
l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’observer, par-dessus
25
server, par-dessus nos têtes. Ils n’ont pas envie
de
se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l
26
rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour
de
la paix. Mais l’Amérique prouve son impérialisme en libérant les Phil
27
est que les deux Grands proclament leur intention
de
paix d’une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et
28
les deux Grands proclament leur intention de paix
d’
une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale
29
contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher
de
penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela
30
cune des nations qui la composent se voit menacée
d’
annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux em
31
composent se voit menacée d’annexion politique ou
de
colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent l
32
fondamental, et que personne ne peut nier : Aucun
de
nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
33
s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
de
son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
34
à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun
de
nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
35
omie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer
de
ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continue
36
usions que l’on doit tirer de ce double fait sont
d’
une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1
37
tinuent comme elles vont : 1° Les différents pays
de
l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La
38
n vont fatalement vers une guerre qui risque bien
d’
être la dernière. Parce qu’elle laissera peu de monde pour en faire un
39
aussi tout cela nous conduit, avec la force même
de
l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver
40
et unique solution. Si nous voulons sauver chacun
de
nos pays, il nous faut commencer par les unir ; et si nous voulons sa
41
à-dire la troisième puissance, qui serait capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Si vous pensez que
42
e puissance, qui serait capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Si vous pensez que l’Europe, même un
43
vous rappellerai un seul chiffre : la population
de
l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
44
de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau
de
fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Am
45
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est
d’
environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et a
46
t tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions
d’
habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il
47
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent
de
porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
48
s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids
d’
un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre
49
leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure
d’
agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. V
50
ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
de
faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Voilà don
51
mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et
de
sauver la paix du monde. Voilà donc le grand but défini : la paix du
52
du monde. Et voilà l’instrument désigné : l’union
de
l’Europe. Je suppose que sur ces deux points, théoriquement, tout le
53
pas même les staliniens (ces derniers défenseurs
de
la souveraineté nationale absolue) — personne n’ose dire : « Je veux
54
ionale, qu’ils se cantonnent dans le double refus
de
l’Amérique et de la Russie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, cel
55
cantonnent dans le double refus de l’Amérique et
de
la Russie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’Europe, j
56
ssie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui
de
l’Europe, jusqu’à ce qu’ils soient dûment ruinés, annexés et colonisé
57
faire en temps utile, pour que la solution sorte
de
l’utopie ? La paix, l’Europe unie, d’accord, c’est un beau rêve. En a
58
s le Pacifique. Nous en sommes là… Il s’agit donc
de
répondre très vite à cette double question, la seule sérieuse : qu’a-
59
ci pour fédérer l’Europe ? qu’avons-nous le temps
de
faire encore, — avec quelles forces ? Je vous dirai, chaque lundi s
60
les hommes qui luttent pour elle, et j’essaierai
de
vous faire participer aux péripéties de plus en plus rapides de cette
61
participer aux péripéties de plus en plus rapides
de
cette grande aventure du xx e siècle. Et voici mes prévisions valable
62
le étape vers l’union sera franchie. Les délégués
de
19 pays poseront les bases d’une action concertée de tous les grands
63
nchie. Les délégués de 19 pays poseront les bases
d’
une action concertée de tous les grands mouvements qui militent pour l
64
19 pays poseront les bases d’une action concertée
de
tous les grands mouvements qui militent pour l’Europe fédérale. Je vo
65
pe fédérée ». b. Ici, l’auteur renvoie aux pages
d’
un tapuscrit intitulé L’Europe en jeu (à distinguer du volume publié e
66
25 février 1949)d Bruxelles a pavoisé au signe
de
l’Europe : sur toutes les places et les palais des drapeaux flottent,
67
tant la grande lettre E — E pour Europe — couleur
d’
émeraude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond de paix. C’est q
68
rope — couleur d’émeraude sur fond blanc, couleur
d’
espérance sur fond de paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement europ
69
aude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond
de
paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement européen réunit pour la pr
70
paraison peut nous donner à réfléchir. Car chacun
de
nos congrès européens est une bataille, un bombardement de l’opinion
71
ngrès européens est une bataille, un bombardement
de
l’opinion — pour faire la paix. Une bataille contre l’inertie, le sce
72
érée non seulement doit mais peut fonder la paix.
De
quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès de l’Europe à La Haye, nous é
73
paix. De quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès
de
l’Europe à La Haye, nous étions 800 délégués représentant une quantit
74
ous étions 800 délégués représentant une quantité
de
mouvements sans liens solides. C’était une première tentative pour fa
75
ive pour faire entendre au monde entier « la voix
de
l’Europe ». Vous savez quel fut son succès : l’idée de Parlement euro
76
Europe ». Vous savez quel fut son succès : l’idée
de
Parlement européen en est sortie, elle est en voie de réalisation. De
77
arlement européen en est sortie, elle est en voie
de
réalisation. Depuis lors, nous avons travaillé à fédérer tous nos mou
78
ent. Et chacun a délégué aujourd’hui quelques-uns
de
ses membres à Bruxelles : neuf pour les grands pays, quatre pour les
79
nformément à la coutume fédéraliste. Ces délégués
de
22 peuples, auxquels s’ajoute le comité exécutif, viennent de se rass
80
e se rassembler, cet après-midi même, sous le nom
de
Conseil international du Mouvement européen. C’est donc d’un conseil
81
l international du Mouvement européen. C’est donc
d’
un conseil qu’il s’agit, et non plus d’un congrès comme les autres, d’
82
C’est donc d’un conseil qu’il s’agit, et non plus
d’
un congrès comme les autres, d’un conseil beaucoup plus restreint — no
83
’agit, et non plus d’un congrès comme les autres,
d’
un conseil beaucoup plus restreint — nous ne sommes que 30 délégués —
84
us restreint — nous ne sommes que 30 délégués — ,
d’
un conseil qui sera désormais l’organe officiel d’un Mouvement bien so
85
d’un conseil qui sera désormais l’organe officiel
d’
un Mouvement bien solidement articulé, prêt à l’action. Quelles sont l
86
ui est surtout Paul-Henri Spaak — le nouveau type
de
l’homme d’État européen, le réaliste qu’il fallait pour défendre notr
87
e Premier [ministre] belge a inauguré les travaux
de
notre conseil. c. Titre rajouté par nous pour cette édition numériq
88
ir, en introduisant par quelques mots cette série
d’
émissions sur la première session du Conseil international à Bruxelles
89
international à Bruxelles, je vous disais : c’est
d’
un conseil et non pas d’un congrès qu’il s’agit. On l’a bien vu et bie
90
s, je vous disais : c’est d’un conseil et non pas
d’
un congrès qu’il s’agit. On l’a bien vu et bien senti lors de la séanc
91
ésence sur la tribune, à la table présidentielle,
d’
un groupe d’hommes politiques qu’on ne pourrait voir nulle part ailleu
92
a tribune, à la table présidentielle, d’un groupe
d’
hommes politiques qu’on ne pourrait voir nulle part ailleurs ensemble,
93
r nulle part ailleurs ensemble, le seul spectacle
de
M. van Zeeland assis entre les socialistes Marceau Pivert et André Ph
94
e les socialistes Marceau Pivert et André Philip,
de
M. Churchill assis entre les socialistes Spaak et Guy Mollet, donnait
95
travailler et pour organiser, et que les discours
de
circonstance se réduisaient volontairement à la plus grande sobriété.
96
ain, le ton changea, au sein des deux commissions
de
travail. Je n’ai pu suivre les débats de la commission juridique, cha
97
missions de travail. Je n’ai pu suivre les débats
de
la commission juridique, chargée d’élaborer le grand projet d’une Cou
98
re les débats de la commission juridique, chargée
d’
élaborer le grand projet d’une Cour suprême européenne pour la défense
99
ion juridique, chargée d’élaborer le grand projet
d’
une Cour suprême européenne pour la défense des droits de la personne.
100
our suprême européenne pour la défense des droits
de
la personne. Je vous dirai, lundi prochain, les résultats de ses trav
101
nne. Je vous dirai, lundi prochain, les résultats
de
ses travaux. Mais j’ai été frappé par la haute tenue des débats de la
102
ais j’ai été frappé par la haute tenue des débats
de
la commission politique chargée de rédiger les principes généraux d’u
103
nue des débats de la commission politique chargée
de
rédiger les principes généraux d’une politique européenne, la doctrin
104
litique chargée de rédiger les principes généraux
d’
une politique européenne, la doctrine politique commune aux tendances
105
nt que le concert des voix qui deviennent la voix
de
l’Europe. Hier, nos débats se sont portés sur la question de l’Assemb
106
. Hier, nos débats se sont portés sur la question
de
l’Assemblée européenne. Comme l’ont souligné tour à tour M. Spaak et
107
t M. Churchill — et je cite ce dernier : « l’idée
d’
une Assemblée consultative européenne est devenue la politique adoptée
108
itique adoptée par presque tous les gouvernements
de
l’Europe occidentale ». Il s’agit maintenant d’exploiter ce premier g
109
s de l’Europe occidentale ». Il s’agit maintenant
d’
exploiter ce premier grand succès de notre mouvement. Il s’agit mainte
110
it maintenant d’exploiter ce premier grand succès
de
notre mouvement. Il s’agit maintenant pour nous de peser sur les déci
111
e notre mouvement. Il s’agit maintenant pour nous
de
peser sur les décisions imminentes des ministères et des parlements.
112
ulons qu’elle soit dès le départ un grand symbole
de
l’unité confédérale pour laquelle nous luttons. Nous voulons que la v
113
autres fédéralistes, voyons nos thèses progresser
de
jour en jour au sein du Conseil de Bruxelles. Ce que nous sommes en t
114
ses progresser de jour en jour au sein du Conseil
de
Bruxelles. Ce que nous sommes en train d’obtenir peut se résumer en t
115
de l’Assemblée, des forces vives, non politiques,
de
nos pays, siégeant sur pied d’égalité avec les délégués des parlement
116
s, non politiques, de nos pays, siégeant sur pied
d’
égalité avec les délégués des parlements. 2. Nous proposons que des si
117
proposons que des sièges soient réservés aux pays
de
l’Est, sièges vides pour le moment, — mais ce vide muet parlera mieux
118
de muet parlera mieux que des discours, mieux que
de
vaines protestations verbales, ce vide sera le symbole éloquent non s
119
s, ce vide sera le symbole éloquent non seulement
de
notre sympathie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’Europe
120
le éloquent non seulement de notre sympathie mais
de
notre espoir, car nous luttons pour l’Europe intégrale, et cela veut
121
ion sur les gouvernements se double immédiatement
d’
une grande campagne populaire dans toute l’Europe, afin que les masses
122
associées à nos efforts, et les portent au sommet
d’
un élan unanime. Si nous gagnons sur ces trois points — et nous sommes
123
ur ces trois points — et nous sommes en bon train
de
gagner — , nous pourrons répéter ces mots que Churchill prononça d’un
124
pourrons répéter ces mots que Churchill prononça
d’
une voix tonitruante — et en français — à la fin de son premier discou
125
’une voix tonitruante — et en français — à la fin
de
son premier discours : « Alors, ça ira ! » Pour terminer, je vous don
126
plénière, notre conseil s’est donné un président
de
séance pour une année sur la personne de Léon Jouhaux, le grand chef
127
résident de séance pour une année sur la personne
de
Léon Jouhaux, le grand chef syndicaliste français. Et d’autre part, M
128
M. André Philip, ancien ministre des Finances et
de
l’Économie, a été élu délégué général du Mouvement européen. Voici en
129
u temps valables jusqu’à lundi prochain : la zone
de
haute pression fédéraliste dont le centre se situe actuellement à Bru
130
n passant, quelques légères ondulations du rideau
de
fer. Au revoir, à lundi prochain ! e. Titre rajouté par nous pour c
131
n numérique. f. Émission retransmise directement
de
Bruxelles.
132
vite ? » Et je répondais : parce qu’il n’y a pas
d’
autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays
133
: parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable
d’
empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays, c’est en effet créer la
134
, c’est en effet créer la seule puissance capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Là-dessus, je pars
135
réer la seule puissance capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Là-dessus, je pars pour Bruxelles, a
136
je pars pour Bruxelles, au Conseil international
de
notre Mouvement européen. Et nous nous sommes mis au travail pour fai
137
t l’après-midi, nous avons convoqué la population
de
Bruxelles sur la place de la Bourse, car nous voulions crier aux mass
138
convoqué la population de Bruxelles sur la place
de
la Bourse, car nous voulions crier aux masses, sur tous les tons, et
139
urer la paix. » Mais voici qu’à chaque fois qu’un
de
nos orateurs s’avançait devant le micro, quelques groupes dans la fou
140
dans la foule se mettaient à hurler, et tâchaient
de
couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler de la paix, et ils cr
141
e couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler
de
la paix, et ils criaient : « La paix, la paix » pour nous empêcher d’
142
riaient : « La paix, la paix » pour nous empêcher
d’
en parler. C’est ainsi que pendant deux heures s’est poursuivi dans le
143
t poursuivi dans le tumulte un véritable dialogue
de
sourds. — Tu veux la paix ? criait l’un. — Non, je veux la paix ! hur
144
guerre ! Je ne voudrais pas exagérer l’importance
de
ces incidents. En vérité, ils n’ont servi qu’à la publicité de nos tr
145
nts. En vérité, ils n’ont servi qu’à la publicité
de
nos travaux, dont ils n’ont pas troublé le cours ni modifié les résul
146
modifié les résultats. Mais derrière ce dialogue
de
sourds, ou plutôt derrière ce qui pouvait paraître une histoire de fo
147
tôt derrière ce qui pouvait paraître une histoire
de
fous, il y a quelque chose de sérieux, et même de grave. Il y a la gr
148
raître une histoire de fous, il y a quelque chose
de
sérieux, et même de grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe.
149
de fous, il y a quelque chose de sérieux, et même
de
grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe. Il y a ce fait que
150
ieux, et même de grave. Il y a la grande tragédie
de
notre Europe. Il y a ce fait que plus personne ne croit, ou ne peut c
151
ne peut croire, dans notre Europe, à la bonne foi
de
l’adversaire. Quand on en est arrivé là — quand chacun crie : la paix
152
: la guerre — , alors, il n’y a plus qu’un moyen
d’
en sortir (si vraiment on refuse la guerre), c’est de cesser de crier
153
n sortir (si vraiment on refuse la guerre), c’est
de
cesser de crier et de parler tranquillement. Justement j’ai la chance
154
si vraiment on refuse la guerre), c’est de cesser
de
crier et de parler tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir,
155
on refuse la guerre), c’est de cesser de crier et
de
parler tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir, de pouvoir v
156
tranquillement. Justement j’ai la chance ce soir,
de
pouvoir vous parler tranquillement sans être interrompu par des cris
157
tranquillement sans être interrompu par des cris
d’
animaux. Je serais donc criminel de ne pas en profiter et de ne pas te
158
u par des cris d’animaux. Je serais donc criminel
de
ne pas en profiter et de ne pas tenter l’impossible pour pacifier ce
159
Je serais donc criminel de ne pas en profiter et
de
ne pas tenter l’impossible pour pacifier ce débat sur la paix, pour e
160
pour en examiner les arguments sans aucun esprit
de
polémique ou de propagande haineuse et partisane. Je voudrais donc ex
161
r les arguments sans aucun esprit de polémique ou
de
propagande haineuse et partisane. Je voudrais donc expliquer tranquil
162
sé en deux camps, et nous voyons l’Europe menacée
de
ruine totale par la guerre entre ces deux camps. Géographiquement, no
163
simple : nous ne pouvons rien faire, dans l’état
de
division où nous sommes. Il faut donc nous unir pour nous mettre en m
164
Il faut donc nous unir pour nous mettre en mesure
de
nous opposer à la guerre. Tout le monde devrait être d’accord là-dess
165
d’accord, sauf les communistes… car la fédération
de
l’Europe, à les en croire, ne serait qu’une machine d’agression monté
166
Europe, à les en croire, ne serait qu’une machine
d’
agression montée par les Américains contre l’URSS. Qu’avons-nous à rép
167
s avons à répondre deux choses : 1. La fédération
de
l’Europe peut seule garantir notre indépendance réelle à l’égard des
168
prospère, c’est alors que nous serons contraints
de
confier notre défense aux Américains et de nous mettre en tutelle les
169
raints de confier notre défense aux Américains et
de
nous mettre en tutelle les uns après les autres. Faute d’une fédérati
170
mettre en tutelle les uns après les autres. Faute
d’
une fédération librement constituée, nous n’aurons plus qu’une solutio
171
possible : signer le pacte militaire, nommé pacte
de
l’Atlantique. Et ce pacte, prenons-y garde, pour peu qu’il y entre un
172
renons-y garde, pour peu qu’il y entre une clause
d’
assistance mutuelle automatique, ce pacte dit de l’Atlantique pourrait
173
e d’assistance mutuelle automatique, ce pacte dit
de
l’Atlantique pourrait fort bien nous entraîner un jour à une guerre d
174
ue comme elle l’entend, cette Europe-là cesserait
d’
être une menace pour la Russie, et deviendrait au contraire une vaste
175
ussie, et deviendrait au contraire une vaste zone
de
sécurité à l’ouest des terres soviétiques. Il est bien évident que ce
176
ope, occupée à se fédérer, n’aurait aucune raison
d’
attaquer la Russie, pourvu que celle-ci la laisse en paix, et ne préte
177
rêt du monde entier, et donc aussi dans l’intérêt
de
la Russie, puisque celle-ci déclare qu’elle veut la paix et qu’elle n
178
oivent souhaiter avec nous l’établissement rapide
d’
une fédération européenne, qui serait la garantie de notre indépendanc
179
une fédération européenne, qui serait la garantie
de
notre indépendance. Si toutefois ils persistent à mettre en doute nos
180
tre en doute nos intentions, nous serons en droit
de
leur demander : quelle autre solution nous offrez-vous, qui soit immé
181
erre ? L’heure est venue de parler clairement, et
de
cesser de crier : la paix, la paix ! sur un ton de défi, comme on déc
182
eure est venue de parler clairement, et de cesser
de
crier : la paix, la paix ! sur un ton de défi, comme on déclare la gu
183
e cesser de crier : la paix, la paix ! sur un ton
de
défi, comme on déclare la guerre. Et je me tourne aussi vers la Suiss
184
ires sur l’Atlantique, mais du côté de Berne, pas
de
précipitations… g. Titre rajouté par nous pour cette édition numéri
185
9) À Rome, en novembre dernier, lors du Congrès
de
l’UEF, le comte Sforza est venu nous parler de ce qui lui tient le pl
186
ès de l’UEF, le comte Sforza est venu nous parler
de
ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération de l’Europe. On ne sa
187
e ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération
de
l’Europe. On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer d’expérien
188
e l’Europe. On ne saurait accuser le comte Sforza
de
manquer d’expérience politique : de tous les hommes d’État au pouvoir
189
On ne saurait accuser le comte Sforza de manquer
d’
expérience politique : de tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jo
190
comte Sforza de manquer d’expérience politique :
de
tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jours, c’est lui qui a eu l
191
politique : de tous les hommes d’État au pouvoir,
de
nos jours, c’est lui qui a eu la carrière la plus longue. Quel consei
192
us fédéralistes, vous ne devrez jamais transiger.
De
toutes vos forces, sans compromis et sans relâche, luttez contre le d
193
rieur : la tyrannie ; l’autre extérieur : le coup
de
force, la guerre. En effet, si l’État national a tous les droits, s’i
194
t, si l’État national a tous les droits, s’il n’a
de
comptes à rendre à personne, ni à Dieu, ni à la loi, ni même à la mor
195
e à la morale courante, s’il n’y a rien au-dessus
de
lui, s’il est seul juge — et c’est ce que signifie le mot : souverain
196
uverain — , comment voulez-vous qu’il n’abuse pas
de
ses pouvoirs ? Et s’il en abuse, comment voulez-vous qu’on l’arrête ?
197
êtes un criminel : cela se produit sous nos yeux,
de
nos jours, dans les pays où l’État souverain prend au sérieux sa souv
198
ce que signifie la souveraineté inconditionnelle
de
l’État, l’impossibilité de faire appel à un tribunal supérieur… D’aut
199
ineté inconditionnelle de l’État, l’impossibilité
de
faire appel à un tribunal supérieur… D’autre part, l’État souverain a
200
érieur… D’autre part, l’État souverain a le droit
de
déclarer la guerre, et de forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-d
201
at souverain a le droit de déclarer la guerre, et
de
forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous
202
droit de déclarer la guerre, et de forcer chacun
de
nous à la faire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie
203
ire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous le droit
de
vie et de mort, et cela sans appel. S’il veut la guerre, personne ne
204
-à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie et
de
mort, et cela sans appel. S’il veut la guerre, personne ne peut le re
205
n nomme la morale, il y a même quelques rudiments
d’
une loi internationale, mais qui peut l’appliquer cette loi, puisqu’il
206
eut l’appliquer cette loi, puisqu’il n’existe pas
de
pouvoir supérieur ? Puisqu’il n’y a pas de roi du monde, de suzerain,
207
te pas de pouvoir supérieur ? Puisqu’il n’y a pas
de
roi du monde, de suzerain, qui puisse réduire à la raison ces féodaux
208
supérieur ? Puisqu’il n’y a pas de roi du monde,
de
suzerain, qui puisse réduire à la raison ces féodaux dressés sur leur
209
N est morte, et si l’ONU était en train de vivre,
de
réussir, cela se verrait : Nous n’en serions pas où nous sommes, c’es
210
n’ont-elles jamais pu fonctionner ? C’est à cause
d’
un même vice de constitution. L’une et l’autre ont été et sont des soc
211
ais pu fonctionner ? C’est à cause d’un même vice
de
constitution. L’une et l’autre ont été et sont des sociétés non pas d
212
e et l’autre ont été et sont des sociétés non pas
de
nations, mais de gouvernements d’États souverains. Or, qui peut arbit
213
été et sont des sociétés non pas de nations, mais
de
gouvernements d’États souverains. Or, qui peut arbitrer les disputes
214
ociétés non pas de nations, mais de gouvernements
d’
États souverains. Or, qui peut arbitrer les disputes entre deux États
215
ous n’auriez pas l’idée, personne n’aurait l’idée
de
faire arbitrer un match par les deux capitaines des équipes en présen
216
sence. Or, qu’est-ce que l’ONU ? C’est un congrès
de
capitaines d’équipes qui crient tous à la fois : si je ne gagne pas,
217
est-ce que l’ONU ? C’est un congrès de capitaines
d’
équipes qui crient tous à la fois : si je ne gagne pas, eh bien, je tr
218
Comment protéger les citoyens contre l’arbitraire
de
l’État ? Et comment protéger la paix contre les entreprises de ces gr
219
t comment protéger la paix contre les entreprises
de
ces grands féodaux ? Il faut créer, c’est l’évidence, un pouvoir supé
220
qui limite leur souveraineté ! C’est un tribunal
de
ce genre que le Conseil international de notre Mouvement européen a d
221
tribunal de ce genre que le Conseil international
de
notre Mouvement européen a décidé de proposer, dans sa séance toute r
222
nternational de notre Mouvement européen a décidé
de
proposer, dans sa séance toute récente de Bruxelles. Le projet mis au
223
décidé de proposer, dans sa séance toute récente
de
Bruxelles. Le projet mis au jour par le Mouvement européen me semble
224
cette cour pourront s’adresser par-dessus la tête
de
l’État les personnes physiques et morales, c’est-à-dire vous et moi,
225
il est prévu que cette Cour suprême sera doublée
d’
une Commission des droits de l’homme, composée de membres indépendants
226
d’une Commission des droits de l’homme, composée
de
membres indépendants des États et gouvernements. Cette commission rec
227
ats accusés. Voilà qui formerait le premier noyau
d’
un véritable pouvoir fédéral, et voilà qui ferait une brèche sérieuse
228
ppelle aussitôt un second, qui serait la création
d’
une police fédérale, d’une force armée européenne, capable de faire re
229
nd, qui serait la création d’une police fédérale,
d’
une force armée européenne, capable de faire respecter les arrêts de l
230
e fédérale, d’une force armée européenne, capable
de
faire respecter les arrêts de la Cour suprême. Cela viendra, si nous
231
européenne, capable de faire respecter les arrêts
de
la Cour suprême. Cela viendra, si nous savons le vouloir, et si toute
232
nion nous appuie. En attendant, les représentants
de
la France, de la Grande-Bretagne et du Benelux se réunissent aujourd’
233
ie. En attendant, les représentants de la France,
de
la Grande-Bretagne et du Benelux se réunissent aujourd’hui même à Lon
234
se légère mais continue : à l’Est et sur le front
de
nos adversaires, nébulosité variable à très forte. Un peu de précipit
235
Demain l’Europe ! — Le pacte
de
l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 1949) Chers audit
236
trois jours : quel est le rapport entre le pacte
de
l’Atlantique et l’union européenne ? Et qu’en pensent les fédéraliste
237
stion brûlante, bien que je n’aie pas eu le temps
de
consulter tous les porte-parole de nos mouvements. Je vais vous dire
238
as eu le temps de consulter tous les porte-parole
de
nos mouvements. Je vais vous dire mon opinion privée, que je crois d’
239
pinion privée, que je crois d’ailleurs être celle
de
la plupart des militants fédéralistes et de leurs chefs. Tout d’abord
240
celle de la plupart des militants fédéralistes et
de
leurs chefs. Tout d’abord, qu’est-ce au juste, le pacte de l’Atlantiq
241
chefs. Tout d’abord, qu’est-ce au juste, le pacte
de
l’Atlantique ? Essentiellement : un pacte d’assistance mutuelle, d’as
242
acte de l’Atlantique ? Essentiellement : un pacte
d’
assistance mutuelle, d’assistance armée, militaire, dans le cas d’une
243
Essentiellement : un pacte d’assistance mutuelle,
d’
assistance armée, militaire, dans le cas d’une agression contre un des
244
uelle, d’assistance armée, militaire, dans le cas
d’
une agression contre un des États membres. Tous, en principe, voleront
245
s membres. Tous, en principe, voleront au secours
de
la victime. Ce sera donc, en principe : Un pour tous, tous pour un. C
246
utre pacte, celui qui fonda la Suisse il y a plus
de
650 ans, et qui se trouve être aujourd’hui le plus ancien pacte fédér
247
du 1er août 1291 comporte, lui aussi, un serment
d’
assistance mutuelle. Écoutez-le : Soit donc notoire à tous que les ho
248
it donc notoire à tous que les hommes des vallées
d’
Uri, de Schwyz, et d’Unterwald, considérant la malice des temps, et af
249
notoire à tous que les hommes des vallées d’Uri,
de
Schwyz, et d’Unterwald, considérant la malice des temps, et afin de s
250
s que les hommes des vallées d’Uri, de Schwyz, et
d’
Unterwald, considérant la malice des temps, et afin de se défendre et
251
ps, et afin de se défendre et maintenir avec plus
d’
efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellemen
252
endre et maintenir avec plus d’efficace, ont pris
de
bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs for
253
us d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement
de
s’assister mutuellement de toutes leurs forces… envers et contre quic
254
bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement
de
toutes leurs forces… envers et contre quiconque tenterait de leur fai
255
eurs forces… envers et contre quiconque tenterait
de
leur faire violence. Et, à tout événement, chacune desdites communaut
256
autés promet à l’autre de venir à son aide en cas
de
besoin, de la défendre à ses propres frais… et de venger sa querelle,
257
t à l’autre de venir à son aide en cas de besoin,
de
la défendre à ses propres frais… et de venger sa querelle, prêtant un
258
de besoin, de la défendre à ses propres frais… et
de
venger sa querelle, prêtant un serment sans dol ni fraude, et renouve
259
Dans les deux pactes, il s’agit donc exactement
de
la même idée. Le langage diffère, à vrai dire, car hélas, nos légiste
260
beau style énergique. Mais c’est surtout l’esprit
de
ces deux traités qui, décidément, n’est pas le même. Notre pacte du 1
261
nvocation : Au nom du Seigneur, Amen ! Le pacte
de
l’Atlantique, lui, débute en ces termes : Les États parties du prése
262
affirment leur foi dans les buts et les principes
de
la Charte des Nations unies. Comme on le voit, les deux documents co
263
les deux documents commencent par une affirmation
de
foi. Mais voici la grande différence : le pacte des Suisses se plaçai
264
le pacte des Suisses se plaçait sous l’invocation
de
Dieu, et d’un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte de l’Atlantique,
265
Suisses se plaçait sous l’invocation de Dieu, et
d’
un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte de l’Atlantique, lui, ne se p
266
eu, et d’un Dieu auquel tous croyaient ! Le pacte
de
l’Atlantique, lui, ne se place que sous l’invocation de l’ONU, à laqu
267
tlantique, lui, ne se place que sous l’invocation
de
l’ONU, à laquelle personne ne croit ! Je n’exagère pas : je constate.
268
ient un seul instant à l’efficacité, à la réalité
de
l’ONU, il n’y aurait pas de pacte de l’Atlantique, personne n’en aura
269
icacité, à la réalité de l’ONU, il n’y aurait pas
de
pacte de l’Atlantique, personne n’en aurait eu l’idée. Faut-il penser
270
à la réalité de l’ONU, il n’y aurait pas de pacte
de
l’Atlantique, personne n’en aurait eu l’idée. Faut-il penser qu’on l’
271
re officiellement à l’idéal ? A-t-on jugé prudent
de
remplacer cette Providence défaillante par de solides et nombreuses d
272
ent de remplacer cette Providence défaillante par
de
solides et nombreuses divisions ? Ce serait un drôle de réalisme. Un
273
ides et nombreuses divisions ? Ce serait un drôle
de
réalisme. Un seul chiffre suffit à le montrer, Churchill le citait l’
274
citait l’autre jour : la Grande-Bretagne, en cas
de
guerre, peut compter sur deux divisions, — je dis deux, en tout et po
275
es cercles officiels devant cette grande alliance
d’
états-majors sans troupes. L’utilité militaire restant douteuse, on se
276
rale du pacte : son intérêt, affirme-t-on, serait
d’
ordre essentiellement psychologique… Mais psychologiquement, quel est
277
monde. On a donné aux Russes une superbe occasion
de
crier à la provocation, sans créer pour autant la force réelle qui le
278
elle, où faut-il la chercher ? Elle ne naîtra pas
d’
un traité, surtout pas d’un traité militaire, quand on manque d’armes
279
her ? Elle ne naîtra pas d’un traité, surtout pas
d’
un traité militaire, quand on manque d’armes et de troupes. Elle ne pe
280
urtout pas d’un traité militaire, quand on manque
d’
armes et de troupes. Elle ne peut naître que d’un grand élan des peupl
281
d’un traité militaire, quand on manque d’armes et
de
troupes. Elle ne peut naître que d’un grand élan des peuples libres d
282
ue d’armes et de troupes. Elle ne peut naître que
d’
un grand élan des peuples libres de l’Europe. Elle ne peut naître que
283
eut naître que d’un grand élan des peuples libres
de
l’Europe. Elle ne peut naître que dans l’enthousiasme soulevé par la
284
e dans l’enthousiasme soulevé par la proclamation
d’
un Pacte fédéral du continent. À la question qu’on m’a posée : « Que p
285
tion qu’on m’a posée : « Que pensez-vous du pacte
de
l’Atlantique, vous, les fédéralistes européens ? » je réponds donc :
286
uffisances que par ses bonnes intentions le pacte
de
l’Atlantique nous donne des raisons de plus — s’il en fallait ! — de
287
s donne des raisons de plus — s’il en fallait ! —
de
vouloir une Europe solidement fédérée, un bloc puissant et pacifique
288
solidement fédérée, un bloc puissant et pacifique
de
300 millions d’habitants rendus par leur union à la prospérité, qui e
289
ée, un bloc puissant et pacifique de 300 millions
d’
habitants rendus par leur union à la prospérité, qui est le seul gage
290
leur union à la prospérité, qui est le seul gage
d’
une véritable indépendance. Le grand bruit que fait dans le monde la s
291
us tenez peut-être dans vos mains la seule chance
de
la paix ! » Quant à mes prévisions du temps, de notre temps, je ne pu
292
e de la paix ! » Quant à mes prévisions du temps,
de
notre temps, je ne puis que répéter ce soir le commentaire curieuseme
293
ctuellement sur l’Atlantique provoquent un afflux
d’
air glacial venant de l’Est. On ne saurait mieux dire. J’ajouterai sim
294
antique provoquent un afflux d’air glacial venant
de
l’Est. On ne saurait mieux dire. J’ajouterai simplement que pour une
295
jouterai simplement que pour une fois il convient
de
féliciter Berne d’avoir su se tenir à l’abri des courants d’air. Au r
296
que pour une fois il convient de féliciter Berne
d’
avoir su se tenir à l’abri des courants d’air. Au revoir, à lundi proc
297
r Berne d’avoir su se tenir à l’abri des courants
d’
air. Au revoir, à lundi prochain !
298
nt que la presse du monde entier discute le pacte
de
l’Atlantique, un événement peut-être décisif se prépare en silence, à
299
n silence, à Londres, aujourd’hui même. Il s’agit
de
fixer les statuts d’un Parlement européen. Les représentants de dix n
300
aujourd’hui même. Il s’agit de fixer les statuts
d’
un Parlement européen. Les représentants de dix nations se sont réunis
301
tatuts d’un Parlement européen. Les représentants
de
dix nations se sont réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin
302
réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin
de
semaine, les résultats de leurs travaux. On peut juger bizarre qu’une
303
aurons peut-être en fin de semaine, les résultats
de
leurs travaux. On peut juger bizarre qu’une telle négociation, qui en
304
rre qu’une telle négociation, qui engage l’avenir
de
notre Europe, se poursuive à huis clos, et sans la moindre publicité.
305
t garder aussi longtemps que possible le contrôle
de
l’opération. L’initiative, en vérité, appartient aux fédéralistes. Et
306
alistes. Et, pour vous faire comprendre la portée
de
la réunion qui se tient à Londres, cette semaine, je vais résumer bri
307
te semaine, je vais résumer brièvement les étapes
de
sa préparation. Au mois de mai 1948, il y a donc un peu moins d’un an
308
brièvement les étapes de sa préparation. Au mois
de
mai 1948, il y a donc un peu moins d’un an, nous avons convoqué un Co
309
on. Au mois de mai 1948, il y a donc un peu moins
d’
un an, nous avons convoqué un Congrès de l’Europe avec l’appui des org
310
peu moins d’un an, nous avons convoqué un Congrès
de
l’Europe avec l’appui des organisations les plus diverses, économique
311
l, réunit 800 délégués. À l’unanimité, il résolut
d’
entreprendre une action immédiate en faveur de la convocation d’une As
312
une action immédiate en faveur de la convocation
d’
une Assemblée européenne. Le 18 août, nos délégués remettaient aux cin
313
ettaient aux cinq puissances signataires du pacte
de
Bruxelles un Mémorandum détaillé sur notre projet d’Assemblée. Le mêm
314
Bruxelles un Mémorandum détaillé sur notre projet
d’
Assemblée. Le même jour, ces propositions se voyaient acceptées sans r
315
tôt suivi par les pays du Benelux. Après beaucoup
d’
hésitations, le cabinet de M. Bevin se résignait à suivre ses alliés.
316
Benelux. Après beaucoup d’hésitations, le cabinet
de
M. Bevin se résignait à suivre ses alliés. Un comité fut alors désign
317
ravaux commencèrent en novembre, et le 29 janvier
de
cette année, le comité des Cinq annonçait à la presse qu’il venait d’
318
omité des Cinq annonçait à la presse qu’il venait
d’
aboutir à un accord. Un Conseil de l’Europe allait être formé. Il comp
319
être formé. Il comprendrait d’une part un Comité
de
ministres, et d’autre part un corps consultatif, désigné par les parl
320
te. Peu de jours après, on annonçait que la ville
de
Strasbourg serait choisie comme siège du corps consultatif, et que l’
321
la Suède, et l’Irlande ont refusé toutes les deux
de
signer le pacte de l’Atlantique, mais qu’elles acceptent de collabore
322
nde ont refusé toutes les deux de signer le pacte
de
l’Atlantique, mais qu’elles acceptent de collaborer quand il s’agit d
323
le pacte de l’Atlantique, mais qu’elles acceptent
de
collaborer quand il s’agit d’union européenne. Elles ne considèrent p
324
qu’elles acceptent de collaborer quand il s’agit
d’
union européenne. Elles ne considèrent pas que leur neutralité soit un
325
obstacle à leur présence active. Cet exemple aura
de
quoi faire réfléchir la Suisse. Voici donc réunis à Londres, aujourd’
326
is à Londres, aujourd’hui même, les représentants
de
10 pays qui acceptent — non sans précautions, non sans arrière-pensée
327
précautions, non sans arrière-pensées peut-être —
de
s’engager dans la voie que leur tracent les pionniers du fédéralisme.
328
sme. On aura rarement vu négociation aussi lourde
de
conséquences se dérouler plus discrètement… Quels résultats faut-il e
329
La manière dont elle s’est engagée ne permet pas
d’
attendre des miracles. Le comité de Londres réunit des experts et des
330
ne permet pas d’attendre des miracles. Le comité
de
Londres réunit des experts et des délégués des États. Or, les experts
331
général, ont tendance à prouver qu’il est urgent
d’
attendre. Ils connaissent les difficultés, c’est leur métier, et ils e
332
s le faire sentir. Mais il arrive qu’ils manquent
d’
une vision claire et simple des grandes nécessités de l’heure : or cel
333
ne vision claire et simple des grandes nécessités
de
l’heure : or celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et de la fa
334
essités de l’heure : or celles-ci nous commandent
de
faire l’Europe, et de la faire à n’importe quel prix. Mais gardons-no
335
r celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et
de
la faire à n’importe quel prix. Mais gardons-nous aussi d’un excès de
336
re à n’importe quel prix. Mais gardons-nous aussi
d’
un excès de pessimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Lond
337
rte quel prix. Mais gardons-nous aussi d’un excès
de
pessimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Londres va limi
338
essimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité
de
Londres va limiter autant que possible le rôle du futur parlement eur
339
assemblée, dès qu’elle existera et fonctionnera,
d’
aller plus loin, beaucoup plus loin que les États n’osent le souhaiter
340
p plus loin que les États n’osent le souhaiter, —
d’
aller enfin fraîchement, courageusement, vers la fédération totale de
341
hement, courageusement, vers la fédération totale
de
l’Europe. Qu’on nous donne l’assemblée sous n’importe quelle forme, e
342
e à lancer dans tous nos pays libres une campagne
de
grande envergure, afin que les masses se joignent aux élites pour dir
343
et ce qui s’y passe, plus chaud en Suède, menaces
de
précipitations dans les Balkans — à Berne, encore doux et serein.
344
nce des 10 pays qui seront les membres fondateurs
de
l’union européenne. Ces jours-ci se décide, en silence, le statut de
345
ne. Ces jours-ci se décide, en silence, le statut
de
l’Assemblée consultative de l’Europe qui siégera, dès l’automne, à St
346
en silence, le statut de l’Assemblée consultative
de
l’Europe qui siégera, dès l’automne, à Strasbourg. Cet événement, si
347
l’automne, à Strasbourg. Cet événement, si lourd
d’
avenir pour tous nos peuples, a fait peu de bruit jusqu’ici. Le grand
348
’ici. Le grand public ignore souvent le principal
de
ce qui se passe autour de lui, de son vivant. C’est que la presse oub
349
nt le principal de ce qui se passe autour de lui,
de
son vivant. C’est que la presse oublie parfois de lui apprendre certa
350
de son vivant. C’est que la presse oublie parfois
de
lui apprendre certains faits, que les manuels d’histoire, plus tard,
351
de lui apprendre certains faits, que les manuels
d’
histoire, plus tard, se chargeront d’apprendre à nos enfants — les pau
352
les manuels d’histoire, plus tard, se chargeront
d’
apprendre à nos enfants — les pauvres ! J’ajouterai que le grand publi
353
ion rapide depuis un an. On a bien entendu parler
d’
un certain congrès de La Haye, ou du récent Conseil qui se tient à Bru
354
an. On a bien entendu parler d’un certain congrès
de
La Haye, ou du récent Conseil qui se tient à Bruxelles. On sait vague
355
Churchill et Spaak, entre autres, se préoccupent
d’
unir les peuples de l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement de
356
, entre autres, se préoccupent d’unir les peuples
de
l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement de discours, qui ne f
357
e l’Europe. Mais on pense qu’il s’agit simplement
de
discours, qui ne font de mal à personne et ne servent à rien… C’est a
358
qu’il s’agit simplement de discours, qui ne font
de
mal à personne et ne servent à rien… C’est ainsi que je rencontre cha
359
e je rencontre chaque jour des gens qui me disent
d’
un air sceptique et un peu fatigué : « Vous y croyez, vous, à cette Eu
360
ez, j’y ai toujours cru ! Ils voleront au secours
de
la victoire. Mais ce qui m’étonne bien davantage, ce sont les gens qu
361
es gens qui me répètent : « Ah oui, la fédération
de
l’Europe, quelle idée généreuse ! » Voyez-vous, quand un Américain dé
362
une idée généreuse… c’est qu’il n’a pas la force
d’
y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux et que vou
363
eux et que vous rêvez. Or, il s’agit, en réalité,
de
la vie ou de la mort d’une civilisation. Fédérer tous nos peuples enc
364
us rêvez. Or, il s’agit, en réalité, de la vie ou
de
la mort d’une civilisation. Fédérer tous nos peuples encore libres, l
365
r, il s’agit, en réalité, de la vie ou de la mort
d’
une civilisation. Fédérer tous nos peuples encore libres, les fédérer
366
pour empêcher la guerre, c’est notre seule chance
de
salut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de « généreux » da
367
alut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir
de
« généreux » dans une entreprise de ce genre. La maison brûle, et qua
368
peut y avoir de « généreux » dans une entreprise
de
ce genre. La maison brûle, et quand les pompiers arrivent à toute vit
369
es pompiers arrivent à toute vitesse pour essayer
d’
éteindre l’incendie, on ne leur dit pas d’un air sceptique et protecte
370
essayer d’éteindre l’incendie, on ne leur dit pas
d’
un air sceptique et protecteur : merci Messieurs, vous êtes bien génér
371
es aider. D’autres me disent : d’accord, essayons
de
nous fédérer. Mais cela va prendre au moins cent ans ! Je réponds que
372
ux pionniers du fédéralisme ! » C’est une manière
de
dire : Allez-y ! Faites-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts,
373
dire : Allez-y ! Faites-vous tuer, nous suivrons
de
loin vos efforts, et nous vous rejoindrons, bien entendu, si par mira
374
e gagnerons pas cette immense partie sans l’appui
de
l’opinion tout entière, sans votre appui, à vous aussi, chers auditeu
375
ner pour vous, mais pas sans vous ! Car il s’agit
de
votre vie à tous, et si nous perdons cette partie, si bien engagée au
376
tés sans savoir pourquoi, et jetés dans les camps
de
concentration… De tous côtés, on réclame des apôtres. On nous dit : a
377
urquoi, et jetés dans les camps de concentration…
De
tous côtés, on réclame des apôtres. On nous dit : assez de discours !
378
ôtés, on réclame des apôtres. On nous dit : assez
de
discours ! à l’action ! faites des gestes ! On a raison, mais il faut
379
t bien quelques discours pour avertir les peuples
de
ce qu’on va faire. Et s’il vous faut des apôtres, si vous y tenez tan
380
bien tort, quand il cherchait un homme à la lueur
de
sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est le plu
381
omme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait
d’
en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en trouver. Je vous
382
d’en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen
d’
en trouver. Je vous laisse à tirer les conclusions de cette petite par
383
n trouver. Je vous laisse à tirer les conclusions
de
cette petite parabole. Et je vous rappelle qu’il existe, dans toutes
384
Londres, brouillard persistant autour des travaux
de
la conférence des Dix. En Europe, le courant d’air glacial venu de l’
385
x de la conférence des Dix. En Europe, le courant
d’
air glacial venu de l’Est provoquera encore quelques faibles précipita
386
uis plusieurs semaines, à ce micro, je vous parle
d’
une grande aventure : l’Europe en marche vers son unité. Je vous en dé
387
rent. Car c’est le seul moyen qui nous reste : 1°
d’
échapper à la guerre ; 2° d’arrêter les Russes ; 3° de sauver notre éc
388
n qui nous reste : 1° d’échapper à la guerre ; 2°
d’
arrêter les Russes ; 3° de sauver notre économie, sans nous laisser co
389
happer à la guerre ; 2° d’arrêter les Russes ; 3°
de
sauver notre économie, sans nous laisser coloniser par l’Amérique. Ce
390
er coloniser par l’Amérique. Ce soir, je parlerai
d’
une 4e raison non moins urgente de créer l’Europe fédérée ; et c’est l
391
ir, je parlerai d’une 4e raison non moins urgente
de
créer l’Europe fédérée ; et c’est l’Allemagne, le problème allemand,
392
rématoires, où l’on poussait vivants des milliers
d’
hommes. Voici un peuple qui, par deux fois dans l’espace d’une générat
393
Voici un peuple qui, par deux fois dans l’espace
d’
une génération, a bouleversé l’Europe et menace, directement ou non, c
394
é l’Europe et menace, directement ou non, chacune
de
nos vies. Deux fois repoussé, battu à plate couture, va-t-il encore u
395
à plate couture, va-t-il encore une fois refuser
de
comprendre et d’assumer ses fautes et sa défaite ? On peut le craindr
396
va-t-il encore une fois refuser de comprendre et
d’
assumer ses fautes et sa défaite ? On peut le craindre. Après la Premi
397
listes et les grévistes qui lui ont donné le coup
de
poignard dans le dos ! — Après la Deuxième Guerre, un autre chef alle
398
mand qui a capitulé, mais c’est seulement l’armée
d’
Hitler. Vous le voyez, cela revient au même. M. Adenauer, tout comme H
399
t au même. M. Adenauer, tout comme Hitler, essaye
de
nier en partie la défaite ou d’en rejeter la faute sur d’autres : dan
400
me Hitler, essaye de nier en partie la défaite ou
d’
en rejeter la faute sur d’autres : dans les deux cas, on veut innocent
401
s grave, si possible, qu’elle ne l’était du temps
d’
Hitler. Car l’Allemagne vaincue et ruinée garde un atout considérable
402
er sur les divisions des Alliés, et par une sorte
de
chantage désespéré, menacer de se jeter dans les bras des Soviets, si
403
, et par une sorte de chantage désespéré, menacer
de
se jeter dans les bras des Soviets, si on ne lui donne pas un traitem
404
des Soviets, si on ne lui donne pas un traitement
de
faveur, qu’elle eût évidemment refusé à ses victimes. Tous les témoin
405
s une ville allemande que les Américains viennent
d’
occuper, le gouverneur réunit cent personnes qu’il a fait prendre au h
406
a plébiscité Hitler par cinq fois, à la majorité
de
99,5 % des voix. Il y avait donc des nazis, en Allemagne, et même en
407
grande quantité… Alors, le porte-parole du groupe
d’
Allemands se lève, interrompt l’Américain, et s’écrie : « Ce que vous
408
ec une telle facilité ? Que faire pour l’empêcher
de
sombrer demain dans un national-bolchévisme ? Et comment appuyer les
409
mis d’accord, à Washington, pour fixer le statut
de
l’Allemagne nouvelle. Ils ont décidé d’imposer le régime fédéral aux
410
le statut de l’Allemagne nouvelle. Ils ont décidé
d’
imposer le régime fédéral aux onze États ou länder allemands. Je ne sa
411
e ne sais s’il faut s’en réjouir, du point de vue
d’
un fédéralisme véritable. Il me semble au contraire que les Alliés vie
412
tre deux erreurs assez graves. La première, c’est
d’
avoir imposé aux Allemands une série de petites « rectifications de fr
413
ère, c’est d’avoir imposé aux Allemands une série
de
petites « rectifications de frontières », sans grand intérêt pour les
414
x Allemands une série de petites « rectifications
de
frontières », sans grand intérêt pour les Alliés, mais qui ont suffi
415
suffi à soulever en Allemagne une nouvelle vague
de
nationalisme. La seconde erreur, c’est d’essayer d’imposer de l’extér
416
e vague de nationalisme. La seconde erreur, c’est
d’
essayer d’imposer de l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit
417
nationalisme. La seconde erreur, c’est d’essayer
d’
imposer de l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit que le féd
418
sme. La seconde erreur, c’est d’essayer d’imposer
de
l’extérieur un régime fédéral. Car si l’on croit que le fédéralisme e
419
. Aussitôt, ils le détesteront. La seule solution
de
bon sens, c’est d’offrir aux Allemands un régime fédéral dans le cadr
420
détesteront. La seule solution de bon sens, c’est
d’
offrir aux Allemands un régime fédéral dans le cadre élargi d’une Euro
421
Allemands un régime fédéral dans le cadre élargi
d’
une Europe fédérée, d’une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le pe
422
édéral dans le cadre élargi d’une Europe fédérée,
d’
une Europe elle-même fédérale. Alors enfin le peuple allemand, traité
423
. Alors enfin le peuple allemand, traité sur pied
d’
égalité, aura sa chance de se relever sans devenir aussitôt dangereux.
424
lemand, traité sur pied d’égalité, aura sa chance
de
se relever sans devenir aussitôt dangereux. Avant la guerre, les Alle
425
lus grande douleur du monde ! Leur maladie, c’est
de
vouloir toujours se rendre spécialement intéressants. Pour les guérir
426
. Pour les guérir, il faut leur donner l’occasion
de
se conduire enfin comme tout le monde, et non plus comme un peuple ex
427
enthousiasmer les jeunes Allemands, c’est l’idée
de
l’Europe unie, c’est la fédération que nous voulons. Voilà pourquoi n
428
l’Allemagne soit reçue à l’Assemblée consultative
de
l’Europe, dès cet automne, sur pied d’égalité. Nous saurons, d’ici pe
429
nsultative de l’Europe, dès cet automne, sur pied
d’
égalité. Nous saurons, d’ici peu, si les gouvernements comprennent tou
430
si les gouvernements comprennent toute la portée
de
cette démarche, et s’ils verront la grandeur de l’enjeu : rendre une
431
e de cette démarche, et s’ils verront la grandeur
de
l’enjeu : rendre une Allemagne saine à l’Europe fédérée !
432
vril 1949) On nous avait promis un très bel œuf
de
Pâques pour cette année. On nous avait laissés entendre que les statu
433
e. On nous avait laissés entendre que les statuts
de
l’Assemblée européenne seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il
434
nés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau
de
faire coïncider l’annonce du renouveau européen avec la fête de la Ré
435
ider l’annonce du renouveau européen avec la fête
de
la Résurrection. Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh bien, si ce n’est
436
aire. La seule question qui se pose encore, c’est
de
savoir comment elle se fera. Peut-être n’est-il pas mauvais que la co
437
ueil aux propositions détaillées que les délégués
de
notre Mouvement lui soumettaient. Nous savons qu’elle les étudie. Pui
438
e. Puisse-t-elle se laisser inspirer par ce temps
de
Pâques et les vacances, et puisse-t-elle prendre non seulement son te
439
hier, dans mon jardin, tout en cherchant des œufs
de
Pâques avec mes enfants, et je me disais : tout dépend d’une seule ch
440
s avec mes enfants, et je me disais : tout dépend
d’
une seule chose, — l’avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout
441
isais : tout dépend d’une seule chose, — l’avenir
de
ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui
442
e seule chose, — l’avenir de ces enfants et celui
de
nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui est celle-ci : les homme
443
de ces enfants et celui de nos pays, tout dépend
d’
une seule chose, qui est celle-ci : les hommes d’État chargés de faire
444
ose, qui est celle-ci : les hommes d’État chargés
de
faire l’Europe auront-ils la vision nécessaire ? Il y a peu de grande
445
e souci des intérêts immédiats et surtout la peur
de
la guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’
446
la peur de la guerre nous empêchent trop souvent
de
voir loin, de voir grand, d’imaginer vraiment la paix, la paix vivant
447
guerre nous empêchent trop souvent de voir loin,
de
voir grand, d’imaginer vraiment la paix, la paix vivante et passionna
448
pêchent trop souvent de voir loin, de voir grand,
d’
imaginer vraiment la paix, la paix vivante et passionnante qui reste e
449
ionnante qui reste encore possible, et qui dépend
de
nous. Il y a très peu de grandes visions. J’en connais trois. Il y a
450
Il se promène ces jours-ci dans les rues et cafés
de
Paris, avec un gros livre sous le bras, quêtant la signature des amis
451
livre sous le bras, quêtant la signature des amis
de
la paix. Il a déchiré son passeport, et quelques écrivains lui ont do
452
port, et quelques écrivains lui ont donné l’appui
de
leurs noms célèbres, mais sans rien déchirer du tout. Il est sympathi
453
du tout. Il est sympathique et très pur. Il rêve
d’
une assemblée mondiale et d’un gouvernement unique pour toute la terre
454
et très pur. Il rêve d’une assemblée mondiale et
d’
un gouvernement unique pour toute la terre. Mais les Russes ont aussi
455
Mais les Russes ont aussi leur vision, leur idée
de
l’unité du monde sous les auspices du Kominform et de l’épuration per
456
’unité du monde sous les auspices du Kominform et
de
l’épuration permanente, — et ceci tue cela, ce n’est pas notre faute,
457
y Davis… Il y a enfin une troisième vision, celle
de
l’Europe fédérée. Elle est moins vaste, en vérité que celle du jeune
458
d’hui la vision du beau temps européen, la vision
d’
un printemps de l’Europe où les frontières et les barrières entre nos
459
du beau temps européen, la vision d’un printemps
de
l’Europe où les frontières et les barrières entre nos peuples fondrai
460
nos peuples fondraient comme neige sous le soleil
d’
avril. Imaginez ce grand jardin de l’Europe où vous pourriez circuler
461
sous le soleil d’avril. Imaginez ce grand jardin
de
l’Europe où vous pourriez circuler librement sans passeports ni visas
462
ement sans passeports ni visas, sans restrictions
de
devises, sans anxiétés mesquines, avec seulement votre curiosité pour
463
et si proches, — comme vous circulez aujourd’hui
d’
un canton à l’autre de la Suisse. Imaginez cette Europe grande ouverte
464
à ne faire la guerre à personne, mais à défendre
d’
un seul cœur son indépendance reconquise. Cette Europe inventant la pa
465
aix, l’imposant au besoin par la force tranquille
de
sa masse, de ses 300 millions d’habitants rassemblés, rendus par leur
466
nt au besoin par la force tranquille de sa masse,
de
ses 300 millions d’habitants rassemblés, rendus par leur union à une
467
force tranquille de sa masse, de ses 300 millions
d’
habitants rassemblés, rendus par leur union à une prospérité qui, selo
468
nomistes, pourrait multiplier par 3 les standards
de
la vie matérielle. Paix, liberté, prospérité, tels ont été les grands
469
berté, prospérité, tels ont été les grands motifs
de
toutes les confédérations qui ont vu le jour, au cours des siècles, e
470
ans. Si l’on a bien vu cet enjeu, la possibilité
de
le gagner, et la nécessité de le gagner d’urgence, non seulement pour
471
jeu, la possibilité de le gagner, et la nécessité
de
le gagner d’urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la
472
bilité de le gagner, et la nécessité de le gagner
d’
urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la paix du monde
473
s chicanes techniques et les experts. Tout dépend
de
la vision qu’ils en auront. Il n’est point d’ordre politique qui serv
474
end de la vision qu’ils en auront. Il n’est point
d’
ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès le départ pa
475
fascinante. L’Europe se fera, parce qu’une équipe
de
véritables résistants — ceux qui résistent à la fatalité — l’auront v
476
. Centre vents et marées, contre tous les experts
de
son époque, il se mit en route pour la joindre, et c’est ainsi qu’il
477
out simplement l’Europe, redécouverte à la faveur
de
son union ? Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeu
478
Demain l’Europe ! — L’union
de
l’Europe et l’Amérique (25 avril 1949) L’idée simple que, chaque lu
479
ix en sauvant son indépendance. Par la fédération
de
tous ses peuples, elle formera une troisième grande puissance, qui se
480
une troisième grande puissance, qui sera l’égale
de
la Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra
481
rande puissance, qui sera l’égale de la Russie ou
de
l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décup
482
ui sera l’égale de la Russie ou de l’Amérique. Et
de
la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décuplées, pour résiste
483
a Russie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun
de
nos pays verra ses forces décuplées, pour résister, d’une part, à la
484
l’Europe divisée court un double danger, du fait
de
la Russie et du fait de l’Amérique, il ne faudrait pas en conclure qu
485
un double danger, du fait de la Russie et du fait
de
l’Amérique, il ne faudrait pas en conclure que ces deux dangers sont
486
’en paroles. Le Kominform entretient, dans chacun
de
nos pays, un parti politique dont il dicte la ligne et qui s’oppose s
487
rs l’Europe y viennent ouvertement avec des plans
d’
union : le plan Marshall en est la preuve bien connue. Dans le domaine
488
all en est la preuve bien connue. Dans le domaine
de
la culture, la différence n’est pas moins frappante. À Moscou, on con
489
crimes dont on puisse les accuser, c’est le crime
d’
occidentalisme. À New York au contraire, on traduit et on joue de plus
490
Vous avez donc, d’une part, la Russie qui essaye
de
saboter notre union et qui se ferme à notre influence, — d’autre part
491
s que le plan Marshall est beaucoup moins un plan
d’
union et d’aide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Eur
492
an Marshall est beaucoup moins un plan d’union et
d’
aide économique, qu’une entreprise de colonisation de l’Europe par le
493
n d’union et d’aide économique, qu’une entreprise
de
colonisation de l’Europe par le dollar. Que vaut cet argument répété
494
ide économique, qu’une entreprise de colonisation
de
l’Europe par le dollar. Que vaut cet argument répété tous les jours d
495
union fédérative. Car il est beaucoup plus facile
de
régner sur un pays divisé que sur une nation bien unie. Les Russes ap
496
avent très bien que s’ils réussissent, ils feront
de
l’Europe leur plus grand concurrent. S’ils voulaient nous réduire en
497
en esclavage, je le répète, ils se contenteraient
d’
imiter la tactique des Russes, c’est-à-dire qu’ils tâcheraient de nous
498
tique des Russes, c’est-à-dire qu’ils tâcheraient
de
nous maintenir dans un état de division, donc de faiblesse, pour mieu
499
qu’ils tâcheraient de nous maintenir dans un état
de
division, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un
500
de nous maintenir dans un état de division, donc
de
faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un. Contre cette évi
501
division, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer
de
nos pays un à un. Contre cette évidence éclatante, tous les discours
502
ontre cette évidence éclatante, tous les discours
de
propagande restent sans force, pour les esprits honnêtes. Mais, dira-
503
-on, pourquoi les Américains désirent-ils l’union
de
l’Europe, si cette union doit leur créer une sérieuse concurrence éco
504
evraient soutenir indéfiniment par des injections
de
dollars, et qui, de plus, à cause de sa faiblesse, constituerait une
505
tation permanente pour les Russes, donc une cause
de
guerre. II y a quelques jours, à Paris, l’ambassadeur américain Caffe
506
tes français. Je tiens à vous citer quelques-unes
de
ses déclarations les plus franches et les plus nettes : Est-il exact
507
un fait… Les États-Unis souhaitent l’indépendance
de
l’Europe… J’insiste sur ce mot indépendance, car une idée assez répan
508
es Américains envisagent au contraire la création
d’
une Europe fédérale, comme l’aboutissement logique et nécessaire de la
509
rale, comme l’aboutissement logique et nécessaire
de
la coopération économique entre les États européens. Je ne prétendrai
510
soit totalement désintéressée, car la prospérité
de
l’Europe contribue à celle de l’Amérique. Les Américains et leur gouv
511
, car la prospérité de l’Europe contribue à celle
de
l’Amérique. Les Américains et leur gouvernement estiment que cette pr
512
par l’unité européenne. Ces déclarations venant
d’
un personnage aussi hautement autorisé que l’ambassadeur Caffery, sont
513
e Atlantique restera l’alliance dangereuse du pot
de
terre et du pot de fer. Secondement : c’est précisément la politique
514
a l’alliance dangereuse du pot de terre et du pot
de
fer. Secondement : c’est précisément la politique russe, la politiqu
515
usse, la politique du Kominform, qui tend à faire
de
l’Europe une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher
516
form, qui tend à faire de l’Europe une dépendance
de
l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher notre union. La volonté amé
517
une dépendance de l’Amérique, puisqu’elle essaye
d’
empêcher notre union. La volonté américaine est claire : toute l’Améri
518
, si tous les lundis soirs je reviens vous parler
de
l’Europe et des problèmes variés que pose son union, c’est parce que
519
e cette union fédérative est l’une des conditions
de
la paix, et sans doute sa première condition. Quand tout le monde aur
520
mpris cela, je me tairai ou bien je vous parlerai
de
littérature. Mais la question de la paix et de la guerre prime tout,
521
je vous parlerai de littérature. Mais la question
de
la paix et de la guerre prime tout, dans le monde d’aujourd’hui. Cour
522
ai de littérature. Mais la question de la paix et
de
la guerre prime tout, dans le monde d’aujourd’hui. Courons donc au pl
523
la paix et de la guerre prime tout, dans le monde
d’
aujourd’hui. Courons donc au plus pressé, et parlons de la paix. Ou pl
524
ourd’hui. Courons donc au plus pressé, et parlons
de
la paix. Ou plutôt non ! ne parlons pas de la paix — assez de congrès
525
arlons de la paix. Ou plutôt non ! ne parlons pas
de
la paix — assez de congrès bavardent à son sujet — mais essayons de f
526
Ou plutôt non ! ne parlons pas de la paix — assez
de
congrès bavardent à son sujet — mais essayons de faire quelque chose
527
de congrès bavardent à son sujet — mais essayons
de
faire quelque chose de précis pour l’établir. Pratiquement, je propos
528
son sujet — mais essayons de faire quelque chose
de
précis pour l’établir. Pratiquement, je propose de faire l’Europe. Ce
529
e précis pour l’établir. Pratiquement, je propose
de
faire l’Europe. Cette attitude me paraît claire et nette. Elle inquiè
530
ette. Elle inquiète, cependant, un certain nombre
de
personnes, dont je ne mets pas en doute l’entière bonne foi. Ces pers
531
bonne foi. Ces personnes ont la grande obligeance
de
m’apprendre qu’il existe un certain rideau de fer, que ce rideau coup
532
nce de m’apprendre qu’il existe un certain rideau
de
fer, que ce rideau coupe l’Europe en deux, et que, dans ces condition
533
eux, et que, dans ces conditions, toute tentative
de
fédérer l’Europe est vouée, dès le départ, à l’échec. Sur quoi d’autr
534
le départ, à l’échec. Sur quoi d’autres ajoutent,
d’
un ton excité, que la fédération européenne, loin d’être un élément de
535
un ton excité, que la fédération européenne, loin
d’
être un élément de paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre
536
la fédération européenne, loin d’être un élément
de
paix, ne serait en réalité qu’une machine de guerre, car, assurent ce
537
ment de paix, ne serait en réalité qu’une machine
de
guerre, car, assurent ces personnes : « Vous êtes en train de faire l
538
deux objections. Tout d’abord, est-il bien exact
d’
affirmer que le rideau de fer coupe notre Europe en deux, par le milie
539
abord, est-il bien exact d’affirmer que le rideau
de
fer coupe notre Europe en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffre
540
en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffres :
de
notre côté du rideau, nous sommes 300 millions. Du côté Est, 105 mill
541
ougoslaves et Tito pour la bonne mesure. Les pays
de
l’Est ne forment donc au plus qu’un quart de l’Europe. Habité en majo
542
pays de l’Est ne forment donc au plus qu’un quart
de
l’Europe. Habité en majorité par une population agraire, dont chacun
543
e vue politique et civique, comme au point de vue
de
l’industrie et de la culture. Ce qui ne signifie pas que nous devons
544
civique, comme au point de vue de l’industrie et
de
la culture. Ce qui ne signifie pas que nous devons la négliger, bien
545
le niveau de vie que par la quantité — la moitié
de
l’Europe. Ensuite, je rappellerai que ce n’est pas nous qui avons tir
546
. Et ce ne sont pas non plus les peuples des pays
de
l’Est. Mais ce sont les chefs staliniens, partout où ils ont pu s’emp
547
s ont pu s’emparer du pouvoir. S’ils ont jugé bon
d’
amputer notre Europe, provisoirement, d’un quart de sa population, ce
548
jugé bon d’amputer notre Europe, provisoirement,
d’
un quart de sa population, ce n’est pas une raison, bien au contraire,
549
’amputer notre Europe, provisoirement, d’un quart
de
sa population, ce n’est pas une raison, bien au contraire, pour que n
550
asserons tous. Il est donc vrai que la fédération
de
l’Europe est en partie une mesure de défense contre l’expansion russe
551
a fédération de l’Europe est en partie une mesure
de
défense contre l’expansion russe, ou plus exactement contre la dictat
552
un peu fort, c’est lorsqu’ils croient ou essayent
de
faire croire, que cette mesure de légitime défense cache un plan d’ag
553
ent ou essayent de faire croire, que cette mesure
de
légitime défense cache un plan d’agression contre l’URSS. Où est la v
554
ue cette mesure de légitime défense cache un plan
d’
agression contre l’URSS. Où est la vraisemblance d’une telle accusatio
555
’agression contre l’URSS. Où est la vraisemblance
d’
une telle accusation ? On se borne à la répéter, sans avancer l’ombre
556
? On se borne à la répéter, sans avancer l’ombre
d’
une preuve. Un auteur communiste m’écrivait l’autre jour qu’à son avis
557
la seule vraie fédération qui se soit constituée
de
nos jours, c’est celle qui groupe toutes les Russies dans la républiq
558
pour la guerre. Il est donc parfaitement inutile
de
poursuivre cette discussion, et de perdre à ces petits jeux-là un tem
559
tement inutile de poursuivre cette discussion, et
de
perdre à ces petits jeux-là un temps que l’on peut employer pour fair
560
usses et leurs communistes organisent des congrès
de
colombes, qu’ils y réclament la paix sur tous les tons, y compris le
561
ous n’y voyons aucun inconvénient. Qu’ils parlent
de
la paix, pourvu qu’ils nous la laissent ! L’Europe que nous voulons,
562
n’ont pas bonne conscience, qu’à ceux qui rêvent
de
nous forcer un jour à subir un régime policier dont nous n’avons ici
563
, n’ôte pas un fil ! » Le printemps n’a fait mine
d’
entrer, et le rideau de fer de se soulever à Berlin, que pour laisser
564
Le printemps n’a fait mine d’entrer, et le rideau
de
fer de se soulever à Berlin, que pour laisser passer un flot d’air fr
565
temps n’a fait mine d’entrer, et le rideau de fer
de
se soulever à Berlin, que pour laisser passer un flot d’air froid. Du
566
oulever à Berlin, que pour laisser passer un flot
d’
air froid. Durant la semaine qui vient, restons prudents. Cependant le
567
s, publiera les statuts du Conseil de l’Europe et
de
l’Assemblée consultative. À Berne, on reste calme, mais un peu plus c
568
suisse pour le Mouvement européen vient en effet
de
se constituer aujourd’hui même. Je vous en parlerai lundi prochain.
569
i 1949) Chers auditeurs ! Je vous parle ce soir
de
Paris, où j’ai participé, pendant trois jours, aux réunions du Comité
570
dant trois jours, aux réunions du Comité exécutif
de
notre grand Mouvement européen. Des comités, encore des comités ! va-
571
c’est du travail tout désintéressé, mais acharné,
de
ces comités-là, que vient de sortir un document majeur de notre histo
572
omités-là, que vient de sortir un document majeur
de
notre histoire : le Statut du Conseil de l’Europe, enregistré à Londr
573
an, exactement, que siégeait à La Haye le Congrès
de
l’Europe. La principale résolution qui fut votée par ce congrès deman
574
fut votée par ce congrès demandait la convocation
d’
un Parlement européen. En un peu moins d’un an, nous avons abouti. Le
575
vocation d’un Parlement européen. En un peu moins
d’
un an, nous avons abouti. Le premier objectif est atteint. Et ce n’est
576
pas sans émotion que je puis vous parler ce soir
de
ce premier aboutissement spectaculaire d’un long effort, poursuivi sa
577
ce soir de ce premier aboutissement spectaculaire
d’
un long effort, poursuivi sans relâche, contre vents et marées, par de
578
relâche, contre vents et marées, par des milliers
de
militants de tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux
579
re vents et marées, par des milliers de militants
de
tous les pays de l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le seront
580
s, par des milliers de militants de tous les pays
de
l’Europe, ceux qui sont libres et ceux qui le seront un jour, — ceux
581
nseil de l’Europe, dont les statuts viennent donc
d’
être signés à Londres par les ministres des Affaires étrangères de dix
582
Londres par les ministres des Affaires étrangères
de
dix pays démocratiques, ce n’est, je le répète, qu’un premier objecti
583
ète, qu’un premier objectif. Nous l’avons conquis
de
haute lutte, mais non sans pertes. Ce qui est acquis est bien acquis,
584
est bien acquis, ou, comme le disait la manchette
d’
un des grands journaux parisiens commentant cette date décisive : « Ce
585
ais ce qui est fait n’est pas encore la plénitude
de
ce qu’il faut faire et que nous voulons. Ce Conseil de l’Europe, déso
586
res doit siéger à huis clos, et il admet le droit
de
veto, puisque ses décisions ne seront prises qu’à l’unanimité des mem
587
, nommé par son gouvernement, défendra les droits
de
son État, et nous ne dépasserons pas le stade de la Ligue des Nations
588
de son État, et nous ne dépasserons pas le stade
de
la Ligue des Nations ou de l’ONU. Mais il y a l’Assemblée consultativ
589
passerons pas le stade de la Ligue des Nations ou
de
l’ONU. Mais il y a l’Assemblée consultative, et c’est là que le fédér
590
dans trois mois à Strasbourg. Elle sera composée
de
députés désignés par les parlements de douze pays, et choisis dans ce
591
a composée de députés désignés par les parlements
de
douze pays, et choisis dans ces parlements, mais aussi en dehors de l
592
es députés ne voteront pas au nom de leur pays ou
de
leur gouvernement, mais au nom de leur seule conviction personnelle d
593
mais au nom de leur seule conviction personnelle
de
citoyens européens. Et là, nous dépassons enfin le stade des intérêts
594
n le stade des intérêts nationalistes. Les débats
de
l’Assemblée seront publics. Les décisions de l’Assemblée, bien qu’ell
595
bats de l’Assemblée seront publics. Les décisions
de
l’Assemblée, bien qu’elles n’aient qu’une valeur consultative, retent
596
consultative, retentiront dans l’opinion publique
de
toute l’Europe, et seront largement conditionnées par elle. C’est dir
597
es par elle. C’est dire que la conscience commune
de
tous nos peuples, leur volonté commune de paix et de liberté, pourron
598
commune de tous nos peuples, leur volonté commune
de
paix et de liberté, pourront enfin se faire entendre au monde entier
599
tous nos peuples, leur volonté commune de paix et
de
liberté, pourront enfin se faire entendre au monde entier comme la vo
600
faire entendre au monde entier comme la voix même
d’
une renaissance européenne, d’une Troisième force, d’une force d’espér
601
comme la voix même d’une renaissance européenne,
d’
une Troisième force, d’une force d’espérance. Une ère nouvelle commenc
602
ne renaissance européenne, d’une Troisième force,
d’
une force d’espérance. Une ère nouvelle commence ici. Certes, nous vou
603
ce européenne, d’une Troisième force, d’une force
d’
espérance. Une ère nouvelle commence ici. Certes, nous voulons davanta
604
és : on nous accorde avec difficulté un Parlement
de
87 membres, c’est mesquin. Nous voulions que cette Assemblée puisse t
605
ions que cette Assemblée puisse traiter librement
de
toute question intéressant les citoyens européens : on lui interdit l
606
u’un corps consultatif. Notre idéal est donc loin
d’
être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir, de faire sonner les c
607
’être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir,
de
faire sonner les cloches dans toute l’Europe. Mais le son frêle et pu
608
hes dans toute l’Europe. Mais le son frêle et pur
d’
une petite cloche heureuse s’est fait entendre : c’est la voix de ce q
609
oche heureuse s’est fait entendre : c’est la voix
de
ce que Charles Péguy nommait « la petite espérance ». Sachez l’entend
610
l’accueillir en votre cœur. Elle ne cessera plus
de
tinter. Et c’est à vous, c’est à nous tous, à l’opinion de tous nos p
611
. Et c’est à vous, c’est à nous tous, à l’opinion
de
tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartie
612
t à nous tous, à l’opinion de tous nos peuples et
de
chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propa
613
ous, à l’opinion de tous nos peuples et de chacun
de
nous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propager l’espo
614
ous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais
de
propager l’espoir qui vient de naître. Seule, la pression constante d
615
qui vient de naître. Seule, la pression constante
de
l’opinion publique pourra forcer les résistances égoïstes, pourra pou
616
ici de par la volonté des peuples, et nous jurons
de
n’en sortir qu’une fois l’Europe entièrement fédérée ! C’est pour hât
617
nt fédérée ! C’est pour hâter la venue nécessaire
de
ce nouveau Serment du Jeu de paume que le Mouvement européen va mobil
618
la venue nécessaire de ce nouveau Serment du Jeu
de
paume que le Mouvement européen va mobiliser l’opinion. C’est donc av
619
hain, je puis vous annoncer l’élévation constante
de
la température européenne. Et notez-le, à Berlin, cette semaine, le r
620
. Et notez-le, à Berlin, cette semaine, le rideau
de
fer va s’entrouvrir, laissant passer une masse d’air chaud de l’Occid
621
de fer va s’entrouvrir, laissant passer une masse
d’
air chaud de l’Occident vers l’Est européen. Le beau temps vient ! Au
622
entrouvrir, laissant passer une masse d’air chaud
de
l’Occident vers l’Est européen. Le beau temps vient ! Au revoir, à lu
623
Chers auditeurs, Le Parlement européen a cessé
d’
être une utopie, je vous l’ai dit lundi dernier. Dans trois mois, à St
624
semblée consultative, désignée par les parlements
de
12 ou 13 pays européens, sera solennellement inaugurée. Elle rappelle
625
on pensera, dans le monde entier, que les nations
de
ce vieux continent sont en train d’imiter, avec un peu de retard, l’e
626
train d’imiter, avec un peu de retard, l’exemple
de
nos cantons suisses. Mais justement, à cette première Diète fédérale,
627
on, une question difficile et grave. À la demande
d’
un certain nombre d’auditeurs, tant en Suisse qu’en Belgique et en Fra
628
ficile et grave. À la demande d’un certain nombre
d’
auditeurs, tant en Suisse qu’en Belgique et en France, j’essaierai d’y
629
n Suisse qu’en Belgique et en France, j’essaierai
d’
y répondre ce soir et dans mes prochaines émissions. J’essaierai de vo
630
oir et dans mes prochaines émissions. J’essaierai
de
vous montrer comment l’exemple suisse — 100 ans de paix par la fédéra
631
e vous montrer comment l’exemple suisse — 100 ans
de
paix par la fédération — reste valable pour l’Europe actuelle. J’essa
632
reste valable pour l’Europe actuelle. J’essaierai
de
montrer aussi comment la Suisse devrait et peut participer à l’œuvre
633
nt la Suisse devrait et peut participer à l’œuvre
de
l’union continentale. Mais tout d’abord, ce soir, je voudrais vous pa
634
ord, ce soir, je voudrais vous parler du problème
de
la neutralité, puisque c’est la neutralité, précisément, qui empêche
635
la neutralité, précisément, qui empêche la Suisse
d’
être présente au premier Parlement de l’Europe. On a peine à comprendr
636
he la Suisse d’être présente au premier Parlement
de
l’Europe. On a peine à comprendre, à l’étranger, comment notre pays,
637
, comment notre pays, qui est le modèle classique
d’
une fédération réussie, n’entre pas avec enthousiasme dans ce premier
638
entre pas avec enthousiasme dans ce premier essai
d’
union. On sait bien que la neutralité interdit à la Suisse de conclure
639
sait bien que la neutralité interdit à la Suisse
de
conclure des alliances de caractère politique. Mais on pense que cett
640
té interdit à la Suisse de conclure des alliances
de
caractère politique. Mais on pense que cette neutralité est quelque c
641
s on pense que cette neutralité est quelque chose
de
périmé. Et l’on est bien souvent tenté de l’interpréter comme une att
642
e chose de périmé. Et l’on est bien souvent tenté
de
l’interpréter comme une attitude égoïste, comme un défaut d’esprit de
643
réter comme une attitude égoïste, comme un défaut
d’
esprit de solidarité. Après tout, la Suède et l’Irlande, qui elles aus
644
me une attitude égoïste, comme un défaut d’esprit
de
solidarité. Après tout, la Suède et l’Irlande, qui elles aussi se son
645
’obstinerait-elle à rester seule, quand il s’agit
d’
un effort unanime pour sauver l’Europe et la paix ? Je répondrai par u
646
u’à la Suisse elle-même. Au lendemain des guerres
de
Napoléon, les puissances réunies à Vienne déclarèrent que la neutrali
647
t que la neutralité suisse était « dans l’intérêt
de
l’Europe entière ». Elles obligèrent la Suisse à rester neutre et à d
648
ntinent, restât libre, et ne tombât pas aux mains
de
l’une ou l’autre des grandes nations voisines. Il est clair que la Su
649
er libres les cols des Alpes, si elle avait cessé
d’
être neutre. Car la Suisse est formée par 25 républiques, elle parle q
650
it fatalement disloquée. Par trois fois, en moins
de
cent ans, la guerre a éclaté entre Allemands et Français. Or la Suiss
651
gne et une France déjà réconciliées. Son rôle est
de
maintenir à n’importe quel prix cet exemple vivant, cette preuve irré
652
Ceci dit, on pourrait m’objecter que la situation
de
l’Europe a bien changé. Le danger immédiat n’est plus pour nous, dans
653
À cela, je répondrai qu’il n’y a qu’un seul moyen
de
prévenir la guerre des deux Grands : c’est de faire de l’Europe une T
654
yen de prévenir la guerre des deux Grands : c’est
de
faire de l’Europe une Troisième force, décidée à s’interposer. Or, ce
655
évenir la guerre des deux Grands : c’est de faire
de
l’Europe une Troisième force, décidée à s’interposer. Or, cette Europ
656
sons que la Suisse. Unie dans l’infinie diversité
de
ses peuples et de ses tendances, politiques et idéologiques, elle ne
657
. Unie dans l’infinie diversité de ses peuples et
de
ses tendances, politiques et idéologiques, elle ne pourra préserver s
658
r son union qu’à condition de refuser toute prise
de
parti belliqueuse. Car autrement, il est fatal que se déchaîne une gu
659
e guerre civile européenne, qui marquerait la fin
de
nos libertés et de notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormai
660
opéenne, qui marquerait la fin de nos libertés et
de
notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormais, paraît clair. So
661
de nos libertés et de notre civilisation. Le rôle
de
la Suisse, désormais, paraît clair. Solidement fédérée, neutre depuis
662
seule existence, la possibilité et les bienfaits
de
l’union fédérale dans la diversité. En persistant dans sa neutralité,
663
tte pour préserver au cœur du continent une image
de
l’avenir européen. Quand toute l’Europe se sera fédérée, quand elle s
664
Chers auditeurs, En vous parlant lundi dernier
de
la neutralité de notre pays dans le cadre d’une future neutralité occ
665
s, En vous parlant lundi dernier de la neutralité
de
notre pays dans le cadre d’une future neutralité occidentale, j’ai ab
666
nier de la neutralité de notre pays dans le cadre
d’
une future neutralité occidentale, j’ai abordé le sujet délicat, et qu
667
i deviendra de plus en plus brûlant, des rapports
de
la Suisse avec l’union européenne en formation. Aujourd’hui, je voudr
668
ion. Aujourd’hui, je voudrais souligner la valeur
de
l’exemple suisse pour les fédérateurs du continent. Personne au monde
669
ne songe à nier la réussite, sur tous les plans,
de
notre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans de paix intérieure
670
, sur tous les plans, de notre système fédéral et
de
nos méthodes. Cent ans de paix intérieure, politique et sociale, et l
671
otre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans
de
paix intérieure, politique et sociale, et l’état de prospérité de plu
672
paix intérieure, politique et sociale, et l’état
de
prospérité de plus en plus démocratique que l’étranger admire chez no
673
ez nous, voilà deux résultats qui nous dispensent
de
toute autre démonstration. La preuve est faite, en Suisse, que le féd
674
ver là. La fédération suisse, dit-on, a pris plus
de
500 ans pour se constituer. Si l’on veut en déduire qu’il faudrait à
675
veut en déduire qu’il faudrait à l’Europe autant
de
siècles pour se fédérer, je pense qu’on a doublement tort. Premièreme
676
ement, parce que les cantons suisses, à la veille
de
leur fédération, c’est-à-dire il y a 101 ans, n’étaient pas beaucoup
677
n’étaient pas beaucoup plus avancés dans la voie
de
l’union réelle, que ne le sont les 24 États qui composent l’Europe d’
678
ue ne le sont les 24 États qui composent l’Europe
d’
aujourd’hui. Et pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins d’un a
679
t pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins
d’
un an, comme vous le savez. La comparaison est frappante, entre cette
680
La comparaison est frappante, entre cette Suisse
d’
il y a cent ans et notre Europe en crise, et qui cherche à s’unir. Cer
681
ses vivaient depuis longtemps dans une communauté
de
fait : c’est aussi le cas de nos diverses nations. Ils avaient noué d
682
dans une communauté de fait : c’est aussi le cas
de
nos diverses nations. Ils avaient noué des alliances, qui pourtant n’
683
italien ou le romanche. Entre un paysan du canton
de
Zoug et un citadin de Genève, entre un patricien catholique de Lucern
684
. Entre un paysan du canton de Zoug et un citadin
de
Genève, entre un patricien catholique de Lucerne ou de Fribourg et un
685
citadin de Genève, entre un patricien catholique
de
Lucerne ou de Fribourg et un horloger socialiste des montagnes neuchâ
686
nève, entre un patricien catholique de Lucerne ou
de
Fribourg et un horloger socialiste des montagnes neuchâteloises, il y
687
inement — et il subsiste encore — au moins autant
de
différences qu’entre un pêcheur danois, un paysan italien, un mineur
688
paysan italien, un mineur belge, et un bourgeois
de
Londres ou de Paris. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et so
689
n, un mineur belge, et un bourgeois de Londres ou
de
Paris. Et pourtant, tous ces hommes se sont unis, et sont restés unis
690
et sont restés unis depuis cent ans. Le sentiment
d’
une commune patrie suisse n’était, en fait, pas beaucoup plus vivant a
691
x e siècle, que ne l’est aujourd’hui le sentiment
d’
une commune patrie européenne. Chacun de nos cantons s’attachait jalou
692
sentiment d’une commune patrie européenne. Chacun
de
nos cantons s’attachait jalousement à sa sacro-sainte souveraineté. L
693
o-sainte souveraineté. La preuve que le sentiment
d’
une patrie suisse n’existait guère, c’est qu’il fallut l’action persév
694
t guère, c’est qu’il fallut l’action persévérante
d’
un certain nombre de sociétés privées pour le faire naître, pour le pr
695
fallut l’action persévérante d’un certain nombre
de
sociétés privées pour le faire naître, pour le propager et l’illustre
696
é helvétique, les tirs fédéraux, les associations
d’
étudiants comme celle de Zofingue jouèrent alors un rôle comparable à
697
édéraux, les associations d’étudiants comme celle
de
Zofingue jouèrent alors un rôle comparable à celui de nos divers mouv
698
ofingue jouèrent alors un rôle comparable à celui
de
nos divers mouvements fédéralistes européens. Je mets en fait que les
699
arlerai dans ma prochaine chronique des problèmes
de
l’économie. Ce soir, je ne m’attacherai qu’aux ressemblances politiqu
700
qu’aux ressemblances politiques, entre la Suisse
d’
il y a cent ans, et notre Europe. En 1847, nos cantons n’étaient pas l
701
était la Diète fédérale. Cette Diète était formée
de
délégués des gouvernements cantonaux. C’était une sorte de société de
702
és des gouvernements cantonaux. C’était une sorte
de
société des cantons, analogue à la Société des Nations, ou à l’ONU. C
703
stes des États, au lieu de représenter la volonté
d’
union des peuples. Et c’est parce que la Diète des cantons souverains
704
pays, que les Suisses décidèrent il y a cent ans
de
créer un pouvoir central, un Conseil fédéral, et un vrai parlement. L
705
nseil fédéral, et un vrai parlement. L’expérience
de
leur dernière guerre civile leur suffisait : en quelques mois, ils ré
706
ne naquit. Comme vous le voyez, les circonstances
de
la Suisse jusqu’en 1847 se trouvaient correspondre, point par point,
707
correspondre, point par point, aux circonstances
de
l’Europe d’aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était un
708
e, point par point, aux circonstances de l’Europe
d’
aujourd’hui. Pourtant, un an plus tard, la Suisse était unie. Qu’on se
709
ait unie. Qu’on se le dise, à Strasbourg, au mois
d’
août, lorsque s’ouvrira la session de la première Diète de l’Europe !
710
urg, au mois d’août, lorsque s’ouvrira la session
de
la première Diète de l’Europe ! Qu’on ait le courage d’aller très vit
711
lorsque s’ouvrira la session de la première Diète
de
l’Europe ! Qu’on ait le courage d’aller très vite, comme les Suisses
712
première Diète de l’Europe ! Qu’on ait le courage
d’
aller très vite, comme les Suisses surent aller très vite il y a cent
713
suprême imprudence, ce serait aujourd’hui l’excès
de
prudence. Fédérons-nous d’abord, et rapidement ! Ensuite, une fois la
714
Ensuite, une fois la paix conquise, il sera temps
d’
imiter Berne, et sa méfiance des précipitations. Au revoir, à lundi en
715
Dans ma dernière chronique, j’ai comparé l’Europe
de
notre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse d’il y a 100 ans,
716
otre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse
d’
il y a 100 ans, divisée en 22 petits États souverains. Du point de vue
717
e, la ressemblance était frappante : même absence
d’
unité d’action dans les deux cas, même impuissance vis-à-vis des grand
718
ssemblance était frappante : même absence d’unité
d’
action dans les deux cas, même impuissance vis-à-vis des grands voisin
719
s cantons ne pouvaient plus défendre, et qu’aucun
de
nos pays européens ne pourrait aujourd’hui défendre sérieusement. Et
720
s. Si nous comparons maintenant l’état économique
de
nos cantons avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre Europe
721
cantons avant qu’ils se soient fédérés et l’état
de
notre Europe divisée, nous allons constater des ressemblances peut-êt
722
plus étonnantes. Quels sont les maux dont souffre
de
nos jours l’économie européenne ? Vous les connaissez tous, ils sont
723
ts. Nous avons en Europe 24 monnaies différentes,
de
valeurs inégales et constamment variables, qui transforment les opéra
724
forment les opérations commerciales en casse-tête
d’
arithmétique, où seuls les virtuoses du marché noir arrivent à se retr
725
’élèvent sans cesse, à tel point que la traversée
de
l’Europe devient une épuisante course d’obstacles. Nos marchés nation
726
raversée de l’Europe devient une épuisante course
d’
obstacles. Nos marchés nationaux, de plus en plus fermés, sont tous tr
727
modernisées, qui étouffent et se voient obligées
de
freiner secrètement la production. Il en résulte que le prix de la vi
728
rètement la production. Il en résulte que le prix
de
la vie ne cesse d’augmenter, et que le chômage devient une maladie ch
729
ion. Il en résulte que le prix de la vie ne cesse
d’
augmenter, et que le chômage devient une maladie chronique. Eh bien, n
730
actement. Il y avait alors en Suisse une douzaine
de
monnaies différentes. Il y avait des douanes intérieures, auxquelles
731
ous les 30 kilomètres. On comptait, en 1847, plus
de
400 taxes sur le trafic des marchandises à l’intérieur du pays ! On d
732
l’intérieur du pays ! On devait payer des droits
de
péage à l’entrée des cantons, et même parfois des communes. Le canton
733
férentes sur la route du Gothard, avec obligation
de
décharger chaque fois la marchandise pour la peser. L’essor de l’indu
734
chaque fois la marchandise pour la peser. L’essor
de
l’industrie naissante et du commerce se voyait freiné, brimé, et pres
735
mé, et presque paralysé, par toutes ces barrières
de
tarifs. Le chômage augmentait chaque année. Un canton regorgeait de b
736
age augmentait chaque année. Un canton regorgeait
de
blé, tandis que d’autres souffraient de la famine. Voici encore une c
737
egorgeait de blé, tandis que d’autres souffraient
de
la famine. Voici encore une comparaison très précise entre l’état de
738
encore une comparaison très précise entre l’état
de
la Suisse avant 1848 et l’état de l’Europe d’aujourd’hui. Un commerça
739
se entre l’état de la Suisse avant 1848 et l’état
de
l’Europe d’aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendr
740
tat de la Suisse avant 1848 et l’état de l’Europe
d’
aujourd’hui. Un commerçant de Saint-Gall qui voulait vendre ses produi
741
t l’état de l’Europe d’aujourd’hui. Un commerçant
de
Saint-Gall qui voulait vendre ses produits à Genève devait payer tant
742
de droits pour passer à travers une demi-douzaine
de
cantons, qu’il préférait les éviter en faisant un grand détour par l’
743
’Allemagne et la France. Il n’en va pas autrement
de
nos jours, pour le trafic européen. En effet, on a calculé qu’un comm
744
européen. En effet, on a calculé qu’un commerçant
de
Stockholm ou d’Oslo qui veut vendre ses produits à Madrid ou à Athène
745
et, on a calculé qu’un commerçant de Stockholm ou
d’
Oslo qui veut vendre ses produits à Madrid ou à Athènes aurait intérêt
746
passer par l’Amérique afin d’éviter une douzaine
de
barrages douaniers longs et coûteux, en traversant l’Europe. Tout le
747
épassaient toute mesure, et tout le monde le voit
de
nos jours. Cependant, les États s’obstinaient, et certains intérêts m
748
s à l’intérieur de la Suisse se faisaient traiter
de
doux rêveurs ou d’ignorants, comme ceux qui demandent la suppression
749
la Suisse se faisaient traiter de doux rêveurs ou
d’
ignorants, comme ceux qui demandent la suppression des douanes à l’int
750
s ! vous brûlez les étapes ! et si vous supprimez
d’
un coup les douanes et les péages, voici la liste des industries local
751
eront ruinées ! Or, que s’est-il passé ? En moins
d’
un an, les cantons suisses se sont unis, douanes et péages ont disparu
752
ne s’est produite. Au contraire, l’essor immédiat
de
l’industrie et du commerce nous a valu cent ans de prospérité. Tirons
753
e l’industrie et du commerce nous a valu cent ans
de
prospérité. Tirons maintenant la leçon de cette comparaison. La Suiss
754
ent ans de prospérité. Tirons maintenant la leçon
de
cette comparaison. La Suisse, en 1847, n’était pas plus avancée que l
755
ntières et des douanes. On répétait : surtout pas
de
précipitation ! Et pourtant, la fédération définitive de nos cantons
756
ipitation ! Et pourtant, la fédération définitive
de
nos cantons s’est faite en quelques mois, avec un plein succès. Perso
757
n fait historique. Les Suisses ont donc le devoir
de
dire à toute l’Europe : voici notre expérience, imitez-la ! Et nous t
758
périence, imitez-la ! Et nous tous, les Européens
de
tout pays, il est temps que nous disions à nos gouvernements : assez
759
emps que nous disions à nos gouvernements : assez
d’
absurdités, assez de petits calculs, renvoyez vos experts planter des
760
s à nos gouvernements : assez d’absurdités, assez
de
petits calculs, renvoyez vos experts planter des choux, si vous voule
761
ières chroniques ont été consacrées à la position
de
la Suisse par rapport aux projets d’union européenne. J’ai parlé de l
762
la position de la Suisse par rapport aux projets
d’
union européenne. J’ai parlé de la neutralité, que nous devons conserv
763
apport aux projets d’union européenne. J’ai parlé
de
la neutralité, que nous devons conserver dans l’intérêt de l’Europe.
764
tralité, que nous devons conserver dans l’intérêt
de
l’Europe. Et j’ai montré comment notre expérience fédéraliste peut se
765
comment notre expérience fédéraliste peut servir
de
modèle pour l’Europe de demain, tant au point de vue de l’économie qu
766
e fédéraliste peut servir de modèle pour l’Europe
de
demain, tant au point de vue de l’économie qu’à celui des institution
767
èle pour l’Europe de demain, tant au point de vue
de
l’économie qu’à celui des institutions politiques. Ces trois chroniqu
768
ons politiques. Ces trois chroniques ont provoqué
d’
intéressantes réactions, dans la presse en particulier. Je voudrais pa
769
e en particulier. Je voudrais parler tout d’abord
de
deux critiques qui ont été formulées. On m’a dit : vous semblez oubli
770
leur faveur le gros bon sens, et même une espèce
d’
évidence. Et cependant, si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit
771
e en un jour. Non, mais elle s’est faite en moins
d’
un an, entre le mois de février et le mois de septembre 1848, — le tem
772
elle s’est faite en moins d’un an, entre le mois
de
février et le mois de septembre 1848, — le temps qu’il a fallu pour d
773
oins d’un an, entre le mois de février et le mois
de
septembre 1848, — le temps qu’il a fallu pour décider la révision du
774
s qu’il a fallu pour décider la révision du Pacte
de
1815, pour écrire la Constitution fédérale, et pour la faire voter. B
775
s des siècles ; elles ont noué entre elles autant
d’
alliances qu’il y en avait jadis entre les cantons suisses. Elles sort
776
les cantons suisses. Elles sortent, elles aussi,
d’
une guerre civile européenne. Elles se voient, elles aussi, contrainte
777
péenne. Elles se voient, elles aussi, contraintes
de
se fédérer très rapidement, pour sauver leur indépendance économique
778
ur indépendance économique et politique. Au terme
de
plusieurs siècles de vains efforts, de tentatives manquées, d’erreurs
779
mique et politique. Au terme de plusieurs siècles
de
vains efforts, de tentatives manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 n
780
. Au terme de plusieurs siècles de vains efforts,
de
tentatives manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes
781
siècles de vains efforts, de tentatives manquées,
d’
erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes sont aujourd’hui dans l
782
a cent ans, était un peu plus grande que l’Europe
d’
aujourd’hui. Et je le prouve. Pour arriver dans la ville où siégeait l
783
Tessin ou des Grisons mettait deux ou trois jours
de
voyage. Pour arriver au Parlement de Strasbourg, cet été, un député g
784
trois jours de voyage. Pour arriver au Parlement
de
Strasbourg, cet été, un député grec ou suédois mettra moins d’un jour
785
, cet été, un député grec ou suédois mettra moins
d’
un jour. La rapidité des communications et des transports a rétréci l’
786
sports a rétréci l’Europe actuelle aux dimensions
de
la Suisse ancienne, et pratiquement, c’est cela qui compte. Il faut s
787
rappeler aussi que dans le monde du xx e siècle,
de
grands empires se constituent à l’Est et à l’Ouest de l’Europe, tout
788
rands empires se constituent à l’Est et à l’Ouest
de
l’Europe, tout comme il y a cent ans de grandes nations se constituai
789
à l’Ouest de l’Europe, tout comme il y a cent ans
de
grandes nations se constituaient au Nord et au Sud de la Suisse. Une
790
randes nations se constituaient au Nord et au Sud
de
la Suisse. Une certaine unité, de type fédératif, est donc, aujourd’h
791
Nord et au Sud de la Suisse. Une certaine unité,
de
type fédératif, est donc, aujourd’hui comme alors, et pour les mêmes
792
e alors, et pour les mêmes raisons, le seul moyen
de
rester indépendants. Il est temps que je résume les conclusions auxqu
793
uxquelles m’amène cet examen rapide des positions
de
la Suisse vis-à-vis de l’Europe. Premièrement, nous devons rester neu
794
est le but vers lequel doit tendre une fédération
de
l’Europe. Nous sommes déjà au but, pour notre part. Restons-y, l’arme
795
ous rejoignent. Secondement, nous avons le devoir
de
faire valoir notre expérience fédéraliste sur le plan élargi de l’Eur
796
r notre expérience fédéraliste sur le plan élargi
de
l’Europe. Il s’agit donc pour nous d’être présents dans les conseils
797
plan élargi de l’Europe. Il s’agit donc pour nous
d’
être présents dans les conseils européens, et même d’y être plus actif
798
tre présents dans les conseils européens, et même
d’
y être plus actifs que nos voisins. Et ceci dans notre intérêt comme d
799
se fera sans nous, et nous n’aurons pas le droit
de
nous plaindre si nous trouvons qu’elle est mal faite. Troisièmement,
800
r dans l’union européenne. Tout dépendra, demain,
de
notre opinion publique. Notre gouvernement ne fera rien sans elle. Ma
801
onstitué, et s’est mis au travail. Les présidents
de
nos 4 grands partis font partie de son comité. C’est dire qu’il repré
802
Les présidents de nos 4 grands partis font partie
de
son comité. C’est dire qu’il représente l’opinion suisse dans son ens
803
n suisse dans son ensemble. Sa première tâche est
de
réveiller cette opinion, et c’est aussi la tâche que je me suis donné
804
ous parler chaque lundi. Déjà, je puis me réjouir
de
certains résultats. Beaucoup de mes auditeurs m’ont fait savoir qu’il
805
ir qu’ils s’inscrivaient aux groupes fédéralistes
de
leur ville. Et la presse également nous appuie. Merci tout particuliè
806
Car si l’Europe ne se formait que dans le cerveau
de
quelques politiciens, elle ne serait qu’un chiffon de papier. Il faut
807
uelques politiciens, elle ne serait qu’un chiffon
de
papier. Il faut qu’elle naisse et qu’elle se forme dans les cœurs, au
808
’elle se forme dans les cœurs, aux vraies sources
de
l’espérance.
809
1949) Chers auditeurs, À propos de la Suisse et
de
l’Europe, je vous dirai ce soir un dernier mot, qui n’est pas le moin
810
ortant. Dans mes dernières chroniques, j’ai tâché
de
vous montrer pourquoi la Suisse, fédération neutre et armée, doit se
811
serve, provisoire, pendant que les autres peuples
de
l’Europe commencent ce qu’on pourrait appeler leur éducation fédérale
812
leur éducation fédérale. Mais je n’ai pas manqué
d’
insister sur la présence nécessaire de la Suisse dans l’œuvre de l’uni
813
pas manqué d’insister sur la présence nécessaire
de
la Suisse dans l’œuvre de l’union européenne, partout où nous le pouv
814
la présence nécessaire de la Suisse dans l’œuvre
de
l’union européenne, partout où nous le pouvons sans cesser d’être neu
815
uropéenne, partout où nous le pouvons sans cesser
d’
être neutres. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutr
816
res. Or il est un domaine où nous devons profiter
de
la neutralité pour agir sans réserve, et pour nous rattraper, si je p
817
rattraper, si je puis dire : ce domaine est celui
de
la culture et de la formation de l’opinion. Sous les auspices du Mouv
818
puis dire : ce domaine est celui de la culture et
de
la formation de l’opinion. Sous les auspices du Mouvement européen, u
819
omaine est celui de la culture et de la formation
de
l’opinion. Sous les auspices du Mouvement européen, un appel vient d’
820
es auspices du Mouvement européen, un appel vient
d’
être lancé pour que les Suisses prennent la part principale, financièr
821
utant que morale, dans la création, sur leur sol,
d’
un Centre européen de la culture. Certains d’entre vous se demanderont
822
ent faire ici, ce qu’elle peut faire pour l’union
de
l’Europe, qui paraît être une question politique ou économique avant
823
et c’est donc la culture qui doit montrer la voie
d’
une Europe rénovée par son union. Si l’on y réfléchit quelques instant
824
eurs européennes viennent de l’esprit, et non pas
de
la nature, ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce petit con
825
qui n’est en réalité qu’une péninsule déchiquetée
de
l’Asie, ait pu régner sur toute la terre, pendant des siècles ? Ce n’
826
physique : car l’Europe représente à peu près 4 %
de
la surface du globe. Ce n’était pas à cause de sa population : moins
827
. Ce n’était pas à cause de sa population : moins
d’
un sixième de celle de la Planète. Non, l’Europe a régné par sa cultur
828
pas à cause de sa population : moins d’un sixième
de
celle de la Planète. Non, l’Europe a régné par sa culture, qui, pour
829
se de sa population : moins d’un sixième de celle
de
la Planète. Non, l’Europe a régné par sa culture, qui, pour le bien c
830
e pour le mal, a créé ses richesses et sa science
de
la matière et de la vie ; ses machines, ses cités, et ses livres ; se
831
créé ses richesses et sa science de la matière et
de
la vie ; ses machines, ses cités, et ses livres ; ses procédés de con
832
machines, ses cités, et ses livres ; ses procédés
de
construction ou de transport, que tous imitent ; et enfin ses doctrin
833
, et ses livres ; ses procédés de construction ou
de
transport, que tous imitent ; et enfin ses doctrines politiques et re
834
terre, c’est donc bien grâce à sa culture, source
de
sa puissance matérielle et morale. Aujourd’hui, la puissance a changé
835
lle et morale. Aujourd’hui, la puissance a changé
de
camp. Elle est américaine ou russe. Naguère encore maîtresse de la Pl
836
libres, et créer des pouvoirs européens, capables
de
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Or
837
pouvoirs européens, capables de traiter sur pied
d’
égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Orient. Tels sont les
838
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs
de
l’Est et de l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche
839
pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et
de
l’Orient. Tels sont les buts que poursuivent sans relâche les pionnie
840
iers du Mouvement européen. Nous verrons, au mois
d’
août, le premier résultat de leur effort, lorsque s’ouvrira, à Strasbo
841
Nous verrons, au mois d’août, le premier résultat
de
leur effort, lorsque s’ouvrira, à Strasbourg, le Parlement consultati
842
s’ouvrira, à Strasbourg, le Parlement consultatif
de
13 nations. Mais toutes les constructions politiques et sociales, éco
843
tenues par un élan profond, par un espoir nouveau
de
tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce
844
r un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan
de
l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande arti
845
au contraire une véritable éducation du sentiment
de
notre communauté. Il existe, ce sentiment, et peut-être plus qu’on ne
846
et l’informer, lui donner une voix, et des moyens
d’
action. Telle est la tâche vitale que voudrait assurer le Centre europ
847
voir son siège en Suisse. Je le sais bien, ce mot
de
culture peut sembler vague ou légèrement suspect à bien des gens. Il
848
ect à bien des gens. Il peut faire croire aussi à
de
la théorie pure, à des activités académiques et distinguées, pour spé
849
que veut faire le Centre européen. Notre but est
de
coordonner les forces intellectuelles dispersées en Europe, et de leu
850
s forces intellectuelles dispersées en Europe, et
de
leur offrir une possibilité pratique de s’engager dans notre action c
851
urope, et de leur offrir une possibilité pratique
de
s’engager dans notre action commune. Notre but est de faire voir aux
852
’engager dans notre action commune. Notre but est
de
faire voir aux écrivains, artistes, savants, professeurs, hommes d’Ég
853
écrivains, artistes, savants, professeurs, hommes
d’
Églises, que la culture doit et peut faire sa part — une très grande p
854
en de la culture, cela ne relève ni du hasard, ni
de
considérations touristiques. Tant à Berne qu’au comité de notre Mouve
855
dérations touristiques. Tant à Berne qu’au comité
de
notre Mouvement européen, on a reconnu que le domaine culturel était
856
oncer à la neutralité, jouer le rôle qu’on attend
de
nous dans l’œuvre collective de la fédération. Rôle capital ! Car à m
857
rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective
de
la fédération. Rôle capital ! Car à mesure que se réalisent les objec
858
continent se dessine et prend corps, la nécessité
de
lui donner une âme passe au premier plan. Et c’est bien cela, c’est b
859
ons que les Suisses comprennent toute la grandeur
d’
une pareille tâche, et qu’elle leur offre une chance autant qu’une cha
860
fre une chance autant qu’une charge, — une chance
de
se montrer fidèles à leur mission en accueillant, soutenant et animan
861
n accueillant, soutenant et animant le foyer même
d’
une action historique, dont on a pu dire que le but était l’Europe hel
862
plus tard. Cette chronique sera donc la dernière
de
la saison, avant que je ne la reprenne, peut-être, au mois de septemb
863
, avant que je ne la reprenne, peut-être, au mois
de
septembre. Ce soir, je voudrais faire le point, vous dire en quelques
864
r la sauver pendant qu’on le peut encore. Au mois
de
mai de l’année dernière, rien n’était fait. Un seul homme travaillait
865
uver pendant qu’on le peut encore. Au mois de mai
de
l’année dernière, rien n’était fait. Un seul homme travaillait sérieu
866
me travaillait sérieusement à réveiller le besoin
d’
unité dans nos pays occidentaux, et c’était M. Vychinski. Il venait de
867
’était M. Vychinski. Il venait de réussir le coup
d’
État de Prague, et de provoquer dans toute l’Europe une vague d’indign
868
Il venait de réussir le coup d’État de Prague, et
de
provoquer dans toute l’Europe une vague d’indignation et de peur salu
869
ue, et de provoquer dans toute l’Europe une vague
d’
indignation et de peur salutaire. Vraiment, nous devons beaucoup à M.
870
er dans toute l’Europe une vague d’indignation et
de
peur salutaire. Vraiment, nous devons beaucoup à M. Vychinski : sans
871
beaucoup à M. Vychinski : sans lui, notre congrès
de
La Haye n’aurait jamais si bien marché. Mais quels que soient les tal
872
si bien marché. Mais quels que soient les talents
de
ce ministre, on ne pouvait pas s’en remettre à lui seul du soin de pe
873
n ne pouvait pas s’en remettre à lui seul du soin
de
persuader l’Europe entière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrè
874
tière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrès
de
La Haye demanda donc qu’une Assemblée européenne fût convoquée, comme
875
uropéenne fût convoquée, comme première condition
de
l’union. Bien peu croyaient la chose possible, à cette époque. On con
876
ée de l’Europe s’ouvrira, réunissant une douzaine
de
pays, appelant à elle tous ceux qui croient encore aux droits de l’ho
877
rreur, à la libre circulation plutôt qu’aux camps
de
concentration. Cette Assemblée consultative de l’Europe, je vous l’ai
878
ps de concentration. Cette Assemblée consultative
de
l’Europe, je vous l’ai dit lorsqu’elle fut décidée, ce n’est presque
879
mes nationaux. Ce sera beaucoup, ce sera le début
d’
une ère nouvelle pour toute l’Europe, si elle a le courage de se procl
880
ouvelle pour toute l’Europe, si elle a le courage
de
se proclamer Constituante, et de rédiger un pacte fédéral, que tous n
881
lle a le courage de se proclamer Constituante, et
de
rédiger un pacte fédéral, que tous nos peuples, ensuite, auront à rat
882
auront à ratifier. Tout dépend donc, maintenant,
de
l’opinion publique. Et c’est elle que le Mouvement européen va s’effo
883
’est elle que le Mouvement européen va s’efforcer
de
mobiliser. Car c’est un fait que la grande masse, le grand public eur
884
public européen, ne s’est pas encore rendu compte
de
l’importance de l’Assemblée. Souhaitons qu’il se réveille avant qu’il
885
ne s’est pas encore rendu compte de l’importance
de
l’Assemblée. Souhaitons qu’il se réveille avant qu’il soit trop tard
886
rée du plan Marshall. Quand l’Amérique aura cessé
de
nous aider, si nous ne sommes pas unis à ce moment-là, ce sera la rui
887
ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques
de
Staline1. Que pouvons-nous faire en deux ans ? Passons rapidement en
888
en deux ans ? Passons rapidement en revue l’état
de
nos forces fédéralistes dans les nations de l’Europe libre. Nous y tr
889
’état de nos forces fédéralistes dans les nations
de
l’Europe libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade de grands nom
890
pe libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade
de
grands noms, et d’autre part, des noyaux de militants, sans cesse cro
891
éiade de grands noms, et d’autre part, des noyaux
de
militants, sans cesse croissants. Prenons l’exemple de la France, qui
892
litants, sans cesse croissants. Prenons l’exemple
de
la France, qui se trouve être une fois de plus, à la tête du mouvemen
893
de plus, à la tête du mouvement novateur. L’appui
de
M. Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, s’est montré déc
894
gères, s’est montré décisif lors des négociations
de
l’Assemblée. Et dans nos comités européens, nous avons avec nous les
895
ons surtout le groupe des jeunes ministres sortis
de
la Résistance à la Libération : André Philip, Teitgen, Henri Frenay.
896
t devant eux, bien souvent — marchent les groupes
de
militants : fédéralistes, syndicalistes et catholiques. Et nous avons
897
nçais, un groupe fédéraliste qui compte déjà plus
de
150 députés. Parmi eux seront choisis les représentants français à l’
898
représentants français à l’Assemblée consultative
de
Strasbourg. Dans les autres pays, nous trouvons également à nos côtés
899
rchill et Macmillan, en Grande-Bretagne ; Sforza,
de
Gasperi et Saragat en Italie ; Spaak et van Zeeland en Belgique. Mais
900
elgique. Mais surtout, nous trouvons des milliers
de
jeunes hommes qui furent au 1er rang de la Résistance, tels que ce je
901
milliers de jeunes hommes qui furent au 1er rang
de
la Résistance, tels que ce jeune chef italien qui a fait 16 ans de pr
902
tels que ce jeune chef italien qui a fait 16 ans
de
prison et de camps sous le fascisme, ou ce jeune chef du mouvement en
903
jeune chef italien qui a fait 16 ans de prison et
de
camps sous le fascisme, ou ce jeune chef du mouvement en Allemagne, E
904
à Buchenwald. Ce sont des hommes qui ont le droit
de
parler, maintenant ! Ils ont payé le droit de revendiquer une Europe
905
oit de parler, maintenant ! Ils ont payé le droit
de
revendiquer une Europe libre, unie, libérée des cauchemars qui tourme
906
ici nos troupes, et vous le voyez, ce ne sont pas
de
piteux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-
907
us le voyez, ce ne sont pas de piteux idéalistes,
de
doux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-là, nous pouvons, nous
908
eux idéalistes, de doux rêveurs ! Avec des hommes
de
cette trempe-là, nous pouvons, nous devons réussir à faire l’Europe d
909
ous devons réussir à faire l’Europe dans le délai
de
grâce qui nous est accordé par le destin, — et par la générosité de l
910
est accordé par le destin, — et par la générosité
de
l’Amérique. Mais nous n’avons pas beaucoup de mois à perdre. La victo
911
victoire, c’est-à-dire la paix, dépend maintenant
de
la manière dont seront conduits les débats de Strasbourg. Suivez-les,
912
ant de la manière dont seront conduits les débats
de
Strasbourg. Suivez-les, dès le mois prochain, à la radio et dans la p
913
rs, mais alors seulement, les États seront forcés
de
la suivre. Je vous l’ai dit souvent, je vous le répète ce soir une de
914
poirs, par vos dons et par vos prières. Car c’est
de
votre paix, à vous personnellement, de votre liberté, et de celle de
915
Car c’est de votre paix, à vous personnellement,
de
votre liberté, et de celle de vos enfants, que je vous ai parlé, depu
916
aix, à vous personnellement, de votre liberté, et
de
celle de vos enfants, que je vous ai parlé, depuis des mois, en vous
917
us personnellement, de votre liberté, et de celle
de
vos enfants, que je vous ai parlé, depuis des mois, en vous appelant
918
ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques
de
Staline ».
919
urs, Nous vous retrouvons ce soir après deux mois
d’
interruption de cette chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel
920
retrouvons ce soir après deux mois d’interruption
de
cette chronique. L’été touche à sa fin. Ce fut un bel été, comme j’av
921
s prévisions du temps, — l’un des plus beaux étés
de
notre siècle, et peut-être le plus décisif, puisqu’il a vu naître, à
922
a vu naître, à Strasbourg, la première tentative
d’
union du continent. Voici l’automne déjà, voici le temps venu de faire
923
suis interrogé sur la nécessité ou l’opportunité
de
reprendre ces brèves causeries. On comprendra qu’il est bien difficil
924
prendra qu’il est bien difficile pour leur auteur
d’
en mesurer l’utilité. Je parle seul devant ce micro, et je ne puis que
925
e puis que vous imaginer. Les uns sont à la table
de
famille, on crie à l’un des gosses : « va mettre la radio » pour avoi
926
ou seulement à leur solitude. Je m’excuse auprès
d’
eux : je tombe peut-être mal. Sait-on jamais ? Un chroniqueur à la rad
927
tre quelques milliers… Dans le doute, j’ai choisi
de
ne pas m’abstenir, de continuer. Car la vie continue, et l’histoire c
928
Dans le doute, j’ai choisi de ne pas m’abstenir,
de
continuer. Car la vie continue, et l’histoire continue autour de nous
929
our de nous, une histoire qu’il nous faut essayer
de
comprendre, puisqu’elle se fait avec nos vies, et quelquefois à leurs
930
s, et quelquefois à leurs dépens, mais que chacun
de
nous, aussi, est capable d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en
931
pens, mais que chacun de nous, aussi, est capable
d’
influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus de l’opinion, et que l’
932
d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus
de
l’opinion, et que l’opinion, c’est vous, et vous, et vous encore, et
933
s foules ont à peine remarqué. Si je n’avais rien
d’
autre à faire dans ces chroniques que d’attirer votre attention sur ce
934
vais rien d’autre à faire dans ces chroniques que
d’
attirer votre attention sur cet événement capital, il vaudrait la pein
935
n sur cet événement capital, il vaudrait la peine
de
parler. Les historiens futurs s’étonneront certainement de l’indiffér
936
. Les historiens futurs s’étonneront certainement
de
l’indifférence relative avec laquelle fut accueilli le premier Parlem
937
avec laquelle fut accueilli le premier Parlement
de
l’Europe. Cette date, que tous nos petits-enfants apprendront à l’éco
938
aire, aura passé quasi inaperçue pour la majorité
de
nos contemporains. C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte d
939
e nos contemporains. C’est qu’il n’est pas facile
de
se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de
940
C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte
de
l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valm
941
st pas facile de se rendre compte de l’importance
de
ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée im
942
se rendre compte de l’importance de ce qu’on voit
de
près. Au soir de la bataille de Valmy, où l’armée improvisée des sans
943
de l’importance de ce qu’on voit de près. Au soir
de
la bataille de Valmy, où l’armée improvisée des sans-culottes venait
944
de ce qu’on voit de près. Au soir de la bataille
de
Valmy, où l’armée improvisée des sans-culottes venait de battre l’arm
945
ovisée des sans-culottes venait de battre l’armée
de
métier des Prussiens et des Autrichiens, Goethe notait dans son journ
946
s Autrichiens, Goethe notait dans son journal : «
De
ce lieu, de ce jour, sera datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là
947
s, Goethe notait dans son journal : « De ce lieu,
de
ce jour, sera datée une ère nouvelle… ». Mais, ce soir-là, il était l
948
Il y a près de 2000 ans qu’on la connaît. La mort
d’
un juif obscur, crucifié près de Jérusalem, a fait moins de bruit, en
949
obscur, crucifié près de Jérusalem, a fait moins
de
bruit, en son temps, que la visite de Bartali, coureur cycliste, au V
950
fait moins de bruit, en son temps, que la visite
de
Bartali, coureur cycliste, au Vatican. Il serait donc naïf de s’étonn
951
coureur cycliste, au Vatican. Il serait donc naïf
de
s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour de Suisse, aient damé
952
can. Il serait donc naïf de s’étonner que le Tour
de
France, suivi du Tour de Suisse, aient damé le pion de l’« actualité
953
de s’étonner que le Tour de France, suivi du Tour
de
Suisse, aient damé le pion de l’« actualité » à la première Assemblée
954
ance, suivi du Tour de Suisse, aient damé le pion
de
l’« actualité » à la première Assemblée de l’Europe, qui s’ouvrit à S
955
it à Strasbourg, le 10 août — en pleines vacances
de
l’opinion publique. Pourtant, les journalistes étaient présents. On d
956
étaient présents. On dit même qu’ils furent plus
de
500. Et bien d’autres ont jugé Strasbourg, dans les éditoriaux du mon
957
Strasbourg, dans les éditoriaux du monde entier,
d’
autant plus librement qu’ils n’y étaient pas allés. L’événement s’est
958
és. L’événement s’est donc vu noyé sous un déluge
de
clichés étonnamment contradictoires. J’en ai fait toute une collectio
959
os de Strasbourg, nos journaux ont parlé tantôt «
d’
assembleurs de nuées » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt
960
rg, nos journaux ont parlé tantôt « d’assembleurs
de
nuées » et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt de « festival
961
parlé tantôt « d’assembleurs de nuées » et tantôt
de
« mesures terre-à-terre » ; tantôt de « festival oratoire » et tantôt
962
» et tantôt de « mesures terre-à-terre » ; tantôt
de
« festival oratoire » et tantôt de « ternes discussions techniques »
963
rre » ; tantôt de « festival oratoire » et tantôt
de
« ternes discussions techniques » ; de « généreux idéalistes » ou au
964
et tantôt de « ternes discussions techniques » ;
de
« généreux idéalistes » ou au contraire de « politiciens combinards »
965
ou au contraire de « politiciens combinards » ; «
d’
utopies gratuites » ou de « manœuvres partisanes » ; de « précipitatio
966
ticiens combinards » ; « d’utopies gratuites » ou
de
« manœuvres partisanes » ; de « précipitation dangereuse » ou de « le
967
pies gratuites » ou de « manœuvres partisanes » ;
de
« précipitation dangereuse » ou de « lenteurs exaspérantes », — ou le
968
partisanes » ; de « précipitation dangereuse » ou
de
« lenteurs exaspérantes », — ou les deux à la fois souvent dans le mê
969
nne ne pourra déduire des centaines, des milliers
d’
articles qui ont paru à propos de Strasbourg, dans le monde entier. Un
970
e entier. Une seule conclusion générale se dégage
de
ce flot d’imprimés : tous les journaux semblent d’accord pour affirme
971
ne seule conclusion générale se dégage de ce flot
d’
imprimés : tous les journaux semblent d’accord pour affirmer que l’opi
972
méfions-nous, et cherchons ailleurs les éléments
d’
un jugement objectif. Que s’est-il passé à Strasbourg ? Il s’est passé
973
passé à Strasbourg ? Il s’est passé quelque chose
de
très neuf, quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis plus de 2000 ans
974
f, quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis plus
de
2000 ans que dure l’Europe, et c’est pourquoi la presse hésite à l’en
975
a presse hésite à l’enregistrer, et ne trouve pas
de
phrases toutes faites pour le décrire. On dirait qu’elle n’ose pas y
976
n’ose pas y croire… Pour moi qui ai vu Strasbourg
de
près, qui me suis trouvé mêlé à sa préparation, qui en connais le dét
977
hère, j’essaierai dans mes prochaines chroniques,
de
vous dire ce que fut l’événement, ce qu’il prépare pour notre avenir
978
par écrit, je répondrai. Et c’est dans cet espoir
d’
établir un dialogue avec ceux d’entre vous qui sentent le besoin d’agi
979
ogue avec ceux d’entre vous qui sentent le besoin
d’
agir, que je vous dis, chers auditeurs, au revoir, à lundi prochain.
980
t individuellement, soit en famille, à l’occasion
de
la reprise de cette chronique. Ces messages témoignent de l’intérêt c
981
ment, soit en famille, à l’occasion de la reprise
de
cette chronique. Ces messages témoignent de l’intérêt croissant qu’év
982
prise de cette chronique. Ces messages témoignent
de
l’intérêt croissant qu’éveille l’effort pour l’union de nos peuples,
983
ntérêt croissant qu’éveille l’effort pour l’union
de
nos peuples, tant en Suisse que dans les pays voisins. Et merci tout
984
autant pour vos questions. Je comptais commencer
d’
y répondre, dès aujourd’hui, et vous parler, en conséquence, des premi
985
ers résultats acquis par l’Assemblée consultative
de
Strasbourg. Mais deux événements importants se sont produits la semai
986
Europe dans son ensemble, et qu’il est nécessaire
de
commenter sans plus attendre, du point de vue de notre action fédéral
987
de commenter sans plus attendre, du point de vue
de
notre action fédéraliste. Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévalua
988
action fédéraliste. Vous avez deviné qu’il s’agit
de
la dévaluation de la livre anglaise, et de la bombe atomique fabriqué
989
. Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévaluation
de
la livre anglaise, et de la bombe atomique fabriquée par les Russes.
990
s’agit de la dévaluation de la livre anglaise, et
de
la bombe atomique fabriquée par les Russes. Au lendemain de la premiè
991
e atomique fabriquée par les Russes. Au lendemain
de
la première session de Strasbourg, devant le bilan positif de cette p
992
r les Russes. Au lendemain de la première session
de
Strasbourg, devant le bilan positif de cette première expérience, bea
993
re session de Strasbourg, devant le bilan positif
de
cette première expérience, beaucoup de gens ont pu croire que la part
994
à se tourner les pouces. Mais les deux événements
de
la semaine dernière arrivent à point pour nous rappeler, d’une part,
995
grave menace qui pèse sur nous tous, et l’urgence
d’
y répondre. La dévaluation britannique signifie : union difficile. La
996
annique signifie : union difficile. La possession
de
la bombe atomique par les Soviets signifie : union nécessaire. Je ne
997
là. Je ne saurais donc juger la valeur technique
de
l’opération monétaire décidée par les Anglais. Mais je puis dire ceci
998
les Anglais. Mais je puis dire ceci, sans crainte
de
me tromper : toute l’Europe vient d’être secouée par une mesure prise
999
sans crainte de me tromper : toute l’Europe vient
d’
être secouée par une mesure prise par un seul pays, lequel s’était gar
1000
sure prise par un seul pays, lequel s’était gardé
d’
avertir ses voisins. Ainsi la solidarité économique de toute l’Europe
1001
ertir ses voisins. Ainsi la solidarité économique
de
toute l’Europe bon gré mal gré, est démontrée d’une manière éclatante
1002
de toute l’Europe bon gré mal gré, est démontrée
d’
une manière éclatante quoique négative et coûteuse pour certains. Ceux
1003
s uns des autres. Et s’il plaît à un peuple isolé
de
se serrer encore plus la ceinture pour sauver son régime de travailli
1004
er encore plus la ceinture pour sauver son régime
de
travaillisme austère, nous voici tous forcés, dans toute l’Europe, de
1005
ère, nous voici tous forcés, dans toute l’Europe,
de
participer aux frais de l’opération, que cela nous plaise ou non. Eh
1006
cés, dans toute l’Europe, de participer aux frais
de
l’opération, que cela nous plaise ou non. Eh bien ! il est grand temp
1007
grand temps que cette solidarité économique cesse
d’
être purement négative, cesse d’être une solidarité dans la misère ou
1008
économique cesse d’être purement négative, cesse
d’
être une solidarité dans la misère ou dans les catastrophes seulement.
1009
astrophes seulement. Il faut désormais la vouloir
d’
une manière positive et pour le bien commun, c’est-à-dire qu’il faut l
1010
nos destins. Encore une fois, je n’ai pas à juger
de
la valeur en soi des décisions britanniques, mais j’ai à dire ceci :
1011
s ont été prises est scandaleuse, du point de vue
de
l’Europe en général. Que s’est-il passé en effet ? Sir Stafford Cripp
1012
eul pour Washington, s’est enfermé dans une salle
de
comité avec les experts américains, tandis que les représentants fran
1013
l’Europe solidaire et qui allait payer les frais
de
l’opération, je le répète, l’Europe était absente, personne ne parlai
1014
on nom. C’est à cela que Strasbourg doit remédier
d’
urgence, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis d’urgence. Car
1015
trasbourg doit remédier d’urgence, dans l’intérêt
de
chacun d’entre nous. Je dis d’urgence. Car on vient de nous apprendre
1016
ce, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis
d’
urgence. Car on vient de nous apprendre que les Russes, à leur tour, o
1017
que les Russes, à leur tour, ont trouvé le secret
de
la bombe atomique. On peut s’en réjouir, pour certaines raisons psych
1018
nes raisons psychologiques d’abord. La possession
de
la fameuse bombe peut en effet diminuer, chez les Russes, leur craint
1019
er, chez les Russes, leur crainte presque morbide
d’
être encerclés et vulnérables. Il y a là, si paradoxal que cela parais
1020
a là, si paradoxal que cela paraisse, un élément
de
détente dans la situation internationale. Beaucoup des réactions russ
1021
étaient inspirées jusqu’ici par une peur exagérée
de
la puissance américaine. Se sentant désormais plus forts, qu’avant, l
1022
ntre les Américains et les Russes également armés
de
la Bombe, voici l’Europe encore désunie, totalement désarmée, et tout
1023
nie, totalement désarmée, et toute prête à servir
de
champ clos pour le duel atomique des deux Grands, c’est-à-dire : prêt
1024
udents m’apparaissent désormais comme des rêveurs
de
la plus dangereuse espèce, des utopistes impénitents, ou d’irrémédiab
1025
dangereuse espèce, des utopistes impénitents, ou
d’
irrémédiables nigauds. Pour tous les autres, Strasbourg vient d’apport
1026
s nigauds. Pour tous les autres, Strasbourg vient
d’
apporter un message d’espoir et d’action. Nul ne l’a mieux dit que M.
1027
es autres, Strasbourg vient d’apporter un message
d’
espoir et d’action. Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président de
1028
trasbourg vient d’apporter un message d’espoir et
d’
action. Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président de l’Assemblée
1029
. Nul ne l’a mieux dit que M. Spaak, le président
de
l’Assemblée, lorsqu’il s’est écrié dans son discours final : « Je sui
1030
: « Je suis venu ici parce que j’étais convaincu
de
la nécessité des États-Unis d’Europe, je repars convaincu de leur pos
1031
sité des États-Unis d’Europe, je repars convaincu
de
leur possibilité. » Il me plaît de vous quitter ce soir sur ces parol
1032
pars convaincu de leur possibilité. » Il me plaît
de
vous quitter ce soir sur ces paroles, que je me réjouis de commenter
1033
uitter ce soir sur ces paroles, que je me réjouis
de
commenter et confirmer, lundi prochain : au revoir mes chers auditeur
1034
Demain l’Europe ! — « Êtes-vous satisfait
de
Strasbourg ? » (3 octobre 1949) Chers auditeurs, Les deux questions
1035
es, sont les suivantes : 1° « Êtes-vous satisfait
de
Strasbourg ? » 2° « Que devons-nous penser des résultats acquis ? » J
1036
en vous racontant ce que j’ai vu dans la capitale
de
l’Europe, pour vous permettre de juger vous-mêmes s’il y a vraiment u
1037
dans la capitale de l’Europe, pour vous permettre
de
juger vous-mêmes s’il y a vraiment un espoir neuf de ce côté-là. J’ai
1038
juger vous-mêmes s’il y a vraiment un espoir neuf
de
ce côté-là. J’ai vu d’abord une ville pavoisée comme pour un jour de
1039
vu d’abord une ville pavoisée comme pour un jour
de
grande victoire. Pas une maison, même dans les petites rues écartées,
1040
es rues écartées, qui n’arborât quelques drapeaux
de
nos pays, et surtout le drapeau de l’Europe, une grande lettre E, en
1041
lques drapeaux de nos pays, et surtout le drapeau
de
l’Europe, une grande lettre E, en vert, sur un fond blanc, — et cela
1042
es dialectes et son atmosphère, une grande partie
de
l’Europe occidentale. On s’y croit tantôt en Suisse et tantôt en Holl
1043
antôt en Allemagne, et l’on y est en France, pour
de
bon, cette fois-ci. Et puis, il y a les ruines, les pans de murs, les
1044
tte fois-ci. Et puis, il y a les ruines, les pans
de
murs, les églises détruites ici ou là qui nous rappellent à la réalit
1045
e n’y suis pas entré sans émotion : j’allais voir
de
mes yeux le premier résultat d’une action à laquelle, depuis quelques
1046
n : j’allais voir de mes yeux le premier résultat
d’
une action à laquelle, depuis quelques années, j’ai consacré mes jours
1047
elques années, j’ai consacré mes jours et pas mal
de
mes nuits. L’Assemblée ne siégeait que depuis une semaine, lors de ma
1048
ont les premiers mois, parfois les premiers jours
de
l’existence d’un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans
1049
s mois, parfois les premiers jours de l’existence
d’
un bébé qui décident de son avenir. Je suis entré dans cette aula, et
1050
miers jours de l’existence d’un bébé qui décident
de
son avenir. Je suis entré dans cette aula, et j’ai senti, après quelq
1051
oits vitaux. Churchill parlait, bonhomme et plein
d’
humour, regardant par-dessus ses lunettes, les deux mains plaquées sur
1052
son ventre, selon son geste coutumier. Il venait
d’
obtenir le droit, pour l’Assemblée, de fixer ses ordres du jour, sans
1053
. Il venait d’obtenir le droit, pour l’Assemblée,
de
fixer ses ordres du jour, sans demander l’avis du Conseil des ministr
1054
u Conseil des ministres. Il réclamait l’admission
de
l’Allemagne, et proposait une nouvelle réunion de l’Assemblée, pendan
1055
de l’Allemagne, et proposait une nouvelle réunion
de
l’Assemblée, pendant l’hiver. M. Spaak présidait avec rondeur, répliq
1056
M. Spaak présidait avec rondeur, réplique vivante
d’
un Churchill rajeuni. Et je reconnaissais dans l’Assemblée tant de vis
1057
sais dans l’Assemblée tant de visages bien connus
de
camarades de lutte, depuis deux ans, que je crus assister d’abord à u
1058
ssemblée tant de visages bien connus de camarades
de
lutte, depuis deux ans, que je crus assister d’abord à une sorte de c
1059
eux ans, que je crus assister d’abord à une sorte
de
comité élargi de notre Mouvement européen. À vrai dire, les deux tier
1060
rus assister d’abord à une sorte de comité élargi
de
notre Mouvement européen. À vrai dire, les deux tiers des députés, à
1061
ssemblée est portée, animée et nourrie par l’élan
de
nos militants, dans tous nos pays, par d’innombrables associations in
1062
l’élan de nos militants, dans tous nos pays, par
d’
innombrables associations indépendantes à la fois des partis, des rout
1063
ues et des gouvernements. Il y a là quelque chose
de
très neuf, quelque chose qui n’existait pas derrière la Ligue des Nat
1064
stait pas derrière la Ligue des Nations, un trait
d’
union vivant entre les peuples dans leur réalité humaine, et les offic
1065
qu’on a pu sentir à Strasbourg passer un souffle
de
grand air, une volonté d’action et de rénovation. Dans cette grande s
1066
bourg passer un souffle de grand air, une volonté
d’
action et de rénovation. Dans cette grande salle carrée, aux tentures
1067
un souffle de grand air, une volonté d’action et
de
rénovation. Dans cette grande salle carrée, aux tentures claires et d
1068
ette grande salle carrée, aux tentures claires et
d’
aspect très moderne, on avait réservé un hémicycle pour les cent déput
1069
te du parterre, entourait l’Assemblée, la serrait
de
près, et l’on peut y voir un symbole… Il y en avait bien d’autres. L’
1070
la Chambre française, mais chaque député parlait
de
sa place, comme à la Chambre des communes, et l’atmosphère était auss
1071
u’à notre Conseil national. Seulement, on parlait
de
l’Europe, de la famille européenne, pour la première fois dans l’hist
1072
seil national. Seulement, on parlait de l’Europe,
de
la famille européenne, pour la première fois dans l’histoire devenue
1073
s yeux, mais non, je ne rêvais pas : le Parlement
de
l’Europe existait, physiquement, malgré tous ceux qui nous disaient e
1074
ore l’hiver dernier, qu’il faudrait une vingtaine
d’
années pour mûrir ce projet d’utopie. Et certes, l’Assemblée consultat
1075
drait une vingtaine d’années pour mûrir ce projet
d’
utopie. Et certes, l’Assemblée consultative n’est pas encore dotée des
1076
elle fonctionne et rien ne pourra plus l’empêcher
de
conquérir, pas à pas, ces pouvoirs, jusqu’au jour où les peuples eux-
1077
sans doute. À la question : « Êtes-vous satisfait
de
Strasbourg ? » Je puis donc vous répondre oui, sans hésiter, parce qu
1078
ous répondre oui, sans hésiter, parce que j’ai vu
de
mes yeux ce Parlement, parce que j’ai senti qu’il existe autrement qu
1079
. C’est l’essentiel. C’est l’événement qui domine
de
haut notre année, c’est une actualité qui rayonnera longtemps. Et si
1080
Demain l’Europe ! — Les résultats
de
Strasbourg (10 octobre 1949) Chers auditeurs, Il est temps que j’en
1081
aux résultats acquis par l’Assemblée consultative
de
Strasbourg, à la fin de sa première session. Je voudrais vous en parl
1082
l’Assemblée consultative de Strasbourg, à la fin
de
sa première session. Je voudrais vous en parler sans trop de détails
1083
ère session. Je voudrais vous en parler sans trop
de
détails techniques, mais cependant, il est bon d’en donner quelques-u
1084
de détails techniques, mais cependant, il est bon
d’
en donner quelques-uns, pour vous faire entrevoir la nature et le nomb
1085
mblée, en quelques jours, a su montrer sa volonté
de
devenir un vrai parlement. En affirmant son autonomie à l’égard du Co
1086
ui représentait les États ; en prenant la liberté
de
fixer ses ordres du jour ; en habituant des hommes de pays et de part
1087
ixer ses ordres du jour ; en habituant des hommes
de
pays et de partis différents à repenser tous les problèmes du point d
1088
dres du jour ; en habituant des hommes de pays et
de
partis différents à repenser tous les problèmes du point de vue de l’
1089
nts à repenser tous les problèmes du point de vue
de
l’Europe en général, et non pas du point de vue de leur seule nation,
1090
e l’Europe en général, et non pas du point de vue
de
leur seule nation, l’Assemblée a ébauché l’image d’une communauté de
1091
leur seule nation, l’Assemblée a ébauché l’image
d’
une communauté de nos peuples par-dessus les frontières en dépit de le
1092
n, l’Assemblée a ébauché l’image d’une communauté
de
nos peuples par-dessus les frontières en dépit de leurs États. Elle s
1093
d comme un pouvoir législatif en puissance. Forte
de
ce succès, l’Assemblée a aussitôt proposé la création d’un pouvoir ju
1094
uccès, l’Assemblée a aussitôt proposé la création
d’
un pouvoir judiciaire européen. De quoi s’agissait-il ? De garantir le
1095
osé la création d’un pouvoir judiciaire européen.
De
quoi s’agissait-il ? De garantir les droits de chaque citoyen, vous o
1096
voir judiciaire européen. De quoi s’agissait-il ?
De
garantir les droits de chaque citoyen, vous ou moi, contre la toute-p
1097
n. De quoi s’agissait-il ? De garantir les droits
de
chaque citoyen, vous ou moi, contre la toute-puissance des États souv
1098
ute-puissance des États souverains. Il s’agissait
de
donner à chacun, vous ou moi, une possibilité de recours contre les i
1099
de donner à chacun, vous ou moi, une possibilité
de
recours contre les injustices commises au nom d’un gouvernement, ou a
1100
ujourd’hui. Il n’y a rien, aujourd’hui, au-dessus
de
l’État. Il faut donc créer une Cour des droits de l’homme, capable d’
1101
onc créer une Cour des droits de l’homme, capable
d’
intervenir dans chacun de nos pays pour y faire respecter les libertés
1102
oits de l’homme, capable d’intervenir dans chacun
de
nos pays pour y faire respecter les libertés fondamentales de chaque
1103
pour y faire respecter les libertés fondamentales
de
chaque personne. C’est un jeune député et ministre français, l’énergi
1104
i Teitgen, qui a présenté à l’Assemblée le projet
d’
une Cour suprême des droits de l’homme, tel que notre Mouvement europé
1105
erait pas qu’un citoyen anglais allât se plaindre
de
ses autorités devant une cour internationale. Pourtant, c’est bien à
1106
dent tous nos efforts : nous voulons qu’au-dessus
de
chacun de nos États, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de r
1107
nos efforts : nous voulons qu’au-dessus de chacun
de
nos États, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de réprimer le
1108
tats, un pouvoir fédéral indépendant soit capable
de
réprimer les abus qui seraient commis au nom de l’égoïsme national, o
1109
seraient commis au nom de l’égoïsme national, ou
de
la volonté de puissance d’un seul parti. Ce que nous voulons, c’est e
1110
is au nom de l’égoïsme national, ou de la volonté
de
puissance d’un seul parti. Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équ
1111
l’égoïsme national, ou de la volonté de puissance
d’
un seul parti. Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équivalent europ
1112
somme, l’équivalent européen du Tribunal fédéral
de
la Suisse. Dans le domaine économique, l’Assemblée a proposé un certa
1113
onomique, l’Assemblée a proposé un certain nombre
de
mesures tendant à la libre circulation des marchandises et des capita
1114
ope tout entière. Cette proposition a été traitée
de
« billevesée » par le même M. Dalton. On a compris les raisons de son
1115
» par le même M. Dalton. On a compris les raisons
de
son opposition, quelques jours plus tard, lorsqu’une délégation brita
1116
à Washington pour y négocier seule la dévaluation
de
la livre, au détriment du reste de l’Europe. Rien ne saurait mieux il
1117
la dévaluation de la livre, au détriment du reste
de
l’Europe. Rien ne saurait mieux illustrer l’urgence et la nécessité d
1118
saurait mieux illustrer l’urgence et la nécessité
de
l’union économique demandée par Strasbourg. Enfin, l’Assemblée a émis
1119
ssemblée a émis, à l’unanimité, un certain nombre
de
vœux pratiques tels que la création d’un Centre européen de la cultur
1120
ain nombre de vœux pratiques tels que la création
d’
un Centre européen de la culture (dont l’embryon existe à Genève) et l
1121
n existe à Genève) et la mise à l’étude immédiate
d’
un passeport européen. Ce ne sont là que des vœux, direz-vous. Oui, ce
1122
tes, mais ils sont appuyés par la volonté unanime
de
l’Assemblée consultative. Or celle-ci se compose de députés régulière
1123
l’Assemblée consultative. Or celle-ci se compose
de
députés régulièrement élus par douze parlements européens. La plupart
1124
opéens. La plupart de ces délégués sont les chefs
de
fractions politiques importantes. Il est donc probable qu’ils arriver
1125
urg. Vous voyez donc que malgré son titre modeste
d’
Assemblée consultative, le Parlement de Strasbourg peut devenir un ins
1126
re modeste d’Assemblée consultative, le Parlement
de
Strasbourg peut devenir un instrument très efficace d’unification de
1127
rasbourg peut devenir un instrument très efficace
d’
unification de l’Europe. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et
1128
devenir un instrument très efficace d’unification
de
l’Europe. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et de mesure, ne
1129
ope. Ce qu’il a fait, avec beaucoup de sérieux et
de
mesure, ne restera pas sans lendemain. Un dernier mot : presque toute
1130
servateurs américains qui assistaient aux travaux
de
l’Assemblée et qui ont pu voir notre Mouvement à l’œuvre dans les cou
1131
iait un jour devant moi : « J’ai été témoin, ici,
de
choses stupéfiantes pour nous autres Américains ! L’Assemblée existe,
1132
ankee, et par la seule action, presque invisible,
d’
un très petit nombre d’hommes qui ont su voir juste ! » Je lui ai dit
1133
action, presque invisible, d’un très petit nombre
d’
hommes qui ont su voir juste ! » Je lui ai dit : cher ami, en somme, v
1134
s, Depuis que j’ai repris cette chronique, en fin
d’
été, je vous ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui
1135
chronique, en fin d’été, je vous ai parlé surtout
de
l’Assemblée de Strasbourg, de ce qui s’est fait déjà au cours de sa p
1136
us ai parlé surtout de l’Assemblée de Strasbourg,
de
ce qui s’est fait déjà au cours de sa première session, mais aussi de
1137
action la crise anglaise entre autres. J’ai tâché
de
vous faire voir, en résumé, que l’union fédérale du continent est en
1138
bonne voie, que l’Assemblée de Strasbourg permet
de
grands espoirs, mais que l’attitude britannique, pour le moment, fait
1139
on. Tout cela met en jeu des forces politiques et
de
grands intérêts économiques sur lesquels nous ne pouvons rien. En un
1140
, et nos bonnes volontés ne trouvent pas le moyen
d’
entrer dans cette action, dont pourtant dépend notre avenir. Ce sentim
1141
, dont pourtant dépend notre avenir. Ce sentiment
d’
impuissance qui étreint les individus, devant l’évolution de monde, il
1142
nce qui étreint les individus, devant l’évolution
de
monde, il est bien caractéristique de notre siècle, d’un siècle qui a
1143
l’évolution de monde, il est bien caractéristique
de
notre siècle, d’un siècle qui a vécu deux guerres mondiales, que pers
1144
nde, il est bien caractéristique de notre siècle,
d’
un siècle qui a vécu deux guerres mondiales, que personne ne voulait e
1145
tous faites, ou subies. C’est contre ce sentiment
d’
impuissance, angoissant, mais aussi en partie illusoire, que je voudra
1146
ire, que je voudrais parler ce soir. Une question
d’
un de mes auditeurs de La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom d
1147
que je voudrais parler ce soir. Une question d’un
de
mes auditeurs de La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom de plu
1148
arler ce soir. Une question d’un de mes auditeurs
de
La Chaux-de-Fonds (M. Maire), écrivant au nom de plusieurs autres, m’
1149
-il, les simples pékins pour soutenir les efforts
de
ceux qui œuvrent pour l’Europe unie ? » Que pouvons-nous faire, chacu
1150
l’Europe unie ? » Que pouvons-nous faire, chacun
de
nous ? Oui, voilà bien la grande question, la vraie question humaine
1151
ien la grande question, la vraie question humaine
de
notre temps. Une question simple, élémentaire, mais qui va droit au f
1152
is qui va droit au fond des choses. Car il s’agit
de
savoir, aujourd’hui, si l’homme, l’individu, chacun de vous n’a plus
1153
voir, aujourd’hui, si l’homme, l’individu, chacun
de
vous n’a plus qu’à démissionner en attendant d’être réduit en poussiè
1154
n de vous n’a plus qu’à démissionner en attendant
d’
être réduit en poussière atomique, ou bien si, au contraire, il est en
1155
, ou bien si, au contraire, il est encore capable
de
reprendre en main son destin, de secouer les fatalités de guerre, de
1156
t encore capable de reprendre en main son destin,
de
secouer les fatalités de guerre, de misère et de honte, qui s’accumul
1157
ndre en main son destin, de secouer les fatalités
de
guerre, de misère et de honte, qui s’accumulent sur un proche horizon
1158
n son destin, de secouer les fatalités de guerre,
de
misère et de honte, qui s’accumulent sur un proche horizon. Que devon
1159
de secouer les fatalités de guerre, de misère et
de
honte, qui s’accumulent sur un proche horizon. Que devons-nous faire
1160
réveiller d’abord ! Car nous dormons, sur le bord
d’
un abîme. Et peu nombreux, encore, sont les « simples pékins » qui s’e
1161
us dormons à côté des bombes atomiques, des tubes
de
bactéries dont un seul (disait hier un savant canadien) peut faire mo
1162
peut faire mourir en une heure tous les habitants
d’
une grande ville d’Europe. Nous dormons sur le seuil d’une crise écono
1163
n une heure tous les habitants d’une grande ville
d’
Europe. Nous dormons sur le seuil d’une crise économique sans précéden
1164
grande ville d’Europe. Nous dormons sur le seuil
d’
une crise économique sans précédent. Nous dormons dans une Europe qui,
1165
ns ce péril ? Eh bien, on ne demande pas à chacun
de
vous de repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa pa
1166
ril ? Eh bien, on ne demande pas à chacun de vous
de
repenser le monde de fond en comble et de résoudre pour sa part tous
1167
demande pas à chacun de vous de repenser le monde
de
fond en comble et de résoudre pour sa part tous les grands problèmes
1168
de vous de repenser le monde de fond en comble et
de
résoudre pour sa part tous les grands problèmes du siècle. On demande
1169
s grands problèmes du siècle. On demande à chacun
de
vous simplement de sortir de son isolement, car c’est l’isolement qui
1170
du siècle. On demande à chacun de vous simplement
de
sortir de son isolement, car c’est l’isolement qui produit ce sentime
1171
On demande à chacun de vous simplement de sortir
de
son isolement, car c’est l’isolement qui produit ce sentiment d’impui
1172
t, car c’est l’isolement qui produit ce sentiment
d’
impuissance dont je parlais. On demande aux hommes qui veulent agir de
1173
e parlais. On demande aux hommes qui veulent agir
de
se grouper et d’être prêts. Comment le faire ? Voici quelques conseil
1174
ande aux hommes qui veulent agir de se grouper et
d’
être prêts. Comment le faire ? Voici quelques conseils pratiques. Dans
1175
onseils pratiques. Dans presque toutes nos villes
de
Suisse, il existe des sections de l’Union européenne des fédéralistes
1176
utes nos villes de Suisse, il existe des sections
de
l’Union européenne des fédéralistes, qui est une des branches du gran
1177
des branches du grand Mouvement européen. Chacun
de
vous peut écrire à la section locale de l’Union européenne. Chacun de
1178
n. Chacun de vous peut écrire à la section locale
de
l’Union européenne. Chacun de vous peut y entrer demain moyennant une
1179
à la section locale de l’Union européenne. Chacun
de
vous peut y entrer demain moyennant une petite cotisation annuelle. M
1180
ns cette Union européenne, qu’aurons-nous à faire
de
précis, de concret ? Allez-vous me dire. Deux choses. Tout d’abord, v
1181
ion européenne, qu’aurons-nous à faire de précis,
de
concret ? Allez-vous me dire. Deux choses. Tout d’abord, vous serez t
1182
choses. Tout d’abord, vous serez tenus au courant
de
l’action générale pour la fédération, et vous pourrez y faire entendr
1183
l’idée fédéraliste européenne, seul grand espoir
de
notre continent, vous aurez à recruter des adhérents, à distribuer de
1184
étiser les engagements qui furent pris au congrès
de
La Haye, il y a un an, par 800 Européens unanimes, militants ou minis
1185
vous relis le dernier paragraphe : Nous prenons
de
bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
1186
agraphe : Nous prenons de bonne foi l’engagement
d’
appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos pa
1187
Nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer
de
tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans
1188
t les gouvernements qui travaillent à cette œuvre
de
salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, po
1189
ent à cette œuvre de salut public, suprême chance
de
la paix et gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qu
1190
e salut public, suprême chance de la paix et gage
d’
un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront. À l
1191
, faites-la surtout adopter par la section locale
de
votre parti comme cela vient de se faire à Genève lundi dernier au Pa
1192
prononce publiquement en faveur de la fédération
de
nos peuples. Car une fois que tous les partis en auront ainsi décidé
1193
ans chaque pays, pour l’adoption du Pacte fédéral
de
l’Europe par un référendum de tous les peuples. Voici la route à suiv
1194
on du Pacte fédéral de l’Europe par un référendum
de
tous les peuples. Voici la route à suivre, elle est simple, entrez-y.
1195
n Europe, il est très tard. Mais il dépend encore
de
chacun de vous, chers auditeurs, qu’il ne soit pas trop tard. Avec vo
1196
il est très tard. Mais il dépend encore de chacun
de
vous, chers auditeurs, qu’il ne soit pas trop tard. Avec vous tous, p
1197
s gagnerons. Mais pas sans vous ! Pas sans chacun
de
vous ! Et non pas après-demain, mais demain. Car après-demain, sans v
1198
in. Car après-demain, sans vous, il n’y aura plus
d’
Europe, si nous dormons. Je vous parlerai la prochaine fois du rôle qu
1199
le commencement, entrez dans nos sections locales
de
notre Union européenne en Suisse. Cette causerie de lundi dernier m’a
1200
notre Union européenne en Suisse. Cette causerie
de
lundi dernier m’a valu deux séries de questions ? Les unes portant su
1201
te causerie de lundi dernier m’a valu deux séries
de
questions ? Les unes portant sur l’utilité générale d’une telle démar
1202
estions ? Les unes portant sur l’utilité générale
d’
une telle démarche, les autres plus immédiatement pratiques. Je vais y
1203
oses et, croyez-moi, cela n’empêchera ni la terre
de
tourner, ni la guerre d’arriver, ni la bombe de sauter. À cette quest
1204
n’empêchera ni la terre de tourner, ni la guerre
d’
arriver, ni la bombe de sauter. À cette question, où à ce scepticisme,
1205
e de tourner, ni la guerre d’arriver, ni la bombe
de
sauter. À cette question, où à ce scepticisme, je me contenterai de r
1206
question, où à ce scepticisme, je me contenterai
de
répondre par un chiffre. Je ne pense pas que nous soyons en Europe pl
1207
e. Je ne pense pas que nous soyons en Europe plus
de
150 000 militants de l’action pour unir nos peuples. Or, ces 150 000
1208
e nous soyons en Europe plus de 150 000 militants
de
l’action pour unir nos peuples. Or, ces 150 000 militants ont réussi
1209
es. Or, ces 150 000 militants ont réussi en moins
d’
un an un véritable tour de force historique. C’est à leur volonté et à
1210
nts ont réussi en moins d’un an un véritable tour
de
force historique. C’est à leur volonté et à leurs plans, c’est à leur
1211
réation du Conseil de l’Europe, et la convocation
de
l’Assemblée de Strasbourg, c’est-à-dire du premier parlement continen
1212
du premier parlement continental, après 2000 ans
de
divisions. Ce n’est pas si mal pour commencer et si 150 000 ont pu fa
1213
ont pas l’année prochaine 500 000 [ou] un million
de
militants ? Ceci dit, venons-en à vos questions pratiques. Beaucoup d
1214
écrit en substance : « C’est vraiment trop gentil
de
nous inviter, mais vous oubliez le principal, vous avez oublié l’adre
1215
, vous avez oublié l’adresse à laquelle il s’agit
de
se rendre. » À vrai dire, mes chers auditeurs, cet oubli n’était pas
1216
ment accidentel, tout d’abord, il m’est difficile
d’
utiliser les 6 minutes que le directeur de Radio-Genève, M. Dovaz, met
1217
fficile d’utiliser les 6 minutes que le directeur
de
Radio-Genève, M. Dovaz, met à ma disposition — d’utiliser ces 6 préci
1218
de Radio-Genève, M. Dovaz, met à ma disposition —
d’
utiliser ces 6 précieuses minutes pour vous lire mon carnet d’adresses
1219
es 6 précieuses minutes pour vous lire mon carnet
d’
adresses ! — car nous avons des groupes dans presque toutes les villes
1220
ns presque toutes les villes et grandes localités
de
la Suisse… Ensuite, je me suis dit qu’il n’était pas mauvais que ceux
1221
action le manifestent par un petit effort, celui
de
se renseigner par leurs propres moyens. Beaucoup l’ont fait. Certains
1222
t Steffan. Attendez ! Prenez un crayon et un bout
de
papier, voulez-vous, je vais répéter lentement : M. Ernest Steffan, S
1223
se postale 1833, Lausanne. M. Steffan est accablé
de
travail. Mais il vous répondra, je m’en porte garant, je le connais b
1224
donnera l’adresse du groupe fédéraliste européen
de
votre ville ou de votre région, et toutes informations souhaitables.
1225
du groupe fédéraliste européen de votre ville ou
de
votre région, et toutes informations souhaitables. Si par hasard, dan
1226
Si par hasard, dans votre ville, il n’existe pas
de
section de notre Union européenne, alors il est doublement urgent que
1227
ard, dans votre ville, il n’existe pas de section
de
notre Union européenne, alors il est doublement urgent que vous écriv
1228
r l’aider à devenir ce qu’il doit être : un foyer
de
civisme élargi, une cellule de l’Europe fédérale. Je vous l’ai dit lu
1229
it être : un foyer de civisme élargi, une cellule
de
l’Europe fédérale. Je vous l’ai dit lundi dernier et je le répète : c
1230
e vous offre l’Union européenne, c’est l’occasion
de
militer, dans vos milieux, pour une action réelle, qui a déjà démarré
1231
n’est pas un parti. Et c’est encore bien moins un
de
ces rassemblements de désespérés et de déracinés sociaux, disciplinés
1232
c’est encore bien moins un de ces rassemblements
de
désespérés et de déracinés sociaux, disciplinés à la schlague ou au k
1233
n moins un de ces rassemblements de désespérés et
de
déracinés sociaux, disciplinés à la schlague ou au knout, dressés pou
1234
ef brutal. Nous ne voulons pas former des troupes
de
choc ! Nous en avons assez des appels à la haine, naissant du désespo
1235
l’aggravant avec furie. Si je vous parle ce soir
de
militer, c’est dans un sens vraiment nouveau pour notre siècle. Nous
1236
t nouveau pour notre siècle. Nous ne voulons plus
de
soldats politiques, mais des citoyens alertés, prêts à parler, et prê
1237
s à parler, et prêts à exiger les moyens concrets
de
la paix, — c’est-à-dire la fédération, à bref délai, de tous les peup
1238
paix, — c’est-à-dire la fédération, à bref délai,
de
tous les peuples restés libres en Europe, 300 millions d’hommes et de
1239
les peuples restés libres en Europe, 300 millions
d’
hommes et de femmes qui ont subi les deux guerres et refusent la trois
1240
restés libres en Europe, 300 millions d’hommes et
de
femmes qui ont subi les deux guerres et refusent la troisième. Un ins
1241
l du Mouvement européen ? Savez-vous qu’au bureau
de
ce conseil siègent désormais les 4 présidents des partis socialiste,
1242
s n’en sommes pas un ! Et qu’il y a quelque chose
de
neuf, dans notre Suisse comme partout en Europe. Tout cela signifie,
1243
, que vous n’aurez jamais une plus belle occasion
d’
entrer dans un mouvement en plein essor, et d’agir selon vos moyens, à
1244
ion d’entrer dans un mouvement en plein essor, et
d’
agir selon vos moyens, à l’échelle quotidienne et dans votre milieu, p
1245
est peu de pays où l’opinion publique ait autant
de
pouvoir qu’en Suisse. Le Conseil fédéral, ni les Chambres, ne feront
1246
— le rôle des Suisses ? C’est à quoi j’essaierai
de
répondre au cours de mes prochaines causeries. Au revoir, mes chers a
1247
er sa réserve ? Doit-elle y persister, ou changer
d’
attitude ? Telles sont les délicates, mais pressantes questions qui se
1248
osent à nous désormais, et auxquelles j’essaierai
de
faire face, ce soir et d’autres fois encore, sans doute. Voyons les f
1249
ts. Le Conseil de l’Europe se compose aujourd’hui
de
13 États : Ce sont les 3 États scandinaves, les 3 États du Benelux, l
1250
de cet hiver. L’Autriche n’attend que son traité
de
paix, qui ne saurait longtemps tarder. Il ne restera donc, dans quelq
1251
Le Portugal, l’Espagne et la Suisse. Les raisons
de
l’abstention des États ibériques sont évidentes et bien connues. Il l
1252
et bien connues. Il leur est, en effet, difficile
de
souscrire à la Charte du Conseil de l’Europe, qui garantit, sans rest
1253
ment. Peut-elle donner une raison simple et nette
de
son absence au Parlement européen ? Vous allez dire Neutralité. Natur
1254
les choses comme elles sont : le fameux argument
de
notre neutralité, qui semble si frappant, ne vaut absolument rien. Ce
1255
et n’est pas une alliance militaire, la question
de
la neutralité n’est pas touchée par lui, n’est pas en cause. Rien, pa
1256
mot, dans le statut qui est, et doit rester celui
de
notre pays, rien dans notre statut de neutralité ne saurait justifier
1257
ester celui de notre pays, rien dans notre statut
de
neutralité ne saurait justifier notre absence à Strasbourg. Voilà le
1258
très complexe, et voilà bien pourquoi la position
de
la Suisse n’est pas des plus faciles à justifier, aux yeux de nos voi
1259
nde, et même des Suisses. Essayons, pour ce soir,
de
déblayer le terrain, d’énumérer les arguments. Une autre fois, je vou
1260
. Essayons, pour ce soir, de déblayer le terrain,
d’
énumérer les arguments. Une autre fois, je vous dirai mon choix. Il y
1261
rai mon choix. Il y a pour justifier l’abstention
de
la Suisse de bonnes et de mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mau
1262
. Il y a pour justifier l’abstention de la Suisse
de
bonnes et de mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mauvaises. Il y
1263
justifier l’abstention de la Suisse de bonnes et
de
mauvaises raisons. Je dirai d’abord les mauvaises. Il y a les gens qu
1264
p plus mal chez nos voisins. Nous sommes des gens
de
sens rassis, pacifiques et, ma foi, plutôt prospères ; pas tout à fai
1265
débrouiller, et poursuivons notre petit bonhomme
de
chemin. À quoi La Rochefoucauld répond : « C’est une grande folie que
1266
chefoucauld répond : « C’est une grande folie que
de
vouloir être sage tout seul. » Dans le cas présent, c’est surtout de
1267
e tout seul. » Dans le cas présent, c’est surtout
de
la sottise. Car il est évident que la Suisse, si l’Europe est ruinée,
1268
urope est ruinée, n’ira pas loin sur son bonhomme
de
chemin. Il y a les gens qui disent ; surtout, pas d’imprudences ; ou,
1269
chemin. Il y a les gens qui disent ; surtout, pas
d’
imprudences ; ou, comme à Berne : pas de précipitation ! Attendons de
1270
tout, pas d’imprudences ; ou, comme à Berne : pas
de
précipitation ! Attendons de voir un peu ce que ça donnera, cette esp
1271
comme à Berne : pas de précipitation ! Attendons
de
voir un peu ce que ça donnera, cette espèce de Conseil de l’Europe. Q
1272
ns de voir un peu ce que ça donnera, cette espèce
de
Conseil de l’Europe. Quand il aura bien fait ses preuves, on y entrer
1273
osaïques à souhait, en un mot : tout ce qu’il y a
de
sérieux… Dans le cas présent, ils sont plutôt cigales. Ils laissent l
1274
ailler, demandent à voir, critiquent, exigent, en
de
pompeux éditoriaux, jouent les sceptiques et les grands réalistes, et
1275
: « Eh bien, dansez, maintenant ! » À notre tour
de
faire sans vous ! Mais, il y a d’autre part, de bonnes raisons ou tou
1276
r de faire sans vous ! Mais, il y a d’autre part,
de
bonnes raisons ou tout au moins, des raisons honorables, qui justifie
1277
es, ne peut grouper que les nations démocratiques
de
l’Occident, qu’elles soient capitalistes ou socialistes, d’ailleurs,
1278
Encore faudrait-il dire clairement s’il s’agit là
de
grands principes ou de gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : somm
1279
clairement s’il s’agit là de grands principes ou
de
gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : sommes-nous vraiment tout à
1280
it neutres, entre l’URSS et les USA ? Notre genre
de
vie et nos goûts, nos libertés, notre civisme, n’auraient-ils pas déj
1281
e-t-on vraiment que l’un des camps nous saura gré
de
n’avoir pas voulu prendre parti ? Cela me paraît au moins douteux. Je
1282
mes. Lundi prochain, j’aborderai d’autres aspects
de
cette question brûlante. Et j’espère vous conduire non pas devant un
1283
conduire non pas devant un choix, mais à l’entrée
d’
une voie raisonnable et humaine, sans aucun esprit partisan. Au revoir
1284
lundi dernier, la question difficile et délicate
d’
une participation de la Suisse au Conseil de l’Europe. J’y reviendrai,
1285
uestion difficile et délicate d’une participation
de
la Suisse au Conseil de l’Europe. J’y reviendrai, c’est bien certain.
1286
en certain. Mais, ce soir, il me faut vous parler
d’
une évolution importante qui s’est manifestée pendant la semaine derni
1287
dans un très proche avenir. Il s’agit, en effet,
de
la première intervention officielle et pressante des Américains, en f
1288
et pressante des Américains, en faveur de l’union
de
l’Europe. C’est à l’occasion d’une session de l’Organisation européen
1289
faveur de l’union de l’Europe. C’est à l’occasion
d’
une session de l’Organisation européenne de coopération économique, l’
1290
ion de l’Europe. C’est à l’occasion d’une session
de
l’Organisation européenne de coopération économique, l’OECE — que l’o
1291
casion d’une session de l’Organisation européenne
de
coopération économique, l’OECE — que l’offensive américaine s’est déc
1292
Marshall, est venu prononcer devant les ministres
de
19 pays européens, un discours dont la portée dépasse largement celle
1293
s ce domaine. Je ne ferai pas l’analyse détaillée
de
ce discours : tous les journaux l’ont publié, et d’ailleurs il peut f
1294
clarté souhaitable, que si l’Europe ne décide pas
de
se fédérer dans un proche avenir, l’Amérique la laissera tomber. Quel
1295
ie, mais des plus fermes ? Pris en flagrant délit
d’
incapacité à s’unir — doublée d’une mauvaise volonté évidente de la pa
1296
en flagrant délit d’incapacité à s’unir — doublée
d’
une mauvaise volonté évidente de la part des Anglais — après des mois
1297
évidente de la part des Anglais — après des mois
de
tergiversations et de demi-mesures ou quart de mesures, les ministres
1298
es Anglais — après des mois de tergiversations et
de
demi-mesures ou quart de mesures, les ministres se sont empressés de
1299
is de tergiversations et de demi-mesures ou quart
de
mesures, les ministres se sont empressés de déclarer l’un après l’aut
1300
quart de mesures, les ministres se sont empressés
de
déclarer l’un après l’autre qu’ils étaient bien d’accord, qu’ils alla
1301
solutions, et l’OECE elle aussi, a pris une série
de
résolutions, dont voici la première : « Le Conseil de l’OECE reconnaî
1302
ésolutions, dont voici la première : « Le Conseil
de
l’OECE reconnaît la nécessité de créer un vaste marché unique en Euro
1303
e : « Le Conseil de l’OECE reconnaît la nécessité
de
créer un vaste marché unique en Europe, dans lequel les biens et serv
1304
mbent dans leurs mauvaises habitudes. Ils parlent
de
la nécessité d’aller bien lentement, par toutes petites étapes, et ce
1305
mauvaises habitudes. Ils parlent de la nécessité
d’
aller bien lentement, par toutes petites étapes, et cela veut dire qu’
1306
bien décidés à ne gêner personne, à ne pas exiger
de
trop grands sacrifices de la part des États. Ils acceptent de réduire
1307
ds sacrifices de la part des États. Ils acceptent
de
réduire les tarifs douaniers, oui certes, mais seulement si les exper
1308
es n’en souffrent pas trop. Bref, sous le couvert
de
formules prudentes et techniques, ils battent en retraite, ils recule
1309
ils reculent une fois de plus devant la nécessité
d’
une véritable révolution fédéraliste, d’une union réelle, rapide, comp
1310
nécessité d’une véritable révolution fédéraliste,
d’
une union réelle, rapide, complète, telle que la demandent les América
1311
les Américains, et telle que l’exigent avec plus
de
force les menaces de ruine qui pèsent sur notre continent. L’opinion
1312
elle que l’exigent avec plus de force les menaces
de
ruine qui pèsent sur notre continent. L’opinion américaine ne s’est p
1313
par leur oui hésitant, par ce oui aussitôt suivi
d’
un peut-être et d’une vingtaine de si. Car en réalité, et malgré tant
1314
tant, par ce oui aussitôt suivi d’un peut-être et
d’
une vingtaine de si. Car en réalité, et malgré tant de belles paroles
1315
aussitôt suivi d’un peut-être et d’une vingtaine
de
si. Car en réalité, et malgré tant de belles paroles officielles, que
1316
ent Paul Reynaud, à donner le spectacle grotesque
de
19 États dont chacun voudrait grimper sur le dos du voisin. Quand nou
1317
isin. Quand nous parlions, nous les fédéralistes,
de
la nécessité d’une union économique rapide et totale, les experts des
1318
parlions, nous les fédéralistes, de la nécessité
d’
une union économique rapide et totale, les experts des gouvernements n
1319
chiffres en main que c’était une utopie, une idée
d’
amateurs. Et voici qu’aujourd’hui c’est la plus grande puissance écono
1320
économique du monde, l’Amérique, — et par la voix
de
son expert numéro un, M. Hoffman, qui vient dire à nos États : « Les
1321
raison, ce sont eux qui montraient la seule voie
de
salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de
1322
salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués
de
vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de votre absence de vues
1323
Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs,
de
vos objections tatillonnes, de votre absence de vues larges et fermes
1324
s de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes,
de
votre absence de vues larges et fermes. Unissez-vous et vite, ou alor
1325
, de vos objections tatillonnes, de votre absence
de
vues larges et fermes. Unissez-vous et vite, ou alors débrouillez-vou
1326
iennent sur vous. » Il y a deux jours, un journal
de
Paris, et peut-être le plus sérieux, publiait en énorme manchette la
1327
cidentaux, les États-Unis proposeraient un projet
de
fédération européenne. » Et l’on annonçait que M. Acheson viendrait s
1328
te nouvelle y faisait sensation, dans les milieux
d’
affaires comme dans les milieux politiques. Et beaucoup de gens disaie
1329
t l’Europe qui a jadis, contribué à la libération
de
l’Amérique ; c’est la France en particulier qui a voulu, contre les A
1330
Rien, dans notre neutralité, n’empêche la Suisse
d’
entrer au Conseil de l’Europe. Rien, pas un mot, et pas un seul instan
1331
e vous disais récemment, pour le grand étonnement
de
plusieurs d’entre vous, et je le répète avec la plus vive insistance.
1332
seulement la neutralité n’interdit pas à ce pays
de
faire partie du Conseil de l’Europe, et d’envoyer des députés à l’Ass
1333
e pays de faire partie du Conseil de l’Europe, et
d’
envoyer des députés à l’Assemblée consultative, mais encore, la neutra
1334
sommes tous prêts à défendre, nous fait un devoir
de
paraître à Strasbourg, et d’y affirmer notre point de vue. Suis-je as
1335
nous fait un devoir de paraître à Strasbourg, et
d’
y affirmer notre point de vue. Suis-je assez clair ? Faut-il préciser
1336
out : la Suisse est neutre, elle est donc obligée
de
se tenir à l’écart pour le moment. Mais je vous dis, et je compte le
1337
té. C’est ce paradoxe apparent que je vais tenter
de
vous expliquer en cinq minutes. Plusieurs de nos journaux ont déjà ex
1338
nter de vous expliquer en cinq minutes. Plusieurs
de
nos journaux ont déjà exprimé, non sans mille précautions d’ailleurs,
1339
, et devrait même considérer avec prudence l’idée
de
s’en rapprocher, peut-être un jour ou l’autre, éventuellement, et pas
1340
e n’aime pas beaucoup cet argument, cette manière
de
courir lentement après les autres, à seule fin de n’être pas oubliés
1341
de courir lentement après les autres, à seule fin
de
n’être pas oubliés si jamais l’on partage le gâteau. À supposer que n
1342
on nous demandera sans doute d’autres raisons, et
de
notre arrivée tardive, et de notre désir d’être « dans le coup ». On
1343
d’autres raisons, et de notre arrivée tardive, et
de
notre désir d’être « dans le coup ». On nous demandera des raisons po
1344
s, et de notre arrivée tardive, et de notre désir
d’
être « dans le coup ». On nous demandera des raisons positives. On nou
1345
mi toutes les nations du continent : c’est l’idée
de
la neutralité, telle qu’elle la vit et l’a vécue depuis cent ans. Cet
1346
rop vrai — que la neutralité n’est qu’une manière
de
laisser les autres se battre, et d’amasser des bénéfices à leurs dépe
1347
u’une manière de laisser les autres se battre, et
d’
amasser des bénéfices à leurs dépens. Il faut prévoir que si nous appo
1348
Il faut prévoir que si nous apportons cette idée
de
neutralité, on commencera par nous répondre : — Merci, vous êtes vrai
1349
: ce que nous appelons neutralité, c’est le refus
de
considérer la guerre comme une solution praticable. Or vous êtes là,
1350
eurs, pour préparer la paix, pour créer une force
de
paix. Vous le savez bien, ni la Russie ni l’Amérique ne peuvent gagne
1351
détruire sans fin, on ne peut plus s’emparer que
de
ruines, de cadavres radioactifs. Un bébé mort par la bombe atomique p
1352
ans fin, on ne peut plus s’emparer que de ruines,
de
cadavres radioactifs. Un bébé mort par la bombe atomique peut faire m
1353
faiblesses pour en faire une grande force capable
de
dire aux deux camps : pas cela, pas votre guerre, ou pas ici ! Nous s
1354
e que l’Europe fédérée neutre et armée, cesserait
de
se sentir plus proche des uns que des autres. Pendant la dernière gue
1355
encore moins. Mais nous pensions servir la cause
de
la démocratie que nous aimons, en préservant pour notre part un îlot
1356
ous aimons, en préservant pour notre part un îlot
de
liberté contre la guerre, toujours dictatoriale, toujours totalitaire
1357
urs totalitaire. Agrandir cet îlot aux dimensions
de
l’Europe, ce serait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de
1358
ait servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir
de
nos enfants, — et du même coup servir les intérêts profonds des peupl
1359
ême coup servir les intérêts profonds des peuples
de
Russie et d’Amérique, en contribuant à empêcher leur guerre, qui sera
1360
ir les intérêts profonds des peuples de Russie et
d’
Amérique, en contribuant à empêcher leur guerre, qui serait leur perte
1361
t non pas en dépit de sa neutralité, mais à cause
d’
elle, — pour essayer d’en faire triompher le principe et de l’étendre
1362
a neutralité, mais à cause d’elle, — pour essayer
d’
en faire triompher le principe et de l’étendre à l’Europe entière. En
1363
pour essayer d’en faire triompher le principe et
de
l’étendre à l’Europe entière. En disant cela, nous serions à la fois
1364
sujet qui touche le plus les Suisses : je parlais
de
la neutralité. Et je soutenais ce paradoxe, qui dans le fond n’en est
1365
pas malgré sa séculaire neutralité, mais à cause
d’
elle, pour la faire triompher, si possible, sur le plan de l’Europe en
1366
pour la faire triompher, si possible, sur le plan
de
l’Europe entière. Ce point de vue m’a valu quelques approbations, mai
1367
point de vue m’a valu quelques approbations, mais
de
beaucoup plus nombreuses objections. Je ne puis y répondre en détail,
1368
s donc les grouper en deux classes, en m’excusant
de
simplifier les arguments de mes correspondants : je suis forcé de sim
1369
lasses, en m’excusant de simplifier les arguments
de
mes correspondants : je suis forcé de simplifier aussi les miens. Cer
1370
s arguments de mes correspondants : je suis forcé
de
simplifier aussi les miens. Certains me reprochent de sembler faire d
1371
implifier aussi les miens. Certains me reprochent
de
sembler faire de la neutralité un idéal, une sorte d’absolu, valable
1372
es miens. Certains me reprochent de sembler faire
de
la neutralité un idéal, une sorte d’absolu, valable en soi ; alors qu
1373
embler faire de la neutralité un idéal, une sorte
d’
absolu, valable en soi ; alors que la neutralité, disent-ils, n’est ri
1374
; alors que la neutralité, disent-ils, n’est rien
d’
autre qu’une politique, et qu’elle ne peut se justifier que par des co
1375
Je ne le suis pas non plus par idéal. Je parlais
d’
une mesure politique, qui me paraît opportune pour l’Europe, champ de
1376
isine ou à la salle à manger, à l’heure du souper
de
la famille. En interdisant aux deux grands l’accès de leur champ de b
1377
a famille. En interdisant aux deux grands l’accès
de
leur champ de bataille européen, en neutralisant toute l’Europe, nous
1378
eutralisant toute l’Europe, nous avons une chance
de
salut. Qu’on m’en montre une meilleure, et je veux bien avoir tort. M
1379
e désire s’associer au Conseil de l’Europe, c’est
d’
abandonner sa neutralité. Cet abandon ne serait pas un sacrifice offer
1380
e serait pas un sacrifice offert en contre-valeur
d’
avantages quelconques, mais un acte de foi en la nouvelle assemblée eu
1381
ntre-valeur d’avantages quelconques, mais un acte
de
foi en la nouvelle assemblée européenne. » Je suis heureux qu’il y ai
1382
ous des hommes qui pensent ainsi. Je suis heureux
de
découvrir des auditeurs qui vont plus loin que moi, qui veulent aller
1383
Et je serais le bon premier à m’associer à l’acte
de
foi qu’on nous propose ici. Mais je ne le crois pas politique. La pol
1384
rité du peuple suisse, qu’il consente un tel acte
de
foi, me paraît impossible dans le très court délai qui nous reste imp
1385
noncer à la neutralité nécessiterait une révision
de
la constitution fédérale. Cette révision nécessiterait un vote du peu
1386
e que pratiquement, si l’on subordonnait l’entrée
de
la Suisse dans le Conseil de l’Europe à l’abandon de notre neutralité
1387
la Suisse dans le Conseil de l’Europe à l’abandon
de
notre neutralité, nous n’irions jamais à Strasbourg. Or, il se trouve
1388
éalité, et je le répète, la Suisse n’a pas besoin
de
modifier un seul mot de son statut de neutralité pour pouvoir adhérer
1389
la Suisse n’a pas besoin de modifier un seul mot
de
son statut de neutralité pour pouvoir adhérer au Conseil de l’Europe,
1390
pas besoin de modifier un seul mot de son statut
de
neutralité pour pouvoir adhérer au Conseil de l’Europe, ce dernier, n
1391
bourg, tout de suite, sans condition, sans régime
de
faveur, mais qu’elle y aille avec l’intention nette de défendre devan
1392
veur, mais qu’elle y aille avec l’intention nette
de
défendre devant l’Assemblée l’idée de la neutralité européenne. Perso
1393
ntion nette de défendre devant l’Assemblée l’idée
de
la neutralité européenne. Personne ne peut savoir si nous réussirions
1394
sirions. Je vous le disais lundi dernier : l’idée
de
neutralité n’est pas bien vue chez la plupart de nos voisins. Nous au
1395
e nos voisins. Nous aurions à combattre une masse
de
préjugés, qui existent aussi chez nous, je ne le sais que trop. Et no
1396
ut, que la neutralité proposée n’est pas un idéal
de
bourgeois en pantoufles, mais une mesure de sagesse politique, une ch
1397
idéal de bourgeois en pantoufles, mais une mesure
de
sagesse politique, une chance au moins de sauver l’avenir de l’Europe
1398
mesure de sagesse politique, une chance au moins
de
sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou d’empêcher la guerre d
1399
politique, une chance au moins de sauver l’avenir
de
l’Europe, et de retarder ou d’empêcher la guerre des Blocs. Tenter ce
1400
hance au moins de sauver l’avenir de l’Europe, et
de
retarder ou d’empêcher la guerre des Blocs. Tenter cette chance, cour
1401
de sauver l’avenir de l’Europe, et de retarder ou
d’
empêcher la guerre des Blocs. Tenter cette chance, courir ce risque po
1402
e, courir ce risque pour la paix, me paraît digne
de
nos traditions, et parfaitement possible à bref délai. J’invite donc
1403
i. J’invite donc les fédéralistes qui font partie
de
notre mouvement à propager autour d’eux cette idée, préparant ainsi l
1404
font partie de notre mouvement à propager autour
d’
eux cette idée, préparant ainsi l’opinion pour l’entrée de la Suisse à
1405
tte idée, préparant ainsi l’opinion pour l’entrée
de
la Suisse à Strasbourg. L’opinion, j’y reviens toujours ! Car c’est e
1406
Demain l’Europe ! — Les suites
de
Strasbourg (28 novembre 1949) Chers auditeurs, Mes trois dernières
1407
ernières chroniques ont été consacrées à l’examen
de
la position de la Suisse à l’égard du Conseil de l’Europe. Il était s
1408
ques ont été consacrées à l’examen de la position
de
la Suisse à l’égard du Conseil de l’Europe. Il était sans doute néces
1409
nseil de l’Europe. Il était sans doute nécessaire
d’
aborder franchement cette question, et les lettres que j’ai reçues me
1410
nt, quel que soit l’intérêt — pour nous brûlant —
de
notre situation particulière — et je me permets de remarquer en passa
1411
e notre situation particulière — et je me permets
de
remarquer en passant que chacun de nos pays européens estime sa situa
1412
je me permets de remarquer en passant que chacun
de
nos pays européens estime sa situation particulière, et digne d’atten
1413
opéens estime sa situation particulière, et digne
d’
attentions spéciales ! — le monde a continué de tourner pendant ce tem
1414
ne d’attentions spéciales ! — le monde a continué
de
tourner pendant ce temps-là, et les événements de se suivre, et il es
1415
de tourner pendant ce temps-là, et les événements
de
se suivre, et il est temps, je crois, de résumer rapidement les dével
1416
énements de se suivre, et il est temps, je crois,
de
résumer rapidement les développements récents de notre aventure europ
1417
de résumer rapidement les développements récents
de
notre aventure européenne. Je ne sais si vous aurez remarqué qu’il n’
1418
si vous aurez remarqué qu’il n’est plus possible
d’
ouvrir un journal, depuis quelques semaines, sans y trouver un article
1419
ssemblée de Strasbourg. Je ne parle pas seulement
de
notre presse suisse, mais aussi de la presse française, britannique,
1420
pas seulement de notre presse suisse, mais aussi
de
la presse française, britannique, belge, allemande, et même de la pre
1421
française, britannique, belge, allemande, et même
de
la presse d’outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économiqu
1422
itannique, belge, allemande, et même de la presse
d’
outre-Atlantique. Qu’il soit question de l’aide économique américaine,
1423
la presse d’outre-Atlantique. Qu’il soit question
de
l’aide économique américaine, ou du problème allemand, ou de l’attitu
1424
conomique américaine, ou du problème allemand, ou
de
l’attitude si controversée des Britanniques, on a pris l’habitude de
1425
ntroversée des Britanniques, on a pris l’habitude
de
se référer à Strasbourg ; Strasbourg est devenu un point de repère, e
1426
rer à Strasbourg ; Strasbourg est devenu un point
de
repère, et je dirai même un symbole. J’entendais l’autre soir la radi
1427
o française annoncer que M. Robert Schuman venait
d’
interrompre les débats de politique étrangère, à la Chambre, pour décl
1428
M. Robert Schuman venait d’interrompre les débats
de
politique étrangère, à la Chambre, pour déclarer que son gouvernement
1429
ec l’Allemagne, était prêt à soutenir l’admission
de
ce pays dans le Conseil de l’Europe. Certes, la nouvelle était import
1430
, quoique prévue. Mais ce qui m’a frappé, c’était
de
constater que le Conseil de l’Europe est désormais devenu une pièce c
1431
ais devenu une pièce considérable sur l’échiquier
de
la politique des grandes nations, et que la chose a même l’air d’alle
1432
des grandes nations, et que la chose a même l’air
d’
aller de soi. Et pourtant, si je me reporte à notre congrès de La Haye
1433
oi. Et pourtant, si je me reporte à notre congrès
de
La Haye, il y a un an et demi, quel chemin parcouru ! Alors, les quel
1434
s quelques fédéralistes qui osaient lancer l’idée
d’
une Assemblée consultative et d’un Conseil de l’Europe, passaient pour
1435
ent lancer l’idée d’une Assemblée consultative et
d’
un Conseil de l’Europe, passaient pour des excités totalement dépourvu
1436
au mépris des méthodes éprouvées — nous disait-on
d’
un air pompeux et doctoral — vous allez compromettre une cause généreu
1437
irait pas bien loin si l’on en croyait la sagesse
de
certains éditorialistes, et leur goût des méthodes soi-disant « éprou
1438
ié, et la preuve : c’est que notre utopie du mois
de
mai 1948, le Conseil de l’Europe, existe bel et bien, et que l’Assemb
1439
s pratiques qu’on peut attendre des délibérations
de
Strasbourg ? La réponse n’est pas compliquée. Les suites pratiques ne
1440
gouvernements, l’Assemblée n’ayant pour le moment
d’
autre pouvoir que celui de proposer, tandis que les États disposent. O
1441
n’ayant pour le moment d’autre pouvoir que celui
de
proposer, tandis que les États disposent. Or les États se font tirer
1442
sont résignés à faire quelque chose dans le sens
d’
une union économique, au conseil de l’OECE, lorsque M. Hoffman, direct
1443
e dans le sens d’une union économique, au conseil
de
l’OECE, lorsque M. Hoffman, directeur du plan Marshall, les y a ferme
1444
fait est là : presque toutes les recommandations
de
l’Assemblée de Strasbourg ont été soit refusées par les 13 ministres,
1445
les 13 ministres, soit renvoyées pour supplément
d’
études à divers organismes plus ou moins somnolents, ou mal disposés.
1446
omité des ministres s’est opposé à la convocation
de
commissions permanentes de l’Assemblée, travaillant entre les session
1447
pposé à la convocation de commissions permanentes
de
l’Assemblée, travaillant entre les sessions. Mais la riposte de l’Ass
1448
, travaillant entre les sessions. Mais la riposte
de
l’Assemblée ne s’est pas fait attendre. Au lendemain de la publicatio
1449
ssemblée ne s’est pas fait attendre. Au lendemain
de
la publication des décisions toutes négatives du du comité ministérie
1450
il est le président. Et la commission permanente
de
l’Assemblée, qu’anime et préside M. Spaak, a fait entendre qu’elle ne
1451
vetos des 13 ministres. C’est donc à une épreuve
de
force entre l’Assemblée et le Comité des ministres que nous assistons
1452
nera parce qu’elle aura, de plus en plus, l’appui
de
l’opinion publique européenne. Vous le voyez : j’en reviens toujours
1453
ujours à l’opinion, car c’est la force principale
de
nos libres démocraties. Et si je n’y croyais pas, je ne vous parlerai
1454
us voulons l’Europe unie ! » C’est à la formation
de
cette opinion, et au réveil du sentiment européen que les fédéraliste
1455
du Mouvement européen, une Conférence européenne
de
la culture. Je vous dirai, lundi prochain, comment cette manifestatio
1456
, comment cette manifestation peut contribuer, et
d’
une manière peut-être décisive, au réveil nécessaire de la conscience
1457
manière peut-être décisive, au réveil nécessaire
de
la conscience européenne. Et je vous dirai les deux ou trois raisons
1458
précises qui font que je suis certain qu’au mois
de
décembre, on parlera dans le monde entier de ce qui sera dit et décid
1459
mois de décembre, on parlera dans le monde entier
de
ce qui sera dit et décidé dans la capitale vaudoise. Au revoir, à lun
1460
Demain l’Europe ! — La Conférence européenne
de
la culture (5 décembre 1949) Chers auditeurs, Dans trois jours, à L
1461
s, à Lausanne, s’ouvrira la Conférence européenne
de
la culture. Ce n’est pas un congrès de plus. C’est une étape bien déf
1462
ans, notre Mouvement européen. Nous avions décidé
d’
agir dans 4 domaines différents. Politiquement, nous avons obtenu un p
1463
domaine économique, nous avons convoqué, au mois
d’
avril dernier, une Conférence d’experts à Londres. Dans le domaine soc
1464
convoqué, au mois d’avril dernier, une Conférence
d’
experts à Londres. Dans le domaine social, nous préparons avec les che
1465
vec les chefs des syndicats patronaux et ouvriers
de
toute l’Europe, un congrès qui aura lieu à Rome. Restait le domaine d
1466
congrès qui aura lieu à Rome. Restait le domaine
de
la culture. C’est à Lausanne que nous avons choisi de réunir une conf
1467
a culture. C’est à Lausanne que nous avons choisi
de
réunir une conférence qui doit donner aux intellectuels de 20 pays le
1468
une conférence qui doit donner aux intellectuels
de
20 pays le signal de la lutte pour l’Europe fédérée. Vous vous direz
1469
oit donner aux intellectuels de 20 pays le signal
de
la lutte pour l’Europe fédérée. Vous vous direz sans doute que la cul
1470
vous intéresse tous, directement, dans la réalité
de
chacune de vos vies. Car la culture, au sens européen, ce n’est pas s
1471
sse tous, directement, dans la réalité de chacune
de
vos vies. Car la culture, au sens européen, ce n’est pas seulement le
1472
s et les professeurs, c’est aussi tout l’ensemble
de
nos techniques, des découvertes scientifiques dont vivent des million
1473
écouvertes scientifiques dont vivent des millions
d’
ouvriers, des procédés de construction et de transport, des progrès de
1474
dont vivent des millions d’ouvriers, des procédés
de
construction et de transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseig
1475
lions d’ouvriers, des procédés de construction et
de
transport, des progrès de l’hygiène et de l’enseignement. C’est enfin
1476
édés de construction et de transport, des progrès
de
l’hygiène et de l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos
1477
tion et de transport, des progrès de l’hygiène et
de
l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos richesses, de no
1478
de l’enseignement. C’est enfin la source directe
de
nos richesses, de nos institutions, de tout ce qui a fait du continen
1479
. C’est enfin la source directe de nos richesses,
de
nos institutions, de tout ce qui a fait du continent européen autre c
1480
ce directe de nos richesses, de nos institutions,
de
tout ce qui a fait du continent européen autre chose qu’un « cap de l
1481
tériellement, ce qu’il serait resté sans l’esprit
d’
invention et sans la foi et sans le génie des hommes qui ont édifié no
1482
ont vains si l’Europe ne retrouve pas une volonté
de
vivre, de guérir, et de rassembler à cette fin ses énergies morales e
1483
si l’Europe ne retrouve pas une volonté de vivre,
de
guérir, et de rassembler à cette fin ses énergies morales et intellec
1484
retrouve pas une volonté de vivre, de guérir, et
de
rassembler à cette fin ses énergies morales et intellectuelles. Révei
1485
conscience commune des pays libres, le sentiment
de
notre commune appartenance à une culture qui a fait notre grandeur, e
1486
tre grandeur, et qui reste pour nous le sens même
de
la vie, voilà la condition première, sine qua non, de toute renaissan
1487
a vie, voilà la condition première, sine qua non,
de
toute renaissance européenne. Tandis que s’esquissent à Strasbourg le
1488
e s’esquissent à Strasbourg les cadres politiques
d’
une Europe fédérée, il est grand temps de définir le sens humain et sp
1489
litiques d’une Europe fédérée, il est grand temps
de
définir le sens humain et spirituel de cette action, la vocation part
1490
rand temps de définir le sens humain et spirituel
de
cette action, la vocation particulière, dans le monde moderne, de not
1491
la vocation particulière, dans le monde moderne,
de
notre communauté européenne. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaie
1492
nne. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaierons
de
dire, en termes simples et frappants, simples et clairs comme un cri
1493
ples et frappants, simples et clairs comme un cri
de
ralliement, simples et clairs comme un feu dans la nuit. Ce n’est pas
1494
un feu dans la nuit. Ce n’est pas tout. Ce signal
de
réveil lancé au monde de la culture doit entraîner immédiatement une
1495
’est pas tout. Ce signal de réveil lancé au monde
de
la culture doit entraîner immédiatement une volonté d’action commune.
1496
culture doit entraîner immédiatement une volonté
d’
action commune. Pratiquement, que faut-il attendre de Lausanne ? Un si
1497
ction commune. Pratiquement, que faut-il attendre
de
Lausanne ? Un simple rappel des misères et des périls qui nous menace
1498
ous savez qu’aujourd’hui, en Europe, des dizaines
de
barrières douanières s’opposent à la circulation des instruments de c
1499
ières s’opposent à la circulation des instruments
de
culture et des personnes, des livres et des étudiants, des films, des
1500
iants, des films, des œuvres d’art, des appareils
de
sciences. Nous demanderons aux gouvernements de supprimer toutes les
1501
s de sciences. Nous demanderons aux gouvernements
de
supprimer toutes les entraves, héritage honteux de la guerre. Nous de
1502
e supprimer toutes les entraves, héritage honteux
de
la guerre. Nous demanderons aussi l’institution d’un Centre européen
1503
e la guerre. Nous demanderons aussi l’institution
d’
un Centre européen de la culture, — qui existe en germe à Genève, mais
1504
es du continent donnent un enseignement européen,
de
l’université jusqu’aux écoles primaires — afin que dans l’esprit des
1505
l’esprit des jeunes et des enfants, le sentiment
de
la grande famille que nous formons, en dépit de nos frontières, devie
1506
bruit dans le monde. L’un des plus grands esprits
de
notre temps, l’égal d’Einstein, si j’en crois les savants, le prince
1507
un des plus grands esprits de notre temps, l’égal
d’
Einstein, si j’en crois les savants, le prince Louis de Broglie, prix
1508
s savants, le prince Louis de Broglie, prix Nobel
de
physique, proposera au congrès la création d’un Centre européen des r
1509
bel de physique, proposera au congrès la création
d’
un Centre européen des recherches atomiques, consacré uniquement à des
1510
buts pacifiques, à la médecine, au développement
de
l’industrie. Aucun de nos pays n’est assez riche pour entretenir un p
1511
médecine, au développement de l’industrie. Aucun
de
nos pays n’est assez riche pour entretenir un pareil centre de puissa
1512
’est assez riche pour entretenir un pareil centre
de
puissance, mais tous ensemble fédérés, nous y arriverons. Et l’Europe
1513
ici, chers auditeurs, ce que nous devons attendre
de
la conférence de Lausanne. Il y aura des discours, bien sûr : M. Ette
1514
urs, ce que nous devons attendre de la conférence
de
Lausanne. Il y aura des discours, bien sûr : M. Etter, Conseiller féd
1515
iront le congrès, jeudi, le 8 décembre au Théâtre
de
Lausanne. Mais il y aura surtout pendant 5 jours, le travail en commu
1516
ura surtout pendant 5 jours, le travail en commun
de
200 hommes de science, professeurs, écrivains, éducateurs, pour mettr
1517
ndant 5 jours, le travail en commun de 200 hommes
de
science, professeurs, écrivains, éducateurs, pour mettre au point que
1518
’Europe, et les gouvernements, même les plus durs
d’
oreille, seront forcés cette fois d’écouter et d’entendre. Soyons fier
1519
les plus durs d’oreille, seront forcés cette fois
d’
écouter et d’entendre. Soyons fiers que la Suisse accueille ce beau co
1520
d’oreille, seront forcés cette fois d’écouter et
d’
entendre. Soyons fiers que la Suisse accueille ce beau congrès de la c
1521
ons fiers que la Suisse accueille ce beau congrès
de
la conscience européenne. Et merci à tous les Lausannois qui ont donn
1522
arer cette manifestation, permettant à notre pays
de
prendre sa part, la plus noble, dans la renaissance du continent. Au
1523
, ce soir, des résultats pratiques auxquels vient
d’
aboutir le congrès de la culture, à Lausanne. Certes, ces résultats so
1524
ats pratiques auxquels vient d’aboutir le congrès
de
la culture, à Lausanne. Certes, ces résultats sont importants. Ils on
1525
mblé l’attente des organisateurs. Mais plutôt que
de
les énumérer en termes nécessairement techniques ou trop rapides, j’a
1526
le moment où, l’une après l’autre, les décisions
de
Lausanne se traduiront en faits, en institutions établies. Aujourd’hu
1527
plus directement humain : celui du pessimisme ou
de
l’optimisme devant l’Europe, devant le monde de demain. Les débats de
1528
u de l’optimisme devant l’Europe, devant le monde
de
demain. Les débats de Lausanne se sont ouverts « sous le signe », com
1529
t l’Europe, devant le monde de demain. Les débats
de
Lausanne se sont ouverts « sous le signe », comme on dit, d’un échang
1530
se sont ouverts « sous le signe », comme on dit,
d’
un échange de lettres parues le matin même dans un journal vaudois, et
1531
rts « sous le signe », comme on dit, d’un échange
de
lettres parues le matin même dans un journal vaudois, et qui opposait
1532
ope, m’écrivait Virgil Gheorghiu, l’auteur fameux
de
la Vingt-Cinquième Heure, mais c’est trop tard, il n’y a plus d’Europ
1533
quième Heure, mais c’est trop tard, il n’y a plus
d’
Europe. Les Russes et les Américains l’ont déjà partagée. Ils vont la
1534
n’existait plus, vous n’auriez même pas le droit
de
le dire et, encore moins, de le publier. Venez donc à Lausanne, et vo
1535
ez même pas le droit de le dire et, encore moins,
de
le publier. Venez donc à Lausanne, et vous verrez l’Europe, cette pos
1536
sanne, et vous verrez l’Europe, cette possibilité
de
parler librement, de chercher librement la vérité, sans souci de la p
1537
l’Europe, cette possibilité de parler librement,
de
chercher librement la vérité, sans souci de la police politique ni d’
1538
ment, de chercher librement la vérité, sans souci
de
la police politique ni d’un rendement matériel immédiat. » Gheorghiu
1539
t la vérité, sans souci de la police politique ni
d’
un rendement matériel immédiat. » Gheorghiu répétait : les jeux sont f
1540
dresser la situation — à condition, bien entendu,
de
ne pas perdre ces derniers moments à pleurer qu’ils soient les dernie
1541
spoir européen ! et c’est même là le vrai ressort
de
notre action. Cette discussion ouverte, d’ailleurs fort amicale, a pr
1542
sion ouverte, d’ailleurs fort amicale, a provoqué
d’
assez vives réactions dans l’opinion de plusieurs pays, et tout d’abor
1543
a provoqué d’assez vives réactions dans l’opinion
de
plusieurs pays, et tout d’abord dans notre conférence. M. Spaak s’est
1544
ak s’est élevé avec vivacité contre le défaitisme
de
l’écrivain roumain. Celui-ci, malgré tout, était venu à Lausanne. Sa
1545
ait la preuve qu’il espérait encore quelque chose
de
l’Europe, de ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme d
1546
qu’il espérait encore quelque chose de l’Europe,
de
ceux qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme de la conféren
1547
quelque chose de l’Europe, de ceux qui ont décidé
de
la sauver malgré tout. Au terme de la conférence, un journaliste lui
1548
qui ont décidé de la sauver malgré tout. Au terme
de
la conférence, un journaliste lui ayant demandé s’il pensait encore q
1549
re, je crois que cette conférence ne peut manquer
d’
avoir une portée considérable. » Mais pour un pessimiste converti, par
1550
onverti, parce qu’il a suivi nos travaux, combien
de
millions de sceptiques vivent encore en Europe ? Comment être optimis
1551
ce qu’il a suivi nos travaux, combien de millions
de
sceptiques vivent encore en Europe ? Comment être optimiste, quand on
1552
ots, m’expliquer sur ce point. Quand je vois tant
d’
Européens dormir à poings fermés au bord du gouffre ; quand je vois le
1553
illonnes et mesquines qu’ils opposent aux efforts
de
ceux qui veillent pour eux ; quand je vois les ragots, les calomnies
1554
faire pour y échapper ; quand je les vois traiter
d’
utopistes ceux qui indiquent la seule voie praticable de salut — vous
1555
istes ceux qui indiquent la seule voie praticable
de
salut — vous l’avouerais-je ? je me sens parfois tenté de leur dire :
1556
— vous l’avouerais-je ? je me sens parfois tenté
de
leur dire : dormez en paix ! La police politique ou la bombe vous rév
1557
et si, depuis 20 ans, ma devise n’était pas celle
de
Guillaume le Taciturne : Point n’est besoin d’espérer pour entreprend
1558
le de Guillaume le Taciturne : Point n’est besoin
d’
espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Personne ne
1559
oint n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni
de
réussir pour persévérer. Personne ne peut dire aujourd’hui si l’Europ
1560
nté libre des Européens, en dépit de l’inertie et
de
la frivolité de nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savo
1561
ropéens, en dépit de l’inertie et de la frivolité
de
nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savoir, car les chan
1562
de l’inertie et de la frivolité de nos masses et
de
nos élites. Personne ne peut le savoir, car les chances sont égales.
1563
able que prononçait en clôturant notre conférence
de
Lausanne son président, Salvador de Madariaga : — Si l’Europe doit pé
1564
Lausanne a marqué une étape vers la construction
de
l’Europe, c’est-à-dire une paix libre et juste. Rien n’est perdu, tan
1565
ur nier leur fatalité. On vous demande simplement
d’
avoir confiance, de consentir les sacrifices locaux qui seront sans do
1566
té. On vous demande simplement d’avoir confiance,
de
consentir les sacrifices locaux qui seront sans doute nécessaires au
1567
locaux qui seront sans doute nécessaires au bien
de
l’ensemble, de ne pas attendre que le voisin comprenne, et de ne pas
1568
ont sans doute nécessaires au bien de l’ensemble,
de
ne pas attendre que le voisin comprenne, et de ne pas vous ranger par
1569
e, de ne pas attendre que le voisin comprenne, et
de
ne pas vous ranger par inertie, dans le camp du désespoir facile, du
1570
s le camp du désespoir facile, du cynisme nigaud,
de
la défaite sans gloire. Ce qui est acquis déjà permet un raisonnable
1571
is déjà permet un raisonnable espoir. J’essaierai
de
vous le montrer lundi prochain, en dressant un bilan provisoire de no
1572
r lundi prochain, en dressant un bilan provisoire
de
notre action fédéraliste depuis un an. Au revoir, chers auditeurs, jo
1573
nellement, chacun se [illisible] à faire le bilan
de
l’an qui passe. Commençons donc ce soir par le bilan de l’Europe, pui
1574
n qui passe. Commençons donc ce soir par le bilan
de
l’Europe, puisqu’elle est le cadre de nos existences, et que le sort
1575
ar le bilan de l’Europe, puisqu’elle est le cadre
de
nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De s
1576
le est le cadre de nos existences, et que le sort
de
chacun de nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté p
1577
cadre de nos existences, et que le sort de chacun
de
nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté pour vous l
1578
et que le sort de chacun de nous dépend du sien.
De
semaine en semaine, j’ai commenté pour vous les progrès du grand œuvr
1579
menté pour vous les progrès du grand œuvre commun
d’
union des peuples et des élites, et quand on suit une action pas à pas
1580
n. Mais prenons les choses de plus haut, essayons
d’
embrasser d’un coup d’œil le chemin parcouru depuis un an. Que voyons-
1581
ons les choses de plus haut, essayons d’embrasser
d’
un coup d’œil le chemin parcouru depuis un an. Que voyons-nous ? Au dé
1582
parcouru depuis un an. Que voyons-nous ? Au début
de
janvier, rien n’était fait. Bien plus, il semblait que les efforts du
1583
en aboutissaient à un échec total. Une commission
d’
experts de dix-huit membres, nommés par les gouvernements à la demande
1584
saient à un échec total. Une commission d’experts
de
dix-huit membres, nommés par les gouvernements à la demande de notre
1585
embres, nommés par les gouvernements à la demande
de
notre Mouvement venait d’enterrer proprement le projet d’un Conseil d
1586
vernements à la demande de notre Mouvement venait
d’
enterrer proprement le projet d’un Conseil de l’Europe. Les Anglais re
1587
Mouvement venait d’enterrer proprement le projet
d’
un Conseil de l’Europe. Les Anglais refusaient tout, et nous savions p
1588
céda. Un modeste communiqué annonça qu’un accord
de
principe était acquis. Le 5 mai, les ambassadeurs de 10 nations signa
1589
principe était acquis. Le 5 mai, les ambassadeurs
de
10 nations signaient à Londres, le Statut du Conseil de l’Europe. Le
1590
0 août s’ouvrait à Strasbourg la première session
de
l’Assemblée consultative européenne. Elle se terminait par le vote d’
1591
ltative européenne. Elle se terminait par le vote
d’
une série de recommandations qui furent transmises aux 13 États forman
1592
péenne. Elle se terminait par le vote d’une série
de
recommandations qui furent transmises aux 13 États formant le Conseil
1593
aux 13 États formant le Conseil. Et puis, au mois
de
novembre, un brusque coup d’arrêt interrompait ce beau progrès : les
1594
il. Et puis, au mois de novembre, un brusque coup
d’
arrêt interrompait ce beau progrès : les ministres réunis à Paris, opp
1595
ient un veto plus ou moins déguisé aux desiderata
de
l’Assemblée. Mais celle-ci décidait de passer outre, et de poursuivre
1596
desiderata de l’Assemblée. Mais celle-ci décidait
de
passer outre, et de poursuivre des travaux. D’un certain point de vue
1597
mblée. Mais celle-ci décidait de passer outre, et
de
poursuivre des travaux. D’un certain point de vue donc, on pourrait c
1598
it de passer outre, et de poursuivre des travaux.
D’
un certain point de vue donc, on pourrait croire qu’après un an, nous
1599
quement que l’opinion publique européenne dispose
d’
un moyen de pression, d’une institution régulière, devant laquelle l’o
1600
l’opinion publique européenne dispose d’un moyen
de
pression, d’une institution régulière, devant laquelle l’obstination
1601
blique européenne dispose d’un moyen de pression,
d’
une institution régulière, devant laquelle l’obstination même d’un Bev
1602
ion régulière, devant laquelle l’obstination même
d’
un Bevin devra céder un jour ou l’autre, comme elle a cédé plus d’une
1603
céder un jour ou l’autre, comme elle a cédé plus
d’
une fois. Toute la question est de savoir si l’on pourra le faire céde
1604
lle a cédé plus d’une fois. Toute la question est
de
savoir si l’on pourra le faire céder à temps. Car le temps presse. Tr
1605
rité et la prospérité. C’est ce que n’a pas cessé
de
répéter, depuis un an, notre Mouvement européen. Il l’a répété et pro
1606
. Il l’a répété et prouvé à son congrès politique
de
Bruxelles, en février ; à son congrès économique de Westminster, en a
1607
Bruxelles, en février ; à son congrès économique
de
Westminster, en avril ; enfin, à son congrès culturel de Lausanne, en
1608
minster, en avril ; enfin, à son congrès culturel
de
Lausanne, en décembre. Sans lui, sans son action persévérante sur l’o
1609
remière prise sur la réalité. Voilà donc le bilan
de
notre année de luttes : à l’actif, le Conseil de l’Europe, au passif,
1610
ur la réalité. Voilà donc le bilan de notre année
de
luttes : à l’actif, le Conseil de l’Europe, au passif, la résistance
1611
très bien ce que beaucoup vont penser : le bilan
de
1949, c’est le bilan d’une série de parlottes. Là-dessus, j’ai trois
1612
up vont penser : le bilan de 1949, c’est le bilan
d’
une série de parlottes. Là-dessus, j’ai trois remarques à vous soumett
1613
er : le bilan de 1949, c’est le bilan d’une série
de
parlottes. Là-dessus, j’ai trois remarques à vous soumettre. La premi
1614
e ceux qui n’aiment pas qu’on parle feraient bien
de
se taire, logiquement, au lieu de nous expliquer à longueur de journé
1615
logiquement, au lieu de nous expliquer à longueur
de
journée qu’il faut agir, et ce sont eux qui ne font rien. La seconde
1616
dans un syndicat, on ne peut pas dresser un plan
d’
action sans le discuter en équipe — et c’est bien ce que nous avons fa
1617
rès. Et ma troisième remarque, c’est une citation
de
l’Évangile : Au commencement était le Verbe. C’est une Parole qui a c
1618
st-ce qu’on nomme une parlotte ? C’est un échange
de
phrases ou de discours qui n’est suivi d’aucun effet. Or nos congrès
1619
mme une parlotte ? C’est un échange de phrases ou
de
discours qui n’est suivi d’aucun effet. Or nos congrès ont abouti à d
1620
échange de phrases ou de discours qui n’est suivi
d’
aucun effet. Or nos congrès ont abouti à des créations importantes : l
1621
Tandis que ceux qui nous critiquent ne font rien
d’
autre que parler : vous voyez que la parlotte n’est pas toujours où l’
1622
eront que parlottes, si elles ne sont pas suivies
d’
effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi, de vous surtout, qu’el
1623
nt pas suivies d’effets pratiques. Mais il dépend
de
vous aussi, de vous surtout, qu’elles se transforment en action. C’es
1624
d’effets pratiques. Mais il dépend de vous aussi,
de
vous surtout, qu’elles se transforment en action. C’est sur ce vœu, s
1625
! (2 janvier 1950) Chers auditeurs, Vous venez
d’
émettre et d’enregistrer, ces jours derniers, un nombre incalculable d
1626
1950) Chers auditeurs, Vous venez d’émettre et
d’
enregistrer, ces jours derniers, un nombre incalculable de vœux de bon
1627
strer, ces jours derniers, un nombre incalculable
de
vœux de bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattr
1628
es jours derniers, un nombre incalculable de vœux
de
bonne année. Je suis en retard de 24 heures, mais je me rattrape, car
1629
culable de vœux de bonne année. Je suis en retard
de
24 heures, mais je me rattrape, car, en effet, ce que je voudrais vou
1630
n bon demi-siècle, pour une bonne deuxième manche
de
xx e siècle. Mais vous le savez aussi bien que moi, les vœux que nous
1631
que moi, les vœux que nous échangeons le Premier
de
l’an, comme on se dit bonjour chaque matin, n’ont pas la moindre chan
1632
bonjour chaque matin, n’ont pas la moindre chance
de
se réaliser, s’ils ne sont pas les gages d’une volonté, d’une possibi
1633
hance de se réaliser, s’ils ne sont pas les gages
d’
une volonté, d’une possibilité d’agir. Et certes, les conventions, c’e
1634
liser, s’ils ne sont pas les gages d’une volonté,
d’
une possibilité d’agir. Et certes, les conventions, c’est quelque chos
1635
nt pas les gages d’une volonté, d’une possibilité
d’
agir. Et certes, les conventions, c’est quelque chose de très sérieux.
1636
. Et certes, les conventions, c’est quelque chose
de
très sérieux. Sans convention nous ne serions que des brutes. La vie
1637
ir : celui du tigre dans la bergerie. Les billets
de
banque aussi sont des signes, des gages, et c’est par convention qu’i
1638
leur : s’ils ne sont pas couverts par une réserve
d’
or, ce sont des bouts de papier, un peu plus sales que d’autres, et qu
1639
couverts par une réserve d’or, ce sont des bouts
de
papier, un peu plus sales que d’autres, et qui ne signifient rien du
1640
rien du tout. Que peuvent bien signifier nos vœux
d’
avenir ? Cela dépend d’une part des possibilités que nous a léguées la
1641
ossibilités que nous a léguées la première moitié
de
ce siècle, et d’autre part de notre volonté d’en tirer quelque chose
1642
la première moitié de ce siècle, et d’autre part
de
notre volonté d’en tirer quelque chose d’humain. Voyons d’abord les p
1643
ié de ce siècle, et d’autre part de notre volonté
d’
en tirer quelque chose d’humain. Voyons d’abord les possibilités : ell
1644
re part de notre volonté d’en tirer quelque chose
d’
humain. Voyons d’abord les possibilités : elles sont prodigieusement c
1645
les révolutions qui ont occupé la première partie
de
notre siècle ont tué, rien qu’en Europe, quelque 40 millions de perso
1646
e ont tué, rien qu’en Europe, quelque 40 millions
de
personnes, hommes, femmes, enfants et militaires, parmi lesquels 6 mi
1647
enfants et militaires, parmi lesquels 6 millions
de
Juifs brûlés vivants par Hitler, et deux millions de koulaks liquidés
1648
Juifs brûlés vivants par Hitler, et deux millions
de
koulaks liquidés par Staline. Ce n’est pas mal. C’est plus que toutes
1649
rendement brut. Et pourtant, la population totale
de
l’Europe a augmenté. Et la longévité moyenne s’est élevée de plusieur
1650
a augmenté. Et la longévité moyenne s’est élevée
de
plusieurs années. La bombe atomique a grillé, fondu comme du beurre p
1651
du beurre puis évaporé en quelques secondes plus
de
200 000 Japonais qui vaquaient à leurs occupations. Et on en a beauco
1652
s la pénicilline a sauvé en silence des centaines
de
milliers de vies. Jamais les nationalismes n’ont été plus férocement
1653
line a sauvé en silence des centaines de milliers
de
vies. Jamais les nationalismes n’ont été plus férocement idiots, born
1654
nés et intolérants. Mais jamais non plus le désir
d’
union des peuples n’a été plus général. Certes, la SDN a fait un four,
1655
mmis les mêmes fautes, dès le départ. Mais l’idée
d’
une vraie fédération, soit mondiale, soit européenne, ne cesse de prog
1656
ération, soit mondiale, soit européenne, ne cesse
de
progresser malgré ces déconvenues et ces détournements d’espoirs. Un
1657
esser malgré ces déconvenues et ces détournements
d’
espoirs. Un dernier exemple : celui de la liberté de circuler. En 1905
1658
tournements d’espoirs. Un dernier exemple : celui
de
la liberté de circuler. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire de l
1659
espoirs. Un dernier exemple : celui de la liberté
de
circuler. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire de la Compagnie de
1660
irculer. En 1905, on pouvait lire dans l’Annuaire
de
la Compagnie des wagons-lits et des grands express européens, au chap
1661
ée en Russie. Pour tous les autres pays, la carte
de
visite suffit. » Aujourd’hui … je n’insiste pas. Nous avons progressé
1662
ourd’hui … je n’insiste pas. Nous avons progressé
de
50 ans vers la paralysie finale des échanges, et cela pour des raison
1663
s au monde à connaître, et qu’ils se gardent bien
de
nous révéler, si toutefois elles existent. Cependant, les moyens de t
1664
i toutefois elles existent. Cependant, les moyens
de
transport ont progressé en sens inverse. Un avion de tourisme vient d
1665
transport ont progressé en sens inverse. Un avion
de
tourisme vient de couvrir en 7 heures la distance de New York à Londr
1666
tourisme vient de couvrir en 7 heures la distance
de
New York à Londres. Nos capitales sont à 2 ou 3 heures les unes des a
1667
ou dans l’autre… Vouloir plus, toujours plus, et
de
tout à la fois, et même si c’est contradictoire, telle est la passion
1668
ême si c’est contradictoire, telle est la passion
de
notre siècle. On veut augmenter à la fois les bénéfices et les salair
1669
et l’argent du beurre, et 10 fois, 100 fois plus
de
l’un et de l’autre… Des hommes de 1900 croyaient que le progrès c’éta
1670
t du beurre, et 10 fois, 100 fois plus de l’un et
de
l’autre… Des hommes de 1900 croyaient que le progrès c’était tout sim
1671
, 100 fois plus de l’un et de l’autre… Des hommes
de
1900 croyaient que le progrès c’était tout simple ; qu’il allait touj
1672
enté, ce sont nos risques d’une part, nos chances
de
l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou de faire vivre. Il
1673
chances de l’autre, et par exemple : nos pouvoirs
de
tuer ou de faire vivre. Il en résulte une formidable augmentation de
1674
l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou
de
faire vivre. Il en résulte une formidable augmentation de nos respons
1675
vivre. Il en résulte une formidable augmentation
de
nos responsabilités d’hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès ce
1676
ne formidable augmentation de nos responsabilités
d’
hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès certain. Rendons-nous com
1677
e augmentation de nos responsabilités d’hommes et
de
citoyens. Voilà le seul progrès certain. Rendons-nous compte, en ce d
1678
progrès certain. Rendons-nous compte, en ce début
d’
un demi-siècle décisif, que jamais l’homme n’a couru plus grand péril
1679
if, que jamais l’homme n’a couru plus grand péril
d’
esclavage et de [illisible], mais que jamais non plus, il ne s’est vu
1680
l’homme n’a couru plus grand péril d’esclavage et
de
[illisible], mais que jamais non plus, il ne s’est vu si près d’assur
1681
mais que jamais non plus, il ne s’est vu si près
d’
assurer son pouvoir sur les choses et la vie. Jamais plus près de la r
1682
Jamais plus près de la ruine générale, mais aussi
d’
une prospérité sans précédent pour les grandes masses. Tout dépend de
1683
ns précédent pour les grandes masses. Tout dépend
de
ce qu’il va choisir, dans les quelques années qui viennent ; car vous
1684
ent dans la misère et la famine, et je me permets
de
vous rappeler en passant que la Suisse fait partie de cette Europe me
1685
ous rappeler en passant que la Suisse fait partie
de
cette Europe menacée même si parfois elle paraît l’oublier. Si l’on n
1686
n, tous nos bons vœux n’empêcheront pas les camps
de
concentration. Ce qu’il fait faire, ce que l’on peut faire, je crois
1687
peuvent avoir un sens sérieux que si vous décidez
de
les transformer en volonté et en action rapide. Ils signifient : Dema
1688
ope, ou bien se réduisent à quelque chose qui n’a
de
nom dans aucune langue. Au revoir, à lundi prochain.
1689
réponses à quelques enquêtes récentes sur l’union
de
l’Europe, je suis frappé de voir revenir régulièrement un argument qu
1690
récentes sur l’union de l’Europe, je suis frappé
de
voir revenir régulièrement un argument que nos contemporains ont l’ai
1691
ement un argument que nos contemporains ont l’air
de
tenir pour évident, et que voici : « Si vous voulez unir l’Europe, éc
1692
» Cette croyance est si irrépandue, et si typique
de
notre siècle, qu’il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque de
1693
t si typique de notre siècle, qu’il vaut la peine
de
l’analyser, je dirais presque de la psychanalyser. Pourquoi pense-t-o
1694
il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque
de
la psychanalyser. Pourquoi pense-t-on et répète-t-on que les réalités
1695
-t-on que les réalités économiques sont à la base
de
tout, pourquoi s’imagine-t-on que cela va de soi ? Parce qu’on croit
1696
te : Primum vivere… D’abord vivre, manger, gagner
de
l’argent, et ensuite, s’il reste du temps, philosopher… La grande maj
1697
l reste du temps, philosopher… La grande majorité
de
ceux qu’on appelle aujourd’hui des bourgeois, partage ces idées, et s
1698
réalistes. Cependant ils accusent les communistes
d’
être d’affreux matérialistes. C’est étrange, car la croyance fondament
1699
es. Cependant ils accusent les communistes d’être
d’
affreux matérialistes. C’est étrange, car la croyance fondamentale du
1700
parce que tout en dépend et qu’il n’y a que cela
de
sérieux. À cet égard, la seule différence entre les bourgeois et les
1701
hérents, et qu’ils tirent toutes les conséquences
de
la croyance un peu vague, mais populaire des premiers. Or cette croya
1702
imentaires enfin ont précédé l’homme qui a besoin
de
manger. Or il me semble bien que c’est le contraire qui est vrai ; et
1703
le contraire qui est vrai ; et qu’au commencement
de
tout, y compris des réalités économiques, il n’y a pas de la matière,
1704
y compris des réalités économiques, il n’y a pas
de
la matière, mais au contraire une invention, c’est-à-dire de l’esprit
1705
re, mais au contraire une invention, c’est-à-dire
de
l’esprit. Prenons l’économie moderne. Sa base comme chacun le sait, c
1706
t l’industrie, ce sont d’abord les machines. Mais
d’
où viennent les machines ? Ce ne sont pas elles qui ont commencé, tout
1707
et intégral, comme un jeu, comme un sous-produit
de
ses plus hautes spéculations abstraites. Sans Leonhard Euler, sans ce
1708
bstraites. Sans Leonhard Euler, sans ce phénomène
de
l’esprit pur, non seulement il n’y aurait pas eu cet élément de base
1709
r, non seulement il n’y aurait pas eu cet élément
de
base de l’économie moderne qui est la turbine, mais encore vous ne po
1710
eulement il n’y aurait pas eu cet élément de base
de
l’économie moderne qui est la turbine, mais encore vous ne pourriez m
1711
ent il y a eu les mathématiques supérieures, donc
de
l’esprit, de la culture ; puis il y a eu la turbine ; puis les ouvrie
1712
les mathématiques supérieures, donc de l’esprit,
de
la culture ; puis il y a eu la turbine ; puis les ouvriers qui la fai
1713
it à la fois le turbin des ouvriers et la turbine
d’
Euler pour s’enrichir, puis enfin le communisme qui a décidé que les t
1714
par la force au besoin, et que l’on continuerait
d’
appeler bonheur l’immense malheur qui en résultait. Nous voici donc en
1715
xix e siècle, que l’économie était la vraie base
de
la vie, et qu’il fallait commencer par là. Revenons à la réalité, et
1716
és dites matérielles, puisque celles-ci dépendent
de
l’esprit, et n’existeraient point sans lui. Il est facile d’illustrer
1717
, et n’existeraient point sans lui. Il est facile
d’
illustrer ce point de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’échec de l
1718
nt de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’échec
de
l’OECE, c’est-à-dire de l’Organisation économique de l’Europe dans le
1719
sisté, en 1949, à l’échec de l’OECE, c’est-à-dire
de
l’Organisation économique de l’Europe dans le cadre du plan Marshall.
1720
l’OECE, c’est-à-dire de l’Organisation économique
de
l’Europe dans le cadre du plan Marshall. D’où vient cet échec ? Il a
1721
mique de l’Europe dans le cadre du plan Marshall.
D’
où vient cet échec ? Il a pour cause l’illusion générale que l’économi
1722
e l’imagine, mais un fait humain, qui dépend donc
de
nos volontés et de nos passions. Et c’est parce que les gouvernants e
1723
n fait humain, qui dépend donc de nos volontés et
de
nos passions. Et c’est parce que les gouvernants et leurs experts n’a
1724
et leurs experts n’avaient pas la volonté réelle
de
s’unir, en esprit d’abord, qu’ils n’ont pas réussi à organiser l’écon
1725
tacle grotesque dont parlait Paul Reynaud : celui
de
19 pays donc chacun essaye de grimper sur les épaules de l’autre. Il
1726
aul Reynaud : celui de 19 pays donc chacun essaye
de
grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps de renverser la vape
1727
ays donc chacun essaye de grimper sur les épaules
de
l’autre. Il est temps de renverser la vapeur, et si l’on veut sérieus
1728
grimper sur les épaules de l’autre. Il est temps
de
renverser la vapeur, et si l’on veut sérieusement commencer par le co
1729
ement commencer par le commencement, il est temps
de
réveiller d’abord nos esprits, de chercher à unir d’abord nos cœurs.
1730
t, il est temps de réveiller d’abord nos esprits,
de
chercher à unir d’abord nos cœurs. C’est pourquoi j’estime que le réc
1731
rs. C’est pourquoi j’estime que le récent congrès
de
la culture, à Lausanne, a marqué le vrai début d’un travail construct
1732
de la culture, à Lausanne, a marqué le vrai début
d’
un travail constructif et pratique, loin d’avoir été la « parlote » qu
1733
début d’un travail constructif et pratique, loin
d’
avoir été la « parlote » que prétendent certains plats matérialistes s
1734
plus la seule à s’exprimer. On vient précisément
de
me communiquer les résultats d’une large enquête organisée parmi les
1735
vient précisément de me communiquer les résultats
d’
une large enquête organisée parmi les étudiants de Lausanne à l’occasi
1736
d’une large enquête organisée parmi les étudiants
de
Lausanne à l’occasion du congrès de la culture. Il y a là-dedans du m
1737
les étudiants de Lausanne à l’occasion du congrès
de
la culture. Il y a là-dedans du meilleur et du pire. Je vous en rendr
1738
(16 janvier 1950) Chers auditeurs, À l’occasion
de
la récente Conférence européenne de la culture, un groupe d’étudiants
1739
À l’occasion de la récente Conférence européenne
de
la culture, un groupe d’étudiants de Lausanne a pris une initiative q
1740
te Conférence européenne de la culture, un groupe
d’
étudiants de Lausanne a pris une initiative qui mérite d’être signalée
1741
e européenne de la culture, un groupe d’étudiants
de
Lausanne a pris une initiative qui mérite d’être signalée, commentée,
1742
ants de Lausanne a pris une initiative qui mérite
d’
être signalée, commentée, et partout où cela sera possible imitée. Ce
1743
t partout où cela sera possible imitée. Ce groupe
de
jeunes gens désirait participer, sous une forme ou une autre, à la co
1744
exemple — , et d’autre part il eût été difficile
de
faire admettre des représentants des étudiants, car en somme, qu’euss
1745
par les découvrir ? C’est ainsi qu’a germé l’idée
d’
une enquête à l’Université. Quelques camarades se sont réunis pour en
1746
er aux étudiants s’ils croyaient à la réalisation
de
l’Europe unie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la con
1747
nt à la réalisation de l’Europe unie, à l’utilité
de
l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence de Lausanne, et enfin
1748
nie, à l’utilité de l’Assemblée de Strasbourg, ou
de
la conférence de Lausanne, et enfin s’ils avaient eu connaissance jus
1749
de l’Assemblée de Strasbourg, ou de la conférence
de
Lausanne, et enfin s’ils avaient eu connaissance jusqu’ici de l’activ
1750
et enfin s’ils avaient eu connaissance jusqu’ici
de
l’activité du Mouvement européen. Je ne puis vous donner ce soir une
1751
nette majorité des étudiants croit à la nécessité
d’
unir nos pays ; qu’une petite moitié environ croit à l’utilité de Stra
1752
; qu’une petite moitié environ croit à l’utilité
de
Strasbourg et de la conférence de Lausanne, mais qu’une très grande m
1753
moitié environ croit à l’utilité de Strasbourg et
de
la conférence de Lausanne, mais qu’une très grande majorité demande s
1754
oit à l’utilité de Strasbourg et de la conférence
de
Lausanne, mais qu’une très grande majorité demande surtout à être mie
1755
de majorité demande surtout à être mieux informée
de
ce qui est en train de se faire, et révèle son ignorance de ce qui s’
1756
est en train de se faire, et révèle son ignorance
de
ce qui s’est déjà fait, c’est-à-dire avoue n’avoir pas connaissance d
1757
u que non, qu’ils n’avaient jamais entendu parler
de
notre Mouvement, seraient obligés de répondre aujourd’hui que oui, pu
1758
tendu parler de notre Mouvement, seraient obligés
de
répondre aujourd’hui que oui, puisqu’ils en ont eu connaissance juste
1759
ar cette enquête. Voilà qui montre bien l’utilité
d’
une pareille initiative : en questionnant les étudiants sur le Mouveme
1760
prises comme dans les bureaux, dans les quartiers
de
grandes villes comme dans les villages, et enfin dans les sociétés de
1761
mme dans les villages, et enfin dans les sociétés
de
tout genre dont vous faites partie, vous qui m’écoutez ce soir… Et po
1762
urd’hui, — sans forcer les réponses ou les prises
de
parti. Je voudrais insister enfin sur ce qui ressort le plus nettemen
1763
sister enfin sur ce qui ressort le plus nettement
de
l’enquête des étudiants lausannois : sur cette demande générale de do
1764
étudiants lausannois : sur cette demande générale
de
documentation, d’information. Je crois ce besoin très répandu, bien a
1765
is : sur cette demande générale de documentation,
d’
information. Je crois ce besoin très répandu, bien au-delà des milieux
1766
ce besoin très répandu, bien au-delà des milieux
de
l’Université, dans toutes les couches de la population. Comment le sa
1767
milieux de l’Université, dans toutes les couches
de
la population. Comment le satisfaire ? On ne peut pas se contenter de
1768
mment le satisfaire ? On ne peut pas se contenter
de
renvoyer tout le monde à une lecture plus attentive de la presse. Car
1769
nvoyer tout le monde à une lecture plus attentive
de
la presse. Car la presse, en Europe, manque de place pour publier des
1770
ve de la presse. Car la presse, en Europe, manque
de
place pour publier des documents de première main, des textes complet
1771
urope, manque de place pour publier des documents
de
première main, des textes complets — comme cela se fait en Amérique.
1772
e borner à résumer en quelques lignes les travaux
d’
une longue conférence de 5 jours et 4 nuits, et souvent l’essentiel se
1773
elques lignes les travaux d’une longue conférence
de
5 jours et 4 nuits, et souvent l’essentiel se perd, un détail pittore
1774
nc à tous ceux d’entre vous qui auraient le désir
de
savoir mieux ce qui se passe deux moyens assez simples. Le premier, c
1775
asse deux moyens assez simples. Le premier, c’est
de
vous mettre en rapport, personnellement ou par écrit, avec le groupe
1776
ions précises que vous souhaitez. Le second moyen
d’
information, c’est tout bonnement d’ouvrir les yeux, de voir la situat
1777
second moyen d’information, c’est tout bonnement
d’
ouvrir les yeux, de voir la situation de l’Europe divisée entre les de
1778
ormation, c’est tout bonnement d’ouvrir les yeux,
de
voir la situation de l’Europe divisée entre les deux grands blocs hos
1779
bonnement d’ouvrir les yeux, de voir la situation
de
l’Europe divisée entre les deux grands blocs hostiles, et de vous dem
1780
divisée entre les deux grands blocs hostiles, et
de
vous demander quelles sont les mesures qu’appelle d’urgence une parei
1781
vous demander quelles sont les mesures qu’appelle
d’
urgence une pareille situation. Vous rejoindrez ainsi par vous-même j’
1782
ainsi par vous-même j’en suis sûr, les positions
de
notre Mouvement. Ces positions, en effet, ne sont pas théoriques, ni
1783
faits que tout le monde connaît. Prenez la peine
d’
y réfléchir : vous vous trouverez naturellement à nos côtés. Le temps
1784
intes à leurs réponses à l’enquête. Je me promets
d’
y revenir la prochaine fois, et d’en discuter quelques-unes, car elles
1785
. Je me promets d’y revenir la prochaine fois, et
d’
en discuter quelques-unes, car elles me paraissent bien typiques des r
1786
’Europe ! — Questions et objections des étudiants
de
Lausanne (23 janvier 1950) Chers auditeurs, Je vous ai parlé lundi
1787
Chers auditeurs, Je vous ai parlé lundi dernier
d’
une enquête menée par quelques étudiants de Lausanne parmi leurs camar
1788
ernier d’une enquête menée par quelques étudiants
de
Lausanne parmi leurs camarades, et portant sur l’union de l’Europe, s
1789
nne parmi leurs camarades, et portant sur l’union
de
l’Europe, sur l’utilité de nos congrès. Un grand nombre des étudiants
1790
et portant sur l’union de l’Europe, sur l’utilité
de
nos congrès. Un grand nombre des étudiants interrogés ne se sont pas
1791
des étudiants interrogés ne se sont pas contentés
de
répondre par oui ou par non, mais ont ajouté quelques remarques perso
1792
quelques remarques personnelles au bas de la page
de
questionnaire. Ce sont ces réactions spontanées que je voudrais comme
1793
je voudrais commenter ce soir. Il serait exagéré
de
dire qu’elles manifestent un courant de pensée général et bien défini
1794
t exagéré de dire qu’elles manifestent un courant
de
pensée général et bien défini. Au contraire, leur infinie variété, du
1795
e n’est pas mort chez nous, et qu’un des plaisirs
de
la vie reste encore, aux yeux de mes cadets, de se faire leur propre
1796
s de la vie reste encore, aux yeux de mes cadets,
de
se faire leur propre opinion, ou au moins d’en affirmer une qui ne so
1797
ets, de se faire leur propre opinion, ou au moins
d’
en affirmer une qui ne soit pas celle d’un parti. Je ne trouve même pa
1798
au moins d’en affirmer une qui ne soit pas celle
d’
un parti. Je ne trouve même pas une opinion commune par faculté, et l’
1799
à soutenir le point de vue qu’on attend le moins
de
sa spécialité : c’est ainsi qu’un étudiant en lettres exige des actes
1800
litiques, et redoute que l’union européenne serve
de
paravent à des manœuvres impérialistes ou agressives. C’est en effet
1801
n des dangers que les fédéralistes ont la mission
de
prévenir, et au besoin de démasquer dès qu’il ferait mine d’apparaîtr
1802
ralistes ont la mission de prévenir, et au besoin
de
démasquer dès qu’il ferait mine d’apparaître, et je puis dire qu’ils
1803
, et au besoin de démasquer dès qu’il ferait mine
d’
apparaître, et je puis dire qu’ils n’y ont pas manqué jusqu’ici. Mais
1804
n’y ont pas manqué jusqu’ici. Mais je suis frappé
de
voir que la notion d’engagement politique des intellectuels est si pe
1805
qu’ici. Mais je suis frappé de voir que la notion
d’
engagement politique des intellectuels est si peu populaire parmi nos
1806
ants. S’ils entendent par engagement la démission
de
la pensée au profit d’une tactique de parti, ils ont raison. Mais s’i
1807
ar engagement la démission de la pensée au profit
d’
une tactique de parti, ils ont raison. Mais s’ils croient que l’intell
1808
a démission de la pensée au profit d’une tactique
de
parti, ils ont raison. Mais s’ils croient que l’intellectuel n’a rien
1809
pas. Je leur rappellerai, au surplus, que l’union
de
l’Europe n’est pas du tout un problème politique d’abord, mais la con
1810
un problème politique d’abord, mais la condition
de
salut d’une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d
1811
ème politique d’abord, mais la condition de salut
d’
une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d’avance,
1812
tion de salut d’une civilisation qui fait le sens
de
nos vies. J’ai répondu d’avance, dans une autre chronique, à ceux qui
1813
sation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu
d’
avance, dans une autre chronique, à ceux qui estiment que l’on doit bi
1814
à prouver qu’on ne peut rien faire, sauf en temps
de
guerre naturellement… Certains croient désirable et nécessaire l’unio
1815
croient désirable et nécessaire l’union fédérale
de
l’Europe, mais ils estiment qu’elle exigera beaucoup de temps : quatr
1816
tre temps, comme des Bernois. Mais s’il faut plus
de
100 ans pour faire l’Europe, autant dire qu’on ne la fera jamais. On
1817
; je le citerai donc : « La Conférence européenne
de
la culture — affirment-ils sans sourciller — est faite par les Améric
1818
oilà qui est clair et je pense que je ferais bien
de
passer aux aveux complets avant que l’on ne me force aux aveux sponta
1819
ce aux aveux spontanés. Je croyais que le congrès
de
Lausanne avait été organisé par le Bureau d’études dont je m’occupe à
1820
grès de Lausanne avait été organisé par le Bureau
d’
études dont je m’occupe à Genève. Quelle illusion ! La vérité, c’est q
1821
La vérité, c’est que Pierrepont Morgan, dictateur
de
Wall Street, et trotskiste bien connu, m’a fait remettre par Goebbels
1822
en personne les dollars nécessaires pour l’achat
de
200 intellectuels qui ont voté par acclamations, sur l’ordre de Churc
1823
ctuels qui ont voté par acclamations, sur l’ordre
de
Churchill, une résolution finale dictée car le président Truman en fa
1824
la fin un argument bizarre, mais qui revient plus
d’
une fois dans cette enquête : on ne peut pas unir l’Europe, objectent
1825
remplir… Enfin, à ceux qui nous répètent : assez
de
discours, il faut des actes ! Je dis bravo, et je réponds que j’atten
1826
sse, ils ont raison, et nous avons besoin surtout
de
ceux qui veulent agir sans plus de bavardages ou de vaines critiques
1827
ceux qui veulent agir sans plus de bavardages ou
de
vaines critiques purement verbales. Au revoir, à lundi prochain, cher
1828
auditeurs, à demain matin, chers étudiants avides
d’
action.
1829
eurs, J’ai reçu l’autre jour une modeste brochure
d’
une douzaine de pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signé
1830
l’autre jour une modeste brochure d’une douzaine
de
pages, qui ne portait pas de titre, et qui était signée Daniel Villey
1831
chure d’une douzaine de pages, qui ne portait pas
de
titre, et qui était signée Daniel Villey, professeur de droit à Poiti
1832
re, et qui était signée Daniel Villey, professeur
de
droit à Poitiers. Cette brochure était un appel adressé aux jeunes ge
1833
e brochure était un appel adressé aux jeunes gens
de
France. Elle m’a ému plus que tout autre chose que j’aie pu lire depu
1834
mps. Je voudrais vous la lire tout entière. Faute
de
temps je me bornerai à vous en citer des extraits, — et tout d’abord
1835
et tout d’abord je vous dirai le peu que je sais
de
son auteur : il n’est pas inutile de le situer, pour vous faire mieux
1836
que je sais de son auteur : il n’est pas inutile
de
le situer, pour vous faire mieux comprendre la portée de son geste, l
1837
ituer, pour vous faire mieux comprendre la portée
de
son geste, le simple et beau courage que son acte révèle. Daniel Vill
1838
evue Esprit , vers 1935 je pense. Je me souviens
d’
un très jeune homme, d’un visage bien arrondi, à l’expression attentiv
1839
5 je pense. Je me souviens d’un très jeune homme,
d’
un visage bien arrondi, à l’expression attentive, presque candide, d’u
1840
rondi, à l’expression attentive, presque candide,
d’
un esprit vif et scrupuleux tout à la fois. Le contraire de l’image co
1841
it vif et scrupuleux tout à la fois. Le contraire
de
l’image courante du meneur d’hommes, du jeune chef impatient de s’aff
1842
fois. Le contraire de l’image courante du meneur
d’
hommes, du jeune chef impatient de s’affirmer. Et puis la guerre est v
1843
rante du meneur d’hommes, du jeune chef impatient
de
s’affirmer. Et puis la guerre est venue, nos chemins ne se sont plus
1844
jeune Daniel Villey est devenu professeur et père
de
5 ou 6 enfants. Écoutez maintenant ce qu’il nous dit, d’une voix calm
1845
6 enfants. Écoutez maintenant ce qu’il nous dit,
d’
une voix calme et tout unie, cette voix tranquille de ceux qui ont pri
1846
ne voix calme et tout unie, cette voix tranquille
de
ceux qui ont pris leur décision, et que l’on peut croire. Tout d’abor
1847
roire. Tout d’abord, il a interrogé ses étudiants
de
la faculté de Poitiers, et il les a trouvés indifférents, désabusés,
1848
abord, il a interrogé ses étudiants de la faculté
de
Poitiers, et il les a trouvés indifférents, désabusés, et résignés au
1849
u’ils jugent inévitable, au communisme, aux camps
de
concentration. Nous n’y pouvons rien, déclarent-ils. Travaillons dign
1850
est-il fondé, ou bien ne serait-il pas une sorte
de
maladie morale, qu’un espoir neuf pourrait guérir ? L’Europe, avec so
1851
ait guérir ? L’Europe, avec son potentiel immense
de
ressources humaines et techniques ne peut-elle pas encore se sauver,
1852
ar où commencer ? Peut-être n’avons-nous pas plus
de
deux ans pour nous unir, ou pour périr. Et voici, nous dit-il modeste
1853
is citer ses propres phrases : Un certain nombre
de
jeunes gens et de jeunes filles (une dizaine par exemple pour commenc
1854
es phrases : Un certain nombre de jeunes gens et
de
jeunes filles (une dizaine par exemple pour commencer, une centaine s
1855
emaines, pas nécessairement davantage) décideront
de
donner non pas deux ans de leur vie, mais toute leur vie pendant deux
1856
davantage) décideront de donner non pas deux ans
de
leur vie, mais toute leur vie pendant deux ans — au service de l’Euro
1857
mais toute leur vie pendant deux ans — au service
de
l’Europe unie. Je crois à la vertu de la vie donnée… Une vie donnée e
1858
au service de l’Europe unie. Je crois à la vertu
de
la vie donnée… Une vie donnée est un témoignage et en a la force. Ces
1859
rrière professionnelle. Ils recevront en principe
de
l’organisation une mensualité pour subvenir à leurs besoins en menant
1860
rge d’autres vies que la sienne ne peut se moquer
de
l’argent ni de sa carrière…) Ils s’engageront à obéir avec la plus ex
1861
es que la sienne ne peut se moquer de l’argent ni
de
sa carrière…) Ils s’engageront à obéir avec la plus exigeante discipl
1862
c la plus exigeante discipline aux ordres du chef
de
l’organisation. J’assumerai ce rôle jusqu’à ce que se révèle un chef
1863
ey va faire : en demandant à quelques jeunes gens
de
consacrer deux ans de leur vie à une action précise pour l’Europe, da
1864
dant à quelques jeunes gens de consacrer deux ans
de
leur vie à une action précise pour l’Europe, dans la pauvreté, le cél
1865
. Ce sont les ordres qui ont créé la civilisation
de
l’Occident. Lui-même quittera sa chaire de professeur. Et tous ensemb
1866
sation de l’Occident. Lui-même quittera sa chaire
de
professeur. Et tous ensemble, ou deux par deux, ils s’en iront par le
1867
liquer, travailler, convaincre. Il ne s’agit plus
de
groupes d’études, de discussions intéressantes, de comités ou de mani
1868
vailler, convaincre. Il ne s’agit plus de groupes
d’
études, de discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il
1869
onvaincre. Il ne s’agit plus de groupes d’études,
de
discussions intéressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit d’u
1870
e groupes d’études, de discussions intéressantes,
de
comités ou de manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit d’un gr
1871
udes, de discussions intéressantes, de comités ou
de
manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit d’un grand risque. À
1872
ressantes, de comités ou de manifestes. Il s’agit
d’
une croisade. Il s’agit d’un grand risque. À tous les jeunes, dit enc
1873
e manifestes. Il s’agit d’une croisade. Il s’agit
d’
un grand risque. À tous les jeunes, dit encore Daniel Villey, je dema
1874
les jeunes, dit encore Daniel Villey, je demande
de
sonder leur cœur et de le soupeser. Je leur propose un risque et un s
1875
Daniel Villey, je demande de sonder leur cœur et
de
le soupeser. Je leur propose un risque et un sacrifice. Excède-t-il l
1876
sacrifice. Excède-t-il leur générosité ? Deux ans
d’
interruption dans vos études ou votre carrière, est-ce vraiment plus q
1877
tâche exaltante qui s’offre à vous. À la chaleur
de
l’amitié qui vous unira à vos compagnons de lutte. À la reconnaissanc
1878
aleur de l’amitié qui vous unira à vos compagnons
de
lutte. À la reconnaissance de tous les humbles qui mettront en vous l
1879
ra à vos compagnons de lutte. À la reconnaissance
de
tous les humbles qui mettront en vous leur espoir. Et que le témoigna
1880
ettront en vous leur espoir. Et que le témoignage
de
quelques vies peut, à toute une génération, rendre de l’espoir, de l’
1881
uelques vies peut, à toute une génération, rendre
de
l’espoir, de l’enthousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’
1882
peut, à toute une génération, rendre de l’espoir,
de
l’enthousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’exemple qu’un
1883
énération, rendre de l’espoir, de l’enthousiasme,
de
la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas d’exemple qu’une grande entreprise
1884
thousiasme, de la ferveur… Pensez qu’il n’y a pas
d’
exemple qu’une grande entreprise n’ait conduit à de grandes choses… Pe
1885
’exemple qu’une grande entreprise n’ait conduit à
de
grandes choses… Pensez à Jeanne d’Arc. Songez qu’il y a aujourd’hui g
1886
z qu’il y a aujourd’hui grande pitié sur la terre
d’
Europe. Voulez-vous, comme Jeanne, quitter vos moutons, chevaucher sur
1887
ver une cause qui semble désespérée ? Vous donner
de
tout votre être à une tâche très précise et très concrète, humblement
1888
crète, humblement temporelle (comme la délivrance
d’
Orléans) et la poursuivre de toutes vos forces par les moyens les plus
1889
(comme la délivrance d’Orléans) et la poursuivre
de
toutes vos forces par les moyens les plus réalistes. Relisez l’histoi
1890
les moyens les plus réalistes. Relisez l’histoire
de
Jeanne d’Arc, et écoutez ce qu’elle vous dira. J’attends votre répons
1891
détails pratiques, je vous renvoie à la brochure
de
Daniel Villey. S’il se trouve parmi vous quelques jeunes gens ou jeun
1892
t les faire entrer demain dans la grande aventure
de
notre temps et de leur vie. Au revoir, à lundi prochain.
1893
demain dans la grande aventure de notre temps et
de
leur vie. Au revoir, à lundi prochain.
1894
r l’appel que vient de lancer un jeune professeur
de
Poitiers, Daniel Villey. Il demandait qu’un petit nombre de jeunes ge
1895
s, Daniel Villey. Il demandait qu’un petit nombre
de
jeunes gens et de jeunes filles consacrent toute leur vie, pendant de
1896
Il demandait qu’un petit nombre de jeunes gens et
de
jeunes filles consacrent toute leur vie, pendant deux ans, à la cause
1897
rent toute leur vie, pendant deux ans, à la cause
de
l’Europe unie. Je vous ai lu quelques extraits de sa brochure, je vou
1898
de l’Europe unie. Je vous ai lu quelques extraits
de
sa brochure, je vous ai dit de m’écrire si le risque vous tentait, et
1899
quelques extraits de sa brochure, je vous ai dit
de
m’écrire si le risque vous tentait, et je me suis demandé si 2 ou 3 j
1900
andé si 2 ou 3 jeunes Suisses auraient le courage
d’
entrer dans l’aventure. Le soir même, six d’entre vous m’ont écrit, et
1901
t par douzaines que me sont parvenues des lettres
d’
auditeurs intéressés ou enthousiastes. Les uns demandent des précision
1902
Ce succès très rapide, et dans tous les milieux,
d’
un appel qui ne promet rien que des risques et des sacrifices, m’a sur
1903
hrase vaut pour tous : « J’attendais du pratique,
de
l’action. Vous pouvez donc compter sur moi. » Et comment ne pas compr
1904
» Et comment ne pas comprendre une pareille faim
d’
agir, dans un monde abreuvé de discours, tout ahuri de propagandes con
1905
e une pareille faim d’agir, dans un monde abreuvé
de
discours, tout ahuri de propagandes contradictoires et de platitudes
1906
ir, dans un monde abreuvé de discours, tout ahuri
de
propagandes contradictoires et de platitudes politiciennes. Assez de
1907
urs, tout ahuri de propagandes contradictoires et
de
platitudes politiciennes. Assez de paroles, passons aux actes, s’écri
1908
radictoires et de platitudes politiciennes. Assez
de
paroles, passons aux actes, s’écrient en chœur ceux qui ont encore de
1909
pourtant, je voudrais mettre en garde une partie
de
mes jeunes auditeurs contre une tentation trop facile, le goût de l’a
1910
diteurs contre une tentation trop facile, le goût
de
l’action pour l’action, le frisson de « l’en avant ! » qui ne sait mê
1911
le, le goût de l’action pour l’action, le frisson
de
« l’en avant ! » qui ne sait même pas où il va. Je ne suis pas là pou
1912
où il va. Je ne suis pas là pour vous décourager
d’
agir, c’est entendu. Bien au contraire, je voudrais vous demander d’ag
1913
ndu. Bien au contraire, je voudrais vous demander
d’
agir en connaissance de cause, en connaissance de but aussi. Voyez-vou
1914
d’agir en connaissance de cause, en connaissance
de
but aussi. Voyez-vous, il ne suffit pas de crier : Allons-y tous ense
1915
ssance de but aussi. Voyez-vous, il ne suffit pas
de
crier : Allons-y tous ensemble : il faut encore savoir où l’on va, et
1916
savoir où l’on va, et pourquoi. L’action n’a donc
de
sens qu’en vertu de la pensée qui est derrière elle pour l’inspirer,
1917
ce que son action couronne une longue préparation
de
pensée, et veut réaliser des objectifs bien définis. Derrière son ges
1918
Derrière son geste et son appel, il y a deux ans
de
travail de comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de
1919
on geste et son appel, il y a deux ans de travail
de
comités, de commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et
1920
son appel, il y a deux ans de travail de comités,
de
commissions, de sections et de rapporteur, de congrès et de théoricie
1921
a deux ans de travail de comités, de commissions,
de
sections et de rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beau
1922
ravail de comités, de commissions, de sections et
de
rapporteur, de congrès et de théoriciens ; il y a beaucoup de paroles
1923
és, de commissions, de sections et de rapporteur,
de
congrès et de théoriciens ; il y a beaucoup de paroles et beaucoup de
1924
ions, de sections et de rapporteur, de congrès et
de
théoriciens ; il y a beaucoup de paroles et beaucoup de circulaires,
1925
ssionnant tous les jours. Il y a l’immense labeur
de
déblaiement des perspectives, de rassemblement des esprits, de déterm
1926
l’immense labeur de déblaiement des perspectives,
de
rassemblement des esprits, de détermination des objectifs concrets ;
1927
t des perspectives, de rassemblement des esprits,
de
détermination des objectifs concrets ; et tout cela, tout ce travail
1928
ar le Mouvement européen. Je n’ai pas eu le temps
d’
insister sur ce point, qui est tout de même de première importance. Le
1929
mps d’insister sur ce point, qui est tout de même
de
première importance. Les très nombreuses lettres reçues, ces derniers
1930
ces derniers jours, me prouvent qu’il est urgent
de
dissiper deux malentendus qui se font jour. Tout d’abord, qu’il soit
1931
teur : il n’y a qu’un seul mouvement qui s’occupe
de
l’Europe comme unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et de l
1932
l mouvement qui s’occupe de l’Europe comme unité,
de
l’Europe et non pas du monde entier, et de l’Europe sous tous ses asp
1933
unité, de l’Europe et non pas du monde entier, et
de
l’Europe sous tous ses aspects : c’est le Mouvement européen. On y tr
1934
s voudraient être l’avant-garde et le corps franc
de
notre Mouvement. Deuxième malentendu possible : il ne s’agit pas ici
1935
uxième malentendu possible : il ne s’agit pas ici
de
sauver la paix en général, ou l’humanité en général, mais il s’agit u
1936
l’humanité en général, mais il s’agit uniquement
de
militer pour la fédération européenne. Aucun rapport avec Garry Davis
1937
res, mais sans lendemain. La tâche précise, c’est
de
sauver l’Europe d’abord. Non point parce que l’Europe vaut mieux que
1938
mais que personne ne perde une si belle occasion
de
remettre en question sa vie et son rôle dans un monde menacé. Au revo
1939
Demain l’Europe ! — Les deux raisons
de
fédérer l’Europe (13 février 1950) Chers auditeurs, Ceux d’entre vo
1940
diteurs, Ceux d’entre vous qui me font le plaisir
de
suivre assez régulièrement ma chronique du lundi soir, auront remarqu
1941
ois, un aspect différent du même problème : celui
de
l’union européenne. Je suis loin d’avoir épuisé les questions précise
1942
blème : celui de l’union européenne. Je suis loin
d’
avoir épuisé les questions précises qui se posent dans les domaines le
1943
corps humain) qui fournit la meilleure définition
de
l’Europe. Cependant, il est bon, parfois, de reprendre le problème da
1944
tion de l’Europe. Cependant, il est bon, parfois,
de
reprendre le problème dans son ensemble. Plusieurs personnes m’ayant
1945
rs personnes m’ayant demandé, ces temps derniers,
de
leur dire en quelques mots : pourquoi faut-il unir l’Europe ? et quel
1946
l’Europe ? et quels sont les facteurs principaux
de
cette union ? Je voudrais leur répondre sans détour, d’une manière au
1947
te union ? Je voudrais leur répondre sans détour,
d’
une manière aussi simple que possible. À l’origine des fédérations qui
1948
té des divisions intérieures. Selon les cas, l’un
de
ces facteurs est plus actif ou plus puissant que l’autre, mais ils so
1949
ent pour résister à l’Angleterre, pour se libérer
de
son joug, et pour prévenir la menace d’une nouvelle conquête étrangèr
1950
e libérer de son joug, et pour prévenir la menace
d’
une nouvelle conquête étrangère. Tandis que nos cantons suisses ont ét
1951
istantes, que par la constatation claire et nette
de
l’état d’impuissance et de crise où les mettaient leurs divisions éco
1952
que par la constatation claire et nette de l’état
d’
impuissance et de crise où les mettaient leurs divisions économiques,
1953
tation claire et nette de l’état d’impuissance et
de
crise où les mettaient leurs divisions économiques, politiques et mil
1954
rs — la menace extérieure et l’absurdité reconnue
de
nos divisions internes — jouent à plein pour l’Europe, et simultanéme
1955
et simultanément. Détrônée par la dernière guerre
de
sa position dominante dans le monde, l’Europe est devenue le terrain
1956
te dans le monde, l’Europe est devenue le terrain
de
manœuvres de deux empires tout neufs, qui ont peur l’un de l’autre, e
1957
nde, l’Europe est devenue le terrain de manœuvres
de
deux empires tout neufs, qui ont peur l’un de l’autre, et que mesuren
1958
res de deux empires tout neufs, qui ont peur l’un
de
l’autre, et que mesurent leurs forces sur notre territoire, dans nos
1959
s. Oh, certes ! je pense bien que l’un et l’autre
de
ces empires sont animés des meilleures intentions, et ne veulent que
1960
Les uns nous voudraient heureux, bien nourris et
de
bonne humeur, grands lecteurs de « digests » et buveurs de coca-cola
1961
bien nourris et de bonne humeur, grands lecteurs
de
« digests » et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions de bons
1962
humeur, grands lecteurs de « digests » et buveurs
de
coca-cola : car ainsi nous ferions de bons clients. Les autres nous v
1963
et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions
de
bons clients. Les autres nous voudraient fanatiques et disciplinés, c
1964
fanatiques et disciplinés, car ainsi nous ferions
de
bons citoyens, d’excellents esclaves volontaires. La menace n’est pas
1965
iplinés, car ainsi nous ferions de bons citoyens,
d’
excellents esclaves volontaires. La menace n’est pas la même des deux
1966
ôtés, vous le sentez bien. Il est absolument faux
de
prétendre que nous n’avons plus qu’à choisir entre la peste et le cho
1967
oléra, car en réalité, ce qu’on nous offre, c’est
d’
un côté le sourire obligatoire, de l’autre le travail forcé. Les uns f
1968
us offre, c’est d’un côté le sourire obligatoire,
de
l’autre le travail forcé. Les uns financent notre reconstruction, les
1969
oix. Mais si tout de même nous trouvions le moyen
de
rester des Européens, de rester libres à notre guise, entre nous, dan
1970
nous trouvions le moyen de rester des Européens,
de
rester libres à notre guise, entre nous, dans l’indépendance, cela va
1971
ation, et qui est la prise de conscience générale
de
la stupidité de nos divisions. Ce qui a décidé nos ancêtres à créer u
1972
t la prise de conscience générale de la stupidité
de
nos divisions. Ce qui a décidé nos ancêtres à créer un pouvoir fédéra
1973
ter notre constitution, c’était l’état scandaleux
d’
impuissance où nous mettait la souveraineté jalouse de 25 États minusc
1974
puissance où nous mettait la souveraineté jalouse
de
25 États minuscules, hérissés de barrières et de péages, entravant la
1975
eraineté jalouse de 25 États minuscules, hérissés
de
barrières et de péages, entravant la circulation, sans armée unifiée,
1976
de 25 États minuscules, hérissés de barrières et
de
péages, entravant la circulation, sans armée unifiée, sans marché ass
1977
en sommes exactement au même point, dans l’Europe
d’
aujourd’hui, et c’est aussi stupide, mais plus dangereux qu’alors. Les
1978
lus circuler, sur notre continent, qu’à la faveur
d’
une tolérance des fonctionnaires, et d’une espèce de tricherie général
1979
la faveur d’une tolérance des fonctionnaires, et
d’
une espèce de tricherie générale. La preuve, c’est que si les douanier
1980
une tolérance des fonctionnaires, et d’une espèce
de
tricherie générale. La preuve, c’est que si les douaniers décident d’
1981
e. La preuve, c’est que si les douaniers décident
d’
appliquer strictement les règlements, plus personne ne passe une front
1982
tière, le trafic est embouteillé sur des dizaines
de
kilomètres. Et ce n’est là qu’un exemple entre cent de nos routines.
1983
lomètres. Et ce n’est là qu’un exemple entre cent
de
nos routines. Allons-nous continuer longtemps ces jeux puérils, qui n
1984
deux ans, nous serons sans doute à la merci soit
d’
une police totalitaire, soit des experts d’une commission d’achat qui
1985
i soit d’une police totalitaire, soit des experts
d’
une commission d’achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voi
1986
ce totalitaire, soit des experts d’une commission
d’
achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voilà, me semble-t-i
1987
commission d’achat qui sera le vrai gouvernement
de
nos pays ? Voilà, me semble-t-il, des raisons suffisantes pour justif
1988
, des raisons suffisantes pour justifier l’effort
de
nos fédérateurs, et du Mouvement européen. Je vais les résumer en que
1989
fédéralistes français ont inscrit sur des carnets
de
timbres de propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces j
1990
s français ont inscrit sur des carnets de timbres
de
propagande européenne, qui seront mis en vente un de ces jours. Le vo
1991
propagande européenne, qui seront mis en vente un
de
ces jours. Le voici : « Européens, fédérez-vous pour sauver votre ind
1992
, certes, n’est pas diplomatique. Il a l’avantage
d’
être clair. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
1993
Chers auditeurs, Je viens de recevoir la visite
d’
un journaliste qui débarquait tout droit de la planète Mars, sortant d
1994
visite d’un journaliste qui débarquait tout droit
de
la planète Mars, sortant d’une somptueuse fusée-limousine à l’hydrogè
1995
débarquait tout droit de la planète Mars, sortant
d’
une somptueuse fusée-limousine à l’hydrogène atomique. Il m’a demandé
1996
i se passait sur la Terre, et quel était le sujet
de
conversation le plus général, quand les gens qui se rencontrent ne tr
1997
t j’ai répondu en ces termes : — Les gens parlent
de
tout au monde, de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de l
1998
ces termes : — Les gens parlent de tout au monde,
de
leurs amis, de leurs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou d
1999
Les gens parlent de tout au monde, de leurs amis,
de
leurs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou de leurs dividen
2000
de leurs amis, de leurs ennemis particulièrement,
de
leurs salaires ou de leurs dividendes, du bébé de Rita Hayworth ou de
2001
rs ennemis particulièrement, de leurs salaires ou
de
leurs dividendes, du bébé de Rita Hayworth ou des champions du monde
2002
de leurs salaires ou de leurs dividendes, du bébé
de
Rita Hayworth ou des champions du monde de ski, du temps qu’il fait,
2003
u bébé de Rita Hayworth ou des champions du monde
de
ski, du temps qu’il fait, du dernier film, de leurs amours. Mais sans
2004
nde de ski, du temps qu’il fait, du dernier film,
de
leurs amours. Mais sans le savoir, le plus souvent, derrière tout cel
2005
t, derrière tout cela, ils ne parlent au fond que
d’
une seule chose. Ils parlent de leur vie ou de leur mort, c’est-à-dire
2006
arlent au fond que d’une seule chose. Ils parlent
de
leur vie ou de leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond, de la
2007
que d’une seule chose. Ils parlent de leur vie ou
de
leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond, de la guerre qui vie
2008
leur mort, c’est-à-dire, qu’ils parlent au fond,
de
la guerre qui vient ou qui ne viendra pas. L’idée de la guerre possib
2009
la guerre qui vient ou qui ne viendra pas. L’idée
de
la guerre possible est devenue l’arrière-plan de tous nos projets dan
2010
de la guerre possible est devenue l’arrière-plan
de
tous nos projets dans ce siècle. — Qu’est-ce que la guerre ? m’a dema
2011
e la guerre ? m’a demandé le journaliste débarqué
de
la planète Mars. Je me suis senti assez embarrassé. J’avais peut-être
2012
r les humains qui peuplent notre Terre. J’ai fait
de
mon mieux, j’ai dit ceci. — Autrefois, il y avait des nations, représ
2013
ntées par des rois ou des princes, qui décidaient
de
prendre un morceau de la nation voisine, ou de lui rabattre le caquet
2014
des princes, qui décidaient de prendre un morceau
de
la nation voisine, ou de lui rabattre le caquet. On formait alors une
2015
nt de prendre un morceau de la nation voisine, ou
de
lui rabattre le caquet. On formait alors une armée composée de gens q
2016
re le caquet. On formait alors une armée composée
de
gens qu’on payait pour cela, et le jeu consistait à tuer les soldats
2017
our cela, et le jeu consistait à tuer les soldats
de
l’armée ennemie, après quoi l’on s’appropriait les territoires ou les
2018
ution française, qui transforma les règles du jeu
de
la guerre. À partir de ce moment-là, faire la guerre au voisin ne sig
2019
signifiait plus seulement battre sa petite armée
de
mercenaires, mais aussi lui imposer un régime politique dont il n’ava
2020
éon apporta le système jacobin à tous les peuples
de
l’Europe, sur la pointe de ses baïonnettes. À cette époque, toutefois
2021
bin à tous les peuples de l’Europe, sur la pointe
de
ses baïonnettes. À cette époque, toutefois, on se bornait encore à fa
2022
renait son cours normal ; le vainqueur s’emparait
d’
un pays bien vivant. Au xx e siècle, nous avons fait d’immenses progrè
2023
pays bien vivant. Au xx e siècle, nous avons fait
d’
immenses progrès. La guerre est devenue totale, et cela veut dire : qu
2024
mines, tous sont mobilisés, c’est-à-dire obligés
de
travailler non plus pour la conquête du voisin, mais pour sa destruct
2025
sible totale. Car, en effet, si toutes les forces
d’
un pays participent maintenant à la guerre, on ne peut gagner qu’en le
2026
ulte logiquement qu’on ne peut plus s’emparer que
d’
une nation morte. On ne peut donc plus gagner une guerre, à proprement
2027
mène encore plus grave. C’est qu’on ne peut plus,
de
nos jours, changer le régime de la nation vaincue en changeant simple
2028
’on ne peut plus, de nos jours, changer le régime
de
la nation vaincue en changeant simplement le gouvernement. Car les ré
2029
les réflexes, dans les nerfs, dans l’inconscient
de
tous et de chacun. Il faudrait donc exterminer un peuple, ou le réédu
2030
es, dans les nerfs, dans l’inconscient de tous et
de
chacun. Il faudrait donc exterminer un peuple, ou le rééduquer totale
2031
cas, c’est un très gros travail. Prenez l’exemple
de
l’Allemagne hitlérienne. Les Américains, dans leur zone, ont eu sur l
2032
les bras, depuis l’armistice, quelque 20 millions
d’
Allemands qui venaient de subir 12 ans de régime nazi. Douze ans seule
2033
millions d’Allemands qui venaient de subir 12 ans
de
régime nazi. Douze ans seulement, c’est-à-dire à peine une demi-génér
2034
m’ont dit souvent : Il y a dans notre zone autant
de
nazis qu’en 1945, il n’y a qu’Hitler en moins, nous avons donc échoué
2035
-il encore avoir un sens ? Au lieu de 20 millions
d’
endoctrinés, les Américains cette fois-ci auraient sur les bras 200 mi
2036
cette fois-ci auraient sur les bras 200 millions
d’
hommes, de femmes et d’enfants formés par le régime depuis plus de 30
2037
s-ci auraient sur les bras 200 millions d’hommes,
de
femmes et d’enfants formés par le régime depuis plus de 30 ans, 200 m
2038
sur les bras 200 millions d’hommes, de femmes et
d’
enfants formés par le régime depuis plus de 30 ans, 200 millions qui n
2039
mes et d’enfants formés par le régime depuis plus
de
30 ans, 200 millions qui ne savent rien de la démocratie occidentale,
2040
s plus de 30 ans, 200 millions qui ne savent rien
de
la démocratie occidentale, qui lui sont totalement imperméables, par
2041
u, ni même envisagé, que je sache, les conditions
d’
une victoire praticable. Et le même raisonnement vaudrait, en sens inv
2042
Le problème du siècle est donc simple : Il s’agit
d’
empêcher la guerre, et cela non point au nom du pacifisme, le pacifism
2043
ue proposez-vous ? me dit le journaliste descendu
de
la planète Mars. — Je propose de constituer une puissance qui s’inter
2044
naliste descendu de la planète Mars. — Je propose
de
constituer une puissance qui s’interpose entre les Russes et les Amér
2045
rme indépendante, l’Europe unie, armée et neutre.
De
quoi faire réfléchir les 2 blocs. — C’est raisonnable, conclut le jou
2046
sonnable, conclut le journaliste. Mais les hommes
de
la Terre sont un peu fous. Ceux de l’Europe se laisseront-ils convain
2047
ais les hommes de la Terre sont un peu fous. Ceux
de
l’Europe se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux de vos procha
2048
pe se laisseront-ils convaincre ? Je suis curieux
de
vos prochaines émissions. Au revoir donc, à lundi prochain !
2049
évrier 1950) Chers auditeurs, Je m’étais promis
de
vous parler ce soir du problème que pose l’Angleterre, dans ses relat
2050
e j’ai pu faire, depuis longtemps, sur l’attitude
de
ces Européens qui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc de d
2051
ui tiennent tant à rester en marge. Essayons donc
de
dissiper un peu les brouillards londoniens dont ils enveloppent leurs
2052
ertitudes. Depuis deux ans, il est devenu courant
d’
accuser l’Angleterre et ses chefs de freiner les efforts d’union europ
2053
evenu courant d’accuser l’Angleterre et ses chefs
de
freiner les efforts d’union européenne. On a même parlé de sabotage.
2054
l’Angleterre et ses chefs de freiner les efforts
d’
union européenne. On a même parlé de sabotage. Quels sont les faits ?
2055
r les efforts d’union européenne. On a même parlé
de
sabotage. Quels sont les faits ? Le premier fait, c’est que Churchill
2056
, c’est que Churchill fut le premier homme d’État
de
grand calibre qui osât parler d’unir l’Europe, au lendemain même de l
2057
ier homme d’État de grand calibre qui osât parler
d’
unir l’Europe, au lendemain même de la guerre. On se rappelle son disc
2058
ui osât parler d’unir l’Europe, au lendemain même
de
la guerre. On se rappelle son discours de Zurich, en septembre 1946.
2059
in même de la guerre. On se rappelle son discours
de
Zurich, en septembre 1946. Il demandait que la France et l’Allemagne
2060
llemagne se tendent la main, pour amorcer l’union
de
notre continent. À vrai dire, si l’on relit son discours, on s’aperço
2061
t précédé dans cette voie, il convoqua le congrès
de
La Haye, d’où devait sortir notre Mouvement européen. Mais Churchill
2062
ns cette voie, il convoqua le congrès de La Haye,
d’
où devait sortir notre Mouvement européen. Mais Churchill n’engageait
2063
ncore le mot fédération. Il était au surplus chef
de
l’opposition. Que pensait son gouvernement ? M. Bevin tenait de son c
2064
n. Que pensait son gouvernement ? M. Bevin tenait
de
son côté de beaux discours. Il déclarait, devant la Chambre des commu
2065
it son gouvernement ? M. Bevin tenait de son côté
de
beaux discours. Il déclarait, devant la Chambre des communes, qu’il é
2066
orte quel pays du monde, sans passeport ni permis
de
devises. Mais quand le Mouvement européen proposa de convoquer le Con
2067
devises. Mais quand le Mouvement européen proposa
de
convoquer le Conseil de l’Europe, M. Bevin opposa son veto. Le Consei
2068
sque toutes les recommandations issues des débats
de
Strasbourg, contribuant ainsi plus que tout autre à rendre vaines ces
2069
ndonien n’en est pas éclairci. Essayons cependant
de
distinguer les motifs de ces deux attitudes — celle de Churchill et c
2070
irci. Essayons cependant de distinguer les motifs
de
ces deux attitudes — celle de Churchill et celle de son grand adversa
2071
stinguer les motifs de ces deux attitudes — celle
de
Churchill et celle de son grand adversaire — si curieusement apparent
2072
ces deux attitudes — celle de Churchill et celle
de
son grand adversaire — si curieusement apparentées en fait. On a dit
2073
s’opposait à l’Europe parce que c’était une idée
de
Churchill. Écartons cette raison un peu puérile, et peu digne d’un ho
2074
cartons cette raison un peu puérile, et peu digne
d’
un homme d’État. M. Bevin avait deux arguments bien plus sérieux. Le p
2075
Le second, l’expérience socialiste qu’il tentait
de
réussir dans son île, en vase clos. Pendant longtemps, les Anglais no
2076
Anglais nous ont dit : nous serions bien d’accord
de
faire l’Europe, mais nous pensons d’abord à notre empire, aux dominio
2077
m de l’Afrique du Sud, et par le Premier ministre
d’
Australie : ils étaient chaleureux et enthousiastes. Mais ils ne figur
2078
lth n’était en rien contradictoire avec une union
de
l’Europe. Reste donc l’argument des travaillistes anglais. Comment vo
2079
de socialisme, elle ne sera pas seulement séparée
de
l’Europe, mais aussi des États-Unis, et bien plus : de ses propres do
2080
Europe, mais aussi des États-Unis, et bien plus :
de
ses propres dominions, qui sont tous revenus au système libéral. Enfi
2081
revenus au système libéral. Enfin, les élections
de
la semaine dernière font apparaître un fait nouveau : c’est que l’exp
2082
, le Parti travailliste n’a réuni que 13 millions
de
voix, tandis que les autres partis totalisent plus de 15 millions. Sa
2083
oix, tandis que les autres partis totalisent plus
de
15 millions. Sans juger un instant de la valeur de cette expérience s
2084
lisent plus de 15 millions. Sans juger un instant
de
la valeur de cette expérience socialiste, il faut avouer que l’argume
2085
e 15 millions. Sans juger un instant de la valeur
de
cette expérience socialiste, il faut avouer que l’argument qu’on en t
2086
urope. Quelles conclusions nous faudrait-il tirer
de
cette analyse ? Je dirais qu’à mon sens, les principales raisons que
2087
uvaient avoir les Anglais pour se tenir à l’écart
de
l’Europe, sont désormais caduques, ou tout au moins très affaiblies.
2088
les deux grands prétextes, les deux grands motifs
de
méfiance derrière lesquels se réfugiait M. Bevin, fortement ébranlés,
2089
ope unie. En attendant qu’ils aient pris le temps
d’
y réfléchir, travaillons ferme sur le continent, entre Allemands et Fr
2090
mands et Français surtout. Si nous créons ce cœur
de
la fédération, je vois des chances désormais fort accrues pour que l’
2091
ses, j’ai abordé dans cette chronique la question
de
la neutralité européenne. Je proposais d’étendre à l’Europe tout enti
2092
uestion de la neutralité européenne. Je proposais
d’
étendre à l’Europe tout entière le statut actuel de la Suisse : fédéré
2093
’étendre à l’Europe tout entière le statut actuel
de
la Suisse : fédérée, neutre, et armée. Mes dernières émissions sur ce
2094
t celui-ci : on a cru que je proposais à l’Europe
de
se retirer purement et simplement de la grande bagarre entre l’Est et
2095
s à l’Europe de se retirer purement et simplement
de
la grande bagarre entre l’Est et l’Ouest, et de se réfugier derrière
2096
t de la grande bagarre entre l’Est et l’Ouest, et
de
se réfugier derrière une simple déclaration pacifiste. Et l’on m’a di
2097
effet, le journal qui passe pour le plus sérieux
de
Paris, Le Monde , a repris l’idée d’une Europe neutre, dans un édito
2098
lus sérieux de Paris, Le Monde , a repris l’idée
d’
une Europe neutre, dans un éditorial qui a fait beaucoup de bruit. De
2099
, dans un éditorial qui a fait beaucoup de bruit.
De
son côté, le non moins sérieux Times, de Londres, écrivait prudemment
2100
e bruit. De son côté, le non moins sérieux Times,
de
Londres, écrivait prudemment, et je cite : « Il n’est pas nécessaire
2101
n deux camps rigidement hostiles… et il peut être
de
l’intérêt des deux parties que certaines régions aient la certitude d
2102
parties que certaines régions aient la certitude
de
conserver une sorte de neutralité. » Les réactions de la presse ont é
2103
régions aient la certitude de conserver une sorte
de
neutralité. » Les réactions de la presse ont été vives et immédiates,
2104
onserver une sorte de neutralité. » Les réactions
de
la presse ont été vives et immédiates, dans toute l’Europe et aux Éta
2105
nation que le moment était mal choisi pour parler
de
neutralité, alors que l’Amérique commençait justement à réarmer nos p
2106
ustement à réarmer nos pays ; qu’il était absurde
de
penser que la volonté de neutralité suffirait à protéger le continent
2107
ys ; qu’il était absurde de penser que la volonté
de
neutralité suffirait à protéger le continent, alors qu’elle n’avait p
2108
ni la Norvège ; et qu’enfin il n’était pas digne
de
dire aux Américains : « Vous nous avez aidés, merci beaucoup, et main
2109
le des deux Grands n’est pas nécessairement celle
de
l’Europe, et ils n’ont pas tort ; tandis que les autres, comme Raymon
2110
’essentiel. Ils ont oublié la condition préalable
de
toute neutralité européenne qui serait la fédération de l’Europe. En
2111
te neutralité européenne qui serait la fédération
de
l’Europe. En effet, si l’Europe n’est pas unie, on ne voit pas commen
2112
uvernement fédéral du continent aurait le pouvoir
de
prendre une telle décision et de la proclamer. Il est donc absurde de
2113
urait le pouvoir de prendre une telle décision et
de
la proclamer. Il est donc absurde de parler de neutralité si l’on ne
2114
décision et de la proclamer. Il est donc absurde
de
parler de neutralité si l’on ne veut pas d’abord et sans réserve la f
2115
et de la proclamer. Il est donc absurde de parler
de
neutralité si l’on ne veut pas d’abord et sans réserve la fédération.
2116
énéralement répandue, que neutralité est synonyme
de
démission et d’impuissance, surtout dans le domaine militaire. Ce ne
2117
ndue, que neutralité est synonyme de démission et
d’
impuissance, surtout dans le domaine militaire. Ce ne sont pas les déc
2118
omaine militaire. Ce ne sont pas les déclarations
de
nos juristes qui arrêteront les chars et les avions, remarquent-ils a
2119
i vient de dire son fait au doux rêveur. Dialogue
de
sourds, en vérité, je dirai même : histoire de fous. Car primo, il es
2120
ue de sourds, en vérité, je dirai même : histoire
de
fous. Car primo, il est pratiquement impossible de déclarer l’Europe
2121
e fous. Car primo, il est pratiquement impossible
de
déclarer l’Europe neutre, si cette Europe n’est pas tout d’abord fédé
2122
fédérée, si elle n’a pas un gouvernement capable
de
parler en son nom ; et secundo, une Europe fédérée sera seule en mesu
2123
secundo, une Europe fédérée sera seule en mesure
de
se défendre, c’est-à-dire de créer une force armée puissante. Nos pet
2124
sera seule en mesure de se défendre, c’est-à-dire
de
créer une force armée puissante. Nos petites armées nationales, même
2125
sante. Nos petites armées nationales, même dotées
de
surplus américains, seraient tout juste bonnes à se faire anéantir pl
2126
émission, mais au contraire une fière affirmation
d’
indépendance. Voilà qui me paraît simple à concevoir, évident, et irré
2127
que tant de journaux importants, et pompeux, tant
d’
excellents esprits en France, en Angleterre et aux États-Unis, se ferm
2128
tats-Unis, se ferment à ces évidences. Et je suis
d’
autant plus heureux de pouvoir vous citer trois opinions qui tranchent
2129
à ces évidences. Et je suis d’autant plus heureux
de
pouvoir vous citer trois opinions qui tranchent sur l’aveuglement gén
2130
Gazzetta del Popolo, qui écrit : « La neutralité
de
l’Europe ne peut être que la conquête d’une Europe unie. » C’est ensu
2131
utralité de l’Europe ne peut être que la conquête
d’
une Europe unie. » C’est ensuite M. René Payot, qui écrit dans le Jou
2132
ensuite M. René Payot, qui écrit dans le Journal
de
Genève : « L’Europe aura le droit de se proclamer neutre le jour où
2133
le Journal de Genève : « L’Europe aura le droit
de
se proclamer neutre le jour où elle sera consolidée et forte, et que
2134
alculs avec son potentiel militaire et sa volonté
de
résistance. » Et c’est enfin le grand chroniqueur américain Walter Li
2135
iqueur américain Walter Lippmann, qui ne voit pas
d’
autre solution à la crise actuelle que dans la formation d’une troisiè
2136
olution à la crise actuelle que dans la formation
d’
une troisième force européenne neutre et armée, et reconnue comme tell
2137
plein depuis un mois pour ou contre la neutralité
de
l’Europe n’a malheureusement aucun sens, si l’on n’admet pas tout d’a
2138
r, et que seule une Europe fédérée pourra s’armer
d’
une manière efficace, pour sa défense. Mais le temps presse hélas, et
2139
se. Mais le temps presse hélas, et l’on s’indigne
de
voir le temps perdu en discussions stupides. Fédérez-vous, ou taisez-
2140
s. Fédérez-vous, ou taisez-vous ! serait-on tenté
de
dire à ces messieurs. On leur conseille, plus poliment, de réfléchir
2141
ces messieurs. On leur conseille, plus poliment,
de
réfléchir encore ou de parler d’autre chose. On leur dit comme à vous
2142
conseille, plus poliment, de réfléchir encore ou
de
parler d’autre chose. On leur dit comme à vous, chers auditeurs : au
2143
, plus poliment, de réfléchir encore ou de parler
d’
autre chose. On leur dit comme à vous, chers auditeurs : au revoir, à
2144
auditeurs, L’un d’entre vous, qui a pris la peine
de
m’écrire une belle lettre pour me faire part de sa trouvaille, rappro
2145
e de m’écrire une belle lettre pour me faire part
de
sa trouvaille, rapproche le titre de ma chronique « Demain l’Europe »
2146
e faire part de sa trouvaille, rapproche le titre
de
ma chronique « Demain l’Europe » d’une plaisanterie que tous les enfa
2147
oche le titre de ma chronique « Demain l’Europe »
d’
une plaisanterie que tous les enfants connaissent : « Demain, on raser
2148
n, on rasera gratis ! » Je ne sais si la remarque
de
mon correspondant traduit une impatience légitime, ou simplement une
2149
ue le mot demain, dans toutes nos langues, a plus
d’
un sens, ou que son sens est élastique. Demain peut signifier : après
2150
je vous dis : Demain l’Europe ! — il s’agit moins
d’
une prophétie que d’un appel. Je n’annonce pas quelque chose de certai
2151
l’Europe ! — il s’agit moins d’une prophétie que
d’
un appel. Je n’annonce pas quelque chose de certain, mais j’invoque un
2152
ie que d’un appel. Je n’annonce pas quelque chose
de
certain, mais j’invoque un espoir, le seul. Toute la question, c’est
2153
oque un espoir, le seul. Toute la question, c’est
de
savoir dans quel délai nous arriverons à ce demain. Je répondrai : de
2154
urope, doit signifier avant 1952, qui est la date
de
la fin du plan Marshall. À ce moment-là, si nous ne sommes pas arrivé
2155
rrive tous les jours, et plusieurs fois par jour,
de
rencontrer des gens qui me disent : « Eh bien, et votre Europe, comme
2156
t allez-vous ? » — « Très mal merci ! » disait-il
d’
une voix ferme. L’Europe va mal, c’est évident, vous n’avez qu’à lire
2157
quatre grands pays qui constituent les deux tiers
de
sa population sont en crise gouvernementale, ou en crise sociale, et
2158
ernementale, ou en crise sociale, et s’approchent
de
la crise économique. En Italie, M. de Gasperi ne s’est assuré une lég
2159
suré une légère majorité qu’après six replâtrages
de
son cabinet, et l’agitation sociale grandit. La France n’est pas dans
2160
eilleure situation. En Allemagne, le gouvernement
de
Bonn cherche encore ses bases politiques. À Londres, enfin, le cabine
2161
enfin, le cabinet travailliste, avec sa majorité
de
6 voix, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou de quelques t
2162
liste, avec sa majorité de 6 voix, est à la merci
de
quelques rhumes de cerveau ou de quelques trains manqués. Quant aux p
2163
rité de 6 voix, est à la merci de quelques rhumes
de
cerveau ou de quelques trains manqués. Quant aux petits pays, plus so
2164
, est à la merci de quelques rhumes de cerveau ou
de
quelques trains manqués. Quant aux petits pays, plus solides, on ne l
2165
oses ne vont pas mieux. L’Organisation économique
de
coopération européenne, l’OECE, a dû reconnaître son échec, par la vo
2166
ECE, a dû reconnaître son échec, par la voix même
de
son secrétaire général, M. Marjolin. Personne ne sait comment, d’ici
2167
entré en pleine léthargie hivernale. Certes, deux
de
ses commissions travaillent en silence et presque en secret, malgré l
2168
Mais l’Assemblée ne se réunira pas avant le mois
de
juillet, et il lui reste encore à conquérir le minimum de pouvoir néc
2169
et, et il lui reste encore à conquérir le minimum
de
pouvoir nécessaire pour légiférer… Quant à l’opinion publique : la fa
2170
la majorité, dort à poings fermés et se contente
de
grogner vaguement quand on essaye de lui parler. On se demande en vér
2171
se contente de grogner vaguement quand on essaye
de
lui parler. On se demande en vérité ce qui pourra bien la réveiller,
2172
in matin. Et pourtant il lui reste un court délai
de
grâce : deux ans au plus, je le répète, mais il dépend de nous tous q
2173
: deux ans au plus, je le répète, mais il dépend
de
nous tous que ces deux ans suffisent. Si l’opinion publique prend con
2174
Constituante, ou qu’elle adopte un Pacte fédéral
de
l’Europe. Il se peut que certains hommes d’État aient enfin la sagess
2175
que certains hommes d’État aient enfin la sagesse
de
se montrer hardis, de risquer les grands gestes qu’on attend — comme
2176
État aient enfin la sagesse de se montrer hardis,
de
risquer les grands gestes qu’on attend — comme le chancelier Adenauer
2177
ient de proposer non sans témérité l’union totale
de
l’Allemagne et de la France : ce serait la seule solution d’un problè
2178
on sans témérité l’union totale de l’Allemagne et
de
la France : ce serait la seule solution d’un problème qui a causé jus
2179
gne et de la France : ce serait la seule solution
d’
un problème qui a causé jusqu’ici des millions de morts. Mais déjà les
2180
d’un problème qui a causé jusqu’ici des millions
de
morts. Mais déjà les sceptiques ricanent, tandis que la presse, décon
2181
a rend pas toujours folle, il se contente parfois
de
la livrer aux prudents et aux petits malins. L’Europe va mal, le seul
2182
aux petits malins. L’Europe va mal, le seul moyen
de
salut, c’est tout d’abord de voir les faits — et c’est ensuite de ref
2183
a mal, le seul moyen de salut, c’est tout d’abord
de
voir les faits — et c’est ensuite de refuser la fatalité de ces faits
2184
tout d’abord de voir les faits — et c’est ensuite
de
refuser la fatalité de ces faits. Nous jouerons notre sort l’été proc
2185
s faits — et c’est ensuite de refuser la fatalité
de
ces faits. Nous jouerons notre sort l’été prochain. C’est à l’été que
2186
Demain l’Europe ! —
De
l’Europe au monde (20 mars 1950) Chers auditeurs, Je suis frappé —
2187
diteurs, Je suis frappé — et très reconnaissant —
de
constater que les lettres que vous m’envoyez sont pour la grande majo
2188
envoyez sont pour la grande majorité des messages
d’
adhésion, ou tout au moins d’approbation. Quant aux critiques que cert
2189
ajorité des messages d’adhésion, ou tout au moins
d’
approbation. Quant aux critiques que certains formulent, et que je lis
2190
lasses : les uns reprochent au Mouvement européen
d’
aller trop vite en besogne ou de viser trop loin ; d’autres pensent au
2191
ouvement européen d’aller trop vite en besogne ou
de
viser trop loin ; d’autres pensent au contraire que nous venons trop
2192
de vue que je voudrais examiner ce soir. Le terme
de
fédéralisme désigne en fait plusieurs grands mouvements qui ne diffèr
2193
uvements qui ne diffèrent au fond que par l’ordre
de
grandeur de leurs ambitions immédiates. Les fédéralistes européens so
2194
ne diffèrent au fond que par l’ordre de grandeur
de
leurs ambitions immédiates. Les fédéralistes européens sont, si vous
2195
bien, les moins gourmands : ils seraient contents
d’
unir pour commencer les quelque 20 pays de notre continent déchiré. Qu
2196
ontents d’unir pour commencer les quelque 20 pays
de
notre continent déchiré. Quant aux fédéralistes mondiaux, disciples o
2197
fédéralistes mondiaux, disciples ou prédécesseurs
de
Garry Davis, ils vont tout de suite aussi loin que possible : rien d’
2198
vont tout de suite aussi loin que possible : rien
d’
autre que la Terre entière ne saurait satisfaire leur appétit. On a pa
2199
r sans retard un parlement commun et des échanges
d’
étudiants pendant les vacances. Entre ces deux extrêmes vient d’appara
2200
ndant les vacances. Entre ces deux extrêmes vient
d’
apparaître une troisième tendance : celle des fédéralistes atlantiques
2201
Chine, refusent absolument et avec colère l’idée
d’
un gouvernement mondial. Ils proposent donc la création d’une union fé
2202
vernement mondial. Ils proposent donc la création
d’
une union fédérale des peuples libres, union qui engloberait les pays
2203
es peuples libres, union qui engloberait les pays
de
l’Europe, le Canada et les États-Unis. Il me paraît utile de fixer ra
2204
, le Canada et les États-Unis. Il me paraît utile
de
fixer rapidement la position de notre Mouvement européen devant ces d
2205
l me paraît utile de fixer rapidement la position
de
notre Mouvement européen devant ces deux tendances, la mondialiste et
2206
es fédéralistes européens ont adopté dès le début
de
leur campagne le slogan suivant : L’Europe une dans un monde uni. C’e
2207
u’ils n’ont jamais voulu séparer, isoler l’Europe
d’
une plus vaste assemblée de peuples, et que bien au contraire, dans le
2208
parer, isoler l’Europe d’une plus vaste assemblée
de
peuples, et que bien au contraire, dans leur pensée, l’Europe unie re
2209
senterait la première condition, mais nécessaire,
d’
une organisation fédérale de la Terre. Je vous le répète ici depuis un
2210
ion, mais nécessaire, d’une organisation fédérale
de
la Terre. Je vous le répète ici depuis un an déjà : faire l’Europe, c
2211
pe, c’est vouloir transformer notre fameux panier
de
crabes nationalistes, source de tant de guerres et de doctrines perve
2212
tre fameux panier de crabes nationalistes, source
de
tant de guerres et de doctrines perverses, en un puissant facteur d’é
2213
rabes nationalistes, source de tant de guerres et
de
doctrines perverses, en un puissant facteur d’équilibre et de paix, c
2214
et de doctrines perverses, en un puissant facteur
d’
équilibre et de paix, capable de prévenir le choc des deux empires qui
2215
perverses, en un puissant facteur d’équilibre et
de
paix, capable de prévenir le choc des deux empires qui se livrent à l
2216
puissant facteur d’équilibre et de paix, capable
de
prévenir le choc des deux empires qui se livrent à la guerre froide.
2217
s et retentissantes. D’une part, une cinquantaine
de
sénateurs et députés américains viennent de déposer une résolution de
2218
ne résolution demandant l’union des États-Unis et
de
l’Europe. D’autre part, le délégué de la France au comité militaire d
2219
ats-Unis et de l’Europe. D’autre part, le délégué
de
la France au comité militaire des Nations unies, le général Billotte,
2220
n de consacrer tous ses efforts à la constitution
de
cette même fédération atlantique. La presse française, et une partie
2221
on atlantique. La presse française, et une partie
de
la presse suisse, ont fait écho, très largement, à l’acte et aux décl
2222
et aux déclarations courageuses et intelligentes
de
ce jeune général français. Que disent les sénateurs américains, et qu
2223
e ne saurait être défendue, dans son état présent
de
désunion, que par la force américaine. Ils constatent également que n
2224
plan Marshall. Ils concluent donc à la nécessité
de
compléter l’alliance militaire et les mesures économiques par une vas
2225
union politique, sans s’attarder à la fédération
de
l’Europe seule. L’étape européenne, disent-ils, est dépassée. Moi, je
2226
bien, je ne m’opposerai jamais à l’élargissement
de
notre union. Mais j’ai deux remarques à faire, qui me semblent décisi
2227
il faut qu’elle forme un tout, et qu’elle dispose
d’
un gouvernement capable d’engager tous ses peuples à la fois. Sinon, c
2228
out, et qu’elle dispose d’un gouvernement capable
d’
engager tous ses peuples à la fois. Sinon, ce serait l’alliance du pot
2229
les à la fois. Sinon, ce serait l’alliance du pot
de
terre et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle de satellites
2230
n, ce serait l’alliance du pot de terre et du pot
de
fer, et nous serions réduits au rôle de satellites. Deuxièmement, qui
2231
et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle
de
satellites. Deuxièmement, qui dit fédération dit respect des autonomi
2232
dération dit respect des autonomies dans le cadre
de
l’union. Pour sauver l’autonomie spirituelle de l’Europe, ses mœurs e
2233
e de l’union. Pour sauver l’autonomie spirituelle
de
l’Europe, ses mœurs et son esprit et ses authentiques grandeurs, il n
2234
il nous faut tout d’abord lui restituer le droit
de
parler d’égale à égale avec ses grands voisins. C’est là notre tâche
2235
aut tout d’abord lui restituer le droit de parler
d’
égale à égale avec ses grands voisins. C’est là notre tâche primordial
2236
’étape européenne est dépassée : elle est l’étape
de
la restauration d’une civilisation, et par elle, de l’homme même. Je
2237
st dépassée : elle est l’étape de la restauration
d’
une civilisation, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux de vou
2238
la restauration d’une civilisation, et par elle,
de
l’homme même. Je suis heureux de vous dire que ces deux objections, q
2239
on, et par elle, de l’homme même. Je suis heureux
de
vous dire que ces deux objections, que j’ai pu faire valoir ces derni
2240
valoir ces derniers jours auprès des porte-parole
de
l’union atlantique, sont prises on considération de la manière la plu
2241
l’union atlantique, sont prises on considération
de
la manière la plus sérieuse. Beaucoup de franchise, certains ajusteme
2242
euse. Beaucoup de franchise, certains ajustements
de
langage de part et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de f
2243
oup de franchise, certains ajustements de langage
de
part et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bien
2244
chise, certains ajustements de langage de part et
d’
autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bientôt tous le
2245
et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas,
de
fédérer bientôt tous les fédéralistes, c’est-à-dire d’unir dans l’act
2246
dérer bientôt tous les fédéralistes, c’est-à-dire
d’
unir dans l’action les quelques équipes grâce auxquelles des millions
2247
es quelques équipes grâce auxquelles des millions
de
sceptiques et de découragés seront un jour peut-être, et malgré eux,
2248
es grâce auxquelles des millions de sceptiques et
de
découragés seront un jour peut-être, et malgré eux, sauvés. Au revoir
2249
ll, et leur multiplication dans tous les domaines
de
la vie publique, et même privée. Rien de plus naturel, après tout, da
2250
s naturel, après tout, dans une époque qui essaye
d’
être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte de l’opinion publique
2251
oque qui essaye d’être démocratique, c’est-à-dire
de
tenir compte de l’opinion publique ; rien de plus naturel, hélas, aus
2252
d’être démocratique, c’est-à-dire de tenir compte
de
l’opinion publique ; rien de plus naturel, hélas, aussi, dans une épo
2253
en de plus naturel, hélas, aussi, dans une époque
d’
affaiblissement de la pensée personnelle, où chacun cherche à savoir c
2254
, hélas, aussi, dans une époque d’affaiblissement
de
la pensée personnelle, où chacun cherche à savoir ce que pense le plu
2255
à savoir ce que pense le plus grand nombre, avant
d’
oser affirmer son point de vue. L’union européenne étant l’un des suje
2256
èdent à un rythme accéléré. Je vous ai déjà parlé
de
celle qu’avaient conduite les étudiants de Lausanne, parmi leurs cond
2257
parlé de celle qu’avaient conduite les étudiants
de
Lausanne, parmi leurs condisciples. Elle se poursuit depuis plusieurs
2258
et nous en connaîtrons les résultats vers le mois
de
mai. Aujourd’hui, je vous signalerai deux autres consultations publiq
2259
mes d’État européens, l’autre auprès des lecteurs
d’
un hebdomadaire à grand tirage. Un groupe de personnalités américaines
2260
teurs d’un hebdomadaire à grand tirage. Un groupe
de
personnalités américaines, qui a formé un comité en faveur de l’union
2261
mité en faveur de l’union européenne, a eu l’idée
de
demander à 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient de notre
2262
éenne, a eu l’idée de demander à 50 hommes d’État
de
nos pays ce qu’ils pensaient de notre fédération et des efforts du Co
2263
50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient
de
notre fédération et des efforts du Conseil de l’Europe. Tous ont répo
2264
onseil de l’Europe. Tous ont répondu : présidents
de
la République, présidents du conseil, anciens et futurs ministres, ch
2265
ts du conseil, anciens et futurs ministres, chefs
de
partis ou de fédérations syndicales, tous et partout, sauf dans un se
2266
, anciens et futurs ministres, chefs de partis ou
de
fédérations syndicales, tous et partout, sauf dans un seul pays, la S
2267
parmi les nations. Je ne sais trop s’il y a lieu
de
déplorer cette abstention bernoise, quand je lis les cinquante autres
2268
ommes d’État, dis-je, on reconnaît les signatures
de
quelques-uns de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’obstin
2269
s-je, on reconnaît les signatures de quelques-uns
de
ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’obstination. À lire ce
2270
s de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus
d’
obstination. À lire ces textes parfois sonores, mais plus souvent plat
2271
uvent plats, ou même creux, on ne peut s’empêcher
de
penser : si tous ces messieurs sont d’accord pour faire l’Europe, que
2272
ux sacrifices nécessaires. Mais il reste frappant
de
constater que s’ils ne saluent notre union que du bout des lèvres, il
2273
des lèvres, ils se sont cependant sentis obligés
de
la saluer. Retenons cette indication. Nos hommes d’État, liés pour la
2274
cation. Nos hommes d’État, liés pour la plupart à
d’
étroits intérêts nationalistes et partisans, sentent malgré tout que l
2275
s et partisans, sentent malgré tout que l’opinion
de
leur pays veut davantage, réclame l’union, et s’impatiente de sa lent
2276
veut davantage, réclame l’union, et s’impatiente
de
sa lenteur. On en trouvera les confirmations les plus nettes dans la
2277
itiques qui ont parlé, mais les lecteurs, l’homme
de
la rue, et dans tous nos pays, Suisse comprise cette fois-ci. Les con
2278
se comprise cette fois-ci. Les conclusions tirées
de
son enquête par l’hebdomadaire parisien me paraissent dignes d’être c
2279
par l’hebdomadaire parisien me paraissent dignes
d’
être citées et soulignées à votre intention. « Il est probable, écrive
2280
-unanimité, ces réponses révèlent un ardent désir
de
rapprochement entre les peuples libres d’Europe. » Quels sont les pri
2281
t désir de rapprochement entre les peuples libres
d’
Europe. » Quels sont les principaux points d’accord que manifestent le
2282
paux points d’accord que manifestent les milliers
de
réponses reçues par Samedi Soir ? Le journal lui-même en relève quatr
2283
à chaque pays une assez large autonomie, et dotée
d’
une armée commune. C’est en somme une Europe organisée sur le modèle d
2284
C’est en somme une Europe organisée sur le modèle
de
la Suisse qui paraît souhaitable au plus grand nombre. 2. La plupart
2285
onde voudrait que son Assemblée ait beaucoup plus
de
pouvoir, et son Comité des ministres beaucoup moins. 4. Les rédacteur
2286
é des ministres beaucoup moins. 4. Les rédacteurs
de
l’hebdomadaire français se déclarent frappés « par l’insistance des l
2287
l’insistance des lecteurs à rappeler la nécessité
d’
un réveil de la conscience européenne ». Et ils ajoutent : « Si tous l
2288
des lecteurs à rappeler la nécessité d’un réveil
de
la conscience européenne ». Et ils ajoutent : « Si tous les peuples l
2289
». Et ils ajoutent : « Si tous les peuples libres
de
l’Europe occidentale n’arrivent pas à se pénétrer de l’idée qu’ils ap
2290
l’Europe occidentale n’arrivent pas à se pénétrer
de
l’idée qu’ils appartiennent à une même civilisation, aujourd’hui mena
2291
ation, aujourd’hui menacée, il n’y a aucun espoir
d’
aboutir. S’ils y parviennent, tous les espoirs sont permis. Car ce son
2292
Car ce sont les peuples qui décideront finalement
de
leur sort, en restant inertes, ou en faisant pression sur leurs gouve
2293
pourriez croire que je n’ai fait que citer l’une
de
mes chroniques de l’an dernier… Certes, une hirondelle ne fait pas le
2294
ue je n’ai fait que citer l’une de mes chroniques
de
l’an dernier… Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps, et une
2295
fait pas l’Europe, mais il y a de nouveau un peu
d’
espoir dans l’air. Au revoir, à lundi prochain !
2296
expression « faire l’Europe », qui est le refrain
de
mes chroniques, a plus d’un sens. Pour les fédéralistes, dont je suis
2297
e », qui est le refrain de mes chroniques, a plus
d’
un sens. Pour les fédéralistes, dont je suis, faire l’Europe signifie
2298
fasse vite, et affirmer surtout qu’il est urgent
d’
attendre, avec une obstination aussi acharnée qu’anglo-saxonne. Pour l
2299
auver notre culture, nos libertés et le sens même
de
notre vie, pour les autres, c’est réunir des commissions, qui convoqu
2300
meront des bureaux, dont il peut être intéressant
de
faire partie. Ainsi va le monde. Prenons-le comme il est, et demandon
2301
it exact. M. Churchill s’est fait, s’il me permet
de
le dire, le haut-parleur d’un grand courant d’idées qui circulait dep
2302
fait, s’il me permet de le dire, le haut-parleur
d’
un grand courant d’idées qui circulait depuis longtemps déjà dans les
2303
et de le dire, le haut-parleur d’un grand courant
d’
idées qui circulait depuis longtemps déjà dans les milieux les plus di
2304
eux les plus divers, et parfois les plus éloignés
de
celui de l’homme d’État conservateur. Mais le fait est que, quand cer
2305
lus divers, et parfois les plus éloignés de celui
de
l’homme d’État conservateur. Mais le fait est que, quand certains d’e
2306
a Chambre des communes, préconisant l’intégration
de
l’Allemagne dans une Europe unie, et tout le monde s’est écrié : voil
2307
ité, et qui voit loin !… Mais il n’est pas besoin
de
voir très loin pour voir que le problème allemand est le problème num
2308
ue le problème allemand est le problème numéro un
de
l’Europe actuelle, et qu’il n’a qu’une seule solution : l’Europe unie
2309
qu’une seule solution : l’Europe unie. Il suffit
de
voir ce qui est, dans l’immédiat, et sous nos yeux. L’étonnant, le st
2310
rien vu. La seule nouveauté véritable du discours
de
M. Churchill, c’est qu’il a proposé que l’Angleterre soutienne effect
2311
dans le cadre du Conseil de l’Europe. Il a décidé
d’
inviter la République fédérale de Bonn à venir siéger dans l’Assemblée
2312
ope. Il a décidé d’inviter la République fédérale
de
Bonn à venir siéger dans l’Assemblée consultative, qui doit se réunir
2313
ssemblée consultative, qui doit se réunir au mois
d’
août à Strasbourg, pour sa deuxième session normale. On attend désorma
2314
llemands, très divisés sur cette question à cause
d’
une affaire ridicule. Les Français voudraient que la Sarre entre en mê
2315
es Allemands la veulent allemande, et s’offensent
de
la voir traitée en État libre. Je dis que l’affaire est ridicule, s’a
2316
, puisqu’il est clair que, dans notre fédération,
de
tels problèmes précisément ne se poseraient plus, — et voilà bien pou
2317
llemand, mais c’est surtout, et avant tout, faire
de
ces deux pays, et aussi de la Sarre, des cantons sans frontière dans
2318
, et avant tout, faire de ces deux pays, et aussi
de
la Sarre, des cantons sans frontière dans la grande république europé
2319
nde république européenne. Il s’agit à Strasbourg
de
dépasser le stade des points d’honneur nationalistes. Mettre comme co
2320
agit à Strasbourg de dépasser le stade des points
d’
honneur nationalistes. Mettre comme condition à l’entrée de l’Allemagn
2321
nationalistes. Mettre comme condition à l’entrée
de
l’Allemagne dans l’union supranationale une question de nationalisme,
2322
llemagne dans l’union supranationale une question
de
nationalisme, c’est un non-sens dont les politiciens devraient rougir
2323
lemagne entre ou non dans le Conseil de l’Europe.
De
son refus ou de son acceptation dépendra le succès de l’entreprise de
2324
non dans le Conseil de l’Europe. De son refus ou
de
son acceptation dépendra le succès de l’entreprise de Strasbourg. Si
2325
on refus ou de son acceptation dépendra le succès
de
l’entreprise de Strasbourg. Si le Conseil de l’Europe, mis sur pied g
2326
on acceptation dépendra le succès de l’entreprise
de
Strasbourg. Si le Conseil de l’Europe, mis sur pied grâce aux efforts
2327
e l’Europe, mis sur pied grâce aux efforts privés
de
notre Mouvement réussissait à absorber les Allemands dans une vaste u
2328
Demain l’Europe ! — Les volontaires
de
Daniel Villey (10 avril 1950) Chers auditeurs ! Il y a quelques sem
2329
emaines, à ce micro, je vous lisais deux extraits
d’
un appel que venait de lancer le professeur Daniel Villey, de la facul
2330
que venait de lancer le professeur Daniel Villey,
de
la faculté de droit de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires
2331
lancer le professeur Daniel Villey, de la faculté
de
droit de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires de consacrer d
2332
professeur Daniel Villey, de la faculté de droit
de
Poitiers. Il demandait à quelques volontaires de consacrer deux ans d
2333
de Poitiers. Il demandait à quelques volontaires
de
consacrer deux ans de leur vie à la lutte pour l’union européenne. Ce
2334
dait à quelques volontaires de consacrer deux ans
de
leur vie à la lutte pour l’union européenne. Ces courts extraits d’un
2335
utte pour l’union européenne. Ces courts extraits
d’
une modeste brochure ont suffi pour que 150 de mes auditeurs de tous â
2336
its d’une modeste brochure ont suffi pour que 150
de
mes auditeurs de tous âges m’écrivent, écrivent aussi au professeur V
2337
brochure ont suffi pour que 150 de mes auditeurs
de
tous âges m’écrivent, écrivent aussi au professeur Villey, demandent
2338
rivent aussi au professeur Villey, demandent plus
de
détails, et souvent même, offrent de faire partie de l’équipe des vol
2339
mandent plus de détails, et souvent même, offrent
de
faire partie de l’équipe des volontaires. Ces lettres me venaient pou
2340
détails, et souvent même, offrent de faire partie
de
l’équipe des volontaires. Ces lettres me venaient pour la plupart de
2341
ur la plupart de Suisse, mais quelques-unes aussi
de
France, ou d’Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestin
2342
de Suisse, mais quelques-unes aussi de France, ou
d’
Italie ; l’une même était datée de Tel-Aviv, en Palestine — où je ne s
2343
i de France, ou d’Italie ; l’une même était datée
de
Tel-Aviv, en Palestine — où je ne soupçonnais pas que les ondes suiss
2344
i bien écoutées et reçues. Ces nombreuses marques
d’
enthousiasme pour l’initiative de Villey me font un devoir, aujourd’hu
2345
mbreuses marques d’enthousiasme pour l’initiative
de
Villey me font un devoir, aujourd’hui, de vous décrire la suite de ce
2346
tiative de Villey me font un devoir, aujourd’hui,
de
vous décrire la suite de cette belle aventure. Certes, elle en est en
2347
un devoir, aujourd’hui, de vous décrire la suite
de
cette belle aventure. Certes, elle en est encore à ses débuts, mais e
2348
x qu’une promesse. Daniel Villey, sans avoir fait
d’
autre publicité que l’envoi de sa brochure à ceux qui la demandaient —
2349
ey, sans avoir fait d’autre publicité que l’envoi
de
sa brochure à ceux qui la demandaient — à la suite de quelques articl
2350
la demandaient — à la suite de quelques articles
de
Daniel-Rops, de Jules Romains, et de ma chronique — , Villey, donc, a
2351
— à la suite de quelques articles de Daniel-Rops,
de
Jules Romains, et de ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus de 20
2352
ues articles de Daniel-Rops, de Jules Romains, et
de
ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus de 2000 lettres d’adhésion
2353
et de ma chronique — , Villey, donc, a reçu plus
de
2000 lettres d’adhésion en quelques semaines. Sans secrétaire, aidé s
2354
que — , Villey, donc, a reçu plus de 2000 lettres
d’
adhésion en quelques semaines. Sans secrétaire, aidé seulement par sa
2355
a dépouillé cet énorme courrier, et s’est efforcé
de
répondre à ceux qui le demandaient. Surtout, il a opéré un choix dans
2356
dans ce courrier très disparate. Une cinquantaine
de
jeunes gens et jeunes filles ont été convoqués pour une première renc
2357
remière rencontre à Paris le 12 février. Le texte
de
la convocation avait été rédigé en termes exigeants, afin que puissen
2358
exigeants, afin que puissent se distinguer celles
de
ces bonnes volontés qu’appuyait une solide résolution. Le 17 février,
2359
français du Mouvement européen, un premier groupe
de
dix volontaires a prêté un serment solennel, et s’est engagé pour deu
2360
et s’est engagé pour deux ans au service exclusif
de
l’unité européenne. Trois autres sont venus s’ajouter au noyau, le 8
2361
nt venus s’ajouter au noyau, le 8 mars. Au nombre
de
ces premiers volontaires, je relève deux étudiants, un secrétaire d’i
2362
ontaires, je relève deux étudiants, un secrétaire
d’
inspection de l’enseignement, un horticulteur, une directrice d’école
2363
relève deux étudiants, un secrétaire d’inspection
de
l’enseignement, un horticulteur, une directrice d’école d’infirmières
2364
e l’enseignement, un horticulteur, une directrice
d’
école d’infirmières, une diplômée en économie politique, une ouvrière
2365
ignement, un horticulteur, une directrice d’école
d’
infirmières, une diplômée en économie politique, une ouvrière de Toulo
2366
une diplômée en économie politique, une ouvrière
de
Toulouse et un voyageur de commerce. Pour l’Europe, ils ont quitté le
2367
olitique, une ouvrière de Toulouse et un voyageur
de
commerce. Pour l’Europe, ils ont quitté leurs familles, interrompu le
2368
études ou leur carrière, accepté tous les risques
d’
une entreprise incertaine et d’une vie dénuée de toute assurance du le
2369
é tous les risques d’une entreprise incertaine et
d’
une vie dénuée de toute assurance du lendemain. Que feront donc ces vo
2370
s d’une entreprise incertaine et d’une vie dénuée
de
toute assurance du lendemain. Que feront donc ces volontaires ? C’est
2371
onc ces volontaires ? C’est ce qu’un grand nombre
de
correspondants ont demandé à Daniel Villey, qui leur répond en ces te
2372
que d’autres ensuite amplifieront. Il faut voler
de
chance en chance. Comment tracer d’avance l’itinéraire d’une telle dé
2373
Il faut voler de chance en chance. Comment tracer
d’
avance l’itinéraire d’une telle démarche ? Pourtant, des objectifs pr
2374
e en chance. Comment tracer d’avance l’itinéraire
d’
une telle démarche ? Pourtant, des objectifs précis sont assignés d’o
2375
rd, ils devront répandre dans toutes les communes
de
France le drapeau de l’Europe, le E vert sur fond blanc, afin qu’il f
2376
dre dans toutes les communes de France le drapeau
de
l’Europe, le E vert sur fond blanc, afin qu’il flotte au fronton des
2377
rapeau national. Et ils prépareront l’institution
d’
une fête légale de l’Europe, pour le 10 août de chaque année. Ces deux
2378
t ils prépareront l’institution d’une fête légale
de
l’Europe, pour le 10 août de chaque année. Ces deux mesures supposent
2379
on d’une fête légale de l’Europe, pour le 10 août
de
chaque année. Ces deux mesures supposent une intense propagande dans
2380
les esprits, en France, à accepter l’intégration
de
l’Allemagne dans la fédération, à exiger l’élection directe du Parlem
2381
ion directe du Parlement européen, et la création
d’
un exécutif européen responsable devant ce Parlement. Agiter, réveille
2382
r participer, eux aussi, à la croisade. Craignant
de
décevoir tant de bonnes volontés qui s’étaient signalées spontanément
2383
à Villey. Il m’a répondu ceci : son intention est
de
former d’abord sa première équipe pour la France. Un ou deux Suisses
2384
ance. Un ou deux Suisses ont été invités à suivre
de
près l’expérience. Si celle-ci se révèle concluante, il faudra qu’une
2385
èmes, à nos mentalités. Je souhaite que le succès
de
Daniel Villey en France permette une suite rapide chez nous, car je c
2386
gouvernements, laissés à eux-mêmes, sont capables
de
faire, ou plutôt de ne pas faire. C’est ainsi qu’à Strasbourg, tout r
2387
és à eux-mêmes, sont capables de faire, ou plutôt
de
ne pas faire. C’est ainsi qu’à Strasbourg, tout récemment, les minist
2388
t, les ministres du Conseil de l’Europe ont tenté
d’
étouffer le premier projet d’un organisme exécutif européen, en le ren
2389
e l’Europe ont tenté d’étouffer le premier projet
d’
un organisme exécutif européen, en le renvoyant à des sous-commissions
2390
européen, en le renvoyant à des sous-commissions
d’
étude, d’approches, et de consultation indéfiniment préalables. On sai
2391
, en le renvoyant à des sous-commissions d’étude,
d’
approches, et de consultation indéfiniment préalables. On sait que la
2392
t à des sous-commissions d’étude, d’approches, et
de
consultation indéfiniment préalables. On sait que la procédure est le
2393
s. On sait que la procédure est le meilleur moyen
de
s’occuper sérieusement et coûteusement à ne rien faire. Et l’on a hon
2394
et coûteusement à ne rien faire. Et l’on a honte
de
voir des hommes d’État se livrer à ce jeu d’escamotage des espoirs do
2395
onte de voir des hommes d’État se livrer à ce jeu
d’
escamotage des espoirs dont ils sont, après tout, responsables devant
2396
On voudrait que Daniel Villey et sa petite troupe
de
jeunes croisés se présentent devant eux, simplement, et qu’ils leur f
2397
comprendre, sans discours, que le temps est venu
d’
être sérieux : leur seul exemple suffirait. À Villey donc et à ses vol
2398
olontaires, j’adresse au nom de beaucoup nos vœux
de
joyeuses Pâques. Le printemps de l’Europe est à eux, cette année ! Au
2399
eaucoup nos vœux de joyeuses Pâques. Le printemps
de
l’Europe est à eux, cette année ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi
2400
passe-t-il dans le monde, ce printemps ? Quantité
de
petits événements vont et viennent dans l’actualité, et voudraient fa
2401
elgique, le cabinet Bidault en France, obtiennent
de
justesse des majorités peu concluantes ; les ministres volent en tout
2402
deux, à treize, à quatre, comme dans les figures
d’
un ballet, et tout cela n’est pas exaltant. C’est le train-train de l’
2403
out cela n’est pas exaltant. C’est le train-train
de
l’Histoire, et s’il est vrai que les temps heureux n’ont pas d’Histoi
2404
et s’il est vrai que les temps heureux n’ont pas
d’
Histoire, on serait tenté d’être optimiste. On aurait tort. Car derriè
2405
mps heureux n’ont pas d’Histoire, on serait tenté
d’
être optimiste. On aurait tort. Car derrière tout ce va-et-vient, cach
2406
n de devenir des hémisphères. Déjà, ce n’est plus
de
la Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de
2407
hémisphères. Déjà, ce n’est plus de la Russie et
de
l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et de l’Occident, des
2408
a Russie et de l’Amérique qu’il faut parler, mais
de
l’Orient et de l’Occident, des deux moitiés de la Planète, prêtes à s
2409
l’Amérique qu’il faut parler, mais de l’Orient et
de
l’Occident, des deux moitiés de la Planète, prêtes à s’unir chacune d
2410
is de l’Orient et de l’Occident, des deux moitiés
de
la Planète, prêtes à s’unir chacune de son côté, et contre l’autre. U
2411
ux moitiés de la Planète, prêtes à s’unir chacune
de
son côté, et contre l’autre. Une gigantesque simplification du monde
2412
sous nos yeux. Il est incontestable qu’il s’agit
d’
un fait sans précédent dans l’histoire des hommes. Essayons d’en prend
2413
ns précédent dans l’histoire des hommes. Essayons
d’
en prendre conscience. L’Orient d’abord : tout s’y passe en secret, ma
2414
dessin général transparaît lentement malgré tout.
De
l’Oder à Vladivostok, de Budapest à Pékin, de la Baltique à l’océan I
2415
t lentement malgré tout. De l’Oder à Vladivostok,
de
Budapest à Pékin, de la Baltique à l’océan Indien, les Russes ont ent
2416
ut. De l’Oder à Vladivostok, de Budapest à Pékin,
de
la Baltique à l’océan Indien, les Russes ont entrepris d’unifier tota
2417
ltique à l’océan Indien, les Russes ont entrepris
d’
unifier totalement près de la moitié de la population du globe. Unific
2418
entrepris d’unifier totalement près de la moitié
de
la population du globe. Unification monétaire — par la création du ro
2419
r la création du rouble or, seule monnaie valable
de
Pékin à Berlin — , unification économique, unification militaire et p
2420
n idéologique. En vérité, il ne s’agit plus guère
de
communisme ou de marxisme, en tout cela, mais de la création d’un Emp
2421
vérité, il ne s’agit plus guère de communisme ou
de
marxisme, en tout cela, mais de la création d’un Empire eurasien — pl
2422
de communisme ou de marxisme, en tout cela, mais
de
la création d’un Empire eurasien — plus asiatique qu’européen — repos
2423
ou de marxisme, en tout cela, mais de la création
d’
un Empire eurasien — plus asiatique qu’européen — reposant sur deux pr
2424
eux principes fondamentaux : la puissance absolue
de
l’État, et la collectivisation totale de la pensée comme de la produc
2425
absolue de l’État, et la collectivisation totale
de
la pensée comme de la production. Devant cette entreprise sans précéd
2426
et la collectivisation totale de la pensée comme
de
la production. Devant cette entreprise sans précédent, méthodiquement
2427
rait faire, et à publier à grand bruit 22 projets
d’
action contradictoires, au lieu d’exécuter en silence un seul plan. Co
2428
t. » C’est qu’à l’Ouest, nous devons tenir compte
de
mille réalités qu’un Staline néglige ou liquide : les traditions nati
2429
et des esprits, nous tâtonnons vers des formules
d’
union respectueuses des diversités. Alors qu’à l’Est s’est imposée du
2430
tons sur des dosages nationaux, sur des questions
de
préséance diplomatiques héritées d’un autre âge. Nous louchons vers u
2431
des questions de préséance diplomatiques héritées
d’
un autre âge. Nous louchons vers une direction américaine, qui hésite
2432
ut en déclarant fièrement que nous ne boirons pas
de
coca-cola. Il y a souvent de la sottise, mais parfois aussi de la gra
2433
nous ne boirons pas de coca-cola. Il y a souvent
de
la sottise, mais parfois aussi de la grandeur, dans cette répugnance
2434
Il y a souvent de la sottise, mais parfois aussi
de
la grandeur, dans cette répugnance générale à prendre sans délai les
2435
dre sans délai les mesures qui s’imposent. Il y a
de
la sottise à refuser l’union, mais il y a de la grandeur à refuser l’
2436
y a de la sottise à refuser l’union, mais il y a
de
la grandeur à refuser l’unification mécanique à la manière des dictat
2437
es dictatures. La seule tentative un peu sérieuse
de
réponse au péril eurasien, nous la voyons se dessiner depuis quelques
2438
la confusion domine. Une bonne moitié des nations
de
l’Europe n’ont pas voulu signer ce pacte, comme la Suisse, la Suède e
2439
e plus, nous voyons que la clé du problème, c’est
de
fédérer d’abord tous les pays de l’Europe, afin de pouvoir conclure e
2440
problème, c’est de fédérer d’abord tous les pays
de
l’Europe, afin de pouvoir conclure ensuite une vaste union occidental
2441
que. Une fois de plus, nous voyons qu’il est faux
de
prétendre que « le stade de l’Europe » est dépassé. C’est l’Europe qu
2442
voyons qu’il est faux de prétendre que « le stade
de
l’Europe » est dépassé. C’est l’Europe qui, dans le monde occidental,
2443
est elle dont la présente désunion empêche encore
de
réaliser un plan de défense de l’Occident. Et c’est elle dont l’union
2444
sente désunion empêche encore de réaliser un plan
de
défense de l’Occident. Et c’est elle dont l’union garantirait non seu
2445
nt l’union garantirait non seulement l’efficacité
de
ce plan, mais encore et surtout le sens des valeurs humaines que ce p
2446
sens des valeurs humaines que ce plan est chargé
de
défendre contre l’immense poussée de la masse orientale. L’enjeu de c
2447
n est chargé de défendre contre l’immense poussée
de
la masse orientale. L’enjeu de ce conflit mondial, dont les données c
2448
l’immense poussée de la masse orientale. L’enjeu
de
ce conflit mondial, dont les données concrètes se simplifient terribl
2449
t terriblement depuis quelques semaines, essayons
de
le formuler en termes simples, eux aussi. C’est l’enjeu le plus total
2450
s été proposé à l’humanité. Il s’agit aujourd’hui
de
savoir si c’est l’homme personnel qui va subsister et créer l’avenir,
2451
er, comme c’est le cas en Orient. Ce qu’il s’agit
de
gagner, ce n’est pas une guerre, c’est beaucoup plus : c’est la cause
2452
une guerre, c’est beaucoup plus : c’est la cause
de
l’homme personnel, de chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qu
2453
ucoup plus : c’est la cause de l’homme personnel,
de
chacun de nous, un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passio
2454
: c’est la cause de l’homme personnel, de chacun
de
nous, un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passions, à ses
2455
e personnel, de chacun de nous, un à un, la cause
de
l’homme qui a droit à ses passions, à ses péchés, et à sa foi, et qui
2456
assions, à ses péchés, et à sa foi, et qui refuse
de
se les laisser dicter en masse par les fonctionnaires d’un tyran. Ceu
2457
es laisser dicter en masse par les fonctionnaires
d’
un tyran. Ceux qui auront compris cela auront aussi compris le sens de
2458
compris cela auront aussi compris le sens dernier
de
notre effort fédéraliste. Au revoir, à lundi prochain.
2459
s bien en deux hémisphères, dont l’une s’organise
d’
une manière rigide, en silence, sous la direction du Kremlin, et dont
2460
’autre s’agite et discute sans trouver sa formule
d’
union. Et je vous disais que les cercles officiels me paraissaient ten
2461
e M. Georges Bidault venait, au nom de la France,
de
proposer la création d’un haut Conseil de l’Atlantique. Je ne puis do
2462
ait, au nom de la France, de proposer la création
d’
un haut Conseil de l’Atlantique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir,
2463
France, de proposer la création d’un haut Conseil
de
l’Atlantique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir, que de reprendre
2464
ntique. Je ne puis donc mieux faire, ce soir, que
de
reprendre ma dernière causerie au point précis où l’actualité s’est c
2465
erie au point précis où l’actualité s’est chargée
de
la prolonger. Que faut-il penser de la proposition Bidault, du point
2466
s’est chargée de la prolonger. Que faut-il penser
de
la proposition Bidault, du point de vue européen ? Faut-il en déduire
2467
hommes d’État ont renoncé à faire l’Europe, avant
d’
avoir sérieusement essayé d’y réussir, et qu’ils prétendent aujourd’hu
2468
faire l’Europe, avant d’avoir sérieusement essayé
d’
y réussir, et qu’ils prétendent aujourd’hui réaliser le plus, après av
2469
ée ? Et faut-il enfin que je change le titre même
de
ma chronique ? Je pense que je n’étonnerai personne en vous disant qu
2470
e ne pense pas que les ministres qui parlent déjà
d’
union atlantique feront rien de sérieux pour la réaliser ; 2. Je ne pe
2471
s qui parlent déjà d’union atlantique feront rien
de
sérieux pour la réaliser ; 2. Je ne pense pas que cette union soit ré
2472
nt rien, parce qu’ils n’ont pas la volonté réelle
d’
imposer et de mettre en pratique les beaux projets sur lesquels ils di
2473
e qu’ils n’ont pas la volonté réelle d’imposer et
de
mettre en pratique les beaux projets sur lesquels ils discourent. Ils
2474
ourent. Ils se disent tous, ou presque, partisans
de
l’union et même de la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d
2475
nt tous, ou presque, partisans de l’union et même
de
la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’accepter une mesur
2476
ue, partisans de l’union et même de la fédération
de
nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’accepter une mesure bien pratique e
2477
la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit
d’
accepter une mesure bien pratique et efficace, qu’elle soit de premièr
2478
ne mesure bien pratique et efficace, qu’elle soit
de
première importance, comme l’élection directe d’un Parlement européen
2479
de première importance, comme l’élection directe
d’
un Parlement européen, ou secondaire, mais significative, comme la sup
2480
nistres et tous leurs experts refusent absolument
d’
agir. Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou de timidité. I
2481
ent d’agir. Tous leurs réflexes sont des réflexes
de
refus ou de timidité. Ils trouvent toujours que « c’est prématuré »,
2482
Tous leurs réflexes sont des réflexes de refus ou
de
timidité. Ils trouvent toujours que « c’est prématuré », sans qu’on p
2483
s qu’on puisse deviner à quel moment cela cessera
d’
être prématuré, à leur avis. Ils prétendent toujours que l’opinion n’e
2484
les plaindre ; je suis prêt à saluer la sincérité
de
plusieurs en tant qu’individus ; je suis même prêt à prendre au série
2485
suis même prêt à prendre au sérieux quelques-unes
de
leurs objections. Mais je me refuse à croire un seul instant qu’ils v
2486
t démontré depuis un an qu’ils étaient incapables
de
créer une union par-dessus la Manche, ou même par-dessus le Rhin, cep
2487
montrer fortement hésitante devant la suggestion
de
M. Bidault. Certes, celle-ci rejoint l’action très vigoureuse d’une f
2488
Certes, celle-ci rejoint l’action très vigoureuse
d’
une fraction du Sénat américain en faveur d’une fédération des démocra
2489
omprend. Comment les États-Unis accepteraient-ils
d’
entrer sur pied d’égalité dans une union avec nos peuples désunis, don
2490
es États-Unis accepteraient-ils d’entrer sur pied
d’
égalité dans une union avec nos peuples désunis, donc faibles, avec no
2491
supprimer les visas ; et qui ont refusé jusqu’ici
de
sacrifier la plus petite parcelle de leur souveraineté nationale ? Ce
2492
sé jusqu’ici de sacrifier la plus petite parcelle
de
leur souveraineté nationale ? Certes, la direction générale indiquée
2493
i dans ma prochaine chronique. Ensuite, il s’agit
de
bien voir que ce ne sont pas nos petits États souverains qui seront c
2494
s nos petits États souverains qui seront capables
de
s’unir à l’Amérique, en ordre dispersé ; mais que si nous voulons qu’
2495
à ce soir le cinquantième lundi que je vous parle
de
l’Europe. Si elle n’est pas encore faite, cette Europe, personne au m
2496
nez sur l’événement. Je vous ai décrit les étapes
de
ce progrès encore bien lent et plein d’à-coups, mais au total indiscu
2497
es étapes de ce progrès encore bien lent et plein
d’
à-coups, mais au total indiscutable. Le Conseil de l’Europe est encore
2498
e est encore vagissant, mais il est né. La presse
de
nos pays est encore divisée, souvent sceptique, mais vous ne pouvez p
2499
ler, se frotte les yeux, et se demande si l’union
de
l’Europe ne serait pas autre chose qu’une « idée généreuse » — ne ser
2500
mique et culturel le plus urgent, le plus concret
de
notre époque. C’est à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye
2501
e plus concret de notre époque. C’est à ce réveil
de
l’opinion que ma chronique essaye de contribuer. Je ne puis rêver d’a
2502
à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye
de
contribuer. Je ne puis rêver d’agir ici sur les décisions des ministr
2503
chronique essaye de contribuer. Je ne puis rêver
d’
agir ici sur les décisions des ministres. D’abord, ils n’en prennent p
2504
nistres. D’abord, ils n’en prennent pas beaucoup,
de
décisions. Et puis, les seuls qui auraient le temps de m’écouter sont
2505
cisions. Et puis, les seuls qui auraient le temps
de
m’écouter sont ceux que l’on vient de renverser, et qui se retirent à
2506
es autres, ils sont trop occupés car ce n’est pas
de
ce côté-là que le pouvoir véritable réside, dans nos régimes. Je ne p
2507
e ne puis agir, en fait, que sur un petit secteur
de
ce que l’on nomme le grand public, mais c’est peut-être là que notre
2508
— dans l’opinion, puisqu’elle seule est en mesure
d’
exiger ce que les pouvoirs refusent encore. Six minutes par semaine, d
2509
c’est peu. Mais après tout, qui sait ? Il s’agit
de
réveiller. Or le sommeil humain a des lois bien étranges. Il arrive q
2510
re qu’un homme qui dort à poings fermés résiste à
de
petits coups d’épingle. Mettons que ce soit là mon ambition. La petit
2511
ui dort à poings fermés résiste à de petits coups
d’
épingle. Mettons que ce soit là mon ambition. La petite piqûre hebdoma
2512
ientation. Ou bien en provoquant un large courant
d’
air. C’est ce que sont en train de faire, pour le réveil d’une opinion
2513
est ce que sont en train de faire, pour le réveil
d’
une opinion européenne, certains souffles glacés qui viennent parfois
2514
. Depuis que M. Bidault a proposé le haut Conseil
de
l’Atlantique, on sent que quelque chose bouge, en Europe. À cet égard
2515
ite à prendre une conscience beaucoup plus claire
de
l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et d’attitude humaine.
2516
beaucoup plus claire de l’Europe en tant qu’unité
de
culture, de mœurs et d’attitude humaine. Certes, l’Europe considérée
2517
s claire de l’Europe en tant qu’unité de culture,
de
mœurs et d’attitude humaine. Certes, l’Europe considérée dans son ens
2518
l’Europe en tant qu’unité de culture, de mœurs et
d’
attitude humaine. Certes, l’Europe considérée dans son ensemble, est l
2519
mettons, les Suédois et les Grecs, les puritains
d’
Écosse et les chanteurs napolitains ? Est-ce que les Hollandais, les B
2520
les Belges, les Anglais, n’ont pas beaucoup plus
d’
intérêts en commun avec l’Amérique, qu’avec les Yougoslaves ou même le
2521
me une des premières conditions. Prenez l’exemple
de
la Suisse, et ma thèse devient évidente. L’homme d’affaires de Stockh
2522
et ma thèse devient évidente. L’homme d’affaires
de
Stockholm n’est pas plus différent du paysan de la Provence, que le b
2523
s de Stockholm n’est pas plus différent du paysan
de
la Provence, que le banquier genevois du pâtre d’Appenzell, ou le Bâl
2524
de la Provence, que le banquier genevois du pâtre
d’
Appenzell, ou le Bâlois du Valaisan. Mais par-dessous tous ces contras
2525
a en Europe comme en Suisse, la grande communauté
de
la civilisation occidentale, beaucoup plus profonde qu’on ne le croit
2526
thérienne et anglicane. Il y a la longue histoire
de
nos alliances et de nos guerres civiles. Il y a les mêmes partis soci
2527
ne. Il y a la longue histoire de nos alliances et
de
nos guerres civiles. Il y a les mêmes partis socialistes, catholiques
2528
pays et qui nous distinguent tous, profondément,
de
la Russie et de l’Orient. Il y a surtout ce goût de l’original et cet
2529
s distinguent tous, profondément, de la Russie et
de
l’Orient. Il y a surtout ce goût de l’original et cet amour jaloux de
2530
la Russie et de l’Orient. Il y a surtout ce goût
de
l’original et cet amour jaloux des différences locales et traditionne
2531
ment, qui est asiatique, et au goût du mélange et
de
l’imitation, qui est américain. Je voudrais conclure par deux remarqu
2532
es. La première, c’est qu’en face de la Russie ou
de
l’Amérique, nous sentons bien que nous formons en Europe une grande f
2533
famille, malgré toutes nos diversités, ou à cause
d’
elles. La seconde, c’est que nous sommes actuellement séparés de nos A
2534
conde, c’est que nous sommes actuellement séparés
de
nos Américains par autre chose encore que par ces différences authent
2535
ces authentiques et valables. Nous sommes séparés
d’
eux par des malentendus, des préjugés et des informations superficiell
2536
ue (II) (8 mai 1950) Chers auditeurs, Que pense
de
l’Amérique l’Européen moyen ? Et que pense-t-on de nous, dans les Éta
2537
e l’Amérique l’Européen moyen ? Et que pense-t-on
de
nous, dans les États-Unis ? Ces deux questions sont importantes. Car
2538
s-Unis ? Ces deux questions sont importantes. Car
d’
une entente raisonnable ou d’un malentendu trop persistant entre les p
2539
ont importantes. Car d’une entente raisonnable ou
d’
un malentendu trop persistant entre les peuples des deux continents, d
2540
entre les peuples des deux continents, dépendront
de
grands événements, dans un avenir peut-être proche. Bernard Shaw disa
2541
autres. La presse américaine contient certes plus
d’
informations sur l’Europe que nos propres journaux. Mais elle ignore l
2542
me du Vieux Monde. Et nous avons tous vu quantité
de
films américains, nous savons à peu près ce qu’est le plan Marshall,
2543
arshall, nous avons cotoyé chez nous des milliers
de
GIs en vacances, mais nous n’en continuons pas moins à répéter des ju
2544
la propagande communiste, ou par tel livre ancien
de
M. Duhamel, qui raconte des histoires de pouces de nègre dans les con
2545
e ancien de M. Duhamel, qui raconte des histoires
de
pouces de nègre dans les conserves de Chicago. S’il fallait résumer e
2546
e M. Duhamel, qui raconte des histoires de pouces
de
nègre dans les conserves de Chicago. S’il fallait résumer en quelques
2547
s histoires de pouces de nègre dans les conserves
de
Chicago. S’il fallait résumer en quelques mots les préjugés européens
2548
me ils disent quelquefois. Regardons-y maintenant
d’
un peu plus près. Une campagne violente s’est déchaînée récemment en E
2549
e récemment en Europe contre le coca-cola importé
d’
Amérique. Si bien que cette innocente et quelconque limonade est deven
2550
et quelconque limonade est devenue pour la presse
de
nos pays latins le symbole même de l’invasion yankee, contre laquelle
2551
pour la presse de nos pays latins le symbole même
de
l’invasion yankee, contre laquelle nous aurions à défendre les antiqu
2552
uelle nous aurions à défendre les antiques vertus
de
la race, la santé de nos enfants et l’intégrité de notre conception d
2553
défendre les antiques vertus de la race, la santé
de
nos enfants et l’intégrité de notre conception du monde, laquelle inc
2554
e la race, la santé de nos enfants et l’intégrité
de
notre conception du monde, laquelle inclut, bien entendu, l’apéritif
2555
urses… J’estime qu’en cette affaire, c’est à nous
de
rougir. Gardons nos grands principes pour des questions sérieuses. Je
2556
opagande, M. Truman lui-même, appuyé par la meute
de
requins de Wall Street, imposerait machiavéliquement ces lectures opt
2557
. Truman lui-même, appuyé par la meute de requins
de
Wall Street, imposerait machiavéliquement ces lectures optimistes à l
2558
estes par le public européen n’est pas révélateur
d’
une profonde ressemblance entre les goûts de la masse des deux côtés d
2559
ateur d’une profonde ressemblance entre les goûts
de
la masse des deux côtés de l’Océan ? Si notre grand public se jette s
2560
blance entre les goûts de la masse des deux côtés
de
l’Océan ? Si notre grand public se jette sur les digestes, n’est-ce p
2561
très sérieusement, depuis longtemps ? Le reproche
d’
impérialisme économique, je vous en ai parlé souvent ici. Je ne crois
2562
tant que les États-Unis nourrissent à notre égard
de
noirs desseins. Mais nous les forcerons à prendre en main, plus qu’il
2563
elle autonomie, sont à ce prix. Quant au reproche
de
barbarie matérialiste que nous faisons par habitude à l’Amérique, voi
2564
ur avoir un frigidaire, du lait contrôlé, des jus
de
fruits et des céréales ; vous dépensez plus qu’eux pour avoir un bift
2565
mais elles sont pleines. Ils parlent constamment
d’
argent, sans la moindre pudeur, tandis que vous y pensez constamment,
2566
ce domaine. De plus, ils pensent que vous manquez
d’
idéalisme… Que dire maintenant des préjugés américains à l’égard de l
2567
tié ou mal civilisés ; plus soucieux du passé que
de
l’avenir ; nihilistes et méchants pour le voisin ; incapables de fair
2568
ihilistes et méchants pour le voisin ; incapables
de
faire fonctionner nos économies nationales et de réparer nos robinets
2569
de faire fonctionner nos économies nationales et
de
réparer nos robinets ; chicaneurs, susceptibles, désunis, et au total
2570
’Europe, c’est les Balkans, disent-ils. On essaye
de
les sauver, et ils se dressent sur leurs ergots, au nom de grands pri
2571
icaine, c’est que tous ces défauts sont le revers
d’
un certain nombre de réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’
2572
us ces défauts sont le revers d’un certain nombre
de
réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’Européen, et je ne v
2573
r. L’Européen, et je ne veux pas parler seulement
de
nos plus grands esprits, l’Européen du peuple est resté, malgré tout,
2574
malgré tout, un homme qui a très souvent le sens
de
l’absolu, le sens de la passion et de la pauvreté, le goût de se rend
2575
e qui a très souvent le sens de l’absolu, le sens
de
la passion et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger
2576
ent le sens de l’absolu, le sens de la passion et
de
la pauvreté, le goût de se rendre compte et de juger pour lui-même, e
2577
le sens de la passion et de la pauvreté, le goût
de
se rendre compte et de juger pour lui-même, et de préférer cela au su
2578
et de la pauvreté, le goût de se rendre compte et
de
juger pour lui-même, et de préférer cela au succès à tout prix. Un ce
2579
de se rendre compte et de juger pour lui-même, et
de
préférer cela au succès à tout prix. Un certain sens aussi de la fata
2580
cela au succès à tout prix. Un certain sens aussi
de
la fatalité, acceptée avec humilité… Que conclure de ces observations
2581
la fatalité, acceptée avec humilité… Que conclure
de
ces observations, qu’il serait trop aisé de multiplier ? Je crois que
2582
clure de ces observations, qu’il serait trop aisé
de
multiplier ? Je crois que c’est clair : nous avons grand besoin les u
2583
rand besoin les uns des autres. Nous avons besoin
de
leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de
2584
autres. Nous avons besoin de leurs moyennes, eux
de
nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ;
2585
oin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous
de
leur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confiance
2586
ux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux
de
notre sens créateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de not
2587
eur générosité, eux de notre sens créateur ; nous
de
leur confiance en la vie, et eux de notre sens critique. Si quelque j
2588
éateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux
de
notre sens critique. Si quelque jour nous arrivons à quelque chose de
2589
de plus qu’une alliance militaire : à un alliage
de
nos vertus complémentaires, la civilisation occidentale sera sauvée.
2590
s il nous faut d’abord sauver notre moitié à nous
de
ce grand tout, il nous faut donc d’abord unir l’Europe. Au revoir, à
2591
progrès (15 mai 1950) Chers auditeurs, Le mois
de
mai ramène des astres favorables pour l’Europe, spécialement dans ses
2592
y a deux ans, le 7 mai 1948, s’ouvrait le congrès
de
La Haye, qui devait donner l’impulsion principale à la campagne pour
2593
ci qu’un ministre français propose officiellement
de
réaliser l’une des plus importantes mesures d’union que les fédéralis
2594
nt de réaliser l’une des plus importantes mesures
d’
union que les fédéralistes ne cessaient de demander, depuis leurs prem
2595
mesures d’union que les fédéralistes ne cessaient
de
demander, depuis leurs premiers manifestes. Deux jours avant que M. S
2596
pouvions nous féliciter des progrès très rapides
de
notre idée dans l’opinion publique, dans les masses et dans la presse
2597
deux ans, en effet, nous n’étions qu’une poignée
d’
idéalistes — comme dit avec pitié le premier nigaud venu — , tandis qu
2598
ai toujours pensé ! Mais d’autre part, ce progrès
de
l’idée fait sentir par contraste l’extrême lenteur de son application
2599
’idée fait sentir par contraste l’extrême lenteur
de
son application par les gouvernements. Plus on en parle, et plus il d
2600
étions donc là, dimanche dernier. Et nous venions
d’
adresser un appel très pressant au Conseil de l’Europe pour qu’il réal
2601
alise quelque chose, lorsque se produisit le coup
de
théâtre de la proposition Schuman. De quoi s’agit-il, dans ce plan ?
2602
ue chose, lorsque se produisit le coup de théâtre
de
la proposition Schuman. De quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose
2603
sit le coup de théâtre de la proposition Schuman.
De
quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose de mettre en commun au serv
2604
man. De quoi s’agit-il, dans ce plan ? On propose
de
mettre en commun au service de l’Europe unie, les ressources en charb
2605
plan ? On propose de mettre en commun au service
de
l’Europe unie, les ressources en charbon et acier de la France et de
2606
l’Europe unie, les ressources en charbon et acier
de
la France et de l’Allemagne, puis des autres pays s’ils acceptent. Ma
2607
es ressources en charbon et acier de la France et
de
l’Allemagne, puis des autres pays s’ils acceptent. Mais ne pensez pas
2608
ils acceptent. Mais ne pensez pas qu’il s’agit là
d’
une simple mesure économique, comme les États ne cessent d’en prendre
2609
ple mesure économique, comme les États ne cessent
d’
en prendre sans rien changer aux causes profondes de la crise. Il s’ag
2610
en prendre sans rien changer aux causes profondes
de
la crise. Il s’agit en réalité d’une mesure politique décisive, et il
2611
auses profondes de la crise. Il s’agit en réalité
d’
une mesure politique décisive, et il s’agit de poser la première pierr
2612
ité d’une mesure politique décisive, et il s’agit
de
poser la première pierre de la fédération européenne, M. Schuman l’a
2613
écisive, et il s’agit de poser la première pierre
de
la fédération européenne, M. Schuman l’a souligné lui-même. Mesure po
2614
nelles objections des experts. Et première pierre
de
la fédération européenne, puisque cette mesure aurait pour effet : pr
2615
que cette mesure aurait pour effet : premièrement
de
rendre matériellement impossible une guerre entre la France et l’Alle
2616
erre entre la France et l’Allemagne ; secondement
de
produire, pratiquement, un abandon de la souveraineté nationale des p
2617
secondement de produire, pratiquement, un abandon
de
la souveraineté nationale des pays adhérents à ce plan. Le charbon et
2618
dans ce domaine, se trouveraient aussi incapables
d’
entrer en conflit armé que deux de nos cantons suisses ou que deux arm
2619
ussi incapables d’entrer en conflit armé que deux
de
nos cantons suisses ou que deux armées dont l’une aurait les canons,
2620
e les deux pays, puis, par la suite, des échanges
de
main-d’œuvre et de techniciens, une unification progressive du régime
2621
is, par la suite, des échanges de main-d’œuvre et
de
techniciens, une unification progressive du régime social, une produc
2622
, qu’avec le plan Schuman, c’est le sort pratique
de
l’Europe fédérée qui va se jouer au cours des mois qui viennent. Auss
2623
presque paniques. Depuis deux ans, on nous disait
de
tous côtés : vos projets de fédération sont très beaux, bravo ! Nous
2624
x ans, on nous disait de tous côtés : vos projets
de
fédération sont très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais de grâ
2625
nt très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais
de
grâce, proposez quelque chose de pratique ! Eh bien ! voilà M. Schuma
2626
s d’accord, mais de grâce, proposez quelque chose
de
pratique ! Eh bien ! voilà M. Schuman qui prend le taureau par les co
2627
qui prend le taureau par les cornes, en s’offrant
de
réaliser sans délai notre plan le plus évidemment pratique. Et que vo
2628
t allemands, se renfrogner, parce qu’ils ont peur
de
perdre le contrôle absolu de leurs entreprises et de leurs bénéfices.
2629
arce qu’ils ont peur de perdre le contrôle absolu
de
leurs entreprises et de leurs bénéfices. On voit les socialistes boud
2630
perdre le contrôle absolu de leurs entreprises et
de
leurs bénéfices. On voit les socialistes bouder, parce qu’ils ont peu
2631
ont peur que les capitalistes gardent encore trop
de
contrôle. On voit les Anglais freiner l’action, comme d’habitude, par
2632
rôle. On voit les Anglais freiner l’action, comme
d’
habitude, parce que cette fois ils devront se décider entre l’isolemen
2633
stes partir en guerre au nom de l’indépendance et
de
la souveraineté nationale de leur pays, sur un ordre reçu d’un tout a
2634
de l’indépendance et de la souveraineté nationale
de
leur pays, sur un ordre reçu d’un tout autre pays, comme on sait. Cet
2635
raineté nationale de leur pays, sur un ordre reçu
d’
un tout autre pays, comme on sait. Cette révolte des intérêts particul
2636
ers et des doctrines partisanes contre une mesure
de
bon sens et d’intérêt commun, cette révolte prouve simplement qu’avec
2637
rines partisanes contre une mesure de bon sens et
d’
intérêt commun, cette révolte prouve simplement qu’avec le plan Schuma
2638
plan Schuman, nous sommes entrés dans le concret
de
notre lutte fédéraliste. Tous ces messieurs étaient d’accord tant que
2639
leurs yeux. Et ils se réservaient tout l’avantage
de
nous reprocher d’être dans le vague. Nous voici dans le concret, les
2640
se réservaient tout l’avantage de nous reprocher
d’
être dans le vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris de pani
2641
vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris
de
panique. La paix du monde, disent-ils, c’est bien ; mes intérêts ou m
2642
Notre bataille à tous. Seule, la pression accrue
de
l’opinion publique qui veut la paix, qui doit vouloir les sacrifices
2643
soirement, soulignons-le — , seule cette pression
de
l’opinion sauvera la paix. Reste à savoir ce que veut l’opinion. Je v
2644
on. Je vous dirai la prochaine fois les résultats
d’
un Gallup poll conduit dans nos pays sur l’union de l’Europe. Au revoi
2645
’un Gallup poll conduit dans nos pays sur l’union
de
l’Europe. Au revoir, à lundi prochain.
2646
uditeurs, Il y a quelques mois, j’étais le témoin
d’
un bref dialogue entre deux hommes politiques, au sujet des mesures à
2647
ération. Le premier était un Norvégien, président
de
la Chambre des députés de son pays, le second un ancien ministre fran
2648
un Norvégien, président de la Chambre des députés
de
son pays, le second un ancien ministre français. Le Norvégien disait
2649
archons lentement ! Chez nous en Norvège, l’homme
de
la rue s’intéresse fort peu au Mouvement pour l’Europe, il n’y croit
2650
st exactement inverse. Je constate que si l’homme
de
la rue ne nous suit pas, et ne croit guère à nos efforts, c’est parce
2651
lement, les peuples nous suivront ! » Or je viens
d’
avoir sous les yeux les résultats d’une enquête menée précisément en N
2652
» Or je viens d’avoir sous les yeux les résultats
d’
une enquête menée précisément en Norvège, et je constate que 64 % des
2653
ue, et qu’il révèle assez exactement la situation
de
la plupart des hommes d’État européen. Leurs prudences formalistes de
2654
formalistes devant le péril urgent, leur crainte
d’
innover et de prendre des risques, leur tendance à ne jamais faire dem
2655
devant le péril urgent, leur crainte d’innover et
de
prendre des risques, leur tendance à ne jamais faire demain ce qu’ils
2656
divers, où la maladie pour certains, la surcharge
de
travail et les soucis électoraux pour d’autres, jouent un rôle import
2657
s, jouent un rôle important. Mais ils ont coutume
de
masquer ces vrais motifs derrière un faux prétexte facile à invoquer
2658
absolument rien ; qu’ils n’ont jamais eu le temps
d’
aller sonder les masses, et que dans les rares occasions où ils prenne
2659
ils prennent des décisions sérieuses, comme celle
de
déclarer une guerre, ils ne vont pas demander leur avis à ces masses.
2660
t, et depuis des années, je sentais que l’opinion
de
nos peuples, dans sa majorité, serait favorable à une fédération du c
2661
on du continent. Depuis que j’ai vu les résultats
de
l’enquête que je vous citais tout à l’heure, ce sentiment s’est trans
2662
itude. Et voici sur quoi je me fonde. Un institut
de
recherche de l’opinion publique vient d’opérer un large sondage dans
2663
ci sur quoi je me fonde. Un institut de recherche
de
l’opinion publique vient d’opérer un large sondage dans 5 pays europé
2664
institut de recherche de l’opinion publique vient
d’
opérer un large sondage dans 5 pays européens, représentant un total d
2665
dage dans 5 pays européens, représentant un total
de
153 millions d’habitants : Norvège, Hollande, France, Italie et Allem
2666
européens, représentant un total de 153 millions
d’
habitants : Norvège, Hollande, France, Italie et Allemagne. Il s’agiss
2667
lande, France, Italie et Allemagne. Il s’agissait
de
savoir si l’opinion, dans ces pays, favorisait ou non l’union europée
2668
osé des questions très concrètes, en prenant soin
d’
attirer l’attention sur les sacrifices qu’entraîneraient nécessairemen
2669
u’entraîneraient nécessairement certaines mesures
d’
union. Par exemple, on a demandé à des hommes de tous les milieux s’il
2670
s d’union. Par exemple, on a demandé à des hommes
de
tous les milieux s’ils étaient pour une totale liberté du commerce, c
2671
é du commerce, c’est-à-dire pour que les produits
d’
un pays entrent dans tous les autres sans payer de droits. 72 % ont ré
2672
d’un pays entrent dans tous les autres sans payer
de
droits. 72 % ont répondu oui, 9 % non, 19 % restant indécis. Après qu
2673
menté, tandis que le nombre des opposants passait
de
9 à 23 %. Mais 45 % ont persisté à vouloir, malgré tout, l’union écon
2674
, l’union économique. Enfin, après avoir envisagé
de
la même manière un certain nombre de problèmes précis, voici ce qu’on
2675
oir envisagé de la même manière un certain nombre
de
problèmes précis, voici ce qu’on a posé comme dernière question : « C
2676
on a posé comme dernière question : « Compte tenu
de
tous les points examinés, pensez-vous que l’union européenne serait u
2677
en gros, dans 5 pays qui forment à eux seuls plus
de
la moitié de la population du continent : un tiers seulement de scept
2678
5 pays qui forment à eux seuls plus de la moitié
de
la population du continent : un tiers seulement de sceptiques ou d’op
2679
e la population du continent : un tiers seulement
de
sceptiques ou d’opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’u
2680
u continent : un tiers seulement de sceptiques ou
d’
opposants, et deux tiers de partisans déclarés de l’union européenne.
2681
ement de sceptiques ou d’opposants, et deux tiers
de
partisans déclarés de l’union européenne. Eh bien ! voilà, me semble-
2682
d’opposants, et deux tiers de partisans déclarés
de
l’union européenne. Eh bien ! voilà, me semble-t-il, de quoi donner à
2683
nion européenne. Eh bien ! voilà, me semble-t-il,
de
quoi donner à réfléchir aux hommes d’État, et de quoi fortifier notre
2684
de quoi donner à réfléchir aux hommes d’État, et
de
quoi fortifier notre espoir. Une majorité de 2/3 en faveur de l’union
2685
, et de quoi fortifier notre espoir. Une majorité
de
2/3 en faveur de l’union, cela doit rassurer les plus timides : on co
2686
: on connaît des gouvernements qui se contentent
de
beaucoup moins pour se cramponner au pouvoir… L’un d’entre eux, en pa
2687
en particulier, vient de s’en tirer avec une voix
de
majorité, une seule, lors d’un vote de confiance au Parlement. Et c’e
2688
tirer avec une voix de majorité, une seule, lors
d’
un vote de confiance au Parlement. Et c’est, comme par hasard, ce gouv
2689
c une voix de majorité, une seule, lors d’un vote
de
confiance au Parlement. Et c’est, comme par hasard, ce gouvernement-l
2690
ement qu’il est bien décidé à ne pas tenir compte
de
l’opinion, mais qu’il renonce à se cacher derrière elle, derrière la
2691
once que l’enquête se poursuit dans d’autres pays
de
l’Europe. Quels vont être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend
2692
t être ses résultats en Suisse ? Voilà qui dépend
de
vous, chers auditeurs, car l’opinion, c’est vous ! Les paris sont ouv
2693
s. Mon hôte était un professeur américain, chargé
de
s’informer de l’état de l’Europe, et des efforts en cours pour unir n
2694
ait un professeur américain, chargé de s’informer
de
l’état de l’Europe, et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec
2695
fesseur américain, chargé de s’informer de l’état
de
l’Europe, et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange
2696
orts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange
de
sympathie curieuse et de méfiance toute scientifique, mon visiteur a
2697
os pays. Avec un mélange de sympathie curieuse et
de
méfiance toute scientifique, mon visiteur a commencé par me poser une
2698
ages, m’a-t-il dit, faut-il attendre, selon vous,
de
la fédération européenne ? » Je lui ai dit en riant : c’est ce qu’on
2699
: c’est ce qu’on appelle chez vous « une question
de
64 dollars », la question difficile entre toutes et qui fait gagner l
2700
ir, quand une maison brûle, est-ce bien le moment
de
faire une enquête auprès des habitants de cette maison en les priant
2701
moment de faire une enquête auprès des habitants
de
cette maison en les priant de dire quels avantages ils espèrent retir
2702
uprès des habitants de cette maison en les priant
de
dire quels avantages ils espèrent retirer de l’extinction du feu ? Je
2703
iant de dire quels avantages ils espèrent retirer
de
l’extinction du feu ? Je n’ai pas répondu cela, parce que d’abord l’E
2704
est pas encore en feu, elle est seulement menacée
d’
incendie, et l’on a donc encore le temps de faire des enquêtes. Ensuit
2705
enacée d’incendie, et l’on a donc encore le temps
de
faire des enquêtes. Ensuite, je me suis dit qu’il était bon, parfois,
2706
Ensuite, je me suis dit qu’il était bon, parfois,
de
reposer les questions fondamentales, et d’éprouver la valeur des répo
2707
rfois, de reposer les questions fondamentales, et
d’
éprouver la valeur des réponses qu’on peut y faire sans hésiter. J’ai
2708
dent menace notre vieux continent. Et pas un seul
de
nos pays — pas même la Suisse ! — ne peut prétendre s’en tirer tout s
2709
rticuliers à s’effacer provisoirement au bénéfice
de
l’intérêt commun. Et comme nous sommes très opposés à l’unification t
2710
notre vraie richesse, nous demandons que l’union
de
nos pays s’opère dans un esprit fédéraliste, — nous demandons l’union
2711
a fait ses preuves en Suisse. Le premier avantage
de
la fédération sera donc d’éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvan
2712
e. Le premier avantage de la fédération sera donc
d’
éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvant nos valeurs nationales. E
2713
tage de la fédération sera donc d’éviter la ruine
de
l’Europe, tout en sauvant nos valeurs nationales. En second lieu, il
2714
un parti, un empire, qui ne sont pas précisément
de
vos amis. La nature a horreur du vide. Les empires ont horreur d’un c
2715
nature a horreur du vide. Les empires ont horreur
d’
un continent ruiné, d’un marché vide. Si nous n’arrivons pas à faire d
2716
de. Les empires ont horreur d’un continent ruiné,
d’
un marché vide. Si nous n’arrivons pas à faire demain l’Europe, elle s
2717
a dit alors mon visiteur américain, permettez-moi
de
vous répondre que j’ignore les intentions de M. Staline, mais que je
2718
-moi de vous répondre que j’ignore les intentions
de
M. Staline, mais que je sais très bien que nous, en Amérique, nous ne
2719
s à taxer ses contribuables pour venir au secours
de
l’Europe, sans exiger un jour ou l’autre de contrôler l’emploi des fo
2720
cours de l’Europe, sans exiger un jour ou l’autre
de
contrôler l’emploi des fonds qu’elle nous envoie ? Ce serait tout sim
2721
e nous envoie ? Ce serait tout simplement absurde
de
sa part. Mais contrôler ces fonds, cela signifie bientôt : organiser
2722
vous le vouliez ou non, vous serez un jour forcés
de
nous forcer à faire l’union européenne. Nous préférons la faire avant
2723
faut-il unir l’Europe, et quel serait l’avantage
de
cette union ? Je vous laisse juges. Mais soyons justes. J’ai bien com
2724
sera certains problèmes à l’Amérique. Le tout est
de
savoir si l’Amérique préfère l’Europe ruinée à l’Europe concurrente.
2725
est là son choix, c’est son affaire. La nôtre est
d’
éviter la ruine. Et nous refusons de penser que la santé des uns puiss
2726
La nôtre est d’éviter la ruine. Et nous refusons
de
penser que la santé des uns puisse vraiment nuire à celle des autres.
2727
pleins, depuis des semaines, et le refus anglais
d’
y adhérer passionne à son sujet l’opinion des deux mondes. Je vous ai
2728
inion des deux mondes. Je vous ai dit que ce plan
de
mise en commun des ressources en acier et charbon du continent était
2729
t ce que l’on pouvait craindre. Tous nous parlent
d’
union, proclament qu’elle est urgente, mais personne ne veut rien sacr
2730
sait, l’Europe court à sa perte. Mais les raisons
de
notre perte ne seront pas la Russie, ni le diable ! Elles sont inscri
2731
ns. Elles sont dans la résistance des industriels
d’
un côté, des syndicats de l’autre, qui veulent bien l’union, mais sans
2732
sistance des industriels d’un côté, des syndicats
de
l’autre, qui veulent bien l’union, mais sans renoncer à la moindre pa
2733
l’union, mais sans renoncer à la moindre parcelle
de
leur puissance ou de leur doctrine, ce qui revient à dire que pratiqu
2734
noncer à la moindre parcelle de leur puissance ou
de
leur doctrine, ce qui revient à dire que pratiquement, ils refusent l
2735
ent à dire que pratiquement, ils refusent l’union
de
l’Europe. Elles sont aussi dans les préjugés invétérés de certains go
2736
ope. Elles sont aussi dans les préjugés invétérés
de
certains gouvernements, comme celui de la Grande-Bretagne, qui disent
2737
invétérés de certains gouvernements, comme celui
de
la Grande-Bretagne, qui disent vouloir l’union, mais qui refusent de
2738
ne, qui disent vouloir l’union, mais qui refusent
de
céder la moindre parcelle de leur souveraineté nationale, ce qui revi
2739
n, mais qui refusent de céder la moindre parcelle
de
leur souveraineté nationale, ce qui revient à dire que pratiquement,
2740
pratiquement, ils refusent la première condition
de
l’union. Quant aux masses, au lieu de se dresser pour exiger les cond
2741
e se dresser pour exiger les conditions concrètes
de
la paix, de leur paix, elles sont hypnotisées par quelque tour cyclis
2742
pour exiger les conditions concrètes de la paix,
de
leur paix, elles sont hypnotisées par quelque tour cycliste, en atten
2743
eu, dans les gouvernements, à toutes les époques
de
l’histoire. Ce qui est nouveau, c’est le rôle qu’on leur fait jouer.
2744
ur fait jouer. Autrefois, l’on n’avait pas l’idée
de
leur confier la conduite des affaires politiques. Ils étaient là pour
2745
e décidaient les buts qu’ils jugeaient nécessaire
d’
atteindre. Le xx e siècle a changé cela. C’est aux experts que le pouv
2746
soumettre, calculer ce que cela coûtera. Ensuite
de
quoi, le gouvernement peut toujours dire que c’est trop cher. Bien sû
2747
dire que c’est trop cher. Bien sûr ! Tout dépend
de
l’envie qu’il ou qu’il n’a pas, de réaliser le projet. On trouve touj
2748
! Tout dépend de l’envie qu’il ou qu’il n’a pas,
de
réaliser le projet. On trouve toujours trop cher, c’est évident, l’ob
2749
e juge pas indispensable, en l’occurrence l’union
de
l’Europe, c’est-à-dire finalement, la paix. Je vous l’ai dit bien sou
2750
s en main que cette guerre ne pourrait durer plus
de
trois semaines (comme ils l’ont fait en 1914), ces mêmes experts se m
2751
xperts se mettent à faire des plans pour 5 années
de
lutte. Tous ces calculs sont donc des alibis. Ils masquent, aux yeux
2752
el fort inquiétant. Nous assistons à la décadence
de
l’autorité, au profit de la dictature des pouvoirs, c’est-à-dire des
2753
assistons à la décadence de l’autorité, au profit
de
la dictature des pouvoirs, c’est-à-dire des mécanismes abandonnés à e
2754
évanouit. Vous avez en Europe une bonne vingtaine
d’
États soi-disant souverains, avec tous leurs offices nationaux et leur
2755
t leurs polices variées ; vous avez des centaines
de
comités, des dizaines de milliers de techniciens. Mais où sont les gr
2756
vous avez des centaines de comités, des dizaines
de
milliers de techniciens. Mais où sont les grandes voix qui montrent l
2757
es centaines de comités, des dizaines de milliers
de
techniciens. Mais où sont les grandes voix qui montrent les grands bu
2758
en commun ? Ce qui manque tragiquement à l’Europe
d’
aujourd’hui, ce sont les hommes ou les femmes qui par-dessus le fourmi
2759
n. Jeanne d’Arc et Nicolas de Flue ne disposaient
d’
aucun pouvoir. Ils n’avaient rien, mais ils étaient l’Autorité. Tous l
2760
Demain l’Europe ! — Valeur
de
l’Europe (12 juin 1950) Chers auditeurs ! Je vous parlais la semain
2761
s auditeurs ! Je vous parlais la semaine dernière
d’
un phénomène bien inquiétant : le déclin de l’autorité, au xx e siècle
2762
rnière d’un phénomène bien inquiétant : le déclin
de
l’autorité, au xx e siècle, et l’avènement au pouvoir des experts, c’
2763
n générale des choses. Sur quoi j’ai reçu pas mal
d’
approbations, quant au principe tout au moins, mais aussi pas mal de c
2764
ant au principe tout au moins, mais aussi pas mal
de
critiques, déguisées d’ailleurs en bons conseils… D’accord, me dit-on
2765
aller au fond des choses, et ne pas se contenter
de
palliatifs. Mais le fond des choses, pour l’un, c’est la question mil
2766
paysans, pour un troisième, ce sont des citations
de
la Bible, et pour un quatrième c’est une réforme de la monnaie ! Le f
2767
la Bible, et pour un quatrième c’est une réforme
de
la monnaie ! Le fond des choses est vaste, comme vous le voyez, on y
2768
presque tout, et en tout cas, toutes les marottes
de
chacun d’entre nous. Dans le cadre de cette chronique et de l’action
2769
es marottes de chacun d’entre nous. Dans le cadre
de
cette chronique et de l’action que je commente pour vous, le fond des
2770
d’entre nous. Dans le cadre de cette chronique et
de
l’action que je commente pour vous, le fond des choses, c’est simplem
2771
e pour vous, le fond des choses, c’est simplement
de
fédérer l’Europe pour établir la paix. Ni plus, ni moins. Et c’est dé
2772
ont, en général, ceux qui refusent les conditions
de
l’union nécessaire ; qui cherchent à gagner du temps en discussions a
2773
t, je veux répondre sans détour, car le fait même
de
poser des questions est quelque chose de très européen. Personne n’au
2774
ait même de poser des questions est quelque chose
de
très européen. Personne n’aurait l’idée de demander : « Qu’est-ce que
2775
chose de très européen. Personne n’aurait l’idée
de
demander : « Qu’est-ce que l’Amérique, qu’est-ce que l’Inde ou la Chi
2776
rontières vers l’Est sont indécises, comme celles
de
la Grèce vers le Nord. Dans ce cap de l’Asie sont venues se mêler tro
2777
thènes, Rome et Jérusalem, — une idée raisonnable
de
l’homme, le droit et les institutions, et la révélation chrétienne. T
2778
que vers 1939. Je ne vais pas vous faire un cours
d’
histoire en cinq minutes. Ce que je voudrais vous rappeler ce soir, c’
2779
vons tendance à oublier, c’est la grandeur unique
de
notre continent, et ce sont ses causes véritables. Posez-vous simplem
2780
% des terres du globe, soit devenu le foyer vital
de
la seule civilisation qui ait su gagner la Terre entière ? La réponse
2781
t la culture qui a fait l’Europe, cœur et cerveau
de
la planète. C’est la culture qui a fait de notre péninsule tout autre
2782
erveau de la planète. C’est la culture qui a fait
de
notre péninsule tout autre chose que ce qu’elle paraît physiquement.
2783
Vous croyez que la culture est un luxe, l’affaire
de
quelques spécialistes à lunettes ? Vous croyez que le sérieux, le con
2784
lunettes ? Vous croyez que le sérieux, le concret
de
la vie, c’est l’argent, le vêtement, la nourriture, l’auto ? Vous oub
2785
e toutes ces choses sont des produits secondaires
de
la culture, d’elle seule. Vous oubliez que sans nos inventeurs, qui p
2786
oses sont des produits secondaires de la culture,
d’
elle seule. Vous oubliez que sans nos inventeurs, qui poursuivaient de
2787
ans nos inventeurs, qui poursuivaient des travaux
de
science pure, vous n’auriez ni y chauffage, ni éclairage, ni moyens d
2788
n’auriez ni y chauffage, ni éclairage, ni moyens
de
transport, ni remèdes. Vous oubliez que sans nos philosophes et nos j
2789
osophes et nos juristes, vous n’auriez pas l’idée
de
l’homme industriel, distingué du troupeau, de la tribu, capable de cr
2790
dée de l’homme industriel, distingué du troupeau,
de
la tribu, capable de critique, protégé par des lois. Vous oubliez que
2791
riel, distingué du troupeau, de la tribu, capable
de
critique, protégé par des lois. Vous oubliez que pour le bien comme p
2792
t un produit européen, qu’il est sorti du cerveau
de
l’Europe, de sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les gran
2793
européen, qu’il est sorti du cerveau de l’Europe,
de
sa culture encore une fois, et de rien d’autre. Les grands empires qu
2794
au de l’Europe, de sa culture encore une fois, et
de
rien d’autre. Les grands empires qui nous disputent la puissance, l’A
2795
Europe, de sa culture encore une fois, et de rien
d’
autre. Les grands empires qui nous disputent la puissance, l’Amérique
2796
issance, l’Amérique et l’URSS, sont eux-mêmes nés
d’
idées européennes, l’un de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’aut
2797
RSS, sont eux-mêmes nés d’idées européennes, l’un
de
Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de notre ind
2798
de Calvin et du puritanisme anglo-saxon, l’autre
de
Marx et de notre industrie. Si donc l’on veut rester concret, pratiqu
2799
et du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et
de
notre industrie. Si donc l’on veut rester concret, pratique, il faut
2800
ise qu’elle traverse, il faut revenir aux sources
de
sa force, qui sont intellectuelles et spirituelles, et qui ne sont pa
2801
et qui ne sont pas le nombre et la matière — car
de
cela, les autres en ont plus que nous. Vouloir défendre notre vieille
2802
ndre tout d’abord les deux plus grandes conquêtes
de
sa culture : l’idée de l’homme personnel, l’idée de liberté, sans les
2803
eux plus grandes conquêtes de sa culture : l’idée
de
l’homme personnel, l’idée de liberté, sans lesquelles il n’est plus d
2804
sa culture : l’idée de l’homme personnel, l’idée
de
liberté, sans lesquelles il n’est plus de création ni d’invention, do
2805
l’idée de liberté, sans lesquelles il n’est plus
de
création ni d’invention, donc, en fin de compte, plus même de puissan
2806
rté, sans lesquelles il n’est plus de création ni
d’
invention, donc, en fin de compte, plus même de puissance matérielle.
2807
ni d’invention, donc, en fin de compte, plus même
de
puissance matérielle. Je reviendrai la prochaine fois sur l’action cu
2808
voulais simplement vous rappeler que les chances
de
l’Europe, après tout, ce sont les chances de l’homme personnel, car e
2809
nces de l’Europe, après tout, ce sont les chances
de
l’homme personnel, car en face de la terre des masses qu’est la Russi
2810
en face de la terre des masses qu’est la Russie,
de
la terre des machines qu’est l’Amérique, de la terre des fatalités qu
2811
ssie, de la terre des machines qu’est l’Amérique,
de
la terre des fatalités qu’est l’Asie, l’Europe est seule à demeurer l
2812
s tôt, c’est simplement parce qu’il s’agissait là
d’
un projet dont la mise au point a demandé deux ans d’études, de négoci
2813
n projet dont la mise au point a demandé deux ans
d’
études, de négociations difficiles et d’expériences préalables. Aujour
2814
ont la mise au point a demandé deux ans d’études,
de
négociations difficiles et d’expériences préalables. Aujourd’hui, nou
2815
deux ans d’études, de négociations difficiles et
d’
expériences préalables. Aujourd’hui, nous touchons au but. Un comité f
2816
ujourd’hui, nous touchons au but. Un comité formé
de
vingt représentants d’instituts culturels de toute l’Europe va se réu
2817
ns au but. Un comité formé de vingt représentants
d’
instituts culturels de toute l’Europe va se réunir cette semaine pour
2818
ormé de vingt représentants d’instituts culturels
de
toute l’Europe va se réunir cette semaine pour apporter la dernière m
2819
emaine pour apporter la dernière main aux statuts
de
cette institution, dont le siège sera probablement fixé à Genève et,
2820
bablement fixé à Genève et, peut-être, au château
de
Coppet. La création du Centre européen de la culture avait été demand
2821
culture avait été demandée d’abord par le congrès
de
La Haye, en 1948, elle fut ensuite recommandée par l’Assemblée de Str
2822
de Strasbourg, l’an dernier. Enfin la conférence
de
Lausanne, il y a quelques mois, en avait précisé le programme. Pendan
2823
précisé le programme. Pendant ce temps, un Bureau
d’
études fondé par le Mouvement européen travaillait en silence à Genève
2824
plans, cherchait les fonds, et formait un réseau
de
collaboration. Ceux qui savent que j’ai pris quelque part à cette œuv
2825
z-vous me l’expliquer en deux mots ? J’ai coutume
de
répondre ceci : D’abord, nous allons prendre exactement le contre-pie
2826
us sévère, personnel qui se compte sur les doigts
de
la main, et nos bureaux non pas dans un palace ni dans un gratte-ciel
2827
les besoins réels qui se font sentir dans la vie
de
l’Europe d’aujourd’hui. Par exemple, personne ne sait où s’adresser p
2828
réels qui se font sentir dans la vie de l’Europe
d’
aujourd’hui. Par exemple, personne ne sait où s’adresser pour obtenir
2829
llons donc les fédérer progressivement au service
d’
un même but : l’union de l’Europe. Nous voyons aussi que partout se po
2830
rogressivement au service d’un même but : l’union
de
l’Europe. Nous voyons aussi que partout se posent des problèmes très
2831
oblèmes qui ne peuvent être résolus dans le cadre
d’
un seul pays, parce qu’ils débordent les limites nationales, les budge
2832
tout insuffisants. Nous allons donc créer un lieu
de
rencontres, où des représentants de nos divers pays étudieront ces pr
2833
créer un lieu de rencontres, où des représentants
de
nos divers pays étudieront ces problèmes tout nouveaux, afin de les r
2834
s tout nouveaux, afin de les résoudre à l’échelle
de
l’Europe, la seule possible, par la mise en commun de nos ressources.
2835
’Europe, la seule possible, par la mise en commun
de
nos ressources. Ce sera, si vous le voulez, un plan Schuman, mais dan
2836
le voulez, un plan Schuman, mais dans le domaine
de
la culture. Enfin, nous constatons qu’aucun de nos États et leurs ins
2837
ne de la culture. Enfin, nous constatons qu’aucun
de
nos États et leurs instituts officiels ne peut parler au nom de l’Eur
2838
arler au nom de l’Europe entière, quand il s’agit
de
s’adresser soit aux Russes, soit aux Américains. Il faut donc une aut
2839
faut donc une autorité qui puisse élever la voix
de
l’Europe comme unité et formuler son idéal, par-dessus nos frontières
2840
ntre européen de la culture, s’il obtient l’appui
de
l’opinion et s’il parvient à grouper nos élites. Tels sont l’esprit,
2841
tes. Tels sont l’esprit, les méthodes et les buts
de
l’institut qui va se fonder. Je me rends compte qu’il n’est pas facil
2842
fonder. Je me rends compte qu’il n’est pas facile
d’
en mesurer d’un seul coup d’œil toute l’importance. Et plusieurs d’ent
2843
u’il n’est pas facile d’en mesurer d’un seul coup
d’
œil toute l’importance. Et plusieurs d’entre vous se demanderont encor
2844
x exemples bien précis, qui feront voir la nature
de
nos activités. Premier exemple : les recherches scientifiques. Aucun
2845
ier exemple : les recherches scientifiques. Aucun
de
nos pays n’est assez riche pour développer la recherche atomique et s
2846
érielles, l’Europe unie peut se voir dotée demain
de
moyens de puissance aussi grands, sinon plus grands que l’Amérique et
2847
l’Europe unie peut se voir dotée demain de moyens
de
puissance aussi grands, sinon plus grands que l’Amérique et la Russie
2848
n plus grands que l’Amérique et la Russie. Privée
de
ces moyens, elle sera bientôt réduite à l’état de colonie décadente.
2849
de ces moyens, elle sera bientôt réduite à l’état
de
colonie décadente. Si elle les a, son indépendance est assurée. Nous
2850
tout différent. Il existe en Europe des douzaines
de
foyers régionaux de culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés.
2851
xiste en Europe des douzaines de foyers régionaux
de
culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepri
2852
foyers régionaux de culture, très actifs, pleins
de
foi, mais isolés. Nous avons entrepris de les mettre en contact, et d
2853
pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepris
de
les mettre en contact, et de les fédérer en un vaste réseau d’amitiés
2854
Nous avons entrepris de les mettre en contact, et
de
les fédérer en un vaste réseau d’amitiés par-dessus les frontières. L
2855
en contact, et de les fédérer en un vaste réseau
d’
amitiés par-dessus les frontières. Les jeunes gens membres d’un foyer
2856
ar-dessus les frontières. Les jeunes gens membres
d’
un foyer seront chez eux dans tous les autres et dans tous les pays de
2857
ez eux dans tous les autres et dans tous les pays
de
l’Europe. Ils seront sûrs de trouver dans leurs voyages, à pied ou à
2858
t dans tous les pays de l’Europe. Ils seront sûrs
de
trouver dans leurs voyages, à pied ou à bicyclette, logis, lecture, o
2859
à pied ou à bicyclette, logis, lecture, occasion
de
s’instruire dans une langue étrangère ou des métiers nouveaux. Et pou
2860
métiers nouveaux. Et pour ces compagnons du Tour
d’
Europe, le continent tout entier deviendra une seule patrie, une amiti
2861
ie, une amitié aux cent visages. Voilà deux types
d’
initiatives prises par le Centre en formation. Je pourrais en citer vi
2862
commencez peut-être à le voir, tout cela n’a rien
de
théorique, mais doit servir, bien au contraire, à construire une Euro
2863
traire, à construire une Europe rajeunie, libérée
de
ses barrières, et renaissant à la puissance qui fut toujours la sienn
2864
à la puissance qui fut toujours la sienne : celle
de
l’esprit. Un mot encore : le siège du Centre européen de la culture,
2865
oit être en Suisse. N’est-il pas beau que ce soit
de
la Suisse, espace neutre au milieu du continent, que puisse s’élever
2866
du continent, que puisse s’élever demain la voix
de
l’Europe ? Au revoir, chers auditeurs, et à lundi prochain, pour ma d
2867
ma dernière chronique avant l’étéi. i. Un point
d’
interrogation en marge.
2868
ucoup d’entre vous, les vacances ; pour le studio
de
Genève l’interruption normale de plusieurs émissions, dont la mienne
2869
; pour le studio de Genève l’interruption normale
de
plusieurs émissions, dont la mienne en juillet et août si bien que ce
2870
e ce soir, je vous présente la dernière chronique
d’
une série qui aura duré près d’une année. Il est bien naturel que je m
2871
dernière chronique d’une série qui aura duré près
d’
une année. Il est bien naturel que je m’interroge sur la portée des év
2872
ur la portée des événements qui ont marqué la vie
de
l’Europe durant ces mois, et sur l’avenir immédiat. Avons-nous avancé
2873
ement européen, qui fut depuis deux ans le moteur
de
l’action. Depuis son grand succès de l’an dernier, la création du Con
2874
ns le moteur de l’action. Depuis son grand succès
de
l’an dernier, la création du Conseil de l’Europe, il faut avouer qu’i
2875
de l’Europe, il faut avouer qu’il n’a pas déployé
d’
activités spectaculaires. Cependant, en sourdine, il travaillait sur l
2876
ur le plan politique, il a fait sienne l’exigence
de
son aile fédéraliste, il a demandé la création d’une véritable Autori
2877
de son aile fédéraliste, il a demandé la création
d’
une véritable Autorité européenne, dotée de pouvoirs limités, mais rée
2878
éation d’une véritable Autorité européenne, dotée
de
pouvoirs limités, mais réels. Nous verrons à Strasbourg, cet été, si
2879
enace des Anglais et des Scandinaves. Sur le plan
de
la culture, dont je vous disais, dans mes deux dernières chroniques,
2880
dernières chroniques, qu’il est le vrai fondement
de
toute l’Europe, et même de sa puissance matérielle, les projets ont é
2881
est le vrai fondement de toute l’Europe, et même
de
sa puissance matérielle, les projets ont été décisifs. Le Centre euro
2882
tomne prochain à Genève. Et peu après, le Collège
de
l’Europe, sorte d’école des sciences politiques pour l’Europe fédérée
2883
nève. Et peu après, le Collège de l’Europe, sorte
d’
école des sciences politiques pour l’Europe fédérée de demain, ouvrira
2884
ole des sciences politiques pour l’Europe fédérée
de
demain, ouvrira ses portes en Belgique, dans la très vieille cité de
2885
ses portes en Belgique, dans la très vieille cité
de
Bruges, ressuscitée pour un avenir continental. Voilà deux créations
2886
mique, le plan Schuman pose les bases matérielles
d’
une renaissance de notre continent. Né d’un projet conçu par les fédér
2887
uman pose les bases matérielles d’une renaissance
de
notre continent. Né d’un projet conçu par les fédéralistes, il rester
2888
érielles d’une renaissance de notre continent. Né
d’
un projet conçu par les fédéralistes, il restera l’honneur du gouverne
2889
oposer au monde, en dépit de toutes les intrigues
d’
intérêts, de partis, et d’égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura mon
2890
nde, en dépit de toutes les intrigues d’intérêts,
de
partis, et d’égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura montré que son
2891
de toutes les intrigues d’intérêts, de partis, et
d’
égoïsmes nationaux. Ainsi la France aura montré que son génie domine e
2892
aura montré que son génie domine encore les jeux
de
ses politiciens. Et maintenant, tournons-nous vers l’avenir. La deuxi
2893
tournons-nous vers l’avenir. La deuxième session
de
Strasbourg s’ouvrira le 8 août. Elle sera décisive. Formée de députés
2894
g s’ouvrira le 8 août. Elle sera décisive. Formée
de
députés régulièrement élus par 15 parlements de l’Europe, cette Assem
2895
e de députés régulièrement élus par 15 parlements
de
l’Europe, cette Assemblée consultative porte le grand espoir fédérali
2896
, cet été, si elle s’en montre digne. On le verra
d’
une manière précise. Car l’Assemblée sera saisie d’une proposition cap
2897
’une manière précise. Car l’Assemblée sera saisie
d’
une proposition capitale, tendant à instituer, au-dessus des États, un
2898
es États, un Pacte européen et une Autorité dotée
de
pouvoirs bien réels. Si elle recule, si elle refuse l’obstacle, nous
2899
refuse l’obstacle, nous cesserons non pas certes
d’
espérer, ni de lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas
2900
acle, nous cesserons non pas certes d’espérer, ni
de
lutter, mais de croire à son existence. Je ne suis pas député, et mon
2901
rons non pas certes d’espérer, ni de lutter, mais
de
croire à son existence. Je ne suis pas député, et mon pays d’ailleurs
2902
est pas représenté à Strasbourg. Je n’ai donc pas
de
titre à y parler. Si j’en avais, voici quel serait mon discours : Me
2903
i pour faire l’Europe, et non pour faire semblant
de
la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer. Comment fédérer des nat
2904
es premiers à se montrer réservés quand il s’agit
de
faire l’Europe. C’est qu’ils sont déjà fédérés. Ils vous attendent. V
2905
que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps
de
voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à no
2906
conviennent à nos calamités. Vous dites qu’il y a
de
grosses difficultés. Vous êtes-là pour les surmonter, — sinon, pour q
2907
monter, — sinon, pour quoi ? Vous m’assurez enfin
de
vos bonnes intentions. Prouvez-les ! Je n’ai jamais rencontré personn
2908
ou contre la vertu en général, ou contre l’union
de
nos peuples. Nous sommes tous de bonne volonté, à nous en croire… Mai
2909
u contre l’union de nos peuples. Nous sommes tous
de
bonne volonté, à nous en croire… Mais certains souhaitent un peu d’un
2910
à nous en croire… Mais certains souhaitent un peu
d’
union, bien sûr, tandis que d’autres veulent ses conditions. Certains
2911
, et je ne pourrai pas le prononcer, mais la voix
de
l’opinion parlera dans le même sens, et je voudrais vous avoir convai
2912
tre. Nous nous retrouverons, je l’espère, au mois
de
septembre, et je vous dirai si nous avons gagné. Merci de m’avoir sui
2913
mbre, et je vous dirai si nous avons gagné. Merci
de
m’avoir suivi si fidèlement, merci pour toutes vos lettres, et de l’i
2914
si fidèlement, merci pour toutes vos lettres, et
de
l’invisible appui que vous m’avez donné dans vos pensées. C’est avec
2915
avez donné dans vos pensées. C’est avec cet appui
de
l’âme que nous ferons demain l’Europe. Mes chers auditeurs, au revoir
2916
eviens vous parler après un été orageux. Le titre
de
ma chronique n’a pas changé : il est resté « Demain : l’Europe ! », c
2917
ige encore, pour devenir demain réalité, beaucoup
d’
efforts, beaucoup de sacrifices, et de bonnes volontés, et de volonté
2918
é, beaucoup d’efforts, beaucoup de sacrifices, et
de
bonnes volontés, et de volonté tout court. Mais avant de vous informe
2919
beaucoup de sacrifices, et de bonnes volontés, et
de
volonté tout court. Mais avant de vous informer de ce qui s’est fait,
2920
e volonté tout court. Mais avant de vous informer
de
ce qui s’est fait, ou ne s’est pas fait, pour nous unir, depuis deux
2921
as fait, pour nous unir, depuis deux mois ; avant
d’
en revenir à des problèmes précis, je voudrais vous parler de l’été qu
2922
r à des problèmes précis, je voudrais vous parler
de
l’été qui s’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre. De jour
2923
’écoule. Ce fat un été chaud, sur toute la terre.
De
jour en jour, les prévisions du temps annonçaient des orages locaux.
2924
s se trompaient rarement. Il y eut même, au début
de
juillet, un certain orage local, à l’extrême pointe de l’Asie, en Cor
2925
illet, un certain orage local, à l’extrême pointe
de
l’Asie, en Corée, qui fit craindre à beaucoup que le Ciel ne se fatig
2926
fit craindre à beaucoup que le Ciel ne se fatigue
de
localiser les dégâts. Ce fut un été mouvementé, dominé par une vague
2927
op vague encore, souvent, mais qui n’a pas manqué
de
faire prendre, à certains d’entre nous, une conscience plus claire du
2928
tre nous, une conscience plus claire du danger et
de
la fragilité de notre paix. Je ne saurais mieux décrire cette atmosph
2929
nscience plus claire du danger et de la fragilité
de
notre paix. Je ne saurais mieux décrire cette atmosphère chargée qu’e
2930
nt laissés mes déplacements dans les pays voisins
de
la Suisse. Aux derniers jours du mois de juin, je me suis envolé vers
2931
voisins de la Suisse. Aux derniers jours du mois
de
juin, je me suis envolé vers Berlin, par-dessus la zone soviétique. L
2932
Berlin, par-dessus la zone soviétique. L’affaire
de
Corée venait d’éclater. Le congrès auquel j’allais prendre part se te
2933
sus la zone soviétique. L’affaire de Corée venait
d’
éclater. Le congrès auquel j’allais prendre part se tenait dans les ru
2934
l j’allais prendre part se tenait dans les ruines
de
Berlin, à 600 mètres de la limite du secteur russe. Personne ne savai
2935
se tenait dans les ruines de Berlin, à 600 mètres
de
la limite du secteur russe. Personne ne savait, à ce moment-là, si le
2936
’on sent que les choses peuvent devenir sérieuses
d’
une heure à l’autre. Et pendant plusieurs jours, nous avons entendu de
2937
ler, ou comme David Rousset, proclamer les droits
de
la pensée libre, et le refus du système concentrationnaire, celui qui
2938
rnière séance publique du congrès, le bourgmestre
de
Berlin, qui présidait, se leva soudain pour lire une dépêche qu’on ve
2939
pour lire une dépêche qu’on venait de lui donner.
D’
une voix grave, il annonça que les Russes, à partir de minuit, le soir
2940
e la ville. Ce n’était que cela, une longue panne
d’
électricité, en somme. Mais si beaucoup avaient eu chaud, pendant que
2941
es plus tard, j’étais à Beaune, capitale des vins
de
Bourgogne, où s’étaient réunis pour le 14 juillet les fédéralistes fr
2942
les fédéralistes français. Là, dans ce riche pays
de
vignobles touffus, sous les voûtes séculaires et patinées de l’hospic
2943
s touffus, sous les voûtes séculaires et patinées
de
l’hospice et du palais des Ducs, on se sentait bien à l’abri dans un
2944
un passé dense et profond, comme l’histoire même
de
la France, bien loin du siècle, de ses grandes villes en ruines, du r
2945
’histoire même de la France, bien loin du siècle,
de
ses grandes villes en ruines, du rideau de fer et des camps. Pourtant
2946
iècle, de ses grandes villes en ruines, du rideau
de
fer et des camps. Pourtant, une voix s’éleva, dès le premier jour, co
2947
r, comme un rappel à la réalité : c’était la voix
de
mon ami Gheorghiu, l’auteur de la Vingt-Cinquième Heure. Il évoquait
2948
: c’était la voix de mon ami Gheorghiu, l’auteur
de
la Vingt-Cinquième Heure. Il évoquait le sort des nations de l’Est eu
2949
-Cinquième Heure. Il évoquait le sort des nations
de
l’Est européen, qui viennent de perdre, sous nos yeux, cette liberté
2950
l’on fêtait autour de nous, et que nous risquions
de
perdre à notre tour, demain peut-être… Quand il eut terminé, je vous
2951
Je passai tôt après quelques jours sur une plage
de
la Méditerranée, royaume solaire de l’insouciance et de l’oubli des p
2952
sur une plage de la Méditerranée, royaume solaire
de
l’insouciance et de l’oubli des petits et grands soucis. Mais de quoi
2953
Méditerranée, royaume solaire de l’insouciance et
de
l’oubli des petits et grands soucis. Mais de quoi parlait-on, près de
2954
e et de l’oubli des petits et grands soucis. Mais
de
quoi parlait-on, près de moi, dans un groupe animé de gens très riche
2955
uoi parlait-on, près de moi, dans un groupe animé
de
gens très riches ? On discutait le prix d’un bateau qu’on tiendrait t
2956
animé de gens très riches ? On discutait le prix
d’
un bateau qu’on tiendrait toujours prêt pour fuir l’Europe et gagner l
2957
rêt pour fuir l’Europe et gagner l’Algérie en cas
de
guerre prochaine. L’ombre de la Corée s’étendait jusqu’ici. Voilà pou
2958
ner l’Algérie en cas de guerre prochaine. L’ombre
de
la Corée s’étendait jusqu’ici. Voilà pourquoi, lorsqu’on m’a demandé
2959
jusqu’ici. Voilà pourquoi, lorsqu’on m’a demandé
de
prononcer le discours du 1er août à Neuchâtel, j’ai tenté de résumer
2960
r le discours du 1er août à Neuchâtel, j’ai tenté
de
résumer mes impressions récentes en tenant à peu près ce langage : N
2961
i dans un pays prospère. Mais ce pays est au cœur
d’
une Europe qui se sent, tout d’un coup, cet été, sans défense. Et notr
2962
e pays est au cœur d’une Europe qui se sent, tout
d’
un coup, cet été, sans défense. Et notre sort, au bout du compte, sera
2963
’Europe aussi, comme la Corée, est une presqu’île
de
l’Asie… Elle aussi peut être envahie. Vous pensez que la Corée, c’est
2964
sses, ne l’oubliez pas, sont à une heure et demie
d’
avion de notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’est-il pas
2965
l’oubliez pas, sont à une heure et demie d’avion
de
notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’est-il pas venu pou
2966
heures. Le jour n’est-il pas venu pour nous tous
d’
obéir à l’exemple des petits cantons suisses, lesquels, considérant la
2967
squels, considérant la malice des temps, jurèrent
de
se prêter secours mutuel et de faire cause commune contre quiconque c
2968
es temps, jurèrent de se prêter secours mutuel et
de
faire cause commune contre quiconque chercherait à les molester ? Le
2969
e moment n’est-il pas venu de nous unir au-dessus
de
nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières,
2970
il pas venu de nous unir au-dessus de nos partis,
de
nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières, et de fédérer n
2971
essus de nos partis, de nos vieilles querelles et
de
nos vieilles frontières, et de fédérer nos faiblesses pour en faire l
2972
illes querelles et de nos vieilles frontières, et
de
fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle, la seule gar
2973
ur en faire la force du siècle, la seule garantie
de
la paix, et de la liberté qui vaut mieux que la paix ? L’orage, une
2974
force du siècle, la seule garantie de la paix, et
de
la liberté qui vaut mieux que la paix ? L’orage, une fois de plus, s
2975
la paix ? L’orage, une fois de plus, s’était mis
de
la partie. La pluie tombait. Des milliers d’auditeurs ouvrirent leur
2976
mis de la partie. La pluie tombait. Des milliers
d’
auditeurs ouvrirent leur parapluie et restèrent là. S’ils n’avaient pa
2977
suppose qu’ils seraient partis… À quelques jours
de
là, sous les auspices d’un ciel non moins chargé de nuées menaçantes,
2978
partis… À quelques jours de là, sous les auspices
d’
un ciel non moins chargé de nuées menaçantes, s’ouvrait à Strasbourg l
2979
là, sous les auspices d’un ciel non moins chargé
de
nuées menaçantes, s’ouvrait à Strasbourg la deuxième session de l’Ass
2980
antes, s’ouvrait à Strasbourg la deuxième session
de
l’Assemblée consultative européenne. Et Churchill demandait la créati
2981
nne. Et Churchill demandait la création immédiate
d’
une armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je
2982
chill demandait la création immédiate d’une armée
de
l’Europe. De mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous
2983
it la création immédiate d’une armée de l’Europe.
De
mes souvenirs tout récents de Strasbourg, je compte vous entretenir p
2984
armée de l’Europe. De mes souvenirs tout récents
de
Strasbourg, je compte vous entretenir plus en détail au cours de mes
2985
up de choses dépendent, pour notre avenir à tous,
de
ce qui s’est fait, ou ne s’est pas fait là. Au revoir, chers auditeur
2986
Demain l’Europe ! — L’atmosphère
de
Strasbourg (11 septembre 1950) Chers auditeurs, Beaucoup de gens ig
2987
ent le fonctionnement des institutions politiques
de
leur propre pays. Comment pourraient-ils donc connaître les instituti
2988
nt-ils donc connaître les institutions naissantes
d’
une Europe qui en est encore au stade des plans et des discussions sur
2989
s discussions sur devis ? Je ne crois pas inutile
de
rappeler brièvement ce que c’est que le Conseil de l’Europe, et l’ass
2990
Conseil de l’Europe, et l’assemblée consultative
de
Strasbourg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai de l’année d
2991
Strasbourg. Le Conseil de l’Europe est né au mois
de
mai de l’année dernière, à la suite d’une campagne vigoureuse conduit
2992
urg. Le Conseil de l’Europe est né au mois de mai
de
l’année dernière, à la suite d’une campagne vigoureuse conduite par l
2993
né au mois de mai de l’année dernière, à la suite
d’
une campagne vigoureuse conduite par le Mouvement européen. Il réunit
2994
de l’Europe sur les 19 situés à l’ouest du rideau
de
fer. Manquent à l’appel l’Espagne et le Portugal, parce qu’ils sont e
2995
pagne et le Portugal, parce qu’ils sont en régime
de
dictature, l’Autriche parce que les Russes refusent encore de signer
2996
, l’Autriche parce que les Russes refusent encore
de
signer son traité de paix, et la Suisse parce qu’à Berne, on n’aime p
2997
e les Russes refusent encore de signer son traité
de
paix, et la Suisse parce qu’à Berne, on n’aime pas trop se presser… L
2998
rop se presser… Le Conseil de l’Europe se compose
d’
un Comité ministériel formé par les ministres des Affaires étrangères
2999
res des Affaires étrangères des États membres, et
d’
une Assemblée consultative de 125 députés, élus par les parlements nat
3000
es États membres, et d’une Assemblée consultative
de
125 députés, élus par les parlements nationaux. Le rôle de l’Assemblé
3001
putés, élus par les parlements nationaux. Le rôle
de
l’Assemblée consiste à étudier et à voter toutes mesures tendant à un
3002
é ministériel consiste à examiner les résolutions
de
l’Assemblée, et à les refuser régulièrement, sur la demande des Angla
3003
ar les ministres un jour se fatigueront peut-être
de
dire non. Et l’Assemblée, un jour, peut se révolter contre le sempite
3004
jour, peut se révolter contre le sempiternel veto
de
M. Bevin. Elle peut un beau jour passer outre, et décider que ses rés
3005
s résolutions seront examinées par les parlements
de
chaque pays, qui sont plus stables que les ministres. Et l’opinion, u
3006
et les parlements sont élus par l’opinion réelle
d’
un pays, celle qui vote au scrutin libre et secret. Celle qui ne ment
3007
e ment pas. Tout dépend donc, en dernier ressort,
de
l’opinion. Quand elle sera mûre, quand elle dira ce qu’elle veut, ave
3008
députés suivront, les ministres obéiront, et tout
d’
un coup, malgré les arguments des experts, des prudents ou des lâches,
3009
hes, l’Europe se fera. Vous voyez que je n’ai pas
d’
illusions. Mais je calcule nos chances, qui sont celles de la paix, et
3010
ons. Mais je calcule nos chances, qui sont celles
de
la paix, et je trouve qu’elles ne sont pas si mauvaises. Encore faut-
3011
ncore faut-il que l’opinion se réveille. Le canon
de
la Corée peut l’y aider. La crise économique, qui s’approche à grands
3012
a fait Strasbourg pendant l’été ? Je serais forcé
de
vous répondre : pas grand-chose. Mais une évolution décisive se prépa
3013
évolution décisive se prépare. Dans l’atmosphère
de
l’été orageux que je vous décrivais lundi dernier, cette deuxième ses
3014
s décrivais lundi dernier, cette deuxième session
de
l’Assemblée fut beaucoup plus passionnée que l’an dernier. On sentait
3015
ravaillistes. Et qu’il était parfaitement inutile
de
consentir des concessions dont ils se moquent. On a vu que la fédérat
3016
res lui refusent. C’est qu’elle se sent plus sûre
d’
elle-même, mieux en contact que l’an dernier avec les forces morales e
3017
bâtiment va, tout va, dit un proverbe. Le Palais
de
l’Europe a été édifié sur un ancien terrain de football. On y jouait
3018
is de l’Europe a été édifié sur un ancien terrain
de
football. On y jouait un match le 1er mars encore. Aujourd’hui c’est
3019
non moins disputées. Il s’agit toujours et encore
de
se renvoyer la balle. Mais quelques buts ont été marqués. Premièremen
3020
t été marqués. Premièrement, l’Assemblée a décidé
de
se réunir une seconde fois cette année, au mois de novembre. Et quatr
3021
e se réunir une seconde fois cette année, au mois
de
novembre. Et quatre fois l’année prochaine. Voilà qui permettra d’all
3022
uatre fois l’année prochaine. Voilà qui permettra
d’
aller plus vite, et de maintenir l’opinion en alerte. Deuxièmement, l’
3023
chaine. Voilà qui permettra d’aller plus vite, et
de
maintenir l’opinion en alerte. Deuxièmement, l’Assemblée s’est donné
3024
e. Deuxièmement, l’Assemblée s’est donné le droit
d’
aborder les questions militaires, de parler de la défense de l’Europe,
3025
onné le droit d’aborder les questions militaires,
de
parler de la défense de l’Europe, qui est le problème le plus urgent.
3026
oit d’aborder les questions militaires, de parler
de
la défense de l’Europe, qui est le problème le plus urgent. Je revien
3027
sé à l’examen du Conseil des ministres, un projet
d’
Autorité politique européenne au-dessus des nations. Et c’est là le po
3028
ai l’impression très nette que la session du mois
de
novembre verra des actes révolutionnaires, de la part des fédéraliste
3029
-ci ne représentent, à vrai dire, qu’une minorité
de
l’Assemblée. Mais ils se sentent soutenus par l’opinion publique. Des
3030
tent soutenus par l’opinion publique. Des groupes
de
jeunes fédéralistes, prêts à l’action, animés par le professeur Danie
3031
ur Daniel Villey, hantaient déjà, pendant le mois
d’
août, les couloirs du Palais de l’Europe, créant une atmosphère d’urge
3032
à, pendant le mois d’août, les couloirs du Palais
de
l’Europe, créant une atmosphère d’urgence et de salutaire inquiétude.
3033
oirs du Palais de l’Europe, créant une atmosphère
d’
urgence et de salutaire inquiétude. À la veille de la première séance
3034
s de l’Europe, créant une atmosphère d’urgence et
de
salutaire inquiétude. À la veille de la première séance de l’Assemblé
3035
d’urgence et de salutaire inquiétude. À la veille
de
la première séance de l’Assemblée, ils s’étaient réunis à la frontièr
3036
ire inquiétude. À la veille de la première séance
de
l’Assemblée, ils s’étaient réunis à la frontière franco-allemande, po
3037
lemande, pour brûler les barrières et les poteaux
de
douane. Ce geste symbolique en annonce d’autres. Ce feu de joie et de
3038
. Ce geste symbolique en annonce d’autres. Ce feu
de
joie et de fraternité peut s’étendre à toutes les frontières. On y tr
3039
symbolique en annonce d’autres. Ce feu de joie et
de
fraternité peut s’étendre à toutes les frontières. On y travaillera f
3040
ait, s’armait, et pendant que la Russie observait
d’
un œil froid l’état des forces en présence, qu’a-t-on fait en Europe,
3041
rope, à Strasbourg, cet été pour répondre au défi
de
l’Histoire ? La session de l’Assemblée s’est ouverte par un grand dis
3042
pour répondre au défi de l’Histoire ? La session
de
l’Assemblée s’est ouverte par un grand discours de Churchill. Le suje
3043
e l’Assemblée s’est ouverte par un grand discours
de
Churchill. Le sujet de ce discours était la création immédiate d’une
3044
erte par un grand discours de Churchill. Le sujet
de
ce discours était la création immédiate d’une armée de l’Europe. L’id
3045
sujet de ce discours était la création immédiate
d’
une armée de l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est
3046
discours était la création immédiate d’une armée
de
l’Europe. L’idée de Churchill était simple. L’Europe est sans défense
3047
réation immédiate d’une armée de l’Europe. L’idée
de
Churchill était simple. L’Europe est sans défense. Elle peut être env
3048
ou cette nuit même. Si nous pensons qu’elle vaut
d’
être sauvée, constituons une armée sérieuse, qui ne saurait être qu’un
3049
saurait être qu’une armée européenne, à l’échelle
de
la menace elle-même continentale qui pèse sur nous. Le génie de Churc
3050
lle-même continentale qui pèse sur nous. Le génie
de
Churchill est indéniable : il consiste à dire simplement les évidence
3051
que tout le monde voit, mais que l’on traiterait
de
paradoxes ou d’utopies si vous ou moi osions les dire. Tout le monde
3052
de voit, mais que l’on traiterait de paradoxes ou
d’
utopies si vous ou moi osions les dire. Tout le monde sait que l’Europ
3053
s dire. Tout le monde sait que l’Europe n’a point
d’
armée, si l’on excepte l’armée suisse, laquelle est neutre. Tout le mo
3054
e est neutre. Tout le monde sait qu’il est urgent
de
faire quelque chose. Mais il faut que Churchill le dise pour qu’on ap
3055
onde, et quand Churchill eut terminé son discours
de
Strasbourg, l’Assemblée tout entière lui fit une ovation, et vota sa
3056
et vota sa motion par 89 voix contre 5, et point
d’
abstentions. C’était trop beau pour être vrai. L’Assemblée ne tarda po
3057
aux réalités, qui sont pour elle les paragraphes
de
son statut. Dès que le projet Churchill fut mis en discussion plus dé
3058
re observer que l’article 1, alinéa d des statuts
de
l’Assemblée lui interdisait de s’occuper des problèmes militaires de
3059
inéa d des statuts de l’Assemblée lui interdisait
de
s’occuper des problèmes militaires de l’Europe. M. Callaghan a raison
3060
interdisait de s’occuper des problèmes militaires
de
l’Europe. M. Callaghan a raison, l’article 1 alinéa d dit bien cela.
3061
igents… Arrêtée par un alinéa, l’Assemblée décida
de
ne rien faire de sérieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent
3062
ar un alinéa, l’Assemblée décida de ne rien faire
de
sérieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent de faire quelque
3063
décida de ne rien faire de sérieux, c’est-à-dire
d’
affirmer qu’il était urgent de faire quelque chose, bien sûr, un jour
3064
rieux, c’est-à-dire d’affirmer qu’il était urgent
de
faire quelque chose, bien sûr, un jour ou l’autre, mais qu’il ne semb
3065
l’autre, mais qu’il ne semblait pas très opportun
de
dire comment et à quelles conditions. Le problème reste donc posé. On
3066
sé. On ne saurait dire que l’Assemblée ait résolu
de
le résoudre, et encore moins qu’elle ait vraiment tenté de le faire…
3067
oudre, et encore moins qu’elle ait vraiment tenté
de
le faire… Devant cette carence incroyable je me sens libre de dire ic
3068
Devant cette carence incroyable je me sens libre
de
dire ici ce qu’un chacun pense qu’il faut faire. Premièrement, face a
3069
se qu’il faut faire. Premièrement, face au danger
d’
invasion, nous savons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne fût-
3070
d’invasion, nous savons tous qu’il est nécessaire
de
nous armer, ne fût-ce que pour forcer l’envahisseur à réfléchir, et s
3071
rmées nationales, à la fois ruineuses pour chacun
de
nos pays, et ridiculement insuffisantes pour l’ensemble du continent.
3072
réveiller le nationalisme qui est l’origine même
de
nos maux, enfin, c’est opposer dix-neuf faiblesses à une grande force
3073
rce, et donc se condamner à l’écrasement certain.
D’
où l’on déduit nécessairement qu’il faut, pour défendre l’Europe, non
3074
ns, — encore faut-il qu’elle soit mise au service
d’
une politique d’ensemble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution
3075
t-il qu’elle soit mise au service d’une politique
d’
ensemble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution d’un gouvernemen
3076
e soit mise au service d’une politique d’ensemble
de
l’Europe. Elle suppose donc l’institution d’un gouvernement fédéral,
3077
mble de l’Europe. Elle suppose donc l’institution
d’
un gouvernement fédéral, capable de la contrôler, et de l’utiliser pou
3078
l’institution d’un gouvernement fédéral, capable
de
la contrôler, et de l’utiliser pour assurer la paix, non point pour n
3079
gouvernement fédéral, capable de la contrôler, et
de
l’utiliser pour assurer la paix, non point pour nous jeter dans les p
3080
s, du gouvernement fédéral, sans lequel une armée
d’
Europe serait plus dangereuse encore que notre faiblesse actuelle. Mai
3081
l a proposé que l’on donne des armes aux citoyens
de
l’Europe. Encore faut-il que ces soldats soient décidés à employer ce
3082
dans l’état politique et social où sont plusieurs
de
nos voisins, rien n’est moins sûr. On dit que M. Churchill est un gra
3083
hurchill est un grand réaliste, parce qu’il parle
de
canons et d’avions. Mais ce ne sont là que des objets, des instrument
3084
un grand réaliste, parce qu’il parle de canons et
d’
avions. Mais ce ne sont là que des objets, des instruments. Le réalism
3085
ts, des instruments. Le réalisme véritable, c’est
de
donner d’abord à chaque Européen la conviction profonde et passionnée
3086
ée qu’il a quelque chose à défendre. On n’accepte
de
mourir que pour des raisons de vivre. Le réalisme véritable c’est don
3087
ndre. On n’accepte de mourir que pour des raisons
de
vivre. Le réalisme véritable c’est donc de commencer la défense de l’
3088
aisons de vivre. Le réalisme véritable c’est donc
de
commencer la défense de l’Europe dans les esprits et dans les cœurs.
3089
— hélas ! Mais il nous faut d’abord une mystique
de
l’Europe, c’est-à-dire de la liberté, sans laquelle cette armée ne se
3090
ut d’abord une mystique de l’Europe, c’est-à-dire
de
la liberté, sans laquelle cette armée ne serait qu’un poids mort. De
3091
laquelle cette armée ne serait qu’un poids mort.
De
cela aussi, je compte vous reparler ; c’est même le principal sujet d
3092
pte vous reparler ; c’est même le principal sujet
de
ma chronique. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
3093
ne (25 septembre 1950) Pendant toute la session
de
l’Assemblée de Strasbourg, cet été, les députés n’ont pas cessé de re
3094
Strasbourg, cet été, les députés n’ont pas cessé
de
recevoir des centaines de lettres de simples citoyens qui, dans tous
3095
députés n’ont pas cessé de recevoir des centaines
de
lettres de simples citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient d
3096
nt pas cessé de recevoir des centaines de lettres
de
simples citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient de faire que
3097
citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient
de
faire quelque chose, et vite. Je me suis joint au mouvement pour ma p
3098
nt pour ma part, en faisant imprimer une brochure
de
lettres aux députés européens où je les priais sur tous les tons d’ag
3099
utés européens où je les priais sur tous les tons
d’
agir ou de s’en aller. Car, en effet, le néant déclaré vaut mieux qu’u
3100
éens où je les priais sur tous les tons d’agir ou
de
s’en aller. Car, en effet, le néant déclaré vaut mieux qu’un faux-sem
3101
’un faux-semblant. Que voulaient dire les auteurs
de
ces lettres pressantes et angoissées, lorsqu’ils réclamaient avec une
3102
ec une impatience sans cesse accrue par le danger
de
guerre — que quelque chose fût fait ? Ils voulaient dire, sans aucune
3103
ion, créez un vrai gouvernement européen, capable
d’
assurer notre défense commune, car isolés nous périrons, Cet effort n’
3104
Il a fortement contribué à transformer l’ambiance
de
l’Assemblée, à faire sentir à plusieurs députés que l’opinion publiqu
3105
es suivait du regard, à renforcer les convictions
de
ceux qui en avaient, à mettre mal à l’aise ceux qui n’en ont aucune,
3106
u-dessus des États une autorité politique capable
d’
obtenir ou d’imposer les sacrifices indispensables au salut de la comm
3107
États une autorité politique capable d’obtenir ou
d’
imposer les sacrifices indispensables au salut de la communauté, c’est
3108
d’imposer les sacrifices indispensables au salut
de
la communauté, c’est la thèse des fédéralistes. Ceux-ci ne sont encor
3109
te. La plupart des députés préfèrent à la formule
d’
un gouvernement européen, celle d’une série d’autorités spécialisées,
3110
nt à la formule d’un gouvernement européen, celle
d’
une série d’autorités spécialisées, dont le plan Schumann du charbon e
3111
ule d’un gouvernement européen, celle d’une série
d’
autorités spécialisées, dont le plan Schumann du charbon et de l’acier
3112
spécialisées, dont le plan Schumann du charbon et
de
l’acier offre le meilleur exemple. Ils proposent que l’on crée de la
3113
le meilleur exemple. Ils proposent que l’on crée
de
la même manière une autorité régissant les transports en Europe, une
3114
rité régissant les transports en Europe, une cour
de
justice, une autorité sociale, un office européen de la production du
3115
justice, une autorité sociale, un office européen
de
la production du blé, un Centre européen de la culture, et un état-ma
3116
ités spécialisées en un gouvernement unique, doté
de
pouvoirs réels, c’est-à-dire réellement supérieurs à ceux des États.
3117
s à la fois, peu nous importe. L’important, c’est
de
les résoudre, et de nous unir effectivement en temps utile, avant que
3118
s importe. L’important, c’est de les résoudre, et
de
nous unir effectivement en temps utile, avant que notre état de divis
3119
ffectivement en temps utile, avant que notre état
de
division n’ait provoqué la guerre, qui nous mettra tous d’accord dans
3120
ru très clairement, à Strasbourg, qu’une fraction
de
l’Assemblée ne voulait pas qu’on aboutisse à rien de sérieux. Je veux
3121
l’Assemblée ne voulait pas qu’on aboutisse à rien
de
sérieux. Je veux parler des Anglais et de certains Scandinaves, qui p
3122
à rien de sérieux. Je veux parler des Anglais et
de
certains Scandinaves, qui prennent leurs directives à Londres. Depuis
3123
ux ans, les Anglais nous disaient : ne parlez pas
de
fédération, c’est utopique et théorique. Faisons plutôt quelque chose
3124
opique et théorique. Faisons plutôt quelque chose
de
concret dans un domaine bien limité. Sur quoi M. Schumann leur a offe
3125
dans un domaine bien défini : celui du charbon et
de
l’acier. Mais tous les Anglais ont dit non, qu’ils soient conservateu
3126
ou travaillistes. Les conservateurs, par la voix
de
M. Macmillan, ont déposé un contre-projet. Ils acceptaient en princip
3127
é, qu’il ne limite en rien la souveraineté sacrée
de
l’État anglais, et n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit
3128
souveraineté sacrée de l’État anglais, et n’exige
de
sa part pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt soit d’orgueil natio
3129
n’exige de sa part pas le moindre sacrifice, soit
d’
intérêt soit d’orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’
3130
art pas le moindre sacrifice, soit d’intérêt soit
d’
orgueil national. Il est bien évident qu’un tel état d’esprit rend tou
3131
cable. Comment peut-on se marier, si l’on réserve
d’
avance le droit de se séparer à la première scène de ménage ? La quest
3132
t-on se marier, si l’on réserve d’avance le droit
de
se séparer à la première scène de ménage ? La question s’est donc tro
3133
avance le droit de se séparer à la première scène
de
ménage ? La question s’est donc trouvée posée dans toute son acuité :
3134
l’Europe sans les Anglais — ou faut-il rechercher
de
nouveaux compromis dans l’idée de plaire un jour à ces messieurs, qui
3135
t-il rechercher de nouveaux compromis dans l’idée
de
plaire un jour à ces messieurs, qui finalement refuseront quand même
3136
nt quand même ? Je vous parlerai, lundi prochain,
de
la possibilité de faire l’Europe sans les Insulaires, sans l’insolent
3137
vous parlerai, lundi prochain, de la possibilité
de
faire l’Europe sans les Insulaires, sans l’insolent M. Dalton et avec
3138
M. Dalton et avec la bénédiction toute platonique
de
M. Churchill. Mais puisque j’ai entrepris, dans mes premières chroniq
3139
ue j’ai entrepris, dans mes premières chroniques,
de
vous donner un compte rendu de ce qui s’est fait — ou non — à Strasbo
3140
mières chroniques, de vous donner un compte rendu
de
ce qui s’est fait — ou non — à Strasbourg, cet été, je terminerai par
3141
ur proposer au Comité des ministres l’institution
d’
une série d’autorités européennes. Pour permettre aux ministres de se
3142
au Comité des ministres l’institution d’une série
d’
autorités européennes. Pour permettre aux ministres de se prononcer, M
3143
torités européennes. Pour permettre aux ministres
de
se prononcer, M. Spaak a décidé de suspendre la session à la fin d’ao
3144
aux ministres de se prononcer, M. Spaak a décidé
de
suspendre la session à la fin d’août, et de la reprendre en novembre.
3145
. Spaak a décidé de suspendre la session à la fin
d’
août, et de la reprendre en novembre. C’est donc à la fin de novembre,
3146
écidé de suspendre la session à la fin d’août, et
de
la reprendre en novembre. C’est donc à la fin de novembre, seulement,
3147
de la reprendre en novembre. C’est donc à la fin
de
novembre, seulement, que nous saurons si l’Assemblée a fait quelque c
3148
nous saurons si l’Assemblée a fait quelque chose
de
concret, ou si elle a seulement fait semblant de vouloir faire quelqu
3149
de concret, ou si elle a seulement fait semblant
de
vouloir faire quelque chose en dépit des Anglais. Sans attendre les r
3150
ortels que court l’Europe, ont dressé leurs plans
d’
action. Je vous en informerai bien sûr dès qu’il sera convenu de les f
3151
ous en informerai bien sûr dès qu’il sera convenu
de
les faire connaître à tous, afin que beaucoup puissent y prendre leur
3152
Demain l’Europe ! — Le Serment
de
Strasbourg (2 octobre 1950) Chers auditeurs, Si l’on admet que la f
3153
uditeurs, Si l’on admet que la faiblesse tragique
de
l’Europe résulte de sa désunion ; que sa seule chance de salut est do
3154
met que la faiblesse tragique de l’Europe résulte
de
sa désunion ; que sa seule chance de salut est donc la mise en commun
3155
rope résulte de sa désunion ; que sa seule chance
de
salut est donc la mise en commun de ses ressources et de ses énergies
3156
seule chance de salut est donc la mise en commun
de
ses ressources et de ses énergies ; mais si l’on constate d’autre par
3157
t est donc la mise en commun de ses ressources et
de
ses énergies ; mais si l’on constate d’autre part que les politiciens
3158
nglais ? À Strasbourg, cet été, un certain nombre
de
députés ont envisagé cette question, et tenté d’y répondre par un act
3159
de députés ont envisagé cette question, et tenté
d’
y répondre par un acte. Le récit de leur échec est significatif, vous
3160
tion, et tenté d’y répondre par un acte. Le récit
de
leur échec est significatif, vous allez le voir. L’idée qui animait c
3161
vous allez le voir. L’idée qui animait ce groupe
de
députés, et à laquelle Daniel Villey et quelques-uns de mes amis n’ét
3162
utés, et à laquelle Daniel Villey et quelques-uns
de
mes amis n’étaient pas totalement étrangers, c’était de proclamer sur
3163
amis n’étaient pas totalement étrangers, c’était
de
proclamer sur place, à Strasbourg, au mois d’août, la volonté d’union
3164
ait de proclamer sur place, à Strasbourg, au mois
d’
août, la volonté d’union immédiate des principaux pays du contient ; e
3165
r place, à Strasbourg, au mois d’août, la volonté
d’
union immédiate des principaux pays du contient ; et c’était de concré
3166
iate des principaux pays du contient ; et c’était
de
concrétiser cette volonté par un Pacte, qui se fût appelé le nouveau
3167
ar un Pacte, qui se fût appelé le nouveau Serment
de
Strasbourg. Voici plus de onze siècles, en effet, que les fils de Cha
3168
pelé le nouveau Serment de Strasbourg. Voici plus
de
onze siècles, en effet, que les fils de Charlemagne avaient prêté un
3169
oici plus de onze siècles, en effet, que les fils
de
Charlemagne avaient prêté un premier Serment de Strasbourg. De ce tra
3170
s de Charlemagne avaient prêté un premier Serment
de
Strasbourg. De ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe
3171
e avaient prêté un premier Serment de Strasbourg.
De
ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe et sa division
3172
urg. De ce traité devait résulter le démembrement
de
l’Europe et sa division en nations. Il y avait, cet été, une belle ch
3173
en nations. Il y avait, cet été, une belle chance
de
remembrer, de rassembler ce continent, qui reste — comme le disait Pa
3174
y avait, cet été, une belle chance de remembrer,
de
rassembler ce continent, qui reste — comme le disait Paul Valéry — la
3175
disait Paul Valéry — la partie la plus précieuse
de
la planète. Un groupe de députés parmi lesquels on remarquait MM. And
3176
partie la plus précieuse de la planète. Un groupe
de
députés parmi lesquels on remarquait MM. André Philip, Paul Reynaud e
3177
uti pour l’Italie, Carlo Schmid pour l’Allemagne,
de
la Vallée Poussin pour la Belgique, tentèrent de passer aux actes. Un
3178
de la Vallée Poussin pour la Belgique, tentèrent
de
passer aux actes. Un texte de serment fut établi. Bien qu’il n’ait pa
3179
Belgique, tentèrent de passer aux actes. Un texte
de
serment fut établi. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai de tr
3180
abli. Bien qu’il n’ait pas été rendu public, j’ai
de
très bonnes raisons de le connaître en détail, et vais vous dire quel
3181
pas été rendu public, j’ai de très bonnes raisons
de
le connaître en détail, et vais vous dire quel était son contenu. Les
3182
aient à se considérer non plus comme les députées
de
leur seul pays ou parti, mais comme les représentants de l’Europe ent
3183
seul pays ou parti, mais comme les représentants
de
l’Europe entière. Ils déclaraient que, sans plus attendre, les nation
3184
ve vers l’union, en provoquant l’élection directe
d’
un Parlement européen, ainsi que la constitution d’un gouvernement féd
3185
’un Parlement européen, ainsi que la constitution
d’
un gouvernement fédéral comprenant des ministères de la Défense, de la
3186
un gouvernement fédéral comprenant des ministères
de
la Défense, de la Production, des Finances, de l’Agriculture, des Tra
3187
fédéral comprenant des ministères de la Défense,
de
la Production, des Finances, de l’Agriculture, des Transports, et de
3188
es de la Défense, de la Production, des Finances,
de
l’Agriculture, des Transports, et de la Justice. Les députés se disai
3189
es Finances, de l’Agriculture, des Transports, et
de
la Justice. Les députés se disaient décidés à prêter le serment suiva
3190
: Nous soussignés, Nous proclamant les délégués
de
notre commune patrie, l’Europe, Constatant qu’il faut aujourd’hui pér
3191
isolément ou se sauver ensemble, Faisons serment
d’
unir dès maintenant les nations du continent qui acceptent de renoncer
3192
maintenant les nations du continent qui acceptent
de
renoncer à une part de leur souveraineté, première étape vers l’unité
3193
du continent qui acceptent de renoncer à une part
de
leur souveraineté, première étape vers l’unité de l’Europe. Une soix
3194
de leur souveraineté, première étape vers l’unité
de
l’Europe. Une soixantaine de députés se déclarèrent d’accord. Le ser
3195
étape vers l’unité de l’Europe. Une soixantaine
de
députés se déclarèrent d’accord. Le serment devait être prêté hors de
3196
. Le serment devait être prêté hors de l’enceinte
de
l’Assemblée, en présence de la population. Déjà la presse en parlait
3197
er leur signature éventuelle. Devant cette espèce
de
chantage les socialistes allemands reculèrent. Leurs compatriotes cat
3198
triotes catholiques ne voulurent point se séparer
d’
eux. Les Italiens objectèrent que des raisons religieuses les empêchai
3199
èrent que des raisons religieuses les empêchaient
de
prêter serment. Les Belges découvrirent que cette action publique éta
3200
on publique était incompatible avec la discipline
de
l’Assemblée. Le groupe français lui-même se divisa. Bref, il ne resta
3201
se réunir en novembre. C’est ainsi que la session
d’
été prit fin sur un échec des activistes. Et certes, la manœuvre angla
3202
, joua son rôle dans cet échec. Mais il est juste
de
dire qu’elle ne l’eût pas joué, si les continentaux, de leur côté, av
3203
e qu’elle ne l’eût pas joué, si les continentaux,
de
leur côté, avaient montré plus de courage, une plus claire volonté d’
3204
s continentaux, de leur côté, avaient montré plus
de
courage, une plus claire volonté d’aboutir à tout prix. En réalité, b
3205
t montré plus de courage, une plus claire volonté
d’
aboutir à tout prix. En réalité, beaucoup d’entre eux ne s’étaient poi
3206
d’entre eux ne s’étaient point ralliés au projet
de
serment sans réserves ou hésitations. L’un des chefs socialistes les
3207
ns. L’un des chefs socialistes les plus influents
de
notre époque me disait quelques jours auparavant : « Que serait cette
3208
le socialisme. Je lui répondis : Si vous refusez
de
faire cette Europe-là, si vous n’en faites aucune vous savez ce qui n
3209
enace : la misère et l’occupation. Je ne vois pas
d’
autre alternative. Au surplus si les Anglais supportent mal que se for
3210
et germanique, ce sera pour eux une bonne raison
d’
y entrer, afin de rétablir l’équilibre. Peut-être n’avons-nous pas d’a
3211
Mais j’aurais pu répondre aussi par cette parole
d’
un homme qui passe en France pour le symbole vivant du dirigisme, je v
3212
ur le symbole vivant du dirigisme, je veux parler
d’
André Philip — qui s’écriait : « J’aime mieux une Europe libérale que
3213
iait : « J’aime mieux une Europe libérale que pas
d’
Europe du tout ! » Voilà l’esprit qu’on voudrait voir animer l’Assembl
3214
t voir animer l’Assemblée de Strasbourg. L’esprit
de
ceux qui ont enfin vu que pour sauver n’importe quelle partie, ou par
3215
que pour sauver n’importe quelle partie, ou parti
de
l’Europe, il faut d’abord sauver le tout, « périr isolément ou se sau
3216
a culture était officiellement inauguré, au cours
d’
une cérémonie très simple suivie d’une réception qui permit aux autori
3217
guré, au cours d’une cérémonie très simple suivie
d’
une réception qui permit aux autorités, aux diplomates, aux journalist
3218
aux autorités, aux diplomates, aux journalistes,
de
rencontrer les quelque 25 membres du conseil supérieur du Centre, ain
3219
l supérieur du Centre, ainsi que les responsables
de
ses groupes de travail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège d
3220
Centre, ainsi que les responsables de ses groupes
de
travail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège de ce nouvel ins
3221
vail. Dès le lendemain, la villa Mon Repos (siège
de
ce nouvel institut) faisait mentir son joli nom : on y travaillait fe
3222
ans toutes les langues. Et certes, c’est très mal
de
travailler le dimanche, mais il fallait profiter de la présence des n
3223
travailler le dimanche, mais il fallait profiter
de
la présence des nombreuses personnalités venues de Rome, de Londres,
3224
e la présence des nombreuses personnalités venues
de
Rome, de Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasi
3225
ence des nombreuses personnalités venues de Rome,
de
Londres, de Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le sp
3226
breuses personnalités venues de Rome, de Londres,
de
Paris, de Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de l
3227
rsonnalités venues de Rome, de Londres, de Paris,
de
Vienne, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de la villa en
3228
venues de Rome, de Londres, de Paris, de Vienne,
de
Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle de la villa en ce premier
3229
e, de Bruxelles pour cette occasion. Le spectacle
de
la villa en ce premier jour d’activité ne manquait pas de pittoresque
3230
sion. Le spectacle de la villa en ce premier jour
d’
activité ne manquait pas de pittoresque. Dans une salle, un groupe d’h
3231
lla en ce premier jour d’activité ne manquait pas
de
pittoresque. Dans une salle, un groupe d’historiens sérieux et méthod
3232
ait pas de pittoresque. Dans une salle, un groupe
d’
historiens sérieux et méthodiques ; dans une deuxième, des cinéastes e
3233
es grandes questions européennes ; enfin, au coin
d’
une table, cinq personnages discrets, traçaient les plans d’une collab
3234
e, cinq personnages discrets, traçaient les plans
d’
une collaboration qui peut avoir de vastes conséquences : il s’agissai
3235
ient les plans d’une collaboration qui peut avoir
de
vastes conséquences : il s’agissait des administrateurs de la recherc
3236
conséquences : il s’agissait des administrateurs
de
la recherche scientifique en France, en Italie et en Belgique, décidé
3237
n Belgique, décidés à mettre en commun au service
de
l’Europe entière, les travaux actuellement en cours sur l’énergie ato
3238
uelles merveilleuses révolutions elle est capable
de
produire bientôt, dans la médecine et l’industrie pour la prospérité
3239
ur leur évaporation instantanée. Le rassemblement
de
ces groupes composés moins de grandes vedettes que de techniciens pas
3240
e. Le rassemblement de ces groupes composés moins
de
grandes vedettes que de techniciens passionnés, donnait immédiatement
3241
es groupes composés moins de grandes vedettes que
de
techniciens passionnés, donnait immédiatement au spectateur une premi
3242
ait immédiatement au spectateur une première idée
de
l’ampleur du programme assumé par notre Centre. Mais ceux qui ne l’on
3243
ntre. Mais ceux qui ne l’ont pas vu sont en droit
de
se demander pourquoi cet institut nouveau, quel est son but, et quell
3244
Il y a déjà, n’est-ce pas, surtout à Genève, tant
d’
organismes internationaux ! À cette question bien naturelle, je suis h
3245
À cette question bien naturelle, je suis heureux
de
vous répondre ce soir. Le Centre européen de la culture correspond à
3246
regrouper les forces culturelles, les puissances
d’
invention, qui ont fait la vraie richesse de ce vieux continent. Pour
3247
ances d’invention, qui ont fait la vraie richesse
de
ce vieux continent. Pour faire l’Europe, les constructions politiques
3248
. Mais un grand réaliste, Napoléon, avait coutume
de
répéter : le moral est au matériel comme 3 est à 1. Tout le monde app
3249
aiment. Le Centre européen de la culture a décidé
de
la prendre au sérieux. Il ne croit pas que la culture est un luxe, un
3250
ction réservée aux élites. Il ne la compare pas à
de
la broderie, comme le faisait récemment à Strasbourg un illustre homm
3251
x. Lorsque Staline rédige lui-même les directives
de
la science linguistique dans son empire, ou lorsqu’il lance une offen
3252
re la conception chrétienne du monde, avec l’aide
de
500 000 propagandistes entraînés, munis de films et de 20 millions de
3253
l’aide de 500 000 propagandistes entraînés, munis
de
films et de 20 millions de brochures, lorsqu’il déclenche ces deux ca
3254
0 000 propagandistes entraînés, munis de films et
de
20 millions de brochures, lorsqu’il déclenche ces deux campagnes cult
3255
istes entraînés, munis de films et de 20 millions
de
brochures, lorsqu’il déclenche ces deux campagnes culturelles, soyons
3256
un seul instant qu’il perd son temps, qu’il fait
de
la broderie. Il sait qu’une fois gagnés les esprits et les cœurs, le
3257
ur responsabilité. Certes, nos libertés sont loin
d’
être parfaites. Mais si nous les perdons un jour, nous penserons, dans
3258
ratie n’est pas une panacée, elle ne résout aucun
de
nos grands problèmes, mais s’ils sont un jour résolus sans réplique,
3259
qu’on le pouvait, sauver au moins la possibilité
de
les vivre à notre manière… Pour cette action de réveil des conscience
3260
é de les vivre à notre manière… Pour cette action
de
réveil des consciences, de défense et d’illustration de nos libertés,
3261
ère… Pour cette action de réveil des consciences,
de
défense et d’illustration de nos libertés, le Centre européen de la c
3262
e action de réveil des consciences, de défense et
d’
illustration de nos libertés, le Centre européen de la culture utilise
3263
eil des consciences, de défense et d’illustration
de
nos libertés, le Centre européen de la culture utilisera ce qu’on app
3264
t la presse. Mais il utilisera aussi les cerveaux
de
nos meilleurs savants, les foyers de culture populaire, et les travau
3265
les cerveaux de nos meilleurs savants, les foyers
de
culture populaire, et les travaux patients de chercheurs isolés, qui
3266
ers de culture populaire, et les travaux patients
de
chercheurs isolés, qui vont trouver, par le moyen de cet institut, la
3267
chercheurs isolés, qui vont trouver, par le moyen
de
cet institut, la possibilité d’entrer dans une communauté vivante et
3268
ver, par le moyen de cet institut, la possibilité
d’
entrer dans une communauté vivante et militante. Mais tout cela, pense
3269
ment combien : tout cela coûtera le tiers du prix
d’
un char d’assaut — et vous savez que la Suisse veut en acheter 500… De
3270
en : tout cela coûtera le tiers du prix d’un char
d’
assaut — et vous savez que la Suisse veut en acheter 500… De plus nous
3271
voulons qu’elle soit un jour — le vôtre, et celui
de
nos enfants. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
3272
ibres, les gens au pouvoir sont inquiets, le soir
d’
une élection : obtiendront-ils au moins 51 % des voix ? Dans les pays
3273
les pays totalitaires, le seul souci réel, c’est
de
ne pas dépasser 100 %, par suite d’un excès de zèle des fonctionnaire
3274
i réel, c’est de ne pas dépasser 100 %, par suite
d’
un excès de zèle des fonctionnaires locaux. C’était hier le problème d
3275
st de ne pas dépasser 100 %, par suite d’un excès
de
zèle des fonctionnaires locaux. C’était hier le problème d’Hitler. C’
3276
s fonctionnaires locaux. C’était hier le problème
d’
Hitler. C’est aujourd’hui celui de ses successeurs. N’insistons pas. C
3277
ier le problème d’Hitler. C’est aujourd’hui celui
de
ses successeurs. N’insistons pas. Ce que je veux souligner ici, c’est
3278
que, dans l’un et l’autre cas, on se sent obligé
de
rendre hommage à l’opinion publique, soit qu’on respecte ses libres d
3279
être faite dès demain. Car, en effet, le résultat
d’
une consultation de l’opinion dans 12 pays européens vient de révéler
3280
in. Car, en effet, le résultat d’une consultation
de
l’opinion dans 12 pays européens vient de révéler que la grande major
3281
nt de révéler que la grande majorité des citoyens
de
toutes tendances, dans ces pays, se déclare en faveur de la fédératio
3282
qui sans nul doute vous surprendront. L’Institut
de
recherche de l’opinion publique Éric Stern, à Paris, a posé des quest
3283
doute vous surprendront. L’Institut de recherche
de
l’opinion publique Éric Stern, à Paris, a posé des questions générale
3284
estion générale : « Êtes-vous en faveur de l’idée
d’
une union de l’Europe occidentale ? », 53 % des consultés ont répondu
3285
ale : « Êtes-vous en faveur de l’idée d’une union
de
l’Europe occidentale ? », 53 % des consultés ont répondu oui, 8 % non
3286
és ont répondu oui, 8 % non, le reste n’avait pas
d’
opinion arrêtée sur le sujet. Mais ce n’était là qu’une première appro
3287
ière approche. Il était beaucoup plus intéressant
de
savoir si l’opinion publique était en faveur d’une suppression des fr
3288
nt à la fois la liberté du commerce et la liberté
de
déplacement des travailleurs. Là-dessus, 71 % des consultés ont dit q
3289
t restés indécis. Cependant, s’il est bien facile
de
se déclarer pour la liberté en général et contre les barrières douani
3290
tre les barrières douanières, il est moins facile
d’
accepter les petits sacrifices matériels que ces mesures peuvent entra
3291
els que ces mesures peuvent entraîner. Il a suffi
de
signaler aux consultés que la liberté du commerce et du travail cause
3292
mmerce et du travail causerait peut-être la ruine
de
certaines entreprises, pour que la majorité de 71 % en faveur de la s
3293
ne de certaines entreprises, pour que la majorité
de
71 % en faveur de la suppression des barrières de douanes tombe à 43
3294
de 71 % en faveur de la suppression des barrières
de
douanes tombe à 43 %. Mais au total, et après que toutes les question
3295
te s’est reformée, en faveur de l’union immédiate
de
nos pays. 63 % pensent que l’union serait bonne pour eux personnellem
3296
t-à-dire pour montrer qu’ils respectent l’opinion
de
la majorité, et que, par conséquent, ils acceptent de s’unir. Vous av
3297
a majorité, et que, par conséquent, ils acceptent
de
s’unir. Vous avez sans doute remarqué que les hommes politiques aimen
3298
s se réfugier derrière cet argument qui leur sert
d’
alibi : nous voulons bien, disent-ils, mais l’opinion ne nous suivrait
3299
encore prêts à cette union, c’est-à-dire que plus
de
la moitié de nos compatriotes veulent bien se dire favorables au bien
3300
à cette union, c’est-à-dire que plus de la moitié
de
nos compatriotes veulent bien se dire favorables au bien et à l’union
3301
sse dès que cela devient sérieux, et qu’il s’agit
d’
y aller de sa poche. Au contraire, dans les mêmes conditions, les Angl
3302
e cela devient sérieux, et qu’il s’agit d’y aller
de
sa poche. Au contraire, dans les mêmes conditions, les Anglais persis
3303
sistent à approuver l’union : le déchet n’est que
d’
1 %, dans leur cas, alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses. D
3304
t n’est que d’1 %, dans leur cas, alors qu’il est
de
27 % dans le cas des Suisses. D’où je me permets de déduire qu’en dép
3305
alors qu’il est de 27 % dans le cas des Suisses.
D’
où je me permets de déduire qu’en dépit des proverbes sur la « perfide
3306
27 % dans le cas des Suisses. D’où je me permets
de
déduire qu’en dépit des proverbes sur la « perfide Albion » et « l’ho
3307
itons plus que d’autres, en Suisse, les reproches
d’
égoïsme et d’isolationnisme qu’on adresse volontiers aux Anglais. C’es
3308
e d’autres, en Suisse, les reproches d’égoïsme et
d’
isolationnisme qu’on adresse volontiers aux Anglais. C’est du moins ce
3309
trasbourg, les travaillistes anglais, par la voix
de
M. Dalton, ont déclaré qu’ils s’opposaient à la fédération européenne
3310
ment d’accord pour affirmer, en fait, que l’union
de
l’Europe serait bonne : pour eux d’abord en tant qu’individus (55 %),
3311
éels. La vérité, c’est qu’une très forte majorité
de
nos peuples, quel que soit leur parti politique, souhaite et veut l’u
3312
elques-uns d’entre vous se souviendront peut-être
de
m’avoir entendu, au début de cette année, exposer les avantages d’une
3313
uviendront peut-être de m’avoir entendu, au début
de
cette année, exposer les avantages d’une neutralité militaire de l’Eu
3314
u, au début de cette année, exposer les avantages
d’
une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas de conflit entre la
3315
exposer les avantages d’une neutralité militaire
de
l’Europe, soit en cas de conflit entre la Russie et les États-Unis, s
3316
une neutralité militaire de l’Europe, soit en cas
de
conflit entre la Russie et les États-Unis, soit, surtout, pour essaye
3317
ie et les États-Unis, soit, surtout, pour essayer
d’
empêcher ce conflit. Je disais en substance, à ce moment-là : si l’Eur
3318
sur notre sol. J’ajoutais qu’à l’exemple de celle
de
la Suisse, la neutralité de l’Europe devait remplir trois conditions
3319
’à l’exemple de celle de la Suisse, la neutralité
de
l’Europe devait remplir trois conditions : elle devait être armée — r
3320
t remplies, la Suisse perdrait toutes ses raisons
de
rester à l’écart de l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutrali
3321
e perdrait toutes ses raisons de rester à l’écart
de
l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée de neutralité européenne a fait
3322
l’écart de l’Europe fédérée. Depuis lors, l’idée
de
neutralité européenne a fait du chemin. Elle a occupé la presse, en F
3323
, en France surtout, pendant des mois, provoquant
de
vives polémiques. Et comme il arrive toujours, à la faveur d’une polé
3324
émiques. Et comme il arrive toujours, à la faveur
d’
une polémique, l’idée s’est déformée. Nous voyons aujourd’hui s’oppose
3325
r les partisans du Pacte Atlantique, c’est-à-dire
de
l’alliance américaine, d’un côté, et de l’autre côté ceux qu’on appel
3326
tlantique, c’est-à-dire de l’alliance américaine,
d’
un côté, et de l’autre côté ceux qu’on appelle les neutralistes, c’est
3327
st-à-dire de l’alliance américaine, d’un côté, et
de
l’autre côté ceux qu’on appelle les neutralistes, c’est-à-dire ceux q
3328
listes, c’est-à-dire ceux qui refusent absolument
d’
appuyer l’Amérique en cas de guerre, ou même de se défendre contre l’E
3329
i refusent absolument d’appuyer l’Amérique en cas
de
guerre, ou même de se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé d’
3330
nt d’appuyer l’Amérique en cas de guerre, ou même
de
se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé d’avouer mon désaccor
3331
e se défendre contre l’Est. Or, je me vois obligé
d’
avouer mon désaccord avec les uns comme avec les autres. Je suis contr
3332
e suis pour la paix et pour la résistance. L’idée
de
neutralité européenne me paraît devoir être abandonnée, pour le momen
3333
être abandonnée, pour le moment, puisqu’elle sert
de
prétexte aux pires démissions, et donne par conséquent une prime à l’
3334
Il n’y a pas là contradiction. Je n’ai pas changé
de
principes, mais les faits ont changé. Quand l’horloge parlante vous d
3335
nditions nécessaires pour proclamer la neutralité
de
l’Europe ne s’est vue réalisée. Je disais que cette neutralité devrai
3336
armée européenne n’existe pas, malgré le discours
de
Churchill. Et quant à la reconnaissance par les autres empires, perso
3337
peut même la demander puisqu’il n’y a pas encore
d’
autorité capable de parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions de
3338
der puisqu’il n’y a pas encore d’autorité capable
de
parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions de fait, se dire neut
3339
e parler pour toute l’Europe. Dans ces conditions
de
fait, se dire neutre, sur le plan de l’Europe, c’est simplement refus
3340
s conditions de fait, se dire neutre, sur le plan
de
l’Europe, c’est simplement refuser l’aide américaine, donc renoncer à
3341
ide américaine, donc renoncer à toute possibilité
de
résistance efficace contre l’Est. Osons voir en face la situation pré
3342
e l’Est. Osons voir en face la situation présente
de
l’Europe. La menace militaire éventuelle vient d’un seul côté, sérieu
3343
de l’Europe. La menace militaire éventuelle vient
d’
un seul côté, sérieusement car il n’y a pas la moindre chance que l’Am
3344
ue nous envahisse. L’aide économique vient aussi
d’
un seul côté, pratiquement. La Russie ne nous envoie rien. Quant à not
3345
ons que chacun peut faire et doit faire, s’il est
de
bonne foi. Quel sens pourrait-il donc y avoir à dire dans de telles c
3346
i. Quel sens pourrait-il donc y avoir à dire dans
de
telles conditions : entre une menace sérieuse et un appui pratique, j
3347
utre ? Entre la mort et les remèdes, il n’y a pas
de
neutralité. Pourtant je ne suis du parti ni de la mort, ni des produi
3348
as de neutralité. Pourtant je ne suis du parti ni
de
la mort, ni des produits pharmaceutiques : car je suis du parti de l’
3349
s produits pharmaceutiques : car je suis du parti
de
l’hygiène préventive, c’est-à-dire du parti de la santé. La santé de
3350
ti de l’hygiène préventive, c’est-à-dire du parti
de
la santé. La santé de l’Europe, c’est son union. Tant qu’on n’aura pa
3351
tive, c’est-à-dire du parti de la santé. La santé
de
l’Europe, c’est son union. Tant qu’on n’aura pas fait l’Europe unie,
3352
n’aura pas fait l’Europe unie, il sera dangereux
de
parler de sa neutralité, mais aussi de ses alliances militaires. Car
3353
s fait l’Europe unie, il sera dangereux de parler
de
sa neutralité, mais aussi de ses alliances militaires. Car pour pouvo
3354
dangereux de parler de sa neutralité, mais aussi
de
ses alliances militaires. Car pour pouvoir se déclarer neutre, il fau
3355
e. Pour le moment, le seul problème urgent, c’est
de
créer un pouvoir fédéral, qui à son tour pourra former une armée défe
3356
qui à son tour pourra former une armée défensive,
de
type suisse. Mais il est évident que si l’on renonce, pour le moment,
3357
ent que si l’on renonce, pour le moment, à l’idée
de
neutralité générale du continent, le problème de la neutralité partic
3358
de neutralité générale du continent, le problème
de
la neutralité particulière des Suisses doit être examiné de nouveau,
3359
ve différente. Noyée dans une fédération inspirée
de
ses propres principes, la neutralité suisse eût cessé d’être une ques
3360
propres principes, la neutralité suisse eût cessé
d’
être une question. Elle en redevient une, et combien délicate, au sein
3361
combien délicate, au sein d’une Europe incapable
d’
assurer sa défense en s’unissant. C’est ce problème que je voudrais ab
3362
raisons que j’exposais lundi dernier, la question
de
la neutralité particulière de la Suisse se trouve posée dans une pers
3363
ernier, la question de la neutralité particulière
de
la Suisse se trouve posée dans une perspective différente. Comment al
3364
s-nous justifier, aux yeux de l’Europe qui essaye
de
se fédérer, cette exception, ce privilège que représente notre neutra
3365
ège que représente notre neutralité, cette raison
de
nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’un traitement tout spécial,
3366
tralité, cette raison de nous tenir à l’écart, ou
de
bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos jou
3367
raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier
d’
un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se la
3368
e nos autorités et nos journaux ne se lassent pas
d’
invoquer — comme si cela allait de soi — chaque fois qu’on nous propos
3369
la allait de soi — chaque fois qu’on nous propose
d’
entrer dans une forme quelconque d’union européenne ? Le fait est que
3370
n nous propose d’entrer dans une forme quelconque
d’
union européenne ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de
3371
d’union européenne ? Le fait est que nos voisins
d’
Europe comprennent de moins en moins notre abstention. Le fait est que
3372
Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent
de
moins en moins notre abstention. Le fait est que les Américains ne la
3373
ait donc temps qu’en Suisse au moins, l’on essaye
de
comprendre un peu mieux les raisons véritables de ce statut spécial,
3374
de comprendre un peu mieux les raisons véritables
de
ce statut spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle de la Natur
3375
ritables de ce statut spécial, qui ne résulte pas
d’
une loi éternelle de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un
3376
t spécial, qui ne résulte pas d’une loi éternelle
de
la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Hel
3377
résulte pas d’une loi éternelle de la Nature, ni
d’
un commandement de Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, — qu
3378
loi éternelle de la Nature, ni d’un commandement
de
Moïse, ni d’un droit divin des Helvètes, bref, — qui n’est pas tombé
3379
e de la Nature, ni d’un commandement de Moïse, ni
d’
un droit divin des Helvètes, bref, — qui n’est pas tombé du ciel et qu
3380
n’est pas tombé du ciel et qui ne va pas du tout
de
soi. Je suis bien obligé de l’avouer publiquement : pour beaucoup de
3381
qui ne va pas du tout de soi. Je suis bien obligé
de
l’avouer publiquement : pour beaucoup de mes compatriotes, la neutral
3382
ue un tabou, aussi sacré que l’égoïsme. On refuse
de
la discuter, parce qu’on craint que cette discussion n’aboutisse à de
3383
des conclusions gênantes et n’oblige à des prises
de
position. On n’aime pas cela… Ce qu’on veut, c’est la paix chez soi e
3384
ttre avec personne, tout en échappant au reproche
d’
égoïsme par des œuvres philanthropiques. Il faut bien le reconnaître,
3385
aître, ce repliement intéressé, qui tient parfois
de
raisonnement de l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfait
3386
ment intéressé, qui tient parfois de raisonnement
de
l’autruche, et parfois d’une sagesse rusée, a parfaitement réussi jus
3387
parfois de raisonnement de l’autruche, et parfois
d’
une sagesse rusée, a parfaitement réussi jusqu’ici, matériellement par
3388
arlant. Quant aux effets moraux sur notre peuple,
de
ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vra
3389
nt aux effets moraux sur notre peuple, de ce tour
de
force prolongé, ils sont hélas plus discutables. Et si vraiment notre
3390
les. Et si vraiment notre neutralité n’était rien
d’
autre que ce que le Suisse moyen semble croire aujourd’hui, il ne faud
3391
en bloc ce privilège exorbitant ? Pour commencer
de
répondre à cette question, je me contenterai ce soir d’un rapide aper
3392
ondre à cette question, je me contenterai ce soir
d’
un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne
3393
enterai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire
de
notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de l
3394
é, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue
de
la plupart de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre Éta
3395
art de nos contemporains. Aux origines lointaines
de
notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représ
3396
rigines lointaines de notre État, il y a le Pacte
de
1291. Ce pacte fut juré par les représentants des trois communautés d
3397
coopératives forestières. Le Pacte avait pour but
de
maintenir les libertés impériales acquises par ces communautés. Et ce
3398
mpire. Ainsi donc, dès le début, ce premier noyau
de
la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt de l’Europe entière
3399
la Suisse a reçu un statut spécial dans l’intérêt
de
l’Europe entière, au moins autant que pour lui-même. La première idée
3400
moins autant que pour lui-même. La première idée
d’
une neutralité négative des Confédérés apparaît vers 1648, lorsque la
3401
s apparaît vers 1648, lorsque la Suisse se sépare
de
l’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience de la guerre de Tr
3402
que la Suisse se sépare de l’Empire par le traité
de
Westphalie. L’expérience de la guerre de Trente Ans a montré que les
3403
’Empire par le traité de Westphalie. L’expérience
de
la guerre de Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester un
3404
e traité de Westphalie. L’expérience de la guerre
de
Trente Ans a montré que les cantons ne peuvent rester unis que s’ils
3405
ns ne peuvent rester unis que s’ils s’abstiennent
de
prendre part aux guerres entre rois catholiques et protestants, — pui
3406
sions. Mais ce n’est qu’en 1815 que la neutralité
de
la Suisse se voit proclamée, sanctionnée par les puissances et déclar
3407
aspect positif. On sait, en effet, que le traité
de
Vienne dit en tous termes que « la neutralité et l’inviolabilité de l
3408
ous termes que « la neutralité et l’inviolabilité
de
la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». En 191
3409
bilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts
de
l’Europe entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange d’intérêt pr
3410
e entière ». En 1914, on retrouve ce même mélange
d’
intérêt propre et d’intérêts européens dans notre abstention du confli
3411
, on retrouve ce même mélange d’intérêt propre et
d’
intérêts européens dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avai
3412
ent que notre neutralité dépendait donc, au début
de
ce siècle, du fameux « équilibre européen ». Mais déjà, en 1939, la q
3413
’hui ? Tout est changé. Les conflits qui menacent
d’
éclater n’opposeront plus les catholiques aux protestants, comme penda
3414
holiques aux protestants, comme pendant la guerre
de
Trente Ans ; ni la France à l’Allemagne, ou l’Autriche à l’Italie, co
3415
ni même des Européens à d’autres Européens comme
de
1939 à 1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer de
3416
1945. Il n’est donc plus question pour la Suisse
d’
essayer de maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des pui
3417
n’est donc plus question pour la Suisse d’essayer
de
maintenir sa place centrale et réservée dans le jeu des puissances vo
3418
ans le jeu des puissances voisines. Il n’y a plus
d’
équilibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et
3419
ibre européen. Il y a l’Europe entière qui essaye
de
survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans
3420
Il y a l’Europe entière qui essaye de survivre et
de
s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si
3421
eule question réelle qui se pose désormais, c’est
de
savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais int
3422
pose désormais, c’est de savoir si la neutralité
de
notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière »
3423
e notre pays est encore « dans les vrais intérêts
de
l’Europe entière ». Apporte-t-elle, ou non, une contribution effectiv
3424
, une contribution effective à la défense commune
de
l’Europe ? C’est la question que j’aborderai dans une semaine. Au rev
3425
ous ai quittés lundi dernier. C’était la question
de
savoir si la neutralité de la Suisse est encore aujourd’hui « dans le
3426
r. C’était la question de savoir si la neutralité
de
la Suisse est encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts de l’Europ
3427
est encore aujourd’hui « dans les vrais intérêts
de
l’Europe entière », comme le dit son statut ; et si elle apporte, ou
3428
, une contribution effective à la défense commune
de
l’Europe. D’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien de se de
3429
se commune de l’Europe. D’abord, avant tout essai
de
réponse, on fera bien de se demander quels sont, en somme, les vrais
3430
’abord, avant tout essai de réponse, on fera bien
de
se demander quels sont, en somme, les vrais intérêts de l’Europe enti
3431
demander quels sont, en somme, les vrais intérêts
de
l’Europe entière ? Sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a 150 ans,
3432
e ne le pense pas. Ce que les auteurs des traités
de
1815 entendaient par l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré
3433
urs des traités de 1815 entendaient par l’intérêt
de
l’Europe, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leur
3434
r l’intérêt de l’Europe, c’était un certain degré
de
concorde entre nos pays et leurs régimes, concorde qui ne semblait po
3435
es puissances du continent. Il s’agit aujourd’hui
d’
autre chose. L’idée d’une guerre prochaine entre pays européens n’empê
3436
nent. Il s’agit aujourd’hui d’autre chose. L’idée
d’
une guerre prochaine entre pays européens n’empêche personne de dormir
3437
prochaine entre pays européens n’empêche personne
de
dormir. Mais tout le monde pense à deux dangers communs : l’un idéolo
3438
lleure solution que l’union. « Les vrais intérêts
de
l’Europe entière », c’est donc tout simplement que l’Europe devienne
3439
Or peut-on dire que l’attitude plus que réservée
de
la Suisse contribue sérieusement à l’union ? Peut-on dire que la Suis
3440
l’union ? Peut-on dire que la Suisse, en refusant
de
se risquer à Strasbourg, contribue à renforcer le Conseil de l’Europe
3441
Europe ? Certes nous avons fini par adhérer, avec
d’
infinies précautions, à quelques entreprises internationales, telles q
3442
par intérêt bien compris. Il serait donc excessif
de
citer nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributi
3443
nos adhésions tardives et réticentes comme autant
de
contributions à l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile de
3444
l’unité. Sur ce plan général, il semble difficile
de
soutenir que la neutralité représente un apport positif à la fédérati
3445
ire à ses vrais intérêts. Mais sur le plan précis
de
la défense de l’Europe, la situation est différente. M. Churchill a p
3446
est différente. M. Churchill a parlé à Strasbourg
de
créer une armée européenne. M. Pleven a fait voter un projet similair
3447
mbre française. Et déjà, l’on commence à regarder
de
travers cette petite Suisse qui prétend rester neutre, quand tout le
3448
rité, c’est que la Suisse neutre est le seul pays
d’
Europe qui soit matériellement et moralement prêt à se défendre en cas
3449
iellement et moralement prêt à se défendre en cas
d’
attaque, demain. Je sais très bien que la seule mention de l’armée sui
3450
e, demain. Je sais très bien que la seule mention
de
l’armée suisse a le don de provoquer des sourires légèrement ironique
3451
n que la seule mention de l’armée suisse a le don
de
provoquer des sourires légèrement ironiques ou incrédules chez certai
3452
légèrement ironiques ou incrédules chez certains
de
nos voisins. Qu’ils comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons,
3453
plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul coin
de
l’Europe qui soit sérieusement défendu, et le fait est, paradoxal, ma
3454
petit coin, c’est la Suisse neutre. Quand l’armée
de
l’Europe commencera d’exister, il sera temps d’aborder la question d’
3455
isse neutre. Quand l’armée de l’Europe commencera
d’
exister, il sera temps d’aborder la question d’un plan de défense unif
3456
e de l’Europe commencera d’exister, il sera temps
d’
aborder la question d’un plan de défense unifié. Vous le voyez, mes ch
3457
ra d’exister, il sera temps d’aborder la question
d’
un plan de défense unifié. Vous le voyez, mes chers auditeurs, la répo
3458
er, il sera temps d’aborder la question d’un plan
de
défense unifié. Vous le voyez, mes chers auditeurs, la réponse que j’
3459
yez, mes chers auditeurs, la réponse que j’essaie
de
trouver n’est pas simple. Si l’effort militaire considérable que nous
3460
litaire considérable que nous impose notre statut
de
neutralité, est une contribution réelle à la défense du continent, on
3461
tinent, on ne saurait vraiment pas en dire autant
de
notre attitude méfiante et presque négative à l’égard de l’union néce
3462
e l’union nécessaire. À la question qu’on me pose
de
tous côtés : êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? Je ne pui
3463
me pose de tous côtés : êtes-vous pour l’abandon
de
notre neutralité ? Je ne puis donc pas répondre oui ou non. La questi
3464
raison grande et forte, c’est en somme au profit
de
quoi la Suisse devrait renoncer à sa neutralité. Je réponds pour ma p
3465
a neutralité. Je réponds pour ma part : au profit
de
l’Europe, c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et de cela se
3466
t : au profit de l’Europe, c’est-à-dire au profit
de
son union fédérale, et de cela seul. Encore faut-il que cette questio
3467
c’est-à-dire au profit de son union fédérale, et
de
cela seul. Encore faut-il que cette question prenne forme, et qu’en s
3468
États-Unis, soit le Conseil de l’Europe s’il sort
de
son impasse, soit encore une menace de guerre contre le continent tou
3469
s’il sort de son impasse, soit encore une menace
de
guerre contre le continent tout entier, nous poseront ces questions p
3470
vant des options graves, qu’il lui sera difficile
de
trancher, ne sachant pas ce que pense le peuple suisse. Il ne faut pa
3471
e nous surprenne endormis dans la fausse sécurité
d’
une tradition qui a peut-être fait son temps, endormis derrière la neu
3472
rne à proposer, pour l’orienter, un seul principe
de
jugement politique. Tant que la neutralité de la Suisse se révèle uti
3473
ipe de jugement politique. Tant que la neutralité
de
la Suisse se révèle utile à l’Europe — comme aujourd’hui sur le plan
3474
traire elle devient un prétexte à freiner l’union
de
l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esp
3475
re notre part, elle est contraire à l’esprit même
de
son statut, et elle peut donc demain devenir une trahison. Car je le
3476
été reconnue par les puissances « dans l’intérêt
de
l’Europe entière », et non pas comme un privilège qu’il n’y aurait pl
3477
ons : en neutralité entre l’Europe et les ennemis
de
l’Europe, ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre
3478
Ils violent notre statut légal, et l’esprit même
de
nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que
3479
l’esprit même de nos institutions. Je me promets
de
revenir sur ce point capital, que personne encore n’a touché, tout au
3480
Demain l’Europe ! — Un Conseil européen
de
vigilance (13 novembre 1950) Chers auditeurs, Lorsqu’au mois d’août
3481
novembre 1950) Chers auditeurs, Lorsqu’au mois
d’
août dernier, le président de l’Assemblée de Strasbourg, M. Spaak s’ap
3482
eurs, Lorsqu’au mois d’août dernier, le président
de
l’Assemblée de Strasbourg, M. Spaak s’aperçut que l’on n’arriverait à
3483
, M. Spaak s’aperçut que l’on n’arriverait à rien
de
positif au cours de la session, il décida d’interrompre celle-ci huit
3484
rien de positif au cours de la session, il décida
d’
interrompre celle-ci huit jours avant la date prévue, et de la reporte
3485
mpre celle-ci huit jours avant la date prévue, et
de
la reporter au mois de novembre. Cet artifice de procédure présentait
3486
s avant la date prévue, et de la reporter au mois
de
novembre. Cet artifice de procédure présentait un double avantage. D’
3487
de la reporter au mois de novembre. Cet artifice
de
procédure présentait un double avantage. D’une part, il permettait à
3488
avantage. D’une part, il permettait à l’Assemblée
de
tenir deux sessions au lieu d’une, et cela sans violer son règlement
3489
règlement ; d’autre part, il lui donnait le temps
de
soumettre au Comité des ministres quelques-unes des recommandations d
3490
quelques-unes des recommandations déjà votées, et
de
forcer ainsi ces Messieurs à prendre position dans un délai rapide. L
3491
on dans un délai rapide. Le second objectif vient
d’
être atteint à Rome. Le Comité des ministres a pris position, nettemen
3492
ques, il a refusé la majorité des recommandations
de
l’Assemblée, et renvoyé le reste à des experts. Ce qu’il n’ose pas tu
3493
er, il l’enterre. C’est donc en pleine conscience
de
cet échec flagrant que va s’ouvrir, dans quelques jours, la seconde p
3494
s’ouvrir, dans quelques jours, la seconde partie
de
la session régulière de l’Assemblée européenne. Elle ne doit durer qu
3495
jours, la seconde partie de la session régulière
de
l’Assemblée européenne. Elle ne doit durer qu’une semaine. Mais c’est
3496
rt en somme qu’à retarder l’union malgré le désir
de
tous nos peuples, et pour la seule raison que l’Angleterre est une îl
3497
ation impatiente et irrite de plus en plus nombre
de
députés européens. Nous allons voir dans quelques jours s’ils ont le
3498
ons voir dans quelques jours s’ils ont le courage
de
traduire par leurs votes cette généreuse irritation, ou s’ils suivron
3499
ttlee, Premier ministre britannique, est l’auteur
de
cette phrase célèbre : « L’Europe doit se fédérer, ou périr. » Si j’é
3500
st pourquoi les fédéralistes européens ont décidé
d’
agir d’une manière plus directe. Pacifiquement, comme il se doit lorsq
3501
quoi les fédéralistes européens ont décidé d’agir
d’
une manière plus directe. Pacifiquement, comme il se doit lorsqu’on ve
3502
eut travailler pour la paix, mais non sans esprit
de
défi, ils ont organisé une marche sur Strasbourg. Ainsi, les députés
3503
llés, dénoncés ou soutenus par plusieurs milliers
de
militants. Voici en quelques mots, notre ordre de bataille, c’est-à-d
3504
de militants. Voici en quelques mots, notre ordre
de
bataille, c’est-à-dire la composition de nos troupes, face à l’Assemb
3505
re ordre de bataille, c’est-à-dire la composition
de
nos troupes, face à l’Assemblée. L’Union fédéraliste interuniversita
3506
iste interuniversitaire, qui groupe des étudiants
de
56 universités d’Europe, compte amener à Strasbourg deux à trois mill
3507
taire, qui groupe des étudiants de 56 universités
d’
Europe, compte amener à Strasbourg deux à trois mille jeunes gens, à p
3508
n. Je le signale en passant, c’est à l’initiative
de
cette union des étudiants qu’il faut attribuer le feu de joie de pote
3509
e union des étudiants qu’il faut attribuer le feu
de
joie de poteaux-frontière organisé en août dernier, et non pas à Dani
3510
des étudiants qu’il faut attribuer le feu de joie
de
poteaux-frontière organisé en août dernier, et non pas à Daniel Ville
3511
iel Villey sera là, lui aussi, et ses Volontaires
de
l’Europe bouteront le feu — moralement s’entend — dans les couloirs d
3512
le feu — moralement s’entend — dans les couloirs
de
l’Assemblée, dans le public des séances, et parmi la population. Ils
3513
rmi la population. Ils forment le « corps franc »
de
notre mouvement. Dès jeudi, l’Union européenne des fédéralistes tiend
3514
aussi plusieurs centaines des premiers militants
de
la lutte pour l’Europe. On sait que l’Union fédéraliste est l’aile ma
3515
Mouvement européen. Elle groupe dans 15 pays plus
de
120 000 membres, dont 2 000 Suisses. Enfin pour couronner cette campa
3516
nner une voix à l’opinion publique, une assemblée
d’
un genre nouveau, et quasi révolutionnaire, s’ouvrira dès le 20 novemb
3517
aire, s’ouvrira dès le 20 novembre dans le Palais
de
l’Orangerie, juste en face du Palais de l’Europe. Elle prendra le nom
3518
le Palais de l’Orangerie, juste en face du Palais
de
l’Europe. Elle prendra le nom et le titre de Conseil européen de vigi
3519
lais de l’Europe. Elle prendra le nom et le titre
de
Conseil européen de vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégu
3520
le prendra le nom et le titre de Conseil européen
de
vigilance. Ce conseil comprendra autant de délégués que l’Assemblée o
3521
ropéen de vigilance. Ce conseil comprendra autant
de
délégués que l’Assemblée officielle avec ses suppléants : 250. Mais c
3522
s des parlementaires, trop habiles et prisonniers
de
leurs partis. Ils seront les porte-parole de l’opinion publique réell
3523
iers de leurs partis. Ils seront les porte-parole
de
l’opinion publique réelle, des grandes associations syndicales et pat
3524
ives et agricoles, familiales et professionnelles
de
tous nos pays. Ces États-généraux de l’Europe vont dresser contre les
3525
vont dresser contre les prudences et la paralysie
de
l’Assemblée, la revendication du réalisme et de l’espoir européen : c
3526
e de l’Assemblée, la revendication du réalisme et
de
l’espoir européen : c’est-à-dire la revendication de l’union politiqu
3527
l’espoir européen : c’est-à-dire la revendication
de
l’union politique du continent, de l’élection d’un véritable parlemen
3528
revendication de l’union politique du continent,
de
l’élection d’un véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral de
3529
de l’union politique du continent, de l’élection
d’
un véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral de l’Europe. La S
3530
inent, de l’élection d’un véritable parlement, et
d’
un gouvernement fédéral de l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé de
3531
véritable parlement, et d’un gouvernement fédéral
de
l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé de délégation nationale. Mai
3532
déral de l’Europe. La Suisse seule n’a pas envoyé
de
délégation nationale. Mais quelques Suisses seront présents tout de m
3533
nt présents tout de même dans ce Conseil européen
de
vigilance, pour marquer, à titre privé, que malgré sa neutralité et m
3534
Europe. Vous me demanderez ce qu’on peut attendre
de
cette vaste mobilisation des énergies fédéralistes. Un simple manifes
3535
n se fatigue à le lui prendre. Mais si le Conseil
de
vigilance est un succès, il saura faire entendre enfin la Voix de l’E
3536
un succès, il saura faire entendre enfin la Voix
de
l’Europe. Il suffit quelquefois d’un cri pour déclencher une avalanch
3537
enfin la Voix de l’Europe. Il suffit quelquefois
d’
un cri pour déclencher une avalanche, et l’opinion des peuples pouvait
3538
plus lundi prochain, et vous le dire directement,
de
Strasbourg même. Au revoir, mes chers auditeurs.
3539
g (21 novembre l950) Chers auditeurs, La maison
de
laquelle je vous parle, à Strasbourg, s’appelle d’un bien beau nom :
3540
e laquelle je vous parle, à Strasbourg, s’appelle
d’
un bien beau nom : la Maison de l’Europe. Toute la question est de sav
3541
asbourg, s’appelle d’un bien beau nom : la Maison
de
l’Europe. Toute la question est de savoir si elle mérite ce nom, vrai
3542
om : la Maison de l’Europe. Toute la question est
de
savoir si elle mérite ce nom, vraiment, et si elle le méritera devant
3543
dio et le cinéma, les huissiers en noir à collier
d’
argent, la garde d’honneur en guêtres blanches sur les marches du pala
3544
es huissiers en noir à collier d’argent, la garde
d’
honneur en guêtres blanches sur les marches du palais, le public, des
3545
ur les marches du palais, le public, des milliers
de
militants — je dis bien des milliers — et les grands et petits ténors
3546
ien des milliers — et les grands et petits ténors
de
la vie politique européenne. Paraphrasant une déclaration célèbre de
3547
européenne. Paraphrasant une déclaration célèbre
de
la Révolution française, je pourrais dire : qu’est-ce que c’est que l
3548
u’elle fera quelque chose. Mais je suis sûr comme
de
ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin de la semaine, ou faire
3549
de ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin
de
la semaine, ou faire place à un autre avenir, qui pourrait être ou bi
3550
urope des militants fédéralistes, ou bien l’armée
d’
un empire étranger. Je ne voudrais pas dramatiser outre mesure, mais c
3551
s chacun sait que l’Europe est menacée, et chacun
de
nos pays, et la paix avec elle. Il faut agir très vite, et le Conseil
3552
ts nationaux. Quelques instants avant l’ouverture
de
la première séance de l’Assemblée, le comte Sforza, ministre italien
3553
instants avant l’ouverture de la première séance
de
l’Assemblée, le comte Sforza, ministre italien des Affaires étrangère
3554
retrouvait par hasard dans les couloirs deux amis
de
son temps d’exil en Amérique et leur disait : « Comme le monde est pe
3555
r hasard dans les couloirs deux amis de son temps
d’
exil en Amérique et leur disait : « Comme le monde est petit ! mais le
3556
ide et qui refuse en fait toutes les propositions
d’
union faites par l’Assemblée ; puis il ajoutait, en son nom personnel,
3557
il ajoutait, en son nom personnel, une profession
de
foi fédéraliste… Rien ne me semble plus typique de la situation de St
3558
e foi fédéraliste… Rien ne me semble plus typique
de
la situation de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonn
3559
e… Rien ne me semble plus typique de la situation
de
Strasbourg. Les individus sont souvent pleins de bonne volonté, mais
3560
de Strasbourg. Les individus sont souvent pleins
de
bonne volonté, mais en tant que ministre, ou en tant que députés d’un
3561
mais en tant que ministre, ou en tant que députés
d’
un parti ou d’un pays, ils agissent au rebours de leurs convictions in
3562
ue ministre, ou en tant que députés d’un parti ou
d’
un pays, ils agissent au rebours de leurs convictions intimes, ils son
3563
égulièrement par un renvoi lassé à quelque groupe
d’
experts qui décideront d’attendre. Le tragique d’une telle situation,
3564
i lassé à quelque groupe d’experts qui décideront
d’
attendre. Le tragique d’une telle situation, qui ressemble à un enlise
3565
d’experts qui décideront d’attendre. Le tragique
d’
une telle situation, qui ressemble à un enlisement, se trouve souligné
3566
nt, se trouve souligné avec force par la présence
de
ces milliers de militants dont je vous parlais. Quatre mouvements féd
3567
uligné avec force par la présence de ces milliers
de
militants dont je vous parlais. Quatre mouvements fédéralistes ont te
3568
rniers. Leur impatience grandit, je puis le dire,
d’
heure en heure. La pression sur l’Assemblée et sur ses commissions s’a
3569
croît. Beaucoup de signes font sentir que l’heure
de
la décision approche. Cet après-midi même s’est ouvert, solennellemen
3570
’est ouvert, solennellement, en face de la Maison
de
l’Europe, le Conseil européen de vigilance, que l’on appelle ici, plu
3571
ace de la Maison de l’Europe, le Conseil européen
de
vigilance, que l’on appelle ici, plus couramment Conseil de l’Oranger
3572
ce, que l’on appelle ici, plus couramment Conseil
de
l’Orangerie, du nom du bâtiment où il se tient. Son premier but est d
3573
m du bâtiment où il se tient. Son premier but est
d’
exercer une pression maximum sur l’Assemblée pour qu’elle décide de fo
3574
ssion maximum sur l’Assemblée pour qu’elle décide
de
former sans délai une fédération continentale, sans les Anglais pour
3575
ssions, des syndicats, des familles spirituelles,
de
l’opinion vivante, le Conseil de l’Orangerie ne possède pas de légali
3576
es spirituelles, de l’opinion vivante, le Conseil
de
l’Orangerie ne possède pas de légalité proprement dite, mais à bien d
3577
vivante, le Conseil de l’Orangerie ne possède pas
de
légalité proprement dite, mais à bien des égards, il peut revendiquer
3578
e. Demain matin, un très grand nombre des députés
de
l’Assemblée régulière feront leur entrée en cortège dans la grande sa
3579
eront leur entrée en cortège dans la grande salle
de
l’Orangerie, marquant ainsi par un acte solennel leur volonté de suiv
3580
marquant ainsi par un acte solennel leur volonté
de
suivre ceux qui marchent. Vous le voyez, la fièvre monte. Elle attein
3581
voyez, la fièvre monte. Elle atteindra son point
de
crise dans trois ou quatre jours, probablement, lorsque convergeront
3582
000 jeunes gens venus de 15 pays, par des chemins
d’
eux seuls connus, pour se livrer à une immense démonstration autour du
3583
vrer à une immense démonstration autour du Palais
de
l’Europe. Trois mille jeunes gens qui viendront dire aux députés et a
3584
es jeunes, qui les payeront, et peut-être demain,
de
notre vie. Nous avons donc le droit de parler et de demander qu’on no
3585
re demain, de notre vie. Nous avons donc le droit
de
parler et de demander qu’on nous entende. » Je n’en dis pas plus aujo
3586
notre vie. Nous avons donc le droit de parler et
de
demander qu’on nous entende. » Je n’en dis pas plus aujourd’hui. Mais
3587
soir même, à travers nos frontières et nos pays,
de
ces jeunes enthousiastes et décidés, qui portent l’avenir de la paix,
3588
es enthousiastes et décidés, qui portent l’avenir
de
la paix, de leur paix ! Accompagnez-les de vos vœux, marchez tous ave
3589
stes et décidés, qui portent l’avenir de la paix,
de
leur paix ! Accompagnez-les de vos vœux, marchez tous avec eux en esp
3590
avenir de la paix, de leur paix ! Accompagnez-les
de
vos vœux, marchez tous avec eux en esprit. Je vous dirai ce qu’ils au
3591
Demain l’Europe ! — Jeunesse
d’
Europe (27 novembre 1950) Chers auditeurs, Je viens de rentrer de St
3592
mbre 1950) Chers auditeurs, Je viens de rentrer
de
Strasbourg, où il s’est passé bien des choses, et je trouve enfin le
3593
ssé bien des choses, et je trouve enfin le loisir
de
feuilleter nos principaux journaux. Qu’ont-ils donc publié dans leurs
3594
nes pendant cette semaine importante pour le sort
de
l’Europe entière ? J’ai fini par trouver quelques communiqués sur cer
3595
trouver quelques communiqués sur certains débats
de
l’Assemblée, choisis comme par hasard, tous les deux ou trois jours.
3596
. Mais ces échos se trouvaient noyés dans un flot
de
nouvelles détaillées sur la pluie. Pour le reste : on précisait que l
3597
a pluie. Pour le reste : on précisait que l’avion
de
M. Maurice Thorez avait décollé d’Orly à 14h08, exactement, que les S
3598
it que l’avion de M. Maurice Thorez avait décollé
d’
Orly à 14h08, exactement, que les Sud-Coréens avaient occupé ou reperd
3599
réens avaient occupé ou reperdu un certain nombre
de
villages aux noms imprononçables et que vous chercheriez en vain dans
3600
n, l’on consacrait des colones aux comptes rendus
d’
un congrès pour la paix qui vient de se tenir en Pologne, pour protest
3601
paraît-il une fois de plus contre l’impérialisme
de
nos démocraties assoiffées de sang. Ainsi, pour l’historien futur qui
3602
ntre l’impérialisme de nos démocraties assoiffées
de
sang. Ainsi, pour l’historien futur qui examinera la presse de nos pa
3603
i, pour l’historien futur qui examinera la presse
de
nos pays, durant la semaine dernière, les deux faits dominants auront
3604
aits dominants auront été la pluie… et le congrès
de
Varsovie. Sur Strasbourg, on reste muet avec la plus étrange obstinat
3605
uet avec la plus étrange obstination. Le discours
de
Robert Schuman, qualifié d’historique par les Anglais eux-mêmes ; le
3606
tination. Le discours de Robert Schuman, qualifié
d’
historique par les Anglais eux-mêmes ; le rassemblement sans précédent
3607
glais eux-mêmes ; le rassemblement sans précédent
de
6 000 jeunes gens accourus de 12 pays pour proclamer leur volonté d’u
3608
ment sans précédent de 6 000 jeunes gens accourus
de
12 pays pour proclamer leur volonté d’union au seuil du Palais de l’E
3609
s accourus de 12 pays pour proclamer leur volonté
d’
union au seuil du Palais de l’Europe, — c’est à peine si on les mentio
3610
proclamer leur volonté d’union au seuil du Palais
de
l’Europe, — c’est à peine si on les mentionne en quelques lignes négl
3611
jour, la liste interminable des membres inconnus
d’
un comité de plus formé à Varsovie. Je me frotte les yeux. Qu’est-ce q
3612
blicité dans nos journaux, pour les ennemis jurés
de
la fédération ; tout le silence et l’ironie pour nos amis ! On ne fai
3613
os amis ! On ne fait pas autrement dans la presse
de
Moscou. De quel côté du rideau de fer sommes-nous ? Je bornerai mon c
3614
n ne fait pas autrement dans la presse de Moscou.
De
quel côté du rideau de fer sommes-nous ? Je bornerai mon commentaire
3615
dans la presse de Moscou. De quel côté du rideau
de
fer sommes-nous ? Je bornerai mon commentaire à cette question. Deman
3616
s’ils vous la donnent. En attendant, j’essaierai
de
suppléer à ce refus d’information et je vous parlerai non pas encore
3617
En attendant, j’essaierai de suppléer à ce refus
d’
information et je vous parlerai non pas encore ce soir des résultats d
3618
ous parlerai non pas encore ce soir des résultats
de
la session de Strasbourg, mais d’une grande manifestation qui en a ma
3619
on pas encore ce soir des résultats de la session
de
Strasbourg, mais d’une grande manifestation qui en a marqué la conclu
3620
r des résultats de la session de Strasbourg, mais
d’
une grande manifestation qui en a marqué la conclusion. Depuis deux mo
3621
conclusion. Depuis deux mois, un jeune professeur
d’
université, Michel Mouskhély, parcourait l’Europe en tout sens et conf
3622
en tout sens et confiait son projet à des groupes
d’
étudiants. Il rêvait d’organiser une grande marche de la jeunesse sur
3623
t son projet à des groupes d’étudiants. Il rêvait
d’
organiser une grande marche de la jeunesse sur la capitale de l’Europe
3624
tudiants. Il rêvait d’organiser une grande marche
de
la jeunesse sur la capitale de l’Europe. Quand je l’ai revu, il y a h
3625
une grande marche de la jeunesse sur la capitale
de
l’Europe. Quand je l’ai revu, il y a huit jours, il m’a dit : nous se
3626
Car les obstacles étaient considérables : manque
d’
argent, méfiance bien naturelle de la police devant cette invasion d’é
3627
rables : manque d’argent, méfiance bien naturelle
de
la police devant cette invasion d’étrangers, et difficultés de transp
3628
bien naturelle de la police devant cette invasion
d’
étrangers, et difficultés de transport. Combien de ces jeunes gens par
3629
devant cette invasion d’étrangers, et difficultés
de
transport. Combien de ces jeunes gens parviendraient-ils à vaincre la
3630
d’étrangers, et difficultés de transport. Combien
de
ces jeunes gens parviendraient-ils à vaincre la fatigue de deux ou tr
3631
unes gens parviendraient-ils à vaincre la fatigue
de
deux ou trois nuits de voyage sans sommeil, et à franchir tant de fro
3632
t-ils à vaincre la fatigue de deux ou trois nuits
de
voyage sans sommeil, et à franchir tant de frontières car la plupart
3633
tant de frontières car la plupart n’avaient point
de
passeports, ou refusaient d’en faire usage ? Et voici qu’au lieu de 3
3634
part n’avaient point de passeports, ou refusaient
d’
en faire usage ? Et voici qu’au lieu de 3000 ils furent près de 6000,
3635
de 6000, vendredi à Strasbourg ! Venus de France,
d’
Allemagne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Si
3636
redi à Strasbourg ! Venus de France, d’Allemagne,
de
Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et de la Suisse. Silencieusement
3637
France, d’Allemagne, de Scandinavie, du Benelux,
de
l’Italie et de la Suisse. Silencieusement, dans les bosquets pluvieux
3638
magne, de Scandinavie, du Benelux, de l’Italie et
de
la Suisse. Silencieusement, dans les bosquets pluvieux du parc de l’O
3639
lencieusement, dans les bosquets pluvieux du parc
de
l’Orangerie, près du Palais de l’Europe, ils se concentrèrent en bon
3640
s pluvieux du parc de l’Orangerie, près du Palais
de
l’Europe, ils se concentrèrent en bon ordre. À 4 heures de l’après-mi
3641
pe, ils se concentrèrent en bon ordre. À 4 heures
de
l’après-midi, leurs délégués présentèrent une requête à M. Spaak, pré
3642
és présentèrent une requête à M. Spaak, président
de
l’Assemblée. Ils demandaient à lire eux-mêmes un message aux représen
3643
représentants réunis en séance plénière. L’accès
de
la salle leur fut refusé, mais le message fut distribué à la presse e
3644
tait digne, mais très ferme. Vous avez le devoir
de
nous écouter, disait-il aux députés, et nous avons des droits particu
3645
es jeunes qui les payeront demain, peut-être même
de
notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souver
3646
les souverainetés nationales. Nous n’accepterons
de
mourir, que pour des raisons de vivre. Donnez-nous ces raisons : fait
3647
ous n’accepterons de mourir, que pour des raisons
de
vivre. Donnez-nous ces raisons : faites l’Europe !j Le message dema
3648
eur d’un Pacte fédéral. « Si vous avez le courage
de
faire cet acte simple, ajoutait-il, vous réveillerez le grand espoir
3649
tombait. Les jeunes gens allumèrent des milliers
de
torches et commencèrent à s’approcher du Palais de l’Europe. Un impor
3650
e torches et commencèrent à s’approcher du Palais
de
l’Europe. Un important barrage de police en défendait l’entrée. La fo
3651
ocher du Palais de l’Europe. Un important barrage
de
police en défendait l’entrée. La foule s’impatientait. Prévenant avec
3652
ua les jeunes gens. Il commença par les féliciter
d’
être venus en si grand nombre. Il leur conseilla de renouveler cette m
3653
’être venus en si grand nombre. Il leur conseilla
de
renouveler cette manifestation dans leurs pays, devant leurs propres
3654
s réalités politiques, hélas, ne permettaient pas
d’
aller aussi vite qu’il le faut et que la jeunesse ne le souhaite, une
3655
ut et que la jeunesse ne le souhaite, une clameur
de
protestations couvrit sa voix. Puis l’un des jeunes gens, dans une im
3656
isans qui se dissimulent trop souvent sous le nom
de
« nécessités politiques ». Et les 6000 prêtèrent le serment solennel
3657
ques ». Et les 6000 prêtèrent le serment solennel
de
consacrer leurs forces à la fédération, de ne plus tenir compte des f
3658
lennel de consacrer leurs forces à la fédération,
de
ne plus tenir compte des frontières et de défendre désormais l’Europe
3659
ration, de ne plus tenir compte des frontières et
de
défendre désormais l’Europe, mais seulement comme une patrie commune.
3660
et disparurent comme ils étaient venus. Je viens
d’
apprendre que des milliers d’entre eux rentrèrent dans leurs pays en f
3661
été rédigé par Denis de Rougemont, sur la demande
de
Mouskhély. Voir le compte rendu que Rougemont fera plus tard de cet é
3662
Voir le compte rendu que Rougemont fera plus tard
de
cet épisode : « Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir inva
3663
fera plus tard de cet épisode : « Trente-cinq ans
d’
attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe ».
3664
isode : « Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais
d’
espoir invaincu : le Conseil de l’Europe ».
3665
Demain l’Europe ! — État
de
la construction européenne (4 décembre 1950) Sur le fond tragique d
3666
ropéenne (4 décembre 1950) Sur le fond tragique
de
la guerre en Asie — car il ne s’agit plus de la seule Corée ou de la
3667
ique de la guerre en Asie — car il ne s’agit plus
de
la seule Corée ou de la seule Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est
3668
Asie — car il ne s’agit plus de la seule Corée ou
de
la seule Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est la moitié de la terr
3669
Indochine, ou du seul Tibet, mais c’est la moitié
de
la terre qui se voit menacée — , les questions européennes semblent d
3670
e — , les questions européennes semblent diminuer
d’
importance, se perdre dans la brume des détails régionaux et des pluie
3671
s couvrant le continent. Et cependant, M. Acheson
d’
un côté, M. Churchill de l’autre, viennent de le répéter avec force :
3672
Et cependant, M. Acheson d’un côté, M. Churchill
de
l’autre, viennent de le répéter avec force : c’est l’Europe qui demeu
3673
r avec force : c’est l’Europe qui demeure l’enjeu
de
la lutte mondiale, c’est elle qui est menacée le plus gravement. Oui,
3674
accord, en principe, qu’il n’y a plus qu’un moyen
de
la sauver, c’est de l’unir. Qu’a-t-on fait pour cela, depuis un mois
3675
qu’il n’y a plus qu’un moyen de la sauver, c’est
de
l’unir. Qu’a-t-on fait pour cela, depuis un mois ? Le Comité des mini
3676
ier. Certes, la fraction fédéraliste du Parlement
de
Strasbourg n’est pas encore arrivée à ses fins. Ses efforts pour fair
3677
es fins. Ses efforts pour faire voter le principe
d’
un Pacte fédéral du continent ne sont pourtant pas restés vains. Douze
3678
ement, sur 125, avaient voté dans ce sens au mois
d’
août. En novembre, leur groupe a passé à 37. Mais bien qu’ils n’aient
3679
s fédéralistes ont obtenu des résultats indirects
d’
une réelle importance. En demandant le maximum avec obstination, ils o
3680
c obstination, ils ont conduit les plus hésitants
de
leurs collègues à accepter au moins quelque chose. Contre les fédéral
3681
s quelque chose. Contre les fédéralistes, accusés
d’
utopie et d’impatience dangereuse quand ils exigent un Pacte fédéral,
3682
ose. Contre les fédéralistes, accusés d’utopie et
d’
impatience dangereuse quand ils exigent un Pacte fédéral, la majorité
3683
s prudents et des tièdes a recommandé la création
d’
une série d’autorités européennes spécialisées. C’est ainsi qu’elle a
3684
t des tièdes a recommandé la création d’une série
d’
autorités européennes spécialisées. C’est ainsi qu’elle a discuté et a
3685
t y participer à droits égaux, mais dans le cadre
d’
une organisation commune, calculée de manière à interdire que se refor
3686
i oppose à Strasbourg les fédéralistes, partisans
d’
une constitution européenne, et les unionistes, partisans de simples a
3687
titution européenne, et les unionistes, partisans
de
simples accords spéciaux, est une fausse querelle. Je voudrais le fai
3688
e voudrais le faire voir par une image. Il s’agit
de
construire une maison, l’Europe. Les fédéralistes en ont dressé les p
3689
âtir un solide rez-de-chaussée. Je ne vois pas là
de
contradiction sérieuse. Car les fédéralistes savent très bien qu’on n
3690
s à construire une maison si l’on n’a pas un plan
d’
ensemble. Rien ne sert de dire comme les Anglais : allons-y prudemment
3691
si l’on n’a pas un plan d’ensemble. Rien ne sert
de
dire comme les Anglais : allons-y prudemment, étage par étage, si l’o
3692
ons-y prudemment, étage par étage, si l’on refuse
de
saisir où l’on va, et si l’on n’a pas décidé que c’est une maison que
3693
orcés à commencer les fondations. Je suis heureux
de
pouvoir relever ce soir deux aspects positifs des débats de Strasbour
3694
relever ce soir deux aspects positifs des débats
de
Strasbourg. Le premier, c’est l’attitude plus conciliante des Anglais
3695
ral, — au lieu de voter contre, comme cet été, et
d’
empêcher les socialistes continentaux de voter pour. Il y a là une pro
3696
t été, et d’empêcher les socialistes continentaux
de
voter pour. Il y a là une promesse de compromis, au moins. En second
3697
ontinentaux de voter pour. Il y a là une promesse
de
compromis, au moins. En second lieu, j’ai été frappé par la haute ten
3698
rappé par la haute tenue et le sérieux des débats
de
l’Assemblée sur le plan Schuman et sur l’armée européenne. Je me disa
3699
es écoutant : nous avons vraiment dépassé l’étape
de
la Société des Nations. Les hommes politiques et les économistes qui
3700
se bornent plus à exposer le point de vue égoïste
de
leur gouvernement : ils étudient un plan d’action commune, bien préci
3701
oïste de leur gouvernement : ils étudient un plan
d’
action commune, bien précis, et définissent les sacrifices que chaque
3702
l’Europe, pour qu’elle vive, et par elle, chacun
de
nos pays. Ces progrès, plus considérables en réalité qu’ils n’apparai
3703
ns les journaux, c’est à la pression grandissante
de
l’opinion qu’il faut les attribuer. C’est l’impatience tant critiquée
3704
iquée des fédéralistes, des étudiants, du Conseil
de
vigilance, qui les a rendus possibles, en créant le climat nécessaire
3705
rès vite, toujours plus vite. C’est le seul moyen
de
mettre en marche les lambins. Au revoir, chers auditeurs, à lundi pro
3706
se en particulier (11 décembre 1950) La liberté
de
l’opinion est sans doute celle que nous devons défendre avec le plus
3707
doute celle que nous devons défendre avec le plus
de
vigilance. Avec elle naît la démocratie. Là où elle meurt, naissent l
3708
réer et maintenir chez nous une très large mesure
de
cette liberté-là. Nous avons le scrutin secret, ce qui est la plus sû
3709
occupent ou les passionnent. Lorsqu’il n’y a pas
de
vote, comment manifester la liberté des opinions ? Par les propos que
3710
fé du commerce ou au cercle, et cela sans crainte
d’
être inquiété ou arrêté, tant que l’on vit dans une démocratie… tout c
3711
pos n’atteignent forcément qu’un nombre restreint
d’
auditeurs. Pratiquement, l’opinion publique délègue le soin de l’expri
3712
Pratiquement, l’opinion publique délègue le soin
de
l’exprimer à la presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin d’êtr
3713
a presse et à la radio. Mais ces moyens sont loin
d’
être parfaits : rien ne garantit, en effet, que l’article de M. X ou l
3714
faits : rien ne garantit, en effet, que l’article
de
M. X ou la chronique de M. Y devant le micro traduisent les convictio
3715
, en effet, que l’article de M. X ou la chronique
de
M. Y devant le micro traduisent les convictions réelles des lecteurs
3716
s des lecteurs ou des auditeurs. La seule manière
de
remédier à cet écart inévitable entre l’opinion telle qu’elle est et
3717
libre expression des réactions favorables ou non
de
ceux qui lisent ou qui écoutent. Et c’est pourquoi les magazines angl
3718
x lettres des lecteurs. Eh bien, c’est une espèce
de
lettre de lecteur que j’adressais, il y a quinze jours, devant ce mic
3719
des lecteurs. Eh bien, c’est une espèce de lettre
de
lecteur que j’adressais, il y a quinze jours, devant ce micro, à la p
3720
resse suisse dans son ensemble. Je lui reprochais
d’
avoir trop peu parlé de l’Assemblée de Strasbourg, du discours de Robe
3721
nsemble. Je lui reprochais d’avoir trop peu parlé
de
l’Assemblée de Strasbourg, du discours de Robert Schuman et d’une gra
3722
u parlé de l’Assemblée de Strasbourg, du discours
de
Robert Schuman et d’une grande manifestation faite par 6000 jeunes ge
3723
e de Strasbourg, du discours de Robert Schuman et
d’
une grande manifestation faite par 6000 jeunes gens devant le Palais d
3724
ation faite par 6000 jeunes gens devant le Palais
de
l’Europe. Cette chronique a provoqué des réactions parfois fort vives
3725
voqué des réactions parfois fort vives : beaucoup
d’
auditeurs m’ont approuvé avec chaleur. Mais les journaux, comme je pou
3726
été plus frais. L’un qui me traite assez souvent
de
« misérable propagandiste au cachet » — expression qui elle-même ne m
3727
cachet » — expression qui elle-même ne manque pas
de
cachet — m’a traité cette fois-ci d’enragé, simplement. Un hebdomadai
3728
e manque pas de cachet — m’a traité cette fois-ci
d’
enragé, simplement. Un hebdomadaire religieux a déclaré que si les jou
3729
x a déclaré que si les journaux ne recevaient pas
de
nouvelles de Strasbourg, c’était ma faute — comme si j’étais une agen
3730
ue si les journaux ne recevaient pas de nouvelles
de
Strasbourg, c’était ma faute — comme si j’étais une agence de presse
3731
g, c’était ma faute — comme si j’étais une agence
de
presse ! Un troisième se borne à me reprocher d’être injuste, sans d’
3732
de presse ! Un troisième se borne à me reprocher
d’
être injuste, sans d’ailleurs le prouver. Enfin, un quatrième écrit qu
3733
aut-il qu’elle soit fondée. Prenons donc, à titre
d’
exemple, l’excellent organe qui, précisément, m’inflige ce « démenti f
3734
J’ajoute, pour être scrupuleux, que deux dépêches
d’
un correspondant de Londres décrivent, l’une les réactions de l’opinio
3735
scrupuleux, que deux dépêches d’un correspondant
de
Londres décrivent, l’une les réactions de l’opinion anglaise devant S
3736
pondant de Londres décrivent, l’une les réactions
de
l’opinion anglaise devant Strasbourg, l’autre, les effets de cette mê
3737
n anglaise devant Strasbourg, l’autre, les effets
de
cette même opinion du discours Schuman, que le journal avait omis de
3738
on du discours Schuman, que le journal avait omis
de
nous annoncer. Ce n’est donc qu’à travers les brumes londoniennes que
3739
e les lecteurs suisses ont pu percevoir un reflet
de
l’Assemblée européenne, et savoir qu’elle délibérait, du 17 au 24 nov
3740
24 novembre. Tels sont les faits, et je m’excuse
d’
avoir dû descendre au détail, mais la valeur de ma petite analyse est
3741
se d’avoir dû descendre au détail, mais la valeur
de
ma petite analyse est justement celle d’un exemple bien précis. Maint
3742
a valeur de ma petite analyse est justement celle
d’
un exemple bien précis. Maintenant, point de malentendus. Je ne cherch
3743
celle d’un exemple bien précis. Maintenant, point
de
malentendus. Je ne cherche point querelle au journal que je cite : je
3744
occasions, ce même journal a parlé avec sympathie
de
l’action des divers mouvements fédéralistes, dont Strasbourg est un r
3745
listes, dont Strasbourg est un résultat. Laissons
de
côté tout esprit de chicane, et cherchons à comprendre le pourquoi de
3746
urg est un résultat. Laissons de côté tout esprit
de
chicane, et cherchons à comprendre le pourquoi des silences que j’ai
3747
re le pourquoi des silences que j’ai signalés, ou
de
la parcimonie avec laquelle on publie les dépêches d’agences relative
3748
a parcimonie avec laquelle on publie les dépêches
d’
agences relatives aux travaux de Strasbourg. C’est un fait que Strasbo
3749
blie les dépêches d’agences relatives aux travaux
de
Strasbourg. C’est un fait que Strasbourg a déçu, jusqu’ici. On trouve
3750
pas beaucoup les lecteurs. Ceux-ci ne lisant pas
de
nouvelles sur l’Assemblée, se persuadent qu’on n’y fait rien du tout.
3751
nt pourrions-nous avancer, quand l’opinion refuse
de
nous suivre ! Voilà donc un beau cercle vicieux. Il existe, je pense,
3752
cercle vicieux. Il existe, je pense, trois moyens
d’
en sortir : Le premier, c’est que les députés se décident à marcher sa
3753
Péguy. Le second, c’est que nos journaux cessent
d’
imprimer que la fédération européenne n’intéresse pas notre opinion, c
3754
oi, disions et écrivions à nos journaux : l’union
de
l’Europe nous intéresse directement. Elle ne fera de mal à personne,
3755
l’Europe nous intéresse directement. Elle ne fera
de
mal à personne, elle dépasse les querelles de partis, elle est une ra
3756
era de mal à personne, elle dépasse les querelles
de
partis, elle est une raison d’espérer, une œuvre constructive enfin !
3757
asse les querelles de partis, elle est une raison
d’
espérer, une œuvre constructive enfin ! Que vous faut-il de plus pour
3758
voudraient se détourner un peu de la politique et
de
ses décevantes complexités. Je ne vais pas négliger cette occasion, d
3759
plexités. Je ne vais pas négliger cette occasion,
d’
autant plus que la semaine dernière n’a rien apporté pour l’Europe qui
3760
ouveauté dans ce domaine ; cependant qu’à l’écart
de
toutes les controverses, sur un tout autre plan, vous allez le voir,
3761
plan, vous allez le voir, un projet que je crois
d’
importance pour l’avenir de notre continent prenait corps, ici même, à
3762
un projet que je crois d’importance pour l’avenir
de
notre continent prenait corps, ici même, à Genève. Dans les quelques
3763
n de la culture, nous avions convoqué une dizaine
de
savants, d’une sorte très particulière. C’étaient les directeurs (ou
3764
ure, nous avions convoqué une dizaine de savants,
d’
une sorte très particulière. C’étaient les directeurs (ou leurs représ
3765
représentants) des principaux instituts nationaux
de
recherches atomiques existants en Europe. Je suppose que ce mot « ato
3766
! Ils étaient là, bien au contraire, pour essayer
de
mettre en commun les ressources de tous leurs pays à des fins hardime
3767
, pour essayer de mettre en commun les ressources
de
tous leurs pays à des fins hardiment constructives, dans un domaine d
3768
des fins hardiment constructives, dans un domaine
d’
où peut sortir bientôt la grande révolution des temps modernes. Je vou
3769
e rencontre, préparée par beaucoup de contacts et
d’
études, a conduit à des résultats entièrement positifs et concrets. Le
3770
ise. L’énergie atomique est la plus bouleversante
de
toutes les découvertes de notre temps. Le grand public ne l’a connue
3771
t la plus bouleversante de toutes les découvertes
de
notre temps. Le grand public ne l’a connue que par une seule de ses a
3772
. Le grand public ne l’a connue que par une seule
de
ses applications, la Bombe, spectaculaire certes, au pire sens du mot
3773
point de vue scientifique ; et, sans mauvais jeu
de
mots, purement accidentelle. Car en réalité, l’énergie atomique conti
3774
esque infinies non seulement pour la connaissance
de
la matière et du cosmos, mais encore pour la vie courante, pour la mé
3775
conomie en général. Nous sommes vraiment au seuil
d’
une ère nouvelle dans tous ces domaines-là, l’ère atomique, — et nous
3776
et nous devons d’ores et déjà prévoir des formes
d’
existence bien différentes de celles que nous menons encore, vers la f
3777
à prévoir des formes d’existence bien différentes
de
celles que nous menons encore, vers la fin de l’ère qu’on peut appele
3778
tes de celles que nous menons encore, vers la fin
de
l’ère qu’on peut appeler celle du charbon et du pétrole, matières pro
3779
cette année, l’Amérique a consacré aux recherches
de
physique nucléaire environ 5 milliards de dollars tandis que la Franc
3780
herches de physique nucléaire environ 5 milliards
de
dollars tandis que la France n’y consacrait que 5 milliards de francs
3781
ndis que la France n’y consacrait que 5 milliards
de
francs français, donc 380 fois moins. Comment soutenir une pareille c
3782
pareille concurrence ? Il est bien clair qu’aucun
de
nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Aucun de nos pays n’est a
3783
nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Aucun
de
nos pays n’est assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant de sa
3784
ucun de nos pays n’est assez riche, et ne dispose
d’
un nombre suffisant de savants et de grands appareils. Il en résulte q
3785
assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant
de
savants et de grands appareils. Il en résulte que l’Europe divisée en
3786
et ne dispose d’un nombre suffisant de savants et
de
grands appareils. Il en résulte que l’Europe divisée en quelque 20 pa
3787
un domaine qui détient, je le répète, les secrets
de
la puissance de demain. Or, sans puissance industrielle comparable à
3788
étient, je le répète, les secrets de la puissance
de
demain. Or, sans puissance industrielle comparable à celle des deux G
3789
s et son indépendance. De plus, elle voit l’élite
de
ses savants tourner les yeux vers l’Amérique, où beaucoup sont déjà p
3790
à partis, parce qu’ils y trouvent des instruments
de
recherche dont nous manquons. Cette situation commande, vous le voyez
3791
isif. Il y a un an déjà, la Conférence européenne
de
la culture, réunie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion de
3792
ie à Lausanne, s’en était occupée sur l’impulsion
de
M. Raoul Dautry. Elle avait formulé le projet d’un « pool » européen
3793
de M. Raoul Dautry. Elle avait formulé le projet
d’
un « pool » européen des recherches atomiques. Cela semblait alors bie
3794
objections tombèrent, lorsqu’à Florence, au mois
de
juin, la conférence de l’Unesco adopta un plan similaire en tous poin
3795
lorsqu’à Florence, au mois de juin, la conférence
de
l’Unesco adopta un plan similaire en tous points à celui de Lausanne,
3796
o adopta un plan similaire en tous points à celui
de
Lausanne, sur la proposition précisément d’un délégué américain. La v
3797
celui de Lausanne, sur la proposition précisément
d’
un délégué américain. La voie devenait donc libre, et nous y sommes en
3798
péen de la culture s’est ouvert à Genève, au mois
d’
octobre. Voici maintenant les résultats acquis par notre réunion du 12
3799
uis par notre réunion du 12 décembre. La création
d’
un laboratoire européen de recherches atomiques a été décidée à l’unan
3800
2 décembre. La création d’un laboratoire européen
de
recherches atomiques a été décidée à l’unanimité. Cet institut sera d
3801
areil atomique actuellement réalisable. Il s’agit
d’
un énorme instrument d’une puissance de 6 milliards de volts nommé Cos
3802
ment réalisable. Il s’agit d’un énorme instrument
d’
une puissance de 6 milliards de volts nommé Cosmotron, dont il n’exist
3803
Il s’agit d’un énorme instrument d’une puissance
de
6 milliards de volts nommé Cosmotron, dont il n’existe au monde qu’un
3804
énorme instrument d’une puissance de 6 milliards
de
volts nommé Cosmotron, dont il n’existe au monde qu’un seul autre exe
3805
ste au monde qu’un seul autre exemplaire en cours
de
construction près de New York. Seule la collaboration de tous les pay
3806
truction près de New York. Seule la collaboration
de
tous les pays européens, acquise en principe, peut en permettre la ré
3807
isation. Celle-ci doit être commencée vers la fin
de
l’année prochaine, sur les plans mis au point par un bureau d’études,
3808
ochaine, sur les plans mis au point par un bureau
d’
études, qui travaillera dès demain à Paris. En outre, pour former les
3809
dispensables à ce laboratoire européen, une école
de
spécialistes s’ouvrira l’été prochain dans la région du Mont-Blanc. L
3810
prochain dans la région du Mont-Blanc. L’ensemble
de
cette vaste entreprise d’équipement de l’Europe en énergie est placé
3811
Mont-Blanc. L’ensemble de cette vaste entreprise
d’
équipement de l’Europe en énergie est placé sous le patronage du Centr
3812
L’ensemble de cette vaste entreprise d’équipement
de
l’Europe en énergie est placé sous le patronage du Centre européen de
3813
ge du Centre européen de la culture, avec l’appui
de
l’Unesco. L’ampleur d’un tel projet, ses conséquences pratiques pour
3814
e la culture, avec l’appui de l’Unesco. L’ampleur
d’
un tel projet, ses conséquences pratiques pour l’avenir de l’Europe en
3815
projet, ses conséquences pratiques pour l’avenir
de
l’Europe entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès mainte
3816
pratiques pour l’avenir de l’Europe entière, donc
de
chacun de nos pays, apparaissent dès maintenant considérables aux yeu
3817
pour l’avenir de l’Europe entière, donc de chacun
de
nos pays, apparaissent dès maintenant considérables aux yeux des spéc
3818
sions partisanes, c’est l’un des premiers piliers
de
l’Europe unie que nous avons posés l’autre jour à Genève. Je suis heu
3819
jour à Genève. Je suis heureux que mes chroniques
de
cette année puissent prendre fin sur une si bonne nouvelle ! Lundi pr
3820
us qui ne m’ont pas oublié dans leur distribution
de
vœux pour l’an nouveau. Plusieurs m’ont assuré qu’ils tiraient de mes
3821
n nouveau. Plusieurs m’ont assuré qu’ils tiraient
de
mes chroniques sur l’Europe des raisons d’espérer. Voilà qui me touch
3822
raient de mes chroniques sur l’Europe des raisons
d’
espérer. Voilà qui me touche, voilà qui m’encourage, mais aussi voilà
3823
ourage, mais aussi voilà qui m’incite à redoubler
de
prudence dans mes jugements sur notre situation réelle. Certes, nous
3824
situation réelle. Certes, nous avons tous besoin
d’
espoir, et plus que jamais. Nous en avons tellement besoin, qu’il faut
3825
s tellement besoin, qu’il faut éviter à tout prix
d’
éveiller de fausses espérances, qui nous laisseraient, une fois déçues
3826
besoin, qu’il faut éviter à tout prix d’éveiller
de
fausses espérances, qui nous laisseraient, une fois déçues, dans un é
3827
nous laisseraient, une fois déçues, dans un état
de
fatalisme irrémédiable. Il y aura toujours de l’espoir pour ceux qui
3828
tat de fatalisme irrémédiable. Il y aura toujours
de
l’espoir pour ceux qui veulent faire quelque chose contre le destin e
3829
nous faire penser qu’il y ait beaucoup à espérer
de
la situation présente, et des faits tels qu’ils sont. Car si on laiss
3830
ns à l’abîme, c’est bien clair. On dit qu’il faut
de
l’espoir pour agir, mais je dirai plutôt qu’il n’y a d’espoir que dan
3831
spoir pour agir, mais je dirai plutôt qu’il n’y a
d’
espoir que dans la mesure où l’on agit. Ce n’est pas l’espoir qui modi
3832
ine que je formulais, il y a 16 ans déjà, dans un
de
mes premiers livres : à la doctrine du pessimisme actif. Si nous démi
3833
en oui, le désastre est fatal et nous sommes sûrs
d’
avoir raison. Mais, au contraire, si nous disons : « La situation est
3834
: « La situation est désastreuse, redoublons donc
d’
activité ! », alors il nous reste une bonne chance de faire l’Histoire
3835
ctivité ! », alors il nous reste une bonne chance
de
faire l’Histoire, et de modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est
3836
us reste une bonne chance de faire l’Histoire, et
de
modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est pas de la morale en l’a
3837
modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est pas
de
la morale en l’air, mais se rapporte concrètement à notre situation p
3838
ésente, vous allez le voir. Je résumerai la chose
de
la façon suivante qui a le mérite de la simplicité : 1. l’Europe a fa
3839
rai la chose de la façon suivante qui a le mérite
de
la simplicité : 1. l’Europe a fait, l’année dernière, toutes les bêti
3840
pas imaginer. 2. Il lui reste un an pour décider
de
faire autre chose, et pour le faire. Dresser le bilan de 1950, c’est
3841
e autre chose, et pour le faire. Dresser le bilan
de
1950, c’est énumérer des échecs. Parler de l’espoir qui nous reste, c
3842
bilan de 1950, c’est énumérer des échecs. Parler
de
l’espoir qui nous reste, c’est fixer un programme d’action pour l’an
3843
l’espoir qui nous reste, c’est fixer un programme
d’
action pour l’an qui vient. J’esquisserai l’un et l’autre en trois min
3844
en trois minutes. Vous me pardonnerez, j’espère,
de
simplifier un peu… En 1950, Strasbourg nous a déçus. Cette assemblée
3845
En 1950, Strasbourg nous a déçus. Cette assemblée
de
délégués des parlements de 15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait
3846
déçus. Cette assemblée de délégués des parlements
de
15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait de la politique. Elle a vo
3847
nts de 15 pays, au lieu de faire l’Europe, a fait
de
la politique. Elle a voté plusieurs résolutions utiles, mais n’a pas
3848
Strasbourg, et qui devait la pousser dans la voie
de
l’action, s’est immobilisé depuis des mois. Quant aux gouvernements e
3849
Quant aux gouvernements européens, un seul, celui
de
la France, a proposé du neuf : le plan Schuman dans le domaine économ
3850
deux plans jusqu’ici n’ont provoqué qu’un concert
de
cris discordants. La droite prétend que le plan Schuman est dirigiste
3851
je ne suis pas le seul dans ce cas. En attendant
de
savoir au juste ce qu’ils veulent, tous nos pays votent des budgets a
3852
sente seulement deux graves inconvénients : celui
d’
être trop cher pour chaque pays, et celui d’être insuffisant pour défe
3853
celui d’être trop cher pour chaque pays, et celui
d’
être insuffisant pour défendre vraiment l’Europe, c’est-à-dire en fin
3854
t l’Europe, c’est-à-dire en fin de compte, chacun
de
ses pays. Nos rapports avec l’Amérique sont encore plus absurdes, si
3855
s absurdes, si possible. Quand l’Amérique propose
de
nous défendre, une partie de l’opinion hurle à l’impérialisme. Quand
3856
d l’Amérique propose de nous défendre, une partie
de
l’opinion hurle à l’impérialisme. Quand l’Amérique fait mine de se dé
3857
urle à l’impérialisme. Quand l’Amérique fait mine
de
se détourner de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsm
3858
lisme. Quand l’Amérique fait mine de se détourner
de
nous, une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amé
3859
it mine de se détourner de nous, une autre partie
de
l’opinion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amérique juge l’Europe comme
3860
r de nous, une autre partie de l’opinion l’accuse
d’
égoïsme sordide. L’Amérique juge l’Europe comme un tout. Elle comprend
3861
nd mal que nous ayons toutes les raisons du monde
de
nous unir, et que pourtant nous ne fassions rien. J’avoue que je ne c
3862
pendant les mois qui viennent. Un sondage récent
de
l’opinion, dans douze pays, a prouvé que la majorité — 54 % de nos pe
3863
dans douze pays, a prouvé que la majorité — 54 %
de
nos peuples, — est en faveur de la fédération. Le rassemblement de 60
3864
est en faveur de la fédération. Le rassemblement
de
6000 jeunes gens venus de loin pour manifester à Strasbourg est une r
3865
loin pour manifester à Strasbourg est une raison
de
penser que la jeunesse veut agir. Le plan Schuman, le plan Pleven, le
3866
ut agir. Le plan Schuman, le plan Pleven, le plan
de
recherches atomiques établi par le Centre européen de la culture, mon
3867
ir une grande puissance. Nous sommes 250 millions
d’
hommes et de femmes qui préférons encore nos libertés, relatives, au r
3868
e puissance. Nous sommes 250 millions d’hommes et
de
femmes qui préférons encore nos libertés, relatives, au régime concen
3869
est plutôt du côté des ouvriers qui ont le droit
de
grève, que du côté de ceux qui ne l’ont plus. Nous avons des atouts c
3870
avons des atouts considérables. Nous serions fous
de
ne pas les jouer. Les jouer, cela veut dire pratiquement : créer l’ar
3871
s, si imparfaites qu’elles soient, ont l’avantage
d’
être réelles, valent encore mieux que de fausses promesses assénées pa
3872
’avantage d’être réelles, valent encore mieux que
de
fausses promesses assénées par une vraie police, et ménagent un meill
3873
de me poser une question saugrenue. Il me demande
de
lui décrire en 4 pages « Comment on fabrique un Européen ». J’ai répo
3874
in moyen, voici la recette. Prenez deux Européens
de
nations différentes si possible. Mariez leur fils avec la fille de de
3875
entes si possible. Mariez leur fils avec la fille
de
deux autres Européens. Attendez une génération. Répétez le processus
3876
cessus quatre ou cinq fois. Lorsque Schmidt, fils
de
Schmidt, sera baptisé Smith, déclarez qu’il descend en droite ligne d
3877
qu’il descend en droite ligne des émigrants venus
d’
Angleterre sur le fameux bateau nommé le Mayflower. Il semble bien que
3878
n que ce bateau ait transporté plusieurs dizaines
de
milliers d’ancêtres d’un seul coup : un Smith de plus ne le fera pas
3879
eau ait transporté plusieurs dizaines de milliers
d’
ancêtres d’un seul coup : un Smith de plus ne le fera pas couler. Appr
3880
renez maintenant au jeune homme la phrase célèbre
de
Lincoln sur le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple
3881
sez, agitez sur un rythme africain, emballez dans
de
la cellophane, et servez frais. Pour fabriquer un Soviétique, c’est p
3882
pide : prenez un Russe, passez-le au NKVD — sorte
de
DDT moral qui nettoie les idées subversives, et tirez le rideau. Mais
3883
ieux, que des Américains manqués. Si vous essayez
de
combiner nos croyances, nos partis et nos traditions, cela n’ira pas
3884
nos traditions, cela n’ira pas mieux. Un mélange
de
catholiques et de juifs ne donnera pas des protestants ; pas plus qu’
3885
ela n’ira pas mieux. Un mélange de catholiques et
de
juifs ne donnera pas des protestants ; pas plus qu’un mélange de soci
3886
nera pas des protestants ; pas plus qu’un mélange
de
socialistes et de conservateurs ne donnera des libéraux, ou un mélang
3887
stants ; pas plus qu’un mélange de socialistes et
de
conservateurs ne donnera des libéraux, ou un mélange de Français et d
3888
servateurs ne donnera des libéraux, ou un mélange
de
Français et d’Allemands, des Suisses. Nos vertus, caractères et parti
3889
onnera des libéraux, ou un mélange de Français et
d’
Allemands, des Suisses. Nos vertus, caractères et partis pris vitaux n
3890
e moyenne, si le sujet des Soviets est le produit
d’
un plan, l’Européen, lui, sera toujours par essence un être qui diffèr
3891
r essence un être qui diffère et tient à différer
de
son voisin et des modèles qu’on essaierait de lui imposer. Il n’y a p
3892
rer de son voisin et des modèles qu’on essaierait
de
lui imposer. Il n’y a pas de type européen moyen. Il n’y a en Europe
3893
les qu’on essaierait de lui imposer. Il n’y a pas
de
type européen moyen. Il n’y a en Europe que des Français, des Holland
3894
onégasques insouciants et des partisans motorisés
de
la paix concentrée. Il n’y a donc que des hommes habitués à différer
3895
urquoi, faire un Européen moyen, ce serait tenter
de
faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien d’européen. Le vrai p
3896
e faire quelque chose qui ne ressemblerait à rien
d’
européen. Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous un
3897
ait à rien d’européen. Le vrai problème n’est pas
de
nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut nous pr
3898
Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais
de
nous unir dans nos diversités. Il faut nous prendre comme nous sommes
3899
les coutumes, toutes supérieures à celles du pays
d’
à côté. Et si l’on me dit qu’il faut tout de même baser l’union sur qu
3900
ons tous en commun, c’est justement cette volonté
de
rester nous-mêmes, chacun à sa façon. Voilà ce qui nous distingue en
3901
opéens, — même si nous détestons qu’on nous parle
de
l’Europe. J’ai l’air de faire du paradoxe, mais voyez-vous : ce qu’il
3902
étestons qu’on nous parle de l’Europe. J’ai l’air
de
faire du paradoxe, mais voyez-vous : ce qu’il y a de plus humain chez
3903
angoissante pour l’adolescent — qu’il est le seul
de
son espèce, qu’il est un cas absolument unique. Or, tout le monde dit
3904
ce qu’il y a de plus européen chez les habitants
de
nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous d’appartenir d’abord à une fam
3905
bitants de nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous
d’
appartenir d’abord à une famille, à une région, à une patrie, à des co
3906
ils perdraient leurs libertés si on les empêchait
de
vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leur voisin. J’en vois l
3907
hait de vivre à leur manière, qui n’est pas celle
de
leur voisin. J’en vois la preuve dans le reproche si courant qu’à tor
3908
ous d’autres régimes, où ce n’est pas la pression
de
la mode, mais celle de la police qui ramène « dans la ligne »…?) Nous
3909
ù ce n’est pas la pression de la mode, mais celle
de
la police qui ramène « dans la ligne »…?) Nous n’aimons pas l’idée qu
3910
ns à nos diversités. Et nous sentons que le droit
de
les préserver est la vraie condition de nos libertés, non point seule
3911
le droit de les préserver est la vraie condition
de
nos libertés, non point seulement légales et théoriques, mais personn
3912
erdre : il nous faut réunir nos ressources. Faute
de
former à temps cette libre union, nous serons unifiés par la force, m
3913
s myopes, comme on en trouve encore dans certains
de
nos pays, et même, ici ou là, dans nos cantons, ne peuvent tout de mê
3914
e même pas espérer que leur nation serait capable
de
s’opposer à la marée totalitaire, donc de rester ce qu’elle est, sans
3915
capable de s’opposer à la marée totalitaire, donc
de
rester ce qu’elle est, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis de
3916
taire, donc de rester ce qu’elle est, sans l’aide
de
ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance de leur nation, ce sont
3917
e est, sans l’aide de ses voisins. Les vrais amis
de
l’indépendance de leur nation, ce sont ceux qui réclament et préparen
3918
de ses voisins. Les vrais amis de l’indépendance
de
leur nation, ce sont ceux qui réclament et préparent la fédération de
3919
ont ceux qui réclament et préparent la fédération
de
nos pays ; ceux qui disent : « Surmontons nos divisions, pour sauver
3920
uditeurs, Il y a quelques années que je m’occuper
de
« faire l’Europe », comme on le dit couramment, et je crois bien qu’i
3921
u contre que je n’aie entendu plusieurs douzaines
de
fois, et souvent des centaines de fois. Peut-être penserez-vous que j
3922
ieurs douzaines de fois, et souvent des centaines
de
fois. Peut-être penserez-vous que j’en suis bien fatigué ? Mais il es
3923
’un seul exemple : les auditeurs les plus fidèles
de
la radio peuvent entendre parler du « temps probable » exactement 292
3924
gène. Et c’est pourquoi je continue à vous parler
de
l’état du problème européen, qui est un aspect du problème de la paix
3925
problème européen, qui est un aspect du problème
de
la paix. Cela vaut bien cinq minutes tous les lundis. Pourtant, il es
3926
j’avouerai qu’il me fatigue, pour ne pas employer
de
mots plus énergiques. Voici cet argument : « Ce qu’il nous faut, dit-
3927
occidentale, qui soit plus forte que la mystique
de
l’Est ! L’Europe capitaliste, bourgeoise et fatiguée, la pauvre vieil
3928
ons, dans la presse, sur les ondes, partout. L’un
de
nos meilleurs chroniqueurs suisses l’écrivait encore l’autre jour. Un
3929
l français me l’avait dit la veille. Des millions
de
braves gens le pensent. Je serai pendu, et eux avec, s’ils ont raison
3930
ifficile, pour ne pas dire totalement impossible,
de
confectionner sur commande une mystique aussi forte que celle d’en fa
3931
r sur commande une mystique aussi forte que celle
d’
en face. Secundo, nous n’avons nul besoin d’une telle mystique, car l
3932
elle d’en face. Secundo, nous n’avons nul besoin
d’
une telle mystique, car les réalités nous suffisent amplement. Repreno
3933
onté. La mystique hitlérienne par exemple est née
de
la combinaison d’une misère noire, causée par la défaite et l’inflati
3934
hitlérienne par exemple est née de la combinaison
d’
une misère noire, causée par la défaite et l’inflation, et d’un névros
3935
e noire, causée par la défaite et l’inflation, et
d’
un névrosé fanatique soutenu par les industriels qui se trompaient. Ce
3936
la mystique communiste, elle est née il y a plus
de
cent ans, avec la doctrine de Karl Marx, qui voulait libérer les ouvr
3937
est née il y a plus de cent ans, avec la doctrine
de
Karl Marx, qui voulait libérer les ouvriers, et son résultat le plus
3938
iers, et son résultat le plus clair est un régime
de
dictature, dans un pays qui était surtout paysan. J’avoue que je vois
3939
poser à des hommes libres, qui n’ont aucune envie
de
perdre leur sens critique. L’opération me paraît impraticable. Et de
3940
’étaient les Allemands sous Hitler — aient besoin
d’
une mystique qui les soutienne par la promesse d’un avenir moins dur.
3941
d’une mystique qui les soutienne par la promesse
d’
un avenir moins dur. Mais notre vie présente vaut mieux que la leur !
3942
re l’Europe. Quand on me dit qu’il est impossible
de
défendre l’Europe telle qu’elle est, avec ses injustices sociales, de
3943
ève à l’Est, je me frotte les yeux, et plutôt que
de
me laisser aller à voir rouge, je demande qu’on regarde les faits. Le
3944
ier les statistiques des revenus moyens, par tête
d’
habitant, dans tous les pays du monde. Nous apprenons ainsi que le rev
3945
u monde. Nous apprenons ainsi que le revenu moyen
d’
un Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Ce
3946
nons ainsi que le revenu moyen d’un Américain est
de
1453 dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de
3947
u moyen d’un Américain est de 1453 dollars. Celui
d’
un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe, de 308 dollars seulement.
3948
Américain est de 1453 dollars. Celui d’un Suisse
de
840 dollars. Celui d’un Russe, de 308 dollars seulement. Je demande a
3949
dollars. Celui d’un Suisse de 840 dollars. Celui
d’
un Russe, de 308 dollars seulement. Je demande alors ceci : est-ce qu’
3950
lui d’un Suisse de 840 dollars. Celui d’un Russe,
de
308 dollars seulement. Je demande alors ceci : est-ce qu’un système é
3951
» ? On me dira peut-être que la Russie est partie
d’
un niveau très bas, et que la comparaison n’est pas très équitable. Je
3952
informé auprès de l’un des meilleurs économistes
d’
aujourd’hui, Maurice Allais. Je lui ai demandé : quels sont les progrè
3953
épondu ceci : en 1913, sous les tsars, le pouvoir
d’
achat de l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il est aujourd’
3954
eci : en 1913, sous les tsars, le pouvoir d’achat
de
l’ouvrier russe était à peu près égal à ce qu’il est aujourd’hui. Il
3955
c ni recul ni progrès. Mais en France, le pouvoir
d’
achat est aujourd’hui 3 fois plus grand qu’en 1913, et aux États-Unis
3956
estion : où est le véritable espoir ? S’il s’agit
d’
un progrès purement économique et matériel, c’est vers l’ensemble de l
3957
ent économique et matériel, c’est vers l’ensemble
de
l’Amérique qu’il faudrait logiquement se tourner, non pas vers l’Est.
3958
se tourner, non pas vers l’Est. Mais s’il s’agit
d’
un progrès moral, c’est l’Amérique et la Russie qui devraient se tourn
3959
rner vers l’Europe. Elles y trouveraient, en plus
d’
un niveau de vie qui s’améliore, et peut s’améliorer sans cesse, un dé
3960
méliore, et peut s’améliorer sans cesse, un désir
de
paix plus grand que partout ailleurs, des libertés, certes imparfaite
3961
eures à celles des dictatures, enfin une capacité
de
travail, d’invention et de création que la Terre entière nous envie.
3962
es des dictatures, enfin une capacité de travail,
d’
invention et de création que la Terre entière nous envie. N’est-ce pas
3963
es, enfin une capacité de travail, d’invention et
de
création que la Terre entière nous envie. N’est-ce pas assez ? Avons-
3964
s envie. N’est-ce pas assez ? Avons-nous le droit
de
désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nou
3965
-ce pas assez ? Avons-nous le droit de désespérer
de
notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nous regardons le
3966
s le droit de désespérer de notre civilisation et
de
notre avenir à tous, quand nous regardons les faits prouvés et reconn
3967
ons-nous dire encore que notre Europe ne vaut pas
d’
être défendue, lorsque malgré toutes ses imperfections, ses injustices
3968
s divisions absurdes, elle offre encore un niveau
de
trois fois meilleur que celui qu’on nous vante à l’Est comme l’espoir
3969
que celui qu’on nous vante à l’Est comme l’espoir
de
l’humanité ? Croyez-moi, laissons la mystique aux chefs qui en ont te
3970
soin pour faire supporter à leurs peuples un état
de
misère générale. Ce que nous avons vaut bien qu’on le défende, quand
3971
compare à ce qu’on nous offre. Non, ce n’est pas
d’
une mystique dont nous manquons, c’est au contraire d’informations rée
3972
e mystique dont nous manquons, c’est au contraire
d’
informations réelles, — de réalisme ! Fondons l’Europe unie non pas su
3973
ons, c’est au contraire d’informations réelles, —
de
réalisme ! Fondons l’Europe unie non pas sur des slogans, mais sur de
3974
n des gens que la tyrannie attire, dans le secret
de
leur cœur et sans qu’ils osent l’avouer. Nos libertés réelles et quot
3975
euvent nous manquer, vous sentiriez tout de suite
de
toutes vos forces qu’elles méritent bien qu’on les défende. Essayons
3976
es méritent bien qu’on les défende. Essayons donc
de
nous imaginer ce qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notr
3977
rope que l’on dit décadente, misérable et pourrie
d’
injustices, se trouvait demain rajeunie à grands coups de règlements u
3978
tices, se trouvait demain rajeunie à grands coups
de
règlements uniformes. La première liberté qui serait perdue serait ce
3979
a première liberté qui serait perdue serait celle
de
nous exprimer, en public, entre amis, au café, au travail. Et je ne d
3980
café, au travail. Et je ne dis pas que la liberté
de
l’expression soit sans limites dans nos pays. Il arrive qu’on lui fas
3981
t. On ne fusille pas chez nous, pour simple délit
d’
opinion. Et je dis bien : chez nous. Voici un petit exemple : il y a d
3982
nçais assez souvent qu’à Berne, il n’y aurait pas
de
précipitations. Eh bien, si je vivais un peu plus loin d’ici, il y a
3983
rite ou seulement vous ennuie, vous avez le droit
de
fermer votre radio, ou de prendre un poste étranger. Cela vous paraît
3984
uie, vous avez le droit de fermer votre radio, ou
de
prendre un poste étranger. Cela vous paraît tout naturel. Eh bien, de
3985
er au garde à vous que des chroniques officielles
de
l’État vous expliquant que vous êtes libres. Vous avez le droit de vo
3986
pliquant que vous êtes libres. Vous avez le droit
de
voyager où bon vous semble. Certes, il y a des visas, les passeports
3987
n votre cœur, aller le dimanche dans telle église
de
votre choix, ou au contraire n’y pas aller. Tous ces droits, vous n’y
3988
e, que vous donnez votre congé, que vous cherchez
de
l’embauche ailleurs. Eh bien, ces droits n’existent pas partout. Vous
3989
Il existe aujourd’hui plusieurs pays où le droit
de
changer d’employeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève
3990
aujourd’hui plusieurs pays où le droit de changer
d’
employeur est tout simplement inconnu, où le droit de grève est suppri
3991
mployeur est tout simplement inconnu, où le droit
de
grève est supprimé, où la moindre critique murmurée contre le patron
3992
e un crime social. J’en déduis que le progrès est
de
notre côté. Je suis peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit
3993
peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit
d’
avoir plusieurs partis. L’opposition, chez nous, peut parler publiquem
3994
s partis avait du bon : elle vous ménage le droit
de
penser par vous-même. Ce droit aussi nous pouvons le perdre… Certes n
3995
age et la promesse, il est la permission pratique
de
nos futurs progrès matériels et moraux. Il nous faut donc garder nos
3996
des gens qui trouvent déjà qu’on leur parle trop
de
l’Europe, qu’on leur en rebat les oreilles. Ces délicats, vite fatigu
3997
ués, oublient que l’Europe n’est pas une question
de
mode, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie o
3998
que l’Europe n’est pas une question de mode, mais
de
prospérité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour
3999
t pas une question de mode, mais de prospérité ou
de
misère, de guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civili
4000
uestion de mode, mais de prospérité ou de misère,
de
guerre ou de paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’i
4001
de, mais de prospérité ou de misère, de guerre ou
de
paix, de vie ou de mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent
4002
de prospérité ou de misère, de guerre ou de paix,
de
vie ou de mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent parler sp
4003
ité ou de misère, de guerre ou de paix, de vie ou
de
mort pour toute une civilisation. S’ils préfèrent parler sports ou ch
4004
ois, d’autres personnes estiment qu’on parle trop
de
l’Europe pour ce qu’on en fait pratiquement. Ces personnes ont raison
4005
on en fait pratiquement. Ces personnes ont raison
de
demander si vraiment quelque chose s’effectue, derrière les belles dé
4006
n de la culture et le récent Conseil des communes
de
l’Europe, les pierres d’attente d’une construction continentale se tr
4007
ent Conseil des communes de l’Europe, les pierres
d’
attente d’une construction continentale se trouvent posées. Si vous pe
4008
l des communes de l’Europe, les pierres d’attente
d’
une construction continentale se trouvent posées. Si vous pensez qu’il
4009
Pourtant, l’heure n’est pas venue de se féliciter
de
ces premiers progrès, péniblement acquis. Les cadres sont posés. Les
4010
utions en plein essor. Mais dans le drame mondial
de
la paix et de la guerre, la voix de l’Europe n’a pas encore autorité.
4011
n essor. Mais dans le drame mondial de la paix et
de
la guerre, la voix de l’Europe n’a pas encore autorité. Or, c’est ce
4012
drame mondial de la paix et de la guerre, la voix
de
l’Europe n’a pas encore autorité. Or, c’est ce drame qui nous importe
4013
Si les masses sont encore indifférentes à l’idée
d’
une Europe unie, la raison simple en est que la peur de la guerre pass
4014
Europe unie, la raison simple en est que la peur
de
la guerre passe avant tout autre souci. Essayons donc de raisonner ce
4015
uerre passe avant tout autre souci. Essayons donc
de
raisonner cette peur. Quels sont les risques d’une guerre, pour nous
4016
c de raisonner cette peur. Quels sont les risques
d’
une guerre, pour nous autres, en Europe ? Je n’en vois qu’un : c’est l
4017
en Europe ? Je n’en vois qu’un : c’est le risque
d’
invasion puisqu’il est clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir
4018
t clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir
d’
attaquer qui que ce soit. Mais quelle pourrait bien être l’occasion d’
4019
e soit. Mais quelle pourrait bien être l’occasion
d’
une invasion prochaine du continent ? Je n’en vois qu’une : notre faib
4020
Je n’en vois qu’une : notre faiblesse, résultant
de
notre division. Si nous étions unis, nous serions assez forts pour dé
4021
serions assez forts pour décourager toute action
de
l’extérieur au moins, contre la paix. De plus, si nous étions unis, n
4022
s unis, nous saurions nous passer progressivement
d’
une aide qui peut fournir le seul prétexte à nous « libérer », — comme
4023
seul prétexte à nous « libérer », — comme on dit.
De
ces constatations très simples, il résulte clairement que l’union de
4024
s très simples, il résulte clairement que l’union
de
l’Europe est la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela,
4025
t que l’union de l’Europe est la meilleure chance
de
la paix. Si nous comprenons cela, si nous comprenons bien que faire l
4026
c’est faire la paix, — alors nous voudrons tous,
de
toutes nos forces, la fédération de nos pays. Alors seulement, les pa
4027
oudrons tous, de toutes nos forces, la fédération
de
nos pays. Alors seulement, les parlements et les États, poussés dans
4028
faire la paix. Je ne dis pas cela pour le plaisir
de
lancer un slogan de plus. Je le dis parce que j’y crois, et que depui
4029
t que depuis quatre ans, j’ai donné le plus clair
de
mes forces à cette cause de la paix par l’union de l’Europe. Aussi co
4030
i donné le plus clair de mes forces à cette cause
de
la paix par l’union de l’Europe. Aussi comprendrez-vous que je me fro
4031
e mes forces à cette cause de la paix par l’union
de
l’Europe. Aussi comprendrez-vous que je me frotte les yeux quand j’en
4032
opéens, que l’Europe fédérée n’est qu’une machine
de
guerre au service de Wall Street et des marchands de canons. Que veul
4033
fédérée n’est qu’une machine de guerre au service
de
Wall Street et des marchands de canons. Que veulent-ils donc, ceux qu
4034
guerre au service de Wall Street et des marchands
de
canons. Que veulent-ils donc, ceux qui me traitent couramment d’enrag
4035
veulent-ils donc, ceux qui me traitent couramment
d’
enragé, de frénétique, de va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux seco
4036
s donc, ceux qui me traitent couramment d’enragé,
de
frénétique, de va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux secondes à me
4037
i me traitent couramment d’enragé, de frénétique,
de
va-t-en-guerre ? Je ne perdrai pas deux secondes à me demander s’ils
4038
ls disent. Leurs attaques orchestrées font partie
d’
une tactique. La seule question que je soulève à leur sujet, c’est la
4039
lent vraiment la paix comme j’ai bien des raisons
de
le croire, leur refus de l’Europe unie est-il le bon moyen d’y parven
4040
me j’ai bien des raisons de le croire, leur refus
de
l’Europe unie est-il le bon moyen d’y parvenir ? Ils savent aussi bie
4041
, leur refus de l’Europe unie est-il le bon moyen
d’
y parvenir ? Ils savent aussi bien que vous et moi que la faiblesse, e
4042
la faiblesse, en général, n’est pas une assurance
de
paix. Elle n’a point protégé la Belgique, ni la Hollande, ni le Danem
4043
ne double tentation : l’un des empires sera tenté
de
nous occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’est pas forcémen
4044
n des empires sera tenté de nous occuper, l’autre
de
nous unir à sa façon, qui n’est pas forcément la nôtre. Examinons le
4045
n’est pas forcément la nôtre. Examinons le second
de
ces cas. Je ne suis pas dans les secrets de la Maison-Blanche. On peu
4046
econd de ces cas. Je ne suis pas dans les secrets
de
la Maison-Blanche. On peut imaginer — non sans quelque délire — que l
4047
délire — que le plan Marshall ait été le complot
d’
un sombre impérialisme destiné à ruiner l’Europe en ayant l’air de la
4048
rialisme destiné à ruiner l’Europe en ayant l’air
de
la nourrir. Mais alors, ce fameux plan Marshall serait un formidable
4049
lan Marshall serait un formidable échec. Car l’un
de
ses résultats les plus frappants, c’est qu’il a permis à l’Europe de
4050
s plus frappants, c’est qu’il a permis à l’Europe
de
diminuer son déficit dollar d’environ 7 milliards et demi de francs s
4051
permis à l’Europe de diminuer son déficit dollar
d’
environ 7 milliards et demi de francs suisses l’an dernier. Autant de
4052
son déficit dollar d’environ 7 milliards et demi
de
francs suisses l’an dernier. Autant de gagné pour notre indépendance.
4053
ds et demi de francs suisses l’an dernier. Autant
de
gagné pour notre indépendance. Autant de perdu pour tout impérialisme
4054
. Autant de gagné pour notre indépendance. Autant
de
perdu pour tout impérialisme supposé. D’autre part, je constate que l
4055
, je constate que les États-Unis décident l’envoi
de
nouvelles troupes en Europe. Ils se sentent donc contraints d’interve
4056
troupes en Europe. Ils se sentent donc contraints
d’
intervenir dans la mesure exacte où nous sommes incapables d’assurer n
4057
r dans la mesure exacte où nous sommes incapables
d’
assurer notre propre défense. Or le moyen d’assurer cette défense sera
4058
ables d’assurer notre propre défense. Or le moyen
d’
assurer cette défense serait évidemment de nous fédérer. Ceux qui redo
4059
e moyen d’assurer cette défense serait évidemment
de
nous fédérer. Ceux qui redoutent l’emprise américaine devraient donc,
4060
faiblesse évidente ? Manifester contre le voyage
d’
un général américain ne résout pas le problème d’une manière positive.
4061
d’un général américain ne résout pas le problème
d’
une manière positive. Il faudrait au moins se déclarer en faveur d’une
4062
ne peut pas être à la fois contre l’intervention
de
l’Amérique, et contre l’union de l’Europe, qui rendrait cette aide in
4063
e l’intervention de l’Amérique, et contre l’union
de
l’Europe, qui rendrait cette aide inutile. Vouloir l’Europe désunie,
4064
dre en charge l’Europe occidentale, à l’exception
de
la Suisse et de la Suède, neutres et armées. C’est provoquer ce que l
4065
Europe occidentale, à l’exception de la Suisse et
de
la Suède, neutres et armées. C’est provoquer ce que l’on redoute si f
4066
rsiste à demander, pour ma part, l’union fédérale
de
l’Europe, seul gage sérieux de notre indépendance militaire, et par s
4067
, l’union fédérale de l’Europe, seul gage sérieux
de
notre indépendance militaire, et par suite politique, à l’égard de l’
4068
suite politique, à l’égard de l’Ouest autant que
de
l’Est. Sans notre indépendance, il n’y aura pas de paix. Si vous voul
4069
e l’Est. Sans notre indépendance, il n’y aura pas
de
paix. Si vous voulez la paix, il faut vouloir l’Europe ! Au revoir, c
4070
, et à lundi prochain, pour ma dernière chronique
de
cette série.
4071
endant deux ans, je vous ai parlé à ce micro près
d’
une centaine de fois, sur un sujet unique : l’Europe qu’il nous faut f
4072
, je vous ai parlé à ce micro près d’une centaine
de
fois, sur un sujet unique : l’Europe qu’il nous faut faire, l’Europe
4073
isable, je n’en dirai pas autant des possibilités
d’
un chroniqueur qui circule constamment d’un bout de l’Europe à l’autre
4074
ibilités d’un chroniqueur qui circule constamment
d’
un bout de l’Europe à l’autre, et ne s’arrange souvent que par miracle
4075
’un chroniqueur qui circule constamment d’un bout
de
l’Europe à l’autre, et ne s’arrange souvent que par miracle pour attr
4076
attraper au passage un micro, soucieux qu’il est
de
tenir sa promesse d’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction
4077
un micro, soucieux qu’il est de tenir sa promesse
d’
« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction de voix, un retard su
4078
’« au revoir, à lundi prochain ! » Une extinction
de
voix, un retard survenu au cours d’un long voyage, comme ces derniers
4079
ne extinction de voix, un retard survenu au cours
d’
un long voyage, comme ces derniers lundis, et voilà le rendez-vous man
4080
our tout, dit l’Ecclésiaste, un temps pour parler
de
l’Europe et un temps pour la faire dans le concret ; un temps pour po
4081
s pour poser les problèmes, un temps pour essayer
de
les résoudre. Le Centre européen de la culture, que je dirige à Genèv
4082
n de la culture, que je dirige à Genève, est l’un
de
ces efforts de réalisation. J’espère pouvoir bientôt revenir vous en
4083
, que je dirige à Genève, est l’un de ces efforts
de
réalisation. J’espère pouvoir bientôt revenir vous en parler, avec qu
4084
mais c’est une autre histoire. Puis-je vous prier
de
garder une oreille là-dessus ? Ce soir, en guise d’adieu ou d’au revo
4085
oreille là-dessus ? Ce soir, en guise d’adieu ou
d’
au revoir, je vaudrais passer en revue les quelques idées simples qui
4086
idé mes chroniques. Et ceci me donnera l’occasion
d’
une mise au point urgente sur la question de la neutralité suisse. Mon
4087
asion d’une mise au point urgente sur la question
de
la neutralité suisse. Mon premier thème, le plus constant et le plus
4088
hesses, humaines et matérielles, nos 300 millions
d’
habitants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe est
4089
lles, nos 300 millions d’habitants, notre pouvoir
de
création. Cette faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause d’e
4090
tants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse
de
l’Europe est anormale. C’est à cause d’elle qu’une guerre reste possi
4091
faiblesse de l’Europe est anormale. C’est à cause
d’
elle qu’une guerre reste possible, mais d’autre part, elle serait surm
4092
union. Faire l’Europe, c’est donc faire la paix.
De
ce thème général de mes chroniques, certains totalitaires ont cru pou
4093
pe, c’est donc faire la paix. De ce thème général
de
mes chroniques, certains totalitaires ont cru pouvoir déduire que j’é
4094
viron 2 % des voix, et qu’ils traitent couramment
d’
exploiteurs et de bellicistes frénétiques les 98 % qui votent contre e
4095
x, et qu’ils traitent couramment d’exploiteurs et
de
bellicistes frénétiques les 98 % qui votent contre eux dans notre peu
4096
e un va-t-en-guerre. Mon deuxième thème fut celui
de
l’opinion, la vraie, celle qui s’exprime au vote secret. Je vous ai d
4097
hommes politiques, la grande presse et les radios
d’
État prétendent que tout le monde pense, sans avoir fait une enquête p
4098
que l’Europe se ferait seulement par la pression
de
cette opinion vraie, — opinion que j’ai tenté d’informer selon mes mo
4099
de cette opinion vraie, — opinion que j’ai tenté
d’
informer selon mes modestes moyens, c’est-à-dire, 6 minutes par semain
4100
dans cette action. En troisième lieu, j’ai tenté
d’
illustrer nos libertés réelles en Occident, celles que nous possédons
4101
celles que nous possédons en fait, comme le droit
de
circuler, le droit de grève, le droit de changer de bureau ou d’ateli
4102
ons en fait, comme le droit de circuler, le droit
de
grève, le droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit d’opposit
4103
le droit de circuler, le droit de grève, le droit
de
changer de bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et de critique,
4104
circuler, le droit de grève, le droit de changer
de
bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et de critique, le droit d
4105
droit de grève, le droit de changer de bureau ou
d’
atelier, le droit d’opposition et de critique, le droit de s’exprimer
4106
droit de changer de bureau ou d’atelier, le droit
d’
opposition et de critique, le droit de s’exprimer sans risquer aussitô
4107
de bureau ou d’atelier, le droit d’opposition et
de
critique, le droit de s’exprimer sans risquer aussitôt le camp de con
4108
r, le droit d’opposition et de critique, le droit
de
s’exprimer sans risquer aussitôt le camp de concentration ou de réédu
4109
droit de s’exprimer sans risquer aussitôt le camp
de
concentration ou de rééducation. Et je n’ai pas défendu nos libertés
4110
sans risquer aussitôt le camp de concentration ou
de
rééducation. Et je n’ai pas défendu nos libertés parce que je les ten
4111
Mais, telles qu’elles sont, elles nous permettent
de
lutter librement pour les rendre meilleures, pour les étendre au plus
4112
ge des progrès à venir. Elles sont le grand atout
de
notre Europe. Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous
4113
tout de notre Europe. Si nous devenons conscients
de
ce trésor immense, nous reprendrons espoir pour l’Europe et la paix.
4114
. En quatrième lieu, j’ai dénoncé l’ennemi intime
de
notre union : le pessimisme européen. Et je me suis efforcé de vous m
4115
n : le pessimisme européen. Et je me suis efforcé
de
vous montrer qu’en dépit de cette apathie, héritage de la guerre ou p
4116
us montrer qu’en dépit de cette apathie, héritage
de
la guerre ou produit de la peur, des hommes travaillent de tous côtés
4117
e cette apathie, héritage de la guerre ou produit
de
la peur, des hommes travaillent de tous côtés à la fédération du cont
4118
rre ou produit de la peur, des hommes travaillent
de
tous côtés à la fédération du continent, et non seulement par la paro
4119
a parole et par l’écrit, mais par toute une série
d’
actions pratiques ; non seulement par le Parlement de Strasbourg et pa
4120
ctions pratiques ; non seulement par le Parlement
de
Strasbourg et par des publications multipliées, mais par le moyen du
4121
multipliées, mais par le moyen du plan Schumann,
de
l’Union des paiements, du plan Pleven, du Plan vert pour l’agricultur
4122
Plan vert pour l’agriculture, du Centre culturel
de
Genève, du Laboratoire européen de physique nucléaire, ou encore d’un
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entre culturel de Genève, du Laboratoire européen
de
physique nucléaire, ou encore d’une récente Union européenne du ciném
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ratoire européen de physique nucléaire, ou encore
d’
une récente Union européenne du cinéma. Je me suis gardé comme du feu
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inéma. Je me suis gardé comme du feu des procédés
de
la propagande moderne. La propagande cherche à priver les hommes de l
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oderne. La propagande cherche à priver les hommes
de
leur libre examen, de leur esprit critique. J’ai cherché, au contrair
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cherche à priver les hommes de leur libre examen,
de
leur esprit critique. J’ai cherché, au contraire, à vous mettre en pr
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yers, tous seuls ou en famille. Cette familiarité
de
la radio est précieuse. Si le chroniqueur l’a comprise, il doit s’int
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doit s’interdire l’éloquence et parler simplement
d’
homme à homme. C’est le contraire de la propagande et des hurlements h
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er simplement d’homme à homme. C’est le contraire
de
la propagande et des hurlements hitlériens. Enfin, j’ai soulevé plusi
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soulevé plusieurs fois le problème des relations
de
la Suisse avec le Conseil de l’Europe. Problème à coup sûr délicat, p
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icat, puisqu’il se trouve lié, pour nous, à celui
de
la neutralité. Aussi bien ne l’ai-je pas tranché, quoi qu’on en dise.
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me en trois phrases mes arguments : 1. L’adhésion
de
la Suisse neutre au Conseil de l’Europe, si elle se révélait possible
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lle se révélait possible, présenterait l’avantage
d’
accentuer le caractère pacifique de l’institution de Strasbourg. 2. La
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ait l’avantage d’accentuer le caractère pacifique
de
l’institution de Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle de la Su
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accentuer le caractère pacifique de l’institution
de
Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle de la Suisse n’est pas co
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on de Strasbourg. 2. La neutralité traditionnelle
de
la Suisse n’est pas comprise par les Américains, n’est pas crue par l
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par les Russes, et ne dépend plus, comme naguère,
de
l’équilibre européen : elle est donc en fait discutée à l’étranger. 3
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er avec des arguments solides et actuels. Refuser
d’
en parler n’est pas un argument. L’argument de l’autruche n’a rien de
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ser d’en parler n’est pas un argument. L’argument
de
l’autruche n’a rien de patriotique. Je demandais donc l’ouverture d’u
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as un argument. L’argument de l’autruche n’a rien
de
patriotique. Je demandais donc l’ouverture d’un débat. Un point, c’es
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ien de patriotique. Je demandais donc l’ouverture
d’
un débat. Un point, c’est tout. Sur quoi, aux deux extrêmes de l’opini
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Un point, c’est tout. Sur quoi, aux deux extrêmes
de
l’opinion publique, ce fut un beau tollé, puis un étrange accord de c
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que, ce fut un beau tollé, puis un étrange accord
de
cris d’indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce
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fut un beau tollé, puis un étrange accord de cris
d’
indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce que j’av
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range accord de cris d’indignation ! Un me traita
d’
ennemi de notre neutralité parce que j’avais demandé qu’on en revoie l
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ord de cris d’indignation ! Un me traita d’ennemi
de
notre neutralité parce que j’avais demandé qu’on en revoie les bases.
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is demandé qu’on en revoie les bases. Et beaucoup
d’
auditeurs m’invitèrent à me défendre. Mais devant de micro, je dois me
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auditeurs m’invitèrent à me défendre. Mais devant
de
micro, je dois me limiter à cette très simple mise au point. Je ne pu
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erait injuste, car la radio atteint des centaines
de
milliers d’auditeurs, qui pratiquement ne peuvent pas lire les articl
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e, car la radio atteint des centaines de milliers
d’
auditeurs, qui pratiquement ne peuvent pas lire les articles des journ
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e les articles des journaux en question. Le texte
de
mes émissions a paru dans deux périodiques suisses, en allemand et en
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hacun peut donc s’y reporter. Aux attaques venues
de
la droite, j’opposerai la brochure récente d’un conservateur catholiq
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ues de la droite, j’opposerai la brochure récente
d’
un conservateur catholique, Gonzague de Reynold, qui se trouve souteni
4155
aques des totalitaires, je n’opposerai que le mot
d’
un de mes amis : je suis un libéral, dit-il, donc toujours prêt à disc
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des totalitaires, je n’opposerai que le mot d’un
de
mes amis : je suis un libéral, dit-il, donc toujours prêt à discuter
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ne. Chers auditeurs, il me reste à vous remercier
de
votre fidélité à l’écoute pendant deux ans, des innombrables messages
4158
s messages que vous m’avez envoyés, non seulement
de
Suisse, mais de presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Ba
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ous m’avez envoyés, non seulement de Suisse, mais
de
presque tous les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cher
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eulement de Suisse, mais de presque tous les pays
de
l’Europe, de Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du f
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uisse, mais de presque tous les pays de l’Europe,
de
Copenhague à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’Afri
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les pays de l’Europe, de Copenhague à Barcelone,
de
Cherbourg à Brindisi, et du fond de l’Afrique. Messages de sympathie
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à Barcelone, de Cherbourg à Brindisi, et du fond
de
l’Afrique. Messages de sympathie pour la cause que je défends, qui n’
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urg à Brindisi, et du fond de l’Afrique. Messages
de
sympathie pour la cause que je défends, qui n’est pas une cause polit
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au sens étroit du mot, qui n’est pas une affaire
de
partis, de confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civi
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roit du mot, qui n’est pas une affaire de partis,
de
confession ou de nations, mais qui est la cause d’une civilisation et
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n’est pas une affaire de partis, de confession ou
de
nations, mais qui est la cause d’une civilisation et de sa grande pat
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e confession ou de nations, mais qui est la cause
d’
une civilisation et de sa grande patrie continentale, la cause même de
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ions, mais qui est la cause d’une civilisation et
de
sa grande patrie continentale, la cause même de la paix, et de sa con
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t de sa grande patrie continentale, la cause même
de
la paix, et de sa condition première : la liberté. Si mes chroniques,
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patrie continentale, la cause même de la paix, et
de
sa condition première : la liberté. Si mes chroniques, pendant deux a
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mes chroniques, pendant deux ans, n’ont rien fait
d’
autre que de poser pour vous le problème de l’Europe et de son union n
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es, pendant deux ans, n’ont rien fait d’autre que
de
poser pour vous le problème de l’Europe et de son union nécessaire, c
4174
n fait d’autre que de poser pour vous le problème
de
l’Europe et de son union nécessaire, c’est assez, vous jugerez, vous
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que de poser pour vous le problème de l’Europe et
de
son union nécessaire, c’est assez, vous jugerez, vous agirez vous-mêm