1 À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932 )a Le numéro « exceptionnel » du 8 septembre de Candide nous apport

2 (octobre 1932)a Le numéro « exceptionnel » du 8 septembre de Candide nous apporte, pour l’anniversaire de la Marne, l

3 32)a Le numéro « exceptionnel » du 8 septembre de Candide nous apporte, pour l’anniversaire de la Marne, la mesure de c

4 mbre de Candide nous apporte, pour l’anniversaire de la Marne, la mesure de ce qu’on pourrait appeler la politique des « l

5 porte, pour l’anniversaire de la Marne, la mesure de ce qu’on pourrait appeler la politique des « laquais de forges ». On

6 qu’on pourrait appeler la politique des « laquais de forges ». On nous entendra. Six grandes pages de dessins inspirés à M

7 ique des « laquais de forges ». On nous entendra. Six grandes pages de dessins inspirés à M. Hermann-Paul par l’actualité (

8 de forges ». On nous entendra. Six grandes pages de dessins inspirés à M. Hermann-Paul par l’actualité (peut-être même fa

9 es peignant « chez nous » — d’après ses souvenirs d’ avant-crise sans doute — ne parvient pas à égaler les célèbres galipet

10 il se surpasse et qu’il surpasse, mais il y a mis 16 ans — les plus fameux produits des services de propagande officieuse.

11 is 16 ans — les plus fameux produits des services de propagande officieuse. M. Marcel Hutin n’a qu’à bien se tenir. La réu

12 r. La réussite est si complète qu’on se sent pris de malaise. Voyons, sommes-nous encore en 1916 ? s’agit-il encore de rev

13 nt pris de malaise. Voyons, sommes-nous encore en 1916  ? s’agit-il encore de revanche ? S’agit-il encore de « faire durer le

14 ns, sommes-nous encore en 1916 ? s’agit-il encore de revanche ? S’agit-il encore de « faire durer le plaisir » jusqu’au bo

15 ? s’agit-il encore de revanche ? S’agit-il encore de « faire durer le plaisir » jusqu’au bout et à tout prix ? Au niveau

16 pendules et violé pour le moins une chaste fille de Montmartre. C’est une conception de Français né paillard, décoré, et

17 chaste fille de Montmartre. C’est une conception de Français né paillard, décoré, et qui ne sait pas la géographie. Il fa

18 éographie. Il faut tout de même que nos camarades de la jeunesse allemande, qui s’en inquiètent à juste titre, sachent ce

19 t ce que nous pensons des manifestations récentes de l’état d’esprit candidard : les dessins, et plus encore les légendes

20 didard : les dessins, et plus encore les légendes de M. Hermann-Paul sont d’une imbécillité proprement répugnante et qu’il

21 plus encore les légendes de M. Hermann-Paul sont d’ une imbécillité proprement répugnante et qu’il faudrait qualifier de c

22 proprement répugnante et qu’il faudrait qualifier de criminelle si elle n’était avant tout veule, plate et sénile, au poin

23 était avant tout veule, plate et sénile, au point de perdre toute efficacité dès la 2e page. Il semble que M. Paul s’adres

24 énile, au point de perdre toute efficacité dès la 2e page. Il semble que M. Paul s’adresse exclusivement à ce bourgeois au

25 chaque semaine, non sans sadisme, dans l’exercice de cette avarice ou de cette férocité spéciales décrites par Léon Bloy.

26 sans sadisme, dans l’exercice de cette avarice ou de cette férocité spéciales décrites par Léon Bloy. Joli monde, comme di

27 e, comme disent les échotiers. Remercions Candide d’ avoir poussé les choses assez loin pour que la seule « réaction » poss

28 ssez loin pour que la seule « réaction » possible de tout ce qu’il y a d’honnête dans son public soit à coup sûr d’écœurem

29 seule « réaction » possible de tout ce qu’il y a d’ honnête dans son public soit à coup sûr d’écœurement et de mépris, dev

30 ’il y a d’honnête dans son public soit à coup sûr d’ écœurement et de mépris, devant cette déjection, grassement payée mais

31 e dans son public soit à coup sûr d’écœurement et de mépris, devant cette déjection, grassement payée mais qui peut coûter

32 ayée mais qui peut coûter cher à ses producteurs, de la haine qui se bat les flancs. a. Rougemont Denis de, « À l’index

33 aine qui se bat les flancs. a. Rougemont Denis de , « À l’index (Première liste) : Candide  », Esprit, Paris, octobre 19

34 mière liste) : Candide  », Esprit, Paris, octobre 1932, p. 194-195.

35 On oubliera les juges (novembre 1932 )b c Une pensée débrayée, une action anarchique, voilà bien notre m

36 monde. Mais une pensée qui n’agit pas n’est plus de la pensée ; une action qu’on ne « pense » pas ne peut pas être créatr

37 re créatrice. En tant que révolutionnaires, c’est de ce point de vue central et seul efficacement critique que nous devons

38 itique que nous devons envisager les perspectives de la vie publique et privée, dans l’état où se trouve la France en 1932

39 et privée, dans l’état où se trouve la France en 1932. Est-ce à dire qu’il faille entreprendre une description méthodique de

40 ndre une description méthodique des circonstances de notre vie concrète, à seule fin d’en démontrer l’absurdité latente et

41 circonstances de notre vie concrète, à seule fin d’ en démontrer l’absurdité latente et souvent manifeste ? Ce serait fair

42 monde, que nous refusons. Mais il peut être utile d’ en dégager ce que l’on appellerait l’équation de décadence, dans certa

43 e d’en dégager ce que l’on appellerait l’équation de décadence, dans certains cas où cette absurdité essentielle, cette mo

44 le, cette mortelle, cette officielle dissociation de la pensée et de l’action apparaît particulièrement flagrante. C’est à

45 le, cette officielle dissociation de la pensée et de l’action apparaît particulièrement flagrante. C’est à ce titre et sou

46 rubrique au premier numéro, suggérait une méthode d’ « observation affectueuse » des vies privées. Ah oui ! si la Révolutio

47 mande, dans le monde tel qu’il est, n’est-ce pas, d’ une façon plus urgente, « l’observation révolutionnaire » de nos compo

48 n plus urgente, « l’observation révolutionnaire » de nos comportements ? ⁂ Une conviction intime et péremptoire s’élabore

49 péremptoire s’élabore et s’impose dans le silence d’ une vie : la loi de Dieu s’oppose à cette loi des hommes qui veut qu’o

50 re et s’impose dans le silence d’une vie : la loi de Dieu s’oppose à cette loi des hommes qui veut qu’on tue. Une décision

51 peut-être pour la première fois, dans la solitude d’ une chambre la nuit, — si c’est le lieu de sa prière. Les faits l’atte

52 olitude d’une chambre la nuit, — si c’est le lieu de sa prière. Les faits l’attendent : elle les juge. (Elle les avait jug

53 ’attendent : elle les juge. (Elle les avait jugés d’ avance.) Et maintenant ils prennent leur revanche, dans la laideur de

54 enant ils prennent leur revanche, dans la laideur de cette salle que le président de la Cour s’obstine à nommer pompeuseme

55 , dans la laideur de cette salle que le président de la Cour s’obstine à nommer pompeusement « cette enceinte ». Une salle

56 ement « cette enceinte ». Une salle carrée, laide de cette laideur pauvre et presque abstraite qui symbolise assez bien le

57 que abstraite qui symbolise assez bien le régime. Quatre gaillards en uniforme, vautrés sur un banc qui la divise par le milie

58 ent des cigarettes en taquinant du pied la crosse de leur fusil (baïonnette au canon). On a parqué le public dans le fond 

59 s casquettes. La cour fait son entrée — maniement d’ armes — dépose sur la table sabres et képis, s’assied pour écouter : t

60 s et képis, s’assied pour écouter : tout est jugé d’ avance. Deux heures durant, quelques pasteurs et quelques écrivains vo

61 , s’assied pour écouter : tout est jugé d’avance. Deux heures durant, quelques pasteurs et quelques écrivains vont faire app

62 ux principes suprêmes (c’est-à-dire fondamentaux) de l’éthique, devant huit officiers corrects qui n’ont jamais rien enten

63 (c’est-à-dire fondamentaux) de l’éthique, devant huit officiers corrects qui n’ont jamais rien entendu de pareil, ainsi qu’

64 officiers corrects qui n’ont jamais rien entendu de pareil, ainsi qu’en témoignent leurs visages anonymes. Ils n’auront p

65 t pas à s’exprimer, d’ailleurs, sinon par la voix de leur président, et la mimique d’un jeune aviateur, dont la mâchoire f

66 inon par la voix de leur président, et la mimique d’ un jeune aviateur, dont la mâchoire furieuse remâche une incompréhensi

67 oire furieuse remâche une incompréhensible colère de fauve en cage — mais il n’y a pas de cage. Et chacun sait qu’au bout

68 sible colère de fauve en cage — mais il n’y a pas de cage. Et chacun sait qu’au bout du compte il y aura un an de prison p

69 chacun sait qu’au bout du compte il y aura un an de prison pour ce garçon sérieux et maître de lui, qui sourit parfois do

70 un an de prison pour ce garçon sérieux et maître de lui, qui sourit parfois doucement derrière ses lunettes d’écaille. C’

71 ui sourit parfois doucement derrière ses lunettes d’ écaille. C’est lui qui juge, ayant pesé son acte. Les autres appliquen

72 Je ne suis même pas pacifiste. Eussè-je été tenté de le devenir qu’il m’eût été difficile de persister après le réquisitoi

73 été tenté de le devenir qu’il m’eût été difficile de persister après le réquisitoire du Commissaire du gouvernement. Non p

74 classe, quoi qu’il en pense, dans cette phalange de rhéteurs qui va de Jaurès à Sangnier ; car c’est, vous m’entendez, « 

75 en pense, dans cette phalange de rhéteurs qui va de Jaurès à Sangnier ; car c’est, vous m’entendez, « au nom de la cause

76 est, vous m’entendez, « au nom de la cause sacrée de la paix » que ce brave officier réclama pour Martin le maximum de la

77 ce brave officier réclama pour Martin le maximum de la peine, non sans avoir cité une pensée de Pascal en l’attribuant à

78 ximum de la peine, non sans avoir cité une pensée de Pascal en l’attribuant à Pasteur. On peut n’être pas difficile : on t

79 le vif du débat — à savoir si Martin, « objecteur de conscience », a donné par son acte la preuve d’une obéissance à Dieu

80 r de conscience », a donné par son acte la preuve d’ une obéissance à Dieu qui devrait être celle de tout croyant ; ou s’il

81 ve d’une obéissance à Dieu qui devrait être celle de tout croyant ; ou s’il a seulement manifesté sa vocation particulière

82 ait dégager ici quelques constatations dépourvues de subtilité. 1° L’ensemble de cette oppressante cérémonie fit voir à l’

83 i quelques constatations dépourvues de subtilité. 1° L’ensemble de cette oppressante cérémonie fit voir à l’évidence, une

84 statations dépourvues de subtilité. 1° L’ensemble de cette oppressante cérémonie fit voir à l’évidence, une fois de plus,

85 le monde fabriqué pour leur usage par les hommes de ce temps est à tous points de vue le plus irrespirable à l’homme. 2°

86 ous points de vue le plus irrespirable à l’homme. 2° Les fondements idéologiques de ce monde sont morts ou n’en valent guè

87 pirable à l’homme. 2° Les fondements idéologiques de ce monde sont morts ou n’en valent guère mieux, tant ils sont enrobés

88 ou n’en valent guère mieux, tant ils sont enrobés de crasse hypocrisie par la bureaucratie bourgeoise et militaire qu’ils

89 gitimement. Il fallait voir comment ces Messieurs de la Cour accueillaient certaines tirades sur le fameux principe de la

90 illaient certaines tirades sur le fameux principe de la liberté de conscience. Cela prenait « dans cette enceinte » un pet

91 ines tirades sur le fameux principe de la liberté de conscience. Cela prenait « dans cette enceinte » un petit air anarcho

92 t air anarcho ou pleurard… Et l’on parla pourtant de la conscience morale. On en parla, bien sûr, comme d’une de ces céléb

93 a conscience morale. On en parla, bien sûr, comme d’ une de ces célébrités respectables et séniles dont le nom sert encore

94 cience morale. On en parla, bien sûr, comme d’une de ces célébrités respectables et séniles dont le nom sert encore de rec

95 s respectables et séniles dont le nom sert encore de recommandation (pour ceux qui croient aux « relations »). Cette vertu

96 ïque et démodée, confectionnée par les idéologues de la Troisième République, a gardé parmi nous quelque prestige. Un je n

97 é parmi nous quelque prestige. Un je ne sais quoi de rassurant et d’avouable, qui fait qu’on invoque son nom dans tous les

98 lque prestige. Un je ne sais quoi de rassurant et d’ avouable, qui fait qu’on invoque son nom dans tous les cas où il s’agi

99 son nom dans tous les cas où il s’agit en vérité de conscience de classe, de conscience bourgeoise. Mais qu’elle se mêle

100 tous les cas où il s’agit en vérité de conscience de classe, de conscience bourgeoise. Mais qu’elle se mêle un jour de s’a

101 s où il s’agit en vérité de conscience de classe, de conscience bourgeoise. Mais qu’elle se mêle un jour de s’affirmer par

102 nscience bourgeoise. Mais qu’elle se mêle un jour de s’affirmer par une personnalité, et par là même de ne plus coïncider

103 e s’affirmer par une personnalité, et par là même de ne plus coïncider avec les intérêts, les habitudes de la classe, et l

104 e plus coïncider avec les intérêts, les habitudes de la classe, et la voilà jugée, raillée, emprisonnée — accusée d’attent

105 et la voilà jugée, raillée, emprisonnée — accusée d’ attenter à la « cause sacrée de la paix ». Anti-personnalisme de l’éth

106 risonnée — accusée d’attenter à la « cause sacrée de la paix ». Anti-personnalisme de l’éthique bourgeoise. 3° Les actes p

107 a « cause sacrée de la paix ». Anti-personnalisme de l’éthique bourgeoise. 3° Les actes politiques déduits par accident de

108 ix ». Anti-personnalisme de l’éthique bourgeoise. 3° Les actes politiques déduits par accident des principes fondamentaux

109 rmelle avec les actes juridiques déduits par voie de faits — si l’on peut dire — des mêmes principes. Sangnier devait rele

110 leurs mettent en prison Martin parce qu’il refuse de faire la guerre. (Ça n’est pas tout à fait des mêmes braves gens qu’i

111 fait des mêmes braves gens qu’il s’agit dans les deux cas, mais c’est du même état, qu’ils tolèrent.) 4° Il n’y a qu’un rap

112 x cas, mais c’est du même état, qu’ils tolèrent.) 4° Il n’y a qu’un rapport de trahison entre les idéaux pour lesquels nou

113 état, qu’ils tolèrent.) 4° Il n’y a qu’un rapport de trahison entre les idéaux pour lesquels nous nous ferions tuer, et le

114 pour lesquels nous nous ferions tuer, et les buts de ceux qui nous feraient volontiers tuer. Jean-Richard Bloch l’a dit à

115 même courage. On les a décorés, on l’emprisonne. 5° Il n’y a qu’un rapport de trahison entre la religion chrétienne et la

116 corés, on l’emprisonne. 5° Il n’y a qu’un rapport de trahison entre la religion chrétienne et la religion de l’Écho de Par

117 hison entre la religion chrétienne et la religion de l’Écho de Paris. « Nous avons proposé un maître à ce jeune homme, dit

118 e la religion chrétienne et la religion de l’Écho de Paris. « Nous avons proposé un maître à ce jeune homme, dit le pasteu

119 Cooreman. C’était le Christ. Martin est coupable de l’avoir accepté. » Sur quoi le commissaire du gouvernement croit pouv

120 ir remarquer « que l’on n’est pas ici pour parler de théologie et de subtile philosophie ». André Philip, défenseur de Mar

121 ue l’on n’est pas ici pour parler de théologie et de subtile philosophie ». André Philip, défenseur de Martin, lui répondr

122 de subtile philosophie ». André Philip, défenseur de Martin, lui répondra non sans violence : « C’est faux ! Vous faites d

123 ra non sans violence : « C’est faux ! Vous faites de la théologie, et vous ne faites même que cela ; c’est une tout autre

124 C’est la théologie païenne par excellence, celle de l’État-Dieu, qui veut l’obéissance aveugle… » 6° Il n’y a qu’un rappo

125 de l’État-Dieu, qui veut l’obéissance aveugle… » 6° Il n’y a qu’un rapport de lâcheté entre les formes de la justice actu

126 l’obéissance aveugle… » 6° Il n’y a qu’un rapport de lâcheté entre les formes de la justice actuelle et les fins que lui a

127 l n’y a qu’un rapport de lâcheté entre les formes de la justice actuelle et les fins que lui assigne l’« ordre » bourgeois

128  ordre » bourgeois. Une manifestation comme celle de la rue du Cherche-Midi présente cet avantage d’être une véritable « m

129 e de la rue du Cherche-Midi présente cet avantage d’ être une véritable « manifestation du régime ». Tout aveu de cet ordre

130 véritable « manifestation du régime ». Tout aveu de cet ordre concourt à la ruine de ses auteurs. Un régime fort, usant d

131 ime ». Tout aveu de cet ordre concourt à la ruine de ses auteurs. Un régime fort, usant de ses pouvoirs dans un style adéq

132 à la ruine de ses auteurs. Un régime fort, usant de ses pouvoirs dans un style adéquat à ses fins, jugerait de tels cas s

133 uvoirs dans un style adéquat à ses fins, jugerait de tels cas sommairement sans avocats ni simulacres d’aucune sorte. Qui

134 tels cas sommairement sans avocats ni simulacres d’ aucune sorte. Qui trompe-t-on ici ? Les « grands principes » de 89 ou

135 e. Qui trompe-t-on ici ? Les « grands principes » de 89 ou les commanditaires de la prochaine dernière ? Il reste que les

136 Qui trompe-t-on ici ? Les « grands principes » de 89 ou les commanditaires de la prochaine dernière ? Il reste que les arg

137 « grands principes » de 89 ou les commanditaires de la prochaine dernière ? Il reste que les arguments, les témoignages a

138 apportés, la plaidoirie puissante et prophétique d’ André Philip ont posé au régime la question de confiance ; et qu’ils l

139 que d’André Philip ont posé au régime la question de confiance ; et qu’ils l’ont posée sur un plan où nul arrêt de la just

140  ; et qu’ils l’ont posée sur un plan où nul arrêt de la justice humaine désormais ne saurait l’esquiver. Personne n’a réfu

141 ette plaidoirie. Le président n’avait rien trouvé d’ autre qu’une « colle » d’examinateur. « Le cas de légitime défense, ré

142 dent n’avait rien trouvé d’autre qu’une « colle » d’ examinateur. « Le cas de légitime défense, répétait-il consciencieusem

143 d’autre qu’une « colle » d’examinateur. « Le cas de légitime défense, répétait-il consciencieusement à chaque témoin, qu’

144 e témoin, qu’en faites-vous ? » Un seul se permit de répondre que toutes les guerres sont défensives. Quelqu’un me demand

145 ldat défensif ? Comment est-ce que c’est fait ? » 7° Certes, l’on peut tirer de ces débats une conclusion précise : la que

146 -ce que c’est fait ? » 7° Certes, l’on peut tirer de ces débats une conclusion précise : la question du service civil est

147 justice que sa muette intransigeance a bien plus de portée. Prenons garde que la fameuse « cause de la paix » ne nous dét

148 s de portée. Prenons garde que la fameuse « cause de la paix » ne nous détourne de l’action nécessaire, qui ne saurait lon

149 la fameuse « cause de la paix » ne nous détourne de l’action nécessaire, qui ne saurait longtemps demeurer pacifiste. Dan

150 ocial où tout se tient, mais par la seule logique de la décomposition nécessaire de principes faux en faits absurdes, le g

151 r la seule logique de la décomposition nécessaire de principes faux en faits absurdes, le geste de Martin, détaché de ses

152 ire de principes faux en faits absurdes, le geste de Martin, détaché de ses considérants individuels, s’isole comme un sig

153 ux en faits absurdes, le geste de Martin, détaché de ses considérants individuels, s’isole comme un signal de rupture cons

154 considérants individuels, s’isole comme un signal de rupture consommée. Tout homme qui agit, sa pensée est en rupture de b

155 ée. Tout homme qui agit, sa pensée est en rupture de bourgeoisie. Jacques Martin, dans sa prison, témoigne pour un ordre n

156 igne pour un ordre nouveau. b. Rougemont Denis de , « On oubliera les juges », Esprit, Paris, novembre 1932, p. 297-301.

157  On oubliera les juges », Esprit, Paris, novembre 1932, p. 297-301. c. Signé : Jean-Pierre Cartier.

158 Comment rompre ? (mars 1933 )d Le faux rapport entre le christianisme et le christianisme de l

159 apport entre le christianisme et le christianisme de la chrétienté réside en ceci, que le christianisme parle sans cesse d

160 de en ceci, que le christianisme parle sans cesse de l’Éternité, pense continuellement à l’Éternel, — et que la chrétienté

161 à l’Éternel, — et que la chrétienté ensuite parle de la même façon, mais pense à cette vie terrestre. Kierkegaard (Journa

162 ie terrestre. Kierkegaard (Journal). La volonté de rupture est l’origine même du christianisme ; c’est pourquoi l’appari

163 me du christianisme ; c’est pourquoi l’apparition d’ une volonté contraire définit exactement, pour la chrétienté, le début

164 définit exactement, pour la chrétienté, le début de la décadence. Il y a des siècles de lutte sourde entre ces deux voulo

165 nté, le début de la décadence. Il y a des siècles de lutte sourde entre ces deux vouloirs, et tant que dure la lutte le ch

166 nce. Il y a des siècles de lutte sourde entre ces deux vouloirs, et tant que dure la lutte le christianisme vainc : sa victo

167 la lutte le christianisme vainc : sa victoire est d’ être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les

168 le commandement. Mais que les chrétiens, fatigués de la lutte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et

169 utte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à une paix avantageuse,

170 u’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à une paix avantageuse, à une paix dont ils s’im

171 à la lutte, qu’ils l’organisent, la sanctionnent d’ une autorité que seule leur conférait la rupture initiale, — qu’enfin

172 aussi de par la souveraineté, désormais usurpée, de l’Église, le désordre se trouve « établi ». Notre jeunesse s’éveille

173 ». Notre jeunesse s’éveille au milieu des statuts de cette confusion. C’est contre eux dès l’abord qu’elle vient lourdemen

174 it mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était

175 l qui nous blessait, c’était un aspect nécessaire de l’« ordre chrétien » du monde. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — l

176 de. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de

177 ns pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toutes les partie

178 la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toutes les parties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’avoi

179 i, des imprécations montent de toutes les parties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’avoir maudit la guerre et

180 rties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’ avoir maudit la guerre et surtout ce qui l’a permise, prétend encore d

181 ur l’Europe, et ne peut maintenir cette apparence de règne qu’en confondant scandaleusement sa cause avec la cause de ceux

182 confondant scandaleusement sa cause avec la cause de ceux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils sont.) Il faut qu’

183 un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’un réveil. Et quand bi

184 e de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’ un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que par quelques-uns

185 faire qu’il n’y ait eu cette preuve, aujourd’hui, d’ une volonté de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté,

186 y ait eu cette preuve, aujourd’hui, d’une volonté de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté, rétablit le c

187 ous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra de la violence. Mais où porter le coup ? qui dénoncer ? au nom de quoi ?

188 pu se faire entre le christianisme et l’injustice de ce monde, l’un n’existant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’

189 christianisme qui a confondu sa cause avec celle de la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti de gens qui, ayant pe

190 e la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti de gens qui, ayant peut-être été chrétiens, veulent en tirer des intérêt

191 chrétiens, veulent en tirer des intérêts, abusent de ce qu’ils considèrent comme un privilège, le perdent par là même, et

192 plus voyant, le plus officiel et le plus puissant de la chrétienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui

193 n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, et qui, depuis

194 réalité n’est plus l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’est plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture

195 ler ; elle n’est plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel au

196 plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux églises en tant

197 la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux églises en tant que corps constitués et officiels1.

198 itués et officiels1. Non, en présence du scandale de la chrétienté embourgeoisée, patriotarde, riche et peureuse, les égli

199 t plus le christianisme, qu’elles sont incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et depuis si longtem

200 incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et depuis si longtemps qu’elles parlent maintenant sa langu

201 . Bien moins encore que tout cela, nous attendons de nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale nouvelle opposée a

202 ée aux doctrines régnantes. Nous n’attendons rien d’ aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant à désolidariser la « chr

203 écularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle de rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture poss

204 eut demander à ce siècle de rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture possible qu’au nom de l’Évang

205 re avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture possible qu’au nom de l’Évangile2. Elle ne peut se produire q

206 le sera donc la forme et tel sera le premier lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation d’une imposture, partout où l

207 r lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation d’ une imposture, partout où la chrétienté, ayant touché ses 30 deniers,

208 sture, partout où la chrétienté, ayant touché ses 30 deniers, voudra parler encore au nom du christianisme. ⁂ Le christian

209 e que les hommes auraient eu le tort, simplement, de mal utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrét

210 auraient eu le tort, simplement, de mal utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrétiennes » spécifiq

211 l utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrétiennes » spécifiques constituées, existant en elles-mêm

212 esse, et que nous pourrions, par exemple, dégager de leurs complicités avec les « forces du monde ». Le chrétien ne connaî

213 s « forces du monde ». Le chrétien ne connaît pas d’ autre force réelle que celle de la foi. Or cette unique force ne lui a

214 ien ne connaît pas d’autre force réelle que celle de la foi. Or cette unique force ne lui appartient pas ; tout au plus le

215 lui appartient pas ; tout au plus le saisit-elle, d’ une manière imprévisible. La seule liberté qui lui soit accordée vis-à

216 qui lui soit accordée vis-à-vis de la foi, c’est de la refuser. Comment dès lors l’utiliserait-il à son gré ? Car d’une p

217 est en réalité sur une tout autre force que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou

218 que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un i

219 foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un idéal humanitaire

220 e de puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un idéal humanitaire ; ou sur un idéal de sécurité ;

221 r ; ou sur un idéal humanitaire ; ou sur un idéal de sécurité ; ou sur des intérêts plus bassement optimistes encore. Tout

222 bassement optimistes encore. Toutes ces formules d’ « ordre chrétien » ont été plus ou moins réalisées, et constituent dan

223 manifestations actuelles. ⁂ Ne nous excusons pas d’ avoir recours ici à des formules théologiques, puisque précisément, à

224 établissement, nous trouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le langage du bonheur terrestre. La

225 rouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le langage du bonheur terrestre. La rupture que nous voul

226 eur terrestre. La rupture que nous voulons n’aura de conséquences politiques que si nous posons le problème sur son plan r

227 posons le problème sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’est pas le lieu des décisions et des calculs humains ;

228 la religion. Les églises qui se crurent en droit d’ édicter un « ordre chrétien », se fondaient toutes, et se fondent enco

229 fondent encore, sur une conception antichrétienne de la foi. La foi, pour elles, est une « force » que l’homme peut se pro

230 C’est la meilleure façon que le monde ait trouvée de rejeter le Christ : feindre d’accepter la doctrine de ses disciples,

231 monde ait trouvée de rejeter le Christ : feindre d’ accepter la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvret

232 ejeter le Christ : feindre d’accepter la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvreté évangélique, et bient

233 r la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvreté évangélique, et bientôt ne plus vivre que sur les intérêt

234 ue, et bientôt ne plus vivre que sur les intérêts de cet avoir. Mais si la foi, don de Dieu, et gratuit — « afin que nul n

235 ur les intérêts de cet avoir. Mais si la foi, don de Dieu, et gratuit — « afin que nul ne se glorifie » — est une particip

236 ut homme qui se dit chrétien. (Je ne dis pas cela d’ un point de vue antichrétien.) Mais c’est aussi pourquoi il y a une su

237 politique humaine organisée — fût-ce à la gloire de Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de la justice de D

238 ieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de la justice de Dieu. Et la voix du prophète s’élève contre l’Église :

239 ursuivrait son plan sans se soucier de la justice de Dieu. Et la voix du prophète s’élève contre l’Église : « Tes amis t’o

240 — Quand tu placerais ton nid aussi haut que celui de l’aigle. Quand tu placerais ton nid parmi les étoiles, je t’en précip

241 je t’en précipiterai, dit l’Éternel… Car le jour de l’Éternel est proche pour toutes les nations. » (Abdias II, 3-4 et 15

242 est proche pour toutes les nations. » (Abdias II, 3-4 et 15). Ils ont prétendu rendre à Dieu ce qu’en réalité ils rendaient

243 che pour toutes les nations. » (Abdias II, 3-4 et 15 ). Ils ont prétendu rendre à Dieu ce qu’en réalité ils rendaient à Cés

244 ns cette politique, la théologie se fait servante de la chose publique. Et que voit-on dès lors ? Présentement ? — On voit

245 Goyau et autres « croyants » décorés, s’indigner de ce que les sans-Dieu parlent de confisquer à leur profit « la primaut

246 corés, s’indigner de ce que les sans-Dieu parlent de confisquer à leur profit « la primauté du Christ et celle de l’Europe

247 er à leur profit « la primauté du Christ et celle de l’Europe 3 ». L’on voit des von Papen, délégués par l’industrie lourd

248 ofit « la primauté du Christ et celle de l’Europe 3  ». L’on voit des von Papen, délégués par l’industrie lourde au gouver

249 , délégués par l’industrie lourde au gouvernement d’ une nation « chrétienne » revendiquer dans leurs discours la défense d

250 pour célébrer le même massacre. On voit une nuée de piétistes et de bigots, demeurer agressifs dans leur volonté de confo

251 e même massacre. On voit une nuée de piétistes et de bigots, demeurer agressifs dans leur volonté de confondre la morale p

252 t de bigots, demeurer agressifs dans leur volonté de confondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres de la foi. Et l

253 ondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres de la foi. Et l’on a vu Babitt. Mais n’allons pas chercher si loin. Ouvr

254 n’allons pas chercher si loin. Ouvrons un journal de Paris. Un discours chaleureux du Père de la Brière4 voudrait nous enf

255 Brière4 voudrait nous enflammer contre une espèce de bolchévisme qu’il décrit ainsi : « Dans cette philosophie et cette mo

256 ette morale est délibérément supprimée toute idée de liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énuméra

257 ément supprimée toute idée de liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’

258 e de liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’à ceci ] : Chose plus atr

259 l’idée chrétienne, l’idée religieuse, l’idée même de Dieu est abolie… » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soi

260 des romans contre le bolchévisme, et l’on donnera 50  000 fr. au mieux pensant. Et Figaro de conclure : « En terminant, l

261 romans contre le bolchévisme, et l’on donnera 50  000 fr. au mieux pensant. Et Figaro de conclure : « En terminant, l’émi

262 donnera 50 000 fr. au mieux pensant. Et Figaro de conclure : « En terminant, l’éminent religieux déclara que ce concour

263 lara que ce concours international avait pour but de contribuer à la sauvegarde des hautes valeurs spirituelles et des vér

264 pirituelles et des vérités saintes que l’Académie d’ éducation et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire r

265 des vérités saintes que l’Académie d’éducation et d’ entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’

266 d’éducation et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétien

267 et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétienne5, les haut

268 ission de servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétienne5, les hautes valeurs, les vérités sainte

269 hautes valeurs, les vérités saintes, — l’Académie d’ entraide sociale enfin ! Contribution à la « sauvegarde » : 50 000 fra

270 ociale enfin ! Contribution à la « sauvegarde » : 50  000 francs. Ah ! qu’un sans-Dieu vienne me dire : je ne crois pas à v

271 ale enfin ! Contribution à la « sauvegarde » : 50  000 francs. Ah ! qu’un sans-Dieu vienne me dire : je ne crois pas à vos p

272 lte. Mais j’en ai une autre plus profonde : celle de voir qualifier de « chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice ét

273 une autre plus profonde : celle de voir qualifier de « chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice établie. Tu ne crois

274 rdinaire sottise (s’il faut lui laisser toutefois de l’extraordinaire) de défendre le christianisme, la piètre connaissanc

275 l faut lui laisser toutefois de l’extraordinaire) de défendre le christianisme, la piètre connaissance de l’homme que l’on

276 défendre le christianisme, la piètre connaissance de l’homme que l’on trahit ainsi, et, comment cette tactique, encore qu’

277 andale, en faisant du christianisme quelque chose de si lamentable, qu’il faille à la fin plaider pour le sauver. » Rompre

278 bli, c’est faire en sorte simplement, qu’il cesse d’ être « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mai

279 christianisme ; à cette défection élevée au rang d’ Institution ecclésiastique, qui aujourd’hui prétend durer et se défend

280 dominait. « Car le péché n’est pas le dérèglement de la chair et du sang, mais le consentement de l’esprit à ce dérèglemen

281 ment de la chair et du sang, mais le consentement de l’esprit à ce dérèglement8 ». Et pourtant, nous n’avons jamais à dres

282 ce positive contre une force de même ordre. Assez de cette « politique chrétienne » où l’on embarque une prétendue foi dan

283 ndue foi dans les plus discutables déterminations de l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : T

284 discutables déterminations de l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c

285 l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire

286 onde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic e

287 e moi-même, hic et nunc. La politique est affaire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours de vouloir s

288 s ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours de vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste la foi, c’es

289 , c’est le choix et non pas le système : il n’est de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de port

290  : il n’est de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de porter sur le monde un jugement permanent

291 rsonnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de porter sur le monde un jugement permanent et destructeur ; tandis que

292 teur ; tandis que la révolution dans ce qu’elle a de nécessairement constructif, reste le lieu d’obéissance privilégié pou

293 le a de nécessairement constructif, reste le lieu d’ obéissance privilégié pour le chrétien, mais ne se confond pas avec l’

294 le chrétien, mais ne se confond pas avec l’enjeu de son salut. Tel est le paradoxe, qui remonte au cœur même du christian

295 en collusion avec aucune durée, étant la rupture de toute durée. Mais dès lors nous savons le véritable nom de la rupture

296 durée. Mais dès lors nous savons le véritable nom de la rupture, son lieu, son mode et son enjeu total : rétablir à chaque

297 ps qu’elle en exige tout : c’est la conversion. 1. L’Église « corps du Christ », en théologie ; et en réalité : corps of

298 ellement constitué dans la Troisième République… 2. Et non pas au nom d’un « ordre social chrétien qui s’opposerait au dé

299 ’hui ? Faudrait-il attendre qu’on l’ait trouvé ? 3. Figaro , 29 décembre 1932. 4. Figaro , 4 février 1933. 5. Une i

300 t-il attendre qu’on l’ait trouvé ? 3. Figaro , 29 décembre 1932. 4. Figaro , 4 février 1933. 5. Une idée fausse, pa

301 e qu’on l’ait trouvé ? 3. Figaro , 29 décembre 1932. 4. Figaro , 4 février 1933. 5. Une idée fausse, par définition, l

302 l’ait trouvé ? 3. Figaro , 29 décembre 1932. 4. Figaro , 4 février 1933. 5. Une idée fausse, par définition, le ch

303 ? 3. Figaro , 29 décembre 1932. 4. Figaro , 4 février 1933. 5. Une idée fausse, par définition, le christianisme n

304 garo , 29 décembre 1932. 4. Figaro , 4 février 1933. 5. Une idée fausse, par définition, le christianisme n’étant rien d’

305 29 décembre 1932. 4. Figaro , 4 février 1933. 5. Une idée fausse, par définition, le christianisme n’étant rien d’autr

306 se, par définition, le christianisme n’étant rien d’ autre qu’un événement, un drame entre Dieu et l’homme. 6. Parce qu’on

307 qu’un événement, un drame entre Dieu et l’homme. 6. Parce qu’on ne peut pas le défendre, cela n’a aucun sens, et ceux qui

308 irablement défini par la Sorbonne, entre autres. 7. Traité du désespoir, trad. Gateau (Gallimard), p. 178. C’est nous qu

309 (Gallimard), p. 178. C’est nous qui soulignons. 8. Ibid., p. 170. d. Rougemont Denis de, « Comment rompre ? », Esprit

310 lignons. 8. Ibid., p. 170. d. Rougemont Denis de , « Comment rompre ? », Esprit, Paris, mars 1933, p. 909-916.

311 nis de, « Comment rompre ? », Esprit, Paris, mars 1933, p. 909-916.

312 Protestants (mars 1933 )e Si le christianisme primitif est une révolution — et la plus pro

313 primitif est une révolution — et la plus profonde de toute l’histoire —, le protestantisme se doit d’être révolutionnaire

314 de toute l’histoire —, le protestantisme se doit d’ être révolutionnaire dans la mesure même où il reste fidèle à lui-même

315 mesure où, constamment, il reproduit la démarche de ses fondateurs : le retour à l’Évangile débarrassé de tous les adouci

316 es fondateurs : le retour à l’Évangile débarrassé de tous les adoucissements dogmatiques et compromis ecclésiastiques, san

317 églises protestantes sont devenues les officines d’ un conformisme social et politique plus scandaleux encore que celui de

318 ogmatique réformée, et plus encore par la révolte de la foi réformée contre toutes les « synthèses » humanistes. Corruptio

319 formisme des révoltés est le pire. Il ne suit pas de là, contrairement à ce que prétendent certains écrivains marxisants,

320 , le protestantisme garde toujours la possibilité de transcender, de révolutionner ses formes. C’est pourquoi nous voyons

321 sme garde toujours la possibilité de transcender, de révolutionner ses formes. C’est pourquoi nous voyons aujourd’hui à l’

322 ndent sur elle pour attaquer le régime. L’exemple de l’Allemagne est pour le moment le plus frappant, mais tout porte à cr

323 résolus à la rupture, qui se réclament hautement de leur foi. Les éléments extrémistes de la social-démocratie, qui s’exp

324 t hautement de leur foi. Les éléments extrémistes de la social-démocratie, qui s’expriment dans les Neue Blätter für den S

325 intellectuelle considérable sur le protestantisme de langue allemande. Alors qu’en France l’affirmation d’une foi religieu

326 angue allemande. Alors qu’en France l’affirmation d’ une foi religieuse personnelle fait encore sourire le petit-bourgeois

327 progressiste », ou bien se voit taxée sans examen de « manœuvre réactionnaire », on est surpris de trouver dans le quotidi

328 men de « manœuvre réactionnaire », on est surpris de trouver dans le quotidien politique de combat ou dans les revues berl

329 st surpris de trouver dans le quotidien politique de combat ou dans les revues berlinoises les plus « avancées » des profe

330 berlinoises les plus « avancées » des professions de foi dont personne ne songe à contester l’opportunité. (Cette toléranc

331 lement révolutionnaire est celle qu’on doit tirer de la foi protestante. Il faudrait nommer encore des groupes comme le Vo

332 e Vormarsch, le Deutsche Volkstum, ou les efforts d’ un Eugen Rosenstock — l’historien des Révolutions européennes — dans l

333 s — dans le domaine du service civil et des camps de travailleurs. Mais les tentatives de rupture proprement théologiques

334 et des camps de travailleurs. Mais les tentatives de rupture proprement théologiques nous paraissent encore plus significa

335 aissent encore plus significatives et plus riches de possibilité. On a souvent reproché à la « théologie dialectique » de

336 a souvent reproché à la « théologie dialectique » de Karl Barth et de ses amis de justifier une sorte de désintéressement

337 é à la « théologie dialectique » de Karl Barth et de ses amis de justifier une sorte de désintéressement radical à l’endro

338 ologie dialectique » de Karl Barth et de ses amis de justifier une sorte de désintéressement radical à l’endroit des probl

339 Karl Barth et de ses amis de justifier une sorte de désintéressement radical à l’endroit des problèmes politiques et soci

340 politiques et sociaux. La parution coup sur coup, de trois livres importants de Gogarten, de Brunner et de de Quervain sur

341 itiques et sociaux. La parution coup sur coup, de trois livres importants de Gogarten, de Brunner et de de Quervain sur la « 

342 arution coup sur coup, de trois livres importants de Gogarten, de Brunner et de de Quervain sur la « théologie politique »

343 sur coup, de trois livres importants de Gogarten, de Brunner et de de Quervain sur la « théologie politique » fait justice

344 rois livres importants de Gogarten, de Brunner et de de Quervain sur la « théologie politique » fait justice de ce reproch

345 s livres importants de Gogarten, de Brunner et de de Quervain sur la « théologie politique » fait justice de ce reproche e

346 rvain sur la « théologie politique » fait justice de ce reproche et démontre une fois de plus que le paradoxe de la « poli

347 oche et démontre une fois de plus que le paradoxe de la « politique du pessimisme actif » inspirera toujours les construct

348 ans son Éthique politique pose tous les problèmes de l’heure avec une lucidité et un courage intellectuel qu’on rencontre

349 ement chez les écrivains politiques. Si certaines de ses conclusions sont nettement étatistes, il n’en reste pas moins non

350  » ⁂ La caractéristique des mouvements américains de rénovation réside dans leur effort pour « christianiser l’ordre socia

351 ns même parlent déjà du devoir qu’aurait l’Église de « christianiser les mouvements radicaux » c’est-à-dire les mouvements

352 s communistes, qui prennent actuellement beaucoup d’ ampleur sur le terrain préparé par Ford. Une récente enquête publiée e

353 z Macmillan sous ce titre : Témoignages spontanés de travailleurs sur la religion (recueillis par Jerome Davis) se fait l’

354 gion (recueillis par Jerome Davis) se fait l’écho de ces revendications antiecclésiastiques sinon antichrétiennes. Arthur

355 non antichrétiennes. Arthur A. Wharton, président de l’association des mécaniciens d’Amérique exprime ce point de vue en u

356 arton, président de l’association des mécaniciens d’ Amérique exprime ce point de vue en une phrase typique : « La grande m

357 typique : « La grande majorité des ouvriers parle de Jésus-Christ et de l’Église comme de deux choses qui n’ont rien en co

358 de majorité des ouvriers parle de Jésus-Christ et de l’Église comme de deux choses qui n’ont rien en commun. » Il constate

359 vriers parle de Jésus-Christ et de l’Église comme de deux choses qui n’ont rien en commun. » Il constate que l’Église est

360 ers parle de Jésus-Christ et de l’Église comme de deux choses qui n’ont rien en commun. » Il constate que l’Église est inter

361 ée au moment où il semblait qu’elle dût s’occuper de la durée du travail, de la question des salaires, etc. Cette carence

362 ait qu’elle dût s’occuper de la durée du travail, de la question des salaires, etc. Cette carence subite dans le domaine é

363 e veut voir dans les Églises que des institutions de classe. Cette position simpliste de problèmes vieux comme le monde ch

364 institutions de classe. Cette position simpliste de problèmes vieux comme le monde chrétien a du moins le mérite de débar

365 ieux comme le monde chrétien a du moins le mérite de débarrasser le protestantisme américain de son piétisme optimiste et

366 mérite de débarrasser le protestantisme américain de son piétisme optimiste et moralisant. Mais qu’entendent-ils par « chr

367 nt. Mais qu’entendent-ils par « christianisation, de l’ordre social » ? Ont-ils distingué clairement le péril de sécularis

368 social » ? Ont-ils distingué clairement le péril de sécularisation de l’Évangile impliqué dans leur attitude, et qui les

369 s distingué clairement le péril de sécularisation de l’Évangile impliqué dans leur attitude, et qui les ferait retomber da

370 que publient ces jeunes hommes a pris pour tâche de faire connaître et de critiquer toutes les tentatives réformistes ou

371 es hommes a pris pour tâche de faire connaître et de critiquer toutes les tentatives réformistes ou révolutionnaires chrét

372 anifestent en Amérique. On remarque dans la liste de ses collaborateurs des noms d’évêques socialistes et d’essayistes à t

373 rque dans la liste de ses collaborateurs des noms d’ évêques socialistes et d’essayistes à tendances philo-marxistes tels q

374 collaborateurs des noms d’évêques socialistes et d’ essayistes à tendances philo-marxistes tels que Reinhold Niebuhr. On y

375 Reinhold Niebuhr. On y remarque également le nom de Toyohiko Kagawa, le grand leader du jeune Japon. Cet homme extraordin

376 aponais mériterait à lui seul toute une chronique de cette revue. Écrivain fécond9, évangéliste, économiste, philosophe, m

377 ond9, évangéliste, économiste, philosophe, meneur de grèves, chef syndicaliste, Kagawa est l’un des personnages les plus i

378 s chinois, publié à Tokyo pendant le bombardement de Shanghai, et qui lui valut des menaces de mort. Plus radical que les

379 rdement de Shanghai, et qui lui valut des menaces de mort. Plus radical que les socialistes, labouristes, il se distingue

380 e, ce mouvement mondial a rencontré jusqu’ici peu d’ écho. La revue Le Christianisme social qui représente l’aile gauche in

381 rmistes et pacifistes, et n’a pas tenté jusqu’ici d’ édifier une doctrine originale. Elle semble reculer devant les conclus

382 t les conclusions radicales, par suite sans doute d’ un malentendu foncier touchant le problème de la violence et que seul

383 oute d’un malentendu foncier touchant le problème de la violence et que seul parmi ses collaborateurs, André Philip tranch

384 , comme on l’a vu plus haut. En dehors des écrits de Philip, on ne trouvera guère d’écho à l’effort critique de la « théol

385 dehors des écrits de Philip, on ne trouvera guère d’ écho à l’effort critique de la « théologie politique » allemande que d

386 , on ne trouvera guère d’écho à l’effort critique de la « théologie politique » allemande que dans le mince bulletin du gr

387 c , et dans certains articles du Semeur , organe de la fédération chrétienne d’étudiants. Mais il y a là le germe d’un mo

388 s du Semeur , organe de la fédération chrétienne d’ étudiants. Mais il y a là le germe d’un mouvement qui demain peut se p

389 n chrétienne d’étudiants. Mais il y a là le germe d’ un mouvement qui demain peut se préciser et s’amplifier. Signalons enf

390 mplifier. Signalons enfin la revue internationale de la Fédération des étudiants, le Student World, qui sous l’impulsion d

391 étudiants, le Student World, qui sous l’impulsion de W. A. Visser ’t Hooft adopte une attitude très nettement non conformi

392 au sommaire duquel figurent entre autres les noms de Eugen Rosenstock, G. D. H. Cole (Angleterre) Carlo Predella (Italie),

393 lande) et F. Heuson (Amérique). C’est un document de premier ordre sur la « rupture » à laquelle nous travaillons tous ici

394 rupture » à laquelle nous travaillons tous ici. 9. Son autobiographie a été traduite en français sous le titre de Avant

395 ographie a été traduite en français sous le titre de Avant l’Aube (Éd. « Je sers »). e. Rougemont Denis de, « Protestant

396 nt l’Aube (Éd. « Je sers »). e. Rougemont Denis de , « Protestants », Esprit, Paris, mars 1933, p. 1034-1037.

397 nt Denis de, « Protestants », Esprit, Paris, mars 1933, p. 1034-1037.

398 Loisir ou temps vide ? (juillet 1933 )f Le malaise De même que le « spiritualisme » du siècle derni

399 dernier mérite et conditionne le « matérialisme » de ce siècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière

400 isme » de ce siècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière dénature et dégrade à la fois l’esprit et l

401 ècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière dénature et dégrade à la fois l’esprit et la matière, et r

402 s l’esprit et la matière, et risque, à la limite, de les priver de toute raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement,

403 la matière, et risque, à la limite, de les priver de toute raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corrupt

404 isque, à la limite, de les priver de toute raison d’ être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle

405 raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle des loisirs est née la présente corruption

406  : « je turbine » ou « je ne fous rien ». Phrases d’ esclaves, consternante misère : une misère qui nous rabat au sol. L’h

407 joie. Une totalité. Et s’il divise alors le temps de ses journées, c’est pour mieux dominer ses moyens. Selon sa loi. Mais

408 roduis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’iso

409 en « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’imp

410 autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’impuissance. La division de no

411 uptures et de séparations hargneuses, de constats d’ injustice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées e

412 séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’ isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de

413 rgneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’ impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 h

414 ustice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dér

415 et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des

416 uissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes cr

417 ivision de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes créateurs. Elle

418 e nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes créateurs. Elle exprime s

419 ateurs. Elle exprime simplement l’état accidentel d’ un conflit absurde entre deux opérations dont nous avons perdu le cont

420 ment l’état accidentel d’un conflit absurde entre deux opérations dont nous avons perdu le contrôle, pour les avoir follemen

421 en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remet

422 onymes naissent et grandissent à la mesure exacte de nos démissions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie

423 missions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie, de l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « tra

424 nelles : genèse des mythiques lois de l’économie, de l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « travail » n’est pl

425 il » n’est plus que souffrance. Il ne s’agit plus d’ accoucher, mais seulement de purger sa peine. C’est alors qu’un Frankl

426 ce. Il ne s’agit plus d’accoucher, mais seulement de purger sa peine. C’est alors qu’un Franklin, qu’un Guizot, qu’un Stal

427 t cette démission en dignité nouvelle. La dignité de l’homme consisterait, dit-on, dans le travail qu’il fournit pour « ga

428 ieure. Les singes gagnent leur vie et ne font pas d’ histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquennaux.

429 d’histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquennaux. Leurs moyens sont plus simples, plus élégants. Ni

430 n a voulu mettre l’esprit au service du « minimum de vie » que n’importe quel animal s’assure à moins de frais. Sinistre f

431 vie » que n’importe quel animal s’assure à moins de frais. Sinistre farce. Morale officielle de la Troisième République,

432 moins de frais. Sinistre farce. Morale officielle de la Troisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons i

433 ce. Morale officielle de la Troisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme

434 e et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme consiste à mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’à la perd

435 vie, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre se

436 e nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’ autre sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent de la nécessité d

437 re sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent de la nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du

438 nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du risque, — perdre sa vie. Cette opposition est tellement

439 le, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit de prendre au tragique l’opposition toute relative du communisme et du c

440 communisme et du capitalisme. ⁂ Ils partent donc de la nécessité. Ils n’arriveront jamais à la liberté, au loisir plein.

441 loisir plein. Si la liberté n’est pas à l’origine d’ un système, elle ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins d’une

442 e ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins d’ une révolution). Mais il y a plus. Tout travail qu’on limite à la néce

443 a plus. Tout travail qu’on limite à la nécessité d’ assurer le minimum de vie se trouve condamné par là même à ne jamais

444 qu’on limite à la nécessité d’assurer le minimum de vie se trouve condamné par là même à ne jamais suffire à cette néces

445 s loisir, sans liberté, laisse s’étendre l’empire de la nécessité. On aura beau l’intensifier10 : la tâche grandira d’auta

446 On aura beau l’intensifier10 : la tâche grandira d’ autant. Et la tristesse. « Le temps vuide » Il semble que la con

447 sur le travail-nécessité frappe toutes les règles de vie que l’homme essaie de se donner pour justifier à ses propres yeux

448 rappe toutes les règles de vie que l’homme essaie de se donner pour justifier à ses propres yeux, voire pour glorifier ce

449 du cynisme grossier — « Je gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et de l’idéalisme socialiste, démocratisation d

450 gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et de l’idéalisme socialiste, démocratisation du confort moyen et de la TSF

451 e socialiste, démocratisation du confort moyen et de la TSF dans un monde où le libre divertissement de chacun sera la con

452 e la TSF dans un monde où le libre divertissement de chacun sera la condition du libre abrutissement de tous par la propag

453 e chacun sera la condition du libre abrutissement de tous par la propagande électorale. Prendre le travail comme point de

454 agande électorale. Prendre le travail comme point de départ d’un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la ba

455 ctorale. Prendre le travail comme point de départ d’ un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la base toutes

456 comme point de départ d’un système économique ou d’ une culture, c’est vicier à la base toutes les conceptions du loisir q

457 se toutes les conceptions du loisir qui découlent de cette erreur spirituelle ; et principalement la conception abstraite

458 . On peut en dater l’origine. Dans l’Encyclopédie de 1765, vous trouverez loisir défini comme « le temps vuide ». Cette no

459 n peut en dater l’origine. Dans l’Encyclopédie de 1765, vous trouverez loisir défini comme « le temps vuide ». Cette nominati

460 n reconnaître insuffisante, nous a valu le siècle d’ égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinis

461 le siècle d’égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’inflation mécanique, si

462 que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’inflation mécanique, si l’on convient que la

463 ant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’ inflation mécanique, si l’on convient que la mesure du travail ne peut

464 être prise ailleurs que dans la capacité humaine d’ utiliser les effets du travail. Mais nous savons le vrai nom du « temp

465 ps vuide » et c’est chômage. Tout le mal est venu d’ une séparation, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont touj

466 t chômage. Tout le mal est venu d’une séparation, d’ une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont toujours plus complexe

467 ant déceler la lâcheté originelle. Car c’est bien d’ un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience de cette tension créa

468 Car c’est bien d’un relâchement qu’elle résulte, d’ une déficience de cette tension créatrice qui seule définit un « temps

469 ’un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience de cette tension créatrice qui seule définit un « temps plein ». En sort

470 « temps plein ». En sorte que le « temps vuide » de l’Encyclopédie n’est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’

471 est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’ un temps rempli, d’un travail sans jeu, c’est-à-dire du travail forcé.

472 emps vidé, irréel renversement d’un temps rempli, d’ un travail sans jeu, c’est-à-dire du travail forcé. (La logique du lan

473 isirs que ses ancêtres consacraient à la création de leur puissance, du même coup elle décrète « forcé » le travail des cl

474 décrète « forcé » le travail des classes chargées d’ assurer ce loisir. C’est créer un monde impensable, le nôtre. Car si l

475 et son but ; si le labeur et le repos n’ont plus de finalité commune ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de tr

476 n’ont plus de finalité commune ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus

477 ne ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette

478 sir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette de saisir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité p

479 s rien dans l’un qui permette de saisir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité pour l’esprit qui les

480 sir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité pour l’esprit qui les confronte, il n’y a plus que du dés

481 onnateur, ou révolution La tâche restauratrice de l’esprit, dévolue à notre génération, apparaît maintenant évidente :

482 s d’abord l’erreur cartésianiste11, la séparation de la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en homm

483 artésianiste11, la séparation de la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en hommes responsables, à p

484 ommes responsables, à penser dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nou

485 retrouveront leur commun sens : dans l’actualité de l’être, où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude

486 tre, où ils ne seront plus que les temps alternés d’ une plénitude joyeusement renouvelée. L’homme tendu assume dans ses de

487 lon sa loi pour créer un risque nouveau. Le temps de cet homme est plein, et nul n’y pourrait distinguer des heures « creu

488 Est-ce un long loisir créateur ? Un long travail d’ enfantement ? Cela ne va pas sans douleur, non plus que sans volupté.

489 , et fondent l’œuvre en dignité. Dignité du temps de l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur de la Chine fait appeler auprès de lui

490 ignité du temps de l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur de la Chine fait appeler auprès de lui son peintre. « Peins-moi sur ce r

491 ins-moi sur ce rouleau un crabe ». — « Il me faut vingt ans », dit le peintre. Et pendant vingt ans, l’empereur subvient à l’

492 l me faut vingt ans », dit le peintre. Et pendant vingt ans, l’empereur subvient à l’existence du peintre. Cependant l’artist

493 pinceaux ». On fait cela, on déroule une soie. Et d’ un seul trait miraculeux…   P.-S. — Cette histoire de la Chine se suff

494 n seul trait miraculeux…   P.-S. — Cette histoire de la Chine se suffit. J’aurais pu faire l’économie du reste. Mais nous

495 l faut tout expliquer. J’indiquerai donc encore : 1° que si l’erreur initiale fut bien spirituelle, notre tâche constructi

496 spirituelle, notre tâche constructive est d’abord d’ ordre spirituel. Qui dit précédence dit primauté. 2° que dans l’ordre,

497 ordre spirituel. Qui dit précédence dit primauté. 2° que dans l’ordre, immédiatement consécutif, des institutions et des l

498 des loisirs, qui lui sera tôt ou tard conjointe. 3° que si l’on veut sauvegarder l’acte créateur, fondement humain de la

499 eut sauvegarder l’acte créateur, fondement humain de la personne, il faut légiférer à partir de cet acte. Il ne peut sorti

500 légiférer à partir de cet acte. Il ne peut sortir d’ un système que ce que l’on y met dès l’origine. 10. On aura beau l’

501 n système que ce que l’on y met dès l’origine. 10. On aura beau l’appeler « travail de choc ». Ultime tentative pour fai

502 ’origine. 10. On aura beau l’appeler « travail de choc ». Ultime tentative pour faire aimer aux hommes une caricature d

503 avail créateur, l’émulation socialiste n’est rien d’ autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une échelle

504 ’est rien d’autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une échelle que Ford n’avait imaginée qu’en rêve, c

505 maginée qu’en rêve, c’est la tentative désespérée de Staline pour introduire un peu de joie dans une activité qui est la n

506 e joie dans une activité qui est la négation même de la création ; activité purement « nécessitée » par la révolte de 17,

507 ; activité purement « nécessitée » par la révolte de 17, qui décréta l’instauration en Russie d’une civilisation américain

508 ctivité purement « nécessitée » par la révolte de 17, qui décréta l’instauration en Russie d’une civilisation américaine do

509 volte de 17, qui décréta l’instauration en Russie d’ une civilisation américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de sa

510 ivilisation américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de satisfaire les exigences artificielles. 11. Et non pas car

511 n américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de satisfaire les exigences artificielles. 11. Et non pas cartésienne,

512 lans, de satisfaire les exigences artificielles. 11. Et non pas cartésienne, comme on le dit souvent. f. Rougemont Denis

513 ne, comme on le dit souvent. f. Rougemont Denis de , « Loisir ou temps vide ? », Esprit, Paris, juillet 1933, p. 604-608.

514  Loisir ou temps vide ? », Esprit, Paris, juillet 1933, p. 604-608.

515 Préface à une littérature (octobre 1934 )g D’un présent confus et mauvais, qu’allons-nous tirer, mes amis,

516 Préface à une littérature (octobre 1934)g D’ un présent confus et mauvais, qu’allons-nous tirer, mes amis, sinon la

517 qu’allons-nous tirer, mes amis, sinon la négation d’ un mal, et ce n’est pas encore le bien sauveur ! Voici notre erreur pe

518 à sa jeunesse incomparable qu’au souvenir récent de nos décrépitudes. Si la préface à l’avenir n’était qu’anathème au pré

519 ion ? Et si l’ordre que nous voulons n’était rien d’ autre que la subversion du désordre où nous sommes nés, d’où viendrait

520 que la subversion du désordre où nous sommes nés, d’ où viendrait donc l’ordre vivant ? On ne crée pas la vie en insultant

521 l qu’à des révoltes trop prévues ? Peut-on sortir de ce cercle vicieux à force de le parcourir toujours plus rageusement ?

522 ’abattre à la fin dans les colonnes des magazines de gauche, pâture des bourgeois snobs. Nous avons vu ce spectacle indéce

523 l’on parle ! Et qu’on le dise ! Toute la bassesse de la « littérature » moderne se résume, à mon sens, en une phrase un pe

524 ceux qui l’ont attaquée jusqu’ici n’ont rien fait d’ autre, ou n’ont rien fait de mieux. Ils ont eu parfois de beaux cris,

525 u’ici n’ont rien fait d’autre, ou n’ont rien fait de mieux. Ils ont eu parfois de beaux cris, mais à qui les adressaient-i

526 , ou n’ont rien fait de mieux. Ils ont eu parfois de beaux cris, mais à qui les adressaient-ils ? À la galerie plus qu’à e

527 cteurs du jeu classique… Ils n’étaient que le non d’ un non. Dirons-nous non à notre tour ? Que ce soit le non décisif de c

528 ous non à notre tour ? Que ce soit le non décisif de ceux qui savent ce qu’ils affirment ! Que ce soit un non sans pathos,

529 , à l’homme renouvelé. Nous ne clamons pas la fin de la littérature des autres au nom d’une littérature à nous. Nous const

530 d’une littérature à nous. Nous constatons la fin d’ un art au nom de ce qui juge l’art, — et le recrée. Nos griefs ne sont

531 aires ; ils sont, ils veulent être humains. Fin d’ une littérature Je me propose de simplifier. Dans la littérature bo

532 humains. Fin d’une littérature Je me propose de simplifier. Dans la littérature bourgeoise, celle qui est née avec le

533 le romantisme, il me semble qu’on peut distinguer trois espèces de littérateurs. Première espèce : les romanciers de la vie d

534 il me semble qu’on peut distinguer trois espèces de littérateurs. Première espèce : les romanciers de la vie des classes

535 de littérateurs. Première espèce : les romanciers de la vie des classes possédantes. Le bourgeois aime leurs œuvres, parce

536 euxième espèce : les poètes romantiques, chantres de l’Idéal qu’on n’atteint pas, pour l’avoir mis trop haut. Soit que l’o

537 que l’on se découvre légalement grugé, il est bon de sentir qu’au-dessus de cette vie plane une loi meilleure, un esprit p

538 galement grugé, il est bon de sentir qu’au-dessus de cette vie plane une loi meilleure, un esprit pur, une revanche, dût-o

539 ittérature pour « échapper aux soucis quotidiens » 12, pour éviter, en fait, de résoudre le drame. Et c’est la bonne conscie

540 aux soucis quotidiens »12, pour éviter, en fait, de résoudre le drame. Et c’est la bonne conscience idéaliste du régime.

541 mprend la plupart des auteurs qui se gaussent des deux premières, ceux qui méprisent la vie bourgeoise, l’amour et le mariag

542 vulgaire au bonheur, la religion mise au service de l’ordre, la permanence, les vertus trop massives. C’est l’espèce des

543 révoltes et ses rêves. Ils lui en font une espèce de gloire. Le voilà justifié dans sa mauvaise conscience. Jeunesse se pa

544 anarchie se passe, rougeole se passe, — mais rien de grave ne se passe. C’est comme au jeu de pigeon vole. Il reste quelqu

545 ais rien de grave ne se passe. C’est comme au jeu de pigeon vole. Il reste quelques écrivains qui échappent à toutes les «

546 à toutes les « espèces » parce qu’ils en créeront de nouvelles. Quelques-uns, deux ou trois, qui ne sont pas littérateurs,

547 ce qu’ils en créeront de nouvelles. Quelques-uns, deux ou trois, qui ne sont pas littérateurs, qui seront la littérature qua

548 s en créeront de nouvelles. Quelques-uns, deux ou trois , qui ne sont pas littérateurs, qui seront la littérature quand tous l

549 ia, lancent des modes, les renient, se persuadent de l’importance de leurs caprices, nous persuadent bien davantage de la

550 modes, les renient, se persuadent de l’importance de leurs caprices, nous persuadent bien davantage de la gratuité de leur

551 de leurs caprices, nous persuadent bien davantage de la gratuité de leurs drames. Personne ne croyant plus à rien — j’ente

552 es, nous persuadent bien davantage de la gratuité de leurs drames. Personne ne croyant plus à rien — j’entends personne ne

553 rsonne ne prouvant plus qu’il croit à l’essentiel de ce qu’il dit —, la critique littéraire de cette littérature n’a plus

554 sentiel de ce qu’il dit —, la critique littéraire de cette littérature n’a plus de sens réel, ni plus d’autorité. Critique

555 critique littéraire de cette littérature n’a plus de sens réel, ni plus d’autorité. Critiquer, c’est d’abord posséder un c

556 cette littérature n’a plus de sens réel, ni plus d’ autorité. Critiquer, c’est d’abord posséder un critère, ensuite le fai

557 e valoir avec intransigeance. Or le critère moral de l’ancienne bourgeoisie a perdu tout prestige à nos yeux. Et les critè

558 prestige à nos yeux. Et les critères « nouveaux » de l’immoralisme bourgeois trahissent la décadence du régime plus qu’ils

559 adence du régime plus qu’ils n’annoncent la venue d’ un nouvel ordre. Une critique dépourvue de critère indépendant de la l

560 a venue d’un nouvel ordre. Une critique dépourvue de critère indépendant de la littérature est condamnée à ne plus critiqu

561 re. Une critique dépourvue de critère indépendant de la littérature est condamnée à ne plus critiquer que les moyens de ce

562 est condamnée à ne plus critiquer que les moyens de cette littérature. Elle les juge pour eux-mêmes, sans rapport à leurs

563 plique à parler du livre dont on parle plutôt que de celui dont il faudrait parler, et qu’on ignore. Elle ne juge plus : e

564 la rumeur des salons, des cafés, des antichambres d’ éditeurs. À sa façon, non moins que les littérateurs dont j’ai parlé,

565 oulait trouver un critère général qui nous permît d’ évaluer les œuvres et leur influence sur les hommes, je crois bien qu’

566 qui s’appelle la sociologie. La grande faiblesse de la littérature actuelle, c’est qu’elle s’est rendue justiciable de la

567 actuelle, c’est qu’elle s’est rendue justiciable de la critique des marxistes. « L’art pour l’art » reste sa méthode, et

568 tablissement des bourgeois. Mais cette critique «  de classe » reste encore négative. Elle se condamne aussi à rendre compt

569 mineures, toute création réelle étant la position d’ un acte indépendant des mécanismes de la société. Il nous faut faire u

570 la position d’un acte indépendant des mécanismes de la société. Il nous faut faire un pas de plus. Il nous faut dire enfi

571 térature déshumanise l’homme, soit qu’elle refuse de l’enseigner, soit qu’elle enseigne des valeurs hasardeuses, ou périmé

572 Nous voici parvenus au grand tournant. Les œuvres de l’esprit, dès que l’esprit cesse d’être autorité, tombent sous le cou

573 t. Les œuvres de l’esprit, dès que l’esprit cesse d’ être autorité, tombent sous le coup des lois publicitaires. Et la publ

574 licitaires. Et la publicité traduit les exigences d’ une classe bourgeoise très capricieuse dans ses goûts, parce qu’elle e

575 euse dans ses goûts, parce qu’elle est incertaine de sa mission. Cette anarchie ne se développera pas impunément : elle va

576  : elle va se résoudre en violences. Il n’y a pas d’ exemples, dans l’histoire, qu’une littérature sans nécessité intérieur

577 servait à toutes fins capitalistes. Nous risquons de voir, avant peu, cette même littérature « mise au pas » par l’État fa

578 pourrait-elle lui opposer ? Où donc est la mesure de l’homme irréductible, au nom de quoi elle dirait non ? Elle n’a pas d

579 le, au nom de quoi elle dirait non ? Elle n’a pas de visée humaine, elle n’est plus que littérature, et les fameuses « val

580 es « valeurs » littéraires, on sait qu’elles sont de peu de poids dans la balance politique. Tout ce qui n’est pas déjà au

581 s déjà au service des hommes, est déjà au service de ce qui les opprime. Notre individualisme travaille pour l’État. Notre

582 umaine. Mais notre siècle est justement le siècle de la décadence des lieux communs. L’Ordre, le Bien Public, la Richesse,

583 it, l’Amour, la Civilisation, — les lieux communs de l’ère finissante ne sont plus que malentendus, et la seule convention

584 endus, et la seule convention qui subsiste, c’est de les accepter pour tels. « Philosophe et guerrier, écrit Rudolf Kassne

585 un que des banalités. » Mais quelle est la nature de ces banalités ? L’aventure du romantisme et l’équivoque libérale ayan

586 e et l’équivoque libérale ayant rapidement achevé de disqualifier l’esprit pur, il ne reste à nos « hommes d’action » d’au

587 ualifier l’esprit pur, il ne reste à nos « hommes d’ action » d’autres normes et d’autre mesure que l’argent, ce symbole un

588 este à nos « hommes d’action » d’autres normes et d’ autre mesure que l’argent, ce symbole unique de la puissance sans visa

589 et d’autre mesure que l’argent, ce symbole unique de la puissance sans visage. Dire que le monde est devenu impensable, c’

590 devenu impensable, c’est avouer qu’il n’y a plus de mesure commune à la pensée et à l’action, — hors la monnaie. Un monde

591 partis, dans l’État ou dans la nation un principe de grandeur qui n’est plus que dans l’homme. Mais si nous trouvons ce pr

592 oncrète, cette référence universelle, ce principe de grandeur que nous proposons tous ici, c’est l’homme considéré dans sa

593 ion créatrice, — c’est la personne. Que la mesure de tout soit désormais dans la personne, et non plus dans les intérêts d

594 s dans la personne, et non plus dans les intérêts d’ un pouvoir ou d’une classe, voilà bien l’aboutissement de toute l’évol

595 ne, et non plus dans les intérêts d’un pouvoir ou d’ une classe, voilà bien l’aboutissement de toute l’évolution démocratiq

596 uvoir ou d’une classe, voilà bien l’aboutissement de toute l’évolution démocratique, si l’on entend ce terme au sens origi

597 erme au sens originel, et non point au sens dévié de l’individualisme politique. « Dernière heure de l’État, première heur

598 é de l’individualisme politique. « Dernière heure de l’État, première heure des hommes. » Nous dirons première heure de la

599 re heure des hommes. » Nous dirons première heure de la personne. Ceux qui n’ont pas en eux cette mesure de l’homme, que p

600 personne. Ceux qui n’ont pas en eux cette mesure de l’homme, que pourraient-ils voir d’autre, dans le monde où nous somme

601 cette mesure de l’homme, que pourraient-ils voir d’ autre, dans le monde où nous sommes, qu’un désordre impensable, appel

602 e que nous voulons. Nous rejoignons ici le propos de ces pages. La littérature nouvelle sera le fait de l’homme renouvelé,

603 e ces pages. La littérature nouvelle sera le fait de l’homme renouvelé, je ne dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois pa

604 sera le fait de l’homme renouvelé, je ne dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois pas — je dis : de l’homme rendu à la c

605 de l’homme nouveau — je n’y crois pas — je dis : de l’homme rendu à la conscience de sa liberté. Toute création suppose u

606 s pas — je dis : de l’homme rendu à la conscience de sa liberté. Toute création suppose une liberté, ou plus exactement, c

607 ’est aussi une obéissance nouvelle. Je ne conçois de liberté concrète que dans l’exercice fidèle de ma vocation personnell

608 is de liberté concrète que dans l’exercice fidèle de ma vocation personnelle. Liberté devient synonyme d’obéissance incond

609 ma vocation personnelle. Liberté devient synonyme d’ obéissance inconditionnée à mon unique raison d’être14. Nous sommes ic

610 e d’obéissance inconditionnée à mon unique raison d’ être14. Nous sommes ici très loin de la notion bourgeoise de liberté,

611 Nous sommes ici très loin de la notion bourgeoise de liberté, qui est absence d’obligations, de repères, de coordonnées. T

612 la notion bourgeoise de liberté, qui est absence d’ obligations, de repères, de coordonnées. Très loin aussi de l’anarchie

613 geoise de liberté, qui est absence d’obligations, de repères, de coordonnées. Très loin aussi de l’anarchie. Car l’exercic

614 berté, qui est absence d’obligations, de repères, de coordonnées. Très loin aussi de l’anarchie. Car l’exercice de la libe

615 ions, de repères, de coordonnées. Très loin aussi de l’anarchie. Car l’exercice de la liberté personnelle entraîne des eng

616 es. Très loin aussi de l’anarchie. Car l’exercice de la liberté personnelle entraîne des engagements humains ; rapidement

617 umains ; rapidement il se concrétise en relations de responsabilité. Et voilà bien le seul fondement d’une communauté viva

618 e responsabilité. Et voilà bien le seul fondement d’ une communauté vivante. L’écrivain sera créateur dans la mesure où il

619 is dans cette mesure-là, il assumera son risque ! D’ autant plus personnel, d’autant plus responsable, — et d’autant plus p

620 il assumera son risque ! D’autant plus personnel, d’ autant plus responsable, — et d’autant plus profondément enraciné dans

621 t plus personnel, d’autant plus responsable, — et d’ autant plus profondément enraciné dans la commune condition humaine. R

622 on humaine. Rendez à l’écrivain la responsabilité de ses écrits, vous le rendrez aussi à la communauté, vous recréerez le

623 si à la communauté, vous recréerez le lien vivant de l’auteur avec son public. Une fois posés ces fondements spirituels d’

624 public. Une fois posés ces fondements spirituels d’ une littérature rénovée, qu’aurions-nous la témérité et la naïveté de

625 énovée, qu’aurions-nous la témérité et la naïveté de prévoir ? On ne prévoit pas un chef-d’œuvre, et la littérature, c’est

626 chefs-d’œuvre. Mais avant l’œuvre, il y a l’appel de l’homme, sa volonté déterminée, son attitude créatrice. Je dirai donc

627 voque. Je vois un grand dessin véhément et humble de Rembrandt, des amas d’ombres grouillants d’êtres révélés et saisis pa

628 dessin véhément et humble de Rembrandt, des amas d’ ombres grouillants d’êtres révélés et saisis par le droit flot de la l

629 umble de Rembrandt, des amas d’ombres grouillants d’ êtres révélés et saisis par le droit flot de la lumière, les replis de

630 lants d’êtres révélés et saisis par le droit flot de la lumière, les replis de la vie quotidienne fouillés comme un cauche

631 aisis par le droit flot de la lumière, les replis de la vie quotidienne fouillés comme un cauchemar par le brusque soleil,

632 nt qui le jette à sa vocation. Situation initiale de l’humain ! Initiation au réalisme enfin total, qui est celui du comba

633 t personnel ; initiation à la vision constituante de notre vie, celle qui unit dans un même regard les apparences actuelle

634 vois le comique jaillir à la moindre comparaison de nos coutumes et de nos idéaux. Il nous faut une équipe d’écrivains qu

635 illir à la moindre comparaison de nos coutumes et de nos idéaux. Il nous faut une équipe d’écrivains qui entreprennent de

636 outumes et de nos idéaux. Il nous faut une équipe d’ écrivains qui entreprennent de confronter la vie privée des hommes d’a

637 ous faut une équipe d’écrivains qui entreprennent de confronter la vie privée des hommes d’aujourd’hui avec les buts qu’il

638 reprennent de confronter la vie privée des hommes d’ aujourd’hui avec les buts qu’ils croient viser, d’une part, et d’autre

639 qui leur sont réellement assignés par leur raison d’ être profonde. C’est un amer divertissement que nous offre la vie quot

640 la vie quotidienne des citadins : ils ont en tête trente-six morales contradictoires et autant de modèles qu’ils voudraient égaler

641 tête trente-six morales contradictoires et autant de modèles qu’ils voudraient égaler, et cependant ils suivent la coutume

642 uivent la coutume bourgeoise, qui est la négation de tous leurs idéaux. Certains verront peut-être dans l’Ulysse de Joyce

643 rront peut-être dans l’Ulysse de Joyce une satire de ce genre, minutieuse confrontation de l’idéal rêvé et du sordide quot

644 une satire de ce genre, minutieuse confrontation de l’idéal rêvé et du sordide quotidien. Mais Joyce est justement le plu

645 Mais Joyce est justement le plus parfait exemple d’ un vice fondamental de la pensée bourgeoise, vice qui le lie au monde

646 ent le plus parfait exemple d’un vice fondamental de la pensée bourgeoise, vice qui le lie au monde ancien et le condamne

647 e à passer avec lui : il décrit l’anarchie intime de l’homme moderne avec le parti pris de ne jamais juger, avec le parti

648 chie intime de l’homme moderne avec le parti pris de ne jamais juger, avec le parti pris de n’en jamais avoir, qui est san

649 parti pris de ne jamais juger, avec le parti pris de n’en jamais avoir, qui est sans doute le pire des partis pris. La lit

650 tis pris. La littérature romanesque décrit depuis cent ans nos mœurs et nos malheurs avec une croissante application à la st

651 application à la stupidité, j’entends à l’absence de jugement. S’il est un genre que nos critiques sont unanimes à condamn

652 oman à thèse. Méfiance significative ! Les thèses de Bourget ne valaient pas grand-chose : pauvre prétexte à n’en point ch

653 and-chose : pauvre prétexte à n’en point chercher de meilleures. Ce n’est pas l’échec de Bourget qui peut expliquer à lui

654 oint chercher de meilleures. Ce n’est pas l’échec de Bourget qui peut expliquer à lui seul un refus aussi opportun de la p

655 e plus défendre ses vrais buts, et préfère parler d’ autre chose. Tous nos romans ne sont que diversions, idéalistes ou imm

656 s’ils ne sont pas les descriptions désenchantées d’ une société en voie de dissolution atomique. Les civilisations conscie

657 descriptions désenchantées d’une société en voie de dissolution atomique. Les civilisations conscientes de leur mission n

658 ssolution atomique. Les civilisations conscientes de leur mission n’ont jamais craint d’affirmer leur morale. Elles n’ont

659 s conscientes de leur mission n’ont jamais craint d’ affirmer leur morale. Elles n’ont jamais pensé qu’une œuvre d’art perd

660 es n’ont jamais pensé qu’une œuvre d’art perdrait de sa valeur à illustrer des « thèses », à développer des lieux communs

661 yons la Russie contemporaine restaurer le pouvoir de la littérature sur les masses, parce qu’elle restaure une conscience

662 une. Nous voyons aussi le bourgeois s’émerveiller de ce rajeunissement. Craignons que le fascisme ne tire bénéfice, avant

663 ons que le fascisme ne tire bénéfice, avant nous, d’ une faim trop facile à tromper. Il est bon, il est nécessaire que la l

664 trop bas — erreur soviétique. Mais bien à hauteur d’ homme, et c’est la vérité personnaliste. Enseigner, c’est rappeler aux

665 te. Enseigner, c’est rappeler aux hommes les fins de leurs activités. C’est, pour un écrivain, ordonner les moyens de son

666 tés. C’est, pour un écrivain, ordonner les moyens de son art à ces fins. Il y faut bien autant de talent qu’en exige notre

667 yens de son art à ces fins. Il y faut bien autant de talent qu’en exige notre littérature, et quelques vertus d’homme et d

668 qu’en exige notre littérature, et quelques vertus d’ homme et de « penseur » en plus. J’indiquerai trois de ces vertus qui

669 notre littérature, et quelques vertus d’homme et de « penseur » en plus. J’indiquerai trois de ces vertus qui me paraisse

670 s d’homme et de « penseur » en plus. J’indiquerai trois de ces vertus qui me paraissent fort peu de mode parmi nos scribes as

671 mme et de « penseur » en plus. J’indiquerai trois de ces vertus qui me paraissent fort peu de mode parmi nos scribes assis

672 parmi nos scribes assis ou accroupis. Le respect de la culture, tout d’abord. Nos romanciers sont très mal cultivés. Ils

673 qu’elle incarne, parce qu’elle tiendra la mesure de l’humain et qu’elle créera dans la perspective commune. Restaurer le

674 ans la perspective commune. Restaurer le prestige de la culture, cela ne va pas à la spéculation gratuite, dans un monde p

675 sonnaliste. Les « idées pures » sont des cadavres d’ idées ; les idées vivantes sont des actes. Apprenons à penser en actes

676 hommes responsables, non plus comme des amuseurs de salon. Il y aurait quelque chose de nouveau dans les lettres si tous

677 rnières « valeurs » du romantisme, je proposerais d’ ériger en vertu le mépris d’une certaine originalité de forme. Le raff

678 tisme, je proposerais d’ériger en vertu le mépris d’ une certaine originalité de forme. Le raffinement des moyens artistiqu

679 ger en vertu le mépris d’une certaine originalité de forme. Le raffinement des moyens artistiques est toujours un assez ma

680 st poussé à la manie par les suiveurs des maîtres d’ après-guerre. Les mauvais écrivains d’aujourd’hui ne valent rien humai

681 des maîtres d’après-guerre. Les mauvais écrivains d’ aujourd’hui ne valent rien humainement. Ils ne font que copier les vic

682 ices formels obscurcissent ou trahissent les buts de l’écrivain et le séparent de l’humanité. Une littérature personnalist

683 trahissent les buts de l’écrivain et le séparent de l’humanité. Une littérature personnaliste rétablira la hiérarchie, re

684 aliste rétablira la hiérarchie, rendra aux moyens d’ expression leur importance de moyens. La personne est toujours origina

685 e, rendra aux moyens d’expression leur importance de moyens. La personne est toujours originale quand elle est. Son seul s

686 ours originale quand elle est. Son seul souci est d’ être, le plus fidèlement. C’est à partir d’elle seule qu’un art origin

687 ci est d’être, le plus fidèlement. C’est à partir d’ elle seule qu’un art original se développera naturellement en un art c

688 aduisant même sans talent la vocation authentique d’ un homme, prendront cette valeur humaine qu’ont les mémoires et « livr

689 te valeur humaine qu’ont les mémoires et « livres de raison » rédigés sans littérature. Voilà qui est banal ? Je n’en suis

690 s pas fâché. Aucune révolution n’a jamais inventé de vertu réellement nouvelle. Mais toute révolution est d’abord un rappe

691 ligées. Une nouvelle insistance sur la définition de l’homme. Une nouvelle discipline. Et une nouvelle aisance. 12. Un

692 nouvelle discipline. Et une nouvelle aisance. 12. Un éditeur introduit en ces termes une collection de romans populaire

693 Un éditeur introduit en ces termes une collection de romans populaires : « Tenter d’arracher le lecteur aux petits soucis

694 es une collection de romans populaires : « Tenter d’ arracher le lecteur aux petits soucis quotidiens, aux préoccupations c

695 i ouvrir toutes grandes les fenêtres sur la magie de l’aventure, l’entraîner loin de son train-train, etc. tel est le rôle

696 train-train, etc. tel est le rôle que se propose de poursuivre (sic) cette collection. » 13. J’inclus dans « cette litté

697 propose de poursuivre (sic) cette collection. » 13. J’inclus dans « cette littérature » la révolte surréaliste. Une révol

698 inaux, aboutit fatalement à l’étatisme renforcé. 14. Pour le chrétien, cette raison d’être singulière est la parole que Di

699 sme renforcé. 14. Pour le chrétien, cette raison d’ être singulière est la parole que Dieu lui adresse comme un ordre ; po

700 responsable envers lui-même. g. Rougemont Denis de , « Préface à une littérature », Esprit, Paris, octobre 1934, p. 24-33

701 éface à une littérature », Esprit, Paris, octobre 1934, p. 24-33.

702 Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)h On ne devrait jamais lire les hebdomad

703 Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934 )h On ne devrait jamais lire les hebdomadaires. Ce sont des entrepr

704 s lire les hebdomadaires. Ce sont des entreprises de démoralisation : 1° parce qu’ils satisfont à peu de frais les bourgeo

705 ires. Ce sont des entreprises de démoralisation : 1° parce qu’ils satisfont à peu de frais les bourgeois paresseux, vaguem

706 frais les bourgeois paresseux, vaguement inquiets de se tenir au courant de ce qu’ils croient être la chose littéraire ; 2

707 esseux, vaguement inquiets de se tenir au courant de ce qu’ils croient être la chose littéraire ; 2° parce qu’ils incitent

708 t de ce qu’ils croient être la chose littéraire ; 2° parce qu’ils incitent les écrivains de métier à écrire des stupidités

709 ttéraire ; 2° parce qu’ils incitent les écrivains de métier à écrire des stupidités, des pornographies pauvrettes, des « v

710 tes, des « variétés » publicitaires et en général de la littérature de Prisunic ; 3° parce qu’ils flanquent le cafard aux

711 s » publicitaires et en général de la littérature de Prisunic ; 3° parce qu’ils flanquent le cafard aux hommes sobres d’es

712 res et en général de la littérature de Prisunic ; 3° parce qu’ils flanquent le cafard aux hommes sobres d’esprit et passio

713 arce qu’ils flanquent le cafard aux hommes sobres d’ esprit et passionnent les indiscrets. Je le dis comme je le sens — par

714 es lis, naturellement — et je vous laisse le soin de me classer, si vous y tenez. Pour être juste, si toutefois le sujet e

715 éderai qu’il arrive parfois qu’on trouve dans une de ces feuilles une page digne de l’écrivain qui l’a signée : Montherlan

716 on trouve dans une de ces feuilles une page digne de l’écrivain qui l’a signée : Montherlant par exemple, ou Giono. Maria

717 ant par exemple, ou Giono. Marianne a publié, le 15 août, une nouvelle de Jean Giono intitulée « La femme morte », qui n’

718 ono. Marianne a publié, le 15 août, une nouvelle de Jean Giono intitulée « La femme morte », qui n’est pas une nouvelle b

719 e cela, une présence, une plainte juste, une voix d’ homme. L’auteur entre dans les confidences d’une femme non mariée (on

720 voix d’homme. L’auteur entre dans les confidences d’ une femme non mariée (on ne voudrait pas dire une vieille fille) — une

721 voudrait pas dire une vieille fille) — une femme de la campagne vaudoise, qui a eu des malheurs, qui les conte assez mal

722 à s’en tirer par ses moyens. Je cite : J’essayai de me sauver par l’esprit. Vous qui êtes Français, dites-moi pourquoi, d

723 ans tout votre trésor littéraire, vous n’avez pas de livres remèdes ? Pourquoi vous ne pensez jamais aux désespérés ? Tous

724 Tous vos livres disent non à la vie. C’est facile d’ être négatif. Et je n’avais pas besoin qu’on m’y aide. Pourquoi n’avez

725 e, vous Français — ou la bonté — ou la générosité de soi — de dire oui à la vie. C’est très difficile… J’interromps la ci

726 rançais — ou la bonté — ou la générosité de soi — de dire oui à la vie. C’est très difficile… J’interromps la citation :

727 i signifie chez Nietzsche à peu près le contraire de ce que cette femme veut expliquer à Giono. Mais voilà un trait juste,

728 et aussi par les autres, bien sûr — et détournés de leur sens primitif, de sorte qu’ils trahissent la pensée de ceux qui

729 ns primitif, de sorte qu’ils trahissent la pensée de ceux qui les répètent, mais se chargent alors, parfois, dans la bouch

730 ent alors, parfois, dans la bouche des innocents, d’ une humanité émouvante, — émouvante par l’erreur même. La femme poursu

731 s ? Ne penserez-vous jamais à ceux qui ont besoin de comprendre le monde ? — J’ai une grande dette de reconnaissance à pay

732 de comprendre le monde ? — J’ai une grande dette de reconnaissance à payer à M. Johan Bojer, et s’il était là, je lui fer

733 e café, et j’irais lui chercher mon plus beau pot de confitures… Elle voudrait voir aussi Reymont, et Gorki. « Dites, mon

734 es-là quand on en trouve), mais aussi par manière de conclusion à cette Préface à une littérature, qu’on a pu lire ici le

735 Ah ! nous sommes loin — (avec ces auteurs-là) — de ceux qui écrivent merde cent fois la ligne pour faire croire qu’ils s

736 avec ces auteurs-là) — de ceux qui écrivent merde cent fois la ligne pour faire croire qu’ils sont forts. Je n’ai pas besoin

737 taient perpétuellement imbriqués comme les pièces d’ un puzzle. Dès qu’on les sépare, il faut chercher dans quel trou va la

738 . — D’autres sont venus, qui ont relevé mon front de la poussière. Ils ont mis leur douce main sous mon menton. Ils m’ont

739 le vaste monde. À ceux-là, je dois la nourriture de ma maison, comme à des dieux. « Aidez-moi ! », dit cette femme. Mais

740 des sensations, mais surtout ne vous occupez pas de cela en moi dont je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de mon

741 e cela en moi dont je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’autre jour, pressé de rentrer et ne dispos

742 dont je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’autre jour, pressé de rentrer et ne disposant d’aucun mo

743 10 kilomètres de mon logis, l’autre jour, pressé de rentrer et ne disposant d’aucun moyen rapide, je hèle une auto. Le co

744 , l’autre jour, pressé de rentrer et ne disposant d’ aucun moyen rapide, je hèle une auto. Le conducteur est seul. Il me pr

745 end volontiers. Nous causons. C’est un commerçant de Lyon, la cinquantaine, assez bavard. À certaines allusions, je devine

746 ». Pourtant, il porte une alliance. Pauvre gaieté de la vie de garçon, reprise par nécessité… Nous arrivons sur la place d

747 t, il porte une alliance. Pauvre gaieté de la vie de garçon, reprise par nécessité… Nous arrivons sur la place de mon vill

748 reprise par nécessité… Nous arrivons sur la place de mon village. « Je vous dépose ici ? Où voulez-vous ? Tenez, on va s’a

749 le bouquin. Ah ça alors ! Tenez, c’est l’histoire d’ une municipalité qui fait construire un des trucs-là juste en face l’é

750 politique et tout15 !… » Les éditeurs s’efforcent de répondre à la demande du public. Il faut des livres faciles, des livr

751 et d’abord des écrivains, ne serait pas justement de savoir un peu mieux que « les gens » de quoi ils ont besoin et ce qu’

752 justement de savoir un peu mieux que « les gens » de quoi ils ont besoin et ce qu’ils demandent réellement ? Car les gens

753 Car les gens ne demandent pas ce qu’ils ont l’air de demander, et ce qu’on se montre si pressé de leur donner à bon marché

754 ’air de demander, et ce qu’on se montre si pressé de leur donner à bon marché. Ils s’expriment mal, ils trahissent leur pe

755 leurs désirs, ils n’osent pas dire, ils n’ont pas de formules pour avouer leur peine, pour demander les « remèdes » qu’il

756 leur tête. On les a pris pour ce qu’ils ont l’air d’ être, ou mieux pour ce qu’ils croient devoir se donner l’air d’être ou

757 eux pour ce qu’ils croient devoir se donner l’air d’ être ou de n’être pas. Comme si le fin du fin, c’était de prendre au m

758 e qu’ils croient devoir se donner l’air d’être ou de n’être pas. Comme si le fin du fin, c’était de prendre au mot les pau

759 ou de n’être pas. Comme si le fin du fin, c’était de prendre au mot les pauvres hommes préalablement abêtis par l’école, p

760 iment que mon bagnolard, mon lecteur enthousiaste de Clochemerle, grand roman de la pissotière, croyez-vous que cet homme

761 lecteur enthousiaste de Clochemerle, grand roman de la pissotière, croyez-vous que cet homme tout de même ne disait pas l

762 t fallait-il être bien fin pour le comprendre ? 15. Je n’ai pas suivi le conseil de cet homme, et n’ai pas lu le livre. J

763 e comprendre ? 15. Je n’ai pas suivi le conseil de cet homme, et n’ai pas lu le livre. Je lui laisse donc la responsabil

764 pte rendu qu’il m’en a fait. h. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Sur une nouvelle de Jean Giono », Esprit, Paris, no

765 emont Denis de, « [Compte rendu] Sur une nouvelle de Jean Giono », Esprit, Paris, novembre 1934, p. 292-295.

766 nouvelle de Jean Giono », Esprit, Paris, novembre 1934, p. 292-295.

767 Définition de la personne (décembre 1934)i L’auteur de cet essai fait partie du

768 Définition de la personne (décembre 1934 )i L’auteur de cet essai fait partie du comité directeur de L’Ordr

769 ition de la personne (décembre 1934)i L’auteur de cet essai fait partie du comité directeur de L’Ordre nouveau . D’aut

770 teur de cet essai fait partie du comité directeur de L’Ordre nouveau . D’autre part, il dirige la revue barthienne Hic e

771 il dirige la revue barthienne Hic et Nunc . Ces deux références peuvent fixer sa position spirituelle. Toutefois, l’exposé

772 e n’est pas un résumé des idées défendues par les deux groupes cités (et qui sont absolument indépendants l’un de l’autre).

773 s cités (et qui sont absolument indépendants l’un de l’autre). Cet exposé traduit au contraire un effort tout à fait « per

774 udrait d’ailleurs considérer comme le bien commun de sa génération. 1. L’indéfinissable concret Il ne faut pas estime

775 nsidérer comme le bien commun de sa génération. 1. L’indéfinissable concret Il ne faut pas estimer que les objets que

776 faut pas estimer que les objets que nous touchons de nos mains et voyons de nos yeux soient du tout plus concrets que l’ac

777 s objets que nous touchons de nos mains et voyons de nos yeux soient du tout plus concrets que l’acte qui consiste à les t

778 tant qu’absentes. Mais c’est une autre erreur que d’ attribuer à la vision, ou au toucher, ou à la connaissance, une réalit

779 connaissance, une réalité suffisante et détachée de toute action particulière. (Ainsi rêve l’idéalisme.) Pour qu’il y ait

780 y ait une réalité, pour qu’il y ait quelque chose de concret, il faut une mise en présence certifiée par un événement ; il

781 ifiée par un événement ; il faut que la rencontre d’ un sujet avec un objet soit attestée par quelque modification sensible

782 ls ne sont vraiment objets que si la connaissance d’ un homme les saisit. La connaissance d’un homme n’est réellement sujet

783 nnaissance d’un homme les saisit. La connaissance d’ un homme n’est réellement sujet que dans l’instant où elle rencontre u

784 que dans l’instant où elle rencontre une occasion de s’exercer, et la saisit. Par ces deux phrases, nous n’avons pas encor

785 une occasion de s’exercer, et la saisit. Par ces deux phrases, nous n’avons pas encore défini le concret comme tel, mais no

786 e concret comme tel, mais nous avons plutôt donné deux équations dont le concret constitue l’inconnue, et décrit la manière

787 vraiment faire plus ? L’événement seul a la vertu de concrétiser le concret, et de manifester à l’évidence son mystère. Or

788 ent seul a la vertu de concrétiser le concret, et de manifester à l’évidence son mystère. Or l’événement ne naît jamais, c

789 omme feignent certains philosophes, du croisement de deux définitions. Les philosophes se résignent très mal à cette limit

790 e feignent certains philosophes, du croisement de deux définitions. Les philosophes se résignent très mal à cette limitation

791 losophes se résignent très mal à cette limitation de leur pouvoir : il nous faut pourtant bien admettre que le concret est

792 ées par lui, et non point lui par elles. Et c’est de lui qu’elles tirent leur justification, et non l’inverse. En d’autres

793 le problème résolu. Seule, une valeur déterminée de l’inconnue donne une réalité aux relations que nous venons de propose

794 vrai sujet, et l’équation objet en vrai objet. 2. Le concret, c’est la présence de l’homme Comment choisir cette val

795 n vrai objet. 2. Le concret, c’est la présence de l’homme Comment choisir cette valeur précise de l’inconnue ? Exami

796 e l’homme Comment choisir cette valeur précise de l’inconnue ? Examinons d’un peu plus près les données qu’il faut mett

797 ir cette valeur précise de l’inconnue ? Examinons d’ un peu plus près les données qu’il faut mettre en présence. Sujet en

798 cepts dont le seul contenu paraît au seul instant de leur présence mutuelle. Il ne suit pas de là que cet instant, qui les

799 instant de leur présence mutuelle. Il ne suit pas de là que cet instant, qui les réunit, les confonde : tout au contraire,

800 ar autrement, où serait l’événement ? La manière d’ être de l’objet lorsqu’il est mis en présence du sujet n’est point pas

801 ement, où serait l’événement ? La manière d’être de l’objet lorsqu’il est mis en présence du sujet n’est point passive ;

802 présence du sujet n’est point passive ; elle est de résister. Mais l’objet ne peut, par lui-même, provoquer aucune présen

803 est là le rôle du sujet, et sa nature. La manière d’ être du sujet est essentiellement provocante. Il cherche partout un ob

804 l cherche partout un objet qui lui donne occasion de manifester son pouvoir. Et son angoisse est de n’en pas trouver ; sa

805 on de manifester son pouvoir. Et son angoisse est de n’en pas trouver ; sa joie, de provoquer le corps-à-corps avec l’obje

806 t son angoisse est de n’en pas trouver ; sa joie, de provoquer le corps-à-corps avec l’objet. Par où l’on voit que le suje

807 ar où l’on voit que le sujet détient une primauté de fait. Il peut s’éprouver dans l’angoisse, il y trouve, loin de l’obje

808 angoisse, il y trouve, loin de l’objet, une sorte d’ existence virtuelle, incomplète mais déjà consciente ; cependant que l

809 e pousse à chercher ce dont il manque, et n’a pas d’ existence. Il ne devient objet que lorsque j’en fais mon objet. Tel ét

810 tout l’univers connu, l’homme détient le pouvoir de provoquer l’objet à l’existence. Il peut le faire de deux façons, l’u

811 provoquer l’objet à l’existence. Il peut le faire de deux façons, l’une virtuelle ou distante, l’autre actuelle. S’il se b

812 voquer l’objet à l’existence. Il peut le faire de deux façons, l’une virtuelle ou distante, l’autre actuelle. S’il se borne

813 il ne fait à vrai dire qu’augmenter son angoisse de l’impression d’une impuissance. Alors l’objet n’a pas d’autre existen

814 ai dire qu’augmenter son angoisse de l’impression d’ une impuissance. Alors l’objet n’a pas d’autre existence que celle d’u

815 pression d’une impuissance. Alors l’objet n’a pas d’ autre existence que celle d’une fatalité abstraite pesant sur la consc

816 Alors l’objet n’a pas d’autre existence que celle d’ une fatalité abstraite pesant sur la conscience du sujet. Mais dès que

817 t. Mais dès que l’homme secoue ce sortilège, sort de ses ombres, cherche des résistances, veut agir, trouve son objet, — l

818 — la fatalité disparaît, l’angoisse devient joie de combattre. C’est le moment de la présence de l’homme au monde et à so

819 goisse devient joie de combattre. C’est le moment de la présence de l’homme au monde et à soi-même conjointement. Et c’est

820 joie de combattre. C’est le moment de la présence de l’homme au monde et à soi-même conjointement. Et c’est ainsi que le c

821 conjointement. Et c’est ainsi que le concret naît d’ une décision de l’homme provocateur de la présence. 3. La présence

822 Et c’est ainsi que le concret naît d’une décision de l’homme provocateur de la présence. 3. La présence de l’homme est

823 oncret naît d’une décision de l’homme provocateur de la présence. 3. La présence de l’homme est un acte La joie de l

824 écision de l’homme provocateur de la présence. 3. La présence de l’homme est un acte La joie de l’homme, ou sa doule

825 mme provocateur de la présence. 3. La présence de l’homme est un acte La joie de l’homme, ou sa douleur, tels sont l

826 3. La présence de l’homme est un acte La joie de l’homme, ou sa douleur, tels sont les signes de son existence concrèt

827 e de l’homme, ou sa douleur, tels sont les signes de son existence concrète, cependant que l’angoisse est le signe de son

828 e concrète, cependant que l’angoisse est le signe de son absence au monde et à soi-même. Dire que l’homme est, concrètemen

829 un objet ou comme un chiffre : ils ne savent pas de quoi ils parlent, l’homme dont ils parlent n’est pas un homme, mais u

830 précision. Les lois qu’ils imaginent sont celles de la mort, et d’abord de leur propre mort. Car l’essence de l’homme, en

831 ’ils imaginent sont celles de la mort, et d’abord de leur propre mort. Car l’essence de l’homme, en tant qu’homme, est à j

832 rt, et d’abord de leur propre mort. Car l’essence de l’homme, en tant qu’homme, est à jamais incalculable, si l’homme est

833 vénement, une rupture et une création, un fauteur de nouveauté pure, un poseur de questions, un « prochain » et non pas un

834 création, un fauteur de nouveauté pure, un poseur de questions, un « prochain » et non pas un problème à résoudre à distan

835 distance ; en un mot, si l’homme est un acte. 4. L’acte est insaisissable, parce qu’il est saisissant Toutes les ps

836 leur effort pour décrire l’acte et rendre compte de ses déterminations suffisantes. Ce qui revient à reconnaître que la p

837 qui est l’étude du comportement humain. Il n’est de science que du régulier, c’est-à-dire de l’inhumain (à la limite), et

838 Il n’est de science que du régulier, c’est-à-dire de l’inhumain (à la limite), et c’est encore à dire qu’une « science de

839 limite), et c’est encore à dire qu’une « science de l’homme » qui se veut purement descriptive est exacte dans la mesure

840 décrit notre dégradation. L’erreur est simplement de nommer homme cette dégradation, dont nul ne songe d’ailleurs à contes

841 r l’existence même des psychologues. L’apparition de la psychologie est à peu près contemporaine de celle de l’homme abstr

842 on de la psychologie est à peu près contemporaine de celle de l’homme abstrait dans l’ordre politique. Et l’extension de c

843 psychologie est à peu près contemporaine de celle de l’homme abstrait dans l’ordre politique. Et l’extension de cette scie

844 e abstrait dans l’ordre politique. Et l’extension de cette science mesure assez exactement l’ampleur de notre défection au

845 e cette science mesure assez exactement l’ampleur de notre défection au monde et à nous-mêmes. Dans l’homme entièrement hu

846 arnation et non concept. Mais la psychologie fait de l’homme son « objet », et par là même le déshumanise. Elle pose l’hom

847 un problème, et pour autant elle est bien obligée de prendre du recul par rapport à l’homme concret : mais alors il n’est

848 logue repose sur un sophisme qu’il faut qualifier d’ inversion pure et simple de l’humain. Le droit usage de l’entendement

849 e qu’il faut qualifier d’inversion pure et simple de l’humain. Le droit usage de l’entendement n’est pas l’étude de l’homm

850 ersion pure et simple de l’humain. Le droit usage de l’entendement n’est pas l’étude de l’homme, mais son éducation. Il n’

851 Le droit usage de l’entendement n’est pas l’étude de l’homme, mais son éducation. Il n’est pas de décrire, mais d’inventer

852 tude de l’homme, mais son éducation. Il n’est pas de décrire, mais d’inventer. L’acte étant sujet pur, il ne sera jamais u

853 mais son éducation. Il n’est pas de décrire, mais d’ inventer. L’acte étant sujet pur, il ne sera jamais un objet de l’ente

854 ’acte étant sujet pur, il ne sera jamais un objet de l’entendement. Et c’est pourquoi rien ne peut l’expliquer. Mais qu’il

855 et deviennent saisissables pour l’entendement. 5. L’acte est la personne Puisqu’il est manifeste que l’acte est le p

856 est manifeste que l’acte est le perpétuel auteur de notre humanité, nous ne pouvons connaître cette humanité, sinon dans

857 re où nous sommes agissants. L’acte seul témoigne de l’acte, et joue en nous le rôle de l’homme. C’est lui qui rend l’homm

858 seul témoigne de l’acte, et joue en nous le rôle de l’homme. C’est lui qui rend l’homme visible à l’homme, et nous sculpt

859 faut inventer, il y a des figurants qui n’ont pas de visage ; mais ceux qu’on voit sont les acteurs qui jouent leur rôle d

860 qu’on voit sont les acteurs qui jouent leur rôle d’ hommes et qui créent leur destin : ceux-là seuls sont les dramatis per

861 présents, parce qu’ils représentent. À la faveur de cette image, autorisée par l’étymologie du mot personne, nous pouvons

862 ie du mot personne, nous pouvons voir d’abord que de l’individu à la personne, la différence est celle du figurant anonyme

863 férence est celle du figurant anonyme à l’acteur, de celui qui fait nombre à celui qui fait loi, de celui qui regarde à ce

864 r, de celui qui fait nombre à celui qui fait loi, de celui qui regarde à celui qui s’engage. Nous pouvons voir ensuite un

865 e. Nous pouvons voir ensuite un premier caractère de la personne immédiatement lié aux conditions de son apparition, j’ent

866 e de la personne immédiatement lié aux conditions de son apparition, j’entends à la présence et à l’engagement : la person

867 i qu’il n’est plus un isolé, mais un prochain. 6. La personne est une vocation Qu’on n’oublie pas que la scène du dr

868 est aussi vaste que le monde, et qu’il n’est pas de réduit si secret où l’on se cache, qui ne soit justement l’un des lie

869 l’un des lieux où l’action générale avait dessein de nous placer. Ainsi donc, encore que ce drame puisse être qualifié de

870 si donc, encore que ce drame puisse être qualifié de jeu, et légèrement pris par toute espèce de sceptiques ou d’heureux i

871 lifié de jeu, et légèrement pris par toute espèce de sceptiques ou d’heureux ignorants, — il est le seul. Et l’on n’en peu

872 légèrement pris par toute espèce de sceptiques ou d’ heureux ignorants, — il est le seul. Et l’on n’en peut sortir sans qui

873 ison qu’elle est unique, et qu’on ne peut changer de rôle : on peut seulement refuser de jouer. Mais cela dit, il reste à

874 peut changer de rôle : on peut seulement refuser de jouer. Mais cela dit, il reste à savoir pourquoi tel figurant jeté da

875 rter tout comme s’il connaissait le fil du drame. D’ où lui vient tout à coup l’assurance que ce qu’il fait est dans son rô

876 vrai visage, un nom et une autorité, une attitude d’ auteur de son propre destin ? C’est ce que l’on ne voit point. C’est c

877 ge, un nom et une autorité, une attitude d’auteur de son propre destin ? C’est ce que l’on ne voit point. C’est ce que nul

878 er un sens commun, ou plus exactement une réalité d’ existence commune à des concepts très diversement définis par les phil

879 epts très diversement définis par les philosophes de l’école : présence, événement, concret, acte, personne. À tel point q

880 te, personne. À tel point que la vraie définition d’ un de ces termes n’est pas ailleurs que dans son assimilation existent

881 ersonne. À tel point que la vraie définition d’un de ces termes n’est pas ailleurs que dans son assimilation existentielle

882 ndement, si bien que les apparitions irréfutables de leurs contenus, telles que nous les constatons dans l’histoire, font

883 nous les constatons dans l’histoire, font figure de coups de force contre toute raison et causalité claire. Ils sont là e

884 constatons dans l’histoire, font figure de coups de force contre toute raison et causalité claire. Ils sont là en dépit d

885 s, qui nient le temps, mais aussi nous permettent d’ en prendre une mesure humaine. Toute présence est un éclair d’éternité

886 une mesure humaine. Toute présence est un éclair d’ éternité qui rompt le temps pour initier un temps nouveau. De cette ru

887 qui rompt le temps pour initier un temps nouveau. De cette rupture, l’Histoire peut témoigner, mais après coup, car les ef

888 sont visibles. Le temps nouveau qu’initie l’acte de présence, c’est le temps de la création qui naît de l’acte, c’est le

889 veau qu’initie l’acte de présence, c’est le temps de la création qui naît de l’acte, c’est le rythme imprimé à l’action gé

890 présence, c’est le temps de la création qui naît de l’acte, c’est le rythme imprimé à l’action générale par cette apparit

891 une nouvelle qualité du concret. Mais ce mystère de la présence, si l’on peut en décrire les effets, demeure mystère en t

892 re en tant que pure initiation : c’est le mystère de l’éternité, de cela qui échappe au temps, marque sa fin, et le recrée

893 pure initiation : c’est le mystère de l’éternité, de cela qui échappe au temps, marque sa fin, et le recrée. De ce mystère

894 ui échappe au temps, marque sa fin, et le recrée. De ce mystère, je puis seul témoigner dans l’instant où il me saisit, et

895 eptique que la raison impersonnelle est incapable de ne pas porter sur le concret, juge en réalité la raison même, déclare

896 ut. Nous avons établi que la présence est le fait de l’homme sujet à l’instant qu’il rencontre son objet. L’homme sujet, c

897 sujet, c’est l’homme seul à l’instant qu’il cesse de l’être. Ainsi la voie du mystère est visible : l’éternel ne touche le

898 ppelons l’éternel. La personne est le témoignage d’ une vocation reçue et obéie. Je suis personne dans la mesure où mon ac

899 suis personne dans la mesure où mon action relève de ma vocation, fût-ce au prix de la vie de mon individu. 7. Incarnat

900 n relève de ma vocation, fût-ce au prix de la vie de mon individu. 7. Incarnation À la série d’« implications inexpl

901 ion, fût-ce au prix de la vie de mon individu. 7. Incarnation À la série d’« implications inexplicables » que nous v

902 de mon individu. 7. Incarnation À la série d’ « implications inexplicables » que nous venons de parcourir, il faut a

903 terme qui la résume tout entière : c’est le terme d’ incarnation. Si toute présence est l’événement de l’éternel dans le te

904 d’incarnation. Si toute présence est l’événement de l’éternel dans le temps, par le moyen de l’homme, si l’homme n’est vr

905 vénement de l’éternel dans le temps, par le moyen de l’homme, si l’homme n’est vraiment homme que dans l’acte qui fonde sa

906 que dans l’acte qui fonde sa qualité incomparable de sujet ; si l’on admet enfin que la personne est proprement la sujétio

907 enfin que la personne est proprement la sujétion de l’homme à l’éternel et de l’objet à l’homme, on peut dire que la pers

908 proprement la sujétion de l’homme à l’éternel et de l’objet à l’homme, on peut dire que la personne est l’impensable inca

909 dire que la personne est l’impensable incarnation de l’éternité dans le temps. La personne pure serait ainsi la coïncidenc

910 serait ainsi la coïncidence absolue et manifeste d’ une vocation et d’un individu, dans chaque action de cet individu. Ou

911 oïncidence absolue et manifeste d’une vocation et d’ un individu, dans chaque action de cet individu. Ou bien encore l’appa

912 une vocation et d’un individu, dans chaque action de cet individu. Ou bien encore l’apparition d’une vocation en lieu et p

913 tion de cet individu. Ou bien encore l’apparition d’ une vocation en lieu et place d’un individu. La psychologie de la pers

914 core l’apparition d’une vocation en lieu et place d’ un individu. La psychologie de la personne parfaite se réduirait purem

915 on en lieu et place d’un individu. La psychologie de la personne parfaite se réduirait purement et simplement à son histoi

916 nous nous connaissons complexes et impurs, pleins de problèmes, peuplés de fantômes et séparés par eux de nous-mêmes et du

917 complexes et impurs, pleins de problèmes, peuplés de fantômes et séparés par eux de nous-mêmes et du monde. Nous nous voyo

918 problèmes, peuplés de fantômes et séparés par eux de nous-mêmes et du monde. Nous nous voyons dominés fréquemment par les

919 st certes pas le moindre. Dans l’espoir incertain de nous munir contre eux, notre raison cherche à trouver leurs lois. Ell

920 lle les trouve, mais ce sont alors les lois mêmes de notre absence, celles du monde abandonné et qui paraît déterminé de s

921 celles du monde abandonné et qui paraît déterminé de soi, puisqu’il est vu précisément comme n’étant pas assujetti à notre

922 on. C’est pourquoi la plupart de nos gestes, loin d’ être ordonnateurs et créateurs, sont simplement déterminés par une méc

923 écanique impersonnelle. Ils ne sont pas les actes d’ un auteur, mais les contrecoups nécessaires d’un procès initié par d’a

924 tes d’un auteur, mais les contrecoups nécessaires d’ un procès initié par d’autres, d’un procès anonyme étranger à notre êt

925 oups nécessaires d’un procès initié par d’autres, d’ un procès anonyme étranger à notre être, et que nous baptisons fatalit

926 s objets. Nous sommes surtout les jouets humiliés de ce qui nie notre dignité d’hommes, de ce qui nous traite en objets ne

927 t les jouets humiliés de ce qui nie notre dignité d’ hommes, de ce qui nous traite en objets neutres et en objets d’autant

928 ts humiliés de ce qui nie notre dignité d’hommes, de ce qui nous traite en objets neutres et en objets d’autant moins rési

929 ce qui nous traite en objets neutres et en objets d’ autant moins résistants qu’ils ont cru concevoir, dans ce qui les atta

930 les attaque, une fatale loi justifiée en raison. D’ où vient alors l’idée de la personne, et ce regret d’une dignité que l

931 loi justifiée en raison. D’où vient alors l’idée de la personne, et ce regret d’une dignité que la raison des peuples et

932 ù vient alors l’idée de la personne, et ce regret d’ une dignité que la raison des peuples et des clercs s’accorde à révoqu

933 rcs s’accorde à révoquer en doute ? L’imagination de la personne à l’état pur resterait à nos yeux une espèce d’utopie ont

934 onne à l’état pur resterait à nos yeux une espèce d’ utopie ontologique, si la Révélation n’en attestait l’acte historique.

935 attestait l’acte historique. L’incarnation totale de Dieu dans l’Homme, l’humanité parfaite de Jésus-Christ est la limite

936 totale de Dieu dans l’Homme, l’humanité parfaite de Jésus-Christ est la limite atteinte de la personne dans l’histoire, l

937 é parfaite de Jésus-Christ est la limite atteinte de la personne dans l’histoire, le fait extrême, le concretissimum à par

938 t-à-dire réduire la distance qui sépare notre vie de notre vocation. La foi au Christ, c’est la foi dans la personne par e

939 confirme nos propositions sur la nature actuelle de la personne). La foi au Christ est proprement ce qui « personnifie »

940 rticipation à l’actualité éternelle du Christ. 8. Communauté Tout ainsi que dans la Communion, Jésus-Christ nous est

941 donné, dit Calvin, « comme substance et fondement de tout », nous avons à connaître cette vérité de la personne : qu’elle

942 nt de tout », nous avons à connaître cette vérité de la personne : qu’elle est toute dans sa communication, laquelle doit

943 être certifiée par quelque signe matériel. L’idée d’ une personne isolée ou n’entretenant avec les autres que des rapports

944 ontradiction in terminis. L’aspect communautaire de la personne, en vérité, ressort assez clairement de nos définitions,

945 la personne, en vérité, ressort assez clairement de nos définitions, mais il peut être utile, pour fixer davantage les id

946 peut être utile, pour fixer davantage les idées, de l’opposer ici à la notion de l’individu. L’individu est le terme dern

947 davantage les idées, de l’opposer ici à la notion de l’individu. L’individu est le terme dernier de la division objective

948 on de l’individu. L’individu est le terme dernier de la division objective d’une société au sens des sociologues. Il joue,

949 idu est le terme dernier de la division objective d’ une société au sens des sociologues. Il joue, sur le plan politique, l

950 : il est l’élément insécable qui marque la limite de décomposition d’un corps quelconque. Autrement dit, l’individu n’est

951 t insécable qui marque la limite de décomposition d’ un corps quelconque. Autrement dit, l’individu n’est conçu qu’à partir

952 férencié, objectif. On l’obtient par un processus d’ isolation. Quel rôle peut jouer la personne dans cette image ? Peut-êt

953 er la personne dans cette image ? Peut-être celui de la valence, c’est-à-dire de la puissance de combinaison d’un atome. M

954 age ? Peut-être celui de la valence, c’est-à-dire de la puissance de combinaison d’un atome. Mais il nous faut laisser ce

955 celui de la valence, c’est-à-dire de la puissance de combinaison d’un atome. Mais il nous faut laisser ce modèle mécanique

956 ence, c’est-à-dire de la puissance de combinaison d’ un atome. Mais il nous faut laisser ce modèle mécanique, puisqu’aussi

957 ussi bien la personne en elle-même n’est passible d’ aucune description objective. Par rapport à l’ensemble humain, la pers

958 tion du corps social en individus libres au terme d’ une évolution scientifique et organisée (thèse de Marx et de Lasalle)

959 d’une évolution scientifique et organisée (thèse de Marx et de Lasalle) la conception personnaliste oppose mieux qu’un sc

960 ution scientifique et organisée (thèse de Marx et de Lasalle) la conception personnaliste oppose mieux qu’un scepticisme :

961 te oppose mieux qu’un scepticisme : elle renverse de fond en comble l’ordre des valeurs établies par le rationalisme et le

962 lisme et le collectivisme, elle prend pour mesure de tout la présence effective de l’homme. À l’évolutionnisme objectif el

963 e prend pour mesure de tout la présence effective de l’homme. À l’évolutionnisme objectif elle oppose son exigence proximi

964 ons les plus « valables » sont celles qui exigent de l’homme la plus constante proximité : l’œuvre, le mariage, la famille

965 , le métier et l’éducation. C’est à la sauvegarde de ces réalités prochaines que doivent s’ordonner les relations plus gén

966 Cette thèse simple constitue à mes yeux la règle d’ or de toute doctrine sociale et politique. Est-ce à dire que le bien d

967 e thèse simple constitue à mes yeux la règle d’or de toute doctrine sociale et politique. Est-ce à dire que le bien de tou

968 e sociale et politique. Est-ce à dire que le bien de tous doive être mis au service du bien de chacun ? Prenons garde de r

969 le bien de tous doive être mis au service du bien de chacun ? Prenons garde de retomber ici dans un ordre contractuel où l

970 mis au service du bien de chacun ? Prenons garde de retomber ici dans un ordre contractuel où la personne abritée par la

971 la loi perde à la fois son risque et son pouvoir de création (démocratie libérale). Le droit de la personne à primer sur

972 uvoir de création (démocratie libérale). Le droit de la personne à primer sur l’ensemble demeure indéfendable s’il n’est p

973 un droit humain élevé dans l’absolu, mais la fin de tout droit humain, et peut-être son contraire. La formule du rapport

974 ort social ne doit pas contenir une revendication de droit, mais une position de fait. La voici : le bien de tous n’est ni

975 nir une revendication de droit, mais une position de fait. La voici : le bien de tous n’est ni concevable ni réalisable au

976 it, mais une position de fait. La voici : le bien de tous n’est ni concevable ni réalisable aux dépens du bien de chacun ;

977 st ni concevable ni réalisable aux dépens du bien de chacun ; il n’est que l’expression, de plus en plus abstraite à mesur

978 ve à des nombres plus grands, du pouvoir prochain de la personne ; il n’est rien s’il n’est pas l’extension naturelle du r

979 pas l’extension naturelle du risque et du concret de l’homme qui se dépasse. Qu’importe l’honneur d’un pays, s’il est le f

980 t de l’homme qui se dépasse. Qu’importe l’honneur d’ un pays, s’il est le fruit de la déshumanisation des citoyens ? Qu’imp

981 Qu’importe l’honneur d’un pays, s’il est le fruit de la déshumanisation des citoyens ? Qu’importe une « assurance-vie », s

982 onsabilité des hommes reliés ? Qu’importe l’ordre de l’État, s’il se maintient au prix du désordre privé ? Qu’importe, en

983 uns aux autres ? La personne ne sera pas au terme d’ une société parfaite, pour la simple raison qu’il n’y a de rapport hum

984 ciété parfaite, pour la simple raison qu’il n’y a de rapport humain réel que par l’apparition première de la personne, fon

985 rapport humain réel que par l’apparition première de la personne, fondement nécessaire et suffisant de toute communauté vi

986 de la personne, fondement nécessaire et suffisant de toute communauté vivante et progressive. 9. Deux négations de la p

987 nt de toute communauté vivante et progressive. 9. Deux négations de la personne Et maintenant, si nous savons ce que

988 de toute communauté vivante et progressive. 9. Deux négations de la personne Et maintenant, si nous savons ce que nous

989 auté vivante et progressive. 9. Deux négations de la personne Et maintenant, si nous savons ce que nous appelons : p

990 : personne, si nous savons qu’elle est la lumière de nos lumières, et le soleil que rien ne peut décrire, mais qui fait vo

991 de et chasse nos fantômes, notre devoir n’est pas de revenir vers les ténèbres pour les persuader qu’elles ont tort d’être

992 les ténèbres pour les persuader qu’elles ont tort d’ être obscures, notre devoir est d’éclairer. À la lumière de la personn

993 ’elles ont tort d’être obscures, notre devoir est d’ éclairer. À la lumière de la personne, on voit paraître la vérité de p

994 umière de la personne, on voit paraître la vérité de plusieurs doctrines humaines qui s’entrebattent dans la confusion et

995 urrissent des haines bavardes. Je veux parler ici de deux d’entre elles seulement, des fameux jumeaux ennemis qu’on voit p

996 issent des haines bavardes. Je veux parler ici de deux d’entre elles seulement, des fameux jumeaux ennemis qu’on voit partou

997 s : matérialisme et spiritualisme. Voici l’aspect de vérité que la personne éclaire en eux : le matérialisme a compris qu’

998 es corps, et que c’est un orgueil assez court que de prétendre l’ignorer ; il a compris le fait — sinon l’acte — de l’inca

999 l’ignorer ; il a compris le fait — sinon l’acte — de l’incarnation. Il y a une santé dans le matérialisme, et une humilité

1000 e humilité où la personne retrouve l’un des pôles de sa tension. Peut-être est-il plus difficile d’être équitable envers l

1001 es de sa tension. Peut-être est-il plus difficile d’ être équitable envers le spiritualisme : c’est qu’il nous a fait plus

1002 s le spiritualisme : c’est qu’il nous a fait plus de mal, et que l’erreur matérialiste est bâtarde de ses excès. Ceci pour

1003 de mal, et que l’erreur matérialiste est bâtarde de ses excès. Ceci pourtant doit être dit en sa faveur : il a compris le

1004 sa faveur : il a compris le fait — sinon l’acte — de la liberté. Il a su reconnaître que l’homme est un sujet (au sens ini

1005 nitiateur, et non pas ironique !) et qu’il dépend de lui que l’objet soit ou non présent. Mais alors le malheur du spiritu

1006 ésent. Mais alors le malheur du spiritualisme fut de se replier sur cette liberté pour la chérir dans sa précieuse intégri

1007 a chérir dans sa précieuse intégrité. Orgueilleux de sa force, il refuse de l’exercer, de l’engager dans des limites objec

1008 use intégrité. Orgueilleux de sa force, il refuse de l’exercer, de l’engager dans des limites objectives. Il veut se garde

1009 Orgueilleux de sa force, il refuse de l’exercer, de l’engager dans des limites objectives. Il veut se garder pur, et rest

1010 garder pur, et reste virtuel. Il se croit maître de tous les objets, mais néglige d’en choisir aucun. Il chante sa grande

1011 se croit maître de tous les objets, mais néglige d’ en choisir aucun. Il chante sa grandeur, mais n’en témoigne pas. Il es

1012 sièrement notre puissance — ce serait une manière de la mieux provoquer — mais glorifiant le sujet pur comme tel, il dégra

1013 la carence du spiritualisme une espèce provisoire de justification. Il y a dans cette révolte un certain ascétisme : celui

1014 un certain ascétisme : celui des lendemains amers de débauche. Il y a aussi dans la doctrine déterministe qu’elle édicte,

1015 octrine déterministe qu’elle édicte, l’expression d’ un ressentiment contre l’« esprit » demeuré incapable de témoigner de

1016 essentiment contre l’« esprit » demeuré incapable de témoigner de notre liberté. Dans le plan d’ombre et d’abstractions, p

1017 ontre l’« esprit » demeuré incapable de témoigner de notre liberté. Dans le plan d’ombre et d’abstractions, parfois violen

1018 pable de témoigner de notre liberté. Dans le plan d’ ombre et d’abstractions, parfois violentes, où se poursuit ce vieux dé

1019 moigner de notre liberté. Dans le plan d’ombre et d’ abstractions, parfois violentes, où se poursuit ce vieux débat, aucun

1020 ntes, où se poursuit ce vieux débat, aucun espoir de solution réelle n’est plus permis18. Mais c’est ce plan que nous avon

1021 l’autre se mesurent et se réalisent : la charité de la personne est d’ordonner ce corps-à-corps. 10. Le spirituel D

1022 t et se réalisent : la charité de la personne est d’ ordonner ce corps-à-corps. 10. Le spirituel Descartes a détruit

1023 e la personne est d’ordonner ce corps-à-corps. 10. Le spirituel Descartes a détruit la personne, ou plutôt son lieu n

1024 c’est qu’il les a mal distingués. Du point de vue de la personne, le corps et l’âme sont deux aspects de l’homme concret,

1025 int de vue de la personne, le corps et l’âme sont deux aspects de l’homme concret, dont la nature réelle n’apparaît que dans

1026 la personne, le corps et l’âme sont deux aspects de l’homme concret, dont la nature réelle n’apparaît que dans l’acte. L’

1027 lle n’apparaît que dans l’acte. L’aspect corporel de l’homme est l’expression de notre solidarité avec le monde des objets

1028 te. L’aspect corporel de l’homme est l’expression de notre solidarité avec le monde des objets ; l’aspect de l’âme est not

1029 re solidarité avec le monde des objets ; l’aspect de l’âme est notre orientation, l’originalité essentielle de l’homme au

1030 est notre orientation, l’originalité essentielle de l’homme au sein du monde des objets, c’est-à-dire notre capacité de c

1031 du monde des objets, c’est-à-dire notre capacité de choisir librement nos contacts, comme aussi de n’en pas choisir. (Et

1032 té de choisir librement nos contacts, comme aussi de n’en pas choisir. (Et c’est dans ce débat qu’apparaît la conscience.)

1033 ébat qu’apparaît la conscience.) Mais ni le corps de l’homme ne peut être conçu comme réel sans l’insistance particulière

1034 e et même « chair ». C’est une étrange erreur que de nommer « esprit » l’aspect original du corps humain ; c’est une étran

1035 al du corps humain ; c’est une étrange erreur que de rêver l’âme immortelle19 ; et c’est au nom de cette erreur qu’on croi

1036 a les morts20. En vérité, cette illusion provient d’ une pensée qui se refuse à nos limites, faute parfois de les avoir ass

1037 pensée qui se refuse à nos limites, faute parfois de les avoir assez sérieusement éprouvées, faute surtout d’une foi qui r

1038 avoir assez sérieusement éprouvées, faute surtout d’ une foi qui rendrait vain le plus consolant de nos rêves. C’est une te

1039 out d’une foi qui rendrait vain le plus consolant de nos rêves. C’est une tentative impie pour substituer la conscience à

1040 lle, c’est-à-dire pour substituer, dans l’échelle de nos valeurs, notre capacité de liberté à l’exercice concret de cette

1041 er, dans l’échelle de nos valeurs, notre capacité de liberté à l’exercice concret de cette liberté. C’est une usurpation d

1042 s, notre capacité de liberté à l’exercice concret de cette liberté. C’est une usurpation de l’éternel par la conscience co

1043 ce concret de cette liberté. C’est une usurpation de l’éternel par la conscience contingente, par cette conscience insinué

1044 ation. L’âme immortelle n’est rien que l’illusion d’ un égoïsme qui se glorifie dans l’abstrait. Qu’est-ce alors, parmi nou

1045 ns l’abstrait. Qu’est-ce alors, parmi nous hommes de chair, que l’esprit ? Cet esprit qui souffle où il veut, et nous mour

1046 qui dansait sur les eaux primitives, et les lois de mon corps sont celles de la poussière ? — Rien, l’esprit n’est plus r

1047 primitives, et les lois de mon corps sont celles de la poussière ? — Rien, l’esprit n’est plus rien, et comprendre n’est

1048 , et comprendre n’est rien qu’envisager les modes de notre esclavage. — Jusqu’à cet acte, que soudain j’ai fait ! Car je l

1049 j’ai fait ! Car je l’ai fait, et je ne sais rien d’ autre. J’ai reçu l’ordre, et ce pouvoir ordonnateur, irréfutablement e

1050 s un nombre. J’appelle esprit cette surprise pure de mon corps qui se voit conduit où rien en lui n’était nécessité d’alle

1051 se voit conduit où rien en lui n’était nécessité d’ aller. J’appelle esprit la plénitude de l’instant où dans l’oubli de t

1052 nécessité d’aller. J’appelle esprit la plénitude de l’instant où dans l’oubli de tout ce que je peux, j’ai franchi l’impo

1053 esprit la plénitude de l’instant où dans l’oubli de tout ce que je peux, j’ai franchi l’impossible seuil. L’esprit est ac

1054 sprit est acte, l’acte est obéissance à la motion de l’éternel. J’ai peut-être entendu quelque parole, on n’a rien vu qu’u

1055 . C’est parce que Dieu s’est révélé dans un corps d’ homme que l’esprit, parmi nous, n’est rien — hors la démonstration cha

1056 — hors la démonstration charnelle et déchiffrable d’ une action. Jésus-Christ est le verbe incarné, la vocation toujours pr

1057 le Verbe, et il demeure l’initiation fondamentale de toute histoire. C’est par le verbe seul, créant de rien, que « l’impo

1058 e toute histoire. C’est par le verbe seul, créant de rien, que « l’impossible, ici, devient événement », que l’idée du con

1059 devient événement », que l’idée du concret cesse d’ être une idée, que la personne existe et que l’acte transforme. Ce qui

1060 et que l’acte transforme. Ce qui témoigne en moi de l’indicible réception de la parole, ce n’est point une extase, ni une

1061 . Ce qui témoigne en moi de l’indicible réception de la parole, ce n’est point une extase, ni une angoisse, ni toujours un

1062 xtase, ni une angoisse, ni toujours une plénitude de la joie, ni jamais rien qui fût à moi tel que j’étais, ni rien que j’

1063 les hommes — pour me jeter dans le fait accompli d’ une évidente nouveauté. Maintenant quelque chose s’est passé, un risqu

1064 evant sa vocation, qu’un doute ; mais la fidélité de la personne n’est pas vaine. Dans la très confuse partie que nous men

1065 la très confuse partie que nous menons, ignorants de la règle, distinguons cet enjeu admirable ! 16. Matthieu 7:21 : « 

1066 de la règle, distinguons cet enjeu admirable ! 16. Matthieu 7:21 : « Ce ne sont pas ceux qui me disent Seigneur ! Seigne

1067 distinguons cet enjeu admirable ! 16. Matthieu 7 :21 : « Ce ne sont pas ceux qui me disent Seigneur ! Seigneur !… mais

1068 stinguons cet enjeu admirable ! 16. Matthieu 7: 21  : « Ce ne sont pas ceux qui me disent Seigneur ! Seigneur !… mais cel

1069 neur ! Seigneur !… mais celui qui fait la volonté de mon Père » — c’est-à-dire celui — opposé à l’impersonnel ceux — qui a

1070 osé à l’impersonnel ceux — qui agit sa vocation. 17. Ceci ne doit pas être entendu dans le sens restrictif de l’esse est p

1071 ne doit pas être entendu dans le sens restrictif de l’esse est percipi des idéalistes (on aura vu tout au contraire que l

1072 te pour nous que in actu), mais bien dans le sens d’ une norme éthique, que le péché seul rend inopérante ; la bonté, par e

1073 par exemple, n’est rien si elle n’est pas un acte de miséricorde. 18. Politique : l’État est l’expression fatale de notre

1074 t rien si elle n’est pas un acte de miséricorde. 18. Politique : l’État est l’expression fatale de notre double erreur mat

1075 . 18. Politique : l’État est l’expression fatale de notre double erreur matérialiste-spiritualiste. Je me refuse à voir e

1076 itualiste. Je me refuse à voir en lui la solution de ce conflit mauvais qu’il fixe sans le dépasser. 19. L’aspect animiqu

1077 ce conflit mauvais qu’il fixe sans le dépasser. 19. L’aspect animique du corps disparaît, en fait, avant l’aspect proprem

1078 ît, en fait, avant l’aspect proprement matériel. 20. La certitude de la résurrection n’a rien à voir avec une survie de l’

1079 t l’aspect proprement matériel. 20. La certitude de la résurrection n’a rien à voir avec une survie de l’âme. L’homme meu

1080 e la résurrection n’a rien à voir avec une survie de l’âme. L’homme meurt totalement, parce qu’il est totalement « chair »

1081 arnés. L’Église chrétienne, dans son Credo, parle d’ une « résurrection de la chair », non pas de l’âme ni du corps. i. R

1082 ienne, dans son Credo, parle d’une « résurrection de la chair », non pas de l’âme ni du corps. i. Rougemont Denis de, « 

1083 parle d’une « résurrection de la chair », non pas de l’âme ni du corps. i. Rougemont Denis de, « Définition de la person

1084 on pas de l’âme ni du corps. i. Rougemont Denis de , « Définition de la personne », Esprit, Paris, décembre 1934, p. 368-

1085 i du corps. i. Rougemont Denis de, « Définition de la personne », Esprit, Paris, décembre 1934, p. 368-382.

1086 inition de la personne », Esprit, Paris, décembre 1934, p. 368-382.

1087 André Breton, Point du jour (décembre 1934 )j Le surréalisme s’est présenté comme révolution, et comme tel il

1088 usieurs années, auprès de la critique bourgeoise, d’ une attention d’autant plus sympathique qu’il criait fort et bien, mai

1089 auprès de la critique bourgeoise, d’une attention d’ autant plus sympathique qu’il criait fort et bien, mais mordait peu. C

1090 s confusions commises depuis la guerre sur le mot de révolution. Le public littéraire rendit un très mauvais service aux é

1091 urs, des révolutionnaires enfin. Le fâcheux essai d’ action communiste, auquel devait logiquement les conduire cette attitu

1092 nduire cette attitude, fit voir bientôt l’inanité d’ une pareille prétention. Que reste-t-il du beau tapage ? À défaut de c

1093 beau tapage ? À défaut de chefs-d’œuvre, un mode d’ expression, trop rapidement vulgarisé d’ailleurs en une espèce de bava

1094 rop rapidement vulgarisé d’ailleurs en une espèce de bavardage lyrique dont Breton sera, je crois, le tout premier à recon

1095 sue le plus insupportable ennui. Ouvrez une revue de province si vous pensez que j’exagère. Faut-il donc mettre une barre

1096 verser tout cela au compte des profits et pertes d’ une « élite » bourgeoise en faillite ? Comptabilité bonne peut-être po

1097 e ? Comptabilité bonne peut-être pour l’historien de la littérature. Nous n’avons pas le cœur à ces injures. Le surréalism

1098 ur à ces injures. Le surréalisme garde une valeur de fait témoin, d’ordre spirituel ; à ce titre, il marque une époque, bi

1099 . Le surréalisme garde une valeur de fait témoin, d’ ordre spirituel ; à ce titre, il marque une époque, bien plus qu’une l

1100 d’entre eux — ont certainement connu le désespoir de vivre, et c’est cela qu’ils ont voulu traduire. Mais c’est cela aussi

1101 r que s’il connaît un au-delà du désespoir. Faute de le pressentir, ils ont méconnu leur angoisse ; faute du courage de la

1102 ils ont méconnu leur angoisse ; faute du courage de la considérer en face — ce courage que donne seule la foi — ils se so

1103 stylisé, à l’abri duquel on pouvait faire encore de la littérature, certes, mais on ne pouvait faire que cela. Ce serait

1104 n ne pouvait faire que cela. Ce serait un jeu que de les classer dans les catégories du désespoir analysées par Kierkegaar

1105 es par Kierkegaard, si nous étions assez détachés d’ eux pour ne plus sentir le tragique que ce faux désespoir maquillait.

1106 . Il y a dans tout ce qu’ils écrivent, une espèce de bluff inconscient, dont le dernier livre d’André Breton fournit de tr

1107 spèce de bluff inconscient, dont le dernier livre d’ André Breton fournit de trop nombreux exemples. On est frappé d’abord

1108 ent, dont le dernier livre d’André Breton fournit de trop nombreux exemples. On est frappé d’abord par une certaine nobles

1109 oblesse du port, par une certaine allure hautaine de la phrase. Mais que cet homme est empêtré par le scrupule de ce qu’il

1110 e. Mais que cet homme est empêtré par le scrupule de ce qu’il se doit ! Et qu’il est attentif à sa propre démarche ! « Il

1111 e démarche ! « Il me paraît absolument nécessaire de le dire… Pour ma part, je me refuse… Je demande à ce qu’on tienne pou

1112 tienne pour un crétin celui qui… » Je prends ces trois débuts de phrases dans une seule demi-page, au hasard (p. 73). On tro

1113 un crétin celui qui… » Je prends ces trois débuts de phrases dans une seule demi-page, au hasard (p. 73). On trouverait sa

1114 ore à citer, en cherchant un peu. C’est très bien de ne pas faire le modeste, et même de prendre de grands airs, si l’on a

1115 est très bien de ne pas faire le modeste, et même de prendre de grands airs, si l’on a quelque chose de grand à dire, qu’o

1116 en de ne pas faire le modeste, et même de prendre de grands airs, si l’on a quelque chose de grand à dire, qu’on ne peut p

1117 e prendre de grands airs, si l’on a quelque chose de grand à dire, qu’on ne peut pas dire autrement. Que dit-il donc, cet

1118 utrement. Que dit-il donc, cet homme qui le prend de si haut ? Son livre s’ouvre par un discours lyrique « sur le peu de r

1119 érations décousues sur quelques résultats récents d’ une science entre toutes suspecte, la psychologie de laboratoire. Il s

1120 une science entre toutes suspecte, la psychologie de laboratoire. Il s’agit, dans l’idée de l’auteur, de dévaloriser (ou d

1121 sychologie de laboratoire. Il s’agit, dans l’idée de l’auteur, de dévaloriser (ou de transcender ? ) « la distinction du s

1122 laboratoire. Il s’agit, dans l’idée de l’auteur, de dévaloriser (ou de transcender ? ) « la distinction du subjectif et d

1123 agit, dans l’idée de l’auteur, de dévaloriser (ou de transcender ? ) « la distinction du subjectif et de l’objectif ». Idé

1124 transcender ? ) « la distinction du subjectif et de l’objectif ». Idée platonicienne et surtout romantique, et qui vaut b

1125 , Breton dit tant de mal (Introduction aux contes d’ Arnim). Mais pourquoi nous glisser ce vieux problème avec des airs de

1126 quoi nous glisser ce vieux problème avec des airs de conspirateur traqué ? Alors que cette confusion désirée revient en de

1127 evient en dernière analyse au refus pur et simple d’ agir et de créer, j’entends, de se poser comme auteur responsable de s

1128 dernière analyse au refus pur et simple d’agir et de créer, j’entends, de se poser comme auteur responsable de son acte ?

1129 efus pur et simple d’agir et de créer, j’entends, de se poser comme auteur responsable de son acte ? Alors qu’elle ne repo

1130 , j’entends, de se poser comme auteur responsable de son acte ? Alors qu’elle ne repose que sur l’espoir du faible : que l

1131 », que l’homme ne soit plus rien qu’un spectateur de son angoisse muée en rêve ? Qu’on prenne un ton tranchant lorsqu’on a

1132 en plaindre. Mais il s’agit ici, tout simplement, de s’évader d’une réalité qu’on craint. Le ton bien plus modeste (trop m

1133 Mais il s’agit ici, tout simplement, de s’évader d’ une réalité qu’on craint. Le ton bien plus modeste (trop modeste) des

1134 ton bien plus modeste (trop modeste) des discours de Breton devant les communistes conviendrait mieux, peut-être, à ces re

1135 es. Tant que Breton invente son sujet, en partant d’ un donné très réduit et de quelques rythmes lyriques, son style est la

1136 e son sujet, en partant d’un donné très réduit et de quelques rythmes lyriques, son style est large, ses périodes font la

1137 dont il ne saurait avoir raison en quelques tours de phrases élégants et péremptoires, et l’on se demande alors si ce bel

1138 as dissimulé, aux yeux des jeunes gens, un défaut de culture, au sens banal du terme, qui se trahit ici fâcheusement. Iron

1139 romantisme allemand — qu’on est heureux pourtant de les voir découvrir, comme l’étymologie de leur pensée ? Ils ont essay

1140 ourtant de les voir découvrir, comme l’étymologie de leur pensée ? Ils ont essayé du marxisme ; ils retombent à l’idéalism

1141 Mais alors, vont-ils reconnaître le sérieux réel de ce jeu ? Et qu’il y va vraiment de tout, c’est-à-dire d’un peu plus q

1142 e sérieux réel de ce jeu ? Et qu’il y va vraiment de tout, c’est-à-dire d’un peu plus que de la plus profonde révolte. j

1143 eu ? Et qu’il y va vraiment de tout, c’est-à-dire d’ un peu plus que de la plus profonde révolte. j. Rougemont Denis de,

1144 vraiment de tout, c’est-à-dire d’un peu plus que de la plus profonde révolte. j. Rougemont Denis de, « [Compte rendu]

1145 e la plus profonde révolte. j. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] André Breton, Point du jour  », Esprit, Paris, déce

1146 Breton, Point du jour  », Esprit, Paris, décembre 1934, p. 474-476.

1147 André Rouveyre, Singulier (janvier 1935 )k l L’amour d’un homme de cinquante ans et d’une jeune femme forme

1148 Rouveyre, Singulier (janvier 1935)k l L’amour d’ un homme de cinquante ans et d’une jeune femme forme l’unique sujet de

1149 Singulier (janvier 1935)k l L’amour d’un homme de cinquante ans et d’une jeune femme forme l’unique sujet de cette médi

1150 gulier (janvier 1935)k l L’amour d’un homme de cinquante ans et d’une jeune femme forme l’unique sujet de cette méditation. De

1151 935)k l L’amour d’un homme de cinquante ans et d’ une jeune femme forme l’unique sujet de cette méditation. Deux êtres t

1152 nte ans et d’une jeune femme forme l’unique sujet de cette méditation. Deux êtres très divers se sont unis dans une passio

1153 e femme forme l’unique sujet de cette méditation. Deux êtres très divers se sont unis dans une passion grave, exigeante, à l

1154 unis dans une passion grave, exigeante, à l’écart d’ une société hostile, dans une ascèse morale soutenue. L’aîné, c’est ce

1155 an. La jeune femme qu’il aime et qu’il entreprend de conduire à la maîtrise de soi-même, il nous en donne un portrait minu

1156 ime et qu’il entreprend de conduire à la maîtrise de soi-même, il nous en donne un portrait minutieux, tendre cette fois,

1157 n donne un portrait minutieux, tendre cette fois, d’ un trait classique et volontaire. Je ne sais rien de plus émouvant que

1158 que l’effort vers eux-mêmes, et l’un par l’autre, de ces deux êtres dont la vocation paraît inséparable de l’amour qui les

1159 ffort vers eux-mêmes, et l’un par l’autre, de ces deux êtres dont la vocation paraît inséparable de l’amour qui les domine.

1160 es deux êtres dont la vocation paraît inséparable de l’amour qui les domine. Une analyse racinienne des sentiments s’unit

1161 racinienne des sentiments s’unit ici à la rigueur d’ un idéal orgueilleux, ombrageux. Tout cela se perd d’ailleurs, dans l’

1162 e perd d’ailleurs, dans l’amertume « désertique » d’ un tête-à-tête de l’auteur avec sa mort. Négation de l’humain trop pur

1163 , dans l’amertume « désertique » d’un tête-à-tête de l’auteur avec sa mort. Négation de l’humain trop purement humain dans

1164 un tête-à-tête de l’auteur avec sa mort. Négation de l’humain trop purement humain dans son effort le plus « spirituel » ?

1165 ette conclusion. Peut-être n’est-ce ici qu’un cri d’ appel à rien : les modernes ont inventé cela. On peut toutefois ne pas

1166 peut toutefois ne pas les croire, et le spectacle d’ un pareil tragique ne perdra rien de sa grandeur lucide à gagner un se

1167 le spectacle d’un pareil tragique ne perdra rien de sa grandeur lucide à gagner un sens religieux. Ce livre enfin vaut pa

1168 le inoubliable. Rouveyre ne laisse pas un instant de faire sentir qu’il écrit, et l’on aime jusqu’au retors de cette écrit

1169 sentir qu’il écrit, et l’on aime jusqu’au retors de cette écriture contractée. Dans son progrès strictement mesuré, la ph

1170 nos yeux. Ce n’est pas du récit. C’est une espèce de taraudage21. De temps en temps, il change de mèche et recommence aux

1171 pèce de taraudage21. De temps en temps, il change de mèche et recommence aux mêmes points, plus avant. Fermeté de la main,

1172 recommence aux mêmes points, plus avant. Fermeté de la main, regard sévère qui ne consent à la tendresse qu’après avoir é

1173 t tant de cas. Une lucidité virile forme la leçon de ces pages, tantôt généreuse, tantôt corrosive, toujours tendue entre

1174 énéreuse, tantôt corrosive, toujours tendue entre deux pôles de l’être, entre l’énergie exploratrice et le repliement amer.

1175 antôt corrosive, toujours tendue entre deux pôles de l’être, entre l’énergie exploratrice et le repliement amer. Enfin, un

1176 sérieux, nietzschéen sans exaltation. La lecture d’ un tel livre, lente et souvent reprise, donne du cœur à l’intelligence

1177 e du cœur à l’intelligence. Et l’austérité tendre de son « inquisition » rend un sens à l’amour humain, disqualifié dans l

1178 à l’amour humain, disqualifié dans la littérature d’ aujourd’hui par trop d’indiscrétions excitées et vulgaires. Que dire e

1179 alifié dans la littérature d’aujourd’hui par trop d’ indiscrétions excitées et vulgaires. Que dire encore qui fasse un peu

1180 ncore qui fasse un peu sentir la qualité, voisine de la grandeur, de cet ouvrage ? Je crois que maint lecteur y découvrira

1181 un peu sentir la qualité, voisine de la grandeur, de cet ouvrage ? Je crois que maint lecteur y découvrira peu à peu quelq

1182 ouvrira peu à peu quelque raison très personnelle de l’aimer. 21. Je ne dis pas que tout cela aille sans fatigue pour le

1183 peu quelque raison très personnelle de l’aimer. 21. Je ne dis pas que tout cela aille sans fatigue pour le lecteur ; ni s

1184 quelque fatras, ni sans préciosité dans l’analyse de soi… k. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] André Rouveyre, Singul

1185 osité dans l’analyse de soi… k. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] André Rouveyre, Singulier  », Esprit, Paris, janvie

1186 ré Rouveyre, Singulier  », Esprit, Paris, janvier 1935, p. 676-677. l. Le nom de l’auteur de l’ouvrage recensé étant mal ort

1187 prit, Paris, janvier 1935, p. 676-677. l. Le nom de l’auteur de l’ouvrage recensé étant mal orthographié (« Ronveyre »),

1188 janvier 1935, p. 676-677. l. Le nom de l’auteur de l’ouvrage recensé étant mal orthographié (« Ronveyre »), on a corrigé

1189 Maurice Meunier, Idoles (février 1935 )m Où l’on apprend comment un nommé Jean aima, de loin et à 15 ans,

1190 )m Où l’on apprend comment un nommé Jean aima, de loin et à 15 ans, des petites filles ; d’un peu plus près et à vingt

1191 apprend comment un nommé Jean aima, de loin et à 15 ans, des petites filles ; d’un peu plus près et à vingt ans, une étud

1192 n aima, de loin et à 15 ans, des petites filles ; d’ un peu plus près et à vingt ans, une étudiante ; et pour de bon, deux

1193 ans, des petites filles ; d’un peu plus près et à vingt ans, une étudiante ; et pour de bon, deux ans plus tard, une femme ma

1194 plus près et à vingt ans, une étudiante ; et pour de bon, deux ans plus tard, une femme mariée. Enfin il retrouve l’étudia

1195 s et à vingt ans, une étudiante ; et pour de bon, deux ans plus tard, une femme mariée. Enfin il retrouve l’étudiante et l’é

1196 pouse en vitesse au dernier paragraphe. Tout cela d’ une vérité proprement désarmante. M. Meunier atteint sans effort appar

1197 ut bien poursuivre l’éditeur qui publia ce résumé de la vie nulle d’un jeune bourgeois ? m. Rougemont Denis de, « [Comp

1198 re l’éditeur qui publia ce résumé de la vie nulle d’ un jeune bourgeois ? m. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Mauric

1199 ulle d’un jeune bourgeois ? m. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Maurice Meunier, Idoles  », Esprit, Paris, février

1200 aurice Meunier, Idoles  », Esprit, Paris, février 1935, p. 846.

1201 Albert Soulillou, Nitro (février 1935 )n Ce livre aussi est vrai. À peine moins autobiographique, semble-

1202 ographique, semble-t-il, que celui du jeune homme de tout à l’heure. Mais ici c’est un ouvrier qui parle. D’avoir travaill

1203 t à l’heure. Mais ici c’est un ouvrier qui parle. D’ avoir travaillé chez Ford ne donne pas forcément plus de valeur que d’

1204 r travaillé chez Ford ne donne pas forcément plus de valeur que d’avoir traîné son vague à l’âme par les rues d’une ville

1205 ez Ford ne donne pas forcément plus de valeur que d’ avoir traîné son vague à l’âme par les rues d’une ville de province ;

1206 que d’avoir traîné son vague à l’âme par les rues d’ une ville de province ; mais cela donne au moins une matière. Les page

1207 traîné son vague à l’âme par les rues d’une ville de province ; mais cela donne au moins une matière. Les pages de Soulill

1208 ; mais cela donne au moins une matière. Les pages de Soulillou qui décrivent les conditions de travail dans l’industrie de

1209 s pages de Soulillou qui décrivent les conditions de travail dans l’industrie de la nitrocellulose sont précises, acharnée

1210 rivent les conditions de travail dans l’industrie de la nitrocellulose sont précises, acharnées, saisissantes. Vous fermez

1211 out au moins par la sympathie, dans une communion de révolte. Par malheur, l’auteur a voulu romancer ce documentaire authe

1212 anque peut-être à M. Soulillou, c’est la patience de laisser mûrir ses livres ; d’attendre qu’un sujet impose sa forme pro

1213 , c’est la patience de laisser mûrir ses livres ; d’ attendre qu’un sujet impose sa forme propre, ses proportions et ses « 

1214 Il est remarquable que presque tous les écrivains de ces années éprouvent simultanément le besoin de s’exprimer par des ro

1215 s de ces années éprouvent simultanément le besoin de s’exprimer par des romans du format standard : 224 ou 600 pages exact

1216 de s’exprimer par des romans du format standard : 224 ou 600 pages exactement. Il me semble que ce conformisme, dont on sai

1217 primer par des romans du format standard : 224 ou 600 pages exactement. Il me semble que ce conformisme, dont on sait les r

1218 on sait les raisons commerciales, couvre pas mal d’ infidélités profondes. Certains sujets mériteraient à peine 50 pages,

1219 s profondes. Certains sujets mériteraient à peine 50 pages, d’autres demandent trois volumes… Mais Adolphe ou l’Idiot sera

1220 mériteraient à peine 50 pages, d’autres demandent trois volumes… Mais Adolphe ou l’Idiot seraient aujourd’hui des « compte d’

1221 lphe ou l’Idiot seraient aujourd’hui des « compte d’ auteur ». n. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Albert Soulillou,

1222 ui des « compte d’auteur ». n. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Albert Soulillou, Nitro  », Esprit, Paris, février

1223 lbert Soulillou, Nitro  », Esprit, Paris, février 1935, p. 846-847.

1224 Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935 )o L’un des critiques qui aient parlé le mieux, je crois, avec le p

1225 qui aient parlé le mieux, je crois, avec le plus de sympathie et de pénétration du deuxième livre de Roger Breuil est Mar

1226 le mieux, je crois, avec le plus de sympathie et de pénétration du deuxième livre de Roger Breuil est Marcel Arland. Sans

1227 de sympathie et de pénétration du deuxième livre de Roger Breuil est Marcel Arland. Sans doute a-t-il reconnu dans ce rom

1228 ps avant les Vivants) une intention toute voisine de la sienne, une semblable patience ingénieuse dans l’approche du secre

1229 approche du secret des êtres, enfin cette qualité de discrétion qui semble ici encore imposée par l’objet du livre. Roger

1230 jet du livre. Roger Breuil nous révèle une espèce de Français dont il est, sauf erreur, le premier à parler : une élite, u

1231 reur, le premier à parler : une élite, une espèce d’ aristocratie paysanne. Vivant près d’eux, pour eux, il les a vus tout

1232 , une espèce d’aristocratie paysanne. Vivant près d’ eux, pour eux, il les a vus tout autrement que ne l’eût fait un « obse

1233 leur vie intime, leurs relations. On serait tenté de dire : dans leur personne. Je connais peu de livres moins conventionn

1234 . Au fond, son vrai sujet, c’est l’étude concrète de la communauté qui peut s’instituer par le jeu des passions, ou les li

1235 ous ceux qui entrent dans la vie. Mais en parlant d’ étude, je fais tort au ton de ce livre, à son charme sentimental, à so

1236 vie. Mais en parlant d’étude, je fais tort au ton de ce livre, à son charme sentimental, à son humour particulier, à ses j

1237 re comme la Promenade au marais est une merveille de « naturel » dans tous les sens de ce terme ; je ne vois pas d’écrivai

1238 t une merveille de « naturel » dans tous les sens de ce terme ; je ne vois pas d’écrivain français qui ait jamais su faire

1239 » dans tous les sens de ce terme ; je ne vois pas d’ écrivain français qui ait jamais su faire vibrer un tel accord des pay

1240 vibrer un tel accord des paysages et des êtres — de ces vastes paysages maritimes des Charentes et de ces âmes et de ces

1241 de ces vastes paysages maritimes des Charentes et de ces âmes et de ces corps tout frémissants de nostalgies naïves et de

1242 aysages maritimes des Charentes et de ces âmes et de ces corps tout frémissants de nostalgies naïves et de jeunes ruses. O

1243 s et de ces âmes et de ces corps tout frémissants de nostalgies naïves et de jeunes ruses. On sent que Breuil est mêlé de

1244 es corps tout frémissants de nostalgies naïves et de jeunes ruses. On sent que Breuil est mêlé de très près à l’existence

1245 s et de jeunes ruses. On sent que Breuil est mêlé de très près à l’existence de ses personnages : et le « nous » qui appar

1246 nt que Breuil est mêlé de très près à l’existence de ses personnages : et le « nous » qui apparaît parfois dans certains c

1247 fois dans certains chapitres lyriques — le « je » de Marcel dans Proust — rend un tout autre son que le « je » des Vivants

1248 ants : plus complice et plus fraternel. Le défaut de Les Uns les Autres, c’est peut-être qu’il donne parfois l’impression

1249 c’est peut-être qu’il donne parfois l’impression d’ un livre plus profondément rêvé qu’écrit (fort bien écrit du reste). I

1250 fort bien écrit du reste). Il laisse deviner trop de choses pour qu’on lui pardonne de ne pas insister ; de ne pas réalise

1251 se deviner trop de choses pour qu’on lui pardonne de ne pas insister ; de ne pas réaliser plus carrément ses desseins. Mai

1252 oses pour qu’on lui pardonne de ne pas insister ; de ne pas réaliser plus carrément ses desseins. Mais parmi toutes ces ch

1253 ais parmi toutes ces choses vivantes qu’il évoque d’ une touche parfois trop furtive, d’autres fois si précise et heureuse,

1254 ls Esprit voudrait voir s’attacher les romanciers de la nouvelle génération : cet appel à la vie communautaire, ce réalism

1255 u pays, qui permettra peut-être un jour prochain, de parler de nouveau de patrie. Il y a vraiment du nouveau dans cette œu

1256 peut-être un jour prochain, de parler de nouveau de patrie. Il y a vraiment du nouveau dans cette œuvre, et c’est à nous

1257 c’est à nous plus qu’à quiconque qu’il appartient de le reconnaître. Un tel livre n’est pas de ceux dont la carrière s’épu

1258 artient de le reconnaître. Un tel livre n’est pas de ceux dont la carrière s’épuise en une saison, si j’en crois l’amitié,

1259 il laisse dans le souvenir. o. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Roger Breuil, Les Uns les Autres  », Esprit, Paris,

1260 euil, Les Uns les Autres  », Esprit, Paris, avril 1935, p. 102-103.

1261 Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935 )p Nous ne cesserons de protester ici contre la négligence et la fr

1262 Destin allemand (mai 1935)p Nous ne cesserons de protester ici contre la négligence et la frivolité désastreuse de la

1263 contre la négligence et la frivolité désastreuse de la critique littéraire d’aujourd’hui. Voici un roman qui pose les que

1264 a frivolité désastreuse de la critique littéraire d’ aujourd’hui. Voici un roman qui pose les questions les plus tragiques

1265 n roman qui pose les questions les plus tragiques de l’heure avec une puissance dont on cherche en vain l’équivalent dans

1266 erche en vain l’équivalent dans notre littérature d’ après-guerre. Personne n’en a parlé : on s’occupait du prix Goncourt e

1267 é : on s’occupait du prix Goncourt et des travaux d’ amateurs de quelques dames lettrées. Pourtant, ce roman d’Edschmid aur

1268 cupait du prix Goncourt et des travaux d’amateurs de quelques dames lettrées. Pourtant, ce roman d’Edschmid aurait pu prov

1269 rs de quelques dames lettrées. Pourtant, ce roman d’ Edschmid aurait pu provoquer des polémiques révélatrices : il fait com

1270 mirable réussite littéraire, c’est aussi un roman d’ aventures, et un roman d’idées, et une description étonnante de l’Amér

1271 re, c’est aussi un roman d’aventures, et un roman d’ idées, et une description étonnante de l’Amérique qu’il nous reste à d

1272 et un roman d’idées, et une description étonnante de l’Amérique qu’il nous reste à découvrir : celle du Sud. Enfin, c’est

1273 n, c’est un livre qui mériterait, mieux que celui de Malraux, de s’intituler : la condition humaine. Craindrait-on par has

1274 livre qui mériterait, mieux que celui de Malraux, de s’intituler : la condition humaine. Craindrait-on par hasard de parle

1275  : la condition humaine. Craindrait-on par hasard de parler de chefs-d’œuvre, de rétablir un peu l’échelle de nos jugement

1276 ition humaine. Craindrait-on par hasard de parler de chefs-d’œuvre, de rétablir un peu l’échelle de nos jugements ? La cri

1277 indrait-on par hasard de parler de chefs-d’œuvre, de rétablir un peu l’échelle de nos jugements ? La critique se tait sur

1278 er de chefs-d’œuvre, de rétablir un peu l’échelle de nos jugements ? La critique se tait sur Edschmid, l’Académie refuse C

1279 ait sur Edschmid, l’Académie refuse Claudel. État de l’élite française en 1935. Petits signes révélateurs d’une décadence

1280 émie refuse Claudel. État de l’élite française en 1935. Petits signes révélateurs d’une décadence que l’on n’arrêtera pas en

1281 lite française en 1935. Petits signes révélateurs d’ une décadence que l’on n’arrêtera pas en augmentant les dépenses de gu

1282 ue l’on n’arrêtera pas en augmentant les dépenses de guerre. Edschmid nous conte les aventures de cinq sous-officiers de l

1283 nses de guerre. Edschmid nous conte les aventures de cinq sous-officiers de la dernière guerre que le chômage contraint à

1284 s de guerre. Edschmid nous conte les aventures de cinq sous-officiers de la dernière guerre que le chômage contraint à s’eng

1285 d nous conte les aventures de cinq sous-officiers de la dernière guerre que le chômage contraint à s’engager comme instruc

1286 chômage contraint à s’engager comme instructeurs de l’armée bolivienne. (On sait que ce fut le sort de Röhm, entre autres

1287 e l’armée bolivienne. (On sait que ce fut le sort de Röhm, entre autres.) Mêlés à des révolutions, disloqués, emprisonnés,

1288 couvrent peu à peu dans leurs épreuves la réalité de leur patrie perdue. Ils découvrent surtout que cette patrie pour laqu

1289 uelle ils se sont battus et qui n’a plus la force d’ utiliser leurs énergies, est incapable de les protéger à l’étranger, p

1290 la force d’utiliser leurs énergies, est incapable de les protéger à l’étranger, parce qu’elle a perdu son prestige, sa pui

1291 du son prestige, sa puissance militaire, le droit de parler haut. « Nous avons perdu la guerre, Bell, et dans la situation

1292 élité, voilà ce qui définit leur dernière dignité d’ Allemands dans les tortures qu’un destin absurde leur réserve. « Il dé

1293 écouvrit pour la première fois une forme nouvelle de patriotisme, une façon silencieuse, profonde, bouleversée, broyée, so

1294 ouleversée, broyée, souffrante, et pourtant fière d’ être allemand, de garder la tête haute pour l’Allemagne et de particip

1295 e, souffrante, et pourtant fière d’être allemand, de garder la tête haute pour l’Allemagne et de participer au destin qui

1296 mand, de garder la tête haute pour l’Allemagne et de participer au destin qui lui était échu pour un temps. » Pour un temp

1297 u pour un temps. » Pour un temps… Il y a dans ces trois mots le secret de l’espérance insensée qui possède la jeunesse hitlér

1298 ur un temps… Il y a dans ces trois mots le secret de l’espérance insensée qui possède la jeunesse hitlérienne. Leurs épreu

1299 urs épreuves ne seraient-elles pas comme le signe de leur élection ? Ne seront-ils pas la race de fer qui sauvera l’Europe

1300 igne de leur élection ? Ne seront-ils pas la race de fer qui sauvera l’Europe menacée par tous les peuples de couleur ? Au

1301 qui sauvera l’Europe menacée par tous les peuples de couleur ? Aux dernières pages, nous voyons Bell, le chef du groupe, a

1302 groupe, agoniser dans une tranchée sous les murs d’ un fort brésilien. Et la haute statue de Pillau, le ministre d’Allemag

1303 les murs d’un fort brésilien. Et la haute statue de Pillau, le ministre d’Allemagne à La Paz — celui qui n’a pas pu sauve

1304 silien. Et la haute statue de Pillau, le ministre d’ Allemagne à La Paz — celui qui n’a pas pu sauver ses camarades — se dr

1305 is encore, Pillau lui montre le sens du sacrifice de « ces jeunes gens qui sont entrés dans le malheur la tête haute ». Ca

1306 ossédaient rien qui ont écrit les pages héroïques de l’histoire, et non les gens âgés qui possédaient tout. Ces jeunes All

1307 tout. Ces jeunes Allemands qui doivent supporter de nos jours toutes les misères du monde au fond de leur exil, ceux-là d

1308 de nos jours toutes les misères du monde au fond de leur exil, ceux-là deviendront sûrement un matériel incomparable. Car

1309 r un peuple. » N’est-il point là le vrai tragique de l’Allemagne actuelle, que son destin la force à n’envisager plus le s

1310 ue son destin la force à n’envisager plus le sort de l’homme que sous l’aspect de la nation ? Tel est je crois le problème

1311 visager plus le sort de l’homme que sous l’aspect de la nation ? Tel est je crois le problème central qu’impose ce livre,

1312 que opinion qu’on ait sur le point de vue raciste de l’auteur, qu’il est peu de problèmes plus graves pour notre avenir im

1313 aves pour notre avenir immédiat. Je n’ai rien dit de l’art d’Edschmid. Je ne lui vois d’analogue que dans les derniers rom

1314 notre avenir immédiat. Je n’ai rien dit de l’art d’ Edschmid. Je ne lui vois d’analogue que dans les derniers romans de Ma

1315 n’ai rien dit de l’art d’Edschmid. Je ne lui vois d’ analogue que dans les derniers romans de Malraux. Même sens de la frat

1316 lui vois d’analogue que dans les derniers romans de Malraux. Même sens de la fraternité tragique, même goût des situation

1317 ue dans les derniers romans de Malraux. Même sens de la fraternité tragique, même goût des situations extrêmes (tortures e

1318 etc.), où l’homme avoue ses dernières ressources de sacrifice. Mais il faut se représenter un Malraux qui aurait les nerf

1319 our lire dans ce Destin allemand l’un des secrets de notre destin à tous ? L’ostracisme de nos critiques est d’ailleurs d’

1320 des secrets de notre destin à tous ? L’ostracisme de nos critiques est d’ailleurs d’autant plus absurde que ce livre — écr

1321 us ? L’ostracisme de nos critiques est d’ailleurs d’ autant plus absurde que ce livre — écrit par un juif ! — a été condamn

1322 été condamné en Allemagne. p. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Kasimir Edschmid, Destin allemand  », Esprit, Paris

1323 Edschmid, Destin allemand  », Esprit, Paris, mai 1935, p. 292-294.

1324 Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935 )q Ce livre comporte une partie poétique précieuse et somnifère, et

1325 nous ont donné jusqu’ici. Il y a là une puissance de réflexion et de synthèse, dont les ouvrages de Breton illustraient gl

1326 usqu’ici. Il y a là une puissance de réflexion et de synthèse, dont les ouvrages de Breton illustraient glorieusement l’ab

1327 ce de réflexion et de synthèse, dont les ouvrages de Breton illustraient glorieusement l’absence. Mais il y a là aussi une

1328 is il y a là aussi une certaine erreur exemplaire de pensée dont il vaudra la peine de chercher l’origine, qui est peut-êt

1329 reur exemplaire de pensée dont il vaudra la peine de chercher l’origine, qui est peut-être celle, permanente, de l’erreur

1330 r l’origine, qui est peut-être celle, permanente, de l’erreur hégélo-marxiste. Tzara explique p. 271 que « les formes de l

1331 -marxiste. Tzara explique p. 271 que « les formes de langage sont… symboliques et sont sujettes aux critiques que l’on est

1332 sont sujettes aux critiques que l’on est en droit de formuler quant à la logique dont elles ont l’air de vouloir procéder 

1333 formuler quant à la logique dont elles ont l’air de vouloir procéder ». M’autorisant de cette remarque, je me mets à crit

1334 les ont l’air de vouloir procéder ». M’autorisant de cette remarque, je me mets à critiquer les formes du langage de Tzara

1335 que, je me mets à critiquer les formes du langage de Tzara. Je constate un certain nombre d’erreurs minimes, mais constant

1336 u langage de Tzara. Je constate un certain nombre d’ erreurs minimes, mais constantes, de « lapsus révélateurs » : il lui a

1337 ertain nombre d’erreurs minimes, mais constantes, de « lapsus révélateurs » : il lui arrive d’accorder le verbe non avec l

1338 tantes, de « lapsus révélateurs » : il lui arrive d’ accorder le verbe non avec le sujet, mais avec le nombre des complémen

1339  : « le processus… projettent des faits » (p. 282) 22. Erreurs infimes, que l’on devrait peut-être attribuer au typo ? Mais

1340 toutes dans le même sens. Suivons-le. La syntaxe de Tzara est commandée par des associations verbales d’un type particuli

1341 Tzara est commandée par des associations verbales d’ un type particulier, dont la page 39 donne un bon exemple, trop long à

1342 ions verbales d’un type particulier, dont la page 39 donne un bon exemple, trop long à citer, la phrase ayant 18 lignes (i

1343 n bon exemple, trop long à citer, la phrase ayant 18 lignes (il y en a de beaucoup plus longues). Un certain rythme monoto

1344 ong à citer, la phrase ayant 18 lignes (il y en a de beaucoup plus longues). Un certain rythme monotone entraîne une matiè

1345 entraîne une matière vocabulaire disparate, faite de grandiloquence imagée et de copules et incidences abstraites, s’appel

1346 aire disparate, faite de grandiloquence imagée et de copules et incidences abstraites, s’appelant de proche en proche, méc

1347 t de copules et incidences abstraites, s’appelant de proche en proche, mécaniquement. On retrouve dans cette syntaxe le mê

1348 On retrouve dans cette syntaxe le même mouvement d’ esprit qui explique les fautes d’accord relevées plus haut : un lingui

1349 es plus haut : un linguiste dirait que la formule de ce style est la contagion. Je mets ce phénomène en relation avec la t

1350 Je mets ce phénomène en relation avec la théorie de la métaphore qu’on trouvera p. 257. Théorie du type hégélien le plus

1351 plus scolaire : la signification du premier terme d’ une métaphore, selon Tzara, est « absorbée intégralement » par le seco

1352 bée intégralement » par le second terme, « en vue d’ une conciliation » dans laquelle la qualité de ce premier terme devien

1353 vue d’une conciliation » dans laquelle la qualité de ce premier terme deviendra quantité. (?) Ce processus tout mécanique

1354 viendra quantité. (?) Ce processus tout mécanique de quantification, que l’on retrouve dans la théorie marxiste (voir Marx

1355 laires, prix, profit) figure selon Tzara « l’acte de connaissance, qui est quantité, et que nous désignons sous le nom de

1356 i est quantité, et que nous désignons sous le nom de poésie ». On peut toujours évidemment « désigner sous le nom de poési

1357 n peut toujours évidemment « désigner sous le nom de poésie » tout ce que l’on veut. Mais si je crois aussi, avec Arnaud D

1358 acte, j’entends par acte, justement, la position d’ une qualité incomparable, jaillie de l’opposition de deux termes aux n

1359 , la position d’une qualité incomparable, jaillie de l’opposition de deux termes aux noyaux irréductibles. Si l’un des ter

1360 une qualité incomparable, jaillie de l’opposition de deux termes aux noyaux irréductibles. Si l’un des termes était réelle

1361 qualité incomparable, jaillie de l’opposition de deux termes aux noyaux irréductibles. Si l’un des termes était réellement

1362 erait plus qu’un vaste télescopage, et les livres de M. Tzara se réduiraient peut-être, logiquement et en fait, à un seul

1363 pparaître le caractère proprement fantasmagorique de la logique hégélienne vulgarisée. Le langage est précisément ce qui s

1364 e les choses et les êtres, dans le magma larvaire de la réalité non encore informée par la raison de l’homme. Mais j’en vi

1365 e de la réalité non encore informée par la raison de l’homme. Mais j’en viens à l’explication psychanalytique que Tzara do

1366 onde actuel. Monde dominé, dit-il, par l’angoisse de vivre (complexe de castration). La cause de cette angoisse est dans l

1367 dominé, dit-il, par l’angoisse de vivre (complexe de castration). La cause de cette angoisse est dans les refoulements qu’

1368 oisse de vivre (complexe de castration). La cause de cette angoisse est dans les refoulements qu’imposent la morale, l’Égl

1369 refoulé par le langage rationnel. Il s’agit donc de faire sauter tous ces « barrages », de confondre à nouveau rêve et ve

1370 ’agit donc de faire sauter tous ces « barrages », de confondre à nouveau rêve et veille, et de ressusciter le type primiti

1371 ages », de confondre à nouveau rêve et veille, et de ressusciter le type primitif des sociétés irrationnelles, « sous une

1372 e comprends pas cette déduction. La revendication de Tzara est exactement celle de l’hitlérisme sous ses formes les plus v

1373 n. La revendication de Tzara est exactement celle de l’hitlérisme sous ses formes les plus virulentes. Dans une anticipati

1374 blement plus important que l’établissement brutal de l’étatisme en Russie, nommé révolution bolcheviste. On comprend mieux

1375 volution bolcheviste. On comprend mieux la portée de ce propos après avoir lu Tzara. Mais on ne comprend plus du tout la l

1376 c laquelle les surréalistes adoptent les méthodes de Staline, si rigidement rationalistes. Elles vont exactement à l’encon

1377 rêvent. Par ailleurs, si j’accepte le diagnostic de Tzara, si j’admets que le complexe de castration est la dominante de

1378 diagnostic de Tzara, si j’admets que le complexe de castration est la dominante de l’époque, je constate que ce complexe

1379 ts que le complexe de castration est la dominante de l’époque, je constate que ce complexe se manifeste justement par l’ad

1380 seule et que des « lois » inexorables se chargent de transformer le monde, cette démission de la personne23 est en effet l

1381 chargent de transformer le monde, cette démission de la personne23 est en effet le signe d’une castration psychique caract

1382 démission de la personne23 est en effet le signe d’ une castration psychique caractérisée. Il est troublant de constater c

1383 stration psychique caractérisée. Il est troublant de constater cette erreur capitale, et stérilisante pour l’action, chez

1384 subversive. Tzara critique avec vigueur la poésie de propagande et le désir secret de « sécurité » qu’elle trahit. Il veut

1385 igueur la poésie de propagande et le désir secret de « sécurité » qu’elle trahit. Il veut que l’esprit soit un risque (p. 

1386 PC. Il veut que le langage s’assouplisse au point de pouvoir intégrer les formes nouvelles de penser instituées par la phy

1387 au point de pouvoir intégrer les formes nouvelles de penser instituées par la physique relativiste. Mais Staline, on le sa

1388 réellement dramatique, l’on puisse attribuer les quinze dernières pages de ce livre, où l’on retrouve parfois le ton des gran

1389 l’on puisse attribuer les quinze dernières pages de ce livre, où l’on retrouve parfois le ton des grandes utopies du prem

1390 e douleur morale puisse être ramenée à un système de coordonnées sociales, on a trop oublié dans les remous de la bataille

1391 onnées sociales, on a trop oublié dans les remous de la bataille qu’à travers un nouvel ordre économique, c’est l’homme et

1392 réparant la culture à venir sur le solide terrain de l’économie psychique, l’on s’attaque à un système général de choses e

1393 ie psychique, l’on s’attaque à un système général de choses en ignorant cette misère morale qui, trop profondément ancrée

1394 ur qu’elle disparaisse par une simple incantation de mots d’ordre, détermine néanmoins… la composante affective de la volo

1395 dre, détermine néanmoins… la composante affective de la volonté de changer radicalement le monde. Bien des confusions tra

1396 néanmoins… la composante affective de la volonté de changer radicalement le monde. Bien des confusions traînent encore d

1397 înent encore dans cette phrase. (« solide terrain de l’économie psychique » ?!) Mais cette affirmation du primat de l’homm

1398 psychique » ?!) Mais cette affirmation du primat de l’homme sur les dispositifs économiques, ce rappel d’une misère qu’ig

1399 ’homme sur les dispositifs économiques, ce rappel d’ une misère qu’ignorent tous les partis, voilà qui rend un son que nous

1400 onnaissons. Voilà qui appelle enfin la réalité. 22. Autres exemples : p. 19 (« L’allure que donne… les testicules ») ; p.

1401  ; p. 223 (« constate »). Je trouve l’explication de ces lapsus dans la phrase suivante : « Il y aura lieu de ramener l’ac

1402 lapsus dans la phrase suivante : « Il y aura lieu de ramener l’action du poète à un phénomène de mimétisme par son assimil

1403 lieu de ramener l’action du poète à un phénomène de mimétisme par son assimilation à un objet extérieur » (p. 283). Autre

1404 ur » (p. 283). Autrement dit, le sujet se désiste de sa responsabilité au profit de l’objet, — d’où l’erreur d’accord, d’o

1405 e sujet se désiste de sa responsabilité au profit de l’objet, — d’où l’erreur d’accord, d’où aussi l’adoption du matériali

1406 iste de sa responsabilité au profit de l’objet, —  d’ où l’erreur d’accord, d’où aussi l’adoption du matérialisme historique

1407 é au profit de l’objet, — d’où l’erreur d’accord, d’ où aussi l’adoption du matérialisme historique qui décharge le sujet d

1408 du matérialisme historique qui décharge le sujet de son actualité. 23. Voir toutefois page 297 un essai de réaffirmation

1409 storique qui décharge le sujet de son actualité. 23. Voir toutefois page 297 un essai de réaffirmation de la responsabilit

1410 sujet de son actualité. 23. Voir toutefois page 297 un essai de réaffirmation de la responsabilité « individuelle ». Mais

1411 actualité. 23. Voir toutefois page 297 un essai de réaffirmation de la responsabilité « individuelle ». Mais je me méfie

1412 Voir toutefois page 297 un essai de réaffirmation de la responsabilité « individuelle ». Mais je me méfie de cet « individ

1413 responsabilité « individuelle ». Mais je me méfie de cet « individu », pour des raisons sur lesquelles il est inutile de r

1414 », pour des raisons sur lesquelles il est inutile de revenir une fois de plus dans Esprit. q. Rougemont Denis de, « [Com

1415 ne fois de plus dans Esprit. q. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Tristan Tzara, Grains et Issues  », Esprit, Paris,

1416 n Tzara, Grains et Issues  », Esprit, Paris, juin 1935, p. 430-433.

1417 « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935 )r Par une belle matinée de mars 1935, le journal Le Journal répand

1418 palais » (octobre 1935)r Par une belle matinée de mars 1935, le journal Le Journal répandait brusquement dans Paris ce

1419 (octobre 1935)r Par une belle matinée de mars 1935, le journal Le Journal répandait brusquement dans Paris ce cri d’alarm

1420 e Journal répandait brusquement dans Paris ce cri d’ alarme stupéfiant. Soucieux de ne point céder au goût de la catastroph

1421 t dans Paris ce cri d’alarme stupéfiant. Soucieux de ne point céder au goût de la catastrophe que certains plumitifs se pl

1422 me stupéfiant. Soucieux de ne point céder au goût de la catastrophe que certains plumitifs se plaisent à entretenir au sei

1423 isent à entretenir au sein du fameux « désarroi » de l’après-guerre, le grand quotidien parisien s’empressait d’ailleurs d

1424 grand quotidien parisien s’empressait d’ailleurs de faire suivre l’annonce du mal de celle de son remède. Pourquoi résist

1425 ssait d’ailleurs de faire suivre l’annonce du mal de celle de son remède. Pourquoi résister au plaisir de proposer à mes l

1426 illeurs de faire suivre l’annonce du mal de celle de son remède. Pourquoi résister au plaisir de proposer à mes lecteurs l

1427 celle de son remède. Pourquoi résister au plaisir de proposer à mes lecteurs la méditation de ce texte à maints égards rév

1428 plaisir de proposer à mes lecteurs la méditation de ce texte à maints égards révélateur ?   « L’Esprit n’a pas son palai

1429  ?   « L’Esprit n’a pas son palais. L’Exposition de 1937 doit lui en donner un »   Par Hippolyte Ducos Député, ancien mi

1430   « L’Esprit n’a pas son palais. L’Exposition de 1937 doit lui en donner un »   Par Hippolyte Ducos Député, ancien ministr

1431 ppolyte Ducos Député, ancien ministre, président de la commission de renseignement à l’Exposition de 1937   L’Exposition

1432 puté, ancien ministre, président de la commission de renseignement à l’Exposition de 1937   L’Exposition de 1937 en est au

1433 de la commission de renseignement à l’Exposition de 1937   L’Exposition de 1937 en est au stade des réalisations. Les idé

1434 la commission de renseignement à l’Exposition de 1937   L’Exposition de 1937 en est au stade des réalisations. Les idées fe

1435 nseignement à l’Exposition de 1937   L’Exposition de 1937 en est au stade des réalisations. Les idées fermentent. Les plan

1436 ignement à l’Exposition de 1937   L’Exposition de 1937 en est au stade des réalisations. Les idées fermentent. Les plans s’o

1437 , la France va affirmer sa vitalité, sa puissance d’ assimilation et de création, le génie de ses ouvriers, de ses artisans

1438 irmer sa vitalité, sa puissance d’assimilation et de création, le génie de ses ouvriers, de ses artisans, de ses artistes,

1439 puissance d’assimilation et de création, le génie de ses ouvriers, de ses artisans, de ses artistes, de ses « découvreurs 

1440 ilation et de création, le génie de ses ouvriers, de ses artisans, de ses artistes, de ses « découvreurs », et confronter

1441 ation, le génie de ses ouvriers, de ses artisans, de ses artistes, de ses « découvreurs », et confronter son effort vers l

1442 e ses ouvriers, de ses artisans, de ses artistes, de ses « découvreurs », et confronter son effort vers le mieux-être et l

1443 l’effort des autres peuples. Dans un cadre chargé d’ histoire et rayonnant de beauté, au bord de la Seine royale, les encha

1444 les. Dans un cadre chargé d’histoire et rayonnant de beauté, au bord de la Seine royale, les enchantements et les tentatio

1445 r les rêves des conteurs. Ce sera, dans la féerie de l’eau des lumières et des couleurs, le ballet vertigineux des ondes.

1446 llet vertigineux des ondes. Ce sera aussi la fête de l’esprit. Elle doit dépasser en splendeur les manifestations du même

1447 e monde, elle consacre le triomphe des puissances d’ audace ordonnée et de mesure, celles de l’intelligence… C’est dire que

1448 e le triomphe des puissances d’audace ordonnée et de mesure, celles de l’intelligence… C’est dire que l’esprit créateur y

1449 puissances d’audace ordonnée et de mesure, celles de l’intelligence… C’est dire que l’esprit créateur y doit être à l’honn

1450 it être à l’honneur. Voilà pourquoi la Commission de coopération intellectuelle et la Commission de l’enseignement de l’Ex

1451 on de coopération intellectuelle et la Commission de l’enseignement de l’Exposition demandent que, parmi les palais prévus

1452 intellectuelle et la Commission de l’enseignement de l’Exposition demandent que, parmi les palais prévus pour 1937, il y e

1453 ition demandent que, parmi les palais prévus pour 1937, il y en ait un destiné à la Pensée. Qu’on nous entende bien. La pensé

1454 faut un endroit où les travailleurs désintéressés de l’esprit, ceux dont les recherches n’ont pas pour objet immédiat les

1455 explorations et leurs découvertes dans le domaine de la nature, de la vie, de l’évolution humaine, préparent les adaptatio

1456 t leurs découvertes dans le domaine de la nature, de la vie, de l’évolution humaine, préparent les adaptations utiles ou r

1457 ouvertes dans le domaine de la nature, de la vie, de l’évolution humaine, préparent les adaptations utiles ou rendent poss

1458 s, puissent offrir aux foules le spectacle vivant de leurs travaux. En liaison étroite avec l’enseignement qui, à tous ses

1459 à tous ses degrés, forme les esprits aux méthodes de la recherche et de la science, qui, au degré supérieur, par ses labor

1460 forme les esprits aux méthodes de la recherche et de la science, qui, au degré supérieur, par ses laboratoires, ses subven

1461 araday et Champollion, jusqu’aux maîtres glorieux d’ aujourd’hui, se sont déroulées les « chaînes » qui, des profondeurs de

1462 nt déroulées les « chaînes » qui, des profondeurs de la nature ou des siècles, ont amené au jour les vérités créatrices. E

1463 es. Et, dans cette présentation sous un même toit de ces activités intellectuelles, si éloignées en apparence les unes des

1464 n apparence les unes des autres, éclatera l’unité de l’esprit, qui fonde l’originalité puissante de notre culture. Peut-on

1465 té de l’esprit, qui fonde l’originalité puissante de notre culture. Peut-on imaginer un spectacle plus propre à éveiller l

1466 llons où se présenteront les grandes découvertes, de salles destinées aux chercheurs de tous les pays, qui viendront se re

1467 s découvertes, de salles destinées aux chercheurs de tous les pays, qui viendront se retremper à Paris, d’amphithéâtres po

1468 ous les pays, qui viendront se retremper à Paris, d’ amphithéâtres pour les conférences et pour les congrès, il sera, penda

1469 es et pour les congrès, il sera, pendant la durée de l’Exposition, le centre de ces « journées », de ces « semaines » cons

1470 sera, pendant la durée de l’Exposition, le centre de ces « journées », de ces « semaines » consacrées aux héros, c’est-à-d

1471 e de l’Exposition, le centre de ces « journées », de ces « semaines » consacrées aux héros, c’est-à-dire aux maîtres de la

1472  » consacrées aux héros, c’est-à-dire aux maîtres de la pensée. Après l’Exposition il restera le foyer des chercheurs, tou

1473 éguerons à l’avenir comme le témoin et le symbole de notre génération. I. Résidence de l’Esprit dans la cité actuelle

1474 e le témoin et le symbole de notre génération. I . Résidence de l’Esprit dans la cité actuelle En publiant ce très c

1475 t le symbole de notre génération. I. Résidence de l’Esprit dans la cité actuelle En publiant ce très curieux morceau

1476 rique, notre honorable député avait-il conscience de soulever l’un des problèmes les plus impressionnants du siècle ? Avai

1477 s impressionnants du siècle ? Avait-il conscience de l’aveu que signifiait son entreprise ? Car enfin, poser la question e

1478 stion en apparence inoffensive et toute pratique, de l’emplacement et de la dotation d’un palais consacré à l’esprit, c’es

1479 noffensive et toute pratique, de l’emplacement et de la dotation d’un palais consacré à l’esprit, c’est poser en réalité,

1480 oute pratique, de l’emplacement et de la dotation d’ un palais consacré à l’esprit, c’est poser en réalité, sous une forme

1481 perçu par un chacun comme évident ni comme allant de soi, mais qu’à la faveur d’un désordre dont on découvre alors la prof

1482 ident ni comme allant de soi, mais qu’à la faveur d’ un désordre dont on découvre alors la profondeur, il devient à son tou

1483 osition qu’on vient de lire ne saurait être celle d’ une société équilibrée. Où est l’esprit ? Quel est son champ d’action 

1484 équilibrée. Où est l’esprit ? Quel est son champ d’ action ? Doit-il avoir un lieu particulier ? De la réponse à ces quest

1485 mp d’action ? Doit-il avoir un lieu particulier ? De la réponse à ces questions dépendront l’existence et l’emplacement du

1486 dépendront l’existence et l’emplacement du Palais de l’Esprit. Il est clair que de telles questions sont le fait d’une épo

1487 placement du Palais de l’Esprit. Il est clair que de telles questions sont le fait d’une époque barbare ; d’une époque où

1488 Il est clair que de telles questions sont le fait d’ une époque barbare ; d’une époque où l’esprit n’est plus un lieu commu

1489 les questions sont le fait d’une époque barbare ; d’ une époque où l’esprit n’est plus un lieu commun, comme la richesse pa

1490 signes certains — et qui donc aurait même l’idée d’ un pavillon de la Richesse ? ou du Succès ? — bref, d’une époque où ce

1491 ns — et qui donc aurait même l’idée d’un pavillon de la Richesse ? ou du Succès ? — bref, d’une époque où ce qu’on nomme l

1492 pavillon de la Richesse ? ou du Succès ? — bref, d’ une époque où ce qu’on nomme l’esprit ne s’impose plus sans discussion

1493 sans discussion. Lorsque l’État vient au secours d’ une religion, c’est qu’elle est morte. Ou qu’elle n’en a plus pour lon

1494 ’en a plus pour longtemps. Lorsque l’État s’avise d’ honorer « l’esprit créateur », tremblons pour l’avenir de la nation. «

1495 er « l’esprit créateur », tremblons pour l’avenir de la nation. « Qu’on nous entende bien. La pensée ne sera absente nulle

1496 ement. Certes, l’esprit sera partout : une espèce de décence le veut. Mais pratiquement, mais sérieusement, et dans l’inté

1497 udrait-il pas mieux le mettre à part ? Le séparer de ces réalités trop terre-à-terre où le commun risquerait fort de ne le

1498 s trop terre-à-terre où le commun risquerait fort de ne le point distinguer nettement ? À coup sûr, il lui faut un palais,

1499 À coup sûr, il lui faut un palais, signe évident d’ une « distinction » tout à la fois flatteuse et rassurante. Et qui sai

1500 s flatteuse et rassurante. Et qui sait, ce Palais de l’Esprit ne va-t-il pas « réaliser » un vieux rêve positiviste et don

1501 vieux rêve positiviste et donner corps à l’utopie d’ un sanctuaire de la Pensée laïque ? Il faudra le construire « en dur »

1502 iviste et donner corps à l’utopie d’un sanctuaire de la Pensée laïque ? Il faudra le construire « en dur ». N’exagérons pa

1503 construire « en dur ». N’exagérons pas la portée de ces naïves fantaisies de commissions. Mais comment ne pas voir qu’ell

1504 ’exagérons pas la portée de ces naïves fantaisies de commissions. Mais comment ne pas voir qu’elles trahissent un doute in

1505 e infiniment curieux sur la nature et sur le rôle de l’esprit qu’on dit créateur ? Serait-ce donc qu’on ne sait plus le vo

1506 n temple ? Cela paraît une bien autre gageure. II . Pour un musée des lieux communs À quelques semaines de là, un art

1507 un musée des lieux communs À quelques semaines de là, un article de M. Duhamel24 vint apporter toutes les précisions qu

1508 communs À quelques semaines de là, un article de M. Duhamel24 vint apporter toutes les précisions que l’on cherchait e

1509 hores du député. Il est juste, il est nécessaire de mettre l’esprit à sa place — s’écriait le fameux romancier —, à sa pl

1510 x romancier —, à sa place qui est la première, et de l’y mettre en pleine clarté. Cela dit, tout le monde perçoit l’extrêm

1511 a dit, tout le monde perçoit l’extrême difficulté d’ une telle entreprise [c’était là que j’avais buté] : l’esprit est à l’

1512 t là que j’avais buté] : l’esprit est à l’origine de tout ; l’exposition elle-même sera, dans toute son ampleur, une manif

1513 ans toute son ampleur, une manifestation sensible de l’esprit ; il n’en faut pas moins reconnaître que l’esprit n’est pas

1514 t pas matière exposable : les ouvrages essentiels de l’esprit, précisément parce qu’ils sont encore peu compromis dans l’u

1515 faut élever un sanctuaire et non à telle ou telle de ses extrêmes applications. L’accord parfait des « vues » de nos deux

1516 êmes applications. L’accord parfait des « vues » de nos deux commissaires me remplit d’aise. Mais je goûtai surtout que l

1517 plications. L’accord parfait des « vues » de nos deux commissaires me remplit d’aise. Mais je goûtai surtout que le romanci

1518 des « vues » de nos deux commissaires me remplit d’ aise. Mais je goûtai surtout que le romancier se montrât moins littéra

1519 son sujet. En bref, M. Duhamel proposait au moins deux palais. « Comment célébrer l’esprit ? Comment le manifester, comment

1520 s’exprime par l’écrit et la parole. Un sanctuaire de l’esprit sera donc un sanctuaire du livre et de la parole. » Il y aur

1521 e de l’esprit sera donc un sanctuaire du livre et de la parole. » Il y aurait donc une bibliothèque et un palais de la par

1522  » Il y aurait donc une bibliothèque et un palais de la parole. M. Duhamel affirmait au surplus que son « sanctuaire du li

1523 e moins maladroite. Il fallait éviter à tout prix de prononcer le mot que nous étions en train de chercher pour définir no

1524 ce ne serait jamais qu’un musée des lieux communs de la Troisième République. Non point de ceux que l’on révère en fait, q

1525 eux communs de la Troisième République. Non point de ceux que l’on révère en fait, qui règnent en fait, car on les avouera

1526 it, car on les avouerait difficilement, mais bien de ceux que l’on enseigne, et qui composent la notion courante de l’espr

1527 ’on enseigne, et qui composent la notion courante de l’esprit pur : ce sont ces lieux communs inoffensifs et soigneusement

1528 lieux communs inoffensifs et soigneusement vidés de toute espèce de « basse » réalité qui alimentent les discours des par

1529 noffensifs et soigneusement vidés de toute espèce de « basse » réalité qui alimentent les discours des parlements et des a

1530 frirait donc aux visiteurs lassés l’œuvre complet de M. Duhamel et les articles de M. Ducos, reliés « en dur » probablemen

1531 sés l’œuvre complet de M. Duhamel et les articles de M. Ducos, reliés « en dur » probablement25. Quant au Palais de la Par

1532 reliés « en dur » probablement25. Quant au Palais de la Parole, retentissant vaisseau d’idéalisme, comment douter qu’il ne

1533 ant au Palais de la Parole, retentissant vaisseau d’ idéalisme, comment douter qu’il ne dût consacrer « le triomphe des pui

1534 ’il ne dût consacrer « le triomphe des puissances d’ audace ordonnée et de mesure » que le Palais-Bourbon, pour les raisons

1535 « le triomphe des puissances d’audace ordonnée et de mesure » que le Palais-Bourbon, pour les raisons qu’on sait, honore d

1536 lais-Bourbon, pour les raisons qu’on sait, honore d’ une façon moins directe. III. Le temple est vide On ne pouvait m

1537 qu’on sait, honore d’une façon moins directe. III . Le temple est vide On ne pouvait mieux se moquer de l’intelligenc

1538 temple est vide On ne pouvait mieux se moquer de l’intelligence. Craignons toutefois que l’intention de nos auteurs n’

1539 intelligence. Craignons toutefois que l’intention de nos auteurs n’ait été pure de toute espèce d’ironie. Le plus grave, s

1540 ois que l’intention de nos auteurs n’ait été pure de toute espèce d’ironie. Le plus grave, sans doute, c’est qu’ils croyai

1541 ion de nos auteurs n’ait été pure de toute espèce d’ ironie. Le plus grave, sans doute, c’est qu’ils croyaient bien faire.

1542 il flatteur — ou flatté — et poli qu’on a coutume de réserver à ces délirants pataquès, voilà le signe, plus certain que l

1543 voilà le signe, plus certain que le « bolchévisme de salon », d’un abandon, voire d’un mépris de la culture et de l’esprit

1544 ne, plus certain que le « bolchévisme de salon », d’ un abandon, voire d’un mépris de la culture et de l’esprit qui marque

1545 le « bolchévisme de salon », d’un abandon, voire d’ un mépris de la culture et de l’esprit qui marque à son insu l’élite b

1546 visme de salon », d’un abandon, voire d’un mépris de la culture et de l’esprit qui marque à son insu l’élite bourgeoise, e

1547 d’un abandon, voire d’un mépris de la culture et de l’esprit qui marque à son insu l’élite bourgeoise, et confirme sa déc

1548 sonnable, je vous prie ? Quoi de plus naturel que de le célébrer ? Et plutôt que de ricaner, vous que ces problèmes occupe

1549 e plus naturel que de le célébrer ? Et plutôt que de ricaner, vous que ces problèmes occupent, que ne louez-vous le désint

1550 s occupent, que ne louez-vous le désintéressement d’ un député et d’un littérateur qui se consacrent à la défense du spirit

1551 ne louez-vous le désintéressement d’un député et d’ un littérateur qui se consacrent à la défense du spirituel ? La grâce

1552 nommés, l’utilitarisme grossier trouve une espèce de justification, assez piteuse en théorie, je le concède, mais des plus

1553 théorie, car les caricatures que l’on nous offre d’ une réalité — ici l’esprit — sont des arguments de misère contre cette

1554 d’une réalité — ici l’esprit — sont des arguments de misère contre cette réalité tant qu’elle dispense par ailleurs des té

1555 e dispense par ailleurs des témoignages éclatants de sa force. Très efficace dans la pratique, car l’enseignement officiel

1556 ace dans la pratique, car l’enseignement officiel de la Troisième République a su répandre une doctrine de l’esprit tout à

1557 a Troisième République a su répandre une doctrine de l’esprit tout à fait propre à aveugler les masses, qui ne savent plus

1558 e, encombre tout l’horizon populaire26. Le succès d’ une caricature tient à ce qu’elle est une simplification. Celle qu’on

1559 est une simplification. Celle qu’on nous présente de l’esprit comble si bien notre paresse, et peut-être certains intérêts

1560 rtains intérêts, qu’il ne faut pas trop s’étonner de son triomphe universel. Professeurs, députés ou commissaires, ils cro

1561 tous tant qu’ils sont que l’esprit est une espèce de luxe vénérable et volatil, une entité qui plane au-dessus de nos vies

1562 érable et volatil, une entité qui plane au-dessus de nos vies, abandonnées, il faut l’avouer, à des soucis d’un tout autre

1563 vies, abandonnées, il faut l’avouer, à des soucis d’ un tout autre ordre27. L’esprit paraît d’autant plus spirituel, et par

1564 s soucis d’un tout autre ordre27. L’esprit paraît d’ autant plus spirituel, et partant, d’autant plus respectable, qu’il es

1565 sprit paraît d’autant plus spirituel, et partant, d’ autant plus respectable, qu’il est plus dégagé du réel, ou comme ils d

1566 égagé du réel, ou comme ils disent avec dégoût, «  de ses applications pratiques ». Laissant entendre ainsi que la science

1567 pensée s’évanouit, le temple est vide. Un Palais de l’Esprit ne peut être qu’un palais vide, ou un musée. Et les objets q

1568 t aussi peu de l’esprit que nos commissaires sont de bons écrivains. IV. Le spiritualisme consacre le préjugé utilitair

1569 t que nos commissaires sont de bons écrivains. IV . Le spiritualisme consacre le préjugé utilitaire De tout ceci, ret

1570 e spiritualisme consacre le préjugé utilitaire De tout ceci, retirons deux faits simples : un personnage consulaire, pr

1571 e le préjugé utilitaire De tout ceci, retirons deux faits simples : un personnage consulaire, président d’une commission

1572 its simples : un personnage consulaire, président d’ une commission d’État pour une exposition promise à la publicité unive

1573 personnage consulaire, président d’une commission d’ État pour une exposition promise à la publicité universelle, trouve na

1574 romise à la publicité universelle, trouve naturel de proposer que « l’esprit », dans cette entreprise, soit mis à part, et

1575 e du roman français à l’étranger, vient confirmer de son côté que ce Palais de l’esprit pur ne peut être en réalité qu’un

1576 ranger, vient confirmer de son côté que ce Palais de l’esprit pur ne peut être en réalité qu’un palais vide. Et ce vide qu

1577 alais vide. Et ce vide que d’ailleurs il qualifie de bibliothèque, ne lui paraît pas moins naturel. Brochant sur ces deux

1578 ne lui paraît pas moins naturel. Brochant sur ces deux faits une constatation évidente : l’opinion de l’élite ni celle du gr

1579 deux faits une constatation évidente : l’opinion de l’élite ni celle du grand public n’opposent la moindre réaction à l’a

1580 nd public n’opposent la moindre réaction à l’aveu d’ un complot si burlesque. Si j’ai quelque peu insisté sur l’anecdote du

1581 j’ai quelque peu insisté sur l’anecdote du Palais de l’Esprit, ce n’est point pour me ménager une partie par trop facile.

1582 ie par trop facile. C’est que la grossièreté même de l’écart, et le fait qu’on l’ait négligé, me paraissent propres à fixe

1583 égligé, me paraissent propres à fixer l’attention de quelques-uns sur une erreur très générale. Erreur métaphysique à l’or

1584 ien tenue à tort pour « théorique ». J’ai cru bon d’ aller la saisir dans ses aboutissements les plus voyants, ou pour parl