1 1932, Esprit, articles (1932–1962). À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)
1 -Paul par l’actualité (peut-être même faudrait-il dire  : par la nécessité) la plus brûlante : Américains et Allemands chez n
2 éciales décrites par Léon Bloy. Joli monde, comme disent les échotiers. Remercions Candide d’avoir poussé les choses assez loi
2 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
3 s l’état où se trouve la France en 1932. Est-ce à dire qu’il faille entreprendre une description méthodique des circonstance
4 ridiques déduits par voie de faits — si l’on peut dire — des mêmes principes. Sangnier devait relever l’anomalie : Briand me
5 feraient volontiers tuer. Jean-Richard Bloch l’a dit à la barre des témoins : Martin fait dans la paix ce que firent à la
6 « Nous avons proposé un maître à ce jeune homme, dit le pasteur Cooreman. C’était le Christ. Martin est coupable de l’avoi
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
7 l’abord qu’elle vient lourdement buter. On a tout dit pour la rendormir, mais en vain : elle s’est fait mal, et la douleur
8 urquoi il y a un imposteur dans tout homme qui se dit chrétien. (Je ne dis pas cela d’un point de vue antichrétien.) Mais c
9 steur dans tout homme qui se dit chrétien. (Je ne dis pas cela d’un point de vue antichrétien.) Mais c’est aussi pourquoi i
10 oir ! — Toi qui t’assieds sur les hauteurs et qui dis en toi-même : Qui me précipitera jusqu’à terre ? — Quand tu placerais
11 ton nid parmi les étoiles, je t’en précipiterai, dit l’Éternel… Car le jour de l’Éternel est proche pour toutes les nation
12 » : 50 000 francs. Ah ! qu’un sans-Dieu vienne me dire  : je ne crois pas à vos paroles, chrétiens menteurs ! — et je lui rép
13 s encore plus sceptique que toi… Tu ne crois pas, dis -tu à ces docteurs, mais pourquoi les crois-tu soudain, quand ils se d
14 te à l’attaque du désordre. « On voit maintenant, dit Kierkegaard7, toute l’extraordinaire sottise (s’il faut lui laisser t
15 avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu
16 Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire  : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic et nunc.
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
17 sère : une misère qui nous rabat au sol. L’homme dit « j’agis », et il trouve dans l’acte sa mesure, son rythme et sa joie
18 dominer ses moyens. Selon sa loi. Mais le moderne dit  : « Je gagne » ou « Je produis », ou bien « Je chôme », et ce sont au
19 de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remettons. Fausse dignité du travail Les nécessités
20 ité nouvelle. La dignité de l’homme consisterait, dit -on, dans le travail qu’il fournit pour « gagner sa vie », pour assure
21 e. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons  : le but du travail, ce n’est pas le loisir, mais la création. Et le
22 e rouleau un crabe ». — « Il me faut vingt ans », dit le peintre. Et pendant vingt ans, l’empereur subvient à l’existence d
23 e constructive est d’abord d’ordre spirituel. Qui dit précédence dit primauté. 2° que dans l’ordre, immédiatement consécuti
24 est d’abord d’ordre spirituel. Qui dit précédence dit primauté. 2° que dans l’ordre, immédiatement consécutif, des institut
25 cielles. 11. Et non pas cartésienne, comme on le dit souvent. f. Rougemont Denis de, « Loisir ou temps vide ? », Esprit,
5 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
26 e d’abord au nom de quoi l’on parle ! Et qu’on le dise  ! Toute la bassesse de la « littérature » moderne se résume, à mon se
27 ’est une littérature qui aime parler pour ne rien dire . Elle n’est occupée qu’à « bien » dire, — et c’est pourquoi elle parl
28 ur ne rien dire. Elle n’est occupée qu’à « bien » dire , — et c’est pourquoi elle parle mal. Or ceux qui l’ont attaquée jusqu
29 jeu classique… Ils n’étaient que le non d’un non. Dirons -nous non à notre tour ? Que ce soit le non décisif de ceux qui savent
30 ation seule est grave. C’est à l’homme qu’il faut dire oui, à l’homme total, à l’homme renouvelé. Nous ne clamons pas la fin
31 eur obstinée. Nous pourrions simplifier encore et dire  : il y a d’une part les moralistes bourgeois — mais personne ne croit
32 ouvant plus qu’il croit à l’essentiel de ce qu’il dit —, la critique littéraire de cette littérature n’a plus de sens réel,
33 e pour eux-mêmes, sans rapport à leurs fins. Elle dit  : c’est bien écrit, mal composé, intéressant ; elle dose des influenc
34 . Il nous faut faire un pas de plus. Il nous faut dire enfin que c’est l’homme en tant qu’homme — et pas seulement le non-bo
35 sure de l’homme irréductible, au nom de quoi elle dirait non ? Elle n’a pas de visée humaine, elle n’est plus que littérature,
36 t, ce symbole unique de la puissance sans visage. Dire que le monde est devenu impensable, c’est avouer qu’il n’y a plus de
37 eure de l’État, première heure des hommes. » Nous dirons première heure de la personne. Ceux qui n’ont pas en eux cette mesure
38 nouvelle sera le fait de l’homme renouvelé, je ne dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois pas — je dis : de l’homme rendu
39 is pas de l’homme nouveau — je n’y crois pas — je dis  : de l’homme rendu à la conscience de sa liberté. Toute création supp
40 sa volonté déterminée, son attitude créatrice. Je dirai donc ce que notre désir invoque. Je vois un grand dessin véhément et
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
41 res d’esprit et passionnent les indiscrets. Je le dis comme je le sens — parce que je les lis, naturellement — et je vous l
42 e me sauver par l’esprit. Vous qui êtes Français, dites -moi pourquoi, dans tout votre trésor littéraire, vous n’avez pas de l
43 ne pensez jamais aux désespérés ? Tous vos livres disent non à la vie. C’est facile d’être négatif. Et je n’avais pas besoin q
44 çais — ou la bonté — ou la générosité de soi — de dire oui à la vie. C’est très difficile… J’interromps la citation : dire
45 C’est très difficile… J’interromps la citation : dire oui à la vie, c’est surtout une formule nietzschéenne, et qui signifi
46 lui ferais ma belle révérence paysanne et je lui dirais  : — Asseyez-vous. — Et je lui ferais le café, et j’irais lui chercher
47 s… Elle voudrait voir aussi Reymont, et Gorki. «  Dites , monsieur Gorki, comment avez-vous fait pour savoir ?… » Nous voici à
48 c leurs livres, ont passé à côté de moi sans rien dire , sans même me voir, sans me soupçonner. Ils jouaient avec des automob
49 nt mis leur douce main sous mon menton. Ils m’ont dit  : — Fais voir tes yeux ! Ils se sont baissés jusqu’à moi. Ils se sont
50 à moi. Ils se sont assis à côté de moi. Ils m’ont dit  : — Fais voir où tu as mal, petite fille. — Puis ils m’ont dit : — Je
51 voir où tu as mal, petite fille. — Puis ils m’ont dit  : — Je m’appelle Whitman. Je m’appelle Thoreau. Voilà le camarade Ham
52 e ma maison, comme à des dieux. « Aidez-moi ! », dit cette femme. Mais la plupart des autres, la plupart de nos contempora
53 la plupart de nos contemporains, est-ce qu’ils ne disent pas plutôt. « Fichez-moi la paix ! Faites-moi rigoler, donnez-moi des
54 des livres faciles, des livres gais, etc. C’est, disent -ils, ce qu’on demande. — Hé ! oui, parbleu, c’est ce que « les gens »
55 issent leur pensée, leurs désirs, ils n’osent pas dire , ils n’ont pas de formules pour avouer leur peine, pour demander les
56 otière, croyez-vous que cet homme tout de même ne disait pas lui aussi « aidez-moi ! », à sa façon vulgaire, avec son rire ins
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
57 t le signe de son absence au monde et à soi-même. Dire que l’homme est, concrètement, c’est dire qu’il souffre et qu’il jubi
58 i-même. Dire que l’homme est, concrètement, c’est dire qu’il souffre et qu’il jubile, — qu’il agit. C’est pourquoi ils se tr
59 re de l’inhumain (à la limite), et c’est encore à dire qu’une « science de l’homme » qui se veut purement descriptive est ex
60 e : on peut seulement refuser de jouer. Mais cela dit , il reste à savoir pourquoi tel figurant jeté dans une intrigue insai
61 omme à l’éternel et de l’objet à l’homme, on peut dire que la personne est l’impensable incarnation de l’éternité dans le te
62 e dans la Communion, Jésus-Christ nous est donné, dit Calvin, « comme substance et fondement de tout », nous avons à connaî
63 de toute doctrine sociale et politique. Est-ce à dire que le bien de tous doive être mis au service du bien de chacun ? Pre
64 est bâtarde de ses excès. Ceci pourtant doit être dit en sa faveur : il a compris le fait — sinon l’acte — de la liberté. I
65 16. Matthieu 7:21 : « Ce ne sont pas ceux qui me disent Seigneur ! Seigneur !… mais celui qui fait la volonté de mon Père » —
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
66 rche ! « Il me paraît absolument nécessaire de le dire … Pour ma part, je me refuse… Je demande à ce qu’on tienne pour un cré
67 e grands airs, si l’on a quelque chose de grand à dire , qu’on ne peut pas dire autrement. Que dit-il donc, cet homme qui le
68 quelque chose de grand à dire, qu’on ne peut pas dire autrement. Que dit-il donc, cet homme qui le prend de si haut ? Son l
69 and à dire, qu’on ne peut pas dire autrement. Que dit -il donc, cet homme qui le prend de si haut ? Son livre s’ouvre par un
70 -ce après ce Schelling dont, par ailleurs, Breton dit tant de mal (Introduction aux contes d’Arnim). Mais pourquoi nous gli
9 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
71 r trop d’indiscrétions excitées et vulgaires. Que dire encore qui fasse un peu sentir la qualité, voisine de la grandeur, de
72 e raison très personnelle de l’aimer. 21. Je ne dis pas que tout cela aille sans fatigue pour le lecteur ; ni sans quelqu
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). Albert Soulillou, Nitro (février 1935)
73 forme propre, ses proportions et ses « valeurs », dirait un peintre. Il est remarquable que presque tous les écrivains de ces
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
74 r vie intime, leurs relations. On serait tenté de dire  : dans leur personne. Je connais peu de livres moins conventionnels.
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
75 s graves pour notre avenir immédiat. Je n’ai rien dit de l’art d’Edschmid. Je ne lui vois d’analogue que dans les derniers
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
76 fautes d’accord relevées plus haut : un linguiste dirait que la formule de ce style est la contagion. Je mets ce phénomène en
77 ue que Tzara donne du monde actuel. Monde dominé, dit -il, par l’angoisse de vivre (complexe de castration). La cause de cet
78 le l’irruption des forces telluriques. Keyserling disait un jour qu’il considérait à cet égard la révolution hitlérienne comme
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
79 née et de mesure, celles de l’intelligence… C’est dire que l’esprit créateur y doit être à l’honneur. Voilà pourquoi la Comm
80 ux sur la nature et sur le rôle de l’esprit qu’on dit créateur ? Serait-ce donc qu’on ne sait plus le voir dans ses effets 
81 première, et de l’y mettre en pleine clarté. Cela dit , tout le monde perçoit l’extrême difficulté d’une telle entreprise [c
82 lite bourgeoise, et confirme sa décadence. Ils me diraient  : « Honorer l’esprit pur ? Quoi de plus raisonnable, je vous prie ? Q
83 ni la nature ni l’action vraies du spirituel. On dira qu’elles ne l’ont jamais su. Je serais prêt à l’accorder. Ce qui est
84 able, qu’il est plus dégagé du réel, ou comme ils disent avec dégoût, « de ses applications pratiques ». Laissant entendre ain
85 erreur à un préjugé. Mais enfin pour saisir je ne dis pas la racine de ce préjugé populaire, mais la raison de fait qui l’a
86 clerc parfait : le juge refusant de juger. On me dira que ce gouverneur eût été dans son rôle en agissant, et qu’il trahiss
87 et des sanctions de fait, non pas seulement de «  dire le vrai » dans le vide. La dénonciation des clercs « intéressés » n’e
88 eau, se lava les mains en présence de la foule et dit  : Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde. » Ne vient
89 oient le sublime de l’esprit ? Ne vient-il pas de dire  : « Qu’est-ce que la vérité ? » À vingt siècles de là, la voix « désa
90 is en face de Pilate : « Voici l’homme » ! Et que dit cet homme ? « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre té
91 de gauche, et de la foule. Pourquoi n’a-t-il pas dit seulement : Mon royaume n’est pas de ce monde ? Ce royaume n’eût gêné
92 ectorat de la Sûreté nationale. Il serait faux de dire qu’on paie l’esprit. C’est bien plutôt l’absence d’esprit qu’on rétri
93 du bien prépondérantes. À tout péché miséricorde, dit le peuple, mais le pardon n’est pas l’oubli, il est toujours un acte
94 Il faut donner un sens à sa vision. Oserons-nous dire que c’est la vocation d’Esprit ? Donner un sens à la vision d’une réa
95 itement négligeables en regard de ce qu’ils ont à dire , qui les dépasse, et personnes parfaitement responsables de ce qu’ell
96 c’est le plus probable, elle contiendra ce que je dis  : les témoignages de « l’esprit pur » selon l’idée que s’en fait la C
97 toutes les équivoques du spiritualisme. Pilate a dit le droit : « Cet homme est juste. » Ayant dit ses raisons, il a fait
98 e a dit le droit : « Cet homme est juste. » Ayant dit ses raisons, il a fait tout ce qu’un clerc doit faire, selon nos gran
99 urs et leurs petits disciples. Mais encore : il a dit le droit en spécifiant qu’il n’assumait aucune espèce de responsabili
100  ? Ces Juifs sont en émeute : voilà le fait. J’ai dit ce que je pensais, voilà le droit. Maintenant il faut les apaiser, il
15 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
101 e bonne volonté, qui n’aurait pas « vécu » (comme disent les Allemands : Miterlebt) une des grandes cérémonies de la religion
102 , de jeunes filles, de femmes mal vêtues : ils ne disaient presque rien. On se passait un journal, une lorgnette. On se demandai
103 il élève rarement la voix, sauf à la fin ; il ne dit que des choses simples, raisonnables, parfois avec ironie, mais sans
16 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
104 appréhender ; dans cette mesure, il est exact de dire qu’elle s’ordonne par avance à sa fin. On n’imagine pas d’aborder l’œ
105 s phénomènes : ils sont eux-mêmes enseignement », dit Goethe. Il n’y a rien à voir sous les apparences. Car rien n’existe,
106 s à elle et une densité », écrit Ramuz. Le peuple dit , encore plus simplement : « Si c’était vrai, ça se verrait. » Telle e
107 s fort : c’est la natura naturans. (Nous pourrons dire aussi, un peu plus tard, que c’est la faculté du concret chez un homm
108 « Autarchie », il ajoute aussitôt : — « comme ils disent  ». Il ne manque jamais de s’excuser des mots abstraits, des termes no
109 tant de mensonges, surtout lorsqu’ils essaient de dire la vérité. Contre cette inflation nominaliste, il n’est pas de défens
110 la langue à cet état naissant dont la chimie nous dit qu’il est l’état de virulence extrême des corps. Les journalistes ont
111 juger des meurtres dont le vol est le mobile. Je dis qu’il ferait un meilleur travail éducatif. Car il porterait l’attenti
112 ous aurions enfin un langage « châtié », comme on disait dans les salons, au temps où le seul tribunal était celui du goût (c’
113 st point là un art « d’après le peuple », mais on dirait plus justement : d’avant. Un art qui vient du fonds mythologique de l
114 — même pas très réussie, et il y en a, il faut le dire , qui ont un air raté, un air de pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seu
115 création du contact avec l’objet. » Mais on peut dire cela de Goethe aussi ? Et de bien d’autres réalistes de la forme ? — 
116 sa présence active au monde (« Toute résistance, dit -il, nous oblige à être présent »). Je vois ce grand exemple d’une vol
117 — J’imagine parfois davantage. Certaines paroles dites par cette voix. Celui qui se refuse à poser les questions dernières,
118 révolte, mais au nom d’une vérité qu’il faudrait dire . Maintenant il y va de notre tout. La question dernière est posée : c
119 volonté de Dieu », au lieu de se contenter de la dire . Mais le kantisme a dévié ce mouvement, détournant l’attention de l’a
120 racines plongent dans la vérité. Nous aussi, nous dirons qu’il faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que l’on fait se voit.
121 e entre en action. 47. De tout bel canto peut-on dire . C’est le ton de la musique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le
122 es Noces. Le ton de la création du monde. 48. Il dit des personnages de ses romans : « Je ne les aime pas en tant que “pri
123 la ligne de plus grande facilité. 50. L’allemand dit Ernüchterung. 51. Rimbaud, cité par Ramuz dans Six Cahiers. t. Rou
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
124 eur paraissent sans gravité pratique. (Nous avons dit souvent sur quelle notion bourgeoise et libérale de l’esprit se fonde
125 critique des doctrines qui sont à sa base. Je ne dis pas qu’elles n’aient été souvent trahies. Ni qu’elles soient actuelle
126 on scientifique et artistique »54. Ceci revient à dire que la lutte des classes, — considérée comme symbole de l’action — et
127 ruction du métro de Moscou, le plus beau du monde disaient -ils. Et l’on peut lire chaque jour dans la presse russe des déclarati
128 sme de l’harmonisation — ou Gleichschaltung comme diraient les nazis — des activités spirituelles et pratiques. Mais la concepti
129 ur les « décrets culturels » de Staline. Et je ne dis pas, ou pas encore contre le Plan, mais en vertu de tout autres raiso
130 essus. » Telle fut la grande maxime du Plan. Car, disait -on, il faut parer au plus pressé, et la culture ne vient qu’après. Ai
131 est pas non plus de les admirer ; il n’est pas de dire non à tout, ni oui à tout ; c’est un devoir de critique lucide, et j’
132 nistes viennent à nous avec cette morgue que l’on disait naguère américaine, et qui ressemble à celle des nouveaux riches de t
133 ns doute deux objections très importantes. Ils me diront comme ils ont dit souvent déjà : a) Nous ne pouvions pas faire autre
134 ons très importantes. Ils me diront comme ils ont dit souvent déjà : a) Nous ne pouvions pas faire autre chose. Nos circons
135 es étaient telles que je serais incapable de vous dire ce que vous auriez pu faire d’autre. Vous en étiez au point où l’homm
136 te Europe, deux espèces de nations : celles qu’on dit vieilles, et celles qui se disent rajeunies. Les vieilles nations mèn
137 ons : celles qu’on dit vieilles, et celles qui se disent rajeunies. Les vieilles nations mènent encore une vie à bien des égar
138 de. La misère n’est encore qu’à la porte, mais on dirait qu’il n’y a plus rien à faire, qu’à attendre. Et l’on s’occupe en att
139 C’est le dernier lieu commun vivant. Les nations dites rajeunies sont celles qui ont fait ou subi depuis la guerre une révol
140 tion de masses. Elles mènent une vie dure et s’en disent fières. Certes, elles ont sacrifié un certain nombre de possibilités
141 s de l’État. (Des « soldats politiques » comme on dit en Allemagne.) Leur opinion publique est dictée par l’État, et l’opin
142 on ne peut pas ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’homme en tant q
143 lonisés, je n’ai pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’affirmer notre force en face d’impérialismes conquérants mène à la
144 conde avec les peuples impériaux est là. L’avenir dira si la révolution des « libéraux » peut influencer, à force égale, les
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
145 e pose à l’homme pécheur le Dieu-homme. Mais ceci dit , et maintenu, — j’admire qu’un incroyant ait su donner à notre positi
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Note sur nos notes (novembre 1936)
146 vembre 1936)y Il y a longtemps que Diderot l’a dit  : Tirer un peuple de l’état de barbarie, le soutenir dans sa splende
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). Erskine Caldwell, Le Petit Arpent du Bon Dieu (novembre 1936)
147 l. On parlait autrefois de gauloiserie. Il faudra dire désormais : américanisme. Mais on risque bien de commettre, à l’endro
21 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
148 l faut bien appeler le bluff stalinien ; et je ne dis pas du tout : d’une critique de ce qu’il y a de profond dans le marxi
149 le dehors… On sourit avec scepticisme, lorsque je dis que Paris a, lui aussi, son métro. » — Égalité, société sans classes 
150 s, des hommes et femmes “de journée”, et j’allais dire  : des pauvres. Il n’y a plus de classes en URSS, c’est entendu. Mais
151 liste65. Mais en voilà assez, la cause est jugée, dira-t -on. Voire ! Gide reproche à la fameuse autocritique soviétique de ne
152 e le sent-il ? « D’autres plus compétents que moi diront si ce changement d’orientation [le stalinisme par rapport au marxisme
153 et embourgeoisée. Mais nous, personnalistes, que dirons -nous ? Le livre s’ouvre par une fable. L’enfant Démophon est soigné p
154 . Nous n’y insisterons jamais assez. Mais il faut dire aussi la joie que nous éprouvons à voir Gide, en dépit de tout, et av
22 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
155 ecrètement, à la faveur de mille « observations » dites objectives, chargées de nous distraire pendant l’opération, et de nou
156 ’est qu’ils le soient, à la limite, autant. Il me dira d’une voix que j’entends déjà : « Mais je n’ai rien voulu de tout cel
23 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jean Blanzat, Septembre (janvier 1937)
157 t clair qu’il n’y aurait pas de roman. Mais, nous dit -il : « le plus petit geste m’a toujours coûté ». ad. Rougemont Den
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
158 ix, de la liberté et du pain des hommes. » Autant dire qu’il ne fait plus confiance à Marx. Autant dire qu’il ne se fait plu
159 dire qu’il ne fait plus confiance à Marx. Autant dire qu’il ne se fait plus confiance à lui-même. Autant dire que toutes le
160 u’il ne se fait plus confiance à lui-même. Autant dire que toutes les attaques marxistes contre les positions d’Esprit et de
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire ? (février 1937)
161 Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire  ? (février 1937)ag On le dira donc au public. Ce sont des souvenir
162 lène ou à qui le dire ? (février 1937)ag On le dira donc au public. Ce sont des souvenirs d’enfance, fort bien réinventés
163 te rendu] Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire  ?  », Esprit, Paris, février 1937, p. 824.
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)
164 les grandes questions gisent dans la rue », comme disait Nietzsche. Nous disons « existence » (dure, naïve et banale) quand il
165 isent dans la rue », comme disait Nietzsche. Nous disons « existence » (dure, naïve et banale) quand il parle d’élan vital. (H
166 nancour et Stendhal trouvent leur place. Mais que dire de l’absence de Proudhon, grand écrivain français pourtant ; et de ce
167 ant d’autres nous demeurent inexplicables ? Ceci dit , l’on pourra déguster, car il s’agit ici de goût, au sens physique. L
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
168 e que celle des masses ou des politiciens. (Je ne dis pas qu’elle est plus efficace…) Que nous annonce le renouveau nietzsc
169 once le renouveau nietzschéen ? On a vite fait de dire  : fascisme. C’est une facilité que les professeurs cultivent : Nietzs
170 e le mépris des valeurs de père de famille ». (On dit aussi, pour la rime sans doute : Luther précurseur de Hitler !) Mais
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
171 d’abandon à la force sereine de l’air, tout cela dit par les trois syllabes de ce mot qui décrit et embrasse les trois dim
172 et embrasse les trois dimensions de la joie, est dit aussi par le vallon des oliviers et par sa jeune nudité. Pas une vape
173 e furtifs, et se détourne. D’où vient-il ? On m’a dit qu’il n’y a pas de pigeons par ici. Que vient-il attendre ? Pourquoi
174 eux dans leur conduite et dans leurs opinions. On dit bien : l’exception confirme la règle. Oui, mais il faut entendre le p
175 s du jeu le plus libre des superstitions que j’ai dites , et dont l’éducation se fait très lentement sous l’influence des rési
176 annies impersonnelles. C’est l’instant où l’homme dit  : « Que voulez-vous que j’y fasse ? » ou encore : « Ils sont les plus
177  moment » de l’angoisse de ce temps. L’homme sain dit  : « Voilà ce que je ferai parce qu’il le faut. Et que voulez-vous qu’
178 u’un autre a écrit, d’écouter ce qu’un autre leur dit . Quand un lecteur vous écrit, il s’exprime le plus souvent dans un la
179 es veaux à deux têtes qu’on montre aux foires. On dit que nous avons trahi l’esprit : mais l’esprit n’a pas besoin de nous.
180 dredi, c’était grand soleil. Et les bonnes femmes disaient , au seuil du temple : « Voyez-vous ça, comme tout est dérangé ! Les a
181 bourgeois, c’est une manière de s’exprimer qui en dit plus long qu’on ne croirait. « J’ai mes brouillards et mon beau temps
182 d’une pluie « intempestive » c’est une manière de dire  : « Je m’attendais à autre chose, mon calendrier moral, mes conventio
183 en « parlant de la pluie et du beau temps ». (Je dis bien groupe, car il y a peu de « personnes »). 15 avril La sieste de
184 sur celles de la gauche. (Car la droite n’ose pas dire son nom dans ce canton.) Les partis de gauche ont fait liste commune 
185 tte nuit, vous savez, elle est toute chargée, bou die  ! l’estomac et tout. — Mais les Simard ne m’avaient jamais parlé d’el
186 s n’auront plus à languir bien longtemps. On peut dire que la chose est sûre. Et on l’entend ! Trois fois par jour, le bruit
187 sa visite. — Elle est curieuse, cette vieille, me dit -il. Figurez-vous qu’elle tient sa canne à la main, comme ça, sur la c
188 tendez ! Je l’ennterdis, vous n’avez qu’à le leur dire  ! » Je passe la tête par la fenêtre. Qu’est-ce que c’est, Simard ? — 
189 ant de colère et gesticulant. Il crie : « Je l’ai dit à madame Calixte, je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Ma belle-mè
190 nt son chagrin décent. Aux premiers mots que j’ai dits , elle a pleuré, gémi d’une toute petite voix fausse, et m’a beaucoup
191 llait. Je me récrie : mais comment, j’ai pourtant dit ma sympathie à Madame Simard. — Je sais, mais vous n’êtes pas entré c
192 a doit se faire dans la cuisine. Aussi, je lui ai dit , à Fernann, il aurait dû venir chez vous pour dire qu’il ne voulait p
193 dit, à Fernann, il aurait dû venir chez vous pour dire qu’il ne voulait pas qu’on lave. Je le lui ai dit : c’est bien ta fôt
194 ire qu’il ne voulait pas qu’on lave. Je le lui ai dit  : c’est bien ta fôte ! Ça aurait été dans votre maison qu’il y aurait
195 , surtout, qu’il s’agit là de « préjugés », comme disent les jeunes personnes en mal d’émancipation. C’est bien plus grave. C’
196 grand mas nommé Montaigu… (Pourquoi ce nom ?) On dit que cela ressemble à l’Albanie. C’est un groupe de hautes bâtisses co
197 ux ans. Plus haut, dans la montagne, un autre mas dit « le Château ». C’est à l’orée d’un bois de châtaigniers. On y accède
198 criait l’orateur, et ils adorent la Trinité ! Ils disent que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne font qu’un. Vous voyez que
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
199 r le monde pitoyable : sans ajouter à ce qui est, dire ce qui est comme un homme l’a senti, — c’est assez rare. « Ce serait
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
200 poésie est chose commune, communautaire. (Éluard dit d’ailleurs : égalitaire, — d’une manière incompréhensible.) La poésie
201 u cette « attente ardente de la créature », comme dit saint Paul. Mais alors, pourquoi fermer les yeux ? (Non pour prier, m
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
202 isons, les réponses varient du tout au nul. C’est dire qu’une réflexion patiente — mais urgente — s’impose à nous sur ce poi
203 les conditions actuelles — et actuantes si j’ose dire — de l’œuvre littéraire dans la communauté. Il n’y a pas, et il ne pe
204 ifie. Je ne pense pas qu’il soit souhaitable d’en dire plus, au seuil de la série de « témoignages » très divers que nous in
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
205 inations, qui, à la différence des hallucinations dites psychosensorielles…, etc. » On ne nous dit pas si l’on juge ces visio
206 ions dites psychosensorielles…, etc. » On ne nous dit pas si l’on juge ces visions réelles ou non, on nous dit seulement, m
207 si l’on juge ces visions réelles ou non, on nous dit seulement, modestement, que ce sont de pseudo-hallucinations. Ce genr
208 ique et théologique de chaque génération. 3. Ceci dit , il me paraît utile de poser ce problème, très brièvement, en termes
209 l’individu et la vocation qu’il se reconnaît, je dirais volontiers : entre la personnalité, naturelle ou factice (ou « person
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
210 orment les jeunes Suisses, trop assurés, comme le dit Cingria, de trouver chaque matin sur leur table un gros bol de café a
211 e limitent au « plan moral », comme nous aimons à dire . Elles sont d’usage interne, individuel. Les doutes que Ramuz nous pr
212 exemple, demande Ramuz : Avons-nous autre chose à dire que propreté, confort et instruction ? Avons-nous d’autre but commun
213 uz, plus dur, parle de portier d’hôtel…) Et je ne dis pas que cette interprétation désobligeante soit toujours fausse dans
214 xiste-t-elle ? nous demande Ramuz. Cela revient à dire  : a-t-elle une raison d’être ? J’essaierai de répondre ici du point d
215 pas les prévenir. Si nous nous refusons à voir, à dire , à illustrer, à incarner aux yeux de tous les grandes et fortes raiso
216 nt oublient pourquoi ils ont reçu ce droit. Je ne dirai pas que les Suisses l’aient déjà oublié. Mais la conscience qu’ils en
217 cipe fédéral que nous avons à incarner, on pourra dire que la Suisse a retrouvé sa raison d’être, et d’être neutre. Quoi de
218 qu’il célèbre. Et pourquoi n’irais-je pas jusqu’à dire que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas de culture suisse, m
219 e l’Europe. (Il y a là plus qu’un calembour, soit dit pour essayer de rassurer ces gens sérieux que sont les Suisses moyens
220 ion sur la vie politique.) Il est clair, et on le dit assez pour que je n’aie pas à insister, que l’armée d’un petit pays n
221 vocation profonde. Garde montée autour des cols, dirait Liehburg ; milice au service du principe constituant de la fédération
222 an de notre propre doctrine ? Armée démocratique, dit -on, milice populaire, dépourvue de l’esprit de caste que forment aill
223 taire80, un important budget de la culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais volonti
224 fédérale. Car le jour où il existera, l’on pourra dire que nos hommes politiques, si réellement représentatifs, dans ce pays
225 elle-même au rôle de presse locale. Il faut bien dire aussi que notre fédéralisme tend à se réduire à l’esprit de clocher,
226 de la personne et ceux de la communauté. 76. On disait en Allemagne, pendant la guerre : « Les alliés voudraient bien conclu
34 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
227 moralisation générale — non d’a-moralité comme on dit trop souvent — c’est la confuse dissension au sein de laquelle nous v
228 piternelle illusion, la plus naïve et — j’ai beau dire  ! — la plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion de liberté. Et illus
229 er qu’en échappant au monde fini. Mais la passion dite « fatale » — c’est l’alibi — où se complaisent les modernes, ne sait
230 u’ils passent leur seuil souffrent de jalousie », dit un poème tibétain89. C’est que, passant « leur seuil », sortant de le
231 e me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien que je ne convaincrai pas une seule vict
232 recettes). Personne, que je sache, n’a encore osé dire que l’amour tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et
233 la dictature productiviste qui contraignit l’État dit socialiste à édicter une série de lois contre le divorce (qu’on rendi
234 des corps francs dans les pays baltes, les crimes dits « politiques » exécutés par des ligues de jeunes gens, certaines form
235 e récit du miracle de Cana (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit sur le passage où Jésus proclame que l’homme ne doit
236 bii a répondu à la décision des évêques anglicans dite de Lambeth. Les congrès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes
35 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
237 in). — Un souffle révolutionnaire, ce serait trop dire , mais un bon courant d’air passe dans les derniers numéros de ces cah
238 numéros de ces cahiers. L’extrême droite qui ose dire son nom paraît souvent bien proche de la véritable extrême gauche fra
239 ersailles, où le Faubourg Saint-Germain (comme on disait naguère) et Montparnasse se mêlaient à merveille. Le déhanchement des
240 oraison funèbre. Et après ? « Vous n’allez pas me dire que vous êtes fasciste ? — Heu… » C’est la dernière réplique. — Franc
36 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
241 ontre la décision dont elle est née. Et pour tout dire , j’ignore encore si cela peut avoir un sens : approuver ou rejeter la
242 riés ? Ignore-t-on la réalité, ou n’a-t-on rien à dire de plus sérieux ? Poussez la première porte venue ! Ce silence que l’
243 des livres ou des enfants : aut liberi aut libri disait Nietzsche. Et Kierkegaard a raison plus qu’eux tous, lui qui d’abord
244 ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux dit  ? Il a su louer le philistin et le romantique, et leur donner raison
245 saint Paul, qui valent contre leur humanisme. Que dit l’Apôtre ? « Je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher
246 ue Satan ne vous tente par votre incontinence. Je dis cela par condescendance, je n’en fais pas un ordre… Car il vaut mieux
247 aire à sa femme. » (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le mariage est vrai, par conséquent doit être dit, soit du poi
248 tre le mariage est vrai, par conséquent doit être dit , soit du point de vue des romantiques — si l’on croit à Iseut —, soit
249 nion faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit -on, des millénaires à la nature pour sélectionner les espèces qui nou
250 ’admets qu’il est stupide de s’en priver. Mais je dis que la garantie d’une union raisonnable en apparences n’est jamais da
251 une femme pour en faire son épouse, ce n’est pas dire à Mademoiselle Untel : « Vous êtes l’idéal de mes rêves, vous comblez
252 Choisir une femme pour en faire son épouse, c’est dire à Mademoiselle Untel : « Je veux vivre avec vous telle que vous êtes.
253 seule preuve que je vous aime ». (Vraiment, pour dire  : Ce n’est que cela ! — comme le diront beaucoup de jeunes gens qui s
254 iment, pour dire : Ce n’est que cela ! — comme le diront beaucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe, à je ne s
255 point de départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui soit une recette de « bonheur », mais bien à u
256 ur, mais du quomodo. « L’éthique ne commence pas, dit Kierkegaard, dans une ignorance qu’il faudrait muer en savoir, mais d
257 es invoquées par le mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas d’importance, cela ne change rien à nos rappo
258 el, qu’elle cherche à dominer, non pas à fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car la personne se manifeste
259 quand il y aurait toutes les raisons du monde de dire oui à cette passion éblouissante, — dire non en vertu de l’absurde, e
260 monde de dire oui à cette passion éblouissante, —  dire non en vertu de l’absurde, en vertu d’une promesse ancienne, d’une dé
261 toute passion véritable est fidèle. (Pour ne rien dire des successives fidélités de nos « liaisons », et de tous ces Tristan
262 mine la personne. En d’autres termes, on pourrait dire que la fidélité se garantit elle-même contre l’infidélité, du simple
263 sion de l’amour contrarié. Il serait plus vrai de dire avec Benedetto Croce que « le mariage est le tombeau de l’amour sauva
264 éalité de la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et la polygamie privent la fe
265 ous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dira-t -on, ces mêmes croyances n’ont pas produit les mêmes effets parmi les
266 iculières, d’autant plus nous connaissons Dieu », dit Spinoza. Cette attitude, qui définit mon Occident, définit en même te
267 et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion en principe, ce serait v
268 e de l’Europe, p. 113. 105. Il y a l’Apocalypse, dira-t -on. Mais les catastrophes qu’elle annonce représentent notre châtimen
37 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
269 er le « salut » de nos libertés… Ils ont écrit et dit tout cela, avant les autres, dans Esprit et dans L’Ordre nouveau .
270 L’Ordre nouveau . Ils étaient les premiers à le dire . Et l’on pensait qu’ils seraient les premiers à y croire, et à le pro
271 ans de droite et de gauche seraient fondés à nous dire aujourd’hui : « Vous avez très bien vu pourquoi nous ne ferions rien.
272 très bien vu pourquoi nous ne ferions rien. Mais dites -nous maintenant pourquoi vous-mêmes, connaissant nos erreurs, n’avez
273 ue négative, d’origine universitaire, ou comme on dit  : « intellectualiste ». Je ne pense pas que cela soit décisif. Je cra
38 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
274 eu équivoque, qu’il m’importe d’élucider. Vous me dites (avec une gentillesse désarmante et si rare !) que mon livre « est un
275 t ? Des contraintes rhétoriques et de la liberté, disons de l’imagination. De même, pour composer un « fait » d’histoire, il f
276 raphiques, ou les négligences de copie. Mais ceci dit , il ne serait pas « exact » non plus d’appliquer les mêmes critères à
277 ions — que du public qui croit aux manuels. Je ne dis pas cela contre vous. Je le dis pour situer vos critiques dans l’espr
278 ux manuels. Je ne dis pas cela contre vous. Je le dis pour situer vos critiques dans l’esprit de votre lecteur — et du mien
279 le défendre. Malgré toute mon horreur de Kant, je dirai même que j’en ressens l’obligation. Ma formation théologique protesta
280 lle authentifie. En tant qu’érudition et critique dite « sérieuse », elle se constitue proprement par le refus d’admettre qu
281 que les dogmes. — Ça existe, l’amour courtois !… dites -vous. Mais voilà, je le « vide de sa riche, émouvante réalité humaine
282 porte au catharisme. Je pourrais, je devrais vous dire que si je n’avais pas rêvé (et un peu plus…) sur l’aventure de Rudel,
283 lle). C’est à cela, c’est à ce « reste » que vous dites ne pouvoir renoncer. C’est cela que vous me reprochez de n’avoir pas
284 s, moi, renoncer à rien de ce qui a été humain », dites -vous. « Il me faut à tout prix que je puisse l’assumer. » Eh bien quo
285 ien être appelé sectaire. (Huguenot, cela va sans dire , mais ce n’est pas synonyme.) Et même dissonant, s’il le faut. Dans m
286 a de corrompu, de « trop humain », de sous-humain dirai -je plutôt, dans tout ce que l’on appelle l’Humain, et qui ne l’est pl
287 ansportant à ce niveau notre « tenson », comme on disait au temps des troubadours. Croyez-moi, je ne cherche pas à esquiver de
288 humain » — si vous voulez… (Mais pourquoi ne pas dire du corps ?) Un amour dont l’exaltation cependant, était considérée pa
289 — n’est-ce pas assez clair dans mon livre ? — me direz -vous encore que vous êtes « plutôt contre » ? Voilà toute notre oppos
290  la seule chose nécessaire ». Car l’Écriture nous dit que si nous la gardons « tout le reste nous sera donné par-dessus » ;
291 louse. Il y arrive tout excité. Le professeur lui dit  : « Que venez-vous faire ici ? C’est en Allemagne qu’on se passionne
39 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
292 ssion d’un nième cabinet à Paris, un Américain me disait  : — En France, n’importe quel problème d’ajustement économique devien
293 soit par un bénéficiaire éprouvé de la tradition dite nationale… Et si nous ne sommes pas là pour consentir un prêt, payan
294 Américain moyen voit le Monde — Quels sont, se dit -il, les pays qui marchent le mieux en Europe ? Les États scandinaves,
295 d, du gaspillage, des chants et des beuveries. On dit que c’est la question de l’Asie qui nous sépare. Car en réalité, nous
296 l’incohérence du réel. (Tout ce que l’on peut en dire , c’est qu’on l’éprouve.) Or justement, la civilisation américaine sou
297 aux fins. La volonté de prendre conscience. J’ai dit qu’ils rêvent. J’ajouterai qu’ils détestent celui qui vient les révei
298 it pas ce que c’est que la confiance en soi. Ceci dit , je me retourne vers mes compatriotes européens et je leur dis : si v
299 tourne vers mes compatriotes européens et je leur dis  : si vous voulez que l’Europe dure encore — et le reste du monde en a
40 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
300 ond, il ne fait que penser à l’Algérie ». J’avais dit pour ma part deux mois plus tôt, et vous me citez : « Quand Sartre éc
301 ue le drame algérien. » Les deux phrases semblent dire la même chose. Un lecteur non prévenu s’y tromperait, mais pas vous.
302 douanes » et du « foie gras » : c’est en son nom, dites -vous, que je répondais à Sartre. Allons donc ! Je vois bien qu’il vou
303 , sectaire comme on ne l’est qu’à vingt ans. Ceci dit , je voudrais que vos lecteurs sachent aussi que mon article ne traita
304 aux yeux de l’histoire, ce seront ceux qui auront dit que l’Europe était finie, quand il s’agissait de la faire. » C’était
305 il se peut que son texte m’ait “servi”, comme il dit . Après quinze ans de métier, je reste, comme au premier jour, déconce