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ux qui méprisent la vie bourgeoise, l’amour et le
mariage
bourgeois, l’idéalisme romantique, la croyance vulgaire au bonheur, l
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l’homme la plus constante proximité : l’œuvre, le
mariage
, la famille, le métier et l’éducation. C’est à la sauvegarde de ces r
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uilhem Montanhagol. Un tel Amour n’admet point le
mariage
, car il n’a pas pour fin suprême la vie, mais bien la mort libératric
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les plus divers : mystique, littérature, guerre,
mariage
. C’est l’influence actuelle du mythe manichéen (mais « profané » par
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d’autres parties du livre. 1. Crise moderne du
mariage
Deux morales s’affrontaient au Moyen Âge : celle de la société chr
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la « courtoisie » hérétique. L’une impliquait le
mariage
, dont elle fit même un sacrement ; l’autre exaltait un ensemble de va
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— en principe tout au moins — la condamnation du
mariage
. Le jugement porté sur l’adultère, dans l’une et l’autre perspective,
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à l’origine de la cortezia du Midi s’opposait au
mariage
catholique sur les trois chefs que l’on vient de rappeler. Elle niait
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pirituelle, amour évidemment incompatible avec le
mariage
dans la chair, devait amener des confusions inextricables. Pour l’ama
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é dans la chair (et non point parce qu’il lèse le
mariage
), mais il se trouve revêtir en même temps l’aspect d’une aventure plu
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tends pas un instant ramener la crise actuelle du
mariage
au conflit de l’orthodoxie et d’une hérésie médiévale. Car cette dern
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ourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du
mariage
, mais en même temps se trouvent baigner dans une atmosphère romantiqu
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eux qui « ont passé par là ». Or la passion et le
mariage
sont par essence incompatibles. Leurs origines et leurs finalités s’e
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littérature paraît chaque mois sur la « crise du
mariage
». Mais je doute fort qu’il en résulte aucune espèce de solution prat
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ou disparaissent : 1. — Contraintes sacrées. Le
mariage
, chez les peuples païens, s’est toujours entouré d’un rituel dont nos
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forme de plaisanteries paysannes86. La demande en
mariage
, avec échange de visites en haut de forme et « déclaration » officiel
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ites gardaient pour effet de socialiser l’acte du
mariage
, de l’intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie si
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laisanteries vaudevillesques. La fidélité dans le
mariage
paraît légèrement ridicule : elle prend figure de conformisme. Il n’y
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is déprimées. 2. Idée moderne du bonheur Le
mariage
, cessant d’être garanti par un système de contraintes sociales, ne pe
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ntanément en une absence insupportable. Fonder le
mariage
sur un pareil « bonheur » suppose de la part des modernes une capacit
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u bonheur. Cela va de toute manière à la ruine du
mariage
en tant qu’institution sociale. 3. « Aimer, c’est vivre ! » Dès
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ersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le
mariage
, si l’épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. (Encore la
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s même la couronne s’il est roi.) Voilà le vrai «
mariage
d’amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît
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.) Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne : le
mariage
avec la passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage (
26
lzac déjà donne la recette dans sa Physiologie du
mariage
.) Une innombrable et écœurante littérature romanesque nous peint ce t
27
faut admettre que la passion ruine l’idée même du
mariage
dans une époque où l’on tente la gageure de fonder le mariage, précis
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une époque où l’on tente la gageure de fonder le
mariage
, précisément, sur les valeurs élaborées par une éthique de la passion
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ependant, l’anarchie permanente que représente le
mariage
moderne fondé — par antiphrase — sur les débris du mythe, entraîne de
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ù les multiples tentatives de « restauration » du
mariage
auxquelles nous assistons depuis la guerre. Les églises font un honor
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arguments d’un Goethe ou d’un Engels en faveur du
mariage
: selon le premier, il faut y voir la grande conquête de la culture o
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ne de nos jours est la négation pure et simple du
mariage
, que l’on prétend fonder sur lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce
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récédent dans notre histoire européenne. Quant au
mariage
, il fut proprement balayé durant la période des Soviets. La morale de
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ement et contre l’abandon des enfants nés hors du
mariage
. La rigueur subite de ces lois, le choc psychologique qu’elles provoq
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ussie vers la fin du premier plan de cinq ans. Le
mariage
se trouva restauré sur des bases strictement utilitaires, collectivis
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iduels, donc des passions. À chacun sa « fiche de
mariage
». Alors la science matrimoniale trouvera sa juste application dans l
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r sur ce point : R. P. Lavaud, « L’idée divine du
mariage
», Études carmélitaines, avril 1938, p. 186). Le sacrement catholique
38
av. Rougemont Denis de, « La passion contre le
mariage
», Esprit, Paris, septembre 1938, p. 652-670.
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ix qui détermine une existence. 2. Critique du
mariage
Si je ne vois pas de raison qui tienne contre la passion véritable
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aison n’est guère plus efficace pour légitimer le
mariage
; et que les arguments les plus divers que lui opposent les meilleurs
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que » de la vie ; puis la surmonte en exaltant le
mariage
, suprême valeur du « stade éthique » (c’est la « plénitude du temps »
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« plénitude du temps ») ; puis condamne enfin ce
mariage
, suprême obstacle du « stade religieux », puisqu’il nous lie au temps
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que la religion devait être un amour heureux, un
mariage
avec sa vertu. Car l’amour du pécheur pour Dieu est « essentiellement
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s deux mariés ; puis les Pères pour avoir loué le
mariage
; enfin saint Paul, pour l’avoir toléré… (Seul le Christ a vécu en ch
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. » (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le
mariage
est vrai, par conséquent doit être dit, soit du point de vue des roma
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ui croient. Il n’est possible alors d’affirmer le
mariage
qu’au-delà des deux premières critiques et en chemin vers la troisièm
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s objections humaines. Si j’oublie cet au-delà du
mariage
, mais aussi de tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume de Dieu («
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l’équilibre dans l’imperfection que représente le
mariage
. Alors, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que la révolte cont
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epte, je considère alors l’équilibre imparfait du
mariage
dans une perspective ouverte et dans l’attente — heureuse ou malheure
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ranscende tout résultat, même excellent. 3. Le
mariage
comme décision Si l’on songe à ce que signifie le choix d’une femm
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out balbutiants et empiriques, d’une science du «
mariage
heureux »). Il faut le reconnaître honnêtement : le problème qui nous
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me qui nous est posé par la nécessité pratique du
mariage
apparaît d’autant plus insoluble que l’on tient davantage à le « réso
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conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du
mariage
, et au réel, d’enseigner aux jeunes gens que leur choix relève toujou
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. 4. Sur la fidélité On fausse l’éthique du
mariage
en faisant de la promesse de fidélité un problème, alors que le probl
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se, considérée comme absolue. La problématique du
mariage
n’est pas du cur, mais du quomodo. « L’éthique ne commence pas, dit K
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ront de paraître raisonnables ! Si la promesse du
mariage
est le type même de l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est
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n sans retour de la vie. Mais la fidélité dans le
mariage
est au contraire un engagement absolument pris pour ce monde. Partant
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é courtoise ne signifiait qu’une évasion. Dans le
mariage
, c’est à l’autre d’abord, et non pas à son moi d’abord, que celui qui
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time singularité. Insistons : la fidélité dans le
mariage
ne peut pas être cette attitude négative qu’on imagine habituellement
60
À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le
mariage
est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce
61
st-à-dire du moi glorifié. L’amour fidèle dans le
mariage
chrétien témoigne que la volonté de Dieu, même quand elle ruine notre
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ait plus que « moi-le-monde » ! Mais l’amour du
mariage
est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce
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t alliée — pour toute la vie, voilà le miracle du
mariage
. Une vie qui ne veut plus que mon bien, parce qu’il est confondu avec
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ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le
mariage
. Car cette fidélité se fonde justement sur le refus initial et juré d
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sa vérité. Et c’est pourquoi l’homme qui croit au
mariage
ne peut plus croire sérieusement au « coup de foudre », et encore moi
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on du tout divinisé100. ⁂ On objecte alors que le
mariage
ne serait plus que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le my
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t plus vrai de dire avec Benedetto Croce que « le
mariage
est le tombeau de l’amour sauvage »101 (et plus communément du sentim
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gative et privative de Croce, et définir enfin le
mariage
comme cette institution qui contient la passion non plus par la moral
69
nt Ces quelques remarques sur la passion et le
mariage
mettent en lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de l’Agapè,
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l’institution la plus typique de leur morale : le
mariage
, qu’il sera désormais possible de repérer avec assez de précision ce
71
ions profondes de la fidélité, de la personne, du
mariage
, — et du refus de la passion. Elle suppose l’acceptation du différent
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notre mort. Et c’est pourquoi la crise moderne du
mariage
est le signe le moins trompeur d’une décadence occidentale. Il en est
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x vues individuelles. Le « signe » de la crise du
mariage
nous parle et nous avertit mieux : aucun autre n’est plus sensible et
74
e comme le bilan d’une décadence : mythe dégradé,
mariage
en crise, formes et conventions décriées, extension du délire passion
75
ible, qui s’opposait aux yeux de Kierkegaard à un
mariage
heureux selon le monde. Ici l’obstacle indispensable à la passion est
76
n, épousent Régine, et la passion revit dans leur
mariage
, mais alors « en vertu de l’absurde ». Et ils s’étonnent chaque jour
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jet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le
mariage
mystique. L’âme se comporte alors à l’endroit de son amour avec une s
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nt de souffrir, acceptent notre jour. Et alors le
mariage
est possible. Nous sommes deux dans le contentement. ⁂ Une dernière f
79
e un instrument. 100. Je répète toutefois que le
mariage
ne saurait être fondé sur des « arguments » de ce genre. Il s’agit ic
80
. Geismar et R. Marx. ax. Rougemont Denis de, «
Mariage
et personne (II) : l’amour action, ou de la fidélité », Esprit, Paris
81
Voir Esprit, septembre : « La passion contre le
mariage
». Ces deux essais sont extraits d’un ouvrage à paraître sous le titr
82
Suite à « La passion contre le
mariage
» (décembre 1938)az Nous annoncions deux lettres dans notre derni
83
ugemont Denis de, « Suite à “La passion contre le
mariage
” », Esprit, Paris, décembre 1938, p. 480.
84
e j’en ai fait la cause principale de la crise du
mariage
moderne ! Et c’est si « beau », si « éloquent », si « intérieur », si
85
Pour qu’il y ait divorce, il faut qu’il y ait eu
mariage
. Or l’Église chrétienne est l’Épouse du Christ. Quand elle s’arrange