1 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
1 cette place. André Bridoux, dans les remarques à mon sens si importantes par lesquelles il inaugurait la rubrique au premi
2 pesé son acte. Les autres appliquent un tarif. ⁂ Je ne suis pas antimilitariste. Je ne suis même pas pacifiste. Eussè-je
3 quent un tarif. ⁂ Je ne suis pas antimilitariste. Je ne suis même pas pacifiste. Eussè-je été tenté de le devenir qu’il m’
4 militariste. Je ne suis même pas pacifiste. Eussè- je été tenté de le devenir qu’il m’eût été difficile de persister après
5 pacifiste. Eussè-je été tenté de le devenir qu’il m’ eût été difficile de persister après le réquisitoire du Commissaire du
6 urs qui va de Jaurès à Sangnier ; car c’est, vous m’ entendez, « au nom de la cause sacrée de la paix » que ce brave offici
7 publique, a gardé parmi nous quelque prestige. Un je ne sais quoi de rassurant et d’avouable, qui fait qu’on invoque son n
8 ue toutes les guerres sont défensives. Quelqu’un me demandait, à la sortie : « Avez-vous jamais vu un soldat défensif ? C
2 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
9 n imposteur dans tout homme qui se dit chrétien. ( Je ne dis pas cela d’un point de vue antichrétien.) Mais c’est aussi pou
10 eds sur les hauteurs et qui dis en toi-même : Qui me précipitera jusqu’à terre ? — Quand tu placerais ton nid aussi haut q
11 le. Quand tu placerais ton nid parmi les étoiles, je t’en précipiterai, dit l’Éternel… Car le jour de l’Éternel est proche
12 de » : 50 000 francs. Ah ! qu’un sans-Dieu vienne me dire : je ne crois pas à vos paroles, chrétiens menteurs ! — et je lu
13 000 francs. Ah ! qu’un sans-Dieu vienne me dire : je ne crois pas à vos paroles, chrétiens menteurs ! — et je lui répondra
14 rois pas à vos paroles, chrétiens menteurs ! — et je lui répondrai : Ta révolte est la mienne, mon humaine révolte. Mais j
15 — et je lui répondrai : Ta révolte est la mienne, mon humaine révolte. Mais j’en ai une autre plus profonde : celle de voir
16 révolte est la mienne, mon humaine révolte. Mais j’ en ai une autre plus profonde : celle de voir qualifier de « chrétienn
17 es et tu fais bien, même si tu en souffres ; mais j’ ai encore plus à souffrir, car je suis encore plus sceptique que toi…
18 souffres ; mais j’ai encore plus à souffrir, car je suis encore plus sceptique que toi… Tu ne crois pas, dis-tu à ces doc
19 la mort. Les uns alors défendent ses propriétés, je ne sais quelles régions spirituelles dont tout leur être — et cette m
20 e : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic et n
21 à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic et nunc. La politique est affaire d
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
22 en français sous le titre de Avant l’Aube (Éd. «  Je sers »). e. Rougemont Denis de, « Protestants », Esprit, Paris, mar
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
23 on. Et tout devient prétexte à récriminations : «  je turbine » ou « je ne fous rien ». Phrases d’esclaves, consternante mi
24 t prétexte à récriminations : « je turbine » ou «  je ne fous rien ». Phrases d’esclaves, consternante misère : une misère
25 une misère qui nous rabat au sol. L’homme dit «  j’ agis », et il trouve dans l’acte sa mesure, son rythme et sa joie. Une
26 ses moyens. Selon sa loi. Mais le moderne dit : «  Je gagne » ou « Je produis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant de
27 n sa loi. Mais le moderne dit : « Je gagne » ou «  Je produis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de
28 e dit : « Je gagne » ou « Je produis », ou bien «  Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses,
29 e division n’est pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle d
30 assistons au triple échec du cynisme grossier — «  Je gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et de l’idéalisme soci
31 au triple échec du cynisme grossier — « Je gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et de l’idéalisme socialiste, dé
32 e fait appeler auprès de lui son peintre. « Peins- moi sur ce rouleau un crabe ». — « Il me faut vingt ans », dit le peintre
33 re. « Peins-moi sur ce rouleau un crabe ». — « Il me faut vingt ans », dit le peintre. Et pendant vingt ans, l’empereur su
34 devant son seigneur. « Ton tableau ? » — « Qu’on m’ apporte un rouleau, des pinceaux ». On fait cela, on déroule une soie.
35 …   P.-S. — Cette histoire de la Chine se suffit. J’ aurais pu faire l’économie du reste. Mais nous vivons dans une époque
36 s une époque impatiente : il faut tout expliquer. J’ indiquerai donc encore : 1° que si l’erreur initiale fut bien spiritue
37 atement consécutif, des institutions et des lois, je ne vois rien de plus néfaste que la fameuse législation du travail (c
5 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
38 présent confus et mauvais, qu’allons-nous tirer, mes amis, sinon la négation d’un mal, et ce n’est pas encore le bien sauv
39 ssesse de la « littérature » moderne se résume, à mon sens, en une phrase un peu grossière : c’est une littérature qui aime
40 ressaient-ils ? À la galerie plus qu’à eux-mêmes, je le crains. Ils criaient, mais restaient dans la salle, où l’on pouvai
41 veulent être humains. Fin d’une littérature Je me propose de simplifier. Dans la littérature bourgeoise, celle qui e
42 ulent être humains. Fin d’une littérature Je me propose de simplifier. Dans la littérature bourgeoise, celle qui est
43 rgeoise, celle qui est née avec le romantisme, il me semble qu’on peut distinguer trois espèces de littérateurs. Première
44 e leurs drames. Personne ne croyant plus à rien — j’ entends personne ne prouvant plus qu’il croit à l’essentiel de ce qu’i
45 . À sa façon, non moins que les littérateurs dont j’ ai parlé, elle tend à dévaloriser, à disqualifier humainement les créa
46 luer les œuvres et leur influence sur les hommes, je crois bien qu’il faudrait le chercher aujourd’hui dans une science qu
47 rait le chercher aujourd’hui dans une science que je n’aime guère, et qui s’appelle la sociologie. La grande faiblesse de
48 ature nouvelle sera le fait de l’homme renouvelé, je ne dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois pas — je dis : de l’homm
49 mme renouvelé, je ne dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois pas — je dis : de l’homme rendu à la conscience de sa liber
50 e dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois pas — je dis : de l’homme rendu à la conscience de sa liberté. Toute création
51 uvelle. Mais c’est aussi une obéissance nouvelle. Je ne conçois de liberté concrète que dans l’exercice fidèle de ma vocat
52 de liberté concrète que dans l’exercice fidèle de ma vocation personnelle. Liberté devient synonyme d’obéissance inconditi
53 té devient synonyme d’obéissance inconditionnée à mon unique raison d’être14. Nous sommes ici très loin de la notion bourge
54 e, sa volonté déterminée, son attitude créatrice. Je dirai donc ce que notre désir invoque. Je vois un grand dessin véhéme
55 atrice. Je dirai donc ce que notre désir invoque. Je vois un grand dessin véhément et humble de Rembrandt, des amas d’ombr
56 rdonnance finale qui les informe et qui les juge. J’ imagine d’abord ce réalisme comme une énorme satire à la Swift, quand
57 éalisme comme une énorme satire à la Swift, quand je vois le comique jaillir à la moindre comparaison de nos coutumes et d
58 s avec une croissante application à la stupidité, j’ entends à l’absence de jugement. S’il est un genre que nos critiques s
59 uelques vertus d’homme et de « penseur » en plus. J’ indiquerai trois de ces vertus qui me paraissent fort peu de mode parm
60 r » en plus. J’indiquerai trois de ces vertus qui me paraissent fort peu de mode parmi nos scribes assis ou accroupis. Le
61 er l’une des dernières « valeurs » du romantisme, je proposerais d’ériger en vertu le mépris d’une certaine originalité de
62 » rédigés sans littérature. Voilà qui est banal ? Je n’en suis pas fâché. Aucune révolution n’a jamais inventé de vertu ré
63 pose de poursuivre (sic) cette collection. » 13. J’ inclus dans « cette littérature » la révolte surréaliste. Une révolte
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
64 es sobres d’esprit et passionnent les indiscrets. Je le dis comme je le sens — parce que je les lis, naturellement — et je
65 it et passionnent les indiscrets. Je le dis comme je le sens — parce que je les lis, naturellement — et je vous laisse le
66 ndiscrets. Je le dis comme je le sens — parce que je les lis, naturellement — et je vous laisse le soin de me classer, si
67 e sens — parce que je les lis, naturellement — et je vous laisse le soin de me classer, si vous y tenez. Pour être juste,
68 lis, naturellement — et je vous laisse le soin de me classer, si vous y tenez. Pour être juste, si toutefois le sujet en v
69 re juste, si toutefois le sujet en vaut la peine, je concéderai qu’il arrive parfois qu’on trouve dans une de ces feuilles
70 p — et qui a cherché à s’en tirer par ses moyens. Je cite : J’essayai de me sauver par l’esprit. Vous qui êtes Français,
71 a cherché à s’en tirer par ses moyens. Je cite : J’ essayai de me sauver par l’esprit. Vous qui êtes Français, dites-moi p
72 ’en tirer par ses moyens. Je cite : J’essayai de me sauver par l’esprit. Vous qui êtes Français, dites-moi pourquoi, dans
73 auver par l’esprit. Vous qui êtes Français, dites- moi pourquoi, dans tout votre trésor littéraire, vous n’avez pas de livre
74 ent non à la vie. C’est facile d’être négatif. Et je n’avais pas besoin qu’on m’y aide. Pourquoi n’avez-vous jamais eu le
75 le d’être négatif. Et je n’avais pas besoin qu’on m’ y aide. Pourquoi n’avez-vous jamais eu le courage, vous Français — ou
76 oi — de dire oui à la vie. C’est très difficile… J’ interromps la citation : dire oui à la vie, c’est surtout une formule
77 à ceux qui ont besoin de comprendre le monde ? —  J’ ai une grande dette de reconnaissance à payer à M. Johan Bojer, et s’i
78 sance à payer à M. Johan Bojer, et s’il était là, je lui ferais ma belle révérence paysanne et je lui dirais : — Asseyez-v
79 à M. Johan Bojer, et s’il était là, je lui ferais ma belle révérence paysanne et je lui dirais : — Asseyez-vous. — Et je l
80 là, je lui ferais ma belle révérence paysanne et je lui dirais : — Asseyez-vous. — Et je lui ferais le café, et j’irais l
81 paysanne et je lui dirais : — Asseyez-vous. — Et je lui ferais le café, et j’irais lui chercher mon plus beau pot de conf
82  : — Asseyez-vous. — Et je lui ferais le café, et j’ irais lui chercher mon plus beau pot de confitures… Elle voudrait voi
83 Et je lui ferais le café, et j’irais lui chercher mon plus beau pot de confitures… Elle voudrait voir aussi Reymont, et Go
84  » Nous voici à l’endroit de cette confession que je voulais vous citer non seulement à cause de sa beauté (et parce qu’il
85 ois la ligne pour faire croire qu’ils sont forts. Je n’ai pas besoin que vous me désespériez. Je le suis assez moi-même. —
86 re qu’ils sont forts. Je n’ai pas besoin que vous me désespériez. Je le suis assez moi-même. — Aidez-moi… — Les uns, avec
87 orts. Je n’ai pas besoin que vous me désespériez. Je le suis assez moi-même. — Aidez-moi… — Les uns, avec leurs livres, on
88 e désespériez. Je le suis assez moi-même. — Aidez- moi … — Les uns, avec leurs livres, ont passé à côté de moi sans rien dire
89 — Les uns, avec leurs livres, ont passé à côté de moi sans rien dire, sans même me voir, sans me soupçonner. Ils jouaient a
90 ont passé à côté de moi sans rien dire, sans même me voir, sans me soupçonner. Ils jouaient avec des automobiles, des diva
91 té de moi sans rien dire, sans même me voir, sans me soupçonner. Ils jouaient avec des automobiles, des divans, des hommes
92 vous n’êtes pas aimés par les pauvres. Non. Vous me laissez désespérée et sans secours devant le féroce maraudeur rouge.
93 deur rouge. — D’autres sont venus, qui ont relevé mon front de la poussière. Ils ont mis leur douce main sous mon menton. I
94 de la poussière. Ils ont mis leur douce main sous mon menton. Ils m’ont dit : — Fais voir tes yeux ! Ils se sont baissés ju
95 Ils ont mis leur douce main sous mon menton. Ils m’ ont dit : — Fais voir tes yeux ! Ils se sont baissés jusqu’à moi. Ils
96 Fais voir tes yeux ! Ils se sont baissés jusqu’à moi . Ils se sont assis à côté de moi. Ils m’ont dit : — Fais voir où tu a
97 baissés jusqu’à moi. Ils se sont assis à côté de moi . Ils m’ont dit : — Fais voir où tu as mal, petite fille. — Puis ils m
98 jusqu’à moi. Ils se sont assis à côté de moi. Ils m’ ont dit : — Fais voir où tu as mal, petite fille. — Puis ils m’ont dit
99 Fais voir où tu as mal, petite fille. — Puis ils m’ ont dit : — Je m’appelle Whitman. Je m’appelle Thoreau. Voilà le camar
100 tu as mal, petite fille. — Puis ils m’ont dit : — Je m’appelle Whitman. Je m’appelle Thoreau. Voilà le camarade Hamsun, qu
101 as mal, petite fille. — Puis ils m’ont dit : — Je m’ appelle Whitman. Je m’appelle Thoreau. Voilà le camarade Hamsun, qui a
102 e. — Puis ils m’ont dit : — Je m’appelle Whitman. Je m’appelle Thoreau. Voilà le camarade Hamsun, qui arrive avec son viol
103 — Puis ils m’ont dit : — Je m’appelle Whitman. Je m’ appelle Thoreau. Voilà le camarade Hamsun, qui arrive avec son violon.
104 ens, nous partons dans le vaste monde. À ceux-là, je dois la nourriture de ma maison, comme à des dieux. « Aidez-moi ! »,
105 vaste monde. À ceux-là, je dois la nourriture de ma maison, comme à des dieux. « Aidez-moi ! », dit cette femme. Mais la
106 rriture de ma maison, comme à des dieux. « Aidez- moi  ! », dit cette femme. Mais la plupart des autres, la plupart de nos c
107 ins, est-ce qu’ils ne disent pas plutôt. « Fichez- moi la paix ! Faites-moi rigoler, donnez-moi des sensations, mais surtout
108 disent pas plutôt. « Fichez-moi la paix ! Faites- moi rigoler, donnez-moi des sensations, mais surtout ne vous occupez pas
109 « Fichez-moi la paix ! Faites-moi rigoler, donnez- moi des sensations, mais surtout ne vous occupez pas de cela en moi dont
110 ions, mais surtout ne vous occupez pas de cela en moi dont je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’aut
111 s surtout ne vous occupez pas de cela en moi dont je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’autre jour,
112 us occupez pas de cela en moi dont je ne veux pas m’ occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’autre jour, pressé de rent
113 t je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’autre jour, pressé de rentrer et ne disposant d’aucun moyen
114 de rentrer et ne disposant d’aucun moyen rapide, je hèle une auto. Le conducteur est seul. Il me prend volontiers. Nous c
115 ide, je hèle une auto. Le conducteur est seul. Il me prend volontiers. Nous causons. C’est un commerçant de Lyon, la cinqu
116 inquantaine, assez bavard. À certaines allusions, je devine qu’il est « seul dans la vie ». Pourtant, il porte une allianc
117 rise par nécessité… Nous arrivons sur la place de mon village. « Je vous dépose ici ? Où voulez-vous ? Tenez, on va s’arrêt
118 ité… Nous arrivons sur la place de mon village. «  Je vous dépose ici ? Où voulez-vous ? Tenez, on va s’arrêter devant la p
119 s’arrêter devant la pissotière, ha ! ha ! ha ! Ça me rappelle une bien bonne histoire, vous devriez lire ça, Clochemerle q
120 us devriez lire ça, Clochemerle que ça s’appelle, je ne sais plus le nom du type qui a écrit le bouquin. Ah ça alors ! Ten
121 s et par le cinéma. Mais croyez-vous vraiment que mon bagnolard, mon lecteur enthousiaste de Clochemerle, grand roman de la
122 éma. Mais croyez-vous vraiment que mon bagnolard, mon lecteur enthousiaste de Clochemerle, grand roman de la pissotière, cr
123 omme tout de même ne disait pas lui aussi « aidez- moi  ! », à sa façon vulgaire, avec son rire insupportable, et fallait-il
124 llait-il être bien fin pour le comprendre ? 15. Je n’ai pas suivi le conseil de cet homme, et n’ai pas lu le livre. Je l
125 le conseil de cet homme, et n’ai pas lu le livre. Je lui laisse donc la responsabilité du compte rendu qu’il m’en a fait.
126 isse donc la responsabilité du compte rendu qu’il m’ en a fait. h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Sur une nouvelle
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
127 pas d’existence. Il ne devient objet que lorsque j’ en fais mon objet. Tel étant le sujet, on peut voir qu’il n’est autre
128 stence. Il ne devient objet que lorsque j’en fais mon objet. Tel étant le sujet, on peut voir qu’il n’est autre que l’homme
129 médiatement lié aux conditions de son apparition, j’ entends à la présence et à l’engagement : la personne n’est jamais seu
130 peut savoir en quoi consiste sa propre personne. Ma personne, c’est ma présence au monde et à moi-même conjointement ; au
131 i consiste sa propre personne. Ma personne, c’est ma présence au monde et à moi-même conjointement ; aux vrais objets, aux
132 ement ; aux vrais objets, aux vrais humains, et à ma vraie responsabilité. C’est à bon droit, nous l’avons vu, que nous po
133 emps, marque sa fin, et le recrée. De ce mystère, je puis seul témoigner dans l’instant où il me saisit, et seulement en l
134 tère, je puis seul témoigner dans l’instant où il me saisit, et seulement en lui obéissant ; car le connaître, c’est le co
135 e, c’est le connaître irrésistible. Et comment ai- je su qu’il venait me saisir ? C’est parce que j’en ai témoigné par mon
136 re irrésistible. Et comment ai-je su qu’il venait me saisir ? C’est parce que j’en ai témoigné par mon acte. Admirable cer
137 ai-je su qu’il venait me saisir ? C’est parce que j’ en ai témoigné par mon acte. Admirable cercle vicieux ! Oui, rien n’es
138 me saisir ? C’est parce que j’en ai témoigné par mon acte. Admirable cercle vicieux ! Oui, rien n’est plus vicieux pour la
139 est le témoignage d’une vocation reçue et obéie. Je suis personne dans la mesure où mon action relève de ma vocation, fût
140 eçue et obéie. Je suis personne dans la mesure où mon action relève de ma vocation, fût-ce au prix de la vie de mon individ
141 s personne dans la mesure où mon action relève de ma vocation, fût-ce au prix de la vie de mon individu. 7. Incarnation
142 elève de ma vocation, fût-ce au prix de la vie de mon individu. 7. Incarnation À la série d’« implications inexplicab
143 ns plus générales. Cette thèse simple constitue à mes yeux la règle d’or de toute doctrine sociale et politique. Est-ce à d
144 la confusion et nourrissent des haines bavardes. Je veux parler ici de deux d’entre elles seulement, des fameux jumeaux e
145 i dansait sur les eaux primitives, et les lois de mon corps sont celles de la poussière ? — Rien, l’esprit n’est plus rien,
146 notre esclavage. — Jusqu’à cet acte, que soudain j’ ai fait ! Car je l’ai fait, et je ne sais rien d’autre. J’ai reçu l’or
147 . — Jusqu’à cet acte, que soudain j’ai fait ! Car je l’ai fait, et je ne sais rien d’autre. J’ai reçu l’ordre, et ce pouvo
148 cte, que soudain j’ai fait ! Car je l’ai fait, et je ne sais rien d’autre. J’ai reçu l’ordre, et ce pouvoir ordonnateur, i
149 t ! Car je l’ai fait, et je ne sais rien d’autre. J’ ai reçu l’ordre, et ce pouvoir ordonnateur, irréfutablement est là, re
150 donnateur, irréfutablement est là, rendu visible. J’ ai fait ce pas, je puis le mesurer — mais sa grandeur pourtant n’est p
151 ablement est là, rendu visible. J’ai fait ce pas, je puis le mesurer — mais sa grandeur pourtant n’est pas un nombre. J’ap
152 — mais sa grandeur pourtant n’est pas un nombre. J’ appelle esprit cette surprise pure de mon corps qui se voit conduit où
153 n nombre. J’appelle esprit cette surprise pure de mon corps qui se voit conduit où rien en lui n’était nécessité d’aller. J
154 conduit où rien en lui n’était nécessité d’aller. J’ appelle esprit la plénitude de l’instant où dans l’oubli de tout ce qu
155 itude de l’instant où dans l’oubli de tout ce que je peux, j’ai franchi l’impossible seuil. L’esprit est acte, l’acte est
156 l’instant où dans l’oubli de tout ce que je peux, j’ ai franchi l’impossible seuil. L’esprit est acte, l’acte est obéissanc
157 , l’acte est obéissance à la motion de l’éternel. J’ ai peut-être entendu quelque parole, on n’a rien vu qu’un corps en mou
158 iste et que l’acte transforme. Ce qui témoigne en moi de l’indicible réception de la parole, ce n’est point une extase, ni
159 ne plénitude de la joie, ni jamais rien qui fût à moi tel que j’étais, ni rien que j’aie, mais cet abandon un instant, cett
160 de la joie, ni jamais rien qui fût à moi tel que j’ étais, ni rien que j’aie, mais cet abandon un instant, cette mort cach
161 s rien qui fût à moi tel que j’étais, ni rien que j’ aie, mais cet abandon un instant, cette mort cachée dans la vie, cette
162 insensible et peu croyable distraction du monstre moi , qui suffit bien à l’éternelle vigilance pour me pousser un peu plus
163 moi, qui suffit bien à l’éternelle vigilance pour me pousser un peu plus loin que tout calcul, un peu plus près de l’homme
164 que tout calcul, un peu plus près de l’homme que je puis être pour les hommes — pour me jeter dans le fait accompli d’une
165 e l’homme que je puis être pour les hommes — pour me jeter dans le fait accompli d’une évidente nouveauté. Maintenant quel
166 t quelque chose s’est passé, un risque est là, et ma vie est en lui. L’ai-je accepté ? Déjà tout recommence. Car la durée
167 ssé, un risque est là, et ma vie est en lui. L’ai- je accepté ? Déjà tout recommence. Car la durée n’ajoute rien à l’éterne
168 ’éternel. Ce pas petit et triomphal à peine fait, je le reperds si je n’en fais pas un second. Et pourtant mon espoir est
169 petit et triomphal à peine fait, je le reperds si je n’en fais pas un second. Et pourtant mon espoir est gagé sur une prom
170 eperds si je n’en fais pas un second. Et pourtant mon espoir est gagé sur une promesse aussi certaine que ma mort et que la
171 poir est gagé sur une promesse aussi certaine que ma mort et que la mort du temps lui-même au Jugement. Ni la foi ne court
172 16. Matthieu 7:21 : « Ce ne sont pas ceux qui me disent Seigneur ! Seigneur !… mais celui qui fait la volonté de mon P
173 r ! Seigneur !… mais celui qui fait la volonté de mon Père » — c’est-à-dire celui — opposé à l’impersonnel ceux — qui agit
174 e notre double erreur matérialiste-spiritualiste. Je me refuse à voir en lui la solution de ce conflit mauvais qu’il fixe
175 otre double erreur matérialiste-spiritualiste. Je me refuse à voir en lui la solution de ce conflit mauvais qu’il fixe san
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
176 une espèce de bavardage lyrique dont Breton sera, je crois, le tout premier à reconnaître qu’il sue le plus insupportable
177 . Ouvrez une revue de province si vous pensez que j’ exagère. Faut-il donc mettre une barre sous la rubrique surréalisme, e
178 en plus qu’une littérature. Ces quelques hommes —  je parle des meilleurs d’entre eux — ont certainement connu le désespoir
179 Et qu’il est attentif à sa propre démarche ! « Il me paraît absolument nécessaire de le dire… Pour ma part, je me refuse…
180 t absolument nécessaire de le dire… Pour ma part, je me refuse… Je demande à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… » J
181 bsolument nécessaire de le dire… Pour ma part, je me refuse… Je demande à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… » Je p
182 écessaire de le dire… Pour ma part, je me refuse… Je demande à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… » Je prends ces t
183 nde à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui… » Je prends ces trois débuts de phrases dans une seule demi-page, au hasar
184 nalyse au refus pur et simple d’agir et de créer, j’ entends, de se poser comme auteur responsable de son acte ? Alors qu’e
185 ton tranchant lorsqu’on attaque, lorsqu’on crée, je serais le dernier à m’en plaindre. Mais il s’agit ici, tout simplemen
186 n attaque, lorsqu’on crée, je serais le dernier à m’ en plaindre. Mais il s’agit ici, tout simplement, de s’évader d’une ré
9 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
187 e cette fois, d’un trait classique et volontaire. Je ne sais rien de plus émouvant que l’effort vers eux-mêmes, et l’un pa
188 qualité, voisine de la grandeur, de cet ouvrage ? Je crois que maint lecteur y découvrira peu à peu quelque raison très pe
189 quelque raison très personnelle de l’aimer. 21. Je ne dis pas que tout cela aille sans fatigue pour le lecteur ; ni sans
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). Albert Soulillou, Nitro (février 1935)
190 format standard : 224 ou 600 pages exactement. Il me semble que ce conformisme, dont on sait les raisons commerciales, cou
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
191 o L’un des critiques qui aient parlé le mieux, je crois, avec le plus de sympathie et de pénétration du deuxième livre
192 ns. On serait tenté de dire : dans leur personne. Je connais peu de livres moins conventionnels. Pour cette raison d’abord
193 qui entrent dans la vie. Mais en parlant d’étude, je fais tort au ton de ce livre, à son charme sentimental, à son humour
194 e de « naturel » dans tous les sens de ce terme ; je ne vois pas d’écrivain français qui ait jamais su faire vibrer un tel
195 t parfois dans certains chapitres lyriques — le «  je  » de Marcel dans Proust — rend un tout autre son que le « je » des Vi
196 cel dans Proust — rend un tout autre son que le «  je  » des Vivants : plus complice et plus fraternel. Le défaut de Les Uns
197 ceux dont la carrière s’épuise en une saison, si j’ en crois l’amitié, les visages, et les couleurs si pures qu’il laisse
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
198 l’homme que sous l’aspect de la nation ? Tel est je crois le problème central qu’impose ce livre, et l’on admettra bien,
199 problèmes plus graves pour notre avenir immédiat. Je n’ai rien dit de l’art d’Edschmid. Je ne lui vois d’analogue que dans
200 r immédiat. Je n’ai rien dit de l’art d’Edschmid. Je ne lui vois d’analogue que dans les derniers romans de Malraux. Même
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
201 gique dont elles ont l’air de vouloir procéder ». M’ autorisant de cette remarque, je me mets à critiquer les formes du lan
202 uloir procéder ». M’autorisant de cette remarque, je me mets à critiquer les formes du langage de Tzara. Je constate un ce
203 ir procéder ». M’autorisant de cette remarque, je me mets à critiquer les formes du langage de Tzara. Je constate un certa
204 mets à critiquer les formes du langage de Tzara. Je constate un certain nombre d’erreurs minimes, mais constantes, de « l
205 rait que la formule de ce style est la contagion. Je mets ce phénomène en relation avec la théorie de la métaphore qu’on t
206 le nom de poésie » tout ce que l’on veut. Mais si je crois aussi, avec Arnaud Dandieu (chap. sur la métaphore dans son Pro
207 re dans son Proust) que la métaphore est un acte, j’ entends par acte, justement, la position d’une qualité incomparable, j
208 peut-être, logiquement et en fait, à un seul mot. Je force le raisonnement à l’absurde pour faire apparaître le caractère
209 on encore informée par la raison de l’homme. Mais j’ en viens à l’explication psychanalytique que Tzara donne du monde actu
210 nous mener à une société collectiviste, marxiste. Je ne comprends pas cette déduction. La revendication de Tzara est exact
211 l’encontre du but qu’ils rêvent. Par ailleurs, si j’ accepte le diagnostic de Tzara, si j’admets que le complexe de castrat
212 ailleurs, si j’accepte le diagnostic de Tzara, si j’ admets que le complexe de castration est la dominante de l’époque, je
213 plexe de castration est la dominante de l’époque, je constate que ce complexe se manifeste justement par l’adoption des hy
214 acles leur a imprimée ») ; p. 223 (« constate »). Je trouve l’explication de ces lapsus dans la phrase suivante : « Il y a
215 ation de la responsabilité « individuelle ». Mais je me méfie de cet « individu », pour des raisons sur lesquelles il est
216 on de la responsabilité « individuelle ». Mais je me méfie de cet « individu », pour des raisons sur lesquelles il est inu
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
217 emède. Pourquoi résister au plaisir de proposer à mes lecteurs la méditation de ce texte à maints égards révélateur ?   « 
218 difficulté d’une telle entreprise [c’était là que j’ avais buté] : l’esprit est à l’origine de tout ; l’exposition elle-mêm
219 ord parfait des « vues » de nos deux commissaires me remplit d’aise. Mais je goûtai surtout que le romancier se montrât mo
220 de nos deux commissaires me remplit d’aise. Mais je goûtai surtout que le romancier se montrât moins littérateur et beauc
221 c’est qu’ils croyaient bien faire. Et personne à ma connaissance n’a mis en question leur sérieux, ce qui précisément me
222 mis en question leur sérieux, ce qui précisément me paraît remarquable. L’accueil flatteur — ou flatté — et poli qu’on a
223 l’élite bourgeoise, et confirme sa décadence. Ils me diraient : « Honorer l’esprit pur ? Quoi de plus raisonnable, je vous
224  Honorer l’esprit pur ? Quoi de plus raisonnable, je vous prie ? Quoi de plus naturel que de le célébrer ? Et plutôt que d
225 cle vont-ils trouver en vous leur défenseur ? » — Je réponds simplement que dans l’action et les écrits des commissaires s
226 spèce de justification, assez piteuse en théorie, je le concède, mais des plus efficace dans la pratique. Piteuse en théor
227 u spirituel. On dira qu’elles ne l’ont jamais su. Je serais prêt à l’accorder. Ce qui est nouveau, c’est qu’elles croient
228 e réaction à l’aveu d’un complot si burlesque. Si j’ ai quelque peu insisté sur l’anecdote du Palais de l’Esprit, ce n’est
229 ecdote du Palais de l’Esprit, ce n’est point pour me ménager une partie par trop facile. C’est que la grossièreté même de
230 même de l’écart, et le fait qu’on l’ait négligé, me paraissent propres à fixer l’attention de quelques-uns sur une erreur
231 ommun28, ou bien tenue à tort pour « théorique ». J’ ai cru bon d’aller la saisir dans ses aboutissements les plus voyants,
232 firmation tout ingénue de son origine historique. J’ avais omis d’en citer quelques lignes qui trouvent ici leur opportunit
233 La Commission de l’enseignement voudrait, comme je le lui ai proposé, que ce palais reçût le nom de « Cité René-Descarte
234 onnera à notre Exposition son sens et sa portée. Je répugne à rendre Descartes responsable de tout le mal qu’ont répandu
235 de tout le mal qu’ont répandu les cartésiens. Et je sais bien que de ceux-ci au cartésianisme vulgaire qui traîne dans to
236 d’une erreur à un préjugé. Mais enfin pour saisir je ne dis pas la racine de ce préjugé populaire, mais la raison de fait
237 sprit ne manquerait pas de redire le mot fameux : Je n’ai pas voulu cela ! Il n’a jamais voulu cette séparation de la pens
238 euse. Mais pour l’affaire qui nous occupe ici, il me semble qu’il est suffisant de relever l’autorité que cette erreur con
239 ’homme qui ne fait rien de ses deux mains. Ce que je reproche à l’esprit cartésien, c’est d’avoir formulé l’équivalent de
240 font en somme que célébrer une situation de fait. Je répète que celle-ci n’est devenue possible qu’en vertu d’une certaine
241 universitaire, qui l’a sans le vouloir autorisée. Je ne crois guère aux plans machiavéliques que certains écrivains de dro
242 la bonne foi des inventeurs du Palais de l’Esprit me paraît platement certaine. Pourtant, comment ne pas admirer la mervei
243 la sociologie ou de l’histoire de la littérature. Je ne veux indiquer que l’amorce d’une critique générale de notre éducat
244 morce d’une critique générale de notre éducation. Je ne veux mettre en relief qu’un seul trait — à mon sens le seul décisi
245 Je ne veux mettre en relief qu’un seul trait — à mon sens le seul décisif — commun à toutes les disciplines que l’on ensei
246 ier clerc parfait : le juge refusant de juger. On me dira que ce gouverneur eût été dans son rôle en agissant, et qu’il tr
247 e lava les mains en présence de la foule et dit : Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde. » Ne vient-il p
248 te : « Voici l’homme » ! Et que dit cet homme ? «  Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vér
249 ’homme » ! Et que dit cet homme ? « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » Unanimi
250 e la foule. Pourquoi n’a-t-il pas dit seulement : Mon royaume n’est pas de ce monde ? Ce royaume n’eût gêné personne, tout
251 aigre vente et le mépris du directeur commercial. Je suppose mon clerc peu fortuné. Deux espèces de carrières s’ouvrent à
252 et le mépris du directeur commercial. Je suppose mon clerc peu fortuné. Deux espèces de carrières s’ouvrent à lui : celle
253 esse quotidienne… Quant à la carrière du chômage, je lui vois bien des agréments, s’il est vrai que la liberté de penser e
254 assez longue, et d’ailleurs imposée, de cet état me permet d’affirmer sans ironie qu’il n’en est pas de plus recommandabl
255 l’agencement d’une existence d’intellectuel. Mais j’ hésiterais à conseiller cette cure à des jeunes gens en mal de bohème
256 t-on ce Palais de l’Esprit ? S’ils y parviennent, je demande la parole. Je ne me propose pas du tout de décevoir ce goût d
257 prit ? S’ils y parviennent, je demande la parole. Je ne me propose pas du tout de décevoir ce goût de positif que mes cont
258 S’ils y parviennent, je demande la parole. Je ne me propose pas du tout de décevoir ce goût de positif que mes contempora
259 se pas du tout de décevoir ce goût de positif que mes contemporains, à tort et à travers, opposent à toute critique un peu
260 créateur en même temps qu’une critique radicale. Je crois apercevoir d’ici une possibilité de repêchage du projet de nos
261 pêchage du projet de nos commissaires. Voici donc mon contre-projet, sous forme de résolution. Article unique : La Commiss
262 er notre action, et comment elle doit s’orienter. Je ne nie pas que les interventions passionnées et simplistes du public
263 et c’est le plus probable, elle contiendra ce que je dis : les témoignages de « l’esprit pur » selon l’idée que s’en fait
264 nt l’un au moins paraît préoccuper M. Duhamel, si j’ en crois l’article cité : « Comme tous les Français, je répugne à dépe
265 crois l’article cité : « Comme tous les Français, je répugne à dépenser beaucoup d’argent pour un ouvrage périssable, surt
266 ite 5 chevaux. Quant au salut, il est gratuit. Et je ne pense pas que M. Duhamel compte acheter son « immortalité » académ
267 mpte acheter son « immortalité » académique. 28. J’ entends : à la grande masse du peuple, à tous ceux qui ne sont pas int
268 rneur ? Ces Juifs sont en émeute : voilà le fait. J’ ai dit ce que je pensais, voilà le droit. Maintenant il faut les apais
269 s sont en émeute : voilà le fait. J’ai dit ce que je pensais, voilà le droit. Maintenant il faut les apaiser, il faut relâ
270 eci fut écrit en mai de cette année ; à ce moment j’ ignorais tout du « congrès pour la défense de la culture », qui se pré
15 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
271 , individualistes, bourgeoises ou marxistes. Mais je désespère presque de donner la moindre « idée » de la réalité nationa
272 . Par exemple un discours du Führer à son peuple. Je roulais ces pensées, hier soir, debout parmi la foule qui n’avait pas
273 général », des dizaines de milliers attendaient. J’ étais venu pour écouter aussi la foule. Je me trouvais au milieu d’ouv
274 daient. J’étais venu pour écouter aussi la foule. Je me trouvais au milieu d’ouvriers, de jeunes miliciens du Service de t
275 ent. J’étais venu pour écouter aussi la foule. Je me trouvais au milieu d’ouvriers, de jeunes miliciens du Service de trav
276 sous un tonnerre assourdissant de heil rythmés — je n’entendais plus que les cris de mes voisins sur un fond de tempête e
277 eil rythmés — je n’entendais plus que les cris de mes voisins sur un fond de tempête et de battements sourds — avec des ges
278 de ce matin écrit : « Lorsque le Führer s’écria : Je ne puis vivre que si ma foi puissante dans le Peuple allemand est san
279 rsque le Führer s’écria : Je ne puis vivre que si ma foi puissante dans le Peuple allemand est sans cesse renforcée par la
280 renforcée par la foi et la confiance du Peuple en moi  ! — un seul cri des masses confessant leur fidélité lui répondit. » C
281 tantanée de 30 000 hommes dressés d’un seul élan. Je me souviens aussi de cela : « La puissance de gouverner, je l’ai. Mai
282 tanée de 30 000 hommes dressés d’un seul élan. Je me souviens aussi de cela : « La puissance de gouverner, je l’ai. Mais c
283 iens aussi de cela : « La puissance de gouverner, je l’ai. Mais ce que je cherche, c’est la communion du cœur avec chaque
284 « La puissance de gouverner, je l’ai. Mais ce que je cherche, c’est la communion du cœur avec chaque homme de la nation al
16 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
285 . Les clercs s’écrient : Esprit ! Esprit43 ! Mais je regarde leur visage. « Si c’était vrai, ça se verrait »… Ainsi la clé
286 ’on le corrige. » Et Ramuz ajoute : « C’est comme moi . » C’est comme lui quand il écrit. Car sa vision est harmonie avec ce
287 e ne comprend pas). » Toute l’esthétique de Ramuz me paraît centrée sur cette phrase. Son vocabulaire tout d’abord. Cette
288 que ne le font les scandales qu’ils dénoncent. Il me semble parfois que la meilleure éducation du genre humain consisterai
289 e à juger des meurtres dont le vol est le mobile. Je dis qu’il ferait un meilleur travail éducatif. Car il porterait l’att
290 e l’argent et les bienfaits qui en découlent.) Si j’ étais dictateur, je nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et nous
291 ienfaits qui en découlent.) Si j’étais dictateur, je nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et nous aurions enfin un la
292 gements de temps à l’intérieur d’une même phrase. Je ne crois pas qu’il soit possible de les ramener à une loi, ni même à
293 sance à soi, le « dévouement à l’objet ». Certes, je vois les défauts de cette forme, et le poncif qu’elle peut instituer 
294 trop volontairement détaillés. Mais l’important, je pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en
295 z, et la définition de sa personne en exercice. «  Je ne distingue l’être qu’aux racines de l’élémentaire. » Parce que le c
296 ter ici une page des Souvenirs sur Stravinsky qui me paraît d’une importance extrême, non seulement parce qu’elle est la p
297 ès seule dans son œuvre, une perspective qui est, je crois, celle de la plénitude de cette œuvre. Par-delà tous les pays,
298 nfond avec celle de la personne. Dans un essai où je crois distinguer l’aveu de soi le plus direct qu’ait jamais consenti
299 ect qu’ait jamais consenti Ramuz (c’est Une Main) je lis ceci : « Certains hommes tiennent pour un gain tout ce qui leur a
300 r un gain tout ce qui leur apporte une facilité ; moi , je ne tiens pour un gain que ce qui m’apporte un exemple. » Comment,
301 gain tout ce qui leur apporte une facilité ; moi, je ne tiens pour un gain que ce qui m’apporte un exemple. » Comment, ici
302 cilité ; moi, je ne tiens pour un gain que ce qui m’ apporte un exemple. » Comment, ici encore, ne point songer à Goethe ?
303 age nous ramène au niveau proprement ramuzien : «  J’ ai la haine du confort. J’aime que les choses vous résistent et vous c
304 proprement ramuzien : « J’ai la haine du confort. J’ aime que les choses vous résistent et vous contredisent, comme par exe
305 ingénie à allumer dans une cheminée qui tire mal. J’ aime les choses qui sont à leur façon, tandis que je suis à la mienne.
306 aime les choses qui sont à leur façon, tandis que je suis à la mienne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz
307 à leur façon, tandis que je suis à la mienne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz existe à sa façon. Je vo
308 çon, tandis que je suis à la mienne. » ⁂ Je vois, j’ ai tenté de faire voir comment Ramuz existe à sa façon. Je vois que so
309 té de faire voir comment Ramuz existe à sa façon. Je vois que son pouvoir est sa présence active au monde (« Toute résista
310 ésistance, dit-il, nous oblige à être présent »). Je vois ce grand exemple d’une volonté tendue vers l’origine d’où procèd
311 n d’être, l’identité d’une personne en communion, je vois, j’apprends, j’entends la voix d’un homme. N’est-ce pas assez ?
312 l’identité d’une personne en communion, je vois, j’ apprends, j’entends la voix d’un homme. N’est-ce pas assez ? Cette voi
313 d’une personne en communion, je vois, j’apprends, j’ entends la voix d’un homme. N’est-ce pas assez ? Cette voix n’est-elle
314 la littérature. Qui voudrait exiger davantage ? —  J’ imagine parfois davantage. Certaines paroles dites par cette voix. Cel
315 de. 48. Il dit des personnages de ses romans : «  Je ne les aime pas en tant que “primitifs” comme on semble le croire : i
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
316 examen critique des doctrines qui sont à sa base. Je ne dis pas qu’elles n’aient été souvent trahies. Ni qu’elles soient a
317 s retenir que l’élan titanique du Troisième Plan. Je comprends très bien qu’en présence des « réalisations » impressionnan
318 s œuvres spirituelles et matérielles ? La réponse me paraît évidente. Tous les témoignages que nous possédons sur l’état d
319 sion sur les « décrets culturels » de Staline. Et je ne dis pas, ou pas encore contre le Plan, mais en vertu de tout autre
320 était viser trop court, et sous-estimer l’ennemi, j’ entends la part de l’homme qui résiste, en créant, à toute espèce de d
321 e. Cela suffira sans doute à rendre vaines toutes mes critiques aux yeux des intellectuels bourgeois justement tourmentés d
322 e, et qui se rassurent en glorifiant l’URSS. Pour moi , je me bornerai à tirer de tout cela une conclusion concrète, qui peu
323 qui se rassurent en glorifiant l’URSS. Pour moi, je me bornerai à tirer de tout cela une conclusion concrète, qui peut no
324 i se rassurent en glorifiant l’URSS. Pour moi, je me bornerai à tirer de tout cela une conclusion concrète, qui peut nous
325 mmune, encore qu’elle soit réellement imposée. Et je ne préjuge rien de l’avenir d’un peuple qui dispose de ressources mys
326 i à tout ; c’est un devoir de critique lucide, et j’ ajouterai de critique méfiante, dans la mesure où les jeunes communist
327 pour la pensée et l’action. La démonstration que j’ ai esquissée à propos de la tentative soviétique vaut identiquement po
328 soviétique vaut identiquement pour l’hitlérisme. Je puis la compléter maintenant par trois remarques, qui se dégagent des
329 impose non seulement à l’observateur étranger que je suis, mais aux chefs des partis dictatoriaux eux-mêmes. De là toute l
330 u’en URSS. ⁂ Les partisans de l’URSS ou de Hitler me feront sans doute deux objections très importantes. Ils me diront com
331 sans doute deux objections très importantes. Ils me diront comme ils ont dit souvent déjà : a) Nous ne pouvions pas faire
332  » puissante pour toute action culturelle future. Je réponds à ces deux objections : a) Oui, vos circonstances étaient tel
333 ns : a) Oui, vos circonstances étaient telles que je serais incapable de vous dire ce que vous auriez pu faire d’autre. Vo
334 vez reculé la question de dix ans ou d’un siècle, je ne sais ; mais ce que je sais, c’est que tous nos pays se trouveront
335 dix ans ou d’un siècle, je ne sais ; mais ce que je sais, c’est que tous nos pays se trouveront un jour futur en face des
336 critiques de nos vieillards. Dans cette tâche-là, je vois le seul fondement d’une nouvelle culture européenne… b) Il est f
337 la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle Je ne connais qu’un moyen de résister à l’Europe, c’est de lui opposer l
338 ous, comme un jugement porté sur cette situation. Je ne crois pas aux voix mystérieuses mais je crois à l’appel des faits.
339 ation. Je ne crois pas aux voix mystérieuses mais je crois à l’appel des faits. Considérons les temps et les lieux où nous
340 es façades aux symboles religieux et orgueilleux, je retrouve la misère matérielle. Car à toutes les objections que je pui
341 isère matérielle. Car à toutes les objections que je puis adresser à ces régimes, leurs partisans finissent par me répondr
342 sser à ces régimes, leurs partisans finissent par me répondre : Bon ou mauvais selon vos idées, c’est ce régime qui nous a
343 atmosphérique appelle toujours certains courants. Je parle ici du vide ou du vertige que crée en nous la ruine de l’indivi
344 e dans le sens de notre destin.   5. Le dilemme. Je parle ici de forces totales, de crise totale, et de destins communs :
345  : on ne peut pas ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’homme en ta
346 culture européenne. Sinon nous serons colonisés, je n’ai pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’affirmer notre force en
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
347 ns les plus féconds et authentiques de ce siècle. J’ imagine l’historien futur étudiant l’inventaire de Petit, comme nous l
348 ne par un Français lucide qui veut rester humain. J’ aime un peu moins les pages sur Barrès, peut-être à cause du modèle, p
349 à la position d’Henri Petit vis-à-vis de la foi, je m’excuse de la résumer en trois formules, mais autrement, je n’en fin
350 la position d’Henri Petit vis-à-vis de la foi, je m’ excuse de la résumer en trois formules, mais autrement, je n’en finira
351 de la résumer en trois formules, mais autrement, je n’en finirais pas, dans cette note, et j’ignore même si j’en viendrai
352 rement, je n’en finirais pas, dans cette note, et j’ ignore même si j’en viendrais jamais à bout dans mon esprit. Voici : l
353 inirais pas, dans cette note, et j’ignore même si j’ en viendrais jamais à bout dans mon esprit. Voici : l’homme a tué Dieu
354 ’ignore même si j’en viendrais jamais à bout dans mon esprit. Voici : l’homme a tué Dieu. Alors est venu l’État, qui n’a pl
355 udrait au contraire que vienne l’homme. Chrétien, je ne puis voir dans l’émouvant effort d’Henri Petit pour sauver d’une f
356 heur le Dieu-homme. Mais ceci dit, et maintenu, —  j’ admire qu’un incroyant ait su donner à notre position personnaliste sa
357 ’il écrit quelque part : « Le monde n’a plus pour moi le caractère intelligible et nécessaire qu’il avait pour mes ancêtres
358 ctère intelligible et nécessaire qu’il avait pour mes ancêtres », il sait aussi, et il nous fait savoir, que c’est à nous d
359 monde où notre vie s’accepte. Aux premières pages j’ ai pensé : document sur les déceptions d’une génération. Puis j’ai tro
360 ocument sur les déceptions d’une génération. Puis j’ ai trouvé ce cri : « Tout me concerne », et ce sous-titre, vers la fin
361 ’une génération. Puis j’ai trouvé ce cri : « Tout me concerne », et ce sous-titre, vers la fin : « Retour à la passion ».
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Note sur nos notes (novembre 1936)
362 une rhétorique commune, ou un jargon d’équipe, ou je ne sais quel sabir personnaliste. Au jour où nous en sommes, on ne re
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
363 traduire le concret, le particulier de cet objet, je veux dire son message unique et par là même généralement humain. Gide
364 f, au sens goethéen de ce terme. Ce n’est pas là, je crois, sa pente naturelle ; plutôt l’effet d’une permanente correctio
365 si, il oppose à ses entraînements. L’âge venant, je me sens moins de curiosité pour les paysages, beaucoup moins, et si b
366 il oppose à ses entraînements. L’âge venant, je me sens moins de curiosité pour les paysages, beaucoup moins, et si beau
367 ique : « Cessons de regarder les maisons : ce qui m’ intéresse ici, c’est la foule. » Je me souviens alors de Goethe à Veni
368 isons : ce qui m’intéresse ici, c’est la foule. » Je me souviens alors de Goethe à Venise : « Je ne suis encore entré dans
369 ns : ce qui m’intéresse ici, c’est la foule. » Je me souviens alors de Goethe à Venise : « Je ne suis encore entré dans au
370 le. » Je me souviens alors de Goethe à Venise : «  Je ne suis encore entré dans aucun bâtiment, excepté Saint-Marc. Il y a
371 Marc. Il y a de quoi faire au-dehors, et la foule m’ intéresse infiniment… » Goethe poursuit : « Aujourd’hui je me suis lon
372 sse infiniment… » Goethe poursuit : « Aujourd’hui je me suis longuement attardé au marché ; j’ai observé les gens, comment
373 infiniment… » Goethe poursuit : « Aujourd’hui je me suis longuement attardé au marché ; j’ai observé les gens, comment il
374 urd’hui je me suis longuement attardé au marché ; j’ ai observé les gens, comment ils marchandaient et achetaient avec une
375 nous instruire et de nous étonner. » Précautions, je sais bien. Mais ici, sont-elles efficaces ? Empêcheront-elles personn
376 is ? (Si toutefois c’est encore une injure…) Pour moi , elles me donneraient envie de simplifier le contenu réel du texte en
377 utefois c’est encore une injure…) Pour moi, elles me donneraient envie de simplifier le contenu réel du texte en deux peti
378 e qu’il faut bien appeler le bluff stalinien ; et je ne dis pas du tout : d’une critique de ce qu’il y a de profond dans l
379 des intellectuels français. Liberté en URSS ? «  Je doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fût-ce dans l’Allemagne de
380 ec le dehors… On sourit avec scepticisme, lorsque je dis que Paris a, lui aussi, son métro. » — Égalité, société sans clas
381 manœuvres, des hommes et femmes “de journée”, et j’ allais dire : des pauvres. Il n’y a plus de classes en URSS, c’est ent
382 d’une mentalité petite-bourgeoise. Mais Gide : «  Je crains que ne se reforme bientôt une nouvelle sorte de bourgeoisie ou
383 comparable à la petite bourgeoisie de chez nous. J’ en vois partout les symptômes annonciateurs. » — On pourrait allonger
384 malheur à qui chercherait à pousser plus loin ! » Je demande alors si Gide pratique cette espèce-là d’autocritique, — ou s
385 Gide le sent-il ? « D’autres plus compétents que moi diront si ce changement d’orientation [le stalinisme par rapport au m
386 ende est belle. C’est une légende… Elle traduit à mes yeux ce fait d’expérience : toute tentative de déification (ici, la c
387 ateur. Gide voudrait ne pas croire au péché. Mais moi , je ne crois pas aux dieux. Pour nous, la révolution ne créera pas un
388 . Gide voudrait ne pas croire au péché. Mais moi, je ne crois pas aux dieux. Pour nous, la révolution ne créera pas un hom
21 1937, Esprit, articles (1932–1962). Défense de la culture (janvier 1937)
389 t nous ne sommes pas « communistes » pour si peu. Je constate simplement ceci : le peuple allemand, dont le régime me para
390 plement ceci : le peuple allemand, dont le régime me paraît spécialement dangereux pour la culture, achète des livres, fré
22 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
391 , c’est qu’ils le soient, à la limite, autant. Il me dira d’une voix que j’entends déjà : « Mais je n’ai rien voulu de tou
392 t, à la limite, autant. Il me dira d’une voix que j’ entends déjà : « Mais je n’ai rien voulu de tout cela ! Mes personnage
393 Il me dira d’une voix que j’entends déjà : « Mais je n’ai rien voulu de tout cela ! Mes personnages se sont imposés à moi
394 s déjà : « Mais je n’ai rien voulu de tout cela ! Mes personnages se sont imposés à moi etc. » Je n’ignore pas que des visi
395 de tout cela ! Mes personnages se sont imposés à moi etc. » Je n’ignore pas que des visions parfois bizarres et amusantes,
396 la ! Mes personnages se sont imposés à moi etc. » Je n’ignore pas que des visions parfois bizarres et amusantes, ou émouva
397 si faible que de céder à toutes ses obsessions ? ( Je feindrai d’ignorer qu’elles sont anxieusement souhaitées, et cultivée
398 Mais toutes ces feuilles de température ! (Même, je feins d’ignorer qu’on a chauffé le thermomètre…) ac. Rougemont Den
23 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jean Blanzat, Septembre (janvier 1937)
399 lamentable cas individuel ? Mais alors : veut-on ma compassion pour un héros malade ou mon admiration pour son auteur ? L
400 s : veut-on ma compassion pour un héros malade ou mon admiration pour son auteur ? Le livre n’est ni passionnant, ni indiff
401 si déprimants que gratuits. Car en effet, si ce «  je  » du récit de M. Blanzat faisait un geste franc, il est clair qu’il n
402 roman. Mais, nous dit-il : « le plus petit geste m’ a toujours coûté ». ad. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Jean B
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). Robert Briffaut, Europe (janvier 1937)
403 à la charmer, ou à se laisser charmer — ceci pour moi lecteur — par le tableau de sa déchéance. ae. Rougemont Denis de,
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
404 — Il s’agit de transformer le chômage en loisir. Je résume : primauté du spirituel ; primauté de l’homme sur l’économique
405 mbine ce personnalisme-là avec un chauvinisme que je vous laisse qualifier : C’est la générosité française, c’est l’amour
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)
406 éraires, chapitre bâclé sur l’après-guerre, etc., m’ apparaît au contraire comme l’un des charmes du livre. Réjouissante dé
407 este pour nous Thibaudet. Dans cette critique que je voudrais appeler une critique de consommateur (dans tous les sens de
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jacques Benoist-Méchin, Histoire de l’armée allemande depuis l’armistice (mars 1937)
408 ctique révolutionnaire et contre-révolutionnaire, je ne connais pas d’ouvrage plus riche et plus précis, sinon les mémoire
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
409 t juste que celle des masses ou des politiciens. ( Je ne dis pas qu’elle est plus efficace…) Que nous annonce le renouveau
410 e fascisme ou le stalinisme. Dans ces conditions, je suis le premier à me déclarer athée. Mais si l’on veut parler, comme
411 inisme. Dans ces conditions, je suis le premier à me déclarer athée. Mais si l’on veut parler, comme le faisait Nietzsche,
412 Dieu l’Éternel, première personne de la Trinité, je ne vois plus, pour ma part, dans les déclarations de Bataille que de
413 e de la volonté de puissance et de l’ironie ». Il me paraît que c’est bien à quoi devait aboutir le véritable et intégral
414 e ans » et certains jeunes qui ne les valent pas. Je ne pressens rien de créateur, ni rien de réellement destructeur dans
415 à la philosophie de N. publiée par Karl Jaspers. Je signale ce grand livre à ceux qui lisent l’allemand, en attendant une
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
416 n contentement ; à la mesure de l’amitié humaine. J’ entends un bruit de bêche sur une terrasse invisible, au-dessous. Je v
417 de bêche sur une terrasse invisible, au-dessous. Je vois un chien qui se promène de son petit pas élastique sur les resta
418 auvre et spirituelle… 28 janvier Avoir la veine «  J’ avais pris un billet de la Loterie nationale. Naturellement j’ai perdu
419 un billet de la Loterie nationale. Naturellement j’ ai perdu ! Moi vous savez… Ce n’est pas comme Céline, ah celle-là ! El
420 la Loterie nationale. Naturellement j’ai perdu ! Moi vous savez… Ce n’est pas comme Céline, ah celle-là ! Elle a la veine,
421 e à l’horizon. Et sur le petit toit au-dessous de moi , tout près, soudain je vois un pigeon violet immobile. Les plumes du
422 petit toit au-dessous de moi, tout près, soudain je vois un pigeon violet immobile. Les plumes du cou sont un peu hérissé
423 peu hérissées par le vent. Voici trois jours que je le vois chaque matin. Quand je l’appelle, il donne quelques coups de
424 ci trois jours que je le vois chaque matin. Quand je l’appelle, il donne quelques coups de tête furtifs, et se détourne. D
425 tête furtifs, et se détourne. D’où vient-il ? On m’ a dit qu’il n’y a pas de pigeons par ici. Que vient-il attendre ? Pour
426 e vient-il attendre ? Pourquoi feint-il de ne pas me voir ? Il se tient là des heures, sans bouger, et s’envole d’un coup
427 elque chose à comprendre… 23 février Au moment où ma femme allait secouer les miettes de la nappe par la fenêtre, au-dessu
428 , au-dessus du poulailler, elle a vu le pigeon et m’ a appelé. — Il a vraiment l’air de vouloir dire quelque chose ! Il est
429 e chose par là ? Du côté de Marseille… Et soudain je me suis souvenu de la conférence que je dois donner à Marseille dans
430 hose par là ? Du côté de Marseille… Et soudain je me suis souvenu de la conférence que je dois donner à Marseille dans 15
431 t soudain je me suis souvenu de la conférence que je dois donner à Marseille dans 15 jours. Je ne voulais pas la préparer
432 nce que je dois donner à Marseille dans 15 jours. Je ne voulais pas la préparer avant le dernier jour. Est-ce que cela sig
433 que cela signifie qu’elle est plus importante que je ne croyais ? Qu’il y a quelque chose de sérieux à faire là-bas ? Je v
434 ’il y a quelque chose de sérieux à faire là-bas ? Je vais m’y mettre. 28 février Terminé hier soir la rédaction de ma conf
435 quelque chose de sérieux à faire là-bas ? Je vais m’ y mettre. 28 février Terminé hier soir la rédaction de ma conférence.
436 tre. 28 février Terminé hier soir la rédaction de ma conférence. Ce matin le pigeon n’est pas revenu. C’est évidemment abs
437 revenu. C’est évidemment absurde, cette histoire. Je le vois bien. Et en même temps, je vois que je mentirais si j’écrivai
438 ette histoire. Je le vois bien. Et en même temps, je vois que je mentirais si j’écrivais que je n’y crois pas. Superstitio
439 e. Je le vois bien. Et en même temps, je vois que je mentirais si j’écrivais que je n’y crois pas. Superstition ! Je m’éto
440 en. Et en même temps, je vois que je mentirais si j’ écrivais que je n’y crois pas. Superstition ! Je m’étonne de ce que ce
441 temps, je vois que je mentirais si j’écrivais que je n’y crois pas. Superstition ! Je m’étonne de ce que ce « reproche »,
442 i j’écrivais que je n’y crois pas. Superstition ! Je m’étonne de ce que ce « reproche », que je me formule en vertu d’une
443 ’écrivais que je n’y crois pas. Superstition ! Je m’ étonne de ce que ce « reproche », que je me formule en vertu d’une hab
444 tion ! Je m’étonne de ce que ce « reproche », que je me formule en vertu d’une habitude scolaire de critique, me touche si
445 n ! Je m’étonne de ce que ce « reproche », que je me formule en vertu d’une habitude scolaire de critique, me touche si pe
446 ule en vertu d’une habitude scolaire de critique, me touche si peu, ne trouble pas du tout ma bonne conscience. Au fond, j
447 ritique, me touche si peu, ne trouble pas du tout ma bonne conscience. Au fond, je me sens assez heureux de cette découver
448 trouble pas du tout ma bonne conscience. Au fond, je me sens assez heureux de cette découverte en moi d’une superstition r
449 uble pas du tout ma bonne conscience. Au fond, je me sens assez heureux de cette découverte en moi d’une superstition réel
450 , je me sens assez heureux de cette découverte en moi d’une superstition réelle, capable de me faire agir, ou plus exacteme
451 erte en moi d’une superstition réelle, capable de me faire agir, ou plus exactement, je suis heureux de l’aveu que je vien
452 le, capable de me faire agir, ou plus exactement, je suis heureux de l’aveu que je viens de m’en faire. Comment ne l’ai-je
453 ou plus exactement, je suis heureux de l’aveu que je viens de m’en faire. Comment ne l’ai-je pas fait plus tôt ? Pour peu
454 tement, je suis heureux de l’aveu que je viens de m’ en faire. Comment ne l’ai-je pas fait plus tôt ? Pour peu que je rappe
455 ’aveu que je viens de m’en faire. Comment ne l’ai- je pas fait plus tôt ? Pour peu que je rappelle mes souvenirs, je retrou
456 mment ne l’ai-je pas fait plus tôt ? Pour peu que je rappelle mes souvenirs, je retrouve partout dans ma vie des détermina
457 i-je pas fait plus tôt ? Pour peu que je rappelle mes souvenirs, je retrouve partout dans ma vie des déterminations non moi
458 lus tôt ? Pour peu que je rappelle mes souvenirs, je retrouve partout dans ma vie des déterminations non moins précisément
459 rappelle mes souvenirs, je retrouve partout dans ma vie des déterminations non moins précisément « superstitieuses ». En
460 t « superstitieuses ». En y regardant de près, il me semble que toute la trame de mes petites décisions quotidiennes est f
461 rdant de près, il me semble que toute la trame de mes petites décisions quotidiennes est faite de croyances spontanées et a
462 es en des « raisons » qui n’en sont pas, mais qui m’ ont toujours convaincu beaucoup plus vite et beaucoup mieux que les au
463 ite et beaucoup mieux que les autres. Tout ce que j’ ai fait à cause d’un chiffre, à cause de la coïncidence d’un sentiment
464 sard tout extérieur, à cause d’un certain jeu que je poursuis, sans trop le savoir, avec bien plus de vigilance que je n’e
465 s trop le savoir, avec bien plus de vigilance que je n’en apporte à la défense de mes intérêts « objectifs »… Et ce jeu-là
466 de vigilance que je n’en apporte à la défense de mes intérêts « objectifs »… Et ce jeu-là, je suis tellement le seul à en
467 ense de mes intérêts « objectifs »… Et ce jeu-là, je suis tellement le seul à en connaître les règles et les interdictions
468 en connaître les règles et les interdictions que je n’imagine pas pouvoir jamais m’en « rendre compte » en langage ordina
469 interdictions que je n’imagine pas pouvoir jamais m’ en « rendre compte » en langage ordinaire, et surtout en français. On
470 t une étrangeté, une singularité irréductible qui m’ introduit au général : je découvre, en la découvrant, les liens profon
471 ularité irréductible qui m’introduit au général : je découvre, en la découvrant, les liens profonds qui m’unissent à ce pe
472 écouvre, en la découvrant, les liens profonds qui m’ unissent à ce peuple de paysans et d’ouvriers, si délibérément superst
473 t le fondement même de toute « politique ». Et si j’ avoue et légitime la réalité de mes superstitions, il faut tout de sui
474 itique ». Et si j’avoue et légitime la réalité de mes superstitions, il faut tout de suite que j’oppose à cet aveu une cont
475 é de mes superstitions, il faut tout de suite que j’ oppose à cet aveu une contrepartie raisonnable. Il faut que je montre
476 et aveu une contrepartie raisonnable. Il faut que je montre aussi les droits du général. Qu’est-ce que la politique, sinon
477 de l’homme : d’ailleurs elle ne le pourrait pas. Ma loi vaut tout juste pour moi. (Et s’il fallait tenir compte de toutes
478 e ne le pourrait pas. Ma loi vaut tout juste pour moi . (Et s’il fallait tenir compte de toutes les bizarreries auxquelles l
479 e la seule manière d’être en vérité « réaliste ». Je crains d’avoir créé certain malentendu en soutenant à plusieurs repri
480 assurera quelque équilibre — et c’est tout ce que je lui demande. Mais ici prenons garde à deux faits, aussi importants l’
481 , et qui donnent leur vrai sens aux remarques que je viens de formuler. Premier fait : l’équilibre social doit être quelqu
482 es. Il s’étale en mauvaise humeur. C’est cela que je nomme démoralisation à l’abri d’un faux équilibre, — d’un équilibre s
483 e sens du jeu le plus libre des superstitions que j’ ai dites, et dont l’éducation se fait très lentement sous l’influence
484 s se seront enfin harmonisées. (Dans un temps que j’ accorde aussi lointain qu’on le voudra.) Ces deux faits définis, reven
485 ts définis, revenons à la superstition du peuple. Je l’approuve et je la partage en fait le plus souvent, quand elle expri
486 ons à la superstition du peuple. Je l’approuve et je la partage en fait le plus souvent, quand elle exprime une réalité se
487 ne saurait se traduire en termes de raison. Mais je la tiens pour néfaste quand elle sort du domaine personnel et déborde
488 l’instant où l’homme dit : « Que voulez-vous que j’ y fasse ? » ou encore : « Ils sont les plus forts. » Tel est le « mome
489 se de ce temps. L’homme sain dit : « Voilà ce que je ferai parce qu’il le faut. Et que voulez-vous qu’ils y fassent ? » 6
490 avec le public Dans le courrier qui est arrivé en mon absence, deux nouvelles demandes de « causeries » : l’une à un congrè
491 ’études sociales. Les instituteurs voudraient que je leur parle de l’éducation de la personnalité ; le cercle social du mo
492 té ; le cercle social du mouvement personnaliste. J’ irai. Je me fais une règle d’accepter toutes ces invitations. Depuis d
493 cercle social du mouvement personnaliste. J’irai. Je me fais une règle d’accepter toutes ces invitations. Depuis deux ans,
494 cle social du mouvement personnaliste. J’irai. Je me fais une règle d’accepter toutes ces invitations. Depuis deux ans, j’
495 accepter toutes ces invitations. Depuis deux ans, j’ ai parlé devant les auditoires les plus hétéroclites : congrès d’étudi
496 d’hommes, groupant des ouvriers et des bourgeois… J’ ai parlé en plein air, dans de grandes salles publiques, dans une cuis
497 e d’Université. Cui bono ? À qui le bénéfice ? À moi d’abord, très certainement. C’est une joie qui vaut bien les ennuis d
498 anouis dans une compréhension amicale et directe. Je vois cette abstraction : le Public, s’évanouir et renaître, incarnée
499 s vêtements d’une certaine sorte, etc. Peu à peu, je découvre que le public, c’est une série d’hommes et de femmes isolés,
500 rs une raison unique, qui ne vaut qu’entre lui et moi , et qui ne prend son vrai sens que dans cette rencontre effective. Ce
501 ontre effective. Ce sont de telles rencontres que je cherche, quand je vais parler dans ces cercles, où l’on se trouve soi
502 e sont de telles rencontres que je cherche, quand je vais parler dans ces cercles, où l’on se trouve soi-même à portée de
503 chose peut se passer en vérité. Alors seulement, ma pensée trouve son point d’attache, découvre sa mesure, sa force ou sa
504 esse, touche à son terme dans le cœur d’un homme. Je dois à ces rencontres d’avoir pressenti quelquefois — assez pour en g
505 ail de mise au point, d’adaptation à l’homme réel m’ a conduit à une conclusion dont j’attends avec impatience la vérificat
506 à l’homme réel m’a conduit à une conclusion dont j’ attends avec impatience la vérification in concreto à l’occasion de no
507 naler comme caractéristiques de l’ouvrage. Enfin, je commence à comprendre au vif l’urgence, pour l’écrivain, de retrouver
508 eurs d’aube d’été. « Un vrai temps de Pâques ! », me crie Simard. ⁂ Hier il pleuvait. Vendredi, c’était grand soleil. Et l
509 dredi saint, et il fait beau le jour de Pâques. » Je leur réponds : « Que voulez-vous, les saisons ne sont plus ce qu’elle
510 ont plus ce qu’elles étaient »,— pour montrer que je sais vivre… Parler du temps qu’il fait, occupation fondamentale des p
511 xprimer qui en dit plus long qu’on ne croirait. «  J’ ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi », note Pascal.
512 er qui en dit plus long qu’on ne croirait. « J’ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi », note Pascal. En sor
513 long qu’on ne croirait. « J’ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi », note Pascal. En sorte que s’étonner d’
514 ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi  », note Pascal. En sorte que s’étonner d’une pluie « intempestive » c
515 ie « intempestive » c’est une manière de dire : «  Je m’attendais à autre chose, mon calendrier moral, mes conventions, etc
516 « intempestive » c’est une manière de dire : « Je m’ attendais à autre chose, mon calendrier moral, mes conventions, etc. p
517 manière de dire : « Je m’attendais à autre chose, mon calendrier moral, mes conventions, etc. prévoyaient autre chose. » Et
518 m’attendais à autre chose, mon calendrier moral, mes conventions, etc. prévoyaient autre chose. » Et l’on décrit les croya
519 upe en « parlant de la pluie et du beau temps ». ( Je dis bien groupe, car il y a peu de « personnes »). 15 avril La sieste
520 des cris et des râles presque humains. Ce matin, j’ ai trouvé des traces de sang sur le seuil de la remise. Un beau soleil
521 t son apparition au haut de la colline. Simard et moi leur avons lancé quelques pierres, pour voir. Ils s’éloignaient un pe
522 t obstinés. Après le déjeuner, flânant au jardin, je me penche par hasard au bord de la terrasse, et voilà que je découvre
523 bstinés. Après le déjeuner, flânant au jardin, je me penche par hasard au bord de la terrasse, et voilà que je découvre au
524 e par hasard au bord de la terrasse, et voilà que je découvre au-dessous de moi un spectacle étrange et presque « atterran
525 terrasse, et voilà que je découvre au-dessous de moi un spectacle étrange et presque « atterrant ». La petite chienne est
526 nt les mâles repus, pesamment allongés au soleil. J’ en compte huit, de toutes tailles et pelages. La plupart sont beaucoup
527 e sur une plage mondaine. Après un certain temps, je jette quelques poignées de terre sur tous ces ventres. Ils vont se co
528 u plus loin. Un ou deux se défilent en silence. «  J’ ai pris la nature sur le fait. » Vertige de l’animalité. 17 avril Ça n
529 e commune : cela s’appelle le front antifasciste. Je recopie cette phrase merveilleuse qu’ils ont fait imprimer en lettres
530 maison de Simard recèle un effrayant secret qu’on m’ avait laissé ignorer : une belle-mère. Nous apprenons son existence en
531 astide, la belle-mère. — Qu’a-t-elle ? — Oh, elle m’ a bien reconnue, mais elle va « passer » cette nuit, vous savez, elle
532 bou die ! l’estomac et tout. — Mais les Simard ne m’ avaient jamais parlé d’elle ! — Peuchère ! ils languissaient de l’emba
533 ment ça va-t-il, à côté ? — Elle dure, elle dure… Je viens d’aller la voir. Elle a un bâton sur son lit, qu’elle ne veut p
534 ui tenir compagnie… On a été chercher le pasteur. Je le rencontre comme il sort de sa visite. — Elle est curieuse, cette v
535 de sa visite. — Elle est curieuse, cette vieille, me dit-il. Figurez-vous qu’elle tient sa canne à la main, comme ça, sur
536 des lueurs d’incendie passent devant la fenêtre. Je me précipite : ce sont les deux Simard qui font un grand feu dans la
537 s lueurs d’incendie passent devant la fenêtre. Je me précipite : ce sont les deux Simard qui font un grand feu dans la cou
538 es étoffes noires qui se gonflent sur le brasier… Je me suis réveillé tard. Tandis que je me rase, j’entends Simard qui ap
539 étoffes noires qui se gonflent sur le brasier… Je me suis réveillé tard. Tandis que je me rase, j’entends Simard qui apost
540 le brasier… Je me suis réveillé tard. Tandis que je me rase, j’entends Simard qui apostrophe la mère Calixte près du bass
541 brasier… Je me suis réveillé tard. Tandis que je me rase, j’entends Simard qui apostrophe la mère Calixte près du bassin.
542 Je me suis réveillé tard. Tandis que je me rase, j’ entends Simard qui apostrophe la mère Calixte près du bassin. « Je ne
543 qui apostrophe la mère Calixte près du bassin. «  Je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Vous m’entendez ! Je l’ennterdis
544 n. « Je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Vous m’ entendez ! Je l’ennterdis, vous n’avez qu’à le leur dire ! » Je passe
545 ux pas qu’on lave aujourd’hui ! Vous m’entendez ! Je l’ennterdis, vous n’avez qu’à le leur dire ! » Je passe la tête par l
546 Je l’ennterdis, vous n’avez qu’à le leur dire ! » Je passe la tête par la fenêtre. Qu’est-ce que c’est, Simard ? — Il est
547 , tremblant de colère et gesticulant. Il crie : «  Je l’ai dit à madame Calixte, je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Ma
548 culant. Il crie : « Je l’ai dit à madame Calixte, je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Ma belle-mère est morte cette nu
549 Calixte, je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Ma belle-mère est morte cette nuit. Il ne faut pas se moquer des gens en
550 aison, sur une terrasse qu’on ne peut voir d’ici. Je ne comprends pas très bien. S’il s’agit de respect, ne vaudrait-il pa
551 vent, par petits groupes, parlant beaucoup. 9 mai Me voilà brouillé avec Simard. Après l’algarade d’hier matin, je ne me s
552 uillé avec Simard. Après l’algarade d’hier matin, je ne me sentais pas le cœur à lui jouer une comédie de sympathie, d’aut
553 avec Simard. Après l’algarade d’hier matin, je ne me sentais pas le cœur à lui jouer une comédie de sympathie, d’autant qu
554 scussions avec le beau-frère font toujours rage). Je me suis donc borné à exprimer mes « condoléances » à madame Simard, q
555 ssions avec le beau-frère font toujours rage). Je me suis donc borné à exprimer mes « condoléances » à madame Simard, que
556 toujours rage). Je me suis donc borné à exprimer mes « condoléances » à madame Simard, que j’ai trouvée hier soir devant s
557 xprimer mes « condoléances » à madame Simard, que j’ ai trouvée hier soir devant son seuil, entourée de commères qui entret
558 iennent son chagrin décent. Aux premiers mots que j’ ai dits, elle a pleuré, gémi d’une toute petite voix fausse, et m’a be
559 a pleuré, gémi d’une toute petite voix fausse, et m’ a beaucoup remercié. Bref, il m’a semblé que tout s’était bien passé.
560 e voix fausse, et m’a beaucoup remercié. Bref, il m’ a semblé que tout s’était bien passé. Je me trompais. C’est la mère Ca
561 Bref, il m’a semblé que tout s’était bien passé. Je me trompais. C’est la mère Calixte qui me l’apprend ce matin. Le ména
562 ef, il m’a semblé que tout s’était bien passé. Je me trompais. C’est la mère Calixte qui me l’apprend ce matin. Le ménage
563 passé. Je me trompais. C’est la mère Calixte qui me l’apprend ce matin. Le ménage Simard est furieux. Nous n’avons pas du
564 . Nous n’avons pas du tout fait ce qu’il fallait. Je me récrie : mais comment, j’ai pourtant dit ma sympathie à Madame Sim
565 ous n’avons pas du tout fait ce qu’il fallait. Je me récrie : mais comment, j’ai pourtant dit ma sympathie à Madame Simard
566 it ce qu’il fallait. Je me récrie : mais comment, j’ ai pourtant dit ma sympathie à Madame Simard. — Je sais, mais vous n’ê
567 t. Je me récrie : mais comment, j’ai pourtant dit ma sympathie à Madame Simard. — Je sais, mais vous n’êtes pas entré chez
568 j’ai pourtant dit ma sympathie à Madame Simard. —  Je sais, mais vous n’êtes pas entré chez eux. — Entré chez eux ? — Il fa
569 entré chez eux. — Entré chez eux ? — Il faut que je vous explique. Une visite de deuil, chez nous, ça doit se faire dans
570 ez nous, ça doit se faire dans la cuisine. Aussi, je lui ai dit, à Fernann, il aurait dû venir chez vous pour dire qu’il n
571 z vous pour dire qu’il ne voulait pas qu’on lave. Je le lui ai dit : c’est bien ta fôte ! Ça aurait été dans votre maison
572 été dans votre maison qu’il y aurait eu un mort, je comprendrais, je n’aurais pas non plus lavé la vaisselle. Mais ce n’e
573 aison qu’il y aurait eu un mort, je comprendrais, je n’aurais pas non plus lavé la vaisselle. Mais ce n’est pas la même ma
574 la vaisselle. Mais ce n’est pas la même maison. —  Je ne comprends pas. Madame Calixte. Pourquoi ne peut-on pas laver la va
575 en continuer à vivre, et à manger, et à laver, il me semble ? — Je ne pense pas comme vous, Monsieur, mais il a tort pour
576 vivre, et à manger, et à laver, il me semble ? —  Je ne pense pas comme vous, Monsieur, mais il a tort pour la lessive. Vo
577 ces gens-là ! S’ils avaient eu toute la peine que j’ ai eue dans ma vie, moi, ça serait autrement, je vous assure ! Ils son
578 S’ils avaient eu toute la peine que j’ai eue dans ma vie, moi, ça serait autrement, je vous assure ! Ils sont trop orgueil
579 aient eu toute la peine que j’ai eue dans ma vie, moi , ça serait autrement, je vous assure ! Ils sont trop orgueilleux, voi
580 e j’ai eue dans ma vie, moi, ça serait autrement, je vous assure ! Ils sont trop orgueilleux, voilà ! Je me perds dans tou
581 vous assure ! Ils sont trop orgueilleux, voilà ! Je me perds dans tout ce protocole. Je sens bien qu’il est inutile de le
582 us assure ! Ils sont trop orgueilleux, voilà ! Je me perds dans tout ce protocole. Je sens bien qu’il est inutile de leur
583 leux, voilà ! Je me perds dans tout ce protocole. Je sens bien qu’il est inutile de leur demander de s’expliquer. Tout cel
584 ne. 15 mai Comme l’année dernière, à la même date je crois, me voici au bout de mon rouleau. Impécuniosité cyclique. Les d
585 Comme l’année dernière, à la même date je crois, me voici au bout de mon rouleau. Impécuniosité cyclique. Les dieux locau
586 ère, à la même date je crois, me voici au bout de mon rouleau. Impécuniosité cyclique. Les dieux locaux me seraient-ils don
587 rouleau. Impécuniosité cyclique. Les dieux locaux me seraient-ils donc défavorables ? Je me vengerai d’eux en écrivant ici
588 dieux locaux me seraient-ils donc défavorables ? Je me vengerai d’eux en écrivant ici que leurs charmes ont cessé d’opére
589 eux locaux me seraient-ils donc défavorables ? Je me vengerai d’eux en écrivant ici que leurs charmes ont cessé d’opérer.
590 nche se promène quelquefois dans la cour. Mais on m’ assure que ces habitations sont délaissées depuis deux ans. Plus haut,
591 » ? 69. À Montmartre, il y a deux ou trois ans, j’ assistais à une conférence contradictoire contre le christianisme. « I
592 ition : un, plus un, plus un, cela fait trois, si je ne me trompe, et non pas un », — Prenez la multiplication ! cria l’ab
593 : un, plus un, plus un, cela fait trois, si je ne me trompe, et non pas un », — Prenez la multiplication ! cria l’abbé V.
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
594 ent le sens, l’esprit, le caractère, la longueur. Je crois bien que cela me suffirait. » Et quelques pages plus loin : « É
595 le caractère, la longueur. Je crois bien que cela me suffirait. » Et quelques pages plus loin : « Écrire ne m’intéresse qu
596 rait. » Et quelques pages plus loin : « Écrire ne m’ intéresse que si j’ai le sentiment que ce que j’écris, par la forme et
597 pages plus loin : « Écrire ne m’intéresse que si j’ ai le sentiment que ce que j’écris, par la forme et par le fond, serai
598 e m’intéresse que si j’ai le sentiment que ce que j’ écris, par la forme et par le fond, serait de nature à modifier la con
599 un aveu de chaque homme pour tous les autres : «  Je suis plus près de leur erreur que de ma vérité. » Parfois l’on songe
600 utres : « Je suis plus près de leur erreur que de ma vérité. » Parfois l’on songe au Rilke des Cahiers, — sans la vibratio
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
601 ellé, la brochure impondérable, le papillon rose. J’ ai toujours pensé que c’étaient là les armes de l’esprit contre le com
602 eois. Voir Léon Bloy (Exégèse des lieux communs). Je pense que la pureté dont parlent les surréalistes devrait impliquer l
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
603 ce sur les conditions actuelles — et actuantes si j’ ose dire — de l’œuvre littéraire dans la communauté. Il n’y a pas, et
604 monde dans lequel et contre lequel elle s’édifie. Je ne pense pas qu’il soit souhaitable d’en dire plus, au seuil de la sé
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
605 Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)as Je ne pense pas qu’il soit utile de parler dans Esprit de tout ce qui vi
606 m nous en offre un exemple idéal. À tel point que je ne puis aujourd’hui qu’indiquer les pistes qu’il nous ouvre ; il faud
607 e réfuter les hypothèses d’un collègue historien. Je ne nie pas la valeur intrinsèque de la thèse que défend M. Lamm et qu
608 intrinsèque de la thèse que défend M. Lamm et qui me paraît très convaincante, mais on se demande souvent pourquoi il la d
609 l’un des auteurs les plus souvent cités par Lamm. Je voudrais dégager ici trois points qui peuvent intéresser plus directe
610 on la pure tradition universitaire et bourgeoise, me paraît doublement onéreuse pour la vérité, voire pour l’intelligence.
611 lications, édictées avec une assurance doctorale, me paraissant prêcher par un je ne sais quoi qui rappelle d’une double m
612 assurance doctorale, me paraissant prêcher par un je ne sais quoi qui rappelle d’une double manière la fameuse « vertu dor
613 e, la cosmologie swedenborgienne, qui constitue à mon sens la partie la plus intéressante de l’œuvre du Suédois, devait app
614 théologique de chaque génération. 3. Ceci dit, il me paraît utile de poser ce problème, très brièvement, en termes de phil
615 de « dépersonnalisation », ou d’anéantissement du moi , qui est sans conteste celui de tous les mystiques, orientaux ou occi
616 , païens ou chrétiens, hétérodoxes ou orthodoxes. Je n’ai pas la prétention de traiter un si grave problème en quelques li
617 un si grave problème en quelques lignes. Mais il me semble nécessaire de préciser au moins le lieu de la véritable opposi
618 u de la véritable opposition. L’anéantissement du moi peut être recherché comme la suppression radicale de toute conscience
619 personnalisme, chrétien ou humaniste. Ce serait — je simplifie — le cas des mystiques orientales, dont l’influence est loi
620 l’éthique collectiviste. Mais l’anéantissement du moi peut aussi être compris comme un effort de l’homme pour se libérer de
621 ins propres, individuelles, individualistes. « Le moi est anéanti, écrit M. Lamm, tous les traits de la personnalité sont v
622 tre l’individu et la vocation qu’il se reconnaît, je dirais volontiers : entre la personnalité, naturelle ou factice (ou «
623 , qui est fondamentale pour tout notre mouvement. Je me contenterai pour aujourd’hui de marquer le point d’insertion d’un
624 ui est fondamentale pour tout notre mouvement. Je me contenterai pour aujourd’hui de marquer le point d’insertion d’un pro
625 Cf. Vers une cosmologie, Éditions F. Aubier. 72. Je ne puis m’étendre ici sur les aspects hétérodoxes et orthodoxes de so
626 e cosmologie, Éditions F. Aubier. 72. Je ne puis m’ étendre ici sur les aspects hétérodoxes et orthodoxes de son luthérani
627 connu du public « cultivé » français… Et préciser mes propres réserves à l’endroit de la mystique. as. Rougemont Denis de
34 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
628 sanne. Cela n’est pas sans irriter certains. Pour moi , je ne sais rien de plus salutaire, parfois de plus libérateur, que c
629 . Cela n’est pas sans irriter certains. Pour moi, je ne sais rien de plus salutaire, parfois de plus libérateur, que cette
630 sur leur table un gros bol de café au lait. Qu’on m’ entende bien : nous avons eu Amiel, et nous ne manquons pas de douteur
631 érés ? Et pourquoi, enfin, sommes-nous neutres ? Je voudrais souligner ceci : que c’est aux Suisses, finalement, que Ramu
632 ichois, est d’exister en fonction de ces voisins. Je vois l’équivoque de la phrase : exister en fonction des voisins, on p
633 . (Ramuz, plus dur, parle de portier d’hôtel…) Et je ne dis pas que cette interprétation désobligeante soit toujours fauss
634 ela revient à dire : a-t-elle une raison d’être ? J’ essaierai de répondre ici du point de vue qui me paraît le plus fécond
635 ? J’essaierai de répondre ici du point de vue qui me paraît le plus fécond non seulement pour l’esprit et l’homme en génér
636 ouissent oublient pourquoi ils ont reçu ce droit. Je ne dirai pas que les Suisses l’aient déjà oublié. Mais la conscience
637 i. Notre chance et nos risques sont là.   Rien ne me paraît plus frappant que la convergence finale des faits que l’on a r
638 nomie. Cette convergence, cette rencontre idéale, me paraît être la grande leçon qui doit se dégager de notre effort. La m
639 urs de ses communes mesures. Qu’on ne voie pas là je ne sais quelle manière d’idéaliser ce qui est mesquin. Car ce qui est
640 quences précises dans les ordres les plus divers. Je voudrais en marquer quelques-unes en les groupant sous trois chefs pr
641 ient les réserves de fond qu’il y ait à faire, et je les fais, sur l’authenticité de ces missions qu’ils proclament à son
642 tres en ont parlé plus longuement dans ce numéro. Je ne l’envisage ici que sous l’angle particulier de nos responsabilités
643 bliant le dieu qu’il célèbre. Et pourquoi n’irais- je pas jusqu’à dire que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas de
644 e une tradition, une vocation communautaire. Mais je me représente volontiers une Suisse culturelle pluraliste, avec ses c
645 ne tradition, une vocation communautaire. Mais je me représente volontiers une Suisse culturelle pluraliste, avec ses cent
646 la Suisse, une assez belle culture européenne77. Je ne vois pas pourquoi nous douterions d’une tradition que tout nous po
647 adition que tout nous pousse à continuer, et qui, je le crois, n’a pas encore réalisé ses possibilités extrêmes. Nous avon
648 s. Nous avons le goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz, et je m’en irrite au moins autant que lui. (Que se
649 moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz, et je m’en irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si je vivais en S
650 en, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz, et je m’ en irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si je vivais en Suis
651 irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si je vivais en Suisse ?) Mais je pense qu’on n’atteint la grandeur qu’en u
652 ui. (Que serait-ce si je vivais en Suisse ?) Mais je pense qu’on n’atteint la grandeur qu’en utilisant ses défauts, en s’é
653 moyens — et même les autres.) 3. — Avec l’armée, je reviens au concret, ou du moins à ce qu’on tient pour tel dans un pay
654 ssent plus qu’ailleurs pour un luxe. (Nulle part, je crois, les écrivains n’ont moins d’action sur la vie politique.) Il e
655 tique.) Il est clair, et on le dit assez pour que je n’aie pas à insister, que l’armée d’un petit pays neutre est très fac
656 nte de son rôle particulier de garde neutre. Mais je ne sens pas cette conscience très vivace. Et dès lors toutes ces bell
657 autour de ce qu’on y appelle « le militaire » ne me paraît pas toujours proportionné au sens des raisons d’être de la Sui
658 ns à la fédération, donc à l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matérielles soient pour nous un
659 érielles soient pour nous une défense suffisante. Je vois bien qu’elles sont nécessaires. Mais je vois aussi qu’avec la ci
660 nte. Je vois bien qu’elles sont nécessaires. Mais je vois aussi qu’avec la cinquantième partie de l’argent consacré à leur
661 t militaire80, un important budget de la culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais
662 dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais volontiers le budget de la conscience fédérale. Car le
663 e destinée, et notre chance unique de grandeur. ⁂ Je vois ce que l’on peut m’objecter : « Vous attribuez des justification
664 ce unique de grandeur. ⁂ Je vois ce que l’on peut m’ objecter : « Vous attribuez des justifications parfois mythiques à des
665 atérielles, qui sont petites, qui sont médiocres. J’ ai cité le cas de la presse, se réduisant elle-même au rôle de presse
666 médiats : ils seront révolutionnaires au sens que je viens de définir. Mais avant toute action précise, il importe de rend
667 és d’imaginer, donc d’innover et de voir grand. ⁂ Je résumerai tout ce qui précède en une seule phrase : Nous sommes charg
668 yalisme démocratique. 80. Qu’on entende bien que je ne demande pas de faire concourir l’éducation et l’instruction à notr
669 déjà certains ! S’il fallait établir un rapport, je choisirais naturellement l’inverse, plus conforme à la hiérarchie des
35 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
670 ttérature) en aventure troublante et attirante. ⁂ Je n’entends pas un instant ramener la crise actuelle du mariage au conf
671 t dans la vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens, l’état présent de dé-moralisation générale — non d’a-moralité c
672 aît chaque mois sur la « crise du mariage ». Mais je doute fort qu’il en résulte aucune espèce de solution pratique : car
673 ’est toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujo
674 e qui s’ouvre, un destin qui acquiesce au désir ! Je vais y entrer, je vais y monter, je vais y être « transporté » ! La s
675 destin qui acquiesce au désir ! Je vais y entrer, je vais y monter, je vais y être « transporté » ! La sempiternelle illus
676 ce au désir ! Je vais y entrer, je vais y monter, je vais y être « transporté » ! La sempiternelle illusion, la plus naïve
677 » ! La sempiternelle illusion, la plus naïve et — j’ ai beau dire ! — la plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion de liber
678 n… Illusion de liberté. Et illusion de plénitude. Je nommerais libre un homme qui se possède. Mais l’homme de la passion c
679 ts anciens Que dans une autre existence peut-être J’ ai déjà vue, et dont je me souviens… Image de la mère, sans nul doute
680 autre existence peut-être J’ai déjà vue, et dont je me souviens… Image de la mère, sans nul doute, et la psychanalyse no
681 tre existence peut-être J’ai déjà vue, et dont je me souviens… Image de la mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous
682 l’exemple d’un poète ne vaut rien, ou vaut trop. J’ entends décrire une illusion apprise par la majorité des hommes du xxe
683 débile pour s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe à la psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jal
684 utonome à son côté, une exigence d’amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne à la décrire et à
685 tif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachan
686 . ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant f
687 iter » comme dit Montaigne, sachant fort bien que je ne convaincrai pas une seule victime du mythe profané. Mais il fallai
688 Bien peu ont assez soif pour boire le philtre, et j’ en vois moins encore être élus par le sort pour succomber au tourment
689 sume l’ambition des analyses qui précèdent ; mais je sens bien qu’elles m’ont porté déjà aux limites du désobligeant : nou
690 alyses qui précèdent ; mais je sens bien qu’elles m’ ont porté déjà aux limites du désobligeant : nous aimons trop nos illu
691 bles pour tout ordre social, quel qu’il soit. (Et je ne parle même pas du danger spirituel que fait courir à la personne l
692 dance même de ces recherches92 et de ces recettes me rend sceptique quant à leur efficacité : elle révèle l’étendue du dés
693 ent réalisé (d’après les recettes). Personne, que je sache, n’a encore osé dire que l’amour tel qu’on l’imagine de nos jou
694 jours, et nous ne sommes pas des Don Quichotte… » Je le crois bien ! C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien de
36 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
695 s équivoques de l’antisémitisme et ose écrire : «  Je doute que le prolétariat français éprouve une joie particulière à sav
696 us, mais pour enrichir M. Renault ou M. Michelin, Je doute qu’il soit assez sot pour se contenter de cette révolution. Je
697 assez sot pour se contenter de cette révolution. Je doute que ce qu’il demande ce soit l’honneur d’être exploité par ses
698 ns de Jean Wahl. À retenir cette petite charade : mon premier est ce qu’il y a de plus bas ; mon second ce qu’il y a de plu
699 rade : mon premier est ce qu’il y a de plus bas ; mon second ce qu’il y a de plus haut ; mon tout est peut-être un attrape-
700 plus bas ; mon second ce qu’il y a de plus haut ; mon tout est peut-être un attrape-nigaud. Réponse : matérialisme dialecti
701 d’oraison funèbre. Et après ? « Vous n’allez pas me dire que vous êtes fasciste ? — Heu… » C’est la dernière réplique. — 
37 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
702 l’heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il me semble que son dessein le plus secret m’échappe encore. L’aveu sera j
703 sion, il me semble que son dessein le plus secret m’ échappe encore. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pressens d’assez pr
704 m’échappe encore. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pressens d’assez profondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrir
705 essens d’assez profondes raisons de le consentir. J’ ai voulu décrire la passion comme une entité historique, née dans un t
706 dont le cours est calculable. (Au xiie siècle). J’ ai cru cerner le secret de son mythe. La découverte ne serait pas négl
707 la décision dont elle est née. Et pour tout dire, j’ ignore encore si cela peut avoir un sens : approuver ou rejeter la pas
708 erre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour moi , ici et maintenant, le problème ne comporte pas d’échappatoire dans l
709 uées. C’est donc un parti pris tout personnel que je vais tenter de définir maintenant, et après coup, tel que je le recon
710 ter de définir maintenant, et après coup, tel que je le reconnais dans ma vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que
711 nant, et après coup, tel que je le reconnais dans ma vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que je propose. Car outre
712 a vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que je propose. Car outre qu’une telle solution probablement n’existe pas, s
713 ent n’existe pas, si elle existait ce serait pour moi seul : on ne se décide jamais que pour son compte, et le reste est in
714 ur son compte, et le reste est indiscrétion. Mais je ne pouvais écrire un livre entier sur la passion sans achever ma desc
715 crire un livre entier sur la passion sans achever ma description par ce trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où l
716 ne une existence. 2. Critique du mariage Si je ne vois pas de raison qui tienne contre la passion véritable, il m’ap
717 raison qui tienne contre la passion véritable, il m’ apparaît en second lieu que la raison n’est guère plus efficace pour l
718 e. Tolstoï, lui, la décrit comme un « enfer ». Et je lui fais un plus large crédit ! Étant donné que les humains des deux
719 lent contre leur humanisme. Que dit l’Apôtre ? «  Je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de femme. Toutef
720 r que Satan ne vous tente par votre incontinence. Je dis cela par condescendance, je n’en fais pas un ordre… Car il vaut m
721 tre incontinence. Je dis cela par condescendance, je n’en fais pas un ordre… Car il vaut mieux se marier que de brûler… Qu
722 retomber sous le coup des objections humaines. Si j’ oublie cet au-delà du mariage, mais aussi de tout ordre humain, qui s’
723 Dieu (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne ma vision et mon espoir à une perfection relative, à l’équilibr
724 Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne ma vision et mon espoir à une perfection relative, à l’équilibre dans l’
725 lus ni hommes ni femmes »), je borne ma vision et mon espoir à une perfection relative, à l’équilibre dans l’imperfection q
726 imperfection que représente le mariage. Alors, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que la révolte contre ma conditio
727 mariage. Alors, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que la révolte contre ma condition de créature ; et au contrair
728 l’atteindre, il ne me reste que la révolte contre ma condition de créature ; et au contraire, si je l’atteins trop aisémen
729 re ma condition de créature ; et au contraire, si je l’atteins trop aisément, je deviendrai le philistin que dénoncent les
730 ; et au contraire, si je l’atteins trop aisément, je deviendrai le philistin que dénoncent les romantiques, ou l’homme mor
731 les » de l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, et si je l’accepte, je considère alors l’
732 he. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, et si je l’accepte, je considère alors l’équilibre imparfait du mariage dans u
733 e sais que l’Apôtre a raison, et si je l’accepte, je considère alors l’équilibre imparfait du mariage dans une perspective
734 l’attente — heureuse ou malheureuse — du parfait. Je sais que je tente une entreprise folle (et en même temps toute nature
735 heureuse ou malheureuse — du parfait. Je sais que je tente une entreprise folle (et en même temps toute naturelle !) pour
736 e !) pour vivre le parfait dans l’imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte en lui-même une vérité imperturba
737 e au départ toutes les chances de votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps de calculer — jamais vous ne
738 nnel de ce terme. Certes, il y a du sophisme dans mon raisonnement : car tout se passe d’ordinaire comme si le bonheur des
739 persuade qu’il s’agit avant tout de calcul… D’où je conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mariage, et au réel
740 coup de tête » : car tant que l’on peut calculer, j’ admets qu’il est stupide de s’en priver. Mais je dis que la garantie d
741 , j’admets qu’il est stupide de s’en priver. Mais je dis que la garantie d’une union raisonnable en apparences n’est jamai
742 ire à Mademoiselle Untel : « Vous êtes l’idéal de mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’Iseut tou
743 ’idéal de mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’Iseut toute belle et désirable — et munie d’une d
744 et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont je veux être le Tristan ». Car ce serait là mentir et l’on ne peut rien
745 e mensonge. Il n’y a personne au monde qui puisse me combler : à peine comblé je changerais ! Choisir une femme pour en fa
746 e au monde qui puisse me combler : à peine comblé je changerais ! Choisir une femme pour en faire son épouse, c’est dire à
747 e son épouse, c’est dire à Mademoiselle Untel : «  Je veux vivre avec vous telle que vous êtes. » Car cela signifie en véri
748  » Car cela signifie en vérité : « c’est vous que je choisis pour partager ma vie, et voilà la seule preuve que je vous ai
749 érité : « c’est vous que je choisis pour partager ma vie, et voilà la seule preuve que je vous aime ». (Vraiment, pour dir
750 our partager ma vie, et voilà la seule preuve que je vous aime ». (Vraiment, pour dire : Ce n’est que cela ! — comme le di
751 jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe, à je ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu de so
752 vir de point de départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui soit une recette de « bonheur », mais b
753 au sens actuel. Car pour ceux du siècle présent, je pense que la fidélité se définit comme la moins naturelle des vertus,
754 demain » et tantôt : « C’est tellement vital pour moi , tellement plus important que toutes vos petites morales et garanties
755 t, considéré comme une odieuse limitation. ⁂ Pour moi , renonçant d’emblée à toute apologie rationaliste ou hédoniste, je ne
756 mblée à toute apologie rationaliste ou hédoniste, je ne parlerai que d’une fidélité observée en vertu de l’absurde, parce
757 réel, qu’elle cherche à dominer, non pas à fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car la personne se manif
758 contraire d’une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle est une folie, mais la plus sobre et quotidienne. Une folie de
759 blouissante » qui l’accueille par ces paroles : «  Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe, et de Tristan. C’est
760 et amour, la mort, appelée comme la délivrance du moi coupable et asservi. Tristan n’est pas fidèle à une promesse, ni à ce
761 , mais qui consume aussi la faute, et divinise un moi purifié, « innocent » ! De ces origines mystiques, la « fidélité pass
762 ariage, c’est à l’autre d’abord, et non pas à son moi d’abord, que celui qui aime voue sa fidélité. Et tandis que la fidéli
763 st alors par ce détour, à travers l’autre, que le moi rejoint sa personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi la personn
764 r témoigner en faveur de la Nuit, c’est-à-dire du moi glorifié. L’amour fidèle dans le mariage chrétien témoigne que la vol
765 e l’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse de me faire souffrir, et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais l’
766 l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’ appelle à le créer, et qu’il se tourne avec moi vers le Jour afin d’at
767 ’il m’appelle à le créer, et qu’il se tourne avec moi vers le Jour afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui m’est alli
768 our afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui m’ est alliée — pour toute la vie, voilà le miracle du mariage. Une vie q
769 miracle du mariage. Une vie qui ne veut plus que mon bien, parce qu’il est confondu avec le sien : et si ce n’était pour t
770 re et ne veut même pas détruire ce qui détruit. «  Je ne veux pas la mort du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Éros s’asservit à la
771 et d’en attendre un mystérieux surcroît de vie. J’ essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le chris
772 ui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais pas, c’est cette puissance fatal
773 lité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais pas, c’est cette puissance fatale qui agissait en lieu et p
774 puissance fatale qui agissait en lieu et place de ma personne. » Pieux mensonge du servant d’Éros. Mais de combien de comp
775 riques et psychologiques, de son enjeu spirituel, me paraît devoir entraîner la révision d’un certain nombre de jugements
776 eur. Mais l’autre aspect du dynamisme occidental, j’ entends notre génie technique, ne saurait être un seul instant ramené
777 Dieu », dit Spinoza. Cette attitude, qui définit mon Occident, définit en même temps les conditions profondes de la fidéli
778 es, pourront en constituer la conclusion ouverte. J’ ai tenté de débrouiller certains problèmes posés en termes d’histoire
779 mais les constatations tout objectives auxquelles je me suis vu conduit ne sont pas suffisantes en soi. Elles commandent c
780 s les constatations tout objectives auxquelles je me suis vu conduit ne sont pas suffisantes en soi. Elles commandent cert
781 la pure et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion en principe, ce
782 le négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’ y insiste encore : condamner la passion en principe, ce serait vouloir
783 ns-nous désormais entrevoir ? Les deux thèmes que je vais esquisser indiquent deux voies de dépassement, dans la ligne de
784 de la vie naturelle, Dieu apparaît alors comme «  mon ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite, à l’origi
785 t la réponse de notre vie.) ⁂ Le second thème que j’ esquisserai n’est peut-être pas d’une nature essentiellement hétérogèn
786 de, car c’est lui qui transforme le monde. 93. Je m’en tiens au « cas-limite » de Tristan ; j’ai connu des amants chrét
787 car c’est lui qui transforme le monde. 93. Je m’ en tiens au « cas-limite » de Tristan ; j’ai connu des amants chrétien
788 93. Je m’en tiens au « cas-limite » de Tristan ; j’ ai connu des amants chrétiens qui eussent considéré cette phrase comme
789 sion hors du réel, une façon de l’idéaliser. 96. J’ emploie ce terme au sens actif et littéral, par opposition au sens dev
790 ues. 99. En quoi consiste le respect, au sens où je le prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité d’u
791 homme comme une chose, comme un instrument. 100. Je répète toutefois que le mariage ne saurait être fondé sur des « argum
792 yse en particulier. Aucune de ces explications ne me paraît rendre compte, le moins du monde, de la singularité du cas. El
38 1938, Esprit, articles (1932–1962). Suite à « La passion contre le mariage » (décembre 1938)
793 a voici : Au sujet de la lettre du R. P. Lavaud — je n’ai rien voulu dire d’autre que cela même que précise l’auteur : à s
794 estent, selon lui, hypothétiques. Pour l’objet de mon essai (voir la phrase qui porte le renvoi en note) c’était le seul po
795 nvoi en note) c’était le seul point à marquer. Il me semble qu’en général on l’a compris comme je le pensais : ce n’est po
796 . Il me semble qu’en général on l’a compris comme je le pensais : ce n’est point le sacrement qui « fait question », selon
797 iblique. À propos de la lettre de Miatlev. — Non, je ne « prétends pas classer Lawrence parmi ceux qui ont méconnu » le pr
798 ence parmi ceux qui ont méconnu » le problème que j’ aborde. Mais le chapitre qui paraît aujourd’hui précise assez ma posit
799 le chapitre qui paraît aujourd’hui précise assez ma position : on a pu voir les motifs que j’avais de ne point en appeler
800 e assez ma position : on a pu voir les motifs que j’ avais de ne point en appeler à Lawrence pour appuyer une thèse chrétie
39 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
801 rsitaire, ou comme on dit : « intellectualiste ». Je ne pense pas que cela soit décisif. Je crains bien qu’au contraire le
802 ualiste ». Je ne pense pas que cela soit décisif. Je crains bien qu’au contraire le mouvement ait péché par défaut de radi
803 défaut de radicalisme dans sa critique négative. Mon expérience des groupes et des congrès personnalistes m’amène à formul
804 érience des groupes et des congrès personnalistes m’ amène à formuler les thèses suivantes : 1. C’est le désir de « sortir
40 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
805 de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)bb bc Mon cher Davenson, Votre article brillant, méditerranéen sur mon Amour e
806 venson, Votre article brillant, méditerranéen sur mon Amour et l’Occident , par sa forme même d’apostrophe amicale et iron
807 cale et ironique, provoque et engage un dialogue. J’ ai d’autant moins envie de m’y soustraire que les chapitres de mon liv
808 engage un dialogue. J’ai d’autant moins envie de m’ y soustraire que les chapitres de mon livre qui furent publiés ici mêm
809 oins envie de m’y soustraire que les chapitres de mon livre qui furent publiés ici même sont, avec ceux ou plutôt celui que
810 quez dans un rapport quelque peu équivoque, qu’il m’ importe d’élucider. Vous me dites (avec une gentillesse désarmante et
811 e peu équivoque, qu’il m’importe d’élucider. Vous me dites (avec une gentillesse désarmante et si rare !) que mon livre « 
812 avec une gentillesse désarmante et si rare !) que mon livre « est un livre d’histoire » et que je ne suis pas un historien.
813 que mon livre « est un livre d’histoire » et que je ne suis pas un historien. Je vois bien que vous non plus ne voulez pa
814 d’histoire » et que je ne suis pas un historien. Je vois bien que vous non plus ne voulez pas l’être comme tant d’autres
815 outefois, c’est bien comme « historien » que vous m’ attaquez, et certes je ne fais pas de ce mot une injure, mais simpleme
816 omme « historien » que vous m’attaquez, et certes je ne fais pas de ce mot une injure, mais simplement je constate que vou
817 ne fais pas de ce mot une injure, mais simplement je constate que vous parlez de l’histoire comme quelqu’un qui y croit en
818 ncore, et qui escompte que le lecteur y croit. Or moi je n’y crois pas du tout. Je ne crois pas aux « faits objectifs » don
819 e, et qui escompte que le lecteur y croit. Or moi je n’y crois pas du tout. Je ne crois pas aux « faits objectifs » dont l
820 lecteur y croit. Or moi je n’y crois pas du tout. Je ne crois pas aux « faits objectifs » dont l’historien prétend communé
821 nt l’historien prétend communément « partir »109. Je crois qu’il y a un matériel hétéroclite de textes, de dates, de noms
822 ple on appelle pape un Léon III qui fut empereur. Je ne songe pas à défendre l’inexactitude ni les erreurs typographiques,
823 ’illusions — que du public qui croit aux manuels. Je ne dis pas cela contre vous. Je le dis pour situer vos critiques dans
824 roit aux manuels. Je ne dis pas cela contre vous. Je le dis pour situer vos critiques dans l’esprit de votre lecteur — et
825 critiques dans l’esprit de votre lecteur — et du mien . Car en fait, je ne prétends nullement que mon livre soit un livre d’
826 sprit de votre lecteur — et du mien. Car en fait, je ne prétends nullement que mon livre soit un livre d’histoire, dans ce
827 u mien. Car en fait, je ne prétends nullement que mon livre soit un livre d’histoire, dans ce sens « critiquable » du terme
828 de théologie morale, et c’est sur ce terrain que je puis le défendre. Malgré toute mon horreur de Kant, je dirai même que
829 ce terrain que je puis le défendre. Malgré toute mon horreur de Kant, je dirai même que j’en ressens l’obligation. Ma form
830 is le défendre. Malgré toute mon horreur de Kant, je dirai même que j’en ressens l’obligation. Ma formation théologique pr
831 lgré toute mon horreur de Kant, je dirai même que j’ en ressens l’obligation. Ma formation théologique protestante m’incite
832 ant, je dirai même que j’en ressens l’obligation. Ma formation théologique protestante m’incite à rechercher, en chaque do
833 ’obligation. Ma formation théologique protestante m’ incite à rechercher, en chaque domaine, non point le général comme les
834 moment décisif. Par exemple, l’histoire n’a pour moi d’autre sens que d’illustrer certaines décisions actuelles. Cette mét
835 n tant qu’interprète et théologien de l’histoire, je n’ai pas été sans découvrir dans votre article une faculté d’interpré
836 iste, l’amour courtois !… dites-vous. Mais voilà, je le « vide de sa riche, émouvante réalité humaine », Et vous citez la
837 ine », Et vous citez la légende de Rudel, et vous me reprochez de n’avoir pas rêvé là-dessus et de n’en avoir tiré qu’un a
838 qu’un argument de tortionnaire. Vous ajoutez que je suis insensible à « cette éloquence passionnée, à cette beauté intéri
839 ence passionnée, à cette beauté intérieure », que je tiens tout cela pour une « conception dépassée » ; et que j’en parle
840 ut cela pour une « conception dépassée » ; et que j’ en parle enfin comme on peut en parler à l’Université de Halle110. Or
841 Halle110. Or il se trouve que plusieurs critiques m’ ont adressé le reproche inverse : celui d’avoir donné de l’amour court
842 usiaste qu’à la fin, la conception chrétienne que je lui oppose « paraît quelque peu exsangue ». Je pourrais essayer de me
843 ue je lui oppose « paraît quelque peu exsangue ». Je pourrais essayer de me justifier en remarquant que mon objet principa
844 ît quelque peu exsangue ». Je pourrais essayer de me justifier en remarquant que mon objet principal n’était pas de décrir
845 ourrais essayer de me justifier en remarquant que mon objet principal n’était pas de décrire les différents aspects de l’am
846 de l’amour courtois, mais seulement cet aspect, à mon sens décisif, que je rapporte au catharisme. Je pourrais, je devrais
847 ais seulement cet aspect, à mon sens décisif, que je rapporte au catharisme. Je pourrais, je devrais vous dire que si je n
848 mon sens décisif, que je rapporte au catharisme. Je pourrais, je devrais vous dire que si je n’avais pas rêvé (et un peu
849 isif, que je rapporte au catharisme. Je pourrais, je devrais vous dire que si je n’avais pas rêvé (et un peu plus…) sur l’
850 harisme. Je pourrais, je devrais vous dire que si je n’avais pas rêvé (et un peu plus…) sur l’aventure de Rudel, si j’étai
851 êvé (et un peu plus…) sur l’aventure de Rudel, si j’ étais insensible à cette éloquence passionnée et à cette beauté intéri
852 uence passionnée et à cette beauté intérieure, si je croyais cette conception dépassée, je n’aurais pas écrit mon livre. L
853 érieure, si je croyais cette conception dépassée, je n’aurais pas écrit mon livre. L’amour courtois, ça existe tellement q
854 cette conception dépassée, je n’aurais pas écrit mon livre. L’amour courtois, ça existe tellement que j’en ai fait la caus
855 livre. L’amour courtois, ça existe tellement que j’ en ai fait la cause principale de la crise du mariage moderne ! Et c’e
856 r, d’antichrétien. Or, c’est à cela seulement que je veux renoncer. Sur ce point seul porte ma décision. Tout le reste, da
857 ent que je veux renoncer. Sur ce point seul porte ma décision. Tout le reste, dans la perspective de mon ouvrage, ne pouva
858 a décision. Tout le reste, dans la perspective de mon ouvrage, ne pouvait être que littérature (la plus belle qui soit, nou
859 us dites ne pouvoir renoncer. C’est cela que vous me reprochez de n’avoir pas assez exalté. Mais alors, je vous pose cette
860 eprochez de n’avoir pas assez exalté. Mais alors, je vous pose cette question : si j’avais exalté davantage tout ce reste,
861 lté. Mais alors, je vous pose cette question : si j’ avais exalté davantage tout ce reste, mes conclusions, à votre sens, s
862 tion : si j’avais exalté davantage tout ce reste, mes conclusions, à votre sens, s’en fussent-elles trouvées modifiées ? J’
863 tre sens, s’en fussent-elles trouvées modifiées ? J’ entends mes conclusions religieuses et morales, ma décision, non telle
864 s’en fussent-elles trouvées modifiées ? J’entends mes conclusions religieuses et morales, ma décision, non telle ou telle h
865 J’entends mes conclusions religieuses et morales, ma décision, non telle ou telle hypothèse « historique » que je suis tou
866 , non telle ou telle hypothèse « historique » que je suis tout prêt à réviser s’il y a lieu. Voilà le point. Voilà le terr
867 ’il y a lieu. Voilà le point. Voilà le terrain de ma défense et aussi de ma contre-attaque. « Je ne puis, moi, renoncer à
868 point. Voilà le terrain de ma défense et aussi de ma contre-attaque. « Je ne puis, moi, renoncer à rien de ce qui a été hu
869 in de ma défense et aussi de ma contre-attaque. «  Je ne puis, moi, renoncer à rien de ce qui a été humain », dites-vous. «
870 ense et aussi de ma contre-attaque. « Je ne puis, moi , renoncer à rien de ce qui a été humain », dites-vous. « Il me faut à
871 à rien de ce qui a été humain », dites-vous. « Il me faut à tout prix que je puisse l’assumer. » Eh bien quoi ? Nous en so
872 umain », dites-vous. « Il me faut à tout prix que je puisse l’assumer. » Eh bien quoi ? Nous en sommes tous là ! Mais faut
873 nt de renoncer à rien d’humain, sans distinction, je veux bien être appelé sectaire. (Huguenot, cela va sans dire, mais ce
874 synonyme.) Et même dissonant, s’il le faut. Dans ma dissonance obstinée, je considère que le chrétien, c’est un homme qui
875 onant, s’il le faut. Dans ma dissonance obstinée, je considère que le chrétien, c’est un homme qui choisit sans retour, et
876 orrompu, de « trop humain », de sous-humain dirai- je plutôt, dans tout ce que l’on appelle l’Humain, et qui ne l’est plus
877 a Chute d’Adam. Oui certes, rien d’humain ne peut m’ être étranger ; reste à savoir si j’ai lieu de m’en vanter ; reste à s
878 umain ne peut m’être étranger ; reste à savoir si j’ ai lieu de m’en vanter ; reste à savoir si ce n’est pas là, précisémen
879 m’être étranger ; reste à savoir si j’ai lieu de m’ en vanter ; reste à savoir si ce n’est pas là, précisément la solidari
880 s. (Voir Romains 8). Vous estimerez peut-être que j’ abuse en transportant à ce niveau notre « tenson », comme on disait au
881 comme on disait au temps des troubadours. Croyez- moi , je ne cherche pas à esquiver des objections précises111 par un recou
882 e on disait au temps des troubadours. Croyez-moi, je ne cherche pas à esquiver des objections précises111 par un recours a
883 attendant nos psychographes). Votre insistance à me reprocher d’avoir sous-estimé ce que j’appelle insolemment « le reste
884 istance à me reprocher d’avoir sous-estimé ce que j’ appelle insolemment « le reste », m’amène à me demander pourquoi vous
885 estimé ce que j’appelle insolemment « le reste », m’ amène à me demander pourquoi vous y tenez tant. Je crois voir la répon
886 que j’appelle insolemment « le reste », m’amène à me demander pourquoi vous y tenez tant. Je crois voir la réponse dans vo
887 m’amène à me demander pourquoi vous y tenez tant. Je crois voir la réponse dans votre conclusion. Et force m’est alors de
888 s voir la réponse dans votre conclusion. Et force m’ est alors de reconnaître qu’à l’origine de ce débat il n’y a pas seule
889 ou de Transjordanie profère une vérité première. ( J’ avais été tenté de citer l’anecdote dans mon livre.) Placée comme cela
890 ière. (J’avais été tenté de citer l’anecdote dans mon livre.) Placée comme cela, en conclusion de votre article, cette sent
891 tre article, cette sentence paraît écrasante pour ma thèse. Seulement, nous sommes dans le monde concret de la chute, le m
892 as vrai non plus que tout l’humain soit humain. «  Je trouve deux hommes en moi », écrit l’Apôtre. Nous trouvons en nous de
893 l’humain soit humain. « Je trouve deux hommes en moi  », écrit l’Apôtre. Nous trouvons en nous deux amours, et même trois.
894 , et même trois. C’est là précisément le sujet de mon livre. Le premier amour, c’est le désir, c’est l’amour sensuel, sa fi
895 vers la créature telle qu’elle est, mais vers le moi rêvé de celui qui s’exalte. C’est une espèce de narcissisme. Le seul
896 imer, lui redonnera sa juste place dans l’humain. Ma thèse centrale présentée de la sorte — n’est-ce pas assez clair dans
897 entée de la sorte — n’est-ce pas assez clair dans mon livre ? — me direz-vous encore que vous êtes « plutôt contre » ? Voil
898 rte — n’est-ce pas assez clair dans mon livre ? —  me direz-vous encore que vous êtes « plutôt contre » ? Voilà toute notre
899 nthèse transcendante, de tout sauver. Protestant, j’ insiste d’abord sur la nécessité de distinguer l’élément décisif, ce q
900 distinguer l’élément décisif, ce qui sauve. Vous me reprocherez de sacrifier la richesse émouvante du réel ; et moi, je c
901 z de sacrifier la richesse émouvante du réel ; et moi , je crains que l’ambition scolastico-mirandolesque d’assumer tout ce
902 sacrifier la richesse émouvante du réel ; et moi, je crains que l’ambition scolastico-mirandolesque d’assumer tout ce qui
903 ais l’inverse n’est pas prévu.   Post-Scriptum. —  J’ avais commencé de lire le numéro d’Esprit par la fin, comme tout le mo
904 a fin, comme tout le monde. Cette réponse écrite, j’ ai lu votre « Tristesse de l’historien ». (Mounier et Niklaus, qui sor
905 orien ». (Mounier et Niklaus, qui sortent de chez moi , peuvent témoigner de l’authenticité de cette chronologie !) Ainsi to
906 de cette chronologie !) Ainsi toute la partie de ma lettre relative à l’histoire « objective » se trouve être un mauvais
907 un mauvais résumé des idées de Raymond Aron, que je ne connaissais pas, et que vous approuvez ! (C’est aussi, en réalité,
908 ées dans Penser avec les mains . Indications que j’ ai d’ailleurs retrouvées à leur tour chez Hamann ! L’Histoire comme pr
909 s, par exemple.) Rencontre amusante, instructive… Je me garderai donc de retoucher cette réponse. Mais pour conclure, je v
910 par exemple.) Rencontre amusante, instructive… Je me garderai donc de retoucher cette réponse. Mais pour conclure, je vous
911 c de retoucher cette réponse. Mais pour conclure, je vous citerai en confidence deux phrases d’une lettre reçue hier, et r
912 ux phrases d’une lettre reçue hier, et relative à mon Amour  : « Quand j’étais jeune, j’aurais parfaitement méprisé votre
913 e reçue hier, et relative à mon Amour  : « Quand j’ étais jeune, j’aurais parfaitement méprisé votre manière si cavalière
914 t relative à mon Amour  : « Quand j’étais jeune, j’ aurais parfaitement méprisé votre manière si cavalière d’expédier les
915 avalière d’expédier les problèmes, mais à présent je ne sais plus. Puisque aucune patience historique ne conduit à la cert
916 dèle à vos disciples. (Mais oui, vous en avez, et je les souhaite nombreux : car avec de tels maîtres, ils auront bientôt
917 ait de retrouver la joie de l’historien !) 109. Je lisais hier encore dans une étude de Lucien Febvre : « La méthode de
918 réellement « modeste », — très bien. 110. Un de mes étudiants allemands me contait qu’après 5 ans de travail sur les trou
919 — très bien. 110. Un de mes étudiants allemands me contait qu’après 5 ans de travail sur les troubadours, à Francfort, i
920 onnaît. » 111. La citation d’Ibn Dawoud que vous m’ opposez, par exemple, pose un problème délicat. Par contre, le paragra
921 l’on peut discuter — et on l’a fait ! — mais que je n’avais pas le droit d’ignorer. bb. Rougemont Denis de, « Autour de
41 1946, Esprit, articles (1932–1962). « Un divorce entre le christianisme et le monde ? » (août-septembre 1946)
922 sme et le monde ? » (août-septembre 1946)bd be Je ne vois pas le divorce en question. Pour qu’il y ait divorce, il faut
923 ut inquiéter : d’où votre enquête, sans doute. Il me paraît au contraire rassurant. Car le pire danger pour le christianis
924 les choses ont l’air de bien marcher. Voilà pour ma réponse. Mais c’est l’enquête elle-même qu’il faut mettre en question
42 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
925 émission d’un nième cabinet à Paris, un Américain me disait : — En France, n’importe quel problème d’ajustement économique
926 vous parlez de notre hypocrisie… Avec tout cela, je me demande bien pourquoi nous adorons la France comme une femme ! Pou
927 us parlez de notre hypocrisie… Avec tout cela, je me demande bien pourquoi nous adorons la France comme une femme ! Pour s
928 n’en point abuser. C’est d’ailleurs très facile, me semble-t-il. Soyez honnêtes dans les négociations, comme le fut votre
929 De plus l’Allemand est propre et travailleur, et mon arrière-grand-mère était du Wurtemberg. Les Italiens ? Nous en aurons
930 de la paix. Vous avez bien envie de savoir ce que je pense de l’URSS ? Mais aussi… Une moitié de moi-même se révolte au sp
931 ême quand ils viennent chez nous. Cette moitié de moi n’irait peut-être pas jusqu’à demander une guerre préventive, mais el
932 nt se gâter… Quant à nos bons voisins « latins », je ne sais pourquoi, chaque fois que nous leur serrons la main, ils pinc
933 é, Prospérité et Poursuite du Bonheur, ce sont là mes trois idéaux. Et je ne les vois réalisés qu’en Amérique. Comment l
934 suite du Bonheur, ce sont là mes trois idéaux. Et je ne les vois réalisés qu’en Amérique. Comment l’Europe peut aider l
935 Comment l’Europe peut aider l’Amérique Comme je m’en veux de chacun de mes articles trop favorables ou trop critiques
936 omment l’Europe peut aider l’Amérique Comme je m’ en veux de chacun de mes articles trop favorables ou trop critiques su
937 der l’Amérique Comme je m’en veux de chacun de mes articles trop favorables ou trop critiques sur l’Amérique ! Car le co
938 mme tous ceux qui décrivent une nation étrangère, j’ ai péché par stylisation. Ajouter des nuances à mon tableau n’arranger
939 j’ai péché par stylisation. Ajouter des nuances à mon tableau n’arrangerait pas grand-chose à cet égard. Ce qui échappe par
940 ine souffre d’une grave incohérence interne. Mais je vois bien que je n’ai pas su la faire sentir autant que je la sens et
941 grave incohérence interne. Mais je vois bien que je n’ai pas su la faire sentir autant que je la sens et peut-être n’y pa
942 ien que je n’ai pas su la faire sentir autant que je la sens et peut-être n’y parviendrai-je que d’une manière négative :
943 utant que je la sens et peut-être n’y parviendrai- je que d’une manière négative : en suggérant certaines mesures et attitu
944 yens aux fins. La volonté de prendre conscience. J’ ai dit qu’ils rêvent. J’ajouterai qu’ils détestent celui qui vient les
945 té de prendre conscience. J’ai dit qu’ils rêvent. J’ ajouterai qu’ils détestent celui qui vient les réveiller. Ils le tienn
946 que peut aider l’Europe Seuls, les Européens — je connais leurs complexes — trouveront trop dures pour l’Amérique les q
947 es reins solides. Elle a, sur tout autre pays que je connaisse, l’avantage d’accueillir les critiques avec mieux que de la
948 ante mais sérieuse d’apprendre et de s’améliorer. J’ y vois la marque de sa force. Qui n’a pas lu les éreintements de l’esp
949 s ce que c’est que la confiance en soi. Ceci dit, je me retourne vers mes compatriotes européens et je leur dis : si vous
950 e que c’est que la confiance en soi. Ceci dit, je me retourne vers mes compatriotes européens et je leur dis : si vous vou
951 a confiance en soi. Ceci dit, je me retourne vers mes compatriotes européens et je leur dis : si vous voulez que l’Europe d
952 je me retourne vers mes compatriotes européens et je leur dis : si vous voulez que l’Europe dure encore — et le reste du m
43 1948, Esprit, articles (1932–1962). Thèses du fédéralisme (novembre 1948)
953 seulement pour nous ! Ce n’est donc pas au nom de je ne sais quel nationalisme européen qu’il nous faut défendre l’Europe,
954 s regardent vers l’Amérique. À tort ou à raison — je n’en juge pas ici — ils s’imaginent que ces pays réalisent mieux que
955 a décadence, ou la déplore mais sans faire mieux. Je ne vois plus, pour tenir vitalement aux conceptions et aux coutumes e
956 Et le monde, pour ce faire, a besoin de l’Europe, j’ entends de son esprit critique autant que de son sens inventif. […] La
44 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
957 e « au fond, il ne fait que penser à l’Algérie ». J’ avais dit pour ma part deux mois plus tôt, et vous me citez : « Quand
958 vais dit pour ma part deux mois plus tôt, et vous me citez : « Quand Sartre écrit Europe il ne pense qu’à la France, et qu
959 ur non prévenu s’y tromperait, mais pas vous. Car ma phrase signifie, à vous en croire, que deux millions de personnes dép
960 notre désastre spirituel » sont sans importance à mes yeux « quand le foie gras circule » en Europe. Vous vous flattez d’a
961 sens d’une responsabilité européenne », sens qui me fait évidemment défaut s’il est vrai qu’il se définit par « la consci
962 e d’une déchéance et d’un reniement », tandis que je ne m’occupe comme chacun sait que d’une Europe des « règlements de do
963 e déchéance et d’un reniement », tandis que je ne m’ occupe comme chacun sait que d’une Europe des « règlements de douanes 
964 « foie gras » : c’est en son nom, dites-vous, que je répondais à Sartre. Allons donc ! Je vois bien qu’il vous est nécessa
965 es-vous, que je répondais à Sartre. Allons donc ! Je vois bien qu’il vous est nécessaire d’un peu me calomnier d’abord pou
966 ! Je vois bien qu’il vous est nécessaire d’un peu me calomnier d’abord pour couvrir vos réserves sur le point de vue de Sa
967 uvrir vos réserves sur le point de vue de Sartre. Mon article vous a servi : l’attaquer dépannait vos critiques aux yeux de
968 taire comme on ne l’est qu’à vingt ans. Ceci dit, je voudrais que vos lecteurs sachent aussi que mon article ne traitait p
969 t, je voudrais que vos lecteurs sachent aussi que mon article ne traitait pas de l’Algérie, ni de « l’Europe » mythique qu’
970 , cette fois — à l’égard des peuples décolonisés. Je concluais en effet par ces lignes : « Devant la crise économique et l
971 ssait de la faire. » C’était cela, l’essentiel de ma réponse à Sartre, et non ces « additions d’automobiles et de pommes d
972 iles et de pommes de terre », qu’il vous plaît de m’ attribuer, et qu’il vous est loisible de juger bassement matérialistes
973 Marie Domenach : « À la suite de la chronique que j’ avais consacrée à “Sartre et l’Europe” (Esprit, mars 1962), j’ai reçu
974 acrée à “Sartre et l’Europe” (Esprit, mars 1962), j’ ai reçu une lettre de Denis de Rougemont dont on trouvera le texte ci-
975 ute polémique comporte une part de grossissement. J’ avais pris l’article de Rougemont comme symbole d’un “européanisme” ob
976 “européanisme” obsédé par le progrès économique ; je m’étais étonné qu’un “Européen” aussi convaincu que D. de Rougemont n
977 ropéanisme” obsédé par le progrès économique ; je m’ étais étonné qu’un “Européen” aussi convaincu que D. de Rougemont ne s
978 le de l’Europe qui inspirait la fureur de Sartre. Je suis heureux que Rougemont souligne lui-même ce qui était, effectivem
979 article. Pour le reste, il se peut que son texte m’ ait “servi”, comme il dit. Après quinze ans de métier, je reste, comme
980 servi”, comme il dit. Après quinze ans de métier, je reste, comme au premier jour, déconcerté par certaine psychanalyse de
981 psychanalyse des intentions, et ne parviens pas à me trouver tant d’astuce. Je me contente donc d’assurer Rougemont que so
982 s, et ne parviens pas à me trouver tant d’astuce. Je me contente donc d’assurer Rougemont que son article m’a agacé et m’a
983 et ne parviens pas à me trouver tant d’astuce. Je me contente donc d’assurer Rougemont que son article m’a agacé et m’a mi
984 contente donc d’assurer Rougemont que son article m’ a agacé et m’a mis en colère, d’où l’interprétation polémique que j’en
985 d’assurer Rougemont que son article m’a agacé et m’ a mis en colère, d’où l’interprétation polémique que j’en ai faite. »
986 is en colère, d’où l’interprétation polémique que j’ en ai faite. » L’article de Rougemont auquel il est fait allusion, int