1 1932, Esprit, articles (1932–1962). À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)
1 git-il encore de revanche ? S’agit-il encore de «  faire durer le plaisir » jusqu’au bout et à tout prix ? Au niveau de jugem
2 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
2 bsurdité latente et souvent manifeste ? Ce serait faire la part trop belle au monde, que nous refusons. Mais il peut être uti
3 des vies privées. Ah oui ! si la Révolution était faite déjà ! Elle ne l’est guère que dans nos cœurs, — et toujours à recomm
4 s étudiants surtout, quelques casquettes. La cour fait son entrée — maniement d’armes — dépose sur la table sabres et képis,
5 ant, quelques pasteurs et quelques écrivains vont faire appel aux principes suprêmes (c’est-à-dire fondamentaux) de l’éthique
6 ité. 1° L’ensemble de cette oppressante cérémonie fit voir à l’évidence, une fois de plus, que le monde fabriqué pour leur
7 n je ne sais quoi de rassurant et d’avouable, qui fait qu’on invoque son nom dans tous les cas où il s’agit en vérité de con
8 rs mettent en prison Martin parce qu’il refuse de faire la guerre. (Ça n’est pas tout à fait des mêmes braves gens qu’il s’ag
9 l refuse de faire la guerre. (Ça n’est pas tout à fait des mêmes braves gens qu’il s’agit dans les deux cas, mais c’est du m
10 trahison entre les idéaux pour lesquels nous nous ferions tuer, et les buts de ceux qui nous feraient volontiers tuer. Jean-Ric
11 s nous ferions tuer, et les buts de ceux qui nous feraient volontiers tuer. Jean-Richard Bloch l’a dit à la barre des témoins :
12 ard Bloch l’a dit à la barre des témoins : Martin fait dans la paix ce que firent à la guerre ses aînés : c’est pour la même
13 rre des témoins : Martin fait dans la paix ce que firent à la guerre ses aînés : c’est pour la même cause qu’il se sacrifie, a
14 répondra non sans violence : « C’est faux ! Vous faites de la théologie, et vous ne faites même que cela ; c’est une tout aut
15 st faux ! Vous faites de la théologie, et vous ne faites même que cela ; c’est une tout autre théologie que la chrétienne, sim
16 tait-il consciencieusement à chaque témoin, qu’en faites -vous ? » Un seul se permit de répondre que toutes les guerres sont dé
17 vu un soldat défensif ? Comment est-ce que c’est fait  ? » 7° Certes, l’on peut tirer de ces débats une conclusion précise :
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
18 dit pour la rendormir, mais en vain : elle s’est fait mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire croire q
19 et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était un aspect
20 ils sont.) Il faut qu’un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’un
21 que par quelques-uns, rien ni personne ne pourra faire qu’il n’y ait eu cette preuve, aujourd’hui, d’une volonté de rupture,
22 ra s’opérer qu’au lieu même où la collusion s’est faite . Or elle n’a pas pu se faire entre le christianisme et l’injustice de
23 ù la collusion s’est faite. Or elle n’a pas pu se faire entre le christianisme et l’injustice de ce monde, l’un n’existant qu
24 as à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, et qui, depuis, assure son succès relatif. Une église « é
25 rdre établi. Et pourquoi ? Parce que c’est tout à fait impossible, parce que la « chrétienté » est sécularisée, et qu’on ne
26 indre d’accepter la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvreté évangélique, et bientôt ne plus vivre que sur
27 . Entraînée dans cette politique, la théologie se fait servante de la chose publique. Et que voit-on dès lors ? Présentement
28 d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétienne5, les hautes val
29 tice établie. Tu ne crois pas à ces paroles et tu fais bien, même si tu en souffres ; mais j’ai encore plus à souffrir, car
30 ciente, lie partie sous-main avec le scandale, en faisant du christianisme quelque chose de si lamentable, qu’il faille à la fi
31 e sauver. » Rompre avec le désordre établi, c’est faire en sorte simplement, qu’il cesse d’être « établi ». Qu’il ait pu l’êt
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
32 , sans cesse renaissant dans la chrétienté. Or en fait , dans certains pays, les églises protestantes sont devenues les offic
33 ce l’affirmation d’une foi religieuse personnelle fait encore sourire le petit-bourgeois « progressiste », ou bien se voit t
34 et de de Quervain sur la « théologie politique » fait justice de ce reproche et démontre une fois de plus que le paradoxe d
35 sur la religion (recueillis par Jerome Davis) se fait l’écho de ces revendications antiecclésiastiques sinon antichrétienne
36 ’Évangile impliqué dans leur attitude, et qui les ferait retomber dans les vieilles erreurs du capitalisme puritain qu’ils veu
37 e publient ces jeunes hommes a pris pour tâche de faire connaître et de critiquer toutes les tentatives réformistes ou révolu
5 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
38 rès supérieure. Les singes gagnent leur vie et ne font pas d’histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinqu
39 gnent leur vie et ne font pas d’histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquennaux. Leurs moyens sont plu
40 mps de l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur de la Chine fait appeler auprès de lui son peintre. « Peins-moi sur ce rouleau un crab
41 « Qu’on m’apporte un rouleau, des pinceaux ». On fait cela, on déroule une soie. Et d’un seul trait miraculeux…   P.-S. — C
42 Cette histoire de la Chine se suffit. J’aurais pu faire l’économie du reste. Mais nous vivons dans une époque impatiente : il
43 ppeler « travail de choc ». Ultime tentative pour faire aimer aux hommes une caricature du travail créateur, l’émulation soci
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
44 . Or ceux qui l’ont attaquée jusqu’ici n’ont rien fait d’autre, ou n’ont rien fait de mieux. Ils ont eu parfois de beaux cri
45 jusqu’ici n’ont rien fait d’autre, ou n’ont rien fait de mieux. Ils ont eu parfois de beaux cris, mais à qui les adressaien
46 happer aux soucis quotidiens »12, pour éviter, en fait , de résoudre le drame. Et c’est la bonne conscience idéaliste du régi
47 es : ils expriment bien mieux qu’il ne saurait le faire ses propres révoltes et ses rêves. Ils lui en font une espèce de gloi
48 ire ses propres révoltes et ses rêves. Ils lui en font une espèce de gloire. Le voilà justifié dans sa mauvaise conscience.
49 er, c’est d’abord posséder un critère, ensuite le faire valoir avec intransigeance. Or le critère moral de l’ancienne bourgeo
50 ine est proprement bourgeoise ; conservatrice, en fait , des valeurs établies ; liée, en fait et par ses conséquences pratiqu
51 vatrice, en fait, des valeurs établies ; liée, en fait et par ses conséquences pratiques, à l’établissement des bourgeois. M
52 endant des mécanismes de la société. Il nous faut faire un pas de plus. Il nous faut dire enfin que c’est l’homme en tant qu’
53 nces qu’elle avait négligées ou dont elle s’était faite complice. Nous avons vu déjà que le roman bourgeois servait à toutes
54 pos de ces pages. La littérature nouvelle sera le fait de l’homme renouvelé, je ne dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois
55 d’aujourd’hui ne valent rien humainement. Ils ne font que copier les vices des meilleurs. Les plus primaires sont les moins
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
56 La femme morte », qui n’est pas une nouvelle bien faite , mais qui est un peu mieux que cela, une présence, une plainte juste,
57 payer à M. Johan Bojer, et s’il était là, je lui ferais ma belle révérence paysanne et je lui dirais : — Asseyez-vous. — Et j
58 ne et je lui dirais : — Asseyez-vous. — Et je lui ferais le café, et j’irais lui chercher mon plus beau pot de confitures… El
59 Gorki. « Dites, monsieur Gorki, comment avez-vous fait pour savoir ?… » Nous voici à l’endroit de cette confession que je vo
60 ulement à cause de sa beauté (et parce qu’il faut faire un sort à ces choses-là quand on en trouve), mais aussi par manière d
61 e ceux qui écrivent merde cent fois la ligne pour faire croire qu’ils sont forts. Je n’ai pas besoin que vous me désespériez.
62 eur douce main sous mon menton. Ils m’ont dit : — Fais voir tes yeux ! Ils se sont baissés jusqu’à moi. Ils se sont assis à
63 ls se sont assis à côté de moi. Ils m’ont dit : — Fais voir où tu as mal, petite fille. — Puis ils m’ont dit : — Je m’appell
64 ’ils ne disent pas plutôt. « Fichez-moi la paix ! Faites -moi rigoler, donnez-moi des sensations, mais surtout ne vous occupez
65  ! Tenez, c’est l’histoire d’une municipalité qui fait construire un des trucs-là juste en face l’église du village, vous vo
66 nc la responsabilité du compte rendu qu’il m’en a fait . h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Sur une nouvelle de Jean G
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
67 Cet exposé traduit au contraire un effort tout à fait « personnel » pour exprimer une conscience philosophique que l’auteur
68 e dont l’entendement le prévoit. Peut-on vraiment faire plus ? L’événement seul a la vertu de concrétiser le concret, et de m
69 où l’on voit que le sujet détient une primauté de fait . Il peut s’éprouver dans l’angoisse, il y trouve, loin de l’objet, un
70 d’existence. Il ne devient objet que lorsque j’en fais mon objet. Tel étant le sujet, on peut voir qu’il n’est autre que l’h
71 ir de provoquer l’objet à l’existence. Il peut le faire de deux façons, l’une virtuelle ou distante, l’autre actuelle. S’il s
72 ner l’objet hors de sa prise, comme absent, il ne fait à vrai dire qu’augmenter son angoisse de l’impression d’une impuissan
73 tion, dont nul ne songe d’ailleurs à contester le fait , démontré par l’existence même des psychologues. L’apparition de la p
74 , incarnation et non concept. Mais la psychologie fait de l’homme son « objet », et par là même le déshumanise. Elle pose l’
75 elle du figurant anonyme à l’acteur, de celui qui fait nombre à celui qui fait loi, de celui qui regarde à celui qui s’engag
76 à l’acteur, de celui qui fait nombre à celui qui fait loi, de celui qui regarde à celui qui s’engage. Nous pouvons voir ens
77 e autant qu’il leur répond, et la même raison qui fait qu’il est lui-même, fait aussi qu’il n’est plus un isolé, mais un pro
78 d, et la même raison qui fait qu’il est lui-même, fait aussi qu’il n’est plus un isolé, mais un prochain. 6. La personne
79 où lui vient tout à coup l’assurance que ce qu’il fait est dans son rôle ? Pour quelle raison sort-il du chœur des anonymes
80 , cependant que chacun peut voir qu’il existe, en fait , des personnes ; cependant que chacun peut savoir en quoi consiste sa
81 , telles que nous les constatons dans l’histoire, font figure de coups de force contre toute raison et causalité claire. Ils
82 us meut. Nous avons établi que la présence est le fait de l’homme sujet à l’instant qu’il rencontre son objet. L’homme sujet
83 imite atteinte de la personne dans l’histoire, le fait extrême, le concretissimum à partir duquel nous puissions penser acti
84 demeure indéfendable s’il n’est pas imposé par le fait humain primordial. Le droit divin n’est pas un droit humain élevé dan
85 une revendication de droit, mais une position de fait . La voici : le bien de tous n’est ni concevable ni réalisable aux dép
86 , et le soleil que rien ne peut décrire, mais qui fait voir le monde et chasse nos fantômes, notre devoir n’est pas de reven
87 a compris que le phénomène homme ne se produit en fait qu’au niveau des objets, et que tout ce qui est doit pouvoir être vu,
88 ourt que de prétendre l’ignorer ; il a compris le fait — sinon l’acte — de l’incarnation. Il y a une santé dans le matériali
89 able envers le spiritualisme : c’est qu’il nous a fait plus de mal, et que l’erreur matérialiste est bâtarde de ses excès. C
90 tant doit être dit en sa faveur : il a compris le fait — sinon l’acte — de la liberté. Il a su reconnaître que l’homme est u
91 e à ne plus savoir comment les réunir — ce que ne font ni la vie ni la mort, ni Dieu qui ressuscitera les morts20. En vérité
92 e esclavage. — Jusqu’à cet acte, que soudain j’ai fait  ! Car je l’ai fait, et je ne sais rien d’autre. J’ai reçu l’ordre, et
93 u’à cet acte, que soudain j’ai fait ! Car je l’ai fait , et je ne sais rien d’autre. J’ai reçu l’ordre, et ce pouvoir ordonna
94 teur, irréfutablement est là, rendu visible. J’ai fait ce pas, je puis le mesurer — mais sa grandeur pourtant n’est pas un n
95 puis être pour les hommes — pour me jeter dans le fait accompli d’une évidente nouveauté. Maintenant quelque chose s’est pas
96 en à l’éternel. Ce pas petit et triomphal à peine fait , je le reperds si je n’en fais pas un second. Et pourtant mon espoir
97 triomphal à peine fait, je le reperds si je n’en fais pas un second. Et pourtant mon espoir est gagé sur une promesse aussi
98 i me disent Seigneur ! Seigneur !… mais celui qui fait la volonté de mon Père » — c’est-à-dire celui — opposé à l’impersonne
99 er. 19. L’aspect animique du corps disparaît, en fait , avant l’aspect proprement matériel. 20. La certitude de la résurrec
9 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
100 l devait logiquement les conduire cette attitude, fit voir bientôt l’inanité d’une pareille prétention. Que reste-t-il du b
101 à ces injures. Le surréalisme garde une valeur de fait témoin, d’ordre spirituel ; à ce titre, il marque une époque, bien pl
102 r postiche et stylisé, à l’abri duquel on pouvait faire encore de la littérature, certes, mais on ne pouvait faire que cela.
103 ore de la littérature, certes, mais on ne pouvait faire que cela. Ce serait un jeu que de les classer dans les catégories du
104 r, en cherchant un peu. C’est très bien de ne pas faire le modeste, et même de prendre de grands airs, si l’on a quelque chos
105 repose que sur l’espoir du faible : que la vie se fasse « toute seule », que l’homme ne soit plus rien qu’un spectateur de so
106 thmes lyriques, son style est large, ses périodes font la roue. Mais il se débrouille mal avec des données scientifiques ; s
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
107 inoubliable. Rouveyre ne laisse pas un instant de faire sentir qu’il écrit, et l’on aime jusqu’au retors de cette écriture co
108 il faut concéder à Rouveyre ces qualités dont il fait tant de cas. Une lucidité virile forme la leçon de ces pages, tantôt
109 étions excitées et vulgaires. Que dire encore qui fasse un peu sentir la qualité, voisine de la grandeur, de cet ouvrage ? Je
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
110 our eux, il les a vus tout autrement que ne l’eût fait un « observateur » : non dans leur pittoresque, mais dans leur vie in
111 ans la réalité campagnarde. Il met en évidence un fait dont il faut souligner dans cette revue toute l’importance : c’est la
112 entrent dans la vie. Mais en parlant d’étude, je fais tort au ton de ce livre, à son charme sentimental, à son humour parti
113 ne vois pas d’écrivain français qui ait jamais su faire vibrer un tel accord des paysages et des êtres — de ces vastes paysag
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
114 ait pu provoquer des polémiques révélatrices : il fait comprendre enfin dans quelles passions profondes le mouvement hitléri
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
115 otone entraîne une matière vocabulaire disparate, faite de grandiloquence imagée et de copules et incidences abstraites, s’ap
116 Tzara se réduiraient peut-être, logiquement et en fait , à un seul mot. Je force le raisonnement à l’absurde pour faire appar
117 ul mot. Je force le raisonnement à l’absurde pour faire apparaître le caractère proprement fantasmagorique de la logique hégé
118 foulé par le langage rationnel. Il s’agit donc de faire sauter tous ces « barrages », de confondre à nouveau rêve et veille,
119 rialisme historique. Cette croyance que la vie se fera toute seule et que des « lois » inexorables se chargent de transforme
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
120 and quotidien parisien s’empressait d’ailleurs de faire suivre l’annonce du mal de celle de son remède. Pourquoi résister au
121 Seine royale, les enchantements et les tentations feront pâlir les rêves des conteurs. Ce sera, dans la féerie de l’eau des lu
122 rit. Il est clair que de telles questions sont le fait d’une époque barbare ; d’une époque où l’esprit n’est plus un lieu co
123 lus le voir dans ses effets ? Mais alors, comment fera-t -on pour le voir « en soi », dans son temple ? Cela paraît une bien au
124 République. Non point de ceux que l’on révère en fait , qui règnent en fait, car on les avouerait difficilement, mais bien d
125 t de ceux que l’on révère en fait, qui règnent en fait , car on les avouerait difficilement, mais bien de ceux que l’on ensei
126 us grave, sans doute, c’est qu’ils croyaient bien faire . Et personne à ma connaissance n’a mis en question leur sérieux, ce q
127 que a su répandre une doctrine de l’esprit tout à fait propre à aveugler les masses, qui ne savent plus reconnaître ni la na
128 . C’est que la grossièreté même de l’écart, et le fait qu’on l’ait négligé, me paraissent propres à fixer l’attention de que
129 sse des vieux artisans passionnés du travail bien fait et les conquêtes des humanistes, ouvre les temps modernes et reste la
130 racine de ce préjugé populaire, mais la raison de fait qui l’autorisa parmi nous, il faut bien remonter à l’erreur initiale
131 lle à estimer que la « pensée » est incapable, en fait , de les aider dans l’exercice quotidien de leur travail. Ils s’estime
132 ’assimiler l’homme « distingué » à l’homme qui ne fait rien de ses deux mains. Ce que je reproche à l’esprit cartésien, c’es
133 e, et au juste mépris des masses. V. Situation faite aux intellectuels a) le culte de l’esprit gratuit. La surestimati
134 de l’idéal. Cependant ces discours hypocrites ne font en somme que célébrer une situation de fait. Je répète que celle-ci n
135 es ne font en somme que célébrer une situation de fait . Je répète que celle-ci n’est devenue possible qu’en vertu d’une cert
136 s machiavéliques que certains écrivains de droite font aux clercs « spiritualistes » l’honneur et le crime d’avoir prémédité
137 t de modifier et non pas seulement de décrire, on fera bien d’aller la chercher à cent lieues des « sanctuaires de l’esprit 
138 G. Jung35. Des remarques identiques peuvent être faites — elles ont été faites mille fois — au sujet de la sociologie ou de l
139 es identiques peuvent être faites — elles ont été faites mille fois — au sujet de la sociologie ou de l’histoire de la littéra
140 le nom d’esprit, c’est l’image épurée d’un monde fait de lois. Cette image s’interpose entre la pensée « pure » et le réel
141 ar le mot « désintéressement » a deux sens tout à fait indépendants. Que les clercs refusent d’épouser les passions politiqu
142 ènent le monde à sa perte ; qu’ils refusent de se faire les complices des folies collectives, des égoïsmes criminels, des « i
143 du sens commun, mais il repose sur une erreur de fait  : car l’intellectuel, comme tout autre homme, et parce qu’il est homm
144 ment, dans le monde des corps et des sanctions de fait , non pas seulement de « dire le vrai » dans le vide. La dénonciation
145 tre chose que cette banalité morale. Elle vise en fait à justifier le lavement de mains de Pilate. « Pilate voyant que le tu
146 s. On lui eût donné son Palais. Mais que vient-il faire parmi nous ? Qu’est-ce que la vérité ? demande encore Pilate. (Il lui
147 rfait tel que le livre l’Université : que sait-il faire  ? C’est tout juste s’il sait écrire. Il écrira donc un ouvrage dans l
148 re d’usure contre l’inertie fascinante, cette vie faite d’embêtements et de fécondes coïncidences est plus conforme aux rythm
149 ntique, exploité par l’élite bourgeoise, visant à faire du clerc un inutile ; vu la situation économique inaugurée par le kra
150 st la source de leur autorité — si elle existe en fait ou en droit — et quels doivent être ses moyens ? Les discussions sero
151 muette, — c’est une chose, c’est même celle qu’on fera . Mais c’est tout autre chose que d’inviter le grand public à réfléchi
152 er, un temps pour critiquer finement ce qui s’est fait , et un temps pour saisir à pleines mains les instruments de construct
153 ignages de « l’esprit pur » selon l’idée que s’en fait la Commission. 26. « Cette façon de dégrader la culture et d’en fair
154 26. « Cette façon de dégrader la culture et d’en faire une chose à côté, tout en l’“élevant” au rang de suprastructure et en
155 sses populaires ». (L’Idée socialiste, p. 33). Le fait est incontestable, mais il faut l’interpréter : cette conception n’es
156 iciens ». Cette mode, parfois heureuse, repose en fait sur un malentendu. On respecte le technicien et on le pousse dans les
157 sophe sincère est, de nos jours, suspendue par un fait , l’existence de la science. » Cet aveu est de Rauh (Avant-propos des
158 l’humanité). Il espère une souveraineté qu’il ne fait rien pour conquérir. Il espère que le passage du droit au fait (du dr
159 r conquérir. Il espère que le passage du droit au fait (du droit de la philosophie au fait de son gouvernement) s’opérera sa
160 e du droit au fait (du droit de la philosophie au fait de son gouvernement) s’opérera sans qu’il y mette les mains. Par malh
161 se de ces prétendants déçus consiste alors à nous faire croire que les faits obéissent à des lois sur lesquelles l’esprit ne
162 it les clercs, croit aussi qu’ils ne peuvent rien faire , et bientôt les méprise cordialement, tout en les honorant par habitu
163 et homme est juste. » Ayant dit ses raisons, il a fait tout ce qu’un clerc doit faire, selon nos grands docteurs et leurs pe
164 t ses raisons, il a fait tout ce qu’un clerc doit faire , selon nos grands docteurs et leurs petits disciples. Mais encore : i
165 gouverneur ? Ces Juifs sont en émeute : voilà le fait . J’ai dit ce que je pensais, voilà le droit. Maintenant il faut les a
166 s clercs, il traduit bel et bien leur attitude de fait devant le monde : s’ils croyaient sérieusement à la justice, ils fera
167  : s’ils croyaient sérieusement à la justice, ils feraient tout pour l’imposer. Ils se compromettraient pour elle. Mais ils n’y
168 ieux il se vend. La crise force les éditeurs à se faire les interprètes du public auprès de l’auteur, et non l’inverse, qui s
15 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
169 ucune justification historique dans un pays qui a fait la Révolution de 89, et qui est déjà une nation. Mais condamner le « 
170 é en Russie, il y aurait quelques chances de leur faire comprendre ce que c’est qu’une révolution de masses, au sens moderne.
16 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
171 i nouvelle et la réalité d’une ère dominée par ce fait historique : l’Incarnation de la Parole. Les grands docteurs chrétien
172 re et de la forme. Et non point de la forme toute faite , cadre imposé aux jeux d’une invention prévue, mais de la forme en de
173 oins, paraît toujours s’excuser de l’emploi qu’il fait , par occasion, d’un terme roturier, commun, non littéraire. Ramuz, c’
174 me, ils nous démoralisent plus sûrement que ne le font les scandales qu’ils dénoncent. Il me semble parfois que la meilleure
175 ctueux, inactuel, erroné ou inutilement abstrait, ferait un bien meilleur travail — il faudrait qu’il donnât de fortes peines 
176 meurtres dont le vol est le mobile. Je dis qu’il ferait un meilleur travail éducatif. Car il porterait l’attention des hommes
177 iatement par un « paraître » ; en sorte qu’on pût faire l’économie des relations abstraites inventées par les psychologues, e
178 ailleurs, indique chez Ramuz la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni certain aspect convenu de la cho
179 erse : par la ligne de plus grande résistance, il fait retour aux origines élémentaires. C’est limiter l’ampleur du fait hum
180 origines élémentaires. C’est limiter l’ampleur du fait humain mais aussi garantir son unité concrète, esprit et corps. Les n
181 oethéenne. Il se peut qu’en définitive, Ramuz ait fait , pour la culture, en se donnant l’air de l’attaquer, plus que ne font
182 e, en se donnant l’air de l’attaquer, plus que ne font les défenseurs d’une intelligence sans prises, d’une pensée sans risq
183 et était souvent le plus brutal des tintamarres, fait « d’un bruit de vitres cassées, de grincements pareils à ceux d’un cl
184 ards l’appellent « le mauvais pays ». ⁂ On a vite fait d’expliquer cette esthétique de l’objet brut par une mauvaise humeur
185 fficile, tout travail, toute espèce de travail se fait d’abord contre nous-mêmes et contre Quelqu’un, tout travail est maléd
186 e je suis à la mienne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz existe à sa façon. Je vois que son pouvoir est sa
187 reste, tout cela qui échappe à nos prises. Ainsi fait Goethe, et c’est là sa vertu. Mais notre siècle pose d’autres questio
188 — l’originalité de l’homme « radical ». Ramuz l’a fait plus qu’aucun de nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun autre, no
189 strait, insista puissamment sur la nécessité de «  faire la volonté de Dieu », au lieu de se contenter de la dire. Mais le kan
190 s la vérité. Nous aussi, nous dirons qu’il faut «  faire  ». Nous ajoutons : tout ce que l’on fait se voit. L’acte le plus secr
191 faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que l’on fait se voit. L’acte le plus secret, fût-il même un silence, laisse une tr
192 me, modifie sa forme existante. « La figure a été faite sur la vérité, et la vérité a été reconnue sur la figure » (Pascal, c
193  » (Pascal, cité par Ramuz). 44. Comme Ramuz l’a fait dans Six Cahiers. 45. Est-il nécessaire d’indiquer que rien n’est pl
194 ui, entre deux discours nationalistes, s’occupe à faire passer ses capitaux à l’étranger pour les mettre à l’abri du fisc. Ce
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
195 les hommes réels, les petits groupes d’hommes qui font la loi. C’était substituer au dogme de la toute-puissance des faits é
196 prochements et les oppositions sommaires. Mais un fait demeure hors de doute et surpasse l’ordre des erreurs possibles : c’e
197 uire l’anarchie culturelle dans le monde le moins fait pour l’intégrer. Qu’on baptise cette nouvelle anarchie « humanisme ré
198 tirait logiquement de Marx, et dont il entendait faire la mesure commune de la pensée et de l’action : « Donnez d’abord le p
199 voir une illusion, une démesure ou une mesure qui fasse battre pendant cinq ans le cœur d’un peuple. Cela suffira sans doute
200 des nouveaux riches de tous les temps. Nous avons fait des expériences dont ils ne soupçonnent pas la gravité, et moins enco
201 as la gravité, et moins encore la vanité. Ils les feront avant longtemps. Ils retrouveront avant longtemps les problèmes spiri
202 pas outillés pour mesurer dès maintenant. Le seul fait qui paraisse d’ores et déjà acquis, le seul qui tombe sous le coup d’
203 éussir à créer une communion vraiment vivante. En fait , elle n’y réussit pas. Le schématisme de la propagande est par nature
204 n URSS. ⁂ Les partisans de l’URSS ou de Hitler me feront sans doute deux objections très importantes. Ils me diront comme ils
205 ls ont dit souvent déjà : a) Nous ne pouvions pas faire autre chose. Nos circonstances économiques et historiques étaient tel
206 à quelle fin elle conduit ses adeptes. Si vous ne faites rien, que de nous critiquer, vous en serez bientôt au point où nous é
207 commencer par rétablir l’ordre extérieur. Et vous ferez du collectivisme. C’est la seule « base commune » puissante pour tout
208 rais incapable de vous dire ce que vous auriez pu faire d’autre. Vous en étiez au point où l’homme ayant démissionné, il fall
209 où nous vivons, la situation précise qui nous est faite , et l’appel concret qui en résulte ; et après cela jugeons, c’est-à-d
210 acun des termes abstraits de cette formule par un fait ou un nom contemporains.   1. Temps et lieux : l’Europe d’aujourd’hui
211 pessimiste. Facilités virtuelles et pessimisme de fait  : ces deux traits définissent l’atmosphère des nations libérales d’au
212 libérales d’aujourd’hui. Elles ne savent trop que faire de cette liberté dont elles se vantent. Elles s’en vantent d’ailleurs
213 la porte, mais on dirait qu’il n’y a plus rien à faire , qu’à attendre. Et l’on s’occupe en attendant à critiquer les nations
214 . Les nations dites rajeunies sont celles qui ont fait ou subi depuis la guerre une révolution de masses. Elles mènent une v
215  », tout cela qui épouvante les libéraux n’est en fait que l’ensemble des conditions pratiquement nécessaires pour assurer à
216 e des États libéraux.   2. Situation qui nous est faite . Au terme du libéralisme, à l’origine des dictatures, une seule et mê
217 ans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont dû faire  ; et alors, d’ici vingt ou cent ans, nous serons réduits à l’état de
218 avidité ou jalousie, mais par nature, par le seul fait que sa religion n’est pas la nôtre. Étudions les doctrines provisoire
219 commettent leurs chefs : nous ne pourrons jamais faire davantage, nous ne pourrons jamais en être, nous sommes nés sous d’au
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
220 s, ici, a peu de part, nous sommes en France — au fait social de notre époque, affronté dans le détail quotidien d’une profe
221 otre appareil social. On trouvera dans le volume, faisant suite à ces documentaires, une critique de l’État — « Le Tous contre
222 it pour mes ancêtres », il sait aussi, et il nous fait savoir, que c’est à nous de recréer un monde où notre vie s’accepte.
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Erskine Caldwell, Le Petit Arpent du Bon Dieu (novembre 1936)
223 ritains sont en train de prendre une revanche qui fait pâlir toutes nos petites pornographies romancées. Lawrence, Faulkner,
224 la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait que donner satisfaction au besoin humain de substituer à la réalité l
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
225 pas l’actualité toute passagère de son objet qui fait la faiblesse d’un ouvrage, mais bien l’insuffisance ou le mensonge d’
226 ucun bâtiment, excepté Saint-Marc. Il y a de quoi faire au-dehors, et la foule m’intéresse infiniment… » Goethe poursuit : « 
227 r modérer les appétits, étoffes, objets, etc., se fassent inattrayants au possible, de sorte qu’on achèterait par grand besoin,
228 ne dénonciation des slogans d’exportation qui ont fait , et font encore, les trois-quarts du succès de l’URSS auprès des inte
229 iation des slogans d’exportation qui ont fait, et font encore, les trois-quarts du succès de l’URSS auprès des intellectuels
230 ions. Elle est jugée par ce que les hommes en ont fait , et par la réussite ou bien l’échec de ses prévisions pratiques. Gide
231 é par Déméter, déguisée en nourrice. Elle veut en faire un dieu, et pour cela le couche chaque soir sur un lit de braises. « 
232 e épreuve le fortifie. » Mais la mère, Métaneire, fait irruption. « Elle repoussa la déesse et tout le surhumain qui se forg
233 le. C’est une légende… Elle traduit à mes yeux ce fait d’expérience : toute tentative de déification (ici, la création d’un
234 outrepasser les limites de sa condition. Qui veut faire l’ange — l’Homme nouveau — appelle la bête, le dictateur. Gide voudra
235 ire dont le marxisme s’est détourné parce qu’il a fait erreur sur l’homme. La phrase finale de ce livre sur l’URSS, c’est à
21 1937, Esprit, articles (1932–1962). Défense de la culture (janvier 1937)
236 u duc, qui figure sur le portrait du gentilhomme, fait fête à ses nouveaux camarades, les miliciens, qui jouent avec lui ave
237 de cinquante-mille. Repère : le dernier Lagerlöf fait en Allemagne quarante-mille, en France, cinq, etc., etc. Conclusion ?
22 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
238 ser d’abord aux vêtements. Il entend bien nous la faire attraper cette fièvre mais secrètement, à la faveur de mille « observ
239 de nous distraire pendant l’opération, et de nous faire croire que ce n’est pas lui qui agit… Pourtant ses personnages ne son
240 qu’elles entraînent : Goethe ou Balzac n’ont rien fait d’autre. Mais toutes ces feuilles de température ! (Même, je feins d’
23 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jean Blanzat, Septembre (janvier 1937)
241 rce de souffrir d’une infidélité qu’elle pourrait faire . Or elle n’y songeait pas… Qu’est-ce que ce livre ? Un document clini
242 ter ? Trop de détails intimes semblent destinés à faire vrai, et à prouver que l’on n’invente rien de ce tourment. Est-ce don
243 — à cause de « l’art » — et l’art consiste à vous faire partager des tourments aussi déprimants que gratuits. Car en effet, s
244 Car en effet, si ce « je » du récit de M. Blanzat faisait un geste franc, il est clair qu’il n’y aurait pas de roman. Mais, nou
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). Robert Briffaut, Europe (janvier 1937)
245 moins 20 ans sur un mouvement de sensibilité qui fit naguère quelques ravages dans le beau monde. L’ensemble est assez pas
246 ssolini, Lénine, d’Annunzio et Nietzsche viennent faire de petits sketches non dénués d’à-propos, album de cartes postales en
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
247 ’est à l’Esprit que le Parti communiste français… fait confiance pour l’aider à résoudre les problèmes de la paix, de la lib
248 rté et du pain des hommes. » Autant dire qu’il ne fait plus confiance à Marx. Autant dire qu’il ne se fait plus confiance à
249 it plus confiance à Marx. Autant dire qu’il ne se fait plus confiance à lui-même. Autant dire que toutes les attaques marxis
250 en quelque sorte (sic) les idées incarnées », se fait par ailleurs du Français cultivé une idée plus marxiste qu’on ne croy
251 as mourir gogo, la brochure de Vaillant-Couturier fera plus de mal au parti stalinien que les livres de Gide et de Céline.  
252 çoit pas dans la liberté. » (Phrase qui aurait pu faire croire que l’URSS est pacifiste). Mais on a laissé figurer le nom de
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jacques Benoist-Méchin, Histoire de l’armée allemande depuis l’armistice (mars 1937)
253 touffée en quelques semaines, c’est uniquement le fait d’initiatives follement risquées par quelques officiers du grand état
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
254 nous annonce le renouveau nietzschéen ? On a vite fait de dire : fascisme. C’est une facilité que les professeurs cultivent 
255 éclarer athée. Mais si l’on veut parler, comme le faisait Nietzsche, de Dieu l’Éternel, première personne de la Trinité, je ne
256 oyez humains à l’égard des créateurs ! C’est leur fait d’être pauvres en amour du prochain » ; et : « Toute création est com
257 ui qui connaît, celui qui crée, celui qui aime ne font qu’un ». (Les deux sont justes.) ⁂ Sur la contradiction fondamentale
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
258 ne croyais ? Qu’il y a quelque chose de sérieux à faire là-bas ? Je vais m’y mettre. 28 février Terminé hier soir la rédactio
259 e en moi d’une superstition réelle, capable de me faire agir, ou plus exactement, je suis heureux de l’aveu que je viens de m
260 t, je suis heureux de l’aveu que je viens de m’en faire . Comment ne l’ai-je pas fait plus tôt ? Pour peu que je rappelle mes
261 ue je viens de m’en faire. Comment ne l’ai-je pas fait plus tôt ? Pour peu que je rappelle mes souvenirs, je retrouve partou
262 a trame de mes petites décisions quotidiennes est faite de croyances spontanées et absolues en des « raisons » qui n’en sont
263 t beaucoup mieux que les autres. Tout ce que j’ai fait à cause d’un chiffre, à cause de la coïncidence d’un sentiment ou d’u
264 il faut entendre le proverbe d’une manière tout à fait précise : l’exception vécue, reconnue, c’est cela même qui nous fait
265 ception vécue, reconnue, c’est cela même qui nous fait découvrir notre commune condition. Car en effet la condition commune,
266 ais voilà l’étonnant de l’aveu : c’est qu’il peut faire comprendre à d’autres, en un éclair, que chaque homme est irréductibl
267 t irréductible, et que chaque homme a ses aveux à faire . Et l’on comprend ainsi, soudain, que l’on est un homme « comme les a
268 énéral en tant qu’il s’oppose au réel, lequel est fait de nos monades superstitieuses ? Accorder libre cours à nos superstit
269 s aux remarques que je viens de formuler. Premier fait  : l’équilibre social doit être quelque chose de mouvant. Tout équilib
270 quilibre que l’on constaterait alors ne serait en fait que la limite du pire désordre, et c’est la mort. Cas purement idéal
271 quilibre sans tension. Ici interviendra le second fait  : l’équilibre social, pour rester sain, mouvant, tendu, doit être ori
272 erstitions que j’ai dites, et dont l’éducation se fait très lentement sous l’influence des résistances assimilées, créatrice
273 tion du peuple. Je l’approuve et je la partage en fait le plus souvent, quand elle exprime une réalité sentimentale, mystiqu
274 ne sera jamais totalitaire. » Or l’État, c’est un fait patent, devient partout de plus en plus totalitaire. C’est donc que l
275 ionner les causes profondes, cessent d’agir et de faire effort contre les lois qui les limitaient normalement. L’homme cessan
276 nstant où l’homme dit : « Que voulez-vous que j’y fasse  ? » ou encore : « Ils sont les plus forts. » Tel est le « moment » de
277 de ce temps. L’homme sain dit : « Voilà ce que je ferai parce qu’il le faut. Et que voulez-vous qu’ils y fassent ? » 6 mars (
278 parce qu’il le faut. Et que voulez-vous qu’ils y fassent  ? » 6 mars (de retour à A…) Contact avec le public Dans le courrier q
279 social du mouvement personnaliste. J’irai. Je me fais une règle d’accepter toutes ces invitations. Depuis deux ans, j’ai pa
280 ’est le contact avec l’homme qui réfléchit et qui fait la critique des idées non point à l’aide des opinions de son journal,
281 s à l’aide de sa vie concrète. Celui-là seul peut faire sentir à l’écrivain ce qui est solide et ce qui est artificiel dans c
282 nnées, il pleut toujours le Vendredi saint, et il fait beau le jour de Pâques. » Je leur réponds : « Que voulez-vous, les sa
283 montrer que je sais vivre… Parler du temps qu’il fait , occupation fondamentale des paysans et des bourgeois, c’est une mani
284 u, après la grande semaine des chats, qui avaient fait retentir le vallon de leurs déchirements wagnériens. Et voilà que cel
285 a trottiné tout gentiment sur les restanques, en faisant tinter son grelot, respectueusement talonnée par un grand flandrin de
286 l’un relevait la tête, et s’en allait. Un nouveau faisait son apparition au haut de la colline. Simard et moi leur avons lancé
287 défilent en silence. « J’ai pris la nature sur le fait . » Vertige de l’animalité. 17 avril Ça n’a pas encore cessé chez les
288 (Romains 8. 22-24). Parler de la Nature comme le firent tant de romantiques, en termes d’extase religieuse, c’est se moquer c
289 son nom dans ce canton.) Les partis de gauche ont fait liste commune : cela s’appelle le front antifasciste. Je recopie cett
290 . Je recopie cette phrase merveilleuse qu’ils ont fait imprimer en lettres grasses : « Tout notre programme municipal tient
291 vaient que de débarras —, et rien ne pouvait nous faire soupçonner cette présence, à côté. Hier matin, la mère Calixte arrive
292 re. Je me précipite : ce sont les deux Simard qui font un grand feu dans la cour. Est-ce qu’ils la rôtissent ? On distingue
293 mère (sauf que les discussions avec le beau-frère font toujours rage). Je me suis donc borné à exprimer mes « condoléances »
294 nage Simard est furieux. Nous n’avons pas du tout fait ce qu’il fallait. Je me récrie : mais comment, j’ai pourtant dit ma s
295 lique. Une visite de deuil, chez nous, ça doit se faire dans la cuisine. Aussi, je lui ai dit, à Fernann, il aurait dû venir
296 aussi grave que les questions d’argent. C’est un fait d’ordre religieux. Et la colère de Simard en témoigne. 15 mai Comme l
297 t de petits sommets rocheux. Soudain la girouette fait entendre un long cri presque humain. La maison la plus proche est à u
298 , mot de passe de cette génération, n’aurons-nous fait que l’appeler de loin, ne sera-t-elle pour nous qu’une évasion hors d
299 disent que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne font qu’un. Vous voyez que l’Église est réfutée par l’arithmétique. En eff
300 t, prenez l’addition : un, plus un, plus un, cela fait trois, si je ne me trompe, et non pas un », — Prenez la multiplicatio
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
301 n petit livre qui sait s’arrêter dès qu’il nous a fait voir le monde pitoyable : sans ajouter à ce qui est, dire ce qui est
302 ondamne avec indifférence, et où tout le monde en fait est coupable de tout : du sort des filles publiques, des bourgeois en
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
303 me, repris de Lautréamont : « La poésie doit être faite par tous. Non par un. » On a mis le poète sur un sommet. Mais voici :
304 ont celles que les bourgeois et les staliniens se font de ces réalités, nous combattrons ensemble. Mais avec cela nous n’aur
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)
305 et de la vie dangereuse : en conclusion, M. Benda fit observer que les anciens étaient « intellectuels », et que les jeunes
306 a beaucoup l’euphémisme. Mais lorsqu’un « jeune » fit remarquer que la génération des anciens est essentiellement celle de
307 M. Benda, et personne d’autre. Et lorsqu’un autre fit observer, en mathématicien, que la gratuité n’est pas une méthode sci
308 que M. Benda attribue à la jeunesse, convient en fait à la génération des « anciens ». À cette erreur totale sur les faits,
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
309 la durée d’un ordre social personnaliste. Elle se fait en faisant, par ce mouvement d’interaction à quoi se réduit en fin de
310 d’un ordre social personnaliste. Elle se fait en faisant , par ce mouvement d’interaction à quoi se réduit en fin de compte la
311 — ou « signes » simplement, mais qui prendront du fait de leur confrontation une valeur autre que documentaire, ou « littéra
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
312 production littéraire. Celle-ci se trouve être en fait d’une inquiétante continuité, pour des raisons plus commerciales que
313 t pour ou contre elle, soit qu’il y ait intérêt à faire voir que les écrits les plus « indifférents » militent toujours bon g
314 démontre au contraire que ces visions n’ont guère fait qu’illustrer, sous une forme mythologique, une construction d’origine
34 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
315 tation désobligeante soit toujours fausse dans le fait . Mais on peut et on doit concevoir une tout autre forme d’existence q
316 e en général, mais pour ce pays-ci, tel que l’ont fait sa nature et sept siècles d’histoire : le point de vue du personnalis
317 il faut bien avouer, dès le départ, que l’état de fait créé par le traité de Vienne est aussi mal interprété par ses garants
318 onditionnel, nous laissant au surplus le droit de faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela n
319 à rester neutre soit suffisamment garanti du seul fait qu’elle le juge naturel ? La meilleure garantie d’un droit, la seule
320 des abus. Ils cessent dès lors d’être assurés en fait  ; comme le démontre l’histoire récente du capitalisme anonyme et des
321 du capitalisme anonyme et des révolutions qu’il a fait naître. Or c’est une crise fort analogue qui menace la neutralité, dè
322 squin. Car ce qui est mesquin chez nous, n’est en fait qu’une dégradation de l’idéal qui devrait nous unir. La première devi
323 finie et de portée européenne. Quand nos journaux font la leçon à Léon Blum, ce n’est pas — comme ce pourrait l’être — au no
324 les que soient les réserves de fond qu’il y ait à faire , et je les fais, sur l’authenticité de ces missions qu’ils proclament
325 s réserves de fond qu’il y ait à faire, et je les fais , sur l’authenticité de ces missions qu’ils proclament à son de trompe
326 it acquise à l’étranger reposait justement sur le fait que nous étions seuls à juger dans une perspective européenne. (Nos t
327 s comme neutres. Ramuz insiste avec raison sur le fait que nous n’avons pas une culture nationale unifiée, mais des cultures
328 ouble titre. Car d’une part nous y perdons ce qui fait notre valeur propre dans la culture de langue française ; et d’autre
329 q républiques. Et surtout qu’on ne déplore pas le fait que les cultures des Suisses ne forment pas une culture homogène. Ell
330 étiser et relier. Elles avaient d’autres choses à faire . Elles ont été grandes tour à tour, dans la musique ou la peinture, l
331 dois rhodanien. Mais deux poètes « enracinés » ne font pas une culture suisse. Ce sont deux vocations personnelles, et la cu
332 hardt, Overbeck, le jeune Nietzsche. Et tout cela fait , par le moyen de la Suisse, une assez belle culture européenne77. Je
333 ne du fédéralisme réel78. Mais que valent dans le fait , dans le concret, ces justifications si convaincantes dans le plan de
334 ir son pays et d’illustrer sa cause. Et que c’est faire grand tort à ce patriotisme qu’on exalte, que de le confondre, parfoi
335 né. Si l’on néglige à son profit « le reste », on fait œuvre de mauvais Suisse, car c’est ce « reste » justement qui donne u
336 qui se trouvent réaliser, en théorie, parfois en fait sinon toujours en intention, les « utopies » personnalistes. Nous n’a
337 80. Qu’on entende bien que je ne demande pas de faire concourir l’éducation et l’instruction à notre préparation militaire,
35 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
338 hérétique. L’une impliquait le mariage, dont elle fit même un sacrement ; l’autre exaltait un ensemble de valeurs d’où résu
339 dis que pour saint Paul, celui qui reste vierge «  fait mieux » que celui qui se marie, même chrétiennement. L’hérésie manich
340 ont la puissance de séduction s’accroît encore du fait que l’on ignore la signification mystique de ses symboles, et que ceu
341 plus même le besoin « superstitieux » d’aller se faire bénir par un prêtre.   2. — Contraintes sociales. Les questions de ra
342 r c’est de tout cela, justement, que les modernes font dépendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout à l’heure sur cette
343 tions individuelles. C’est-à-dire qu’il repose en fait sur une idée individuelle du bonheur, idée que l’on suppose commune a
344 vient peut-être au même, de sentir de quoi il est fait , de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des re
345 été, et notre temps n’apporte rien qui doive nous faire changer d’avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, que l’on veut teni
346 dépossédé, jeté hors de soi, dans l’extase. Et de fait , c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — pour parler comme l’aut
347 est présumé neurasthénique. (Dans x années, on le fera soigner.) Certes, la standardisation des types de femmes admis pour «
348 . (Encore la femme pourra-t-elle s’efforcer de se faire une tête à la Garbo, mais alors il s’agit que le mari ressemble à Gab
349 passion, et c’est pourquoi l’on aime souffrir et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans la forêt, où plus rien ne
350 e seule victime du mythe profané. Mais il fallait faire voir, par quelques traits, comment cette passion développe un certain
351 (Et je ne parle même pas du danger spirituel que fait courir à la personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe.) D
352 lles nous assistons depuis la guerre. Les églises font un honorable effort de redéfinition de l’institution et des devoirs m
353 a peur de paraître « puritain ». On s’efforce de faire la part du feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présen
354 reté à côté du problème fondamental. « Il faut se faire lire et gagner la confiance ; on ne remonte pas le courant de toute l
355 ois bien ! C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien de sérieux. Et comme il faut pourtant que quelque chose se fasse
356 x. Et comme il faut pourtant que quelque chose se fasse , la seule question qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est de
357 ent individuelle. Or la dictature hitlérienne, du fait qu’elle prétendait se fonder sur une base raciste et militaire, devai
358 tique : on la réduit à sa fonction matrimoniale : faire des enfants, puis les élever jusqu’au moment où le Parti s’en charger
359 s à bref délai. Le but dernier de l’entreprise ne fait pas de doute : on en viendra à n’autoriser plus que les unions contra
360 on dans l’esprit de Lycurgue et de Sparte : on en fera l’un des chapitres de la préparation militaire. ⁂ Trois hypothèses de
361 léments plastiques, militaires et sacrés, qui lui font aujourd’hui défaut. Sa dialectique mortelle pourra de nouveau mimer d
362 ion d’Iseut. C’est la femme que l’on perd du seul fait qu’on l’obtient. On ne peut l’aimer que lointaine — comme la princess
36 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
363 mouvement de conservatisme littéraire (comme l’a fait voir la toute récente substitution du fauteuil académique au trône, d
364 des inversions et l’odeur sournoise de l’opium se faisaient à peine remarquer dans le brouhaha parfaitement mesuré ». Drieu la Ro
365 mpuissant et lucide, mais non l’air de défi. Cela fait un curieux ricanement, en manière d’oraison funèbre. Et après ? « Vou
37 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
366 toï, lui, la décrit comme un « enfer ». Et je lui fais un plus large crédit ! Étant donné que les humains des deux sexes, pr
367 ent au nom de leur vocation qu’il faut choisir de faire des livres ou des enfants : aut liberi aut libri disait Nietzsche. Et
368 omantique, et leur donner raison au point de leur faire honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin il n’écrase p
369 ntinence. Je dis cela par condescendance, je n’en fais pas un ordre… Car il vaut mieux se marier que de brûler… Que chacun m
370 chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite , selon l’appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun, frères, demeure deva
371 ble de peser. Cette erreur du bon sens est tout à fait grossière. Vous aurez beau tenter de mettre au départ toutes les chan
372 encore ne sauriez-vous prévoir la fin d’une union faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit-on, des millénaires à la n
373 nullement sentimental. Choisir une femme pour en faire son épouse, ce n’est pas dire à Mademoiselle Untel : « Vous êtes l’id
374 comblé je changerais ! Choisir une femme pour en faire son épouse, c’est dire à Mademoiselle Untel : « Je veux vivre avec vo
375 la fidélité On fausse l’éthique du mariage en faisant de la promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devr
376 pect acquis de l’ordre social soutient encore, en fait , l’idée de fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne
377 qu’on s’y est engagé, simplement, et que c’est un fait absolu, sur quoi se fonde la personne même des époux. Il faut bien vo
378 out l’obéissance, et en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce de conservati
379 , la promesse de fidélité introduit une chance de faire œuvre, et d’accéder au plan de la personne. (À condition bien entendu
380 ition bien entendu que cette promesse ne soit pas faite pour des « raisons » que l’on se réserve de répudier un jour, quand e
381 l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour toutes. Seul l’irrévocable est sérieux.) Toute vie, fût
382 ison humaine, d’une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus tard, après coup, l’homme
383 ’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse de me faire souffrir, et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais l’amour
384 limitée de créatures. Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans sa négation. C’est la pro
385 de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangere
386 t le plus mystérieux, le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes les religions païennes divinisent le Désir. Toutes c
387 duction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chair et qu’il nous a parlé en mots humains, nous avons appris cette
388 un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé l
389 essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfaite des sexes, et c
390 considérer les autres femmes d’une manière tout à fait nouvelle, inconnue au monde de l’Éros : comme des personnes, non plus
391 tentation se dissipe, déconcertée, au lieu de se faire obsédante, et la fidélité se garantit par la lucidité qu’elle dévelop
392 garantit elle-même contre l’infidélité, du simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir et l’amour. Car si le dési
393 tés psychologiques. Notre analyse du mythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de la c
394 c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amour contrarié. Il serait plus vrai
395 out d’abord : ce n’est pas le christianisme qui a fait naître la passion, mais c’est une hérésie d’origine orientale. Cette
396 peut induire en erreur, et ce qui a introduit de fait une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est la collusion de la
397 l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union tout à fait monstrueuse des forces de mort et des forces créatrices va dénaturer
398 rs reprises, la connaissance de ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de les surmonter. Par exemple, il se peut
399 iste que le dilemme passion-fidélité peut nous le faire croire. De fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont on press
400 me passion-fidélité peut nous le faire croire. De fait , on ne connaît jamais que les problèmes dont on pressent au moins la
401 mer l’un des pôles de notre tension créatrice. De fait , cela n’est pas possible. Le philistin qui « condamne » de la sorte e
402 n vertu de l’absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une telle correction et u
403 ts » de ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’un fait d’observation qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Tr
404 if donjuanesque. Mais cette « raison » est tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère le mythe, et veut croire aux révél
38 1938, Esprit, articles (1932–1962). Suite à « La passion contre le mariage » (décembre 1938)
405 ans notre dernier numéro. Une erreur de montage a fait sauter la seconde (où notre ami Miatlev protestait de ne pas lire le
406 je le pensais : ce n’est point le sacrement qui «  fait question », selon M. Lavaud, mais bien son fondement biblique. À prop
39 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
407 d’hui : « Vous avez très bien vu pourquoi nous ne ferions rien. Mais dites-nous maintenant pourquoi vous-mêmes, connaissant nos
408 vous-mêmes, connaissant nos erreurs, n’avez rien fait de mieux ? » Certains seront tentés de répondre que l’espèce de paral
409 régler selon son idéologie. Partis qui veulent se faire aussi grands que le tout. 21. L’injustice, c’est la justice d’un grou
410 ’il y a de réel. 27. Une seule main qui travaille fait plus que cent-mille mains qui se lèvent. 28. La critique des partis n
40 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
411  historien » que vous m’attaquez, et certes je ne fais pas de ce mot une injure, mais simplement je constate que vous parlez
412 ons de l’imagination. De même, pour composer un «  fait  » d’histoire, il faut un certain nombre de renseignements fixes et un
413 ien moins des historiens — qui ne peuvent plus se faire d’illusions — que du public qui croit aux manuels. Je ne dis pas cela
414 ns l’esprit de votre lecteur — et du mien. Car en fait , je ne prétends nullement que mon livre soit un livre d’histoire, dan
415 ntervention de l’esprit. (C’est d’ailleurs tout à fait impossible.) Or seul le créateur connaît la création, seul il est en
416 L’amour courtois, ça existe tellement que j’en ai fait la cause principale de la crise du mariage moderne ! Et c’est si « be
417 corpus de conceptions réputées « adéquates », ne fasse parfois perdre de vue « la seule chose nécessaire ». Car l’Écriture n
418 ertitude, il est peut-être au moins aussi sage de faire confiance à l’intuition. » — Tristesse de l’historien n’est-ce pas ?
419 ux : car avec de tels maîtres, ils auront bientôt fait de retrouver la joie de l’historien !) 109. Je lisais hier encore d
420 sur les troubadours, à Francfort, il avait tenu à faire deux semestres à Toulouse. Il y arrive tout excité. Le professeur lui
421 excité. Le professeur lui dit : « Que venez-vous faire ici ? C’est en Allemagne qu’on se passionne pour les troubadours et q
422 ’Asin Palacios que l’on peut discuter — et on l’a fait  ! — mais que je n’avais pas le droit d’ignorer. bb. Rougemont Denis
41 1946, Esprit, articles (1932–1962). « Un divorce entre le christianisme et le monde ? » (août-septembre 1946)
423 onction de l’Église et sur la nature du monde. Le fait que leur incompatibilité se voit mieux aujourd’hui qu’au Moyen Âge pe
424 es emprunts au christianisme. L’état d’Esprit qui fait enquête n’est pas celui d’une conquête. Attention. bd. Rougemont D
42 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
425 en remettre à une agence d’État, qui généralement fait le travail à la satisfaction du plus grand nombre, puis se dissout. C
426 iron les 9/10 de la production. Le job a été bien fait  : l’Allemagne et le Japon ont été battus. Et les agences de contrôle
427 on de ces agences. Peu importe : le travail était fait . En France, les partis s’arrangent en général pour rendre tous les pr
428 elles. Alors les chefs de partis baissent le nez, font appel à l’union sacrée, et délèguent tout pouvoir à l’État, qui est e
429 reçu ses pouvoirs au moment même où il devait en faire un usage maximum, de toute urgence. Ainsi le système français suppose
430 t en 24 heures que le vieux routier n’avait su le faire en plusieurs mois. Les Anglais ont ce proverbe : « Ne changez pas de
431 égant et hardi, qui nous en imposent encore… Nous faisons à la France un crédit démesuré, plus qu’à nul autre pays du monde. Le
432 ettent au pillage, ce qui est peu rationnel : ils feraient mieux de les équiper, puisque ce sont leurs colonies. L’Allemagne nou
433 Nous n’avons jamais admiré Mussolini, comme l’ont fait les bourgeois d’Europe : ce n’était pas un regular guy. Le Vatican a
434 e l’industrie et des sciences appliquées dont ils font montre même quand ils viennent chez nous. Cette moitié de moi n’irait
435 interne. Mais je vois bien que je n’ai pas su la faire sentir autant que je la sens et peut-être n’y parviendrai-je que d’un
436 ’importe quelle couleur, sous prétexte que cela «  fait bien », construire une banque qui a l’air d’une église, et une église
437 esse d’imiter et se met à créer. La réduction du fait à une signification. L’Américain croit aux faits, dur comme fer. Il l
438 en chiffres et se sent aussitôt rassuré. Mais un fait n’est qu’un signe dans une équation, une lettre ou une virgule dans u
439 re secours, quitte à la mépriser sitôt le travail fait . Sachez que les Américains ont beaucoup mieux à nous donner que des f
440 jeu dans la mesure où elles sont raisonnables, à faire crédit, à payer nos impôts, à exiger des fonctionnaires décents, à tr
441 mais surtout d’un avenir qu’il dépend de nous de faire . Cette attitude détient le secret de la liberté. Car il n’est de libe
43 1948, Esprit, articles (1932–1962). Thèses du fédéralisme (novembre 1948)
442 e résigne à la décadence, ou la déplore mais sans faire mieux. Je ne vois plus, pour tenir vitalement aux conceptions et aux
443 n vrai gouvernement mondial. Et le monde, pour ce faire , a besoin de l’Europe, j’entends de son esprit critique autant que de
44 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
444 lorsque Sartre attaque l’Europe « au fond, il ne fait que penser à l’Algérie ». J’avais dit pour ma part deux mois plus tôt
445 ns d’une responsabilité européenne », sens qui me fait évidemment défaut s’il est vrai qu’il se définit par « la conscience
446 e l’Europe était finie, quand il s’agissait de la faire . » C’était cela, l’essentiel de ma réponse à Sartre, et non ces « add
447 lère, d’où l’interprétation polémique que j’en ai faite . » L’article de Rougemont auquel il est fait allusion, intitulé « Sar
448 ai faite. » L’article de Rougemont auquel il est fait allusion, intitulé « Sartre contre l’Europe », paru dans Arts le 17 j