1
cette place. André Bridoux, dans les remarques à
mon
sens si importantes par lesquelles il inaugurait la rubrique au premi
2
pesé son acte. Les autres appliquent un tarif. ⁂
Je
ne suis pas antimilitariste. Je ne suis même pas pacifiste. Eussè-je
3
quent un tarif. ⁂ Je ne suis pas antimilitariste.
Je
ne suis même pas pacifiste. Eussè-je été tenté de le devenir qu’il m’
4
militariste. Je ne suis même pas pacifiste. Eussè-
je
été tenté de le devenir qu’il m’eût été difficile de persister après
5
pacifiste. Eussè-je été tenté de le devenir qu’il
m’
eût été difficile de persister après le réquisitoire du Commissaire du
6
urs qui va de Jaurès à Sangnier ; car c’est, vous
m’
entendez, « au nom de la cause sacrée de la paix » que ce brave offici
7
publique, a gardé parmi nous quelque prestige. Un
je
ne sais quoi de rassurant et d’avouable, qui fait qu’on invoque son n
8
ue toutes les guerres sont défensives. Quelqu’un
me
demandait, à la sortie : « Avez-vous jamais vu un soldat défensif ? C
9
n imposteur dans tout homme qui se dit chrétien. (
Je
ne dis pas cela d’un point de vue antichrétien.) Mais c’est aussi pou
10
eds sur les hauteurs et qui dis en toi-même : Qui
me
précipitera jusqu’à terre ? — Quand tu placerais ton nid aussi haut q
11
le. Quand tu placerais ton nid parmi les étoiles,
je
t’en précipiterai, dit l’Éternel… Car le jour de l’Éternel est proche
12
de » : 50 000 francs. Ah ! qu’un sans-Dieu vienne
me
dire : je ne crois pas à vos paroles, chrétiens menteurs ! — et je lu
13
000 francs. Ah ! qu’un sans-Dieu vienne me dire :
je
ne crois pas à vos paroles, chrétiens menteurs ! — et je lui répondra
14
rois pas à vos paroles, chrétiens menteurs ! — et
je
lui répondrai : Ta révolte est la mienne, mon humaine révolte. Mais j
15
— et je lui répondrai : Ta révolte est la mienne,
mon
humaine révolte. Mais j’en ai une autre plus profonde : celle de voir
16
révolte est la mienne, mon humaine révolte. Mais
j’
en ai une autre plus profonde : celle de voir qualifier de « chrétienn
17
es et tu fais bien, même si tu en souffres ; mais
j’
ai encore plus à souffrir, car je suis encore plus sceptique que toi…
18
souffres ; mais j’ai encore plus à souffrir, car
je
suis encore plus sceptique que toi… Tu ne crois pas, dis-tu à ces doc
19
la mort. Les uns alors défendent ses propriétés,
je
ne sais quelles régions spirituelles dont tout leur être — et cette m
20
e : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de
me
dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic et n
21
à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom
je
ne puis engager que moi-même, hic et nunc. La politique est affaire d
22
en français sous le titre de Avant l’Aube (Éd. «
Je
sers »). e. Rougemont Denis de, « Protestants », Esprit, Paris, mar
23
on. Et tout devient prétexte à récriminations : «
je
turbine » ou « je ne fous rien ». Phrases d’esclaves, consternante mi
24
t prétexte à récriminations : « je turbine » ou «
je
ne fous rien ». Phrases d’esclaves, consternante misère : une misère
25
une misère qui nous rabat au sol. L’homme dit «
j’
agis », et il trouve dans l’acte sa mesure, son rythme et sa joie. Une
26
ses moyens. Selon sa loi. Mais le moderne dit : «
Je
gagne » ou « Je produis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant de
27
n sa loi. Mais le moderne dit : « Je gagne » ou «
Je
produis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de
28
e dit : « Je gagne » ou « Je produis », ou bien «
Je
chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses,
29
e division n’est pas humaine. Elle nous asservit.
Je
veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle d
30
assistons au triple échec du cynisme grossier — «
Je
gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et de l’idéalisme soci
31
au triple échec du cynisme grossier — « Je gagne
mon
bifteck » — de la morale bourgeoise, et de l’idéalisme socialiste, dé
32
e fait appeler auprès de lui son peintre. « Peins-
moi
sur ce rouleau un crabe ». — « Il me faut vingt ans », dit le peintre
33
re. « Peins-moi sur ce rouleau un crabe ». — « Il
me
faut vingt ans », dit le peintre. Et pendant vingt ans, l’empereur su
34
devant son seigneur. « Ton tableau ? » — « Qu’on
m’
apporte un rouleau, des pinceaux ». On fait cela, on déroule une soie.
35
… P.-S. — Cette histoire de la Chine se suffit.
J’
aurais pu faire l’économie du reste. Mais nous vivons dans une époque
36
s une époque impatiente : il faut tout expliquer.
J’
indiquerai donc encore : 1° que si l’erreur initiale fut bien spiritue
37
atement consécutif, des institutions et des lois,
je
ne vois rien de plus néfaste que la fameuse législation du travail (c
38
présent confus et mauvais, qu’allons-nous tirer,
mes
amis, sinon la négation d’un mal, et ce n’est pas encore le bien sauv
39
ssesse de la « littérature » moderne se résume, à
mon
sens, en une phrase un peu grossière : c’est une littérature qui aime
40
ressaient-ils ? À la galerie plus qu’à eux-mêmes,
je
le crains. Ils criaient, mais restaient dans la salle, où l’on pouvai
41
veulent être humains. Fin d’une littérature
Je
me propose de simplifier. Dans la littérature bourgeoise, celle qui e
42
ulent être humains. Fin d’une littérature Je
me
propose de simplifier. Dans la littérature bourgeoise, celle qui est
43
rgeoise, celle qui est née avec le romantisme, il
me
semble qu’on peut distinguer trois espèces de littérateurs. Première
44
e leurs drames. Personne ne croyant plus à rien —
j’
entends personne ne prouvant plus qu’il croit à l’essentiel de ce qu’i
45
. À sa façon, non moins que les littérateurs dont
j’
ai parlé, elle tend à dévaloriser, à disqualifier humainement les créa
46
luer les œuvres et leur influence sur les hommes,
je
crois bien qu’il faudrait le chercher aujourd’hui dans une science qu
47
rait le chercher aujourd’hui dans une science que
je
n’aime guère, et qui s’appelle la sociologie. La grande faiblesse de
48
ature nouvelle sera le fait de l’homme renouvelé,
je
ne dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois pas — je dis : de l’homm
49
mme renouvelé, je ne dis pas de l’homme nouveau —
je
n’y crois pas — je dis : de l’homme rendu à la conscience de sa liber
50
e dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois pas —
je
dis : de l’homme rendu à la conscience de sa liberté. Toute création
51
uvelle. Mais c’est aussi une obéissance nouvelle.
Je
ne conçois de liberté concrète que dans l’exercice fidèle de ma vocat
52
de liberté concrète que dans l’exercice fidèle de
ma
vocation personnelle. Liberté devient synonyme d’obéissance inconditi
53
té devient synonyme d’obéissance inconditionnée à
mon
unique raison d’être14. Nous sommes ici très loin de la notion bourge
54
e, sa volonté déterminée, son attitude créatrice.
Je
dirai donc ce que notre désir invoque. Je vois un grand dessin véhéme
55
atrice. Je dirai donc ce que notre désir invoque.
Je
vois un grand dessin véhément et humble de Rembrandt, des amas d’ombr
56
rdonnance finale qui les informe et qui les juge.
J’
imagine d’abord ce réalisme comme une énorme satire à la Swift, quand
57
éalisme comme une énorme satire à la Swift, quand
je
vois le comique jaillir à la moindre comparaison de nos coutumes et d
58
s avec une croissante application à la stupidité,
j’
entends à l’absence de jugement. S’il est un genre que nos critiques s
59
uelques vertus d’homme et de « penseur » en plus.
J’
indiquerai trois de ces vertus qui me paraissent fort peu de mode parm
60
r » en plus. J’indiquerai trois de ces vertus qui
me
paraissent fort peu de mode parmi nos scribes assis ou accroupis. Le
61
er l’une des dernières « valeurs » du romantisme,
je
proposerais d’ériger en vertu le mépris d’une certaine originalité de
62
» rédigés sans littérature. Voilà qui est banal ?
Je
n’en suis pas fâché. Aucune révolution n’a jamais inventé de vertu ré
63
pose de poursuivre (sic) cette collection. » 13.
J’
inclus dans « cette littérature » la révolte surréaliste. Une révolte
64
es sobres d’esprit et passionnent les indiscrets.
Je
le dis comme je le sens — parce que je les lis, naturellement — et je
65
it et passionnent les indiscrets. Je le dis comme
je
le sens — parce que je les lis, naturellement — et je vous laisse le
66
ndiscrets. Je le dis comme je le sens — parce que
je
les lis, naturellement — et je vous laisse le soin de me classer, si
67
e sens — parce que je les lis, naturellement — et
je
vous laisse le soin de me classer, si vous y tenez. Pour être juste,
68
lis, naturellement — et je vous laisse le soin de
me
classer, si vous y tenez. Pour être juste, si toutefois le sujet en v
69
re juste, si toutefois le sujet en vaut la peine,
je
concéderai qu’il arrive parfois qu’on trouve dans une de ces feuilles
70
p — et qui a cherché à s’en tirer par ses moyens.
Je
cite : J’essayai de me sauver par l’esprit. Vous qui êtes Français,
71
a cherché à s’en tirer par ses moyens. Je cite :
J’
essayai de me sauver par l’esprit. Vous qui êtes Français, dites-moi p
72
’en tirer par ses moyens. Je cite : J’essayai de
me
sauver par l’esprit. Vous qui êtes Français, dites-moi pourquoi, dans
73
auver par l’esprit. Vous qui êtes Français, dites-
moi
pourquoi, dans tout votre trésor littéraire, vous n’avez pas de livre
74
ent non à la vie. C’est facile d’être négatif. Et
je
n’avais pas besoin qu’on m’y aide. Pourquoi n’avez-vous jamais eu le
75
le d’être négatif. Et je n’avais pas besoin qu’on
m’
y aide. Pourquoi n’avez-vous jamais eu le courage, vous Français — ou
76
oi — de dire oui à la vie. C’est très difficile…
J’
interromps la citation : dire oui à la vie, c’est surtout une formule
77
à ceux qui ont besoin de comprendre le monde ? —
J’
ai une grande dette de reconnaissance à payer à M. Johan Bojer, et s’i
78
sance à payer à M. Johan Bojer, et s’il était là,
je
lui ferais ma belle révérence paysanne et je lui dirais : — Asseyez-v
79
à M. Johan Bojer, et s’il était là, je lui ferais
ma
belle révérence paysanne et je lui dirais : — Asseyez-vous. — Et je l
80
là, je lui ferais ma belle révérence paysanne et
je
lui dirais : — Asseyez-vous. — Et je lui ferais le café, et j’irais l
81
paysanne et je lui dirais : — Asseyez-vous. — Et
je
lui ferais le café, et j’irais lui chercher mon plus beau pot de conf
82
: — Asseyez-vous. — Et je lui ferais le café, et
j’
irais lui chercher mon plus beau pot de confitures… Elle voudrait voi
83
Et je lui ferais le café, et j’irais lui chercher
mon
plus beau pot de confitures… Elle voudrait voir aussi Reymont, et Go
84
» Nous voici à l’endroit de cette confession que
je
voulais vous citer non seulement à cause de sa beauté (et parce qu’il
85
ois la ligne pour faire croire qu’ils sont forts.
Je
n’ai pas besoin que vous me désespériez. Je le suis assez moi-même. —
86
re qu’ils sont forts. Je n’ai pas besoin que vous
me
désespériez. Je le suis assez moi-même. — Aidez-moi… — Les uns, avec
87
orts. Je n’ai pas besoin que vous me désespériez.
Je
le suis assez moi-même. — Aidez-moi… — Les uns, avec leurs livres, on
88
e désespériez. Je le suis assez moi-même. — Aidez-
moi
… — Les uns, avec leurs livres, ont passé à côté de moi sans rien dire
89
— Les uns, avec leurs livres, ont passé à côté de
moi
sans rien dire, sans même me voir, sans me soupçonner. Ils jouaient a
90
ont passé à côté de moi sans rien dire, sans même
me
voir, sans me soupçonner. Ils jouaient avec des automobiles, des diva
91
té de moi sans rien dire, sans même me voir, sans
me
soupçonner. Ils jouaient avec des automobiles, des divans, des hommes
92
vous n’êtes pas aimés par les pauvres. Non. Vous
me
laissez désespérée et sans secours devant le féroce maraudeur rouge.
93
deur rouge. — D’autres sont venus, qui ont relevé
mon
front de la poussière. Ils ont mis leur douce main sous mon menton. I
94
de la poussière. Ils ont mis leur douce main sous
mon
menton. Ils m’ont dit : — Fais voir tes yeux ! Ils se sont baissés ju
95
Ils ont mis leur douce main sous mon menton. Ils
m’
ont dit : — Fais voir tes yeux ! Ils se sont baissés jusqu’à moi. Ils
96
Fais voir tes yeux ! Ils se sont baissés jusqu’à
moi
. Ils se sont assis à côté de moi. Ils m’ont dit : — Fais voir où tu a
97
baissés jusqu’à moi. Ils se sont assis à côté de
moi
. Ils m’ont dit : — Fais voir où tu as mal, petite fille. — Puis ils m
98
jusqu’à moi. Ils se sont assis à côté de moi. Ils
m’
ont dit : — Fais voir où tu as mal, petite fille. — Puis ils m’ont dit
99
Fais voir où tu as mal, petite fille. — Puis ils
m’
ont dit : — Je m’appelle Whitman. Je m’appelle Thoreau. Voilà le camar
100
tu as mal, petite fille. — Puis ils m’ont dit : —
Je
m’appelle Whitman. Je m’appelle Thoreau. Voilà le camarade Hamsun, qu
101
as mal, petite fille. — Puis ils m’ont dit : — Je
m’
appelle Whitman. Je m’appelle Thoreau. Voilà le camarade Hamsun, qui a
102
e. — Puis ils m’ont dit : — Je m’appelle Whitman.
Je
m’appelle Thoreau. Voilà le camarade Hamsun, qui arrive avec son viol
103
— Puis ils m’ont dit : — Je m’appelle Whitman. Je
m’
appelle Thoreau. Voilà le camarade Hamsun, qui arrive avec son violon.
104
ens, nous partons dans le vaste monde. À ceux-là,
je
dois la nourriture de ma maison, comme à des dieux. « Aidez-moi ! »,
105
vaste monde. À ceux-là, je dois la nourriture de
ma
maison, comme à des dieux. « Aidez-moi ! », dit cette femme. Mais la
106
rriture de ma maison, comme à des dieux. « Aidez-
moi
! », dit cette femme. Mais la plupart des autres, la plupart de nos c
107
ins, est-ce qu’ils ne disent pas plutôt. « Fichez-
moi
la paix ! Faites-moi rigoler, donnez-moi des sensations, mais surtout
108
disent pas plutôt. « Fichez-moi la paix ! Faites-
moi
rigoler, donnez-moi des sensations, mais surtout ne vous occupez pas
109
« Fichez-moi la paix ! Faites-moi rigoler, donnez-
moi
des sensations, mais surtout ne vous occupez pas de cela en moi dont
110
ions, mais surtout ne vous occupez pas de cela en
moi
dont je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’aut
111
s surtout ne vous occupez pas de cela en moi dont
je
ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’autre jour,
112
us occupez pas de cela en moi dont je ne veux pas
m’
occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’autre jour, pressé de rent
113
t je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de
mon
logis, l’autre jour, pressé de rentrer et ne disposant d’aucun moyen
114
de rentrer et ne disposant d’aucun moyen rapide,
je
hèle une auto. Le conducteur est seul. Il me prend volontiers. Nous c
115
ide, je hèle une auto. Le conducteur est seul. Il
me
prend volontiers. Nous causons. C’est un commerçant de Lyon, la cinqu
116
inquantaine, assez bavard. À certaines allusions,
je
devine qu’il est « seul dans la vie ». Pourtant, il porte une allianc
117
rise par nécessité… Nous arrivons sur la place de
mon
village. « Je vous dépose ici ? Où voulez-vous ? Tenez, on va s’arrêt
118
ité… Nous arrivons sur la place de mon village. «
Je
vous dépose ici ? Où voulez-vous ? Tenez, on va s’arrêter devant la p
119
s’arrêter devant la pissotière, ha ! ha ! ha ! Ça
me
rappelle une bien bonne histoire, vous devriez lire ça, Clochemerle q
120
us devriez lire ça, Clochemerle que ça s’appelle,
je
ne sais plus le nom du type qui a écrit le bouquin. Ah ça alors ! Ten
121
s et par le cinéma. Mais croyez-vous vraiment que
mon
bagnolard, mon lecteur enthousiaste de Clochemerle, grand roman de la
122
éma. Mais croyez-vous vraiment que mon bagnolard,
mon
lecteur enthousiaste de Clochemerle, grand roman de la pissotière, cr
123
omme tout de même ne disait pas lui aussi « aidez-
moi
! », à sa façon vulgaire, avec son rire insupportable, et fallait-il
124
llait-il être bien fin pour le comprendre ? 15.
Je
n’ai pas suivi le conseil de cet homme, et n’ai pas lu le livre. Je l
125
le conseil de cet homme, et n’ai pas lu le livre.
Je
lui laisse donc la responsabilité du compte rendu qu’il m’en a fait.
126
isse donc la responsabilité du compte rendu qu’il
m’
en a fait. h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Sur une nouvelle
127
pas d’existence. Il ne devient objet que lorsque
j’
en fais mon objet. Tel étant le sujet, on peut voir qu’il n’est autre
128
stence. Il ne devient objet que lorsque j’en fais
mon
objet. Tel étant le sujet, on peut voir qu’il n’est autre que l’homme
129
médiatement lié aux conditions de son apparition,
j’
entends à la présence et à l’engagement : la personne n’est jamais seu
130
peut savoir en quoi consiste sa propre personne.
Ma
personne, c’est ma présence au monde et à moi-même conjointement ; au
131
i consiste sa propre personne. Ma personne, c’est
ma
présence au monde et à moi-même conjointement ; aux vrais objets, aux
132
ement ; aux vrais objets, aux vrais humains, et à
ma
vraie responsabilité. C’est à bon droit, nous l’avons vu, que nous po
133
emps, marque sa fin, et le recrée. De ce mystère,
je
puis seul témoigner dans l’instant où il me saisit, et seulement en l
134
tère, je puis seul témoigner dans l’instant où il
me
saisit, et seulement en lui obéissant ; car le connaître, c’est le co
135
e, c’est le connaître irrésistible. Et comment ai-
je
su qu’il venait me saisir ? C’est parce que j’en ai témoigné par mon
136
re irrésistible. Et comment ai-je su qu’il venait
me
saisir ? C’est parce que j’en ai témoigné par mon acte. Admirable cer
137
ai-je su qu’il venait me saisir ? C’est parce que
j’
en ai témoigné par mon acte. Admirable cercle vicieux ! Oui, rien n’es
138
me saisir ? C’est parce que j’en ai témoigné par
mon
acte. Admirable cercle vicieux ! Oui, rien n’est plus vicieux pour la
139
est le témoignage d’une vocation reçue et obéie.
Je
suis personne dans la mesure où mon action relève de ma vocation, fût
140
eçue et obéie. Je suis personne dans la mesure où
mon
action relève de ma vocation, fût-ce au prix de la vie de mon individ
141
s personne dans la mesure où mon action relève de
ma
vocation, fût-ce au prix de la vie de mon individu. 7. Incarnation
142
elève de ma vocation, fût-ce au prix de la vie de
mon
individu. 7. Incarnation À la série d’« implications inexplicab
143
ns plus générales. Cette thèse simple constitue à
mes
yeux la règle d’or de toute doctrine sociale et politique. Est-ce à d
144
la confusion et nourrissent des haines bavardes.
Je
veux parler ici de deux d’entre elles seulement, des fameux jumeaux e
145
i dansait sur les eaux primitives, et les lois de
mon
corps sont celles de la poussière ? — Rien, l’esprit n’est plus rien,
146
notre esclavage. — Jusqu’à cet acte, que soudain
j’
ai fait ! Car je l’ai fait, et je ne sais rien d’autre. J’ai reçu l’or
147
. — Jusqu’à cet acte, que soudain j’ai fait ! Car
je
l’ai fait, et je ne sais rien d’autre. J’ai reçu l’ordre, et ce pouvo
148
cte, que soudain j’ai fait ! Car je l’ai fait, et
je
ne sais rien d’autre. J’ai reçu l’ordre, et ce pouvoir ordonnateur, i
149
t ! Car je l’ai fait, et je ne sais rien d’autre.
J’
ai reçu l’ordre, et ce pouvoir ordonnateur, irréfutablement est là, re
150
donnateur, irréfutablement est là, rendu visible.
J’
ai fait ce pas, je puis le mesurer — mais sa grandeur pourtant n’est p
151
ablement est là, rendu visible. J’ai fait ce pas,
je
puis le mesurer — mais sa grandeur pourtant n’est pas un nombre. J’ap
152
— mais sa grandeur pourtant n’est pas un nombre.
J’
appelle esprit cette surprise pure de mon corps qui se voit conduit où
153
n nombre. J’appelle esprit cette surprise pure de
mon
corps qui se voit conduit où rien en lui n’était nécessité d’aller. J
154
conduit où rien en lui n’était nécessité d’aller.
J’
appelle esprit la plénitude de l’instant où dans l’oubli de tout ce qu
155
itude de l’instant où dans l’oubli de tout ce que
je
peux, j’ai franchi l’impossible seuil. L’esprit est acte, l’acte est
156
l’instant où dans l’oubli de tout ce que je peux,
j’
ai franchi l’impossible seuil. L’esprit est acte, l’acte est obéissanc
157
, l’acte est obéissance à la motion de l’éternel.
J’
ai peut-être entendu quelque parole, on n’a rien vu qu’un corps en mou
158
iste et que l’acte transforme. Ce qui témoigne en
moi
de l’indicible réception de la parole, ce n’est point une extase, ni
159
ne plénitude de la joie, ni jamais rien qui fût à
moi
tel que j’étais, ni rien que j’aie, mais cet abandon un instant, cett
160
de la joie, ni jamais rien qui fût à moi tel que
j’
étais, ni rien que j’aie, mais cet abandon un instant, cette mort cach
161
s rien qui fût à moi tel que j’étais, ni rien que
j’
aie, mais cet abandon un instant, cette mort cachée dans la vie, cette
162
insensible et peu croyable distraction du monstre
moi
, qui suffit bien à l’éternelle vigilance pour me pousser un peu plus
163
moi, qui suffit bien à l’éternelle vigilance pour
me
pousser un peu plus loin que tout calcul, un peu plus près de l’homme
164
que tout calcul, un peu plus près de l’homme que
je
puis être pour les hommes — pour me jeter dans le fait accompli d’une
165
e l’homme que je puis être pour les hommes — pour
me
jeter dans le fait accompli d’une évidente nouveauté. Maintenant quel
166
t quelque chose s’est passé, un risque est là, et
ma
vie est en lui. L’ai-je accepté ? Déjà tout recommence. Car la durée
167
ssé, un risque est là, et ma vie est en lui. L’ai-
je
accepté ? Déjà tout recommence. Car la durée n’ajoute rien à l’éterne
168
’éternel. Ce pas petit et triomphal à peine fait,
je
le reperds si je n’en fais pas un second. Et pourtant mon espoir est
169
petit et triomphal à peine fait, je le reperds si
je
n’en fais pas un second. Et pourtant mon espoir est gagé sur une prom
170
eperds si je n’en fais pas un second. Et pourtant
mon
espoir est gagé sur une promesse aussi certaine que ma mort et que la
171
poir est gagé sur une promesse aussi certaine que
ma
mort et que la mort du temps lui-même au Jugement. Ni la foi ne court
172
16. Matthieu 7:21 : « Ce ne sont pas ceux qui
me
disent Seigneur ! Seigneur !… mais celui qui fait la volonté de mon P
173
r ! Seigneur !… mais celui qui fait la volonté de
mon
Père » — c’est-à-dire celui — opposé à l’impersonnel ceux — qui agit
174
e notre double erreur matérialiste-spiritualiste.
Je
me refuse à voir en lui la solution de ce conflit mauvais qu’il fixe
175
otre double erreur matérialiste-spiritualiste. Je
me
refuse à voir en lui la solution de ce conflit mauvais qu’il fixe san
176
une espèce de bavardage lyrique dont Breton sera,
je
crois, le tout premier à reconnaître qu’il sue le plus insupportable
177
. Ouvrez une revue de province si vous pensez que
j’
exagère. Faut-il donc mettre une barre sous la rubrique surréalisme, e
178
en plus qu’une littérature. Ces quelques hommes —
je
parle des meilleurs d’entre eux — ont certainement connu le désespoir
179
Et qu’il est attentif à sa propre démarche ! « Il
me
paraît absolument nécessaire de le dire… Pour ma part, je me refuse…
180
t absolument nécessaire de le dire… Pour ma part,
je
me refuse… Je demande à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… » J
181
bsolument nécessaire de le dire… Pour ma part, je
me
refuse… Je demande à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… » Je p
182
écessaire de le dire… Pour ma part, je me refuse…
Je
demande à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… » Je prends ces t
183
nde à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… »
Je
prends ces trois débuts de phrases dans une seule demi-page, au hasar
184
nalyse au refus pur et simple d’agir et de créer,
j’
entends, de se poser comme auteur responsable de son acte ? Alors qu’e
185
ton tranchant lorsqu’on attaque, lorsqu’on crée,
je
serais le dernier à m’en plaindre. Mais il s’agit ici, tout simplemen
186
n attaque, lorsqu’on crée, je serais le dernier à
m’
en plaindre. Mais il s’agit ici, tout simplement, de s’évader d’une ré
187
e cette fois, d’un trait classique et volontaire.
Je
ne sais rien de plus émouvant que l’effort vers eux-mêmes, et l’un pa
188
qualité, voisine de la grandeur, de cet ouvrage ?
Je
crois que maint lecteur y découvrira peu à peu quelque raison très pe
189
quelque raison très personnelle de l’aimer. 21.
Je
ne dis pas que tout cela aille sans fatigue pour le lecteur ; ni sans
190
format standard : 224 ou 600 pages exactement. Il
me
semble que ce conformisme, dont on sait les raisons commerciales, cou
191
o L’un des critiques qui aient parlé le mieux,
je
crois, avec le plus de sympathie et de pénétration du deuxième livre
192
ns. On serait tenté de dire : dans leur personne.
Je
connais peu de livres moins conventionnels. Pour cette raison d’abord
193
qui entrent dans la vie. Mais en parlant d’étude,
je
fais tort au ton de ce livre, à son charme sentimental, à son humour
194
e de « naturel » dans tous les sens de ce terme ;
je
ne vois pas d’écrivain français qui ait jamais su faire vibrer un tel
195
t parfois dans certains chapitres lyriques — le «
je
» de Marcel dans Proust — rend un tout autre son que le « je » des Vi
196
cel dans Proust — rend un tout autre son que le «
je
» des Vivants : plus complice et plus fraternel. Le défaut de Les Uns
197
ceux dont la carrière s’épuise en une saison, si
j’
en crois l’amitié, les visages, et les couleurs si pures qu’il laisse
198
l’homme que sous l’aspect de la nation ? Tel est
je
crois le problème central qu’impose ce livre, et l’on admettra bien,
199
problèmes plus graves pour notre avenir immédiat.
Je
n’ai rien dit de l’art d’Edschmid. Je ne lui vois d’analogue que dans
200
r immédiat. Je n’ai rien dit de l’art d’Edschmid.
Je
ne lui vois d’analogue que dans les derniers romans de Malraux. Même
201
gique dont elles ont l’air de vouloir procéder ».
M’
autorisant de cette remarque, je me mets à critiquer les formes du lan
202
uloir procéder ». M’autorisant de cette remarque,
je
me mets à critiquer les formes du langage de Tzara. Je constate un ce
203
ir procéder ». M’autorisant de cette remarque, je
me
mets à critiquer les formes du langage de Tzara. Je constate un certa
204
mets à critiquer les formes du langage de Tzara.
Je
constate un certain nombre d’erreurs minimes, mais constantes, de « l
205
rait que la formule de ce style est la contagion.
Je
mets ce phénomène en relation avec la théorie de la métaphore qu’on t
206
le nom de poésie » tout ce que l’on veut. Mais si
je
crois aussi, avec Arnaud Dandieu (chap. sur la métaphore dans son Pro
207
re dans son Proust) que la métaphore est un acte,
j’
entends par acte, justement, la position d’une qualité incomparable, j
208
peut-être, logiquement et en fait, à un seul mot.
Je
force le raisonnement à l’absurde pour faire apparaître le caractère
209
on encore informée par la raison de l’homme. Mais
j’
en viens à l’explication psychanalytique que Tzara donne du monde actu
210
nous mener à une société collectiviste, marxiste.
Je
ne comprends pas cette déduction. La revendication de Tzara est exact
211
l’encontre du but qu’ils rêvent. Par ailleurs, si
j’
accepte le diagnostic de Tzara, si j’admets que le complexe de castrat
212
ailleurs, si j’accepte le diagnostic de Tzara, si
j’
admets que le complexe de castration est la dominante de l’époque, je
213
plexe de castration est la dominante de l’époque,
je
constate que ce complexe se manifeste justement par l’adoption des hy
214
acles leur a imprimée ») ; p. 223 (« constate »).
Je
trouve l’explication de ces lapsus dans la phrase suivante : « Il y a
215
ation de la responsabilité « individuelle ». Mais
je
me méfie de cet « individu », pour des raisons sur lesquelles il est
216
on de la responsabilité « individuelle ». Mais je
me
méfie de cet « individu », pour des raisons sur lesquelles il est inu
217
emède. Pourquoi résister au plaisir de proposer à
mes
lecteurs la méditation de ce texte à maints égards révélateur ? «
218
difficulté d’une telle entreprise [c’était là que
j’
avais buté] : l’esprit est à l’origine de tout ; l’exposition elle-mêm
219
ord parfait des « vues » de nos deux commissaires
me
remplit d’aise. Mais je goûtai surtout que le romancier se montrât mo
220
de nos deux commissaires me remplit d’aise. Mais
je
goûtai surtout que le romancier se montrât moins littérateur et beauc
221
c’est qu’ils croyaient bien faire. Et personne à
ma
connaissance n’a mis en question leur sérieux, ce qui précisément me
222
mis en question leur sérieux, ce qui précisément
me
paraît remarquable. L’accueil flatteur — ou flatté — et poli qu’on a
223
l’élite bourgeoise, et confirme sa décadence. Ils
me
diraient : « Honorer l’esprit pur ? Quoi de plus raisonnable, je vous
224
Honorer l’esprit pur ? Quoi de plus raisonnable,
je
vous prie ? Quoi de plus naturel que de le célébrer ? Et plutôt que d
225
cle vont-ils trouver en vous leur défenseur ? » —
Je
réponds simplement que dans l’action et les écrits des commissaires s
226
spèce de justification, assez piteuse en théorie,
je
le concède, mais des plus efficace dans la pratique. Piteuse en théor
227
u spirituel. On dira qu’elles ne l’ont jamais su.
Je
serais prêt à l’accorder. Ce qui est nouveau, c’est qu’elles croient
228
e réaction à l’aveu d’un complot si burlesque. Si
j’
ai quelque peu insisté sur l’anecdote du Palais de l’Esprit, ce n’est
229
ecdote du Palais de l’Esprit, ce n’est point pour
me
ménager une partie par trop facile. C’est que la grossièreté même de
230
même de l’écart, et le fait qu’on l’ait négligé,
me
paraissent propres à fixer l’attention de quelques-uns sur une erreur
231
ommun28, ou bien tenue à tort pour « théorique ».
J’
ai cru bon d’aller la saisir dans ses aboutissements les plus voyants,
232
firmation tout ingénue de son origine historique.
J’
avais omis d’en citer quelques lignes qui trouvent ici leur opportunit
233
La Commission de l’enseignement voudrait, comme
je
le lui ai proposé, que ce palais reçût le nom de « Cité René-Descarte
234
onnera à notre Exposition son sens et sa portée.
Je
répugne à rendre Descartes responsable de tout le mal qu’ont répandu
235
de tout le mal qu’ont répandu les cartésiens. Et
je
sais bien que de ceux-ci au cartésianisme vulgaire qui traîne dans to
236
d’une erreur à un préjugé. Mais enfin pour saisir
je
ne dis pas la racine de ce préjugé populaire, mais la raison de fait
237
sprit ne manquerait pas de redire le mot fameux :
Je
n’ai pas voulu cela ! Il n’a jamais voulu cette séparation de la pens
238
euse. Mais pour l’affaire qui nous occupe ici, il
me
semble qu’il est suffisant de relever l’autorité que cette erreur con
239
’homme qui ne fait rien de ses deux mains. Ce que
je
reproche à l’esprit cartésien, c’est d’avoir formulé l’équivalent de
240
font en somme que célébrer une situation de fait.
Je
répète que celle-ci n’est devenue possible qu’en vertu d’une certaine
241
universitaire, qui l’a sans le vouloir autorisée.
Je
ne crois guère aux plans machiavéliques que certains écrivains de dro
242
la bonne foi des inventeurs du Palais de l’Esprit
me
paraît platement certaine. Pourtant, comment ne pas admirer la mervei
243
la sociologie ou de l’histoire de la littérature.
Je
ne veux indiquer que l’amorce d’une critique générale de notre éducat
244
morce d’une critique générale de notre éducation.
Je
ne veux mettre en relief qu’un seul trait — à mon sens le seul décisi
245
Je ne veux mettre en relief qu’un seul trait — à
mon
sens le seul décisif — commun à toutes les disciplines que l’on ensei
246
ier clerc parfait : le juge refusant de juger. On
me
dira que ce gouverneur eût été dans son rôle en agissant, et qu’il tr
247
e lava les mains en présence de la foule et dit :
Je
suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde. » Ne vient-il p
248
te : « Voici l’homme » ! Et que dit cet homme ? «
Je
suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vér
249
’homme » ! Et que dit cet homme ? « Je suis né et
je
suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » Unanimi
250
e la foule. Pourquoi n’a-t-il pas dit seulement :
Mon
royaume n’est pas de ce monde ? Ce royaume n’eût gêné personne, tout
251
aigre vente et le mépris du directeur commercial.
Je
suppose mon clerc peu fortuné. Deux espèces de carrières s’ouvrent à
252
et le mépris du directeur commercial. Je suppose
mon
clerc peu fortuné. Deux espèces de carrières s’ouvrent à lui : celle
253
esse quotidienne… Quant à la carrière du chômage,
je
lui vois bien des agréments, s’il est vrai que la liberté de penser e
254
assez longue, et d’ailleurs imposée, de cet état
me
permet d’affirmer sans ironie qu’il n’en est pas de plus recommandabl
255
l’agencement d’une existence d’intellectuel. Mais
j’
hésiterais à conseiller cette cure à des jeunes gens en mal de bohème
256
t-on ce Palais de l’Esprit ? S’ils y parviennent,
je
demande la parole. Je ne me propose pas du tout de décevoir ce goût d
257
prit ? S’ils y parviennent, je demande la parole.
Je
ne me propose pas du tout de décevoir ce goût de positif que mes cont
258
S’ils y parviennent, je demande la parole. Je ne
me
propose pas du tout de décevoir ce goût de positif que mes contempora
259
se pas du tout de décevoir ce goût de positif que
mes
contemporains, à tort et à travers, opposent à toute critique un peu
260
créateur en même temps qu’une critique radicale.
Je
crois apercevoir d’ici une possibilité de repêchage du projet de nos
261
pêchage du projet de nos commissaires. Voici donc
mon
contre-projet, sous forme de résolution. Article unique : La Commiss
262
er notre action, et comment elle doit s’orienter.
Je
ne nie pas que les interventions passionnées et simplistes du public
263
et c’est le plus probable, elle contiendra ce que
je
dis : les témoignages de « l’esprit pur » selon l’idée que s’en fait
264
nt l’un au moins paraît préoccuper M. Duhamel, si
j’
en crois l’article cité : « Comme tous les Français, je répugne à dépe
265
crois l’article cité : « Comme tous les Français,
je
répugne à dépenser beaucoup d’argent pour un ouvrage périssable, surt
266
ite 5 chevaux. Quant au salut, il est gratuit. Et
je
ne pense pas que M. Duhamel compte acheter son « immortalité » académ
267
mpte acheter son « immortalité » académique. 28.
J’
entends : à la grande masse du peuple, à tous ceux qui ne sont pas int
268
rneur ? Ces Juifs sont en émeute : voilà le fait.
J’
ai dit ce que je pensais, voilà le droit. Maintenant il faut les apais
269
s sont en émeute : voilà le fait. J’ai dit ce que
je
pensais, voilà le droit. Maintenant il faut les apaiser, il faut relâ
270
eci fut écrit en mai de cette année ; à ce moment
j’
ignorais tout du « congrès pour la défense de la culture », qui se pré
271
, individualistes, bourgeoises ou marxistes. Mais
je
désespère presque de donner la moindre « idée » de la réalité nationa
272
. Par exemple un discours du Führer à son peuple.
Je
roulais ces pensées, hier soir, debout parmi la foule qui n’avait pas
273
général », des dizaines de milliers attendaient.
J’
étais venu pour écouter aussi la foule. Je me trouvais au milieu d’ouv
274
daient. J’étais venu pour écouter aussi la foule.
Je
me trouvais au milieu d’ouvriers, de jeunes miliciens du Service de t
275
ent. J’étais venu pour écouter aussi la foule. Je
me
trouvais au milieu d’ouvriers, de jeunes miliciens du Service de trav
276
sous un tonnerre assourdissant de heil rythmés —
je
n’entendais plus que les cris de mes voisins sur un fond de tempête e
277
eil rythmés — je n’entendais plus que les cris de
mes
voisins sur un fond de tempête et de battements sourds — avec des ges
278
de ce matin écrit : « Lorsque le Führer s’écria :
Je
ne puis vivre que si ma foi puissante dans le Peuple allemand est san
279
rsque le Führer s’écria : Je ne puis vivre que si
ma
foi puissante dans le Peuple allemand est sans cesse renforcée par la
280
renforcée par la foi et la confiance du Peuple en
moi
! — un seul cri des masses confessant leur fidélité lui répondit. » C
281
tantanée de 30 000 hommes dressés d’un seul élan.
Je
me souviens aussi de cela : « La puissance de gouverner, je l’ai. Mai
282
tanée de 30 000 hommes dressés d’un seul élan. Je
me
souviens aussi de cela : « La puissance de gouverner, je l’ai. Mais c
283
iens aussi de cela : « La puissance de gouverner,
je
l’ai. Mais ce que je cherche, c’est la communion du cœur avec chaque
284
« La puissance de gouverner, je l’ai. Mais ce que
je
cherche, c’est la communion du cœur avec chaque homme de la nation al
285
. Les clercs s’écrient : Esprit ! Esprit43 ! Mais
je
regarde leur visage. « Si c’était vrai, ça se verrait »… Ainsi la clé
286
’on le corrige. » Et Ramuz ajoute : « C’est comme
moi
. » C’est comme lui quand il écrit. Car sa vision est harmonie avec ce
287
e ne comprend pas). » Toute l’esthétique de Ramuz
me
paraît centrée sur cette phrase. Son vocabulaire tout d’abord. Cette
288
que ne le font les scandales qu’ils dénoncent. Il
me
semble parfois que la meilleure éducation du genre humain consisterai
289
e à juger des meurtres dont le vol est le mobile.
Je
dis qu’il ferait un meilleur travail éducatif. Car il porterait l’att
290
e l’argent et les bienfaits qui en découlent.) Si
j’
étais dictateur, je nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et nous
291
ienfaits qui en découlent.) Si j’étais dictateur,
je
nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et nous aurions enfin un la
292
gements de temps à l’intérieur d’une même phrase.
Je
ne crois pas qu’il soit possible de les ramener à une loi, ni même à
293
sance à soi, le « dévouement à l’objet ». Certes,
je
vois les défauts de cette forme, et le poncif qu’elle peut instituer
294
trop volontairement détaillés. Mais l’important,
je
pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en
295
z, et la définition de sa personne en exercice. «
Je
ne distingue l’être qu’aux racines de l’élémentaire. » Parce que le c
296
ter ici une page des Souvenirs sur Stravinsky qui
me
paraît d’une importance extrême, non seulement parce qu’elle est la p
297
ès seule dans son œuvre, une perspective qui est,
je
crois, celle de la plénitude de cette œuvre. Par-delà tous les pays,
298
nfond avec celle de la personne. Dans un essai où
je
crois distinguer l’aveu de soi le plus direct qu’ait jamais consenti
299
ect qu’ait jamais consenti Ramuz (c’est Une Main)
je
lis ceci : « Certains hommes tiennent pour un gain tout ce qui leur a
300
r un gain tout ce qui leur apporte une facilité ;
moi
, je ne tiens pour un gain que ce qui m’apporte un exemple. » Comment,
301
gain tout ce qui leur apporte une facilité ; moi,
je
ne tiens pour un gain que ce qui m’apporte un exemple. » Comment, ici
302
cilité ; moi, je ne tiens pour un gain que ce qui
m’
apporte un exemple. » Comment, ici encore, ne point songer à Goethe ?
303
age nous ramène au niveau proprement ramuzien : «
J’
ai la haine du confort. J’aime que les choses vous résistent et vous c
304
proprement ramuzien : « J’ai la haine du confort.
J’
aime que les choses vous résistent et vous contredisent, comme par exe
305
ingénie à allumer dans une cheminée qui tire mal.
J’
aime les choses qui sont à leur façon, tandis que je suis à la mienne.
306
aime les choses qui sont à leur façon, tandis que
je
suis à la mienne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz
307
à leur façon, tandis que je suis à la mienne. » ⁂
Je
vois, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz existe à sa façon. Je vo
308
çon, tandis que je suis à la mienne. » ⁂ Je vois,
j’
ai tenté de faire voir comment Ramuz existe à sa façon. Je vois que so
309
té de faire voir comment Ramuz existe à sa façon.
Je
vois que son pouvoir est sa présence active au monde (« Toute résista
310
ésistance, dit-il, nous oblige à être présent »).
Je
vois ce grand exemple d’une volonté tendue vers l’origine d’où procèd
311
n d’être, l’identité d’une personne en communion,
je
vois, j’apprends, j’entends la voix d’un homme. N’est-ce pas assez ?
312
l’identité d’une personne en communion, je vois,
j’
apprends, j’entends la voix d’un homme. N’est-ce pas assez ? Cette voi
313
d’une personne en communion, je vois, j’apprends,
j’
entends la voix d’un homme. N’est-ce pas assez ? Cette voix n’est-elle
314
la littérature. Qui voudrait exiger davantage ? —
J’
imagine parfois davantage. Certaines paroles dites par cette voix. Cel
315
de. 48. Il dit des personnages de ses romans : «
Je
ne les aime pas en tant que “primitifs” comme on semble le croire : i
316
examen critique des doctrines qui sont à sa base.
Je
ne dis pas qu’elles n’aient été souvent trahies. Ni qu’elles soient a
317
s retenir que l’élan titanique du Troisième Plan.
Je
comprends très bien qu’en présence des « réalisations » impressionnan
318
s œuvres spirituelles et matérielles ? La réponse
me
paraît évidente. Tous les témoignages que nous possédons sur l’état d
319
sion sur les « décrets culturels » de Staline. Et
je
ne dis pas, ou pas encore contre le Plan, mais en vertu de tout autre
320
était viser trop court, et sous-estimer l’ennemi,
j’
entends la part de l’homme qui résiste, en créant, à toute espèce de d
321
e. Cela suffira sans doute à rendre vaines toutes
mes
critiques aux yeux des intellectuels bourgeois justement tourmentés d
322
e, et qui se rassurent en glorifiant l’URSS. Pour
moi
, je me bornerai à tirer de tout cela une conclusion concrète, qui peu
323
qui se rassurent en glorifiant l’URSS. Pour moi,
je
me bornerai à tirer de tout cela une conclusion concrète, qui peut no
324
i se rassurent en glorifiant l’URSS. Pour moi, je
me
bornerai à tirer de tout cela une conclusion concrète, qui peut nous
325
mmune, encore qu’elle soit réellement imposée. Et
je
ne préjuge rien de l’avenir d’un peuple qui dispose de ressources mys
326
i à tout ; c’est un devoir de critique lucide, et
j’
ajouterai de critique méfiante, dans la mesure où les jeunes communist
327
pour la pensée et l’action. La démonstration que
j’
ai esquissée à propos de la tentative soviétique vaut identiquement po
328
soviétique vaut identiquement pour l’hitlérisme.
Je
puis la compléter maintenant par trois remarques, qui se dégagent des
329
impose non seulement à l’observateur étranger que
je
suis, mais aux chefs des partis dictatoriaux eux-mêmes. De là toute l
330
u’en URSS. ⁂ Les partisans de l’URSS ou de Hitler
me
feront sans doute deux objections très importantes. Ils me diront com
331
sans doute deux objections très importantes. Ils
me
diront comme ils ont dit souvent déjà : a) Nous ne pouvions pas faire
332
» puissante pour toute action culturelle future.
Je
réponds à ces deux objections : a) Oui, vos circonstances étaient tel
333
ns : a) Oui, vos circonstances étaient telles que
je
serais incapable de vous dire ce que vous auriez pu faire d’autre. Vo
334
vez reculé la question de dix ans ou d’un siècle,
je
ne sais ; mais ce que je sais, c’est que tous nos pays se trouveront
335
dix ans ou d’un siècle, je ne sais ; mais ce que
je
sais, c’est que tous nos pays se trouveront un jour futur en face des
336
critiques de nos vieillards. Dans cette tâche-là,
je
vois le seul fondement d’une nouvelle culture européenne… b) Il est f
337
la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle
Je
ne connais qu’un moyen de résister à l’Europe, c’est de lui opposer l
338
ous, comme un jugement porté sur cette situation.
Je
ne crois pas aux voix mystérieuses mais je crois à l’appel des faits.
339
ation. Je ne crois pas aux voix mystérieuses mais
je
crois à l’appel des faits. Considérons les temps et les lieux où nous
340
es façades aux symboles religieux et orgueilleux,
je
retrouve la misère matérielle. Car à toutes les objections que je pui
341
isère matérielle. Car à toutes les objections que
je
puis adresser à ces régimes, leurs partisans finissent par me répondr
342
sser à ces régimes, leurs partisans finissent par
me
répondre : Bon ou mauvais selon vos idées, c’est ce régime qui nous a
343
atmosphérique appelle toujours certains courants.
Je
parle ici du vide ou du vertige que crée en nous la ruine de l’indivi
344
e dans le sens de notre destin. 5. Le dilemme.
Je
parle ici de forces totales, de crise totale, et de destins communs :
345
: on ne peut pas ressusciter des mesures mortes.
Je
dis qu’elle sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’homme en ta
346
culture européenne. Sinon nous serons colonisés,
je
n’ai pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’affirmer notre force en
347
ns les plus féconds et authentiques de ce siècle.
J’
imagine l’historien futur étudiant l’inventaire de Petit, comme nous l
348
ne par un Français lucide qui veut rester humain.
J’
aime un peu moins les pages sur Barrès, peut-être à cause du modèle, p
349
à la position d’Henri Petit vis-à-vis de la foi,
je
m’excuse de la résumer en trois formules, mais autrement, je n’en fin
350
la position d’Henri Petit vis-à-vis de la foi, je
m’
excuse de la résumer en trois formules, mais autrement, je n’en finira
351
de la résumer en trois formules, mais autrement,
je
n’en finirais pas, dans cette note, et j’ignore même si j’en viendrai
352
rement, je n’en finirais pas, dans cette note, et
j’
ignore même si j’en viendrais jamais à bout dans mon esprit. Voici : l
353
inirais pas, dans cette note, et j’ignore même si
j’
en viendrais jamais à bout dans mon esprit. Voici : l’homme a tué Dieu
354
’ignore même si j’en viendrais jamais à bout dans
mon
esprit. Voici : l’homme a tué Dieu. Alors est venu l’État, qui n’a pl
355
udrait au contraire que vienne l’homme. Chrétien,
je
ne puis voir dans l’émouvant effort d’Henri Petit pour sauver d’une f
356
heur le Dieu-homme. Mais ceci dit, et maintenu, —
j’
admire qu’un incroyant ait su donner à notre position personnaliste sa
357
’il écrit quelque part : « Le monde n’a plus pour
moi
le caractère intelligible et nécessaire qu’il avait pour mes ancêtres
358
ctère intelligible et nécessaire qu’il avait pour
mes
ancêtres », il sait aussi, et il nous fait savoir, que c’est à nous d
359
monde où notre vie s’accepte. Aux premières pages
j’
ai pensé : document sur les déceptions d’une génération. Puis j’ai tro
360
ocument sur les déceptions d’une génération. Puis
j’
ai trouvé ce cri : « Tout me concerne », et ce sous-titre, vers la fin
361
’une génération. Puis j’ai trouvé ce cri : « Tout
me
concerne », et ce sous-titre, vers la fin : « Retour à la passion ».
362
une rhétorique commune, ou un jargon d’équipe, ou
je
ne sais quel sabir personnaliste. Au jour où nous en sommes, on ne re
363
traduire le concret, le particulier de cet objet,
je
veux dire son message unique et par là même généralement humain. Gide
364
f, au sens goethéen de ce terme. Ce n’est pas là,
je
crois, sa pente naturelle ; plutôt l’effet d’une permanente correctio
365
si, il oppose à ses entraînements. L’âge venant,
je
me sens moins de curiosité pour les paysages, beaucoup moins, et si b
366
il oppose à ses entraînements. L’âge venant, je
me
sens moins de curiosité pour les paysages, beaucoup moins, et si beau
367
ique : « Cessons de regarder les maisons : ce qui
m’
intéresse ici, c’est la foule. » Je me souviens alors de Goethe à Veni
368
isons : ce qui m’intéresse ici, c’est la foule. »
Je
me souviens alors de Goethe à Venise : « Je ne suis encore entré dans
369
ns : ce qui m’intéresse ici, c’est la foule. » Je
me
souviens alors de Goethe à Venise : « Je ne suis encore entré dans au
370
le. » Je me souviens alors de Goethe à Venise : «
Je
ne suis encore entré dans aucun bâtiment, excepté Saint-Marc. Il y a
371
Marc. Il y a de quoi faire au-dehors, et la foule
m’
intéresse infiniment… » Goethe poursuit : « Aujourd’hui je me suis lon
372
sse infiniment… » Goethe poursuit : « Aujourd’hui
je
me suis longuement attardé au marché ; j’ai observé les gens, comment
373
infiniment… » Goethe poursuit : « Aujourd’hui je
me
suis longuement attardé au marché ; j’ai observé les gens, comment il
374
urd’hui je me suis longuement attardé au marché ;
j’
ai observé les gens, comment ils marchandaient et achetaient avec une
375
nous instruire et de nous étonner. » Précautions,
je
sais bien. Mais ici, sont-elles efficaces ? Empêcheront-elles personn
376
is ? (Si toutefois c’est encore une injure…) Pour
moi
, elles me donneraient envie de simplifier le contenu réel du texte en
377
utefois c’est encore une injure…) Pour moi, elles
me
donneraient envie de simplifier le contenu réel du texte en deux peti
378
e qu’il faut bien appeler le bluff stalinien ; et
je
ne dis pas du tout : d’une critique de ce qu’il y a de profond dans l
379
des intellectuels français. Liberté en URSS ? «
Je
doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fût-ce dans l’Allemagne de
380
ec le dehors… On sourit avec scepticisme, lorsque
je
dis que Paris a, lui aussi, son métro. » — Égalité, société sans clas
381
manœuvres, des hommes et femmes “de journée”, et
j’
allais dire : des pauvres. Il n’y a plus de classes en URSS, c’est ent
382
d’une mentalité petite-bourgeoise. Mais Gide : «
Je
crains que ne se reforme bientôt une nouvelle sorte de bourgeoisie ou
383
comparable à la petite bourgeoisie de chez nous.
J’
en vois partout les symptômes annonciateurs. » — On pourrait allonger
384
malheur à qui chercherait à pousser plus loin ! »
Je
demande alors si Gide pratique cette espèce-là d’autocritique, — ou s
385
Gide le sent-il ? « D’autres plus compétents que
moi
diront si ce changement d’orientation [le stalinisme par rapport au m
386
ende est belle. C’est une légende… Elle traduit à
mes
yeux ce fait d’expérience : toute tentative de déification (ici, la c
387
ateur. Gide voudrait ne pas croire au péché. Mais
moi
, je ne crois pas aux dieux. Pour nous, la révolution ne créera pas un
388
. Gide voudrait ne pas croire au péché. Mais moi,
je
ne crois pas aux dieux. Pour nous, la révolution ne créera pas un hom
389
t nous ne sommes pas « communistes » pour si peu.
Je
constate simplement ceci : le peuple allemand, dont le régime me para
390
plement ceci : le peuple allemand, dont le régime
me
paraît spécialement dangereux pour la culture, achète des livres, fré
391
, c’est qu’ils le soient, à la limite, autant. Il
me
dira d’une voix que j’entends déjà : « Mais je n’ai rien voulu de tou
392
t, à la limite, autant. Il me dira d’une voix que
j’
entends déjà : « Mais je n’ai rien voulu de tout cela ! Mes personnage
393
Il me dira d’une voix que j’entends déjà : « Mais
je
n’ai rien voulu de tout cela ! Mes personnages se sont imposés à moi
394
s déjà : « Mais je n’ai rien voulu de tout cela !
Mes
personnages se sont imposés à moi etc. » Je n’ignore pas que des visi
395
de tout cela ! Mes personnages se sont imposés à
moi
etc. » Je n’ignore pas que des visions parfois bizarres et amusantes,
396
la ! Mes personnages se sont imposés à moi etc. »
Je
n’ignore pas que des visions parfois bizarres et amusantes, ou émouva
397
si faible que de céder à toutes ses obsessions ? (
Je
feindrai d’ignorer qu’elles sont anxieusement souhaitées, et cultivée
398
Mais toutes ces feuilles de température ! (Même,
je
feins d’ignorer qu’on a chauffé le thermomètre…) ac. Rougemont Den
399
lamentable cas individuel ? Mais alors : veut-on
ma
compassion pour un héros malade ou mon admiration pour son auteur ? L
400
s : veut-on ma compassion pour un héros malade ou
mon
admiration pour son auteur ? Le livre n’est ni passionnant, ni indiff
401
si déprimants que gratuits. Car en effet, si ce «
je
» du récit de M. Blanzat faisait un geste franc, il est clair qu’il n
402
roman. Mais, nous dit-il : « le plus petit geste
m’
a toujours coûté ». ad. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Jean B
403
à la charmer, ou à se laisser charmer — ceci pour
moi
lecteur — par le tableau de sa déchéance. ae. Rougemont Denis de,
404
— Il s’agit de transformer le chômage en loisir.
Je
résume : primauté du spirituel ; primauté de l’homme sur l’économique
405
mbine ce personnalisme-là avec un chauvinisme que
je
vous laisse qualifier : C’est la générosité française, c’est l’amour
406
éraires, chapitre bâclé sur l’après-guerre, etc.,
m’
apparaît au contraire comme l’un des charmes du livre. Réjouissante dé
407
este pour nous Thibaudet. Dans cette critique que
je
voudrais appeler une critique de consommateur (dans tous les sens de
408
ctique révolutionnaire et contre-révolutionnaire,
je
ne connais pas d’ouvrage plus riche et plus précis, sinon les mémoire
409
t juste que celle des masses ou des politiciens. (
Je
ne dis pas qu’elle est plus efficace…) Que nous annonce le renouveau
410
e fascisme ou le stalinisme. Dans ces conditions,
je
suis le premier à me déclarer athée. Mais si l’on veut parler, comme
411
inisme. Dans ces conditions, je suis le premier à
me
déclarer athée. Mais si l’on veut parler, comme le faisait Nietzsche,
412
Dieu l’Éternel, première personne de la Trinité,
je
ne vois plus, pour ma part, dans les déclarations de Bataille que de
413
e de la volonté de puissance et de l’ironie ». Il
me
paraît que c’est bien à quoi devait aboutir le véritable et intégral
414
e ans » et certains jeunes qui ne les valent pas.
Je
ne pressens rien de créateur, ni rien de réellement destructeur dans
415
à la philosophie de N. publiée par Karl Jaspers.
Je
signale ce grand livre à ceux qui lisent l’allemand, en attendant une
416
n contentement ; à la mesure de l’amitié humaine.
J’
entends un bruit de bêche sur une terrasse invisible, au-dessous. Je v
417
de bêche sur une terrasse invisible, au-dessous.
Je
vois un chien qui se promène de son petit pas élastique sur les resta
418
auvre et spirituelle… 28 janvier Avoir la veine «
J’
avais pris un billet de la Loterie nationale. Naturellement j’ai perdu
419
un billet de la Loterie nationale. Naturellement
j’
ai perdu ! Moi vous savez… Ce n’est pas comme Céline, ah celle-là ! El
420
la Loterie nationale. Naturellement j’ai perdu !
Moi
vous savez… Ce n’est pas comme Céline, ah celle-là ! Elle a la veine,
421
e à l’horizon. Et sur le petit toit au-dessous de
moi
, tout près, soudain je vois un pigeon violet immobile. Les plumes du
422
petit toit au-dessous de moi, tout près, soudain
je
vois un pigeon violet immobile. Les plumes du cou sont un peu hérissé
423
peu hérissées par le vent. Voici trois jours que
je
le vois chaque matin. Quand je l’appelle, il donne quelques coups de
424
ci trois jours que je le vois chaque matin. Quand
je
l’appelle, il donne quelques coups de tête furtifs, et se détourne. D
425
tête furtifs, et se détourne. D’où vient-il ? On
m’
a dit qu’il n’y a pas de pigeons par ici. Que vient-il attendre ? Pour
426
e vient-il attendre ? Pourquoi feint-il de ne pas
me
voir ? Il se tient là des heures, sans bouger, et s’envole d’un coup
427
elque chose à comprendre… 23 février Au moment où
ma
femme allait secouer les miettes de la nappe par la fenêtre, au-dessu
428
, au-dessus du poulailler, elle a vu le pigeon et
m’
a appelé. — Il a vraiment l’air de vouloir dire quelque chose ! Il est
429
e chose par là ? Du côté de Marseille… Et soudain
je
me suis souvenu de la conférence que je dois donner à Marseille dans
430
hose par là ? Du côté de Marseille… Et soudain je
me
suis souvenu de la conférence que je dois donner à Marseille dans 15
431
t soudain je me suis souvenu de la conférence que
je
dois donner à Marseille dans 15 jours. Je ne voulais pas la préparer
432
nce que je dois donner à Marseille dans 15 jours.
Je
ne voulais pas la préparer avant le dernier jour. Est-ce que cela sig
433
que cela signifie qu’elle est plus importante que
je
ne croyais ? Qu’il y a quelque chose de sérieux à faire là-bas ? Je v
434
’il y a quelque chose de sérieux à faire là-bas ?
Je
vais m’y mettre. 28 février Terminé hier soir la rédaction de ma conf
435
quelque chose de sérieux à faire là-bas ? Je vais
m’
y mettre. 28 février Terminé hier soir la rédaction de ma conférence.
436
tre. 28 février Terminé hier soir la rédaction de
ma
conférence. Ce matin le pigeon n’est pas revenu. C’est évidemment abs
437
revenu. C’est évidemment absurde, cette histoire.
Je
le vois bien. Et en même temps, je vois que je mentirais si j’écrivai
438
ette histoire. Je le vois bien. Et en même temps,
je
vois que je mentirais si j’écrivais que je n’y crois pas. Superstitio
439
e. Je le vois bien. Et en même temps, je vois que
je
mentirais si j’écrivais que je n’y crois pas. Superstition ! Je m’éto
440
en. Et en même temps, je vois que je mentirais si
j’
écrivais que je n’y crois pas. Superstition ! Je m’étonne de ce que ce
441
temps, je vois que je mentirais si j’écrivais que
je
n’y crois pas. Superstition ! Je m’étonne de ce que ce « reproche »,
442
i j’écrivais que je n’y crois pas. Superstition !
Je
m’étonne de ce que ce « reproche », que je me formule en vertu d’une
443
’écrivais que je n’y crois pas. Superstition ! Je
m’
étonne de ce que ce « reproche », que je me formule en vertu d’une hab
444
tion ! Je m’étonne de ce que ce « reproche », que
je
me formule en vertu d’une habitude scolaire de critique, me touche si
445
n ! Je m’étonne de ce que ce « reproche », que je
me
formule en vertu d’une habitude scolaire de critique, me touche si pe
446
ule en vertu d’une habitude scolaire de critique,
me
touche si peu, ne trouble pas du tout ma bonne conscience. Au fond, j
447
ritique, me touche si peu, ne trouble pas du tout
ma
bonne conscience. Au fond, je me sens assez heureux de cette découver
448
trouble pas du tout ma bonne conscience. Au fond,
je
me sens assez heureux de cette découverte en moi d’une superstition r
449
uble pas du tout ma bonne conscience. Au fond, je
me
sens assez heureux de cette découverte en moi d’une superstition réel
450
, je me sens assez heureux de cette découverte en
moi
d’une superstition réelle, capable de me faire agir, ou plus exacteme
451
erte en moi d’une superstition réelle, capable de
me
faire agir, ou plus exactement, je suis heureux de l’aveu que je vien
452
le, capable de me faire agir, ou plus exactement,
je
suis heureux de l’aveu que je viens de m’en faire. Comment ne l’ai-je
453
ou plus exactement, je suis heureux de l’aveu que
je
viens de m’en faire. Comment ne l’ai-je pas fait plus tôt ? Pour peu
454
tement, je suis heureux de l’aveu que je viens de
m’
en faire. Comment ne l’ai-je pas fait plus tôt ? Pour peu que je rappe
455
’aveu que je viens de m’en faire. Comment ne l’ai-
je
pas fait plus tôt ? Pour peu que je rappelle mes souvenirs, je retrou
456
mment ne l’ai-je pas fait plus tôt ? Pour peu que
je
rappelle mes souvenirs, je retrouve partout dans ma vie des détermina
457
i-je pas fait plus tôt ? Pour peu que je rappelle
mes
souvenirs, je retrouve partout dans ma vie des déterminations non moi
458
lus tôt ? Pour peu que je rappelle mes souvenirs,
je
retrouve partout dans ma vie des déterminations non moins précisément
459
rappelle mes souvenirs, je retrouve partout dans
ma
vie des déterminations non moins précisément « superstitieuses ». En
460
t « superstitieuses ». En y regardant de près, il
me
semble que toute la trame de mes petites décisions quotidiennes est f
461
rdant de près, il me semble que toute la trame de
mes
petites décisions quotidiennes est faite de croyances spontanées et a
462
es en des « raisons » qui n’en sont pas, mais qui
m’
ont toujours convaincu beaucoup plus vite et beaucoup mieux que les au
463
ite et beaucoup mieux que les autres. Tout ce que
j’
ai fait à cause d’un chiffre, à cause de la coïncidence d’un sentiment
464
sard tout extérieur, à cause d’un certain jeu que
je
poursuis, sans trop le savoir, avec bien plus de vigilance que je n’e
465
s trop le savoir, avec bien plus de vigilance que
je
n’en apporte à la défense de mes intérêts « objectifs »… Et ce jeu-là
466
de vigilance que je n’en apporte à la défense de
mes
intérêts « objectifs »… Et ce jeu-là, je suis tellement le seul à en
467
ense de mes intérêts « objectifs »… Et ce jeu-là,
je
suis tellement le seul à en connaître les règles et les interdictions
468
en connaître les règles et les interdictions que
je
n’imagine pas pouvoir jamais m’en « rendre compte » en langage ordina
469
interdictions que je n’imagine pas pouvoir jamais
m’
en « rendre compte » en langage ordinaire, et surtout en français. On
470
t une étrangeté, une singularité irréductible qui
m’
introduit au général : je découvre, en la découvrant, les liens profon
471
ularité irréductible qui m’introduit au général :
je
découvre, en la découvrant, les liens profonds qui m’unissent à ce pe
472
écouvre, en la découvrant, les liens profonds qui
m’
unissent à ce peuple de paysans et d’ouvriers, si délibérément superst
473
t le fondement même de toute « politique ». Et si
j’
avoue et légitime la réalité de mes superstitions, il faut tout de sui
474
itique ». Et si j’avoue et légitime la réalité de
mes
superstitions, il faut tout de suite que j’oppose à cet aveu une cont
475
é de mes superstitions, il faut tout de suite que
j’
oppose à cet aveu une contrepartie raisonnable. Il faut que je montre
476
et aveu une contrepartie raisonnable. Il faut que
je
montre aussi les droits du général. Qu’est-ce que la politique, sinon
477
de l’homme : d’ailleurs elle ne le pourrait pas.
Ma
loi vaut tout juste pour moi. (Et s’il fallait tenir compte de toutes
478
e ne le pourrait pas. Ma loi vaut tout juste pour
moi
. (Et s’il fallait tenir compte de toutes les bizarreries auxquelles l
479
e la seule manière d’être en vérité « réaliste ».
Je
crains d’avoir créé certain malentendu en soutenant à plusieurs repri
480
assurera quelque équilibre — et c’est tout ce que
je
lui demande. Mais ici prenons garde à deux faits, aussi importants l’
481
, et qui donnent leur vrai sens aux remarques que
je
viens de formuler. Premier fait : l’équilibre social doit être quelqu
482
es. Il s’étale en mauvaise humeur. C’est cela que
je
nomme démoralisation à l’abri d’un faux équilibre, — d’un équilibre s
483
e sens du jeu le plus libre des superstitions que
j’
ai dites, et dont l’éducation se fait très lentement sous l’influence
484
s se seront enfin harmonisées. (Dans un temps que
j’
accorde aussi lointain qu’on le voudra.) Ces deux faits définis, reven
485
ts définis, revenons à la superstition du peuple.
Je
l’approuve et je la partage en fait le plus souvent, quand elle expri
486
ons à la superstition du peuple. Je l’approuve et
je
la partage en fait le plus souvent, quand elle exprime une réalité se
487
ne saurait se traduire en termes de raison. Mais
je
la tiens pour néfaste quand elle sort du domaine personnel et déborde
488
l’instant où l’homme dit : « Que voulez-vous que
j’
y fasse ? » ou encore : « Ils sont les plus forts. » Tel est le « mome
489
se de ce temps. L’homme sain dit : « Voilà ce que
je
ferai parce qu’il le faut. Et que voulez-vous qu’ils y fassent ? » 6
490
avec le public Dans le courrier qui est arrivé en
mon
absence, deux nouvelles demandes de « causeries » : l’une à un congrè
491
’études sociales. Les instituteurs voudraient que
je
leur parle de l’éducation de la personnalité ; le cercle social du mo
492
té ; le cercle social du mouvement personnaliste.
J’
irai. Je me fais une règle d’accepter toutes ces invitations. Depuis d
493
cercle social du mouvement personnaliste. J’irai.
Je
me fais une règle d’accepter toutes ces invitations. Depuis deux ans,
494
cle social du mouvement personnaliste. J’irai. Je
me
fais une règle d’accepter toutes ces invitations. Depuis deux ans, j’
495
accepter toutes ces invitations. Depuis deux ans,
j’
ai parlé devant les auditoires les plus hétéroclites : congrès d’étudi
496
d’hommes, groupant des ouvriers et des bourgeois…
J’
ai parlé en plein air, dans de grandes salles publiques, dans une cuis
497
e d’Université. Cui bono ? À qui le bénéfice ? À
moi
d’abord, très certainement. C’est une joie qui vaut bien les ennuis d
498
anouis dans une compréhension amicale et directe.
Je
vois cette abstraction : le Public, s’évanouir et renaître, incarnée
499
s vêtements d’une certaine sorte, etc. Peu à peu,
je
découvre que le public, c’est une série d’hommes et de femmes isolés,
500
rs une raison unique, qui ne vaut qu’entre lui et
moi
, et qui ne prend son vrai sens que dans cette rencontre effective. Ce
501
ontre effective. Ce sont de telles rencontres que
je
cherche, quand je vais parler dans ces cercles, où l’on se trouve soi
502
e sont de telles rencontres que je cherche, quand
je
vais parler dans ces cercles, où l’on se trouve soi-même à portée de
503
chose peut se passer en vérité. Alors seulement,
ma
pensée trouve son point d’attache, découvre sa mesure, sa force ou sa
504
esse, touche à son terme dans le cœur d’un homme.
Je
dois à ces rencontres d’avoir pressenti quelquefois — assez pour en g
505
ail de mise au point, d’adaptation à l’homme réel
m’
a conduit à une conclusion dont j’attends avec impatience la vérificat
506
à l’homme réel m’a conduit à une conclusion dont
j’
attends avec impatience la vérification in concreto à l’occasion de no
507
naler comme caractéristiques de l’ouvrage. Enfin,
je
commence à comprendre au vif l’urgence, pour l’écrivain, de retrouver
508
eurs d’aube d’été. « Un vrai temps de Pâques ! »,
me
crie Simard. ⁂ Hier il pleuvait. Vendredi, c’était grand soleil. Et l
509
dredi saint, et il fait beau le jour de Pâques. »
Je
leur réponds : « Que voulez-vous, les saisons ne sont plus ce qu’elle
510
ont plus ce qu’elles étaient »,— pour montrer que
je
sais vivre… Parler du temps qu’il fait, occupation fondamentale des p
511
xprimer qui en dit plus long qu’on ne croirait. «
J’
ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi », note Pascal.
512
er qui en dit plus long qu’on ne croirait. « J’ai
mes
brouillards et mon beau temps au-dedans de moi », note Pascal. En sor
513
long qu’on ne croirait. « J’ai mes brouillards et
mon
beau temps au-dedans de moi », note Pascal. En sorte que s’étonner d’
514
ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de
moi
», note Pascal. En sorte que s’étonner d’une pluie « intempestive » c
515
ie « intempestive » c’est une manière de dire : «
Je
m’attendais à autre chose, mon calendrier moral, mes conventions, etc
516
« intempestive » c’est une manière de dire : « Je
m’
attendais à autre chose, mon calendrier moral, mes conventions, etc. p
517
manière de dire : « Je m’attendais à autre chose,
mon
calendrier moral, mes conventions, etc. prévoyaient autre chose. » Et
518
m’attendais à autre chose, mon calendrier moral,
mes
conventions, etc. prévoyaient autre chose. » Et l’on décrit les croya
519
upe en « parlant de la pluie et du beau temps ». (
Je
dis bien groupe, car il y a peu de « personnes »). 15 avril La sieste
520
des cris et des râles presque humains. Ce matin,
j’
ai trouvé des traces de sang sur le seuil de la remise. Un beau soleil
521
t son apparition au haut de la colline. Simard et
moi
leur avons lancé quelques pierres, pour voir. Ils s’éloignaient un pe
522
t obstinés. Après le déjeuner, flânant au jardin,
je
me penche par hasard au bord de la terrasse, et voilà que je découvre
523
bstinés. Après le déjeuner, flânant au jardin, je
me
penche par hasard au bord de la terrasse, et voilà que je découvre au
524
e par hasard au bord de la terrasse, et voilà que
je
découvre au-dessous de moi un spectacle étrange et presque « atterran
525
terrasse, et voilà que je découvre au-dessous de
moi
un spectacle étrange et presque « atterrant ». La petite chienne est
526
nt les mâles repus, pesamment allongés au soleil.
J’
en compte huit, de toutes tailles et pelages. La plupart sont beaucoup
527
e sur une plage mondaine. Après un certain temps,
je
jette quelques poignées de terre sur tous ces ventres. Ils vont se co
528
u plus loin. Un ou deux se défilent en silence. «
J’
ai pris la nature sur le fait. » Vertige de l’animalité. 17 avril Ça n
529
e commune : cela s’appelle le front antifasciste.
Je
recopie cette phrase merveilleuse qu’ils ont fait imprimer en lettres
530
maison de Simard recèle un effrayant secret qu’on
m’
avait laissé ignorer : une belle-mère. Nous apprenons son existence en
531
astide, la belle-mère. — Qu’a-t-elle ? — Oh, elle
m’
a bien reconnue, mais elle va « passer » cette nuit, vous savez, elle
532
bou die ! l’estomac et tout. — Mais les Simard ne
m’
avaient jamais parlé d’elle ! — Peuchère ! ils languissaient de l’emba
533
ment ça va-t-il, à côté ? — Elle dure, elle dure…
Je
viens d’aller la voir. Elle a un bâton sur son lit, qu’elle ne veut p
534
ui tenir compagnie… On a été chercher le pasteur.
Je
le rencontre comme il sort de sa visite. — Elle est curieuse, cette v
535
de sa visite. — Elle est curieuse, cette vieille,
me
dit-il. Figurez-vous qu’elle tient sa canne à la main, comme ça, sur
536
des lueurs d’incendie passent devant la fenêtre.
Je
me précipite : ce sont les deux Simard qui font un grand feu dans la
537
s lueurs d’incendie passent devant la fenêtre. Je
me
précipite : ce sont les deux Simard qui font un grand feu dans la cou
538
es étoffes noires qui se gonflent sur le brasier…
Je
me suis réveillé tard. Tandis que je me rase, j’entends Simard qui ap
539
étoffes noires qui se gonflent sur le brasier… Je
me
suis réveillé tard. Tandis que je me rase, j’entends Simard qui apost
540
le brasier… Je me suis réveillé tard. Tandis que
je
me rase, j’entends Simard qui apostrophe la mère Calixte près du bass
541
brasier… Je me suis réveillé tard. Tandis que je
me
rase, j’entends Simard qui apostrophe la mère Calixte près du bassin.
542
Je me suis réveillé tard. Tandis que je me rase,
j’
entends Simard qui apostrophe la mère Calixte près du bassin. « Je ne
543
qui apostrophe la mère Calixte près du bassin. «
Je
ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Vous m’entendez ! Je l’ennterdis
544
n. « Je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Vous
m’
entendez ! Je l’ennterdis, vous n’avez qu’à le leur dire ! » Je passe
545
ux pas qu’on lave aujourd’hui ! Vous m’entendez !
Je
l’ennterdis, vous n’avez qu’à le leur dire ! » Je passe la tête par l
546
Je l’ennterdis, vous n’avez qu’à le leur dire ! »
Je
passe la tête par la fenêtre. Qu’est-ce que c’est, Simard ? — Il est
547
, tremblant de colère et gesticulant. Il crie : «
Je
l’ai dit à madame Calixte, je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Ma
548
culant. Il crie : « Je l’ai dit à madame Calixte,
je
ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Ma belle-mère est morte cette nu
549
Calixte, je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui !
Ma
belle-mère est morte cette nuit. Il ne faut pas se moquer des gens en
550
aison, sur une terrasse qu’on ne peut voir d’ici.
Je
ne comprends pas très bien. S’il s’agit de respect, ne vaudrait-il pa
551
vent, par petits groupes, parlant beaucoup. 9 mai
Me
voilà brouillé avec Simard. Après l’algarade d’hier matin, je ne me s
552
uillé avec Simard. Après l’algarade d’hier matin,
je
ne me sentais pas le cœur à lui jouer une comédie de sympathie, d’aut
553
avec Simard. Après l’algarade d’hier matin, je ne
me
sentais pas le cœur à lui jouer une comédie de sympathie, d’autant qu
554
scussions avec le beau-frère font toujours rage).
Je
me suis donc borné à exprimer mes « condoléances » à madame Simard, q
555
ssions avec le beau-frère font toujours rage). Je
me
suis donc borné à exprimer mes « condoléances » à madame Simard, que
556
toujours rage). Je me suis donc borné à exprimer
mes
« condoléances » à madame Simard, que j’ai trouvée hier soir devant s
557
xprimer mes « condoléances » à madame Simard, que
j’
ai trouvée hier soir devant son seuil, entourée de commères qui entret
558
iennent son chagrin décent. Aux premiers mots que
j’
ai dits, elle a pleuré, gémi d’une toute petite voix fausse, et m’a be
559
a pleuré, gémi d’une toute petite voix fausse, et
m’
a beaucoup remercié. Bref, il m’a semblé que tout s’était bien passé.
560
e voix fausse, et m’a beaucoup remercié. Bref, il
m’
a semblé que tout s’était bien passé. Je me trompais. C’est la mère Ca
561
Bref, il m’a semblé que tout s’était bien passé.
Je
me trompais. C’est la mère Calixte qui me l’apprend ce matin. Le ména
562
ef, il m’a semblé que tout s’était bien passé. Je
me
trompais. C’est la mère Calixte qui me l’apprend ce matin. Le ménage
563
passé. Je me trompais. C’est la mère Calixte qui
me
l’apprend ce matin. Le ménage Simard est furieux. Nous n’avons pas du
564
. Nous n’avons pas du tout fait ce qu’il fallait.
Je
me récrie : mais comment, j’ai pourtant dit ma sympathie à Madame Sim
565
ous n’avons pas du tout fait ce qu’il fallait. Je
me
récrie : mais comment, j’ai pourtant dit ma sympathie à Madame Simard
566
it ce qu’il fallait. Je me récrie : mais comment,
j’
ai pourtant dit ma sympathie à Madame Simard. — Je sais, mais vous n’ê
567
t. Je me récrie : mais comment, j’ai pourtant dit
ma
sympathie à Madame Simard. — Je sais, mais vous n’êtes pas entré chez
568
j’ai pourtant dit ma sympathie à Madame Simard. —
Je
sais, mais vous n’êtes pas entré chez eux. — Entré chez eux ? — Il fa
569
entré chez eux. — Entré chez eux ? — Il faut que
je
vous explique. Une visite de deuil, chez nous, ça doit se faire dans
570
ez nous, ça doit se faire dans la cuisine. Aussi,
je
lui ai dit, à Fernann, il aurait dû venir chez vous pour dire qu’il n
571
z vous pour dire qu’il ne voulait pas qu’on lave.
Je
le lui ai dit : c’est bien ta fôte ! Ça aurait été dans votre maison
572
été dans votre maison qu’il y aurait eu un mort,
je
comprendrais, je n’aurais pas non plus lavé la vaisselle. Mais ce n’e
573
aison qu’il y aurait eu un mort, je comprendrais,
je
n’aurais pas non plus lavé la vaisselle. Mais ce n’est pas la même ma
574
la vaisselle. Mais ce n’est pas la même maison. —
Je
ne comprends pas. Madame Calixte. Pourquoi ne peut-on pas laver la va
575
en continuer à vivre, et à manger, et à laver, il
me
semble ? — Je ne pense pas comme vous, Monsieur, mais il a tort pour
576
vivre, et à manger, et à laver, il me semble ? —
Je
ne pense pas comme vous, Monsieur, mais il a tort pour la lessive. Vo
577
ces gens-là ! S’ils avaient eu toute la peine que
j’
ai eue dans ma vie, moi, ça serait autrement, je vous assure ! Ils son
578
S’ils avaient eu toute la peine que j’ai eue dans
ma
vie, moi, ça serait autrement, je vous assure ! Ils sont trop orgueil
579
aient eu toute la peine que j’ai eue dans ma vie,
moi
, ça serait autrement, je vous assure ! Ils sont trop orgueilleux, voi
580
e j’ai eue dans ma vie, moi, ça serait autrement,
je
vous assure ! Ils sont trop orgueilleux, voilà ! Je me perds dans tou
581
vous assure ! Ils sont trop orgueilleux, voilà !
Je
me perds dans tout ce protocole. Je sens bien qu’il est inutile de le
582
us assure ! Ils sont trop orgueilleux, voilà ! Je
me
perds dans tout ce protocole. Je sens bien qu’il est inutile de leur
583
leux, voilà ! Je me perds dans tout ce protocole.
Je
sens bien qu’il est inutile de leur demander de s’expliquer. Tout cel
584
ne. 15 mai Comme l’année dernière, à la même date
je
crois, me voici au bout de mon rouleau. Impécuniosité cyclique. Les d
585
Comme l’année dernière, à la même date je crois,
me
voici au bout de mon rouleau. Impécuniosité cyclique. Les dieux locau
586
ère, à la même date je crois, me voici au bout de
mon
rouleau. Impécuniosité cyclique. Les dieux locaux me seraient-ils don
587
rouleau. Impécuniosité cyclique. Les dieux locaux
me
seraient-ils donc défavorables ? Je me vengerai d’eux en écrivant ici
588
dieux locaux me seraient-ils donc défavorables ?
Je
me vengerai d’eux en écrivant ici que leurs charmes ont cessé d’opére
589
eux locaux me seraient-ils donc défavorables ? Je
me
vengerai d’eux en écrivant ici que leurs charmes ont cessé d’opérer.
590
nche se promène quelquefois dans la cour. Mais on
m’
assure que ces habitations sont délaissées depuis deux ans. Plus haut,
591
» ? 69. À Montmartre, il y a deux ou trois ans,
j’
assistais à une conférence contradictoire contre le christianisme. « I
592
ition : un, plus un, plus un, cela fait trois, si
je
ne me trompe, et non pas un », — Prenez la multiplication ! cria l’ab
593
: un, plus un, plus un, cela fait trois, si je ne
me
trompe, et non pas un », — Prenez la multiplication ! cria l’abbé V.
594
ent le sens, l’esprit, le caractère, la longueur.
Je
crois bien que cela me suffirait. » Et quelques pages plus loin : « É
595
le caractère, la longueur. Je crois bien que cela
me
suffirait. » Et quelques pages plus loin : « Écrire ne m’intéresse qu
596
rait. » Et quelques pages plus loin : « Écrire ne
m’
intéresse que si j’ai le sentiment que ce que j’écris, par la forme et
597
pages plus loin : « Écrire ne m’intéresse que si
j’
ai le sentiment que ce que j’écris, par la forme et par le fond, serai
598
e m’intéresse que si j’ai le sentiment que ce que
j’
écris, par la forme et par le fond, serait de nature à modifier la con
599
un aveu de chaque homme pour tous les autres : «
Je
suis plus près de leur erreur que de ma vérité. » Parfois l’on songe
600
utres : « Je suis plus près de leur erreur que de
ma
vérité. » Parfois l’on songe au Rilke des Cahiers, — sans la vibratio
601
ellé, la brochure impondérable, le papillon rose.
J’
ai toujours pensé que c’étaient là les armes de l’esprit contre le com
602
eois. Voir Léon Bloy (Exégèse des lieux communs).
Je
pense que la pureté dont parlent les surréalistes devrait impliquer l
603
ce sur les conditions actuelles — et actuantes si
j’
ose dire — de l’œuvre littéraire dans la communauté. Il n’y a pas, et
604
monde dans lequel et contre lequel elle s’édifie.
Je
ne pense pas qu’il soit souhaitable d’en dire plus, au seuil de la sé
605
Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)as
Je
ne pense pas qu’il soit utile de parler dans Esprit de tout ce qui vi
606
m nous en offre un exemple idéal. À tel point que
je
ne puis aujourd’hui qu’indiquer les pistes qu’il nous ouvre ; il faud
607
e réfuter les hypothèses d’un collègue historien.
Je
ne nie pas la valeur intrinsèque de la thèse que défend M. Lamm et qu
608
intrinsèque de la thèse que défend M. Lamm et qui
me
paraît très convaincante, mais on se demande souvent pourquoi il la d
609
l’un des auteurs les plus souvent cités par Lamm.
Je
voudrais dégager ici trois points qui peuvent intéresser plus directe
610
on la pure tradition universitaire et bourgeoise,
me
paraît doublement onéreuse pour la vérité, voire pour l’intelligence.
611
lications, édictées avec une assurance doctorale,
me
paraissant prêcher par un je ne sais quoi qui rappelle d’une double m
612
assurance doctorale, me paraissant prêcher par un
je
ne sais quoi qui rappelle d’une double manière la fameuse « vertu dor
613
e, la cosmologie swedenborgienne, qui constitue à
mon
sens la partie la plus intéressante de l’œuvre du Suédois, devait app
614
théologique de chaque génération. 3. Ceci dit, il
me
paraît utile de poser ce problème, très brièvement, en termes de phil
615
de « dépersonnalisation », ou d’anéantissement du
moi
, qui est sans conteste celui de tous les mystiques, orientaux ou occi
616
, païens ou chrétiens, hétérodoxes ou orthodoxes.
Je
n’ai pas la prétention de traiter un si grave problème en quelques li
617
un si grave problème en quelques lignes. Mais il
me
semble nécessaire de préciser au moins le lieu de la véritable opposi
618
u de la véritable opposition. L’anéantissement du
moi
peut être recherché comme la suppression radicale de toute conscience
619
personnalisme, chrétien ou humaniste. Ce serait —
je
simplifie — le cas des mystiques orientales, dont l’influence est loi
620
l’éthique collectiviste. Mais l’anéantissement du
moi
peut aussi être compris comme un effort de l’homme pour se libérer de
621
ins propres, individuelles, individualistes. « Le
moi
est anéanti, écrit M. Lamm, tous les traits de la personnalité sont v
622
tre l’individu et la vocation qu’il se reconnaît,
je
dirais volontiers : entre la personnalité, naturelle ou factice (ou «
623
, qui est fondamentale pour tout notre mouvement.
Je
me contenterai pour aujourd’hui de marquer le point d’insertion d’un
624
ui est fondamentale pour tout notre mouvement. Je
me
contenterai pour aujourd’hui de marquer le point d’insertion d’un pro
625
Cf. Vers une cosmologie, Éditions F. Aubier. 72.
Je
ne puis m’étendre ici sur les aspects hétérodoxes et orthodoxes de so
626
e cosmologie, Éditions F. Aubier. 72. Je ne puis
m’
étendre ici sur les aspects hétérodoxes et orthodoxes de son luthérani
627
connu du public « cultivé » français… Et préciser
mes
propres réserves à l’endroit de la mystique. as. Rougemont Denis de
628
sanne. Cela n’est pas sans irriter certains. Pour
moi
, je ne sais rien de plus salutaire, parfois de plus libérateur, que c
629
. Cela n’est pas sans irriter certains. Pour moi,
je
ne sais rien de plus salutaire, parfois de plus libérateur, que cette
630
sur leur table un gros bol de café au lait. Qu’on
m’
entende bien : nous avons eu Amiel, et nous ne manquons pas de douteur
631
érés ? Et pourquoi, enfin, sommes-nous neutres ?
Je
voudrais souligner ceci : que c’est aux Suisses, finalement, que Ramu
632
ichois, est d’exister en fonction de ces voisins.
Je
vois l’équivoque de la phrase : exister en fonction des voisins, on p
633
. (Ramuz, plus dur, parle de portier d’hôtel…) Et
je
ne dis pas que cette interprétation désobligeante soit toujours fauss
634
ela revient à dire : a-t-elle une raison d’être ?
J’
essaierai de répondre ici du point de vue qui me paraît le plus fécond
635
? J’essaierai de répondre ici du point de vue qui
me
paraît le plus fécond non seulement pour l’esprit et l’homme en génér
636
ouissent oublient pourquoi ils ont reçu ce droit.
Je
ne dirai pas que les Suisses l’aient déjà oublié. Mais la conscience
637
i. Notre chance et nos risques sont là. Rien ne
me
paraît plus frappant que la convergence finale des faits que l’on a r
638
nomie. Cette convergence, cette rencontre idéale,
me
paraît être la grande leçon qui doit se dégager de notre effort. La m
639
urs de ses communes mesures. Qu’on ne voie pas là
je
ne sais quelle manière d’idéaliser ce qui est mesquin. Car ce qui est
640
quences précises dans les ordres les plus divers.
Je
voudrais en marquer quelques-unes en les groupant sous trois chefs pr
641
ient les réserves de fond qu’il y ait à faire, et
je
les fais, sur l’authenticité de ces missions qu’ils proclament à son
642
tres en ont parlé plus longuement dans ce numéro.
Je
ne l’envisage ici que sous l’angle particulier de nos responsabilités
643
bliant le dieu qu’il célèbre. Et pourquoi n’irais-
je
pas jusqu’à dire que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas de
644
e une tradition, une vocation communautaire. Mais
je
me représente volontiers une Suisse culturelle pluraliste, avec ses c
645
ne tradition, une vocation communautaire. Mais je
me
représente volontiers une Suisse culturelle pluraliste, avec ses cent
646
la Suisse, une assez belle culture européenne77.
Je
ne vois pas pourquoi nous douterions d’une tradition que tout nous po
647
adition que tout nous pousse à continuer, et qui,
je
le crois, n’a pas encore réalisé ses possibilités extrêmes. Nous avon
648
s. Nous avons le goût du moyen, c’est entendu, et
je
l’accorde à Ramuz, et je m’en irrite au moins autant que lui. (Que se
649
moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz, et
je
m’en irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si je vivais en S
650
en, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz, et je
m’
en irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si je vivais en Suis
651
irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si
je
vivais en Suisse ?) Mais je pense qu’on n’atteint la grandeur qu’en u
652
ui. (Que serait-ce si je vivais en Suisse ?) Mais
je
pense qu’on n’atteint la grandeur qu’en utilisant ses défauts, en s’é
653
moyens — et même les autres.) 3. — Avec l’armée,
je
reviens au concret, ou du moins à ce qu’on tient pour tel dans un pay
654
ssent plus qu’ailleurs pour un luxe. (Nulle part,
je
crois, les écrivains n’ont moins d’action sur la vie politique.) Il e
655
tique.) Il est clair, et on le dit assez pour que
je
n’aie pas à insister, que l’armée d’un petit pays neutre est très fac
656
nte de son rôle particulier de garde neutre. Mais
je
ne sens pas cette conscience très vivace. Et dès lors toutes ces bell
657
autour de ce qu’on y appelle « le militaire » ne
me
paraît pas toujours proportionné au sens des raisons d’être de la Sui
658
ns à la fédération, donc à l’armée qui la défend.
Je
ne crois pas d’ailleurs que les armes matérielles soient pour nous un
659
érielles soient pour nous une défense suffisante.
Je
vois bien qu’elles sont nécessaires. Mais je vois aussi qu’avec la ci
660
nte. Je vois bien qu’elles sont nécessaires. Mais
je
vois aussi qu’avec la cinquantième partie de l’argent consacré à leur
661
t militaire80, un important budget de la culture.
Je
ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais
662
dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et
je
l’appellerais volontiers le budget de la conscience fédérale. Car le
663
e destinée, et notre chance unique de grandeur. ⁂
Je
vois ce que l’on peut m’objecter : « Vous attribuez des justification
664
ce unique de grandeur. ⁂ Je vois ce que l’on peut
m’
objecter : « Vous attribuez des justifications parfois mythiques à des
665
atérielles, qui sont petites, qui sont médiocres.
J’
ai cité le cas de la presse, se réduisant elle-même au rôle de presse
666
médiats : ils seront révolutionnaires au sens que
je
viens de définir. Mais avant toute action précise, il importe de rend
667
és d’imaginer, donc d’innover et de voir grand. ⁂
Je
résumerai tout ce qui précède en une seule phrase : Nous sommes charg
668
yalisme démocratique. 80. Qu’on entende bien que
je
ne demande pas de faire concourir l’éducation et l’instruction à notr
669
déjà certains ! S’il fallait établir un rapport,
je
choisirais naturellement l’inverse, plus conforme à la hiérarchie des
670
ttérature) en aventure troublante et attirante. ⁂
Je
n’entends pas un instant ramener la crise actuelle du mariage au conf
671
t dans la vie de nos sociétés. Ce qui explique, à
mon
sens, l’état présent de dé-moralisation générale — non d’a-moralité c
672
aît chaque mois sur la « crise du mariage ». Mais
je
doute fort qu’il en résulte aucune espèce de solution pratique : car
673
’est toujours l’aventure. C’est ce qui va changer
ma
vie, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujo
674
e qui s’ouvre, un destin qui acquiesce au désir !
Je
vais y entrer, je vais y monter, je vais y être « transporté » ! La s
675
destin qui acquiesce au désir ! Je vais y entrer,
je
vais y monter, je vais y être « transporté » ! La sempiternelle illus
676
ce au désir ! Je vais y entrer, je vais y monter,
je
vais y être « transporté » ! La sempiternelle illusion, la plus naïve
677
» ! La sempiternelle illusion, la plus naïve et —
j’
ai beau dire ! — la plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion de liber
678
n… Illusion de liberté. Et illusion de plénitude.
Je
nommerais libre un homme qui se possède. Mais l’homme de la passion c
679
ts anciens Que dans une autre existence peut-être
J’
ai déjà vue, et dont je me souviens… Image de la mère, sans nul doute
680
autre existence peut-être J’ai déjà vue, et dont
je
me souviens… Image de la mère, sans nul doute, et la psychanalyse no
681
tre existence peut-être J’ai déjà vue, et dont je
me
souviens… Image de la mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous
682
l’exemple d’un poète ne vaut rien, ou vaut trop.
J’
entends décrire une illusion apprise par la majorité des hommes du xxe
683
débile pour s’inventer de plus secrets obstacles.
Je
songe à la psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jal
684
utonome à son côté, une exigence d’amour actif. ⁂
Je
n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne à la décrire et à
685
tif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion :
je
me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachan
686
. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je
me
borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant f
687
iter » comme dit Montaigne, sachant fort bien que
je
ne convaincrai pas une seule victime du mythe profané. Mais il fallai
688
Bien peu ont assez soif pour boire le philtre, et
j’
en vois moins encore être élus par le sort pour succomber au tourment
689
sume l’ambition des analyses qui précèdent ; mais
je
sens bien qu’elles m’ont porté déjà aux limites du désobligeant : nou
690
alyses qui précèdent ; mais je sens bien qu’elles
m’
ont porté déjà aux limites du désobligeant : nous aimons trop nos illu
691
bles pour tout ordre social, quel qu’il soit. (Et
je
ne parle même pas du danger spirituel que fait courir à la personne l
692
dance même de ces recherches92 et de ces recettes
me
rend sceptique quant à leur efficacité : elle révèle l’étendue du dés
693
ent réalisé (d’après les recettes). Personne, que
je
sache, n’a encore osé dire que l’amour tel qu’on l’imagine de nos jou
694
jours, et nous ne sommes pas des Don Quichotte… »
Je
le crois bien ! C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien de
695
s équivoques de l’antisémitisme et ose écrire : «
Je
doute que le prolétariat français éprouve une joie particulière à sav
696
us, mais pour enrichir M. Renault ou M. Michelin,
Je
doute qu’il soit assez sot pour se contenter de cette révolution. Je
697
assez sot pour se contenter de cette révolution.
Je
doute que ce qu’il demande ce soit l’honneur d’être exploité par ses
698
ns de Jean Wahl. À retenir cette petite charade :
mon
premier est ce qu’il y a de plus bas ; mon second ce qu’il y a de plu
699
rade : mon premier est ce qu’il y a de plus bas ;
mon
second ce qu’il y a de plus haut ; mon tout est peut-être un attrape-
700
plus bas ; mon second ce qu’il y a de plus haut ;
mon
tout est peut-être un attrape-nigaud. Réponse : matérialisme dialecti
701
d’oraison funèbre. Et après ? « Vous n’allez pas
me
dire que vous êtes fasciste ? — Heu… » C’est la dernière réplique. —
702
l’heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il
me
semble que son dessein le plus secret m’échappe encore. L’aveu sera j
703
sion, il me semble que son dessein le plus secret
m’
échappe encore. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pressens d’assez pr
704
m’échappe encore. L’aveu sera jugé insolite. Mais
je
pressens d’assez profondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrir
705
essens d’assez profondes raisons de le consentir.
J’
ai voulu décrire la passion comme une entité historique, née dans un t
706
dont le cours est calculable. (Au xiie siècle).
J’
ai cru cerner le secret de son mythe. La découverte ne serait pas négl
707
la décision dont elle est née. Et pour tout dire,
j’
ignore encore si cela peut avoir un sens : approuver ou rejeter la pas
708
erre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour
moi
, ici et maintenant, le problème ne comporte pas d’échappatoire dans l
709
uées. C’est donc un parti pris tout personnel que
je
vais tenter de définir maintenant, et après coup, tel que je le recon
710
ter de définir maintenant, et après coup, tel que
je
le reconnais dans ma vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que
711
nant, et après coup, tel que je le reconnais dans
ma
vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que je propose. Car outre
712
a vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que
je
propose. Car outre qu’une telle solution probablement n’existe pas, s
713
ent n’existe pas, si elle existait ce serait pour
moi
seul : on ne se décide jamais que pour son compte, et le reste est in
714
ur son compte, et le reste est indiscrétion. Mais
je
ne pouvais écrire un livre entier sur la passion sans achever ma desc
715
crire un livre entier sur la passion sans achever
ma
description par ce trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où l
716
ne une existence. 2. Critique du mariage Si
je
ne vois pas de raison qui tienne contre la passion véritable, il m’ap
717
raison qui tienne contre la passion véritable, il
m’
apparaît en second lieu que la raison n’est guère plus efficace pour l
718
e. Tolstoï, lui, la décrit comme un « enfer ». Et
je
lui fais un plus large crédit ! Étant donné que les humains des deux
719
lent contre leur humanisme. Que dit l’Apôtre ? «
Je
pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de femme. Toutef
720
r que Satan ne vous tente par votre incontinence.
Je
dis cela par condescendance, je n’en fais pas un ordre… Car il vaut m
721
tre incontinence. Je dis cela par condescendance,
je
n’en fais pas un ordre… Car il vaut mieux se marier que de brûler… Qu
722
retomber sous le coup des objections humaines. Si
j’
oublie cet au-delà du mariage, mais aussi de tout ordre humain, qui s’
723
Dieu (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »),
je
borne ma vision et mon espoir à une perfection relative, à l’équilibr
724
Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne
ma
vision et mon espoir à une perfection relative, à l’équilibre dans l’
725
lus ni hommes ni femmes »), je borne ma vision et
mon
espoir à une perfection relative, à l’équilibre dans l’imperfection q
726
imperfection que représente le mariage. Alors, si
je
ne puis l’atteindre, il ne me reste que la révolte contre ma conditio
727
mariage. Alors, si je ne puis l’atteindre, il ne
me
reste que la révolte contre ma condition de créature ; et au contrair
728
l’atteindre, il ne me reste que la révolte contre
ma
condition de créature ; et au contraire, si je l’atteins trop aisémen
729
re ma condition de créature ; et au contraire, si
je
l’atteins trop aisément, je deviendrai le philistin que dénoncent les
730
; et au contraire, si je l’atteins trop aisément,
je
deviendrai le philistin que dénoncent les romantiques, ou l’homme mor
731
les » de l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si
je
sais que l’Apôtre a raison, et si je l’accepte, je considère alors l’
732
he. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, et si
je
l’accepte, je considère alors l’équilibre imparfait du mariage dans u
733
e sais que l’Apôtre a raison, et si je l’accepte,
je
considère alors l’équilibre imparfait du mariage dans une perspective
734
l’attente — heureuse ou malheureuse — du parfait.
Je
sais que je tente une entreprise folle (et en même temps toute nature
735
heureuse ou malheureuse — du parfait. Je sais que
je
tente une entreprise folle (et en même temps toute naturelle !) pour
736
e !) pour vivre le parfait dans l’imparfait. Mais
je
sais néanmoins que cet effort porte en lui-même une vérité imperturba
737
e au départ toutes les chances de votre côté — et
je
suppose que la vie vous laisse le temps de calculer — jamais vous ne
738
nnel de ce terme. Certes, il y a du sophisme dans
mon
raisonnement : car tout se passe d’ordinaire comme si le bonheur des
739
persuade qu’il s’agit avant tout de calcul… D’où
je
conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mariage, et au réel
740
coup de tête » : car tant que l’on peut calculer,
j’
admets qu’il est stupide de s’en priver. Mais je dis que la garantie d
741
, j’admets qu’il est stupide de s’en priver. Mais
je
dis que la garantie d’une union raisonnable en apparences n’est jamai
742
ire à Mademoiselle Untel : « Vous êtes l’idéal de
mes
rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’Iseut tou
743
’idéal de mes rêves, vous comblez et au-delà tous
mes
désirs, vous êtes l’Iseut toute belle et désirable — et munie d’une d
744
et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont
je
veux être le Tristan ». Car ce serait là mentir et l’on ne peut rien
745
e mensonge. Il n’y a personne au monde qui puisse
me
combler : à peine comblé je changerais ! Choisir une femme pour en fa
746
e au monde qui puisse me combler : à peine comblé
je
changerais ! Choisir une femme pour en faire son épouse, c’est dire à
747
e son épouse, c’est dire à Mademoiselle Untel : «
Je
veux vivre avec vous telle que vous êtes. » Car cela signifie en véri
748
» Car cela signifie en vérité : « c’est vous que
je
choisis pour partager ma vie, et voilà la seule preuve que je vous ai
749
érité : « c’est vous que je choisis pour partager
ma
vie, et voilà la seule preuve que je vous aime ». (Vraiment, pour dir
750
our partager ma vie, et voilà la seule preuve que
je
vous aime ». (Vraiment, pour dire : Ce n’est que cela ! — comme le di
751
jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe, à
je
ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu de so
752
vir de point de départ à une fidélité réelle ; et
je
ne dis pas à une fidélité qui soit une recette de « bonheur », mais b
753
au sens actuel. Car pour ceux du siècle présent,
je
pense que la fidélité se définit comme la moins naturelle des vertus,
754
demain » et tantôt : « C’est tellement vital pour
moi
, tellement plus important que toutes vos petites morales et garanties
755
t, considéré comme une odieuse limitation. ⁂ Pour
moi
, renonçant d’emblée à toute apologie rationaliste ou hédoniste, je ne
756
mblée à toute apologie rationaliste ou hédoniste,
je
ne parlerai que d’une fidélité observée en vertu de l’absurde, parce
757
réel, qu’elle cherche à dominer, non pas à fuir.
Je
dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car la personne se manif
758
contraire d’une ardeur exaltée ? La fidélité dont
je
parle est une folie, mais la plus sobre et quotidienne. Une folie de
759
blouissante » qui l’accueille par ces paroles : «
Je
suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe, et de Tristan. C’est
760
et amour, la mort, appelée comme la délivrance du
moi
coupable et asservi. Tristan n’est pas fidèle à une promesse, ni à ce
761
, mais qui consume aussi la faute, et divinise un
moi
purifié, « innocent » ! De ces origines mystiques, la « fidélité pass
762
ariage, c’est à l’autre d’abord, et non pas à son
moi
d’abord, que celui qui aime voue sa fidélité. Et tandis que la fidéli
763
st alors par ce détour, à travers l’autre, que le
moi
rejoint sa personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi la personn
764
r témoigner en faveur de la Nuit, c’est-à-dire du
moi
glorifié. L’amour fidèle dans le mariage chrétien témoigne que la vol
765
e l’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse de
me
faire souffrir, et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais l’
766
l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il
m’
appelle à le créer, et qu’il se tourne avec moi vers le Jour afin d’at
767
’il m’appelle à le créer, et qu’il se tourne avec
moi
vers le Jour afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui m’est alli
768
our afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui
m’
est alliée — pour toute la vie, voilà le miracle du mariage. Une vie q
769
miracle du mariage. Une vie qui ne veut plus que
mon
bien, parce qu’il est confondu avec le sien : et si ce n’était pour t
770
re et ne veut même pas détruire ce qui détruit. «
Je
ne veux pas la mort du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Éros s’asservit à la
771
et d’en attendre un mystérieux surcroît de vie.
J’
essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le chris
772
ui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas
moi
qui ai commis la faute, je n’y étais pas, c’est cette puissance fatal
773
lité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute,
je
n’y étais pas, c’est cette puissance fatale qui agissait en lieu et p
774
puissance fatale qui agissait en lieu et place de
ma
personne. » Pieux mensonge du servant d’Éros. Mais de combien de comp
775
riques et psychologiques, de son enjeu spirituel,
me
paraît devoir entraîner la révision d’un certain nombre de jugements
776
eur. Mais l’autre aspect du dynamisme occidental,
j’
entends notre génie technique, ne saurait être un seul instant ramené
777
Dieu », dit Spinoza. Cette attitude, qui définit
mon
Occident, définit en même temps les conditions profondes de la fidéli
778
es, pourront en constituer la conclusion ouverte.
J’
ai tenté de débrouiller certains problèmes posés en termes d’histoire
779
mais les constatations tout objectives auxquelles
je
me suis vu conduit ne sont pas suffisantes en soi. Elles commandent c
780
s les constatations tout objectives auxquelles je
me
suis vu conduit ne sont pas suffisantes en soi. Elles commandent cert
781
la pure et simple négation de l’un de ses termes.
Je
l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion en principe, ce
782
le négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et
j’
y insiste encore : condamner la passion en principe, ce serait vouloir
783
ns-nous désormais entrevoir ? Les deux thèmes que
je
vais esquisser indiquent deux voies de dépassement, dans la ligne de
784
de la vie naturelle, Dieu apparaît alors comme «
mon
ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite, à l’origi
785
t la réponse de notre vie.) ⁂ Le second thème que
j’
esquisserai n’est peut-être pas d’une nature essentiellement hétérogèn
786
de, car c’est lui qui transforme le monde. 93.
Je
m’en tiens au « cas-limite » de Tristan ; j’ai connu des amants chrét
787
car c’est lui qui transforme le monde. 93. Je
m’
en tiens au « cas-limite » de Tristan ; j’ai connu des amants chrétien
788
93. Je m’en tiens au « cas-limite » de Tristan ;
j’
ai connu des amants chrétiens qui eussent considéré cette phrase comme
789
sion hors du réel, une façon de l’idéaliser. 96.
J’
emploie ce terme au sens actif et littéral, par opposition au sens dev
790
ues. 99. En quoi consiste le respect, au sens où
je
le prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité d’u
791
homme comme une chose, comme un instrument. 100.
Je
répète toutefois que le mariage ne saurait être fondé sur des « argum
792
yse en particulier. Aucune de ces explications ne
me
paraît rendre compte, le moins du monde, de la singularité du cas. El
793
a voici : Au sujet de la lettre du R. P. Lavaud —
je
n’ai rien voulu dire d’autre que cela même que précise l’auteur : à s
794
estent, selon lui, hypothétiques. Pour l’objet de
mon
essai (voir la phrase qui porte le renvoi en note) c’était le seul po
795
nvoi en note) c’était le seul point à marquer. Il
me
semble qu’en général on l’a compris comme je le pensais : ce n’est po
796
. Il me semble qu’en général on l’a compris comme
je
le pensais : ce n’est point le sacrement qui « fait question », selon
797
iblique. À propos de la lettre de Miatlev. — Non,
je
ne « prétends pas classer Lawrence parmi ceux qui ont méconnu » le pr
798
ence parmi ceux qui ont méconnu » le problème que
j’
aborde. Mais le chapitre qui paraît aujourd’hui précise assez ma posit
799
le chapitre qui paraît aujourd’hui précise assez
ma
position : on a pu voir les motifs que j’avais de ne point en appeler
800
e assez ma position : on a pu voir les motifs que
j’
avais de ne point en appeler à Lawrence pour appuyer une thèse chrétie
801
rsitaire, ou comme on dit : « intellectualiste ».
Je
ne pense pas que cela soit décisif. Je crains bien qu’au contraire le
802
ualiste ». Je ne pense pas que cela soit décisif.
Je
crains bien qu’au contraire le mouvement ait péché par défaut de radi
803
défaut de radicalisme dans sa critique négative.
Mon
expérience des groupes et des congrès personnalistes m’amène à formul
804
érience des groupes et des congrès personnalistes
m’
amène à formuler les thèses suivantes : 1. C’est le désir de « sortir
805
de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)bb bc
Mon
cher Davenson, Votre article brillant, méditerranéen sur mon Amour e
806
venson, Votre article brillant, méditerranéen sur
mon
Amour et l’Occident , par sa forme même d’apostrophe amicale et iron
807
cale et ironique, provoque et engage un dialogue.
J’
ai d’autant moins envie de m’y soustraire que les chapitres de mon liv
808
engage un dialogue. J’ai d’autant moins envie de
m’
y soustraire que les chapitres de mon livre qui furent publiés ici mêm
809
oins envie de m’y soustraire que les chapitres de
mon
livre qui furent publiés ici même sont, avec ceux ou plutôt celui que
810
quez dans un rapport quelque peu équivoque, qu’il
m’
importe d’élucider. Vous me dites (avec une gentillesse désarmante et
811
e peu équivoque, qu’il m’importe d’élucider. Vous
me
dites (avec une gentillesse désarmante et si rare !) que mon livre «
812
avec une gentillesse désarmante et si rare !) que
mon
livre « est un livre d’histoire » et que je ne suis pas un historien.
813
que mon livre « est un livre d’histoire » et que
je
ne suis pas un historien. Je vois bien que vous non plus ne voulez pa
814
d’histoire » et que je ne suis pas un historien.
Je
vois bien que vous non plus ne voulez pas l’être comme tant d’autres
815
outefois, c’est bien comme « historien » que vous
m’
attaquez, et certes je ne fais pas de ce mot une injure, mais simpleme
816
omme « historien » que vous m’attaquez, et certes
je
ne fais pas de ce mot une injure, mais simplement je constate que vou
817
ne fais pas de ce mot une injure, mais simplement
je
constate que vous parlez de l’histoire comme quelqu’un qui y croit en
818
ncore, et qui escompte que le lecteur y croit. Or
moi
je n’y crois pas du tout. Je ne crois pas aux « faits objectifs » don
819
e, et qui escompte que le lecteur y croit. Or moi
je
n’y crois pas du tout. Je ne crois pas aux « faits objectifs » dont l
820
lecteur y croit. Or moi je n’y crois pas du tout.
Je
ne crois pas aux « faits objectifs » dont l’historien prétend communé
821
nt l’historien prétend communément « partir »109.
Je
crois qu’il y a un matériel hétéroclite de textes, de dates, de noms
822
ple on appelle pape un Léon III qui fut empereur.
Je
ne songe pas à défendre l’inexactitude ni les erreurs typographiques,
823
’illusions — que du public qui croit aux manuels.
Je
ne dis pas cela contre vous. Je le dis pour situer vos critiques dans
824
roit aux manuels. Je ne dis pas cela contre vous.
Je
le dis pour situer vos critiques dans l’esprit de votre lecteur — et
825
critiques dans l’esprit de votre lecteur — et du
mien
. Car en fait, je ne prétends nullement que mon livre soit un livre d’
826
sprit de votre lecteur — et du mien. Car en fait,
je
ne prétends nullement que mon livre soit un livre d’histoire, dans ce
827
u mien. Car en fait, je ne prétends nullement que
mon
livre soit un livre d’histoire, dans ce sens « critiquable » du terme
828
de théologie morale, et c’est sur ce terrain que
je
puis le défendre. Malgré toute mon horreur de Kant, je dirai même que
829
ce terrain que je puis le défendre. Malgré toute
mon
horreur de Kant, je dirai même que j’en ressens l’obligation. Ma form
830
is le défendre. Malgré toute mon horreur de Kant,
je
dirai même que j’en ressens l’obligation. Ma formation théologique pr
831
lgré toute mon horreur de Kant, je dirai même que
j’
en ressens l’obligation. Ma formation théologique protestante m’incite
832
ant, je dirai même que j’en ressens l’obligation.
Ma
formation théologique protestante m’incite à rechercher, en chaque do
833
’obligation. Ma formation théologique protestante
m’
incite à rechercher, en chaque domaine, non point le général comme les
834
moment décisif. Par exemple, l’histoire n’a pour
moi
d’autre sens que d’illustrer certaines décisions actuelles. Cette mét
835
n tant qu’interprète et théologien de l’histoire,
je
n’ai pas été sans découvrir dans votre article une faculté d’interpré
836
iste, l’amour courtois !… dites-vous. Mais voilà,
je
le « vide de sa riche, émouvante réalité humaine », Et vous citez la
837
ine », Et vous citez la légende de Rudel, et vous
me
reprochez de n’avoir pas rêvé là-dessus et de n’en avoir tiré qu’un a
838
qu’un argument de tortionnaire. Vous ajoutez que
je
suis insensible à « cette éloquence passionnée, à cette beauté intéri
839
ence passionnée, à cette beauté intérieure », que
je
tiens tout cela pour une « conception dépassée » ; et que j’en parle
840
ut cela pour une « conception dépassée » ; et que
j’
en parle enfin comme on peut en parler à l’Université de Halle110. Or
841
Halle110. Or il se trouve que plusieurs critiques
m’
ont adressé le reproche inverse : celui d’avoir donné de l’amour court
842
usiaste qu’à la fin, la conception chrétienne que
je
lui oppose « paraît quelque peu exsangue ». Je pourrais essayer de me
843
ue je lui oppose « paraît quelque peu exsangue ».
Je
pourrais essayer de me justifier en remarquant que mon objet principa
844
ît quelque peu exsangue ». Je pourrais essayer de
me
justifier en remarquant que mon objet principal n’était pas de décrir
845
ourrais essayer de me justifier en remarquant que
mon
objet principal n’était pas de décrire les différents aspects de l’am
846
de l’amour courtois, mais seulement cet aspect, à
mon
sens décisif, que je rapporte au catharisme. Je pourrais, je devrais
847
ais seulement cet aspect, à mon sens décisif, que
je
rapporte au catharisme. Je pourrais, je devrais vous dire que si je n
848
mon sens décisif, que je rapporte au catharisme.
Je
pourrais, je devrais vous dire que si je n’avais pas rêvé (et un peu
849
isif, que je rapporte au catharisme. Je pourrais,
je
devrais vous dire que si je n’avais pas rêvé (et un peu plus…) sur l’
850
harisme. Je pourrais, je devrais vous dire que si
je
n’avais pas rêvé (et un peu plus…) sur l’aventure de Rudel, si j’étai
851
êvé (et un peu plus…) sur l’aventure de Rudel, si
j’
étais insensible à cette éloquence passionnée et à cette beauté intéri
852
uence passionnée et à cette beauté intérieure, si
je
croyais cette conception dépassée, je n’aurais pas écrit mon livre. L
853
érieure, si je croyais cette conception dépassée,
je
n’aurais pas écrit mon livre. L’amour courtois, ça existe tellement q
854
cette conception dépassée, je n’aurais pas écrit
mon
livre. L’amour courtois, ça existe tellement que j’en ai fait la caus
855
livre. L’amour courtois, ça existe tellement que
j’
en ai fait la cause principale de la crise du mariage moderne ! Et c’e
856
r, d’antichrétien. Or, c’est à cela seulement que
je
veux renoncer. Sur ce point seul porte ma décision. Tout le reste, da
857
ent que je veux renoncer. Sur ce point seul porte
ma
décision. Tout le reste, dans la perspective de mon ouvrage, ne pouva
858
a décision. Tout le reste, dans la perspective de
mon
ouvrage, ne pouvait être que littérature (la plus belle qui soit, nou
859
us dites ne pouvoir renoncer. C’est cela que vous
me
reprochez de n’avoir pas assez exalté. Mais alors, je vous pose cette
860
eprochez de n’avoir pas assez exalté. Mais alors,
je
vous pose cette question : si j’avais exalté davantage tout ce reste,
861
lté. Mais alors, je vous pose cette question : si
j’
avais exalté davantage tout ce reste, mes conclusions, à votre sens, s
862
tion : si j’avais exalté davantage tout ce reste,
mes
conclusions, à votre sens, s’en fussent-elles trouvées modifiées ? J’
863
tre sens, s’en fussent-elles trouvées modifiées ?
J’
entends mes conclusions religieuses et morales, ma décision, non telle
864
s’en fussent-elles trouvées modifiées ? J’entends
mes
conclusions religieuses et morales, ma décision, non telle ou telle h
865
J’entends mes conclusions religieuses et morales,
ma
décision, non telle ou telle hypothèse « historique » que je suis tou
866
, non telle ou telle hypothèse « historique » que
je
suis tout prêt à réviser s’il y a lieu. Voilà le point. Voilà le terr
867
’il y a lieu. Voilà le point. Voilà le terrain de
ma
défense et aussi de ma contre-attaque. « Je ne puis, moi, renoncer à
868
point. Voilà le terrain de ma défense et aussi de
ma
contre-attaque. « Je ne puis, moi, renoncer à rien de ce qui a été hu
869
in de ma défense et aussi de ma contre-attaque. «
Je
ne puis, moi, renoncer à rien de ce qui a été humain », dites-vous. «
870
ense et aussi de ma contre-attaque. « Je ne puis,
moi
, renoncer à rien de ce qui a été humain », dites-vous. « Il me faut à
871
à rien de ce qui a été humain », dites-vous. « Il
me
faut à tout prix que je puisse l’assumer. » Eh bien quoi ? Nous en so
872
umain », dites-vous. « Il me faut à tout prix que
je
puisse l’assumer. » Eh bien quoi ? Nous en sommes tous là ! Mais faut
873
nt de renoncer à rien d’humain, sans distinction,
je
veux bien être appelé sectaire. (Huguenot, cela va sans dire, mais ce
874
synonyme.) Et même dissonant, s’il le faut. Dans
ma
dissonance obstinée, je considère que le chrétien, c’est un homme qui
875
onant, s’il le faut. Dans ma dissonance obstinée,
je
considère que le chrétien, c’est un homme qui choisit sans retour, et
876
orrompu, de « trop humain », de sous-humain dirai-
je
plutôt, dans tout ce que l’on appelle l’Humain, et qui ne l’est plus
877
a Chute d’Adam. Oui certes, rien d’humain ne peut
m’
être étranger ; reste à savoir si j’ai lieu de m’en vanter ; reste à s
878
umain ne peut m’être étranger ; reste à savoir si
j’
ai lieu de m’en vanter ; reste à savoir si ce n’est pas là, précisémen
879
m’être étranger ; reste à savoir si j’ai lieu de
m’
en vanter ; reste à savoir si ce n’est pas là, précisément la solidari
880
s. (Voir Romains 8). Vous estimerez peut-être que
j’
abuse en transportant à ce niveau notre « tenson », comme on disait au
881
comme on disait au temps des troubadours. Croyez-
moi
, je ne cherche pas à esquiver des objections précises111 par un recou
882
e on disait au temps des troubadours. Croyez-moi,
je
ne cherche pas à esquiver des objections précises111 par un recours a
883
attendant nos psychographes). Votre insistance à
me
reprocher d’avoir sous-estimé ce que j’appelle insolemment « le reste
884
istance à me reprocher d’avoir sous-estimé ce que
j’
appelle insolemment « le reste », m’amène à me demander pourquoi vous
885
estimé ce que j’appelle insolemment « le reste »,
m’
amène à me demander pourquoi vous y tenez tant. Je crois voir la répon
886
que j’appelle insolemment « le reste », m’amène à
me
demander pourquoi vous y tenez tant. Je crois voir la réponse dans vo
887
m’amène à me demander pourquoi vous y tenez tant.
Je
crois voir la réponse dans votre conclusion. Et force m’est alors de
888
s voir la réponse dans votre conclusion. Et force
m’
est alors de reconnaître qu’à l’origine de ce débat il n’y a pas seule
889
ou de Transjordanie profère une vérité première. (
J’
avais été tenté de citer l’anecdote dans mon livre.) Placée comme cela
890
ière. (J’avais été tenté de citer l’anecdote dans
mon
livre.) Placée comme cela, en conclusion de votre article, cette sent
891
tre article, cette sentence paraît écrasante pour
ma
thèse. Seulement, nous sommes dans le monde concret de la chute, le m
892
as vrai non plus que tout l’humain soit humain. «
Je
trouve deux hommes en moi », écrit l’Apôtre. Nous trouvons en nous de
893
l’humain soit humain. « Je trouve deux hommes en
moi
», écrit l’Apôtre. Nous trouvons en nous deux amours, et même trois.
894
, et même trois. C’est là précisément le sujet de
mon
livre. Le premier amour, c’est le désir, c’est l’amour sensuel, sa fi
895
vers la créature telle qu’elle est, mais vers le
moi
rêvé de celui qui s’exalte. C’est une espèce de narcissisme. Le seul
896
imer, lui redonnera sa juste place dans l’humain.
Ma
thèse centrale présentée de la sorte — n’est-ce pas assez clair dans
897
entée de la sorte — n’est-ce pas assez clair dans
mon
livre ? — me direz-vous encore que vous êtes « plutôt contre » ? Voil
898
rte — n’est-ce pas assez clair dans mon livre ? —
me
direz-vous encore que vous êtes « plutôt contre » ? Voilà toute notre
899
nthèse transcendante, de tout sauver. Protestant,
j’
insiste d’abord sur la nécessité de distinguer l’élément décisif, ce q
900
distinguer l’élément décisif, ce qui sauve. Vous
me
reprocherez de sacrifier la richesse émouvante du réel ; et moi, je c
901
z de sacrifier la richesse émouvante du réel ; et
moi
, je crains que l’ambition scolastico-mirandolesque d’assumer tout ce
902
sacrifier la richesse émouvante du réel ; et moi,
je
crains que l’ambition scolastico-mirandolesque d’assumer tout ce qui
903
ais l’inverse n’est pas prévu. Post-Scriptum. —
J’
avais commencé de lire le numéro d’Esprit par la fin, comme tout le mo
904
a fin, comme tout le monde. Cette réponse écrite,
j’
ai lu votre « Tristesse de l’historien ». (Mounier et Niklaus, qui sor
905
orien ». (Mounier et Niklaus, qui sortent de chez
moi
, peuvent témoigner de l’authenticité de cette chronologie !) Ainsi to
906
de cette chronologie !) Ainsi toute la partie de
ma
lettre relative à l’histoire « objective » se trouve être un mauvais
907
un mauvais résumé des idées de Raymond Aron, que
je
ne connaissais pas, et que vous approuvez ! (C’est aussi, en réalité,
908
ées dans Penser avec les mains . Indications que
j’
ai d’ailleurs retrouvées à leur tour chez Hamann ! L’Histoire comme pr
909
s, par exemple.) Rencontre amusante, instructive…
Je
me garderai donc de retoucher cette réponse. Mais pour conclure, je v
910
par exemple.) Rencontre amusante, instructive… Je
me
garderai donc de retoucher cette réponse. Mais pour conclure, je vous
911
c de retoucher cette réponse. Mais pour conclure,
je
vous citerai en confidence deux phrases d’une lettre reçue hier, et r
912
ux phrases d’une lettre reçue hier, et relative à
mon
Amour : « Quand j’étais jeune, j’aurais parfaitement méprisé votre
913
e reçue hier, et relative à mon Amour : « Quand
j’
étais jeune, j’aurais parfaitement méprisé votre manière si cavalière
914
t relative à mon Amour : « Quand j’étais jeune,
j’
aurais parfaitement méprisé votre manière si cavalière d’expédier les
915
avalière d’expédier les problèmes, mais à présent
je
ne sais plus. Puisque aucune patience historique ne conduit à la cert
916
dèle à vos disciples. (Mais oui, vous en avez, et
je
les souhaite nombreux : car avec de tels maîtres, ils auront bientôt
917
ait de retrouver la joie de l’historien !) 109.
Je
lisais hier encore dans une étude de Lucien Febvre : « La méthode de
918
réellement « modeste », — très bien. 110. Un de
mes
étudiants allemands me contait qu’après 5 ans de travail sur les trou
919
— très bien. 110. Un de mes étudiants allemands
me
contait qu’après 5 ans de travail sur les troubadours, à Francfort, i
920
onnaît. » 111. La citation d’Ibn Dawoud que vous
m’
opposez, par exemple, pose un problème délicat. Par contre, le paragra
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l’on peut discuter — et on l’a fait ! — mais que
je
n’avais pas le droit d’ignorer. bb. Rougemont Denis de, « Autour de
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sme et le monde ? » (août-septembre 1946)bd be
Je
ne vois pas le divorce en question. Pour qu’il y ait divorce, il faut
923
ut inquiéter : d’où votre enquête, sans doute. Il
me
paraît au contraire rassurant. Car le pire danger pour le christianis
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les choses ont l’air de bien marcher. Voilà pour
ma
réponse. Mais c’est l’enquête elle-même qu’il faut mettre en question
925
émission d’un nième cabinet à Paris, un Américain
me
disait : — En France, n’importe quel problème d’ajustement économique
926
vous parlez de notre hypocrisie… Avec tout cela,
je
me demande bien pourquoi nous adorons la France comme une femme ! Pou
927
us parlez de notre hypocrisie… Avec tout cela, je
me
demande bien pourquoi nous adorons la France comme une femme ! Pour s
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n’en point abuser. C’est d’ailleurs très facile,
me
semble-t-il. Soyez honnêtes dans les négociations, comme le fut votre
929
De plus l’Allemand est propre et travailleur, et
mon
arrière-grand-mère était du Wurtemberg. Les Italiens ? Nous en aurons
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de la paix. Vous avez bien envie de savoir ce que
je
pense de l’URSS ? Mais aussi… Une moitié de moi-même se révolte au sp
931
ême quand ils viennent chez nous. Cette moitié de
moi
n’irait peut-être pas jusqu’à demander une guerre préventive, mais el
932
nt se gâter… Quant à nos bons voisins « latins »,
je
ne sais pourquoi, chaque fois que nous leur serrons la main, ils pinc
933
é, Prospérité et Poursuite du Bonheur, ce sont là
mes
trois idéaux. Et je ne les vois réalisés qu’en Amérique. Comment l
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suite du Bonheur, ce sont là mes trois idéaux. Et
je
ne les vois réalisés qu’en Amérique. Comment l’Europe peut aider l
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Comment l’Europe peut aider l’Amérique Comme
je
m’en veux de chacun de mes articles trop favorables ou trop critiques
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omment l’Europe peut aider l’Amérique Comme je
m’
en veux de chacun de mes articles trop favorables ou trop critiques su
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der l’Amérique Comme je m’en veux de chacun de
mes
articles trop favorables ou trop critiques sur l’Amérique ! Car le co
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mme tous ceux qui décrivent une nation étrangère,
j’
ai péché par stylisation. Ajouter des nuances à mon tableau n’arranger
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j’ai péché par stylisation. Ajouter des nuances à
mon
tableau n’arrangerait pas grand-chose à cet égard. Ce qui échappe par
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ine souffre d’une grave incohérence interne. Mais
je
vois bien que je n’ai pas su la faire sentir autant que je la sens et
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grave incohérence interne. Mais je vois bien que
je
n’ai pas su la faire sentir autant que je la sens et peut-être n’y pa
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ien que je n’ai pas su la faire sentir autant que
je
la sens et peut-être n’y parviendrai-je que d’une manière négative :
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utant que je la sens et peut-être n’y parviendrai-
je
que d’une manière négative : en suggérant certaines mesures et attitu
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yens aux fins. La volonté de prendre conscience.
J’
ai dit qu’ils rêvent. J’ajouterai qu’ils détestent celui qui vient les
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té de prendre conscience. J’ai dit qu’ils rêvent.
J’
ajouterai qu’ils détestent celui qui vient les réveiller. Ils le tienn
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que peut aider l’Europe Seuls, les Européens —
je
connais leurs complexes — trouveront trop dures pour l’Amérique les q
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es reins solides. Elle a, sur tout autre pays que
je
connaisse, l’avantage d’accueillir les critiques avec mieux que de la
948
ante mais sérieuse d’apprendre et de s’améliorer.
J’
y vois la marque de sa force. Qui n’a pas lu les éreintements de l’esp
949
s ce que c’est que la confiance en soi. Ceci dit,
je
me retourne vers mes compatriotes européens et je leur dis : si vous
950
e que c’est que la confiance en soi. Ceci dit, je
me
retourne vers mes compatriotes européens et je leur dis : si vous vou
951
a confiance en soi. Ceci dit, je me retourne vers
mes
compatriotes européens et je leur dis : si vous voulez que l’Europe d
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je me retourne vers mes compatriotes européens et
je
leur dis : si vous voulez que l’Europe dure encore — et le reste du m
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seulement pour nous ! Ce n’est donc pas au nom de
je
ne sais quel nationalisme européen qu’il nous faut défendre l’Europe,
954
s regardent vers l’Amérique. À tort ou à raison —
je
n’en juge pas ici — ils s’imaginent que ces pays réalisent mieux que
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a décadence, ou la déplore mais sans faire mieux.
Je
ne vois plus, pour tenir vitalement aux conceptions et aux coutumes e
956
Et le monde, pour ce faire, a besoin de l’Europe,
j’
entends de son esprit critique autant que de son sens inventif. […] La
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e « au fond, il ne fait que penser à l’Algérie ».
J’
avais dit pour ma part deux mois plus tôt, et vous me citez : « Quand
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vais dit pour ma part deux mois plus tôt, et vous
me
citez : « Quand Sartre écrit Europe il ne pense qu’à la France, et qu
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ur non prévenu s’y tromperait, mais pas vous. Car
ma
phrase signifie, à vous en croire, que deux millions de personnes dép
960
notre désastre spirituel » sont sans importance à
mes
yeux « quand le foie gras circule » en Europe. Vous vous flattez d’a
961
sens d’une responsabilité européenne », sens qui
me
fait évidemment défaut s’il est vrai qu’il se définit par « la consci
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e d’une déchéance et d’un reniement », tandis que
je
ne m’occupe comme chacun sait que d’une Europe des « règlements de do
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e déchéance et d’un reniement », tandis que je ne
m’
occupe comme chacun sait que d’une Europe des « règlements de douanes
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« foie gras » : c’est en son nom, dites-vous, que
je
répondais à Sartre. Allons donc ! Je vois bien qu’il vous est nécessa
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es-vous, que je répondais à Sartre. Allons donc !
Je
vois bien qu’il vous est nécessaire d’un peu me calomnier d’abord pou
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! Je vois bien qu’il vous est nécessaire d’un peu
me
calomnier d’abord pour couvrir vos réserves sur le point de vue de Sa
967
uvrir vos réserves sur le point de vue de Sartre.
Mon
article vous a servi : l’attaquer dépannait vos critiques aux yeux de
968
taire comme on ne l’est qu’à vingt ans. Ceci dit,
je
voudrais que vos lecteurs sachent aussi que mon article ne traitait p
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t, je voudrais que vos lecteurs sachent aussi que
mon
article ne traitait pas de l’Algérie, ni de « l’Europe » mythique qu’
970
, cette fois — à l’égard des peuples décolonisés.
Je
concluais en effet par ces lignes : « Devant la crise économique et l
971
ssait de la faire. » C’était cela, l’essentiel de
ma
réponse à Sartre, et non ces « additions d’automobiles et de pommes d
972
iles et de pommes de terre », qu’il vous plaît de
m’
attribuer, et qu’il vous est loisible de juger bassement matérialistes
973
Marie Domenach : « À la suite de la chronique que
j’
avais consacrée à “Sartre et l’Europe” (Esprit, mars 1962), j’ai reçu
974
acrée à “Sartre et l’Europe” (Esprit, mars 1962),
j’
ai reçu une lettre de Denis de Rougemont dont on trouvera le texte ci-
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ute polémique comporte une part de grossissement.
J’
avais pris l’article de Rougemont comme symbole d’un “européanisme” ob
976
“européanisme” obsédé par le progrès économique ;
je
m’étais étonné qu’un “Européen” aussi convaincu que D. de Rougemont n
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ropéanisme” obsédé par le progrès économique ; je
m’
étais étonné qu’un “Européen” aussi convaincu que D. de Rougemont ne s
978
le de l’Europe qui inspirait la fureur de Sartre.
Je
suis heureux que Rougemont souligne lui-même ce qui était, effectivem
979
article. Pour le reste, il se peut que son texte
m’
ait “servi”, comme il dit. Après quinze ans de métier, je reste, comme
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servi”, comme il dit. Après quinze ans de métier,
je
reste, comme au premier jour, déconcerté par certaine psychanalyse de
981
psychanalyse des intentions, et ne parviens pas à
me
trouver tant d’astuce. Je me contente donc d’assurer Rougemont que so
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s, et ne parviens pas à me trouver tant d’astuce.
Je
me contente donc d’assurer Rougemont que son article m’a agacé et m’a
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et ne parviens pas à me trouver tant d’astuce. Je
me
contente donc d’assurer Rougemont que son article m’a agacé et m’a mi
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contente donc d’assurer Rougemont que son article
m’
a agacé et m’a mis en colère, d’où l’interprétation polémique que j’en
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d’assurer Rougemont que son article m’a agacé et
m’
a mis en colère, d’où l’interprétation polémique que j’en ai faite. »
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is en colère, d’où l’interprétation polémique que
j’
en ai faite. » L’article de Rougemont auquel il est fait allusion, int