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À
l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)a Le numéro « exc
2
s entendra. Six grandes pages de dessins inspirés
à
M. Hermann-Paul par l’actualité (peut-être même faudrait-il dire : pa
3
ous. Laissons les Américains. Ils réussissent mal
à
nos satiristes. M. Hermann-Paul en les peignant « chez nous » — d’apr
4
venirs d’avant-crise sans doute — ne parvient pas
à
égaler les célèbres galipettes du père de Salavin ou le « Français ch
5
de propagande officieuse. M. Marcel Hutin n’a qu’
à
bien se tenir. La réussite est si complète qu’on se sent pris de mala
6
re de « faire durer le plaisir » jusqu’au bout et
à
tout prix ? Au niveau de jugement où nous place M. Hermann, tout All
7
ge. Il semble que M. Paul s’adresse exclusivement
à
ce bourgeois au faciès atroce que M. Abel Faivre nous montre, chaque
8
ction, grassement payée mais qui peut coûter cher
à
ses producteurs, de la haine qui se bat les flancs. a. Rougemont D
9
ui se bat les flancs. a. Rougemont Denis de, «
À
l’index (Première liste) : Candide », Esprit, Paris, octobre 1932, p
10
ans l’état où se trouve la France en 1932. Est-ce
à
dire qu’il faille entreprendre une description méthodique des circons
11
thodique des circonstances de notre vie concrète,
à
seule fin d’en démontrer l’absurdité latente et souvent manifeste ? C
12
action apparaît particulièrement flagrante. C’est
à
ce titre et sous cet angle que l’affaire Jacques Martin prend pour no
13
une signification précise, et que nous en parlons
à
cette place. André Bridoux, dans les remarques à mon sens si importan
14
à cette place. André Bridoux, dans les remarques
à
mon sens si importantes par lesquelles il inaugurait la rubrique au p
15
ne l’est guère que dans nos cœurs, — et toujours
à
recommencer. Ce que l’instant commande, dans le monde tel qu’il est,
16
ns le silence d’une vie : la loi de Dieu s’oppose
à
cette loi des hommes qui veut qu’on tue. Une décision se formule, peu
17
cette salle que le président de la Cour s’obstine
à
nommer pompeusement « cette enceinte ». Une salle carrée, laide de ce
18
moignent leurs visages anonymes. Ils n’auront pas
à
s’exprimer, d’ailleurs, sinon par la voix de leur président, et la mi
19
dans cette phalange de rhéteurs qui va de Jaurès
à
Sangnier ; car c’est, vous m’entendez, « au nom de la cause sacrée de
20
s avoir cité une pensée de Pascal en l’attribuant
à
Pasteur. On peut n’être pas difficile : on tient tout de même à chois
21
peut n’être pas difficile : on tient tout de même
à
choisir ses complices. Sans entrer donc dans le vif du débat — à savo
22
omplices. Sans entrer donc dans le vif du débat —
à
savoir si Martin, « objecteur de conscience », a donné par son acte l
23
, a donné par son acte la preuve d’une obéissance
à
Dieu qui devrait être celle de tout croyant ; ou s’il a seulement man
24
’ensemble de cette oppressante cérémonie fit voir
à
l’évidence, une fois de plus, que le monde fabriqué pour leur usage p
25
ué pour leur usage par les hommes de ce temps est
à
tous points de vue le plus irrespirable à l’homme. 2° Les fondements
26
mps est à tous points de vue le plus irrespirable
à
l’homme. 2° Les fondements idéologiques de ce monde sont morts ou n’e
27
jugée, raillée, emprisonnée — accusée d’attenter
à
la « cause sacrée de la paix ». Anti-personnalisme de l’éthique bourg
28
’il refuse de faire la guerre. (Ça n’est pas tout
à
fait des mêmes braves gens qu’il s’agit dans les deux cas, mais c’est
29
aient volontiers tuer. Jean-Richard Bloch l’a dit
à
la barre des témoins : Martin fait dans la paix ce que firent à la gu
30
témoins : Martin fait dans la paix ce que firent
à
la guerre ses aînés : c’est pour la même cause qu’il se sacrifie, ave
31
e l’Écho de Paris. « Nous avons proposé un maître
à
ce jeune homme, dit le pasteur Cooreman. C’était le Christ. Martin es
32
tion du régime ». Tout aveu de cet ordre concourt
à
la ruine de ses auteurs. Un régime fort, usant de ses pouvoirs dans u
33
fort, usant de ses pouvoirs dans un style adéquat
à
ses fins, jugerait de tels cas sommairement sans avocats ni simulacre
34
légitime défense, répétait-il consciencieusement
à
chaque témoin, qu’en faites-vous ? » Un seul se permit de répondre qu
35
guerres sont défensives. Quelqu’un me demandait,
à
la sortie : « Avez-vous jamais vu un soldat défensif ? Comment est-ce
36
rrière pour les réformistes ! Mais il faut rendre
à
Martin cette justice que sa muette intransigeance a bien plus de port
37
e sans cesse de l’Éternité, pense continuellement
à
l’Éternel, — et que la chrétienté ensuite parle de la même façon, mai
38
tienté ensuite parle de la même façon, mais pense
à
cette vie terrestre. Kierkegaard (Journal). La volonté de rupture e
39
que les chrétiens, fatigués de la lutte, viennent
à
croire qu’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire
40
de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire
à
une paix avantageuse, à une paix dont ils s’imaginent pouvoir tirer b
41
t de réduire l’adversaire à une paix avantageuse,
à
une paix dont ils s’imaginent pouvoir tirer bénéfice pour la foi, — b
42
ns considèrent cette paix comme un bien supérieur
à
la lutte, qu’ils l’organisent, la sanctionnent d’une autorité que seu
43
erdent par là même, et dérogent, mais s’obstinent
à
porter un titre désormais irrecevable. Ce parti peut être aussi nombr
44
— il n’est pas le christianisme, et ce n’est pas
à
lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, et qui,
45
uccès relatif. Une église « établie » établissant
à
son tour un ordre injuste du monde et s’appuyant sur lui, en réalité
46
n d’aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant
à
désolidariser la « chrétienté » du désordre établi. Et pourquoi ? Par
47
sordre établi. Et pourquoi ? Parce que c’est tout
à
fait impossible, parce que la « chrétienté » est sécularisée, et qu’o
48
enté » est sécularisée, et qu’on ne peut demander
à
ce siècle de rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de
49
nisme. ⁂ Le christianisme n’est pas une puissance
à
notre disposition, puissance que les hommes auraient eu le tort, simp
50
de la refuser. Comment dès lors l’utiliserait-il
à
son gré ? Car d’une part il ne peut pas la compromettre, et ce qu’il
51
, et constituent dans leur ensemble, du Moyen Âge
à
l’Amérique moderne, la grande Imposture dont nous avons à dénoncer l’
52
ique moderne, la grande Imposture dont nous avons
à
dénoncer l’origine permanente et les manifestations actuelles. ⁂ Ne n
53
elles. ⁂ Ne nous excusons pas d’avoir recours ici
à
des formules théologiques, puisque précisément, à l’origine du désord
54
à des formules théologiques, puisque précisément,
à
l’origine du désordre, et plus encore dans son établissement, nous tr
55
en plus semblables — oh ! tout extérieurement ! —
à
celles qu’inventent les hommes sans la foi. C’est la meilleure façon
56
se glorifie » — est une participation instantanée
à
l’éternel, elle juge et condamne ceux-là d’abord qui s’en réclament.
57
, dans toute politique humaine organisée — fût-ce
à
la gloire de Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de la
58
et qui dis en toi-même : Qui me précipitera jusqu’
à
terre ? — Quand tu placerais ton nid aussi haut que celui de l’aigle.
59
» (Abdias II, 3-4 et 15). Ils ont prétendu rendre
à
Dieu ce qu’en réalité ils rendaient à César. Entraînée dans cette pol
60
endu rendre à Dieu ce qu’en réalité ils rendaient
à
César. Entraînée dans cette politique, la théologie se fait servante
61
ner de ce que les sans-Dieu parlent de confisquer
à
leur profit « la primauté du Christ et celle de l’Europe 3 ». L’on vo
62
r, des évêques asperger des croiseurs, un Te Deum
à
Londres et un autre à Berlin pour célébrer le même massacre. On voit
63
r des croiseurs, un Te Deum à Londres et un autre
à
Berlin pour célébrer le même massacre. On voit une nuée de piétistes
64
ée de patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’
à
ceci ] : Chose plus atroce encore, [sic] l’idée chrétienne, l’idée re
65
ncours international avait pour but de contribuer
à
la sauvegarde des hautes valeurs spirituelles et des vérités saintes
66
’Académie d’entraide sociale enfin ! Contribution
à
la « sauvegarde » : 50 000 francs. Ah ! qu’un sans-Dieu vienne me dir
67
qu’un sans-Dieu vienne me dire : je ne crois pas
à
vos paroles, chrétiens menteurs ! — et je lui répondrai : Ta révolte
68
e » qui sert l’injustice établie. Tu ne crois pas
à
ces paroles et tu fais bien, même si tu en souffres ; mais j’ai encor
69
n, même si tu en souffres ; mais j’ai encore plus
à
souffrir, car je suis encore plus sceptique que toi… Tu ne crois pas,
70
e plus sceptique que toi… Tu ne crois pas, dis-tu
à
ces docteurs, mais pourquoi les crois-tu soudain, quand ils se donnen
71
n : l’Esprit n’est plus avec ceux qui ont intérêt
à
le défendre. L’Esprit n’est plus avec ceux qui ont cru pouvoir l’util
72
défendent6, mais peut-être avec ceux qu’il excite
à
l’attaque du désordre. « On voit maintenant, dit Kierkegaard7, toute
73
isme quelque chose de si lamentable, qu’il faille
à
la fin plaider pour le sauver. » Rompre avec le désordre établi, c’es
74
bli ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas
à
lui, mais à la défection du christianisme ; à cette défection élevée
75
ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mais
à
la défection du christianisme ; à cette défection élevée au rang d’In
76
pas à lui, mais à la défection du christianisme ;
à
cette défection élevée au rang d’Institution ecclésiastique, qui aujo
77
hair et du sang, mais le consentement de l’esprit
à
ce dérèglement8 ». Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser notre c
78
dérèglement8 ». Et pourtant, nous n’avons jamais
à
dresser notre christianisme contre le monde, comme une force positive
79
ps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est
à
la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que
80
son lieu, son mode et son enjeu total : rétablir
à
chaque instant le christianisme, dans sa nouveauté prophétique, tel e
81
utionnaire dans la mesure même où il reste fidèle
à
lui-même, c’est-à-dire dans la mesure où, constamment, il reproduit l
82
produit la démarche de ses fondateurs : le retour
à
l’Évangile débarrassé de tous les adoucissements dogmatiques et compr
83
es formes. C’est pourquoi nous voyons aujourd’hui
à
l’avant-garde du mouvement révolutionnaire, dans tous les pays où le
84
pour le moment le plus frappant, mais tout porte
à
croire que l’Amérique, demain, l’imitera, et même la France, si les q
85
nombreux sont les groupements politiques, résolus
à
la rupture, qui se réclament hautement de leur foi. Les éléments extr
86
s » des professions de foi dont personne ne songe
à
contester l’opportunité. (Cette tolérance peut d’ailleurs paraître su
87
ette tolérance peut d’ailleurs paraître suspecte,
à
beaucoup de chrétiens.) C’est ainsi que Ferdinand Fried déclarait réc
88
plus riches de possibilité. On a souvent reproché
à
la « théologie dialectique » de Karl Barth et de ses amis de justifie
89
e justifier une sorte de désintéressement radical
à
l’endroit des problèmes politiques et sociaux. La parution coup sur c
90
nt tout récent qui s’intitule Economic Justice et
à
la tête duquel on retrouve Jerome Davis et Francis A. Henson. Le bull
91
rs des noms d’évêques socialistes et d’essayistes
à
tendances philo-marxistes tels que Reinhold Niebuhr. On y remarque ég
92
que l’on a surnommé le forki japonais mériterait
à
lui seul toute une chronique de cette revue. Écrivain fécond9, évangé
93
ié son fameux message aux peuples chinois, publié
à
Tokyo pendant le bombardement de Shanghai, et qui lui valut des menac
94
des écrits de Philip, on ne trouvera guère d’écho
à
l’effort critique de la « théologie politique » allemande que dans le
95
t un document de premier ordre sur la « rupture »
à
laquelle nous travaillons tous ici. 9. Son autobiographie a été tra
96
rade à la fois l’esprit et la matière, et risque,
à
la limite, de les priver de toute raison d’être efficace, — ainsi et
97
abeur forcé ou inaction. Et tout devient prétexte
à
récriminations : « je turbine » ou « je ne fous rien ». Phrases d’esc
98
Les nécessités anonymes naissent et grandissent
à
la mesure exacte de nos démissions personnelles : genèse des mythique
99
’économie, de l’histoire. Lorsque l’homme renonce
à
créer, son « travail » n’est plus que souffrance. Il ne s’agit plus d
100
nimum de vie » que n’importe quel animal s’assure
à
moins de frais. Sinistre farce. Morale officielle de la Troisième Rép
101
us croyons ici que la dignité de l’homme consiste
à
mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de
102
gnité de l’homme consiste à mettre en jeu sa vie,
à
la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse.
103
nsiste à mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’
à
la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spir
104
ent donc de la nécessité. Ils n’arriveront jamais
à
la liberté, au loisir plein. Si la liberté n’est pas à l’origine d’un
105
liberté, au loisir plein. Si la liberté n’est pas
à
l’origine d’un système, elle ne s’introduira jamais dans ses effets (
106
ème, elle ne s’introduira jamais dans ses effets (
à
moins d’une révolution). Mais il y a plus. Tout travail qu’on limite
107
ion). Mais il y a plus. Tout travail qu’on limite
à
la nécessité d’assurer le minimum de vie se trouve condamné par là m
108
le minimum de vie se trouve condamné par là même
à
ne jamais suffire à cette nécessité. Car la seule défense efficace, c
109
trouve condamné par là même à ne jamais suffire
à
cette nécessité. Car la seule défense efficace, c’est l’attaque. Un t
110
s vuide » Il semble que la condamnation portée
à
l’origine des temps sur le travail-nécessité frappe toutes les règles
111
ie que l’homme essaie de se donner pour justifier
à
ses propres yeux, voire pour glorifier ce qu’il répugne à considérer
112
opres yeux, voire pour glorifier ce qu’il répugne
à
considérer comme sa peine. Nous assistons au triple échec du cynisme
113
système économique ou d’une culture, c’est vicier
à
la base toutes les conceptions du loisir qui découlent de cette erreu
114
.) Qu’une classe possédante en vienne par fatigue
à
décréter vides les loisirs que ses ancêtres consacraient à la créatio
115
r vides les loisirs que ses ancêtres consacraient
à
la création de leur puissance, du même coup elle décrète « forcé » le
116
on La tâche restauratrice de l’esprit, dévolue
à
notre génération, apparaît maintenant évidente : remontant à la racin
117
ération, apparaît maintenant évidente : remontant
à
la racine du mal, nous réduirons d’abord l’erreur cartésianiste11, la
118
« pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons
à
penser en hommes responsables, à penser dans le risque total de l’êtr
119
us réapprendrons à penser en hommes responsables,
à
penser dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons
120
eintre. Et pendant vingt ans, l’empereur subvient
à
l’existence du peintre. Cependant l’artiste se promène. Sur les plage
121
e la fameuse législation du travail (c’est-à-dire
à
partir du travail), sinon toutefois l’organisation des loisirs, qui l
122
d’une civilisation américaine dont on s’efforce,
à
coups de plans, de satisfaire les exigences artificielles. 11. Et no
123
Préface
à
une littérature (octobre 1934)g D’un présent confus et mauvais, qu
124
par contraste un avenir qui devra son éclat moins
à
lui-même qu’à nos ombres, et moins à sa jeunesse incomparable qu’au s
125
un avenir qui devra son éclat moins à lui-même qu’
à
nos ombres, et moins à sa jeunesse incomparable qu’au souvenir récent
126
éclat moins à lui-même qu’à nos ombres, et moins
à
sa jeunesse incomparable qu’au souvenir récent de nos décrépitudes. S
127
ouvenir récent de nos décrépitudes. Si la préface
à
l’avenir n’était qu’anathème au présent, où serait notre création ? E
128
Il faudra se tourner ailleurs. Il faudra remonter
à
ce qui juge nos faiblesses, non point pour les confondre éloquemment
129
aible. Et c’est pourquoi nous avons tant de peine
à
définir et nommer clairement les maux dont nous souffrons, et le bien
130
, en nous, obscurément blessées. Notre conscience
à
moitié endormie ne se réveille plus que sous les coups. Il nous faut
131
rdre. Mais cet examen misérable ne mènera-t-il qu’
à
des révoltes trop prévues ? Peut-on sortir de ce cercle vicieux à for
132
ations mener cette course épuisante, et s’abattre
à
la fin dans les colonnes des magazines de gauche, pâture des bourgeoi
133
bassesse de la « littérature » moderne se résume,
à
mon sens, en une phrase un peu grossière : c’est une littérature qui
134
e parler pour ne rien dire. Elle n’est occupée qu’
à
« bien » dire, — et c’est pourquoi elle parle mal. Or ceux qui l’ont
135
de mieux. Ils ont eu parfois de beaux cris, mais
à
qui les adressaient-ils ? À la galerie plus qu’à eux-mêmes, je le cra
136
s de beaux cris, mais à qui les adressaient-ils ?
À
la galerie plus qu’à eux-mêmes, je le crains. Ils criaient, mais rest
137
à qui les adressaient-ils ? À la galerie plus qu’
à
eux-mêmes, je le crains. Ils criaient, mais restaient dans la salle,
138
ls n’étaient que le non d’un non. Dirons-nous non
à
notre tour ? Que ce soit le non décisif de ceux qui savent ce qu’ils
139
pathos, car l’affirmation seule est grave. C’est
à
l’homme qu’il faut dire oui, à l’homme total, à l’homme renouvelé. No
140
e est grave. C’est à l’homme qu’il faut dire oui,
à
l’homme total, à l’homme renouvelé. Nous ne clamons pas la fin de la
141
t à l’homme qu’il faut dire oui, à l’homme total,
à
l’homme renouvelé. Nous ne clamons pas la fin de la littérature des a
142
a littérature des autres au nom d’une littérature
à
nous. Nous constatons la fin d’un art au nom de ce qui juge l’art, —
143
e sentirait prisonnier. Il en viendrait peut-être
à
des actes irréparables. Mais il y a les immoralistes : ils expriment
144
n vole. Il reste quelques écrivains qui échappent
à
toutes les « espèces » parce qu’ils en créeront de nouvelles. Quelque
145
oralistes bourgeois — mais personne ne croit plus
à
la morale bourgeoise — d’autre part les immoralistes, mais ils ne von
146
Ils influencent au hasard, entraînent les jeunes
à
hue et à dia, lancent des modes, les renient, se persuadent de l’impo
147
uencent au hasard, entraînent les jeunes à hue et
à
dia, lancent des modes, les renient, se persuadent de l’importance de
148
ratuité de leurs drames. Personne ne croyant plus
à
rien — j’entends personne ne prouvant plus qu’il croit à l’essentiel
149
— j’entends personne ne prouvant plus qu’il croit
à
l’essentiel de ce qu’il dit —, la critique littéraire de cette littér
150
l de l’ancienne bourgeoisie a perdu tout prestige
à
nos yeux. Et les critères « nouveaux » de l’immoralisme bourgeois tra
151
itère indépendant de la littérature est condamnée
à
ne plus critiquer que les moyens de cette littérature. Elle les juge
152
ature. Elle les juge pour eux-mêmes, sans rapport
à
leurs fins. Elle dit : c’est bien écrit, mal composé, intéressant ; e
153
uences, elle prévoit des succès ; elle s’applique
à
parler du livre dont on parle plutôt que de celui dont il faudrait pa
154
s salons, des cafés, des antichambres d’éditeurs.
À
sa façon, non moins que les littérateurs dont j’ai parlé, elle tend à
155
s que les littérateurs dont j’ai parlé, elle tend
à
dévaloriser, à disqualifier humainement les créations intellectuelles
156
rateurs dont j’ai parlé, elle tend à dévaloriser,
à
disqualifier humainement les créations intellectuelles. Si l’on voula
157
liée, en fait et par ses conséquences pratiques,
à
l’établissement des bourgeois. Mais cette critique « de classe » rest
158
e » reste encore négative. Elle se condamne aussi
à
rendre compte des seules œuvres mineures, toute création réelle étant
159
reste sans prise sur les masses, qu’il abandonne
à
d’autres influences. Nous voici parvenus au grand tournant. Les œuvre
160
Nous avons vu déjà que le roman bourgeois servait
à
toutes fins capitalistes. Nous risquons de voir, avant peu, cette mêm
161
littérature travaille contre l’esprit. Préface
à
l’imprévisible Une littérature n’est valable — et son influence ef
162
fluence efficace — que si elle ordonne ses œuvres
à
une commune mesure humaine. Mais notre siècle est justement le siècle
163
achevé de disqualifier l’esprit pur, il ne reste
à
nos « hommes d’action » d’autres normes et d’autre mesure que l’argen
164
, c’est avouer qu’il n’y a plus de mesure commune
à
la pensée et à l’action, — hors la monnaie. Un monde sans mesure, com
165
qu’il n’y a plus de mesure commune à la pensée et
à
l’action, — hors la monnaie. Un monde sans mesure, comme le nôtre, es
166
rité. La seule mesure extérieure qui subsiste est
à
nos yeux la plus dégradante qui soit. Il faut donc renoncer à cherche
167
a plus dégradante qui soit. Il faut donc renoncer
à
chercher dans les choses, dans les partis, dans l’État ou dans la nat
168
au — je n’y crois pas — je dis : de l’homme rendu
à
la conscience de sa liberté. Toute création suppose une liberté, ou p
169
erté devient synonyme d’obéissance inconditionnée
à
mon unique raison d’être14. Nous sommes ici très loin de la notion bo
170
crivain sera créateur dans la mesure où il obéira
à
sa seule vocation personnelle : mais dans cette mesure-là, il assumer
171
nraciné dans la commune condition humaine. Rendez
à
l’écrivain la responsabilité de ses écrits, vous le rendrez aussi à l
172
sponsabilité de ses écrits, vous le rendrez aussi
à
la communauté, vous recréerez le lien vivant de l’auteur avec son pub
173
vu dans l’élan peut-être chancelant qui le jette
à
sa vocation. Situation initiale de l’humain ! Initiation au réalisme
174
l, qui est celui du combat personnel ; initiation
à
la vision constituante de notre vie, celle qui unit dans un même rega
175
agine d’abord ce réalisme comme une énorme satire
à
la Swift, quand je vois le comique jaillir à la moindre comparaison d
176
tire à la Swift, quand je vois le comique jaillir
à
la moindre comparaison de nos coutumes et de nos idéaux. Il nous faut
177
e, vice qui le lie au monde ancien et le condamne
à
passer avec lui : il décrit l’anarchie intime de l’homme moderne avec
178
s et nos malheurs avec une croissante application
à
la stupidité, j’entends à l’absence de jugement. S’il est un genre qu
179
croissante application à la stupidité, j’entends
à
l’absence de jugement. S’il est un genre que nos critiques sont unani
180
S’il est un genre que nos critiques sont unanimes
à
condamner sans nul recours, c’est celui du roman à thèse. Méfiance si
181
condamner sans nul recours, c’est celui du roman
à
thèse. Méfiance significative ! Les thèses de Bourget ne valaient pas
182
get ne valaient pas grand-chose : pauvre prétexte
à
n’en point chercher de meilleures. Ce n’est pas l’échec de Bourget qu
183
e n’est pas l’échec de Bourget qui peut expliquer
à
lui seul un refus aussi opportun de la part de nos romanciers. La vér
184
is pensé qu’une œuvre d’art perdrait de sa valeur
à
illustrer des « thèses », à développer des lieux communs puissants. N
185
perdrait de sa valeur à illustrer des « thèses »,
à
développer des lieux communs puissants. Nous voyons la Russie contemp
186
tire bénéfice, avant nous, d’une faim trop facile
à
tromper. Il est bon, il est nécessaire que la littérature enseigne le
187
ique — ni trop bas — erreur soviétique. Mais bien
à
hauteur d’homme, et c’est la vérité personnaliste. Enseigner, c’est r
188
pour un écrivain, ordonner les moyens de son art
à
ces fins. Il y faut bien autant de talent qu’en exige notre littératu
189
staurer le prestige de la culture, cela ne va pas
à
la spéculation gratuite, dans un monde personnaliste. Les « idées pur
190
es ; les idées vivantes sont des actes. Apprenons
à
penser en actes, c’est-à-dire à penser avec les mains, ou encore à ne
191
actes. Apprenons à penser en actes, c’est-à-dire
à
penser avec les mains, ou encore à ne rien penser qui n’engage en pui
192
, c’est-à-dire à penser avec les mains, ou encore
à
ne rien penser qui n’engage en puissance notre être tout entier, corp
193
entier, corps et âme sans distinction. Apprenons
à
penser comme des hommes responsables, non plus comme des amuseurs de
194
les lettres si tous les essayistes étaient tenus
à
rendre un compte public des fins extrêmes qu’ils escomptent pour leur
195
s signe dans une société décadente. Il est poussé
à
la manie par les suiveurs des maîtres d’après-guerre. Les mauvais écr
196
seul souci est d’être, le plus fidèlement. C’est
à
partir d’elle seule qu’un art original se développera naturellement e
197
elle. Mais toute révolution est d’abord un rappel
à
certaines vertus négligées. Une nouvelle insistance sur la définition
198
rahit ses buts humains finaux, aboutit fatalement
à
l’étatisme renforcé. 14. Pour le chrétien, cette raison d’être singu
199
vers lui-même. g. Rougemont Denis de, « Préface
à
une littérature », Esprit, Paris, octobre 1934, p. 24-33.
200
ses de démoralisation : 1° parce qu’ils satisfont
à
peu de frais les bourgeois paresseux, vaguement inquiets de se tenir
201
2° parce qu’ils incitent les écrivains de métier
à
écrire des stupidités, des pornographies pauvrettes, des « variétés »
202
sez mal — Giono s’en mêle trop — et qui a cherché
à
s’en tirer par ses moyens. Je cite : J’essayai de me sauver par l’es
203
amais aux désespérés ? Tous vos livres disent non
à
la vie. C’est facile d’être négatif. Et je n’avais pas besoin qu’on m
204
la bonté — ou la générosité de soi — de dire oui
à
la vie. C’est très difficile… J’interromps la citation : dire oui à
205
s difficile… J’interromps la citation : dire oui
à
la vie, c’est surtout une formule nietzschéenne, et qui signifie chez
206
le contraire de ce que cette femme veut expliquer
à
Giono. Mais voilà un trait juste, de la part du romancier, — s’il est
207
jamais que le plus bas ? Ne penserez-vous jamais
à
ceux qui ont besoin de comprendre le monde ? — J’ai une grande dette
208
monde ? — J’ai une grande dette de reconnaissance
à
payer à M. Johan Bojer, et s’il était là, je lui ferais ma belle révé
209
— J’ai une grande dette de reconnaissance à payer
à
M. Johan Bojer, et s’il était là, je lui ferais ma belle révérence pa
210
e de sa beauté (et parce qu’il faut faire un sort
à
ces choses-là quand on en trouve), mais aussi par manière de conclusi
211
en trouve), mais aussi par manière de conclusion
à
cette Préface à une littérature, qu’on a pu lire ici le mois dernier
212
aussi par manière de conclusion à cette Préface
à
une littérature, qu’on a pu lire ici le mois dernier. Ah ! nous somm
213
quel trou va la cheville, voilà vos livres. Voilà
à
quoi vous perdez votre temps, vous autres. Ah ! vous n’êtes pas aimés
214
— Fais voir tes yeux ! Ils se sont baissés jusqu’
à
moi. Ils se sont assis à côté de moi. Ils m’ont dit : — Fais voir où
215
sse-toi, viens, nous partons dans le vaste monde.
À
ceux-là, je dois la nourriture de ma maison, comme à des dieux. « Ai
216
eux-là, je dois la nourriture de ma maison, comme
à
des dieux. « Aidez-moi ! », dit cette femme. Mais la plupart des aut
217
de cela en moi dont je ne veux pas m’occuper ! »
À
10 kilomètres de mon logis, l’autre jour, pressé de rentrer et ne dis
218
ommerçant de Lyon, la cinquantaine, assez bavard.
À
certaines allusions, je devine qu’il est « seul dans la vie ». Pourta
219
tout15 !… » Les éditeurs s’efforcent de répondre
à
la demande du public. Il faut des livres faciles, des livres gais, et
220
r, et ce qu’on se montre si pressé de leur donner
à
bon marché. Ils s’expriment mal, ils trahissent leur pensée, leurs dé
221
de même ne disait pas lui aussi « aidez-moi ! »,
à
sa façon vulgaire, avec son rire insupportable, et fallait-il être bi
222
). Cet exposé traduit au contraire un effort tout
à
fait « personnel » pour exprimer une conscience philosophique que l’a
223
ent du tout plus concrets que l’acte qui consiste
à
les toucher et à les voir. Car un objet que personne n’a vu ni touché
224
concrets que l’acte qui consiste à les toucher et
à
les voir. Car un objet que personne n’a vu ni touché appartient à la
225
un objet que personne n’a vu ni touché appartient
à
la connaissance qu’on nomme abstraite, qui est la connaissance des ch
226
ntes. Mais c’est une autre erreur que d’attribuer
à
la vision, ou au toucher, ou à la connaissance, une réalité suffisant
227
ur que d’attribuer à la vision, ou au toucher, ou
à
la connaissance, une réalité suffisante et détachée de toute action p
228
vertu de concrétiser le concret, et de manifester
à
l’évidence son mystère. Or l’événement ne naît jamais, comme feignent
229
éfinitions. Les philosophes se résignent très mal
à
cette limitation de leur pouvoir : il nous faut pourtant bien admettr
230
il les révèle bien distincts, et agissant chacun
à
leur manière ; car autrement, où serait l’événement ? La manière d’ê
231
t, séparé du sujet, n’a rien en lui qui le pousse
à
chercher ce dont il manque, et n’a pas d’existence. Il ne devient obj
232
, l’homme détient le pouvoir de provoquer l’objet
à
l’existence. Il peut le faire de deux façons, l’une virtuelle ou dist
233
elle ou distante, l’autre actuelle. S’il se borne
à
imaginer l’objet hors de sa prise, comme absent, il ne fait à vrai di
234
t le moment de la présence de l’homme au monde et
à
soi-même conjointement. Et c’est ainsi que le concret naît d’une déci
235
’angoisse est le signe de son absence au monde et
à
soi-même. Dire que l’homme est, concrètement, c’est dire qu’il souffr
236
. Car l’essence de l’homme, en tant qu’homme, est
à
jamais incalculable, si l’homme est un événement, une rupture et une
237
questions, un « prochain » et non pas un problème
à
résoudre à distance ; en un mot, si l’homme est un acte. 4. L’acte
238
un « prochain » et non pas un problème à résoudre
à
distance ; en un mot, si l’homme est un acte. 4. L’acte est insais
239
de ses déterminations suffisantes. Ce qui revient
à
reconnaître que la psychologie passe à côté de la fin qu’elle s’assig
240
ence que du régulier, c’est-à-dire de l’inhumain (
à
la limite), et c’est encore à dire qu’une « science de l’homme » qui
241
dire de l’inhumain (à la limite), et c’est encore
à
dire qu’une « science de l’homme » qui se veut purement descriptive e
242
e cette dégradation, dont nul ne songe d’ailleurs
à
contester le fait, démontré par l’existence même des psychologues. L’
243
actement l’ampleur de notre défection au monde et
à
nous-mêmes. Dans l’homme entièrement humain, il n’y aurait pas place
244
pas place pour la psychologie, car elle est liée
à
l’angoisse, c’est-à-dire à l’absence et au recul devant l’acte. Dans
245
gie, car elle est liée à l’angoisse, c’est-à-dire
à
l’absence et au recul devant l’acte. Dans l’homme entièrement humain,
246
s qu’il paraisse, aussitôt les objets s’ordonnent
à
sa décision, et deviennent saisissables pour l’entendement. 5. L’a
247
le de l’homme. C’est lui qui rend l’homme visible
à
l’homme, et nous sculpte un visage lisible. Sur la scène du monde, où
248
à seuls sont présents, parce qu’ils représentent.
À
la faveur de cette image, autorisée par l’étymologie du mot personne,
249
onne, nous pouvons voir d’abord que de l’individu
à
la personne, la différence est celle du figurant anonyme à l’acteur,
250
onne, la différence est celle du figurant anonyme
à
l’acteur, de celui qui fait nombre à celui qui fait loi, de celui qui
251
rant anonyme à l’acteur, de celui qui fait nombre
à
celui qui fait loi, de celui qui regarde à celui qui s’engage. Nous p
252
nombre à celui qui fait loi, de celui qui regarde
à
celui qui s’engage. Nous pouvons voir ensuite un premier caractère de
253
t lié aux conditions de son apparition, j’entends
à
la présence et à l’engagement : la personne n’est jamais seule, elle
254
ons de son apparition, j’entends à la présence et
à
l’engagement : la personne n’est jamais seule, elle est essentielleme
255
ulement refuser de jouer. Mais cela dit, il reste
à
savoir pourquoi tel figurant jeté dans une intrigue insaisissable dev
256
jeté dans une intrigue insaisissable devient tout
à
coup un acteur, et se met à se comporter tout comme s’il connaissait
257
sissable devient tout à coup un acteur, et se met
à
se comporter tout comme s’il connaissait le fil du drame. D’où lui vi
258
connaissait le fil du drame. D’où lui vient tout
à
coup l’assurance que ce qu’il fait est dans son rôle ? Pour quelle ra
259
sonne. Ma personne, c’est ma présence au monde et
à
moi-même conjointement ; aux vrais objets, aux vrais humains, et à ma
260
ntement ; aux vrais objets, aux vrais humains, et
à
ma vraie responsabilité. C’est à bon droit, nous l’avons vu, que nous
261
u plus exactement une réalité d’existence commune
à
des concepts très diversement définis par les philosophes de l’école
262
e : présence, événement, concret, acte, personne.
À
tel point que la vraie définition d’un de ces termes n’est pas ailleu
263
ailleurs que dans son assimilation existentielle
à
tous les autres. Mais ces concepts, un à un, ne peuvent être saisis d
264
entielle à tous les autres. Mais ces concepts, un
à
un, ne peuvent être saisis dans le temps ni dans l’espace conçus par
265
ation qui naît de l’acte, c’est le rythme imprimé
à
l’action générale par cette apparition qui s’y insère. C’est une nouv
266
oint dans l’intemporel, parce que l’éternel vient
à
nous, dans notre temps, où nous sommes, tout entier. L’éternité pour
267
temps que par l’individu en acte, et qui devient
à
cet instant une personne. L’homme n’est un vrai sujet que parce qu’il
268
jet que parce qu’il est personnellement assujetti
à
l’impulsion indescriptible que nous appelons l’éternel. La personne
269
x de la vie de mon individu. 7. Incarnation
À
la série d’« implications inexplicables » que nous venons de parcouri
270
la personne est proprement la sujétion de l’homme
à
l’éternel et de l’objet à l’homme, on peut dire que la personne est l
271
la sujétion de l’homme à l’éternel et de l’objet
à
l’homme, on peut dire que la personne est l’impensable incarnation de
272
onne parfaite se réduirait purement et simplement
à
son histoire, à l’énoncé des témoignages visibles qu’elle produit. Da
273
réduirait purement et simplement à son histoire,
à
l’énoncé des témoignages visibles qu’elle produit. Dans ce sens, elle
274
in de nous munir contre eux, notre raison cherche
à
trouver leurs lois. Elle les trouve, mais ce sont alors les lois même
275
il est vu précisément comme n’étant pas assujetti
à
notre action. C’est pourquoi la plupart de nos gestes, loin d’être or
276
initié par d’autres, d’un procès anonyme étranger
à
notre être, et que nous baptisons fatalité, parce que nous sommes ses
277
que la raison des peuples et des clercs s’accorde
à
révoquer en doute ? L’imagination de la personne à l’état pur restera
278
révoquer en doute ? L’imagination de la personne
à
l’état pur resterait à nos yeux une espèce d’utopie ontologique, si l
279
imagination de la personne à l’état pur resterait
à
nos yeux une espèce d’utopie ontologique, si la Révélation n’en attes
280
ns l’histoire, le fait extrême, le concretissimum
à
partir duquel nous puissions penser activement la personne, c’est-à-d
281
ire, ce qui le rend concret, c’est-à-dire présent
à
lui-même et aux autres dans un même élan. Tout acte personnel est par
282
même élan. Tout acte personnel est participation
à
l’actualité éternelle du Christ. 8. Communauté Tout ainsi que d
283
omme substance et fondement de tout », nous avons
à
connaître cette vérité de la personne : qu’elle est toute dans sa com
284
pour fixer davantage les idées, de l’opposer ici
à
la notion de l’individu. L’individu est le terme dernier de la divisi
285
me premier, dont dépend toute réalité collective.
À
l’utopie sociologique qui prophétise la dissolution du corps social e
286
mesure de tout la présence effective de l’homme.
À
l’évolutionnisme objectif elle oppose son exigence proximiste. Dans l
287
iage, la famille, le métier et l’éducation. C’est
à
la sauvegarde de ces réalités prochaines que doivent s’ordonner les r
288
ions plus générales. Cette thèse simple constitue
à
mes yeux la règle d’or de toute doctrine sociale et politique. Est-ce
289
or de toute doctrine sociale et politique. Est-ce
à
dire que le bien de tous doive être mis au service du bien de chacun
290
on (démocratie libérale). Le droit de la personne
à
primer sur l’ensemble demeure indéfendable s’il n’est pas imposé par
291
n’est que l’expression, de plus en plus abstraite
à
mesure qu’on s’élève à des nombres plus grands, du pouvoir prochain d
292
de plus en plus abstraite à mesure qu’on s’élève
à
des nombres plus grands, du pouvoir prochain de la personne ; il n’es
293
’on croit pouvoir séparer l’âme du corps — quitte
à
ne plus savoir comment les réunir — ce que ne font ni la vie ni la mo
294
ette illusion provient d’une pensée qui se refuse
à
nos limites, faute parfois de les avoir assez sérieusement éprouvées,
295
une tentative impie pour substituer la conscience
à
la vocation personnelle, c’est-à-dire pour substituer, dans l’échelle
296
échelle de nos valeurs, notre capacité de liberté
à
l’exercice concret de cette liberté. C’est une usurpation de l’éterne
297
u’envisager les modes de notre esclavage. — Jusqu’
à
cet acte, que soudain j’ai fait ! Car je l’ai fait, et je ne sais rie
298
e seuil. L’esprit est acte, l’acte est obéissance
à
la motion de l’éternel. J’ai peut-être entendu quelque parole, on n’a
299
une plénitude de la joie, ni jamais rien qui fût
à
moi tel que j’étais, ni rien que j’aie, mais cet abandon un instant,
300
yable distraction du monstre moi, qui suffit bien
à
l’éternelle vigilance pour me pousser un peu plus loin que tout calcu
301
Déjà tout recommence. Car la durée n’ajoute rien
à
l’éternel. Ce pas petit et triomphal à peine fait, je le reperds si j
302
lonté de mon Père » — c’est-à-dire celui — opposé
à
l’impersonnel ceux — qui agit sa vocation. 17. Ceci ne doit pas être
303
rique dont Breton sera, je crois, le tout premier
à
reconnaître qu’il sue le plus insupportable ennui. Ouvrez une revue d
304
orien de la littérature. Nous n’avons pas le cœur
à
ces injures. Le surréalisme garde une valeur de fait témoin, d’ordre
305
de une valeur de fait témoin, d’ordre spirituel ;
à
ce titre, il marque une époque, bien plus qu’une littérature. Ces que
306
courage que donne seule la foi — ils se sont mis
à
déclamer un désespoir décoratif, un désespoir postiche et stylisé, à
307
poir décoratif, un désespoir postiche et stylisé,
à
l’abri duquel on pouvait faire encore de la littérature, certes, mais
308
upule de ce qu’il se doit ! Et qu’il est attentif
à
sa propre démarche ! « Il me paraît absolument nécessaire de le dire…
309
e le dire… Pour ma part, je me refuse… Je demande
à
ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… » Je prends ces trois début
310
rd (p. 73). On trouverait sans doute mieux encore
à
citer, en cherchant un peu. C’est très bien de ne pas faire le modest
311
de grands airs, si l’on a quelque chose de grand
à
dire, qu’on ne peut pas dire autrement. Que dit-il donc, cet homme qu
312
’on attaque, lorsqu’on crée, je serais le dernier
à
m’en plaindre. Mais il s’agit ici, tout simplement, de s’évader d’une
313
nt les communistes conviendrait mieux, peut-être,
à
ces recherches plutôt hésitantes. Tant que Breton invente son sujet,
314
nsée ? Ils ont essayé du marxisme ; ils retombent
à
l’idéalisme. La voie est sans issue, plus que jamais. Mais alors, von
315
s se sont unis dans une passion grave, exigeante,
à
l’écart d’une société hostile, dans une ascèse morale soutenue. L’aîn
316
femme qu’il aime et qu’il entreprend de conduire
à
la maîtrise de soi-même, il nous en donne un portrait minutieux, tend
317
Une analyse racinienne des sentiments s’unit ici
à
la rigueur d’un idéal orgueilleux, ombrageux. Tout cela se perd d’ail
318
clusion. Peut-être n’est-ce ici qu’un cri d’appel
à
rien : les modernes ont inventé cela. On peut toutefois ne pas les cr
319
eil tragique ne perdra rien de sa grandeur lucide
à
gagner un sens religieux. Ce livre enfin vaut par un style inoubliabl
320
Fermeté de la main, regard sévère qui ne consent
à
la tendresse qu’après avoir épuisé ses rigueurs : il faut concéder à
321
près avoir épuisé ses rigueurs : il faut concéder
à
Rouveyre ces qualités dont il fait tant de cas. Une lucidité virile f
322
el livre, lente et souvent reprise, donne du cœur
à
l’intelligence. Et l’austérité tendre de son « inquisition » rend un
323
térité tendre de son « inquisition » rend un sens
à
l’amour humain, disqualifié dans la littérature d’aujourd’hui par tro
324
on apprend comment un nommé Jean aima, de loin et
à
15 ans, des petites filles ; d’un peu plus près et à vingt ans, une é
325
5 ans, des petites filles ; d’un peu plus près et
à
vingt ans, une étudiante ; et pour de bon, deux ans plus tard, une fe
326
ue, semble-t-il, que celui du jeune homme de tout
à
l’heure. Mais ici c’est un ouvrier qui parle. D’avoir travaillé chez
327
ément plus de valeur que d’avoir traîné son vague
à
l’âme par les rues d’une ville de province ; mais cela donne au moins
328
e les poncifs populistes. Ce qui manque peut-être
à
M. Soulillou, c’est la patience de laisser mûrir ses livres ; d’atten
329
de Français dont il est, sauf erreur, le premier
à
parler : une élite, une espèce d’aristocratie paysanne. Vivant près d
330
» définie par les sociologues. Son roman tendrait
à
prouver au contraire l’inexistence des classes dans la réalité campag
331
parlant d’étude, je fais tort au ton de ce livre,
à
son charme sentimental, à son humour particulier, à ses jeunes filles
332
ort au ton de ce livre, à son charme sentimental,
à
son humour particulier, à ses jeunes filles surtout qui suffiraient à
333
son charme sentimental, à son humour particulier,
à
ses jeunes filles surtout qui suffiraient à déconcerter toute « étude
334
lier, à ses jeunes filles surtout qui suffiraient
à
déconcerter toute « étude ». Par exemple, un chapitre comme la Promen
335
s ruses. On sent que Breuil est mêlé de très près
à
l’existence de ses personnages : et le « nous » qui apparaît parfois
336
romanciers de la nouvelle génération : cet appel
à
la vie communautaire, ce réalisme plein, ce sens du concret spirituel
337
a vraiment du nouveau dans cette œuvre, et c’est
à
nous plus qu’à quiconque qu’il appartient de le reconnaître. Un tel l
338
nouveau dans cette œuvre, et c’est à nous plus qu’
à
quiconque qu’il appartient de le reconnaître. Un tel livre n’est pas
339
cription étonnante de l’Amérique qu’il nous reste
à
découvrir : celle du Sud. Enfin, c’est un livre qui mériterait, mieux
340
rs de la dernière guerre que le chômage contraint
à
s’engager comme instructeurs de l’armée bolivienne. (On sait que ce f
341
que ce fut le sort de Röhm, entre autres.) Mêlés
à
des révolutions, disloqués, emprisonnés, blessés, malades, ces hommes
342
ser leurs énergies, est incapable de les protéger
à
l’étranger, parce qu’elle a perdu son prestige, sa puissance militair
343
a haute statue de Pillau, le ministre d’Allemagne
à
La Paz — celui qui n’a pas pu sauver ses camarades — se dresse devant
344
de l’Allemagne actuelle, que son destin la force
à
n’envisager plus le sort de l’homme que sous l’aspect de la nation ?
345
s extrêmes (tortures en prison, folie des combats
à
la mitrailleuse presque à bout portant, etc.), où l’homme avoue ses d
346
Destin allemand l’un des secrets de notre destin
à
tous ? L’ostracisme de nos critiques est d’ailleurs d’autant plus abs
347
der ». M’autorisant de cette remarque, je me mets
à
critiquer les formes du langage de Tzara. Je constate un certain nomb
348
, dont la page 39 donne un bon exemple, trop long
à
citer, la phrase ayant 18 lignes (il y en a de beaucoup plus longues)
349
se réduiraient peut-être, logiquement et en fait,
à
un seul mot. Je force le raisonnement à l’absurde pour faire apparaît
350
en fait, à un seul mot. Je force le raisonnement
à
l’absurde pour faire apparaître le caractère proprement fantasmagoriq
351
nformée par la raison de l’homme. Mais j’en viens
à
l’explication psychanalytique que Tzara donne du monde actuel. Monde
352
e supérieure ». Selon Tzara, ceci doit nous mener
à
une société collectiviste, marxiste. Je ne comprends pas cette déduct
353
Mais ce n’est pas là, n’est-ce pas, ce qu’on veut
à
Commune, revue officielle du PC. Il veut que le langage s’assouplisse
354
ara une prise de conscience toute nouvelle, et qu’
à
cette réflexion, plus réellement dramatique, l’on puisse attribuer le
355
Quoique toute douleur morale puisse être ramenée
à
un système de coordonnées sociales, on a trop oublié dans les remous
356
la société actuelle, tout en préparant la culture
à
venir sur le solide terrain de l’économie psychique, l’on s’attaque à
357
e terrain de l’économie psychique, l’on s’attaque
à
un système général de choses en ignorant cette misère morale qui, tro
358
e : « Il y aura lieu de ramener l’action du poète
à
un phénomène de mimétisme par son assimilation à un objet extérieur »
359
à un phénomène de mimétisme par son assimilation
à
un objet extérieur » (p. 283). Autrement dit, le sujet se désiste de
360
la catastrophe que certains plumitifs se plaisent
à
entretenir au sein du fameux « désarroi » de l’après-guerre, le grand
361
remède. Pourquoi résister au plaisir de proposer
à
mes lecteurs la méditation de ce texte à maints égards révélateur ?
362
proposer à mes lecteurs la méditation de ce texte
à
maints égards révélateur ? « L’Esprit n’a pas son palais. L’Exposi
363
stre, président de la commission de renseignement
à
l’Exposition de 1937 L’Exposition de 1937 en est au stade des réali
364
nce… C’est dire que l’esprit créateur y doit être
à
l’honneur. Voilà pourquoi la Commission de coopération intellectuelle
365
s palais prévus pour 1937, il y en ait un destiné
à
la Pensée. Qu’on nous entende bien. La pensée ne sera absente nulle p
366
vaux. En liaison étroite avec l’enseignement qui,
à
tous ses degrés, forme les esprits aux méthodes de la recherche et de
367
ulture. Peut-on imaginer un spectacle plus propre
à
éveiller l’imagination, à attirer la curiosité, à susciter l’élan des
368
n spectacle plus propre à éveiller l’imagination,
à
attirer la curiosité, à susciter l’élan des intelligences, à attacher
369
à éveiller l’imagination, à attirer la curiosité,
à
susciter l’élan des intelligences, à attacher les foules ? […] Ce Pal
370
a curiosité, à susciter l’élan des intelligences,
à
attacher les foules ? […] Ce Palais doit être construit en dur. Il do
371
lais doit être construit en dur. Il doit survivre
à
l’Exposition. Pourvu, à côté des pavillons où se présenteront les gra
372
en dur. Il doit survivre à l’Exposition. Pourvu,
à
côté des pavillons où se présenteront les grandes découvertes, de sal
373
eurs de tous les pays, qui viendront se retremper
à
Paris, d’amphithéâtres pour les conférences et pour les congrès, il s
374
êt à accueillir les savants et leurs découvertes,
à
ajouter des maillons à la chaîne sans fin. Nous le léguerons à l’aven
375
ants et leurs découvertes, à ajouter des maillons
à
la chaîne sans fin. Nous le léguerons à l’avenir comme le témoin et l
376
maillons à la chaîne sans fin. Nous le léguerons
à
l’avenir comme le témoin et le symbole de notre génération. I. Rés
377
mplacement et de la dotation d’un palais consacré
à
l’esprit, c’est poser en réalité, sous une forme à peine allégorique,
378
cun comme évident ni comme allant de soi, mais qu’
à
la faveur d’un désordre dont on découvre alors la profondeur, il devi
379
dont on découvre alors la profondeur, il devient
à
son tour un problème, il se trouve mis en question. Il faut voir, en
380
t voir, en effet, que la situation qui donne lieu
à
la proposition qu’on vient de lire ne saurait être celle d’une sociét
381
Doit-il avoir un lieu particulier ? De la réponse
à
ces questions dépendront l’existence et l’emplacement du Palais de l’
382
qu’elle est partout chez elle et partout reconnue
à
des signes certains — et qui donc aurait même l’idée d’un pavillon de
383
liser » un vieux rêve positiviste et donner corps
à
l’utopie d’un sanctuaire de la Pensée laïque ? Il faudra le construir
384
ageure. II. Pour un musée des lieux communs
À
quelques semaines de là, un article de M. Duhamel24 vint apporter tou
385
l est juste, il est nécessaire de mettre l’esprit
à
sa place — s’écriait le fameux romancier —, à sa place qui est la pre
386
rit à sa place — s’écriait le fameux romancier —,
à
sa place qui est la première, et de l’y mettre en pleine clarté. Cela
387
rise [c’était là que j’avais buté] : l’esprit est
à
l’origine de tout ; l’exposition elle-même sera, dans toute son ample
388
nt, c’est l’esprit qu’il faut honorer, c’est bien
à
lui qu’il faut élever un sanctuaire et non à telle ou telle de ses ex
389
bien à lui qu’il faut élever un sanctuaire et non
à
telle ou telle de ses extrêmes applications. L’accord parfait des «
390
ution pour le moins maladroite. Il fallait éviter
à
tout prix de prononcer le mot que nous étions en train de chercher po
391
e, c’est qu’ils croyaient bien faire. Et personne
à
ma connaissance n’a mis en question leur sérieux, ce qui précisément
392
— ou flatté — et poli qu’on a coutume de réserver
à
ces délirants pataquès, voilà le signe, plus certain que le « bolchév
393
un mépris de la culture et de l’esprit qui marque
à
son insu l’élite bourgeoise, et confirme sa décadence. Ils me diraien
394
d’un député et d’un littérateur qui se consacrent
à
la défense du spirituel ? La grâce moscovite vous aurait-elle saisi ?
395
lique a su répandre une doctrine de l’esprit tout
à
fait propre à aveugler les masses, qui ne savent plus reconnaître ni
396
andre une doctrine de l’esprit tout à fait propre
à
aveugler les masses, qui ne savent plus reconnaître ni la nature ni l
397
zon populaire26. Le succès d’une caricature tient
à
ce qu’elle est une simplification. Celle qu’on nous présente de l’esp
398
essus de nos vies, abandonnées, il faut l’avouer,
à
des soucis d’un tout autre ordre27. L’esprit paraît d’autant plus spi
399
une commission d’État pour une exposition promise
à
la publicité universelle, trouve naturel de proposer que « l’esprit »
400
soi. Un écrivain fameux, gloire du roman français
à
l’étranger, vient confirmer de son côté que ce Palais de l’esprit pur
401
le du grand public n’opposent la moindre réaction
à
l’aveu d’un complot si burlesque. Si j’ai quelque peu insisté sur l’a
402
e fait qu’on l’ait négligé, me paraissent propres
à
fixer l’attention de quelques-uns sur une erreur très générale. Erreu
403
sur une erreur très générale. Erreur métaphysique
à
l’origine : mais comme telle insensible au commun28, ou bien tenue à
404
comme telle insensible au commun28, ou bien tenue
à
tort pour « théorique ». J’ai cru bon d’aller la saisir dans ses abou
405
bienveillante de la chronologie. L’hommage rendu
à
l’auteur de ce petit livre qui, condensant la sagesse des vieux artis
406
scientifique et de la raison universelle, donnera
à
notre Exposition son sens et sa portée. Je répugne à rendre Descarte
407
tre Exposition son sens et sa portée. Je répugne
à
rendre Descartes responsable de tout le mal qu’ont répandu les cartés
408
s journaux, il y a toute la distance d’une erreur
à
un préjugé. Mais enfin pour saisir je ne dis pas la racine de ce préj
409
qui l’autorisa parmi nous, il faut bien remonter
à
l’erreur initiale des clercs. Descartes revenant à Paris et visitant
410
l’erreur initiale des clercs. Descartes revenant
à
Paris et visitant le Palais de l’Esprit ne manquerait pas de redire l
411
Palais doit célébrer, et que l’on estime conforme
à
la religion de l’esprit. Mais ce que Descartes a voulu, c’est que l’e
412
taphysique — et nous y reviendrons plus tard tout
à
loisir, soit pour marquer les causes internes de son succès auprès de
413
au passage quels intérêts temporels concoururent
à
cette adoption pernicieuse. Mais pour l’affaire qui nous occupe ici,
414
uand tout un siècle d’enseignement s’est appliqué
à
le fixer et à l’étendre. Mais il demeure certain que l’ouvrier et l’a
415
iècle d’enseignement s’est appliqué à le fixer et
à
l’étendre. Mais il demeure certain que l’ouvrier et l’artisan, le pay
416
aysan et le boutiquier ont une tendance naturelle
à
estimer que la « pensée » est incapable, en fait, de les aider dans l
417
qui lui revient dans l’économie générale29. De là
à
se figurer, d’ailleurs d’une façon vague, que les penseurs sont des g
418
ction, au point d’assimiler l’homme « distingué »
à
l’homme qui ne fait rien de ses deux mains. Ce que je reproche à l’es
419
e fait rien de ses deux mains. Ce que je reproche
à
l’esprit cartésien, c’est d’avoir formulé l’équivalent de ce préjugé
420
z : distingué, oisif — tout conforme, d’une part,
à
l’illusion du praticisme, d’autre part, à l’éthique bourgeoise. « Des
421
e part, à l’illusion du praticisme, d’autre part,
à
l’éthique bourgeoise. « Descartes descendu dans la rue »30 vient cons
422
et esprit distingué, c’est aussi laisser ce corps
à
lui-même, le mépriser, l’abandonner à sa lourdeur. Décréter que l’esp
423
er ce corps à lui-même, le mépriser, l’abandonner
à
sa lourdeur. Décréter que l’esprit n’a pas de mains, c’est libérer de
424
es contingences, plus sûrement on livre celles-ci
à
l’empire des intérêts. Sorel a bien montré ce jeu dans ses Illusions
425
uté ou un ministre, un directeur de grand journal
à
la solde des maîtres de forges, ou un chef de service aux finances pr
426
s utile aux « réalistes » que la croyance commune
à
la valeur en soi de l’idéal. Cependant ces discours hypocrites ne fon
427
ens ou affairistes, qui l’ont froidement calculée
à
seule fin de donner le change sur leurs véritables desseins, mais c’e
428
stimation cartésienne de l’esprit (exagérée jusqu’
à
l’absurde par les idéalistes romantiques) peut encore figurer la foi
429
prit est une pure description 32. On assure ainsi
à
bon compte la rigueur des constructions intellectuelles allégées de t
430
alisations les plus artificielles, aux découpages
à
l’infini de la « matière » vivante et organique, à la multiplication
431
l’infini de la « matière » vivante et organique,
à
la multiplication des points de vue irréels, mais logiques et simples
432
) Le « sérieux » universitaire consiste, en gros,
à
déconcrétiser33 les disciplines de la pensée. C’est ainsi que l’histo
433
ois, et non plus une chronique des actes. On tend
à
ne garder de ceux-ci que ce qui peut s’organiser en belles séries, se
434
ve être tout justement la doctrine la plus propre
à
nous aveugler sur la réalité absurde et magnifique, enseignante et dé
435
voir sophistiqué l’histoire, elle veut se réduire
à
son tour à une histoire des doctrines, à une filiation de systèmes, q
436
tiqué l’histoire, elle veut se réduire à son tour
à
une histoire des doctrines, à une filiation de systèmes, qu’elle décr
437
réduire à son tour à une histoire des doctrines,
à
une filiation de systèmes, qu’elle décrit sortant les uns des autres,
438
heureuses et légèrement inconvenantes. On cherche
à
réduire la pensée à des « courants » non à des hommes. On allègue un
439
ent inconvenantes. On cherche à réduire la pensée
à
des « courants » non à des hommes. On allègue un « progrès » continu
440
herche à réduire la pensée à des « courants » non
à
des hommes. On allègue un « progrès » continu des « problèmes » où le
441
phique qu’elle conduit fatalement nos professeurs
à
mépriser les seuls philosophes de ce temps — Nietzsche en est le fame
442
e de l’âme — d’un tout autre ordre de problèmes :
à
savoir la physiologie des sensations et la classification des maladie
443
ment de décrire, on fera bien d’aller la chercher
à
cent lieues des « sanctuaires de l’esprit » : chez un révolutionnaire
444
n. Je ne veux mettre en relief qu’un seul trait —
à
mon sens le seul décisif — commun à toutes les disciplines que l’on e
445
seul trait — à mon sens le seul décisif — commun
à
toutes les disciplines que l’on enseigne aux jeunes clercs : et c’est
446
pure » et le réel confus et dangereux qui échappe
à
ses prises prudentes. Et ces lois confirment le penseur dans l’idée q
447
ste sans force créatrice. Plus l’esprit se refuse
à
l’engagement, plus il lui paraît évident que l’engagement est impossi
448
t une abdication de tout rôle actif. L’avenir est
à
ceux qui ne sont pas désabusés36. Entendez que l’avenir appartient
449
ue l’avenir appartient pratiquement aux barbares,
à
ces clercs un peu méprisables qui croient que la pensée doit entrer e
450
de Pilate Lorsque Renan se résigne sans peine
à
cette « abdication » du rôle actif de l’esprit, n’oublions pas qu’il
451
car le mot « désintéressement » a deux sens tout
à
fait indépendants. Que les clercs refusent d’épouser les passions pol
452
itiques ou sociales qui selon eux mènent le monde
à
sa perte ; qu’ils refusent de se faire les complices des folies colle
453
lui comme inexistants. Ce qui revient d’une part
à
diviniser notre esprit ; d’autre part, à refuser pratiquement de s’in
454
une part à diviniser notre esprit ; d’autre part,
à
refuser pratiquement de s’intéresser au sort des hommes. Que d’autres
455
és, perdent leur temps et leur esprit peu raffiné
à
combattre des injustices au nom de la justice qu’ils ont cru concevoi
456
ces pharisiens, ces docteurs d’Israël qui prêtent
à
la folie des masses leur voix : Crucifie, relâche Barrabas ! Voilà la
457
hose que cette banalité morale. Elle vise en fait
à
justifier le lavement de mains de Pilate. « Pilate voyant que le tumu
458
philosophes, celui qui excuse en fin de compte —
à
leurs yeux seuls — tous leurs refus de conclure37, c’est-à-dire de s’
459
nt-il pas de dire : « Qu’est-ce que la vérité ? »
À
vingt siècles de là, la voix « désabusée » d’un autre clerc parfait l
460
té n’existe pas, comment serions-nous donc fondés
à
juger, à risquer en son nom les réalités immédiates ?38 Les clercs o
461
te pas, comment serions-nous donc fondés à juger,
à
risquer en son nom les réalités immédiates ?38 Les clercs ont pris p
462
tant d’élégance, — et l’abandonnent libéralement
à
sa passion ? Mais en face de Pilate : « Voici l’homme » ! Et que dit
463
je suis venu dans le monde pour rendre témoignage
à
la vérité. » Unanimité contre lui des clercs de droite, des clercs de
464
? Ce royaume n’eût gêné personne, tout semblable
à
celui des clercs. On lui eût donné son Palais. Mais que vient-il fair
465
Les réalités qui se payent. Donc, on nous dresse
à
ne servir à rien. Entendez : à ne rien servir. Le royaume de l’esprit
466
s qui se payent. Donc, on nous dresse à ne servir
à
rien. Entendez : à ne rien servir. Le royaume de l’esprit — notre Uni
467
nc, on nous dresse à ne servir à rien. Entendez :
à
ne rien servir. Le royaume de l’esprit — notre Université — n’est pas
468
érieuses et précises » que la pensée peut arriver
à
reconnaître, mais sur lesquelles elle ne saurait agir. C’est une myth
469
. Mais les hommes, qui sont bien méchants, savent
à
merveille tirer parti contre l’esprit de la liberté qu’il leur laisse
470
nt officiellement, déléguant le soin des discours
à
ces touchants et graves coryphées parlementaires ou bicornés dont on
471
du rendement ou de la perte. Le clerc qui ne sert
à
rien, c’est flatteur et c’est distingué, mais il faut encore le nourr
472
peu fortuné. Deux espèces de carrières s’ouvrent
à
lui : celle des accommodements et celle du chômage. La carrière des a
473
du chômage. La carrière des accommodements offre
à
« l’esprit » des perspectives innombrables, et très diversement rétri
474
uées, de démission. Car l’esprit, lui aussi, mène
à
tout, mais à condition qu’on en sorte : en se vendant, soit à l’État,
475
ssion. Car l’esprit, lui aussi, mène à tout, mais
à
condition qu’on en sorte : en se vendant, soit à l’État, soit aux jou
476
à condition qu’on en sorte : en se vendant, soit
à
l’État, soit aux journaux, soit au public, soit au fascisme ou à l’an
477
aux journaux, soit au public, soit au fascisme ou
à
l’antifascisme. À quoi s’ajoute depuis peu une possibilité nouvelle e
478
au public, soit au fascisme ou à l’antifascisme.
À
quoi s’ajoute depuis peu une possibilité nouvelle et symbolique : les
479
t qu’on rétribue, en vertu d’une coutume qui tend
à
se préciser en loi. L’échelle des valeurs matérielles que « touchent
480
cle dans un hebdomadaire, sur un sujet littéraire
à
la mode, et tenant compte de la frivolité du genre, vous serez payé 2
481
ieurs, pour un « papier » bâclé en une demi-heure
à
l’aide d’un répertoire de lieux communs et d’idées fausses mais coura
482
ement loués que dans la presse quotidienne… Quant
à
la carrière du chômage, je lui vois bien des agréments, s’il est vrai
483
’il est vrai que la liberté de penser et d’écrire
à
sa guise, la pauvreté, le risque matériel, le nomadisme, le contact a
484
du lendemain dans laquelle on parvient assez vite
à
composer son équilibre, sont pour l’esprit autant de gains certains l
485
d’une existence d’intellectuel. Mais j’hésiterais
à
conseiller cette cure à des jeunes gens en mal de bohème prolétarienn
486
ectuel. Mais j’hésiterais à conseiller cette cure
à
des jeunes gens en mal de bohème prolétarienne. Le spectacle de la cu
487
écevoir ce goût de positif que mes contemporains,
à
tort et à travers, opposent à toute critique un peu trop perspicace.
488
mes contemporains, à tort et à travers, opposent
à
toute critique un peu trop perspicace. Ils ont au fond raison, leur i
489
n n’abatte le mal, cette négation perpétuelle, qu’
à
coups d’affirmations du bien prépondérantes. À tout péché miséricorde
490
qu’à coups d’affirmations du bien prépondérantes.
À
tout péché miséricorde, dit le peuple, mais le pardon n’est pas l’oub
491
mantique, exploité par l’élite bourgeoise, visant
à
faire du clerc un inutile ; vu la situation économique inaugurée par
492
vu les revendications de la jeunesse qui repousse
à
l’unanimité un spiritualisme complice d’intérêts devenus criminels ;
493
: la construction d’un Palais de l’Esprit destiné
à
servir de club à tous ceux qui voudront discuter en public les questi
494
d’un Palais de l’Esprit destiné à servir de club
à
tous ceux qui voudront discuter en public les questions suivantes : a
495
core un sens dans le monde d’aujourd’hui qui tend
à
s’établir sur de tout autres bases ? c) à quoi servent les clercs ? q
496
ui tend à s’établir sur de tout autres bases ? c)
à
quoi servent les clercs ? quel doit être leur rôle dans la cité ? à q
497
clercs ? quel doit être leur rôle dans la cité ?
à
qui s’adressent leurs écrits ? d) quelle est la source de leur autori
498
tif présente un gros défaut pratique : il conduit
à
poser de vraies questions sérieuses. Il est donc irréalisable sous un
499
st tout autre chose que d’inviter le grand public
à
réfléchir sur le rôle de l’esprit, à poser des questions bien simples
500
grand public à réfléchir sur le rôle de l’esprit,
à
poser des questions bien simples et bien grossières, celles que les c
501
nement ce qui s’est fait, et un temps pour saisir
à
pleines mains les instruments de construction, qui sont aussi ceux de
502
tes du public ne puissent être un puissant rappel
à
la « réalité rugueuse » de ce monde. Mais ce rappel n’est pas suffisa
503
que ne peut voir la foule. Il faut donner un sens
à
sa vision. Oserons-nous dire que c’est la vocation d’Esprit ? Donner
504
e que c’est la vocation d’Esprit ? Donner un sens
à
la vision d’une réalité, c’est montrer à quelle fin doit tendre cette
505
un sens à la vision d’une réalité, c’est montrer
à
quelle fin doit tendre cette réalité, — notre culture par exemple. C’
506
éalité, — notre culture par exemple. C’est croire
à
cette fin, et prouver qu’on y croit. C’est prophétiser pour agir. Seu
507
faitement négligeables en regard de ce qu’ils ont
à
dire, qui les dépasse, et personnes parfaitement responsables de ce q
508
nnes parfaitement responsables de ce qu’elles ont
à
donner, qui est à tous. 24. « Pour un Palais de l’Esprit », Nouvel
509
responsables de ce qu’elles ont à donner, qui est
à
tous. 24. « Pour un Palais de l’Esprit », Nouvelles littéraires du
510
on de dégrader la culture et d’en faire une chose
à
côté, tout en l’“élevant” au rang de suprastructure et en la privant
511
icle cité : « Comme tous les Français, je répugne
à
dépenser beaucoup d’argent pour un ouvrage périssable, surtout quand
512
son « immortalité » académique. 28. J’entends :
à
la grande masse du peuple, à tous ceux qui ne sont pas intellectuels,
513
ue. 28. J’entends : à la grande masse du peuple,
à
tous ceux qui ne sont pas intellectuels, et qui sont les premiers à s
514
sont pas intellectuels, et qui sont les premiers
à
souffrir de la carence de l’esprit. 29. De ce mépris de la pensée pu
515
e » dans tous les sens du terme, par suite inapte
à
modifier le réel par son jeu même, d’une manière immédiate. L’idéalis
516
renforcer le préjugé matérialiste. On en est venu
à
concevoir l’action de l’esprit d’une manière purement médiate : comme
517
étant l’application des résultats du raisonnement
à
notre action. Sur le mystère de cette opération magique, peu de lumiè
518
onsable. 34. « Nous éprouvons une sorte de honte
à
poser les questions philosophiques : la tâche du philosophe sincère e
519
rands convertisseurs chrétiens, — mais cela prête
à
malentendu : le Saint-Esprit se moque de nos psychologies. 36. His
520
ité pratiquement contraignante, éthique (analogue
à
la vérité contraignante de la foi), l’affirmation et la prédication d
521
ète pour les clercs, « l’esprit » ne passe jamais
à
l’acte. Et le dieu Progrès ne rend plus. Peu à peu, Renan découvre («
522
elle ruse de ces prétendants déçus consiste alors
à
nous faire croire que les faits obéissent à des lois sur lesquelles l
523
alors à nous faire croire que les faits obéissent
à
des lois sur lesquelles l’esprit ne peut rien. Comme si ce n’était pa
524
ces honneurs rendus au mythe du Progrès, plus qu’
à
eux-mêmes, sont au fond la meilleure protection pour leurs privilèges
525
phe, ce n’est pas d’arriver le plus vite possible
à
la conclusion, mais au contraire, de la reculer aussi longtemps qu’on
526
r les yeux pour ne la voir pas, mais de continuer
à
analyser sans repos ». Cette phrase d’Alain montre très bien comment
527
de la pensée universitaire aboutit nécessairement
à
un faux (« se boucher les yeux »). Elle postule que le philosophe est
528
it devant le monde : s’ils croyaient sérieusement
à
la justice, ils feraient tout pour l’imposer. Ils se compromettraient
529
éorie. Si bien que leur « spiritualisme » revient
à
tolérer sereinement l’exaction. 39. Cette échelle est aussi valable
530
if, mieux il se vend. La crise force les éditeurs
à
se faire les interprètes du public auprès de l’auteur, et non l’inver
531
nce. P.-S. Ceci fut écrit en mai de cette année ;
à
ce moment j’ignorais tout du « congrès pour la défense de la culture
532
nos amis nous envoie ces notes. Nous les publions
à
titre documentaire. Il faut mesurer tout le volume du fanatisme hitlé
533
pour des raisons idéologiques. On entend des gens
à
Paris, qui soutiennent que le fait-nation est une méchante farce inve
534
déen, aztèque… Pour autant que l’on peut comparer
à
quoi que ce soit de supposé connu des mouvements aussi totalement « é
535
indre « idée » de la réalité nationale-socialiste
à
un homme, même de bonne volonté, qui n’aurait pas « vécu » (comme dis
536
igion nouvelle. Par exemple un discours du Führer
à
son peuple. Je roulais ces pensées, hier soir, debout parmi la foule
537
sus du parterre, violemment éclairée, fascinante.
À
huit heures moins cinq, deux cortèges de bannières vinrent se ranger
538
utschland über alles chanté debout, le bras levé.
À
huit heures sonnant, les lampes à arc s’éteignirent. Des flèches lumi
539
, le bras levé. À huit heures sonnant, les lampes
à
arc s’éteignirent. Des flèches lumineuses gigantesques s’allumèrent s
540
vers le couloir qui des premières galeries menait
à
la tribune, et dans la lueur d’un faible projecteur, il parut. Souria
541
a nation allemande. » De nouveau dressés, saluant
à
la romaine, ils pleuraient, ils râlaient des heil ! la face énergique
542
. (Ce qui est profond doit être caché. Où donc ?
À
la surface.) Hofmannsthal. 1. Ramuz mythologue Toute méthode f
543
il est exact de dire qu’elle s’ordonne par avance
à
sa fin. On n’imagine pas d’aborder l’œuvre et la personne de Ramuz d’
544
peut plus le distinguer des formes qu’il propose
à
notre vue. Il s’est transformé en domaine. Il faut le lire comme un v
545
sonne, à la manière du physiognomoniste plutôt qu’
à
celle du psychologue. Méthode qui paraîtra d’autant plus opportune, a
546
e qui paraîtra d’autant plus opportune, appliquée
à
l’auteur de cette phrase : « Authenticité, réalité, vérité, matière :
547
brassée, puis finalement soulevée, ayant un poids
à
elle et une densité », écrit Ramuz. Le peuple dit, encore plus simple
548
uz : les choses « viennent », le monde « vient » (
à
nous), le ciel, le lac et les montagnes « viennent » : et on les voit
549
ntagnes « viennent » : et on les voit venir ainsi
à
la rencontre d’un regard qui les invente et les dénombre et les conna
550
s le sens de la création qui tout entière advient
à
l’homme. Ainsi l’Adam d’avant le Temps, d’avant la chute dans le Temp
551
emps, d’avant la chute dans le Temps, vit « venir
à
lui » toutes les bêtes : elles s’approchaient pour recevoir leur nom
552
eur nom et leur emploi. Il faut toujours remonter
à
ce mythe si l’on veut saisir la genèse et l’ambition secrète de l’art
553
c’est d’abord une apparition, — une image venant
à
nous. « … on les voit sortir des bois dans le rose du lever du jour e
554
rose, avec des gouttes de rosée qui leur pendent
à
chaque poil et des souliers qui brillent. » Il y en a dans presque to
555
es bonnets de poil de lapin. On pourrait s’amuser
à
recomposer le pays autour d’eux44. Et l’on verrait alors que ces bons
556
ages — ou de la création imaginée. Il faut rendre
à
ce mot d’imagination son sens fort : c’est la natura naturans. (Nous
557
dance de noms de choses ! Comment ne point penser
à
ce Livre de Job — dont Ramuz nous a retraduit quelques passages — où
558
qu’une certaine critique ne veut point pardonner
à
Ramuz. Un écrivain français de la tradition des classiques, comme ils
559
ils couvrent. Les mots abstraits sont nécessaires
à
une certaine circulation d’idées qui « représentent » les choses et l
560
il n’est pas de défense plus sûre que le recours
à
l’étymologie. Car le sens étymologique est toujours lié à une chose (
561
ologie. Car le sens étymologique est toujours lié
à
une chose (ou à une action sur les choses). Utiliser les mots dans le
562
ens étymologique est toujours lié à une chose (ou
à
une action sur les choses). Utiliser les mots dans leur sens étymolog
563
omène de l’incarnation, c’est retrouver la langue
à
cet état naissant dont la chimie nous dit qu’il est l’état de virulen
564
e fortes peines ! — qu’une cour d’assises occupée
à
juger des meurtres dont le vol est le mobile. Je dis qu’il ferait un
565
ont ils s’occupent si mal, et de plus en plus mal
à
mesure que le « pratique » s’éloigne davantage du concret pour se con
566
iment élémentaire. Ainsi les changements de temps
à
l’intérieur d’une même phrase. Je ne crois pas qu’il soit possible de
567
e ne crois pas qu’il soit possible de les ramener
à
une loi, ni même à un usage régulier ; ou plutôt ils n’ont pas d’autr
568
l soit possible de les ramener à une loi, ni même
à
un usage régulier ; ou plutôt ils n’ont pas d’autre loi que cette vol
569
, qui domina et qui domine encore tous les romans
à
la Bourget, consiste à rattacher par convention, presque par accident
570
ine encore tous les romans à la Bourget, consiste
à
rattacher par convention, presque par accident, une série d’attitudes
571
t, une série d’attitudes et de causes « morales »
à
une série parallèle d’attitudes et de faits visibles ; l’accent étant
572
ples vérifications d’une algèbre conventionnelle.
À
mesure que cette psychologie s’assure davantage de ses lois, elle ten
573
hologie s’assure davantage de ses lois, elle tend
à
les substituer à l’imagination concrète du réel. Les faits se raréfie
574
davantage de ses lois, elle tend à les substituer
à
l’imagination concrète du réel. Les faits se raréfient : anecdotes ou
575
l. Les faits se raréfient : anecdotes ou exemples
à
l’appui d’une laborieuse et schématique reconstruction des âmes. Il e
576
s n’ont plus aucun sens. Une forme donnée n’a pas
à
signifier autre chose que ce qu’elle montre. Il n’y a rien à chercher
577
autre chose que ce qu’elle montre. Il n’y a rien
à
chercher sous la forme, qui ne peut être interprétée que par ses rela
578
être interprétée que par ses relations organiques
à
d’autres formes. Et c’est encore l’office de l’imagination c’est-à-di
579
magination c’est-à-dire de l’activité qui préside
à
la formation du réel. Ici plus de concepts, plus d’idées générales. T
580
lyse abstraite des psychologues. Et l’on découvre
à
chacune de ses œuvres une signification mythologique. C’est en généra
581
dans l’ordre de l’incarnation, devait le conduire
à
créer un milieu où tout « être » se traduisît immédiatement par un «
582
eu, c’est le peuple ramuzien, peuple créé d’abord
à
l’image du Ramuz créateur, avec des éléments tirés du caractère vaudo
583
s’avance dès le matin à travers le pays, et offre
à
tous la Parole « ayant l’aspect d’une brochure à couverture bleue » o
584
à tous la Parole « ayant l’aspect d’une brochure
à
couverture bleue » où les événements actuels — cela se passe un jour
585
pénètre dans les cours de ferme, dans les cafés.
À
tous il tend la Parole « morte aux pages » ; mais voici que de toutes
586
ntique de Ramuz atteignit une autorité comparable
à
celle qui éclate dans cet ouvrage entièrement créé, entièrement « aut
587
èrement « autorisé ». Un art, qui rend les choses
à
l’état naissant, rugueux, décapé de toute rhétorique47 et de toute ex
588
pour toute la chose. C’est pourquoi il s’attarde
à
décrire le concret d’une façon concrète ; ainsi le maniement d’un out
589
lui adressent ceux qui par exemple n’hésitent pas
à
prendre au sérieux l’intrigue d’un roman bourgeois. On s’est trop arr
590
trigue d’un roman bourgeois. On s’est trop arrêté
à
l’insolite du style chez Ramuz. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas t
591
onhomie sérieuse, l’absence de toute complaisance
à
soi, le « dévouement à l’objet ». Certes, je vois les défauts de cett
592
ence de toute complaisance à soi, le « dévouement
à
l’objet ». Certes, je vois les défauts de cette forme, et le poncif q
593
ous sommes, soit, plus qu’il n’y paraît, conforme
à
l’éducation goethéenne. Il se peut qu’en définitive, Ramuz ait fait,
594
risques, et d’un art sans pitié. ⁂ Ramuz en veut
à
l’école, aux journaux, au langage noble, aux objets de vitrine, à la
595
ournaux, au langage noble, aux objets de vitrine,
à
la poésie poétique, à nos formes habituées. Il prétend qu’il lui a fa
596
ble, aux objets de vitrine, à la poésie poétique,
à
nos formes habituées. Il prétend qu’il lui a fallu quinze ans pour dé
597
n bruit de vitres cassées, de grincements pareils
à
ceux d’un clou sur un caillou, d’un mélange de toux sèches ou rauques
598
effort ; mais par goût de l’effort. Si Ramuz tend
à
rejeter tous les intermédiaires culturels, s’il critique le machinism
599
tique48. C’est parce que toutes ces aides tendent
à
supprimer ce contact le plus nu et cette condition la plus humaine :
600
ui retrouve leur raison d’être, les pousser jusqu’
à
l’expression de leur nature primitive, produire au jour leur forme re
601
ommes est entr’aperçue pour un instant. Car c’est
à
la ré-apercevoir pour un instant que tendent tous les arts, et à null
602
oir pour un instant que tendent tous les arts, et
à
nulle autre chose ; à quoi tendent les notes et à nulle autre chose ;
603
e tendent tous les arts, et à nulle autre chose ;
à
quoi tendent les notes et à nulle autre chose ; tous les mots qu’on é
604
à nulle autre chose ; à quoi tendent les notes et
à
nulle autre chose ; tous les mots qu’on écrit, les tableaux qu’on pei
605
taille dans la pierre ou qu’on coule en bronze, —
à
cela, à nulle autre chose. Nous atteignons pour un instant à l’homme
606
ans la pierre ou qu’on coule en bronze, — à cela,
à
nulle autre chose. Nous atteignons pour un instant à l’homme des comm
607
ulle autre chose. Nous atteignons pour un instant
à
l’homme des commencements, à l’homme d’avant la malédiction, d’avant
608
nons pour un instant à l’homme des commencements,
à
l’homme d’avant la malédiction, d’avant la grande première bifurcatio
609
e Quelqu’un, tout travail est malédiction), jusqu’
à
ce que tout à coup, par une espèce de renversement, la bénédiction in
610
out travail est malédiction), jusqu’à ce que tout
à
coup, par une espèce de renversement, la bénédiction intervienne, tou
611
de renversement, la bénédiction intervienne, tout
à
coup il y ait cette collaboration avec Quelqu’un, il y ait cette poss
612
n exemple. » Comment, ici encore, ne point songer
à
Goethe ? Mais à sa seule leçon, à l’équation fondamentale de sa vie,
613
ment, ici encore, ne point songer à Goethe ? Mais
à
sa seule leçon, à l’équation fondamentale de sa vie, non point certes
614
ne point songer à Goethe ? Mais à sa seule leçon,
à
l’équation fondamentale de sa vie, non point certes aux contingences
615
trop grande, un feu de bois vert qu’on s’ingénie
à
allumer dans une cheminée qui tire mal. J’aime les choses qui sont à
616
cheminée qui tire mal. J’aime les choses qui sont
à
leur façon, tandis que je suis à la mienne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté d
617
choses qui sont à leur façon, tandis que je suis
à
la mienne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz existe
618
is, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz existe
à
sa façon. Je vois que son pouvoir est sa présence active au monde («
619
au monde (« Toute résistance, dit-il, nous oblige
à
être présent »). Je vois ce grand exemple d’une volonté tendue vers l
620
paroles dites par cette voix. Celui qui se refuse
à
poser les questions dernières, s’autorise à borner sa vision à son ac
621
efuse à poser les questions dernières, s’autorise
à
borner sa vision à son acte. Voilà l’utile ; et qu’on taise le reste,
622
uestions dernières, s’autorise à borner sa vision
à
son acte. Voilà l’utile ; et qu’on taise le reste, tout cela qui écha
623
; et qu’on taise le reste, tout cela qui échappe
à
nos prises. Ainsi fait Goethe, et c’est là sa vertu. Mais notre siècl
624
rs son pouvoir ; mais la parole n’appartient plus
à
l’homme. Au comble de nous-mêmes, il s’agit d’autre chose que de nous
625
s choses et des êtres, cette présence au monde et
à
soi-même, — l’originalité de l’homme « radical ». Ramuz l’a fait plus
626
Grand Printemps. 43. Le protestantisme du xixe ,
à
la suite du Réveil, en réaction contre le dogmatisme abstrait, insist
627
’il est résolument laïque. Rien n’est plus facile
à
concevoir, dans notre état social, qu’un patriote qui, entre deux dis
628
qui, entre deux discours nationalistes, s’occupe
à
faire passer ses capitaux à l’étranger pour les mettre à l’abri du fi
629
tionalistes, s’occupe à faire passer ses capitaux
à
l’étranger pour les mettre à l’abri du fisc. Ce qui est plus difficil
630
passer ses capitaux à l’étranger pour les mettre
à
l’abri du fisc. Ce qui est plus difficile, c’est d’expliquer rationne
631
résence effective de l’homme et de ce qui résiste
à
l’homme. C’est le contraire de l’activisme au sens américain, qui che
632
8. u. Une note précise : « Fragments d’une étude
à
paraître dans un recueil intitulé Les Personnes du Drame . »
633
t se fonde une pareille indulgence.) L’important,
à
leurs yeux, c’est l’enthousiasme populaire, la prospérité générale, l
634
ductivité accrue ; et que les ouvriers se mettent
à
lire leurs livres, et viennent acclamer leurs discours, au lieu de cr
635
gueil humaniste, d’une certaine insolence joyeuse
à
nier les valeurs transcendantes, d’une certaine âpreté rationaliste q
636
lle. Ce n’est pas sans raison qu’ils se remettent
à
glorifier les mythes du Progrès indéfini et du Bonheur : la révolutio
637
russe a eu ce résultat au moins curieux de rendre
à
certains clercs bourgeois, honteux de l’être, l’orgueil de leurs orig
638
s loin ! Et l’on s’interdirait de rien comprendre
à
l’évolution nécessaire de la culture soviétique si l’on se refusait à
639
aire de la culture soviétique si l’on se refusait
à
l’examen critique des doctrines qui sont à sa base. Je ne dis pas qu’
640
fusait à l’examen critique des doctrines qui sont
à
sa base. Je ne dis pas qu’elles n’aient été souvent trahies. Ni qu’el
641
itique d’un clerc y perd ses droits et n’est plus
à
l’échelle du phénomène… Raison de plus, chance de plus, d’essayer d’é
642
e faut. Quand l’esprit « perd ses droits », c’est
à
nous de les lui rendre. ⁂ Poussé par les nécessités de la polémique a
643
ple superstructure du dynamisme matériel. On sait
à
quel échec conduisit cette théorie, étroitement respectée dans les dé
644
dans les débuts de l’URSS. Trotski fut le premier
à
s’en apercevoir : on l’exila, quitte à suivre bientôt les conseils qu
645
le premier à s’en apercevoir : on l’exila, quitte
à
suivre bientôt les conseils qualifiés de « réactionnaires » qu’il ava
646
tte des classes au mouvement culturel n’obéit pas
à
la loi de cause à effet. Leur unité n’est pas quelque chose de donné,
647
mouvement culturel n’obéit pas à la loi de cause
à
effet. Leur unité n’est pas quelque chose de donné, mais quelque chos
648
tion scientifique et artistique »54. Ceci revient
à
dire que la lutte des classes, — considérée comme symbole de l’action
649
i requiert surtout la pensée — doivent s’ordonner
à
une mesure commune en vue de réaliser cette fin commune qu’est l’univ
650
c’est le Plan55. Ainsi donc, la mesure effective
à
quoi s’ordonne toute la construction russe n’est plus la doctrine ort
651
ent les entreprises de Staline favorise peut-être
à
l’excès les généralisations de la critique, les rapprochements et les
652
du peuple et de ses conducteurs en vue d’une fin
à
laquelle tout doit s’ordonner. L’assimilation de la culture (et donc
653
radicale, si naïve, que les Soviets en sont venus
à
confondre sans l’ombre d’un doute « culture » et « production » en gé
654
oises qui assimilaient de plus en plus la culture
à
la « jouissance » d’un consommateur distingué. Mais ici l’équivoque m
655
qui assimile l’élévation du niveau de la culture
à
l’épaisseur des semelles n’a rien de révolutionnaire, si toutefois l’
656
rôle d’un permanent rappel de la finalité commune
à
toutes les œuvres spirituelles et matérielles ? La réponse me paraît
657
randiose et coloré ainsi d’héroïsme, éclate alors
à
tous les yeux. Si les Russes sont de bonne humeur et si nous sommes d
658
conscience actuelle de ce but final suffisent-ils
à
animer toutes les facultés humaines de création, d’espérance, d’amour
659
création, d’espérance, d’amour ? Pour nous borner
à
un exemple : les disciplines imposées par le Plan à la création artis
660
un exemple : les disciplines imposées par le Plan
à
la création artistique sont-elles vraiment des disciplines fécondes,
661
t des poncifs ? Il ressort des aveux mêmes, faits
à
titre d’autocritique par divers écrivains communistes, que la littéra
662
trement dit, les « écrivains de choc » ont appris
à
écrire en même temps qu’un peuple immense apprenait à les lire. Cette
663
rire en même temps qu’un peuple immense apprenait
à
les lire. Cette situation exceptionnelle et provisoire a créé une com
664
oin d’une langue plus riche et plus vivante, apte
à
décrire les passions, et la nature et la diversité des êtres. Il fall
665
iversité des êtres. Il fallait désormais recourir
à
une mesure qualitative que le Plan ne pouvait fournir, n’ayant pas vo
666
e) se substitue dans les esprits les plus vivants
à
l’idée du Plan scientifique. Mais avec cette idée nietzschéenne, c’es
667
e par une mesure spirituelle toute différente, et
à
certains égards, contraire. C’est tout le drame de la culture d’oppos
668
pensée et de l’action : « Donnez d’abord le pain
à
tous, et le reste viendra par-dessus. » Telle fut la grande maxime du
669
re ne vient qu’après. Ainsi tout se trouva soumis
à
des fins purement matérielles, dont on espérait qu’il naîtrait sponta
670
ntends la part de l’homme qui résiste, en créant,
à
toute espèce de dictature. De cette insuffisance de l’idéal — et non
671
ctuelle exercée par les chefs soviétiques réussit
à
masquer son étendue. Le désir d’une mesure plus vivante se manifeste
672
une mesure plus vivante se manifeste bien souvent
à
l’insu de ceux qu’il tourmente. C’est ici le mythe de l’homme nouveau
673
e maîtresse de tout l’homme. Mais l’homme résiste
à
son emprise et à sa prétention totalitaire. Il ne veut pas se laisser
674
ut l’homme. Mais l’homme résiste à son emprise et
à
sa prétention totalitaire. Il ne veut pas se laisser mutiler. Fût-ce
675
. Il découvre que la mesure qu’on voulait imposer
à
son orgueil n’est encore qu’une immense caricature ; et que les fins
676
les paye. Mais d’autre part, il ne peut renoncer
à
ses conquêtes matérielles. Alors il met son espoir et sa foi dans ce
677
ans le cœur d’un peuple. Cela suffira sans doute
à
rendre vaines toutes mes critiques aux yeux des intellectuels bourgeo
678
nt en glorifiant l’URSS. Pour moi, je me bornerai
à
tirer de tout cela une conclusion concrète, qui peut nous être utile
679
on plus de les admirer ; il n’est pas de dire non
à
tout, ni oui à tout ; c’est un devoir de critique lucide, et j’ajoute
680
admirer ; il n’est pas de dire non à tout, ni oui
à
tout ; c’est un devoir de critique lucide, et j’ajouterai de critique
681
dans la mesure où les jeunes communistes viennent
à
nous avec cette morgue que l’on disait naguère américaine, et qui res
682
l’on disait naguère américaine, et qui ressemble
à
celle des nouveaux riches de tous les temps. Nous avons fait des expé
683
e que la contrainte. Les surréalistes sont fondés
à
parler du « vent de crétinisation qui souffle de l’URSS », mais les m
684
n’est pas toujours indemne, facilité qui consiste
à
assimiler dictature et crime, discipline sociale et brutalité, volont
685
2. Or cette mesure partielle ne peut pas réussir
à
créer une communion vraiment vivante. En fait, elle n’y réussit pas.
686
matisme de la propagande est par nature contraire
à
toute culture imaginable. Il peut au plus favoriser l’instruction élé
687
ire des masses. Mais il est totalement impuissant
à
provoquer la création, et à la régler, étant de par son origine coupé
688
totalement impuissant à provoquer la création, et
à
la régler, étant de par son origine coupé des sources mêmes de toute
689
constatation de cet échec s’impose non seulement
à
l’observateur étranger que je suis, mais aux chefs des partis dictato
690
ure pour y mettre un minimum d’ordre et permettre
à
la vie de continuer. Il est incontestable que nous avons établi cet o
691
cial était malade, il fallait l’opérer d’urgence,
à
chaud et nous y avons porté le fer d’une main assurée. Vos critiques
692
es dont aucune ne sait plus, ou n’ose plus avouer
à
quelle fin elle conduit ses adeptes. Si vous ne faites rien, que de n
693
e pour toute action culturelle future. Je réponds
à
ces deux objections : a) Oui, vos circonstances étaient telles que je
694
e de masse abêtissante. Autrement dit, nous avons
à
créer un nouveau type de révolution, dont l’exemple vous sera certain
695
ieur, si nous voulons rétablir une mesure commune
à
la pensée et à l’action. Car un ordre extérieur n’est solide et fécon
696
oulons rétablir une mesure commune à la pensée et
à
l’action. Car un ordre extérieur n’est solide et fécond que s’il résu
697
intérieur. Et cet ordre intérieur ne se crée pas
à
coups de décrets d’urgence et de propagande de masses. Pas d’ordre sp
698
et qui n’est pas moins actuelle. III. L’appel
à
la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle Je ne connais qu’un
699
siècle Je ne connais qu’un moyen de résister
à
l’Europe, c’est de lui opposer le génie de la liberté. Saint-Just.
700
eur. Et l’histoire des mesures communes ordonnées
à
ces grands desseins et ordonnant toutes choses à leur service, c’est
701
à ces grands desseins et ordonnant toutes choses
à
leur service, c’est l’histoire des objets, des langages, des génies o
702
ne catholicité, le Plan s’il n’y a pas un Paradis
à
venir sur cette terre, le Führer s’il n’y a pas l’Empire populaire. L
703
dessein, c’est l’incarnation d’une mesure commune
à
tous les ordres et qui les harmonise. La question de la mesure d’une
704
e ni fausse ; elle n’est que plus ou moins fidèle
à
la fin qu’elle prépare et représente. Seul, le jugement porté sur cet
705
ciel unique. C’est là seulement qu’elle se révèle
à
nous, comme un jugement porté sur cette situation. Je ne crois pas au
706
ne crois pas aux voix mystérieuses mais je crois
à
l’appel des faits. Considérons les temps et les lieux où nous vivons,
707
vérité assumées dans une seule volonté. Il reste
à
remplacer chacun des termes abstraits de cette formule par un fait ou
708
unies. Les vieilles nations mènent encore une vie
à
bien des égards plus facile et plus libre que les nouvelles. Elles on
709
sans passion profonde. La misère n’est encore qu’
à
la porte, mais on dirait qu’il n’y a plus rien à faire, qu’à attendre
710
’à la porte, mais on dirait qu’il n’y a plus rien
à
faire, qu’à attendre. Et l’on s’occupe en attendant à critiquer les n
711
mais on dirait qu’il n’y a plus rien à faire, qu’
à
attendre. Et l’on s’occupe en attendant à critiquer les nations « raj
712
ire, qu’à attendre. Et l’on s’occupe en attendant
à
critiquer les nations « rajeunies ». C’est le dernier lieu commun viv
713
et l’opinion privée, bon gré mal gré, se rapporte
à
ces seuls décrets. Partout des gênes et des interdictions, mais toujo
714
résentées aux masses comme les gages d’un bonheur
à
venir et d’une grandeur digne de tous les sacrifices. Et comment ne c
715
ous les sacrifices. Et comment ne croirait-on pas
à
la grandeur, même ou surtout la plus mythique, quand on y sacrifie se
716
conditions pratiquement nécessaires pour assurer
à
chaque homme du travail et pour supprimer finalement les raisons maté
717
ncore l’aiguillon d’une angoisse que l’on apprend
à
fuir dans les mystiques collectives. Et l’on se rassure en attendant
718
se rassure en attendant par de faciles railleries
à
l’adresse des États libéraux. 2. Situation qui nous est faite. Au t
719
tion qui nous est faite. Au terme du libéralisme,
à
l’origine des dictatures, une seule et même situation matérielle : la
720
i explique pourquoi la jeunesse bourgeoise hésite
à
s’engager dans une révolution spirituelle dont elle redoute l’impuiss
721
rituelle dont elle redoute l’impuissance pratique
à
l’heure où il faudra donner du pain si l’on veut prendre ou garder le
722
rgueilleux, je retrouve la misère matérielle. Car
à
toutes les objections que je puis adresser à ces régimes, leurs parti
723
Car à toutes les objections que je puis adresser
à
ces régimes, leurs partisans finissent par me répondre : Bon ou mauva
724
ui nous a délivrés de la misère61. Et cela suffit
à
le justifier pour le moment. La misère, dernier argument, dernier fon
725
ateur chimique de la vocation d’une nation. C’est
à
la faveur d’une famine que les plus grandes nations de l’Europe moder
726
e.) Ainsi l’opposition des deux Europes se ramène
à
l’opposition de deux réponses différentes à l’appel jailli de la cris
727
amène à l’opposition de deux réponses différentes
à
l’appel jailli de la crise, vers une communauté nouvelle. Là où cette
728
en moins virulente, et la réponse a plus de peine
à
se dégager. Pourtant, il faudra bien qu’elle soit donnée partout. Der
729
ués dans le temps ou l’espace, peuvent en appeler
à
une mesure commune. Seul l’homme déterminé par ses relations prochain
730
es relations prochaines et actives peut se sentir
à
la mesure des temps nouveaux. Sinon il n’est qu’angoisse et arbitrair
731
tre comparée qu’au soulèvement de la Renaissance,
à
la montée de la conscience individuelle dans l’Europe du xvie siècle
732
he des philosophes « existentiels » qui cherchent
à
saisir l’homme dans son actualité (dans son être de relation), et la
733
t que société de ceux qui croient, et qui revient
à
la doctrine du bien commun. Elle agit dans le mouvement œcuménique. E
734
ahit, c’est pour l’avoir épousé et guidé, et même
à
demi satisfait, que triomphent les dictateurs. Ils ont agi au nom de
735
ces matérielles différentes, mais ils ont répondu
à
une attente universelle religieuse, l’attente d’une nouvelle mesure,
736
ique qu’il exprime. Les criticailleries libérales
à
l’adresse des grandes dictatures ne sont dangereuses que pour ceux qu
737
rrêteront pas la tempête à l’aide de leurs filets
à
papillons. Par contre il est aisé de prévoir à coup sûr qu’une certai
738
r les hommes, cette ruine a laissé le champ libre
à
des religions toutes nouvelles, communisme, national-socialisme. Mais
739
on superficielle et passagère, elles se réduisent
à
des poussées de fièvre politique ou idéologique. Mais si ces religion
740
sonniers d’une tradition qui survit sans grandeur
à
ses racines. Notre seule chance de salut, à nous autres nations libér
741
ndeur à ses racines. Notre seule chance de salut,
à
nous autres nations libérales, est dans la création d’une communauté
742
ion, et non dans la défense, ou dans l’imitation.
À
la force vivante de destins impériaux, n’opposons pas des droits que
743
drons notre temps et notre chance dans l’histoire
à
critiquer ce que d’autres ont dû faire ; et alors, d’ici vingt ou cen
744
ors, d’ici vingt ou cent ans, nous serons réduits
à
l’état de colonies économiques et culturelles par l’expansion normale
745
n nous recréerons notre commune mesure originale,
à
la faveur d’une révolution qui nous apporte au moins l’équivalent des
746
des dynamismes nationaux. Nous avons des valeurs
à
défendre. Mais nous avons surtout des valeurs à créer, et que nous se
747
s à défendre. Mais nous avons surtout des valeurs
à
créer, et que nous seuls pouvons créer. Nous ne sommes pas en retard
748
ces nouvelles religions, nous pouvons nous mêler
à
leurs cérémonies, vibrer à l’unisson de leur panique sacrée : c’est l
749
ou les tactiques de ces révolutions, mêlons-nous
à
leurs masses déifiées, distinguons leurs raisons profondes, leurs néc
750
mesure commune ne sera pas collective, extérieure
à
notre personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non
751
relations actives avec tous ses prochains. C’est
à
nous qu’il incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui r
752
e personnes et de groupes organiques, c’est obéir
à
notre vocation présente, mais c’est aussi assurer pour l’avenir l’eff
753
colonisés, je n’ai pas fini de le répéter. Est-ce
à
dire qu’affirmer notre force en face d’impérialismes conquérants mène
754
re force en face d’impérialismes conquérants mène
à
la guerre ? Oui, si nous l’affirmons sans l’exercer avec puissance, s
755
i la révolution des « libéraux » peut influencer,
à
force égale, les révolutions religieuses qui dressent leurs monuments
756
s religieuses qui dressent leurs monuments sacrés
à
l’Est. Pour le présent, notre devoir européen est d’exercer la vocati
757
un maximum de violence créatrice. 52. C’était,
à
cette époque plus encore qu’aujourd’hui, une polémique antichrétienne
758
Le troisième Plan sera consacré plus spécialement
à
l’édification de la culture. 56. On n’ignore pas que les partisans d
759
« Chapitres extraits de Penser avec les mains ,
à
paraître en novembre, chez Albin Michel. »
760
s de vacances : trois semaines qu’il va consacrer
à
prendre mesure de sa vie. Il choisit pour cela de l’écrire, de « joue
761
ment modeste, d’un homme que son métier contraint
à
dissimuler sa vraie force. Car de l’auteur tout comme de son modèle l
762
aison d’être. Tout le débat de ce journal revient
à
cette scandaleuse opposition, créée par notre société, entre les deux
763
isée d’un seul trait : non qu’il faille reprocher
à
Henri Petit nulle lourdeur ou obscurité, mais peut-être au contraire
764
aime un peu moins les pages sur Barrès, peut-être
à
cause du modèle, peut-être aussi à cause de l’influence qu’il exerce
765
nt il faudrait pourtant refaire les bases…) Quant
à
la position d’Henri Petit vis-à-vis de la foi, je m’excuse de la résu
766
e note, et j’ignore même si j’en viendrais jamais
à
bout dans mon esprit. Voici : l’homme a tué Dieu. Alors est venu l’Ét
767
s doute — contre la question personnelle que pose
à
l’homme pécheur le Dieu-homme. Mais ceci dit, et maintenu, — j’admire
768
aintenu, — j’admire qu’un incroyant ait su donner
à
notre position personnaliste sa plus solide justification humaine. He
769
il sait aussi, et il nous fait savoir, que c’est
à
nous de recréer un monde où notre vie s’accepte. Aux premières pages
770
cerne », et ce sous-titre, vers la fin : « Retour
à
la passion ». Et maintenant nos routes se joignent. x. Rougemont D
771
La longue imbécilité d’un monarque caduc prépare
à
son successeur des maux presque impossibles à réparer. S’il s’agit d
772
are à son successeur des maux presque impossibles
à
réparer. S’il s’agit de littérature, la traduction des métaphores de
773
nt général », symptômes imperceptibles. On n’a qu’
à
se baisser, vraiment. Des éditeurs lancent chaque automne leur douzai
774
rat commercial. La littérature d’aujourd’hui pose
à
chaque instant des questions qui ne sont pas du tout littéraires. Le
775
es commerciaux… Voilà le mal « presque impossible
à
réparer ». La faute n’est pas à la littérature seule, mais à tout un
776
resque impossible à réparer ». La faute n’est pas
à
la littérature seule, mais à tout un régime social qui l’a laissée de
777
. La faute n’est pas à la littérature seule, mais
à
tout un régime social qui l’a laissée devenir ce qu’elle est ; et plu
778
a laissée devenir ce qu’elle est ; et plus encore
à
chacun de nous dans le cœur duquel ce régime plonge ses dernières rac
779
ondamentale dans la critique. Nous serons ramenés
à
tout propos, bon gré mal gré, aux mêmes questions : pourquoi écrivez-
780
original, influencé, etc., tout cela n’importe qu’
à
partir des réponses que l’on donne au problème éternel : où sommes-no
781
t tout exprès pour l’œuvre de Caldwell : On aime
à
opposer l’esprit gaulois aux conventions de l’amour courtois, et à y
782
t gaulois aux conventions de l’amour courtois, et
à
y voir la conception naturaliste de l’amour, en opposition avec la co
783
onner satisfaction au besoin humain de substituer
à
la réalité le rêve d’une vie plus « heureuse ». C’est encore une aspi
784
ie plus « heureuse ». C’est encore une aspiration
à
la vie sublime, tout comme l’autre, mais cette fois du côté animal. C
785
Et c’est encore une évasion, encore un exotisme
à
l’usage d’une génération sans foi. 62. Payot, 1932, page 135. z.
786
e langue — celle du reporter par exemple — inapte
à
traduire le concret, le particulier de cet objet, je veux dire son me
787
scrupule humain, et par prudence aussi, il oppose
à
ses entraînements. L’âge venant, je me sens moins de curiosité pour
788
c’est la foule. » Je me souviens alors de Goethe
à
Venise : « Je ne suis encore entré dans aucun bâtiment, excepté Saint
789
age du bazar de Moscou : « Les marchandises sont,
à
bien peu près, rebutantes. On pourrait croire, même, que, pour modére
790
ont-elles efficaces ? Empêcheront-elles personne,
à
droite, d’abuser des textes les plus clairs, ni personne, du côté sta
791
ir que la préface et l’épilogue ne le donneraient
à
penser. Parlons net : il s’agit ici d’un dégonflage impitoyable de ce
792
bourgeoisie ouvrière satisfaite…, trop comparable
à
la petite bourgeoisie de chez nous. J’en vois partout les symptômes a
793
cause est jugée, dira-t-on. Voire ! Gide reproche
à
la fameuse autocritique soviétique de ne consister « qu’à se demander
794
euse autocritique soviétique de ne consister « qu’
à
se demander si ceci ou cela est dans la ligne ou ne l’est pas. Ce n’e
795
le œuvre, tel geste ou telle théorie est conforme
à
cette ligne sacrée. Et malheur à qui chercherait à pousser plus loin
796
rie est conforme à cette ligne sacrée. Et malheur
à
qui chercherait à pousser plus loin ! » Je demande alors si Gide prat
797
cette ligne sacrée. Et malheur à qui chercherait
à
pousser plus loin ! » Je demande alors si Gide pratique cette espèce-
798
met dans une situation qu’on ne peut comparer qu’
à
celle du chrétien anticlérical. Seulement, la dissociation de la foi
799
égende est belle. C’est une légende… Elle traduit
à
mes yeux ce fait d’expérience : toute tentative de déification (ici,
800
de Staline-Métaneire. Pourquoi Gide continue-t-il
à
croire qu’en d’autres circonstances, l’expérience marxiste eût réussi
801
mme nouveau ou un surhomme, mais un ordre nouveau
à
hauteur d’homme. Voilà le point de notre différend. Nous n’y insister
802
e. La phrase finale de ce livre sur l’URSS, c’est
à
l’auteur que nous l’appliquerons : c’est lui, c’est Gide « qui n’a pa
803
figure sur le portrait du gentilhomme, fait fête
à
ses nouveaux camarades, les miliciens, qui jouent avec lui avec une i
804
alade bien verte ? » Si tout cela est fini, c’est
à
cause du fascisme ! Si vous aimez Goya, adhérez au PC ! Voilà qui est
805
? Est-ce d’abord une question politique ? Culture
à
gauche, brutalité stupide à droite, — ou inversement ? Ils ont bien l
806
n politique ? Culture à gauche, brutalité stupide
à
droite, — ou inversement ? Ils ont bien l’air de le croire, ces messi
807
éserve, présentement, sous son régime de liberté,
à
la lecture de Paris-Soir et Paris-Sports, quand ce n’est pas Paris-So
808
t. Et que ce n’est pas d’abord contre le fascisme
à
l’étranger, mais d’abord contre l’inculture, dans ce pays, qu’il faut
809
la faire attraper cette fièvre mais secrètement,
à
la faveur de mille « observations » dites objectives, chargées de nou
810
ux qu’on puisse attendre, c’est qu’ils le soient,
à
la limite, autant. Il me dira d’une voix que j’entends déjà : « Mais
811
lu de tout cela ! Mes personnages se sont imposés
à
moi etc. » Je n’ignore pas que des visions parfois bizarres et amusan
812
: va-t-on se vanter d’être si faible que de céder
à
toutes ses obsessions ? (Je feindrai d’ignorer qu’elles sont anxieuse
813
onter ? Trop de détails intimes semblent destinés
à
faire vrai, et à prouver que l’on n’invente rien de ce tourment. Est-
814
étails intimes semblent destinés à faire vrai, et
à
prouver que l’on n’invente rien de ce tourment. Est-ce donc un témoig
815
ercher, de page en page, ce qui a poussé l’auteur
à
publier un aussi désolant récit. On ne trouve pas… Autrefois il falla
816
morale — à cause de « l’art » — et l’art consiste
à
vous faire partager des tourments aussi déprimants que gratuits. Car
817
e thèse, après tout vraisemblable — on a bien cru
à
l’« honneur national » ! — est évidemment symbolique. L’on est censé
818
talogue illustré des vices les plus connus, revue
à
grand spectacle où Jaurès, Mussolini, Lénine, d’Annunzio et Nietzsche
819
couleur : soir de Capri, jeune princesse peignant
à
l’aquarelle, baisers dans les jardins pendant le bal, — on s’en veut
820
n leur vérité originelle. Et l’on se laisse aller
à
de vieux trucs trop éprouvés, ahuri et charmé de découvrir qu’ils jou
821
c’est-à-dire plus de radicale dureté. Et renoncer
à
la charmer, ou à se laisser charmer — ceci pour moi lecteur — par le
822
de radicale dureté. Et renoncer à la charmer, ou
à
se laisser charmer — ceci pour moi lecteur — par le tableau de sa déc
823
(février 1937)af Ce « rapport » a été approuvé
à
l’unanimité par le Comité central du Parti communiste français, le 16
824
morales. — (Les communistes) repoussent la pièce
à
thèse, le roman à thèse, la thématique obligatoire. Ils appellent le
825
ommunistes) repoussent la pièce à thèse, le roman
à
thèse, la thématique obligatoire. Ils appellent le retour à l’art sai
826
a thématique obligatoire. Ils appellent le retour
à
l’art sain dans la liberté. — Il est temps de donner le pas à l’espri
827
dans la liberté. — Il est temps de donner le pas
à
l’esprit sur les forces de la matière. — Au-dessus de tout, ils place
828
dications qui présenta le mouvement personnaliste
à
son départ, en 1932 (n° de décembre de la NRF). Ce sont ces thèses-là
829
ns bien de marquer le point. (Ce qui équivaudrait
à
reconnaître la conversion globale des communistes au personnalisme.)
830
oute de mesure et de goût. — Nous sommes attachés
à
cette sélection de grâce et de mesure qui s’appelle la politesse fran
831
lectique », que l’on donne, chez les communistes,
à
l’expression bonne foi. La brochure se termine ainsi : « C’est à l’Es
832
bonne foi. La brochure se termine ainsi : « C’est
à
l’Esprit que le Parti communiste français… fait confiance pour l’aide
833
communiste français… fait confiance pour l’aider
à
résoudre les problèmes de la paix, de la liberté et du pain des homme
834
ommes. » Autant dire qu’il ne fait plus confiance
à
Marx. Autant dire qu’il ne se fait plus confiance à lui-même. Autant
835
Marx. Autant dire qu’il ne se fait plus confiance
à
lui-même. Autant dire que toutes les attaques marxistes contre les po
836
M. Vaillant-Couturier, qui pourtant n’hésite pas
à
déclarer que « les intellectuels sont en quelque sorte (sic) les idée
837
it qu’il veut servir ? La majuscule ne suffit pas
à
le définir. Page 20, on croirait bien que c’est « la raison ». Mais l
838
Vassily Photiadès, Marylène ou
à
qui le dire ? (février 1937)ag On le dira donc au public. Ce sont
839
matique par endroits. On croit assister du jardin
à
quelque scène intime, entrevue dans une chambre, à travers un rideau
840
, « [Compte rendu] Vassily Photiadès, Marylène ou
à
qui le dire ? », Esprit, Paris, février 1937, p. 824.
841
det, Histoire de la littérature française de 1789
à
nos jours (mars 1937)ah Comment juger ce qui ne veut pas être juge
842
daud de la République des Lettres, ayant sa place
à
la terrasse du café de leur commerce, emboîtant le pas à leurs musiqu
843
rrasse du café de leur commerce, emboîtant le pas
à
leurs musiques militaires, fier des mouvements de sa ville… ». Voilà
844
ce bergsonien pittoresque et succulent, devisant
à
la terrasse des Deux Magots, n’a pas eu le temps de s’apercevoir que
845
) quand il parle d’élan vital. (Heidegger succède
à
Bergson.) Nous n’aimons plus cette autarchie des Lettres, où les prob
846
ique impressionniste (après quoi elle n’a plus qu’
à
mourir). Dès lors tout ce qu’on lui a reproché : désordre, omissions
847
personnelle, c’est-à-dire, dans ce cas, ordonnée
à
une loi qui n’est pas celle de l’objet mais du sujet. Son chapitre su
848
et touche même au délire poétique : reportez-vous
à
la phrase de 16 lignes qui termine la page 229 ! Et personne n’a jama
849
jet de chanson, vers une plate-forme d’où s’étale
à
la vue tout un quartier d’histoire populaire, celui de Juillet 1789 e
850
det, Histoire de la littérature française de 1789
à
nos jours », Esprit, Paris, mars 1937, p. 970-971.
851
Il passionnera d’ailleurs tous ceux qui cherchent
à
connaître l’état réel des forces dans le monde présent. Qu’on n’aille
852
re classique du marxiste au pouvoir, de « l’homme
à
poigne » touché par la grâce nationale, et qui se charge d’écraser la
853
ité qu’aucun bourgeois ne se serait permise. Avis
à
ceux de Saint-Denis ! Noske, Mussolini, Doriot, Staline ont plus d’un
854
faut y voir, ni d’ailleurs une relation de cause
à
effet, mais la relation de deux effets, ou leur interaction, cependan
855
se générale et commune n’apparaîtra sans doute qu’
à
nos après-venants. Ce qui semble certain, dès aujourd’hui, c’est que
856
olitique. La sensibilité de l’intelligence étant,
à
l’époque présente, et en France, beaucoup plus vive et juste que cell
857
Nietzsche précurseur du national-socialisme, ou «
à
quoi mène le mépris des valeurs de père de famille ». (On dit aussi,
858
nisme, au moins autant que du national-socialisme
à
la Rosenberg. C’est ce que démontre avec toute la virulence désirable
859
dernier numéro d’Acéphale, intitulé « Réparation
à
Nietzsche ». « Acéphale » est le signe de l’antiétatisme radical, c’e
860
avec le personnalisme paraît beaucoup plus facile
à
réaliser qu’avec toute autre doctrine politique66. Mais pour Bataille
861
ui, assimilant selon un mot de Nietzsche « Dieu »
à
« la plus parfaite organisation de l’Univers », postule la mort ou l’
862
alinisme. Dans ces conditions, je suis le premier
à
me déclarer athée. Mais si l’on veut parler, comme le faisait Nietzsc
863
d’Inquisitions, comme R. Caillois, c’est l’appel
à
un « ordre » aristocratique, ésotérique, mais « sévissant à travers l
864
nce et de l’ironie ». Il me paraît que c’est bien
à
quoi devait aboutir le véritable et intégral nietzschéisme dans le pl
865
traductions françaises apparaissent parallèlement
à
de nombreuses études de revues sur Nietzsche : le Zarathoustra et la
866
schéenne. Ils permettent en particulier de situer
à
sa place centrale la conception du « retour éternel » et de la volont
867
otes et aphorismes traduits pour la première fois
à
la suite du Zarathoustra constituent le manuel le plus riche en contr
868
contradictions tonifiantes qu’on ait jamais écrit
à
l’usage des créateurs : « Soyez humains à l’égard des créateurs ! C’e
869
Retour éternel. Mais en même temps, il s’acharne
à
compenser ce fatalisme mécanique par une glorification de la volonté
870
n, dernier événement nietzschéen : L’Introduction
à
la philosophie de N. publiée par Karl Jaspers. Je signale ce grand li
871
bliée par Karl Jaspers. Je signale ce grand livre
à
ceux qui lisent l’allemand, en attendant une traduction, aussi nécess
872
s phrases fort inquiétantes, telles que : « C’est
à
la communauté unitaire que la personne emprunte sa forme et son être.
873
ectuel en chômage (fragments) (juin 1937)ak al
À
A… (Gard), 15 janvier Matinées d’hiver au midi Et voici par la grâce
874
t ce qu’il y a de clarté, d’éclat doux, d’abandon
à
la force sereine de l’air, tout cela dit par les trois syllabes de ce
875
langage innocent et raisonnable ; voilà le monde
à
son contentement ; à la mesure de l’amitié humaine. J’entends un brui
876
raisonnable ; voilà le monde à son contentement ;
à
la mesure de l’amitié humaine. J’entends un bruit de bêche sur une te
877
que sur les restanques étroites, passant de l’une
à
l’autre par ces petits escaliers tout simplets, suivant une piste par
878
terre et festonnée de tuiles roses, elle est bien
à
la ressemblance des vieilles paysannes de par ici, recuite et mordue
879
ah celle-là ! Elle a la veine, que voulez-vous !
À
la loterie, dans les tombolas des sociétés, n’importe où, elle est sû
880
importe où, elle est sûre de gagner quelque chose
à
tous les coups. » Voilà ce qu’on peut entendre dans toutes les épicer
881
s curés d’obscurantisme, il ne veut pas d’ennemis
à
gauche parce que la gauche, c’est le parti de la Raison et du Progrès
882
entreprises rétrogrades de l’Église, n’hésite pas
à
tirer bénéfice de la culture de cette superstition. S’il est vrai que
883
ligieux le plus obtus s’opposent infiniment moins
à
notre image scientifique du monde que cette petite phrase si courante
884
ante : il a la veine. Mais notre jacobin ne croit
à
la Raison et à la Science mère du Progrès, que dans la mesure où cela
885
veine. Mais notre jacobin ne croit à la Raison et
à
la Science mère du Progrès, que dans la mesure où cela lui permet de
886
dans la mesure où cela lui permet de ne pas aller
à
l’église. Pour le reste, il demeure la proie du charlatanisme éternel
887
sage desséché. Ciel gris mouvant, une barre jaune
à
l’horizon. Et sur le petit toit au-dessous de moi, tout près, soudain
888
u, posé sur une tuile ronde. Il y a quelque chose
à
comprendre… 23 février Au moment où ma femme allait secouer les miett
889
suis souvenu de la conférence que je dois donner
à
Marseille dans 15 jours. Je ne voulais pas la préparer avant le derni
890
e ne croyais ? Qu’il y a quelque chose de sérieux
à
faire là-bas ? Je vais m’y mettre. 28 février Terminé hier soir la ré
891
ucoup mieux que les autres. Tout ce que j’ai fait
à
cause d’un chiffre, à cause de la coïncidence d’un sentiment ou d’un
892
d’un pressentiment et d’un hasard tout extérieur,
à
cause d’un certain jeu que je poursuis, sans trop le savoir, avec bie
893
, avec bien plus de vigilance que je n’en apporte
à
la défense de mes intérêts « objectifs »… Et ce jeu-là, je suis telle
894
ectifs »… Et ce jeu-là, je suis tellement le seul
à
en connaître les règles et les interdictions que je n’imagine pas pou
895
la découvrant, les liens profonds qui m’unissent
à
ce peuple de paysans et d’ouvriers, si délibérément superstitieux dan
896
s il faut entendre le proverbe d’une manière tout
à
fait précise : l’exception vécue, reconnue, c’est cela même qui nous
897
homme vraiment homme, et le signe d’une accession
à
la condition générale ! Avouer ses superstitions, ce serait avouer ce
898
ant de l’aveu : c’est qu’il peut faire comprendre
à
d’autres, en un éclair, que chaque homme est irréductible, et que cha
899
est irréductible, et que chaque homme a ses aveux
à
faire. Et l’on comprend ainsi, soudain, que l’on est un homme « comme
900
superstitions, il faut tout de suite que j’oppose
à
cet aveu une contrepartie raisonnable. Il faut que je montre aussi le
901
os monades superstitieuses ? Accorder libre cours
à
nos superstitions, qui au point de vue psychologique sont notre vraie
902
zarreries auxquelles les hommes s’attachent comme
à
leur bien le plus précieux !) Au contraire, la politique doit aller à
903
ains d’avoir créé certain malentendu en soutenant
à
plusieurs reprises que la politique idéale devrait partir de la perso
904
e l’essence de toute saine politique de s’opposer
à
la personne, de limiter son expansion, de combattre en définitive le
905
sonnel, pour se diriger contre la personne. C’est
à
ce prix qu’elle assurera quelque équilibre — et c’est tout ce que je
906
out ce que je lui demande. Mais ici prenons garde
à
deux faits, aussi importants l’un que l’autre, et qui donnent leur vr
907
e freinait plus, si la personne ne cherchait plus
à
triompher de tout ce qui n’est pas elle, le simulacre d’équilibre que
908
e apparemment stabilisé, le désordre est toujours
à
sens unique : c’est la personne qui cesse de se défendre, c’est l’ana
909
esse de se défendre, c’est l’anarchie qui renonce
à
ses droits. Et si le cadre de l’État paraît demeurer identique, la dé
910
se humeur. C’est cela que je nomme démoralisation
à
l’abri d’un faux équilibre, — d’un équilibre sans tension. Ici interv
911
u’on le voudra.) Ces deux faits définis, revenons
à
la superstition du peuple. Je l’approuve et je la partage en fait le
912
sif. Si par l’effet d’une perversion, elle se met
à
jouer au profit de la politique et des doctrines d’État qui doivent j
913
limitaient normalement. L’homme cessant de croire
à
sa loi — à ses superstitions incomparables — se met à croire de la mê
914
normalement. L’homme cessant de croire à sa loi —
à
ses superstitions incomparables — se met à croire de la même manière
915
loi — à ses superstitions incomparables — se met
à
croire de la même manière aux lois et aux pouvoirs qu’il aurait dû co
916
e notre peur de vivre. On les ramènerait aisément
à
ce « complexe de castration » qui se noue au moment précis où l’agres
917
oulez-vous qu’ils y fassent ? » 6 mars (de retour
à
A…) Contact avec le public Dans le courrier qui est arrivé en mon abs
918
deux nouvelles demandes de « causeries » : l’une
à
un congrès d’instituteurs, l’autre à un cercle d’études sociales. Les
919
es » : l’une à un congrès d’instituteurs, l’autre
à
un cercle d’études sociales. Les instituteurs voudraient que je leur
920
un café, dans une salle d’Université. Cui bono ?
À
qui le bénéfice ? À moi d’abord, très certainement. C’est une joie qu
921
lle d’Université. Cui bono ? À qui le bénéfice ?
À
moi d’abord, très certainement. C’est une joie qui vaut bien les ennu
922
ge conventionnel qu’il croit de mise, s’adressant
à
un écrivain. Ou bien il se répand en confidences exagérées ; il s’exc
923
ui vous pose des questions, celui qui vous attend
à
la sortie, et ne sait trop comment vous aborder, celui qui vous entra
924
rler dans ces cercles, où l’on se trouve soi-même
à
portée de l’auditeur, où l’on se voit naturellement contraint, ne fût
925
a proximité matérielle70, de se mettre moralement
à
la portée de ces esprits, visibles et lisibles sur ces visages. Presq
926
ouvre sa mesure, sa force ou sa faiblesse, touche
à
son terme dans le cœur d’un homme. Je dois à ces rencontres d’avoir p
927
uche à son terme dans le cœur d’un homme. Je dois
à
ces rencontres d’avoir pressenti quelquefois — assez pour en garder u
928
arrêté par nos tabous critiques. Il va tout droit
à
ce qui le concerne, et c’était justement, parfois, cette idée qu’on a
929
r. Tout ce travail de mise au point, d’adaptation
à
l’homme réel m’a conduit à une conclusion dont j’attends avec impatie
930
au point, d’adaptation à l’homme réel m’a conduit
à
une conclusion dont j’attends avec impatience la vérification in conc
931
tends avec impatience la vérification in concreto
à
l’occasion de nos prochains écrits. Cette conclusion est la suivante
932
s : le lecteur sérieux, personnellement intéressé
à
un problème — juge à peu près régulièrement à l’inverse du critique p
933
ssé à un problème — juge à peu près régulièrement
à
l’inverse du critique parisien. Il trouve concret ce que le critique
934
ctures trop rapides, et plus sensible aux tics qu’
à
la pensée fondamentale, n’aura pas manqué de signaler comme caractéri
935
caractéristiques de l’ouvrage. Enfin, je commence
à
comprendre au vif l’urgence, pour l’écrivain, de retrouver une commun
936
échit et qui fait la critique des idées non point
à
l’aide des opinions de son journal, mais à l’aide de sa vie concrète.
937
sa vie concrète. Celui-là seul peut faire sentir
à
l’écrivain ce qui est solide et ce qui est artificiel dans ce qu’il é
938
illetonistes et des snobs, nous en sommes arrivés
à
parler dans le vide, à ne parler qu’à ces lecteurs qui achètent les l
939
bs, nous en sommes arrivés à parler dans le vide,
à
ne parler qu’à ces lecteurs qui achètent les livres pour remplir les
940
mes arrivés à parler dans le vide, à ne parler qu’
à
ces lecteurs qui achètent les livres pour remplir les rayons d’un stu
941
spéciaux exploitant leur spécialité pour arriver
à
un succès sur le marché. Combien de nos romanciers devraient être cla
942
vraient être classés dans la catégorie des femmes
à
barbe et des veaux à deux têtes qu’on montre aux foires. On dit que n
943
dans la catégorie des femmes à barbe et des veaux
à
deux têtes qu’on montre aux foires. On dit que nous avons trahi l’esp
944
leurs spirituelles. Nuit de Pâques Clair de lune,
à
minuit, après l’orage. Vocabulaire insuffisant pour décrire la joie n
945
En présence de tout ce qui surgit formidablement
à
l’approche de la joie, elle se sent gênée, pauvre et maladroite, pare
946
lle se sent gênée, pauvre et maladroite, pareille
à
cette clarté lunaire incapable d’exalter ce qu’elle découvre sur la f
947
de la terre. — Clartés rationnelles : empruntées
à
l’Astre invisible. Matinée du lundi de Pâques, 7 heures Tout est trem
948
ve » c’est une manière de dire : « Je m’attendais
à
autre chose, mon calendrier moral, mes conventions, etc. prévoyaient
949
les faméliques reniflaient la trace de la chienne
à
tous les étages du vallon. Ils grimpaient les escaliers, redescendaie
950
endaient, parcouraient la prairie et les cultures
à
longues foulées, le nez au sol. Soudain, l’un relevait la tête, et s’
951
voir. Ils s’éloignaient un peu, en se retournant
à
chaque saut, et puis cela revenait bientôt de tous côtés. Haletants,
952
y voir de près ! « Nous savons en effet que jusqu’
à
ce jour, la création tout entière gémit dans les angoisses de l’enfan
953
avouer qu’on n’a pas su les voir. Aller demander
à
la Nature la révélation d’une vie saine et délivrée de toute contrain
954
illabaisse de termes abstraits — sans nul rapport
à
rien de ce qu’exige la situation locale, bien entendu. Les mêmes term
955
cale, bien entendu. Les mêmes termes, d’ailleurs,
à
peu de choses près, sur les affiches du « centre » et sur celles de l
956
ne pouvait nous faire soupçonner cette présence,
à
côté. Hier matin, la mère Calixte arrive tout agitée : Madame se meur
957
ent de l’emballer, la vieille ! Ils n’auront plus
à
languir bien longtemps. On peut dire que la chose est sûre. Et on l’e
958
dernier respect pour la moribonde qu’ils veillent
à
tour de rôle, ils sont venus discuter dans la remise qui est au-desso
959
mai — Alors, Madame Calixte, comment ça va-t-il,
à
côté ? — Elle dure, elle dure… Je viens d’aller la voir. Elle a un bâ
960
e, me dit-il. Figurez-vous qu’elle tient sa canne
à
la main, comme ça, sur la couverture, et elle explique que c’est pour
961
Vous m’entendez ! Je l’ennterdis, vous n’avez qu’
à
le leur dire ! » Je passe la tête par la fenêtre. Qu’est-ce que c’est
962
de colère et gesticulant. Il crie : « Je l’ai dit
à
madame Calixte, je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Ma belle-mère
963
s, monsieur Simard… — Il est parti. Le bassin est
à
50 mètres de la maison, sur une terrasse qu’on ne peut voir d’ici. Je
964
garade d’hier matin, je ne me sentais pas le cœur
à
lui jouer une comédie de sympathie, d’autant qu’il n’a vraiment pas l
965
-frère font toujours rage). Je me suis donc borné
à
exprimer mes « condoléances » à madame Simard, que j’ai trouvée hier
966
e suis donc borné à exprimer mes « condoléances »
à
madame Simard, que j’ai trouvée hier soir devant son seuil, entourée
967
ie : mais comment, j’ai pourtant dit ma sympathie
à
Madame Simard. — Je sais, mais vous n’êtes pas entré chez eux. — Entr
968
t se faire dans la cuisine. Aussi, je lui ai dit,
à
Fernann, il aurait dû venir chez vous pour dire qu’il ne voulait pas
969
a un mort dans la maison ? II faut bien continuer
à
vivre, et à manger, et à laver, il me semble ? — Je ne pense pas comm
970
ns la maison ? II faut bien continuer à vivre, et
à
manger, et à laver, il me semble ? — Je ne pense pas comme vous, Mons
971
? II faut bien continuer à vivre, et à manger, et
à
laver, il me semble ? — Je ne pense pas comme vous, Monsieur, mais il
972
ction très compliqués dont ils n’arriveraient pas
à
concevoir qu’on puisse même s’étonner. Et ne pas croire, surtout, qu’
973
imard en témoigne. 15 mai Comme l’année dernière,
à
la même date je crois, me voici au bout de mon rouleau. Impécuniosité
974
dans un rayon d’exploration normal — mettons deux
à
trois heures de marche — et vraiment il n’y a guère à signaler. Sinon
975
ois heures de marche — et vraiment il n’y a guère
à
signaler. Sinon peut-être les maisons vides. Il faut avouer qu’on en
976
gu… (Pourquoi ce nom ?) On dit que cela ressemble
à
l’Albanie. C’est un groupe de hautes bâtisses compliquées, en pierre
977
compliquées, en pierre ocrée, enfermant une cour
à
deux étages. On devine un reste de jardin, avec quelques cyprès, une
978
montagne, un autre mas dit « le Château ». C’est
à
l’orée d’un bois de châtaigniers. On y accède par une rampe monumenta
979
régulièrement de marches nobles. La rampe conduit
à
une vaste terrasse herbue. Une maison de maître d’assez beau style, o
980
n de maître d’assez beau style, ornée d’un perron
à
double escalier, forme l’extrémité nord d’un bâtiment considérable, à
981
orme l’extrémité nord d’un bâtiment considérable,
à
trois étages, qui devait servir de communs, de magnanerie, de cellier
982
anerie, de cellier et de grange. Au sud, une tour
à
cadran solaire, surmontée d’une girouette. Derrière la maison de maît
983
cri presque humain. La maison la plus proche est
à
une bonne demi-heure. Il n’y a pas de route. On imagine de vivre là,
984
serions camisés de rouge, et l’on irait de temps
à
autre arraisonner les féodaux d’industrie du pays. « Communauté », mo
985
r de ceux qui n’ont plus de « prochains » ? 69.
À
Montmartre, il y a deux ou trois ans, j’assistais à une conférence co
986
Montmartre, il y a deux ou trois ans, j’assistais
à
une conférence contradictoire contre le christianisme. « Ils prétende
987
istianisme. « Ils prétendent qu’ils ne croient qu’
à
un seul Dieu, s’écriait l’orateur, et ils adorent la Trinité ! Ils di
988
. al. Une note précise : « Extraits d’un ouvrage
à
paraître prochainement, sous ce titre, chez Albin Michel. »
989
ous a fait voir le monde pitoyable : sans ajouter
à
ce qui est, dire ce qui est comme un homme l’a senti, — c’est assez r
990
is, par la forme et par le fond, serait de nature
à
modifier la conscience humaine, si celle-ci pouvait être modifiée. »
991
ur mal » et même « du polémiste prenant son chien
à
témoin de la lâcheté des hommes, qu’il exploite ». Ce procès Stavisky
992
it au jour le jour, par profession, s’étend ainsi
à
toute la société, à tout cet embrouillamini de responsabilités, d’inc
993
par profession, s’étend ainsi à toute la société,
à
tout cet embrouillamini de responsabilités, d’inconsciences, de misèr
994
s êtres auxquels il est mêlé. Et qu’il l’obtienne
à
cette profondeur, donne la mesure d’un art qui ne se prend pas pour i
995
feuillet qui nous apporte la conférence d’Éluard
à
Londres, sur la poésie surréaliste, résume tout le vrai et tout le fa
996
anière incompréhensible.) La poésie « s’applique…
à
refuser de servir un ordre qui n’est pas le sien ». C’est donc qu’ell
997
seront sacrées et l’homme, s’étant enfin accordé
à
la réalité qui est sienne, n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que
998
cordé à la réalité qui est sienne, n’aura plus qu’
à
fermer les yeux pour que s’ouvrent les portes du merveilleux. » Phras
999
? Ce n’était pas la peine de lire Feuerbach, cité
à
la page suivante. Voilà qui est antimarxiste d’une manière plus valab
1000
mes, tout en louant Sade d’avoir voulu « redonner
à
l’homme civilisé la force de ses instincts primitifs ». Comme si l’in
1001
me si l’instinct primitif ne poussait pas l’homme
à
exploiter son semblable, pour peu qu’il en ait la force ! Comme si la
1002
sation, au vrai sens, ne consistait pas justement
à
réfréner ou à détourner cet instinct d’exploitation vers d’autres obj
1003
i sens, ne consistait pas justement à réfréner ou
à
détourner cet instinct d’exploitation vers d’autres objets, artificie
1004
luard parle, comme nous, de « construire un monde
à
la taille de l’homme » et de « mettre l’homme debout », — mais il pré
1005
« mettre l’homme debout », — mais il précise : «
à
la taille immense de l’homme ». Immense par rapport à quoi ? Il veut
1006
let 1937)ap aq M. Benda décrivait l’autre jour
à
l’Union pour la vérité, une « querelle des générations » dont il défi
1007
i l’ensemble des hommes qui ont aujourd’hui de 25
à
40 ans, est une génération particulièrement éprouvée par les circonst
1008
oient contraints par la logique des circonstances
à
se montrer plutôt… « moraux ». On goûta beaucoup l’euphémisme. Mais l
1009
nda) ont défendu les thèses que M. Benda attribue
à
notre jeunesse « malheureuse », — M. Benda refusa de répondre. La gén
1010
lement, bien entendu. Après quoi, M. Benda apprit
à
l’assistance que ses livres se vendent très bien. Enfin Denis de Roug
1011
ment polémique et politique. Ce sophisme consiste
à
enfermer les intellectuels dans le dilemme : pensée « pure » ou pensé
1012
dilemme : pensée « pure » ou pensée « asservie »
à
l’action, carence ou simonie, M. Benda ou Barrès. La jeunesse personn
1013
ue la pensée doit entrer dans l’action, non pas «
à
son service », mais au service de la vérité. Le mot d’incarnation rés
1014
il est vrai que penser, pour les jeunes, équivaut
à
gagner de l’argent, M. Benda est auprès de nous un grand penseur, mai
1015
n grand penseur, mais M. Dekobra est notre maître
à
tous. Et s’il est vrai que celui qui refuse d’endosser les conséquenc
1016
ux : la majorité des traits que M. Benda attribue
à
la jeunesse, convient en fait à la génération des « anciens ». À cett
1017
M. Benda attribue à la jeunesse, convient en fait
à
la génération des « anciens ». À cette erreur totale sur les faits, M
1018
convient en fait à la génération des « anciens ».
À
cette erreur totale sur les faits, M. Benda ajoute une erreur non moi
1019
n’est guère qu’anachronique. Partisan qui survit
à
sa cause ; et pensée qui refuse de payer. ap. Rougemont Denis de,
1020
Brève introduction
à
quelques témoignages littéraires (septembre 1937)ar La place qu’il
1021
1937)ar La place qu’il conviendrait de donner
à
la littérature, dans Esprit , c’est une question qui se pose à nos l
1022
re, dans Esprit , c’est une question qui se pose
à
nos lecteurs, parce que, sous une forme plus générale, la question de
1023
de lui donner dans la cité, se trouve être posée
à
l’époque. Dans l’un et l’autre cas, et pour les mêmes raisons, les ré
1024
’une réflexion patiente — mais urgente — s’impose
à
nous sur ce point comme sur tant d’autres, dans la mesure où le perso
1025
e fait en faisant, par ce mouvement d’interaction
à
quoi se réduit en fin de compte la « dialectique » dont tout le monde
1026
e parle depuis cent ans. Ne perdons plus de temps
à
rechercher qui a commencé, de l’œuf ou de la poule ; et qui doit comm
1027
l’autre, de l’une par l’autre. Ce n’est donc pas
à
une enquête que nous allons nous livrer cette année, mais à une réfle
1028
ête que nous allons nous livrer cette année, mais
à
une réflexion active et créatrice sur les conditions actuelles — et a
1029
précisera par les obstacles mêmes que nous aurons
à
surmonter. Quoi qu’en pensent des observateurs trop pressés ou intér
1030
volontés convergentes de construction, de reprise
à
pied d’œuvre ; un souci de l’action possible ou nécessaire, mais par
1031
bref : une gravité (un poids) qui suffit presque
à
distinguer cette « génération » nouvelle de celle qui s’illustra par
1032
. ar. Rougemont Denis de, « Brève introduction
à
quelques témoignages littéraires », Esprit, Paris, septembre 1937, p.
1033
ent pour ou contre elle, soit qu’il y ait intérêt
à
faire voir que les écrits les plus « indifférents » militent toujours
1034
e sous silence, et qui se trouvent des plus aptes
à
illustrer ou élargir notre vision personnaliste. Le Swedenborg de Mar
1035
rg de Martin Lamm nous en offre un exemple idéal.
À
tel point que je ne puis aujourd’hui qu’indiquer les pistes qu’il nou
1036
vre enfin devient présentable… On a l’impression,
à
lire M. Lamm, qu’il n’eût pas accordé une attention extrême à Swedenb
1037
mm, qu’il n’eût pas accordé une attention extrême
à
Swedenborg du vivant de ce grand mystique. L’excellente analyse qu’il
1038
se de Lamm —, par une évolution très raisonnable,
à
des « rêveries » purement mystiques. On s’imagine couramment que la d
1039
chrétienne. Entreprise en tous points comparable
à
celle d’un Pic de la Mirandole, pour ne prendre que l’un des auteurs
1040
le rend un livre de ce genre extrêmement ennuyeux
à
lire, quel que soit l’intérêt du sujet, donc à son détriment, surtout
1041
ux à lire, quel que soit l’intérêt du sujet, donc
à
son détriment, surtout lorsqu’il s’agit d’un phénomène spirituel et c
1042
ement le prétexte qu’elle se donne — s’appliquant
à
un ordre de spéculation tel que le mysticisme. M. Lamm a beau s’effor
1043
s visions de Swedenborg, son expression le trahit
à
chaque page, et révèle un parti pris assez brutal de réduction du mys
1044
parti pris assez brutal de réduction du mystique
à
l’illusoire. Par exemple, il relate une des premières extases de S. e
1045
it pas du tout en quoi la logomachie particulière
à
l’époque de M. Lamm serait plus « objective » et « scientifique » que
1046
considérées comme des pseudo-hallucinations, qui,
à
la différence des hallucinations dites psychosensorielles…, etc. » On
1047
derne » du monde, ont coutume de tout « ramener »
à
des catégories scientifiques contemporaines. Or ces catégories se tro
1048
ême, la cosmologie swedenborgienne, qui constitue
à
mon sens la partie la plus intéressante de l’œuvre du Suédois, devait
1049
devait apparaître purement fantaisiste et périmée
à
un savant de l’avant-guerre. Swedenborg affirme que l’origine de tout
1050
de la science d’avant Einstein… Tout ceci tendait
à
prouver que le problème mystique n’est nullement justiciable de « la
1051
et d’éthique personnalistes. On a souvent opposé
à
notre attitude, et à notre conception de la personne, l’idéal de « dé
1052
alistes. On a souvent opposé à notre attitude, et
à
notre conception de la personne, l’idéal de « dépersonnalisation », o
1053
i est encore une question — il aboutit évidemment
à
la négation absolue du personnalisme, chrétien ou humaniste. Ce serai
1054
son individualité) telle qu’elle se trouve donnée
à
cet homme par sa naissance, et telle qu’il la développait pour ses fi
1055
se limitent au « plan moral », comme nous aimons
à
dire. Elles sont d’usage interne, individuel. Les doutes que Ramuz no
1056
r exemple, demande Ramuz : Avons-nous autre chose
à
dire que propreté, confort et instruction ? Avons-nous d’autre but co
1057
n même temps le souci d’expliquer qui nous sommes
à
nos voisins, c’est peut-être que notre lot, en tant que Suisses, et n
1058
que c’est à peu près l’idéal que Keyserling juge
à
notre mesure, celui du tenancier de grand palace. (Ramuz, plus dur, p
1059
éalité irremplaçable, de conscience d’une mission
à
accomplir, et que nul autre n’a reçue. La Suisse existe-t-elle ? nous
1060
existe-t-elle ? nous demande Ramuz. Cela revient
à
dire : a-t-elle une raison d’être ? J’essaierai de répondre ici du po
1061
t peut-être la plus importante qu’il faille poser
à
la Suisse. Parce que la Suisse se figure justement que c’est la quest
1062
us laissant au surplus le droit de faire la leçon
à
toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne contribue
1063
aders de nos journaux. Et cela ne contribue guère
à
nous donner un sens actif de nos chances et de nos destins, dans une
1064
s pas les prévenir. Si nous nous refusons à voir,
à
dire, à illustrer, à incarner aux yeux de tous les grandes et fortes
1065
s prévenir. Si nous nous refusons à voir, à dire,
à
illustrer, à incarner aux yeux de tous les grandes et fortes raisons
1066
i nous nous refusons à voir, à dire, à illustrer,
à
incarner aux yeux de tous les grandes et fortes raisons de notre neut
1067
ait démontré que la Suisse ne peut plus prétendre
à
jouer un rôle analogue, croit-on que son droit à rester neutre soit s
1068
à jouer un rôle analogue, croit-on que son droit
à
rester neutre soit suffisamment garanti du seul fait qu’elle le juge
1069
ons surtout spirituelles, ils se persuadent petit
à
petit qu’on pourrait jouir des premières sans se soucier trop des sec
1070
enne de la Suisse qu’on perd de vue. On l’a senti
à
l’occasion des sanctions contre l’Italie : la participation de la Sui
1071
s contre l’Italie : la participation de la Suisse
à
la Société des Nations repose sur une équivoque que la Déclaration de
1072
vertissement que nous donnaient les faits d’avoir
à
repenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’Europe. Il est f
1073
ope. Il est fatal que ces dilemmes se multiplient
à
l’avenir. Le fameux équilibre stratégique de l’Europe qu’on a coutume
1074
place nettement redéfinie. Bref, tout nous pousse
à
un réveil de notre conscience fédérale. Tout nous met au défi d’agran
1075
position personnaliste est fondamentalement liée
à
une forme fédérative de l’État et de la culture, voire même de l’écon
1076
; elle constitue l’apport spécifique de l’Europe
à
l’humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occident s’est
1077
s lors, la mission de la Suisse peut être définie
à
l’échelle de l’Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce princi
1078
-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun
à
toutes les nations ; étant eux-mêmes dans la mesure où ils sont cela,
1079
maintenant revendiquer face à l’Europe son droit
à
la neutralité. Elle n’est réellement intangible que parce qu’elle est
1080
rtée européenne. Quand nos journaux font la leçon
à
Léon Blum, ce n’est pas — comme ce pourrait l’être — au nom de la dém
1081
naux. La même critique peut d’ailleurs s’adresser
à
notre presse d’extrême gauche lorsqu’elle défend le même Léon Blum po
1082
ement inverses, et par suite non moins étrangères
à
notre ligne fédérale. Quand nous verrons nos grands journaux se préoc
1083
e, mais au nom du principe fédéral que nous avons
à
incarner, on pourra dire que la Suisse a retrouvé sa raison d’être, e
1084
plus violemment centralistes, les plus contraires
à
nos statuts ! Nous ne pourrions en tirer qu’une seule leçon : les fas
1085
elles que soient les réserves de fond qu’il y ait
à
faire, et je les fais, sur l’authenticité de ces missions qu’ils proc
1086
l’authenticité de ces missions qu’ils proclament
à
son de trompe, il est clair que leur force est là, et qu’en les admir
1087
ité qu’une certaine presse suisse s’était acquise
à
l’étranger reposait justement sur le fait que nous étions seuls à jug
1088
osait justement sur le fait que nous étions seuls
à
juger dans une perspective européenne. (Nos trois cultures nous y pré
1089
t uniques, nous pourrions être les premiers. Mais
à
cette seule condition : de savoir au nom de quoi nous parlons. Et ce
1090
vivante. Dès que la conscience fédéraliste vient
à
faiblir, quand par exemple on se met chez nous à l’école de la droite
1091
à faiblir, quand par exemple on se met chez nous
à
l’école de la droite française et de sa politique particulière condit
1092
ie confédérale. Réaction de faiblesse, et néfaste
à
un double titre. Car d’une part nous y perdons ce qui fait notre vale
1093
’opposant réellement, c’est-à-dire de près, corps
à
corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « rom
1094
», sans le voisinage germanique qui l’a contraint
à
formuler sa différence spécifique ? En France même, quoi de plus fran
1095
e ? En France même, quoi de plus français — jusqu’
à
l’excès, voire jusqu’à la grimace — qu’un Barrès, constamment tenté e
1096
i de plus français — jusqu’à l’excès, voire jusqu’
à
la grimace — qu’un Barrès, constamment tenté et enrichi par le génie
1097
point dans la crainte perpétuelle de n’aboutir qu’
à
des mélanges bâtards. Notre unité existe, mais sur un plan à la fois
1098
levé et plus vaste que celui de « l’unification »
à
la mode jacobine ou classique. C’est l’unité originelle, et peut-être
1099
moins grandiose, mais peut-être de plus conforme
à
l’essence même de la culture : un microcosme des valeurs que les nati
1100
thétiser et relier. Elles avaient d’autres choses
à
faire. Elles ont été grandes tour à tour, dans la musique ou la peint
1101
l’harmonie intime, ou dans l’opposition tragique
à
l’intérieur d’une même « personne », des vocations spéciales d’autres
1102
é même d’idolâtrie qui consiste dans son principe
à
adorer les instruments d’un culte, oubliant le dieu qu’il célèbre. Et
1103
u qu’il célèbre. Et pourquoi n’irais-je pas jusqu’
à
dire que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas de culture suis
1104
yer s’éteint pour un temps. Il en renaît un autre
à
Bâle : Jacob Burckhardt, Overbeck, le jeune Nietzsche. Et tout cela f
1105
s douterions d’une tradition que tout nous pousse
à
continuer, et qui, je le crois, n’a pas encore réalisé ses possibilit
1106
le goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde
à
Ramuz, et je m’en irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si j
1107
Avec l’armée, je reviens au concret, ou du moins
à
ce qu’on tient pour tel dans un pays où les valeurs intellectuelles p
1108
t clair, et on le dit assez pour que je n’aie pas
à
insister, que l’armée d’un petit pays neutre est très facilement just
1109
le d’une garde, et par là même, elle est conforme
à
notre vocation profonde. Garde montée autour des cols, dirait Liehbur
1110
la fédération — et c’est pourquoi elle appartient
à
l’État et non pas aux cantons. De plus, les mesures toutes récentes o
1111
lors toutes ces belles vertus dévient ou agissent
à
contre-fin. Que l’armée soit proche du peuple, cela doit avoir pour e
1112
pas de raison d’être en soi, si l’on ne croit pas
à
cette fédération et à la tâche qui lui incombe au milieu de voisins r
1113
n soi, si l’on ne croit pas à cette fédération et
à
la tâche qui lui incombe au milieu de voisins redoutables. Il est imp
1114
érêts, de son ordre. Il n’y aurait aucun avantage
à
combattre l’esprit de caste si c’était pour le remplacer par un espri
1115
isse dont témoignent ces mêmes milieux. Ce serait
à
croire parfois que pour être un bon Suisse, il faut et il suffit que
1116
illustrer sa cause. Et que c’est faire grand tort
à
ce patriotisme qu’on exalte, que de le confondre, parfois agressiveme
1117
e confondre, parfois agressivement, avec l’ardeur
à
revêtir l’uniforme. Après tout, notre armée n’est qu’un aspect de not
1118
édérale. Et un aspect subordonné. Si l’on néglige
à
son profit « le reste », on fait œuvre de mauvais Suisse, car c’est c
1119
ar c’est ce « reste » justement qui donne un sens
à
la fédération, donc à l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleu
1120
justement qui donne un sens à la fédération, donc
à
l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matér
1121
’avec la cinquantième partie de l’argent consacré
à
leur acquisition, on pourrait apporter à nos institutions de haute cu
1122
consacré à leur acquisition, on pourrait apporter
à
nos institutions de haute culture, à nos savants, artistes ou écrivai
1123
ait apporter à nos institutions de haute culture,
à
nos savants, artistes ou écrivains, les moyens d’assurer au pays un p
1124
compte spirituelle, devrait comporter normalement
à
côté du budget militaire80, un important budget de la culture. Je ne
1125
us attribuez des justifications parfois mythiques
à
des réalités qui se sont constituées par le jeu d’intérêts et de rout
1126
cres. Vous donnez par exemple une valeur positive
à
un principe fédéraliste qui ne traduit historiquement — de même que l
1127
tuelle nouveauté ? Ou encore pour créer tout cela
à
partir des formes existantes ? Il ne s’agit pas pour nous de « révolu
1128
ionner », au sens que le bourgeois craintif prête
à
ce terme. Nous partons, dans ce pays, d’un certain nombre de structur
1129
« utopies » personnalistes. Nous n’avons donc pas
à
renverser l’ordre politique existant — comme c’est le cas en France p
1130
— comme c’est le cas en France par exemple — mais
à
donner ou à rendre à cet ordre une signification qui le maintienne vi
1131
t le cas en France par exemple — mais à donner ou
à
rendre à cet ordre une signification qui le maintienne vivant et pur
1132
en France par exemple — mais à donner ou à rendre
à
cet ordre une signification qui le maintienne vivant et pur contre le
1133
ela menace et compromet non seulement nos chances
à
venir, mais les bases politiques et morales sur lesquelles nous pouvi
1134
, et la mission même de la Suisse. Tout cela tend
à
nous réduire à nos proportions matérielles, qui sont petites, qui son
1135
même de la Suisse. Tout cela tend à nous réduire
à
nos proportions matérielles, qui sont petites, qui sont médiocres. J’
1136
l faut bien dire aussi que notre fédéralisme tend
à
se réduire à l’esprit de clocher, à une limitation des horizons, bien
1137
ire aussi que notre fédéralisme tend à se réduire
à
l’esprit de clocher, à une limitation des horizons, bien plutôt qu’il
1138
éralisme tend à se réduire à l’esprit de clocher,
à
une limitation des horizons, bien plutôt qu’il ne favorise de féconde
1139
ciste. Notre instruction publique très développée
à
tous les degrés, mais fondée sur une conception de l’homme incroyable
1140
ées et protégées82.) Seule notre économie cherche
à
se mettre au pas des grandes économies européennes, mais de la manièr
1141
es européennes, mais de la manière la plus fatale
à
ce fédéralisme tant vanté. Autant de constatations qui dictent à notr
1142
e tant vanté. Autant de constatations qui dictent
à
notre action des objectifs immédiats : ils seront révolutionnaires au
1143
avant toute action précise, il importe de rendre
à
notre peuple le sens d’un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé
1144
s pour barrer le col sous prétexte de nous mettre
à
l’abri ! 73. Particulièrement, il faut le souligner, en Suisse roma
1145
semble pas que les Genevois aient su reconnaître
à
cette heure-là la renaissance possible de leur grandeur… 78. Il est
1146
e de leur grandeur… 78. Il est curieux de noter,
à
ce propos, que le groupe de L’Ordre nouveau avait déduit, de ses prin
1147
lyriques d’allure nationale-socialiste se mêlent
à
des déclarations de loyalisme démocratique. 80. Qu’on entende bien q
1148
s de faire concourir l’éducation et l’instruction
à
notre préparation militaire, comme le réclament déjà certains ! S’il
1149
choisirais naturellement l’inverse, plus conforme
à
la hiérarchie des valeurs dans la cité. 81. Ce fut le cas en 1814-18
1150
tives de Tristan et Iseut, l’auteur a été conduit
à
rechercher les origines religieuses de ce roman, dont l’influence, du
1151
ce roman, dont l’influence, du xiie siècle jusqu’
à
nos jours, se révèle exactement assimilable à celle d’un mythe. Trist
1152
squ’à nos jours, se révèle exactement assimilable
à
celle d’un mythe. Tristan est un roman « courtois ». La courtoisie es
1153
res. La sexualité, loi des corps, est une entrave
à
l’envol spirituel vers le monde incréé de la Lumière. L’Amour mystiqu
1154
rature, qui donne naissance, dès le xiie siècle,
à
une forme toute nouvelle de l’amour humain : la passion. Ignorée des
1155
s aux obscurités qu’entraînaient trop d’allusions
à
d’autres parties du livre. 1. Crise moderne du mariage Deux mor
1156
out à la fois deux âmes fidèles, deux corps aptes
à
procréer, et deux personnes juridiques. Il se trouvait donc sanctifie
1157
t les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait
à
ce triple engagement ne se rendait pas « intéressant », mais pitoyabl
1158
ême chrétiennement. L’hérésie manichéenne qui est
à
l’origine de la cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur
1159
iurge auteur du monde visible. Elle tendait enfin
à
détruire un ordre social qui permettait et exigeait la guerre, comme
1160
vague et flatteur. Comment expliquer autrement qu’
à
partir du xiie siècle, celui qui commet l’adultère devienne soudain
1161
qui était « faute » et ne pouvait donner lieu qu’
à
des commentaires édifiants sur le danger de pécher et le remords, dev
1162
int dans la vie de nos sociétés. Ce qui explique,
à
mon sens, l’état présent de dé-moralisation générale — non d’a-morali
1163
jour la connaître, et que la vie ne saurait être
à
plein vécue que par ceux qui « ont passé par là ». Or la passion et l
1164
the, c’est-à-dire l’inconscience pourrait fournir
à
la passion une espèce de modus vivendi, et tous ces livres aggravant
1165
ntraire notre conscience du problème, contribuent
à
le rendre insoluble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de n
1166
gnes de la crise, mais aussi de notre impuissance
à
la réduire dans les cadres actuels. L’institution matrimoniale se fon
1167
ge, de l’intégrer dans l’existence communautaire.
À
partir du xviiie siècle, le thème du « Coucher de la mariée » n’est
1168
dépendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout
à
l’heure sur cette notion centrale). Cette dépréciation générale des
1169
ur facile, et du même coup de nous rendre inaptes
à
le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le mo
1170
bonheur que l’on veut sentir, que l’on veut tenir
à
sa merci — au lieu d’y être comme par grâce — se transforme instantan
1171
idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière
à
la ruine du mariage en tant qu’institution sociale. 3. « Aimer, c’
1172
que la foi cathare, et l’accession d’un roturier
à
la chevalerie était un symbole mystique bien plutôt qu’une dérogation
1173
dessus des lois. Celui qui aime de passion accède
à
une humanité plus haute, où les barrières sociales, entre autres, s’é
1174
oralistes : mais personne ne peut plus le croire,
à
l’âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins intoxiqués
1175
ier relent de la mystique primitive. De la poésie
à
l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce q
1176
. Mais l’homme de la passion cherche au contraire
à
être possédé, dépossédé, jeté hors de soi, dans l’extase. Et de fait,
1177
qualifie le mariage, si l’épouse ne ressemble pas
à
la star la plus obsédante. (Encore la femme pourra-t-elle s’efforcer
1178
mme pourra-t-elle s’efforcer de se faire une tête
à
la Garbo, mais alors il s’agit que le mari ressemble à Gable ou à Tay
1179
Garbo, mais alors il s’agit que le mari ressemble
à
Gable ou à Taylor !) Ainsi la « liberté » de la passion relève des st
1180
alors il s’agit que le mari ressemble à Gable ou
à
Taylor !) Ainsi la « liberté » de la passion relève des statistiques
1181
resque hostile dans un être, cela même qui invite
à
la poursuite et qui éveille l’avidité de posséder, plus délicieuse qu
1182
s commence une « passion » nouvelle. On s’ingénie
à
renouveler l’obstacle et le combat. On imagine différente la femme qu
1183
la déguise et on l’éloigne en rêve, on s’acharne
à
dépayser les sentiments qui sont en train de se nouer dans une durée
1184
ène Iseut dans la forêt, où plus rien ne s’oppose
à
leur union, le génie de la passion dépose entre leurs corps une épée
1185
et toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux
à
la confusion sans grandeur où se débattent les hommes du temps profan
1186
ons que lui proposent divers objets, trop faciles
à
saisir. Au lieu de mener à la mort, elle se dénoue en infidélité. Qui
1187
s objets, trop faciles à saisir. Au lieu de mener
à
la mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’u
1188
e exemplaire. Seul le Don Juan mythique échappait
à
cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni de passio
1189
l’être, une ascèse sans au-delà, une impuissance
à
aimer le présent sans l’imaginer comme absent, une fuite sans fin dev
1190
couvrant une lente consomption, une moindre-vie.
À
cette lumière que jette sur nos psychologies la connaissance du mythe
1191
toutes les complications qui servent d’intrigues
à
nos auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses de la passion po
1192
ur s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe
à
la psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie dé
1193
coquetterie est un peu simple — mais on en vient
à
désirer que l’être aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau le
1194
ccepter, ils ne voient de toutes parts que choses
à
envier, qualités dont ils se sentent privés, et motifs de comparaison
1195
, et motifs de comparaisons qui toujours tournent
à
leur détriment. Le mari souffre des beautés qu’il aperçoit à d’autres
1196
iment. Le mari souffre des beautés qu’il aperçoit
à
d’autres femmes, et dont la sienne se trouve privée (même si tous la
1197
mité et réel, que l’on choisit non comme prétexte
à
s’exalter, ou comme « objet de contemplation »90, mais comme une exis
1198
mais comme une existence incomparable et autonome
à
son côté, une exigence d’amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer
1199
entends pas ici attaquer la passion : je me borne
à
la décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien
1200
attaquer la passion : je me borne à la décrire et
à
la « réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien que je ne conva
1201
e aujourd’hui les couples. Rien ne répugne autant
à
un esprit moderne que l’idée d’une limitation volontairement assumée
1202
endre conscience de la nature du phénomène, c’est
à
quoi se résume l’ambition des analyses qui précèdent ; mais je sens b
1203
ir même qu’on nous les nomme… 4. De l’anarchie
à
l’eugénisme Cependant, l’anarchie permanente que représente le mar
1204
arle même pas du danger spirituel que fait courir
à
la personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe.) D’où les m
1205
psychologique » et les « névroses » qui seraient
à
l’origine du mal (d’où l’on déduit que la médecine mentale guérirait
1206
stre, sans apporter les éléments d’une révolution
à
sa mesure. En outre, il est frappant de constater que presque tous ce
1207
ue tous ces sages auteurs donnent quelques lignes
à
la louange de la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer :
1208
ent de la tolérer : pour des raisons trop faciles
à
concevoir, on craint d’attaquer le lecteur dans ses croyances les plu
1209
ire la part du feu, et l’on va même parfois jusqu’
à
ce paradoxe de présenter la passion amoureuse comme le couronnement d
1210
ment !) Ainsi l’on passe avec une feinte légèreté
à
côté du problème fondamental. « Il faut se faire lire et gagner la co
1211
que chose se fasse, la seule question qui se pose
à
l’historien, au sociologue, c’est de savoir quel mécanisme social va
1212
préjugés réactionnaires, qu’on se figurait, bien
à
tort, entretenus par le capitalisme. Dans une lettre fameuse adressée
1213
isme. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine
à
la camarade Zetkin, le chef décrit ce désastre des mœurs, et il prote
1214
t assigné pour but prochain de refaire des cadres
à
sa nation. Car sans cadres, l’économie périclitait, et la « défense n
1215
pouvait pas s’organiser sans un constant recours
à
la passion des premiers révolutionnaires : or c’était cette passion p
1216
oductiviste qui contraignit l’État dit socialiste
à
édicter une série de lois contre le divorce (qu’on rendit extrêmement
1217
atmosphère où les problèmes individuels tendaient
à
perdre toute espèce de dignité, de légitimité et de virulence anarchi
1218
ignit pas un stade d’anarchie sexuelle comparable
à
celui de la Russie jusqu’à Staline. Mais le processus de ruine des ob
1219
ie sexuelle comparable à celui de la Russie jusqu’
à
Staline. Mais le processus de ruine des obstacles sociaux, développé
1220
le dans les associations secrètes qui préludèrent
à
l’hitlérisme, le déchaînement sadique des corps francs dans les pays
1221
ts, le sérieux accordé aux conflits passionnels «
à
trois » ou « à quatre » — renouvelés de la Lucinde de Schlegel — auta
1222
accordé aux conflits passionnels « à trois » ou «
à
quatre » — renouvelés de la Lucinde de Schlegel — autant de signes de
1223
er cette crise des mœurs. On commença par opposer
à
l’idéal antisocial de « bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal c
1224
gieux, on opéra cet énorme transfert qui consiste
à
donner pour seul objet légitime et possible à la passion : l’idée de
1225
ste à donner pour seul objet légitime et possible
à
la passion : l’idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on pr
1226
la femme de son auréole romantique : on la réduit
à
sa fonction matrimoniale : faire des enfants, puis les élever jusqu’a
1227
c’est-à-dire pendant 6 ou 7 ans). De là, on passe
à
des mesures d’ordre eugénique. On ouvre une « école de fiancés » pour
1228
t l’on ne manquera pas de les rendre obligatoires
à
bref délai. Le but dernier de l’entreprise ne fait pas de doute : on
1229
l’entreprise ne fait pas de doute : on en viendra
à
n’autoriser plus que les unions contractées sur une base eugénique, s
1230
nts des « goûts » individuels, donc des passions.
À
chacun sa « fiche de mariage ». Alors la science matrimoniale trouver
1231
e reformer les conditions externes indispensables
à
la reconstitution du mythe. La passion, officiellement éliminée, disq
1232
eau, imprévisible, naîtra dans les laboratoires. (
à
suivre) Dans un second essai, qui paraîtra en octobre, on tentera d
1233
a de définir une forme d’amour exactement opposée
à
l’amour-passion : l’amour-action. 83. Voir sur ce point : R. P. La
1234
cette opinion : « Les crimes sont un tribut payé
à
la vie » (Carpocrates, cf. Schultz, Dokumente der Gnosis). 85. En pa
1235
princesse de C. C. donna lieu au début du siècle
à
toute une littérature romanesque. Quant au thème de l’ouvrier ou du c
1236
tique. 91. L’Encyclique Casti connubii a répondu
à
la décision des évêques anglicans dite de Lambeth. Les congrès œcumén
1237
rolétariat français éprouve une joie particulière
à
savoir qu’il ne travaille plus pour enrichir M. Citroën ou M. Louis-L
1238
ce et d’inquisition où nous avons à peu près tout
à
perdre ». Enfin M. Haedens demande que l’on remplace dans les manuels
1239
NRF (mai). — Notes et quatrains de Jean Wahl.
À
retenir cette petite charade : mon premier est ce qu’il y a de plus b
1240
. Illustration : « Il y avait de charmantes fêtes
à
Versailles, où le Faubourg Saint-Germain (comme on disait naguère) et
1241
me on disait naguère) et Montparnasse se mêlaient
à
merveille. Le déhanchement des inversions et l’odeur sournoise de l’o
1242
t la dernière réplique. — Francis Jammes continue
à
célébrer son autoculte mensuel, cite tous les éloges qu’il reçoit par
1243
e 1938)ax ay 1. Nécessité d’un parti pris
À
l’heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il me semble que son d
1244
’un parti pris À l’heure où cet ouvrage touche
à
sa conclusion, il me semble que son dessein le plus secret m’échappe
1245
sut profiter.) C’est qu’avant tout et après tout,
à
l’origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur
1246
C’est qu’avant tout et après tout, à l’origine et
à
la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu
1247
erre qui est méprisée, et la vie qui est la faute
à
racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se tue, et le tuer autrem
1248
s’agit, pour qui veut surpasser la passion. Quant
à
stériliser le milieu culturel où la passion plonge ses racines, il es
1249
iologie (lois de l’hygiène et doctrine du salut).
À
vues humaines, la guérison de nos passions viendra de l’État, ce Sauv
1250
lème ne comporte pas d’échappatoire dans le temps
à
venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un homme déter
1251
temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible
à
l’homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et d
1252
ir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme —
à
un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et de sonder en
1253
ins peut-il connaître ses actions, et reconnaître
à
leurs effets les décisions qu’il a risquées. C’est donc un parti pris
1254
tel que je le reconnais dans ma vie. Et ce n’est
à
aucun degré une solution que je propose. Car outre qu’une telle solut
1255
ant donné que les humains des deux sexes, pris un
à
un, sont généralement des coquins, pourquoi seraient-ils des anges un
1256
pariés ? Ignore-t-on la réalité, ou n’a-t-on rien
à
dire de plus sérieux ? Poussez la première porte venue ! Ce silence q
1257
euf fois sur dix, de l’agitation des petits soins
à
la criaillerie délirante. Enregistrez sur disque, au hasard, un de ce
1258
d’un ouvrier : la censure pour un coup trouverait
à
se justifier. Oui, les romantiques ont raison ; et les réalistes ont
1259
ment, quand la foi veut l’éternité ! Que répondre
à
cet homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a su louer le philistin et
1260
re honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais
à
la fin il n’écrase pas seulement ce philistin qui se contente d’épous
1261
d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer
à
la prière ; puis retournez ensemble de peur que Satan ne vous tente p
1262
nquiète des choses du monde, des moyens de plaire
à
sa femme. » (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le mariage est
1263
t du point de vue des romantiques — si l’on croit
à
Iseut —, soit du point de vue du clerc parfait — si l’on croit à son
1264
du point de vue du clerc parfait — si l’on croit
à
son œuvre —, soit du point de vue spirituel pur, pour ceux qui croien
1265
es ni femmes »), je borne ma vision et mon espoir
à
une perfection relative, à l’équilibre dans l’imperfection que représ
1266
a vision et mon espoir à une perfection relative,
à
l’équilibre dans l’imperfection que représente le mariage. Alors, si
1267
3. Le mariage comme décision Si l’on songe
à
ce que signifie le choix d’une femme pour toute la vie, l’on en vient
1268
hoix d’une femme pour toute la vie, l’on en vient
à
cette conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or la sagesse pop
1269
sible de peser. Cette erreur du bon sens est tout
à
fait grossière. Vous aurez beau tenter de mettre au départ toutes les
1270
. Les facteurs mis en jeu sont trop hétéroclites.
À
supposer que vous puissiez les calculer dans le présent (comme si leu
1271
ce de causes. Il a fallu, dit-on, des millénaires
à
la nature pour sélectionner les espèces qui nous paraissent adaptées.
1272
ux des plus hautement organisés ! (C’est pourtant
à
cette utopie qu’obéit sans le savoir le mal marié, lorsqu’il se persu
1273
d’autant plus insoluble que l’on tient davantage
à
le « résoudre » au sens rationnel de ce terme. Certes, il y a du soph
1274
elle suppose. Lorsqu’on incite les jeunes fiancés
à
calculer leurs chances de bonheur, on détourne leur attention du prob
1275
vêt objectivement un choix de cet ordre, on donne
à
croire que tout se ramène à une sagesse, à un savoir ; et non pas à u
1276
e cet ordre, on donne à croire que tout se ramène
à
une sagesse, à un savoir ; et non pas à une décision. Or ce savoir ne
1277
donne à croire que tout se ramène à une sagesse,
à
un savoir ; et non pas à une décision. Or ce savoir ne pouvant être q
1278
se ramène à une sagesse, à un savoir ; et non pas
à
une décision. Or ce savoir ne pouvant être qu’imparfait, et provisoir
1279
alcul… D’où je conclus qu’il serait plus conforme
à
l’essence du mariage, et au réel, d’enseigner aux jeunes gens que leu
1280
urs d’une sorte d’arbitraire, dont ils s’engagent
à
assumer les suites, heureuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « c
1281
femme pour en faire son épouse, ce n’est pas dire
à
Mademoiselle Untel : « Vous êtes l’idéal de mes rêves, vous comblez e
1282
ir une femme pour en faire son épouse, c’est dire
à
Mademoiselle Untel : « Je veux vivre avec vous telle que vous êtes. »
1283
e jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe,
à
je ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu de
1284
ans aucun cynisme, peut servir de point de départ
à
une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui soit une re
1285
e départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas
à
une fidélité qui soit une recette de « bonheur », mais bien à une fid
1286
té qui soit une recette de « bonheur », mais bien
à
une fidélité qui soit possible, n’étant pas compromise en germe par u
1287
et de plus qu’elle est salutaire. Cela se discute
à
l’infini. Et cela nous sera des plus utile dès que les hommes se régl
1288
s, et la plus désavantageuse pour le « Bonheur ».
À
leurs yeux et dans leur langage, la fidélité conjugale est le succès
1289
Ou encore ils y voient l’effet d’une impuissance
à
vivre largement, d’un goût mesquin pour le confort et le conforme ; d
1290
u maximum et pour elle-même, sans plus se référer
à
rien qui « juge » et qui « mesure » la jouissance qu’on en tire. Seul
1291
« Cela n’a pas d’importance, cela ne change rien
à
nos rapports, c’est une passade, une erreur sans lendemain » et tantô
1292
dieuse limitation. ⁂ Pour moi, renonçant d’emblée
à
toute apologie rationaliste ou hédoniste, je ne parlerai que d’une fi
1293
s époux. Il faut bien voir que cette fidélité est
à
contre-courant des valeurs aujourd’hui vénérées par presque tous. Ell
1294
une constante prise sur le réel, qu’elle cherche
à
dominer, non pas à fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde la person
1295
e sur le réel, qu’elle cherche à dominer, non pas
à
fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car la personne
1296
du terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre,
à
la faveur d’une œuvre, et aux mêmes conditions, dont la première est
1297
êmes conditions, dont la première est la fidélité
à
quelque chose qui n’était pas, mais que l’on crée. Personne, œuvre, e
1298
aire œuvre, et d’accéder au plan de la personne. (
À
condition bien entendu que cette promesse ne soit pas faite pour des
1299
y aurait toutes les raisons du monde de dire oui
à
cette passion éblouissante, — dire non en vertu de l’absurde, en vert
1300
umaine, d’une raison de foi, d’une promesse faite
à
Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus tard, après coup, l’homme d
1301
il a renoncé lui est rendu, comme Isaac fut rendu
à
Abraham. Mais alors il n’y songeait pas ! Et il se peut aussi que rie
1302
moi coupable et asservi. Tristan n’est pas fidèle
à
une promesse, ni à cet être symbolique, ce beau prétexte qui s’appell
1303
ervi. Tristan n’est pas fidèle à une promesse, ni
à
cet être symbolique, ce beau prétexte qui s’appelle Iseut, mais à sa
1304
lique, ce beau prétexte qui s’appelle Iseut, mais
à
sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinc
1305
c’est alors une manière de se sauver et d’accéder
à
une vie supérieure, la « joie suprême » d’Isolde agonisante. Fidélité
1306
e » n’a gardé parmi nous que l’illusion d’accéder
à
une vie plus ardente. Mais l’emprise de cette illusion trahit encore
1307
nce de la religion primitive. Religion antérieure
à
notre « instinct » moderne, et qui détient l’intime secret de la pass
1308
s pris pour ce monde », écrivait Novalis songeant
à
sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule de la fidélité courtoise
1309
veut), indifférente, sinon hostile au bonheur et
à
l’instinct vital, elle exige un retour au monde réel, tandis que la f
1310
signifiait qu’une évasion. Dans le mariage, c’est
à
l’autre d’abord, et non pas à son moi d’abord, que celui qui aime vou
1311
s le mariage, c’est à l’autre d’abord, et non pas
à
son moi d’abord, que celui qui aime voue sa fidélité. Et tandis que l
1312
turel égoïsme, c’est cela qui édifie la personne.
À
ce terme, on découvrira que la fidélité dans le mariage est la loi d’
1313
tion de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle
à
le créer, et qu’il se tourne avec moi vers le Jour afin d’attester no
1314
— et tout ce qu’un Nietzsche absurdement reproche
à
l’Évangile. C’est Éros, et non pas Agapè, qui a glorifié notre instin
1315
mort du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Éros s’asservit
à
la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition
1316
e tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance
à
l’Éternel. Voilà le sens de la Révélation ; l’au-delà n’est pas la mo
1317
ne pouvait pas l’imaginer. Il était donc condamné
à
croire Éros, c’est-à-dire à se confier dans son désir le plus puissan
1318
l était donc condamné à croire Éros, c’est-à-dire
à
se confier dans son désir le plus puissant, à lui demander la délivra
1319
ire à se confier dans son désir le plus puissant,
à
lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la
1320
a délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’
à
la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit souda
1321
le conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit
à
la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est dél
1322
’il est une autre délivrance. Et voici que l’Éros
à
son tour se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré de son des
1323
i consume la vie, mais ici-bas, dans l’obéissance
à
la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir ? Cela seul
1324
béissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors
à
craindre du désir ? Cela seulement : qu’il nous détourne d’obéir. Mai
1325
t idéal de l’homme98. En même temps, elle échappe
à
l’abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisatio
1326
t sexe. Mais remontons de ces prémisses générales
à
la psychologie la plus concrète de la relation des égaux. L’exercice
1327
xercice de la fidélité envers une femme accoutume
à
considérer les autres femmes d’une manière tout à fait nouvelle, inco
1328
à considérer les autres femmes d’une manière tout
à
fait nouvelle, inconnue au monde de l’Éros : comme des personnes, non
1329
ntre l’infidélité, du simple fait qu’elle habitue
à
ne plus séparer le désir et l’amour. Car si le désir va vite et n’imp
1330
rieusement au « coup de foudre », et encore moins
à
la « fatalité » de la passion. Le « coup de foudre » est sans doute u
1331
figures de rhétorique romanesque, et acceptables
à
ce titre, mais qu’il serait assez absurde de confondre avec des vérit
1332
mythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire
à
la fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi q
1333
rts de Don Juan. Toute la littérature nous engage
à
y voir la preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’h
1334
exuellement localisée, que le corps se voit porté
à
ces brusques écarts, comparables aux calembours qui obsèdent un espri
1335
i obsèdent un esprit fatigué : on se laisse aller
à
des « rapprochements » idiots. Par contre, dans un état normal du cor
1336
la femme de sa qualité d’égale — en la réduisant
à
son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les relations humaines. Par
1337
e cet amour, il refuse de s’imposer, il se refuse
à
une violence qui nie et détruit la personne. Il prouve ainsi qu’il ve
1338
he de la manière la plus précise, historiquement,
à
la passion103. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une c
1339
technique, ne saurait être un seul instant ramené
à
la passion. L’attitude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de
1340
dont elle est née ne sauraient proposer comme but
à
notre vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fon
1341
rge, et puisque le salut est justement d’échapper
à
sa loi démoniaque.104 Faut-il voir à la source de cet aspect le plus
1342
d’échapper à sa loi démoniaque.104 Faut-il voir
à
la source de cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sort
1343
définie par l’Apôtre (Romains 8), et qui tendrait
à
restaurer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La
1344
rmer le milieu naturel (d’où la technique). Reste
à
savoir si le christianisme, accueilli par les Indes ou la Chine, y eû
1345
ont orientés par une volonté exactement contraire
à
celle de passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introdui
1346
on l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union tout
à
fait monstrueuse des forces de mort et des forces créatrices va dénat
1347
elle est née. Il se peut que l’Occident succombe
à
ce destin qu’il s’est forgé. Mais il est clair que ce n’est pas le ch
1348
ccident était chrétien. Si donc l’Europe succombe
à
son mauvais génie, ce sera pour avoir trop longtemps cultivé la relig
1349
développée dans notre histoire et nos cultures qu’
à
partir des xiie et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive de l’
1350
Ainsi notre chance dramatique est d’avoir résisté
à
la passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut la tensi
1351
r résisté à la passion par des moyens prédestinés
à
l’exalter. Telle fut la tension permanente d’où jaillirent nos plus b
1352
rêver. Son activité « créatrice » consiste alors
à
retrouver en profondeur toute la diversité du monde créé ; et c’est a
1353
romet la fidélité, et donne des chances nouvelles
à
la passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise
1354
par les passions nationalistes : tout ce qui tend
à
ruiner la personne. Mais ce sont là des phénomènes complexes et colle
1355
7. Au-delà de la tragédie106 Ce diagnostic,
à
bien des égards, peut apparaître comme le bilan d’une décadence : myt
1356
d’autant plus qu’on voudrait le nier. Cependant,
à
plusieurs reprises, la connaissance de ces périls nous a fait entrevo
1357
lité gagée au moins sur des institutions solides,
à
la mesure de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passio
1358
ommandent certaines décisions. Elles introduisent
à
une problématique nouvelle, et qui n’est pas toujours aussi simpliste
1359
assionnel. Mais au-delà de la passion vécue jusqu’
à
l’impasse mortelle, que pouvons-nous désormais entrevoir ? Les deux t
1360
cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent
à
tout exposé. ⁂ Le premier thème peut être situé par rapport à un dram
1361
indicible, qui s’opposait aux yeux de Kierkegaard
à
un mariage heureux selon le monde. Ici l’obstacle indispensable à la
1362
reux selon le monde. Ici l’obstacle indispensable
à
la passion est d’une nature à tel point subjective, singulière et inc
1363
tacle indispensable à la passion est d’une nature
à
tel point subjective, singulière et incomparable, qu’on ne saurait en
1364
élit par son amour, « il commence par le réduire
à
néant ». Du point de vue du monde et de la vie naturelle, Dieu appara
1365
mme « mon ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici
à
l’extrême limite, à l’origine pure de la Passion, — mais du même coup
1366
tel ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite,
à
l’origine pure de la Passion, — mais du même coup nous sommes jetés a
1367
, n’a l’air de rien de surhumain : « il ressemble
à
un percepteur » et se conduit comme n’importe quel honnête bourgeois.
1368
candaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pas
à
l’absurde ; mais c’est plus qu’une synthèse, et infiniment plus et au
1369
mpe jamais l’aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint
à
« ressaisir » le monde fini que dans la conscience de sa perte, infin
1370
ît que l’âme atteint un état de présence parfaite
à
l’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystiqu
1371
r l’admission de sa vie étrangère, de sa personne
à
tout jamais distincte, mais qui offre une alliance sans fin, initiant
1372
es saints, et le péché n’est pas comme une erreur
à
laquelle on renoncerait un beau jour pour adopter une vérité meilleur
1373
a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble
à
l’ancien, mais qui n’appartient plus à la forme du monde, car c’est l
1374
ressemble à l’ancien, mais qui n’appartient plus
à
la forme du monde, car c’est lui qui transforme le monde. 93. Je m
1375
de la personne, plus le choix devient singulier.
À
cette personnalisation de l’être aimé correspond d’ailleurs une spéci
1376
leurs une spécification croissante de l’instinct,
à
mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr Maranon en fa
1377
atif donjuanesque. Mais cette « raison » est tout
à
fait inefficace aux yeux de qui préfère le mythe, et veut croire aux
1378
hologiques. 103. À partir de cette règle commune
à
la passion et à la guerre que fut la chevalerie médiévale. 104. « L’
1379
. À partir de cette règle commune à la passion et
à
la guerre que fut la chevalerie médiévale. 104. « L’idée antique du
1380
ularité du cas. Elles s’appliqueraient aussi bien
à
n’importe quel malade sans génie. 108. Crainte et Tremblement, trad
1381
age ». Ces deux essais sont extraits d’un ouvrage
à
paraître sous le titre : L’Amour et l’Occident . »
1382
Suite
à
« La passion contre le mariage » (décembre 1938)az Nous annoncion
1383
e parmi les premiers de ceux qui se sont attaqués
à
la fausse passion) et la réponse de Rougemont. La voici : Au sujet de
1384
dire d’autre que cela même que précise l’auteur :
à
savoir que « les modalités d’institution du sacrement » restent, selo
1385
ui porte le renvoi en note) c’était le seul point
à
marquer. Il me semble qu’en général on l’a compris comme je le pensai
1386
oir les motifs que j’avais de ne point en appeler
à
Lawrence pour appuyer une thèse chrétienne. az. Rougemont Denis de
1387
se chrétienne. az. Rougemont Denis de, « Suite
à
“La passion contre le mariage” », Esprit, Paris, décembre 1938, p. 48
1388
te critique dès leurs débuts, dès les années 1930
à
1932, avec une pertinence et une violence qui alors n’étaient pas san
1389
actuelle, l’usure de la droite, puis de la gauche
à
l’épreuve alternée du pouvoir, la décomposition des « blocs », celle
1390
dans L’Ordre nouveau . Ils étaient les premiers
à
le dire. Et l’on pensait qu’ils seraient les premiers à y croire, et
1391
ire. Et l’on pensait qu’ils seraient les premiers
à
y croire, et à le prouver. Or, il ne paraît pas qu’à cette critique a
1392
nsait qu’ils seraient les premiers à y croire, et
à
le prouver. Or, il ne paraît pas qu’à cette critique ait répondu jusq
1393
croire, et à le prouver. Or, il ne paraît pas qu’
à
cette critique ait répondu jusqu’à présent un dynamisme constructeur
1394
partisans de droite et de gauche seraient fondés
à
nous dire aujourd’hui : « Vous avez très bien vu pourquoi nous ne fer
1395
des groupes et des congrès personnalistes m’amène
à
formuler les thèses suivantes : 1. C’est le désir de « sortir du plan
1396
léments d’un groupe local. 2. C’est l’impuissance
à
« sortir du plan des vieux partis » qui paralyse l’action de ce group
1397
ses au point. 3. Car on ne croit pas suffisamment
à
ce qu’on affirme, à savoir la mort des partis. 4. On garde le secret
1398
on ne croit pas suffisamment à ce qu’on affirme,
à
savoir la mort des partis. 4. On garde le secret désir — avoué parfoi
1399
t ailleurs. 5. On garde le secret désir d’arriver
à
une « prise du pouvoir » de type léniniste ou fasciste, c’est-à-dire
1400
ion parfaite de nos doctrines. 6. On croit si peu
à
la mort des partis qu’on n’imagine pas d’autre action possible qu’au
1401
e s’accentue d’année en année. La doctrine tourne
à
l’utopie, l’action se décourage ou s’éparpille. 8. Pendant ce temps,
1402
efficaces justement parce qu’ils ne seraient pas
à
l’échelle démesurée de l’action des partis politiques. 9. L’action de
1403
e l’action des partis : elle veut être une action
à
hauteur d’homme, et non pas au niveau de l’opinion. 10. Ceux qui dout
1404
sonnellement, il suffit de croire personnellement
à
ce qu’on affirme. 15. L’attrait du parti n’est qu’en apparence l’attr
1405
ant. 20. D’où l’incapacité essentielle des partis
à
collaborer dans l’État : au lieu de se complémenter, ils s’excluent,
1406
c’est la justice d’un groupe imposée uniformément
à
d’autres groupes. 22. C’est pourquoi le fédéralisme est la seule form
1407
impuissant, mais d’exercer le pouvoir sur place,
à
l’échelle des réalités que l’on maîtrise. 26. Si peu que ce soit, c’e
1408
ape un Léon III qui fut empereur. Je ne songe pas
à
défendre l’inexactitude ni les erreurs typographiques, ou les néglige
1409
« exact » non plus d’appliquer les mêmes critères
à
ce qui ne relève pas du même ordre. C’est à savoir : le sens d’une in
1410
tères à ce qui ne relève pas du même ordre. C’est
à
savoir : le sens d’une interprétation. Or c’est l’erreur commune, bie
1411
on. Ma formation théologique protestante m’incite
à
rechercher, en chaque domaine, non point le général comme les classiq
1412
re quoi que ce soit de ce genre. Elle se condamne
à
l’enregistrement sans intervention de l’esprit. (C’est d’ailleurs tou
1413
intervention de l’esprit. (C’est d’ailleurs tout
à
fait impossible.) Or seul le créateur connaît la création, seul il es
1414
faculté d’interprétation créatrice au moins égale
à
la mienne. C’est à partir de là que nous pouvons dialoguer. Car à par
1415
guer. Car à partir de là, nous pouvons en appeler
à
l’objectivité la plus réelle : celle de certaines formes fixes de l’e
1416
tortionnaire. Vous ajoutez que je suis insensible
à
« cette éloquence passionnée, à cette beauté intérieure », que je tie
1417
e suis insensible à « cette éloquence passionnée,
à
cette beauté intérieure », que je tiens tout cela pour une « concepti
1418
; et que j’en parle enfin comme on peut en parler
à
l’Université de Halle110. Or il se trouve que plusieurs critiques m’o
1419
amour courtois une description si enthousiaste qu’
à
la fin, la conception chrétienne que je lui oppose « paraît quelque p
1420
s de l’amour courtois, mais seulement cet aspect,
à
mon sens décisif, que je rapporte au catharisme. Je pourrais, je devr
1421
…) sur l’aventure de Rudel, si j’étais insensible
à
cette éloquence passionnée et à cette beauté intérieure, si je croyai
1422
’étais insensible à cette éloquence passionnée et
à
cette beauté intérieure, si je croyais cette conception dépassée, je
1423
, au cœur de cet amour, d’antichrétien. Or, c’est
à
cela seulement que je veux renoncer. Sur ce point seul porte ma décis
1424
ttérature (la plus belle qui soit, nous le savons
à
Neuchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’est à ce « reste » que
1425
belle qui soit, nous le savons à Neuchâtel comme
à
Marseille). C’est à cela, c’est à ce « reste » que vous dites ne pouv
1426
s le savons à Neuchâtel comme à Marseille). C’est
à
cela, c’est à ce « reste » que vous dites ne pouvoir renoncer. C’est
1427
Neuchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’est
à
ce « reste » que vous dites ne pouvoir renoncer. C’est cela que vous
1428
exalté davantage tout ce reste, mes conclusions,
à
votre sens, s’en fussent-elles trouvées modifiées ? J’entends mes con
1429
de ma contre-attaque. « Je ne puis, moi, renoncer
à
rien de ce qui a été humain », dites-vous. « Il me faut à tout prix q
1430
e ce qui a été humain », dites-vous. « Il me faut
à
tout prix que je puisse l’assumer. » Eh bien quoi ? Nous en sommes to
1431
appelle catholique le refus conscient de renoncer
à
rien d’humain, sans distinction, je veux bien être appelé sectaire. (
1432
our, et qui décide de renoncer, comme malgré lui,
à
ce qu’il y a de corrompu, de « trop humain », de sous-humain dirai-je
1433
es, rien d’humain ne peut m’être étranger ; reste
à
savoir si j’ai lieu de m’en vanter ; reste à savoir si ce n’est pas l
1434
este à savoir si j’ai lieu de m’en vanter ; reste
à
savoir si ce n’est pas là, précisément la solidarité dans le péché, l
1435
s estimerez peut-être que j’abuse en transportant
à
ce niveau notre « tenson », comme on disait au temps des troubadours.
1436
ps des troubadours. Croyez-moi, je ne cherche pas
à
esquiver des objections précises111 par un recours aux vérités les pl
1437
en attendant nos psychographes). Votre insistance
à
me reprocher d’avoir sous-estimé ce que j’appelle insolemment « le re
1438
e que j’appelle insolemment « le reste », m’amène
à
me demander pourquoi vous y tenez tant. Je crois voir la réponse dans
1439
onclusion. Et force m’est alors de reconnaître qu’
à
l’origine de ce débat il n’y a pas seulement en cause une certaine co
1440
hristianisme. « L’Amour vient de Dieu, appartient
à
Dieu et tend vers Dieu. » Le vieux fou de Transjordanie profère une v
1441
par les anciens comme une maladie de l’âme. Mais
à
partir du xiie siècle, et par l’effet de confusions mystiques, l’exa
1442
ie !) Ainsi toute la partie de ma lettre relative
à
l’histoire « objective » se trouve être un mauvais résumé des idées d
1443
ains . Indications que j’ai d’ailleurs retrouvées
à
leur tour chez Hamann ! L’Histoire comme prophétie à rebours, par exe
1444
deux phrases d’une lettre reçue hier, et relative
à
mon Amour : « Quand j’étais jeune, j’aurais parfaitement méprisé vo
1445
us. Puisque aucune patience historique ne conduit
à
la certitude, il est peut-être au moins aussi sage de faire confiance
1446
peut-être au moins aussi sage de faire confiance
à
l’intuition. » — Tristesse de l’historien n’est-ce pas ? Et c’est pou
1447
e qu’avec combien de raison vous offrez en modèle
à
vos disciples. (Mais oui, vous en avez, et je les souhaite nombreux :
1448
it qu’après 5 ans de travail sur les troubadours,
à
Francfort, il avait tenu à faire deux semestres à Toulouse. Il y arri
1449
l sur les troubadours, à Francfort, il avait tenu
à
faire deux semestres à Toulouse. Il y arrive tout excité. Le professe
1450
à Francfort, il avait tenu à faire deux semestres
à
Toulouse. Il y arrive tout excité. Le professeur lui dit : « Que vene
1451
Arabi, que vous jugez sommaire, ne prétendait qu’
à
signaler en passant la thèse d’Asin Palacios que l’on peut discuter —
1452
e dernier dans Esprit d’avril, nous a paru propre
à
intéresser nos lecteurs. Voici d’abord une lettre de Rougemont. »
1453
Attention. bd. Rougemont Denis de, « [Réponse
à
une enquête] Un divorce entre le christianisme et le monde ? », Espri
1454
embre 1946, p. 188-189. be. Rougemont répond ici
à
une enquête d’Esprit sur le thème « Monde chrétien, monde moderne ».
1455
Au lendemain de la démission d’un nième cabinet
à
Paris, un Américain me disait : — En France, n’importe quel problème
1456
es commissions, d’ailleurs, ne seront occupées qu’
à
clamer, la cravate en bataille, des résolutions farouchement patrioti
1457
farouchement patriotiques ou républicaines jusqu’
à
la mort. Plus question du savon. Brossez-vous. Nous ne posons pas de
1458
en parle. Notre tendance est de nous en remettre
à
une agence d’État, qui généralement fait le travail à la satisfaction
1459
e agence d’État, qui généralement fait le travail
à
la satisfaction du plus grand nombre, puis se dissout. C’est ainsi qu
1460
nombre, puis se dissout. C’est ainsi que de 1942
à
1946, l’État américain a contrôlé les prix, la répartition de la main
1461
ommissions du Congrès et du Sénat, se sont bornés
à
des échanges d’arguments souvent brutaux, au cours d’enquêtes rétrosp
1462
cipes respectifs sont incompatibles. Cela conduit
à
des crises mortelles. Alors les chefs de partis baissent le nez, font
1463
s les chefs de partis baissent le nez, font appel
à
l’union sacrée, et délèguent tout pouvoir à l’État, qui est en l’espè
1464
appel à l’union sacrée, et délèguent tout pouvoir
à
l’État, qui est en l’espèce un nouveau chef de gouvernement. Ce derni
1465
renvoi de l’ingénieur en chef et son remplacement
à
la dernière seconde soit par un antifasciste convaincu, soit par un b
1466
hardi, qui nous en imposent encore… Nous faisons
à
la France un crédit démesuré, plus qu’à nul autre pays du monde. Le s
1467
s faisons à la France un crédit démesuré, plus qu’
à
nul autre pays du monde. Le sentez-vous ? À vous de n’en point abuser
1468
us qu’à nul autre pays du monde. Le sentez-vous ?
À
vous de n’en point abuser. C’est d’ailleurs très facile, me semble-t-
1469
. Cette moitié de moi n’irait peut-être pas jusqu’
à
demander une guerre préventive, mais elle l’accepterait sans doute da
1470
oute dans le cas d’un nouveau Pearl Harbor. Quant
à
l’autre moitié, elle ne demande qu’à s’ouvrir à l’amitié de ce grand
1471
arbor. Quant à l’autre moitié, elle ne demande qu’
à
s’ouvrir à l’amitié de ce grand peuple des plaines, qui se met à vous
1472
t à l’autre moitié, elle ne demande qu’à s’ouvrir
à
l’amitié de ce grand peuple des plaines, qui se met à vous ressembler
1473
amitié de ce grand peuple des plaines, qui se met
à
vous ressembler si curieusement. Nous n’avons guère plus que lui le s
1474
ie qui nous sépare. Car en réalité, nous touchons
à
l’Asie. Nous sommes une puissance maritime et cela compense la proxim
1475
arine de guerre, et comme pour démontrer sa force
à
toute épreuve, les expériences de Bikini ? C’était un clair avertisse
1476
’est là que les choses pourraient se gâter… Quant
à
nos bons voisins « latins », je ne sais pourquoi, chaque fois que nou
1477
veurs sont aussi, et souvent, de vieux cornichons
à
lunettes, aux lèvres minces, sachant compter leurs sous et damner les
1478
, j’ai péché par stylisation. Ajouter des nuances
à
mon tableau n’arrangerait pas grand-chose à cet égard. Ce qui échappe
1479
-chose à cet égard. Ce qui échappe par définition
à
toute formule ou forme d’expression, c’est l’incohérence du réel. (To
1480
elles que l’Europe seule peut opposer ou proposer
à
l’Amérique. Cinq choses témoignent de l’esprit et de sa présence acti
1481
prochent qu’en hésitant. Ils nous sont supérieurs
à
tant d’autres égards ; saurons-nous garder au moins cela ? Le goût d
1482
ins cela ? Le goût de la complexité. La tendance
à
simplifier, à géométriser, typique d’une civilisation mécanisée, est
1483
goût de la complexité. La tendance à simplifier,
à
géométriser, typique d’une civilisation mécanisée, est signe de lourd
1484
que son sens des formes, cesse d’imiter et se met
à
créer. La réduction du fait à une signification. L’Américain croit a
1485
d’imiter et se met à créer. La réduction du fait
à
une signification. L’Américain croit aux faits, dur comme fer. Il les
1486
e mystiques, mais beaucoup de paradis artificiels
à
bon marché : l’alcool et Hollywood, les pin-up-girls et le glamour, S
1487
in-up-girls et le glamour, Superman et les sports
à
la radio. Et ils s’entourent d’objets polis, luisants, emballés dans
1488
lus aucune question ; de mécanismes qui répondent
à
leur place ; et de musiques qui empêchent d’entendre le silence. Ils
1489
ttes et de martingales, — d’ailleurs communiquées
à
tous les joueurs — suffiraient pour que chacun gagne. Enfin, ils ne c
1490
cet édifice d’inconscience que chacun s’ingéniait
à
rendre étanche, — inconsciemment. Ce sont là des secousses extérieure
1491
contentez pas d’appeler périodiquement l’Amérique
à
votre secours, quitte à la mépriser sitôt le travail fait. Sachez que
1492
périodiquement l’Amérique à votre secours, quitte
à
la mépriser sitôt le travail fait. Sachez que les Américains ont beau
1493
ait. Sachez que les Américains ont beaucoup mieux
à
nous donner que des frigidaires, des capitaux et des avions. Ils ont
1494
vions. Ils ont libéré nos villages. Libérons-nous
à
leur contact, à leur exemple, de l’esprit villageois. Apprenons d’eux
1495
ibéré nos villages. Libérons-nous à leur contact,
à
leur exemple, de l’esprit villageois. Apprenons d’eux à mépriser le p
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exemple, de l’esprit villageois. Apprenons d’eux
à
mépriser le politicien mais à respecter l’homme d’État ; à perdre aux
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is. Apprenons d’eux à mépriser le politicien mais
à
respecter l’homme d’État ; à perdre aux élections sans insulter le va
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r le politicien mais à respecter l’homme d’État ;
à
perdre aux élections sans insulter le vainqueur, et à gagner sans écœ
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rdre aux élections sans insulter le vainqueur, et
à
gagner sans écœurer le vaincu. Apprenons d’eux à tenir parole, à nous
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à gagner sans écœurer le vaincu. Apprenons d’eux
à
tenir parole, à nous laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne p
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cœurer le vaincu. Apprenons d’eux à tenir parole,
à
nous laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne pas couper les fi
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cu. Apprenons d’eux à tenir parole, à nous laver,
à
boire du lait, à être à l’heure, à ne pas couper les files par princi
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ux à tenir parole, à nous laver, à boire du lait,
à
être à l’heure, à ne pas couper les files par principe, à observer le
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nir parole, à nous laver, à boire du lait, à être
à
l’heure, à ne pas couper les files par principe, à observer les règle
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à nous laver, à boire du lait, à être à l’heure,
à
ne pas couper les files par principe, à observer les règles du jeu da
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l’heure, à ne pas couper les files par principe,
à
observer les règles du jeu dans la mesure où elles sont raisonnables,
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du jeu dans la mesure où elles sont raisonnables,
à
faire crédit, à payer nos impôts, à exiger des fonctionnaires décents
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esure où elles sont raisonnables, à faire crédit,
à
payer nos impôts, à exiger des fonctionnaires décents, à trouver drôl
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raisonnables, à faire crédit, à payer nos impôts,
à
exiger des fonctionnaires décents, à trouver drôles plutôt que ridicu
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nos impôts, à exiger des fonctionnaires décents,
à
trouver drôles plutôt que ridicules ceux qui ont d’autres allures que
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ns d’eux le sens spirituel de la mise en pratique
à
tous risques d’un idéal même imparfait ; car notre rigorisme intellec
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liberté réelle qu’en avant, dans tous les ordres,
à
chaque instant, — si l’on veut bien y réfléchir en refermant ce petit
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aut de beaucoup que les Européens soient unanimes
à
tenir activement le parti de cette Europe, de ses complexités vitales
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. Une analyse sociologique assez grossière suffit
à
révéler dans tout le continent une sorte de clivage et un double trop
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ands hommes d’affaires regardent vers l’Amérique.
À
tort ou à raison — je n’en juge pas ici — ils s’imaginent que ces pay
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s d’affaires regardent vers l’Amérique. À tort ou
à
raison — je n’en juge pas ici — ils s’imaginent que ces pays réalisen
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capitaliste qui ont quitté notre continent, mais,
à
leur suite, les espoirs et les rêves des plus actifs d’entre nous ont
1518
e refus de la Russie et de l’Amérique, se résigne
à
la décadence, ou la déplore mais sans faire mieux. Je ne vois plus, p
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e, n’en déplaise aux sectaires de tous bords. […]
À
l’homme considéré comme pur individu, libre mais non engagé, correspo
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le désordre, lequel prépare toujours la tyrannie.
À
l’homme considéré comme soldat politique, totalement engagé mais non
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n libre, correspond le régime totalitaire. Enfin,
à
l’homme considéré comme personne, à la fois libre et engagé, et vivan
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Lettre
à
Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)bk
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attaque l’Europe « au fond, il ne fait que penser
à
l’Algérie ». J’avais dit pour ma part deux mois plus tôt, et vous me
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itez : « Quand Sartre écrit Europe il ne pense qu’
à
la France, et quand il pense France, il ne voit que le drame algérien
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romperait, mais pas vous. Car ma phrase signifie,
à
vous en croire, que deux millions de personnes déplacées, la torture
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« notre désastre spirituel » sont sans importance
à
mes yeux « quand le foie gras circule » en Europe. Vous vous flattez
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: c’est en son nom, dites-vous, que je répondais
à
Sartre. Allons donc ! Je vois bien qu’il vous est nécessaire d’un peu
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ne certaine gauche, sectaire comme on ne l’est qu’
à
vingt ans. Ceci dit, je voudrais que vos lecteurs sachent aussi que m
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it l’aider… Ce que nous devons offrir au monde et
à
nos fils, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopuni
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faire. » C’était cela, l’essentiel de ma réponse
à
Sartre, et non ces « additions d’automobiles et de pommes de terre »,
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tiers-monde. bk. Rougemont Denis de, « Lettre
à
Jean-Marie Domenach, à propos de “Sartre et l’Europe” », Esprit, Pari
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À la suite de la chronique que j’avais consacrée
à
“Sartre et l’Europe” (Esprit, mars 1962), j’ai reçu une lettre de Den
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e psychanalyse des intentions, et ne parviens pas
à
me trouver tant d’astuce. Je me contente donc d’assurer Rougemont que