1 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
1 alyse approfondie des cinq légendes primitives de Tristan et Iseut, l’auteur a été conduit à rechercher les origines religieuse
2 révèle exactement assimilable à celle d’un mythe. Tristan est un roman « courtois ». La courtoisie est née dans le Midi au xiie
3 s provençaux et des romans bretons, l’adultère de Tristan reste une faute parce qu’il est consommé dans la chair (et non point
4 hsabé commet un crime et se rend méprisable. Mais Tristan , s’il enlève Iseut, vit un roman, et se rend admirable… Ce qui était
5 nt dans le jeu de ces contraintes que le mythe de Tristan puisait ses moyens d’expression. Or voici que ces contraintes ou se r
6 ui le « démeine » — pour parler comme l’auteur du Tristan — cette nostalgie dont il ignore l’origine autant que la fin. Son ill
7 la « vraie vie », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comme son génie caché ! Et plus rien ne compte en
8 uoi l’on aime souffrir et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le
9 zon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan , Iseut n’était rien que le symbole du Désir lumineux : son au-delà, c
10 s rythmes du désir charnel ; mais tandis que pour Tristan l’infini, c’est l’éternité sans retour où s’évanouit la conscience do
11 ue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Or ce n’est pas lui qu’il convient d’accuser,
12 n de l’âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers le type contraire du Don Juan, de l’homme aux amo
13 . Aimer d’amour-passion signifiait « vivre » pour Tristan , car la « vraie vie » qu’il appelait, c’était la mort transfigurante.
14 t de nos contemporains sont en proie au délire de Tristan . Bien peu ont assez soif pour boire le philtre, et j’en vois moins en
15 ente der Gnosis). 85. En particulier du mythe de Tristan , utilisant les formes de la morale chevaleresque pour exprimer sans l
2 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
16 t munie d’une dot adéquate — dont je veux être le Tristan  ». Car ce serait là mentir et l’on ne peut rien fonder qui dure sur l
17 mots… ⁂ Cependant, tout n’est pas encore clair. Tristan lui aussi fut fidèle ! Et toute passion véritable est fidèle. (Pour n
18 toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe, et de Tristan . C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, naturellement, et
19 analyse des légendes courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas Iseut mais l’amour même, et au-delà de cet amour, la mort,
20 e comme la délivrance du moi coupable et asservi. Tristan n’est pas fidèle à une promesse, ni à cet être symbolique, ce beau pr
21 me voue sa fidélité. Et tandis que la fidélité de Tristan était un perpétuel refus, une volonté d’exclure et de nier la créatio
22 lus de la vie pour la mort (c’était la passion de Tristan ). ⁂ L’amour fidèle de Tristan détruisait son bonheur et sa vie pour t
23 était la passion de Tristan). ⁂ L’amour fidèle de Tristan détruisait son bonheur et sa vie pour témoigner en faveur de la Nuit,
24 le ruine notre bonheur, est salutaire. L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutissement supr
25 destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus de Tristan , plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse d’être
26 la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan . Excuse et alibi qui ne peuvent tromper que celui qui veut être tromp
27 monde. 93. Je m’en tiens au « cas-limite » de Tristan  ; j’ai connu des amants chrétiens qui eussent considéré cette phrase
28 réfute les croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est tout à fait