1 1932, Esprit, articles (1932–1962). À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)
1 À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)a Le numéro « exc
2 s entendra. Six grandes pages de dessins inspirés à M. Hermann-Paul par l’actualité (peut-être même faudrait-il dire : pa
3 ous. Laissons les Américains. Ils réussissent mal à nos satiristes. M. Hermann-Paul en les peignant « chez nous » — d’apr
4 venirs d’avant-crise sans doute — ne parvient pas à égaler les célèbres galipettes du père de Salavin ou le « Français ch
5 de propagande officieuse. M. Marcel Hutin n’a qu’ à bien se tenir. La réussite est si complète qu’on se sent pris de mala
6 re de « faire durer le plaisir » jusqu’au bout et à tout prix ? Au niveau de jugement où nous place M. Hermann, tout All
7 ge. Il semble que M. Paul s’adresse exclusivement à ce bourgeois au faciès atroce que M. Abel Faivre nous montre, chaque
8 ction, grassement payée mais qui peut coûter cher à ses producteurs, de la haine qui se bat les flancs. a. Rougemont D
9 ui se bat les flancs. a. Rougemont Denis de, «  À l’index (Première liste) : Candide  », Esprit, Paris, octobre 1932, p
2 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
10 ans l’état où se trouve la France en 1932. Est-ce à dire qu’il faille entreprendre une description méthodique des circons
11 thodique des circonstances de notre vie concrète, à seule fin d’en démontrer l’absurdité latente et souvent manifeste ? C
12 action apparaît particulièrement flagrante. C’est à ce titre et sous cet angle que l’affaire Jacques Martin prend pour no
13 une signification précise, et que nous en parlons à cette place. André Bridoux, dans les remarques à mon sens si importan
14 à cette place. André Bridoux, dans les remarques à mon sens si importantes par lesquelles il inaugurait la rubrique au p
15 ne l’est guère que dans nos cœurs, — et toujours à recommencer. Ce que l’instant commande, dans le monde tel qu’il est,
16 ns le silence d’une vie : la loi de Dieu s’oppose à cette loi des hommes qui veut qu’on tue. Une décision se formule, peu
17 cette salle que le président de la Cour s’obstine à nommer pompeusement « cette enceinte ». Une salle carrée, laide de ce
18 moignent leurs visages anonymes. Ils n’auront pas à s’exprimer, d’ailleurs, sinon par la voix de leur président, et la mi
19 dans cette phalange de rhéteurs qui va de Jaurès à Sangnier ; car c’est, vous m’entendez, « au nom de la cause sacrée de
20 s avoir cité une pensée de Pascal en l’attribuant à Pasteur. On peut n’être pas difficile : on tient tout de même à chois
21 peut n’être pas difficile : on tient tout de même à choisir ses complices. Sans entrer donc dans le vif du débat — à savo
22 omplices. Sans entrer donc dans le vif du débat —  à savoir si Martin, « objecteur de conscience », a donné par son acte l
23 , a donné par son acte la preuve d’une obéissance à Dieu qui devrait être celle de tout croyant ; ou s’il a seulement man
24 ’ensemble de cette oppressante cérémonie fit voir à l’évidence, une fois de plus, que le monde fabriqué pour leur usage p
25 ué pour leur usage par les hommes de ce temps est à tous points de vue le plus irrespirable à l’homme. 2° Les fondements
26 mps est à tous points de vue le plus irrespirable à l’homme. 2° Les fondements idéologiques de ce monde sont morts ou n’e
27 jugée, raillée, emprisonnée — accusée d’attenter à la « cause sacrée de la paix ». Anti-personnalisme de l’éthique bourg
28 ’il refuse de faire la guerre. (Ça n’est pas tout à fait des mêmes braves gens qu’il s’agit dans les deux cas, mais c’est
29 aient volontiers tuer. Jean-Richard Bloch l’a dit à la barre des témoins : Martin fait dans la paix ce que firent à la gu
30 témoins : Martin fait dans la paix ce que firent à la guerre ses aînés : c’est pour la même cause qu’il se sacrifie, ave
31 e l’Écho de Paris. « Nous avons proposé un maître à ce jeune homme, dit le pasteur Cooreman. C’était le Christ. Martin es
32 tion du régime ». Tout aveu de cet ordre concourt à la ruine de ses auteurs. Un régime fort, usant de ses pouvoirs dans u
33 fort, usant de ses pouvoirs dans un style adéquat à ses fins, jugerait de tels cas sommairement sans avocats ni simulacre
34 légitime défense, répétait-il consciencieusement à chaque témoin, qu’en faites-vous ? » Un seul se permit de répondre qu
35 guerres sont défensives. Quelqu’un me demandait, à la sortie : « Avez-vous jamais vu un soldat défensif ? Comment est-ce
36 rrière pour les réformistes ! Mais il faut rendre à Martin cette justice que sa muette intransigeance a bien plus de port
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
37 e sans cesse de l’Éternité, pense continuellement à l’Éternel, — et que la chrétienté ensuite parle de la même façon, mai
38 tienté ensuite parle de la même façon, mais pense à cette vie terrestre. Kierkegaard (Journal). La volonté de rupture e
39 que les chrétiens, fatigués de la lutte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire
40 de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à une paix avantageuse, à une paix dont ils s’imaginent pouvoir tirer b
41 t de réduire l’adversaire à une paix avantageuse, à une paix dont ils s’imaginent pouvoir tirer bénéfice pour la foi, — b
42 ns considèrent cette paix comme un bien supérieur à la lutte, qu’ils l’organisent, la sanctionnent d’une autorité que seu
43 erdent par là même, et dérogent, mais s’obstinent à porter un titre désormais irrecevable. Ce parti peut être aussi nombr
44 — il n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, et qui,
45 uccès relatif. Une église « établie » établissant à son tour un ordre injuste du monde et s’appuyant sur lui, en réalité
46 n d’aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant à désolidariser la « chrétienté » du désordre établi. Et pourquoi ? Par
47 sordre établi. Et pourquoi ? Parce que c’est tout à fait impossible, parce que la « chrétienté » est sécularisée, et qu’o
48 enté » est sécularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle de rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de
49 nisme. ⁂ Le christianisme n’est pas une puissance à notre disposition, puissance que les hommes auraient eu le tort, simp
50 de la refuser. Comment dès lors l’utiliserait-il à son gré ? Car d’une part il ne peut pas la compromettre, et ce qu’il
51 , et constituent dans leur ensemble, du Moyen Âge à l’Amérique moderne, la grande Imposture dont nous avons à dénoncer l’
52 ique moderne, la grande Imposture dont nous avons à dénoncer l’origine permanente et les manifestations actuelles. ⁂ Ne n
53 elles. ⁂ Ne nous excusons pas d’avoir recours ici à des formules théologiques, puisque précisément, à l’origine du désord
54 à des formules théologiques, puisque précisément, à l’origine du désordre, et plus encore dans son établissement, nous tr
55 en plus semblables — oh ! tout extérieurement ! — à celles qu’inventent les hommes sans la foi. C’est la meilleure façon
56 se glorifie » — est une participation instantanée à l’éternel, elle juge et condamne ceux-là d’abord qui s’en réclament.
57 , dans toute politique humaine organisée — fût-ce à la gloire de Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de la
58 et qui dis en toi-même : Qui me précipitera jusqu’ à terre ? — Quand tu placerais ton nid aussi haut que celui de l’aigle.
59 » (Abdias II, 3-4 et 15). Ils ont prétendu rendre à Dieu ce qu’en réalité ils rendaient à César. Entraînée dans cette pol
60 endu rendre à Dieu ce qu’en réalité ils rendaient à César. Entraînée dans cette politique, la théologie se fait servante
61 ner de ce que les sans-Dieu parlent de confisquer à leur profit « la primauté du Christ et celle de l’Europe 3 ». L’on vo
62 r, des évêques asperger des croiseurs, un Te Deum à Londres et un autre à Berlin pour célébrer le même massacre. On voit
63 r des croiseurs, un Te Deum à Londres et un autre à Berlin pour célébrer le même massacre. On voit une nuée de piétistes
64 ée de patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’ à ceci ] : Chose plus atroce encore, [sic] l’idée chrétienne, l’idée re
65 ncours international avait pour but de contribuer à la sauvegarde des hautes valeurs spirituelles et des vérités saintes
66 ’Académie d’entraide sociale enfin ! Contribution à la « sauvegarde » : 50 000 francs. Ah ! qu’un sans-Dieu vienne me dir
67 qu’un sans-Dieu vienne me dire : je ne crois pas à vos paroles, chrétiens menteurs ! — et je lui répondrai : Ta révolte
68 e » qui sert l’injustice établie. Tu ne crois pas à ces paroles et tu fais bien, même si tu en souffres ; mais j’ai encor
69 n, même si tu en souffres ; mais j’ai encore plus à souffrir, car je suis encore plus sceptique que toi… Tu ne crois pas,
70 e plus sceptique que toi… Tu ne crois pas, dis-tu à ces docteurs, mais pourquoi les crois-tu soudain, quand ils se donnen
71 n : l’Esprit n’est plus avec ceux qui ont intérêt à le défendre. L’Esprit n’est plus avec ceux qui ont cru pouvoir l’util
72 défendent6, mais peut-être avec ceux qu’il excite à l’attaque du désordre. « On voit maintenant, dit Kierkegaard7, toute
73 isme quelque chose de si lamentable, qu’il faille à la fin plaider pour le sauver. » Rompre avec le désordre établi, c’es
74 bli ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mais à la défection du christianisme ; à cette défection élevée
75 ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mais à la défection du christianisme ; à cette défection élevée au rang d’In
76 pas à lui, mais à la défection du christianisme ; à cette défection élevée au rang d’Institution ecclésiastique, qui aujo
77 hair et du sang, mais le consentement de l’esprit à ce dérèglement8 ». Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser notre c
78 dérèglement8 ». Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser notre christianisme contre le monde, comme une force positive
79 ps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que
80 son lieu, son mode et son enjeu total : rétablir à chaque instant le christianisme, dans sa nouveauté prophétique, tel e
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
81 utionnaire dans la mesure même où il reste fidèle à lui-même, c’est-à-dire dans la mesure où, constamment, il reproduit l
82 produit la démarche de ses fondateurs : le retour à l’Évangile débarrassé de tous les adoucissements dogmatiques et compr
83 es formes. C’est pourquoi nous voyons aujourd’hui à l’avant-garde du mouvement révolutionnaire, dans tous les pays où le
84 pour le moment le plus frappant, mais tout porte à croire que l’Amérique, demain, l’imitera, et même la France, si les q
85 nombreux sont les groupements politiques, résolus à la rupture, qui se réclament hautement de leur foi. Les éléments extr
86 s » des professions de foi dont personne ne songe à contester l’opportunité. (Cette tolérance peut d’ailleurs paraître su
87 ette tolérance peut d’ailleurs paraître suspecte, à beaucoup de chrétiens.) C’est ainsi que Ferdinand Fried déclarait réc
88 plus riches de possibilité. On a souvent reproché à la « théologie dialectique » de Karl Barth et de ses amis de justifie
89 e justifier une sorte de désintéressement radical à l’endroit des problèmes politiques et sociaux. La parution coup sur c
90 nt tout récent qui s’intitule Economic Justice et à la tête duquel on retrouve Jerome Davis et Francis A. Henson. Le bull
91 rs des noms d’évêques socialistes et d’essayistes à tendances philo-marxistes tels que Reinhold Niebuhr. On y remarque ég
92 que l’on a surnommé le forki japonais mériterait à lui seul toute une chronique de cette revue. Écrivain fécond9, évangé
93 ié son fameux message aux peuples chinois, publié à Tokyo pendant le bombardement de Shanghai, et qui lui valut des menac
94 des écrits de Philip, on ne trouvera guère d’écho à l’effort critique de la « théologie politique » allemande que dans le
95 t un document de premier ordre sur la « rupture » à laquelle nous travaillons tous ici. 9. Son autobiographie a été tra
5 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
96 rade à la fois l’esprit et la matière, et risque, à la limite, de les priver de toute raison d’être efficace, — ainsi et
97 abeur forcé ou inaction. Et tout devient prétexte à récriminations : « je turbine » ou « je ne fous rien ». Phrases d’esc
98 Les nécessités anonymes naissent et grandissent à la mesure exacte de nos démissions personnelles : genèse des mythique
99 ’économie, de l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « travail » n’est plus que souffrance. Il ne s’agit plus d
100 nimum de vie » que n’importe quel animal s’assure à moins de frais. Sinistre farce. Morale officielle de la Troisième Rép
101 us croyons ici que la dignité de l’homme consiste à mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de
102 gnité de l’homme consiste à mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse.
103 nsiste à mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’ à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spir
104 ent donc de la nécessité. Ils n’arriveront jamais à la liberté, au loisir plein. Si la liberté n’est pas à l’origine d’un
105 liberté, au loisir plein. Si la liberté n’est pas à l’origine d’un système, elle ne s’introduira jamais dans ses effets (
106 ème, elle ne s’introduira jamais dans ses effets ( à moins d’une révolution). Mais il y a plus. Tout travail qu’on limite
107 ion). Mais il y a plus. Tout travail qu’on limite à la nécessité d’assurer le minimum de vie se trouve condamné par là m
108 le minimum de vie se trouve condamné par là même à ne jamais suffire à cette nécessité. Car la seule défense efficace, c
109 trouve condamné par là même à ne jamais suffire à cette nécessité. Car la seule défense efficace, c’est l’attaque. Un t
110 s vuide » Il semble que la condamnation portée à l’origine des temps sur le travail-nécessité frappe toutes les règles
111 ie que l’homme essaie de se donner pour justifier à ses propres yeux, voire pour glorifier ce qu’il répugne à considérer
112 opres yeux, voire pour glorifier ce qu’il répugne à considérer comme sa peine. Nous assistons au triple échec du cynisme
113 système économique ou d’une culture, c’est vicier à la base toutes les conceptions du loisir qui découlent de cette erreu
114 .) Qu’une classe possédante en vienne par fatigue à décréter vides les loisirs que ses ancêtres consacraient à la créatio
115 r vides les loisirs que ses ancêtres consacraient à la création de leur puissance, du même coup elle décrète « forcé » le
116 on La tâche restauratrice de l’esprit, dévolue à notre génération, apparaît maintenant évidente : remontant à la racin
117 ération, apparaît maintenant évidente : remontant à la racine du mal, nous réduirons d’abord l’erreur cartésianiste11, la
118 « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en hommes responsables, à penser dans le risque total de l’êtr
119 us réapprendrons à penser en hommes responsables, à penser dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons
120 eintre. Et pendant vingt ans, l’empereur subvient à l’existence du peintre. Cependant l’artiste se promène. Sur les plage
121 e la fameuse législation du travail (c’est-à-dire à partir du travail), sinon toutefois l’organisation des loisirs, qui l
122 d’une civilisation américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de satisfaire les exigences artificielles. 11. Et no
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
123 Préface à une littérature (octobre 1934)g D’un présent confus et mauvais, qu
124 par contraste un avenir qui devra son éclat moins à lui-même qu’à nos ombres, et moins à sa jeunesse incomparable qu’au s
125 un avenir qui devra son éclat moins à lui-même qu’ à nos ombres, et moins à sa jeunesse incomparable qu’au souvenir récent
126 éclat moins à lui-même qu’à nos ombres, et moins à sa jeunesse incomparable qu’au souvenir récent de nos décrépitudes. S
127 ouvenir récent de nos décrépitudes. Si la préface à l’avenir n’était qu’anathème au présent, où serait notre création ? E
128 Il faudra se tourner ailleurs. Il faudra remonter à ce qui juge nos faiblesses, non point pour les confondre éloquemment
129 aible. Et c’est pourquoi nous avons tant de peine à définir et nommer clairement les maux dont nous souffrons, et le bien
130 , en nous, obscurément blessées. Notre conscience à moitié endormie ne se réveille plus que sous les coups. Il nous faut
131 rdre. Mais cet examen misérable ne mènera-t-il qu’ à des révoltes trop prévues ? Peut-on sortir de ce cercle vicieux à for
132 ations mener cette course épuisante, et s’abattre à la fin dans les colonnes des magazines de gauche, pâture des bourgeoi
133 bassesse de la « littérature » moderne se résume, à mon sens, en une phrase un peu grossière : c’est une littérature qui
134 e parler pour ne rien dire. Elle n’est occupée qu’ à « bien » dire, — et c’est pourquoi elle parle mal. Or ceux qui l’ont
135 de mieux. Ils ont eu parfois de beaux cris, mais à qui les adressaient-ils ? À la galerie plus qu’à eux-mêmes, je le cra
136 s de beaux cris, mais à qui les adressaient-ils ? À la galerie plus qu’à eux-mêmes, je le crains. Ils criaient, mais rest
137 à qui les adressaient-ils ? À la galerie plus qu’ à eux-mêmes, je le crains. Ils criaient, mais restaient dans la salle,
138 ls n’étaient que le non d’un non. Dirons-nous non à notre tour ? Que ce soit le non décisif de ceux qui savent ce qu’ils
139 pathos, car l’affirmation seule est grave. C’est à l’homme qu’il faut dire oui, à l’homme total, à l’homme renouvelé. No
140 e est grave. C’est à l’homme qu’il faut dire oui, à l’homme total, à l’homme renouvelé. Nous ne clamons pas la fin de la
141 t à l’homme qu’il faut dire oui, à l’homme total, à l’homme renouvelé. Nous ne clamons pas la fin de la littérature des a
142 a littérature des autres au nom d’une littérature à nous. Nous constatons la fin d’un art au nom de ce qui juge l’art, — 
143 e sentirait prisonnier. Il en viendrait peut-être à des actes irréparables. Mais il y a les immoralistes : ils expriment
144 n vole. Il reste quelques écrivains qui échappent à toutes les « espèces » parce qu’ils en créeront de nouvelles. Quelque
145 oralistes bourgeois — mais personne ne croit plus à la morale bourgeoise — d’autre part les immoralistes, mais ils ne von
146 Ils influencent au hasard, entraînent les jeunes à hue et à dia, lancent des modes, les renient, se persuadent de l’impo
147 uencent au hasard, entraînent les jeunes à hue et à dia, lancent des modes, les renient, se persuadent de l’importance de
148 ratuité de leurs drames. Personne ne croyant plus à rien — j’entends personne ne prouvant plus qu’il croit à l’essentiel
149 — j’entends personne ne prouvant plus qu’il croit à l’essentiel de ce qu’il dit —, la critique littéraire de cette littér
150 l de l’ancienne bourgeoisie a perdu tout prestige à nos yeux. Et les critères « nouveaux » de l’immoralisme bourgeois tra
151 itère indépendant de la littérature est condamnée à ne plus critiquer que les moyens de cette littérature. Elle les juge
152 ature. Elle les juge pour eux-mêmes, sans rapport à leurs fins. Elle dit : c’est bien écrit, mal composé, intéressant ; e
153 uences, elle prévoit des succès ; elle s’applique à parler du livre dont on parle plutôt que de celui dont il faudrait pa
154 s salons, des cafés, des antichambres d’éditeurs. À sa façon, non moins que les littérateurs dont j’ai parlé, elle tend à
155 s que les littérateurs dont j’ai parlé, elle tend à dévaloriser, à disqualifier humainement les créations intellectuelles
156 rateurs dont j’ai parlé, elle tend à dévaloriser, à disqualifier humainement les créations intellectuelles. Si l’on voula
157 liée, en fait et par ses conséquences pratiques, à l’établissement des bourgeois. Mais cette critique « de classe » rest
158 e » reste encore négative. Elle se condamne aussi à rendre compte des seules œuvres mineures, toute création réelle étant
159 reste sans prise sur les masses, qu’il abandonne à d’autres influences. Nous voici parvenus au grand tournant. Les œuvre
160 Nous avons vu déjà que le roman bourgeois servait à toutes fins capitalistes. Nous risquons de voir, avant peu, cette mêm
161 littérature travaille contre l’esprit. Préface à l’imprévisible Une littérature n’est valable — et son influence ef
162 fluence efficace — que si elle ordonne ses œuvres à une commune mesure humaine. Mais notre siècle est justement le siècle
163 achevé de disqualifier l’esprit pur, il ne reste à nos « hommes d’action » d’autres normes et d’autre mesure que l’argen
164 , c’est avouer qu’il n’y a plus de mesure commune à la pensée et à l’action, — hors la monnaie. Un monde sans mesure, com
165 qu’il n’y a plus de mesure commune à la pensée et à l’action, — hors la monnaie. Un monde sans mesure, comme le nôtre, es
166 rité. La seule mesure extérieure qui subsiste est à nos yeux la plus dégradante qui soit. Il faut donc renoncer à cherche
167 a plus dégradante qui soit. Il faut donc renoncer à chercher dans les choses, dans les partis, dans l’État ou dans la nat
168 au — je n’y crois pas — je dis : de l’homme rendu à la conscience de sa liberté. Toute création suppose une liberté, ou p
169 erté devient synonyme d’obéissance inconditionnée à mon unique raison d’être14. Nous sommes ici très loin de la notion bo
170 crivain sera créateur dans la mesure où il obéira à sa seule vocation personnelle : mais dans cette mesure-là, il assumer
171 nraciné dans la commune condition humaine. Rendez à l’écrivain la responsabilité de ses écrits, vous le rendrez aussi à l
172 sponsabilité de ses écrits, vous le rendrez aussi à la communauté, vous recréerez le lien vivant de l’auteur avec son pub
173 vu dans l’élan peut-être chancelant qui le jette à sa vocation. Situation initiale de l’humain ! Initiation au réalisme
174 l, qui est celui du combat personnel ; initiation à la vision constituante de notre vie, celle qui unit dans un même rega
175 agine d’abord ce réalisme comme une énorme satire à la Swift, quand je vois le comique jaillir à la moindre comparaison d
176 tire à la Swift, quand je vois le comique jaillir à la moindre comparaison de nos coutumes et de nos idéaux. Il nous faut
177 e, vice qui le lie au monde ancien et le condamne à passer avec lui : il décrit l’anarchie intime de l’homme moderne avec
178 s et nos malheurs avec une croissante application à la stupidité, j’entends à l’absence de jugement. S’il est un genre qu
179 croissante application à la stupidité, j’entends à l’absence de jugement. S’il est un genre que nos critiques sont unani
180 S’il est un genre que nos critiques sont unanimes à condamner sans nul recours, c’est celui du roman à thèse. Méfiance si
181 condamner sans nul recours, c’est celui du roman à thèse. Méfiance significative ! Les thèses de Bourget ne valaient pas
182 get ne valaient pas grand-chose : pauvre prétexte à n’en point chercher de meilleures. Ce n’est pas l’échec de Bourget qu
183 e n’est pas l’échec de Bourget qui peut expliquer à lui seul un refus aussi opportun de la part de nos romanciers. La vér
184 is pensé qu’une œuvre d’art perdrait de sa valeur à illustrer des « thèses », à développer des lieux communs puissants. N
185 perdrait de sa valeur à illustrer des « thèses », à développer des lieux communs puissants. Nous voyons la Russie contemp
186 tire bénéfice, avant nous, d’une faim trop facile à tromper. Il est bon, il est nécessaire que la littérature enseigne le
187 ique — ni trop bas — erreur soviétique. Mais bien à hauteur d’homme, et c’est la vérité personnaliste. Enseigner, c’est r
188 pour un écrivain, ordonner les moyens de son art à ces fins. Il y faut bien autant de talent qu’en exige notre littératu
189 staurer le prestige de la culture, cela ne va pas à la spéculation gratuite, dans un monde personnaliste. Les « idées pur
190 es ; les idées vivantes sont des actes. Apprenons à penser en actes, c’est-à-dire à penser avec les mains, ou encore à ne
191 actes. Apprenons à penser en actes, c’est-à-dire à penser avec les mains, ou encore à ne rien penser qui n’engage en pui
192 , c’est-à-dire à penser avec les mains, ou encore à ne rien penser qui n’engage en puissance notre être tout entier, corp
193 entier, corps et âme sans distinction. Apprenons à penser comme des hommes responsables, non plus comme des amuseurs de
194 les lettres si tous les essayistes étaient tenus à rendre un compte public des fins extrêmes qu’ils escomptent pour leur
195 s signe dans une société décadente. Il est poussé à la manie par les suiveurs des maîtres d’après-guerre. Les mauvais écr
196 seul souci est d’être, le plus fidèlement. C’est à partir d’elle seule qu’un art original se développera naturellement e
197 elle. Mais toute révolution est d’abord un rappel à certaines vertus négligées. Une nouvelle insistance sur la définition
198 rahit ses buts humains finaux, aboutit fatalement à l’étatisme renforcé. 14. Pour le chrétien, cette raison d’être singu
199 vers lui-même. g. Rougemont Denis de, « Préface à une littérature », Esprit, Paris, octobre 1934, p. 24-33.
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
200 ses de démoralisation : 1° parce qu’ils satisfont à peu de frais les bourgeois paresseux, vaguement inquiets de se tenir
201 2° parce qu’ils incitent les écrivains de métier à écrire des stupidités, des pornographies pauvrettes, des « variétés »
202 sez mal — Giono s’en mêle trop — et qui a cherché à s’en tirer par ses moyens. Je cite : J’essayai de me sauver par l’es
203 amais aux désespérés ? Tous vos livres disent non à la vie. C’est facile d’être négatif. Et je n’avais pas besoin qu’on m
204 la bonté — ou la générosité de soi — de dire oui à la vie. C’est très difficile… J’interromps la citation : dire oui à
205 s difficile… J’interromps la citation : dire oui à la vie, c’est surtout une formule nietzschéenne, et qui signifie chez
206 le contraire de ce que cette femme veut expliquer à Giono. Mais voilà un trait juste, de la part du romancier, — s’il est
207 jamais que le plus bas ? Ne penserez-vous jamais à ceux qui ont besoin de comprendre le monde ? — J’ai une grande dette
208 monde ? — J’ai une grande dette de reconnaissance à payer à M. Johan Bojer, et s’il était là, je lui ferais ma belle révé
209 — J’ai une grande dette de reconnaissance à payer à M. Johan Bojer, et s’il était là, je lui ferais ma belle révérence pa
210 e de sa beauté (et parce qu’il faut faire un sort à ces choses-là quand on en trouve), mais aussi par manière de conclusi
211 en trouve), mais aussi par manière de conclusion à cette Préface à une littérature, qu’on a pu lire ici le mois dernier
212 aussi par manière de conclusion à cette Préface à une littérature, qu’on a pu lire ici le mois dernier. Ah ! nous somm
213 quel trou va la cheville, voilà vos livres. Voilà à quoi vous perdez votre temps, vous autres. Ah ! vous n’êtes pas aimés
214 — Fais voir tes yeux ! Ils se sont baissés jusqu’ à moi. Ils se sont assis à côté de moi. Ils m’ont dit : — Fais voir où
215 sse-toi, viens, nous partons dans le vaste monde. À ceux-là, je dois la nourriture de ma maison, comme à des dieux. « Ai
216 eux-là, je dois la nourriture de ma maison, comme à des dieux. « Aidez-moi ! », dit cette femme. Mais la plupart des aut
217 de cela en moi dont je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’autre jour, pressé de rentrer et ne dis
218 ommerçant de Lyon, la cinquantaine, assez bavard. À certaines allusions, je devine qu’il est « seul dans la vie ». Pourta
219 tout15 !… » Les éditeurs s’efforcent de répondre à la demande du public. Il faut des livres faciles, des livres gais, et
220 r, et ce qu’on se montre si pressé de leur donner à bon marché. Ils s’expriment mal, ils trahissent leur pensée, leurs dé
221 de même ne disait pas lui aussi « aidez-moi ! », à sa façon vulgaire, avec son rire insupportable, et fallait-il être bi
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
222 ). Cet exposé traduit au contraire un effort tout à fait « personnel » pour exprimer une conscience philosophique que l’a
223 ent du tout plus concrets que l’acte qui consiste à les toucher et à les voir. Car un objet que personne n’a vu ni touché
224 concrets que l’acte qui consiste à les toucher et à les voir. Car un objet que personne n’a vu ni touché appartient à la
225 un objet que personne n’a vu ni touché appartient à la connaissance qu’on nomme abstraite, qui est la connaissance des ch
226 ntes. Mais c’est une autre erreur que d’attribuer à la vision, ou au toucher, ou à la connaissance, une réalité suffisant
227 ur que d’attribuer à la vision, ou au toucher, ou à la connaissance, une réalité suffisante et détachée de toute action p
228 vertu de concrétiser le concret, et de manifester à l’évidence son mystère. Or l’événement ne naît jamais, comme feignent
229 éfinitions. Les philosophes se résignent très mal à cette limitation de leur pouvoir : il nous faut pourtant bien admettr
230 il les révèle bien distincts, et agissant chacun à leur manière ; car autrement, où serait l’événement ? La manière d’ê
231 t, séparé du sujet, n’a rien en lui qui le pousse à chercher ce dont il manque, et n’a pas d’existence. Il ne devient obj
232 , l’homme détient le pouvoir de provoquer l’objet à l’existence. Il peut le faire de deux façons, l’une virtuelle ou dist
233 elle ou distante, l’autre actuelle. S’il se borne à imaginer l’objet hors de sa prise, comme absent, il ne fait à vrai di
234 t le moment de la présence de l’homme au monde et à soi-même conjointement. Et c’est ainsi que le concret naît d’une déci
235 ’angoisse est le signe de son absence au monde et à soi-même. Dire que l’homme est, concrètement, c’est dire qu’il souffr
236 . Car l’essence de l’homme, en tant qu’homme, est à jamais incalculable, si l’homme est un événement, une rupture et une
237 questions, un « prochain » et non pas un problème à résoudre à distance ; en un mot, si l’homme est un acte. 4. L’acte
238 un « prochain » et non pas un problème à résoudre à distance ; en un mot, si l’homme est un acte. 4. L’acte est insais
239 de ses déterminations suffisantes. Ce qui revient à reconnaître que la psychologie passe à côté de la fin qu’elle s’assig
240 ence que du régulier, c’est-à-dire de l’inhumain ( à la limite), et c’est encore à dire qu’une « science de l’homme » qui
241 dire de l’inhumain (à la limite), et c’est encore à dire qu’une « science de l’homme » qui se veut purement descriptive e
242 e cette dégradation, dont nul ne songe d’ailleurs à contester le fait, démontré par l’existence même des psychologues. L’
243 actement l’ampleur de notre défection au monde et à nous-mêmes. Dans l’homme entièrement humain, il n’y aurait pas place
244 pas place pour la psychologie, car elle est liée à l’angoisse, c’est-à-dire à l’absence et au recul devant l’acte. Dans
245 gie, car elle est liée à l’angoisse, c’est-à-dire à l’absence et au recul devant l’acte. Dans l’homme entièrement humain,
246 s qu’il paraisse, aussitôt les objets s’ordonnent à sa décision, et deviennent saisissables pour l’entendement. 5. L’a
247 le de l’homme. C’est lui qui rend l’homme visible à l’homme, et nous sculpte un visage lisible. Sur la scène du monde, où
248 à seuls sont présents, parce qu’ils représentent. À la faveur de cette image, autorisée par l’étymologie du mot personne,
249 onne, nous pouvons voir d’abord que de l’individu à la personne, la différence est celle du figurant anonyme à l’acteur,
250 onne, la différence est celle du figurant anonyme à l’acteur, de celui qui fait nombre à celui qui fait loi, de celui qui
251 rant anonyme à l’acteur, de celui qui fait nombre à celui qui fait loi, de celui qui regarde à celui qui s’engage. Nous p
252 nombre à celui qui fait loi, de celui qui regarde à celui qui s’engage. Nous pouvons voir ensuite un premier caractère de
253 t lié aux conditions de son apparition, j’entends à la présence et à l’engagement : la personne n’est jamais seule, elle
254 ons de son apparition, j’entends à la présence et à l’engagement : la personne n’est jamais seule, elle est essentielleme
255 ulement refuser de jouer. Mais cela dit, il reste à savoir pourquoi tel figurant jeté dans une intrigue insaisissable dev
256 jeté dans une intrigue insaisissable devient tout à coup un acteur, et se met à se comporter tout comme s’il connaissait
257 sissable devient tout à coup un acteur, et se met à se comporter tout comme s’il connaissait le fil du drame. D’où lui vi
258 connaissait le fil du drame. D’où lui vient tout à coup l’assurance que ce qu’il fait est dans son rôle ? Pour quelle ra
259 sonne. Ma personne, c’est ma présence au monde et à moi-même conjointement ; aux vrais objets, aux vrais humains, et à ma
260 ntement ; aux vrais objets, aux vrais humains, et à ma vraie responsabilité. C’est à bon droit, nous l’avons vu, que nous
261 u plus exactement une réalité d’existence commune à des concepts très diversement définis par les philosophes de l’école 
262 e : présence, événement, concret, acte, personne. À tel point que la vraie définition d’un de ces termes n’est pas ailleu
263 ailleurs que dans son assimilation existentielle à tous les autres. Mais ces concepts, un à un, ne peuvent être saisis d
264 entielle à tous les autres. Mais ces concepts, un à un, ne peuvent être saisis dans le temps ni dans l’espace conçus par
265 ation qui naît de l’acte, c’est le rythme imprimé à l’action générale par cette apparition qui s’y insère. C’est une nouv
266 oint dans l’intemporel, parce que l’éternel vient à nous, dans notre temps, où nous sommes, tout entier. L’éternité pour
267 temps que par l’individu en acte, et qui devient à cet instant une personne. L’homme n’est un vrai sujet que parce qu’il
268 jet que parce qu’il est personnellement assujetti à l’impulsion indescriptible que nous appelons l’éternel. La personne
269 x de la vie de mon individu. 7. Incarnation À la série d’« implications inexplicables » que nous venons de parcouri
270 la personne est proprement la sujétion de l’homme à l’éternel et de l’objet à l’homme, on peut dire que la personne est l
271 la sujétion de l’homme à l’éternel et de l’objet à l’homme, on peut dire que la personne est l’impensable incarnation de
272 onne parfaite se réduirait purement et simplement à son histoire, à l’énoncé des témoignages visibles qu’elle produit. Da
273 réduirait purement et simplement à son histoire, à l’énoncé des témoignages visibles qu’elle produit. Dans ce sens, elle
274 in de nous munir contre eux, notre raison cherche à trouver leurs lois. Elle les trouve, mais ce sont alors les lois même
275 il est vu précisément comme n’étant pas assujetti à notre action. C’est pourquoi la plupart de nos gestes, loin d’être or
276 initié par d’autres, d’un procès anonyme étranger à notre être, et que nous baptisons fatalité, parce que nous sommes ses
277 que la raison des peuples et des clercs s’accorde à révoquer en doute ? L’imagination de la personne à l’état pur restera
278 révoquer en doute ? L’imagination de la personne à l’état pur resterait à nos yeux une espèce d’utopie ontologique, si l
279 imagination de la personne à l’état pur resterait à nos yeux une espèce d’utopie ontologique, si la Révélation n’en attes
280 ns l’histoire, le fait extrême, le concretissimum à partir duquel nous puissions penser activement la personne, c’est-à-d
281 ire, ce qui le rend concret, c’est-à-dire présent à lui-même et aux autres dans un même élan. Tout acte personnel est par
282 même élan. Tout acte personnel est participation à l’actualité éternelle du Christ. 8. Communauté Tout ainsi que d
283 omme substance et fondement de tout », nous avons à connaître cette vérité de la personne : qu’elle est toute dans sa com
284 pour fixer davantage les idées, de l’opposer ici à la notion de l’individu. L’individu est le terme dernier de la divisi
285 me premier, dont dépend toute réalité collective. À l’utopie sociologique qui prophétise la dissolution du corps social e
286 mesure de tout la présence effective de l’homme. À l’évolutionnisme objectif elle oppose son exigence proximiste. Dans l
287 iage, la famille, le métier et l’éducation. C’est à la sauvegarde de ces réalités prochaines que doivent s’ordonner les r
288 ions plus générales. Cette thèse simple constitue à mes yeux la règle d’or de toute doctrine sociale et politique. Est-ce
289 or de toute doctrine sociale et politique. Est-ce à dire que le bien de tous doive être mis au service du bien de chacun 
290 on (démocratie libérale). Le droit de la personne à primer sur l’ensemble demeure indéfendable s’il n’est pas imposé par
291 n’est que l’expression, de plus en plus abstraite à mesure qu’on s’élève à des nombres plus grands, du pouvoir prochain d
292 de plus en plus abstraite à mesure qu’on s’élève à des nombres plus grands, du pouvoir prochain de la personne ; il n’es
293 ’on croit pouvoir séparer l’âme du corps — quitte à ne plus savoir comment les réunir — ce que ne font ni la vie ni la mo
294 ette illusion provient d’une pensée qui se refuse à nos limites, faute parfois de les avoir assez sérieusement éprouvées,
295 une tentative impie pour substituer la conscience à la vocation personnelle, c’est-à-dire pour substituer, dans l’échelle
296 échelle de nos valeurs, notre capacité de liberté à l’exercice concret de cette liberté. C’est une usurpation de l’éterne
297 u’envisager les modes de notre esclavage. — Jusqu’ à cet acte, que soudain j’ai fait ! Car je l’ai fait, et je ne sais rie
298 e seuil. L’esprit est acte, l’acte est obéissance à la motion de l’éternel. J’ai peut-être entendu quelque parole, on n’a
299 une plénitude de la joie, ni jamais rien qui fût à moi tel que j’étais, ni rien que j’aie, mais cet abandon un instant,
300 yable distraction du monstre moi, qui suffit bien à l’éternelle vigilance pour me pousser un peu plus loin que tout calcu
301 Déjà tout recommence. Car la durée n’ajoute rien à l’éternel. Ce pas petit et triomphal à peine fait, je le reperds si j
302 lonté de mon Père » — c’est-à-dire celui — opposé à l’impersonnel ceux — qui agit sa vocation. 17. Ceci ne doit pas être
9 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
303 rique dont Breton sera, je crois, le tout premier à reconnaître qu’il sue le plus insupportable ennui. Ouvrez une revue d
304 orien de la littérature. Nous n’avons pas le cœur à ces injures. Le surréalisme garde une valeur de fait témoin, d’ordre
305 de une valeur de fait témoin, d’ordre spirituel ; à ce titre, il marque une époque, bien plus qu’une littérature. Ces que
306 courage que donne seule la foi — ils se sont mis à déclamer un désespoir décoratif, un désespoir postiche et stylisé, à
307 poir décoratif, un désespoir postiche et stylisé, à l’abri duquel on pouvait faire encore de la littérature, certes, mais
308 upule de ce qu’il se doit ! Et qu’il est attentif à sa propre démarche ! « Il me paraît absolument nécessaire de le dire…
309 e le dire… Pour ma part, je me refuse… Je demande à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… » Je prends ces trois début
310 rd (p. 73). On trouverait sans doute mieux encore à citer, en cherchant un peu. C’est très bien de ne pas faire le modest
311 de grands airs, si l’on a quelque chose de grand à dire, qu’on ne peut pas dire autrement. Que dit-il donc, cet homme qu
312 ’on attaque, lorsqu’on crée, je serais le dernier à m’en plaindre. Mais il s’agit ici, tout simplement, de s’évader d’une
313 nt les communistes conviendrait mieux, peut-être, à ces recherches plutôt hésitantes. Tant que Breton invente son sujet,
314 nsée ? Ils ont essayé du marxisme ; ils retombent à l’idéalisme. La voie est sans issue, plus que jamais. Mais alors, von
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
315 s se sont unis dans une passion grave, exigeante, à l’écart d’une société hostile, dans une ascèse morale soutenue. L’aîn
316 femme qu’il aime et qu’il entreprend de conduire à la maîtrise de soi-même, il nous en donne un portrait minutieux, tend
317 Une analyse racinienne des sentiments s’unit ici à la rigueur d’un idéal orgueilleux, ombrageux. Tout cela se perd d’ail
318 clusion. Peut-être n’est-ce ici qu’un cri d’appel à rien : les modernes ont inventé cela. On peut toutefois ne pas les cr
319 eil tragique ne perdra rien de sa grandeur lucide à gagner un sens religieux. Ce livre enfin vaut par un style inoubliabl
320 Fermeté de la main, regard sévère qui ne consent à la tendresse qu’après avoir épuisé ses rigueurs : il faut concéder à
321 près avoir épuisé ses rigueurs : il faut concéder à Rouveyre ces qualités dont il fait tant de cas. Une lucidité virile f
322 el livre, lente et souvent reprise, donne du cœur à l’intelligence. Et l’austérité tendre de son « inquisition » rend un
323 térité tendre de son « inquisition » rend un sens à l’amour humain, disqualifié dans la littérature d’aujourd’hui par tro
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Maurice Meunier, Idoles (février 1935)
324 on apprend comment un nommé Jean aima, de loin et à 15 ans, des petites filles ; d’un peu plus près et à vingt ans, une é
325 5 ans, des petites filles ; d’un peu plus près et à vingt ans, une étudiante ; et pour de bon, deux ans plus tard, une fe
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Albert Soulillou, Nitro (février 1935)
326 ue, semble-t-il, que celui du jeune homme de tout à l’heure. Mais ici c’est un ouvrier qui parle. D’avoir travaillé chez
327 ément plus de valeur que d’avoir traîné son vague à l’âme par les rues d’une ville de province ; mais cela donne au moins
328 e les poncifs populistes. Ce qui manque peut-être à M. Soulillou, c’est la patience de laisser mûrir ses livres ; d’atten
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
329 de Français dont il est, sauf erreur, le premier à parler : une élite, une espèce d’aristocratie paysanne. Vivant près d
330 » définie par les sociologues. Son roman tendrait à prouver au contraire l’inexistence des classes dans la réalité campag
331 parlant d’étude, je fais tort au ton de ce livre, à son charme sentimental, à son humour particulier, à ses jeunes filles
332 ort au ton de ce livre, à son charme sentimental, à son humour particulier, à ses jeunes filles surtout qui suffiraient à
333 son charme sentimental, à son humour particulier, à ses jeunes filles surtout qui suffiraient à déconcerter toute « étude
334 lier, à ses jeunes filles surtout qui suffiraient à déconcerter toute « étude ». Par exemple, un chapitre comme la Promen
335 s ruses. On sent que Breuil est mêlé de très près à l’existence de ses personnages : et le « nous » qui apparaît parfois
336 romanciers de la nouvelle génération : cet appel à la vie communautaire, ce réalisme plein, ce sens du concret spirituel
337 a vraiment du nouveau dans cette œuvre, et c’est à nous plus qu’à quiconque qu’il appartient de le reconnaître. Un tel l
338 nouveau dans cette œuvre, et c’est à nous plus qu’ à quiconque qu’il appartient de le reconnaître. Un tel livre n’est pas
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
339 cription étonnante de l’Amérique qu’il nous reste à découvrir : celle du Sud. Enfin, c’est un livre qui mériterait, mieux
340 rs de la dernière guerre que le chômage contraint à s’engager comme instructeurs de l’armée bolivienne. (On sait que ce f
341 que ce fut le sort de Röhm, entre autres.) Mêlés à des révolutions, disloqués, emprisonnés, blessés, malades, ces hommes
342 ser leurs énergies, est incapable de les protéger à l’étranger, parce qu’elle a perdu son prestige, sa puissance militair
343 a haute statue de Pillau, le ministre d’Allemagne à La Paz — celui qui n’a pas pu sauver ses camarades — se dresse devant
344 de l’Allemagne actuelle, que son destin la force à n’envisager plus le sort de l’homme que sous l’aspect de la nation ?
345 s extrêmes (tortures en prison, folie des combats à la mitrailleuse presque à bout portant, etc.), où l’homme avoue ses d
346 Destin allemand l’un des secrets de notre destin à tous ? L’ostracisme de nos critiques est d’ailleurs d’autant plus abs
15 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
347 der ». M’autorisant de cette remarque, je me mets à critiquer les formes du langage de Tzara. Je constate un certain nomb
348 , dont la page 39 donne un bon exemple, trop long à citer, la phrase ayant 18 lignes (il y en a de beaucoup plus longues)
349 se réduiraient peut-être, logiquement et en fait, à un seul mot. Je force le raisonnement à l’absurde pour faire apparaît
350 en fait, à un seul mot. Je force le raisonnement à l’absurde pour faire apparaître le caractère proprement fantasmagoriq
351 nformée par la raison de l’homme. Mais j’en viens à l’explication psychanalytique que Tzara donne du monde actuel. Monde
352 e supérieure ». Selon Tzara, ceci doit nous mener à une société collectiviste, marxiste. Je ne comprends pas cette déduct
353 Mais ce n’est pas là, n’est-ce pas, ce qu’on veut à Commune, revue officielle du PC. Il veut que le langage s’assouplisse
354 ara une prise de conscience toute nouvelle, et qu’ à cette réflexion, plus réellement dramatique, l’on puisse attribuer le
355 Quoique toute douleur morale puisse être ramenée à un système de coordonnées sociales, on a trop oublié dans les remous
356 la société actuelle, tout en préparant la culture à venir sur le solide terrain de l’économie psychique, l’on s’attaque à
357 e terrain de l’économie psychique, l’on s’attaque à un système général de choses en ignorant cette misère morale qui, tro
358 e : « Il y aura lieu de ramener l’action du poète à un phénomène de mimétisme par son assimilation à un objet extérieur »
359 à un phénomène de mimétisme par son assimilation à un objet extérieur » (p. 283). Autrement dit, le sujet se désiste de
16 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
360 la catastrophe que certains plumitifs se plaisent à entretenir au sein du fameux « désarroi » de l’après-guerre, le grand
361 remède. Pourquoi résister au plaisir de proposer à mes lecteurs la méditation de ce texte à maints égards révélateur ?  
362 proposer à mes lecteurs la méditation de ce texte à maints égards révélateur ?   « L’Esprit n’a pas son palais. L’Exposi
363 stre, président de la commission de renseignement à l’Exposition de 1937   L’Exposition de 1937 en est au stade des réali
364 nce… C’est dire que l’esprit créateur y doit être à l’honneur. Voilà pourquoi la Commission de coopération intellectuelle
365 s palais prévus pour 1937, il y en ait un destiné à la Pensée. Qu’on nous entende bien. La pensée ne sera absente nulle p
366 vaux. En liaison étroite avec l’enseignement qui, à tous ses degrés, forme les esprits aux méthodes de la recherche et de
367 ulture. Peut-on imaginer un spectacle plus propre à éveiller l’imagination, à attirer la curiosité, à susciter l’élan des
368 n spectacle plus propre à éveiller l’imagination, à attirer la curiosité, à susciter l’élan des intelligences, à attacher
369 à éveiller l’imagination, à attirer la curiosité, à susciter l’élan des intelligences, à attacher les foules ? […] Ce Pal
370 a curiosité, à susciter l’élan des intelligences, à attacher les foules ? […] Ce Palais doit être construit en dur. Il do
371 lais doit être construit en dur. Il doit survivre à l’Exposition. Pourvu, à côté des pavillons où se présenteront les gra
372 en dur. Il doit survivre à l’Exposition. Pourvu, à côté des pavillons où se présenteront les grandes découvertes, de sal
373 eurs de tous les pays, qui viendront se retremper à Paris, d’amphithéâtres pour les conférences et pour les congrès, il s
374 êt à accueillir les savants et leurs découvertes, à ajouter des maillons à la chaîne sans fin. Nous le léguerons à l’aven
375 ants et leurs découvertes, à ajouter des maillons à la chaîne sans fin. Nous le léguerons à l’avenir comme le témoin et l
376 maillons à la chaîne sans fin. Nous le léguerons à l’avenir comme le témoin et le symbole de notre génération. I. Rés
377 mplacement et de la dotation d’un palais consacré à l’esprit, c’est poser en réalité, sous une forme à peine allégorique,
378 cun comme évident ni comme allant de soi, mais qu’ à la faveur d’un désordre dont on découvre alors la profondeur, il devi
379 dont on découvre alors la profondeur, il devient à son tour un problème, il se trouve mis en question. Il faut voir, en
380 t voir, en effet, que la situation qui donne lieu à la proposition qu’on vient de lire ne saurait être celle d’une sociét
381 Doit-il avoir un lieu particulier ? De la réponse à ces questions dépendront l’existence et l’emplacement du Palais de l’
382 qu’elle est partout chez elle et partout reconnue à des signes certains — et qui donc aurait même l’idée d’un pavillon de
383 liser » un vieux rêve positiviste et donner corps à l’utopie d’un sanctuaire de la Pensée laïque ? Il faudra le construir
384 ageure. II. Pour un musée des lieux communs À quelques semaines de là, un article de M. Duhamel24 vint apporter tou
385 l est juste, il est nécessaire de mettre l’esprit à sa place — s’écriait le fameux romancier —, à sa place qui est la pre
386 rit à sa place — s’écriait le fameux romancier —, à sa place qui est la première, et de l’y mettre en pleine clarté. Cela
387 rise [c’était là que j’avais buté] : l’esprit est à l’origine de tout ; l’exposition elle-même sera, dans toute son ample
388 nt, c’est l’esprit qu’il faut honorer, c’est bien à lui qu’il faut élever un sanctuaire et non à telle ou telle de ses ex
389 bien à lui qu’il faut élever un sanctuaire et non à telle ou telle de ses extrêmes applications. L’accord parfait des « 
390 ution pour le moins maladroite. Il fallait éviter à tout prix de prononcer le mot que nous étions en train de chercher po
391 e, c’est qu’ils croyaient bien faire. Et personne à ma connaissance n’a mis en question leur sérieux, ce qui précisément
392 — ou flatté — et poli qu’on a coutume de réserver à ces délirants pataquès, voilà le signe, plus certain que le « bolchév
393 un mépris de la culture et de l’esprit qui marque à son insu l’élite bourgeoise, et confirme sa décadence. Ils me diraien
394 d’un député et d’un littérateur qui se consacrent à la défense du spirituel ? La grâce moscovite vous aurait-elle saisi ?
395 lique a su répandre une doctrine de l’esprit tout à fait propre à aveugler les masses, qui ne savent plus reconnaître ni
396 andre une doctrine de l’esprit tout à fait propre à aveugler les masses, qui ne savent plus reconnaître ni la nature ni l
397 zon populaire26. Le succès d’une caricature tient à ce qu’elle est une simplification. Celle qu’on nous présente de l’esp
398 essus de nos vies, abandonnées, il faut l’avouer, à des soucis d’un tout autre ordre27. L’esprit paraît d’autant plus spi
399 une commission d’État pour une exposition promise à la publicité universelle, trouve naturel de proposer que « l’esprit »
400 soi. Un écrivain fameux, gloire du roman français à l’étranger, vient confirmer de son côté que ce Palais de l’esprit pur
401 le du grand public n’opposent la moindre réaction à l’aveu d’un complot si burlesque. Si j’ai quelque peu insisté sur l’a
402 e fait qu’on l’ait négligé, me paraissent propres à fixer l’attention de quelques-uns sur une erreur très générale. Erreu
403 sur une erreur très générale. Erreur métaphysique à l’origine : mais comme telle insensible au commun28, ou bien tenue à
404 comme telle insensible au commun28, ou bien tenue à tort pour « théorique ». J’ai cru bon d’aller la saisir dans ses abou
405 bienveillante de la chronologie. L’hommage rendu à l’auteur de ce petit livre qui, condensant la sagesse des vieux artis
406 scientifique et de la raison universelle, donnera à notre Exposition son sens et sa portée. Je répugne à rendre Descarte
407 tre Exposition son sens et sa portée. Je répugne à rendre Descartes responsable de tout le mal qu’ont répandu les cartés
408 s journaux, il y a toute la distance d’une erreur à un préjugé. Mais enfin pour saisir je ne dis pas la racine de ce préj
409 qui l’autorisa parmi nous, il faut bien remonter à l’erreur initiale des clercs. Descartes revenant à Paris et visitant
410 l’erreur initiale des clercs. Descartes revenant à Paris et visitant le Palais de l’Esprit ne manquerait pas de redire l
411 Palais doit célébrer, et que l’on estime conforme à la religion de l’esprit. Mais ce que Descartes a voulu, c’est que l’e
412 taphysique — et nous y reviendrons plus tard tout à loisir, soit pour marquer les causes internes de son succès auprès de
413 au passage quels intérêts temporels concoururent à cette adoption pernicieuse. Mais pour l’affaire qui nous occupe ici,
414 uand tout un siècle d’enseignement s’est appliqué à le fixer et à l’étendre. Mais il demeure certain que l’ouvrier et l’a
415 iècle d’enseignement s’est appliqué à le fixer et à l’étendre. Mais il demeure certain que l’ouvrier et l’artisan, le pay
416 aysan et le boutiquier ont une tendance naturelle à estimer que la « pensée » est incapable, en fait, de les aider dans l
417 qui lui revient dans l’économie générale29. De là à se figurer, d’ailleurs d’une façon vague, que les penseurs sont des g
418 ction, au point d’assimiler l’homme « distingué » à l’homme qui ne fait rien de ses deux mains. Ce que je reproche à l’es
419 e fait rien de ses deux mains. Ce que je reproche à l’esprit cartésien, c’est d’avoir formulé l’équivalent de ce préjugé
420 z : distingué, oisif — tout conforme, d’une part, à l’illusion du praticisme, d’autre part, à l’éthique bourgeoise. « Des
421 e part, à l’illusion du praticisme, d’autre part, à l’éthique bourgeoise. « Descartes descendu dans la rue »30 vient cons
422 et esprit distingué, c’est aussi laisser ce corps à lui-même, le mépriser, l’abandonner à sa lourdeur. Décréter que l’esp
423 er ce corps à lui-même, le mépriser, l’abandonner à sa lourdeur. Décréter que l’esprit n’a pas de mains, c’est libérer de
424 es contingences, plus sûrement on livre celles-ci à l’empire des intérêts. Sorel a bien montré ce jeu dans ses Illusions
425 uté ou un ministre, un directeur de grand journal à la solde des maîtres de forges, ou un chef de service aux finances pr
426 s utile aux « réalistes » que la croyance commune à la valeur en soi de l’idéal. Cependant ces discours hypocrites ne fon
427 ens ou affairistes, qui l’ont froidement calculée à seule fin de donner le change sur leurs véritables desseins, mais c’e
428 stimation cartésienne de l’esprit (exagérée jusqu’ à l’absurde par les idéalistes romantiques) peut encore figurer la foi
429 prit est une pure description 32. On assure ainsi à bon compte la rigueur des constructions intellectuelles allégées de t
430 alisations les plus artificielles, aux découpages à l’infini de la « matière » vivante et organique, à la multiplication
431 l’infini de la « matière » vivante et organique, à la multiplication des points de vue irréels, mais logiques et simples
432 ) Le « sérieux » universitaire consiste, en gros, à déconcrétiser33 les disciplines de la pensée. C’est ainsi que l’histo
433 ois, et non plus une chronique des actes. On tend à ne garder de ceux-ci que ce qui peut s’organiser en belles séries, se
434 ve être tout justement la doctrine la plus propre à nous aveugler sur la réalité absurde et magnifique, enseignante et dé
435 voir sophistiqué l’histoire, elle veut se réduire à son tour à une histoire des doctrines, à une filiation de systèmes, q
436 tiqué l’histoire, elle veut se réduire à son tour à une histoire des doctrines, à une filiation de systèmes, qu’elle décr
437 réduire à son tour à une histoire des doctrines, à une filiation de systèmes, qu’elle décrit sortant les uns des autres,
438 heureuses et légèrement inconvenantes. On cherche à réduire la pensée à des « courants » non à des hommes. On allègue un
439 ent inconvenantes. On cherche à réduire la pensée à des « courants » non à des hommes. On allègue un « progrès » continu
440 herche à réduire la pensée à des « courants » non à des hommes. On allègue un « progrès » continu des « problèmes » où le
441 phique qu’elle conduit fatalement nos professeurs à mépriser les seuls philosophes de ce temps — Nietzsche en est le fame
442 e de l’âme — d’un tout autre ordre de problèmes : à savoir la physiologie des sensations et la classification des maladie
443 ment de décrire, on fera bien d’aller la chercher à cent lieues des « sanctuaires de l’esprit » : chez un révolutionnaire
444 n. Je ne veux mettre en relief qu’un seul trait — à mon sens le seul décisif — commun à toutes les disciplines que l’on e
445 seul trait — à mon sens le seul décisif — commun à toutes les disciplines que l’on enseigne aux jeunes clercs : et c’est
446 pure » et le réel confus et dangereux qui échappe à ses prises prudentes. Et ces lois confirment le penseur dans l’idée q
447 ste sans force créatrice. Plus l’esprit se refuse à l’engagement, plus il lui paraît évident que l’engagement est impossi
448 t une abdication de tout rôle actif. L’avenir est à ceux qui ne sont pas désabusés36. Entendez que l’avenir appartient
449 ue l’avenir appartient pratiquement aux barbares, à ces clercs un peu méprisables qui croient que la pensée doit entrer e
450 de Pilate Lorsque Renan se résigne sans peine à cette « abdication » du rôle actif de l’esprit, n’oublions pas qu’il
451 car le mot « désintéressement » a deux sens tout à fait indépendants. Que les clercs refusent d’épouser les passions pol
452 itiques ou sociales qui selon eux mènent le monde à sa perte ; qu’ils refusent de se faire les complices des folies colle
453 lui comme inexistants. Ce qui revient d’une part à diviniser notre esprit ; d’autre part, à refuser pratiquement de s’in
454 une part à diviniser notre esprit ; d’autre part, à refuser pratiquement de s’intéresser au sort des hommes. Que d’autres
455 és, perdent leur temps et leur esprit peu raffiné à combattre des injustices au nom de la justice qu’ils ont cru concevoi
456 ces pharisiens, ces docteurs d’Israël qui prêtent à la folie des masses leur voix : Crucifie, relâche Barrabas ! Voilà la
457 hose que cette banalité morale. Elle vise en fait à justifier le lavement de mains de Pilate. « Pilate voyant que le tumu
458 philosophes, celui qui excuse en fin de compte — à leurs yeux seuls — tous leurs refus de conclure37, c’est-à-dire de s’
459 nt-il pas de dire : « Qu’est-ce que la vérité ? » À vingt siècles de là, la voix « désabusée » d’un autre clerc parfait l
460 té n’existe pas, comment serions-nous donc fondés à juger, à risquer en son nom les réalités immédiates ?38 Les clercs o
461 te pas, comment serions-nous donc fondés à juger, à risquer en son nom les réalités immédiates ?38 Les clercs ont pris p
462 tant d’élégance, — et l’abandonnent libéralement à sa passion ? Mais en face de Pilate : « Voici l’homme » ! Et que dit
463 je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » Unanimité contre lui des clercs de droite, des clercs de
464  ? Ce royaume n’eût gêné personne, tout semblable à celui des clercs. On lui eût donné son Palais. Mais que vient-il fair
465 Les réalités qui se payent. Donc, on nous dresse à ne servir à rien. Entendez : à ne rien servir. Le royaume de l’esprit
466 s qui se payent. Donc, on nous dresse à ne servir à rien. Entendez : à ne rien servir. Le royaume de l’esprit — notre Uni
467 nc, on nous dresse à ne servir à rien. Entendez : à ne rien servir. Le royaume de l’esprit — notre Université — n’est pas
468 érieuses et précises » que la pensée peut arriver à reconnaître, mais sur lesquelles elle ne saurait agir. C’est une myth
469 . Mais les hommes, qui sont bien méchants, savent à merveille tirer parti contre l’esprit de la liberté qu’il leur laisse
470 nt officiellement, déléguant le soin des discours à ces touchants et graves coryphées parlementaires ou bicornés dont on
471 du rendement ou de la perte. Le clerc qui ne sert à rien, c’est flatteur et c’est distingué, mais il faut encore le nourr
472 peu fortuné. Deux espèces de carrières s’ouvrent à lui : celle des accommodements et celle du chômage. La carrière des a
473 du chômage. La carrière des accommodements offre à « l’esprit » des perspectives innombrables, et très diversement rétri
474 uées, de démission. Car l’esprit, lui aussi, mène à tout, mais à condition qu’on en sorte : en se vendant, soit à l’État,
475 ssion. Car l’esprit, lui aussi, mène à tout, mais à condition qu’on en sorte : en se vendant, soit à l’État, soit aux jou
476 à condition qu’on en sorte : en se vendant, soit à l’État, soit aux journaux, soit au public, soit au fascisme ou à l’an
477 aux journaux, soit au public, soit au fascisme ou à l’antifascisme. À quoi s’ajoute depuis peu une possibilité nouvelle e
478 au public, soit au fascisme ou à l’antifascisme. À quoi s’ajoute depuis peu une possibilité nouvelle et symbolique : les
479 t qu’on rétribue, en vertu d’une coutume qui tend à se préciser en loi. L’échelle des valeurs matérielles que « touchent 
480 cle dans un hebdomadaire, sur un sujet littéraire à la mode, et tenant compte de la frivolité du genre, vous serez payé 2
481 ieurs, pour un « papier » bâclé en une demi-heure à l’aide d’un répertoire de lieux communs et d’idées fausses mais coura
482 ement loués que dans la presse quotidienne… Quant à la carrière du chômage, je lui vois bien des agréments, s’il est vrai
483 ’il est vrai que la liberté de penser et d’écrire à sa guise, la pauvreté, le risque matériel, le nomadisme, le contact a
484 du lendemain dans laquelle on parvient assez vite à composer son équilibre, sont pour l’esprit autant de gains certains l
485 d’une existence d’intellectuel. Mais j’hésiterais à conseiller cette cure à des jeunes gens en mal de bohème prolétarienn
486 ectuel. Mais j’hésiterais à conseiller cette cure à des jeunes gens en mal de bohème prolétarienne. Le spectacle de la cu
487 écevoir ce goût de positif que mes contemporains, à tort et à travers, opposent à toute critique un peu trop perspicace.
488 mes contemporains, à tort et à travers, opposent à toute critique un peu trop perspicace. Ils ont au fond raison, leur i
489 n n’abatte le mal, cette négation perpétuelle, qu’ à coups d’affirmations du bien prépondérantes. À tout péché miséricorde
490 qu’à coups d’affirmations du bien prépondérantes. À tout péché miséricorde, dit le peuple, mais le pardon n’est pas l’oub
491 mantique, exploité par l’élite bourgeoise, visant à faire du clerc un inutile ; vu la situation économique inaugurée par
492 vu les revendications de la jeunesse qui repousse à l’unanimité un spiritualisme complice d’intérêts devenus criminels ;
493 : la construction d’un Palais de l’Esprit destiné à servir de club à tous ceux qui voudront discuter en public les questi
494 d’un Palais de l’Esprit destiné à servir de club à tous ceux qui voudront discuter en public les questions suivantes : a
495 core un sens dans le monde d’aujourd’hui qui tend à s’établir sur de tout autres bases ? c) à quoi servent les clercs ? q
496 ui tend à s’établir sur de tout autres bases ? c) à quoi servent les clercs ? quel doit être leur rôle dans la cité ? à q
497 clercs ? quel doit être leur rôle dans la cité ? à qui s’adressent leurs écrits ? d) quelle est la source de leur autori
498 tif présente un gros défaut pratique : il conduit à poser de vraies questions sérieuses. Il est donc irréalisable sous un
499 st tout autre chose que d’inviter le grand public à réfléchir sur le rôle de l’esprit, à poser des questions bien simples
500 grand public à réfléchir sur le rôle de l’esprit, à poser des questions bien simples et bien grossières, celles que les c
501 nement ce qui s’est fait, et un temps pour saisir à pleines mains les instruments de construction, qui sont aussi ceux de
502 tes du public ne puissent être un puissant rappel à la « réalité rugueuse » de ce monde. Mais ce rappel n’est pas suffisa
503 que ne peut voir la foule. Il faut donner un sens à sa vision. Oserons-nous dire que c’est la vocation d’Esprit ? Donner
504 e que c’est la vocation d’Esprit ? Donner un sens à la vision d’une réalité, c’est montrer à quelle fin doit tendre cette
505 un sens à la vision d’une réalité, c’est montrer à quelle fin doit tendre cette réalité, — notre culture par exemple. C’
506 éalité, — notre culture par exemple. C’est croire à cette fin, et prouver qu’on y croit. C’est prophétiser pour agir. Seu
507 faitement négligeables en regard de ce qu’ils ont à dire, qui les dépasse, et personnes parfaitement responsables de ce q
508 nnes parfaitement responsables de ce qu’elles ont à donner, qui est à tous. 24. « Pour un Palais de l’Esprit », Nouvel
509 responsables de ce qu’elles ont à donner, qui est à tous. 24. « Pour un Palais de l’Esprit », Nouvelles littéraires du
510 on de dégrader la culture et d’en faire une chose à côté, tout en l’“élevant” au rang de suprastructure et en la privant
511 icle cité : « Comme tous les Français, je répugne à dépenser beaucoup d’argent pour un ouvrage périssable, surtout quand
512 son « immortalité » académique. 28. J’entends : à la grande masse du peuple, à tous ceux qui ne sont pas intellectuels,
513 ue. 28. J’entends : à la grande masse du peuple, à tous ceux qui ne sont pas intellectuels, et qui sont les premiers à s
514 sont pas intellectuels, et qui sont les premiers à souffrir de la carence de l’esprit. 29. De ce mépris de la pensée pu
515 e » dans tous les sens du terme, par suite inapte à modifier le réel par son jeu même, d’une manière immédiate. L’idéalis
516 renforcer le préjugé matérialiste. On en est venu à concevoir l’action de l’esprit d’une manière purement médiate : comme
517 étant l’application des résultats du raisonnement à notre action. Sur le mystère de cette opération magique, peu de lumiè
518 onsable. 34. « Nous éprouvons une sorte de honte à poser les questions philosophiques : la tâche du philosophe sincère e
519 rands convertisseurs chrétiens, — mais cela prête à malentendu : le Saint-Esprit se moque de nos psychologies. 36. His
520 ité pratiquement contraignante, éthique (analogue à la vérité contraignante de la foi), l’affirmation et la prédication d
521 ète pour les clercs, « l’esprit » ne passe jamais à l’acte. Et le dieu Progrès ne rend plus. Peu à peu, Renan découvre («
522 elle ruse de ces prétendants déçus consiste alors à nous faire croire que les faits obéissent à des lois sur lesquelles l
523 alors à nous faire croire que les faits obéissent à des lois sur lesquelles l’esprit ne peut rien. Comme si ce n’était pa
524 ces honneurs rendus au mythe du Progrès, plus qu’ à eux-mêmes, sont au fond la meilleure protection pour leurs privilèges
525 phe, ce n’est pas d’arriver le plus vite possible à la conclusion, mais au contraire, de la reculer aussi longtemps qu’on
526 r les yeux pour ne la voir pas, mais de continuer à analyser sans repos ». Cette phrase d’Alain montre très bien comment
527 de la pensée universitaire aboutit nécessairement à un faux (« se boucher les yeux »). Elle postule que le philosophe est
528 it devant le monde : s’ils croyaient sérieusement à la justice, ils feraient tout pour l’imposer. Ils se compromettraient
529 éorie. Si bien que leur « spiritualisme » revient à tolérer sereinement l’exaction. 39. Cette échelle est aussi valable
530 if, mieux il se vend. La crise force les éditeurs à se faire les interprètes du public auprès de l’auteur, et non l’inver
531 nce. P.-S. Ceci fut écrit en mai de cette année ; à ce moment j’ignorais tout du « congrès pour la défense de la culture 
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
532 nos amis nous envoie ces notes. Nous les publions à titre documentaire. Il faut mesurer tout le volume du fanatisme hitlé
533 pour des raisons idéologiques. On entend des gens à Paris, qui soutiennent que le fait-nation est une méchante farce inve
534 déen, aztèque… Pour autant que l’on peut comparer à quoi que ce soit de supposé connu des mouvements aussi totalement « é
535 indre « idée » de la réalité nationale-socialiste à un homme, même de bonne volonté, qui n’aurait pas « vécu » (comme dis
536 igion nouvelle. Par exemple un discours du Führer à son peuple. Je roulais ces pensées, hier soir, debout parmi la foule
537 sus du parterre, violemment éclairée, fascinante. À huit heures moins cinq, deux cortèges de bannières vinrent se ranger
538 utschland über alles chanté debout, le bras levé. À huit heures sonnant, les lampes à arc s’éteignirent. Des flèches lumi
539 , le bras levé. À huit heures sonnant, les lampes à arc s’éteignirent. Des flèches lumineuses gigantesques s’allumèrent s
540 vers le couloir qui des premières galeries menait à la tribune, et dans la lueur d’un faible projecteur, il parut. Souria
541 a nation allemande. » De nouveau dressés, saluant à la romaine, ils pleuraient, ils râlaient des heil ! la face énergique
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
542 .  (Ce qui est profond doit être caché. Où donc ? À la surface.) Hofmannsthal. 1. Ramuz mythologue Toute méthode f
543 il est exact de dire qu’elle s’ordonne par avance à sa fin. On n’imagine pas d’aborder l’œuvre et la personne de Ramuz d’
544 peut plus le distinguer des formes qu’il propose à notre vue. Il s’est transformé en domaine. Il faut le lire comme un v
545 sonne, à la manière du physiognomoniste plutôt qu’ à celle du psychologue. Méthode qui paraîtra d’autant plus opportune, a
546 e qui paraîtra d’autant plus opportune, appliquée à l’auteur de cette phrase : « Authenticité, réalité, vérité, matière :
547 brassée, puis finalement soulevée, ayant un poids à elle et une densité », écrit Ramuz. Le peuple dit, encore plus simple
548 uz : les choses « viennent », le monde « vient » ( à nous), le ciel, le lac et les montagnes « viennent » : et on les voit
549 ntagnes « viennent » : et on les voit venir ainsi à la rencontre d’un regard qui les invente et les dénombre et les conna
550 s le sens de la création qui tout entière advient à l’homme. Ainsi l’Adam d’avant le Temps, d’avant la chute dans le Temp
551 emps, d’avant la chute dans le Temps, vit « venir à lui » toutes les bêtes : elles s’approchaient pour recevoir leur nom
552 eur nom et leur emploi. Il faut toujours remonter à ce mythe si l’on veut saisir la genèse et l’ambition secrète de l’art
553 c’est d’abord une apparition, — une image venant à nous. « … on les voit sortir des bois dans le rose du lever du jour e
554 rose, avec des gouttes de rosée qui leur pendent à chaque poil et des souliers qui brillent. » Il y en a dans presque to
555 es bonnets de poil de lapin. On pourrait s’amuser à recomposer le pays autour d’eux44. Et l’on verrait alors que ces bons
556 ages — ou de la création imaginée. Il faut rendre à ce mot d’imagination son sens fort : c’est la natura naturans. (Nous
557 dance de noms de choses ! Comment ne point penser à ce Livre de Job — dont Ramuz nous a retraduit quelques passages — où
558 qu’une certaine critique ne veut point pardonner à Ramuz. Un écrivain français de la tradition des classiques, comme ils
559 ils couvrent. Les mots abstraits sont nécessaires à une certaine circulation d’idées qui « représentent » les choses et l
560 il n’est pas de défense plus sûre que le recours à l’étymologie. Car le sens étymologique est toujours lié à une chose (
561 ologie. Car le sens étymologique est toujours lié à une chose (ou à une action sur les choses). Utiliser les mots dans le
562 ens étymologique est toujours lié à une chose (ou à une action sur les choses). Utiliser les mots dans leur sens étymolog
563 omène de l’incarnation, c’est retrouver la langue à cet état naissant dont la chimie nous dit qu’il est l’état de virulen
564 e fortes peines ! — qu’une cour d’assises occupée à juger des meurtres dont le vol est le mobile. Je dis qu’il ferait un
565 ont ils s’occupent si mal, et de plus en plus mal à mesure que le « pratique » s’éloigne davantage du concret pour se con
566 iment élémentaire. Ainsi les changements de temps à l’intérieur d’une même phrase. Je ne crois pas qu’il soit possible de
567 e ne crois pas qu’il soit possible de les ramener à une loi, ni même à un usage régulier ; ou plutôt ils n’ont pas d’autr
568 l soit possible de les ramener à une loi, ni même à un usage régulier ; ou plutôt ils n’ont pas d’autre loi que cette vol
569 , qui domina et qui domine encore tous les romans à la Bourget, consiste à rattacher par convention, presque par accident
570 ine encore tous les romans à la Bourget, consiste à rattacher par convention, presque par accident, une série d’attitudes
571 t, une série d’attitudes et de causes « morales » à une série parallèle d’attitudes et de faits visibles ; l’accent étant
572 ples vérifications d’une algèbre conventionnelle. À mesure que cette psychologie s’assure davantage de ses lois, elle ten
573 hologie s’assure davantage de ses lois, elle tend à les substituer à l’imagination concrète du réel. Les faits se raréfie
574 davantage de ses lois, elle tend à les substituer à l’imagination concrète du réel. Les faits se raréfient : anecdotes ou
575 l. Les faits se raréfient : anecdotes ou exemples à l’appui d’une laborieuse et schématique reconstruction des âmes. Il e
576 s n’ont plus aucun sens. Une forme donnée n’a pas à signifier autre chose que ce qu’elle montre. Il n’y a rien à chercher
577 autre chose que ce qu’elle montre. Il n’y a rien à chercher sous la forme, qui ne peut être interprétée que par ses rela
578 être interprétée que par ses relations organiques à d’autres formes. Et c’est encore l’office de l’imagination c’est-à-di
579 magination c’est-à-dire de l’activité qui préside à la formation du réel. Ici plus de concepts, plus d’idées générales. T
580 lyse abstraite des psychologues. Et l’on découvre à chacune de ses œuvres une signification mythologique. C’est en généra
581 dans l’ordre de l’incarnation, devait le conduire à créer un milieu où tout « être » se traduisît immédiatement par un « 
582 eu, c’est le peuple ramuzien, peuple créé d’abord à l’image du Ramuz créateur, avec des éléments tirés du caractère vaudo
583 s’avance dès le matin à travers le pays, et offre à tous la Parole « ayant l’aspect d’une brochure à couverture bleue » o
584 à tous la Parole « ayant l’aspect d’une brochure à couverture bleue » où les événements actuels — cela se passe un jour
585 pénètre dans les cours de ferme, dans les cafés. À tous il tend la Parole « morte aux pages » ; mais voici que de toutes
586 ntique de Ramuz atteignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet ouvrage entièrement créé, entièrement « aut
587 èrement « autorisé ». Un art, qui rend les choses à l’état naissant, rugueux, décapé de toute rhétorique47 et de toute ex
588 pour toute la chose. C’est pourquoi il s’attarde à décrire le concret d’une façon concrète ; ainsi le maniement d’un out
589 lui adressent ceux qui par exemple n’hésitent pas à prendre au sérieux l’intrigue d’un roman bourgeois. On s’est trop arr
590 trigue d’un roman bourgeois. On s’est trop arrêté à l’insolite du style chez Ramuz. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas t
591 onhomie sérieuse, l’absence de toute complaisance à soi, le « dévouement à l’objet ». Certes, je vois les défauts de cett
592 ence de toute complaisance à soi, le « dévouement à l’objet ». Certes, je vois les défauts de cette forme, et le poncif q
593 ous sommes, soit, plus qu’il n’y paraît, conforme à l’éducation goethéenne. Il se peut qu’en définitive, Ramuz ait fait,
594 risques, et d’un art sans pitié. ⁂ Ramuz en veut à l’école, aux journaux, au langage noble, aux objets de vitrine, à la
595 ournaux, au langage noble, aux objets de vitrine, à la poésie poétique, à nos formes habituées. Il prétend qu’il lui a fa
596 ble, aux objets de vitrine, à la poésie poétique, à nos formes habituées. Il prétend qu’il lui a fallu quinze ans pour dé
597 n bruit de vitres cassées, de grincements pareils à ceux d’un clou sur un caillou, d’un mélange de toux sèches ou rauques
598 effort ; mais par goût de l’effort. Si Ramuz tend à rejeter tous les intermédiaires culturels, s’il critique le machinism
599 tique48. C’est parce que toutes ces aides tendent à supprimer ce contact le plus nu et cette condition la plus humaine :
600 ui retrouve leur raison d’être, les pousser jusqu’ à l’expression de leur nature primitive, produire au jour leur forme re
601 ommes est entr’aperçue pour un instant. Car c’est à la ré-apercevoir pour un instant que tendent tous les arts, et à null
602 oir pour un instant que tendent tous les arts, et à nulle autre chose ; à quoi tendent les notes et à nulle autre chose ;
603 e tendent tous les arts, et à nulle autre chose ; à quoi tendent les notes et à nulle autre chose ; tous les mots qu’on é
604 à nulle autre chose ; à quoi tendent les notes et à nulle autre chose ; tous les mots qu’on écrit, les tableaux qu’on pei
605 taille dans la pierre ou qu’on coule en bronze, —  à cela, à nulle autre chose. Nous atteignons pour un instant à l’homme
606 ans la pierre ou qu’on coule en bronze, — à cela, à nulle autre chose. Nous atteignons pour un instant à l’homme des comm
607 ulle autre chose. Nous atteignons pour un instant à l’homme des commencements, à l’homme d’avant la malédiction, d’avant
608 nons pour un instant à l’homme des commencements, à l’homme d’avant la malédiction, d’avant la grande première bifurcatio
609 e Quelqu’un, tout travail est malédiction), jusqu’ à ce que tout à coup, par une espèce de renversement, la bénédiction in
610 out travail est malédiction), jusqu’à ce que tout à coup, par une espèce de renversement, la bénédiction intervienne, tou
611 de renversement, la bénédiction intervienne, tout à coup il y ait cette collaboration avec Quelqu’un, il y ait cette poss
612 n exemple. » Comment, ici encore, ne point songer à Goethe ? Mais à sa seule leçon, à l’équation fondamentale de sa vie,
613 ment, ici encore, ne point songer à Goethe ? Mais à sa seule leçon, à l’équation fondamentale de sa vie, non point certes
614 ne point songer à Goethe ? Mais à sa seule leçon, à l’équation fondamentale de sa vie, non point certes aux contingences
615 trop grande, un feu de bois vert qu’on s’ingénie à allumer dans une cheminée qui tire mal. J’aime les choses qui sont à
616 cheminée qui tire mal. J’aime les choses qui sont à leur façon, tandis que je suis à la mienne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté d
617 choses qui sont à leur façon, tandis que je suis à la mienne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz existe
618 is, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz existe à sa façon. Je vois que son pouvoir est sa présence active au monde (« 
619 au monde (« Toute résistance, dit-il, nous oblige à être présent »). Je vois ce grand exemple d’une volonté tendue vers l
620 paroles dites par cette voix. Celui qui se refuse à poser les questions dernières, s’autorise à borner sa vision à son ac
621 efuse à poser les questions dernières, s’autorise à borner sa vision à son acte. Voilà l’utile ; et qu’on taise le reste,
622 uestions dernières, s’autorise à borner sa vision à son acte. Voilà l’utile ; et qu’on taise le reste, tout cela qui écha
623  ; et qu’on taise le reste, tout cela qui échappe à nos prises. Ainsi fait Goethe, et c’est là sa vertu. Mais notre siècl
624 rs son pouvoir ; mais la parole n’appartient plus à l’homme. Au comble de nous-mêmes, il s’agit d’autre chose que de nous
625 s choses et des êtres, cette présence au monde et à soi-même, — l’originalité de l’homme « radical ». Ramuz l’a fait plus
626 Grand Printemps. 43. Le protestantisme du xixe , à la suite du Réveil, en réaction contre le dogmatisme abstrait, insist
627 ’il est résolument laïque. Rien n’est plus facile à concevoir, dans notre état social, qu’un patriote qui, entre deux dis
628 qui, entre deux discours nationalistes, s’occupe à faire passer ses capitaux à l’étranger pour les mettre à l’abri du fi
629 tionalistes, s’occupe à faire passer ses capitaux à l’étranger pour les mettre à l’abri du fisc. Ce qui est plus difficil
630 passer ses capitaux à l’étranger pour les mettre à l’abri du fisc. Ce qui est plus difficile, c’est d’expliquer rationne
631 résence effective de l’homme et de ce qui résiste à l’homme. C’est le contraire de l’activisme au sens américain, qui che
632 8. u. Une note précise : « Fragments d’une étude à paraître dans un recueil intitulé Les Personnes du Drame . »
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
633 t se fonde une pareille indulgence.) L’important, à leurs yeux, c’est l’enthousiasme populaire, la prospérité générale, l
634 ductivité accrue ; et que les ouvriers se mettent à lire leurs livres, et viennent acclamer leurs discours, au lieu de cr
635 gueil humaniste, d’une certaine insolence joyeuse à nier les valeurs transcendantes, d’une certaine âpreté rationaliste q
636 lle. Ce n’est pas sans raison qu’ils se remettent à glorifier les mythes du Progrès indéfini et du Bonheur : la révolutio
637 russe a eu ce résultat au moins curieux de rendre à certains clercs bourgeois, honteux de l’être, l’orgueil de leurs orig
638 s loin ! Et l’on s’interdirait de rien comprendre à l’évolution nécessaire de la culture soviétique si l’on se refusait à
639 aire de la culture soviétique si l’on se refusait à l’examen critique des doctrines qui sont à sa base. Je ne dis pas qu’
640 fusait à l’examen critique des doctrines qui sont à sa base. Je ne dis pas qu’elles n’aient été souvent trahies. Ni qu’el
641 itique d’un clerc y perd ses droits et n’est plus à l’échelle du phénomène… Raison de plus, chance de plus, d’essayer d’é
642 e faut. Quand l’esprit « perd ses droits », c’est à nous de les lui rendre. ⁂ Poussé par les nécessités de la polémique a
643 ple superstructure du dynamisme matériel. On sait à quel échec conduisit cette théorie, étroitement respectée dans les dé
644 dans les débuts de l’URSS. Trotski fut le premier à s’en apercevoir : on l’exila, quitte à suivre bientôt les conseils qu
645 le premier à s’en apercevoir : on l’exila, quitte à suivre bientôt les conseils qualifiés de « réactionnaires » qu’il ava
646 tte des classes au mouvement culturel n’obéit pas à la loi de cause à effet. Leur unité n’est pas quelque chose de donné,
647 mouvement culturel n’obéit pas à la loi de cause à effet. Leur unité n’est pas quelque chose de donné, mais quelque chos
648 tion scientifique et artistique »54. Ceci revient à dire que la lutte des classes, — considérée comme symbole de l’action
649 i requiert surtout la pensée — doivent s’ordonner à une mesure commune en vue de réaliser cette fin commune qu’est l’univ
650 c’est le Plan55. Ainsi donc, la mesure effective à quoi s’ordonne toute la construction russe n’est plus la doctrine ort
651 ent les entreprises de Staline favorise peut-être à l’excès les généralisations de la critique, les rapprochements et les
652 du peuple et de ses conducteurs en vue d’une fin à laquelle tout doit s’ordonner. L’assimilation de la culture (et donc
653 radicale, si naïve, que les Soviets en sont venus à confondre sans l’ombre d’un doute « culture » et « production » en gé
654 oises qui assimilaient de plus en plus la culture à la « jouissance » d’un consommateur distingué. Mais ici l’équivoque m
655 qui assimile l’élévation du niveau de la culture à l’épaisseur des semelles n’a rien de révolutionnaire, si toutefois l’
656 rôle d’un permanent rappel de la finalité commune à toutes les œuvres spirituelles et matérielles ? La réponse me paraît
657 randiose et coloré ainsi d’héroïsme, éclate alors à tous les yeux. Si les Russes sont de bonne humeur et si nous sommes d
658 conscience actuelle de ce but final suffisent-ils à animer toutes les facultés humaines de création, d’espérance, d’amour
659 création, d’espérance, d’amour ? Pour nous borner à un exemple : les disciplines imposées par le Plan à la création artis
660 un exemple : les disciplines imposées par le Plan à la création artistique sont-elles vraiment des disciplines fécondes,
661 t des poncifs ? Il ressort des aveux mêmes, faits à titre d’autocritique par divers écrivains communistes, que la littéra
662 trement dit, les « écrivains de choc » ont appris à écrire en même temps qu’un peuple immense apprenait à les lire. Cette
663 rire en même temps qu’un peuple immense apprenait à les lire. Cette situation exceptionnelle et provisoire a créé une com
664 oin d’une langue plus riche et plus vivante, apte à décrire les passions, et la nature et la diversité des êtres. Il fall
665 iversité des êtres. Il fallait désormais recourir à une mesure qualitative que le Plan ne pouvait fournir, n’ayant pas vo
666 e) se substitue dans les esprits les plus vivants à l’idée du Plan scientifique. Mais avec cette idée nietzschéenne, c’es
667 e par une mesure spirituelle toute différente, et à certains égards, contraire. C’est tout le drame de la culture d’oppos
668 pensée et de l’action : « Donnez d’abord le pain à tous, et le reste viendra par-dessus. » Telle fut la grande maxime du
669 re ne vient qu’après. Ainsi tout se trouva soumis à des fins purement matérielles, dont on espérait qu’il naîtrait sponta
670 ntends la part de l’homme qui résiste, en créant, à toute espèce de dictature. De cette insuffisance de l’idéal — et non
671 ctuelle exercée par les chefs soviétiques réussit à masquer son étendue. Le désir d’une mesure plus vivante se manifeste
672 une mesure plus vivante se manifeste bien souvent à l’insu de ceux qu’il tourmente. C’est ici le mythe de l’homme nouveau
673 e maîtresse de tout l’homme. Mais l’homme résiste à son emprise et à sa prétention totalitaire. Il ne veut pas se laisser
674 ut l’homme. Mais l’homme résiste à son emprise et à sa prétention totalitaire. Il ne veut pas se laisser mutiler. Fût-ce
675 . Il découvre que la mesure qu’on voulait imposer à son orgueil n’est encore qu’une immense caricature ; et que les fins
676 les paye. Mais d’autre part, il ne peut renoncer à ses conquêtes matérielles. Alors il met son espoir et sa foi dans ce
677 ans le cœur d’un peuple. Cela suffira sans doute à rendre vaines toutes mes critiques aux yeux des intellectuels bourgeo
678 nt en glorifiant l’URSS. Pour moi, je me bornerai à tirer de tout cela une conclusion concrète, qui peut nous être utile
679 on plus de les admirer ; il n’est pas de dire non à tout, ni oui à tout ; c’est un devoir de critique lucide, et j’ajoute
680 admirer ; il n’est pas de dire non à tout, ni oui à tout ; c’est un devoir de critique lucide, et j’ajouterai de critique
681 dans la mesure où les jeunes communistes viennent à nous avec cette morgue que l’on disait naguère américaine, et qui res
682 l’on disait naguère américaine, et qui ressemble à celle des nouveaux riches de tous les temps. Nous avons fait des expé
683 e que la contrainte. Les surréalistes sont fondés à parler du « vent de crétinisation qui souffle de l’URSS », mais les m
684 n’est pas toujours indemne, facilité qui consiste à assimiler dictature et crime, discipline sociale et brutalité, volont
685 2. Or cette mesure partielle ne peut pas réussir à créer une communion vraiment vivante. En fait, elle n’y réussit pas.
686 matisme de la propagande est par nature contraire à toute culture imaginable. Il peut au plus favoriser l’instruction élé
687 ire des masses. Mais il est totalement impuissant à provoquer la création, et à la régler, étant de par son origine coupé
688 totalement impuissant à provoquer la création, et à la régler, étant de par son origine coupé des sources mêmes de toute
689 constatation de cet échec s’impose non seulement à l’observateur étranger que je suis, mais aux chefs des partis dictato
690 ure pour y mettre un minimum d’ordre et permettre à la vie de continuer. Il est incontestable que nous avons établi cet o
691 cial était malade, il fallait l’opérer d’urgence, à chaud et nous y avons porté le fer d’une main assurée. Vos critiques
692 es dont aucune ne sait plus, ou n’ose plus avouer à quelle fin elle conduit ses adeptes. Si vous ne faites rien, que de n
693 e pour toute action culturelle future. Je réponds à ces deux objections : a) Oui, vos circonstances étaient telles que je
694 e de masse abêtissante. Autrement dit, nous avons à créer un nouveau type de révolution, dont l’exemple vous sera certain
695 ieur, si nous voulons rétablir une mesure commune à la pensée et à l’action. Car un ordre extérieur n’est solide et fécon
696 oulons rétablir une mesure commune à la pensée et à l’action. Car un ordre extérieur n’est solide et fécond que s’il résu
697 intérieur. Et cet ordre intérieur ne se crée pas à coups de décrets d’urgence et de propagande de masses. Pas d’ordre sp
698 et qui n’est pas moins actuelle. III. L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle Je ne connais qu’un
699 siècle Je ne connais qu’un moyen de résister à l’Europe, c’est de lui opposer le génie de la liberté. Saint-Just.
700 eur. Et l’histoire des mesures communes ordonnées à ces grands desseins et ordonnant toutes choses à leur service, c’est
701 à ces grands desseins et ordonnant toutes choses à leur service, c’est l’histoire des objets, des langages, des génies o
702 ne catholicité, le Plan s’il n’y a pas un Paradis à venir sur cette terre, le Führer s’il n’y a pas l’Empire populaire. L
703 dessein, c’est l’incarnation d’une mesure commune à tous les ordres et qui les harmonise. La question de la mesure d’une
704 e ni fausse ; elle n’est que plus ou moins fidèle à la fin qu’elle prépare et représente. Seul, le jugement porté sur cet
705 ciel unique. C’est là seulement qu’elle se révèle à nous, comme un jugement porté sur cette situation. Je ne crois pas au
706 ne crois pas aux voix mystérieuses mais je crois à l’appel des faits. Considérons les temps et les lieux où nous vivons,
707 vérité assumées dans une seule volonté. Il reste à remplacer chacun des termes abstraits de cette formule par un fait ou
708 unies. Les vieilles nations mènent encore une vie à bien des égards plus facile et plus libre que les nouvelles. Elles on
709 sans passion profonde. La misère n’est encore qu’ à la porte, mais on dirait qu’il n’y a plus rien à faire, qu’à attendre
710 ’à la porte, mais on dirait qu’il n’y a plus rien à faire, qu’à attendre. Et l’on s’occupe en attendant à critiquer les n
711 mais on dirait qu’il n’y a plus rien à faire, qu’ à attendre. Et l’on s’occupe en attendant à critiquer les nations « raj
712 ire, qu’à attendre. Et l’on s’occupe en attendant à critiquer les nations « rajeunies ». C’est le dernier lieu commun viv
713 et l’opinion privée, bon gré mal gré, se rapporte à ces seuls décrets. Partout des gênes et des interdictions, mais toujo
714 résentées aux masses comme les gages d’un bonheur à venir et d’une grandeur digne de tous les sacrifices. Et comment ne c
715 ous les sacrifices. Et comment ne croirait-on pas à la grandeur, même ou surtout la plus mythique, quand on y sacrifie se
716 conditions pratiquement nécessaires pour assurer à chaque homme du travail et pour supprimer finalement les raisons maté
717 ncore l’aiguillon d’une angoisse que l’on apprend à fuir dans les mystiques collectives. Et l’on se rassure en attendant
718 se rassure en attendant par de faciles railleries à l’adresse des États libéraux.   2. Situation qui nous est faite. Au t
719 tion qui nous est faite. Au terme du libéralisme, à l’origine des dictatures, une seule et même situation matérielle : la
720 i explique pourquoi la jeunesse bourgeoise hésite à s’engager dans une révolution spirituelle dont elle redoute l’impuiss
721 rituelle dont elle redoute l’impuissance pratique à l’heure où il faudra donner du pain si l’on veut prendre ou garder le
722 rgueilleux, je retrouve la misère matérielle. Car à toutes les objections que je puis adresser à ces régimes, leurs parti
723 Car à toutes les objections que je puis adresser à ces régimes, leurs partisans finissent par me répondre : Bon ou mauva
724 ui nous a délivrés de la misère61. Et cela suffit à le justifier pour le moment. La misère, dernier argument, dernier fon
725 ateur chimique de la vocation d’une nation. C’est à la faveur d’une famine que les plus grandes nations de l’Europe moder
726 e.) Ainsi l’opposition des deux Europes se ramène à l’opposition de deux réponses différentes à l’appel jailli de la cris
727 amène à l’opposition de deux réponses différentes à l’appel jailli de la crise, vers une communauté nouvelle. Là où cette
728 en moins virulente, et la réponse a plus de peine à se dégager. Pourtant, il faudra bien qu’elle soit donnée partout. Der
729 ués dans le temps ou l’espace, peuvent en appeler à une mesure commune. Seul l’homme déterminé par ses relations prochain
730 es relations prochaines et actives peut se sentir à la mesure des temps nouveaux. Sinon il n’est qu’angoisse et arbitrair
731 tre comparée qu’au soulèvement de la Renaissance, à la montée de la conscience individuelle dans l’Europe du xvie siècle
732 he des philosophes « existentiels » qui cherchent à saisir l’homme dans son actualité (dans son être de relation), et la
733 t que société de ceux qui croient, et qui revient à la doctrine du bien commun. Elle agit dans le mouvement œcuménique. E
734 ahit, c’est pour l’avoir épousé et guidé, et même à demi satisfait, que triomphent les dictateurs. Ils ont agi au nom de
735 ces matérielles différentes, mais ils ont répondu à une attente universelle religieuse, l’attente d’une nouvelle mesure,
736 ique qu’il exprime. Les criticailleries libérales à l’adresse des grandes dictatures ne sont dangereuses que pour ceux qu
737 rrêteront pas la tempête à l’aide de leurs filets à papillons. Par contre il est aisé de prévoir à coup sûr qu’une certai
738 r les hommes, cette ruine a laissé le champ libre à des religions toutes nouvelles, communisme, national-socialisme. Mais
739 on superficielle et passagère, elles se réduisent à des poussées de fièvre politique ou idéologique. Mais si ces religion
740 sonniers d’une tradition qui survit sans grandeur à ses racines. Notre seule chance de salut, à nous autres nations libér
741 ndeur à ses racines. Notre seule chance de salut, à nous autres nations libérales, est dans la création d’une communauté
742 ion, et non dans la défense, ou dans l’imitation. À la force vivante de destins impériaux, n’opposons pas des droits que
743 drons notre temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont dû faire ; et alors, d’ici vingt ou cen
744 ors, d’ici vingt ou cent ans, nous serons réduits à l’état de colonies économiques et culturelles par l’expansion normale
745 n nous recréerons notre commune mesure originale, à la faveur d’une révolution qui nous apporte au moins l’équivalent des
746 des dynamismes nationaux. Nous avons des valeurs à défendre. Mais nous avons surtout des valeurs à créer, et que nous se
747 s à défendre. Mais nous avons surtout des valeurs à créer, et que nous seuls pouvons créer. Nous ne sommes pas en retard
748 ces nouvelles religions, nous pouvons nous mêler à leurs cérémonies, vibrer à l’unisson de leur panique sacrée : c’est l
749 ou les tactiques de ces révolutions, mêlons-nous à leurs masses déifiées, distinguons leurs raisons profondes, leurs néc
750 mesure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non
751 relations actives avec tous ses prochains. C’est à nous qu’il incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui r
752 e personnes et de groupes organiques, c’est obéir à notre vocation présente, mais c’est aussi assurer pour l’avenir l’eff
753 colonisés, je n’ai pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’affirmer notre force en face d’impérialismes conquérants mène
754 re force en face d’impérialismes conquérants mène à la guerre ? Oui, si nous l’affirmons sans l’exercer avec puissance, s
755 i la révolution des « libéraux » peut influencer, à force égale, les révolutions religieuses qui dressent leurs monuments
756 s religieuses qui dressent leurs monuments sacrés à l’Est. Pour le présent, notre devoir européen est d’exercer la vocati
757 un maximum de violence créatrice. 52. C’était, à cette époque plus encore qu’aujourd’hui, une polémique antichrétienne
758 Le troisième Plan sera consacré plus spécialement à l’édification de la culture. 56. On n’ignore pas que les partisans d
759 « Chapitres extraits de Penser avec les mains , à paraître en novembre, chez Albin Michel. »
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
760 s de vacances : trois semaines qu’il va consacrer à prendre mesure de sa vie. Il choisit pour cela de l’écrire, de « joue
761 ment modeste, d’un homme que son métier contraint à dissimuler sa vraie force. Car de l’auteur tout comme de son modèle l
762 aison d’être. Tout le débat de ce journal revient à cette scandaleuse opposition, créée par notre société, entre les deux
763 isée d’un seul trait : non qu’il faille reprocher à Henri Petit nulle lourdeur ou obscurité, mais peut-être au contraire
764 aime un peu moins les pages sur Barrès, peut-être à cause du modèle, peut-être aussi à cause de l’influence qu’il exerce
765 nt il faudrait pourtant refaire les bases…) Quant à la position d’Henri Petit vis-à-vis de la foi, je m’excuse de la résu
766 e note, et j’ignore même si j’en viendrais jamais à bout dans mon esprit. Voici : l’homme a tué Dieu. Alors est venu l’Ét
767 s doute — contre la question personnelle que pose à l’homme pécheur le Dieu-homme. Mais ceci dit, et maintenu, — j’admire
768 aintenu, — j’admire qu’un incroyant ait su donner à notre position personnaliste sa plus solide justification humaine. He
769 il sait aussi, et il nous fait savoir, que c’est à nous de recréer un monde où notre vie s’accepte. Aux premières pages
770 cerne », et ce sous-titre, vers la fin : « Retour à la passion ». Et maintenant nos routes se joignent. x. Rougemont D
21 1936, Esprit, articles (1932–1962). Note sur nos notes (novembre 1936)
771 La longue imbécilité d’un monarque caduc prépare à son successeur des maux presque impossibles à réparer. S’il s’agit d
772 are à son successeur des maux presque impossibles à réparer. S’il s’agit de littérature, la traduction des métaphores de
773 nt général », symptômes imperceptibles. On n’a qu’ à se baisser, vraiment. Des éditeurs lancent chaque automne leur douzai
774 rat commercial. La littérature d’aujourd’hui pose à chaque instant des questions qui ne sont pas du tout littéraires. Le
775 es commerciaux… Voilà le mal « presque impossible à réparer ». La faute n’est pas à la littérature seule, mais à tout un
776 resque impossible à réparer ». La faute n’est pas à la littérature seule, mais à tout un régime social qui l’a laissée de
777 . La faute n’est pas à la littérature seule, mais à tout un régime social qui l’a laissée devenir ce qu’elle est ; et plu
778 a laissée devenir ce qu’elle est ; et plus encore à chacun de nous dans le cœur duquel ce régime plonge ses dernières rac
779 ondamentale dans la critique. Nous serons ramenés à tout propos, bon gré mal gré, aux mêmes questions : pourquoi écrivez-
780 original, influencé, etc., tout cela n’importe qu’ à partir des réponses que l’on donne au problème éternel : où sommes-no
22 1936, Esprit, articles (1932–1962). Erskine Caldwell, Le Petit Arpent du Bon Dieu (novembre 1936)
781 t tout exprès pour l’œuvre de Caldwell : On aime à opposer l’esprit gaulois aux conventions de l’amour courtois, et à y
782 t gaulois aux conventions de l’amour courtois, et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en opposition avec la co
783 onner satisfaction au besoin humain de substituer à la réalité le rêve d’une vie plus « heureuse ». C’est encore une aspi
784 ie plus « heureuse ». C’est encore une aspiration à la vie sublime, tout comme l’autre, mais cette fois du côté animal. C
785 Et c’est encore une évasion, encore un exotisme à l’usage d’une génération sans foi. 62. Payot, 1932, page 135. z.
23 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
786 e langue — celle du reporter par exemple — inapte à traduire le concret, le particulier de cet objet, je veux dire son me
787 scrupule humain, et par prudence aussi, il oppose à ses entraînements. L’âge venant, je me sens moins de curiosité pour
788 c’est la foule. » Je me souviens alors de Goethe à Venise : « Je ne suis encore entré dans aucun bâtiment, excepté Saint
789 age du bazar de Moscou : « Les marchandises sont, à bien peu près, rebutantes. On pourrait croire, même, que, pour modére
790 ont-elles efficaces ? Empêcheront-elles personne, à droite, d’abuser des textes les plus clairs, ni personne, du côté sta
791 ir que la préface et l’épilogue ne le donneraient à penser. Parlons net : il s’agit ici d’un dégonflage impitoyable de ce
792 bourgeoisie ouvrière satisfaite…, trop comparable à la petite bourgeoisie de chez nous. J’en vois partout les symptômes a
793 cause est jugée, dira-t-on. Voire ! Gide reproche à la fameuse autocritique soviétique de ne consister « qu’à se demander
794 euse autocritique soviétique de ne consister « qu’ à se demander si ceci ou cela est dans la ligne ou ne l’est pas. Ce n’e
795 le œuvre, tel geste ou telle théorie est conforme à cette ligne sacrée. Et malheur à qui chercherait à pousser plus loin 
796 rie est conforme à cette ligne sacrée. Et malheur à qui chercherait à pousser plus loin ! » Je demande alors si Gide prat
797 cette ligne sacrée. Et malheur à qui chercherait à pousser plus loin ! » Je demande alors si Gide pratique cette espèce-
798 met dans une situation qu’on ne peut comparer qu’ à celle du chrétien anticlérical. Seulement, la dissociation de la foi
799 égende est belle. C’est une légende… Elle traduit à mes yeux ce fait d’expérience : toute tentative de déification (ici,
800 de Staline-Métaneire. Pourquoi Gide continue-t-il à croire qu’en d’autres circonstances, l’expérience marxiste eût réussi
801 mme nouveau ou un surhomme, mais un ordre nouveau à hauteur d’homme. Voilà le point de notre différend. Nous n’y insister
802 e. La phrase finale de ce livre sur l’URSS, c’est à l’auteur que nous l’appliquerons : c’est lui, c’est Gide « qui n’a pa
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). Défense de la culture (janvier 1937)
803 figure sur le portrait du gentilhomme, fait fête à ses nouveaux camarades, les miliciens, qui jouent avec lui avec une i
804 alade bien verte ? » Si tout cela est fini, c’est à cause du fascisme ! Si vous aimez Goya, adhérez au PC ! Voilà qui est
805 ? Est-ce d’abord une question politique ? Culture à gauche, brutalité stupide à droite, — ou inversement ? Ils ont bien l
806 n politique ? Culture à gauche, brutalité stupide à droite, — ou inversement ? Ils ont bien l’air de le croire, ces messi
807 éserve, présentement, sous son régime de liberté, à la lecture de Paris-Soir et Paris-Sports, quand ce n’est pas Paris-So
808 t. Et que ce n’est pas d’abord contre le fascisme à l’étranger, mais d’abord contre l’inculture, dans ce pays, qu’il faut
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
809 la faire attraper cette fièvre mais secrètement, à la faveur de mille « observations » dites objectives, chargées de nou
810 ux qu’on puisse attendre, c’est qu’ils le soient, à la limite, autant. Il me dira d’une voix que j’entends déjà : « Mais
811 lu de tout cela ! Mes personnages se sont imposés à moi etc. » Je n’ignore pas que des visions parfois bizarres et amusan
812 : va-t-on se vanter d’être si faible que de céder à toutes ses obsessions ? (Je feindrai d’ignorer qu’elles sont anxieuse
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jean Blanzat, Septembre (janvier 1937)
813 onter ? Trop de détails intimes semblent destinés à faire vrai, et à prouver que l’on n’invente rien de ce tourment. Est-
814 étails intimes semblent destinés à faire vrai, et à prouver que l’on n’invente rien de ce tourment. Est-ce donc un témoig
815 ercher, de page en page, ce qui a poussé l’auteur à publier un aussi désolant récit. On ne trouve pas… Autrefois il falla
816 morale — à cause de « l’art » — et l’art consiste à vous faire partager des tourments aussi déprimants que gratuits. Car
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Robert Briffaut, Europe (janvier 1937)
817 e thèse, après tout vraisemblable — on a bien cru à l’« honneur national » ! — est évidemment symbolique. L’on est censé
818 talogue illustré des vices les plus connus, revue à grand spectacle où Jaurès, Mussolini, Lénine, d’Annunzio et Nietzsche
819 couleur : soir de Capri, jeune princesse peignant à l’aquarelle, baisers dans les jardins pendant le bal, — on s’en veut
820 n leur vérité originelle. Et l’on se laisse aller à de vieux trucs trop éprouvés, ahuri et charmé de découvrir qu’ils jou
821 c’est-à-dire plus de radicale dureté. Et renoncer à la charmer, ou à se laisser charmer — ceci pour moi lecteur — par le
822 de radicale dureté. Et renoncer à la charmer, ou à se laisser charmer — ceci pour moi lecteur — par le tableau de sa déc
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
823 (février 1937)af Ce « rapport » a été approuvé à l’unanimité par le Comité central du Parti communiste français, le 16
824 morales. — (Les communistes) repoussent la pièce à thèse, le roman à thèse, la thématique obligatoire. Ils appellent le
825 ommunistes) repoussent la pièce à thèse, le roman à thèse, la thématique obligatoire. Ils appellent le retour à l’art sai
826 a thématique obligatoire. Ils appellent le retour à l’art sain dans la liberté. — Il est temps de donner le pas à l’espri
827 dans la liberté. — Il est temps de donner le pas à l’esprit sur les forces de la matière. — Au-dessus de tout, ils place
828 dications qui présenta le mouvement personnaliste à son départ, en 1932 (n° de décembre de la NRF). Ce sont ces thèses-là
829 ns bien de marquer le point. (Ce qui équivaudrait à reconnaître la conversion globale des communistes au personnalisme.)
830 oute de mesure et de goût. — Nous sommes attachés à cette sélection de grâce et de mesure qui s’appelle la politesse fran
831 lectique », que l’on donne, chez les communistes, à l’expression bonne foi. La brochure se termine ainsi : « C’est à l’Es
832 bonne foi. La brochure se termine ainsi : « C’est à l’Esprit que le Parti communiste français… fait confiance pour l’aide
833 communiste français… fait confiance pour l’aider à résoudre les problèmes de la paix, de la liberté et du pain des homme
834 ommes. » Autant dire qu’il ne fait plus confiance à Marx. Autant dire qu’il ne se fait plus confiance à lui-même. Autant
835 Marx. Autant dire qu’il ne se fait plus confiance à lui-même. Autant dire que toutes les attaques marxistes contre les po
836 M. Vaillant-Couturier, qui pourtant n’hésite pas à déclarer que « les intellectuels sont en quelque sorte (sic) les idée
837 it qu’il veut servir ? La majuscule ne suffit pas à le définir. Page 20, on croirait bien que c’est « la raison ». Mais l
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire ? (février 1937)
838 Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire ? (février 1937)ag On le dira donc au public. Ce sont
839 matique par endroits. On croit assister du jardin à quelque scène intime, entrevue dans une chambre, à travers un rideau
840 , « [Compte rendu] Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire ?  », Esprit, Paris, février 1937, p. 824.
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)
841 det, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)ah Comment juger ce qui ne veut pas être juge
842 daud de la République des Lettres, ayant sa place à la terrasse du café de leur commerce, emboîtant le pas à leurs musiqu
843 rrasse du café de leur commerce, emboîtant le pas à leurs musiques militaires, fier des mouvements de sa ville… ». Voilà
844 ce bergsonien pittoresque et succulent, devisant à la terrasse des Deux Magots, n’a pas eu le temps de s’apercevoir que
845 ) quand il parle d’élan vital. (Heidegger succède à Bergson.) Nous n’aimons plus cette autarchie des Lettres, où les prob
846 ique impressionniste (après quoi elle n’a plus qu’ à mourir). Dès lors tout ce qu’on lui a reproché : désordre, omissions
847 personnelle, c’est-à-dire, dans ce cas, ordonnée à une loi qui n’est pas celle de l’objet mais du sujet. Son chapitre su
848 et touche même au délire poétique : reportez-vous à la phrase de 16 lignes qui termine la page 229 ! Et personne n’a jama
849 jet de chanson, vers une plate-forme d’où s’étale à la vue tout un quartier d’histoire populaire, celui de Juillet 1789 e
850 det, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours  », Esprit, Paris, mars 1937, p. 970-971.
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jacques Benoist-Méchin, Histoire de l’armée allemande depuis l’armistice (mars 1937)
851 Il passionnera d’ailleurs tous ceux qui cherchent à connaître l’état réel des forces dans le monde présent. Qu’on n’aille
852 re classique du marxiste au pouvoir, de « l’homme à poigne » touché par la grâce nationale, et qui se charge d’écraser la
853 ité qu’aucun bourgeois ne se serait permise. Avis à ceux de Saint-Denis ! Noske, Mussolini, Doriot, Staline ont plus d’un
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
854 faut y voir, ni d’ailleurs une relation de cause à effet, mais la relation de deux effets, ou leur interaction, cependan
855 se générale et commune n’apparaîtra sans doute qu’ à nos après-venants. Ce qui semble certain, dès aujourd’hui, c’est que
856 olitique. La sensibilité de l’intelligence étant, à l’époque présente, et en France, beaucoup plus vive et juste que cell
857 Nietzsche précurseur du national-socialisme, ou «  à quoi mène le mépris des valeurs de père de famille ». (On dit aussi,
858 nisme, au moins autant que du national-socialisme à la Rosenberg. C’est ce que démontre avec toute la virulence désirable
859 dernier numéro d’Acéphale, intitulé « Réparation à Nietzsche ». « Acéphale » est le signe de l’antiétatisme radical, c’e
860 avec le personnalisme paraît beaucoup plus facile à réaliser qu’avec toute autre doctrine politique66. Mais pour Bataille
861 ui, assimilant selon un mot de Nietzsche « Dieu » à « la plus parfaite organisation de l’Univers », postule la mort ou l’
862 alinisme. Dans ces conditions, je suis le premier à me déclarer athée. Mais si l’on veut parler, comme le faisait Nietzsc
863 d’Inquisitions, comme R. Caillois, c’est l’appel à un « ordre » aristocratique, ésotérique, mais « sévissant à travers l
864 nce et de l’ironie ». Il me paraît que c’est bien à quoi devait aboutir le véritable et intégral nietzschéisme dans le pl
865 traductions françaises apparaissent parallèlement à de nombreuses études de revues sur Nietzsche : le Zarathoustra et la
866 schéenne. Ils permettent en particulier de situer à sa place centrale la conception du « retour éternel » et de la volont
867 otes et aphorismes traduits pour la première fois à la suite du Zarathoustra constituent le manuel le plus riche en contr
868 contradictions tonifiantes qu’on ait jamais écrit à l’usage des créateurs : « Soyez humains à l’égard des créateurs ! C’e
869 Retour éternel. Mais en même temps, il s’acharne à compenser ce fatalisme mécanique par une glorification de la volonté
870 n, dernier événement nietzschéen : L’Introduction à la philosophie de N. publiée par Karl Jaspers. Je signale ce grand li
871 bliée par Karl Jaspers. Je signale ce grand livre à ceux qui lisent l’allemand, en attendant une traduction, aussi nécess
872 s phrases fort inquiétantes, telles que : « C’est à la communauté unitaire que la personne emprunte sa forme et son être.
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
873 ectuel en chômage (fragments) (juin 1937)ak al À A… (Gard), 15 janvier Matinées d’hiver au midi Et voici par la grâce
874 t ce qu’il y a de clarté, d’éclat doux, d’abandon à la force sereine de l’air, tout cela dit par les trois syllabes de ce
875 langage innocent et raisonnable ; voilà le monde à son contentement ; à la mesure de l’amitié humaine. J’entends un brui
876 raisonnable ; voilà le monde à son contentement ; à la mesure de l’amitié humaine. J’entends un bruit de bêche sur une te
877 que sur les restanques étroites, passant de l’une à l’autre par ces petits escaliers tout simplets, suivant une piste par
878 terre et festonnée de tuiles roses, elle est bien à la ressemblance des vieilles paysannes de par ici, recuite et mordue
879 ah celle-là ! Elle a la veine, que voulez-vous ! À la loterie, dans les tombolas des sociétés, n’importe où, elle est sû
880 importe où, elle est sûre de gagner quelque chose à tous les coups. » Voilà ce qu’on peut entendre dans toutes les épicer
881 s curés d’obscurantisme, il ne veut pas d’ennemis à gauche parce que la gauche, c’est le parti de la Raison et du Progrès
882 entreprises rétrogrades de l’Église, n’hésite pas à tirer bénéfice de la culture de cette superstition. S’il est vrai que
883 ligieux le plus obtus s’opposent infiniment moins à notre image scientifique du monde que cette petite phrase si courante
884 ante : il a la veine. Mais notre jacobin ne croit à la Raison et à la Science mère du Progrès, que dans la mesure où cela
885 veine. Mais notre jacobin ne croit à la Raison et à la Science mère du Progrès, que dans la mesure où cela lui permet de
886 dans la mesure où cela lui permet de ne pas aller à l’église. Pour le reste, il demeure la proie du charlatanisme éternel
887 sage desséché. Ciel gris mouvant, une barre jaune à l’horizon. Et sur le petit toit au-dessous de moi, tout près, soudain
888 u, posé sur une tuile ronde. Il y a quelque chose à comprendre… 23 février Au moment où ma femme allait secouer les miett
889 suis souvenu de la conférence que je dois donner à Marseille dans 15 jours. Je ne voulais pas la préparer avant le derni
890 e ne croyais ? Qu’il y a quelque chose de sérieux à faire là-bas ? Je vais m’y mettre. 28 février Terminé hier soir la ré
891 ucoup mieux que les autres. Tout ce que j’ai fait à cause d’un chiffre, à cause de la coïncidence d’un sentiment ou d’un
892 d’un pressentiment et d’un hasard tout extérieur, à cause d’un certain jeu que je poursuis, sans trop le savoir, avec bie
893 , avec bien plus de vigilance que je n’en apporte à la défense de mes intérêts « objectifs »… Et ce jeu-là, je suis telle
894 ectifs »… Et ce jeu-là, je suis tellement le seul à en connaître les règles et les interdictions que je n’imagine pas pou
895 la découvrant, les liens profonds qui m’unissent à ce peuple de paysans et d’ouvriers, si délibérément superstitieux dan
896 s il faut entendre le proverbe d’une manière tout à fait précise : l’exception vécue, reconnue, c’est cela même qui nous
897 homme vraiment homme, et le signe d’une accession à la condition générale ! Avouer ses superstitions, ce serait avouer ce
898 ant de l’aveu : c’est qu’il peut faire comprendre à d’autres, en un éclair, que chaque homme est irréductible, et que cha
899 est irréductible, et que chaque homme a ses aveux à faire. Et l’on comprend ainsi, soudain, que l’on est un homme « comme
900 superstitions, il faut tout de suite que j’oppose à cet aveu une contrepartie raisonnable. Il faut que je montre aussi le
901 os monades superstitieuses ? Accorder libre cours à nos superstitions, qui au point de vue psychologique sont notre vraie
902 zarreries auxquelles les hommes s’attachent comme à leur bien le plus précieux !) Au contraire, la politique doit aller à
903 ains d’avoir créé certain malentendu en soutenant à plusieurs reprises que la politique idéale devrait partir de la perso
904 e l’essence de toute saine politique de s’opposer à la personne, de limiter son expansion, de combattre en définitive le
905 sonnel, pour se diriger contre la personne. C’est à ce prix qu’elle assurera quelque équilibre — et c’est tout ce que je
906 out ce que je lui demande. Mais ici prenons garde à deux faits, aussi importants l’un que l’autre, et qui donnent leur vr
907 e freinait plus, si la personne ne cherchait plus à triompher de tout ce qui n’est pas elle, le simulacre d’équilibre que
908 e apparemment stabilisé, le désordre est toujours à sens unique : c’est la personne qui cesse de se défendre, c’est l’ana
909 esse de se défendre, c’est l’anarchie qui renonce à ses droits. Et si le cadre de l’État paraît demeurer identique, la dé
910 se humeur. C’est cela que je nomme démoralisation à l’abri d’un faux équilibre, — d’un équilibre sans tension. Ici interv
911 u’on le voudra.) Ces deux faits définis, revenons à la superstition du peuple. Je l’approuve et je la partage en fait le
912 sif. Si par l’effet d’une perversion, elle se met à jouer au profit de la politique et des doctrines d’État qui doivent j
913 limitaient normalement. L’homme cessant de croire à sa loi — à ses superstitions incomparables — se met à croire de la mê
914 normalement. L’homme cessant de croire à sa loi — à ses superstitions incomparables — se met à croire de la même manière
915 loi — à ses superstitions incomparables — se met à croire de la même manière aux lois et aux pouvoirs qu’il aurait dû co
916 e notre peur de vivre. On les ramènerait aisément à ce « complexe de castration » qui se noue au moment précis où l’agres
917 oulez-vous qu’ils y fassent ? » 6 mars (de retour à A…) Contact avec le public Dans le courrier qui est arrivé en mon abs
918 deux nouvelles demandes de « causeries » : l’une à un congrès d’instituteurs, l’autre à un cercle d’études sociales. Les
919 es » : l’une à un congrès d’instituteurs, l’autre à un cercle d’études sociales. Les instituteurs voudraient que je leur
920 un café, dans une salle d’Université. Cui bono ? À qui le bénéfice ? À moi d’abord, très certainement. C’est une joie qu
921 lle d’Université. Cui bono ? À qui le bénéfice ? À moi d’abord, très certainement. C’est une joie qui vaut bien les ennu
922 ge conventionnel qu’il croit de mise, s’adressant à un écrivain. Ou bien il se répand en confidences exagérées ; il s’exc
923 ui vous pose des questions, celui qui vous attend à la sortie, et ne sait trop comment vous aborder, celui qui vous entra
924 rler dans ces cercles, où l’on se trouve soi-même à portée de l’auditeur, où l’on se voit naturellement contraint, ne fût
925 a proximité matérielle70, de se mettre moralement à la portée de ces esprits, visibles et lisibles sur ces visages. Presq
926 ouvre sa mesure, sa force ou sa faiblesse, touche à son terme dans le cœur d’un homme. Je dois à ces rencontres d’avoir p
927 uche à son terme dans le cœur d’un homme. Je dois à ces rencontres d’avoir pressenti quelquefois — assez pour en garder u
928 arrêté par nos tabous critiques. Il va tout droit à ce qui le concerne, et c’était justement, parfois, cette idée qu’on a
929 r. Tout ce travail de mise au point, d’adaptation à l’homme réel m’a conduit à une conclusion dont j’attends avec impatie
930 au point, d’adaptation à l’homme réel m’a conduit à une conclusion dont j’attends avec impatience la vérification in conc
931 tends avec impatience la vérification in concreto à l’occasion de nos prochains écrits. Cette conclusion est la suivante 
932 s : le lecteur sérieux, personnellement intéressé à un problème — juge à peu près régulièrement à l’inverse du critique p
933 ssé à un problème — juge à peu près régulièrement à l’inverse du critique parisien. Il trouve concret ce que le critique
934 ctures trop rapides, et plus sensible aux tics qu’ à la pensée fondamentale, n’aura pas manqué de signaler comme caractéri
935 caractéristiques de l’ouvrage. Enfin, je commence à comprendre au vif l’urgence, pour l’écrivain, de retrouver une commun
936 échit et qui fait la critique des idées non point à l’aide des opinions de son journal, mais à l’aide de sa vie concrète.
937 sa vie concrète. Celui-là seul peut faire sentir à l’écrivain ce qui est solide et ce qui est artificiel dans ce qu’il é
938 illetonistes et des snobs, nous en sommes arrivés à parler dans le vide, à ne parler qu’à ces lecteurs qui achètent les l
939 bs, nous en sommes arrivés à parler dans le vide, à ne parler qu’à ces lecteurs qui achètent les livres pour remplir les
940 mes arrivés à parler dans le vide, à ne parler qu’ à ces lecteurs qui achètent les livres pour remplir les rayons d’un stu
941 spéciaux exploitant leur spécialité pour arriver à un succès sur le marché. Combien de nos romanciers devraient être cla
942 vraient être classés dans la catégorie des femmes à barbe et des veaux à deux têtes qu’on montre aux foires. On dit que n
943 dans la catégorie des femmes à barbe et des veaux à deux têtes qu’on montre aux foires. On dit que nous avons trahi l’esp
944 leurs spirituelles. Nuit de Pâques Clair de lune, à minuit, après l’orage. Vocabulaire insuffisant pour décrire la joie n
945 En présence de tout ce qui surgit formidablement à l’approche de la joie, elle se sent gênée, pauvre et maladroite, pare
946 lle se sent gênée, pauvre et maladroite, pareille à cette clarté lunaire incapable d’exalter ce qu’elle découvre sur la f
947 de la terre. — Clartés rationnelles : empruntées à l’Astre invisible. Matinée du lundi de Pâques, 7 heures Tout est trem
948 ve » c’est une manière de dire : « Je m’attendais à autre chose, mon calendrier moral, mes conventions, etc. prévoyaient
949 les faméliques reniflaient la trace de la chienne à tous les étages du vallon. Ils grimpaient les escaliers, redescendaie
950 endaient, parcouraient la prairie et les cultures à longues foulées, le nez au sol. Soudain, l’un relevait la tête, et s’
951 voir. Ils s’éloignaient un peu, en se retournant à chaque saut, et puis cela revenait bientôt de tous côtés. Haletants,
952 y voir de près ! « Nous savons en effet que jusqu’ à ce jour, la création tout entière gémit dans les angoisses de l’enfan
953 avouer qu’on n’a pas su les voir. Aller demander à la Nature la révélation d’une vie saine et délivrée de toute contrain
954 illabaisse de termes abstraits — sans nul rapport à rien de ce qu’exige la situation locale, bien entendu. Les mêmes term
955 cale, bien entendu. Les mêmes termes, d’ailleurs, à peu de choses près, sur les affiches du « centre » et sur celles de l
956 ne pouvait nous faire soupçonner cette présence, à côté. Hier matin, la mère Calixte arrive tout agitée : Madame se meur
957 ent de l’emballer, la vieille ! Ils n’auront plus à languir bien longtemps. On peut dire que la chose est sûre. Et on l’e
958 dernier respect pour la moribonde qu’ils veillent à tour de rôle, ils sont venus discuter dans la remise qui est au-desso
959 mai — Alors, Madame Calixte, comment ça va-t-il, à côté ? — Elle dure, elle dure… Je viens d’aller la voir. Elle a un bâ
960 e, me dit-il. Figurez-vous qu’elle tient sa canne à la main, comme ça, sur la couverture, et elle explique que c’est pour
961 Vous m’entendez ! Je l’ennterdis, vous n’avez qu’ à le leur dire ! » Je passe la tête par la fenêtre. Qu’est-ce que c’est
962 de colère et gesticulant. Il crie : « Je l’ai dit à madame Calixte, je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Ma belle-mère
963 s, monsieur Simard… — Il est parti. Le bassin est à 50 mètres de la maison, sur une terrasse qu’on ne peut voir d’ici. Je
964 garade d’hier matin, je ne me sentais pas le cœur à lui jouer une comédie de sympathie, d’autant qu’il n’a vraiment pas l
965 -frère font toujours rage). Je me suis donc borné à exprimer mes « condoléances » à madame Simard, que j’ai trouvée hier
966 e suis donc borné à exprimer mes « condoléances » à madame Simard, que j’ai trouvée hier soir devant son seuil, entourée
967 ie : mais comment, j’ai pourtant dit ma sympathie à Madame Simard. — Je sais, mais vous n’êtes pas entré chez eux. — Entr
968 t se faire dans la cuisine. Aussi, je lui ai dit, à Fernann, il aurait dû venir chez vous pour dire qu’il ne voulait pas
969 a un mort dans la maison ? II faut bien continuer à vivre, et à manger, et à laver, il me semble ? — Je ne pense pas comm
970 ns la maison ? II faut bien continuer à vivre, et à manger, et à laver, il me semble ? — Je ne pense pas comme vous, Mons
971 ? II faut bien continuer à vivre, et à manger, et à laver, il me semble ? — Je ne pense pas comme vous, Monsieur, mais il
972 ction très compliqués dont ils n’arriveraient pas à concevoir qu’on puisse même s’étonner. Et ne pas croire, surtout, qu’
973 imard en témoigne. 15 mai Comme l’année dernière, à la même date je crois, me voici au bout de mon rouleau. Impécuniosité
974 dans un rayon d’exploration normal — mettons deux à trois heures de marche — et vraiment il n’y a guère à signaler. Sinon
975 ois heures de marche — et vraiment il n’y a guère à signaler. Sinon peut-être les maisons vides. Il faut avouer qu’on en
976 gu… (Pourquoi ce nom ?) On dit que cela ressemble à l’Albanie. C’est un groupe de hautes bâtisses compliquées, en pierre
977 compliquées, en pierre ocrée, enfermant une cour à deux étages. On devine un reste de jardin, avec quelques cyprès, une
978 montagne, un autre mas dit « le Château ». C’est à l’orée d’un bois de châtaigniers. On y accède par une rampe monumenta
979 régulièrement de marches nobles. La rampe conduit à une vaste terrasse herbue. Une maison de maître d’assez beau style, o
980 n de maître d’assez beau style, ornée d’un perron à double escalier, forme l’extrémité nord d’un bâtiment considérable, à
981 orme l’extrémité nord d’un bâtiment considérable, à trois étages, qui devait servir de communs, de magnanerie, de cellier
982 anerie, de cellier et de grange. Au sud, une tour à cadran solaire, surmontée d’une girouette. Derrière la maison de maît
983 cri presque humain. La maison la plus proche est à une bonne demi-heure. Il n’y a pas de route. On imagine de vivre là,
984 serions camisés de rouge, et l’on irait de temps à autre arraisonner les féodaux d’industrie du pays. « Communauté », mo
985 r de ceux qui n’ont plus de « prochains » ? 69. À Montmartre, il y a deux ou trois ans, j’assistais à une conférence co
986 Montmartre, il y a deux ou trois ans, j’assistais à une conférence contradictoire contre le christianisme. « Ils prétende
987 istianisme. « Ils prétendent qu’ils ne croient qu’ à un seul Dieu, s’écriait l’orateur, et ils adorent la Trinité ! Ils di
988 . al. Une note précise : « Extraits d’un ouvrage à paraître prochainement, sous ce titre, chez Albin Michel. »
34 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
989 ous a fait voir le monde pitoyable : sans ajouter à ce qui est, dire ce qui est comme un homme l’a senti, — c’est assez r
990 is, par la forme et par le fond, serait de nature à modifier la conscience humaine, si celle-ci pouvait être modifiée. »
991 ur mal » et même « du polémiste prenant son chien à témoin de la lâcheté des hommes, qu’il exploite ». Ce procès Stavisky
992 it au jour le jour, par profession, s’étend ainsi à toute la société, à tout cet embrouillamini de responsabilités, d’inc
993 par profession, s’étend ainsi à toute la société, à tout cet embrouillamini de responsabilités, d’inconsciences, de misèr
994 s êtres auxquels il est mêlé. Et qu’il l’obtienne à cette profondeur, donne la mesure d’un art qui ne se prend pas pour i
35 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
995 feuillet qui nous apporte la conférence d’Éluard à Londres, sur la poésie surréaliste, résume tout le vrai et tout le fa
996 anière incompréhensible.) La poésie « s’applique… à refuser de servir un ordre qui n’est pas le sien ». C’est donc qu’ell
997 seront sacrées et l’homme, s’étant enfin accordé à la réalité qui est sienne, n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que
998 cordé à la réalité qui est sienne, n’aura plus qu’ à fermer les yeux pour que s’ouvrent les portes du merveilleux. » Phras
999 ? Ce n’était pas la peine de lire Feuerbach, cité à la page suivante. Voilà qui est antimarxiste d’une manière plus valab
1000 mes, tout en louant Sade d’avoir voulu « redonner à l’homme civilisé la force de ses instincts primitifs ». Comme si l’in
1001 me si l’instinct primitif ne poussait pas l’homme à exploiter son semblable, pour peu qu’il en ait la force ! Comme si la
1002 sation, au vrai sens, ne consistait pas justement à réfréner ou à détourner cet instinct d’exploitation vers d’autres obj
1003 i sens, ne consistait pas justement à réfréner ou à détourner cet instinct d’exploitation vers d’autres objets, artificie
1004 luard parle, comme nous, de « construire un monde à la taille de l’homme » et de « mettre l’homme debout », — mais il pré
1005 « mettre l’homme debout », — mais il précise : «  à la taille immense de l’homme ». Immense par rapport à quoi ? Il veut
36 1937, Esprit, articles (1932–1962). M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)
1006 let 1937)ap aq M. Benda décrivait l’autre jour à l’Union pour la vérité, une « querelle des générations » dont il défi
1007 i l’ensemble des hommes qui ont aujourd’hui de 25 à 40 ans, est une génération particulièrement éprouvée par les circonst
1008 oient contraints par la logique des circonstances à se montrer plutôt… « moraux ». On goûta beaucoup l’euphémisme. Mais l
1009 nda) ont défendu les thèses que M. Benda attribue à notre jeunesse « malheureuse », — M. Benda refusa de répondre. La gén
1010 lement, bien entendu. Après quoi, M. Benda apprit à l’assistance que ses livres se vendent très bien. Enfin Denis de Roug
1011 ment polémique et politique. Ce sophisme consiste à enfermer les intellectuels dans le dilemme : pensée « pure » ou pensé
1012 dilemme : pensée « pure » ou pensée « asservie » à l’action, carence ou simonie, M. Benda ou Barrès. La jeunesse personn
1013 ue la pensée doit entrer dans l’action, non pas «  à son service », mais au service de la vérité. Le mot d’incarnation rés
1014 il est vrai que penser, pour les jeunes, équivaut à gagner de l’argent, M. Benda est auprès de nous un grand penseur, mai
1015 n grand penseur, mais M. Dekobra est notre maître à tous. Et s’il est vrai que celui qui refuse d’endosser les conséquenc
1016 ux : la majorité des traits que M. Benda attribue à la jeunesse, convient en fait à la génération des « anciens ». À cett
1017 M. Benda attribue à la jeunesse, convient en fait à la génération des « anciens ». À cette erreur totale sur les faits, M
1018 convient en fait à la génération des « anciens ». À cette erreur totale sur les faits, M. Benda ajoute une erreur non moi
1019 n’est guère qu’anachronique. Partisan qui survit à sa cause ; et pensée qui refuse de payer. ap. Rougemont Denis de,
37 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
1020 Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)ar La place qu’il
1021 1937)ar La place qu’il conviendrait de donner à la littérature, dans Esprit , c’est une question qui se pose à nos l
1022 re, dans Esprit , c’est une question qui se pose à nos lecteurs, parce que, sous une forme plus générale, la question de
1023 de lui donner dans la cité, se trouve être posée à l’époque. Dans l’un et l’autre cas, et pour les mêmes raisons, les ré
1024 ’une réflexion patiente — mais urgente — s’impose à nous sur ce point comme sur tant d’autres, dans la mesure où le perso
1025 e fait en faisant, par ce mouvement d’interaction à quoi se réduit en fin de compte la « dialectique » dont tout le monde
1026 e parle depuis cent ans. Ne perdons plus de temps à rechercher qui a commencé, de l’œuf ou de la poule ; et qui doit comm
1027 l’autre, de l’une par l’autre. Ce n’est donc pas à une enquête que nous allons nous livrer cette année, mais à une réfle
1028 ête que nous allons nous livrer cette année, mais à une réflexion active et créatrice sur les conditions actuelles — et a
1029 précisera par les obstacles mêmes que nous aurons à surmonter. Quoi qu’en pensent des observateurs trop pressés ou intér
1030 volontés convergentes de construction, de reprise à pied d’œuvre ; un souci de l’action possible ou nécessaire, mais par
1031 bref : une gravité (un poids) qui suffit presque à distinguer cette « génération » nouvelle de celle qui s’illustra par
1032 . ar. Rougemont Denis de, « Brève introduction à quelques témoignages littéraires », Esprit, Paris, septembre 1937, p.
38 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
1033 ent pour ou contre elle, soit qu’il y ait intérêt à faire voir que les écrits les plus « indifférents » militent toujours
1034 e sous silence, et qui se trouvent des plus aptes à illustrer ou élargir notre vision personnaliste. Le Swedenborg de Mar
1035 rg de Martin Lamm nous en offre un exemple idéal. À tel point que je ne puis aujourd’hui qu’indiquer les pistes qu’il nou
1036 vre enfin devient présentable… On a l’impression, à lire M. Lamm, qu’il n’eût pas accordé une attention extrême à Swedenb
1037 mm, qu’il n’eût pas accordé une attention extrême à Swedenborg du vivant de ce grand mystique. L’excellente analyse qu’il
1038 se de Lamm —, par une évolution très raisonnable, à des « rêveries » purement mystiques. On s’imagine couramment que la d
1039 chrétienne. Entreprise en tous points comparable à celle d’un Pic de la Mirandole, pour ne prendre que l’un des auteurs
1040 le rend un livre de ce genre extrêmement ennuyeux à lire, quel que soit l’intérêt du sujet, donc à son détriment, surtout
1041 ux à lire, quel que soit l’intérêt du sujet, donc à son détriment, surtout lorsqu’il s’agit d’un phénomène spirituel et c
1042 ement le prétexte qu’elle se donne — s’appliquant à un ordre de spéculation tel que le mysticisme. M. Lamm a beau s’effor
1043 s visions de Swedenborg, son expression le trahit à chaque page, et révèle un parti pris assez brutal de réduction du mys
1044 parti pris assez brutal de réduction du mystique à l’illusoire. Par exemple, il relate une des premières extases de S. e
1045 it pas du tout en quoi la logomachie particulière à l’époque de M. Lamm serait plus « objective » et « scientifique » que
1046 considérées comme des pseudo-hallucinations, qui, à la différence des hallucinations dites psychosensorielles…, etc. » On
1047 derne » du monde, ont coutume de tout « ramener » à des catégories scientifiques contemporaines. Or ces catégories se tro
1048 ême, la cosmologie swedenborgienne, qui constitue à mon sens la partie la plus intéressante de l’œuvre du Suédois, devait
1049 devait apparaître purement fantaisiste et périmée à un savant de l’avant-guerre. Swedenborg affirme que l’origine de tout
1050 de la science d’avant Einstein… Tout ceci tendait à prouver que le problème mystique n’est nullement justiciable de « la
1051 et d’éthique personnalistes. On a souvent opposé à notre attitude, et à notre conception de la personne, l’idéal de « dé
1052 alistes. On a souvent opposé à notre attitude, et à notre conception de la personne, l’idéal de « dépersonnalisation », o
1053 i est encore une question — il aboutit évidemment à la négation absolue du personnalisme, chrétien ou humaniste. Ce serai
1054 son individualité) telle qu’elle se trouve donnée à cet homme par sa naissance, et telle qu’il la développait pour ses fi
39 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
1055 se limitent au « plan moral », comme nous aimons à dire. Elles sont d’usage interne, individuel. Les doutes que Ramuz no
1056 r exemple, demande Ramuz : Avons-nous autre chose à dire que propreté, confort et instruction ? Avons-nous d’autre but co
1057 n même temps le souci d’expliquer qui nous sommes à nos voisins, c’est peut-être que notre lot, en tant que Suisses, et n
1058 que c’est à peu près l’idéal que Keyserling juge à notre mesure, celui du tenancier de grand palace. (Ramuz, plus dur, p
1059 éalité irremplaçable, de conscience d’une mission à accomplir, et que nul autre n’a reçue. La Suisse existe-t-elle ? nous
1060 existe-t-elle ? nous demande Ramuz. Cela revient à dire : a-t-elle une raison d’être ? J’essaierai de répondre ici du po
1061 t peut-être la plus importante qu’il faille poser à la Suisse. Parce que la Suisse se figure justement que c’est la quest
1062 us laissant au surplus le droit de faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne contribue
1063 aders de nos journaux. Et cela ne contribue guère à nous donner un sens actif de nos chances et de nos destins, dans une
1064 s pas les prévenir. Si nous nous refusons à voir, à dire, à illustrer, à incarner aux yeux de tous les grandes et fortes
1065 s prévenir. Si nous nous refusons à voir, à dire, à illustrer, à incarner aux yeux de tous les grandes et fortes raisons
1066 i nous nous refusons à voir, à dire, à illustrer, à incarner aux yeux de tous les grandes et fortes raisons de notre neut
1067 ait démontré que la Suisse ne peut plus prétendre à jouer un rôle analogue, croit-on que son droit à rester neutre soit s
1068 à jouer un rôle analogue, croit-on que son droit à rester neutre soit suffisamment garanti du seul fait qu’elle le juge
1069 ons surtout spirituelles, ils se persuadent petit à petit qu’on pourrait jouir des premières sans se soucier trop des sec
1070 enne de la Suisse qu’on perd de vue. On l’a senti à l’occasion des sanctions contre l’Italie : la participation de la Sui
1071 s contre l’Italie : la participation de la Suisse à la Société des Nations repose sur une équivoque que la Déclaration de
1072 vertissement que nous donnaient les faits d’avoir à repenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’Europe. Il est f
1073 ope. Il est fatal que ces dilemmes se multiplient à l’avenir. Le fameux équilibre stratégique de l’Europe qu’on a coutume
1074 place nettement redéfinie. Bref, tout nous pousse à un réveil de notre conscience fédérale. Tout nous met au défi d’agran
1075 position personnaliste est fondamentalement liée à une forme fédérative de l’État et de la culture, voire même de l’écon
1076  ; elle constitue l’apport spécifique de l’Europe à l’humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occident s’est
1077 s lors, la mission de la Suisse peut être définie à l’échelle de l’Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce princi
1078 -Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à toutes les nations ; étant eux-mêmes dans la mesure où ils sont cela,
1079 maintenant revendiquer face à l’Europe son droit à la neutralité. Elle n’est réellement intangible que parce qu’elle est
1080 rtée européenne. Quand nos journaux font la leçon à Léon Blum, ce n’est pas — comme ce pourrait l’être — au nom de la dém
1081 naux. La même critique peut d’ailleurs s’adresser à notre presse d’extrême gauche lorsqu’elle défend le même Léon Blum po
1082 ement inverses, et par suite non moins étrangères à notre ligne fédérale. Quand nous verrons nos grands journaux se préoc
1083 e, mais au nom du principe fédéral que nous avons à incarner, on pourra dire que la Suisse a retrouvé sa raison d’être, e
1084 plus violemment centralistes, les plus contraires à nos statuts ! Nous ne pourrions en tirer qu’une seule leçon : les fas
1085 elles que soient les réserves de fond qu’il y ait à faire, et je les fais, sur l’authenticité de ces missions qu’ils proc
1086 l’authenticité de ces missions qu’ils proclament à son de trompe, il est clair que leur force est là, et qu’en les admir
1087 ité qu’une certaine presse suisse s’était acquise à l’étranger reposait justement sur le fait que nous étions seuls à jug
1088 osait justement sur le fait que nous étions seuls à juger dans une perspective européenne. (Nos trois cultures nous y pré
1089 t uniques, nous pourrions être les premiers. Mais à cette seule condition : de savoir au nom de quoi nous parlons. Et ce
1090 vivante. Dès que la conscience fédéraliste vient à faiblir, quand par exemple on se met chez nous à l’école de la droite
1091 à faiblir, quand par exemple on se met chez nous à l’école de la droite française et de sa politique particulière condit
1092 ie confédérale. Réaction de faiblesse, et néfaste à un double titre. Car d’une part nous y perdons ce qui fait notre vale
1093 ’opposant réellement, c’est-à-dire de près, corps à corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « rom
1094 », sans le voisinage germanique qui l’a contraint à formuler sa différence spécifique ? En France même, quoi de plus fran
1095 e ? En France même, quoi de plus français — jusqu’ à l’excès, voire jusqu’à la grimace — qu’un Barrès, constamment tenté e
1096 i de plus français — jusqu’à l’excès, voire jusqu’ à la grimace — qu’un Barrès, constamment tenté et enrichi par le génie
1097 point dans la crainte perpétuelle de n’aboutir qu’ à des mélanges bâtards. Notre unité existe, mais sur un plan à la fois
1098 levé et plus vaste que celui de « l’unification » à la mode jacobine ou classique. C’est l’unité originelle, et peut-être
1099 moins grandiose, mais peut-être de plus conforme à l’essence même de la culture : un microcosme des valeurs que les nati
1100 thétiser et relier. Elles avaient d’autres choses à faire. Elles ont été grandes tour à tour, dans la musique ou la peint
1101 l’harmonie intime, ou dans l’opposition tragique à l’intérieur d’une même « personne », des vocations spéciales d’autres
1102 é même d’idolâtrie qui consiste dans son principe à adorer les instruments d’un culte, oubliant le dieu qu’il célèbre. Et
1103 u qu’il célèbre. Et pourquoi n’irais-je pas jusqu’ à dire que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas de culture suis
1104 yer s’éteint pour un temps. Il en renaît un autre à Bâle : Jacob Burckhardt, Overbeck, le jeune Nietzsche. Et tout cela f
1105 s douterions d’une tradition que tout nous pousse à continuer, et qui, je le crois, n’a pas encore réalisé ses possibilit
1106 le goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz, et je m’en irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si j
1107  Avec l’armée, je reviens au concret, ou du moins à ce qu’on tient pour tel dans un pays où les valeurs intellectuelles p
1108 t clair, et on le dit assez pour que je n’aie pas à insister, que l’armée d’un petit pays neutre est très facilement just
1109 le d’une garde, et par là même, elle est conforme à notre vocation profonde. Garde montée autour des cols, dirait Liehbur
1110 la fédération — et c’est pourquoi elle appartient à l’État et non pas aux cantons. De plus, les mesures toutes récentes o
1111 lors toutes ces belles vertus dévient ou agissent à contre-fin. Que l’armée soit proche du peuple, cela doit avoir pour e
1112 pas de raison d’être en soi, si l’on ne croit pas à cette fédération et à la tâche qui lui incombe au milieu de voisins r
1113 n soi, si l’on ne croit pas à cette fédération et à la tâche qui lui incombe au milieu de voisins redoutables. Il est imp
1114 érêts, de son ordre. Il n’y aurait aucun avantage à combattre l’esprit de caste si c’était pour le remplacer par un espri
1115 isse dont témoignent ces mêmes milieux. Ce serait à croire parfois que pour être un bon Suisse, il faut et il suffit que
1116 illustrer sa cause. Et que c’est faire grand tort à ce patriotisme qu’on exalte, que de le confondre, parfois agressiveme
1117 e confondre, parfois agressivement, avec l’ardeur à revêtir l’uniforme. Après tout, notre armée n’est qu’un aspect de not
1118 édérale. Et un aspect subordonné. Si l’on néglige à son profit « le reste », on fait œuvre de mauvais Suisse, car c’est c
1119 ar c’est ce « reste » justement qui donne un sens à la fédération, donc à l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleu
1120 justement qui donne un sens à la fédération, donc à l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matér
1121 ’avec la cinquantième partie de l’argent consacré à leur acquisition, on pourrait apporter à nos institutions de haute cu
1122 consacré à leur acquisition, on pourrait apporter à nos institutions de haute culture, à nos savants, artistes ou écrivai
1123 ait apporter à nos institutions de haute culture, à nos savants, artistes ou écrivains, les moyens d’assurer au pays un p
1124 compte spirituelle, devrait comporter normalement à côté du budget militaire80, un important budget de la culture. Je ne
1125 us attribuez des justifications parfois mythiques à des réalités qui se sont constituées par le jeu d’intérêts et de rout
1126 cres. Vous donnez par exemple une valeur positive à un principe fédéraliste qui ne traduit historiquement — de même que l
1127 tuelle nouveauté ? Ou encore pour créer tout cela à partir des formes existantes ? Il ne s’agit pas pour nous de « révolu
1128 ionner », au sens que le bourgeois craintif prête à ce terme. Nous partons, dans ce pays, d’un certain nombre de structur
1129 « utopies » personnalistes. Nous n’avons donc pas à renverser l’ordre politique existant — comme c’est le cas en France p
1130 — comme c’est le cas en France par exemple — mais à donner ou à rendre à cet ordre une signification qui le maintienne vi
1131 t le cas en France par exemple — mais à donner ou à rendre à cet ordre une signification qui le maintienne vivant et pur
1132 en France par exemple — mais à donner ou à rendre à cet ordre une signification qui le maintienne vivant et pur contre le
1133 ela menace et compromet non seulement nos chances à venir, mais les bases politiques et morales sur lesquelles nous pouvi
1134 , et la mission même de la Suisse. Tout cela tend à nous réduire à nos proportions matérielles, qui sont petites, qui son
1135 même de la Suisse. Tout cela tend à nous réduire à nos proportions matérielles, qui sont petites, qui sont médiocres. J’
1136 l faut bien dire aussi que notre fédéralisme tend à se réduire à l’esprit de clocher, à une limitation des horizons, bien
1137 ire aussi que notre fédéralisme tend à se réduire à l’esprit de clocher, à une limitation des horizons, bien plutôt qu’il
1138 éralisme tend à se réduire à l’esprit de clocher, à une limitation des horizons, bien plutôt qu’il ne favorise de féconde
1139 ciste. Notre instruction publique très développée à tous les degrés, mais fondée sur une conception de l’homme incroyable
1140 ées et protégées82.) Seule notre économie cherche à se mettre au pas des grandes économies européennes, mais de la manièr
1141 es européennes, mais de la manière la plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant de constatations qui dictent à notr
1142 e tant vanté. Autant de constatations qui dictent à notre action des objectifs immédiats : ils seront révolutionnaires au
1143 avant toute action précise, il importe de rendre à notre peuple le sens d’un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé
1144 s pour barrer le col sous prétexte de nous mettre à l’abri ! 73. Particulièrement, il faut le souligner, en Suisse roma
1145 semble pas que les Genevois aient su reconnaître à cette heure-là la renaissance possible de leur grandeur… 78. Il est
1146 e de leur grandeur… 78. Il est curieux de noter, à ce propos, que le groupe de L’Ordre nouveau avait déduit, de ses prin
1147 lyriques d’allure nationale-socialiste se mêlent à des déclarations de loyalisme démocratique. 80. Qu’on entende bien q
1148 s de faire concourir l’éducation et l’instruction à notre préparation militaire, comme le réclament déjà certains ! S’il
1149 choisirais naturellement l’inverse, plus conforme à la hiérarchie des valeurs dans la cité. 81. Ce fut le cas en 1814-18
40 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
1150 tives de Tristan et Iseut, l’auteur a été conduit à rechercher les origines religieuses de ce roman, dont l’influence, du
1151 ce roman, dont l’influence, du xiie siècle jusqu’ à nos jours, se révèle exactement assimilable à celle d’un mythe. Trist
1152 squ’à nos jours, se révèle exactement assimilable à celle d’un mythe. Tristan est un roman « courtois ». La courtoisie es
1153 res. La sexualité, loi des corps, est une entrave à l’envol spirituel vers le monde incréé de la Lumière. L’Amour mystiqu
1154 rature, qui donne naissance, dès le xiie siècle, à une forme toute nouvelle de l’amour humain : la passion. Ignorée des
1155 s aux obscurités qu’entraînaient trop d’allusions à d’autres parties du livre. 1. Crise moderne du mariage Deux mor
1156 out à la fois deux âmes fidèles, deux corps aptes à procréer, et deux personnes juridiques. Il se trouvait donc sanctifie
1157 t les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait pas « intéressant », mais pitoyabl
1158 ême chrétiennement. L’hérésie manichéenne qui est à l’origine de la cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur
1159 iurge auteur du monde visible. Elle tendait enfin à détruire un ordre social qui permettait et exigeait la guerre, comme
1160 vague et flatteur. Comment expliquer autrement qu’ à partir du xiie siècle, celui qui commet l’adultère devienne soudain
1161 qui était « faute » et ne pouvait donner lieu qu’ à des commentaires édifiants sur le danger de pécher et le remords, dev
1162 int dans la vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens, l’état présent de dé-moralisation générale — non d’a-morali
1163 jour la connaître, et que la vie ne saurait être à plein vécue que par ceux qui « ont passé par là ». Or la passion et l
1164 the, c’est-à-dire l’inconscience pourrait fournir à la passion une espèce de modus vivendi, et tous ces livres aggravant
1165 ntraire notre conscience du problème, contribuent à le rendre insoluble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de n
1166 gnes de la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadres actuels. L’institution matrimoniale se fon
1167 ge, de l’intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie siècle, le thème du « Coucher de la mariée » n’est
1168 dépendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout à l’heure sur cette notion centrale). Cette dépréciation générale des
1169 ur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le mo
1170 bonheur que l’on veut sentir, que l’on veut tenir à sa merci — au lieu d’y être comme par grâce — se transforme instantan
1171 idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la ruine du mariage en tant qu’institution sociale. 3. « Aimer, c’
1172 que la foi cathare, et l’accession d’un roturier à la chevalerie était un symbole mystique bien plutôt qu’une dérogation
1173 dessus des lois. Celui qui aime de passion accède à une humanité plus haute, où les barrières sociales, entre autres, s’é
1174 oralistes : mais personne ne peut plus le croire, à l’âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins intoxiqués
1175 ier relent de la mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce q
1176 . Mais l’homme de la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, jeté hors de soi, dans l’extase. Et de fait,
1177 qualifie le mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. (Encore la femme pourra-t-elle s’efforcer
1178 mme pourra-t-elle s’efforcer de se faire une tête à la Garbo, mais alors il s’agit que le mari ressemble à Gable ou à Tay
1179 Garbo, mais alors il s’agit que le mari ressemble à Gable ou à Taylor !) Ainsi la « liberté » de la passion relève des st
1180 alors il s’agit que le mari ressemble à Gable ou à Taylor !) Ainsi la « liberté » de la passion relève des statistiques
1181 resque hostile dans un être, cela même qui invite à la poursuite et qui éveille l’avidité de posséder, plus délicieuse qu
1182 s commence une « passion » nouvelle. On s’ingénie à renouveler l’obstacle et le combat. On imagine différente la femme qu
1183 la déguise et on l’éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser les sentiments qui sont en train de se nouer dans une durée
1184 ène Iseut dans la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la passion dépose entre leurs corps une épée
1185 et toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les hommes du temps profan
1186 ons que lui proposent divers objets, trop faciles à saisir. Au lieu de mener à la mort, elle se dénoue en infidélité. Qui
1187 s objets, trop faciles à saisir. Au lieu de mener à la mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’u
1188 e exemplaire. Seul le Don Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni de passio
1189 l’être, une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent sans l’imaginer comme absent, une fuite sans fin dev
1190 couvrant une lente consomption, une moindre-vie. À cette lumière que jette sur nos psychologies la connaissance du mythe
1191 toutes les complications qui servent d’intrigues à nos auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses de la passion po
1192 ur s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe à la psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie dé
1193 coquetterie est un peu simple — mais on en vient à désirer que l’être aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau le
1194 ccepter, ils ne voient de toutes parts que choses à envier, qualités dont ils se sentent privés, et motifs de comparaison
1195 , et motifs de comparaisons qui toujours tournent à leur détriment. Le mari souffre des beautés qu’il aperçoit à d’autres
1196 iment. Le mari souffre des beautés qu’il aperçoit à d’autres femmes, et dont la sienne se trouve privée (même si tous la
1197 mité et réel, que l’on choisit non comme prétexte à s’exalter, ou comme « objet de contemplation »90, mais comme une exis
1198 mais comme une existence incomparable et autonome à son côté, une exigence d’amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer
1199 entends pas ici attaquer la passion : je me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien
1200 attaquer la passion : je me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien que je ne conva
1201 e aujourd’hui les couples. Rien ne répugne autant à un esprit moderne que l’idée d’une limitation volontairement assumée 
1202 endre conscience de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ambition des analyses qui précèdent ; mais je sens b
1203 ir même qu’on nous les nomme… 4. De l’anarchie à l’eugénisme Cependant, l’anarchie permanente que représente le mar
1204 arle même pas du danger spirituel que fait courir à la personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe.) D’où les m
1205 psychologique » et les « névroses » qui seraient à l’origine du mal (d’où l’on déduit que la médecine mentale guérirait
1206 stre, sans apporter les éléments d’une révolution à sa mesure. En outre, il est frappant de constater que presque tous ce
1207 ue tous ces sages auteurs donnent quelques lignes à la louange de la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer :
1208 ent de la tolérer : pour des raisons trop faciles à concevoir, on craint d’attaquer le lecteur dans ses croyances les plu
1209 ire la part du feu, et l’on va même parfois jusqu’ à ce paradoxe de présenter la passion amoureuse comme le couronnement d
1210 ment !) Ainsi l’on passe avec une feinte légèreté à côté du problème fondamental. « Il faut se faire lire et gagner la co
1211 que chose se fasse, la seule question qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est de savoir quel mécanisme social va
1212 préjugés réactionnaires, qu’on se figurait, bien à tort, entretenus par le capitalisme. Dans une lettre fameuse adressée
1213 isme. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à la camarade Zetkin, le chef décrit ce désastre des mœurs, et il prote
1214 t assigné pour but prochain de refaire des cadres à sa nation. Car sans cadres, l’économie périclitait, et la « défense n
1215 pouvait pas s’organiser sans un constant recours à la passion des premiers révolutionnaires : or c’était cette passion p
1216 oductiviste qui contraignit l’État dit socialiste à édicter une série de lois contre le divorce (qu’on rendit extrêmement
1217 atmosphère où les problèmes individuels tendaient à perdre toute espèce de dignité, de légitimité et de virulence anarchi
1218 ignit pas un stade d’anarchie sexuelle comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline. Mais le processus de ruine des ob
1219 ie sexuelle comparable à celui de la Russie jusqu’ à Staline. Mais le processus de ruine des obstacles sociaux, développé
1220 le dans les associations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme, le déchaînement sadique des corps francs dans les pays
1221 ts, le sérieux accordé aux conflits passionnels «  à trois » ou « à quatre » — renouvelés de la Lucinde de Schlegel — auta
1222 accordé aux conflits passionnels « à trois » ou «  à quatre » — renouvelés de la Lucinde de Schlegel — autant de signes de
1223 er cette crise des mœurs. On commença par opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal c
1224 gieux, on opéra cet énorme transfert qui consiste à donner pour seul objet légitime et possible à la passion : l’idée de
1225 ste à donner pour seul objet légitime et possible à la passion : l’idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on pr
1226 la femme de son auréole romantique : on la réduit à sa fonction matrimoniale : faire des enfants, puis les élever jusqu’a
1227 c’est-à-dire pendant 6 ou 7 ans). De là, on passe à des mesures d’ordre eugénique. On ouvre une « école de fiancés » pour
1228 t l’on ne manquera pas de les rendre obligatoires à bref délai. Le but dernier de l’entreprise ne fait pas de doute : on
1229 l’entreprise ne fait pas de doute : on en viendra à n’autoriser plus que les unions contractées sur une base eugénique, s
1230 nts des « goûts » individuels, donc des passions. À chacun sa « fiche de mariage ». Alors la science matrimoniale trouver
1231 e reformer les conditions externes indispensables à la reconstitution du mythe. La passion, officiellement éliminée, disq
1232 eau, imprévisible, naîtra dans les laboratoires. ( à suivre)   Dans un second essai, qui paraîtra en octobre, on tentera d
1233 a de définir une forme d’amour exactement opposée à l’amour-passion : l’amour-action. 83. Voir sur ce point : R. P. La
1234 cette opinion : « Les crimes sont un tribut payé à la vie » (Carpocrates, cf. Schultz, Dokumente der Gnosis). 85. En pa
1235 princesse de C. C. donna lieu au début du siècle à toute une littérature romanesque. Quant au thème de l’ouvrier ou du c
1236 tique. 91. L’Encyclique Casti connubii a répondu à la décision des évêques anglicans dite de Lambeth. Les congrès œcumén
41 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
1237 rolétariat français éprouve une joie particulière à savoir qu’il ne travaille plus pour enrichir M. Citroën ou M. Louis-L
1238 ce et d’inquisition où nous avons à peu près tout à perdre ». Enfin M. Haedens demande que l’on remplace dans les manuels
1239 NRF (mai). — Notes et quatrains de Jean Wahl. À retenir cette petite charade : mon premier est ce qu’il y a de plus b
1240 . Illustration : « Il y avait de charmantes fêtes à Versailles, où le Faubourg Saint-Germain (comme on disait naguère) et
1241 me on disait naguère) et Montparnasse se mêlaient à merveille. Le déhanchement des inversions et l’odeur sournoise de l’o
1242 t la dernière réplique. — Francis Jammes continue à célébrer son autoculte mensuel, cite tous les éloges qu’il reçoit par
42 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
1243 e 1938)ax ay 1. Nécessité d’un parti pris À l’heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il me semble que son d
1244 ’un parti pris À l’heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il me semble que son dessein le plus secret m’échappe
1245 sut profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à l’origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur
1246 C’est qu’avant tout et après tout, à l’origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu
1247 erre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se tue, et le tuer autrem
1248 s’agit, pour qui veut surpasser la passion. Quant à stériliser le milieu culturel où la passion plonge ses racines, il es
1249 iologie (lois de l’hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos passions viendra de l’État, ce Sauv
1250 lème ne comporte pas d’échappatoire dans le temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un homme déter
1251 temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et d
1252 ir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et de sonder en
1253 ins peut-il connaître ses actions, et reconnaître à leurs effets les décisions qu’il a risquées. C’est donc un parti pris
1254 tel que je le reconnais dans ma vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que je propose. Car outre qu’une telle solut
1255 ant donné que les humains des deux sexes, pris un à un, sont généralement des coquins, pourquoi seraient-ils des anges un
1256 pariés ? Ignore-t-on la réalité, ou n’a-t-on rien à dire de plus sérieux ? Poussez la première porte venue ! Ce silence q
1257 euf fois sur dix, de l’agitation des petits soins à la criaillerie délirante. Enregistrez sur disque, au hasard, un de ce
1258 d’un ouvrier : la censure pour un coup trouverait à se justifier. Oui, les romantiques ont raison ; et les réalistes ont
1259 ment, quand la foi veut l’éternité ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a su louer le philistin et
1260 re honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin il n’écrase pas seulement ce philistin qui se contente d’épous
1261 d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble de peur que Satan ne vous tente p
1262 nquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa femme. » (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le mariage est
1263 t du point de vue des romantiques — si l’on croit à Iseut —, soit du point de vue du clerc parfait — si l’on croit à son
1264 du point de vue du clerc parfait — si l’on croit à son œuvre —, soit du point de vue spirituel pur, pour ceux qui croien
1265 es ni femmes »), je borne ma vision et mon espoir à une perfection relative, à l’équilibre dans l’imperfection que représ
1266 a vision et mon espoir à une perfection relative, à l’équilibre dans l’imperfection que représente le mariage. Alors, si
1267 3. Le mariage comme décision Si l’on songe à ce que signifie le choix d’une femme pour toute la vie, l’on en vient
1268 hoix d’une femme pour toute la vie, l’on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or la sagesse pop
1269 sible de peser. Cette erreur du bon sens est tout à fait grossière. Vous aurez beau tenter de mettre au départ toutes les
1270 . Les facteurs mis en jeu sont trop hétéroclites. À supposer que vous puissiez les calculer dans le présent (comme si leu
1271 ce de causes. Il a fallu, dit-on, des millénaires à la nature pour sélectionner les espèces qui nous paraissent adaptées.
1272 ux des plus hautement organisés ! (C’est pourtant à cette utopie qu’obéit sans le savoir le mal marié, lorsqu’il se persu
1273 d’autant plus insoluble que l’on tient davantage à le « résoudre » au sens rationnel de ce terme. Certes, il y a du soph
1274 elle suppose. Lorsqu’on incite les jeunes fiancés à calculer leurs chances de bonheur, on détourne leur attention du prob
1275 vêt objectivement un choix de cet ordre, on donne à croire que tout se ramène à une sagesse, à un savoir ; et non pas à u
1276 e cet ordre, on donne à croire que tout se ramène à une sagesse, à un savoir ; et non pas à une décision. Or ce savoir ne
1277 donne à croire que tout se ramène à une sagesse, à un savoir ; et non pas à une décision. Or ce savoir ne pouvant être q
1278 se ramène à une sagesse, à un savoir ; et non pas à une décision. Or ce savoir ne pouvant être qu’imparfait, et provisoir
1279 alcul… D’où je conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mariage, et au réel, d’enseigner aux jeunes gens que leu
1280 urs d’une sorte d’arbitraire, dont ils s’engagent à assumer les suites, heureuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « c
1281 femme pour en faire son épouse, ce n’est pas dire à Mademoiselle Untel : « Vous êtes l’idéal de mes rêves, vous comblez e
1282 ir une femme pour en faire son épouse, c’est dire à Mademoiselle Untel : « Je veux vivre avec vous telle que vous êtes. »
1283 e jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe, à je ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu de
1284 ans aucun cynisme, peut servir de point de départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui soit une re
1285 e départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui soit une recette de « bonheur », mais bien à une fid
1286 té qui soit une recette de « bonheur », mais bien à une fidélité qui soit possible, n’étant pas compromise en germe par u
1287 et de plus qu’elle est salutaire. Cela se discute à l’infini. Et cela nous sera des plus utile dès que les hommes se régl
1288 s, et la plus désavantageuse pour le « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur langage, la fidélité conjugale est le succès
1289 Ou encore ils y voient l’effet d’une impuissance à vivre largement, d’un goût mesquin pour le confort et le conforme ; d
1290 u maximum et pour elle-même, sans plus se référer à rien qui « juge » et qui « mesure » la jouissance qu’on en tire. Seul
1291 « Cela n’a pas d’importance, cela ne change rien à nos rapports, c’est une passade, une erreur sans lendemain » et tantô
1292 dieuse limitation. ⁂ Pour moi, renonçant d’emblée à toute apologie rationaliste ou hédoniste, je ne parlerai que d’une fi
1293 s époux. Il faut bien voir que cette fidélité est à contre-courant des valeurs aujourd’hui vénérées par presque tous. Ell
1294 une constante prise sur le réel, qu’elle cherche à dominer, non pas à fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde la person
1295 e sur le réel, qu’elle cherche à dominer, non pas à fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car la personne
1296 du terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre, à la faveur d’une œuvre, et aux mêmes conditions, dont la première est
1297 êmes conditions, dont la première est la fidélité à quelque chose qui n’était pas, mais que l’on crée. Personne, œuvre, e
1298 aire œuvre, et d’accéder au plan de la personne. ( À condition bien entendu que cette promesse ne soit pas faite pour des
1299 y aurait toutes les raisons du monde de dire oui à cette passion éblouissante, — dire non en vertu de l’absurde, en vert
1300 umaine, d’une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus tard, après coup, l’homme d
1301 il a renoncé lui est rendu, comme Isaac fut rendu à Abraham. Mais alors il n’y songeait pas ! Et il se peut aussi que rie
1302 moi coupable et asservi. Tristan n’est pas fidèle à une promesse, ni à cet être symbolique, ce beau prétexte qui s’appell
1303 ervi. Tristan n’est pas fidèle à une promesse, ni à cet être symbolique, ce beau prétexte qui s’appelle Iseut, mais à sa
1304 lique, ce beau prétexte qui s’appelle Iseut, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinc
1305 c’est alors une manière de se sauver et d’accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Isolde agonisante. Fidélité
1306 e » n’a gardé parmi nous que l’illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’emprise de cette illusion trahit encore
1307 nce de la religion primitive. Religion antérieure à notre « instinct » moderne, et qui détient l’intime secret de la pass
1308 s pris pour ce monde », écrivait Novalis songeant à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule de la fidélité courtoise
1309 veut), indifférente, sinon hostile au bonheur et à l’instinct vital, elle exige un retour au monde réel, tandis que la f
1310 signifiait qu’une évasion. Dans le mariage, c’est à l’autre d’abord, et non pas à son moi d’abord, que celui qui aime vou
1311 s le mariage, c’est à l’autre d’abord, et non pas à son moi d’abord, que celui qui aime voue sa fidélité. Et tandis que l
1312 turel égoïsme, c’est cela qui édifie la personne. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le mariage est la loi d’
1313 tion de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, et qu’il se tourne avec moi vers le Jour afin d’attester no
1314 — et tout ce qu’un Nietzsche absurdement reproche à l’Évangile. C’est Éros, et non pas Agapè, qui a glorifié notre instin
1315 mort du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Éros s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition
1316 e tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance à l’Éternel. Voilà le sens de la Révélation ; l’au-delà n’est pas la mo
1317 ne pouvait pas l’imaginer. Il était donc condamné à croire Éros, c’est-à-dire à se confier dans son désir le plus puissan
1318 l était donc condamné à croire Éros, c’est-à-dire à se confier dans son désir le plus puissant, à lui demander la délivra
1319 ire à se confier dans son désir le plus puissant, à lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la
1320 a délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’ à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit souda
1321 le conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est dél
1322 ’il est une autre délivrance. Et voici que l’Éros à son tour se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré de son des
1323 i consume la vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir ? Cela seul
1324 béissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir ? Cela seulement : qu’il nous détourne d’obéir. Mai
1325 t idéal de l’homme98. En même temps, elle échappe à l’abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisatio
1326 t sexe. Mais remontons de ces prémisses générales à la psychologie la plus concrète de la relation des égaux. L’exercice
1327 xercice de la fidélité envers une femme accoutume à considérer les autres femmes d’une manière tout à fait nouvelle, inco
1328 à considérer les autres femmes d’une manière tout à fait nouvelle, inconnue au monde de l’Éros : comme des personnes, non
1329 ntre l’infidélité, du simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir et l’amour. Car si le désir va vite et n’imp
1330 rieusement au « coup de foudre », et encore moins à la « fatalité » de la passion. Le « coup de foudre » est sans doute u
1331 figures de rhétorique romanesque, et acceptables à ce titre, mais qu’il serait assez absurde de confondre avec des vérit
1332 mythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi q
1333 rts de Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’h
1334 exuellement localisée, que le corps se voit porté à ces brusques écarts, comparables aux calembours qui obsèdent un espri
1335 i obsèdent un esprit fatigué : on se laisse aller à des « rapprochements » idiots. Par contre, dans un état normal du cor
1336 la femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les relations humaines. Par
1337 e cet amour, il refuse de s’imposer, il se refuse à une violence qui nie et détruit la personne. Il prouve ainsi qu’il ve
1338 he de la manière la plus précise, historiquement, à la passion103. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une c
1339 technique, ne saurait être un seul instant ramené à la passion. L’attitude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de
1340 dont elle est née ne sauraient proposer comme but à notre vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fon
1341 rge, et puisque le salut est justement d’échapper à sa loi démoniaque.104 Faut-il voir à la source de cet aspect le plus
1342 d’échapper à sa loi démoniaque.104 Faut-il voir à la source de cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sort
1343 définie par l’Apôtre (Romains 8), et qui tendrait à restaurer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La
1344 rmer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par les Indes ou la Chine, y eû
1345 ont orientés par une volonté exactement contraire à celle de passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introdui
1346 on l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union tout à fait monstrueuse des forces de mort et des forces créatrices va dénat
1347 elle est née. Il se peut que l’Occident succombe à ce destin qu’il s’est forgé. Mais il est clair que ce n’est pas le ch
1348 ccident était chrétien. Si donc l’Europe succombe à son mauvais génie, ce sera pour avoir trop longtemps cultivé la relig
1349 développée dans notre histoire et nos cultures qu’ à partir des xiie et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive de l’
1350 Ainsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à la passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut la tensi
1351 r résisté à la passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut la tension permanente d’où jaillirent nos plus b
1352 rêver. Son activité « créatrice » consiste alors à retrouver en profondeur toute la diversité du monde créé ; et c’est a
1353 romet la fidélité, et donne des chances nouvelles à la passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise
1354 par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la personne. Mais ce sont là des phénomènes complexes et colle
1355 7. Au-delà de la tragédie106 Ce diagnostic, à bien des égards, peut apparaître comme le bilan d’une décadence : myt
1356 d’autant plus qu’on voudrait le nier. Cependant, à plusieurs reprises, la connaissance de ces périls nous a fait entrevo
1357 lité gagée au moins sur des institutions solides, à la mesure de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passio
1358 ommandent certaines décisions. Elles introduisent à une problématique nouvelle, et qui n’est pas toujours aussi simpliste
1359 assionnel. Mais au-delà de la passion vécue jusqu’ à l’impasse mortelle, que pouvons-nous désormais entrevoir ? Les deux t
1360 cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent à tout exposé. ⁂ Le premier thème peut être situé par rapport à un dram
1361 indicible, qui s’opposait aux yeux de Kierkegaard à un mariage heureux selon le monde. Ici l’obstacle indispensable à la
1362 reux selon le monde. Ici l’obstacle indispensable à la passion est d’une nature à tel point subjective, singulière et inc
1363 tacle indispensable à la passion est d’une nature à tel point subjective, singulière et incomparable, qu’on ne saurait en
1364 élit par son amour, « il commence par le réduire à néant ». Du point de vue du monde et de la vie naturelle, Dieu appara
1365 mme « mon ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure de la Passion, — mais du même coup
1366 tel ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure de la Passion, — mais du même coup nous sommes jetés a
1367 , n’a l’air de rien de surhumain : « il ressemble à un percepteur » et se conduit comme n’importe quel honnête bourgeois.
1368 candaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pas à l’absurde ; mais c’est plus qu’une synthèse, et infiniment plus et au
1369 mpe jamais l’aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir » le monde fini que dans la conscience de sa perte, infin
1370 ît que l’âme atteint un état de présence parfaite à l’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystiqu
1371 r l’admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte, mais qui offre une alliance sans fin, initiant
1372 es saints, et le péché n’est pas comme une erreur à laquelle on renoncerait un beau jour pour adopter une vérité meilleur
1373 a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’ancien, mais qui n’appartient plus à la forme du monde, car c’est l
1374 ressemble à l’ancien, mais qui n’appartient plus à la forme du monde, car c’est lui qui transforme le monde. 93. Je m
1375 de la personne, plus le choix devient singulier. À cette personnalisation de l’être aimé correspond d’ailleurs une spéci
1376 leurs une spécification croissante de l’instinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr Maranon en fa
1377 atif donjuanesque. Mais cette « raison » est tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère le mythe, et veut croire aux
1378 hologiques. 103. À partir de cette règle commune à la passion et à la guerre que fut la chevalerie médiévale. 104. « L’
1379 . À partir de cette règle commune à la passion et à la guerre que fut la chevalerie médiévale. 104. « L’idée antique du
1380 ularité du cas. Elles s’appliqueraient aussi bien à n’importe quel malade sans génie. 108. Crainte et Tremblement, trad
1381 age ». Ces deux essais sont extraits d’un ouvrage à paraître sous le titre : L’Amour et l’Occident . »
43 1938, Esprit, articles (1932–1962). Suite à « La passion contre le mariage » (décembre 1938)
1382 Suite à « La passion contre le mariage » (décembre 1938)az Nous annoncion
1383 e parmi les premiers de ceux qui se sont attaqués à la fausse passion) et la réponse de Rougemont. La voici : Au sujet de
1384 dire d’autre que cela même que précise l’auteur : à savoir que « les modalités d’institution du sacrement » restent, selo
1385 ui porte le renvoi en note) c’était le seul point à marquer. Il me semble qu’en général on l’a compris comme je le pensai
1386 oir les motifs que j’avais de ne point en appeler à Lawrence pour appuyer une thèse chrétienne. az. Rougemont Denis de
1387 se chrétienne. az. Rougemont Denis de, « Suite à “La passion contre le mariage” », Esprit, Paris, décembre 1938, p. 48
44 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
1388 te critique dès leurs débuts, dès les années 1930 à 1932, avec une pertinence et une violence qui alors n’étaient pas san
1389 actuelle, l’usure de la droite, puis de la gauche à l’épreuve alternée du pouvoir, la décomposition des « blocs », celle
1390 dans L’Ordre nouveau . Ils étaient les premiers à le dire. Et l’on pensait qu’ils seraient les premiers à y croire, et
1391 ire. Et l’on pensait qu’ils seraient les premiers à y croire, et à le prouver. Or, il ne paraît pas qu’à cette critique a
1392 nsait qu’ils seraient les premiers à y croire, et à le prouver. Or, il ne paraît pas qu’à cette critique ait répondu jusq
1393 croire, et à le prouver. Or, il ne paraît pas qu’ à cette critique ait répondu jusqu’à présent un dynamisme constructeur
1394 partisans de droite et de gauche seraient fondés à nous dire aujourd’hui : « Vous avez très bien vu pourquoi nous ne fer
1395 des groupes et des congrès personnalistes m’amène à formuler les thèses suivantes : 1. C’est le désir de « sortir du plan
1396 léments d’un groupe local. 2. C’est l’impuissance à « sortir du plan des vieux partis » qui paralyse l’action de ce group
1397 ses au point. 3. Car on ne croit pas suffisamment à ce qu’on affirme, à savoir la mort des partis. 4. On garde le secret
1398 on ne croit pas suffisamment à ce qu’on affirme, à savoir la mort des partis. 4. On garde le secret désir — avoué parfoi
1399 t ailleurs. 5. On garde le secret désir d’arriver à une « prise du pouvoir » de type léniniste ou fasciste, c’est-à-dire
1400 ion parfaite de nos doctrines. 6. On croit si peu à la mort des partis qu’on n’imagine pas d’autre action possible qu’au
1401 e s’accentue d’année en année. La doctrine tourne à l’utopie, l’action se décourage ou s’éparpille. 8. Pendant ce temps,
1402 efficaces justement parce qu’ils ne seraient pas à l’échelle démesurée de l’action des partis politiques. 9. L’action de
1403 e l’action des partis : elle veut être une action à hauteur d’homme, et non pas au niveau de l’opinion. 10. Ceux qui dout
1404 sonnellement, il suffit de croire personnellement à ce qu’on affirme. 15. L’attrait du parti n’est qu’en apparence l’attr
1405 ant. 20. D’où l’incapacité essentielle des partis à collaborer dans l’État : au lieu de se complémenter, ils s’excluent,
1406 c’est la justice d’un groupe imposée uniformément à d’autres groupes. 22. C’est pourquoi le fédéralisme est la seule form
1407 impuissant, mais d’exercer le pouvoir sur place, à l’échelle des réalités que l’on maîtrise. 26. Si peu que ce soit, c’e
45 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
1408 ape un Léon III qui fut empereur. Je ne songe pas à défendre l’inexactitude ni les erreurs typographiques, ou les néglige
1409 « exact » non plus d’appliquer les mêmes critères à ce qui ne relève pas du même ordre. C’est à savoir : le sens d’une in
1410 tères à ce qui ne relève pas du même ordre. C’est à savoir : le sens d’une interprétation. Or c’est l’erreur commune, bie
1411 on. Ma formation théologique protestante m’incite à rechercher, en chaque domaine, non point le général comme les classiq
1412 re quoi que ce soit de ce genre. Elle se condamne à l’enregistrement sans intervention de l’esprit. (C’est d’ailleurs tou
1413 intervention de l’esprit. (C’est d’ailleurs tout à fait impossible.) Or seul le créateur connaît la création, seul il es
1414 faculté d’interprétation créatrice au moins égale à la mienne. C’est à partir de là que nous pouvons dialoguer. Car à par
1415 guer. Car à partir de là, nous pouvons en appeler à l’objectivité la plus réelle : celle de certaines formes fixes de l’e
1416 tortionnaire. Vous ajoutez que je suis insensible à « cette éloquence passionnée, à cette beauté intérieure », que je tie
1417 e suis insensible à « cette éloquence passionnée, à cette beauté intérieure », que je tiens tout cela pour une « concepti
1418 ; et que j’en parle enfin comme on peut en parler à l’Université de Halle110. Or il se trouve que plusieurs critiques m’o
1419 amour courtois une description si enthousiaste qu’ à la fin, la conception chrétienne que je lui oppose « paraît quelque p
1420 s de l’amour courtois, mais seulement cet aspect, à mon sens décisif, que je rapporte au catharisme. Je pourrais, je devr
1421 …) sur l’aventure de Rudel, si j’étais insensible à cette éloquence passionnée et à cette beauté intérieure, si je croyai
1422 ’étais insensible à cette éloquence passionnée et à cette beauté intérieure, si je croyais cette conception dépassée, je
1423 , au cœur de cet amour, d’antichrétien. Or, c’est à cela seulement que je veux renoncer. Sur ce point seul porte ma décis
1424 ttérature (la plus belle qui soit, nous le savons à Neuchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’est à ce « reste » que
1425 belle qui soit, nous le savons à Neuchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’est à ce « reste » que vous dites ne pouv
1426 s le savons à Neuchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’est à ce « reste » que vous dites ne pouvoir renoncer. C’est
1427 Neuchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’est à ce « reste » que vous dites ne pouvoir renoncer. C’est cela que vous
1428 exalté davantage tout ce reste, mes conclusions, à votre sens, s’en fussent-elles trouvées modifiées ? J’entends mes con
1429 de ma contre-attaque. « Je ne puis, moi, renoncer à rien de ce qui a été humain », dites-vous. « Il me faut à tout prix q
1430 e ce qui a été humain », dites-vous. « Il me faut à tout prix que je puisse l’assumer. » Eh bien quoi ? Nous en sommes to
1431 appelle catholique le refus conscient de renoncer à rien d’humain, sans distinction, je veux bien être appelé sectaire. (
1432 our, et qui décide de renoncer, comme malgré lui, à ce qu’il y a de corrompu, de « trop humain », de sous-humain dirai-je
1433 es, rien d’humain ne peut m’être étranger ; reste à savoir si j’ai lieu de m’en vanter ; reste à savoir si ce n’est pas l
1434 este à savoir si j’ai lieu de m’en vanter ; reste à savoir si ce n’est pas là, précisément la solidarité dans le péché, l
1435 s estimerez peut-être que j’abuse en transportant à ce niveau notre « tenson », comme on disait au temps des troubadours.
1436 ps des troubadours. Croyez-moi, je ne cherche pas à esquiver des objections précises111 par un recours aux vérités les pl
1437 en attendant nos psychographes). Votre insistance à me reprocher d’avoir sous-estimé ce que j’appelle insolemment « le re
1438 e que j’appelle insolemment « le reste », m’amène à me demander pourquoi vous y tenez tant. Je crois voir la réponse dans
1439 onclusion. Et force m’est alors de reconnaître qu’ à l’origine de ce débat il n’y a pas seulement en cause une certaine co
1440 hristianisme. « L’Amour vient de Dieu, appartient à Dieu et tend vers Dieu. » Le vieux fou de Transjordanie profère une v
1441 par les anciens comme une maladie de l’âme. Mais à partir du xiie siècle, et par l’effet de confusions mystiques, l’exa
1442 ie !) Ainsi toute la partie de ma lettre relative à l’histoire « objective » se trouve être un mauvais résumé des idées d
1443 ains . Indications que j’ai d’ailleurs retrouvées à leur tour chez Hamann ! L’Histoire comme prophétie à rebours, par exe
1444 deux phrases d’une lettre reçue hier, et relative à mon Amour  : « Quand j’étais jeune, j’aurais parfaitement méprisé vo
1445 us. Puisque aucune patience historique ne conduit à la certitude, il est peut-être au moins aussi sage de faire confiance
1446 peut-être au moins aussi sage de faire confiance à l’intuition. » — Tristesse de l’historien n’est-ce pas ? Et c’est pou
1447 e qu’avec combien de raison vous offrez en modèle à vos disciples. (Mais oui, vous en avez, et je les souhaite nombreux :
1448 it qu’après 5 ans de travail sur les troubadours, à Francfort, il avait tenu à faire deux semestres à Toulouse. Il y arri
1449 l sur les troubadours, à Francfort, il avait tenu à faire deux semestres à Toulouse. Il y arrive tout excité. Le professe
1450 à Francfort, il avait tenu à faire deux semestres à Toulouse. Il y arrive tout excité. Le professeur lui dit : « Que vene
1451 Arabi, que vous jugez sommaire, ne prétendait qu’ à signaler en passant la thèse d’Asin Palacios que l’on peut discuter —
1452 e dernier dans Esprit d’avril, nous a paru propre à intéresser nos lecteurs. Voici d’abord une lettre de Rougemont. »
46 1946, Esprit, articles (1932–1962). « Un divorce entre le christianisme et le monde ? » (août-septembre 1946)
1453 Attention. bd. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Un divorce entre le christianisme et le monde ? », Espri
1454 embre 1946, p. 188-189. be. Rougemont répond ici à une enquête d’Esprit sur le thème « Monde chrétien, monde moderne ».
47 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
1455 Au lendemain de la démission d’un nième cabinet à Paris, un Américain me disait : — En France, n’importe quel problème
1456 es commissions, d’ailleurs, ne seront occupées qu’ à clamer, la cravate en bataille, des résolutions farouchement patrioti
1457 farouchement patriotiques ou républicaines jusqu’ à la mort. Plus question du savon. Brossez-vous. Nous ne posons pas de
1458 en parle. Notre tendance est de nous en remettre à une agence d’État, qui généralement fait le travail à la satisfaction
1459 e agence d’État, qui généralement fait le travail à la satisfaction du plus grand nombre, puis se dissout. C’est ainsi qu
1460 nombre, puis se dissout. C’est ainsi que de 1942 à 1946, l’État américain a contrôlé les prix, la répartition de la main
1461 ommissions du Congrès et du Sénat, se sont bornés à des échanges d’arguments souvent brutaux, au cours d’enquêtes rétrosp
1462 cipes respectifs sont incompatibles. Cela conduit à des crises mortelles. Alors les chefs de partis baissent le nez, font
1463 s les chefs de partis baissent le nez, font appel à l’union sacrée, et délèguent tout pouvoir à l’État, qui est en l’espè
1464 appel à l’union sacrée, et délèguent tout pouvoir à l’État, qui est en l’espèce un nouveau chef de gouvernement. Ce derni
1465 renvoi de l’ingénieur en chef et son remplacement à la dernière seconde soit par un antifasciste convaincu, soit par un b
1466 hardi, qui nous en imposent encore… Nous faisons à la France un crédit démesuré, plus qu’à nul autre pays du monde. Le s
1467 s faisons à la France un crédit démesuré, plus qu’ à nul autre pays du monde. Le sentez-vous ? À vous de n’en point abuser
1468 us qu’à nul autre pays du monde. Le sentez-vous ? À vous de n’en point abuser. C’est d’ailleurs très facile, me semble-t-
1469 . Cette moitié de moi n’irait peut-être pas jusqu’ à demander une guerre préventive, mais elle l’accepterait sans doute da
1470 oute dans le cas d’un nouveau Pearl Harbor. Quant à l’autre moitié, elle ne demande qu’à s’ouvrir à l’amitié de ce grand
1471 arbor. Quant à l’autre moitié, elle ne demande qu’ à s’ouvrir à l’amitié de ce grand peuple des plaines, qui se met à vous
1472 t à l’autre moitié, elle ne demande qu’à s’ouvrir à l’amitié de ce grand peuple des plaines, qui se met à vous ressembler
1473 amitié de ce grand peuple des plaines, qui se met à vous ressembler si curieusement. Nous n’avons guère plus que lui le s
1474 ie qui nous sépare. Car en réalité, nous touchons à l’Asie. Nous sommes une puissance maritime et cela compense la proxim
1475 arine de guerre, et comme pour démontrer sa force à toute épreuve, les expériences de Bikini ? C’était un clair avertisse
1476 ’est là que les choses pourraient se gâter… Quant à nos bons voisins « latins », je ne sais pourquoi, chaque fois que nou
1477 veurs sont aussi, et souvent, de vieux cornichons à lunettes, aux lèvres minces, sachant compter leurs sous et damner les
1478 , j’ai péché par stylisation. Ajouter des nuances à mon tableau n’arrangerait pas grand-chose à cet égard. Ce qui échappe
1479 -chose à cet égard. Ce qui échappe par définition à toute formule ou forme d’expression, c’est l’incohérence du réel. (To
1480 elles que l’Europe seule peut opposer ou proposer à l’Amérique. Cinq choses témoignent de l’esprit et de sa présence acti
1481 prochent qu’en hésitant. Ils nous sont supérieurs à tant d’autres égards ; saurons-nous garder au moins cela ? Le goût d
1482 ins cela ? Le goût de la complexité. La tendance à simplifier, à géométriser, typique d’une civilisation mécanisée, est
1483 goût de la complexité. La tendance à simplifier, à géométriser, typique d’une civilisation mécanisée, est signe de lourd
1484 que son sens des formes, cesse d’imiter et se met à créer. La réduction du fait à une signification. L’Américain croit a
1485 d’imiter et se met à créer. La réduction du fait à une signification. L’Américain croit aux faits, dur comme fer. Il les
1486 e mystiques, mais beaucoup de paradis artificiels à bon marché : l’alcool et Hollywood, les pin-up-girls et le glamour, S
1487 in-up-girls et le glamour, Superman et les sports à la radio. Et ils s’entourent d’objets polis, luisants, emballés dans
1488 lus aucune question ; de mécanismes qui répondent à leur place ; et de musiques qui empêchent d’entendre le silence. Ils
1489 ttes et de martingales, — d’ailleurs communiquées à tous les joueurs — suffiraient pour que chacun gagne. Enfin, ils ne c
1490 cet édifice d’inconscience que chacun s’ingéniait à rendre étanche, — inconsciemment. Ce sont là des secousses extérieure
1491 contentez pas d’appeler périodiquement l’Amérique à votre secours, quitte à la mépriser sitôt le travail fait. Sachez que
1492 périodiquement l’Amérique à votre secours, quitte à la mépriser sitôt le travail fait. Sachez que les Américains ont beau
1493 ait. Sachez que les Américains ont beaucoup mieux à nous donner que des frigidaires, des capitaux et des avions. Ils ont
1494 vions. Ils ont libéré nos villages. Libérons-nous à leur contact, à leur exemple, de l’esprit villageois. Apprenons d’eux
1495 ibéré nos villages. Libérons-nous à leur contact, à leur exemple, de l’esprit villageois. Apprenons d’eux à mépriser le p
1496 exemple, de l’esprit villageois. Apprenons d’eux à mépriser le politicien mais à respecter l’homme d’État ; à perdre aux
1497 is. Apprenons d’eux à mépriser le politicien mais à respecter l’homme d’État ; à perdre aux élections sans insulter le va
1498 r le politicien mais à respecter l’homme d’État ; à perdre aux élections sans insulter le vainqueur, et à gagner sans écœ
1499 rdre aux élections sans insulter le vainqueur, et à gagner sans écœurer le vaincu. Apprenons d’eux à tenir parole, à nous
1500 à gagner sans écœurer le vaincu. Apprenons d’eux à tenir parole, à nous laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne p
1501 cœurer le vaincu. Apprenons d’eux à tenir parole, à nous laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne pas couper les fi
1502 cu. Apprenons d’eux à tenir parole, à nous laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne pas couper les files par princi
1503 ux à tenir parole, à nous laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne pas couper les files par principe, à observer le
1504 nir parole, à nous laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne pas couper les files par principe, à observer les règle
1505 à nous laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne pas couper les files par principe, à observer les règles du jeu da
1506 l’heure, à ne pas couper les files par principe, à observer les règles du jeu dans la mesure où elles sont raisonnables,
1507 du jeu dans la mesure où elles sont raisonnables, à faire crédit, à payer nos impôts, à exiger des fonctionnaires décents
1508 esure où elles sont raisonnables, à faire crédit, à payer nos impôts, à exiger des fonctionnaires décents, à trouver drôl
1509 raisonnables, à faire crédit, à payer nos impôts, à exiger des fonctionnaires décents, à trouver drôles plutôt que ridicu
1510 nos impôts, à exiger des fonctionnaires décents, à trouver drôles plutôt que ridicules ceux qui ont d’autres allures que
1511 ns d’eux le sens spirituel de la mise en pratique à tous risques d’un idéal même imparfait ; car notre rigorisme intellec
1512 liberté réelle qu’en avant, dans tous les ordres, à chaque instant, — si l’on veut bien y réfléchir en refermant ce petit
48 1948, Esprit, articles (1932–1962). Thèses du fédéralisme (novembre 1948)
1513 aut de beaucoup que les Européens soient unanimes à tenir activement le parti de cette Europe, de ses complexités vitales
1514 . Une analyse sociologique assez grossière suffit à révéler dans tout le continent une sorte de clivage et un double trop
1515 ands hommes d’affaires regardent vers l’Amérique. À tort ou à raison — je n’en juge pas ici — ils s’imaginent que ces pay
1516 s d’affaires regardent vers l’Amérique. À tort ou à raison — je n’en juge pas ici — ils s’imaginent que ces pays réalisen
1517 capitaliste qui ont quitté notre continent, mais, à leur suite, les espoirs et les rêves des plus actifs d’entre nous ont
1518 e refus de la Russie et de l’Amérique, se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans faire mieux. Je ne vois plus, p
1519 e, n’en déplaise aux sectaires de tous bords. […] À l’homme considéré comme pur individu, libre mais non engagé, correspo
1520 le désordre, lequel prépare toujours la tyrannie. À l’homme considéré comme soldat politique, totalement engagé mais non
1521 n libre, correspond le régime totalitaire. Enfin, à l’homme considéré comme personne, à la fois libre et engagé, et vivan
49 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
1522 Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)bk
1523 attaque l’Europe « au fond, il ne fait que penser à l’Algérie ». J’avais dit pour ma part deux mois plus tôt, et vous me
1524 itez : « Quand Sartre écrit Europe il ne pense qu’ à la France, et quand il pense France, il ne voit que le drame algérien
1525 romperait, mais pas vous. Car ma phrase signifie, à vous en croire, que deux millions de personnes déplacées, la torture
1526 « notre désastre spirituel » sont sans importance à mes yeux « quand le foie gras circule » en Europe. Vous vous flattez
1527  : c’est en son nom, dites-vous, que je répondais à Sartre. Allons donc ! Je vois bien qu’il vous est nécessaire d’un peu
1528 ne certaine gauche, sectaire comme on ne l’est qu’ à vingt ans. Ceci dit, je voudrais que vos lecteurs sachent aussi que m
1529 it l’aider… Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopuni
1530 faire. » C’était cela, l’essentiel de ma réponse à Sartre, et non ces « additions d’automobiles et de pommes de terre »,
1531 tiers-monde. bk. Rougemont Denis de, « Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de “Sartre et l’Europe” », Esprit, Pari
1532  À la suite de la chronique que j’avais consacrée à “Sartre et l’Europe” (Esprit, mars 1962), j’ai reçu une lettre de Den
1533 e psychanalyse des intentions, et ne parviens pas à me trouver tant d’astuce. Je me contente donc d’assurer Rougemont que