1 1932, Esprit, articles (1932–1962). À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)
1 re nous montre, chaque semaine, non sans sadisme, dans l’exercice de cette avarice ou de cette férocité spéciales décrites p
2 éaction » possible de tout ce qu’il y a d’honnête dans son public soit à coup sûr d’écœurement et de mépris, devant cette dé
2 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
3 er les perspectives de la vie publique et privée, dans l’état où se trouve la France en 1932. Est-ce à dire qu’il faille ent
4 ce que l’on appellerait l’équation de décadence, dans certains cas où cette absurdité essentielle, cette mortelle, cette of
5 que nous en parlons à cette place. André Bridoux, dans les remarques à mon sens si importantes par lesquelles il inaugurait
6 lution était faite déjà ! Elle ne l’est guère que dans nos cœurs, — et toujours à recommencer. Ce que l’instant commande, da
7 oujours à recommencer. Ce que l’instant commande, dans le monde tel qu’il est, n’est-ce pas, d’une façon plus urgente, « l’o
8 ction intime et péremptoire s’élabore et s’impose dans le silence d’une vie : la loi de Dieu s’oppose à cette loi des hommes
9 sion se formule, peut-être pour la première fois, dans la solitude d’une chambre la nuit, — si c’est le lieu de sa prière. L
10 vance.) Et maintenant ils prennent leur revanche, dans la laideur de cette salle que le président de la Cour s’obstine à nom
11 usil (baïonnette au canon). On a parqué le public dans le fond : des étudiants surtout, quelques casquettes. La cour fait so
12 ent sa conclusion le classe, quoi qu’il en pense, dans cette phalange de rhéteurs qui va de Jaurès à Sangnier ; car c’est, v
13 de même à choisir ses complices. Sans entrer donc dans le vif du débat — à savoir si Martin, « objecteur de conscience », a
14 ncipe de la liberté de conscience. Cela prenait «  dans cette enceinte » un petit air anarcho ou pleurard… Et l’on parla pour
15 ant et d’avouable, qui fait qu’on invoque son nom dans tous les cas où il s’agit en vérité de conscience de classe, de consc
16 as tout à fait des mêmes braves gens qu’il s’agit dans les deux cas, mais c’est du même état, qu’ils tolèrent.) 4° Il n’y a
17 loch l’a dit à la barre des témoins : Martin fait dans la paix ce que firent à la guerre ses aînés : c’est pour la même caus
18 es auteurs. Un régime fort, usant de ses pouvoirs dans un style adéquat à ses fins, jugerait de tels cas sommairement sans a
19 ire, qui ne saurait longtemps demeurer pacifiste. Dans un régime social où tout se tient, mais par la seule logique de la dé
20 ée est en rupture de bourgeoisie. Jacques Martin, dans sa prison, témoigne pour un ordre nouveau. b. Rougemont Denis de,
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
21 tant en elles-mêmes, qui auraient été introduites dans le monde par Dieu, que nous aurions mal dirigées, compromises par mal
22 » ont été plus ou moins réalisées, et constituent dans leur ensemble, du Moyen Âge à l’Amérique moderne, la grande Imposture
23 cisément, à l’origine du désordre, et plus encore dans son établissement, nous trouvons ce désir trop humain de parler des c
24 désir trop humain de parler des choses de la foi dans le langage du bonheur terrestre. La rupture que nous voulons n’aura d
25 e procurer, apprivoiser, réglementer, administrer dans la durée. C’est une force que l’Église aurait, une fois pour toutes.
26 réclament. Et c’est pourquoi il y a un imposteur dans tout homme qui se dit chrétien. (Je ne dis pas cela d’un point de vue
27 c’est aussi pourquoi il y a une suprême imposture dans tout programme prétendu chrétien, dans toute politique humaine organi
28 imposture dans tout programme prétendu chrétien, dans toute politique humaine organisée — fût-ce à la gloire de Dieu ! — qu
29 ce qu’en réalité ils rendaient à César. Entraînée dans cette politique, la théologie se fait servante de la chose publique.
30 vernement d’une nation « chrétienne » revendiquer dans leurs discours la défense des « valeurs » chrétiennes, pour appuyer d
31 uée de piétistes et de bigots, demeurer agressifs dans leur volonté de confondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres
32 une espèce de bolchévisme qu’il décrit ainsi : «  Dans cette philosophie et cette morale est délibérément supprimée toute id
33 e chrétienne » où l’on embarque une prétendue foi dans les plus discutables déterminations de l’avenir. L’office de l’Église
34 rmanent et destructeur ; tandis que la révolution dans ce qu’elle a de nécessairement constructif, reste le lieu d’obéissanc
35 tal : rétablir à chaque instant le christianisme, dans sa nouveauté prophétique, tel est l’Acte — le seul ! — et tel est aus
36  ; et en réalité : corps officiellement constitué dans la Troisième République… 2. Et non pas au nom d’un « ordre social ch
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
37 le protestantisme se doit d’être révolutionnaire dans la mesure même où il reste fidèle à lui-même, c’est-à-dire dans la me
38 même où il reste fidèle à lui-même, c’est-à-dire dans la mesure où, constamment, il reproduit la démarche de ses fondateurs
39 compromis ecclésiastiques, sans cesse renaissant dans la chrétienté. Or en fait, dans certains pays, les églises protestant
40 cesse renaissant dans la chrétienté. Or en fait, dans certains pays, les églises protestantes sont devenues les officines d
41 ype même du capitaliste conservateur. En réalité, dans ses pires errements, le protestantisme garde toujours la possibilité
42 hui à l’avant-garde du mouvement révolutionnaire, dans tous les pays où le protestantisme domine, des protestants qui loin d
43 rémistes de la social-démocratie, qui s’expriment dans les Neue Blätter für den Sozialismus sont des éléments protestants, e
44 nœuvre réactionnaire », on est surpris de trouver dans le quotidien politique de combat ou dans les revues berlinoises les p
45 trouver dans le quotidien politique de combat ou dans les revues berlinoises les plus « avancées » des professions de foi d
46 est ainsi que Ferdinand Fried déclarait récemment dans l’importante revue Die Tat, dont il exprime en général la pensée dire
47 stock — l’historien des Révolutions européennes — dans le domaine du service civil et des camps de travailleurs. Mais les te
48 us vigoureuses. Friedrich Gogarten en particulier dans son Éthique politique pose tous les problèmes de l’heure avec une luc
49 ue des mouvements américains de rénovation réside dans leur effort pour « christianiser l’ordre social ». Certains même parl
50 commun. » Il constate que l’Église est intervenue dans la vie quotidienne en promulguant des règles sur le dimanche, l’alcoo
51 question des salaires, etc. Cette carence subite dans le domaine économique vient à l’appui de la thèse marxiste qui ne veu
52 t à l’appui de la thèse marxiste qui ne veut voir dans les Églises que des institutions de classe. Cette position simpliste
53 le péril de sécularisation de l’Évangile impliqué dans leur attitude, et qui les ferait retomber dans les vieilles erreurs d
54 ué dans leur attitude, et qui les ferait retomber dans les vieilles erreurs du capitalisme puritain qu’ils veulent combattre
55 ennes qui se manifestent en Amérique. On remarque dans la liste de ses collaborateurs des noms d’évêques socialistes et d’es
56 tique de la « théologie politique » allemande que dans le mince bulletin du groupe Hic et Nunc , et dans certains articles
57 ans le mince bulletin du groupe Hic et Nunc , et dans certains articles du Semeur , organe de la fédération chrétienne d’é
5 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
58 ns vivants. Nous le voyons lourdement se débattre dans une amère contradiction : labeur forcé ou inaction. Et tout devient p
59 bat au sol. L’homme dit « j’agis », et il trouve dans l’acte sa mesure, son rythme et sa joie. Une totalité. Et s’il divise
60 nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle de la condamnation portée sur notre ra
61 elle. La dignité de l’homme consisterait, dit-on, dans le travail qu’il fournit pour « gagner sa vie », pour assurer sa subs
62 origine d’un système, elle ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins d’une révolution). Mais il y a plus. Tout travail
63 te, démocratisation du confort moyen et de la TSF dans un monde où le libre divertissement de chacun sera la condition du li
64 ui sévit aujourd’hui. On peut en dater l’origine. Dans l’Encyclopédie de 1765, vous trouverez loisir défini comme « le temps
65 mesure du travail ne peut être prise ailleurs que dans la capacité humaine d’utiliser les effets du travail. Mais nous savon
66 s de finalité commune ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus rien dans l
67 ’y a plus de loisir dans le travail ni de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette de saisir la
68 de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette de saisir la nature de l’autre, il n’y a plus alors
69 endrons à penser en hommes responsables, à penser dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des ma
70 travail et loisir retrouveront leur commun sens : dans l’actualité de l’être, où ils ne seront plus que les temps alternés d
71 tude joyeusement renouvelée. L’homme tendu assume dans ses desseins la nécessité et le jeu, les combinant selon sa loi pour
72 is pu faire l’économie du reste. Mais nous vivons dans une époque impatiente : il faut tout expliquer. J’indiquerai donc enc
73 pirituel. Qui dit précédence dit primauté. 2° que dans l’ordre, immédiatement consécutif, des institutions et des lois, je n
74 espérée de Staline pour introduire un peu de joie dans une activité qui est la négation même de la création ; activité purem
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
75 du nouvel ordre. Ce pouvoir, nous le connaissons, dans la mesure où nous sommes humains. Mais cette mesure est peut-être ass
76 ner cette course épuisante, et s’abattre à la fin dans les colonnes des magazines de gauche, pâture des bourgeois snobs. Nou
77 mêmes, je le crains. Ils criaient, mais restaient dans la salle, où l’on pouvait les applaudir. On les trouvait plus amusant
78 d’une littérature Je me propose de simplifier. Dans la littérature bourgeoise, celle qui est née avec le romantisme, il m
79 i en font une espèce de gloire. Le voilà justifié dans sa mauvaise conscience. Jeunesse se passe, anarchie se passe, rougeol
80 jusqu’au bout de leurs audaces. Ils sont sans foi dans leur révolte même. Ils influencent au hasard, entraînent les jeunes à
81 crois bien qu’il faudrait le chercher aujourd’hui dans une science que je n’aime guère, et qui s’appelle la sociologie. La g
82 xigences d’une classe bourgeoise très capricieuse dans ses goûts, parce qu’elle est incertaine de sa mission. Cette anarchie
83 e résoudre en violences. Il n’y a pas d’exemples, dans l’histoire, qu’une littérature sans nécessité intérieure, — c’est-à-d
84 ittéraires, on sait qu’elles sont de peu de poids dans la balance politique. Tout ce qui n’est pas déjà au service des homme
85 adante qui soit. Il faut donc renoncer à chercher dans les choses, dans les partis, dans l’État ou dans la nation un princip
86 Il faut donc renoncer à chercher dans les choses, dans les partis, dans l’État ou dans la nation un principe de grandeur qui
87 ncer à chercher dans les choses, dans les partis, dans l’État ou dans la nation un principe de grandeur qui n’est plus que d
88 dans les choses, dans les partis, dans l’État ou dans la nation un principe de grandeur qui n’est plus que dans l’homme. Ma
89 nation un principe de grandeur qui n’est plus que dans l’homme. Mais si nous trouvons ce principe, nous aurons trouvé du mêm
90 nous proposons tous ici, c’est l’homme considéré dans sa vocation créatrice, — c’est la personne. Que la mesure de tout soi
91 la personne. Que la mesure de tout soit désormais dans la personne, et non plus dans les intérêts d’un pouvoir ou d’une clas
92 tout soit désormais dans la personne, et non plus dans les intérêts d’un pouvoir ou d’une classe, voilà bien l’aboutissement
93 sure de l’homme, que pourraient-ils voir d’autre, dans le monde où nous sommes, qu’un désordre impensable, appel aux dictate
94 e nouvelle. Je ne conçois de liberté concrète que dans l’exercice fidèle de ma vocation personnelle. Liberté devient synonym
95 ’une communauté vivante. L’écrivain sera créateur dans la mesure où il obéira à sa seule vocation personnelle : mais dans ce
96 il obéira à sa seule vocation personnelle : mais dans cette mesure-là, il assumera son risque ! D’autant plus personnel, d’
97 onsable, — et d’autant plus profondément enraciné dans la commune condition humaine. Rendez à l’écrivain la responsabilité d
98 ar le brusque soleil, et l’homme au centre, campé dans sa stature réelle, ouvrant les yeux sur sa misère, portant sur elle u
99 portant sur elle un jugement sobre, — l’homme, vu dans l’élan peut-être chancelant qui le jette à sa vocation. Situation ini
100 vision constituante de notre vie, celle qui unit dans un même regard les apparences actuelles et l’ordonnance finale qui le
101 de tous leurs idéaux. Certains verront peut-être dans l’Ulysse de Joyce une satire de ce genre, minutieuse confrontation de
102 e tiendra la mesure de l’humain et qu’elle créera dans la perspective commune. Restaurer le prestige de la culture, cela ne
103 ulture, cela ne va pas à la spéculation gratuite, dans un monde personnaliste. Les « idées pures » sont des cadavres d’idées
104 rs de salon. Il y aurait quelque chose de nouveau dans les lettres si tous les essayistes étaient tenus à rendre un compte p
105 s artistiques est toujours un assez mauvais signe dans une société décadente. Il est poussé à la manie par les suiveurs des
106 oursuivre (sic) cette collection. » 13. J’inclus dans « cette littérature » la révolte surréaliste. Une révolte qui n’a pas
107 buts constructifs échoue toujours, et fatalement, dans un conformisme nouveau (AEAR). Tout de même qu’une révolution mal fon
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
108 , je concéderai qu’il arrive parfois qu’on trouve dans une de ces feuilles une page digne de l’écrivain qui l’a signée : Mon
109 e plainte juste, une voix d’homme. L’auteur entre dans les confidences d’une femme non mariée (on ne voudrait pas dire une v
110 prit. Vous qui êtes Français, dites-moi pourquoi, dans tout votre trésor littéraire, vous n’avez pas de livres remèdes ? Pou
111 ui les répètent, mais se chargent alors, parfois, dans la bouche des innocents, d’une humanité émouvante, — émouvante par l’
112 un puzzle. Dès qu’on les sépare, il faut chercher dans quel trou va la cheville, voilà vos livres. Voilà à quoi vous perdez
113 avec son violon. Dresse-toi, viens, nous partons dans le vaste monde. À ceux-là, je dois la nourriture de ma maison, comme
114 À certaines allusions, je devine qu’il est « seul dans la vie ». Pourtant, il porte une alliance. Pauvre gaieté de la vie de
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
115 onnaissance d’un homme n’est réellement sujet que dans l’instant où elle rencontre une occasion de s’exercer, et la saisit.
116 détient une primauté de fait. Il peut s’éprouver dans l’angoisse, il y trouve, loin de l’objet, une sorte d’existence virtu
117 on peut voir qu’il n’est autre que l’homme. Seul, dans tout l’univers connu, l’homme détient le pouvoir de provoquer l’objet
118 e trompent du tout, ceux qui considèrent l’homme, dans leurs calculs, comme un facteur indifférent, comme un objet ou comme
119 calculent qu’avec leur angoisse, ils s’enfoncent dans l’incertain, divaguent dans la précision. Les lois qu’ils imaginent s
120 isse, ils s’enfoncent dans l’incertain, divaguent dans la précision. Les lois qu’ils imaginent sont celles de la mort, et d’
121 st saisissant Toutes les psychologies échouent dans leur effort pour décrire l’acte et rendre compte de ses détermination
122 mme » qui se veut purement descriptive est exacte dans la mesure où elle décrit notre dégradation. L’erreur est simplement d
123 u près contemporaine de celle de l’homme abstrait dans l’ordre politique. Et l’extension de cette science mesure assez exact
124 leur de notre défection au monde et à nous-mêmes. Dans l’homme entièrement humain, il n’y aurait pas place pour la psycholog
125 est-à-dire à l’absence et au recul devant l’acte. Dans l’homme entièrement humain, tout serait histoire, présence, illustrat
126 , nous ne pouvons connaître cette humanité, sinon dans la mesure où nous sommes agissants. L’acte seul témoigne de l’acte, e
127 Sur la scène du monde, où nous avons été placés, dans ce drame qu’il nous faut jouer sans le connaître, c’est-à-dire qu’il
128 dit, il reste à savoir pourquoi tel figurant jeté dans une intrigue insaisissable devient tout à coup un acteur, et se met à
129 ent tout à coup l’assurance que ce qu’il fait est dans son rôle ? Pour quelle raison sort-il du chœur des anonymes résignés,
130 inition d’un de ces termes n’est pas ailleurs que dans son assimilation existentielle à tous les autres. Mais ces concepts,
131 ais ces concepts, un à un, ne peuvent être saisis dans le temps ni dans l’espace conçus par notre entendement, si bien que l
132 un à un, ne peuvent être saisis dans le temps ni dans l’espace conçus par notre entendement, si bien que les apparitions ir
133 de leurs contenus, telles que nous les constatons dans l’histoire, font figure de coups de force contre toute raison et caus
134 le recrée. De ce mystère, je puis seul témoigner dans l’instant où il me saisit, et seulement en lui obéissant ; car le con
135 e crise et ses limites humiliantes. L’éternel est dans le présent, et non point dans l’intemporel, parce que l’éternel vient
136 ntes. L’éternel est dans le présent, et non point dans l’intemporel, parce que l’éternel vient à nous, dans notre temps, où
137 s l’intemporel, parce que l’éternel vient à nous, dans notre temps, où nous sommes, tout entier. L’éternité pour nous n’exis
138 e d’une vocation reçue et obéie. Je suis personne dans la mesure où mon action relève de ma vocation, fût-ce au prix de la v
139 n. Si toute présence est l’événement de l’éternel dans le temps, par le moyen de l’homme, si l’homme n’est vraiment homme qu
140 n de l’homme, si l’homme n’est vraiment homme que dans l’acte qui fonde sa qualité incomparable de sujet ; si l’on admet enf
141 rsonne est l’impensable incarnation de l’éternité dans le temps. La personne pure serait ainsi la coïncidence absolue et man
142 lue et manifeste d’une vocation et d’un individu, dans chaque action de cet individu. Ou bien encore l’apparition d’une voca
143 ’énoncé des témoignages visibles qu’elle produit. Dans ce sens, elle n’aurait aucune problématique. Or, nous nous connaisson
144 t notre « individu » n’est certes pas le moindre. Dans l’espoir incertain de nous munir contre eux, notre raison cherche à t
145 autant moins résistants qu’ils ont cru concevoir, dans ce qui les attaque, une fatale loi justifiée en raison. D’où vient al
146 t l’acte historique. L’incarnation totale de Dieu dans l’Homme, l’humanité parfaite de Jésus-Christ est la limite atteinte d
147 ésus-Christ est la limite atteinte de la personne dans l’histoire, le fait extrême, le concretissimum à partir duquel nous p
148 de notre vocation. La foi au Christ, c’est la foi dans la personne par excellence : or, cette foi consiste en une action16.
149 et, c’est-à-dire présent à lui-même et aux autres dans un même élan. Tout acte personnel est participation à l’actualité éte
150 lle du Christ. 8. Communauté Tout ainsi que dans la Communion, Jésus-Christ nous est donné, dit Calvin, « comme substa
151 e cette vérité de la personne : qu’elle est toute dans sa communication, laquelle doit être certifiée par quelque signe maté
152 sus d’isolation. Quel rôle peut jouer la personne dans cette image ? Peut-être celui de la valence, c’est-à-dire de la puiss
153 sme objectif elle oppose son exigence proximiste. Dans l’ordre personnel, les relations les plus « valables » sont celles qu
154 du bien de chacun ? Prenons garde de retomber ici dans un ordre contractuel où la personne abritée par la loi perde à la foi
155 l. Le droit divin n’est pas un droit humain élevé dans l’absolu, mais la fin de tout droit humain, et peut-être son contrair
156  assurance-vie », si la seule réalité vivante est dans le risque ? Qu’importe la multiplicité des relations, si elle entraîn
157 e plusieurs doctrines humaines qui s’entrebattent dans la confusion et nourrissent des haines bavardes. Je veux parler ici d
158 sinon l’acte — de l’incarnation. Il y a une santé dans le matérialisme, et une humilité où la personne retrouve l’un des pôl
159 ut de se replier sur cette liberté pour la chérir dans sa précieuse intégrité. Orgueilleux de sa force, il refuse de l’exerc
160 de sa force, il refuse de l’exercer, de l’engager dans des limites objectives. Il veut se garder pur, et reste virtuel. Il s
161 de selon ses lois. La révolte matérialiste trouve dans la carence du spiritualisme une espèce provisoire de justification. I
162 me une espèce provisoire de justification. Il y a dans cette révolte un certain ascétisme : celui des lendemains amers de dé
163 ui des lendemains amers de débauche. Il y a aussi dans la doctrine déterministe qu’elle édicte, l’expression d’un ressentime
164 demeuré incapable de témoigner de notre liberté. Dans le plan d’ombre et d’abstractions, parfois violentes, où se poursuit
165 notre « esprit » demeure abstrait ou impuissant. Dans l’acte, l’une et l’autre se mesurent et se réalisent : la charité de
166 mme concret, dont la nature réelle n’apparaît que dans l’acte. L’aspect corporel de l’homme est l’expression de notre solida
167 tacts, comme aussi de n’en pas choisir. (Et c’est dans ce débat qu’apparaît la conscience.) Mais ni le corps de l’homme ne p
168 cation personnelle, c’est-à-dire pour substituer, dans l’échelle de nos valeurs, notre capacité de liberté à l’exercice conc
169 rien que l’illusion d’un égoïsme qui se glorifie dans l’abstrait. Qu’est-ce alors, parmi nous hommes de chair, que l’esprit
170 er. J’appelle esprit la plénitude de l’instant où dans l’oubli de tout ce que je peux, j’ai franchi l’impossible seuil. L’es
171 s en mouvement. C’est parce que Dieu s’est révélé dans un corps d’homme que l’esprit, parmi nous, n’est rien — hors la démon
172 qu’on n’entend ni ne voit avant de l’avoir obéie dans un instant indescriptible et manifeste. Au commencement était le Verb
173 e, mais cet abandon un instant, cette mort cachée dans la vie, cette insensible et peu croyable distraction du monstre moi,
174 que je puis être pour les hommes — pour me jeter dans le fait accompli d’une évidente nouveauté. Maintenant quelque chose s
175 mais la fidélité de la personne n’est pas vaine. Dans la très confuse partie que nous menons, ignorants de la règle, distin
176 t sa vocation. 17. Ceci ne doit pas être entendu dans le sens restrictif de l’esse est percipi des idéalistes (on aura vu t
177 l’esse n’existe pour nous que in actu), mais bien dans le sens d’une norme éthique, que le péché seul rend inopérante ; la b
178 endormis ou des désincarnés. L’Église chrétienne, dans son Credo, parle d’une « résurrection de la chair », non pas de l’âme
9 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
179 ire que cela. Ce serait un jeu que de les classer dans les catégories du désespoir analysées par Kierkegaard, si nous étions
180 tragique que ce faux désespoir maquillait. Il y a dans tout ce qu’ils écrivent, une espèce de bluff inconscient, dont le der
181 elui qui… » Je prends ces trois débuts de phrases dans une seule demi-page, au hasard (p. 73). On trouverait sans doute mieu
182 specte, la psychologie de laboratoire. Il s’agit, dans l’idée de l’auteur, de dévaloriser (ou de transcender ? ) « la distin
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
183 e méditation. Deux êtres très divers se sont unis dans une passion grave, exigeante, à l’écart d’une société hostile, dans u
184 rave, exigeante, à l’écart d’une société hostile, dans une ascèse morale soutenue. L’aîné, c’est ce Rouveyre que nous ont ré
185 eilleux, ombrageux. Tout cela se perd d’ailleurs, dans l’amertume « désertique » d’un tête-à-tête de l’auteur avec sa mort.
186 a mort. Négation de l’humain trop purement humain dans son effort le plus « spirituel » ? On ne sait si l’auteur veut nous p
187 ime jusqu’au retors de cette écriture contractée. Dans son progrès strictement mesuré, la phrase ici, vraiment, réfléchit so
188 tion » rend un sens à l’amour humain, disqualifié dans la littérature d’aujourd’hui par trop d’indiscrétions excitées et vul
189 teur ; ni sans quelque fatras, ni sans préciosité dans l’analyse de soi… k. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] André Rou
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Maurice Meunier, Idoles (février 1935)
190 eunier atteint sans effort apparent la perfection dans la banalité aimable. Son livre pose une seule question : quel dessein
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Albert Soulillou, Nitro (février 1935)
191 Soulillou qui décrivent les conditions de travail dans l’industrie de la nitrocellulose sont précises, acharnées, saisissant
192 cu quelque chose, tout au moins par la sympathie, dans une communion de révolte. Par malheur, l’auteur a voulu romancer ce d
193 ique, et il en a saboté le rythme. Dès qu’il part dans l’idéologie, la critique d’art ou l’érotisme (effréné comme du mauvai
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
194 euil est Marcel Arland. Sans doute a-t-il reconnu dans ce roman (paru quelque temps avant les Vivants) une intention toute v
195 e de la sienne, une semblable patience ingénieuse dans l’approche du secret des êtres, enfin cette qualité de discrétion qui
196 rement que ne l’eût fait un « observateur » : non dans leur pittoresque, mais dans leur vie intime, leurs relations. On sera
197 « observateur » : non dans leur pittoresque, mais dans leur vie intime, leurs relations. On serait tenté de dire : dans leur
198 ntime, leurs relations. On serait tenté de dire : dans leur personne. Je connais peu de livres moins conventionnels. Pour ce
199 à prouver au contraire l’inexistence des classes dans la réalité campagnarde. Il met en évidence un fait dont il faut souli
200 Il met en évidence un fait dont il faut souligner dans cette revue toute l’importance : c’est la circulation constante qui s
201 le sont aujourd’hui presque tous ceux qui entrent dans la vie. Mais en parlant d’étude, je fais tort au ton de ce livre, à s
202 menade au marais est une merveille de « naturel » dans tous les sens de ce terme ; je ne vois pas d’écrivain français qui ai
203 personnages : et le « nous » qui apparaît parfois dans certains chapitres lyriques — le « je » de Marcel dans Proust — rend
204 certains chapitres lyriques — le « je » de Marcel dans Proust — rend un tout autre son que le « je » des Vivants : plus comp
205 de nouveau de patrie. Il y a vraiment du nouveau dans cette œuvre, et c’est à nous plus qu’à quiconque qu’il appartient de
206 es visages, et les couleurs si pures qu’il laisse dans le souvenir. o. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Roger Breuil,
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
207 ne puissance dont on cherche en vain l’équivalent dans notre littérature d’après-guerre. Personne n’en a parlé : on s’occupa
208 olémiques révélatrices : il fait comprendre enfin dans quelles passions profondes le mouvement hitlérien est né et a pris so
209 blessés, malades, ces hommes découvrent peu à peu dans leurs épreuves la réalité de leur patrie perdue. Ils découvrent surto
210 rler haut. « Nous avons perdu la guerre, Bell, et dans la situation où nous sommes, nous ne pouvons plus nous affirmer que p
211 ce qui définit leur dernière dignité d’Allemands dans les tortures qu’un destin absurde leur réserve. « Il découvrit pour l
212 était échu pour un temps. » Pour un temps… Il y a dans ces trois mots le secret de l’espérance insensée qui possède la jeune
213 es, nous voyons Bell, le chef du groupe, agoniser dans une tranchée sous les murs d’un fort brésilien. Et la haute statue de
214 as pu sauver ses camarades — se dresse devant lui dans son délire. Une fois encore, Pillau lui montre le sens du sacrifice d
215 du sacrifice de « ces jeunes gens qui sont entrés dans le malheur la tête haute ». Car ce sont « les jeunes gens qui ne poss
216 mme le malheur. La communauté des gens qui vivent dans l’aisance, celle-là ne vaut pas un clou. Mais la communauté des gens
217 e l’art d’Edschmid. Je ne lui vois d’analogue que dans les derniers romans de Malraux. Même sens de la fraternité tragique,
218 ntellectuel, moins impressionniste et complaisant dans la description des douleurs physiques. Au total, Edschmid est plus fo
219 rt. Attendrons-nous la prochaine guerre pour lire dans ce Destin allemand l’un des secrets de notre destin à tous ? L’ostrac
15 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
220 t-être attribuer au typo ? Mais elles vont toutes dans le même sens. Suivons-le. La syntaxe de Tzara est commandée par des a
221 t de proche en proche, mécaniquement. On retrouve dans cette syntaxe le même mouvement d’esprit qui explique les fautes d’ac
222 ar le second terme, « en vue d’une conciliation » dans laquelle la qualité de ce premier terme deviendra quantité. (?) Ce pr
223 ut mécanique de quantification, que l’on retrouve dans la théorie marxiste (voir Marx : Salaires, prix, profit) figure selon
224 ussi, avec Arnaud Dandieu (chap. sur la métaphore dans son Proust) que la métaphore est un acte, j’entends par acte, justeme
225 distingue et caractérise les choses et les êtres, dans le magma larvaire de la réalité non encore informée par la raison de
226 xe de castration). La cause de cette angoisse est dans les refoulements qu’imposent la morale, l’Église, les exploiteurs, la
227 l’hitlérisme sous ses formes les plus virulentes. Dans une anticipation lyrique (tout au début) il glorifie la révolte des p
228 système de coordonnées sociales, on a trop oublié dans les remous de la bataille qu’à travers un nouvel ordre économique, c’
229 nt le monde. Bien des confusions traînent encore dans cette phrase. (« solide terrain de l’économie psychique » ?!) Mais ce
230 es testicules ») ; p. 109 (« Elles… vous entraîne dans la… ») ; p. 121 (« la déformation que ces obstacles leur a imprimée »
231 onstate »). Je trouve l’explication de ces lapsus dans la phrase suivante : « Il y aura lieu de ramener l’action du poète à
232 uelles il est inutile de revenir une fois de plus dans Esprit. q. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Tristan Tzara, Grai
16 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
233 1935, le journal Le Journal répandait brusquement dans Paris ce cri d’alarme stupéfiant. Soucieux de ne point céder au goût
234 mieux-connaître avec l’effort des autres peuples. Dans un cadre chargé d’histoire et rayonnant de beauté, au bord de la Sein
235 ons feront pâlir les rêves des conteurs. Ce sera, dans la féerie de l’eau des lumières et des couleurs, le ballet vertigineu
236 ui donner son caractère propre. Nous voulons que, dans le déséquilibre qui déconcerte le monde, elle consacre le triomphe de
237 qui, par leurs explorations et leurs découvertes dans le domaine de la nature, de la vie, de l’évolution humaine, préparent
238 rands instituts, organise la découverte, on verra dans ce palais comment, dans la physique, la chimie, la biologie, les math
239 e la découverte, on verra dans ce palais comment, dans la physique, la chimie, la biologie, les mathématiques, l’archéologie
240 es, ont amené au jour les vérités créatrices. Et, dans cette présentation sous un même toit de ces activités intellectuelles
241 de notre génération. I. Résidence de l’Esprit dans la cité actuelle En publiant ce très curieux morceau lyrique, notr
242 le veut. Mais pratiquement, mais sérieusement, et dans l’intérêt général, ne vaudrait-il pas mieux le mettre à part ? Le sép
243 ateur ? Serait-ce donc qu’on ne sait plus le voir dans ses effets ? Mais alors, comment fera-t-on pour le voir « en soi », d
244 alors, comment fera-t-on pour le voir « en soi », dans son temple ? Cela paraît une bien autre gageure. II. Pour un musée
245 l’origine de tout ; l’exposition elle-même sera, dans toute son ampleur, une manifestation sensible de l’esprit ; il n’en f
246 récisément parce qu’ils sont encore peu compromis dans l’univers temporel, ont, en général, une faible valeur représentative
247 montrât moins littérateur et beaucoup plus précis dans ses projets que le politicien, sans doute intimidé par son sujet. En
248 us leur défenseur ? » — Je réponds simplement que dans l’action et les écrits des commissaires susnommés, l’utilitarisme gro
249 en théorie, je le concède, mais des plus efficace dans la pratique. Piteuse en théorie, car les caricatures que l’on nous of
250 témoignages éclatants de sa force. Très efficace dans la pratique, car l’enseignement officiel de la Troisième République a
251 re ainsi que la science et les arts sont enfermés dans ce dilemme : ou l’esprit pur — comprenez inactif — ou le salon des ar
252 u’on sépare l’esprit du « réel », pour le vénérer dans un temple, l’esprit n’est plus que « la poussière des livres », et le
253 dès l’instant que l’on célèbre un esprit « pur » dans un temple construit par l’État, la pensée s’évanouit, le temple est v
254 lle, trouve naturel de proposer que « l’esprit », dans cette entreprise, soit mis à part, et honoré en soi. Un écrivain fame
255 our « théorique ». J’ai cru bon d’aller la saisir dans ses aboutissements les plus voyants, ou pour parler littéralement, da
256 s les plus voyants, ou pour parler littéralement, dans son excès le plus monumental. Or il se trouve, par une sorte de chanc
257 e de ceux-ci au cartésianisme vulgaire qui traîne dans tous les journaux, il y a toute la distance d’une erreur à un préjugé
258 a « pensée » est incapable, en fait, de les aider dans l’exercice quotidien de leur travail. Ils s’estiment à bon droit les
259 de qui l’inventa, et de la place qui lui revient dans l’économie générale29. De là à se figurer, d’ailleurs d’une façon vag
260 art, à l’éthique bourgeoise. « Descartes descendu dans la rue »30 vient consacrer l’utilitarisme borné en disqualifiant l’es
261 r aux yeux des laïques laborieux. Exiler l’esprit dans les nuages, c’est le vouer au culte d’une élite inféconde, et au just
262 l’empire des intérêts. Sorel a bien montré ce jeu dans ses Illusions du progrès : le maximum d’hypocrisie sociale — ou « inj
263 sociale — ou « injustice » — correspond toujours dans l’histoire au maximum de spiritualisme distingué. Le culte des princi
264 arlent étant précisément celui que l’on enfermera dans la « cité René Descartes », ses droits ne sauraient consister que dan
265 escartes », ses droits ne sauraient consister que dans l’affirmation d’un idéal : et rien n’est plus utile aux « réalistes »
266 industrie ? Nous essaierons plus tard31 de saisir dans l’histoire quelques raisons secrètes de cette complicité. Pour l’inst
267 abilité concrète. On supprime le risque de penser dans la réalité lourde et « mal compassée » (Descartes). Et plus rien ne s
268 la psychologie concrète, c’est-à-dire constituée dans la lutte contre une réalité qu’il s’agit de modifier et non pas seule
269 s intellectualistes, c’est celle qui consisterait dans une psychanalyse du sérieux universitaire, considéré comme traduisant
270 ises prudentes. Et ces lois confirment le penseur dans l’idée que l’esprit « distinct » reste sans force créatrice. Plus l’e
271 que l’esprit soit responsable de ce qui se passe dans le monde. C’est affirmer que l’esprit n’est pas du monde, et que les
272 nt de juger. On me dira que ce gouverneur eût été dans son rôle en agissant, et qu’il trahissait sa fonction en alléguant un
273 ’il est homme, simplement, est bel et bien engagé dans le monde. Supposer un clerc pur, c’est encore une fois supposer un es
274 e, qui était de juger, et de juger effectivement, dans le monde des corps et des sanctions de fait, non pas seulement de « d
275 ns de fait, non pas seulement de « dire le vrai » dans le vide. La dénonciation des clercs « intéressés » n’est valable que
276 que dit cet homme ? « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » Unanimité contre lui d
277 du spirituel. VII. Situation des intellectuels dans la cité (suite) b) Les réalités qui se payent. Donc, on nous dress
278 juste s’il sait écrire. Il écrira donc un ouvrage dans les règles de l’art qu’il a sucé. Si l’ouvrage est « sérieux et préci
279 i rapporte. Publiez un poème, un essai, un roman, dans une revue « de haute tenue intellectuelle » vous ne serez pas payé, o
280 nte francs la page au maximum. Publiez un article dans un hebdomadaire, sur un sujet littéraire à la mode, et tenant compte
281 sprit pur ne sont jamais si lyriquement loués que dans la presse quotidienne… Quant à la carrière du chômage, je lui vois bi
282 n l’espèce d’incertitude insouciante du lendemain dans laquelle on parvient assez vite à composer son équilibre, sont pour l
283 réateur se réjouit des impairs que le sort commet dans l’agencement d’une existence d’intellectuel. Mais j’hésiterais à cons
284 ou le silence. Il n’y a pas de solution pratique dans l’économie actuelle. Ni de solution théorique dans l’univers spiritua
285 ans l’économie actuelle. Ni de solution théorique dans l’univers spiritualiste, pauvre paravent démodé qui ne pourra plus ca
286 estige de la France, une restauration de l’esprit dans sa charge effective, créatrice et régulatrice ; vu les revendications
287 e par des penseurs sans audience et sans prestige dans l’État ; — et décide en conséquence : la construction d’un Palais de
288 divers régimes actuels ? a-t-elle encore un sens dans le monde d’aujourd’hui qui tend à s’établir sur de tout autres bases 
289 uoi servent les clercs ? quel doit être leur rôle dans la cité ? à qui s’adressent leurs écrits ? d) quelle est la source de
290 ’exposé des principales tendances qui s’affirment dans l’Europe d’aujourd’hui. Ce projet positif présente un gros défaut pra
291  : cette conception n’est pas seulement spontanée dans le peuple — ce ne serait pas grave — elle est inculquée au peuple par
292 ntendu. On respecte le technicien et on le pousse dans les conseils de la cité sur la foi du seul nom qu’on lui donne, et en
293 s fabuleux. 30. « Ford, c’est Descartes descendu dans la rue », écrivaient Aron et Dandieu dans Le Cancer américain. 31. D
294 escendu dans la rue », écrivaient Aron et Dandieu dans Le Cancer américain. 31. Dans un ouvrage intitulé Penser avec les m
295 nt Aron et Dandieu dans Le Cancer américain. 31. Dans un ouvrage intitulé Penser avec les mains , que ces réflexions intro
296 réflexions introduisent. 32. Voilà qui n’est pas dans l’esprit de Descartes, lequel défend dans de nombreuses déclarations
297 est pas dans l’esprit de Descartes, lequel défend dans de nombreuses déclarations l’actualité incessante et constitutive de
298 du corps, la thèse suivante : l’esprit représente dans l’homme la fonction spectaculaire, « distinguée » dans tous les sens
299 l’homme la fonction spectaculaire, « distinguée » dans tous les sens du terme, par suite inapte à modifier le réel par son j
300 stère de cette opération magique, peu de lumières dans la psychologie moderne. 33. Si le concret est « ce qui engage », ce
301 crit cela, est-ce bien le même homme qui écrivait dans sa jeunesse : « La science maîtresse, le souverain… ce sera la philos
302 que la science ne saurait régner qu’in partibus, dans un monde purement « détaché ». La belle ruse de ces prétendants déçus
303 t cet « esprit » qui avait fabriqué ces « lois », dans l’espoir naïf qu’elles joueraient automatiquement en sa faveur. Et le
304 e est dégagé de toute responsabilité. Qu’il pense dans le vide, hors de toute sanction, comme aussi hors de toute urgence.
305 l’exaction. 39. Cette échelle est aussi valable dans l’édition. Moins un livre comporte d’idées, de création, d’esprit act
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
306 ouvement n’aurait aucune justification historique dans un pays qui a fait la Révolution de 89, et qui est déjà une nation. M
307 la foule qui n’avait pas trouvé de places assises dans une halle de 30 000 places, et qui attendait, massée au fond, dans le
308 30 000 places, et qui attendait, massée au fond, dans les travées et les porches, depuis quatre grandes heures, l’arrivée d
309 outes les places de la ville, depuis le matin, et dans 45 salles où les formations d’assaut avaient leur « appel général »,
310 ui des premières galeries menait à la tribune, et dans la lueur d’un faible projecteur, il parut. Souriant comme en extase,
311 ’écria : Je ne puis vivre que si ma foi puissante dans le Peuple allemand est sans cesse renforcée par la foi et la confianc
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
312 ne intuition des faits qu’elle veut appréhender ; dans cette mesure, il est exact de dire qu’elle s’ordonne par avance à sa
313 est-ce qu’une propriété réelle, sinon l’extension dans l’espace d’une loi personnelle, de la loi du propriétaire ? (Toute au
314 s ; puis Rimbaud qui voulait « posséder la vérité dans une âme et un corps ». Aujourd’hui, c’est un Rilke, un Claudel, un Ra
315 se verrait »… Ainsi la clé de toute création est dans le visage de l’homme. Qu’un homme détienne un pouvoir créateur, c’est
316 st d’art que physionomique. Il n’est d’esprit que dans l’action qui saisit une forme pour la transformer. L’esprit n’a pas s
317 e pour la transformer. L’esprit n’a pas son siège dans la cervelle. Ni dans le ciel. L’esprit n’a pas de siège. Il est passa
318 . L’esprit n’a pas son siège dans la cervelle. Ni dans le ciel. L’esprit n’a pas de siège. Il est passage, prise, saisisseme
319 ssage, prise, saisissement. L’esprit se manifeste dans la main qui réalise une vision. Et dans le visage qui conditionne le
320 manifeste dans la main qui réalise une vision. Et dans le visage qui conditionne le regard, et se modèle selon les prises du
321 rd qui les invente et les dénombre et les connaît dans leur sens primitif, dans le sens de la création qui tout entière advi
322 dénombre et les connaît dans leur sens primitif, dans le sens de la création qui tout entière advient à l’homme. Ainsi l’Ad
323 . Ainsi l’Adam d’avant le Temps, d’avant la chute dans le Temps, vit « venir à lui » toutes les bêtes : elles s’approchaient
324 ge venant à nous. « … on les voit sortir des bois dans le rose du lever du jour et ils sont roses dans le ciel rose, avec de
325 s dans le rose du lever du jour et ils sont roses dans le ciel rose, avec des gouttes de rosée qui leur pendent à chaque poi
326 ue poil et des souliers qui brillent. » Il y en a dans presque tous les livres de Ramuz, de ces taupiers qui portent des bon
327 ne formule naturaliste — mais qu’ils sont décrits dans leur forme, ce qui n’est pas du tout la même chose. La forme humaine,
328 i l’autre. Car il se tient, avec son imagination, dans cette région qui n’est ni du dedans ni du dehors, qui est contact, et
329 expressive du dedans et du dehors en même temps, dans le temps de leur lutte. Ici le spirituel devient tangible, le matérie
330 u à une action sur les choses). Utiliser les mots dans leur sens étymologique, c’est toujours revenir au phénomène de l’inca
331 ions enfin un langage « châtié », comme on disait dans les salons, au temps où le seul tribunal était celui du goût (c’est-à
332 IV). ⁂ La même volonté d’incarnation se manifeste dans l’allure de la phrase chez Ramuz. On a pu croire qu’il n’avait pas le
333 ur les modèles rhétoriques que l’école nous a mis dans la tête. Presque toutes les singularités de son style s’expliquent pa
334 chologie des personnages. Que peut-elle signifier dans ce monde physionomique, et par quoi va-t-elle s’exprimer dans une vis
335 e physionomique, et par quoi va-t-elle s’exprimer dans une vision qui ne veut rien connaître hors de la forme ? La psycholog
336 qu’un auteur qui n’utilise que des faits se range dans la catégorie du roman policier : il n’a pas de psychologie. Et la cri
337 parle beaucoup de subjectivité et d’objectivité. Dans le monde de Ramuz, ces deux mots n’ont plus aucun sens. Une forme don
338 al l’irruption d’une forme d’imagination nouvelle dans un village ou une contrée, plus rarement chez un individu, qui consti
339 t de ses romans. Passage du Poète — ou du diable ( dans le Règne de l’esprit malin), entrée du cinéma (l’Amour du Monde), app
340 vêt chez Ramuz la faculté d’imaginer et de penser dans l’ordre de l’incarnation, devait le conduire à créer un milieu où tou
341 ons abstraites inventées par les psychologues, et dans lesquelles vit le bourgeois46. Ce milieu, c’est le peuple ramuzien, p
342 ême langage, qu’ils l’inscrivent sur le papier ou dans la terre qu’ils travaillent. Tous participent de l’incarnation du myt
343 arnation du mythe. ⁂ Voyez Les Signes parmi nous. Dans la simplicité de son sujet, ce récit réalise d’une manière exemplaire
344 est proche, il faut en témoigner. Caille pénètre dans les cours de ferme, dans les cafés. À tous il tend la Parole « morte
345 émoigner. Caille pénètre dans les cours de ferme, dans les cafés. À tous il tend la Parole « morte aux pages » ; mais voici
346 volte, la guerre et la mortalité. Caille s’avance dans la journée, et l’angoisse grandit autour de lui. De partout l’orage s
347 ît bien qu’on n’est pas morts ! » Le monde renaît dans une soirée pure et le baiser d’un couple heureux. Rarement la forme a
348 eignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet ouvrage entièrement créé, entièrement « autorisé ». Un art, qui r
349 peu à peu on ne sait quelle puissance naturelle, dans sa fascinante monotonie. Un art dont la mesure ne doit pas être cherc
350 . Un art dont la mesure ne doit pas être cherchée dans le pittoresque, ni dans l’ingéniosité, ni dans l’harmonie des sons, m
351 ne doit pas être cherchée dans le pittoresque, ni dans l’ingéniosité, ni dans l’harmonie des sons, mais bien dans la pesée.
352 ée dans le pittoresque, ni dans l’ingéniosité, ni dans l’harmonie des sons, mais bien dans la pesée. Tous les procédés ramuz
353 géniosité, ni dans l’harmonie des sons, mais bien dans la pesée. Tous les procédés ramuziens : juxtapositions brusques, inte
354 e avec cette lenteur qu’elle impose, nous replace dans la vision grande et efficace des gestes les plus simples de la vie.
355 que là où leur personne prend fin. Elle n’est pas dans le contact aussi direct que possible avec l’objet ; elle est dans la
356 aussi direct que possible avec l’objet ; elle est dans la suppression de tout contact avec l’objet. » Ainsi parle Ramuz des
357 es, des nominalistes. On croit voir transparaître dans ce passage des Six Cahiers le « négatif », admirablement pris, d’un p
358 là où commence, pour lui, l’impersonnel. Elle est dans le contact aussi direct que possible avec l’objet ; elle est dans la
359 aussi direct que possible avec l’objet ; elle est dans la volonté, dans l’amour, dans la création du contact avec l’objet. »
360 possible avec l’objet ; elle est dans la volonté, dans l’amour, dans la création du contact avec l’objet. » Mais on peut dir
361 l’objet ; elle est dans la volonté, dans l’amour, dans la création du contact avec l’objet. » Mais on peut dire cela de Goet
362 . Il se peut que l’effort réactionnaire de Ramuz, dans les contingences où nous sommes, soit, plus qu’il n’y paraît, conform
363 glaciers ne sont pas « sublimes » comme on chante dans les écoles suisses. Et il est faux de « chanter » la montagne : les m
364 démisme. Si puissantes que soient les conventions dans un pays, elles ne peuvent pas nourrir une réaction créatrice. Et ce n
365 ais aussi parce qu’elle indique, à peu près seule dans son œuvre, une perspective qui est, je crois, celle de la plénitude d
366 es tableaux qu’on peint, les statues qu’on taille dans la pierre ou qu’on coule en bronze, — à cela, à nulle autre chose. No
367 la vision par l’acte. Instauration de la personne dans la tension entre l’objet et la volonté formatrice. Rédemption par l’e
368 t la genèse se confond avec celle de la personne. Dans un essai où je crois distinguer l’aveu de soi le plus direct qu’ait j
369 de, un feu de bois vert qu’on s’ingénie à allumer dans une cheminée qui tire mal. J’aime les choses qui sont à leur façon, t
370 st beaucoup, la voix d’un homme. C’est assez rare dans la littérature. Qui voudrait exiger davantage ? — J’imagine parfois d
371 e abstraite du concret. Mais ses racines plongent dans la vérité. Nous aussi, nous dirons qu’il faut « faire ». Nous ajouton
372 ascal, cité par Ramuz). 44. Comme Ramuz l’a fait dans Six Cahiers. 45. Est-il nécessaire d’indiquer que rien n’est plus ré
373 ument laïque. Rien n’est plus facile à concevoir, dans notre état social, qu’un patriote qui, entre deux discours nationalis
374 nd dit Ernüchterung. 51. Rimbaud, cité par Ramuz dans Six Cahiers. t. Rougemont Denis de, « Vues sur C. F. Ramuz », Espri
375 note précise : « Fragments d’une étude à paraître dans un recueil intitulé Les Personnes du Drame . »
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
376 sornettes des popes. En somme, ce qu’ils admirent dans la Russie nouvelle, c’est une santé énorme, une joie au travail dont
377 ec conduisit cette théorie, étroitement respectée dans les débuts de l’URSS. Trotski fut le premier à s’en apercevoir : on l
378 est au fond un gouvernement pour le prolétariat… Dans la théorie de la culture, l’idée d’avant-garde supplanta, elle aussi,
379 C’était en somme introduire la tactique de Lénine dans le plan culturel. C’était substituer aux lois mythiques les hommes ré
380 monde disaient-ils. Et l’on peut lire chaque jour dans la presse russe des déclarations de ce genre « Le niveau culturel a é
381 roduits étrangers). Le Torgsin en effet a répandu dans toute l’URSS l’usage des semelles-crêpe. C’est très bien que d’établi
382 dernières conçues par le Parti : l’établissement dans cent ans ou mille ans d’un paradis universel. C’est au nom de ces fin
383 ois beaucoup plus dur que celui qui existe encore dans les pays capitalistes. L’avantage d’une commune mesure donnant un sen
384 s aux moindres tâches individuelles qu’elle situe dans un tout grandiose et coloré ainsi d’héroïsme, éclate alors à tous les
385 sons. Ce hiatus inquiétant, cette première faille dans la construction si rigoureuse du stalinisme, commence seulement d’app
386 u l’inventer, on chercha des modèles et des trucs dans les littératures bourgeoises, au hasard des tendances politiques affi
387 teurs. C’était réintroduire l’anarchie culturelle dans le monde le moins fait pour l’intégrer. Qu’on baptise cette nouvelle
388 sme socialiste », l’échec du Plan en tant que tel dans le domaine littéraire n’en est pas moins une évidence. ⁂ Les écrivain
389 es »57, mythe nietzschéen sournoisement introduit dans une société marxiste, dont il trahit les présuppositions fondamentale
390 paradoxe est d’ailleurs soutenable) se substitue dans les esprits les plus vivants à l’idée du Plan scientifique. Mais avec
391 aveuglent la grande masse. Mais elle est réfutée dans son principe par la création culturelle, dès lors que cette création
392 es matérielles. Alors il met son espoir et sa foi dans ce miracle qui résoudrait seul le conflit du calcul et du rêve, du ma
393 des intellectuels bourgeois justement tourmentés dans leur conscience, et qui se rassurent en glorifiant l’URSS. Pour moi,
394 ique lucide, et j’ajouterai de critique méfiante, dans la mesure où les jeunes communistes viennent à nous avec cette morgue
395 uestion est de savoir si nous les aurons résolus, dans nos catégories occidentales. Sinon, il sera toujours temps d’aller de
396 les dictatures totalitaires ont échoué jusqu’ici dans leur tentative de créer par la force une commune mesure pour la pensé
397 départ différentes, prouve que la mesure réelle, dans l’un et l’autre cas n’est pas la doctrine mais la technique de l’acti
398 sont les nécessités de la propagande, identiques dans les deux cas, — bien que le but soit ici la société prolétarienne, et
399 avons établi cet ordre : on ne se mitraille plus dans nos rues, l’État combat la misère et le chômage, nous avons supprimé
400 sé leurs conditions. b) Vous souffrez vous aussi, dans vos démocraties libérales et parlementaires, des maux qui étaient dev
401 « libre » aux ordres des grands trusts, anarchie dans l’enseignement, et dix morales contradictoires dont aucune ne sait pl
402 un jour futur en face des mêmes tâches décisives dans le domaine culturel. Vous disposez d’un matériel de base beaucoup plu
403 t plus utile que les critiques de nos vieillards. Dans cette tâche-là, je vois le seul fondement d’une nouvelle culture euro
404 rands desseins » peut être déchiffrée précisément dans l’histoire ou l’action des signes visibles qui symbolisaient leur gra
405 ncer par la fin ! Et non pas emprunter ici ou là, dans les temps révolus, ou l’espace étranger, certains signes créés par d’
406 la tension créatrice : réalité et vérité assumées dans une seule volonté. Il reste à remplacer chacun des termes abstraits d
407 ns.   1. Temps et lieux : l’Europe d’aujourd’hui. Dans cette Europe, deux espèces de nations : celles qu’on dit vieilles, et
408 lente, pleine de contradictions en apparence mais dans le fond et dans l’ensemble cynique, sceptique et pessimiste. Facilité
409 contradictions en apparence mais dans le fond et dans l’ensemble cynique, sceptique et pessimiste. Facilités virtuelles et
410 ’aiguillon d’une angoisse que l’on apprend à fuir dans les mystiques collectives. Et l’on se rassure en attendant par de fac
411 lte et s’en souvient. L’ersatz de commune mesure, dans les régimes bourgeois capitalistes, c’était l’argent. Mais le crédit
412 ourquoi la jeunesse bourgeoise hésite à s’engager dans une révolution spirituelle dont elle redoute l’impuissance pratique à
413 pas une secrète attirance, une secrète espérance dans le malheur total, où peut-être on touchera de nouveau le réel, où peu
414 el profond du siècle a commencé par se manifester dans les pays les plus atteints matériellement. La misère est douée d’une
415 e se dépasser ; qu’il n’y a pas de lignes droites dans l’univers, et qu’une vitesse ou une grandeur quelconques dépendent à
416 groupes de forces ou d’hommes, exactement situés dans le temps ou l’espace, peuvent en appeler à une mesure commune. Seul l
417 ssance, à la montée de la conscience individuelle dans l’Europe du xvie siècle. Mais elle agit en sens inverse. Elle agit t
418 elle agit en sens inverse. Elle agit tout d’abord dans la philosophie : la ruine des grands idéalismes est consommée par le
419 s « existentiels » qui cherchent à saisir l’homme dans son actualité (dans son être de relation), et la pensée dans ses effe
420 ui cherchent à saisir l’homme dans son actualité ( dans son être de relation), et la pensée dans ses effets. Elle agit dans l
421 tualité (dans son être de relation), et la pensée dans ses effets. Elle agit dans la théologie, qui affirme à nouveau l’Égli
422 elation), et la pensée dans ses effets. Elle agit dans la théologie, qui affirme à nouveau l’Église en tant que société de c
423 i revient à la doctrine du bien commun. Elle agit dans le mouvement œcuménique. Et dans le mouvement des Groupes d’Oxford et
424 ommun. Elle agit dans le mouvement œcuménique. Et dans le mouvement des Groupes d’Oxford et dans le domaine pédagogique. C’e
425 que. Et dans le mouvement des Groupes d’Oxford et dans le domaine pédagogique. C’est elle enfin qui pousse des milliers de j
426 elle enfin qui pousse des milliers de jeunes gens dans les camps de vacances ou de service civil. Mais tout cela n’est encor
427 urs. Ils ont agi au nom de doctrines différentes, dans des circonstances matérielles différentes, mais ils ont répondu à une
428 asses qui les suivent un invincible dynamisme. Et dans leur communion avec ces masses, les chefs puisent une énergie occulte
429 ce de salut, à nous autres nations libérales, est dans la création d’une communauté libre. Notre chance est dans l’invention
430 création d’une communauté libre. Notre chance est dans l’invention, et non dans la défense, ou dans l’imitation. À la force
431 libre. Notre chance est dans l’invention, et non dans la défense, ou dans l’imitation. À la force vivante de destins impéri
432 est dans l’invention, et non dans la défense, ou dans l’imitation. À la force vivante de destins impériaux, n’opposons pas
433 ucs, mais une force nouvelle qui résolve la crise dans le sens de notre destin.   5. Le dilemme. Je parle ici de forces tot
434 ou bien nous perdrons notre temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont dû faire ; et alors, d’ici
435 eilleures traditions, mais encore notre situation dans l’histoire contemporaine nous indiquent aujourd’hui plus clairement q
436 ernières. Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur terme, au nom d’un acte de foi contraire. Elles veulent la force
437 era la mesure de l’homme en tant qu’il se possède dans ses relations actives avec tous ses prochains. C’est à nous qu’il inc
438 st personnelle et non pas collective. Elle réside dans les petits groupes, non dans l’État totalitaire. Elle a pour formule
439 lective. Elle réside dans les petits groupes, non dans l’État totalitaire. Elle a pour formule réelle — même là où l’on refu
440 ssurer pour l’avenir l’efficacité de notre action dans la culture européenne. Sinon nous serons colonisés, je n’ai pas fini
441 chez plusieurs jeunes hommes d’aujourd’hui. 60. Dans le volume dont ces pages sont extraites figure avant ce paragraphe un
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
442 France — au fait social de notre époque, affronté dans le détail quotidien d’une profession. Henri Petit voudrait avoir été
443 ’an dernier ; de cette patience, de cette justice dans la description du médiocre, de cette mesure constamment observée — vo
444 sitoire contre notre appareil social. On trouvera dans le volume, faisant suite à ces documentaires, une critique de l’État
445 , mais de la seule exactitude d’une enquête menée dans sa vie quotidienne par un Français lucide qui veut rester humain. J’a
446 s formules, mais autrement, je n’en finirais pas, dans cette note, et j’ignore même si j’en viendrais jamais à bout dans mon
447 et j’ignore même si j’en viendrais jamais à bout dans mon esprit. Voici : l’homme a tué Dieu. Alors est venu l’État, qui n’
448 ire que vienne l’homme. Chrétien, je ne puis voir dans l’émouvant effort d’Henri Petit pour sauver d’une foi perdue tous les
449 he de soi-même, qu’un certain recueillement viril dans le concret intime d’une vie, c’est aussi le chemin de l’universel. S’
450 in de l’universel. S’il veut rester vivant, c’est dans un amitié nouvelle. S’il écrit quelque part : « Le monde n’a plus pou
21 1936, Esprit, articles (1932–1962). Note sur nos notes (novembre 1936)
451 irer un peuple de l’état de barbarie, le soutenir dans sa splendeur, l’arrêter sur le penchant de sa chute, sont trois opéra
452 e, c’est l’art, c’est cette littérature qui parle dans le vide, pour rien de grand, pour personne de concret, ni pour aucune
453 ce qu’elle est ; et plus encore à chacun de nous dans le cœur duquel ce régime plonge ses dernières racines vivantes. Il ne
454 ures sont nées d’une révolution, non d’une émeute dans les lettres. Pour qu’une école se crée, il faut qu’une base commune e
455 nir notre rôle, notre « partialité » fondamentale dans la critique. Nous serons ramenés à tout propos, bon gré mal gré, aux
22 1936, Esprit, articles (1932–1962). Erskine Caldwell, Le Petit Arpent du Bon Dieu (novembre 1936)
456 elle » des convenances ou du sentiment… Huizinga, dans son admirable Déclin du Moyen Âge 62, a là-dessus un passage qui pour
23 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
457 rs de Goethe à Venise : « Je ne suis encore entré dans aucun bâtiment, excepté Saint-Marc. Il y a de quoi faire au-dehors, e
458 Point de départ : « Le sort de la culture est lié dans nos esprits au destin même de l’URSS » (discours aux obsèques de Gork
459 tout : d’une critique de ce qu’il y a de profond dans le marxisme, mais d’une dénonciation des slogans d’exportation qui on
460 doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fût-ce dans l’Allemagne de Hitler, l’esprit soit moins libre, plus courbé, craint
461 consister « qu’à se demander si ceci ou cela est dans la ligne ou ne l’est pas. Ce n’est pas elle, la ligne, que l’on discu
462 ste marxiste en devenant antistalinien, il se met dans une situation qu’on ne peut comparer qu’à celle du chrétien anticléri
463 t de courage malgré tant de prudences, persévérer dans une volonté révolutionnaire dont le marxisme s’est détourné parce qu’
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). Défense de la culture (janvier 1937)
464 me à l’étranger, mais d’abord contre l’inculture, dans ce pays, qu’il faut défendre la culture. ab. Rougemont Denis de, «
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
465 e ses victoires ou ses défaites mémorables, c’est dans l’ordre. Qu’on atteste par une publication tel acte victorieux de l’h
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Robert Briffaut, Europe (janvier 1937)
466 nages tous nobles ou riches — finira certainement dans le marxisme : l’auteur l’y pousse sans trop de discrétion, anticipant
467 t de sensibilité qui fit naguère quelques ravages dans le beau monde. L’ensemble est assez passionnant. Proust a fourni les
468 , jeune princesse peignant à l’aquarelle, baisers dans les jardins pendant le bal, — on s’en veut d’aller jusqu’au bout, mai
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
469 s toujours admis la légitimité de la propriété. —  Dans le monde capitaliste des monopoles privés, la personne humaine, cette
470 obligatoire. Ils appellent le retour à l’art sain dans la liberté. — Il est temps de donner le pas à l’esprit sur les forces
471 voir — bien au contraire — ce qu’il y a d’humain dans l’attendrissement et dans le besoin de bonté de la charité. — Tout le
472 — ce qu’il y a d’humain dans l’attendrissement et dans le besoin de bonté de la charité. — Tout le problème est là : mettre
473 aux besoins humains. Toutes ces thèses figurent dans le Cahier de revendications qui présenta le mouvement personnaliste à
474 faute de la page 13 : « La paix ne se conçoit pas dans la liberté. » (Phrase qui aurait pu faire croire que l’URSS est pacif
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire ? (février 1937)
475 venirs d’enfance, fort bien réinventés, et contés dans un style un peu chantant, voilé, énigmatique par endroits. On croit a
476 sister du jardin à quelque scène intime, entrevue dans une chambre, à travers un rideau de pluie. ag. Rougemont Denis de,
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)
477 e s’apercevoir que « les grandes questions gisent dans la rue », comme disait Nietzsche. Nous disons « existence » (dure, na
478 teur plané de la critique. Thibaudet, lui, s’ébat dans le secteur libre. Il en abuse merveilleusement. C’est le chef-d’œuvre
479 comporter de création personnelle, c’est-à-dire, dans ce cas, ordonnée à une loi qui n’est pas celle de l’objet mais du suj
480 fabulateur d’idées que reste pour nous Thibaudet. Dans cette critique que je voudrais appeler une critique de consommateur (
481 je voudrais appeler une critique de consommateur ( dans tous les sens de l’expression), c’est l’euphorie géniale du dessert !
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jacques Benoist-Méchin, Histoire de l’armée allemande depuis l’armistice (mars 1937)
482 qui cherchent à connaître l’état réel des forces dans le monde présent. Qu’on n’aille pas se figurer qu’il s’agit d’un bouq
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
483 gue kierkegaardienne, qui marque un léger retrait dans les revues et la librairie — en attendant la publication en volume de
484 s ou des classes. Si Kierkegaard a été découvert, dans ce pays, très peu de temps avant l’entrée en lice du personnalisme, c
485 cause de cet ordre se manifestent en premier lieu dans la culture d’avant-garde, avant de descendre au politique. La sensibi
486 l’État totalitaire, le fascisme ou le stalinisme. Dans ces conditions, je suis le premier à me déclarer athée. Mais si l’on
487 nne de la Trinité, je ne vois plus, pour ma part, dans les déclarations de Bataille que de la littérature (parfois belle d’a
488 it aboutir le véritable et intégral nietzschéisme dans le plan politico-social. Historiquement, l’on ne peut voir dans ce mo
489 olitico-social. Historiquement, l’on ne peut voir dans ce mouvement de pensée que l’annonce d’une réaction violente, peut-êt
490 en de créateur, ni rien de réellement destructeur dans cette réaction d’ironie désespérée. Seuls les constructeurs détruisen
491 on, aussi nécessaire d’ailleurs que peu probable, dans l’état présent de l’édition. 66. Malgré certaines phrases fort inqu
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
492 Elle a la veine, que voulez-vous ! À la loterie, dans les tombolas des sociétés, n’importe où, elle est sûre de gagner quel
493 à tous les coups. » Voilà ce qu’on peut entendre dans toutes les épiceries de province où se rencontrent les femmes de la n
494 est vrai que certains individus « ont la veine » dans ces loteries, notre image scientifique (physico-mathématique) du mond
495 à la Raison et à la Science mère du Progrès, que dans la mesure où cela lui permet de ne pas aller à l’église. Pour le rest
496 le pelage d’oliviers de la colline toute proche. Dans l’ouverture de la vallée, le triangle de plaine bleue rosée piqué de
497 u de la conférence que je dois donner à Marseille dans 15 jours. Je ne voulais pas la préparer avant le dernier jour. Est-ce
498 ue je rappelle mes souvenirs, je retrouve partout dans ma vie des déterminations non moins précisément « superstitieuses ».
499 sans et d’ouvriers, si délibérément superstitieux dans leur conduite et dans leurs opinions. On dit bien : l’exception confi
500 délibérément superstitieux dans leur conduite et dans leurs opinions. On dit bien : l’exception confirme la règle. Oui, mai
501 t notre vraie réalité, ce serait jeter la société dans l’anarchie la plus sanglante. La politique ne doit jamais partir de l
502 révèle pourtant l’empiètement excessif du général dans la vie réelle. Telle est notre situation — celle du monde bourgeois-c
503 ofit des personnes. (Au profit des irréductibles, dans le sens du jeu le plus libre des superstitions que j’ai dites, et don
504 ù leurs disciplines se seront enfin harmonisées. ( Dans un temps que j’accorde aussi lointain qu’on le voudra.) Ces deux fait
505 e quand elle sort du domaine personnel et déborde dans la politique. On devine peut-être pourquoi. C’est qu’elle forme la co
506 la combattre, le désordre s’installe et grandit. Dans notre cas, l’État devient totalitaire. « Là où l’homme veut être tota
507  » 6 mars (de retour à A…) Contact avec le public Dans le courrier qui est arrivé en mon absence, deux nouvelles demandes de
508 vriers et des bourgeois… J’ai parlé en plein air, dans de grandes salles publiques, dans une cuisine de paysans, dans un tem
509 é en plein air, dans de grandes salles publiques, dans une cuisine de paysans, dans un temple, dans un café, dans une salle
510 es salles publiques, dans une cuisine de paysans, dans un temple, dans un café, dans une salle d’Université. Cui bono ? À q
511 ues, dans une cuisine de paysans, dans un temple, dans un café, dans une salle d’Université. Cui bono ? À qui le bénéfice ?
512 cuisine de paysans, dans un temple, dans un café, dans une salle d’Université. Cui bono ? À qui le bénéfice ? À moi d’abord
513 éclairés ou butés, douloureux, tendus ou épanouis dans une compréhension amicale et directe. Je vois cette abstraction : le
514 c, s’évanouir et renaître, incarnée à chaque fois dans une seule figure précise, qui porte un nom, des vêtements d’une certa
515 lecteur vous écrit, il s’exprime le plus souvent dans un langage conventionnel qu’il croit de mise, s’adressant à un écriva
516 confidences exagérées ; il s’excite, il s’admire dans sa révolte ou son malheur. Mais celui qu’on peut voir, celui qui vous
517 rop comment vous aborder, celui qui vous entraîne dans sa chambre ou au café, celui-là peut vous révéler la vraie raison d’u
518 tre lui et moi, et qui ne prend son vrai sens que dans cette rencontre effective. Ce sont de telles rencontres que je cherch
519 s rencontres que je cherche, quand je vais parler dans ces cercles, où l’on se trouve soi-même à portée de l’auditeur, où l’
520 ages. Presque nécessairement l’entretien institué dans la salle se prolonge en conversations pendant qu’on remet son pardess
521 ’est plus une pensée lointaine qui anime un rêve, dans une chambre nocturne. C’est un homme qui rencontre un autre homme dan
522 urne. C’est un homme qui rencontre un autre homme dans sa situation concrète et ses habits de tous les jours, sa maladresse
523 ure, sa force ou sa faiblesse, touche à son terme dans le cœur d’un homme. Je dois à ces rencontres d’avoir pressenti quelqu
524 ne inquiétude constante — ce qu’il y a d’inhumain dans la plupart de nos habiletés littéraires, et au contraire ce qu’il y a
525 ittéraires, et au contraire ce qu’il y a d’humain dans certaines imprudences naïves — ce qu’il y a d’inutile dans la plupart
526 aines imprudences naïves — ce qu’il y a d’inutile dans la plupart de nos précautions oratoires, logiques ou mondaines, et ce
527 ondaines, et ce qu’il y a au contraire d’efficace dans l’affirmation pure et simple de thèses qui paraîtraient très difficil
528 rivain ce qui est solide et ce qui est artificiel dans ce qu’il écrit. Et cette critique directe, informulée, parfois dramat
529 sponsabilité de l’écrivain. Pour l’avoir négligée dans nos villes, au milieu des feuilletonistes et des snobs, nous en somme
530 tes et des snobs, nous en sommes arrivés à parler dans le vide, à ne parler qu’à ces lecteurs qui achètent les livres pour r
531 Combien de nos romanciers devraient être classés dans la catégorie des femmes à barbe et des veaux à deux têtes qu’on montr
532 instant de la séparation des eaux et de la terre, dans un chaos brillant d’où montent des vapeurs d’aube d’été. « Un vrai te
533 end les chiens. Toute la nuit, ils se sont battus dans la remise qui est juste au-dessous de notre chambre, et dans la cour,
534 ise qui est juste au-dessous de notre chambre, et dans la cour, et sur toutes les terrasses. Avec des cris et des râles pres
535 épond deux octaves au-dessus. Toujours ces luttes dans la remise. La chienne se traîne. La chatte est déjà grosse. Une puiss
536 e jusqu’à ce jour, la création tout entière gémit dans les angoisses de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement, mais
537 la gauche. (Car la droite n’ose pas dire son nom dans ce canton.) Les partis de gauche ont fait liste commune : cela s’appe
538 e drôles de gens. 6 mai La mort et les cérémonies dans le Gard La maison de Simard recèle un effrayant secret qu’on m’avait
539 i qui éveillera peut-être des réflexions fécondes dans l’esprit du lecteur philosophe. Déjà huit mois que nous sommes ici, e
540 ici, et combien de fois ne sommes-nous pas entrés dans la grande cuisine qui était, pensions-nous, tout leur logis — nous av
541 veillent à tour de rôle, ils sont venus discuter dans la remise qui est au-dessous de notre chambre, et leurs éclats de voi
542 e : ce sont les deux Simard qui font un grand feu dans la cour. Est-ce qu’ils la rôtissent ? On distingue des étoffes noires
543 Une visite de deuil, chez nous, ça doit se faire dans la cuisine. Aussi, je lui ai dit, à Fernann, il aurait dû venir chez
544 e lui ai dit : c’est bien ta fôte ! Ça aurait été dans votre maison qu’il y aurait eu un mort, je comprendrais, je n’aurais
545 ut-on pas laver la vaisselle quand il y a un mort dans la maison ? II faut bien continuer à vivre, et à manger, et à laver,
546 là ! S’ils avaient eu toute la peine que j’ai eue dans ma vie, moi, ça serait autrement, je vous assure ! Ils sont trop orgu
547  ! Ils sont trop orgueilleux, voilà ! Je me perds dans tout ce protocole. Je sens bien qu’il est inutile de leur demander de
548 t cessé d’opérer. Nous avons épuisé les environs, dans un rayon d’exploration normal — mettons deux à trois heures de marche
549 cassées. Une poule blanche se promène quelquefois dans la cour. Mais on m’assure que ces habitations sont délaissées depuis
550 tions sont délaissées depuis deux ans. Plus haut, dans la montagne, un autre mas dit « le Château ». C’est à l’orée d’un boi
551 orties. L’ensemble est imposant et comme démesuré dans ce paysage de vallons, de collines et de petits sommets rocheux. Soud
552 e. Il n’y a pas de route. On imagine de vivre là, dans un style colonial-moyenâgeux. On pourrait loger bien du monde. Des in
553 enez la multiplication ! cria l’abbé V. qui était dans la salle. 70. Que ne connaît pas le grand conférencier littéraire ou
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
554 l’on pouvait, chaque soir et chaque matin, écrire dans les journaux qui s’impriment quelques heures plus tard, exactement ce
555 fiée. » Nulle fiction ; un journal de méditations dans la vie, de rêves dans l’affreuse vie, où l’on condamne avec indiffére
556 ; un journal de méditations dans la vie, de rêves dans l’affreuse vie, où l’on condamne avec indifférence, et où tout le mon
557 es publiques, des bourgeois endormis, des malades dans les hôpitaux « qui ont des chemises de prisonniers » et « n’ont plus
558 ences, de misères médiocres, que quelques femmes, dans une église, présentent au pardon de Dieu. Il y a le refuge du rêve, t
559 te précise : « Des fragments de ce livre ont paru dans Esprit, septembre 1936. »
34 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
560 volonté de réintégration générale de la création dans son état d’innocence et de grâce, et il n’y aurait pas de poésie — ni
561 n pour prier, mais pour rêver…) Pourquoi retomber dans le poncif onirique 1925 ? Ce n’était pas la peine de lire Feuerbach,
35 1937, Esprit, articles (1932–1962). M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)
562 Ce sophisme consiste à enfermer les intellectuels dans le dilemme : pensée « pure » ou pensée « asservie » à l’action, caren
563 s trahisons, et affirme que la pensée doit entrer dans l’action, non pas « à son service », mais au service de la vérité. Le
564 les jeunes. Ceux-ci refusaient de se reconnaître dans le signalement qu’on leur attribuait. Cette tempête autour d’un verre
565 ttribuait. Cette tempête autour d’un verre d’eau, dans la salle étouffante de la rue Visconti, nous apprend tout de même que
36 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
566 ce qu’il conviendrait de donner à la littérature, dans Esprit , c’est une question qui se pose à nos lecteurs, parce que, s
567 i et de la place qu’il conviendrait de lui donner dans la cité, se trouve être posée à l’époque. Dans l’un et l’autre cas, e
568 er dans la cité, se trouve être posée à l’époque. Dans l’un et l’autre cas, et pour les mêmes raisons, les réponses varient
569 pose à nous sur ce point comme sur tant d’autres, dans la mesure où le personnalisme entend refaire un ordre humain qui soit
570 t actuantes si j’ose dire — de l’œuvre littéraire dans la communauté. Il n’y a pas, et il ne peut y avoir encore une école l
571 ent…) Pour l’instant, nous ne pouvons que militer dans une direction générale qui se précisera par les obstacles mêmes que n
572 par le surréalisme. Littérature présente au monde dans lequel et contre lequel elle s’édifie. Je ne pense pas qu’il soit sou
573 » très divers que nous inaugurons avec ce numéro. Dans cette perspective générale, que l’on verra se préciser ou se ramifier
37 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
574 )as Je ne pense pas qu’il soit utile de parler dans Esprit de tout ce qui vient de paraître, sous prétexte que c’est « im
575 uestions personnelles qu’il formule admirablement dans sa préface. Morceau brillant, disert, d’une élégance trop aisée, mais
576 naissance, etc. » Ailleurs il parle d’une préface dans laquelle Swedenborg aurait expliqué « comment il a glissé de la scien
577 rait expliqué « comment il a glissé de la science dans le mysticisme ». Enfin, l’on ne voit pas du tout en quoi la logomachi
578 genre de visions qui sont loin d’être rares, même dans des états psychiques normaux. » (?) Ou : « Il est infiniment probable
579 responsabilité, identité, ou vocation distincte. Dans la mesure où cet effort est réel et aboutit — ce qui est encore une q
580 enborg était luthérien72, comme Hamann) ait suivi dans l’ensemble cette deuxième voie. Sans doute aurions-nous ici une très
38 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
581 poser des questions, et de jouer le scepticisme, dans un pays où tant de choses vont de soi. Il nous faut un homme comme Ra
582 nt au contraire les fondements mêmes de notre vie dans la cité, de notre existence comme « Suisses ». Ils affectent nos tabo
583 interprétation désobligeante soit toujours fausse dans le fait. Mais on peut et on doit concevoir une tout autre forme d’exi
584 rplus le droit de faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne contribue guère à nous donner
585 r un sens actif de nos chances et de nos destins, dans une époque où des choses plus anciennes et plus grandes que notre sta
586 Guillaume d’Orange, jouer un rôle de premier plan dans l’équilibre européen. Et quand bien même il serait démontré que la Su
587 plement parce qu’il possède des coupons de papier dans une banque, ses droits sont ressentis comme des abus. Ils cessent dès
588 nt73 paraît souvent bien somnolente. Trop assurés dans un statut dont les commodités sont surtout matérielles, et les obliga
589 ent les faits d’avoir à repenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’Europe. Il est fatal que ces dilemmes se multip
590 convergence finale des faits que l’on a rappelés dans ce numéro, des questions qu’on y a posées, des thèses qu’on y a soute
591 la confiance de Liehburg, tout indique et appelle dans ces pages une seule et même réalité, qui est la réalité fédéraliste.
592 et commun à toutes les nations ; étant eux-mêmes dans la mesure où ils sont cela, dans la mesure où ils existent pour l’ens
593 étant eux-mêmes dans la mesure où ils sont cela, dans la mesure où ils existent pour l’ensemble, — voilà les Suisses, grand
594 fédérée dont elle prouve la réalité en assemblant dans un État nos trois plus grandes civilisations, la germanique, la latin
595 n de cantons, découlent des conséquences précises dans les ordres les plus divers. Je voudrais en marquer quelques-unes en l
596 que la traduisent nos journaux — et spécialement dans les cantons romands — est en contradiction constante avec notre neutr
597 ette neutralité. Elle se permet de prendre parti, dans les questions de politique étrangère, ou de politique intérieure du v
598 stement sur le fait que nous étions seuls à juger dans une perspective européenne. (Nos trois cultures nous y préparaient, n
599 La culture. D’autres en ont parlé plus longuement dans ce numéro. Je ne l’envisage ici que sous l’angle particulier de nos r
600 lectuels à l’endroit de ce qui est « germanique » dans notre vie confédérale. Réaction de faiblesse, et néfaste à un double
601 rt nous y perdons ce qui fait notre valeur propre dans la culture de langue française ; et d’autre part, en nous refusant au
602 us favorable. Mais il faudrait savoir l’envisager dans sa grandeur, sans crispation de méfiance ou de timidité ; dans une vo
603 eur, sans crispation de méfiance ou de timidité ; dans une volonté de synthèse, et non point dans la crainte perpétuelle de
604 dité ; dans une volonté de synthèse, et non point dans la crainte perpétuelle de n’aboutir qu’à des mélanges bâtards. Notre
605 hoses à faire. Elles ont été grandes tour à tour, dans la musique ou la peinture, la poésie ou la philosophie. Et peut-être
606 -nous jamais aussi grands qu’aucune d’entre elles dans aucun de ces domaines particuliers. Mais notre grandeur est ailleurs 
607 iers. Mais notre grandeur est ailleurs : elle est dans l’harmonie intime, ou dans l’opposition tragique à l’intérieur d’une
608 st ailleurs : elle est dans l’harmonie intime, ou dans l’opposition tragique à l’intérieur d’une même « personne », des voca
609 ce serait le péché même d’idolâtrie qui consiste dans son principe à adorer les instruments d’un culte, oubliant le dieu qu
610 niveau de l’instruction publique, nous étouffons dans le moyen ; mais au niveau de la vraie culture, nous pouvons être les
611 au concret, ou du moins à ce qu’on tient pour tel dans un pays où les valeurs intellectuelles passent plus qu’ailleurs pour
612 es par les habitants de la région sont absolument dans la ligne du fédéralisme réel78. Mais que valent dans le fait, dans le
613 s la ligne du fédéralisme réel78. Mais que valent dans le fait, dans le concret, ces justifications si convaincantes dans le
614 fédéralisme réel78. Mais que valent dans le fait, dans le concret, ces justifications si convaincantes dans le plan de notre
615 s le concret, ces justifications si convaincantes dans le plan de notre propre doctrine ? Armée démocratique, dit-on, milice
616 qu’on perd le sens des buts et du rôle de l’armée dans la cité. Il ne s’agit ici que de nuances dans l’atmosphère de notre p
617 mée dans la cité. Il ne s’agit ici que de nuances dans l’atmosphère de notre pays, mais il est important de les percevoir av
618 dre). Enfin cette espèce d’enthousiasme entretenu dans certains milieux79 autour de ce qu’on y appelle « le militaire » ne m
619 iment autonome. Le budget de la défense nationale dans un pays dont la vraie raison d’être est en fin de compte spirituelle,
620 hommes politiques, si réellement représentatifs, dans ce pays, de l’opinion moyenne des citoyens, ont retrouvé le sens de n
621 ourgeois craintif prête à ce terme. Nous partons, dans ce pays, d’un certain nombre de structures politiques et morales, et
622 ar nos écoles, la tentation de copier nos voisins dans les mœurs politiques et dans la presse, tout cela menace et compromet
623 e copier nos voisins dans les mœurs politiques et dans la presse, tout cela menace et compromet non seulement nos chances à
624 rande mission : s’il l’oublie, il étouffe bientôt dans le confort et l’asepsie morale. Mais qu’il reprenne conscience de cet
625 ée d’un État personnaliste. 79. La place occupée dans nos journaux par les moindres manœuvres de régiment ou de brigade stu
626 nverse, plus conforme à la hiérarchie des valeurs dans la cité. 81. Ce fut le cas en 1814-1815, lorsque les députés de la C
627 souffert de la grande politique des voisins. 82. Dans toutes les classes sociales, bien entendu ! at. Rougemont Denis de,
39 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
628 est un roman « courtois ». La courtoisie est née dans le Midi au xiie siècle, sous l’influence de l’hérésie cathare ou alb
629 l’œuvre d’un mauvais Démiurge, retenant les âmes dans les Ténèbres. La sexualité, loi des corps, est une entrave à l’envol
630 ue, dont le symbole était la « Dame des pensées » dans la lyrique des troubadours, suppose donc la chasteté, ou la non-posse
631 de mort », développera d’importantes conséquences dans les domaines les plus divers : mystique, littérature, guerre, mariage
632 s « profané » par la littérature) que l’on décrit dans le présent chapitre. On s’est efforcé de remédier par quelques notes
633 ion du mariage. Le jugement porté sur l’adultère, dans l’une et l’autre perspective, caractérise fort bien l’opposition. Aux
634 le, amour évidemment incompatible avec le mariage dans la chair, devait amener des confusions inextricables. Pour l’amateur
635 Tristan reste une faute parce qu’il est consommé dans la chair (et non point parce qu’il lèse le mariage), mais il se trouv
636 er et le remords, devient soudain vertu mystique ( dans le symbole), puis se dégrade (dans la littérature) en aventure troubl
637 ertu mystique (dans le symbole), puis se dégrade ( dans la littérature) en aventure troublante et attirante. ⁂ Je n’entends p
638 re, il faut avouer qu’elle joue un rôle restreint dans la vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens, l’état présent d
639 escents de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du mariage, mais en même temps se trouvent baigner dans une at
640 u mariage, mais en même temps se trouvent baigner dans une atmosphère romantique entretenue par leurs lectures, par les spec
641 t leurs finalités s’excluent. De leur coexistence dans nos vies surgissent sans fin des problèmes insolubles, et ce conflit
642 anarchie latente et de la composer symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais le m
643 ise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadres actuels. L’institution matrimoniale se fondait en effet su
644 saient ses « contraintes » — et c’est précisément dans le jeu de ces contraintes que le mythe de Tristan puisait ses moyens
645 d’argent, sont en train de passer au second plan dans les pays démocratiques, et par suite les problèmes individuels déterm
646 e la quasi-publicité du lit nuptial subsistèrent, dans certaines provinces, jusqu’en plein xviie siècle : on avait oublié l
647 et de socialiser l’acte du mariage, de l’intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie siècle, le thème du « 
648 onheur des époux.   3. — Contraintes religieuses. Dans la mesure où la conscience moderne comme telle sait encore distinguer
649 manqueront pas de se produire un jour ou l’autre dans la vie du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les modernes
650 ou de plaisanteries vaudevillesques. La fidélité dans le mariage paraît légèrement ridicule : elle prend figure de conformi
651 idée que l’on suppose commune aux deux conjoints dans le cas le plus favorable. Or s’il est assez difficile de définir en g
652 er. Car tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le monde de la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant
653 du dès qu’on veut le saisir. Il ne peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de
654 Il ne peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir : le
655 , ou la passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la rui
656 aire à être possédé, dépossédé, jeté hors de soi, dans l’extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — po
657 du rêve de Nerval, l’apparition d’une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’enfance : Blonde, aux yeux noirs, en ses
658 Blonde, aux yeux noirs, en ses habits anciens Que dans une autre existence peut-être J’ai déjà vue, et dont je me souviens…
659 t seul à voir belle, est présumé neurasthénique. ( Dans x années, on le fera soigner.) Certes, la standardisation des types d
660 emmes admis pour « beaux » se produit normalement dans chaque génération, de même que chaque époque de la mode préfère soit
661 t d’avance l’objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le mariage, si l’épouse ne ressemble pa
662 vec la passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage (ou le public) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cett
663 nellement fuyant, évanouissant et presque hostile dans un être, cela même qui invite à la poursuite et qui éveille l’avidité
664 at. On imagine différente la femme que l’on tient dans ses bras, on la déguise et on l’éloigne en rêve, on s’acharne à dépay
665 yser les sentiments qui sont en train de se nouer dans une durée étale et trop sereine. C’est qu’il faut recréer des obstacl
666 r et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la passi
667 inant sa maîtresse. (Balzac déjà donne la recette dans sa Physiologie du mariage.) Une innombrable et écœurante littérature
668 son secret, il n’est d’au-delà de la passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment nouveau de la poursuite d’app
669 elà de la passion que dans une passion nouvelle —  dans le tourment nouveau de la poursuite d’apparences toujours plus fugiti
670 r, ni de déchirements voluptueux. Il vit toujours dans l’immédiat, il n’a jamais le temps d’aimer — d’attendre et de se souv
671 il ne sait plus posséder ni plus aimer ce qu’il a dans le réel. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de la fidélit
672 ettre que la passion ruine l’idée même du mariage dans une époque où l’on tente la gageure de fonder le mariage, précisément
673 a plus rationnelle des relations entre les sexes, dans une société libérée des contraintes de classe et d’argent. D’autres e
674 out). Van de Velde ou Hirschfeld voient le remède dans une connaissance plus exacte et largement vulgarisée des phénomènes s
675 iles à concevoir, on craint d’attaquer le lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus solidement ancrées. On a p
676 presque de l’enfance, probablement sans précédent dans notre histoire européenne. Quant au mariage, il fut proprement balayé
677 irait les jeunes chefs bolchéviques, se traduisit dans la réalité par une généralisation de l’union libre, de l’avortement,
678 rait, bien à tort, entretenus par le capitalisme. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à la camarade Zetkin, le chef
679 ent utilitaires, collectivistes et eugéniques, et dans une atmosphère où les problèmes individuels tendaient à perdre toute
680 la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part des conséquences bien
681 res et artistiques, l’homosexualité très générale dans les associations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme, le déchaîne
682 lérisme, le déchaînement sadique des corps francs dans les pays baltes, les crimes dits « politiques » exécutés par des ligu
683 cience matrimoniale trouvera sa juste application dans l’esprit de Lycurgue et de Sparte : on en fera l’un des chapitres de
684 éficience sociale (ou sabotage) devra se réfugier dans le secret. Mais alors elle retrouvera pour s’exprimer dans un langage
685 ecret. Mais alors elle retrouvera pour s’exprimer dans un langage symbolique (ésotérique et d’extérieur rassurant) les éléme
686 ou politiques. Et l’aventure reprendra son départ dans une tension incalculablement plus forte que celle qui s’institua au x
687 a vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans les laboratoires. (à suivre)   Dans un second essai, qui paraîtra en
688 sible, naîtra dans les laboratoires. (à suivre)   Dans un second essai, qui paraîtra en octobre, on tentera de définir une f
689 e Padma. 90. C’est l’une des définitions d’Iseut dans la mythologie celtique. 91. L’Encyclique Casti connubii a répondu à
40 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
690 serait trop dire, mais un bon courant d’air passe dans les derniers numéros de ces cahiers. L’extrême droite qui ose dire so
691 dre ». Enfin M. Haedens demande que l’on remplace dans les manuels d’histoire littéraire Mme de Sévigné par Louise Labé, La
692 nte substitution du fauteuil académique au trône, dans la hiérarchie de ses vénérations). Une droite qui abandonne Boileau p
693 urnoise de l’opium se faisaient à peine remarquer dans le brouhaha parfaitement mesuré ». Drieu la Rochelle, rescapé de ce x
694 « douceur de vivre », en a gardé — tout au moins dans son style — la sécheresse aiguë, mais non l’exaltation, le cynisme im
41 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
695 crire la passion comme une entité historique, née dans un temps et dans des lieux déterminés, et sous des astres dont le cou
696 comme une entité historique, née dans un temps et dans des lieux déterminés, et sous des astres dont le cours est calculable
697 la passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, aux yeux du monde — et dans ce tort majeur, irrévocable, qu
698 isit d’être dans son tort, aux yeux du monde — et dans ce tort majeur, irrévocable, que signifie le choix de la mort. Et com
699 au démon que l’on fixe ? Pour attaquer la passion dans l’amour, il faudrait développer une violence spirituelle qui tue mieu
700 i veut être lui-même son dieu93. La passion brûle dans notre cœur sitôt que le serpent au sang-froid — le cynique pur — insi
701 divinisante, en lui « prouvant » qu’elle débouche dans sa perte ! En lui opposant toutes les raisons de la terre, et les con
702 hygiène. Il y a toutes les raisons de le prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique et sotériologie (lois de l’h
703 de la faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour moi, ici et ma
704 enant, le problème ne comporte pas d’échappatoire dans le temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un
705 aintenant, et après coup, tel que je le reconnais dans ma vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que je propose. Car ou
706 description par ce trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où la passion ne peut exister — et alors en parler n’est q
707 er — et alors en parler n’est qu’une farce — mais dans le choix qui détermine une existence. 2. Critique du mariage Si
708 ailleur qui rentre le soir, harassé, se retremper dans la paix familiale, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix, de l’a
709 de Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé (vierge ou marié)… usant du
710 n espoir à une perfection relative, à l’équilibre dans l’imperfection que représente le mariage. Alors, si je ne puis l’atte
711 dénoncent les romantiques, ou l’homme moral pris dans les rets sociaux, et incapable désormais de concevoir les vérités « c
712 considère alors l’équilibre imparfait du mariage dans une perspective ouverte et dans l’attente — heureuse ou malheureuse —
713 arfait du mariage dans une perspective ouverte et dans l’attente — heureuse ou malheureuse — du parfait. Je sais que je tent
714 me temps toute naturelle !) pour vivre le parfait dans l’imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte en lui-même
715 de prendre une décision : elle l’entretient ainsi dans l’illusion que le choix d’une femme dépend d’un certain nombre de rai
716 clites. À supposer que vous puissiez les calculer dans le présent (comme si leur nombre était fini), et que vous disposiez d
717 rationnel de ce terme. Certes, il y a du sophisme dans mon raisonnement : car tout se passe d’ordinaire comme si le bonheur
718 une garantie. Et la seule garantie concevable est dans la force de la décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute l
719 cision comme telle paraît secondaire ou superflue dans la mesure où l’on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul… D’où
720 ’une union raisonnable en apparences n’est jamais dans ces apparences. Elle est dans l’événement irrationnel d’une décision
721 rences n’est jamais dans ces apparences. Elle est dans l’événement irrationnel d’une décision prise en dépit de tout, et qui
722 do. « L’éthique ne commence pas, dit Kierkegaard, dans une ignorance qu’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui
723 une ignorance qu’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Ce n’est pas l’engagement qui e
724 savantageuse pour le « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur langage, la fidélité conjugale est le succès d’un effort « inhum
725 pas de contradiction profonde, nous l’avons vu95. Dans les deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout engagement concret,
726 96, une attitude fondamentale de créateur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse de fidélité introduit une chance de f
727 mariage est le type même de l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour toutes. Seul l’irrévocable
728 détient sa chance immédiate de grandeur, et c’est dans la fidélité « absurde » qu’elle pourra la réaliser : quand il y aurai
729 i que rien ne compense la perte : nous sommes ici dans un ordre de grandeur où nos mesures et nos équivalences n’ont plus co
730 , ne serait-ce pas simplement celui qui a reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’amant de la légende manichéenne a trav
731 négation sans retour de la vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engagement absolument pris pour ce mon
732 fidélité courtoise ne signifiait qu’une évasion. Dans le mariage, c’est à l’autre d’abord, et non pas à son moi d’abord, qu
733 fus, une volonté d’exclure et de nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’âme, la fidélité des ép
734 ure, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son intime singularité. Insistons : la fidélité dans le mariage ne pe
735 s son intime singularité. Insistons : la fidélité dans le mariage ne peut pas être cette attitude négative qu’on imagine hab
736 rsonne. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie nat
737 uit, c’est-à-dire du moi glorifié. L’amour fidèle dans le mariage chrétien témoigne que la volonté de Dieu, même quand elle
738  ; et son aboutissement suprême, c’était la chute dans l’illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, les visages,
739 ore une menace. (Il y a toujours une telle menace dans l’échange de plaisir d’une « liaison ». Mais les modernes savent-ils
740 té, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa pleine stature : il est l’affirmation de l’être. Et c’est Éros, l’
741 os, l’amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dans notre monde occidental le poison de l’ascèse idéaliste — et tout ce q
742 t qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le désespoir d’Éros, sa servit
743 tre adorée, ni même tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance à l’Éternel. Voilà le sens de la Révélation ; l’au-delà
744 condamné à croire Éros, c’est-à-dire à se confier dans son désir le plus puissant, à lui demander la délivrance. Et l’Éros n
745 97. Et il retrouve sa juste place, et vivifiante, dans l’économie provisoire de la Création, de l’humain. Le païen ne pouvai
746 t le Désir. Toutes cherchent un appui et un salut dans le Désir, qui devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la
747 Le salut n’est plus au-delà, toujours plus haut, dans l’ascension interminable du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, d
748 inable du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du dé
749 t c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde justement sur le refus initia
750 ue, l’homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce corps intéressant ou désirable, seulement ce g
751 qu’elle s’abolisse jamais sans laisser de traces dans le cœur d’un homme moderne — du moins perd-elle son efficace : ce n’e
752 typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’état de fatigue générale, et sexuellement localisée, que le corps s
753 ller à des « rapprochements » idiots. Par contre, dans un état normal du corps et de l’esprit, le risque de coup de foudre e
754 vision d’un certain nombre de jugements courants, dans le domaine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture
755 dans le domaine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philosophie. Au terme de cet essai, il s
756 e orientale. Cette hérésie s’est répandue d’abord dans les contrées les moins christianisées, précisément, là où les religio
757 Romains 8), et qui tendrait à restaurer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La volonté chrétienne de tr
758 ? La volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idée de transfor
759 étienne de transformer le pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idée de transformer le milieu hu
760 , et ce qui a introduit de fait une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre géni
761 ident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre histoire et nos cultures qu’à partir des xiie et xiiie siècle
762 amisme change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude religieuse des Occidentaux, et dans l’institution la plus
763 te dans l’attitude religieuse des Occidentaux, et dans l’institution la plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera
764 riental par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La
765 ité. La sagesse orientale cherche la connaissance dans l’abolition progressive du divers. Nous, nous cherchons la densité de
766 divers. Nous, nous cherchons la densité de l’être dans la personne distincte, sans cesse approfondie comme telle. « D’autant
767 , et donc de l’incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde tel qu’il est, et non poi
768 écadence occidentale. Il en est d’autres, certes, dans les domaines les plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’éva
769 urd’hui tant de fronts ? Notre vie ne se joue pas dans l’au-delà temporel, mais dans les décisions toujours actuelles qui fo
770 vie ne se joue pas dans l’au-delà temporel, mais dans les décisions toujours actuelles qui fondent notre fidélité. Quoi qu’
771 se », mais l’obéissance est toujours hic et nunc, dans l’acte de l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflex
772 nde. ⁂ Deux thèmes de réflexion, amorcés çà et là dans ces pages, pourront en constituer la conclusion ouverte. J’ai tenté d
773 Pour cet homme-là le seul progrès concevable est dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel. Mais
774 le est dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel. Mais au-delà de la passion vécue jusqu’à l’impas
775 is esquisser indiquent deux voies de dépassement, dans la ligne de cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent à tout
776 l’amour infini, devra marcher maintenant et vivre dans le monde comme s’il n’avait pas d’autre tâche ni plus urgente ni plus
777 onnête bourgeois. Et pourtant « il a tout renoncé dans une infinie résignation, et s’il a tout ressaisi par la suite, c’est
778 est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une telle correction et une telle certitude qu’il
779 n et une telle certitude qu’il retombe sans cesse dans le fini, et qu’on ne remarque en lui rien que de fini108… » Ainsi l’e
780 lle est bien plus que royale, elle est divine. Et dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel
781 aard ne parvint à « ressaisir » le monde fini que dans la conscience de sa perte, infiniment féconde pour son génie ; il ne
782 té la plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans la vocation vraiment unique du Solitaire, le secret de son échec huma
783 re vocation, épousent Régine, et la passion revit dans leur mariage, mais alors « en vertu de l’absurde ». Et ils s’étonnent
784 met de l’ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît
785 n que son amour ne veuille, elle est une avec lui dans la dualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. E
786 lus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’acte même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, n
787 r, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née d
788 t alors le mariage est possible. Nous sommes deux dans le contentement. ⁂ Une dernière fois pourtant nous reprendrons un par
789 e vérité meilleure. Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat de la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux
790 arquable essai de R. de Pury : « Éros et Agapè », dans le recueil collectif intitulé Problèmes de la sexualité (collection «
791 ns où je le prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité d’une personne. La personne selon la fameuse défi
792 sion est admirablement défini par ce petit livre, dans ses données actuelles, psychologiques. 103. À partir de cette règle
793 e du travail indigne de l’homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de l’Europe, p. 113.
794 dent , plus encore que des deux fragments publiés dans Esprit. 107. Malgré les tentatives multiples d’explication « moderne
42 1938, Esprit, articles (1932–1962). Suite à « La passion contre le mariage » (décembre 1938)
795 décembre 1938)az Nous annoncions deux lettres dans notre dernier numéro. Une erreur de montage a fait sauter la seconde
43 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
796 D’une critique stérile (mai 1939)ba Dans un certain sens, et aujourd’hui, nul n’est plus mal placé que les per
797 Ils ont écrit et dit tout cela, avant les autres, dans Esprit et dans L’Ordre nouveau . Ils étaient les premiers à le dir
798 dit tout cela, avant les autres, dans Esprit et dans L’Ordre nouveau . Ils étaient les premiers à le dire. Et l’on pensai
799 le mouvement ait péché par défaut de radicalisme dans sa critique négative. Mon expérience des groupes et des congrès pers
800 rtis. 4. On garde le secret désir — avoué parfois dans le feu de la discussion, lors d’un congrès — de constituer enfin un v
801 auvais non point parce qu’ils sont trop puissants dans l’État, mais parce qu’ils n’ont aucune puissance véritable, créatrice
802 tous les citoyens. 19. Tout parti est totalitaire dans son essence, et préfigure l’État totalitaire, brutal et stérilisant.
803 l’incapacité essentielle des partis à collaborer dans l’État : au lieu de se complémenter, ils s’excluent, chacun prétendan
804 ent. 28. La critique des partis n’est stérile que dans la mesure où elle n’est pas radicale. ba. Rougemont Denis de, « D’
44 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
805 ont, avec ceux ou plutôt celui que vous critiquez dans un rapport quelque peu équivoque, qu’il m’importe d’élucider. Vous me
806 contre vous. Je le dis pour situer vos critiques dans l’esprit de votre lecteur — et du mien. Car en fait, je ne prétends n
807 nullement que mon livre soit un livre d’histoire, dans ce sens « critiquable » du terme. Ce n’est pas même de l’histoire lit
808 n mesure de la reconnaître là où elle est apparue dans le passé, et là où elle sévit dans le présent. Croyez bien qu’en tant
809 le est apparue dans le passé, et là où elle sévit dans le présent. Croyez bien qu’en tant qu’interprète et théologien de l’h
810 ien de l’histoire, je n’ai pas été sans découvrir dans votre article une faculté d’interprétation créatrice au moins égale à
811 r ce point seul porte ma décision. Tout le reste, dans la perspective de mon ouvrage, ne pouvait être que littérature (la pl
812 t pas synonyme.) Et même dissonant, s’il le faut. Dans ma dissonance obstinée, je considère que le chrétien, c’est un homme
813 « trop humain », de sous-humain dirai-je plutôt, dans tout ce que l’on appelle l’Humain, et qui ne l’est plus depuis la Chu
814 oir si ce n’est pas là, précisément la solidarité dans le péché, l’irrémédiable « consonance » dont un miracle seul peut nou
815 rquoi vous y tenez tant. Je crois voir la réponse dans votre conclusion. Et force m’est alors de reconnaître qu’à l’origine
816 première. (J’avais été tenté de citer l’anecdote dans mon livre.) Placée comme cela, en conclusion de votre article, cette
817 t écrasante pour ma thèse. Seulement, nous sommes dans le monde concret de la chute, le monde des vérités secondes, équivoqu
818 vérités secondes, équivoques, mêlées de mensonge. Dans ce monde concret, il n’est pas vrai que tout amour tende vers Dieu. I
819 loin de le sublimer, lui redonnera sa juste place dans l’humain. Ma thèse centrale présentée de la sorte — n’est-ce pas asse
820 présentée de la sorte — n’est-ce pas assez clair dans mon livre ? — me direz-vous encore que vous êtes « plutôt contre » ?
821 nsistez sur la nécessité d’englober toute réalité dans une synthèse transcendante, de tout sauver. Protestant, j’insiste d’a
822 e développement de quelques indications formulées dans Penser avec les mains . Indications que j’ai d’ailleurs retrouvées à
823 ie de l’historien !) 109. Je lisais hier encore dans une étude de Lucien Febvre : « La méthode de l’historien, c’est parti
824 historien, c’est partir des faits… modestement ». Dans la mesure où c’est réellement « modeste », — très bien. 110. Un de m
825 ougemont et Davenson, après la note de ce dernier dans Esprit d’avril, nous a paru propre à intéresser nos lecteurs. Voici d
45 1946, Esprit, articles (1932–1962). « Un divorce entre le christianisme et le monde ? » (août-septembre 1946)
826 s s’en apercevoir, et c’est le risque qu’il court dans les périodes où les choses ont l’air de bien marcher. Voilà pour ma r
46 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
827 de ce produit utile et hygiénique. S’il y a crise dans la fabrication et dans la répartition de l’article, nous étudions deu
828 hygiénique. S’il y a crise dans la fabrication et dans la répartition de l’article, nous étudions deux questions, et prenons
829 ntes interruptions de la jeune garde. Les partis, dans les commissions du Congrès et du Sénat, se sont bornés à des échanges
830 st-à-dire vidange des responsabilités — et repart dans une politique nécessairement improvisée, puisqu’il a reçu ses pouvoir
831 leurs très facile, me semble-t-il. Soyez honnêtes dans les négociations, comme le fut votre Herriot, que nous respectons. Et
832 re préventive, mais elle l’accepterait sans doute dans le cas d’un nouveau Pearl Harbor. Quant à l’autre moitié, elle ne dem
833 pied. Ils ont les cheveux noirs, attention. Mais dans trois de leurs États, les dernières élections se sont passées presque
834 s témoignent de l’esprit et de sa présence active dans une culture. Les meilleurs d’entre nous les ont encore, tandis que le
835 aussitôt rassuré. Mais un fait n’est qu’un signe dans une équation, une lettre ou une virgule dans une phrase, on ne peut l
836 igne dans une équation, une lettre ou une virgule dans une phrase, on ne peut le lire qu’avec tout le contexte. S’en tenir a
837 est vrai que la conscience s’éveille généralement dans la douleur, mais ils préfèrent l’anesthésie. Aussi n’ont-ils pas de p
838 ls s’entourent d’objets polis, luisants, emballés dans de la cellophane, qui n’offrent plus d’aspérités et ne posent plus au
839 lques privations ont causé les premières fissures dans cet édifice d’inconscience que chacun s’ingéniait à rendre étanche, —
840 files par principe, à observer les règles du jeu dans la mesure où elles sont raisonnables, à faire crédit, à payer nos imp
841 valeur créatrice d’un certain gaspillage lyrique, dans tous les domaines de la vie ; car notre économie minutieuse des moyen
842 erté. Car il n’est de liberté réelle qu’en avant, dans tous les ordres, à chaque instant, — si l’on veut bien y réfléchir en
47 1948, Esprit, articles (1932–1962). Thèses du fédéralisme (novembre 1948)
843 yse sociologique assez grossière suffit à révéler dans tout le continent une sorte de clivage et un double tropisme. Les mas
844 et un double tropisme. Les masses industrielles, dans leur partie active, regardent vers la Russie, et les grands hommes d’
845 s actifs d’entre nous ont émigré. La bourgeoisie, dans son ensemble, se contente d’un double refus de la Russie et de l’Amér
846 Il n’y a de paix et donc d’avenir imaginable que dans l’effort pour instaurer un vrai gouvernement mondial. Et le monde, po
847 ts de races, de langues et de religions sclérosés dans le nationalisme et le problème des minorités. Et surtout, il peut dép
848 ous ordres (politiques aussi bien qu’économiques) dans un corps, non dans un carcan. Ce qui est la politique par excellence,
849 ues aussi bien qu’économiques) dans un corps, non dans un carcan. Ce qui est la politique par excellence, n’en déplaise aux
850 mocratique tendant vers l’anarchie, et débouchant dans le désordre, lequel prépare toujours la tyrannie. À l’homme considéré
851 me personne, à la fois libre et engagé, et vivant dans la tension entre l’autonomie et la solidarité, correspond le régime f
852 cours prononcés par Denis de Rougemont, et réunis dans L’Europe en jeu . Ils sont reproduits ici dans le cadre d’un numéro
853 s dans L’Europe en jeu . Ils sont reproduits ici dans le cadre d’un numéro spécial d’Esprit sur le thème « Les deux visages
48 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
854 e et l’Europe » (mai 1962)bk bl Vous constatez dans votre numéro de mars que lorsque Sartre attaque l’Europe « au fond, i
855 jurie Sartre, mais du rôle de l’Europe historique dans le monde, et notamment des tâches dont elle est responsable — au sens
856 lusion, intitulé « Sartre contre l’Europe », paru dans Arts le 17 janvier 1962, est également reproduit dans Les Chances de
857 Arts le 17 janvier 1962, est également reproduit dans Les Chances de l’Europe .