1 1932, Esprit, articles (1932–1962). À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)
1 olé pour le moins une chaste fille de Montmartre. C’est une conception de Français né paillard, décoré, et qui ne sait pas la
2 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
2 pas être créatrice. En tant que révolutionnaires, c’est de ce point de vue central et seul efficacement critique que nous dev
3 de l’action apparaît particulièrement flagrante. C’est à ce titre et sous cet angle que l’affaire Jacques Martin prend pour
4 ois, dans la solitude d’une chambre la nuit, — si c’est le lieu de sa prière. Les faits l’attendent : elle les juge. (Elle le
5 arfois doucement derrière ses lunettes d’écaille. C’est lui qui juge, ayant pesé son acte. Les autres appliquent un tarif. ⁂
6 nge de rhéteurs qui va de Jaurès à Sangnier ; car c’est , vous m’entendez, « au nom de la cause sacrée de la paix » que ce bra
7 braves gens qu’il s’agit dans les deux cas, mais c’est du même état, qu’ils tolèrent.) 4° Il n’y a qu’un rapport de trahison
8 ans la paix ce que firent à la guerre ses aînés : c’est pour la même cause qu’il se sacrifie, avec le même courage. On les a
9 eur de Martin, lui répondra non sans violence : «  C’est faux ! Vous faites de la théologie, et vous ne faites même que cela ;
10 e la théologie, et vous ne faites même que cela ; c’est une tout autre théologie que la chrétienne, simplement. C’est la théo
11 ut autre théologie que la chrétienne, simplement. C’est la théologie païenne par excellence, celle de l’État-Dieu, qui veut l
12 jamais vu un soldat défensif ? Comment est-ce que c’est fait ? » 7° Certes, l’on peut tirer de ces débats une conclusion préc
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
13 de rupture est l’origine même du christianisme ; c’est pourquoi l’apparition d’une volonté contraire définit exactement, pou
14 oire qu’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à une paix avantageuse, à une paix dont ils s
15 éveille au milieu des statuts de cette confusion. C’est contre eux dès l’abord qu’elle vient lourdement buter. On a tout dit
16 se avec celle de la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti de gens qui, ayant peut-être été chrétiens, veulent en tirer
17 nté » du désordre établi. Et pourquoi ? Parce que c’est tout à fait impossible, parce que la « chrétienté » est sécularisée,
18 iberté qui lui soit accordée vis-à-vis de la foi, c’est de la refuser. Comment dès lors l’utiliserait-il à son gré ? Car d’un
19 peut pas la compromettre, et ce qu’il compromet, c’est toujours autre chose. Mais d’autre part, et pour la même raison, il n
20 fonder un « ordre chrétien » ; et s’il le fonde, c’est en réalité sur une tout autre force que celle de la foi. Ce peut être
21 rivoiser, réglementer, administrer dans la durée. C’est une force que l’Église aurait, une fois pour toutes. Et cette possess
22  ! —à celles qu’inventent les hommes sans la foi. C’est la meilleure façon que le monde ait trouvée de rejeter le Christ : fe
23 t condamne ceux-là d’abord qui s’en réclament. Et c’est pourquoi il y a un imposteur dans tout homme qui se dit chrétien. (Je
24 is pas cela d’un point de vue antichrétien.) Mais c’est aussi pourquoi il y a une suprême imposture dans tout programme préte
25 ie du monde, la « chrétienté » se trouve menacée, c’est déjà qu’elle mérite la mort. Les uns alors défendent ses propriétés,
26 pour le sauver. » Rompre avec le désordre établi, c’est faire en sorte simplement, qu’il cesse d’être « établi ». Qu’il ait p
27 ut temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager q
28 champ le plus juste. Car ce qui manifeste la foi, c’est le choix et non pas le système : il n’est de choix que personnel. Ain
29 nos forces, en même temps qu’elle en exige tout : c’est la conversion. 1. L’Église « corps du Christ », en théologie ; et e
30 , et ne défendent que leur esprit. On sait ce que c’est que l’esprit, en ce siècle ! Il a été admirablement défini par la Sor
31 é du désespoir, trad. Gateau (Gallimard), p. 178. C’est nous qui soulignons. 8. Ibid., p. 170. d. Rougemont Denis de, « C
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
32 lité de transcender, de révolutionner ses formes. C’est pourquoi nous voyons aujourd’hui à l’avant-garde du mouvement révolut
33 eurs paraître suspecte, à beaucoup de chrétiens.) C’est ainsi que Ferdinand Fried déclarait récemment dans l’importante revue
34 , N. Stufkens (Hollande) et F. Heuson (Amérique). C’est un document de premier ordre sur la « rupture » à laquelle nous trava
5 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
35 é. Et s’il divise alors le temps de ses journées, c’est pour mieux dominer ses moyens. Selon sa loi. Mais le moderne dit : « 
36 s d’accoucher, mais seulement de purger sa peine. C’est alors qu’un Franklin, qu’un Guizot, qu’un Staline, vous camouflent ce
37 à cette nécessité. Car la seule défense efficace, c’est l’attaque. Un travail qui néglige la création, un travail sans loisir
38 départ d’un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la base toutes les conceptions du loisir qui découlent de ce
39 ais nous savons le vrai nom du « temps vuide » et c’est chômage. Tout le mal est venu d’une séparation, d’une disjonction. Ou
40 aut maintenant déceler la lâcheté originelle. Car c’est bien d’un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience de cette tens
41 travail des classes chargées d’assurer ce loisir. C’est créer un monde impensable, le nôtre. Car si le loisir est simplement
42 une échelle que Ford n’avait imaginée qu’en rêve, c’est la tentative désespérée de Staline pour introduire un peu de joie dan
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
43 Mais cette mesure est peut-être assez faible. Et c’est pourquoi nous avons tant de peine à définir et nommer clairement les
44 ume, à mon sens, en une phrase un peu grossière : c’est une littérature qui aime parler pour ne rien dire. Elle n’est occupée
45 dire. Elle n’est occupée qu’à « bien » dire, — et c’est pourquoi elle parle mal. Or ceux qui l’ont attaquée jusqu’ici n’ont r
46 n sans pathos, car l’affirmation seule est grave. C’est à l’homme qu’il faut dire oui, à l’homme total, à l’homme renouvelé.
47 2, pour éviter, en fait, de résoudre le drame. Et c’est la bonne conscience idéaliste du régime. « Littérature », opium des p
48 l’ordre, la permanence, les vertus trop massives. C’est l’espèce des immoralistes. Sans les valeurs anarchiques qu’ils défend
49 geole se passe, — mais rien de grave ne se passe. C’est comme au jeu de pigeon vole. Il reste quelques écrivains qui échappen
50 plus de sens réel, ni plus d’autorité. Critiquer, c’est d’abord posséder un critère, ensuite le faire valoir avec intransigea
51 eux-mêmes, sans rapport à leurs fins. Elle dit : c’est bien écrit, mal composé, intéressant ; elle dose des influences, elle
52 . La grande faiblesse de la littérature actuelle, c’est qu’elle s’est rendue justiciable de la critique des marxistes. « L’ar
53 faire un pas de plus. Il nous faut dire enfin que c’est l’homme en tant qu’homme — et pas seulement le non-bourgeois — qui pâ
54 malentendus, et la seule convention qui subsiste, c’est de les accepter pour tels. « Philosophe et guerrier, écrit Rudolf Kas
55 visage. Dire que le monde est devenu impensable, c’est avouer qu’il n’y a plus de mesure commune à la pensée et à l’action,
56 principe de grandeur que nous proposons tous ici, c’est l’homme considéré dans sa vocation créatrice, — c’est la personne. Qu
57 t l’homme considéré dans sa vocation créatrice, —  c’est la personne. Que la mesure de tout soit désormais dans la personne, e
58 n suppose une liberté, ou plus exactement, créer, c’est être libre. Un art nouveau, c’est une liberté nouvelle. Mais c’est au
59 ctement, créer, c’est être libre. Un art nouveau, c’est une liberté nouvelle. Mais c’est aussi une obéissance nouvelle. Je ne
60 Un art nouveau, c’est une liberté nouvelle. Mais c’est aussi une obéissance nouvelle. Je ne conçois de liberté concrète que
61 e prévoit pas un chef-d’œuvre, et la littérature, c’est d’abord les chefs-d’œuvre. Mais avant l’œuvre, il y a l’appel de l’ho
62 llement assignés par leur raison d’être profonde. C’est un amer divertissement que nous offre la vie quotidienne des citadins
63 iques sont unanimes à condamner sans nul recours, c’est celui du roman à thèse. Méfiance significative ! Les thèses de Bourge
64 opportun de la part de nos romanciers. La vérité, c’est que la bourgeoisie n’ose plus défendre ses vrais buts, et préfère par
65 rreur soviétique. Mais bien à hauteur d’homme, et c’est la vérité personnaliste. Enseigner, c’est rappeler aux hommes les fin
66 mme, et c’est la vérité personnaliste. Enseigner, c’est rappeler aux hommes les fins de leurs activités. C’est, pour un écriv
67 rappeler aux hommes les fins de leurs activités. C’est , pour un écrivain, ordonner les moyens de son art à ces fins. Il y fa
68 t. Son seul souci est d’être, le plus fidèlement. C’est à partir d’elle seule qu’un art original se développera naturellement
69 eu lui adresse comme un ordre ; pour l’incroyant, c’est la mission dont il se sent responsable envers lui-même. g. Rougemon
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
70 désespérés ? Tous vos livres disent non à la vie. C’est facile d’être négatif. Et je n’avais pas besoin qu’on m’y aide. Pourq
71 — ou la générosité de soi — de dire oui à la vie. C’est très difficile… J’interromps la citation : dire oui à la vie, c’est
72 e… J’interromps la citation : dire oui à la vie, c’est surtout une formule nietzschéenne, et qui signifie chez Nietzsche à p
73 r est seul. Il me prend volontiers. Nous causons. C’est un commerçant de Lyon, la cinquantaine, assez bavard. À certaines all
74 type qui a écrit le bouquin. Ah ça alors ! Tenez, c’est l’histoire d’une municipalité qui fait construire un des trucs-là jus
75 a amène, ah ! mais alors, vous savez, tout y est, c’est attrapé, le curé, la politique et tout15 !… » Les éditeurs s’efforcen
76 Il faut des livres faciles, des livres gais, etc. C’est , disent-ils, ce qu’on demande. — Hé ! oui, parbleu, c’est ce que « le
77 isent-ils, ce qu’on demande. — Hé ! oui, parbleu, c’est ce que « les gens » demandent. Mais savent-ils bien ce qu’ils demande
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
78 connaissance des choses en tant qu’absentes. Mais c’est une autre erreur que d’attribuer à la vision, ou au toucher, ou à la
79 nt jugées par lui, et non point lui par elles. Et c’est de lui qu’elles tirent leur justification, et non l’inverse. En d’aut
80 l’équation objet en vrai objet. 2. Le concret, c’est la présence de l’homme Comment choisir cette valeur précise de l’i
81 ne peut, par lui-même, provoquer aucune présence. C’est là le rôle du sujet, et sa nature. La manière d’être du sujet est ess
82 disparaît, l’angoisse devient joie de combattre. C’est le moment de la présence de l’homme au monde et à soi-même conjointem
83 l’homme au monde et à soi-même conjointement. Et c’est ainsi que le concret naît d’une décision de l’homme provocateur de la
84 t à soi-même. Dire que l’homme est, concrètement, c’est dire qu’il souffre et qu’il jubile, — qu’il agit. C’est pourquoi ils
85 dire qu’il souffre et qu’il jubile, — qu’il agit. C’est pourquoi ils se trompent du tout, ceux qui considèrent l’homme, dans
86 ier, c’est-à-dire de l’inhumain (à la limite), et c’est encore à dire qu’une « science de l’homme » qui se veut purement desc
87 e concret : mais alors il n’est plus concret ! Et c’est ainsi que l’existence du psychologue repose sur un sophisme qu’il fau
88 , il ne sera jamais un objet de l’entendement. Et c’est pourquoi rien ne peut l’expliquer. Mais qu’il paraisse, aussitôt les
89 ne de l’acte, et joue en nous le rôle de l’homme. C’est lui qui rend l’homme visible à l’homme, et nous sculpte un visage lis
90 en peut sortir sans quitter, du même pas, la vie. C’est pourquoi le drame est sérieux ; et notre vie n’est pas une farce, pou
91 ité, une attitude d’auteur de son propre destin ? C’est ce que l’on ne voit point. C’est ce que nul ne peut voir ni ne verra
92 propre destin ? C’est ce que l’on ne voit point. C’est ce que nul ne peut voir ni ne verra jamais, cependant que chacun peut
93 en quoi consiste sa propre personne. Ma personne, c’est ma présence au monde et à moi-même conjointement ; aux vrais objets,
94 aux vrais humains, et à ma vraie responsabilité. C’est à bon droit, nous l’avons vu, que nous pouvons attribuer un sens comm
95 s. Le temps nouveau qu’initie l’acte de présence, c’est le temps de la création qui naît de l’acte, c’est le rythme imprimé à
96 c’est le temps de la création qui naît de l’acte, c’est le rythme imprimé à l’action générale par cette apparition qui s’y in
97 ion générale par cette apparition qui s’y insère. C’est une nouvelle qualité du concret. Mais ce mystère de la présence, si l
98 ts, demeure mystère en tant que pure initiation : c’est le mystère de l’éternité, de cela qui échappe au temps, marque sa fin
99 et seulement en lui obéissant ; car le connaître, c’est le connaître irrésistible. Et comment ai-je su qu’il venait me saisir
100 ble. Et comment ai-je su qu’il venait me saisir ? C’est parce que j’en ai témoigné par mon acte. Admirable cercle vicieux ! O
101 instant qu’il rencontre son objet. L’homme sujet, c’est l’homme seul à l’instant qu’il cesse de l’être. Ainsi la voie du myst
102 ant un dernier terme qui la résume tout entière : c’est le terme d’incarnation. Si toute présence est l’événement de l’éterne
103 ément comme n’étant pas assujetti à notre action. C’est pourquoi la plupart de nos gestes, loin d’être ordonnateurs et créate
104 re notre vie de notre vocation. La foi au Christ, c’est la foi dans la personne par excellence : or, cette foi consiste en un
105 le mariage, la famille, le métier et l’éducation. C’est à la sauvegarde de ces réalités prochaines que doivent s’ordonner les
106 st un corps jeté au milieu d’autres corps, et que c’est un orgueil assez court que de prétendre l’ignorer ; il a compris le f
107 ficile d’être équitable envers le spiritualisme : c’est qu’il nous a fait plus de mal, et que l’erreur matérialiste est bâtar
108 poir de solution réelle n’est plus permis18. Mais c’est ce plan que nous avons quitté en définissant la personne comme un act
109 son lieu naturel, en séparant le corps et l’âme : c’est qu’il les a mal distingués. Du point de vue de la personne, le corps
110 os contacts, comme aussi de n’en pas choisir. (Et c’est dans ce débat qu’apparaît la conscience.) Mais ni le corps de l’homme
111 t ensemble, ils sont une seule et même « chair ». C’est une étrange erreur que de nommer « esprit » l’aspect original du corp
112 er « esprit » l’aspect original du corps humain ; c’est une étrange erreur que de rêver l’âme immortelle19 ; et c’est au nom
113 range erreur que de rêver l’âme immortelle19 ; et c’est au nom de cette erreur qu’on croit pouvoir séparer l’âme du corps — q
114 qui rendrait vain le plus consolant de nos rêves. C’est une tentative impie pour substituer la conscience à la vocation perso
115 de liberté à l’exercice concret de cette liberté. C’est une usurpation de l’éternel par la conscience contingente, par cette
116 parole, on n’a rien vu qu’un corps en mouvement. C’est parce que Dieu s’est révélé dans un corps d’homme que l’esprit, parmi
117 eure l’initiation fondamentale de toute histoire. C’est par le verbe seul, créant de rien, que « l’impossible, ici, devient é
9 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
118 ique qu’il criait fort et bien, mais mordait peu. C’est le surréalisme, en somme, qui demeure responsable des premières grave
119 ont certainement connu le désespoir de vivre, et c’est cela qu’ils ont voulu traduire. Mais c’est cela aussi que l’homme ne
120 re, et c’est cela qu’ils ont voulu traduire. Mais c’est cela aussi que l’homme ne peut avouer que s’il connaît un au-delà du
121 doute mieux encore à citer, en cherchant un peu. C’est très bien de ne pas faire le modeste, et même de prendre de grands ai
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
122 hostile, dans une ascèse morale soutenue. L’aîné, c’est ce Rouveyre que nous ont révélé des dessins cruellement dépouillés et
123 , réfléchit sous nos yeux. Ce n’est pas du récit. C’est une espèce de taraudage21. De temps en temps, il change de mèche et r
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Albert Soulillou, Nitro (février 1935)
124 celui du jeune homme de tout à l’heure. Mais ici c’est un ouvrier qui parle. D’avoir travaillé chez Ford ne donne pas forcém
125 pulistes. Ce qui manque peut-être à M. Soulillou, c’est la patience de laisser mûrir ses livres ; d’attendre qu’un sujet impo
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
126 t souligner dans cette revue toute l’importance : c’est la circulation constante qui s’opère aujourd’hui entre les anciennes
127 ne le croit couramment. Au fond, son vrai sujet, c’est l’étude concrète de la communauté qui peut s’instituer par le jeu des
128 plus fraternel. Le défaut de Les Uns les Autres, c’est peut-être qu’il donne parfois l’impression d’un livre plus profondéme
129 . Il y a vraiment du nouveau dans cette œuvre, et c’est à nous plus qu’à quiconque qu’il appartient de le reconnaître. Un tel
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
130 le mouvement hitlérien est né et a pris son élan. C’est une admirable réussite littéraire, c’est aussi un roman d’aventures,
131 on élan. C’est une admirable réussite littéraire, c’est aussi un roman d’aventures, et un roman d’idées, et une description é
132 ’il nous reste à découvrir : celle du Sud. Enfin, c’est un livre qui mériterait, mieux que celui de Malraux, de s’intituler :
133 a communauté des gens cimentés par le malheur, ça c’est la seule vraie communauté qui puisse exister pour un peuple. » N’est-
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
134 précisément ce qui sépare, et non ce qui confond. C’est le verbe (qui est acte) qui distingue et caractérise les choses et le
135 bataille qu’à travers un nouvel ordre économique, c’est l’homme et sa libération qui en reste l’enjeu et le but ; il serait d
15 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
136 ordonnée et de mesure, celles de l’intelligence… C’est dire que l’esprit créateur y doit être à l’honneur. Voilà pourquoi la
137 t de la dotation d’un palais consacré à l’esprit, c’est poser en réalité, sous une forme à peine allégorique, la question des
138 entretiennent notre cité et la nation des clercs. C’est mettre en discussion l’un des rapports fondamentaux qui définissent u
139 apports fondamentaux qui définissent une société. C’est reconnaître enfin que ce rapport n’est plus perçu par un chacun comme
140 . Lorsque l’État vient au secours d’une religion, c’est qu’elle est morte. Ou qu’elle n’en a plus pour longtemps. Lorsque l’É
141 eur représentative ou démonstrative. Et pourtant, c’est l’esprit qu’il faut honorer, c’est bien à lui qu’il faut élever un sa
142 . Et pourtant, c’est l’esprit qu’il faut honorer, c’est bien à lui qu’il faut élever un sanctuaire et non à telle ou telle de
143 toute espèce d’ironie. Le plus grave, sans doute, c’est qu’ils croyaient bien faire. Et personne à ma connaissance n’a mis en
144 Je serais prêt à l’accorder. Ce qui est nouveau, c’est qu’elles croient le savoir. C’est que la caricature officielle, scola
145 ui est nouveau, c’est qu’elles croient le savoir. C’est que la caricature officielle, scolaire, académique, parlementaire, en
146 point pour me ménager une partie par trop facile. C’est que la grossièreté même de l’écart, et le fait qu’on l’ait négligé, m
147 7 exactement, publiait le Discours de la méthode. C’est une attention bienveillante de la chronologie. L’hommage rendu à l’au
148 igion de l’esprit. Mais ce que Descartes a voulu, c’est que l’esprit « clair et distinct » fût séparé absolument du corps. Ce
149 que l’Église, pour son malheur, a pris en compte, c’est la doctrine « spiritualiste » de l’esprit. Voilà l’erreur métaphysiqu
150 x mains. Ce que je reproche à l’esprit cartésien, c’est d’avoir formulé l’équivalent de ce préjugé en termes de philosophie.
151 quivalent de ce préjugé en termes de philosophie. C’est d’avoir enseigné au peuple un culte de l’esprit intemporel — comprene
152 ïques laborieux. Exiler l’esprit dans les nuages, c’est le vouer au culte d’une élite inféconde, et au juste mépris des masse
153 prit du corps, et glorifier cet esprit distingué, c’est aussi laisser ce corps à lui-même, le mépriser, l’abandonner à sa lou
154 lourdeur. Décréter que l’esprit n’a pas de mains, c’est libérer de son pouvoir arbitral et animateur le domaine de l’action q
155 ner le change sur leurs véritables desseins, mais c’est toute une éducation culturelle, universitaire, qui l’a sans le vouloi
156 points de vue irréels, mais logiques et simples. ( C’est ainsi que l’on a cru pouvoir « appliquer » la méthode cartésienne de
157 , à déconcrétiser33 les disciplines de la pensée. C’est ainsi que l’histoire devient un ensemble de lois, et non plus une chr
158 ciplines que l’on enseigne aux jeunes clercs : et c’est la volonté, consciente ou non, d’esquiver l’engagement pratique. Ce q
159 pratique. Ce qu’on célèbre sous le nom d’esprit, c’est l’attitude prétendue spectaculaire, en réalité démissionnaire, de la
160 lide et efficace des doctrines intellectualistes, c’est celle qui consisterait dans une psychanalyse du sérieux universitaire
161 a pensée ! Ce qu’on célèbre sous le nom d’esprit, c’est l’image épurée d’un monde fait de lois. Cette image s’interpose entre
162 ont un à peu près sans sérieux et sans précision, c’est un grand résultat pour la philosophie ; mais c’est une abdication de
163 ’est un grand résultat pour la philosophie ; mais c’est une abdication de tout rôle actif. L’avenir est à ceux qui ne sont pa
164 du « désintéressement » des clercs parfaits. Mais c’est jouer sur une impertinence, car le mot « désintéressement » a deux se
165 trer désintéressé, au sens subtil où il l’entend, c’est nier en principe que l’esprit soit responsable de ce qui se passe dan
166 oit responsable de ce qui se passe dans le monde. C’est affirmer que l’esprit n’est pas du monde, et que les intérêts du mond
167 bien engagé dans le monde. Supposer un clerc pur, c’est encore une fois supposer un esprit dégagé de son corps, jamais un tel
168 des êtres qui méritent le nom de clercs parfaits, c’est qu’en réalité, ils ont trahi leur fonction propre, qui était de juger
169 est « peut-être triste », insondablement triste, c’est que « peut-être » la vérité n’existe pas. Et si la vérité n’existe pa
170 rit incarné, l’Esprit qui s’est rendu mortel, car c’est ainsi qu’il peut changer le monde. Non pas en planant hors du temps,
171 sprit — notre Université — n’est pas de ce monde. C’est le royaume des lois « sérieuses et précises » que la pensée peut arri
172 naître, mais sur lesquelles elle ne saurait agir. C’est une mythologie de l’impuissance de l’esprit. Mais les hommes, qui son
173 ment ou de la perte. Le clerc qui ne sert à rien, c’est flatteur et c’est distingué, mais il faut encore le nourrir. Une logi
174 e. Le clerc qui ne sert à rien, c’est flatteur et c’est distingué, mais il faut encore le nourrir. Une logique vulgaire voudr
175 l’esprit ne peut rien, et on l’en loue, parce que c’est très commode, mais on exige par surcroît qu’il gagne lui-même sa vie.
176 n exige par surcroît qu’il gagne lui-même sa vie. C’est la seule chose qu’on ne lui ait pas apprise. Considérez ce pauvre cle
177 l que le livre l’Université : que sait-il faire ? C’est tout juste s’il sait écrire. Il écrira donc un ouvrage dans les règle
178 nale. Il serait faux de dire qu’on paie l’esprit. C’est bien plutôt l’absence d’esprit qu’on rétribue, en vertu d’une coutume
179 rituelle de ces écrits. Ce n’est pas la création, c’est le rabâchage qui rapporte. Publiez un poème, un essai, un roman, dans
180 d’un micro devant une foule élégante et muette, —  c’est une chose, c’est même celle qu’on fera. Mais c’est tout autre chose q
181 une foule élégante et muette, — c’est une chose, c’est même celle qu’on fera. Mais c’est tout autre chose que d’inviter le g
182 ’est une chose, c’est même celle qu’on fera. Mais c’est tout autre chose que d’inviter le grand public à réfléchir sur le rôl
183 ceux des démolitions préparatoires. L’important, c’est de voir hic et nunc où peut s’insérer notre action, et comment elle d
184 donner un sens à sa vision. Oserons-nous dire que c’est la vocation d’Esprit ? Donner un sens à la vision d’une réalité, c’es
185 sprit ? Donner un sens à la vision d’une réalité, c’est montrer à quelle fin doit tendre cette réalité, — notre culture par e
186 endre cette réalité, — notre culture par exemple. C’est croire à cette fin, et prouver qu’on y croit. C’est prophétiser pour
187 est croire à cette fin, et prouver qu’on y croit. C’est prophétiser pour agir. Seuls les prophètes — et non les techniciens —
188 sont en mesure de conduire l’action, si conduire c’est savoir où l’on va. Seuls les prophètes — et non pas les poètes — peuv
189 nutilement la Bibliothèque nationale, ou bien, et c’est le plus probable, elle contiendra ce que je dis : les témoignages de
190 le, surtout quand il s’agit d’une bibliothèque. » C’est pourquoi « notre bibliothèque sera construite en dur ». — Déclaration
191 statistiques et des plans fabuleux. 30. « Ford, c’est Descartes descendu dans la rue », écrivaient Aron et Dandieu dans Le
16 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
192 sur cette condamnation une politique européenne, c’est à peu près aussi intelligent que de se déclarer l’adversaire des aval
193 quelques chances de leur faire comprendre ce que c’est qu’une révolution de masses, au sens moderne. Et que ça n’a pas le mo
194 ce de gouverner, je l’ai. Mais ce que je cherche, c’est la communion du cœur avec chaque homme de la nation allemande. » De n
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
195 ) Décrire le « domaine » d’un auteur authentique, c’est aussi décrire sa personne, à la manière du physiognomoniste plutôt qu
196 a vérité dans une âme et un corps ». Aujourd’hui, c’est un Rilke, un Claudel, un Ramuz qui détiennent les simples par quoi no
197 ecrète de l’art de Ramuz. Un personnage de Ramuz, c’est d’abord une apparition, — une image venant à nous. « … on les voit so
198 t d’abord qu’on le corrige. » Et Ramuz ajoute : «  C’est comme moi. » C’est comme lui quand il écrit. Car sa vision est harmon
199 corrige. » Et Ramuz ajoute : « C’est comme moi. » C’est comme lui quand il écrit. Car sa vision est harmonie avec ces formes,
200 a position de l’homme et la proposition du monde. C’est la région de la rencontre et de la forme. Et non point de la forme to
201 aut rendre à ce mot d’imagination son sens fort : c’est la natura naturans. (Nous pourrons dire aussi, un peu plus tard, que
202 (Nous pourrons dire aussi, un peu plus tard, que c’est la faculté du concret chez un homme.) ⁂ « Car le phénomène de l’art e
203 eu de lessive, plutôt que de l’azur du firmament, c’est , à vrai dire, le parti pris de tout poète, au sens littéral de ce nom
204 de tout poète, au sens littéral de ce nom : mais c’est aussi ce qu’une certaine critique ne veut point pardonner à Ramuz. Un
205 un terme roturier, commun, non littéraire. Ramuz, c’est le contraire : s’il écrit « Autarchie », il ajoute aussitôt : — « com
206 droit aux choses. Mais s’il n’y a plus de choses, c’est une tromperie. C’est pourquoi nos journaux contiennent tant de menson
207 s s’il n’y a plus de choses, c’est une tromperie. C’est pourquoi nos journaux contiennent tant de mensonges, surtout lorsqu’i
208 ). Utiliser les mots dans leur sens étymologique, c’est toujours revenir au phénomène de l’incarnation, c’est retrouver la la
209 t toujours revenir au phénomène de l’incarnation, c’est retrouver la langue à cet état naissant dont la chimie nous dit qu’il
210 a pu croire qu’il n’avait pas le sens du rythme : c’est qu’il veut le rythme formé sur la nature des choses qu’il évoque, non
211 ar ses relations organiques à d’autres formes. Et c’est encore l’office de l’imagination c’est-à-dire de l’activité qui prési
212 une de ses œuvres une signification mythologique. C’est en général l’irruption d’une forme d’imagination nouvelle dans un vil
213 et dans lesquelles vit le bourgeois46. Ce milieu, c’est le peuple ramuzien, peuple créé d’abord à l’image du Ramuz créateur,
214 n aspect convenu de la chose pour toute la chose. C’est pourquoi il s’attarde à décrire le concret d’une façon concrète ; ain
215 ntairement détaillés. Mais l’important, je pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en a, il faut l
216 i ont un air raté, un air de pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule page de ce livre lue avec cette lenteur qu’elle impose,
217 stance, il fait retour aux origines élémentaires. C’est limiter l’ampleur du fait humain mais aussi garantir son unité concrè
218 it au temps de Goethe. Plus encore que sa valeur, c’est sa fin qui est contestable, dès lors que cette fin n’est plus la plén
219 n’est jamais au nom d’un naturisme romantique48. C’est parce que toutes ces aides tendent à supprimer ce contact le plus nu
220 efuse l’économie d’efforts qu’elles représentent, c’est que l’effort même, pour lui, garantit la réalité. L’effort est le con
221 imitive, produire au jour leur forme restaurée, —  c’est le mouvement unique de l’œuvre de Ramuz, et la définition de sa perso
222 de l’élémentaire. » Parce que le critère du réel, c’est l’effort ; parce que la chose brute exige le plus dur effort, parce q
223 tout acte humain, pour autant qu’il est créateur, c’est le retour au Paradis perdu. ⁂ Il faut citer ici une page des Souveni
224 des hommes est entr’aperçue pour un instant. Car c’est à la ré-apercevoir pour un instant que tendent tous les arts, et à nu
225 soi le plus direct qu’ait jamais consenti Ramuz ( c’est Une Main) je lis ceci : « Certains hommes tiennent pour un gain tout
226 ez ? Cette voix n’est-elle pas émouvante ? — Oui, c’est beaucoup, la voix d’un homme. C’est assez rare dans la littérature. Q
227 ante ? — Oui, c’est beaucoup, la voix d’un homme. C’est assez rare dans la littérature. Qui voudrait exiger davantage ? — J’i
228 a qui échappe à nos prises. Ainsi fait Goethe, et c’est là sa vertu. Mais notre siècle pose d’autres questions, des questions
229 dernier de la personne est témoignage. Témoigner, c’est peut-être risquer en dépit de tout et de soi, ce qu’aucune sagesse n’
230 seule connaissance qu’on a du premier sens. 46. C’est là ce qu’il appelle sa « vie intérieure », même s’il est résolument l
231 ttre à l’abri du fisc. Ce qui est plus difficile, c’est d’expliquer rationnellement une telle conduite. C’est alors que le ps
232 t d’expliquer rationnellement une telle conduite. C’est alors que le psychologue entre en action. 47. De tout bel canto peut
233 e en action. 47. De tout bel canto peut-on dire. C’est le ton de la musique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le ton de
234 nt un primitif, il faut être aussi un primitif ». C’est ce que l’école ne peut pas admettre. 49. Pour autant, bien entendu,
235 ective de l’homme et de ce qui résiste à l’homme. C’est le contraire de l’activisme au sens américain, qui cherche partout la
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
236 pareille indulgence.) L’important, à leurs yeux, c’est l’enthousiasme populaire, la prospérité générale, la productivité acc
237 omme, ce qu’ils admirent dans la Russie nouvelle, c’est une santé énorme, une joie au travail dont rien ici ne peut donner l’
238 ravail dont rien ici ne peut donner l’idée ; mais c’est aussi et d’une manière fort imprévue, la renaissance d’un certain hum
239 s’il le faut. Quand l’esprit « perd ses droits », c’est à nous de les lui rendre. ⁂ Poussé par les nécessités de la polémique
240 le et ses moyens d’action ou même de contrainte : c’est le Plan55. Ainsi donc, la mesure effective à quoi s’ordonne toute la
241 istes d’Occident se sont faits les conservateurs. C’est un plan beaucoup plus opportuniste que doctrinal, plus « russe » et p
242 doute et surpasse l’ordre des erreurs possibles : c’est que le Plan est l’instrument forgé par la dictature communiste pour u
243 ndu dans toute l’URSS l’usage des semelles-crêpe. C’est très bien que d’établir un rapport entre la qualité des semelles et l
244 e la qualité des semelles et la culture générale. C’est très bien de pousser jusque-là le fanatisme de l’harmonisation — ou G
245 ans cent ans ou mille ans d’un paradis universel. C’est au nom de ces fins dernières, et de la conscience aiguë qu’ils en pos
246 onne humeur et si nous sommes de mauvaise humeur, c’est qu’ils savent pourquoi ils travaillent et que nous l’ignorons général
247 travaillent et que nous l’ignorons généralement ; c’est qu’ils acceptent les buts de leur travail, et que nous nous méfions g
248 scientifique. Mais avec cette idée nietzschéenne, c’est l’aventure, le romantisme et l’utopie, enfin le risque créateur qui r
249 oute différente, et à certains égards, contraire. C’est tout le drame de la culture d’opposition, de la culture séparée, qui
250 te bien souvent à l’insu de ceux qu’il tourmente. C’est ici le mythe de l’homme nouveau qui lui fournit son expression en mêm
251 a vie dure, comme tout ce qui est irrationnel, et c’est la faute de la raison. Car cette raison, simple servante de l’action,
252 il n’est pas de dire non à tout, ni oui à tout ; c’est un devoir de critique lucide, et j’ajouterai de critique méfiante, da
253 ine mais la technique de l’action sur les masses. C’est une mesure partielle, valable pour la seule action au cours de laquel
254 ’ordre extérieur. Et vous ferez du collectivisme. C’est la seule « base commune » puissante pour toute action culturelle futu
255 ou d’un siècle, je ne sais ; mais ce que je sais, c’est que tous nos pays se trouveront un jour futur en face des mêmes tâche
256 . Pas d’ordre spirituel sans un minimum matériel, c’est l’évidence. Mais pas d’ordre total sans une soumission organique du m
257 ne soumission organique du matériel au spirituel. C’est encore là une évidence, et qui n’est pas moins actuelle. III. L’ap
258 Je ne connais qu’un moyen de résister à l’Europe, c’est de lui opposer le génie de la liberté. Saint-Just. L’on pourrait sa
259 sseins et ordonnant toutes choses à leur service, c’est l’histoire des objets, des langages, des génies ou des organismes en
260 ne irréfutable de la présence d’un grand dessein, c’est l’incarnation d’une mesure commune à tous les ordres et qui les harmo
261 de l’Histoire, sous les figures d’un ciel unique. C’est là seulement qu’elle se révèle à nous, comme un jugement porté sur ce
262 n que du « désarroi général ». Liberté d’opinion, c’est pratiquement liberté de se plaindre, mais de se plaindre sans passion
263 attendant à critiquer les nations « rajeunies ». C’est le dernier lieu commun vivant. Les nations dites rajeunies sont celle
264 e possibilités théoriquement fort enviables. Mais c’est qu’elles en jugeaient l’usage actuel néfaste, lorsqu’il était encore
265 écroule, et la mesure devient le manque d’argent. C’est cette angoisse avant tout qui explique la carence des gouvernants, la
266 e leurs réformes, l’incohérence de leurs décrets. C’est cette angoisse encore qui explique pourquoi la jeunesse bourgeoise hé
267 s de s’aimer ? La commune mesure des États neufs, c’est au contraire une mystique conquérante. Mais là encore, derrière les g
268 par me répondre : Bon ou mauvais selon vos idées, c’est ce régime qui nous a délivrés de la misère61. Et cela suffit à le jus
269 révélateur chimique de la vocation d’une nation. C’est à la faveur d’une famine que les plus grandes nations de l’Europe mod
270 Groupes d’Oxford et dans le domaine pédagogique. C’est elle enfin qui pousse des milliers de jeunes gens dans les camps de v
271 es et nationalistes.   4. Les premières réponses. C’est pour avoir deviné cet appel et pressenti l’ampleur de l’angoisse qu’i
272 t pressenti l’ampleur de l’angoisse qu’il trahit, c’est pour l’avoir épousé et guidé, et même à demi satisfait, que triomphen
273 rangers. Regardons-les en face, connaissons-les : c’est le seul moyen de nous reconnaître. Ils ont fondé des religions dont l
274 nies, vibrer à l’unisson de leur panique sacrée : c’est l’animal en nous qui frémira. Mais la protestation totale de notre es
275 fins dernières. Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur terme, au nom d’un acte de foi contraire. Elles veulent la
276 ns ses relations actives avec tous ses prochains. C’est à nous qu’il incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui
277 onie de fonctions diversifiées, saines et fortes. C’est une harmonie « fédérale ». Restaurer, recréer cette force, bâtir cett
278 fédération de personnes et de groupes organiques, c’est obéir à notre vocation présente, mais c’est aussi assurer pour l’aven
279 ques, c’est obéir à notre vocation présente, mais c’est aussi assurer pour l’avenir l’efficacité de notre action dans la cult
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
280 eillement viril dans le concret intime d’une vie, c’est aussi le chemin de l’universel. S’il veut rester vivant, c’est dans u
281 e chemin de l’universel. S’il veut rester vivant, c’est dans un amitié nouvelle. S’il écrit quelque part : « Le monde n’a plu
282 res », il sait aussi, et il nous fait savoir, que c’est à nous de recréer un monde où notre vie s’accepte. Aux premières page
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). Note sur nos notes (novembre 1936)
283 e sont pas du tout littéraires. Le monarque caduc c’est la culture, c’est l’art, c’est cette littérature qui parle dans le vi
284 littéraires. Le monarque caduc c’est la culture, c’est l’art, c’est cette littérature qui parle dans le vide, pour rien de g
285 Le monarque caduc c’est la culture, c’est l’art, c’est cette littérature qui parle dans le vide, pour rien de grand, pour pe
21 1936, Esprit, articles (1932–1962). Erskine Caldwell, Le Petit Arpent du Bon Dieu (novembre 1936)
286 à l’endroit de la gauloiserie : on s’imagine que c’est du réalisme, que c’est enfin la « vraie » nature délivrée de la contr
287 oiserie : on s’imagine que c’est du réalisme, que c’est enfin la « vraie » nature délivrée de la contrainte « artificielle »
288 à la réalité le rêve d’une vie plus « heureuse ». C’est encore une aspiration à la vie sublime, tout comme l’autre, mais cett
289 ut comme l’autre, mais cette fois du côté animal. C’est un idéal quand même : celui de la luxure. Et c’est encore une évasio
290 est un idéal quand même : celui de la luxure. Et c’est encore une évasion, encore un exotisme à l’usage d’une génération san
22 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
291 nière classique d’humaniser l’anecdote, l’aperçu. C’est qu’il ne cherche pas le pittoresque, ni le sentiment pour lui-même, m
292 de regarder les maisons : ce qui m’intéresse ici, c’est la foule. » Je me souviens alors de Goethe à Venise : « Je ne suis en
293 crier au trotskiste, au bourgeois ? (Si toutefois c’est encore une injure…) Pour moi, elles me donneraient envie de simplifie
294 RSS) ne met en péril la culture. » Naturellement, c’est plus complexe que cela. Mais c’est aussi plus clair que la préface et
295 Naturellement, c’est plus complexe que cela. Mais c’est aussi plus clair que la préface et l’épilogue ne le donneraient à pen
296 iets. » — Internationalisme ? « L’important, ici, c’est de persuader aux gens qu’on est moins heureux qu’eux partout ailleurs
297  : des pauvres. Il n’y a plus de classes en URSS, c’est entendu. Mais il y a des pauvres. Il y en a trop, beaucoup trop. » —
298 la ligne, que l’on discute. Ce que l’on discute, c’est de savoir si telle œuvre, tel geste ou telle théorie est conforme à c
299 doctrine de Marx de ses applications historiques, c’est en définitive critiquer le marxisme lui-même. En effet, dès lors qu’u
300 ipe. (Ce que nous écrivions ici le mois dernier.) C’est ici tout le problème que pose ce livre, et qu’il laisse encore en sus
301 l’enfant, perdit le dieu. » La légende est belle. C’est une légende… Elle traduit à mes yeux ce fait d’expérience : toute ten
302 ’ordre mystique, contredite par les faits connus. C’est une espèce d’acte de foi. Ou mieux : un négatif de l’acte de foi chré
303 uver qu’au prix de la vie du Dieu qui est en lui, c’est que l’homme est pécheur, et ne peut pas outrepasser les limites de sa
304 l’homme. La phrase finale de ce livre sur l’URSS, c’est à l’auteur que nous l’appliquerons : c’est lui, c’est Gide « qui n’a
305 ’URSS, c’est à l’auteur que nous l’appliquerons : c’est lui, c’est Gide « qui n’a pas fini de nous instruire et de nous étonn
306 t à l’auteur que nous l’appliquerons : c’est lui, c’est Gide « qui n’a pas fini de nous instruire et de nous étonner ». 63.
23 1937, Esprit, articles (1932–1962). Défense de la culture (janvier 1937)
307 e de salade bien verte ? » Si tout cela est fini, c’est à cause du fascisme ! Si vous aimez Goya, adhérez au PC ! Voilà qui e
308 quatre-vingts, soixante-quinze et cent-mille. Et c’est un écrivain de classe ! L’essai de Gedat intitulé Un chrétien découvr
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
309 on a convenu de n’en rien laisser paraître. Oui, c’est toujours sa fièvre que le romancier moderne nous propose, mais très d
310 s vrais que lui ; le mieux qu’on puisse attendre, c’est qu’ils le soient, à la limite, autant. Il me dira d’une voix que j’en
311 publie ses victoires ou ses défaites mémorables, c’est dans l’ordre. Qu’on atteste par une publication tel acte victorieux d
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). Robert Briffaut, Europe (janvier 1937)
312 tiblement. Comment légitimer cette complaisance ? C’est peut-être que le monde décrit par Briffaut est en réalité aussi conve
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
313 du Parti communiste français, le 16 octobre 1936. C’est donc un manifeste, et un texte officiel. Il convient d’en parler avec
314 ec un chauvinisme que je vous laisse qualifier : C’est la générosité française, c’est l’amour français de l’indépendance, c’
315 aisse qualifier : C’est la générosité française, c’est l’amour français de l’indépendance, c’est ce sens français de l’unive
316 nçaise, c’est l’amour français de l’indépendance, c’est ce sens français de l’universel, c’est l’humanisme français qui demeu
317 épendance, c’est ce sens français de l’universel, c’est l’humanisme français qui demeurent les meilleurs garants de la volont
318 ssion bonne foi. La brochure se termine ainsi : «  C’est à l’Esprit que le Parti communiste français… fait confiance pour l’ai
319 ient pas même l’excuse de la sincérité. Ou alors, c’est que M. Vaillant-Couturier, qui pourtant n’hésite pas à déclarer que «
320 t pas à le définir. Page 20, on croirait bien que c’est « la raison ». Mais l’ensemble du manifeste donne penser que c’est pl
321  ». Mais l’ensemble du manifeste donne penser que c’est plutôt la tactique… Si le Français, né malin, ne doit pas mourir gogo
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)
322 s le secteur libre. Il en abuse merveilleusement. C’est le chef-d’œuvre de la critique impressionniste (après quoi elle n’a p
323 onsommateur (dans tous les sens de l’expression), c’est l’euphorie géniale du dessert ! ah. Rougemont Denis de, « [Compte
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jacques Benoist-Méchin, Histoire de l’armée allemande depuis l’armistice (mars 1937)
324 ou d’un traité classique d’officier en retraite. C’est toute l’histoire de la première révolution allemande (1918-1919) qui
325 rtakiste a pu être étouffée en quelques semaines, c’est uniquement le fait d’initiatives follement risquées par quelques offi
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
326 -venants. Ce qui semble certain, dès aujourd’hui, c’est que les effets d’une cause de cet ordre se manifestent en premier lie
327 nietzschéen ? On a vite fait de dire : fascisme. C’est une facilité que les professeurs cultivent : Nietzsche précurseur du
328 autant que du national-socialisme à la Rosenberg. C’est ce que démontre avec toute la virulence désirable le dernier numéro d
329 es plus riches. » Cette société sans tête unique, c’est à peu près ce qu’en termes moins romantiques nous appelons fédération
330 ologique libératrice. « Dieu », la tête, l’unité, c’est l’État totalitaire, le fascisme ou le stalinisme. Dans ces conditions
331 bres du groupe d’Inquisitions, comme R. Caillois, c’est l’appel à un « ordre » aristocratique, ésotérique, mais « sévissant à
332 é de puissance et de l’ironie ». Il me paraît que c’est bien à quoi devait aboutir le véritable et intégral nietzschéisme dan
333 teurs : « Soyez humains à l’égard des créateurs ! C’est leur fait d’être pauvres en amour du prochain » ; et : « Toute créati
334 rtaines phrases fort inquiétantes, telles que : «  C’est à la communauté unitaire que la personne emprunte sa forme et son êtr
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
335 veut pas d’ennemis à gauche parce que la gauche, c’est le parti de la Raison et du Progrès, qui naît de la Science. C’est ce
336 la Raison et du Progrès, qui naît de la Science. C’est ce mari-là qui aura payé le billet, histoire de voir s’il a la chance
337 ance. Seulement, avoir la chance, avoir la veine, c’est démentir les lois les plus fondamentales de notre science la plus élé
338 de notre science et de la « veine » individuelle. C’est l’un ou l’autre ; ou mieux, l’un contre l’autre. La religion la plus
339 e triangle de plaine bleue rosée piqué de cyprès, c’est la seule couleur vive du paysage desséché. Ciel gris mouvant, une bar
340 conférence. Ce matin le pigeon n’est pas revenu. C’est évidemment absurde, cette histoire. Je le vois bien. Et en même temps
341 éatrice de Rubicons imaginaires ? Comme toujours, c’est une étrangeté, une singularité irréductible qui m’introduit au généra
342 out à fait précise : l’exception vécue, reconnue, c’est cela même qui nous fait découvrir notre commune condition. Car en eff
343 une condition. Car en effet la condition commune, c’est de se sentir une exception, un type spécial, différent de tous les au
344 ble au général. Mais voilà l’étonnant de l’aveu : c’est qu’il peut faire comprendre à d’autres, en un éclair, que chaque homm
345 uer sa réalité individuelle et ses superstitions, c’est sans doute en vertu d’une prudence qui est le fondement même de toute
346 aller à l’encontre de la réalité individuelle, et c’est pour elle la seule manière d’être en vérité « réaliste ». Je crains d
347 ’impersonnel, pour se diriger contre la personne. C’est à ce prix qu’elle assurera quelque équilibre — et c’est tout ce que j
348 à ce prix qu’elle assurera quelque équilibre — et c’est tout ce que je lui demande. Mais ici prenons garde à deux faits, auss
349 serait en fait que la limite du pire désordre, et c’est la mort. Cas purement idéal bien entendu puisque l’histoire ne connaî
350 abilisé, le désordre est toujours à sens unique : c’est la personne qui cesse de se défendre, c’est l’anarchie qui renonce à
351 que : c’est la personne qui cesse de se défendre, c’est l’anarchie qui renonce à ses droits. Et si le cadre de l’État paraît
352 titutions n’ont guère changé depuis un siècle, et c’est pourquoi l’on s’imagine que l’équilibre s’est stabilisé. Au vrai, cha
353 , journalistiques. Il s’étale en mauvaise humeur. C’est cela que je nomme démoralisation à l’abri d’un faux équilibre, — d’un
354 Ainsi le but final, le télos de toute politique, c’est la suppression de l’État, la libération des personnes au moment où le
355 dans la politique. On devine peut-être pourquoi. C’est qu’elle forme la composante proprement antipolitique de tout équilibr
356 , l’État ne sera jamais totalitaire. » Or l’État, c’est un fait patent, devient partout de plus en plus totalitaire. C’est do
357 ent, devient partout de plus en plus totalitaire. C’est donc que l’homme se défend de moins en moins. Ses « superstitions » p
358 affectent, — dont les affecte notre démission. Et c’est ainsi d’un refoulement, puis d’un transfert fatal de nos superstition
359 tre elle, au profit des tyrannies impersonnelles. C’est l’instant où l’homme dit : « Que voulez-vous que j’y fasse ? » ou enc
360 i le bénéfice ? À moi d’abord, très certainement. C’est une joie qui vaut bien les ennuis du voyage, le temps perdu et les fa
361 sorte, etc. Peu à peu, je découvre que le public, c’est une série d’hommes et de femmes isolés, qui ont chacun leurs raisons
362 vraie raison d’une communion entre deux hommes : c’est toujours une raison unique, qui ne vaut qu’entre lui et moi, et qui n
363 ine qui anime un rêve, dans une chambre nocturne. C’est un homme qui rencontre un autre homme dans sa situation concrète et s
364 chètent nos livres. Ce qu’il s’agit de retrouver, c’est le contact avec l’homme qui réfléchit et qui fait la critique des idé
365 critique directe, informulée, parfois dramatique, c’est bien la seule qui puisse nous rendre peu à peu le sens de la responsa
366 s. Il vit sans nous. Nous le retrouverons intact. C’est le lecteur que nous avons trahi, c’est avec lui que nous devons retro
367 ns intact. C’est le lecteur que nous avons trahi, c’est avec lui que nous devons retrouver un contact qui nous renverra, plus
368 pation fondamentale des paysans et des bourgeois, c’est une manière de s’exprimer qui en dit plus long qu’on ne croirait. « J
369 sorte que s’étonner d’une pluie « intempestive » c’est une manière de dire : « Je m’attendais à autre chose, mon calendrier
370 Pendant des heures, la petite chienne Marquise —  c’est la mère du basset Pernod — a trottiné tout gentiment sur les restanqu
371 ant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés » (Romains 8. 22-24). Parler de l
372 nt de romantiques, en termes d’extase religieuse, c’est se moquer cruellement des créatures, ou plutôt c’est avouer qu’on n’a
373 st se moquer cruellement des créatures, ou plutôt c’est avouer qu’on n’a pas su les voir. Aller demander à la Nature la révél
374 e saine et délivrée de toute contrainte mauvaise, c’est trahir cette « attente ardente », cette question angoissée des bêtes
375 bêtes et des plantes que l’apôtre a su percevoir. C’est la nature qui cherche en nous ce que notre délire allait lui demander
376 pour hommes et dames sur la place principale. Si c’est cela, l’antifascisme, les fascistes doivent être de drôles de gens. 6
377 e tout agitée : Madame se meurt ! s’écrie-t-elle. C’est Madame Bastide, la belle-mère. — Qu’a-t-elle ? — Oh, elle m’a bien re
378 Simard. Un beau-frère est arrivé, et on partage. C’est toujours assez compliqué. La nuit, par un dernier respect pour la mor
379 bâton sur son lit, qu’elle ne veut pas le lâcher, c’est pour lui tenir compagnie… On a été chercher le pasteur. Je le rencont
380 comme ça, sur la couverture, et elle explique que c’est pour monter « là-haut », pour s’aider ! 8 mai Il y a eu du bruit tout
381  » Je passe la tête par la fenêtre. Qu’est-ce que c’est , Simard ? — Il est rouge et boursouflé, tremblant de colère et gestic
382 mblé que tout s’était bien passé. Je me trompais. C’est la mère Calixte qui me l’apprend ce matin. Le ménage Simard est furie
383 ’il ne voulait pas qu’on lave. Je le lui ai dit : c’est bien ta fôte ! Ça aurait été dans votre maison qu’il y aurait eu un m
384 isent les jeunes personnes en mal d’émancipation. C’est bien plus grave. C’est aussi grave que les questions d’argent. C’est
385 nes en mal d’émancipation. C’est bien plus grave. C’est aussi grave que les questions d’argent. C’est un fait d’ordre religie
386 ve. C’est aussi grave que les questions d’argent. C’est un fait d’ordre religieux. Et la colère de Simard en témoigne. 15 mai
387 ce nom ?) On dit que cela ressemble à l’Albanie. C’est un groupe de hautes bâtisses compliquées, en pierre ocrée, enfermant
388 ans la montagne, un autre mas dit « le Château ». C’est à l’orée d’un bois de châtaigniers. On y accède par une rampe monumen
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
389 est, dire ce qui est comme un homme l’a senti, —  c’est assez rare. « Ce serait si bien si l’on pouvait, chaque soir et chaqu
390 rs, — sans la vibration slave, métaphysique. Mais c’est une sympathie peut-être plus virile que l’auteur demande au lecteur p
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
391 fuser de servir un ordre qui n’est pas le sien ». C’est donc qu’elle veut instaurer un ordre plus grand et pur. « Toutes les
392 ation. Que « toutes les paroles soient sacrées », c’est la volonté proprement eschatologique des poètes chrétiens et des roma
393 es poètes chrétiens et des romantiques allemands, c’est la volonté de réintégration générale de la création dans son état d’i
394 i est antimarxiste d’une manière plus valable : «  C’est l’espoir ou le désespoir qui déterminera pour le rêveur éveillé — pou
395  Ils (les poètes) ont leur conscience pour eux. » C’est la maxime de l’individualisme rationalo-bourgeois. Voir Léon Bloy (Ex
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)
396 s anciens, des heureux, des intellectuels riches, c’est M. Benda, et personne d’autre. Et lorsqu’un autre fit observer, en ma
397 respect que celui qui s’efforce de la réaliser, —  c’est que la vérité dont il s’agit ressemble pas mal au néant. Soyons série
34 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
398 ndrait de donner à la littérature, dans Esprit , c’est une question qui se pose à nos lecteurs, parce que, sous une forme pl
399 mes raisons, les réponses varient du tout au nul. C’est dire qu’une réflexion patiente — mais urgente — s’impose à nous sur c
400 s totalitaires. La littérature agit sur l’époque, c’est évident, mais une littérature donnée, en tant qu’ensemble caractérisé
401 le se choisit, est aussi le produit d’une époque. C’est pourquoi la question d’une littérature personnaliste reste pour nous
35 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
402 tout ce qui vient de paraître, sous prétexte que c’est « important » ou « intéressant » ou « plein de talent ». (La disconti
403 le exciter ni sa réprobation ni son enthousiasme. C’est ce que l’on nomme du beau travail d’universitaire : l’absence de tout
404 èmes théologiques qui s’y rattachent étroitement, c’est cette étrangeté même de l’objet qui semble l’avoir retenu, et elle lu
405 es rationalistes du xviiie siècle, qui aboutit — c’est la thèse de Lamm —, par une évolution très raisonnable, à des « rêver
406 s de la personnalité sont volontairement effacés. c’est ce que Madame Guyon appelle “la mort mystique”. L’âme ne vit plus dés
407 e”. L’âme ne vit plus désormais de sa vie propre, c’est Dieu qui vit et agit en elle. » Il s’agit, au vrai, de la lutte entre
36 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
408 Neutralité oblige (octobre 1937)at au C’est un redoutable questionneur que C. F. Ramuz. Vous croyez tout d’abord
409 -nous neutres ? Je voudrais souligner ceci : que c’est aux Suisses, finalement, que Ramuz pose ces questions ; mais que s’il
410 souci d’expliquer qui nous sommes à nos voisins, c’est peut-être que notre lot, en tant que Suisses, et non en tant que Vaud
411 r en fonction des voisins, on pourrait croire que c’est à peu près l’idéal que Keyserling juge à notre mesure, celui du tenan
412 isse. Parce que la Suisse se figure justement que c’est la question qui ne se pose pas. Que nous le voulions ou non, notre ne
413 d’un droit, la seule peut-être qui soit efficace, c’est l’exercice réel de la charge dont ce droit représente à la fois la co
414 nonyme et des révolutions qu’il a fait naître. Or c’est une crise fort analogue qui menace la neutralité, dès l’instant où ce
415 réalisme, et de défense des intérêts économiques, c’est la réalité européenne de la Suisse qu’on perd de vue. On l’a senti à
416 tue l’apport spécifique de l’Europe à l’humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occident s’est édifié, et qu’il a
417 s Suisses, ce fut « Un pour tous, tous pour un ». C’est la formule la plus frappante et la plus juste de l’esprit fédéral de
418 Occident — en même temps que du personnalisme. Et c’est au nom de cette mission de gardienne du principe commun que la Suisse
419 t être qu’au nom de l’avenir de l’Europe, puisque c’est cela que nous sommes dès maintenant. 2. — La culture. D’autres en ont
420 iées, régionales ou étrangères. Une fois de plus, c’est là notre chance. Mais savons-nous l’utiliser ? Il y faudrait une cons
421  l’unification » à la mode jacobine ou classique. C’est l’unité originelle, et peut-être future et finale, des diversités de
422 e », des vocations spéciales d’autres nations. Et c’est là notre vocation. Neutralité, sur le plan culturel, ce n’est pas mél
423 imitation médiocre. Ce n’est pas forcément cela. C’est au contraire (ou plutôt ce doit être) un combat perpétuel, exaltant,
424 araît sur la grande scène de l’Europe. De Genève, c’est une autre « école suisse » qui domine les lettres françaises ; après
425 ssibilités extrêmes. Nous avons le goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz, et je m’en irrite au moins autant q
426 ice du principe constituant de la fédération — et c’est pourquoi elle appartient à l’État et non pas aux cantons. De plus, le
427 te que forment ailleurs les écoles militaires. Et c’est bien ce que devrait être une armée consciente de son rôle particulier
428 e servir son pays et d’illustrer sa cause. Et que c’est faire grand tort à ce patriotisme qu’on exalte, que de le confondre,
429  le reste », on fait œuvre de mauvais Suisse, car c’est ce « reste » justement qui donne un sens à la fédération, donc à l’ar
430 a menace extérieure81. » Rien n’est plus vrai, et c’est très consciemment que nous opérons ce redressement urgent ! Qu’est-ce
431 as à renverser l’ordre politique existant — comme c’est le cas en France par exemple — mais à donner ou à rendre à cet ordre
432 ymboliquement de la garde du Saint-Gothard : mais c’est pour assurer la liberté de passage, et non pas pour barrer le col sou
37 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
433 restres : comme l’a magnifiquement montré Wagner. C’est cet Amour mystique, bientôt sécularisé et « profané » par la littérat
434 divers : mystique, littérature, guerre, mariage. C’est l’influence actuelle du mythe manichéen (mais « profané » par la litt
435 le — non d’a-moralité comme on dit trop souvent — c’est la confuse dissension au sein de laquelle nous vivons de deux morales
436 néral, mais plus ou moins empreinte de religion — c’est ce que l’on nomme la morale bourgeoise ; d’autre part, une morale ins
437 r l’ambiance culturelle, littéraire, artistique — c’est la morale passionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de la bour
438 rs qui lui fournissaient ses « contraintes » — et c’est précisément dans le jeu de ces contraintes que le mythe de Tristan pu
439 uire un jour ou l’autre dans la vie du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les modernes font dépendre leur « bonheu
440 es, dépend de ceci, exige cela — et ceci ou cela, c’est toujours quelque chose qu’il faut acquérir, par de l’argent le plus s
441 ns l’acceptation, et meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous les
442 ge en tant qu’institution sociale. 3. « Aimer, c’est vivre ! » Dès le xiie siècle provençal, l’amour était considéré c
443 valiers parce qu’ils savaient chanter l’Amour. Et c’est pourquoi certains auteurs ont pu parler d’une féodalité démocratique
444 ’attrait sexuel, sa transformation en passion. Et c’est de là que nous vient, par la littérature, cette idée toute moderne et
445 elque chance de devenir comtesse ou milliardaire. C’est une « adaptation » moderne — pour parler le langage du cinéma, seul a
446 Anciens, tout le monde est prêt à le reconnaître, c’est un des lieux communs les plus usés des moralistes : mais personne ne
447 e. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imp
448 e piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants,
449 ouissances toujours plus violentes ou flatteuses. C’est tout le possible qui s’ouvre, un destin qui acquiesce au désir ! Je v
450 édé, jeté hors de soi, dans l’extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — pour parler comme l’auteur du
451 repose sur cette double ignorance. Le passionné, c’est l’homme qui veut trouver son « type de femme » et n’aimer qu’elle. So
452 ore que l’image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce n’est qu’un début —, un
453 aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et de sa plus secrète nostalgie88, l’Iseu
454 e encore désirable une fois rejointe ? Car Iseut, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il
455 possession au cœur de l’homme en proie au mythe. C’est la femme dont on est séparé, et qu’on perd en la possédant. Alors com
456 de se nouer dans une durée étale et trop sereine. C’est qu’il faut recréer des obstacles pour pouvoir de nouveau désirer et p
457 consciente, intense, infiniment intéressante… Or c’est la douleur seule qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi l’
458 douleur seule qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi l’on aime souffrir et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène
459 a passion mystique d’être sans fin terrestre — et c’est par là que cette passion se détachait des rythmes du désir charnel ;
460 charnel ; mais tandis que pour Tristan l’infini, c’est l’éternité sans retour où s’évanouit la conscience douloureuse — pour
461 au monde fini. Mais la passion dite « fatale » — c’est l’alibi — où se complaisent les modernes, ne sait plus même être fidè
462 qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une
463 e la passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse sans au-delà, une impuissanc
464 souffrent de jalousie », dit un poème tibétain89. C’est que, passant « leur seuil », sortant de leur être propre et du présen
465 ve privée (même si tous la jugent la plus belle). C’est qu’il ne sait plus posséder ni plus aimer ce qu’il a dans le réel. Il
466 : le sens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’un être en soi, limité et réel, que l’on cho
467 éfraîchie que soit l’empreinte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hu
468 de prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ambition des analyses qui précèdent ; mais je sens
469 mple du mariage, que l’on prétend fonder sur lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est l’amour-passion, ni d’où il vien
470 ommes pas des Don Quichotte… » Je le crois bien ! C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien de sérieux. Et comme il f
471 uestion qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est de savoir quel mécanisme social va se déclencher pour rétablir la sit
472 e nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut. C’est la femme que l’on perd du seul fait qu’on l’obtient. On ne peut l’aim
473 ire, on veut brûler. 89. Le Dict de Padma. 90. C’est l’une des définitions d’Iseut dans la mythologie celtique. 91. L’Enc
38 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
474 t de thèses objectives et de programmes d’avenir. C’est le ton et les sentimentalismes qui s’opposent encore. Mais enfin l’on
475 ). Une droite qui abandonne Boileau pour Rimbaud, c’est un parti nouveau. Pourquoi faut-il qu’elle conclue une enquête sur le
476 lez pas me dire que vous êtes fasciste ? — Heu… » C’est la dernière réplique. — Francis Jammes continue à célébrer son autocu
477 lui donna la main pour la première fois en 1888. C’est donc lui qui l’avait cloîtrée ? — Pour un collège de sociologie : Nou
39 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
478 otal, fut un échec dont la passion sut profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à l’origine et à la fin de la passion, i
479 et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Ma
480 e tue, et le tuer autrement qu’il ne veut l’être, c’est bien de cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la p
481 acines, il est probable que l’État s’en chargera, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de le prévoir, dans une époque
482 re à leurs effets les décisions qu’il a risquées. C’est donc un parti pris tout personnel que je vais tenter de définir maint
483 le mariage, suprême valeur du « stade éthique » ( c’est la « plénitude du temps ») ; puis condamne enfin ce mariage, suprême
484 femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre co
485 mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun
486 en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or la sagesse populaire et bourgeoise recommande au jeune hom
487 ysiques et moraux des plus hautement organisés ! ( C’est pourtant à cette utopie qu’obéit sans le savoir le mal marié, lorsqu’
488 nfin ce n’est pas l’erreur logique qui est grave, c’est l’erreur morale qu’elle suppose. Lorsqu’on incite les jeunes fiancés
489 ais ! Choisir une femme pour en faire son épouse, c’est dire à Mademoiselle Untel : « Je veux vivre avec vous telle que vous
490 que vous êtes. » Car cela signifie en vérité : «  c’est vous que je choisis pour partager ma vie, et voilà la seule preuve qu
491 de… L’habitude des modernes, leur nature acquise, c’est d’exploiter chaque situation au maximum et pour elle-même, sans plus
492 d’importance, cela ne change rien à nos rapports, c’est une passade, une erreur sans lendemain » et tantôt : « C’est tellemen
493 assade, une erreur sans lendemain » et tantôt : «  C’est tellement vital pour moi, tellement plus important que toutes vos pet
494 e, parce qu’on s’y est engagé, simplement, et que c’est un fait absolu, sur quoi se fonde la personne même des époux. Il faut
495 soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est avant tout l’obéissance, et en second lieu la volonté de faire une œu
496 se du mariage est le type même de l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour toutes. Seul l’irrévoc
497 itée, détient sa chance immédiate de grandeur, et c’est dans la fidélité « absurde » qu’elle pourra la réaliser : quand il y
498 ! » Ainsi de la fidélité du mythe, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, naturellement, et qui cro
499 ent spirituel. Se détruire, mépriser son bonheur, c’est alors une manière de se sauver et d’accéder à une vie supérieure, la
500 », écrivait Novalis songeant à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule de la fidélité courtoise ; une négation sans reto
501 se ne signifiait qu’une évasion. Dans le mariage, c’est à l’autre d’abord, et non pas à son moi d’abord, que celui qui aime v
502 ur ce bien, elle crée devant elle le prochain. Et c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que le moi rejoint sa personn
503 . Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie la personne. À ce terme, on découvrira que la fidélit
504 eine stature : il est l’affirmation de l’être. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dans notre monde
505 u’un Nietzsche absurdement reproche à l’Évangile. C’est Éros, et non pas Agapè, qui a glorifié notre instinct de mort, et qui
506 s adorons la vie nous précipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le désespoir d’Éros, sa servitude inexprimable :
507 a mort divinisante, mais le Jugement du Créateur. C’est ici-bas que notre sort se joue. C’est sur la terre qu’il faut aimer e
508 u Créateur. C’est ici-bas que notre sort se joue. C’est sur la terre qu’il faut aimer et recevoir le pardon. L’homme naturel
509 n’est pas l’homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le premier, et qui s’est approché de lui. Le salut
510 ce absolue quand nous cessons de le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le mariage. Car cette
511 femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement le mari n’a pas autorité sur son propre cor
512 mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. (I. Cor. 7.) La femme étant l’égale de l’homme, elle ne pe
513 ins que cet engagement pour révéler sa vérité. Et c’est pourquoi l’homme qui croit au mariage ne peut plus croire sérieusemen
514 pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais pas, c’est cette puissance fatale qui agissait en lieu et place de ma personne. 
515 bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’état de fatigue générale, et sexuellement localisée, que le co
516 e serait plus que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obs
517 oncevoir la réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et la polygamie p
518 aute de « passion » (au sens de tempérament) mais c’est qu’il aime, justement, et qu’en vertu de cet amour, il refuse de s’im
519 e. Son égoïsme passe par l’autre. On admettra que c’est une révolution sérieuse. Et nous pourrons maintenant dépasser la form
520 christianisme qui a fait naître la passion, mais c’est une hérésie d’origine orientale. Cette hérésie s’est répandue d’abord
521 cidental » procède de deux sources distinctes. Si c’est notre délire guerrier que l’on entend désigner par ce terme, il se ra
522 ’il révèle est l’antithèse exacte de la passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de la matière, et une
523 but à notre vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiurge, et puisque le salut
524 fait une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie technique. À partir de la
525 es créatrices, et en particulier de la technique. C’est alors la passion nationale et guerrière qui va devenir le principal m
526 chrétien105. Il est tout au contraire manichéen. C’est ce qu’ignorent communément ceux qui assimilent le christianisme et l’
527 écisive de l’hérésie méridionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l’Iran, sources certaines de l’hérésie, que no
528 les mêmes effets parmi les peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ainsi notre chance
529 déplace pour que le dynamisme change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude religieuse des Occidentaux, et dans
530 ondir l’être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La sagesse orientale cherche la con
531 profondeur toute la diversité du monde créé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit l’homme : un microcosme. Tout ce qui
532 ité, et donne des chances nouvelles à la passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise moderne du mariag
533 s à la passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est le signe le moins trompeur d
534 condamne » de la sorte et à priori toute passion, c’est qu’il n’en a connu aucune, et qu’il est en deçà du conflit. Pour cet
535 e rupture nous demeure en partie mystérieuse107 : c’est « le secret » essentiellement impartageable et indicible, qui s’oppos
536 ésignation, et s’il a tout ressaisi par la suite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse le
537 tout le monde », mais « en vertu de l’absurde », c’est une scandaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pas à l’absurde ;
538 e aux yeux de qui ne croit pas à l’absurde ; mais c’est plus qu’une synthèse, et infiniment plus et autre chose qu’une « solu
539 s de l’aimer et de lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cette œuvre était le lieu de sa fidélité la plus réelle
540 présence parfaite à l’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se comporte alors à l’endro
541 ge pas comme nous, révèle peu à peu son mystère : c’est qu’au-delà de la tragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur q
542 is qui n’appartient plus à la forme du monde, car c’est lui qui transforme le monde. 93. Je m’en tiens au « cas-limite » d
543 de l’instinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr Maranon en faveur de la monogamie. 95. La gauloiser
544 Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché, c’est la sublimation d’Éros. » 98. Comme le croira cependant Novalis renou
545 a personne selon la fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par l’homme comme une chose, comme un ins
40 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
546 stes m’amène à formuler les thèses suivantes : 1. C’est le désir de « sortir du plan des vieux partis » qui rassemble ordinai
547 ement les premiers éléments d’un groupe local. 2. C’est l’impuissance à « sortir du plan des vieux partis » qui paralyse l’ac
548 e. 17. Ce que l’on nomme la puissance d’un parti, c’est la somme des abdications de tous ses membres. 18. Lorsqu’un parti — c
549 faire aussi grands que le tout. 21. L’injustice, c’est la justice d’un groupe imposée uniformément à d’autres groupes. 22. C
550 oupe imposée uniformément à d’autres groupes. 22. C’est pourquoi le fédéralisme est la seule forme humaine de la justice. 23
551 de créer sur place des foyers communautaires. 24. C’est un but essentiellement fédéraliste. 25. Il ne s’agit pas de s’emparer
552 alités que l’on maîtrise. 26. Si peu que ce soit, c’est tout ce qu’il y a de réel. 27. Une seule main qui travaille fait plus
41 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
553 tant d’autres le furent et le restent. Toutefois, c’est bien comme « historien » que vous m’attaquez, et certes je ne fais pa
554 es critères à ce qui ne relève pas du même ordre. C’est à savoir : le sens d’une interprétation. Or c’est l’erreur commune, b
555 C’est à savoir : le sens d’une interprétation. Or c’est l’erreur commune, bien moins des historiens — qui ne peuvent plus se
556 erme. Ce n’est pas même de l’histoire littéraire. C’est bien plutôt, s’il faut une étiquette, un livre de théologie morale, e
557 t une étiquette, un livre de théologie morale, et c’est sur ce terrain que je puis le défendre. Malgré toute mon horreur de K
558 l’enregistrement sans intervention de l’esprit. ( C’est d’ailleurs tout à fait impossible.) Or seul le créateur connaît la cr
559 erprétation créatrice au moins égale à la mienne. C’est à partir de là que nous pouvons dialoguer. Car à partir de là, nous p
560 se principale de la crise du mariage moderne ! Et c’est si « beau », si « éloquent », si « intérieur », si « riche », si « ém
561 il y a, au cœur de cet amour, d’antichrétien. Or, c’est à cela seulement que je veux renoncer. Sur ce point seul porte ma déc
562 t, nous le savons à Neuchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’est à ce « reste » que vous dites ne pouvoir renoncer. C’es
563 ons à Neuchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’est à ce « reste » que vous dites ne pouvoir renoncer. C’est cela que vou
564 ce « reste » que vous dites ne pouvoir renoncer. C’est cela que vous me reprochez de n’avoir pas assez exalté. Mais alors, j
565 issonance obstinée, je considère que le chrétien, c’est un homme qui choisit sans retour, et qui décide de renoncer, comme ma
566 Nous trouvons en nous deux amours, et même trois. C’est là précisément le sujet de mon livre. Le premier amour, c’est le dési
567 cisément le sujet de mon livre. Le premier amour, c’est le désir, c’est l’amour sensuel, sa fièvre et son bonheur, un « aspec
568 t de mon livre. Le premier amour, c’est le désir, c’est l’amour sensuel, sa fièvre et son bonheur, un « aspect éternel du cœu
569 tement considérée comme vertueuse, ennoblissante. C’est en tant que le désir est exalté, et d’une certaine manière « chaste »
570 est, mais vers le moi rêvé de celui qui s’exalte. C’est une espèce de narcissisme. Le seul amour qui tende vers Dieu et qui l
571 eu et qui l’atteigne à travers la vraie créature, c’est l’amour qui est venu de Dieu, rendu aux hommes par le Christ, cette A
572 e je ne connaissais pas, et que vous approuvez ! ( C’est aussi, en réalité, le développement de quelques indications formulées
573 n. » — Tristesse de l’historien n’est-ce pas ? Et c’est pourtant celui-là même qu’avec combien de raison vous offrez en modèl
574 e de Lucien Febvre : « La méthode de l’historien, c’est partir des faits… modestement ». Dans la mesure où c’est réellement «
575 artir des faits… modestement ». Dans la mesure où c’est réellement « modeste », — très bien. 110. Un de mes étudiants allema
576 professeur lui dit : « Que venez-vous faire ici ? C’est en Allemagne qu’on se passionne pour les troubadours et qu’on les con
42 1946, Esprit, articles (1932–1962). « Un divorce entre le christianisme et le monde ? » (août-septembre 1946)
577 trop bien avec le monde (Constantin et la suite) c’est qu’elle trahit son état. Quand on croit le fossé comblé entre elle et
578 on croit le fossé comblé entre elle et le monde, c’est qu’on se trompe à la fois sur la fonction de l’Église et sur la natur
579 cesser d’être chrétien, sans s’en apercevoir, et c’est le risque qu’il court dans les périodes où les choses ont l’air de bi
580 ’air de bien marcher. Voilà pour ma réponse. Mais c’est l’enquête elle-même qu’il faut mettre en question. On n’imagine pas s
43 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
581 tisfaction du plus grand nombre, puis se dissout. C’est ainsi que de 1942 à 1946, l’État américain a contrôlé les prix, la ré
582 t qui ne relevaient point de la lutte des partis. C’est pourquoi les partis ne s’en sont point occupés, et n’ont point jugé n
583 de. Le sentez-vous ? À vous de n’en point abuser. C’est d’ailleurs très facile, me semble-t-il. Soyez honnêtes dans les négoc
584 n a la plus vieille diplomatie secrète du monde : c’est sans doute lui qui sait le mieux comment traiter ces États turbulents
585 spillage, des chants et des beuveries. On dit que c’est la question de l’Asie qui nous sépare. Car en réalité, nous touchons
586 grands marchés, le Japon un de nos gros clients. C’est là que les choses pourraient se gâter… Quant à nos bons voisins « lat
587 définition à toute formule ou forme d’expression, c’est l’incohérence du réel. (Tout ce que l’on peut en dire, c’est qu’on l’
588 ohérence du réel. (Tout ce que l’on peut en dire, c’est qu’on l’éprouve.) Or justement, la civilisation américaine souffre d’
589 , d’appauvrissement de la vitalité. En politique, c’est le respect des complexités organiques qui peut seul ménager des liber
590 xte. S’en tenir aux faits seuls, aux faits bruts, c’est une timidité de l’esprit qui recule devant son acte propre : donner u
591 ues et les journaux américains ne sait pas ce que c’est que la confiance en soi. Ceci dit, je me retourne vers mes compatriot
44 1948, Esprit, articles (1932–1962). Thèses du fédéralisme (novembre 1948)
592 j L’Europe absente, démissionnaire, colonisée, c’est un certain sens de la vie, une certaine « conscience » de l’humain, o
593 qu’il nous faut demander, et obtenir, nous tous, c’est que les nations européennes s’ouvrent d’abord les unes aux autres, su
594 et obtenir — obtenir de nous-mêmes tout d’abord — c’est que le génie de l’Europe découvre et qu’il propage les antitoxines de
45 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
595 s « règlements de douanes » et du « foie gras » : c’est en son nom, dites-vous, que je répondais à Sartre. Allons donc ! Je v