1 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe en marche (21 février 1949)
1 ajouterai bien sûr, mes prévisions du temps, — de notre temps, valables jusqu’au jour où sera proclamée la fédération de l’Eu
2 re quand ils se passent et se composent autour de nous , de jour en jour. Vous savez que depuis deux ans, des groupes et des
3 serment des Trois Suisses, ou la constitution de notre État il y a cent ans. Le premier de ces résultats portera vraisemblab
4 es résultats portera vraisemblablement la date de notre année 1949. Et ce sera la convocation d’un parlement consultatif de l
5 je commenterai cette décision sans précédent dans notre histoire. Ce soir, je voudrais simplement vous dire en quelques mots,
6 uelques mots, pourquoi l’Europe se fait, pourquoi nous devons tous vouloir la confédération européenne. Voici la situation,
7 es mots, pourquoi l’Europe se fait, pourquoi nous devons tous vouloir la confédération européenne. Voici la situation, dans se
8 colosses sont en train de s’observer, par-dessus nos têtes. Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclamen
9 damental, et que personne ne peut nier : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
10 ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
11 pose l’économie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses
12 pour en faire une nouvelle… Mais aussi tout cela nous conduit, avec la force même de l’évidence, vers une seule et unique s
13 l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver chacun de nos pays, il nous faut commencer par les uni
14 unique solution. Si nous voulons sauver chacun de nos pays, il nous faut commencer par les unir ; et si nous voulons sauver
15 on. Si nous voulons sauver chacun de nos pays, il nous faut commencer par les unir ; et si nous voulons sauver la paix, il n
16 pays, il nous faut commencer par les unir ; et si nous voulons sauver la paix, il nous faut d’abord faire l’Europe, c’est-à-
17 les unir ; et si nous voulons sauver la paix, il nous faut d’abord faire l’Europe, c’est-à-dire la troisième puissance, qui
18 dire : « Je veux une Europe désunie ! Je veux que nos pays s’effondrent un à un, en toute souveraineté nationale, qu’ils se
19 ve. En attendant, c’est plutôt un cauchemar qu’on nous prépare. Déjà les maréchaux s’installent et tirent leurs plans… La Ru
20 et prépare un Pacte Atlantique qui peut fort bien nous entraîner un jour à la guerre dans le Pacifique. Nous en sommes là… I
21 entraîner un jour à la guerre dans le Pacifique. Nous en sommes là… Il s’agit donc de répondre très vite à cette double que
22 n fait jusqu’ici pour fédérer l’Europe ? qu’avons- nous le temps de faire encore, — avec quelles forces ?   Je vous dirai, ch
23 xelles. a. Première chronique, sans date. Selon nos recoupements, elle a été diffusée le lundi 21 février 1949. L’auteur
2 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Conseil international du Mouvement européen (25 février 1949)
24 ’espérance sur fond de paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement européen réunit pour la première fois son conseil internati
25 es pendant la guerre, — et cette comparaison peut nous donner à réfléchir. Car chacun de nos congrès européens est une batai
26 aison peut nous donner à réfléchir. Car chacun de nos congrès européens est une bataille, un bombardement de l’opinion — po
27 enfin et surtout, contre toutes les fatalités qui nous préparent irrésistiblement une nouvelle guerre si personne ne fait ri
28 pour affirmer que l’Europe fédérée non seulement doit mais peut fonder la paix. De quoi s’agit-il à Bruxelles ? Au Congrès
29 l à Bruxelles ? Au Congrès de l’Europe à La Haye, nous étions 800 délégués représentant une quantité de mouvements sans lien
30 ie, elle est en voie de réalisation. Depuis lors, nous avons travaillé à fédérer tous nos mouvements, à leur donner l’unité
31 Depuis lors, nous avons travaillé à fédérer tous nos mouvements, à leur donner l’unité nécessaire pour que leurs dirigeant
32 ion chuchotée d’autres pays… Dans toute l’Europe, nous avons constitué des conseils nationaux du Mouvement. Et chacun a délé
33 es autres, d’un conseil beaucoup plus restreint —  nous ne sommes que 30 délégués — , d’un conseil qui sera désormais l’organ
34 nt les noms des quatre présidents que s’est donné notre Mouvement européen : Winston Churchill, Léon Blum, Paul-Henri Spaak,
35 européen, le réaliste qu’il fallait pour défendre notre idéal. Vous allez entendre, dans quelques instants, en quels termes l
36 remier [ministre] belge a inauguré les travaux de notre conseil. c. Titre rajouté par nous pour cette édition numérique. d
37 travaux de notre conseil. c. Titre rajouté par nous pour cette édition numérique. d. Émission retransmise depuis Bruxell
3 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Assemblée européenne (27 février 1949)
38 es enthousiasmes et des passions qui parcouraient nos rangs à La Haye et à Rome. On sentait que nous étions réunis pour tra
39 ent nos rangs à La Haye et à Rome. On sentait que nous étions réunis pour travailler et pour organiser, et que les discours
40 es voix qui deviennent la voix de l’Europe. Hier, nos débats se sont portés sur la question de l’Assemblée européenne. Comm
41 maintenant d’exploiter ce premier grand succès de notre mouvement. Il s’agit maintenant pour nous de peser sur les décisions
42 cès de notre mouvement. Il s’agit maintenant pour nous de peser sur les décisions imminentes des ministères et des parlement
43 ions imminentes des ministères et des parlements. Nous voulons en effet que l’Assemblée soit beaucoup plus qu’un simple corp
44 oit beaucoup plus qu’un simple corps consultatif. Nous voulons qu’elle soit dès le départ un grand symbole de l’unité conféd
45 rand symbole de l’unité confédérale pour laquelle nous luttons. Nous voulons que la voix des peuples y retentisse, couvrant
46 e l’unité confédérale pour laquelle nous luttons. Nous voulons que la voix des peuples y retentisse, couvrant les voix prude
47 entes et parfois timorées des égoïsmes officiels. Nous voulons, en un mot, que l’Assemblée européenne ne soit pas une demi-m
48 uropéen. Ce n’est pas sans une joie profonde que, nous autres fédéralistes, voyons nos thèses progresser de jour en jour au
49 ie profonde que, nous autres fédéralistes, voyons nos thèses progresser de jour en jour au sein du Conseil de Bruxelles. Ce
50 r en jour au sein du Conseil de Bruxelles. Ce que nous sommes en train d’obtenir peut se résumer en trois points : 1. Nous a
51 in d’obtenir peut se résumer en trois points : 1. Nous avons fait admettre la représentation, au sein de l’Assemblée, des fo
52 l’Assemblée, des forces vives, non politiques, de nos pays, siégeant sur pied d’égalité avec les délégués des parlements. 2
53 ed d’égalité avec les délégués des parlements. 2. Nous proposons que des sièges soient réservés aux pays de l’Est, sièges vi
54 ce vide sera le symbole éloquent non seulement de notre sympathie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’Europe intégr
55 éloquent non seulement de notre sympathie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’Europe intégrale, et cela veut dire q
56 ment de notre sympathie mais de notre espoir, car nous luttons pour l’Europe intégrale, et cela veut dire que jamais nous n’
57 l’Europe intégrale, et cela veut dire que jamais nous n’abandonnerons à leur sort nos frères de l’Est, ceux qui luttent en
58 dire que jamais nous n’abandonnerons à leur sort nos frères de l’Est, ceux qui luttent en silence. 3. Et troisièmement, no
59 ceux qui luttent en silence. 3. Et troisièmement, nous insistons pour que l’action sur les gouvernements se double immédiate
60 l’Europe, afin que les masses soient associées à nos efforts, et les portent au sommet d’un élan unanime. Si nous gagnons
61 s, et les portent au sommet d’un élan unanime. Si nous gagnons sur ces trois points — et nous sommes en bon train de gagner
62 nanime. Si nous gagnons sur ces trois points — et nous sommes en bon train de gagner — , nous pourrons répéter ces mots que
63 oints — et nous sommes en bon train de gagner — , nous pourrons répéter ces mots que Churchill prononça d’une voix tonitruan
64 ai deux nouvelles : Ce matin, en séance plénière, notre conseil s’est donné un président de séance pour une année sur la pers
65 revoir, à lundi prochain ! e. Titre rajouté par nous pour cette édition numérique. f. Émission retransmise directement de
4 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « La paix, la paix ! » (7 mars 1949)
66 imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays, c’est en effet créer la seule puissance capable d’exiger la pai
67 pars pour Bruxelles, au Conseil international de notre Mouvement européen. Et nous nous sommes mis au travail pour faire l’E
68 eil international de notre Mouvement européen. Et nous nous sommes mis au travail pour faire l’Europe, pour faire la paix. E
69 nternational de notre Mouvement européen. Et nous nous sommes mis au travail pour faire l’Europe, pour faire la paix. Et dim
70 faire la paix. Et dimanche dernier, interrompant nos travaux pendant l’après-midi, nous avons convoqué la population de Br
71 r, interrompant nos travaux pendant l’après-midi, nous avons convoqué la population de Bruxelles sur la place de la Bourse,
72 ation de Bruxelles sur la place de la Bourse, car nous voulions crier aux masses, sur tous les tons, et en trois langues : «
73 les tons, et en trois langues : « Venez tous avec nous , travaillons tous ensemble à fédérer l’Europe, pour assurer la paix. 
74 r la paix. » Mais voici qu’à chaque fois qu’un de nos orateurs s’avançait devant le micro, quelques groupes dans la foule s
75 le se mettaient à hurler, et tâchaient de couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler de la paix, et ils criaient : « L
76 aient à hurler, et tâchaient de couvrir nos voix. Nous étions venus pour parler de la paix, et ils criaient : « La paix, la
77 paix, et ils criaient : « La paix, la paix » pour nous empêcher d’en parler. C’est ainsi que pendant deux heures s’est pours
78 . En vérité, ils n’ont servi qu’à la publicité de nos travaux, dont ils n’ont pas troublé le cours ni modifié les résultats
79 x, et même de grave. Il y a la grande tragédie de notre Europe. Il y a ce fait que plus personne ne croit, ou ne peut croire,
80 e plus personne ne croit, ou ne peut croire, dans notre Europe, à la bonne foi de l’adversaire. Quand on en est arrivé là — q
81 rre, contre les Russes au service des Américains. Nous voyons le monde divisé en deux camps, et nous voyons l’Europe menacée
82 ns. Nous voyons le monde divisé en deux camps, et nous voyons l’Europe menacée de ruine totale par la guerre entre ces deux
83 la guerre entre ces deux camps. Géographiquement, nous sommes tout près de la Russie. Moralement nous sommes beaucoup plus p
84 t, nous sommes tout près de la Russie. Moralement nous sommes beaucoup plus près de l’Amérique, voilà le fait. Mais c’est un
85 de avec une angoisse grandissante : « Que pouvons- nous faire pour empêcher cette guerre ? » La réponse est simple : nous ne
86 empêcher cette guerre ? » La réponse est simple : nous ne pouvons rien faire, dans l’état de division où nous sommes. Il fau
87 ne pouvons rien faire, dans l’état de division où nous sommes. Il faut donc nous unir pour nous mettre en mesure de nous opp
88 s l’état de division où nous sommes. Il faut donc nous unir pour nous mettre en mesure de nous opposer à la guerre. Tout le
89 ision où nous sommes. Il faut donc nous unir pour nous mettre en mesure de nous opposer à la guerre. Tout le monde devrait ê
90 faut donc nous unir pour nous mettre en mesure de nous opposer à la guerre. Tout le monde devrait être d’accord là-dessus. E
91 mesure de nous opposer à la guerre. Tout le monde devrait être d’accord là-dessus. Et en effet, tout le monde est d’accord, sau
92 montée par les Américains contre l’URSS. Qu’avons- nous à répondre à cela, nous les fédéralistes ? Nous avons à répondre deux
93 s contre l’URSS. Qu’avons-nous à répondre à cela, nous les fédéralistes ? Nous avons à répondre deux choses : 1. La fédérati
94 s-nous à répondre à cela, nous les fédéralistes ? Nous avons à répondre deux choses : 1. La fédération de l’Europe peut seul
95 1. La fédération de l’Europe peut seule garantir notre indépendance réelle à l’égard des États-Unis. Car, si nous ne savons
96 pendance réelle à l’égard des États-Unis. Car, si nous ne savons pas nous fédérer librement, bâtir librement une Europe soli
97 ’égard des États-Unis. Car, si nous ne savons pas nous fédérer librement, bâtir librement une Europe solide et prospère, c’e
98 nt une Europe solide et prospère, c’est alors que nous serons contraints de confier notre défense aux Américains et de nous
99 c’est alors que nous serons contraints de confier notre défense aux Américains et de nous mettre en tutelle les uns après les
100 nts de confier notre défense aux Américains et de nous mettre en tutelle les uns après les autres. Faute d’une fédération li
101 res. Faute d’une fédération librement constituée, nous n’aurons plus qu’une solution possible : signer le pacte militaire, n
102 , ce pacte dit de l’Atlantique pourrait fort bien nous entraîner un jour à une guerre dans le Pacifique… 2. Une Europe unie,
103 es communistes veulent sincèrement la paix, comme nous la voulons, ils doivent souhaiter avec nous l’établissement rapide d’
104 t sincèrement la paix, comme nous la voulons, ils doivent souhaiter avec nous l’établissement rapide d’une fédération européenn
105 comme nous la voulons, ils doivent souhaiter avec nous l’établissement rapide d’une fédération européenne, qui serait la gar
106 fédération européenne, qui serait la garantie de notre indépendance. Si toutefois ils persistent à mettre en doute nos inten
107 ce. Si toutefois ils persistent à mettre en doute nos intentions, nous serons en droit de leur demander : quelle autre solu
108 ils persistent à mettre en doute nos intentions, nous serons en droit de leur demander : quelle autre solution nous offrez-
109 en droit de leur demander : quelle autre solution nous offrez-vous, qui soit immédiatement praticable, et qui n’entraîne pas
110 emeurer neutre, mais non pas isolationniste, elle doit vouloir l’Europe indépendante, l’Europe sans pactes militaires, c’est
111 ne, pas de précipitations… g. Titre rajouté par nous pour cette édition numérique.
5 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Cour suprême européenne (14 mars 1949)
112 ors du Congrès de l’UEF, le comte Sforza est venu nous parler de ce qui lui tient le plus à cœur : la fédération de l’Europe
113 itique : de tous les hommes d’État au pouvoir, de nos jours, c’est lui qui a eu la carrière la plus longue. Quel conseil av
114 carrière la plus longue. Quel conseil avait-il à nous donner ? Nous pouvons le résumer, comme il l’a fait lui-même, en quel
115 lus longue. Quel conseil avait-il à nous donner ? Nous pouvons le résumer, comme il l’a fait lui-même, en quelques mots. Il
116 fait lui-même, en quelques mots. Il est un point, nous a-t-il dit, sur lequel, vous fédéralistes, vous ne devrez jamais tran
117 -t-il dit, sur lequel, vous fédéralistes, vous ne devrez jamais transiger. De toutes vos forces, sans compromis et sans relâch
118 que vous êtes un criminel : cela se produit sous nos yeux, de nos jours, dans les pays où l’État souverain prend au sérieu
119 s un criminel : cela se produit sous nos yeux, de nos jours, dans les pays où l’État souverain prend au sérieux sa souverai
120 oit de déclarer la guerre, et de forcer chacun de nous à la faire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie et de
121 e nous à la faire, c’est-à-dire qu’il possède sur nous le droit de vie et de mort, et cela sans appel. S’il veut la guerre,
122 en train de vivre, de réussir, cela se verrait : Nous n’en serions pas où nous sommes, c’est-à-dire à nous préparer pour la
123 ussir, cela se verrait : Nous n’en serions pas où nous sommes, c’est-à-dire à nous préparer pour la troisième dernière, à la
124 s n’en serions pas où nous sommes, c’est-à-dire à nous préparer pour la troisième dernière, à la demande générale. Pourquoi
125 bunal de ce genre que le Conseil international de notre Mouvement européen a décidé de proposer, dans sa séance toute récente
126 tille des sacro-saintes souverainetés nationales. Notre projet sera soumis bientôt aux États et aux parlements. S’il se voit
127 r les arrêts de la Cour suprême. Cela viendra, si nous savons le vouloir, et si toute l’opinion nous appuie. En attendant, l
128 si nous savons le vouloir, et si toute l’opinion nous appuie. En attendant, les représentants de la France, de la Grande-Br
129 légère mais continue : à l’Est et sur le front de nos adversaires, nébulosité variable à très forte. Un peu de précipitatio
6 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le pacte de l’Atlantique et la fédération européenne (21 mars 1949)
130 eu le temps de consulter tous les porte-parole de nos mouvements. Je vais vous dire mon opinion privée, que je crois d’aill
131 c, en principe : Un pour tous, tous pour un. Ceci nous rappelle quelque chose, un autre pacte, celui qui fonda la Suisse il
132 idée. Le langage diffère, à vrai dire, car hélas, nos légistes modernes ont perdu le secret du beau style énergique. Mais c
133 deux traités qui, décidément, n’est pas le même. Notre pacte du 1er août s’ouvrait par cette invocation : Au nom du Seigneu
134 toisie comme un hommage que le réalisme politique doit rendre officiellement à l’idéal ? A-t-on jugé prudent de remplacer ce
135 x divisions, — je dis deux, en tout et pour tout. Nous comprenons la gêne des cercles officiels devant cette grande alliance
136 ar ses bonnes intentions le pacte de l’Atlantique nous donne des raisons de plus — s’il en fallait ! — de vouloir une Europe
137 onde la signature prochaine du pacte peut couvrir notre voix pendant quelques semaines : il n’arrêtera pas notre action. Il n
138 oix pendant quelques semaines : il n’arrêtera pas notre action. Il nous dit au contraire : « Hâtez-vous ! car vous tenez peut
139 ues semaines : il n’arrêtera pas notre action. Il nous dit au contraire : « Hâtez-vous ! car vous tenez peut-être dans vos m
140 e la paix ! » Quant à mes prévisions du temps, de notre temps, je ne puis que répéter ce soir le commentaire curieusement sym
7 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Conseil de l’Europe (28 mars 1949)
141 ntants de dix nations se sont réunis ce matin, et nous saurons peut-être en fin de semaine, les résultats de leurs travaux.
142 qu’une telle négociation, qui engage l’avenir de notre Europe, se poursuive à huis clos, et sans la moindre publicité. Il se
143 is de mai 1948, il y a donc un peu moins d’un an, nous avons convoqué un Congrès de l’Europe avec l’appui des organisations
144 nvocation d’une Assemblée européenne. Le 18 août, nos délégués remettaient aux cinq puissances signataires du pacte de Brux
145 du pacte de Bruxelles un Mémorandum détaillé sur notre projet d’Assemblée. Le même jour, ces propositions se voyaient accept
146 difficultés, c’est leur métier, et ils entendent nous le faire sentir. Mais il arrive qu’ils manquent d’une vision claire e
147 des grandes nécessités de l’heure : or celles-ci nous commandent de faire l’Europe, et de la faire à n’importe quel prix. M
148 t de la faire à n’importe quel prix. Mais gardons- nous aussi d’un excès de pessimisme. Car si l’on doit prévoir que le comit
149 -nous aussi d’un excès de pessimisme. Car si l’on doit prévoir que le comité de Londres va limiter autant que possible le rô
150 rôle du futur parlement européen, le fait est que nous aurons tout de même un parlement. Et l’on ne voit pas ce qui retiendr
151 ent, vers la fédération totale de l’Europe. Qu’on nous donne l’assemblée sous n’importe quelle forme, et l’opinion publique
152 Mouvement européen se prépare à lancer dans tous nos pays libres une campagne de grande envergure, afin que les masses se
153 nent aux élites pour dire au Parlement européen : nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre cir
154 irculation des hommes, des idées et des biens. Et nous voulons cela, parce que l’Europe unie sera seule assez forte pour arr
155 le assez forte pour arrêter la guerre et défendre nos libertés ! Voici encore mes prévisions du temps valables jusqu’à lund
8 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « Une idée généreuse » ? (4 avril 1949)
156 bourg. Cet événement, si lourd d’avenir pour tous nos peuples, a fait peu de bruit jusqu’ici. Le grand public ignore souven
157 ’histoire, plus tard, se chargeront d’apprendre à nos enfants — les pauvres ! J’ajouterai que le grand public ignore encore
158 ie ou de la mort d’une civilisation. Fédérer tous nos peuples encore libres, les fédérer à la dernière minute, pour empêche
159 a dernière minute, pour empêcher la guerre, c’est notre seule chance de salut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de
160 aider. D’autres me disent : d’accord, essayons de nous fédérer. Mais cela va prendre au moins cent ans ! Je réponds que l’Eu
161 parce que la guerre n’attendra pas cent ans pour nous atomiser jusqu’à la moelle des os, — si nous restons les bras ballant
162 pour nous atomiser jusqu’à la moelle des os, — si nous restons les bras ballants. Mais il est une phrase, entre toutes, que
163 ndue 365 fois depuis un an, et c’est celle-ci : «  Nous ne pouvons que souhaiter bonne chance aux courageux pionniers du fédé
164 une manière de dire : Allez-y ! Faites-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts, et nous vous rejoindrons, bien entendu,
165 -vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts, et nous vous rejoindrons, bien entendu, si par miracle vous gagnez ! Seulemen
166 u, si par miracle vous gagnez ! Seulement, voilà, nous ne gagnerons pas cette immense partie sans l’appui de l’opinion tout
167 sans votre appui, à vous aussi, chers auditeurs. Nous voulons bien gagner pour vous, mais pas sans vous ! Car il s’agit de
168 s vous ! Car il s’agit de votre vie à tous, et si nous perdons cette partie, si bien engagée aujourd’hui, ce n’est pas seule
169 ration… De tous côtés, on réclame des apôtres. On nous dit : assez de discours ! à l’action ! faites des gestes ! On a raiso
170 existe, dans toutes les villes européennes, dans nos villes suisses aussi, bien entendu, des groupes fédéralistes organisé
9 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Allemagne et l’Europe (11 avril 1949)
171 ous dis pour quelles raisons urgentes il faut que nos peuples se fédèrent. Car c’est le seul moyen qui nous reste : 1° d’éc
172 peuples se fédèrent. Car c’est le seul moyen qui nous reste : 1° d’échapper à la guerre ; 2° d’arrêter les Russes ; 3° de s
173 a guerre ; 2° d’arrêter les Russes ; 3° de sauver notre économie, sans nous laisser coloniser par l’Amérique. Ce soir, je par
174 er les Russes ; 3° de sauver notre économie, sans nous laisser coloniser par l’Amérique. Ce soir, je parlerai d’une 4e raiso
175 te et commence à revendiquer. Voici un peuple qui nous a donné Goethe et Hitler, la grande musique et les fours crématoires,
176 ’Europe et menace, directement ou non, chacune de nos vies. Deux fois repoussé, battu à plate couture, va-t-il encore une f
177 bolchéviques et les démocrates décadents : Jamais nous n’avons été nazis ! Heil Hitler ! » Que faire avec ce peuple qui se
178 nal-bolchévisme ? Et comment appuyer les amis que nous comptons en grand nombre, outre-Rhin, qui voient clair, et qui ont mi
179 gereux. Avant la guerre, les Allemands disaient : nous avons la plus grande armée du monde ! Aujourd’hui, ils gémissent : no
180 nde armée du monde ! Aujourd’hui, ils gémissent : nous avons la plus grande douleur du monde ! Leur maladie, c’est de vouloi
181 l’idée de l’Europe unie, c’est la fédération que nous voulons. Voilà pourquoi notre Mouvement européen vient de demander qu
182 st la fédération que nous voulons. Voilà pourquoi notre Mouvement européen vient de demander que l’Allemagne soit reçue à l’A
183 de l’Europe, dès cet automne, sur pied d’égalité. Nous saurons, d’ici peu, si les gouvernements comprennent toute la portée
10 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Pâques européennes (18 avril 1949)
184 urope ! — Pâques européennes (18 avril 1949) On nous avait promis un très bel œuf de Pâques pour cette année. On nous avai
185 is un très bel œuf de Pâques pour cette année. On nous avait laissés entendre que les statuts de l’Assemblée européenne sera
186 cela ne veut pas dire, comme dans la chanson, que nous ne verrons jamais rien venir : car l’élan est donné, le mouvement est
187 nt est en marche, et plus rien ne peut l’arrêter. Nous aurons certainement le Conseil de l’Europe, et l’Assemblée consultati
188 l aux propositions détaillées que les délégués de notre Mouvement lui soumettaient. Nous savons qu’elle les étudie. Puisse-t-
189 les délégués de notre Mouvement lui soumettaient. Nous savons qu’elle les étudie. Puisse-t-elle se laisser inspirer par ce t
190 eule chose, — l’avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui est celle-ci : les hommes d’
191 n nécessaire ? Il y a peu de grandes visions dans notre temps. Le souci des intérêts immédiats et surtout la peur de la guerr
192 ntérêts immédiats et surtout la peur de la guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’imaginer vraime
193 nante qui reste encore possible, et qui dépend de nous . Il y a très peu de grandes visions. J’en connais trois. Il y a celle
194 tion permanente, — et ceci tue cela, ce n’est pas notre faute, ni la faute de Garry Davis… Il y a enfin une troisième vision,
195 l’Europe où les frontières et les barrières entre nos peuples fondraient comme neige sous le soleil d’avril. Imaginez ce gr
196 les nations ne disparaîtraient pas davantage que nos cantons n’ont disparu en se fédérant, mais où les guerres entre natio
197 viendraient aussi impossibles que la guerre entre nos cantons. Imaginez ensuite cette grande Europe aussi décidée que la Su
198 essité de le gagner d’urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la paix du monde entier, alors le principal est
199 dre, et c’est ainsi qu’il trouva l’Amérique. Mais nous , quel continent nouveau allons-nous aborder demain ? Se peut-il que c
200 mérique. Mais nous, quel continent nouveau allons- nous aborder demain ? Se peut-il que ce soit tout simplement l’Europe, red
201 Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés, la Terre promise !
11 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’union de l’Europe et l’Amérique (25 avril 1949)
202 ussie ou de l’Amérique. Et de la sorte, chacun de nos pays verra ses forces décuplées, pour résister, d’une part, à la pres
203 font l’Histoire. Mais il ne faudrait pas qu’elle nous entraîne à des simplifications forcées. Par exemple, quand nous montr
204 à des simplifications forcées. Par exemple, quand nous montrons que l’Europe divisée court un double danger, du fait de la R
205 est pas égale entre les deux pressions auxquelles nous sommes soumis. Je voudrais vous le montrer ce soir, en examinant rapi
206 la Russie fait tout ce qu’elle peut pour empêcher notre fédération, tandis que l’Amérique la souhaite, et le prouve autrement
207 paroles. Le Kominform entretient, dans chacun de nos pays, un parti politique dont il dicte la ligne et qui s’oppose sourn
208 il dicte la ligne et qui s’oppose sournoisement à notre effort fédéraliste. L’Amérique, au contraire, n’a jamais suscité un p
209 jamais suscité un parti politique américain dans nos pays. Les hommes qu’elle envoie vers l’Europe y viennent ouvertement
210 donc, d’une part, la Russie qui essaye de saboter notre union et qui se ferme à notre influence, — d’autre part, l’Amérique q
211 i essaye de saboter notre union et qui se ferme à notre influence, — d’autre part, l’Amérique qui travaille à notre union, et
212 uence, — d’autre part, l’Amérique qui travaille à notre union, et qui s’ouvre à tous les échanges. La balance n’est pas égale
213 pas ce qu’ils disent. Si les États-Unis voulaient nous coloniser, ils feraient comme les Russes : ils s’opposeraient à notre
214 feraient comme les Russes : ils s’opposeraient à notre union fédérative. Car il est beaucoup plus facile de régner sur un pa
215 égner. Les Américains au contraire, en favorisant notre union économique, savent très bien que s’ils réussissent, ils feront
216 urope leur plus grand concurrent. S’ils voulaient nous réduire en esclavage, je le répète, ils se contenteraient d’imiter la
217 ue des Russes, c’est-à-dire qu’ils tâcheraient de nous maintenir dans un état de division, donc de faiblesse, pour mieux s’e
218 ision, donc de faiblesse, pour mieux s’emparer de nos pays un à un. Contre cette évidence éclatante, tous les discours de p
219 désirent-ils l’union de l’Europe, si cette union doit leur créer une sérieuse concurrence économique ? Ici encore, la répon
220 audra mieux pour eux qu’une Europe malade, qu’ils devraient soutenir indéfiniment par des injections de dollars, et qui, de plus,
221 eux conclusions : Premièrement : l’Amérique veut notre union, et c’est seulement si nous n’arrivions pas à nous unir que le
222 ’Amérique veut notre union, et c’est seulement si nous n’arrivions pas à nous unir que le plan Marshall deviendrait, contre
223 ion, et c’est seulement si nous n’arrivions pas à nous unir que le plan Marshall deviendrait, contre la volonté des Américai
224 contre la volonté des Américains, un danger pour notre économie ; de même que c’est seulement si l’Europe ne regagne pas son
225 ance de l’Amérique, puisqu’elle essaye d’empêcher notre union. La volonté américaine est claire : toute l’Amérique souhaite n
226 américaine est claire : toute l’Amérique souhaite notre fédération. Le jour où ce désir sera aussi celui des Russes, la paix
227 nt européen obtiendra dans les mois qui viennent. Nous en reparlerons lundi prochain, à propos de la Russie et des États de
12 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’URSS et l’Europe fédérée (2 mai 1949)
228 bien exact d’affirmer que le rideau de fer coupe notre Europe en deux, par le milieu ? Rappelons les chiffres : de notre côt
229 deux, par le milieu ? Rappelons les chiffres : de notre côté du rideau, nous sommes 300 millions. Du côté Est, 105 millions s
230 Rappelons les chiffres : de notre côté du rideau, nous sommes 300 millions. Du côté Est, 105 millions seulement, même en com
231 trie et de la culture. Ce qui ne signifie pas que nous devons la négliger, bien entendu, mais simplement qu’elle est très lo
232 et de la culture. Ce qui ne signifie pas que nous devons la négliger, bien entendu, mais simplement qu’elle est très loin de r
233 ’Europe. Ensuite, je rappellerai que ce n’est pas nous qui avons tiré le fameux rideau. Et ce ne sont pas non plus les peupl
234 ’emparer du pouvoir. S’ils ont jugé bon d’amputer notre Europe, provisoirement, d’un quart de sa population, ce n’est pas une
235 n’est pas une raison, bien au contraire, pour que nous renoncions à fédérer le reste, en attendant. Autrement, nous y passer
236 ions à fédérer le reste, en attendant. Autrement, nous y passerons tous. Il est donc vrai que la fédération de l’Europe est
237 ement contre la dictature stalinienne. Mais là où nos critiques vont… un peu fort, c’est lorsqu’ils croient ou essayent de
238 seule vraie fédération qui se soit constituée de nos jours, c’est celle qui groupe toutes les Russies dans la république d
239 sur tous les tons, y compris le ton des injures, nous n’y voyons aucun inconvénient. Qu’ils parlent de la paix, pourvu qu’i
240 vénient. Qu’ils parlent de la paix, pourvu qu’ils nous la laissent ! L’Europe que nous voulons, libre et indépendante, ne pe
241 ix, pourvu qu’ils nous la laissent ! L’Europe que nous voulons, libre et indépendante, ne peut faire peur qu’à ceux qui n’on
242 ont pas bonne conscience, qu’à ceux qui rêvent de nous forcer un jour à subir un régime policier dont nous n’avons ici ni l’
243 us forcer un jour à subir un régime policier dont nous n’avons ici ni l’envie ni le besoin. Qu’ils se rassurent pourtant : l
244 soin. Qu’ils se rassurent pourtant : l’Europe que nous faisons ne leur imposera qu’une seule chose — qu’ils la désirent ou n
245 depuis 15 jours, et je le regrette, car j’aurais faire souvenir du vieux proverbe : « En avril, n’ôte pas un fil ! » L
13 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Statut du Conseil de l’Europe (9 mai 1949)
246 t trois jours, aux réunions du Comité exécutif de notre grand Mouvement européen. Des comités, encore des comités ! va-t-on p
247 tés-là, que vient de sortir un document majeur de notre histoire : le Statut du Conseil de l’Europe, enregistré à Londres le
248 d’un Parlement européen. En un peu moins d’un an, nous avons abouti. Le premier objectif est atteint. Et ce n’est pas sans é
249 , ce n’est, je le répète, qu’un premier objectif. Nous l’avons conquis de haute lutte, mais non sans pertes. Ce qui est acqu
250 encore la plénitude de ce qu’il faut faire et que nous voulons. Ce Conseil de l’Europe, désormais existant, c’est presque to
251 utre part une Assemblée. Le Conseil des ministres doit siéger à huis clos, et il admet le droit de veto, puisque ses décisio
252 rises qu’à l’unanimité des membres. Sur ce point, nous faisons toutes réserves, et pour le dire avec franchise, aucun progrè
253 gouvernement, défendra les droits de son État, et nous ne dépasserons pas le stade de la Ligue des Nations ou de l’ONU. Mais
254 viction personnelle de citoyens européens. Et là, nous dépassons enfin le stade des intérêts nationalistes. Les débats de l’
255 lle. C’est dire que la conscience commune de tous nos peuples, leur volonté commune de paix et de liberté, pourront enfin s
256 espérance. Une ère nouvelle commence ici. Certes, nous voulons davantage ! Nous voulions une plus vaste Assemblée, comprenan
257 le commence ici. Certes, nous voulons davantage ! Nous voulions une plus vaste Assemblée, comprenant 300 députés : on nous a
258 plus vaste Assemblée, comprenant 300 députés : on nous accorde avec difficulté un Parlement de 87 membres, c’est mesquin. No
259 iculté un Parlement de 87 membres, c’est mesquin. Nous voulions que cette Assemblée puisse traiter librement de toute questi
260 ires, et on limite ses compétences politiques. Et nous voulions enfin, nous le voulons encore, une Assemblée constituante, o
261 s compétences politiques. Et nous voulions enfin, nous le voulons encore, une Assemblée constituante, or celle-ci ne sera qu
262 nte, or celle-ci ne sera qu’un corps consultatif. Notre idéal est donc loin d’être atteint. Il n’y a pas encore lieu, ce soir
263 cessera plus de tinter. Et c’est à vous, c’est à nous tous, à l’opinion de tous nos peuples et de chacun de nous dans nos f
264 st à vous, c’est à nous tous, à l’opinion de tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartiendra déso
265 , à l’opinion de tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propager l’espoir qu
266 ion de tous nos peuples et de chacun de nous dans nos foyers, qu’il appartiendra désormais de propager l’espoir qui vient d
267 opéens à proclamer un jour, à la face des États : nous sommes ici de par la volonté des peuples, et nous jurons de n’en sort
268 nous sommes ici de par la volonté des peuples, et nous jurons de n’en sortir qu’une fois l’Europe entièrement fédérée ! C’es
14 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (23 mai 1949)
269 s, sera solennellement inaugurée. Elle rappellera notre ancienne Diète fédérale. Et l’on pensera, dans le monde entier, que l
270 ain d’imiter, avec un peu de retard, l’exemple de nos cantons suisses. Mais justement, à cette première Diète fédérale, la
271 ale, la Suisse ne sera pas représentée. Voilà qui nous pose une question, une question difficile et grave. À la demande d’un
272 e. J’essaierai de montrer aussi comment la Suisse devrait et peut participer à l’œuvre de l’union continentale. Mais tout d’abo
273 e. On a peine à comprendre, à l’étranger, comment notre pays, qui est le modèle classique d’une fédération réussie, n’entre p
274 sa mission, mais encore l’idéal européen qu’elle doit maintenir et illustrer, jusqu’à ce que les autres nations l’aient réa
275 a bien changé. Le danger immédiat n’est plus pour nous , dans une quatrième guerre franco-allemande. Le danger immédiat, c’es
276 la guerre entre les deux empires se livrerait sur notre continent, et cette fois-ci, la Suisse ne serait pas épargnée. À cela
277 r une vraie fédération, cette Europe, à son tour, devra se déclarer neutre. Elle aura, pour cela, les mêmes raisons que la Su
278 uerre civile européenne, qui marquerait la fin de nos libertés et de notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormais, p
279 enne, qui marquerait la fin de nos libertés et de notre civilisation. Le rôle de la Suisse, désormais, paraît clair. Solideme
280 enne sera remplie. Et ce jour-là, mais pas avant, nous pourrons annoncer qu’à Berne il y aura des précipitations !
15 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Suisse 1848-Europe 1949 (30 mai 1949)
281 En vous parlant lundi dernier de la neutralité de notre pays dans le cadre d’une future neutralité occidentale, j’ai abordé l
282 songe à nier la réussite, sur tous les plans, de notre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans de paix intérieure, poli
283 ur tous les plans, de notre système fédéral et de nos méthodes. Cent ans de paix intérieure, politique et sociale, et l’éta
284 s en plus démocratique que l’étranger admire chez nous , voilà deux résultats qui nous dispensent de toute autre démonstratio
285 ranger admire chez nous, voilà deux résultats qui nous dispensent de toute autre démonstration. La preuve est faite, en Suis
286 doublement tort. Premièrement, parce que l’Europe doit se fédérer dans les deux ans qui viennent, si elle veut éviter la gue
287 ui composent l’Europe d’aujourd’hui. Et pourtant, nos 22 cantons se fédérèrent en moins d’un an, comme vous le savez. La co
288 rappante, entre cette Suisse d’il y a cent ans et notre Europe en crise, et qui cherche à s’unir. Certes, les cantons suisses
289 ns une communauté de fait : c’est aussi le cas de nos diverses nations. Ils avaient noué des alliances, qui pourtant n’avai
290 estés unis depuis cent ans. Les différences entre nos cantons étaient certainement aussi grandes, à l’époque, que ne sont a
291 timent d’une commune patrie européenne. Chacun de nos cantons s’attachait jalousement à sa sacro-sainte souveraineté. La pr
292 ngue jouèrent alors un rôle comparable à celui de nos divers mouvements fédéralistes européens. Je mets en fait que les Gen
293 nt restés unis depuis cent ans. Que manquait-il à nos cantons en 1847, et que manque-t-il à nos nations, aujourd’hui, pour
294 it-il à nos cantons en 1847, et que manque-t-il à nos nations, aujourd’hui, pour constituer une vraie fédération ? Il manqu
295 politiques, entre la Suisse d’il y a cent ans, et notre Europe. En 1847, nos cantons n’étaient pas liés par une constitution
296 isse d’il y a cent ans, et notre Europe. En 1847, nos cantons n’étaient pas liés par une constitution et par des lois commu
297 serait aujourd’hui l’excès de prudence. Fédérons- nous d’abord, et rapidement ! Ensuite, une fois la paix conquise, il sera
16 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Suisse 1848-Europe 1949 (II) (13 juin 1949)
298 s ma dernière chronique, j’ai comparé l’Europe de notre temps, divisée en 24 nations, avec la Suisse d’il y a 100 ans, divisé
299 upide et obstiné à des souverainetés absolues que nos cantons ne pouvaient plus défendre, et qu’aucun de nos pays européens
300 antons ne pouvaient plus défendre, et qu’aucun de nos pays européens ne pourrait aujourd’hui défendre sérieusement. Et cett
301 cette comparaison paraissait rassurante, puisque nous avons vu que nos 22 cantons, tout aussi divisés à l’époque que ne le
302 paraissait rassurante, puisque nous avons vu que nos 22 cantons, tout aussi divisés à l’époque que ne le sont aujourd’hui
303 ssi divisés à l’époque que ne le sont aujourd’hui nos 24 nations, se sont tout de même fédérés solidement en quelques mois.
304 t de même fédérés solidement en quelques mois. Si nous comparons maintenant l’état économique de nos cantons avant qu’ils se
305 Si nous comparons maintenant l’état économique de nos cantons avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre Europe divi
306 ntons avant qu’ils se soient fédérés et l’état de notre Europe divisée, nous allons constater des ressemblances peut-être enc
307 soient fédérés et l’état de notre Europe divisée, nous allons constater des ressemblances peut-être encore plus étonnantes.
308 s étonnantes. Quels sont les maux dont souffre de nos jours l’économie européenne ? Vous les connaissez tous, ils sont bien
309 Vous les connaissez tous, ils sont bien évidents. Nous avons en Europe 24 monnaies différentes, de valeurs inégales et const
310 ’Europe devient une épuisante course d’obstacles. Nos marchés nationaux, de plus en plus fermés, sont tous trop petits pour
311 e chômage devient une maladie chronique. Eh bien, nos cantons suisses, il y a 110 ou 120 ans, connaissaient tous ces maux,
312 rafic des marchandises à l’intérieur du pays ! On devait payer des droits de péage à l’entrée des cantons, et même parfois des
313 int-Gall qui voulait vendre ses produits à Genève devait payer tant de droits pour passer à travers une demi-douzaine de canto
314 lemagne et la France. Il n’en va pas autrement de nos jours, pour le trafic européen. En effet, on a calculé qu’un commerça
315 ssaient toute mesure, et tout le monde le voit de nos jours. Cependant, les États s’obstinaient, et certains intérêts mal c
316 ndent la suppression des douanes à l’intérieur de notre Europe. On leur disait : vous allez provoquer des catastrophes ! vous
317 e, l’essor immédiat de l’industrie et du commerce nous a valu cent ans de prospérité. Tirons maintenant la leçon de cette co
318 tation ! Et pourtant, la fédération définitive de nos cantons s’est faite en quelques mois, avec un plein succès. Personne
319 c’est un fait historique. Les Suisses ont donc le devoir de dire à toute l’Europe : voici notre expérience, imitez-la ! Et nou
320 t donc le devoir de dire à toute l’Europe : voici notre expérience, imitez-la ! Et nous tous, les Européens de tout pays, il
321 l’Europe : voici notre expérience, imitez-la ! Et nous tous, les Européens de tout pays, il est temps que nous disions à nos
322 ous, les Européens de tout pays, il est temps que nous disions à nos gouvernements : assez d’absurdités, assez de petits cal
323 ens de tout pays, il est temps que nous disions à nos gouvernements : assez d’absurdités, assez de petits calculs, renvoyez
17 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et l’Europe (IV) (20 juin 1949)
324 nion européenne. J’ai parlé de la neutralité, que nous devons conserver dans l’intérêt de l’Europe. Et j’ai montré comment n
325 européenne. J’ai parlé de la neutralité, que nous devons conserver dans l’intérêt de l’Europe. Et j’ai montré comment notre ex
326 ans l’intérêt de l’Europe. Et j’ai montré comment notre expérience fédéraliste peut servir de modèle pour l’Europe de demain,
327 la Suisse ne s’est pas faite en un jour, et qu’il nous a fallu près de cinq siècles pour aboutir à une fédération définitive
328 . On m’a dit aussi : comment pouvez-vous comparer notre toute petite Suisse avec l’Europe entière ? Ce qui valait pour un pet
329 Mais il en va de même aujourd’hui pour l’Europe. Nos différentes nations vivent côte à côte depuis des siècles ; elles ont
330 ts, de tentatives manquées, d’erreurs sanglantes, nos 24 nations européennes sont aujourd’hui dans la même situation que no
331 ennes sont aujourd’hui dans la même situation que nos 22 cantons il y a cent ans. Et l’échéance du plan Marshall définit le
332 de la Suisse vis-à-vis de l’Europe. Premièrement, nous devons rester neutres. Et cela, non seulement parce que les traités e
333 Suisse vis-à-vis de l’Europe. Premièrement, nous devons rester neutres. Et cela, non seulement parce que les traités et la co
334 eulement parce que les traités et la constitution nous y obligent, mais aussi parce que la neutralité est le but vers lequel
335 si parce que la neutralité est le but vers lequel doit tendre une fédération de l’Europe. Nous sommes déjà au but, pour notr
336 rs lequel doit tendre une fédération de l’Europe. Nous sommes déjà au but, pour notre part. Restons-y, l’arme au pied, en at
337 ration de l’Europe. Nous sommes déjà au but, pour notre part. Restons-y, l’arme au pied, en attendant que les autres nous rej
338 ns-y, l’arme au pied, en attendant que les autres nous rejoignent. Secondement, nous avons le devoir de faire valoir notre e
339 dant que les autres nous rejoignent. Secondement, nous avons le devoir de faire valoir notre expérience fédéraliste sur le p
340 utres nous rejoignent. Secondement, nous avons le devoir de faire valoir notre expérience fédéraliste sur le plan élargi de l’
341 Secondement, nous avons le devoir de faire valoir notre expérience fédéraliste sur le plan élargi de l’Europe. Il s’agit donc
342 r le plan élargi de l’Europe. Il s’agit donc pour nous d’être présents dans les conseils européens, et même d’y être plus ac
343 seils européens, et même d’y être plus actifs que nos voisins. Et ceci dans notre intérêt comme dans le leur. Car si nous n
344 ’y être plus actifs que nos voisins. Et ceci dans notre intérêt comme dans le leur. Car si nous n’aidons pas à faire l’Europe
345 eci dans notre intérêt comme dans le leur. Car si nous n’aidons pas à faire l’Europe, elle se fera quand même, elle se fera
346 urope, elle se fera quand même, elle se fera sans nous , et nous n’aurons pas le droit de nous plaindre si nous trouvons qu’e
347 le se fera quand même, elle se fera sans nous, et nous n’aurons pas le droit de nous plaindre si nous trouvons qu’elle est m
348 fera sans nous, et nous n’aurons pas le droit de nous plaindre si nous trouvons qu’elle est mal faite. Troisièmement, il no
349 et nous n’aurons pas le droit de nous plaindre si nous trouvons qu’elle est mal faite. Troisièmement, il nous faut nous prép
350 trouvons qu’elle est mal faite. Troisièmement, il nous faut nous préparer nous-mêmes aux sacrifices nécessaires pour entrer
351 u’elle est mal faite. Troisièmement, il nous faut nous préparer nous-mêmes aux sacrifices nécessaires pour entrer dans l’uni
352 ans l’union européenne. Tout dépendra, demain, de notre opinion publique. Notre gouvernement ne fera rien sans elle. Mais il
353 Tout dépendra, demain, de notre opinion publique. Notre gouvernement ne fera rien sans elle. Mais il ne refusera pas ce qu’el
354 titué, et s’est mis au travail. Les présidents de nos 4 grands partis font partie de son comité. C’est dire qu’il représent
355 édéralistes de leur ville. Et la presse également nous appuie. Merci tout particulièrement aux journaux religieux, catholiqu
18 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (27 juin 1949)
356 r pourquoi la Suisse, fédération neutre et armée, doit se tenir sur une certaine réserve, provisoire, pendant que les autres
357 se dans l’œuvre de l’union européenne, partout où nous le pouvons sans cesser d’être neutres. Or il est un domaine où nous d
358 ns cesser d’être neutres. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutralité pour agir sans réserve, et pour nous
359 sser d’être neutres. Or il est un domaine où nous devons profiter de la neutralité pour agir sans réserve, et pour nous rattra
360 de la neutralité pour agir sans réserve, et pour nous rattraper, si je puis dire : ce domaine est celui de la culture et de
361 mps de sa puissance, et c’est donc la culture qui doit montrer la voie d’une Europe rénovée par son union. Si l’on y réfléch
362 ue. Cette Europe sur la défensive, comment allons- nous la sauver ? Là-dessus, tout le monde est en train de s’accorder : il
363 us, tout le monde est en train de s’accorder : il nous faut unir nos faiblesses, fédérer nos nations encore libres, et créer
364 de est en train de s’accorder : il nous faut unir nos faiblesses, fédérer nos nations encore libres, et créer des pouvoirs
365 order : il nous faut unir nos faiblesses, fédérer nos nations encore libres, et créer des pouvoirs européens, capables de t
366 sans relâche les pionniers du Mouvement européen. Nous verrons, au mois d’août, le premier résultat de leur effort, lorsque
367 ar un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pa
368 contraire une véritable éducation du sentiment de notre communauté. Il existe, ce sentiment, et peut-être plus qu’on ne le cr
369 européen de la culture, dont je vous ai dit qu’il doit avoir son siège en Suisse. Je le sais bien, ce mot de culture peut se
370 n’est pas cela que veut faire le Centre européen. Notre but est de coordonner les forces intellectuelles dispersées en Europe
371 offrir une possibilité pratique de s’engager dans notre action commune. Notre but est de faire voir aux écrivains, artistes,
372 pratique de s’engager dans notre action commune. Notre but est de faire voir aux écrivains, artistes, savants, professeurs,
373 ts, professeurs, hommes d’Églises, que la culture doit et peut faire sa part — une très grande part ! — pour aider les peupl
374 ations touristiques. Tant à Berne qu’au comité de notre Mouvement européen, on a reconnu que le domaine culturel était celui
375 a reconnu que le domaine culturel était celui où nous pouvons, nous Suisses, sans renoncer à la neutralité, jouer le rôle q
376 le domaine culturel était celui où nous pouvons, nous Suisses, sans renoncer à la neutralité, jouer le rôle qu’on attend de
377 er à la neutralité, jouer le rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective de la fédération. Rôle capital ! Car à mesure
378 ’est bien cela, c’est bien l’âme du Mouvement que doit devenir le Centre européen de la culture. Souhaitons que les Suisses
19 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Faisons le point (4 juillet 1949)
379 ais faire le point, vous dire en quelques mots où nous en sommes dans la lutte pour unir l’Europe, pour la sauver pendant qu
380 t sérieusement à réveiller le besoin d’unité dans nos pays occidentaux, et c’était M. Vychinski. Il venait de réussir le co
381 gue d’indignation et de peur salutaire. Vraiment, nous devons beaucoup à M. Vychinski : sans lui, notre congrès de La Haye n
382 ’indignation et de peur salutaire. Vraiment, nous devons beaucoup à M. Vychinski : sans lui, notre congrès de La Haye n’aurait
383 , nous devons beaucoup à M. Vychinski : sans lui, notre congrès de La Haye n’aurait jamais si bien marché. Mais quels que soi
384 eul du soin de persuader l’Europe entière qu’elle devait s’unir, ou périr. Le congrès de La Haye demanda donc qu’une Assemblée
385 ituante, et de rédiger un pacte fédéral, que tous nos peuples, ensuite, auront à ratifier. Tout dépend donc, maintenant, de
386 du plan Marshall. Quand l’Amérique aura cessé de nous aider, si nous ne sommes pas unis à ce moment-là, ce sera la ruine ce
387 ll. Quand l’Amérique aura cessé de nous aider, si nous ne sommes pas unis à ce moment-là, ce sera la ruine certaine, — et no
388 s à ce moment-là, ce sera la ruine certaine, — et notre ruine, ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques de Staline1.
389 e à la ruée des Cosaques de Staline1. Que pouvons- nous faire en deux ans ? Passons rapidement en revue l’état de nos forces
390 deux ans ? Passons rapidement en revue l’état de nos forces fédéralistes dans les nations de l’Europe libre. Nous y trouvo
391 fédéralistes dans les nations de l’Europe libre. Nous y trouvons d’une part, une pléiade de grands noms, et d’autre part, d
392 sif lors des négociations de l’Assemblée. Et dans nos comités européens, nous avons avec nous les grands aînés, Herriot, Re
393 ns de l’Assemblée. Et dans nos comités européens, nous avons avec nous les grands aînés, Herriot, Reynaud, Ramadier, Léon Bl
394 e. Et dans nos comités européens, nous avons avec nous les grands aînés, Herriot, Reynaud, Ramadier, Léon Blum. Nous avons L
395 nds aînés, Herriot, Reynaud, Ramadier, Léon Blum. Nous avons Léon Jouhaux, le chef syndicaliste, Georges Villiers, le chef d
396 aliste, Georges Villiers, le chef du patronat. Et nous avons surtout le groupe des jeunes ministres sortis de la Résistance
397  : fédéralistes, syndicalistes et catholiques. Et nous avons enfin, au Parlement français, un groupe fédéraliste qui compte
398 consultative de Strasbourg. Dans les autres pays, nous trouvons également à nos côtés, et mêlés dans nos rangs, des hommes p
399 . Dans les autres pays, nous trouvons également à nos côtés, et mêlés dans nos rangs, des hommes politiques chevronnés : Ch
400 ous trouvons également à nos côtés, et mêlés dans nos rangs, des hommes politiques chevronnés : Churchill et Macmillan, en
401 ; Spaak et van Zeeland en Belgique. Mais surtout, nous trouvons des milliers de jeunes hommes qui furent au 1er rang de la R
402 entaient leurs nuits derrière les barbelés. Voici nos chefs, voici nos troupes, et vous le voyez, ce ne sont pas de piteux
403 its derrière les barbelés. Voici nos chefs, voici nos troupes, et vous le voyez, ce ne sont pas de piteux idéalistes, de do
404 oux rêveurs ! Avec des hommes de cette trempe-là, nous pouvons, nous devons réussir à faire l’Europe dans le délai de grâce
405 Avec des hommes de cette trempe-là, nous pouvons, nous devons réussir à faire l’Europe dans le délai de grâce qui nous est a
406 des hommes de cette trempe-là, nous pouvons, nous devons réussir à faire l’Europe dans le délai de grâce qui nous est accordé
407 ussir à faire l’Europe dans le délai de grâce qui nous est accordé par le destin, — et par la générosité de l’Amérique. Mais
408 estin, — et par la générosité de l’Amérique. Mais nous n’avons pas beaucoup de mois à perdre. La victoire, c’est-à-dire la p
409 ce soir une dernière fois, en guise d’au revoir : nous voulons bien sauver l’Europe pour vous, mais pas sans vous ! Adhérez
410 ’Europe pour vous, mais pas sans vous ! Adhérez à nos groupes fédéralistes, réveillez ceux qui dorment, le temps presse ! A
411 illez ceux qui dorment, le temps presse ! Appuyez- nous par vos espoirs, par vos dons et par vos prières. Car c’est de votre
412 prochain ! 1. Ce passage a été censuré : « … et notre ruine, ce serait la porte ouverte à la ruée des Cosaques de Staline »
20 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un bel été (19 septembre 1949)
413 Un bel été (19 septembre 1949) Chers auditeurs, Nous vous retrouvons ce soir après deux mois d’interruption de cette chron
414 révisions du temps, — l’un des plus beaux étés de notre siècle, et peut-être le plus décisif, puisqu’il a vu naître, à Strasb
415 la vie continue, et l’histoire continue autour de nous , une histoire qu’il nous faut essayer de comprendre, puisqu’elle se f
416 toire continue autour de nous, une histoire qu’il nous faut essayer de comprendre, puisqu’elle se fait avec nos vies, et que
417 t essayer de comprendre, puisqu’elle se fait avec nos vies, et quelquefois à leurs dépens, mais que chacun de nous, aussi,
418 et quelquefois à leurs dépens, mais que chacun de nous , aussi, est capable d’influencer, puisqu’elle dépend de plus en plus
419 nion, c’est vous, et vous, et vous encore, et que nous en sommes tous responsables. Il s’est passé, durant ce bel été, un év
420 emier Parlement de l’Europe. Cette date, que tous nos petits-enfants apprendront à l’école primaire, aura passé quasi inape
421 e, aura passé quasi inaperçue pour la majorité de nos contemporains. C’est qu’il n’est pas facile de se rendre compte de l’
422 ci quelques échantillons. À propos de Strasbourg, nos journaux ont parlé tantôt « d’assembleurs de nuées » et tantôt de « m
423 er que le sujet n’intéresse pas beaucoup, méfions- nous , et cherchons ailleurs les éléments d’un jugement objectif. Que s’est
424 ire ce que fut l’événement, ce qu’il prépare pour notre avenir à tous. Si l’un ou l’autre d’entre vous désire me poser des qu
21 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La dévaluation et la bombe soviétique (26 septembre 1949)
425 rêt croissant qu’éveille l’effort pour l’union de nos peuples, tant en Suisse que dans les pays voisins. Et merci tout auta
426 commenter sans plus attendre, du point de vue de notre action fédéraliste. Vous avez deviné qu’il s’agit de la dévaluation d
427 ents de la semaine dernière arrivent à point pour nous rappeler, d’une part, les grands obstacles qu’il reste à surmonter, d
428 onter, d’autre part, la grave menace qui pèse sur nous tous, et l’urgence d’y répondre. La dévaluation britannique signifie 
429 tinaient à la nier sont placés devant l’évidence. Nous dépendons tous, étroitement, les uns des autres. Et s’il plaît à un p
430 e pour sauver son régime de travaillisme austère, nous voici tous forcés, dans toute l’Europe, de participer aux frais de l’
431 de participer aux frais de l’opération, que cela nous plaise ou non. Eh bien ! il est grand temps que cette solidarité écon
432 commun, c’est-à-dire qu’il faut l’organiser entre nous tous, et reprendre en main nos destins. Encore une fois, je n’ai pas
433 l’organiser entre nous tous, et reprendre en main nos destins. Encore une fois, je n’ai pas à juger de la valeur en soi des
434 e parlait en son nom. C’est à cela que Strasbourg doit remédier d’urgence, dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Je dis d’u
435 édier d’urgence, dans l’intérêt de chacun d’entre nous . Je dis d’urgence. Car on vient de nous apprendre que les Russes, à l
436 n d’entre nous. Je dis d’urgence. Car on vient de nous apprendre que les Russes, à leur tour, ont trouvé le secret de la bom
437 encore que la situation « n’est pas mûre », pour nous fédérer, qu’il faut y aller bien doucement, bien lentement, et sans r
22 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » (3 octobre 1949)
438  « Êtes-vous satisfait de Strasbourg ? » 2° « Que devons -nous penser des résultats acquis ? » Je ne saurais mieux répondre à l
439 -vous satisfait de Strasbourg ? » 2° « Que devons- nous penser des résultats acquis ? » Je ne saurais mieux répondre à la pre
440 rues écartées, qui n’arborât quelques drapeaux de nos pays, et surtout le drapeau de l’Europe, une grande lettre E, en vert
441 pans de murs, les églises détruites ici ou là qui nous rappellent à la réalité la plus pressante ; il était bon que l’Assemb
442 assister d’abord à une sorte de comité élargi de notre Mouvement européen. À vrai dire, les deux tiers des députés, à Strasb
443 mblée est portée, animée et nourrie par l’élan de nos militants, dans tous nos pays, par d’innombrables associations indépe
444 et nourrie par l’élan de nos militants, dans tous nos pays, par d’innombrables associations indépendantes à la fois des par
445 ’atmosphère était aussi sérieuse et réaliste qu’à notre Conseil national. Seulement, on parlait de l’Europe, de la famille eu
446 rope existait, physiquement, malgré tous ceux qui nous disaient encore l’hiver dernier, qu’il faudrait une vingtaine d’année
447 l’essentiel. C’est l’événement qui domine de haut notre année, c’est une actualité qui rayonnera longtemps. Et si ce n’est pl
448 n ce que l’Assemblée a fait en réalité, et ce qui doit en sortir au cours des mois qui viennent : c’est beaucoup plus que vo
23 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les résultats de Strasbourg (10 octobre 1949)
449 trois jours ne pouvaient suffire pour transformer notre vieux continent. A-t-on bien dégagé, au moins les perspectives du tra
450 l’Assemblée a ébauché l’image d’une communauté de nos peuples par-dessus les frontières en dépit de leurs États. Elle s’est
451 s de l’homme, capable d’intervenir dans chacun de nos pays pour y faire respecter les libertés fondamentales de chaque pers
452 d’une Cour suprême des droits de l’homme, tel que notre Mouvement européen l’avait étudié et mis au point. Le projet a été ac
453 ourtant, c’est bien à un tel but que tendent tous nos efforts : nous voulons qu’au-dessus de chacun de nos États, un pouvoi
454 bien à un tel but que tendent tous nos efforts : nous voulons qu’au-dessus de chacun de nos États, un pouvoir fédéral indép
455 efforts : nous voulons qu’au-dessus de chacun de nos États, un pouvoir fédéral indépendant soit capable de réprimer les ab
456 e la volonté de puissance d’un seul parti. Ce que nous voulons, c’est en somme, l’équivalent européen du Tribunal fédéral de
457 Assemblée de Strasbourg avaient été préparées par notre Mouvement européen. C’est lui qui a fait Strasbourg, en réalité. L’un
458 ent aux travaux de l’Assemblée et qui ont pu voir notre Mouvement à l’œuvre dans les coulisses, s’écriait un jour devant moi 
459 J’ai été témoin, ici, de choses stupéfiantes pour nous autres Américains ! L’Assemblée existe, elle travaille, et vous avez
24 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Que pouvez-vous faire ? (17 octobre 1949)
460 session, mais aussi des difficultés que crée pour notre action la crise anglaise entre autres. J’ai tâché de vous faire voir,
461 Mais tout cela, direz-vous, se passe bien loin de nous , à Strasbourg ou à Londres, ou même à Washington. Tout cela met en je
462 es et de grands intérêts économiques sur lesquels nous ne pouvons rien. En un mot, tout cela nous dépasse, et nos bonnes vol
463 squels nous ne pouvons rien. En un mot, tout cela nous dépasse, et nos bonnes volontés ne trouvent pas le moyen d’entrer dan
464 uvons rien. En un mot, tout cela nous dépasse, et nos bonnes volontés ne trouvent pas le moyen d’entrer dans cette action,
465 d’entrer dans cette action, dont pourtant dépend notre avenir. Ce sentiment d’impuissance qui étreint les individus, devant
466 volution de monde, il est bien caractéristique de notre siècle, d’un siècle qui a vécu deux guerres mondiales, que personne n
467 guerres mondiales, que personne ne voulait et que nous avons pourtant tous faites, ou subies. C’est contre ce sentiment d’im
468 ux qui œuvrent pour l’Europe unie ? » Que pouvons- nous faire, chacun de nous ? Oui, voilà bien la grande question, la vraie
469 Europe unie ? » Que pouvons-nous faire, chacun de nous  ? Oui, voilà bien la grande question, la vraie question humaine de no
470 la grande question, la vraie question humaine de notre temps. Une question simple, élémentaire, mais qui va droit au fond de
471 onte, qui s’accumulent sur un proche horizon. Que devons -nous faire ? Nous réveiller d’abord ! Car nous dormons, sur le bord d
472 ui s’accumulent sur un proche horizon. Que devons- nous faire ? Nous réveiller d’abord ! Car nous dormons, sur le bord d’un a
473 nt sur un proche horizon. Que devons-nous faire ? Nous réveiller d’abord ! Car nous dormons, sur le bord d’un abîme. Et peu
474 devons-nous faire ? Nous réveiller d’abord ! Car nous dormons, sur le bord d’un abîme. Et peu nombreux, encore, sont les « 
475 re, sont les « simples pékins » qui s’en doutent. Nous dormons à côté des bombes atomiques, des tubes de bactéries dont un s
476 e tous les habitants d’une grande ville d’Europe. Nous dormons sur le seuil d’une crise économique sans précédent. Nous dorm
477 r le seuil d’une crise économique sans précédent. Nous dormons dans une Europe qui, réellement, pratiquement, nécessairement
478 pe qui, réellement, pratiquement, nécessairement, doit s’unir demain ou périr. Que devons-nous faire dans ce péril ? Eh bien
479 nécessairement, doit s’unir demain ou périr. Que devons -nous faire dans ce péril ? Eh bien, on ne demande pas à chacun de vou
480 airement, doit s’unir demain ou périr. Que devons- nous faire dans ce péril ? Eh bien, on ne demande pas à chacun de vous de
481 quelques conseils pratiques. Dans presque toutes nos villes de Suisse, il existe des sections de l’Union européenne des fé
482 ois entrés dans cette Union européenne, qu’aurons- nous à faire de précis, de concret ? Allez-vous me dire. Deux choses. Tout
483 idée fédéraliste européenne, seul grand espoir de notre continent, vous aurez à recruter des adhérents, à distribuer des trac
484  » et dont je vous relis le dernier paragraphe : Nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans
485 enons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos égli
486 l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos mili
487 s nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicau
488 ns nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et
489 n public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouvernements
490 n et celles qui la suivront. À la question : que devons -nous faire ? je réponds donc : entrez dans notre Union européenne, ve
491 lles qui la suivront. À la question : que devons- nous faire ? je réponds donc : entrez dans notre Union européenne, venez-y
492 devons-nous faire ? je réponds donc : entrez dans notre Union européenne, venez-y militer pour notre idée, parlez-en dans vot
493 dans notre Union européenne, venez-y militer pour notre idée, parlez-en dans votre milieu, faites-la surtout adopter par la s
494 ononce publiquement en faveur de la fédération de nos peuples. Car une fois que tous les partis en auront ainsi décidé ils
495 députés pour voter dans ce sens au Parlement. Et nous serons alors à la veille du succès, prêts à nous prononcer dans chaqu
496 nous serons alors à la veille du succès, prêts à nous prononcer dans chaque pays, pour l’adoption du Pacte fédéral de l’Eur
497 l ne soit pas trop tard. Avec vous tous, partout, nous gagnerons. Mais pas sans vous ! Pas sans chacun de vous ! Et non pas
498 -demain, sans vous, il n’y aura plus d’Europe, si nous dormons. Je vous parlerai la prochaine fois du rôle que doit jouer no
499 s. Je vous parlerai la prochaine fois du rôle que doit jouer notre Suisse. Au revoir, mes chers auditeursh. h. Le texte es
500 parlerai la prochaine fois du rôle que doit jouer notre Suisse. Au revoir, mes chers auditeursh. h. Le texte est étrangemen
25 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Militer pour la fédération (24 octobre 1949)
501 nier : commencez par le commencement, entrez dans nos sections locales de notre Union européenne en Suisse. Cette causerie
502 commencement, entrez dans nos sections locales de notre Union européenne en Suisse. Cette causerie de lundi dernier m’a valu
503 et c’est trop peu. En face des grands périls qui nous menacent à bout portant, ce petit acte individuel qui consiste à s’in
504 i de répondre par un chiffre. Je ne pense pas que nous soyons en Europe plus de 150 000 militants de l’action pour unir nos
505 e plus de 150 000 militants de l’action pour unir nos peuples. Or, ces 150 000 militants ont réussi en moins d’un an un vér
506 leur pression vigilante, c’est à eux seuls qu’on doit la création du Conseil de l’Europe, et la convocation de l’Assemblée
507 it en substance : « C’est vraiment trop gentil de nous inviter, mais vous oubliez le principal, vous avez oublié l’adresse à
508 utes pour vous lire mon carnet d’adresses ! — car nous avons des groupes dans presque toutes les villes et grandes localités
509 tait pas mauvais que ceux qui veulent entrer dans notre action le manifestent par un petit effort, celui de se renseigner par
510 , dans votre ville, il n’existe pas de section de notre Union européenne, alors il est doublement urgent que vous écriviez au
511 avec vos amis, et pour l’aider à devenir ce qu’il doit être : un foyer de civisme élargi, une cellule de l’Europe fédérale.
512 , dressés pour suivre aveuglément un chef brutal. Nous ne voulons pas former des troupes de choc ! Nous en avons assez des a
513 Nous ne voulons pas former des troupes de choc ! Nous en avons assez des appels à la haine, naissant du désespoir, et l’agg
514 militer, c’est dans un sens vraiment nouveau pour notre siècle. Nous ne voulons plus de soldats politiques, mais des citoyens
515 dans un sens vraiment nouveau pour notre siècle. Nous ne voulons plus de soldats politiques, mais des citoyens alertés, prê
516 cialiste, agrarien, radical, et conservateur ? Si nous avons tous les partis, c’est bien la preuve que nous n’en sommes pas
517 s avons tous les partis, c’est bien la preuve que nous n’en sommes pas un ! Et qu’il y a quelque chose de neuf, dans notre S
518 pas un ! Et qu’il y a quelque chose de neuf, dans notre Suisse comme partout en Europe. Tout cela signifie, pratiquement, que
519 feront rien sans s’être assurés tout d’abord que notre opinion les soutient, et qu’elle est même prête à les pousser. Mais d
520 is dans quel sens ? Voilà toute la question. Quel doit , être, dans cette affaire — qui sera la grande affaire du xx e siècle
26 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et Strasbourg (31 octobre 1949)
521 rg (31 octobre 1949) Chers auditeurs, La Suisse doit -elle entrer au Conseil de l’Europe, et nommer à Strasbourg des député
522 usqu’ici ? Comment peut-on justifier sa réserve ? Doit -elle y persister, ou changer d’attitude ? Telles sont les délicates,
523 icates, mais pressantes questions qui se posent à nous désormais, et auxquelles j’essaierai de faire face, ce soir et d’autr
524 s fondamentales. Mais il n’en va pas de même pour notre Suisse, qui reste la dernière, et qui, jusqu’à présent, n’a pas pris
525 s choses comme elles sont : le fameux argument de notre neutralité, qui semble si frappant, ne vaut absolument rien. Ceci pou
526 use. Rien, pas un mot, dans le statut qui est, et doit rester celui de notre pays, rien dans notre statut de neutralité ne s
527 , dans le statut qui est, et doit rester celui de notre pays, rien dans notre statut de neutralité ne saurait justifier notre
528 st, et doit rester celui de notre pays, rien dans notre statut de neutralité ne saurait justifier notre absence à Strasbourg.
529 s notre statut de neutralité ne saurait justifier notre absence à Strasbourg. Voilà le fait, qu’aucun juriste ne peut songer
530 ’aucun juriste ne peut songer à contester, et que nos gouvernants ont d’ailleurs reconnu. Mais alors, direz-vous, s’il en e
531 rement à ce que chacun croit), pourquoi ne sommes- nous pas à Strasbourg ? Vous commencez à voir que cette affaire n’est pas
532 est pas des plus faciles à justifier, aux yeux de nos voisins du reste du monde, et même des Suisses. Essayons, pour ce soi
533 d les mauvaises. Il y a les gens qui disent, chez nous  : qu’est-ce que c’est que cette histoire européenne ? Tout va bien da
534 s, et en tous cas, tout va beaucoup plus mal chez nos voisins. Nous sommes des gens de sens rassis, pacifiques et, ma foi,
535 cas, tout va beaucoup plus mal chez nos voisins. Nous sommes des gens de sens rassis, pacifiques et, ma foi, plutôt prospèr
536 oi, plutôt prospères ; pas tout à fait assez pour notre goût, mais par comparaison, ce n’est pas si mal. Nous sommes sages, l
537 goût, mais par comparaison, ce n’est pas si mal. Nous sommes sages, les autres sont fous, laissons-les se débrouiller, et p
538 fous, laissons-les se débrouiller, et poursuivons notre petit bonhomme de chemin. À quoi La Rochefoucauld répond : « C’est un
539 ura bien fait ses preuves, on y entrera, si c’est notre avantage. Ceci me rappelle une fable célèbre : La Cigale et la Fourmi
540 et chantent à quatre voix le « Y en a point comme nous  ». Quand l’Europe sera faite, on leur dira : « Eh bien, dansez, maint
541 n leur dira : « Eh bien, dansez, maintenant ! » À notre tour de faire sans vous ! Mais, il y a d’autre part, de bonnes raison
542 orables, qui justifient, dans une certaine mesure notre retrait. Notre neutralité ne compte pas dans l’affaire, c’est entendu
543 stifient, dans une certaine mesure notre retrait. Notre neutralité ne compte pas dans l’affaire, c’est entendu. Mais notre po
544 ne compte pas dans l’affaire, c’est entendu. Mais notre politique traditionnelle nous oblige à certaines précautions. Adhérer
545 ’est entendu. Mais notre politique traditionnelle nous oblige à certaines précautions. Adhérer au Conseil de l’Europe qui, p
546 gros sous. Car, enfin, soyons réalistes : sommes- nous vraiment tout à fait neutres, entre l’URSS et les USA ? Notre genre d
547 nt tout à fait neutres, entre l’URSS et les USA ? Notre genre de vie et nos goûts, nos libertés, notre civisme, n’auraient-il
548 , entre l’URSS et les USA ? Notre genre de vie et nos goûts, nos libertés, notre civisme, n’auraient-ils pas déjà choisi po
549 RSS et les USA ? Notre genre de vie et nos goûts, nos libertés, notre civisme, n’auraient-ils pas déjà choisi pour nous ? P
550  ? Notre genre de vie et nos goûts, nos libertés, notre civisme, n’auraient-ils pas déjà choisi pour nous ? Pense-t-on vraime
551 otre civisme, n’auraient-ils pas déjà choisi pour nous  ? Pense-t-on vraiment que l’un des camps nous saura gré de n’avoir pa
552 our nous ? Pense-t-on vraiment que l’un des camps nous saura gré de n’avoir pas voulu prendre parti ? Cela me paraît au moin
27 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Amérique veut nous unir (7 novembre 1949)
553 Demain l’Europe ! — L’Amérique veut nous unir (7 novembre 1949) Chers auditeurs, J’ai abordé, lundi dernier,
554 gement celle du bla-bla-bla gouvernemental auquel nous étions habitués dans ce domaine. Je ne ferai pas l’analyse détaillée
555 librement. » Voilà qui est bien, voilà le but que nous autres fédéralistes, définissions il y a deux ans déjà. Mais aussitôt
556 plus de force les menaces de ruine qui pèsent sur notre continent. L’opinion américaine ne s’est pas laissé tromper par la ré
557 e belles paroles officielles, que se passe-t-il ? Nous n’avons plus que quelques mois pour unifier l’économie européenne, pu
558 acun voudrait grimper sur le dos du voisin. Quand nous parlions, nous les fédéralistes, de la nécessité d’une union économiq
559 rimper sur le dos du voisin. Quand nous parlions, nous les fédéralistes, de la nécessité d’une union économique rapide et to
560 e rapide et totale, les experts des gouvernements nous démontraient chiffres en main que c’était une utopie, une idée d’amat
561 on expert numéro un, M. Hoffman, qui vient dire à nos États : « Les fédéralistes ont raison, ce sont eux qui montraient la
562 t eux qui montraient la seule voie de salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de vos objections t
563 ent la seule voie de salut. Pour nous Américains, nous sommes fatigués de vos lenteurs, de vos objections tatillonnes, de vo
564 rce à s’unir ? Certes, c’est une humiliation pour nos dirigeants, une dure leçon pour nos sceptiques professionnels. Mais a
565 iliation pour nos dirigeants, une dure leçon pour nos sceptiques professionnels. Mais aux yeux de l’Histoire, c’est un just
566 est beau, que ce soit l’Amérique aujourd’hui qui nous repasse le flambeau, et qui nous tienne la main pour nous aider à le
567 aujourd’hui qui nous repasse le flambeau, et qui nous tienne la main pour nous aider à le soutenir, à l’élever, malgré notr
568 asse le flambeau, et qui nous tienne la main pour nous aider à le soutenir, à l’élever, malgré notre faiblesse et nos décour
569 pour nous aider à le soutenir, à l’élever, malgré notre faiblesse et nos découragements, contre toutes nos fatalités, pour le
570 e soutenir, à l’élever, malgré notre faiblesse et nos découragements, contre toutes nos fatalités, pour le seul espoir des
571 re faiblesse et nos découragements, contre toutes nos fatalités, pour le seul espoir des hommes libres. Au revoir, mes cher
28 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Suisse et Strasbourg (II) (14 novembre 1949)
572 (14 novembre 1949) Chers auditeurs, Rien, dans notre neutralité, n’empêche la Suisse d’entrer au Conseil de l’Europe. Rien
573 lée consultative, mais encore, la neutralité, que nous sommes tous prêts à défendre, nous fait un devoir de paraître à Stras
574 eutralité, que nous sommes tous prêts à défendre, nous fait un devoir de paraître à Strasbourg, et d’y affirmer notre point
575 e nous sommes tous prêts à défendre, nous fait un devoir de paraître à Strasbourg, et d’y affirmer notre point de vue. Suis-je
576 devoir de paraître à Strasbourg, et d’y affirmer notre point de vue. Suis-je assez clair ? Faut-il préciser davantage ? On d
577 er partout : la Suisse, parce qu’elle est neutre, doit aller à Strasbourg. Elle doit y aller non pas malgré, mais à cause de
578 qu’elle est neutre, doit aller à Strasbourg. Elle doit y aller non pas malgré, mais à cause de sa neutralité. C’est ce parad
579 r de vous expliquer en cinq minutes. Plusieurs de nos journaux ont déjà exprimé, non sans mille précautions d’ailleurs, l’i
580 e précautions d’ailleurs, l’idée que la Suisse ne devrait pas ignorer totalement le Conseil de l’Europe, et devrait même consid
581 pas ignorer totalement le Conseil de l’Europe, et devrait même considérer avec prudence l’idée de s’en rapprocher, peut-être un
582 si jamais l’on partage le gâteau. À supposer que nous allions un jour à Strasbourg, les bons derniers, on nous demandera sa
583 lions un jour à Strasbourg, les bons derniers, on nous demandera sans doute d’autres raisons, et de notre arrivée tardive, e
584 nous demandera sans doute d’autres raisons, et de notre arrivée tardive, et de notre désir d’être « dans le coup ». On nous d
585 utres raisons, et de notre arrivée tardive, et de notre désir d’être « dans le coup ». On nous demandera des raisons positive
586 ve, et de notre désir d’être « dans le coup ». On nous demandera des raisons positives. On nous demandera : qu’apportez-vous
587 up ». On nous demandera des raisons positives. On nous demandera : qu’apportez-vous ? S’il fallait que je réponde, ce jour-l
588 doute les députés européens. Car il faut bien que nous le sachions. En Suisse : notre neutralité n’est pas bien vue, n’est p
589 ar il faut bien que nous le sachions. En Suisse : notre neutralité n’est pas bien vue, n’est pas très populaire chez nos vois
590 n’est pas bien vue, n’est pas très populaire chez nos voisins… On s’imagine — et c’est parfois trop vrai — que la neutralit
591 bénéfices à leurs dépens. Il faut prévoir que si nous apportons cette idée de neutralité, on commencera par nous répondre :
592 rtons cette idée de neutralité, on commencera par nous répondre : — Merci, vous êtes vraiment gentils, mais gardez votre idé
593 ille où tant de ruines se voient encore… Alors il nous faudra bien expliquer que la neutralité n’est pas la peur des coups.
594 que la neutralité n’est pas la peur des coups. Il nous faudra dire bien clairement : ce que nous appelons neutralité, c’est
595 ups. Il nous faudra dire bien clairement : ce que nous appelons neutralité, c’est le refus de considérer la guerre comme une
596 her les choses. Et comment donc le pourrez-vous ? Nous voyons un moyen, un seul. C’est que l’Europe fédérée se déclare neutr
597 ps, pour assurer la défense de sa neutralité. Car nous le savons en Suisse, neutralité n’a jamais signifié désarmement, qui
598 t, qui n’est qu’une prime à l’agresseur. Fédérons nos faiblesses pour en faire une grande force capable de dire aux deux ca
599 camps : pas cela, pas votre guerre, ou pas ici ! Nous sommes là pour vous séparer. Tout cela, bien entendu, ne veut pas dir
600 es autres. Pendant la dernière guerre, en Suisse, nous étions neutres en fait, mais unanimes à condamner le national-sociali
601 est jamais neutre, et l’esprit encore moins. Mais nous pensions servir la cause de la démocratie que nous aimons, en préserv
602 ous pensions servir la cause de la démocratie que nous aimons, en préservant pour notre part un îlot de liberté contre la gu
603 la démocratie que nous aimons, en préservant pour notre part un îlot de liberté contre la guerre, toujours dictatoriale, touj
604 servir vraiment la paix, la liberté, l’avenir de nos enfants, — et du même coup servir les intérêts profonds des peuples d
605 eur perte à tous, que nul ne gagnerait. Qu’allons- nous faire maintenant en Suisse ? Attendre encore et nous croiser les bras
606 s faire maintenant en Suisse ? Attendre encore et nous croiser les bras ? Quelle utopie ! Croyez-vous réellement que nos voi
607 bras ? Quelle utopie ! Croyez-vous réellement que nos voisins ne vont pas nous poser la question, et nous forcer à prendre
608 royez-vous réellement que nos voisins ne vont pas nous poser la question, et nous forcer à prendre position ? Il est au cont
609 os voisins ne vont pas nous poser la question, et nous forcer à prendre position ? Il est au contraire bien certain qu’au co
610 i viennent la question sera posée. Je propose que nous répondions oui, la Suisse va venir à Strasbourg, et non pas en dépit
611 de l’étendre à l’Europe entière. En disant cela, nous serions à la fois des Suisses fidèles à leur plus forte tradition, et
612 -le, c’est plus important, à vos représentants, à nos autorités. Poussez-les ! comme disait M. Spaak. Poussez-les vers la p
29 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Encore notre neutralité (21 novembre 1949)
613 Demain l’Europe ! — Encore notre neutralité (21 novembre 1949) Chers auditeurs, Vous dire que ma der
614 , qui dans le fond n’en est pas un, que la Suisse doit aller à Strasbourg, doit entrer au Conseil de l’Europe, non pas malgr
615 st pas un, que la Suisse doit aller à Strasbourg, doit entrer au Conseil de l’Europe, non pas malgré sa séculaire neutralité
616 ataille européen, en neutralisant toute l’Europe, nous avons une chance de salut. Qu’on m’en montre une meilleure, et je veu
617 ée européenne. » Je suis heureux qu’il y ait chez nous des hommes qui pensent ainsi. Je suis heureux de découvrir des audite
618 le bon premier à m’associer à l’acte de foi qu’on nous propose ici. Mais je ne le crois pas politique. La politique, comme v
619 me paraît impossible dans le très court délai qui nous reste imparti pour faire l’Europe. Renoncer à la neutralité nécessite
620 Suisse dans le Conseil de l’Europe à l’abandon de notre neutralité, nous n’irions jamais à Strasbourg. Or, il se trouve qu’en
621 seil de l’Europe à l’abandon de notre neutralité, nous n’irions jamais à Strasbourg. Or, il se trouve qu’en réalité, et je l
622 neutralité européenne. Personne ne peut savoir si nous réussirions. Je vous le disais lundi dernier : l’idée de neutralité n
623 neutralité n’est pas bien vue chez la plupart de nos voisins. Nous aurions à combattre une masse de préjugés, qui existent
624 ’est pas bien vue chez la plupart de nos voisins. Nous aurions à combattre une masse de préjugés, qui existent aussi chez no
625 re une masse de préjugés, qui existent aussi chez nous , je ne le sais que trop. Et nous aurions à démontrer, surtout, que la
626 stent aussi chez nous, je ne le sais que trop. Et nous aurions à démontrer, surtout, que la neutralité proposée n’est pas un
627 courir ce risque pour la paix, me paraît digne de nos traditions, et parfaitement possible à bref délai. J’invite donc les
628 J’invite donc les fédéralistes qui font partie de notre mouvement à propager autour d’eux cette idée, préparant ainsi l’opini
30 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les suites de Strasbourg (28 novembre 1949)
629 nfirmé. Cependant, quel que soit l’intérêt — pour nous brûlant — de notre situation particulière — et je me permets de remar
630 quel que soit l’intérêt — pour nous brûlant — de notre situation particulière — et je me permets de remarquer en passant que
631 me permets de remarquer en passant que chacun de nos pays européens estime sa situation particulière, et digne d’attention
632 résumer rapidement les développements récents de notre aventure européenne. Je ne sais si vous aurez remarqué qu’il n’est pl
633 mblée de Strasbourg. Je ne parle pas seulement de notre presse suisse, mais aussi de la presse française, britannique, belge,
634 r d’aller de soi. Et pourtant, si je me reporte à notre congrès de La Haye, il y a un an et demi, quel chemin parcouru ! Alor
635 te en besogne, au mépris des méthodes éprouvées —  nous disait-on d’un air pompeux et doctoral — vous allez compromettre une
636 compromettre une cause généreuse », — et ceux qui nous parlaient ainsi pensaient évidemment : une cause pas sérieuse, une ca
637 ire se moque sans pitié, et la preuve : c’est que notre utopie du mois de mai 1948, le Conseil de l’Europe, existe bel et bie
638 entre l’Assemblée et le Comité des ministres que nous assistons actuellement. Je vous invite à parier pour l’Assemblée. Et
639 urs à l’opinion, car c’est la force principale de nos libres démocraties. Et si je n’y croyais pas, je ne vous parlerais pa
640 », le jour où l’opinion en chœur clamera : « Oui, nous voulons l’Europe unie ! » C’est à la formation de cette opinion, et a
31 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La Conférence européenne de la culture (5 décembre 1949)
641 ie dans la campagne que conduit, depuis deux ans, notre Mouvement européen. Nous avions décidé d’agir dans 4 domaines différe
642 nduit, depuis deux ans, notre Mouvement européen. Nous avions décidé d’agir dans 4 domaines différents. Politiquement, nous
643 d’agir dans 4 domaines différents. Politiquement, nous avons obtenu un premier résultat spectaculaire avec l’Assemblée de St
644 emblée de Strasbourg. Dans le domaine économique, nous avons convoqué, au mois d’avril dernier, une Conférence d’experts à L
645 ence d’experts à Londres. Dans le domaine social, nous préparons avec les chefs des syndicats patronaux et ouvriers de toute
646 it le domaine de la culture. C’est à Lausanne que nous avons choisi de réunir une conférence qui doit donner aux intellectue
647 ue nous avons choisi de réunir une conférence qui doit donner aux intellectuels de 20 pays le signal de la lutte pour l’Euro
648 t les professeurs, c’est aussi tout l’ensemble de nos techniques, des découvertes scientifiques dont vivent des millions d’
649 l’enseignement. C’est enfin la source directe de nos richesses, de nos institutions, de tout ce qui a fait du continent eu
650 ’est enfin la source directe de nos richesses, de nos institutions, de tout ce qui a fait du continent européen autre chose
651 la foi et sans le génie des hommes qui ont édifié notre culture. C’est tout cela, c’est l’esprit qui peut sauver l’Europe dan
652 nscience commune des pays libres, le sentiment de notre commune appartenance à une culture qui a fait notre grandeur, et qui
653 tre commune appartenance à une culture qui a fait notre grandeur, et qui reste pour nous le sens même de la vie, voilà la con
654 ture qui a fait notre grandeur, et qui reste pour nous le sens même de la vie, voilà la condition première, sine qua non, de
655 vocation particulière, dans le monde moderne, de notre communauté européenne. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaierons d
656 mmunauté européenne. Et c’est cela qu’à Lausanne, nous essaierons de dire, en termes simples et frappants, simples et clairs
657 Ce signal de réveil lancé au monde de la culture doit entraîner immédiatement une volonté d’action commune. Pratiquement, q
658  ? Un simple rappel des misères et des périls qui nous menacent suffit à définir notre programme. Vous savez qu’aujourd’hui,
659 et des périls qui nous menacent suffit à définir notre programme. Vous savez qu’aujourd’hui, en Europe, des dizaines de barr
660 lms, des œuvres d’art, des appareils de sciences. Nous demanderons aux gouvernements de supprimer toutes les entraves, hérit
661 utes les entraves, héritage honteux de la guerre. Nous demanderons aussi l’institution d’un Centre européen de la culture, —
662 ment dispersés, sans moyens suffisants, dans tous nos pays appauvris. Nous demanderons et nous proposerons que désormais, t
663 moyens suffisants, dans tous nos pays appauvris. Nous demanderons et nous proposerons que désormais, toutes les écoles du c
664 dans tous nos pays appauvris. Nous demanderons et nous proposerons que désormais, toutes les écoles du continent donnent un
665 es enfants, le sentiment de la grande famille que nous formons, en dépit de nos frontières, devienne vivante, qu’il s’enraci
666 e la grande famille que nous formons, en dépit de nos frontières, devienne vivante, qu’il s’enracine dans les esprits comme
667 s qu’elle recèle pour la prospérité du continent, nous aurons quelque chose à dire, qui fera sans doute du bruit dans le mon
668 it dans le monde. L’un des plus grands esprits de notre temps, l’égal d’Einstein, si j’en crois les savants, le prince Louis
669 decine, au développement de l’industrie. Aucun de nos pays n’est assez riche pour entretenir un pareil centre de puissance,
670 centre de puissance, mais tous ensemble fédérés, nous y arriverons. Et l’Europe, ce jour-là, pourra parler ! Voici, chers a
671 à, pourra parler ! Voici, chers auditeurs, ce que nous devons attendre de la conférence de Lausanne. Il y aura des discours,
672 urra parler ! Voici, chers auditeurs, ce que nous devons attendre de la conférence de Lausanne. Il y aura des discours, bien s
673 r pour préparer cette manifestation, permettant à notre pays de prendre sa part, la plus noble, dans la renaissance du contin
32 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Optimistes et pessimistes (19 décembre 1949)
674 es. Aujourd’hui, je voudrais évoquer, à propos de notre conférence, un problème beaucoup plus général et plus directement hum
675 n. » Je lui répondais : « Non, soyons sérieux. Si notre Europe vraiment n’existait plus, vous n’auriez même pas le droit de l
676 st très tard, qu’il est peut-être 23h45, mais que nous pouvons utiliser le dernier quart d’heure pour redresser la situation
677 rien, alors tout sera perdu, c’est évident. Mais nous pouvons encore faire quelque chose : tant va la paix, tant va l’espoi
678 ir européen ! et c’est même là le vrai ressort de notre action. Cette discussion ouverte, d’ailleurs fort amicale, a provoqué
679 l’opinion de plusieurs pays, et tout d’abord dans notre conférence. M. Spaak s’est élevé avec vivacité contre le défaitisme d
680 pour un pessimiste converti, parce qu’il a suivi nos travaux, combien de millions de sceptiques vivent encore en Europe ?
681 s ragots, les calomnies parfois, qui récompensent notre action pour eux ; quand je les vois à la fois inconscients du danger
682 r moi, je retourne à ma littérature, en attendant notre commun naufrage. Oui, voilà ce que je penserais, et voilà ce que je f
683 éens, en dépit de l’inertie et de la frivolité de nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savoir, car les chances
684 l’inertie et de la frivolité de nos masses et de nos élites. Personne ne peut le savoir, car les chances sont égales. Mais
685 e la phrase admirable que prononçait en clôturant notre conférence de Lausanne son président, Salvador de Madariaga : — Si l’
686 président, Salvador de Madariaga : — Si l’Europe doit périr, que ce soit au moins une injustice ! Rien n’est perdu, bien au
687 undi prochain, en dressant un bilan provisoire de notre action fédéraliste depuis un an. Au revoir, chers auditeurs, joyeux N
33 1949, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Bilan 1949 (26 décembre 1949)
688 le bilan de l’Europe, puisqu’elle est le cadre de nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De semai
689 re de nos existences, et que le sort de chacun de nous dépend du sien. De semaine en semaine, j’ai commenté pour vous les pr
690 d’œil le chemin parcouru depuis un an. Que voyons- nous  ? Au début de janvier, rien n’était fait. Bien plus, il semblait que
691 res, nommés par les gouvernements à la demande de notre Mouvement venait d’enterrer proprement le projet d’un Conseil de l’Eu
692 seil de l’Europe. Les Anglais refusaient tout, et nous savions pourtant qu’on ne peut pas faire l’Europe sans eux. Et puis s
693 t de vue donc, on pourrait croire qu’après un an, nous voici ramenés à zéro, par la faute des gouvernements. Pourtant, il n’
694 re, devant laquelle l’obstination même d’un Bevin devra céder un jour ou l’autre, comme elle a cédé plus d’une fois. Toute la
695 écents l’ont démontré. La dévaluation britannique nous a prouvé que toutes nos économies sont solidaires, même désunies, mai
696 dévaluation britannique nous a prouvé que toutes nos économies sont solidaires, même désunies, mais qu’alors elles le sont
697 a Russie possède la bombe atomique a démontré que nous sommes tous solidaires, mais dans une pauvreté sans précédent. La sit
698 tuation est donc plus simple que jamais. Désunis, nous constatons que nous sommes pourtant liés les uns aux autres, mais seu
699 s simple que jamais. Désunis, nous constatons que nous sommes pourtant liés les uns aux autres, mais seulement dans la ruine
700 ans la ruine, la misère et la peur. Unis, demain, nous pourrions être solidaires dans la sécurité et la prospérité. C’est ce
701 st ce que n’a pas cessé de répéter, depuis un an, notre Mouvement européen. Il l’a répété et prouvé à son congrès politique d
702 oses auraient été faites, presque rien. Sans lui, nous n’aurions pas même obtenu cette Assemblée consultative, dont nous som
703 as même obtenu cette Assemblée consultative, dont nous sommes les premiers à savoir les lacunes, mais qui existe et qui est
704 ière prise sur la réalité. Voilà donc le bilan de notre année de luttes : à l’actif, le Conseil de l’Europe, au passif, la ré
705 eraient bien de se taire, logiquement, au lieu de nous expliquer à longueur de journée qu’il faut agir, et ce sont eux qui n
706 sans le discuter en équipe — et c’est bien ce que nous avons fait dans nos congrès. Et ma troisième remarque, c’est une cita
707 quipe — et c’est bien ce que nous avons fait dans nos congrès. Et ma troisième remarque, c’est une citation de l’Évangile :
708 ement était le Verbe. C’est une Parole qui a créé notre monde, qui a séparé la lumière des ténèbres, qui nous a tirés du chao
709 monde, qui a séparé la lumière des ténèbres, qui nous a tirés du chaos. Un verbe, et non pas autre chose. Après tout, qu’es
710 ou de discours qui n’est suivi d’aucun effet. Or nos congrès ont abouti à des créations importantes : le Conseil de l’Euro
711 e la culture, tout récemment. Tandis que ceux qui nous critiquent ne font rien d’autre que parler : vous voyez que la parlot
34 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Bon demi-siècle ! (2 janvier 1950)
712 is vous le savez aussi bien que moi, les vœux que nous échangeons le Premier de l’an, comme on se dit bonjour chaque matin,
713 st quelque chose de très sérieux. Sans convention nous ne serions que des brutes. La vie sociale deviendrait un plaisir : ce
714 gnifient rien du tout. Que peuvent bien signifier nos vœux d’avenir ? Cela dépend d’une part des possibilités que nous a lé
715 nir ? Cela dépend d’une part des possibilités que nous a léguées la première moitié de ce siècle, et d’autre part de notre v
716 première moitié de ce siècle, et d’autre part de notre volonté d’en tirer quelque chose d’humain. Voyons d’abord les possibi
717 révolutions qui ont occupé la première partie de notre siècle ont tué, rien qu’en Europe, quelque 40 millions de personnes,
718 visite suffit. » Aujourd’hui … je n’insiste pas. Nous avons progressé de 50 ans vers la paralysie finale des échanges, et c
719 u monde à connaître, et qu’ils se gardent bien de nous révéler, si toutefois elles existent. Cependant, les moyens de transp
720 ir en 7 heures la distance de New York à Londres. Nos capitales sont à 2 ou 3 heures les unes des autres. Il en résulte que
721 quement, l’Europe est aujourd’hui plus petite que notre Suisse il y a cent ans. Oui, tout a progressé, depuis 50 ans — dans u
722 si c’est contradictoire, telle est la passion de notre siècle. On veut augmenter à la fois les bénéfices et les salaires, ar
723 ns le même sens, et nécessairement vers le mieux. Nous avons appris en cinquante ans que le progrès va dans les deux sens ve
724 eu près. Mais ce qui a vraiment augmenté, ce sont nos risques d’une part, nos chances de l’autre, et par exemple : nos pouv
725 raiment augmenté, ce sont nos risques d’une part, nos chances de l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou de faire
726 ne part, nos chances de l’autre, et par exemple : nos pouvoirs de tuer ou de faire vivre. Il en résulte une formidable augm
727 vre. Il en résulte une formidable augmentation de nos responsabilités d’hommes et de citoyens. Voilà le seul progrès certai
728 citoyens. Voilà le seul progrès certain. Rendons- nous compte, en ce début d’un demi-siècle décisif, que jamais l’homme n’a
729 elle paraît l’oublier. Si l’on ne fait rien, tous nos bons vœux n’empêcheront pas les camps de concentration. Ce qu’il fait
35 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Par où commencer ? Par l’économie ? (9 janvier 1950)
730 ppé de voir revenir régulièrement un argument que nos contemporains ont l’air de tenir pour évident, et que voici : « Si vo
731 ette croyance est si irrépandue, et si typique de notre siècle, qu’il vaut la peine de l’analyser, je dirais presque de la ps
732 peler bonheur l’immense malheur qui en résultait. Nous voici donc en pleine irréalité, en pleine folie, pour avoir cru, à pa
733 s lui. Il est facile d’illustrer ce point de vue. Nous avons assisté, en 1949, à l’échec de l’OECE, c’est-à-dire de l’Organi
734 ’imagine, mais un fait humain, qui dépend donc de nos volontés et de nos passions. Et c’est parce que les gouvernants et le
735 ait humain, qui dépend donc de nos volontés et de nos passions. Et c’est parce que les gouvernants et leurs experts n’avaie
736 e commencement, il est temps de réveiller d’abord nos esprits, de chercher à unir d’abord nos cœurs. C’est pourquoi j’estim
737 r d’abord nos esprits, de chercher à unir d’abord nos cœurs. C’est pourquoi j’estime que le récent congrès de la culture, à
36 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Une enquête chez les étudiants (16 janvier 1950)
738 détaillée des réponses. Je souhaite vivement que notre presse publie tout au moins le texte des questions et le nombre des o
739 ajorité des étudiants croit à la nécessité d’unir nos pays ; qu’une petite moitié environ croit à l’utilité de Strasbourg e
740 réponde non je n’en ai jamais entendu parler, je devrai faire une coche dans la colonne des réponses négatives à mon enquête 
741 la même question le lendemain, à la même personne devra faire une coche dans la colonne des réponses positives, nécessairemen
742 ue non, qu’ils n’avaient jamais entendu parler de notre Mouvement, seraient obligés de répondre aujourd’hui que oui, puisqu’i
743 s complets — comme cela se fait en Amérique. Elle doit se borner à résumer en quelques lignes les travaux d’une longue confé
744 nsi par vous-même j’en suis sûr, les positions de notre Mouvement. Ces positions, en effet, ne sont pas théoriques, ni subtil
745 y réfléchir : vous vous trouverez naturellement à nos côtés. Le temps me manque ce soir pour commenter les très nombreuses
37 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Questions et objections des étudiants de Lausanne (23 janvier 1950)
746 portant sur l’union de l’Europe, sur l’utilité de nos congrès. Un grand nombre des étudiants interrogés ne se sont pas cont
747 , prouve que l’individualisme n’est pas mort chez nous , et qu’un des plaisirs de la vie reste encore, aux yeux de mes cadets
748 ique des intellectuels est si peu populaire parmi nos étudiants. S’ils entendent par engagement la démission de la pensée a
749 n de salut d’une civilisation qui fait le sens de nos vies. J’ai répondu d’avance, dans une autre chronique, à ceux qui est
750 une autre chronique, à ceux qui estiment que l’on doit bien commencer par des mesures économiques. Je me borne à leur répéte
751 s. Ils s’imaginent sans doute que les deux Grands nous laisseront prendre notre temps, comme des Bernois. Mais s’il faut plu
752 doute que les deux Grands nous laisseront prendre notre temps, comme des Bernois. Mais s’il faut plus de 100 ans pour faire l
753 e pour qu’on puisse la remplir… Enfin, à ceux qui nous répètent : assez de discours, il faut des actes ! Je dis bravo, et je
754 ux aussi. Car le temps presse, ils ont raison, et nous avons besoin surtout de ceux qui veulent agir sans plus de bavardages
38 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un tiers-ordre européen (30 janvier 1950)
755 t beau courage que son acte révèle. Daniel Villey doit avoir aujourd’hui 35 ans tout au plus. Je l’avais rencontré, à Paris,
756 tient de s’affirmer. Et puis la guerre est venue, nos chemins ne se sont plus croisés, le jeune Daniel Villey est devenu pr
757 re de 5 ou 6 enfants. Écoutez maintenant ce qu’il nous dit, d’une voix calme et tout unie, cette voix tranquille de ceux qui
758 table, au communisme, aux camps de concentration. Nous n’y pouvons rien, déclarent-ils. Travaillons dignement, en attendant
759 aillons dignement, en attendant les catastrophes. Nos cris ou notre action n’y sauraient rien changer. Est-ce bien vrai ? s
760 ement, en attendant les catastrophes. Nos cris ou notre action n’y sauraient rien changer. Est-ce bien vrai ? s’est demandé l
761 s que faire, par où commencer ? Peut-être n’avons- nous pas plus de deux ans pour nous unir, ou pour périr. Et voici, nous di
762 Peut-être n’avons-nous pas plus de deux ans pour nous unir, ou pour périr. Et voici, nous dit-il modestement voici « ce qui
763 deux ans pour nous unir, ou pour périr. Et voici, nous dit-il modestement voici « ce qui m’est venu à l’idée ». Ici je vais
764 ope, jusqu’à son expiration ou sa révocation. Ils devront interrompre leurs études ou leur carrière professionnelle. Ils recevr
765 es faire entrer demain dans la grande aventure de notre temps et de leur vie. Au revoir, à lundi prochain.
39 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Passer à l’action (6 février 1950)
766 oudraient être l’avant-garde et le corps franc de notre Mouvement. Deuxième malentendu possible : il ne s’agit pas ici de sau
767 u l’Amérique, ou parce qu’il n’y en a point comme nous . Mais parce que dans ce corps unique que forme sans doute l’humanité,
768 le plus vital, — le cœur ou le cerveau du monde. Nous ne pouvons agir utilement pour la paix du reste du monde, qu’en agiss
769 x du reste du monde, qu’en agissant d’abord là où nous sommes. Ces précisions, je crois, n’étaient pas superflues. Que chacu
40 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les deux raisons de fédérer l’Europe (13 février 1950)
770 fédérations qui, dans l’histoire, ont réussi, et durent encore, on trouve deux facteurs principaux : le premier c’est la mena
771 ace d’une nouvelle conquête étrangère. Tandis que nos cantons suisses ont été amenés à se fédérer, en 1848, bien moins par
772 — la menace extérieure et l’absurdité reconnue de nos divisions internes — jouent à plein pour l’Europe, et simultanément.
773 l’un de l’autre, et que mesurent leurs forces sur notre territoire, dans nos esprits, dans nos vies et nos mœurs. Oh, certes 
774 mesurent leurs forces sur notre territoire, dans nos esprits, dans nos vies et nos mœurs. Oh, certes ! je pense bien que l
775 rces sur notre territoire, dans nos esprits, dans nos vies et nos mœurs. Oh, certes ! je pense bien que l’un et l’autre de
776 re territoire, dans nos esprits, dans nos vies et nos mœurs. Oh, certes ! je pense bien que l’un et l’autre de ces empires
777 imés des meilleures intentions, et ne veulent que notre bonheur, chacun à leur manière. Les uns nous voudraient heureux, bien
778 que notre bonheur, chacun à leur manière. Les uns nous voudraient heureux, bien nourris et de bonne humeur, grands lecteurs
779 e « digests » et buveurs de coca-cola : car ainsi nous ferions de bons clients. Les autres nous voudraient fanatiques et dis
780 ar ainsi nous ferions de bons clients. Les autres nous voudraient fanatiques et disciplinés, car ainsi nous ferions de bons
781 s voudraient fanatiques et disciplinés, car ainsi nous ferions de bons citoyens, d’excellents esclaves volontaires. La menac
782 tez bien. Il est absolument faux de prétendre que nous n’avons plus qu’à choisir entre la peste et le choléra, car en réalit
783 la peste et le choléra, car en réalité, ce qu’on nous offre, c’est d’un côté le sourire obligatoire, de l’autre le travail
784 e, de l’autre le travail forcé. Les uns financent notre reconstruction, les autres poussent au sabotage. Il y a donc une légè
785 laisse à faire votre choix. Mais si tout de même nous trouvions le moyen de rester des Européens, de rester libres à notre
786 moyen de rester des Européens, de rester libres à notre guise, entre nous, dans l’indépendance, cela vaudrait peut-être mieux
787 Européens, de rester libres à notre guise, entre nous , dans l’indépendance, cela vaudrait peut-être mieux… Et nous ne le po
788 l’indépendance, cela vaudrait peut-être mieux… Et nous ne le pourrons [que] si nous sommes forts, et nous serons forts [que]
789 peut-être mieux… Et nous ne le pourrons [que] si nous sommes forts, et nous serons forts [que] si nous fédérons nos faibles
790 ous ne le pourrons [que] si nous sommes forts, et nous serons forts [que] si nous fédérons nos faiblesses — tout comme les c
791 nous sommes forts, et nous serons forts [que] si nous fédérons nos faiblesses — tout comme les cantons suisses il y a cent
792 orts, et nous serons forts [que] si nous fédérons nos faiblesses — tout comme les cantons suisses il y a cent ans. Prenons
793 a prise de conscience générale de la stupidité de nos divisions. Ce qui a décidé nos ancêtres à créer un pouvoir fédéral et
794 de la stupidité de nos divisions. Ce qui a décidé nos ancêtres à créer un pouvoir fédéral et à voter notre constitution, c’
795 os ancêtres à créer un pouvoir fédéral et à voter notre constitution, c’était l’état scandaleux d’impuissance où nous mettait
796 ution, c’était l’état scandaleux d’impuissance où nous mettait la souveraineté jalouse de 25 États minuscules, hérissés de b
797 assez large, sans politique vraiment commune. Or, nous en sommes exactement au même point, dans l’Europe d’aujourd’hui, et c
798 es et les personnes ne peuvent plus circuler, sur notre continent, qu’à la faveur d’une tolérance des fonctionnaires, et d’un
799 ètres. Et ce n’est là qu’un exemple entre cent de nos routines. Allons-nous continuer longtemps ces jeux puérils, qui n’amu
800 qu’un exemple entre cent de nos routines. Allons- nous continuer longtemps ces jeux puérils, qui n’amusent plus personne, qu
801 tent pas un sou de plus qu’ils ne coûtent, et qui nous affaiblissent au point que dans deux ans, nous serons sans doute à la
802 ui nous affaiblissent au point que dans deux ans, nous serons sans doute à la merci soit d’une police totalitaire, soit des
803 mmission d’achat qui sera le vrai gouvernement de nos pays ? Voilà, me semble-t-il, des raisons suffisantes pour justifier
804 es raisons suffisantes pour justifier l’effort de nos fédérateurs, et du Mouvement européen. Je vais les résumer en quelque
41 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La guerre impossible (20 février 1950)
805 uerre possible est devenue l’arrière-plan de tous nos projets dans ce siècle. — Qu’est-ce que la guerre ? m’a demandé le jo
806 te pour mes frères, pour les humains qui peuplent notre Terre. J’ai fait de mon mieux, j’ai dit ceci. — Autrefois, il y avait
807 s’emparait d’un pays bien vivant. Au xx e siècle, nous avons fait d’immenses progrès. La guerre est devenue totale, et cela
808 e encore plus grave. C’est qu’on ne peut plus, de nos jours, changer le régime de la nation vaincue en changeant simplement
809 n, les Américains m’ont dit souvent : Il y a dans notre zone autant de nazis qu’en 1945, il n’y a qu’Hitler en moins, nous av
810 de nazis qu’en 1945, il n’y a qu’Hitler en moins, nous avons donc échoué. Imaginez maintenant une guerre entre ces mêmes Amé
42 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Après les élections anglaises (27 février 1950)
811 magne se tendent la main, pour amorcer l’union de notre continent. À vrai dire, si l’on relit son discours, on s’aperçoit qu’
812 tte voie, il convoqua le congrès de La Haye, d’où devait sortir notre Mouvement européen. Mais Churchill n’engageait que lui-m
813 onvoqua le congrès de La Haye, d’où devait sortir notre Mouvement européen. Mais Churchill n’engageait que lui-même et refusa
814 île, en vase clos. Pendant longtemps, les Anglais nous ont dit : nous serions bien d’accord de faire l’Europe, mais nous pen
815 os. Pendant longtemps, les Anglais nous ont dit : nous serions bien d’accord de faire l’Europe, mais nous pensons d’abord à
816 ous serions bien d’accord de faire l’Europe, mais nous pensons d’abord à notre empire, aux dominions avec lesquels nous somm
817 rd de faire l’Europe, mais nous pensons d’abord à notre empire, aux dominions avec lesquels nous sommes liés. J’avoue que cet
818 abord à notre empire, aux dominions avec lesquels nous sommes liés. J’avoue que cet argument ne m’a jamais convaincu. Le has
819 ie pu lire le premier, les télégrammes adressés à notre congrès par le maréchal Smuts au nom de l’Afrique du Sud, et par le P
820 t des travaillistes anglais. Comment voulez-vous, nous disent-ils, que nous puissions ouvrir nos frontières à l’Europe, en p
821 nglais. Comment voulez-vous, nous disent-ils, que nous puissions ouvrir nos frontières à l’Europe, en pleine expérience soci
822 -vous, nous disent-ils, que nous puissions ouvrir nos frontières à l’Europe, en pleine expérience socialiste ? Nous n’avons
823 res à l’Europe, en pleine expérience socialiste ? Nous n’avons pas confiance dans la manière dont vous administrez vos diffé
824 glaise à l’égard de l’Europe. Quelles conclusions nous faudrait-il tirer de cette analyse ? Je dirais qu’à mon sens, les pri
825 ontinent, entre Allemands et Français surtout. Si nous créons ce cœur de la fédération, je vois des chances désormais fort a
43 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Neutralité européenne (6 mars 1950)
826 ors que l’Amérique commençait justement à réarmer nos pays ; qu’il était absurde de penser que la volonté de neutralité suf
827 n’était pas digne de dire aux Américains : « Vous nous avez aidés, merci beaucoup, et maintenant nous tirons notre épingle d
828 us nous avez aidés, merci beaucoup, et maintenant nous tirons notre épingle du jeu. » Ainsi les uns, comme François Mauriac,
829 aidés, merci beaucoup, et maintenant nous tirons notre épingle du jeu. » Ainsi les uns, comme François Mauriac, demandent la
830 ine militaire. Ce ne sont pas les déclarations de nos juristes qui arrêteront les chars et les avions, remarquent-ils avec
831 c’est-à-dire de créer une force armée puissante. Nos petites armées nationales, même dotées de surplus américains, seraien
832 liste, en l’occurrence, me paraît être celui-ci : nos pays doivent d’abord se fédérer, politiquement et économiquement ; en
833 l’occurrence, me paraît être celui-ci : nos pays doivent d’abord se fédérer, politiquement et économiquement ; ensuite seuleme
834 lidée et forte, et que les belligérants éventuels devront compter dans leurs calculs avec son potentiel militaire et sa volonté
835 ns, si l’on n’admet pas tout d’abord que l’Europe doit se fédérer, et que seule une Europe fédérée pourra s’armer d’une mani
44 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe n’est pas pour « demain » (13 mars 1950)
836 acile. Le fait est que le mot demain, dans toutes nos langues, a plus d’un sens, ou que son sens est élastique. Demain peut
837 , comme dans l’hymne des socialistes : « Groupons- nous et demain, l’Internationale sera le genre humain. » Enfin, lorsque je
838 oute la question, c’est de savoir dans quel délai nous arriverons à ce demain. Je répondrai : demain, pour notre Europe, doi
839 riverons à ce demain. Je répondrai : demain, pour notre Europe, doit signifier avant 1952, qui est la date de la fin du plan
840 demain. Je répondrai : demain, pour notre Europe, doit signifier avant 1952, qui est la date de la fin du plan Marshall. À c
841 te de la fin du plan Marshall. À ce moment-là, si nous ne sommes pas arrivés à nous fédérer, l’Amérique nous laissera tomber
842 . À ce moment-là, si nous ne sommes pas arrivés à nous fédérer, l’Amérique nous laissera tomber, et c’est… l’Autre qui nous
843 ne sommes pas arrivés à nous fédérer, l’Amérique nous laissera tomber, et c’est… l’Autre qui nous ramassera. Cette précisio
844 rique nous laissera tomber, et c’est… l’Autre qui nous ramassera. Cette précision une fois donnée, je crois que l’alternativ
845 ès-demain la Bombe. Quelles sont donc aujourd’hui nos chances ? Il m’arrive tous les jours, et plusieurs fois par jour, de
846 n économique de coopération européenne, l’OECE, a reconnaître son échec, par la voix même de son secrétaire général, M.
847 rjolin. Personne ne sait comment, d’ici deux ans, nos États désunis parviendront à payer leurs achats en dollars. Et s’ils
848 deux ans au plus, je le répète, mais il dépend de nous tous que ces deux ans suffisent. Si l’opinion publique prend conscien
849 ’est ensuite de refuser la fatalité de ces faits. Nous jouerons notre sort l’été prochain. C’est à l’été que je pense quand
850 e refuser la fatalité de ces faits. Nous jouerons notre sort l’été prochain. C’est à l’été que je pense quand je vous répète 
45 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — De l’Europe au monde (20 mars 1950)
851 ser trop loin ; d’autres pensent au contraire que nous venons trop tard : il faut vouloir le monde entier, pour le moins 2 o
852 ents d’unir pour commencer les quelque 20 pays de notre continent déchiré. Quant aux fédéralistes mondiaux, disciples ou préd
853 e paraît utile de fixer rapidement la position de notre Mouvement européen devant ces deux tendances, la mondialiste et l’atl
854 déjà : faire l’Europe, c’est vouloir transformer notre fameux panier de crabes nationalistes, source de tant de guerres et d
855 la force américaine. Ils constatent également que notre économie ne peut survivre que par le plan Marshall. Ils concluent don
856 en, je ne m’opposerai jamais à l’élargissement de notre union. Mais j’ai deux remarques à faire, qui me semblent décisives. P
857 t l’alliance du pot de terre et du pot de fer, et nous serions réduits au rôle de satellites. Deuxièmement, qui dit fédérati
858 s et son esprit et ses authentiques grandeurs, il nous faut tout d’abord lui restituer le droit de parler d’égale à égale av
859 d’égale à égale avec ses grands voisins. C’est là notre tâche primordiale, et personne n’osera dire qu’à cet égard, l’étape e
860 rtains ajustements de langage de part et d’autre, nous permettront, je n’en doute pas, de fédérer bientôt tous les fédéralis
46 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Deux enquêtes sur l’union (27 mars 1950)
861 maines dans d’autres universités du continent, et nous en connaîtrons les résultats vers le mois de mai. Aujourd’hui, je vou
862 ne, a eu l’idée de demander à 50 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient de notre fédération et des efforts du Consei
863 hommes d’État de nos pays ce qu’ils pensaient de notre fédération et des efforts du Conseil de l’Europe. Tous ont répondu :
864 signatures de quelques-uns de ceux qui ont bloqué nos efforts avec le plus d’obstination. À lire ces textes parfois sonores
865 reste frappant de constater que s’ils ne saluent notre union que du bout des lèvres, ils se sont cependant sentis obligés de
866 obligés de la saluer. Retenons cette indication. Nos hommes d’État, liés pour la plupart à d’étroits intérêts nationaliste
867 ais les lecteurs, l’homme de la rue, et dans tous nos pays, Suisse comprise cette fois-ci. Les conclusions tirées de son en
868 écrivent les rédacteurs, que beaucoup de ceux qui nous lisent ne se doutaient pas que le mouvement européen avait des racine
869 s. Après avoir pris connaissance des réponses qui nous ont été adressées, ils en seront désormais convaincus. Dans leur quas
47 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les politiciens et l’Europe (3 avril 1950)
870 re tous les groupes organisés et vivant dans tous nos pays. Pour certains ministres au contraire, faire l’Europe signifie :
871 binaison diplomatique. Pour les uns, c’est sauver notre culture, nos libertés et le sens même de notre vie, pour les autres,
872 atique. Pour les uns, c’est sauver notre culture, nos libertés et le sens même de notre vie, pour les autres, c’est réunir
873 er notre culture, nos libertés et le sens même de notre vie, pour les autres, c’est réunir des commissions, qui convoqueront
874 a le monde. Prenons-le comme il est, et demandons- nous ce soir, à la lumière de l’actualité, ce que signifie « faire l’Europ
875 et répété — la semaine dernière encore, dans tous nos journaux — que M. Churchill avait été l’initiateur et le pionnier du
876 eur. Mais le fait est que, quand certains d’entre nous répétaient depuis 1945, qu’on ne pouvait résoudre le problème alleman
877 ffit de voir ce qui est, dans l’immédiat, et sous nos yeux. L’étonnant, le stupéfiant, ce n’est pas que M. Churchill, après
878 lais, celui qui a seul tenu tête à Hitler, et qui nous a sauvé du fol orgueil allemand, faire l’Europe aujourd’hui signifie
879 à venir siéger dans l’Assemblée consultative, qui doit se réunir au mois d’août à Strasbourg, pour sa deuxième session norma
880 onseil de l’Europe, puisqu’il est clair que, dans notre fédération, de tels problèmes précisément ne se poseraient plus, — et
881 ionalisme, c’est un non-sens dont les politiciens devraient rougir jusqu’aux oreilles, tant à Paris qu’à Bonn, et même à Londres.
882 me à Londres. Mais un politicien peut-il rougir ? Nous saurons, à la fin du mois, si l’Allemagne entre ou non dans le Consei
883 ’Europe, mis sur pied grâce aux efforts privés de notre Mouvement réussissait à absorber les Allemands dans une vaste union,
884 ustifié devant l’Histoire. S’il y échoue, eh bien nous ferons autre chose, — comptez sur nous ! Au revoir, chers auditeurs,
885 e, eh bien nous ferons autre chose, — comptez sur nous  ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
48 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Les volontaires de Daniel Villey (10 avril 1950)
886 thousiasme pour l’initiative de Villey me font un devoir , aujourd’hui, de vous décrire la suite de cette belle aventure. Certe
887 un engagement militaire ignore sur quel front il devra se battre. Ce qui importe avant tout à mes yeux, c’est que les volont
888 éjà à l’action des volontaires. Tout d’abord, ils devront répandre dans toutes les communes de France le drapeau de l’Europe, l
889 l faudra qu’une équipe analogue se constitue chez nous , comme dans d’autres pays, pour élargir l’action conduite en France,
890 on conduite en France, en adaptant ses méthodes à nos mœurs, à nos problèmes, à nos mentalités. Je souhaite que le succès d
891 n France, en adaptant ses méthodes à nos mœurs, à nos problèmes, à nos mentalités. Je souhaite que le succès de Daniel Vill
892 tant ses méthodes à nos mœurs, à nos problèmes, à nos mentalités. Je souhaite que le succès de Daniel Villey en France perm
893 l Villey en France permette une suite rapide chez nous , car je crois qu’aujourd’hui rien n’est plus nécessaire que ce travai
894 t à ses volontaires, j’adresse au nom de beaucoup nos vœux de joyeuses Pâques. Le printemps de l’Europe est à eux, cette an
49 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Branle-bas mondial (17 avril 1950)
895 lification du monde est en train de s’opérer sous nos yeux. Il est incontestable qu’il s’agit d’un fait sans précédent dans
896 Ouest hésitent et ânonnent. » C’est qu’à l’Ouest, nous devons tenir compte de mille réalités qu’un Staline néglige ou liquid
897 hésitent et ânonnent. » C’est qu’à l’Ouest, nous devons tenir compte de mille réalités qu’un Staline néglige ou liquide : les
898 ique, l’uniformisation des choses et des esprits, nous tâtonnons vers des formules d’union respectueuses des diversités. Alo
899 e du premier coup la direction unique du Kremlin, nous nous disputons sur des dosages nationaux, sur des questions de préséa
900 premier coup la direction unique du Kremlin, nous nous disputons sur des dosages nationaux, sur des questions de préséance d
901 préséance diplomatiques héritées d’un autre âge. Nous louchons vers une direction américaine, qui hésite d’ailleurs à s’imp
902 eurs à s’imposer, tout en déclarant fièrement que nous ne boirons pas de coca-cola. Il y a souvent de la sottise, mais parfo
903 ive un peu sérieuse de réponse au péril eurasien, nous la voyons se dessiner depuis quelques semaines avec le renforcement d
904 ils ne peuvent pas se défendre. Une fois de plus, nous voyons que la clé du problème, c’est de fédérer d’abord tous les pays
905 es, les dominions et l’Afrique. Une fois de plus, nous voyons qu’il est faux de prétendre que « le stade de l’Europe » est d
906 c’est la cause de l’homme personnel, de chacun de nous , un à un, la cause de l’homme qui a droit à ses passions, à ses péché
907 pris cela auront aussi compris le sens dernier de notre effort fédéraliste. Au revoir, à lundi prochain.
50 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’union atlantique (24 avril 1950)
908 ostic, le jour même où je vous parlais, la presse nous apprenait que M. Georges Bidault venait, au nom de la France, de prop
909  ? Faut-il en déduire comme certains journaux que nos hommes d’État ont renoncé à faire l’Europe, avant d’avoir sérieusemen
910 partisans de l’union et même de la fédération de nos pays. Mais dès qu’il s’agit d’accepter une mesure bien pratique et ef
911 qu’ils sont bien décidés à ne rien faire. Car si nous leur laissions tout le temps qu’ils demandent, il est très peu probab
912 s d’entrer sur pied d’égalité dans une union avec nos peuples désunis, donc faibles, avec nos gouvernements qui n’ont pas r
913 nion avec nos peuples désunis, donc faibles, avec nos gouvernements qui n’ont pas réussi à harmoniser leurs économies, malg
914 e par M. Bidault est la bonne : c’est celle qu’il nous faudra prendre après-demain, et nous devons nous y préparer, en imagi
915 celle qu’il nous faudra prendre après-demain, et nous devons nous y préparer, en imagination, dès aujourd’hui. Pour cela, i
916 e qu’il nous faudra prendre après-demain, et nous devons nous y préparer, en imagination, dès aujourd’hui. Pour cela, il nous
917 nous faudra prendre après-demain, et nous devons nous y préparer, en imagination, dès aujourd’hui. Pour cela, il nous faut
918 r, en imagination, dès aujourd’hui. Pour cela, il nous faut d’abord éclaircir, assainir l’atmosphère, et déblayer les ridicu
919 layer les ridicules malentendus qui faussent tous nos jugements sur l’Amérique, et ceux que les Américains portent sur nous
920 ’Amérique, et ceux que les Américains portent sur nous . J’y reviendrai dans ma prochaine chronique. Ensuite, il s’agit de bi
921 nsuite, il s’agit de bien voir que ce ne sont pas nos petits États souverains qui seront capables de s’unir à l’Amérique, e
922 nir à l’Amérique, en ordre dispersé ; mais que si nous voulons qu’un jour le grand rêve atlantique soit une réalité, il nous
923 our le grand rêve atlantique soit une réalité, il nous faut commencer par nous en rendre dignes, il nous faut faire demain l
924 ique soit une réalité, il nous faut commencer par nous en rendre dignes, il nous faut faire demain l’Europe. Au revoir, à lu
925 nous faut commencer par nous en rendre dignes, il nous faut faire demain l’Europe. Au revoir, à lundi prochain.
51 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et l’Amérique (1er mai 1950)
926 en train de se faire, et peut-être plus vite que nous ne le saurions croire, nous qui avons, si j’ose dire, le nez sur l’év
927 ut-être plus vite que nous ne le saurions croire, nous qui avons, si j’ose dire, le nez sur l’événement. Je vous ai décrit l
928 st encore vagissant, mais il est né. La presse de nos pays est encore divisée, souvent sceptique, mais vous ne pouvez plus
929 ue et culturel le plus urgent, le plus concret de notre époque. C’est à ce réveil de l’opinion que ma chronique essaye de con
930 ce côté-là que le pouvoir véritable réside, dans nos régimes. Je ne puis agir, en fait, que sur un petit secteur de ce que
931 omme le grand public, mais c’est peut-être là que notre sort se jouera, — dans l’opinion, puisqu’elle seule est en mesure d’e
932 t parfois des steppes, certains appels aussi, qui nous obligent à nous tourner vers l’Amérique. Depuis que M. Bidault a prop
933 eppes, certains appels aussi, qui nous obligent à nous tourner vers l’Amérique. Depuis que M. Bidault a proposé le haut Cons
934 ard, le plan Bidault peut être utile même s’il ne doit pas aboutir. Car cette confrontation spectaculaire dans laquelle il n
935 ette confrontation spectaculaire dans laquelle il nous place avec toute l’Amérique, nous invite à prendre une conscience bea
936 ans laquelle il nous place avec toute l’Amérique, nous invite à prendre une conscience beaucoup plus claire de l’Europe en t
937 rienne et anglicane. Il y a la longue histoire de nos alliances et de nos guerres civiles. Il y a les mêmes partis socialis
938 Il y a la longue histoire de nos alliances et de nos guerres civiles. Il y a les mêmes partis socialistes, catholiques, li
939 les, parlementaires, qui se ressemblent dans tous nos pays et qui nous distinguent tous, profondément, de la Russie et de l
940 res, qui se ressemblent dans tous nos pays et qui nous distinguent tous, profondément, de la Russie et de l’Orient. Il y a s
941 les et traditionnelles, qui semble à première vue nous diviser, mais qui surtout nous oppose tous ensemble au goût du nivell
942 ble à première vue nous diviser, mais qui surtout nous oppose tous ensemble au goût du nivellement, qui est asiatique, et au
943 , c’est qu’en face de la Russie ou de l’Amérique, nous sentons bien que nous formons en Europe une grande famille, malgré to
944 la Russie ou de l’Amérique, nous sentons bien que nous formons en Europe une grande famille, malgré toutes nos diversités, o
945 rmons en Europe une grande famille, malgré toutes nos diversités, ou à cause d’elles. La seconde, c’est que nous sommes act
946 rsités, ou à cause d’elles. La seconde, c’est que nous sommes actuellement séparés de nos Américains par autre chose encore
947 de, c’est que nous sommes actuellement séparés de nos Américains par autre chose encore que par ces différences authentique
948 que par ces différences authentiques et valables. Nous sommes séparés d’eux par des malentendus, des préjugés et des informa
52 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et l’Amérique (II) (8 mai 1950)
949 ’Amérique l’Européen moyen ? Et que pense-t-on de nous , dans les États-Unis ? Ces deux questions sont importantes. Car d’une
950 tient certes plus d’informations sur l’Europe que nos propres journaux. Mais elle ignore l’esprit et l’âme du Vieux Monde.
951 elle ignore l’esprit et l’âme du Vieux Monde. Et nous avons tous vu quantité de films américains, nous savons à peu près ce
952 nous avons tous vu quantité de films américains, nous savons à peu près ce qu’est le plan Marshall, nous avons cotoyé chez
953 ous savons à peu près ce qu’est le plan Marshall, nous avons cotoyé chez nous des milliers de GIs en vacances, mais nous n’e
954 e qu’est le plan Marshall, nous avons cotoyé chez nous des milliers de GIs en vacances, mais nous n’en continuons pas moins
955 é chez nous des milliers de GIs en vacances, mais nous n’en continuons pas moins à répéter des jugements inspirés à notre in
956 uons pas moins à répéter des jugements inspirés à notre insu par la propagande communiste, ou par tel livre ancien de M. Duha
957 quelconque limonade est devenue pour la presse de nos pays latins le symbole même de l’invasion yankee, contre laquelle nou
958 ymbole même de l’invasion yankee, contre laquelle nous aurions à défendre les antiques vertus de la race, la santé de nos en
959 endre les antiques vertus de la race, la santé de nos enfants et l’intégrité de notre conception du monde, laquelle inclut,
960 a race, la santé de nos enfants et l’intégrité de notre conception du monde, laquelle inclut, bien entendu, l’apéritif qui ro
961 es bourses… J’estime qu’en cette affaire, c’est à nous de rougir. Gardons nos grands principes pour des questions sérieuses.
962 en cette affaire, c’est à nous de rougir. Gardons nos grands principes pour des questions sérieuses. Je ne suis pas sûr que
963 ument privée, et il se trouve que son succès dans nos pays est proportionnellement plus grand encore qu’en Amérique. Au lie
964 s politiques qui ne peuvent pas y être, demandons- nous plutôt si cet immense succès fait aux digestes par le public européen
965 goûts de la masse des deux côtés de l’Océan ? Si notre grand public se jette sur les digestes, n’est-ce pas aussi qu’on a tr
966 s pas un instant que les États-Unis nourrissent à notre égard de noirs desseins. Mais nous les forcerons à prendre en main, p
967 nourrissent à notre égard de noirs desseins. Mais nous les forcerons à prendre en main, plus qu’ils ne le désirent, nos affa
968 ns à prendre en main, plus qu’ils ne le désirent, nos affaires matérielles, si nous n’arrivons pas, à temps, à nous unir po
969 ’ils ne le désirent, nos affaires matérielles, si nous n’arrivons pas, à temps, à nous unir pour rebâtir l’Europe. Notre pro
970 s matérielles, si nous n’arrivons pas, à temps, à nous unir pour rebâtir l’Europe. Notre prospérité, et plus : notre réelle
971 pas, à temps, à nous unir pour rebâtir l’Europe. Notre prospérité, et plus : notre réelle autonomie, sont à ce prix. Quant a
972 our rebâtir l’Europe. Notre prospérité, et plus : notre réelle autonomie, sont à ce prix. Quant au reproche de barbarie matér
973 x. Quant au reproche de barbarie matérialiste que nous faisons par habitude à l’Amérique, voici comment j’y répondais naguèr
974 à l’égard de l’Europe ? Voici : l’Américain moyen nous considère, nous les Européens, comme à moitié ou mal civilisés ; plus
975 urope ? Voici : l’Américain moyen nous considère, nous les Européens, comme à moitié ou mal civilisés ; plus soucieux du pas
976 pour le voisin ; incapables de faire fonctionner nos économies nationales et de réparer nos robinets ; chicaneurs, suscept
977 onctionner nos économies nationales et de réparer nos robinets ; chicaneurs, susceptibles, désunis, et au total inefficaces
978 rs d’un certain nombre de réalités que l’Amérique doit encore découvrir. L’Européen, et je ne veux pas parler seulement de n
979 L’Européen, et je ne veux pas parler seulement de nos plus grands esprits, l’Européen du peuple est resté, malgré tout, un
980 p aisé de multiplier ? Je crois que c’est clair : nous avons grand besoin les uns des autres. Nous avons besoin de leurs moy
981 air : nous avons grand besoin les uns des autres. Nous avons besoin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur gé
982 tres. Nous avons besoin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ; nous
983 s besoin de leurs moyennes, eux de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confian
984 de nos extrêmes ; nous de leur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de notre sen
985 de leur générosité, eux de notre sens créateur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de notre sens critique. Si quelqu
986 eur ; nous de leur confiance en la vie, et eux de notre sens critique. Si quelque jour nous arrivons à quelque chose de plus
987 e, et eux de notre sens critique. Si quelque jour nous arrivons à quelque chose de plus qu’une alliance militaire : à un all
988 plus qu’une alliance militaire : à un alliage de nos vertus complémentaires, la civilisation occidentale sera sauvée. Mais
989 la civilisation occidentale sera sauvée. Mais il nous faut d’abord sauver notre moitié à nous de ce grand tout, il nous fau
990 ale sera sauvée. Mais il nous faut d’abord sauver notre moitié à nous de ce grand tout, il nous faut donc d’abord unir l’Euro
991 . Mais il nous faut d’abord sauver notre moitié à nous de ce grand tout, il nous faut donc d’abord unir l’Europe. Au revoir,
992 d sauver notre moitié à nous de ce grand tout, il nous faut donc d’abord unir l’Europe. Au revoir, à lundi prochain.
53 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Lenteurs et progrès (15 mai 1950)
993 7 mai 1948, s’ouvrait le congrès de La Haye, qui devait donner l’impulsion principale à la campagne pour l’Europe unie. Un an
994 ropéen s’était réuni à Paris. M. Spaak était venu nous parler. Il commença son discours en ces termes : « Messieurs, les pro
995 … et je pourrais continuer ainsi indéfiniment ! » Nous fûmes unanimes à l’applaudir. La situation dans laquelle nous nous tr
996 nanimes à l’applaudir. La situation dans laquelle nous nous trouvions, deux ans après notre départ à La Haye, était évidemme
997 es à l’applaudir. La situation dans laquelle nous nous trouvions, deux ans après notre départ à La Haye, était évidemment pa
998 dans laquelle nous nous trouvions, deux ans après notre départ à La Haye, était évidemment paradoxale. Car d’une part, nous p
999 aye, était évidemment paradoxale. Car d’une part, nous pouvions nous féliciter des progrès très rapides de notre idée dans l
1000 demment paradoxale. Car d’une part, nous pouvions nous féliciter des progrès très rapides de notre idée dans l’opinion publi
1001 uvions nous féliciter des progrès très rapides de notre idée dans l’opinion publique, dans les masses et dans la presse. Il y
1002 ses et dans la presse. Il y a deux ans, en effet, nous n’étions qu’une poignée d’idéalistes — comme dit avec pitié le premie
1003 t se décourage, au lieu de redoubler sa pression. Nous en étions donc là, dimanche dernier. Et nous venions d’adresser un ap
1004 ion. Nous en étions donc là, dimanche dernier. Et nous venions d’adresser un appel très pressant au Conseil de l’Europe pour
1005 i incapables d’entrer en conflit armé que deux de nos cantons suisses ou que deux armées dont l’une aurait les canons, l’au
1006 s et tantôt presque paniques. Depuis deux ans, on nous disait de tous côtés : vos projets de fédération sont très beaux, bra
1007 os projets de fédération sont très beaux, bravo ! Nous sommes d’accord, mais de grâce, proposez quelque chose de pratique !
1008 r les cornes, en s’offrant de réaliser sans délai notre plan le plus évidemment pratique. Et que voit-on ? On voit les grands
1009 ction, comme d’habitude, parce que cette fois ils devront se décider entre l’isolement insulaire et l’union. On voit enfin les
1010 évolte prouve simplement qu’avec le plan Schuman, nous sommes entrés dans le concret de notre lutte fédéraliste. Tous ces me
1011 an Schuman, nous sommes entrés dans le concret de notre lutte fédéraliste. Tous ces messieurs étaient d’accord tant que notre
1012 ste. Tous ces messieurs étaient d’accord tant que notre plan restait vague à leurs yeux. Et ils se réservaient tout l’avantag
1013 rs yeux. Et ils se réservaient tout l’avantage de nous reprocher d’être dans le vague. Nous voici dans le concret, les voilà
1014 ’avantage de nous reprocher d’être dans le vague. Nous voici dans le concret, les voilà pris de panique. La paix du monde, d
1015 a doctrine, c’est mieux. La bataille est ouverte. Notre bataille à tous. Seule, la pression accrue de l’opinion publique qui
1016 ccrue de l’opinion publique qui veut la paix, qui doit vouloir les sacrifices matériels qu’elle implique — provisoirement, s
1017 fois les résultats d’un Gallup poll conduit dans nos pays sur l’union de l’Europe. Au revoir, à lundi prochain.
54 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’opinion (22 mai 1950)
1018 rtout, soyons prudents, marchons lentement ! Chez nous en Norvège, l’homme de la rue s’intéresse fort peu au Mouvement pour
1019 n ni trop vite, car les peuples se refuseraient à nous suivre. » À quoi le Français répondait : « Mon expérience est exactem
1020 inverse. Je constate que si l’homme de la rue ne nous suit pas, et ne croit guère à nos efforts, c’est parce que nous n’all
1021 e de la rue ne nous suit pas, et ne croit guère à nos efforts, c’est parce que nous n’allons pas assez vite ni assez loin.
1022 et ne croit guère à nos efforts, c’est parce que nous n’allons pas assez vite ni assez loin. Avançons hardiment, et alors,
1023 hardiment, et alors, alors seulement, les peuples nous suivront ! » Or je viens d’avoir sous les yeux les résultats d’une en
1024 oudraient bien, ils n’ont rien contre, enfin, ils nous l’assurent, « Mais les masses, voyez-vous, nous les connaissons bien,
1025 s nous l’assurent, « Mais les masses, voyez-vous, nous les connaissons bien, elles ne sont pas prêtes à nous suivre. » Je le
1026 les connaissons bien, elles ne sont pas prêtes à nous suivre. » Je leur réponds qu’en vérité, ils n’en savent absolument ri
1027 et depuis des années, je sentais que l’opinion de nos peuples, dans sa majorité, serait favorable à une fédération du conti
1028 le serait mauvaise et 27 % sont demeurés indécis. Nous trouvons donc, en gros, dans 5 pays qui forment à eux seuls plus de l
1029 réfléchir aux hommes d’État, et de quoi fortifier notre espoir. Une majorité de 2/3 en faveur de l’union, cela doit rassurer
1030 r. Une majorité de 2/3 en faveur de l’union, cela doit rassurer les plus timides : on connaît des gouvernements qui se conte
1031 par hasard, ce gouvernement-là qui freine le plus nos efforts vers l’union. Qu’il dise franchement qu’il est bien décidé à
55 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Conversation avec un Américain (29 mai 1950)
1032 at de l’Europe, et des efforts en cours pour unir nos pays. Avec un mélange de sympathie curieuse et de méfiance toute scie
1033 nds faits incontestables que voici. Premièrement, nous n’avons pas le choix. Il nous faut faire l’Europe, unir ses 20 pays,
1034 oici. Premièrement, nous n’avons pas le choix. Il nous faut faire l’Europe, unir ses 20 pays, parce que c’est la seule solut
1035 ution. Une crise économique sans précédent menace notre vieux continent. Et pas un seul de nos pays — pas même la Suisse ! — 
1036 t menace notre vieux continent. Et pas un seul de nos pays — pas même la Suisse ! — ne peut prétendre s’en tirer tout seul
1037 euls efforts, si ses voisins sont en faillite. Il nous faut donc nous entraider, et mettre en commun nos ressources, qui pou
1038 i ses voisins sont en faillite. Il nous faut donc nous entraider, et mettre en commun nos ressources, qui pourraient être im
1039 ous faut donc nous entraider, et mettre en commun nos ressources, qui pourraient être immenses une fois organisées. Pour ce
1040 être immenses une fois organisées. Pour cela, il nous faut une union politique, car elle seule peut forcer les intérêts par
1041 irement au bénéfice de l’intérêt commun. Et comme nous sommes très opposés à l’unification totale, car nos diversités sont n
1042 s sommes très opposés à l’unification totale, car nos diversités sont notre vraie richesse, nous demandons que l’union de n
1043 s à l’unification totale, car nos diversités sont notre vraie richesse, nous demandons que l’union de nos pays s’opère dans u
1044 le, car nos diversités sont notre vraie richesse, nous demandons que l’union de nos pays s’opère dans un esprit fédéraliste,
1045 tre vraie richesse, nous demandons que l’union de nos pays s’opère dans un esprit fédéraliste, — nous demandons l’union dan
1046 de nos pays s’opère dans un esprit fédéraliste, —  nous demandons l’union dans la diversité, sur le modèle qui a fait ses pre
1047 nc d’éviter la ruine de l’Europe, tout en sauvant nos valeurs nationales. En second lieu, il nous faut faire l’Europe, parc
1048 auvant nos valeurs nationales. En second lieu, il nous faut faire l’Europe, parce que si nous tardons à réaliser une vraie f
1049 d lieu, il nous faut faire l’Europe, parce que si nous tardons à réaliser une vraie fédération, à notre idée, conforme à nos
1050 i nous tardons à réaliser une vraie fédération, à notre idée, conforme à nos coutumes et à nos intérêts, nous y serons bientô
1051 er une vraie fédération, à notre idée, conforme à nos coutumes et à nos intérêts, nous y serons bientôt forcés par d’autres
1052 ation, à notre idée, conforme à nos coutumes et à nos intérêts, nous y serons bientôt forcés par d’autres : nous y serons f
1053 idée, conforme à nos coutumes et à nos intérêts, nous y serons bientôt forcés par d’autres : nous y serons forcés par vous,
1054 rêts, nous y serons bientôt forcés par d’autres : nous y serons forcés par vous, Américains, — ou bien par une doctrime, un
1055 orreur d’un continent ruiné, d’un marché vide. Si nous n’arrivons pas à faire demain l’Europe, elle sera faite malgré nous,
1056 s à faire demain l’Europe, elle sera faite malgré nous , par vous ou par les autres. Nous serons Russes ou Américains, si nou
1057 ra faite malgré nous, par vous ou par les autres. Nous serons Russes ou Américains, si nous ne sommes par simplement supprim
1058 les autres. Nous serons Russes ou Américains, si nous ne sommes par simplement supprimés. — Cher Monsieur, m’a dit alors mo
1059 ons de M. Staline, mais que je sais très bien que nous , en Amérique, nous ne vous forcerons jamais à vous unir. Nous continu
1060 mais que je sais très bien que nous, en Amérique, nous ne vous forcerons jamais à vous unir. Nous continuerons même à vous a
1061 rique, nous ne vous forcerons jamais à vous unir. Nous continuerons même à vous aider quand le plan Marshall aura pris fin.
1062 u l’autre de contrôler l’emploi des fonds qu’elle nous envoie ? Ce serait tout simplement absurde de sa part. Mais contrôler
1063 s le vouliez ou non, vous serez un jour forcés de nous forcer à faire l’union européenne. Nous préférons la faire avant, à n
1064 forcés de nous forcer à faire l’union européenne. Nous préférons la faire avant, à notre idée. À ce moment, mon visiteur amé
1065 nion européenne. Nous préférons la faire avant, à notre idée. À ce moment, mon visiteur américain m’a déclaré qu’à son avis,
1066 mise en commun des ressources du continent. Tous nos économistes sont d’accord sur ce point. Mais il est clair que cette p
1067 rrente. C’est là son choix, c’est son affaire. La nôtre est d’éviter la ruine. Et nous refusons de penser que la santé des un
1068 t son affaire. La nôtre est d’éviter la ruine. Et nous refusons de penser que la santé des uns puisse vraiment nuire à celle
1069 ue n’est-elle pas pour la libre entreprise ? Elle doit donc accepter la concurrence. Mais nous n’en sommes pas encore là. Co
1070 se ? Elle doit donc accepter la concurrence. Mais nous n’en sommes pas encore là. Commençons par sauver notre Europe ! Au re
1071 n’en sommes pas encore là. Commençons par sauver notre Europe ! Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
56 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le règne des experts (5 juin 1950)
1072 points principaux du programme des fédéralistes. Nous l’avions proposé à Montreux dès 1947, puis à La Haye en 1948, et à We
1073 résultats des travaux qui vont s’ouvrir à Paris, nous pouvons dès maintenant faire deux constatations sur l’accueil réservé
1074 se encore tout ce que l’on pouvait craindre. Tous nous parlent d’union, proclament qu’elle est urgente, mais personne ne veu
1075 t, l’Europe court à sa perte. Mais les raisons de notre perte ne seront pas la Russie, ni le diable ! Elles sont inscrites da
1076 dant la Bombe et le travail forcé. Leur fatalisme nous conduit tout droit à ces fatalités. La deuxième conclusion que je veu
1077 tances que l’on oppose au plan Schuman, c’est que nous vivons de plus en plus sous le règne des experts, sous leur dominatio
1078 ouvoir politique va demander les décisions, qu’il devrait normalement dicter. Or, que peuvent en fait les experts ? Ils peuvent
1079 un phénomène moral et spirituel fort inquiétant. Nous assistons à la décadence de l’autorité, au profit de la dictature des
1080 toute jeune fille et un vieillard. Mais saurions- nous encore les écouter ? Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
57 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Valeur de l’Europe (12 juin 1950)
1081 n tout cas, toutes les marottes de chacun d’entre nous . Dans le cadre de cette chronique et de l’action que je commente pour
1082 ais vous rappeler ce soir, c’est justement ce que nous , Européens, avons tendance à oublier, c’est la grandeur unique de not
1083 s tendance à oublier, c’est la grandeur unique de notre continent, et ce sont ses causes véritables. Posez-vous simplement ce
1084 eau de la planète. C’est la culture qui a fait de notre péninsule tout autre chose que ce qu’elle paraît physiquement. Sans l
1085 ce qu’elle paraît physiquement. Sans la culture, nous n’aurions ni puissance, ni richesse matérielle, ni libertés civiques.
1086 e la culture, d’elle seule. Vous oubliez que sans nos inventeurs, qui poursuivaient des travaux de science pure, vous n’aur
1087 s de transport, ni remèdes. Vous oubliez que sans nos philosophes et nos juristes, vous n’auriez pas l’idée de l’homme indu
1088 remèdes. Vous oubliez que sans nos philosophes et nos juristes, vous n’auriez pas l’idée de l’homme industriel, distingué d
1089 fois, et de rien d’autre. Les grands empires qui nous disputent la puissance, l’Amérique et l’URSS, sont eux-mêmes nés d’id
1090 du puritanisme anglo-saxon, l’autre de Marx et de notre industrie. Si donc l’on veut rester concret, pratique, il faut reconn
1091 matière — car de cela, les autres en ont plus que nous . Vouloir défendre notre vieille Europe, il faut bien voir que c’est d
1092 les autres en ont plus que nous. Vouloir défendre notre vieille Europe, il faut bien voir que c’est défendre tout d’abord les
1093 r le Mouvement européen, et sur l’institution qui doit mener cette action, le Centre européen de la culture. Pour aujourd’hu
58 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (19 juin 1950)
1094 ficiles et d’expériences préalables. Aujourd’hui, nous touchons au but. Un comité formé de vingt représentants d’instituts c
1095 un des pionniers français du fédéralisme, ceux-là nous demandent souvent : Que fera donc votre Centre ? Pouvez-vous me l’exp
1096 x mots ? J’ai coutume de répondre ceci : D’abord, nous allons prendre exactement le contre-pied des usages devenus courants
1097 onnel qui se compte sur les doigts de la main, et nos bureaux non pas dans un palace ni dans un gratte-ciel flambant neuf,
1098 qui ressemble à un refuge du Club alpin. Ensuite, nos tâches seront définies tout simplement par les besoins réels qui se f
1099 l’Europe et sur les problèmes que pose son union. Nous commencerons donc par dresser un inventaire des forces culturelles da
1100 dresser un inventaire des forces culturelles dans nos pays, et une liste des lacunes à combler. C’est la base. Chose curieu
1101 t pensé, ou en tout cas ne l’avait fait. Ensuite, nous constatons que dans tous nos pays surgissent des instituts dont les p
1102 vait fait. Ensuite, nous constatons que dans tous nos pays surgissent des instituts dont les programmes se ressemblent, pou
1103 ur double emploi, et qui s’ignorent mutuellement. Nous allons donc les fédérer progressivement au service d’un même but : l’
1104 t au service d’un même but : l’union de l’Europe. Nous voyons aussi que partout se posent des problèmes très urgents, comme
1105 ales, les budgets nationaux partout insuffisants. Nous allons donc créer un lieu de rencontres, où des représentants de nos
1106 er un lieu de rencontres, où des représentants de nos divers pays étudieront ces problèmes tout nouveaux, afin de les résou
1107 rope, la seule possible, par la mise en commun de nos ressources. Ce sera, si vous le voulez, un plan Schuman, mais dans le
1108 human, mais dans le domaine de la culture. Enfin, nous constatons qu’aucun de nos États et leurs instituts officiels ne peut
1109 de la culture. Enfin, nous constatons qu’aucun de nos États et leurs instituts officiels ne peut parler au nom de l’Europe
1110 ope comme unité et formuler son idéal, par-dessus nos frontières anachroniques et nos intérêts nationaux, économiques ou pa
1111 idéal, par-dessus nos frontières anachroniques et nos intérêts nationaux, économiques ou partisans. C’est là le rôle que pe
1112 t l’appui de l’opinion et s’il parvient à grouper nos élites. Tels sont l’esprit, les méthodes et les buts de l’institut qu
1113 xemples bien précis, qui feront voir la nature de nos activités. Premier exemple : les recherches scientifiques. Aucun de n
1114 exemple : les recherches scientifiques. Aucun de nos pays n’est assez riche pour développer la recherche atomique et ses a
1115 s à la médecine, à l’industrie et aux transports. Nous sommes très en retard sur l’Amérique. Mais si tous nos pays groupent
1116 ommes très en retard sur l’Amérique. Mais si tous nos pays groupent leurs savants, leurs appareils et leurs ressources maté
1117 nte. Si elle les a, son indépendance est assurée. Nous allons donc convoquer nos savants : et ils vont voir ensemble ce qui
1118 épendance est assurée. Nous allons donc convoquer nos savants : et ils vont voir ensemble ce qui doit être fait, ce qui peu
1119 er nos savants : et ils vont voir ensemble ce qui doit être fait, ce qui peut être fait sans retard, dans ce domaine. Second
1120 culture, très actifs, pleins de foi, mais isolés. Nous avons entrepris de les mettre en contact, et de les fédérer en un vas
1121 à le voir, tout cela n’a rien de théorique, mais doit servir, bien au contraire, à construire une Europe rajeunie, libérée
1122 Centre européen de la culture, je vous le disais, doit être en Suisse. N’est-il pas beau que ce soit de la Suisse, espace ne
59 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Avant Strasbourg (26 juin 1950)
1123 durant ces mois, et sur l’avenir immédiat. Avons- nous avancé vers l’union ? Prenons d’abord notre Mouvement européen, qui f
1124 Avons-nous avancé vers l’union ? Prenons d’abord notre Mouvement européen, qui fut depuis deux ans le moteur de l’action. De
1125 uropéenne, dotée de pouvoirs limités, mais réels. Nous verrons à Strasbourg, cet été, si ce projet peut passer dans les fait
1126 ns qui marqueront une date : elles signifient que nos élites intellectuelles ont enfin réussi à grouper leurs efforts par-d
1127 n pose les bases matérielles d’une renaissance de notre continent. Né d’un projet conçu par les fédéralistes, il restera l’ho
1128 jeux de ses politiciens. Et maintenant, tournons- nous vers l’avenir. La deuxième session de Strasbourg s’ouvrira le 8 août.
1129 réels. Si elle recule, si elle refuse l’obstacle, nous cesserons non pas certes d’espérer, ni de lutter, mais de croire à so
1130 ce, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à nos calamités. Vous dites qu’il y a de grosses difficultés. Vous êtes-là
1131 contre la vertu en général, ou contre l’union de nos peuples. Nous sommes tous de bonne volonté, à nous en croire… Mais ce
1132 rtu en général, ou contre l’union de nos peuples. Nous sommes tous de bonne volonté, à nous en croire… Mais certains souhait
1133 nos peuples. Nous sommes tous de bonne volonté, à nous en croire… Mais certains souhaitent un peu d’union, bien sûr, tandis
1134 ent le nécessaire. Certains déplorent éloquemment nos divisions, tandis que d’autres veulent abolir la cause du mal, qui es
1135 Comité des ministres, prenez le pouvoir et donnez- nous l’Autorité européenne. Tel serait mon discours, chers auditeurs, et
1136 voir convaincu, depuis un an, que c’est la vôtre. Nous nous retrouverons, je l’espère, au mois de septembre, et je vous dira
1137 convaincu, depuis un an, que c’est la vôtre. Nous nous retrouverons, je l’espère, au mois de septembre, et je vous dirai si
1138 espère, au mois de septembre, et je vous dirai si nous avons gagné. Merci de m’avoir suivi si fidèlement, merci pour toutes
1139 ns vos pensées. C’est avec cet appui de l’âme que nous ferons demain l’Europe. Mes chers auditeurs, au revoir !
60 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un été orageux (9 septembre 1950)
1140 de ce qui s’est fait, ou ne s’est pas fait, pour nous unir, depuis deux mois ; avant d’en revenir à des problèmes précis, j
1141 a pas manqué de faire prendre, à certains d’entre nous , une conscience plus claire du danger et de la fragilité de notre pai
1142 ience plus claire du danger et de la fragilité de notre paix. Je ne saurais mieux décrire cette atmosphère chargée qu’en évoq
1143 si le conflit coréen n’allait pas se généraliser. Nous étions en tout cas aux premières loges, là où l’on sent que les chose
1144 ’une heure à l’autre. Et pendant plusieurs jours, nous avons entendu des hommes comme le grand romancier italien Silone, ou
1145 s de l’Est européen, qui viennent de perdre, sous nos yeux, cette liberté que l’on fêtait autour de nous, et que nous risqu
1146 nos yeux, cette liberté que l’on fêtait autour de nous , et que nous risquions de perdre à notre tour, demain peut-être… Quan
1147 te liberté que l’on fêtait autour de nous, et que nous risquions de perdre à notre tour, demain peut-être… Quand il eut term
1148 autour de nous, et que nous risquions de perdre à notre tour, demain peut-être… Quand il eut terminé, je vous l’assure, notre
1149 eut-être… Quand il eut terminé, je vous l’assure, notre congrès ne pensait plus guère à s’amuser. Je passai tôt après quelque
1150 sions récentes en tenant à peu près ce langage : Nous sommes tranquilles ici dans un pays prospère. Mais ce pays est au cœu
1151 e sent, tout d’un coup, cet été, sans défense. Et notre sort, au bout du compte, sera celui du continent. L’Europe aussi, com
1152 oubliez pas, sont à une heure et demie d’avion de notre pays. Les Américains à 16 heures. Le jour n’est-il pas venu pour nous
1153 cains à 16 heures. Le jour n’est-il pas venu pour nous tous d’obéir à l’exemple des petits cantons suisses, lesquels, consid
1154 t à les molester ? Le moment n’est-il pas venu de nous unir au-dessus de nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vie
1155 oment n’est-il pas venu de nous unir au-dessus de nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières, et d
1156 pas venu de nous unir au-dessus de nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières, et de fédérer nos f
1157 us de nos partis, de nos vieilles querelles et de nos vieilles frontières, et de fédérer nos faiblesses pour en faire la fo
1158 lles et de nos vieilles frontières, et de fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle, la seule garantie de la
1159 hroniques. Car beaucoup de choses dépendent, pour notre avenir à tous, de ce qui s’est fait, ou ne s’est pas fait là. Au revo
61 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’atmosphère de Strasbourg (11 septembre 1950)
1160 oyez que je n’ai pas d’illusions. Mais je calcule nos chances, qui sont celles de la paix, et je trouve qu’elles ne sont pa
62 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’armée européenne (18 septembre 1950)
1161 peut être envahie demain, ou cette nuit même. Si nous pensons qu’elle vaut d’être sauvée, constituons une armée sérieuse, q
1162 de la menace elle-même continentale qui pèse sur nous . Le génie de Churchill est indéniable : il consiste à dire simplement
1163 t faire. Premièrement, face au danger d’invasion, nous savons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne fût-ce que pour fo
1164 nvasion, nous savons tous qu’il est nécessaire de nous armer, ne fût-ce que pour forcer l’envahisseur à réfléchir, et sauver
1165 es nationales, à la fois ruineuses pour chacun de nos pays, et ridiculement insuffisantes pour l’ensemble du continent. Réa
1166 veiller le nationalisme qui est l’origine même de nos maux, enfin, c’est opposer dix-neuf faiblesses à une grande force, et
1167 e l’utiliser pour assurer la paix, non point pour nous jeter dans les pires aventures. Comme vous le voyez, tout cela se tie
1168 armée d’Europe serait plus dangereuse encore que notre faiblesse actuelle. Mais je voudrais ajouter une remarque importante.
1169 s l’état politique et social où sont plusieurs de nos voisins, rien n’est moins sûr. On dit que M. Churchill est un grand r
1170 e l’Europe dans les esprits et dans les cœurs. Il nous faut une armée, — hélas ! Mais il nous faut d’abord une mystique de l
1171 cœurs. Il nous faut une armée, — hélas ! Mais il nous faut d’abord une mystique de l’Europe, c’est-à-dire de la liberté, sa
63 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Une autorité politique européenne (25 septembre 1950)
1172 nes de lettres de simples citoyens qui, dans tous nos pays, les adjuraient de faire quelque chose, et vite. Je me suis join
1173 ls voulaient dire, sans aucune équivoque : donnez- nous une autorité politique au-dessus des États, faites le saut, faites un
1174 un vrai gouvernement européen, capable d’assurer notre défense commune, car isolés nous périrons, Cet effort n’a pas été vai
1175 pable d’assurer notre défense commune, car isolés nous périrons, Cet effort n’a pas été vain. Il a fortement contribué à tra
1176 mes séparément, ou prenez-les tous à la fois, peu nous importe. L’important, c’est de les résoudre, et de nous unir effectiv
1177 mporte. L’important, c’est de les résoudre, et de nous unir effectivement en temps utile, avant que notre état de division n
1178 nous unir effectivement en temps utile, avant que notre état de division n’ait provoqué la guerre, qui nous mettra tous d’acc
1179 re état de division n’ait provoqué la guerre, qui nous mettra tous d’accord dans les camps. Mais il est apparu très claireme
1180 irectives à Londres. Depuis deux ans, les Anglais nous disaient : ne parlez pas de fédération, c’est utopique et théorique.
1181 . C’est donc à la fin de novembre, seulement, que nous saurons si l’Assemblée a fait quelque chose de concret, ou si elle a
64 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Serment de Strasbourg (2 octobre 1950)
1182 té un premier Serment de Strasbourg. De ce traité devait résulter le démembrement de l’Europe et sa division en nations. Il y
1183 que, sans plus attendre, les nations du continent devaient franchir une étape décisive vers l’union, en provoquant l’élection di
1184 e disaient décidés à prêter le serment suivant : Nous soussignés, Nous proclamant les délégués de notre commune patrie, l’E
1185 s à prêter le serment suivant : Nous soussignés, Nous proclamant les délégués de notre commune patrie, l’Europe, Constatant
1186 Nous soussignés, Nous proclamant les délégués de notre commune patrie, l’Europe, Constatant qu’il faut aujourd’hui périr iso
1187 ne de députés se déclarèrent d’accord. Le serment devait être prêté hors de l’enceinte de l’Assemblée, en présence de la popul
1188 né, ou plutôt renvoyé à la prochaine session, qui doit se réunir en novembre. C’est ainsi que la session d’été prit fin sur
1189 L’un des chefs socialistes les plus influents de notre époque me disait quelques jours auparavant : « Que serait cette Europ
1190 -là, si vous n’en faites aucune vous savez ce qui nous menace : la misère et l’occupation. Je ne vois pas d’autre alternativ
1191 , afin de rétablir l’équilibre. Peut-être n’avons- nous pas d’autres armes, puisqu’il devient bien évident que nos concession
1192 ’autres armes, puisqu’il devient bien évident que nos concessions ne servent à rien. Mais j’aurais pu répondre aussi par ce
1193 il faut rappeler sans cesse, même et surtout dans notre Suisse qui croit encore qu’elle peut s’en tirer. Mais j’y reviendrai.
65 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Le Centre européen de la culture (9 octobre 1950)
1194 remière idée de l’ampleur du programme assumé par notre Centre. Mais ceux qui ne l’ont pas vu sont en droit de se demander po
1195 uble exigence : d’une part, il voudrait réveiller notre opinion européenne ; d’autre part, il entend regrouper les forces cul
1196 ivre. Et c’est à cette préparation que la culture doit apporter dorénavant toutes ses ressources. Certes, le matériel est im
1197 nçais. Au contraire, il estime que la culture est notre atout majeur dans la lutte engagée entre deux conceptions du monde :
1198 es à leur réalité, à leur responsabilité. Certes, nos libertés sont loin d’être parfaites. Mais si nous les perdons un jour
1199 nos libertés sont loin d’être parfaites. Mais si nous les perdons un jour, nous penserons, dans les camps, qu’elles valaien
1200 être parfaites. Mais si nous les perdons un jour, nous penserons, dans les camps, qu’elles valaient bien qu’on les défende.
1201 ie n’est pas une panacée, elle ne résout aucun de nos grands problèmes, mais s’ils sont un jour résolus sans réplique, derr
1202 our résolus sans réplique, derrière les barbelés, nous comprendrons qu’il eût peut-être mieux valu protéger ces problèmes pe
1203 it, sauver au moins la possibilité de les vivre à notre manière… Pour cette action de réveil des consciences, de défense et d
1204 des consciences, de défense et d’illustration de nos libertés, le Centre européen de la culture utilisera ce qu’on appelle
1205 a presse. Mais il utilisera aussi les cerveaux de nos meilleurs savants, les foyers de culture populaire, et les travaux pa
1206 savez que la Suisse veut en acheter 500… De plus nous espérons que l’action du Centre européen contribuera à empêcher que l
1207 des chars. La villa Mon Repos ne sera certes pas notre repos, mais nous voulons qu’elle soit un jour — le vôtre, et celui de
1208 la Mon Repos ne sera certes pas notre repos, mais nous voulons qu’elle soit un jour — le vôtre, et celui de nos enfants. Au
1209 lons qu’elle soit un jour — le vôtre, et celui de nos enfants. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain.
66 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’opinion et l’Europe (16 octobre 1950)
1210 pe (16 octobre 1950) Chers auditeurs, Dans tous nos pays libres, les gens au pouvoir sont inquiets, le soir d’une électio
1211 , la terreur, et la ruse combinées. Mais si, dans nos pays démocratiques, on respectait réellement l’opinion, il en résulte
1212 ier celle-ci : c’est que la fédération européenne devrait être faite dès demain. Car, en effet, le résultat d’une consultation
1213 s’est reformée, en faveur de l’union immédiate de nos pays. 63 % pensent que l’union serait bonne pour eux personnellement 
1214 monde. Dans ces conditions, on se demande ce que nos divers gouvernements attendent encore, pour prouver qu’ils sont vraim
1215 ier derrière cet argument qui leur sert d’alibi : nous voulons bien, disent-ils, mais l’opinion ne nous suivrait pas. Or c’e
1216 nous voulons bien, disent-ils, mais l’opinion ne nous suivrait pas. Or c’est exactement le contraire qui est vrai. La preuv
1217 ésultats qu’elle a donnés en Angleterre — et dans notre pays. Au départ, ressemblance curieuse : nous trouvons les mêmes chif
1218 ns notre pays. Au départ, ressemblance curieuse : nous trouvons les mêmes chiffres dans les deux pays : 51 % sont pour l’uni
1219 ette union, c’est-à-dire que plus de la moitié de nos compatriotes veulent bien se dire favorables au bien et à l’union en
1220 « perfide Albion » et « l’honnêteté helvétique », nous méritons plus que d’autres, en Suisse, les reproches d’égoïsme et d’i
1221 s. La vérité, c’est qu’une très forte majorité de nos peuples, quel que soit leur parti politique, souhaite et veut l’union
67 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Neutralité européenne (23 octobre 1950)
1222 nt à deux fois avant de déclencher une guerre sur notre sol. J’ajoutais qu’à l’exemple de celle de la Suisse, la neutralité d
1223 de celle de la Suisse, la neutralité de l’Europe devait remplir trois conditions : elle devait être armée — reconnue par les
1224 e l’Europe devait remplir trois conditions : elle devait être armée — reconnue par les autres puissances — et fédérale. Si ces
1225 la faveur d’une polémique, l’idée s’est déformée. Nous voyons aujourd’hui s’opposer les partisans du Pacte Atlantique, c’est
1226 stance. L’idée de neutralité européenne me paraît devoir être abandonnée, pour le moment, puisqu’elle sert de prétexte aux pir
1227 ’est vue réalisée. Je disais que cette neutralité devrait être armée, reconnue et fédérale. Or la fédération n’est pas encore f
1228 car il n’y a pas la moindre chance que l’Amérique nous envahisse. L’aide économique vient aussi d’un seul côté, pratiquemen
1229 aussi d’un seul côté, pratiquement. La Russie ne nous envoie rien. Quant à notre impuissance militaire en tant qu’Européens
1230 tiquement. La Russie ne nous envoie rien. Quant à notre impuissance militaire en tant qu’Européens, elle est totale. Notez-le
1231 , mais des constatations que chacun peut faire et doit faire, s’il est de bonne foi. Quel sens pourrait-il donc y avoir à di
1232 roblème de la neutralité particulière des Suisses doit être examiné de nouveau, dans une perspective différente. Noyée dans
68 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (I) (30 octobre 1950)
1233 e dans une perspective différente. Comment allons- nous justifier, aux yeux de l’Europe qui essaye de se fédérer, cette excep
1234 rer, cette exception, ce privilège que représente notre neutralité, cette raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’
1235 que représente notre neutralité, cette raison de nous tenir à l’écart, ou de bénéficier d’un traitement tout spécial, que n
1236 u de bénéficier d’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se lassent pas d’invoquer — comme si cel
1237 ’un traitement tout spécial, que nos autorités et nos journaux ne se lassent pas d’invoquer — comme si cela allait de soi —
1238 — comme si cela allait de soi — chaque fois qu’on nous propose d’entrer dans une forme quelconque d’union européenne ? Le fa
1239 e quelconque d’union européenne ? Le fait est que nos voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre abstention. Le f
1240 os voisins d’Europe comprennent de moins en moins notre abstention. Le fait est que les Américains ne la comprennent absolume
1241 s Russes n’y croient pas plus qu’ils ne croient à nos libertés, et vraiment, ce n’est pas beaucoup dire. Il serait donc tem
1242 tériellement parlant. Quant aux effets moraux sur notre peuple, de ce tour de force prolongé, ils sont hélas plus discutables
1243 , ils sont hélas plus discutables. Et si vraiment notre neutralité n’était rien d’autre que ce que le Suisse moyen semble cro
1244 erai ce soir d’un rapide aperçu sur l’histoire de notre neutralité, car je soupçonne qu’elle n’est pas bien connue de la plup
1245 ne qu’elle n’est pas bien connue de la plupart de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre État, il y a le Pacte
1246 de nos contemporains. Aux origines lointaines de notre État, il y a le Pacte de 1291. Ce pacte fut juré par les représentant
1247 nge d’intérêt propre et d’intérêts européens dans notre abstention du conflit. Si la Suisse avait pris parti, à ce moment-là,
1248 e, l’autre pour l’Allemagne. Il était évident que notre neutralité dépendait donc, au début de ce siècle, du fameux « équilib
1249 au profit des puissances fascistes, la Suisse ne dut son salut qu’à une chance extraordinaire, aidée par une armée solide
1250 de survivre et de s’unir contre un danger commun. Nous sommes tous dans le même sac, si j’ose dire. La seule question réelle
1251 se désormais, c’est de savoir si la neutralité de notre pays est encore « dans les vrais intérêts de l’Europe entière ». Appo
69 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — La neutralité suisse (II) (6 novembre 1950)
1252 urope, c’était un certain degré de concorde entre nos pays et leurs régimes, concorde qui ne semblait pouvoir être assurée
1253 re, à l’Est ; l’autre économique et social, parmi nous . Pour y faire face, personne n’a proposé une meilleure solution que l
1254 ribue à renforcer le Conseil de l’Europe ? Certes nous avons fini par adhérer, avec d’infinies précautions, à quelques entre
1255 des paiements. Mais c’était en réalité parce que nous ne pouvions plus faire autrement. Ce n’était pas pour hâter l’union,
1256 êt bien compris. Il serait donc excessif de citer nos adhésions tardives et réticentes comme autant de contributions à l’un
1257 gèrement ironiques ou incrédules chez certains de nos voisins. Qu’ils comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons, je l
1258 voisins. Qu’ils comptent plutôt leurs divisions ! Nous en avons, je le crains, plus qu’eux tous réunis. Il n’y a qu’un seul
1259 as simple. Si l’effort militaire considérable que nous impose notre statut de neutralité, est une contribution réelle à la d
1260 i l’effort militaire considérable que nous impose notre statut de neutralité, est une contribution réelle à la défense du con
1261 ent, on ne saurait vraiment pas en dire autant de notre attitude méfiante et presque négative à l’égard de l’union nécessaire
1262 pose de tous côtés : êtes-vous pour l’abandon de notre neutralité ? Je ne puis donc pas répondre oui ou non. La question ne
1263 forte, c’est en somme au profit de quoi la Suisse devrait renoncer à sa neutralité. Je réponds pour ma part : au profit de l’Eu
1264 me, et qu’en son nom, des questions très précises nous soient posées. Cela viendra, n’en [doutons] pas. Demain, soit les Éta
1265 menace de guerre contre le continent tout entier, nous poseront ces questions précises. Il faut que notre opinion soit prête
1266 nous poseront ces questions précises. Il faut que notre opinion soit prête à y répondre. Il ne faut pas que notre gouvernemen
1267 inion soit prête à y répondre. Il ne faut pas que notre gouvernement se trouve placé devant des options graves, qu’il lui ser
1268 e le peuple suisse. Il ne faut pas que l’histoire nous surprenne endormis dans la fausse sécurité d’une tradition qui a peut
1269 deviendra générale, et qui me paraît vitale pour notre avenir. Je me borne à proposer, pour l’orienter, un seul principe de
1270 freiner l’union de l’Europe et à ne pas y prendre notre part, elle est contraire à l’esprit même de son statut, et elle peut
1271 c demain devenir une trahison. Car je le répète : notre neutralité a été reconnue par les puissances « dans l’intérêt de l’Eu
1272 les ennemis de l’Europe, ceux-là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre statut légal, et l’esprit même de nos in
1273 -là sont infidèles à notre tradition. Ils violent notre statut légal, et l’esprit même de nos institutions. Je me promets de
1274 s violent notre statut légal, et l’esprit même de nos institutions. Je me promets de revenir sur ce point capital, que pers
70 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Un Conseil européen de vigilance (13 novembre 1950)
1275 sion régulière de l’Assemblée européenne. Elle ne doit durer qu’une semaine. Mais c’est, au cours de cette semaine que l’on
1276 mme qu’à retarder l’union malgré le désir de tous nos peuples, et pour la seule raison que l’Angleterre est une île. On me
1277 rite de plus en plus nombre de députés européens. Nous allons voir dans quelques jours s’ils ont le courage de traduire par
1278 est l’auteur de cette phrase célèbre : « L’Europe doit se fédérer, ou périr. » Si j’étais député à Strasbourg, je me lèverai
1279 juste, puisqu’il est le chef du parti qui refuse notre fédération. Veut-il donc que l’Europe périsse ? Quoi qu’il en soit, j
1280 manière plus directe. Pacifiquement, comme il se doit lorsqu’on veut travailler pour la paix, mais non sans esprit de défi,
1281 rs milliers de militants. Voici en quelques mots, notre ordre de bataille, c’est-à-dire la composition de nos troupes, face à
1282 ordre de bataille, c’est-à-dire la composition de nos troupes, face à l’Assemblée. L’Union fédéraliste interuniversitaire,
1283 la population. Ils forment le « corps franc » de notre mouvement. Dès jeudi, l’Union européenne des fédéralistes tiendra son
1284 agricoles, familiales et professionnelles de tous nos pays. Ces États-généraux de l’Europe vont dresser contre les prudence
71 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — À Strasbourg (21 novembre l950)
1285 . Mais je suis sûr comme de ma propre vie qu’elle doit agir, d’ici la fin de la semaine, ou faire place à un autre avenir, q
1286 hacun sait que l’Europe est menacée, et chacun de nos pays, et la paix avec elle. Il faut agir très vite, et le Conseil de
1287 robablement, lorsque convergeront sur Strasbourg, notre capitale, 3 000 jeunes gens venus de 15 pays, par des chemins d’eux s
1288 s prudences devant la catastrophe possible, c’est nous , les jeunes, qui les payeront, et peut-être demain, de notre vie. Nou
1289 jeunes, qui les payeront, et peut-être demain, de notre vie. Nous avons donc le droit de parler et de demander qu’on nous ent
1290 les payeront, et peut-être demain, de notre vie. Nous avons donc le droit de parler et de demander qu’on nous entende. » Je
1291 vons donc le droit de parler et de demander qu’on nous entende. » Je n’en dis pas plus aujourd’hui. Mais ce n’est pas sans é
1292 che lente, déjà commencée ce soir même, à travers nos frontières et nos pays, de ces jeunes enthousiastes et décidés, qui p
1293 mmencée ce soir même, à travers nos frontières et nos pays, de ces jeunes enthousiastes et décidés, qui portent l’avenir de
72 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Jeunesse d’Europe (27 novembre 1950)
1294 hoses, et je trouve enfin le loisir de feuilleter nos principaux journaux. Qu’ont-ils donc publié dans leurs colonnes penda
1295 raît-il une fois de plus contre l’impérialisme de nos démocraties assoiffées de sang. Ainsi, pour l’historien futur qui exa
1296 pour l’historien futur qui examinera la presse de nos pays, durant la semaine dernière, les deux faits dominants auront été
1297 es lignes négligentes et inexactes. La plupart de nos quotidiens n’en ont pas dit un mot, faute de place sans doute : ils p
1298 st-ce que cela signifie ? Toute la publicité dans nos journaux, pour les ennemis jurés de la fédération ; tout le silence e
1299 la fédération ; tout le silence et l’ironie pour nos amis ! On ne fait pas autrement dans la presse de Moscou. De quel côt
1300 and je l’ai revu, il y a huit jours, il m’a dit : nous serons 3000. Je l’espérais, sans trop oser y croire. Car les obstacle
1301 s. Il était digne, mais très ferme. Vous avez le devoir de nous écouter, disait-il aux députés, et nous avons des droits part
1302 t digne, mais très ferme. Vous avez le devoir de nous écouter, disait-il aux députés, et nous avons des droits particuliers
1303 devoir de nous écouter, disait-il aux députés, et nous avons des droits particuliers à vous parler. Car vos lenteurs et vos
1304 s devant les catastrophes qui s’approchent, c’est nous les jeunes qui les payeront demain, peut-être même de notre vie. Nous
1305 jeunes qui les payeront demain, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souveraineté
1306 les payeront demain, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés national
1307 tre même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n’accepterons de m
1308 ous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n’accepterons de mourir, que pour des raisons de vivre. Donnez-nous c
1309 de mourir, que pour des raisons de vivre. Donnez- nous ces raisons : faites l’Europe !j Le message demandait que l’Assembl
1310 ul doute le Serment des jeunes à Strasbourg. Mais nos journaux préfèrent vous apprendre qu’il pleut. Pensent-ils sauver l’E
73 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — État de la construction européenne (4 décembre 1950)
1311 en réalité, tous ces projets ont eu pour origine nos congrès fédéralistes depuis 3 ans, et les travaux du Mouvement europé
1312 en persuadant qu’ils s’opposent victorieusement à nos plans excessifs, les tièdes et les prudents sont en train de réaliser
1313 les plans. Mais les autres leur disent : bornons- nous à creuser des fondations, et à bâtir un solide rez-de-chaussée. Je ne
1314 qu’il faut commencer par le bas. Mais les autres devraient bien reconnaître qu’on ne se met pas à construire une maison si l’on
1315 armée européenne. Je me disais, en les écoutant : nous avons vraiment dépassé l’étape de la Société des Nations. Les hommes
1316 , et définissent les sacrifices que chaque nation devra faire à l’Europe, pour qu’elle vive, et par elle, chacun de nos pays.
1317 Europe, pour qu’elle vive, et par elle, chacun de nos pays. Ces progrès, plus considérables en réalité qu’ils n’apparaissen
74 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Sur l’opinion en général et la presse en particulier (11 décembre 1950)
1318 La liberté de l’opinion est sans doute celle que nous devons défendre avec le plus de vigilance. Avec elle naît la démocrat
1319 iberté de l’opinion est sans doute celle que nous devons défendre avec le plus de vigilance. Avec elle naît la démocratie. Là
1320 où elle meurt, naissent les régimes totalitaires. Nous avons su créer et maintenir chez nous une très large mesure de cette
1321 talitaires. Nous avons su créer et maintenir chez nous une très large mesure de cette liberté-là. Nous avons le scrutin secr
1322 z nous une très large mesure de cette liberté-là. Nous avons le scrutin secret, ce qui est la plus sûre des garanties. Cepen
1323 du discours Schuman, que le journal avait omis de nous annoncer. Ce n’est donc qu’à travers les brumes londoniennes que les
1324 mbre. Tels sont les faits, et je m’excuse d’avoir descendre au détail, mais la valeur de ma petite analyse est justemen
1325 éputés à leur tour, s’écrient : comment pourrions- nous avancer, quand l’opinion refuse de nous suivre ! Voilà donc un beau c
1326 pourrions-nous avancer, quand l’opinion refuse de nous suivre ! Voilà donc un beau cercle vicieux. Il existe, je pense, troi
1327 eux qui marchent, dit Péguy. Le second, c’est que nos journaux cessent d’imprimer que la fédération européenne n’intéresse
1328 imer que la fédération européenne n’intéresse pas notre opinion, car en disant cela, ils contribuent eux-mêmes à fabriquer ce
1329 c’est-à-dire vous et moi, disions et écrivions à nos journaux : l’union de l’Europe nous intéresse directement. Elle ne fe
1330 et écrivions à nos journaux : l’union de l’Europe nous intéresse directement. Elle ne fera de mal à personne, elle dépasse l
75 1950, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Équiper l’Europe (18 décembre 1950)
1331 cembre 1950) Chers auditeurs, Noël approche, et nos pensées voudraient se détourner un peu de la politique et de ses déce
1332 projet que je crois d’importance pour l’avenir de notre continent prenait corps, ici même, à Genève. Dans les quelques minute
1333 Le 12 décembre, au Centre européen de la culture, nous avions convoqué une dizaine de savants, d’une sorte très particulière
1334 a plus bouleversante de toutes les découvertes de notre temps. Le grand public ne l’a connue que par une seule de ses applica
1335 les transports, pour toute l’économie en général. Nous sommes vraiment au seuil d’une ère nouvelle dans tous ces domaines-là
1336 e dans tous ces domaines-là, l’ère atomique, — et nous devons d’ores et déjà prévoir des formes d’existence bien différentes
1337 s tous ces domaines-là, l’ère atomique, — et nous devons d’ores et déjà prévoir des formes d’existence bien différentes de cel
1338 formes d’existence bien différentes de celles que nous menons encore, vers la fin de l’ère qu’on peut appeler celle du charb
1339 cains et les Russes, plus largement réalistes que nous , l’ont bien compris. Ils sont en train de prendre sur l’Europe une av
1340 eille concurrence ? Il est bien clair qu’aucun de nos pays ne peut y réussir à lui tout seul. Aucun de nos pays n’est assez
1341 pays ne peut y réussir à lui tout seul. Aucun de nos pays n’est assez riche, et ne dispose d’un nombre suffisant de savant
1342 ’ils y trouvent des instruments de recherche dont nous manquons. Cette situation commande, vous le voyez, un redressement ra
1343 élégué américain. La voie devenait donc libre, et nous y sommes entrés résolument dès que le Centre européen de la culture s
1344 ctobre. Voici maintenant les résultats acquis par notre réunion du 12 décembre. La création d’un laboratoire européen de rech
1345 ncipe, peut en permettre la réalisation. Celle-ci doit être commencée vers la fin de l’année prochaine, sur les plans mis au
1346 r l’avenir de l’Europe entière, donc de chacun de nos pays, apparaissent dès maintenant considérables aux yeux des spéciali
1347 st l’un des premiers piliers de l’Europe unie que nous avons posés l’autre jour à Genève. Je suis heureux que mes chroniques
76 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Espérer, c’est agir (8 janvier 1951)
1348 te à redoubler de prudence dans mes jugements sur notre situation réelle. Certes, nous avons tous besoin d’espoir, et plus qu
1349 mes jugements sur notre situation réelle. Certes, nous avons tous besoin d’espoir, et plus que jamais. Nous en avons telleme
1350 s avons tous besoin d’espoir, et plus que jamais. Nous en avons tellement besoin, qu’il faut éviter à tout prix d’éveiller d
1351 à tout prix d’éveiller de fausses espérances, qui nous laisseraient, une fois déçues, dans un état de fatalisme irrémédiable
1352 e contre le destin et les fatalités. Mais cela ne doit pas nous faire penser qu’il y ait beaucoup à espérer de la situation
1353 le destin et les fatalités. Mais cela ne doit pas nous faire penser qu’il y ait beaucoup à espérer de la situation présente,
1354 ont. Car si on laisse ces faits tels qu’ils sont, nous courons à l’abîme, c’est bien clair. On dit qu’il faut de l’espoir po
1355 rs livres : à la doctrine du pessimisme actif. Si nous démissionnons, si nous nous écrions : il n’y a plus rien à faire, le
1356 ne du pessimisme actif. Si nous démissionnons, si nous nous écrions : il n’y a plus rien à faire, le désastre est fatal, eh
1357 pessimisme actif. Si nous démissionnons, si nous nous écrions : il n’y a plus rien à faire, le désastre est fatal, eh bien
1358 est fatal, eh bien oui, le désastre est fatal et nous sommes sûrs d’avoir raison. Mais, au contraire, si nous disons : « La
1359 ommes sûrs d’avoir raison. Mais, au contraire, si nous disons : « La situation est désastreuse, redoublons donc d’activité !
1360 streuse, redoublons donc d’activité ! », alors il nous reste une bonne chance de faire l’Histoire, et de modifier notre dest
1361 bonne chance de faire l’Histoire, et de modifier notre destin. Ce que je dis-là n’est pas de la morale en l’air, mais se rap
1362 morale en l’air, mais se rapporte concrètement à notre situation présente, vous allez le voir. Je résumerai la chose de la f
1363 c’est énumérer des échecs. Parler de l’espoir qui nous reste, c’est fixer un programme d’action pour l’an qui vient. J’esqui
1364 espère, de simplifier un peu… En 1950, Strasbourg nous a déçus. Cette assemblée de délégués des parlements de 15 pays, au li
1365 nitiatives créé l’Assemblée de Strasbourg, et qui devait la pousser dans la voie de l’action, s’est immobilisé depuis des mois
1366 endant de savoir au juste ce qu’ils veulent, tous nos pays votent des budgets astronomiques pour leur réarmement sur le pla
1367 ’est-à-dire en fin de compte, chacun de ses pays. Nos rapports avec l’Amérique sont encore plus absurdes, si possible. Quan
1368 bsurdes, si possible. Quand l’Amérique propose de nous défendre, une partie de l’opinion hurle à l’impérialisme. Quand l’Amé
1369 me. Quand l’Amérique fait mine de se détourner de nous , une autre partie de l’opinion l’accuse d’égoïsme sordide. L’Amérique
1370 l’Europe comme un tout. Elle comprend mal toutes nos contradictions. Elle comprend mal que nous ayons toutes les raisons d
1371 toutes nos contradictions. Elle comprend mal que nous ayons toutes les raisons du monde de nous unir, et que pourtant nous
1372 mal que nous ayons toutes les raisons du monde de nous unir, et que pourtant nous ne fassions rien. J’avoue que je ne compre
1373 es raisons du monde de nous unir, et que pourtant nous ne fassions rien. J’avoue que je ne comprends pas non plus ! Ce que j
1374 je vois beaucoup plus clairement, c’est ce qu’il nous reste à faire pendant les mois qui viennent. Un sondage récent de l’o
1375 ns douze pays, a prouvé que la majorité — 54 % de nos peuples, — est en faveur de la fédération. Le rassemblement de 6000 j
1376 se défendre, peut redevenir une grande puissance. Nous sommes 250 millions d’hommes et de femmes qui préférons encore nos li
1377 llions d’hommes et de femmes qui préférons encore nos libertés, relatives, au régime concentrationnaire, et qui pensons que
1378 de grève, que du côté de ceux qui ne l’ont plus. Nous avons des atouts considérables. Nous serions fous de ne pas les jouer
1379 l’ont plus. Nous avons des atouts considérables. Nous serions fous de ne pas les jouer. Les jouer, cela veut dire pratiquem
77 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Peut-on fabriquer un Européen ? (15 janvier 1951)
1380 péen, que prendrez-vous ? Si vous mélangez toutes nos nationalités au hasard, vous n’obtiendrez, au mieux, que des Américai
1381 s Américains manqués. Si vous essayez de combiner nos croyances, nos partis et nos traditions, cela n’ira pas mieux. Un mél
1382 nqués. Si vous essayez de combiner nos croyances, nos partis et nos traditions, cela n’ira pas mieux. Un mélange de catholi
1383 essayez de combiner nos croyances, nos partis et nos traditions, cela n’ira pas mieux. Un mélange de catholiques et de jui
1384 mélange de Français et d’Allemands, des Suisses. Nos vertus, caractères et partis pris vitaux ne sauraient être additionné
1385 à rien d’européen. Le vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut nous prendre
1386 vrai problème n’est pas de nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut nous prendre comme nous sommes, ave
1387 ’est pas de nous mélanger, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut nous prendre comme nous sommes, avec nos 20 natio
1388 r, mais de nous unir dans nos diversités. Il faut nous prendre comme nous sommes, avec nos 20 nations, nos 3 religions, nos
1389 r dans nos diversités. Il faut nous prendre comme nous sommes, avec nos 20 nations, nos 3 religions, nos 12 langues, nos 36
1390 tés. Il faut nous prendre comme nous sommes, avec nos 20 nations, nos 3 religions, nos 12 langues, nos 36 partis et nos inn
1391 s prendre comme nous sommes, avec nos 20 nations, nos 3 religions, nos 12 langues, nos 36 partis et nos innombrables coutum
1392 ous sommes, avec nos 20 nations, nos 3 religions, nos 12 langues, nos 36 partis et nos innombrables coutumes, toutes supéri
1393 nos 20 nations, nos 3 religions, nos 12 langues, nos 36 partis et nos innombrables coutumes, toutes supérieures à celles d
1394 nos 3 religions, nos 12 langues, nos 36 partis et nos innombrables coutumes, toutes supérieures à celles du pays d’à côté.
1395 ose qui soit commun à tous, je répondrai : ce que nous avons tous en commun, c’est justement cette volonté de rester nous-mê
1396 ester nous-mêmes, chacun à sa façon. Voilà ce qui nous distingue en bloc des Russes et des Américains. Voilà ce qui fait que
1397 s Russes et des Américains. Voilà ce qui fait que nous sommes Européens, — même si nous détestons qu’on nous parle de l’Euro
1398 ce qui fait que nous sommes Européens, — même si nous détestons qu’on nous parle de l’Europe. J’ai l’air de faire du parado
1399 sommes Européens, — même si nous détestons qu’on nous parle de l’Europe. J’ai l’air de faire du paradoxe, mais voyez-vous :
1400 it cela, et chacun se sent seul, et c’est en quoi nous nous ressemblons tous. De même, ce qu’il y a de plus européen chez le
1401 la, et chacun se sent seul, et c’est en quoi nous nous ressemblons tous. De même, ce qu’il y a de plus européen chez les hab
1402 qu’il y a de plus européen chez les habitants de nos pays, c’est l’idée qu’ils ont tous d’appartenir d’abord à une famille
1403 dans le reproche si courant qu’à tort ou à raison nous faisons à l’Amérique : là-bas, répétons-nous, tout se ressemble ! (Qu
1404 ison nous faisons à l’Amérique : là-bas, répétons- nous , tout se ressemble ! (Que dirions-nous d’autres régimes, où ce n’est
1405 , répétons-nous, tout se ressemble ! (Que dirions- nous d’autres régimes, où ce n’est pas la pression de la mode, mais celle
1406 elle de la police qui ramène « dans la ligne »…?) Nous n’aimons pas l’idée que tout se ressemble, nous tenons à nos diversit
1407 ) Nous n’aimons pas l’idée que tout se ressemble, nous tenons à nos diversités. Et nous sentons que le droit de les préserve
1408 s pas l’idée que tout se ressemble, nous tenons à nos diversités. Et nous sentons que le droit de les préserver est la vrai
1409 ut se ressemble, nous tenons à nos diversités. Et nous sentons que le droit de les préserver est la vraie condition de nos l
1410 droit de les préserver est la vraie condition de nos libertés, non point seulement légales et théoriques, mais personnelle
1411 gales et théoriques, mais personnelles. Parce que nous sentons cela, nous sommes Européens. Eh bien, ce n’est pas pour deven
1412 , mais personnelles. Parce que nous sentons cela, nous sommes Européens. Eh bien, ce n’est pas pour devenir tous pareils qu’
1413 ien, ce n’est pas pour devenir tous pareils qu’il nous faut aujourd’hui nous fédérer, mais au contraire : si nous voulons re
1414 devenir tous pareils qu’il nous faut aujourd’hui nous fédérer, mais au contraire : si nous voulons rester Suisses, ou Franç
1415 aujourd’hui nous fédérer, mais au contraire : si nous voulons rester Suisses, ou Français, ou Italiens, ou même Anglais, si
1416 es, ou Français, ou Italiens, ou même Anglais, si nous voulons rester nous-mêmes, à notre idée, il n’y a plus une minute à p
1417 ême Anglais, si nous voulons rester nous-mêmes, à notre idée, il n’y a plus une minute à perdre : il nous faut réunir nos res
1418 otre idée, il n’y a plus une minute à perdre : il nous faut réunir nos ressources. Faute de former à temps cette libre union
1419 a plus une minute à perdre : il nous faut réunir nos ressources. Faute de former à temps cette libre union, nous serons un
1420 urces. Faute de former à temps cette libre union, nous serons unifiés par la force, mis au pas, ou froidement liquidés. Les
1421 yopes, comme on en trouve encore dans certains de nos pays, et même, ici ou là, dans nos cantons, ne peuvent tout de même p
1422 ns certains de nos pays, et même, ici ou là, dans nos cantons, ne peuvent tout de même pas espérer que leur nation serait c
1423 ceux qui réclament et préparent la fédération de nos pays ; ceux qui disent : « Surmontons nos divisions, pour sauver nos
1424 tion de nos pays ; ceux qui disent : « Surmontons nos divisions, pour sauver nos diversités ». Au revoir, chers auditeurs,
1425 disent : « Surmontons nos divisions, pour sauver nos diversités ». Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain !
78 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Contre une « mystique européenne » (22 janvier 1951)
1426 our changer le temps qu’il fera demain, alors que nous pouvons beaucoup pour qu’il y ait demain l’Europe unie, la paix, ou a
1427 plus énergiques. Voici cet argument : « Ce qu’il nous faut, dit-on, pour combattre la grave menace totalitaire, c’est une m
1428 e menace totalitaire, c’est une mystique ! Donnez- nous une bonne mystique occidentale, qui soit plus forte que la mystique d
1429 et fatiguée, la pauvre vieille Europe, Europe où nous vivons, est devenue indéfendable ! On ne peut pas défendre du passé c
1430 , dans la presse, sur les ondes, partout. L’un de nos meilleurs chroniqueurs suisses l’écrivait encore l’autre jour. Un col
1431 stique aussi forte que celle d’en face. Secundo, nous n’avons nul besoin d’une telle mystique, car les réalités nous suffis
1432 nul besoin d’une telle mystique, car les réalités nous suffisent amplement. Reprenons tranquillement ces deux points. Une my
1433 ienne par la promesse d’un avenir moins dur. Mais notre vie présente vaut mieux que la leur ! Voilà le fait fondamental, inco
1434 par tête d’habitant, dans tous les pays du monde. Nous apprenons ainsi que le revenu moyen d’un Américain est de 1453 dollar
1435 progrès moral, c’est l’Amérique et la Russie qui devraient se tourner vers l’Europe. Elles y trouveraient, en plus d’un niveau d
1436 , d’invention et de création que la Terre entière nous envie. N’est-ce pas assez ? Avons-nous le droit de désespérer de notr
1437 re entière nous envie. N’est-ce pas assez ? Avons- nous le droit de désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tou
1438 pas assez ? Avons-nous le droit de désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nous regardons les fait
1439 e droit de désespérer de notre civilisation et de notre avenir à tous, quand nous regardons les faits prouvés et reconnus ? O
1440 tre civilisation et de notre avenir à tous, quand nous regardons les faits prouvés et reconnus ? Oserons-nous dire encore qu
1441 regardons les faits prouvés et reconnus ? Oserons- nous dire encore que notre Europe ne vaut pas d’être défendue, lorsque mal
1442 rouvés et reconnus ? Oserons-nous dire encore que notre Europe ne vaut pas d’être défendue, lorsque malgré toutes ses imperfe
1443 un niveau de trois fois meilleur que celui qu’on nous vante à l’Est comme l’espoir de l’humanité ? Croyez-moi, laissons la
1444 leurs peuples un état de misère générale. Ce que nous avons vaut bien qu’on le défende, quand on le compare à ce qu’on nous
1445 qu’on le défende, quand on le compare à ce qu’on nous offre. Non, ce n’est pas d’une mystique dont nous manquons, c’est au
1446 nous offre. Non, ce n’est pas d’une mystique dont nous manquons, c’est au contraire d’informations réelles, — de réalisme !
79 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Nos libertés (12 février 1951)
1447 Demain l’Europe ! —  Nos libertés (12 février 1951)k Chers auditeurs, Je voudrais revenir c
1448 ecret de leur cœur et sans qu’ils osent l’avouer. Nos libertés réelles et quotidiennes, nous les avons toujours connues, da
1449 t l’avouer. Nos libertés réelles et quotidiennes, nous les avons toujours connues, dans cette génération du moins ; elles so
1450 du moins ; elles sont devenues si naturelles que nous oublions qu’elles existent. Elles sont l’air que nous respirons. Or,
1451 oublions qu’elles existent. Elles sont l’air que nous respirons. Or, on pense bien rarement à l’air que l’on respire. On en
1452 e, pour ne la retrouver que lorsque soudain l’air nous manque, comme à un homme auquel on vient de passer la corde au cou. S
1453 mme auquel on vient de passer la corde au cou. Si nous sentions — si vous sentiez maintenant — que nos libertés demain peuve
1454 nous sentions — si vous sentiez maintenant — que nos libertés demain peuvent nous manquer, vous sentiriez tout de suite de
1455 tiez maintenant — que nos libertés demain peuvent nous manquer, vous sentiriez tout de suite de toutes vos forces qu’elles m
1456 méritent bien qu’on les défende. Essayons donc de nous imaginer ce qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notre vie
1457 ns donc de nous imaginer ce qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notre vieille Europe que l’on dit décadente, mi
1458 e qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notre vieille Europe que l’on dit décadente, misérable et pourrie d’injusti
1459 remière liberté qui serait perdue serait celle de nous exprimer, en public, entre amis, au café, au travail. Et je ne dis pa
1460 la liberté de l’expression soit sans limites dans nos pays. Il arrive qu’on lui fasse parfois quelques entorses, ici ou là.
1461 là. Mais elle s’en remet. On ne fusille pas chez nous , pour simple délit d’opinion. Et je dis bien : chez nous. Voici un pe
1462 our simple délit d’opinion. Et je dis bien : chez nous . Voici un petit exemple : il y a deux ans, je vous annonçais assez so
1463 vous a fait naître. Serait-ce donc un progrès sur nos visas ? Vous pouvez lire le journal qui vous plaît, aimer qui vous vo
1464 iels. Or des peuples entiers les ont perdus, sous nos yeux, à côté de nous. Ces droits acquis chez nous par des luttes sécu
1465 entiers les ont perdus, sous nos yeux, à côté de nous . Ces droits acquis chez nous par des luttes séculaires, croyez-vous q
1466 nos yeux, à côté de nous. Ces droits acquis chez nous par des luttes séculaires, croyez-vous qu’ils soient du passé, des vi
1467 n crime social. J’en déduis que le progrès est de notre côté. Je suis peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit d’avoi
1468 notre côté. Je suis peut-être un peu simpliste ? Nous avons le droit d’avoir plusieurs partis. L’opposition, chez nous, peu
1469 roit d’avoir plusieurs partis. L’opposition, chez nous , peut parler publiquement, publier ses journaux parfois vociférants.
1470 le droit de penser par vous-même. Ce droit aussi nous pouvons le perdre… Certes nos libertés sont imparfaites ? Elles ne so
1471 me. Ce droit aussi nous pouvons le perdre… Certes nos libertés sont imparfaites ? Elles ne sont pas vieillies, elles sont p
1472 ont plutôt trop jeunes. Un certain nombre d’entre nous n’en possède jusqu’ici que le principe légal, non la jouissance effec
1473 et la promesse, il est la permission pratique de nos futurs progrès matériels et moraux. Il nous faut donc garder nos jeun
1474 que de nos futurs progrès matériels et moraux. Il nous faut donc garder nos jeunes libertés, si nous voulons demain les rend
1475 rès matériels et moraux. Il nous faut donc garder nos jeunes libertés, si nous voulons demain les rendre plus réelles, pour
1476 Il nous faut donc garder nos jeunes libertés, si nous voulons demain les rendre plus réelles, pour un bien plus grand nombr
1477 lles, pour un bien plus grand nombre, en unissant nos forces. Au revoir, chers auditeurs, à lundi prochain. k. Une note i
80 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — L’Europe et la paix (19 février 1951)
1478 e n’a pas encore autorité. Or, c’est ce drame qui nous importe à tous, quelle que soit notre condition. Si les masses sont e
1479 ce drame qui nous importe à tous, quelle que soit notre condition. Si les masses sont encore indifférentes à l’idée d’une Eur
1480 e peur. Quels sont les risques d’une guerre, pour nous autres, en Europe ? Je n’en vois qu’un : c’est le risque d’invasion p
1481 ’est le risque d’invasion puisqu’il est clair que nous n’avons ni l’envie ni le pouvoir d’attaquer qui que ce soit. Mais que
1482 on prochaine du continent ? Je n’en vois qu’une : notre faiblesse, résultant de notre division. Si nous étions unis, nous ser
1483 n’en vois qu’une : notre faiblesse, résultant de notre division. Si nous étions unis, nous serions assez forts pour décourag
1484 notre faiblesse, résultant de notre division. Si nous étions unis, nous serions assez forts pour décourager toute action de
1485 résultant de notre division. Si nous étions unis, nous serions assez forts pour décourager toute action de l’extérieur au mo
1486 l’extérieur au moins, contre la paix. De plus, si nous étions unis, nous saurions nous passer progressivement d’une aide qui
1487 ns, contre la paix. De plus, si nous étions unis, nous saurions nous passer progressivement d’une aide qui peut fournir le s
1488 paix. De plus, si nous étions unis, nous saurions nous passer progressivement d’une aide qui peut fournir le seul prétexte à
1489 nt d’une aide qui peut fournir le seul prétexte à nous « libérer », — comme on dit. De ces constatations très simples, il ré
1490 e l’Europe est la meilleure chance de la paix. Si nous comprenons cela, si nous comprenons bien que faire l’Europe, c’est fa
1491 re chance de la paix. Si nous comprenons cela, si nous comprenons bien que faire l’Europe, c’est faire la paix, — alors nous
1492 que faire l’Europe, c’est faire la paix, — alors nous voudrons tous, de toutes nos forces, la fédération de nos pays. Alors
1493 re la paix, — alors nous voudrons tous, de toutes nos forces, la fédération de nos pays. Alors seulement, les parlements et
1494 rons tous, de toutes nos forces, la fédération de nos pays. Alors seulement, les parlements et les États, poussés dans le d
1495 erre. Ils savent que l’Amérique le sait aussi. Si nous nous obstinons à rester divisés, nous resterons une double tentation 
1496 Ils savent que l’Amérique le sait aussi. Si nous nous obstinons à rester divisés, nous resterons une double tentation : l’u
1497 t aussi. Si nous nous obstinons à rester divisés, nous resterons une double tentation : l’un des empires sera tenté de nous
1498 double tentation : l’un des empires sera tenté de nous occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’est pas forcément la
1499 es empires sera tenté de nous occuper, l’autre de nous unir à sa façon, qui n’est pas forcément la nôtre. Examinons le secon
1500 nous unir à sa façon, qui n’est pas forcément la nôtre . Examinons le second de ces cas. Je ne suis pas dans les secrets de l
1501 francs suisses l’an dernier. Autant de gagné pour notre indépendance. Autant de perdu pour tout impérialisme supposé. D’autre
1502 contraints d’intervenir dans la mesure exacte où nous sommes incapables d’assurer notre propre défense. Or le moyen d’assur
1503 mesure exacte où nous sommes incapables d’assurer notre propre défense. Or le moyen d’assurer cette défense serait évidemment
1504 oyen d’assurer cette défense serait évidemment de nous fédérer. Ceux qui redoutent l’emprise américaine devraient donc, semb
1505 fédérer. Ceux qui redoutent l’emprise américaine devraient donc, semble-t-il, en bonne logique, appuyer notre fédération. Sinon,
1506 ient donc, semble-t-il, en bonne logique, appuyer notre fédération. Sinon, quelle solution croient-ils possible dans notre fa
1507 Sinon, quelle solution croient-ils possible dans notre faiblesse évidente ? Manifester contre le voyage d’un général américa
1508 ’union fédérale de l’Europe, seul gage sérieux de notre indépendance militaire, et par suite politique, à l’égard de l’Ouest
1509 e, à l’égard de l’Ouest autant que de l’Est. Sans notre indépendance, il n’y aura pas de paix. Si vous voulez la paix, il fau
81 1951, Demain l’Europe ! (1949-1951). Demain l’Europe ! — Dernière chronique (12 mars 1951)
1510 ine de fois, sur un sujet unique : l’Europe qu’il nous faut faire, l’Europe en train de se faire. Le sujet reste inépuisable
1511 t unir l’Europe, pour assurer la paix. Car seules nos divisions en vingt nations rivales expliquent notre faiblesse présent
1512 nos divisions en vingt nations rivales expliquent notre faiblesse présente, malgré tant de richesses, humaines et matérielles
1513 algré tant de richesses, humaines et matérielles, nos 300 millions d’habitants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse
1514 nes et matérielles, nos 300 millions d’habitants, notre pouvoir de création. Cette faiblesse de l’Europe est anormale. C’est
1515 ble, mais d’autre part, elle serait surmontée par notre union. Faire l’Europe, c’est donc faire la paix. De ce thème général
1516 ’ils appellent un « va-t-en-guerre ». Ces gens-là nous affirment qu’ils parlent au nom des masses. Comme ils n’ont recueilli
1517 s frénétiques les 98 % qui votent contre eux dans notre peuple suisse et au scrutin secret, vous comprendrez que je ne me sen
1518 action. En troisième lieu, j’ai tenté d’illustrer nos libertés réelles en Occident, celles que nous possédons en fait, comm
1519 trer nos libertés réelles en Occident, celles que nous possédons en fait, comme le droit de circuler, le droit de grève, le
1520 tration ou de rééducation. Et je n’ai pas défendu nos libertés parce que je les tenais pour parfaites. Elles ne le sont pas
1521 ne le sont pas. Mais, telles qu’elles sont, elles nous permettent de lutter librement pour les rendre meilleures, pour les é
1522 des progrès à venir. Elles sont le grand atout de notre Europe. Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous repren
1523 ir. Elles sont le grand atout de notre Europe. Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous reprendrons espoir pou
1524 Si nous devenons conscients de ce trésor immense, nous reprendrons espoir pour l’Europe et la paix. En quatrième lieu, j’ai
1525 n quatrième lieu, j’ai dénoncé l’ennemi intime de notre union : le pessimisme européen. Et je me suis efforcé de vous montrer
1526 es réels, qu’ils soient ou non encourageants pour notre cause fédéraliste. Parler à la radio, ce n’est pas faire des discours
1527 est précieuse. Si le chroniqueur l’a comprise, il doit s’interdire l’éloquence et parler simplement d’homme à homme. C’est l
1528 à coup sûr délicat, puisqu’il se trouve lié, pour nous , à celui de la neutralité. Aussi bien ne l’ai-je pas tranché, quoi qu
1529 lle est donc en fait discutée à l’étranger. 3. Si nous voulons maintenir notre neutralité, il faut qu’en Suisse d’abord nous
1530 scutée à l’étranger. 3. Si nous voulons maintenir notre neutralité, il faut qu’en Suisse d’abord nous sachions bien la justif
1531 ir notre neutralité, il faut qu’en Suisse d’abord nous sachions bien la justifier avec des arguments solides et actuels. Ref
1532 de cris d’indignation ! Un me traita d’ennemi de notre neutralité parce que j’avais demandé qu’on en revoie les bases. Et be
1533 nvitèrent à me défendre. Mais devant de micro, je dois me limiter à cette très simple mise au point. Je ne puis pas discuter