1 1932, Esprit, articles (1932–1962). À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)
1 te, pour l’anniversaire de la Marne, la mesure de ce qu’on pourrait appeler la politique des « laquais de forges ». On nou
2 mande, qui s’en inquiètent à juste titre, sachent ce que nous pensons des manifestations récentes de l’état d’esprit candi
3 . Il semble que M. Paul s’adresse exclusivement à ce bourgeois au faciès atroce que M. Abel Faivre nous montre, chaque sem
4 n pour que la seule « réaction » possible de tout ce qu’il y a d’honnête dans son public soit à coup sûr d’écœurement et d
2 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
5 créatrice. En tant que révolutionnaires, c’est de ce point de vue central et seul efficacement critique que nous devons en
6 , dans l’état où se trouve la France en 1932. Est- ce à dire qu’il faille entreprendre une description méthodique des circo
7 ontrer l’absurdité latente et souvent manifeste ? Ce serait faire la part trop belle au monde, que nous refusons. Mais il
8 us refusons. Mais il peut être utile d’en dégager ce que l’on appellerait l’équation de décadence, dans certains cas où ce
9 tion apparaît particulièrement flagrante. C’est à ce titre et sous cet angle que l’affaire Jacques Martin prend pour nous
10 que dans nos cœurs, — et toujours à recommencer. Ce que l’instant commande, dans le monde tel qu’il est, n’est-ce pas, d’
11 tant commande, dans le monde tel qu’il est, n’est- ce pas, d’une façon plus urgente, « l’observation révolutionnaire » de n
12 ’au bout du compte il y aura un an de prison pour ce garçon sérieux et maître de lui, qui sourit parfois doucement derrièr
13 dez, « au nom de la cause sacrée de la paix » que ce brave officier réclama pour Martin le maximum de la peine, non sans a
14 monde fabriqué pour leur usage par les hommes de ce temps est à tous points de vue le plus irrespirable à l’homme. 2° Les
15 able à l’homme. 2° Les fondements idéologiques de ce monde sont morts ou n’en valent guère mieux, tant ils sont enrobés de
16 à la barre des témoins : Martin fait dans la paix ce que firent à la guerre ses aînés : c’est pour la même cause qu’il se
17 l’Écho de Paris. « Nous avons proposé un maître à ce jeune homme, dit le pasteur Cooreman. C’était le Christ. Martin est c
18 z-vous jamais vu un soldat défensif ? Comment est- ce que c’est fait ? » 7° Certes, l’on peut tirer de ces débats une concl
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
19 nté qui, loin d’avoir maudit la guerre et surtout ce qui l’a permise, prétend encore dominer sur l’Europe, et ne peut main
20 cause de ceux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils sont.) Il faut qu’un cri jaillisse : c’en est fait du christia
21 est fait du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’un réveil. Et quand bien même il ne serait po
22 te preuve, aujourd’hui, d’une volonté de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté, rétablit le christianisme
23 auté menaçante. ⁂ Que la passion qui nous arrache ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et
24 se faire entre le christianisme et l’injustice de ce monde, l’un n’existant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’est
25 n’existant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’est pas le christianisme qui a confondu sa cause avec celle de la b
26 étiens, veulent en tirer des intérêts, abusent de ce qu’ils considèrent comme un privilège, le perdent par là même, et dér
27 bstinent à porter un titre désormais irrecevable. Ce parti peut être aussi nombreux que l’on voudra, il peut représenter l
28 a chrétienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le sout
29 té » est sécularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle de rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de ru
30 Car d’une part il ne peut pas la compromettre, et ce qu’il compromet, c’est toujours autre chose. Mais d’autre part, et po
31 ité sur une tout autre force que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éth
32 plus encore dans son établissement, nous trouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le langage du b
33 ien, dans toute politique humaine organisée — fût- ce à la gloire de Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de
34 as II, 3-4 et 15). Ils ont prétendu rendre à Dieu ce qu’en réalité ils rendaient à César. Entraînée dans cette politique,
35 yau et autres « croyants » décorés, s’indigner de ce que les sans-Dieu parlent de confisquer à leur profit « la primauté d
36 : « En terminant, l’éminent religieux déclara que ce concours international avait pour but de contribuer à la sauvegarde d
37 ir et du sang, mais le consentement de l’esprit à ce dérèglement8 ». Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser notre chri
38 ujours de vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste la foi, c’est le choix et non pas le système : il n’est
39 nt et destructeur ; tandis que la révolution dans ce qu’elle a de nécessairement constructif, reste le lieu d’obéissance p
40 mentent, et ne défendent que leur esprit. On sait ce que c’est que l’esprit, en ce siècle ! Il a été admirablement défini
41 eur esprit. On sait ce que c’est que l’esprit, en ce siècle ! Il a été admirablement défini par la Sorbonne, entre autres.
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
42 st le pire. Il ne suit pas de là, contrairement à ce que prétendent certains écrivains marxisants, que le bourgeois protes
43 in sur la « théologie politique » fait justice de ce reproche et démontre une fois de plus que le paradoxe de la « politiq
44 ur du marxisme. Il le rejette en définitive, mais ce n’est pas sans avoir reconnu que sa force persuasive vient de ce que
45 ns avoir reconnu que sa force persuasive vient de ce que seul, aujourd’hui, il prétend résoudre cette question, d’ailleurs
46 de vis-à-vis de votre prochain ? Lui laissez-vous ce qui lui revient, ou l’en privez-vous ? » ⁂ La caractéristique des mou
47 nte enquête publiée en volume chez Macmillan sous ce titre : Témoignages spontanés de travailleurs sur la religion (recuei
48 l’association des mécaniciens d’Amérique exprime ce point de vue en une phrase typique : « La grande majorité des ouvrier
49 goût pour la violence dictatoriale. ⁂ En France, ce mouvement mondial a rencontré jusqu’ici peu d’écho. La revue Le Chris
5 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
50 nier mérite et conditionne le « matérialisme » de ce siècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière dén
51 gne » ou « Je produis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’i
52 ustifier à ses propres yeux, voire pour glorifier ce qu’il répugne à considérer comme sa peine. Nous assistons au triple é
53 forcé » le travail des classes chargées d’assurer ce loisir. C’est créer un monde impensable, le nôtre. Car si le loisir e
54 ains créatrices. Nous dirons : le but du travail, ce n’est pas le loisir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’est
55 le loisir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’est pas la jouissance, mais la création. Nous n’avons pas le goût d
56 s heures « creuses » ou des efforts stériles. Est- ce un long loisir créateur ? Un long travail d’enfantement ? Cela ne va
57 ppeler auprès de lui son peintre. « Peins-moi sur ce rouleau un crabe ». — « Il me faut vingt ans », dit le peintre. Et pe
58 r de cet acte. Il ne peut sortir d’un système que ce que l’on y met dès l’origine. 10. On aura beau l’appeler « travail
59 socialiste n’est rien d’autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une échelle que Ford n’avait imaginée q
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
60 s tirer, mes amis, sinon la négation d’un mal, et ce n’est pas encore le bien sauveur ! Voici notre erreur perpétuelle : n
61 faudra se tourner ailleurs. Il faudra remonter à ce qui juge nos faiblesses, non point pour les confondre éloquemment et
62 dre établi et le principe vivant du nouvel ordre. Ce pouvoir, nous le connaissons, dans la mesure où nous sommes humains.
63 es révèle. En vérité, nous connaissons bien mieux ce qui nous blesse que la nature des réalités que nous sentons, en nous,
64 u’à des révoltes trop prévues ? Peut-on sortir de ce cercle vicieux à force de le parcourir toujours plus rageusement ? No
65 gauche, pâture des bourgeois snobs. Nous avons vu ce spectacle indécent : le cadavre a mangé ses mouches. Certes, il faut
66 non d’un non. Dirons-nous non à notre tour ? Que ce soit le non décisif de ceux qui savent ce qu’ils affirment ! Que ce s
67 r ? Que ce soit le non décisif de ceux qui savent ce qu’ils affirment ! Que ce soit un non sans pathos, car l’affirmation
68 isif de ceux qui savent ce qu’ils affirment ! Que ce soit un non sans pathos, car l’affirmation seule est grave. C’est à l
69 à nous. Nous constatons la fin d’un art au nom de ce qui juge l’art, — et le recrée. Nos griefs ne sont pas littéraires ;
70 nne ne prouvant plus qu’il croit à l’essentiel de ce qu’il dit —, la critique littéraire de cette littérature n’a plus de
71 t de peu de poids dans la balance politique. Tout ce qui n’est pas déjà au service des hommes, est déjà au service de ce q
72 éjà au service des hommes, est déjà au service de ce qui les opprime. Notre individualisme travaille pour l’État. Notre li
73 » d’autres normes et d’autre mesure que l’argent, ce symbole unique de la puissance sans visage. Dire que le monde est dev
74 ’est plus que dans l’homme. Mais si nous trouvons ce principe, nous aurons trouvé du même coup la mesure du monde nouveau.
75 tte mesure concrète, cette référence universelle, ce principe de grandeur que nous proposons tous ici, c’est l’homme consi
76 de toute l’évolution démocratique, si l’on entend ce terme au sens originel, et non point au sens dévié de l’individualism
77 déterminée, son attitude créatrice. Je dirai donc ce que notre désir invoque. Je vois un grand dessin véhément et humble d
78 ui les informe et qui les juge. J’imagine d’abord ce réalisme comme une énorme satire à la Swift, quand je vois le comique
79 nt peut-être dans l’Ulysse de Joyce une satire de ce genre, minutieuse confrontation de l’idéal rêvé et du sordide quotidi
80 vre prétexte à n’en point chercher de meilleures. Ce n’est pas l’échec de Bourget qui peut expliquer à lui seul un refus a
81 . Nous voyons aussi le bourgeois s’émerveiller de ce rajeunissement. Craignons que le fascisme ne tire bénéfice, avant nou
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
82 h On ne devrait jamais lire les hebdomadaires. Ce sont des entreprises de démoralisation : 1° parce qu’ils satisfont à
83 eux, vaguement inquiets de se tenir au courant de ce qu’ils croient être la chose littéraire ; 2° parce qu’ils incitent le
84 ignifie chez Nietzsche à peu près le contraire de ce que cette femme veut expliquer à Giono. Mais voilà un trait juste, de
85 des autres, la plupart de nos contemporains, est- ce qu’ils ne disent pas plutôt. « Fichez-moi la paix ! Faites-moi rigole
86 faciles, des livres gais, etc. C’est, disent-ils, ce qu’on demande. — Hé ! oui, parbleu, c’est ce que « les gens » demande
87 ils, ce qu’on demande. — Hé ! oui, parbleu, c’est ce que « les gens » demandent. Mais savent-ils bien ce qu’ils demandent,
88 que « les gens » demandent. Mais savent-ils bien ce qu’ils demandent, et pourquoi ils le demandent ? Est-ce que le rôle d
89 ils demandent, et pourquoi ils le demandent ? Est- ce que le rôle des éditeurs, mais surtout et d’abord des écrivains, ne s
90 mieux que « les gens » de quoi ils ont besoin et ce qu’ils demandent réellement ? Car les gens ne demandent pas ce qu’ils
91 andent réellement ? Car les gens ne demandent pas ce qu’ils ont l’air de demander, et ce qu’on se montre si pressé de leur
92 demandent pas ce qu’ils ont l’air de demander, et ce qu’on se montre si pressé de leur donner à bon marché. Ils s’exprimen
93 a préféré se payer leur tête. On les a pris pour ce qu’ils ont l’air d’être, ou mieux pour ce qu’ils croient devoir se do
94 is pour ce qu’ils ont l’air d’être, ou mieux pour ce qu’ils croient devoir se donner l’air d’être ou de n’être pas. Comme
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
95 urtant bien admettre que le concret est justement ce qui transcende nos définitions. Elles sont jugées par lui, et non poi
96 u sujet, n’a rien en lui qui le pousse à chercher ce dont il manque, et n’a pas d’existence. Il ne devient objet que lorsq
97 conscience du sujet. Mais dès que l’homme secoue ce sortilège, sort de ses ombres, cherche des résistances, veut agir, tr
98 rendre compte de ses déterminations suffisantes. Ce qui revient à reconnaître que la psychologie passe à côté de la fin q
99 la scène du monde, où nous avons été placés, dans ce drame qu’il nous faut jouer sans le connaître, c’est-à-dire qu’il nou
100 it dessein de nous placer. Ainsi donc, encore que ce drame puisse être qualifié de jeu, et légèrement pris par toute espèc
101 drame. D’où lui vient tout à coup l’assurance que ce qu’il fait est dans son rôle ? Pour quelle raison sort-il du chœur de
102 ne attitude d’auteur de son propre destin ? C’est ce que l’on ne voit point. C’est ce que nul ne peut voir ni ne verra jam
103 e destin ? C’est ce que l’on ne voit point. C’est ce que nul ne peut voir ni ne verra jamais, cependant que chacun peut vo
104 sère. C’est une nouvelle qualité du concret. Mais ce mystère de la présence, si l’on peut en décrire les effets, demeure m
105 échappe au temps, marque sa fin, et le recrée. De ce mystère, je puis seul témoigner dans l’instant où il me saisit, et se
106 ! Oui, rien n’est plus vicieux pour la raison que ce beau cercle indivisible, irréfutable, du concret. Mais le jugement sc
107 a mesure où mon action relève de ma vocation, fût- ce au prix de la vie de mon individu. 7. Incarnation À la série d’
108 cé des témoignages visibles qu’elle produit. Dans ce sens, elle n’aurait aucune problématique. Or, nous nous connaissons c
109 erche à trouver leurs lois. Elle les trouve, mais ce sont alors les lois mêmes de notre absence, celles du monde abandonné
110 bjets. Nous sommes surtout les jouets humiliés de ce qui nie notre dignité d’hommes, de ce qui nous traite en objets neutr
111 humiliés de ce qui nie notre dignité d’hommes, de ce qui nous traite en objets neutres et en objets d’autant moins résista
112 t moins résistants qu’ils ont cru concevoir, dans ce qui les attaque, une fatale loi justifiée en raison. D’où vient alors
113 aison. D’où vient alors l’idée de la personne, et ce regret d’une dignité que la raison des peuples et des clercs s’accord
114 llence : or, cette foi consiste en une action16. ( Ce qui confirme nos propositions sur la nature actuelle de la personne).
115 de la personne). La foi au Christ est proprement ce qui « personnifie » le solitaire, ce qui le rend concret, c’est-à-dir
116 t proprement ce qui « personnifie » le solitaire, ce qui le rend concret, c’est-à-dire présent à lui-même et aux autres da
117 combinaison d’un atome. Mais il nous faut laisser ce modèle mécanique, puisqu’aussi bien la personne en elle-même n’est pa
118 d’or de toute doctrine sociale et politique. Est- ce à dire que le bien de tous doive être mis au service du bien de chacu
119 s de la personne Et maintenant, si nous savons ce que nous appelons : personne, si nous savons qu’elle est la lumière d
120 mpris qu’il y a pour l’homme un monde des objets, ce que niaient pratiquement beaucoup de clercs ; il a compris que le phé
121 duit en fait qu’au niveau des objets, et que tout ce qui est doit pouvoir être vu, être touché, consister sous la main17 ;
122 e : il ne nie pas grossièrement notre puissance — ce serait une manière de la mieux provoquer — mais glorifiant le sujet p
123 e, c’est-à-dire qu’il l’atrophie. L’objet pendant ce temps, se dégrade selon ses lois. La révolte matérialiste trouve dans
124 d’abstractions, parfois violentes, où se poursuit ce vieux débat, aucun espoir de solution réelle n’est plus permis18. Mai
125 e solution réelle n’est plus permis18. Mais c’est ce plan que nous avons quitté en définissant la personne comme un acte.
126 lisent : la charité de la personne est d’ordonner ce corps-à-corps. 10. Le spirituel Descartes a détruit la personne
127 , comme aussi de n’en pas choisir. (Et c’est dans ce débat qu’apparaît la conscience.) Mais ni le corps de l’homme ne peut
128 ps — quitte à ne plus savoir comment les réunir — ce que ne font ni la vie ni la mort, ni Dieu qui ressuscitera les morts2
129 n égoïsme qui se glorifie dans l’abstrait. Qu’est- ce alors, parmi nous hommes de chair, que l’esprit ? Cet esprit qui souf
130 et je ne sais rien d’autre. J’ai reçu l’ordre, et ce pouvoir ordonnateur, irréfutablement est là, rendu visible. J’ai fait
131 irréfutablement est là, rendu visible. J’ai fait ce pas, je puis le mesurer — mais sa grandeur pourtant n’est pas un nomb
132 la plénitude de l’instant où dans l’oubli de tout ce que je peux, j’ai franchi l’impossible seuil. L’esprit est acte, l’ac
133 que la personne existe et que l’acte transforme. Ce qui témoigne en moi de l’indicible réception de la parole, ce n’est p
134 gne en moi de l’indicible réception de la parole, ce n’est point une extase, ni une angoisse, ni toujours une plénitude de
135 commence. Car la durée n’ajoute rien à l’éternel. Ce pas petit et triomphal à peine fait, je le reperds si je n’en fais pa
136 ns cet enjeu admirable ! 16. Matthieu 7:21 : «  Ce ne sont pas ceux qui me disent Seigneur ! Seigneur !… mais celui qui
137 aliste. Je me refuse à voir en lui la solution de ce conflit mauvais qu’il fixe sans le dépasser. 19. L’aspect animique d
138 lement, parce qu’il est totalement « chair » ; et ce ne sont que des morts qui ressusciteront, non pas des endormis ou des
9 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
139 ce aux écrivains surréalistes en les prenant pour ce qu’ils croyaient être : des novateurs, des créateurs, des révolutionn
140 une valeur de fait témoin, d’ordre spirituel ; à ce titre, il marque une époque, bien plus qu’une littérature. Ces quelqu
141 sse ; faute du courage de la considérer en face — ce courage que donne seule la foi — ils se sont mis à déclamer un désesp
142 ature, certes, mais on ne pouvait faire que cela. Ce serait un jeu que de les classer dans les catégories du désespoir ana
143 étachés d’eux pour ne plus sentir le tragique que ce faux désespoir maquillait. Il y a dans tout ce qu’ils écrivent, une e
144 ue ce faux désespoir maquillait. Il y a dans tout ce qu’ils écrivent, une espèce de bluff inconscient, dont le dernier liv
145 Mais que cet homme est empêtré par le scrupule de ce qu’il se doit ! Et qu’il est attentif à sa propre démarche ! « Il me
146 le dire… Pour ma part, je me refuse… Je demande à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… » Je prends ces trois débuts d
147 et qui vaut bien qu’on la prenne au sérieux, fût- ce après ce Schelling dont, par ailleurs, Breton dit tant de mal (Introd
148 aut bien qu’on la prenne au sérieux, fût-ce après ce Schelling dont, par ailleurs, Breton dit tant de mal (Introduction au
149 n aux contes d’Arnim). Mais pourquoi nous glisser ce vieux problème avec des airs de conspirateur traqué ? Alors que cette
150 ants et péremptoires, et l’on se demande alors si ce bel « abattage » n’a pas dissimulé, aux yeux des jeunes gens, un défa
151 is alors, vont-ils reconnaître le sérieux réel de ce jeu ? Et qu’il y va vraiment de tout, c’est-à-dire d’un peu plus que
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
152 e, dans une ascèse morale soutenue. L’aîné, c’est ce Rouveyre que nous ont révélé des dessins cruellement dépouillés et de
153 us pousser vers cette conclusion. Peut-être n’est- ce ici qu’un cri d’appel à rien : les modernes ont inventé cela. On peut
154 de sa grandeur lucide à gagner un sens religieux. Ce livre enfin vaut par un style inoubliable. Rouveyre ne laisse pas un
155 la phrase ici, vraiment, réfléchit sous nos yeux. Ce n’est pas du récit. C’est une espèce de taraudage21. De temps en temp
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Maurice Meunier, Idoles (février 1935)
156 bversif peut bien poursuivre l’éditeur qui publia ce résumé de la vie nulle d’un jeune bourgeois ? m. Rougemont Denis d
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Albert Soulillou, Nitro (février 1935)
157 Albert Soulillou, Nitro (février 1935)n Ce livre aussi est vrai. À peine moins autobiographique, semble-t-il, qu
158 e révolte. Par malheur, l’auteur a voulu romancer ce documentaire authentique, et il en a saboté le rythme. Dès qu’il part
159 e une fois de plus contre les poncifs populistes. Ce qui manque peut-être à M. Soulillou, c’est la patience de laisser mûr
160 d : 224 ou 600 pages exactement. Il me semble que ce conformisme, dont on sait les raisons commerciales, couvre pas mal d’
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
161 est Marcel Arland. Sans doute a-t-il reconnu dans ce roman (paru quelque temps avant les Vivants) une intention toute vois
162 . Mais en parlant d’étude, je fais tort au ton de ce livre, à son charme sentimental, à son humour particulier, à ses jeun
163 ne merveille de « naturel » dans tous les sens de ce terme ; je ne vois pas d’écrivain français qui ait jamais su faire vi
164 le génération : cet appel à la vie communautaire, ce réalisme plein, ce sens du concret spirituel, cette amitié des hommes
165 appel à la vie communautaire, ce réalisme plein, ce sens du concret spirituel, cette amitié des hommes et du pays, qui pe
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
166 d’amateurs de quelques dames lettrées. Pourtant, ce roman d’Edschmid aurait pu provoquer des polémiques révélatrices : il
167 instructeurs de l’armée bolivienne. (On sait que ce fut le sort de Röhm, entre autres.) Mêlés à des révolutions, disloqué
168 par le sacrifice. » Sacrifice et fidélité, voilà ce qui définit leur dernière dignité d’Allemands dans les tortures qu’un
169 sont entrés dans le malheur la tête haute ». Car ce sont « les jeunes gens qui ne possédaient rien qui ont écrit les page
170  ? Tel est je crois le problème central qu’impose ce livre, et l’on admettra bien, quelque opinion qu’on ait sur le point
171 ttendrons-nous la prochaine guerre pour lire dans ce Destin allemand l’un des secrets de notre destin à tous ? L’ostracism
172 ritiques est d’ailleurs d’autant plus absurde que ce livre — écrit par un juif ! — a été condamné en Allemagne. p. Roug
15 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
173 Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)q Ce livre comporte une partie poétique précieuse et somnifère, et une par
174 t une partie critique dont l’intérêt dépasse tout ce que les surréalistes nous ont donné jusqu’ici. Il y a là une puissanc
175 plus haut : un linguiste dirait que la formule de ce style est la contagion. Je mets ce phénomène en relation avec la théo
176 la formule de ce style est la contagion. Je mets ce phénomène en relation avec la théorie de la métaphore qu’on trouvera
177 d’une conciliation » dans laquelle la qualité de ce premier terme deviendra quantité. (?) Ce processus tout mécanique de
178 alité de ce premier terme deviendra quantité. (?) Ce processus tout mécanique de quantification, que l’on retrouve dans la
179 videmment « désigner sous le nom de poésie » tout ce que l’on veut. Mais si je crois aussi, avec Arnaud Dandieu (chap. sur
180 hégélienne vulgarisée. Le langage est précisément ce qui sépare, et non ce qui confond. C’est le verbe (qui est acte) qui
181 Le langage est précisément ce qui sépare, et non ce qui confond. C’est le verbe (qui est acte) qui distingue et caractéri
182 asmes collectifs, l’hystérie organisée, bref tout ce que Keyserling appelle l’irruption des forces telluriques. Keyserling
183 ution bolcheviste. On comprend mieux la portée de ce propos après avoir lu Tzara. Mais on ne comprend plus du tout la légè
184 ion est la dominante de l’époque, je constate que ce complexe se manifeste justement par l’adoption des hypothèses du maté
185 ue (p. 284 et suiv.). Nous le voulons aussi. Mais ce n’est pas là, n’est-ce pas, ce qu’on veut à Commune, revue officielle
186 ous le voulons aussi. Mais ce n’est pas là, n’est- ce pas, ce qu’on veut à Commune, revue officielle du PC. Il veut que le
187 oulons aussi. Mais ce n’est pas là, n’est-ce pas, ce qu’on veut à Commune, revue officielle du PC. Il veut que le langage
188 Einstein. Il semble bien que ces « barrages » et ce conformisme brutal soient en train de provoquer chez Tzara une prise
189 on puisse attribuer les quinze dernières pages de ce livre, où l’on retrouve parfois le ton des grandes utopies du premier
190 rimat de l’homme sur les dispositifs économiques, ce rappel d’une misère qu’ignorent tous les partis, voilà qui rend un so
16 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
191 urnal Le Journal répandait brusquement dans Paris ce cri d’alarme stupéfiant. Soucieux de ne point céder au goût de la cat
192 aisir de proposer à mes lecteurs la méditation de ce texte à maints égards révélateur ?   « L’Esprit n’a pas son palais.
193 s tentations feront pâlir les rêves des conteurs. Ce sera, dans la féerie de l’eau des lumières et des couleurs, le ballet
194 et des couleurs, le ballet vertigineux des ondes. Ce sera aussi la fête de l’esprit. Elle doit dépasser en splendeur les m
195 instituts, organise la découverte, on verra dans ce palais comment, dans la physique, la chimie, la biologie, les mathéma
196 an des intelligences, à attacher les foules ? […] Ce Palais doit être construit en dur. Il doit survivre à l’Exposition. P
197 de l’Esprit dans la cité actuelle En publiant ce très curieux morceau lyrique, notre honorable député avait-il conscie
198 inissent une société. C’est reconnaître enfin que ce rapport n’est plus perçu par un chacun comme évident ni comme allant
199 Richesse ? ou du Succès ? — bref, d’une époque où ce qu’on nomme l’esprit ne s’impose plus sans discussion. Lorsque l’État
200 t à la fois flatteuse et rassurante. Et qui sait, ce Palais de l’Esprit ne va-t-il pas « réaliser » un vieux rêve positivi
201 r le rôle de l’esprit qu’on dit créateur ? Serait- ce donc qu’on ne sait plus le voir dans ses effets ? Mais alors, comment
202 train de chercher pour définir notre impression : ce palais, ce « sanctuaire », cette « ruche active » où bourdonneraient
203 ercher pour définir notre impression : ce palais, ce « sanctuaire », cette « ruche active » où bourdonneraient les idées p
204 uche active » où bourdonneraient les idées pures, ce ne serait jamais qu’un musée. Et créé par l’État, et contrôlé par lui
205 n musée. Et créé par l’État, et contrôlé par lui, ce ne serait jamais qu’un musée des lieux communs de la Troisième Républ
206 ui composent la notion courante de l’esprit pur : ce sont ces lieux communs inoffensifs et soigneusement vidés de toute es
207 ma connaissance n’a mis en question leur sérieux, ce qui précisément me paraît remarquable. L’accueil flatteur — ou flatté
208 ne l’ont jamais su. Je serais prêt à l’accorder. Ce qui est nouveau, c’est qu’elles croient le savoir. C’est que la caric
209 n populaire26. Le succès d’une caricature tient à ce qu’elle est une simplification. Celle qu’on nous présente de l’esprit
210 nsi que la science et les arts sont enfermés dans ce dilemme : ou l’esprit pur — comprenez inactif — ou le salon des arts
211 ais à l’étranger, vient confirmer de son côté que ce Palais de l’esprit pur ne peut être en réalité qu’un palais vide. Et
212 pur ne peut être en réalité qu’un palais vide. Et ce vide que d’ailleurs il qualifie de bibliothèque, ne lui paraît pas mo
213 peu insisté sur l’anecdote du Palais de l’Esprit, ce n’est point pour me ménager une partie par trop facile. C’est que la
214 gnement voudrait, comme je le lui ai proposé, que ce palais reçût le nom de « Cité René-Descartes ». L’Exposition va se dé
215 de la chronologie. L’hommage rendu à l’auteur de ce petit livre qui, condensant la sagesse des vieux artisans passionnés
216 Mais enfin pour saisir je ne dis pas la racine de ce préjugé populaire, mais la raison de fait qui l’autorisa parmi nous,
217 n estime conforme à la religion de l’esprit. Mais ce que Descartes a voulu, c’est que l’esprit « clair et distinct » fût s
218 air et distinct » fût séparé absolument du corps. Ce que Descartes a proposé, ce que l’Église, pour son malheur, a pris en
219 absolument du corps. Ce que Descartes a proposé, ce que l’Église, pour son malheur, a pris en compte, c’est la doctrine «
220 re aussi naturelle le « sens commun ». Sans doute ce préjugé contre l’esprit n’a pas toujours été si fort que nous le voyo
221 é » à l’homme qui ne fait rien de ses deux mains. Ce que je reproche à l’esprit cartésien, c’est d’avoir formulé l’équival
222 cartésien, c’est d’avoir formulé l’équivalent de ce préjugé en termes de philosophie. C’est d’avoir enseigné au peuple un
223 orifier cet esprit distingué, c’est aussi laisser ce corps à lui-même, le mépriser, l’abandonner à sa lourdeur. Décréter q
224 s-ci à l’empire des intérêts. Sorel a bien montré ce jeu dans ses Illusions du progrès : le maximum d’hypocrisie sociale —
225 distingué. Le culte des principes en soi : voilà ce qu’il faut au régime des requins. La preuve en est administrée chaque
226 e qu’en vertu d’une certaine attitude des clercs. Ce ne sont pas les bénéficiaires de cette situation, politiciens ou affa
227 que des actes. On tend à ne garder de ceux-ci que ce qui peut s’organiser en belles séries, selon les exigences d’une phil
228 s professeurs à mépriser les seuls philosophes de ce temps — Nietzsche en est le fameux exemple — sous prétexte qu’ils ne
229 sciente ou non, d’esquiver l’engagement pratique. Ce qu’on célèbre sous le nom d’esprit, c’est l’attitude prétendue specta
230 ard justifier la noble impuissance de la pensée ! Ce qu’on célèbre sous le nom d’esprit, c’est l’image épurée d’un monde f
231 hesse qui seraient le prix de leur intervention : ce ne sont là que les rudiments de la morale de leur état. Et personne n
232 lémentaire. Se montrer « désintéressé » pour lui, ce n’est pas tout bravement refuser de toucher le prix d’une noire trahi
233 nier en principe que l’esprit soit responsable de ce qui se passe dans le monde. C’est affirmer que l’esprit n’est pas du
234 ts du monde réel sont pour lui comme inexistants. Ce qui revient d’une part à diviniser notre esprit ; d’autre part, à ref
235 rfait : le juge refusant de juger. On me dira que ce gouverneur eût été dans son rôle en agissant, et qu’il trahissait sa
236 gé par nature de toute responsabilité temporelle. Ce raisonnement a l’apparence du sens commun, mais il repose sur une err
237 de la foule et dit : Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde. » Ne vient-il pas d’avouer le dernier mot d
238 de l’esprit ? Ne vient-il pas de dire : « Qu’est- ce que la vérité ? » À vingt siècles de là, la voix « désabusée » d’un a
239 enan trahit un doute, et un doute sur la vérité : ce qui est « peut-être triste », insondablement triste, c’est que « peut
240 t-il pas dit seulement : Mon royaume n’est pas de ce monde ? Ce royaume n’eût gêné personne, tout semblable à celui des cl
241 t seulement : Mon royaume n’est pas de ce monde ? Ce royaume n’eût gêné personne, tout semblable à celui des clercs. On lu
242 lais. Mais que vient-il faire parmi nous ? Qu’est- ce que la vérité ? demande encore Pilate. (Il lui tend encore cette perc
243 ume de l’esprit — notre Université — n’est pas de ce monde. C’est le royaume des lois « sérieuses et précises » que la pen
244 entretenir. Mais voilà le vice de construction de ce beau monde cartésien : on admet que l’esprit ne peut rien, et on l’en
245 le chose qu’on ne lui ait pas apprise. Considérez ce pauvre clerc parfait tel que le livre l’Université : que sait-il fair
246 rse exact de la valeur spirituelle de ces écrits. Ce n’est pas la création, c’est le rabâchage qui rapporte. Publiez un po
247 VIII. Où peut agir l’esprit ? Commettra-t-on ce Palais de l’Esprit ? S’ils y parviennent, je demande la parole. Je ne
248 parole. Je ne me propose pas du tout de décevoir ce goût de positif que mes contemporains, à tort et à travers, opposent
249 cité et qui se vendent ou se désintéressent ; que ce problème n’est plus jamais posé que par des penseurs sans audience et
250 nces qui s’affirment dans l’Europe d’aujourd’hui. Ce projet positif présente un gros défaut pratique : il conduit à poser
251 ives, ces états généraux de la culture. Ne serait- ce pas inaugurer officiellement la révolution véritable ? Faudrait-il co
252 État pour prendre cette initiative ?41 Laissons ce jeu. Les utopies sont nécessaires, mais il y a un temps pour les rêve
253 r les appliquer, un temps pour critiquer finement ce qui s’est fait, et un temps pour saisir à pleines mains les instrumen
254 e un puissant rappel à la « réalité rugueuse » de ce monde. Mais ce rappel n’est pas suffisant. Voir les faits n’est pas t
255 appel à la « réalité rugueuse » de ce monde. Mais ce rappel n’est pas suffisant. Voir les faits n’est pas tout, il faut vo
256 Individus parfaitement négligeables en regard de ce qu’ils ont à dire, qui les dépasse, et personnes parfaitement respons
257 épasse, et personnes parfaitement responsables de ce qu’elles ont à donner, qui est à tous. 24. « Pour un Palais de l’E
258 bien, et c’est le plus probable, elle contiendra ce que je dis : les témoignages de « l’esprit pur » selon l’idée que s’e
259 on n’est pas seulement spontanée dans le peuple — ce ne serait pas grave — elle est inculquée au peuple par les clercs bou
260 les faudra-t-il réserver son bas de laine ? N’est- ce pas pour les plus périssables choses que nous dépensons notre argent 
261 ers à souffrir de la carence de l’esprit. 29. De ce mépris de la pensée pure et des discours vient l’engouement pour ceux
262 la psychologie moderne. 33. Si le concret est «  ce qui engage », ce qui est soumis aux sanctions de la loi, ce qui exige
263 oderne. 33. Si le concret est « ce qui engage », ce qui est soumis aux sanctions de la loi, ce qui exige une décision pri
264 age », ce qui est soumis aux sanctions de la loi, ce qui exige une décision prise par une personne responsable. 34. « Nou
265 t. III, p. 497. Le vieillard qui écrit cela, est- ce bien le même homme qui écrivait dans sa jeunesse : « La science maîtr
266 jeunesse : « La science maîtresse, le souverain… ce sera la philosophie, c’est-à-dire la science qui recherche le but et
267 te de la foi), l’affirmation et la prédication de ce droit n’entraînant aucun risque ni aucune modification concrète pour
268 is sur lesquelles l’esprit ne peut rien. Comme si ce n’était pas justement cet « esprit » qui avait fabriqué ces « lois »,
269 laïques, inoffensifs. Les clercs savent bien que ce mépris cordial et ces honneurs rendus au mythe du Progrès, plus qu’à
270 « Le difficile et l’essentiel pour un philosophe, ce n’est pas d’arriver le plus vite possible à la conclusion, mais au co
271 st juste. » Ayant dit ses raisons, il a fait tout ce qu’un clerc doit faire, selon nos grands docteurs et leurs petits dis
272 t homme est juste, il le relâcherait. Mais qu’est- ce que la justice ? Qu’est-ce que la vérité ? Valent-elles qu’on leur sa
273 lâcherait. Mais qu’est-ce que la justice ? Qu’est- ce que la vérité ? Valent-elles qu’on leur sacrifie sa situation de gouv
274 es Juifs sont en émeute : voilà le fait. J’ai dit ce que je pensais, voilà le droit. Maintenant il faut les apaiser, il fa
275 tice qu’un désordre. » — Malgré l’indignation que ce mot soulève chez nos clercs, il traduit bel et bien leur attitude de
276 e. P.-S. Ceci fut écrit en mai de cette année ; à ce moment j’ignorais tout du « congrès pour la défense de la culture »,
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
277 aurait quelques chances de leur faire comprendre ce que c’est qu’une révolution de masses, au sens moderne. Et que ça n’a
278 ue… Pour autant que l’on peut comparer à quoi que ce soit de supposé connu des mouvements aussi totalement « étranges » et
279 e sorte de douceur… Pendant six minutes. Et quand ce hurlement d’amour s’apaisa, on entendait encore une rumeur d’océan au
280 ncore une rumeur d’océan au-dehors. Le journal de ce matin écrit : « Lorsque le Führer s’écria : Je ne puis vivre que si m
281 cela : « La puissance de gouverner, je l’ai. Mais ce que je cherche, c’est la communion du cœur avec chaque homme de la na
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
282 fe muss man verstecken. Wo ? An der Oberfläche.  ( Ce qui est profond doit être caché. Où donc ? À la surface.) Hofmannsth
283 domaine. Il faut le lire comme un visage. Qu’est- ce qu’un domaine, qu’est-ce qu’une propriété réelle, sinon l’extension d
284 comme un visage. Qu’est-ce qu’un domaine, qu’est- ce qu’une propriété réelle, sinon l’extension dans l’espace d’une loi pe
285 r sous les apparences. Car rien n’existe, hors de ce qui se manifeste ; rien ne se manifeste hors d’un mouvement. Et tout
286 loi nouvelle et la réalité d’une ère dominée par ce fait historique : l’Incarnation de la Parole. Les grands docteurs chr
287 r nom et leur emploi. Il faut toujours remonter à ce mythe si l’on veut saisir la genèse et l’ambition secrète de l’art de
288 liste — mais qu’ils sont décrits dans leur forme, ce qui n’est pas du tout la même chose. La forme humaine, si l’homme est
289 traduisent. ⁂ Une forme, une image vivante : est- ce extérieur ou intérieur ? L’artiste répondra : ni l’un ni l’autre. Car
290 es — ou de la création imaginée. Il faut rendre à ce mot d’imagination son sens fort : c’est la natura naturans. (Nous pou
291 hénomène de l’art est un phénomène d’incarnation ( ce que l’école ne comprend pas). » Toute l’esthétique de Ramuz me paraît
292 nce de noms de choses ! Comment ne point penser à ce Livre de Job — dont Ramuz nous a retraduit quelques passages — où tou
293 le parti pris de tout poète, au sens littéral de ce nom : mais c’est aussi ce qu’une certaine critique ne veut point pard
294 te, au sens littéral de ce nom : mais c’est aussi ce qu’une certaine critique ne veut point pardonner à Ramuz. Un écrivain
295 alistes ont décontenancé le langage des hommes de ce temps, et par là même, ils nous démoralisent plus sûrement que ne le
296 sur le concret de l’existence, les détournant de ce fameux « pratique » dont ils s’occupent si mal, et de plus en plus ma
297 ’étais dictateur, je nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et nous aurions enfin un langage « châtié », comme on disai
298 gie des personnages. Que peut-elle signifier dans ce monde physionomique, et par quoi va-t-elle s’exprimer dans une vision
299 forme donnée n’a pas à signifier autre chose que ce qu’elle montre. Il n’y a rien à chercher sous la forme, qui ne peut ê
300 chologues, et dans lesquelles vit le bourgeois46. Ce milieu, c’est le peuple ramuzien, peuple créé d’abord à l’image du Ra
301 anime d’un peuple en communion avec les éléments. Ce n’est point là un art « d’après le peuple », mais on dirait plus just
302 gnes parmi nous. Dans la simplicité de son sujet, ce récit réalise d’une manière exemplaire l’accord des éléments dont se
303 ’amasse. Vers le soir il éclate tragiquement. Est- ce la Fin ? Grande heure de terreur et de prière… Puis, « la page du cie
304 est trop arrêté à l’insolite du style chez Ramuz. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’elle
305 olite du style chez Ramuz. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’elle suppose : la sobriété,
306 e pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule page de ce livre lue avec cette lenteur qu’elle impose, nous replace dans la vis
307 es nominalistes. On croit voir transparaître dans ce passage des Six Cahiers le « négatif », admirablement pris, d’un port
308 nomie des moyens, qui permette d’aller au-delà de ce que la civilisation lui donne de plus achevé. Le mouvement de Ramuz p
309 que la culture de notre temps n’est plus du tout ce qu’elle était au temps de Goethe. Plus encore que sa valeur, c’est sa
310 ne peuvent pas nourrir une réaction créatrice. Et ce n’est point en haine de la facilité qu’un homme recherchera jamais l’
311 ygiène proprette, leur idéal du bon écolier type, ce n’est jamais au nom d’un naturisme romantique48. C’est parce que tout
312 st parce que toutes ces aides tendent à supprimer ce contact le plus nu et cette condition la plus humaine : ce contact av
313 t le plus nu et cette condition la plus humaine : ce contact avec la matière résistante et ce risque de l’homme créateur d
314 umaine : ce contact avec la matière résistante et ce risque de l’homme créateur de sa forme. Si Ramuz n’aime pas les machi
315 Quelqu’un, tout travail est malédiction), jusqu’à ce que tout à coup, par une espèce de renversement, la bénédiction inter
316 Quelqu’un, il y ait cette possibilité de retour, ce retour, ce « retrouvement »… ⁂ Sobriété, assobrissement faudrait-il
317 il y ait cette possibilité de retour, ce retour, ce « retrouvement »… ⁂ Sobriété, assobrissement faudrait-il dire50, édu
318 ci : « Certains hommes tiennent pour un gain tout ce qui leur apporte une facilité ; moi, je ne tiens pour un gain que ce
319 une facilité ; moi, je ne tiens pour un gain que ce qui m’apporte un exemple. » Comment, ici encore, ne point songer à Go
320 e, dit-il, nous oblige à être présent »). Je vois ce grand exemple d’une volonté tendue vers l’origine d’où procèdent à la
321 , j’apprends, j’entends la voix d’un homme. N’est- ce pas assez ? Cette voix n’est-elle pas émouvante ? — Oui, c’est beauco
322 est peut-être risquer en dépit de tout et de soi, ce qu’aucune sagesse n’a jamais justifié… 42. Le Grand Printemps. 4
323 se contenter de la dire. Mais le kantisme a dévié ce mouvement, détournant l’attention de l’acte — car tout acte est parti
324 dirons qu’il faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que l’on fait se voit. L’acte le plus secret, fût-il même un silence,
325 u les ténèbres du xixe siècle pour que l’on prît ce mot pour synonyme de mensonge, qui n’est qu’un sens dérivé, purement
326 nnaissance qu’on a du premier sens. 46. C’est là ce qu’il appelle sa « vie intérieure », même s’il est résolument laïque.
327 ux à l’étranger pour les mettre à l’abri du fisc. Ce qui est plus difficile, c’est d’expliquer rationnellement une telle c
328 primitif, il faut être aussi un primitif ». C’est ce que l’école ne peut pas admettre. 49. Pour autant, bien entendu, qu’
329 d’une mise en présence effective de l’homme et de ce qui résiste à l’homme. C’est le contraire de l’activisme au sens amér
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
330 lieu de croire aux sornettes des popes. En somme, ce qu’ils admirent dans la Russie nouvelle, c’est une santé énorme, une
331 les solides vertus de la bourgeoisie conquérante. Ce n’est point par hasard que ces amis de l’URSS citent souvent Diderot,
332 tius et Voltaire, à l’appui de leur foi nouvelle. Ce n’est pas sans raison qu’ils se remettent à glorifier les mythes du P
333 indéfini et du Bonheur : la révolution russe a eu ce résultat au moins curieux de rendre à certains clercs bourgeois, hont
334 ure soi-disant prolétarienne se révéla finalement ce qu’elle était dès le début : culture socialiste, configuration d’une
335 que jour dans la presse russe des déclarations de ce genre « Le niveau culturel a été élevé par le Torgsin (magasin de pro
336 n intellectuelle, morale et policière exercée par ce Parti d’autre part, nous permettent d’affirmer que, de gré ou de forc
337 ffirmer que, de gré ou de force, le Plan est bien ce rappel permanent des fins dernières conçues par le Parti : l’établiss
338 Le rappel permanent et la conscience actuelle de ce but final suffisent-ils à animer toutes les facultés humaines de créa
339 re le Plan, mais en vertu de tout autres raisons. Ce hiatus inquiétant, cette première faille dans la construction si rigo
340 an. Mais cet accord était en somme très limité et ce langage essentiellement technique. Car le Plan était avant tout, conf
341 an que nous citions plus haut donne la formule de ce changement de méthode : pour la nouvelle école soviétique, l’unité du
342 l faut vouloir ». D’où l’exaltation emphatique de ce qu’ils appellent la « volonté des hommes »57, mythe nietzschéen sourn
343 u d’un esprit étranger… ⁂ Résumons les données de ce drame. Le communisme est parti d’un principe qu’il tirait logiquement
344 tale : il aura sans doute la vie dure, comme tout ce qui est irrationnel, et c’est la faute de la raison. Car cette raison
345 talitaire. Il ne veut pas se laisser mutiler. Fût- ce au prix de salaires merveilleux58. Il découvre que la mesure qu’on vo
346 térielles. Alors il met son espoir et sa foi dans ce miracle qui résoudrait seul le conflit du calcul et du rêve, du matér
347 e nouveau au faîte de l’édifice matérialiste. Est- ce que tout le progrès acquis par une si dure révolution n’aura été que
348 urces mystiques aussi puissantes. Peut-être était- ce inévitable. Peut-être les bienfaits concrets du Plan surpassent-ils l
349 n, il sera toujours temps d’aller demander là-bas ce qui nous manque. II. Leçon de dictature De tout ce qui précède,
350 nous manque. II. Leçon de dictature De tout ce qui précède, il serait ridicule et vain de tirer une « condamnation »
351 poser au tout, y compris la culture et la morale. Ce sont les nécessités de la propagande, identiques dans les deux cas, —
352 aient telles que je serais incapable de vous dire ce que vous auriez pu faire d’autre. Vous en étiez au point où l’homme a
353 tion de dix ans ou d’un siècle, je ne sais ; mais ce que je sais, c’est que tous nos pays se trouveront un jour futur en f
354 s déterminées, et tirant justement de ces mesures ce que nous appelons leur grandeur. L’Inde ancienne, la Grèce d’Homère e
355 ir. Mais pour attester la présence universelle de ce dessein, il fallait des symboles visibles et dont le sens fût reconnu
356 une civilisation défaite, il faudra commencer par ce qui détermine toute mesure : il faudra commencer par la fin ! Et non
357 répondre : Bon ou mauvais selon vos idées, c’est ce régime qui nous a délivrés de la misère61. Et cela suffit à le justif
358 , ou société sans classe… Si l’on veut comprendre ce temps, et l’ère nouvelle, incalculablement, qu’il inaugure, il faut s
359 temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont dû faire ; et alors, d’ici vingt ou cent ans, nous s
360 leurs nécessités historiques, critiquons même de ce point de vue certaines erreurs que commettent leurs chefs : nous ne p
361 ur formule réelle — même là où l’on refuse encore ce nom — la fédération, non la masse ; et non la tyrannie d’un seul, et
362 ns colonisés, je n’ai pas fini de le répéter. Est- ce à dire qu’affirmer notre force en face d’impérialismes conquérants mè
363 volume dont ces pages sont extraites figure avant ce paragraphe un chapitre sur la culture nationale-socialiste, dont on m
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
364 ments humains les plus féconds et authentiques de ce siècle. J’imagine l’historien futur étudiant l’inventaire de Petit, c
365 onstitue sa seule raison d’être. Tout le débat de ce journal revient à cette scandaleuse opposition, créée par notre socié
366 orismes d’une ou deux pages facilite heureusement ce genre de lecture.) Trois thèmes : la biographie (milieu, enfance, jeu
367 les déceptions d’une génération. Puis j’ai trouvé ce cri : « Tout me concerne », et ce sous-titre, vers la fin : « Retour
368 uis j’ai trouvé ce cri : « Tout me concerne », et ce sous-titre, vers la fin : « Retour à la passion ». Et maintenant nos
21 1936, Esprit, articles (1932–1962). Note sur nos notes (novembre 1936)
369 s à tout un régime social qui l’a laissée devenir ce qu’elle est ; et plus encore à chacun de nous dans le cœur duquel ce
370 plus encore à chacun de nous dans le cœur duquel ce régime plonge ses dernières racines vivantes. Il ne s’agit pas de mor
22 1936, Esprit, articles (1932–1962). Erskine Caldwell, Le Petit Arpent du Bon Dieu (novembre 1936)
371 Mais on risque bien de commettre, à l’endroit de ce nouvel érotisme, la même erreur que la critique française à l’endroit
372 ible sous une forme simplifiée et illusoire. Tout ce qui constitue la gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain de t
23 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
373 son vocabulaire sauvera Gide du journalisme. Car ce n’est pas l’actualité toute passagère de son objet qui fait la faible
374 mais l’enseignement objectif, au sens goethéen de ce terme. Ce n’est pas là, je crois, sa pente naturelle ; plutôt l’effet
375 eignement objectif, au sens goethéen de ce terme. Ce n’est pas là, je crois, sa pente naturelle ; plutôt l’effet d’une per
376 n classique : « Cessons de regarder les maisons : ce qui m’intéresse ici, c’est la foule. » Je me souviens alors de Goethe
377 et : il s’agit ici d’un dégonflage impitoyable de ce qu’il faut bien appeler le bluff stalinien ; et je ne dis pas du tout
378 en ; et je ne dis pas du tout : d’une critique de ce qu’il y a de profond dans le marxisme, mais d’une dénonciation des sl
379  Je doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fût- ce dans l’Allemagne de Hitler, l’esprit soit moins libre, plus courbé, c
380 i ceci ou cela est dans la ligne ou ne l’est pas. Ce n’est pas elle, la ligne, que l’on discute. Ce que l’on discute, c’es
381 s. Ce n’est pas elle, la ligne, que l’on discute. Ce que l’on discute, c’est de savoir si telle œuvre, tel geste ou telle
382 est jugée par ces déviations. Elle est jugée par ce que les hommes en ont fait, et par la réussite ou bien l’échec de ses
383 il ? « D’autres plus compétents que moi diront si ce changement d’orientation [le stalinisme par rapport au marxisme] n’es
384 t au marxisme] n’est peut-être qu’apparent, et si ce qui nous apparaît comme une dérogation n’est pas une conséquence fata
385 araît maintenant était en germe dès le principe. ( Ce que nous écrivions ici le mois dernier.) C’est ici tout le problème q
386 ois dernier.) C’est ici tout le problème que pose ce livre, et qu’il laisse encore en suspens. Les staliniens auront beau
387 tactique qui paraît seule capable de l’imposer ? Ce n’est pas là toucher le fond réel de la situation historique. Et la d
388 nnête, serait encore plus gênée que la gauche par ce portrait de l’URSS fascisée et embourgeoisée. Mais nous, personnalist
389 belle. C’est une légende… Elle traduit à mes yeux ce fait d’expérience : toute tentative de déification (ici, la création
390 il a fait erreur sur l’homme. La phrase finale de ce livre sur l’URSS, c’est à l’auteur que nous l’appliquerons : c’est lu
391 upart des excuses qu’il propose au stalinisme, ou ce qu’il en admire, ce sont excuses et admirations que nous proposent id
392 ’il propose au stalinisme, ou ce qu’il en admire, ce sont excuses et admirations que nous proposent identiquement les régi
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). Défense de la culture (janvier 1937)
393 vante soit beaucoup moins menacée en France ? Est- ce seulement une question de régime ? Est-ce d’abord une question politi
394 e ? Est-ce seulement une question de régime ? Est- ce d’abord une question politique ? Culture à gauche, brutalité stupide
395 n n’entrave la liberté d’éditer et de vendre tout ce que l’on imagine. Ce n’est pas le « fascisme » qui expliquera cela. N
396 é d’éditer et de vendre tout ce que l’on imagine. Ce n’est pas le « fascisme » qui expliquera cela. Nous savons, nous auss
397 à la lecture de Paris-Soir et Paris-Sports, quand ce n’est pas Paris-Soir-Dimanche. Quels chiffres nos éditeurs pourraient
398 e régime allemand est très supérieur au français. Ce qui est faux. Alors ? Alors on voit que les rapports de la politique,
399 simplets que ces partisans ne le croient. Et que ce n’est pas d’abord contre le fascisme à l’étranger, mais d’abord contr
400 l’étranger, mais d’abord contre l’inculture, dans ce pays, qu’il faut défendre la culture. ab. Rougemont Denis de, « Dé
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
401 se nourrir que de la fièvre de l’auteur. » N’est- ce pas, en somme, toujours ainsi que les personnages naissent et se nour
402 pendant l’opération, et de nous faire croire que ce n’est pas lui qui agit… Pourtant ses personnages ne sont pas plus vra
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jean Blanzat, Septembre (janvier 1937)
403 pourrait faire. Or elle n’y songeait pas… Qu’est- ce que ce livre ? Un document clinique ? Trop d’élégances littéraires. O
404 it faire. Or elle n’y songeait pas… Qu’est-ce que ce livre ? Un document clinique ? Trop d’élégances littéraires. Ou une h
405 ire vrai, et à prouver que l’on n’invente rien de ce tourment. Est-ce donc un témoignage pur et simple — ni si pur ni si s
406 ouver que l’on n’invente rien de ce tourment. Est- ce donc un témoignage pur et simple — ni si pur ni si simple d’ailleurs,
407 rquoi ; peut-être pour chercher, de page en page, ce qui a poussé l’auteur à publier un aussi désolant récit. On ne trouve
408 s aussi déprimants que gratuits. Car en effet, si ce « je » du récit de M. Blanzat faisait un geste franc, il est clair qu
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Robert Briffaut, Europe (janvier 1937)
409 évidemment symbolique. L’on est censé conclure de ce brillant tableau des vices de l’aristocratie européenne qu’une telle
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
410 urier, Au service de l’Esprit (février 1937)af Ce « rapport » a été approuvé à l’unanimité par le Comité central du Par
411 ne nous empêche pas de voir — bien au contraire — ce qu’il y a d’humain dans l’attendrissement et dans le besoin de bonté
412 à son départ, en 1932 (n° de décembre de la NRF). Ce sont ces thèses-là, précisément, qui furent alors qualifiées de « fas
413 is nous nous garderons bien de marquer le point. ( Ce qui équivaudrait à reconnaître la conversion globale des communistes
414 me.) D’abord parce que Vaillant-Couturier combine ce personnalisme-là avec un chauvinisme que je vous laisse qualifier :
415 , c’est l’amour français de l’indépendance, c’est ce sens français de l’universel, c’est l’humanisme français qui demeuren
416 ue » du Parti (p. 16) — curieusement appuyées par ce mot d’ordre qu’on lit p. 10 : « Ni Rome, ni Berlin, ni Moscou ! » — l
417 cultivé une idée plus marxiste qu’on ne croyait : ce serait le gogo intégral. Ce serait par exemple le lecteur qui n’aurai
418 te qu’on ne croyait : ce serait le gogo intégral. Ce serait par exemple le lecteur qui n’aurait pas remarqué, entre autres
419 pas un mot de la « dialectique ». Et puis, qu’est- ce que l’Esprit qu’il veut servir ? La majuscule ne suffit pas à le défi
420 nom de Gide parmi « les plus grands écrivains de ce temps » embrigadés par les vrais communistes. af. Rougemont Denis
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire ? (février 1937)
421  ? (février 1937)ag On le dira donc au public. Ce sont des souvenirs d’enfance, fort bien réinventés, et contés dans un
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)
422 e 1789 à nos jours (mars 1937)ah Comment juger ce qui ne veut pas être jugement, mais dégustation, claquements de langu
423 (sans se demander d’où il venait, où il allait), ce bergsonien pittoresque et succulent, devisant à la terrasse des Deux
424 ès quoi elle n’a plus qu’à mourir). Dès lors tout ce qu’on lui a reproché : désordre, omissions littéraires, chapitre bâcl
425 t fut bien moins critique qu’essayiste, avec tout ce que cela peut comporter de création personnelle, c’est-à-dire, dans c
426 orter de création personnelle, c’est-à-dire, dans ce cas, ordonnée à une loi qui n’est pas celle de l’objet mais du sujet.
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jacques Benoist-Méchin, Histoire de l’armée allemande depuis l’armistice (mars 1937)
427 mée allemande depuis l’armistice (mars 1937)ai Ce livre eût passionné Lénine, grand lecteur, comme on sait, de Clausewi
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
428 des classes. Si Kierkegaard a été découvert, dans ce pays, très peu de temps avant l’entrée en lice du personnalisme, ce n
429 de temps avant l’entrée en lice du personnalisme, ce n’est pas un hasard ni une coïncidence qu’il faut y voir, ni d’ailleu
430 e n’apparaîtra sans doute qu’à nos après-venants. Ce qui semble certain, dès aujourd’hui, c’est que les effets d’une cause
431 que du national-socialisme à la Rosenberg. C’est ce que démontre avec toute la virulence désirable le dernier numéro d’Ac
432 dical, c’est-à-dire du seul antifascisme digne de ce nom. « La seule société pleine de vie et de force, écrit G. Bataille,
433 Cette société sans tête unique, c’est à peu près ce qu’en termes moins romantiques nous appelons fédération. Sur ce point
434 s moins romantiques nous appelons fédération. Sur ce point, qui est central, l’accord de Nietzsche et de ses disciples ave
435 que de la littérature (parfois belle d’ailleurs). Ce qui résulte le plus nettement des tendances nietzschéennes d’Acéphale
436 co-social. Historiquement, l’on ne peut voir dans ce mouvement de pensée que l’annonce d’une réaction violente, peut-être
437 nel. Mais en même temps, il s’acharne à compenser ce fatalisme mécanique par une glorification de la volonté humaine, qui
438 sophie de N. publiée par Karl Jaspers. Je signale ce grand livre à ceux qui lisent l’allemand, en attendant une traduction
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
439 devient le plus beau de la langue : matinée. Tout ce qu’il y a de clarté, d’éclat doux, d’abandon à la force sereine de l’
440 de l’air, tout cela dit par les trois syllabes de ce mot qui décrit et embrasse les trois dimensions de la joie, est dit a
441 onale. Naturellement j’ai perdu ! Moi vous savez… Ce n’est pas comme Céline, ah celle-là ! Elle a la veine, que voulez-vou
442 de gagner quelque chose à tous les coups. » Voilà ce qu’on peut entendre dans toutes les épiceries de province où se renco
443 ison et du Progrès, qui naît de la Science. C’est ce mari-là qui aura payé le billet, histoire de voir s’il a la chance. S
444 ion ? Le gouvernement de la Troisième République, ce défenseur légal de la raison contre les entreprises rétrogrades de l’
445 oulais pas la préparer avant le dernier jour. Est- ce que cela signifie qu’elle est plus importante que je ne croyais ? Qu’
446 Terminé hier soir la rédaction de ma conférence. Ce matin le pigeon n’est pas revenu. C’est évidemment absurde, cette his
447 e je n’y crois pas. Superstition ! Je m’étonne de ce que ce « reproche », que je me formule en vertu d’une habitude scolai
448 y crois pas. Superstition ! Je m’étonne de ce que ce « reproche », que je me formule en vertu d’une habitude scolaire de c
449 plus vite et beaucoup mieux que les autres. Tout ce que j’ai fait à cause d’un chiffre, à cause de la coïncidence d’un se
450 te à la défense de mes intérêts « objectifs »… Et ce jeu-là, je suis tellement le seul à en connaître les règles et les in
451 les dés avant leurs grandes décisions, mais n’est- ce pas une étrangeté plus aiguë que nous révèle cette foi toute quotidie
452 a découvrant, les liens profonds qui m’unissent à ce peuple de paysans et d’ouvriers, si délibérément superstitieux dans l
453 un type spécial, différent de tous les autres… Et ce n’est guère qu’à l’instant où l’on découvre que tous les autres en cr
454 la condition générale ! Avouer ses superstitions, ce serait avouer ce qu’on a de plus individuel, de plus irréductible au
455 rale ! Avouer ses superstitions, ce serait avouer ce qu’on a de plus individuel, de plus irréductible au général. Mais voi
456 que je montre aussi les droits du général. Qu’est- ce que la politique, sinon le général en tant qu’il s’oppose au réel, le
457 nt de vue psychologique sont notre vraie réalité, ce serait jeter la société dans l’anarchie la plus sanglante. La politiq
458 nnel, pour se diriger contre la personne. C’est à ce prix qu’elle assurera quelque équilibre — et c’est tout ce que je lui
459 u’elle assurera quelque équilibre — et c’est tout ce que je lui demande. Mais ici prenons garde à deux faits, aussi import
460 la personne ne cherchait plus à triompher de tout ce qui n’est pas elle, le simulacre d’équilibre que l’on constaterait al
461 es (son quant-à-soi), vaincues par une crise dont ce n’est pas ici le lieu de mentionner les causes profondes, cessent d’a
462 notre peur de vivre. On les ramènerait aisément à ce « complexe de castration » qui se noue au moment précis où l’agressiv
463 s forts. » Tel est le « moment » de l’angoisse de ce temps. L’homme sain dit : « Voilà ce que je ferai parce qu’il le faut
464 ’angoisse de ce temps. L’homme sain dit : « Voilà ce que je ferai parce qu’il le faut. Et que voulez-vous qu’ils y fassent
465 urs raisons très concrètes et singulières de lire ce qu’un autre a écrit, d’écouter ce qu’un autre leur dit. Quand un lect
466 ulières de lire ce qu’un autre a écrit, d’écouter ce qu’un autre leur dit. Quand un lecteur vous écrit, il s’exprime le pl
467 son vrai sens que dans cette rencontre effective. Ce sont de telles rencontres que je cherche, quand je vais parler dans c
468 , où l’on se voit naturellement contraint, ne fût- ce que par la proximité matérielle70, de se mettre moralement à la porté
469 lit normalement, sans surprises et sans illusion. Ce n’est plus une pensée lointaine qui anime un rêve, dans une chambre n
470 — assez pour en garder une inquiétude constante — ce qu’il y a d’inhumain dans la plupart de nos habiletés littéraires, et
471 art de nos habiletés littéraires, et au contraire ce qu’il y a d’humain dans certaines imprudences naïves — ce qu’il y a d
472 y a d’humain dans certaines imprudences naïves — ce qu’il y a d’inutile dans la plupart de nos précautions oratoires, log
473 précautions oratoires, logiques ou mondaines, et ce qu’il y a au contraire d’efficace dans l’affirmation pure et simple d
474 rêté par nos tabous critiques. Il va tout droit à ce qui le concerne, et c’était justement, parfois, cette idée qu’on avai
475 btile pour le public qu’on allait affronter. Tout ce travail de mise au point, d’adaptation à l’homme réel m’a conduit à u
476 l’inverse du critique parisien. Il trouve concret ce que le critique aura jugé paradoxal et gratuit, il néglige au contrai
477 outes les classes et de tous les métiers. Certes, ce n’est jamais qu’avec des êtres singuliers, par le biais de leur singu
478 ingularité même, qu’on entre vraiment en contact. Ce public-là est relativement restreint. Mais d’autre part il constitue
479 ent actif du pays. Il ne saurait être question de ce cliché importé d’URSS ou d’Allemagne hitlérienne : « retrouver le con
480 ct avec les écrivains comme tels, en aucun temps. Ce ne sont pas des abstractions qui achètent nos livres. Ce qu’il s’agit
481 ont pas des abstractions qui achètent nos livres. Ce qu’il s’agit de retrouver, c’est le contact avec l’homme qui réfléchi
482 ète. Celui-là seul peut faire sentir à l’écrivain ce qui est solide et ce qui est artificiel dans ce qu’il écrit. Et cette
483 ut faire sentir à l’écrivain ce qui est solide et ce qui est artificiel dans ce qu’il écrit. Et cette critique directe, in
484 n ce qui est solide et ce qui est artificiel dans ce qu’il écrit. Et cette critique directe, informulée, parfois dramatiqu
485 au lieu de les transfigurer. En présence de tout ce qui surgit formidablement à l’approche de la joie, elle se sent gênée
486 reille à cette clarté lunaire incapable d’exalter ce qu’elle découvre sur la face immense de la terre. — Clartés rationnel
487 nds : « Que voulez-vous, les saisons ne sont plus ce qu’elles étaient »,— pour montrer que je sais vivre… Parler du temps
488 sses. Avec des cris et des râles presque humains. Ce matin, j’ai trouvé des traces de sang sur le seuil de la remise. Un b
489 ur le seuil de la remise. Un beau soleil luit sur ce lendemain de bataille. Pendant des heures, la petite chienne Marquise
490 voir de près ! « Nous savons en effet que jusqu’à ce jour, la création tout entière gémit dans les angoisses de l’enfantem
491 ère gémit dans les angoisses de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement, mais nous aussi, qui avons les prémices de
492 su percevoir. C’est la nature qui cherche en nous ce que notre délire allait lui demander : les prémices d’une nouvelle cr
493 de termes abstraits — sans nul rapport à rien de ce qu’exige la situation locale, bien entendu. Les mêmes termes, d’aille
494 auche. (Car la droite n’ose pas dire son nom dans ce canton.) Les partis de gauche ont fait liste commune : cela s’appelle
495 ndie passent devant la fenêtre. Je me précipite : ce sont les deux Simard qui font un grand feu dans la cour. Est-ce qu’il
496 ux Simard qui font un grand feu dans la cour. Est- ce qu’ils la rôtissent ? On distingue des étoffes noires qui se gonflent
497 dire ! » Je passe la tête par la fenêtre. Qu’est- ce que c’est, Simard ? — Il est rouge et boursouflé, tremblant de colère
498 trompais. C’est la mère Calixte qui me l’apprend ce matin. Le ménage Simard est furieux. Nous n’avons pas du tout fait ce
499 Simard est furieux. Nous n’avons pas du tout fait ce qu’il fallait. Je me récrie : mais comment, j’ai pourtant dit ma symp
500 je n’aurais pas non plus lavé la vaisselle. Mais ce n’est pas la même maison. — Je ne comprends pas. Madame Calixte. Pour
501 t trop orgueilleux, voilà ! Je me perds dans tout ce protocole. Je sens bien qu’il est inutile de leur demander de s’expli
502 z belles. Au fond d’un val qui paraît sans issue, ce grand mas nommé Montaigu… (Pourquoi ce nom ?) On dit que cela ressemb
503 ans issue, ce grand mas nommé Montaigu… (Pourquoi ce nom ?) On dit que cela ressemble à l’Albanie. C’est un groupe de haut
504 s. L’ensemble est imposant et comme démesuré dans ce paysage de vallons, de collines et de petits sommets rocheux. Soudain
505 raits d’un ouvrage à paraître prochainement, sous ce titre, chez Albin Michel. »
34 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
506 s a fait voir le monde pitoyable : sans ajouter à ce qui est, dire ce qui est comme un homme l’a senti, — c’est assez rare
507 monde pitoyable : sans ajouter à ce qui est, dire ce qui est comme un homme l’a senti, — c’est assez rare. « Ce serait si
508 t comme un homme l’a senti, — c’est assez rare. «  Ce serait si bien si l’on pouvait, chaque soir et chaque matin, écrire d
509 s’impriment quelques heures plus tard, exactement ce que l’on pense, ce que l’on a ressenti…, tout ce qui a pu vous frappe
510 s heures plus tard, exactement ce que l’on pense, ce que l’on a ressenti…, tout ce qui a pu vous frapper, quels qu’en soie
511 ce que l’on pense, ce que l’on a ressenti…, tout ce qui a pu vous frapper, quels qu’en soient le sens, l’esprit, le carac
512 crire ne m’intéresse que si j’ai le sentiment que ce que j’écris, par la forme et par le fond, serait de nature à modifier
513 émoin de la lâcheté des hommes, qu’il exploite ». Ce procès Stavisky, que l’auteur suit au jour le jour, par profession, s
514 9-480. an. Une note précise : « Des fragments de ce livre ont paru dans Esprit, septembre 1936. »
35 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
515 rréaliste, résume tout le vrai et tout le faux de ce mouvement. Thème, repris de Lautréamont : « La poésie doit être faite
516 Pourquoi retomber dans le poncif onirique 1925 ? Ce n’était pas la peine de lire Feuerbach, cité à la page suivante. Voil
517 n de son imagination. Qu’il formule cet espoir ou ce désespoir et ses rapports avec le monde changeront immédiatement. » O
518 , de religion, de patrie ». Les idées de qui ? Si ce sont celles que les bourgeois et les staliniens se font de ces réalit
36 1937, Esprit, articles (1932–1962). M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)
519 la, et que la pensée des jeunes se veut active en ce sens qu’elle vénère « ce qui rapporte », matériellement, bien entendu
520 jeunes se veut active en ce sens qu’elle vénère «  ce qui rapporte », matériellement, bien entendu. Après quoi, M. Benda ap
521 s de son auteur, purement polémique et politique. Ce sophisme consiste à enfermer les intellectuels dans le dilemme : pens
522 el, — qu’au surplus nous renions en bonne partie. Ce pataquès donne la mesure de la « cohérence » d’une pensée qui a pris
523 our idéal de « constater » purement et simplement ce qui est. Au surplus, M. Benda se trompe quand il croit juger de Siriu
37 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
524 ion patiente — mais urgente — s’impose à nous sur ce point comme sur tant d’autres, dans la mesure où le personnalisme ent
525 ocial personnaliste. Elle se fait en faisant, par ce mouvement d’interaction à quoi se réduit en fin de compte la « dialec
526 nte de l’une et de l’autre, de l’une par l’autre. Ce n’est donc pas à une enquête que nous allons nous livrer cette année,
527 pas vain de le prouver en les réunissant ici, fût- ce par le lien tout provisoire d’une sorte d’anthologie mensuelle. S’il
528 orte d’anthologie mensuelle. S’il fallait résumer ce qu’ils ont en commun, nous trouverions d’abord quelques refus (ceux q
529 émoignages » très divers que nous inaugurons avec ce numéro. Dans cette perspective générale, que l’on verra se préciser o
38 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
530 as qu’il soit utile de parler dans Esprit de tout ce qui vient de paraître, sous prétexte que c’est « important » ou « int
531 é une attention extrême à Swedenborg du vivant de ce grand mystique. L’excellente analyse qu’il nous donne des principaux
532 iter ni sa réprobation ni son enthousiasme. C’est ce que l’on nomme du beau travail d’universitaire : l’absence de tout in
533 la vérité, voire pour l’intelligence. D’abord en ce qu’elle rend un livre de ce genre extrêmement ennuyeux à lire, quel q
534 elligence. D’abord en ce qu’elle rend un livre de ce genre extrêmement ennuyeux à lire, quel que soit l’intérêt du sujet,
535 s ou non, on nous dit seulement, modestement, que ce sont de pseudo-hallucinations. Ce genre de pseudo-explications, édict
536 odestement, que ce sont de pseudo-hallucinations. Ce genre de pseudo-explications, édictées avec une assurance doctorale,
537 ération. 3. Ceci dit, il me paraît utile de poser ce problème, très brièvement, en termes de philosophie et d’éthique pers
538 ans la mesure où cet effort est réel et aboutit — ce qui est encore une question — il aboutit évidemment à la négation abs
539 absolue du personnalisme, chrétien ou humaniste. Ce serait — je simplifie — le cas des mystiques orientales, dont l’influ
540 a personnalité sont volontairement effacés. c’est ce que Madame Guyon appelle “la mort mystique”. L’âme ne vit plus désorm
541 nnage ») et la personne. Et nous retrouvons alors ce qu’on pourrait nommer l’ascèse personnaliste, la tension même qui con
39 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
542 pour voir venir, et puis vous vous apercevez que ce sont vos réponses elles-mêmes, celles que déjà vous étiez prêt à lui
543 écurités matérielles, ou sociales, ou nationales. Ce que personne n’a jamais eu l’idée de mettre en question parmi nous. P
544 , ou par là même, une existence, au sens plein de ce terme ; avec tout ce que cela comporte d’autonomie, de nécessité, de
545 existence, au sens plein de ce terme ; avec tout ce que cela comporte d’autonomie, de nécessité, de réalité irremplaçable
546 nt pour l’esprit et l’homme en général, mais pour ce pays-ci, tel que l’ont fait sa nature et sept siècles d’histoire : le
547 n discussion, bouleversées, brutalement niées. De ce double malentendu, il faudra bien sortir un jour. Les événements nous
548 efficace, c’est l’exercice réel de la charge dont ce droit représente à la fois la condition et la contrepartie. Le droit
549 x qui en jouissent oublient pourquoi ils ont reçu ce droit. Je ne dirai pas que les Suisses l’aient déjà oublié. Mais la c
550 ergence finale des faits que l’on a rappelés dans ce numéro, des questions qu’on y a posées, des thèses qu’on y a soutenue
551 de l’Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce principe central, fédératif ; et elle ne peut être autre chose, de pa
552 la SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à toutes les nations ; étant eux-mêmes dan
553 voie pas là je ne sais quelle manière d’idéaliser ce qui est mesquin. Car ce qui est mesquin chez nous, n’est en fait qu’u
554 uelle manière d’idéaliser ce qui est mesquin. Car ce qui est mesquin chez nous, n’est en fait qu’une dégradation de l’idéa
555 evrait nous unir. La première devise des Suisses, ce fut « Un pour tous, tous pour un ». C’est la formule la plus frappant
556 contradiction constante avec notre neutralité, et ce qui est pire, avec la mission même qui justifie cette neutralité. Ell
557 aux « rouges » du monde entier. D’autant plus que ce magistère ne paraît nullement s’exercer au nom d’une vocation bien dé
558 ne. Quand nos journaux font la leçon à Léon Blum, ce n’est pas — comme ce pourrait l’être — au nom de la démocratie réelle
559 x font la leçon à Léon Blum, ce n’est pas — comme ce pourrait l’être — au nom de la démocratie réelle, communale et fédéra
560 errons nos grands journaux se préoccuper de juger ce qui se passe chez nos voisins non plus au nom de la droite française
561 viant, nous sommes précisément en train de perdre ce qu’ils ont trouvé, le sens de la réalité irremplaçable d’une nation.
562 ition : de savoir au nom de quoi nous parlons. Et ce ne peut être qu’au nom de l’avenir de l’Europe, puisque c’est cela qu
563 lture. D’autres en ont parlé plus longuement dans ce numéro. Je ne l’envisage ici que sous l’angle particulier de nos resp
564 cience très forte de la réalité fédéraliste et de ce qu’elle implique à la fois de diversités reconnues, totalement exprim
565 ile poindre chez nos intellectuels à l’endroit de ce qui est « germanique » dans notre vie confédérale. Réaction de faible
566 à un double titre. Car d’une part nous y perdons ce qui fait notre valeur propre dans la culture de langue française ; et
567 près, corps à corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans le voisinage germanique qui
568 notre vocation. Neutralité, sur le plan culturel, ce n’est pas mélange, ni accommodation et encore moins imitation médiocr
569 accommodation et encore moins imitation médiocre. Ce n’est pas forcément cela. C’est au contraire (ou plutôt ce doit être)
570 pas forcément cela. C’est au contraire (ou plutôt ce doit être) un combat perpétuel, exaltant, le battement du cœur de l’E
571 e l’Europe. Vouloir créer une « culture suisse », ce serait trahir notre mission, ce serait le péché même d’idolâtrie qui
572 culture suisse », ce serait trahir notre mission, ce serait le péché même d’idolâtrie qui consiste dans son principe à ado
573 tes « enracinés » ne font pas une culture suisse. Ce sont deux vocations personnelles, et la culture suppose une tradition
574 e voit guère que Berne et le « grand Haller », et ce premier cosmopolite : Béat de Muralt. Puis Zurich et l’hégémonie pass
575 ite cour de Coppet, Gibbon, Schlegel et Sismondi. Ce foyer s’éteint pour un temps. Il en renaît un autre à Bâle : Jacob Bu
576 m’en irrite au moins autant que lui. (Que serait- ce si je vivais en Suisse ?) Mais je pense qu’on n’atteint la grandeur q
577 vec l’armée, je reviens au concret, ou du moins à ce qu’on tient pour tel dans un pays où les valeurs intellectuelles pass
578 ent ailleurs les écoles militaires. Et c’est bien ce que devrait être une armée consciente de son rôle particulier de gard
579 iasme entretenu dans certains milieux79 autour de ce qu’on y appelle « le militaire » ne me paraît pas toujours proportion
580 e de la Suisse dont témoignent ces mêmes milieux. Ce serait à croire parfois que pour être un bon Suisse, il faut et il su
581 lustrer sa cause. Et que c’est faire grand tort à ce patriotisme qu’on exalte, que de le confondre, parfois agressivement,
582 ste », on fait œuvre de mauvais Suisse, car c’est ce « reste » justement qui donne un sens à la fédération, donc à l’armée
583 es politiques, si réellement représentatifs, dans ce pays, de l’opinion moyenne des citoyens, ont retrouvé le sens de notr
584 ée, et notre chance unique de grandeur. ⁂ Je vois ce que l’on peut m’objecter : « Vous attribuez des justifications parfoi
585 vrai, et c’est très consciemment que nous opérons ce redressement urgent ! Qu’est-ce donc qu’une révolution, sinon justeme
586 que nous opérons ce redressement urgent ! Qu’est- ce donc qu’une révolution, sinon justement un effort pour restaurer l’ac
587 nner », au sens que le bourgeois craintif prête à ce terme. Nous partons, dans ce pays, d’un certain nombre de structures
588 ois craintif prête à ce terme. Nous partons, dans ce pays, d’un certain nombre de structures politiques et morales, et d’u
589 européennes, mais de la manière la plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant de constatations qui dictent à notre a
590 c d’innover et de voir grand. ⁂ Je résumerai tout ce qui précède en une seule phrase : Nous sommes chargés symboliquement
591 de leur grandeur… 78. Il est curieux de noter, à ce propos, que le groupe de L’Ordre nouveau avait déduit, de ses princip
592 me à la hiérarchie des valeurs dans la cité. 81. Ce fut le cas en 1814-1815, lorsque les députés de la Confédération dema
40 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
593 ent sont extraites d’un ouvrage qui paraîtra sous ce titre : L’Amour et l’Occident . Partant d’une analyse approfondie de
594 conduit à rechercher les origines religieuses de ce roman, dont l’influence, du xiie siècle jusqu’à nos jours, se révèle
595 les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait pas « intéressant », mais pitoyable o
596 l’aspect d’une aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyant manichéen, était l’expression dramatique du comb
597 enlève Iseut, vit un roman, et se rend admirable… Ce qui était « faute » et ne pouvait donner lieu qu’à des commentaires é
598 ue un rôle restreint dans la vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens, l’état présent de dé-moralisation générale
599 mais plus ou moins empreinte de religion — c’est ce que l’on nomme la morale bourgeoise ; d’autre part, une morale inspir
600 surgissent sans fin des problèmes insolubles, et ce conflit menace en permanence toutes nos « sécurités » sociales. En d’
601 es nos « sécurités » sociales. En d’autres temps, ce fut la fonction du mythe85 que d’ordonner cette anarchie latente et d
602 ce sociale, et de souligner le caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux.   3. — Contraintes religieuses. D
603 lonté moderne d’être le maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir de quoi il est fait, de l’an
604 up de nous rendre inaptes à le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le monde de la comparaison, où
605 passion serait un malheur — mais on pressent que ce serait un malheur plus beau et plus « vivant » que la vie normale, pl
606 ante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de
607 siècle : or plus encore que l’image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce
608 , c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce n’est qu’un début —, un homme qui se prend de passion pour une femme
609 qu’il se fixe enfin sur un type, compromis entre ce qu’il aime et ce que le film le persuade d’aimer. Il rencontre cette
610 fin sur un type, compromis entre ce qu’il aime et ce que le film le persuade d’aimer. Il rencontre cette femme, il la reco
611 t. Qu’elle divorce, et il l’épousera ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il p
612 l’épousera ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comme son géni
613 era la « vraie vie », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comme son génie caché ! Et plus rien ne co
614 ’étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyant, évanouissant et presque hostile dan
615 s pour pouvoir de nouveau désirer et pour exalter ce désir aux proportions d’une passion consciente, intense, infiniment i
616 le et écœurante littérature romanesque nous peint ce type du mari qui redoute la « platitude », le train-train des liens l
617 ouit la conscience douloureuse — pour le moderne, ce n’est plus que le retour sempiternel d’une ardeur constamment déçue.
618 gradation d’un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Or ce n’est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est la victime d’un o
619 aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’aime pas ce qui lui résiste.
620 qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors le contr
621 . C’est qu’il ne sait plus posséder ni plus aimer ce qu’il a dans le réel. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens
622 e la part du feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter la passion amoureuse comme le couronnement d’un
623 fonder sur lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est l’amour-passion, ni d’où il vient, ni où il va. On sent bien q
624 en le combattant, de parler comme un philistin. ( Ce qui se produirait fatalement !) Ainsi l’on passe avec une feinte légè
625 vortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait contraire aux préjugés réactionnaires, qu’on se figurai
626 e par Lénine à la camarade Zetkin, le chef décrit ce désastre des mœurs, et il proteste avec toute l’énergie d’un « révolu
627 stabilisateur au premier chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme de la dictature productiviste qui contraignit l’État
628 l’amour-passion : l’amour-action. 83. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, « L’idée divine du mariage », Études carmélitai
629 où Jésus proclame que l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni ; soit enfin sur des entretiens de Jésus ressuscité et
630 la passion qui se distingue de celle du désir en ce qu’elle refuse la satisfaction. On n’aime pas Iseut, on aime l’amour.
41 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
631 Combat (juin). — Un souffle révolutionnaire, ce serait trop dire, mais un bon courant d’air passe dans les derniers n
632 ur se contenter de cette révolution. Je doute que ce qu’il demande ce soit l’honneur d’être exploité par ses propres compa
633 e cette révolution. Je doute que ce qu’il demande ce soit l’honneur d’être exploité par ses propres compatriotes. » Robert
634 e souligner l’opposition très vive des auteurs de ce Manifeste à l’égard du Parti national Breton et de ses doctrines corp
635 ctrines corporatistes et paternalistes. Au total, ce Manifeste de huit pages, clairement écrit, sans équivoques, intégrale
636 À retenir cette petite charade : mon premier est ce qu’il y a de plus bas ; mon second ce qu’il y a de plus haut ; mon to
637 premier est ce qu’il y a de plus bas ; mon second ce qu’il y a de plus haut ; mon tout est peut-être un attrape-nigaud. Ré
638 faitement mesuré ». Drieu la Rochelle, rescapé de ce xviiie siècle artificiel, et de cette « douceur de vivre », en a gar
42 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
639 pas une forme d’existence sans y participer, fût- ce même par une révolte contre la décision dont elle est née. Et pour to
640 d’être dans son tort, aux yeux du monde — et dans ce tort majeur, irrévocable, que signifie le choix de la mort. Et commen
641 s, la guérison de nos passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids de toutes nos fautes, et de la
642 rès coup, tel que je le reconnais dans ma vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que je propose. Car outre qu’une tel
643 ution probablement n’existe pas, si elle existait ce serait pour moi seul : on ne se décide jamais que pour son compte, et
644 er sur la passion sans achever ma description par ce trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où la passion ne peut e
645 plus sérieux ? Poussez la première porte venue ! Ce silence que l’épouse est censée ménager autour du vaillant travailleu
646 la « plénitude du temps ») ; puis condamne enfin ce mariage, suprême obstacle du « stade religieux », puisqu’il nous lie
647 x-mêmes ; mais à la fin il n’écrase pas seulement ce philistin qui se contente d’épouser la veuve du brasseur, ou ce jeune
648 ui se contente d’épouser la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait q
649 e Christ a vécu en chrétien !) Et comment réfuter ce furieux ? Les incroyants sont renvoyés aux arguments des romantiques,
650 la femme. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ;
651 t du monde comme n’en usant pas, car la figure de ce monde passe. » (I. Cor. 7, 1-32). Et voici le coup de grâce : « Cel
652 s moyens de plaire à sa femme. » (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le mariage est vrai, par conséquent doit être
653 perturbable s’il témoigne sans cesse en faveur de ce qui transcende tout résultat, même excellent. 3. Le mariage comme
654 3. Le mariage comme décision Si l’on songe à ce que signifie le choix d’une femme pour toute la vie, l’on en vient à
655 davantage à le « résoudre » au sens rationnel de ce terme. Certes, il y a du sophisme dans mon raisonnement : car tout se
656 onné, selon des critères impersonnels. Mais enfin ce n’est pas l’erreur logique qui est grave, c’est l’erreur morale qu’el
657 esse, à un savoir ; et non pas à une décision. Or ce savoir ne pouvant être qu’imparfait, et provisoire, devrait se double
658 ’engagent à assumer les suites, heureuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « coup de tête » : car tant que l’on peut ca
659 ntal. Choisir une femme pour en faire son épouse, ce n’est pas dire à Mademoiselle Untel : « Vous êtes l’idéal de mes rêve
660 ot adéquate — dont je veux être le Tristan ». Car ce serait là mentir et l’on ne peut rien fonder qui dure sur le mensonge
661 preuve que je vous aime ». (Vraiment, pour dire : Ce n’est que cela ! — comme le diront beaucoup de jeunes gens qui s’atte
662 , mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Ce n’est pas l’engagement qui est problématique, mais les conséquences q
663 est sans raisons — ou elle n’est pas — comme tout ce qui porte une chance de grandeur. (Comme la passion !) ⁂ Les moralist
664 lors la différence ? Et le mari fidèle, ne serait- ce pas simplement celui qui a reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque
665 fidèle à une promesse, ni à cet être symbolique, ce beau prétexte qui s’appelle Iseut, mais à sa plus profonde et secrète
666 détient l’intime secret de la passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. ⁂ « Notre engagement n’était pas
667 lire. ⁂ « Notre engagement n’était pas pris pour ce monde », écrivait Novalis songeant à sa fiancée perdue. C’est l’émouv
668 t au contraire un engagement absolument pris pour ce monde. Partant d’une déraison « mystique » (si l’on veut), indifféren
669 le bien de l’être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle le prochain. Et c’est alors par ce détour
670 crée devant elle le prochain. Et c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que le moi rejoint sa personne — au-delà d
671 st le double aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie la
672 rel égoïsme, c’est cela qui édifie la personne. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le mariage est la loi d’une
673 vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle ( ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était la
674 en, parce qu’il est confondu avec le sien : et si ce n’était pour toute la vie, ce serait encore une menace. (Il y a toujo
675 vec le sien : et si ce n’était pour toute la vie, ce serait encore une menace. (Il y a toujours une telle menace dans l’éc
676 idental le poison de l’ascèse idéaliste — et tout ce qu’un Nietzsche absurdement reproche à l’Évangile. C’est Éros, et non
677 ne sait pas détruire et ne veut même pas détruire ce qui détruit. « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Ér
678 mots humains, nous avons appris cette nouvelle : ce n’est pas l’homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a a
679 olue quand nous cessons de le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le mariage. Car cette fid
680 é ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce corps intéressant ou désirable, seulement ce geste involontaire ou ce
681 ment ce corps intéressant ou désirable, seulement ce geste involontaire ou cette expression fascinante, mais il pressent,
682 homme moderne — du moins perd-elle son efficace : ce n’est plus elle qui détermine la personne. En d’autres termes, on pou
683 igures de rhétorique romanesque, et acceptables à ce titre, mais qu’il serait assez absurde de confondre avec des vérités
684 a fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : «  Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais pas, c’est cette p
685 ions humaines. Par contre, l’homme qui se domine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens de tempérament) mais c’est qu
686 i se disputent notre Occident. La connaissance de ce conflit, de ses origines historiques et psychologiques, de son enjeu
687 tois sont justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christi
688 ce schéma de l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui a fait naître la passion, mais c’est u
689 otre délire guerrier que l’on entend désigner par ce terme, il se rattache de la manière la plus précise, historiquement,
690 volonté exactement contraire à celle de passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de fait une fatale
691 lle de passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de fait une fatale erreur dans l’activisme moderne, c
692 lle est née. Il se peut que l’Occident succombe à ce destin qu’il s’est forgé. Mais il est clair que ce n’est pas le chris
693 e destin qu’il s’est forgé. Mais il est clair que ce n’est pas le christianisme — comme le répètent tant de publicistes —
694 ien105. Il est tout au contraire manichéen. C’est ce qu’ignorent communément ceux qui assimilent le christianisme et l’Occ
695 n. Si donc l’Europe succombe à son mauvais génie, ce sera pour avoir trop longtemps cultivé la religion antichrétienne de
696 e d’où jaillirent nos plus belles créations. Mais ce qui produit la vie produit aussi la mort. Il suffit qu’un accent se d
697 rmais possible de repérer avec assez de précision ce déplacement d’accent dont tout dépend. Il est certain que l’Occidenta
698 al par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La sa
699 Renaissance définit l’homme : un microcosme. Tout ce qui détruit cette volonté centrale, ou en dévie, compromet la fidélit
700 la culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la personne. Mais ce sont là des phénomènes complex
701 tes : tout ce qui tend à ruiner la personne. Mais ce sont là des phénomènes complexes et collectifs, qui échappent en part
702 t vérifiable. 7. Au-delà de la tragédie106 Ce diagnostic, à bien des égards, peut apparaître comme le bilan d’une d
703 nt alors un âge classique… Mais après tout, n’est- ce pas encore une tentation de la passion que ce souci des lendemains qu
704 est-ce pas encore une tentation de la passion que ce souci des lendemains qui obsède aujourd’hui tant de fronts ? Notre vi
705 sance de nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde passe », mais l’obéissance est toujours hic et nunc, dans l’act
706 nsiste encore : condamner la passion en principe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles de notre tension créatrice. D
707 pas d’autre tâche ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de la foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de
708 ce parfaite à l’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se comporte alors à l’endroit
709 n’est plus le même. Une fidélité gardée au nom de ce qui ne change pas comme nous, révèle peu à peu son mystère : c’est qu
710 du réel, une façon de l’idéaliser. 96. J’emploie ce terme au sens actif et littéral, par opposition au sens devenu couran
711 iste le respect, au sens où je le prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité d’une personne. La person
712 onne selon la fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par l’homme comme une chose, comme un instru
713 ge ne saurait être fondé sur des « arguments » de ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’un fait d’observation qui réfute
714 oblème de la passion est admirablement défini par ce petit livre, dans ses données actuelles, psychologiques. 103. À part
715 tent notre châtiment et non pas notre délivrance. Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est le salut, mais l’acte d
43 1938, Esprit, articles (1932–1962). Suite à « La passion contre le mariage » (décembre 1938)
716 u’en général on l’a compris comme je le pensais : ce n’est point le sacrement qui « fait question », selon M. Lavaud, mais
44 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
717 plan des vieux partis » qui paralyse l’action de ce groupe, après quelques séances d’études et de mises au point. 3. Car
718 s au point. 3. Car on ne croit pas suffisamment à ce qu’on affirme, à savoir la mort des partis. 4. On garde le secret dés
719 l’action se décourage ou s’éparpille. 8. Pendant ce temps, on néglige l’essentiel : la création de moyens d’action neufs,
720 nnellement, il suffit de croire personnellement à ce qu’on affirme. 15. L’attrait du parti n’est qu’en apparence l’attrait
721 n’ont aucune puissance véritable, créatrice. 17. Ce que l’on nomme la puissance d’un parti, c’est la somme des abdication
722 le des réalités que l’on maîtrise. 26. Si peu que ce soit, c’est tout ce qu’il y a de réel. 27. Une seule main qui travail
723 l’on maîtrise. 26. Si peu que ce soit, c’est tout ce qu’il y a de réel. 27. Une seule main qui travaille fait plus que cen
45 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
724 que vous m’attaquez, et certes je ne fais pas de ce mot une injure, mais simplement je constate que vous parlez de l’hist
725 exact » non plus d’appliquer les mêmes critères à ce qui ne relève pas du même ordre. C’est à savoir : le sens d’une inter
726 ment que mon livre soit un livre d’histoire, dans ce sens « critiquable » du terme. Ce n’est pas même de l’histoire littér
727 ’histoire, dans ce sens « critiquable » du terme. Ce n’est pas même de l’histoire littéraire. C’est bien plutôt, s’il faut
728 uette, un livre de théologie morale, et c’est sur ce terrain que je puis le défendre. Malgré toute mon horreur de Kant, je
729 titue proprement par le refus d’admettre quoi que ce soit de ce genre. Elle se condamne à l’enregistrement sans interventi
730 ement par le refus d’admettre quoi que ce soit de ce genre. Elle se condamne à l’enregistrement sans intervention de l’esp
731 « intérieur », si « riche », si « émouvant », que ce n’était pas trop de tout un pesant livre pour essayer de formuler ce
732 de tout un pesant livre pour essayer de formuler ce qu’il y a, au cœur de cet amour, d’antichrétien. Or, c’est à cela seu
733 c’est à cela seulement que je veux renoncer. Sur ce point seul porte ma décision. Tout le reste, dans la perspective de m
734 uchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’est à ce « reste » que vous dites ne pouvoir renoncer. C’est cela que vous me
735 cette question : si j’avais exalté davantage tout ce reste, mes conclusions, à votre sens, s’en fussent-elles trouvées mod
736 re-attaque. « Je ne puis, moi, renoncer à rien de ce qui a été humain », dites-vous. « Il me faut à tout prix que je puiss
737 pelé sectaire. (Huguenot, cela va sans dire, mais ce n’est pas synonyme.) Et même dissonant, s’il le faut. Dans ma dissona
738 r, et qui décide de renoncer, comme malgré lui, à ce qu’il y a de corrompu, de « trop humain », de sous-humain dirai-je pl
739 main », de sous-humain dirai-je plutôt, dans tout ce que l’on appelle l’Humain, et qui ne l’est plus depuis la Chute d’Ada
740 r si j’ai lieu de m’en vanter ; reste à savoir si ce n’est pas là, précisément la solidarité dans le péché, l’irrémédiable
741 estimerez peut-être que j’abuse en transportant à ce niveau notre « tenson », comme on disait au temps des troubadours. Cr
742 tre insistance à me reprocher d’avoir sous-estimé ce que j’appelle insolemment « le reste », m’amène à me demander pourquo
743 orce m’est alors de reconnaître qu’à l’origine de ce débat il n’y a pas seulement en cause une certaine conception « disso
744 és secondes, équivoques, mêlées de mensonge. Dans ce monde concret, il n’est pas vrai que tout amour tende vers Dieu. Il n
745 . Ma thèse centrale présentée de la sorte — n’est- ce pas assez clair dans mon livre ? — me direz-vous encore que vous êtes
746 sur la nécessité de distinguer l’élément décisif, ce qui sauve. Vous me reprocherez de sacrifier la richesse émouvante du
747 ’ambition scolastico-mirandolesque d’assumer tout ce qui existe en un corpus de conceptions réputées « adéquates », ne fas
748 à l’intuition. » — Tristesse de l’historien n’est- ce pas ? Et c’est pourtant celui-là même qu’avec combien de raison vous
46 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
749 ne posons pas de question de principe à propos de ce produit utile et hygiénique. S’il y a crise dans la fabrication et da
750 lvent l’une après l’autre, sans trop d’histoires. Ce qui veut dire que pendant quatre ans, l’Amérique a « nationalisé » (o
751 it su le faire en plusieurs mois. Les Anglais ont ce proverbe : « Ne changez pas de chevaux au milieu du fleuve ». Les Fra
752 s, la Suisse, la Hollande, et la Grande-Bretagne. Ce sont des démocraties en majorité socialistes, ce qui peut inquiéter,
753 Ce sont des démocraties en majorité socialistes, ce qui peut inquiéter, mais aussi en majorité protestantes, ce qui doit
754 t inquiéter, mais aussi en majorité protestantes, ce qui doit rassurer. Ils ont donné nos meilleurs immigrants, ceux qui o
755 us d’ennuis ? L’Espagne et le Portugal, parce que ce sont des dictatures, et peu importe qu’elles réussissent matérielleme
756 s, livrés aux Russes, qui les mettent au pillage, ce qui est peu rationnel : ils feraient mieux de les équiper, puisque ce
757 nnel : ils feraient mieux de les équiper, puisque ce sont leurs colonies. L’Allemagne nous plaît mieux que la Pologne : pa
758 solini, comme l’ont fait les bourgeois d’Europe : ce n’était pas un regular guy. Le Vatican a la plus vieille diplomatie s
759 es et toujours prêts et se battre. Oui, l’Europe, ce sont nos Balkans. Mais il y a l’Amérique du Sud, il y a les Russes, i
760 e du Sud, il y a les Russes, il y a l’Asie, voilà ce qui compte pour le commerce et pour l’avenir de la paix. Vous avez bi
761 avenir de la paix. Vous avez bien envie de savoir ce que je pense de l’URSS ? Mais aussi… Une moitié de moi-même se révolt
762 de cette brutalité vis-à-vis de leurs sujets, de ce mépris de la vie humaine en gros et en détail, de ce refus d’ouvrir l
763 mépris de la vie humaine en gros et en détail, de ce refus d’ouvrir leurs frontières, de l’esclavage où ils tiennent leur
764 itié, elle ne demande qu’à s’ouvrir à l’amitié de ce grand peuple des plaines, qui se met à vous ressembler si curieusemen
765 up : Liberté, Prospérité et Poursuite du Bonheur, ce sont là mes trois idéaux. Et je ne les vois réalisés qu’en Amérique.
766 ableau n’arrangerait pas grand-chose à cet égard. Ce qui échappe par définition à toute formule ou forme d’expression, c’e
767 d’expression, c’est l’incohérence du réel. (Tout ce que l’on peut en dire, c’est qu’on l’éprouve.) Or justement, la civil
768 n s’ingéniait à rendre étanche, — inconsciemment. Ce sont là des secousses extérieures. Qui sait si une loi de l’esprit ne
769 les revues et les journaux américains ne sait pas ce que c’est que la confiance en soi. Ceci dit, je me retourne vers mes
770 ant, — si l’on veut bien y réfléchir en refermant ce petit livrebh. bf. Rougemont Denis de, « Épilogue [L’homme améric
47 1948, Esprit, articles (1932–1962). Thèses du fédéralisme (novembre 1948)
771 ue, perdue pour tous et non seulement pour nous ! Ce n’est donc pas au nom de je ne sais quel nationalisme européen qu’il
772 nent que ces pays réalisent mieux que leur nation ce qu’ils attendent eux-mêmes de la vie. Ainsi ce ne sont pas seulement
773 on ce qu’ils attendent eux-mêmes de la vie. Ainsi ce ne sont pas seulement les idéaux de progrès collectiviste ou de progr
774 n bloc-tampon, ou un bloc opposé aux deux autres. Ce ne serait résoudre, et, au contraire, ce serait exalter le nationalis
775 autres. Ce ne serait résoudre, et, au contraire, ce serait exalter le nationalisme aux dimensions continentales. Ce qu’il
776 ter le nationalisme aux dimensions continentales. Ce qu’il nous faut demander, et obtenir, nous tous, c’est que les nation
777 fiance — ouvrent l’Europe au monde, du même coup. Ce qu’il nous faut demander et obtenir — obtenir de nous-mêmes tout d’ab
778 r un vrai gouvernement mondial. Et le monde, pour ce faire, a besoin de l’Europe, j’entends de son esprit critique autant
779 fédérer en dehors des gouvernements nationaux. Et ce sont ces groupes et ces personnes qui formeront le gouvernement de l’
780 a Suisse par les délégués des vingt-deux cantons. Ce serait impraticable. Ces deux fédérations sont gouvernées, au-dessus
781 u’économiques) dans un corps, non dans un carcan. Ce qui est la politique par excellence, n’en déplaise aux sectaires de t
48 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
782 le tiers-monde et pour l’Europe qui doit l’aider… Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, ce n’est pas notre mau
783 Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopunitive ou l’all
784 Ceux qui perdront la face aux yeux de l’histoire, ce seront ceux qui auront dit que l’Europe était finie, quand il s’agiss
785 aussi convaincu que D. de Rougemont ne sente pas ce scandale de l’Europe qui inspirait la fureur de Sartre. Je suis heure
786 . Je suis heureux que Rougemont souligne lui-même ce qui était, effectivement, un aspect de son article. Pour le reste, il