1 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
1 hé. Où donc ? À la surface.) Hofmannsthal. 1. Ramuz mythologue Toute méthode féconde est basée sur une intuition des f
2 n’imagine pas d’aborder l’œuvre et la personne de Ramuz d’une façon systématique. Non que cette œuvre et cette personne ne co
3 ée, ayant un poids à elle et une densité », écrit Ramuz . Le peuple dit, encore plus simplement : « Si c’était vrai, ça se ver
4 ps ». Aujourd’hui, c’est un Rilke, un Claudel, un Ramuz qui détiennent les simples par quoi nous guérirons du platonisme et d
5 ion, et vue au sens d’idée.) ⁂ Ouvrez un livre de Ramuz  : les choses « viennent », le monde « vient » (à nous), le ciel, le l
6 aisir la genèse et l’ambition secrète de l’art de Ramuz . Un personnage de Ramuz, c’est d’abord une apparition, — une image ve
7 ition secrète de l’art de Ramuz. Un personnage de Ramuz , c’est d’abord une apparition, — une image venant à nous. « … on les
8 lent. » Il y en a dans presque tous les livres de Ramuz , de ces taupiers qui portent des bonnets de poil de lapin. On pourrai
9 calculé et il faut d’abord qu’on le corrige. » Et Ramuz ajoute : « C’est comme moi. » C’est comme lui quand il écrit. Car sa
10 l’école ne comprend pas). » Toute l’esthétique de Ramuz me paraît centrée sur cette phrase. Son vocabulaire tout d’abord. Cet
11 Comment ne point penser à ce Livre de Job — dont Ramuz nous a retraduit quelques passages — où toute une théologie s’exprime
12 u’une certaine critique ne veut point pardonner à Ramuz . Un écrivain français de la tradition des classiques, comme ils le so
13 ion, d’un terme roturier, commun, non littéraire. Ramuz , c’est le contraire : s’il écrit « Autarchie », il ajoute aussitôt :
14 en découlent.) Si j’étais dictateur, je nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et nous aurions enfin un langage « châtié »
15 tion se manifeste dans l’allure de la phrase chez Ramuz . On a pu croire qu’il n’avait pas le sens du rythme : c’est qu’il veu
16 e subjectivité et d’objectivité. Dans le monde de Ramuz , ces deux mots n’ont plus aucun sens. Une forme donnée n’a pas à sign
17 . Tout est mythes 45. ⁂ Ainsi la mythologie, chez Ramuz , déloge l’analyse abstraite des psychologues. Et l’on découvre à chac
18 rature d’intrigues pour laquelle il est clair que Ramuz n’est pas doué. La forme même que revêt chez Ramuz la faculté d’imagi
19 amuz n’est pas doué. La forme même que revêt chez Ramuz la faculté d’imaginer et de penser dans l’ordre de l’incarnation, dev
20 peuple ramuzien, peuple créé d’abord à l’image du Ramuz créateur, avec des éléments tirés du caractère vaudois. On a, non san
21 oir su se « ravaler au niveau des simples ». Non, Ramuz ne descend pas au peuple, on devrait dire plutôt qu’il y remonte. Son
22 t qui vient du fonds mythologique de la race. (Si Ramuz par exemple nous parle d’une Antiquité, il faut entendre qu’il s’agit
23 re l’accord des éléments dont se nourrit l’art de Ramuz . Voici Caille, le colporteur biblique, qui s’avance dès le matin à tr
24 couple heureux. Rarement la forme authentique de Ramuz atteignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet ouvrage
25 e. La surimpression par exemple n’est jamais pour Ramuz un moyen de créer du mystère en brouillant les plans du réel, mais un
26 otale la vision. Tout, par ailleurs, indique chez Ramuz la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni certa
27 . On s’est trop arrêté à l’insolite du style chez Ramuz . Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’
28 Mais l’important, je pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en a, il faut le dire, qui ont un ai
29 dire, qui ont un air raté, un air de pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule page de ce livre lue avec cette lenteur qu’elle
30 ssion de tout contact avec l’objet. » Ainsi parle Ramuz des faux poètes, des nominalistes. On croit voir transparaître dans c
31 « négatif », admirablement pris, d’un portrait de Ramuz , dont il est bien facile de tirer une épreuve positive : « Sa poésie
32 n système délicat de conventions et de prudences… Ramuz commence là où tous les intermédiaires sont supprimés. Goethe cherche
33 isation lui donne de plus achevé. Le mouvement de Ramuz paraît inverse : par la ligne de plus grande résistance, il fait reto
34 ux respectifs auxquels se placent un Goethe et un Ramuz déterminent deux formes d’expérience apparemment incomparables. Tout
35 ’humain. Il se peut que l’effort réactionnaire de Ramuz , dans les contingences où nous sommes, soit, plus qu’il n’y paraît, c
36 ducation goethéenne. Il se peut qu’en définitive, Ramuz ait fait, pour la culture, en se donnant l’air de l’attaquer, plus qu
37 ne pensée sans risques, et d’un art sans pitié. ⁂ Ramuz en veut à l’école, aux journaux, au langage noble, aux objets de vitr
38 a jamais l’effort ; mais par goût de l’effort. Si Ramuz tend à rejeter tous les intermédiaires culturels, s’il critique le ma
39 et ce risque de l’homme créateur de sa forme. Si Ramuz n’aime pas les machines, s’il refuse l’économie d’efforts qu’elles re
40 taurée, — c’est le mouvement unique de l’œuvre de Ramuz , et la définition de sa personne en exercice. « Je ne distingue l’êtr
41 lement parce qu’elle est la plus clairvoyante que Ramuz ait écrite sur son art, mais aussi parce qu’elle indique, à peu près
42 aveu de soi le plus direct qu’ait jamais consenti Ramuz (c’est Une Main) je lis ceci : « Certains hommes tiennent pour un gai
43 ne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz existe à sa façon. Je vois que son pouvoir est sa présence active au
44 siècle pose d’autres questions, des questions que Ramuz ne veut pas esquiver. Voici le temps où tout homme se voit mis en dem
45 soi-même, — l’originalité de l’homme « radical ». Ramuz l’a fait plus qu’aucun de nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun
46 a été reconnue sur la figure » (Pascal, cité par Ramuz ). 44. Comme Ramuz l’a fait dans Six Cahiers. 45. Est-il nécessaire
47 la figure » (Pascal, cité par Ramuz). 44. Comme Ramuz l’a fait dans Six Cahiers. 45. Est-il nécessaire d’indiquer que rien
48 allemand dit Ernüchterung. 51. Rimbaud, cité par Ramuz dans Six Cahiers. t. Rougemont Denis de, « Vues sur C. F. Ramuz »,
2 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
49 e choses vont de soi. Il nous faut un homme comme Ramuz pour nous tirer de l’optimisme assez épais où s’endorment les jeunes
50 sont d’usage interne, individuel. Les doutes que Ramuz nous proposent touchent au contraire les fondements mêmes de notre vi
51 ttre en question parmi nous. Par exemple, demande Ramuz  : Avons-nous autre chose à dire que propreté, confort et instruction 
52 ner ceci : que c’est aux Suisses, finalement, que Ramuz pose ces questions ; mais que s’il garde en même temps le souci d’exp
53 otre mesure, celui du tenancier de grand palace. ( Ramuz , plus dur, parle de portier d’hôtel…) Et je ne dis pas que cette inte
54 n’a reçue. La Suisse existe-t-elle ? nous demande Ramuz . Cela revient à dire : a-t-elle une raison d’être ? J’essaierai de ré
55 particulier de nos responsabilités comme neutres. Ramuz insiste avec raison sur le fait que nous n’avons pas une culture nati
56 c’est-à-dire de près, corps à corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans le voisinage ge
57 nous a donné par-dessus un Gottfried Keller et un Ramuz . Ceux-là ne sont Européens que parce qu’ils sont d’abord, et génialem
58 e goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz , et je m’en irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si je viva